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Université Panthéon Sorbonne Sandrine PINSAC DESS Logistique
Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le
marché de la distribution automatique alimentaire
Mémoire de fin d’études Régine VANHEEMS Année 2005
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
2
Sommaire
Remerciements ___________________________________________________________3
Introduction _____________________________________________________________4
1 Présentation du marché de la distribution automatique alimentaire_____________5
1.1 Un état des lieux du marché de la distribution automatique alimentaire ___5 1.1.1 Evolution et caractéristiques du marché ______________________________5 1.1.2 L’offre alimentaire en distribution automatique ________________________7 1.1.3 La clientèle de la distribution automatique ___________________________10
1.2 Les professionnels de la Distribution Automatique alimentaire _________13 1.2.1 Les fabricants de matériels _______________________________________14 1.2.2 Les fournisseurs de produits alimentaires____________________________17 1.2.3 Les grossistes en distribution automatique alimentaire _________________22 1.2.4 Les gestionnaires au cœur de l’activité de la distribution automatique _____24
2 La loi interdisant les distributeurs automatiques dans les écoles : Impacts et conséquences sur le marché de la distribution automatique alimentaire ____________31
2.1 L’article 30 de la loi de santé publique ______________________________31 2.1.1 Présentation et historique ________________________________________31 2.1.2 Le fondement de cette loi ________________________________________33 2.1.3 Une loi prévisible mais radicale ___________________________________34
2.2 Impacts et conséquences sur le marché de la Distribution Automatique alimentaire ___________________________________________________________40
2.2.1 Impacts économiques ___________________________________________40 2.2.2 Impacts sur l’image de la Distribution Automatique alimentaire __________41
3 Réaction des professionnels de la Distribution Automatique alimentaire________43
3.1 La mobilisation des professionnels de la distribution automatique alimentaire ___________________________________________________________43
3.1.1 La chambre syndicale Nationale de vente et services automatiques (la NAVSA) ___________________________________________________________43 3.1.2 Les gestionnaires de distributeurs automatiques_______________________55 3.1.3 Les autres professionnels de la distribution automatique ________________57
3.2 Repenser l’offre alimentaire en distribution automatique ______________58 3.2.1 Les distributeurs de fruits ________________________________________58 3.2.2 Quelle alternative aux sodas ?_____________________________________64 3.2.3 L’alimentation d’appoint : du léger à l’allégé_________________________69
3.3 Participer à l’équilibre nutritionnel ________________________________74
Conclusion _____________________________________________________________80
Références Bibliographiques _______________________________________________82
Annexes _______________________________________________________________84
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Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
3
Remerciements
Je tiens à remercier mon maître de mémoire, Mme Régine Vanheems, maître de
conférence à l’université Panthéon-Sorbonne, pour ses conseils dans la rédaction de mon
mémoire.
Je remercie également très sincèrement les professionnels ci-dessous pour leur accueil
ainsi que pour les informations qu’ils m’ont fournies. Au travers de leurs connaissances et
de leurs expériences, ils m’ont permis de découvrir différents aspects du marché de la
distribution automatique et m’ont fait part de leur sentiment face à la loi interdisant les
distributeurs dans les écoles. Ces rencontres furent toutes aussi intéressantes
qu’enrichissantes.
Véronique Bertrand-Ribot (Directrice Marketing Nestlé Impulsion)
Cécilia Cassou (Responsable du secteur Paris Ouest chez Masterfoods)
Myriam Decoeur-Michel (Déléguée Générale de la chambre
syndicale Nationale de Vente et Services Automatiques)
Emmanuel Graff (Responsable Régional Distribution Automatique chez
Masterfoods)
Dominique Lecourt (Chef des Ventes Hors Foyer chez Coca Cola)
Doris et Cyrille Roux (Société Coffee Choc)
Claude Souc (Président Directeur Général de Méga)
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Introduction
Bien que particulièrement visible à travers la présence de distributeurs automatiques dans
les différents lieux de vie : écoles, entreprises, hôpitaux, stations services, et autres lieux
publics, le marché de la distribution automatique reste peu connu du grand public. En effet,
qui se demande comment les distributeurs sont arrivés à ces endroits et comment ils
fonctionnent. Tout en plus, sommes-nous plus curieux lorsque ceux-ci sont hors service,
vides et nous empêchent d’obtenir le produit convoité.
Ces machines cachent un marché très dynamique, animé par des sociétés spécialisées qui
ont su ces dernières années se professionnaliser afin de satisfaire et d’anticiper les besoins
des consommateurs, leur permettant des moments de détente devant un café ou un
chocolat, de se désaltérer avec une boisson fraîche ou de combler un petit creux avec une
barre chocolatée ou une biscuiterie.
La simplicité de ce service cache en réalité une somme considérable de moyens qui doivent
être mis en œuvre pour arriver à ce résultat.
Ce marché a connu de profondes mutations et a dû affronter de nombreuses difficultés,
comme récemment l’arrivée des 35h et le passage à l’euro. Il se trouve à nouveau dans la
tourmente suite au vote d’une loi visant à interdire les distributeurs automatiques dans les
établissements scolaires. Alors quel sera l’impact de cette loi sur le marché de la
distribution automatique alimentaire ?
Dans un premier temps, nous allons analyser le marché de la distribution automatique
alimentaire en étudiant ses caractéristiques ainsi que ses différents acteurs. Dans un second
temps, nous étudierons l’article 30 de la loi de santé publique visant à interdire les
distributeurs automatiques dans les écoles et son impact en terme économique et d’image
sur l’ensemble de la profession. Enfin, nous analyserons la réaction des professionnels face
à cet événement : leur mobilisation ainsi que les moyens mis en œuvre pour contrecarrer
les effets de cette loi.
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1 Présentation du marché de la distribution automatique
alimentaire
1.1 Un état des lieux du marché de la distribution automatique
alimentaire
1.1.1 Evolution et caractéristiques du marché
La distribution automatique alimentaire est un circuit dont le développement est récent. Il
s’agit « d’appareils avec ou sans monnayeur, destinés à fournir boissons ou denrées sans
intervention directe autre que celle du consommateur ». 1
Bien qu’elle ait encore une place marginale dans les canaux de distribution de l’industrie
agroalimentaire, elle constitue un circuit de distribution alternatif dont le taux de
croissance annuel moyen dépasse celui de la grande distribution.
Le marché de la distribution automatique alimentaire se caractérise essentiellement par un
assortiment limité de produits, une surface commerciale réduite, un prix de vente supérieur
à celui pratiqué en GMS (grandes surfaces spécialisées), une plage d’ouverture maximale
(24h/24h), un maillage géographique très dense (1 distributeur automatique pour 100
habitants), des coûts de développement et d’exploitation élevés et un panier d’achat moyen
limité.
En 2003, le marché de la distribution automatique pesait environ 2 milliards d’euros.
Sur ces 2 milliards, le chiffre d’affaires relatif à l’exploitation des distributeurs
automatiques représentait 1,4 milliards d’euros. Le reste était constitué par les achats
internes à la profession, soit les automates, terminaux de paiement, les produits, services et
accessoires.
On dénombrait, en 2003, en France, 580 000 distributeurs automatiques. Le parc a
augmenté de 22% entre 1997 et 1999, avec un taux de croissance annuel moyen de 10%.
Mais ces chiffres sont certainement sous-évalués. 1 Etude Eurostaf : les enjeux de la distribution automatique alimentaire
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Le marché de la distribution automatique a été caractérisé par une croissance rapide.
Jusqu’en 1999, il a connu une croissance à deux chiffres, atteignant voire dépassant 20%
dans les meilleures années. En 1999, la croissance du marché n’a été que de 9%, ce qui
constitue en soi une performance si on la compare à la croissance de l’économie en général
ou à celle de l’alimentaire en grande distribution qui évolue autour de 2%.
L’année 2002 s’est avérée une année difficile pour le secteur. Elle est marquée par une
rupture dans la croissance du chiffre d’affaires qui tombe à 1,4%. En 2003, la croissance a
continué de baisser, certes dans une proportion moindre que les années précédentes, mais
néanmoins significative.
Le ralentissement important de la croissance tient à une conjoncture économique et
internationale peu favorable, le passage à l’euro et l’arrivée des 35h.
En effet, le chômage, facteur récurrent, a repris depuis le début de l’année 2001 réduisant
les consommations dans tous les secteurs d’activités. La conjoncture internationale,
quant à elle, n’est pas faite pour redonner du dynamisme à l’économie depuis le 11
septembre 2001. Le passage à l’euro a d’une part déstabilisé le consommateur, d’autre
part a accentué la guerre des prix entre professionnels du secteur. Cette déstabilisation du
consommateur a été d’autant plus forte en distribution automatique que les gestionnaires
ont dû augmenter leurs prix pour des problèmes de conversion francs/euros et de rendu
monnaie, hausse d’autant plus justifiée qu’ils n’en avaient pas faite depuis 10 ans. Enfin,
au-delà des contraintes que cela impose aux gestionnaires dans l’exercice de leur métier,
c’est au niveau de leur clientèle que l’impact négatif des 35h s’est fait ressentir. En effet,
non seulement les pauses café sont écourtées mais le temps de présence est fortement
réduit dans les entreprises. Les 35h ont donc modifié le rythme de travail des individus.
Certes, certains sites tels que les sites de loisirs ont bénéficié des 35h, mais les distributeurs
automatiques sont à 72% implantés dans les entreprises.
Si tous les signes d’une certaine reprise pour 2004/2005 étaient là et pouvaient laisser
penser aux professionnels de la distribution automatique que la morosité de ce marché
s’estomperait et qu’on allait assister à une reprise, la politique contre la présence des
automates dans les établissements scolaires est un nouveau coup dur pour l’ensemble de la
profession.
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1.1.2 L’offre alimentaire en distribution automatique
L’offre en distribution automatique se compose de trois catégories de produits : les
boissons chaudes, les boissons froides et l’alimentation d’appoint.
Tableau 1 : Principaux produits commercialisés en distribution automatique2
Catégories Produits
La boisson chaude Principalement le café, soit en grain ou soluble, le
thé ou encore le chocolat (consommés en gobelets)
La boisson froide Toute boisson commercialisée en bouteille ou en
boîte
L’alimentation d’appoint Le snacking (pâtisseries industrielles, barres
chocolatées, biscuits, confiseries de sucre, snacks
salés), la restauration d’appoint (sandwiches,
salades, fruits, produits laitiers et autres produits
frais vendus en l’état), la crème glacée et les
produits à consommer chauds (frites, pizzas…)
Figure 1 : Répartition des consommations en % du nombre d’unités en 20033
2 Etude Eurostaf : les enjeux de la distribution automatique alimentaire 3 Repères de la DA par DAFSA/WEFA pour NAVSA
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Les distributeurs de boissons chaudes en gobelets restent la locomotive de la distribution
automatique.
En boissons chaudes, le café sous toutes ses formes, est de loin le leader et reste en tête des
ventes avec 74% des consommations en 2003. On arrive aujourd’hui à un quasi équilibre
entre le café expresso à base de grains et le café instantané (soluble), avec une légère
prédominance de ce dernier.
Le segment du café est très apprécié par les gestionnaires, d’une part par l’importance des
quantités commercialisées, d’autre part par le niveau de marge qu’offre ce segment. C’est
l’un des produits pour lequel les acteurs de la distribution automatique réalisent les marges
les plus importantes.
Sur le marché des boissons froides, on trouve d’une part la distribution automatique de
boîtes et bouteilles et d’autre part les fontaines d’eau.
Après les boissons chaudes, les distributeurs automatiques conditionnés représentent le
parc le plus important. Il s’agit de la distribution de boîtes, de bouteilles et de briquettes.
Ces distributeurs représentent 17% du parc et restent donc loin derrière les distributeurs de
boissons chaudes. Malgré une hausse de la consommation des boîtes et bouteilles entre
2001 et 2003, les consommations ne sont pas à la hauteur de l’ampleur du parc, puisque les
ventes ne forment que 9% des consommations en 2003. De plus, cette tendance diffère
d’un produit à l’autre.
La distribution automatique de boîtes/bouteilles reste essentiellement sous l’emprise des
produits de marque. Ceci est également vrai pour les autres catégories de produits. En
effet, la décision d’achat d’un consommateur dans un distributeur ne dure que quelques
secondes. Les consommateurs privilégient donc des produits de marque qui disposent déjà
d’une notoriété et d’une image.
Contrairement à beaucoup de pays européens (Belgique, Allemagne…), la vente d’alcool
est interdite dans les distributeurs automatiques français, ce qui limite la consommation de
boîtes/bouteilles.
Les boissons froides sont des produits qui répondent à des achats d’impulsion. Elles ont
souffert en 2002 (mauvais été) pour connaître une forte progression en 2003 (canicule).
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Parmi ces boissons, les jus de fruits et les eaux minérales sont en hausse constante, tandis
que les cocas et les sodas sont plus sensibles à la conjoncture.
Le marché des fontaines à eaux a stagné jusqu’à la fin des années 1980 avant de connaître
un essor fulgurant avec un nombre de fontaines à eau en bonbonne en exploitation
multiplié par neuf sur la période 1994-1998. La croissance moins spectaculaire en 1998
(+20%) reste néanmoins soutenue et la fontaine à bonbonne conserve un potentiel de
développement important avec sa démocratisation dans les milieux professionnels4.
La fontaine à eau représente un substitut direct de la bouteille d’eau de source ou
minérale. Elle offre pour se différencier, un service supplémentaire en proposant
généralement de l’eau chaude (ou à température ambiante) et de l’eau réfrigérée.
Au parc des fontaines à bonbonnes s’ajoute celui des fontaines d’eau de ville qui possèdent
différents filtres purifiant « l’eau du robinet ».
Tableau 2 : Parc des fontaines d'eau en 20035
Dénomination Quantité
Fontaine d’eau de ville 120 000
Fontaine d’eau en bonbonne 191 000
L’alimentation d’appoint est le secteur qui a le plus progressé ces cinq dernières années,
+ 54,1% au niveau du nombre de distributeurs en 2003. Cet accroissement s’explique
notamment par l’évolution des habitudes alimentaires des français qui favorisent
aujourd’hui le grignotage et les repas rapides et pratiques. Initialement, l’offre était
constituée de produits secs et à longue durée de conservation facilitant le stockage. Les
progrès technologiques ont permis de diversifier l’offre, en proposant des produits frais,
des plats cuisinés, des sandwiches… Cependant, le surgelé (comme les glaces) reste quasi-
4 Etude Eurostaf : les enjeux de la distribution automatique alimentaire 5 Source MGM consultant
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absent car trop contraignant et risqué sur le plan sanitaire. L’offre de salé vient compléter
le segment « sucré » d’origine (barres chocolatées, pâtisseries industrielles, confiserie…).
Dans cette alimentation d’appoint, les ventes de barres chocolatées et de confiserie sont en
baisse, ce qui traduit la tendance actuelle de consommation. Les pâtisseries et biscuiteries
industrielles connaissent une évolution favorable notamment grâce aux performances
remarquables des nouveaux produits tels que les gammes allégées.
Mais c’est le sandwich qui représente le marché de l’avenir avec 30 millions d’unités
vendues en 2001 et une croissance de 12% en 2002 (soit 33,6 millions d’unités). En 2003,
73 millions de sandwiches ont été vendus en distribution automatique. Son potentiel de
croissance est donc important : 90% des sandwiches ont été achetés dans les entreprises
mais seulement 28,8% des entreprises de plus de 500 salariés sont équipées6. Cependant,
beaucoup de gestionnaires sont réticents à proposer ce type de produits du fait de leur
caractère périssable. En vue d’offrir un niveau de service supplémentaire aux clients, les
produits à consommer chaud (pizzas ou plats cuisinés par exemple) viennent compléter
l’offre froide peu adaptée à certaines saisons. Ces produits à consommer chaud restent
marginaux bien qu’ils se développent de plus en plus dans les entreprises. En effet, ces
dernières veulent proposer aux employés une large gamme de produits pour le repas du
déjeuner.
1.1.3 La clientèle de la distribution automatique
Les entreprises restent le principal client de la distribution automatique. En 2003, 72% des
distributeurs automatiques sont installés dans des entreprises et 80% des entreprises sont
équipées de distributeurs automatiques. Le potentiel de développement en entreprise est
donc limité et les cibles restantes se limitent aux petites entreprises, les grandes étant déjà
pour la plupart équipées. Néanmoins, certaines branches de la distribution automatique
restent peu exploitées dans les entreprises comme les sandwiches ou les buffets
alimentaires. De même, les PME (Petites et Moyennes Entreprises) sont une cible
importante pour les distributeurs d’eau en fontaine.
