architecte bastia navari memoire
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Mémoire HMONP – Projet Professionnel
Année 2011/2012
Sujet : LE RÔLE DE L’ARCHITECTE DANS LE LOGEMENT SOCIAL
Postulant : Mlle Paola Navari
Directeur d’Etudes : Mr Jean-‐Baptiste Hemery
Tuteur : Mr Paul Navari -‐ Architecte d.p.l.g
Agence : A.RE.A – Atelier de Recherches Architecturales
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Tout d’abord je souhaite remercier mon tuteur, Monsieur Paul Navari qui est également mon père, pour l’aide qu’il m’a apporté durant cette année de mise en situation professionnelle, face aux contradictions que nous avons à résoudre dans un perpétuel compromis dans la conception, dans la gestion et les rapports avec les maîtres d’ouvrage. J’ai appris à utiliser les fondamentaux assimilés à l’école pendant 5 ans pour analyser et établir des synthèses, pour convaincre par mes écrits, mes dires et mes images, aux solutions que je propose. Je remercie également mon directeur d’études, Monsieur Jean-‐Baptiste Hemery pour cette année de formation mais aussi pour avoir fait de moi une Architecte grâce à son soutien et aux « fondamentaux» de son enseignement lors de ma 2nde année. Je tiens enfin à remercier toutes les personnes que j’ai pu rencontrer durant cette année et qui ont indirectement contribués à « m’apprendre le métier » : Monsieur Jean Baggioni Maire de la commune de Ville di Pietrabugno et ex Président de l’Exécutif de l’Assemblée de Corse, les Entrepreneurs, les artisans, les maîtres d’ouvrages … qui ont fait l’effort de m’accepter avec ma volonté de bien faire malgré mon « ignorance », et qui m’ont fait toucher du doigt la réalité.
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C’est au travers de mon expérience sur le terrain durant cette formation HMONP que j’ai vu mûrir mon projet professionnel. Bien sur j’ai toujours su que je voulais devenir Architecte et faire un bout de chemin professionnel avec mon père mais j’ai enfin compris dans quel sens je voulais m’engager.
Je suis entrée à l’école d’Architecture de Marseille-‐Luminy en 2005. L’enseignement général m’a permis d’appréhender l’architecture dans sa globalité et les choix de pôles d’enseignement que j’ai fait dès le Master m’ont permis de me centrer sur une thématique particulière à laquelle j’ai toujours porté beaucoup d’attention : La problématique du logement.
Mon projet professionnel n’est autre que la résultante de mes choix initiaux. Bien sur il ne faut pas voir cela comme une conclusion à ma formation mais plutôt comme un point de départ …
Ce projet professionnel, je l’ai toujours imaginé en Corse, dans une agence à ma mesure et il en sera ainsi. Pourquoi ? Parce que sur l’île, la composition urbaine des paysages est plurielle, nous avons des paysages de montagne, de bord de mer, de plaine, ainsi que des villages, des villes et tout cela concentré sur un petit territoire. La Corse est un laboratoire potentiel pour les questions environnementales. Il est très important pour moi de participer à la nécessaire prise en compte de ces paysages particuliers de l’île dans la conception, d’agir à travers mes réalisations au bénéfice d’un bien être qui est dû à toutes les couches sociales et plus particulièrement aux plus défavorisées, de donner la priorité aux dialogues constructifs avec tous mes partenaires (mes futurs collaborateurs, les maîtres d’ouvrages, les ingénieurs, les Entrepreneurs …), et de m’efforcer à parfaire mes connaissances techniques, tout en m’améliorant humainement pour être appréciée …
Ma région a conservé de grandes valeurs culturelles qui lui sont propres mais qui doivent être partagées. A moi de convaincre …
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Sommaire
1°_ Introduction :
Définition du logement social
Constat
Le laboratoire de l’habitat social
2°_ Positionnement des organismes sociaux :
Rationalisation Espace/coûts
Construire « durable »
3°_ Posture d’une architecte :
Aller au-delà des attentes
Projet professionnel
4°_ Conclusion :
Naissance d’une architecte
- Annexes
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1°_ Introduction :
Définition du logement social
C’est un logement destiné, suite à une initiative publique ou privée, à des personnes à revenus modestes qui auraient des difficultés à se loger sur le marché libre … (source internet).
C’est pour cette raison qu’ont été créé :
- Les OPHLM, (les organismes d'habitations à loyer modéré). Ils ont remplacé, aux termes de la Loi de 1949, les anciens organismes d'Habitation à Bon Marché (HBM).
- Les S.A d’HLM …
Ces organismes ont pour objectif de construire, avec des coûts de réalisation faibles, et de gérer des logements locatifs destinés à des personnes de condition modeste.
Constat
Dans les années 50/70, il a fallu construire un nombre très important de logements dans l’urgence afin de lutter contre la pénurie d’habitations.
Les Maîtres d’ouvrages se sont alors appuyés sur des architectes reconnus pour trouver des réponses architecturales aux contraintes que conférait cette situation d’urgence d’après guerre. Elles ont été trouvés dans l’organisation spatiale, la répétitivité, la simplicité et la rapidité de mise en œuvre.
