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Frdric Mathieu
Concepts excentriques1
2018. Creative commons.
1 Jaurais pu mettre un sous-titre, mais je nen ai pas mis.
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Prsentation
Ce catalogue sadresse aux amateurs dides bizarres et de
philosophie. On y trouvera un bestiaire de concepts indits,
prposs aux vertiges de la pense, quelquefois empapillots
dhumour (douteux), conus au gr de linspiration (et de
lexpiration). Bhazard succde ainsi dgot
mimtique , quelques pages de la thorie de lhomme
creux concave ; le transnombre dfie la
ruminescence , quand les mondes perpendiculaires
entrent en dbat avec la postdestination . Ces concepts
excentriques permettent de circuler travers les sommets
et les abysses de lhistoire de la philosophie. Sils inaugurent
un rinvestissement non conventionnel de problmes
classiques et de concepts supposs rsoudre, ce petit livre se
dfinit dabord comme un essai expri-mental de posie
conceptuelle.
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Concepts excentriques
Classs par ordre analphabtique.
Nos problmes sont des portes.
Moi, ici.2
Cest dans les mots que nous pensons. La tradition
philosophique na pas cess de se mouvoir autour de cette
vrit dangereuse et tranchante comme du verre. Elle fait
du terme un terme : une limite pour certains, qui savent
combien les mots et les ides sont pauvres au regard des
sentiments et des instincts qui les suscitent. Dautres en
appellent limagination pour dcouper dautres motifs
dans le tissu de signification que constitue la langue, pour
repousser les bornes du concevable, pour enfin mettre au
jour dans la condamnation dHegel une opportunit. Cet
abrviaire original prend part cet effort. Un certain
nombre des concepts prsents ici rsulte dune
transmutation des figures imposes de la philosophie. Les
autres se constituent de manire autonome. Les filousophes
ayant toujours t, sciemment ou par excs, des humoristes
de haut niveau, nous nous autorisons notre tour des
pointes de lgret.
2 a mriterait lempleadement
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Excrasie.
Lenkrateia, ou encrasie, littralement, le pouvoir tourn vers lintrieur , dsigne chez les stociens lempire sur soi.
Lexcrateia, ou excrasie, est une emprise exerce hors de soi ; elle serait la cl de vote dun stocisme invers mais
aussi beaucoup plus crdible selon lequel lhomme na de
pouvoir que sur ce qui est extrieur son assentiment et
sa volont. Personne, de fait, ne peut choisir daimer ou de
vouloir ce quil aime ou veut.
Dualitude.
Une solitude deux. Ce qui se conoit mieux quune
solitude un. Lhomme seul nest en effet jamais coup du
monde. La solitude est hante par le spectre de la foule,
puisquelle se dfinit par son absence, voire par son
manque.
Anacombes.
Lieu intelligible o reposent les ides (de mme que les
catacombes sont le royaume sensible o reposent les corps).
Utopie de la philosophie depuis Platon.
Psychatalyse.
En bonne psychatalyse, le synthtiste prend la place de
lanalyste, le synthtisant celui de lanalysant ; la pulsion
cde la poussion ; la sublimation succde un processus
de surlimation. Le mcanisme de dngation du sujet qui
selon Freud, avait valeur de position absolue (daffirmation
totale)3, est remplac par celui de dposition, ayant valeur
3 E.g. : Je nai plus de quoi payer
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de ngation absolue4. Linquitante tranget schange
avec linquitante familiarit. La thorie affreudienne
postule enfin le refoulement dans linconscient du a par le
surmoi. Que ny aurait-il rciproquement un refoulement
dans le conscient du surmoi par le a ?
Insigne, insignifiant / insignifi.
Saussette (cousin de Saussure) conoit linsigne comme la
rsultante dun insignifiant (empreinte sensorielle) et dun
insignifi (concept). Linsigne a une valeur diffrentielle en
ce sens quil insignifie par rapport dautres insignes et non
par rapport lui-mme. Tout systme dinsignes constitue
un egaugnal.
Corps immortel, me mortelle.
Composons avec le paradigme de la science normale qui
ne reconnat de vivant quun tre dou de corps, un
organisme corporel. Ce corps peut tre associ par la
philosophie une (ou plusieurs ?) me(s). Il est de coutume
de faire de lme quelque chose dimmortel (parce
quimmatriel, donc soustrait la corruption) et du corps
un vaisseau prissable. Cette doctrine peut tre inverse
avec des rsultats plus quintressants. Le corps est fait
datomes, et les atomes ne prissent pas ; les organismes se
dsagrgent ; le rapport entre leurs parties constitutives
(comme dirait Spinoza) est certainement dtruit mais ils
ne prissent pas. Les corps sont immortels. Il en va
autrement pour lme, la personnalit, le caractre, lesprit,
lessence qui ne subsiste quautant que le corps vibre pour
4 E.g. : Vous tes un escroc !
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la projeter (le corps est le berceau (non le tombeau) de
lme). Lme est donc prissable. Cette inversion de la
mtaphysique traditionnelle vocation consolatoire ne
peut de fait qutre tragique. Cela ne la rend pas moins
juste.
Corps dme.
Le corps (soma) est par Socrate dit le tombeau (sema) de lme. Il est aussi son signe (sema), pour autant que lhomme, selon la Rpublique et le Time de Platon, se rincarne en lanimal qui rflchit le plus adquatement ses
traits et caractres ses tats dme.
Quatrime personne du singulier/pluriel.
Notre grammaire, captive de lidologie trichotomique, ne
nous a pas permis de conceptualiser lemploi dune
quatrime (ou dune cinquime, etc.) personne du singulier
ou du pluriel. Lusage le commandera peut-tre
Inscientisme.
Conviction que la socit doit tre gouverne par
lignorance et que par elle passera indubitablement le salut
de la condition humaine. Car avec beaucoup de sagesse on
a beaucoup de chagrin, et celui qui augmente sa science
augmente sa douleur (Qo 1:18).
Thorie des vents.
Pourquoi le grand orchestrateur de la musique du monde
aurait-il accord sa prfrence aux cordes plutt quaux
vents, et mme aux vents plutt quaux percussions ?
Lunivers serait-il moins lgant aux yeux de Brian Greene
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sil avait rsonn au son des clarinettes ou de la cloche
vaches ?
Explier.
Dcoquiller les axiomes (mtaphysiques, physiques,
mathmatiques) pour laisser apparatre les thormes ou
consquences quils renfermaient, de mme que les motifs
dun tissu ne se rvlent quune fois celui-ci dpli.
Lexpliation est mise jour du dj-l.
Immortisme.
Contraire de linnisme. Les ides ou structures mentales
immortes, linverse des ides ou des structures innes
prsentes ds la naissance (selon Descartes et Kant),
constituent un certain savoir que lon nacquiert qu la
mort. Les leons de mort, les tranches de mort, sont aussi
difiantes que les leons et que les tranches de vie. Les
pendants des ides innes ou immortes sont les matires
innes ou immortes : matires prsentes ds la naissance ou
compter de la mort.
Anthropodice.
Les essais de thodice rendent Dieu responsable, mais pas
coupable du mal sous toutes ses formes. Dieu le permet,
afin de prserver le libre arbitre-humain, sans le
commettre. Son crime , sil en est un, serait un dfaut
dagir, ayant valeur de non-assistance personne en pch.
Si toute disculpation de Dieu se fait au prix de linculpation
des hommes, linverse est aussi vrai. Les anthropodice
accordent aux hommes dtre les responsables, sans tre
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coupable du mal. Dieu les a faits tels quils devaient pcher
; pour ainsi dire, Dieu pche travers eux.
Monnaithisme.
Une seule monnaie, cruelle, jalouse, idoltre par ses
milliers de prtres conomistes (autopromus experts ) qui
offrent sacrifice des nations tout entires la survie dun
tre de draison, des rgles dor en guise de tables de la loi,
une providence convertie en march autorgulateur,
lobsession de payer la dette, de racheter la faute (Schuld), laustrit comme valeur protestante et linterdit de la
reprsentation sur les billets de la BCE, autant dindices qui
montrent que leuro est un monnaithisme, et des plus
frocement intolrants qui soient.
Systme de classification des ignorances.
Il sagirait dorganiser nos ignorances de la mme manire
que nous classifions les sciences. La tche pourrait tre
infinie : que savons-nous de ce que nous ignorons ?
Ultima sapientiae. Dieu aurait rvl petit nombre dlus les secrets de la
nature et de la vraie religion. Cette sagesse ancestrale ne
subsisterait qu ltat de trace, rfugie dans les mythes et
les doctrines anciennes, le temps ne faisant quapjorer
notre entente de la leon primordiale. Ainsi snonce la
croyance en la prisca sapientia, largement partage parmi les disciples dHerms, dont lapologue le plus fameux fut
lalchimiste Michael Maier. Le progressisme, sous
linfluence du christianisme, fait basculer la parousie
lautre extrmit de la ligne temporelle. La vrit, ce sont
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les prochains qui savent, car ils sont moins distants de la
divinit. Lhistoire nest quune longue escalade vers les
sommets de lultima sapientia.
Supraphore.
Supraphore et infraphore sont des modles de mtaphores
utiliss pour dsigner un tre par ce quil a de plus lev ou
de plus bas. Exemple : votre grce, votre incellence.
Amantation.
Magntisme, attirance, amantation , ides fixes,
inclinations, tendances attestent lexistence dune attraction
universelle dans le domaine des esprits. Ce vicariant
mtaphysique de la gravitation avait t envisag par
Hume, dans une optique bien diffrente, pour expliquer
lassociation dides en vertu des principes de ressemblance
et de contigut.
Ingse.
Une ingse permet de deviner au moyen du texte le sens
de linterprtation. Une telle opration aux antipodes de
lexgse se pratique couramment en philosophie, les
auteurs sources se rvlant souvent plus clairs que leurs
commentateurs.
Posthistorique.
Jacques Boucher de Perthes, au milieu du XIXe sicle,
invente lhistoire prhistorique. Invente au sens entier
du terme, lhistoire tant la modernit ce que le mythe fut
lAntiquit : la fois construction, miroir et lgitimation.
