analyse et perspectives de l'internet des objets ... · qui suit celle des dispositifs...
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Octobre 2013
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Préface
Sous la Direction de M. Chékib Gharbi, Directeur Général du CITC-EuraRFID (cgharbi@citc-
eurarfid.com),
Avec les contributions de :
- Pauline FUMERY, Chargée d’études et de veille (pfumery@citc-eurarfid.com),
- Thierry DEMOL, Responsable R&D (tdemol@citc-eurarfid.com),
- Ali BENFATTOUM, Ingénieur R&D (abenfattoum@citc-eurarfid.com),
- Franck Gautier, Ingénieur R&D (fgautier@citc-eurarfid.com).
Les intervenants ayant participé à la rédaction de ce document sont à votre disposition pour vous
fournir toutes les informations complémentaires qui vous sembleraient nécessaires.
N’hésitez pas à les contacter.
CITC-EuraRFID
165 avenue de Bretagne
Euratechnologies
59000 LILLE
Tel : 03 20 19 18 52
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Sommaire
Préface ............................................................................................................................................................ 3
Sommaire ........................................................................................................................................................ 4
Liste des tableaux et figures .......................................................................................................................... 5
Glossaire ......................................................................................................................................................... 5
Introduction .................................................................................................................................................... 6
1. L’Internet des Objets .................................................................................................................................. 7
2. Orientations stratégiques de recherche et d’innovation ....................................................................... 14
3. Problématiques réglementaires .............................................................................................................. 19
4. Défis des technologies au service de l’Internet des Objets ................................................................... 22
5. Enjeux d’une gouvernance publique ....................................................................................................... 25
6. Quel(s) modèle(s) économique(s) pour l’Internet des Objets ............................................................... 28
Conclusion .................................................................................................................................................... 35
Projets en cours au CITC .............................................................................................................................. 38
Bibliographie ................................................................................................................................................. 39
ANNEXE 1 : Présentation du CITC-EuraRFID ............................................................................................... 40
ANNEXE 2 : SRA 2012 ................................................................................................................................... 42
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Liste des tableaux et figures
Figure 1 : A new dimension .................................................................................................................9
Figure 2 : L'Internet des Objets dans un contexte d’environnements et d’applications intelligents .... 13
Figure 3 : Le concept d'Internet de l'énergie ..................................................................................... 17
Figure 4 : 2012+ Enabling Information Technologies Radar ............................................................... 23
Figure 5 : Service foundations for the IoT .......................................................................................... 29
Figure 6 : The Internet of Things was "born" between 2008 and 2009 ............................................... 31
Figure 7 : Evolution du marché du M2M, en millions d'euros ............................................................ 31
Figure 8 : Hype cycle for emerging technologies 2012 ....................................................................... 36
Figure 9 : Hype cycle for emerging technologies 2013 ..................................................................... 367
*****
Tableau 1 : L'internet des objets – Un plan d'action pour l'Europe 26
Tableau 2 : Facteurs et freins à la croissance du marché IoT 32
Glossaire
IdO : Internet des Objets IdE : Internet de l’Energie IERC : IoT European Research Cluster IoE : Internet of Energy IoT : Internet of Things IP : Internet Protocol M2M : Machine to machine NFC : Near Field Communication RFID : Radio Frequency Identification
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Introduction
L’Internet des Objets (IdO) est un « réseau de réseaux » composé de nombreux éléments
complémentaires ayant chacun leurs propres spécificités : technologies d’identification, technologies
mobiles, architectures ouvertes et modulaires. Évolution logique de l’implantation du réseau Internet
qui suit celle des dispositifs mobiles, l’Internet des Objets préfigure également une totale révolution
des usages, des fonctionnements et des organisations.
En premier lieu, l'Internet des Objets était considéré comme une simple prolongation de
l'identification d’objet par radiofréquence. Mais si l’on considère les possibilités actuelles d’évolutions
et le nombre d’applications attenantes à l’interconnexion des objets, l’Internet des Objets apparait
davantage comme une révolution : durant le 19ème siècle, les machines ont appris à exécuter des
commandes, durant le 20ème siècle, elles ont appris à penser, et durant le 21ème siècle, elles
apprendront à anticiper et à percevoir.
Si ce concept est en train de s’implanter dans notre société, à travers le développement de services et
applications, ainsi que la mise en œuvre de projets pilotes à grande échelle, de grands défis restent à
relever afin de permettre le passage d’un réseau personnel à un réseau mondial constitué par les
objets environnants communicants : interopérabilité, réglementation, normalisation, anticipation, etc.
Au travers des visions actuelles et futures de l’Internet des Objets, de ses technologies, de leurs usages
et de leurs enjeux sociétaux, ce document de synthèse livre une analyse de l’Internet des Objets, de
ses perspectives, des questions qui restent en suspens et celles qui apparaissent au fur et à mesure
que se développent de nouveaux usages. Une analyse qui est marquée par la vision stratégique
européenne et le plan d’actions de l’Union Européenne pour faire avancer la recherche et les services
qui lui sont associés entre 2013 et 2020 :
Plan d’actions européen autour de l’Internet des Objets
- Poursuivre la recherche, les partenariats publics et privés, développer des projets pilotes,
établir une standardisation ;
- Instaurer un cadre réglementaire autour des notions de confiance, de sécurité et de vie privée ;
- Développer une gouvernance de l’Internet des Objets ;
- Renforcer le dialogue international.
Cadre d’action européen
- Collaboration entre les États Membres ;
- Plan d’action de l’Europe sur les changements climatiques « 20 20 by 2020 » ;
- « Digital Agenda for Europe » ;
- « ICT for transition to energy-efficient, low carbon economy ».
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1. L’Internet des Objets
1.1. Émergence du concept
L’Internet des Objets (IdO) est une partie intégrante des évolutions qui constitueront l’Internet du
Futur, qui désigne toutes les activités de recherche liées aux nouvelles architectures de l’Internet. Avec
l’Internet des objets, il s’agit d’évoluer d’un réseau d’ordinateurs interconnectés vers un réseau
d’objets interconnectés autonomes. Cette évolution marquera un tournant décisif dans le
développement de l’architecture globale de l’Internet, puisqu’elle le prolongera dans le monde
physique, permettant ainsi d’envisager de répondre à bon nombre de défis actuels tels que le
vieillissement de la population et la lutte contre l’isolement, les économies d’énergie, le
développement durable, etc.
Le concept d’Internet des Objets n’est pas récent. Il a été évoqué dès 1926 par l’inventeur Nikola Tesla
qui imaginait une planète fonctionnant comme un immense cerveau, dans lequel les éléments feraient
partie d’un tout dynamique et rythmé par des connexions sans fil1. C’est en 1999 que le terme le
désignant a été pour la première fois employé dans une publication scientifique relatant des travaux
en identification par radiofréquence (RFID) menés par le laboratoire Auto-ID Center du Massachusets
Institute of Technology2. Si en premier l’Internet des Objets était considéré comme une simple
prolongation de l’identification d’objet par radiofréquence, les recherches ont par la suite montré que
l’Internet des Objets allait bien plus loin.
Kevin Ashton, ancien directeur du centre de recherche du MIT, a ainsi fait le constat que les données
d’Internet sont produites ou encodées pour l’essentiel par l’homme et qu’elles ne se rapportent pas,
ou peu, aux objets du réel. Par l’émergence du concept d’Internet des Objets, il proposa alors
d’enclencher la notion d’un Internet diffusant des données sur les objets du monde physique (le
monde réel) : leurs états, leurs propriétés, leurs natures, leurs localisations, des données qui seraient
alimentées par des machines autonomes, capables d’identifier et d’observer fidèlement les objets du
réel. En somme, Kevin Ashton proposait là de brancher le monde virtuel sur le monde réel.
Les objets sont ainsi appelés à devenir des participants actifs du réseau, capables de communiquer et
d’interagir entre eux, avec leur environnement, et avec l’humain. Trois types de communication
peuvent être établies dans des zones restreintes (« intranet des objets ») ou publiques (« internet des
objets ») :
d’objet à personne ;
d’objet à objet ;
1« When wireless is perfectly applied the whole earth will be converted into a huge brain, which in fact it is, all things being particles of a real and rhythmic whole.........and the instruments through which we shall be able to do this will be amazingly simple compared with our present telephone. A man will be able to carry one in his vest pocket. », J. B. Kennedy, "When woman is boss, An interview with Nikola Tesla", in Colliers, January 30, 1926.
2 L’expression aurait été introduite pour la première fois par Kevin Ashton (un des fondateurs du MIT Auto-ID Center) durant une présentation en 1999 : "I could be wrong, but I'm fairly sure the phrase ‘Internet of Things’ started life as the title of a presentation I made at Procter & Gamble (P&G) in 1999", Kevin Ashton, RFID Journal, 22 June 2009.
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de machine à machine (M2M).
Au CITC-EuraRFID, nous pensons que cette hybridation du réel et du virtuel amène à créer de la valeur
supplémentaire dans ces deux environnements. L’objet augmente sa valeur par l’information
disponible qui lui est associée. Réciproquement, l’information sur l’objet croît grâce aux données
rapportées par l’objet et son contexte d’utilisation ce qui vient lui donner de la valeur supplémentaire.
L'échange de données leur permet de réagir de manière autonome aux événements du monde
physique (sans intervention humaine) et de nombreux services innovants à partir de ces objets
connectés peuvent être imaginés pour répondre à des besoins industriels mais aussi hospitaliers,
municipaux, etc.
1.2. Définition(s)
Il existe des dizaines de définitions de l’Internet des Objets. Certaines sont claires et succinctes mais,
trop spécifiques, elles échouent à rendre compte de la diversité des concepts qui se réclament de la
terminologie (informatique diffuse, systèmes cyber-physiques, intelligence ambiante, réseaux de
capteurs, numérique connecté, ubiquité, etc.). D’autres sont plus synthétiques, mais c’est souvent au
prix de la clarté.
De surcroît, plusieurs écoles de pensées coexistent et alimentent les recherches dans des perspectives
parallèles. Certains considèrent ainsi comme central un aspect plutôt fonctionnel, en définissant l’IdO
par : « des objets qui ont des identités et des personnalités virtuelles, opérant dans des espaces
intelligents et utilisant des interfaces intelligentes pour se connecter et communiquer au sein de
contextes d’usages ».
Dans une perspective plus technique, d’autres caractérisent l’IdO comme : « un réseau de réseaux qui
permet, via des systèmes d’identification électroniques normalisés et unifiés, et des dispositifs mobiles
sans fil, d'identifier directement et sans ambiguïté des entités numériques et des objets physiques et
ainsi de pouvoir récupérer, stocker, transférer et traiter, sans discontinuité entre les mondes physiques
et virtuels, les données s’y rattachant 3».
Enfin, on peut aussi se focaliser autour d’une dimension plus sociotechnique en analysant l’Internet
des Objets comme un élément dans un ensemble, et qui pourrait-être formulée comme : « des objets
interconnectés ayant un rôle actif dans ce qui pourrait être appelé l’Internet du Futur ».
