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Colloque international BiodiverCitiesParis, 6-7-8 septembre 2010
Nathalie LAHAYE
Economiste de l’environnementMaître de Conférences Université de Toulouse
Des parcs nationaux
pour gérer la
biodiversité aux portes
des capitales?Les cas des projets de création du parc
national de Fontainebleau (France) et
du parc national de la Gatineau
(Canada)
Plan 1. Deux cas de projets de création de parcs nationaux pour les grandes capitales de Paris et d’Ottawa
2. Problématique et hypothèse
3. Quelques pistes de réflexion
Partie 1
Etudes de cas
Deux projets de création de
parcs nationaux pour les
grandes capitales de Paris
et d’Ottawa
1- Le parc de la Gatineau (Ca)
2- La forêt de Fontainebleau (Fr)
Parc de la GatineauCaractéristiques
Parc de la Gatineau
Caractéristiques
Parc naturel de 361 km2 situé à
proximité d’Ottawa/Gatineau
7,7% superficie totale de la Région de
la Capitale du Canada (RCN)
1,7 millions de visiteurs/an (un des plus
utilisés au Canada, dont 85% de la RCN)
20 000 personnes attendues en plus en
2020
25M$ de retombées, 420 personnes à
l’année en emploi
Un attrait touristique régional majeur
• Une immense forêt (90% du parc boisé)
• 50 lacs
• Une grande richesse faunique et floristique : forêt de feuillus à forte diversité (érable à sucre, hêtre, bouleau, épinette noire, sapin baumier…) 1600 espèces floristiques, 54 espèces de mammifères typiques de la nature sauvage du Canada, 232 espèces d’oiseaux, 5O de poissons
• Des activités de plein air : excursion en forêt, ski de fond, ski alpin (Station Camp Fortune) raquettes, vélo, camping, escalade, nage et navigation…
• Des sites culturels : le domaine MacKenzie
• Des événements récréatifs annuels attirant plus de 250 000 personnes/an
Parc de la Gatineau
Biodiversité etactivités
récréatives
Une histoire riche : volonté de créer un parc
naturel dans les collines de la Gatineau date
du début des années 1900
1938 : création du parc
1958 : parc placé sous le contrôle de la CCN
(en conformité avec la loi sur la Capitale
nationale)
Double juridiction : la capitale nationale (le
fédéral) et Québec (le provincial)
La loi sur la capitale nationale donne à la
CCN des pouvoirs étendus pour gérer,
développer et vendre des terres publiques
comme bon lui semble => frontières mobiles
Parc de la Gatineau
Gestion du parc
Un parc sans statut fédéral comme AP, bien
que reconnu comme AP par le gouvernement
du Qc
CCN propose cependant de gérer le parc
comme une AP catégorie II (selon le Plan de
la capitale du Canada de 1999)
Gestion selon le Plan directeur du parc de
2005 : accent mis sur la conservation du
patrimoine naturel et culturel
il s’agit de « faire du parc, le parc de
conservation de la capitale, vision centrée sur la
conservation, sur l’accueil des Canadiens et sur
des activités récréatives respectueuses de
l’environnement au bénéfice des générations
actuelles et futures »
Parc de la Gatineau
Gestion du parc
1) Pression des activités
récréatives
2) Pression des routes
3) Espèces envahissantes (37)
4) Etalement urbain et
développement des
aménagements (routes,
stationnements, sentiers de
randonnées, équipements…)
Parc de la Gatineau
Stress subis
Perméabilité des frontières du parc (surtout
au sud, près des zones habitées)
Perte de terres publiques à la suite de leur
vente
Développement résidentiel en bordure de
parc et à l’intérieur (construction de propriétés
privées, autorisées par les municipalités)
Absence de statut juridique de protection
Activités à encadrer (escalade, geocaching..)