Si lon fait commencer lhistoire linvention de lcriture
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(qui eut probablement plusieurs foyers), alors la fin de
lhistoire augure par Fukuyama nest peut-tre pas si loin
de nous. La mort de lcriture lre de lanalphabtisation
numrique nous fait boucler sur une civilisation de loralit,
ou limage (mdiatique) fait loi. Cette rgression serait la
porte dentre pour une priode post-historique.
Ek-sister
Classiquement, se tenir hors de soi, pour ne jamais concider avec soi-mme. Condition de lhomme pris dans
un perptuel dsquilibre dynamique qui alimente sa
marche. Un dboitage ontologique qui fit les jours
heureux de Sartre (rcidiviste du coup de la panne
dessence ). Autre interprtation possible de lek-sistance,
celle qui voudrait quelle soit un tenir hors de Dieu, dans le monde5.
Mlanomne.
Par son sens tymologique de luire (phainesthai), le phnomne est un apparatre . Le phnomne est lux-
ation du monde ou du sujet, en tant quil le mettrait en
forme ( de sujet). Le mlanomne est par opposition
limmanifestation de ltre. Une dchirure dans lordre du
visible. Un indicible clat dobscurit. Tout ce que simule
lombre, ses engeances invisibles, ses entits nyxiennes,
sont des mlanomnes.
5 Selon le mythe judaque, Dieu se retire pour laisser vivre la
cration, et ne pas saturer lespace de sa lumire pntrante.
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Submergence.
Les proprits mergentes sont des proprits densemble
irrductibles aux parties de cet ensemble. La conscience
peut tre considre comme une proprit mergente de la
matire, qui napparat quune fois atteint un degr critique
de complexit. Le submergentisme insiste rciproquement
sur les proprits de parties qui disparaissent au niveau
suprieur de complexit. Le monde de la physique
quantique est peupl de proprits submergentes bizarres
que la dcohrence supprime notre chelle.
Con-version.
Sil est possible, et mme probable (faute dune
intervention divine, comme avec la Septante), dobtenir
dun mme livre plusieurs traductions distinctes, il peut
aussi se faire que plusieurs livres diffrents donnent la
mme traduction.
Holisme amathiologique.
Duhem avance la thse du holisme pistmologique pour
signifier que les hypothses forment systme et ne sont
jamais isoles ni isolables de lensemble thorique auquelles
elles participent. Une exprience cruciale, au sens o
lentendait Bacon, ne saurait dpartager deux hypothses ;
seulement tester un systme thorique dans sa globalit,
sans indiquer quelle(s) hypothse(s) est (ou sont)
corrompue(s). Or, nos erreurs sont galement coordonnes.
Il ne peut y en avoir deux qui sexcluent mutuellement.
Quune exprience vienne corroborer un systme
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thorique boiteux6 ne permettrait pas de savoir laquelle (ou
lesquelles) de (ou des) hypothse(s) est (ou sont) fausse(s).
Dmodice.
Le pote John Milton, dans son Tenures of Kings and Magistrates crit dans premire priode du Commonwealth anglais, sapplique justifier les voies du peuple. Le roi, qui
dans la thorie de droit divin navait de comptes rendre
qu Dieu (sans mdiation selon les protestants, le pape
interpos selon les catholiques), devient justiciable devant
le peuple. Le peuple est dtenteur ultime du pouvoir quil
commet et peut le rvoquer. Sont investis dun droit divin
ceux qui dposent le tyran : Dieu est rpublicain.
Homme creux concave.
Lhypothse du gocosmos dmontre que lide dune terre
creuse concave qui tapisserait lunivers comme sa bordure
et placerait les toiles au centre possde le mme pouvoir
explicatif et prdictif que lhypothse dun univers qui
entourerait la terre. La terre se situerait non pas au centre,
mais tout autour de lunivers intuition
mathmatiquement consistante qui trouve dans les
lgendes de la terre creuse des prfigurations folkloriques.
Cette inversion, cette subversion de lintrieur et de
lextrieur, peut tre extrapole dans une mesure qui ferait
de chacun de nous (ou dun seul dentre nous) une entit
cosmique. Se pourrait-il que notre piderme enveloppe le
6 Il est possible, comme en tmoignent les tables de vrit, de tirer
le vrai du faux (daboutir une conclusion valide daprs des
prmisses errones) ; on ne peut en retour induire le faux du vrai
(des prmisses assignes vraies ne concluent pas le faux).
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monde ? Que notre peau gobe lunivers ? Ou mme, report
sur une frquence psychique, que notre me renferme dj
tout ?
Jumeau bactrien.
Au vu de la proportion de nos cellules propres rapporte
celle des bactries qui prolifrent en chacun de nous, il y
aurait moins doutrances dire que nous habitons les
bactries, plutt que ce sont elles qui nous habitent. Nous
ne constituons, en tant quamas de cellules, que le centime
du corps de nos bactries. Nous ne sommes quun symbiote
en minorit. En proportion plutt quen nombre : les
bactries partagent linformation de manire transversale,
et sont dpositaire dun mme patrimoine gntique.
parpilles et invisibles, elles nen composent pas moins un
super-organisme unique. Et jamais labri de choper un
humain mortel !
Archodice
Tout mal, selon la thodice de Leibniz, contribue par
principe la beaut de lensemble. Le mal local dun lieu et
dune poque peut tre la promesse (et mme la condition)
dun bien trs suprieur, en gnral, ailleurs ou dans
lavenir. Et pourquoi pas dans le pass ? Imagine-t-on un
bien pass qui surclasserait et donc lgitimerait a priori le moindre mal quil devait engendrer ? Les lecteurs de la Gense reconnatront le jardin dden. Le paradis est pav
de mauvais sentiments.
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Logopose.
Cration par la parole de faits ou de concepts qui dpassent
limagination. Admission dnoncs qui dpassent la
proposition. Une entit unidimensionnelle (un point) ou
bidimentionnelle (une ligne), la frontire dun espace infini
(un horizon dhorizon), un lieu sans tendue, sont autant
dobjets irreprsentables, mais non pas indicibles.
Dictauteur.
Lencre et le sang ne sont-ils pas les deux fluides de la
cration ? Jacques le Fataliste na pas tort de croire son
destin crit davance : toute son histoire est couche noir
sur blanc de la plume du dictauteur Diderot. Nous sommes
peut-tre aussi les personnages dun livre crit par Dieu, le
Dictautor suprme, rd lcole de labsurde et du
comique de rptition.
Aseconde.
Linsaisissable cale-temps log entre N,9 et N+1 seconde.
Entre chaque nombre arbitrairement choisi, mme les plus
proches, se dploie une infinit de nombres dcimaux.
Corporisme.
Lanimisme attribue une me tous les corps ; le
corporisme un corps toutes les mes.
Mtres penser.
Pythagore et Platon (dans le Time) octroie au monde des fondations mathmatiques. Que nul nentre ici sil nest
gomtre , lit-on grav au frontispice de lAcadmie. Une
telle philosophie talonne par les mathmatiques donne
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des mtres penser . Nietzsche remplacera le compas par
le marteau du juge pour que la philosophie, nagure mesure
des choses, devienne attribution de valeurs.
Bellatoire.
Oratores, bellatores et laboratores / prtres, guerriers et producteurs dsignent les trois Ordres dAncien rgime,
conformes la tripartition fonctionnelle indo-europenne
releve par Dumzil. Doratores, le franais tire loratoire. De laboratores, il tire laboratoire. Ne manque plus lappel que le bellatoire, comme lieu du pugilat. Amour de la
sagesse, la philosophie en dploie toutes les caractristiques.
On la dcrit, qui comme un art, qui comme une science,
mais elle est avant tout un champ de bataille, un bellatoire
(un blatoire ?), mettant aux prises diffrents gangs
bruyants et dtermins. Cest que partout o le consensus
rgne, on a cess de penser. Et que la destine de toute
tradition philosophique est dtre cannibalise : de
lintrieur ou bien, telle laraigne, par ses propres enfants.
Modle surjacent.
Un modle surjacent est un modle qui surge, de mme
quun modle sous-jacent est un modle qui sousge.
Nietzschien.
Zarathoustra enseigne nimiter personne, pas mme ceux
qui nimitent personne. Le disciple de Nietzsche, le
nietzchien de garde, est le meilleur ennemi du surhomme.
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Dissalvation.
La Salvation par la Dissolution (du mal, dans une
perspective christique ou de lego, dans une optique
bouddhiste) est la Dissalvation.
Surdivin.
Comment tre plus nietzschen que Nietzsche ( supposer
que Nietzsche ait t nietzschen) ? En appelant, aprs que
lhomme a t surmont, le dpassement par le surdieu de
dieu. Le surdivin est au divin ce que le surhumain est
lhumain.
Thtre de la bienveillance.
Renverse les principes du thtre de la cruaut (selon
Artaud) et ses drgles de malsance. Les personnages sont
des organes sans corps (le OsC de Mille Pignons tant linverse du CsO de Mille Plateaux) qui font danser la scne.
Drgles.
Principes de drgulation, lois danomie, prescrivant au
bhazard dviter toutes les configurations dordre possible.
On peut effectivement sans mal atteindre lordre par un
chaos malencontreux (mais jamais le chaos par lordre).
Ignorance commune/scientifique.
Bachelard postule une discontinuit entre connaissance
commune et scientifique. On connat contre une
connaissance antrieure , relve le pdagogue dans La formation de lesprit scientifique. Cette thorie pistmologique sapplique aussi lignorance : lignorance
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scientifique est dune porte, dune nature et dune qualit
aux antipodes de lignorance commune. La btise change
dessence.
Hyperiorit.
Manire dhgmonie admettant une dimension
comparative.
Posticipation.
LHistoire est un roman de posticipation.
Bhazard.
Chaos stochastique. Tous les bhazards ne se ressemblent
pas. Le bhazard est lombre du diable.
A faibliori.
LAncien Testament condamne les plaisirs solitaires dOnan
(patron de lonanisme). Non pas parce quils seraient impurs
ou infconds ; mais parce quun homme ne saurait tre une
monade autosuffisante capable de se passer a faibliori du petit tre (ltre souprme), a fortiori, et par implication, du Grand. La masturbation spirituelle peut tre aussi conue et
rprouve comme une voie antisociale dacheminement
vers la batitude de ltre non affili.
