bsm - mai 2012
Post on 14-Mar-2016
231 Views
Preview:
DESCRIPTION
TRANSCRIPT
GHN BSM Bulletin de santé mondiale — Global Health Newsletter
Volume 5 Numéro 2
Mai 2011
S’impliquer Par ticipateS’impliquer Par ticipateS’impliquer Par ticipate
2
S’impliquer—Participate IFMSA-Québec
Climat = santé
Au début de l’année, lorsque j’ai lu cette
phrase pour la première fois, j’étais assez sep-
tique. Les changements climatiques, vrai-
ment ? Il faut dire que j’en savais très peu sur
le sujet, et encore moins sur ses impacts au
niveau de la santé mondiale.
Je lisais au début janvier sur Internet que le
réchauffement climatique pourrait décimer
l’industrie du cacao, estimée à plus de 9 mil-
liards de dollars. Une question m’est venue
en tête : comment vais-je survivre l’intensité
des fins de session sans mon moka quoti-
dien ? J’appréhende déjà les répercussions
négatives sur ma santé mentale… Plus sérieu-
sement, je lisais récemment que plus de 150
vols avaient été annulés à Pékin en raison de
la pollution atmosphérique. Si l’air n’est
même plus assez sain pour que les avions
puissent voler, comment peut-il l’être pour
des poumons humains ? On aurait annoncé
cette nouvelle il y a quelques années, et peu
auraient cru en son réalisme.
Aujourd’hui, la réalité aujourd’hui est toute
autre : les changements climatiques se sont
définitivement installés dans notre quotidien.
Les impacts environnementaux, vous les con-
naissez. Vous en entendez parler depuis votre
jeune âge. Recycler, réutiliser, récupérer. Ne
pas gaspiller d’eau. Fermer les lumières
quand vous sortez d’une pièce. Une petite
chanson qui a tellement joué dans nos
oreilles qu’on en a oublié sa signification, sa
raison d’être et ses implications.
Claudel Pétrin-Desrosiers
Coordonnatrice locale, Comité de Santé mon-
diale (SCOGH), Université de Montréal
La situation devient beaucoup plus intéressante
lorsqu’on considère les changements clima-
tiques dans une perspective de santé : votre
santé, la santé de votre famille, mais aussi la
santé des sept autres milliards d’humains sur
cette planète. Le réchauffement climatique mo-
difiera l’évolution et la distribution des mala-
dies, principalement celles qui se transmettent
par vecteurs, comme la malaria, la fièvre den-
gue, l’E. Coli entérohémorragique, la salmo-
nelle et plusieurs autres. Elles vont élargir leur
territoire d’attaque, deviendront plus résis-
tantes aux antibiotiques et affecteront encore
plus de gens. Le réchauffement provoquera
aussi plus de vagues de chaleur, mortelles pour
les personnes âgées et celles atteintes de mala-
dies chroniques cardio-respiratoires. La qualité
de l’air se verra diminuée, engendrant plus
d’infections des voies respiratoires inférieures
et de maladies pulmonaires obstructives chro-
niques.
Nous pouvons aussi prévoir une hausse consi-
dérable d’évènements météorologiques ex-
trêmes, comme les inondations au Pakistan
(2010) et en Asie du Sud (2011) ou encore la
sécheresse dans la corne de l’Afrique. Consé-
quences ? Des infrastructures complètement
détruites, des conditions de vie précaires, des
millions de sans-abris, un accès difficile à l’eau
potable, des soins de santé réduits, etc. La
baisse de la disponibilité d’eau potable est aus-
si un facteur à considérer, car elle peut aug-
menter l’incidence des diarrhées contactées par
de l’eau contaminée et diminuer le débit des
cours d’eau. Encore plus, le réchauffement cli-
matique s’attaquera à la production alimen-
taire, en modifiant les conditions optimales
sous lesquelles les grains se cultivent. Nous
pouvons déjà prévoir plus de mauvaises ré-
coles et plus de sécheresses, conduisant à une
malnutrition aigüe et chronique, qui va tou-
cher plus particulièrement les enfants de cinq
ans et moins dans les pays à faible et moyen
revenu. Et c’est sans parler des millions, voir
des milliards de réfugiés climatiques.
« Climate change is the big-gest global health threat of the 21st century. »
The Lancet.
3
Bulletin de santé mondiale—Global Health Newsletter
Dans ce numéro :
Climat = santé Claudel Pétrin-Desrosiers
2
Les droits humains et la méde-cine Andrés Felipe Gil
4
Un aperçu de la santé mater-nelle au Pérou Groupe Pérou—Iquitos 2010-2011
6
Une belle rentrée IFMSA-Québec à Saguenay Emy Martineau-Rheault
10
Humanitarian action : Problem-solving without issue crea-ting Francis Rossignol
11
Un aperçu de—A taste of August Meeting 2011 Sabrina Provost Laurence Bernard Anne-Sophie Thommeret-Carrière Khadija Benomar Marc-André Lavallée
13
Il va sans dire qu’une très forte corré-
lation entre les changements clima-
tiques et les déterminants sociaux de
la santé existe. De plus en plus de pu-
blications considèrent l’environnement
comme un de ces déterminants, au
même titre que l’éducation ou le reve-
nu familial. Rappelons que les déter-
minants sociaux de la santé sont défi-
n i s p a r l ’ O M S c o m m e l e s
« circonstances dans lesquelles les indi-
vidus naissent, grandissent, vivent,
travaillent et vieillissent ». Selon The
Lancet, « climate change will have its
greatest effects on those who have the
least access to world’s resources and
who have contributed the least to its
cause ».
Je ne suis peut-être pas ce qu’on ap-
pelle une « écolo » typique, mais j’ai
pourtant toutes les raisons du monde
de me préoccuper des changements
climatiques. Nous sommes déjà plus
de sept milliards d’humains sur terre,
un 5% qui consomme 23% de l’éner-
gie mondiale, un 13% qui n’a pas ac-
cès à l’eau potable et un 38% qui n’a
pas de services d’assainissement adé-
quats. Nous sommes sept milliards et
nous ne manquons pas d’espace :
nous manquons d’équilibre, d’équité
et d’égalité. Par ailleurs, le Colloque
de Santé mondiale d’IFMSA-Québec,
qui s’est tenu les 24 et 25 mars pro-
chains à l’Université de Montréal, a eu
pour thème 7 milliards … en santé?
C’est un évènement qui fut extrême-
ment intéressant, enrichissant et perti-
nent, puisqu’il a considéré la nouvelle
vision de la santé que nous devons
adopter.
Depuis quelques mois, une cam-
pagne internationale intitulée Climat
= Santé a été lancée par IFMSA afin
de sensibiliser la population sur les
enjeux de santé liés à l’environne-
ment et aux changements clima-
tiques. Touchant de plein fouet la
santé mondiale, le SCOGH de l’Uni-
versité de Montréal a repris la cam-
pagne en novembre dernier. Divers
projets sont en cours de réalisation et
le visionnement d’un documentaire
sur ce sujet sera organisé au prin-
temps. De plus, plusieurs organisa-
tions membres d’Amérique latine se
sont dites intéressées par un projet
commun sur cette thématique ac-
tuelle et c’est pourquoi je travaille
présentement avec eux pour voir ce
qu’il serait possible d’accomplir. La
santé d’individus à travers le monde
est en jeu et nous avons encore le
pouvoir d’agir et de faire une diffé-
rence. Tâchons de ne pas perdre
cette chance.