L’IERC, cluster européen de recherche sur l’Internet des Objets (IoT European Research Cluster),
propose pour sa part de définir l’IdO comme : « une infrastructure réseau globale dynamique avec des
capacités d’auto-configuration basées sur des protocoles de communication normés et interopérables
dans lequel les objets physiques et virtuels ont une identité, des attributs physiques, des personnalités
3 Étude "L’Internet des objets" par Pierre-Jean Benghozi et Sylvain Bureau (Pôle de recherche en Economie et Gestion de l’Ecole
Polytechnique) et Françoise Massit-Folléa (programme Vox Internet II).
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virtuelles, qui utilisent des interfaces intelligentes et qui sont parfaitement intégrés au réseau
d’information ». Une définition qui implique le fait que le réseau soit évolutif, changeant et adaptatif.
Il est de ce fait à l’heure actuelle encore nécessaire de donner une définition qui rendrait compte du
concept dans son intégralité. Le plus simple, c’est peut-être d’admettre que le terme « Internet de
objets » recouvre des réalités assez variées et qu’en tant que champ de recherche récent il n’a pas
encore su produire une caractérisation qui fasse l’unanimité. Ce qu’il faut retenir, c’est que l’Internet
des objets promet de gommer un peu plus les frontières entre le monde physique et le monde
numérique. Il permettra de désigner et d’identifier les objets du monde réel afin de leur donner une
existence dans le monde numérique. Il permettra également d’agir sur les objets du monde réel à
travers leur représentation dans le monde numérique.
1.3. Vision et enjeux
Figure 1 : A new dimension (Source : ITU)
L’IdO propose de réaliser deux choses : rendre les objets autonomes, et servir d’outil d’aide à la prise
de décision pour les hommes. Ce concept vient ainsi ajouter une nouvelle dimension aux technologies
de l’information et de la communication. En effet, à une connexion permanente, en tous lieux, et pour
tous (« anytime, any place connectivity for anyone »), on vient ajouter une connexion pour chaque
chose (« for anything »)4.
4 ITU. Internet Reports 2005: The Internet of Things. 2005. [URL :
http://www.itu.int/osg/spu/publications/internetofthings/InternetofThings_summary.pdf]
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Cette vision du monde ultra-connecté : « Any TIME, Any PLACE, Any THING » est une vision qui a
dépassé le stade conceptuel. En effet, après avoir débuté avec la réalité augmentée, la géolocalisation
et les QR Codes, l’IdO couvre désormais plusieurs applications qui commencent à s’installer dans notre
paysage et qui sont plébiscitées par de nombreux utilisateurs, telles que : le paiement par carte sans
contact, les voitures connectées, les compteurs électriques intelligents, plusieurs objets ludiques ou
informatifs (jouets connectés, tables tactiles, bornes de renseignements, etc.), mais aussi des objets
intelligents utilisés pour les secteurs industriels, la logistique, le commerce, etc. Et le phénomène
prend de l’ampleur : le nombre d’objets connectés à Internet a dépassé le nombre d’internautes depuis
2008.
Le cabinet ABI Research estime à plus de 10 milliards le nombre d'objets actuellement connectés sans
fil dans le monde, contre 2,749 milliards d'internautes au premier trimestre 2013 soit 38,8 % de la
population mondiale, selon les derniers chiffres communiqués par l'UIT (Union Internationale des
Télécommunications). D’ici à 2020, le nombre d’objets connectés devrait quintupler pour atteindre 50
milliards.
1.4. Défis
L’Internet des objets est l’évolution d’un réseau d’ordinateurs interconnectés vers un réseau d’objets
interconnectés. Des objets hétérogènes, qui interagissent et communiquent via internet, posant ainsi
de multiples questions dont celles de l’interopérabilité, de la consommation énergétique et de la
recyclabilité de ces objets et du traitement de leurs informations.
Les futures applications imaginées pour parvenir au développement de véritables « Smart Cities »
(villes intelligentes) ou de « Smart Grids » (réseaux intelligents) n’auront rien à voir en comparaison
avec les premiers déploiements que l’on peut observer aujourd’hui. Si l’on envisage une adoption
massive de l’IdO, les effets engendrés sur la vie quotidienne des citoyens, des entreprises et des
collectivités peuvent être énormes. En conséquence, une réflexion conjointe entre les acteurs
impliqués doit être menée en amont, afin d’anticiper des répercussions économiques et sociales de
l’IdO de grande envergure, mais aussi afin de permettre son développement sous la forme d’une
infrastructure globale. Des réglementations concernant la sécurité et la sûreté des installations et des
échanges de données parfois sensibles, le respect de la vie privée des individus, l’exposition aux
champs électromagnétiques, la protection de l'environnement, l'efficacité du commerce international,
etc. doivent être également considérées.
En outre, la nature hétérogène des objets, et des entités avec lesquelles ils interagissent, nécessite une
architecture standard évolutive et flexible qui élimine ou minimise toute partialité envers un langage
de programmation particulier, un système de transmission de l’information ou une technologie et qui
permettent l’optimisation des réseaux informatiques et énergétique existants utiles à l’Internet du
futur.
Par ailleurs, il est à noter que certains objets n’auront pas de connexion intrinsèque et permanente au
réseau mais dépendront de l’intelligence de leur environnement ou d’un système d’information
distant. Ces objets devront être capables de communiquer leurs positions et leurs états au système
qui nécessite une connexion permanente et fiable. Dans certains environnements critiques comme
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par exemple dans les cabines d’avions, les objets ayant trait à la sécurité de l’avion (masque de
sécurité, gilet de sauvetage, extincteur etc.) doivent pouvoir être prioritaires et éventuellement seuls
à émettre pour éviter les perturbations électromagnétiques avec d’autres objets.
La pénétration de l’IdO dans notre société dépend également de la matérialisation de la demande à
travers des services adaptés, et de l’approbation des « réfractaires » aux nouvelles technologies,
pour lesquels ces services doivent se matérialiser au travers d’un cadre établi. Dans le cas où ces
signaux ne seraient pas écoutés, l'Internet des objets resterait limité à quelques domaines de niche
(par exemple : les soins de santé, la logistique, la fabrication, la sécurité, le transport).
Le cluster européen IERC synthétise ces défis actuels sur lesquels il faut se pencher et mener un effort
de recherche pour permettre cette pénétration de l’IdO5 de la manière suivante :
1. L’architecture : développement et perfectionnement de cadres de référence structurels pour
l’agencement physique et logique des matériels et des composants informatiques, ainsi que
pour les questions d’identification des objets, de virtualisation et de décentralisation ; et aussi
pour assurer l’interopérabilité entre les secteurs d’application.
2. Les questions de sécurité et de confiance : développement de mécanismes et de cadres
assurant à tous les utilisateurs, en contexte à la fois professionnel et privé, une confiance dans
les applications, et leur permettant de maintenir une certaine maîtrise de leurs données à
travers l’ensemble du cycle de vie des données et de l’information.
3. Plateformes logicielles et intergicielles (middleware) : soutien pour le traitement et l’analyse
des flux de données provenant des capteurs, des objets et des systèmes d’information
hétérogènes.
4. Interfaces : intégration d’approches multimodales pour enrichir les interactions homme-
machine en vue de changer à la fois l’expérience utilisateur et de gérer la densité des
informations.
5. Smart sensors : intégration d’intelligence embarquée dans les réseaux et les dispositifs de
récupération d’énergie.
6. Essais et normalisation : mise en place d’essais et de projets pilotes à grande échelle pour
permettre de comprendre les effets de déploiements de masse de l’IdO, et pour pouvoir
instaurer par la suite une normalisation assurant l'interopérabilité et réduisant la complexité
des systèmes.
5 IERC. The Internet of Things 2012 – New horizons. IERC book 2012. [URL : http://www.internet-of-things-research.eu/documents.htm]
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7. Modèles économiques : développement de nouveaux modèles économiques pour les acteurs
existants et aussi pour les acteurs émergents et innovants, permettant d’exploiter le potentiel
économique de l’IdO.
8. Implications sociales et éthiques : l'Internet des objets a déjà commencé à changer nos vies
virtuellement, mais les questions sur son usage physique impliquant des considérations sur
des besoins en matière de vie privée, sur l'inclusion des technologies à la société et sur
l'évolution des comportements sociaux induits ne sont qu’en partie posées.
9. Gouvernance de l’Internet des Objets : la gouvernance de l’IdO est souvent mal comprise, en
particulier en ce qui concerne la gouvernance des objets et leurs contextes d’usages. De
nouveaux modèles, mécanismes, et cadres concernant des aspects légaux sont nécessaires.
10. Coopération Internationale : l’IdO est un sujet international qui ne fonctionnera que si un
certain niveau d'interopérabilité est maintenu entre les pays.
11. Intégration des résultats d'autres disciplines : les TIC, la robotique, la nanotechnologie, la
biomédecine et les sciences cognitives constituent une source riche d'inspiration et de champs
d'applications pour amener l'Internet des objets encore plus loin.
1.5. Perspectives
L’étude « Analyse et perspectives de l’Internet des Objets » publiée par le CITC-EuraRFID en 2010,
mettait en avant quelques domaines d’application de l’Internet des Objets en plein essor :
L’aérospatial et l’aviation, à travers la prévention des contrefaçons, traçabilité des
composants, systèmes de sécurité ;
Les télécommunications, pour ce qui a trait au développement de nouvelles applications et
de nouveaux services simplifiant et sécurisant les manières de communiquer, et créant de
nouveaux usages du mobile (paiement, etc.) ;
Les bâtiments intelligents, autour de la mesure de la consommation énergétique, des
environnements intelligents et économes capables de s’adapter aux habitudes de vie et
capables de détecter des situations dangereuses ;
Les soins et la santé, à travers la surveillance des patients (monitoring), le diagnostic et
l’ordonnance des médicaments ;
La logistique et la gestion des chaines d’approvisionnement, pour la traçabilité en temps réel,
la gestion des stocks, et la vérification automatique des entrées/sorties.
En 2013, compte-tenu des évolutions dans le champ de l’Internet des objets et du M2M dans les
domaines industriels et de services, de l’évolution des moyens techniques et à la diminution de leurs
coûts, ainsi que de l’évolution des pratiques et usages numériques, on observe que l’Internet des
Objets devient omniprésent, à travers l’intégration d’objets et d’environnements « intelligents » pour
le climat, l’alimentation, l’énergie, la mobilité, la société numérique et la santé.
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De ce fait, il nous apparaît pertinent de pouvoir envisager une déclinaison de l’Internet de Objets à
travers des environnements dit « SMART », comme le présente le schéma suivant (cf. Fig. 2).
Figure 2 : L'Internet des Objets dans un contexte d’environnements et d’applications intelligents (Source : CITC-EuraRFID)
Ainsi, pour tenter de segmenter les services de l’Internet des Objets, on pourrait retrouver dès 2013
les dénominations identifiées par le CITC-EuraRFID de la manière suivante : « SMART HEALTH » ou
« SMART CARE », pour désigner les solutions interconnectées ayant trait à la santé et au soin ;
l’appellation de « SMART CITIES », qui regroupera les services numériques connectées dédiées à la ville
et aux citoyens ; les « SMART GRIDS », qui concerneront le développement des réseaux intelligents
pour l’eau, le gaz et l’électricité ; l’environnement de la « SMART MOBILITY », qui pourra regrouper
l’ensemble des Systèmes de Transport Intelligent ; les « SMART BUILDINGS », qui verra l’émergence
d’habitats et de bâtiments performants et autonomes énergétiquement ; le domaine des « SMART
FABRIK » ou « SMART FABRIC », qui désignera l’usine et l’entrepôt de demain ; la « SMART PLANET »,
quant à elle, se rapportera à la technologie au service de l’environnement ; enfin, les « SMART
COMMUNITIES » verront l’émergence des communautés connectées.
