amour - sogides

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Page 3: AMOUR - Sogides

LETTRE AU STADE introduction par Catherine Mathys . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

PETITE CHRONOLOGIE PARTIELLE DU STADE . . . . . . 10

AMOUR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

MON STADE, MON PHARErécit d’amour par Catherine Mathys . . . . . . . . . . . . . . . . 19

LA GRANDE TORTUE SACRÉE DE LA RUE PIE-IXréflexion par l’anthropologue Serge Bouchard . . . . . . . .20

UNE MACHINE UNIVERSELLE entretien avec l’architecte Roger Taillibert . . . . . . . . . . .30

LA CONSOLATION nouvelle par le dramaturge Simon Boulerice . . . . . . . . .42

UN STADE ET SON PÉCHÉanalyse par le publicitaire Jean-Jacques Stréliski . . . . 52

HAINE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

L’HOSTILITÉ RÉTRACTABLErécit de haine par Catherine Mathys . . . . . . . . . . . . . . . . 61

LA VALEUR DE L’INUTILE analyse par l’économiste Ianik Marcil . . . . . . . . . . . . . . .62

LE LANGAGE DU STADEentretien avec le designer Michel Dallaire . . . . . . . . . . .68

UN IMMENSE BOL DE TOILETTEcorrespondance avec le globe-trotteur Bruno Blanchet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76

FLEURS DE BÉTON nouvelle par l’écrivaine Catherine Mavrikakis . . . . . . . . 78

JOIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .86

UN STADE OLYMPIQUE OU DE BASEBALL ?par le commentateur sportif Jacques Doucet . . . . . . . .88

« HOT-DOGS ! HOT-DOGS ! » : LES ORIGINES AMÉRICANO-ALLEMANDES D’UN SYMBOLE DE L’HISTOIRE DU STADE OLYMPIQUEpar l’historienne Évelyne Ferron . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

RECETTE DE GUÉDILLE AU HOMARDpar le chef Normand Laprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .96

LA GLORIEUSE IMPOSTURE récit de joie par Catherine Mathys . . . . . . . . . . . . . . . . . 101

DES SOUVENIRS DE L’INTÉRIEUR récit par l’olympien Hugues de Roussan . . . . . . . . . . . . 102

TRISTESSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108

LA TOUR VEILLEUSE récit de tristesse par Catherine Mathys . . . . . . . . . . . . . 111

L’IMPOSSIBLE FILM DES JEUX entretien avec le cinéaste Jean-Claude Labrecque . . . 112

« PAUL AU STADE » correspondance avec le bédéiste Michel Rabagliati . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118

LA CHOUETTE DE MINERVE SURVOLE LE STADE OLYMPIQUEanalyse par le philosophe Normand Baillargeon . . . . . 124

LES FAUSSES BALLES (NOUVELLE)nouvelle par l’auteure Mélissa Verreault . . . . . . . . . . . . 132

ADMIRATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .140

MA PREMIÈRE FOULE récit d’admiration par Catherine Mathys . . . . . . . . . . . 143

PAS FINI, COMME NOUS AUTRESentretien avec le chanteur Robert Charlebois . . . . . . . 146

SE RÉTRACTER À PROPOS DU STADEpar le chroniqueur Stéphane Laporte . . . . . . . . . . . . . . . 152

FAIRE LE STADEentretien avec le producteur et impresario Guy Latraverse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156

LE CHARME INSOUPÇONNÉ DU BÉTONarticle sur l’entrepreneur Frédéric Tremblay . . . . . . . . . 162

DESIR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166

L’ÈRE DE L’EFFROIanalyse par l’administratrice Lise Bissonnette . . . . . . . 168

Les recommandations du Comité-conseil pour l’avenir du Parc olympique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176

ENRACINER LE STADEréflexion par la blogueuse Aurélie Lanctôt . . . . . . . . . . 180

VOIR LOINrécit de désir par Catherine Mathys . . . . . . . . . . . . . . . . 189

ENTRE MÉMOIRE DES JEUX ET PATRIMOINE À CONSERVER ?par l’expert en architecture Dinu Bumbaru . . . . . . . . . . 190

ÉTANG À IMAGESpar le poète Jean-Paul Daoust . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198

CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203

CRÉDITS VISUELS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .207

TABLE DES MATIÈRES

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Lettre au Stadepar Catherine Mathys

E h ben, mon vieux, nous y voilà. Toi et moi, on a quarante ans. Comment te sens-tu ? Pas facile de vieillir, n’est-ce pas ? Tu as tes fissures, j’ai mes rides.