Je vous laisse sur quelques mots du
rapport final de la Commission sur
les déterminants sociaux de l’OMS.
« Of course climate change has pro-
found implications for the global
system – how it affects the way of
life and health of individuals and the
planet. We need to bring the two
agendas of health equity and climate
change together. Our core concerns
with health equity must be part of
the global community balancing the
needs of social and economic devel-
opment of the whole global popula-
tion, health equity and the urgency
of dealing with climate change. »
4
S’impliquer—Participate IFMSA-Québec
Les droits humains et la médecine Les droits humains font partie intégrante de la
vie d’une personne, de sa naissance jusqu’à sa
mort. L’histoire associe plusieurs récits à la
protection des individus. Que ce soit les dix
commandements de la Bible, le Cylindre de
Cyrus ou tout autre document, l’homme a
cherché à se protéger et à protéger les autres,
depuis bien longtemps, par un code accepté
par l’ensemble de la population. La naissance
des droits humains, mais surtout leur univer-
salisation, font de nous ce que nous sommes
aujourd’hui : des êtres libres.
Dans le monde médical, cela fut encore plus
important. Si vous pensez au serment d’Hip-
pocrate, vous avez visé juste. Ce traité, soute-
nant un engagement profond de la part des
pratiquants de la profession médicale à dé-
montrer en tout temps compassion et intégri-
té à l’égard des patients, a apporté une di-
mension humaine, de respect et de dignité à
la médecine actuelle; un terrain propice à la
sensibilisation des droits humains aujourd’hui.
Imaginez simplement ce que serait la méde-
cine sans la dimension humaine qu’elle pos-
sède?
Les atteintes aux droits humains sont généra-
lement associées à la torture, aux crimes de
guerre, au racisme ou à toute autre forme de
discrimination. C’est vrai, mais c’est bien plus
que cela. En effet, les articles 3 et 25 de la
Déclaration universelle des droits de l’homme
établissent le droit à la vie et le droit à un
niveau de vie suffisant pour assurer sa santé,
son bien-être et ceux de sa famille. Deux
points de grande importance lorsqu’on pense
aux déterminants sociaux de la santé. En
somme, si au premier regard, le rôle de la
médecine dans la promotion de la paix et des
droits humains semble difficile à définir, ceux-
ci sont en fait beaucoup plus interreliés que
ce que l’on peut croire.
Assez dit, en médecine les droits humains sont
d’une importance majeure ! C’est pour ces
raisons que j’ai décidé d'introduire le Standing
Committee On human Rights and Peace
(SCORP) d'IFMSA dans le jeune campus satel-
lite de l’Université de Montréal à Trois-
Rivières.
Nous avons commencé l’année en grand en
posant un premier geste concret, à la façon
d’un conquistador proclamant la souveraineté
d’un territoire avec un drapeau planté sur ces
terres mauriciennes (ou avec une croix comme
Jacques Cartier). La semaine consacrée aux
populations urbaines négligées visait à sensibili-
ser les étudiants en médecine à la réalité vécue
par certains groupes d’individus qui appartien-
nent à une strate vulnérable et souvent cachée
ou oubliée de notre société. Cette semaine a
eu lieu dans tous les campus universitaires de
médecine du Québec où le SCORP est actif,
entre le 7 et le 11 novembre 2011.
À Trois-Rivières plus particulièrement, nous
avons réalisé deux activités visant à sensibiliser
les étudiants à la réalité des gens de la rue.
Premièrement, nous avons invité, pour une
conférence, monsieur Jean Beaulieu, un artiste
de la région qui s’est donné comme mission la
réinsertion sociale des jeunes de la rue par le
biais de l’art. Il a partagé avec nous l’historique
des ateliers ART-GO, institution dans laquelle
des jeunes ayant vécu dans la rue s’investissent
dans la conception de vitraux, dont certains
ont été exposés lors du 400e anniversaire de la
ville de Québec. D’autres vitraux décorent le
vieux port de Trois-Rivières ou rendent hom-
mage des personnalités telles que Michel Trem-
blay. M. Beaulieu nous a parlé de la réalité à
laquelle ces personnes doivent faire face à tous
les jours. Les difficultés rencontrées sont
énormes, encore plus lorsqu’ils sont victimes
Andrés Felipe Gil
Coordonnateur local, Comité Droits humains
et paix (SCORP) IFMSA-Québec, Univer-
sité de Montréal—Campus Mauricie
5
Bulletin de santé mondiale—Global Health Newsletter
de préjugés. Il a mis l’accent sur l’im-
portance que la confiance en soi a
chez ces personnes. Il nous a montré
que, qui que nous soyons, nous méri-
tons d’être traités comme l’être hu-
main que nous sommes (i.e. avec res-
pect et humanité). Cette discussion, je
l'espère, saura mieux nous guider au
moment de prendre soin des patients
placés dans cette situation, où la com-
préhension de la souffrance du patient
est un maillon important à l'établisse-
ment de la relation médecin-patient.
Deuxièmement, nous avons réalisé un
Bake-a-thon. Il s’agit d’un marathon
de conception de biscuits et muffins
santé que nous avons offert en don à
l’organisme Point de Rue, situé au
centre-ville de Trois-Rivières. Cet orga-
nisme nourrit gratuitement les per-
sonnes de la rue pendant toute l’an-
née, avec très peu de subventions. La
vingtaine d’étudiants ayant participé à
l’activité a produit plus de 200 muf-
fins et biscuits. De plus, une personne
de la direction a même décidé de
faire des pâtisseries avec sa famille et
nous en a fait don pour l’organisme.
Lors de la remise du don, nous
avons pu constater, par les sourires
et la gentillesse des jeunes présents à
l’atelier, l’appréciation et la portée
du geste. L’initiative a tellement été
appréciée, autant par les étudiants
que par les responsables de Point de
Rue, que nous considérons répéter
l’expérience dans un avenir rappro-
ché. Nous ne pouvions demander
mieux!
Nous avions de grands espoirs pour
cette semaine de sensibilisation. En
effet, nous voulions montrer aux
étudiants de notre campus que la
pauvreté est un phénomène n'étant
pas exclusif aux pays sous-
développés ni aux ghettos des
grandes villes, mais qu'ici à Trois-
Rivières cela existe aussi. Aussi, nous
voulions montrer que le moindre
geste peut avoir des grandes consé-
quences dans notre entourage. Évi-
demment, nos actions ne se compa-
rent pas aux besoins de la population,
mais en étant conscientisés, nous
avons fait un pas dans la bonne direc-
tion. Un autre but visé par ces activi-
tés était de démontrer la variété de
projets et comités dont s’occupe
IFMSA-Québec, en dehors de Sexperts
et des stages internationaux. Nous
considérons que nous avons atteint
avec succès nos objectifs de participa-
tion et nous osons croire que SCORP
veut maintenant dire quelque chose
auprès des étudiants de notre campus.