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2. Orientations stratégiques de recherche et d’innovation
L’émergence d’environnements « intelligents » traduit une volonté grandissante de modernisation des
services et infrastructures en y intégrant des technologies innovantes au service d’enjeux communs
(capteurs, radiofréquence, biométrie, etc.).
L’Europe, à travers le « Strategic Research Agenda 2012 » (SRA 2012 - Programme stratégique de
recherche) qui décrit les domaines prioritaires de la R&D pour les dix prochaines années à venir,
présente une vision et une feuille de route consciente de l’enjeu que revêt le développement de
l’Internet des Objet.
Le SRA 2012, qui couvre les enjeux et challenges majeurs de l’Internet des Objets jusqu’en
2020 (orientations stratégiques de recherche, champs d’applications prioritaires, technologies,
problématiques d’infrastructure, de réseaux et de communication, de standardisation et
problématiques sociétales…) permet ainsi de veiller à la coordination et la rationalisation des efforts
de recherche et développement actuels et futurs.
Les thèmes stratégiques qui y sont mis en avant sont les suivants :
2.1. Les « Smart Cities »
Les villes et leur démographie sont en forte croissance. L’opportunité d’y déployer des services liés à
l’Internet des Objets est réelle. En effet, la ville peut-être un lieu témoin à grande échelle des usages,
c’est une plateforme de test idéale dans laquelle l’introduction et l’évaluation de pléthores de « smart
services » est possible. Toutefois, l’implication des pouvoirs publics est cruciale pour aller dans ce sens.
Le projet le plus abouti en Europe est le projet « FP7 SmartSantander », qui vise à déployer une
infrastructure accompagnée de milliers de dispositifs à travers quatre villes : Santander, Guildford,
Luebeck et Belgrade.
On peut également citer l’« OUTSMART Project », un projet FI PPP, qui se concentre sur les services
publics et l’environnement des villes, et qui montre le rôle de l’IdO dans la gestion des déchets et de
l’eau, l’éclairage, les transports publics et la surveillance de l’environnement.
En outre, dans le cadre du programme U-City, la métropole lilloise a également décidé de relever le
défi de la modernité, de la solidarité et de l’environnement, à travers une gamme de services à
destination du citoyen, acteur mobile dans la cité, qui le positionneront au cœur d’échanges et
d’informations contextualisés et géo-localisés en tout lieu, à tout moment, et sur tout support. Il s’agit
également, pour la métropole lilloise de repenser l’aménagement du territoire, de réfléchir aux
interactions entre les personnes et les lieux, et de renforcer la cohésion entre les territoires qui la
composent afin de l’engager dans l’ère de l’ubiquitaire.
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2.2. Le « Participatory sensing »
Le concept de « Participatory sensing » désigne la création de connaissances à partir de données
envoyées par une communauté ou un groupe de personnes (données qui s’échangent, sont
comparées, mises en avant à titre informatif, etc.) ; des connaissances qui permettent de rendre
accessible un sentiment de mieux vivre pour la communauté. Ce concept peut-être traduit en français
par participation citoyenne si on pense aux applications collectives adossées aux traces délibérées
(émises par les usagers, photos géolocalisées par exemple), aux mesures environnementales (projet
des « Citoyens capteurs »6), ou par navigation personnelle pour désigner les applications
« égocentriques » (qui font converger les données personnelles et contextuelles)7.
Si auparavant, l’accès aux connaissances d’une communauté était difficile, l’adoption d’appareils
mobiles, tels que les Smartphones et les tablettes tactiles possédant des capteurs intégrés (caméras,
microphones, accéléromètres, indicateurs de température, haut-parleurs, écrans, etc.) rend le
Participatory sensing viable à grande échelle. Les puces « bon marché » implantées sur les objets du
quotidien pourraient permettre d’aller encore plus loin. Ainsi, chaque personne, mobile, voiture, et
tout capteur embarqué peut être utilisé comme moyen de récupérer une mesure instantanée d’un
environnement à un moment donné, une information enrichie. Combinées, ces données créent une
image claire du monde physique qui peut être partagée et utilisée par exemple pour impulser la
création de nouveaux services dans la ville.
2.3. Les Réseaux sociaux
Le concept d’Internet des Objets peut devenir plus concret dans l’esprit des utilisateurs à travers
l’ancrage des applications à des réseaux sociaux. En effet, dans une perspective utilisateur, les
connexions possibles entre les objets ne sont pas facilement compréhensibles, alors que lorsque l’on
représente des combinaisons d’usagers en interaction avec des objets, ces relations deviennent plus
évidentes.
En outre, ces nouveaux réseaux sociaux au service de l’IdO peuvent conduire à des applications
intéressantes et populaires de plus en plus sophistiquées et innovantes8. Ces réseaux sociaux qui sont
parfois massivement utilisés pourront de surcroît être considérés comme un nouveau canal de collecte
d’informations.
Cette vision orientée « social network » se retrouvait auparavant surtout dans une vision américaine
de l’IdO à travers le paradigme : « Internet+ People + Things= Internet of Things », et plusieurs exemples
de réseaux sociaux, comme le projet Tales of Things, qui consiste à partager des informations sur un
objet par le biais d’un tag (www.talesofthings.com) ; Pachube, un webservice dédié à l’échange de
données sur l’énergie et l’environnement (www.haque.co.uk/pachube.php) ; ou encore Stickybits
(www.crunchbase.com/company/stickybits), l’un des premiers réseau social d’objets reliant les
6 Cf. http://www.citoyenscapteurs.net/ 7 Source : http://www.planete-plus-intelligente.lemonde.fr/villes/donnees-publiques-ville-sensible-et-ville-lisible_a-13-153.html 8 (cf. appli de location-based news : http://readwrite.com/2010/01/25/foursquare_location_platform)
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mondes physique et numérique. Il semble désormais que la vision européenne, qui se concentrait
jusque-là davantage sur l’interconnexion des objets, s’ouvre à cette dimension.
2.4. « Smart energy » et « Smart grid »
Notre société doit chercher à mieux maîtriser sa consommation d’énergie, se rapprocher de sources
d’énergies renouvelables, et adapter sa manière d’exploiter les ressources naturelles de façon à
assurer leur préservation.
La capacité grâce à l’IdO à créer de véritables réseaux intelligents pourrait permettre de pouvoir mieux
prendre en compte les comportements de consommation de l’énergie.
Les réseaux intelligents (ou «smart metering») sont des réseaux capables d’ajuster la distribution des
flux qui les traversent (énergie électrique, gaz, eau) en fonction de la consommation effective et de
l’état des structures. Ils utilisent pour cela des capteurs en réseaux et des technologies de transmission
servant à la mesure et/ou la collecte de données à distance (volume, possible fuite, qualité, etc.).
Chez le consommateur (particulier, industriel, collectivité), les compteurs communicants («smart-
meters») comme Linky ou Gazpar sont une première étape dans la mise en place du réseau intelligent.
Toutefois, les réseaux intelligents vont au-delà, s’étendant de manière plus vaste à plusieurs niveaux :
depuis les fournisseurs (production, stockage), en passant par les éléments de l'infrastructure du
réseau (transport, distribution), jusque chez les consommateurs (relevés en temps réel, analyses en
aval de la consommation, etc.).
Les réseaux intelligents peuvent ainsi être définis selon quatre caractéristiques :
Flexibilité : ils permettent de gérer plus finement l’équilibre entre production et
consommation ;
Fiabilité : ils améliorent l’efficacité et la sécurité des réseaux ;
Accessibilité : ils favorisent l’intégration des sources d’énergies renouvelables sur l’ensemble
du réseau ;
Economie : ils apportent, grâce à une meilleure gestion du système, des économies d’énergie
et une diminution des coûts (à la production comme à la consommation)
Au cœur des réseaux électriques intelligents (« smart grids »), ces technologies communicantes,
adaptées aux énergies volatiles, et capables de réagir à des fluctuations de puissance, ont ainsi la
faculté de créer de véritables quadrillages virtuels intégrant la combinaison de multiples sources
d’énergie, telles que les énergies renouvelables. Elles permettent alors d’optimiser la distribution des
charges en temps réel, de pouvoir isoler des zones en cas d’incidents, de mieux prendre en compte les
comportements de consommation, et d’encourager à une gestion plus responsable des
consommations individuelles.
Le développement du Smart Grid devrait engager celui d’un nouveau concept de réseau de
transmission, capable de diriger l’énergie de manière sécurisée et en respectant des standards de
fourniture de qualité. Ce nouvel « Internet », que certains désignent comme un « Internet de
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l’énergie » (IoE), gérerait les paquets d’énergie de manière similaire à des paquets de données, avec
des routeurs et des passerelles qui pourraient décider de manière autonome les meilleurs chemins à
emprunter pour distribuer l’énergie9.
Figure 3 : Le concept d'Internet de l'énergie (Source : CITC-EuraRFID)
Un autre élément important en ce qui concerne les réseaux d’électricité intelligents est le
développement d’une électro-mobilité. Les véhicules électriques pourraient agir comme une charge
de puissance et comme une base de stockage d’énergie mobile, liées au Smart Grid. Ainsi, l’offre
pourrait être gérée par zones urbaines en fonction de la demande et des prévisions de trafic.
En ce qui concerne cette fois les réseaux d’eau intelligents (« smart water networks »), ces technologies
se caractérisent alors par leur potentiel à détecter des fuites d’eau, depuis leur source jusque chez le
consommateur (grâce à un suivi d’une consommation parfois anormale), afin de limiter les pertes de
cette ressource précieuse, et de pouvoir délimiter des zones prioritaires pour la rénovation du réseau.
La région Nord-Pas de Calais est particulièrement impliquée dans l’émergence des Smart Grids à
travers le développement du projet Site Pilote des Réseaux Urbains Intelligents – SunRise, qui a pour
ambition de faire du campus universitaire de l’Université de Lille 1 un site pilote des réseaux urbains
intelligents de manière à pouvoir optimiser et favoriser l’interdépendance des ressources en eau, en
électricité et en chauffage sur le campus. Ce dernier est un lieu de rencontre entre collectivités,
opérateurs, laboratoires, bureaux d’ingénierie, sociétés de services et usages et ressemble fortement
à l’écosystème d’une ville.
Enfin, à travers le projet Rifkin, le Nord-Pas de Calais, dans la lignée de la troisième révolution
industrielle, a confié à Jeremy Rifkin l’élaboration d’une feuille de route engageant la région vers une
9 Le SRA 2012 définit ce concept de l’Internet de l’énergie comme : « a network infrastructure based on standard and interoperable
communication transceivers, gateways and protocols that will allow a real time balance between the local and the global generation and storage capability with the energy demand. », c’est-à-dire une infrastructure réseau basée sur des émetteurs-récepteurs de communication standards et interopérables, des passerelles et des protocoles qui permettront un équilibre en temps réel entre les capacités de production et de stockage d’énergie au niveau local et mondial en fonction de la demande d'énergie. Cet « Internet de l’Energie » est un concept innovant pour la distribution d’électricité, le stockage d’énergie, la surveillance des réseaux, le pilotage et la communication.
