analyse critique du discours journalistique ......du discours journalistique concernant la situation...
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ANALYSE CRITIQUE DU DISCOURS JOURNALISTIQUE SUR LES CAMPS
DE MIGRANTS À CALAIS Aantal woorden: 15.286 Simon Van De Gejuchte Studentennummer: 01270553 Promotor: Dr. Anneleen Spiessens Masterproef voorgelegd voor het behalen van de graad master in de richting Meertalige Communicatie Academiejaar: 2016 - 2017
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Verklaring i.v.m. auteursrecht
De auteur en de promotor(en) geven de toelating deze studie als geheel voor consultatie beschikbaar te stellen voor persoonlijk gebruik. Elk ander gebruik valt onder de beperkingen van het auteursrecht, in het bijzonder met betrekking tot de verplichting de bron uitdrukkelijk te vermelden bij het aanhalen van gegevens uit deze studie.
Het auteursrecht betreffende de gegevens vermeld in deze studie berust bij de promotor(en). Het auteursrecht beperkt zich tot de wijze waarop de auteur de problematiek van het onderwerp heeft benaderd en neergeschreven. De auteur respecteert daarbij het oorspronkelijke auteursrecht van de individueel geciteerde studies en eventueel bijhorende documentatie, zoals tabellen en figuren. De auteur en de promotor(en) zijn niet verantwoordelijk voor de behandelingen en eventuele doseringen die in deze studie geciteerd en beschreven zijn.
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Remerciements En premier lieu, je tiens à remercier Dr. Anneleen Spiessens pour ses remarques très précieuses pendant le processus d’écriture de ce mémoire. Je remercie également Marieke Van Acker, qui m’a donné des conseils valables pendant la finalisation de ce mémoire. J’aimerais remercier mes parents, ma sœur et mes grands-parents pour leur soutien pendant toute ma formation universitaire. Certes, j’ai connu des moments difficiles durant le processus d’écriture de ce mémoire, mais ils n’ont jamais cessé de m’encourager. En dernier lieu, j’aimerais remercier Delphine pour ses conseils pendant l’écriture de ce mémoire.
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Résumé
Cette étude se propose de révéler les principales différences et similarités dans le « framing » du discours journalistique concernant la situation migratoire à Calais entre deux journaux français : Le Monde, un journal national et de qualité et La Voix du Nord, un journal régional. Cette étude se concentre sur six cadres en particulier, distingués par Semetko & Valkenburg (2000) et Dekker & Scholten (2015). Pour mener l’analyse, une liste de contrôle a été élaborée, qui permet de repérer les cadres dans le corpus. Le deuxième objectif est de mener une analyse métaphorique, basée sur huit champs sémantiques, distingués par Van Gorp (2006) afin de révéler les champs sémantiques les plus utilisés dans le corpus entier. En dernier lieu, cette étude tente de lier ces huit champs sémantiques à un ou plusieurs cadres particuliers. Il résulte de l’analyse du « framing » qu’il existe une certaine similarité entre les deux journaux. Ainsi, le cadre de la responsabilité est dominant, suivi par le cadre de l’intérêt humain et celui du conflit. Cette similarité est également à constater dans l’analyse métaphorique, dans laquelle le champ sémantique de l’eau est le plus utilisé, suivi par celui de l’auberge et celui de la porte. En outre, l’activation d’un cadre particulier n’entraîne pas automatiquement l’utilisation d’un champ sémantique particulier. Les journalistes ne tiennent donc pas toujours compte du cadre activé lorsqu’ils ont recours à un champ sémantique de métaphores particulier. (236 mots)
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Table des matières Résumé ....................................................................................................................................... 7
1. Introduction ...................................................................................................................... 11 1.1 La situation migratoire en Europe et les camps de migrants à Calais ......................................... 11 1.2 Étude comparative entre deux journaux français ........................................................................ 12 1.3 Structure de l’étude ...................................................................................................................... 13
2. Cadre théorique ................................................................................................................ 15 2.1 Analyse critique du discours ....................................................................................................... 15 2.2 « Framing » .................................................................................................................................. 16
2.2.1 « Reasoning Devices » et « Framing Devices » ................................................................... 17 2.2.2 « Framing » et asile .............................................................................................................. 18
2.3 Métaphore .................................................................................................................................... 20 2.3.1 La métaphore dans le contexte journalistique de la migration ............................................. 21
3. Méthodologie ................................................................................................................... 23 3.1 Le Monde et La Voix du Nord ..................................................................................................... 23 3.2 Partie quantitative ........................................................................................................................ 24 3.3 Partie qualitative .......................................................................................................................... 25
3.3.1 Liste de contrôle : les six cadres .......................................................................................... 26 3.3.2 Détermination des métaphores ............................................................................................. 28
3.4 Corpus .......................................................................................................................................... 28
4. Résultats ........................................................................................................................... 31 4.1 Partie quantitative ........................................................................................................................ 31
4.1.1 Le « Critical Discourse Moment » ....................................................................................... 31 4.2 Partie qualitative .......................................................................................................................... 32
4.2.1 Résultats de l’analyse du « framing » du journal Le Monde ................................................ 33 4.2.2 Résultats de l’analyse du « framing » du journal La Voix du Nord ..................................... 37 4.2.3 Comparaison entre les résultats de La Voix du Nord et Le Monde ...................................... 42 4.2.4 Résultats de l’analyse métaphorique .................................................................................... 45 4.2.5 Métaphores liées aux cadres ................................................................................................. 49
5. Conclusion ....................................................................................................................... 53
Annexe I : Partie quantitative : Graphiques ............................................................................. 59
Annexe II : Analyse du « framing » : Le Monde ..................................................................... 60
Annexe III : Analyse du « framing » : La Voix du Nord ......................................................... 82
Annexe IV : Analyse métaphorique : Le Monde ................................................................... 136
Annexe V : Analyse métaphorique : La Voix du Nord .......................................................... 146
Annexe VI : Corpus ............................................................................................................... 152
Annexe VII : Articles : période entre le 1er septembre 2014 et le 31 août 2016 .................... 272
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1. Introduction
1.1 La situation migratoire en Europe et les camps de migrants à Calais
Il est difficile de s’imaginer un jour sans être confronté à des nouvelles sur la situation
migratoire compliquée qui domine l’Europe depuis plusieurs années. Chaque jour, les médias
y consacrent énormément de temps. Tout le monde lit et voit des articles et des images
touchantes ou alarmantes à la télé et dans les journaux. Il est intéressant de s’attarder sur le rôle
des médias lorsqu’ils couvrent ce thème de l’actualité et sur l’influence qu’ils exercent sur
l’opinion publique.
Bon nombre de migrants tentent de trouver le bonheur au Royaume-Uni, mais afin d’y arriver,
ils doivent d’abord passer par la France. Néanmoins, le passage vers le Royaume-Uni est un
voyage extrêmement délicat et dangereux. Par conséquent, les migrants se voient obligés de
rester temporairement en France. Comme la France ne dispose pas d’assez de places pour les
accueillir, les migrants sont souvent contraints de se débrouiller. Ainsi, ils se rassemblent dans
des campements autour des villes, entre autres à Calais, où ils vivent ensemble dans ladite
« Jungle ». De là, beaucoup d’entre eux tentent chaque nuit de passer au Royaume-Uni.
L’article de de Bourbon (2015) confirme que beaucoup de migrants considèrent en effet la
Grande-Bretagne comme étant le paradis, car ils y trouvent plus facilement un emploi et parce
que le pays accepte plus de demandes d’asile que d’autres pays européens. Pour arriver à ce
destin, les migrants se voient obligés de passer par le Nord-Pas-de-Calais. Néanmoins, La
Grande-Bretagne maintient ses frontières fermées, de façon que des milliers de migrants
doivent s’établir temporairement ou souvent même définitivement en France. Cela crée des
tensions, vu que la France éprouve des difficultés à accueillir un tel nombre de migrants.
Cette problématique s’est cristallisée dans les alentours de Calais, où vivaient plus de 10.000
migrants jusqu’au démantèlement des campements fin octobre 2016. Ladite « Jungle » de
Calais est depuis de nombreuses années l’exemple que les médias citent pour décrire la situation
précaire dans laquelle se trouvent les migrants en route vers une meilleure vie en Europe.
La France n’est pas le seul pays qui connaît des difficultés à accueillir le grand nombre de
migrants qui cherchent un meilleur destin en Europe, mais la situation à Calais est sans doute
l’exemple le plus connu de la situation difficile dans laquelle se trouvent grand nombre de
migrants.
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Ci-après, nous décrirons chronologiquement l’histoire des camps de migrants à Calais en nous
basant sur l’article de Vaillant (2016), paru dans Le Journal du Dimanche.
Après la fermeture du centre de Sangatte, le principal centre d’accueil à Calais, en 2002, les
migrants ont commencé à se regrouper dans une zone boisée aux alentours de Calais, tout en
espérant de pouvoir atteindre la Grande-Bretagne. Ainsi, ladite « Jungle » de Calais était née.
Le camp s’étendant d’année en année, le gouvernement français s’est vu en 2009 contraint de
le démanteler à cause des conditions sanitaires déplorables. Néanmoins, deux ans plus tard, la
« Jungle » renaissait dans les environs de Calais où se sont installées de nouveau plus de 3.000
personnes, fuyant la guerre dans leurs pays. Avec la guerre en Syrie, le nombre de migrants à
Calais a atteint 6.000 personnes en octobre 2015. Les conditions sanitaires restaient déplorables
et de nombreuses ONG ont alors appelé à l’action. De plus, c’est à ce moment-là qu’une
multitude d’heurts s’est produite au bord des camps de migrants.
Début 2016, le gouvernement français a décidé de procéder à un deuxième démantèlement de
la « Jungle », où vivaient à ce moment-là 10.000 migrants. Les organisations des droits de
l’homme ont dénoncé la situation et se sont concentrées surtout sur le problème des centaines
de mineurs non-accompagnés qui vivaient dans les camps.
Enfin, en octobre 2016, les autorités ont commencé à évacuer les migrants de la « Jungle » et à
les déplacer vers des centres d’accueil dans le pays entier. Les forces de l’ordre ont ensuite
détruit tous les camps dans les environs de Calais. Reste la question de savoir si ce deuxième
démantèlement est un démantèlement définitif ou de nouveau temporaire.
1.2 Étude comparative entre deux journaux français
Dans ce mémoire, nous nous concentrerons sur la manière dont les médias couvrent la situation
des camps de migrants à Calais. Pour ce faire, nous mènerons une étude comparative entre deux
journaux français : Le Monde, un journal national et La Voix du Nord, un journal régional. Nous
analyserons leur couverture de la situation des camps de migrants à Calais entre le 1er septembre
2014 et le 31 août 2016. Comme nous nous attendons à un nombre élevé d’articles dans cette
période de deux ans, la première partie de cette étude sera quantitative et nous permettra de
réduire le corpus afin de pouvoir procéder à la partie qualitative. L’objectif de la partie
quantitative est donc de rencontrer une ou plusieurs périodes discursives intenses, qui servirons
ensuite comme base de la partie qualitative.
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L’objectif principal de la partie qualitative, et de cette étude en général, est de comparer le
« framing » des articles qui traitent la situation migratoire à Calais dans les deux journaux
français. Plus en particulier, nous nous concentrerons sur six frames, que Charron (2003)
appelle également cadres, repérés dans les études de Semetko & Valkenburg (2000) et Dekker
& Scholten (2015). Ainsi, nous essayerons de constater et de commenter les principales
similarités et différences entre les deux journaux dans l’utilisation de ces six cadres.
A côté de l’analyse du « framing », la partie qualitative prêtera également attention à
l’utilisation des métaphores dans le contexte de la migration. Huit champs sémantiques,
distingués par Van Gorp (2006), constitueront le point de départ de cette analyse métaphorique,
dont l’objectif est de repérer les champs sémantiques dominants dans notre corpus. En outre,
nous essayerons de lier ces champs sémantiques à un ou plusieurs cadres particuliers.
1.3 Structure de l’étude
La première partie de cette étude comprend un cadre théorique. Nous y expliquerons d’abord
les principes de base et les objectifs de l’analyse critique du discours, la méthode dont nous
nous servirons pour faire cette étude. Ensuite, nous nous attarderons sur le « framing »
journalistique et sur le contexte plus spécifique des demandes d’asile et de la migration. La
dernière partie du cadre théorique sera dédiée à la métaphore, un indice important dans l’analyse
du « framing » du discours journalistique. Nous commencerons par définir la métaphore et par
commenter sa fonction en général. En dernier lieu, nous expliquerons plus en détail comment
Van Gorp (2006) voit la fonction des métaphores dans la couverture journalistique du thème de
la migration.
Dans le chapitre trois, nous décrirons la méthodologie, qui sera appliquée pour mener l’analyse.
Comme il a déjà été mentionné dans le chapitre 1.2, l’analyse compte deux parties : une partie
quantitative et une partie qualitative. La partie quantitative consistera à révéler des « pics » dans
le reportage de la situation migratoire à Calais dans les deux journaux français entre le 1er
septembre 2014 et le 31 août 2016. Les « pics » que nous espérons rencontrer, seront ensuite
liés à des événements importants qui dominent, dans la période de ces « pics », le discours
journalistique des deux quotidiens.
Ensuite, la partie qualitative consistera à analyser des articles des deux journaux français afin
de trouver des différences ou des similarités dans les cadres que les journalistes utilisent pour
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couvrir la situation migratoire à Calais. Pour mener l’analyse, nous nous baserons sur six cadres
qui ont été tirés des études de Semetko & Valkenburg (2000) et Dekker & Scholten (2015). Ces
études formeront la base de la liste de contrôle (chapitre 3.3.1), qui sera appliquée lors de
l’analyse du « framing » et qui nous permettra de repérer les cadres dans les articles du corpus.
Le chapitre quatre présentera les résultats de l’analyse. Dans le chapitre 4.1, nous décrirons les
résultats de la partie quantitative. Nous y expliquerons pourquoi nous avons sélectionné la
période entre le 1er août 2015 et le 30 septembre 2015 comme base de notre analyse qualitative.
Le chapitre 4.2 se concentrera sur les résultats de la partie qualitative. Les résultats des deux
journaux seront d’abord commentés séparément. Ensuite, nous tenterons de repérer les
principales similarités et différences entre les deux journaux (chapitre 4.2.3).
Le chapitre 4.2.4 sera dédié à un commentaire de l’analyse métaphorique. Nous y décrirons
lesquels des huit champs sémantiques de Van Gorp (2006) apparaissent le plus souvent dans
notre corpus. En outre, nous comparerons l’utilisation de ces champs sémantiques entre les
deux journaux et nous nous attarderons sur les principales caractéristiques de chaque champ
sémantique en nous appuyant sur des exemples qui seront tirés de l’analyse métaphorique. En
dernier lieu, le chapitre 4.2.5 commentera les champs sémantiques qui peuvent être liés à un ou
plusieurs cadres particuliers.
Enfin, le chapitre cinq formera la conclusion de cette étude. Nous y prêterons attention à la
période qui a été tirée de la partie quantitative et sur laquelle nous nous sommes basés pour
mener l’analyse du « framing ». Ensuite, nous nous concentrerons sur les principales différences
et similarités de l’analyse du « framing ». De plus, nous y décrirons les constatations les plus
importantes de l’analyse métaphorique. Nous nous attarderons également sur les champs
sémantiques qui pouvaient être liés à des cadres particuliers. Nous terminerons ce chapitre par
une discussion dans laquelle nous décrirons les principales observations de cette étude.
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2. Cadre théorique
2.1 Analyse critique du discours
Ce mémoire a pour but de mener une analyse critique du discours de la situation migratoire à
Calais. Pour ce faire, nous définirons d’abord ce que c’est que l’analyse critique du discours et
quels sont ses objectifs principaux.
Montessori et al. (2012, p. 36) expliquent que le terme « discours » est utilisé pour désigner
toutes les formes de texte ou de parole qui permettent à des personnes de structurer la réalité et
d’y attribuer un sens. Les auteurs donnent l’exemple du « discours sur le climat », qui indique
la façon dont le thème du climat est présenté au grand public par les médias.
Smith & Bell (2007, p. 78) définissent « l’analyse du discours » comme une étude minutieuse
d’un texte pendant laquelle la structure du texte et son usage dans un contexte social sont
examinés afin de comprendre la signification du texte et son rôle dans la société.
Van Dijk (2001, p. 352) ajoute le terme « critique » pour insister sur la façon dont l’abus de
pouvoir social, la dominance et l’inégalité sont reproduits ou résistés dans des contextes sociaux
ou politiques. L’analyse critique du discours a, selon lui, comme objectif de découvrir, de
comprendre et enfin de s’opposer à l’inégalité sociale.
Montessori et al. (2012) clarifient que le langage n’est pas un moyen neutre qui permet de
passer une vision ou une pensée à une autre personne. Les mots peuvent effectivement exercer
du pouvoir. Ainsi, un juge qui prononce un verdict exerce du pouvoir sur un prévenu.
Fairclough (1995) explique que le but principal de l’analyse critique du discours est, comme le
signale également Van Dijk (2001), d’examiner l’étroite relation entre le langage et le pouvoir.
Fairclough (2010, pp. 3-5) explicite que l’analyse critique du discours consiste alors en trois
principes de base : elle est relationnelle, dialectique et interdisciplinaire.
L’aspect relationnel fait référence au fait qu’une analyse critique du discours se concentre
principalement sur des relations sociales. Pour Fairclough (2010), il existe une relation entre le
langage et la société. Il parle de deux éléments qui s’influencent constamment. Il utilise
l’exemple de deux ou plusieurs interlocuteurs, qui parlent selon des règles déterminées par la
société. Ces règles sont différentes selon le contexte et dépendent également des interlocuteurs.
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Le deuxième principe de l’analyse critique du discours selon Fairclough (2010, pp. 3-5) est
celui de la dialectique. Pour expliquer ce terme, il donne l’exemple du discours et du pouvoir,
qui vont, selon lui, souvent ensemble. De plus, l’un peut avoir une influence sur l’autre. Ainsi,
le discours des personnes puissantes peut avoir une influence sur le peuple et peut aider les
personnes puissantes à augmenter encore leur pouvoir.
L’analyse critique du discours est enfin interdisciplinaire. Fairclough (2010) insiste sur le fait
que l’analyse critique du discours ne connaît pas simplement une seule méthode ou une seule
théorie, mais qu’il s’agit plutôt d’un ensemble de différentes disciplines, théories et méthodes
qui ont été appliquées à travers le temps par des académiciens spécialisés dans des domaines
différents.
Montessori et al. (2012) ajoutent que le terme « analyse du discours » s’utilise pour désigner la
multitude d’approches appliquées dans l’étude des textes. Ces approches trouvent leur origine
dans différentes disciplines. Néanmoins, toutes les approches différentes ont une chose en
commun : elles partent de la conviction que le langage n’est pas un moyen neutre pour décrire
la réalité.
2.2 « Framing »
Dans cette étude, nous nous concentrons sur le « framing » du discours journalistique des camps
de migrants à Calais. Montessori et al. (2012) décrivent le « framing », qui est également appelé
effet de cadrage (Charron, 2003), comme un instrument qui permet d’analyser un texte d’une
manière critique.
Le concept du « framing » a donné lieu à de nombreuses définitions dans différentes disciplines.
C’est le sociologue Erving Goffman qui l’a introduit en 1974, indiquant qu’un frame sert
comme un point de repère pour organiser la réalité. Ainsi, un frame aide les gens à structurer
tous les événements qu’ils ont vécus et il leur permet de comprendre ce qu’il s’est passé.
Le terme est ensuite repris par Entman (1993), qui offre la définition la plus citée dans les
ouvrages académiques :
To frame is to select some aspects of a perceived reality and make them more salient in a communicating text, in such a way as to promote a particular problem definition, causal interpretation, moral evaluation, and/or treatment recommendation for the item described. (Entman, 1993, p. 52)
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L’auteur insiste sur deux termes qu’il considère comme extrêmement importants dans le
processus du « framing » : selection et salience. Lorsqu’un journaliste utilise un frame, il
sélectionne certaines parties d’un texte et il les met en valeur afin de les faire sauter aux yeux
du public. Par conséquent, les frames promeuvent une interprétation causale particulière ou une
évaluation morale de la problématique par le lecteur. En général, le « framing » fait partie
intégrante du processus journalistique et permet aux journalistes d’influencer l’opinion
publique. C’est également ce que confirme De Vreese (2005), quand il insiste sur le pouvoir
des médias et leur rôle dans la formation de l’opinion publique. Il ajoute que ces frames passent
souvent inaperçus et que l’objectif de l’analyste du discours est donc de les repérer dans le texte.
Van Gorp (2006) revient sur l’aspect de « sélection », souligné par Entman (1993), pour préciser
le rôle des médias dans la couverture d’un événement social. Les éditeurs et journalistes ne
montrent qu’une partie de la réalité en excluant certains éléments et en insistant sur certains
aspects. Il s’agirait d’offrir au public un message dans un contexte clair.
C’est également ce que confirme Horsti (2003), lorsqu’elle clarifie que les médias ont tendance
à choisir des frames, et souvent les mêmes frames, dans le but de faciliter le message pour le
public. Elle explique que le but principal des médias est de présenter des sujets parfois
complexes de manière simplifiée. Montessori et al. (2012) ajoutent qu’un frame offre aux gens
une structure qui leur permet de bien comprendre l’information. La structure d’un texte est donc
élaborée à une telle manière que le lecteur peut facilement comprendre l’information.
2.2.1 « Reasoning Devices » et « Framing Devices »
Pour Entman (1993, p. 52), un frame compte quatre fonctions, que Van Gorp (2007) appelle à
son tour « reasoning devices ». Un frame s’utilise pour définir un problème, pour déterminer la
cause du problème, pour attribuer des responsabilités et pour suggérer une solution. Van Gorp
(2007) ajoute qu’une seule problématique peut être présentée de différentes manières et en
activant différents frames. Ainsi, les pauvres peuvent être décrits comme des profiteurs, comme
des personnes qui ont connues énormément de malchance dans la vie ou comme des victimes
d’un système gouvernementale inefficace.
Afin d’identifier la présence d’un frame particulier, il sera utile de chercher des éléments
textuels servant d’instrument de « framing ». Gamson & Modigliani (1989) appellent ces
éléments textuels « framing devices ». Les auteurs distinguent cinq types de « framing
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devices » : des métaphores, des images, des exemples qui sont utilisés pour concrétiser le sujet,
« catchphrases » ou des phrases-cultes et des descriptions.
2.2.2 « Framing » et asile
Ce mémoire se concentre sur le « framing » des articles qui traitent la situation migratoire à
Calais dans deux journaux français : Le Monde et La Voix du Nord. Plusieurs études ont déjà
été élaborées sur le thème du « framing » et de l’asile.
Semetko & Valkenburg (2000) ont déterminé les cinq frames qui s’utilisent le plus souvent
dans des articles de journaux et dans des extraits du journal télévisé en général. Dans leur étude,
elles ont analysé 2.601 articles de journaux et 1.522 extraits du journal télévisé aux Pays-Bas
dans la période du sommet européen de 1997 à Amsterdam et elles ont attribué à chaque article
l’un des cinq frames suivants :
• Cadre du conflit
(Conflict frame)
• Cadre de l’intérêt humain
(Human interest frame)
• Cadre de la responsabilité
(Responsibility frame)
• Cadre des conséquences
économiques
(Economic consequence frame)
• Cadre de la moralité
(Morality frame)
Semetko & Valkenburg (2000) décrivent le conflict frame comme un frame dans lequel le
journaliste met l’accent sur des conflits entre des personnes, des groupes ou des institutions. Le
human interest frame mentionne souvent les témoignages de personnes impliquées dans un
événement ou un problème et utilise dans la plupart des cas un angle personnel et émotionnel.
Dans l’economic consequence frame, le journaliste va accentuer les conséquences qu’un
événement ou un problème peut avoir sur le plan économique pour une personne, un groupe ou
une institution. Le morality frame met l’accent sur l’aspect religieux ou sur des règles morales.
Le dernier frame que distinguent Semetko & Valkenburg (2000) est le responsibility frame. Ce
frame présente un événement ou un problème en attribuant la responsabilité de l’événement à
un gouvernement, à un groupe ou à une personne particuliers.
L’étude de Semetko & Valkenburg (2000) a montré que le cadre de la responsabilité était le
plus souvent utilisé, suivi par le cadre du conflit et celui des conséquences économiques.
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D’Haenens & De Lange (2001) ont ensuite mené une étude sur le « framing » dans des articles
de journaux néerlandais qui couvraient l’instauration d’un nouveau centre d’accueil pour des
demandeurs d’asile en 1998. Ils ont comparé la manière selon laquelle la problématique était
présentée dans De Gelderlander et Haarlems Dagblad d’un côté et Rotterdams Dagblad et
Zwolse Courant de l’autre. Les réactions sur ce nouveau centre d’accueil des habitants de
Rotterdam (Rotterdams Dagblad) et de Slagharen (Zwolse Courant) étaient plutôt négatives,
tandis que les réactions des habitants de Bloemendaal (Haarlems Dagblad) et Arnhem (De
Gelderlander) étaient plutôt positives. D’Haenens & De Lange (2001) ont voulu savoir si ces
réactions différentes des habitants se reflétaient également dans les cadres activés par les
journalistes. En se basant sur les cinq cadres de Semetko & Valkenburg (2000), D’Haenens &
De Lange (2001) ont découvert que le « framing » dans De Gelderlander et Haarlems Dagblad
ne différait que peu du « framing » des articles dans Rotterdams Dagblad et Zwolse Courant.
Dans le corpus entier, le cadre de l’intérêt humain (human interest frame) était le plus courant.
Les réactions négatives des habitants de Slagharen concernant l’instauration du nouveau centre
d’accueil ne correspondaient donc pas au « framing » du journal Zwolse Courant. En outre, le
cadre de la moralité n’était pas activé dans le corpus.
D’Haenens & De Lange (2001) ont enfin découvert que plusieurs cadres peuvent être présents
dans le même article. Néanmoins, un seul cadre est souvent dominant dans ce cas. Entman
(1993) confirme qu’un article peut effectivement contenir plusieurs frames et il insiste
également sur le fait que les médias peuvent changer de frame pendant la période dans laquelle
un sujet est couvert. Néanmoins, le cadre activé par le journaliste et le changement de cadre ont
une influence sur l’opinion publique.
Dekker & Scholten (2015) ont enfin mené une analyse sur le rôle des médias dans le reportage
de la migration. Pour ce faire, ils ont rassemblé plusieurs cadres utilisés dans des études
antérieures et ils ont filtré quatre cadres qu’ils considèrent comme prédominants dans leur
corpus :
• Cadre de l’intérêt humain
• Cadre administratif
• Cadre économique
• Cadre de la menace
Trois des quatre frames de Dekker & Scholten (2015) montrent des similarités avec des frames
distingués par Semetko & Valkenburg (2000), à savoir les cadres de l’intérêt humain,
économique et administratif, ce dernier correspondant au cadre de la responsabilité de Semetko
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& Valkenburg (2000). Le quatrième frame, celui de la menace, n’est pas distingué par Semetko
& Valkenburg (2000). Le cadre de la menace est donc nouveau et présente les migrants comme
une menace pour les habitants du pays qui les accueillit. Ce cadre est également distingué par
Van Gorp (2006), qui l’a appelé dans son étude le cadre de l’intrus.
2.3 Métaphore
Ce mémoire se concentre également sur un instrument de « framing » spécifique, qui est la
métaphore. Nous définirons d’abord ce que c’est qu’une métaphore. Ensuite, nous nous
attarderons sur le rôle de la métaphore dans le langage journalistique, et plus en particulier dans
la couverture du thème de la migration.
Black (1954, p. 279) définit la métaphore comme une expression ou un mot qui ne s’utilise pas
dans un sens littéral et qui appartient donc au langage figuré.
Selon Lakoff et Johnson (1980, pp. 3-6), les métaphores sont beaucoup plus que simplement
des figures rhétoriques, elles font également partie du langage ordinaire.
Les auteurs ont constaté que l’être humain voit, en général, les métaphores comme des éléments
qui appartiennent uniquement au langage, de façon qu’il pense parfois qu’il n’en a pas besoin
dans la vie quotidienne. Néanmoins, pour Lakoff et Johnson (1980), les métaphores font
également partie de la pensée et de l’action. Lakoff et Johnson (1980) introduisent le terme de
la métaphore conceptuelle pour désigner une métaphore qui contient un rapport entre le
langage, la pensée et l’action. Selon les auteurs, le système conceptuel de l’être humain est en
fait largement métaphorique, mais l’être humain ne se rend pas toujours compte du fait qu’il a
recours à des métaphores pour s’exprimer dans des situations de communication quotidiennes.
Cela se passe donc souvent automatiquement.
Lakoff et Johnson (1980) parlent dans le contexte de la métaphore conceptuelle d’un domaine
source et d’un domaine cible. Kövecses (2010, p. 4) ajoute qu’un mot ou une expression est, en
effet, transmis d’un domaine source à un domaine cible lorsqu’une métaphore est utilisée. Le
domaine source est le domaine duquel l’expression métaphorique est tirée et le domaine cible
est le domaine auquel l’expression métaphorique est transmise. Ainsi, lorsqu’une personne est
appelée un renard, cela implique que cette personne est très maligne. Le domaine source est,
dans ce cas, celui des animaux, le domaine cible celui de l’humain.
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2.3.1 La métaphore dans le contexte journalistique de la migration
Van Gorp (2006) distingue dans son étude, qui analyse le reportage de la situation migratoire
dans la presse belge, deux frames opposés : celui de « l’intrus » et celui de « la victime ».
L’auteur analyse également des métaphores, qu’il considère comme des « framing devices »,
des éléments textuels qui signalent la présence d’un cadre particulier et qui peuvent manipuler
la perception de la problématique par le lecteur.
Van Gorp (2006) distingue plusieurs champs sémantiques de métaphores. La métaphore qui
était la plus souvent utilisée dans le corpus de son étude (20% des articles) était la métaphore
de l’eau. Les journalistes parlent en effet de « vagues » de migrants qui entrent dans le pays ou
de la Belgique comme « un passoire ». Cette métaphore a, dans la majorité des cas, une
connotation négative et peut donc peser lourd dans la constitution d’un cadre. Ainsi, Dekker &
Scholten (2015) ont remarqué que la métaphore de l’eau est régulièrement utilisée lorsqu’un
journaliste active le cadre de la menace.
Voici la liste des métaphores que Van Gorp (2006, pp. 166-169) distingue dans son étude sur
la migration :
• La métaphore de l’eau : la migration est présentée comme une vague ou comme un
afflux
• La métaphore de la forteresse : l’Europe est présentée comme un lieu fortifié
• La métaphore du record : les demandeurs d’asile / les migrants sont décrits en chiffres
ou en termes de records qui sont battus
• La métaphore de la porte : l’Europe est présentée comme une maison qui ouvre ou
ferme ses portes
• La métaphore des déchets : les demandeurs d’asile / les migrants sont présentés comme
des déchets
• La métaphore de la chasse : les demandeurs d’asile / les migrants sont présentés comme
des proies
• La métaphore de l’auberge : les demandeurs d’asile / les migrants sont abrités par la
population locale
• La métaphore de la marchandise : les demandeurs d’asile / les migrants sont présentés
comme de la marchandise
22
La métaphore la plus connue dans la couverture de la situation migratoire à Calais est sans
aucun doute celle de ladite « Jungle » de Calais. Dans une interview accordée à Europe 11, la
journaliste française Haydée Sabéran (2016), spécialiste de la situation migratoire à Calais,
explique que le terme « jungle » provient du mot jangal, ce qui veut tout simplement dire
« forêt » en persan et en pachtoun. Néanmoins, Sabéran (2016) confirme que le mot jangal a
été repris en français et qu’il a été transformé vers le mot « jungle », qui a une connotation
péjorative et qui est souvent utilisé dans un contexte négatif par les journalistes. Sabéran (2016)
ajoute que le nom officiel de la « Jungle » est la « Lande » de Calais. Toutefois, les demandeurs
d’asile qui vivent dans ladite « Jungle » n’éprouvent pas, de leur côté, ce terme comme étant
négatif.
1 Sabéran, H. (04/02/2016).1999-2016 :Calais, de Sangatte aux bidonvilles de la « jungle ».Dans T. Sotto. Matinale spéciale Europe 1. Paris : Europe 1.
23
3. Méthodologie
Ce mémoire se propose d’examiner s’il existe des différences dans la façon dont deux journaux
français couvrent la situation migratoire à Calais. Le but est de constater des différences ou des
similarités au niveau du « framing » des articles portant sur cette situation. Les deux journaux
français que nous examinerons sont Le Monde et La Voix du Nord. Ci-dessous, nous
expliquerons d’abord pourquoi nous avons choisi ces journaux pour mener cette étude. Ensuite,
nous expliciterons en quoi consiste la partie quantitative de cette étude et nous décrirons les
tenants et aboutissants de la partie qualitative. Enfin, le sous-chapitre 3.4 donnera de plus
amples informations sur la constitution du corpus de ce mémoire.
3.1 Le Monde et La Voix du Nord
Le principal objectif de cette étude est de comparer la démarche d’un journal national et de
qualité (Le Monde) et celle d’un journal régional (La Voix du Nord).
Le Monde est vu comme un journal de référence ou de qualité (Merrill, 2000). En se basant sur
les témoignages d’hommes politiques, d’économistes et d’académiciens, Merrill (2000) a établi
un classement des quotidiens de qualité dans le monde entier. Dans ce classement, Le Monde
occupe la sixième place, après d’autres journaux renommés comme The New York Times et The
Independent. Pour établir ce classement, Merrill (2000) s’est basé sur des critères spécifiques
auxquels les quotidiens doivent répondre afin d’être appelés « journal de référence » ou « de
qualité ». Selon les critères, un quotidien de référence ne peut par exemple pas contenir grand
nombre d’articles « spectaculaires », il ne peut pas compter trop d’images, il doit avoir un
nombre élevé de lecteurs et doit couvrir un large éventail de sujets internationaux.
Selon Vautherot (2008), La Voix du Nord est un quotidien très populaire dans le Nord de la
France et donc également dans la région du Nord-Pas-de-Calais2. Ce quotidien est
géographiquement et émotionnellement très proche des camps de migrants à Calais. C’est
pourquoi nous avons choisi de comparer ce quotidien au journal national Le Monde.
2 Vautherot, A. (2008). La Voix du Nord : le quotidien du Nord de la France. Repéré à www.gralon.net
24
Le fait que Le Monde soit un journal national et qu’il soit également considéré comme un
journal « de qualité » pourrait avoir des conséquences pour la façon dont les journalistes
couvrent la situation migratoire à Calais.
Il sera également intéressant d’examiner dans quelle mesure la proximité des camps de migrants
calaisiens au siège social de La Voix du Nord a une influence sur le nombre d’articles qui traitent
le thème de la migration ou sur la façon dont les journalistes font le récit de la situation
migratoire.
3.2 Partie quantitative
Ce mémoire consiste en deux parties. La première partie est quantitative et a pour but de trouver
des « pics » dans la couverture de la situation migratoire à Calais pour la période allant du 1er
septembre 2014 au 31 août 2016. Pour ce faire, nous avons rassemblé tous les articles de cette
période à l’aide de deux banques de données : ProQuest Newsstand nous a donné accès à tous
les articles du journal Le Monde et LexisNexis Academic nous a permis de retrouver les articles
de La Voix du Nord. Comme nous avons voulu rassembler uniquement les articles portant sur
la situation migratoire calaisienne, nous avons utilisé les mots de recherche suivants : « Calais
AND (migrant* OR asile OR réfugié*) ». Après cette recherche, nous avons pris soin de passer
en revue l’ensemble des articles récoltés afin de vérifier si leur sujet ne déviait pas de nos
critères et s’ils traitaient vraiment le thème défini.
Il s’agit ensuite d’identifier des « pics » dans la couverture de la situation migratoire à Calais.
Chilton (1987) et Carvalho (2008) utilisent le terme « Critical Discourse Moment » pour
désigner un tel « pic ». Un « Critical Discourse Moment » est une période qui se caractérise par
des événements très spécifiques, qui sont très présents dans les médias (Carvalho, 2008). Ces
événements peuvent avoir une influence sur la façon dont les journalistes couvrent un sujet
donné et ils peuvent provoquer une augmentation du nombre d’articles publiés sur ce sujet.
Néanmoins, Carvalho (2008) ajoute que l’attention prêtée à un sujet n’est jamais infinie et
diminue presque toujours s’il n’y a pas de nouveaux éléments.
La détermination d’un « Critical Discourse Moment » nous permettra de réduire le corpus et
d’étudier en détail le « framing » des événements à Calais dans cette période discursive intense.
25
3.3 Partie qualitative
Après avoir identifié le « Critical Discourse Moment » dans la couverture médiatique de la
situation migratoire à Calais, nous analyserons cette période plus en détail dans la partie
qualitative de cette étude. Les articles publiés au sein de cette période correspondant à un « pic »
constitueront le corpus pour cette partie.
De Vreese (2005, pp. 53-54) distingue deux approches pour effectuer une recherche qualitative
sur le « framing » : une approche déductive d’une part et une approche inductive d’autre part.
L’approche déductive consiste à analyser des articles afin d’y identifier des frames qui ont été
définis au préalable. L’approche inductive de son côté consiste à analyser des articles pour y
repérer des cadres. Dans le cas d’une analyse inductive, les cadres ne sont donc pas encore
déterminés à l’avance, mais ils sont identifiés au fur et à mesure de l’analyse.
Semetko & Valkenburg (2000, pp. 94-95) ajoutent que la méthode inductive est difficile à
répliquer et qu’elle est uniquement applicable à un corpus limité. La méthode déductive est,
quant à elle, plus facile à répliquer et est plus apte pour mener une étude comparative impliquant
différents médias.
Pour cette étude, nous combinons l’approche déductive et inductive. Nous nous basons en
premier lieu sur la méthode développée par Semetko & Valkenburg (2000). Elles ont déterminé
cinq cadres lors de leur étude des articles de journaux et des extraits du journal télévisé qui
traitaient la période du sommet européen de 1997 à Amsterdam. Cette méthode a été reprise
par D’Haenens & De Lange (2001), qui l’ont appliquée pour analyser des articles de journaux
néerlandais sur le thème de l’asile et de la migration, et plus particulièrement sur l’instauration
d’un nouveau centre d’accueil pour des demandeurs d’asile. Semetko & Valkenburg (2000)
identifient leurs cinq cadres à l’aide d’une liste de contrôle, que nous adoptons également dans
le cadre de notre étude.
Néanmoins, comme il est probable que notre corpus contient des articles qui ne présentent
aucun des cinq frames de Semetko & Valkenburg (2000), nous avons décidé de compléter le
cadre théorique en ayant recours aux frames utilisés par Dekker & Scholten dans leur étude sur
l’accueil des émigrés aux Pays-Bas (2015).
Trois des quatre frames repérés par Dekker & Scholten (2015) sont semblables à ceux de
Semetko & Valkenburg (2000) : le cadre de l’intérêt humain, le cadre économique et le cadre
26
de la responsabilité. Aux cinq cadres de Semetko & Valkenburg (2000), nous ajoutons celui de
la « menace », repéré par Dekker & Scholten (2015).
Il se peut que, au fur et à mesure de l’analyse, nous rencontrions des articles que nous ne
pouvons pas associer à l’un des six cadres déterminés. Le cas échéant, une approche inductive
s’imposera pour définir des cadres supplémentaires spécifiques dans notre corpus sur la
situation migratoire à Calais.
Pour mener l’analyse du « framing », nous partons donc de six cadres :
• Cadre du conflit
• Cadre de l’intérêt humain
• Cadre de la responsabilité
• Cadre économique
• Cadre de la moralité
• Cadre de la menace
Les caractéristiques et les éléments qui font partie de ces cadres sont présentés dans la liste de
contrôle ci-dessous, qui formera la base de notre étude. Nous reprenons le questionnaire de
Semetko & Valkenburg (2000) et formulons de nouvelles questions sur base du travail de
Dekker & Scholten (2015, p. 20) afin de pouvoir repérer le cadre de la menace dans le corpus.
3.3.1 Liste de contrôle : les six cadres
Cadre Critères pour identifier le cadre
Cadre du conflit - Est-ce que l’article mentionne un désaccord entre des
parties / des individus / des groupes / des pays ?
- Est-ce que l’article contient des reproches, formulées
par l’un des parties / des individus / des groupes / des
pays envers l’autre ?
- Est-ce que l’article parle de « gagnants » et de
« perdants » ?
- Est-ce que l’article décrit le problème de deux ou de
plusieurs points de vue différents ?
Cadre de l’intérêt humain - Est-ce que l’article présente l’histoire d’un point de vue
humain ?
- Est-ce que l’article contient des adjectifs qui suscitent
l’outrage, l’empathie, la sympathie, la compassion ?
27
- Est-ce que l’article accentue comment les individus ou
les groupes sont affectés par le problème ?
- Est-ce que l’article prête attention à la vie personnelle
des personnes impliquées ?
Cadre de la responsabilité - Est-ce que l’article suggère que le gouvernement est
capable d’adoucir le problème ?
- Est-ce que l’article suggère que le gouvernement est
partiellement ou entièrement responsable du problème ?
- Est-ce que l’article offre des solutions pour le
problème ?
- Est-ce que l’article suggère qu’un individu ou un groupe
est responsable du problème ?
- Est-ce que l’article suggère que le problème demande
de passer immédiatement à l’action ?
Cadre économique - Est-ce que l’article mentionne des pertes ou des
bénéfices financiers ?
- Est-ce que l’article mentionne les coûts ou les
investissements qui ont déjà été faits ?
- Est-ce que l’article mentionne des conséquences
économiques lorsqu’un gouvernement décide de
procéder (ou pas) à l’action ?
Cadre de la moralité - Est-ce que l’article contient un message moral ?
- Est-ce que l’article fait référence à la moralité, à Dieu
ou à un autre principe religieux ?
- Est-ce que l’article donne des consignes sociales sur
comment une personne doit se comporter ?
Cadre de la menace - Est-ce que les demandeurs d’asile sont représentés
comme une menace pour la population locale ?
- Est-ce que les demandeurs d’asile sont représentés
comme des profiteurs ou des criminels ?
28
- Est-ce que la métaphore de l’eau est utilisée ? 3
3.3.2 Détermination des métaphores
A côté de l’analyse du « framing » des articles qui couvrent la situation migratoire à Calais,
nous nous proposons également d’analyser l’emploi des métaphores. Pour ce faire, nous avons
eu recours aux huit champs sémantiques, distingués par Van Gorp (2006) dans son étude sur le
« framing » et l’asile. Ces huit champs sémantiques sont commentés dans le chapitre 2.3.1 de
cette étude.
L’objectif de l’analyse métaphorique est de déduire quelles sont les métaphores les plus
utilisées dans le corpus et de voir si les métaphores appartenant à un champ sémantique
particulier peuvent être liées à un cadre particulier. Dekker & Scholten (2015) avaient en effet
remarqué que la métaphore de l’eau, distinguée par Van Gorp (2006), est souvent présente
lorsqu’un journaliste active le cadre de la menace.
Lors de l’analyse des métaphores, nous avons choisi de catégoriser uniquement les métaphores
qui appartiennent au discours primaire, c’est-à-dire les propos du journaliste. Les métaphores
qui font partie du discours secondaire, comme des citations, ne seront pas prises en compte dans
l’analyse.
3.4 Corpus
Le corpus de cette étude comprend des articles de deux journaux français qui couvrent la
situation migratoire à Calais entre le 1er septembre 2014 et le 31 août 2016.
L’objectif de la partie quantitative de cette étude est de trouver des « pics » dans la couverture
de la situation migratoire à Calais par deux journaux français : Le Monde et La Voix du Nord.
Tous les articles qui appartiennent à un « pic » spécifique constitueront ensuite le corpus
définitif de cette étude.
Après avoir utilisé les mots de recherche « Calais AND (migrant* OR asile OR réfugié*) » dans
la banque de données ProQuest Newsstand, 192 articles qui remplissaient les conditions ont été
repérés dans le journal Le Monde entre le 1er septembre 2014 et le 31 août 2016. En utilisant
3 Van Gorp (2006) a, dans son étude sur la migration, constaté que les journalistes parlent en effet de « vagues » ou d’un « afflux » de migrants. Dekker & Scholten (2015) ont ensuite remarqué que cette métaphore est souvent présente lorsqu’un journaliste active le cadre de la menace.
29
les mêmes mots de recherche dans la banque de données LexisNexis Academic, nous avons
trouvé 827 articles publiés par le journal La Voix du Nord entre le 1er septembre 2014 et le 31
août 2016. Une liste qui contient la date et le titre de tous ces articles figure dans l’Annexe VII.
Vu qu’il s’agit d’un nombre élevé d’articles, nous avons dû réduire le corpus afin de pouvoir
passer à la partie qualitative de l’étude. Comme il a été mentionné dans le chapitre 3.2, nous
avons essayé de repérer le « pic » principal dans la période entre le 1er septembre 2014 et le 31
août 2016 afin de nous concentrer sur ce « pic » spécifique, qui sera ensuite le point de départ
de la partie qualitative. Les deux graphiques sur lesquels nous nous sommes basés pour réduire
le corpus se trouvent dans l’Annexe I.
Il ressort de la partie quantitative que plusieurs « pics » peuvent être identifiés. Nous avons
choisi de nous concentrer sur un « pic » particulier : la période entre le 1er août 2015 et le 30
septembre 2015. Pendant ces deux mois, les deux journaux ont publié un nombre élevé
d’articles qui couvrent la situation migratoire à Calais. Ainsi, notre corpus définitif contient 34
articles du journal Le Monde et 103 articles du journal La Voix du Nord.
Le corpus entier de cette étude se trouve dans l’annexe VI. Dans le corpus, nous avons souligné
tous les exemples qui figurent également dans l’analyse du « framing » entière et qui indiquent
la présence d’un cadre particulier dans un article. De plus, dans le corpus, nous avons souligné
deux fois les métaphores que nous avons rencontrées dans les articles. Ces métaphores ont servi
comme base de l’analyse métaphorique.
30
31
4. Résultats
4.1 Partie quantitative
Comme il a été mentionné dans le chapitre 3.4, la période entre le 1er août 2015 et le 30
septembre 2015 a formé la base de la partie qualitative de cette étude. Cette période a été
sélectionnée vu qu’elle contient, dans les deux journaux, un nombre élevé d’articles qui
couvrent la situation migratoire à Calais. Dans le chapitre 4.1.1, nous lierons ce « Critical
Discourse Moment » à des événements spécifiques qui pourraient être la raison du nombre élevé
d’articles sur la situation migratoire à Calais.
4.1.1 Le « Critical Discourse Moment »
Le « Critical Discourse Moment » que nous avons repéré contient plusieurs événements
importants. Ces événements particuliers pourraient expliquer le grand nombre d’articles que les
deux journaux français consacrent au thème de la migration entre le 1er août 2015 et le 30
septembre 2015. Plus en particulier, nous avons constaté trois événements importants dans cette
période discursive intense :
• Manuel Valls, le Premier ministre français, rend visite à la « Jungle » de Calais. Cet
événement est présent dans les deux journaux :
o « M. Valls à Calais sur le fond de crise européenne des migrants »
(Le Monde, 31/08/2015)
o « Migrants : quatre questions au Premier ministre, aujourd’hui à Calais »
(La Voix du Nord, 31/08/2015)
• La photo d’Aylan Kurdi, un enfant syrien mort en Turquie, est publiée. Les deux
journaux mentionnent cet événement. La Voix du Nord y consacre même un article
entier :
o « François Hollande rejoint Angela Merkel sur les quotas d’accueil de réfugiés »
(Le Monde, 4/09/2015)
o « La photo qui peut tout changer » (La Voix du Nord, 4/09/2015)
• Nicolas Sarkozy lance son plan qui doit permettre de mieux gérer la situation migratoire
à Calais. Ce plan figure dans les deux journaux :
o « Les idées simples de Nicolas Sarkozy » (Le Monde, 12/09/2015)
o « Le Plan de Sarkozy » (La Voix du Nord, 13/09/2015)
32
4.2 Partie qualitative
Il ressort de la partie quantitative de cette étude que la période entre le 1er août 2015 et le 30
septembre 2015 compte un nombre élevé d’articles sur la situation migratoire à Calais. C’est
aussi bien le cas dans Le Monde que dans La Voix du Nord. Il paraît donc que les deux journaux
couvrent, pendant ce « Critical Discourse Moment », plus fréquemment la situation migratoire
à Calais, en France et en Europe. Voilà pourquoi cette période a formé la base de l’analyse du
« framing » des deux journaux français.
Pour effectuer l’analyse du « framing », nous nous sommes basés sur la liste de contrôle qui
figure dans le chapitre 3.3.1.
Dans les chapitres suivants, nous décrirons les résultats de l’analyse du « framing » des deux
journaux. Les six cadres qui ont été déterminés avant d’entamer l’analyse seront commentés
successivement. Nous commencerons par le chapitre 4.2.1, dans lequel nous décrirons les
résultats du journal Le Monde. Ensuite, nous nous attarderons sur les résultats du journal La
Voix du Nord dans le chapitre 4.2.2. En dernier lieu, le chapitre 4.2.3 est dédié à une
comparaison entre les deux journaux. Nous y décrirons les principales similarités et différences
constatées dans l’analyse du « framing ».
La deuxième partie de cette étude se propose d’analyser l’utilisation de la métaphore, un
« framing device » important. Dans le chapitre 4.2.4, nous nous attarderons sur les huit champs
sémantiques de Van Gorp (2006). Nous y commenterons les champs sémantiques les plus
utilisés. Ensuite, nous comparerons l’utilisation des métaphores dans les deux journaux et enfin,
nous décrirons les caractéristiques de chaque champ sémantique en nous basant sur les résultats
de l’analyse métaphorique.
Le chapitre 4.2.5 est le dernier chapitre de la partie qualitative et se propose de lier les champs
sémantiques à un ou plusieurs cadres particuliers, comme l’avaient fait Dekker & Scholten
(2015). Ils avaient constaté que la métaphore de l’eau est régulièrement accompagnée du cadre
de la menace dans le corpus de leur étude.
33
4.2.1 Résultats de l’analyse du « framing » du journal Le Monde
Il ressort de l’analyse que le cadre de la responsabilité est le plus souvent utilisé par les
journalistes (55,88%). Ce cadre est suivi par le cadre du conflit et le cadre de l’intérêt humain
(26,47%). Le cadre économique et le cadre de la menace sont activés dans 11,76% des articles.
Le cadre de la moralité n’est présent dans aucun article du corpus.
Ci-dessous, nous expliquons les caractéristiques de chaque cadre. Pour décrire ces
caractéristiques, nous nous appuyons sur des exemples qui ont été tirés de l’analyse du
« framing ». Tous les exemples que nous citons peuvent également être retrouvés dans l’analyse
entière du « framing » des articles du journal Le Monde, qui se trouve dans l’Annexe II.
Cadre de la responsabilité
Le cadre de la responsabilité est présent dans plus de la moitié des articles du journal Le Monde.
Il est surtout utilisé par les journalistes pour appeler, entre autres, les hommes politiques
français, britanniques et européens à prendre leurs responsabilités dans la gestion de la situation
migratoire en Europe. Bon nombre d’articles traitent cette situation et l’exemple de Calais est
régulièrement mentionné pour décrire la situation compliquée et parfois inhumaine dans
laquelle vivent les migrants.
0,0%
10,0%
20,0%
30,0%
40,0%
50,0%
60,0%
Cadre du conflit
Cadre de l'intérêt humain
Cadre de la responsabilité
Cadre économique
Cadre de la moralité
Cadre de la menace
Le Monde
34
En outre, les articles dans lesquels le cadre de la responsabilité est activé, contiennent également
des mesures qui sont ou seront prises par les différents gouvernements afin de mieux gérer la
situation migratoire. Ainsi, dans l’article « Londres veut réduire les aides aux migrants, Paris
mettre en place « une solution globale » » (Le Monde, 4/08/15), le journaliste parle de « La
deuxième mesure envisagée… ». Dans l’article « Migrants : l’Europe cherche encore la
réponse » (Le Monde, 25/08/25), le journaliste utilise la phrase « Tous doivent prendre leur
part de responsabilité, si possible le plus vite possible ». Cette référence explicite montre que
le journaliste plaide dans cet article pour une meilleure gestion de la situation migratoire à
Calais.
Cadre du conflit
Dans environ un article sur quatre, le journaliste active le cadre du conflit. Ce cadre est surtout
utilisé pour décrire des désaccords entre des gouvernements ou des hommes/femmes politiques
concernant le thème de la migration. Dans l’article « La droite dénonce « le laxisme » du
gouvernement » (Le Monde, 5/08/15), le journaliste fait le récit du désaccord politique entre la
gauche et la droite française concernant la gestion de la situation migratoire à Calais :
« … la crise de migrants à Calais et à Paris a offert une fenêtre de tir à la droite pour critiquer
l’exécutif. »
Le cadre du conflit est également utilisé lorsqu’une personne reproche une autre. Ainsi, dans
l’article « Migrants : le silence gêné des politiques » (Le Monde, 26/08/15), le journaliste cède
la parole à Xavier Bertrand, politicien du camp de Républicains. Celui-ci accuse les
Britanniques d’avoir causé des tensions à Calais : « …, seul Xavier Bertrand a rompu le silence,
début août, en accusant les Britanniques, dans Le Journal du dimanche, d’être responsables
des tensions à Calais. ».
Cadre de l’intérêt humain
Tout comme c’était le cas pour le cadre du conflit, le cadre de l’intérêt humain est présent dans
environ un article sur quatre. En général, les articles dans lesquels apparaît le cadre de l’intérêt
humain décrivent la situation migratoire à Calais d’un point de vue humain. Ainsi, les
journalistes cèdent, dans plusieurs articles, la parole à des migrants, qui parlent des
circonstances de vie à Calais et de leur objectif principal : rejoindre la Grande-Bretagne. C’est
35
le cas dans l’article « Calais, dernière étape pour quitter la France » (Le Monde, 12/09/15), dans
lequel des migrants expriment leur désir de passer en Grande-Bretagne : « « Je veux rejoindre
ma mère en Grande-Bretagne », justifie Samiar. ».
Un autre article qui se concentre sur l’objectif de la majorité des migrants est « Royaume-Uni :
après Calais, le soulagement puis l’attente » (Le Monde, 19/08/15). Dans cet article, quelques
migrants parlent du soulagement qu’ils ressentent après avoir atteint le Royaume-Uni : « …, il
avoue son soulagement. « J’ai fui la violence et le terrorisme. Maintenant, je peux essayer de
reconstruire ma vie. » ».
D’autres articles qui contiennent le cadre de l’intérêt humain suscitent de l’émotion parce que
le journaliste y laisse témoigner plusieurs migrants et bénévoles de la situation compliquée dans
ladite « Jungle » de Calais. Ainsi, dans l’article « Moussa, 17 ans, migrant, enterré à Calais »
(Le Monde, 6/08/15), le journaliste fait le récit des migrants qui trouvent la mort dans les
conditions difficiles à Calais : « Moussa Homed avait 17 ans, il était érythréen et voulait gagner
le sol anglais, mais c’est par la terre glaise calaisienne qu’il a été recouvert. ».
Cadre économique
Les journalistes utilisent le cadre économique dans environ un article sur dix. En général, il
s’agit d’articles dans lesquels des gouvernements locaux demandent de l’aide financière à l’Etat
français ou à la Commission européenne afin de pouvoir mieux gérer la situation migratoire en
France. C’est par exemple le cas dans l’article « Une mobilisation insuffisante des Etats
membres de l’UE » (Le Monde, 8/08/15) dans lequel il est mentionné que la Commission
européenne offre de l’aide financière à la France : « Bruxelles a ainsi annoncé l’octroi d’une
première tranche d’aide de 20 millions d’euros à la France ».
De plus, les articles mentionnent des investissements qui sont ou seront faits, entre autres pour
renforcer la sécurité autour du site d’Eurotunnel, le tunnel sous la Manche. Ainsi, l’article
« Immigration : les esprits s’échauffent autour de Calais » (Le Monde, 3/08/15) commente les
mesures financières qui ont été annoncées : « Les deux pays vont débourser 10 millions d’euros
pour accroître la sécurité le long des voies du tunnel sous la Manche, qui s’ajoutent aux 15
millions d’euros que le Royaume-Uni s’était engagé à payer en septembre 2014. ».
36
Il résulte également de l’analyse que le cadre économique ne figure jamais seul dans les articles
du journal Le Monde. Qui plus est, dans 75% des cas, il est accompagné du cadre de la
responsabilité. Cela montre que l’aspect économique est souvent employé par un journaliste
lorsqu’il utilise le cadre de la responsabilité. Il paraît que les journalistes ont recours à cet aspect
économique afin de concrétiser les mesures qui sont ou seront prises. Ainsi, le lecteur peut plus
facilement se faire une idée du coût des mesures.
Cadre de la menace
Le cadre de la menace figure dans environ un article sur dix du corpus du Monde. Ce cadre est
activé deux fois dans le corpus lorsqu’un journaliste fait le récit du trafic des migrants, qui cause
des difficultés à Calais, comme dans l’article « A Calais, le très lucratif trafic des migrants »
(Le Monde, 13/08/15), dans lequel des passeurs sont représentés comme des gens qui n’ont pas
de respect pour les migrants et qui les traitent comme des marchandises : « Avant le réveil à
l’aube des chauffeurs routiers, les passeurs chargeaient les clandestins par le haut ou l’arrière
de la remorque. ».
Le cadre de la menace est également activé dans un article qui couvre les intrusions, parfois
violentes, dans le Tunnel sous la Manche par les migrants. C’est le cas dans l’article
« Immigration : les esprits s’échauffent autour de Calais » (Le Monde, 3/08/15), dans lequel les
migrants sont représentés comme des criminels qui veulent entrer dans le Tunnel d’une manière
violente : « … alors que les migrants lancent chaque nuit leurs assauts. » et « … essayant, soir
après soir, de pénétrer dans le tunnel. ».
Cadre de la moralité
Tout comme dans l’étude de D’Haenens & De Lange (2001) (Voir chapitre 2.2.1), le cadre de
la moralité n’a pas été activé dans le corpus du Monde.
37
4.2.2 Résultats de l’analyse du « framing » du journal La Voix du Nord
Il résulte de l’analyse du « framing » que le cadre de la responsabilité est le plus souvent activé
dans le corpus du journal La Voix du Nord (48,54%). Le cadre de l’intérêt humain est présent
dans 31,07% des articles et occupe ainsi la deuxième place. Le cadre économique est utilisé
dans 21,36% des articles et le cadre de la menace est activé dans 15,53% des articles. Le cadre
du conflit figure dans 6,60% des articles. Enfin, le cadre de la moralité n’est présent dans aucun
article.
Tout comme dans le chapitre précédent (4.2.1), nous commentons dans le chapitre ci-dessous
les caractéristiques des cadres en nous appuyant sur des exemples qui ont été tirés de l’analyse
du « framing » du corpus de La Voix du Nord. Tous les exemples que nous citons proviennent
de l’analyse entière du « framing » des articles du journal La Voix du Nord qui se trouve dans
l’Annexe III.
Cadre de la responsabilité
Le cadre de la responsabilité est prédominant dans les articles de La Voix du Nord et figure
dans presque un article sur deux. Ce cadre est surtout utilisé pour annoncer des solutions ou des
mesures qui doivent être prises ou sont prises par les gouvernements, comme dans l’article
0,0%
10,0%
20,0%
30,0%
40,0%
50,0%
60,0%
Cadre du conflit
Cadre de l'intérêt humain
Cadre de la responsabilité
Cadre économique
Cadre de la moralité
Cadre de la menace
La Voix du Nord
38
« Migrants : le président du Sénat réclame un sommet franco-britannique » (La Voix du Nord,
2/08/15) dans lequel le président du Sénat demande de « trouver des solutions communes. » et
de « prévoir un plan d’urgence ». Un autre exemple du cadre de la responsabilité figure dans
l’article « La Commission européenne au secours du couple franco-anglais » (La Voix du Nord,
6/08/15) dans lequel la Commission européenne « a offert son soutien à la France et au
Royaume-Uni ». De plus, la Commission européenne « apportera son aide pour le traitement
des dossiers de demande d’asile ».
Le cadre de la responsabilité est également activé lorsque les journalistes critiquent le
gouvernement, vu qu’ils le considèrent comme partiellement ou entièrement responsable du
problème de la migration en France. C’est le cas dans l’article « Treize ans plus tard, un
« Sangatte » en toile… » (La Voix du Nord, 1/09/15), un éditorial dans lequel le journaliste
critique le gouvernement français : « Treize ans, il aura fallu treize ans pour qu’un
gouvernement français tire enfin les leçons d’un échec qui sautait aux yeux de tous. ».
Un autre exemple est l’article « Monsieur le Commissaire, pourquoi n’êtes-vous pas allé dans
la jungle ? » (La Voix du Nord, 1/09/15), dans lequel le journaliste critique le fait que Frans
Timmermans, vice-président de la Commission européenne, n’a pas visité la « Jungle » lors de
sa visite à Calais : « Certes, mais il n’aura rien vu des campements précaires de la « jungle »
et des quelque 3500 hommes, femmes et enfants qui y vivent dans des conditions souvent
qualifiées d’inhumaines ».
Cadre du conflit
Le cadre du conflit s’utilise dans des articles qui couvrent un désaccord politique concernant la
gestion de la situation migratoire. Ainsi, quatre articles du corpus de La Voix du Nord traitent
un désaccord entre Natacha Bouchart, sénatrice-maire de Calais, et d’autres hommes/femmes
politiques. Un exemple d’un tel désaccord est l’article « Natacha Bouchart et Nadine Morano
s’accrochent sur la question des migrants » (La Voix du Nord, 15/08/15), dans lequel Natacha
Bouchart manifeste son désaccord avec les propos de Nadine Morano : « Natacha Bouchart
s’est désolidarisée de sa collègue des Républicains au sujet de sa récente déclaration concernant
les migrants. » En outre, le journaliste ouvre son article avec la phrase suivante : « Natacha
Bouchart, sénatrice-maire LR de Calais, et Nadine Morano, ancienne ministre et députée
européenne LR, ne passeront pas leurs vacances ensemble », ce qui indique un conflit existant
entre les deux femmes politiques du parti Les Républicains.
39
Un autre article qui contient le cadre du conflit est « Natacha Bouchart, « Dame de fer » face
aux parlementaires britanniques » (La Voix du Nord, 9/09/15). Cet article fait le récit de la
visite de Natacha Bouchart à Londres, où elle a critiqué l’attitude de la Grande-Bretagne face à
la crise calaisienne. Les propos critiques de Natacha Bouchart pourraient, selon le journaliste,
mener à un conflit entre Calais et Londres : « Ces réponses acides feront le plaisir des tabloïds
anglais. ».
Le cadre du conflit est également activé dans l’article « Valls défend son équilibre entre fermeté
et accueil des réfugiés » (La Voix du Nord, 17/09/15). Cet article met le doigt sur un désaccord
politique entre le gouvernement français et l’opposition concernant la gestion de la situation
migratoire en France : « Alors que l’opposition reproche au gouvernement une inconstance et
un manque de fermeté, … » et « « Votre politique est profondément déséquilibrée et ce
déséquilibre menace notre cohésion sociale », e-t-elle conclu, … ».
Cadre de l’intérêt humain
Le cadre de l’intérêt humain figure dans presque un article sur trois. Ce cadre est, entre autres,
activé lorsque le journaliste couvre la multitude de manifestations qui s’organisent à Calais.
Les manifestations sont fréquentes à Calais et elles s’organisent aussi bien en faveur des
migrants qu’à l’encontre de leur présence.
Les migrants manifestent pour dénoncer les mauvaises conditions de vie à Calais. Ainsi, dans
l’article « Une centaine de migrants manifestent devant le centre d’accueil Jules-Ferry » (La
Voix du Nord, 4/09/15), des migrants exigent plus d’aide auprès du gouvernement local :
« Avec, en mains, des pancartes pour dénoncer leurs conditions de vie et réclamer « une liberté
de circulation pour tous » » et « « Nous voulons des solutions pour notre situation. » ».
Le corpus de La Voix du Nord contient également de nombreux articles qui décrivent des
migrants, qui tentent d’arriver en Grande-Bretagne en passant par le Tunnel sous la Manche ou
en se cachant dans des camions. Dans ces articles, les journalistes cèdent régulièrement la
parole aux migrants, qui expliquent pourquoi ils veulent passer en Angleterre : « Mohammed
Haider, venu d’Irak, continuera coûte que coûte de tenter le passage » et « « Je continuerai à
essayer : c’est dangereux mais je n’ai pas le choix car je veux rejoindre ma femme et ma fille
qui sont en Angleterre. » ».
40
En dernier lieu, le cadre de l’intérêt humain est activé pour faire le récit des activités dans et
aux alentours de la « Jungle ». Il s’agit par exemple d’un homme politique qui visite Calais ou
des migrants qui discutent de la vie quotidienne dans la « Jungle ». Ainsi, l’article « Dans la
jungle de Calais » (La Voix du Nord, 26/08/15) raconte l’histoire de la vie dans la « Jungle » :
« …, les migrants s’entassent dans les baraques de fortune au milieu d’argousiers et des
ordures. » et « C’est un bidonville en cartons, bâches et palettes qui se développe dans ce cul-
de-sac du monde civilisé. ».
Cadre économique
Le cadre économique est activé dans environ un article sur cinq. Ce cadre est utilisé lorsqu’il
s’agit d’aides financières, réclamées par l’Etat français. C’est le cas dans l’article « La
Commission européenne au secours du couple franco-anglais » (La Voix du Nord, 6/08/15),
dans lequel le commissaire européen « a également annoncé que « la Commission allait
maintenant verser à la France une première tranche de 20 millions d’euros » ». Les
réclamations d’aides financières viennent également des gouvernements locaux français,
comme dans l’article « La maire de Calais réclame 50M€ » (La Voix du Nord, 21/08/15) où
Natacha Bouchart a indiqué « qu’elle souhaitait une compensation financière de la part des
Etats anglais et français. ».
Les journalistes ont également recours au cadre économique afin de décrire la situation
économique pénible à Calais, partiellement causée par la présence des migrants. Dans l’article
« Tourisme : coup dur en juillet pour nombre d’hôteliers et de restaurateurs » (La Voix du Nord,
13/08/15), plusieurs commerçants témoignent des pertes financières qu’ils ont souffertes à
cause de la présence des migrants : « Frédéric Mancho sait déjà qu’il ne bouclera pas la saison
avec une trésorerie positive. » et « Même coup dur pour le patron de l’hôtel-restaurant les
Dunes à Blériot. ».
Il était à constater que plusieurs cadres figurent souvent dans le même article lorsque les
journalistes activent le cadre économique. Qui plus est, dans 40% des cas, le cadre économique
est accompagné du cadre de la responsabilité. Les journalistes utilisent donc des arguments
économiques afin d’appeler le gouvernement à l’action. Ils ont tendance à concrétiser les coûts
et les investissements dans la gestion de la situation migratoire.
41
Cadre de la menace
Le cadre de la menace est activé dans 15% des articles. Il est entre autres utilisé lorsque les
habitants de Calais se plaignent de la présence des migrants dans leurs jardins quand ces-
derniers tentent de rapprocher le Tunnel sous la Manche. C’est le cas dans l’article « Des
dizaines de voitures dégradées dans une nuit » (La Voix du Nord, 2/09/15) : « Les habitants se
plaignent en effet de « nuisances sonores » chaque nuit, dues au passage de nombreux
migrants. ».
D’autres articles qui contiennent le cadre de la menace parlent des tensions entre les migrants
qui habitent dans la « Jungle » ou des tensions entre les migrants et les forces de l’ordre. Dans
l’article « Une bagarre éclate hier soir à la « jungle », opposant une centaine de migrants » (La
Voix du Nord, 11/09/15), le journaliste fait le récit des tensions et des bagarres entre les
migrants de la « Jungle » : « La rixe s’est progressivement intensifiée et les affrontements ont
viré à une véritable bataille de rue avec des jets de pierre et coups de bâtons. ».
L’article « Six personnes blessées après des heurts entre policiers et migrants sur la rocade »
(La Voix du Nord, 23/09/15) décrit les violences entre les migrants et les forces de l’ordre :
« « Certains migrants ont lancé des pierres en directions des policiers depuis le camp », précise
Alain Deflesselle » et « Côté policiers, on parle d’une pluie de cailloux jetés en leur direction ».
Cadre de la moralité
Tout comme dans l’étude de D’Haenens & De Lange (2001) (Voir chapitre 2.2.1), le cadre de
la moralité n’a pas été activé dans le corpus de La Voix du Nord.
42
4.2.3 Comparaison entre les résultats de La Voix du Nord et Le Monde
Dans ce sous-chapitre-ci, nous comparerons les résultats de l’analyse du « framing » des deux
journaux français afin de repérer les principales similarités et différences.
Ce qui saute aux yeux, c’est que La Voix du Nord (103 articles) compte un nombre beaucoup
plus élevé d’articles sur la situation migratoire à Calais que Le Monde (34 articles). Cela
pourrait être lié à la proximité du siège social de La Voix du Nord aux campements de Calais,
de façon que les journalistes du quotidien régional La Voix du Nord ont tendance à couvrir la
situation migratoire à Calais plus fréquemment et d’une manière plus détaillée, vu que les
lecteurs de ce journal régional pourraient se sentir plus affectés par cette situation.
Ainsi, les journalistes du journal régional cèdent la parole à des habitants de Calais, qui
souffrent de la situation migratoire. Des témoignages de la population locale calaisienne ne
figurent pas dans Le Monde.
En outre, nous avons constaté que La Voix du Nord se concentre principalement sur Calais et
les événements dans le Nord-Pas-de-Calais, tandis que Le Monde traite plutôt la situation
migratoire dans un contexte national ou international. Pourtant, les journalistes du Monde citent
régulièrement la situation à Calais lorsqu’ils veulent donner un exemple concret de la situation
migratoire compliquée en France.
Certes, Le Monde consacre également des articles à la situation migratoire calaisienne, mais
nous avons constaté que ce journal a tendance à se concentrer plus sur la situation migratoire
dans un contexte plus large, comme celui de la France ou de l’Europe.
Le cadre de la responsabilité est le cadre le plus activé dans les deux journaux. Ce résultat ne
correspond pas aux résultats de l’étude de D’Haenens & De Lange (2001), qui avaient constaté
que le cadre de l’intérêt humain était le plus présent dans leur étude sur l’asile et la migration.
Le Monde et La Voix du Nord attachent donc tous les deux beaucoup d’importance à appeler
les hommes et les femmes politiques à prendre leurs responsabilités dans la gestion de la
situation migratoire à Calais, en France et en Europe. Plusieurs articles sont consacrés aux
solutions proposées ou aux mesures prises par les différents gouvernements afin d’aider les
migrants. Le rôle des gouvernements est important dans la gestion de la situation migratoire.
C’est pourquoi les journalistes des deux journaux couvrent dans environ un article sur deux le
thème de la migration et de l’asile en activant le cadre de la responsabilité. Les décisions prises
43
par les gouvernements peuvent, en effet, avoir des conséquences pour le futur des migrants à
Calais, en France et en Europe.
En outre, il ressort de l’analyse que le cadre économique est régulièrement accompagné du
cadre de la responsabilité. C’est aussi bien le cas dans Le Monde (75%) que dans La Voix du
Nord (40%). Ainsi, les journalistes explicitent les coûts et les investissements de la situation
migratoire. Il paraît que les deux journaux utilisent des chiffres exacts pour concrétiser les
mesures prises par les gouvernements. Ces chiffres concrets permettent au lecteur de se faire
une idée des conséquences économiques d’une situation compliquée, qui est celle de la
migration. De plus, les journalistes lancent également des arguments économiques pour inciter
les différents gouvernements à passer à l’action.
Le cadre de l’intérêt humain occupe la deuxième position dans les deux journaux français, qui
cèdent régulièrement la parole à des migrants, à des bénévoles etc. Les témoignages sont
importants pour que le lecteur puisse se former une idée de la situation de vie à Calais.
En outre, les journalistes laissent témoigner les migrants de leur objectif principal : rejoindre la
Grande-Bretagne. C’est un sujet qui revient à plusieurs reprises dans les deux journaux.
Les deux journaux dédient également des articles aux conditions de vie dans la « Jungle » de
Calais. C’est le cas dans l’article « Dans la jungle de Calais » (La Voix du Nord, 26/08/15) et
dans l’article « Moussa, 17 ans, migrant, enterré à Calais » (Le Monde, 6/08/15), qui parlent
tous les deux de la situation difficile dans laquelle vivent les migrants.
Une différence que nous avons remarquée dans l’activation du cadre de l’intérêt humain
concerne les multiples manifestations pour et contre les migrants à Calais. La Voix du Nord y
consacre plusieurs articles. Ils traitent le grand nombre de manifestations par les migrants à
Calais, qui réclament des conditions de vie meilleures, mais également des manifestations
contre la présence des migrants, comme celle du collectif « Calaisiens en colère » (La Voix du
Nord, 2/09/15). Néanmoins, aucun article du journal Le Monde n’attache de l’importance à ces
manifestations. Cela pourrait, selon nous, être dû au fait que Le Monde, un journal national, ne
considère pas une manifestation locale de 200 personnes comme étant assez importante pour y
consacrer un article.
Il résulte également de l’analyse que le cadre du conflit est plus présent dans Le Monde que
dans La Voix du Nord. Néanmoins, les deux journaux ont recours à ce cadre dans des contextes
44
similaires. Il s’agit presque toujours d’un contexte politique, dans lequel des hommes/femmes
politiques manifestent leur désaccord avec d’autres hommes/femmes politiques ou avec des
décisions prises par les gouvernements.
Pourtant, il existe une différence entre les deux journaux. Le Monde se concentre
principalement sur des différences d’opinion au niveau national et international, comme dans
l’article « A Calais, la France est « le bras policier » de Londres » (1/08/15), qui traite le
désaccord entre la France et le Royaume-Uni. Un autre exemple est l’article « La droite dénonce
le « laxisme » du gouvernement » (5/08/15), qui parle du désaccord entre le gouvernement
français et l’opposition. La Voix du Nord, de son côté, mentionne plus des désaccords au niveau
local, comme dans l’article « Natacha Bouchart et Nadine Morano s'accrochent sur la question
des migrants » (15/08/15). La Voix du Nord cède régulièrement la parole à Natacha Bouchart,
la sénatrice-maire de Calais, tandis que son point de vue sur la situation migratoire à Calais ne
figure guère dans Le Monde. Ce journal national attache plus d’importance aux mesures qui
sont ou seront prises au niveau national et cède surtout la parole à des hommes politiques
nationaux comme Manuel Valls et Bernard Cazeneuve.
Quant au cadre de la moralité, il n’est présent dans aucun article du corpus entier. Cela
correspond aux résultats de l’étude de D’Haenens & De Lange (2001), dans laquelle le cadre
de la moralité n’était pas non plus activé.
En dernier lieu, nous nous attarderons sur l’utilisation du cadre de la menace. Les deux journaux
en font usage lorsqu’il s’agit de migrants qui tentent de pénétrer dans le Tunnel sous la Manche.
Ces actions, parfois violentes, créent des tensions à Calais entre les migrants et les forces de
l’ordre. C’est le cas dans les articles « Immigration : les esprits s’échauffent autour de Calais »
(Le Monde, 3/08/15) et « Une bagarre éclate hier soir à la « jungle », opposant une centaine de
migrants » (La Voix du Nord, 11/09/15).
La principale différence dans l’usage du cadre de la menace est à repérer dans le fait que La
Voix du Nord cède la parole à des habitants de Calais, qui se plaignent entre autres de la
présence des migrants dans leurs jardins pendant la nuit.
Certes, Le Monde se concentre sur la problématique de l’intrusion dans le Tunnel à Calais, mais
le journal ne prête pas attention aux nuisances que les migrants causent à la population locale.
Cela pourrait être lié au fait que les lecteurs de La Voix du Nord se sentent plus affectés par les
témoignages de la population locale.
45
4.2.4 Résultats de l’analyse métaphorique
Dans ce sous-chapitre-ci, nous commenterons les résultats de l’analyse métaphorique.
L’objectif de cette partie de l’étude est de savoir lesquels des huit champs sémantiques,
distingués par Van Gorp (2006), sont les plus souvent utilisés dans le corpus entier de ce
mémoire. Ensuite, nous comparerons les résultats des deux journaux et nous nous attarderons
également sur les caractéristiques de chacun des huit champs sémantiques.
Au total, nous avons repéré 99 métaphores dans le corpus entier (Le Monde et La Voix du Nord).
Les articles du journal Le Monde contenaient 61 métaphores et les articles de La Voix du Nord
contenaient 38 métaphores.
Il ressort de l’analyse métaphorique que le champ sémantique de l’eau contient le nombre le
plus élevé de métaphores (38,38%) du corpus entier. Le champ sémantique de l’auberge occupe
la deuxième place (27,27%). Ensuite, les journalistes utilisent le champ sémantique de la porte
dans 15,15% des cas. Le champ sémantique du record est utilisé dans 7,07% et celui de la
forteresse dans 6,06% des cas. Enfin, les champs sémantiques qui comptent le nombre le plus
petit de métaphores sont celui de la marchandise (3,03%), celui des déchets (2,02%) et celui de
la chasse (1,01%).
0,0%
5,0%
10,0%
15,0%
20,0%
25,0%
30,0%
35,0%
40,0%
Eau Forteresse Record Porte Déchets Chasse Auberge Marchandise
Métaphores par champ sémantique: corpus entier
46
Ces résultats correspondent en grande partie à ceux de l’étude de Van Gorp (2006), dans
laquelle les champs sémantiques de l’eau et de l’auberge occupaient également les deux
premières places.
La principale différence entre les résultats de l’étude de Van Gorp (2006) et les résultats de ce
mémoire concerne l’utilisation du champ sémantique de la chasse. Cette métaphore occupe la
troisième place dans l’étude de Van Gorp (2006), tandis qu’elle est seulement une fois (1,01%)
présente dans le corpus entier de cette étude-ci.
Il résulte du graphique que l’utilisation des métaphores ne diffère que peu entre les deux
journaux français. Les champs sémantiques de l’eau, de l’auberge et de la porte occupent les
trois premières places chez les deux journaux. La plus grande différence entre les deux journaux
concerne les champs sémantiques du record et de la forteresse. Celui de la forteresse est présent
dans 10,53 % des cas chez La Voix du Nord, tandis qu’il ne figure que dans 2,63% des cas chez
Le Monde. Quant à la métaphore du record, elle figure dans 9,84% des cas chez Le Monde, mais
elle est seulement une fois (2,63%) utilisée dans La Voix du Nord.
En dernier lieu, les champs sémantiques de la chasse et de la marchandise figurent uniquement
dans Le Monde. Néanmoins, le nombre de métaphores qui appartiennent à ces champs
sémantiques est très limité dans le corpus entier.
0,0%
5,0%
10,0%
15,0%
20,0%
25,0%
30,0%
35,0%
40,0%
45,0%
50,0%
Eau Forteresse Record Porte Déchets Chasse Auberge Marchandise
Métaphores : champs sémantiques par journal
Le Monde La Voix du Nord
47
Nous commenterons ci-dessous les métaphores par champ sémantique. Nous donnerons les
principales caractéristiques de chaque champ sémantique en nous appuyant sur des exemples
qui sont tirés de l’analyse métaphorique. L’analyse métaphorique entière du Monde se trouve
dans l’Annexe IV et l’analyse métaphorique entière de La Voix du Nord se trouve dans
l’Annexe V. De plus, toutes les métaphores ont été soulignées deux fois dans le corpus (Annexe
VI).
Le champ sémantique de l’eau
Le champ sémantique de l’eau occupe la première place dans les deux journaux français. Ce
résultat correspond à celui de l’étude de Van Gorp (2006, p. 168). Les journalistes des deux
journaux parlent, en effet, régulièrement de « vagues », de « flux » et d’« afflux » de migrants,
tout comme l’avait constaté Van Gorp (2006). Ainsi, un journaliste compare les réfugiés à « des
vagues ininterrompues » dans l’article « Migrants : le silence gêné des politiques » (Le Monde,
26/08/15). Un autre journaliste utilise la métaphore de « l’afflux de migrants en Méditerranée »
(Le Monde, 8/08/15) pour couvrir la situation migratoire en Europe. Il paraît donc que la
métaphore de l’eau est bien intégrée dans le discours des journalistes lorsqu’ils couvrent le
thème de la migration et de l’asile.
Le champ sémantique de l’auberge
Il résulte de l’analyse métaphorique que le champ sémantique de l’auberge s’utilise dans
environ 25% des cas chez les deux journaux, occupant ainsi la deuxième place. Tout comme
chez le champ sémantique de l’eau, les deux journaux utilisent la métaphore de l’auberge de la
même manière. Ils parlent tous les deux dans plusieurs articles d’« abriter », de « loger » et
d’« héberger » les migrants. Qui plus est, ce sont presque toujours ces trois métaphores qui
reviennent lorsqu’un journaliste a recours au champ sémantique de l’auberge.
Le champ sémantique de la porte
Les articles du journal Le Monde comptent un nombre plus élevé de métaphores qui
appartiennent au champ sémantique de la porte que ceux de La Voix du Nord. Il résulte de
l’analyse que les journalistes du Monde décrivent, en effet, régulièrement l’entrée à l’Europe
ou à un pays européen spécifique comme le passage par une porte. C’est le cas dans l’article
48
« François Hollande rejoint Angela Merkel sur les quotas d’accueil de réfugiés » (Le Monde,
4/09/15), dans lequel le journaliste décrit la Hongrie qui « se transformera en principale porte
d’entrée dans l’UE ». Dans le même article, le journaliste mentionne l’Allemagne, qui « ouvre
ses portes aux réfugiés ». La collocation « ouvrir ses portes » figurait également comme
exemple parmi les principaux résultats de l’étude de Van Gorp (2006, p. 169). Il paraît donc
que la métaphore de la porte est régulièrement utilisée lorsque les journalistes du Monde
insistent sur les frontières de l’Europe ou d’un pays européen en particulier.
De plus, il ressort de l’analyse métaphorique que le mot porte n’est pas explicitement utilisé
dans La Voix du Nord. Néanmoins, les journalistes de ce journal font quand même appel au
champ sémantique de la porte. C’est le cas dans l’article « Calais seule au monde avec ses
migrants » (2/08/15), dans lequel le journaliste décrit Calais comme un « cul-de-sac ». La
métaphore du cul-de-sac revient également dans Le Monde. Il paraît que les journalistes y ont
recours pour décrire les migrants qui butent sur une frontière à Calais, ce qui les empêche
d’atteindre leur objectif principal : rejoindre la Grande-Bretagne.
Le champ sémantique de la forteresse
Le champ sémantique de la forteresse s’utilise moins fréquemment dans Le Monde que dans La
Voix du Nord. Une métaphore qui apparaît deux fois dans La Voix du Nord est celle du
« bunker » et de la « bunkérisation ». Les journalistes utilisent ce terme pour désigner la zone
du Tunnel sous la Manche, qui s’est transformée en un bunker.
Les journalistes du Monde utilisent seulement une métaphore qui appartient à ce champ
sémantique-ci : celle du « Vieux Continent », un terme qui désigne l’Europe, le destin de tous
les migrants.
Le champ sémantique du record
Dans Le Monde, les journalistes décrivent six fois la situation migratoire en termes de chiffres
ou de records. Ainsi, ils parlent d’« un nouveau pic » (Le Monde, 1/08/15), d’« une année
record » (Le Monde, 25/08/15) ou d’« une vague historique de migrants » (Le Monde,
12/09/15).
49
Le champ sémantique du record ne compte qu’une seule métaphore dans La Voix du Nord,
lorsqu’un journaliste mentionne que « 340 000 migrants sont entrés dans l’Union européenne
en juillet, soit trois fois plus qu’il y a un an » (La Voix du Nord, 26/08/15).
Le champ sémantique des déchets
Le champ sémantique des déchets contient une métaphore dans chaque journal. Dans l’article
« A Calais, l’escale décisive des mineurs isolés » (Le Monde, 31/08/15), le journaliste décrit la
situation inhumaine dans laquelle vivent les migrants à Calais : « A Calais, ils sont relégués
dans un bidonville jugé indigne d’un pays comme la France. ».
La Voix du Nord utilise la métaphore des migrants qui « s’entassent » dans les camps de
migrants à Calais (La Voix du Nord, 1/09/15).
Le champ sémantique de la chasse
Le champ sémantique de la chasse ne compte qu’une seule métaphore dans le corpus entier.
Dans l’article « Les idées simples de Nicolas Sarkozy » (Le Monde, 12/09/15), le journaliste
fait référence au père de Nicolas Sarkozy, qui était aussi un migrant et qui avait été « chassé
par l’Armée rouge ».
Le champ sémantique de la marchandise
Le champ sémantique de la marchandise est uniquement présent dans Le Monde (trois fois).
L’article « A Calais, le très lucratif trafic des migrants » (Le Monde, 13/08/15) traite le trafic
des migrants en Europe et les migrants y sont décrits comme des marchandises qui sont
« chargées » dans des camions par les trafiquants.
4.2.5 Métaphores liées aux cadres
Dans ce dernier sous-chapitre, nous tenterons de lier les huit champs sémantiques de Van Gorp
(2006) à un ou plusieurs des six cadres, repérés dans les études de Semetko & Valkenburg
(2000) et Dekker & Scholten (2015). Cette dernière partie n’a pas pour but de révéler des
différences ou des similarités entre les deux journaux, mais se concentre uniquement sur le
50
corpus entier. Le premier graphique ci-dessous présente le nombre entier de métaphores par
cadre, le deuxième graphique montre le pourcentage de métaphores par cadre.
Il ressort des deux graphiques que la métaphore de l’eau est dans 81,58% des cas liée au cadre
de la responsabilité. Ce résultat ne correspond pas aux résultats de Dekker & Scholten (2015),
qui avaient remarqué que cette métaphore était surtout accompagnée du cadre de la menace.
Néanmoins, la métaphore de l’eau est également liée à d’autres cadres, comme le cadre de
02468
10121416182022242628303234
Cadre du conflit
Cadre de l'intérêt humain
Cadre de la responsabilité
Cadre économique
Cadre de la moralité
Cadre de la menace
Nombre de métaphores par cadre : Corpus entier
Eau Forteresse Record Porte Déchets Chasse Auberge Marchandise
0,0%
10,0%
20,0%
30,0%
40,0%
50,0%
60,0%
70,0%
80,0%
90,0%
100,0%
Cadre du conflit
Cadre de l'intérêt humain
Cadre de la responsabilité
Cadre économique
Cadre de la moralité
Cadre de la menace
Pourcentage de métaphores par cadre : Corpus entier
Eau Forteresse Record Porte Déchets Chasse Auberge Marchandise
51
l’intérêt humain (7,9%), le cadre économique (5,26%). En dernier lieu, elle reste également liée
à celui de la menace (5,26%). Il paraît donc que les journalistes utilisent des expressions comme
« un afflux » ou « une vague » de migrants dans plusieurs cadres et donc ne pas uniquement
lorsqu’ils activent le cadre de la menace, comme c’était le cas dans l’étude de Dekker &
Scholten (2015).