Outre la 2e édition du Bake-a-thon,
plusieurs projets couvrant la santé des
autochtones, les réfugiés politiques et
les travailleuses du sexe sont en cours
de réalisation. Le SCORP Mauricie
s’est installé pour de bon dans notre
campus et nous espérons que nos ac-
tions soient le geste qui fait la diffé-
rence.
6
S’impliquer—Participate IFMSA-Québec
Un aperçu de la santé maternelle au Pérou
Arianne Bédard Antoine Marsan Fannie Ouradou Quinn Thomas
Marie-Luce de Varennes
Groupe Pérou—Iquitos 2010-2011, Comité Immer-
sions, (SCOI) IFMSA-Québec
Le groupe et le stage
Nous sommes un groupe de 5 étudiants en
médecine (Arianne Bédard, Antoine Mar-
san, Fannie Ouradou, Quinn Thomas et
Marie-Luce de Varennes) ayant réalisé un
stage d’observation médicale lors de l’été
2011 à Iquitos, la plus grande ville de la
forêt amazonienne du Pérou. Par l’entre-
mise du Standing Committee On Intenatio-
nal Initiatives (SCOI), nous avons eu la
chance de partager le quotidien de profes-
sionnels de la santé de l’hôpital Apoyo
d’Iquitos pour une période d’un mois au
cours de laquelle nous nous sommes fami-
liarisés avec les divers enjeux du système de
santé péruvien et en avons ainsi mieux saisi
la dynamique. En regard de cette expé-
rience, la santé maternelle est unanime-
ment le sujet nous ayant le plus touché et
c’est pourquoi nous désirons aujourd’hui
partager avec vous notre impression sur
cette problématique. En effet, lors de notre
bref séjour d’une semaine au département
de gynécologie-obstétrique nous avons été
confrontés à de nouvelles situations telles
que l’avortement qui est illégal au Pérou,
les pratiques traditionnelles d’accouche-
ment, les inégalités entre les genres et la
pauvreté omniprésente qui ont suscité de
nombreuses réflexions.
Photo :
Le groupe Pérou—Iquitos 2010-2011 du SCOI devant l’hôpital Apoyo d’Iquitos, avec (de gauche à droite) : Arianne Bédard, Marie-Luce de Varennes, An-toine Marsan, Fannie Ouradou et Quinn Thomas
Portrait global
La santé maternelle constitue l’un des enjeux
les plus importants du Pérou, puisque le pays
compte rehausser la qualité de son système
de santé en misant sur la promotion de celle-
ci. De nombreuses études nous montrent des
chiffres inquiétants : taux de mortalité mater-
nelle au 2e rang en Amérique du Sud avec
une moyenne de 410 décès par 100 000
naissances vivantes (contre 9 dans les pays
développés), présence de complications obs-
tétriques sérieuses dans 15% des grossesses,
investissement d’aussi peu que 1,4% du PIB
dans la santé (taux le plus bas en Amérique
du Sud), etc. Ces résultats reflètent d’abord
et avant tout une inégalité profonde et géné-
ralisée au sein du pays. Économiquement, le
Pérou est considéré comme un pays à reve-
nus moyens et se situe au 15e rang dans la
liste des pays connaissant la répartition la
plus inégale des revenus. Le quart de la po-
pulation vit dans des conditions qualifiées de
pauvreté extrême : 50% en milieu rural
contre 10% en milieu urbain. La pauvreté
touche surtout les Indigènes qui constituent
près de la moitié de la population totale
(47%). Une étude sur les césariennes dé-
montre l’inégalité flagrante corrélant entre
soins et revenus. On estime normal pour un
endroit déterminé un taux de césarienne
7
Bulletin de santé mondiale—Global Health Newsletter
Un problème d’accessibilité...
entre 5 et 15%, puisqu’inévitablement
5% des grossesses nécessitent cette
chirurgie suite à une complication. À
Huancavelica et à Puno, où les taux
de pauvreté sont des plus importants
au pays, le taux de césarienne était de
3%, ce qui signifie que plusieurs
femmes sont décédées faute d’avoir
eu droit à l’opération. Au contraire,
on estime à 25% le taux de césa-
riennes en 2000 à Lima, ce qui in-
dique une surutilisation pour des mo-
tifs autres que ceux de la santé : incita-
tions financières, etc.
La distribution hétérogène des sites
de santé fait des Indigènes et des
plus pauvres les premières victimes
des lacunes du système de santé et
du manque de ressources du pays.
En effet, les hôpitaux, les sites de
soins, de biens et de services, tout
comme les sites de soins d’urgence
en obstétrique (EmOC), sont con-
centrés dans les grands centres et
délaissent ainsi une proportion im-
portante de la population qui ne
peut profiter de ces services pour
différentes raisons : éloignement,
manque de transport, absence de
routes praticables, etc. Bien que le
gouvernement ait tenté de remédier
au problème en créant plus de mai-
sons d’attente maternelle (chambres
culturellement adaptées aux com-
munautés et dont le but est d’ac-
cueillir les femmes en voie d’accou-
cher vivant loin des centres de san-
té), le manque de transport vers ces
endroits demeure un problème de
taille, tout comme celui de la pénu-
rie de travailleurs et d’équipement
en milieu rural. Ceci a pour effet de
nuire au suivi des femmes enceintes,
d’empêcher la promotion de la
grossesse sécuritaire et saine, tout
comme de restreindre l’information
sur la contraception, la planification
familiale et les soins auxquels les
femmes ont droit par la couverture
du SIS (Seguro Integral de Salud),
assurance donnant une protection
aux personnes vivant en situation
précaire et n’ayant pas accès à
d’autres assurances. 10% des Péru-
viennes estiment que l’on n’a pas
répondu à leur demande de contra-
ception.
Légende : Naissances assistées par un professionnel de la santé qualifié par quintile de revenus (1)
Les populations indigènes et le système de santé
Aux problèmes de ressources et d’ac-
cessibilité s’ajoute celui de la diver-
gence entre les valeurs des Indigènes
et des intervenants en santé. Le Pé-
rou puise sa richesse culturelle à
même 71 groupes ethniques diffé-
rents, dont 5 millions d’individus
parlent le Quecha. Les Indigènes par-
lent peu ou pas l’espagnol, mis à
part les hommes qui voyagent à l’ex-
térieur. Et à l’inverse, les interve-
nants ne maîtrisent guère les rudi-
ments du Quecha, ce qui nuit au
dialogue et à la compréhension mu-
tuelle entre patient et médecin.
Ajoutons à cela que les informations
de santé sont, la majorité du temps,
en espagnol et qu’il n’y a pas suffi-
samment d’interprètes pour combler
les besoins. Les femmes indigènes
sont particulièrement touchées par
cette réalité, puisqu’elles ont rare-
ment l’occasion de pratiquer la
langue espagnole et que leur éduca-
tion est souvent négligée. De plus, le
manque d’acheminement de l’infor-
mation empêche l’apprivoisement
des techniques médicales modernes,
ce qui crée un malaise chez les
femmes et ce qui les amène à privilé-
gier un mode d’accouchement tradi-
tionnel malgré le risque accru de
mortalité. Afin de contrer ce phéno-
mène, les intervenants sont encoura-
gés à pratiquer la méthode d’accou-
chement à la verticale qui convient
mieux aux traditions des Indigènes.