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transition énergétique. Ce projet s’attache notamment à réfléchir aux bâtiments du futur : passifs, à
énergie positive, autonomes sur la consommation d'eau et la gestion des déchets, et intégrés aux
smart grids10.
En savoir plus sur les projets du CITC en matière de Smart Grid11
2.5. Smart mobility
La connexion de véhicules au réseau Internet donne naissance à un éventail de nouvelles possibilités
et d’applications qui pourraient rendre le transport plus sûr et plus simple. En parallèle, cela rend
possible la création de nouveaux écosystèmes basés sur la confiance, la sécurité, et la commodité.
Plusieurs scénarios d’application sont envisagés :
- Contrôle du véhicule et système de gestion : surveillance en ligne par un centre de services ou
un garage pour rendre possible une maintenance préventive, un diagnostic à distance, un
service-client à distance, et un service de disponibilité en temps voulu de pièces de rechange.
- Gestion du trafic et contrôle : éviter les embouteillages, optimiser les dépenses d’énergie,
éviter les accidents, connaître les conditions de conduite, avec comme précondition l’existence
d’un système de contrôle et de gestion du trafic à l’échelle de la ville. Pour cela, il faut mettre
en place un tarif routier et des taxes de parking, ainsi qu’une communication mutualisée entre
les véhicules avec l’infrastructure globale.
- Transport multimodal (ou combiné) : repenser le transport de marchandises en l’optimisant
grâce à l’échange de données sur les trafics (routiers, maritimes, ferroviaires…), sur les espaces
de parking disponibles, etc.
Les éléments techniques favorables à ces systèmes sont les Smartphones et les smart vehicles qui
acquièrent des informations par leurs usagers (position, destination, planning) et par les systèmes
embarqués (statut du véhicule, position, profil de consommation d’énergie, profil de conduite),
accompagnés par un système de paiement par l’usager.
Autre condition (technique) : des capteurs et des actuateurs robustes aux conditions météorologiques
extérieures. Il faut aussi que les communications se fassent sur la base de protocoles M2M qui
prennent en compte des contraintes de temps, de sûreté et de sécurité, et qui demandent des
stratégies de fouille de données (data mining) élaborées.
2.6. « Smart water », traçabilité et sécurité de circuits alimentaires
L’eau et la nourriture sont les ressources naturelles les plus importantes dans le monde, et aussi celles
qui représentent un véritable défi en matière de sécurité sanitaire. L’IdO peut répondre à des attentes
concernant des problématiques de traçabilité de ces ressources depuis leur production jusqu’à leur
consommation. Les challenges de la recherche à venir sur ces problématiques concerneront : la
10 Plus d’infos : http://www.latroisiemerevolutionindustrielleennordpasdecalais.fr/ 11 http://www.citc-eurarfid.com/evenement/2013-commission-smartgrid/citc-et-smartgrid.pdf
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conception de mécanismes sécurisés, inviolables et rentables pour le suivi de la nourriture et de l'eau,
de la production aux consommateurs, ainsi que la création d’un moyen sûr de contrôler les processus
de production, fournissant des informations suffisantes et garantissant la confiance des
consommateurs. Un moyen qui doit prendre en considération le fait que les éléments des processus
de production peuvent être considérés comme relevant de la propriété intellectuelle, et qui ne doivent
pas être révélés.
L'Université Lille 1 – Sciences et Technologies, le Centre d'Innovation des Technologies sans Contact
CITC–EuraRFID et Eaux du Nord se sont en outre associés pour créer une chaire industrielle « Réseaux
Urbains Intelligents – Eau » et développer un pôle de génie urbain et géo-Environnement portant sur
le concept de la « ville intelligente ». L'enjeu de cette chaire est de constituer à Lille, un site pilote
international, sur le plan de la recherche scientifique et le développement d'applications. Son objectif
: imaginer des solutions permettant d’optimiser, de sécuriser, de contrôler et de gérer de manière
optimale les réseaux urbains ; la problématique de l’eau constituant un volet particulièrement
important (repérage automatique des pollutions ; réduction des fuites d’eau en amont).
Le projet « SmartWater4Europe », sélectionné par la Commission Européenne, s'inscrit également
dans la continuité de ces travaux de recherche concernant les réseaux d'eau intelligents. Parmi les
objectifs donné, il s’agira pour le consortium formé par le CITC-EuraRFID, 12 PME innovantes, 3
opérateurs d’eau, 3 instituts de recherche, 1 entreprise et 1 centre technique, de réaliser des travaux
innovants visant à optimiser et améliorer la gestion des 3,5 millions de km de réseaux de distribution
d’eau en Europe. Quatre aspects seront ainsi mis en avant : la qualité de l’eau distribuée, la détection
des fuites, l’optimisation de l’énergie, et l’interaction avec le consommateur.
3. Problématiques réglementaires
D’une vision technologique à la réalité et ses contraintes économiques et sociales, l’essor de l’Internet
des Objets va soulever différentes préoccupations allant de tensions susceptibles d'émerger entre les
différents acteurs impliqués à des défis de confidentialité et à des litiges concernant le respect de la
propriété intellectuelle.
L’exemple récent de l’utilisation massive des réseaux sociaux et de l’arrivée du web participatif a
montré le manque d’anticipation sur des conflits qui auraient pu être pointés au fur et à mesure de
l’expansion du réseau Internet.
L’Internet des Objets sera sans doute la prochaine révolution technologique et, si en apparence les
problèmes légaux qui lui sont associés sont les mêmes que ceux posés autour des discussions sur la
réglementation de l'Internet au cours de la dernière décennie, en réalité, beaucoup de changements
sont à venir.
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Dans quelles mesures le phénomène de l’IdO va conduire à des problèmes et des
questions qui seront différentes de ce que nous avons connu ?
Devant ces nouveaux défis, est-ce que les cadres juridiques existants seront
adaptés pour faire face à ces problèmes ou faudra-t-il créer de nouvelles lois ?
Deux lignes d’action présentées par l’UE sont particulièrement intéressantes dans une perspective
légale : d’une part la sécurité de l’IdO (confiée à l’ENISA12), qui consiste en pratique à la surveillance
continue du respect de la vie privée et de la protection des données personnelles ; et d’autre part, le
statut de l’IdO en tant qu’infrastructure d’importance vitale, qui évoque le besoin de pouvoir être
déconnecté de l’environnement (mis) en réseau, par ce que l’on peut appeler « le droit au silence des
puces ».
Ces questions essentielles ne représentent que le début du questionnement légal de l’IdO. Pour tenter
d’aborder ces points, la Commission Européenne a lancé en juin 2012 une consultation autour de la
question : « What framework is needed to unleash the potential economic and societal benefits of the
Iot, whilst ensuring an adequate level of control of the devices gathering, processing and storing
information ? », c’est-à-dire, quel cadre est nécessaire pour libérer les avantages économiques et
sociaux de l'IdO, tout en assurant un niveau adéquat de contrôle des appareils qui collectent, traitent
et stockent l'information13. La CE sollicite ainsi des avis sur la vie privée la sureté et la sécurité (sécurité
d'infrastructures critiques de l’IdO), l'éthique, l'interopérabilité, la gouvernance et les normes. Les
résultats de cette consultation seront indiqués dans un document (« Commission’s recommandation
on the IoT ») qui sera présenté fin 2013.
D’autres problèmes légaux concrets et émergents apparaissent, comme l’explique Eric Barbry dans
l’article “The Internet of Things, legal aspects. What will change (everything)” :
3.1. Santé publique
L’Internet des Objets fait appel à des technologies qui émettent des champs électromagnétiques. Ni
les conclusions de l’étude menée par l’AFSSET sur le sujet en 2009, ni les travaux scientifiques menés
plus récemment ne permettent toutefois de conclure sur l’éventuel effet néfaste des champs
électromagnétiques sur le corps humain, en particulier sur les tissus mous, et elles ne permettent pas
non plus d’aborder d’éventuels impacts à moyen ou long terme. Ce manque de résultats probants a
pour conséquence d’entraîner une hésitation évidente du côté réglementaire.
En avril 2004, la Directive européenne 2004/40/CE concernant les prescriptions minimales de sécurité
et de santé relatives à l’exposition des travailleurs a été actée, donnant des recommandations sur
l’exposition professionnelle à des champs électromagnétiques (de 0Hz à 300GHz). La transposition de
12 Voir le dernier rapport de l’ENISA : « Appropriate security measures for smart grids. Guidelines to assess the sophistication of security
measures implementation », 06/12/2012. Accessible en ligne : https://www.enisa.europa.eu/activities/Resilience-and-CIIP/critical-infrastructure-and-services/smart-grids-and-smart-metering/appropriate-security-measures-for-smart-grids
13 Pour plus d’informations : http://europa.eu/rapid/press-release_IP-12-360_fr.htm?locale=FR
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cette Directive en réglementations nationales européennes était initialement prévue en avril 2008.
Elle a été reportée à avril 2012, puis au 31 octobre 2013. Ce report de date est lié initialement à la
prise en compte de certaines technologies médicales faisant intervenir des champs statiques ou des
champs de fréquences extrêmement basses, telles que l’imagerie par résonnance magnétique (IRM),
mais il est aujourd’hui lié à la parution de nouvelles études scientifiques relatives aux effets sur la santé
des expositions aux rayonnements électromagnétiques, qui pourraient entraîner des modifications
substantielles des valeurs déclenchant l’action obligatoire des entreprises et des valeurs limites.
*Plus d’informations à ce sujet : Impacts de la RFID sur la santé. Synthèse des études scientifiques menées et
préconisations sur les stratégies d'investigation, CITC-EuraRFID, 2010)
3.2. Diffusion des données et droit au silence des puces
La protection de la vie privée est primordiale et on s’aperçoit qu’à l’heure actuelle, les internautes se
posent de plus en plus de questions quant à la protection de leurs données laissées sur les réseaux
sociaux. Étant donné que l’usage de l’IdO engendrera la collecte d’encore plus de données, ultra
précises, sur leur santé, leurs habitudes de vie, leur localisation, leur consommation d’énergie, leur
style de conduite, leurs préférences alimentaires, etc., cette question est primordiale et doit faire
l’objet d’un encadrement légal.
Plusieurs auteurs ont déjà travaillé sur le sujet et ont pointé la nécessité de reconnaître un nouveau
droit : le droit au « silence des puces ». D’après Bernard BENHAMOU : « il s’agit, pour les individus,
d’être en mesure de désactiver le cas échéant, s’ils le souhaitent, telles ou telles puces RFID présentes
dans leur environnement quotidien (dans un objet, un vêtement ou bien encore dans un livre) afin
d’éviter que celles-ci ne puissent donner de l’information par devers eux et contre leur volonté. C’est
donc un droit à la préservation de la vie privée. Mais c’est aussi un droit pour les entreprises à être
certain que les informations stratégiques qu’elles pourront avoir sur les puces ne soient pas trop
largement disponibles involontairement. ». Ce concept, date des débuts de la RFID, suite à la révélation
de plusieurs expériences menées à partir d’une analyse des comportements des consommateurs à leur
insu.