6 Etude Eurostaf : les enjeux de la distribution automatique alimentaire
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Les distributeurs automatiques implantés dans les espaces publics sont en légère
augmentation entre 1997 et 2003. Mais les gestionnaires restent réticents à les implanter
dans ce type de site à cause des problèmes de vandalisme.
Figure 2 : Répartition de la clientèle en nombre de clients7
Figure 3 : Répartition de la clientèle en CA (chiffre d’affaires)8
7 Repères de la DA par DAFSA/WEFA pour NAVSA 8 Repères de la DA par DAFSA/WEFA pour NAVSA
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En ce qui concerne les lieux d’enseignement, on note une très légère baisse entre 2001 et
2003. L’enseignement représente 7% du marché en 2003 soit 103 millions d’euros et les ¾
des ventes se font dans les collèges et lycées.
En nombre de clients En CA Collèges et lycées 75% 76% Enseignement supérieur 25% 24%
De nombreux sites restent à conquérir comme les stades, les salles de sports ou les piscines
soit avec les services existants, soit avec de nouveaux produits. Une autre des nouvelles
opportunités pour la distribution automatique semble se trouver dans la restauration et
l’hôtellerie.
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1.2 Les professionnels de la Distribution Automatique alimentaire
La filière de la distribution automatique alimentaire
Relation fournisseur client
Mouvement d’intégration aval
Mouvement d’intégration amont dans un outil de production ou dans un laboratoire
Fournisseurs
Industriels agroalimentaires (IAA)
Fabricants de machines
Grossistes Importateurs Distributeurs
Gestionnaires
IAA
(Automates contrôlés par les IAA)
Gestionnaires
nationaux
Gestionnaires régionaux ou
locaux
Exploitation
Gestion totale
Gestion partielle
Contrat de
maintenance
Dépôt gratuit
Location
Clients
donneurs d’ordres
Entreprises
Enseignement
Espaces publics
Hôpitaux et autres
établissements hospitaliers
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1.2.1 Les fabricants de matériels
Les fournisseurs de matériels ont « pour charge de concevoir et développer des automates
ou des robots »9. Cette catégorie comprend à la fois les fabricants et importateurs de
distributeurs automatiques mais également les fabricants et importateurs de systèmes de
paiements.
Une des missions du fabricant de matériel est de donner aux gestionnaires les moyens pour
satisfaire le consommateur et de ce fait les aider à augmenter la rentabilité de chaque site et
du parc en général. Le fabricant doit donc :
• Simplifier l’acte d’achat
• Accentuer la convivialité du distributeur
Depuis 2002, on constate une contre performance des fabricants de matériels dont la
cause principale est la faible croissance du marché de la distribution automatique.
Tableau 3 : CA et effectifs des fabricants et importateurs10
2000 2001 2002 2003 CA 328 361 293 263 CA DA 131 140 115 105 Effectifs 823 872 809 715
Il existe néanmoins d’autres facteurs explicatifs à cette contre performance :
• Mouvements de concentration au sein des gestionnaires
• Rationalisation des achats
• Baisse du taux de renouvellement dû à l’allongement de la durée de vie des
machines et du dynamisme du marché de l’occasion
9 Etude Eurostaf : les enjeux de la distribution automatique alimentaire 10 Repères de la DA par DAFSA/WEFA pour NAVSA
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Le passage à l’euro a également pesé sur la rentabilité des fabricants de matériels. En effet,
les gestionnaires ont consacré leurs investissements pour les changements de monnayeurs,
plutôt que pour l’achat de nouvelles machines.
Dans ce contexte, les fabricants créent des machines moins chères et plus fiables. En
effet, il y a quelques années, les machines étaient soit chères et fiables (la marque
Wittenborg proposait des modèles qui avaient une espérance de vie allant jusqu’à 12 ans)
ou soit à bon marché mais peu résistantes (notamment les marques italiennes).
Aujourd’hui, la tendance est aux machines pas trop chères et fiables. Le gestionnaire veut
attirer ses clients par un design agréable et une utilisation simple et pratique du distributeur
automatique. De plus, les marges se réduisant depuis 10 ans, les sociétés de gestion
cherchent donc à réduire leurs coûts d’investissement (achat de la machine) et de
maintenance (qui dépendent fortement de sa fiabilité).
On distingue deux types de distributeurs :
• Les freestandings, c'est-à-dire les automates de type
« armoire ».
Dans cette catégorie, on trouve les distributeurs de boissons
chaudes, de boîtes/bouteilles, de confiserie… ;
Les O.C.S (Office Coffee Service)
Il s’agit des petits systèmes à café de bureau. Ils
fonctionnent avec du café en grains (exemple : Saeco),
des capsules de café moulu (Lavazza Expresso Point,
Nespresso Professional…) ou bien encore avec des
produits lyophilisés11 ;
11 www.da-mag.com
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En 2003, on dénombre en France 254 000 O.C.S et 326 000 freestandings.
Les distributeurs automatiques peuvent être destinés soit à un produit unique, soit à une
gamme de produits homogènes, ou encore à des produits mixtes c’est à dire des machines
qui combinent par exemple boissons et alimentation d’appoint. Les automates contiennent
habituellement entre 5 à 40 références de produits.
Les fabricants de distributeurs automatiques sont essentiellement des entreprises ou des
groupes étrangers notamment d’origine italienne. Ces fabricants produisent les
distributeurs dans leur pays respectif puis ils les commercialisent en France, soit via des
importateurs revendeurs (essentiellement pour les petites machines), soit directement
auprès des gestionnaires de distributeurs automatiques.
Le premier fabricant de matériel est N&W Global Vending, fusion des sociétés Zanussi et
Wittenborg, dont la part de marché se situe autour des 50% sur le segment des boissons
chaudes. Le second fabricant de matériel est aussi italien : il s’agit de Dia Vendors. Ensuite
on trouve Bianchi Vending France, qui importe les automates Bianchi, puis une multitude
d’importateurs de tailles plus modeste.
En ce qui concerne les fabricants et importateurs de systèmes de paiements, on trouve
dans le trio de tête MEI (Mars Electronics International), filiale du groupe agroalimentaire
Masterfoods, N.R.I, filiale du groupe américain Crane, et Jofemar, un fabricant espagnol
qui produit également des distributeurs automatiques.
On recense environ 415 000 systèmes de paiement, ce qui est supérieur au nombre
d’automates en freestanding. Ceci est dû à l’équipement de certains OCS avec des
accepteurs de monnaie ou de jetons.
Cependant, on peut classer les systèmes de paiement en deux grandes catégories12 :
• Les systèmes à pièces : monnayeurs et accepteurs (l’un rend la monnaie, l’autre
pas) ;
12 www.da-mag.com
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• Les systèmes électroniques ou magnétiques : à carte à puce, à piste magnétique ou
sous forme de clé avec puce intégrée ;
Même si l’euro va renforcer le taux de pénétration sur le marché des systèmes
électroniques, ils sont encore loin de détrôner les monnayeurs à pièces. Néanmoins, on
aurait pu penser que les gestionnaires profiteraient du passage à l’euro pour installer
davantage de systèmes électroniques ceci afin de supprimer les opérations importantes
liées au traitement de la monnaie.
1.2.2 Les fournisseurs de produits alimentaires
Les fournisseurs de produits alimentaires en distribution automatique sont essentiellement
des multinationales.
Les grands groupes industriels de l’agroalimentaire sont quasiment tous présents sur ce
marché. Soulignons la part prédominante de Nestlé sur le marché des boissons chaudes
avec la marque Nescafé, celle de Coca Cola dans le domaine des sodas, ou encore la part
déterminante de Masterfoods dans la confiserie (Mars, M&Ms…). A côté de ces leaders,
on trouve également des petites sociétés, notamment dans la biscuiterie, qui ont su
proposer une gamme adaptée et conquérir leur place sur le marché (Erté et Le Guillou).
Certains gestionnaires ont intégré en amont la production alimentaire, essentiellement pour
les produits frais comme les sandwiches. Cette intégration amont peut se faire à deux
niveaux :
• Au niveau industriel avec la détention d’une société de production. Par exemple,
Sélecta est propriétaire d’Appofrais qui fabrique des sandwiches et des salades. Ce
cas de figure reste cependant marginal ;
• Au niveau artisanal dans un laboratoire intégré ;
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Le référencement du fournisseur de produits alimentaires se fait :
• Soit directement auprès du gestionnaire quand celui-ci possède une centrale
d’achat (gestionnaires nationaux) ;
• Soit auprès d’un grossiste spécialisé dans la distribution automatique alimentaire
pour les gestionnaires régionaux ou locaux ;
Au-delà de leur rôle de simple fournisseur, les industries agroalimentaires peuvent
intervenir de deux manières sur le marché de la distribution automatique.
D’une part, certains industriels
(Danone, Kraft Foods,
Masterfoods…) ont une activité
de revendeur-loueur
d’automates : ils achètent des
distributeurs labellisés à leur
marque qu’ils revendent ou
louent ensuite à des
gestionnaires.
D’autre part, le fournisseur peut détenir un parc de
distributeurs dont il assure la gestion. C’est le cas de Coca Cola
qui gère son propre parc d’environ 30 000 distributeurs
automatiques. Cette intégration aval n’est pas exclusive : en plus de
son propre parc, Coca Cola est aussi client dans le parc de certains
gestionnaires. Il est donc à la fois fournisseur et concurrent des
gestionnaires. Cette situation est unique et se retrouve seulement en
France car c’est dans ce pays que Coca Cola détient un véritable
monopole. Une des raisons pour laquelle l’intégration aval reste
marginale est qu’elle est mal vue de la part des gestionnaires. En
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1989, année où Coca Cola a fait son entrée en distribution
automatique, il a installé des machines un peu partout gérées par
Coca Cola entreprise. Il est donc arrivé avec une méthode
ambitieuse, de gros moyens, des budgets marketing importants et a
été le premier gestionnaire de distributeurs à officialiser le
versement de redevances aux directeurs des sites où il implantait
ses distributeurs automatiques ce qui a été très mal vu des
gestionnaires. Il a donc fallu du temps à Coca Cola pour se
rapprocher des gestionnaires qui étaient les seuls à pouvoir
proposer une gamme complète de produits (boissons chaudes,
confiserie et boîtes).
De même, à son arrivée dans la distribution automatique, Masterfoods s’était posé la
question du développement d’un parc de machine propre. Il avait monté une société
chargée de développer un parc de machine propre à Masterfoods. Mais cette expérience a
tourné court. Les produits de Masterfoods étaient boycottés par les gestionnaires qui ne les
acheter plus pour les mettre dans leurs machines. Masterfoods a enregistré une baisse de
ses ventes et a donc délaissé cette stratégie au profit d’une activité de loueur revendeur de
machines.
De plus en plus, les industriels agroalimentaires s’impliquent sur le marché de la
distribution automatique qui est une véritable vitrine pour leurs marques et un relais de
croissance (nouvelle voie de distribution).
Certes, le marché de la distribution automatique présente des inconvénients pour les
industriels agroalimentaires : une part limitée dans le chiffre d’affaires total, une gestion
contraignante (nombreux points de vente à faible capacité de stockage), l’augmentation des
contraintes liées à la sécurité alimentaire ou encore une nécessité d’adapter l’offre au
niveau du packaging.
Il n’en reste pas moins que le marché de la distribution automatique est un marché
stratégique pour ces acteurs. Canal de distribution alternatif, ce marché est un véritable
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vecteur de communication qui prend de l’ampleur dans la société moderne avec un
potentiel de croissance qui supplante celui de la grande distribution.
Ainsi, les distributeurs automatiques permettent de nouer un contact privilégié avec le
consommateur : les produits des industriels ne sont pas noyés parmi une masse d’autres
produits comme cela est le cas dans la grande distribution car le nombre de références
comprises dans un distributeur est limité. Les produits sont donc connus et découverts
rapidement par les consommateurs via les distributeurs automatiques et seront donc plus
facilement achetés dans les autres circuits de distribution (cafés, grande distribution…). Ce
n’est donc pas un hasard si Coca Cola a décidé de lancer son eau Chaudfontaine dans les
distributeurs automatiques avant qu’elle ne fasse son entrée dans la grande distribution.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
21
Tableau 4 : Principaux fournisseurs de la distribution automatique par catégorie de produits alimentaires13
Catégories de
produits
Industriels Marques/Produits
Boisson chaude Nestlé Food Services
Kraft Foods
Lavazza
Segafredo
Régilait
Unilever Bestfoods
Nescafé, Nesquik, Cacao Mix
Jacques Vabre, Maxwell House
Crema Aroma, Qualita Rossa
Espresso Casa, Emozioni
Voile de lait
Lipton citron et Lipton Yellow
BRSA (Boisson
Rafraîchissante
Sans Alcool)
Coca-Cola
Pepsico
Unilever Bestfoods
Danone
Orangina-Schweppes
Nestlé Waters
Coca-Cola light/citron/vanilla, Minute Maid, Fanta
Pepsi
Lipton Ice Tea (pêche, citron, framboise…)
Evian, Volvic thé, Volvic fraise/orange
Orangina, Schweppes, Pampryl, Joker
Perrier, Vittel, Contrex, San Pellegrino, Nestea
Confiserie Cadbury
Haribo
Hollywood, Malabar, Carambar
Dragibus, Fraise, Réglisse
Barres
chocolatées
Masterfoods
Nestlé
Mars, Twix, M&Ms
Sveltesse, Crunch, lion
Biscuits et
pâtisseries
industrielles
Danone
Erté
Le Guillou
Petit Prince de LU
Madeleines, brownies, cakes
Madelons, madeleines chocolat/fraise…
Snacks salés Unichips
Lorenz Bahlsen
Chips Flodor
Curly, Crunchips, Baff
Glaces Nestlé
Unilever
Extrême, Magnum
Miko
Produits frais
d’alimentation
d’appoint
Appofrais (Selecta)
Daunat
Ent’racte
Fleury Michon
Justin Bridou
Martinet
Sodebo
Sandwiches, salades
Sandwiches
Sandwiches
Plats cuisinés et salades
Mini-saucisson sec
Salades
Sandwiches
13 Etude Eurostaf : les enjeux de la distribution automatique alimentaire
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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22
1.2.3 Les grossistes en distribution automatique alimentaire
Les plus gros gestionnaires s’approvisionnent directement auprès des industriels
agroalimentaires. Les gestionnaires de tailles moyennes ou de petites tailles s’adressent eux
à des grossistes généralement spécialisés sur ce marché.
Il y a à peine cinq ans, le marché était composé d’un ensemble de grossistes de taille
relativement modeste et d’implantation quasi régional. Cinq intervenants principaux se
partageaient le marché : Européenne Food sur la région parisienne, PRO.DIS.AU et GMS
sur Paris et les régions PACA (Provence Alpes Côtes d’Azur) et Bouches du Rhône, la
société OPA basée dans la Mayenne couvrait l’Ouest de la France et la société SOD à
Toulouse couvrait le Sud Ouest.
La professionnalisation de la distribution automatique a obligé ses sociétés à qualifier
leurs clients et à améliorer leur offre tant en terme de produits que de qualité de service. La
concentration des gestionnaires nécessitait à terme l’obligation d’avoir une structure
nationale. Il apparaissait également nécessaire aux grossistes d’accroître leur capacité
d’achat et de diversifier leur marché en travaillant par exemple sur les pétroliers (stations-
service) et les magasins de proximité.
La concentration s’est effectuée à l’initiative d’Européenne Food par le rachat de la
société PRO.DIS.AU, puis d’OPA, SOD et GMS. Aujourd’hui ces sociétés sont
regroupées sous l’appellation de SAS Force 8 qui représente 80% du marché de la
fourniture des produits pour distributeurs automatiques. A noter que ce groupement est
affilié à la centrale d’achat de Carrefour et bénéficie donc de tous ses avantages et ce
principalement en terme de conditions d’achat.
Deux nouveaux intervenants : Supergroup (filiale Altadis) et EDA désireux de pénétrer le
marché et de contribuer eux aussi de manière active à la croissance et à la redéfinition du
marché marque une nouvelle étape et rompt avec ce phénomène de concentration. Cet
élargissement de la sphère concurrentielle rassure de ce fait les sociétés de gestion qui
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
23
voyaient d’un mauvais œil la concentration des grossistes dans la distribution automatique
par peur de ne plus profiter d’une large gamme tarifaire.