Malgré cela, plusieurs femmes hési-
tent à consulter les professionnels de
la santé à cause de mauvaises expé-
riences antérieures où elles ont reçu
de mauvais traitements et où elles
ont été stigmatisées.
8
S’impliquer—Participate IFMSA-Québec
Un aperçu de la santé maternelle au Pérou (suite)
Les relations hommes—femmes
L’inégalité dans les rapports
hommes-femmes aggrave les diffé-
rentes problématiques liées à la san-
té maternelle. La femme indigène ne
semble pas posséder le plein droit
de rechercher des soins de santé
lorsqu’elle le juge nécessaire,
puisque l’homme prend lui aussi
part au processus décisionnel. Cela
est vrai même si la femme risque
d’avoir des séquelles permanentes
par absence de consultation médi-
cale. La femme manque ainsi d’em-
prise sur sa vie privée, qu’il s’agisse
de l’intégrité de son corps, du choix
d’avoir des relations sexuelles ou de
celui de l’espacement entre les gros-
sesses.
Légende : Causes de mortalité reliées à la grossesse au Pérou (2007) (2)
Le gouvernement et la san-té
L’impact gouvernemental se traduit
aussi via une législation restrictive
concernant certains aspects de la
vie privée de la femme. Pour ce
qui est de la loi sur l’avortement
thérapeutique à l’article 119 du
Code Pénal Péruvien, elle stipule
qu’un avortement peut être effec-
tué par un médecin avec le consen-
tement de la femme enceinte ou de
son représentant légal si c’est le
seul moyen de sauver la vie de la
mère ou de prévenir un dommage
grave et permanent à la santé de
cette dernière. La loi fait exclusion
de tout dommage pouvant porter
atteinte à la santé de la mère. Or,
plusieurs femmes répondant aux
critères de la loi sont néanmoins
non traitées, comme le témoigne le
cas d’une jeune fille qui a donné
naissance à un enfant anencéphale.
Finalement, celles qui ne répon-
dent pas aux critères choisiront
entre garder l’enfant ou recourir à
un avortement clandestin avec les
risques qui y sont associés.
On constate ainsi qu’une intervention
dans la santé maternelle demande une
action à plusieurs niveaux visant le
redressement de diverses inégalités :
les revenus, le genre, la culture, la dis-
tribution des sites de santé et la législa-
tion, pour ne nommer que ceux abor-
dés dans le présent article. Elle néces-
site aussi la résolution de l’accessibilité
aux soins d’urgences obstétricales dont
l’échec actuel s’explique par les délais
pour prendre la décision de rechercher
des soins, pour arriver aux soins obsté-
tricaux d’urgence et pour recevoir le
traitement approprié.
Réalité sur le terrain
Plusieurs cas au département de gy-
nécologie-obstétrique ont été pro-
pices à la réflexion. Celui nous ayant
le plus marqué est l’histoire d’une
jeune patiente de 16 ans, entrée
d’urgence au bloc opératoire pour
un diagnostic de grossesse ecto-
pique. Son jeune âge est certes l’un
des aspects les plus frappants au pre-
mier abord, mais nous avons rapide-
ment constaté qu’il est loin d’être
rare d’avoir une première grossesse
à cet âge dans la province de Loreto,
en Amazonie, et qu’avoir déjà plu-
sieurs enfants avant l’âge de 20 ans
n’a rien d’exceptionnel. Le deuxième
étonnement fut celui de réaliser que
la patiente était encore consciente.
Mais comme il est ici de norme, pas
d’anesthésie générale, seulement une
épidurale pour une grande majorité
des chirurgies. Il n’empêche que,
malgré ces quelques chocs culturels,
tout semble bien aller dans la salle
d’opération, jusqu’à ce que le gyné-
cologue lance un juron : il ne s’agis-
9
Bulletin de santé mondiale—Global Health Newsletter
sait pas d’une grossesse ectopique,
mais bien d’une salpingite!
Un aparté s’impose. Dans cette région,
une fois une césarienne pratiquée, les
autres enfants seront obligatoirement
délivrés par cette méthode. De plus,
après trois césariennes, il y a ligature
automatique des trompes de Fallope,
et ce, avec ou sans le consentement de
la femme. Les conséquences sont im-
menses pour cette jeune patiente de
16 ans, qui était dès lors condamnée à
n’avoir que deux enfants au maximum
pour une chirurgie qui n’était pas né-
cessaire. Cela peut ne pas sembler dra-
matique, mais dans cet environnement
défavorisé où les familles sont nom-
breuses, avoir ce genre de limitations
peut avoir un grand impact.
On pourrait débattre longtemps de la
source du problème. Était-ce le mau-
vais diagnostic fait par les soignants de
première ligne qui ont mal interprété
cette douleur abdominale avec β-hCG
négatif ou était-ce la faute du gynéco-
logue qui n’a pas revu le dossier? De-
vrait-on plutôt rejeter la responsabilité
au système de santé et ses règles
strictes, ou encore à cette société qui
n’a pas les moyens de faire autrement?
Il est extrêmement difficile pour nous
de regarder objectivement ce cas sans
tomber dans le jugement de valeur et
le dénigrement. Cependant, une chose
est certaine, les évènements se sont
alignés de façon à exposer cette pa-
tiente à un traitement inapproprié et
ultimement à restreindre son potentiel
reproductif.
L’enfant dans tout ça
Iquitos n’est pas la ville la plus riche
du Pérou. Autrefois reconnue pour
ses arbres à caoutchouc, l’économie
de cette ville repose maintenant
presque juste sur la pêche et la ve-
nue de touristes voulant goûter à la
beauté de l’Amazonie. Rajoutons
que cette ville est relativement iso-
lée puisqu’elle est inaccessible par la
route et que ses seules voies d’accès
reposent sur l’aviation et la naviga-
tion. Les vivres coûtent donc plus
cher là-bas qu’ailleurs au pays. Dans
ses conditions, il ne faut pas s’éton-
ner qu’une proportion appréciable
de la population vive dans une pau-
vreté extrême et que les enfants en
soient les premières victimes. Un cas
rencontré dans le département de
pédiatrie illustre bien cette dure réali-
té.
Nouvellement admise, une petite
fille d’à peine un an est avec sa
mère. Le signe de la bannière et
l‘abdomen distendu laissent présager
un état de malnutrition sévère. Sa
mère a 17 ans et son deuxième en-
fant semble n’être qu’à un ou deux
mois de la naissance. Un question-
naire nous apprend qu’elle vit seule
et qu’elle est sans emploi.
Le plan d’action ? Nourrir l’enfant
pendant son hospitalisation afin de
corriger sa malnutrition, sans plus,
puisque pallier aux épisodes sévères
ou à leurs rechutes, c’est tout ce que
l’hôpital peut faire avec les res-
sources dont il dispose. Avec le peu
de filet social qui existe au Pérou, il y
a peu d’espoir que cette jeune fa-
mille reçoive un soutien externe lors-
que l’enfant sortira. Les médecins
nous l’ont tous dit : ce genre de cas
revient à l’hôpital tôt ou tard. Et
inutile de s’illusionner, le problème
ne s’améliorera pas pour cette jeune
famille qui aura bientôt une deu-
xième bouche à nourrir.