Le droit au silence des puces prend encore plus de sens avec l’Internet des Objets car celui-ci s’appuie
sur des réseaux de capteurs et la généralisation de puces RFID.
La Loi de 1978 concernant l’accès et le contrôle des fichiers informatiques, et la création de la CNIL,
concrétisaient une forme de régulation de l’acquisition d’informations sur une personne contre son
gré. Mais, comme le rappelle B. Benhamou : « lorsque, loin de n’être que informatiques, les systèmes
deviennent partout présents, ubiquitaires comme disent nos amis japonais, et nous accompagnent
dans l’ensemble de notre vie quotidienne, le droit doit changer. Et ce droit nouveau devra faire en
sorte que les puces soient conçues dès leur architecture, dès leur conception initiale pour être en mesure
d’être désactivées, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle... ».
Le droit au silence des puces est basé sur un modèle « opt-out » : les puces sont par défaut activées
et la personne décide elle-même de les désactiver. Par opposition, le modèle « opt-in » privilégie une
activation des puces par la personne alors qu’elles sont par défaut inactives (il s’agit plutôt là d’un droit
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à la parole…). Cependant, ces deux approches ont leurs limites : une fois activées ou désactivées, il est
souvent impossible de revenir en arrière. De plus, elles ne permettent pas non plus de pénaliser les
accès illégaux aux données personnelles, ou lorsque des puces sont insérées sans indications sur le fait
qu’elles soient actives ou sur comment les désactiver…
3.3. Problème de sécurité des « choses »
La nature des attaques des systèmes d’information change avec l’IdO : ce ne sont plus des humains qui
les attaquent, mais des machines ; et ces attaques ne porteront plus forcément sur des données
personnelles, mais aussi sur des données d’actions. Ainsi, l’essor de l’IdO devra amener à réviser les
lois criminelles concernant :
• La protection de l’identité, généralisée et étendue aux objets ;
• La protection de l’information ;
• Le vol de données et la protection du capital informationnel sensible (secret industriel).
En effet, quel est le statut légal d’objets intelligents, et à qui appartient la responsabilité d’objets
capables d’agir par eux-mêmes ? Dans le cas d’une voiture intelligente par exemple, qui a la
responsabilité en cas d’accident : le fabricant, le transporté, la voiture ?… Est-ce que les FAI et
hébergeurs, gardiens de la performance technique de l’IdO seront incriminés ?
En outre, quelle sera leur responsabilité en ce qui concerne : les brèches de sécurité, les contrefaçons,
les « notice and take down procedures » (obligation de suppression) et les « notice and stay down »
(obligation de prévenir la répétition) ? Quelles seront les conditions contractuelles pour les
consommateurs et la question des « freedom of contract » ?
3.4. Propriété des données
L’IdO conduit à une réalité et une information « augmentées », qui représentent ce que sont les
hypertextes à l’Internet. On peut ainsi se demander quelles seront les réglementations en ce qui
concerne le partage et l’enrichissement des donnée, ainsi que leurs conditions d’accès (gratuites,
libres, payantes).
Par ailleurs, le phénomène des « Big Data » engendre d’autres problématiques légales similaires :
propriété des données, limites de ces données, la légalité du circuit qu’elles empruntent, et les
modalités du contrat qui lie les fournisseurs et les clients.
4. Défis des technologies au service de l’Internet des Objets
Les technologies de l’Internet des Objets, telles que les réseaux de capteurs, la RFID, le M2M, l’Internet
mobile, le web sémantique, l’IPV6, etc. deviennent de plus en plus accessibles et polyvalentes, ce qui
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alimente davantage le désir d’interconnecter des objets intelligents et de créer des opportunités
business, comme on peut le constater dans le schéma précédent (Fig. 4)14. Toutefois, plusieurs
éléments que nous allons détailler par la suite restent encore à surveiller : leur interopérabilité,
l’architecture réseau, ainsi que l’impact des champs magnétiques terrestres (aimant, fer, etc.).
Figure 4 : 2012+ Enabling Information Technologies Radar
(Source : Analysys Mason, Imagine an M2M world with 2.1 billion connected things, online at http://www.analysysmason.com/about-
us/news/insight/M2M_forecast_Jan2011/)
4.1. Interopérabilité des technologies
Pour fournir aux objets les moyens de communiquer en tout lieu et tout temps, et parvenir à renforcer
les innovations de l’IdO dans les secteurs industriels, il est tout d’abord nécessaire de développer des
technologies capables de fonctionner conjointement de manière interopérable (nanotechnologies,
communications, capteurs, Smartphones, systèmes embarqués, cloud computing, logiciels). Ces
problèmes d’interopérabilité se retrouvent notamment au niveau de l’adressage, des infrastructures
et des protocoles (comme l’IPV6).
14 Le radar Analysys Mason, Imagine an M2M world with 2.1 billion connected things présente les tendances technologiques émergentes, et
recoupe les impacts économiques prévisibles en termes de business (low, medium, high, transformationnal) avec les technologies qui amènent l’innovation (mainstream, early adoption, adolescent, emerging), et les technologies de l’IdO y sont représentées pri ncipalement en tant que technologies émergentes qui conduisent l’innovation et vers lesquelles les besoins en termes de business sont forts.
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Dans la vision de l’Internet des objets, chaque entité est identifiée par un identifiant numérique et la
relation entre les objets peut être de la même façon identifiée dans un « groupe » ou dans un «
domaine ». Il faut également intégrer la nécessité d’attribuer plusieurs identifiants par objet, des
identifiants qu’il doit être possible de changer par la suite. En effet, certains objets auront leur
identifiant (user identifier - UID) attribué par le fabricant et certains d’entre eux auront même une
adresse réseau (adresse IPv6). Dans certains cas des capteurs et actuateurs seront ajoutés ou intégrés
à ces objets ; ces capteurs devront aussi être identifiables et posséder leur propre adresse.
Pour permettre d’échanger, de composer ou décomposer des objets, leurs identifiants doivent être
structurés comme des extensions de leurs identifiants d’origine ou alors associés à l’identifiant de
l’objet principal par un registre ou une base de données. L’association d’objets crée ainsi des «
familles d’objets » avec, par exemple, des relations « père/fils » entre les objets. Il est important que
le modèle choisi pour l’IdO autorise ces changements d’identifiants ou d’associations d’objets pour ne
pas restreindre les possibilités d’évolution d’un objet (exemple d’une trousse médicale).
L’identification des objets doit être unique, mais doit aussi se faire par classe d’objet afin d’obtenir
des données sur l’objet seul mais aussi sur d’autres objets du même type directement. Ainsi, il sera
possible d’accéder à l’information à différents niveaux. Les utilisateurs doivent pouvoir créer des
identifiants uniques de la même manière qu’ils le font pour des pages web ou des contenus sur internet
sans conflits possibles entre les identifiants.
La hiérarchie des identifiants permet aussi de renforcer la sécurité des individus en refusant l’accès
à certains identifiants ou groupes d’identifiants et ainsi d’éviter de mettre en péril la vie privée des
personnes. Par exemple, le secteur médical pourrait avoir son propre domaine d’objets dans lequel
chaque établissement aurait son propre sous-domaine et ainsi de suite. Aujourd’hui plusieurs schémas
« d’adressage unique » existent et l’interopérabilité entre ces schémas est nécessaire pour une
intégration dans l’environnement de l’Internet du futur.
En outre, dans une architecture orientée service (SOA), il est impératif pour les fournisseurs et les
demandeurs de bien communiquer entre eux en dépit de la nature hétérogène du contenu, des
modèles financiers et autres contraintes.
Une interopérabilité sémantique est nécessaire pour le développement de l’IdO. En effet, le manque
d’interopérabilité est souvent le principal obstacle à la bonne collaboration entre les différents acteurs.
L’une des solutions pour obtenir cette interopérabilité réside dans l’intervention d’un médiateur qui
puisse utiliser le vocabulaire approprié en fonction des interlocuteurs (fournisseurs de services,
industriels, intégrateurs etc.). L’évolutivité, la modularité, l’extensibilité et l’interopérabilité entre
objets de nature hétérogène sont des facteurs clés du développement de l’Internet des objets. La
nature hétérogène des objets, et des entités avec lesquelles ils interagissent, nécessite une
architecture standard évolutive et flexible qui élimine ou minimise toute partialité envers un langage
de programmation particulier, un système de transmission de l’information ou une technologie, et
qui permette l’optimisation des réseaux informatiques et énergétiques existants utiles à l’Internet
du futur.
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Certains objets n’auront pas de connexion intrinsèque et permanente au réseau mais dépendront de
l’intelligence de leur environnement ou d’un système d’information distant. Ces objets devront être
capables de communiquer leur position et leur état au système qui bénéficie d’une connexion
permanente et fiable. Dans certains environnements critiques comme par exemple dans les cabines
d’avions, les objets ayant trait à la sécurité de l’avion (masque de sécurité, gilet de sauvetage,
extincteur etc.) doivent pouvoir être prioritaires et éventuellement seuls à émettre pour éviter les
perturbations électromagnétiques avec d’autres objets.
4.2. Architecture
En outre, l’architecture de l’IdO doit être capable de gérer les accès aux données en fonction des
propriétaires, des entités qui contrôlent ces données, et des autorisations de partage des données à
d’autres groupes. La gestion des accès aux données et aux objets doit être réfléchie, sûre et répondre
aux spécificités de chaque corps d’utilisateurs (militaire, santé, sécurité intérieure, etc.).
En ce qui concerne les télécommunications, les principaux « chantiers » seront donc le
développement de protocoles (protocoles hybride Zigbee, WiFi etc.), l’allocation des
radiofréquences et des bandes de fréquences appropriées, l’intelligence logicielle et l’autonomie
énergétique des capteurs.
4.3. L’environnement du déploiement
Les champs électromagnétiques sont sensibles à l’environnement à travers lequel ils évoluent.
Plusieurs matériaux sont connus pour avoir un impact fort sur l’émission du signal, comme les métaux
ou les substances liquides. En ce qui concerne la RFID par exemple les objets sur lesquels les puces
RFID sont apposées et leurs caractéristiques physiques sont un élément déterminant ayant un impact
connu sur la fiabilité des taux de lecture des puces. De même le nombre d’objets à identifier,
l’empilement des objets, la vitesse de passage devant le lecteur, la température, l’humidité (etc.)
favorisent ou non l’échange de données par la RFID. Certaines contraintes sont souvent sous-estimées
mais en fonction des projets ne doivent pas non plus être abusivement estimées (vitesse de défilement
etc.). Ainsi, lorsqu’un projet d’intégration de technologie RFID n’est pas pensé dans sa globalité,
certains problèmes peuvent survenir.