Notons aussi l’apparition de nouveaux petits acteurs régionaux comme Service DA à
Argenteuil ou DA Evolution à Pontault Combaut qui souhaitent capitaliser sur une solution
et un service sur mesure vis-à-vis du client final.
Figure 4: Carte de France des grossistes en distribution automatique en 200514
AMD/SECHET DA EVOLUTION EDA SAS FORCE 8 SERVICE DA SUPERGROUP VIVENDIA
14 LMDA n°93 Octobre 2004
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
24
1.2.4 Les gestionnaires au cœur de l’activité de la distribution automatique
Le gestionnaire est le pivot de l’activité de gestion des distributeurs automatiques. Il achète
des distributeurs automatiques sur lesquels il installe un système de paiement, un
monnayeur à pièces dans la plupart des cas. Il se fournit en produits soit directement auprès
des industriels agroalimentaires (pour les plus gros gestionnaires), ou le plus souvent par
l’intermédiaire d’un grossiste spécialisé (pour les gestionnaires de plus petites tailles).
Les distributeurs automatiques sont placés par le gestionnaire sur les lieux de
consommation (enseignement, espaces publics, entreprises, station services…) après
prospection et démarchage.
Les gestionnaires assurent la réalisation de leurs prestations à travers du personnel appelé
« approvisionneurs » qui gèrent des tournées programmées au cours desquelles, grâce à des
véhicules mis à leur disposition, ils vont amener les denrées nécessaires au remplissage des
différents distributeurs. Selon le type de contrats, ils vont les nettoyer, les remplir et
s’assurer de leur bon fonctionnement. Le cas échéant, ils récupèrent la recette du
distributeur et la ramène dans son entreprise. Les gestionnaires emploient également des
techniciens qui effectuent l’installation, la maintenance et les réparations des distributeurs.
Le transport des gros distributeurs sur les sites d’exploitation nécessitant un matériel
spécifique est souvent sous traité à des transporteurs.
L’activité de gestionnaire présente un niveau de rentabilité relativement faible mais qui
reste positif en 2003. Les coûts d’un gestionnaire se répartissent entre les frais généraux,
l’achat des produits et la main d’œuvre.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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25
Figure 5 : Répartition des coûts des gestionnaires en 200315
Le gestionnaire s’est professionnalisé ces dernières années. Le consommateur final est en
effet de plus en plus exigeant au niveau de la qualité et de la diversité des produits mais
également en ce qui concerne le bon fonctionnement de la machine.
Le rôle de prestataire de service dans la profession évolue progressivement vers davantage
de recherche dans son marketing (mix produit, PLV…), dans la qualité de sa prestation
et dans son merchandising. Néanmoins il ne faut pas oublier que la majorité des sociétés
de gestion sont de petites tailles et souvent à caractère familial. De ce fait, les concepts de
marketing et de merchandising sont difficiles à mettre en œuvre par ces dernières. Les
gestionnaires sont appuyés dans cette tâche par les industriels qui leur apportent leur savoir
faire. Ainsi, Masterfoods a développé un outil « la Démarche Efficacité » qui permet au
gestionnaire d’optimiser ses ventes et sa rentabilité, en ayant le bon produit au bon endroit
dans la machine, en adaptant l’implantation des produits aux rotations et en rendant plus
efficace les approvisionnements des machines. Masterfoods met donc à disposition du
gestionnaire son savoir faire en créant un réel partenariat avec la société de gestion. La
marque Lu du groupe Danone propose, quant à lui, sur son site Internet un plan
merchandising aux gestionnaires de distributeurs automatiques.
15 Repères de la DA par DAFSA/WEFA pour NAVSA
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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26
Figure 6 : Plan Merchandising LU16
16 www.club-restauration.com
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Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
27
Au niveau de l’exploitation, plusieurs modes de fonctionnement s’offrent aux
gestionnaires :
• Le principal mode de gestion utilisé, notamment en Ile de France, est la gestion
totale. Le gestionnaire s’occupe de l’ensemble de l’exploitation : la machine lui
appartient et il en assure l’approvisionnement et la maintenance. La récupération de
la caisse correspond à son chiffre d’affaires ;
• La gestion partielle : la machine n’appartient pas au gestionnaire mais celui en
assure l’approvisionnement et la maintenance ;
• Les contrats de maintenance : le gestionnaire n’est pas le propriétaire de la
machine et n’en assure pas l’approvisionnement. Son seul rôle est de s’occuper de
la maintenance du distributeur ;
• Le dépôt gratuit : la machine appartient au gestionnaire qui en assure la
maintenance mais il ne l’approvisionne pas, le coût de ces prestations sont inclus
dans la facturation des produits vendus pour le fonctionnement de cette machine ;
• La location : Le client loue le distributeur auprès d’une société de gestion. Le
gestionnaire peut proposer en plus l’approvisionnement, le nettoyage, la réparation
et le dépannage ;
En fait, les professionnels vont distinguer l’auto gestion liée à l’O.C.S c'est-à-dire le dépôt
gratuit, les contrats de maintenance ou la location et la gestion totale liée aux meubles de
distribution automatique.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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28
Figure 7 : Répartition des types de prestations17
La durée de contrat doit correspondre au minimum au temps d’amortissement de la
machine qui est d’environ 4 ans. Cependant, la durée moyenne des contrats est de 3 ans.
Les consommateurs finaux sont si exigeants que les donneurs d’ordre souhaitent
renouveler leurs distributeurs régulièrement.
On évalue le nombre de professionnels « gestionnaires » à 1500. C’est un marché
atomisé essentiellement constitué de TPE (très petites entreprises)18 :
• 17 entreprises réalisent un CA annuel > à 5 millions d’euros ;
17 Repères de la DA par DAFSA/WEFA pour NAVSA 18 www.da-mag.com
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
29
• 60 entreprises font plus de 1,5 millions d’euros de CA annuel ;
• 53 entreprises seulement emploient plus de 20 personnes ;
• La filière emploie 11 300 personnes dont 50% d’approvisionneurs et 18% de
techniciens ;
Figure 8 : Composition du personnel19
L’éventail de chiffre d’affaires va de quelques centaines de milliers d’euros à près de 250
millions d’euros pour la plus importante (Sélecta).
Enfin 20% des entreprises réalisent 80% du CA de la profession, et 8% d’entre elles font la
moitié du chiffre d’affaires et emploient la moitié de l’effectif.
La population des gestionnaires se structure et le secteur connaît depuis 2000 un
mouvement de concentration qui tend à fragiliser les plus petites entreprises. Au-delà de la
concurrence intra sectorielle, les gestionnaires subissent aussi la concurrence de deux types
d’acteurs20 :
• Les industries agroalimentaires qui se sont intégrées en aval (Coca-Cola) ;
19 Repères de la DA par DAFSA/WEFA pour NAVSA 20 Etude Eurostaf : les enjeux de la distribution automatique alimentaire
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
30
• Les SRC (Sociétés de Restauration Collective) qui sont des concurrents redoutables
en collectivités ;
Face aux difficultés que rencontre le secteur, les professionnels du secteur estiment
qu’environ un tiers des gestionnaires devrait disparaître dans les trois ans à venir.
Les principales entreprises de gestion sont21 :
• SELECTA, filiale du groupe COMPASS, qui détient en autre Eurest, un des trois
« grands » de la restauration collective. Elle dispose d’une couverture nationale par
le biais d’agences locales ou régionales ;
• AUTOBAR, groupe anglo-néerlandais sur le marché français qui a accédé au
podium en rachetant en un an et demi une dizaine d’entreprises ;
• LYOVEL, pour l’instant troisième du marché et première entreprise indépendante
de France. Il est présent en Ile de France, dans le Centre, en Normandie et dans le
Nord. Il est une filiale d’Horeto Coser, un groupe spécialisé dans la restauration
événementielle ;
• SERVIPLUS, filiale d’un brasseur allemand ;
• DDA, société originaire du Nord de la France. Elle a une filiale active en région
parisienne ;
• SOLEMCO, leader dans l’ouest de la France ;
• CODARALP, essentiellement concentré en Rhône-Alpes ;
• DISTRIMATIC, implanté en région parisienne ;
• COCA COLA qui gère en France un parc d’environ 30 000 distributeurs ;
Il existe également un certain nombre de groupement volontaire (PRODIA, QUALIDEA,
DALIANCE…) qui rassemble des sociétés de gestion pour constituer un maillage
géographique national leur donnant accès aux contrats nationaux.
21 www.la-da.com
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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31
2 La loi interdisant les distributeurs automatiques dans les écoles : Impacts et conséquences sur le marché de la distribution automatique alimentaire
2.1 L’article 30 de la loi de santé publique
2.1.1 Présentation et historique
Le 8 avril 2004, l’amendement 267 du député du Bas Rhin Yves Bur est voté à
l’Assemblée Nationale en deuxième lecture du projet de loi de santé publique. Cet
amendement stipule que « les distributeurs automatiques de confiseries et de sodas sont
interdits dans les établissements scolaires ».
Le 23 juin 2004, le Sénat, lors de la commission des affaires sociales, adopte
l’amendement du rapporteur. L’article 14BA est rédigé ainsi : « à compter du 1er
septembre 2005, la présence de distributeurs automatiques dans les établissements
scolaires est subordonnée à la signature d’une charte des bonnes pratiques. Un décret pris
conjointement par le Ministre de la Santé et de l’Education Nationale fixe le cahier des
charges de cette charte et la composition nutritionnelle des produits dont la vente ou la
distribution est interdite ».
Après le vote dans le cadre de la loi sur la santé publique des députés visant à interdire la
présence des automates dans les établissements scolaires, le projet de loi a donc été
modifié de manière significative par les sénateurs. Plusieurs phénomènes ont poussé les
sénateurs à revenir sur les orientations des députés. D’une part, Francis Giraud et Jean-
Louis Lorrain, tous deux rapporteurs de la commission des Affaires Sociales, avaient
rappelé que « ce type d’équipement participe à la mission éducative de l’établissement
scolaire en contribuant à en faire un lieu de sociabilité et incitant les élèves à rester dans
l’établissement pendant la période d’interclasse ». De même dans un article du Monde, le
ministre Philippe Douste Blazy avait qualifié de " ringard " le fait d’interdire. Les
sénateurs ont donc décidé de revenir sur les dispositions prises par les députés en
soumettant la présence des distributeurs automatiques à la signature d’une charte de bonne
pratique. Les ministres de la Santé et de l’Education Nationale étaient chargés à terme de
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
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fixer par décret un cahier des charges et une approche nutritionnelle. Philippe Douste
Blazy était allé plus loin en confiant à l’Afssa (Agence Française de Sécurité Sanitaire des
Aliments) le rôle de prescripteur. Si cette modification de l’amendement Bur ne remettait
pas en cause la présence des automates, elle avait pour objectif et avantage de chercher à
définir un profil nutritionnel pour les produits implantés dans les distributeurs
automatiques dans les établissements scolaires. Un moindre mal qui pouvait satisfaire
l’ensemble des parties concernées.
Le 9 juillet 2004, le vote en deuxième lecture de l’article 143 rectifié bis confirme ces
décisions : « à compter du 1er septembre 2005, seuls sont admis dans les établissements
scolaires les distributeurs délivrant des produits répondant à des conditions fixées par un
décret en conseil d’Etat. Ce décret détermine notamment la composition nutritionnelle des
aliments et boissons interdits dans les distributeurs ».
Mais le 28 juillet 2004, lors de la commission mixte paritaire, a eu lieu un nouveau coup
de théâtre. Contrairement aux décisions du Sénat qui avait modifié le projet de loi des
députés de manière plus favorable à la profession, les 14 députés et sénateurs de la
commission mixte paritaire sont revenus à une position extrême visant à interdire purement
et simplement les automates dans les écoles à compter du 1er septembre 2005. Cette
interdiction concerne les distributeurs automatiques de boissons et de produits alimentaires
payants et accessibles aux élèves : «les distributeurs automatiques de boissons et de
produits alimentaires payants et accessibles aux élèves sont interdits dans les
établissements scolaires à compter du 1er septembre 2005 ».
Le 30 juillet 2004, l’article 30 interdisant les distributeurs automatiques dans les
établissements scolaires est adopté par l’Assemblée nationale et le Sénat. Le 11 août 2004,
l’article 30 de la loi de santé publique paraît au Journal Officiel.
Il n’y a donc plus aucune alternative, les professionnels vont donc devoir d’ici le 1er
septembre 2005 retirer l’ensemble des automates présents dans les collèges et lycées
français.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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2.1.2 Le fondement de cette loi
Mais pourquoi en est-on arrivé à une telle loi ? Pourquoi a-t-on interdit les distributeurs
automatiques dans les établissements scolaires ? Ou en d’autres termes quelle est le
fondement de cette loi ? La réponse est simple : les distributeurs ont été interdits dans les
établissements scolaires pour tenter de résorber le problème de l’obésité.
La France, au même titre que d’autres pays occidentaux, est confrontée à un phénomène
d’obésité qui concerne sa population et notamment les enfants et jeunes adultes dont selon
les estimations 18% d’entre eux souffriraient d’une surcharge pondérale.
Figure 9 : Evolution du pourcentage d'enfants souffrant d'excès de poids
Le surpoids des enfants est devenu une véritable question de santé publique. On assiste
à une véritable prise de conscience en ce qui concerne les questions nutritionnelles des
enfants, d’autant plus que l’obésité croit à un rythme alarmant : la France risque de
rejoindre vers 2020 le « taux d’obésité américain » qui s’élève à 30% des enfants
américains, selon un rapport parlementaire.
Le gouvernement français s’est donc penché sérieusement sur ce problème d’obésité,
considérant aujourd’hui l’arrêt de la progression de l’obésité chez les enfants comme un
des objectifs prioritaires de santé publique. En effet l’obésité infantile peut conduire à un
risque notable de persistance de l’obésité à l’âge adulte, un risque de surmortalité par
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
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maladie cardiovasculaire et l’apparition à un âge précoce d’une forme de diabète qui était
limité aux adultes.
Selon les nutritionnistes, la structure idéale d’une alimentation saine tourne autour de trois
repas quotidiens et équilibrés. Malheureusement, la déstructuration des repas et le
développement de la mobilité incitent au grignotage et aux solutions de repas rapides non
équilibrés.
Or si l’obésité est, selon les spécialistes, un problème multifactoriel, deux des facteurs qui
peuvent être à l’origine d’un problème d’obésité sont d’une part le qualitatif, en d’autre
terme une consommation excessive de lipides (graisses) ou de glucides dits rapides comme
les boissons sucrées, les chocolats…qui est néfaste pour la santé. En effet, en ce qui
concerne les glucides, ils sont stockés sous forme de graisse lorsqu’ils ne sont pas
immédiatement dépensés. D’autre part, les troubles du comportement alimentaire qui
peuvent eux aussi provoqués une surcharge pondérale. Il s’agit de la déstructuration des
rythmes des repas en d’autre terme le « grignotage », qui caractérise désormais les modes
de vie actuels en Europe.
Or on reproche aux distributeurs automatiques d’une part de proposer des produits
gras et sucrés aux enfants, le premier produit montré du doigt étant la barre chocolatée,
qui selon les nutritionnistes est beaucoup trop riche, d’autre part de favoriser le
grignotage.
Le retrait des distributeurs automatiques va donc permettre, selon les nutritionnistes et les
instances politiques, de limiter le grignotage et la prise de produits trop gras et trop sucrés
des enfants en milieu scolaire et de ce fait limiter la prise de poids des enfants.
2.1.3 Une loi prévisible mais radicale
Dès 1995, des événements inquiétants laissaient penser que le gouvernement pouvait
prendre des mesures drastiques à l’encontre de la distribution automatique. En effet, en
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
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1995, les médias interpellaient déjà les français, en diffusant des données alarmantes sur
l’équilibre alimentaire de leurs enfants. Celui-ci serait notamment menacé par la
surconsommation de boissons sucrées et de friandises mises à disposition dans les
distributeurs automatiques dans les écoles. En 1998, la question de l’implantation
d’automates en milieu scolaire était soulevée à l’Assemblée Nationale. Mais cette année, le
côté positif de leur présence avait prédominé sur leur responsabilité dans l’obésité des
enfants. Leur éventuel rôle éducatif auprès de ces derniers avait été mis en avant ainsi que
le fait qu’il incitait les élèves à rester au sein de l’établissement. Mais en 2001, la
polémique resurgissait avec une directive du Ministère de la Santé sur le « mieux manger »
qui incriminait de nouveau la présence des distributeurs automatiques dans les écoles et
suggérait de les remplacer par des fontaines d’eau. Enfin, début 2003, Xavier Darcos,
Ministre de l’Enseignement scolaire, présentait en Conseil des Ministres un plan pour
améliorer la santé des élèves préconisant une limitation de la présence des distributeurs de
boissons et d’aliments hypercaloriques au profit de fontaines à eau. Finalement, après
moult avertissements, la sanction est tombée avec une interdiction totale des distributeurs
automatiques dans les écoles.