Tu ne le sais pas, mais nous avons grandi ensemble. Ensemble mais séparés.

Je suis arrivée juste un peu trop tard. Je suis née cinq jours après la fin de la grande fête. J’ai manqué les deux semaines où tout le monde est venu te rencontrer. Même inachevé, tu souriais. Je le vois bien sur les photos. Quel soulagement, ces Jeux, après une gestation difficile et un accouchement qu’on ne peut pas qualifier de naturel !

Mes parents sont partis vivre à l’étranger. Toi et moi, on s’est un peu perdus de vue, c’est vrai. Mais je ne t’ai jamais oublié. Un peu comme ces inexplicables amitiés de la petite enfance qui nous marquent et qui restent toujours vives. En fait, sans le savoir, tu es devenu mon ancre, mon repère. Je me suis baladée un peu partout sur la planète et, quand je cherchais Montréal, à l’horizon, je plissais les yeux, je fronçais les sourcils et je scrutais au loin ; il me semblait apercevoir le haut de ta tour.

Je sais que j’ai l’air un peu folle de dire ça. Mais tu ne sais pas combien ta tour est grande. On peut la voir de loin, très loin, même penchée. D’ailleurs, heureusement qu’elle n’est pas droite. Le coureur qui s’apprête à vaincre l’adversité se penche pour mieux fendre l’air qui tente de lui faire obstacle. Tu l’as bien compris.

Comment te l’expliquer? On n’a pratiquement rien vécu ensemble. En plus d’avoir manqué ton baptême en 1976, je n’étais pas là pour tes concerts épiques, le pape et Céline, Diane Dufresne, les Expos, enfin tout. On n’a pas de souvenirs communs et, pourtant, comment dire, je te comprends. Je comprends ton langage, ta structure, ton béton. Je comprends

Née le 5 août 1976 à Saint-Eustache, Catherine Mathys est chroniqueuse, reporter, animatrice depuis une douzaine d’années. Titulaire d’une maîtrise en communication, elle a fait porter le sujet de son mémoire sur le rôle des technologies dans le travail et la construction identitaire des journalistes. Elle se spécialise dans la couverture et l’analyse des transformations technologiques. Elle aime tout particulièrement observer notre rapport à la technologie et son impact sur notre quotidien.

On peut l’entendre depuis quelques années le samedi à ICI Radio-Canada Première à l’émission La sphère avec Matthieu Dugal. Elle a aussi fait partie de l’équipe de M.Net avec Denis Talbot à Musique Plus. Catherine est également chargée de cours à l’UQAM où elle donne le cours Histoire des technologies numériques de l’information et de la communication. Enfin, on peut lire sa chronique Famille Compte Triple sur le nouveau magazine web Planète F.

INTRODUCTION

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TOI ET MOI, ON S’EST UN PEU PERDUS DE VUE, C’EST VRAI. MAIS JE NE T’AI JAMAIS OUBLIÉ. UN PEU COMME CES INEXPLICABLES AMITIÉS DE LA PETITE ENFANCE QUI NOUS MARQUENT ET QUI RESTENT TOUJOURS VIVES.

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AVEC SON MÂT, LE STADE A L’ALLURE D’UN IMMENSE VAISSEAU SPATIAL, UN VRAI VAISSEAU D’OR, MAIS IMMOBILE, EN BÉTON, L’OR DES TEMPS MODERNES. LE STADE DONNE LE GOÛT DE S’ÉLEVER, IL AURAIT DÛ S’APPELER LA GRANDE TORTUE CÉLESTE, STADIUM DE L’UNIVERS.