5. Enjeux d’une gouvernance publique
Un obstacle majeur à l'adoption généralisée de l'Internet des objets est pour l'heure son absence de
gouvernance. Par exemple, on trouve différents systèmes d’adressage, EPC Global et Ubiquitous ID,
qui coexistent et représentent deux manières distinctes d'identifier les objets. Les enjeux économiques
derrière l’adoption d’un modèle unique sont forts et l’heure est à la concurrence. Cette gouvernance
de l’IdO doit être conçue et exercée de manière cohérente avec toutes les activités d’intérêt général
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liées à la gouvernance de l’internet. Elle doit également encourager l’avènement d’un réseau
partagé et décentralisé. Mais deux questions se posent : quelle pourrait être cette gouvernance de
IdO, et quelles seraient ses différences par rapport à la gouvernance de l'Internet d'aujourd'hui ?
Selon la Commission européenne, les pouvoirs publics doivent participer au développement de l’IdO à
côté du secteur privé. Certains enjeux relèvent en effet de l’intérêt général, tels que l’identification de
l’objet, l’autorité chargée de l’attribution de l’identifiant, les moyens de retrouver les informations
relatives à l’objet, la garantie de la sécurité des informations, le cadre éthique et juridique de l’IdO, les
mécanismes de contrôle15. L'Europe pourrait jouer un rôle de premier plan pour définir les modalités
de fonctionnement de l'IdO et elle pourrait retirer les bénéfices qui en découlent en termes de
croissance économique et de bien-être individuel, faisant ainsi de l'Internet des Objets un Internet des
Objets pour les individus. Ne pas le faire reviendrait à manquer une occasion importante et l'Europe
pourrait se retrouver contrainte d'adopter des technologies conçues au mépris de ses valeurs
fondamentales, telles que la protection de la vie privée et des données personnelles.
En 2009, la CE détaillait ainsi un ensemble de principes fondateurs pour la gouvernance de l’IdO, à
travers quatorze lignes d’actions16 :
Tableau 1 : L'internet des objets – Un plan d'action pour l'Europe
Ligne d'action n° 1 – Gouvernance
La Commission sera à l'origine, dans toutes les instances pertinentes, de débats et de décisions, qu'elle promouvra, sur: – la définition d'un ensemble de principes fondateurs de la gouvernance de l'IdO; – la mise en place d'une «architecture» avec un niveau suffisant de gestion décentralisée, qui permette aux pouvoirs publics du monde entier d'exercer leurs responsabilités en matière de transparence, de concurrence et d'obligation de rendre des comptes.
Ligne d'action n° 2 – Suivi continu des questions relatives à la vie privée et à la protection des données personnelles
La Commission a récemment adopté une recommandation qui donne des orientations sur la manière d'utiliser les applications RFID conformément aux principes de respect de la vie privée et de protection des données. Elle a l'intention de publier, en 2010, une communication plus générale sur le respect de la vie privée et la confiance dans la société de l'information omniprésente. Ces deux exemples illustrent comment, en pratique, la Commission veillera à l'application à l'IdO de la législation sur la protection des données : – en consultant, le cas échéant, le Groupe article 29 sur la protection des données; – en fournissant des orientations pour une interprétation correcte de la législation de l'UE; – en favorisant le dialogue entre les parties concernées; – en proposant, le cas échéant, des instruments réglementaires supplémentaires.
Ligne d'action n° 3 – Le «silence des puces»
La Commission lancera un débat sur les aspects techniques et juridiques du «droit au silence des puces», mentionné par différents auteurs sous divers noms pour exprimer l'idée que les individus devront pouvoir se déconnecter de leur environnement réseau à tout moment.
Ligne d'action n° 4 – Définition des risques émergents
La Commission suivra les travaux de l'ENISA mentionnés ci-dessus et, en fonction des besoins, prendra des mesures supplémentaires, réglementaires ou non, pour fournir un cadre et permettre à l'IdO d'apporter des solutions aux questions de confiance, d'acceptation et de sécurité.
Ligne d'action n° 5 – L'Internet des objets en tant que ressource vitale pour l'économie et la société
Si l'IdO acquiert l'importance escomptée, toute perturbation pourrait avoir des conséquences graves pour l'économie et la société. C'est pourquoi la Commission suivra attentivement l'évolution des infrastructures de l'IdO et sa transformation en une ressource vitale pour l'Europe, notamment en lien avec ses activités concernant la protection des infrastructures stratégiques de l'information.
15 Source : http://europa.eu/legislation_summaries/information_society/internet/si0009_fr.htm
16 Source : « Internet of things : an action plan for Europe » (http://eur-
lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2009:0278:FIN:FR:PDF)
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Ligne d'action n° 6 – Mandat de normalisation
La Commission examinera dans quelle mesure les mandats de normalisation existants peuvent couvrir d'autres aspects liés à l'IdO, ou elle établira d'autres mandats, le cas échéant. En outre, la Commission suivra régulièrement les travaux des organismes européens de normalisation (ETSI, CEN, CENELEC), de leurs homologues internationaux (ISO, UIT) et d'autres organismes et consortiums de normalisation (IETF, EPCglobal, etc.) afin que toutes les parties concernées participent à l'établissement des normes de l'IdO de manière ouverte, transparente et consensuelle. Une attention particulière sera portée au groupe de travail sur la communication de machine à machine de l'Institut européen des normes de télécommunications (ETSI), et à l'IETF (Internet Engineering Task Force) dans le domaine des services de recherche.
Ligne d'action n° 7 – Recherche et développement
La Commission continuera à financer des projets de recherche au titre du 7e PC dans le domaine de l'IdO en mettant l'accent, d'une part, sur des domaines technologiques importants, tels que la microélectronique, les composants sans silicium, les technologies de récupération de l'énergie, le positionnement permanent, les réseaux sans fil de systèmes intelligents communicants, la sémantique, la prise en compte du respect de la vie privée et de la sécurité dans la conception et les logiciels d'émulation du raisonnement humain et, d'autre part, sur les nouvelles applications.
Ligne d'action n° 8 – Partenariat public-privé
La Commission constitue actuellement quatre partenariats public-privé (PPP) dans lesquels l'IdO peut jouer un grand rôle. Trois d'entre eux, les «voitures vertes», les «bâtiments économes en énergie» et les «usines du futur», ont été présentés par la Commission dans le cadre du plan de relance. Le quatrième, «l'internet du futur», vise à continuer à rassembler les efforts de recherche existants en matière de TIC en relation avec l'évolution de l'internet.
Ligne d'action n° 9 – Innovation et projets pilotes
Pour compléter les activités de recherche susmentionnées, la Commission cherchera à promouvoir le déploiement d'applications IdO en lançant des projets pilotes dans le cadre du PIC. Ces projets pilotes doivent être axés sur des applications IdO génératrices de bénéfices importants pour la société, telles que la santé en ligne, l'accessibilité numérique, le changement climatique ou l'aide à la réduction de la fracture numérique.
Ligne d'action n° 10 – Sensibilisation des institutions
La Commission informera régulièrement le Parlement européen, le Conseil, le Comité économique et social européen, le Comité des régions, le Groupe article 29 sur la protection des données et toutes les autres parties concernées sur l'évolution de l'IdO.
Ligne d'action n° 11 – Dialogue international
La Commission entend intensifier le dialogue avec ses partenaires internationaux sur tous les aspects de l'IdO, en vue de convenir d'actions communes, de partager les meilleures pratiques et de promouvoir les lignes d'actions qui figurent dans la présente communication.
Ligne d'action n° 12 – La RFID dans les chaînes de recyclage
Dans le cadre de son suivi régulier des entreprises de gestion des déchets, la Commission lancera une étude pour évaluer les difficultés inhérentes au recyclage des marqueurs, ainsi que les avantages et les inconvénients de la présence de marqueurs pour le recyclage des objets.
Ligne d'action n° 13 – Mesure de l'acceptation
En décembre 2009, Eurostat publiera les premières statistiques sur l'utilisation des technologies RFID. Le suivi de l'introduction des technologies IdO fournira des informations sur leur degré de pénétration et permettra d'évaluer leur impact sur l'économie et sur la société ainsi que l'efficacité des politiques communautaires en la matière.
Ligne d'action n° 14 – Évaluation de l'évolution
Au-delà des aspects particuliers susmentionnés, il convient de mettre en place un mécanisme impliquant les différentes parties concernées au niveau européen afin de: – suivre l'évolution de l'IdO; – soutenir la Commission dans la mise en œuvre des diverses actions qui figurent dans la présente communication; – évaluer les mesures supplémentaires que les pouvoirs publics européens doivent prendre. La Commission s'appuiera sur le 7e PC pour mener ces travaux, en constituant un groupe représentatif de parties concernées européennes, en assurant un dialogue régulier et en partageant les meilleures pratiques avec d'autres régions du monde.
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6. Quel(s) modèle(s) économique(s) pour l’Internet des
Objets
L'Internet des Objets arrive avec une série de nouveaux systèmes indépendants fonctionnant avec
leurs propres infrastructures et, il est mis en œuvre en relation étroite avec de nouveaux services.
Comme cela a été évoqué plus haut, il couvre différents modes de communication : d'objet à personne
et d'objet à objet, y compris la communication de machine à machine (M2M) qui concerne
potentiellement 50 à 70 milliards de « machines », dont seulement 1 % sont aujourd'hui connectées.
Les enjeux économiques liés à son essor sont très importants et les acteurs impliqués sont multiples.
6.1. Où sera la valeur dégagée par l’Internet des Objets ?
La variété des sources de productivité et de performance associées à la mise en œuvre de l’Internet
des Objets se trouve à la fois dans l’amélioration de la qualité des services rendus aux utilisateurs
dans une activité ; dans l’augmentation de l’efficacité des processus en entreprise ; et dans la
constitution de nouvelles opportunités de facturation (issues par exemple de la vente d’information
récoltées). Si le retour sur investissement (ROI) est difficilement mesurable pour les deux premiers
aspects, la question du traitement et de l’exploitation des données génère déjà une forte agitation de
la part des acteurs de l’économie numérique.
Ainsi, pour Jaclyn Selby17, l’IdO s’est développé principalement comme un marché tentant de
structurer et exploiter l’explosion actuelle des données. Elle présente à ce titre une analyse
économique de l’IdO qui articule à travers une perspective orientée « data management », composée
de trois niveaux :
1. Le stockage (cloud computing)
2. La structure (web sémantique)
3. L’analyse (Internet des Objets)
Le Cloud Computing, devenu un des blocs de construction de l’Internet des objets, notamment pour
ce qui concerne le stockage des données collectées et l’hébergement des services ; et le Web
Sémantique, autour duquel se développe des technologies et logiciels ayant attrait à l’analyse et la
compréhension des données, apparaissent ainsi selon cette approche comme des socles aux services
qui seront déployés par l’IdO serait ainsi fortement lié à l’Internet des Objets :
17 Jaclyn Selby, « Anyone’s Game: Economic and Policy Implications of the Internet of Things as a market for Services », Communications &
Strategies, N°87 / 3rd quarter 2012.
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Par ailleurs, les technologies ou méthodes de conception logicielle liées à l'Intelligence artificielle et
aux systèmes multi-agents sont en plein essor également (étant donné que l'objet pourrait devenir un
acteur autonome, capable de percevoir, analyser et agir par lui-même dans les contextes des processus
dans lesquels il sera engagé).