Bien que la loi était prévisible, elle n’en reste pas moins radicale et contestable. La
distribution automatique a été sans aucun doute le bouc émissaire de la lutte contre
l’obésité. En effet, il ne faut pas oublier que deux lois étaient votées en parallèle : la loi
visant à réguler la distribution de boissons et de produits à sucres ajoutés dans les écoles et
celle visant à réglementer la publicité télévisuelle sur les biscuits, gâteaux, bonbons et
autres sodas destinés aux enfants. L’Afssa avait milité activement en faveur d’une
interdiction totale des distributeurs automatiques dans les écoles jugeant que leur présence
était « en totale contradiction avec la lutte contre l’épidémie d’obésité »22 et d’une
interdiction de la publicité alimentaire à destination des enfants considérant qu’elle était
« une mesure cohérente et proportionnée pour lutter contre l’obésité de l’enfant ».23 Si
l’Afssa a largement obtenu gain de cause pour le premier projet de loi qui a finalement
22 Le canard enchaîné 7 juillet 2004 « Malbouffe s’en va-t’en guerre » 23 Les Echos 22 mars 2004 «Obésité : réglementer la publicité pour les enfants »
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
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abouti sur une interdiction totale des distributeurs automatiques dans les écoles, sur le
second projet de loi cela n’a pas été le cas, bien au contraire. Devant un intense lobbying
de l’Ania (Association nationale des industries de l’agroalimentaires) pour empêcher une
suppression des publicités télévisuelles, le gouvernement a finalement cédé. La loi a offert
aux industriels une alternative : « faire une place à l’information sanitaire dans les
messages publicitaires qui ont pour objet de promouvoir les produits alimentaires destinés
aux enfants, ou bien verser une contribution au profit de l’Institut National de prévention
et d’éducation à la santé (Inpes) d’un montant égal à 1,5% des sommes annuelles
destinées à la publicité pour ce type de produit »24. Finalement, la taxe demandée aux
annonceurs pour financer des avertissements sanitaires a même été réduite, prévue
initialement à 5%, elle est donc aujourd’hui fixée à 1,5%.
Il est clair que le poids de l’association des industriels agroalimentaires est beaucoup plus
important que celui du syndicat de la distribution automatique et celle-ci en a fortement
payé le prix. Ayant abandonné l’interdiction des messages publicitaires à destination des
enfants, les députés se sont donnés bonne conscience en prenant une décision radicale,
celle d’interdire tous les distributeurs automatiques dans les écoles. En effet, Mr Bur,
député à l’initiative du projet de loi, avait rappelé à plusieurs reprises : « ce sont des
produits qui sont visés, pas les distributeurs »25, ou encore « il faut garder présent à
l’esprit que cet amendement ne prévoit pas l’interdiction des automates mais seulement
ceux qui contiennent des produits trop sucrés comme des confiseries ou des sodas »26.
Mais devant le zèle d’un petit nombre de députés, la pression des instances sanitaires et de
la presse, c’est tout un mode de distribution qui se voit interdire dans les écoles.
Cette interdiction a été, si on reprend les termes du syndicat des distributeurs automatiques,
une décision « radicale, à l’emporte pièce et sans concertation »27. Ce manque de
24 Le Monde 14 août 2004 « La publicité et l’alimentation des enfants » 25 DA Mag n° 25 Mai 2004 26 LMDA n°90 Juin 2004 27 Le point 15 avril 2004 « L’école au régime sans sucre »
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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concertation a attisé la grogne du syndicat car ce dernier était en relation avec le Ministère
de l’Education pour l’élaboration d’une charte de bonne conduite depuis plusieurs mois.
Cette loi a donc été accueillie avec surprise, incompréhension, voir indignation auprès
des différents acteurs de la profession comme en témoignent les propos de Véronique
Bertrand-Ribot, Directrice Marketing Nestlé Impulsion : « la loi qui consiste à supprimer
tous les distributeurs automatiques accessibles aux élèves est la traduction d’une position
radicale, qui a eu un effet médiatique fort, mais qui n’était pas le reflet des discussions que
l’ensemble de la profession de la distribution automatique (gestionnaires et industriels)
avaient menés avec les pouvoirs publics et l’Education Nationale », Claude Souc, PDG de
Méga Distribution : « […] ces textes ont été élaborés sans aucune concertation avec les
professionnels concernés, dont je fais partie. Nous avons été mis devant le fait accompli
[…] A qui le Ministre de la Santé veut-il faire croire que cette loi, en interdisant les
distributeurs de boissons et de produits alimentaires payants et accessibles aux élèves dans
les établissements scolaires va résoudre ou seulement contribuer à la diminution de
l’obésité en France ? [...] Dans sa folie de légiférer sur tout, le Parlement s’est débarrassé
à bon compte d’un vrai problème de Santé publique. La solution ne se trouve certainement
pas dans la désignation d’un bouc émissaire » et Myriam Decoeur-Michel, Déléguée
Générale NAVSA : « La Chambre Syndicale de la distribution automatique, avec
l’ensemble des professionnels, avait toujours affirmé sa volonté d’accompagner les
pouvoirs publics face à cet enjeu primordial de Santé publique qu’est la lutte contre
l’obésité, et nous étions en train de travailler depuis plusieurs mois à l’élaboration d’une
charte de bonne utilisation des distributeurs automatiques en établissement scolaire […]
L’article 30 de la loi de santé publique qui interdit à compter du 1er septembre 2005, tous
les distributeurs automatiques y compris de boissons chaudes comme le thé ou le café, est
complètement incohérente et sera inefficace». 28
De plus, cette décision de bannir tous les distributeurs automatiques quelque soit leur
contenu est difficilement explicable au sens où des recommandations officielles
préconisaient de consommer davantage de fruits et légumes. Or retirer l’ensemble des
28 Intendance Février/Mars 2005 « Les distributeurs automatiques définitivement hors service ?
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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distributeurs automatiques c’est également retirer les distributeurs de fruits ainsi que les
distributeurs d’eau. On a donc du mal à concevoir un retrait total des automates sans que
cela en devienne absurde.
Enfin, cette décision frôle d’autant plus l’absurdité qu’interdire n’a jamais résolu aucun
problème. Il aurait été certainement préférable d’éduquer les enfants en matière
d’équilibre nutritionnel au sein de lieux prédestinés pour la formation et l’enseignement
que sont les établissements scolaires. En effet, « on rejette le problème à l’extérieur des
collèges et des lycées, tempête Jean-Loup Bariller, ancien délégué général de la Chambre
syndicale nationale de vente et services automatiques. Les élèves ne renonceront pas aux
produits qu’ils trouvaient dans les distributeurs, ils sortiront des établissements pour les
acheter »29. Les enfants s’adapteront donc à cette interdiction et le mal sera certainement
pire. En effet, les distributeurs automatiques avaient l’avantage de proposer des prix plus
élevés et de petits conditionnements par rapport à la grande distribution où les enfants
pourront acheter plus et pour moins chers.
Plus encore, les députés auraient dû se demander qui étaient les véritables coupables de la
montée inquiétante de l’obésité chez les jeunes : les industriels agroalimentaires qui
proposent des produits répondant aux envies des consommateurs ou les parents, censés
apporter à leurs enfants une éducation complète incluant l’éducation nutritionnelle ? Mais
voilà en France, on préfère accuser les autres plutôt que de prendre ses responsabilités.
Ainsi, si aux Etats-Unis 73% des mamans interrogées reconnaissent au premier rang la
responsabilité des parents dans les problèmes d’obésité de leurs enfants, en France, les
mamans incriminent en tête la publicité à 63%, l’industrie alimentaire à 59%, la
responsabilité des parents ne venant qu’en troisième position avec 50%.30. Il y a donc un
véritable problème de prise de conscience chez les parents.
29 Le Figaro 30 juillet 2004 « Obésité : les distributeurs automatiques de boissons et d’aliments interdits dans les collèges et lycées » 30 Les Echos 9 décembre 2003 « Obésité des enfants : le marketing en question »
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
39
En effet, il ne faut pas oublier que l’obésité est un problème qui survient dès le plus jeune
âge. Or, les distributeurs automatiques ne sont présents que dans les collèges et les lycées
autrement dit, ils ne sont accessibles qu’aux enfants âgés de plus de 12 ans. Néanmoins,
devant ce manque de volonté des parents à prendre leur responsabilité, on comprend
mieux pourquoi le gouvernement en arrive à prendre de telles décisions allant jusqu’à des
interdictions pures et simples.
Cette loi déresponsabilise les parents tout en satisfaisant l’électorat qu’ils représentent.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
40
2.2 Impacts et conséquences sur le marché de la Distribution
Automatique alimentaire
2.2.1 Impacts économiques
Les impacts économiques pour les gestionnaires sont importants. Ils seront les premiers
touchés par la loi interdisant les distributeurs automatiques dans les écoles car les sociétés
de gestion ne sont pas des multinationales mais en grande majorité des petites entreprises
déjà fragilisées par l’arrivée de l’euro, le passage des 35h et une conjoncture économique
loin d’être favorable.
En moyenne, selon la taille des sociétés de gestion et leur degré de diversification, elles
devraient voir leur chiffre d’affaires diminuer de 5% à 20%, ce qui va automatiquement
se traduire par des licenciements. Mais cette baisse n’est qu’une moyenne, certaines
sociétés spécialisées dans l’exploitation de distributeurs dans les établissements scolaires
vont complètement cesser leur activité. Si on ne connaît pas encore le nombre exact de
dépôts de bilans, on estime à 1 500 le nombre d’emplois menacés par cette interdiction.
L’impact économique de la loi sera d’autant plus important qu’il n’y a à ce jour, pas
d’indemnités prévues par le gouvernement pour les gestionnaires touchés par la loi.
L’interdiction des distributeurs automatiques dans les établissements scolaires engendrerait
un manque à gagner de 100 millions d’euros pour les entreprises de la profession, en
d’autre terme 8% du CA global de la profession. Si la loi n’est pas modifiée avant le 1er
septembre 2005, ce sont 6 000 à 8000 distributeurs automatiques qui se verront retirer
des écoles.
Par conséquent, c’est 6 000 à 8 000 distributeurs qu’il va falloir replacer dans d’autres
sites. Ainsi, si certains gestionnaires se pensaient à l’abri de cette loi car ils n’exploitaient
pas de distributeurs dans les écoles, ils vont devoir faire face à une concurrence accrue,
d’où une possible guerre des prix entre les sociétés de gestion.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
41
Les grands industriels agroalimentaires seront certes touchés mais dans une proportion
moins grande. D’une part, la distribution automatique n’est pour eux qu’un canal de
distribution parmi d’autres. D’autre part, ce canal de distribution ne représente qu’un faible
pourcentage de leur chiffre d’affaires total. Enfin, contrairement aux sociétés de gestion, ce
sont des multinationales, bien organisées et structurées qui disposent d’importants moyens
qui leur permettront de faire face puis de retrouver leur chiffre d’affaires perdu à cause de
cette loi.
2.2.2 Impacts sur l’image de la Distribution Automatique alimentaire
Si les différents acteurs de la distribution automatique seront touchés dans des proportions
différentes, c’est l’image de tout un secteur qui est ternie par cette la loi interdisant les
distributeurs automatiques dans les établissements scolaires. Par cette loi, la distribution
automatique est montrée du doigt dans les problèmes d’obésité. Le risque majeur apporté
par cette interdiction est de voir d’autres sites comme les entreprises qui représentent 72%
du chiffre d’affaires de la profession, mais aussi les hôpitaux ou les administrations
retirés à leur tour les automates pour préserver la santé de leurs employés. En effet, de
plus en plus d’entreprises font appel à des nutritionnistes qui pourraient préconiser ce
retrait. Déjà, certaines entreprises commencent à demander aux gestionnaires de
distributeurs de revoir l’assortiment des produits mis dans les automates afin de proposer à
leurs employés des produits plus sains et plus équilibrés.
Cette mauvaise image de la distribution automatique est accentuée par le fait que les
individus, dans leur grande majorité, ne voient de cette profession que les industriels de
l’agroalimentaire. En effet, lorsqu’ils achètent dans un automate, ce qu’ils voient ce ne sont
pas les 1 500 sociétés de gestion qui travaillent chaque jour à approvisionner, nettoyer et
assurer la maintenance des distributeurs, ce qu’ils voient ce sont les produits et les marques
qu’ils associent aux géants de l’industrie. Cette association produits/marques/industriels
et la méconnaissance du métier de gestionnaire sont néfastes à la profession et déjà
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
42
certainement une des raisons de la décision radicale d’interdire tous les distributeurs
automatiques dans les écoles.
L’image de la distribution automatique est d’autant plus mise à mal que des mesures
similaires sont également prises en dehors de nos frontières. Ainsi en Belgique depuis
le 1er janvier 2005, les distributeurs de sodas et de confiseries sont bannis des écoles
primaires de Bruxelles. Cette mesure pourrait être élargie au reste du pays ainsi qu’aux
établissements secondaires. A la place des distributeurs automatiques de boissons, la ville
de Bruxelles installera des fontaines d’eau potable. En Angleterre, le gouvernement
déclare lui aussi la guerre à la junk food c'est-à-dire aux friandises, barres chocolatées,
chips… responsables de l’obésité de 15 millions de britanniques. La première interdiction
devrait concerner les publicités incitant les enfants au grignotage mais à ce rythme on
pourrait voir apparaître une interdiction des distributeurs accusés de favoriser le
grignotage. Le débat de l’obésité dépasse les pays européens, les Etats-Unis et le Canada
ont eux aussi pris des dispositions pour interdire les produits gras et sucrés dans les
distributeurs automatiques implantés dans les établissements scolaires. Ainsi à New York,
depuis septembre 2004, les distributeurs d’aliments jugés les plus néfastes ont été retirés
des écoles. Dans l’Ouest, le Comté de Los Angeles en Californie avait en janvier 2003
supprimé les sodas des collèges et lycées. Enfin, au Texas, depuis août 2003, la vente de
sodas, sucreries et chewing-gum est interdite dans les écoles élémentaires.
On assiste donc à une volonté mondiale d’enrayer le phénomène d’obésité qui touche de
plus en plus d’individus. Dans cette lutte, les distributeurs automatiques sont
malheureusement en première ligne de mire ce qui n’est pas fait pour redorer l’image de
la profession ni diminuer l’inquiétude des professionnels.
Ceux ci doivent donc réagir pour limiter les conséquences d’un phénomène devenu
mondial, celui de la lutte contre l’obésité. Cela passe par une mobilisation pour faire
entendre leurs voix, repenser l’offre et participer à l’éducation nutritionnelle des
consommateurs afin de montrer la bonne foi de la profession et son engagement face aux
problèmes d’obésité.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
43
3 Réaction des professionnels de la Distribution Automatique
alimentaire
3.1 La mobilisation des professionnels de la distribution automatique
alimentaire
3.1.1 La chambre syndicale Nationale de vente et services automatiques (la
NAVSA)
Dès le début, le syndicat de la distribution automatique, la NAVSA, et le reste de la
profession se sont mobilisés face à loi interdisant les distributeurs automatiques dans les
établissements scolaires.
Composé d’un bureau décisionnaire de quatorze membres élu
tous les deux ans à l’unanimité par les adhérents lors de
l’Assemblée générale et de trois permanentes, la Navsa
rassemble depuis 1955 tous les intervenants de la distribution
automatique.
Le bureau
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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Les permanents
Myriam DECOEUR-MICHEL
Déléguée Générale
Béa CECCARELLI
Responsable Marketing et Communication
Enza CONCIL
Assistante
La Navsa compte 337 adhérents qui représentent 70% de l’activité globale de la
profession. Les adhérents sont les gestionnaires de distributeurs automatiques, les
fabricants, importateurs et revendeurs de matériels de ventes automatiques et de
monnayeurs et les fabricants et fournisseurs de produits distribués par ces appareils.
Figure 10 : Répartition des adhérents31
31 www.navsa.fr
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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Sur les 1 500 gestionnaires de distributeurs automatiques que comptent la profession,
seulement 268 d’entres eux sont adhérents. Ce chiffre est faible et s’explique notamment
par le fait que la majorité des sociétés de gestion sont des TPE qui ne voient pas
nécessairement l’intérêt d’adhérer à un syndicat.
