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BILAN DE LA STATION DE BAGUAGE
DU PONT DE L’ALLEUD (COMMUNE DE LA POSSONNIERE)
SUIVI DES PASSEREAUX MIGRATEURS - SAISON 2014
Novembre 2014 Bouchemaine Sylvain Courant
BILAN DE LA STATION DE BAGUAGE
DU PONT DE L’ALLEUD
(COMMUNE DE LA POSSONNIERE)
SUIVI DES PASSEREAUX MIGRATEURS - SAISON 2014
Novembre 2014
Rédaction : Sylvain Courant
Ligue pour la Protection des Oiseaux
- Anjou - Maison de la Confluence,
10 rue du Port Boulet, 49080 BOUCHEMAINE
Tél. : 02.41.44.44.22 ; http://www.lpo-anjou.org
Photographies : Sylvain Courant, Guillaume Delaunay, Sylvie Desgranges
Sommaire
1. Contexte général de l’étude 1
a. Principe et objectifs du baguage 1
b. Objectifs généraux de l’étude 1
c. Description du site de capture 1
2. Protocole d’étude 2
a. Le protocole « ACROLA » 2
b. Le protocole « SEJOUR » 3
c. Emplacement des filets de capture 4
d. Déroulement d’une matinée de baguage 4
e. Note sur les conditions météorologiques 4
3. Résultats et analyses 5
a. Bilan quantitatif 5
b. Bilan qualitatif 6
c. Phénologie des espèces cibles 8
d. Analyse des données de contrôles 9
e. Ratio jeunes/adultes 10
4. Conclusion et perspectives 10
a. Bilan du programme SEJOUR 10
b. Bilan du programme ACROLA 11
c. Evolution des conditions d’accueil pour les passereaux migrateurs 11
Bilan du camp de baguage du Pont de l’Alleud, août 2014 page 1
1. Contexte général de l’étude
a. Principe et objectifs du baguage
Le baguage des oiseaux est une activité scientifique coordonnée en France par le Centre de Recherche par le
Baguage des Populations d’Oiseaux (CRBPO), organisme dépendant du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris et
soutenu par le Ministère en charge de l’Ecologie.
Baguer consiste à poser sur le tarse ou le tibia des oiseaux une bague métallique numérotée. Sur chaque bague
est gravée un numéro unique et les informations suffisantes pour permettre le rapatriement de la bague vers le
centre émetteur de celle-ci. Le baguage, lorsqu’il est assuré par des personnes qualifiées, n’altère en rien le
comportement des oiseaux.
En permettant le suivi individuel d’un grand nombre d’oiseaux, le baguage constitue la meilleure méthode pour
étudier la dynamique des populations, la fidélité au site et la longévité des individus,
comprendre les stratégies de migration et d’hivernage,
recueillir des données biométriques,
acquérir des connaissances sur des espèces méconnues ou discrètes
Localement, l’interprétation des données de baguage et de contrôle permet d’engager des actions de gestion
favorables à la conservation des espèces.
En France, environ 200 000 oiseaux sont bagués chaque année par plus de 500 bagueurs (bénévoles pour la
plupart) formés par le CRBPO. En parallèle, 5 000 données de reprise (oiseaux bagués trouvés morts) et plu-
sieurs dizaines de milliers de contrôles (oiseaux recapturés et relâchés porteurs de leur bague) sont rensei-
gnées par les bagueurs et leurs collaborateurs. Toutes les données récentes sont informatisées par les ba-
gueurs et transmises au CRBPO, qui capitalise et mutualise ces données avec les autres centrales de baguage
européennes.
b. Objectifs généraux de l’étude
Dans le cadre des programmes de recherche développées par le CRBPO, une opération de baguage d’oiseaux a
été réalisée en 2014 sur des propriétés du Domaine Public Fluvial confiées en gestion à Voies Navigables de
France (VNF) au lieu-dit « le Pont de l’Alleud », commune de La Possonnière (Maine-et-Loire).