La construction des "grands ensembles" au sortir de la Seconde Guerre mondiale, répondait à une nécessité démographique et devait accompagner l'essor économique des Trente Glorieuses. On y trouvait clarté, espace et confort ; ces nouveaux immeubles faisaient même l'objet d'un consensus entre architectes et urbanistes, élus et politiques ; on y voyait l'application de théories "du mouvement moderne" inscrites dans la Charte d'Athènes, dont l'un des exemples emblématiques reste : La "Cité radieuse" de Le Corbusier, à Marseille.*
Jean Dubuisson, Ensemble d’habitation La Caravelle, 1959/1967 Plan partiel d’étage courant
*Référence aux interviews retrouvées à l’INA consacrées aux premiers habitants des grands ensembles.
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L’habitat social a nécessité des efforts de recherche permanents dans les modes d’habiter (grand collectif, petit collectif, individuel groupé…), les procédés constructifs, les solutions nouvelles pour redéfinir des espaces surtout dans les années 1970 à 1980, des montages financiers innovants permettant aux sociétés HLM de construire et de financer des logements sociaux avec des recettes de plus en plus réduites…
Le constat de la confrontation au réel conduit à une remise en cause permanente car les modes de vie en société évoluent. L’habitat en général doit évoluer dans une recherche permanente d’une vérité sans cesse renouvelée.
Toute la réflexion autour du logement social est organisée, pouvons nous dire, dans le « laboratoire de l’habitat social ».
Le laboratoire de l’habitat social
Nous avons tous en tête les grands ensembles des années 50 comme représentation du HLM, une répétition de « casiers de logements » en très grande quantité. Ces grands ensembles sont aujourd’hui voués à la destruction.
On retourne alors au petit immeuble, on essaie de recréer des ensembles à échelle humaine. Le logement locatif social se confond désormais avec la production banale : il n’est plus stigmatisant.
Puis vient Némausus (Nîmes 1989) de Jean Nouvel dont le slogan « Un bon logement est un grand logement » et qui va aboutir à de nombreuses expériences : création de duplex, cuisines ouvertes, pièce en plus … Il faut donner les qualités de l’individuel à l’habitat collectif social. On porte ensuite une attention particulière aux nouvelles formes domestiques (célibataires, familles, familles recomposées, familles monoparentales…), au changement de rythme des pratiques quotidiennes, à l’autonomie de chacun … Les maîtres d’œuvre contemporains ont essayé de faire évoluer le logement social depuis les années 1970 et il existe heureusement quelques exemples représentatifs de leur volonté.*
Cependant, on retombe par facilité dans une sorte de répétitivité des modèles basiques des logements sociaux, qui ne sont que le produit de l’obéissance aux nouvelles normes françaises. Car oui, le logement social est bien pris en tenaille : d’un côté les possibilités financières des locataires ou des propriétaires sociaux ne permettent pas de couvrir son coût de construction ; de l’autre, toutes les innombrables règlementations, normes, dimensionnements de surfaces, … Tout cela étouffe la conception. L’essentiel des projets de logements sociaux n’est non pas dessiné librement par les architectes mais sont le résultat de leur mise en forme. De plus, les bailleurs et promoteurs sociaux sont eux tenus par des impératifs financiers. L’ensemble de ces paramètres, à moins d’une connaissance très fine du système, des normes, et des possibilités politiques de subventions ne fait pas bon ménage avec l’innovation. Dans les écoles d’architecture, nous apprenons à concevoir mais tout ça ne nous est que peu ou pas du tout enseigné ce qui nous laisse relativement démunis avec notre grande motivation comme seul outil.
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Le logement social est un des plus grands enjeux de notre société. S’il sort du commun, il coûte cher au contribuable qui participe à son financement. S’il est médiocre, il entraîne en revanche un coût social dont on connaît l’ampleur.
Comme toujours en architecture, il ne peut y avoir de bon résultat sans ambition et volonté partagées des parties prenantes (maîtrise d’œuvre, maîtrise d’ouvrage, entreprises). Une telle situation appelle une révolution profonde des mentalités. Tous les acteurs du bâtiment doivent apprendre à travailler ensemble plutôt que dans la confrontation ou dans l’opposition.
Le logement social est un enjeu important en Corse car à ce jour, sur une région de 300 000 habitants, il y a 3000 demandes en instances et peu d’opportunité foncière ainsi qu’un savoir faire limité. Il faudra s’atteler à cette tâche et être capable de répondre avec efficacité à de petits projets (environ 10 logements) et de grands projets (Plus de 100 logements) en zone rurale ou urbaine.
L’agence dans laquelle j’effectue mon année de formation HMONP est sans aucun doute une des agences qui a construit et qui continue à construire une grande partie des logements sociaux depuis les années 80 en Haute-‐Corse. Bien évidemment, l’agence conçoit tout types de projets, du plus convenu, aux logements considérés comme « un défi » par la maîtrise d’ouvrage. Je peux ainsi bénéficier d’une expérience forte dans ce domaine et apprendre toutes les subtilités de la conception de ces projets particuliers.
Dans ce mémoire, bien que j’ai travaillé en phase étude et mise au point sur 32 logements en individuel groupé locatif et que je suive assidument un chantier de 62 logements collectif en accession sociale, mes propos seront illustrés par un projet de 10 logements en accession sociale, la résidence ALBA. A partir de ce projet, j’ai pu appréhender le logement social de l’esquisse au lancement de l’appel d’offre.