Le rôle de la Navsa est de défendre les intérêts de
ses adhérents, représenter la profession auprès
des pouvoirs publics et des administrations,
informer ses adhérents en leur apportant une
analyse et une synthèse des informations
collectées et coordonner les différents corps de
métier au sein de la profession pour agir au nom
de l’intérêt général.
A l’annonce du vote de l’amendement 267 à l’Assemblé Nationale le 9 avril 2004, la
Navsa a déployé un plan d’action et mis en place une stratégie pour en obtenir la
modification afin d’éviter une interdiction totale des distributeurs automatiques dans les
établissements scolaires dans un premier temps, puis dans un second temps négocier afin
d’obtenir suffisamment de souplesse dans la définition des produits autorisés pour
permettre une rentabilité suffisante des distributeurs.
Afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles à son action, la NAVSA s’est adjoint les
conseils d’un cabinet spécialisé dans le lobbying politique. D’une part, il lui fallait cibler
les décideurs politiques clés à la commission des affaires sociales du Sénat et de
l’Assemblée nationale, d’autre part, établir les contacts nécessaires au Ministère de la
Santé et enfin rédiger des courriers.
L’argumentaire développé par la Navsa pour convaincre les sénateurs de revenir sur
l’amendement 267 voté par les députés était le suivant : « Le secteur de la distribution
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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automatique partage les préoccupations des Pouvoirs Publics concernant la tendance des
jeunes au surpoids et à l’obésité » […] « Les distributeurs automatiques maintiennent les
élèves à l’intérieur des établissements […], proposent sous forme attrayante des produits
indispensables comme l’eau […], délivrent des produits de taille portion individuelle plus
réduite et à un prix supérieur aux GMS (grandes et moyennes surfaces) ce qui limite la
consommation, apportent occasionnellement aux enfant un complément souvent
indispensable, peuvent distribuer aussi dans les lycées des produits d’hygiène comme des
préservatifs, et sont des lieux de sociabilité selon les responsables scolaires ». Cet
argumentaire cherchait donc d’une part à montrer la bonne foi des professionnels de la
distribution automatique en ce qui concerne le problème de l’obésité chez les jeunes, et
d’autre part à mettre en avant les avantages des distributeurs automatiques en milieu
scolaire.
Cet argumentaire a donc été développé par la Navsa lors de ses différentes rencontres avec
un certain nombre d’interlocuteurs, parlementaires, sénateurs et membres des cabinets
ministériels concernés (Ministère de l’Education et de la Santé). Elle a aussi rédigé de
nombreux courriers à leur attention32. La Navsa a également participé à des interventions
télévisées et radios (RMC, RTL, France Info), a donné des interviews dans la presse
spécialisée (LMDA, AFP Alimentation-Santé-Education) et la presse nationale (Figaro,
Libération, Le point…). Défenseur des intérêts de la profession, la Navsa a, par le biais de
ces actions et de ces interventions, fait entendre la voix et le point de vue de la profession.
Car si cet amendement a été radical, il a aussi surtout été fait sans aucune concertation avec
les protagonistes concernés. Enfin, elle a appelé l’ensemble des gestionnaires de
distributeurs automatiques à intervenir auprès de leurs sénateurs pour faire passer ses
arguments.
Les diverses actions engagées par la Navsa en vue de revenir sur l’amendement 267 voté
par les députés avaient porté ces fruits puisque le 23 juin 2004, les sénateurs revenaient
sur l’interdiction totale des distributeurs automatiques dans les établissements scolaires au
32 Voir Annexe 1
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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profit de l’établissement d’une charte de bonne pratique qui devait subordonner la présence
des automates dans les écoles.
Consciente que le combat ne serait pas fini avant le passage de l’amendement devant la
commission mixte paritaire, la Navsa est restée mobilisée. D’autant plus que les détracteurs
de la profession, les professionnels de santé, l’Afssa mais également les médias et les
politiciens, scandalisés par ce retour en arrière des sénateurs n’avaient pas dit leur dernier
mot en témoignent leurs interventions virulentes dans la presse ou la mise en place d’une
pétition. La pression médiatique de ces individus n’a pas été vaine : le 30 avril 2004,
l’article 30 de la loi relative à la santé publique a été adopté et interdit désormais
l’ensemble des distributeurs automatiques, quelque soit leur contenu, dans les
établissements scolaires.
Dès la connaissance de l’adoption du texte par l’Assemblée Nationale et le Sénat, les
réactions des professionnels de la distribution automatique ont été vives. La Navsa a repris
son action dans le but de revenir sur cette loi qu’elle jugeait inacceptable. Le 8 septembre
2004, le bureau de la Navsa s’est réuni lors d’une assemblée exceptionnelle afin d’élaborer
une stratégie et un plan d’action. D’une part, des contacts ont été repris auprès du
Ministère de la Santé afin d’obtenir des précisions sur la loi, à savoir notamment ce qu’il
entendait par « établissements scolaires » qui est un terme très large. D’autre part, la Navsa
a saisi de nouveau les médias en diffusant plusieurs communiqués de presse qui ont
débouché sur une interview de la déléguée générale, Myriam Decoeur-Michel, au JT de
20h00, le vendredi 10 septembre sur TF1. La Navsa a également contacté les associations
de parents d’élèves, saisi encore une fois les Ministères concernés et s’est mobilisée pour
demander des indemnisations pour les sociétés de gestions touchées par cette interdiction.
Enfin, il leur semblait essentiel de travailler sur l’image de la distribution automatique afin
d’éviter tout effet « boule de neige » sur les autres clients de la distribution automatique
(entreprises, administrations…) et éviter qu’elle ne soit de nouveau le bouc émissaire de la
lutte contre l’obésité.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
48
Un de ses principaux arguments présenté lors de ses différentes
interventions et qui est, aujourd’hui, devenu son slogan a été :
« Eduquer plutôt qu’interdire ». En effet, la Navsa soulignait que
la profession se préoccupait déjà des questions nutritionnelles des
élèves, pour preuve l’élaboration d’une charte de bonne conduite en
collaboration avec le ministère de l’éducation et ce avant le vote de
l’amendement Bur.
Ainsi, consciente des problèmes d’obésité, elle jugeait qu’il aurait été plus judicieux
d’éduquer les élèves aux questions nutritionnelles par le biais des distributeurs
automatiques implantés dans des lieux prédisposés à l’éducation que sont les écoles. Les
automates auraient pu ainsi devenir de véritables vecteurs de communication. En
interdisant les automates, on ne résout en aucun cas le problème d’obésité des jeunes mais
on le déplace à l’extérieur des murs des établissements scolaires.
La Navsa a également lancé un appel aux gestionnaires afin qu’ils participent à l’action
sur le terrain jugée capitale. Elle les a ainsi convié à saisir leur parlementaire par lettre, par
mail ou en prenant directement rendez-vous avec eux. Dans cette optique, la Navsa a
envoyé un modèle de lettre à adresser aux parlementaires et a proposé aux gestionnaires de
les aider dans leur démarche.
Parallèlement à ces actions, la Navsa a étudié la pertinence d’un recours devant les
autorités de Bruxelles. En effet, l’interdiction des distributeurs automatiques dans les
établissements scolaires aura pour effet un dérèglement des principes de concurrence au
sens où cette loi est discriminatoire vis-à-vis des autres modes de ventes de produits dans
les écoles. Les restaurants présents proposant eux aussi aux élèves des barres chocolatées
et autres sucreries.
Une autre piste à envisager est celle du non respect de la Convention des droits de
l’homme sachant que la loi pourrait être analysée comme une atteinte à commercer.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
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Cependant elle a préféré attendre, considérant cette solution comme un dernier recours car
ces procédures sont longues et risquent de mettre à mal les contacts qu’elle avait réussi à
nouer.
Le 26 novembre 2004, la
Navsa lance une pétition
contre le retrait des
distributeurs automatiques
dans les établissements
scolaires.
Quelques jours après, face à un
gouvernement peu réceptif aux
arguments des professionnels de la
distribution automatique, la Navsa
a décidé de mettre en place une
semaine de mobilisation et de
communication dans les lycées en
vue de sensibiliser les principaux
intéressés.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
50
En effet, « les lycéens n’ont pas, dans leur grande majorité compris que les distributeurs
vont disparaître à la rentrée prochaine. Nous menons des actions pour les sensibiliser »,
Hubert Boyer, Président de la Navsa.33
La Navsa a appelé l’ensemble des gestionnaires de distributeurs automatiques à coller sur
leurs automates des affiches. Cette semaine de mobilisation devait avoir pour principale
vocation de « dédiaboliser » l’automate et de rappeler qu’ils étaient là pour amener aux
élèves une pause plaisir et créer un moment de convivialité sans remettre en cause leur
équilibre nutritionnel.
Cette campagne de sensibilisation auprès des lycéens a suscité un grand nombre de
témoignages en faveur du maintien des distributeurs dans les établissements
scolaires.34
« Je bois un chocolat chaud tous les matins à 10h, c’est un moyen efficace de me donner
des forces et de me réchauffer, et en aucun cas de grossir »
Julian, lycéen à Toulouse
« Supprimer les distributeurs, c’est supprimer un moment de détente dans notre journée de
cours ».
Kirjana lycéenne de Cannes
« Ne les supprimez pas ! Il suffit juste de changer leurs contenus ! Je suis d’accord, les
paquets de chips c’est pas très diététique, mais les distributeurs de cafés, de chocolats et
de barres de céréales sont tout à fait bonne pour la santé ».
Camille, lycéenne à la Flèche
« Je comprends qu’on puisse vouloir enlever les distributeurs de sucreries, mais pourquoi
aussi nous enlever le café »
Nicolas, lycéen à Versailles
33 DA mag décembre 2004 34 LMDA de mars 2005 N°98
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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Les différentes actions de la Navsa ont également amené les députés à interpeller les
ministres de l’éducation et de la santé sur la loi interdisant les distributeurs automatiques
dans les établissements scolaires.
Michel Sordi, 12 octobre 2004
« […] l’interdiction des distributeurs dans les établissements scolaires a des conséquences
importantes pour de nombreuses PME-PMI […] il lui demande si les gestionnaires […]
pourront être indemnisés du manque à gagner […] il aimerait savoir s’il envisage
d’aménager cette mesure par une disposition réglementaire qui permette de proposer aux
élèves une offre de distribution automatique de produits et de boissons correspondant à
leurs besoins nutritionnels ».
Jean-Luc Préel, Député Vendée, JO du 16/11/2004
« […] L’application de la loi supprimant tous les distributeurs risque d’avoir des
conséquences économiques désastreuses pour de nombreuses entreprises. Elle
n’empêchera pas les jeunes d’acheter ces produits en dehors des établissements […] »
Jean-Marie Morisset, député Deux-Sèvres, JO du 23/11/2004
« […] cet article interdit tous les distributeurs, y compris la distribution de fruits et
légumes dans les écoles, collèges et lycées, alors que leur consommation s’inscrit dans le
cadre du Programme national nutrition santé (PNNS) […] il lui demande les mesures
envisagées pour permettre la mise en place de distributeurs de fruit afin de favoriser le
développement de la consommation de fruits par les jeunes ».
Afin de renforcer sa position auprès des pouvoirs publics, la Navsa a décidé de commander
un sondage en janvier à l’institut IPSOS portant sur la perception de l’intérêt des
distributeurs en milieu scolaire et notamment pour les distributeurs de boissons chaudes.
En effet, la Navsa se concentre désormais sur les distributeurs de boissons chaudes car le
combat pour les distributeurs de boissons fraîches et de produits alimentaires semble
beaucoup plus délicat voir perdu d’avance car ce sont les sodas et les sucreries qui sont les
premiers incriminés en ce qui concerne l’obésité des jeunes.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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Cette enquête d’opinion s’est déroulée du 18 au 27 janvier 2005 auprès de 405 lycéens
interrogés en face à face à la sortie du lycée et les 24 et 25 janvier 2005 auprès de 352
parents de lycéens de 15 à 18 ans interrogés eux aussi en face à face.
Il ressort de ce sondage que la majorité des lycéens jugent utile la présence des
distributeurs dans les lycées aussi bien les distributeurs de boissons chaudes (88%), les
distributeurs de boissons fraîches (86%) que les distributeurs de produits alimentaires
(80%). Les parents eux jugent les distributeurs de boissons chaudes utiles à hauteur de
63%. En effet, les distributeurs peuvent rendre des services importants tels que se
réchauffer avec une boisson chaude pour 60% des parents et 46% des lycéens, se désaltérer
pour 55% des parents et 45% des lycéens, reprendre des forces au cours de la journée pour
42% des parents et 43% des lycéens ou encore prendre son petit déjeuner que l’on a pas eu
le temps de prendre à la maison pour 24% des parents et 40% des lycéens. Le principal
avantage de la présence de distributeurs automatiques dans les lycées étant la
disponibilité (60% des parents, 67% des lycéens), évitant ainsi toute sortie de
l’établissement scolaire.
Finalement, 91% des lycéens et 74% des parents sont opposés à l’interdiction des
distributeurs automatiques de boissons chaudes dans les lycéens sachant que seuls 17%
des lycéens interrogés savaient que la loi interdisant les distributeurs automatiques dans les
écoles concernait l’ensemble des distributeurs et pas seulement les distributeurs de produits
gras ou sucrés.
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Fort des résultats du sondage IPSOS, la Navsa a entrepris des actions de communication.
Ainsi, la campagne publicitaire ci-dessus a été vue dans les journaux le Monde et le
Parisien du 23 mars 2004. Le 24 mars 2005, une interview a été donnée au journaliste
Philippe le Cœur du Monde.
Parallèlement à cette étude, la Navsa réaffirme sa volonté de participer aux côtés du
Gouvernement à la lutte contre l’obésité chez les jeunes par le biais d’une nouvelle charte
d’engagement « Les professionnels de la distribution automatique s’engagent ». Cette
nouvelle charte d’engagement a été distribuée à l’ensemble des parlementaires et suscite
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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beaucoup de réactions positives. Les questions écrites des députés au journal officiel se
sont multipliées35 et la Navsa a reçu des courriers favorables à son action36.
Parmi les amendements déposés par les députés lors de l’examen du projet de loi sur
« l’avenir de l’école », présenté par François Fillon, les députés UMP Muriel Marland-
Militello (Alpes-Maritimes) et Bernard Depierre (Côte-d’Or), s’appuyant sur un solide
argumentaire, ont proposé un amendement visant à restreindre la future interdiction
totale touchant les distributeurs automatiques. Ils demandent que seuls « les distributeurs
automatiques de produits alimentaires manufacturés et de boissons avec ajouts de sucre ou
d’édulcorants de synthèse, payants et accessibles aux élèves, soient interdits à compter du
1er septembre 2005 »37.
La Navsa a écrit au ministre de la santé Mr Philippe Douste-Blazy en demandant au
Gouvernement d’engager des discussions et de tenir une table ronde avec les acteurs
concernés par les questions nutritionnelles des jeunes en milieu scolaire. Elle a sollicité à
nouveau les gestionnaires pour qu’ils se mobilisent et qu’ils interpellent leur sénateur et
leur député sur la loi et ses conséquences38.
La presse s’est faite le relais de la volonté de la Navsa de maintenir les distributeurs
automatiques de boissons chaudes dans les écoles ainsi que de son engagement dans la
lutte contre l’obésité des jeunes. Il semblerait que le gouvernement soit enfin disposé à
recevoir et à entendre les professionnels de la distribution automatique.
« La Chambre syndicale nationale de vente et de services automatiques (NAVSA) s'est
prononcée, mercredi dans un communiqué, pour le maintien des distributeurs
automatiques dans les lycées et collèges, mais respectueux des enjeux de santé publique
[…] La NAVSA a proposé une adaptation des produits proposés, avec priorité à l'eau et
aux boissons chaudes, sans sucre de préférence. Elle suggère également l'apposition de
messages d'éducation à la santé sur les distributeurs La NAVSA demande par ailleurs au
35 Voir Annexe 2 36 Voir Annexe 3 37 Neorestauration 16 février 2005 « La DA voudrait bien retourner à l’école » 38 Voir Annexe 4
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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55
gouvernement d'organiser une table ronde avec l'ensemble des acteurs concernés sur
l'éducation à la nutrition auprès des jeunes », Dépêche AFP du 30 mars 2005 ; « Les
gestionnaires demandent le maintien des machines dans les écoles, au moins pour la
distribution de boissons chaudes, non automatiquement sucrées. Au-delà ils se disent prêts
à « s’engager à participer à la lutte contre l’obésité, avec des messages d’éducation à la
nutrition apposés sur les distributeurs », détaille Mme Decoeur-Michel. A Matignon on
indique que le Gouvernement pourrait proposer un compromis », Le Monde du 24 mars
2005.