Il résulte également des graphiques que le champ sémantique de l’auberge est activé dans trois
cadres différents : le cadre de la responsabilité (77,78%), le cadre du conflit (7,41%) et le cadre
de l’intérêt humain (11,11%). Des expressions métaphoriques comme « loger » ou « abriter »
des migrants sont devenues des expressions consacrées dont les journalistes font régulièrement
usage.
Le dernier champ sémantique que nous avons pu lier clairement à plusieurs cadres est celui de
la porte. Certes, ce champ sémantique ne compte que neuf métaphores dans le corpus entier,
mais il peut quand même être lié à trois cadres particuliers : celui du conflit (13,33%), celui de
l’intérêt humain (26,67%) et celui de la responsabilité (60%).
Il s’avère que le cadre de la responsabilité compte le nombre le plus élevé de métaphores dans
le champ sémantique de l’eau, de l’auberge et de la porte. Cela peut être lié au fait que ce cadre
est le plus souvent activé par les journalistes dans les deux journaux français (Voir 4.2.1 et
4.2.2). Néanmoins, il paraît que les journalistes ne se voient pas contraints d’utiliser une
métaphore particulière lorsqu’ils activent un cadre particulier, mais qu’ils ont recours à la
métaphore qui leur paraît la plus appropriée pour couvrir un sujet spécifique.
Le cadre économique ne compte que deux métaphores dans le corpus entier en dépit d’être
régulièrement activé par les journalistes dans les deux journaux : dans 11,76% des cas chez Le
Monde et dans 21,36% des cas chez La Voix du Nord (Voir 4.2.1 et 4.2.2). Il paraît donc que
les journalistes n’utilisent pas souvent le langage figuré lorsqu’ils couvrent la situation
migratoire à Calais d’un point de vue économique.
Il était difficile de lier les quatre autres champs sémantiques à un ou plusieurs cadres
particuliers, vu que ces quatre champs sémantiques contenaient tous un nombre limité de
métaphores.
52
53
5. Conclusion
Cette étude a voulu déterminer s’il existe une différence dans le « framing » de la situation
migratoire à Calais entre deux journaux français pour la période allant du 1er septembre 2014
au 31 août 2016. L’objectif était de comparer Le Monde, un journal national et de qualité à La
Voix du Nord, un journal régional. Pour ce faire, six cadres avaient été tirés des études de
Semetko & Valkenburg (2000) et Dekker & Scholten (2015).
Ce mémoire consistait en deux parties : une partie quantitative et une partie qualitative. La
partie quantitative nous a permis de réduire le corpus afin de pouvoir procéder à la partie
qualitative. Après avoir rassemblé tous les articles qui couvrent la situation migratoire à Calais,
un « pic » spécifique était à constater dans les deux journaux. Il s’agissait de la période entre le
1er août 2015 et le 30 septembre 2015. Cette période était alors vue comme un « Critical
Discourse Moment » dans la couverture de la situation migratoire à Calais. Il avait été
sélectionné en raison de la présence de plusieurs événements spécifiques qui ont mené à une
augmentation du nombre d’articles publiés. Un exemple d’un tel événement était la visite du
Premier ministre français Manuel Valls à la « Jungle » de Calais. Les articles qui appartenaient
à cette période discursive intense, formaient ensuite le corpus définitif de cette étude.
Une différence était à constater dans le nombre d’articles qui sont parus dans les deux journaux
français entre le 1er août 2015 et le 30 septembre 2015. Le Monde comptait 34 articles qui
remplissaient nos critères, tandis que La Voix du Nord comptait 103 articles. Cette différence
pourrait être liée à la proximité du siège social de La Voix du Nord aux campements de Calais.
Ainsi, les lecteurs de ce journal régional pourraient se sentir plus affectés par cette situation, de
façon que les journalistes de La Voix du Nord se voient obligés de couvrir la situation à Calais
plus fréquemment et plus en détail que les journalistes du Monde, un journal national.
En outre, nous avons remarqué que les articles du Monde traitent surtout la situation migratoire
en France ou en Europe, tandis que La Voix du Nord se concentre principalement sur la situation
migratoire à Calais. Ainsi, les journalistes du journal régional couvrent grand nombre
d’événements liés à Calais mais ces événements ne sont pas toujours considérés comme assez
importants pour que Le Monde y consacre un article.
Dans Le Monde, la situation à Calais est surtout mentionnée lorsqu’un journaliste veut citer un
exemple de la situation migratoire compliquée en France ou en Europe. Certes, Le Monde
54
consacre des articles à Calais, mais ce journal national a tendance à se concentrer plus sur la
situation migratoire dans le contexte de la France ou de l’Europe.
L’objectif principal de cette étude était de révéler les principales différences et similarités dans
le « framing » de la situation migratoire à Calais entre les deux journaux. Pour ce faire, cette
étude s’est concentrée sur six cadres particuliers, qui étaient considérés comme prédominants
dans la couverture du thème de la migration et de l’asile.
Il résultait de l’analyse qu’il existe une certaine égalité concernant le « framing » dans les deux
journaux. Ainsi, l’analyse du « framing » a montré que le cadre de la responsabilité est
prédominant dans les deux journaux. Ce résultat ne correspond pas à celui de l’étude de
D’Haenens & De Lange (2001), dans laquelle le cadre de l’intérêt humain était le plus activé.
La présence du cadre de la responsabilité montre que Le Monde et La Voix du Nord couvrent
tous les deux le sujet de la situation migratoire à une telle manière qu’ils appellent fréquemment
les hommes et les femmes politiques à prendre leurs responsabilités dans la gestion de la
situation migratoire à Calais, en France ou en Europe. En outre, les deux journaux ont également
consacré des articles aux mesures qui sont ou seront prises par les différents gouvernements
afin d’améliorer les conditions de vie des migrants.
Il ressortait également de l’analyse du « framing » que le cadre économique est régulièrement
accompagné du cadre de la responsabilité dans les deux journaux. Il paraît que les journalistes
ont tendance à concrétiser les coûts et les investissements dans la gestion de la situation
migratoire en utilisant des chiffres exacts. Cela facilite le message pour les lecteurs, ce qui reste
également un objectif important pour le journaliste.
Nous avons noté que le cadre de l’intérêt humain occupe la deuxième place dans les deux
journaux, qui cèdent donc régulièrement la parole à des personnes impliquées dans la situation
migratoire à Calais. Ainsi, des migrants, des bénévoles, des hommes politiques etc. donnent
leur point de vue sur cette situation. C’est une manière qui permet aux lecteurs de se faire une
idée des circonstances dans lesquelles vivent les migrants. Néanmoins, des événements locaux,
comme une manifestation des migrants à Calais, ne figurent pas dans Le Monde. Ce journal
national ne voit pas assez de valeur d’actualité dans ce genre d’événements afin d’y consacrer
un article, tandis que les journalistes du journal régional La Voix du Nord veulent quand même
informer la population locale du Nord-Pas-de-Calais d’un tel événement.
55
Le cadre du conflit est, lui aussi, utilisé de la même manière dans les deux journaux. Il s’agit
des hommes/femmes politiques qui manifestent leur désaccord avec leurs collègues.
Néanmoins, Le Monde fait usage de ce cadre afin de couvrir principalement des disputes
internationales, par exemple celle entre Natacha Bouchart, la sénatrice-maire de Calais et David
Cameron, le Premier ministre britannique. La Voix du Nord, de son côté, se concentre
également sur des conflits politiques régionaux, comme le conflit concernant la gestion de la
situation migratoire calaisienne entre Natacha Bouchart et Nadine Morano, membres du même
parti politique.
En dernier lieu, le cadre de la menace est activé dans les deux journaux lorsque les journalistes
couvrent des situations dans lesquelles les migrants se comportent d’une manière violente,
comme pendant les multiples intrusions dans le Tunnel sous la Manche ou pendant des violentes
rixes entre les migrants et les forces de l’ordre. Néanmoins, ce cadre n’est pas prédominant
dans les deux journaux, ce qui montre que les journalistes n’ont pas automatiquement tendance
à décrire les migrants comme étant une menace pour la population locale.
La deuxième partie de l’analyse qualitative se concentrait sur un « framing device » en
particulier, qui est la métaphore. Cette partie se proposait d’examiner lesquels des huit champs
sémantiques, distingués par Van Gorp (2006), étaient les plus fréquemment utilisés dans le
corpus entier. Tout comme dans l’analyse du « framing », l’analyse métaphorique a révélé qu’il
existe une certaine égalité dans l’usage des métaphores dans les deux journaux. Ainsi, l’analyse
des métaphores a montré que le champ sémantique de l’eau est prédominant dans les deux
journaux, ce qui correspond aux résultats de Van Gorp (2006). Les champs sémantiques de
l’auberge et de la porte jouent également un rôle important dans la couverture de la situation
migratoire. Les journalistes ont recours à ces deux champs sémantiques pour décrire la situation
dans laquelle se trouvent les migrants. Ainsi, ils sont par exemple logés par la France, mais ils
butent sur la frontière avec la Grande-Bretagne.
La dernière partie de cette étude avait pour but de lier des champs sémantiques à des cadres
particuliers. Il ressortait de l’analyse que cela n’était pas facile. Ainsi, la métaphore de l’eau ne
pouvait pas automatiquement être liée au cadre de la menace, comme l’avaient constaté Dekker
& Scholten (2015). Il est vrai que la métaphore de l’eau était majoritairement accompagnée du
cadre de la responsabilité, mais elle était également présente dans trois autres cadres. Cela
montre que les journalistes ne tiennent pas toujours compte du cadre activé lorsqu’ils veulent
56
faire usage d’une métaphore. Des métaphores comme celles de « la vague » ou de « l’afflux »
des migrants ne présumaient pas nécessairement l’activation du cadre de la menace. Il paraît
que la métaphore de l’eau fait partie du discours journalistique lorsque les journalistes couvrent
le thème de la migration et de l’asile. Il en va de même pour la métaphore de l’auberge et celle
de la porte, qui étaient également accompagnées de plusieurs cadres.
En résumé, cette étude a montré que le « framing » du thème de la migration et de la situation
migratoire à Calais ne différait que peu dans les deux journaux. Le Monde, un journal national
et de qualité, et La Voix du Nord, un journal régional ont donc tendance à couvrir ce thème
d’actualité d’une même manière. De plus, il était à constater qu’ils utilisent les mêmes champs
sémantiques de métaphores. Néanmoins, un champ sémantique ne peut pas automatiquement
être lié à un cadre particulier. Il paraît donc que les journalistes ne se voient pas nécessairement
obligés d’activer un cadre spécifique avant de faire usage d’un champ sémantique de
métaphores particulier.
Discussion
Nous nous rendons compte du fait que le corpus de cette étude est limité. Il serait intéressant
de s’attarder sur le « framing » et l’utilisation des métaphores en se basant sur un corpus plus
large ou en comparant plus que deux quotidiens. Une telle étude pourrait donner des résultats
similaires ou différentes. En outre, elle pourrait donner des réponses encore plus concrètes
concernant les similarités et les différences existantes entre le « framing » dans un journal
national et de qualité et un journal régional.
Le nombre de métaphores que nous avons repérées dans le corpus entier était limité, de façon
qu’il n’était pas facile de lier des champs sémantiques à des cadres particuliers. Lors de
l’analyse métaphorique, nous avons décidé de nous concentrer sur les huit champs sémantiques,
distingués par Van Gorp (2006), vu que son étude traitait également le thème de la migration.
En outre, l’objectif principal de ce mémoire était l’analyse du « framing ». Néanmoins, il serait
intéressant d’analyser plus en détail le langage métaphorique concernant le thème de la
migration et de l’asile en se concentrant sur d’autres champs sémantiques, car il nous paraît
évident que les journalistes ont encore recours à d’autres métaphores lorsqu’ils couvrent le
thème de la migration et de l’asile.
57
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59
Annexe I : Partie quantitative : Graphiques
Le Monde : 01/09/2014 – 31/08/2016
La Voix du Nord : 01/09/2014 – 31/08/2016
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Annexe II : Analyse du « framing » : Le Monde
Date Titre de l’article Frame Éléments qui indiquent le frame
Tous les exemples proviennent des
articles du journal Le Monde qui ont été
repérés de la banque de données
ProQuest Newsstand.
1/08/15 A Calais, la France
est « le bras
policier » de Londres
Cadre du
conflit
L’article présente un désaccord entre la
France et le Royaume-Uni concernant la
gestion de la situation migratoire à Calais.
L’article suggère que le Royaume-Uni ne
fait pas assez d’efforts pour résoudre la
problématique.
Exemples :
- Comme s’ils rêvaient d’un tunnel à
sens unique.
- La France est devenue garante du choix
britannique de ne pas adhérer à la
convention de Schengen…
- Les accords bilatéraux franco-
britanniques exonèrent Londres
d’obligations…
- S’il arrive à la France de pratiquer cette
solidarité, c’est rarement le cas du
Royaume-Uni.
- Ces textes conduisent à faire de la
France « le bras policier » de la
politique migratoire britannique.
- Cette instance insiste sur le caractère
« léonin » de ces arrangements dont la
France tire un bénéfice financier sans
rapport avec le coût financier d’une
situation de crise humanitaire à répétition.
(Le Monde, 1/08/15)
61
Cadre de la
responsabilité
L’article mentionne également que les
pays doivent prendre leur responsabilité.
S’ils ne passent pas à l’action, il y aura
des problèmes.
Exemples :
- Et celle de l’UE, incapable d’accueillir
quelques milliers d’hommes…
- Tant pis si le poison lent de Calais
continue de se distiller dans les deux
pays.
(Le Monde, 1/08/15)
3/08/15 Immigration : Les
esprits s'échauffent
autour de Calais
Cadre du
conflit
Le titre de l’article indique qu’il s’agit
d’un conflit entre des hommes politiques
britanniques et français concernant la
situation migratoire à Calais. Ils
reprochent les uns les autres de ne pas
bien gérer la situation.
Exemples :
- Mais cette tentative de calmer le jeu
risque d’être noyée par les déclarations
politiques de plus en plus virulentes
entre les deux pays.
- La France est inefficace pour arrêter
les migrants.
- … la réaction des autorités françaises
est « faible, terne et inefficace ».
- … on va arrêter de les empêcher de
partir – en Angleterre –.
- Si ça continue comme ça, avec autant
de provocation outrancière, …
- Derrière ce match de petites phrases,
…
62
Cadre de la
menace
Cadre
économique
(Le Monde, 3/08/15)
Les demandeurs d’asile sont décrits
comme des criminels qui veulent entrer
dans le tunnel sous la Manche d’une
manière violente.
Exemples :
- « … alors que les migrants lancent
chaque nuit leurs assauts. »
- … essayant, soir après soir, de pénétrer
dans le tunnel.
- … le pays est pris d’assaut par les
immigrants du monde entier.
L’article mentionne également les
mesures sécuritaires prises par la France
et le Royaume-Uni. Ces mesures coûtent
10 millions d’euros.
Exemples :
- Les deux pays vont débourser 10
millions d’euros pour accroître la
sécurité le long des voies du tunnel sous
la Manche, qui s’ajoutent aux 15
millions d’euros que le Royaume-Uni
s’était engagé à payer en septembre 2014.
(Le Monde, 3/08/15)
4/08/15 Londres veut réduire
les aides aux
migrants, Paris
mettre en place " une
solution globale "
Cadre de la
responsabilité
Il ressort de l’article que la France et le
Royaume-Uni veulent prendre leur
responsabilité pour gérer la situation
migratoire. Les deux pays présentent
également des initiatives pour résoudre le
problème.
Exemples :
63
Cadre
économique
- Pourtant, le gouvernement britannique
souhaite réduire l’accès à cette aide.
- La deuxième mesure envisagée …
- Bernard Cazeneuve, lui, souhaite
« apporter des solutions durables … »
- La résolution de cette crise doit être
globale.
L’article mentionne également les
investissements qui ont été faits pour
renforcer la sécurisation du port de
Calais.
Exemples :
- Le volet policier du contrôle aux
frontières a été renforcé : 15 millions ont
été investis dans la sécurisation du port
de Calais, 10 millions dans celle du
tunnel, …
(Le Monde, 4/08/15)
5/08/15 La droite dénonce le
" laxisme " du
gouvernement
Cadre du
conflit
L’article décrit le désaccord entre la
gauche et la droite française concernant la
situation migratoire en France. La droite
reproche le gouvernement de laxisme en
ce qui concerne la politique migratoire.
Exemples :
- … la crise de migrants à Calais et à
Paris a offert une fenêtre de tir à la
droite pour critiquer l’exécutif.
- Si la droite accuse la gauche de laxisme,
les deux camps ont pourtant un bilan
comparable en matière de reconduites à la
frontière.
64
- La droite estime que la pression
migratoire a augmenté et que la gauche
aurait dû monter en puissance.
(Le Monde, 5/08/15)
5/08/15 "Les migrations sont
irrépressibles "
Cadre de la
responsabilité
Il s’agit d’une interview avec Michel
Foucher, professeur de géographie et de
géopolitique à l’Ecole normale
supérieure. Il donne son point de vue sur
la situation migratoire en France. Il
appelle les hommes politique à travailler
ensemble.
Exemples :
- Un changement de discours politique
sur ces questions serait salutaire, …
(Le Monde, 5/08/15)
6/08/15 Moussa, 17 ans,
migrant, enterré à
Calais
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article est un reportage qui contient
plusieurs témoignages de gens qui
s’occupent des défunts dans et aux
alentours de la « Jungle ». L’article fait
également le récit de la mort d’un migrant
érythréen.
Exemples :
- Moussa Houmed avait 17 ans, il était
érythréen et voulait gagner le sol anglais,
mais c’est par la terre glaise calaisienne
qu’il a été recouvert.
- « Il y en a trop, ça va trop vite », se
désole Lou Einhorn, psychologue à
Médecins du monde.
- « Ils nous sollicitent pour retrouver
l’identité des morts », explique Lou
Einhorn.
(Le Monde, 6/08/15)
65
8/08/15 Une mobilisation
insuffisante des Etats
membres de l'UE
Cadre de la
responsabilité
Cadre
économique
L’article fait le compte rendu de la
situation migratoire en Europe. La
Commission Européenne est déçue vu
que les Etats membre ne font pas assez
d’efforts pour contrôler la situation.
L’article mentionne aussi les solutions
que les Etats membres proposent.
Exemples :
- La Commission Européenne ne cache
pas son impatience, voire sa déception, à
l’encontre des états membres de
l’Union…
- Mais cette coordination renforcée
depuis le mois d’avril reste faible face à
l’ampleur des besoins.
- …, l’EU envisage l’implantation d’un
centre d’information destiné aux migrants
désirant se rendre sur le Vieux
Continent…
L’article mentionne également les aides
financières de la part de l’Union
européenne qui doivent aider la France.
Exemples :
- Bruxelles a ainsi annoncé l’octroi d’une
première tranche d’aide de 20 millions
d’euros à la France, puisée dans le FEA,
et confirmé la promesse d’un
financement de l’ordre de 27 millions
pour le Royaume-Uni.
(Le Monde, 8/08/15)
66
12/08/15 Un réseau de
passeurs démantelé à
Calais
Cadre de la
menace
L’article mentionne sept personnes qui
ont été interpellées pour trafic de
migrants.
Exemples :
- Quatre Albanais font partie de ce réseau
soupçonné de trafic d’êtres humains.
(Le Monde, 12/08/15)
13/08/15 A Calais, le très
lucratif trafic de
migrants "
Cadre de
l’intérêt
humain
Cadre de la
menace
L’article donne d’abord de l’information
générale sur le problème du trafic de
migrants avant d’entrer en détail sur la
méthode de travail. En dernier lieu,
l’article donne le témoignage d’un Syrien
qui a essayé d’arriver en Grande-
Bretagne d’une manière clandestine.
Exemples :
- Mohamad, 41 ans, grossiste en
pharmacie en Syrie qui campe
aujourd’hui dans un squat à Calais,
énumère les passeurs qu’il a fallu payer
pour rallier Calais : …
L’article parle de manière à laquelle les
passeurs travaillent. Ils ne respectent pas
du tout les droits de l’homme et ils
profitent des migrants.
Exemples :
- Avant le réveil à l’aube des chauffeurs
routiers, les passeurs chargeaient les
clandestins par le haut ou l’arrière de la
remorque.
(Le Monde, 13/08/15)
67
13/08/15 Prostitution et
violences sexuelles
s'installent dans la "
jungle
Cadre de
l’intérêt
humain
Cadre de la
menace
La situation difficile de la prostitution
dans la Jungle de Calais est décrite du
point de vue de plusieurs ONG, dont
Médecins du monde et France terre
d’asile. L’article mentionne des réseaux
de proxénétisme qui sont actifs dans la
Jungle.
(Le Monde, 13/08/15)
Exemples :
- « Elles sont de plus en plus nombreuses
sur le camp et on soupçonne des abus
sexuels », confie Isabelle Bruand,
coordinatrice de Médecins du
monde…
- Les équipes de Médecins du monde, qui
ont ouvert une clinique mobile, ont
réalisé « trois accompagnements vers
l’IVG et deux contraceptions d’urgence
ces six dernières semaines », souligne
Isabelle Bruand, …
L’article mentionne des membres d’un
réseau de passeurs qui seraient également
membres d’un réseau de proxénétisme.
Ainsi, ils menacent des migrants et les
obligent à se prostituer.
Exemples :
- La Police aux frontières, lors du
démantèlement de la dernière filière de
passeurs, lundi 10 août, soupçonne les
membres de ce réseau de proxénétisme.
68
- De jeunes migrants albanais étaient
contraints de se prostituer auprès d’un
gérant de grande surface, …
(Le Monde, 13/08/15)
19/08/15 Royaume-Uni : après
Calais, le
soulagement puis
l'attente
Cadre de
l’intérêt
humain
Dans l’article, le journaliste cède la
parole à plusieurs demandeurs d’asile qui
sont arrivés au Royaume-Uni en se
cachant dans des camions. Ils parlent
également de leur situation actuelle au
Royaume-Uni.
Exemples :
- Une fois en Angleterre, il a frappé à la
cabine du conducteur, pour faire savoir
qu’il était présent.
- « Ils nous ont mis dans un camion où se
trouvaient de nombreuses machines, qui
offraient beaucoup de recoins pour se
cacher. »
- …, il avoue son soulagement. « J’ai fui
la violence et le terrorisme. Maintenant,
je peux essayer de reconstruire ma
vie. »
(Le Monde, 19/08/15)
20/08/15 Des policiers
britanniques
déployés à Calais
pour lutter contre les
passeurs
Cadre de la
responsabilité
L’article décrit les initiatives que les
gouvernements de la France et du
Royaume-Uni vont prendre pour
contrôler la situation à Calais. De plus,
les deux pays sont incités à prendre leur
responsabilité. Enfin, la Commission
européenne propose des solutions et les
Exemples :
69
- Paris et Londres vont mettre un place
« un centre de commandement et de
contrôle commun » à Calais …
- Un « soutien aux personnes
vulnérables » doit enfin être financé à
travers des « logements protégés ».
- « C’est le moment d’innover et
d’ouvrir une voie d’immigration légale
entre la France et l’Angleterre, à travers
d’un bureau d’asile commun », invite
Pierre Henry.
- C’est aussi ce qu’a rappelé ces derniers
mois la Commission européenne en
proposant d’instaurer des quotas
d’accueil.
(Le Monde, 20/08/15)
24/08/15 Migrants : Europe,
réveille-toi !
Cadre de la
responsabilité
L’article décrit la situation pénible des
migrants qui entrent en Europe et incite
les pays à prendre leur responsabilité et
de passer à l’action.
Exemples :
- Il n’est pas aujourd’hui de crise plus
pressante, plus dramatique ni plus lourde
de menaces pour la stabilité de l’Europe
que celle qui se déroule à nos frontières
depuis près de deux ans.
- Mais ils peuvent, et doivent, ensemble,
lancer enfin l’appel à la mobilisation
générale …
- …, deux figures importantes du Parti
social-démocrate, ont appelé à une
répartition plus équitable des réfugiés
entre Etats membres …
70
- Le moment est venu de répondre aux
appels de Rome, de Bruxelles et de
Berlin.
(Le Monde, 24/08/15)
25/08/15 Migrants : l'Europe
cherche encore la
réponse
Cadre de la
responsabilité
L’article appelle les Etats membres de
l’Union européenne à l’action. L’article
parle d’une crise des migrants qui doit se
résoudre au niveau européen. Plusieurs
Etats membres proposent également leurs
solutions.
Exemples :
- Tous doivent prendre leur part de la
responsabilité, si possible le plus vite
possible.
- Ces propositions des deux capitales
reprennent dans leurs grandes lignes
celles de la Commission.
- « Ce dont nous avons besoin et dont
nous manquons tristement, c’est de
décourage collectif », y déplore-t-il.
- Une majorité de citoyens considère
l’approche européenne comme la seule
solution pour avancer.
(Le Monde, 25/08/15)
26/08/15 De l'immigré au
migrant, attention
aux mythes
Cadre de
l’intérêt
humain
C’est un article particulier qui décrit
l’évolution de la migration en Europe. Le
journaliste utilise également plusieurs
adjectifs spécifiques pour décrire la
situation des migrants.
Exemples :
- … les images des camps de transit où
s’entassent des milliers de migrants qui
71
ont bravé la mort ne peuvent laisser
indifférentes…
- Les personnes échouées à Lampedusa,
agglutinées à Calais ou arc-boutées à
Skopje …
(Le Monde, 26/08/15)
26/08/15 Migrants : le silence
gêné des politiques
Cadre de la
responsabilité
Cadre du
conflit
L’article donne le résumé de tous les
points de vue des partis politiques
français concernant la situation migratoire
en Europe et également en France.
Exemples :
- « Le pire serait de ne pas traiter le
problème au motif que le FN en parle.
C’est à nous de le régler » …
- « Le sujet est compliqué, la solution ne
peut être qu’européenne » …
L’article mentionne la différence
d’opinion entre Xavier Bertrand et les
Britanniques. Bertrand accuse les
Britanniques d’être responsable de la
situation à Calais.
Exemples :
- …, seul Xavier Bertrand a rompu le
silence, début août, en accusant les
Britanniques, dans Le Journal du
dimanche, d’être responsables des
tensions à Calais.
(Le Monde, 26/08/15)
31/08/15 Migrants : des
mineurs isolés en
quête d'une vie
meilleure
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article décrit brièvement la situation
des mineurs isolés qui se trouvent dans le
Pas-de Calais.
Exemples :
72
- Ces jeunes parfois âgés de moins de
16 ans sont tiraillés entre deux rêves :
poursuivre des études et travailler très
vite.
(Le Monde, 31/08/15)
31/08/15 M. Valls à Calais sur
fond de crise
européenne des
migrants
Cadre de la
responsabilité
L’article décrit la visite du Premier
ministre Manuel Valls à Calais, où il va
clarifier quelles sont les solutions que la
France propose.
Exemples :
- La visite de MM. Valls et Timmermans
doit permettre de détailler l’aide
européenne …
- Les trois ministres ont rappelé
« l’urgence de mettre en place … des
« hot spots » …
- … « D’abord, il faut converger vers un
système unifié d’asile. »
(Le Monde, 31/08/15)
31/08/15 A Calais, l'escale
décisive des mineurs
isolés
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit des mineurs isolés
qui se trouvent à Calais. Quelques
migrants témoignent de leur situation
actuelle en France.
Exemples :
- Au Foyer du jeune réfugié de Saint-
Omer, Eric fait partie de ceux qui ont
toujours eu la France en ligne de mire.
- Isha raconte qu’il est fils unique et que
son père a vendu des terres pour financer
son voyage.
- Il arrive plus souvent que les mineurs
soient repérés lors de maraudes, comme
73
ce fut le cas de Reza, un Afghan de 16
ans…
(Le Monde, 31/08/15)
1/09/15 Merkel met en garde
l'Europe sur les
réfugiés
Cadre de la
responsabilité
Cadre du
conflit
L’article décrit l’appel d’Angela Merkel
sur la situation migratoire en Europe. La
chancelière veut que les pays européens
travaillent ensemble afin de résoudre la
situation et appelle les autres pays à
prendre leur responsabilité.
Exemples :
- C’est une mise en garde sans
précédent que la chancelière allemande
a lancée lundi 31 août pour tenter de
forger enfin un front commun européen
sur l’immigration.
- « …, appelant chacun à prendre ses
responsabilités ».
(Le Monde, 1/09/15)
L’article présente également le désaccord
entre plusieurs pays européens concernant
la situation migratoire.
Exemples :
- Cependant, l’Europe est encore très
divisée.
- Autre preuve de la désunion, …
- Le nécessaire débat européen va-t-il
tourner à la bataille rangée dans les
semaines qui viennent ?
(Le Monde, 1/09/15)
4/09/15 L'Europe peut faire
plus pour protéger les
réfugiés
Cadre de la
responsabilité
L’article critique l’Europe et sa politique,
qui ne fait pas assez d’efforts pour
améliorer la situation des migrants.
74
L’Europe ne prend pas ses
responsabilités. L’article suggère
également des solutions possibles.
Exemples :
- Aujourd’hui, avec l’afflux croissant de
réfugiés et les tragédies de plus en plus
fréquentes, ce système révèle toutes ses
faiblesses.
- Mais les arrivées de réfugiés ne sont pas
la cause réelle de cet effondrement. La
véritable raison en est politique.
- Nous devons intensifier nos efforts
pour protéger ceux qui fuient les guerres
et les persécutions.
(Le Monde, 4/09/15)
4/09/15 « Nous voulons
accueillir les
réfugiés »
Cadre de la
responsabilité
L’article cède la parole à plusieurs
collectifs comme la Vague citoyenne et
Singa. Ces collectifs dénoncent la
situation migratoire et appellent le
gouvernement français à l’action. Les
collectifs offrent également des solutions.
Exemples :
- « …, il ne faut pas s’étonner qu’une
partie de la population s’interroge sur le
bien-fondé de l’accueil. C’est la
responsabilité du politique. »
- La France semble en effet avoir quelque
peu délaissé sa tradition d’accueil des
persécutés.
- « La générosité citoyenne est importante
mais nous avons besoin de solidarité en
tant qu’expression collective d’une
nation, … »
75
(Le Monde, 4/09/15)
4/09/15 François Hollande
rejoint Angela
Merkel sur les quotas
d'accueil de réfugiés
Cadre de la
responsabilité
L’article cède la parole à Angela Merkel
et François Hollande, qui veulent agir
dans les meilleurs délais après avoir vu la
photo du petit garçon syrien Aylan Kurdi.
Exemples :
- En invoquant « la responsabilité de
chaque Etat membre et la solidarité de
tous », ils appellent dans ce courrier à
mettre en œuvre « intégralement et sans
délai » les récents dispositifs adoptés par
l’UE, …
- Mme Merkel et M. Hollande proposent
plusieurs mesures
« complémentaires », …
- « L’Allemagne et la France sont très
largement d’accord sur ce que doivent
être les prochaines étapes … »
- … elle entend imposer aux pays de
l’est de prendre leurs responsabilités
vis-à-vis des crises de la planète …
(Le Monde, 4/09/15)
5/09/15 M. Cameron
entrouvre la porte
aux migrants
Cadre de la
responsabilité
M. Cameron réagit dans cet article sur la
photo du petit garçon syrien Aylan Kurdi.
Il clarifie que le Royaume-Uni va prendre
sa responsabilité.
Exemples :
- « La Grande-Bretagne est une nation
morale et nous remplirons nos
responsabilités morales ».
- …, David Cameron a fini par annoncer,
vendredi 4 septembre, que le Royaume-
76
Uni allait accepter « des milliers » de
réfugiés syriens supplémentaires.
7/09/15 Migrants : des maires
français s'engagent
Cadre de la
responsabilité
L’article a rassemblé les réactions de
plusieurs maires de villes françaises sur la
situation migratoire en France. En même
temps, ils lancent un appel au
gouvernement pour mieux répartir les
migrants.
Exemples :
- Le gouvernement a annoncé début juin
la création de 9 500 places
supplémentaires pour les réfugiés et
demandeurs d’asile.
- « Nous avons des milliers de personnes
qui attendent un logement social depuis
des années. Imaginez si des migrants leur
passent devant. »
- Aujourd’hui, c’est à l’Etat qu’il
adresse un SOS.
(Le Monde, 7/09/15)
9/09/15 Accueil des réfugiés :
les maires de droite
divisés
Cadre du
conflit
L’article fait le récit de la différence
d’opinion des hommes politiques français
de droite concernant la situation
migratoire en France. Ainsi, Sarkozy et
Juppé ont un point de vue différent
concernant l’accueil des réfugiés.
Exemples :
- Nicolas Sarkozy refuse ouvertement les
quotas de réfugiés à se répartir dans
l’Union européenne alors qu’Alain
Juppé, lui, juge nécessaire de
« participer » à l’accueil de 24 000
réfugiés en France, …
77
Cadre
économique
Cadre de la
responsabilité
Certains hommes politiques mentionnent
également les difficultés financières pour
accueillir plus de migrants.
Exemples :
- La plupart des maires de droite
réfractaires mettent en avant un
argument financier, …
- « L’Etat m’a enlevé 5 millions d’euros
de subventions en 2015. Comment
pourrais-je accueillir des réfugiés, alors
que je n’arrive même pas à boucler
mon budget ? »
D’autres maires voient la nécessité
d’accueillir ces migrants, qui fuient leur
pays.
Exemples :
- « Il est normal d’avoir une attitude
solidaire, car ces réfugiés ne partent pas
de gaieté de cœur de leur pays. »
- « On ne peut pas, humainement, laisser
tomber des familles qui fuient la guerre. »
Certains maires ne veulent pas accueillir
des migrants musulmans, de cainte qu’ils
soient des terroristes possibles.
Exemples :
- Yves Nicolin, qui s’est dit prêt à
accuellir des réfugiés, « à la condition
qu’ils soient chrétiens », par crainte de
« terroristes déguisés ».
(Le Monde 9/09/15)
78
10/09/15 Les maires inquiets
face à l'afflux des
migrants
Cadre de la
responsabilité
L’article cède la parole à plusieurs maires
de villes dans le Nord-Pas-de-Calais. Ils
dénoncent ne pas avoir eu d’aide de
l’Etat.
Exemples :
- M. Carême, …, déplore n’avoir « reçu
aucune aide ».
- Aujourd’hui, Franck Dhersin lance un
appel à l’aide à l’Etat.
- « A l’époque, les gouvernements
successifs étaient dans le déni. Et ils
n’ont jamais prêté main-forte aux
communes. »
(Le Monde, 10/09/15)
12/09/15 Les idées simples de
Nicolas Sarkozy
Cadre du
conflit
Il s’agit d’un éditorial dans lequel le
journaliste critique la politique de Nicolas
Sarkozy concernant la situation
migratoire en France.
Exemples :
- La comparaison entre le nombre de
« réfugiés » qui se dirigent vers
l’Allemagne ou la Suède et ceux qui
« choisissent » la France montre le
contraire de ce qu’affirme M. Sarkozy.
- La pêche aux électeurs n’autorise pas
toutes les démagogies.
(Le Monde, 12/09/15)
12/09/15 Calais, dernière étape
pour quitter la France
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit des réfugiés qui
tentent chaque nuit de passer en
Angleterre. Plusieurs migrants
témoignent pourquoi ils veulent arriver au
Royaume-Uni. D’autres migrants
79
expliquent qu’ils préfèrent rester en
France.
Exemples :
- « Je veux rejoindre ma mère en Grande-
Bretagne », justifie Samiar.
- Moubarak, un Soudanais de 27 ans, est,
lui, officiellement réfugié politique
depuis le 19 août.
- « J’ai juste besoin d’être en sécurité, que
mes droits et mes besoins soient
respectés », plaide Abdalla Ibrahim.
(Le Monde, 12/09/15)
12/09/15 Le gouvernement bat
le rappel des maires
Cadre de la
responsabilité
L’article décrit un appel que M.
Cazeneuve a lancé. Il veut rassembler les
maires des grandes villes afin d’élaborer
un plan pour accueillir les réfugiés. Ainsi,
la France prend sa responsabilité.
Exemples :
- 622 maires, prêts à accueillir des
réfugiés, ont annoncé leur venue, ce
samedi à la Maison de la chimie, à Paris.
- Il sait que la France va s’engager à
recevoir 24 000 réfugiés sur deux ans.
- …, Bernard Cazeneuve voit une autre
priorité se greffer sur ce défi : héberger
dans les meilleurs délais les demandeurs
d’asile à Calais.
(Le Monde, 12/09/15)
12/09/15 Ces migrants que la
France ne fait pas
rêver
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article décrit des migrants qui ne
veulent pas rester en France, mais qui
préfèrent l’Allemagne ou la Grande-
Bretagne. Néanmoins, il y a aussi des
exceptions.
80
Exemples :
- « Les gens qui viennent ici ont
l’Allemagne en tête », …
- Les perspectives d’emploi, la langue, les
attaches familiales sont d’autant
éléments qui les incitent à passer la
Manche ou le Rhin plutôt que rester
dans l’Hexagone.
- Dans la cité portuaire, seuls les
Soudanais choisissent massivement la
France.
(Le Monde, 12/09/15)
18/09/15 Un village du Pas-de-
Calais ne veut plus
de sa " petite jungle "
Cadre du
conflit
L’article présente un conflit entre le maire
de Norrent-Fontes, l’Etat français et
l’association Terre d’errance.
Exemples :
- Terre d’errance est accusée d’avoir
enfreint un arrêté pris début août par le
maire de la ville, …
- « Il n’est plus possible que le Pas-de-
Calais supporte 5 000 migrants. L’Etat
leur met des bâtons dans les roues pour
qu’ils n’aillent pas en Grande-Bretagne et
nous devons gérer. »
- « Sur notre commune, ils sont là depuis
la fin des années 1990, je considère
qu’on en a fait assez. »
(Le Monde, 18/09/15)
22/09/15 La France de
l'accueil contre celle
du repli
Cadre du
conflit
Il s’agit d’un éditorial dans lequel le
journaliste critique l’attitude de la France
envers la situation migratoire en Europe.
Il affirme que la France est capable
d’accueillir plus de migrants.
81
Exemples :
- Mais cette générosité spontanée reste
morcelée et ne se transforme ni en
politique publique ni en récit commun.
- Oui, notre pays, deuxième de la zone
euro, est assez riche pour loger à la fois
les réfugiés et les sans-abris français.
- Elle se délite à Calais dont la « jungle »
devrait faire honte à tout un pays.
(Le Monde, 22/09/15)
29/09/15 Xavier Bertrand, la
région en attendant la
primaire
Cadre de la
responsabilité
Il s’agit d’une interview avec Xavier
Bertrand, candidat à la primaire à droite
pour la présidentielle en 2017. Il revient
dans l’interview également sur son
entretien avec David Cameron concernant
la situation à Calais.
Exemples :
- « Londres a annoncé des moyens
supplémentaires et va faire évoluer sa
réglementation. »
- « Je ne lâcherai pas ce dossier tant
qu’il ne sera pas réglé. »
(Le Monde, 29/09/15)
82
Annexe III : Analyse du « framing » : La Voix du Nord
Date Titre de l’article Frame Éléments qui indiquent le frame
Tous les exemples proviennent des
articles du journal La Voix du Nord qui
ont été repérés de la banque de données
LexisNexis Academic.
1/08/15 Intrusions de
migrants au Tunnel :
Londres annonce des
mesures
Cadre de la
responsabilité
L’article mentionne des mesures qui
seront prises par le Premier ministre
britannique David Cameron afin de
renforcer le site de l’Eurotunnel. Cela
permettra d’adoucir le problème des
intrusions dans le tunnel sous la Manche.
Exemples :
- Face aux intrusions répétées et mortelles
de migrants de ces derniers jours, le
Premier ministre britannique David
Cameron a annoncé hier, …, la
livraison de clôtures et d’équipes de
gardiennage pour le site du tunnel sous la
Manche à Coquelles.
- La compagnie transmanche indique
également avoir pris contact avec
SNCF-Réseaux pour renforcer la zone
ferroviaire de Fréthun.
(La Voix du Nord, 1/08/15)
2/08/15 Calais seule au
monde avec ses
migrants
Cadre de la
responsabilité
Dans cet éditorial, le journaliste dénonce
le fait que l’Europe veut transformer
Calais en cul-de-sac, ce qui serait une
tragédie pour les migrants. Le journaliste
demande à l’Europe de trouver des
solutions globales et internationales.
Exemples :
83
- Cette situation calaisienne est une
tragédie pour des migrants qui ont fui la
guerre et traversé le désert et ne renoncent
pas si près du but…
- On ne règle pas cette question par des
solutions simples.
- L’Europe n’échappera pas à une
politique de répartition et de
régularisation partielle de ces émigrés,
qui ne repartiront pas.
(La Voix du Nord, 2/08/15)
2/08/15 Migrants : le
président du Sénat
réclame un sommet
franco-britannique
Cadre de la
responsabilité
Dans cet article, le président du Sénat
Gérard Larcher demande un sommet
franco-britannique afin d’élaborer un plan
pour contrôler et résoudre la situation
migratoire à Calais.
Exemples
- …, ce dernier appelle à l’organisation
d’un sommet franco-britannique pour
trouver « des solutions communes ».
- Il demande aussi au gouvernement
français, avec l’aide des Britanniques, de
prévoir un plan d’urgence...
(La Voix du Nord, 2/08/15)
2/08/15 Stoppés par les
grilles du Tunnel, les
migrants désemparés
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit des migrants qui
tentent chaque jour de passer en
Angleterre vers le tunnel sous la Manche.
Néanmoins, le gouvernement a renforcé
la sécurité sur le site d’Eurotunnel. Par
conséquent, il est plus difficile pour les
migrants d’entrer dans le tunnel.
Exemples :
84
- Quand le jour décline à l’horizon, ils
sont des centaines, marchant par petits
groupes, à rejoindre les grilles
d’Eurotunnel…
- Khalid, étudiant en médecine à
Khartoum, capitale du Soudan, rêve
d’Angleterre.
(La Voix du Nord, 2/08/15)
4/08/15 Laisser passer les
migrants : la
« solution » du
candidat Bertrand
Cadre de la
responsabilité
Cadre du
conflit
L’article cède la parole à plusieurs
hommes et femmes politiques, qui
réagissent sur une déclaration de Xavier
Bertrand. Les réactions ont à faire à la
situation migratoire à Calais.
Exemples :
- L’élue appelle aussi France et
Angleterre à prendre leurs
responsabilités en matière de droit
d’asile.
- La tête de liste socialiste veut faire
confiance aux deux gouvernements, en
particulier au ministre de l’Intérieur,
Bernard Cazeneuve.
Xavier Bertrand montre dans cet article
son désaccord avec la politique des
Britanniques et celle de M. Cameron.
Exemples :
- « Si on est là, c’est en partie à cause de
l’Angleterre. C’est leur problème
aussi. »
- « Car si ce que nous propose M.
Cameron, c’est mettre des clôtures
85
supplémentaires de Bray-Dunes à Mers-
les-Bains, c’est non. »
(La Voix du Nord, 4/08/15)
4/08/15 Situation
compliquée,
solutions simples ?
Cadre de la
responsabilité
Il s’agit d’un éditorial dans lequel le
journaliste dénonce les propos de Xavier
Bertrand, qui a voulu se profiler en vue
des élections. Il dénonce également le fait
que Bertrand utilise le sujet de Calais
pour faire cela.
Exemples :
- Grave, enfin parce que la situation du
Calaisis, déjà peu aisée, n’a pas besoin de
cela à l’heure où il faudrait pourtant y
faire revenir les investisseurs.
- …, revenant déjà après la polémique du
dimanche à des propos plus habituels sur
la nécessité de se réunir pour trouver
des solutions.
(La Voix du Nord, 4/08/15)
4/08/15 Tunnel : la pose des
clôtures financées
par les Anglais a déjà
commencé
Cadre de la
responsabilité
Cadre de la
menace
L’article mentionne le renforcement de la
sécurité autour du site d’Eurotunnel, où
les Anglais ont pris leur responsabilité en
posant des clôtures.
Exemples :
- Cette bunkérisation n’est pas près de
s’arrêter : courant juillet, de nouvelles
clôtures de deux kilomètres de long et
quatre mètres de haut, …, ont été
installées de chaque côté des quais.
L’article fait également le récit des
tensions entre les migrants et la police.
86
Cadre
économique
Les migrants sont présentés comme des
agresseurs, qui ont menacé la police.
Exemples :
- Victime d’un jet de pierre au visage et à
la tête, il a été transporté à l’hôpital.
- L’agresseur présumé, un Soudanais de
34 ans, a été interpellé.
En dernier lieu, l’article mentionne les
investissements des Anglais pour
sécuriser le site d’Eurotunnel.
Exemples :
- … et financées conjointement par
Eurotunnel et la Grande-Bretagne, …
- Les 10 millions d’euros débloqués par
Londres il y a quelques jours auront deux
usages : …
(La Voix du Nord, 4/08/15)
5/08/15 Le blocage du port et
les intrusions au
Tunnel vus de l'autre
côté de la Manche
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article décrit la situation migratoire du
point de vue de Folkestone et de Douvres,
où les migrants veulent arriver.
Exemples :
- Une simple clôture entoure les quais et
les aubettes d’Eurotunnel.
- Dans le centre-ville, on ne croisera pas
un seul exilé.
- « Les migrants ne s’installent pas ici.
Au débarquement, ils restent dans les
camions puis se dispersent autour de
Londres… »
(La Voix du Nord, 5/08/15)
87
6/08/15 Intrusions au
Tunnel : « Les
migrants se cachent
dans mon jardin »
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article cède la parole à des personnes
qui vivent aux alentours du site
d’Eurotunnel, et qui souffrent des
migrants qui se cachent chaque soir dans
leurs jardins.
Exemples :
- Lucie vit seule avec ses enfants dans
une maison près de la voie ferrée, à
Fréthun. Depuis juin, elle voit chaque
soir des dizaines de clandestins passer
devant chez elle : …
- « Le problème », explique la co-
gérante de ce poney-club, « c’est qu’ils
passent sur notre terrain pour longer les
voies. »
(La Voix du Nord, 6/08/15)
6/08/15 La Commission
européenne au
secours du couple
franco-anglais
Cadre de la
responsabilité
Cadre
économique
L’article décrit le point de vue de la
Commission européenne concernant la
situation migratoire à Calais. La
Commission a décidé d’aider la France et
le Royaume-Uni dans la gestion de la
situation.
Exemples :
- La Commission européenne a offert son
soutien à la France et au Royaume-Uni…
- Ainsi, elle apportera son aide pour le
traitement des dossiers de demande
d’asile et pour l’identification des
migrants…
L’article mentionne également les aides
financières que la Commission
européenne versera à la France.
88
Exemples :
- Mardi soir, Dimitris Avramopoulos, le
Commissaire européen en charge des
migrations, a également annoncé que « la
Commission allait maintenant verser à
la France une première tranche de 20
millions d’euros » dans le cadre du
Fonds européen pour l’asile, la migration
et l’intégration.
(La Voix du Nord, 6/08/15)
6/08/15 Migrants : le
Royaume-Uni durcit
ses règles pour
juguler la crise à
Calais
Cadre de la
responsabilité
L’article traite les mesures prises par le
Royaume-Uni dans le but de mieux
contrôler la situation migratoire. Tout
comme David Cameron, Bernard
Cazeneuve propose des solutions.
Exemples :
- Le gouvernement de David Cameron a
dévoilé une série de mesures censées
décourager les migrants de franchir le
tunnel sous la Manche.
- En conséquence, le gouvernement de
David Cameron a durci encore plus le
projet de loi sur l’immigration qu’il
présentera au Parlement à l’automne.
- …, il souhaite « apporter des solutions
durables à une situation qui produit
chaque jour son lot de drames humains,
… »
(La Voix du Nord, 6/08/15)
6/08/15 Récit d'une nuit (un
peu moins) agitée
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit d’une nuit aux
alentours du tunnel sous la Manche.
Chaque nuit, des réfugiés tentent de
pénétrer dans le tunnel dans le but
89
d’arriver au Royaume-Uni. Néanmoins, il
y a plus de contrôle par les forces de
l’ordre.
Exemples :
- Alors oui, ce mardi soir encore, on a pu
surprendre un groupe d’exilés
escalader une clôture, …
- …, et les policiers qui se trouvaient à
l’intérieur se sont mis à courir à leur tour
sur leurs traces, vers les trains, dans la
nuit.
(La Voix du Nord, 6/08/15)
7/08/15 Traversée du Tunnel
à pied, tentatives
d'intrusions de
migrants : ça existait
déjà il y a quatorze
ans !
Cadre de
l’intérêt
humain
Cadre de la
menace
L’article se réfère aux intrusions qui se
sont déjà présentées en 2001. L’article est
une réaction sur les nouvelles qui
décrivaient le fait qu’un migrant avait
atteint l’Angleterre comme un exploit.
Exemples :
- Ce soir-là, 44 Afghans réussissent « à
franchir un espace réputé inviolable,
celui de la tranchée de Beussingues… »
L’article présente les actions des migrants
qui tentent de pénétrer dans le tunnel sous
la Manche.
Exemples :
- …, le soir de Noël cette fois : cette nuit-
là, quelque 500 réfugiés venus du centre
de Sangatte partent « à l’assaut » du
Tunnel.
(La Voix du Nord, 7/08/15)
90
8/08/15 La Ville s'oppose à la
marche en hommage
aux migrants décédés
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article décrit la réaction de la ville de
Calais, qui s’oppose à une manifestation
organisée par la communauté Emmaüs.
L’article cède également la parole à des
bénévoles qui s’engagent pour les
migrants.
Exemples :
- « Nous réclamons l’ouverture des
frontières et voulons dénoncer ce qui se
passe à Calais aussi. »
- « C’est à la fois un cri d’alarme et un
hommage aux migrants morts à la
frontière », souligne Philippe
Wannesson…
- « Au beau milieu de la période estivale,
nous regrettons que les Calaisiens ne
puissent pas profiter sereinement des
animations qui leur sont proposées. »
(La Voix du Nord, 8/08/15)
8/08/15 L'ONU demande à la
France un plan
d'urgence pour Calais
Cadre de la
responsabilité
L’article présente un appel, lancé par
l’ONU, qui oblige la France à établir un
plan d’urgence pour Calais. La France
doit prendre ses responsabilités.
Exemples :
- Le Haut-commissariat aux réfugiés des
Nations Unies a appelé la France à
présenter un plan d’urgence « global »
pour traiter la crise des migrants à
Calais…
- Il a demandé à ce que soient utilisées
des casernes inoccupées en France pour
loger ces réfugiés et leur fournir des
conditions de vie adéquates.
91
(La Voix du Nord, 8/08/15)
9/08/15 De la jetée, des roses
à la mer en mémoire
aux morts à la
frontière
Cadre de
l’intérêt
humain
Cadre de la
responsabilité
L’article fait le récit de la manifestation
organisée pour commémorer les migrants
qui sont morts dans le tunnel sous la
Manche.
Exemples :
- Avec des brassards rouges, des
pancartes avec des silhouettes pour
symboliser les onze migrants décédés et
des slogans, les « marcheurs pour
l’ouverture des frontières » ne sont pas
passés inaperçus à la plage.
- « Moi, je ne veux pas assister à ça ! »,
lâche un quadragénaire.
- En marge, un exilé se tient contre la
balustrade de la jetée, une pancarte posée
le long du corps.
L’article cède la parole à des
manifestants, qui demandent à David
Cameron de prendre sa responsabilité.
Exemples :
- « Nous faisons cette manifestation pour
rappeler à David Cameron sa
responsabilité et pour que les portes
s’ouvrent… »
(La Voix du Nord, 9/08/15)
9/08/15 « Sauver ces gens,
c'est l'honneur de
l'Europe, mais cela
suppose la
solidarité »
Cadre du
conflit
Dans cet article, le directeur de France
terre d’asile donne son point de vue sur la
situation migratoire à Calais. Il dénonce
l’attitude de la politique concernant cette
situation.
Exemples :
92
Cadre de la
responsabilité
- Pierre Henry, directeur général de
France terre d’asile, critique la légèreté
des réponses politiques à la crise
migratoire, …
- « La situation calaisienne est le fruit
d’un impensé européen, de l’égoïsme
britannique et de l’abandon de la
souveraineté française à travers les
accords du Touquet de 2003. »
Le directeur général de France terre
d’asile demande également à l’Europe de
prendre sa responsabilité et de trouver
une solution globale.
Exemples :
- « Nous avons une responsabilité
commune. »
- « …, il faut travailler collectivement ».
(La Voix du Nord, 9/08/15)
12/08/15 Accrochage entre un
journaliste télé et des
migrants dans la «
new jungle »
Cadre de la
menace
L’article fait le récit d’un journaliste qui a
été menacé par des migrants lorsqu’il
était en train de faire un reportage dans la
‘new jungle’. »
Exemples :
- Un journaliste français travaillant pour
la chaîne de télévision brésilienne TV
Globo a été pris en partie par un
migrant…
- …, un exilé aurait alors sorti un
couteau, l’obligeant à fuir en
abandonnant tout son matériel sur place.
93
- Le bénévole estime aussi que le climat
dans la « new jungle » est « beaucoup
plus tendu » ces derniers jours.
(La Voix du Nord, 12/08/15)
13/08/15 Nouvelle agression
d'un migrant, la
police judiciaire de
Lille saisie
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit d’un migrant qui a
été agressé le long de la voie ferrée à
Calais.
Exemples :
- … cette fois, c’est un Érythréen qui a
été roué de coups au visage et dans les
jambes.
- D’après un militant associatif qui a
rencontré la victime, trois personnes se
trouvaient à bord du véhicule de couleur
sombre.
(La Voix du Nord, 13/08/15)
13/08/15 Tourisme : coup dur
en juillet pour
nombre d'hôteliers et
de restaurateurs
Cadre
économique
L’article décrit la situation difficile que
connaissent les hôteliers et les
restaurateurs à Calais. Ils souffrent
économiquement de la situation
migratoire à Calais.
Exemples :
- Frédéric Mancho sait déjà qu’il ne
bouclera pas la saison avec une
trésorerie positive.
- Même coup dur pour le patron de
l’hôtel-restaurant les Dunes à Blériot.
(La Voix du Nord, 13/08/15)
14/08/15 Des écologistes
britanniques sont
venus à la rencontre
des migrants
Cadre de la
responsabilité
L’article décrit la visite des écologistes
britanniques à Calais, où ils ont présenté
leurs solutions et incité le Premier
ministre à aider les migrants.
Exemples :
94
- Accompagner les migrants sur le plan
sanitaire et administrativement est
devenue une priorité ont déclaré
unanimement les parties prenantes.
- « J’invite David Cameron, le Premier
ministre britannique à venir à Calais pour
voir les migrants dans les yeux », a
conclu Marine Tondelier.
(La Voix du Nord, 14/08/15)
15/08/15 Natacha Bouchart et
Nadine Morano
s'accrochent sur la
question des
migrants
Cadre du
conflit
L’article fait le récit d’une discussion
entre Natacha Bouchart et Nadine
Morano, deux membres du parti politique
Les Républicains. Bouchart n’était pas
d’accord avec les propos de Morano.
Exemples :
- Natacha Bouchart, sénatrice-maire LR
de Calais, et Nadine Morano, ancienne
ministre et députée européenne LR, ne
passeront pas leurs vacances ensemble.
- …, Natacha Bouchart s’est
désolidarisée de sa collègue…
- C’est sur le réseau social Twitter que la
polémique a ensuite enflé.
(La Voix du Nord, 15/08/15)
19/08/15 Bernard Cazeneuve à
Calais demain avec
son homologue
britannique
Cadre de la
responsabilité
L’article mentionne la visite de Bernard
Cazeneuve et Theresa May à Calais, où
ils vont signer un accord de coopération.
Exemples :
- Le ministre de l’Intérieur a annoncé hier
qu’il sera à Calais demain, en compagnie
de Theresa May, secrétaire d’État
britannique à l’Intérieur, pour signer un
95
nouvel accord de coopération entre la
France et le Royaume-Uni.
- Il avait déclaré qu’il reviendrait à Calais
pour suivre les différentes étapes du
processus…
(La Voix du Nord, 19/08/15)
20/08/15 Déjà trois visites du
ministre de l'Intérieur
depuis la mise en
place du « plan
Cazeneuve »
Cadre de la
responsabilité
L’article commente la troisième visite de
Bernard Cazeneuve à Calais, qui vient
pour voir si son plan fonctionne.
Exemples :
- Le but de sa visite était de s’assurer de
la mise en œuvre de son plan.
- Bernard Cazeneuve est venu observer
les avancées de son plan.
- Mai 2015 : transmettre un message
positif. Cette fois encore, pas d’annonce
mais la volonté de montrer que la
situation s’améliore à Calais : …
(La Voix du Nord, 20/08/15)
21/08/15 Bernard Cazeneuve
et Theresa May unis
face à l'immigration
clandestine
Cadre de la
responsabilité
L’article fait le récit de la visite de
Bernard Cazeneuve et Theresa May à
Calais, où ils ont signé un accord pour
lutter contre la pression migratoire.
L’Angleterre et la France offrent leurs
solutions et prennent leur responsabilité.
Exemples :
- Les deux ministres ont axé leur discours
sur « l’excellence » de leur coopération
ces derniers mois face à la pression
migratoire.
- Les deux ministres entendent aussi
collaborer avec le Niger et les pays de
l’Afrique de l’Est…
96
Cadre
économique
Le troisième et le quatrième point
mentionnés dans l’article traitent l’aide
économique des Britanniques pour mieux
sécuriser le site du tunnel sous la Manche.
Exemples :
- Fin juillet, les Britanniques ont
débloqué 10M € pour renforcer la
sécurité aux abords du Tunnel.
- L’accord prévoit aussi que les
Britanniques débloquent 10M € sur
deux ans pour améliorer la prise en
charge des migrants à Calais.
(La Voix du Nord, 21/08/15)
21/08/15 La maire de Calais
réclame 50M €
Cadre
économique
L’article cède la parole à Natacha
Bouchart, la maire de Calais, qui
demande de l’aide financière pour mieux
gérer la situation à Calais.
Exemples :
- …, Natacha Bouchart (LR), a indiqué
qu’elle souhaitait une compensation
financière de la part des États anglais et
français, …
- …, chiffrant le préjudice à 50 millions
d’euros.
(La Voix du Nord, 21/08/15)
21/08/15 Manuel Valls et deux
commissaires
européens seront à
Calais le 31 août
Cadre de la
responsabilité
L’article décrit la visite de Manuel Valls,
qui aura lieu le 31 août 2015. De plus,
l’article mentionne la visite de Bernard
Cazeneuve à Calais. Cazeneuve y a
proposé des solutions pour améliorer la
situation des migrants.
Exemples :
97
- L’engagement politique de Cazeneuve
à Calais franchira une nouvelle étape le
31 août…
- La visite du 31 août aura pour but
d’« évaluer la situation et de préciser la
contribution que l’Union européenne
apportera à cette politique…
(La Voix du Nord, 21/08/15)
21/08/15 « Une coopération
concrète et efficace »
Cadre de la
responsabilité
Il s’agit d’une interview avec le PDG
d’Eurotunnel, qui donne son point de vue
sur les actions des ministres anglais et
français qui doivent améliorer la
situation. Il commente également les
actions qui seront prises par la France et
l’Angleterre afin de mieux contrôler le
tunnel sous la Manche.
Exemples :
- « La venue à Calais des deux ministres
de l’Intérieur britannique et français est
un signal extrêmement fort ».
- « Les Britanniques augmenteront le
nombre de rondiers pour identifier plus
rapidement les tentatives d’intrusions ».
(La Voix du Nord, 21/08/15)
22/08/15 1300 policiers
mobilisés à Calais
selon le ministre :
trop ou pas assez ?
Cadre de la
responsabilité
L’article traite la présence de policiers à
Calais qui doivent y gérer la situation.
Cazeneuve et le syndicat des policiers
donnent leur point de vue sur le nombre
de policiers présents à Calais. Le syndicat
réclame également des solutions.
Exemples :
- Un chiffre insuffisant pour les syndicats.
98
- « Il faut absolument, par exemple,
prévoir un budget pour réparer les
clôtures... »
- Même type de constat du côté
d’Alliance, qui réclame soixante postes
de fonctionnaires en plus…
(La Voix du Nord, 22/08/15)
22/08/15 Laurent Roussel
plaide pour des
centres de
demandeurs d'asile
Cadre de la
responsabilité
Dans l’article, le conseiller municipal
Laurent Roussel a évalué son plan,
instauré il y a un an. De plus, il critique
l’attitude de la France et de l’Europe, qui
doivent faire plus.
Exemples :
- Le président du Parti de gauche
progressiste du Calaisis avait demandé
la création d’un centre d’accueil pour
les migrants.
- Des centres européens permettraient
d’en évacuer une partie.
(La Voix du Nord, 22/08/15)
22/08/15 « Mes amis n'arrivent
plus à passer »
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit d’une visite aux
migrants à Calais, qui expliquent les
difficultés qu’ils connaissent pour passer
en Angleterre. D’autres veulent rester en
France et y ont demandé asile.
Exemples :
- Mohammed Haider, venu d’Irak,
continuera coûte que coûte de tenter le
passage : …
- Depuis un mois et trois jours qu’il est
ici, il tente presque tous les jours…
- « Je continuerai à essayer : c’est
dangereux mais je n’ai pas le choix car
99
je veux rejoindre ma femme et ma fille
qui sont en Angleterre. »
(La Voix du Nord, 22/08/15)
24/08/15 L'Europe face à une
vague de migrants
Cadre de la
menace
Cadre
économique
L’article dresse le bilan du nombre de
migrants qui tentent d’arriver en Europe
et plus en particulier à Calais, où ils
essaient de franchir le tunnel sous la
Manche.
Exemples :
- Du 1er janvier au 15 août, 340 000
migrants sont arrivés en Europe, dont
250 000 par la mer. Une crise sans
précédents.
- Un accord franco-britannique a été signé
jeudi pour lutter notamment contre les
filières de passeurs, les trafics d’êtres
humains et l’immigration clandestine.
L’article mentionne également l’aide que
la Commission européenne a donné aux
pays européens pour gérer la situation
migratoire.
Exemples :
- La Commission européenne, quant à
elle, a débloqué le 10 août une aide de
2,4 milliards d’euros sur six ans pour
aider les pays européens…
(La Voix du Nord, 24/08/15)
25/08/15 Trente intrusions et
un blessé grave
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit d’un migrant qui
s’est blessé lorsqu’il voulait franchir le
tunnel sous la Manche. De plus, l’article
mentionne que les intrusions se
produisent tous les jours.
100
Exemples :
- D’après les pompiers, il s’agit d’un
Erythréen de 22 ans. Il a été victime
d’un traumatisme crânien avec une
hémorragie interne.
- On ignore encore si le migrant a été
percuté par un train, car il a été trouvé au
bord des plates-formes.
(La Voix du Nord, 25/08/15)
25/08/15 Valérie Trierweiler
en visite discrète
dans la « jungle »
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article raconte la visite de Valérie
Trierweiler à la « jungle » de Calais. Elle
donne également son point de vue sur la
situation dans laquelle vivent les
migrants.
Exemples :
- Elle a ensuite pris la direction de la
« new jungle » pour y discuter avec les
réfugiés.
- « La jungle, l’un des pires camps visités
dans le monde. Désastre humanitaire. »
- « La situation des migrants à Calais
n’est pas un problème, elle est une
honte. »
(La Voix du Nord, 25/08/15)
26/08/15 Dans la jungle de
Calais
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit de la vie des gens qui
habitant dans la « jungle » de Calais.
Plusieurs témoins offrent leur vision sur
la situation dans laquelle ils se trouvent.
Exemples :
- « …, les migrants s’entassent dans les
baraques de fortune au milieu
d’argousiers et des ordures. »
101
- C’est un bidonville en cartons, bâches et
palettes qui se développe dans ce cul-de-
sac du monde civilisé.
- Mohamed Ali, un instituteur
d’Erythrée, sait qu’il n’aura pas le
courage physique pour franchir les grilles
et se nicher sur l’essieu d’un camion.
(La Voix du Nord, 26/08/15)
26/08/15 Économie locale : la
grogne gagne du
terrain
Cadre
économique
L’article cède la parole aux transporteurs
routiers et aux commerçants de Calais,
qui se plaignent de pertes économiques
dues à la présence des migrants.
Exemples :
- Suite aux tentatives de passage des
migrants dans les camions, les
transporteurs routiers ont manifesté pour
dénoncer une perte de près de deux
millions en heures d’attente et en retards.
- « La présence des migrants dans le
quartier, ajoutée à la conjoncture, a
entraîné des baisses des chiffres
d’affaires allant, pour certains, jusqu’à
50% voire 60%. »
(La Voix du Nord, 26/08/15)
26/08/15 Régionales : Xavier
Bertrand veut
rapprocher le Tunnel
et le port
Cadre
économique
L’article cède la parole à Xavier Bertrand,
qui veut améliorer la situation
économique à Calais en faisant travailler
ensemble le Tunnel et le port. De plus, il
demande à l’Etat d’investir plus à Calais.
Exemples :
- …, Xavier Bertrand estime que l’Etat
« doit prendre conscience que le Calaisis
102
souffre économiquement du problème
migratoire. »
- Il considère que l’Europe à « tout
intérêt à mettre de l’argent pour aider
les pays d’origine des migrants. »
(La Voix du Nord, 26/08/15)
27/08/15 A l'assaut du tunnel Cadre de
l’intérêt
humain
Cadre de la
menace
L’article fait le récit des personnes qui
vivent temporairement à Calais et qui
tentent de passer en Angleterre vers le
tunnel sous la Manche. Ils font l’histoire
du trajet qu’ils ont déjà parcouru jusqu’à
Calais.
Exemples :
- Ils sont une trentaine à galoper d’une
foulée souple et silencieuse entre les
wagons et sur le ballast de la gare de fret
de Calais-Fréthun.
- Dans la jungle, les chevilles, les genoux,
les bras plâtrés sont légion.
- Belasin, un sikh de 23 ans, a un frère
à Liverpool : « c’est trop difficile de
passer. Aucune chance. »
L’article mentionne les migrants qui
tentent de pénétrer dans le Tunnel et qui
se comportent parfois d’une manière
violente.
Exemples :
- Quatre Ethiopiens, les mains gantées
pour mieux franchir les barbelés ;
stoppent leur cavalcade en face de nous,
plutôt furieux de tomber sur un
journaliste et un photographe.
103
- « Do you know Daesh ? », lance un
Syrien goguenard, allongé dans un fossé.
Il imite du pouce un égorgement et se
crispe.
(La Voix du Nord, 27/08/15)
27/08/15 Le prix (fort) du
voyage
Cadre
économique
L’article décrit les prix que les migrants
doivent payer aux passeurs afin de
pouvoir arriver en France.
Exemples :
- En provenance de Syrie ou d’Irak, les
tarifs vont de 4000 € à 6 000 €.
- Pour un voyage depuis la Corné de
l’Afrique, avec traversées du désert de
Libye et de la Méditerranée, comptez
5 000 €.
(La Voix du Nord, 27/08/15)
28/08/15 Comment faire face à
une crise majeure
appelée à durer ?
Cadre de la
responsabilité
L’article décrit plusieurs solutions qui
peuvent aider les pays européens à mieux
gérer la situation migratoire.
Exemples :
- Les ONG réclament l’ouverture des
voies légales de l’immigration…
- On veut accélérer les procédures
d’asile.
- Paris et Berlin veulent un plan
d’accueil européen.
- Un renforcement de la collaboration
opérationnelle entre services de police des
frontières ne pourra pas nuire…
(La Voix du Nord, 28/08/15)
28/08/15 Welcome To London Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit de plusieurs migrants
qui ont atteint le Royaume-Uni, où ils
tentent de trouver le bonheur.
104
Exemples :
- Fouad, 23 ans, arrivé le 2 juin, a
d’autres reproches à faire aux Français :
« J’en souris maintenant mais quand je
me souviens de la catastrophe à Calais,
je pleure. »
- « On m’a parfois traité de nègre. »
- « En Angleterre, on peut être noir,
indien, blanc dans le même restaurant
et c’est pareil. »
(La Voix du Nord, 28/08/15)
29/08/15 Lundi, M. Valls ira à
l'hôpital de Calais
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article décrit le programme de la visite
de Manuel Valls à Calais, où il va
s’entretenir avec des associations et
visiter un centre d’accueil.
Exemples :
- Le cortège se rendra ensuite sur le site
d’Eurotunnel pour visiter les installations
de sécurité…
- En début d’après-midi, Manuel Valls
s’entretiendra avec des associations
d’aide aux migrants, …
(La Voix du Nord, 29/08/15)
31/08/15 L'Europe à la
rescousse
Cadre
économique
L’article mentionne les sommes qui
seront versés à la France et au Royaume-
Uni. Cet argent doit aider les pays à
mieux gérer la situation migratoire.
Exemples :
- Dans le cadre du Fonds européen pour
l’asile, la migration et l’intégration, la
Commission européenne a prévu de
verser 266 M € à la France et 370 M €
au Royaume-Uni …
105
Cadre de la
responsabilité
- Une première tranche de 20M€ devait
être versée en août à la France.
L’article mentionne également les propos
de Dimitris Avramopoulos, qui a appelé
les pays européens à prendre leur
responsabilité.
Exemples :
- « La situation à Calais est un exemple
frappant de la nécessité de parvenir à un
meilleur niveau de solidarité et de
responsabilité dans notre manière de
gérer les pressions migratoires en
Europe. »
(La Voix du Nord, 31/08/15)
31/08/15 Migrants : les
syndicats réclament
aux ministres des
mesures pour
l'hôpital
Cadre de la
responsabilité
Dans l’article, les syndicats profitent de la
visite de Manuel Valls pour demander des
mesures supplémentaires afin de mieux
gérer la situation migratoire à l’hôpital,
où entrent chaque jour des migrants.
Exemples :
- Selon les syndicats, la priorité est de
pouvoir libérer plus rapidement des lits à
l’hôpital.
- Catherine Meyns préconise aussi
d’ajouter du personnel au niveau des
équipes soignantes de nuit.
- Christian Boulanger rappelle aussi
l’importance de fluidifier les urgences.
(La Voix du Nord, 31/08/15)
31/08/15 Migrants : quatre
questions au Premier
Cadre de la
responsabilité
Le journaliste décrit dans l’article quatre
questions qu’il veut poser à Manuel
Valls, lors de sa visite à Calais. Les
106
ministre, aujourd'hui
à Calais
Cadre
économique
questions se concentrent surtout sur de
nouvelles solutions qui doivent aider à
mieux gérer la situation migratoire.
Exemples :
- l’Europe traverse une crise migratoire
sans précédent.
- Problème encore : 116 personnes y sont
accueillies et 57 femmes, sur une liste
d’attente, dorment dehors.
Une question du journalise est dédiée à
l’aspect économique.
Exemples :
- C’est ce que réclame Natacha Bouchart,
qui a évoqué la somme de 50 M €.
(La Voix du Nord, 31/08/15)
1/09/15 Calais n'aura pas ses
50 M €, mais l'État
apportera son aide
Cadre
économique
L’article cède la parole à Natache
Bouchart, maire de Calais. Elle réclame
une compensation financière auprès de
l’Etat. Selon elle, Calais a souffert
économiquement de la pression
migratoire.
Exemples :
- Une somme qui doit, selon elle,
compenser le préjudice économique
causé par la pression migratoire.
- Cette souffrance et ce déficit d’image
ont un prix : « 50M€ », réclamés par
Natacha Bouchart …
- « Cette solidarité, nous l’avons déjà
manifestée à travers le projet Calais Port
2015 et un engagement de l’État à
hauteur de 100M€. »
107
(La Voix du Nord, 1/09/15)
1/09/15 Création d'un
campement
humanitaire : la
réaction des migrants
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article décrit quelques réactions de
migrants après la visite de Manuel Valls à
Calais. Le Premier ministre y a confirmé
qu’un campement humanitaire sera créé.
Exemples :
- « Ce n’est pas assez, on ne veut pas
seulement de quoi dormir », commente
Yakub, qui partage une petite tente avec
son frère.
- Un peu plus loin, Mounir, à Calais
depuis quatre mois, estime que « c’est
déjà pas mal. »
(La Voix du Nord, 1/09/15)
1/09/15 Manuel Valls
annonce la création
d'un camp de
réfugiés à Calais
Cadre de la
responsabilité
Cadre
économique
Lors de sa visite à Calais, Manuel Valls a
proposé des mesures que le gouvernement
français va prendre afin de mieux gérer la
situation migratoire à Calais.
Exemples :
- Le Premier ministre Manuel Valls a
annoncé la création d’un camp de
réfugiés sur l’actuelle « jungle » des
migrants.
- L’idée est d’installer, avant l’hiver, 120
tentes pouvant accueillir 12 à 15
personnes chacune.
L’article mentionne également l’aide
financière que la France reçoit de la
Commission européenne.
Exemples :
108
- La Commission européenne a annoncé
hier avoir d’ores et déjà débloqué 5M €
pour le financer.
- Le dispositif, dont le coût global est
estimé à 25M €, pourra abriter 1500
migrants.
(La Voix du Nord, 1/09/15)
1/09/15 Treize ans plus tard,
un « Sangatte » en
toile…
Cadre de la
responsabilité
Dans cet éditorial, le journaliste critique
le gouvernement français et l’Union
européenne sur le fait qu’ils ont tardé très
longtemps à prendre leur responsabilité.
Exemples :
- Treize ans, il aura fallu treize ans
pour qu’un gouvernement français tire
enfin les leçons d’un échec qui sautait
aux yeux de tous…
- Treize ans, il a fallu aussi treize ans
pour que l’Union européenne, …,
vienne à l’aide d’une cité et de ses
habitants…
(La Voix du Nord, 1/09/15)
1/09/15 « Monsieur le
Commissaire,
pourquoi n'êtes-vous
pas allé dans la
jungle ? »
Cadre de la
responsabilité
L’article décrit la conférence de presse de
Frans Timmermans. Un journaliste a
interpellé Timmermans en lui demandant
pourquoi il n’a pas visité la « jungle ». Il
trouvait qu’une visite aux campements
montrait plus de responsabilité.
Exemples :
- « Vous n’avez rien vu de la situation
des migrants à Calais : il fallait y aller, il
fallait voir cette réalité ! »
- Certes, mais il n’aura rien vu des
campements précaires de la « jungle »
109
et des quelque 3500 hommes, femmes et
enfants qui y vivent dans des conditions
souvent qualifiées d’inhumaines.
(La Voix du Nord, 1/09/15)
2/09/15 Des dizaines de
voitures dégradées en
une seule nuit
Cadre de la
menace
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article décrit des dégradations qui
seraient causées par des migrants. Les
habitants se plaignent de la situation et
veulent plus de contrôle policier.
Exemples :
- Les habitants se plaignent en effet de
« nuisances sonores » chaque nuit, dues
au passage de nombreux migrants…
L’article cède la parole à des habitants,
qui témoignent des dégradations qu’ils
ont subies.
Exemples :
- « La police a pris mon numéro mais je
dois repasser ces prochains jours. Ils sont
débordés : tout le quartier a voulu
déposer plainte. »
(La Voix du Nord, 2/09/15)
2/09/15 Projet de camp pour
migrants : la réaction
des « Calaisiens en
colère »
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article cède la parole à des habitants de
Calais, qui vivent en face de la « jungle »
et qui se plaignent de leur situation.
Exemples :
- Les deux femmes ont fait parler d’elles
mi-août, lorsqu’elles ont posté sur le web
une vidéo relatant leur exaspération face à
la population de la lande.
- « L’idée, c’était de bien montrer aux
ministres l’endroit où on se trouve, juste
en face des bidonvilles » …
110
Cadre de la
menace
Les habitants expliquent également qu’ils
sont des victimes de la présence des
migrants aux alentours de leur maison.
Exemples :
- « Je lui ai parlé de nos problèmes de
sécurité puisque nous avons été victimes
de plusieurs intrusions de migrants »,
explique-t-elle.
- « Au printemps, les migrants sont venus
trois fois nous voler du bois. »
(La Voix du Nord, 2/09/15)
3/09/15 700 passagers
Eurostar bloqués
toute une nuit en gare
de Calais-Fréthun
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit des passagers d’un
Eurostar qui ont été bloqués dans la gare
de Calais à cause de la présence des
migrants sur les voies.
Exemples :
- Ils ont vécu une nuit
cauchemardesque. 700 passagers d’un
Eurostar à destination de Londres ont été
stoppés juste avant le tunnel sous la
Manche, mardi soir, en raison de la
présence de migrants sur les voies.
- A bord de l’Eurostar à l’entrée du
Tunnel, des passagers s’énervent, …
(La Voix du Nord, 3/09/15)
4/09/15 La photo qui peut
tout changer
Cadre de la
responsabilité
Dans cet éditorial, le journaliste
commente la photo du jeune garçon
syrien Aylan Kurdi. Le journaliste
demande à l’Europe de prendre sa
responsabilité.
Exemples :
111
- Il fallait que l’Europe prenne cette
réalité en pleine face.
- Les pays ne peuvent plus ergoter sur les
défaillances et les responsabilités de
chacun.
(La Voix du Nord, 4/09/15)
4/09/15 Migrants : des
clôtures de 4 mètres
pour renforcer une
sécurité défaillante
Cadre de la
responsabilité
La maire de Fréthun, Catherine Fournier,
demande au gouvernement d’agréer les
demandes qu’elle a faites. Dans la suite
de l’article, le journaliste décrit des
mesures qui ont déjà été prises ou qui
seront prises par le gouvernement.
Exemples :
- Elle répète aussi la nécessité que les
gendarmes obtiennent des renforts.
- « …, SNCF-Réseau et Eurotunnel ont
trouvé un accord lundi 31 août lors de la
visite des ministres. »
(La Voix du Nord, 4/09/15)
4/09/15 Une centaine de
migrants manifestent
devant le centre
d’accueil Jules-Ferry
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit des migrants qui
manifestent devant le centre d’accueil
Jules-Ferry. Ils veulent des solutions pour
la situation dans laquelle ils se trouvent.
Exemples :
- Avec, en mains, des pancartes pour
dénoncer leurs conditions de vie et
réclamer « une liberté de circulation pour
tous ».
- « Nous voulons des solutions pour
notre situation. »
- Quand ça ouvre, tout le monde
commence à courir pour pouvoir prendre
112
une douche ou recharger son téléphone.
C’est la cohue. »
(La Voix du Nord, 4/09/15)
4/09/15 « J'attends toujours
plus de moyens »
Cadre de la
responsabilité
Il s’agit d’une interview avec le directeur
de l’association « la Vie Active ». Il
donne son point de vue sur la situation
actuelle à Calais et il réclame plus de
moyens à l’Etat.
Exemples :
- Jules-Ferry est en sous-capacité…
- « J’attends toujours qu’il y ait un
renforcement des moyens, c’est plus que
nécessaire. »
(La Voix du Nord, 4/09/15)
5/09/15 Les 120 tentes du
camp de réfugiés
seront installées en
janvier 2016
Cadre de la
responsabilité
Cadre
économique
L’article décrit plusieurs mesures qui sont
prises par le gouvernement afin de loger
plus de migrants et d’améliorer la
situation de vie des migrants dans la
« jungle ».
Exemples :
- Pour rappel, le Premier ministre Manuel
Valls a annoncé lundi la création
prochaine d’une sorte de camp de
réfugiés dans l’actuelle « jungle » de
Calais.
- La préfecture indique que plusieurs
réunions techniques se déroulent en ce
moment au sein de ses services.
L’article mentionne également le coût
financier des travaux de terrassement,
financés par la France et la Grande-
Bretagne.
113
Exemples :
- Le coût global est estimé à 25 M €,
financés conjointement par la France, la
Grande-Bretagne et l’Union européenne.
(La Voix du Nord, 5/09/15)
5/09/15 Manifestation de
migrants : l'action
s'est poursuivie hier
devant la mairie
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article décrit la manifestation des
migrants, qui réclament de meilleures
conditions de vie dans la « jungle ».
Exemples :
- Et un ras-le-bol partagé face au
quotidien dans la « jungle ».
- « On tente des choses, on verra bien si
ça nous fait avancer », …
(La Voix du Nord, 5/09/15)
6/09/15 Plus de 300 migrants
rassemblés devant
l'hôtel de ville hier
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit d’une manifestation
des migrants devant l’hôtel de ville de
Calais. Les migrants dénoncent les
conditions de vie dans la « jungle » de
Calais et demandent plus de soutien à
l’Etat.
Exemples :
- Successivement, des exilés ont pris la
parole avec un porte-voix, chacun dans
sa langue.
- Un migrant a présenté une affiche
représentant le petit Syrien retrouvé sur
une plage de Turquie. Image qui a ému
le monde entier cette semaine, sur
internet et dans les médias.
- Un exilé syrien a expliqué que « ces
manifestations sont des messages envoyés
au gouvernement pour dénoncer nos
conditions de vie. »
114
(La Voix du Nord, 6/09/15)
6/09/15 Une autre
manifestation à 17
heures
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article décrit une autre manifestation
qui s’est organisée deux heures après la
première grande manifestation. Les gens
se sont rassemblés pour manifester leur
colère après avoir vu la photo du petit
Syrien, mort à Turquie.
Exemples :
- Comme Aurore, Clémentine, Audrey
et David, venus de Dunkerque. « Nous
sommes venus montrer notre soutien aux
réfugiés. »
- Un peu plus loin, deux Calaisiennes,
Nathalie et Marinette : « Nous n’avons
pas attendu cette photo pour agir : ça fait
longtemps qu’on donne aux migrants,
bénévolement, de bon cœur. »
(La Voix du Nord, 6/09/15)
7/09/15 Ces commerçants qui
voient dans les
migrants un atout
économique
Cadre
économique
L’article cède la parole à plusieurs
commerçants calaisiens qui ont vu
augmenter leurs bénéfices grâce à la
présence des migrants. Ces migrants font
partie de la clientèle.
Exemples :
- Dans le centre-ville, quelques
commerçants estiment pourtant que les
migrants sont une nouvelle clientèle.
- « Je ne pourrai pas en vivre mais malgré
tout, depuis trois mois, j’ai une clientèle
assez importante de migrants. Je peux
parler d’une augmentation de 20 à
30%. »
(La Voix du Nord, 7/09/15)
115
7/09/15 Une étude d'impact
économique en cours
Cadre
économique
L’article commente l’étude d’impact
économique qui est en cours. Le
journaliste décrit l’impact que les
migrants ont sur l’économie calaisienne.
Exemples :
- Si des secteurs d’activité pâtissent
clairement de la présence migratoire,
d’autres en profitent.
- Les associations d’aide aux migrants
participent également à leur échelle à
l’économie locale : …
- Mais il faut évaluer aussi ce que
consomment les migrants, ce qui doit
représenter une base par an d’au
moins 30.000€.
(La Voix du Nord, 7/09/15)
8/09/15 France : 24 000
réfugiés en deux ans
Cadre de la
responsabilité
L’article décrit le point de vue de
François Hollande concernant la situation
migratoire en Europe. La France est prête
à accueillir plus de migrants, mais plaide
également pour une solution
internationale.
Exemples :
- Face à l’afflux massif de réfugiés en
Europe, François Hollande a annoncé hier
que la France était prête à accueillir
24000 personnes en deux ans, et plaidé
pour un mécanisme de quotas…
- « Nous le ferons », a affirmé M.
Hollande…
(La Voix du Nord, 8/09/15)
8/09/15 Migrants : Natacha
Bouchart face au
Cadre de la
responsabilité
L’article fait le récit de la présence de
Natacha Bouchart, maire de Calais, face
116
parlement
britannique cet après-
midi
Cadre du
conflit
au parlement britannique, où elle a
discuté la situation migratoire à Calais.
Exemples :
- « Cette commission indépendante
devrait demander à la maire de Calais
de présenter les évolutions de ces
derniers mois. »
- « David Cameron vient d’annoncer
être prêt à accueillir 5000 réfugiés. »
La deuxième partie de l’article traite les
différences d’opinion entre Natacha
Bouchart, David Cameron et François
Hollande.
Exemples :
- Attaques envers Hollande et Aubry
- Natacha Bouchart ne réserve pas ses
piques aux seuls Britanniques.
- Sur les ondes de RTL, la sénatrice-maire
de droite a taclé hier la gauche socialiste.
(La Voix du Nord, 8/09/15)
8/09/15 Près de 250 migrants
ont manifesté hier
dans le centre-ville
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article décrit une nouvelle
manifestation devant l’hôtel de ville à
Calais, où plusieurs migrants exigent des
conditions de vie plus humaines.
Exemples :
- Leur mouvement a commencé jeudi et
ne semble pas près de s’éteindre.
- Avec, en mains, des pancartes appelant
à la levée des frontières et dénonçant « le
bidonville de la honte ».
117
- « Nous n’avons qu’un repas par jour,
nous avons très froid et nous avons du
mal à nous faire soigner. »
(La Voix du Nord, 8/09/15)
8/09/15 Réfugiés : un sens de
l'hospitalité variable
selon les
municipalités
Cadre de la
responsabilité
L’article cède la parole à plusieurs maires
français qui sont prêts à accueillir plus de
migrants. Néanmoins, d’autres maires ne
sont pas favorables à l’idée d’accueillir
plus de migrants. C’est surtout le cas dans
le nord de la France, où se trouvent déjà
beaucoup de migrants.
Exemples :
- A Lille, Martine Aubry a d’ores et déjà
proposé d’accueillir une centaine de
réfugiés…
- A Saint-André, Olivier Henno, sous le
choc de la photo du petit Aylan, parle
d’accueillir deux familles dans des
logements d’urgence de sa commune.
- L’élu du littoral souhaite en outre un
« tri » aux frontières des pays d’exode…
(La Voix du Nord, 8/09/15)
9/09/15 Migrants : la
Fédération française
de football donne
100 000€ à Salam
Cadre
économique
&
Cadre de la
responsabilité
L’article parle d’une donation de
100 000€ de la part de la Fédération
française du football pour aider les
migrants à Calais. En donnant cette
somme, la FFF prend sa responsabilité et
fait des efforts pour améliorer la situation
à Calais.
Exemples :
- « Noël Le Graët, président de la
Fédération française, m’a téléphoné pour
me dire que la FFF avait également
118
décidé de venir financièrement en aide
aux migrants… »
- De fait, ce sont 100 000€ que Salam va
recevoir de la part de la FFF.
(La Voix du Nord, 9/09/15)
9/09/15 Natacha Bouchart,
« Dame de fer » face
aux parlementaires
britanniques
Cadre du
conflit
L’article fait le récit de la visite de
Natacha Bouchart à Londres, où elle a
défendu ses idées concernant la situation
migratoire à Calais. Elle reproche la
Grande-Bretagne de ne proposer aucune
mesure pour aider les migrants à Calais.
Exemples :
- « Aucune proposition des
gouvernements français et britannique
n’a été faite pour remédier à notre
problématique… »
- Ces réponses acides feront le plaisir
des tabloïds anglais…
- Les Calaisiens ont leur « Dame de
fer », la Républicaine Natacha Bouchart.
(La Voix du Nord, 9/09/15)
9/09/15 Réfugiés : les
questions d'une
région déjà en
première ligne
Cadre de la
responsabilité
L’article traite la décision de l’Europe
d’assigner un quota de réfugiés à chaque
pays et parle des conséquences que cette
décision pourrait avoir pour Calais.
Exemples :
- La volonté européenne d’assigner un
quota de réfugiés, …, aux pays de l’UE
soulève des questions dans une région qui
depuis de longues années prend sa part
des vagues migratoires provoquées par les
soubresauts du monde.