Conclusion
Les deux cas que nous avons dé-
crits sont malheureusement loin
d’être isolés et bien que des me-
sures plus globales doivent être
entreprises pour redresser la situa-
tion au Pérou, nous avons pris
notre courage à deux mains et
avons réalisé un court projet en lien
avec la santé maternelle.
Pendant la 5e et dernière semaine que
nous avons passée à Iquitos, nous
avons donné des cours de santé
sexuelle aux trois dernières années
d’une école secondaire du coin en
nous basant sur le programme Sex-
perts. Le contenu de l’activité reposait
principalement sur les méthodes de
contraception, l’utilisation du con-
dom, les relations sexuelles à risque de
grossesse et les mythes ou réalités de
la sexualité. Les jeux et l’animation
ont généralement été fort appréciés
des étudiants et du corps enseignant,
puisqu’il y avait peu, sinon aucun,
cours d’éducation sexuelle dans les
écoles secondaires de la région. L’ex-
périence a été si positive que l’école
souhaiterait même répéter l’expé-
rience avec les prochaines cohortes
d’étudiants canadiens qui viendraient
à Iquitos dans les années subséquentes.
Il va sans dire que cet humble succès
nous a redonné espoir après avoir
vécu plusieurs moments émouvants au
cours de notre immersion à l’hôpital.
Rajoutons que le Pérou a déjà com-
mencé à prendre en main les rênes de
la problématique; les réformes les plus
récentes concernant la mortalité ma-
ternelle et infantile sont concentrées
sur les huit régions les plus démunies :
Puno, Cuzco, Apurimac I et II, Ayacu-
cho, Huancavelica, Huanuco et Bagua.
Le pays est d’ailleurs soumis à un en-
gagement sur les objectifs du Millé-
naire, dont le 5e en liste concerne la
santé maternelle.
Références
1. Deadly Delays, Maternal Mortality in Peru :
A Rights-Based Approach to Safe Mother-
hood (Physicians for Human Rights)
2. Fatal Flaws : Barriers to Maternal Health
(Amnesty international)
10
S’impliquer—Participate IFMSA-Québec
Une belle rentrée IFMSA-Québec à Saguenay
Emy Martineau-Rheault
Étudiante en médecine, Université de Sher-
brooke, campus Sague-nay, CREMUSACIDI
CREMUSACIDI : Comité Régional des Étu-
diant(e)s en Médecine de l’Université de
Sherbrooke À Chicoutimi Intéressés aux
Dossiers Internationaux. C’est le groupe
responsable des activités IFMSA au campus
de formation médicale à Saguenay. Malgré
qu’il ne soit encore qu’un jeune poupon de
18 mois, nous sommes fiers de vous présen-
ter les accomplissements de notre comité
cet automne! Dès la première réunion, un
nombre record de 30 participants (sur les
quelque 90 étudiants en médecine présents
au pavillon) se sont présentés, manifestant
un intérêt particulier pour les causes inter-
nationales et communautaires. Cela nous a
permis de fonder 4 sous-comités, respecti-
vement en charge des projets de confé-
rence, d’OSMOSE, de sensibilisation aux
sujets internationaux et des stages en com-
munauté.
Premier projet : initier les premières années
aux opportunités de stages médicaux à
l’étranger. Pour ce faire, une dizaine d’étu-
diants de deuxième et troisième année ont
présenté leur expérience d’été au Bénin
(SCOI), au Mexique (SCOPE) et au August-
Meeting d’IFMSA au Danemark. Diapora-
mas, mets typiques et vêtements du pays,
tout était en place pour donner la piqûre
du voyage et le goût de l’aventure! Nos
conférenciers ont également pris soin
d’éclairer les intéressés sur les dates, le fi-
nancement, la préparation et les autres
informations importantes à connaître avant
l’inscription.
En parallèle, les membres du CREMUSACI-
DI ont également su recruter 26 étudiants
comme nouveaux animateurs OSMOSE.
Ces derniers, qui ont suivi une formation
complète avec 3 médecins-psychiatres, ont
déjà commencé à offrir une dizaine d’ate-
liers sur la santé mentale dans les écoles
secondaires de la région. Animateurs, pro-
fesseurs et élèves sont d’un avis unanime :
l’expérience est fort intéressante et encore
une vingtaine d’autres présentations sont pré-
vues pour l’hiver. L’expérience Sexperts, quant
à elle, continue d’évoluer et gagne de plus en
plus d’écoles de la région du Saguenay – Lac-
Saint-Jean.
Le comité Sensibilisation a aussi participé aux
activités automnales d’IFMSA à Chicoutimi : le
31 octobre, peu de jours après la journée na-
tionale pour le don d’organe, une vingtaine
de membres du CREMUSACIDI ont profité de
la tradition d’Halloween pour faire du porte-à
-porte et distribuer dépliants et autocollants
pour le don d’organes. L’événement, pour
lequel nous avions également un kiosque au
pavillon principal de l’UQAC, fut même cou-
vert par quelques journaux locaux tels que
« Le Quotidien ».
Enfin, certains membres du CREMUSACIDI se
sont penchés sur le projet InCommunity et ont
entrepris des démarches pour faire des stages
en communauté au Saguenay et évaluer la
possibilité d’organiser des stages communau-
taires pour les étudiants d’autres universités.
Bref, ça a bougé au campus Saguenay cet au-
tomne, et cela n’est pas près d’être terminé!
Au programme pour le reste de 2012 : événe-
ments de sensibilisation pour la journée de la
femme, conférences sur des problématiques
internationales et d’environnement, souper-
conférence sur la médecine communautaire,
ateliers OSMOSE… N’oublions pas de remer-
cier tous nos membres et notre super coor-
donnatrice locale pour leur grande implication
sans laquelle tout cela ne serait pas devenu
réalité! Bravo à tous et à toutes!
11
Bulletin de santé mondiale—Global Health Newsletter
Humanitarian action : Problem-solving without issue creating
Francis Rossignol
Head Editor Global Health Newsletter
IFMSA-Québec
The humanitarian model revolves around
two central ideas: saving lives and relieving
suffering.1 When a crisis occurs, such actions
should be guided by humanity, impartiality,
neutrality and independence.2 Many differ-
ent actors play a role in the humanitarian
world (individuals, NGOs, governments,
United Nations OCHA). Such goals are sure-
ly praiseworthy, but what are ways in which
we can attain them? What about the hidden
objectives beneath those efforts? In this arti-
cle, we will take a look on some of the
problems present in different humanitarian
actions undertaken over the last decades.
To attain certain goals, humanitarian actors
utilize means which can cause unwanted
effects on the existing systems. For example,
local economy and delivery of health ser-
vices can be affected in the long run.
Local economies can be impaired by new
products imported from foreign countries,
especially when they are purchased at a
cheaper price than the local production.
