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Attendez que la musique démarre

Les diapositives changent au clic de la souris

Chapitre 1

« REGARDER »

« Insolation et désolation » 

un récit de Lysette Brochu

Depuis trois heures, Vincent peint hardiment sous le fulgurant soleil du Midi, devant un champ de blé, là où il a planté son chevalet.

Goutte après goutte, l'eau s'infiltre dans son esprit mais le peintre refuse de déposer ses pinceaux, d'aller étancher sa soif.

Absorbé par sa passion, il suit le rythme inspiré de ses doigts. Son poignet, axe de sa créativité, s'anime, se tord parfois de douleur!

Sur la toile, les cyprès révèlent leur âme avec force et rapidité et font miroir au tumulte intérieur de leur créateur.

L'homme coloriste applique violemment une peinture verte non diluée, en couches épaisses, sur la peinture jaune hachurée.

Merveille!

Il chasse ses idées noires qui reviennent en sourdine comme cette envie de boire qui le tenaille.

Un gardien de l'asile Saint-Rémy, bien blotti sous un parasol, l'observe.

-Il est idiot de se laisser mourir de soif vous savez.

C'est assez l'ami!

Retournons à l'hôpital…

-Dieu a dit : ... " Celui qui croit en moi n'aura jamais soif… " répond Vincent. J'ai trop peu de temps, laissez-moi…

-Comme vous voulez. Je vous laisserais bien boire à ma gourde mais vous connaissez les règlements… et puis, ce n'est pas de ma faute si tantôt vous

avez préféré laver vos pinceaux au lieu de vous désaltérer…

Le surveillant se rassoit sur sa chaise, hoche la tête en grignotant des noix. Il ne lui en reste qu'une poignée.

Oui, il faudra bien rentrer à l'hospice bientôt, aller manger. " Ce barbouilleur resterait bien là toute la journée.

C'est un misérable! Pourquoi l'encourager à gaspiller de la peinture? Ah! Ces médecins modernes et leurs théories! " se dit-il intérieurement.

Tiens le voilà qui retourne au jaune… pauvre diable!

Je gagerais qu'il n'a jamais travaillé de sa vie.

Tout ce qu'il sait faire, c'est s'amuser, peinturlurer

Visions démoniaques d'halluciné!

Coups de hasard, c'est tout!

Et moi qui suis obligé de rester à ses côtés… Je suis là depuis un bon moment déjà. Tout un métier. Dire que je pourrais jouer aux cartes à

l’hospice au lieu de cuire sous le soleil…

« Mais écoutez-le marmonner, ma foi, un vrai détraqué… »

« En effet, son protégé, la tête dérangée, se parle tout seul, à voix haute, comme un navire fait entendre sa sirène de détresse :

- Oh Théo! Ce champ de blé sera-t-il mon cimetière?

Je veux entrer dans ce paysage et m'y fondre… »

« Je n'en peux plus de ces crises d'angoisse qui reviennent jour après jour, nuit après nuit.

Même le jeu de mon pinceau ne peut plus calmer mon mal, les démons qui me hantent. »

« Abominable souffrance! Viens me chercher mon frère. Délivre-moi de mes geôliers…

Chaque minute de plus sur cette terre sans pitié, me paraît une éternité… »

Dernière goutte d'eau dans l'esprit d'un assoiffé… Vincent sombre à jamais dans la démence du désespéré. Son esprit a chaviré.

Bizarre! Il sourit maintenant.

Sa décision est prise, irrévocablement.

Il se donnera la mort, il partira, demain ou le jour d'après, il s'étendra pour toujours dans ce tableau coloré…

Voilà! il tient en mains sa destinée.

Le gardien ne remarque rien. « - Monsieur Van Gogh, c'est fini! Allez, allez… »

Il est heureux de constater la facilité avec laquelle il reconduit Vincent dans sa cellule.

Enfin, ils pourront, tous deux, se reposer. Et de cette journée, merveilles…

Chapitre 2

« VOIR »Attendez que la musique démarre

Les diapositives changent au clic de la souris

Van Gogh entra le 8 mai 1889 à l'asile de Saint-Rémy de Provence. Il y séjourna jusqu’au 16 mai 1890.

Une semaine après son entrée, Vincent fut autorisé à peindre, on lui trouva même une chambre faisant office d'atelier.