119
- 24 031. C’est le nombre de nouveaux
demandeurs d’asile que la France doit
accueillir en deux ans.
(La Voix du Nord, 9/09/15)
9/09/15 Un djihadiste
recherché à Calais
Cadre de la
menace
L’article fait le récit d’un djihadiste qui
aurait se caché entre les migrants à
Calais. Il s’agirait d’une tactique d’Etat
islamique pour rejoindre l’Europe.
Exemples :
- L’homme, qui a quitté la Syrie fin août
avec des migrants aurait pour objectif de
se rendre en Grande-Bretagne,
vraisemblablement pour y commettre
des actes terroristes.
(La Voix du Nord, 9/09/15)
9/09/15 « La générosité, ça
s'organise sur la
durée »
Cadre de la
responsabilité
Il s’agit d’une interview avec un
responsable de l’association France terre
d’asile. Il donne son point de vue sur la
situation à Calais et demande à l’Etat de
prendre sa responsabilité.
Exemples :
- « Le Nord-Pas-de-Calais, impacté par
les migrations depuis longtemps, a déjà
eu une réponse solidaire. A d’autres de
prendre aussi leur part. »
- « Des questions se posent en matière
d’intégration : à l’Etat de tout
coordonner sur la durée. »
(La Voix du Nord, 9/09/15)
10/09/15 Djihadiste recherché
parmi les migrants :
ni étonnement, ni
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article cède la parole à plusieurs
bénévoles qui travaillent dans la
« jungle » de Calais et qui réagissent sur
120
panique chez les
associations
Cadre de la
menace
le fait qu’un djihadiste pourrait se cacher
entre les migrants.
Exemples :
- Les gens qui arrivent ont en général
« un but » précis, selon lui : « ils veulent
aller en Angleterre, c’est un projet
concret. »
- Claudine ne s’est « jamais sentie en
danger parmi les migrants ».
Certains bénévoles témoignent de la
possibilité qu’un djihadiste se cache
parmi les migrants.
Exemples :
- Des djihadistes dans la « jungle » ? Pas
impossible, selon Claudine.
- Le danger viendrait davantage de ceux
qui gravitent autour des exilés.
- Pour Jeremie, Calaisien proche des
migrants, il est tout à fait plausible
qu’un djihadiste vienne dans la
« jungle ».
(La Voix du Nord, 10/09/15)
10/09/15 Les maires veulent
des moyens
Cadre de la
responsabilité
L’article décrit la volonté de plusieurs
maires français d’accueillir plus de
migrants. Pour ce faire, ils réclament plus
de moyens à l’Etat, qui doit repartir les
réfugiés.
Exemples :
- Les maires constituent des réseaux
pour l’accueil des migrants.
121
- outre la lenteur des procédures
administratives, la question des moyens
revient souvent, …
- Les élus cherchent maintenant à mettre
en adéquation bonnes volontés et réalité
du terrain.
(La Voix du Nord, 10/09/15)
10/09/15 L'Angleterre
n'accueillera pas de
réfugiés syriens
présents à Calais
Cadre de la
responsabilité
L’article traite l’accueil des migrants de
Calais par la Grande-Bretagne. David
Cameron a refusé d’accepter les migrants
qui vivent à Calais.
Exemples :
- La sénatrice-maire de Calais aurait
voulu que les Anglais, qui se sont
engagés lundi à accepter 20000 réfugiés
syriens sur leur territoire ces cinq
prochaines années, y incluent « les 3500
migrants de Calais ».
(La Voix du Nord, 10/09/15)
11/09/15 Une bagarre éclate
hier soir à la
« jungle », opposant
une centaine de
migrants
Cadre de la
menace
L’article fait le récit d’une bagarre dans la
« jungle ». Les affrontements se sont
intensifiés avec des jets de pierre et des
coups de bâtons.
Exemples :
- La rixe s’est progressivement intensifiée
et les affrontements ont viré à une
véritable bataille de rue avec des jets de
pierre et coups de bâtons.
- Vers 22 h, plusieurs dizaines de CRS, de
policiers et de pompiers étaient mobilisés.
(La Voix du Nord, 11/09/15)
122
11/09/15 Une centaine de
Syriens manifestent
devant le port
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit d’une centaine de
Syriens qui manifestent à Calais. Ils ne
comprennent pas qu’ils ne peuvent passer
en Angleterre après la décision de David
Cameron d’accueillir 20000 réfugiés
syriens.
Exemples :
- Ils ne comprennent pas pourquoi le
Royaume-Uni annonce qu’il va accueillir
20000 réfugiés syriens ces cinq
prochaines années mais pas ceux de
Calais.
- « Nous sommes environ 250 à Calais,
explique Hossein. Parmi nous, il y a des
avocats, des médecins, des ingénieurs.
Nous avons des capacités, nous voulons
travailler. »
(La Voix du Nord, 11/09/15)
12/09/15 Manifestations de
migrants : la mairie
et la préfecture
s'opposent
Cadre du
conflit
Dans l’article, Natacha Bouchart montre
son désaccord avec la préfecture
concernant les manifestations qui
s’organisent à Calais. Elle affirme que la
préfecture ne fait rien pour interdire les
manifestations.
Exemples :
- « Préfecture incompétente, insécurité,
manifestations à répétitions… » Natacha
Bouchart, maire de Calais, a tenu une
conférence de presse hier pour exprimer
sa colère face à la gestion de la situation
migratoire dans sa ville.
- Natacha Bouchart précise que
« l’impuissance des forces de l’ordre
123
n’est pas due à la mauvaise volonté des
hommes sur le terrain mais au
positionnement de la préfète. »
(La Voix du Nord, 12/09/15)
12/09/15 Neuf blessés légers
dans une bagarre
opposant près de 200
migrants jeudi soir
Cadre de la
menace
L’article présente les affrontements entre
les migrants qui habitent dans la
« jungle » de Calais. Les actes de
violence ont fait plusieurs blessés.
Exemples :
- La rixe, violente, a éclaté jeudi soir
vers 21h30 au sein de la « jungle ».
- La rixe s’est progressivement intensifiée
et les affrontements ont viré à une
véritable bataille de rue avec des jets de
pierre et coups de bâtons.
(La Voix du Nord, 12/09/15)
12/09/15 Un sit-in de Syriens
dispersé par les CRS,
nouveau
rassemblement
aujourd'hui
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit des Syriens qui se
trouvent à Calais, mais qui veulent passer
en Angleterre. Ils ont manifesté devant
l’hôtel de ville afin de leur faire entendre.
Exemples :
- « Soit on nous laisse aller en
Angleterre, soit on reste là et on fait la
grève de faim », affirmait l’un d’eux.
- Des bougies ont été allumées et des
pancartes brandies devant la police.
(La Voix du Nord, 12/09/15)
13/09/15 Le « plan de
Sarkozy »
Cadre de la
responsabilité
L’article faite le compte rendu d’une
interview que Nicolas Sarkozy a accordée
au Figaro. Dans l’interview, il a élaboré
ses idées principales.
Exemples :
124
- L’ancien chef de l’État appelle à « une
nouvelle politique migratoire
européenne », réclamant non pas une
réforme, mas une refondation de cette
politique.
- Comme il l’avait fait en 2012, Nicolas
Sarkozy appelle à de nouveaux accords
dans le cadre d’un « Schengen 2 », avec
le « rétablissement de contrôles » aux
frontières.
(La Voix du Nord, 13/09/15)
13/09/15 Manifestation :
aucun migrant n'a pu
approcher la mairie
hier après-midi
Cadre de la
responsabilité
L’article fait le récit d’une manifestation
par les migrants à Calais. Néanmoins,
l’article parle principalement de Natacha
Bouchart, maire de Calais, qui a fait tout
pour éviter un nouveau rassemblement
devant la mairie en engageant des agents
de sécurité.
Exemples :
- Hier, pour éviter un nouveau
rassemblement devant la mairie, elle a
fait installer des barrières et engagé
une dizaine d’agents de sécurité.
(La Voix du Nord, 13/09/15)
13/09/15 Migrants : ces
questions que l'on
aurait aimé poser à
Nicolas Sarkozy
Cadre de la
responsabilité
Il s’agit d’un éditorial dans lequel le
journaliste élabore quatre questions qu’il
aurait aimé poser à Nicolas Sarkozy. Ces
questions traitent des décisions que
Sarkozy a prises dans le passé concernant
la situation migratoire en France.
Exemples :
- L’homme qui a été ovationné par
l’Assemblée nationale en 2002 pour la
125
fermeture de Sangatte a-t-il une solution
pour Calais, confrontée à la présence
de 3500 migrants ?
- Nicolas Sarkozy est revenu hier dans
une ville où il a, en février 2003, signé
ces fameux Accords du Touquet. De
nombreux élus du littoral demandent
leur refonte.
(La Voix du Nord, 13/09/15)
15/09/15 Avocats sans
frontières à la
rencontre des
migrants
Cadre de la
responsabilité
L’article fait le récit de l’ONG Avocats
sans frontière, qui s’engage désormais à
Calais. La délégation envoyée à Calais
doit faire connaître les droits aux
migrants.
Exemples :
- « L’urgence de la situation, le nombre
important de migrants, leur dénuement
total et la méconnaissance de leurs droits
nous a poussé à agir ».
- « Nous avons le devoir de leur dire
leurs droits : … »
(La Voix du Nord, 15/09/15)
15/09/15 Pas-de-Calais : l'état
des lieux de la prise
en charge des
migrants
Cadre de la
responsabilité
Il s’agit d’un article dans lequel Serge
Szarzynski, le directeur départemental de
la cohésion sociale, donne son point de
vue sur la gestion de la situation
migratoire en France.
Exemples :
- Le ministre de l’Intérieur s’est vu
contraint de réagir.
126
Cadre
économique
Dans l’interview, Szarzynski parle
également du financement d’un nouveau
centre par l’Etat
- En parallèle, l’Etat va financer un
dispositif de mise à l’abri pour 1500
migrants qui campent dans la jungle, dans
des conditions très difficiles.
(La Voix du Nord, 15/09/15)
16/09/15 Migrants : le centre
Jules-Ferry va
doubler sa capacité
pour les femmes
Cadre de la
responsabilité
L’article décrit l’augmentation de la
capacité du centre Jules-Ferry, qui
accueille des femmes et des enfants.
Plusieurs mesures ont été annoncées après
la visite de Manuel Valls à Calais.
Exemples :
- « Nous allons donc double la capacité
d’accueil, avec deux modulaires
supplémentaires. »
- Par ailleurs, l’installation d’un toit
protégeant la file d’attente pour les
repas a commencé hier.
(La Voix du Nord, 16/09/15)
17/09/15 Valls défend son
équilibre entre
fermeté et accueil des
réfugiés
Cadre du
conflit
L’article décrit le désaccord entre Manuel
Valls et des députés de l’opposition
concernant la situation migratoire en
France.
Exemples :
- Alors que l’opposition reproche au
gouvernement une inconstance et un
manque de fermeté, …
- Quant au Schengen 2, réclamé par
Nicolas Sarkozy, il s’agirait de « faire ce
que nous faisons », avec en plus « le goût
de la polémique inutile sur les sujets
127
Cadre de la
responsabilité
Cadre
économique
migratoires », a taclé le chef du
gouvernement.
- « Votre politique est profondément
déséquilibrée et ce déséquilibre menace
notre cohésion sociale », e-t-elle conclu,
…
L’article mentionne également des
mesures supplémentaires qui ont été
annoncées par le Premier ministre.
Exemples :
- …, le Premier ministre a annoncé des
moyens supplémentaires pour l’accueil
et pour les contrôles.
- Les effectifs de force de l’ordre seront
augmentés de 900 personnels,
notamment dans la police aux frontières.
L’article cède la parole à Manuel Valls,
qui a mentionné des chiffres pour
répondre à la critique de l’opposition.
Exemples :
- Côté accueil, Valls a sorti deux
enveloppes durant le débat : 279 millions
d’euros supplémentaires pour l’accueil
des réfugiés d’ici à la fin 2016 et 250
millions d’euros pour l’hébergement
d’urgence dans les douze prochains mois.
(La Voix du Nord, 17/09/15)
18/09/15 Les « jungles », à
Paris comme à Calais
Cadre de la
menace
L’article décrit la situation migratoire à
Paris, où se sont formées plusieurs
« jungles », comme celle qui se trouve à
128
Cadre de la
responsabilité
Calais. La maire de Paris a des difficultés
de gérer la situation.
Exemples :
- A Paris comme à Calais, on voit des
autorités débordées par le flux
incessant des arrivants, faire semblant
de maîtriser un phénomène dont
personne ne voit la fin.
L’article mentionne également des
mesures qui ont été prises par la maire de
Paris afin d’améliorer la situation des
migrants qui vivent dans des tentes à
Paris.
Exemples :
- La maire de Paris Anne Hidalgo a
ouvert sept nouveaux centres
d’hébergement répartis dans six
arrondissements, de quoi abriter quelque
450 personnes, …
(La Voix du Nord, 18/09/15)
18/09/15 Plusieurs migrants
blessés dans des
bagarres à la
« jungle »
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit d’une bagarre à la
« jungle » de Calais où plusieurs migrants
se sont blessés.
Exemples :
- D’après Stéphane Duval, directeur de
La Vie Active, la bagarre « a bougé : au
départ, les surveillants de nuit de Jules-
Ferry entendaient des cris au loin, puis ça
s’est rapproché d’eux de plus en plus. »
- Une source policière précise que les
blessés se sont « manifestés » au fil de la
129
nuit en sortant de la « jungle » pour être
pris en charge par les pompiers.
(La Voix du Nord, 18/09/15)
18/09/15 Renforts de police :
les syndicats en
veulent encore plus
Cadre de la
responsabilité
L’article traite les renforts de police à
Calais. Le commissariat de Calais recevra
20 effectifs de plus.
Exemples :
- La direction générale de la police
nationale a annoncé que le commissariat
de Calais recevra le renfort d’une
vingtaine de fonctionnaires.
- Le responsable de le DGPN a également
décidé d’octroyer plus de moyens aux
fonctionnaires de police.
- En juin, le DGPN avait déjà annoncé,
pour Calais, des renforts à venir.
(La Voix du Nord, 18/09/15)
21/09/15 Les aires de l'A16
aux mains des
passeurs, les trafics
en hausse
Cadre de la
menace
L’article décrit le trafic des migrants qui
est en hausse sur les aires d’autoroute à
destination de Calais.
Exemples :
- La Consigne est claire, pour certains
conducteurs de poids lourds : ils ont ordre
de leur employeur de ne plus s’arrêter à
partir d’Abbeville jusqu’à Calais, en
raison de l’afflux de migrants sur les
aires d’autoroute.
- « Ailleurs, c’est beaucoup plus
dangereux car ils sont nombreux et ils
sautent dans les camions. »
130
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article cède la parole à des conducteurs
de camions qui donnent leur point de vue
sur la situation sur les aires d’autoroute.
Exemples :
- Sergio, conducteur portugais, confie :
« Il y a des migrants partout, sur l’A16,
l’A26, on perd énormément de temps à
l’approche de Calais, avec des policiers
qui regardent dans les camions. »
(La Voix du Nord, 21/09/15)
22/09/15 Les derniers squats
du centre-ville de
Calais ont été
évacués
Cadre de la
responsabilité
L’article commente l’évacuation des
derniers squats qui se trouvaient au
centre-ville de Calais.
Exemples :
- Natacha Bouchart, sénateur-maire de
Calais notait : « C’est une bonne chose
puisqu’il s’agit d’une nouvelle avancée
en matière de fermeté quant à la
gestion de la problématique
migratoire. »
(La Voix du Nord, 22/09/15)
22/09/15 Migrants : 880 000€
réclamés à l'État
Cadre
économique
L’article parle des demandes de
subventions par le conseil municipal de
Calais à l’Etat afin de pouvoir mieux
gérer la situation migratoire.
Exemples :
- Gérard Grenat, adjoint au maire en
charge des finances, a demandé le
remboursement total des frais de
fonctionnement de la lande.
- « L’ensemble de ces opérations de
nettoyage s’évalue à 290 332€ », estime
l’adjoint aux finances.
131
- Au total, la Ville de Calais réclame
ainsi 880 000€ de subventions.
(La Voix du Nord, 22/09/15)
22/09/15 Quatre squats
évacués : 450
migrants dirigés vers
la « jungle »
Cadre de la
responsabilité
L’article fait le récit de l’évacuation des
derniers squats de la ville. L’Etat a pris la
décision d’évacuer les squats et veut
diriger les migrants vers le campement de
la lande et le centre Jules-Ferry.
Exemples :
- « Toute notre attention est portée sur le
campement de la lande, où les migrants
peuvent s’installer et sur Jules-Ferry, où
est situé l’accueil de jour. »
- « En dehors de ces campements, toute
implantation illicite n’a pas vocation à
rester en l’état. »
(La Voix du Nord, 22/09/15)
23/09/15 Six personnes
blessées après des
heurts entre policiers
et migrants sur la
rocade
Cadre de la
menace
L’article fait le récit des heurts entre des
policiers et des migrants, qui ont voulu
monter dans des camions.
Exemples :
- « Certains migrants ont lancé des
pierres en directions des policiers
depuis le camp », précise Alain
Deflesselle.
- Côté policiers, on parle d’une pluie de
cailloux jetés en leur direction.
(La Voix du Nord, 23/09/15)
25/09/15 Quarante-neuf
migrants délogés
d'une maison de
l'OPH
Cadre de la
menace
L’article décrit le problème de 49
migrants qui avaient illégalement occupé
une maison. Ils y auraient causé des
dégâts.
Exemples :
132
- Ces derniers se sont introduits dans la
maison en forçant la porte de la cave …
- « Les abattants de toilette étaient cassés,
…, des portes étaient abîmées …
(La Voix du Nord, 15/09/15)
26/09/15 Les migrants
manifestent avec 160
de leurs soutiens
venus de Paris
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article parle d’une manifestation des
migrants à Calais et cède la parole à
quelques participants.
Exemples :
- Devant le centre de rétention, ils ont fait
entendre leur voix pour les migrants de
l’autre côté de la grille.
- « Il faut laisser les migrants aller où ils
veulent, c’est la seule solution pour éviter
les réseaux de passeurs et éviter que des
gens meurent », pointe Sissoko
Anzoumane, porte-parole de la CISPM.
(La Voix du Nord, 26/09/15)
27/09/15 Manifestations de
migrants : les
commerçants prêts à
déposer plainte
Cadre
économique
Dans l’article, les commerçants calaisiens
se plaignent des multiples manifestations
par les migrants à Calais. Selon les
commerçants, cela a des effets négatifs
sur leur chiffre d’affaires.
Exemples :
- « Un jour, il y a eu un sit-in boulevard
Jacquard. Résultat, un coiffeur a fermé
ses portes, un commerçant a perdu
90% de son chiffre d’affaires. »
- La multiplication des manifestations de
migrants en centre-ville est mal vécue
par les commerçants.
(La Voix du Nord, 27/09/15)
133
28/09/15 Deux migrants
poursuivis pour
violences envers un
agent de sécurité du
Tunnel
Cadre de la
menace
L’article fait le récit de deux migrants qui
ont attaqué un policier lorsqu’ils
voulaient entrer dans le tunnel sous la
Manche.
Exemples :
- Selon les déclarations de la victime, il
en saisit un qui va se débattre et lui
porter un coup au niveau du visage
tandis que le second butant dans sa
jambe va le faire tomber au sol.
(La Voix du Nord, 28/09/15)
28/09/15 Pour la sécurité du
Tunnel, 100 hectares
de végétation rasés
Cadre de la
responsabilité
L’article parle de 100 hectares de
végétation qui ont été rasés autour du
Tunnel. Il était nécessaire afin
d’augmenter la sécurité autour du site.
Exemples :
- « Mais il fallait passer par cette
déforestation pour protéger le site et les
migrants. »
- Ces opérations de déforestation font
partie du plan d’action mis en place par
Eurotunnel, sur les conseils d’experts en
sécurité et en sûreté, …
(La Voix du Nord, 28/09/15)
29/09/15 Le collectif
« Calaisiens en
colère » prépare sa
manifestation de
dimanche
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit des actions du
collectif « Calaisiens en colère », qui se
plaignent de la situation actuelle à Calais,
où vivent beaucoup de migrants.
Exemples :
- Sept personnes, portant un masque
blanc avec une larme rouge, ont déplié
des banderoles qui portaient le message :
134
« RDV à Calais le 4 octobre les
Calaisiens en colère ».
- Le collectif se définit sur sa page
Facebook comme « apolitique et pour
l’unité des Calaisiens face à l’insécurité
due aux migrants ! ».
(La Voix du Nord, 29/09/15)
30/09/15 Fermeture du snack
routier : la situation
migratoire en cause ?
Cadre
économique
L’article parle de la fermeture d’un snack
routier qui se trouve zone des Dunes. La
fermeture est dû à la présence des
migrants sur les aires à côté des
autoroutes.
Exemples :
- Ce mercredi, le snack, auparavant
ouvert 24 h/24, sera définitivement
fermé. La faute à la présence des
migrants, d’après les employés et la
direction.
(La Voix du Nord, 30/09/15)
30/09/15 Un Irakien de 20 ans
découvert mort dans
un camion sur la
rocade portuaire
Cadre de
l’intérêt
humain
L’article fait le récit d’un migrant qui a
été découvert mort dans un camion. Il
s’était caché à l’intérieur afin de pouvoir
rejoindre la Grande-Bretagne.
Exemples :
- C’est juste avant l’embranchement des
autoroutes A16 et A26 que le chauffeur
s’est arrêté, alerté par les cris à
l’intérieur de son véhicule.
- Entre la paroi de sa remorque et les
lourdes palettes de bois qu’il transportait,
il a découvert le corps sans vie d’un
Irakien de 20 ans. Probablement mort
135
écrasé, selon la préfecture du Pas-de-
Calais.
(La Voix du Nord, 30/09/15)
136
Annexe IV : Analyse métaphorique : Le Monde Le champ sémantique de l’eau
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
A Calais, la
France est « le
bras policier » de
Londres
… : au fil des crises à Calais, les Britanniques ont
délégué aux Français la charge de contrôler
l’imperméabilité de leur frontière terrestre
qu’est le tunnel sous la manche.
(Le Monde, 1/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Londres veut
réduire les aides
aux migrants,
Paris mettre en
place « une
solution globale »
Il n’est pas certain que ces mesures suffisent à tarir
le flot des migrants.
(Le Monde, 4/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Une mobilisation
insuffisante des
Etats membres de
l’UE
Dans le cadre des mesures d’urgences que la
Commission proposait pour faire face à l’afflux de
migrants en Méditerranée, …
(Le Monde, 8/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Une mobilisation
insuffisante des
Etats membres de
l’UE
D’ici là, la Commission continuera à jouer les bons
offices avec les Etats, notamment en Grèce,
particulièrement exposée à l’afflux de migrants…
(Le Monde, 8/08/15)
Cadre de la
responsabilité
A Calais, le très
lucratif trafic de
migrants "
… depuis le 1er janvier, l’afflux massif de
migrants décidés à entrer illégalement en Grande-
Bretagne aiguise l’appétit des organisations
criminelles.
(Le Monde, 13/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
Migrants :
Europe, réveille-
toi
Débordées, l’Italie puis la Grèce crient au secours
depuis longtemps – en vain.
(Le Monde, 24/08/15)
Cadre de la
responsabilité
137
Migrants :
l’Europe cherche
encore la réponse
Au final, fin juillet, ils n’ont pu aligner qu’un total
de 32 256 places pour les demandeurs d’asile, avec
plus de la moitié de l’effort assumé par l’Allemagne
et la France… Une goutte d’eau au vu des chiffres
du seul mois de juillet (plus de 100 000 arrivées de
migrants en un seul mois)
(Le Monde, 25/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Migrants : le
silence gêné des
politiques
Des vagues ininterrompues de réfugiés cherchant
asile dans l’Union européenne, puis tentant d’y
circuler.
(Le Monde, 26/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Migrants : le
silence gêné des
politiques
Après Nicolas Sarkozy qui, en juin, avait comparé
l’afflux de migrants en Europe à une fuite d’eau,
ce qui avait été critiqué à la fois par MM. Hollande
et Valls…
(Le Monde, 26/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Merkel met en
garde l’Europe
sur les réfugiés
Angela Merkel en a appelé aux valeurs européennes
afin d’inciter ses partenaires à faire preuve de
solidarité face à l’afflux de réfugiés venus des pays
en guerre ou en crise : …
(Le Monde, 1/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Merkel met en
garde l’Europe
sur les réfugiés
M. Timmermans a aussi confirmé que Bruxelles
allait proposer, das le courant de l’automne, un
mécanisme de réallocation « permanent » de
demandeurs d’asile dans l’UE, permettant de mieux
répartir les flux de migrants.
(Le Monde, 1/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Merkel met en
garde l’Europe
sur les réfugiés
Entre ceux qui veulent une solution rapide
préservant les valeurs européennes, ceux qui ne se
sentent pas concernés ou ceux qui subissent
fortement la pression migratoire mais sont plutôt
partisans de l’endiguement.
(Le Monde, 1/09/15)
Cadre de la
responsabilité
138
L’Europe peut
faire plus pour
protéger les
réfugiés
Aujourd’hui, avec l’afflux croissant de réfugiés et
les tragédies de plus en plus récentes, ce système
révèle toutes ses faiblesses.
(Le Monde, 4/09/15)
Cadre de la
responsabilité
L’Europe peut
faire plus pour
protéger les
réfugiés
Nous sommes loin de connaître les véritables
pressions migratoires exercées par les flux de
réfugiés…
(Le Monde, 4/09/15)
Cadre de la
responsabilité
François
Hollande rejoint
Angela Merkel
sur les quotas
d’accueil de
réfugiés
L’émotion suscitée par la diffusion, mercredi 2
septembre, de la photo du petit Syrien Aylan Kurdi,
retrouvé mort à 3 ans sur une plage turque, est peut-
être en train de changer la donne en l’Europe, face à
l’afflux des réfugiés.
(Le Monde, 4/09/15)
Cadre de la
responsabilité
François
Hollande rejoint
Angela Merkel
sur les quotas
d’accueil de
réfugiés
Il avait également déclaré qu’un afflux de réfugiés
arabes risquait de mettre en péril les « racines
chrétiennes de l’Europe ».
(Le Monde, 4/09/15)
Cadre de la
responsabilité
François
Hollande rejoint
Angela Merkel
sur les quotas
d’accueil de
réfugiés
…, tandis que la route des Balkans connaît un
nouvel afflux massif, transformant la Hongrie en
principale porte d’entrée dans l’UE.
(Le Monde, 4/09/15)
Cadre de la
responsabilité
François
Hollande rejoint
Angela Merkel
sur les quotas
d’accueil de
réfugiés
Après avoir dénoncé les flux d’immigrants et la
situation à Calais, …
(Le Monde, 4/09/15)
Cadre de la
responsabilité
139
Les maires
inquiets face à
l’afflux des
migrants
Les maires inquiets face à l’afflux des migrants
(Le Monde, 10/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Le gouvernement
bat le rappel des
maires
Ce petit groupe doit désormais rendre possible
l’accueil décent de la vague historique de réfugiés
que la France s’est engagée à accueillir.
(Le Monde, 12/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Le champ sémantique de la forteresse
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
Une mobilisation
insuffisante des
Etats membres de
l’UE
…, l’UE envisage l’implantation d’un centre
d’information destiné aux migrants désirant se
rendre sur le Vieux Continent.
(Le monde, 8/08/15)
Cadre de la
responsabilité
L’Europe peut
faire plus pour
protéger les
réfugiés
En outre, les pays européens doivent prévoir
davantage de possibilités légales pour que les
réfugiés puissent rejoindre notre continent, …
(Le Monde, 4/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Le champ sémantique du record
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
A Calais, la
France est « le
bras policier » de
Londres
Pour l’heure, alors que la crise à Calais atteint un
nouveau pic, Paris et Londres font mutuellement
assaut de diplomatie.
(Le Monde, 1/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Immigration : Les
esprits
s’échauffent
autour de Calais
En dix ans, les demandes d’asile dans l’Union
européenne ont triplé.
(Le Monde, 3/08/15)
Cadre de la
menace
La droite dénonce
le « laxisme » du
gouvernement
Cette baisse par rapport au pic de 2012 est à
relativiser puisque le chiffre de 2014 correspond à
Cadre du conflit
140
peu près à celui de 2010, sous la présidence de
Nicolas Sarkozy.
(Le Monde, 5/08/15)
Migrants : Europe,
réveille-toi
Son ministre de l’intérieur, Thomas de Maizière, a
annoncé le chiffre de record de 800 000
demandeurs d’asile cette année pour son pays,
quatre fois plus que l’an dernier.
(Le Monde, 24/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Migrants :
l’Europe cherche
encore la réponse
En 2015, 800 000 personnes devraient y déposer
une demande d’asile, quatre fois plus qu’en 2014,
qui était déjà une année record.
(Le Monde, 25/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Le gouvernement
bat le rappel des
maires
Ce petit groupe doit désormais rendre possible
l’accueil décent de la vague historique de
réfugiés que la France s’est engagée à accueillir.
(Le Monde, 12/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Le champ sémantique de la porte
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
A Calais, la
France est « le
bras policier » de
Londres
Sans compter le coût humain d’accords qui ont
transformé Calais en cul-de-sac pour migrants
amenés à survivre dans des conditions bannies par
les conventions internationales.
(Le Monde, 1/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Immigration : Les
esprits
s’échauffent
autour de Calais «
Le tunnel sous la Manche forme un goulot
d’étranglement où se retrouvent en masse de
nombreux candidats au départ.
(Le Monde, 3/08/15)
Cadre du conflit
De l’immigré au
migrant, attention
aux mythes
Bruissements assourdissants aux portes de
l’Europe, les images des camps de transit où
s’entassent des milliers de migrants qui ont bravé la
mort ne peuvent laisser indifférents : …
(Le Monde, 26/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
141
François Hollande
rejoint Angela
Merkel sur les
quotas d’accueil
de réfugiés
… alors que son opinion commence à s’inquiéter et
que, partout sur la planète, les télévisions relaient le
même message : l’Allemagne ouvre ses portes
aux réfugiés.
(Le Monde, 4/09/15)
Cadre de la
responsabilité
François Hollande
rejoint Angela
Merkel sur les
quotas d’accueil
de réfugiés
…, tandis que la route des Balkans connaît un
nouvel afflux massif, transformant la Hongrie en
principale porte d’entrée dans l’UE.
(Le Monde, 4/09/15)
Cadre de la
responsabilité
M. Cameron
entrouvre la porte
aux migrants
M. Cameron entrouvre la porte aux migrants.
(Le Monde, 5/09/15)
Cadre de la
responsabilité
M. Cameron
entrouvre la porte
aux migrants
Les quelques « milliers » de réfugiés auxquels le
Royaume-Uni devrait ouvrir ses portes viendront
de camps de Turquie, de Jordanie ou du Liban…
(Le Monde, 5/09/15)
Cadre de la
responsabilité
M. Cameron
entrouvre la porte
aux migrants
David Cameron ne veut ni donner le moindre signe
d’ouverture, ni même participer au mécanisme
européen.
(Le Monde, 5/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Calais, dernière
étape pour quitter
la France
Paris et Londres redoublent d’efforts pour faire de
Calais un cul-de-sac…
(Le Monde, 12/09/15)
Cadre de
l’intérêt humain
La France de
l’accueil contre
celle du repli
Jean-Christophe Cambadélis souligne la débâcle en
déclarant que le gouvernement a attendu que
« Merkel, le pape et Cameron » parlent pour ouvrir
ses portes à 24 000 personnes en deux ans.
(Le Monde, 22/09/15)
Cadre du conflit
142
Le champ sémantique des déchets
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
A Calais, l’escale
décisive des
mineurs isolés
A Calais, ils sont relégués dans un bidonville jugé
indigne d’un pays comme la France.
(Le Monde, 31/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
Le champ sémantique de la chasse
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
Les idées simples
de Nicolas
Sarkozy
Nicolas Sarkozy aurait-il oublié d’où il vient, dans
quelles circonstances son père, Pal, a dû quitter la
Hongrie, chassé par l’Armée rouge…
(Le Monde, 12/09/15)
Cadre du conflit
Le champ sémantique de l’auberge
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
Londres veut
réduire les aides
aux migrants,
Paris mettre en
place « une
solution globale »
Les tabloïds regorgent d’histoires d’hôtels
« luxueux » pour les migrants où détaillent à
plaisir les aides sociales aux étrangers.
(Le Monde, 4/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Londres veut
réduire les aides
aux migrants,
Paris mettre en
place « une
solution globale »
C’est largement un mythe. Les demandeurs
d’asile sont effectivement logés, nourris et
reçoivent une aide sociale de 36 livres par semaine.
(Le Monde, 4/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Londres veut
réduire les aides
aux migrants,
Paris mettre en
place « une
solution globale »
S’ils abritent des clandestins, en cas de récidive,
ils pourraient risquer jusqu’à cinq ans de prison.
(Le Monde, 4/08/15)
Cadre de la
responsabilité
143
Prostitution et
violences
sexuelles
s’installent dans la
« jungle »
Elles ont demandé à être hébergées au centre
Jules-Ferry, qui jouxte le bidonville et accueille
femmes et enfants.
(Le Monde, 13/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
Prostitution et
violences
sexuelles
s’installent dans la
« jungle »
Même auprès celles qui sont abritées dans cet
ancien centre aéré : …
(Le Monde, 13/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
Des policiers
britanniques
déployés à Calais
pour lutter contre
les passeurs
Cette somme pourrait surtout financer 1 000 places
d’hébergement pour les demandeurs d’asile, …
(Le Monde, 20/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Des policiers
britanniques
déployés à Calais
pour lutter contre
les passeurs
Actuellement, le centre d’accueil Jules-Ferry, qui
jouxte le camp, héberge une centaine de femmes et
d’enfants.
(Le Monde, 20/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Des policiers
britanniques
déployés à Calais
pour lutter contre
les passeurs
Début août, c’est le Haut-Commissariat des
Nations unies pour les réfugiés qui proposait que
les casernes inoccupées soient utilisées pour loger
les migrants.
(Le Monde, 20/08/15)
Cadre de la
responsabilité
A Calais ; l’escale
décisive des
mineurs isolés
Ils ne sont pas expulsables et la loi prévoit que
l’aide sociale à l’enfance les prenne en charge, de
leur hébergement à leur scolarisation.
(Le Monde, 31/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
Merkel met en
garde l’Europe et
ses réfugiés
Il y annonce le financement de 120 grandes tentes
afin de mettre à l’abri 1 500 personnes …
(Le Monde, 1/09/15)
Cadre de la
responsabilité
144
L’Europe peut
faire plus pour
protéger les
réfugiés
Aujourd’hui, l’UE doit aider ces pays à développer
leurs systèmes d’asile et leurs capacités à héberger
des réfugiés conformément aux normes
européennes.
(Le Monde, 4/09/15)
Cadre de la
responsabilité
« Nous voulons
accueillir les
réfugiés »
Au début de l’été, le gouvernement a annoncé la
création de 9 500 places d’hébergement.
(Le Monde, 4/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Accueil des
réfugiés : les
maires de droite
divisés
…, complète Anne Grommerech, maire de
Thionville, qui a accepté d’héberger une cinquante
de demandeurs d’asile dans huit logements vacants
de sa ville.
(Le Monde, 9/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Le gouvernement
bat le rappel des
maires
Des Républicains aux communistes, les élus de
tous les partis ont fait le déplacement pour proposer
des hébergements.
(Le Monde, 12/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Le gouvernement
bat le rappel des
maires
Bernard Cazeneuve voit une autre priorité se
greffer sur ce défi : héberger dans le meilleurs
délais les demandeurs d’asile de Calais.
(Le Monde, 12/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Un village du Pas-
de-Calais ne veut
plus de sa « petite
jungle »
A l’heure où le pays cherche des hébergements
pour accueillir 30 000 réfugiés, Terre d’errance se
voit reprocher d’avoir construit deux abris pour des
migrants.
(Le Monde, 18/09/2015)
Cadre du conflit
La France de
l’accueil contre
celle du repli
Oui, notre pays, deuxième économie de la zone
euro, est assez riche pour loger à la fois les
réfugiés et les sans-abris français.
(Le Monde, 22/09/15)
Cadre du conflit
145
Le champ sémantique de la marchandise
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
A Calais, le très
lucratif trafic des
migrants
Les passeurs acheminent leurs clients depuis les
campements vers différentes aires de repos de
l’autoroute E40, en France et en Belgique, où ils
sont chargés dans des remorques de poids lourds
en partance pour la Grande-Bretagne.
(Le Monde, 13/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
A Calais, le très
lucratif trafic des
migrants
Avant le réveil à l’aube des chauffeurs routiers, les
passeurs chargeaient les clandestins par le haut ou
l’arrière de la remorque.
(Le Monde, 13/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
146
Annexe V : Analyse métaphorique : La Voix du Nord
Le champ sémantique de l’eau
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
Calais seule au
monde avec ses
migrants
Dans cette pointe nord de l’Hexagone, tout est
conçu pour canaliser et faciliter les flux entrants et
sortants de personnes…
(La Voix du Nord, 2/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Calais seule au
monde avec ses
migrants
On voudrait, pour contenir les vagues de migrants,
transformer un passage en cul-de-sac.
(La Voix du Nord, 2/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Le blocage du
port et les
intrusions au
Tunnel vus de
l’autre côté de la
Manche
…, suite au blocage du port de Calais par des
marins de My Ferry Link et aux retards rencontrés
par les camions pour traverser la Manche,
occasionnés par l’afflux de migrants à Calais…
(La Voix du Nord, 5/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
L’Europe face à
une vague de
migrants
L’Europe face à une vague de migrants
(La Voix du Nord, 24/08/15)
Cadre de la
menace
Dans la jungle de
Calais
Calais subit l’afflux des hommes qui fuient la
guerre et la misère.
(La Voix du Nord, 26/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
Migrants : quatre
questions au
Premier ministre,
aujourd’hui à
Calais
Jamais depuis l’afflux massif de migrants, en
1999, ils n’ont été aussi nombreux.
(La Voix du Nord, 31/08/15)
Cadre de la
responsabilité
France : 24 000
réfugiés en deux
ans
Face à l’afflux massif de réfugiés en Europe,
François Hollande a annoncé hier que la France est
prête à accueillir 24000 personnes en deux ans, …
(La Voix du Nord, 8/09/15)
Cadre de la
responsabilité
147
Réfugiés : les
questions d’une
région déjà en
première ligne
La volonté européenne d’assigner un quota de
réfugiés, …, aux pays de l’UE soulève des
questions dans une région qui depuis de longues
années prend sa part des vagues migratoires
provoquées par les soubresauts du monde.
(La Voix du Nord, 9/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Réfugiés : les
questions d’une
région déjà en
première ligne
Depuis le milieu des années 1990, l’afflux de
migrants attirés par l’Angleterre voisine n’a cessé
dans la région, …
(La Voix du Nord, 9/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Pas-de-Calais :
l’état des lieux de
la prise en charge
des migrants
Alors que les réfugiés affluent par milliers dans
l’est de l’Europe et en Allemagne, …
(La Voix du Nord, 15/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Pas-de-Calais :
l’état des lieux de
la prise en charge
des migrants
Mais voilà, l’afflux s’est considérablement accru
ces derniers mois.
(La Voix du Nord, 15/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Pas-de-Calais :
l’état des lieux de
la prise en charge
des migrants
Dans le but d’endiguer le flux d’émigration
clandestine vers l’Angleterre, …
(La Voix du Nord, 15/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Migrants : le
centre Jules-Ferry
va doubler sa
capacité pour les
femmes
OFII : l’afflux de migrants devant des bureaux
d’OFII a soulevé des problèmes de voisinage avec
le collège République.
(La Voix du Nord, 16/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Les « jungles », à
Paris comme à
Calais
A Paris comme à Calais, on voit des autorités
débordées par le flux incessant des arrivants, …
(La Voix du Nord, 18/09/15)
Cadre de la
menace
Manifestations de
migrants : les
commerçants
Il avait fermé temporairement, en juillet 2014, en
raison de l’afflux de migrants qu’il n’arrivait plus
à gérer.
Cadre
économique
148
prêts à déposer
plainte
(La Voix du Nord, 27/09/15)
Fermeture du
snack routier : la
situation
migratoire en
cause ?
Face à l’afflux trop important de migrants et la
gêne rencontrée par les routiers, le snack avait alors
temporairement fermé.
(La Voix du Nord, 30/09/15)
Cadre
économique
Le champ sémantique de la forteresse
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
Stoppés par les
grilles du Tunnel,
les migrants
désemparés
Face à la bunkérisation, l’impuissance.
(La Voix du Nord, 2/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
Stoppés par les
grilles du Tunnel,
les migrants
désemparés
De l’autre côté de la forteresse, debout en faction,
les gendarmes surveillent.
(La Voix du Nord, 2/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
Tunnel : la pose
des clôtures
financées par les
Anglais a déjà
commencé
Cette bunkérisation n’est pas près de s’arrêter.
(La Voix du Nord, 4/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Le blocage du
port et les
intrusions au
Tunnel vus de
l’autre côté de la
Manche
Le site où débarquent les voitures et les camions n’a
rien à voir avec le bunker coquellois, …
(La Voix du Nord, 5/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
149
Le champ sémantique du record
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
Dans la jungle de
Calais
Du début de l’année à la mi-août, 340 000 migrants
sont entrés dans l’Union européenne, dit l’agence
Frontex, 107 500 pour l’unique mois de juillet, trois
fois plus qu’il y a un an.
(La Voix du Nord, 26/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
Le champ sémantique de la porte
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
Calais seule au
monde avec ses
migrants
L’Angleterre n’a pas fini d’être une île et Calais sa
voie d’accès principale.
(La Voix du Nord, 2/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Calais seule au
monde avec ses
migrants
On voudrait, pour contenir les vagues de migrants,
transformer un passage en cul-de-sac.
(La Voix du Nord, 2/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Dans la jungle de
Calais
C’est un bidonville en cartons, bâches et palettes
qui se développe dans ce cul-de-sac du monde
civilisé.
(La Voix du Nord, 26/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
A l’assaut du
tunnel
La voie légale de l’asile est bouchée.
(La Voix du Nord, 27/08/15)
Cadre de
l’intérêt humain
Migrants : ces
questions que l’on
aurait aimé poser
à Nicolas Sarkozy
La Lybie, couloir vers Calais ?
(La Voix du Nord, 13/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Le champ sémantique des déchets
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
Manuel Valls
annonce la
création d’un
Mais non, il n’aura rien vu de la « jungle », où
quelques 3500 migrants s’entassent dans des
constructions de bric et de broc tolérées par les
autorités.
Cadre de la
responsabilité
150
camp de réfugiés
à Calais
(La Voix du Nord, 1/09/15)
Le champ sémantique de la chasse
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
Pas de métaphores dans ce champ sémantique
Le champ sémantique de l’auberge
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
Migrants : le
Royaume-Uni
durcit ses règles
pour juguler la
crise à Calais
Les tabloïds accumulent les histoires de migrants
logeant dans de « luxueux » hôtels et se gavant
d’aides sociales. »
(La Voix du Nord, 6/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Migrants : le
Royaume-Uni
durcit ses règles
pour juguler la
crise à Calais
Actuellement, ils sont logés, nourris et reçoivent
une aide de 36 livres hebdomadaires.
(La Voix du Nord, 6/08/15)
Cadre de la
responsabilité
L’ONU demande
à la France un
plan d’urgence
pour Calais
Il a demandé à ce que soient utilisées des casernes
inoccupées en France pour loger ces réfugiés et leur
fournir des conditions de vie adéquates.
(La Voix du Nord, 8/08/15)
Cadre de la
responsabilité
Manuel Valls
annonce la
création d’un
camp de réfugiés
à Calais
Oui, il aura rencontré quelques-unes des cent
femmes qui y sont hébergées.
(La Voix du Nord, 1/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Manuel Valls
annonce la
création d’un
Le dispositif, dont le coût global est estimé à 25M€,
pourra abriter 1500 migrants.
(La Voix du Nord, 1/09/15)
Cadre de la
responsabilité
151
camp de réfugiés
à Calais
Projet de camp
pour migrants : la
réaction des
« Calaisiens en
colère »
Au sujet du camp fermé qui abritera 1500
personnes dans des tentes, …
(La Voix du Nord, 2/09/15)
Cadre de la
menace
« La générosité,
ça s’organise sur
la durée »
On assiste à deux élans contraires : la réserve et la
générosité de volontaires pour héberger des
migrants…
(La Voix du Nord, 9/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Pas-de-Calais :
l’état des lieux de
la prise en charge
des migrants
En parallèle, l’Etat va financer un dispositif de mise
à l’abri pour 1500 migrants qui campent dans la
jungle, …
(La Voix du Nord, 15/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Les « jungles », à
Paris comme à
Calais
La maire de Paris Anne Hidalgo a ouvert sept
nouveaux centres d’hébergement répartis dans six
arrondissements, de quoi abriter quelque 450
personnes, …
(La Voix du Nord, 18/09/15)
Cadre de la
responsabilité
Le champ sémantique de la marchandise
Titre de l’article Métaphore(s) Frame attribué
Pas de métaphores dans ce champ sémantique
152
Annexe VI : Corpus Articles : Le Monde (Le 1er août 2015 – le 30 septembre 2015) A Calais, la France est " le bras policier " de Londres Le Monde [Paris] 01 Aug 2015. Calais : envoyez l'armée ! " Dans sa rage à défendre le Royaume-Uni, “ assiégé " par quelques milliers de migrants, la presse populaire britannique feint d'ignorer le sens exact de cet " appel " lancé au gouvernement Cameron : envoyer des soldats anglais sur le sol français pour régler une question que Paris se montre " incapable " de gérer. Insensée, voire absurde, cette revendication rencontre un fort écho dans un pays qui ne peut plus se passer du cordon ombilical souterrain qui, de Folkestone à Calais, la relie au continent. Les vacanciers retardés dans leur quête de soleil, les routiers exténués par de longues heures d'attente sont nombreux à réclamer la manière forte. Comme s'ils rêvaient d'un tunnel à sens unique. Le Royaume-Uni ne serait plus une île pour ses habitants, mais le resterait pour les continentaux. Dans son outrance même, la revendication d'un appel à l'armée contre des demandeurs d'asile sur le sol d'un pays étranger traduit une réalité que les gouvernements français successifs font tout pour masquer : au fil des crises à Calais, les Britanniques ont délégué aux Français la charge de contrôler l'imperméabilité de leur frontière terrestre qu'est le tunnel sous la Manche. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, avait signé en 2003 le traité du Touquet qui permet les contrôles au départ dans les ports. Onze ans et bien des accords franco-britanniques plus tard, son successeur actuel, Bernard Cazeneuve, s'est targué d'avoir obtenu de Londres un énième financement britannique (5 millions d'euros par an) pour " sécuriser le port de Calais ". Mais cette politique dite " de coopération " apparaît singulièrement asymétrique. D'innombrables accords bilatéraux, pour certains non publiés, ont organisé la délocalisation, dans les gares et les ports français, des contrôles qui devraient être logiquement effectués à l'arrivée en Grande-Bretagne par des fonctionnaires britanniques. Ces textes conduisent " à faire de la France le "bras policier" de la politique migratoire britannique ", a constaté, en juillet, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH). Cette instance insiste sur le caractère " léonin " de ces arrangements dont la France tire un bénéfice financier sans rapport avec le coût financier d'une situation de crise humanitaire à répétition. Les 5 millions d'euros annuels versés par Londres ne suffisent même pas à financer le centre d'accueil de jour Jules-Ferry aménagé en périphérie de Calais (10 millions, dont 6 pour la France et 4 pour l'Union européenne - UE - ). Cul-de-sac pour migrants Sans compter le coût humain d'accords qui ont transformé Calais en cul-de-sac pour migrants amenés à survivre dans des conditions - ni eau ni électricité dans la " lande " venteuse qui leur est réservée - bannies par les conventions internationales. Sans compter non plus le coût politique - dans une France minée par la rhétorique xénophobe - et moral, lié à la banalisation du rejet d'hommes et de femmes - Afghans, Syriens, Irakiens, Soudanais, Erythréens - qui ont pris le risque de fuir leur pays en butte à l'oppression, aux guerres ou aux crises parfois
153
attisées par les interventions occidentales. Sans compter, encore, la dégradation de l'image de la France, perçue soit comme inhumaine, soit comme inefficace. Et celle de l'UE, incapable d'accueillir quelques milliers d'hommes au moment où le Liban abrite un nombre de réfugiés équivalent à un tiers de sa population. De fait, la France est devenue garante du choix britannique de ne pas adhérer à la convention de Schengen sur la libre circulation des personnes. Bizarrement, Calais se situe en périphérie de cette zone européenne. Le paradoxe va encore plus loin : les accords bilatéraux franco-britanniques exonèrent Londres d'obligations liées à la simple appartenance à l'Union européenne. Tel est le cas du règlement dit " de Dublin ", qui prévoit que, " pour des motifs humanitaires et de compassion ", notamment de liens familiaux, " tout Etat membre puisse examiner une demande (...) même si cet examen ne lui incombe pas ". S'il arrive à la France de pratiquer cette solidarité, c'est rarement le cas du Royaume-Uni. " Du fait de l'externalisation des contrôles sur le sol français, note encore la CNCDH, la Grande-Bretagne n'est pratiquement jamais compétente pour examiner les demandes d'asile. " Pourquoi la France a-t-elle consenti à de telles dérogations ? S'agit-il, comme le suggère la Commission des droits de l'homme, d'une manifestation du " complexe français de Talleyrand ", qui verrait un " certain utopisme français " conduire Paris à mener des politiques qui ne sont pas de son ressort, alors que seul le pragmatisme guiderait les Britanniques ? Pour l'heure, alors même que la crise à Calais atteint un nouveau pic, Paris et Londres font mutuellement assaut de diplomatie. Tandis que David Cameron insiste sur la qualité de la coopération avec la France, Paris préfère s'en prendre à Eurotunnel plutôt que de questionner la politique bilatérale. Pas question d'envenimer les discussions sur les réformes de l'Union européenne que M. Cameron souhaite obtenir avant le référendum sur la sortie ou non de l'Union qu'il a promis d'ici à 2017. Tant pis si le poison lent de Calais continue de se distiller dans les deux pays. Philippe Bernard Immigration : Les esprits s'échauffent autour de Calais Le Monde [Paris] 03 Aug 2015. Paris et Londres tentent de faire front commun face à la crise des migrants à Calais. Alors que les tensions politiques de chaque côté de la Manche sont vives, avec des centaines de clandestins qui tentent chaque nuit d'entrer dans l'Eurotunnel pour atteindre le Royaume-Uni, le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, et son homologue britannique Theresa May, ont publié, dimanche 2 août, une tribune commune pour essayer de calmer les esprits. " Pour la France comme pour le Royaume-Uni, les choses sont claires : mettre fin à cette situation est une priorité absolue. Nos deux gouvernements sont déterminés à y parvenir, et à y parvenir ensemble ", écrivent-ils dans Le Journal du Dimanche et le Sunday Telegraph. Les deux ministres tentent de replacer dans son contexte global les tensions actuelles autour du tunnel sous la Manche. Il s'agit " d'une crise migratoire mondiale qui ne concerne pas seulement nos deux pays ". Pour eux, " il n'existe pas de solution simple ", et celle-ci doit se trouver dans toute l'Europe, et pas seulement autour des 650 hectares du terrain d'Eurotunnel. Mais cette tentative de calmer le jeu risque d'être noyée par les déclarations politiques de plus en plus virulentes dans les deux pays. Côté britannique, la dirigeante par intérim du Parti
154
travailliste, Harriet Harman, a demandé à la France de verser des compensations financières aux routiers et aux vacanciers britanniques qui se sont retrouvés bloqués des heures, voire des jours, aux abords du tunnel. " Il faut employer toutes les pressions diplomatiques nécessaires ", demande-t-elle au premier ministre britannique, David Cameron. Depuis juin, l'opération " Stack ", qui consiste, côté britannique, à fermer des tronçons d'autoroute près du tunnel pour y installer les camions en attente, a été mise en action 24 fois en quarante jours. Pour les commerces locaux dans le Kent, les conséquences économiques sont très négatives : faute d'autoroute pour se déplacer, de nombreux clients ne viennent plus les voir. " Tactique " de David Cameron Les tabloïds britanniques sont déchaînés. En ce début de mois d'août creux en actualité, ils n'hésitent pas à jeter de l'huile sur le feu. Avec une ligne d'attaque répétée : la France est inefficace pour arrêter les migrants. Le Daily Mail offre une pleine page à l'historien Andrew Roberts, qui titre : " Est-ce que les Français sont responsables du chaos à Calais ? Oui. Est-ce qu'on peut s'attendre à plus qu'un simple haussement d'épaules de leur part ? Non. " Selon lui, la " police française choisit simplement de regarder ailleurs alors que les migrants lancent chaque nuit leurs assauts ". Pour Nick Ferrari, éditorialiste influent du Sunday Express, un tabloïd très anti-immigration, la réaction des autorités françaises est " faible, terne et inefficace ". A voir les images des clandestins escaladant les grillages, il conclut que la police ne cherche pas vraiment à faire face. Pourtant, David Cameron n'a pas une seule fois attaqué publiquement les autorités françaises sur ce terrain. Selon M. Ferrari, il s'agit d'une simple tactique de la part du premier ministre britannique, afin de se garder une marge de manœuvre dans le cadre de ses négociations avant le référendum sur l'Union européenne. " Il faudrait que nous ayons un peu moins peur du gouvernement français ", lance pour sa part Nigel Farage, le chef de file du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP, anti-européen, anti-immigration). Face à ces attaques, les réactions fusent en France. Le député (Les Républicains) de l'Aisne, Xavier Bertrand, candidat de droite aux élections régionales dans le Nord - Pas-de-Calais - Picardie, y est allé de sa charge dans Le Journal du dimanche. Il menace de demander aux autorités françaises de laisser passer les migrants jusqu'au Royaume-Uni. Après tout, le contrôle des frontières pourrait logiquement revenir au Royaume-Uni, qui est le pays où souhaitent se rendre les migrants. " Je dis à nos amis anglais : notre exaspération est totale. Un bras de fer ne serait pas la meilleure solution, mais il faut qu'ils sachent ce que beaucoup de Français pensent : si on n'a pas su empêcher - les migrants - de venir - en Europe - , eh bien, on va arrêter de les empêcher de partir - en Angleterre - . " Le premier adjoint au maire de Calais, Emmanuel Agius, adopte la même approche : " Si ça continue comme ça, avec autant de provocation outrancière, je crois qu'à un moment donné, nous aussi nous allons faire de la provocation, et nous allons dire : "laissons passer les migrants", et M. Cameron va se débrouiller. Ils seront sur son territoire, sur le port de Douvres. " Derrière ce match de petites phrases se trouve souvent une vision déformée de la réalité. Au Royaume-Uni, les images de désespérés essayant, soir après soir, de pénétrer dans le tunnel donnent l'impression que le pays est pris d'assaut par les immigrants du monde entier. Le système d'aides sociales soi-disant trop généreux est pointé du doigt.
155
Cette idée ne résiste pas à l'étude des faits. Depuis le début de l'année, 230 000 migrants sont entrés dans l'espace Schengen. Seule une toute petite proportion se retrouve à Calais : il y a actuellement environ 3 000 personnes dans les camps autour de la ville. De même, le Royaume-Uni reçoit deux fois moins de demandes d'asile que la France et six fois moins que l'Allemagne, preuve que le pays n'est pas une destination particulièrement prisée. Simplement, pour des raisons géographiques évidentes, le tunnel sous la Manche forme un goulot d'étranglement où se retrouvent en masse de nombreux candidats au départ. Ces derniers mois, la situation a cependant empiré à Calais. Les tentatives pour entrer dans l'enceinte d'Eurotunnel se comptent souvent par milliers chaque nuit, même si le nombre a baissé à quelques centaines ce week-end. En partie, il s'agit d'une conséquence logique de la crise migratoire européenne : avec la guerre civile en Syrie et le chaos libyen, le nombre de candidats au départ a augmenté. En dix ans, les demandes d'asile dans l'Union européenne ont triplé. En partie, il s'agit d'une conséquence de l'installation récente de nouvelles barrières au port de Calais, plus difficiles à pénétrer. Beaucoup d'immigrés se sont reportés sur le tunnel, malgré les graves dangers. Une dizaine d'entre eux ont trouvé la mort ces deux derniers mois. Mesures sécuritaires Face à cette réalité, la France et le Royaume-Uni ont annoncé des mesures sécuritaires supplémentaires. Les deux pays vont débourser 10 millions d'euros pour accroître la sécurité le long des voies du tunnel sous la Manche, qui s'ajoutent aux 15 millions d'euros que le Royaume-Uni s'était engagé à payer en septembre 2014. Cent vingt policiers et gendarmes supplémentaires sont sur place depuis quelques jours, portant le total à 550, tandis que de nouvelles clôtures de sécurité doivent être installées " d'ici à la fin de la semaine prochaine ". Des chiens de garde et des caméras de surveillance supplémentaires sont également prévus. Au Royaume-Uni, M. Cameron veut durcir les conditions d'accueil des demandeurs d'asile, en réduisant leurs aides sociales. Il entend aussi s'attaquer aux propriétaires qui logent des clandestins, en renforçant les sanctions jusqu'à cinq ans de prison. Des deux côtés de la Manche, la réaction des autorités a un point commun : elle se concentre sur le sécuritaire et la meilleure façon de bloquer les migrants, qui fuient souvent des guerres et des conflits ravageurs. Cette absence d'empathie a fait sortir de ses gonds l'Eglise d'Angleterre, qui a choisi d'entrer dans le débat politique. " Nous sommes en train de devenir un monde de plus en plus dur, et nous devenons durs les uns avec les autres, au point que nous oublions notre humanité, estime l'évêque de Douvres, Trevor Willmott. Nous devons redécouvrir ce que c'est que d'être humain, et que tous les hommes comptent. " Eric Albert Londres veut réduire les aides aux migrants, Paris mettre en place " une solution globale " Le Monde ; Paris [Paris]04 Aug 2015. L'une des rengaines actuelles au Royaume-Uni sur la crise des migrants à Calais consiste à répéter que le pays est trop généreux avec les demandeurs d'asile. Les tabloïds regorgent d'histoires d'hôtels " luxueux " pour les migrants ou détaillent à plaisir les aides sociales aux étrangers : à les en croire, c'est ce qui attirerait les migrants outre-Manche.
156
C'est largement un mythe. Les demandeurs d'asile sont effectivement logés, nourris, et reçoivent une aide sociale de 36 livres (50 euros) par semaine. Mais ces mesures sont comparables à ce qui existe ailleurs en Europe, dans la mesure où les migrants ont l'interdiction de travailler, il n'y a guère d'autre choix que d'apporter un minimum social à ceux dont le dossier d'asile est en cours d'évaluation. Pourtant, le gouvernement britannique souhaite réduire l'accès à cette aide. Actuellement, ceux dont le dossier a été refusé la perdent automatiquement, sauf s'ils ont leurs enfants avec eux. Il s'agit de supprimer cette exception. " Ceux qui ont échoué à obtenir l'asile sont des immigrés clandestins, un point c'est tout, affirmait le 2 août James Brokenshire, le secrétaire d'Etat à l'immigration. Le système ne doit pas offrir des incitations perverses qui encouragent les clandestins à déposer des dossiers de demande d'asile fallacieux. " La deuxième mesure envisagée vise à sanctionner les propriétaires qui logent des clandestins. Une nouvelle loi doit être présentée au Parlement à l'automne, et veut les forcer à contrôler eux-mêmes les papiers des locataires migrants. S'ils abritent des clandestins, et en cas de récidive, ils pourraient risquer jusqu'à cinq ans de prison. En échange, les propriétaires obtiendraient le droit d'expulser plus facilement les sans-papiers. S'ils logent un demandeur d'asile, ils devraient recevoir automatiquement du ministère de l'intérieur une alerte lorsque la demande est rejetée. Cette initiative s'inscrit dans la lignée d'un projet pilote lancé en août 2014 dans cinq municipalités des West Midlands, dans le centre de l'Angleterre, où les propriétaires doivent vérifier le statut de leurs locataires. Il n'est pas certain que ces mesures suffisent à tarir le flot des migrants. Bernard Cazeneuve, lui, souhaite " apporter des solutions durables à une situation qui produit chaque jour son lot de tragédies et de drames humains, et non ajouter des difficultés aux difficultés ". Le ministre de l'intérieur a balayé la proposition de Xavier Bertrand, le maire de Saint-Quentin (Les Républicains, Aisne) qui menaçait dans le Journal du dimanche " de laisser partir " les migrants au Royaume-Uni si Londres ne s'investissait pas davantage. Le ministre a estimé dans La Croix que laisser passer les migrants sans autre formalité engendrerait " une détérioration très forte de la relation franco-britannique dans un contexte où la coopération entre les pays de l'Union européenne est indispensable pour régler un problème de dimension mondiale ". Ce serait en outre " un curieux signal envoyé aux acteurs de la criminalité organisée et de la traite des êtres humains ". " Désordres du monde " Le volet policier du contrôle aux frontières a été renforcé : 15 millions d'euros ont été investis dans la sécurisation du port de Calais, 10 millions dans celle du tunnel, et la coopération des deux côtés de la Manche aurait abouti au démantèlement de 17 filières depuis le début de l'année, soit quatre fois plus qu'en 2014. Mais " il est totalement illusoire de penser que nous allons résoudre un drame humanitaire, qui résulte des désordres du monde, avec des mesures de sécurité, indique Bernard Cazeneuve. La résolution de cette crise doit être globale. Il entend organiser avec ses homologues anglais, espagnol, italien, allemand et avec le commissaire européen aux migrations une visite commune au Niger, " de manière à engager le travail avec les pays de provenance ". Eric Albert La droite dénonce le " laxisme " du gouvernement
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Le Monde; Paris [Paris]05 Aug 2015. Au cœur de la trêve estivale, la crise des migrants à Calais et à Paris a offert une fenêtre de tir à la droite pour critiquer l'exécutif. Le député de l'Aisne du parti Les Républicains (LR), Xavier Bertrand, a d'abord proposé, le 2 août, dans le Journal du dimanche, de " laisser partir les migrants " en Angleterre, avant de mettre la pression sur la majorité socialiste. " Je demande à Bernard Cazeneuve et Manuel Valls d'être plus fermes, plus offensifs à l'égard du gouvernement anglais ", a-t-il répété mardi 4 août, sur RTL. A Paris, l'occupation d'un lycée professionnel désaffecté du 19e arrondissement a entraîné une salve de communiqués. Claude Goasguen, député LR de Paris et maire du 16e arrondissement, a dénoncé un " précédent qui constitue un attrait toujours plus important des migrants " tandis que Nadine Morano, députée européenne, évoquait un " appel d'air considérable à l'immigration illégale ". Depuis des semaines, la droite affiche sa fermeté en réclamant une stricte application de la loi, notamment en matière de reconduite à la frontière des demandeurs d'asile déboutés. Mardi, Eric Ciotti, secrétaire général adjoint de LR, a enjoint au gouvernement de mettre en place " une politique responsable, cohérente et lucide, se traduisant par une application ferme et résolue de la politique de reconduite des étrangers en situation irrégulière " . Un bilan comparable à la gauche " A Calais comme à Paris, nous sommes en train de créer des abcès de fixation qui profitent aux passeurs et nuisent aux vrais demandeurs d'asile à la dérive , explique au Monde Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine et rapporteur spécial sur la mission " Immigration, asile et intégration " au Sénat. Il faut reconduire à la frontière ceux qui n'ont pas de raisons de demander l'asile, sinon à quoi ça sert que nous votions des lois ? " Si la droite accuse la gauche de laxisme, les deux camps ont pourtant un bilan comparable en matière de reconduites à la frontière. En 2014, le ministère de l'intérieur a ainsi procédé à 27 606 " éloignements " d'immigrés illégaux (27 081 en 2013). Cette baisse par rapport au pic de 2012 (36 822 expulsions) est à relativiser puisque le chiffre de 2014 correspond à peu près à celui de 2010, sous la présidence de Nicolas Sarkozy (28 126). Mais la droite estime que la pression migratoire a augmenté et que la gauche aurait dû monter en puissance. Le nombre de demandes d'asile progresse en effet continuellement depuis 2007 (29 937 cette année-là contre 50 952 en 2014). " La situation migratoire de 2015 n'a rien à voir avec celle de 2003 " , justifie Roger Karoutchi, alors que Xavier Bertrand fustige les accords franco-britanniques du Touquet, signés en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur. Au niveau législatif, les parlementaires LR ont voté contre la réforme du droit d'asile adoptée le 15 juillet, qui vise notamment à réduire la durée moyenne de traitement des demandes. Une semaine plus tard, les députés LR ont également voté contre le projet de loi sur le droit des étrangers, dont certains articles facilitent les reconduites à la frontière. Depuis son retour politique, Nicolas Sarkozy prône, lui, une refonte totale du droit migratoire européen avec la mise en place d'un " Schengen II " où les pays signataires s'entendraient sur des conditions d'asile communes.
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Son principal rival, Alain Juppé, s'y oppose en réclamant un renforcement des moyens de Frontex dans le cadre de Schengen. Divisés sur ce sujet, les dirigeants de la droite sont en tout cas d'accord sur une chose : à quelques mois des élections régionales, ils ne peuvent pas laisser le terrain de l'immigration au FN. Matthieu Goar " Les migrations sont irrépressibles " Le Monde; Paris [Paris]05 Aug 2015. Agrégé de géographie, ancien ambassadeur, Michel Foucher est professeur de géographie et de géopolitique à l'Ecole normale supérieure. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels L'Obsession des frontières (éd. Tempus Perrin, 2012). Face à la crise des migrants à Calais, un député du Parti pour l'indépendance du -Royaume-Uni (UKIP) a suggéré que l'Angleterre reprenne la ville, tandis que des élus français ont souhaité que les contrôles à l'entrée du -Royaume-Uni soient déplacés à -Douvres... Que vous inspire cette " bataille " autour d'une frontière intra-européenne ? Si une " bataille " s'annonçait, les " bourgeois de Calais " sauraient cette fois résister à un siège... Nos capacités stratégiques ont progressé depuis la guerre de Cent Ans ! Que ce scénario de reconquête soit énoncé par un député eurosceptique est amusant et a le mérite, si l'on peut dire, d'exhumer une vieille carte mentale : la Manche fut, jusqu'au XIXe siècle, une mer pour deux royaumes, donc une aire d'affrontement. Devenue mer intérieure européenne, c'est la seule dotée d'un double toponyme sur les cartes officielles : Manche et English Channel. Dans la tradition militaire anglaise, la mer sépare et fait frontière ; en France, c'est la côte fortifiée. Où est la frontière franco- -britannique ? Elle se situe là où s'effectuent les contrôles de douane et de police : à la gare du Nord et à Saint-Pancras, à Roissy et Heathrow, à Douvres, Calais, comme dans une douzaine d'autres ports. La frontière juridique est maritime, à mi-distance des côtes des Etats riverains, et terrestre, au milieu du tunnel sous la Manche, selon le traité signé à la cathédrale de Canterbury en février 1986, en présence de la reine Elisabeth et du président Mitterrand. Ces limites fixent l'aire d'extension de la convention de Schengen, que Londres a refusée tout en ouvrant ses portes aux migrants des Etats ayant adhéré à l'Union européenne en 2004, surtout Polonais et Baltes. Que recouvre sur notre continent la notion de frontière ? Les limites de la souveraineté et de l'identité nationales demeurent. En passant de Strasbourg à Kehl, en Allemagne, sur le pont de l'Europe, l'absence de contrôle douanier n'efface en rien les traits propres aux deux nations. L'espace de l'Europe instituée est plus fluide. La liberté de circulation est saluée par les opinions européennes, quand elle s'applique à elles-mêmes. Mais la mise en commun d'attributs de souveraineté suppose de bâtir à chaque instant des accords collectifs, comme on l'a vu lors de la crise grecque. L'Etat-nation, doté de son enveloppe frontalière - limite, pas barrière - est le noyau de base mais, dans le monde tel qu'il a l'inconvénient d'être, il doit se développer de concert avec les autres pour peser.
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Le coût humain et financier des migrations va-t-il engendrer un renforcement des frontières ou les remettre en question ? Le calcul du coût suppose une typologie fine, selon les trajectoires migratoires. De qui parle-t-on ? Des Français de Londres ? Des Kurdes de Berlin ? Des Maliens d'Ile-de-France ? Des Syriens de Stockholm ? Les études sérieuses montrent que les bénéfices, individuels et collectifs, sont nettement supérieurs aux coûts : travail fourni, compétences importées et acquises, envoi de salaires aux familles des lieux d'origine. A l'âge global, chacun, dans l'ancien tiers-monde comme en Moldavie, sait qu'ailleurs l'herbe est plus verte. Les migrations sont irrépressibles. La prospérité et la sécurité de l'Europe la rendent attractive. Il faut renforcer la concertation dans la gestion des régimes frontaliers, au-delà des circonstances exceptionnelles. Après les drames autour des Canaries, Madrid a réalisé qu'il était aussi important d'aider la Mauritanie ou le Sénégal que les pays andins hispanophones. L'accès légal à l'espace européen pour étudier ou exercer une activité suppose une démarche cogérée avec les pays de départ. La convention de Schengen n'avait qu'un objectif interne, de libre circulation réservée aux ressortissants des pays signataires. Les crises et drames actuels posent la question d'une action à l'extérieur de l'Union européenne : aide ciblée au développement, programmes cogérés de migration circulaire et surtout de mobilité dans les zones d'interaction migratoire et, parfois, interventions dans les zones de crise. Des chercheurs étudient les conséquences d'une -éventuelle ouverture de toutes les frontières. Que vous inspire cette piste de travail ? L'article 13 de la Déclaration universelle des droits de l'homme affirme en effet le droit à quitter son pays. Cette liberté n'est pas encore acquise partout. Mais le droit d'émigrer ne trouve pas son corollaire dans celui d'immigrer. La disparité dans le régime des visas est grande : il est plus facile à un Danois d'aller en Indonésie que l'inverse. Les visas pour entrer dans l'espace Schengen sont exigés dans 134 Etats. Il n'est pas certain que l'asymétrie de traitement soit durable, au nom de l'égalité des droits des Etats. Le Sénégal a rétabli les visas pour les Français, et se rendre en Algérie n'est pas simple - message de réciprocité, en quelque sorte. Toutes les pistes méritent d'être expérimentées, d'abord celles traitant de la mobilité, depuis et vers l'Europe instituée. Quel jugement portez-vous sur la façon dont les politiques français abordent cette -question des frontières et des migrations ? La frontière civilisée est une interface et une ressource. Sa fonction de barrière ne s'impose qu'en cas de menace directe sur notre sécurité. Un changement de discours politique sur ces questions serait salutaire, avec la reconnaissance publique de la réalité durable des mobilités et la nécessaire construction de dispositifs les encadrant : visas de travail de longue durée, cogestion des mobilités entre pays de départ et pays d'arrivée, mise en place de règles pour détruire le régime illégal des passeurs... Ce qui est en jeu est également notre choix d'un rapport au monde. L'image positive du Royaume-Uni, projetée au loin par le message des Jeux olympiques de Londres, en 2012, cette image d'un pays moderne et multiculturel, ouvert et globalisé, nourrit une attraction irrésistible, même au fin fond du Soudan. D'où l'afflux vers Calais. Les Français - opinion et dirigeants -, qui candidatent pour des JO en 2024 et une Exposition universelle en 2025,
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seraient bien inspirés d'y réfléchir et d'assumer enfin toutes les composantes d'une politique d'ouverture, dans un monde de communication instantanée, loin d'un illusoire repli sur soi. Propos recueillis par, Jean-Baptiste de Montvalon Moussa, 17 ans, migrant, enterré à Calais Le Monde; Paris [Paris]06 Aug 2015. Ils se sont alignés les uns à côté des autres, trois rangs serrés d'hommes, la tête baissée, le cercueil devant eux, posé sur le sable. Ils ont prié en silence puis fait glisser le cercueil dans un trou profond de plusieurs mètres. Moussa Houmed avait 17 ans, il était érythréen et voulait gagner le sol anglais, mais c'est par la terre glaise calaisienne qu'il a été recouvert, mercredi 5 août. Le 20 juillet, il est mort noyé dans un bassin de rétention du tunnel sous la Manche. A quelques mètres en retrait du carré musulman du cimetière Nord de Calais, où une cinquantaine d'hommes se sont réunis, trois femmes attendent de pouvoir déposer des fleurs. Elles sont venues de Paris et de Gex, dans l'Ain. " Je ne le connaissais pas, reconnaît l'une d'elle, qui refuse de donner son nom. Mon cousin des États-Unis m'a appelée et m'a dit que c'était un cousin éloigné. " Une autre ajoute : " L'information est passée, entre compatriotes. Être là, c'est la moindre des choses. " Certains ont roulé six heures pour pouvoir assister aux funérailles, comme cet Erythréen qui vit depuis cinq ans dans le Choletais : " C'est comme notre frère. Un jour, moi aussi j'étais comme lui. " Surtout, ne pas laisser un homme partir seul. Les associations et les communautés s'organisent pour accompagner les morts de Calais - dix depuis le début du mois de juin, Érythréens, Pakistanais, Éthiopiens, Soudanais... " Il y en a trop, ça va trop vite ", se désole Lou Einhorn, psychologue à Médecins du monde. L'ONG dispose d'une clinique mobile dans le camp où sont regroupés la quasi-totalité des migrants, sur la zone industrielle des Dunes, à quelques kilomètres du centre-ville. " Il y a plus de 2 000 personnes ici et tout le monde ne se connaît pas. Des nouveaux arrivent sans cesse. Alors un Érythréen ou un Soudanais peut disparaître sans qu'on le sache. " La police a établi des contacts avec les ONG présentes dans la " nouvelle jungle ". " Ils nous sollicitent pour retrouver l'identité des morts ", explique Lou Einhorn. Parfois, les recherches n'aboutissent pas. Le 4 juillet, une femme enceinte a fait une chute d'un camion. A l'hôpital, elle a accouché prématurément, mais son enfant est mort en une heure. Elle a ensuite disparu. " La morgue nous a appelés, se souvient Lou Einhorn. Mais nous n'avons pas retrouvé la mère. " Le petit Samir, a été inhumé le 13 juillet, au carré des anges du cimetière Sud de Calais. Lorsque, vers la mi-juillet, un homme âgé de 23 ans et venu du Pakistan a été électrocuté sur le site d'Eurotunnel, " nous avons organisé une visite à l'hôpital, et un rendez-vous avec le médecin et un traducteur, pour que ce soit lui qui annonce la mort à la communauté " . Au Secours catholique, c'est Mariam Guerey qui veille à la " dignité " des défunts. Elle sait que les musulmans préfèrent inhumer les corps en France tandis que les catholiques ou les orthodoxes tiennent à rapatrier leurs défunts. Elle se souvient de chacun d'eux. De Jean-Pierre Everaere, aussi, mort en essayant de secourir un Erythréen tombé dans le canal de Saint-Omer, à 40 km de Calais. C'était en 2008. Les deux hommes se sont noyés. " On est allé à l'enterrement de ce Jean-Pierre avec des migrants. Et on a lu un poème à l'Église ".
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Dans la " jungle ", qu'il s'agisse de survie ou de funérailles, le système D prévaut. Les actions se bricolent, s'improvisent. Nima Senaici, bénévole de l'association musulmane Aleds, a été sollicitée pendant une distribution alimentaire : " Un Soudanais est venu me parler de son ami renversé par une voiture. On a organisé une récolte de dons et contacté des pompes funèbres. " Inhumés sous X Dans l'attente d'une sépulture, les corps peuvent rester plusieurs semaines à la morgue : " On se donne un mois. Parfois, on écourte les délais quand on a besoin de place ", explique Stéphane Chochois, responsable de l'unité médico-judiciaire de Boulogne-sur-Mer. Ce médecin légiste est chargé des autopsies, qui sont systématiquement ordonnées pour les migrants afin d'écarter toute autre cause de décès qu'accidentelle. Dans le camp, les récits circulent et enflent autour des morts, comme celle de Ganet, une Érythréenne fauchée le 24 juillet sur l'autoroute A 16 alors qu'elle revenait du tunnel. Dans la jungle, certains racontent qu'elle était étourdie ce jour-là parce qu'elle venait d'être gazée par la police. Des incertitudes ont aussi pu planer après la mort d'un homme, le 29 juillet, dans la zone d'Eurotunnel. Très vite, l'idée qu'un camion lui avait roulé dessus en reculant a été relayée. Le Dr Chochois pense plutôt que l'homme a fait une chute : " Il a dû s'apercevoir que le camion partait pour la France, décider de le quitter, glisser dessous et passer sous l'essieu arrière. Son crâne était répandu sur cinq mètres de route. " Le Dr Chochois participe depuis des années au " travail de fourmi " pour mettre un nom sur les vies fauchées. " Nous essayons d'identifier les migrants par leurs empreintes, mais ils se scarifient les bulbes des doigts " , pour ne pas être renvoyés dans le pays où ils ont préalablement été arrêtés et fichés. Même lorsque la borne digitale donne un résultat, " elle peut nous sortir dix alias, poursuit le docteur. Alors on fait une photo quand c'est possible et on demande aux ambassades de retrouver la famille, en leur fournissant des indicationsphysiques... Nous avons malheureusement très peu de résultats. Souvent, ils sont inhumés sous X. " Mercredi, le corps de Tesfaye Seyoum doit être convoyé jusqu'à Orly, puis rapatrié à Addis-Abeba, en Ethiopie. Il a été fauché par une voiture. C'était le premier mort du mois de juin. Julia Pascual Une mobilisation insuffisante des Etats membres de l'UE Le Monde; Paris [Paris]08 Aug 2015. La Commission européenne ne cache pas son impatience, voire sa déception, à l'encontre des Etats membres de l'Union, alors qu'un nouveau drame en Méditerranée aurait fait près de 200 victimes après un naufrage, mercredi 5 août, au large des côtes libyennes. D'Athènes à Calais, face à une crise " aux proportions extraordinaires " et " qui dépasse les frontières nationales ", comme le souligne le commissaire aux migrations, Dimítris Avramopoulos, la mobilisation des gouvernements européens paraît bien insuffisante. Les Etats membres ont bien voté le triplement du budget alloué aux opérations de sauvetage en Méditerranée. Cela a notamment permis le sauvetage beaucoup plus rapide de migrants en détresse. Dans le cas du naufrage du 5 août, 367 personnes ont pu être sauvées grâce à l'intervention d'un navire de la marine irlandaise qui patrouillait sur zone.
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Mais cette coordination renforcée depuis le mois d'avril reste faible face à l'ampleur des besoins. D'autant que tous les Etats n'ont pas honoré leurs engagements. Gil Arias Fernandez, directeur adjoint de l'agence européenne Frontex pour la protection des frontières extérieures de l'UE, est monté au créneau, vendredi, pour rappeler la promesse faite par les Etats de renforcer leur soutien en équipement. Frontex aurait un urgent besoin de bateaux, de voitures de patrouille et de gardes-côtes en Grèce et en Hongrie notamment. La Commission en a profité pour inviter les Etats membres qui ne l'avaient pas fait à " libérer les fonds nécessaires ", conformément à leur engagement du mois d'avril. L'exécutif européen s'est heurté à l'opposition des Etats après la présentation de son plan d'action pour les migrations en mai. Dans le cadre des mesures d'urgence que la Commission proposait pour faire face à l'afflux de migrants en Méditerranée, afin de soulager la Grèce et l'Italie, l'introduction de quotas (40 000 demandeurs d'asile et 24 000 réfugiés) - moyennant des critères européens de répartition - est finalement passée à la trappe devant le refus des Etats membres. En lieu et place, ces derniers ont préféré opter pour une répartition volontaire, fruit de longues et houleuses discussions à huis clos entre les ministres compétents. La méthode a naturellement montré ses limites. Répartition au compte-gouttes Au dernier comptage du 20 juillet, si les Etats se sont montrés plus coopératifs s'agissant de la réinstallation des réfugiés (22 504 places ont finalement été offertes par les Etats), l'effort de solidarité réclamé pour les demandeurs d'asile n'a pas encore pu totalement aboutir. Résultat, sur les 40 000 places à répartir, 7 744 manquaient encore à l'appel. " Si nous y arrivons sur une base volontaire, tant mieux. Si ce n'est pas possible, il faudra reconsidérer la proposition de la Commission ", a rappelé, dans un entretien à l'AFP, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission. Il s'avoue " déçu " par la tournure qu'avaient prise les négociations. L'exécutif européen ne s'avoue pourtant pas vaincu. D'ici à la fin de l'année ou début 2016, la Commission compte bien revenir à la charge en proposant " un système pérenne sur la migration légale et sur la migration illégale " . Ces propositions législatives impliqueront le Parlement européen. L'issue des négociations demeure toutefois incertaine et prendra du temps. D'autant que, parmi l'éventail des solutions envisagées, beaucoup sont liées à l'engagement et à la coopération des pays d'origine des migrants dans un contexte de chaos politique sur le pourtour méditerranéen. Plus au sud, au Niger, l'un des carrefours de l'immigration clandestine, l'UE envisage l'implantation d'un centre d'information (et d'identification) destiné aux migrants désirant se rendre sur le Vieux Continent, dont les modalités doivent encore être affinées. L'idée est aussi d'intensifier les discussions avec d'autres pays tels que le Soudan ou l'Erythrée, afin de renforcer leurs contrôles frontaliers et de signer des accords de réadmission pour l'accueil des migrants refoulés d'Europe. Un rien optimiste, le commissaire Avramopoulos a espéré " des résultats concrets " à l'issue du sommet UE-Afrique programmé à Malte les 11 et 12 novembre. D'ici là, la Commission continuera à jouer les bons offices avec les Etats, notamment en Grèce, particulièrement exposée à l'afflux de migrants alors que le pays fait face à de graves
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problèmes budgétaires. Le Fonds européen pour l'asile (FEA) y sera donc mobilisé dès que le plan du gouvernement grec aura été validé. La même approche a été envisagée dans le dossier des migrants de Calais. Face à un début de contentieux diplomatique entre Londres et Paris, le commissaire Avramopoulos s'est employé à rappeler la disponibilité de son administration. Bruxelles a ainsi annoncé l'octroi d'une première tranche d'aide de 20 millions d'euros à la France, puisée dans le FEA, et confirmé la promesse d'un financement de l'ordre de 27 millions d'euros pour le Royaume-Uni. Christophe Garach Un réseau de passeurs démantelé à Calais Le Monde; Paris [Paris]12 Aug 2015. Sept personnes, dont deux femmes, ont été interpellées en l'espace de 48 heures dans la région de Calais (Pas-de-Calais). La dernière, un directeur d'une grande surface du Calaisis, a été cueillie mardi 11 août par les hommes de la police des frontières. Quatre Albanais font partie de ce réseau soupçonné de trafic d'êtres humains. Ces personnes étaient toujours en garde à vue mercredi. Elles permettaient à des migrants, contre rémunération, de se rendre en Angleterre en se cachant dans des camions. - (AFP.) A Calais, le très lucratif trafic de migrants Le Monde; Paris [Paris]13 Aug 2015. Un nouveau réseau de passeurs de migrants a été démantelé à Calais, lundi 10 août. La police aux frontières a interpellé quatre Albanais et trois Français. Ils sont suspectés d'appartenir à un réseau de passeurs, mais aussi de proxénétisme de migrants albanais. Les gardés à vue doivent être déférés jeudi devaient un juge d'instruction. C'est le dix-neuvième réseau démantelé depuis le début de l'année à Calais par la police aux frontières et l'Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi d'étrangers sans titre (Ocriest). Un chiffre en forte hausse : les enquêteurs avaient mis seulement fin à six filières sur la même période en 2014. Alors que le groupe Eurotunnel a affirmé, le 29 juillet, avoir intercepté " plus de 37 000 migrants " depuis le 1er janvier, l'afflux massif de migrants décidés à entrer illégalement en Grande-Bretagne aiguise l'appétit des organisations criminelles. Faire passer la frontière franco-anglaise à des migrants est un commerce très lucratif. Dans le Calaisis, les sept filières de passeurs albanais démantelées depuis janvier ont généré entre 700 000 et 2 millions d'euros de chiffre d'affaires chacune, estiment les policiers. Autre atout : les risques financiers sont limités. Même si la police aux frontières et l'Ocriest multiplient les arrestations - 1 225 sur l'ensemble du territoire français depuis janvier -, les saisies d'argent restent rares. Les réseaux faisant souvent payer dans leur pays d'origine les candidats au départ, peu d'argent circule en France. Formule avec garantie Avec la multiplication des affaires, la justice dispose de nombreux témoignages de migrants et d'aveux de passeurs, qui permettent de se faire une idée plus précise des tarifs pratiqués et de l'organisation des réseaux. Auparavant très cloisonnés - le migrant se tournait vers une filière issue de son pays d'origine -, les réseaux sont désormais des entreprises criminelles internationales. Les policiers ont ainsi observé des passeurs pakistanais, afghans, irakiens ou
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vietnamiens circuler dans la " nouvelle jungle ", le campement qui regroupe depuis mars des milliers de migrants, pour proposer leurs services aux clandestins issus d'Afrique ou du Moyen-Orient. Les passeurs albanais préfèrent loger leurs clients dans des hôtels, loin du campement sur lequel se focalisent tous les regards. Les tarifs des passeurs varient en fonction de la prestation et surtout de la communauté prise en charge. Les Erythréens, qui représentent le quart des candidats au passage mais aussi la population la plus démunie, ne doivent ainsi débourser " que " 500 euros pour passer en Grande-Bretagne ; les Irakiens entre 900 et 1 500 euros ; Albanais, Indiens et Syriens entre 6 000 et 8 000 euros. Devant les prix pratiqués, certains clandestins deviennent eux-mêmes passeurs pour financer leur propre passage. Les tarifs varient aussi en fonction des réseaux, certaines nationalités étant plus reconnues que d'autres pour leur savoir-faire. Les filières chinoises et vietnamiennes, très structurées, prennent en charge leurs clients du pays d'origine au pays de destination. Elles proposent des places " VIP " (en cabine à côté du chauffeur de poids lourd) et une formule avec garantie (en cas d'échec, on retente autant de fois que nécessaire). Les tarifs sont à l'avenant de ces prestations " haut de gamme " : 20 000 euros le passage. Comme ceux pratiqués par les filières de passeurs du sous-continent indien, spécialisées dans les faux papiers. Démantelé en mars à Strasbourg, un réseau bangladais qui fournissait, entre autres, des visas étudiants pour le Royaume-Uni aurait généré 6 millions d'euros de recettes. Un réseau sri-lankais, tombé en juin, remettait aux migrants désirant se rendre en Grande-Bretagne un faux passeport britannique fabriqué en Thaïlande puis expédié. La prestation était facturée entre 15 000 et 19 000 euros. A l'autre bout de la chaîne, on trouve les filières issues de la Corne de l'Afrique, beaucoup moins structurées. La plupart des Erythréens, après avoir réussi dans des conditions souvent épouvantables à traverser la Méditerranée, doivent ainsi utiliser un premier réseau pour passer d'Italie en France, puis un second de France en Grande-Bretagne. Entre les deux, les réseaux afghans, albanais, irakiens et kurdes. Les passeurs acheminent leurs clients depuis les campements vers différentes aires de repos de l'autoroute E40, en France et en Belgique, où ils sont chargés dans des remorques de poids lourds en partance pour la Grande-Bretagne. Avec ou sans la complicité des camionneurs. Un réseau afghan démantelé en avril avait pris ses quartiers sur le parking d'une station-service située dans une zone industrielle de Calais. Avant le réveil à l'aube des chauffeurs routiers, les passeurs chargeaient les clandestins par le haut ou l'arrière de la remorque. Cette façon d'opérer demande de la discrétion et de la discipline : les policiers ont vu des passeurs violenter des migrants qui avaient le malheur de trouver le temps long. Parmi les migrants, le découragement monte. Il devient de plus en plus difficile de gagner la Grande-Bretagne, et les tarifs pratiqués par les passeurs sont de plus en plus prohibitifs. Mohamad, 41 ans, grossiste en pharmacie en Syrie qui campe aujourd'hui dans un squat à Calais, énumère les passeurs qu'il lui a fallu payer pour rallier Calais : un Turc, un Ukrainien et un Egyptien. S'il échoue à traverser la Manche, il pense se rabattre sur l'Allemagne. Plus accessible et donc moins soumis aux passeurs, ce pays serait, d'après des sources policières, le nouvel eldorado européen des migrants. En un an, le nombre de demandes d'asile en Allemagne a augmenté de 108 %.