Pression sur les infrastructures :
renouvellement, modernisation, augmentation
des coûts de maintenance…
Accroissement des conflits d’usages
Parc de la Gatineau
Préoccupationsmajeures actuelles
Donner au parc le statut de Parc
national, selon la loi sur les PN du
Canada : un territoire protégé et géré
en priorité dans un but de
conservation des écosystèmes puis
de loisir
Constituer un réseau des AP :
création de zones entourées par une
zone tampon avec des corridors entre
les AP
Créer une Réserve de la biosphère
de l’UNESCO pour les collines de la
Gatineau
Parc de la Gatineau
Solutions préconisées
Cas 2 :Forêt de Fontainebleau
Forêt de Fontainebleau
Caractéristiques
Biodiversité et activités récréatives
25000 ha de forêt située à qq 60kms de Paris
Patrimoine naturel extrêmement riche et varié
(plus de 6000 espèces fauniques et floristiques)
Patrimoine culturel et historique remarquable
(tours, aqueducs, prieurés…)
Forêt = résultat de l’action de l’homme : mesures
de conservation et de gestion patrimoniale
Aujourd’hui une forêt surtout récréative
(randonnées, escalade…)
17 millions de visites par an (site naturel le plus
fréquenté de France)
Forêt de Fontainebleau
Un héritage historique et patrimonial de 1er plan
Naissance de la « protection de la
nature » avec la création des réserves
artistiques en 1861 (sous l’influence des
peintres de l’Ecole de Barbizon) avant même la
création du 1er « parc national » (Yellowstone, 1872)
Vers 1850, s’y développe le tourisme
de nature
Idée de classement en PN de la forêt
date de 1892
Site choisi en 1948 pour la tenue du
congrès international de protection de
la nature et création de l’UIPN (=UICN)
Forêt de Fontainebleau
Protection et gestion
Nombreux statuts de protection :
site classé, réserve de biosphère, forêt de
protection, ZNIEFF, réserve biologique,
site Natura 2000
Massif composé de
oForêts domaniales (bien public) gérées
par l’ONF
oPlusieurs forêts privées (7000
propriétaires) et communales
Pluralités d’acteurs (propriétaires privées,
Etat, ONF, communes, associations
sportives, randonneurs, …) aux intérêts
divergents, voire opposés
Forte pression anthropique historique: chasse, production de bois pour la marine,
exploitation de carrières, pâturage,
développement du tourisme dès 1837
Aujourd’hui, fréquentation touristique
de masse sur certaines zones
Pression des activités récréatives
Pression urbaine accrue : villes
enchâssées et aux abords du massif
Pression des routes : massif traversé par
de lourdes infrastructures de transport
(autoroute A6, trois routes nationales,
plusieurs départementales et deux lignes de
chemin de fer)
Stress subis
Forêt de Fontainebleau
Représentations différentiées de la forêt : détente, ressourcement, pratiques sportives, lieu de biodiversité à protéger, lieu de sociabilité, ressources économiques (bois, tourisme)…
Conflits d’usages: protection, exploitation forestière, chasse, pratiques sportives et récréatives
Gestion de la forêt par l’ONF critiquée (coupes de régénération et exploitation ont un impact paysager perturbant pour l’usager)
Problème/ financement de l’accueil du public (financé par ½ par l’ONF dont les revenus sont
liés à la vente de bois)
Conflits d’usages et d’intérêts
Forêt de Fontainebleau
Protéger la forêt tout en la
laissant ouverte à ses multiples
usagers dans le cadre d’un
développement local durable
Création du parc national de
Fontainebleau (parc du Grand
Paris)
Forêt de Fontainebleau
Enjeu
Solution
Partie 2
Problématique
et hypothèse
Débat autour de la création
d’un Parc national
ou
Questionnement autour d’une
valorisation durable et
équitable de la biodiversité
aux portes des capitales?