This may seem a favorable way to relieve
the fiscal demands of basic needs such as
eating, but it also threatens the livelihood of
local producers whom cannot be competi-
tive against automated productions availa-
ble in most industrialized countries. In the
long run, the local production is unable to
survive, which increases unemployment,
and exacerbates dependence on foreign
help, as it is the case for rice provisions in
Haiti.3
The delivery of health services can also be
greatly altered. Many NGOs operate in dif-
ferent countries without taking into consid-
eration the availability of resources in the
aftermath of their departure. The availabil-
ity of medication in the long run, the possi-
bility to keep the new equipment function-
al, and the training of local workers to effec-
tively use those resources should be empha-
sized.3-4
From personal experience in Benin,
a distribution program of free antiretroviral
therapy for HIV seropositive persons was lim-
ited by the lack of medication for all infected
persons. Patients who received medication
one month could not be sure they would re-
ceive it next month. Moreover, some devices
at the hospital had been dysfunctional and
physically broken for many months, and no-
body could repair the equipment efficiently.
This was the same situation for a water pump
which had been installed in the village by a
well-intentioned team, but was not function-
ing properly. It seemed that the likelihood of
it ever being repaired was low. Those exam-
ples illustrate how good-intentioned pro-
grams may fail to attain their goal as they lack
follow-through and forward planning. Even if
a program seems adequate when implanted,
it may not last for long and may fail to attain
its objectives.
Some other problems faced by nowadays hu-
manitarian projects are inherent to the hu-
manitarian teams themselves. An interesting
article about this is Welling and al.’s Seven
Sins of Humanitarian Medicine.4 It describes
how certain humanitarian teams do not take
care of actions already undertaken by other
organizations, how they fail to have a follow-
up plan, to match local needs, to go where
they are desired and how their members may
choose to do the right thing for not necessari-
ly the right reasons. They report how hu-
manitarian medicine sometimes fails to offer a
long-lasting support, by assuring a permanent
presence or by training local providers to of-
fer the services; or how politics, “making
good pictures”, the thrill for an exotic vaca-
tion or the gain of secondary advantages
(such as enhancing resumes) can underlie
some of the work done overseas. They sug-
gest that teams should take care of what is
wanted, needed, and what will keep their
intervention lasting. They should also consult
other organizations, make a well thought out
plan covering forseen issues, and keep an
humble attitude.
12
S’impliquer—Participate IFMSA-Québec
Humanitarian action : how to solve problems without creating some more (more) Some people volunteer in humanitari-
an action without being able to take
care of themselves or with an underly-
ing condition which precluded their
work. They may have no way to as-
sure their water or food supply, have
no shelter, and no way to preserve
their security. Moreover, if they do not
have the physical conditions necessary
to sustain their presence, the well-
organized teams have an additional
burden to evacuate them, preventing
them to effectively help those who
need it in a crisis situation. They might
have the best intentions, but their un-
considered decisions and lack of prepa-
ration may add a stress to an already
problematic situation and redirect the
help initially meant for a population in
need to some kind but impetuous vol-
unteers.3
One of the big problems reported by
many authors is the existence of ten-
sions between actors involved in the
humanitarian space. It may occur be-
tween the different NGOs and help
agencies. Many NGOs operating in a
same place, for a same cause, also
compete for the same funds. The
NGOs that will be the most effective,
at least on paper or in mass media, will
have the most money to pursue its
operations.4 This leads some organiza-
tions to say that they are the spear-
head of operations in a country, and
to lead political and mass media inter-
ventions. It could be called the
“humanitarian aid industry”, and ob-
scures the work of smaller local NGOs,
some of which may be more implant-
ed in the country, and splits efforts
instead of making the organizations
work together toward the same goal.5
Many other actors are implicated in
humanitarian spaces, and each of them
enters in conflict on at least some
points. The humanitarian teams may
struggle between delivering help and
accepting conditions to do so, such
as having to treat with local militias
which are at the heart of the conflict.
Also, they are in tension with mili-
tary and political actions. Some lead-
ers may be tempted to use humani-
tarian help as a negotiation tool with
the opposed group. They may ask
the teams to deliver help only to
populations on the presumed “right
side” of the conflict, or to act as an
instrument to consolidate the transi-
tional government placed by the in-
ternational community.
Moreover, humanitarian groups must
deal with the different objectives of
their local, national and international
partners, whom may want to have
more visibility or raise more money.
A great example is the Somalian war,
where humanitarian teams were in
the middle of a conflict between
armed militias, stabilization efforts of
different countries and armies, and
interest of their sponsors.6 Each
group was trying to earn support
through humanitarian teams, which
almost became hostages of the situa-
tion. To have access to the popula-
tion’s needs, they needed to negoci-
ate with military and paramilitary
organizations. This situation indirect-
ly gave funds to rebellion groups
against the transitional government,
which helped to maintain the ongo-
ing conflict. Such situations illustrate
the opposition between short term
objectives (such as delivering food to
displaced populations) and long term
goals (such as providing an end to a
conflict between two groups).
These problems do not discredit the
importance of humanitarian actions
throughout the world. It only brings
to light that even with the best inten-
tions, we need to think about how
to deal with the problems that may
arise and focus on prevention. Some
interesting solutions are already on the
table. Ouyang and Gruskin7 present a
rights-based approach which could be
helpful as much for the immediate
relief than years after, focusing on a
multi - sectoria l response; non-
discrimination; participation of the
communities and populations; availa-
bility, accessibility, acceptability and
quality of services; and finally trans-
parency and accountability. Others
suggest cooperation between actors,
especially between NGOs themselves
and the local population; the comple-
tion of a follow-up plan; education of
local partners; preparation, selection
and briefing of volunteer properly;
ensuring volunteers’ security and
needs before their arrival; and align-
ment with local governmental and
non-governmental goals, especially in
public health. Taking those steps and
going even further, notably by taking
more cost-effective measures, may
further reduce mortality and could
help to reach the goals of all humani-
tarian action: save lives and relieve
suffering.
1.United Nations Office for the Coordination of
Humanitarian Affairs, Policy, http://
www.unocha.org
2.Principles and Good Practice of Humanitarian
Donorship, Stockholm, 2003
3.Jobe, K, Disaster relief in post-earthquake
Haiti : Unintended consequences of humani-
tarian volunteerism, Travel Medicine and In-
fectious Disease, 2011, volume 9, p. 1-5
4.Welling, DR and al. , Seven Sins of Humanitar-
ian Medicine, World Journal or Surgery, 2010,
34:466-470
5.Growth of aid and the decline of humanitari-
anism, Editorial in The Lancet, Jan 2010
6.Menkhaus, K., Stabilisation and humanitarian
access in a collapsed state : the Somali case,
Disasters, 2010, 34(S3):S320-S341
7.Ouyang, H and Gruskin, S, Human rights and
humanitarian assistance: helping health profes-
sionals lead the way in Haiti and beyond,
Medicine, Conflict and Survival, 26(3), 195-
198, 2010
13
Bulletin de santé mondiale—Global Health Newsletter
Un aperçu du—A taste of August Meeting 2011
En préparation pour le prochain August Meeting 2012, le Bulletin de santé mondiale vous propose quelques expériences vécues par des participants de la précédente édition.