Cette étude s’est déroulée du 12 au 24 août 2014 et avait pour objectif de participer à l’étude des stratégies de
halte des passereaux migrateurs en échantillonnant les espèces stationnant sur les zones arbustives situées de
part et d’autre du pont.
c. Description du site de capture
Le site d’étude est localisé au Pont de l’Alleud,
commune de La Possonnière, en rive droite de la
Loire. Le site se compose d’une mosaïque de prai-
ries de fauche, de friches arbustives et de boires qui
s’étend sur près de 15 ha. Cet atterrissement natu-
rel en bordure du fleuve constitue un terrain pro-
pice à de nombreuses espèces inféodées aux habi-
tats palustres, et abrite une remarquable diversité
d’oiseaux nicheurs et migrateurs qui suscite depuis
longtemps l’intérêt des ornithologues locaux.
Localisation du site d’étude à La Possonnière (49)
Bilan du camp de baguage du Pont de l’Alleud, août 2014 page 2
2. Protocole d’étude
a. Le protocole « ACROLA »
Ce protocole a pour objectif d’étudier la migration du Phragmite aquatique Acrocephalus paludicola, l’un des
passereaux les plus menacés en Europe et dont une large part des effectifs transite par la façade ouest de la
France lors de la migration postnuptiale.
Détails sur : http://crbpo.mnhn.fr/spip.php?article113
Pour cette première année de mise en place du protocole ACROLA, une unité de 3 filets de 12 m a été déployée
à l’extrême est de l’aire de capture, au sein d’un habitat a priori favorable au stationnement du Phragmite
aquatique. L’espèce étant inféodée aux prairies humides à végétation relativement basse, l’unité de capture a
donc été positionnée au sein d’une mosaïque de prairies de fauche et de zones herbacées à souchets et gu i-
mauves près du bord du fleuve.
Vue générale de la zone échantillonnée par le protocole ACROLA, août 2014
Habitat échantillonné par le protocole ACROLA, août 2014
Bilan du camp de baguage du Pont de l’Alleud, août 2014 page 3
b. Le protocole « SEJOUR »
Ce protocole vise à étudier les stratégies de halte migratoire des passereaux en s’appuyant sur des pro-
grammes de baguage au sein d’un réseau d’habitats propices aux espèces migratrices, et en concentrant
l’effort de capture sur les périodes les plus favorables aux espèces cibles.
Détails sur : http://crbpo.mnhn.fr/spip.php?article484
Le choix des espèces ciblées par ce programme s’est orienté vers plusieurs passereaux stationnant dans les
milieux arbustifs et palustres du Pont de l’Alleud lors de la migration postnuptiale :
- La Fauvette à tête noire Sylvia atricapilla, des jardins S. borin et grisette S. communis
- Le Pouillot fitis Phylloscopus trochilus et véloce P. collybita
- Le Phragmite des joncs Acrocephalus schoenobaenus
- La Rousserolle effarvatte Acrocephalus scirpaeus
Pour cette première année de mise en place du protocole SEJOUR, le suivi des espèces cibles a été réalisée à
l’aide de 135 m de filets verticaux disposés sur une zone de capture d’environ 2 ha composée d’une mosaïque
de bouquets d’arbustes, de jeunes feuillus isolés, de prairies sèches à chiendents et de prairies hautes à gu i-
mauves, chénopodes et souchets.
Partie aval du site échantillonnée par le protocole SEJOUR, août 2014
Habitats échantillonnés par le protocole SEJOUR, août 2014
Bilan du camp de baguage du Pont de l’Alleud, août 2014 page 4
c. Emplacement des filets de capture
L’ensemble des 15 filets de captures disposés sur le site dans le cadre du protocole SEJOUR (unités 1, 2, 3, 4, 5,
6, 7) et ACROLA (unité ACR) sont localisés sur la figure ci-dessous.
Localisation des filets de captures au sein du site d’étude (août 2014)
Pour mémoire : 135 m « SEJOUR » (filets 1-2-3-4-5-6-7), 36 m « ACROLA » (filets ACR)
d. Déroulement d’une matinée de baguage
Le baguage des passereaux migrateurs s’est déroulé tous les matins du 11 au 24 août 2014, de 6h à 12h.
Chaque matin, la session de baguage débute par l’installation des postes de repasse, qui diffusent en continu le
chant des espèces cibles. La repasse est activée environ 1h avant l’aube, soit vers 5h30 à la mi-août : 2 à 3
postes ont été utilisés chaque matin et répartis aléatoirement sur 4 emplacements (cf. carte).