Ce mémoire est l’occasion pour moi d’essayer de penser au rôle de l’architecte dans le logement social et ainsi concrétiser mes rêves et ma créativité d’étudiante dans mon futur exercice professionnel.
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2°_ Positionnement des organismes sociaux :
Rationalisation Espace/coûts - Construire « durable »
Humaine, politique, économique, sociale, architecturale … La question du logement social est majeure et complexe.
Par leur nombre, les Logements sociaux participent largement à la constitution et au devenir des paysages de nos cités au sens général. S’il est vrai que l’enjeu urbain précède l’enjeu architectural lors de la conception de ces ouvrages, la question de l’habitabilité à l’échelle du logement n’en est pas moins importante.
Les organismes sociaux proposent aujourd’hui deux types de « produits » : le locatif social pour les plus « démunis » et l’accession sociale ce qui permet aux personnes sans beaucoup de moyens de pouvoir devenir propriétaire de leur logement. Dans les deux cas, le pari « social » est d’offrir un logement qui réponde aux mêmes exigences et qualités qu’un logement en accession libre. En théorie, cela à l’air plutôt simple. En pratique, et cela pour toutes les raisons évoquées dans l’introduction, cela devient beaucoup plus complexe …
Lors de cette 1ere année d’exercice de ma profession, j’ai pu travailler sur des projets de locatif social, d’accession sociale et ainsi côtoyer certains maîtres d’ouvrages sociaux comme « l’Office Public de l’Habitat de la Haute-‐Corse » pour le locatif social ou encore « Le Logis Corse – Groupe Arcade » pour l’accession maîtrisée.
Les propos qui vont suivre sont entièrement basés sur un seul et unique projet : La résidence Alba (Accession Sociale).
Dans cette partie du mémoire, je me positionnerai du côté de la maîtrise d’ouvrage, sans parler de mes impressions et de mon ressenti d’architecte. Dans cet « état des lieux », je m’appuie sur mon apprentissage réel du logement social, sur les questions que j’ai pu poser* aux organismes sociaux que j’ai pu rencontrer. Il s’agit d’avantage d’un regard critique sur le positionnement des maîtres d’ouvrages sociaux lors de la conception de projets plutôt que d’un simple récit de mon expérience…
*Cf questionnaires en annexe.
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Le projet de la résidence « Alba » est un projet en accession sociale dont il me semble important et intéressant d’exposer les particularités. Il s’agit de 10 logements collectifs avec parking décomposés comme suit : deux T4, six T3 et deux T2. C’est un projet important à mon sens car il s’agit d’une opération particulière, une opération test. Le défi ici est de réaliser dans un contexte villageois 10 logements en accession sécurisée à la propriété avec le Logis Corse, « BBC ». Ce projet a duré la majeure partie de mon année de mise en situation professionnelle. J’ai pu commencer le projet au stade de l’esquisse au mois de novembre et finir le DCE fin juillet. C’est réellement ce projet qui m’a sensibilisé à la cause du logement social car j’ai travaillé à toutes les étapes, assisté à toutes les réunions et j’ai pu voir combien il était difficile de concevoir ce type d’habitat.
Ce projet est à la base un concours lancé par la Mairie de Ville-‐di-‐Pietrabugno sur un terrain à proximité de la mairie, dans un contexte purement villageois. Il s’agissait alors de seulement 6 petits logements collectifs à bas prix pour que les jeunes de la commune de Ville-‐di-‐Pietrabugno, vue les prix pratiqués aujourd’hui au m2, puissent continuer à habiter là où ils sont nés.
Dans une ambiance villageoise à quelques minutes du centre ville de Bastia, le projet en R+1 se veut à l’échelle des nombreuses maisons villageoises qui l’entourent. Il s’agit d’optimiser l’insertion urbaine par une composition travaillée et recherchée. Les volumes et l’architecture du projet ainsi que la grande place publique créés rappellent eux aussi le thème du village. L’idée est de réinterpréter le contexte dans un projet de logements contemporains. Le projet se décompose en 2 volumes principaux traversés par une grande percée. Un jeu de toiture est mis en place par l’alternance entre les toits en pentes traditionnels et les toits terrasses contemporains. Les décalages des volumes et les jeux de toits permettent une composition en masse qui rappelle le tissu existant. Nous avons réalisé une greffe urbaine. Le Maire décide de céder à titre gratuit le terrain au Logis Corse, maître d’ouvrage social.
Le programme passe alors de 6 à 10 logements pour des raisons évidentes de rentabilité économiques. Nous avons tout de même conservé la volonté majeure de la Mairie, qui est d’avoir une intégration urbaine parfaite dans un tissu villageois ainsi qu’une réinterprétation contemporaine de l’architecture traditionnelle Corse, tout en rajoutant 4 logements.
S’en suit alors un dialogue très étroit entre la maîtrise d’ouvrage, qui n’est pas toujours prête à entendre notre discours, et la maîtrise d’œuvre afin de réussir au mieux la conception de ce projet. En effet, la maîtrise d’ouvrage a accepté de réaliser cette opération dans le but de réaliser un petit projet de qualité BBC en accession sociale. Sauf que, comme souvent, elle aurait préféré un projet plus standard, plus commun, certaine que tout « passerai plus facilement ». En accession sociale, les prix de ventes sont règlementés et l’objectif du Logis Corse sur cette opération est d’être 20% en dessous du prix du marché.