Parc de la Gatineau Forêt de Fontainebleau
Forte pression urbaine sur le parc
Pression touristique accrue : essor de
la pratique de loisir de plein air
=> Touristes et visiteurs exigeants/
activités et infrastructures
=> Vision du parc comme terrain de jeu
Dépréciation de l’expérience
récréative en période de pointe
Conflits d’usages fréquents
Aménagements croissants
Budgets réduits
Faible lisibilité des frontières du parc
Pression urbaine
Forte pression touristique
Conflits d’usages récurrents
Modes de financement de
l’accès au public remis en cause
Difficulté à établir une gestion
durable multifonctionnelle
Faible lisibilité /protection
plurielle
Des situations comparables…
Problématique
Tensions entre fonctions territoriales
Conservation d’écosystèmes exceptionnels
vs.
Rentabilité des activités récréotouristiques
vs.
Développement régional
Tensions entre 3 fonctions territoriales :
Conservation/Loisirs/Développement
Problématique
Se doter d’un statut juridique de protection conciliant conservation et développement durable
Concilier conservation et
récréation dans des espaces
naturels soumis à une forte pression
anthropique de par leur proximité
avec de grandes métropoles urbaines
(capitales nationales)
Définir un statut juridique qui
garantisse la conservation en priorité,
tout en autorisant la récréation, les
visites touristiques respectueuses du
milieu
Créer (ou non) un parc national
Assurer un développement durable
du territoire
Débat autour du statut de PN…
Les 2 cas à l’étude révèlent un
débat autour du statut de PN
avec 3 questions clés :
a) intérêt d’un PN?
b) utilité d’un PN?
appelant une évaluation écologique et
managériale
c) faisabilité d’un PN?
au regard des lois de 2006 en France, de
2000 au Canada
Problématique
… une interrogation commune
Etat
conflictuel
Débat autour de la création d’un PN… ou questionnement / valorisation touristique de la biodiversité en zone périurbaine?
Questionnement autour de la récréation
(durable) et plus largement, du tourisme
(durable) : redéfinition des pratiques
Reconsidération des liens entre Parc
national et développement local
PN = produit d’appel, impacts économiques
(économie du tourisme) avérés, renforcement
des vocations d’aménagement touristique des
municipalités et entreprises privées
Cohabitation PN et population locale (urbaine)
questionnée
Gouvernance du territoire modifiée : nouveaux
acteurs (dont la société civile) nouveaux
modes décisionnels (partenarial)
Hypothèse
Partie 3
Pistes de
réflexion
L’écotourisme dans les PNU
comme outil de préservation
de la biodiversité et du
développement territorial
durable et viable
Si hypothèse valide alors…
Reconsidérer les enjeux à
travers le prisme de l’offre de
valorisation de la biodiversité
par le tourisme
1) Appréhender différemment
un PN, dans le contexte de
la péri urbanité
2) Reconsidérer l’offre
touristique vers des
solutions écotouristiques
Selon l’IUCN (1994), un PN =
Une zone naturelle, terrestre et/ou marine,
désignée
(a) pour protéger l’intégrité écologique
dans un ou plusieurs écosystèmes
dans l’intérêt des générations actuelles
et futures
(b) pour exclure toute exploitation ou
occupation incompatible avec les
objectifs de la désignation et
(c) pour offrir des possibilités de visite à
des fins spirituelles, scientifiques,
éducatives, récréatives et touristiques,
dans le respect du milieu naturel et de
la culture des communautés locales »
1/ Une lecture du « Parc national » renouvelée
a) retour sur la définition de l’IUCN
Quatre critères à respecter :
1- une taille « relativement étendue » (limite de
1OOO ha retenue)
2- l’existence d’écosystèmes peu ou pas
transformés par l’exploitation et
l’occupation humaine, offrant « un intérêt
spécial du point de vue scientifique, éducatif et
récréatif » avec « des paysages naturels de
grande valeur esthétique »
3- l’existence de mesures pour empêcher ou
éliminer dès que possible sur toute sa
surface l’exploitation et l’occupation
humaine, mesures prises par « la plus haute
autorité compétence du pays »
4- la possibilité « sous certaines conditions »
d’autoriser la visite « à des fins contemplatives,
récréatives, éducatives et culturelles »