Les filets de capture sont ensuite ouverts à l’aube, et la première tournée de démaillage commence 30 min plus
tard. Tous les oiseaux capturés au filet sont soigneusement démaillés, puis placés individuellement dans des
pochons en tissu pour être ramenés jusqu’à la table de baguage située près du pont. Les tournées de démai l-
lage sont répétées toutes les 30 min, voire plus fréquemment en cas de « rush », et s’arrêtent à 12h.
A la fin de la session, les repasses sont éteintes et tous les filets sont baissés puis mis en berne un par un. Cette
précaution empêche toute capture involontaire d’oiseaux pendant l’absence de l’équipe de bénévoles. Le dé-
montage de la station complète n’intervient qu’en toute fin de programme (24 août 2014).
Tous les oiseaux capturés, porteurs d’une bague (contrôle) ou non (baguage), sont identifiés, âgés, sexés, et
font l’objet de plusieurs mesures biométriques : adiposité, longueur de l’aile pliée, masse. Ces informations
sont consignées sur papier puis saisies dans un tableur avant d’être envoyées au CRBPO.
e. Note sur les conditions météorologiques
Le mois d’août s’est avéré particulièrement perturbé. Sous un flux d’ouest à sud-ouest dominant, la région est
régulièrement parcourue par des dépressions océaniques entrecoupées de périodes instables jusqu’au 13. Par
la suite, un anticyclone positionné sur l’Atlantique amène un temps plus sec mais toujours frais.
Les conditions météorologiques ont tout de même permis d’assurer 12 matinées de baguage entre le 12 et le
24 août. Seule la matinée du 13 n’a pas être réalisée en raison de conditions météorologiques exécrables entre
6h et 8h (pluie et vent).
1
2
3
4 5
6
ACR
7
Parking véhicules Table de baguage Filet de capture Poste de repasse
P
P
Bilan du camp de baguage du Pont de l’Alleud, août 2014 page 5
3. Résultats et analyses
a. Bilan quantitatif
Au terme de 12 matinées de baguage (74h de suivi cumulées), le total des captures s’élève à 691 : 584 ba-
guages et 107 contrôles.
Le détail des captures réalisées dans le cadre des deux protocoles ACROLA et SEJOUR menés simultanément
sur le site est le suivant :
Filets SEJOUR (135m) : 530 baguages et 97 contrôles
Filets ACROLA (36m) : 54 baguages et 10 contrôles
DATE B C Total
12/08/2014 96 10 106
14/08/2014 32 7 39
15/08/2014 32 12 44
16/08/2014 35 3 38
17/08/2014 31 9 40
18/08/2014 48 13 61
19/08/2014 53 6 59
20/08/2014 41 12 53
21/08/2014 38 10 48
22/08/2014 53 6 59
23/08/2014 39 5 44
24/08/2014 86 14 100
Total général 584 107 691
Tableau et graphique de répartition temporelle des captures, août 2014
Le bilan des captures journalières laisse apparaitre deux pics nets :
L’un dès le 1er
jour d’ouverture des filets avec un effectif « record » de 106 captures, juste avant
l’arrivée d’une dépression océanique accompagnée de pluie et de forts vents d’ouest.
L’autre en toute fin de programme avec un total de 100 captures, la veille du passage d’une onde for-
tement pluvieuse sur la région.
Il semble donc que les meilleures matinées de captures soient réalisées avant l’arrivée d’épisode dépression-
naire, la chute de pression atmosphérique et les vents d’ouest incitant peut-être les passereaux à interrompre
leur migration.
Entre ces deux pics d’affluence notables, les captures journalières restent assez constantes de l’ordre d’une
cinquantaine de captures par matinée, avec un taux d’autocontrôle (oiseaux déjà bagués sur le site et capturés
de nouveau) proche de 15% chaque jour.
0
20
40
60
80
100
120 N
om
bre
de
cap
ture
s
Bilan du camp de baguage du Pont de l’Alleud, août 2014 page 6
La figure ci-dessous illustre la répartition globale des captures sur l’aire d’étude, sans tenir compte de la lon-
gueur de filet associée à chaque unité. Les unités 1, 4 et 6 (où ont généralement été positionnés les postes de
repasse) concentrent la majorité des captures.