Enfin, l’éclosion de nouvelles professions et formations concernant le traitement en temps réel et
l’analyse sur une période et en environnement donné des Big Data, phénomène engendré par la
collecte d’une masse de données très importante par les capteurs, témoignent de la valeur dégagée
par ces pratiques et des besoins croissants qu’elles génèrent. Le cabinet d’études Gartner estime ainsi
qu’en 2013, 64 % des entreprises ont investi ou vont investir dans les technologies Big Data18.
En reprenant l’approche orientée data management de Jaclyn Selby, on pourrait ainsi imaginer
d’autres catégories qui pourraient servir de base aux applications de l’IdO créatrices de valeur : le
stockage d’informations non pas dans le cloud, mais dans des lieux de mémorisation (puces, QR Code,
etc.), la collecte par le biais de capteurs, qui délivrent des données, le traitement et la communication
des informations, et l’exécution des actions.
Le challenge à venir semble ainsi être de pouvoir ajouter de la valeur aux données qui circulent et aussi
augmenter le stockage des données et la gestion de ces données (clés du futur) même à court terme.
6.2. Diversité des acteurs au cœur de l’écosystème de l’Internet des Objets
Alors que l’émergence d’Internet avait déjà renouvelé l’écosystème des télécommunications avec
l’arrivée d’acteurs tels que Google ou Napster, l’Internet des Objets arrive avec une nouvelle
configuration. Etant donné que chaque objet peut potentiellement être connecté, tous les secteurs
d’activités (santé, bâtiment, distribution, énergie, etc.) peuvent être partie prenante d’un nouvel
écosystème les mêlant aux acteurs du numérique. Le poids de certains secteurs d’activité comme la
18 Source : Silicon.fr, URL : http://www.silicon.fr/gartner-entreprises-vont-investir-big-data-89497.html
Stockage Analyse Structure
Internet des Objets
Clo
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Co
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b Sé
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tiqu
e
Figure 5 : Service foundations for the IoT (Source : « Anyone’s Game : Economic and
Policy Implications of the Internet of Things as a market for Services », Jaclyn Selby)
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distribution ou l’aéronautique sur la structuration de l’Internet des Objets augmente d’ailleurs
considérablement dans les prises de décision opérées par l’écosystème.
Ils viennent s’ajouter aux acteurs que l’on retrouvait au cœur de la chaîne de valeur industrielle de
l’Internet des Objets traditionnellement (constituée des fabricants de devices, des fabricants de
technologies d’identification par radiofréquence, des intégrateurs et fournisseurs de services, des
start-up innovantes, des opérateurs de télécommunication, des banques, etc.).
Par ailleurs, cette chaîne de valeur comprenait jusqu’alors des acteurs bien distincts avec chacun leur
marché. Or, la tendance s’oriente vers un marché global de services web connectés, proposés par une
multitude d’acteurs, mettant en concurrence des entreprises qui ne l’étaient pas auparavant (par
exemple Oracle et Alcatel).
La question de la répartition de la valeur dégagée par les services de l’Internet des Objets se pose
alors : comment sont évalués et partagés entre les parties prenantes les gains réalisés grâce aux
systèmes déployés ? Etant donné la multiplicité des acteurs et des services générateurs de valeur
autour de l’Internet des Objets, la question de leur monétisation est un problème grandissant :
comment cette valeur peut-elle se partager entre les différentes parties prenantes du marché ?
De même, quels acteurs seront les « champions » de l’IdO : les entreprises de l’Internet qui en retirent
en aujourd’hui le plus de revenus, les sociétés de services (moteurs de recherche, spécialistes du
référencement, régies publicitaires, SSII, etc.), les fournisseurs d’accès à Internet, les navigateurs, ou
de nouveaux entrants ?
6.3. Perspectives du marché de l’Internet des Objets
Quelques chiffres :
Le marché de l’Internet des Objets était estimé à 220 milliards de dollars en 2010, produits et
services confondus (source : l’Usine Nouvelle), et il devrait monter à 290 milliards en 2017
(source : MarketsandMarkets). L’essentiel de la croissance à venir sera tiré par les objets
connectés. En 2020, ceux-ci représenteront 85 % des « choses » connectées, contre 11 % pour
les terminaux communicants.
En 2020, il y aura plus de cinquante milliards d’objets connectés de par le monde d’après les
estimations d’Ericsson, l’OCDE et CISCO (24 milliards pour GSMA). La planète en compterait
déjà plus de 12 milliards, soit deux fois plus que le nombre d'abonnés mobiles à l’heure
actuelle.
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Figure 6 : The Internet of Things was "born" between 2008 and 2009
En 2012 le marché mondial du M2M (communication de machine à machine), l'un des
segments de l'Internet des Objets, représente un chiffre d'affaires de 22 milliards d'euros, et
affiche une hausse de 14 % en valeur et de 36 % en volume par rapport à 2011. Idate table sur
une augmentation de 30 % du marché M2M en volume en 2015 avec près de 370 millions de
modules cellulaires en circulation. A cette échéance, la zone Asie-Pacifique dominera le reste
du monde (Europe et Amérique du Nord) en tête en volume, tandis que l'Europe continuera
de dominer ce marché en valeur.
Figure 7 : Evolution du marché du M2M, en millions d'euros.Source : Idate
En 2014, au moins 50 % des messages à destination des réseaux sociaux seront émis par des
programmes automatiques ou des objets connectés (source : Gartner).
La part des objets mobiles devrait atteindre 14 % des dépenses IT en 2014 (marché de 3 550
milliards de dollars (source : Bull).
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Plusieurs facteurs expliquent cette croissance de l’Internet des Objets, mais certains freins, évoqués
auparavant restent à surveiller de près afin de poursuivre cette dynamique :
Facteurs de croissance Freins redoutés
Aboutissement de l’offre en plateformes et outils
Emergence de nouveaux modèles économiques
Baisse des prix des composants et services
Développement des initiatives gouvernementales (villes intelligentes, eCall, etc.)
Peu de logiciels distribués
Poids de la normalisation dans un écosystème complexe
Pas d’intégration aux applicatifs en place et aux processus métiers
Manque d’interopérabilité des objets et applications métiers associées
Manque de scalabilité (montée en charge)
Peu de nouveaux usages associés
Problèmes de sécurité toujours présents
Tableau 2 : Facteurs et freins à la croissance du marché IoT19
L'analyste Sarah Rotman Epps du cabinet Forrester fait pour sa part le pari que les marques, et non les
sociétés du high-tech, vont créer les prochains grands dispositifs : « Audi, Coca-Cola, Disney et Nike
ouvrent la voie, mais elles ne seront pas les seules marques à tirer avantage de l’Internet des objets. Si
cette innovation peut venir de n’importe où, nous identifions une opportunité unique pour les
professionnels du marketing, avec leur compréhension approfondie des clients, de définir une
expérience engageante avec des systèmes et des appareils reliés à des capteurs »20.
Les secteurs porteurs :
Le marché devrait être tiré par toutes les applications, dans des secteurs aussi divers que l’automobile,
l’énergie, l’alimentation, la distribution, la domotique, la santé ou l’aéronautique. Plusieurs sociétés se
sont déjà positionnées sur ces marchés. C’est notamment le cas du Français Withings - qui a
récemment levé 23,5 millions d’euros - dans le domaine de la santé, avec des balances connectées
permettant à l’internaute de suivre sa courbe de poids et de bénéficier de conseils sur Internet.
Ainsi, d’après GSMA (2011), par secteurs d’activités, les opportunités de revenus apportés par ces
objets connectés sont estimés à :
- Automobile : 202 milliards $
- Electronique grand public : 445 milliards $ - Utilities (outils d'optimisation, de maîtrise de la consommation d'énergie en temps réel,
d'effacement des pointes et de la répartition de la charge) : 36 milliards de $
19 Pierre-Jean Benghozi, Sylvain Bureau, Françoise Massit-Folléa. L’Internet des Objets. Quels enjeux pour l’Europe ? Editions de la maison
des sciences de l’homme, 2009.
20 «There Is No Internet Of Things — Yet», Forrester. October 17, 2013. [URL :
http://www.forrester.com/There+Is+No+Internet+Of+Things+Yet/fulltext/-/E-RES101421]
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- Santé : 69 milliard $
Par ailleurs, le développement des puces RFID est très avancé dans le secteur des TIC (téléphones
mobiles, géolocalisation), dans le domaine vétérinaire notamment pour le marquage des animaux en
prolongement des systèmes existants (bovins, chiens et chats), dans le domaine de la santé : suivi des
objets (instruments chirurgicaux), ou des personnes (malades), contrôle de qualité (médicaments)
optimisation des processus et de la qualité des services (gestion des traitements à l’hôpital),
rationalisation des pratiques de soin (projet de DMP) ; le secteur des documents d’identité (passeports
biométriques, permis) ; ainsi que les systèmes de paiement dans les transports en commun, loisirs
patrimoine et sport et dans la grande distribution.
D’autres secteurs devraient être porteurs en terme de revenus : le transport (suivi des bagages), la
sécurité (la vidéosurveillance en milieu industriel, et pour les résidences secondaires) ou bien encore
les transports publics.
D’après une étude récente du cabinet Forrester21 auprès de plus de 4 600 adultes américains
connectés, il apparaît que les utilisations les plus intéressantes des objets connectés pour ces
personnes concernent la capacité de contrôler leur environnement. 51% des consommateurs
déclarent qu’ils souhaiteraient utiliser ou utilisent déjà un appareil pour surveiller et ajuster leur
consommation énergétique chez eux, quand 44 % sont intéressés par ou utilisent un appareil pour
déverrouiller leur habitation ou leur voiture. Environ 1/3 des sondés est intéressé par les produits
équipés de capteurs pour suivre leur sommeil (36 %) ou leurs habitudes de conduite (35 %), pour suivre
leurs animaux domestiques (35 %), leurs parents âgés (34 %), leurs plantes (29 %) ou leurs enfants (29
%). Enfin, les objets connectés intéressent également 31 % des personnes interrogées pour suivre et
étudier leurs habitudes alimentaires, tandis que 26 % déclarent qu’elles voudraient un appareil pour
analyser leur posture.
Selon Gartner, en 2016, l'informatique "sur soi" (le "wearable" embarqué dans nos chaussures et
autres accessoires divers) représentera une industrie de 10 milliards de dollars.
Le cas de la France :
Si on observe une prédominance des acteurs américains et chinois sur le marché actuel de l’Internet
des Objets, on n’est encore qu’au début du lancement de services liés, et cela ouvre une opportunité
certaine pour l’industrie française et l’industrie européenne.
Les Français sont d’ailleurs déjà bien placés dans le domaine de l’Internet des Objets. Plusieurs
entreprises spécialisées qui montent sont françaises : Sen.se, entreprise de Rafi Haladjian, l'inventeur
du précurseur Nabaztag ; Withings, qui revendique 40 millions d'utilisateurs grâce au boom des
applications de coaching santé et la tendance du «quantified self» ; JoshFire, qui a par exemple conçu
21 «There Is No Internet Of Things — Yet», Forrester. October 17, 2013. [URL :
http://www.forrester.com/There+Is+No+Internet+Of+Things+Yet/fulltext/-/E-RES101421]
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pour Evian la fameuse Smart Drop qui permet de commander ses bouteilles d'eau depuis son frigo ;
Netatmo, qui se distingue avec la toute première station météo personnelle qui mesure aussi la qualité
de l’air ; Connecthings, qui a déployé plus de 24 000 tags dans différents espaces publics ; enfin, on
peut également évoquer SigFox, qui a développé sa propre technologie radio brevetée, l’UNB (Ultra
Narrow Band).