1/ Une lecture du « Parc national » renouvelée
a) retour sur la définition de l’IUCN
1/ Une lecture du « Parc national » renouvelée
a) retour sur la définition de l’IUCN
PN selon l’IUCN : définition fortement
inspirée de l’écologie radicale => biais
idéologique : idéalisation de la nature
sauvage et un traitement sélectif de
l’espace
Approche reprise par les mouvements
écologistes radicaux
Condamnation des activités humaines et
de la présence humaine
Ainsi on peut lire « tant qu’il y aura des
propriétés privées, le parc de la Gatineau ne
pourra être national » (en vertu de l’alinéa
5(1)a de la Loi sur les parcs nationaux)
Une définition à regarder comme un
cadre normatif et un objectif à atteindre
1/ Une lecture du « Parc national » renouvelée
Un parc national est « un objet
politique, une construction sociale
fortement imprégnée de
représentations sur l’usage de la
nature » (S. Depraz, 2008, p. 131)
Une notion à revisiter pour faire
du parc national « un processus,
un mode de gestion écologique et
intégré des territoires plutôt qu’un
espace défini a priori au filtre de
présupposés strictement
écologiques » (idem, p.147)
1/ Une lecture du « Parc national » renouvelée
L’idée de PN invite à considérer :
- le degré d’aménagement
- les pratiques de loisirs et de
tourisme
- le contrôle exercé sur la nature
(en fonction d’une éthique
dominante)
Ouverture (ou fermeture) des espaces naturels au public pour des considérations de protection et de maintien de la biodiversité
= un problème de définition (économique) de ces espaces, de leur accès et de leurs usages
Bien public local, bien commun, patrimoine commun, projet de territoire, espace de valorisation…
de la définition, découlent leur régulation, leur mode de financement et les politiques de protection
1/ Une lecture du « Parc national » renouvelée
b) Parc national et péri urbanité : les parcs nationaux urbains et périurbains
Le Parc National Urbain : notion qui
correspond à une évolution récente de
l’idée de « parc national » et qui vise à
l’intégration des enjeux de protection en
milieu urbain
Enjeux :
atteindre une gestion durable de la nature dans
la ville
concilier des objectifs écologiques,
économiques et patrimoniaux dans un contexte
de forte pression anthropique
amener les parcs à la population et non l’inverse
concilier le souci pour la richesse du vivant
végétal et animal avec celui d’une gestion
écologique du territoire et donc du bien-être des
habitants des milieux urbains
2/L’écotourisme : une voie à explorer? Reconsidérer l’offre
touristique vers des
solutions écotouristiques
2/L’écotourisme : une voie à explorer?
Reconsidérer l’offre touristique vers des solutions écotouristiques
Ecotourisme :
- valorisation de la conservation de
l’environnement
- contribution équitable au développement
économique
- prise en compte et réponse aux besoins des
communautés hôtes
- génération d’une expérience touristique
nouvelle et authentique
(Gagnon, Lapointe, 2006)
a) Quelle offre écotouristiquepour des PNU?
Quel « produit écotouristique » définir?
Un danger :
opter pour du récréotourisme,
appuyé sur des considérations
économiques, enrobées par le
développement durable
et s’éloigner du « modèle
écotouristique », promouvant la
conservation de l’environnement et
des bénéfices tangibles et directs
pour l’amélioration du bien-être des
populations locales
L’écotourisme n’est pas un « modèle »
standardisé et global qui peut remplacer
le tourisme de masse
mais une solution contextualisée et
planifiée qui sous-tend la prise en
compte des facteurs institutionnels,
territoriaux, sociaux et des stratégies
d’acteurs
selon un mode de gouvernance
participative territoriale
b) Quel mode de gouvernance?
Quel « modèle écotouristique »
décliné pour des PNU?
Y-a-t-il une spécificité de l’offre
écotouristique compte tenu des
visiteurs? de la population
locale urbaine?
c) Ecotourisme et urbanité?
Pour
conclure
…
Des pistes de recherche
à creuser…
1) Valorisation de la biodiversité
(par le tourisme) en milieu
périurbain
2) Relation entre :
PN /Péri urbanité /Ecotourisme
Merci de votre attention !
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