Répartition des captures par unité de filets (en % du total des captures/unité de filet)
Pour mémoire : 691 captures, 171 mètres linéaires de filet
Le dispositif actuel ne permet pas cependant de couvrir de façon homogène l’ensemble des habitats propices
aux passereaux migrateurs de part et d’autre du Pont de l’Alleud. L’effort de capture se concentre davantage
sur la partie est du site, car la configuration de cette zone se prête davantage à la capture des passereaux mi-
grateurs (zone essentiellement arbustive). En outre, l’extrémité amont du site de capture crée un véritable
« goulet d’étranglement » pour une part importante des petits passereaux qui effectuent une migration ram-
pante en longeant le cordon de ripisylve le long de la Loire.
b. Bilan qualitatif
L’une des bonnes surprises du camp provient de la diversité d’espèces capturées : 32 espèces, dont plusieurs
espèces encore jamais signalées autour du Pont de l’Alleud. Les résultats détaillés par espèce sont présentés
dans les tableaux ci-contre.
Trois espèces concentrent à elles seules près de la moitié des captures :
La Fauvette à tête noire (17,7% des captures), un passereau commun des habitats arbustifs et forestiers
Le Phragmite des joncs (15,2%), une espèce paludicole discrète inféodée aux prairies et friches humides
La Rousserolle effarvatte (12,4%), une espèce davantage liée aux roselières.
Ces passereaux migrateurs semblent être les plus abondants en août dans les habitats échantillonnés dans le
cadre des protocoles SEJOUR et ACROLA, et se mêlent à une remarquable diversité de passereaux insectivores
et granivores inféodés aux milieux semi-ouverts où alternent buissons et zones ouvertes. La liste comprend
également des espèces forestières (mésanges, Pic épeiche, Grive musicienne) et paludicoles (Bouscarle de
Cetti, Bruant des roseaux), traduisant la grande diversité des habitats présents autour du Pont de l’Alleud.
À noter la capture anecdotique de plusieurs espèces considérées comme particulièrement rares ou menacées :
Le Phragmite aquatique, passereau menacé en Europe et spécifiquement ciblé par le protocole ACROLA
La Gorgebleue à miroir, migrateur rarement contacté en dehors d’opérations de baguage en fin d’été
La Locustelle tachetée, nicheuse et migratrice rare en Anjou
La Locustelle luscinioïde, migrateur occasionnel inféodé aux grandes roselières de l’estuaire de la Loire
Le Torcol fourmilier, migrateur discret
Le Rougequeue à front blanc, nicheur et migrateur peu commun
24%
10,6%
6,5%
20,3%
17,2%
6,1%
5,9%
9,4%
Bilan du camp de baguage du Pont de l’Alleud, août 2014 page 7
ESPECE B C Total
Fauvette à tête noire 117 5 122
Phragmite des joncs 92 13 105
Rousserolle effarvatte 73 13 86
Fauvette grisette 36 10 46
Mésange charbonnière 29 13 42
Pouillot véloce 27 5 32
Pouillot fitis 25 2 27
Mésange bleue 20 6 26
Martin-pêcheur d’Europe 18 7 25
Grive musicienne 16 7 23
Bouscarle de Cetti 11 10 21
Merle noir 16 5 21
Rougegorge familier 18 2 20
Fauvette des jardins 18 18
Troglodyte mignon 11 4 15
Mésange à longue queue 13 1 14
Rossignol philomèle 11 1 12
Accenteur mouchet 8 1 9
Chardonneret élégant 6 6
Hypolaïs polyglotte 4 1 5
Bruant des roseaux 3 3
Locustelle luscinioïde 2 2
Serin cini 2 2
Phragmite aquatique 1 1
Hirondelle de fenêtre 1 1
Pic épeiche 1 1
Torcol fourmilier 1 1
Locustelle tachetée 1 1
Gorgebleue à miroir 1 1
Gobemouche gris 1 1
Rougequeue à front blanc 1 1
Roitelet triple-bandeaux 1 1
Total général 584 107 691
Bilan global (à gauche) et bilan détaillé des programmes SEJOUR et ACROLA (à droite)
Les unités de capture du protocole SEJOUR ont permis de mettre à jour une diversité remarquable de passe-
reaux migrateurs fréquentant le site, essentiellement des insectivores appréciant l’alternance de zones arbus-
tives et de praires pour s’alimenter. Rappelons que les repasses utilisées dans le cadre de ce protocole diffu-
sent une sélection limitée de chants (uniquement les espèces ciblées localement : fauvettes, Phragmite des
joncs , Rousserolle effarvatte, pouillots) et qu’elles agissent donc peu sur les autres espèces.