Il peindra 142 tableaux.De son œuvre à l’asile, que pense-il alors et que dit Vincent dans

ses lettres?

C’est une vraie vision intérieure approfondie… « il voit avec le cœur ».

« Tout ce qui est véritablement bon et beau, de beauté intérieure morale, spirituelle et sublime dans les hommes et

dans leurs œuvres, je pense que cela vient de Dieu et que tout ce qu’il y a de mauvais et de méchant dans les œuvres des hommes et dans les hommes, cela n’est pas de Dieu et Dieu ne trouve pas

cela bien non plus. » Vincent VAN GOGH.

« Je crois avoir bien fait d'aller ici, d'abord en voyant le réalité et la vie des autres fous ou toqués divers dans cette ménagerie, je perds la

crainte vague, le peur de la chose et, peu à peu, à considérer la folie en tant qu'étant une maladie comme les autres. » Vincent VAN GOGH.

Champ aux coquelicots

« J’ai un besoin terrible de – dirai-je le mot – de religion – alors je vais la nuit dehors pour peindre les étoiles, et je rêve toujours un tableau comme cela avec un groupe de

figures vivantes des copains. ». Vincent VAN GOGH.

Nuit étoilée (cyprès

et village)

« Je ne crois pas que ma folie serait celle de la persécution, puisque mes sentiments à l’état d’exaltation donnent plutôt dans les préoccupations d’éternité et de vie éternelle. » Vincent VAN GOGH.

Couloir de l'hospice St Paul

« Il faut une certaine dose d’inspiration, de rayon d’en haut, qui n’est pas à nous pour faire les belles choses. » Vincent VAN GOGH.

Iris

"Je voudrais peindre des hommes ou des femmes avec ce je ne sais quoi d'éternel qui était autrefois symbolisé par l'auréole et que nous cherchons à rendre par le rayonnement et les vibrations de nos couleurs. » Vincent VAN GOGH

Le surveillant en chef Trabuc de l'Hospice Saint-Paul

« Cherchez à comprendre le dernier mot de ce que disent dans leurs chefs-d’œuvre les grands artistes, les maîtres sérieux, il y aura Dieu là-dedans. Tel l’a écrit ou dit dans un livre, et tel dans un tableau. » Vincent VAN GOGH.

Arbres dans le parc de l'hospice St Paul

"Je voudrais faire des portraits qui, un siècle plus tard, aux gens d'alors, apparaissent comme des apparitions. Donc je ne cherche pas à faire cela par la ressemblance photographique, mais par nos expressions passionnées." Vincent VAN GOGH.

Vincent croit à l'importance des couleurs pour traduire un état d'âme. Ici, il a pris des couleurs froides pour donner plus d'intensité à son visage, ravagé par la maladie mais auréolé par les "vibrations" de toutes ces couleurs tourbillonnantes. Il faut s'arrêter longtemps devant ce visage et ressentir avec émotion ce cri déchirant d'un peintre qui se disait "rebut de la société" Christian Baur

Autoportrait

« C'est cette fois-ci ma chambre à coucher, seulement la couleur doit ici faire la chose, et en donnant par sa simplification un style plus grand aux choses, être suggestive du repos où du sommeil en général. Enfin la vue du tableau doit

reposer la tête ou plutôt l'imagination. » Vincent VAN GOGH.

Van Gogh veut ici développer la signification des couleurs, et le sentiment que celles-ci peuvent dégager. Dans cette oeuvre, le bleu et le jaune

prédominent. Le bleu donne une sensation de paix et de repos, alors que le jaune au premier plan évoque la vie et l'espoir. Christian Baur

La chambre de Van Gogh à Arles

Mais la maladie psychique n'est qu'un aspect du génie de Van Gogh, car percevoir des choses qui sont inaccessibles à la plupart des hommes signifie d’abord une aptitude

éminente et non une simple folie !

Il dit ainsi dans la lettre 543 : «J’ai des moments de redoutable lucidité, la nature est si belle en ces jours que je sors de moi-même et que l’image naît comme dans un rêve.»

Vincent VAN GOGH

Le ravin " Les Peiroulets "

"Puis cette semaine l'entrée d'une carrière qui est comme une chose japonaise. Tu te rappelles bien qu'il y a des dessins japonais de rochers où croissent ça et là des herbes

et de petits arbres. Il y a des moments entre temps où la nature est superbe" VAN GOGH.