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LES GENS DU COMITÉ QUI ONT VU LE PROJET ONT DIT : « C’EST FORMIDABLE, ON VA AVOIR UN STADE QUI SE DÉCOUVRE, ET ON SERA LES PREMIERS DANS LE MONDE À L’AVOIR ! »

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Détails techniques de la torche olympique de 1976. (Archives de Michel Dallaire)

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Jour de brume sur le Stade (Agence Taillibert International)

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Né en 1938 à Québec, Jean-Claude Labrecque est un témoin privilégié de notre temps. Il s’est consacré à transformer l’actualité en histoire, filmant notamment La visite du général de Gaulle au Québec (1967) et les Jeux de la XXIe Olympiade (1977). En 2003, il suit la campagne électorale du premier ministre Bernard Landry, qui saura accepter dignement la défaite ; À hauteur d’homme lui vaudra le Jutra du meilleur documentaire en 2004.

En fiction, Jean-Claude Labrecque reste fidèle à ses préoccupations historiques. Les smattes (1972) et L’affaire Coffin (1979) s’inspirent de faits divers authentiques, alors que Les vautours (1975) et Les années de rêves (1984) inscrivent le destin d’un personnage – Louis Pelletier, sorte d’alter ego du cinéaste – dans le mouvement de l’histoire récente du Québec.

S’il réalise une quarantaine de films et trois téléséries au cours de sa carrière, il ne cessera jamais de faire de la direction photo, entre autres pour Fernand Dansereau (De l’autre côté de la lune) et Bernard Émond (Contre toute espérance).

Jean-Claude Labrecque a reçu le prix Albert-Tessier en 1992. Il a été président de la Cinémathèque québécoise (1976-1978), des Rendez-vous du cinéma québécois (1991-1993) et du conseil d’administration des Prix du cinéma québécois – anciennement les Jutra (2001-2004).

Les Jeux olympiques n’auront leur premier film officiel qu’en 1948, lors des Jeux de Londres. L’idée naît à la suite du succès des Dieux du stade, de Leni Riefenstahl, qui fut tourné aux Jeux olympiques de Berlin en 1936. Commandé par Hitler et supervisé par Goebbels, ce film glorifiait par l’esthétisme le régime nazi : « Grâce aux immenses moyens mis à la disposition de la réalisatrice par le IIIe Reich, celle-ci propose une œuvre grandiose, d’une incontestable qualité esthétique, mais bien sûr fort discutable du point de vue éthique1. » Or, Riefenstahl posait ainsi les bases du film de sport.

Par la suite, les tournages olympiques se succèdent, Melbourne en 1956, Rome en 1960, Tokyo en 1964, Grenoble en 1968, celui-là tourné par Claude Lelouch et François Reichenbach. Il s’agit soit de documentaires, soit de véritables hymnes à la jeunesse sportive.

En 1977, c’est Jean-Claude Labrecque, entouré de Jean Beaudin, de Marcel Carrière et de Georges Dufaux, qui témoigne des Jeux de Montréal en réalisant le long métrage documentaire Jeux de la XXIe Olympiade.

L’impossible film des Jeuxentretien avec le cinéaste Jean-Claude Labrecque

RENCONTRE

1 Pierre Lagrue et Serge Laget, « Le siècle olympique. Les Jeux. L’Histoire (Athènes 1896 – Londres 2012) », Encyclopædia Universalis, 2015.

112 TRISTESSE

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Michel Rabagliati est né en 1961 à Montréal, où il a grandi dans le quartier Rosemont. Après s’être intéressé un moment à la typographie, il étudie en graphisme et travaille à son compte dans ce domaine à partir de 1981. Il se lance dans l’illustration publicitaire et éditoriale en 1988. Il retourne à son amour de jeunesse, la bande dessinée, à l’âge de 38 ans.