« Il doit y avoir 20 ou 30 sociétés qui fabriquent des objets communicants
dans le monde, et il y en a cinq qui sont françaises. Quels sont les autres
secteurs dans lesquels la France détient une part de marché de 25% ? Non
seulement nous ne sommes pas mauvais mais en plus ce ne sont pas des
copies de produits américains. » Rafi Haladjian créateur de Nabaztag et
fondateur de la société Sen.se
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Conclusion
Depuis une dizaine d’années, de grands déploiements ont été observés autour des technologies sans
contact telles que la RFID, la technologie NFC, le Bluetooth Low Energy (BLE), le GPS, la 4G, qui
impliquent que nous vivons désormais dans un univers ou chaque objet peut-être potentiellement
connecté, géolocalisé, autonome. Ces récentes avancées ouvrent des champs d’application très larges
dans lesquels ces objets « communicants » sont tous interconnectés à un nouvel écosystème, l’Internet
des Objets.
Cet écosystème pourrait comprendre 50 milliards d’objets connectés en 2015, 80 milliards en 2020
d’après les dernières estimations (Idate22). L’IdO intéresse de ce fait plusieurs acteurs : les acteurs
industriels, pour qui l’IdO représente de nouvelles opportunités de marché, mais aussi les collectivités
et les chercheurs, pour lesquels cet écosystème peut-être perçu comme un champ d’expérimentation
fort sur des thématiques actuels comme les économies d’énergie, l’exclusion sociale ou l’urbanisation.
Les derniers projets en termes de « living labs » ou de « smart cities », et les dernières initiatives
transversales (clusters, réseaux, etc.) qui cherchent à évaluer les meilleures pratiques sont dans ce
sens très significatifs.
En outre, le cabinet Gartner, qui délivre chaque année la courbe Hype Cycle Tendance (tendance des
technologies « Hype ») (cf. Fig. 8), qui présente le cycle de vie des nouvelles technologies, de leur
émergence à leur présence durable sur le marché, et qui permet ainsi de déterminer quelles sont les
technologies émergentes, matures, ou en fin de vie, plaçait en 2012 l’Internet des Objets dans la phase
du pic d’intérêt (« peak of inflated expectations »). Les technologies qui se situent à ce stade sont des
technologies innovantes, qui ont le potentiel d’être adoptées dans la vie de tous les jours dans un futur
raisonnablement proche, et qui sont largement médiatisées. Celui-ci envisage ainsi l’adoption de
l’Internet des Objets d’ici une dizaine d’années. En 2013, la courbe Hype Cycle Tendance met l'accent
sur un thème spécifique : l'évolution des relations entre les humains et les machines à travers 3 grands
ensembles de technologies : celles qui améliorent la "compréhension" par les outils des humains, de
leurs émotions et de leur contexte (quantification de soi, informatique affective, reconnaissance
vocale…), celles qui à l'inverse facilitent l'interprétation des informations (scores de confiance de
Watson, expressions "faciales" des ordinateurs ou des robots…) et, enfin, celles permettant aux
personnes et machines d'être plus intelligents "ensemble" (interfaces en langage naturel, analyse
prescriptive, big data…) (cf. Fig. 9).
Pour faciliter la réussite des services proposés par l’Internet des Objets, plusieurs facteurs clés de
succès peuvent désormais être encouragés au terme de cette analyse. Tout d’abord, un respect de la
confidentialité à travers la circulation des données, qui devra à cet effet être maîtrisée par l’ensemble
des acteurs impliqués dans la chaîne de valeur du service. Ces services doivent proposer une totale
sécurité à leurs usagers concernant leurs données personnelles ou confidentielles (notamment pour
le paiement, l’exemple récent de récupération d’une partie des données bancaires d’une carte sans
contact est un obstacle à la confiance de l’usager d’un service sans contact). L’interopérabilité est
22 “Internet of Things Market. Idate. Août 2013. Url : http://www.idate.org/en/News/Internet-of-Things_820.html
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également une condition nécessaire pour le développement de cette technologie. Le consommateur
doit être en mesure d’accéder aux fonctionnalités sans contact sur plusieurs équipements et plusieurs
systèmes d’exploitation. Par ailleurs, les services innovants apportés doivent être en mesure de
simplifier et d’accélérer des actions du quotidien, en évitant par exemple les files d’attentes, à travers
notamment une ergonomie adaptée. Enfin, ils doivent en outre être accessibles par l’ensemble de la
population, et le consommateur doit avoir accès à un système disponible à tout moment, même en
cas de changement d’opérateur, dans un souci de portabilité.
Pour ces diverses raisons, il est nécessaire de poursuivre les recherches menées et de prendre des
décisions concertées concernant les défis soulevés par l’utilisation de ces technologies au quotidien :
utilisation, condition de partage et sécurisation des données, définition d’un modèle de gouvernance,
etc. Les propositions faites par le SRA 2012 prennent fortement en compte ces aspects à développer
et elles montrent une réelle volonté d’investissement de la part de l’UE, volonté récemment confirmée
à travers les résultats d’une consultation publique sur l’Internet des Objets menées entre avril et juillet
201223.
Figure 8 : Hype cycle for emerging technologies (Source : GARTNER, Juillet 2012)
23 « Conclusions of the Internet of Things public consultation », Digital Agenda for Europe, 28/02/2013. URL : <http://ec.europa.eu/digital-
agenda/en/news/conclusions-internet-things-public-consultation>
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Figure 9 : Hype cycle for emerging technologies (Source : GARTNER, Juillet 2013)
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Projets en cours au CITC
Démonstrateur à taille réelle proposant une immersion totale dans la maison de
demain, un monde de découvertes où les innovations technologiques se mettent
au service de l’homme et répondent à ses besoins essentiels : autonomie, bien-
vivre, lien social, simplicité d’usage, gestion responsable de l’énergie…
Dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir, le CITC-EuraRFID mène plusieurs
actions du projet Lille Europe Digital (U-City) pour faire de l’espace urbain une plate-forme
d’innovations sociales, urbaines, techniques et collectives faisant augmenter le territoire
numérique au travers de différents services et supports fixes et mobiles.
Action collective à destination des PME-PMI du Nord-Pas de Calais ayant pour but de
favoriser et soutenir les projets d’intégration de technologies sans contact dans la
supply chain.
L'Université Lille 1 – Sciences et Technologies, le Centre d'Innovation des Technologies sans Contact CITC–
EuraRFID et Eaux du Nord s'associent pour créer une chaire industrielle « Réseaux Urbains Intelligents – Eau ».
L'enjeu est de constituer à Lille, un site pilote international, sur le plan de la recherche scientifique et le
développement d'applications.
Aide au déploiement de projets sans contact : études de faisabilité, plateformes d’expérimentation
mises à disposition, formations
Veille sur l’Internet des objets et les technologies sans contact (bulletin de veille médias bimensuel,
prestations adaptées, veille appels d’offre)
Sensibilisation des professionnels et du grand public (organisation de conférences, de séminaires,
présence sur les salons, plateformes de démonstration)
Plus d’informations sur ces projets ? Contactez Chékib Gharbi, Directeur Général du CITC-EuraRFID (cgharbi@citc-eurarfid.com)
SmartHome
Ville numérique
Action collective : Améliorez votre processus logistique par la RFID
Chaire industrielle « Réseaux urbains intelligents – eau »
Services
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Bibliographie
• The Internet of Things 2012 – New horizons. IERC book 2012. [URL : http://www.internet-of-
things-research.eu/documents.htm]
• Conclusions of the Internet of Things public consultation, Digital Agenda for Europe,
28/02/2013. [URL : http://ec.europa.eu/digital-agenda/en/news/conclusions-internet-things-
public-consultation]
• D1.1 - Requirements and Exploitation Strategy. BUTLER Project, 10/02/2012.
• Pierre-Jean BENGHOZI, Martin CAVE, Yannick MEILLER & Samuel ROPERT. Internet of Things:
A new avenue of research. Communications & Strategies N°87 / 3rd quarter 2012.
• Philippe Gautier, Laurent Gonzalez. L’Internet des objets. Internet, mais en mieux. AFNOR
Éditions, 2011.
• Pierre-Jean Benghozi, Sylvain Bureau, Françoise Massit-Folléa. L’Internet des Objets. Quels
enjeux pour l’Europe ? Editions de la maison des sciences de l’homme, 2009.
• BDI initiative. Internet of Energy. ICT for Energy Markets of the Future. [URL :
http://www.iese.fraunhofer.de/content/dam/iese/en/mediacenter/documents/BDI_initiativ
e_IoE_us-IdE-Broschuere_tcm27-45653.pdf]
Pauline FUMERY
Chargée d’études et de veille
Email : pfumery@citc-eurarfid.com
Tel : +33 (0)7 86 00 41 94
Tel : +33 (0)3 20 19 18 52
CITC - EuraRFID
EuraTechnologies - 165 avenue de Bretagne - 59000 LILLE
www.citc-eurarfid.com
Contact
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ANNEXE 1 :
Présentation du CITC-EuraRFID
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Le CITC-EuraRFID
L’expert des technologies sans contact et de l’Internet des
Objets
Centre de ressources, de formations, de conseils, d’expertises et d’expérimentations, le CITC-EuraRFID
initie, pilote et accompagne de nombreux projets relatifs aux technologies d’identification, de
traçabilité, de mobilité, et de géolocalisation.
Initié par le Conseil Régional, Lille Métropole Communauté Urbaine et l’État, le CITC-EuraRFID fédère
et anime un Cluster, centré sur l’Internet des Objets et les technologies sans contact. « Nous
regroupons à ce jour plus d’une soixantaine d’acteurs. Intégrateurs, offreurs ou utilisateurs de solutions
trouvent chez nous de nombreux services à haute valeur ajoutée. Les entreprises, qu’elles soient
grandes ou petites, peuvent par ailleurs jouir d’un réseau dynamique dans le domaine de l’Internet des
Objets pour gagner en compétitivité et bénéficier de notre expertise, de nos ressources et de notre
savoir-faire » précise M. Chekib GHARBI, Directeur Général du CITC.
Les technologies sans contact : NFC, RFID, vision, laser, ultrason, Zigbee, capteurs sans contact
s’intègrent aujourd’hui dans de nombreux projets innovants. Elles trouvent toute leur utilité dans des
projets de gestion de flux de personnes ou d’objets, de transactions sécurisées, de contrôle d’accès,
de télébilletique, d’inventaire, de construction de bâtiments intelligents, d’optimisation de la gestion
des fluides… C’est pourquoi un grand nombre d’entreprises de tous les secteurs s’en emparent avec
l’aide du CITC autour des notions de smart grid, smart building, smart home, smart health, transport
intelligent, smart cities.
Le CITC-EuraRFID est soutenu par :
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ANNEXE 2 : SRA 2012
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