Les actions et les interventions de la Navsa semblent enfin ouvrir un dialogue avec le
Gouvernement en faveur du maintien des distributeurs de boissons chaudes dans les écoles,
de redonner de l’optimiste et de l’espoir aux gestionnaires dont certains d’entre eux
doutaient de l’efficacité du syndicat à faire entendre la voix des professionnels de la
distribution automatique.
3.1.2 Les gestionnaires de distributeurs automatiques
Mais le syndicat de la distribution automatique n’a pas été le seul à se mobiliser, certains
gestionnaires sont eux aussi monter au créneau. En effet, dès l’annonce du vote à
l’assemblée Nationale du projet de loi, un collectif de gestionnaires « Touche pas à mon
goûter » a vu le jour sous l’initiative de deux gestionnaires lyonnais, Mr P.Albrieux de
Alfragest et Jean Claret de Cup Service. Avec le soutien de la Navsa et de la Confédération
des Petites et Moyennes Entreprises (CGPME), ils se sont fait progressivement connaître
auprès des autres gestionnaires et des professionnels de la distribution automatique et ont
envoyé des courriers au président Mr Chirac et au premier ministre Mr Raffarin, ont
envoyé des mails à l’ensemble des sénateurs et ont pris contact avec les députés concernés.
Ils ont également fait circuler une pétition39 et ont reçus le soutien de 500 gestionnaires.
Mais les gestionnaires de distributeurs automatiques sont difficiles à mobiliser, ils sont
souvent individualistes comme en témoigne la réunion du 22 mai 2004 à Saint Priest 39 Voir Annexe 5
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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organisée par le collectif afin d’envisager des actions pour faire modifier la loi avant son
passage au Sénat. En présence d’un grossiste de la distribution automatique, Mr Hess
président de SAS Force 8, d’un représentant de fabricants importateurs de distributeurs
automatiques et de plusieurs industriels agroalimentaires, ils n’étaient qu’une centaine de
gestionnaires à avoir répondu à l’appel du collectif. Sur plus d’un millier d’invitations
envoyées, moins de 10% se sont déplacés. Ainsi Mr Albrieux dans une interview au
magazine LMDA de septembre 2004 mettait en avant l’individualisme de cette profession
en déclarant: « Certains confrères ont dû se dire que ce problème des écoles ne les
concernait pas dans la mesure où ils ne possédaient pas de sites scolaires […] » Certes,
beaucoup de gestionnaires rencontrent des difficultés pour s’absenter, en raison de la petite
taille de leur entreprise imposant une présence quasi permanente, et il aurait été
certainement plus judicieux d’organiser une réunion sur Paris, là où sont concentrés une
majorité de gestionnaires, mais il en ressort tout de même une difficulté de la profession à
se mobiliser malgré une situation alarmante, menaçant si ce n’est directement,
indirectement leur profession.
Décidé à se battre et à faire entendre sa voix, le collectif lyonnais « Touche pas à mon
goûter » a continué son action après le vote et l’adoption de l’article 30 interdisant les
distributeurs automatiques dans les établissements scolaires. Ils se sont notamment tournés
vers les questions d’indemnisations et de compensations des gestionnaires concernés
par la loi. Dans cette optique, ils ont rencontré, début 2005, deux avocats Maître Dumartin
et Maître Tourasi afin de trouver d’éventuels recours juridiques et administratifs à cette loi.
Il ressort de cet entretien que les recours administratifs pour l’indemnisation des
gestionnaires de distributeurs automatiques peuvent être effectués dans un délai de 4 ans et
doivent être intentés devant les Tribunaux Administratifs de chaque juridiction de siège
social des gestionnaires concernés. Ainsi, même si la Navsa pourrait éventuellement
accompagner les gestionnaires dans leur demande d’indemnisation, cette démarche reste
individuelle et ne peut être menée collectivement.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
57
3.1.3 Les autres professionnels de la distribution automatique
Les grossistes ont eux aussi pris part au débat avec Mr Hess, président de SAS Force 8, le
leader sur le marché de la distribution automatique. Présent à la réunion du collectif
lyonnais du 22 mai 2004 où il soulignait l’importance d’une cohésion des professionnels
de la distribution automatique, il avait, dès le début de l’amendement BUR pris contact
avec le ministère de la Santé. « Monsieur le Ministre […], en tant que PDG d’un groupe
de distribution alimentaire […] afin de lui exposer mes craintes quant aux conséquences
de la suppression totale d’automates dans les établissements scolaires […] il est pertinent
de profiter du milieu scolaire captif pour éduquer, grâce à la présence de distributeurs
automatiques, les enfants et les adolescents à se nourrir sainement. Des produits élaborés
en collaboration avec des nutritionnistes rentrant dans l’optique du PNNS auraient pu être
proposés à la consommation, ce qui aurait permis aux écoles de jouer pleinement leur rôle
éducatif et d’habituer les enfants à changer leurs comportements alimentaires […]
L’interdiction des automates n’arrête en rien le « grignotage » sauvage ; celui-ci étant
alimenté par des produits achetés en grande surface, en boulangeries, dans les commerces
de proximité…la prohibition ne résolvant pas les problèmes d’obésité [… ] »40.
Quant aux industriels agroalimentaires, leurs réactions face à la loi sont restées
discrètes. Ceci peut s’expliquer par le fait que même si le marché de la distribution
automatique est pour eux un marché stratégique, il ne représente qu’un petit pourcentage
de leur chiffre d’affaires. D’autre part, ces industriels tels que Coca Cola, Masterfoods ou
Nestlé considéraient, certainement à juste titre, que ce n’était pas à eux de monter au
créneau mais au syndicat de la distribution automatique, la Navsa. En effet, l’intervention
des industriels, avec des marques aussi fortes que Coca ou Mars, déjà visés dans les
problèmes d’obésité, n’aurait fait qu’entretenir la polémique. Ils ont cependant collaboré
avec la Navsa, notamment en leur fournissant des informations ainsi que les contacts dont
ils disposaient ou ont pris directement contact avec les instances politiques concernées par
ce problème pour tenter de faire évoluer les choses et arriver à des compromis.
40 LMDA Avril 2005
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
58
3.2 Repenser l’offre alimentaire en distribution automatique
Les distributeurs automatiques sont nuisibles à la santé. C’est malheureusement la nouvelle
image des distributeurs automatiques véhiculée par leur interdiction dans les
établissements scolaires. La distribution automatique a-t-elle était le bouc émissaire de la
lutte contre l’obésité ? Oui, certainement mais rien ne sert de polémiquer là-dessus. Il faut
aller de l’avant, et aller de l’avant suppose de réagir. Les professionnels de la distribution
automatique doivent démontrer qu’ils peuvent s’adapter et proposer des produits qui
répondent aux préoccupations nutritionnelles des consommateurs et des pouvoirs publics.
Certes il ne faut pas bannir les barres chocolatées et les sodas des distributeurs qui
répondent à une logique de plaisir et les consommateurs sont quoiqu’on en dise fortement
demandeurs de ces produits. Mais pouvoir mettre dans les automates une diversité de
produits et non plus seulement des produits gras et sucrés devient un enjeu essentiel voir
vital pour les professionnels de la distribution automatique. Au même titre que la grande
distribution, ils doivent pouvoir proposer aussi bien des offres gourmandes, énergétiques
qu’allégées. Si les professionnels ne repensent pas leur offre alimentaire en distribution
automatique, le risque, que les automates soient interdits dans d’autres lieux autres que les
établissements scolaires, sera de plus en plus présent.
Mais cet enjeu d’élargir la gamme des produits proposés dans les distributeurs
automatiques ne pourra se faire sans la coopération des trois entités de professionnels que
sont les industriels agroalimentaires, les fabricants de matériels et les gestionnaires.
En effet, les industriels agroalimentaires doivent proposer aux gestionnaires une large
gamme de produits adaptés aux distributeurs, les fabricants de matériels doivent faire
évoluer leurs machines pour qu’ils puissent recevoir une gamme plus importante de
produits, enfin les gestionnaires doivent accepter de mettre ces produits dans les automates
quitte à sacrifier quelquefois une partie de leur rentabilité.
3.2.1 Les distributeurs de fruits
Lors de la loi interdisant les distributeurs automatiques, on a beaucoup entendu parlé de
mettre des fruits et notamment des pommes dans les automates. En effet, cela entré
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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59
parfaitement dans l’optique du PNNS (Programme National Nutrition Santé 2001-2005)
qui encourageait la consommation quotidienne de fruits et légumes.
Dans cette optique, Interfel, association privée qui rassemble
et représente les professionnels de la production et de la
distribution des fruits et légumes frais, a lancé une grande
campagne de communication dans les établissements
scolaires qui durera jusqu’en juin 2006 en les invitant à
adopter la fraîche attitude. Elle consiste à manger 5 à 10
légumes frais par jour. C’est « un style de vie porteur de bien-
être, où manger quotidiennement des fruits et légumes frais
devient un réflexe, et un véritable moment de convivialité ! ».
Ainsi, devant cette effervescence autour de la consommation de fruits, grossistes en fruits
et légumes, collectivités territoriales, producteurs, tous commençaient à croire possible
l’implantation de distributeurs automatiques de fruits dans les établissements scolaires.
Alors les distributeurs automatiques de fruits, mythe ou réalité ?41 C’est ce que nous révèle
en partie une étude du CTIFL (Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et
Légumes) effectuée en 2003 auprès de deux lycées de Bergerac, Maine de Biran (1 500
élèves) et Jean Capelle (450 élèves). L’étude a eu trois objectifs principaux : d’une part une
étude sociologique c'est-à-dire la perception par l’élève du nouveau distributeur de fruits,
une étude technique en d’autre termes les types d’appareils concernés ainsi que le choix et
la durée de vie des produits, et enfin une étude économique c'est-à-dire étudier la
rentabilité du projet.
L’étude s’est déroulée ainsi : avant l’installation des distributeurs de fruits frais dans les
lycées, deux réunions de groupes mixtes de dix élèves, d’une heure trente chacune, ont
été organisées en janvier dans les deux lycées de Bergerac. Parallèlement, une enquête a
été faite pour réaliser un état des lieux de la consommation des élèves. À mi-parcours de
41 LMDA Juin 2004
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
60
l’étude, un second questionnaire a été administré pour recueillir les premières
impressions des lycéens après la mise en place des distributeurs.
L’accueil réservé par les élèves a été plutôt favorable. Les fruits frais ont une bonne image.
Ainsi, il ressort de cette étude que 90% des lycéens jugent que les fruits « ça ne fait pas
grossir », 77% déclarent que « c’est toujours bon », 69% que « c’est pratique à manger »,
et 61% que « c’est un vrai dessert ».
Figure 11 : Les moments de consommation des fruits chez les lycéens42
Ainsi les lycéens consomment en majorité des fruits lors des repas du midi et du soir. Près
de 50% des lycéens ne mangent jamais de fruits à 10h tandis qu’au goûter un tiers des
lycéens en consomment de temps en temps.
La principale inquiétude des lycéens sur la consommation des fruits dans des distributeurs
porte sur la fraîcheur des produits et l’avitaillement qui doit être régulier et fréquent. En ce
qui concerne l’avitaillement, il a été réalisé par le CTIFL, les fruits étant fournis par la
42 Source CTIFL
Les moments de consommation des fruits chez les lycéens
5%
14%
14%
17%
28%
12%
24%
34%
28%
37%
29%
23%
26%
21%
20%
15%
48%
34%
21%
30%
11%
6%
5%
4%
4%
2%31% 46%
7%
4%
0% 20% 40% 60% 80% 100%
10 heures
Petit-déjeuner
Goûter
En soirée
Repas du soir
Repas du midi Souvent
De temps entemps
Rarement
Jamais
Non répondu
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
61
société Arzenton Frères, membre de l’association Alliance Fraîcheur. Pour assurer la
fraîcheur des fruits, le distributeur doit être à une température de 9 à 10 degrés. Plusieurs
conditionnements sont envisageables tels que la coupelle, la barquette en plastique ou le
sachet plastique perforé pour les produits sensibles à la déshydration comme la banane. Les
produits qui peuvent être croqués en l’état sans être pelés sont prélavés pour être
consommés directement.
De plus le prix des fruits doit rester en dessous de 1 euros. Au-delà de ce prix, les lycéens
ne seront pas prêts à acheter des fruits dans les distributeurs automatiques.
La durée de vie moyenne des fruits dans le distributeur varie selon le type de fruits. Les
fruits les plus résistants étant les abricots secs et les pruneaux avec une durée de vie de 20
jours, les fruits les moins résistants sont la fraise, l’abricot, le kumquat, la cerise et la
banane.
Figure 12 : Durée de vie moyenne des fruits dans le distributeur43
43 Source CTIFL
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
62
Après 9 mois de fonctionnement (de février à juin 2003 et de septembre à décembre 2003),
le bilan des ventes de fruits est le suivant :
Figure 13 : Achat en nombre de fruits par semaine sur les deux distributeurs44
La pomme est le fruit le plus consommé par les lycéens, du fait certainement de son
caractère pratique.
En ce qui concerne la fidélisation des consommateurs, le résultat de l’étude est prometteur.
En effet, 82% des adolescents déclarent avoir « acheté plus d’une fois ». De plus, 60% des
acheteurs ont déclaré avoir moins fréquenté les autres distributeurs que ce soit de friandises
ou de sodas, d’où un effet de substitution favorable à une meilleure alimentation des
jeunes.
44 Source CTIFL
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
63
Malgré des résultats assez satisfaisants, il n’en reste pas moins que ce projet d’installer des
distributeurs de fruits dans les établissements scolaires est un projet ambitieux et
contraignant.
D’une part, ce projet nécessite des distributeurs automatiques spécifiques, des appareils
de distribution à tambours (plateaux tournants en inox) qui restent plus onéreux que les
distributeurs traditionnels à spirales.
Ainsi, pour l’étude mise en place par CTIFL, cette dernière a
acheté deux buffets rotatifs à la société Bianchi qui respectent
la température pour une bonne conservation des fruits et
permet un nombre de produits de 144 à 432 selon les fruits.
Dans l’optique d’un développement d’une offre plus
nutritionnelle, DA Partenaires Conseil a mis au point un
distributeur automatique au nom évocateur : la machine verte.
Son nom et sa couleur renvoient donc à la nature, la fraîcheur
et à un contenu sain, adapté parfaitement au langage actuel de
la nutrition et de la santé.
Cette machine mettra ainsi en avant les fruits en distribution automatique et pourra
contenir à terme d’autres produits sains pour la santé tels que des produits lactés ou des
berlingots de compote.
D’autre part, beaucoup de gestionnaires jugent que l’installation de distributeurs
automatiques de fruits dans les établissements scolaires n’est pas rentable. En effet, à la
demande de proviseurs et d’entreprises, certains gestionnaires avaient testé la mise en
place de pommes dans leurs distributeurs. Il en est ressorti que trop peu de pommes
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
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sortaient du distributeur pour être rentable, et que cette faible rotation liée aux DLV (date
limite de vente) limitées de ce produit générait des produits périmés. D’autant plus, que
comme les quantités demandées de pommes étaient faibles, les grossistes en fruits
n’avaient même pas répondu aux demandes des gestionnaires qui devaient
s’approvisionner dans les magasins de la grande distribution. En fait, les tests réalisés par
les gestionnaires étaient peu concluants car les consommateurs étaient peu demandeurs
de pommes.
3.2.2 Quelle alternative aux sodas ?
Les sodas sont, avec les barres chocolatées, les premiers produits accusés de favoriser
l’obésité chez les jeunes. Alors quels produits peuvent proposer les distributeurs
automatiques à coté des sodas ?
Tout d’abord de l’eau bien sûr car elle est une
réponse sans équivoque aux problèmes
nutritionnels. Eaux plates ou pétillantes avec des
marques comme Vittel, Evian, San Pellegrino,
Volvic, Contrex, Perrier…, l’eau devrait trouver
systématiquement sa place au côté des autres
boissons rafraîchissantes. Même Coca Cola
entre sur le marché de l’eau avec Chaudfontaine
et complète ainsi son offre de boissons fraîches.