Nous pouvons imaginer le meilleur projet qui soit, le travail de fond de l’architecte ne peut se faire qu’avec la maîtrise d’ouvrage qui accepte « le jeu » avec ses enjeux. Mais avant tout concept architectural, le vrai problème des organismes sociaux est de pouvoir loger les personnes qui ont besoin d’un toit sain, parfois en urgence et pour cela, le coût de construction du projet doit être le plus bas possible.
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N
Permis de ConstruireMaître d'ouvrage : Opération :
DATE :
ÉCHELLE :
N° du plan :
1 2 3 4 5
6
7
8
9
10
11
12
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OlivierOlivier
Olivier
OlivierOlivierOlivierOlivier
OlivierOlivier
Olivier
OlivierOlivier
Olivier
OlivierOlivier
Olivier OlivierOlivier Olivier
571
+101.80
+100.50
+101.10
+101.20
+107.00
+105.50
+103.40
+108.50
±101.10
±101.36
±102.89
±103.35
voirie àreprofiler
15%
15%
5 %
TufTuf
Parcellecommunale
Bar Restaurant : Pietrabugno Bar
Parking Communal
! 5 %
Bâtiment communalMairie
Accès Salle Polyvalente
Parcelle N° 393 (Communale)
Non concernée par le PC
Tuf stabilisé
AEP
Olivier
±103.90
Parcelle N° 385
Parcelle N° 2230
Panneaux solaires
Panneaux solaires
P.S
P.S
Plan masse élargit10 logements en accession sociale
Décembre 2011
1/1000 °
-
SCI Ville di Pietrabugno - Résidence Alba
Le coût de construction résulte du bon équilibre entre le linéaire de façade et les surfaces des appartements (obligatoires), des circulations communes… C’est là que le travail de l’architecte intervient, mais nous reviendrons sur cette notion plus tard. Le choix des matériaux est lui aussi primordial, le bâtiment doit être durable dans le sens ou les frais d’entretien doivent être minimisés …
A cela s’ajoute les réglementations qui tendent à imposer une qualité normative de logement toujours plus grande. Ces contraintes se superposent les unes aux autres : accessibilité, sécurité incendie, réglementation thermique, normes environnementales… et augmentent d'autant le coût de la construction. Certes, de l'ensemble de ces contraintes résulte une plus grande qualité architecturale et constructive, mais aussi une augmentation des charges et des coûts de construction, qui amène les bailleurs sociaux à favoriser les candidats locataires «solvables»... Le cercle est vicieux. Cela nous oblige à nous poser les questions fondamentales de la justification de chaque espace ; nous sommes conduit à la suppression de l’ornementation gratuite. Nous touchons de près à l’essence de notre métier.
Les organismes sociaux ont de plus en plus de mal à réaliser des logements sociaux à cause du manque de terrain, du prix du foncier de plus en plus élevé, et cela malgré une demande de logement de plus en plus importante. Les projets se font parfois « dans l’urgence », en ne prenant en compte bien souvent que les impératifs financiers et normatifs sans réellement faire évoluer les plans types par une conception d’Architecte qui travaillerait avec des concepts plus larges : Mixité des opérations, travail sur les espaces communs ainsi que sur le prolongement des espaces extérieurs des appartements … Ceci nous amène à nous poser quelques questions :
-‐ En demandant aux logements sociaux de répondre aux exigences normatives et fonctionnelles de la « classe moyenne » en terme de qualité de vie, ne participons nous pas à en exclure les classes les plus défavorisées dont l’urgence est avant tout de disposer d’un toit ?
-‐ La vraie demande des locataires ou acquéreurs n’est-‐elle pas un confort de vie et d’usage avant tout « objet » architectural ?
Mais surtout, quel est le rôle de l’Architecte dans le logement social ?
Ci-contre : le panneau du concours lancé par la Mairie.
Ci-dessous : le plan de masse élargit de la résidence Alba qui montre son insertion urbaine après un rajout de 4 logements.
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3°_ Posture d’une Architecte
Aller au-delà des attentes
Lorsque l’on pose la question « Pour vous, quel est le rôle de l’Architecte dans le logement social ? » à des maîtres d’ouvrage sociaux, la réponse est :
Il doit répondre aux exigences du maître d’ouvrage en mettant en œuvre ses savoirs faires (faire le lien entre : exigences programmatiques, urbaines, juridiques, économiques, sociales, normatives …).
Il serait donc si simple de concevoir l’habitat social ? Je ne pense pas que le rôle de l’Architecte se résume simplement à cela. Concevoir un bâtiment, c’est projeter une partie de soi. Mais l’acte de bâtir n’est pas un acte égoïste pour autant, surtout dans l’habitat (social ou pas d’ailleurs). L’Architecture n’est ni une évidence ni une science exacte. Pourtant, notre profession nous impose une rigueur absolue dans tous les domaines qu’englobe « cet art ». Aujourd’hui, notre société est entrée dans une demande d’efficacité et de rentabilité permanente. A nous, Architectes, d’aller au delà de cela, d’apporter un plus.
Echelle XL-L : Problème urbain.