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Julia Pascual (à calais) et Matthieu Suc Prostitution et violences sexuelles s'installent dans la " jungle " Le Monde; Paris [Paris]13 Aug 2015. Le malaise est palpable. " Ça ne le ferait pas, d'ouvrir la première maison close du camp " , souffle une bénévole. Dans la " nouvelle jungle " de Calais, où plus de 2 000 migrants sont regroupés, le Secours catholique distribue tous les jours des " kits cabanes ", avec planches et couvertures. Mais un petit carré de jungle suscite des inquiétudes. Il est en contrebas de la rocade qui mène au port et abrite principalement des Erythréens et des Ethiopiens. L'ONG redoute que le bois qu'elle distribue serve à abriter de la prostitution. Elle est incontestablement présente à Calais. La police aux frontières, lors du démantèlement de la dernière filière de passeurs, lundi 10 août, soupçonne les membres de ce réseau de proxénétisme. De jeunes migrants albanais étaient contraints de se prostituer auprès d'un gérant de grande surface, avant un hypothétique passage en Grande-Bretagne. Dans la jungle, le flou demeure. " De la prostitution ? Ça doit exister mais on n'en sait rien ", balaie une Erythréenne, qui dort depuis cinq mois dans une tente igloo, où s'entassent avec elle quatre femmes de 18 à 26 ans. " Comment irait-on coucher avec un homme ? s'offusque une autre. On n'a même pas de quoi s'acheter des serviettes hygiéniques et on ne se supporte plus telles que l'on est ! " Des passes à 3 ou 5 euros Elles reconnaissent toutefois que le campement est un " danger " . " Un jour, j'étais seule dans la tente , explique l'une d'elles. Un homme est venu me solliciter pour du sexe. " Elles ont demandé à être hébergées au centre Jules-Ferry, qui jouxte le bidonville et accueille femmes et enfants. Mais il est saturé, une cinquantaine de femmes sont actuellement sur liste d'attente. " Elles sont de plus en plus nombreuses sur le camp et on soupçonne des abus sexuels " , confie Isabelle Bruand, coordinatrice de Médecins du monde dans le Nord-Pas-de-Calais. Même auprès de celles qui sont abritées dans cet ancien centre aéré : " La nuit, j'en vois sortir maquillées alors que, quand elles vont au tunnel, elles ont trois pantalons, des sacs à dos, des bonnets... " , rapporte une membre de La Vie active, l'association qui gère le centre Jules-Ferry. Elle évoque des passes à 3 ou 5 euros. Les policiers aux abords du camp ont également remarqué le va-et-vient et assurent que des camionneurs ont reconnu avoir profité de ces migrantes. " Elles font ça uniquement pour obtenir un peu d'argent liquide, de quoi s'acheter des téléphones, de quoi vivre au camp " , explique Denis Hurth, délégué régional des CRS de l'UNSA-Police. Emma, une salariée de La Vie active, craint " surtout pour les petites jeunes dans la jungle. Elles sont tellement naïves et perdues. " Une adolescente de 16 ans est déjà tombée deux fois enceinte, l'homme qui l'accompagne la battrait. " Nous avons depuis longtemps des soupçons de prostitution forcée , reconnaît Faustine Douillard, de France terre d'asile. C'est une thématique assez taboue " . Parce que les associations ne veulent pas desservir le travail de soutien aux migrants et que les langues se délient peu. " Ces femmes sont difficiles d'accès , Elles sont entourées d'hommes, elles se méfient, elles parlent amharique, tigré ou tigrigna et nous ne parlons qu'anglais ou arabe " . Les bénévoles ne sont pas armés pour gérer le
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problème. " On n'est pas là non plus pour faire des enquêtes , prévient Isabelle Bruand. Mais on aimerait faire de la prévention " . Les équipes de Médecins du monde, qui ont ouvert une clinique mobile, ont réalisé " trois accompagnements vers l'IVG et deux contraceptions d'urgence ces six dernières semaines " , souligne Isabelle Bruand, sans pouvoir dire s'il s'agit de simples grossesses non désirées ou le résultat de rapports contraints. Or, à part les préservatifs distribués quotidiennement dans les douches de Jules-Ferry, " les actions en matière de santé sexuelle ne sont pas suffisantes, regrette Lily Boillet, permanente au Planning familial du Pas-de-Calais. La situation des migrants est spécifique. Il faut connaître la particularité du passage pour pouvoir leur expliquer comment se protéger si quelqu'un les aide ". Sur la route migratoire, " les femmes sont bien souvent une monnaie d'échange, un moyen de payer le passage d'autres hommes , rappelle Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile . Mais la situation dans le Calaisis prend naissance ailleurs, notamment à Paris. Deux femmes auraient subi des viols en réunion à la halle Pajol en juillet. Il n'y a pas eu de plainte mais c'est remonté à la préfecture. On pense qu'il y avait là aussi de la prostitution forcée ". J. Pa. et M. Su. Royaume-Uni : après Calais, le soulagement puis l'attente Le Monde; Paris [Paris]19 Aug 2015. Quand il a vu le camion arrêté dans les embouteillages, non loin du port de Calais, Abdel (à la demande des personnes interrogées, les noms ont été changés) n'a pas hésité une seconde. L'Ethiopien a sprinté sous la remorque et s'est caché juste à côté des roues. Après quatre longues heures immobile, malgré d'intenses douleurs dans l'épaule, il a enfin osé se déplacer. Le camion avait embarqué sur un ferry. Abdel a grimpé jusqu'au sommet de la remorque et s'est glissé à l'intérieur par une coupure dans la bâche. Une fois en Angleterre, il a frappé à la cabine du conducteur, pour faire savoir qu'il était présent. " Le chauffeur a continué un peu plus loin et il m'a ensuite dégagé à coups de pied, confie le jeune homme de 27 ans. Il était absolument furieux. " C'était il y a un peu plus d'un mois. Parmi les migrants rassemblés dans la " jungle " de Calais, Abdel a fait partie de ceux qui ont réussi la traversée. Les statistiques sont floues, mais chaque année, ils sont plusieurs milliers comme lui. Les services sociaux du comté du Kent estiment que 1 200 migrants ont atteint les côtes au plus fort de la crise, de juin à mi-août. La plupart sont passés en se cachant dans des camions, avec ou sans la complicité des chauffeurs. Mais une fois sur place, le pays tant rêvé tient-il ses promesses ? Abdel jette un regard étonné quand on lui pose la question. " Rien n'est pire que ce que j'ai fui. J'ai fait partie d'un mouvement politique en Ethiopie et je craignais pour ma vie. " Vu par ce prisme, le foyer de Sunderland, dans le nord-est de l'Angleterre, où les autorités britanniques l'ont placé, s'approche du paradis. 50 euros par semaine Trente-cinq hommes célibataires s'y partagent cinq appartements de sept chambres aux murs jaunis, à la moquette et aux salles de bains crasseuses. Les tensions y sont nombreuses, les odeurs de cannabis fortes. Mais chacun y a sa chambre et son lit, et touche 36 livres (50 euros) par semaine. Une amélioration évidente par rapport aux bâches sous lesquelles Abdel
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dormait à Calais, où il a eu la chance de ne passer que trois jours avant de trouver la faille. Sur un ton très doux, il dit sa reconnaissance : " En me -recevant, le Royaume-Uni s'occupe de problèmes qui ne sont pas les siens. " Mohamed, un Soudanais du Darfour, voisin de chambrée, confirme. A 31 ans, il a suivi un parcours désormais bien connu : Libye, bateau surchargé pour traverser la Méditerranée, Italie, France, Calais... Pendant deux mois, il a vécu dans la jungle, avant que ses passeurs ne trouvent une solution. " Ils nous ont mis dans un camion où se trouvaient de nombreuses machines, qui offraient beaucoup de recoins pour se cacher. On était neuf. Six ont été trouvés par la police. Mais on est trois à être passés. " Il ne parle pas un mot d'anglais et ne visait pas particulièrement le Royaume-Uni. " Reconstruire ma vie " " J'aurais bien voulu demander l'asile en France, mais les passeurs m'ont dit que ça prenait beaucoup trop longtemps. " Les faits semblent lui donner raison. Voilà six mois que Mohamed est arrivé en Angleterre, et il a déjà obtenu une autorisation de séjour de cinq ans, en attendant une décision définitive sur son cas. En short et en tongs dans une cuisine surchauffée, il avoue son soulagement. " J'ai fui la violence et le terrorisme. Maintenant, je peux essayer de reconstruire ma vie. " Le Royaume-Uni serait-il donc ce pays accueillant pour les migrants que les tabloïds britanniques dénoncent à longueur de colonnes pour sa naïve générosité ? La réalité est moins manichéenne. L'an dernier, le Royaume-Uni a reçu 32 000 demandes d'asile, deux fois moins que la France et six fois moins que l'Allemagne. " Les médias britanniques donnent l'impression que les migrants veulent tous se rendre au Royaume-Uni, c'est faux, rappelle Pete Keenan, de l'association Kent Refugee Help. Seuls quelques-uns vont à Calais. Mais étant donné que le seul passage géographique possible se situe au niveau du tunnel et du port, cela forme un effet de loupe déformant. " Ensuite, ceux qui parviennent sur le sol britannique ont initialement droit à un toit et à une allocation hebdomadaire de 50 euros par semaine pour se nourrir et s'habiller, mais leur situation se détériore rapidement. L'an dernier, seuls 39 % des demandeurs d'asile au Royaume-Uni ont reçu une autorisation de séjour, plus ou moins longue. La majorité est donc rejetée, et se retrouve alors dans un dédale administratif kafkaïen. Behrouz le raconte bien. Cet Iranien a frôlé la tentative de suicide la semaine dernière. Ses amis l'ont retenu de sauter d'un pont au dernier moment. L'Etat vient de couper son allocation sociale de 50 euros, et il a été mis à la porte du foyer de Sunderland il y a quelques semaines. Il a passé quelques nuits sous les ponts et d'autres à squatter chez des amis. Voilà dix-neuf ans que cet ancien opposant au régime a fui son pays. Les passeurs qui l'ont aidé à rejoindre la Turquie lui avaient promis le Canada. Il s'est finalement retrouvé à Ostende, en Belgique, dans un camion roulant vers le Royaume-Uni. " Le passage de la Manche était beaucoup plus facile qu'aujourd'hui. Il n'y avait presque aucun contrôle. " Ni légaux ni expulsables Il a obtenu une autorisation de séjour, avant d'être condamné à de la prison pour une fraude financière à la suite d'un divorce. Avec la sentence est arrivée la menace d'expulsion.
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Impossible à mettre en oeuvre évidemment : renvoyer un opposant politique en Iran serait lui faire courir de très graves risques. Depuis, Behrouz ère de foyer en foyer, au hasard des procédures administratives. " J'ai fait une bêtise, et j'ai payé en allant en prison. Mais pourquoi est-ce que ça remet en cause mon droit de vivre au Royaume-Uni ? " Les locataires du foyer de Sunderland se répartissent ainsi en deux catégories. Ceux qui viennent d'arriver sont simplement heureux d'avoir échappé à des pays en guerre ou à des dictatures brutales, et se contentent du peu qui leur est offert sur place, espérant voir leur dossier rapidement traité. Mais à côté d'eux se trouvent les demandeurs d'asile de très longue durée, souvent ni légaux ni expulsables, perdus pour une raison ou une autre dans les entrailles d'une machine qui fait tout pour leur rendre la vie impossible. A de rares exceptions près, ils ont l'interdiction de travailler. Ils ont été envoyés à Sunderland, où ils ne connaissent personne, par un simple hasard administratif, et peuvent ensuite être placés à l'autre bout du pays sans aucune logique. Beaucoup ont un couvre-feu à respecter, généralement de 20 heures à 7 heures du matin, et portent un bracelet électronique. Pour ceux-là, l'allocation de 50 euros est versée sur une carte prépayée, acceptée seulement par quelques magasins. Ils sont condamnés à patienter des journées entières, attendant la prochaine audition de leur dossier, sans que jamais une décision finale soit prise. Beaucoup parlent très mal l'anglais et dépendent de l'aide de quelques associations, ou de réfugiés comme Ali, bon Samaritain du foyer qui aide énormément grâce à sa bonne connaissance linguistique et sa maîtrise de l'administration britannique. Après deux décennies dans ces circonstances, les nerfs lâchent parfois. Eric Albert Des policiers britanniques déployés à Calais pour lutter contre les passeurs Le Monde; Paris [Paris]20 Aug 2015. Paris et Londres vont mettre en place un " centre de commandement et de contrôle commun " à Calais (Pas-de-Calais) pour tenter de lutter contre les réseaux qui font passer les migrants en Angleterre. C'est la principale annonce que devaient faire le ministre de l'intérieur français, Bernard Cazeneuve, et son homologue britannique, Theresa May, à l'occasion d'un déplacement jeudi 20 août dans la ville qui accueille plusieurs milliers de migrants. Les ministres doivent signer un accord de coopération bilatérale, qui prévoit que ce centre, sous double commandement, fasse travailler ensemble policiers français et britanniques. Moins d'une dizaine de policiers britanniques devraient toutefois y être affectés, selon les informations du Monde. Ils s'ajouteront aux policiers des border force, déjà présents de manière permanente à Calais pour contrôler les frontières. 1 300 policiers et gendarmes Il s'agit surtout de faire oublier les joutes du début de l'été, lorsque la Grande-Bretagne reprochait à la France une situation chaotique et que celle-ci s'agaçait de jouer le bras policier de son voisin. Jeudi, Londres a également officialisé le versement d'une enveloppe de 10 millions d'euros, qui vient s'ajouter à une contribution de 15 millions d'euros sur trois ans annoncée en septembre 2014 pour sécuriser le port de Calais. Une rallonge de 10 millions d'euros avait déjà été décidée début août. " Ça fait 35 millions d'euros en tout, c'était zéro il y a un an ", insiste-t-on au ministère de l'intérieur français.
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Les moyens alloués par les Britanniques doivent permettre un renforcement de la sécurité du site à travers des recrutements et un dispositif de " clôtures, de vidéosurveillance, de technologie de détection infrarouge et de projecteurs lumineux " . Quelque 1 300 policiers et gendarmes français sont mobilisés sur Calais, a rappelé le ministère de l'intérieur. Mais la rallonge de 10 millions d'euros doit aussi servir pour la première fois un volet " humanitaire ", consistant à " faciliter les retours volontaires " vers les pays d'origine qui pourraient s'ajouter aux éloignements forcés - 1 000 personnes depuis le début de l'année. Cette somme pourrait surtout financer 1 000 places d'hébergement pour les demandeurs d'asile, " à une distance significative de Calais ". Un " soutien aux personnes vulnérables " doit enfin être financé à travers des " logements protégés ". Actuellement, le centre d'accueil Jules-Ferry, qui jouxte le camp, héberge une centaine de femmes et d'enfants. Mais il est saturé depuis plusieurs semaines. Les migrants vivent dans des conditions " inhumaines et indignes " jugeait en juillet la Commission nationale consultative des droits de l'homme. Début août, c'est le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui proposait que les casernes inoccupées soient utilisées pour loger les migrants. Le plan annoncé jeudi risque de paraître insuffisant de ce point de vue. " On en a marre de se substituer aux responsabilités de l'Etat ", s'impatientait mercredi Jean-François Corty, de Médecins du Monde, qui a ouvert une clinique mobile sur le camp. " J'attends de pouvoir retirer mes équipes de ce bidonville où l'on fait de la médecine d'urgence qui ne devrait pas exister en France. " " C'est le moment d'innover et d'ouvrir une voie d'immigration légale entre la France et l'Angleterre, à travers un bureau d'asile commun ", invite Pierre Henry. Le règlement Dublin III, qui fixe les règles d'asile en Europe, permet à la Grande-Bretagne d'étudier directement des demandes de migrants présents en France en raison de leurs liens culturels et familiaux avec le pays. " L'an dernier, l'Angleterre a refusé les dix dossiers de ce type présentés par la France, regrette M. Henry. Il faut sortir des petits calculs comptables et proposer une réponse d'ampleur européenne. " C'est aussi ce qu'a rappelé ces derniers mois la Commission européenne en proposant d'instaurer des quotas d'accueil. Mais les Etats ont préféré un système de répartition volontaire, qui a déjà montré ses limites. La Commission envisage toutefois toujours de présenter " d'ici la fin de l'année " une proposition législative pour une répartition contraignante. Mais jeudi, le commissaire aux migrations Dimitris Avramopoulos n'a pas été convié à la rencontre franco-britannique, en dépit de sa disponibilité. Julia Pascual (à Calais), avec éric Albert (à Londres), et Christophe Garach, (à Bruxelles) Migrants : Europe, réveille-toi ! Le Monde; Paris [Paris]24 Aug 2015. La chancelière Merkel et le président Hollande ont été bien inspirés d'ajouter la question des réfugiés à celle de l'Ukraine au menu de leurs entretiens, lundi 24 août à Berlin. Il n'est pas aujourd'hui de crise plus pressante, plus dramatique ni plus lourde de menaces pour la stabilité de l'Europe que celle qui se déroule à nos frontières depuis près de deux ans. Sous nos yeux, mais sans que nous ayons voulu voir qu'elle s'aggravait de mois en mois.
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Angela Merkel et François Hollande ne vont pas, bien sûr, résoudre cette crise à eux deux, pas plus que les quelques mesures annoncées par les ministres de l'intérieur britannique et français, le 20 août, n'apportent une solution à la " jungle " de Calais. Mais ils peuvent, et doivent, ensemble, lancer enfin l'appel à la mobilisation générale dont l'Union européenne a cruellement besoin pour comprendre qu'il faut d'urgence changer de paradigme sur ce dossier. Débordées, l'Italie puis la Grèce crient au secours depuis longtemps - en vain. A Bruxelles, la Commission européenne prêche dans le désert. Tardivement mais clairement, l'Allemagne a, ces derniers jours, pris la mesure des choses et le fait savoir. Mme Merkel a évoqué une crise potentiellement bien plus grave pour l'UE que celles de l'euro ou de la dette grecque. Son ministre de l'intérieur, Thomas de Maizière, a annoncé le chiffre record de 800 000 demandeurs d'asile cette année pour son pays, quatre fois plus que l'an dernier. L'Allemagne, a-t-il dit, va s'organiser en conséquence, mais il faut impérativement " des solutions européennes " . Dimanche, le vice-chancelier Sigmar Gabriel et le ministre des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, deux figures importantes du Parti social-démocrate, ont appelé à une répartition plus équitable des réfugiés entre Etats membres de l'UE et plaidé pour la création d'un " code d'asile européen ". Berlin tire le signal d'alarme et propose des pistes. Paris n'en est encore qu'à constater, comme l'a fait Laurent Fabius, le ministre des affaires étrangères, dans un entretien publié par Le Journal du dimanche, qu'il s'agit d'une " crise considérable et qui va durer " - doux euphémisme. Londres fait mine de ne pas voir plus loin que le bout de l'Eurotunnel. Sans rougir, les pays d'Europe centrale ont adopté, eux, l'attitude proprement honteuse de commencer par refuser d'accueillir des réfugiés, puis de n'accepter que des chrétiens. Ces réactions sont indignes de l'Europe, de son histoire et de son identité. Elles sont aussi dangereuses, comme le souligne le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni, dans les colonnes du Messaggero : le risque de la poursuite du chacun-pour-soi est l'effondrement des accords de Schengen, qui garantit la libre circulation des personnes au sein de l'espace constitué par les vingt-six pays signataires. L'un des piliers de la construction européenne pourrait ainsi se trouver en péril ; la crise des migrants, résume M. Gentiloni, peut amener l'Europe " à redécouvrir son âme ou à la perdre pour de bon " . Le moment est venu de répondre aux appels de Rome, de Bruxelles et de Berlin. La crise des migrants, avec ses deux composantes, celle des réfugiés politiques, qui doivent être accueillis dignement dans toute l'UE, et celle des migrants économiques, qui doivent être dissuadés d'entrer illégalement, est un défi de nature à transformer l'Europe. Humainement et politiquement, ne pas le relever serait désastreux. Migrants : l'Europe cherche encore la réponse Le Monde; Paris [Paris]25 Aug 2015. La réunion, lundi 24 août à Berlin, entre la chancelière allemande, Angela Merkel, et François Hollande avait pour but d'envoyer un signal fort au reste des pays de l'Union : la crise des migrants est " exceptionnelle et elle va durer ", pour reprendre les mots du président français, et elle est l'affaire de tous les pays européens. Tous doivent prendre leur part de responsabilité, si possible le plus vite possible. Le but était aussi, lundi, pour le couple franco-allemand, de prendre le relais politique de la Commission européenne, après qu'elle a présenté un " plan d'action " ambitieux pour répondre
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au défi des migrants, en mai, en proposant notamment de relocaliser les demandeurs d'asile partout dans l'Union, à l'aide de quotas, pour un total de 40 000 en deux ans. L'initiative était courageuse, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, l'a défendue avec pugnacité, mais elle a accouché d'une souris, notamment lors du Conseil européen du 25 juin, quand les pays de l'UE ont refusé les quotas obligatoires et exigé de participer sur une base volontaire. Au final, fin juillet, ils n'ont pu aligner qu'un total de 32 256 places pour les demandeurs d'asile, avec plus de la moitié de l'effort assumé par l'Allemagne et la France... Une goutte d'eau au vu des chiffres du seul mois de juillet (plus de 100 000 arrivées de migrants en un seul mois). Surtout, avec son système de quotas, la Commission a violemment braqué nombre de pays européens, ceux qui, comme l'Espagne, estimaient avoir déjà fait beaucoup d'efforts, d'autres, essentiellement dans le nord et l'est de l'Europe (Pologne, pays baltes), se sont montrés très réfractaires à l'idée même d'accueillir des migrants sur leur sol. Enjeu majeur Afficher sa détermination sur un sujet aussi sensible, qu'elle qualifie de " prochain grand projet européen ", est un enjeu majeur pour la chancelière Angela -Merkel. L'Allemagne est désormais la première destination des migrants. En 2015, 800 000 personnes devraient y déposer une demande d'asile, quatre fois plus qu'en 2014, qui était déjà une année record. Parmi les principales propositions du couple franco-allemand, lundi soir, figure l'accélération de la mise en place des centres d'accueil d'urgence, en Italie et en Grèce, des " hotspots ", dans le jargon bruxellois, destinés à enregistrer les migrants, à leur fournir une aide humanitaire et à faire un premier tri entre les candidats au droit d'asile. Ces centres doivent voir le jour dès " cette année ", a dit la chancelière lundi. Paris et Berlin réclament aussi un système unifié du droit d'asile, et une liste de pays " sûrs ", ceux dont les ressortissants se verraient automatiquement refuser un droit d'asile dans l'UE. Cette liste doit être " la même " dans toute l'Union, a réclamé le président Hollande, alors que plusieurs pays dressent leur propre liste... L'Allemagne tient notamment à ce que les Balkans soient considérés comme des " pays sûrs " : 40 % des demandeurs d'asile dans le pays sont actuellement originaires de cette zone. L'Union européenne devrait aussi davantage aider les pays qui, comme la Turquie, le Liban ou la Jordanie, accueillent de très nombreux réfugiés, pour que ceux-ci ne soient pas tentés, dans un second temps, de venir en Europe. Et inciter les pays africains à accepter une politique de retour plus efficace. " Tout est lié ", dit-on à l'Elysée, " il faut envoyer un signal politique très fort qu'il faut prendre des mesures très vite et se préparer à aller plus loin, avec une vraie réponse européenne ", souligne-t-on encore. Ces propositions des deux capitales reprennent dans leurs grandes lignes celles de la Commission. Pourtant, personne de l'institution communautaire n'avait été convié à Berlin, lundi. Aucun responsable européen n'avait non plus été invité à Calais pour signer l'accord franco-britannique sur les migrants, le 20 août... Ces oublis ont été moyennement appréciés à Bruxelles. Où l'on a notamment pris la mouche, après les critiques appuyées du ministre allemand de l'intérieur, -Thomas de Maizière, pointant ses " lenteurs ". " Nous avons travaillé
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jour et nuit ces derniers mois, et fait des propositions législatives concrètes ", avait répliqué AnnikaBreidthardt, une porte-parole de la Commission, vendredi 21 août. Ces reproches énervent d'autant plus que l'attitude du couple franco-allemand a pu être jugée ambiguë : au printemps, les deux moteurs de l'Union n'avaient pas soutenu le principe des quotas obligatoires après avoir poussé la Commission à en faire la proposition. Jean-Claude Juncker a quand même tenu à rester présent dans le débat, lundi, faisant paraître simultanément une tribune dans Die Welt et Le -Figaro. " Ce dont nous avons besoin et dont nous manquons tristement, c'est de courage collectif ", y déplore-t-il. " Plus de solidarité " Joint par Le Monde lundi, Dimitris Avramopoulos, le commissaire grec à la migration, s'est lui aussi employé à défendre l'action de la Commission. " Une majorité de citoyens considère l'approche européenne comme la seule solution pour avancer. C'est d'ailleurs la priorité du président Juncker, qui a créé pour la première fois un poste de commissaire aux migrations, a-t-il précisé. Mais nous avons maintenant besoin de l'engagement plein et entier des Etats membres. - ... - Ces derniers mois, certains pays ne semblaient pas partager ce point de vue, mais nous devons adopter des politiques plus courageuses et montrer plus de solidarité et de responsabilité sur le terrain. " M. Avramopoulos reconnaît cependant que la mise en place des " hotspots " en Italie et en Grèce prend du retard. " En Grèce, c'est en train de se finaliser, soutient-il. Cette semaine, mardi et mercredi, la Commission organise une réunion avec les autorités grecques pour la mise en oeuvre d'un "hotspot " au Pirée. Je reconnais que cela a pris plus de temps que prévu, mais j'exerce toute la pression possible sur les autorités grecques - ... - sachant que nous devons aussi prendre en compte l'incertitude politique actuelle - le premier ministre Alexis Tsipras a démissionné le 20 août - . " Et sur les quotas, la proposition initiale de M. Juncker ? " Le problème - de la répartition volontaire des migrants - est qu'il nous manque 7 700 places qui n'ont toujours pas été réparties. J'ai peur que pour des raisons internes des gouvernements aient été soumis à des pressions populistes afin d'éviter de futures défaites électorales ", craint M. Avramopoulos, qui ajoute : " C'est la raison pour laquelle nous allons proposer un mécanisme permanent - de répartition des migrants - d'ici à la fin de l'année. " Une proposition qu'à Berlin, Angela Merkel et François Hollande se sont cependant bien gardés de reprendre ouvertement à leur compte, réclamant seulement " une répartition équitable " des migrants entre les pays. Cécile Ducourtieux, Christophe Garach, et Frédéric Lemaître De l'immigré au migrant, attention aux mythes Le Monde; Paris [Paris]26 Aug 2015. La figure de l'" immigré " a aujourd'hui cédé la place à celle du " migrant " dans le discours médiatique. Est-ce une simple question de vocabulaire ? Une évolution lexicale dans l'air du temps ou une nouvelle stratégie linguistique pour éviter les mots dynamités qui invoquent le spectre des extrémismes ? Une histoire de conjuration ? A moins que ce ne soit le reflet d'une mutation plus profonde. Alors que l'immigration reste un enjeu de politique intérieure, les questions migratoires qui ébranlent l'Europe sur ses frontières exposent les Etats à des difficultés diplomatiques.
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En brandissant l'immigration comme le mal endémique des sociétés industrialisées ou comme le tribut à payer à la colonisation, les discours politiques ont construit l'identité sociologique de l'immigré. Qu'est-ce qui permet de repérer l'altérité de l'immigré ? Son accent, sa couleur, qui attestent qu'il est originaire des anciennes colonies. Cependant l'école de la République nivelle les disparités et les descendants d'immigrés ont porté leur histoire sans en faire un signe distinctif. L'immigré n'a pas vocation à le rester et vit sa condition comme temporaire ou clandestine. Des étrangers de l'intérieur Il est pourtant stigmatisé, et les sociétés européennes ont créé un stéréotype qui passe par le paraître. La peau est le premier signe d'une altérité venue d'ailleurs, une frontière mentale. L'immigration n'est pourtant pas une origine, elle est une transition dans l'histoire des peuples. L'immigré enterre son bagage et entretient une histoire diasporique mythifiée, loin du territoire d'origine qui est le plus souvent une terre sans retour. En voulant circonscrire l'immigration, tout en en faisant un sujet d'affrontement politique surfant sur la peur de l'autre, les politiques ont inventé un enclos imaginaire et présenté l'immigration comme une hydre souterraine, un ténia pernicieux qui affamerait la société de l'intérieur. La construction des quartiers dits d'immigration dans les grandes villes aurait empêché toute résorption de cette tumeur enkystée. On retrouve cette représentation fantasmagorique dans le cinéma des années 1980 avec Marche à l'ombre, de Michel Blanc (1984), ou Black mic-mac, de Thomas Gilou (1986), et le mythe du squat africain où l'on vit comme au village. En se découvrant terre d'immigration au lendemain du choc pétrolier, la France découvrait la génération des descendants d'immigrés qui s'étaient construits, vingt ans après la guerre d'Algérie et la décolonisation, une nouvelle histoire nationale faite de mélange, de métissage et de solidarité. Mais " immigré " n'est pas une condition qui se transmet dans les gènes. Voir dans l'immigré un " autre " culturel, religieux et racial parallèle au " nous national " a entretenu une segmentation de la société française et encouragé à penser que l'immigration avait installé en France des étrangers de l'intérieur. Immigrés de première, deuxième et troisième génération, la formule des années 1990 a laissé place à la notion de diversité. Mais associer immigration et diversité à l'école, dans les médias et dans le monde du spectacle entretient encore un malentendu qui enferme l'autre dans sa peau et son identité migratoire d'assignation. En développant un concept de diversité qui serait corollaire de l'immigration, on entretient l'idée qu'il y aurait une norme française blanche, ceux qui font cette fameuse diversité à la télévision ou au théâtre n'étant pas blancs. Avec l'abolition des frontières en Europe et le village planétaire de la galaxie Internet, on est passé à une autre immigration, celle des papillons de nuit vers la lumière. Au-delà d'un artifice de vocabulaire, les immigrés sont devenus des migrants, car la question migratoire s'est muée en une poussée d'une tout autre ampleur. On n'est plus dans l'héritage post-colonial, mais dans des migrations de survie pour fuir la nuit, celle des guerres et de la pauvreté : le vol ébloui de ces papillons prêts à se brûler les ailes n'a plus rien à voir avec le projet laborieux du travailleur immigré du siècle dernier.
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Bruissements assourdissants aux portes de l'Europe, les images des camps de transit où s'entassent des milliers de migrants qui ont bravé la mort ne peuvent laisser indifférentes : violence, promiscuité, trafic humain, confrontation avec les forces de l'ordre... A l'heure des voyages virtuels, les migrants nous ramènent à la grande aventure qui portait les navigateurs intrépides et les pionniers pour aller tenter leur chance coûte que coûte, au-delà des frontières. Les personnes échouées à Lampedusa, agglutinées à Calais ou arc-boutées à Skopje, sont définies comme des migrants et voir en eux des peuples de transhumance, d'errance sans racine. Le migrant est de passage, l'immigré est destiné à s'implanter. Evoquer des migrants permet de se focaliser sur le mouvement, le voyage, la traversée, et non sur le territoire d'accueil, et d'escamoter les questions de peuplement. Si l'immigré et ses enfants restent contraints d'habiter la frontière de leur peau et une identité d'assignation qui continue à les exclure de l'identité nationale, le migrant reste collé à la vitre, celle des frontières invisibles que l'Europe a inventées. La corne d'abondance médiatique qu'est Internet fait briller une lumière aussi attractive qu'aveuglante, que l'on appelle l'espoir de salut. Comment entretenir un rayonnement d'ouverture comme le fait l'Europe au nom de l'économie de marché, sans voir fondre sur elle une nuée de papillons déboussolés qui veulent sortir de la nuit. La preuve que l'immigration n'est pas conjoncturelle et endiguable comme veulent le faire croire les politiques, les mouvements migratoires sont des phénomènes ontologiques inscrits dans la mémoire des peuples et participent à leur renouvellement et à leur vitalité. De l'immigré au migrant, les frontières que dressent les pays européens pour les circonscrire restent mentales et invisibles. Par Sylvie Chalaye Migrants : le silence gêné des politiques Le Monde; Paris [Paris]26 Aug 2015. De Calais à Kos, ce fut le drame de l'été. Des vagues ininterrompues de réfugiés cherchant asile dans l'Union européenne, puis tentant d'y circuler. A chaque jour, son lot de naufrages, ses scènes de désarroi. Et pourtant, jusqu'à ce lundi 24 août à Berlin où, aux côtés d'Angela Merkel, François Hollande a plaidé pour une réponse " unifiée de l'Europe " , quel silence ! Le président et la chancelière ont notamment prôné " un système unifié de droit d'asile " et " une politique migratoire commune ", mais il aura fallu pour cela que la dirigeante allemande s'empare du sujet et que Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, tente de réveiller les consciences en appelant, dans une tribune au Figaro, à lutter contre les peurs et à défendre les valeurs humanistes de l'Europe. " Humanité et fermeté " , répond en écho l'exécutif français. La formule, synthétique en diable, peine à camoufler le délicat exercice d'équilibrisme auquel s'astreignent les dirigeants français : actifs sur le plan international, infiniment plus mesurés sur le terrain national, où les risques politiques sont élevés. Mardi, en ouvrant la conférence des ambassadeurs, M. Hollande est revenu sur le sujet, en évoquant des " tensions éminemment dangereuses pour les principes qui fondent l'Europe " .
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C'est un euphémisme : le président a confié à ses proches avoir été marqué par l'échec du Conseil européen du 25 juin, " le plus dur " de tous, selon lui. Le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement avait refusé le principe des quotas, mis en échec le projet de la Commission d'atteindre 40 000 places d'accueil pour les demandeurs d'asile et souligné la force des égoïsmes nationaux. " On agit beaucoup sur la scène internationale, car c'est là que cela se joue ", renchérit l'équipe du ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve. Certes, mais au plan national, le malaise est palpable : au pays des droits de l'homme, la gauche humanitaire est en berne. " On essaie de tenir un discours compliqué entre humanité et fermeté, solidarité et légalité ,reconnaît un conseiller. En substance : hors de question de laisser tomber les gens éligibles au droit d'asile, mais les gens qui ne sont pas éligibles doivent être renvoyés. C'est peu intelligible. " Plus explicite, un ministre soupire : " On ne nomme pas les problèmes, on parle de migrants alors que la plupart sont des réfugiés. Il y a quarante ans, à l'époque du drame des boat people, la gauche n'aurait jamais parlé ainsi. Cette peur dans les mots témoigne d'une victoire de l'extrême droite sur le sujet. " " Principes clairs de fermeté " Au PS, l'été s'est déroulé dans un silence éloquent : pas de réunion extraordinaire du bureau national, nulle pétition face au drame humanitaire, rien de majeur prévu à l'agenda de l'université d'été, du 28 au 30 août à La Rochelle. " Si Jaurès avait été là, il n'aurait pas accepté qu'une cause humaine comme celle-là ne concerne pas le Parti socialiste ", avait pourtant lancé, il y a quelques mois, l'historien Alain Bergounioux, au cours d'une réunion du secrétariat national, où il est chargé des études politiques. Vendredi 21 août, ce dernier est revenu à la charge lors d'une rencontre à l'Elysée avec François Hollande. Face au président, M. Bergounioux a insisté sur l'aspect humain du drame. " Si on l'oublie, qui sommes-nous ? " , l'a-t-il interrogé, en plaidant pour " un combat sur les valeurs " et une forte implication de la France sur la scène européenne. Le président a acquiescé, sans pour autant assouplir sa ligne. " Comme sur la sécurité, l'exécutif a des principes extrêmement clairs et nets de fermeté " , martèle l'Elysée. En clair, mieux vaut subir une attaque en excès de zèle répressif plutôt qu'un procès en angélisme. Et tant pis si Christian Paul, chef de file des " frondeurs " socialistes, promet de hausser le ton jeudi, à la veille de l'ouverture de l'université d'été de La Rochelle. Du côté des écologistes, on s'indigne, mais mollement. A l'ouverture de leurs journées d'été, jeudi 20 août, à Villeneuve-d'Ascq (Nord), Alpha, un migrant mauritanien installé dans la new jungle de Calais a, pendant une dizaine de minutes, raconté son quotidien devant un public attentif. Mais les organisateurs, qui avaient un temps songé à faire de la question des migrations le thème de la plénière d'ouverture, ont finalement choisi un autre sujet : la santé environnementale. Par la suite, quelques voix discordantes ont rompu l'unanimisme ambiant. Alors qu'Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, estime que les migrants " sont des réfugiés qui quittent des conflits armés et doivent être accueillis " , le député François de Rugy, juge la thèse simpliste. " L'approche morale ne fait pas une politique . Il faudra assumer des mesures contraignantes " et " entendre les inquiétudes des Français sans pour autant alimenter le FN. " A moins de quatre mois des élections régionales, le Front national pèse de tout son poids sur le débat. " Marine Le Pen n'a pas besoin d'en dire beaucoup, le carburant est là ", souligne Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l'IFOP. Alors que le chômage frappe 10 % de la population active et que la France vit sous menace terroriste, " deux tiers des
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Français sont opposés à l'accueil des migrants ", souligne le politologue en se basant sur une étude réalisée en avril. A titre de comparaison, ils n'étaient qu'une minorité - 46 % - à s'opposer à l'accueil des réfugiés kosovars, en avril 1999. Les temps ont changé. L'heure n'est pas à la mansuétude. Mais elle n'est pas non plus au simplisme : " Les Français se rendent très bien compte qu'il n'y a pas de solutions simplistes ", ajoute M. Fourquet, qui note qu'entre avril et juin le nombre des partisans d'un renforcement des contrôles aux frontières a chuté de plus de dix points (de 47 % à 36 %), alors même que la crise migratoire s'intensifiait. " Le sujet est compliqué, la solution ne peut être qu'européenne ", reconnaît Brice Hortefeux, l'ancien ministre de l'intérieur de Nicolas Sarkozy, qui prône la fermeté, mais évite de jeter de l'huile sur le feu. Cet été, alors que l'agence européenne Frontex recensait plus de 100 000 migrants aux frontières de l'Union européenne pour le seul mois de juillet, il n'y a pas eu de réunion d'urgence chez Les Républicains pour arrêter une position commune. La droite entre modération et dureté Après Nicolas Sarkozy qui, en juin, avait comparé l'afflux de migrants en Europe à une fuite d'eau, ce qui avait été critiqué à la fois par MM. Hollande et Valls, seul Xavier Bertrand a rompu le silence, début août, en accusant les Britanniques, dans Le Journal du dimanche, d'être responsables des tensions à Calais. " Je ne lâcherai pas ce sujet, car je veux en faire un symbole de la capacité d'influence d'un président de région ", affirme le député de l'Aisne, candidat aux régionales dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. A l'autre bout de la France, c'est en tant que président du conseil départemental des Alpes-Maritimes qu'Eric Ciotti ne cesse, lui aussi, de durcir le ton face aux tensions perceptibles à la frontière franco-italienne, entre Menton et Vintimille. Foin de l'humanitaire, le député, qui a publié au printemps un livre intitulé Autorité (Ed. du Moment, 263 p., 17,95 [euro]), veut tout bonnement " empêcher les migrants d'arriver en Europe " . Dans ces deux régions frontalières, la forte concurrence du FN incite les représentants du parti sarkozyste à faire de l'immigration le sujet majeur. " Le pire serait de ne pas traiter le problème au motif que le FN en parle. C'est à nous de le régler ", argue M. Ciotti. Mais, au niveau national, une gêne demeure. Le parti reste divisé entre les durs, nettement majoritaires, et les modérés qui, comme Jean-Pierre Raffarin, proposent des mesures d'intégration. En outre, le bilan du précédent quinquennat pèse : Calais, la Libye... Nicolas Sarkozy a déjà mis à l'épreuve son volontarisme, ce qui rend difficilement inaudibles ses appels d'aujourd'hui en faveur d'un " Schengen 2 ". " Sur ce sujet éminemment complexe, on touche aux limites de la régulation publique ", souligne Jérôme Fourquet. Françoise Fressoz (avec Raphaëlle Besse Desmoulières, Alexandre Lemarié, et David Revault d'Allonnes) Migrants : des mineurs isolés en quête d'une vie meilleure Le Monde; Paris [Paris]31 Aug 2015. Manuel Valls devait se rendre, lundi 31 août, à Calais. Après son discours à La Rochelle, il devrait évoquer à nouveau la question des migrants. En France, 9 000 d'entre eux seraient des mineurs isolés. Reportage dans le Pas-de-Calais, où des associations tentent de les prendre en charge. Ces jeunes parfois âgés de moins de 16 ans sont tiraillés entre deux rêves : poursuivre des études et travailler très vite. La Belgique est également confrontée à une explosion du
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nombre de candidats à l'asile, et les migrants sont également devenus un enjeu politique. Laurent Fabius, lui, critique le mur érigé par la Hongrie, pays qui " ne respecte pas les valeurs communes de l'Europe ". M. Valls à Calais sur fond de crise européenne des migrants Le Monde; Paris [Paris]31 Aug 2015. C'est la première fois que le premier ministre se déplace à Calais (Pas-de-Calais). Lundi 31 août, Manuel Valls devait se rendre dans cette ville devenue l'un des symboles de la crise migratoire inédite en Europe. Le chef du gouvernement devait être accompagné du premier vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, du commissaire européen aux migrations, Dimitris Avramopoulos, ainsi que du ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, et du secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Harlem Désir. Cette visite intervient alors que l'Union européenne échoue à adopter une position commune et que la tension monte entre ses Etats membres. Dimanche 30 août, le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a ainsi condamné l'érection d'un mur par la Hongrie à l'endroit de sa frontière avec la Serbie : " L'Europe a des valeurs et on ne respecte pas ces valeurs en posant des grillages ". M. Fabius a aussi jugé " scandaleux " qu'un certain nombre de pays de l'Est " n'acceptent pas - les - contingents " alors que l'Europe plaide en vain et depuis plusieurs mois pour un mécanisme de répartition obligatoire des réfugiés. La visite de MM. Valls et Timmermans doit permettre de détailler l'aide européenne qui financera, outre des mesures de sécurité empêchant le passage vers l'Angleterre, l'aménagement de la zone industrielle des Dunes, où les migrants sont regroupés dans des conditions insalubres, ainsi que des places d'hébergement d'urgence pour les demandeurs d'asile. Dimanche, M. Cazeneuve et ses homologues allemand et britannique, Thomas de Maizière et Theresa May, avaient publié un communiqué commun dans lequel ils demandaient l'organisation, " dans les deux prochaines semaines " , d'une réunion des ministres de la justice et de l'intérieur européens. Le Luxembourg, qui assure la présidence tournante de l'Union européenne, a annoncé dans la soirée l'organisation d'une telle réunion le 14 septembre. " Système unifié d'asile " Les trois ministres ont rappelé " l'urgence de mettre en place, et au plus tard avant la fin de l'année ", en Grèce et en Italie, des " hot spots ", c'est-à-dire des centres de tri destinés à distinguer les personnes pouvant relever du statut de réfugié et migrants économiques destinés à être renvoyés dans leur pays d'origine. Dimanche, dans son discours de clôture de l'université d'été du PS, à La Rochelle, M. Valls martelait : " D'abord, il faut converger vers un système unifié d'asile. Ensuite, il faut renforcer les politiques de retour. Aider, enfin, les pays limitrophes à faire face et réfléchir au déploiement de gardes-frontières européens. " Le premier ministre souhaite allier une double exigence d'" humanité " face à ceux qui " fuient la guerre, les persécutions, la torture, les oppressions " , et de " fermeté " face aux migrants économiques illégaux. Le 20 août, lors d'un déplacement à Calais, Bernard Cazeneuve avait estimé que ces derniers représentent entre " 60 % et 65 % des migrants qui franchissent les frontières de l'Union européenne ".
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J. Pa. A Calais, l'escale décisive des mineurs isolés Le Monde; Paris [Paris]31 Aug 2015. A Calais, ils sont relégués dans un bidonville jugé indigne d'un pays comme la France. Quarante kilomètres plus loin, à Saint-Omer, " ils ont un succès fou ", commente une éducatrice de France Terre d'asile (FTA), en voyant passer un jeune, main dans la main avec celle qui semble être sa petite amie. Il y a quelque temps encore, il était un de ces nombreux mineurs isolés étrangers qui transitent par le Pas-de-Calais, à la recherche d'un passage vers l'Angleterre. Aujourd'hui, il habite un appartement et mène sa vie dans cette commune agricole de 15 000 habitants aux façades claires bâties dans l'argile locale. Le département est l'un des plus concernés par la présence de mineurs isolés étrangers, dont le nombre total est estimé par le ministère de la justice à 9 000 en France. Ils ne sont pas expulsables et la loi prévoit que l'aide sociale à l'enfance les prenne en charge, de leur hébergement à leur scolarisation. Mais, dans le seul bidonville de la zone des dunes, à Calais, on parle de " 200 à 300 " mineurs isolés. La plupart sont en quête d'ailleurs, comme les autres migrants. Ils ne souhaitent pas forcément rester en France. Dans les deux structures d'accueil dont FTA dispose, à Arras et à Saint-Omer, " nous avons mis à l'abri 1 400 mineurs en 2014, relate Pierre Henry, le directeur général de FTA. Malgré notre proposition de prise en charge, 88 % sont repartis. Il est très difficile de faire cesser le voyage " . Au Foyer du jeune réfugié de Saint-Omer, Eric (les prénoms ont été changés) fait partie de ceux qui ont toujours eu la France en ligne de mire. Enfoncé dans un canapé, le jeune Camerounais rêvasse devant un grand écran qui diffuse des clips de musique. Il est arrivé ici il y a deux ans et trois mois, après une traversée solitaire du Niger, de l'Algérie, du Maroc, de l'Espagne et de la France. Bénéficiaire d'une ordonnance de placement provisoire délivrée par le juge pour enfants, il a aujourd'hui pris racine : " J'ai un CAP en carrosserie. Je vais rentrer en bac pro en septembre, et j'espère décrocher un contrat d'apprentissage chez Renault " , ambitionne celui qui sera majeur dans deux mois. Mathilde Moutiez, conseillère en insertion professionnelle auprès de ces jeunes, remarque : " Ce sont des élèves modèles, ils sont très motivés. Comme ils sont en immersion totale, ils apprennent vite. " Elle les aide à préparer leur autonomie, les oriente vers des secteurs comme " le bâtiment, la restauration, l'alimentation, le maraîchage, la mécanique, la carrosserie " . Isha en est encore loin. Ce Bangladais de 16 ans vient de franchir la porte du foyer. Un peu plus tôt dans la journée, " le passeur m'a dit de descendre du train et d'aller toquer à la porte d'une maison au hasard " , explique-t-il, déboussolé. La police l'a déposé au foyer. " Si on m'aide, j'étudierai au collège et à l'université. Et je travaillerai pour ce pays " , répète-t-il comme s'il avait appris son texte. Isha raconte qu'il est fils unique et que son père a vendu des terres pour financer son voyage. Il pleure en évoquant sa mère. Quelques instants plus tard, il est attablé avec une quinzaine d'autres jeunes et partage un déjeuner. Avec quelques gestes, il essaie de se faire comprendre. Il arrive plus souvent que les mineurs soient repérés lors de maraudes, comme ce fut le cas de Reza, un Afghan de 16 ans aux yeux clairs et à l'acné juvénile. Arrivé en France il y a deux mois, il a vécu " quelques jours " dans la " nouvelle jungle " jusqu'à ce que des intervenants de FTA lui proposent de les suivre à Saint-Omer.
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Ce jour-là, justement, Lhassan Bouiyusa et Abdul Ali Abuzar reprennent la route direction Calais. Le premier est arabophone et le second parle farsi. Dans la grosse fourgonnette de l'association, ils ont embarqué quatre Soudanais - la plupart originaires du Darfour - qu'ils ramènent au bidonville. " Ils sont restés une nuit, explique Lhassan Bouiyusa. Ils ont lavé leurs vêtements et repartent pour essayer de passer. " A Calais, dans le campement, les deux travailleurs sociaux tentent d'établir le contact avec les jeunes. Parfois, ils doivent donner des gages aux adultes qui les accompagnent - des membres éloignés de leur famille, de leur communauté, des passeurs ? " On leur a garanti qu'on les ramènerait, qu'on ne travaille pas avec la police et qu'on ne prendrait pas leurs empreintes ", explique Abdul Ali. Sept jeunes rentreront dormir à Saint-Omer ce soir-là, dans le foyer qui dispose de trente places d'accueil d'urgence réparties dans plusieurs petits dortoirs d'une maison de ville. La vie prend forme Pour ceux qui voudront se " stabiliser ", FTA dispose de trente-huit places dans des appartements. " Au départ, ils vont dans un appartement témoin de six places. On regarde si le jeune sait se faire à manger, s'il ne laisse pas couler l'eau ou la lumière allumée " , explique Amandine Andrieux, responsable de l'accueil de jour. Des intervenants passent tous les soirs vérifier le respect du couvre-feu, remettre l'allocation repas hebdomadaire de 50 euros, relever les justificatifs de courses... ou partager un repas. Ce soir-là, Dorothée Boullet prend un jeune en aparté. Il vient d'apprendre qu'il avait une hépatite B. Un autre doit passer un test pour la tuberculose. Reza, le jeune Afghan aux yeux bleus, est en train de cuisiner du poulet pour ses colocataires, un autre Afghan, un Tchadien, un Malien et deux Guinéens. Dans cet appartement ou dans la plupart des autres, la déco est sommaire. Mais la vie prend forme, petit à petit. Jusqu'à ce que ces jeunes soient tout à fait autonomes. Et qu'ils flânent dans les rues de Saint-Omer, au bras de leur copine. Julia Pascual Merkel met en garde l'Europe sur les réfugiés Le Monde; Paris [Paris]01 Sep 2015. C'est une mise en garde sans précédent que la chancelière allemande a lancé lundi 31 août pour tenter de forger enfin un front commun européen sur l'immigration. Angela Merkel en a appelé aux valeurs européennes afin d'inciter ses partenaires à faire preuve de solidarité face à l'afflux de réfugiés venus des pays en guerre ou en crise : " Les droits civils universels étaient jusqu'ici étroitement associés à l'Europe et à son histoire. Si elle échoue sur la question des réfugiés, ce lien étroit se briserait et ce ne serait plus l'Europe telle que nous nous la représentons. " Face aux divisions suscitées par l'arrivée de plus en plus massive de migrants, la chancelière a envoyé une mise en garde très nette : " Si nous ne réussissons pas à répartir de manière juste les réfugiés, il est évident que la question de l'espace Schengen - liberté de circulation dans l'Union - sera à l'ordre du jour pour beaucoup ", a-t-elle prévenu, appelant chacun à prendre ses responsabilités. " Je ne veux pas sortir maintenant tous les instruments de torture. Nous voulons trouver une solution en bons camarades. " Au passage, la chef du gouvernement
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allemand a aussi cherché à rassurer une opinion publique inquiète : " L'Allemagne est un pays fort ", qui doit être en mesure d'accueillir ces demandeurs. Elle a une nouvelle fois dénoncé sans ambiguïté l'extrême droite : " Aucune tolérance à l'égard de ceux qui remettent en cause la dignité d'autres hommes. " Cependant, l'Union européenne (UE) semble encore très loin d'un consensus sur les réponses à la crise des migrants, alors que désormais ces derniers, hommes, femmes et enfants, franchissent ses frontières, à raison de plusieurs milliers par jours, fuyant des zones de conflits (Syrie, Irak, Afghanistan...) ou des régions en crise (Kosovo, Albanie...). Berlin et Paris sont à nouveau montés au créneau ces derniers jours, réclamant avec Londres, une réunion extraordinaire des ministres européens de la justice et des affaires intérieures, qu'ils ont obtenue. Elle se tiendra le 14 septembre. L'Allemagne, ces dernières semaines, a pris le leadership politique et moral dans cette crise, multipliant ses capacités d'accueil (avec un financement de 500 millions d'euros supplémentaires cette année), ou refusant de renvoyer les Syriens arrivés sur son sol vers leur pays d'entrée dans l'UE (Italie, Grèce), contrairement à ce que leur permet le règlement de " Dublin III ", régissant la répartition des demandes d'asile en Europe. Mais en contrepartie, Berlin réclame plus de solidarité de ses partenaires. L'enjeu est énorme : le pays devrait accueillir 800 000 demandeurs d'asile cette année, ce qui en fait de très loin la première destination européenne des migrants. Le fait que d'autres pays semblent avoir " ouvert les vannes " (Grèce et Hongrie surtout), laissant l'essentiel des migrants arrivant sur leur sol emprunter la nouvelle " route des Balkans " vers l'Allemagne et le Nord de l'Europe, contribue à ces arrivées massives. En France, le gouvernement, jusqu'à présent moins explicite sur ce sujet, est sorti de sa réserve. Dimanche 30 août, Manuel Valls avait appelé à la solidarité avec " ceux qui fuient la guerre, les persécutions " et promis que chaque demande d'asile sera " rapidement " examinée. Lundi matin, le premier ministre s'est rendu à Calais, goulot d'étranglement des migrants sur la route vers le Royaume-Uni, où sont regroupées plus de 3 000 personnes dans un campement de fortune. Il y a annoncé le financement de 120 grandes tentes afin de mettre à l'abri 1 500 personnes, pour environ 25 millions d'euros (dont 5 millions de fonds européens). Un effort jugé très insuffisant par Véronique Devise, présidente du Secours catholique dans le Pas-de-Calais : " Nous sommes très déçus, cela nous interroge sur ce que fait la France alors que l'Allemagne met les moyens. " Critiques de Schengen Mais pour M. Valls, cette annonce vise à éviter tout appel d'air : " Venir à Calais, c'est se jeter dans une impasse " a t-il signifié. " 1 500 places pour 3 000 migrants, c'est tout le contraire d'une volonté d'attirer " a t-il ajouté, une façon de répondre aux propos tenus par Marine Le Pen qui l'accuse de " sacrifier Calais ". Paris et Berlin sont globalement sur la même ligne que la Commission dont ils ont repris l'agenda migratoire présenté en mai. " J'appelle les Européens à la mobilisation. Si nous échouons, ce sera la porte ouverte aux populismes. L'Europe ne doit pas perdre son âme ", a déclaré Frans Timmermans, vice-président de la Commission, qui était à Calais avec M. Valls, lundi. L'ex-ministre des affaires étrangères néerlandais a assuré que la Commission préparait sa " liste des pays sûrs " dans les prochaines semaines, autour du prochain conseil des ministres de l'intérieur, selon une source européenne. M. Timmermans a aussi confirmé
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que Bruxelles allait proposer, dans le courant de l'automne, un mécanisme de réallocation (de quotas) " permanent " des demandeurs d'asile dans l'UE, permettant de mieux répartir les flux de migrants. En mai, la Commission avait déjà proposé un tel dispositif, mais à titre provisoire, pour 40 000 migrants. Cependant, l'Europe est encore très divisée. Les Britanniques ne cessent de monter au créneau pour critiquer l'espace Schengen, pourtant considéré comme " non négociable " par la Commission européenne. Surtout, les pays d'Europe centrale refusent des quotas contraignants. Devenue ces derniers mois un des principaux pays d'entrée dans l'Union, la Hongrie de Viktor Orban a érigé un mur de barbelés de 175 km sur sa frontière avec la Serbie. Une attitude jugée " scandaleuse " par le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, dimanche. Budapest a de son côté vertement répondu à Berlin, lundi, lui reprochant d'avoir créé un appel d'air en refusant de renvoyer les Syriens vers leur premier pays d'accueil. Autre preuve de la désunion, l'annonce, lundi, d'une réunion vendredi 4 septembre à Prague, de la Pologne, de la République tchèque, de la Slovaquie et de la Hongrie qui veulent " définir une position commune en rejetant toute idée de quotas fixés par l'Union pour l'accueil des migrants " , a précisé Robert Fico, le premier ministre slovaque. " Si un mécanisme de répartition automatique des migrants est adopté, nous nous réveillerons un matin avec chez nous 100 000 personnes venues du monde arabe et je ne veux pas qu'un tel problème se pose à la Slovaquie " , a-t-il ajouté. Le nécessaire débat européen va-t-il tourner à la bataille rangée dans les semaines qui viennent ? Entre ceux qui veulent une solution rapide préservant les valeurs européennes, ceux qui ne se sentent pas concernés (les pays baltes) ou ceux qui subissent fortement la pression migratoire mais sont plutôt partisans de l'endiguement (la Hongrie) ? " Avec son mécanisme permanent pour les demandeurs d'asile, la Commission va à nouveau faire bondir les pays de l'Est ", prédit un diplomate européen. Cécile Ducourtieux, Frédéric Lemaître et Julia Pascual (Calais, envoyée spéciale) L'Europe peut faire plus pour protéger les réfugiés Le Monde; Paris [Paris]04 Sep 2015. Depuis de nombreuses années, les pays européens ont été avertis que leurs systèmes d'asile et d'immigration étaient inadaptés. Aujourd'hui, avec l'afflux croissant de réfugiés et les tragédies de plus en plus fréquentes, ce système révèle toutes ses faiblesses. Mais les arrivées de réfugiés ne sont pas la cause réelle de cet effondrement. La véritable raison en est politique. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, un peu plus de 430 000 demandes d'asile ont été déposées dans les Etats membres de l'Union européenne (UE) depuis janvier. 40 % d'entre elles ont été déposées en Allemagne, tandis que la Hongrie s'est chargée d'un quart des demandes restantes. Cela signifie que 26 pays de l'UE traitent à peine un peu plus de 180 000 demandes d'asile, un effort qui est loin d'être héroïque. Même en incluant les presque 300 000 personnes qui sont arrivées en Italie et en Grèce depuis janvier - pour la plupart des Syriens qui se verront octroyer l'asile -, nous sommes loin de connaître les véritables pressions migratoires exercées par les flux de réfugiés dans des pays
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beaucoup moins riches et moins stables comme le Pakistan, le Liban et l'Ethiopie, ou, beaucoup plus près de nous, la Turquie, qui héberge près de deux millions de réfugiés syriens. Malheureusement, beaucoup trop souvent, les responsables politiques ignorent les faits. A l'exception notable de l'Allemagne, dans la majorité des pays de l'UE, les responsables politiques se font concurrence pour renvoyer des images négatives à l'opinion publique. La France et le Royaume-Uni - dans ce dernier pays, les demandes d'asile sont restées stables ces dernières années - n'ont pas su trouver de meilleure réponse aux besoins des quelque 3 000 migrants à Calais que d'envoyer la police et d'allouer des fonds pour renforcer la surveillance. Vérité politique qui dérange Au Danemark - où les demandes d'asile n'ont pas beaucoup augmenté par rapport à 2014 -, le Parlement a approuvé mercredi dernier une réduction des aides aux réfugiés, avec la volonté déclarée de rendre le pays moins attractif pour ces derniers. En Pologne - où les demandes d'asile en 2014 ont chuté de 50 % par rapport à 2013 -, le président s'est prononcé contre la possibilité d'accueillir davantage de demandeurs d'asile, bien que le nombre de demandes d'asile soit également resté peu élevé au cours du premier semestre 2015. Face à une forte hausse des demandes d'asile et à une aide quasi inexistante des autres pays de l'UE, la Bulgarie et la Hongrie ont fait le mauvais choix de fermer leurs frontières. Cela n'est certainement pas la réponse adéquate à apporter à ceux qui recherchent une protection internationale. C'est aussi une vérité politique qui dérange, résultant du système d'asile de l'UE, qui pénalise les pays se trouvant aux frontières de l'Europe. Le véritable problème n'est pas l'arrivée de réfugiés mais la réponse désordonnée, presque hystérique, à cette situation. Plus qu'une crise de réfugiés, c'est une crise politique, où les Etats demandent moins d'Europe alors qu'il en faudrait en réalité davantage. Pour sauver l'Europe de la solidarité et des droits de l'homme, nous devons repenser son approche vis-à-vis des migrations. La première chose à faire est de revoir fondamentalement le règlement de Dublin, mécanisme inéquitable qui permet à la majorité des Etats membres de l'UE de reporter la responsabilité des demandeurs d'asile sur quelques pays se trouvant en première ligne, comme la Bulgarie, la Grèce, la Hongrie, l'Italie, Malte et l'Espagne. Le dernier coup porté à ce système vient de l'Allemagne, qui en a suspendu l'application il y a quelques jours concernant les réfugiés syriens. Cette décision devrait être étendue à toutes les catégories de demandeurs d'asile et appliquée par tous les Etats membres de l'UE. Obligation morale et juridique Les pays de l'UE et la Commission européenne devraient mettre en place un système dans lequel les pays se répartissent de manière équitable les demandeurs d'asile en se fondant sur les principes de solidarité et de protection des droits de l'homme. Cela permettrait d'améliorer la protection que l'Europe octroie aux réfugiés et, parallèlement, d'alléger les pressions qui s'exercent sur certains pays de l'UE. Une telle évolution devrait s'accompagner d'une amélioration de la coopération avec les Etats des Balkans occidentaux. A ce jour, l'UE les a amenés de diverses manières à retenir les demandeurs d'asile, un choix qui a poussé certains de ces pays à adopter une série de mesures
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illégales, comme le profilage ethnique aux frontières et la confiscation des documents de voyage. Aujourd'hui, l'UE doit aider ces pays à développer leurs systèmes d'asile et leurs capacités à héberger des réfugiés conformément aux normes européennes. Cela permettra non seulement de sauver des vies, mais aussi de donner effet à la promesse de " réaliser une union plus étroite " que tous les pays de l'UE et des Balkans occidentaux ont faite lors de leur adhésion au Conseil de l'Europe. En outre, les pays européens doivent prévoir davantage de possibilités légales pour que les réfugiés puissent rejoindre notre continent, par exemple en assouplissant les visas humanitaires et les règles du regroupement familial. Cela éviterait, d'une part, aux réfugiés d'emprunter des itinéraires terrestres ou maritimes périlleux et affaiblirait, d'autre part, l'emprise des passeurs qui prospèrent lorsque les restrictions migratoires sont sévères. La protection des réfugiés est une obligation à la fois morale et juridique. Ce n'est pas une tâche aisée, mais elle n'est pas pour autant impossible. Nous devons intensifier nos efforts pour protéger ceux qui fuient les guerres et les persécutions. Forte d'une volonté politique, l'Europe peut être à la hauteur de ses valeurs. Par Nils Muiznieks " Nous voulons accueillir les réfugiés " Le Monde; Paris [Paris]04 Sep 2015. La pétition " Nous voulons accueillir les réfugiés ", lancée il y a trois jours par le collectif La vague citoyenne a dépassé, vendredi 4 septembre au matin, les 14 000 signataires. " La France réagit par le repli et nous ne sommes pas d'accord, défend Brigitte Comard, membre du collectif implanté dans le Sud-Ouest. Nous sommes des gens engagés à gauche. Nous voulions désespérément un gouvernement de gauche et on s'est planté. " Autre initiative : la start-up Singa a lancé fin juin une application qui met en relation des réfugiés politiques avec des personnes prêtes à les accueillir. " Depuis deux jours, nous avons reçu 550 propositions ", s'étonne sa codirigeante Alice Barbe. Sur Facebook, plus de 14 000 personnes sont invitées à participer samedi 5 septembre à un " rassemblement citoyen en solidarité avec les migrants " à Paris. Des rendez-vous sont pris à Vannes, Rouen ou Marseille. Les appels à manifester n'ont pourtant réuni en août qu'à peine plus d'une centaine de personnes, à Calais ou à Paris. Mercredi 2 septembre, un sondage commandé par BFM-TV indiquait d'ailleurs que 56 % des personnes interrogées " se disent opposées à ce que la France accueille une part de migrants et de réfugiés, notamment en provenance de Syrie " . Pour le directeur général de France Terre d'asile, Pierre Henry, " il ne faut pas s'étonner qu'une partie de la population s'interroge sur le bien-fondé de l'accueil. C'est la responsabilité du politique. Cela fait des années que le débat est tiré vers le bas par le Front national et ceux qui lui courent après ". La France semble en effet avoir quelque peu délaissé sa tradition d'accueil des persécutés. En 2014, seuls 28 % des 64 000 demandeurs d'asile ont obtenu une protection. Un taux en hausse, " mais au-dessous de la moyenne européenne " , rappelle Jean-Claude Mas, secrétaire général de la Cimade. De même, " si l'on rapporte le nombre de demandeurs d'asile à la population globale, la France est au douzième rang européen " . La Suède, la Hongrie ou l'Autriche restent en tête des 28 Etats membres.
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" Système sous-calibré " Alors que l'Allemagne a reçu plus de 200 000 demandes depuis le début de l'année, la France est sur des volumes stables, autour de 30 000 demandes. Même l'effort consenti cet été pour répartir 60 000 réfugiés en Europe ne changera pas la donne ; la France s'est engagée a en accueillir 9 000 sur deux ans. Le pays ne compte d'ailleurs que 25 000 places en centres d'accueil de demandeurs d'asile (CADA) et autant dans des dispositifs d'hébergement d'urgence. Un " système sous-calibré depuis longtemps " , observe M. Mas. Pour pallier cette saturation, les élans citoyens demeurent tout à fait marginaux. A l'image du Réseau d'accueil d'immigrés à Lille (RAIL), une association qui propose à des familles ou des communautés religieuses d'héberger des personnes en attente d'une place en CADA. Une cinquantaine a trouvé refuge depuis 2011. " La générosité citoyenne est importante mais nous avons besoin de la solidarité en tant qu'expression collective d'une nation, insiste Pierre Henry. L'accueil doit être coordonné pour être durable. " Au début de l'été, le gouvernement a annoncé la création de 9 500 places d'hébergement. " Plusieurs appels à projets ont été lancés et les premiers remontés sont en cours d'instruction et de réalisation ", explique le ministère de l'intérieur, sans avancer de chiffres. A Roubaix, où l'association l'Accueil fraternel roubaisien entend héberger 120 demandeurs d'asile, le premier adjoint au maire Les Républicains a fait savoir qu'il y était " fermement " opposé. A Loudun (Vienne), village de 7 000 habitants, une pétition " Non à la maison d'accueil des demandeurs d'asile à Loudun " , censée héberger 90 personnes, a recueilli 726 signatures. A contrario, le Parti socialiste lançait jeudi soir un appel " à la constitution d'un réseau de villes solidaires " . Au même moment, les maires de diverses tendances de onze communes situées au sud de Toulouse se sont déclarés " prêts à accueillir " des migrants. Julia Pascual François Hollande rejoint Angela Merkel sur les quotas d'accueil de réfugiés Le Monde; Paris [Paris]04 Sep 2015. L'émotion suscitée par la diffusion, mercredi 2 septembre, de la photo du petit Syrien Aylan Kurdi, retrouvé mort à 3 ans sur une plage turque, est peut-être en train de changer la donne en l'Europe, face à l'afflux de réfugiés. Les incantations du Hongrois Viktor Orban, qui décrivait jeudi à Bruxelles des dirigeants européens " incapables de contrôler la situation " et de rassurer des peuples européens selon lui " emplis de peur " , apparaissent désormais en décalage. L'image du petit garçon noyé a frappé les consciences. Elle pousse aussi les responsables politiques à agir d'une manière plus conforme aux idéaux d'humanité affichés par l'Union européenne, et offre de nouveaux arguments à ceux qui comme la chancelière allemande, réclament une réponse plus ambitieuse de l'Europe. Devant l'émotion suscitée, Angela Merkel et François Hollande, qui travaillaient sur de nouvelles propositions depuis leur dernière rencontre à Berlin, le 24 août, ont accéléré leur démarche. Dans une lettre adressée vendredi aux présidents du Conseil, Donald Tusk, et de la Commission, Jean-Claude Juncker, la chancelière et le président se montrent résolument à l'offensive. En invoquant " la responsabilité de chaque Etat membre et la solidarité de tous " , ils appellent dans ce courrier à mettre en œuvre " intégralement et sans délai " les récents dispositifs
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adoptés par l'UE, comme la création de hot spots, des centres où migrants économiques et demandeurs d'asile seraient distingués dès leur arrivée en Grèce et en Italie, que les deux dirigeants veulent " pleinement opérationnels au plus tard avant la fin de l'année " . Ils demandent à la Commission d'" utiliser tous les moyens dont elle dispose " pour forcer les Etats à respecter les règles du droit d'asile, tant en matière d'étude des dossiers que d'hébergement, et proposent, " à terme " , " un système d'asile européen unifié " . " Pays d'origine sûrs " Angela Merkel et François Hollande prennent aussi la défense du traité de Schengen, qui garantit la libre circulation au sein de cet espace et " permet aux Etats-membres de mieux relever les défis auxquels ils sont confrontés " , assurent les deux dirigeants, adressant ainsi un message clair à ceux qui proposent de revenir sur ce traité, à l'image de Nicolas Sarkozy en France, ou qui le critiquent vivement, comme le premier ministre britannique David Cameron. Mme Merkel et M. Hollande proposent surtout plusieurs mesures " complémentaires " , comme l'établissement d'une " liste commune de pays d'origine sûrs " , dans laquelle rentreraient les pays des Balkans occidentaux. Mais le point le plus crucial du texte concerne les quotas de répartition entre les pays, auxquels Paris s'est longtemps opposé. Les mots ont été choisis avec soin : il ne s'agit plus de " quotas " de " migrants " , mais de " répartition " des " réfugiés " . Celle-ci doit tout de même s'opérer " équitablement et dans un esprit de solidarité entre les Etats membres " , via un " mécanisme permanent et obligatoire de relocalisation " . Le caractère contraignant de la mesure sera évidemment le sujet qui fâche. " À la fin, ça doit être obligatoire et engager tout le monde, y compris les pays de l'Est. L'Europe, ce n'est pas simplement un marché et des investissements, mais aussi des valeurs ", avertit un conseiller de François Hollande. Le président, qui avait initialement prévu d'évoquer le dossier lors de sa conférence de presse du 7 septembre, a donc accéléré. " Il est temps d'agir " , a-t-il estimé jeudi après midi. " L'Allemagne et la France sont très largement d'accord sur ce que doivent être les prochaines étapes et nous allons naturellement consulter les autres pays. Cela n'a aucun sens de s'insulter mutuellement mais on doit dire les choses très simplement : la situation actuelle n'est pas satisfaisante ", avait indiqué, quant à elle, la chancelière Angela Merkel le 31 août. Jeudi, Mme Merkel a répondu vertement à Viktor Orban, qui avait jugé que la question des réfugiés était " un problème allemand ", aucun demandeur d'asile ne souhaitant, disait-il, rester dans son pays. " L'Allemagne fait ce qui s'impose moralement et juridiquement. Ni plus ni moins " a répliqué la chancelière lors d'un déplacement en Suisse. Pour Mme Merkel, " les valeurs de l'Europe " sont en jeu et elle entend imposer aux pays de l'est de prendre leurs responsabilités vis-à-vis des crises de la planète alors que son opinion commence à s'inquiéter et que, partout sur la planète, les télévisions relaient le même message : l'Allemagne ouvre ses portes aux réfugiés. Tout cela tandis que le pays devrait déjà en accueillir 800 000 cette année. " Agenda de l'immigration " De son côté, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, juge également opportun d'imposer son " Agenda de la migration " et un nouvel accueil de réfugiés,
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majoritairement syriens. Ses intentions ont très opportunément " fuité " jeudi matin, alors que Paris et Berlin annonçaient leurs plans. Elles seront officiellement dévoilées mercredi 9 septembre à Strasbourg, devant les eurodéputés. Elles ont été éventées pour montrer que la Commission gardait la main sur ce dossier clé, mais aussi pour couper l'herbe sous le pied des dirigeants d'Europe centrale et orientale : le Groupe de Visegrad, qui rassemble la République tchèque, la Slo vaquie, la Pologne et la Hongrie, devaient se réunir à Prague vendredi 4 septembre, pour redire ses réticences face à l'accueil de demandeurs d'asile sur leur territoire. M. Juncker - appuyé par le président du Conseil, le Polonais Donald Tusk - compte jouer la division du groupe en promettant au Hongrois Orban d'aider davantage son pays en incluant dans le nouveau plan de répartition des demandeurs d'asile déjà présents sur le sol hongrois. M. Orban se serait dit prêt à examiner une telle proposition si elle lui était faite. Un peu plus tôt, il avait invité les candidats à l'asile à rester en Turquie et en Serbie, pays " sûrs " selon lui. Il avait également déclaré qu'un afflux de réfugiés arabes risquait de mettre en péril les " racines chrétiennes de l'Europe " . M. Juncker devrait suggérer, mercredi 9 septembre, l'accueil de 120 000 demandeurs d'asile supplémentaires, arrivés en Grèce, en Italie et en Hongrie - quand les discussions sur les quotas d'avant l'été se basaient sur le chiffre de 40 000 réfugiés. Aujourd'hui, quelque 30 000 de ces personnes arrivées sur les côtés italiennes ou grecques ont été " relocalisées ", tandis que la route des Balkans connaît un nouvel afflux massif, transformant la Hongrie en principale porte d'entrée dans l'UE. Le plan de M. Juncker évoquera lui aussi un mécanisme " permanent " de relocalisation. Les capitales qui refuseraient de participer à la répartition verseraient de l'argent aux autres, en guise de contribution alternative. Une manière, peut-être, d'éviter de nouvelles discussions houleuses. Et de mettre sous pression certains pays de l'est, mais aussi la Grande-Bretagne, où le premier ministre David Cameron semble opérer un revirement suite à la pression conjuguée d'une partie de son opinion et de la presse populaire. Après avoir dénoncé les flux d'immigrants et la situation à Calais, celle-ci s'émeut que d'autres petits Aylan Kurdi puissent trouver la mort et elle reproche au premier ministre conservateur son inaction. M. Cameron a évoqué, jeudi soir, l'accueil de Syriens actuellement présents dans des camps à la frontière de leur pays. Cécile Ducourtieux, Jean-Pierre Stroobants, Frédéric Lemaître et David Revault d'Allonnes (à Paris) M. Cameron entrouvre la porte aux migrants Le Monde; Paris [Paris]05 Sep 2015. Face à l'émotion déferlante et au feu des critiques, l'expression de sa " profonde émotion en tant que père " devant l'image du petit Aylan Kurdi s'est vite révélée insuffisante. Le premier ministre britannique, David Cameron, a fini par annoncer, vendredi 4 septembre, que le Royaume-Uni allait accepter " des milliers " de réfugiés syriens supplémentaires. Reconnaissant la " responsabilité morale " de son pays, le premier ministre britannique a fait cette modeste concession et annoncé une rallonge de 100 millions de livres (136 millions d'euros) pour l'aide humanitaire aux réfugiés, lors d'un déplacement à Lisbonne et à Madrid où il était venu pour promouvoir les réformes européennes - une restriction à la libre
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circulation notamment - qu'il souhaite obtenir avant le référendum sur le maintien dans l'UE qui aura probablement lieu en 2016. Pourtant, pas question pour M. Cameron d'accueillir des demandeurs d'asile déjà présents sur le sol européen ni de participer à une quelconque politique européenne commune visant à les répartir, en dépit des appels d'Angela Merkel et de François Hollande. Les quelques " milliers " de réfugiés auxquels le Royaume-Uni devrait ouvrir ses portes viendront de camps de Turquie, de Jordanie ou du Liban, dans le cadre d'un programme strictement britannique de " relocalisation de personnes vulnérables " réservé aux victimes de torture ou d'abus sexuels et aux personnes trop âgées pour survivre dans des camps. Depuis six mois, 216 réfugiés ont été accueillis dans ce cadre. Depuis le début de la guerre en 2011, Londres a admis 5 000 Syriens au statut de réfugié. Rapportée par le Financial Times , la plaisanterie de négociateurs britanniques pendant les récentes discussions européennes sur la répartition des réfugiés en dit long sur la ligne adoptée par Londres : " Nous en accepterons zéro, s'amusaient-ils, et doublerons ce nombre si on fait vraiment pression sur nous. " " Responsabilités morales " David Cameron a tardé à prendre la mesure de l'émotion suscitée par la photo d'Aylan Kurdi et par les récits dramatiques que tous les tabloïds ont fait démarrer à la " une ". The Sun a lancé vendredi 4 septembre une campagne humanitaire " pour Aylan " , la petite victime dont la frimousse souriait en première page. Le journal le plus populaire du pays demande à David Cameron d'offrir des places dans des foyers à " 3 000 orphelins les plus nécessiteux " parmi ceux ayant fui " les brutalités de l'Etat islamique " . Il incite ses lecteurs à faire don à l'ONG Save the children, mettant à la disposition de ses lecteurs un numéro abrégé auquel il suffit d'envoyer le texto " AYLAN " pour verser 5 livres (6,80 euros). Le premier ministre qui, en juillet, en pleine crise de Calais avec la France, avait comparé les migrants à " un essaim de gens traversant la Méditerranée ", puis cherchant à " entrer par effraction en Grande-Bretagne ", a dû modérer son expression. Le spectacle dramatique des grappes de désespérés tentant de monter dans des trains au coeur de l'Europe ou la photo de l'enfant syrien mort ont ravivé le souvenir, souvent évoqué avec fierté, des " Kindertransport " qui ont permis au Royaume-Uni de sauver près de 10 000 enfants, en majorité juifs, d'Allemagne et d'Europe centrale, en les plaçant dans des foyers ou des fermes, juste avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale. " La Grande-Bretagne est une nation morale et nous remplirons nos responsabilités morales ", a déclaré jeudi M. Cameron, alors que son silence devenait assourdissant et que les critiques se multipliaient. Yvette Cooper, l'une des candidates à la direction du parti travailliste a réclamé l'accueil d'" au moins 10 000 " réfugiés syriens, et jugé " tout à fait immorale " la confusion entre réfugiés et immigrés dans les statistiques gouvernementales. Mais la réprobation est venue aussi du camp conservateur : " Le Royaume-Uni que je connais a toujours pris sa part des souffrances du monde, a rappelé Ruth Davidson, la chef des Tories écossais. La réponse humaine consiste à aider. Si nous ne le faisons pas, qu'allons-nous devenir ? " Pourtant, à quelques mois d'un référendum sur le maintien dans l'UE où l'immigration s'annonce comme le thème dominant, David Cameron ne veut ni donner le moindre signe d'ouverture, ni même participer à un mécanisme européen. Il rappelle que son pays ne participe pas à la politique commune en matière d'immigration - ni à l'espace Schengen - et
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entend maintenir cette position de retrait. Lançant vendredi sa campagne pour le non au référendum, Nigel Farage, le chef du Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni (UKIP, antieuropéen et xénophobe), a prévenu : il fera tout pour faire du " contrôle des frontières nationales " le thème dominant de la campagne référendaire. La réponse de M. Farage est toute prête : seule la rupture avec l'UE peut l'assurer. Philippe Bernard Migrants: des maires français s'engagent Le Monde; Paris [Paris]07 Sep 2015. Alors que plus de 10 000 personnes se sont rassemblées, samedi 5 septembre, à Paris et dans plusieurs villes françaises, pour manifester leur solidarité envers les réfugiés, le ministre de l'intérieur a adressé le lendemain une lettre aux maires de France dans laquelle il les convie à une réunion, samedi 12 septembre, " afin de concrétiser dans les meilleures conditions les propositions d'accueil " . " Plusieurs dizaines d'entre vous ont exprimé leur volonté d'accueillir dans leur ville des réfugiés et des demandeurs d'asile, écrit Bernard Cazeneuve. Je veux les en remercier. " Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, avait appelé jeudi 3 septembre à la " constitution d'un réseau de villes solidaires " . Des mairies socialistes telles que Nantes, Rouen, Strasbourg ou encore Saint-Nazaire se sont portées volontaires. En Haute-Garonne, à l'initiative du député PS Christophe Borgel, onze maires de différentes tendances ont fait de même. Gauche et droite Invité du " Grand rendez-vous " Europe 1 - i-Télé - Le Monde , le maire Les Républicains (LR) de Bordeaux, Alain Juppé, a dit " refuser de faire un clivage de la générosité ", affirmant que " des maires de droite accueilleront et que des maires de gauche n'accueilleront pas " . La maire de Lille, Martine Aubry, a d'ores et déjà annoncé vendredi que deux résidences, propriétés de la ville et qui devaient être mises en vente, avaient été vérifiées en termes de sécurité pour pouvoir être mises à disposition gracieusement d'une centaine de réfugiés. C'est l'Etat qui choisira lequel des deux bâtiments est le mieux adapté, puisqu'il s'agira de le transformer en un nouveau centre d'accueil de demandeurs d'asile (CADA). Sept logements, parfois des maisons, ont aussi été repérés, pouvant accueillir 9 à 11 familles. L'inspection académique a enfin été contactée pour que des places soient bloquées dans les quatre écoles en capacité d'accueillir des enfants ne maîtrisant pas le français. Les maires sont en première ligne, mais, dans les faits, la prérogative revient à l'Etat, qui finance actuellement 25 000 places dans 279 CADA, et autant en hébergements d'urgence. Un dispositif saturé depuis plusieurs années. Le gouvernement a annoncé début juin la création de 9 500 places supplémentaires pour les réfugiés et demandeurs d'asile. Des appels à projets ont été lancés en ce sens et la plus ou moins bonne disposition des communes à les accueillir a une réelle incidence. " Juridiquement, un élu ne peut pas s'opposer, expose Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile, qui est l'un des principaux gérants de CADA aux côtés d'entités comme le bailleur social Adoma ou l'association Coallia. Mais il est rare que l'Etat force le passage. C'est un boulot de titan de trouver des mairies qui accueillent des nouvelles structures. "
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Max-André Pick, le premier adjoint LR de Roubaix (Nord), s'est ainsi indigné que l'association L'Accueil fraternel roubaisien ait répondu à l'appel à projets de l'Etat pour proposer une quinzaine de places en CADA. " Comme si Roubaix n'avait pas, en son sein, déjà suffisamment de familles en difficulté. Comme si Roubaix n'avait pas déjà deux grands camps de familles d'origine rom... " , fustige le communiqué municipal du 25 août. " Nous sommes sursaturés " Une logique que fait aussi valoir Jean-Luc Moudenc, le maire LR de Toulouse et président de l'Association des maires des grandes villes de France (AMGVF). L'AMGVF va déterminer dans la semaine une " ligne de conduite collective pour aller à la réunion du ministère de l'intérieur " , expose M. Moudenc. Mais, en tant que maire, c'est tout vu : " Ce ne serait pas sérieux d'envoyer un message d'accueil. J'ai trop de problèmes à régler. Nous avons des milliers de personnes qui attendent un logement social depuis des années. Imaginez si des migrants leur passent devant. On a aussi le problème des campements roms qu'on n'arrive pas à démanteler. " Même son de cloche à Troyes, ville dirigée par François Baroin (LR), également président de l'Association des maires de France. " Tous nos CADA sont remplis, nous sommes sursaturés, justifie-t-il. A Troyes, le revenu moyen fiscal est inférieur à la moyenne nationale. Nous souhaitons que l'Etat prenne en main cet effort français, qu'il y ait une coordination entre les villes qui se sont portées volontaires et que si possible on s'entende sur des critères. " Du côté du ministère de l'intérieur, on ne veut surtout pas forcer les choses. " Nous allons montrer l'offre de services que propose l'Etat via les préfectures, l'OFII - Office français de l'immigration et de l'intégration - et l'Ofpra - Office français de protection des réfugiés et apatrides - " , indique-t-on place Beauvau. Reste que les appels à la solidarité résonnent amèrement pour certains élus et les renvoient à la solitude qu'ils ont connue jusque-là. A 40 kilomètres de Calais, la commune de Grande-Synthe (Nord) accueille des migrants depuis l'hiver 2006. Son maire, Damien Carême, qui a claqué la porte du PS fin 2014 et rejoint EELV, évoque un camp qui compte entre 500 et 600 migrants : " Jusqu'ici, nous n'avons reçu aucune aide de personne " , dénonce ce cofondateur du Réseau des élus hospitaliers, créé il y a six ans. Il regrette " une forme de récupération politique " . Et ajoute : " Jusqu'à présent, tout le monde était content qu'on laisse quelques maires se démerder pour gérer le problème. " A Téteghem encore, commune de 7 000 habitants située 25 kilomètres de l'entrée du tunnel sous la Manche, un camp accueille les migrants depuis sept ans. Le maire (LR), Franck Dhersin, avait demandé en 2010 aux élus du Dunkerquois de multiplier les petits camps autour de Calais, mais " aucun maire n'a répondu favorablement " . Aujourd'hui, c'est à l'Etat qu'il adresse un SOS. Depuis quinze jours, les associations ont dénombré 300 personnes sur le camp, qualifié de " quatre étoiles " depuis que la ville a installé des préfabriqués avec chauffage, électricité, WC et lavabos. " J'ai besoin d'une reconnaissance financière de l'Etat et qu'il nous promette que nous n'allons pas devenir un Sangatte n°2. " Laurie Moniez, (Lille, correspondance), et Julia Pascual Accueil des réfugiés : les maires de droite divisés Le Monde; Paris [Paris]09 Sep 2015.