Aux cotés des sodas, des soft drinks et des jus de
fruits, Coca Cola pourra désormais proposer de
l’eau dans ses distributeurs ce qui n’est pas
chose négligeable.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
65
Mais l’eau, bien qu’elle soit sans contexte la solution la plus appropriée aux problèmes
d’obésité, n’est pas la plus attractive aux yeux des consommateurs. Alors les industriels
agroalimentaires doivent faire preuve d’imagination pour proposer des boissons peu
caloriques mais attrayantes et avec un bon goût.
D’une part, on voit se développer l’eau aromatisée. S’inscrivant tout à fait dans les
préoccupations nutritionnelles des consommateurs, les eaux aromatisées sont un segment
porteur qui a connu entre mai 2002 et mai 2003 une croissance de 18%. La croissance du
marché s’établissant ainsi en 2003 à 40%. Ce sont des produits gourmands mais peu sucrés
et naturels. L’offre produit est de plus en plus large avec des parfums très variés.
Chez Nestlé Waters, après le lancement de la gamme baptisée Fluo,
Perrier se décline également en Perrier citron et plus récemment en
Perrier framboise.
Quant à la marque Vittel, Vittel Citron Lime et Vittel
Framboise/Cranberry dont l’originalité vient de l’absence de
sucres succède à Vittel Fraise Délire, Citron Tonique et
Pêche d'Enfer. Le consommateur peut désormais bénéficier
d’une boisson gourmande, fruitée, hydratante mais sans
apport calorique.
Dans cette même optique, Nestlé Waters avait déjà lancé en
2001, sous la marque Contrex, les eaux aromatisés minceurs.
Le groupe Danone a lui aussi décliné la marque Volvic en eaux
aromatisées (fraise, citron, cassis…). Volvic citron contenant 20
fois moins de sucre qu’un soda.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
66
Profitant du dynamisme du marché des eaux aromatisées,
Unilever Bestsfoods, a lui aussi fait son entrée sur ce marché
avec Lipton aquaé. Les deux parfums choisis étant le melon et
les fruits exotiques associés respectivement à la notion
d’équilibre et de vitalité.
Les soft drinks ou en d’autre terme les sodas allégés connaissent eux aussi un engouement
à l’heure actuel du fait de leur faible apport calorique.
Ainsi Coca Cola light, dont la boîte
de 33 cl ne contient que 0,7 calories,
connaît une forte croissance
supérieure à 20% par an. Coca Cola
light a ensuite été décliné en Coca
Cola light Lemon et Coca Cola Light
sans caféine. Rajouté à cela Fanta
light orange, Nestea Pêche Blanche
light (en partenariat avec Nestlé) et
Fanta Free Coca, boisson peu sucrée,
Coca Cola dispose maintenant d’une
offre light large et peu calorique à
proposer à ses consommateurs.
De même Orangina Schweppes propose une gamme light :
Orangina light, Pepsi Max, Pepsi Twist light et Orangina
light Tentation venant compléter récemment la gamme light
du groupe.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
67
Citons également, le produit Ice Tea light du groupe Unilever
qui enregistre une croissance en volume importante.
Surfant sur les tendances actuelles de consommation, tous les grands groupes industriels
agroalimentaires présents sur le marché de la BRSA (boisson rafraîchissante sans alcool)
ont développé un portefeuille de boissons light.
En ce qui concerne les bouteilles d’eau naturelles, plates, gazeuses ou encore aromatisées
et les soft drinks, les gestionnaires profitent donc d’une large gamme de produits et n’ont
que l’embarras du choix pour assortir leurs distributeurs. Quant aux distributeurs
automatiques à spirales largement utilisés par les gestionnaires, ils sont tout à fait adaptés
pour recevoir ces produits. Par conséquence, il ne leur reste plus qu’à remplacer au
maximum les sodas par les eaux et soft drinks dans les distributeurs automatiques pour
montrer leur bonne volonté en matière de questions nutritionnelles.
Une troisième alternative aux sodas est les jus de fruits (Pampryl, Minute Maid, Joker,
Pago…) mais ils sont déjà très bien implantés en distribution automatique et restent
quasiment aussi sucrés que les sodas. Ainsi des professionnels se sont penchés sur la
distribution de jus de fruits frais (Oranfresh ou Zumex) ou de jus de fruits beaucoup
moins sucrés avec Fructomat.
Avec un concept original offrant la possibilité aux consommateurs de
fabriquer ses propres cocktails, Fructomat réinvente la distribution
automatique de boissons froides. En fait, Fructomat utilise des pods
ou bag in box de concentrés de fruits sans aucun sucre ajouté, d’où
un premier avantage par rapport aux boissons et sodas conditionnés.
Le second avantage vient du fait que les vitamines sont mieux
conservées. La gamme de concentrée proposée est large : orange,
citron, fruits exotiques, kiwi, fraise, poire, pomme, clémentine, fruits
des bois…ce qui permet de répondre aux envies des consommateurs.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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68
Zumex et Oranfresh proposent quant à eux des distributeurs
automatiques de jus d’orange. Les oranges sont stockées
directement dans les automates dans un container réfrigéré.
Les distributeurs disposent d’un système de rinçage pour
garantir les normes d’hygiènes. Les distributeurs servent
alors du jus d’orange fraîchement pressé à la demande en
quelques secondes.
S’inscrivant parfaitement dans le cadre du PNNS qui recommande de manger au moins
cinq fruits par jour, les distributeurs automatiques de jus de fruits frais représentent une
solution nutritionnelle correcte et une alternative aux sodas et aux jus de fruits
conditionnés jugés trop sucrés. On pourrait ainsi imaginer à l’avenir des distributeurs
automatiques de fruits frais autres que les oranges comme un distributeur de jus de
pamplemousse ou de jus de citron frais.
Et qu’en est-il de la distribution automatique de lait ? Il existe des distributeurs
automatiques de lait mais les premiers tests réalisés dans le passé auprès d’établissements
scolaires sont mitigés. Depuis quelques années, des laiteries se sont intéressées à la
distribution de lait dans les écoles via des distributeurs de type comptoir. Actuellement, les
deux principaux fournisseurs de ce type de distributeurs sont AUTONUMIS et
CORNELIUS. Mais le lait se heurte désormais lui aussi à la volonté des gouvernements
d’enrayer le problème de l’obésité. En effet, la collation matinale dans les écoles
composée généralement d’un verre de lait et d’un biscuit pourrait se voir supprimer dans
les écoles maternelles.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
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3.2.3 L’alimentation d’appoint : du léger à l’allégé
Les barres chocolatées incriminées dans les problèmes d’obésité, doivent non pas
disparaître mais être complétées par des produits plus sains.
Par conséquence, les professionnels de la distribution doivent proposer d’une part des
produits proches des barres chocolatées et autres pâtisseries industrielles moins caloriques
autrement dit un snacking allégé et d’autre part diversifier l’offre en alimentation d’appoint
en proposant des produits à manger non plus seulement entre les repas mais pendant
l’heure des repas.
Il faut malheureusement constater que les produits basses calories dans le domaine du
snacking se font rares. De ce fait, il est compréhensible que les gestionnaires aient dû mal à
remplir leurs distributeurs avec d’autres choses que des produits gras et sucrés.
Chez les industriels agroalimentaires, deux approches apparaissent. D’un côté, certains
industriels agroalimentaires comme Masterfoods et Ferrero mises sur la carte des produits
légers tandis que d’autres se lancent dans des produits allégés.
Le kinder bueno, produit léger et en aucun allégé (563 calories pour 100 grammes), reste le
leader incontesté des barres chocolatées en réalisant à lui seul plus de 10% du volume des
barres chocolatées vendues en distribution automatique. Suivant cette tendance des
produits légers fortement demandés et appréciés des consommateurs, Masterfoods a lancé
Mars Delight. Renfermant une texture légère avec une gaufrette, il est en passe de devenir
un énorme succès. En effet, il est placé à l’heure actuelle parmi les meilleures rotations du
marché.
Certes ces produits ne sont pas allégés, mais ils sont beaucoup moins lourds que les autres
barres chocolatées rencontrées sur le marché. Et ces recettes légères fonctionnent. En effet,
il semble que ces produits soient moins touchés par le phénomène nutrition santé que les
autres.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
Pinsac Sandrine DESS Logistique 2005
70
Dans la gamme des produits allégés, on trouve Taillefine
de LU, Sveltesse de Nestlé Foodservices mais d’autres
industriels se lancent progressivement sur ce marché telle
que la biscuiterie Erté qui propose désormais une gamme
complémentaire de produits allégés avec trois lingots :
pépites au chocolat, pépites de pommes et zestes de
citron.
C’est la marque Brossard qui pousse
l’expérience de l’alléger le plus loin
en acceptant d’associer son nom à
celui de Weight Watchers. Brossard
commercialise désormais sous cette
marque 3 petits fondants, allégés en
matière grasse.
Mais ces produits restent du domaine du snacking. Quelles sont les alternatives au
snacking ? Quels autres produits peuvent proposer les gestionnaires à leurs
consommateurs ? Les réponses offertes par les industrielles agroalimentaires sont de plus
en plus nombreuses. A la tête de ses propositions, on trouve le sandwich, mais il existe
aussi les salades, les soupes, les plats cuisinés…. Ces produits, équilibrés et de qualité, sont
destinés à être consommés à l’heure des repas évitant ainsi à la distribution automatique
d’être accusée de favoriser le grignotage.
Les sandwiches peuvent donc compléter l’offre snacking (barres chocolatées, confiseries,
biscuiteries…) dans le domaine de l’alimentation d’appoint. Bénéficiant des modifications
des habitudes alimentaires des français, la restauration « nomade » se positionne comme un
marché très dynamique. Or cette croissance de la restauration nomade favorise la
distribution automatique. En effet, le mode de restauration pratique et nomade s’adapte
parfaitement avec le point de vente qu’est l’automate. Et le potentiel du sandwich en
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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distribution automatique est énorme : sur un milliard de sandwich consommés par an, la
distribution automatique en vend 80 millions. En effet, sur un parc estimé à 580 000
distributeurs, seuls 25 000 proposaient des sandwiches soit seulement 4%.
Les intervenants sandwiches en distribution automatique sont donc de plus en plus
nombreux. Parmi eux on trouve Sodebo, Ent’acte, Resto Folie’s…
Bien que considéré comme un relais de croissance par les industriels agroalimentaires, il
n’en reste pas moins que les gestionnaires sont réticents à franchir le pas, considérant que
le marché du sandwich n’est pas pour eux un marché d’avenir. En effet, il subsiste de
nombreuses contraintes à mettre des sandwiches dans les distributeurs automatiques tels
que la gestion de la chaîne du froid, la logistique, la gestion des dates limites de vente ainsi
que la définition de l’assortiment.
Les sandwiches doivent être conservés à une température constante de 3 degrés,
température qui doit être maintenue de l’entrepôt à l’automate d’où un nécessaire
investissement dans des flottes de véhicules réfrigérés.
De plus, les fabricants de matériels ont eux aussi dû innover afin de proposer des
automates qui puissent contenir des sandwiches. D’une part, ils ont renforcé les puissances
des groupes de réfrigération. D’autre part, ils ont dû adapter les automates spires pour
qu’ils puissent accueillir, outre les boissons fraîches, le snack et les confiseries, les
sandwiches. Bien qu’il existait des automates alimentaires, dits tambours, ceux-ci
nécessitaient un nombre de ventes par jour élevé et ne pouvaient donc pas être placés sur
tous les sites.
En plus, malgré ces contraintes, le prix du sandwich doit rester inférieur à 2 euros, seuil au
dessus duquel les consommateurs ont un frein psychologique à acheter des sandwiches
dans les distributeurs. Paradoxalement, le prix du sandwich est plus cher dans les autres
canaux de distribution, ce qui ne semble étonnement pas poser de problème aux
consommateurs.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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72
La marge de l’exploitant est donc faible. Par conséquent, cela nécessite un nombre de
rotations par jour élevé afin que le gestionnaire puisse amortir ses coûts de gestion et
d’exploitation.
Les industriels agroalimentaires doivent donc soutenir et aider les gestionnaires dans le
développement du sandwich en distribution automatique. En effet, si sa place en
distribution automatique devient incontournable afin de conserver les sites et offrir un
service complet au consommateur, l’essor du sandwich est lent et doit être appuyé par les
industriels agroalimentaires qui y voient un enjeu important.
Parallèlement au développement du marché du sandwich,
des marques comme Bonduelle et Logi-Frais enrichissent
l’offre repas en distribution automatique en proposant des
salades. Complément naturel aux sandwiches,
l’association sandwiches/salades permet de créer un
véritable repas et ainsi offrir aux consommateurs l’image
d’une offre complète et diversifiée à la distribution
automatique et non plus l’image de distributeurs de
« cochonneries ».
Une offre diététique en distribution automatique, alternative originale
au snack, sont les soupes Cup-a-Soup de Knorr. En proposant une
offre de soupe de légumes répondant aux demandes de la distribution
automatique, notamment en adaptant la taille des poches, Knorr offre
aux consommateurs de distributeurs automatiques une réponse
appropriée à leurs attentes nutritionnelles. En effet, la soupe de
légumes présente deux atouts nutritionnels. D’une part, les soupes de
légumes sont très peu caloriques. D’autre part, en raison de leur teneur
en fibres, elles permettent de ressentir rapidement et pour longtemps
une sensation de satiété.
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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Cette présentation de produits et de marques n’a pas l’ambitieux d’être exhaustive.
D’autres produits comme les plats cuisinés, les yaourts ou encore les compotes de pomme
font aussi leur apparition en distribution automatique. Mais cette présentation montre que
les industriels agroalimentaires proposent de plus en plus de solutions aux gestionnaires de
distributeurs permettant ainsi de diversifier l’offre, ce qui n’était pas nécessairement le cas
il y a quelques années. Nous l’avons vu, ces nouvelles offres notamment pour les produits
frais posent de sérieux problèmes aux gestionnaires et nécessitent une adaptation du
matériel. Mais il faudra malheureusement en passer par là pour ne pas risquer de voir
interdire les distributeurs automatiques dans d’autres sites que les établissements scolaires,
ou tout du moins pour satisfaire pleinement le consommateur.
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3.3 Participer à l’équilibre nutritionnel
La loi interdisant les distributeurs automatiques dans les établissements scolaires a dévoilé
au grand jour l’inquiétude grandissante des individus face aux problèmes d’obésité en
France. Devant la montée de ces problèmes d’obésité et de surpoids ainsi que de toutes les
maladies qui en découlent, manger équilibré est devenu pour les consommateurs l’un des
objectifs prioritaires.
Phénomène marketing ou véritable prise de conscience des professionnels, quoiqu’il en
soit la distribution automatique au travers notamment des industriels agroalimentaires
joue un rôle croissant face aux problèmes de nutrition. Les industriels agroalimentaires
ont été les premiers à réagir aux attaques des nutritionnistes qui les accusaient de favoriser
la montée de l’obésité. Ainsi, de plus en plus, ils mettent en avant les effets bénéfiques
pour la santé de leurs produits et participent parallèlement à des programmes ou des
opérations visant à éduquer les consommateurs et notamment les plus jeunes en terme de
nutrition pour prévenir les problèmes liés au surpoids. Et l’implication des industriels
agroalimentaires dans les problèmes d’obésité est primordiale pour redorer l’image de la
distribution automatique car s’ils ne sont pas les seuls acteurs de la profession, ce sont
leurs produits qui se trouvent dans les distributeurs et qui attirent les foudres des médias,
des professionnels de santé et des pouvoirs publics.
Bien que tous les industriels s’impliquent de plus en plus dans les problèmes de nutrition,
nous étudierons plus particulièrement les actions et les engagements du groupe Nestlé et
Coca Cola. Nous verrons également les engagements du syndicat de la distribution
automatique, la Navsa. Les gestionnaires, quant à eux devront s’appliquer à respecter les
préconisations et à jouer le jeu des industriels et de leur syndicat, la Navsa, pour montrer
leur bonne foi en matière de nutrition.
Au travers de son programme Wellnes et un slogan plus que révélateur « Ensemble, mieux
manger, mieux vivre », Nestlé informe et sensibilise ses consommateurs aux bienfaits
d’une alimentation saine et équilibrée et de la pratique d’une activité physique. Ce
programme propose des conseils pour mettre en pratique ces recommandations en terme
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d’équilibre alimentaire et d’activité physique. Ainsi il répond à des questions tels que
« comment manger 5 fruits ou légumes par jours ? Comment faire découvrir les légumes à
ses enfants ? Comment se motiver pour bouger agréablement quand on ne pratique aucun
sport ? ».45
De plus Nestlé, après avoir participé à l’étude Fleurbaix-Laventie Ville Santé, réaffirme ses
engagements en matière nutritionnelle en devenant partenaire du programme EPODE
« Ensemble prévenons l’obésité des enfants ».