Depuis 1999, ses bandes dessinées intimistes révolutionnent le neuvième art québécois : avec ses huit albums, traduits en plusieurs langues, Michel Rabagliati est devenu une figure incontournable de la bande dessinée québécoise. En 2007, l’auteur s’est vu décerner une mention spéciale pour l’ensemble de son œuvre par le Prix des libraires du Québec. Il a été le premier Canadien à remporter un prix au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, en 2010, pour Paul à Québec, qui a par la suite été adapté au cinéma. Le film, réalisé par François Bouvier, est sorti en 2015.

Parfois, on a la tête plongée dans un projet et on ne regarde pas la date où on écrit les messages. C’était la veille de la Saint-Jean. Je rêvais de voir le Stade sous le trait de crayon de Michel Rabagliati, le père de la série de bandes dessinées Paul. « Qui ne risque rien n’a rien », je me suis dit.

Il m’a répondu dans l’heure :

« J’ai justement dessiné le Stade pour mon prochain album, Paul dans le Nord. Dans cette séquence, qui se passe durant l’été 75, Paul apprend que le mât ne sera pas terminé pour les Jeux. »

Eurêka. S’affichent sur mon écran d’ordinateur ces planches que je vois avant tout le monde à ce moment-là. Une nouvelle interprétation du Stade m’émeut chaque fois. Pour le dessiner, il faut s’y être attardé, l’avoir observé. Sans nécessairement y être attaché, c’est au moins le signe qu’on l’aime un peu, non ? Pour ma part, j’y ai vu une tristesse…

CORRESPONDANCE

« Paul au Stade »par le bédéiste Michel Rabagliati

118 TRISTESSE

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RENCONTRE

La plupart des chanteurs ne sont pas de grands adeptes du Stade, dont les qualités acoustiques sont rarement citées. Tout de même. Il doit être grisant de se retrouver sur scène face à des dizaines de milliers de spectateurs. Au Québec, le Stade est l’endroit qui permet de se produire devant le plus grand nombre de gens, et Robert Charlebois est l’un des rares qui ont pu goûter à cette sensation, lors des célébrations de la Saint-Jean de 1977. Cette année-là, le 24 juin est officiellement devenu jour de fête nationale des Québécois, et on avait souhaité souligner l’occasion en grand.

Voici ce qu’en a dit Félix Leclerc, qui participait également au spectacle de la Saint-Jean de 1977 avec Robert Charlebois, Diane Dufresne, André Gagnon et d’autres :

– Félix Leclerc, « L’an I de quoi ? », par Bruno Dostie, Mainmise, no 71, 1977, p. 40.

J’ai contacté Robert Charlebois pour qu’il me raconte sa propre histoire avec le Stade. C’était un matin de septembre. Il avait complètement oublié notre rendez-vous ! Qu’importe, il a volontiers accepté de se replonger dans ses souvenirs.

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Que le gouvernement du Québec reconnaisse pleinement la mission nationale de la Régie des installations olympiques et révise sa loi constitutive pour : I. l’investir d’une véritable autorité en matière de promotion et de coordination territoriale des loisirs et sports de tous niveaux, hors le sport professionnel ; II. l’investir d’une véritable autorité sur la planification stratégique de l’ensemble du Parc olympique et sur l’organisation de la concertation à l’intérieur de ce territoire ;

que le ministère de l’Éducation délègue ses responsabilités et ressources touchant le Sport et le Loisir à la RIO dont le mandat national serait élargi ;

que la RIO détermine avec précision et intègre à un plan directeur les conditions d’accueil des activités sportives aujourd’hui sous-représentées au Parc olympique, notamment pour le sport amateur et le sport scolaire : mise à niveau des équipements, modifications administratives et réglementaires, relogement et partenariat formel avec les Fédérations sportives et de loisirs présentes sur les lieux ;

que la RIO adopte, pour l’occupation future des espaces en plein air, un cadre liant la science, la nature et la culture en correspondance avec le développement institutionnel des Muséums nature présents au Parc et dans son voisinage immédiat ;