Le Phragmite des joncs et la Rousserolle effarvatte sont les deux espèces les plus abondantes dans la mosaïque
de prairies échantillonnée par le protocole ACROLA et représentent à elles seules près de la moitié des cap-
tures. A défaut de Phragmite aquatique, la repasse monospécifique utilisée sur cette unité de capture agit sans
doute sur la capture des deux autres espèces paludicoles !
Bilan des captures du programme SEJOUR
Bilan des captures du programme ACROLA
Bilan du camp de baguage du Pont de l’Alleud, août 2014 page 8
Phragmite aquatique Acrocephalus paludicola Torcol fourmilier Jynx torquilla
Espèce migratrice rare et discrète, sans doute l’un Migrateur discret, mais probablement régulier
des passereaux les plus menacés en Europe en fin d’été autour du Pont de l’Alleud
Locustelle luscinioïde Locustella locustella Martin-pêcheur d’Europe Alcedo atthis
Deux captures en août 2014, 1ères
mentions sur le site 18 individus capturés cette saison sur le site,
pour cette espèce paludicole rare et menacée uniquement des jeunes de l’année
c. Phénologie des espèces cibles
Les données collectées au cours de l’étude permettent également d’illustrer une partie de la phénologie de
migration des espèces-cibles étudiées dans le cadre du programme SEJOUR.
Evolution journalière des captures de plusieurs espèces-cibles du protocole SEJOUR
0
5
10
15
Nb
de
cap
ture
s
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Période du 12 au 24 août Période du 12 au 24 août Période du 12 au 24 août Période du 12 au 24 août
Phragmite des joncs Rousserolle effarvatte Fauvette à tête noire Fauvette des jardins
Bilan du camp de baguage du Pont de l’Alleud, août 2014 page 9
Les deux premières espèces sont des passereaux dont la migration débute dès juillet et se poursuit jusqu’en
septembre. En août, période au cours de laquelle transite la majorité des effectifs de ces deux espèces dans
notre département, le nombre de captures sur le site d’étude est assez variable d’une matinée à l’autre. Les
fauvettes montrent quant à elles une phénologie de migration plus tardive : les captures journalières ne révè-
lent que le début du passage migratoire.
d. Analyse des données de contrôles
Autocontrôles
Les autocontrôles concernent les captures d’oiseaux déjà bagués sur le site. On distingue les autocontrôles du
jour (oiseaux bagués et recapturés sur le site dans la même matinée), les autocontrôles inter-journaliers (oi-
seaux bagués et contrôlés de nouveau sur le site quelques jours après) et les autocontrôles interannuels (oi-
seaux bagués et contrôlés de nouveau sur le site les années suivantes). Toutes ces données de contrôles sont
renseignées sur le bordereau de saisie car elles sont essentielles pour étudier à la fois la fidélité au site, la du-
rée de séjour et la taille des effectifs en transit.
Une opération « test » de baguage avait déjà été menée en août 2013 afin d’évaluer les potentialités d’accueil
du site. Certains individus bagués à cette occasion ont été de nouveau contrôlés en août 2014, démontrant
ainsi une certaine fidélité au site pour plusieurs espèces nicheuses locales :
Fauvette grisette : 2 individus bagués en 2013 et contrôlés cet été
Mésange à longue queue : 1 individu bagué en 2013 et contrôlé cet été
Mésange charbonnière : 2 individus bagués en 2013 et contrôlés cet été
Mésange bleue : 2 individus bagués en 2013 et contrôlés cet été
Grive musicienne : 1 individu bagué en 2013 et contrôlé cet été
Etat physiologique des passereaux en stationnement
Les données d’autocontrôles permettent également d’évaluer la prise de poids de certains oiseaux, et d’étudier
les phénomènes « d’engraissement » sur les sites de halte migratoire. Les rares données dont nous disposons
pour la saison 2014 tendent à montrer deux stratégies très différentes chez le Phragmite des joncs (dont le pic
de migration se site à la mi-août) et la Fauvette grisette (pic début septembre).