Thurisme.
Le thurisme soppose au stocisme comme lcole de la
fentre (thurs) soppose lcole du portique (stoa). Le guide thuristique enseigne que nous sommes seuls matres
de ce qui (nous) arrive, jamais de la manire dont les choses
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nous affectent, et encourage pour cette raison le
dveloppement de lexcrasie.
Dividu.
Lanthropologue McKim Mariott propose dappeler
dividuel le type anthropologique rencontr lors de ses
observations en Inde : Les personnes au sens dacteurs
individuels ne sont pas perues comme des individus en
Asie du Sud, cest--dire des units bien dfinies et
indivisibles comme dans la thorie sociale et dans la thorie
psychologique occidentale, ou mme pour le sens commun.
Les personnes semblent plutt considres en Asie du Sud
comme dividuelles ou divisible. Pour exister, les personnes
dividuelles se nourrissent dinfluences matrielles
htrognes. Elles doivent galement cder des particules
de leur substance propre, comme des essences, des rsidus,
ou dautres sources actives dinfluence. Elles peuvent alors
se reproduire dans dautres objets dont la nature est celle
des personnes o elles ont pris naissance . La dividualit
serait le lot oubli de notre personnalit : nous sommes des
palimpsestes perptuellement rcrits et annots par
dautres.
Corps social.
On a souvent pens le corps social ou politique comme
analogue au corps humain ; et combien moins le corps
humain comme analogue au corps social ou politique.
Lthologie rapporte nombre dexemples de socits o la
maladie sinterprte comme le fait dune transgression
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morale ou religieuse7. Le deuil est une mort partage. Les
cas de possession, dautomutilation et de dlires mystiques
lge classique (celui de la raison ) tmoignent de la
rigidit dinstitutions sociales et religieuses qui entravent
lexpression des corps et des esprits. Quand cest le
collectif qui draisonne, cest le fou qui incarne . Le corps
biologique est lexpression privilgie des turpitudes de la
collectivit.
Syntopicit.
Sur le modle de la synchronicit thmatise par Jung, la
syntopicit dsigne loccurrence en un mme lieu dau moins deux vnements sans lien de causalit objective,
mais dont lassociation fait sens pour le sujet. La plupart des
saisons dAmerican Horror Story, en tant quelles dveloppent une hermneutique historique centre sur un
huis-clos, reposent sur le paradigme de la syntopicit. Cest
le cas galement des films dpouvante amricains
impliquant danciens lieux de torture (Amityville), ou des htels btis sur des cimetires indiens (Shining), hants par la mauvaise conscience.
Perceptualisation.
Mise en percept. Pendant de la conceptualisation.
Sujet dans le prdicat.
La conceptualisation leibnizienne de la notion complte
pose la comprhension du prdicat dans le sujet
7 Similairement, le monstre , au sens antique du terme, est un
signe envoy par la divinit pour prvenir ou sanctionner
lhybris.
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(Praedicatum inest subjecto). Le fait de franchir le Rubicon est inhrent la notion de Csar ; Csar ne serait pas Csar
sil ne franchissait pas le Rubicon ( de mme, ajouterons-
nous, le Rubicon ne serait pas le Rubicon si Csar ne le
franchissait pas). Mais quen est-il de la comprhension du
sujet dans le prdicat ? Le prdicat belle enveloppe dans
le monde grec Hlne, le prdicat imptueux implique
le sujet Achille, le prdicat ivre renferme charnellement
Silne et Dionysos.
Substance formelle.
En termes scolastiques, la forme substantielle (forma substantialis) constitue la nature dune chose en imprimant une forme une matire premire. La substance formelle
(substantia formalis) serait donc la matire premire venant remplir une forme prdtermine ( forme qui gt, moiti
dans ton lit ). toutes fins utiles, la forme insubstantielle
dtoure la substance informelle.
Sensibilit protiforme.
Espace et temps selon la Critique de la raison pure sont les deux formes de lintuition (sensibles), lune est un sens
externe, lautre le sens interne. Le philosophe applique
lEsthtique transcendantale les catgories newtoniennes de
lespace et du temps absolu. Beaucoup sen faut que
lensemble des cratures relles ou imaginaires souscrivent
ces catgories. Un espace courbure et un temps
gomtrie variable conviendront mieux peut-tre aux
habitants des rgions inconnues de notre univers, sinon aux
habitants de nos rves. Un tre denvergure cosmique
profitera mieux dune sensibilit relativiste que dune
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sensibilit classique ; la slection naturelle veillera
toujours ce que ses formes a priori de la sensibilit soient les plus adquates relativement son milieu. Chacun
son monde.
Attributs exotiques.
Une seule Substance, pour Spinoza, aussi appele Dieu ou la
Nature. Cette Substance sexprime travers ses attributs,
qui sont en nombre illimit, mais dont nous ne connaissons
que ltendue et la Pense. En vertu de lunicit de la
substance, lordre et la connexion des corps est identique
lordre et la connexion des ides. Lme est lide du
corps, le corps est la matire de lme. Le corps et lme
sont une seule et mme chose conue tantt selon lattribut
tendue, tantt selon lattribut Pense. Sur ce que sont les
autres attributs (et leurs modes respectifs) le philosophe
reste silencieux. nous de les imaginer.
Dieu rveur.
Dieu cr le monde par sa pense . Lhumanit procde
de la pense de Dieu. Lhomme et la femme, Ish et Isha
sont crs limage du couple divin form par Adona et
Ashera8 (Gn 1 : 26) ; un passage mieux connu de la gense
redouble cette cration par le modelage dAdam, androgyne
primordial, dont ve sera extraite (Gn 2 : 7). Et de nous
merveiller du miracle de la cration. Mais tout prendre,
8 La prsence dAshera au ct de Yahv est atteste par les
inscriptions de Kuntillet Ajrud. Tmoignage archologique qui
permet dclairer lemploi systmatique du pluriel pour voquer le
dieu de lAncien Testament (lhbreu ne connat pas de pluriel de
majest).
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navons-nous pas galement cette puissance ? Chaque fois
que nous rvons, ne crons-nous pas des mondes remplis de
multitudes ? Dieu, ce titre, pourrait ntre quun homme
parmi les hommes, qui nous rverait dans son repos du
septime jour. Cependant mme que nous reverrions
notre tour dautres hommes qui nous appelleraient Dieu ,
et ainsi de suite. Et lon nexclura pas que le dernier rv de
la chane ait rv du premier.
Dieu codeur.
Dmiurge, jardinier9, crivain, artiste, architecte, Prince,
interprte, Dieu peut tre tout cela, selon lesprit du temps,
selon la faon dont chaque espace et chaque poque conoit
la cration. La technoscience emblmatique de notre sicle
lintronisera pour sr chimiste, codeur ou gnticien.
Prhumanisme.
Considrant les exactions de lhomme sdentaris
confront la civilisation , laffaissement de son
intelligence, de son savoir, de sa mmoire et de sa volont,
le prhumanisme serait un humanisme. Le bonheur est
dans le pr. Il prend envie de marcher quatre pattes
quand on lit votre ouvrage , ironise Voltaire, homme plat
ventre, au visage Rousseau.
Aprsoccupation.
Ou postoccupation, mode de limpassibilit, de mme que
le souci chez Heidegger est celui de la proccupation.
9 Lhomme est une plante dans le jardin dden, somm dans son
exil de crotre et de fructifier.
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Extrospection.
Recherche des lments de soi dans le non-soi. Inverse de
lintrospection qui senquiert dans le non-soi des lments
du soi. Lextrospection arbore une dimension autotlique si
le non-soi que lon introjecte est dj une projection du soi
(ou une pro-position du Moi, comme dans la Doctrine de la
science de Fichte).
Dgot mimtique.
Ren Girard a mis au jour la dimension mimtique du dsir.
Le dsir est branch sur le dsir de lautre. Le rapport du
sujet lobjet de dsir passe par un mdiateur implicite ou
explicite qui la fois linspire et compromet sa ralisation
(rivalit mimtique). Mais il en va de mme pour lindsir,
le sir . Quoi de plus communicatif que le dgot,
lcurement, la rpugnance ? Tous les dgots ne sont pas
dans la nature.
Dsexprer.
Dsexprer la politique est une priorit. Les cursus
politiques offrent un bagage technique et
communicationnel mais cest l linstrument et non la fin
dun bon gouvernement. Aucune tude ne saurait faire des
docteurs de la dcision . L o est lexpert, faire advenir
le citoyen. Par voie de tirage au sort des rdacteurs de la
constitution, des organismes de veille et des parlementaires
votants.
Ponctuation non standard.
Lintroduction du dans les tracts de la gauche culturelle
( ouvriersres de tous les pays ) a mis en branle la
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sexification de la langue (quon nous pardonne ce tripl
malencontreux). Lcriture inclusive a eu toutefois le
mrite douvrir la voie de nouvelles ponctuations. De
nouveaux types de points pourraient inaugurer de
nouveaux types de phrases, exprimant le sarcasme (), la
citation darrire-penses ( ), la supersuspension (.),
laffirmation dogmatique (), lvasivit (point de fugue : ),
la sincrit (point franc : ), etc., sajoutant la liste des
ponctuations non standards comprenant actuellement le
point dironie ( ), le point exclarrogatif ( ), le point de
posie ( ) et la virgule dexclamation ( hlas ), outre six
points dintonations proposs par Herv Bazin (Plumons loiseau, 1956) : le point de doute ( ), le point de certitude (
), le point dacclamation ( ), le point damour ( ), le
point dautorit ( ), le point dindignation ( ). Sinon, il
reste les smilies.
Langagement.