« L’architecture, c’est l’art difficile d’écouter et de comprendre. Pas d’obéir ! Il faut écouter et laisser venir. C’est pour cela que je considère l’architecture comme un métier corsaire, l’architecte prend pour restituer. Et pour prendre, il faut écouter. Ecouter non seulement les gens, mais aussi les lieux. Quand je dois faire un projet, je m’interdis de dessiner avant d’aller sur place, car je sais que le lieux va parler, il va dire des choses que je vais écouter. » Renzo Piano, Prix Pritzker 1998
Le 1er rôle de l’Architecte est de construire dans la ville et donc de participer à la construction de la ville. L’enjeu urbain précède donc l’enjeu architectural, c’est un fait. Alors pourquoi continuons nous à concevoir des projet en ne regardant que notre « parcelle concernée » sans ouvrir les yeux sur l’environnement proche ? L’implantation d’un projet se fait donc simplement par rapport aux prospects imposés par les limites cadastrales et au règlement d’urbanisme ? J’ai cru apprendre durant mes études que l’architecte devait rechercher le plaisir du lieu, à savoir son ambiance, sa singularité afin de mieux le mettre en valeur. Lors de la conception de logements, nous devons travailler sur la mise en scène du quotidien des futurs habitants. Malgré une demande importante de logements sains, il ne faut pas non plus sacrifier la qualité et le confort pour la quantité de logements construits. Non pas que qualité et quantité ne fonctionnent pas ensembles, au contraire, c’est à l’Architecte de répondre aujourd’hui à cette problématique en fonction de nos modes de vie. Autre « défi » urbain : le respect de la norme handicapé en Corse. En effet, toute personne handicapée doit pouvoir aller partout ou va la personne valide pour éviter toute discrimination. Le problème est que en Corse, nous avons très rarement des terrains plats. La plupart des projets se font sur des terrains dont les pentes avoisinent au minimum les 15% de pente et vont même jusqu’à 36%. Comment rendre le terrain entièrement accessible (pente à 5% max) sans le défigurer ni augmenter les coûts de construction et de VRD ? C’est justement là un des défis de l’architecte, avoir une réflexion architecturale qui permette de faire sur le projet des choix qui se traduisent obligatoirement par des espaces différents que ceux répétés, par facilité, de projet en projet. L’Architecte doit être capable
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de dépasser les contraintes d’urbanisme et normatives dès l’implantation d’un projet dans un site. Il doit convaincre et rassurer le maître d’ouvrage. Cette démarche est difficile mais inévitable pour l’Architecte afin de pouvoir continuer à répondre « en Architecte » à des contraintes urbaines, financières, normatives et des programmes de plus en plus complexes.
Echelle M-S : La qualité du logement.
La demande 1ere des bénéficiaires de l’habitat social est : de l’espace habitable. En théorie, la surface est bien présente dans les programme des maîtres d’ouvrage (ex : T3 allant de 65 à 75m2 selon si locatif ou accession). Aujourd’hui, le bénéficiaire d’un logement social vit dans un appartement non pas adapté à son mode de vie mais dans un appartement adapté aux handicapés. Cette norme est une grande avancée pour l’intégration dans la société des handicapés. Mais peut-‐on réellement accepter que beaucoup d’espace habitable soit « mangé » par le « cercle » du fauteuil roulant ? Comment accepter un WC indépendant immense que l’on ne peut pas optimiser grâce à un rangement pour le cas ou l’usager serait handicapé quand le séjour/cuisine ne permettent même plus de mettre une table à manger ? Comment accepter que les dégagements fassent au minimum 120cm de large de plinthe à plinthe (donc 123cm au moins !) quand certains séjours ne font que 3m de large ? Le logement social est la 1ere victime de ces normes. Il est victime d’une énorme perte d’âme, d’habitabilité. Les logements sont tous identiques, comme figés. Encore une fois, c’est un discours très étroit entre la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre qui peut faire évoluer les choses. Car ce qui est bloquant avec l’adaptation de ces normes à nos modes de vie, c’est de vouloir continuer à faire des intérieurs très « conventionnels » alors que ces contraintes devraient nous conduire à réfléchir sur le fond, en ne prenant pas seulement la « forme » en compte. L’espace habitable et la qualité de vie est primordiale pour tout être humain. Les personnes les plus démunies ont elles aussi le droit à l’habitabilité de leur logement, en plus d’avoir droit à un toit sain. Je pense que c’est dans la conception de logements sociaux que notre rôle prend tout son sens. En effet, l’Architecte doit répondre aux exigences du maître d’ouvrage en mettant en œuvre ses savoirs faires. Il doit faire le lien entre les exigences programmatiques, juridiques, économiques, sociales, normatives, tout en réfléchissant à l’évolution permanente des modes de vie et donc d’habiter… Le rôle de l’architecte est de se remettre en cause en permanence pour pouvoir répondre aux évolutions sociales. Enfin, il doit rationnaliser l’espace habitable des appartements par rapport au coût de construction, aucun m2 ne doit être perdu.