Evolution de la masse chez deux espèces migratrices stationnant sur le site d’étude
-1
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1
2
3
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Pri
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Durée du séjour (en jour)
Phragmite des joncs
Fauvette grisette
Bilan du camp de baguage du Pont de l’Alleud, août 2014 page 10
Allocontrôles
Plusieurs contrôles d’oiseaux bagués en dehors du site ont été réalisés cet été :
Rousserolle effarvatte : 3 contrôles anglais et un contrôle belge. À noter le contrôle d’un oiseau adulte
muni de bagues couleur dans le cadre d’un programme de suivi des couples nicheurs en Angleterre
(Pays de Galles)
Phragmite des joncs : 2 contrôles français d’oiseaux bagués en dehors du site : l’un dans l’estuaire de la
Loire, pas encore de retour du CRBPO sur l’autre oiseau.
Rougequeue à front blanc : 1 contrôle anglais d’un mâle adulte muni de bague couleur dans le cadre
d’un programme de suivi des couples nicheurs en Angleterre (Devon).
Rousserolle effarvatte baguée en Angleterre Rougequeue à front blanc bagué en Angleterre
e. Ratio jeunes/adultes
L’âge ratio correspond à la proportion de jeunes et d’adultes calculée pour l’ensemble des captures chez les
espèces dont l’âge des individus a pu être déterminé avec certitude. Cet indice peut être calculé chez le Phrag-
mite des joncs, la Rousserolle effarvatte et la Fauvette grisette :
Sur les 92 phragmites bagués en 2014, l’âge ratio est de 82,6% de jeunes pour 17,4% d’adultes,
Sur les 73 rousserolles, il est de 68,5% de jeunes pour 31,5% d’adultes.
Sur les 36 Fauvettes grisettes, il est de 77,8% de jeunes pour 22,2% d’adultes
Ces résultats sont très dépendants de la phénologie de migration des différentes classes d’âge (les adultes
migrent en général avant les jeunes) mais pourraient cependant indiquer un très bon succès de reproduction
cette année pour ces deux espèces paludicoles migratrices et pour les espèces nicheuses locales comme la
Fauvette grisette. Ces données devront être comparées aux âges-ratio calculés sur d’autres stations de ba-
guage cet été, notamment celle des Basses Vallées Angevines.
4. Conclusion et perspectives
a. Bilan du programme SEJOUR
Les effectifs et la diversité d’espèces révélés par la mise en œuvre du programme sont encourageants : les
habitats arbustifs échantillonnés montrent un réel intérêt pour l’alimentation des passereaux migrateurs en fin
d’été, et particulièrement pour les espèces-cibles choisies a priori et qui figurent parmi les espèces les plus
capturées.
Plusieurs données d’autocontrôles semblent également montrer une prise de poids notable sur les individus
migrateurs stationnant sur le site.
Bilan du camp de baguage du Pont de l’Alleud, août 2014 page 11
Les captures d’espèces remarquables comme la Gorgebleue à miroir et la Locustelle luscinioïde sont particuliè-
rement intéressantes et témoignent de l’attractivité du site pour une large communauté de passereaux migra-
teurs inféodés à la fois aux milieux arbustifs et palustres.
Les données collectées dans le cadre de ce protocole standardisé vont alimenter les analyses réalisées à
l’échelle nationale par le CRBPO. Localement, la période de baguage (13 jours consécutifs) est trop courte pour
parvenir à estimer le temps de séjour des espèces migratrices capturées sur le site d’étude. La mise en œuvre
de cette station de baguage reposant exclusivement sur du bénévolat et du matériel personnel, il n’est pour
l’heure pas possible d’étendre cette période de capture sans l’appui d’un second bagueur.