Mise en jeu dune ralit par le langage. Chaque couleur
conceptualise est une couleur ralise dans le spectre de la
perception. Chaque son thmatis devient une note de la
gamme chromatique ou diatonique, arbitrairement (?) fixe
douze degrs. Chaque texture dsigne par un vocable
devient une sensation ; chaque fragrance tiquete devient
une sentation (Jean-Baptiste Grenouille trouve une
odeur lme), et des armes nous ne gotons, pour ainsi
dire, que ceux que nous avons nomms (combien la palette
gustative des nologues est-elle plus riche que celle de
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Point_d'ironie_de_Alcanter_de_Brahm.svg?uselang=frhttps://commons.wikimedia.org/wiki/File:Interrobang.png?uselang=frhttps://commons.wikimedia.org/wiki/File:Poesie.png?uselang=fr
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lordinaire !). Cest en nommant quAdam participe la
cration10.
Cafologie.
Mettons mal le monopole de la th-ologie. Pour les
gringos qui se lvent tt.
Prception.
Les aveuglements thoriques, tels lignorance pure et
simple des anomalies exprimentales en science) offrent un
exemple dincapacit de la perception semparer des
phnomnes dont elle na pas de prception, pas de concept
perceptif ou de correspondance langagire.
Circonstances du hasard.
Si le principe de raison suffisante sape le concept de libert,
alors il y a moins de hasard des circonstances que de
circonstances du hasard.
Ici-haut.
Nous sommes ici-bas par rapport aux cieux, mais ici-haut
par rapport aux enfers.
Princeps.
Si lhomme saffirme comme tre gnrique (Marx, selon
les Manuscrits de 1844), quel peut donc tre ltre princeps ?
10 Limpositio, par Adam ou Herms, dsigne lacte par lequel dun son vocal est associ arbitrairement (ou pas) une chose.
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Objet divis.
Lacan figure par le symbole $ la division ontologique du
sujet (S) par la barre du langage. Mais la barre du langage
fractionne aussi lobjet (= ). Lobjet nest pas moins
susceptible dune disjonction incluse (Deleuze), la fois
mot et chose : signifiant signifi, signifi signifiant.
Synthessence.
Synthse des quatre ou cinq essences. Dont il rsulte, selon
Le cinquime lment, un gigantesque tir laser capable de dtruire ltoile du Mal (ou quand le cinma foltre dans les
pastels de la culture hippie).
Postmensonge.
Complmentaire de la postvrit (passer la). Dsignation
dune re politico-mdiatique caractrise par une absence
de recoupement entre le fait et le discours, le rel et la
reprsentation, par lin-adequatio intellectus et rei.
Actions tristes.
Spinoza envisage des tristesses et des joies passives (dont
nous ne sommes pas les artisans en tant que notre volont
et la ncessit ne feraient quun), ainsi quune joie active
qui pointe en direction de la batitude (bovine tranquillit
de lme) ; jamais il ne mentionne la possibilit dune
tristesse choisie et non subie, voulue en connaissance de
cause. Nulle part le philosophe ne considre la possibilit
dune souffrance active, qui touche la knose (chez Dieu
et les martyrs) ou la nostalgie chez le commun des
hommes.
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Auxiliaire pistmologique.
Les obstacles pistmologiques sont congnitaux lacte de
connatre, lumire qui projette toujours quelque part des
ombres . Ils sont le fait dune projection de lesprit sur son
objet dimages et de concepts qui le dbordent. Lobstacle
pistmologique est un excs de reprsentation. Un
auxiliaire pistmologique est au contraire le fait dune
tendance de lesprit se dfaire naturellement des images
superflues qui se greffent sur la connaissance que nous
avons de lobjet, pour une vise plus efficite de ce dernier.
Il est une mise en uvre du principe dconomie de pense
mis en lumire par Ernst Mach.
Tlotypes.
Types finaux, offrant un contrepoint a posteriori aux archtypes de Platon (modles) et de Jung (structure
psychique).
Surstantif.
Toute substantivation ou surstantivation grammaticale est
galement essentiation, hypestasie mtaphysique : le verbe
tre donne ltre, ladjectif jeune donne le jeune, ladverbe
pourquoi donne le pourquoi. Juste retour des choses, si lon
admet que tous les verbes, adjectifs, adverbes (et autres)
taient lorigine des noms.
Concr.
Rapport de lhomme au monde. La cration dans la
Gense se fait ainsi par diffrenciation de lesprit et de la
matire. Elle se comprend comme jaillissement de la
Premire Lumire, que lon interprtera comme celle de la
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Conscience (le soleil ne stant pas encore fait jouir). Une interprtation psychologique que beaucoup
d ingtes trouveront tout aussi tratologique que le vin
en canette.
Mentalit prbiologique.
Pense du minral, peu soucieuse des principes didentit,
de non-contradiction et de tiers exclu. On peut douter de
ce quil ait jamais exist une mentalit humaine prlogique
ailleurs que dans la thorie (plus tard dsavoue par
lintress) de Lvy Brhl ; mais une mentalit mtalogique
ou postlogique pourrait tre souhaitable, voire ncessaire
une comprhension plus vaste du monde qui nous entoure.
Pothique.
Quel meilleur terme pour qualifier le projet de
transvaluation moral de Nietzsche, prophtisant la libre
cration (poesis) des normes thiques par le surhomme-artiste ?
Algorythme.
Le concept dalgorythme permet de retrouver la musicalit
que les pythagoriciens mettaient dans les mathmatiques,
et les mathmatiques quils mettaient dans la musicalit. Un
rapport esthtique au nombre, redoubl dun rapport
mathmatique aux sens, dvoile lalgorythmique de la
musique des sphres.
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Salit.
Tout ce qui nest pas propre quelque chose lui est
impropre, cest--dire sale. La salit, cest le biothanol,
comme le clamait Prouthon.
Matrimoine (gntique).
LADN mitochondrial hrit de la mre exclusivement
constitue un matrimoine gntique part entire, distinct
de lADN hybride reu des deux parents.
Temps triangulaire.
Le temps des anciens mondes, extrapol de la priodicit de
la nature, tait cyclique. Le temps scand par le Dieu de la
rvlation est linaire. Le temps des historiens marxistes
propose des variations de mlodies connues. La flche
remplace la roue, puis la spirale remplace la flche. quoi
ressemblerait une conception triangulaire, fauviste,
pluvieuse, cubique, sphrique, gazeuse du temps ?
Inimaginaire.
Inextricablement social, culturel, et symbolique, la
manire de limaginaire selon Lacan.
Propristase.
Le mcanisme de la propristase anticipe le principe de
nertie dans son explication du mouvement des mes.
Communaut intellectuelle.
Inverse de la proprit intellectuelle (donc de la
marchandisation des ides), regrettable oxymore lorigine
de bien des mesquineries pnales. On ne saurait faire dune
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ide son bien priv, se lapproprier au sens de Locke. Les
choses intellectuelles sont comme les flammes de cierges
qui, sans rien perdre de leur intgrit, en enflamment
dautres linfini.
Synthtiques.
Lcole des philosophes synthtiques rivalise avec celle des
analytiques anglo-saxons laquelle elle soppose pied
pied. Les synthtiques prconisent, selon le mot de
Napcar, une obscuration intuitive de la pense , qui
rappelle la pense du labyrinthe des auteurs
mdiveaux . Il sagit dquivociser par le langage les
grandes questions philosophiques en mettant en valeur
leurs diffrents niveaux dinsignification.
Dgoter.
Dpartir de son ego, affranchir du soi propre, afin de
retrouver le commun des mortels.
Transgne.
Gne gender-fluid, dont la juxtaposition compose le code
transgntique.
Psychofrigide.
teint, morne, froid du bulbe. Sur une proposition
dAurlien Barrau, smillant philosophe humaniste et
astrophysicien.
Vendredites.
Idalisations thoriques de lhomme naturel,
complmentaire des robinsonnades que moquait Marx
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chez les penseurs de lconomie politique, en tant que
modlisations fictives dun individu affranchi de tous
rapports sociaux.
Grand frre.
Tiers sparateur qui vient briser lunit fusionnelle de
lenfant-mre en cas dabsence ou de dfaillance du pre.
Cette frustration, selon la thorie freudienne, contraint le
petit dhomme investir le monde et son dsir devient une
tentative toujours insatisfaite pour recouvrer lunit
primitive. Briser les couilles : tel est le rle que
simpartit Pascal, dit le Grand Frre (prcisment), sur
TF1.
Ides nomades.
Contraire aux ides fixes, elles sillonnent les champs
disciplinaires et tracent la voie dune convergence possible.
Palo-ontologie.
Platon voque une entit au-del de ltre, ouvrant le champ une hyper-otologie. Une palo-ontologie
sintresserait aux trits davant les tres, aux
prssences primordiales.
Les nulles parts qui mnent au chemin.
Tentative de rversion dune aventure sans veille
heideggerienne.
Transgenre humain.
Les tudes de genre, souvent otages de la thorie du genre,
augurent une ventuelle thorie du transgenre, que lon
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voudrait appliquer avec succs bien des surrections
archtypales contemporaines, de Klaus Nomi Conchita
Wurst en passant par les freurs Wachowski. Au genre
humain, le transhumanisme substitue le transgenre
humain. Parce quil convient davoir toujours une longueur
davance (comme disait le philosophe Rocco).
Substant.
Sont substants les individus qui nont pour tre aucun
besoin de leurs attributs11. La substance ou lentit
substante apparat donc comme vue de lesprit, une illusion
langagire, aux yeux de ceux qui tiennent que les
substances ne sont que la somme de leurs attributs. Les
substances sont abalitaires (existantes par autre chose)
et non asitaires (existantes par elles-mmes) au mme
titre que les attributs.
Vue du corps.
Illusion gnre par la matire. Si lon concde Nietzsche
que le corps nest quun contrat social pass entre de petites
mes12, les vues de lesprit sont avant tout des vues du
corps.
Htriste.
Captif des reprsentations dautrui. Oppos lexical dautiste,
lequel ne doit pas tre confondu avec autruiste : qui pense
par ou en tant quautrui, non plus quavec antagoste :
loppos du soi.
11 Il ne sagit pas dune blague sur les eunuques. 12 Notre corps nest en effet quune structure sociale compose de
nombreuses mes , Par-del bien et mal, 19.
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Immanit.