As the August Meeting 2012 is getting closer every day, the Global Health Newsletter shares with you experiences lived by some of the participants of the last edition.
Vivre un AM - Sabrina Provost
Une expérience fantastique, à la fois enrichissante et sti-
mulante : vivre une assemblée générale d’IFMSA.
Quand on « débute » dans IFMSA-Québec, on est
d’abord charmé par l’étendue des sujets abordés par l’or-
ganisme. On est aussi attiré par l’entrain et la motivation
de ses membres. On peut parfois être attiré par plus d’un
comité, on sent qu’on doit faire un choix, on donne
notre 100%, on veut changer le monde ! Participer à
l’assemblée générale, c’est tout ça... fois mille ! C’est être
entouré des étudiants en médecine les plus passionnés, et
ce sans arrêt pendant une semaine ! De quoi revenir au
Québec la tête remplie d’idées et de nouveaux projets à
partager !
Une assemblée générale, c’est aussi :
Assister à des sessions de comité. Ça veut dire ren-
contrer des gens de partout dans le monde, qui
ont les mêmes intérêts que toi, mais aussi qui vi-
vent un quotidien parfois complètement différent
dans leur pays. C’est quelque chose qui m’a beau-
coup touché que d’entendre les témoignages
d’autres étudiants sur des problématiques quasi-
inexistantes au Québec.
Participer à la « foire aux projets », une occasion
rêvée de constater tout le fourmillement de
chaque pays, de voir ce que font concrètement les
étudiants, et surtout, de s’inspirer de leurs projets
et d’en faire les nôtres au Québec !
L’occasion de faire partie d’un petit groupe de
travail sur une problématique bien précise. C’est
un travail d’équipe duquel découle une résolution,
et des moyens tangibles pour la réaliser. C’est la
contribution de chacun pour améliorer les choses,
petit à petit !
Un programme social des plus déchaînés, où tout
l’effort de la journée est grandement récompensé.
Alors on se dit à la prochaine assemblée !
Sharing experiences—Laurence Bernard
A National Assembly is always a great opportunity to
meet fantastic people with brilliant ideas and who share
similar passions. After talking for three days about unsafe
abortion and maternal health during the pre-General
Assembly workshop organized by the reproductive
health committee in partnership with Ipas, I was ready to
take action. Ipas is a non-governmental organization that
advocates for women’s reproductive rights across the
globe.
Many other medical students, notably from England, the
Netherlands, Nigeria, Sudan and the other provinces of
Canada got together and created a small working group
to brainstorm on the issue. How could we, as medical
students, improve the reproductive and sexual health of
women in very different societies? Can we advocate for
fair reproductive laws? How can the more experienced
student associations help the newest ones?
During this working group, a new partnership was pro-
posed, where every country could tailor their specific
abilities to participate within the project. Some students
in Nigeria feel that their classmates do not understand
the extent and consequences of the practice of unsafe
abortions in their country. It is now the second leading
cause of maternal health burden in many African regions,
and can be attributed to the illegal status of the practice,
inaccessibility of health care and the cultural and religious
values attached to it. These students would like to raise
awareness within their university and their community
and eventually be able to establish partnership with local
organizations working on the same topic. To do so,
some Canadian and European students have volunteered
to help write grant proposals to UNESCO in order to
provide funding for the local initiatives of their Nigerian
colleagues. This is a concrete example of transcultural
collaboration that could eventually help many women.
This is what IFMSA General Assemblies are for: establish-
ing new partnerships with medical students from every-
where, because we are all fighting to reach the same
goals : health and equity for everyone, everywhere.
14
S’impliquer—Participate IFMSA-Québec
Un aperçu de l’AM 2011—A taste of AM 2011 (suite)
Un monde à portée de main—Anne-Sophie Thommeret-Carrière
Dans le cadre de la 60e assemblée générale d’IFMSA, j’ai
eu la chance de m’envoler, en compagnie de la déléga-
tion d’IFMSA-Québec, vers le Danemark. La première
assemblée générale d’IFMSA ayant eu lieu 60 ans plus
tôt au Danemark, l’événement était empli d’une grande
signification. Il y a 60 ans, pas plus d’une vingtaine
d’étudiants s’étaient réunis dans le but de discuter
d’enjeux de la santé. Cet été, nous étions presque 1000
étudiants en médecine de partout dans le monde à
s’être rassemblés pour vivre une expérience incroyable
pendant une semaine. Durant la cérémonie d’ouverture,
alors que tout le monde était dans la salle de plénière, il
suffisait de lever la tête et de regarder autour de soi pour
être parcouru d’un frisson. Nous avions le monde entier
à nos côtés. Nous avions des versions de nous de par-
tout dans le monde. Nous, nous en temps qu’étudiants
en médecine du Pérou, de la Suède, de Taiwan, de la
Nouvelle-Zélande.
Au-delà des personnes inspirantes que j’ai rencontré là-
bas, j’ai surtout rencontré et été confrontée à de nou-
veaux projets et idées. Pouvez-vous un seul instant vous
imaginer une foire aux projets avec 86 kiosques dans la
même pièce? Poussez la réflexion et imaginez-vous pré-
senter votre projet lors de cette immense foire aux pro-
jets. Imaginez-vous faire partie de cette vague électri-
sante d’échange d’idées brillantes pour répondre à des
enjeux de santé mondiale. C’est ce que j’ai vécu là-bas
en présentant avec mon collègue Marc-André Lavallée
notre projet INcommunity, un projet de stage en popu-
lations négligées pour les étudiants en médecine.
Nous avons donc partagé avec le monde entier notre
projet, nos valeurs, les causes qui nous tiennent à cœur,
mais surtout, les actions que nous avons prises locale-
ment pour remédier au manque d’accès aux soins auquel
font face les populations négligées de Montréal.
Mais que sont les retombées de tout cela me direz-vous?
Premièrement, c’est souvent en discutant de son projet
avec d’autres coordinateurs de projets qu’on développe
de nouvelles idées, ou encore que nous sommes con-
frontés aux faiblesses de notre propre projet et alors mo-
tivé à travailler encore plus fort pour l’améliorer. Deu-
xièmement, c’est en présentant son projet dans des évé-
nements internationaux comme celui-ci qu’il devient
alors possible de l’exporter dans d’autre pays ayant la
même problématique que nous. Peut-être que d’ici un an
ou deux, il sera possible de faire des stages INcommunity
en Nouvelle-Zélande pour mieux exposer la réalité des
populations négligées d’Auckland, par exemple, au étu-
diants de là-bas. Et suite à ces immersions, ces futurs méde-
cins seront d’avantage en mesure de prodiguer des soins
adéquats à ces mêmes populations ayant des probléma-
tiques spécifiques de santé. Les étudiants en médecine se-
ront également plus en mesure de comprendre ce qui rend
difficile l’accès aux soins pour ces gens et seront en mesure
de travailler pour améliorer cette situation.
Tout cela sera peut-être possible un jour parce que le
temps d’un été, nous avons eu le monde à portée de main.