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Faut-il accueillir des réfugiés ? Alors que le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, a invité les maires à recevoir des demandeurs d'asile dans leur ville, la droite est prise en étau entre le souci de se montrer solidaire et la volonté d'afficher une position de fermeté. Si le Parti socialiste a appelé à la constitution d'un réseau de villes solidaires pour accueillir les réfugiés, le parti Les Républicains (LR), lui, n'a pas adopté de position commune. Celle-ci ne sera fixée que le 16 septembre, lors d'une journée de travail consacrée par le parti à l'immigration. En attendant, la cacophonie règne au sommet de la principale formation d'opposition. Nicolas Sarkozy refuse ouvertement les quotas de réfugiés à se répartir dans l'Union européenne alors qu'Alain Juppé, lui, juge nécessaire de " participer " à l'accueil de 24 000 réfugiés en France, annoncé par François Hollande pour les deux années à venir. Laissés libres de leur choix, les maires de droite se montrent divisés. Des élus du Sud-Est, confrontés à la pression du FN, ne cachent pas y être opposés pour des raisons idéologiques. A l'instar du maire de Nice, Christian Estrosi, tête de liste LR en Provence-Alpes-Côte d'Azur aux élections régionales de décembre, qui ne veut pas se laisser " dicter par le gouvernement une politique basée sur des quotas ". Même refus catégorique de la part de la maire d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), Maryse Joissains, pour qui " la France accueille déjà une immigration incontrôlée " . D'autres ont ouvertement décidé de jouer sur les peurs, tel le maire de Roanne (Loire), Yves Nicolin, qui s'est dit prêt à accueillir des réfugiés " à la condition qu'ils soient chrétiens ", par crainte de " terroristes déguisés ". A son tour, le maire de Belfort, Damien Meslot, " propose d'accueillir des chrétiens " , au motif qu'ils " sont les plus persécutés " en Syrie ou en Irak. Une distinction condamnée par le ministre de l'intérieur mais que Jean-Pierre Raffarin a, curieusement, dit " comprendre " . En dehors de ces coups d'éclat très minoritaires, la plupart des maires de droite réfractaires mettent en avant un argument financier, en affirmant que leurs capacités d'accueil sont saturées. C'est le cas du maire de Troyes (Aube), François Baroin. " Je suis en surcapacité à l'échelle régionale des centres d'accueil des demandeurs d'asile, qui sont aujourd'hui suroccupés depuis des mois et des mois " , se défend le président de l'Association des maires de France. Pour lui, c'est d'abord " à l'Etat d'assurer l'accueil " ou " la mise à disposition des moyens ". Plus direct, le maire d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Bruno Beschizza, reproche au gouvernement de faire porter la charge aux maires : " L'Etat m'a enlevé 5 millions d'euros de subventions en 2015. Comment pourrais-je accueillir des réfugiés, alors que je n'arrive même pas à boucler mon budget ? " Xavier Bertrand, maire de Saint-Quentin (Aisne) et tête de liste en Nord-Pas-de-Calais-Picardie pour les régionales, a aussi annoncé qu'il " n'accueillera pas de nouveaux réfugiés " , faute de moyens. Le maire du Touquet (Pas-de-Calais), Daniel Fasquelle, se situe sur la même ligne : " On n'a pas les moyens de cette générosité : on ne dispose ni des logements ni des emplois pour accueillir ces gens " , assure-t-il. Comme plusieurs autres élus, il est persuadé que ses administrés ne le comprendraient pas : " Des dizaines d'habitants de ma ville sont déjà en attente d'un logement social... Je leur dis quoi à ces gens-là ? Qu'on va faire passer des réfugiés en priorité ? " " Partenariat étroit "
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Cette réticence tranche avec la position du maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, qui a décidé d'accueillir, selon les capacités de sa ville, " ceux qui tentent d'échapper à la guerre et à la mort " . Question de principe. " Il est normal d'avoir une attitude solidaire, car ces réfugiés ne partent pas de gaieté de cœur de leur pays " , complète Anne Grommerch, maire de Thionville (Moselle), qui a accepté d'héberger une cinquante de demandeurs d'asile dans huit logements vacants de sa ville. Le maire de Reims, Arnaud Robinet, se dit aussi " évidemment prêt " à recevoir des demandeurs d'asile : " On ne peut pas, humainement, laisser tomber des familles qui fuient la guerre. Reims, de part son histoire - les Rémois ont été des réfugiés pendant la première guerre mondiale - , doit participer à cet effort de solidarité. " Plus prudents, d'autres maires de droite disent attendre de connaître la méthode et les aides prévues par l'Etat. C'est le cas de Jean-François Copé à Meaux, de Sébastien Lecornu à Vernon (Eure) ou d'Edouard Philippe au Havre (Seine-Maritime). Leurs interrogations seront au cœur de la réunion des maires, qui se sont portés volontaires, samedi, au ministère de l'intérieur. Pour les rassurer, M. Cazeneuve a assuré mardi que l'Etat prendra " en charge les financements qui lui incombent et les dispositifs d'accompagnement des demandeurs d'asile sur les territoires, dans le cadre d'un partenariat étroit avec les collectivités locales qui veulent bien s'engager " . Alexandre Lemarié Les maires inquiets face à l'afflux des migrants Le Monde; Paris [Paris]10 Sep 2015. Votre mobilisation est déterminante... " Dans le Nord et le Pas-de-Calais, le courrier que le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, a adressé aux maires de France pour les encourager à accueillir des réfugiés, aurait pu trouver un écho favorable si la situation n'était pas aussi dramatique. Autour de Calais (Pas-de-Calais) et de sa " nouvelle jungle ", les édiles des petites communes sont à bout. Ces élus locaux n'ont pas attendu l'appel du ministère pour venir en aide aux 3 500 réfugiés du secteur. A 40 kilomètres de Calais, Grande-Synthe accueille des migrants depuis l'hiver 2006. Les premières tentes chauffées ont été installées en 2008 dans cette ville de la banlieue de Dunkerque. Loin des caméras et du tapage médiatique. Entre 50 et 70 personnes bénéficiaient de sanitaires et d'un peu de chaleur humaine grâce aux associations comme Salam ou Médecins du monde. " Ça se passait très bien ", raconte Damien Carême, le maire de Grande-Synthe. Mais depuis le renforcement des mesures policières en juin à Calais, on dénombre 500 à 600 migrants sur le camp. Une situation devenue ingérable. M. Carême, qui a claqué la porte du PS fin 2014 pour rejoindre EELV, déplore n'avoir " reçu aucune aide ". " Tant mieux qu'un élan de solidarité soit lancé en France, mais il vient tard, dénonce le président du Réseau des élus hospitaliers, créé en 2012. Jusqu'à présent, on était bien seul. Et tout le monde était content qu'on laisse quelques maires se démerder pour gérer le problème. " Aujourd'hui, les associations sont à bout de souffle et la mairie va installer en urgence de nouveaux bungalows sanitaires. A quelques kilomètres de là, Téteghem accueille également des migrants. C'est un hiver rude qui a poussé le maire Franck Dhersin (Les Républicains) à organiser ce camp avec les associations de la ville, sans l'aide de l'Etat. Il se souvient de cette réunion publique, en 2010, lors de laquelle il avait prévenu qu'il ne " serait pas le maire d'une ville où un enfant mourra de froid " .
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A l'époque, les habitants l'ont suivi dans sa démarche en apportant de l'eau et des stères de bois sur ce terrain de 120 hectares, mais aussi en conduisant les 80 réfugiés, chaque mardi, aux douches du terrain de football de la ville. Un élan de solidarité qui se poursuit chaque semaine depuis plusieurs années. Dans l'indifférence des pouvoirs publics. En 2010, Franck Dhersin avait invité les élus du Dunkerquois à multiplier des petits camps autour de Calais pour éviter les phénomènes de concentration mais " aucun maire n'a répondu favorablement ". Aujourd'hui, Franck Dhersin lance un appel à l'aide à l'Etat. En un an, le nombre de migrants a explosé. Ces dernières semaines, les associations ont dénombré 300 personnes sur ce camp dont les préfabriqués disposent du chauffage, de toilettes et de lavabos. " J'ai besoin d'une reconnaissance financière de l'Etat et qu'il nous promette que nous n'allons pas devenir un Sangatte n° 2. " Autre motif d'inquiétude, les Téteghémois se mettent à avoir peur. Certains sont venus le voir : " On vous a toujours soutenu, Monsieur le maire, mais là, ce n'est plus possible. " Franck Dhersin demande à revenir à un camp de 80 réfugiés maximum. " Depuis sept ans, ça fonctionnait, c'était humain. Pas de dérapage. Mais à 300... " A Fréthun, le seuil de tolérance des citoyens est déjà dépassé. Cette commune de 1 200 habitants voisine de Calais accueille une partie des infrastructures du terminal du tunnel sous la Manche. Depuis le renforcement de la sécurisation du port de Calais en juin, les réfugiés tentent de pénétrer dans le tunnel. Ils se cachent dans les hangars du poney-club, traversent les propriétés ou errent le long des terrains de la SNCF. " Le problème a été déplacé. On avait pourtant prévenu l'Etat, dit dans un soupir Catherine Fournier, maire UDI de Fréthun. Nous ne voulons pas forcément surprotéger nos territoires, il faut nous écouter. " Aujourd'hui, elle craint la colère des habitants. Lors de la visite du premier ministre, Manuel Valls, le 31 août, elle a reproché que l'on ne parle que du sort des migrants. " Je me suis toujours battue pour protéger mes concitoyens. C'est mon rôle de les écouter. Mais cette majorité silencieuse en a marre et c'est dans les urnes qu'elle va s'exprimer. " La candidature de Marine Le Pen aux régionales de décembre est dans toutes les têtes. Le maire (divers droite) de Coquelles, Michel Hamy, craint aussi la réaction des habitants. Le jour, dans les champs alentours, on aperçoit les silhouettes des réfugiés qui se reposent. La nuit, ils sont plusieurs centaines à tenter de monter dans les Eurostar. " Ils ne sont pas méchants, précise Michel Hamy. Mais ça fait peur. " Surtout, il déplore la dégradation de l'image de son territoire. " Frustration " L'impact sur le tissu économique local est devenu tel que la sénatrice et maire (LR) de Calais, Natacha Bouchart, a demandé une compensation financière de 50 millions d'euros aux ministres de l'intérieur français et britannique. " Le territoire du Calaisis est sinistré, estime aussi le maire de Marck, Pierre-Henri Dumont (LR). Nous avons des générations de chômeurs inemployables. Or le chômage alimente la frustration, et la frustration alimente la haine et le rejet de l'autre. " Le taux de chômage du Calaisis est de 18 %. En début d'année, Pierre-Henri Dumont a créé une police municipale dans sa ville traversée par les réfugiés qui rejoignent le camp Jules-Ferry de Calais, situé à 300 mètres. " La crise migratoire a pris de l'ampleur avec François Hollande ", dit-il. Faux, rétorque le député PS Yann Capet, qui se souvient de tensions lorsque Nicolas Sarkozy a fermé le camp de Sangatte
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en 2002. " A l'époque, les gouvernements successifs étaient dans le déni. Et ils n'ont jamais prêté main-forte aux communes. Là, j'ai bon espoir que l'ensemble des maires de France participent à l'effort collectif. C'est l'âme de la France qui est en jeu. " Laurie Moniez Les idées simples de Nicolas Sarkozy Le Monde; Paris [Paris]12 Sep 2015. Nicolas Sarkozy aurait-il oublié d'où il vient, dans quelles circonstances son père, Pal, a dû quitter la Hongrie, chassé par l'Armée rouge, et s'est établi en France - attiré, sans doute, par les prestations sociales, conquêtes récentes du Front populaire et de la Libération ? Il faut dire que, pour grappiller des voix à l'extrême droite en vue des prochaines échéances électorales, tout est possible, y compris les énormités. D'abord, cette proposition d'instituer " un véritable statut provisoire " pour les réfugiés de guerre, comme il l'explique dans Le Figaro . Ce statut existe. Il s'appelle la " protection subsidiaire " et bénéficie, entre autres, aux victimes de " violence aveugle résultant d'une situation de conflit armé interne ou international " (article L. 712-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile, dit " Ceseda "). Cette définition correspondant parfaitement à la situation de la Syrie, la protection subsidiaire a été accordée à plus de 500 Syriens en 2014. Et ce statut est provisoire, comme le souhaite M. Sarkozy, puisqu'il donne droit à une carte de séjour valable un an et renouvelée seulement si la situation dans le pays d'origine n'a pas changé. En somme, exactement ce que M. Sarkozy préconise. Mais il existe un second statut, destiné à faire face aux " afflux massifs de personnes déplacées qui ne peuvent rentrer dans leur pays d'origine " en leur accordant " une protection immédiate et temporaire, notamment si le système d'asile risque également de ne pouvoir traiter cet afflux " . Déclenché sur décision du Conseil européen, qui spécifie quelles catégories de personnes sont concernées, ce statut donne aussi droit à une carte de séjour d'un an, renouvelée tant que le retour dans le pays d'origine reste impossible et, au plus, pendant trois ans. Ici encore, M. Sarkozy aurait trouvé une solution au problème qu'il soulevait. Alors, pourquoi laisser penser que le droit européen n'est pas adapté à la situation actuelle et vouloir créer un statut de plus alors que le système juridique est déjà assez, voire trop, compliqué ? Ineptie Ensuite, selon M. Sarkozy, " puisque la France garde des allocations sociales supérieures à celles de ses partenaires de Schengen, les réfugiés qui rentrent dans les autres pays de Schengen finiront inéluctablement chez nous " . Tableau apocalyptique, mais affabulation totale. La comparaison entre le nombre de " réfugiés " qui se dirigent vers l'Allemagne ou la Suède et ceux qui " choisissent " la France montre le contraire de ce qu'affirme M. Sarkozy. L'exemple de Calais est aussi la démonstration de l'ineptie de ses propos : si les " migrants " tentent de traverser la Manche pour gagner le Royaume-Uni, c'est bien qu'ils sont indifférents au montant de nos allocations sociales et qu'ils ne considèrent pas la France comme un pays de Cocagne. Ils ne rêvent pas tous d'être indéfiniment des " assistés ". Ils cherchent à trouver un emploi et à vivre dignement. Quel mépris pour ces personnes, souvent titulaires de diplômes universitaires, que d'affirmer qu'elles ne seraient attirées que par la vie facile et la possibilité de subsister sans travailler.
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La pêche aux électeurs n'autorise pas toutes les démagogies. Un ancien président de la République devrait avoir suffisamment le sens de l'Etat pour ne pas tomber dans les surenchères qui, si elles peuvent lui apporter un bénéfice immédiat, risquent de laisser des traces durables dans l'opinion publique et de saper les valeurs de la République. Par François Julien-Laferrière Calais, dernière étape pour quitter la France Le Monde; Paris [Paris]12 Sep 2015. Dans la " jungle " de Calais, des migrants attendent l'asile en France. Aux abords du port et du tunnel, beaucoup d'autres le fuient. Malgré l'engagement de François Hollande d'accueillir 24 000 demandeurs d'asile en deux ans, pas question pour une bonne partie des Syriens et des Erythréens échoués à Calais de devenir réfugiés en France. Paris et Londres redoublent d'efforts pour faire de Calais un cul-de-sac, à grand renfort de barbelés et de policiers, mais ces exilés tentent encore le passage, nuit après nuit, attirés par les perspectives d'emploi, la langue, la présence de connaissances déjà installées en Grande-Bretagne. Rebutés, aussi, par les conditions d'accueil en France. Ce jour-là, parmi les déçus de la nuit, des Erythréens. " Je veux rejoindre ma mère en Grande-Bretagne ", justifie Samiar. A ses côtés, Ruth, 25 ans, évoque un cousin : " Je crois qu'il est ingénieur là-bas. " Elle parle un bon anglais : " On l'apprend à l'école. Le français est beaucoup plus difficile. On nous a dit aussi qu'en France il n'y avait pas de travail... " A quelques kilomètres de là, des Syriens squattent le parvis d'une église et le quai logistique d'une entreprise. Ils y ont posé des matelas et des tentes. De là où ils sont, ils peuvent presque apercevoir le port. Imad assure qu'il n'a rien contre la France : " Mes filles sont allées dans une école construite par des Français et la Syrie a une longue histoire avec votre pays. " Mais " j'ai une soeur et un frère au Royaume-Uni. Et si je demande l'asile en France, ça peut prendre plus d'un an pour faire venir ma femme et mes trois filles qui sont toujours en Syrie. Voire ne jamais arriver. Alors qu'en Angleterre, ça prend deux ou trois mois ". " J'ai besoin d'être en sécurité " Bénévole au Secours catholique, Dominique Debelle comprend pourquoi des migrants n'envisagent pas de s'installer en France : " Regardez dans quelles conditions ils vivent ", lâche-t-elle. Il n'y a pas assez de points d'eau, de sanitaires, de douches, de bennes à ordures... Une partie de la zone est encore inondée des dernières pluies. La maîtrise de la langue, les attaches familiales, l'espoir d'un meilleur accueil... Faustine Douillard, de France Terre d'asile, connaît bien les motivations des candidats au passage vers la Grande-Bretagne : " C'est vrai que c'est plus facile de travailler au noir en Angleterre, notamment quand une communauté est déjà installée, comme c'est le cas des Erythréens. Après, certains s'imaginent qu'ils ne seront pas renvoyés dans le premier pays européen d'accueil si jamais leurs empreintes y ont été prises, alors que c'est faux. " L'image d'eldorado véhiculée par l'Angleterre, la police aux frontières britannique essaye de s'y attaquer en se rendant au centre d'accueil de jour qui jouxte le campement de Calais. Les policiers expliquent ainsi aux migrants que, contrairement à la France, l'Angleterre renvoie dans leur pays les Afghans déboutés de l'asile. Et ce sera bientôt le cas des Erythréens.
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Pour ceux qui se résolvent à demander la protection de la France, le chemin reste difficile, malgré le renforcement du dispositif de traitement des dossiers. " Le délai pour accéder à la prise d'empreinte - préalable au dépôt de la demande - est de quinze jours, note Faustine Douillard. Et ils ne prennent, chaque jour, que les vingt premiers arrivés. " Sans compter que les bureaux sont à sept kilomètres et que la " jungle " n'est pas desservie par les transports. Pour les migrants dont la demande d'asile a été enregistrée, l'hébergement n'est pas garanti. Le ministère de l'intérieur fait valoir que 1 616 personnes ont déposé des demandes depuis le début de l'année, parmi lesquelles " près de 1 000 ont été relogées en dehors de Calais " . Mais Faustine Douillard observe qu'" on est toujours à deux mois d'attente en moyenne pour accéder à un hébergement en centre d'accueil des demandeurs d'asile " . Moubarak, un Soudanais de 27 ans, est, lui, officiellement réfugié politique depuis le 19 août. Mais il n'a pas quitté sa cabane dans le campement. Voyant que des demandeurs d'asile, voire des migrants ayant reçu le statut de réfugié continuent à devoir squatter dans la " jungle ", certains se confortent dans leur projet de gagner l'Angleterre. A l'inverse, les migrants qui souhaitent s'installer en France n'y parviennent souvent pas. Les Soudanais restent les premiers demandeurs d'asile à Calais, devant les Ethiopiens, les Erythréens, les Afghans... mais ils ne l'obtiennent que dans la moitié des cas. " J'ai juste besoin d'être en sécurité, que mes droits et mes besoins soient respectés, plaide Abdalla Ibrahim. J'aime la France mais la France ne m'aime pas. " Son ami Amir en veut pour preuve l'opération menée en mai. L'Office français de protection des réfugiés et apatrides a dépêché des équipes sur place. " En vingt-quatre heures, 194 Erythréens ont obtenu l'asile et été hébergés aussitôt, se souvient Mme Douillard. Ils sont allés les chercher dans les tentes, au petit bonheur la chance. " Amir ne comprend pas : " Ces gens-là veulent aller en Angleterre alors que nous non ! " Julia Pascual Le gouvernement bat le rappel des maires Le Monde; Paris [Paris]12 Sep 2015. Paris, Nantes, Bordeaux, Marseille... Toutes les grandes villes du pays ont répondu à l'invitation du ministre de l'intérieur. 622 maires, prêts à accueillir des réfugiés, ont annoncé leur venue, ce samedi à la Maison de la chimie, à Paris. Des Républicains aux communistes, les élus de tous les partis ont fait le déplacement pour proposer des hébergements. Beaucoup sont inquiets, se demandant comment leur action locale va s'articuler avec celle de l'Etat. Répondre à cette question est justement un des objectifs de la journée. Bernard Cazeneuve souhaite en effet que ces maires ressortent de la réunion certains qu'ils vont accueillir " un public accompagné ". Il y a une semaine, l'idée de cette matinée s'est tout à coup imposée au ministre. En rentrant de Rosny-sous-Bois, où il participait à une cérémonie en mémoire des victimes d'un incendie, M. Cazeneuve connaît déjà l'annonce présidentielle de lundi. Il sait que la France va s'engager à recevoir 24 000 réfugiés sur deux ans, 1 000 dans l'immédiat, et qu'il faut trouver des hébergements. Il échange avec sa conseillère en communication, Clara Paul-Zamour, sur l'état de l'opinion, de la mobilisation de la société. Deux jours auparavant, Christophe Borgel, député (PS), et quelques élus de Haute-Garonne ont lancé un appel à accueillir des Syriens.
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La veille, c'est Martine Aubry qui s'est mobilisée à Lille. Bernard Cazeneuve évoque alors l'idée d'inviter à Paris ces maires qui souhaitent accueillir... Dès le lendemain, son souhait se concrétise avec l'envoi d'une lettre à tous les maires. Il s'agit de remercier les plus engagés et d'inciter les autres à l'action. Seule une large mobilisation de la société peut permettre à la France de relever dignement le défi qu'elle promet de relever. Au cœur du week-end la " task force " de Beauvau est à l’œuvre. Depuis que la crise migratoire s'est accélérée, en août, le conseiller sur les migrations, Raphaël Sodini, la conseillère spéciale, Marie-Emmanuelle Assidon, et la conseillère en communication se réunissent matin et soir dans le bureau du directeur de cabinet Michel Lalande. Les conseillers parlementaires ou le chef de cabinet s'y joignent en fonction des actualités. Ce petit groupe doit désormais rendre possible l'accueil décent de la vague historique de réfugiés que la France s'est engagée à accueillir. Quelques heures chaque jour, le bureau de Michel Lalande se transforme en poste de commandement d'où s'orchestre l'accueil immédiat des 1 000 réfugiés et l'élaboration du plan pour les 24 000 qui s'étaleront sur deux ans. Ces derniers venant s'additionner aux 6 700 premiers réfugiés que la France, en juillet, s'était déjà engagée auprès de l'Europe à faire venir. Un défi immense Dans un pays qui ne parvient pas à héberger plus de la moitié de ses demandeurs d'asile arrivés par la voie classique ; où 1,8 million de personnes attendent un logement social, le défi est immense. En lien avec Beauvau, trois autres lieux parisiens se mobilisent dès samedi : l'OFII, Office français de l'immigration et de l'intégration, la direction des étrangers de France (DGEF) et la préfecture d'Ile-de-France (PRIF). Dans ses bureaux du 15e arrondissement, la PRIF est sur le pied de guerre. C'est la première fois depuis la grippe H1N1 en 2009 qu'une cellule de crise est activée dans ces murs. La secrétaire générale, Sophie Brocas, en prend la tête. Deux fois par jour, elle fait le point. " Les préfets font remonter les possibilités d'accueil, ils visitent les lieux, s'assurent de leur salubrité ", observe-t-elle, mercredi, un immense tableau à la main. " Dès que nous avons des hébergements prêts, nous signalons leur configuration à l'OFII afin qu'à Munich, où sont sélectionnés les réfugiés, on compose les bus en adéquation avec l'offre locale ", rappelle Mme Brocas. " Il y a eu un véritable élan des grands réseaux du tourisme social, se réjouit-elle, au point que les marges dégagées dès aujourd'hui nous permettront de mieux appréhender les mises à l'abri hivernales, mais aussi de commencer à anticiper les arrivées suivantes ", poursuit le préfet de région, Jean-François Carenco, qui n'oublie pas non plus qu'il va devoir héberger dans les prochains jours les 450 migrants du camp parisien d'Austerlitz qui seront évacués. " Nous devons gérer simultanément trois temporalités, analyse Kléber Arouh, le préfet nommé coordonnateur national de l'opération réfugiés. En même temps que l'accueil immédiat, il nous faut penser la suite avec l'installation dans des logements pérennes des migrants rapidement devenus réfugiés. " La direction des étrangers, avec à sa tête un ancien du cabinet de Bernard Cazeneuve, Pierre-Antoine Molina, veille, elle, avec l'OFII, à accélérer l'octroi du statut de réfugiés aux demandeurs classiques. " Pour que le système fonctionne, il faut que l'administration soit capable de délivrer très rapidement le statut de réfugié ", rappelle Pierre-Antoine Molina. Le défi est de réussir à le faire en deux semaines pour les réfugiés
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syriens, soudanais ou érythréens, afin qu'au bout de deux mois ils rejoignent un logement social, laissant la place à d'autres arrivants. " Taskforce migrants " Comme si la tâche n'était pas assez colossale, Bernard Cazeneuve voit une autre priorité se greffer sur ce défi : héberger dans les meilleurs délais les demandeurs d'asile de Calais. " Très vite on va nous demander pourquoi nous prenons en charge les gens que l'on va chercher en Allemagne, alors que les demandeurs d'asile calaisiens ne bénéficient pas du même accueil, pressent-il. Je souhaite donc que les demandeurs d'asile de Calais bénéficient aussi de la mobilisation nationale ", martelait-il hier après un entretien avec la préfète du Pas-de-Calais. C'est-à-dire qu'on les loge rapidement. À 12 heures vendredi, sa " task force migrants " réunie autour de lui a ajouté l'amélioration des conditions de vie à Calais à la liste des urgences. Une de plus pour le petit groupe mobilisé sur les migrations et les réfugiés. Rompus au rythme fou qui caractérise le quotidien de la Place Beauvau, ils ont cette fois la pression supplémentaire d'avoir un rendez-vous avec l'histoire. Au cas où l'un d'eux l'aurait oublié, le ministre ne se prive pas de le leur rappeler d'une voix étale, certes, mais qui ne souffre pas la contestation. " Dans des moments historiques comme aujourd'hui, il faut être professionnels et efficaces. Travailler tout le temps. Faire le job ", ajoute-t-il avant de repartir à ses dossiers. Vendredi soir, l'hôtel particulier de la Place Beauvau est resté longtemps allumé. Un peu plus tard que d'ordinaire encore. Maryline Baumard Ces migrants que la France ne fait pas rêver Le Monde; Paris [Paris]12 Sep 2015. Alors que l'Europe reste divisée sur l'accueil et la répartition de 120 000 réfugiés - le Conseil extraordinaire des ministres de l'intérieur prévu lundi 14 septembre ne devrait pas déboucher sur un accord global -, les migrants, eux, ne cachent pas leur préférence pour le Royaume-Uni et l'Allemagne. A Munich, l'Office français des réfugiés et apatrides (Ofpra) peine à remplir ses bus en partance pour la France. " Les gens qui viennent ici ont l'Allemagne en tête, explique Pascal Brice, le directeur général de l'Ofpra, les passeurs leur ont vendu un eldorado. Ils n'ont pas pensé à la France. " A Calais, les migrants syriens ou érythréens avancent d'autres arguments. Les perspectives d'emploi, la langue, les attaches familiales sont autant d'éléments qui les incitent à passer la Manche ou le Rhin plutôt que de rester dans l'Hexagone. Ils se disent aussi rebutés par les conditions d'accueil en France. " On nous a dit qu'en France il n'y avait pas de travail ", explique Ruth, une Erythréenne de 25 ans, qui a un cousin en Grande-Bretagne. Dans la cité portuaire, seuls les Soudanais choisissent massivement la France. Mais ils n'obtiennent satisfaction que dans la moitié des cas. " J'aime la France, mais la France ne m'aime pas ", conclut Abdalla Ibrahim. Un village du Pas-de-Calais ne veut plus de sa " petite jungle "
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Le Monde; Paris [Paris]18 Sep 2015. A l'heure où le pays cherche des hébergements pour accueillir 30 000 réfugiés, Terre d'errance, une association du Pas-de-Calais, se voit reprocher d'avoir construit deux abris pour des migrants à Norrent-Fontes, une commune de 1 500 habitants à 70 km de Calais. Jeudi 17 septembre, sa présidente, Nan Suel, une travailleuse sociale, mère de trois enfants, a passé son après-midi à la gendarmerie voisine, convoquée dans le cadre d'une enquête du procureur. La veille, un médecin bénévole de son association avait déjà dû répondre à la même invitation. Terre d'errance est accusée d'avoir enfreint un arrêté pris début août par le maire de la ville, Bertrand Cocq, élu en 2014. Ce texte interdisait la reconstruction d'un camp pour les migrants qui avait brûlé en avril. Arguant que ce campement, - installé sur ce même lieu depuis 2008 -, " se trouve sur une zone non constructible car inondable " , le maire a décidé, " en accord avec le sous-préfet et le préfet " , d'en interdire la reconstruction. Avant l'incendie du printemps, Norrent-Fontes offrait des abris isolés du froid, construits par plusieurs associations et la " petite jungle ", à laquelle le maire précédent n'était pas hostile, était même citée en exemple. Pour l'élu, " il n'est plus possible que le Pas-de-Calais supporte 5 000 migrants. L'Etat leur met des bâtons dans les roues pour qu'ils n'aillent pas en Grande-Bretagne et nous devons gérer. Sur notre commune, ils sont là depuis la fin des années 1990, je considère qu'on en a fait assez. Aujourd'hui, le personnel municipal passe 10 % de son temps à s'occuper d'eux ", lance le maire. Selon Terre d'errance, les services municipaux apportent effectivement de l'eau sur ce terrain, mais pour seulement trente personnes, ce que M. Cocq estimerait être " un campement acceptable " pour la taille de sa commune. " Aujourd'hui, ils sont 150. Ils sont Erythréens, Soudanais ou Ethiopiens et le groupe compte de nombreuses femmes qui ne veulent plus dormir à Calais, où elles ne se sentent pas en sécurité ", rappelle Nan Suel. Terre d'errance estime donc n'avoir fait que son devoir " en posant des bâches sur les palettes de bois, alors qu'il pleuvait très fort. Puisque personne ne respecte ici le droit inconditionnel à un hébergement, pourquoi respecterions-nous un arrêté ? " Maryline Baumard La France de l'accueil contre celle du repli Le Monde; Paris [Paris]22 Sep 2015. Il est dans l'histoire des peuples et des nations des moments de bascule, des instants décisifs. Nous en vivons un. Les milliers d'êtres humains morts en mer ou sur nos routes, l'aide qu'on leur apporte ou qu'on leur refuse définissent qui nous sommes et dans quel type de société nous voulons vivre. Face à la tragédie des réfugiés, l'Europe réagit à fronts renversés. Le gouvernement français, aphasique sur le sujet depuis 2012, est aujourd'hui encore incapable de faire les choix politiques d'Angela Merkel, l'opposition de droite sombre dans une délirante surenchère identitaire, les intellectuels parisiens sont détrônés dans l'imaginaire humaniste européen par les supporteurs de foot allemands, et les structures vieillissantes de la gauche de la gauche sont incapables de mobiliser l'opinion autour d'un projet cosmopolite. La France apparaît aux yeux du monde comme une nation fatiguée, repliée sur elle-même, minée par une xénophobie latente, à l'opposé du récit universaliste qu'elle prétendait incarner.
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D'" invasions " en " fuites d'eau " , les grilles de lecture et les mots de l'extrême droite se sont imposés dans notre espace public, bien au-delà des limites d'un Front national en pleine expansion. Il ne s'agit évidemment pas d'idéaliser l'Allemagne de la CDU, ses travailleurs pauvres et ses mouvements néonazis. Mais, marcher dans les rues de Berlin, écouter le discours d'une chancelière de droite sur les " droits civils universels ", lire la presse - du tabloïd Bild à l'élitiste Frankfurter Allgemeine Zeitung - voir les stades, les restaurants, les bars, les balcons et les fenêtres se parer de " Refugees welcome " ou écouter les réfugiés émus remercier l'armée de volontaires qui les prend en charge invitent à une forme d'humilité dont nous ne sommes pas coutumiers, puis à un questionnement douloureux sur notre attitude et ce qu'elle révèle de ce que nous sommes devenus. " Nous étions sûrs que l'élan viendrait de Paris, vous avez une telle tradition de mobilisation populaire... ", me confiait l'un des organisateurs des manifestations de solidarité, début septembre en Allemagne. Il n'en fut rien. Certes, des Français sans parti ni chapelle multiplient depuis des mois, voire des années, les actes de solidarité, du pêcheur Philippe Martinez sauvant 1 840 migrants aux milliers de citoyens proposant d'accueillir des réfugiés chez eux, en passant par les associations et les collectifs de Calais, de Paris ou d'ailleurs. Mais cette générosité spontanée reste morcelée et ne se transforme ni en politique publique ni en récit commun. Parce que notre Etat, nos partis, nos représentants s'y refusent. Ignoble concurrence des indigences Tétanisée par le FN, obnubilée par les sondages, la gauche au pouvoir n'ose pas s'opposer au repli prôné par une droite de plus en plus extrême et une extrême droite de moins en moins isolée. Jean-Christophe Cambadélis souligne la débâcle en déclarant que le gouvernement a attendu que " Merkel, le pape et Cameron " parlent pour ouvrir ses portes à 24 000 personnes en deux ans (c'est-à-dire le nombre de réfugiés arrivés en Allemagne du 9 au 13 septembre). Le jour est arrivé où le PS attend la CDU et le Vatican pour se prononcer - et encore, à demi-mot - en faveur de l'accueil des persécutés. Pourtant, la France est depuis des siècles un champ de bataille philosophique. Aux partisans d'un enracinement maurassien s'est toujours opposée une promesse d'émancipation, la geste de Hugo et de Romain Gary.C'est ce récit-là que la pusillanimité de nos élites soi-disant progressistes abandonne face à l'omniprésente musique xénophobe. Si nous n'acceptons pas que les cartes d'identité soient remplacées par des arbres généalogiques, le droit du sol par celui du sang, le projet républicain par le culte des racines, bref, si nous rejetons la poutinisation ou l'orbanisation de l'espace public, il faut parler et agir maintenant. Oui, notre pays, deuxième économie de la zone euro, est assez riche pour loger à la fois les réfugiés et les sans-abri français. Ne laissons pas s'installer l'ignoble concurrence des indigences, l'opposition des souffrances françaises à celles des migrants. Tout, en politique, est question des priorités que l'on impose ou que l'on se laisse imposer. Imposons donc l'accueil des réfugiés et le droit au logement pour tous. Une Europe fondée sur la libre circulation des idées et des êtres demeure notre horizon. Certes, pas cette construction technocratique craignant la démocratie comme la peste. Mais faut-il retomber dans les passions tristes du nationalisme parce que Juncker ne correspond pas à la vision hugolienne d'une démocratie continentale ? Portons un récit, un projet diamétralement opposés à ceux des tenants du repli, ce que les partisans du statu quo ne veulent ni ne peuvent faire.
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La République n'est pas un simple cadre institutionnel. Elle s'écrit au jour le jour ou bien elle se délite. Elle se délite en Isère lorsque des citoyens assiègent des Roms avec les cris de " Dehors ! ". Elle se délite à Béziers lorsqu'un maire fait son show devant des Syriens, répétant " Vous n'êtes pas les bienvenus ici ! ". Elle se délite à Calais dont la " jungle " devrait faire honte à tout un pays. Elle se délite à coups de sondages prônant le rétablissement de frontières hermétiques à la détresse humaine. Elle se délite à force de démissions intellectuelles et politiques. Les murs que nous laissons construire aujourd'hui finiront par nous enfermer. Nous sommes comme Faust célébrant la technologie qui creuse sa propre tombe. Nous appelons de nos voeux les barbelés et les miradors qui nous transformeront en prisonniers de nos peurs et de nos haines. Cela s'appelle paver la voie au Front national. Par Raphaël Glucksmann Xavier Bertrand, la région en attendant la primaire Le Monde; Paris [Paris]29 Sep 2015. L'ex-ministre Xavier Bertrand (LR) affirme qu'il maintiendra sa candidature à la primaire à droite pour la présidentielle de 2017 s'il devient président de la région Nord - Pas-de-Calais - Picardie. Vous assurez que le sort de la région Nord - Pas-de-Calais - Picardie se jouera entre Marine Le Pen et vous. Comment pouvez-vous en être si sûr ? Les dirigeants du Parti socialiste ont trahi le peuple de gauche. Les retraités et les ouvriers ne leur pardonnent ni le matraquage des impôts depuis 2012, ni d'avoir laissé la région rongée par le chômage alors qu'ils avaient tous les pouvoirs : la région, les cinq départements, la quasi-totalité des grandes villes... Même le PS a conscience de n'avoir aucune chance de l'emporter. Sinon, Patrick Kanner - ministre de la ville - ou Martine Aubry auraient été candidats. Marine Le Pen est la favorite des sondages. Comment l'expliquez-vous ? Mme Le Pen se nourrit de la souffrance des gens : plus il y a de misère, plus elle a de chances qu'on vote pour elle. A part la misère et la colère, elle n'a rien à proposer pour la région. En 2011, elle disait d'ailleurs que les régions ne servaient à rien et qu'on pouvait les supprimer. Quelles seraient les conséquences d'une victoire du FN dans cette région ? Avant tout, un séisme économique. L'image de la région prendrait un coup terrible. Elle deviendrait un territoire gelé pour le tourisme, le commerce et l'artisanat. Elle serait désertée par les investisseurs, notamment étrangers, avec des conséquences directes en termes d'emplois. L'incohérence de Mme Le Pen nous serait fatale : elle tape sur l'Europe, alors que notre grande région a besoin de l'Europe. La construction du canal Seine-Nord, qui représente 20 000 emplois, repose par exemple sur un financement européen de 1 milliard d'euros. Comment sortir cette région du déclin ? Je ferai tout pour remettre la région au travail, car il n'y a que par le travail qu'on s'en sortira. Cela passe par la fin de l'assistanat, mis en place par les dirigeants socialistes et qui profite au FN. Dès janvier 2016, je proposerai une formation de retour à l'emploi pour tous les demandeurs d'emploi. De même, je m'engage à proposer une formation ou une activité à tous
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les bénéficiaires du RSA - revenu de solidarité active - , en lien avec les conseils départementaux. Soutenir les entrepreneurs fait aussi partie de mes priorités ; d'ailleurs je confierai la politique économique de la région à un chef d'entreprise. Je veux valoriser ceux qui travaillent, ceux qui donnent du travail et ceux qui en cherchent. Pourquoi avoir tenu des propos aussi durs sur les migrants cet été, en posant un ultimatum au premier ministre britannique David Cameron ? J'ai voulu provoquer un débat politique outre-Manche, en disant aux Anglais : " Si vous continuez à ne rien faire, on va déplacer la frontière de Calais à Douvres et vous assumerez vous-mêmes le contrôle de votre frontière. " Cela a commencé à porter ses fruits : Londres a annoncé des moyens supplémentaires et va faire évoluer sa réglementation. Je ne lâcherai pas ce dossier tant qu'il ne sera pas réglé. Je demande la constitution d'une commission d'enquête parlementaire sur la question des migrants à Calais : il faut comprendre comment on en est arrivé là, quelle est la réalité des passeurs et du trafic, comment s'attaquer aux racines du problème. Cela fait des mois que je plaide pour l'instauration d'un blocus militaire au large de la Libye, afin de bloquer les migrants avant même qu'ils ne partent, et pour une action militaire totale contre Daech. Vous avez proposé la création d'un ministère de l'autorité, regroupant ceux de la justice et de l'intérieur. Pourquoi ? L'intérieur et la justice ont toujours été à hue et à dia. Cette différence d'approche a souvent donné l'impression que l'action des forces de police ne conduisait que trop rarement à des sanctions. Pour y remédier, je veux instaurer une unité politique entre les forces de l'ordre et la chaîne pénale avec une indépendance des magistrats, évidemment préservée constitutionnellement. Un seul ministre pour une seule politique de l'autorité de l'Etat, comme aux Pays-Bas. Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de courir après le FN ? J'ai toujours combattu le FN, et j'ai été sur sa liste noire : Mme Le Pen avait appelé en juin 2012 à voter PS pour me faire battre. Toute mon histoire personnelle et politique est à l'opposé de ce qu'est et incarne la fille de Jean-Marie Le Pen. Le seul qui peut l'empêcher de s'emparer de la région, c'est moi. Vous dénoncez " Paris " et son " système ". N'est-ce pas facile, quand on a été plusieurs fois ministre ? Je ne suis pas parisien, je n'ai pas fait l'ENA, ni Sciences Po... Le système ne m'a jamais accepté. J'ai toujours senti une forme de mépris à mon égard de la part de beaucoup de ténors politiques. Quand en 2012, j'ai été réélu député de justesse, après qu'on m'a collé l'étiquette de Parisien, ça a créé un déclic : depuis, j'ai décidé de totalement assumer mon enracinement provincial. Appelez-vous les électeurs de gauche à voter pour vous dès le premier tour pour empêcher le FN de ravir la région ?
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Les consignes des états-majors, ce n'est pas mon truc. Chacun se décidera en son âme et conscience, en se posant cette question : qui peut porter un vrai projet pour la région et lui permettre de sortir du déclin ? Marine Le Pen ou moi ? Excluez-vous une alliance avec le PS au second tour ? Absolument. Je ne recherche pas une place. J'ai des valeurs et des principes. Ce sera donc la même liste et le même projet au premier et au second tour. Maintiendrez-vous votre candidature à la primaire à droite pour la présidentielle de 2017 si vous emportez la région ? Oui, car je veux défendre mes idées : le septennat non renouvelable, le contrat de travail unique, le rétablissement du service national... Si je m'engage pour cette élection, c'est aussi pour être le porte-parole au niveau national des 6 millions d'habitants de ma région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Propos recueillis par, Gérard Courtois, et Alexandre Lemarié
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Articles : La Voix du Nord (Le 1er août 2015 – le 30 septembre 2015) samedi 1 août 2015 Intrusions de migrants au Tunnel: Londres annonce des mesures Toutes éditions - LONDRES. Face aux intrusions répétées et mortelles de migrants de ces derniers jours (nos précédentes éditions), le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé hier, après une réunion de la cellule de crise de son gouvernement, la livraison de clôtures et d'équipes de gardiennage pour le site du tunnel sous la Manche à Coquelles. En début de semaine, la ministre britannique de l'Intérieur, Theresa May, avait annoncé un déblocage de 10millions d'euros pour la sécurisation du site. «Les mesures annoncées ce vendredi s'ajoutent aux renforts mis en place par le ministère de l'Intérieur français (120CRS et gendarmes mobiles sont arrivés mardi soir), et aux investissements réalisés par le groupe, qui a doublé son effectif de gardiens depuis le début de l'année (150 à 200 aujourd'hui), s'est satisfait Eurotunnel dans un communiqué de presse. Nous avons également mis en place une barrière renforcée de protection des quais, opérationnelle depuis jeudi.» La presse anglaise se déchaîne La compagnie transmanche indique également avoir pris contact avec SNCF-Réseaux pour renforcer la zone ferroviaire de Fréthun, «située hors du site, et par laquelle des intrusions sont constatées». Contacté hier, un porte-parole d'Eurotunnel a apporté quelques précisions sur ces mesures: les clôtures promises par Londres seront installées autour des plateformes des navettes et des accès. Quant aux équipes de gardiennage, il s'agit d'équipes cynophiles anglaises, dont le nombre n'a pas encore été précisé par Londres, tout comme le calendrier de ce «plan Cameron». «Mais ça se fera très rapidement», précise ce porte-parole. Outre-Manche toujours, Calais fait ces derniers jours la une de la presse anglaise, notamment des tabloïds dont l'excès est le fonds de commerce. «Send in the army» («envoyez l'armée») s'exclament ainsi en chœur The Daily Star, The Daily Express ou The Daily Mail. Le journal gratuit Metro parle de l'anarchie qui règne à Calais, là où The Sun estime que les Français sont... «calamiteux». Si les journaux britanniques interpellent leur gouvernement, ils ne sont pas tendres non plus avec le gouvernement français. Taxé d'«égoïste» et d'«irresponsable», il est accusé de créer «une salle d'embarquement» pour la Grande-Bretagne à cause de sa «mollesse» dans la gestion de la crise migratoire. Mais tous les quotidiens britanniques ne partagent pas cet avis tranché: The Times appelle les Britanniques à faire preuve de solidarité envers des migrants qui «ne représentent qu'une goutte d'eau». The Independent rappelle que «le problème de Calais ne peut pas être résolu à Calais parce que ce n'est pas un problème propre à Calais.»D. M. et Q. V. dimanche 2 août 2015 Calais seule au monde avec ses migrants Toutes éditions - Depuis dix ans, la question des migrants se pose à Calais, mais ne peut se résoudre qu’ailleurs, dans une coopération européenne et au-delà. L'Angleterre n'a pas fini d'être une île et Calais sa voie d'accès principale. Dans cette pointe nord de l'Hexagone, tout est conçu pour canaliser et faciliter les flux entrants et sortants de
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personnes et de marchandises entre la Grande-Bretagne et le continent. Sur et sous la mer, des voitures, des camions et des trains circulent pour permettre aux hommes de voyager et de commercer librement. Calais est la clef de ces échanges vitaux. Calais est le contraire d'une impasse, c'est un passage. Une des principales plateformes de la mondialisation, un hub de la civilisation. On voudrait, pour contenir les vagues de migrants, transformer un passage en cul-de-sac, arrêter le mouvement, figer les flux, contrôler, filtrer, tamiser des millions de tonnes de fret, ériger des barrières autour du port, hérisser l'entrée du Tunnel de barbelés, fouiller les camions, vérifier les essieux, sonder les citernes. Mais rien n'y fait. Les besoins du commerce légal et l'aspiration au voyage régulier sont inconciliables avec l'ambition d'empêcher tout passage clandestin. Il y a là une contradiction entre les vocations naturelles d'un lieu et de ses équipements et ce qu'on leur demande depuis ces tentatives incessantes de franchissement illégaux du Channel. Cette situation calaisienne est une tragédie pour des migrants qui ont fui la guerre et traversé le désert et ne renoncent pas si près du but, un stress pour certains riverains et les routiers, un manque à gagner pour les entreprises liées au transport et un casse-tête pour les politiques. On ne règle pas cette question par des solutions simples. L'ouverture totale agirait comme un appel d'air et la fermeture totale est un leurre. Cette complexité renvoie à la dimension de plus en plus internationale des sujets politiques. Contre une partie de leur opinion, les gouvernements sont condamnés à coopérer à l'échelle du continent. L'Europe n'échappera pas à une politique de répartition et de régularisation partielle de ces émigrés, qui ne repartiront pas. Les autorités britanniques, malgré leur réticence, doivent lutter contre le travail illégal, qui rend leur territoire si attractif aux sans-papiers. Surtout, la communauté internationale, ou ce qui en tient lieu, doit réduire les causes les plus directes de ces émigrations, notamment l'instabilité politique et les violences au Moyen-Orient et dans la corne de l'Afrique. dimanche 2 août 2015 Migrants : le président du Sénat réclame un sommet franco-britannique Calais - CALAISIS. Le président du Sénat Gérard Larcher a indiqué s'être entretenu avec la maire de Calais Natacha Bouchart sur la question migratoire dans le Calaisis. Comme elle (nos précédentes éditions), ce dernier appelle à l'organisation d'un sommet franco-britannique pour « trouver des solutions communes ». Il demande aussi au gouvernement français, avec l'aide des Britanniques, de prévoir un plan d'urgence de soutien à l'économie du Calaisis. « Cette crise humanitaire devient insupportable, poursuit Gérard Larcher. Chaque jour apporte son lot de morts et de détresse », indique le président. Il propose « un blocus maritime au large des côtes libyennes et une politique efficace de co-développement avec l'Afrique. » Retrouvez en page Région notre reportage aux abords du Tunnel avec les migrants qui tentent de passer. dimanche 2 août 2015 Stoppés par les grilles du Tunnel, les migrants désemparés Toutes éditions - PAR ARIANE DELEPIERRE ET CHLOÉ TISSERAND region@lavoixdunord.fr Coquelles. Quand le jour décline à l’horizon, ils sont des centaines, marchant par petits groupes, à rejoindre les grilles d’Eurotunnel, là où se trouvent les quais du
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tunnel sous la Manche, point d’embarquement des navettes fret. Ils sont soudanais, éthiopiens, érythréens. Ils ont fui la guerre et espèrent une vie meilleure en Angleterre. Ils marchent la tête baissée mais d'un pas sûr, esquissent un sourire quand ils croisent des regards inconnus. Ils sont à Coquelles depuis trois jours et dorment dans les herbes hautes, près des marais, ces eaux stagnantes, royaume des rats musqués. Fraîchement débarqués, ils ignorent encore où est la «jungle» et Jules-Ferry, camp toléré par l'État ouvert en avril zone des Dunes, à Calais. La plupart sont des adolescents. Il faut être jeune, intrépide, et n'avoir d'autre choix pour se mesurer aux grilles du Tunnel. Avant eux, ces dernières semaines, nombreux s'y sont risqués, certains s'y sont brisés les os, d'autres ont perdu la vie (lire ci-dessous). Face à la bunkérisation, l'impuissance Sur la route de bitume qui longe les barrières, on les retrouve. Appuyés contre la glissière de sécurité, ils observent, l'œil vide, les barrières hautes d'une dizaine de mètres, qui se dressent tels des colosses d'acier infranchissables. Juste avant, il faut franchir un fossé où l'eau «arrive jusqu'à la taille», puis une grille avec des barbelés munis de lames de rasoir. De l'autre côté de la forteresse, debout en faction, les gendarmes surveillent (lire ci-dessous). Le face-à-face durera plusieurs heures. En silence et sans heurts. Dans un anglais approximatif, un garçon demande comment se dit «une personne qui transporte les gens d'un endroit à un autre illégalement» en anglais ou en français. Il tend la paume de la main pour qu'on lui écrive le mot «passeur». Khalid, étudiant en médecine à Khartoum, capitale du Soudan, rêve d'Angleterre. Six jours durant, il a traversé la mer Méditerranée à bord d'un rafiot, entassé avec des centaines d'autres compagnons d'infortune: «J'ai vu une femme mourir devant mes yeux. Elle était diabétique, elle n'a pas survécu au voyage. On a dû jeter son corps à l'eau...» Le pire épisode de sa vie, raconte-t-il. Après ça, quelques grilles ne l'arrêteront pas si près du but. Démoralisé, un autre exilé fixe ce qui ressemble à une cage, une prison ouverte, tandis qu'un train de fret, sous ses yeux, entre sur le site. Le renforcement des forces de l'ordre et la masse de médias rendent difficile la pénétration. «No good», «No chance». Plusieurs exilés, déconfits, repartent, marchent des kilomètres autour du site pour trouver un autre endroit où passer clandestinement. D'autres décident de rester pour attendre, avec ou sans passeur, un moment plus propice, loin des regards. Rassemblés sur l'herbe, certains prient avant de retenter leur chance, face aux grilles. mardi 4 août 2015 Laisser passer les migrants: la «solution» du candidat Bertrand Toutes éditions - Par Sébastien Leroy region@lavoixdunord.fr Calais. Alors que la situation se tend à Calais, Xavier Bertrand, candidat Les Républicains aux régionales en Nord - Pas-de-Calais - Picardie, réclame le rapport de force avec les autorités britanniques, quitte à renégocier les règles de contrôle aux frontières. Une position qui divise les autres candidats. «Si on en est là, c'est en partie à cause de l'Angleterre. C'est leur problème aussi.» Xavier Bertrand, candidat LR aux régionales, persiste et signe, dans la foulée de son interview au JDD ce dimanche, dans laquelle il lançait la polémique en proposant d'ouvrir les frontières en «laissant partir» les migrants: «Il faut, avant la fin de l'été, un conseil des ministres franco-britannique exceptionnel, avec des vrais engagements.
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Car si ce que nous propose M. Cameron, c'est mettre des clôtures supplémentaires de Bray-Dunes à Mers-les-Bains, c'est non. Je ne laisserai pas la Côte d'Opale défigurée par les choix migratoires de l'Angleterre et l'économie locale pâtir plus longtemps de la situation.» Et l'élu de menacer: sans avancées concrètes sur la lutte contre le travail clandestin au Royaume-Uni, une des sources du problème selon le député LR, «il faudra renégocier le traité du Touquet (lire ci-dessous), car la situation est intenable, pour les Calaisiens, les migrants, les routiers». «Ridicule» pour Marine Le Pen, qui pointe l'«incohérence»: «On reproche aux Anglais de vouloir maîtriser leur frontière quand nous ne maîtrisons pas les nôtres, par des années de laxisme et de refus d'assumer la souveraineté sur notre politique migratoire.» Classiquement, Marine Le Pen réclame plutôt un rétablissement des frontières, «une hausse des expulsions et une restriction du droit d'asile». De l'autre côté de l'échiquier régional, la tête de liste EELV Sandrine Rousseau valide quant à elle le vocabulaire de Xavier Bertrand. «Oui, il faut renégocier le traité du Touquet, mener un rapport de force quitte à menacer d'ouvrir la frontière.» L'élue appelle aussi France et Angleterre à prendre leurs responsabilités en matière de droit d'asile. «Beaucoup de migrants sont prêts à s'intégrer ici, ça peut être une chance pour nous. L'Allemagne, la Suède font beaucoup plus que nous. Le Royaume-Uni doit prendre une part plus importante.» Au PS, Pierre de Saintignon se refuse aux positions «extrêmes» de Xavier Bertrand. «La proposition est irresponsable. Ne disons pas aux Calaisiens, pour qui la situation est insupportable, des choses qui ne sont pas faisables. Quand les migrants seront refoulés des côtes anglaises parce qu'on a ouvert la frontière, on fera quoi?» La tête de liste socialiste veut faire confiance aux deux gouvernements, en particulier au ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. «La répartition de l'effort doit se faire dans la discussion. On sent cette fois les deux gouvernements déterminés. Maintenant, il faut des actes. S'ils ne sont pas à la hauteur, je le dirai de la même manière.» mardi 4 août 2015 Situation compliquée, solutions simples? Toutes éditions - Situation compliquée, solutions simples? Le coup de pression mis par Xavier Bertrand sur la question des migrants n'est sans doute pas étranger à la campagne des régionales. On serait presque tenté de dire que lancer une proposition fracassante comme celle du député de l'Aisne est un classique du genre, si la situation n'était pas si grave. Grave, parce que des migrants meurent sur le site d'Eurotunnel. Grave, parce que des barrières donnent à Calais des allures de zone interdite. Grave, enfin, parce que la situation du Calaisis, déjà peu aisée, n'a pas besoin de cela à l'heure où il faudrait pourtant y faire revenir les investisseurs. Alors, face à la gravité, sans doute faut-il de la vigueur. Mais sans tomber dans les facilités langagières. Aux excès de la presse anglaise qui donne depuis des semaines dans le dénigrement systématique de la France et les solutions ineptes, pourquoi répondre par la surenchère verbale? Car une fois qu'on a menacé de «laisser partir» les migrants, on n'a pas dit grand-chose. Comment on s'y prend, au juste, pour laisser partir des migrants? Les met-on dans des bateaux? Des trains? Et s'ils nous les renvoient? Et quelle diplomatie on mène avec les Anglais après? Ce ne sont pas des petites questions pour un responsable politique qui souhaite gouverner. Xavier Bertrand ne nous a pas éclairés sur les modalités de sa mesure, revenant déjà après la polémique du dimanche à des propos plus habituels sur la nécessité de se réunir pour trouver des solutions. Signe que sa proposition n'avait peut-être pour but que de le placer au centre d'un débat jusqu'ici occupé par d'autres.
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mardi 4 août 2015 Tunnel: la pose des clôtures financées par les Anglais a déjà commencé Calais - PAR MARIE GOUDESEUNE calais@lavoixdunord.fr Coquelles. 1700 tentatives d’intrusion, un CRS blessé, un homme interpellé : la nuit de dimanche à lundi a encore été marquée par de vives tensions au tunnel sous la Manche. Face à cette situation, Eurotunnel nous donne quelques détails sur le renforcement de la sécurité sur son site. De leur côté, des associations annoncent qu’elles manifesteront ce samedi « pour que tombent les murs ». 1Encore une nuit mouvementée 1700 tentatives d'intrusion selon une source policière, 700 selon Eurotunnel : la nuit de dimanche à lundi, à l'image des précédentes, a été agitée aux abords du Tunnel. Un CRS a d'ailleurs été blessé vers minuit au cours d'une intervention visant à repousser un groupe de migrants. Victime d'un jet de pierre au visage et à la tête, il a été transporté à l'hôpital : sa blessure a nécessité plusieurs points de suture. L'agresseur présumé, un Soudanais de 34 ans, a été interpellé. Pour rappel, la tension est vive ces dernières semaines aux abords du Tunnel : dix exilés sont morts depuis le 1er juin en tentant de traverser la frontière via le site transmanche. 2De nouvelles grilles à venir Le Tunnel compte déjà «plus de vingt kilomètres de clôtures», selon John Keefe, le porte-parole d'Eurotunnel. Cette bunkérisation n'est pas près de s'arrêter: courant juillet, de nouvelles clôtures de deux kilomètres de long et quatre mètres de haut, équipées de lames de rasoir (notre photo) et financées conjointement par Eurotunnel et la Grande-Bretagne, ont été installées de chaque côté des quais. Les 10 millions d'euros débloqués par Londres il y a quelques jours (notre édition de mercredi) auront deux usages: d'une part, affecter de nouvelles équipes cynophiles anglaises auprès des agents de la Border Force du Tunnel («Elles sont très efficaces pour détecter les migrants», précise John Keefe); d'autre part, installer, une fois de plus, des clôtures«sur une autre zone sensible» située autour des plateformes des navettes et des accès. «C'est d'ailleurs déjà en cours, précise John Keefe. Nous n'avons toutefois pas de date de livraison, car nous avons consommé pas mal de stocks de clôtures: il faut en faire fabriquer et en ce début du mois d'août, les usines ne sont pas forcément disponibles...» 3Manifestation annoncée ce samedi Face à cette situation et aux multiples décès déplorés ces dernières semaines, l'association Calais, ouverture et humanité et le blog Passeurs d'hospitalités annoncent une manifestation à Calais ce samedi, à 14h. Le mot d'ordre: «Pour que cessent les morts, pour que tombent les murs.» Le cortège, s'il n'est pas interdit entre-temps par la préfecture du Pas-de-Calais, partira de la «jungle» des migrants, côté rue des Garennes. mercredi 5 août 2015 Le blocage du port et les intrusions au Tunnel vus de l'autre côté de la Manche Calais - PAR ARIANE DELEPIERRE calais@lavoixdunord.fr Folkestone-Douvres. Les tentatives d’intrusions des migrants ces dernières semaines et le conflit My Ferry Link au port de Calais, bloqué pendant plusieurs jours, ont aussi des conséquences côté britannique. Reportage de l’autre côté de la Manche, à Folkestone, ville du Tunnel, et à Douvres, où le trafic et l’économie ont été perturbés.
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Trente-cinq minutes de traversée, arrivée à Folkestone, la ville anglaise du tunnel sous la Manche. Le site où débarquent les voitures et les camions n'a rien à voir avec le bunker coquellois, protégé par de hautes barrières de barbelés munis de lames de rasoirs. Une simple clôture entoure les quais et les aubettes d'Eurotunnel. Pas l'ombre d'un migrant aux alentours, ni de camps à ciel ouvert à l'image de la «jungle» calaisienne. Des vallées verdoyantes, des moutons qui broutent dans les prés. Dans le centre-ville, on ne croisera pas un seul exilé. «Les migrants ne s'installent pas ici. Au débarquement, ils restent dans les camions puis se dispersent autour de Londres pour rejoindre des proches», indique Emily Arnold, la maire de Folkestone. «Calais est une zone de concentration alors que le Kent, le sud de l'Angleterre sont des zones de dispersion», confirme Chris Precious, son homologue de Douvres. Même constat dans le centre-ville de Douvres, cité portuaire qui accueille les ferries. «En moyenne, actuellement, la police aux frontières (UK Border Force) arrête une centaine de migrants par jour au port», avance Chris Precious qui estime à 300 le nombre de migrants qui entreraient illégalement sur le territoire britannique via le port. «Il y a beaucoup d'immigration légale à Douvres, ajoute le maire. Des Roumains et des Polonais s'établissent dans la ville, ouvrent des commerces, développent l'économie». «Opération Stack»: 250 M£ L'Operation Stack (lire ci-dessous) irrite les habitants du Kent. Ce plan d'urgence a été activé par les autorités britanniques pendant quatre à cinq semaines, suite au blocage du port de Calais par des marins de My Ferry Link et aux retards rencontrés par les camions pour traverser la Manche, occasionnés par l'afflux de migrants à Calais cherchant à rejoindre l'Angleterre. L'Operation Stack consiste à parquer sur des sections de l'autoroute M20 des milliers de camions qui attendent de traverser. «Beaucoup d'entreprises souffrent, perdent de l'argent. Quand l'Operation Stack est active, tout est bouclé. On ne peut plus circuler. Les gens restent chez eux, ils ne consomment plus, s'indignent les maires de Douvres et Folkestone. Il a fallu payer des renforts policiers. Cette opération a coûté 250 millions de livres à l'économie britannique». Et d'ajouter : «Le Kent souffre autant que le Calaisis. D'où l'importance pour les élus de Calais, Folkestone et Douvres de se réunir et de trouver des solutions ensemble». jeudi 6 août 2015 Intrusions au Tunnel: «Les migrants se cachent dans mon jardin» Calais - PAR MARIE GOUDESEUNE calais@lavoixdunord.fr CALAISIS. Ils habitent Calais, Coquelles ou Fréthun. Leur point commun ? Ces riverains vivent tous le long des voies ferrées qui mènent au tunnel sous la Manche. Chaque soir, ils voient défiler devant chez eux des centaines de migrants qui tentent le passage vers l’Angleterre. Témoignages. La nuit désormais, elle laisse ses chiens dehors, dans la cour: «C'est efficace, ça les dissuade.» C'est la méthode qu'elle a trouvée pour empêcher les migrants de venir se cacher dans son jardin. Lucie vit seule avec ses enfants dans une maison près de la voie ferrée, à Fréthun. Depuis juin, elle voit chaque soir des dizaines de clandestins passer devant chez elle: «On les entend
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courir, il se cachent, pour pas que les gendarmes les attrapent.» Elle a l'impression que depuis quelques jours, les choses se sont calmées, «peut-être parce qu'un hélico survole la zone jour et nuit.» À quelques centaines de mètres de là, au marais de Coquelles, Jean-Michel confirme qu'il y a «plus d'hélicos ces derniers jours». Les migrants n'entrent pas dans son jardin («Ils ont peur de mes chiens»), mais son épouse «ne va plus promener les chiens toute seule». Aux yeux de ce Coquellois, les tentatives de passage au Tunnel sont loin d'être nouvelles. Il se souvient de ce jour où il était à la pêche avec son fils, «il y a une bonne dizaine d'années»: «Soudain un train est arrivé et une nuée de migrants sont sortis des buissons autour de nous pour passer les grillages et tenter de monter à bord. On ne les avait même pas vus!» Jean-Michel estime qu'un pays comme la France, «avec ses valeurs de fraternité et de droits de l'homme», devrait «faire quelque chose» pour ces exilés. Ces derniers passent aussi devant le poney-club de Fréthun «chaque jour, dès que le soir tombe, par groupes de 50-60». Élodie Lens les observe parfois: «Ils ne sont pas vindicatifs, certains font même signe», explique-t-elle. Le problème, explique la co-gérante de ce poney-club, «c'est qu'ils passent sur notre terrain pour longer les voies. Alors ils coupent nos clôtures... L'un de nos chevaux s'est blessé en se prenant les pattes dedans. Ça crée beaucoup de difficultés pour nous. Tous les jours, on est obligés de faire le tour des pâtures pour s'assurer qu'ils n'ont rien laissé ou abîmé.» Pour elle, la situation est «sans fin»: «Ils reviennent systématiquement». jeudi 6 août 2015 La Commission européenne au secours du couple franco-anglais Toutes éditions - Bruxelles. La Commission européenne a offert son soutien à la France et au Royaume-Uni pour calmer des esprits qui s'échauffent de plus en plus, de part et d'autre de la Manche. Ainsi, elle apportera son aide pour le traitement des dossiers de demande d'asile et pour l'identification des migrants en collaboration avec les pays d'origine, afin de faciliter leur retour. Mardi soir, Dimitris Avramopoulos, le commissaire européen en charge des migrations, a également annoncé que «la Commission [allait] maintenant verser à la France une première tranche de 20millions d'euros» dans le cadre du Fonds européen pour l'asile, la migration et l'intégration. Il a rappelé qu'elle avait déjà versé 27millions d'euros au Royaume-Uni. En mai dernier, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, avait vu son plan de répartition des demandeurs d'asile retoqué par les États membres. Ils refusaient de se voir imposer des «quotas». Hier, il a appelé les gouvernements des États membres à «ne pas suivre les populistes», en leur rappelant qu'ils avaient «l'obligation d'agir» face à ce drame humanitaire. «La Commission est prête pour apporter une aide au gouvernement français d'abord et au gouvernement britannique ensuite, mais à ce jour nous n'avons pas été saisis d'une requête particulière» a-t-il indiqué, avant de confier que la situation à Calais le plongeait «dans le désarroi le plus complet». «Une compensation pour Calais» Natacha Bouchart, sénatrice-maire de Calais, a réagi en considérant que les deux gouvernements et la Commission, «au mépris de la population de Calais et du Calaisis, continuent leurs démarches en occultant la souffrance économique du territoire». Elle regrette que la France «ne réclame pas de dotation supplémentaire», contrairement au Royaume-Uni, qui pourrait être utilisée «en termes d'investissement économique pour le Calaisis». En
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conséquence, elle «exige la tenue d'un sommet franco-britannique à la rentrée», pour évoquer notamment «une compensation économique à la hauteur du préjudice subi par Calais». jeudi 6 août 2015 Migrants: le Royaume-Uni durcit ses règles pour juguler la crise à Calais Toutes éditions - stéphane Faure multimedia@lavoixdunord.f Londres. Le gouvernement de David Cameron a dévoilé une série de mesures censées décourager les migrants de franchir le tunnel sous la Manche. Fin des aides sociales, peines de prison pour quiconque louerait un logement à des clandestins... Des solutions que le ministre de l’Intérieur français juge inefficaces. Ces dernières semaines, la presse britannique a continué de chauffer à blanc une opinion publique déjà obnubilée par la question migratoire. Les tabloïds accumulent les histoires de migrants logeant dans de «luxueux» hôtels et se gavant d'aides sociales. Car, selon eux, c'est ce qui attire les migrants de l'autre côté de la Manche. En conséquence, le gouvernement de David Cameron a durci encore plus le projet de loi sur l'immigration qu'il présentera au Parlement à l'automne. Désormais, les propriétaires qui loueront leur logement à des immigrés clandestins pourront être condamnés à cinq ans de prison en cas de récidive. Ils obtiendraient en contre-partie le droit d'expulser plus facilement les sans-papiers. Il y est aussi question de saisir les salaires des travailleurs clandestins et de réduire encore plus l'aide aux demandeurs d'asile. Actuellement, ils sont logés, nourris, et reçoivent une aide de 36livres (50€) hebdomadaires -un dispositif comparable à ce qui existe ailleurs en Europe et qui se justifie dans la mesure où les migrants n'ont pas le droit de travailler. Ceux dont le dossier a été refusé perdent automatiquement cette aide, sauf s'ils ont leurs enfants avec eux, une exception que le gouvernement veut supprimer. «Ceux qui ont échoué à obtenir l'asile sont des immigrés clandestins, un point c'est tout» affirmait dimanche dernier James Brokenshire, le secrétaire d'État à l'Immigration, à l'unisson d'un gouvernement conservateur effrayé par la montée du UKIP, le parti xénophobe et anti-immigration de Nigel Farage. Sur le terrain, les garde-frontières anglais opèrent dans la salle de commandes du tunnel sous la Manche depuis lundi. Une centaine de gardes supplémentaires doivent également être déployés au terminal de Calais. David Cameron avait annoncé fin juillet l'envoi en France de clôtures et de chiens renifleurs pour compléter le dispositif. Ce paquet de mesures n'est pas forcément du goût du ministre de l'Intérieur français. Si Bernard Cazeneuve, dans une interview à La Croix, salue les moyens mis en œuvre par le Royaume-Uni pour sécuriser les sites portuaire et ferroviaire de Calais, il souhaite «apporter des solutions durables à une situation qui produit chaque jour son lot de drames humains, et non ajouter des difficultés aux difficultés». Par ailleurs, «il est, selon lui, illusoire de penser que nous résoudrons un drame humanitaire, qui résulte des désordres du monde, avec des mesures de sécurité» car «la résolution doit être globale». C'est l'objectif du sommet de La Valette en novembre, qui réunira pays européens et africains afin de trouver des solutions concrètes à la crise migratoire et d'accroître l'efficacité de l'aide au développement. jeudi 6 août 2015 Récit d'une nuit (un peu moins) agitée
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Calais - Oui, les nuits se ressemblent en ce moment autour du Tunnel. On y croise tellement de migrants et tellement de forces de l'ordre qu'une question nous taraude au final: lesquels sont les plus nombreux? Alors oui, ce mardi soir encore, on a pu surprendre un groupe d'exilés escalader une clôture, braver les barbelés, sauter, et sauter encore pour franchir la seconde clôture, puis courir en silence sur les voies, vers les trains, et se perdre dans la nuit. La scène a duré combien, vingt? Trente secondesà peine ? Immédiatement après, une voiture banalisée est arrivée, les portes ont été fermées en silence là aussi, et les policiers qui se trouvaient à l'intérieur se sont mis à courir à leur tour sur leurs traces, vers les trains, dans la nuit. Quelques coups de torches, des ombres qui courent, et une question encore: les ont-ils attrapés? Les nuits se ressemblent, mais pas complètement: car pour la première fois ce mardi soir, on a observé des groupes d'exilés bloqués par les CRS alors qu'ils voulaient tous rallier le pont de la Belle-Hélène. C'est là qu'ils ont pris l'habitude d'accéder aux voies. C'est là une des failles du site. Cette fois, c'est là aussi qu'ils ont été stoppés. Face à eux, cinq fourgons, des gyrophares et des gaz lacrymogènes prêts à servir. Mais la confrontation ne faisait que commencer: à 23 h, les deux groupes se toisaient encore. M.GO. vendredi 7 août 2015 Traversée du Tunnel à pied, tentatives d'intrusions de migrants: ça existait déjà il y a quatorze ans! Calais - COQUELLES. Certains médias ont parlé d'exploit hier pour qualifier la traversée à pied du Tunnel par un migrant désireux de rejoindre l'Angleterre. D'après des archives de La Voix du Nord datant de 2001, ce type de traversée a déjà été réalisée une fois dans les années 90 par un Russe, dans le sens Angleterre-France. Premières tentatives en 2001 Hormis ces deux «exploits», de nombreuses intrusions à pied ont été observées du temps de Sangatte. Les premières tentatives remonteraient à la nuit du 22 au 23 août 2001, vers 23h. Ce soir-là, 44 Afghans réussissent «à franchir un espace réputé inviolable, celui de la tranchée de Beussingues, c'est-à-dire les 800 derniers mètres de quais avant l'entrée dans le tunnel en lui-même, écrit à l'époque notre consœur Annick Michaud. (...) Immédiatement détectés, ils ont été pris en chasse par les services de sécurité.» Interpellés, ils n'ont finalement pas été poursuivis parce que «la police aux frontières n'a pas pu trouver d'interprète et s'est dite dépourvue de moyens pour prendre en charge un tel groupe». Trois jours après cette tentative, une centaine de clandestins tentent à leur tour de pénétrer à pied dans le Tunnel: sept d'entre eux (deux Afghans et cinq Irakiens), qui y sont parvenus sans aller bien loin, sont condamnés à un mois ferme... pour séjour irrégulier sur le territoire français. Le soir de noël, Un «assaut» de 500 migrants Une autre date aura marqué les esprits en 2001, le soir de Noël cette fois: cette nuit-là, quelque 500 réfugiés venus du centre de Sangatte (130 vers 21h, puis 400 vers 1h du matin) partent «à l'assaut» du Tunnel. Le préfet du Pas-de-Calais met alors en place un plan d'urgence et déploie plus de 350 gendarmes, policiers et CRS. Les 130 premiers parviennent à s'introduire dans le Tunnel, certains réussissent même «à marcher sept kilomètres dans le Tunnel nord» avant d'être stoppés. Les 400 autres sont refoulés au moyen de bombes
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lacrymogènes. Seuls quatre réfugiés parmi ces 500 (trois Kurdes et un Afghan) sont envoyés en prison à l'époque, «pour l'exemple»: ils sont condamnés à quatre mois de prison ferme et doivent verser deux millions de francs (304 898€) de dommages et intérêts à Eurotunnel. «Chacun sait que la somme ne sera jamais recouvrée», concluait à l'époque notre ex-confrère Yves Szrama. M.GO. samedi 8 août 2015 La Ville s'oppose à la marche en hommage aux migrants décédés Calais - PAR CHLOÉ TISSERAND calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Aujourd’hui, route des Garennes, au camp toléré par l’État, associations et militants se réunissent à 14 h avant d’entamer une marche pour dénoncer les frontières qui se sont érigées au port et au Tunnel mais aussi l’augmentation du nombre de migrants qui ont trouvé la mort lors de tentatives de passage. Le 11 août, deux bénévoles d'Emmaüs traverseront le détroit de Gibraltar en kayak et à la nage. Ils entendent réaffirmer l'article 13 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui prône la libre circulation de chacun. Trois jours avant cette traversée, Emmaüs a souhaité organiser avec des membres d'associations et militants une marche qui partira de la route des Garennes et se poursuivra jusqu'à la jetée en passant par le boulevard des Alliés. «Nous réclamons l'ouverture des frontières et voulons dénoncer ce qui se passe à Calais aussi. Les gens payent de leur vie les tentatives de passage», rappelle Sylvie Desjonquères, responsable de la communauté Emmaüs Dunkerque. «C'est à la fois un cri d'alarme et un hommage aux migrants morts à la frontière», souligne Philippe Wannesson, auteur du blog Passeurs d'hospitalités. En deux mois, onze migrants ont trouvé la mort. Au bout de la jetée, des discours en hommage aux migrants décédés seront lus et des petits bateaux et des roses mis à l'eau. «On le constate au camp lorsqu'ils ne voient pas rentrer leur compagnon de route, ils sont angoissés et se demandent ce qui a pu se passer, raconte une Calaisienne, militante No Border. Cette cascade de décès a remué aussi l'opinion.» La Ville réclame l'interdiction de la marche La préfecture n'a pas interdit la manifestation qui aura bien lieu. Une décision qui mécontente le premier adjoint de la Ville, Emmanuel Agius (LR), qui a réclamé l'interdiction de cette marche auprès de la sous-préfecture de Calais: «Le motif prétendu de ce rassemblement est de rendre hommage aux migrants décédés ces dernières semaines. Cependant, il est clair que cette marche n'a d'autre vocation que la provocation. En effet, les organisateurs de cette marche ne font pas partie des associations responsables avec lesquelles nous travaillons depuis des années, dans le but de gérer de la meilleure manière possible la lourde problématique migratoire à laquelle le Calaisis est confronté.» Il ajoute: «Ce week-end, dans le cadre de Calais anime l'été, de nombreuses animations sont prévues à la plage et sur la digue Gaston Berthe. Or, c'est justement l'itinéraire qu'a choisi d'emprunter le collectif.» Selon lui, cette marche porte préjudice aux Calaisiens: «De nouveau, en ne s'opposant pas à l'organisation de ce rassemblement, l'État n'assume pas les responsabilités de maintien de l'ordre public qui lui incombent. Nous ne pouvons tolérer que Calais et les Calaisiens continuent de faire les frais de cette absence de réaction de la part de l'État. Au beau milieu de la période estivale, nous regrettons que les Calaisiens ne puissent pas profiter sereinement des animations qui leur sont proposées».
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samedi 8 août 2015 L'ONU demande à la France un plan d'urgence pour Calais Calais - Le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations Unies a appelé la France à présenter un plan d'urgence « global » pour traiter la crise des migrants à Calais avec les moyens mobilisés lors des catastrophes naturelles. Il appelle à ne pas se limiter à des « mesurettes », rappelant que ce problème se pose depuis 14 ans et qu'il « va continuer ». Trois mille migrants sont présents à Calais. «Traitez le comme une urgence civile» , a affirmé Vincent Cochetel, responsable de la division Europe du HCR, soulignant que cette crise est «gérable ». Il a demandé à ce que soient utilisées des casernes inoccupées en France pour loger ces réfugiés et leur fournir des conditions de vie adéquates. Révision du processus de demandes d'asile Le responsable de l'agence de l'ONU demande également une révision du processus des demandes d'asile en France, qui exige sept semaines avant de pouvoir enregistrer ces demandes alors que cette opération est réalisée le jour même dans de nombreux pays d'Europe. Le HCR critique par ailleurs le manque de coopération de la Grande-Bretagne qui refuse notamment de considérer les demandes de personnes qui ont des liens avérés avec le royaume et qui lui sont transmises par les autorités françaises. Le centre d'hébergement ouvert pour eux dans la ville par les autorités avec ses 150 places dédiées aux femmes et aux enfants ne suffit pas, a estimé M. Cochetel. Il demande également que ceux qui ne répondent pas aux critères de réfugiés et sont des migrants économiques soient reconduits dans leur pays « de façon humaine » par les pays européens. dimanche 9 août 2015 De la jetée, des roses à la mer en mémoire aux morts à la frontière Calais - PAR CHLOÉ TISSERAND calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Hier après-midi, la marche en hommage aux onze migrants qui ont trouvé la mort à la frontière a réuni environ deux cents personnes. Le cortège est parti du camp toléré par l’État, la « new jungle » et a rejoint la jetée où des roses et petits bateaux en papier ont été lancés en leur mémoire. Avec des brassards rouges, des pancartes avec des silhouettes pour symboliser les onze migrants décédés et des slogans («Nous ne sommes pas dangereux», «Nous sommes en danger» ou «Chair à canon là-bas, chair à camions ici»), les «marcheurs pour l'ouverture des frontières» - associatifs, militants et exilés - ne sont pas passés inaperçus à la plage. Les journalistes locaux, nationaux et internationaux se bousculaient; touristes et vacanciers étaient nombreux sous le soleil. «Qu'est-ce que c'est?», s'est interrogé un promeneur sur la jetée. La même interrogation se lisait sur d'autres visages. Certains observaient respectueusement le cortège, d'autres râlaient au point de forcer le passage en pleine cérémonie d'hommage, avant la minute de silence. «Moi je ne veux pas assister à ça!», lâche un quadragénaire. «Tu peux passer, allez, lui indique sa compagne. Toi t'es d'ici !» Recueillement au milieu de la jetée
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Les deux cents marcheurs se sont assis au milieu de la jetée, «nous sommes comme dans un bateau», clame une bénévole de l'Auberge des migrants. D'autres, autour du sit-in, portent des tee-shirts «Article 13» en référence à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et à la liberté de circuler. En marge, un exilé se tient contre la balustrade de la jetée, une pancarte posée le long du corps. «Mohammed Ibrahim, 7 juillet 2015, Soudanais, mort au tunnel», est-il inscrit. «C'était mon ami. Je le connaissais depuis un mois», précise-t-il dans un anglais confus. Les associatifs égrainent les noms des morts en français, puis en anglais; les anonymes sont cités. Des discours tenus par des migrants ont souligné la responsabilité des États frontaliers dans ces morts: «Nous faisons cette manifestation pour rappeler à David Cameron sa responsabilité et pour que les portes s'ouvrent car ici des gens en ont besoin». Alpha, connu pour sa hutte érigée dans la «new jungle», a rappelé: «Pour nos amis qui ne sont pas morts pour rien, qui sont morts pour quelque chose. Jamais nous ne les oublierons. Ils n'ont rien fait de mal. Ils ne sont pas des terroristes». Des roses blanches et des petits bateaux en papier ont été lancés à la mer. Le cortège s'est évaporé. Au même moment, un bateau de P&O quitte le port de Calais. Un exilé continue de marcher pour regagner le parking, la tête en arrière. À regarder sans arrêt ce ferry gagner l'Angleterre. dimanche 9 août 2015 «Sauver ces gens, c'est l'honneur de l'Europe, mais cela suppose la solidarité» Toutes éditions - PAR OLIVIER BERGER oberger@lavoixdunord.fr « C’est un enjeu pour nos sociétés pour les trente prochaines années. » Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile, critique la légèreté des réponses politiques à la crise migratoire, autant que l’attitude britannique dans le dossier calaisien. L'IMPASSE CALAISIENNE «La situation calaisienne est le fruit d'un impensé européen, de l'égoïsme britannique et de l'abandon de la souveraineté française à travers les accords du Touquet de 2003. Qu'est-ce qu'il y avait dans la corbeille pour que la France et l'Europe acceptent un accord aussi asymétrique avec la Grande-Bretagne? C'est ahurissant. De fait, on a avalisé la frontière britannique sur le sol français et cela fait de Calais une impasse. Mais immanquablement, si la route se ferme, les gens la contourneront. C'est une fatalité tant qu'on n'ouvrira pas une voie de migration légale. La priorité absolue doit se porter vers les gens qui fuient les pays en guerre comme la Syrie ou des dictatures comme l'Érythrée. Sauver ces gens, c'est l'honneur de l'Europe mais cela suppose la solidarité.» LAISSER PASSER LES MIGRANTS «Sauf à vouloir déclencher une grave crise diplomatique avec la Grande-Bretagne, on ne peut pas laisser passer les migrants illégalement. Nos responsables politiques doivent se mettre au travail plus sérieusement. On ne se saisit pas de la question migratoire à coups de slogans. C'est un enjeu pour nos sociétés pour les trente prochaines années. On ne peut que revenir à la table de négociations dans un moment difficile avec la perspective d'un référendum britannique sur la sortie de l'UE. Nous avons une responsabilité commune. La Grande-Bretagne doit faire sa part du travail.» LES ENJEUX
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«Il y a des enjeux économiques entre la Grande-Bretagne et la France. Notamment avec Calais, premier port de voyageurs en Europe, plus le tunnel. Mais aborder la question ainsi amène à l'impasse que nous connaissons. Il y a à Calais dix ans d'échecs des politiques publiques. Face à une situation structurelle, entre 500 et 3000 migrants selon les saisons depuis vingt ans, on pourrait donner l'accès à l'eau, à des sanitaires, à un minimum de dignité. Qu'on ne me parle pas d'appel d'air, argument d'une pauvreté intellectuelle navrante. Aujourd'hui à Calais, les migrants vivent dans des conditions extraordinairement dégradées, est-ce que ça les empêche de venir? Face à ce défi - en un an et demi, 350 000 réfugiés passés en Europe par la Turquie ou la Libye-, il faut travailler collectivement. Sinon, nous vivrons le délitement de l'Europe et les chaos du monde ne nous épargneront pas.» DES SOLUTIONS «On peut organiser à Calais une voie de migration légale au titre de l'asile, un bureau d'aide commun entre les Britanniques et les Français. On peut installer tout au long de la route migratoire en Europe des centres de petite taille, gérés au besoin par le HCR de l'ONU. Il faut réfléchir à la gouvernance, la sécurité, le développement, notamment en Afrique, mais sans pensée magique. Il faut réfléchir à notre politique étrangère bien souvent productrice de chaos et trouver des solutions politiques aux conflits en Syrie, Libye, ce cercle de feu qui entoure l'Europe.» 2000 noyés en Méditerranée «L'Europe a remis des moyens maritimes pour sauver des vies. Mais chacun sait que les drames vont continuer. Car le chaos en Libye appelle une réponse politique. Il faudra faire le bilan de l'intervention de 2011 qui a certes abattu un dictateur mais en même temps les structures d'un État. Deux mille personnes sont mortes en Méditerranée depuis le début de l'année. On meurt beaucoup sur la route migratoire, dans le Sahel, dans le désert. Il y a eu dix morts en un mois à Calais. Une migrante sur deux est une femme avec des violences terribles. Il y a eu un nouveau naufrage mercredi, il y en aura d'autres en constatant l'impuissance de la communauté internationale.» mercredi 12 août 2015 Accrochage entre un journaliste télé et des migrants dans la «new jungle» Calais - CALAIS. Un journaliste français travaillant pour la chaîne de télévision brésilienne TV Globo a été pris à partie par un migrant alors qu'il réalisait un reportage dans la «new jungle», lundi. Il était en train de filmer les exilés lorsqu'un attroupement s'est formé autour de lui: un migrant voulait visionner ses images pour s'assurer que le journaliste n'avait pas filmé leurs visages. L'homme aurait accepté de le faire, mais pas en présence de tout le groupe: un exilé aurait alors sorti un couteau, l'obligeant à fuir en abandonnant tout son matériel sur place. Entendu par la police de Calais, le journaliste a décidé de ne pas déposer plainte. Il a pu récupérer sa caméra par l'intermédiaire de François Guennoc, un bénévole de l'Auberge des migrants présent sur la lande: «On s'est proposé d'aller récupérer la caméra à l'amiable, explique ce dernier. Le journaliste était d'ailleurs à nouveau sur place ce mardi matin pour poursuivre son reportage.» François Guennoc rappelle que si les migrants refusent souvent qu'on filme leur visage, c'est pour plusieurs raisons: «Ils ont peur d'apparaître sur les réseaux sociaux. Leur
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famille n'est pas au courant en général des conditions indignes dans lesquelles ils vivent. Il ne faut pas oublier non plus que certains d'entre eux sont des opposants politiques dans leur pays: s'ils sont vus, cela peut mettre en danger leur famille.» Le bénévole estime aussi que le climat dans la «new jungle» est «beaucoup plus tendu» ces derniers jours: «Il y a entre vingt et cinquante arrivants chaque jour, qui sont en concurrence pour avoir un abri, des chaussures, un repas, alors forcément la tension s'accroît.» M.GO. jeudi 13 août 2015 Nouvelle agression d'un migrant, la police judiciaire de Lille saisie Calais - CALAIS. C'est, de l'aveu d'un enquêteur, «le même genre» d'agression qu'au mois de juin: une voiture noire conduite par plusieurs individus s'arrête à proximité d'un migrant et le roue de coups, en utilisant un objet pouvant être assimilé à une barre de fer. Plusieurs faits ont ainsi été recensés en juin, si bien que le parquet de Boulogne-sur-Mer, qui indiquait alors prendre l'affaire «très au sérieux», avait confié l'enquête à la police judiciaire de Lille. Un nouveau fait s'est donc produit dans la nuit de samedi à dimanche, à Calais là encore: cette fois, c'est un Érythréen de 26 ans qui a été roué de coups au visage et dans les jambes. Un médecin légiste l'a examiné et d'après la PJ, ses blessures sont sans gravité. Les faits se seraient déroulés le long de la voie ferrée qui relie la zone industrielle des Dunes à la gare de Calais (un chemin particulièrement emprunté par les exilés). D'après un militant associatif qui a rencontré la victime, trois personnes se trouvaient à bord du véhicule de couleur sombre. «La victime a reçu des coups de poing, puis des coups dans les jambes avec une arme dont la nature n'est pas déterminée», a expliqué un enquêteur. L'homme, qui a déposé plainte, aurait de nouveau été entendu ce mardi par la PJ: «Ils sont allés ensemble repérer les lieux», selon François Guennoc, de l'association l'Auberge des migrants. Une affaire délicate Pour la PJ de Lille, «on ne peut pas dire à l'heure actuelle qu'il existe un lien formel entre toutes ces agressions. Nous ne savons pas non plus s'il s'agit des mêmes individus.» Un enquêteur confiait ce mardi qu'il a pu y avoir d'autres agressions du même type depuis juin, sans que la PJ en soit informée: «Les victimes ne déposent pas toujours plainte. L'affaire est d'ailleurs délicate car certaines victimes ont disparu. Et nous n'avons pas toujours, de leur part, de signalement précis des agresseurs.» M.GO. jeudi 13 août 2015 Tourisme: coup dur en juillet pour nombre d'hôteliers et de restaurateurs Calais - PAR DOMINIQUE SALOMEZ calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Au mois de juillet, les différents blocages et opérations menées par une partie des salariés de la SCOP SeaFrance ont eu de lourdes conséquences pour les professionnels du tourisme du Calaisis. Une baisse de fréquentation est constatée, surtout de la part des touristes anglais. Le mois d’août ne suffira pas à rétablir la tendance. Le Calaisis a été sous les feux de l'actualité au mois de juillet. Et ce n'est pas pour ses longues plages de sable fin, ni les paysages verdoyants de son arrière-pays qui invitent aux vacances et
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week-ends prolongés. Dans les journaux, sur les écrans de télévision et sur les ondes, ce sont les centaines de tentatives d'intrusion de migrants dans le Tunnel qui ont fait la une, de même que les files de camions et les pneus incendiés lors des blocages de marins de la SCOP SeaFrance. Une situation et une vision du territoire qui a frappé de plein fouet l'activité de nombre de professionnels du tourisme. Moins 30% de chiffre d'affaires «Au 31 juillet, mon chiffre d'affaires est en baisse de - 30000€, déplore Frédéric Mancho, gérant du camping la Bien Assise à Guînes. Et le mois d'août ne s'annonce pas bon du tout.» Dans son camping, les touristes anglais représentent 85% de la clientèle. «En juillet, sur les 148 emplacements, il me manque 30 à 40 caravanes par jour, souligne le gérant qui pointe le traitement de l'information outre-Manche. Il y a des confusions sur la situation entre les migrants et les pneus brûlés qui expliquent la baisse de touristes anglais. Ils craignent de venir en France.» Frédéric Mancho sait déjà qu'il ne bouclera pas la saison avec une trésorerie positive. «Je vais devoir faire appel aux banques pour la période d'hiver et le début de saison.» Même coup dur pour le patron de l'hôtel-restaurant les Dunes à Blériot. «Ce n'est pas joyeux ce mois de juillet, soupire Philippe Mené. La baisse d'activité est de l'ordre de 18%. On limite la casse par rapport à 2014 qui n'était déjà pas bonne. D'habitude, on a 40 à 50% d'Anglais, cette année on n'en a quasiment pas eu. Je respecte tout le monde mais la façon dont les blocages se sont passés, c'est affolant: on a laissé faire, on a laissé prendre en otage les gens. Je fais ce métier depuis 45 ans, cela fait 25 ans que je tiens les Dunes. Je peux vous dire que c'est dur. Et va se poser la question de la transmission.» Parmi les professionnels que nous avons interrogés, seul Jean-Claude Cossart du Meurice à Calais estime avoir eu une activité «convenable». «On n'était pas complet, loin s'en faut. Mais on a quand même eu la moitié de clients britanniques. Les Anglais d'une manière générale reviennent depuis trois à quatre mois, ce n'était plus autant le cas depuis la crise de 2008. Nous avons eu beaucoup de journalistes également.» Parmi les hôtels qui ont très bien tiré leur épingle du jeu: les hôtels coquellois qui remplissent leur établissement avec la présence de CRS et de gendarmes mobiles. vendredi 14 août 2015 Des écologistes britanniques sont venus à la rencontre des migrants Calais - calais. Mercredi, Marine Tondelier, tête de liste écologiste du Pas-de-Calais pour les élections régionales des 6 et 13 décembre, et Majdouline Sbaï, vice-présidente du conseil régional, étaient à Calais pour accueillir Sharhar Ali et Amelia Womack, vice-présidents du parti vert d'Angleterre et du pays de Galles. C'était la première fois, en l'occurrence, que des membres du parti vert britannique, à leur initiative, venaient à Calais à la rencontre des migrants. «J'espère que nous ouvrirons la voie à un travail entre nos deux pays qui, on le sait, est le seul moyen d'améliorer la situation à Calais», a déclaré Marine Tondelier. Accompagner les migrants sur le plan sanitaire et administrativement est devenue une priorité ont déclaré unanimement les parties prenantes. «La Ville de Calais ne doit pas subir à elle seule le poids financierde la présence des migrants sur son territoire, a ajouté Sharhar Ali en précisant que la fracture en Angleterre entre l'opinion et le gouvernement sur le sujet migratoire s'intensifie.» « J'invite David Cameron, le Premier ministre britannique à venir à Calais pour voir les migrants dans les yeux », a conclu Marine Tondelier. Y.-M. C. samedi 15 août 2015
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Natacha Bouchart et Nadine Morano s'accrochent sur la question des migrants Calais - CALAIS. Natacha Bouchart, sénatrice-maire LR de Calais, et Nadine Morano, ancienne ministre et députée européenne LR, ne passeront pas leurs vacances ensemble. Invitée des Grandes Gueules, jeudi sur RMC, Natacha Bouchart s'est désolidarisée de sa collègue des Républicains au sujet de sa récente déclaration concernant les migrants. «Je ne suis pas d'accord avec cette image, a commencé Natacha Bouchart. Jamais un migrant ne vous dira qu'il a quitté un pays de façon joyeuse. Quand on échange et qu'on s'exprime sur des sujets comme ceux-là, il faut pouvoir bien connaître les dossiers de façon globale et à fond.» La maire de Calais répondait à une question sur les propos controversés de sa collègue qui, sur les ondes d'Europe1 la semaine dernière, avait lâché au sujet des migrants: «On dit qu'ils quittent leur pays, qu'ils fuient la guerre. Heureusement qu'on n'a pas fait pareil en 39-45 ou en 14! (...) Moi je dis qu'il faudrait aussi que ces personnes, plutôt que de fuir, parce que ce n'est pas une solution, se battent pour leur pays, et qu'on les accompagne dans ce combat.» C'est sur le réseau social Twitter que la polémique a ensuite enflé. Nadine Morano a aussitôt répliqué: «Natacha Bouchart a visiblement manqué de prudence avant de répondre à un journaliste qui a déformé mes propos». Ce à quoi Natacha Bouchart a répondu: «Cette polémique est stérile, la gravité du sujet mérite bien mieux. Si ces propos n'ont pas été tenus, il suffit de démentir.» Le ton est encore monté d'un cran lorsque l'ancienne ministre, irritée, s'est voulue donneuse de leçon: «L'expérience t'apprendra qu'on ne tape pas sur un collègue de sa famille politique sans avoir vérifié ses propos». Le commissaire européen à l'Immigration à Calais Loin de ce tumulte politico-médiatique, le commissaire européen à l'Immigration, Dimitris Avramopoulos, a déclaré hier que le monde affronte actuellement «la pire crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale». Dimitris Avramopoulos a annoncé vouloir se rendre ces prochains jours à Calais pour observer la situation des candidats à la Grande-Bretagne. O. PECQUEUX mercredi 19 août 2015 Bernard Cazeneuve à Calais demain avec son homologue britannique Calais - PAR TIMOTHÉE BRISSON calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Le ministre de l’Intérieur a annoncé hier qu’il sera à Calais demain, en compagnie de Theresa May, secrétaire d’État britannique à l’Intérieur, pour signer un nouvel accord de coopération entre la France et le Royaume-Uni. Le ministre de l'Intérieur et son homologue britannique Theresa May signeront jeudi à Calais un accord portant notamment sur « la sécurité du site», « la lutte contre les filières criminelles de passeurs » et « le dispositif humanitaire » destiné aux migrants. Bernard Cazeneuve et Theresa May visiteront le site d'Eurotunnel et rencontreront les associations d'aide aux migrants. Le ministre de l'Intérieur se rendra dans la soirée à Berlin pour un entretien avec son homologue allemand Thomas de Maizière « sur la question de la politique migratoire en Europe ». Début août, alors que les tentatives d'intrusions de migrants sur le site du tunnel sous la Manche étaient en forte progression, le président du groupe transmanche, Jacques Gounon, avait demandé aux États français et britannique de participer
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au financement de la sécurisation du terminal. Si Londres a annoncé dans la foulée le déblocage de 10M€ pour aider à renforcer la sécurité du site, et le financement de nouvelles barrières, le ministre de l'Intérieur avait accusé Eurotunnel de ne pas avoir réalisé les efforts nécessaires pour sécuriser les installations. Bernard Cazeneuve a finalement annoncé, le 29 juillet, la mobilisation « temporaire » de 120 CRS supplémentaires, qui s'ajoutent aux 350 déjà postés à Calais. Bernard Cazeneuve était venu une première fois à Calais le 3 novembre 2014, pour annoncer la mise en œuvre de son plan. Il avait déclaré qu'il reviendrait pour suivre les différentes étapes du processus : en visite à Calais le 24 décembre 2014, il est ensuite revenu le 4 mai 2015. jeudi 20 août 2015 Déjà trois visites du ministre de l'Intérieur depuis la mise en place du «plan Cazeneuve» Calais - Novembre 2014: la première visite. Aucune annonce décisive lors de la première venue de Bernard Cazeneuve, le 3 novembre 2014: le ministre avait prévenu qu'il ne venait pas «faire du spectacle». Le but de sa visite était de s'assurer de la mise en œuvre de son plan. On retiendra deux moments-clés de ce premier passage: la signature d'une convention avec la mairie et l'association La Vie Active pour la création de l'accueil de jour Jules-Ferry et l'hommage rendu aux forces de l'ordre et pompiers présents sur le terrain. Décembre 2014: un passage à la veille de Noël. Pas d'annonce non plus lors de cette visite, le 24 décembre. Bernard Cazeneuve est venu observer les avancées de son plan. Au programme: la visite du futur accueil de jour, celle du hangar abritant les migrants en cas de plan Grand Froid, et la rencontre avec des commerçants du centre commercial Calais Cœur de Vie. Mai 2015: transmettre un message positif. Cette fois encore, pas d'annonce mais la volonté de montrer que la situation s'améliore à Calais: les squats se ferment, les migrants ont accès à des «services» à Jules-Ferry (douches, repas), la lutte contre les passeurs s'est intensifiée... Le ministre a notamment visité l'accueil de jour désormais ouvert et l'hébergement des femmes et des enfants. Il a déclaré que les prochaines étapes étaient européennes, consistant à «doter l'UE d'une politique migratoire et de l'asile» et à renforcer les liens avec les pays d'origine. Et aujourd'hui? Bernard Cazeneuve vient accompagné de son homologue britannique et signera plusieurs conventions (lire ci-dessous). Il se rendra ensuite en Allemagne pour s'entretenir avec son homologue allemand.Il est possible qu'il annonce la création de places d'hébergement supplémentaires pour les femmes et enfants de Jules-Ferry. M.GO. vendredi 21 août 2015 Bernard Cazeneuve et Theresa May unis face à l'immigration clandestine Toutes éditions - PAR MARIE GOUDESEUNE calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Le ministre de l’Intérieur et son homologue britannique, en visite à Calais hier, ont signé un accord pour faire face à la pression migratoire. Au programme : intensifier la lutte contre les passeurs et renforcer la sécurité au port et au Tunnel. « On ne passe plus ! », ont-ils déclaré en chœur.