Condition de ce qui immane. Objet de limmanatation,
dont la doctrine serait lantithse parfaite de celle de Plotin
(pour qui le monde serait le lumen qui scoule de la lux, une dgurgitation de lUn) : le mouvement de la cration
serait celui dune inhalation plutt que dune exaltation,
dune prcession plutt que dune procession, dune
concentration plutt que dun rayonnement.
Incellence.
Haut degr dinfection, dlvation , contraire de
lexcellence. Incellence (votre, son) serait le titre accord
aux ministres et ambassadeurs de l ignoblesse ,
convaincus de soupriorit morale.
Dlvation.
Contraire d lvation , pour caractriser la chute des
mes, de mme que la drection dcrit la chute des
corps Le contraire de lascension sera la descension, dont
la marquise du Chtelet fait un usage physique propos du
mouvement pendulaire dans sa traduction des Principa de Newton.
Allobiographie.
Toute biographie qui ne serait pas autobiographe est
automatiquement allobiographe. Y a-t-il une mort aprs la
vie ? Si la vie est une fin, la mort doit tre un
commencement (comme en atteste, chez les gyptiens
anciens, le Livre de la sortie au jour). On en jugera aux
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productions de ces genres littraires encore dvelopper
que sont la thanatographie et leschatographie.
Dmiurgie continue.
La Dmiurgie est mise en forme dun chaos. Celle-ci peut
tre continue , cest--dire progressive, de la mme
manire que la Cration divine selon Descartes ou (en un
autre sens) selon les crationnistes volutionnistes
partisans de lIntelligent Design.
Substance replie.
Descartes oppose la substance pensante la substance
tendue. Que faire de la substance replie, tendue ou
dtendue, de la substance relaxe, de la surtance tendue,
replie, tendue ou dtendue ou relaxe ?
Immondialisation.
Enlaidissement global, saccage dune harmonie, dune
convenance, dune cosmtique (mundus) premire.
Intro/extroprtation.
Linterprtation traduit un systme de signes en un autre
systme de signes. Une introprtation traduit le langage
intrieur, une extroprtation celui de la matire en un
idiome accessible notre raison. La psychique est une
forme dintroprtation, et la physique une forme
dextroprtation. Marcile Ficin, aprs Platon, fait de la
musique une introprtation des mouvements de lme.
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Sousinterprtation.
Une sousinterprtation hypotrophie la porte de certains
facteurs, quand une surinterprtation hypertrophie leur
rle.
Corporalisation.
Obtention dplace de la vise de lesprit qui trouve
saccomplir par les voies immdiates de la pulsion, lui
permettant de se satisfaire sur un mode plus grossier
( lipidineux ). Inverse de la spiritualisation chez
Nietzsche.
Cause.
Ne considrer que la causa faciendi, la cause qui fait quune chose est faite conduit mettre sur la touche, pour
des raisons dconomie, lensemble des causae, i.e. des conditions sans lesquelles il ny aurait pas deffets possibles :
le temps, lespace, le mouvement (synthse du temps et de
lespace), la vie (au sens dune rupture dquilibre), les
forces, la pluralit, etc.
Vie.
Tout ce qui prsente une diffrenciation, une rupture de
symtrie, une distinction tmoigne de la vie. La moindre
fluctuation du vide quantique est un clair de vie. La vie est
un chec local de lentropie.
Connaissance du quatrime genre.
Une connaissance peut tre exprimentale (inductive, tire
de lobservation), rationnelle (dductive, tire de la
dfinition) ou immdiate (intuitive). Nous retrouvons ici,
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rangs par ordre de valeur, les trois genres de connaissance
dcrit par Spinoza. Peut-on envisager ce que serait une
connaissance du quatrime genre ?
Htresthsie.
Du grec asthsis, lesthsie dsigne la sensation comme facult et acte. Lautosthsie affirme lalignement dun
organe sensoriel avec son propre champ de perception :
lil voit le visible, loue entend laudible, le toucher sent.
Lhtresthsie indique une inadquation entre le sens et le
senti : lil coute, loue sent, le toucher voit. Beaucoup
daveugles imagent par le toucher. La langue des signes
permet aux sourds dentendre par les yeux ce que
lcriture nous porte dj faire.
Ruminescence.
Le souvenir rumin chez Nietzsche, qui constitue la
religion des historiens, est pour Platon la qute de la
dialectique et lobjet de la maeutique. Si bien que toute
ruminescence est galement rminaissance : qui se
souvient co-nnat.
Materniel.
Relatif la magmatrice , substance premire, universelle,
sans forme ni dtermination. Le fluide materniel,
ensemenc par les ides, enfante les choses.
Animal naturel.
Combien les animaux devraient-ils tre humains, cest--
dire bestiaux, pour seffrayer suffisamment les uns des
autres et fonder un tat ; pour mriter quon amnage
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leur propos la fameuse locution de Plaute : Le loup est un
homme pour le loup ?
Far West.
tat de nature amricain. O limmigr du Nouveau
Monde, dbarqu sur le continent, saffronte lhomme
sauvage pour piller ses richesses. O rgne entre
civiliss la morale aristocratique prconise par
Nietzsche. Mention spciale la srie Westworld, qui westernise le fantasme pouvant de Hobbes et entrine
son anthropologie.
Hobbescurit.
Saillie hobbesienne, disqualifiant lhomme naturel en vue
de lgitimer la rpression dtat.
Matrie.
La mre patrie a pour alter ego le pre matrie. La matrie est
en danger.
Patrice.
La matrice moule, le patrice sculpte. La matrice est
totalitaire dessence, elle forme par adhsion. Le patrice est
dictatorial, il plie par la contrainte. La matrice se dploie
par le surmoi archtypal et materniel qui prescrit la fusion
dans lunit de la totalit (effet Charlie) ; le patrice
reconduit linterdit paternel luvre dans la censure par
le surmoi freudien. Le Patrice est un systme, No. Et ce
systme est notre ennemi.
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uvre errante.
La cause errante, cette ncessit aveugle, ce hasard
dterministe que mentionne Platon dans le Time, faonne une uvre errante. La vie se dcrit difficilement mieux.
Raisonnement absurde.
Non pas ad absurdum, mais purement absurdum. Raisonnement non homologu, qui ne dmontre rien, que
lon produit volontiers pourtant dans les meilleurs ouvrages
de philosophie. Exemple dans le Crpuscule des idoles de Nietzsche, Le cas Socrate II : le criminel type est laid,
Socrate est laid
Dyschronie.
Les utopies, lieux de nulle part, dcrivent des mondes
heureux, les dystopies des royaumes tristes. Aussi, les
uchronies, ces impasss possibles gais, ont pour
contreparties les dyschronies, des impasss funestes.
Impasss.
Passs non advenus, cest--dire non passs. De mme, les
infuturs dsignent les futurs qui ne futureront pas. Dieu
seul peut entrevoir les impasss et infuturs comme des
grains de sable quil peut tout moment crer, choisir ou
dtruire loisir.
Passs possibles.
Les utopistes ne jurent que par les futurs possibles, mais les
passes possibles sont galement lgions. Puisque nexiste,
rigoureusement parlant, que lternel instant.
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Rpulsion universelle.
Le principe de lattraction universelle, qui veut que tous les
corps sattirent en fonction inverse du carr de leur
distance, peut tre subverti sans rien abandonner de sa
puissance descriptive et de sa fcondit. Ne peut-on pas
galement envisager que les corps soient repousss les uns
contre les autres ? En termes relativistes, ce serait dire que
labsence de masse entretiendrait des minences que les
corps contourneraient pour se rejoindre, comme des
gouttes deau sur du bitume mal aras.
Philosophie du peut-tre.
Les attentes de Bachelard sorientent vers une philosophie
du non fonde sur une pistmologie non-cartsienne ,
faisant usage d'une logique non-aristotlicienne . Notre
philosophie du peut-tre aura de quoi faire des sceptiques.
Syndigme.
Fusion-acquisition de paradigmes. Dans son essai
dinterprtation de La Structure des rvolutions scientifiques, Samuel Kuhn fait ressortir le caractre concurrentiel des paradigmes qui se rvoquent selon une
logique dadaptativit. Bien des exemples, dont celui de
lalchimie mcanique anglaise du XVIIe sicle, de
llectromagntisme, de la thorie des quanta et des
thories contemporaines de lunification physique,
indiquent que les paradigmes peuvent aussi collaborer tout
en restant intgres dans un ensemble suprieur, un
superparadigme. Il en va pour lvolution en sciences
comme pour lvolution des formes de vie. Quand les
mules de Darwin, nourris de culture librale et
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individualiste anglo-saxonne, font prvaloir une vision de
la lutte universelle pour la survie, un auteur imprgn
didaux communistes tel que Kropotkine (cf. LEntraide, un facteur de lvolution) proposent une version de la thorie axe sur la coopration inter-spcifique (ce qui
atteste de la sous-dtermination idologique des thories
scientifiques). Les deux phnomnes doivent tre tenus
ensemble, aussi bien dans le cadre de lvolutionnisme
biologique que dans celui de la thorie des paradigmes.
Mtaparadigme.
Prenons le terme paradigme au sens platonicien quil
revt dans la Rpublique. Un paradigme est une instance de comparaison Toutes les instances de comparaison ne se
valent pas pour autant. Tous les paradigmes ne sont pas
galement appropris. Il faut, pour les discriminer, pouvoir
les comparer. Un mta-paradigme est une instance de
comparaison dinstances de comparaison. Pour sr, les
mta-paradigmes ne sauraient tre leur tour
quivalents
Noumnes land.
Plan de limprdicatif, o aucune chose ne peut tre
appele objet .
Cultura cultaurans/culturata.
Inspir de la natura naturans / naturata (nature naturante /
nature), que lon retrouve chez Averros (latinis) et
Spinoza (Ethique I, 29 sq.), ce doublet distingue en raison la culture cratrice de la culture cre.
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Humianits.
Sciences humiennes.
Percept.
Lintellection procde de lintellect, la perception rsulte du
percept. Le percept est aux sens ce que lintellect et aux
essences.
Intelliger.
Lier entre. Lier des informations entre elles. quivalent
pour les concepts de lacte dimagination pour les images.
Idipsit.