que l’implantation d’un Musée des sports au Parc olympique, sous des formes classiques ou innovatrices, fasse l’objet d’une réévaluation et d’une étude de faisabilité ;

que la RIO se donne un cadre formel de consultation et d’évaluation des impacts de ses décisions sur son quartier d’accueil, en privilégiant notamment le désenclavement, l’accessibilité et la participation à l’animation des lieux ;

que la RIO s’engage dès maintenant dans la confection d’un Plan directeur de développement à long terme, à l’horizon 2027, et y accorde une importance majeure au tourisme comme vecteur de développement économique du Parc olympique ;

Les recommandations du Comité-conseil sur l’avenir du Parc olympique

176 DÉSIR

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J’ai l’impression que les gens de ma génération réduisent le Stade à un emblème. Ils veulent le conserver, certes, mais ne pensent pas à lui redonner une fonction. On se contenterait, semble-t-il, de le placer sous une cloche de verre, sans réellement penser sa reconversion.

Il faut dire que l’héritage olympique a été pratiquement gommé de notre mémoire collective. L’indifférence quant à l’avenir des infrastructures olympiques se prolonge jusque sur le plan symbolique. C’est un ami historien qui me le faisait remarquer récemment :

LES JEUX DE MONTRÉAL ONT DONNÉ LIEU À LA PRODUCTION D’UN UNIVERS GRAPHIQUE SINGULIER, CONÇU POUR METTRE MONTRÉAL ET SES JEUX EN VALEUR. LOGO POUR LE PARC OLYMPIQUE, SURVÊTEMENTS ET MAILLOTS POUR LES ATHLÈTES, MATÉRIEL PROMOTIONNEL, AFFICHES…

Or, on en retrouve peu de traces. Même la nouvelle identité visuelle du Parc olympique, conçue spécialement pour souligner les 40 ans des Jeux, n’y fait pas directement référence, malgré sa facture vaguement vintage.

1. Une des affiches des Jeux de 1976 (Archives de la Ville de Montréal)

2. L’année des Jeux, toute une époque! (Archives de la Ville de Montréal)

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Pour plusieurs, le Stade olympique de Montréal est d’une esthétique douteuse, dominée par le béton – matériau qu’on se plaît à dénigrer – ; un produit des excès et scandales de l’ère Drapeau, de sa préférence pour l’Est ou les tours, ou un symbole gênant de notre difficulté à réaliser, en milieu urbain, des projets et des architectures aussi emblématiques que la Manic. La sentence est facile pour ces juges populistes : démolir !

Pas étonnant qu’on ait eu si peu d’égard pour l’identité architecturale de cet édifice reconnu dans le monde. De l’installation des treuils et autres machines à la transformation du Vélodrome en Biodôme, en passant par la cession d’une partie du site à des promoteurs privés qui y construisirent un banal complexe de salles de cinéma, les décisions à la pièce ont érodé cet ensemble, comme l’indifférence de notre société laisse s’effilocher son domaine public et civique.

UNE NOUVELLE GÉNÉRATION EST MAINTENANT AMENÉE À PORTER SON PROPRE REGARD, LIBRE DE PRÉJUGÉS, SUR CETTE CONSTRUCTION HORS DU COMMUN.

Le Comité-conseil sur l’avenir du Parc olympique, présidé par Lise Bissonnette, a su révéler et capter ce nouveau regard. Dûment constituée et autorisée, cette démarche donne un écho officiel aux questions que plusieurs se posent depuis des années, tant les spécialistes et aficionados

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1. Palais de Justice de Bruxelles, Belgique

2. L’intérieur du vélodrome – maintenant le Biodôme – (Agence Taillibert International)

3. Le Biodôme, colocataire du Parc olympique avec le Stade (Agence Taillibert International)

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CETTE CATHÉDRALE DE CIMENTAU CLOCHER SILENCIEUXINTRIGANTE BABEL

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