L’étude Fleurbaix-Laventie Ville Santé avait pour vocation d’une part de « comprendre
les rôles respectifs de l'alimentation et des modes de vie sur la santé de chacun » et
d’autre part de « valider des démarches pragmatiques de prévention et de prise en charge
de l'obésité au niveau de la population ». Débutée en 1993, elle s’est déroulée en trois
temps :
Fleurbaix-Laventie Ville Santé I de 1992 à 1997 : donner une information
nutritionnelle pour modifier les habitudes alimentaires des enfants et de leurs
familles
Fleurbaix-Laventie Ville Santé II de 1998 à 2002 : connaître les déterminants de la
prise de poids
Fleurbaix-Laventie Ville Santé II de 2002 à 2007 : donner à chacun les moyens
d’être acteur de sa propre santé
Les premiers résultats de cette étude ont fait l'objet de publications scientifiques ainsi que
des communications à de nombreux congrès nationaux et internationaux.46
Le programme EPODE quant à lui est une campagne de prévention
santé lancé dans 10 villes de France.
45 http://wellnes.nestle.fr 46 www.villesante.com
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EPODE a pour objectif d’enrayer la progression de
l’obésité des enfants de 5 à 12 ans. Des conseils
nutritionnels, la découverte de la diversité
alimentaire et des activités physiques, des jeux actifs
autant d’actions qui sont mises en place dans le
cadre de ce programme.
Mais les actions et les engagements de Nestlé ne s’arrêtent pas à ces deux programmes.
Pour ce grand groupe agro-alimentaire, les qualités nutritionnelles des produits sont
devenues la seconde priorité après le goût. Dans cette optique, Nestlé dispose d'une
organisation unique, le Centre de recherche fondamentale de Lausanne, regroupant plus de
600 chercheurs et techniciens, qui apportent leur savoir faire dans tous les domaines de
l'alimentation. De plus, Nestlé a mis en place une nouvelle communication sur
l’emballage de ses produits afin d’attirer l’attention des consommateurs sur la liste des
ingrédients, la composition nutritionnelle pour 100 grammes et par portion, le bénéfice clef
du produit, la garantie de qualité Nestlé et les coordonnées du service consommateurs. Ces
différents éléments ont pour vocation principale d’informer et de rassurer le consommateur
sur son équilibre alimentaire.
Au niveau plus spécifique de la distribution automatique, Nestlé à la demande des
gestionnaires de distributeurs a construit un discours nutritionnel éducatif autour de
l’automate : « la Break Attitude ».Ce programme, proposé aux directeurs de collèges et
de lycées, cible les adolescents de 12 à 18 ans qui recherchent une collation sucrée ou salée
au cours de la journée. Pour mettre en œuvre ce programme, Nestlé propose un kit de
communication complet dont la mise en place pourra se faire en collaboration avec les
gestionnaires. Le kit est composé d’affiches, de dépliants, vitrauphanies, stickers…
« L’affiche sera placée sur l’un des panneaux d’affichage dans les couloirs et à l’entrée de
la cantine. Elle présentera l’ensemble des informations nécessaires à la compréhension
des conseils alimentaires. Environ 300 dépliants par kit reprendront les informations de
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l’affiche et un jeu incitera les jeunes à bien lire le contenu. Sur le distributeur, la
vitrauphanie rappellera brièvement le message près des produits, le sticker sera un
condensé de l’affiche et les stop produits, un par type de pause proposée, seront placés sur
le distributeur devant chaque produit Nestlé correspondant ».47
En ce qui concerne Coca Cola, le groupe s’est lui aussi engagé en matière d’éducation
nutritionnelle. Le groupe Coca cola souhaite ainsi montrer qu’il est une entreprise
citoyenne et responsable. Cette volonté d’être une entreprise responsable et engagée vient
aussi du fait que Coca Cola est leader sur le marché des boissons fraîches sans alcool, il est
donc le premier visé dans les problèmes nutritionnels et par conséquent il est obligé d’être
doublement vigilant.
D’une part, conscient que les consommateurs sont de plus en plus préoccupés par le
problème de l’obésité, Coca Cola prône une information transparente en mentionnant sur
ses produits leurs apports caloriques, leur teneur en glucides, en lipides ainsi qu’en
protéines.
Coca Cola s’est aussi engagé à ne pas communiquer à la télévision sur les cibles que
constituent les enfants de – de 12 ans. Ainsi, on ne verra pas de publicités Coca Cola sur
les chaînes enfants.
De plus, un des axes majeurs de la politique nutritionnelle de Coca Cola est la promotion
d’un mode de vie actif. Cet engagement en faveur de l’exercice physique et du sport est
fort et durable. En effet, le comité scientifique Coca cola considère que la pratique d’un
sport ou d’une activité physique est une des cinq notions autour desquelles s’articule
l’équilibre alimentaire. Les quatre autres notions étant : manger et boire selon ses besoins
nutritionnels, varier son alimentation, respecter un rythme dans ses prises alimentaires et
ne pas oublier que l’alimentation doit être source de plaisir.
47 DA MAG n° 18 Octobre 2003
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Coca Cola s’est ainsi engagé à plusieurs reprises dans des actions en lien avec le sport ou
les activités physiques, au niveau national ou local. Par exemple, en 2000, Coca Cola a
imaginé l’opération « Vivez des sensations sport » qui offre un an de sport à 2000
personnes dans le sport et le club de leur choix. De même, en partenariat avec le ministère
de l’Education Nationale, Coca Cola a participé au programme « Garde ton corps à
l’esprit », programme mis en place pour inciter les jeunes à pratiquer une activité physique.
On peut retrouver l’ensemble des engagements ainsi que la composition des produits du
groupe Coca Cola, sur son site Internet, dans la charte nutrition qu’il a rédigée.
Nestlé et Coca Cola ne sont pas les seuls industriels agroalimentaires à s’impliquer de plus
en plus en matière d’éducation nutritionnelle. Danone, Unilever Bestfoods, Masterfoods et
bien d’autres ont pris eux aussi des engagements pour informer les consommateurs, les
rassurer et les aider pour améliorer leur alimentation et leur montrer les bienfaits d’une
activité physique.
La Navsa, chambre syndicale de la distribution automatique, et les professionnels de la
distribution automatique ont pris des engagements forts pour montrer leur implication dans
la lutte contre l’obésité. Ces engagements sont résumés dans une charte intitulée « Les
professionnels de la distribution automatique s’engagent ». Par cette charte, ils montrent
qu’ils peuvent eux aussi jouer un rôle en matière de nutrition, via les distributeurs
automatiques qui peuvent devenir de véritables vecteurs de communication dans
l’apprentissage alimentaire.
D’une part, « les distributeurs privilégieront la consommation de produits répondant aux
objectifs de l’éducation nutritionnelle et à des programmes alimentaires équilibrés. Seront
désormais proposé un choix de boissons chaudes (café, thé, chocolat) à la teneur en sucre
réduite, et des potages. Les boissons seront proposées non sucrées. L’ajout de sucre ne
pourra se faire qu’à partir d’une touche spécifique. A proximité des distributeurs, les
gestionnaires installeront des fontaines à eau en libre service auprès des élèves ».
Mémoire de fin d’étude – Interdiction des distributeurs dans les écoles : Impacts sur le marché de la distribution automatique alimentaire
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D’autre part, « conformément au souhait
exprimé par le Gouvernement de favoriser le
développement d’actions d’éducation
nutritionnelle et d’éducation au goût dans les
établissements scolaires, les appareils de
distribution automatique de boissons chaudes
constitueront également, des supports
d’information sur la nutrition destinés aux
adolescents : sensibilisation à la mise en œuvre
d’une alimentation équilibrée. Par cet
engagement, la Navsa permet aux jeunes de
partager en toute sécurité des moments de
convivialité, de détente et de réconfort autour
d’une boisson chaude au sein de leur
établissement scolaire et donc de limiter les
absences en cours, les risques de consommation
de sodas et d’alcool, les réunions dans des
atmosphères enfumées ».
Les gestionnaires devront respecter ces engagements. D’une part, en réétudiant leur
assortiment de produits selon les sites où sont installés les distributeurs automatiques,
d’autre part, en apposant sur leurs distributeurs des informations nutritionnelles.
En effet, les gestionnaires de distributeurs sont les pivots de la profession et la
distribution automatique ne pourra donc pas redorer son image sans leur participation et
leur implication dans les problèmes nutritionnelles des individus.
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Conclusion
Le marché de la distribution automatique alimentaire se trouve aujourd’hui sous les feux
d’une actualité dont il serait bien évidemment dispensé suite à la promulgation de la loi du
30 juillet 2004 interdisant les distributeurs automatiques dans les établissements scolaires.
Bien que le fondement de cette dernière ne puisse être contesté, les problèmes d’obésité
chez les jeunes étant devenus une question de santé publique, nous pouvons considérer que
la distribution automatique a été prise comme bouc émissaire pour apporter une solution à
cet important problème. En effet, celle-ci ne représente qu’une infime part de la
consommation de produits riches en calories très loin derrière la grande distribution, et les
jeunes ayant accès aux distributeurs dans les écoles sont âgés d’une douzaine d’années et
ont déjà pris de mauvaises habitudes alimentaires dont les parents restent les principaux
responsables même si la grande majorité d’entre eux ne veulent en convenir.
Mais voilà, la loi est la loi, et nous ne pouvons que souhaiter que la mobilisation générale
de tous les intervenants de ce marché, industriels agroalimentaires, fabricants de
distributeurs, grossistes et gestionnaires, représentés par leur syndicat la Navsa aboutissent
à son assouplissement.
Le marché de la distribution automatique sera toutefois affecté par une baisse importante
de son activité qui engendrera inévitablement et malheureusement des licenciements ainsi
qu’une perte d’image de marque.
Les professionnels ont déjà commencé à mettre en œuvre des solutions pour combattre ce
phénomène ; Opérations marketing importantes pour informer et éduquer les
consommateurs en matière nutritionnelle et élargissement de l’offre alimentaire vers des
produits plus naturels et moins caloriques.
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Mais ces opérations seront-elles suffisantes pour compenser la baisse d’activité ? Le
consommateur achètera-t-il autant de pommes ou d’eaux aromatisées qu’il n’achetait de
confiseries et de sodas ? Vraisemblablement pas, car une partie de cette consommation est
liée au plaisir et à la gourmandise plutôt qu’à la satisfaction d’un besoin primaire comme la
faim ou la soif.
Si les consommateurs modifient leurs comportements alimentaires, ce qui est souhaitable
compte tenu de l’importance de l’enjeu, le marché de la distribution automatique devra se
résigner à perdre une partie de son activité et chercher ailleurs sa croissance.
La jeunesse et le dynamisme de ce marché lui permettront, nous l’espérons, de se relever,
de reprendre son développement et de continuer à se consacrer à sa vocation essentielle qui
est de répondre au mieux aux besoins et aux envies du consommateur en lui apportant des
moments de plaisir et de détente.
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Références Bibliographiques
Presse spécialisée
DA Mag « L’Actu de la Distribution Automatique » n°18 Octobre 2003 LMDA « Le magazine de la distribution automatique » n°87 Mars 2004 LMDA « Le magazine de la distribution automatique » n°88 Avril 2004 DA Mag « Le news de la Distribution Automatique » n° 25 Mai 2004 LMDA « Le magazine de la distribution automatique » n°89 Mai 2004 DA Mag « Le news de la Distribution Automatique » n°26 Juin 2004 LMDA « Le magazine de la distribution automatique » n°90 Juin 2004 DA Mag « Le news de la Distribution Automatique » n°27 Juillet/Août 2004 LMDA « Le magazine de la distribution automatique » n°91 Juillet/Août 2004 LMDA « Le magazine de la distribution automatique » n°92 Septembre 2004 LMDA « Le magazine de la distribution automatique » n°93 Octobre 2004 LMDA « Le magazine de la distribution automatique » n°94 Novembre 2004 DA Mag « Le news de la Distribution Automatique » n°31 Décembre 2004 LMDA « Le magazine de la distribution automatique » n°95 Décembre 2004 LMDA « Le magazine de la distribution automatique » n°96 Janvier 2005 DA Mag « Le news de la Distribution Automatique » n°33 Février 2005 LMDA « Le magazine de la distribution automatique » n°97 Février 2005 DA Mag « Le news de la Distribution Automatique » n°34 Mars 2005 LMDA « Le magazine de la distribution automatique » n°98 Mars 2005 LMDA « Le magazine de la distribution automatique » n°99 Avril 2005
Presse nationale et régionale
Les Echos 27 février 2003 « Santé des jeunes en milieu scolaire : les priorités de Xavier Darcos »
Le Figaro Entreprise 29 septembre 2003 « Pas de sucré à la récré » Les Echos 9 décembre 2003 « Obésité des enfants : le marketing en question » Les Echos 22 mars 2004 « Obésité : Réglementer la publicité pour les enfants » Le point 15 avril 2004 « L’école au régime sans sucre » 20’’ 23 avril 2004 « Un amendement qui coûte bonbon » Le Canard enchaîné 7 juillet 2004 « Obésité : Malbouffe s’en va-t’en guerre » Les Echos 7 juillet 2004 « Contre l’obésité : responsabiliser suppose ne pas
interdire » Le Figaro 9 juillet 2004 « Le ministre de la Santé veut supprimer les distributeurs
de sucreries à l’école » Le Figaro 10-11 juillet 2004 « Polémique sur les distributeurs de boissons dans les
écoles » Le Figaro 30 juillet 2004 « Les distributeurs automatiques de boissons et d’aliments
interdits dans les collèges et lycées »
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Le Monde 14 août 2004 « La publicité et l’alimentation des enfants » NEORESTAURATION 16 février 2005 « La DA voudrait bien retourner à
l’école » Intendance Février/Mars 2005 « Les distributeurs automatiques définitivement hors
service ? » Le Monde 25 Mars 2005 « Polémique sur les distributeurs alimentaires à l’école » Dépêche AFP 30 Mars 2005 « Des distributeurs automatiques adaptés aux enjeux
de santé publique » Les communiqués mensuels de la Navsa 2004/2005 Repères de la DA par DAFSA/WEFA pour NAVSA - 2004 Etude Eurostaf
Les enjeux de la distribution automatique alimentaire – Janvier 2004 Sites Internet
www.navsa.fr www.legifrance.gouv.fr www.la-da.com www.villesante.com www.wellnes.nestle.fr www.gardetoncorps-a-lesprit.com www.coca-cola-entreprise.fr www.lemondedelada.com www.fruits-et-legumes.net www.club-restauration.com http://perso.wanadoo.fr/cup-services
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Annexes
Annexe 1 _______________ Erreur ! Signet non défini.5 Annexe 2 _______________ Erreur ! Signet non défini.6
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Annexe 1 Guide d’entretien NAVSA
1) Qu’en est-il du Marché de la Distribution automatique aujourd’hui ?
2) Que pensez-vous de cette loi et de son efficacité ?
3) Quand et pourquoi avez-vous commencé à rédiger une charte de bonne conduite ?
4) Quelles conséquences cette loi aura-t-elle sur le Marché de la Distribution
Automatique ?
5) Comment expliquez-vous que la loi ait été aussi radicale ?
6) Pourquoi la Distribution Automatique a-t-elle été le bouc émissaire de la lutte
contre l’obésité ?
7) Quels sont les recours qui ont été envisagés face à la loi ?
8) Quelles actions et quelles solutions peuvent-elles être envisagées face à la loi ?
9) Pensez-vous que la profession est-elle assez mobilisée ?
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Annexe 2 Guide d’entretien Industriels Agroalimentaires et Gestionnaires de
distributeurs automatiques
1) Que pensez-vous du marché de la Distribution Automatique ?
2) Quand et pourquoi vous êtes- vous intéressé à ce marché ?
3) Que représente la Distribution Automatique dans votre chiffre d’affaires ?
4) Que pensez-vous de la loi et de son efficacité ?
5) Aviez-vous mis en place une politique pour lutter contre l’obésité ?
6) Que comptez-vous faire face à cette loi ? Vous êtes-vous mobilisés avec le reste des
intervenants ?
7) Quel sera l’impact de cette loi sur le marché de la Distribution Automatique ?
8) Ne craignez-vous pas un effet « boule de neige » par l’élargissement de cette loi à
d’autres marchés ?
9) Avez-vous connaissance d’autres pays touchés par le retrait des distributeurs ainsi
que d’éventuelles mesures prises par les différents intervenants ?
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