La seconde demande des bénéficiaires est une réduction de leur facture en énergie. Il est en effet assez facile de comprendre que des personnes à faibles revenus aient du mal à payer une facture de gaz très élevé parce que leur immeuble d’habitation est mal isolé. A partir du 1er janvier 2013, une nouvelle réglementation thermique prendra effet. La RT2012 tend à aller vers des bâtiments passifs et permettra de grandes économies d’énergie à leurs occupants. Aujourd’hui, le coût de la RT2012 reste assez important car cela est nouveau (environ 15%). Nous sommes dans une période charnière pour le logement social où, pendant quelques temps, nous aurons quelques difficultés de conception et de budget mais c’est une grande avancée qui permettra aux Architectes de réfléchir sur le fond de cette norme et de faire évoluer le logement. Notre rôle n’est pas de prendre un plan type et de le
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N
Permis de ConstruireMaître d'ouvrage : Opération :
DATE :
ÉCHELLE :
N° du plan :
5,00 %
150
150
±103.35
+101.10
+101.80
T2 50 m!
T3 64.5m!T3 66m!
LL SL
LLSL
T4 87m!T3 77.50m!
LL SL
EDF Eau SG FT GAZ
" 5 %
Bât A Bât B
±103.90
±101.50
Annexe 1RDC
10 logements en accession sociale
Décembre 2011
1/200 °
-
SCI Ville di Pietrabugno - Résidence Alba
redessiner avec les normes d’aujourd’hui, mais de réellement aller au-‐delà des attentes du maître d’ouvrage et des futurs occupants des logements. L’opération de 10 logements énoncé plus haut, la résidence Alba, a été pensée dès le départ avec pour objectif de passer en BBC -‐20%. Une bonne implantation par rapport au soleil, aux vents dominants nous a déjà permis, sans coût supplémentaire pour le projet, de s’approcher de l’objectif, puis nous avons su garder un bâtiment « éclaté » et distribué par des coursives en repensant les systèmes de chauffage et d’isolation.
La conception architecturale doit maîtriser l’art du compromis : Compromis entre les besoins et les moyens, entre le rêve et la réalité, entre l’environnement naturel et l’environnement humain, entre aujourd’hui et demain.
La résidence Alba est un projet que j’ai suivi de la phase de conception jusqu’à l’appel d’offre. J’ai vécu cette opération comme un combat dans le dialogue avec le maître d’ouvrage. En effet, il attendait de la maîtrise d’œuvre que nous rendions le projet plus conventionnel. Mais ce dialogue étroit a été essentiel car il a permis à la fois de répondre aux exigences de départ de la maîtrise d’ouvrage en terme de programme, d’enveloppe financière, d’exigences thermiques, et à la fois d’aller au-‐delà de ces attentes dans les volumes et la forme urbaine du projet.
Aller au-‐delà des attentes, c’est un peu surprendre, mais surtout crédibiliser notre profession en affirmant nos compétences.
Ci-dessus : Plan du rez-de-chaussée au stade Permis de Construire de la résidence Alba.
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Projet professionnel
On m’a toujours poser la question : « Pourquoi tu as voulu être architecte ? Pour faire comme ton père ? ».
Je ne saurai réellement expliquer ce choix d’études et de vie mais une chose est certaine, on ne fait pas ce métier pour « faire comme quelqu’un d’autre ». Il est vrai que j’ai toujours été, depuis mon enfance, dans une ambiance particulière, entre les tables à dessin et les rouleaux de calques d’étude… Alors inconsciemment peut-‐être, lorsque je dessinais ce qui serait « mon 1er immeuble », c’était par mimétisme. Mais je n’ai pas vraiment eu la vocation de ce métier. J’ai toujours été attirée par l’univers de la recherche, du dessin, de l’esthétique des choses, du bâtiment, mais cet univers « d’homme » me faisait peur. J’ai longtemps refoulé cette envie profonde de devenir architecte. Je ne sais pas ce qui m’a réellement conduit à cette profession, mais lorsque j’ai du faire un choix d’orientation, je me suis dit « essayons ! » et je ne regrette rien ; c’est en moi.
Je suis une personne timide, assez introvertie, mais curieuse et ouverte sur le monde et sur les autres. Ce métier est pour moi une manière de projeter une partie de ma personne, mes envies, mes peurs parfois … Ce qui fait que j’aime ce métier, c’est cette remise en question permanente, cette recherche de vérité sans cesse renouvelée, ainsi que les aspects bien plus stricts comme le cadre juridique et administratif dans lequel évolue la réalité constructive de nos pensées.
Mes choix d’avenir m’ont porté naturellement vers un retour que beaucoup pensent « prématuré » en Corse. Ce choix, je l’assume et en fait une force. Il n’y a rien de péjoratif à vouloir travailler sur l’île de beauté au contraire : l’île à tout à craindre dans son rapport à la globalisation, à la mondialisation ; elle a tout à gagner dans la valorisation de l’humain.
L’agence dans laquelle je pratique mon année de mise en situation professionnelle est l’agence A-‐RE-‐A (Atelier de Recherches Architecturale) créée par Paul Navari Architecte dplg en 1977. Il s’agit d’une agence à taille humaine, constituée de deux architectes dplg, mon tuteur et Myriam Monneraye, d’un dessinateur projeteur Christian Rodriguez et d’une secrétaire de direction Simonetta Valdrighi. Sur le même palier se trouve un économiste du bâtiment, Bruno Tomi, avec qui nous sommes en lien permanent. Nous travaillons sur plusieurs catégories de projets : projets d’urbanisme, ERP, écoles, cliniques vétérinaires, parkings, logements de standing, logements sociaux … Ce qui fait la particularité de mon tuteur, c’est sa perception politique et philosophique du rôle de l’architecte. Il a été membre du Conseil de l’Ordre des Architectes, un des fondateurs et Président du Syndicat Départemental des Architectes de Corse ; il a été aussi un des « moteurs » du Riacquistu : Il s’agit de la réappropriation de leur environnement et de leur bâti par les architectes locaux.