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1 Message ferme aux passeurs. Les deux ministres ont axé leur discours sur l'«excellence» de leur coopération ces derniers mois face à la pression migratoire. Dans leur ligne de mire, les passeurs, véritables «acteurs de la traite des êtres humains». «Nous voulons aller plus loin dans le démantèlement de ces filières: les passeurs seront identifiés, rattrapés par la justice et punis, ont prévenu Bernard Cazeneuve et son homologue. Ils doivent savoir qu'il n'y a plus de passage possible à Calais.» 2 Création d'un centre de commandement à Coquelles. L'accord signé hier comprend la création d'un centre de commandement commun à Coquelles et la nomination de deux hauts responsables chargés de lutter contre les passeurs. Un tel centre existe déjà outre-Manche, à Folkestone. Il rassemble des services de renseignements français et britanniques pour rendre plus efficace l'échange d'informations permettant le démantèlement des filières. 3 Sécurité renforcée au Tunnel. Fin juillet, les Britanniques ont débloqué 10M€ pour renforcer la sécurité aux abords du Tunnel. La convention d'hier détaille les moyens déployés avec ce budget: clôtures, vidéosurveillance, détection infrarouge, etc. Des équipes supplémentaires de fouille du fret seront déployées 24h/24. Enfin, 50gardiens seront recrutés pour renforcer les rondes sur le site. Ces postes pourraient être proposés aux marins de My Ferry Link, licenciés depuis la reprise de leurs bateaux par la compagnie DFDS. 4 10 M€ débloqués pour la prise en charge des migrants. L'accord prévoit aussi que les Britanniques débloquent 10M€ sur deux ans pour améliorer la prise en charge des migrants à Calais. Ce volet comprend aussi bien l'accès aux demandes d'asile que l'incitation aux retours volontaires vers les pays d'origine. Les deux ministres entendent aussi collaborer avec le Niger et les pays d'Afrique de l'Est pour créer des centres visant à dissuader les migrants de venir illégalement en Europe. 5 Venue de Manuel Valls à Calais le 31août. Bernard Cazeneuve, qui s'est rendu hier soir à Berlin pour s'entretenir avec son homologue allemand sur la politique migratoire en Europe, reviendra à Calais le 31août, accompagné du Premier ministre Manuel Valls et de deux commissaires européens. Les ministres européens de l'Intérieur et des Affaires étrangères se réuniront à la mi-octobre à Paris. vendredi 21 août 2015 La maire de Calais réclame 50M€ Toutes éditions - Mercredi, la maire de Calais, Natacha Bouchart (LR), a indiqué qu'elle souhaitait une compensation financière de la part des États anglais et français, établissant un lien entre la présence des migrants à Calais et la mauvaise santé économique de la ville. «Le Calaisien est dans une souffrance psychologique de par l'image que les médias renvoient du territoire. Il aimerait qu'on cesse de ne parler de Calais qu'à travers les migrants», a-t-elle indiqué, chiffrant le préjudice à 50millions d'euros. Natacha Bouchart souhaite que les États français et britannique participent à l'élaboration d'un contrat de territoire avec des volets investissement, création d'emplois et un accompagnement des transporteurs. La maire propose d'autres pistes de réflexion: indemnisation des cafetiers et hôteliers, participation financière aux projets du Calaisis (le parc d'attractions Heroic Land et la plateforme logistique Calais Premier). Bernard Cazeneuve a indiqué que le gouvernement était «conscient des difficultés du territoire» et que des «dossiers de développement économiques, qui ont un intérêt pour le territoire, pourraient être accompagnés». C. T. vendredi 21 août 2015 Manuel Valls et deux commissaires européens seront à Calais le 31 août
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Calais - PAR MARIE GOUDESEUNE calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Encore une visite de ministres à Calais ! Après un déplacement main dans la main avec son homologue britannique hier, Bernard Cazeneuve compte revenir dans dix jours avec le Premier ministre Manuel Valls et deux commissaires européens. Explications. Manuel Valls est déjà venu à Calais une fois, en tant que ministre de l'Intérieur. C'était en décembre 2013 et il voulait alors «harmoniser» les politiques française et britannique pour mieux affronter la situation migratoire. Il aurait souhaité inviter son homologue britannique Theresa May à Calais, mais n'en a pas eu le temps: trois mois après sa visite, il devenait Premier ministre. C'est son successeur Bernard Cazeneuve qui, pour sa quatrième visite à Calais en moins d'un an, aura réussi à faire venir celle qu'il appelle «Theresa». Une Theresa May qu'il n'a pas hésité à tutoyer devant les médias, qualifiant plusieurs fois leur relation de «personnelle, basée sur la confiance et l'écoute». La question migratoire est «un problème d'une extrême complexité», a-t-il répété: «Nous ne pouvons pas la régler dans la confrontation avec nos deux pays». «Ouvrir les frontières n'est pas la solution» Pas de confrontation, donc, mais une «coopération renforcée» (expression prononcée plusieurs fois par les deux ministres hier), basée sur une sécurisation accrue au port et au Tunnel, et sur une lutte intraitable contre les passeurs - que Theresa May a qualifiés de «criminal gangs» tandis que Bernard Cazeneuve préférait parler d'«acteurs de la traite des êtres humains». À un journaliste qui demandait s'il n'était pas envisageable de renégocier les accords du Touquet, Bernard Cazeneuve s'est empressé de répondre par la négative: «Ouvrir les frontières n'est pas la solution, sinon des milliers de migrants viendront s'installer à Calais.» Pour le ministre, il faut plutôt «rééquilibrer les accords du Touquet par un engagement renforcé de la France et de la Grande-Bretagne». L'engagement politique de Bernard Cazeneuve à Calais franchira une nouvelle étape le 31 août puisqu'il y reviendra, accompagné cette fois du Premier ministre Manuel Valls et de deux commissaires européens, Dimitris Avramopoulos et Frans Timmermans. Le ministre de l'Intérieur les avait rencontrés début août en compagnie de Theresa May. La Commission avait alors proposé son aide financière face à ce qu'elle qualifiait de «la pire crise de réfugiés» depuis la Seconde Guerre mondiale. La visite du 31 août aura pour but d'«évaluer la situation et de préciser la contribution que l'Union européenne apportera à cette politique», selon Bernard Cazeneuve. Le ministre espère notamment un soutien financier de la Commission sur deux points: «La création de places d'hébergement» pour les migrants éligibles à l'asile et l'aménagement de la «jungle» où vivent actuellement, dans la plus grande précarité, plus de 3000 exilés. vendredi 21 août 2015 «Une coopération concrète et efficace» Calais - Jacques Gounon, PDG d'Eurotunnel, a rencontré hier les ministres français et anglais. -Êtes-vous satisfait des mesures annoncées? «La venue à Calais des deux ministres de l'Intérieur britannique et français est un signal extrêmement fort. Qu'ils aient passé l'essentiel de leur temps à voir, sur le terminal d'Eurotunnel, les actions concrètes qui ont été mises en œuvre par Eurotunnel et par les forces de police est un message réconfortant pour nos équipes. C'est aussi un message réconfortant pour nos clients.»
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-Comment les moyens supplémentaires seront mis en œuvre? «Les moyens techniques sont mis en œuvre par Eurotunnel qui a une longue pratique dans la protection de son territoire. Avec 21millions de passagers par an, notre terminal est l'équivalent d'un aéroport international. La protection est donc une opération complexe, les recommandations par les équipes du RAID* ont été précieuses pour continuer à améliorer la sécurité et à éviter que des migrants prennent des risques insensés pour monter sur des navettes en marche (...) Les Britanniques augmenteront le nombre de rondiers pour identifier plus rapidement les tentatives d'intrusions.» D.SA. samedi 22 août 2015 1300 policiers mobilisés à Calais selon le ministre: trop ou pas assez? Calais - PAR MARIE GOUDESEUNE calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Il n’y a jamais eu autant de policiers à Calais : selon le ministre de l’Intérieur, en visite ce jeudi (notre édition d’hier), ils seraient désormais 1 300 à être mobilisés pour gérer la pression migratoire. Un chiffre qui semble énorme mais malgré tout encore insuffisant aux yeux des syndicats de police 1Le chiffre officiel: 1300 policiers. C'est un chiffre jamais égalé à Calais. En février dernier, on estimait qu'ils étaient environ 1000, ce qui faisait déjà de Calais l'une des villes (si ce n'est la ville) comptant le plus de policiers par habitant. 2Moins de policiers à partir de septembre? Ce chiffre est à relativiser, pour au moins deux raisons. D'abord, parce qu'une grande partie des CRS et gendarmes mobiles ne sont là que temporairement. Les derniers renforts arrivés en juillet (120 fonctionnaires) repartiront d'ici la fin du mois d'après les syndicats de police, car ils correspondent à des renforts saisonniers qui auraient dû être affectés pour l'été à la surveillance des plages de Berck et du Touquet. Autre raison: tous les policiers mobilisés ne travaillent pas à Calais. Sur les 500 fonctionnaires de la police aux frontières (PAF), une partie travaille en Angleterre et au port de Dunkerque. Quant au commissariat, il rayonne sur quatre communes en plus de Calais (lire l'encadré ci-dessous). 3Un chiffre insuffisant pour les syndicats. Pour UNSA-Police, ces effectifs sont nécessaires mais pas suffisants: «Il faut absolument, par exemple, prévoir un budget pour réparer les clôtures qui sont dégradées chaque jour, et prévoir plus de gardiens sur le site d'Eurotunnel». Le syndicat Unité SGP-Police continue de militer pour que le Calaisis soit reconnu comme «secteur difficile» et obtienne ainsi plus de moyens pérennes. Même type de constat du côté d'Alliance, qui réclame soixante postes de fonctionnaires en plus à la PAF et au commissariat, et menace, dans le cas contraire, de mener une «manifestation d'envergure» dès la fin du mois d'août. 4Conséquences négatives sur les migrants? Les passages en Angleterre deviennent plus difficiles. D'après un pompier, les barbelés causent de nombreuses blessures chez les migrants. «Cette situation fait la part belle aux passeurs, qui font payer plus cher le passage», observait hier une bénévole de Salam. Le syndicat UNSA-Police estime que l'hyper-sécurisation peut avoir des effets pervers: «Les migrants risquent de s'accumuler et de devenir plus agressifs.» samedi 22 août 2015 Laurent Roussel plaide pour des centres de demandeurs d'asile
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Calais - Calais. Hier, lors d'un point presse, le conseiller municipal Laurent Roussel a dressé le bilan des revendications qu'il a formulées l'an dernier. Le président du Parti de gauche progressiste du Calaisis (PGPC) avait demandé la création d'un centre d'accueil pour les migrants. Aujourd'hui, il déplore son emplacement, ainsi que l'absence de dialogue avec les riverains. Surtout, il souhaite toujours voir la création de plusieurs centres de demandeurs d'asile en Europe. Il en imagine trois en France : à Calais, à Fréjus, et en Alsace. Elles accueilleraient les réfugiés dont la demande d'asile est en cours ou acceptée. Un abandon de l'État « La France est aveugle, l'Europe sourde et le monde muet » clame Laurent Roussel, dénonçant l'abandon des autorités. « Les associations locales sont dépassées. » Selon lui, la France n'accepte que 12000 demandes d'asile sur les 64000 qu'elle reçoit chaque année, un taux inférieur à ses voisins. Contrairement à ce qu'exige la loi, de nombreux migrants dont la demande a été acceptée n'ont pas obtenu de logement et vivent toujours dans des conditions insalubres au camp. Cette situation pourrait empirer à l'approche de l'hiver. Des centres européens permettraient d'en évacuer une partie. Le PGPC soumettra son projet aux autorités, comme il l'a fait l'an dernier via le député PS Yann Capet. Q. V. samedi 22 août 2015 «Mes amis n'arrivent plus à passer» Calais - Les migrants sont-ils découragés par la «bunkérisation» de Calais? On a voulu leur poser la question hier. Plusieurs d'entre eux rencontrés dans la «jungle» ont expliqué qu'ils ne voulaient pas aller en Angleterre: ils ont entamé des démarches en France pour demander l'asile. «Mais mes amis tentent, et il n'y arrivent plus ces derniers temps, raconte Gadim, un Soudanais. Ils sont bloqués à Calais.» Mohammed Haider, venu d'Irak, continuera coûte que coûte de tenter le passage: «J'ai une dizaine d'amis ici à Calais qui essaient tous les jours de monter dans un train. Moi je préfère me cacher dans un camion frigorifique, parce que les trains, c'est trop difficile. Un de mes amis s'est blessé hier.» Depuis un mois et trois jours qu'il est ici, il tente presque tous les jours, à Calais et à Dunkerque: «Je prends des couvertures avec moi parce qu'il fait très froid dans les camions. Mais à chaque fois, je suis démasqué par la police. Je continuerai à essayer: c'est dangereux mais je n'ai pas le choix car je veux rejoindre ma femme et ma fille qui sont en Angleterre.» D'après Mohammed Mahmoud, un Soudanais installé dans la «jungle», les migrants n'essaieront pas de passer ailleurs qu'à Calais: «Ici on a de la nourriture, il y a le train, le port. On sait que c'est dangereux, qu'il y a des morts, mais on essaie.» Même détermination chez un groupe de Syriens croisé devant le Leader Price: «On sait que les autorités rendent les passages difficiles et très dangereux, mais on n'a pas d'autre choix.» Ces cinq jeunes hommes sont à Calais depuis trois jours: «L'un de nous a essayé au Havre, mais c'était même pas la peine. Tout est fermé là-bas. On reste ici, ou peut-être à Dunkerque, en se cachant dans des véhicules.» Après plusieurs minutes de conversation, ils ont l'air perdus: ils expliquent que s'ils restent en Syrie, ils meurent. Qu'ils n'ont jamais vécu aussi mal qu'ici, dans la jungle de Calais, où l'un d'eux a attrapé la gale. Ils se disent que s'ils n'arrivent pas à passer, ils feront peut-être demi-tour pour rallier la Turquie.M.GO. lundi 24 août 2015
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L'Europe face à une vague de migrants Toutes éditions - Du 1er janvier au 15 août, 340 000 migrants sont arrivés en Europe, dont 250 000 par la mer. Une crise sans précédents. Le phénomène touche la Grèce en premier lieu. Au mois de juillet, 50 242 migrants ont débarqué sur les côtes grecques, soit plus que pour toute l'année 2014 (43 500). Venus de Syrie, d'Irak ou encore d'Afghanistan, les migrants traversent la frontière sur des embarcations de fortunes pour fuir la guerre et la misère. La traversée de la Méditerranée a coûté la vie à 2400 d'entre eux, d'après l'Organisation internationale sur les migrations. À Calais, ils sont des centaines chaque jour à tenter de franchir le tunnel sous la manche. Un accord franco-britannique a été signé jeudi pour lutter notamment contre les filières de passeurs, les trafics d'êtres humains et l'immigration clandestine. La Commission européenne, quant à elle, a débloqué le 10 août une aide de 2,4 milliards d'euros sur six ans pour aider les pays européens à faire face à l'arrivée croissante de migrants. mardi 25 août 2015 Trente intrusions et un blessé grave Calais - Hier matin, vers 9h30, des employés d'Eurotunnel ont découvert un migrant dans un état grave, à côté des voies. Les secours l'ont transporté encore conscient au centre hospitalier de Calais. D'après les pompiers, il s'agirait d'un Erythréen de 22 ans. Il a été victime d'un traumatisme crânien avec une hémorragie interne. La préfecture a indiqué que «son état de santé ne nécessitait plus de soins sur le plan médical», car «son pronostic vital n'est pas engagé». On ignore encore si le migrant a été percuté par un train, car il a été trouvé au bord des plates-formes. « Nous n'avons pas plus d'informations, mais on ne peut que répéter les risques liés à toute intrusion dans la zone ferroviaire » explique Eurotunnel. L'accident et l'intervention des pompiers n'ont eu aucune incidence sur le trafic. Une trentaine de migrants sur les voies Le Tunnel a par ailleurs été fermé une trentaine de minutes dans l'après-midi, à cause d'une intrusion de clandestins. « Le tunnel a été bloqué dans le sens Angleterre-France entre 14h50 et 15h20 à cause d'une importante activité migratoire sur le site SNCF de Fréthun», a indiqué une porte-parole d'Eurotunnel. Selon une source policière, une trentaine de migrants ont été comptabilisés sur les voies au niveau de la gare de Frethun. Q. V. mardi 25 août 2015 Valérie Trierweiler en visite discrète dans la «jungle» Calais - Calais. L'ex-conjointe du Président de la République, engagée auprès du Secours populaire, a effectué une brève visite auprès des migrants de Calais vendredi dernier. Elle a d'abord poussé la porte du centre d'accueil de jour Jules-Ferry, où femmes et enfants peuvent être hébergés la nuit. Elle a ensuite pris la direction de la « new jungle » pour y discuter avec les réfugiés. Si Valérie Trierweiler n'a pas communiqué officiellement sur son déplacement, c'est sur le réseau social Twitter, qu'elle utilise fréquemment, qu'elle a rendu compte de sa visite. « La jungle. L'un des pires camps visités dans le monde. Désastre humanitaire», a-t-elle
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analysé. « La situation des migrants à Calais n'est pas un problème, elle est une honte. Nécessité d'organiser un camp façon HCR (Haut commissariat aux réfugiés, ndlr).» T.B. mercredi 26 août 2015 Dans la jungle de Calais En face de l’Angleterre et de l’un des grands défis du XXIe siècle, Calais subit l’afflux des hommes qui fuient la guerre et la misère. - Combien sont-ils à remonter le chemin des Dunes, à sortir du ventre affamé de la New Jungle pour chercher un repas à l'ancien centre aéré Jules-Ferry? Deux mille, trois mille? Avec le sable mangeant le bitume, les ornières ocre, la foule impressionnante et résignée, sa cohorte de blessés traînant la patte, on se croirait sur le chemin de réfugiés dans un pays en guerre, le Sud-Soudan, le Nord-Kivu... Nous sommes à Calais, France ou Grande-Bretagne. On ne sait plus tant les décevants politiques tardent à saisir l'ampleur du défi contemporain qui s'étale sous nos yeux et ceux des riverains désemparés. Du début de l'année à la mi-août, 340 000 migrants sont entrés dans l'Union européenne (283000 en 2014), dit l'agence Frontex, 107 500 pour l'unique mois de juillet, trois fois plus qu'il y a un an. Au-delà des slogans et des chiffres, tout au fond de la zone industrielle des dunes, en contrebas de la voie qui conduit au port et sous le regard de deux policiers, les migrants s'entassent dans les baraques de fortune au milieu des argousiers et des ordures. Dans les anciennes jungles, comme celle de Tioxide, on ne voyait pas autant de femmes, d'enfants... L'État a installé un éclairage vital dans la jungle. Des ONG ont construit des toilettes sèches, deux cents cabanes a priori étanches. Médecins du monde dispense les soins en deux tentes et trois bungalows. D'autres fournissent des couvertures, des brosses à dents... Mais personne ne semble avoir pensé aux sacs-poubelles, à organiser le ramassage, pourquoi pas par les migrants eux-mêmes? Quand les immondices auront recouvert les dunes, quand l'insalubrité et les maladies auront vaincu, les pouvoirs publics raseront l'endroit. Et tout recommencera ailleurs. Tant que Calais restera à une trentaine de kilomètres des côtes britanniques. épiceries et restaurants afghans Pour l'heure, la nouvelle jungle prend une proportion inédite. C'est un bidonville en cartons, bâches et palettes qui se développe dans ce cul-de-sac du monde civilisé. Les Afghans ouvrent des épiceries bien achalandées, des restaurants où l'on peut fumer le narguilé ou déguster un thé, allongé sur un tapis. Une mosquée, des églises évangélistes, une école laïque poussent. Des Africains francophones mais plutôt hostiles sont installés depuis cinq mois autour de «La Maison bleue sur la colline». L'un d'eux peint, l'autre joue de la musique sur un vieux synthé Casio. Un autre s'est construit une superbe cabane avec terrasse. Un panneau affiche: «Ici, on vend des vaccins contre le racisme.» L'objectif n'est plus l'Angleterre. Mais quel est-il? Mutaz dit venir du Darfour au Soudan et être âgé de «17 ou 18 ans». Il a échoué là depuis cinq jours avec sa face d'ange désemparé et des mains déchirées par les barbelés. Il est malade depuis qu'il a essayé de pénétrer le site du tunnel et essuyé un gazage policier. «Il n'y a aucune chance de passer. Je crois que je vais revenir vers Marseille où des amis se sont arrêtés.» Mohamed Ali, un instituteur d'Érythrée, sait qu'il n'aura pas le courage physique pour franchir les grilles et se nicher sur l'essieu d'un camion. Il exhibe comme un trésor un post-it feuille rose: il a rendez-vous avec une association pour ouvrir un dossier sur la route de l'asile politique. Il a l'air heureux. Il n'est pas au bout de ses peines.
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D'Alep à calais en 65 jours Un peu à l'écart et à l'abri du vent, quatre Syriens s'installent. Trois médecins et un avocat, s'il vous plaît. Fayez Disho a étudié à l'université de Dniepropetrovsk en Ukraine. Ils nous offrent gentiment une datte. Ils ont mis exactement 65 jours pour couvrir Alep-Calais, via la Turquie, la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Hongrie, l'Autriche, l'Allemagne, Strasbourg, Nancy et Paris. «And welcome to France», sourient-ils. Le découragement et l'extrême précarité n'ont pas encore entamé leur moral. Fayez dit être en contact avec sa famille tous les jours via Facebook, lien capital quand une connexion wi-fi gratuite se présente. Il exhibe son portable, l'embrasse. «Nous n'avons pas le choix, on n'abandonnera pas. On doit être patient et ça ira. Ou pas.» mercredi 26 août 2015 économie locale: la grogne gagne du terrain Toutes éditions - CALAISIS. La maire de Calais, Natacha Bouchart (LR), réclame au moins 50M€ aux États français et anglais. Selon elle, la présence migratoire a un impact durable sur l'économie du territoire déjà touché par un taux de chômage à 17%. Les médias auraient leur part de responsabilité selon elle, car renvoyant une image négative de Calais en évoquant régulièrement la problématique des migrants. Pour résorber le «préjudice économique», Natacha Bouchart envisage en guise de compensation une participation des États dans les projets du Calaisis (le parc d'attractions Heroic Land par exemple) ou un accompagnement auprès des investisseurs. Les commerçants souffrent Suite aux tentatives de passage des migrants dans les camions, les transporteurs routiers ont manifesté pour dénoncer une perte de près de deux millions en heures d'attente et en retards. David Sagnard, président de la FNTR du Pas-de-Calais et PDG de la société de transports calaisienne Carpentier, exprime l'exaspération d'une profession: «La situation ne cesse de se dégrader. Le nombre de migrants progresse de manière considérable ainsi que les intrusions dans les véhicules et les sites sécurisés des entreprises du Calaisis. Les opérateurs de transport routier de marchandises sont en première ligne: responsabilité reposant sur le seul transporteur, préjudices et dommages infligés aux véhicules et aux marchandises.» À ce mécontentement, s'ajoute celui des commerçants. «L'hôtellerie souffre de la même façon que les bars et restaurants. Sauf pour quelques-uns qui profitent de la forte fréquentation de CRS. Nos métiers sont en danger. En perdant de la clientèle, on perdra aussi des emplois», indique Pierre Nouchi, président du syndicat des cafetiers, hôteliers et restaurateurs (UMIH) du Calaisis. En février, le président des commerçants du P'tit Quinquin, Laurent Roussel, a obtenu une prise en charge par la chambre de commerce et d'industrie de la Côte d'Opale de ses cotisations sociales: «La présence des migrants dans le quartier, ajoutée à la conjoncture, a entraîné des baisses des chiffres d'affaires allant, pour certains, jusqu'à 50% voire 60%.» Les migrants, un atout Face à ce sombre tableau, l'élu Christophe Duffy (EELV) tempère: «On ne peut pas nier que la situation économique est catastrophique. Oui, il y a des répercussions dues au phénomène migratoire mais j'aimerais qu'on nous dise aussi les recettes liées à la migration (création
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d'emplois à la sécurité à la Vie active, etc.)» L'économie «positive» que génère les migrants concerne essentiellement les commerces de proximité. Le responsable d'atelier du magasin Opale Vélo Services a constaté que les migrants forment 5% de la clientèle. Les migrants lui achètent des vélos ou des pièces afin d'effectuer les déplacements entre le centre-ville et le camp toléré par l'État, excentré. Chloé Tisserand mercredi 26 août 2015 Régionales: Xavier Bertrand veut rapprocher le Tunnel et le port Calais - CALAIS. En campagne pour la présidence de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Xavier Bertrand (Les Républicains), était hier dans le Calaisis. Après s'être rendu au port, il est passé par le Tunnel. Deux endroits stratégiques en matière de développement économique et de politique migratoire. «Il y a un vrai potentiel économique avec Calais Port 2015 et je souhaite que le Tunnel se développe. J'aimerais d'ailleurs que ces deux entités ne se regardent plus en chien de faïence. Il faut apprendre à travailler ensemble. Ce sera positif pour le Calaisis et la Région», note l'ancien ministre. «changer la donne» Convaincu qu'il existe un potentiel pour «relancer la machine à créer du boulot», Xavier Bertrand estime que l'État «doit prendre conscience que le Calaisis souffre économiquement du problème migratoire. Le Premier ministre qui vient lundi doit en parler et accompagner les projets locaux». Le maire de Saint-Quentin affirme également ne pas «regretter une seconde» les propos tenus cet été dans la presse nationale. Selon lui, ce «pavé dans la mare a conduit au déplacement des deux ministres de l'Intérieur sur le territoire. Et a provoqué le débat en Angleterre». Il insiste pour que les Anglais «changent la donne» et il voit d'un bon œil une future loi «qui prévoit de sanctionner les entreprises qui embauchent des clandestins». Il pense également que la Grande-Bretagne doit accueillir des migrants. Enfin, il considère que l'Europe a « tout intérêt à mettre de l'argent pour aider les pays d'origine des migrants. Pour leur développement. Et je pense que quand l'Europe veut, l'Europe peut ». É. D. Jeudi 27 août 2015 A l'assaut du tunnel Chaque nuit, des dizaines de jeunes tentent de s’infiltrer dans le site d’Eurotunnel pour rejoindre la Grande-Bretagne. Un jeu de survie dangereux. - Ils sont une trentaine à galoper d'une foulée souple et silencieuse entre les wagons et sur le ballast de la gare de fret de Calais-Fréthun. On dirait la finale des 1500m des mondiaux d'athlétisme. Une course nocturne entre Soudanais, Érythréens et Éthiopiens. Aucune médaille au bout mais un mince espoir et des policiers de la SUGE (Surveillance générale de la SNCF) essoufflés, pilotés par le PC contrôlant 400 caméras, 500 policiers et gendarmes mobiles. Passer est devenu un exploit dangereux. Les jeunes, qui escaladent ou coupent les frêles grillages le long des voies depuis la station d'épuration (le maillon faible, bientôt remplacé par SCNF Réseau), ont vécu plusieurs vies, des tas d'épreuves et d'avanies. Ils ont quitté parents, familles, franchi le désert avec un peu d'eau et un sachet de farine, subi l'exploitation en Libye
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ou en Turquie, traversé la mer Méditerranée ou Égée sans savoir nager, bravé les tirs à la frontière iranienne, subi le racisme en Grèce, en Hongrie ou en Italie. Alors, ce ne sont pas des policiers et des grilles de 4 m de haut qui les contraindront à renoncer. L'étau se resserrant, ils prennent plus de risques. Douze migrants sont morts depuis juin, fauchés sur l'autoroute, tombés d'un camion, d'un grillage. Lundi, un Érythréen de 22 ans a été percuté par un train près des quais d'embarquement du tunnel: traumatisme crânien et hémorragie interne. Dans la jungle, les chevilles, les genoux, les bras plâtrés sont légion. Certains ont les mains bandées, portant les stigmates profonds. Le prix du danger. «NOUS tentons de faire face» Tous les jours ou presque, le trafic transmanche est stoppé. «Nous subissons un arrêt contrôlé suite à la découverte de personnes non autorisées sur un train fret», annonce le chef de bord. Le tarif, c'est 45minutes d'arrêt (quatre heures de retard vendredi 21 août). «Pour raisons de sécurité, c'est très dangereux de traverser sur le toit du train de fret. Vous connaissez la situation; nous tentons de faire face», indique un employé d'Eurotunnel. Cling! Clong! Deux cailloux viennent de nous frôler la tête. Quatre Éthiopiens, les mains gantées pour mieux franchir les barbelés, stoppent leur cavalcade en face de nous, plutôt furieux de tomber sur un journaliste et un photographe. La discussion s'engage à travers le grillage. «J'ai trois filles au pays. Je m'en fous de l'Angleterre ou d'ailleurs. Je veux juste un bon avenir pour ma famille. J'ai rempli un dossier d'asile en France. J'ai eu des rendez-vous encore et encore. Mon dossier n'a jamais avancé. Pourquoi continuer?», râle Daniel. Ils repartent en courant. D'autres se cachent sous des wagons de fret dont on ignore s'ils vont franchir le tunnel ou partir vers le sud... Dans la zone commerciale Cité Europe endormie, se promènent quatre Indiens. Les seuls de la jungle. Ils nous demandent le moyen d'atteindre le parking camions. Essieu arrière, toit bâché ou intérieur des remorques, tout est bon dans le camion. Eux aussi sont des migrants économiques, pas des réfugiés fuyant la guerre ou une dictature. La voie légale de l'asile est bouchée. Belasin, un sikh de 23ans, a un frère à Liverpool: «C'est trop difficile de passer. Aucune chance.» Ils affichent l'insouciance de la jeunesse, assis dans l'herbe à rigoler. En réalité, ils sont paumés, effrayés. «Do you know Daesh?» Le jeu du désespoir se poursuit tard dans la nuit. «Do you know Daesh?», lance un Syrien goguenard, allongé dans un fossé. Il imite du pouce un égorgement et se crispe. Brièvement vaincu par la fatigue et les souvenirs funestes. «Vous portez un manteau noir; ils vous disent qu'il est blanc et vous le prennent. Et il ne faut rien dire sous peine de mourir. Alors, je suis parti.» Six Soudanais font équipe vers la zone de maintenance d'Eurotunnel. Les forces de l'ordre finissent par siffler la fin de la récré en les refoulant calmement: «Go to Calais!» Tarek se marre. Depuis un mois, il tente sa chance quatre à cinq fois par semaine. «Je prends des vacances le samedi.» Il a choisi le Royaume-Uni pour la langue et l'accueil de la communauté. «Six amis sont passés fin juillet. Avant qu'un ne meurt et que les journalistes débarquent. Mais maintenant, ils sont en Angleterre.» jeudi 27 août 2015 Le prix (fort) du voyage Toutes éditions - Au fil des rencontres, à Calais, Paris, Londres, nous avons pu constater la disparité du coût de la migration et des tarifs des passeurs. «C'est souvent à la tête du client»,
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dit un Syrien. Et des capacités financières. En provenance de Syrie ou d'Irak, les tarifs vont de 4000€ à 6 000€. Voire 12000€ s'il est question de faux passeport ou de visa! Un Soudanais se souvient avoir seulement payé 1000€ en 2002 pour un visa Schengen. Pour un voyage depuis la Corne de l'Afrique, avec traversées du désert de Libye et de la Méditerranée, comptez 5000€: 3000 € pour la remontée en 4x4 vers la côte libyenne, 800€ à 1000€ pour le bateau vers la Sicile. La remontée jusqu'à Calais ne réclame pas d'organisation particulière. Il suffit de payer ses billets de train. Seulement, au gré des contrôles d'identité en Italie et France, les migrants sont régulièrement débarqués des trains par des policiers (y compris à Lille-Europe) et doivent repayer. Un Soudanais, réfugié récent à Londres, a évalué ce surcoût à 500€. On compte trois tactiques avant le Graal britannique: la gratuité pour ceux qui s'infiltrent à l'arrache; 500€ pour l'accès à un parking ou une aire tenue par des passeurs en amont de Calais (A16, A25, A26, Jabbeke en Belgique); autour de 1500€ pour le passage dans le camion d'un chauffeur acheté. Enfin, n'oublions pas que la majorité des migrants font le voyage en avion avec un simple visa de tourisme avant de disparaître dans la nature...OL. B vendredi 28 août 2015 Comment faire face à une crise majeure appelée à durer? Toutes éditions - Le Royaume-Uni s'alarme pour 2500 migrants à Calais mais l'Allemagne s'attend à 800 000 demandes d'asile cette année, des milliers abordent quotidiennement la Grèce, l'Italie, la Hongrie. -Des bureaux conjoints. Les ONG réclament l'ouverture des voies légales de l'immigration avec des bureaux conjoints à Calais et dans toute l'Europe, notamment en Grèce et en Italie, les principaux pays d'entrée dans l'Union européenne et l'espace Schengen. Ces «centres de tri» entre réfugiés et migrants économiques seront soutenus financièrement, selon l'accord franco-britannique du 20août. Une conférence de suivi se tiendra à Paris en octobre avec les autres pays de l'UE. -Procédures accélérées. On veut accélérer les procédures d'asile (un an en moyenne en France). L'arrière-pensée est aussi de pouvoir renvoyer plus rapidement les migrants qui ne peuvent prétendre au statut de réfugié. Pour cela, il faut établir une liste de pays dits «sûrs» (par exemple, Albanie, Kosovo, Serbie, Bosnie-Herzégovine, Macédoine, Monténégro représentent 45% des demandes en Allemagne). «À l'UE de nous aider» ont plaidé hier à Vienne les pays des Balkans. -Répartir l'accueil. Paris et Berlin veulent un plan d'accueil européen. Les pays de l'Est étaient opposés en juin à des quotas contraignants. Une aide au retour est également à l'étude. -Filières clandestines. Les réseaux de passeurs semblent se régénérer à chaque arrestation, jeter des liens internationaux difficiles à constituer. Un renforcement de la collaboration opérationnelle entre services de police des frontières ne pourra pas nuire... Un commandement unifié au niveau européen est à l'étude sous l'égide de Frontex. -Aide au développement. Le serpent de mer ultime, au-delà des vieux réflexes coloniaux. L'Aide publique au développement décroît en France à 9,8 milliards d'euros en 2014. Soit 0,36% du revenu national brut (RNB) quand l'ONU réclame 0,7%. Seuls cinq pays respectent cet engagement: Danemark, Luxembourg, Norvège, Suède et... Royaume-Uni. Un sommet pour l'aide au développement est prévu à La Valette (Malte) en novembre. OL. B. vendredi 28 août 2015 Welcome to London
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Toutes éditions - LONDRES. Même si ce n’est pas l’Eldorado rêvé, le Royaume-Uni reste capable d’offrir une nouvelle « vie » aux migrants par la facilité de travailler et la protection des communautés... Ismaël marche d'un pas allègre à travers Shepherd's Bush Market, un accueillant et épicé marché de l'ouest londonien, coincé sous le pont de la ligne de métro Circle Line vers Hammersmith. Entre les marchands de tapis afghans, au regard perçant, les vendeurs de téléphones portables érythréens, les épiciers indiens, des Sikhs avec turban et barbe noire, nous plongeons dans Londres, la ville monde. L'objectif lune des migrants qui s'entassent dans la jungle calaisienne. La réalité est forcément plus rude. Ismaël a rendez-vous au Jobcenter d'Uxbridge road, le Pôle emploi local qui lui permettra de travailler. Mais ce Darfouri de 27 ans s'est cassé les dents à Manchester, dans le nord de l'Angleterre, avant de débarquer à Londres il y a trois semaines, plus proche des opportunités et de sa communauté. Ismaël nous conduit dans le dédale du marché, derrière les étals du «Bush», où l'on stocke les déchets et les cartons vides. Après Jimmy, un joyeux Caribéen de Trinidad, on tombe sur l'annexe de la Cocoon House, un préfabriqué sommaire où les Soudanais, les Érythréens, les Somaliens, les maudits de la Corne de l'Afrique, se retrouvent pour boire un café, s'entraider et accueillir les nouveaux arrivants fatigués et perdus. À notre grande surprise, Bachir, 32 ans, parle un français remarquable. Sa route migratoire, entreprise en 2002, s'est d'abord arrêtée à Lyon. Un an après, il bénéficie de l'asile et d'une carte de séjour qui lui permet de travailler dans une entreprise d'étanchéité à Bron et d'envoyer 150€ par mois aux siens à Kassala à l'est du Soudan. Huit ans plus tard, il obtient même la nationalité française. Mais aussitôt, il prend l'avion pour rejoindre Londres! Pourquoi une telle ingratitude? Bachir se montre amer: «En France, même si vous êtes bien éduqué, vous repartez de zéro. On ne regarde pas votre qualification -je suis comptable - mais votre couleur, votre origine. On m'a parfois traité de nègre. En Angleterre, on peut être noir, indien, blanc dans le même restaurant et c'est pareil. Et mon diplôme soudanais est valable pour travailler.» En attendant que son niveau d'anglais soit suffisant, Bachir vit de petits boulots aux horaires erratiques, dans la manutention, les restaurants. «L'avantage, c'est qu'on n'est pas bloqué par le système. On peut travailler plus de 35 heures si on veut; c'est le vrai «travailler plus pour gagner plus» ici (sourire). J'ai perdu quatre-cinq ans pour trouver le bon chemin. Je devrais être assis là avec un costume et une cravate.» «ICI, Vous avez une chance» Fouad, 23 ans, arrivé le 2 juin, a d'autres reproches à faire aux Français: «J'en souris maintenant mais quand je me souviens de la catastrophe de Calais, je pleure. Je suis resté deux mois dans la jungle au printemps, sous la pluie. C'était dur. La France ne fait rien pour les réfugiés. Vous remplissez un dossier mais vous attendez. Je ne connaissais pas Calais avant d'y arriver mais j'ai été très choqué. Je ne pensais pas cela de l'Europe, du pays des libertés et des droits de l'homme.» Fouad a réussi à passer en Angleterre en infiltrant un camion frigorifique. «J'ai risqué ma vie mais je suis enfin au Royaume-Uni. Ici, vous avez une chance.» Il espère passer un master d'ingénieur en construction, sa formation au Soudan. «Je ne suis pas un réfugié mais un homme forcé de partir.» Bachir conclut:«Les Européens ne veulent plus partager leurs richesses mais aurais-je quitté ma famille si je gagnais plus que 100$ au Soudan? On ne peut pas fermer les frontières. L'immigration, c'est la vie.»
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samedi 29 août 2015 Lundi, M. Valls ira à l'hôpital de Calais Calais - Le cabinet du Premier ministre a dévoilé hier le programme détaillé de la visite de Manuel Valls à Calais lundi (notre édition d'hier). Accompagné du ministre de l'Intérieur et de deux commissaires européens, il se rendra vers 10h à l'accueil de jour Jules-Ferry. Il visitera l'hébergement des femmes et enfants (115 y vivent actuellement), rencontrera les responsables associatifs et bénévoles, et présentera le «projet de financement de l'aménagement de la lande (terme employé par les autorités pour évoquer la jungle, ndlr).» Le cortège se rendra ensuite sur le site d'Eurotunnel pour visiter les installations de sécurité et rencontrer les représentants des forces de l'ordre. Une conférence de presse aura lieu dans la foulée en sous-préfecture. accueil en mairie vers 15h En début d'après-midi, Manuel Valls s'entretiendra avec des associations d'aide aux migrants, avant de se rendre au centre hospitalier de Calais pour y faire «un point de situation sur les aspects sanitaires liés à la crise migratoire». Pour rappel, les migrants ont accès depuis mars à une salle de soins infirmiers dans le centre Jules-Ferry, avec des horaires restreints. Ils peuvent également se rendre à la permanence d'accès aux soins de santé (PASS) qui se trouve à l'hôpital de Calais. Mais ces deux structures restent insuffisantes à ce jour pour répondre aux besoins. Après un accueil républicain, vers 15h15, en mairie de Calais, la visite s'achèvera par une rencontre avec les forces de sécurité. M.GO. lundi 31 août 2015 L'Europe à la rescousse Toutes éditions - Dans le cadre du Fonds européen pour l'asile, la migration et l'intégration, la Commission européenne a prévu de verser 266 M€ à la France et 370 M€ au Royaume-Uni pour la période 2014 - 2020. Une première tranche de 20M€ devait être versée en août à la France. Mi-août, Bernard Cazeneuve et Theresa May ont demandé une aide supplémentaire à la Commission européenne pour «la création de places d'hébergement pour les migrants relevant de l'asile, ainsi qu'en faveur de l'aménagement de la lande». Dimitris Avramopoulos (notre photo), commissaire européen chargé des questions migratoires, accompagnera les ministres aujourd'hui. Après s'être entretenu avec Bernard Cazeneuve et Theresa May, il avait déclaré: «La situation à Calais est un exemple frappant de la nécessité de parvenir à un meilleur niveau de solidarité et de responsabilité dans notre manière de gérer les pressions migratoires en Europe.» M. GO. lundi 31 août 2015 Migrants: les syndicats réclament aux ministres des mesures pour l'hôpital Calais - PAR CHLOÉ TISSERAND calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Le Premier ministre Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et deux commissaires européens visiteront cet après-midi la permanence d’accès aux soins de santé (PASS) de l’hôpital. La CFDT saisit l’occasion pour demander l’augmentation du nombre de
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lits « halte soins santé » pour les patients en traumatologie. La CGT remettra ses doléances aux ministres. «Nous attendons des aides de l'État pour gérer le flux de migrants», rappelle Catherine Meyns, responsable CFDT à l'hôpital. «Nous remettrons aux ministres nos doléances», a précisé Christian Boulanger, responsable CGT. Selon les syndicats, la priorité est de pouvoir libérer plus rapidement des lits à l'hôpital : «On a beaucoup de migrants qui sont pris en charge au service traumatologie pour des fractures parce qu'ils sont tombés d'un train. Ensuite, ils montent au service de rééducation. Ils bloquent des lits car on ne peut pas les renvoyer comme on le fait pour des Calaisiens dans leur maison puisqu'ils vivent dans la jungle. Du point de vue du suivi médical et du risque sanitaire et social, on ne peut pas; il faut trouver une solution.» La CFDT a rencontré le directeur de l'hôpital afin de lui suggérer de développer le dispositif de lits «halte soins santé»: «Cela se fait déjà avec les femmes du centre Jules-Ferry qui ont subi une IVG à l'hôpital. Une équipe de médecins et d'infirmiers passe les voir tous les jours. Il faudrait que ce dispositif soit développé auprès des hommes qui sont dans le service traumatologie, plâtrés par exemple.» L'idée serait d'ouvrir douze lits au centre d'accueil de jour pour les hommes victimes de fractures; les femmes, elles, bénéficient de cent places d'accueil, qui devraient croître après la visite ministérielle. Du point de vue de la sécurité, la CFDT aimerait du personnel autour de l'établissement: «Les migrants ne sont pas méchants mais certains, à force de rater le passage vers l'Angleterre, deviennent plus agressifs et lorsqu'on passe dans les sous-sols, il y a des craintes.» Renforcement du personnel de nuit Catherine Meyns préconise aussi d'ajouter du personnel au niveau des équipes soignantes de nuit : «On compte une aide-soignante et une infirmière, ce n'est pas suffisant surtout lorsqu'elles se retrouvent face à une douzaine de migrants. Il y a une crainte des deux côtés.» Christian Boulanger rappelle aussi l'importance de fluidifier les urgences : «Les migrants sont un afflux de patients supplémentaires. Les patients calaisiens trouvent qu'il y a trop de monde et ne comprennent pas pourquoi les migrants passent devant eux. Mais on ne peut pas renvoyer ces personnes et les laisser dans la nature, ce sont des êtres humains!» Catherine Meyns évoque des bagarres interethniques et des tensions lors de visites de migrants auprès de ceux qui sont malades: «Ils arrivent dans une chambre à dix, certains utilisent les douches, cela crée des problèmes.» undi 31 août 2015 Migrants : quatre questions au Premier ministre, aujourd'hui à Calais Toutes éditions - PAR OLIVIER PECQUEUX region@lavoixdunord.fr CALAIS. C’est la première fois qu’un Premier ministre se déplace à Calais pour la problématique des migrants. Voici quatre questions cruciales adressées à Manuel Valls, qui sera accompagné du ministre de l’Intérieur, du commissaire européen aux questions migratoires et du vice-président de la Commission européenne. 1 Le Calaisis doit-il s'habituer à une présence durable des migrants? À Calais, ville de 75000habitants face à l'Angleterre, on recense entre 3000 et 3500migrants vivant dans un camp de fortune.
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Jamais depuis l'afflux massif de migrants, en 1999, ils n'ont été aussi nombreux. Cette ville dans la ville s'organise: commerces, église, école, bibliothèque, projet de cinéma. Leur nombre croît, en dépit d'une «bunkérisation» inédite du port de Calais et du tunnel sous la Manche. L'actualité le rappelle au quotidien: l'Europe traverse une crise migratoire sans précédent. Rien que pour les six premiers mois de l'année 2015, 340000 migrants sont arrivés sur le sol européen. 2 Faut-il augmenter la capacité d'accueil des migrants? Un ancien centre de loisirs, aux portes de Calais, est exclusivement dédié à l'accueil de jour des migrants depuis avril. L'État pilote ce dispositif unique réclamé par la sénatrice-maire de Calais Natacha Bouchart (LR). Problème: dimensionné pour 1500personnes, le centre délivre jusqu'à 2400 repas par jour. Seul le public vulnérable, femmes et enfants, peut y dormir. Problème encore : 116 personnes y sont accueillies et 57 femmes, sur une liste d'attente, dorment dehors. 3 Calais recevra-t-il une compensation financière ? C'est ce que réclame Natacha Bouchart, qui a évoqué la somme de 50M€ (sans audit financier à l'appui), à payer par les États français et britannique pour compenser «le préjudice» de la pression migratoire sur le développement économique du Calaisis. «Si les ministres n'écoutent pas, une plainte sera déposée», a prévenu l'élue, qui recevra Manuel Valls cet après-midi. 4 Les Accords du Touquet doivent-ils être revus? Pour résumer, les accords du Touquet ont déplacé les frontières anglaises à Calais. Des agents britanniques peuvent effectuer des contrôles à Calais pour limiter le passage des non-Européens sans visa. Et la France doit mettre les moyens pour empêcher la traversée de candidats à l'exil non désirés. Ces accords, signés par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy en février 2003, juste après la fermeture du centre de Sangatte, sont-ils adaptés à la nouvelle crise migratoire? De nombreux élus considèrent qu'ils doivent être revus. mardi 1 septembre 2015 Calais n'aura pas ses 50 M€, mais l'État apportera son aide Boulogne - PAR OLIVIER PECQUEUX calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Natacha Bouchart, sénatrice-maire (LR) de Calais, réclame depuis cet été 50 millions d’euros aux états français et britannique. Une somme qui doit, selon elle, compenser le préjudice économique causé par la pression migratoire. Hier à Calais, le Premier ministre a confirmé l’aide de l’État, dans le cadre d’« un contrat de territoire ». Humanité, responsabilité, fermeté. Manuel Valls, lors de sa journée à Calais, a répété hier ces «valeurs communes» qui doivent guider la conduite de l'État et de l'Europe sur l'épineuse question de l'immigration clandestine. À ce triptyque, il faudrait ajouter, du point de vue de la sénatrice-maire Natacha Bouchart, le mot charité. Pas pour les migrants, mais pour ses administrés calaisiens, les entreprises et ses dirigeants, qui, l'évoquait-elle dans nos colonnes fin août, éprouvent «une souffrance psychologique en raison de l'image que renvoient les médias du territoire. Les Calaisiens aimeraient que l'on cesse de ne parler de la ville qu'à travers les migrants». La «solidarité» de l'État Cette souffrance et ce déficit d'image ont un prix: «50M€», réclamés par Natacha Bouchart, sans audit financier à l'appui, aux États français et britannique avant la venue à Calais de Bernard Cazeneuve et Theresa May, secrétaire d'État à l'Intérieur britannique, le 20août. L'accord passé alors entre les ministres, avec à la clé le déblocage de 10M€ pour la
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sécurisation du Tunnel sous la Manche (1), avait donné l'occasion à Natacha Bouchart de faire le buzz avec ces 50M€ réclamés au nom du préjudice, sur l'économie locale, de la pression migratoire. Même si, dès le lendemain, elle tempérait: «Je dis 50 mais ça peut être 100, 40, 30. Je n'ai pas fait de calcul mais c'est pour le geste et le préjudice subi.» Hier à Calais, Manuel Valls, habilement, n'a pas parlé de chiffres. Invité à modifier le programme de sa visite pour revenir à la mairie (2), il a confirmé que l'État afficherait sa «solidarité» avec Calais. « Cette solidarité, nous l'avons déjà manifestée à travers le projet Calais Port 2015 et un engagement de l'État à hauteur de 100M€. Nous financerons le nouveau centre de loisirs (3). Nous avons également convenu de contractualiser notre solidarité dans le cadre d'un contrat de territoire à mettre en place avec le Département et la Région.» Deux instances dirigées par des socialistes, avec qui la maire de droite devra collaborer. Natacha Bouchart n'a pas mis le «bazar» Natacha Bouchart, qui avait menacé de «mettre le bazar» si le Premier ministre ne prenait pas d'engagement fort pour le Calaisis, s'est montrée «satisfaite» de l'«écoute» de Manuel Valls. Une réunion avec Matignon doit se tenir en octobre pour lancer ce contrat de territoire qui selon Natacha Bouchart, «s'articulera autour de deux axes: un volet investissements pour les grands projets de territoire tels que le parc d'attractions Heroic Land ou Calais Premier», la plateforme logistique annoncée depuis 2011. Et un volet promotion: «Promouvoir Calais et le Calaisis, avec la création de passerelles entre le Calaisis et la Grande-Bretagne, visant le développement du métro transmanche.» Natacha Bouchart et ses conseillers ont deux mois pour peaufiner leurs dossiers. (1)Au total, la Grande-Bretagne a versé 35M€ en deux ans pour le port et le Tunnel. (2)Manuel Valls, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, est venu à Calais en décembre 2013. (3)L'ancien centre de loisirs Jules-Ferry est dédié à l'accueil de jour des migrants depuis janvier 2015. mardi 1 septembre 2015 Création d'un campement humanitaire : la réaction des migrants Calais - Hier, lors de sa conférence de presse à la sous-préfecture de Calais, le Premier ministre a annoncé la construction, «début 2016», d'un campement humanitaire pour 1500 personnes (lire aussi p. 3). Le premier vice-président de la Commission européenne a également indiqué que Bruxelles allait débloquer 5millions d'euros supplémentaires pour financer l'aménagement de la lande mais aussi pour développer le transports des demandeurs d'asile de Calais vers des logements plus pérennes. L'après-midi dans la «jungle» où il campent depuis plusieurs mois sous leurs abris de fortune, des migrants voient cette nouvelle d'un assez bon œil, même s'ils estiment, pour la plupart, que cette mesure n'est pas suffisante. «Ce n'est pas assez, on ne veut pas seulement de quoi dormir, commente Yakub, qui partage une petite tente avec son frère. Nous avons besoin d'une vie. D'un travail. De papiers. D'une école pour nos enfants. Beaucoup d'entre nous veulent rester en France, nous ne sommes pas tous à patienter pour aller en Angleterre. Ce campement est une bonne chose mais on attend plus.» Un peu plus loin, Mounir, à Calais depuis quatre mois, estime que «c'est déjà pas mal. Mais pour ceux qui demandent l'asile, comme moi, le gouvernement aurait dû réagir plus tôt et nous donner un toit». D'un autre côté, les migrants qui, eux, espèrent rejoindre le Royaume-Uni, comme le jeune Simon, voient «une bonne opportunité pour les autres. Ici, les conditions de vie sont très
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mauvaises. Ce campement est une bonne idée pour améliorer un peu les choses». Jean-Philippe Delattre mardi 1 septembre 2015 Manuel Valls annonce la création d'un camp de réfugiés à Calais Toutes éditions - PAR MARIE GOUDESEUNE region@lavoixdunord.fr CALAIS. En visite hier à Calais accompagné de deux commissaires européens et du ministre de l’Intérieur, le Premier ministre Manuel Valls a annoncé la création d’un camp de réfugiés sur l’actuelle « jungle » des migrants. La Commission européenne débloque 5 M€ pour financer ce projet. «Pourquoi, monsieur le commissaire, n'êtes-vous pas allé dans la jungle?» Apostrophé en conférence de presse, le vice-président de la Commission européenne a semblé très mal à l'aise. Car oui, Frans Timmermans, en visite à Calais hier, aura vu l'accueil pour migrants «Jules-Ferry» créé en janvier. Oui, il aura rencontré quelques-unes des cent femmes qui y sont hébergées. Mais non, il n'aura rien vu de la «jungle», où quelque 3500 migrants s'entassent dans des constructions de bric et de broc tolérées par les autorités. La délégation était composée du Premier ministre, du ministre de l'Intérieur, de deux commissaires européens et de beaucoup d'autres personnalités (dont l'ancien ministre et actuel maire de Boulogne-sur-Mer Frédéric Cuvillier et le secrétaire d'État aux Affaires européennes Harlem Désir). Il a longé la «jungle» devant laquelle étaient postés, tous les vingt mètres, des gendarmes mobiles. Puis il a filé droit vers le centre Jules-Ferry. Pourtant, la seule annonce faite hier concerne cette «jungle». L'État a décidé de l'aménager «car nous ne pouvons pas, en France, accepter que des gens vivent dans de telles conditions d'insalubrité». Dixit Manuel Valls. Un genre de camp de réfugiés sera donc aménagé bientôt. La Commission européenne a annoncé hier avoir d'ores et déjà débloqué 5M€ pour le financer. L'idée est d'installer, avant l'hiver, 120 tentes pouvant accueillir 12 à 15 personnes chacune. Selon la sénatrice-maire de Calais, ce nouveau camp «n'aura rien à voir avec Sangatte, qui était très mal organisé»: «Ce sera un centre de réfugiés clos, sécurisé, avec un règlement pour éviter que les passeurs s'y infiltrent.» Le dispositif, dont le coût global est estimé à 25M€, pourra abriter 1500 migrants. Quant aux autres (environ 2000 personnes aujourd'hui), ils continueront à vivre dans ces conditions d'insalubrité «que nous ne pouvons pas accepter en France», pour reprendre les propos de Manuel Valls. mardi 1 septembre 2015 Treize ans plus tard, un « Sangatte » en toile... Toutes éditions - Treize ans, il aura fallu treize ans pour qu'un gouvernement français tire enfin les leçons d'un échec qui sautait aux yeux de tous, et d'abord des Calaisiens: celui de la fermeture du hangar de Sangatte par Nicolas Sarkozy fin 2002, cédant aux exigences des Britanniques mais aussi des politiques locaux de droite comme de gauche. Tous étaient persuadés, à l'époque, qu'il suffisait de fermer ce lieu qui assurait un toit et un minimum vital aux migrants pour qu'ils s'évanouissent dans la nature... La suite s'est écrite dans la boue et le froid, de «jungle» rasée en «jungle» aussitôt replantée. Treize ans, il a fallu aussi treize ans
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pour que l'Union européenne, qui porte bien mal son nom dès qu'il est question d'immigration, vienne à l'aide d'une cité et de ses habitants qui n'en peuvent plus d'être laissés seuls face au problème. Le coup de gueule de leur maire, Natacha Bouchart, a fini par être entendu jusqu'à Bruxelles. Pas jusqu'au point d'obtenir réparation du préjudice, mais ces 5millions d'euros communautaires sont un minimum. Tant de temps perdu pour revenir finalement à la case «Sangatte», un «Sangatte» en toile pour bien montrer que c'est du provisoire et ne pas trop fâcher la perfide Albion qui, depuis 2002, regarde du haut des falaises de Douvres les froggies verrouiller ses frontières comme un coffre-fort de la Banque d'Angleterre! Car fermer «Sangatte» n'a rien changé au fait que l'eldorado britannique continue d'attirer comme un aimant tous ceux qui fuient la guerre et la misère, de l'Afghanistan à la Syrie. Depuis 2002, tous les ministres de l'Intérieur se sont succédé à Calais, en prétendant allier la «fermeté» à «l'humanité». Dans les faits, ce sont surtout les associations et les particuliers qui ont incarné le volet humanitaire tandis que l'État s'obstinait à refuser tout nouveau «Sangatte»... Jusqu'à hier! mardi 1 septembre 2015 «Monsieur le Commissaire, pourquoi n'êtes-vous pas allé dans la jungle?» Boulogne - S'il fallait retenir un moment fort de la conférence de presse hier, c'est bien le discours particulièrement humaniste de Frans Timmermans. Le vice-président de la Commission européenne a même été applaudi à la fin de son allocution. Loin des propos des ministres français qui, sur le sujet des migrants, oscillent presque systématiquement entre «humanité et fermeté», Frans Timmermans a axé son discours sur l'humain. «Les gens continueront à fuir les persécutions, et l'Union européenne continuera à les accueillir», a-t-il prévenu, avant d'en appeler «à nos propres valeurs d'humanité, nées en France avec les Lumières et dont nous devons être fier». Cette Europe «ne doit pas perdre son âme», a-t-il conclu, sinon elle risque de la céder «au populisme et à la xénophobie». «Il fallait aller voir la réalité de la jungle!» Quelques minutes après ce discours, un journaliste allemand a interpellé Frans Timmermans : «Pourquoi n'êtes-vous pas allé dans la jungle?, a-t-il demandé. Vous n'avez rien vu de la situation des migrants à Calais : il fallait y aller, il fallait voir cette réalité ! » , a-t-il demandé. Visiblement mal à l'aise, le vice-président a répondu qu'il s'était entretenu avec des femmes et des enfants (au centre Jules-Ferry), et qu'il avait écouté leur témoignage, semblable à ceux de chaque migrant qui vit dans la «lande». Certes, mais il n'aura rien vu des campements précaires de la «jungle» et des quelque 3500 hommes, femmes et enfants qui y vivent dans des conditions souvent qualifiées d'inhumaines. M.GO. mercredi 2 septembre 2015 Des dizaines de voitures dégradées en une seule nuit Calais - PAR MARIE GOUDESEUNE calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Petit-Courgain. Mauvaise surprise vendredi dernier pour les habitants des rues Mouron et Duguay-Trouin : au moins 70 voitures avaient été rayées dans la nuit. Depuis, des plaintes ont été déposées et une
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pétition rassemblant une centaine de signatures a été remise au conseiller municipal Laurent Roussel. Toutes les voitures ou presque y sont passées. Le ou les auteurs se sont amusés à les griffer sur toute la longueur, des deux côtés. Les faits se sont produits dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, dans les rues Mouron et Duguay-Trouin principalement (des habitants de la rue Chateaubriand seraient également concernés). Au moins 70 véhicules auraient été dégradés. Certains ont déposé plainte, comme Marie et son compagnon, dont les trois voitures ont été rayées: «Mon mari venait d'avoir une nouvelle voiture de fonction. C'est la deuxième fois en trois semaines que ça arrive.» D'autres attendent encore d'être reçus au commissariat, comme Patricia: «La police a pris mon numéro mais je dois repasser ces prochains jours. Ils sont débordés: tout le quartier a voulu déposer plainte.» Fabiola compte «acheter une bombe» pour tenter d'effacer les griffures. Plusieurs riverains, qu'ils soient de la rue Mouron ou de la rue Duguay-Trouin, garent désormais leur voiture ailleurs. Un ras-le-bol général Ces dégradations ont exacerbé un ras-le-bol qui couvait déjà depuis plusieurs semaines. Les habitants se plaignent en effet de «nuisances sonores» chaque nuit (lire notre encadré), dues au passage de nombreux migrants qui se rendent au Tunnel pour tenter la traversée vers l'Angleterre. Une pétition a depuis circulé, rassemblant plus d'une centaine de signatures, pour dénoncer à la fois ces dégradations et les nuisances sonores. Alors que des habitants établissent clairement un lien entre les deux, d'autres sont plus prudents: «On ne sait pas qui a dégradé les voitures», observe Alain, prêt à parier «que ce ne sont pas les migrants.» «Je ne peux rien dire, je n'ai rien vu, estime de son côté Patricia. La police m'a dit que c'était peut-être une bande de jeunes.» La pétition a été remise au conseiller municipal d'opposition Laurent Roussel (lui-même patron de bar dans le quartier), qui en a informé le cabinet du maire: «Les habitants réclament des patrouilles de police. On verra s'ils sont entendus.» L'adjoint à la sécurité Philippe Mignonet a expliqué hier soir qu'il avait bien pris en compte les doléances des riverains, tout en rappelant que la situation était «très complexe»: «On fait suivre ces problématiques à la préfète et au ministère. La police municipale pourrait passer davantage, mais elle finit à 21h45 en semaine. Et même si elle passait pour demander de faire moins de bruit, ça n'aurait qu'un effet limité...» Contactée hier, la police de Calais n'a pas répondu à nos sollicitations. mercredi 2 septembre 2015 Projet de camp pour migrants : la réaction des «Calaisiens en colère» Calais - PAR OLIVIER PECQUEUX calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Sarah Guerlach travaille chemin des Dunes, dans une entreprise de démolition accolée à la maison de sa mère, Nadine Guerlach. Les deux femmes ont fait parler d’elles mi-août, lorsqu’elles ont posté sur le web une vidéo relatant leur exaspération face à la population de la lande. Que pensent-elles de l’arrivée de tentes pour 1 500 personnes, annoncées lundi par Manuel Valls ? Lundi matin, sur la route du centre Jules-Ferry, le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur les ont forcément vues. Face à la lande qui accueille 3500 migrants, le chemin des Dunes où vit Nadine Guerlach et où travaillent Sarah Guerlach et son mari, est un passage obligatoire. Alors que les convois des officiels filaient vers les baraquements, les Guerlach et leurs
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proches, regroupés au sein du collectif des Calaisiens en colère (lire ci-dessous), se sont agrippés à la barrière pour manifester leur présence (notre édition d'hier). Conseiller de Manuel Valls « L'idée, c'était de bien montrer aux ministres l'endroit où on se trouve, juste en face des bidonvilles », commente Sarah Guerlach. L'initiative a obtenu les effets escomptés. La Calaisienne a été invitée à rencontrer un conseiller du Premier ministre. « Je lui ai parlé de nos problèmes de sécurité puisque nous avons été victimes de plusieurs intrusions de migrants, explique-t-elle. J'ai été écoutée pendant une heure.» Sarah Guerlach réclame le remboursement de ses frais pour la mise en sécurité de l'habitation de sa mère et du siège de l'entreprise. Un coût estimé à 15000 €, pour un portail, des grilles... et un merlon de gravats élevé sur sept mètres de hauteur, doublé de barbelés! Au sujet du camp fermé qui abritera 1500 personnes dans des tentes, face à chez elle, Sarah Guerlach peste: «1500 places? Ils sont 3000, que vont-ils faire des autres? Il faut accueillir les demandeurs d'asile issus de pays en guerre, mais pas les autres. Au printemps, les migrants sont venus trois fois nous voler du bois. Comment cela va se passer cet hiver, quand il va faire froid?» «On ne voulait pas de l'éclairage public, qui a pourtant été installé, et qui attire des dizaines de migrants la nuit devant la maison. Je réclame maintenant la vidéosurveillance.» La création d'une ville dans la ville, en face de chez elles, insupporte les deux femmes. «La vidéo où nous expliquons notre ressenti a été vue des dizaines de milliers de fois. Elle a suscité des réactions de solidarité.» Nadine Guerlach, les larmes aux yeux, assure: «Je viens de raccrocher. Au bout du fil, une Parisienne, qui a vu un reportage sur notre situation, et qui voulait m'assurer de son soutien.» Pétition en ligne depuis hier Les soutiens, Sarah et Nadine Guerlach veulent aller les chercher dans tout Calais. Au lendemain de l'annonce de la création du camp, le collectif des Calaisiens en colère a mis en ligne une pétition afin de «signifier haut et fort notre ras-le-bol» face à la pression migratoire. jeudi 3 septembre 2015 700 passagers Eurostar bloqués toute une nuit en gare de Calais-Fréthun Toutes éditions - PAR MARIE GOUDESEUNE region@lavoixdunord.fr Ils ont vécu une nuit cauchemardesque. 700 passagers d’un Eurostar à destination de Londres ont été stoppés juste avant le tunnel sous la Manche, mardi soir, en raison de la présence de migrants sur les voies. Un incident technique les a ensuite contraints à finir la nuit en gare de Calais-Fréthun. Récit. FRÉTHUN. 21h30. Parti de Paris à 19h15, un Eurostar avec 704 passagers est stoppé à l'entrée du Tunnel. En cause: la présence de migrants sur les voies. 21h40. Le trafic Eurostar (cinq trains au total) est interrompu. Les forces de l'ordre interviennent pour «évincer» les migrants, selon les mots de la préfecture. 2h. Le trafic est toujours bloqué. À bord de l'Eurostar à l'entrée du Tunnel, des passagers s'énervent, d'autant qu'une femme enceinte de sept mois est à bord. L'un d'eux tente de casser un carreau. 2h20. Reprise du trafic, sauf pour l'Eurostar arrêté devant le Tunnel: un «problème technique» - dixit la SNCF - l'empêche de repartir. Il est ramené en gare de Calais-Fréthun, où les passagers sont invités à descendre. 3h. Une trentaine de
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bénévoles de la Protection civile distribuent des couvertures de survie, du café et de l'eau aux passagers. 3h30. Première annonce dans la gare qui déclare qu'un train de secours va venir de Londres. Pas plus de précisions. Certains quittent la gare. 4h20. Côté passagers, la fatigue transparaît et les langues se délient: «On a passé trois heures dans le noir, il faisait chaud, la clim était coupée. On est resté coincé dans le train pendant des heures, sans informations.» 4h35. Décision est prise de «stériliser» la gare: ce jargon utilisé par les autorités signifie que tous les accès sont désormais fermés. Les journalistes sont priés de sortir. Seuls restent les passagers de l'Eurostar. 5h. Emily, une Américaine, venait de visiter Paris avec un groupe de touristes. Elle quitte la gare pour trouver un taxi et tenter de prendre un ferry au port. 5h15. Un passager raconte qu'au moment où l'Eurostar s'est arrêté, il a «entendu des pas au-dessus du train». Une autre a vu «trois migrants dans les buissons». 6h10. Une dame arrive à la gare pour prendre le TGV de 6h29 pour Paris. Mais les portes sont closes, gardées par les gendarmes. On lui dit de contourner la gare à pied pour accéder directement aux quais, mais elle ne connaît pas les lieux. Elle est perdue. Comme elle, de plus en plus de voyageurs affluent, se font refouler sans explication et ratent leur train. 7h45. Des «kits assistance» SNCF, avec nourriture, bonbons et crayons de couleur sont distribués aux voyageurs. 8h15. Suite de l'opération de «stérilisation»: les passagers sont contrôlés puis acheminés vers l'Eurostar de secours arrivé entre-temps. 10h30. L'Eurostar de secours démarre enfin direction Londres. La gare peut rouvrir au public. vendredi 4 septembre 2015 La photo qui peut tout changer Toutes éditions - Il a les doigts fins de nos enfants, les jambes légèrement potelées de nos fils, les cheveux fins de nos chérubins. Il a le corps qui appelle à la tendresse et à l'espoir. Mais son visage commence à s'enfouir dans le sable, balayé par une de ces vagues qui ont jeté ce garçon de trois ans sur le rivage. Voilà l'image qui manquait. Elle a inondé le Web. Il fallait que tous nous la prenions en pleine face. Il y avait les chiffres. Quatre millions de réfugiés syriens. 3500 morts, l'an dernier, dans la Méditerranée. Il y avait les récits aussi, de la Turquie à Calais. Mais les regards se détournaient. Il fallait que l'Europe prenne cette réalité en pleine face. Le droit d'asile fait partie des valeurs communes. Les pays ne peuvent plus ergoter sur les défaillances et les responsabilités de chacun. Le devoir moral est collectif. Il faut que les politiques prennent cette réalité en pleine face. Le gouvernement s'est enfin réuni hier sur la question. L'échelon européen est déterminant, mais les signaux nationaux ont aussi leur importance. Angela Merkel a su se montrer à la hauteur de l'enjeu, quand l'exécutif français avance à pas comptés et que l'opposition a peur de se brûler. Il faut que les citoyens prennent cette réalité en pleine face. L'attitude de la chancelière allemande est accompagnée d'un fort élan populaire outre-Rhin. Celui-ci n'a pas d'équivalent en France. Selon un sondage, 56% des Français sont opposés à l'accueil de migrants et réfugiés. Que cette réalité éclate aussi à la face de ceux qui, comme Marine Le Pen, répondent sur Twitter «Je veux rester français en France» à ceux qui clament: «J'ai été migrant.» Que cette réalité éclate enfin à la face des apprentis jihadistes qui, ici, rêvent de rejoindre un califat totalitaire. Cet enfant est le leur et le nôtre. vendredi 4 septembre 2015 Migrants: des clôtures de 4 mètres pour renforcer une sécurité défaillante Calais - PAR OLIVIER PECQUEUX calais@lavoixdunord.fr
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La maire de Fréthun, Catherine Fournier, dénonce depuis des mois des failles dans la sécurisation des voies ferrées en direction du tunnel sous la Manche (notre édition de mercredi) en dehors du périmètre d’Eurotunnel. Elle répète aussi la nécessité que les gendarmes obtiennent des renforts. La voilà en partie exaucée. Fréthun, Coquelles et Calais. 1 Contexte sensible Le blocage des 700passagers de l'Eurostar en gare de Calais-Fréthun mardi soir (notre édition d'hier) en raison de l'intrusion de migrants sur les voies ferrées a, au détriment des voyageurs, eu des effets positifs pour Fréthun et ses alentours. Cet incident, au lendemain de la visite du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur à Calais sur la seule question de la pression migratoire, a mis en lumière les failles du réseau ferré à l'approche du Tunnel. À peine vingt-quatre heures après cet incident, Eurotunnel se dédouanait (lire ci-dessous), SNCF-Réseau annonçait s'attaquer rapidement (plus vite que prévu selon Catherine Fournier) aux points faibles de son réseau à Fréthun, Coquelles et Calais. Et le ministère de l'Intérieur redéployait dès discrètement hier soir un peloton de gendarmes mobiles sur le territoire de Fréthun. 2 Nouvelles clôtures et débroussaillage «Pour ce qui concerne les voies empruntées par les Eurostar et les trains de marchandise avant leur passage dans le tunnel sous la Manche et qui sont désormais exposées à des migrants, commente Eurotunnel, SNCF-Réseau et Eurotunnel ont trouvé un accord lundi 31août lors de la visite des ministres.» Cet accord, c'est la mise en place de 13km de clôtures haute sécurité, une fois que le déboisement (commencé hier) sera terminé. Ces clôtures seront semblables à celles érigées au port de Calais, d'une hauteur de 4m. «Afin de faciliter l'intervention des forces de l'ordre, le débroussaillage d'une vingtaine d'hectares autour des emprises SNCF a été réalisé en août, détaille SNCF-Réseau, et une équipe est dédiée à l'entretien des clôtures endommagées.» Un débroussaillage supplémentaire de 37ha à l'intérieur du site a commencé hier. Au lieu-dit le Belvédère à Fréthun, face à la gendarmerie, un débroussaillage doit aussi être entrepris. 3 Contraste saisissant Le tracé concerné par les nouvelles grilles se trouve du Belvédère à la route de Fréthun, entre Fréthun et Coquelles (le Marais), jusqu'au Pont-du-Leu à Calais. La rampe des Fontinettes n'oppose en effet avec ses grilles affaissées aucune résistance aux migrants. Le contraste est d'ailleurs saisissant entre le dispositif ultra-sécuritaire après le pont de la Belle-Hélène, sur les terrains d'Eurotunnel, et la barrière qui se dresse après ce pont, vers Calais. Aux abords du Tunnel, on observe deux rangées de clôture rigide de 2m de hauteur, surplombées d'une clôture de 50cm sensible aux mouvements et rétractable (pour faire basculer les intrus), devant une troisième rangée de clôture encerclée de barbelés. Après ce pont de la Belle-Hélène où ont eu lieu des intrusions spectaculaires, une pauvre rangée de grillages rigides, voire de grillages souples. Inégal, ce dispositif de sécurité sera bientôt harmonisé avec ce mur de 4m qui se dressera sur 6,5km (13km pour couvrir les deux côtés). vendredi 4 septembre 2015 Une centaine de migrants manifestent devant le centre d'accueil Jules-Ferry LONGUEUR: 308 mots Calais - PAR MARIE GOUDESEUNE calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Ils se sont postés vers midi devant l'entrée du centre Jules-Ferry. Une centaine d'exilés au total, parmi lesquels une vingtaine qui barraient l'entrée du centre Jules-Ferry.
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Avec, en mains, des pancartes pour dénoncer leurs conditions de vie et réclamer « une liberté de circulation pour tous ». « Tout le monde mérite d'avoir un toit », clamait une autre affiche. « Nous ne voulons plus manger, ni boire, ni prendre de douches au centre Jules-Ferry, témoigne un jeune Soudanais. Nous voulons des solutions pour notre situation .» Les exilés rencontrés devant le centre ont dénoncé unanimement l'insalubrité et l'insécurité dans la «jungle» (où ils disent vivre «comme des animaux»),mais aussi les conditions de vie dans le centre Jules-Ferry lui-même. Créé en janvier dernier pour une capacité de 1500 personnes, ce centre est «une vraie prison», selon Mohammed, un Soudanais: «À 11h, tout le monde est déjà posté devant les grilles. Quand ça ouvre, tout le monde commence à courir pour pouvoir prendre une douche ou recharger son téléphone. C'est la cohue. À la distribution des repas, la file d'attente est interminable. » Quelques militants No Border étaient présents hier après-midi parmi les manifestants. Certains migrants ont expliqué qu'ils allaient poursuivre le mouvement ces prochains jours, et qu'il s'agissait d'une grève de la faim. Selon Stéphane Duval, le directeur de la Vie Active (association gestionnaire du centre Jules-Ferry pour le compte de l'État), il est diffcile de savoir combien de personnes suivent ce mouvement (lire également ci-dessous): «Je sais pas si c'est une minorité et une majorité. Ce qui est sûr, c'est que certains sont venus me voir hier en disant qu'ils n'osaient pas entrer alors qu'ils auraient bien voulu manger». vendredi 4 septembre 2015 « J'attends toujours plus de moyens » Calais - Contacté hier, le directeur de la Vie Active, association gestionnaire du centre Jules-Ferry pour le compte de l'État, reconnaît un manque de moyens au centre Jules-Ferry . - La distribution des repas a-t-elle pu avoir lieu ce jeudi? «Oui, mais au lieu des 2150 repas servis chaque jour, on était à 900. Visiblement, les manifestants mettent un peu la pression sur ceux qui veulent entrer et c'est dommage. Certains subissent.» - Avez-vous senti des tensions? «C'est un peu tendu, en effet. Les gens se toisent un peu. Mais il n'y pas de bagarres pour autant.» - Les manifestants dénoncent notamment les conditions d'accueil à Jules-Ferry. Qu'en pensez-vous? «L'ouverture du site chaque midi est un moment d'appréhension pour eux comme pour nous. Ça court dans tous les sens pour arriver aux douches en premier. À la distribution des repas, il faut attendre une heure avant d'être servi. Le dispositif était prévu initialement pour 1500 personnes, c'est une réalité...» - 1500 personnes alors qu'ils sont estimés à 3500 dans la «jungle». Jules-Ferry est en sous-capacité... «Malgré tout, nous avons de quoi nourrir tout le monde. Les toilettes, ça tient. Les prises électriques sont parfois libres en fin de journée: c'est à l'ouverture qu'il y a la queue. Quant aux douches, nous pouvons aller jusqu'à 700 douches par jour. Certains ne peuvent pas en bénéficier.» - Réclamez-vous plus de moyens? « J'attends toujours qu'il y ait un renforcement des moyens, c'est plus que nécessaire. Il nous faut davantage de ressources humaines pour réorganiser tout le service, avoir plus de monde à la distribution.» - Avez-vous fait part de ces besoins lundi au ministre Valls, lors de sa visite? «Ce n'était pas l'endroit pour lui demander. D'autant que ça a déjà été demandé: c'est écrit noir sur blanc. Simplement, ça se joue à différents niveaux.» - Quand commenceront les travaux pour créer un camp de réfugiés, comme annoncé lundi? «Les travaux dureront trois mois. On attend le feu vert pour les démarrer.» PROPOS RECUEILLIS PAR M.GO.
