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24 heures | Samedi-dimanche 15-16 août 201522

Intérieur extérieur

Contrôle qualitéVC6

Des trésors verts à préserverPlus de 3000 jardins dits «historiques» ont été recensés dans le canton. Et certains sont en danger

Caroline Rieder

Publics, privés, ornant villas,cures, préaux, joyaux végé-taux ou éléments isolés sur-vivant d’une luxuriance pas-sée, plus de 3000 jardinshistoriques, 3278 exacte-

ment, ont été recensés dans le canton deVaud. L’aboutissement de ce long et dis-cret processus entrepris dans toute laSuisse a été marqué par une récente céré-monie officielle au domaine de La Doges,à La Tour-de-Peilz, siège de la sectionvaudoise de Patrimoine suisse.

Pour le seul canton de Vaud, ce travailde fourmi a occupé une petite équipe deneuf recenseurs durant trois ans et demi.«Nous avons d’abord dû repérer les espa-ces verts à l’aide de photos aériennes,détaille Agathe Caviale, architecte paysa-giste indépendante en charge du projetpour le compte de la section vaudoised’Icomos, le Conseil international desmonuments et des sites. On mettait desgommettes aux endroits qui nous parais-saient intéressants puis on allait vérifiersur le terrain. Nous avons ensuite rempliune fiche par espace retenu.» Le résultata alimenté la plate-forme en ligne wikijar-dins. Une carte interactive et colorée per-met d’y repérer ceux certifiés Icomosainsi que ceux non retenus.

Mais qu’est-ce qu’un jardin histori-que? Pour mériter ce qualificatif, l’espacevert doit être antérieur à l’année del’Expo 64. «Nous avons choisi cette datecar c’est dans les années 1960 qu’on acommencé à introduire des matériauxd’aménagement comme le béton, ce quia beaucoup transformé la manière deconstruire, et 1964 est symbolique pourle canton. De plus nous n’avons pas suffi-samment de recul pour juger les jardinsplus récents», remarque l’architecte.

Buis, fontaines et explosions floralessavamment disciplinées entrent évidem-ment dans l’inventaire. Tout comme des

réalisations plus modestes, intéressantescar elles portent la trace d’une époque.Chemins rectilignes ou sinueux, aligne-ments arborés ou encore ensembles quiracontent l’évolution d’un lieu, tels cesjardins ouvriers de Renens, témoin de latransformation de la ville.

Des éléments paysagers d’autant plusimportants à mettre en évidence qu’ils sont en danger. Car les espaces verts lesplus menacés ne sont pas les esthétiquesensembles végétaux qu’on admire et qu’on connaît le mieux, mais bien ceux qu’on ne remarque pas. «Ils font partie duquotidien des gens, et ne sont pas tou-jours beaux, résume Agathe Caviale, à l’image des jardins potagers en hiver. Maissans eux le paysage serait très différent.»

L’architecte déplore que l’inventairerécemment achevé n’ait pas force de loi.«Lorsqu’un bâtiment est classé en note 1,

ses abords sont protégés par défaut, parcontre rien n’empêche de détruire cequ’il y a autour d’un édifice classé note 3ou 4. Il y a un autre recensement quiprotège les arbres remarquables. Cesdeux inventaires donnent une base légalemais ce n’est pas suffisant.»

Elle cite des exemples de propriétésoù les jardins potagers ont été remplacéspar du gazon ou des places de parc.Comme dans le village-rue de L’Auber-son, rattaché à la commune de Sainte-

Croix, où une série de maisons alignéesdisposaient de jardins côté route. Cer-tains ont disparu au fil du temps au profitdes voitures. «Si on laisse déconstruiretout cet ensemble, le hameau sera déna-turé.»

La spécialiste évoque aussi des diffi-cultés d’entretien: «Les jardins de curesont ceux qui m’ont le plus déçue, car ilsne sont pas tous bien préservés alors quela symbolique est forte. Et lorsqu’il y a undouble alignement d’arbres majestueuxdans un château ou une maison bour-geoise, les propriétaires ne veulent pasforcément les remplacer. Il n’y ad’ailleurs aucune subvention pour la pré-servation de tels aménagements verts.»

Magnifiquement mis en valeur, ceuxdu château de Vullierens emploient àl’année trois jardiniers et demi. Le châte-lain, qui souhaite rester discret, l’ouvre

au public une fois par an, de début mai àmi-juin, lorsque les plus de 400 variétésd’iris qui s’y trouvent sont en fleurs. Ledomaine qui s’étend sur une centained’hectares est aussi parsemé d’une col-lection de sculptures monumentales, quis’enrichit chaque année. «Il y a une vo-lonté de pérenniser ce patrimoine fami-lial», remarque Sylvie Bertorelli, admi-nistratrice du domaine.

C’est pour Agathe Caviale un belexemple: «Protéger un jardin historiquene veut pas dire ne rien toucher. On a ledroit de rajouter une couche supplémen-taire à l’histoire, mais il faut le faire demanière fine et affirmée. Un jardin doitrester «dans son jus.»

Plate-forme wikijardins:www.jardinshistoriques.vd.ch/Territoire/JardinsHistoriques/

Les jardins privés du château de Vullierens, ouvert un mois par an au public, représentent un exemple de valorisation réussie d’un espace vert historique. MARIUS AFFOLTER

Quelques éléments qui confèrent une valeur historique à un jardin

De vieilles pierresPremier exemple régional de classicisme à la française, les jardins du château de L’Isle datant de 1700. Partiellement accessibles au public, ils possèdent un grand bassin alimenté par la Venoge, des murets et escaliers en pierre ainsi qu’une allée formée d’un double alignement de tilleuls. On y trouve encore un potager dessiné en terrasses et toujours cultivé.

Une sculpture du paysageCertains ensembles végétaux qui ne sont pas des jardins à proprement parler ont été inclus dans le recensement car ils façonnent le panorama. C’est le cas de la plage de Lutry, où une allée de Populus nigra (peupliers noirs) borde cette avancée de terre en forme triangulaire dans le lac. Le diamètre du tronc de certains de ces arbres va jusqu’à 150 cm.

Une valeur d’ensembleNul besoin d’éléments «versaillais» pour bénéficier du qualificatif d’historique. Des aménagements plus modestes, mais recelant une valeur pour l’histoire locale, sont aussi importants, comme cet ensemble de jardins ouvriers de Renens datant de 1913,qui témoignent de la transformation de la campagne en tissu urbain.

Des haies de buisSymbole des jardins géométriques à la française, les haies de buis se retrouvent dans ce foisonnement vert parfaitement conservé des années 1900 de cette maison de Bonvillars, propriété de Patrimoine suisse. A cause de l’entretien qu’elles demandent, les haies de buis ont souvent disparu.

«On a le droit de rajouter une couche supplémentaire à l’histoire, mais un jardin doit rester dans son jus»Agathe Caviale Architecte

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