Cela peut-‐être perçu comme une facilité mais quels seraient les bénéfices d’une année de mise en situation professionnelle, et donc de préparation à l’Habilitation en son Nom Propre, dans une agence autre que celle qui deviendra la mienne ? De plus, où est la facilité de reprendre seule une agence qui existe depuis longtemps, avec une réputation et une image, et de me l’approprier en conservant le sérieux et la rigueur qui la caractérise, tout en
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y apportant « mon » image et « mes » valeurs ? A moi aujourd’hui d’emmener cette agence dans une autre direction, la mienne, non pas brutalement mais en douceur…
Lors de mon parcours scolaire, j’ai toujours effectué mes stages dans d’autres agences afin de pouvoir comparer ce que je connaissais et me forger ma propre opinion de la conception du projet et de la gestion d’une agence. Entre Marseille, Bastia et Paris, j’ai eu la possibilité de m’ouvrir sur de nouvelles perspectives et ainsi prendre en compte toutes les dimensions de ce métier. De plus, lors de cette année de mise en situation professionnelle, je n’aurai pu avoir meilleur tuteur. En effet, cette proximité familiale a fait que mon tuteur m’a réellement montré et expliqué les enjeux du métier, tout ce qu’un autre tuteur n’aurait peut-‐être pas pris le temps de faire. Cette année de mise en situation professionnelle m’a permis de me confronter entre autres à la commande publique (concours de 7000 m2 de bureaux à Bastia avec Reichen et Robert et associé), au logement de standing (21 logements à Bastia en bord de mer), au logement social ainsi qu’à la gestion d’un chantier.
Le métier d’architecte est un métier à part. L’école nous apprend les fondements de ce métier qui sont la culture et apprendre à raisonner avec un site, un programme. Elle nous apprend aussi à développer une posture personnelle. C’est un métier qui à une temporalité particulière, qui permet de varier les phases de conception et de réalisation, mais où le raisonnement que l’on met en place permet toujours d’atteindre nos objectifs. L’architecte ne fini jamais d’évoluer et de se former, c’est là toute la beauté de ce métier en contact permanent avec de nombreux interlocuteurs.
Voilà plus d’un an maintenant que j’évolue en tant qu’Architecte DE dans cette agence où je me prépare à devenir associée. L’Habilitation à la Maîtrise d’œuvre en mon Nom Propre me permettra d’être à niveau égal avec mes confrères de l’agence en terme de responsabilités et de pouvoir travailler sur mes propres projets. J’ai fait le choix d'un parcours professionnel qui semble peut être évident mais que je vois comme un défi à relever. Maintenant, je sais que je veux assumer le projet en tant qu'auteur, répondre de mes choix sur les plans économique juridique et esthétique, faire face à une responsabilité multiple et évolutive. Cette prise de responsabilité implique une mutation à laquelle la formation m’a préparée. Aujourd’hui, mon père est âgé de 63ans. Sans être HMONP, je laisse l’agence dans une sorte de fragilité. En effet, je dois être capable de prendre au pied levé toutes les responsabilités et me substituer à lui en cas d’urgence. L’agence travaille actuellement sur beaucoup de gros projets avec des Maîtres d’Ouvrages publics. Grâce à l’Habilitation à la Maîtrise d’œuvre, je serai juridiquement prête à assurer le bon déroulement des projets et éviterais une fermeture inévitable de l’agence, laissant 3 personnes au chômage. La transmission se ferai si nécessaire le plus tranquillement possible…
Il ne faut pas voir la reprise de l’agence comme un héritage qui n’évoluera jamais. Paul Navari et moi-‐même sommes deux personnalités différentes. Je ne veux pas être la « fille de », je suis prête à être Paola Navari Architecte DE HMONP. Reprendre l’agence est une chose, pratiquer mon métier en est une autre. Je le pratiquerai avec ma propre personnalité.
Aujourd’hui, je peux affirmer mon désir de pratiquer mon métier malgré l’incertitude du contexte dans lequel toute une génération de jeunes architectes exercera. Nous sommes dans un monde en perpétuelle évolution, à moi d’en être un acteur à part entière. Je pense que les bases que j’ai acquis durant cette année de formation ainsi que celles, peut-‐être
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encore plus importantes, que j’ai appris à l’école sont solides. Je ne peux prétendre qu’à cela pour le moment, l’architecture est un métier qui s’apprend en continu.
Cette mise en situation professionnelle m’a permis de prendre du recul avec la pratique architecturale « étudiante » pour me guider vers le chemin de la gestion d’une agence et sa réalité. J’ai pu faire face, grâce à l’aide de mon tuteur et de ses collaborateurs, aux difficultés rencontrées et cela m’a permis d’approfondir mes connaissances et d’élargir ma réflexion, tout en m’endurcissant.