Entrée de la carrière près de Saint Rémy

" ... par contre les oliviers sont forts caractéristiques et je lutte pour attraper cela. C'est de l'argent tantôt bleu, tantôt verdi, bronzé, blanchissant, sur un terrain jaune, rosé, violacé ou orangeâtre, jusqu'à l'ocre rouge sourde ... ". Vincent VAN GOGH

Les oliviers

" ... la dernière étude que j'ai faite est une rue du village - où on était en train - sous des platanes énormes - à réparer les trottoirs. Il y a donc un amas de sable, de pierres, et les troncs gigantesques. Les feuillages jaunissant et par ci par là on entrevoit une façade et

des petites figures". Vincent VAN GOGH

Les paveurs sur le Bd Victor Hugo

« Je ne crois pas que ma folie serait celle de la persécution, puisque mes sentiments à l’état d’exaltation donnent plutôt dans les préoccupations d’éternité et de vie

éternelle. » Vincent VAN GOGH

Colline à Saint Remy

« Je préfère peindre les yeux des hommes que les cathédrales, car dans les yeux, il y a quelque chose qu’il n’y a pas dans les cathédrales, même si elles sont majestueuses et qu’elles en imposent, l’âme d’un homme, même si c’est un pauvre gueux ou une fille de rue, est plus intéressante à mes yeux.. » Vincent VAN GOGH. Les lignes de la peinture s'orientent vers la barbe comme les lignes de force d'un spectre magnétique. Quelle tranquille assurance, quelle force dan ce visage!  Christian Baur

Joseph-Etienne Roulin

On remarque «une impulsion nettement spirituelle». Il s'agit de l’aptitude de Vincent à élargir sa perception limitée du monde extérieur au profit d’une vraie

vision intérieure approfondie et «de voir avec le cœur» Christian Baur

Oliviers avec les Alpilles dans le fond

«Un soleil, une lumière que je dois qualifier, parce que les mots me manquent pour cela, de jaune soufre éclatant, de jaune citron clair et de

jaune doré. Comme le jaune est beau !» Vincent VAN GOGH.

Van Gogh , tout en peignant un tableau apparemment très banal, affirme avoir eu en même temps la vision du «temps de

la récolte pour l’humanité». Christian Baur

Le champ de blé

vert avec cyprès

"Ecoutez, laissez-moi tranquillement continuer mon travail. Si c'est celui d'un fou, tant pis, je n'y peux rien. Alors… » Vincent VAN GOGH.

Pin avec figure dans le jardin de l'hôpital Saint Paul

Regarder une toile de Vincent, c'est devoir se souvenir encore de ces mots d'une lettre d'avril 1889 :

« Cela a tant été toujours mon désir de peindre pour ceux qui

ne connaissent pas le côté artistique d'un tableau. » Vincent VAN GOGH.

Interné à l'asile de Saint-Rémy-de-Provence, il écrit encore en

septembre 1889 :

« Et puis il y a du bon de travailler pour les gens qui ne savent pas ce que c'est qu'un tableau. »

Vincent VAN GOGH.

Regarder une toile de Vincent, regarder un de ses dessins, c'est d'abord accepter de ne plus savoir ce qu'est un tableau…  

Pascal Bonafoux

Après plusieurs "attaques", Van Gogh sentit qu'il lui fallait quitter l'asile. Le 16 mai 1990, il partit pour Paris, où il ne

resta que quelques jours chez son frère, avant de partir le 20 mai, ne supportant plus le bruit et l'agitation de la ville, pour

Auvers-sur-Oise.

Le 27 juillet 1890, dans un champ où il peignait une ultime toile, il se tire un coup de revolver dans la poitrine.

Ramené mourant à l'auberge Ravoux, il meurt deux jours plus tard, soutenu par son frère Théo et toujours inconnu du

grand public, dans sa vie il ne vendit qu’une seule toile..

« Mon travail à moi, j'y risque ma vie, et ma raison y a sombré à moitié… » lit-on dans la dernière lettre (652F), à destination de son frère, que Vincent portait sur lui lors de

son décès le 29 juillet fatal.

Musique du chapitre 1 : Gabriel Fauré Dolly, suite pour

piano, Op 56

Musique du chapitre 2:Purcell Air de Trompette

Photos : Internet

Daniel Septembre 2007 danielvillaperla@gmail.com Ce diaporama numéro 30 est strictement privé. Il est à usage non commercial.

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