Jtais certain, proclame saint Augustin Dieu, que Tu es
vritablement, Toi qui es toujours idem ipse (Confession VII, 20, 26). Dieu, celui qui est (Ego ergo sum), nest que lui-mme (ipse), et toujours identique (idem). Double proprit que restitue le vocable idipsum, figurant dans la traduction latine des Psaumes. Selon la pense juive, Dieu
seul est ce quil est, et seulement ce quil est ; les autres
tres sont tous des composites (cf. le De humanae dignitatis de Pic de la Mirandole). En outre, pour cette raison quil est
lui-mme absolument, Dieu jouit dune pense autonome,
essentiellement originale. Il ne partage cette dotation
quavec les morts, qui sont les vrais vivants , car ne sont
appels vivants que ceux qui produisent des penses
autonomes ce que nous ne faisons pas ou singulirement
peu au cours de notre vie. La maison des vivants est le
nom par lequel sont appels les cimetires juifs.
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Aonnien.
Driv de aon, en son sens hracliten dternit.
Vraidire.
Qui profre un mensonge ment13. Qui dit une vrit vraidit
; do lexpression consacrer : vraidire ... Vraidire
soppose mentir. On peut vraidire par omission.
Prorse.
Choix libre et clair, issu dune dlibration, des moyens
mettre en uvre pour atteindre une fin. Son antonyme est
lantrse. Notons que sil y avait une solution au problme
du libre arbitre et du choix responsable (mais pas
coupable), la philosophie naurait aucune raison dexister.
Mdiveaux.
Les ruminants du troupeau dAristote. Ne commettons pas
lerreur de croire cette poque rvolue, o la redite faisait
autorit.
Test de Dalek.
En rfrence cette ligne extraterrestre de la srie Doctor Who ayant choisi de sacrifier enveloppe matrielle et vie psychique au seul mot dordre destruction . Antithse du
test de Turing, sa condition de russite serait de parvenir
faire croire une machine quelle communique avec une
autre machine, quand elle aurait affaire un humain.
13 Mentir est driv de mens, esprit .
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Exthousiasme.
Si lenthousiasme est impropriation par le divin (ou
endorcisme), lexthousiasme en est lexpropriation.
Harmonie des disques.
Vieille thorie de lharmonie des sphres, rabattue sur un
plan. La musique des disques serait en deux dimensions,
quand la musique des sphres serait en trois. Pour destituer
la sphre de son statut dhonneur sans abdiquer la
perspective, on peut aussi songer lharmonie des cubes, ou
de nimporte quel autre solide de Platon. Quoi que nous
apprenions dEinstein que Dieu ne joue pas aux ds.
Acteur impartial.
Complmentaire du spectateur partial (le spectacteur), pour
une sociologie improbable qui cesserait de penser que
lobservateur peut jamais tre axiologiquement neutre et le
sujet axiologiquement positionn.
Vision en Diable.
Les ides claires et distinctes rsident en Dieu, si lon en
croit Malebranche. Aussi est-ce voir en Dieu que de les
apercevoir. Lattention de lesprit devient une prire
naturelle. quoi ressemblerait une vision en Diable ? Et
mme, quy aviserions-nous ?
Intensit de vrit.
Nous ne croyons pas que la vrit puisse tre une valeur
absolue, ni quelle soit quantifiable ; elle ne peut donc
qutre intensifiable. On parlera dintensits plutt que de
degrs de vrit.
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Agnosologie.
tude de lignorance commune et de ses modalits.
pistmologie ngative.
Un objet scientifique est ce qui reste dun phnomne
quand tout ce que nous y projetons en a t purg. On ne
comprend vraiment ce quest un gne quen comprenant
pourquoi les thorisations et les images dhier ont t
rfutes. Latome moderne, crit Bachelard dans La Philosophie du non, est exactement la somme des critiques auxquelles on soumet son image premire .
Acides anims.
Pendants spirituels des acides amins, qui forment des
molcules spirituelles.
Gnme.
Code gntique dune me (progrme), constitue de ses
quatre (ou cinq) bases nucliques spirituelles,
conformment son homologue corporel. Les mcanismes
dinhibition ou dexpression des gnes spirituels relvent de
lpignme.
Cosmiurge.
Lartisan du cosmos, correcteur du livre de la Nature.
Arrationnel.
Libre de rationalit. Contrairement lirrationalit qui ne
fait que prendre lenvers de la rationalit et limiter
ngativement, larrationnalit lui est indiffrente. La
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rationalit que nous connaissons nest quun point sur la
droite infinie des arrationalits possibles, de mme que les
lments dEuclide ne dcrivent quune gomtrie particulire au nombre dune infinit dautres. Dans la
volire o sont tenues captives les arrationalits, nous ne
saisissons que la plus utile notre impratif despce, la
rationalit , et condamnons du nom dirrationalits
toutes celles qui nous rapprochent de la vrit et nous loignent de la vie.
Apparessence.
Convocation sensible de lessence dune chose. Parence ou
parition (ap-) de lintelligible. Lintelligence, le cur,
sentent les ides et les premiers principes (Pascal). Hume
parle de force des ides, dans un registre mcanique. Lide
de chien ne mord pas, certes ; et pour autant, parfois, la
vrit aveugle. Laffranchi de la caverne de Platon sy brle
les yeux. Nest-ce pas lindice dune sensibilit de lessence,
cest--dire dune essensibilit ? Nest-ce pas le fait dune
apparessence , bientt suivi dune disparessence ?
Tradiction.
En tant quexgse dun savoir pass laune dune culture
et de proccupations prsentes (ce que Heidegger appelle
horizon de prcomprhension ), la tradition est toujours
traduction, donc tradiction. La tradiction est le support du contenu que nous y mettons, le miroir conformant de notre
contemporanit.
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Phtorse.
Corruption, entropie, dispersion de linformation. La
substance chez Aristote connat deux changements
essentiels (non-accidentels) : la gnration, qui la fait natre
et la corruption (phthora), qui la consume. Sil est une gense du monde, des langues, de la pense, de lindividu,
des socits, des religions, des idologies, il est aussi une
phtorse attenante, et des mythes phtortiques. Peut-tre
mme, comme en tmoignent les mcanismes de
lapoptose, existe-t-il un code phtortique imbriqu au code
gntique, une embryophtorse14, une phylophtortique.
Homoose.
Inverse de lalloose. Conformation, similation, devenir-
semblable . lenfant roi Zagreus dilacr (furie du
diasparagmos) par les titans, dans la doctrine orphique. Dieu selon Pythagore (Stobe, Ecl. VI, 3). Au Christ pour les chrtiens (Imitatio Christi). Lhomoose concerne galement le diable dans la kabbale juive et certaines
branches de lexgse chrtienne. Imitatio diabolica : le diable est lombre de Dieu la surface de leau. Mais il nen
est que lombre, le faux-semblant, littralement lidole. Ce
qui nest pas sans poser la question de savoir comment
Dieu, lumire archtypale (et tymologie), peut projeter
une ombre.
Catalepsie.
La tenue ferme en main des phantasma (reprsentations) est le critre de la vrit chez certains stociens tels que
14 Jean-Claude Ameisen, La sculpture du vivant : le suicide cellulaire ou la mort cratrice, Seuil, 2011.
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Chrysippe, Antipater, Apollodore. La prhension fait
lvidence. Tomber en catalepsie signifie donc com-
prendre, et slever en analepsie : disprendre.
gritude.
Aegritudo dsigne chez Cicron la maladie qui dvaste lhomme intrieur. Souffrance morale.
Presbygogie.
levage des seniors. Plus laborieuse que la pdagogie, sil
est vrai que lapprentissage procde majoritairement par
inhibition de schmas cognitifs inadquats, que les anciens
trs vnrables ont blanchis par le temps et momifi par
lexprience.
Ergologie.
Ressortissant au vocabulaire mdical, philosophique ou
thologique, ltiologie dsigne la recherche des causes.
Lergologie (pas confondre avec son synonyme des sciences
sociales) est donc ltude des uvres et des effets. Il est
souvent plus difficile de dgager leffet dune entit (surtout
lorsquil sagit dun mot) que sa cause.
Principe duvre suffisante.
Le principe de raison suffisante admet que tout tre possde
une cause. Nous postulons le principe duvre suffisante,
selon lequel tout tre a un effet. Il ne saurait en effet y
avoir moins de causes que deffets.
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Cause dernire.
La cause premire, savoir les principes (selon la sagesse
grecque) ou Dieu (selon la tradition chrtienne), est le
produit dappel ; la cause dernire est la fin de srie ,
dernier maillon de la chane de la causalit qui voit se
dployer luvre de la nature. On ne peut exclure que la
chane soit circulaire et que son dernier maillon soit
galement le premier (ou le deuxime, ou le troisime
quimporte si le temps est cyclique). Alors
laccomplissement du monde (la fin dun cycle) serait
galement son origine, savoir les principes ou Dieu.
Involont.
La puissance de linvolont nest pas limpuissance de la
volont. Linvolont, comme en attestent les bhikkhu au
soleil du Bouddha, dlivre de la soif . Laffranchissement
des formations karmiques conditionne laccs au nirvna.
Toutefois, au grand dam de Schopenhauer, lextinction de
la volont ne peut bien entendu tre le fait dun acte
volontaire.
Alloose.
Altration. Changement statique.
Aoriste.
Le mouvement chez Aristote, la khra chez Platon, la matire chez Plotin sont indtermins (aoristos). Ils ne sont pas dlimits, nont pas de contours nets : ce sont des
aoristes. Certains concepts, oprations, objets, ne peuvent
tre circonscrits dans ltendue ni dans la pense. Ce qui
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accuse limpossibilit de donner une dfinition qui ne soit
pas une ddfinition de ce qui na pas de dfinition.
Enmort.
Si vivre, cest dsirer, comme Spinoza le laisse entendre ; si
tre en vie signifie tre envie, alors il se peut qutre en mort signifie tre enmort, quoiquhonntement nous ne sachions encore ce que cela signifie.
Hnologie.
Chaque dieu, selon Proclus, constitue une unit parfaite
dont la pense culmine au-del de la pense, et la vie au-
del de la vie, exerant une activit universelle (Thologie, 113-133). Lhnologie, en tant qutude de lUn avec une
majuscule, est la philosophie ce que lhnothisme, culte
de lUn, est la religion.