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samedi 5 septembre 2015 Les 120 tentes du camp de réfugiés seront installées en janvier 2016 Calais - Objectif: 1er janvier 2016. Selon la préfecture du Pas-de-Calais, l'installation des tentes qui abriteront les migrants devrait être effective à cette date. Pour rappel, le Premier ministre Manuel Valls a annoncé lundi la création prochaine d'une sorte de camp de réfugiés dans l'actuelle «jungle» de Calais. Ce camp comprendra une centaine de tentes pouvant abriter chacune 12 à 15 personnes. Le tout étant calibré pour recevoir environ 1500 exilés (ils sont au moins 3000 actuellement). La préfecture indique que plusieurs réunions techniques se déroulent en ce moment au sein de ses services. La dernière en date s'est tenue hier matin, une autre est programmée la semaine prochaine. Selon nos informations, deux associations ont déposé un projet pour assurer la création de ce camp et en devenir gestionnaire: il s'agit de La Vie Active - actuelle gestionnaire, pour le compte de l'État, du centre Jules-Ferry, et de la Croix-Rouge. Les deux projets sont actuellement à l'étude. Étape compliquée et coûteuse : le terrassement L'étape la plus difficile consiste à réaliser des travaux de terrassement et de viabilisation sur le terrain de la lande (nom donné par les autorités pour nommer la «jungle»), qui est une zone dunaire facilement inondable - en témoigne l'image ci-dessous de la «jungle» hier, suite aux pluies des derniers jours. Cette étape de terrassement est à la fois difficile techniquement et coûteuse, comme l'a indiqué lundi le directeur général de La Vie Active à Manuel Valls. Le coût global de l'opération est estimé à 25 M €, financés conjointement par la France, la Grande-Bretagne et l'Union européenne. Les travaux doivent durer quatre mois environ: si l'objectif est d'être opérationnel début janvier, alors ils devront commencer au plus vite. M.GO. samedi 5 septembre 2015 Manifestation de migrants: l'action s'est poursuivie hier devant la mairie Calais - PAR MARIE GOUDESEUNE calais@lavoixdunord.fr CALAIS. La centaine de migrants qui manifestait jeudi devant le centre Jules-Ferry (notre édition d’hier) a poursuivi son action hier devant la mairie de Calais. La sénatrice-maire Natacha Bouchart, entourée de deux adjoints, est allée à leur rencontre. De nouvelles actions pourraient avoir lieu aujourd’hui. Ils sont arrivés devant la mairie avec les mêmes pancartes que la veille. Des slogans appelant à la liberté de circulation, à de meilleures conditions de vie. Et un ras-le-bol partagé face au quotidien dans la «jungle». Dès 14h, la centaine de migrants, accompagnés de militants No Border, se sont assis devant le perron de l'hôtel de ville. Autour d'eux s'est rapidement formé un dispositif de maintien de l'ordre. Discussion avec Natacha Bouchart Certains exilés ne savaient pas où ils se trouvaient. D'autres demandaient «le ministère de l'Intérieur». Tous cherchaient à être entendus, sans toujours savoir par qui: «On tente des choses, on verra bien si ça nous fait avancer», a expliqué l'un d'eux. Puis on a vu arriver à pied la sénatrice-maire de Calais. Natacha Bouchart est allée à la rencontre des manifestants,
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en compagnie de Philippe Mignonet, adjoint à la sécurité et qui a fait office, pour l'occasion, de traducteur, et d'Emmanuel Agius, premier adjoint, davantage en retrait. L'élue a expliqué aux migrants avoir demandé au Premier ministre, en visite lundi dernier, la création d'un camp de réfugiés au niveau de la «jungle» (lire ci-dessous). Une échéance trop lointaine selon certains manifestants, qui craignent pour leur sécurité dans le camp toléré. Natacha Bouchart les a incités à se rendre devant la sous-préfecture pour exiger un rendez-vous avec la préfète. Les exilés n'y sont pas allés, repartant finalement vers le centre Jules-Ferry. Toutefois, selon certains militants No Border, d'autres actions pourraient avoir lieu aujourd'hui. dimanche 6 septembre 2015 Plus de 300 migrants rassemblés devant l'hôtel de ville hier Calais - par jean-philippe delattre calais@lavoixdunord.fr calais. Vers 15 h, hier, entre 300 et 400 migrants se sont rassemblés devant l’hôtel de ville, accompagnés par des membres d’associations d’aide aux exilés. Comme lors des rassemblements de jeudi et vendredi, ils appelaient à la liberté de circulation et au respect des Droits de l’Homme. Venus de la rue Mollien, entre 300 et 400 migrants ont investi hier, vers 15h, la place de l'hôtel de ville. Avec eux se trouvaient des militants No Border et des membres d'associations. Plusieurs se sont assis devant les marches de la mairie, brandissant des banderoles appelant à la liberté de circulation et au respect des Droits de l'Homme. Successivement, des exilés ont pris la parole avec un porte-voix, chacun dans sa langue. Leurs propos étaient appuyés de slogans en anglais, repris par la foule: «Where are the human rights?» (Où sont les Droits de l'Homme?); «We are freedom!» (Nous sommes la liberté!). Un migrant a présenté une affiche représentant le petit Syrien retrouvé sur une plage de Turquie. Image qui a ému le monde entier cette semaine, sur Internet et dans les médias. Les manifestants ont observé une minute de silence. Vers 15h 30, une dizaine de policiers sont venus encadrer la manifestation, sans l'arrêter: «Elle est tolérée par l'autorité préfectorale», a expliqué un membre des forces de l'ordre. Ils ont demandé aux migrants de reculer afin de laisser de la place pour que les mariés puissent se photographier devant la mairie. Les élus agacés par ces rassemblements Car hier, cinq mariages se sont succédé à l'hôtel de ville. À part le fait de ne pas pouvoir faire la photo «traditionnelle», les familles n'ont pas été perturbées plus que ça par la manifestation. Les élus, en revanche, étaient irrités. Emmanuel Agius en tête: «Ils troublent l'ordre public, relevait-il sur place, hier. Cette manifestation est stérile, comme celles des jours précédents. On leur a déjà expliqué qu'on ne pouvait rien faire à notre niveau. Ils feraient mieux de manifester devant la sous-préfecture, qui représente l'État localement.» Pour le premier adjoint à la maire, «la sous-préfecture est incompétente. Il est temps que la préfète se bouge.» Sur Twitter, hier, Natacha Bouchart a fait part de son agacement: «Je demande aux autorités de l'État, c'est-à-dire au ministre de l'Intérieur, de donner des consignes claires pour rétablir l'ordre public.» Interrogés hier, les militants n'ont pas souhaité s'exprimer auprès de la presse. Un exilé syrien a expliqué que «ces manifestations sont des messages envoyés au gouvernement pour dénoncer nos conditions de vie. On est devant la mairie car c'est un endroit symbolique de Calais». Il a annoncé que d'autres manifestations étaient à prévoir dans les jours à venir. Hier, aucun débordement n'a été constaté en marge du rassemblement, qui s'est terminé avant 17h.
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dimanche 6 septembre 2015 Une autre manifestation à 17 heures Calais - Après le rassemblement de migrants de 15h, totalement improvisé, une autre manifestation s'est tenue, également devant la mairie. Il s'agissait, cette fois, d'un appel lancé vendredi par le collectif Facebook Calais, ouverture et humanité, qui organisait un hommage au petit Aylan, Syrien retrouvé mort en Turquie et dont la photo a ému la Toile. 70 personnes rassemblées Bien moins impressionnante que la précédente, cette action a tout de même réuni près de 70personnes, parmi lesquelles on dénombrait quelques migrants, des militants de divers collectifs et associations, et des citoyens lambda. Comme Aurore, Clémentine, Audrey et David, venus de Dunkerque. «Nous sommes venus montrer notre soutien aux réfugiés. Nous ne sommes pas d'accord avec la politique migratoire du gouvernement. Rien ne se fait à part refouler les migrants aux frontières.» S'ils admettent que c'est la mort du petit Syrien qui les a rassemblés hier, ils regrettent qu'il «ait fallu cette photo pour que les élus se bougent». Un peu plus loin, deux Calaisiennes, Nathalie et Marinette: «Nous n'avons pas attendu cette photo pour agir: ça fait longtemps qu'on donne aux migrants, bénévolement, de bon cœur. Mais si cette photo peut faire bouger les choses...» Vers 17h30, un militant a pris la parole: «Nous ne ferons pas une minute de silence, comme dans d'autres villes. Calais est emblématique. Nous devons faire entendre notre cri de colère.» La foule a donc hurlé, un instant, avant de se disperser. Quelques élus d'opposition, dont des membres d'EELV, ont été aperçus sur place. lundi 7 septembre 2015 Ces commerçants qui voient dans les migrants un atout économique Calais - PAR CHLOÉ TISSERAND calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Économie locale et présence migratoire, le débat est sur la table depuis que Natacha Bouchart, maire de Calais, demande une indemnisation à l’État. Marchands de vélos d’occasion, téléphonie, photographes, supérettes... Dans le centre-ville, quelques commerçants estiment pourtant que les migrants sont une nouvelle clientèle. Opale vélo services, qui commercialise des véhicules d'occasion, boulevard Jacquard, estime ainsi à 5% sa clientèle de migrants. «Les vélos ne sont pas très chers puisqu'on les récupère dans les déchetteries pour les remettre en état de marche. Le prix oscille entre 60 et 130€ environ. La majorité prennent des VTT, un peu de VTC», explique Frédéric Boulanger. Ce responsable d'atelier témoigne d'une recrudescence de cyclistes depuis l'ouverture du centre d'accueil de jour Jules-Ferry, «surtout depuis qu'ils sont passés de 300 à des milliers il y a près d'un an. Plus les camps sont éloignés du centre-ville, plus ils ont besoin de cette commodité, c'est plus facile». «Augmentation de la clientèle de 20 à 30%» La société Pro-mobile qui vend des téléphones portables compte, dans sa clientèle, 15% de migrants. «Ils étaient plus nombreux il y a un an environ car ils venaient consulter sur les ordinateurs. Maintenant, ils ont directement Internet sur les téléphones», précise le
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commerçant. «Ils viennent acheter des petits téléphones simples, beaucoup de recharges et recherchent l'accès à Internet. D'autres viennent aussi recharger leur portable», ajoute-t-il. Selon lui, les migrants sont un atout: «Ce sont des clients en plus; il faut bien qu'ils consomment alors quand j'entends qu'on dit qu'ils plombent l'économie à Calais... Des gens en plus ne peuvent que représenter de la clientèle.» Un commerçant photographe bénéficie aussi de bonnes retombées grâce à la présence migratoire: «Je ne pourrai pas en vivre mais malgré tout, depuis trois mois, j'ai une clientèle assez importante de migrants. Je peux parler d'une augmentation de 20 à 30%.» Le photographe a signé un contrat avec l'Audasse, association située rue Charost et en charge des demandeurs d'asile: «Les migrants vont y faire leur photo d'identité pour des papiers de demande d'asile, parfois pour le retour au pays.» Les migrants sont aussi clients du magasin Lidl, situé rue Mollien, et du Carrefour City du boulevard Clémenceau. Nouredine, la trentaine, ancien demandeur d'asile, a désormais son statut de réfugié. «Je fais mes grosses courses à Lidl, explique-t-il. Je dépense environ 200€. J'aime bien aller chez le poissonnier boulevard Lafayette pour acheter des sardines. Je commence à aller au marché le samedi matin place d'Armes. On voit beaucoup de migrants faire leurs courses en centre-ville, ils veulent manger, normal. J'en vois beaucoup aussi boulevard Clemenceau dans un petit magasin ouvert le dimanche». Lors de sa visite à Calais lundi, Manuel Valls, le Premier ministre, a annoncé la signature d'un contrat de territoire en octobre (un article à retrouver dans notre édition du 1er septembre). lundi 7 septembre 2015 Une étude d'impact économique en cours Calais - Si des secteurs d'activité pâtissent clairement de la présence migratoire (transporteurs, tourisme, restaurants, etc.), d'autres en profitent. Des contrats ont ainsi été signés ces dernières semaines entre Eurotunnel et des entreprises spécialisées dans les clôtures afin d'empêcher les intrusions de migrants. La société marckoise SAEE est par exemple intervenue pour sécuriser le nouveau parking poids lourds d'Eurotunnel, boulevard de l'Europe. Les sociétés de gardiennage sont également concernées. Beaucoup de migrants se rendent à La Poste car, en tant que demandeurs d'asile, ils peuvent retirer leur courrier et ouvrir un compte bancaire. En 2009, La Poste et France Terre d'asile avaient d'ailleurs collaboré afin d'améliorer les services auprès des demandeurs d'asile. Les associations d'aide aux migrants participent également à leur échelle à l'économie locale : lors de l'installation des exilés, zone des Dunes, elles avaient par exemple acheté des lots de tentes chez Décathlon. «Consommation de 30 000€/an» Les élus d'opposition calaisiens, qui ne nient pas l'impact négatif de la présence des migrants sur l'économie, tempèrent toutefois la notion de préjudice pour la ville. À l'instar de Christophe Duffy (notre photo), conseiller municipal EELV qui travaille sur une étude d'impact: «Il faut évaluer les apports financiers directs et indirects. Ce que consomment par exemple les policiers présents sur le territoire (nuitée d'hôtels), les emplois créés à l'association La Vie Active (qui gère le centre Jules-Ferry pour le compte de l'État), au centre de rétention. Mais il faut évaluer aussi ce que consomment les migrants, ce qui doit représenter une base par an d'au moins 30.000 €. Les épiceries de la new jungle sont ravitaillées, il faut voir auprès de quels commerces locaux. Nous pourrons aussi démontrer qu'au moins 100 M€ sont dépensés dans les mesures sécuritaires». mardi 8 septembre 2015
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France: 24 000 réfugiés en deux ans Toutes éditions - Face à l'afflux massif de réfugiés en Europe, François Hollande a annoncé hier que la France était prête à accueillir 24000 personnes en deux ans, et plaidé pour un mécanisme de quotas entre les pays européens, sous peine d'échec de l'espace Schengen de libre circulation en Europe. «La Commission européenne va proposer de répartir 120000 réfugiés sur les deux prochaines années, ce qui représentera pour la France 24000 personnes. « Nous le ferons », a affirmé M. Hollande, lors de sa conférence de presse semestrielle. Jusqu'à présent, la France avait pris un engagement de principe pour l'accueil de 9000 réfugiés et demandeurs d'asile, dans le cadre de propositions de la Commission européenne portant sur 60000 personnes au total. Mais «c'est le devoir de la France, où le droit d'asile fait partie intégrante de son âme, de sa chair», a-t-il ajouté, en se disant prêt à accueillir une «conférence internationale sur les réfugiés» à Paris. M. Hollande a de nouveau plaidé pour le «mécanisme permanent et obligatoire d'accueil des réfugiés pour répartir l'effort entre tous les pays européens», proposé la semaine dernière avec Angela Merkel. Dans ce cadre un «coordinateur national», le préfet Kléber Arhoul, (en vignette) sera chargé d'organiser l'accueil des migrants par les différentes villes. Kléber Arhoul était auparavant préfet délégué pour l'égalité des chances auprès du préfet de la région Nord-Pas-de-Calais. mardi 8 septembre 2015 Migrants: Natacha Bouchart face au parlement britannique cet après-midi Calais - PAR OLIVIER PECQUEUX calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Natacha Bouchart, sénatrice-maire (LR), sera auditionnée cet après-midi par la commission des Affaires intérieures du parlement britannique, à Londres. Il s’agira de sa deuxième audition devant la « Home Affairs Select Committee » qui supervise la gestion, par son gouvernement, de la problématique migratoire. Accompagnée de ses deux adjoints Philippe Mignonet et Emmanuel Agius, Natacha Bouchart sera à Londres à 16h. Il s'agira de la deuxième audition, devant des parlementaires anglais de tous bords politiques, de la sénatrice-maire (Les Républicains) de Calais. La première avait eu lieu en octobre 2014. «C'est la commission parlementaire qui a sollicité Natacha Bouchart, confie Philippe Mignonet, l'adjoint à la sécurité bilingue qui assurera la traduction. Cette commission indépendante devrait demander à la maire de Calais de présenter les évolutions de ces derniers mois.» Les trois élus calaisiens retrouveront à Londres Keith Vaz, le président travailliste de cette commission parlementaire, déjà venu au moins deux fois à Calais pour la question des migrants: en décembre 2014, pour une visite complète de la ville au cours de laquelle il avait fustigé l'attentisme de l'Union européenne; en juillet, où il avait été reçu par Philippe Mignonet. Keith Vaz et ses collègues parlementaires avaient souhaité revoir Natacha Bouchart mi-août. Mais pour des raisons d'agenda, le rendez-vous a été repoussé à ce mardi. Ce qui tombe plutôt bien pour Natacha Bouchart, injoignable hier, mais dont Emmanuel Agius résume la pensée: «David Cameron (le Premier ministre conservateur) vient d'annoncer être prêt à accueillir 5000réfugiés. Il faudrait commencer par soulager Calais.» Provocation envers Cameron
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Sur son profil Facebook, Natacha Bouchart, informant de son voyage à Londres, a même été plus explicite hier: «J'espère que David Cameron compte les 3500 migrants de Calais parmi les 5000 qu'il entend accueillir.» Une déclaration qui donne le ton des échanges de cet après-midi, sur fond de provocation. Natacha Bouchart sait que l'accueil des Britanniques concerne les Syriens, qui ne sont que quelques centaines à Calais. Attaques envers Hollande et Aubry Natacha Bouchart ne réserve pas ses piques aux seuls Britanniques. Sur les ondes de RTL, la sénatrice-maire de droite a taclé hier la gauche socialiste. Au plus haut sommet de l'État, visant François Hollande après sa conférence de presse où la question des migrants a été abordée (lire pages 4, 5 et 34). «Son intervention était décevante, on est dans une manipulation politique qui s'adapte aux événements alors que cela fait un an que les autorités sont informées.» Et plus près, en direction de la maire de Lille Martine Aubry, candidate pour accueillir une centaine de migrants dans la capitale des Flandres, proposition saluée par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. «Des maires veulent se donner bonne conscience. Calais est à une heure de Lille: en quinze ans Martine Aubry ne nous a jamais tendu la main.» mardi 8 septembre 2015 Près de 250 migrants ont manifesté hier dans le centre-ville Calais - Leur mouvement a commencé jeudi (nos éditions précédentes) et ne semble pas près de s'éteindre. Hier, environ 250 migrants accompagnés de militants No Border ont traversé Calais en partant de la «jungle» - le bidonville toléré par l'État - pour rejoindre l'hôtel de ville. Avec, en mains, des pancartes appelant à la levée des frontières et dénonçant «le bidonville de la honte». Avant de s'arrêter sur le perron de la mairie, le cortège a cheminé d'un pas rapide dans le centre-ville. Il a scandé les mêmes paroles que ces derniers jours: «No jungle!», «We are not animals!» («Nous ne sommes pas des animaux!»), «Freedom!» («Liberté!») ou encore «Jungle is for animals!» («La jungle, c'est pour les animaux!»). Des Soudanais rencontrés durant le défilé ne comprenaient pas pourquoi on les laissait vivre dans cette «jungle» alors qu'ils avaient demandé l'asile: «Nous n'avons qu'un repas par jour, nous avons très froid et nous avons du mal à nous faire soigner.» La manifestation s'est terminée par un sit-in devant l'hôtel de ville. Pendant une heure, plusieurs exilés se sont succédé au mégaphone pour prendre la parole en anglais ou en arabe, devant un important dispositif policier. Le cortège est reparti peu après 16 h. Selon certains manifestants, un autre rassemblement pourrait avoir lieu demain. M.GO mardi 8 septembre 2015 Réfugiés: un sens de l'hospitalité variable selon les municipalités Toutes éditions - Sébastien Leroy region@lavoixdunord.fr région. La France est donc prête à accueillir 24 000 réfugiés en deux ans (lire aussi page 35). Rapporté à la région, cela donnerait mathématiquement 1 500 réfugiés à répartir sur un territoire de 4 millions d’habitants. Certains maires estiment qu’ils prennent déjà leur part, d’autres commencent à s’organiser.
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Secoués par le choc des images dramatiques qui se sont succédé ces derniers temps, des maires ont donc pris position depuis la fin de semaine dernière pour indiquer qu'ils souhaitaient que leurs communes prennent leur part. À Lille, Martine Aubry (PS) a d'ores et déjà proposé d'accueillir une centaine de réfugiés, soit un peu plus que ce que le calcul mécanique exigeait de sa ville. À Saint-André, Olivier Henno (UDI), sous le choc de la photo du petit Aylan, parle d'accueillir deux familles dans des logements d'urgence de sa commune. Idem à Douai où Fréderic Chéreau (PS) propose de recevoir trois ou quatre familles soit une quinzaine de personnes et de centraliser à la mairie les offres des particuliers prêts à accueillir des réfugiés. Mais le Nord - Pas-de-Calais n'est pas n'importe quelle région. Socialement d'abord, des territoires sont déjà en proie à de graves difficultés, ce qui incite Anne-Lise Dufour, députée-maire (PS) de Denain, à dire qu'elle n'envisage pas l'accueil de réfugiés au niveau de la commune. L'élue se propose toutefois de faciliter la mise en réseau des bonnes volontés au niveau du Denaisis. Les difficultés sociales sont également l'argument avancé par Guillaume Delbar et Gérald Darmanin, maires (LR) de Roubaix et Tourcoing. Pour eux, le PS «semble instrumentaliser ces drames à des fins politiques ». Et puis parce que la région est loin de méconnaître le sujet des migrants, certains élus mettent en avant les efforts déjà fournis pour se positionner. Sans même parler de Calais qui fait face à une situation complexe depuis plusieurs années, à Saint-Omer, François Decoster (UDI) évoque «un effort de solidarité qui se réalise depuis plusieurs années avec le centre d'accueil des jeunes réfugiés» installé dans sa ville et «une part grandissante» prise par sa commune. «En 2014, le centre d'accueil a vu passer 15000 réfugiés mineurs. La pression, nous la ressentons déjà.» Et l'édile de demander davantage de soutien de l'État. Daniel Fasquelle, deputé-maire (LR) du Touquet s'est déclaré défavorable à l'accueil des migrants dans l'arrondissement de Montreuil, «car le lendemain, ils seraient à Calais pour rejoindre la Grande-Bretagne». L'élu du littoral souhaite en outre un «tri» aux frontières des pays d'exode pour différencier les réfugiés politiques «qu'il faut accueillir» et les réfugiés économiques «qu'il ne faut pas accueillir». mercredi 9 septembre 2015 Migrants: la Fédération française de football donne 100 000€ à Salam Calais - PAR YVES-MARIE CHOPART calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Alors que le football européen se mobilise pour les migrants, la Fédération française de football a décidé de donner un chèque de 100 000 € à l’association calaisienne Salam. Sa secrétaire adjointe, Claudine Gilles, qui œuvre auprès des migrants depuis 2002, a été invitée à donner, lundi soir à Bordeaux, le coup d’envoi du match France-Serbie. Claudine Gilles, secrétaire adjointe de Salam, association d'aide aux migrants de Calais, n'imaginait pas que, lundi soir, elle donnerait, sous les yeux de Matuidi, Varane ou Valbuena, le coup d'envoi de la rencontre France - Serbie disputée dans le cadre d'un match amical à Bordeaux. C'est pourtant la belle histoire que vient de vivre la Calaisienne. Alors que le football européen se mobilise pour les migrants, à l'image du Bayern de Munich qui a fait un don d'un million d'euros aux exilés, la Fédération française a également décidé, dans la précipitation, de se joindre au mouvement de solidarité. Ainsi, Fernand Duchaussoy, président de la ligue du Nord - Pas-de-Calais, raconte comment Claudine Gilles a été invitée dans l'urgence à Bordeaux: «Dimanche après-midi alors que j'allais à LaGorgue pour les 70ans du club local, Noël Le Graët, président de la Fédération française, m'a téléphoné pour me dire que la FFF
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avait également décidé de venir financièrement en aide aux migrants et qu'elle voulait les coordonnées de cette Calaisienne emblématique pour son engagement auprès des migrants. J'ai alors appelé Christian Hogard du Secours populaire de Gravelines, avec qui la ligue œuvre dans le cadre des quartiers d'été, qui m'a donné les coordonnées de Claudine.» Des actions jusqu'à l'Euro 2016 Contact établi, Fernand Duchaussoy et Claudine Gilles sont partis en avion pour Bordeaux. «Durant le vol, M. Duchaussoy m'a dit qu'il y aurait, en plus du coup d'envoi, un chèque à la clé pour Salam, poursuit la Calaisienne. Je n'ai pas voulu connaître le montant. J'ai tout de même dit qu'un chèque de 10000 € ce serait magnifique pour contribuer à l'achat d'une nouvelle camionnette. Le président de la ligue régionale m'a alors affirmé que Salam pourrait s'en acheter plusieurs...» De fait, ce sont 100000 € que Salam va recevoir de la part de la FFF. «J'avais eu connaissance du montant de la somme, mais je n'avais aucune certitude et ne me suis pas avancé auprès de Claudine Gilles, précise Fernand Duchaussoy. Ce matin (hier), j'ai contacté Noël Le Graët qui m'a confirmé que ce serait bien un chèque de 100000€ qui sera donné à Salam. Un chèque que je viendrai donner, en tant que relais, à l'association calaisienne, très probablement la semaine prochaine.» Par ailleurs, la FFF a également décidé de mener, toujours au bénéfice de Salam et des migrants, des actions tous les deux mois jusqu'à l'Euro 2016 (championnat d'Europe des nations disputé en France) programmé en juin. «Et d'après Noël Le Graët, je garderai ce statut d'intermédiaire entre la FFF et l'association calaisienne», termine le président de la ligue régionale. Claudine Gilles et Salam, récompensés pour leur implication, sont sur un nuage. mercredi 9 septembre 2015 Natacha Bouchart, «Dame de fer» face aux parlementaires britanniques Calais - PAR OLIVIER PECQUEUX calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Hier après-midi, la sénatrice-maire LR de Calais, Natacha Bouchart, était auditionnée par la commission des Affaires intérieures du parlement britannique, à Londres. L’élue calaisienne a défendu son territoire, quitte à se fâcher avec le Premier ministre David Cameron. Les Anglais avaient leur «Iron Lady», la conservatrice Margaret Thatcher. Les Calaisiens ont leur «Dame de fer», la Républicaine Natacha Bouchart. Hier, assistée de ses deux adjoints Emmanuel Agius (rebaptisé Aguis par les Anglais) et Philippe Mignonet, Natacha Bouchart s'est montrée inflexible face aux quatorze parlementaires britanniques qui avaient beaucoup de questions à lui poser. Auditionnée pour la deuxième fois par la Home Affairs Select Committee, la sénatrice-maire de Calais s'est montée calme, sûre d'elle, et ferme. Il faut dire qu'après les centaines d'interviews accordées sur les migrants, les six visites du ministre de l'Intérieur plus celle du Premier ministre, les heures passées à repenser complètement sa stratégie face à la problématique migratoire - la proposition d'accueil de jour à Jules-Ferry était une vraie surprise au regard de ses positions antérieures - Natacha Bouchart commence à connaître son sujet. Sa maîtrise du dossier ne l'a pas empêchée pour autant de commettre des oublis volontaires. «Aucune proposition des gouvernements français et britannique n'a été faite pour remédier à notre problématique, toutes les mesures prises l'ont été à l'initiative de la maire de Calais», a-t-elle déclaré trois semaines après la visite commune des ministres de l'Intérieur
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français et britannique. Une manière habile d'amener les parlementaires là où elle le souhaitait: «Je demande une compensation de 50M€ à l'Europe, la France et la Grande-Bretagne», au nom du préjudice économique causé par les migrants. Assaillie de questions, Natacha Bouchart, grâce à un interprète, a livré des messages décapants dans ses réponses. «Les migrants veulent venir chez vous car ils affirment pouvoir travailler facilement, qu'ils ne seront pas contrôlés en Grande-Bretagne (...) Les forces de l'ordre françaises font des contrôles pour vous à Calais, vous faites la loi sur notre territoire (...) David Cameron, en n'apportant pas de réponse au Calaisis, affiche son mépris pour notre population (...) Si le gouvernement britannique continue de mépriser la population calaisienne, ce n'est pas du chantage, mais ce sera une obligation morale pour notre population d'ouvrir les frontières...» Ces réponses acides feront le plaisir des tabloïds anglais, qui avaient réservé un traitement spécial à Calais cet été après les intrusions massives dans le Tunnel et le blocage du port par les marins de My Ferry Link. Mais les propos de la «Dame de fer» ne contribueront-ils pas à ériger une barrière avec les Anglais? Réponse lors de la prochaine venue à Calais de la commission parlementaire, dont le président Keith Vaz, promet diplomatiquement une nouvelle visite à Calais. Lire aussi en page Région. mercredi 9 septembre 2015 Réfugiés: les questions d'une région déjà en première ligne Toutes éditions - Par Claire Lefebvre et Sébastien Leroy region@lavoixdunord.fr Région. Après l’émotion, la volonté européenne d’assigner un quota de réfugiés, essentiellement venus de Syrie, aux pays de l’UE soulève des questions dans une région qui depuis de longues années prend sa part des vagues migratoires provoquées par les soubresauts du monde. Nous avons tenté d’y répondre. 24 031 C’est le nombre de nouveaux demandeurs d’asile que la France doit accueillir en deux ans. Fixé par Bruxelles, il se base sur plusieurs critères économiques, comme le taux de chômage ou le PIB, et démographiques, ce qui explique que le quota de l’Allemagne soit plus élevé (lire aussi page 30). On ignore pour l’heure si des critères socio-économiques identiques seront appliqués au niveau régional pour répartir ces demandeurs d’asile dans le pays. Si l’on répartissait en fonction du seul nombre d’habitants dans la région, ce sont 1 500 réfugiés qu’elle devrait recevoir. De par sa position frontalière, la région a de longue date une histoire commune avec les courants migratoires. Depuis le milieu des années 1990, l'afflux de migrants attirés par l'Angleterre voisine n'a cessé dans la région, avec d'abord des ressortissants d'ex-Yougoslavie, puis au gré des conflits, d'Afghanistan, d'Irak, de la corne de l'Afrique et de Syrie. Combien sont-ils aujourd'hui? À Calais, principal point de fixation, les associations s'accordent pour avancer le chiffre de 3 500 migrants présents dans le secteur actuellement, comme l'indique Christian Salomé de l'Auberge des migrants basée sur place. Un chiffre auquel il faut ajouter les mineurs qui transitent par le centre de Saint-Omer (1 500 en 2014) et une proportion difficilement quantifiable de migrants dispersés sur l'ensemble du territoire régional. Parmi ces migrants qui arrivent dans la région, certains déposent une demande d'asile en France. Une part qui va même grandissant selon Christian Salomé. «Certains par dépit parce qu'ils n'arrivent pas à passer. D'autres parce qu'ils voient revenir des camarades qui leur disent que ce n'est pas l'Eldorado espéré.» D'après les données de l'Office français de
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l'immigration et de l'intégration (OFII), la région Nord - Pas-de-Calais a enregistré l'an dernier 1 990 (sur 60000 en France) premières demandes d'asile, soit 244 de plus qu'en 2013. mercredi 9 septembre 2015 Un jihadiste recherché à Calais Toutes éditions - CALAIS. Un combattant de l'État islamique est actuellement recherché par les forces de l'ordre de la région. L'homme, qui a quitté la Syrie fin août avec des migrants, aurait pour objectif de se rendre en Grande-Bretagne, vraisemblablement pour y commettre des actes terroristes. Il pourrait par conséquent se trouver actuellement dans le Calaisis. L'arrivée massive de migrants, dépourvus pour la plupart de documents d'identité, sur le sol européen complique en effet la tâche des autorités en matière d'antiterrorisme. De source judiciaire, on craint que «des combattants de l'État islamique ne profitent des flux migratoires pour regagner l'Europe». mercredi 9 septembre 2015 «La générosité, ça s'organise sur la durée» Toutes éditions - L’association France terre d’asile, qui prend en charge 5 000 personnes par jour, est l’un des principaux acteurs hexagonaux de l’aide aux réfugiés. -Vous aviez qualifié Calais de «cul-de-sac migratoire». L'accueil de 24000 réfugiés en France est-il à la hauteur de l'enjeu? «La proposition de Juncker dépasse la question de Calais: aucun pays ne peut répondre seul à cette arrivée exceptionnelle et rapide de centaines de milliers de personnes qui interroge le pacte social de chacun des 28membres de l'Union et le projet européen lui-même. 24 000, c'est la quote-part, adaptable, de la France. Le Nord - Pas-de-Calais, impacté par les migrations depuis longtemps, a déjà eu une réponse solidaire. À d'autres de prendre aussi leur part. » -De «clandestin» à «réfugié», le vocabulaire est-il politique? «Il faut parler de réfugié dès lors qu'on parle d'accueil. Et savoir faire de la politique pour ne pas faire de l'humanitaire au rabais. La décision d'humaniser la jungle de Calais est certes de l'humanitaire au rabais. Mais je suis pragmatique: c'est mieux que de la nier comme on l'a fait pendant quinze ans. Et il est aussi temps pour les discussions de paix en Syrie d'où viennent les réfugiés.» -On assiste à deux élans contraires: la réserve et la générosité de volontaires pour héberger des migrants... «Accueillir ne va rien retirer aux Français sur le plan social ou en matière d'emploi: on retrouve les réfugiés dans des secteurs (bâtiment, restauration, hôpitaux) avec 400 000 emplois non pourvus. Cela dit, la générosité, ça s'organise pour que ça ne soit pas qu'un feu de paille. Pas facile d'accueillir chez soi une victime de guerre. Je préfère l'idée de parrainages en lien avec les associations. Des questions se posent en matière d'intégration (langue...) : à l'État de tout coordonner sur la durée.» jeudi 10 septembre 2015 Djihadiste recherché parmi les migrants : ni étonnement, ni panique chez les associations
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Calais - PAR MARIE GOUDESEUNE calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Pour Christian Salomé, de l'Auberge des migrants, il faut être conscient d'une chose : il n'y a «aucune gestion des entrées et des sorties sur le terrain vague (1). On ne peut donc pas identifier les gens qui arrivent.» Toutefois, la plupart des migrants qui arrivent à Calais sont «des gens affaiblis par leur voyage»: «Des comportements du type Il faut tuer tout le monde, je n'en ai jamais rencontré! » Les gens qui arrivent ont en général « un but» précis, selon lui: «Ils veulent aller en Angleterre, c'est un projet concret. Je pense que les gens dangereux et qui ont envie de commettre des attentats sont beaucoup plus dans le virtuel.» Des djihadistes dans la «jungle»? Pas impossible, selon Claudine. Cette bénévole de l'association Salam estime que «c'est même le meilleur endroit pour se cacher». Pourtant, elle reste sceptique: «Si un djihadiste veut aller en Angleterre, il n'a pas besoin de se cacher. Il aura de l'argent, un faux passeport, un réseau pour l'emmener.» Claudine ne s'est « jamais sentie en danger parmi les migrants »: «Nos copains migrants n'ont qu'une idée: passer en Angleterre ou demander l'asile en France», rappelle-t-elle. Le danger viendrait davantage de ceux qui gravitent autour des exilés: «On a eu un problème, par exemple, l'année dernière, avec des islamistes venus d'une mosquée radicale de banlieue parisienne. Ils venaient voir les Syriens en leur disant que leur place n'était pas en Angleterre et qu'ils devaient aller faire le djihad. La police est même intervenue (2).» Pour Jeremie, Calaisien proche des migrants, il est tout à fait plausible qu'un djihadiste vienne dans la « jungle » « car il sera plus facile pour lui de se fondre dans la masse. Depuis le 11 septembre, les contrôles dans les avions ont été renforcés, alors ils passent par les réseaux clandestins». Mais que viendrait faire un djihadiste à Calais: «Faire sauter le Tunnel?, s'interroge-t-il. S'il cherche à aller en Angleterre, je ne pense pas qu'il viendra ici: il passera par Dunkerque ou la Belgique, c'est plus facile.» Pour le militant, la présence potentielle d'un djihadiste parmi les migrants pose un autre problème: «Celui de la stigmatisation. Si sa présence est vraiment avérée, j'espère qu'on n'oubliera pas que c'est un type sur 4000: les autres ne sont pas des extrémistes.» (1)Le campement occupé par les migrants et toléré par l'État aux abords du centre Jules-Ferry. (2)Sollicitée plusieurs fois, la police ne nous a pas répondu. jeudi 10 septembre 2015 Les maires veulent des moyens Toutes éditions - Les maires constituent des réseaux pour l'accueil des migrants. Les socialistes avaient initié celui des « villes solidaires ». Mais les organisations déjà existantes jouent aussi ce rôle. Il en va ainsi de l'Association des maires de France (AMF) ou de celle des grandes villes (AMGVF). Les édiles seront reçus samedi par Bernard Cazeneuve au ministère de l'Intérieur. Ils y viendront avec leurs bonnes volontés mais aussi avec quelques questions et requêtes. «Le droit d'asile est conféré par le préambule de la Constitution, c'est l'honneur de notre pays qui est le pays de la déclaration des Droits de l'Homme», rappelle François Baroin, président de l'AMF. Mais ce sénateur Les Républicains n'en accueillera pas dans sa ville de Troyes, par manque de capacité. «On ne peut pas avoir des Calais partout en France», estime-t-il. Son homologue de l'AMGVF est dans la même situation. Le toulousain Jean-Luc Moudenc souligne que les places en CADA (centre d'accueil des demandeurs d'asile) sont toutes occupées dans sa ville. «Nous n'arriverons pas samedi avec des places vacantes à proposer mais avec des difficultés et des questions à soumettre», confie cet élu LR. «Depuis six mois,
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j'attends qu'on autorise 35 Syriens chrétiens à venir dans ma ville», clame Jean-Claude Boulard, maire PS du Mans, pour mieux montrer sa bonne volonté et les freins existants. Outre la lenteur des procédures administratives, la question des moyens revient souvent, notamment en termes d'hébergement. «Nous avons un nombre de réfugiés, 24 000, il nous faut maintenant un chiffrage des moyens nécessaires», réclame Moudenc. Les édiles soulignent que la volonté d'accueil reste largement partagée. «Certaines communes seront heureuses d'accueillir des familles qui viendront renforcer une école ou un commerce de proximité», avance Jean-Louis Fousseret (PS), de Besançon. Les élus cherchent maintenant à mettre en adéquation bonnes volontés et réalité du terrain. MATTHIEU VERRIER jeudi 10 septembre 2015 L'Angleterre n'accueillera pas de réfugiés syriens présents à Calais Calais - LONDRES. Auditionnée mardi par les parlementaires britanniques à Londres (notre édition d'hier), Natacha Bouchart est rentrée à Calais déçue. La sénatrice-maire de Calais aurait voulu que les Anglais, qui se sont engagés lundi à accepter 20000 réfugiés syriens sur leur territoire ces cinq prochaines années, y incluent «les 3500 migrants de Calais». Mais elle s'est vue opposer un refus catégorique: les Syriens accueillis ne viendront pas de Calais, ni même d'Europe, mais des camps en Syrie et des pays voisins, lui ont répondu les Britanniques. 150 à 200 syriens présents à Calais Pour Natacha Bouchart, le Premier ministre britannique, David Cameron, affiche clairement son «mépris» pour Calais en ne «prenant» pas les migrants installés dans la ville. La majorité des 3000 à 3500 exilés vivant actuellement à Calais sont Soudanais, Érythréens et Afghans. Les Syriens seraient entre 150 et 200 tout au plus, selon les associatifs présents sur le terrain. vendredi 11 septembre 2015 Une bagarre éclate hier soir à la « jungle », opposant une centaine de migrants Calais - PAR M. GO. ET Y.-M. C. calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Hier, vers 21 h 30, une rixe a éclaté au campement des migrants, opposant au moins une centaine de personnes. Un important dispositif policier a été déployé sur place. Hier vers 21 h 30, une violente rixe a éclaté au sein de la «jungle» - du nom du bidonville des migrants toléré par l'État -, côté rue des Garennes. Selon des migrants, qui s'étaient rassemblés le long de la barrière de la rocade pour se protéger des affrontements, la bagarre a débuté en fin de journée entre des Afghans et des Soudanais. À l'origine, une partie des exilés aurait reproché à l'autre des vols de vélos apportés à la «jungle» ces derniers jours sous forme de dons. La rixe s'est progressivement intensifiée et les affrontements ont viré à une véritable bataille de rue avec jets de pierre et coups de bâtons. Vers 22 h, plusieurs dizaines de CRS, de policiers et de pompiers étaient mobilisés. Les forces de l'ordre restaient toutefois en retrait pour observer le déroulement de la situation. Un hélicoptère des forces de l'ordre est arrivé très rapidement pour éclairer la zone. Vers 23h, les pompiers avaient pris en charge trois blessés légers et la rixe était toujours en cours.. Plusieurs migrants, ne participant pas à la rixe, ont montré leur stupéfaction en ne
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comprenant pas pourquoi les CRS n'intervenaient pas pour séparer les belligérants. «Je viens de fuir un pays en guerre et je me retrouve, à Calais, de nouveau dans un état de guerre», a commenté un Syrien. La tension, semble-t-il, était déjà montée les jours auparavant avec des feux de vêtements également donnés sous forme de dons... vendredi 11 septembre 2015 Une centaine de Syriens manifestent devant le port Calais - CALAIS. Une centaine de Syriens ont manifesté hier après-midi devant les grilles du port, avenue du commandant Cousteau. Ils réclament de pouvoir passer en Angleterre. Ils ne comprennent pas pourquoi le Royaume-Uni annonce qu'il va accueillir 20000 réfugiés syriens ces cinq prochaines années mais pas ceux de Calais (notre édition d'hier). « Nous sommes environ 250 à Calais, explique Hossein. Parmi nous il y a des avocats, des médecins, des ingénieurs. Nous avons des capacités, nous voulons travailler. Ça ne nous intéresse pas de rester en France, où on nous fait vivre comme des animaux dans la jungle...» Les Syriens avaient déjà manifesté mardi devant l'hôtel de ville, sans obtenir de réponse de la part des autorités. Une autre manifestation, incluant cette fois des migrants de toutes nationalités, est prévue ce samedi midi à Calais: elle partira du centre Jules-Ferry pour s'achever par un rassemblement devant la mairie. M.GO. samedi 12 septembre 2015 Manifestations de migrants: la mairie et la préfecture s'opposent Calais - par jean-philippe delattre calais@lavoixdunord.fr calais. « Préfecture incompétente, insécurité, manifestations à répétitions... » Natacha Bouchart, maire de Calais, a tenu une conférence de presse hier pour exprimer sa colère face à la gestion de la situation migratoire dans sa ville. Elle a annoncé avoir pris des mesures contre la manifestation de migrants prévue aujourd’hui. «La population calaisienne est en colère. Je suis en colère.» Hier, Natacha Bouchart, maire de Calais, ne mâchait pas ses mots lors d'une conférence de presse. En cause, la situation migratoire, «qui se dégrade fortement», et les manifestations de migrants qui se multiplient depuis plusieurs jours (lire ci-dessous). Déjà samedi dernier, lorsque la place de la mairie avait été investie par plusieurs centaines de migrants, associatifs et militants, Natacha Bouchart avait fait part de son agacement en appelant les services de l'État à «rétablir l'ordre public». Aujourd'hui, un nouveau rassemblement est prévu devant l'hôtel de ville. «J'interdis cette manifestation car elle est soutenue et initiée par des militants No Border», a annoncé la maire. L'interdiction prend la forme d'un arrêté municipal. «Ce n'est qu'une feuille de papier mais si les forces de l'ordre ne font rien pour empêcher le rassemblement, c'est le gouvernement qui sera tenu responsable de cette manifestation.» Natacha Bouchart précise que « l'impuissance des forces de l'ordre n'est pas due à la mauvaise volonté des hommes sur le terrain mais au positionnement de la préfète ». La maire lui reproche, ainsi qu'au ministère de l'Intérieur, de laisser faire les migrants et les militants: «C'est de la discrimination positive.» Parallèlement à cet arrêté municipal, Natacha Bouchart a engagé dix agents d'une société privée pour assurer la sécurité des mariages aujourd'hui. Rappelons que lors du rassemblement de la semaine dernière, aucun débordement n'a été
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constaté et la seule gêne rencontrée par les mariés était de ne pas pouvoir se faire prendre en photo sur les marches de l'hôtel de ville. La maire manifestera-t-elle? Natacha Bouchart se dit «contre toutes les manifestations» pour éviter toute violence entre des groupuscules. «Je déconseille la manifestation des Calaisiens à la plage aujourd'hui (finalement annulée, lire ci-dessous). Je comprends qu'ils soient en colère mais je leur demande d'attendre quelques jours.Si je n'obtiens pas de réaction de la part de la préfecture et du ministère de l'Intérieur, je serai peut-être moi-même à l'initiative d'une manifestation.» En outre, Natacha Bouchart a formulé une demande de moyens supplémentaires, notamment une trentaine d'officiers de police judiciaire en plus. samedi 12 septembre 2015 Neuf blessés légers dans une bagarre opposant près de 200 migrants jeudi soir Calais – Une violente rixe a éclaté jeudi soir dans la « jungle » (le campement des migrants toléré par l’État), côté zone des Dunes, opposant près de 200 personnes, principalement des Afghans et des Soudanais. Les affrontements ont fait neuf blessés légers. Les récents dons de vélos seraient la cause du conflit. La rixe, violente, a éclaté jeudi soir vers 21h30 au sein de la « jungle » - du nom du bidonville des migrants toléré par l'État -, côté rue des Garennes. Selon des migrants, qui s'étaient rassemblés le long de la barrière de la rocade pour se protéger des affrontements, la bagarre a débuté en fin de journée entre des Afghans et des Soudanais. À l'origine, une partie des exilés aurait reproché à l'autre des vols de vélos apportés à la «jungle» ces derniers jours sous forme de dons. Jets de pierre et coups de bâtons La rixe s'est progressivement intensifiée et les affrontements ont viré à une véritable bataille de rue avec jets de pierre et coups de bâtons. Vers 22 h, plusieurs dizaines de CRS, de policiers et de pompiers étaient mobilisés. Les forces de l'ordre restaient toutefois en retrait pour observer le déroulement de la situation. Un hélicoptère des forces de l'ordre est arrivé très rapidement pour éclairer la zone. Les affrontements ont pris fin aux alentours de 1h. En tout, neuf blessés légers, 6 Soudanais et 3 Afghans, ont été transportés au centre hospitalier de Calais. Plusieurs migrants, ne participant pas à la bagarre, ont montré leur stupéfaction en ne comprenant pas pourquoi les CRS n'intervenaient pas pour séparer les belligérants (lire ci-dessous). «Je viens de fuir un pays en guerre et je me retrouve, à Calais, de nouveau dans un état de guerre», a commenté un Syrien. La tension, semble-t-il, était déjà montée les jours auparavant avec des feux de vêtements également donnés sous forme de dons... PAS LA PREMIÈRE FOIS Ce n'est pas la première fois qu'une rixe éclate entre migrants depuis l'installation de la «jungle», en mars dernier. Fin mai notamment, deux bagarres successives ont fait respectivement 14 et 21 blessés. Les causes peuvent être diverses: vol d'affaires personnelles, tensions entre communautés, lutte de territoires entre passeurs ou énervement dû aux conditions de vie difficiles dans ce campement insalubre. M.GO. ET Y.-M. C.
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samedi 12 septembre 2015 Un sit-in de Syriens dispersé par les CRS, nouveau rassemblement aujourd'hui Calais - Les Syriens de Calais cherchaient à se faire entendre de manière pacifique. Après s'être réunis devant les grilles du port jeudi après-midi (notre édition d'hier), ils se sont regroupés pour un sit-in devant l'hôtel de ville dans la soirée. Assis sur les pelouses de la mairie, avec l'intention d'y passer la nuit. « Soit on nous laisse aller en Angleterre, soit on reste là et on fait la grève de la faim», affirmait l'un d'eux. Des bougies ont été allumées et des pancartes brandies devant la police. Les CRS sont intervenus vers minuit pour les évacuer et les repousser hors du centre-ville. Sac de couchage en mains, les Syriens ont erré vers le port, ne sachant où dormir et ne voulant pas aller à la «jungle» où une violente rixe avait éclaté dans la soirée (lire en p. 11). Les Syriens réclament de pouvoir passer en Angleterre. Ils ne comprennent pas pourquoi le Royaume-Uni annonce qu'il va accueillir 20000 réfugiés syriens ces cinq prochaines années, mais pas ceux de Calais (nos éditions précédentes). Une autre manifestation, incluant cette fois des migrants de toutes nationalités, est prévue ce midi à Calais: elle partira vers 11h du centre Jules-Ferry pour s'achever en début d'après-midi par un rassemblement devant la mairie. M.GO. dimanche 13 septembre 2015 Le «plan de Sarkozy» Calais - «Crise des migrants, le plan de Sarkozy». C'est le titre d'une longue interview accordée cette semaine par le président des Républicains au Figaro. L'ancien chef de l'État appelle à « une nouvelle politique migratoire européenne », réclamant non pas une réforme, mais une refondation de cette politique. Comme il l'avait fait en 2012, Nicolas Sarkozy appelle à de nouveaux accords dans le cadre d'un «Schengen 2», avec le «rétablissement de contrôles» aux frontières. Dans cette interview, le chef de file des ex-UMP est interrogé sur Calais... et répond en citant Sangatte. «Un nouveau Sangatte serait ni plus ni moins qu'irresponsable. Quelle serait la logique d'ouvrir des camps en France? Et de surcroît pourquoi à Sangatte plutôt qu'ailleurs ?». Hier, lors de son discours au Touquet, Nicolas Sarkozy est revenu sur les raisons pour lesquelles il a fermé Sangatte en 2002 et pour lesquelles il n'est pas favorable à la multiplication des centres d'accueil sur le territoire français: «Ils sont autant d'appels d'air pour tous les mafieux et les trafiquants.». dimanche 13 septembre 2015 Manifestation : aucun migrant n'a pu approcher la mairie hier après-midi Calais - calais. Comme ils l'avaient annoncé, des migrants, des associatifs et des militants No Border ont manifesté hier dans les rues de Calais, sous des banderoles appelant à la liberté de circulation et au respect des droits de l'homme. Ce mouvement, qui a impliqué des migrants de toutes nationalités, fait suite aux rassemblements quasi quotidiens depuis la venue de Manuel Valls, le 31août. Ils étaient près de 300, hier, d'après les forces de l'ordre. Partis à 11h du centre d'accueil Jules-Ferry, ils sont arrivés à proximité de la mairie vers 14h après avoir
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remonté la rue Mollien. Ils ont été bloqués juste avant d'arriver à la station Total par un cordon d'une vingtaine de CRS. La maire avait pris ses dispositions Ce blocage contraste avec le rassemblement de samedi dernier, lorsque 300 migrants avaient investi la place de l'hôtel de ville, empêchant au passage le bon déroulement des mariages. La maire de Calais, Natacha Bouchart, avait fait part de son agacement, jugeant la préfecture «incompétente». Hier, pour éviter un nouveau rassemblement devant la mairie, elle a fait installer des barrières et engagé une dizaine d'agents de sécurité. «Si le forces de l'ordre ne font rien, c'est le gouvernement qui sera tenu responsable», a-t-elle déclaré vendredi. La préfecture avait alors expliqué, dans nos colonnes, que ses équipes étaient suffisamment mobilisées, sans plus de commentaire. Hier, elle s'est montrée plus précise en expliquant que les manifestations «sont un droit fondamental». Seules celles qui peuvent entraîner un trouble grave de l'ordre public peuvent être interdites, ce qui n'était pas le cas des derniers rassemblements, selon Fabienne Buccio, préfète. Quant à la mobilisation des CRS hier, «elle accompagnait la mesure de Natacha Bouchart pour préserver la bonne tenue des mariages», a-t-elle ajouté. Ainsi, jusqu'à la dispersion du mouvement, peu après 17h, les policiers ont empêché tout exilé - même ceux qui passaient par hasard - de s'approcher de la mairie. Les automobilistes du boulevard Jacquard ont été bloqués une petite heure, les migrants ayant essayé d'atteindre la mairie depuis cet axe. j.-Philippe Delattre dimanche 13 septembre 2015 Migrants : ces questions que l'on aurait aimé poser à Nicolas Sarkozy Calais - PAR OLIVIER PECQUEUX calais@lavoixdunord.fr CALAISIS. Le président des Républicains a tenu hier au Touquet, un discours aux jeunes LR. L’ex-président de la République n’a pas prévu de répondre à la presse. Dommage, dans le Calaisis, sur l’actualité migratoire, des questions brûlent les lèvres. Nicolas Sarkozy a fermé le centre de Sangatte alors qu’un nouveau camp similaire doit ouvrir début janvier. Il a également ratifié les Accords du Touquet, aujourd’hui décriés par des élus de son propre camp. 1 Une visite à Calais avant 2017? Depuis dix ans, ni en qualité de chef d'État, ni en celle de premier opposant à François Hollande, Nicolas Sarkozy n'est revenu dans le Calaisis, où la crise migratoire s'est pourtant accentuée. Le candidat à la candidature pour la Présidentielle de 2017 est venu cinq fois dans le Calaisis alors qu'il était ministre de l'Intérieur. Trois fois en 2002, pour fermer le centre de la Croix-Rouge à Sangatte. Puis deux fois en 2005, notamment pour présenter sa politique de lutte contre l'immigration clandestine. 2 Quelle solution pour Calais? L'homme qui a été ovationné par l'Assemblée nationale en 2002 pour la fermeture de Sangatte (alors occupé par 1600 personnes) a-t-il une solution pour Calais, confronté à la présence de 3500 migrants? Que pense-t-il du centre d'accueil de jour pour les migrants, initié par sa collègue LR Natacha Bouchart (membre du bureau national du parti), en collaboration avec le ministre de l'Intérieur PS Bernard Cazeneuve? En septembre 2009, son ministre de l'Immigration Éric Besson avait fait fermer la première «jungle» (800migrants y vivaient). Aujourd'hui, la «new jungle» est le symbole d'une «crise migratoire jamais connue depuis la Seconde Guerre mondiale» (dixit le commissaire européen à l'Immigration Dimitris Avramopoulos). 3 La Lybie, couloir vers Calais? En 2011, la France présidée par Nicolas Sarkozy, au sein d'une coalition, contribue à la chute du dictateur Kadhafi en Lybie. Le renversement du
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pouvoir n'est pas suivi d'un accompagnement sur place. Jacky Verhaegen, salarié du Secours catholique à Calais qui rencontre au quotidien des migrants, rapporte que les Érythréens, Soudanais, Somaliens ou Éthopiens arrivés à Calais sont passés par la Lybie, où règne le chaos avec «des passeurs qui se sont totalement lâchés». 4 Revoir les Accords du Touquet? Nicolas Sarkozy est revenu hier dans une ville où il a, en février 2003, signé ces fameux Accords du Touquet. De nombreux élus du littoral demandent leur refonte. Au premier rang desquels Natacha Bouchart, qui a proposé leur révision mardi devant la commission des Affaires intérieures du parlement britannique. Xavier Bertrand, candidat aux Régionales, remet également en cause ces accords qui, selon ses détracteurs, ont déplacé les frontières de la Grande-Bretagne à Calais. Le service de presse des Républicains n'a pas répondu à notre demande d'interview. mardi 15 septembre 2015 Avocats sans frontières à la rencontre des migrants Calais - CALAIS. Pour la première fois de son existence, l'organisation non gouvernementale (ONG) Avocats sans frontière (ASF) a décidé intervenir sur le territoire français. Plus habituée à œuvrer en Afrique notamment, ASF a envoyé une délégation à Calais, hier: « L'urgence de la situation, le nombre important de migrants, leur dénuement total et la méconnaissance de leurs droits nous a poussé à agir », explique le président d'ASF François Cantier. Ce dernier devait rencontrer associations et migrants afin dans un premier temps «d'évaluer les besoins» mais aussi d'informer les migrants: «Ces hommes, femmes et enfants arrivent jusqu'à chez nous au péril de leur vie, souvent chassés par la guerre. Nous avons le devoir de leur dire leurs droits : en premier lieu le droit d'asile, mais aussi leurs droits fondamentaux, certains ont subi des violences.» François Cantier a indiqué enfin que son organisation allait «prendre contact avec des avocats britanniques, pour mieux informer les migrants de ce qui les attend s'ils arrivent en Grande-Bretagne.» B. M. mardi 15 septembre 2015 Pas-de-Calais : l'état des lieux de la prise en charge des migrants Montreuil - PAR LAURENT BOUCHER lboucher@lavoixdunord.fr PAS-DE-CALAIS Alors que les réfugiés affluent par milliers dans l’est de l’Europe et en Allemagne, nous avons voulu faire le point sur la situation dans un département très concerné avec le point de fixation calaisien sur la route de l’Angleterre. À Arras, Berck et Lens aussi, des demandeurs d’asile attendent un avenir meilleur. 1 La particularité calaisienne L'émigration en Europe de réfugiés de pays en guerre (Syrie, Irak, Soudan...) n'est pas un phénomène nouveau, souligne le directeur départemental de la cohésion sociale, Serge Szarzynski. «Nous connaissions déjà bien ces questions avec Calais» et l'afflux de migrants souhaitant gagner l'Angleterre via le Tunnel sous la Manche. Mais voilà, l'afflux s'est considérablement accru ces derniers mois. Pour preuve, la présence de quelque 3500 migrants sur la région de Calais, contre 400 à 500 il y a deux ans. Le ministère de l'Intérieur s'est vu contraint de réagir. D'abord avec la création en début d'année d'un centre d'accueil de jour pour femmes et enfants, dont la capacité pourrait être portée de 100 à 200 places. En parallèle, l'État va financer un dispositif de mise à l'abri pour 1500 migrants qui campent dans la jungle (« la lande »), dans des conditions très difficiles. Ce
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«campement amélioré» sera opérationnel en fin d'année, ou début 2016. L'État a consacré «plusieurs millions» à ces deux actions prioritaires. 2 Les demandes d'asile en hausse exponentielle Dans le but d'endiguer le flux d'émigration clandestine vers l'Angleterre qui perturbe le bon fonctionnement du Tunnel et du port de Calais et crée une insécurité intenable, l'État encourage depuis l'été 2014 les migrants à demander l'asile en France. Un guichet est ouvert à cet effet à la sous-préfecture de Calais, où les demandes d'asile ne cessent d'augmenter: de 400 en 2013, on est passé à 1200 l'an dernier et déjà 1770 depuis le début de l'année, dont deux tiers émanent de ressortissants soudanais. 3 Le casse-tête de l'hébergement En attendant la reconnaissance (ou non) de leur statut de réfugiés, les migrants sont orientés vers des places en centre d'hébergement pour demandeurs d'asile (CADA) ou des places d'hébergement d'urgence (HUDA) dans des structures qui sont à saturation. Pour autant, l'État dit assumer ses responsabilités et remplir ses engagements. «Depuis l'été 2014, toute personne qui souhaitait demander l'asile a reçu une proposition», indique Serge Szarzynski, en précisant que certains migrants sont hébergés par des «tiers», notamment associatifs. Le raccourcissement attendu du délai de traitement des demandes d'asile par l'Office français pour la protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) ne pourra qu'améliorer un peu cette situation très tendue. mercredi 16 septembre 2015 Migrants : le centre Jules-Ferry va doubler sa capacité pour les femmes Calais - PAR BRUNO MALLET calais@lavoixdunord.fr CALAIS. La préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio a rencontré les associations d’aide aux migrants hier. Il s’agissait pour elle de réaliser un point d’étape après les mesures gouvernementales annoncées lors de la visite du Premier ministre Manuel Valls et du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, le 31 août. Centre Jules-Ferry: La capacité d'accueil des femmes et des enfants va être augmentée. «Le centre accueille aujourd'hui 114 personnes, et 85 femmes se trouvent en liste d'attente. Nous allons donc doubler la capacité d'accueil, avec deux modulaires supplémentaires. Le premier pourrait être disponible fin novembre, le second fin décembre», annonce Fabienne Buccio. Par ailleurs, l'installation d'un toit protégeant la file d'attente pour les repas a commencé hier. New jungle : L'installation d'un camp en dur pour 1500 personnes, annoncée par Manuel Valls lors de sa venue, pourrait être effective avant la fin de l'année: «Deux projets ont été déposés. L'un par la Croix-rouge, dont je dois prendre connaissance cet après-midi (ndlr: hier après-midi), qui consisterait en l'installation de bâtiments modulaires. L'autre m'a été présenté ce matin par La Vie Active, qui gère déjà le centre Jules-Ferry.» Le projet de La Vie Active propose deux hypothèses: des tentes, résistantes aux fortes intempéries, ou des containers. «Le choix sera fait avant la fin du mois, et trois mois de travaux devraient être nécessaires», indique Fabienne Buccio. Hiver: Le directeur départemental de la cohésion sociale Serge Szarzynski dit vouloir reconduire le même dispositif hivernal que l'an passé: «Nous louons le hangar de la rue Clément-Ader, où 1500 migrants peuvent trouver refuge, du 1er novembre au 31 mars. Il ouvrira en cas de plan grand froid et en cas d'alerte tempête. Nous avons demandé à l'associaiton Solid'R, avec laquelle nous avons toujours bien travaillé, de reprendre la gestion de cet accueil.» Générosité: Un «phénomène médiatique» a déclenché ces derniers jours un élan de générosité parfois maladroite: «Les dons affluent de façon désorganisée. Les gens ne doivent pas apporter tout et n'importe quoi. Surtout, il est impératif qu'ils n'apportent pas directement aux migrants sur le camp toléré, car cela peut être source de
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tensions.» La rixe du 10 septembre a eu pour origine un don de vélos non encadré par les associations. OFII: L'afflux de migrants devant des bureaux de l'OFII (office français de l'immigration et de l'intégration) a soulevé des problèmes de voisinage avec le collège République: «Trois agents de l'OFII vont s'installer dans les locaux de la sous-préfecture, indique le sous-préfet Denis Gaudin. Et nous avons quelques pistes pour déménager, à terme, l'OFII de la rue Charost.» Renforts: Les syndicats de police ont été reçus hier à Paris par la DGPN (Direction générale de la Police nationale), qui leur a annoncé l'affectation d'une vingtaine de fonctionnaires supplémentaires au commissariat central de Calais. «C'est une bonne nouvelle même si nous aurions souhaité que la PAF bénéficie aussi de renforts», souligne Gilles Debove (SGP-FO). jeudi 17 septembre 2015 Valls défend son équilibre entre fermeté et accueil des réfugiés Toutes éditions - Par MATTHIEU VERRIER mverrier@lavoixdunord.fr paris. Après avoir débattu de l’intervention en Syrie, les députés se sont opposés hier sur la question des réfugiés. Alors que l’opposition reproche au gouvernement une inconstance et un manque de fermeté, le Premier ministre a annoncé des moyens supplémentaires pour l’accueil et pour les contrôles. La question des migrants s'est muée en crise de Schengen. Les députés devaient débattre hier de l'accueil des réfugiés. Ils ont vite abordé la fébrilité des frontières. Manuel Valls a donné le ton. Le Premier ministre a en effet répété qu'il était prêt à rétablir temporairement les contrôles aux frontières. «L'espace Schengen est mort, il vient d'exploser sous la pression migratoire», a tonné pour sa part le président du groupe UDI, Philippe Vigier. C'est aussi la position du parti Les Républicains. «Il faut refonder Schengen», a martelé Valérie Pécresse. Le Premier ministre, premier orateur, avait anticipé les exhortations. «L'extrême droite nous dit: J'avais raison! Cette formule est le condensé parfait de ce qu'est le populisme: une pensée qui se nourrit de la catastrophe, qui n'apporte aucune solution et qui nous mettrait en difficulté par rapport à notre sécurité», a lancé Valls. Quant à un Schengen 2, réclamé par Nicolas Sarkozy, il s'agirait de «faire ce que nous faisons», avec en plus «le goût de la polémique inutile sur les sujets migratoires», a taclé le chef du gouvernement. Celui-ci a tenté de tenir une position d'équilibre, résumée en une formule: «Il faut du cœur, bien sûr, mais un cœur intelligent, un cœur ferme, un cœur lucide.» Avant de développer: «Certains nous disent "Il faut tout fermer". Dire cela, c'est fermer les yeux sur les réfugiés qui meurent à nos portes. D'autres disent, à l'inverse, "Il faut tout ouvrir". Dire cela, c'est fermer les yeux sur les réalités et les difficultés de la société française.» La défense de la politique d'accueil s'est accompagnée de quelques annonces. Les effectifs de forces de l'ordre seront augmentés de 900 personnels, notamment dans la police aux frontières. Un peu plus tôt dans l'après-midi, le député nordiste de droite, Jean-Pierre Decool, réclamait des actions contre les filières de passeurs sur le littoral, redoutant «un Calais bis». Bernard Cazeneuve lui répondait par des chiffres : 177 filières démantelées depuis le début de l'année, dans lesquelles étaient impliqués 3300 individus. Côté accueil, Valls a sorti deux enveloppes durant le débat : 279millions d'euros supplémentaires pour l'accueil des réfugiés d'ici à la fin 2016 et 250 millions d'euros pour l'hébergement d'urgence dans les douze prochains mois. Avant de rappeler que ce qui était donné aux migrants n'était pas enlevé aux autres bénéficiaires de la solidarité nationale. Insuffisant pour l'opposition. Pécresse demande plus d'efforts et surtout plus de fermeté: «Votre politique est profondément déséquilibrée et ce déséquilibre menace notre cohésion
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sociale», a-t-elle conclu, quand Manuel Valls accusait l'opposition de courir derrière l'extrême droite. vendredi 18 septembre 2015 Les « Jungles », à Paris comme à Calais Toutes éditions - À Paris comme à Calais, le phénomène des « jungles » qui se forment au fil de l'arrivée des migrants est l'objet d'une gestion au coup par coup. À Paris comme à Calais, on voit des autorités débordées par le flux incessant des arrivants, faire semblant de maîtriser un phénomène dont personne ne voit la fin. On aurait pu penser que le spectacle de ces villages de tentes poussant sur les trottoirs de la capitale ou sous les ponts, mobilise plus vite nos dirigeants que la situation à Calais, loin des yeux et des ministères. Mais non! Le campement d'Austerlitz évacué hier à l'aube avec ses quatre cents occupants venus quasi exclusivement d'Afrique était là depuis plus de six mois. Les autorités avaient fermé les yeux jusqu'à présent. Le campement devant la mairie du XVIIIe était lui beaucoup plus récent et encore plus rudimentaire - de simples matelas étalés sur le trottoir devant les entrées du bâtiment comme pour forcer les élus à agir. Les mauvaises langues diront que l'approche de la Conférence sur le climat et de l'arrivée de milliers de délégués du monde entier dans la Ville lumière a hâté les opérations de démantèlement dans Paris et d'éloignement vers la grande banlieue ! Mais si c'est le cas, c'est un calcul perdu d'avance. Il y aurait aujourd'hui dans Paris environ trois mille de ces migrants en quête d'une nouvelle vie - autant qu'à Calais- et pour une personne sortie de la rue et relogée plus dignement, une autre est déjà à la recherche d'un bout de trottoir... La maire de Paris Anne Hidalgo a ouvert sept nouveaux centres d'hébergement répartis dans six arrondissements, de quoi abriter quelque 450 personnes, mais l'opposition lui reproche de ne pas faire la distinction entre réfugiés venus des pays en guerre éligibles au droit d'asile et tous les autres, les plus nombreux et pour lesquels personne n'a de réponse crédible.... vendredi 18 septembre 2015 Plusieurs migrantsblessés dans des bagarres à la «jungle» Calais - CALAIS. Des bagarres ont éclaté dans la nuit de mercredi à jeudi dans la « jungle » (le camp des migrants toléré par l’État), faisant huit blessés. Elles auraient opposé des Érythréens à des Éthiopiens. L’une des victimes, qui a reçu plusieurs coups de couteau, était toujours dans un état grave hier soir. 1Les faits Ces bagarres ont éclaté dans la nuit de mercredi à jeudi entre minuit et 4h, impliquant parfois plusieurs dizaines d'individus et au total une centaine de migrants. Elles se sont déroulées à l'intérieur de la «jungle» et auraient opposé des Érythréens et des Éthiopiens. D'après Stéphane Duval, directeur de La Vie Active (l'association gestionnaire de l'accueil de jour Jules-Ferry, situé juste à côté), la bagarre « a bougé: au départ, les surveillants de nuit de Jules-Ferry entendaient des cris au loin, puis ça s'est rapproché d'eux de plus en plus. Ils m'ont alerté: il fallait s'assurer que les femmes et les enfants (hébergés à l'intérieur du centre, ndlr) étaient en sécurité et allaient bien». La préfecture du Pas-de-Calais souligne que d'importants effectifs de police ont été déployés et «maintenus en sécurisation». Il n'y a pas eu d'interpellation.
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2 Les blessés Une source policière précise que les blessés se sont « manifestés » au fil de la nuit en sortant de la «jungle» pour être pris en charge par les pompiers, chemin des Dunes: «Ils sont sortis au coup par coup. On ne sait pas s'il y a eu plusieurs bagarres au cours de la nuit ou si certains blessés se sont cachés avant de se montrer. Le dernier blessé a été pris en charge vers 4-5h du matin.» Selon la préfecture, huit victimes ont été dénombrées, toutes transportées à l'hôpital de Calais: trois Érythréens, quatre Éthiopiens et un Soudanais. La plupart ont reçu des coups qui ont provoqué de légères blessures. Le premier blessé pris en charge, vers 1h, a toutefois reçu plusieurs coups de couteau: gravement blessé, cet Érythréen d'une vingtaine d'années a été transféré dans un premier temps dans une salle de déchoquage, à l'hôpital de Calais. Ses jours ne sont pas en danger, selon la préfecture. 3 Les raisons Elles peuvent être nombreuses: les disputes face à l'afflux de dons distribués de façon désorganisée, la lutte de territoire entre passeurs, les conditions de vie difficiles sur le campement... Selon la préfecture, le «motif réel» de la première bagarre, «sur fond d'alcool», n'est pas connu. Les autres rixes auraient eu lieu «en représailles» de la première. Pour rappel, une rixe opposant environ 200 migrants afghans et soudanais avait déjà fait neuf blessés la semaine dernière (notre édition de samedi). M. GO. vendredi 18 septembre 2015 Renforts de police : les syndicats en veulent encore plus Calais - PAR OLIVIER PECQUEUX calais@lavoixdunord.fr CALAISIS. La direction générale de la police nationale (DGPN) a annoncé que le commissariat de Calais recevra le renfort d’une vingtaine de fonctionnaires (notre édition de mercredi). Liée à la pression migratoire, cette dotation est bien perçue par les syndicats, qui réclament néanmoins plus de moyens pour la police aux frontières (PAF). 1 Une vingtaine de policiers Mardi, après avoir reçu plusieurs syndicats de police, le directeur général de la police nationale (DGPN) Jean-Marc Falcone a annoncé des renforts d'effectifs «pérennes d'une vingtaine de policiers» au commissariat de Calais. Le chiffre exact n'a pas été arrêté: ce sera entre 18 et 22 fonctionnaires, qui s'ajouteront ces prochaines semaines aux 200personnes (dont 40membres du personnel administratif) travaillant actuellement au commissariat de Calais. Le responsable de la DGPN a également décidé d'octroyer plus de moyens aux fonctionnaires de police. Fin août, lors des visites du ministre de l'Intérieur et du Premier Ministre, Bernard Cazeneuve évoquait la présence dans le Calaisis de 1300policiers et gendarmes (lire ci-contre). 2 Les syndicats satisfaits... Les syndicats de police sont satisfaits de l'octroi de moyens supplémentaires pour le commissariat de Calais. Une satisfaction accompagnée de prudence du côté de Ludovic Hochart (UNSA): «On attend la concrétisation de ces renforts et on espère toujours que Calais soit reconnue comme une zone en difficulté. Pour l'immigration clandestine, vingt personnes ou plus, ce sera toujours insuffisant. Mais ces renforts, souhaités depuis des mois, seront précieux pour assurer les missions de sécurité publique.» En juin, le DGPN avait déjà annoncé, pour Calais, des renforts à venir. «Mais en juin, commente Gilles Debove (SGP Police-FO), on annonçait l'arrivée de stagiaires sortis d'école. On se satisfait d'apprendre qu'il s'agira finalement de vingt titulaires. On a besoin de policiers aguerris. Cette annonce va permettre à des collègues qui souhaitent leur mutation depuis des années d'être enfin exaucés.» Bruno Noël (Alliance), renchérit: «Depuis des mois, le Calaisis reçoit l'aide d'autres services du Pas-de-Calais, ou encore de la BAC à Lille, ce qui est invraisemblable. Certes, le Calaisis bénéficie de la présence de sept compagnies et demie de CRS et de
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gendarmes mobiles, mais au-delà de leur mission de sécurisation et d'interpellation, il faut du personnel pour gérer les procédures à transmettre à la justice.» 3 ... mais inquiets pour la PAF Les trois syndicats de police partagent la même inquiétude sur les effectifs de la police aux frontières (PAF), insuffisants à leurs yeux. La PAF de Coquelles compte 540fonctionnaires. Un nombre à nuancer. Une centaine travaille en Grande-Bretagne, 80 sont détachés au centre de rétention et 80 sont affectés dans le Dunkerquois. «On nous explique que Coquelles est au-dessus de l'effectif de référence, commente Gilles Debove. Mais il faut revoir les critères, cet effectif de référence, vieux de plusieurs années, ne tient pas compte de la présence de 3500 migrants.» La vingtaine d'agents quotidiennement au Tunnel et au port sont insuffisants face aux centaines d'intrusions. «L'administration, en octroyant 20personnes de plus à Calais, reconnaît que nous ne sommes pas face à une situation ponctuelle, analyse Bruno Noël. Et pour gérer cette situation exceptionnelle, il faut des renforts de police nationale et de police aux frontières, d'autant que les migrants, désormais, se déplacent vers Dunkerque.» lundi 21 septembre 2015 Les aires de l'A16 aux mains des passeurs, les trafics en hausse Calais - par cyril masurel calais@lavoixdunord.fr a16. Les aires de l’A16 sont étroitement liées à l’épineuse problématique des migrants. Récemment, un réseau de passeurs œuvrant sur plusieurs aires a été condamné à de la prison ferme. Le long de l’axe routier, les trafics de migrants ne vont pas cesser pour autant. La consigne est claire, pour certains conducteurs de poids lourds: ils ont ordre de leur employeur de ne plus s'arrêter à partir d'Abbeville jusqu'à Calais, en raison de l'afflux de migrants sur les aires d'autoroute. Sur l'aire de Widehem Ouest (sens Dunkerque - Paris), Sergio, conducteur portugais, confie : «Il y a des migrants partout, sur l'A16, l'A26, on perd énormément de temps à l'approche de Calais, avec des policiers qui regardent dans les camions. Désormais, je fonce à Calais et je viens dormir ici car dans l'autre sens, il n'y a personne qui essaie de monter.» Un collègue roumain, Dan, témoigne: «Sur cette aire, dans le sens Paris - Dunkerque, il y a des migrants la nuit, mais pas beaucoup et ils ne sont pas agressifs. Ailleurs, c'est beaucoup plus dangereux car ils sont nombreux et ils sautent dans les camions. » trente migrants à camiers Les réfugiés arrivent le long de l'A16 par plusieurs moyens. Soit par l'intermédiaire de passeurs, qui les conduisent en voiture à partir de Boulogne (lire aussi ci-dessous). Soit par des démarches personnelles. Le maire de Camiers, Gaston Callewaert, se souvient: «À la fin de l'année dernière, nous avons vu un groupe d'une trentaine de réfugiés descendre la colline de Widehem à pied vers notre commune. Ils n'avaient probablement pas réussi à embarquer dans des camions, alors ils sont revenus vers Camiers. Ils avaient squatté dans des bâtiments abandonnés de Holcim. Les services de gendarmerie avaient été prévenus et le groupe avait été raccompagné vers la gare de Dannes-Camiers sans incident.» Ce genre de mouvement reste toutefois isolé. mardi 22 septembre 2015 Les derniers squats du centre-ville de Calais ont été évacués
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Toutes éditions - par éric dauchart region@lavoixdunord.fr CALAIS. Hier, quatre squats et un campement ont été démantelés. Environ 450 migrants dont une majorité de Syriens ont été dirigés vers la lande et le centre d’accueil de jour Jules-Ferry. Il s’agissait des derniers squats du centre-ville de Calais. Quatre squats en centre-ville et un campement en périphérie ont été démantelés, hier, laissant environ 450 migrants, dont une large majorité de Syriens, rejoindre la lande, un terrain vague situé près du centre d'accueil de jour Jules-Ferry. Du côté de la préfecture du Pas-de-Calais, on justifie cette opération par le fait que «tout le monde peut s'installer dans la lande et à Jules-Ferry. Une organisation y a été mise en place. En dehors de ces campements, toute implantation illicite n'a pas vocation de rester en l'état». Dès 7h30, les forces de l'ordre ont évacué le hangar Paul-Devot, occupé depuis plus d'un an, ainsi qu'un petit square mitoyen. 250Syriens ont été escortés jusqu'au centre Jules-Ferry. En fin de matinée, un campement situé rue des Garennes, près de la rocade portuaire, avec environ 150 Syriens selon les associations, a été démantelé. Hier après-midi, le hall d'une salle municipale puis le parvis de l'église Saint-Pierre-Saint-Paul ont été libérés de leurs occupants (une trentaine de personnes, syriennes et érythréenne). La Ville de Calais avait déposé plainte pour occupation illégale de l'église et de la salle, des riverains avaient eux aussi porté plainte et lancé une pétition contre les squats du quai Paul-Devot. Natacha Bouchart, sénateur-maire de Calais notait: «C'est une bonne chose puisqu'il s'agit d'une nouvelle avancée en matière de fermeté quant à la gestion de la problématique migratoire. Je rappelle que, pour qu'il y ait de l'humanité, il faut aussi de la fermeté.» mardi 22 septembre 2015 Migrants: 880 000€ réclamés à l'État Toutes éditions - Hier soir, le conseil municipal de Calais était riche de cinquante délibérations. Le dernier point concernait des demandes de subventions à l'État dans le cadre du dispositif «Dotation politique de la Ville». Parmi celles-ci, figuraient plusieurs requêtes faisant écho aux évacuations de squats de migrants dans la journée (lire ci-dessus). Nettoyages Gérard Grenat, adjoint au maire en charge des finances, a demandé le remboursement total des frais de fonctionnement de la lande (aussi appelée «new jungle»). Il s'agit de la location d'engins de travaux publics, pour aménager le site et d'opérations de propreté, avec des collectes de bennes. « L'ensemble de ces opérations de nettoyage (des ramassages six jours sur sept, plus trois collectes hebdomadaires de bennes) s'évalue à 290 332€ », estime l'adjoint aux finances, qui demande aussi le remboursement des dépenses liées aux consommations d'eau et d'électricité aux abords du bidonville. La Ville de Calais veut aussi récupérer les frais de nettoyage des espaces publics squattés, de l'entretien des espaces douches et de gardiennage, et enfin les frais d'expulsion engagés auprès des huissiers et des avocats. Ce second chiffrage s'élève à 230100€. Clôtures
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Dernier point, l'adjoint, considérant que «la Ville ne peut se satisfaire des seuls aménagements demandés par l'État sur le secteur de la lande», relate les opérations de clôture lancées autour de la première «jungle», le prolongement de merlons et l'acquisition des bungalows pour les associations venant en aide aux migrants. Le tout pour 321700€. Au total, la Ville de Calais réclame ainsi 880 000 € de subventions. Pour mémoire, le 31août, le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur ont annoncé la future création d'un camp de réfugiés (120 tentes pour 1500places), pour un coût de 25M€ cofinancé par Londres et l'Europe. O. P. mardi 22 septembre 2015 Quatre squats évacués : 450 migrants dirigés vers la « jungle » Calais - par éric dauchart calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Hier, les derniers squats de la ville ont été évacués. Le matin, le hangar Paul-Devot et le square Barbusse ont été vidés ; l’après-midi, c’était au tour du BCMO et du parvis de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul. Environ 450 personnes (dont une majorité de Syriens) ont été dirigées vers le camp de la zone des Dunes. 1 Le contexte: la fin des derniers squats en ville « Toute notre attention est portée sur le campement de la lande, où les migrants peuvent s'installer et sur Jules-Ferry, où est situé l'accueil de jour. » En dehors de ces campements, toute implantation illicite n'a pas vocation à rester en l'état », explique la préfecture du Pas-de-Calais. Ainsi, hier matin, le squat du hangar Paul-Devot et le campement du square Henri-Barbusse (propriétés de la Région) ont été évacués. Les riverains avaient porté plainte et lancé une pétition contre l'occupation de ces deux lieux. Concernant les squats du BCMO et de l'église Saint-Pierre-Saint-Paul, libérés hier après-midi, des ordonnances d'expulsion avaient été affichées le 2 juillet suite à une décision prise par le tribunal correction de Boulogne. La Ville de Calais réclamait, propriétaire, cette évacuation depuis plus d'un an. 2 Hangar Paul-Devot et square Barbusse évacués hier matin L'opération a débuté hier, vers 7h30. La police a demandé aux migrants, syriens, d'évacuer les lieux. Ils étaient environ 250 répartis sur le côté du hangar Paul-Devot et dans un petit square, nommé Henri-Barbusse, situé juste en face. Les forces de l'ordre ont ensuite accompagné les migrants jusqu'au centre Jules-Ferry. Mais au moment de franchir le pont Vétillart, ces derniers ne voulaient plus bouger. Des gaz lacrymogènes ont été lancés pour disperser la foule. Un migrant a été emmené au centre hospitalier. Les militants associatifs ont récupéré quelques affaires, l'ensemble du site a été vidé par les services de la Ville. Enfin, vers 11h, ce sont des tentes situées près du pont de l'autoroute, rue des Garennes, qui ont été enlevées par les forces de l'ordre. Selon Philippe Mignonet, adjoint à l'environnement présent sur les lieux, «ce site fait l'objet d'une protection particulière dans le cadre du plan de protection des risques industriels (NDLR: il est proche de Synthexim et GrafTech)». Selon les associations,150 personnes ont été dirigées vers la Lande. 3 Le BCMO et l'église Saint-Pierre-Saint-Paul évacués dans l'après-midi Les services de nettoyage de la Ville étaient présents devant le BCMO (ex-bureau central de la main d'œuvre des dockers), dès 13h30. Ils ont attendu l'ordre de la préfecture et l'arrivée des forces de police pour nettoyer les lieux où squattaient une quinzaine de migrants érythréens. L'évacuation a débuté peu avant 15h. Une demi-heure plus tard, c'est au tour du parvis de l'église Saint-Pierre-Saint-Paul de connaître la même opération. Une vingtaine de Syriens ont rapidement
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quitté les lieux. En tout, quatre personnes ont été interpellées au cours des opérations : deux migrants soudanais et syriens, pour violences et menaces, et deux militants No Border. mercredi 23 septembre 2015 Six personnes blessées après des heurts entre policiers et migrants sur la rocade Calais - PAR Timothée brisson et dominique Salomez calais@lavoixdunord.fr CALAIS. Des heurts ont opposé des migrants et des policiers hier après-midi à hauteur de la rocade portuaire, après des tentatives d’intrusion dans des camions. Six personnes ont été transportées à l’hôpital de Calais. Hier, aux alentours de 16 h, des heurts sont intervenus entre les forces de l'ordre et des migrants aux abords de la rocade portuaire. Des migrants ont tenté de monter dans les camions immobilisés derrière un poids lourd en panne suite à un problème technique. Derrière lui, d'autres camions ont dû s'immobiliser, au niveau de la zone industrielle des Dunes, qui jouxte la «new jungle», le camp de migrants toléré par l'État, installé aux abords du centre d'accueil de jour Jules-Ferry. Les forces de l'ordre les ont fait redescendre en direction de la «new jungle». «J'étais sur le pont en train de faire des photos quand j'ai vu des migrants courir dans le camp en direction de la rocade, raconte Alain Deflesselles, qui a pu assister à l'ensemble de la scène. Ils sont alors montés sur la butte pour rejoindre la rocade et tenter de monter dans les poids lourds à l'arrêt. Je pense qu'ils étaient environ une trentaine.» La police a tenté de les dissuader en usant de gaz lacrymogène. « Certains migrants ont lancé des pierres en direction des policiers depuis le camp», précise Alain Deflesselle. Côté policiers, on parle d'une pluie de cailloux jetés en leur direction. Des migrants rencontrés sur la jungle expliquent que d'autres bagarres se sont ensuite produites dans la «new jungle» entre différentes communautés. Les pompiers de Calais et de Marck ont été dépêchés sur les lieux. Six migrants blessés ont été transportés au centre hospitalier de Calais pour des blessures diverses. Le calme est revenu dans la jungle en fin d'après-midi. La situation a provoqué des ralentissements sur la rocade portuaire. Vers 17 h, près de deux kilomètres de bouchon étaient enregistrés en direction du port de Calais. Ils étaient résorbés vers 18h. vendredi 25 septembre 2015 Quarante-neuf migrants délogés d'une maison de l'OPH Calais - Calais. Fontinettes. Mercredi matin, 49 migrants ont été délogés d'une maison de l'office public de l'habitat (OPH) qu'ils occupaient illégalement depuis la veille. Ce sont des voisins qui ont prévenu les services du bailleur social. S'agit-il d'une conséquence directe des évacuations de squats qui se sont déroulées lundi, laissant sans abri près de 450 migrants, dont une majorité de Syriens? C'est fort probable. Mercredi matin, au 56 de la rue du Château-d'Eau, une habitation vide, inoccupée depuis plusieurs mois, appartenant à l'office public de l'habitat (OPH) de Calais a été squattée par quarante-neuf migrants. Ces derniers se sont introduits dans la maison en forçant la porte de la cave qui donne sur l'extérieur, directement sur le trottoir, pour y trouver un refuge pour la nuit. Alertés par les voisins, les agents de la régie de l'OPH sont intervenus pour poser une plaque de contre-plaqué et nettoyer les lieux. « Les abattants de toilette étaient cassés, il y avait de l'urine et des excréments, des portes étaient abîmées, indique Sandy Pidou, responsable de la régie, sur place pour constater.