Un des moments qui s’est déroulé particulièrement rapi-
dement et qui m’a demandé énormément d’énergie est
le Contract Fair. Il s’agit d’une période de deux heures
durant laquelle les officiers nationaux des échanges cli-
niques et de recherche de plus de 90 pays différents se
réunissent dans une salle afin de signer les contrats de la
prochaine année. Afin de mieux comprendre l’envergure
de cet événement, il faut savoir qu’IFMSA organise plus
de 11000 échanges par an. Il est donc facile de s’imaginer
le chaos qui peut régner dans cette pauvre salle entre
midi et 14h le jour J. Mais c’est justement cette am-
biance unique qui m’a charmé. Chaque pays à son petit
kiosque qu’il décore avec des couleurs et des objets ty-
piques. Des petits souvenirs sont offerts à presque chaque
personne qui passe à leur stand. Les coordinateurs de
chaque pays tentent de vendre les avantages de leur pro-
gramme d’échange afin de signer un peu plus de contrats
que l’année précédente. Cela donne lieu à des négocia-
tions hautes en couleurs. Il est souvent bien difficile de
refuser de signer un contrat avec un pays du aux
nombres de places limités. Il faut savoir le faire avec déli-
catesse afin de conserver de bonnes relations avec cha-
cun.
Bref, ce fut un deux heures où nous avons travaillé dur
pour offrir le plus de choix possible à nos étudiants qué-
bécois pour leur stage l’an prochain, mais aussi un deux
heures qui m’a permis de m’imbiber un peu de la culture
de chaque pays représenté.
Contract Fair—Khadija Benomar
Un monde à portée de main (suite)
15
Bulletin de santé mondiale—Global Health Newsletter
Pourquoi une assemblée générale? - Marc-André Lavallée
C’est la question que je me pose chaque fois que j’ap-
plique pour participer à une assemblée générale d’IFMSA.
Honnêtement, c’est plus qu’un simple voyage, il y a aussi
des frais, c’est engageant, même épuisant... j’imagine que
pour avoir vécu l’expérience trois fois, c’est que ça devait
valoir la peine!
Ce qu’on voit de l’extérieur, ce sont les partys. Les photos
Facebook, les histoires drôles, on dirait que tout nous ra-
mène aux partys, et un GA fini par ressembler à une
grosse débauche internationale.
Mais si c’était vraiment ça, je n’aurais pas appliqué pour y
aller une troisième fois. Évidemment, que ce qui alimente
le plus les potins et les histoires drôles, ce sont les partys.
Mais à ne parler que de ça, on oublie que malgré la veil-
lée bien arrosée, on se lève quand même à 7h30 pour
commencer la journée le lendemain.
Chaque fois que je participe à un GA, c’est que j’ai
quelque chose à y apporter, et que j’ai quelque chose à y
apprendre. Copenhague a été une mine d’or. Les ateliers
auxquels j’ai participé pendant les journées pré-GA nous
ont permis de développer nos connaissances en droits
humains et notre leadership pour les promouvoir autour
de nous grâce à des expertes de l’International Federation
of Health and Human Rights Organization (IFHHRO).
Mais en plus des formations reçues, j’ai dû pousser mes
capacités et mes connaissances encore plus loin pour moi-
même être capable de donner des parties de formation,
notamment sur la problématique de l’immigration et des
réfugiés.
Et c’est probablement ce qui a fait la particularité de cette
assemblée pour moi. Pour la première fois, je pouvais
prendre un rôle totalement actif et participer au mouve-
ment. Je connaissais déjà bien la structure et l’organisa-
tion, et je pouvais me concentrer à faire avancer mes pro-
jets et mes idées. Notamment, grâce à INcommunity,
nous avons pu convaincre plusieurs de l’importance de
s’impliquer à mieux comprendre les communautés locales
négligées. Et nous avons poussé l’idée jusqu’au bout.
Kiosque, présentation en comités, présentation en plé-
nières. L’idée fait son chemin et nous sommes prêts à tra-
vailler avec d’autres pays pour les aider à développer le
projet. Et c’est aussi vrai pour tous les projets fabuleux et
innovateurs d’IFMSA-Québec, que ce soit Osmose, Sex-
perts, Illuminaids, le Souper-Causerie, Fiers et en Forme,
etc.
Je ne croyais pas parler de ma candidature comme direc-
teur du SCORP, mais j’ai l’impression que cet article reste-
rait superficiel si je ne l’abordais pas. Ma candidature m’a
pris beaucoup de mon temps pendant l’assemblée. Beau-
coup de temps à me présenter, à construire mes idées, à me
préparer, à essayer de partager ma vision. Malheureuse-
ment, je n’ai pas été élu, et pendant le dernier mois, je l’ai
beaucoup considéré comme une défaite personnelle, et
j’avais de la difficulté à comprendre où j’avais échoué.
On ne le saura peut-être jamais. Après tout, ça reste un jeu
politique, et je n’ai peut-être pas assez joué le jeu. Je
n’étais pas en Indonésie en mars, et je n’étais qu’à moitié
disponible à Montréal en 2010. Peut-être que je n’ai sim-
plement pas distribué assez de poignées de mains...
Mais ce que je sais, après un mois, c’est que c’était tout sauf
une défaite. Je me suis présenté et j’ai fait valoir mes idées,
et plusieurs personnes partageaient ses idées. Je crois que
cette course, en quelque sorte, aura aussi été un événement
motivant pour beaucoup de gens. Car nous n’avons pas été
adversaires. Nous espérions tous les deux, moi et l'autre
candidat, développer un meilleur SCORP et je crois que ça
a pu être inspirant pour les membres. Et par-dessus tout,
tout ce processus a été extrêmement formateur pour moi-
même et je dois capitaliser sur mes acquis.
Ça ne devra jamais être vu comme une défaite. IFMSA-
Québec avait des candidats incroyables à présenter à
l’international, qu’ils aient remporté leur élection ou non.
On a sincèrement de quoi être fiers de ceux que nous
sommes capables de former. Des candidats intègres, com-
pétents, motivés. Et il ne faudra jamais avoir peur d'aller
jusqu'au bout de nous-mêmes.
C’était donc ma dernière assemblée générale d’IFMSA. Et
très certainement la plus importante pour moi, celle où j’ai
appris le plus, et celle où j’ai également pu donner le plus.
Équipe éditoriale / Editorial Team
Éditeur en chef / Head Editor : Francis Rossignol Éditeurs-adjoints / Assistant Editors : McGill University : Kenjey Chan McGill University : Mathura Thevarajah
Auteurs / Authors
Laurence Bernard Khadija Benomar Andrés Felipe Gil Groupe Pérou –Iquitos 2011 (Arianne Bé-dard, Antoine Marsan, Fannie Ouradou. Quinn Thomas, Marie-Luce de Varennes) Marc-André Lavallée Emy Martineau-Rheault Claudel Pétrin-Desrosiers Sabrina Provost Francis Rossignol Anne-Sophie Thommeret-Carrière
Nos commanditaires
Consulez ce site pour plus encore ! www.ifmsa.qc.ca Consult this website for even more!
Photo de couverture / Frontpage picture :
Colloque de santé mondiale 2012 : 7 milliards … en santé?
top related