Phrontique.
Relatif lintelligence, exerant son discernement.
Euthumie.
Bien-tre que les stociens, minimalistes, caractrisent
comme le non-tre du mal-tre. Si le bien-tre des stociens
se vit comme une absence de maux corporels et spirituels,
le mal-tre pourrait rciproquement concrtiser labsence
de biens corporels et spirituels. En somme Jai perdu le
fil.
pcen.
Transcendant, de pkena, au-del : le bien est au-del de ltre , crit Platon (Rpublique VI, 509b) ; ce qui est au-
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del de ltre est aussi au-del de la pense ajoute Plotin
(Ennades V, VI, 6).
nothisme.
En panne confondre avec son homonyme hnothisme .
Religion dionysiaque, pour qui prfre le vin dici lau-
del, comme le disait Pierre Dac.
Dinde.
Chaque dieu est une dinde.
La tomme.
La tomme de Dmocrite a trop longtemps rejet dans les
oubliettes de lhistoire les doctrines pastorales faisant de la
tomme de Savoie et de la tomme de Chvre les constituants
ultimes de la matire.
Horismatique.
Dfinitoire. Exquisement cuistre.
Membricit.
Fait dtre membre, participant dune totalicit.
Illiminer.
Action dilluminer en liminant. Purifier un cristal, un
corps ou un esprit, cest donc lilliminer. Le Grand-uvre
est illimination de la matire. Ne pas confondre avec
luminer.
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luminer.
Action dliminer en illuminant. On peut luminer une
ombre, un mystre, une obscurit On ne peut en
revanche luminer les sources de lumire, ou ce qui en
tient lieu dans la mtaphysique, cest--dire les notions
premires ou les premiers principes, qui se sentent par le
cur selon Pascal (Penses, frg. 110), et en vertu desquels toute chose peut tre lucide.
Non-tant.
De mme quil y a le non-tre, pendant de ltre, le non-
tant fait pendant ltant. Le non-tant renvoie cette
catgorie dobjets encore dfinir qui ne relve ni de ltre,
ni de ltant, ni du non-tre.
Montologie.
Les astronomes sont familiers du paradoxe voulant que
pour bien observer un corps cleste, on regarde un peu
ct. Une mtaphysique qui tirerait les leons de cette
curiosit optique fonderait la montologie. Celle-ci nest
autre quune manire dontologie ngative ( m
exprimant la ngation), sur le modle de la thologie et de
la phnomnologie ngatives, dites galement
apophantiques. Le montique concerne ce qui est impropre
aux tres concrets, perus, dtermins. Il conscrit le non-
tre par numration de ltre.
Catamnse.
Lanamnse est la remonte (ana) du souvenir (mnm) la mmoire. La catamnse est sa chute lotophage au royaume
de loubli.
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Impliciter.
Recouvrir (implicitus : envelopp), emmitoufler un phnomne dans louate dune thorie. Une implicitation
est le contraire dune explicitation.
Letheia. La vrit des Grecs, suivant lacception tymologique du
terme aletheia, nest pas critrise par la conformit de la pense avec le monde (adequatio intellectus et rei), ou par la cohrence dun systme de propositions censes rendre
raison du monde ( sauver les apparences ), ou par le fait
de sa fonctionnalit, de son utilit, de son adaption (fait
dtre adapt) au monde. Elle est le non-oubli, ce qui na
pas t perdu. La letheia est au contraire loubli dvorateur qui ronge et qui corrompt.
Dv-orateur.
Agorte gourmand. Sophiste prdateur.
Intellect naturant/natur.
Lintellect produit la connaissance, tout en tant lui-mme
le produit de la connaissance.
Disprendre.
On com-prend en situant linformation a-prise dans un
systme de connaissances. On disprend en captant
linformation sans la lier dautres, si bien quon la possde
sans lintgrer. La dispressance, qui peut faire loi dans le
cadre du psittacisme rcitatif (dune posie, dune morale
religieuse, dun verset scientifique), est le seul mode
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dapprhension de notions mtaphysiques rcalcitrantes ou
transcendantes comme (par ordre de grandeur) Dieu,
lInfini, Tout.
Sinessance.
Lapprhension (dune information) sans la comprhension
relve de la sinessance, oppose la connaissance.
Connessence.
Connaissance intuitive des essences singulires, proche de
la connaissance du troisime genre quimagine Spinoza.
Facult proverbiale des sexeurs de poussin.
Vide.
Il faut apprendre voir non pas le vide comme un dfaut de
matire, mais la matire comme un dfaut de vide ; non pas
le manque comme une dchirure dans le tissu de ltre,
mais ltre comme une faille dans le continuum du manque.
Pleindre.
Quand on est vide, on se pleint. Et rciproquement.
Plein.
Le plein est une imperfection de limperfection, un vide du
vide, un nant du nant, une bance de la bance, une
vacance de vacance, une privation de privation, une vanit
de vanit, une absence de labsence, un dsert du dsert. La
nature a horreur du plein.
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Viduit.
Inverse de la plnitude. Aussi prsente dans lordre de
ltendue (espace entre les corps clestes ; espace entre
noyau et lectrons) que dans celui de la pense ( ).
Raison agite.
Hume nous dcouvre le fonds passionnel de lentendement.
Il faut comprendre la raison comme une passion calme .
Peut-on comprendre la passion comme une raison
agite ?
Matrialisme transcendantal.
quoi soppose lidalisme transcendantal de Kant, sinon
un matrialisme transcendantal qui postulerait que nous ne
connaissons que des noumnes, savoir les choses
indpendamment des formes de la perception sensible et
des catgories de lentendement, la faveur dune intuition
intellectuelle ? Ce matrialisme serait un idalisme
empirique, en cela quil remettrait potentiellement en cause
lexistence dune ralit extrieure lesprit (lequel est seul
organe de perception).
Conffect.
Conglomrat daffects, de mme que le syndrome est un
conglomrat de symptmes. Inffect, deffect, perffects sont
autant dtats dme compagnons des affects.
Monde--ltre
Nous disons volontiers que nous sommes dans le monde ,
sans tre de ce monde . Que le monde serait autour de
nous. Pourquoi le monde ne serait-il pas en nous, et nous
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autour du monde ? Pourquoi le monde ne serait-il pas notre
intriorit, et notre corps sa priphrie ? Ny a-t-il pas
plus de choses dans notre philosophie (Horatio) que dans le
ciel et sur la terre ?
Tot.
La premire Doctrine de la science ou de la conscience de Fichte tablit que le Moi nest concevable quautant quil
est conscience dobjets ; il est en position parce quen
opposition. Il y a donc auto-position du Moi dans la
conscience, intentionnelle ou transitive par nature (il ny a
pas de conscience pure, mais que des consciences de). La
Mot, puisque cest delle quil est question, aura pour
corrlats logiques dans un cadre simulipsiste la Tot, la
Lut, et cetera desunt.
Communipsisme.
La question lancinante de la philosophie moderne
implicitement pose avec Descartes, Kant, Berkeley, et qui
ne se trouvait pas dans le phnomnisme grec, a trait
lexistence dune extriorit la conscience. La tentation du
solipsisme a t constamment rejete par lensemble de ces
auteurs raison darguments, pas toujours convaincants,
protestant du communipsisme.
Acharit.
Lacharit est un amour dsordonn, une haine de Dieu qui
abaisse lme au-dessous delle-mme, cest--dire bien
souvent son niveau. Lhomme est un tre naturellement
bas.
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Damne.
Condition essentielle de la Perte, inverse de la Grce qui
pourvoit au Salut. Le Damne sera gratuit ou mrit, selon
quon opte pour un augustinisme ou un plagianisme
diabologique. Indamnit : condition de la crature
immunise contre le Damne, perptuellement indamne.
Perte.
Inverse du salut, qui sobtient par les uvres ou par le
Damne.
Cancre intrieur.
Nous avons lignorance autant que la vrit infuse. Cest ce
quAugustin aurait pu exciper du fait que nous nignorons
rien et ne nous trompons pas en vertu du contenu ou de
linterprtation de la parole du locuteur, mais par le
consentement que nous leur accordons.
Degr dimploitation.
Le degr dimploitation (dim-plication) ou taux de moins-
value sexprime comme le rapport de la moins-value tire
du travail imploit et du travail variable (salaire).
Repos, surrepos, repos socialement ncessaire.
La valeur dune marchandise se mesure aussi au temps de
repos socialement ncessaire sa fabrication. Le repos
comme le travail participe du mtabolisme de lhomme
avec la nature
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Malsain esprit.
Si ltre diabolique est analogue Dieu, lui galement se
prsente comme trin : un Diable, trois Personnes. Au nom
du Pervers, de la fille et du malsain esprit.
Principe deffet suffisant.
Le principe de raison suffisante postule quil ny a pas
deffet sans cause dterminante, pas de passage lacte sans
un choix pralable, pas de choix sans motif. Nous
exprimentons pourtant que les raisons dagir ne sont bien
souvent que des fabrications posthumes, des justifications.
Leffet prcde sa cause, au moins dans le registre humain.
Formules exotiques des systmes dchange.
En rgime prcapitaliste, les marchandises (M) schangent
contre des sommes dargent (A), lesquelles servent lachat
de nouvelles marchandises, ncessaires lentretien du
cycle de production. La formule de lchange marchand
scrit donc M-A-M. Le systme dchange capitalisme (ou
captaliste ) permute les fins et les moyens. Largent sert
lachat de marchandises, dont la seule fin est dtre
revendues un prix suprieur (en vertu de la valeur ajoute
par le sur-travail). La formule gnrale du capital est
donc A-M-A o correspond au profit ralis. Dautres
systmes dchange, et donc dautres formules peuvent tre
envisages, dont le fameux A-A qui correspond la
spculation bancaire et lusure : largent fait de largent
($ !). M-M serait un troc amlior, au moins pour lune
des deux parties sauf sil sagit de marchandise humaine,
force de travail qui produit davantage que sa
consommation. On tombe avec le M-A-M dans la
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spculation marchande : une uvre dart peu recherche
une poque peut prendre de la valeur et tre revendue -n
fois son prix dachat.