À noter également que le dispositif de capture déployé sur les zones arbustives n’est pas suffisant pour couvrir
intégralement l’ensemble des zones favorables au stationnement des oiseaux ciblés par ces suivis. La présence
d’un autre bagueur et l’installation d’une douzaine de filets supplémentaires dans la partie Ouest du site per-
mettraient sans doute de réaliser un échantillonnage plus représentatif de la diversité et de l’abondance des
passereaux migrateurs fréquentant le site en fin d’été.
b. Bilan du programme ACROLA
Le déploiement d’une unité de capture sur 12 matinées consécutives a permis le baguage d’un seul Phrag-
mite aquatique, capturé le 15 août. L’habitat échantillonné parait pourtant propice au stationnement de
l’espèce en halte migratoire (mosaïque de prairies humides à hauteur de végétation variable, proximité avec le
fleuve) mais plusieurs éléments sont également à prendre en compte :
Un passage migratoire assez précoce cet été, révélé sur les principales stations de baguage de l’ouest
de la France. Il est donc possible qu’une majorité des individus ait survolé le département avant la mi-
août.
Un système de repasse peu performant, dont le niveau sonore n’est peut-être pas suffisant pour agir
sur les migrateurs en transit. Une nouvelle repasse sera nécessaire pour réitérer l’opération.
L’unité de 3 filets aura néanmoins permis de révéler la présence de 17 espèces - dont un Torcol fourmilier et un
Rougequeue à front blanc bagué en Angleterre ! - dans une zone herbacée particulièrement dense où
l’observation (tout comme la capture au filet) demeure difficile. L’abondance relative du Phragmite des joncs,
espèce proche du Phragmite aquatique et fréquentant des milieux similaires, incite à y renouveler l’opération.
c. Evolution des conditions d’accueil pour les passereaux migrateurs
VNF, établissement public gestionnaire du DPF, entreprend dès l’automne 2014 des travaux de défrichement
sur les zones boisées de part et d’autre du pont, de manière à faciliter la remobilisation des sédiments lors des
crues de Loire et sécuriser les piles de l’ouvrage. Des opérations d’abattage et de dessouchage vont être me-
nées au sein de l’aire d’étude : ces interventions visent à éliminer des grands ligneux (saules blancs, frênes)
autour des piles du pont, à opérer des coupes d’arbres sélectives à proximité des pièces d’eau et à débroussail-
ler un large couloir parallèle au fleuve à proximité de l’unité 1 (partie ouest de la zone de capture).
Ces travaux vont avoir un impact important sur la structure de végétation du site en diminuant les zones
boisées au profit d’espaces semi-ouverts, et en favorisant temporairement le développement de plantes rudé-
rales (plantes poussant sur les sols perturbés par le passage des engins) au détriment des plantes de prairies
humides. Le maintien de bosquets de jeunes ligneux (saules, frênes) pourrait néanmoins préserver les condi-
tions favorables au stationnement des passereaux migrateurs. La création d’un couloir au sein de la vaste zone
boisée de la partie ouest du site devrait également augmenter les effets de lisière, favorables à l’alimentation
des espèces migratrices ciblées par le protocole d’étude (pouillots, fauvettes…).
En accord avec le programme de recherche développé par le CRBPO, les protocoles SEJOUR et ACROLA pour-
ront être renouvelés sur le site du Pont de l’Alleud en août 2015 (après avis du gestionnaire du site), selon le
même protocole et avec un dispositif de capture équivalent de manière à faciliter la comparaison des résultats
et mesurer l’évolution des conditions locales pour l’accueil des passereaux migrateurs.
Bilan du camp de baguage du Pont de l’Alleud, août 2014 page 12
Que l’ensemble des aides-bagueurs et bagueurs
soient enfin chaleureusement remerciés pour leurs encouragements, leur bonne humeur et leur aide dans la
mise en œuvre de la station de baguage :
Samuel Angebault, Edouard Beslot, Didier Bizien, Philippe Boisson, Claude Bretaudeau, Nathalie Cante, Flo-
rence Delaroche, Guillaume Delaunay, Sylvie Desgranges, Alain Fossé, Bruno Gaudemer, Mathilde Guet, Erwan
Guillou, Jacques Laîné, Gilles Mourgaud, Myriam Paillet, Patrice Pailley, Thierry Printemps, Manu Rousseau et
Charles Tessier
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