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On évalue actuellement les dommages et le montant des réparations». Cette grande maison de deux étages avait été entièrement rénovée. Hier matin, les services de l'OPH ont à nouveau été appelés. La planche de contre-plaqué a été arrachée. La maison a été squattée une nuit de plus. D'après des voisins, deux migrants s'y trouvaient. Une tôle en fer a été fixée. «On hésite à partir en week-end de peur que notre maison soit occupée, s'inquiète ce riverain qui habite à côté de deux autres maisons à l'abandon, propriétés de la Ville. Les migrants peuvent passer par la cour et escalader les murs». ARIANE DELEPIERRE samedi 26 septembre 2015 Les migrants manifestent avec 160 de leurs soutiens venus de Paris Calais - CALAIS. Cent soixante personnes membres ou proches de la Coalition internationale des sans-papiers et migrants (CISPM) et l'Union nationale des sans-papiers sont venues hier de Paris pour mener une marche en soutien aux migrants de Calais. Ils militent pour la libre circulation des sans papiers et leur régularisation, qu'ils soient exilés politiques, économiques ou climatiques. Quatre bus sont arrivés aux alentours de 13h devant le centre de rétention à Coquelles avec à leur bord des militants de la CISPM de France, d'Italie, d'Espagne et d'Allemagne, et aussi de nombreux demandeurs d'asile hébergés à Paris. Devant le centre de rétention, ils ont fait entendre leur voix pour les migrants de l'autre côté de la grille : «Libérez nos camarades», « Il faut laisser les migrants aller où ils veulent, c'est la seule solution pour éviter les réseaux de passeurs et éviter que des gens meurent », pointe Sissoko Anzoumane, porte-parole de la CISPM. Le cortège a pris la route vers le centre-ville de Calais, où il était prévu qu'ils rejoignent à l'hôtel de ville d'autres militants partis eux de la «jungle». Cette deuxième marche n'a finalement pas eu lieu. De gros moyens de police et CRS ont été déployés pour encadrer l'action qui s'est déroulée dans le calme. Des barrières ont été installées autour du beffroi pour empêcher l'accès à la place. Le cortège s'est ensuite dirigé vers le «bidonville de l'État» autour du centre Jules-Ferry. Depuis un mois, les manifestations en soutien pour les migrants se succèdent à Calais. Celle-ci entre dans le cadre d'une action de la CISPM à Paris: des débats sont organisés aujourd'hui et demain, place de la République par le mouvement citoyen ALTERNATIBA.D.SA. dimanche 27 septembre 2015 Manifestations de migrants : les commerçants prêts à déposer plainte Calais - par éric dauchart calais@lavoixdunord.fr CALAIS. La multiplication des manifestations de migrants en centre-ville est mal vécue par les commerçants. Ils estiment qu’il y a une entrave à la liberté du commerce. La fédération du commerce a fait établir un constat d’huissier vendredi après-midi. Les commerçants pourraient également déposer plainte. Laurent Roussel, président de l'union commerciale du P'tit Quinquin, a interpellé la maire de Calais, Natacha Bouchart et le sous-préfet, Denis Gaudin. Les commerçants du quartier pestent contre la multiplication des défilés de migrants et de No Border qui passent rue Mollien. «Même si nous pouvons comprendre leur mouvement, cela nous gêne beaucoup pour
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travailler. La rue Mollien est bloquée à la circulation. Les clients n'ont plus accès à nos magasins. C'est dommage car depuis quelques semaines, cela allait mieux», explique-t-il. Perte de chiffre d'affaires Ce mouvement de protestation s'étend à toute la ville. Ainsi, Frédéric Van Gansbeke, président de la fédération du commerce, a fait établir un constat d'huissier, vendredi, durant la manifestation qui est passée par les boulevards. «Je n'ai rien contre les migrants, mais nous souhaitons que la loi soit appliquée. Une manifestation doit se faire dans les règles, avec un départ, un circuit,... Là, il n'y a rien. La préfète doit donc les dissoudre», explique-t-il. Et si rien ne bouge, «les commerçants iront déposer plainte. Il y aura 200 procès verbaux à éplucher. On ne peut pas laisser faire». À travers ces manifestations, le président de la fédération voit «une entrave à la liberté du commerce. Nous avons pris un avocat». Il précise: «Un jour, il y a eu un sit-in boulevard Jacquard. Résultat, un coiffeur a fermé ses portes, un commerçant a perdu 90% de son chiffre d'affaires. Un marchand de lunettes n'a rien vendu de l'après-midi.» Frédéric Van Gansbeke craint également une montée des tensions entre les manifestants et les commerçants, «car on approche de Noël, une période cruciale». De son côté, la Préfecture rappelait hier que la manifestation «est un droit constitutionnel» et que vendredi, «aucun trouble de l'ordre public n'a été constaté». On ne savait pas, hier, si elle avait autorisé cette manifestation. Natacha Bouchart a indiqué, hier, que le snack Les Amis de la route (10 salariés), situé zone Marcel-Doret, avait fermé ses portes. Il avait fermé temporairement, en juillet 2014, en raison de l'afflux de migrants qu'il n'arrivait plus à gérer. lundi 28 septembre 2015 Deux migrants poursuivis pour violences envers un agent de sécurité du Tunnel Calais - CALAIS. Deux migrants ont comparu pour des violences envers un agent de sécurité au tunnel sous la Manche le 23 septembre. La victime indique avoir été frappée. Les migrants nient et parlent de violences involontaires. Dans la nuit du 23 septembre un agent du service de sécurité d'Eurotunnel se trouve face à six migrants qui ont réussi à pénétrer sur le site. Traversant les voies, ils se dirigent vers le lieu de passage des navettes poids lourds avec l'intention de monter dans les camions pour se rendre en Angleterre. L'agent leur fait signe en tendant les bras que leur voyage s'arrête là et qu'ils doivent attendre l'arrivée des policiers. Après un court moment pendant lequel les clandestins semblent discuter entre eux, ils se divisent en deux groupes. L'un des quatre individus contourne l'agent avec l'intention de continuer sa progression tandis que les deux autres se dirigent vers l'agent. Deux mois de sursis pour l'un et la relaxe pour l'autre Ce dernier toujours les bras tendus tente de leur barrer le passage. Selon les déclarations de la victime, il en saisit un qui va se débattre et lui porter un coup au niveau du visage tandis que le second butant dans sa jambe va le faire tomber au sol. Il se fait alors mal au genou. Les policiers vont finalement interpeller l'ensemble du groupe avant de maintenir à disposition de la justice deux migrants ayant eu un contact direct avec le vigile. Devant le tribunal, ils reconnaissent l'intrusion sur le site ainsi que la présence du vigile. Par contre, ils nient toute
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action violente à son encontre. «Il est possible que lorsqu'il m'a saisi je me sois débattu et que je lui ai porté un coup sans le vouloir.» Son comparse fait des déclarations du même style: «J'ai voulu passer et je me suis pris le pied dans sa jambe qui était tendue pour m'empêcher de progresser. Nous sommes tous les deux tombés au sol, mais je n'ai frappé personne.» «Dans violence volontaire, il y a le mot volontaire, déclare maître Perdieu leur avocat, là je ne vois rien qui ressemble de près ou de loin à un acte volontaire.» Elle requiert la relaxe pour ses deux clients. Le tribunal condamne un migrant à 2 mois de prison avec sursis et relaxe le second. P.T. (CLP) lundi 28 septembre 2015 Pour la sécurité du Tunnel, 100 hectares de végétation rasés Calais - PAR OLIVIER PECQUEUX calais@lavoixdunord.fr CALAISIS. La gestion de l’immigration clandestine a aussi des conséquences sur l’environnement. À Coquelles, Fréthun et Peuplingues, sur et autour du site du tunnel sous la Manche, plus de 100 ha de végétation ont été rasés en août et septembre. Les migrants ne peuvent plus se cacher, mais les paysages souffrent. C'est comme si la nature avait été emportée par une tornade. Disparue, arrachée sous les assauts des pelleteuses et des bulldozers. En moins de deux mois, au nom de la sécurité du tunnel sous la Manche, 66ha de végétation ont été «débroussaillés» sur le gigantesque site du lien fixe transmanche. Parallèlement, 37ha de végétation ont été enlevés par SNCF Réseau, aux abords du Tunnel. Terrains nus donnant sur des grilles plus hautes Ces opérations de déforestation font partie du plan d'action mis en place par Eurotunnel, sur les conseils d'experts en sécurité et en sûreté, après les intrusions massives de migrants cet été (jusqu'à 2000 tentatives d'intrusions par nuit). Ce plan vise le renforcement des clôtures existantes, l'installation de clôtures haute sécurité de 4m de hauteur (lire page suivante) et, donc, le débroussaillage de 66ha de végétation, constituée d'arbres, arbustes et de bosquets, plantés il y a plus de vingt ans. Une « déforestation » qui a radicalement modifié le paysage, renvoyant de nouvelles images de terrains nus, ouverts sur des grilles de plus en plus hautes. Du côté d'Eurotunnel, ces mesures radicales, imposées par des circonstances exceptionnelles, n'ont pas été prises de gaieté de cœur. «Ce qui est triste, c'est que les barrières remplacent la verdure, rapporte un porte-parole du groupe. Mais il fallait passer par cette déforestation pour protéger le site et les migrants. » Les terrains dénudés empêchent désormais les migrants de se cacher. Ils offrent aussi une meilleure visibilité aux nouvelles caméras de vidéosurveillance, dont celles, thermiques, qui scrutent le moindre mouvement la nuit. À Coquelles par exemple, sur la très passante avenue menant au complexe commercial Cité Europe, la moitié de la forêt de sapins a été taillée, laissant place à un grand vide, jusqu'à des barrières rigides maintes fois rafistolées après les attaques à la pince coupante. migrants cachés Derrière le commissariat Cette déforestation révèle que le site, où gisent de nombreux déchets plastiques, était très prisé par les migrants. «Sous les sapins et dans les bosquets, les migrants étaient invisibles, ils restaient là parfois un jour ou deux, à attendre une opportunité pour passer», commente une source qui connaît bien le dossier. L'ironie veut que ce lieu de passages clandestins vers les
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voies réservées aux véhicules de tourisme se trouve quelques dizaines de mètres derrière le commissariat de la police aux frontières et le centre de rétention administrative. mardi 29 septembre 2015 Le collectif «Calaisiens en colère» prépare sa manifestation de dimanche Calais - CALAIS. Hier matin, le collectif «Calaisiens en colère» a mené plusieurs actions en ville pour annoncer sa manifestation prévue dimanche contre les conséquences de la pression migratoire sur le quotidien des Calaisiens. Au rond-point Nouvelle-France, celui de la zone Curie, celui d'Auchan, sept personnes, portant un masque blanc avec une larme rouge, ont déplié des banderoles qui portaient le message: «RDV à Calais le 4 octobre les Calaisiens en colère». «Nous reproduirons ces actions tout au long de la semaine pour annoncer la manifestation qui est prévue ce dimanche. On cible tous les endroits pour prévenir tous les gens, notamment ceux qui n'ont pas Internet. On organisera dimanche une chaîne de la solidarité sur la plage. Pour le reste, on annoncera le point de rassemblement sur notre page Facebook mercredi», expliquent les membres. Le collectif se définit sur sa page Facebook comme «apolitique et pour l'unité des Calaisiens face à l'insécurité due aux migrants !». «Merci d'éviter tout racisme et incitations à la violence», est-il précisé. «Sur le terrain, on est vingt à vingt-cinq personnes à mener les actions. On n'a rien à voir avec Sauvons Calais. Ce qu'on veut c'est que le gouvernement bouge. Et on veut que ça bouge des deux côtés: pour les Calaisiens, les commerçants et pour les migrants. On veut plus de sécurité et plus de soutien», souligne Sandrine, membre présente hier matin. D.SA. mercredi 30 septembre 2015 Fermeture du snack routier : la situation migratoire en cause ? Calais En difficulté depuis plus d’un an, le snack Aux amis de la route, situé zone des Dunes, ferme aujourd’hui. Hier déjà, le restaurant était entièrement vidé et des employés nettoyaient les lieux. La pression migratoire est invoquée. - CALAIS. Port. Dans le snack routier de la zone des Dunes, ce mardi matin, la salle est complètement vide. Les articles divers et variés ont quitté les rayonnages. Un écriteau indiquant «Bonnes fêtes», à moitié brisé, reste suspendu au-dessus du comptoir en train d'être nettoyé par un employé. Ce mercredi, le snack, auparavant ouvert 24 h/24, sera définitivement fermé. La faute à la présence des migrants, d'après les employés et la direction : «Les entreprises de transport ordonnent à leurs routiers de contourner Calais», explique un salarié. En effet, des exilés peuvent profiter que les chauffeurs soient dans le snack pour se cacher dans les camions. Un phénomène qui était déjà pointé du doigt par les employés des Amis de la route en été 2014. Face à l'afflux trop important de migrants et la gêne rencontrée par les routiers, le snack avait alors temporairement fermé. Certains salariés mettent également en cause la fermeture, pendant plusieurs mois, de la bretelle d'accès à la zone des Dunes depuis la rocade portuaire, le temps que soient installées les barrières de sécurisation pour éviter les intrusions de migrants. Une sortie qu'empruntaient les routiers pour venir
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directement au snack. «Aucune déviation n'a été mise en place pour nous indiquer», déplore un membre du personnel. La maire de Calais, Natacha Bouchart, a indiqué ce week-end que les dix employés, licenciés après la fermeture du snack, seront suivis par la cellule emploi de la Ville, qui regroupe notamment la Maison de l'emploi et Pôle emploi. La station-service située juste à côté du snack n'appartenant pas à la même entreprise, elle restera fonctionnelle.J.-PH. D. mercredi 30 septembre 2015 Un Irakien de 20 ans découvert mort dans un camion sur la rocade portuaire LONGUEUR: 256 mots Calais - CALAIS. Ils étaient trois, cachés à l'intérieur d'un camion, avec l'espoir qu'il les mène en Angleterre. Ils se sont trompés: le poids lourd, immatriculé en Hongrie, venait d'Outre Manche et circulait sur la rocade portuaire, direction A16. C'est juste avant l'embranchement des autoroutes A16 et A26 que le chauffeur s'est arrêté, alerté par les cris à l'intérieur de son véhicule. Entre la paroi de sa remorque et les lourdes palettes de bois qu'il transportait, il a découvert le corps sans vie d'un Irakien de 20 ans. Probablement mort écrasé, selon la préfecture du Pas-de-Calais. Les pompiers de Calais, Marck, la police de Calais et les membres de la DIR Nord (direction interdépartementale des routes) étaient sur place. La circulation n'a pas été coupée le temps de l'intervention. Les deux autres migrants qui se trouvaient dans le poids lourd seraient de la famille du défunt. Sains et saufs, ils sont restés assis de longues minutes, silencieux et en pleurs, à côté de son corps, qui avait été placé le long de la glissière de sécurité et recouvert d'une toile blanche. Les pompes funèbres l'ont emmené vers 9h. Il subira une autopsie ces prochains jours, a indiqué le parquet de Boulogne-sur-Mer. Il s'agit du treizième migrant décédé dans le Calaisis depuis le 1er juin en tentant de rejoindre l'Angleterre par le Tunnel ou le port. Le précédent à avoir perdu la vie était un mineur: le 24 septembre, il avait été percuté par une navette fret sur le terminal du tunnel sous la Manche. M.GO.
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Annexe VII : Articles : période entre le 1er septembre 2014 et le 31 août 2016 Le Monde (01/09/2014 – 31/08/2016) : 192 articles
Date Titre de l'article 4/09/14 Calais va rouvrir un centre d'accueil pour migrants: Le ministère de l'intérieur
réfute l'idée de créer un nouveau Sangatte. Le centre avait été fermé en 2002 4/09/14 Quinze ans d'impuissance 5/09/14 A Calais, les associations prudentes sur la réouverture d'un centre pour
migrants: L'annonce du gouvernement répond à une revendication ancienne 5/09/14 Des tentatives de passage de plus en plus spectaculaires 10/09/14 L'Europe sans politique face aux flux migratoires 23/09/14 Migrants à Calais : Londres cède aux pressions françaises: Au terme d'intenses
négociations, le Royaume-Uni apportera 15 millions d'euros sur trois ans 22/10/14 De 300 à 400 migrants prennent d'assaut des camions à Calais 23/10/14 A Calais, la situation au bord du chaos: Les rixes entre migrants se sont
multipliées. Une réunion de médiation a permis un retour au calme 23/10/14 Les Dates 24/10/14 Marchands d'hommes: A Calais, la zone de fret Transmarck sert de plaque
tournante au trafic de clandestins candidats à l'exil. Egyptiens, Erythréens, Kurdes, Albanais se disputent le contrôle du territoire et le partage d'un juteux " marché "
26/10/14 Après les rixes, Calais gagnée par la lassitude: Dans la ville frontière, qui sort d'une semaine de tensions entre migrants, on désespère d'une solution pérenne
26/10/14 2200 26/10/14 Le grand froid inquiète les associations 29/10/14 Ferme sur l'immigration, Nicolas Sarkozy ne doit pas verser dans la
provocation: Il faut maîtriser les flux migratoires et combattre le communautarisme. Mais, contrairement aux propos tenus dans son discours de Nice, l'ancien chef de l'Etat ne doit pas alimenter les fantasmes
30/10/14 Prison ferme pour des passeurs de migrants de Calais 4/11/14 L'immigration, thème de campagne à l'UMP: Les ténors du parti de droite
n'hésitent plus à reprendre les idées du Front national 5/11/14 A Calais, un centre d'hébergement promis pour janvier 2015 18/12/14 Mobilisation contre le " mur de la honte " 18/12/14 A Calais, dans la " jungle " des Soudanais 15/01/15 2200 15/01/15 Migrants : la " phase 1 " d'un nouveau centre à Calais 20/01/15 L'accueil de nuit ouvert en raison du froid 20/01/15 Une enquête dénonce la violence policière à Calais 3/03/15 Du " détournement de pouvoir " à la Place Beauvau 3/04/15 Le bidonville de migrants " toléré " à Calais 3/04/15 Le bidonville de Calais, " Sangatte sans toit " 3/04/15 La nouvelle géographie des migrants 8/04/15 Dénonçons le crime contre l'humanité commis contre les migrants 13/05/15 Calais : enquête sur des violences policières
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25/05/15 Régularisation expresse pour des réfugiés érythréens 30/05/15 Des demandeurs d'asile, " on n'avait jamais vu ça " 18/06/15 Regain de tensions à Calais 30/06/15 A Calais, une opération humanitaire inédite 2/07/15 Migrants de Calais : des pistes de régulation 3/07/15 Migrants : les accords franco-britanniques en cause 6/07/15 A Calais, des migrants tentent de forcer le tunnel 25/07/15 Une nouvelle mort endeuille la " jungle " de Calais 29/07/15 La France et la Grande-Bretagne au bord de la crise diplomatique 29/07/15 Migrants : le tunnel sous la Manche pris d'assaut 29/07/15 A Calais, le tunnel sous la Manche assailli par des centaines de migrants 30/07/15 " J'essaie tous les jours de passer en Angleterre " 30/07/15 Les migrants de Calais, l'affaire de l'Europe 1/08/15 A Calais, la France est " le bras policier " de Londres 3/08/15 Immigration : Les esprits s'échauffent autour de Calais 4/08/15 Londres veut réduire les aides aux migrants, Paris mettre en place " une
solution globale " 5/08/15 La droite dénonce le " laxisme " du gouvernement 5/08/15 "Les migrations sont irrépressibles " 6/08/15 Moussa, 17 ans, migrant, enterré à Calais 8/08/15 Une mobilisation insuffisante des Etats membres de l'UE 12/08/15 Un réseau de passeurs démantelé à Calais 13/08/15 Prostitution et violences sexuelles s'installent dans la " jungle " 13/08/15 A Calais, le très lucratif trafic de migrants 19/08/15 Royaume-Uni : après Calais, le soulagement puis l'attente 20/08/15 Des policiers britanniques déployés à Calais pour lutter contre les passeurs 24/08/15 migrants : Europe, réveille-toi ! 25/08/15 Migrants : l'Europe cherche encore la réponse 26/08/15 De l'immigré au migrant, attention aux mythes 26/08/15 Migrants : le silence gêné des politiques 31/08/15 Migrants : des mineurs isolés en quête d'une vie meilleure 31/08/15 M. Valls à Calais sur fond de crise européenne des migrants 31/08/15 A Calais, l'escale décisive des mineurs isolés 1/09/15 Merkel met en garde l'Europe sur les réfugiés 4/09/15 L'Europe peut faire plus pour protéger les réfugiés 4/09/15 " Nous voulons accueillir les réfugiés " 4/09/15 François Hollande rejoint Angela Merkel sur les quotas d'accueil de réfugiés 5/09/15 M. Cameron entrouvre la porte aux migrants 7/09/15 Migrants: des maires français s'engagent 9/09/15 Accueil des réfugiés : les maires de droite divisés 10/09/15 Les maires inquiets face à l'afflux des migrants 12/09/15 Les idées simples de Nicolas Sarkozy
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12/09/15 Calais, dernière étape pour quitter la France 12/09/15 Le gouvernement bat le rappel des maires 12/09/15 Ces migrants que la France ne fait pas rêver 18/09/15 Un village du Pas-de-Calais ne veut plus de sa " petite jungle " 22/09/15 La France de l'accueil contre celle du repli 29/09/15 Xavier Bertrand, la région en attendant la primaire 3/10/15 Le Front national se déchaîne sur les migrants 3/10/15 Le FN se déchaîne contre les réfugiés et la " submersion migratoire " 5/10/15 A Calais, près de 500 personnes manifestent contre les migrants 7/10/15 Le Défenseur des droits s'alarme de la situation à Calais 14/10/15 A Calais, un bidonville " hors contrôle " 14/10/15 Une mission sur la santé des migrants 14/10/15 " On sait distribuer des vêtements à 80 personnes, pas à 800 " 21/10/15 800 personnalités lancent un appel pour un plan d'urgence à Calais 22/10/15 Le gouvernement renforce la sécurité à Calais 24/10/15 calais, un drame européen 26/10/15 A Calais, deux ONG attaquent l'Etat pour non " respect de la vie " 26/10/15 Le contexte: [1] 27/10/15 Des centaines d'exilés de Calais placés en rétention 28/10/15 A Calais et ailleurs, les artistes entendent réveiller les politiques 28/10/15 Le Pen nationalise le débat des régionales 30/10/15 Le syndicat de la magistrature soutient le juge qui a libéré des migrants 3/11/15 A Calais, l'Etat condamné par la justice à agir 7/11/15 Les placements en rétention critiqués 7/11/15 Migrants : un pêcheur passeur écroué 7/11/15 Une campagne empoisonnée 11/11/15 Troisième nuit de heurts dans la " jungle " de Calais 11/11/15 La poudrière de calais 13/11/15 Heurts à Calais : le réseau No Border réfute les accusations du gouvernement 20/11/15 La campagne reprend sur la pointe des pieds 24/11/15 Mme Le Pen a présenté son programme 24/11/15 Calais : l'Etat condamné à rendre la " jungle " digne 26/11/15 Merkel et hollande, ensemble mais très seuls 27/11/15 Dans la jungle, une fabrique d'art 30/11/15 Régionales : la dynamique du FN inquiète la droite 2/12/15 A Calais, des " atteintes graves " aux droits 2/12/15 Selon Médecins du monde, " le camp n'est ni géré ni encadré " 3/12/15 A Calais, les migrants privés de piscine municipale 7/12/15 Itinéraire d'exil et de migration 7/12/15 A Calais, " si le FN gagne, ils vont les dégager " 7/12/15 Florian Philippot s'impose face à la droite 11/12/15 Voyage à l'intérieur du peuple FN
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16/12/15 A Langres, " on attend et il ne se passe rien " 16/12/15 Pascal Brice, " Monsieur migrants " 18/12/15 A Calais, tentative massive d'intrusion dans le tunnel 21/12/15 Dans la " jungle " de Calais, l'art pousse comme une liane 24/12/15 Cazeneuve et Bertrand plaident pour une " fermeté " pénale face aux heurts 31/12/15 Grande-Synthe : le nouveau Calais 31/12/15 La France va ouvrir un camp humanitaire à Grande-Synthe 31/12/15 A Calais, l'interventionnisme de Bernard Cazeneuve en échec 12/01/16 Nouveaux camps à Calais et à Grande-Synthe 14/01/16 Le contexte 14/01/16 Le retour du " délit de solidarité " avec les migrants 15/01/16 Une " peine d'avertissement " pour le militant de Calais 16/01/16 La crise migratoire invisible dans les statistiques françaises 21/01/16 " Plus aucun clandestin ne passe par le tunnel sous la Manche " 21/01/16 Des migrants de Calais pourront rejoindre leur famille au Royaume-Uni 21/01/16 L'ingrat parcours des demandeurs d'asile 25/01/16 Six comparutions immédiates après les manifestations de Calais 26/01/16 Les conteneurs, le nouveau visage du Calais des migrants 26/01/16 " Je souhaite profiter de la période hivernale pour réduire le camp de Calais " 27/01/16 Jungle de Calais : la droite dénonce l'inertie 29/01/16 Le FN perturbe le conseil régional de Nord-Pas-de-Calais-Picardie 2/02/16 La " jungle " calaisienne se resserre 3/02/16 Les commerçants de Calais au bord de la crise de nerfs 5/02/16 A Calais, une école de planches dans la " jungle " 8/02/16 A Calais, la tentation du pire 12/02/16 L'Etat va raser la moitié de la " jungle " de Calais 12/02/16 Plainte groupée après des violences contre les migrants 17/02/16 A Calais, les associations alertent sur la situation des mineurs isolés 18/02/16 Le " Brexit " et les impasses de Calais 22/02/16 A Calais, la pression monte avant l'évacuation 22/02/16 " L'attaque de la diligence " 24/02/16 La Belgique rétablit les contrôles entre la Flandre et la France 26/02/16 Réfugiés : la mort clinique de l'Europe 26/02/16 La " jungle " de Calais dans l'attente de l'expulsion 26/02/16 Europe : Un moment historique 1/03/16 A Calais, l'évacuation de la " jungle " sous tension 2/03/16 Pourquoi les migrants de Calais boudent les centres prévus pour eux 2/03/16 La " jungle " de Calais dans le viseur des réfugiés 3/03/16 A Calais, le baroud d'honneur des " no borders " 3/03/16 Le Royaume-Uni accroît son aide 4/03/16 David Cameron et François Hollande en campagne commune contre le " Brexit
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5/03/16 A Paris, la peur des migrants émeut le 16e 7/03/16 Le camp de Grande-Synthe, un " anti-Calais " 12/03/16 Damien Carême, le " héros " des migrants 14/03/16 Manifestation à Calais : trois personnes en comparution immédiate 26/03/16 Ces migrants qui renoncent peu à peu à l'Angleterre 26/03/16 Je suis tombée amoureuse d'un migrant. Je l'ai aidé à passer. M'a-t-il aimée ?
M'a-t-il utilisée… 26/03/16 1 500 12/04/16 Dans la " jungle " de Calais, surpopulation et tensions 12/04/16 Le chiffre 23/04/16 Devoir de réserve : un juge sommé de s'expliquer 30/04/16 Migrants: Où est passée notre humanité ? 30/04/16 Hulot : " Où est passée notre humanité avec les migrants ? " 7/05/16 Les migrants ou la faillite des politiques 13/05/16 Manif anti-migrants à Calais : le général Piquemal devant le juge 21/05/16 Les associations au secours des mineurs étrangers isolés 27/05/16 Importante bagarre entre migrants à Calais 1/06/16 Hidalgo va ouvrir un camp humanitaire à Paris 10/06/16 Camp humanitaire : l'Etat et Paris en quête de compromis 16/06/16 Des migrants mineurs exploités dans les " jungles " 21/06/16 Nouveaux heurts entre migrants et forces de l'ordre à Calais 25/06/16 Pour les migrants de Calais, cela ne changera rien 28/06/16 Migrants : les placements en rétention de familles et d'enfants s'accroissent 1/07/16 L'Etat veut créer 3 000 places d'hébergement pour les migrants 8/07/16 Dans la " jungle ", des avancées et des manques 8/07/16 A Calais, l'école en attendant l'Angleterre 8/07/16 L'autre calvaire de l'exode 22/07/16 Accords du Touquet 27/07/16 Brexit : " Il faut une initiative franco-allemande " 28/07/16 La pression s'accentue sur les camps de réfugiés du nord de la France 10/08/16 Face à l'afflux de migrants, un accueil renforcé 10/08/16 Domdom connecte les migrants de la " jungle " de Calais 13/08/16 Dans la " jungle " de Calais, la joie de garder les échoppes 20/08/16 6 901 29/08/16 Près de 10 000 migrants dans l'impasse à Calais 29/08/16 Mobilisation pour plus de 800 mineurs isolés 29/08/16 Calais, rien n'est réglé 29/08/16 Sarkozy en appelle au Royaume-Uni 29/08/16 A Calais, près de 10 000 migrants dans l'impasse 31/08/16 Calais : Paris et Londres main dans la main pour améliorer la situation
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La Voix du Nord (01/09/2014 – 31/08/2016) : 827 articles Date Titre de l'article 2/09/14 Calais: une mineur agressée par un migrant 2/09/14 Migrants: pour Yann Capet, la proposition de Natacha Bouchart n'est qu'une
«imposture» 3/09/14 Bernard Cazeneuve: «J'ai demandé aux Anglais d'être plus présents à Calais» 3/09/14 Ces petites infos entendues en conférences de presse 3/09/14 La maire UMP de Calais estime avoir été «entendue» 3/09/14 Migrants: Natacha Bouchart a été reçue hier par le ministre de l'Intérieur 4/09/14 Accueil de jour: ce qu'ils en pensent 4/09/14 Calais: une centaine de migrants pénètrent dans l'enceinte du port 4/09/14 Deux responsables du HCR en visite de terrain hier 4/09/14 Intrusion d'une centaine de migrants au port hier 5/09/14 Intrusion de migrants au port: des renforts de police depuis hier 5/09/14 Sauvons Calais invite l'ultra-droite à son rassemblement dimanche 6/09/14 Deux cents migrants demandent «l'arrêt des violences policières» 6/09/14 La manifestation de Sauvons Calais délocalisée 7/09/14 La Ville interdit l'utilisation de la Citadelle aux migrants 7/09/14 Manifestation cet après-midi du collectif anti-migrants «Sauvons Calais» 8/09/14 Abbé Boutoille: «La situation s'aggrave» 8/09/14 Avec les valeurs universelles du football, les associations trouvent la parade 8/09/14 Hier après-midi, le rassemblement de Sauvons Calais a attiré trois cents
personnes 8/09/14 Les discours se radicalisent, sans emporter l'adhésion 8/09/14 Migrants: la Grande-Bretagne offre 20kilomètres de clôture pour le port 9/09/14 Les clôtures offertes par les Anglais laissent dubitatif le personnel du port 9/09/14 Manif' de Sauvons Calais: fallait-il vraiment l'autoriser? 9/09/14 Pour Yann Capet et Jacky Hénin, ce rassemblement aurait dû être interdit 9/09/14 «Europe barricadée»: France terre d'asile réagit 10/09/14 800 repas distribués en une heure 10/09/14 La préparation des repas aux migrants bientôt gérée par l'État ? 12/09/14 Suite à la manif' de Sauvons Calais: des plaintes vont être déposées 12/09/14 Treize migrants découverts hier dans le trou d'homme d'un camion-citerne 13/09/14 Manif' de Sauvons Calais: le procureur veut des preuves 13/09/14 Tensions au port: le président de la CCI sera reçu mercredi par le ministre 15/09/14 «Jacky Hénin est à côté de ses pompes» 16/09/14 La mairie veut interdire aux migrants de jouer à la Citadelle 17/09/14 Le groupe new-yorkais Outernational en soutien aux migrants hier 17/09/14 Partie de football des migrants à la citadelle : «Une provocation des No Border» 18/09/14 Cent à deux cents migrants sur la rocade portuaire 18/09/14 Jean-Marc Puissesseau très satisfait de son entrevue avec le ministre 19/09/14 Quelques dizaines de migrants tentent de nouveau d'entrer au port
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20/09/14 Avoir recours à un passeur... ou pas 20/09/14 Faire passer des migrants en Angleterre : un nouveau job ? 20/09/14 Le procureur ouvre une enquête contre Sauvons Calais 20/09/14 Les douches du Secours catholique incendiées 21/09/14 Londres va (enfin) prendre sa part dans la gestion des migrants de Calais 22/09/14 Des migrants jouent au foot sans autorisation: la mairie porte plainte 23/09/14 Cocktails Molotov sur un squat de migrants: audience le 13 octobre 23/09/14 La mairie peut difficilement empêcher les matchs de migrants à la Citadelle 23/09/14 «Il n'est pas raciste» 24/09/14 Accueil de jour à Jules-Ferry: ça se précise 24/09/14 Migrants: deux experts en mission spéciale à Calais 24/09/14 Un groupe de défense des chauffeurs routiers menace de bloquer le port de
Douvres ce week-end 26/09/14 Une juge de passage au squat Vandamme hier 27/09/14 Le HCR inquiet pour les exilés de Calais 27/09/14 Migrants: ils ont sept mois pour trouver des «solutions» 27/09/14 Un migrant meurt noyé dans le canal : deux hommes en garde à vue 28/09/14 Intrusions de migrants au port: quel impact pour les compagnies maritimes ? 1/10/14 Un mouvement de grogne au port provoque des tensions sur la rocade 2/10/14 De la page Facebook calaisienne à la polémique nationale... 2/10/14 Les douches des migrants de nouveau incendiées: un homme interpellé 2/10/14 Sauvons Calais vu par un chercheur spécialiste de l'extrême-droite 4/10/14 Leader Price refuse les migrants, puis les fait entrer au compte-gouttes 4/10/14 Migrants et No Border refoulés dans les bars de Calais-Nord: les patrons
assument et s'expliquent 4/10/14 «On a perdu une partie de nos clients» 5/10/14 Passeurs: la filière albanaise à Calais-Nord? 8/10/14 Migrants: Natacha Bouchart reçue hier soir par le ministre de l'Intérieur 9/10/14 «Bernard Cazeneuve s'est engagé à une politique de zéro squat dans Calais» 13/10/14 Migrants : le syndicat Unité Police FO manifeste ce matin 13/10/14 Migrants: les chiffres de la délinquance explosent, selon un syndicat de police 13/10/14 Que pensez-vous des chiffres avancés? 14/10/14 Migrants: commerçants, chasseurs agriculteurs reçus en sous-préfecture 14/10/14 Migrants: opération escargot pour exprimer le malaise des policiers 14/10/14 «La sécurité n'est plus assurée» 16/10/14 Squat Vandamme : le propriétaire exprime son attente 16/10/14 UNSA Police: «Unité Police profite du problème des migrants pour booster
FO» 17/10/14 Les migrants à la recherche d'eau par tous les moyens pour se laver 18/10/14 Douches des migrants incendiées : six mois de prison pour le prévenu 18/10/14 Virus Ebola : «Les migrants à Calais ne viennent pas de pays à risque» 21/10/14 Armement de la police municipale: les agents pas si satisfaits que cela 21/10/14 «Il faut expliquer aux migrants que l'Angleterre n'est pas l'eldorado»
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21/10/14 «Je comprends les pressions que subissent la maire et les chauffeurs» 22/10/14 De nouvelles bagarres entre migrants ont éclaté dans la zone des Dunes hier 22/10/14 Des «sujets futiles» les opposent 22/10/14 Nouvelles rixes entre migrants hier à Calais: le sous-préfet fait appel à des
médiateurs 22/10/14 Plus de migrants le long de l'autoroute : la DIR démunie 23/10/14 Les Soudanais réclament «une protection» au ministre 23/10/14 Migrants: Cazeneuve déploie 100 hommes de plus à Calais 23/10/14 Migrants: ce qu'il faut retenir des annonces du ministre de l'Intérieur 23/10/14 Tentatives d'intrusion de migrants au port, hier, repoussées par les CRS 23/10/14 Un migrant chute d'un pont : pronostic vital «très engagé» 23/10/14 «Je ne suis pas Natacha Bouchart» 24/10/14 2 200 à 2 300 migrants dans le Calaisis 24/10/14 L'accueil de jour pour migrants sera à l'essai pendant six mois 24/10/14 Marine Le Pen à Calais pour évoquer la situation de la ville et des migrants 25/10/14 Assaillie par les journalistes, soutenue par ses militants, huée par ses opposants 25/10/14 Marine Le Pen à Calais : « Il faut renvoyer les clandestins chez eux » 25/10/14 Squat Vandamme: la justice ordonne l'évacuation, mais quand? 25/10/14 «L'État a fait de mon site un Sangatte privé» 28/10/14 Le ministre de l'Intérieur à Calais la semaine prochaine? 29/10/14 Natacha Bouchart hier au Parlement britannique pour évoquer la question des
migrants 30/10/14 Migrants : le ministre de l'Intérieur à Calais lundi après-midi 30/10/14 Politiques, associatifs, syndicats: ce qu'ils attendent de cette visite 31/10/14 Quel programme pour le ministre à Calais lundi? 2/11/14 David Lacourt de Solid'R : «Je ne mettrais pas les femmes à Jules-Ferry» 2/11/14 «Gérer l'accueil de jour pour les migrants sera forcément compliqué» 3/11/14 Migrants: visite de Bernard Cazeneuve cet après-midi à Calais 3/11/14 «Assurer la sécurité des Calaisiens» 4/11/14 Laurent Roussel propose un centre européen 4/11/14 Le centre Jules-Ferry servira 1500 repas par jour aux migrants 4/11/14 Migrants: Bernard Cazeneuve ne convainc pas les associations 4/11/14 Migrants: le ministre de l'Intérieur de passage à Calais hier 5/11/14 CALAIS: UN CENTRE D'ACCUEIL, POUR UN PEU D'HUMANITÉ 5/11/14 Migrants: tentatives d'intrusion dans des camions hier sur l'A16 et la rocade 5/11/14 Pour Salam, «Le centre Jules-Ferry doit être ponctuel» 5/11/14 Quels équipements seront réquisitionnés en cas de grand froid? 5/11/14 Solid'R toujours très réservé sur l'accueil des femmes à Jules-Ferry 5/11/14 Yann Capet a apprécié «l'humilité et la détermination» du ministre 6/11/14 Un remplaçant au centre Ferry trouvé 6/11/14 Une équipe de Britanniques au port pour renforcer les barrières 7/11/14 Des soins dentaires gratuits pour les plus démunis 7/11/14 Journée noire sur l'A 16: un accident et des tentatives d'intrusion
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7/11/14 Une cinquantaine de migrants syriens demandent l'asile en Grande-Bretagne 8/11/14 La Ville demande le démantèlement du camp de l'avenue Salengro 8/11/14 Migrants: quand les petites mains des passeurs s'expliquent au tribunal 9/11/14 Condamnés pour des violences sur un migrant 12/11/14 Deux chauffeurs routiers hollandais condamnés pour des violences sur un
migrant 13/11/14 Des bénévoles du bassin minier en soutien aux migrants de Calais 13/11/14 Une trentaine de migrants syriens devant le consulat britannique 14/11/14 Au port de Calais, des barrières s'érigent pour repousser les migrants 14/11/14 Intrusion de migrants: après le port, l'autoroute A16? 14/11/14 Préfecture et Eurotunnel: communication minimale 14/11/14 « Faites de la fraternité ! », une série de manifestations en soutien aux migrants 16/11/14 L'arrêté municipal anti-regroupement n'a jamais été appliqué 16/11/14 Migrants: une quatrième ambulance pour les pompiers, et après ? 20/11/14 L'ambassadeur britannique bientôt à Calais 20/11/14 Squat Vandamme: trêve hivernale ou pas, le propriétaire veut l'expulsion 21/11/14 Évacuation du squat Vandamme: la cour d'appel tranchera le 11 décembre 22/11/14 Situation des migrants : un parlementaire «épouvanté» par ce qu'il a vu 22/11/14 «J'ai appelé l'ambassadeur d'Albanie» 26/11/14 Migrants: «Ne va-t-on pas vers un crime contre l'humanité»? 27/11/14 Migrants: une subvention ou pas pour certains commerces? 27/11/14 «Nos clients ont peur, certains avouent qu'ils ne viennent plus» 29/11/14 Chalets: les propriétaires espèrent que la surveillance sera maintenue 1/12/14 Aucune violence policière ? Les militants associatifs ne partagent pas cet avis 1/12/14 Calais et les migrants vus par le chef de la police du Pas-de-Calais 2/12/14 Plan Grand froid : les migrants seront accueillis zone du Beau-Marais 3/12/14 Centre d'accueil pour migrants: «Pour décembre ou janvier» 3/12/14 En cas de plan Grand froid, jusqu'à 1500 migrants pourront bientôt être mis à
l'abri 3/12/14 L'ultimatum de Natacha Bouchart 3/12/14 Plan Grand froid: un hangar de 4000m2 pour accueillir 1500 migrants 3/12/14 Solid'R, gestionnaire de l'accueil: «La solution la moins mauvaise possible» 3/12/14 Une jeune fille agressée sexuellement : deux individus recherchés 3/12/14 «Nous devions partir de notre pays» 4/12/14 Hangar pour migrants zone Doret: «On est mis devant le fait accompli» 4/12/14 Lancement de Calais Port 2015 repoussé: le doute s'installe 4/12/14 Squat Vandamme : «L'État laisse perdurer des Sangatte privés» 4/12/14 « Ce dispositif ressemble à du bricolage » 5/12/14 Création d'une police municipale au mois de septembre 6/12/14 Deux migrants condamnés pour des vols à la roulotte 6/12/14 Migrants : des députés anglais ont pris la mesure de la réalité calaisienne 6/12/14 Violence à la sortie d'un bar: un mois de prison avec sursis pour un migrant 10/12/14 Coup de filet sur une aire de l'A16: trois passeurs albanais interpellés
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11/12/14 46 demandeurs d'asile saisissent le tribunal 11/12/14 Guy Bedos à Calais jeudi prochain pour la Journée internationale des migrants 11/12/14 Son regard sur les sujets calaisiens 12/12/14 Accueil de jour: les travaux ont débuté 12/12/14 La loi anti-squat: «coup de comm'»? 12/12/14 Quarante-six demandeurs d'asile ont un toit... après avoir saisi le tribunal 12/12/14 Squat Vandamme: la cour d'appel se prononce en faveur de l'expulsion 12/12/14 Une loi anti-squat votée au Sénat mercredi 13/12/14 Rafales de vent, bouchons sur l'A16, retards de ferries : journée mouvementée
hier 15/12/14 Emmaüs appelle à la mobilisation «contre le mur de la honte» 15/12/14 Renforcement de la sécurité au port: les grilles sont montées avenue Cousteau
et bientôt sur la rocade 17/12/14 Lettre ouverte d'associations 17/12/14 Un migrant percuté hier sur la rocade 18/12/14 Aujourd'hui à Calais, Emmaüs dénonce «le mur de la honte» 18/12/14 Journée internationale des migrants : des dessins contre les barbelés 18/12/14 Le préfet interdit la manif des «antis» 19/12/14 Près d'un millier de personnes pour soutenir les migrants 19/12/14 «À Calais, on faisait de la dentelle, aujourd'hui, on fait du grillage» 20/12/14 Des cadeaux pour les migrants à Noël 24/12/14 Le ministre de l'Intérieur à Calais ce matin 24/12/14 Migrants à Calais: les cadeaux et la nourriture offerts hier ne font pas oublier le
froid et la pluie 24/12/14 Migrants: de la nourriture et des cadeaux pour un semblant de Noël 25/12/14 Bernard Cazeneuve est venu observer les timides avancées de son plan à Calais 25/12/14 Cazeneuve aux policiers: «Lutter contre les filières de la honte» 25/12/14 Le ministre de l'Intérieur de retour à Calais: le point sur son dispositif 25/12/14 Rue Mollien, les commerçants ont attendu, en vain, le ministre 25/12/14 Sur les traces de Bernard Cazeneuve et de sa suite 26/12/14 Une fausse annonce propose un séjour dans une cabanede migrants 27/12/14 Plan Grand Froid activé hier: rue Clément-Ader, le hangar pour la première fois
ouvert aux migrants 27/12/14 Plan Grand Froid activé: accueil précaire pour les migrants à Calais 28/12/14 Plan Grand Froid : le hangar pour les migrants ne fait pas l'unanimité 29/12/14 La barrière du port de Calais, couchée par le vent, est redressée 30/12/14 Plan grand froid: le hangar ouvert jusqu'à dimanche 3/01/15 Interrogations autour d'avis d'expulsion affichés dans deux camps de migrants 3/01/15 Le plan Grand Froid levé hier : l'accueil de nuit pour migrants fermé 4/01/15 Bagarre entre migrants: les tensions ont commencé le soir du Nouvel an 4/01/15 Une rixe entre au moins deux cents migrants éclate au camp de Tioxide 5/01/15 L'église des exilés dans la «jungle»: une vie spirituelle au-delà de la misère 5/01/15 Migrants : la problématique inextricable
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6/01/15 où l'on discute avec l'extrême gauche 6/01/15 où l'on écoute les militants de Sauvons Calais 7/01/15 Dix-sept migrants retrouvés dans un camion: situation « préoccupante » 8/01/15 La présence des migrants inquiète les habitants 8/01/15 «Les journalistes de Charlie étaient venus dans la jungle» 9/01/15 Au moins 15 migrants sont morts en 2014 à la frontière calaisienne 9/01/15 L'église des exilés dans la «jungle»: une vie spirituelle au-delà de la misère 12/01/15 Ouverture de l'accueil pour migrants 14/01/15 La manifestation de Sauvons Calais du 25 janvier sera-t-elle autorisée ? 15/01/15 Accueil de jour pour les migrants à Calais: première étape aujourd'hui 16/01/15 Comment fonctionnera le centre et dans quels délais ? 16/01/15 Deux cent cinquante repas distribués hier soir à Jules-Ferry 16/01/15 Migrants: le centre d'accueil de jour à peine ouvert, la maire propose un accueil
de nuit 16/01/15 Migrants: Natacha Bouchart propose maintenant un accueil de nuit 17/01/15 Accueil de nuit: le «oui, mais» des associations d'aide aux migrants 17/01/15 Les migrants, mieux traités au Darfour? 18/01/15 Plusieurs migrants intoxiqués par des fumées au squat Vandamme vendredi soir 20/01/15 Un «cadeau» qui a fait parler de lui 21/01/15 L'association Human Rights Watch dénonce des violences policières sur les
migrants 21/01/15 Police, associations, syndicats: réactions 22/01/15 Bagarre mardi entre migrants: un blessé avec un allumeur de grenade 23/01/15 Le préfet interdit la manifestation de Sauvons Calais prévue dimanche 25/01/15 La Ville empêche tout regroupement sur le parcours de la manifestation
(interdite) de Sauvons Calais 25/01/15 Migrants : le préfet dresse un état des lieux de la situation en 2014 30/01/15 Quel« après » pour l'accueil de jour des migrants ? 30/01/15 Soupçonnés d'avoir tiré sur des migrants, deux individus jugés aujourd'hui 31/01/15 Dix et huit mois de prison ferme pour avoir tiré sur des migrants 1/02/15 Trois migrants percutés volontairement ? 2/02/15 Deux migrants percutés volontairement ? La police ouvre une enquête 3/02/15 Agression sur des migrants: «Les personnes hostiles restent une minorité» 3/02/15 «Des activistes aident les migrants... aux frais du Daily Mail» 4/02/15 Présence de migrants: une aide pour les commerçants du Petit-Courgain 4/02/15 « Un exemple pour d'autres quartiers» 6/02/15 Le maire demande aux associations de faire évacuer le squat Tioxide 6/02/15 Un camion de CRS percute un migrantsur l'A16 : l'IGPN a été saisie 11/02/15 Migrants percutés volontairement sur la rocade est? L'enquête stagne 15/02/15 Calais, ville qui compte le plus de policiers par habitant en France? 16/02/15 Un migrant retrouvé mort zone industrielle des Dunes 18/02/15 Les conditions de vie des migrants «déplorables» selon le Conseil de l'Europe 20/02/15 Migrants: la police trop laxiste selon les Anglais?
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20/02/15 Recrudescence des vols d'embarcations: la colère des plaisanciers 22/02/15 Une cinquantaine de personnes pour dénoncer les violences policières 26/02/15 Amnesty International évoque Calais 26/02/15 Depuis quinze jours, un village en Côte-d'Or accueille trente migrants de Calais 26/02/15 Le HCR de retour pour accompagner l'installation du centre Jules-Ferry 26/02/15 L'État accélère la procédure d'asile 27/02/15 Centre Jules-Ferry: les travaux avancent avant la visite du ministre 27/02/15 Expulsions: l'inquiétude grandit 28/02/15 Un centre d'accueil pour migrants à Pouilly-en-Auxois pour désengorger Calais 3/03/15 Squat Leader Price: la maire réclame son démantèlement «en urgence» 3/03/15 Troisième visite de la préfète du Pas-de-Calais au centre Jules-Ferry, cette fois
pendant la distribution 6/03/15 Route de Gravelines: des jardins dégradés par des migrants 6/03/15 Un matelas prend feu juste à côté des douches des migrants 7/03/15 Migrants: un nouveau terrain d'accueil à côté de Jules-Ferry 8/03/15 Nettoyage du camp Dubrulle: les migrants incités à participer 10/03/15 Deux réseaux de passeurs démantelés 15/03/15 Un nouvel accueil pour migrants «en réflexion» 16/03/15 Migrants: les femmes accueillies la semaine prochaine à Jules-Ferry 18/03/15 Les femmes et les enfants migrants accueillis à partir de mercredi prochain au
centre Jules-Ferry 21/03/15 Des migrants frappés par des routiers 21/03/15 Sur le terrain avec les maraudeurs de l'office de l'immigration 24/03/15 Le Front national, large vainqueur du premier tour à Calais intra-muros 24/03/15 Les quartiers populaires votent FN 25/03/15 Les tentes de migrants commencent à s'installer autour du centre 25/03/15 Migrants: les femmes et les enfants arrivent aujourd'hui à Jules-Ferry 26/03/15 Migrants: «La fin d'une aventure humaine» pour l'association Solid'R 26/03/15 Trente-sept femmes et enfants ont déménagé au centre Jules-Ferry 28/03/15 Des bunkers bientôt squattés? 29/03/15 Nouveau terrain pour migrants zone des Dunes: arrivée massive des tentes 30/03/15 «Une victoire pour les Calaisiens» 31/03/15 Migrants: vifs échanges autour d'un projet de clôture 31/03/15 Rencontre avec des habitants du Beau-Marais, où le FN était en tête 2/04/15 Les No Border installent une réplique de squat de migrants sur la place d'Armes 3/04/15 L'office de protection des réfugiés à la rencontre des migrants hier 4/04/15 Les camps de migrants répartis en ville se vident 4/04/15 Migrants: les associations dénoncent «un nouveau Sangatte, sans toit» 4/04/15 Un militant s'enchaîne à la porte de la mairie 7/04/15 De l'appel anti-squat à la «richesse culturelle»: l'évolution du discours de
Natacha Bouchart 7/04/15 Face au camp, les riverains subissent 7/04/15 Le ras-le-bol de riverains face au nouveau camp de migrants
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7/04/15 Migrants: les associations dénoncent la création du «bidonville de l'État» 7/04/15 Plusieurs feux près du nouveau camp 7/04/15 Route de Gravelines: «Comme avant» 7/04/15 Un camp toléré pour évacuer les squats 9/04/15 Nettoyage hier au camp Leader Price 9/04/15 Une cinquantaine d'anti et pro-immigration réunis hier devant l'hôtel de ville 10/04/15 À la «new jungle», des centaines de constructions ont vu le jour 11/04/15 Migrants : le squat de l'avenue Blériot fermé hier 11/04/15 Une compilation enregistrée en solidarité avec les migrants 13/04/15 Aujourd'hui, «l'accueil de jour Jules-Ferry sera opérationnel à 100%» 14/04/15 Le centre pour migrants tourne à plein régime depuis hier 15/04/15 Plongée au cœur du nouveau dispositif d'accueil des migrants 17/04/15 Le rapport sur les migrants de Calais reporté à mai 24/04/15 Un incendie au camp de migrants près de Jules-Ferry ne fait aucune victime 25/04/15 Les élus locaux d'EELV dénoncent une gestion «hypocrite» des migrants 29/04/15 Migrants: clôture le long de la rocade portuaire 19/04/15 Une clôture de quatre mètres bordera la rocade portuaire avant l'été 30/04/15 Migrants: une bagarre fait trois blessés 2/05/15 Des affiches publicitaires détournées mettent en scène des migrants 2/05/15 Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve effectuera sa troisième visite à
Calais lundi 2/05/15 Multiplication des rixes dans le nouveau camp de migrants? 3/05/15 Migrants: un Parisien à l'origine des fausses pubs 3/05/15 «Il y a un gros danger de mort en Libye pour les migrants» 3/05/15 «Je me suis vu mourir mille fois en Méditerranée» 5/05/15 Bernard Cazeneuve à Calais hier pour évaluer son plan «migrants» 5/05/15 En marge de la visite du ministre de l'Intérieur, quelques mouvements de
contestation 5/05/15 Migrants: «Le centre d'accueil Jules-Ferry arrive déjà à saturation» 12/05/15 Une nouvelle vidéo dénonce des violences policières sur des migrants 13/05/15 Bouchons à répétition sur l'A 16: cri d'alarme des transporteurs routiers 13/05/15 Embouteillages, intrusions : pourquoi ça coince ? 13/05/15 Grosses tensions sur l'A16 13/05/15 Une vidéo dénonce la brutalité policière envers les migrants de Calais 14/05/15 Violences policières sur des migrants: l'IGPN à Calais hier 15/05/15 Trafic perturbé hier aux abords du tunnel sous la Manche et du port 17/05/15 «On n'a pas le droit de refuser les migrants dans nos trains» 18/05/15 Présence de migrants: «Notre clientèle ne veut plus sortir le soir» 20/05/15 Migrants: le cri d'alarme d'UNSA-Police 22/05/15 Asile accordé à 111 Érythréens: qu'en pensent les associations? 22/05/15 Pourquoi les migrants érythréens? 23/05/15 Intrusion de migrants dans les camions: «Nous devons laisser faire» 23/05/15 Transporteurs routiers en colère
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25/05/15 Quatorze blessés dans une bagarre entre migrants au centre Jules-Ferry 26/05/15 Améliorer la vie dans la «new jungle» 26/05/15 Centre d'accueil pour migrants: vers une présence policière permanente? 29/05/15 Demande d'asile: «300 places en cours d'expertise» 30/05/15 Un migrant blessé par balle et une rixe dans la «new jungle» 31/05/15 La loi «anti-squat» de Natacha Bouchart à l'Assemblée le 11 juin 1/06/15 Les projets immobiliers sont-ils gênés par le nouveau camp de migrants? 2/06/15 Associations et militants réagissent: «Des morts, il va y en avoir» 2/06/15 Les CRS parlent de «guérilla urbaine» 2/06/15 Les riverains du camp dénoncent «une situation infernale» 2/06/15 Plusieurs dizaines de migrants blessés lors d'une rixe 2/06/15 Pompiers, riverains, associations: le ras-le-bol est général 2/06/15 Rixe dans le camp de migrants: «J'ai connu Sangatte, là c'est pire » 2/06/15 «J'aurais pu perdre mon œil» 3/06/15 Les deux derniers squats du centre-ville évacués hier: les migrants priés de
rejoindre la «jungle» 3/06/15 Migrants: le squat Vandamme et le camp de Leader Price évacués hier 3/06/15 Propriétaires, maire de Calais, associations: les réactions 3/06/15 Sauvons Calais interdit de manifestation : un recours va être déposé 3/06/15 «Ils nous ont poussés dehors» 4/06/15 Squat Vandamme: «Je suis satisfait de récupérer mon bien» 5/06/15 Trois chapiteaux installés dans la «new jungle» de la zone des Dunes 6/06/15 «On n'entre jamais dans la jungle» 8/06/15 Rocade: un millier de migrants hier 8/06/15 Sauvons Calais: discours ultra-radicaux, anti-migrants, devant 80 personnes 9/06/15 Une compagnie de 70 CRS arrive en renfort à Calais à partir de jeudi 11/06/15 La loi «anti-squat» de Natacha Bouchart sera présentée aujourd'hui à
l'Assemblée nationale 11/06/15 QUAND ON PARLE DE «SANGATTE» à PARIS 12/06/15 Migrants: des policiers en arrêt, leur direction annonce des renforts 12/06/15 Que pensent les ex-riverains des squats de la proposition de loi Bouchart votée
hier? 12/06/15 Transports routiers: bientôt une table ronde sur la situation calaisienne 13/06/15 Trois chapiteaux inaugurés sur la «new jungle» pour devenir des lieux de vie 13/06/15 Un CRS blessé au port, un migrant interpellé 15/06/15 Les rixes raniment le spectre de Sangatte 15/06/15 Pour Michel Derr, la «new jungle» n'a rien à voir avec Sangatte 16/06/15 Migrants: la fédération des transporteurs reçue au ministère des Transports 16/06/15 Une vidéo crée l'émoi côté anglais 17/06/15 Migrants: des CRS filment leurs interventions sur la rocade portuaire 17/06/15 Plusieurs migrants agressés à coups de barres de fer ces dernières semaines 18/06/15 À Calais, une maison de l'asile et un dispositif renforcé 18/06/15 Les points d'eau et les WC en fonction
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18/06/15 Migrants: le ministère du Logement annonce un plan pour la «new jungle» 18/06/15 Réactions : «Des avancées très importantes... même si tout reste insuffisant» 19/06/15 Nouveau plan migrants: encore des questions 20/06/15 La marche de soutien aux migrants prévue aujourd'hui autorisée par la
préfecture 20/06/15 «L'important, c'est manger et un toit» 20/06/15 «New jungle»: pas d'hébergement mais «des mises à l'abri» pour les 3000
migrants 21/06/15 Cinq cents personnes ont marché pour la dignité des migrants 21/06/15 Pro et anti-migrants défilent à Calais, sans se croiser 21/06/15 Une quarantaine côté Sauvons Calais 23/06/15 Bonjour 23/06/15 LES MIGRANTS À CALAIS, UN «PROBLÈME FRANÇAIS » ? 23/06/15 Migrants : va-t-on vers un «incident diplomatique» avec l'Angleterre ? 27/06/15 Un migrant meurt en tentant de monter à bord d'un train Eurotunnel 28/06/15 Des migrants syriens manifestent 1/07/15 Quatre ONG s'engagent dans une opération inédite auprès des migrants 2/07/15 Bientôt un nouveau centre pour migrants dans le Pas-de-Calais? 2/07/15 Des CRS en renfort pour le Tunnel 2/07/15 Six solutions pour améliorer la situation 2/07/15 «L'accueil de jour ne doit pas se démultiplier autour de Jules-Ferry» 3/07/15 Avis «sévère» de la Commission des droits de l'homme 3/07/15 Migrants : la femme décédée sur l'A16 était hébergée au centre Ferry 3/07/15 Une rallonge britannique pour Calais 4/07/15 Calais et les migrants inspirent un auteur de romans policiers 4/07/15 «Ne pas créer d'appel d'air à Calais» 5/07/15 Des renforts prévus pour les migrants 5/07/15 Le trafic dans le Tunnel perturbé après l'intrusion de 150 migrants 8/07/15 Aménagements du camp de migrants: vifs échanges au conseil municipal 8/07/15 Hausse des intrusions sur le site d'Eurotunnel: la sécurité se renforce 10/07/15 Le jeu absurde du chat et de la souris 10/07/15 Migrants aux abords du Tunnel: «Ici, c'est la place pour gagner la liberté!» 11/07/15 Les élus de la Région alertent l'État sur les difficultés du Calaisis 12/07/15 Dans le camp Jules-Ferry, des migrants construisent leur école 12/07/15 Des affichettes pour sensibiliser les migrants aux dangers du Tunnel 13/07/15 Évacuation ordonnée de deux camps de migrants: les associations réclament un
relogement 15/07/15 Nouvelle intrusion dans le Tunnel : trois migrants brûlés, dont un grièvement 16/07/15 Le leader de Sauvons Calais rappelé à la loi 17/07/15 Intrusions au Tunnel : face au danger, deux exilés racontent 17/07/15 «Ils sont conscients du danger» 22/07/15 Nouveau décès de migrant sur le site du tunnel sous la Manche 23/07/15 Intrusions de migrants : Eurotunnel réclame 10 millions d'euros
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23/07/15 Un précédent en 2003… 24/07/15 Migrants : le candidat De Saintignon veut améliorer le centre Ferry 25/07/15 A16 et tunnel sous la Manche: deux nouveaux décès de migrants 25/07/15 Migrants de Calais: inquiétante série de décès 26/07/15 Les migrants passent encore par Leader Price 28/07/15 Intrusions au Tunnel : deux migrants blessés, dont un grave 28/07/15 Intrusions dans le site du tunnel sous la Manche: accidents et décès en série 28/07/15 Le vélo, la route vers l'autonomie pour les migrants 29/07/15 Deux mille intrusions en une nuit à Eurotunnel 29/07/15 Une veille des militants depuis 2011 29/07/15 Violences policières sur migrants: l'ONU épingle Calais 30/07/15 CALAIS: LA SURDITÉ CORDIALE 30/07/15 La maire demande une indemnisation au gouvernement britannique 30/07/15 Le malaise des salariés d'Eurotunnel face au drame des migrants 30/07/15 Migrants: nouvelle nuit mortelle au tunnel sous la Manche 31/07/15 Migrants: nouvelle nuit mortelle au tunnel sous la Manche 31/07/15 Décès d'un migrant blessé en début de semaine 31/07/15 Intrusions de migrants au Tunnel: ces habitants en première ligne 31/07/15 « Envoyez l’armée ! », titrent les journaux britanniques 31/07/15 «Ce sont des petits groupes» 1/08/15 Intrusions de migrants au Tunnel: Londres annonce des mesures 2/08/15 CALAIS SEULE AU MONDE AVEC SES MIGRANTS 2/08/15 Migrants : le président du Sénat réclame un sommet franco-britannique 2/08/15 Stoppés par les grilles du Tunnel, les migrants désemparés 4/08/15 Laisser passer les migrants: la «solution» du candidat Bertrand 4/08/15 Situation compliquée, solutions simples? 4/08/15 Tunnel: la pose des clôtures financées par les Anglais a déjà commencé 5/08/15 Le blocage du port et les intrusions au Tunnel vus de l'autre côté de la Manche 6/08/15 Intrusions au Tunnel: «Les migrants se cachent dans mon jardin» 6/08/15 La Commission européenne au secours du couple franco-anglais 6/08/15 Migrants: le Royaume-Uni durcit ses règles pour juguler la crise à Calais 6/08/15 Récit d'une nuit (un peu moins) agitée 7/08/15 Traversée du Tunnel à pied, tentatives d'intrusions de migrants: ça existait déjà
il y a quatorze ans! 8/08/15 La Ville s'oppose à la marche en hommage aux migrants décédés 8/08/15 L'ONU demande à la France un plan d'urgence pour Calais 9/08/15 De la jetée, des roses à la mer en mémoire aux morts à la frontière 9/08/15 «Sauver ces gens, c'est l'honneur de l'Europe, mais cela suppose la solidarité» 12/08/15 Accrochage entre un journaliste télé et des migrants dans la «new jungle» 13/08/15 Nouvelle agression d'un migrant, la police judiciaire de Lille saisie 13/08/15 Tourisme: coup dur en juillet pour nombre d'hôteliers et de restaurateurs 14/08/15 Des écologistes britanniques sont venus à la rencontre des migrants
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15/08/15 Natacha Bouchart et Nadine Morano s'accrochent sur la question des migrants 19/08/15 Bernard Cazeneuve à Calais demain avec son homologue britannique 20/08/15 Déjà trois visites du ministre de l'Intérieur depuis la mise en place du «plan
Cazeneuve» 21/08/15 Bernard Cazeneuve et Theresa May unis face à l'immigration clandestine 21/08/15 La maire de Calais réclame 50M€ 21/08/15 Manuel Valls et deux commissaires européens seront à Calais le 31 août 21/08/15 «Une coopération concrète et efficace» 22/08/15 1300 policiers mobilisés à Calais selon le ministre: trop ou pas assez? 22/08/15 Laurent Roussel plaide pour des centres de demandeurs d'asile 22/08/15 «Mes amis n'arrivent plus à passer» 24/08/15 L'Europe face à une vague de migrants 25/08/15 Trente intrusions et un blessé grave 25/08/15 Valérie Trierweiler en visite discrète dans la «jungle» 26/08/15 Dans la jungle de Calais 26/08/15 économie locale: la grogne gagne du terrain 26/08/15 Régionales: Xavier Bertrand veut rapprocher le Tunnel et le port 27/08/15 à l'assaut du tunnel 27/08/15 Le prix (fort) du voyage 28/08/15 Comment faire face à une crise majeure appelée à durer? 28/08/15 Welcome To London 29/08/15 Lundi, M. Valls ira à l'hôpital de Calais 31/08/15 L'Europe à la rescousse 31/08/15 Migrants: les syndicats réclament aux ministres des mesures pour l'hôpital 31/08/15 Migrants: quatre questions au Premier ministre, aujourd'hui à Calais 1/09/15 Calais n'aura pas ses 50 M€, mais l'État apportera son aide 1/09/15 Création d'un campement humanitaire: la réaction des migrants 1/09/15 Manuel Valls annonce la création d'un camp de réfugiés à Calais 1/09/15 Treize ans plus tard, un «Sangatte» en toile… 1/09/15 «Monsieur le Commissaire, pourquoi n'êtes-vous pas allé dans la jungle?» 2/09/15 Des dizaines de voitures dégradées en une seule nuit 2/09/15 Projet de camp pour migrants : la réaction des «Calaisiens en colère» 3/09/15 700 passagers Eurostar bloqués toute une nuit en gare de Calais-Fréthun 4/09/15 La photo qui peut tout changer 4/09/15 Migrants: des clôtures de 4 mètres pour renforcer une sécurité défaillante 4/09/15 Une centaine de migrants manifestent devant le centre d'accueil Jules-Ferry 4/09/15 «J'attends toujours plus de moyens» 5/09/15 Les 120 tentes du camp de réfugiés seront installées en janvier 2016 5/09/15 Manifestation de migrants: l'action s'est poursuivie hier devant la mairie 6/09/15 Plus de 300 migrants rassemblés devant l'hôtel de ville hier 6/09/15 Une autre manifestation à 17 heures 7/09/15 Ces commerçants qui voient dans les migrants un atout économique
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7/09/15 Une étude d'impact économique en cours 8/09/15 France: 24 000 réfugiés en deux ans 8/09/15 Migrants: Natacha Bouchart face au parlement britannique cet après-midi 8/09/15 Près de 250 migrants ont manifesté hier dans le centre-ville 8/09/15 Réfugiés: un sens de l'hospitalité variable selon les municipalités 9/09/15 Migrants: la Fédération française de football donne 100 000€ à Salam 9/09/15 Natacha Bouchart, «Dame de fer» face aux parlementaires britanniques 9/09/15 Réfugiés: les questions d'une région déjà en première ligne 9/09/15 Un jihadiste recherché à Calais 9/09/15 «La générosité, ça s'organise sur la durée» 10/09/15 Djihadiste recherché parmi les migrants : ni étonnement, ni panique chez les
associations 10/09/15 Les maires veulent des moyens 10/09/15 L'Angleterre n'accueillera pas de réfugiés syriens présents à Calais 11/09/15 Une bagarre éclate hier soir à la «jungle», opposant une centaine de migrants 11/09/15 Une centaine de Syriens manifestent devant le port 12/09/15 Manifestations de migrants: la mairie et la préfecture s'opposent 12/09/15 Neuf blessés légers dans une bagarre opposant près de 200 migrants jeudi soir 12/09/15 Un sit-in de Syriens dispersé par les CRS, nouveau rassemblement aujourd'hui 13/09/15 Le «plan de Sarkozy» 13/09/15 Manifestation: aucun migrant n'a pu approcher la mairie hier après-midi 13/09/15 Migrants : ces questions que l'on aurait aimé poser à Nicolas Sarkozy 15/09/15 Avocats sans frontières à la rencontre des migrants 15/09/15 Pas-de-Calais : l'état des lieux de la prise en charge des migrants 16/09/15 Migrants: le centre Jules-Ferry va doubler sa capacité pour les femmes 17/09/15 Valls défend son équilibre entre fermeté et accueil des réfugiés 18/09/15 LES «JUNGLES», À PARIS COMME À CALAIS 18/09/15 Plusieurs migrants blessés dans des bagarres à la «jungle» 18/09/15 Renforts de police: les syndicats en veulent encore plus 21/09/15 Les aires de l'A16 aux mains des passeurs, les trafics en hausse 22/09/15 Les derniers squats du centre-ville de Calais ont été évacués 22/09/15 Migrants: 880 000€ réclamés à l'État 22/09/15 Quatre squats évacués : 450 migrants dirigés vers la «jungle» 23/09/15 Six personnes blessées après des heurts entre policiers et migrants sur la rocade 25/09/15 Quarante-neuf migrants délogés d'une maison de l'OPH 26/09/15 Les migrants manifestent avec 160 de leurs soutiens venus de Paris 27/09/15 Manifestations de migrants: les commerçants prêts à déposer plainte 28/09/15 Deux migrants poursuivis pour violences envers un agent de sécurité du Tunnel 28/09/15 Pour la sécurité du Tunnel, 100 hectares de végétation rasés 29/09/15 Le collectif «Calaisiens en colère» prépare sa manifestation de dimanche 30/09/15 Fermeture du snack routier : la situation migratoire en cause ? 30/09/15 Un Irakien de 20 ans découvert mort dans un camion sur la rocade portuaire
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1/10/15 Après les décès, la difficile organisation des obsèques 1/10/15 Des policiers vont désormais patrouiller dans la «jungle» 1/10/15 Nouveau décès d'un migrant au Tunnel: le désarroi des conducteurs 1/10/15 «C'est une bonne chose» 3/10/15 700 m2 de hangar pour gérer les dons 3/10/15 Aide aux migrants: les premières actions de Salam grâce au don de la FFF 3/10/15 Nouvelle agression de migrant 3/10/15 Pour Marine Le Pen, Calais est une ville «abandonnée, assiégée» 4/10/15 Camp humanitaire pour les migrants: La Vie Active choisie par l'État 4/10/15 Intrusions au Tunnel: 23 gardes à vue 5/10/15 Migrants: Les Calaisiens en colère, collectif « apolitique», a rassemblé trois
cents personnes hier 7/10/15 Au moins un migrant a réussi à traverser le Tunnel à pied vendredi 7/10/15 Médecins sans frontières s'installe dans la «jungle» 8/10/15 Le Défenseur des droits très inquiet pour les enfants migrants de Calais 9/10/15 Un Égyptien entre la vie et la mort après une bagarre 10/10/15 Intrusions au Tunnel : N. Bouchart dépose un amendement au Sénat 12/10/15 Un migrant grièvement blessé hier 13/10/15 Le corps repêché à Gravelines est celui du migrant disparu à Calais 13/10/15 Trafic perturbé au Tunnel par des migrants 13/10/15 Une mission médicale pour évaluer la prise en charge des migrants 15/10/15 En tentant de monter dans un camion, des migrants tombent sur... un ours
polaire 15/10/15 La grève au port de Calais suspendue hier soir, après une nouvelle journée de
bouchons 15/10/15 Une mission médicale a débuté hier auprès des migrants, en toute discrétion 16/10/15 Une migrante meurt, après avoir été renversée par une voiture sur l'A16 17/10/15 Bernard Cazeneuve répond au défenseur des droits 17/10/15 Calais et les migrants vus par le numéro 2 de la police 18/10/15 Avec 6 000 migrants, la «jungle» est une ville dans la ville 18/10/15 Explosion démographique à la «jungle», où vivent 6 000 migrants 18/10/15 Fabienne Buccio, préfète du Pas-de-Calais : «Le camp de 1 500 places ne sera
qu'une première étape» 18/10/15 «Il faut rassurer avec des projets» 18/10/15 «J'ai refait le point avec le ministre de l'Intérieur» 20/10/15 Migrants: la maire demande l'aide de l'armée pour «surveiller» sa ville 21/10/15 CALAIS: CECI N'EST PAS UN «JET PRIVÉ»! 21/10/15 Face aux polémiques, Bernard Cazeneuve met l'accent sur l'accueil des
migrants 21/10/15 Migrants de Calais: 800 personnalités appellent à un «plan d'urgence» 22/10/15 Face aux polémiques autour de Calais, Bernard Cazeneuve maintient son cap 22/10/15 Maire, syndicat de police, associations humanitaires: leurs réactions 22/10/15 Migrants: le détail des mesures annoncées par le ministre
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23/10/15 Pression migratoire: «Certains commerces ne passeront pas l'hiver» 24/10/15 Migrants: la Ville veut faire déménager une voisine de la «jungle» 24/10/15 Prise en charge sanitaire : des mesures ministérielles annoncées hier 25/10/15 Baisser le nombre de migrants: «la priorité» du député 27/10/15 Près de 300 migrants quittent volontairement Calais, ce matin 28/10/15 Crise migratoire: les pompiers du Calaisis manifestent ce matin 28/10/15 Un migrant meurt percuté par une voiture : une femme en garde à vue 30/10/15 Encore 402 migrants sur le départ 30/10/15 Migrants fauchés par une voiture: la conductrice mise en examen 31/10/15 402 migrants ont quitté Calais hier... sans trop savoir où on les emmenait 31/10/15 Manifestation des Calaisiens en colère aujourd'hui 1/11/15 Migrants: plus de 800 «Calaisiens en colère» ont manifesté hier 3/11/15 La justice demande des mesures pour la «jungle» 3/11/15 Pression migratoire : 70 M€ supplémentaires pour le Calaisis 4/11/15 La justice ordonne à l'État d'améliorer le sort des migrants de la «jungle» 4/11/15 Pour les associations, «il faut désengorger la jungle» 4/11/15 Tensions entre migrants et CRS 5/11/15 Migrants: les pêcheurs calaisiens approchés par des passeurs 6/11/15 Migrants: rue de Bitche, les riverains excédés réclament un mur anti-bruit 9/11/15 La ville de Calais perçue par ses nouveaux habitants 9/11/15 Une manifestation ouvertement islamophobe dans les rues de Calais 10/11/15 Migrants contre forces de l'ordre: 26 policiers atteints par des jets de pierre 10/11/15 Vingt-six policiers «contusionnés» après des heurts avec les migrants 10/11/15 «Il ne faut rien laisser passer» 11/11/15 Affrontements entre police et migrants: la détresse des riverains 11/11/15 N. Bouchart réclame (encore) l'armée 11/11/15 Nuit agitée autour de la «jungle» 11/11/15 «Pas de menaces sanitaires» liées au flux migratoire 12/11/15 Les transporteurs routiers réclament le déplacement de la «jungle» 12/11/15 Migrants: les affrontements avec les forces de l'ordre vus de la «jungle» 13/11/15 Comment l'État recense le nombre de migrants de la «jungle»? 13/11/15 «100 à 200 personnes arrivent chaque nuit» 14/11/15 Affrontements entre CRS et migrants: un No Border interpellé 14/11/15 Campement humanitaire pour les migrants: les travaux ont commencé 14/11/15 L'État fait appel de sa condamnation à aménager la « jungle » 15/11/15 Migrants: incendie accidentel sur 2 500 m2 dans la «jungle», pas de victime 16/11/15 Plus de 100 M € pour compenser le préjudice de la pression migratoire 20/11/15 Jets de projectiles par un migrant : un policier blessé 22/11/15 Migrants : les abris de fortune se reconstruisent après l'incendie 23/11/15 Migrants : un nouvel incendie dans la «jungle» fait deux blessés 24/11/15 Le Conseil d'État confirme: la Ville et l'État doivent aménager la «jungle» 25/11/15 Aménagement de la «jungle»: la maire réagit
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25/11/15 Des migrants atteints de la grippe H1N1: rien d'inquiétant selon l'hôpital 25/11/15 Deux vastes opérations de police aux hôtels du Beffroi et Pacific 25/11/15 Migrants: le futur local du Secours catholique inquiète les riverains 26/11/15 À Calais, «les blocages du port et de l'autoroute ont fait du tort» 26/11/15 Migrants à Icéo: les syndicats pointent «une mesure d'exclusion» 26/11/15 Vives tensions hier entre migrants et CRS: six blessés légers, la rocade fermée 27/11/15 Face au caillassage d'un fourgon par des migrants, les pompiers «à bout» 27/11/15 Nouveaux incidents hier : journée de galère sur l'A16 27/11/15 «Ils étaient fâchés de voir les pompiers arriver tard» 28/11/15 Migrants: la rocade portuaire, nouvelle cible privilégiée pour les intrusions? 28/11/15 «Jungle» à Calais: Cazeneuve répond sur France 2 1/12/15 Un collectif d'employés portuaires réclame le déplacement des migrants 3/12/15 Aux abords de la «jungle», Les Oubliés, nouveau collectif de riverains «en
détresse» 3/12/15 Le contrôleur général des prisons déplore la rétention des migrants 4/12/15 Percuté par un véhicule sur l'A16, un migrant de 16 ans décède 4/12/15 Vols ou feux de poubelles: déjà 366 signalements depuis le 1er janvier 5/12/15 Le nouveau collectif de riverains voisins de la «jungle» déçu de sa rencontre
avec le sous-préfet 5/12/15 Travail clandestin: l'Angleterre reste un eldorado pour les migrants 8/12/15 Le vote FN est-il véritablement en train de s'installer à Calais? 9/12/15 Un migrant meurt poignardé dans la «jungle» 11/12/15 Marine Le Pen présidente de Région ne réglera pas le problème migratoire 12/12/15 Conseil communautaire: un débat sur l'application de l'état d'urgence 12/12/15 Migrants: l'artiste Banksy réalise des fresques en ville et dans la « jungle » 13/12/15 Plan Grand froid: le dispositif est opérationnel pour l'accueil des migrants 15/12/15 Migrants : les premiers modules du camp humanitaire livrés ce matin 16/12/15 Camp pour migrants : une aubaine pour les sociétés de sécurité 16/12/15 Migrants: le camp humanitaire de 1500 places opérationnel mi-janvier 18/12/15 Intrusions de migrants : l'autoroute fermée dans les deux sens 19/12/15 «Je ne lâcherai pas la situation de Calais» 22/12/15 Situation migratoire: l'appel au secours des commerçants et entreprises 23/12/15 Migrants: au bout de la rue de Bitche, un nouveau mur pour «soulager» les
riverains 25/12/15 Migrants : Taubira confirme sa visite et précise sa politique judiciaire 26/12/15 Nouvelle intrusion de migrants sur l'A16 à Calais, hier 27/12/15 Mouvement massifde migrants: (dés)espoir d'un passage vers l'Angleterre 27/12/15 Voitures dégradées par des migrants: plus d'une vingtaine de plaintes 2/01/16 Migrants : les rondes controversées des Calaisiens en colère 5/01/16 En 2016, la préfecture ne tolérera pas plus de 2 000 migrants à Calais 6/01/16 Éloigner les migrants de Calais, les inciter à demander l'asile 6/01/16 Heurts sur la rocade 6/01/16 Quel avenir pour la «jungle»?
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7/01/16 Nouvelle nuit de tensions entre migrants et forces de l'ordre 8/01/16 Sur les pas des migrants : des journalistes participent à un concours de France 2 9/01/16 Le camp humanitaire ouvre lundi 9/01/16 Migrants: les abris de la «jungle» éloignés de la rocade et des maisons 10/01/16 Un migrant condamné à six mois de prison pour avoir jeté un pavé sur un
policier 11/01/16 Le camp humanitaire pour migrants, un nouveau «Sangatte»? 12/01/16 Le périmètre de la «jungle» réduit 12/01/16 Migrants craintifs et débuts timides pour le camp humanitaire 13/01/16 Tensions aux abords de la «jungle» 14/01/16 21 migrants découverts dans un camion 14/01/16 Un bus scolaire écossais touché par des projectiles lors de son passage à Calais 15/01/16 Le plan Grand froid toujours pas activé 15/01/16 Migrants: la réduction du périmètre de la «jungle» a débuté 19/01/16 Grosse opération de défrichage entre la «jungle» et la rocade portuaire 19/01/16 Pression migratoire: rassemblement pour Calais et son port 20/01/16 Expulsion annoncée dans la «jungle» 20/01/16 Migrants: pourquoi le plan Grand froid n'est toujours pas déclenché 20/01/16 Population: l'INSEE va comptabiliser les migrants dans le recensement 2016 22/01/16 L'éloignement de la «jungle» se poursuit 22/01/16 Migrants: un incident au Tunnel à l'origine d'intrusions massives sur l'A16 23/01/16 Près de 1000 manifestants attendus en soutien aux migrants cet après-midi 24/01/16 Deux cents migrants et militants prennent d'assaut un ferry 24/01/16 Solidarité aux migrants : 2000 personnes ont participé à la manifestation hier
après-midi 24/01/16 «On n'en veut plus de cette jungle» 25/01/16 Six migrants et deux No Borders arrêtés sur le ferry jugés aujourd'hui 25/01/16 «Monsieur le chef de l'État, entendez-nous. Venez à Calais» 26/01/16 Xavier Bertrand demande lui aussi au chef de l'État de venir à Calais 27/01/16 À l'Assemblée, Calais s'invite dans le débat sur l'immigration 27/01/16 Alain Juppé et les migrants: «Il faut remettre à plat les accords du Touquet» 27/01/16 Le Calaisien qui a pointé un fusil sur des migrants sera finalement poursuivi 28/01/16 Alain Juppé à Calais: une visite aux allures de campagne 28/01/16 La campagne d'Alain Juppé passait par la lisière de la «jungle» 29/01/16 Un routier aperçoit des migrants sur le toit de son camion et se renverse 30/01/16 Migrants: Yann Capet invite François Hollande et lance le «serment de Calais» 1/02/16 Nouveaux affrontements entre migrants et forces de l'ordre, hier 2/02/16 Migrants: une mosquée et une église de la « jungle » détruites 3/02/16 Hébergement des migrants: 130 emplois créés au centre Jules-Ferry 4/02/16 Migrants : les réactions après les annonces ministérielles 4/02/16 Qui est Natacha Bouchart, désignée élue locale de l'année? 5/02/16 Des militants d'ultra-droite veulent manifester malgré l'interdiction 5/02/16 Manif' de l'ultra-droite: que risquent ceux qui braveront l'interdiction?
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6/02/16 Migrants : si le président ne vient pas à Calais, le Grand rassemblement du Calaisis ira à lui
7/02/16 PEGIDA maintient son rassemblement antimigrants: vingt interpellations 7/02/16 Une nouvelle école et une infirmerie inaugurées dans la «jungle» 9/02/16 Une nouvelle école et une infirmerie inaugurées dans la «jungle» 11/02/16 Le corps d'un homme, probablement un migrant, retrouvé dans le port 11/02/16 Migrants: dix cas de rougeole et 2100 personnes vaccinées 11/02/16 Vaccination expresse dans la «jungle» suite à dix cas de rougeole 12/02/16 Mineurs étrangers isolés à Calais: le tribunal tranche en faveur de l'État 12/02/16 «Peu d'affaires graves concernent les migrants» 13/02/16 Démantèlement partiel de la «jungle»: ce qu'il faut retenir 13/02/16 La moitié de la «jungle» bientôt rasée, l'objectif de 2000 migrants confirmé 13/02/16 Une dizaine de plaintes pour violences policières ou «civiles» sur migrants
déposées 15/02/16 Mobilisation pour l'école laïque de la «jungle» 16/02/16 Démantèlement partiel de la «jungle»: une semaine pour déménager 17/02/16 Migrants: la sous-préfecture en mode guichet unique pour demande d'asile 18/02/16 Éloignés de Calais, des migrants racontent leur vie en centre de répit 20/02/16 Agressions de routiers par des migrants : un phénomène nouveau 20/02/16 Référé au tribunal contre le démantèlement de la «jungle» 21/02/16 Avec Gynécologie sans frontières, à la rencontre des migrantes de la «jungle» 21/02/16 Un migrant blessé par balle dans la «jungle» 22/02/16 Migrants: le ministre de l'Intérieur fait le point sur la situation calaisienne 22/02/16 Migrants: union sacrée pour défendre le démantèlement de la «jungle» 22/02/16 Quel avenir pour les mineurs isolés dans la «jungle»? 24/02/16 Abdul et Malik, deux frères orphelins, livrés à eux-mêmes dans la «jungle» 24/02/16 Des conteneurs pour mineurs isolés 24/02/16 La Belgique rétablit le contrôle à la frontière 26/02/16 La justice se prononce pour une évacuation partielle de la «jungle» 26/02/16 La maire de Calais «satisfaite», les associations inquiètes 27/02/16 Démantèlement de la «jungle»: maraudes sous tension 1/03/16 Journée chaotique à la «jungle»: le démantèlement sous haute tension 2/03/16 Démantèlement de la «jungle» de Calais: le jour d'après 2/03/16 Le sud de la «jungle» se vide lentement, la zone nord vit toujours hors du temps 3/03/16 Le démantèlement de la zone sud de la «jungle» durera un mois 3/03/16 Migrants: un sommet franco-britannique à l'accent calaisien 4/03/16 Le Royaume-Uni débloque 22 millions pour Calais, what else? 7/03/16 Démantèlement de la «jungle»: 2 hectares libérés en une semaine 8/03/16 «Jungle»: manifestation en silence lors de la reprise du démantèlement 9/03/16 Le nouvel ambassadeur de Grande-Bretagne en France en visite à Calais
aujourd'hui 10/03/16 Démantèlement de la «jungle»: destructions au sud, concentration au nord 13/03/16 Manifestation surprise de l'ultra-droite contre la présence de migrants
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«jungle» 30/05/16 Une vingtaine de migrants secourus dans la Manche: des craintes autour des
traversées clandestines 31/05/16 Migrants à Calais: «Si c'était à refaire, je ferais la même chose» 2/06/16 Bernard Cazeneuve souligne la concertation avec les maires dans la crise des
réfugiés
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leur fin 19/06/16 Migrants dans l'eau : le port à l'arrêt 21/06/16 Rocade fermée et gros bouchons sur l'A16 suite à des intrusions de migrants 24/06/16 4 500 migrants dans la « jungle » selon la préfecture : augmentation 28/06/16 Sécurité sur le site Eurotunnel: et maintenant, des drones! 29/06/16 Cameron veut garder la frontière à Calais 30/06/16 Brexit et migrants : la frontière reste à Calais, les élus locaux réagissent 1/07/16 Jacques Toubon, Défenseur des droits, à Calais: «Arrêtons d'ériger des murs» 2/07/16 Accusée d'avoir abusé de la rétention pour vider la «jungle», la préfète du Pas-
de-Calais s'explique 5/07/16 François Hollande viendra à Calais... après le 14 juillet 5/07/16 Un migrant retrouvé mort au bord de la rocade portuaire 8/07/16 Construction d'un mur anti-bruit sur la rocade: les questions qui se posent 13/07/16 Neuf députés européens à la «jungle» 14/07/16 Les députés européens à la «jungle» 14/07/16 Migrants: un démantèlement de la «jungle» à partir de lundi? 15/07/16 Migrants: les associations dénombrent 7000 personnes à Calais 15/07/16 «Jungle»: «Pas de démantèlement» 16/07/16 Soixante-douze places pour les migrants mineurs en septembre 20/07/16 Contrôle sanitaire des commerces de la «jungle» avant leur fermeture? 20/07/16 Dans la zone nord, une ville s'est créée, en attendant le démantèlement 20/07/16 Pourquoi les commerces ne sont-ils démantelés que maintenant? 21/07/16 Migrants: cinq nouvelles interpellations hier dans les commerces de la « jungle
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27/07/16 «Le désespoir peut finir par s'exprimer par la violence» 28/07/16 Un migrant soudanais meurt percuté sur la rocade portuaire 29/07/16 Hommages aux migrants morts: l'interpellation de mercredi fait débat 30/07/16 Migrants décédés: pourquoi les enquêtes n'apportent que peu de réponses 1/08/16 Les patients migrants représentent 7% des consultations en urgence 1/08/16 Pression migratoire: les urgences de l'hôpital aussi en première ligne 3/08/16 Migrants: le mur végétalisé de la rocade portuaire pour novembre 4/08/16 Des migrants s'allongent sur la rocade portuaire pour arrêter les poids lourds 5/08/16 Ibrahim Mubarak, 28 ans, Soudanais, mort et enterré à Calais 7/08/16 Riveraine de la «jungle» contrainte de déménager : négociations en cours 8/08/16 Pression migratoire: son restaurant ferme, elle demande dédommagement 11/08/16 Migrants: la préfecture veut détruire les commerces de la «jungle», un juge
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