Imitatio mundi. Limitation de ce que Time appelle lharmonie divine des
mouvements du monde est la tche que Platon affecte
lhomme. Ctait limitation des mouvements parfaits,
intelligibles, des astres que lhomme doit diriger son me et
informer son corps. Le macrocosme cosmique joue par
rapport au microcosme humain le rle de paradigme et de
modle. Mais nest-ce pas lunivers, tout bien considr, qui
imite lordre et le dsordre de lhomme ? Lhomme na-t-il
pas taill le monde au ciseau de ses concepts ? Ne la-t-il pas
model laune des formes de sa sensibilit ? Ne la-t-il pas
astreint sa logique ? Le monde que nous habitons, notre
milieu (Umwelt au sens de Uexkll), est-il rien autre chose que le reflet de nos aspirations, attentes, besoins et
intrts ? Un monde qui prend modle sur nous ?
Harmonie diabolique.
On mconnat leffort intellectuel et logistique que
ncessite la mise en place dun authentique systme du
mal . Lenfer est une machine mticuleuse,
diaboliquement prcise, qui ne doit concder de bien que
ce qui est ncessaire la prexistence du mal : lespoir. Cf.
les supplices du Tartare.
Dysharmonie divine.
Trahie par les implications de la questio vexata des thologiens : comment concilier lexistence du mal avec
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lomnipotence, l omnibonence et la sagesse de Dieu ? Si
Dieu est tout-puissant et bon, le mal tmoigne de son
manque de sagacit. Si Dieu est tout-puissant et sage, le mal
tmoigne de ce quil ne veut pas le bien. Si Dieu est sage et
bon mais que le mal existe, cest quil nest pas tout-
puissant. Lun doit cder lautre, ou lautre lun des
attributs moraux de Dieu. Dans tous les cas, il y a
disproportionnalit entre des absolus.
Il existe cependant une possibilit de prserver les attributs
de Dieu. Si Dieu est tout puissant et bon et quon ne peut
lui en imputer la cause, cest que le mal est le mfait dune
entit dont Dieu nest pas lauteur. Telle est loption
manichenne. Cinquime et ultime possibilit : le mal
nexiste pas. Voir Spinoza.
Omnibonence.
La toute-bont, complmentaire de lomniscience et de
lomnipotence de Dieu.
Hominiscience.
quivalent latin de lanthropologie. ne pas confondre
avec lhominescence de Michel Serre (prends donc la taille
au-dessus).
Quatrime fonction.
Dumzil dgageait une tripartition fonctionnelle en
arrire-plan de lidologie indo-europenne. On la retrouve
ainsi dans la Belle Cit de Platon, divise en producteurs,
gardiens auxiliaires et gouvernants. Le mythe de lge dor
revisit par lauteur des Dialogues assigne chacun de ces
groupes un mtal : bronze, argent, or, tout en mnageant la
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possibilit de transmutation, cest--dire de sur- et de
sousclassement pour les individus mritants. Quelle serait
le statut dune quatrime fonction ? Et qui la peuplerait ?
Assurment, les marginaux, les voleurs et les fous, que lon
ne saurait ranger dans aucune des prcdentes.
Throrie.
Les throries sont les gardiennes de lignorance acquise.
Elles sont des thories dgnres, sclroses, enkystes,
devenues dogmes ou hyperthses. Empchant toute remise
en cause dans un champ du savoir, elles prtent leurs
instigateurs le monopole de la pens autorise. Pierre
dangle du throrisme intellectuel.
En Throrie, tout ne se passe pas bien.
Thorisme.
Terreur de dieu. Le thorisme fut longtemps employ en
sciences pour dcrdibiliser une thorie qui ne rendrait pas
adquatement la perfection de Dieu. ne pas confondre
avec le therorisme, sauf rinvestir le sens quattribuait aux
idoles Bacon.
Diathme.
Dsigne le poudroiement des diverses connaissances
porteuses dune multitude dides. Lart des diathmes est
anti-architectonique.
Avoir passion.
Pourquoi ne pourrait-on avoir passion de quelquun si
lon peut en avoir raison ? Rendre passion ? Ou mme avoir
passion, sans phrase, comme disait Marx, lorsquon ressent
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droitement ? Que serait un principe de passion suffisante ?
quoi ressemblerait une recta passio, une ultima passio ?
Moinsvalue, sousvaleur.
La production de moinsvalue ou de sousvaleur (pour
adhrer aux nouvelles traductions du Capital) serait la fonction spcifique dun systme authentiquement
anticapitaliste. Cette sous-valeur serait produite dans la
priode de sous-travail, durant laquelle la valeur produite
par la force de travail reste infrieure au cot dentretien de
cette mme force de travail (le salaire). La ralisation
montaire de la sousvaleur est la perte.
Nescience, inscience.
Soppose la conscience, sans pour autant relever de
linconscient. Linscience ou la nescience traduit une
inattention soi, et suppose lincapacit revenir sur soi-
mme. Elle est laction du soi hors de soi-mme, tourn
vers lextrieur. Indissociable des recouvertes, elle est
parfois quivalente la facult doubli (de soi).
Notion incomplte.
Concept dfinissant dfectivement la nature dune chose ou
dun individu, enveloppant une partie seulement de ses
dterminations. La notion incomplte est sans gluten, sans
sel, sans lactose et sans OGM.
Passion/ptir historique.
Soppose laction ou lagir historique chez Marx.
Doctrine selon laquelle lesprit ou laction ont moins part
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au devenir historique que le ptir des masses en priode
critique rvolutionnaire : la souffrance dtermine lhistoire.
Sciencer.
lever des fadaises de marbre entre rgions de la
connaissance. Dcouper (schizein) en petites sciences, en petites tranches de discours appeles spcialits. Inverse du
savoir. Comme dirait Heidegger en fin de digestion, la
pense ne science pas .
Savance.
Le scientifique sen rfre la science, le croyant la
croyance, le savant la savance, lignorant tout le monde.
Asocialisme, asocialisme rel.
Les tiquettes de socialisme rel ou socialisme dans un seul
pays dguisent le fait que le socialisme stalinien ne fut rien
dautre quun capitalisme bureaucratique dtat. La chose
devait tre rappele, qui rend comprhensible le fait que
Marx sentant venir la rcupration se dclara anti-marxiste.
Lasocialisme serait loppos du socialisme (qui devait
selon Marx faire suite la phase transitoire, ngative et
insuffisante du communisme comme dictature du
proltariat) un systme consacrant tous azimuts le rgne de
la proprit prive, cest--dire prive de toute dimension
sociale. La forme avenir du capitalisme mondialis.
Lutte/pratique volutionnaire, volitionnaire.
Le capitalisme, par ses contradictions internes (tension
entre les forces productives et les moyens de production,
loi de la baisse tendancielle des taux de profit), permet et
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sollicite le communisme. la pratique ou lutte
volutionnaire dentriner cette transition.
conomie de la critique politique.
Marx sous-titrait Le Capital critique de lconomie politique , critique signifiant laboration dune science
dvoilant par contraste lconomie politique classique
comme un jeu dintrts privs doctrinaliss et naturaliss.
Luvre anticommuniste par inversion, Le Travail de Xram, livrera au contraire lconomie de la critique politique.
Matriologie.
La matriologie, sur le modle de lidologie, est le le
langage la vie relle . Si bien que les matrialits ont leur
raison inscrite dans lhypertexte idel, anhistorique et
apolitique. Les ides sont donc radicales ; elles souchent les
choses et la conscience ancre la vie.
Modes de consommation.
Le devenir historique est abord par Marx comme une suite
de modes de production. Mais lon sait par le mme auteur
la compntration, sinon lidentit de fait de la production
et de la consommation, ce qui rend lgitime la
conceptualisation des modes de consommation.
Sursomption.
La sursomption du capitalisme peut tre relle ou formelle.
Bien.
Le bien comme entit nexiste pas, il est labsence de mal.
Le bien ne peut se dfinir quen considration dune
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ralit : le mal. Le bien est un dfaut, une carence, une
faille, un vice dans le tissu du mal. On ne peut sentendre
sur la signification du bien sans rfrence la perfection
ontologique du mal. De mme le froid nest-il quune
absence de chaleur, le bien est le non-tre du mal. En
inversant notre Augustin : toute nature, pour vicieuse (=
dfectueuse) quelle soit, est mala en tant que nature, et bona en tant que dfectueuse (Enchiridion, 4, 13. Traduction dlictueuse). En ce sens, la considration de
lun-bien de la doctrine sotrique platonicienne est le
premier impair de la philosophie.
Banani.
Inverse du pch, commis par vice, qui loigne de Dieu, le
banani nous reconduit dans la voie du Seigneur. La liste
des pchs capitaux mentionns par Thomas dAquin est en
ralit un catalogue des vices, si bien que la notion de
pch navait pas jusquici de contrepoint dans le
vocabulaire thologique. Un banani peut tre vniel ou
mortel, selon qui le bnit.
Si la morale se dduit de lontologie et que le mal seul a
lexistence de manire positive et absolue (cf. notice bien
), alors le banani (antithse du pch) nest pas une chose
qui est ; il est une privation de ce qui est (= doit tre).
Fugure.
Visage sans cesse recomposant, support communicant de la
vie des sentiments, porteur comme le visage chez Levinas,
dune exigence thique.
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Cit du Diable.
Deux amours, note Augustin, ont rig deux cits
entremles : lamour dautrui aveugle Dieu fit la cit de
lhomme, lamour de Dieu jusquau mpris de soi la cit de
Dieu. Quelle place et quel amour pour la cit des Anges ?
Pour la cit du Diable ? Y a-t-il en plus de la Jrusalem
cleste et de la Jrusalem terrestre, une Jrusalem
chthonienne ? Y a-t-il une banlieue de Dieu ?
Anticit.
Il faut prendre revers la dfinition mtaphysique de la
cit pour approcher le concept danticit. Lanticit serait
ainsi la multiplicit dune unit de natures, de puissances et
de fonctions indistinctes vivant une vie spare. La pense
grecque tait hante par le problme ( ra
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