Je crois pouvoir aujourd’hui affronter la complexité et les multiples facettes de mon métier, car je connais les outils. A moi de dégrossir la pierre brute. Humblement, je pense que même si je ne connais pas le but, je sais comment et sur quel chemin je dois cheminer…
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3°_ Conclusion
Naissance d’une Architecte
Lors de cette année de mise en situation professionnelle, j’ai eu la chance de pratiquer toutes les phases de conception et de réalisation. Mon travail a porté sur des projets de différentes natures :
- Concours Conception/Réalisation, 1000 m2 de bureaux pour le CHU de Bastia avec l’entreprise CARI
- Etude et PC pour la réalisation d’une mielerie de 700 m2 à Angiolasca - Suivi d’un chantier de 13 logements de standing en bord de mer à Bastia - Conception et suivi de chantier de la réhabilitation de la salle polyvalente de Ville-‐di-‐
Pietrabugno - Suivi d’un chantier de 62 logements en accession sociale à Bastia et gestion des TMA - Etude et PC pour la réalisation de 32 logements en locatif social BBC à Lucciana - Etude et PC pour la réalisation de 21 logements de standing en bord de mer à Bastia - Concours en association avec Reichen et Robert et associé (Paris) pour la réalisation
de 7000m2 de bureaux pour le département de la Haute-‐Corse à Bastia. Je suis restée 3 semaines à Paris dans leur agence afin de travailler sur la conception du projet
- Etude et PC pour la réalisation d’une clinique vétérinaire de 450 m2 à Bastia - Etude et PC pour la réalisation d’une école maternelle et primaire à Centuri 250 m2 - Etude, PC et DCE pour la réalisation de 10 logements en accession sociale à Ville-‐di-‐
Pietrabugno
Ce mémoire a pour but, en plus de réfléchir au rôle de l’architecte dans le logement social, d’expliquer et de démontrer la validité de mon choix professionnel à travers un projet de logement social sur lequel je me suis engagée et dont j’ai pu assumer la conception, le PC et le PRO/DCE.
Sur le projet Alba, dont j’ai déjà exposé les particularités dans les parties précédentes, je me suis battue avec l’aide du Maire pour conserver le parti urbain du concours ainsi que les volumes et travailler sur les espaces extérieurs. Afin de convaincre la maîtrise d’ouvrage, j’ai travaillé avec un économiste, Bruno Tomi, à toutes les phases du projet, mais surtout lors du PRO/DCE afin de faire baisser les coûts de construction au maximum, et corrélativement les prix de vente, tout en conservant l’architecture et les espaces du projet. Pour cela, nous avons travaillé l’optimisation des matériaux employé et la mise en œuvre des détails constructif afin de garder l’esprit du projet, ainsi que les proportions de certains éléments comme les dalles des terrasses, les chéneaux … En parallèle, j’ai également travaillé avec un ingénieur béton pour me rassurer sur certains choix constructifs afin, encore une fois, de rester au plus près du projet de base et optimiser la structure. Le fait que ce projet doive répondre à la RT2012 (exigence du maître d’ouvrage), cela m’a permis de m’enrichir auprès d’un ingénieur thermicien. Avec lui, j’ai pu parfaire mes connaissances en comparant plusieurs types de chauffage (solaire, thermodynamique) ainsi que sur la meilleure manière d’isoler mon bâtiment.
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C’est au travers du projet Alba que je me suis intéressée à la spécificité du logement social. Lorsque je me réfère aux efforts fournis par les architectes des années 70,80 ou encore 90 sur le fond du logement social, je me dis qu’il ne faut pas baisser les bras maintenant. Nous sommes une génération de jeunes architectes avec comme 1er outil, une détermination et une volonté de faire évoluer la société dans le bon sens pendant cette période charnière ou l’avenir est incertain.
Avoir réfléchi sur le rôle de l’architecte dans le logement social ne signifie pas pour moi vouloir pratiquer uniquement ce type de projet. Bien sur, c’est un thème qui me touche particulièrement mais la curiosité qui m’a mené à cette réflexion me donne envie de réfléchir à d’autres thèmes. Pour cela, j’espère pouvoir mener mon activité de manière pluridisciplinaire et ainsi nourrir mes projets de mes réflexions qui, elles même, assouvissent ma curiosité permanente.
La vie est faite d’opportunité qu’il faut savoir saisir. Si l’opportunité de travailler sur la commande publique continue de s’offrir à moi, cela ne m’empêchera pas de me tourner, à également vers l’habitat individuel et sa relation au paysage, à la territorialité et à la satisfaction des familles…
« La plupart des architectes n’atteignent pas leur vitesse de croisière professionnelle avant l’âge de cinquante ans ! Un architecte doit être compétant en histoire, en art, en sociologie, en physique, en psychologie, en science des matériaux, en symbolisme, en processus politique, et dans quantité d’autres domaines. Il doit également réaliser des bâtiments qui respectent les réglementations, résistent aux intempéries et aux tremblements de terre, soient pourvus d’ascenseurs et de systèmes techniques en état de marche, et répondent aux besoins fonctionnels et affectifs complexes de leurs usagers. Il n’y a peut-être aucune autre profession qui exige d’intégrer un si vaste champ de connaissances. Apprendre à intégrer cette multiplicité d’aspects en un tout cohérent demande du temps, et suppose beaucoup d’essais et d’erreurs. »
Zaha Hadid, extrait de « 101 petits secrets d’architecture qui font les grands projets » de Matthew Frederick
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Annexes
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