ammoniac dans les Étables de bétail bovin

12 Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 1219, 2011

Les systmes agroforestiers constituent une possibilit de rduire les missions de gaz effet de serre. (Photo: Ch. Dupraz, INRA)

I n t r o d u c t i o n

En Suisse, lagriculture est responsable denviron 11 %

de toutes les missions de gaz effet de serre (GES)

(tabl. 1). Concernant le mthane et le protoxyde

dazote, la part de lagriculture atteint mme 80 et

78 % respectivement.

Diffrentes stratgies de rduction des GES dans

lagriculture sont dcrites dans la littrature (p. ex.

UNFCCC 2008). Parmi elles figure, outre lamlioration

de la gestion des pturages et diverses mesures tech

niques (p. ex. la couverture des fosses purin), lagrofo

resterie qui permet dinfluencer positivement la

s questration du carbone (UNFCCC 2008; World Agro

forestry Centre 2010). Cet article vise tablir si les mis

sions gnres par une exploitation agricole suisse peu

vent tre compenses totalement par un systme

agroforestier, soit sil est possible de produire du lait ou

de la viande de faon climatiquement neutre.

Caractristiques de lagroforesterie

Un systme agroforestier peut tre caractris comme

une combinaison volontaire et une gestion commune

de cultures prennes boises et de cultures annuelles sur

Simon Briner, Michael Hartmann et Bernard Lehmann, Institute for Environmental Decisions IED, ETH Zrich

Renseignements: Simon Briner, e-mail: [email protected], tl: + 41 44 632 53 93

Lagroforesterie: une solution conomique pour une production animale neutre en CO2?

E n v i r o n n e m e n t

13

Rsum

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 1219, 2011

En Suisse, lagriculture est responsable

denviron 11 % des missions de CO2. Lagro-

foresterie constitue une solution pour

amliorer le bilan climatique de lagriculture.

Les systmes agroforestiers sont une combi-

naison dune culture prenne boise avec

une grande culture ou une culture fourragre

sur la mme parcelle. Un avantage des

systmes agroforestiers est leur capacit

squestrer le CO2 qui est ainsi fix puis

stock dans le bois de la culture prenne et

dans laccumulation dhumus. Aprs la

rcolte, le bois peut tre utilis comme bois

de construction ou de menuiserie ou alors

comme substitut aux nergies fossiles. Dans

les deux cas, les missions de gaz effet de

serre sont rduites. Grce aux systmes

agroforestiers, une exploitation suisse

activedans la production laitire ou llevage

de vaches mres peut ainsi atteindre un bilan

neutre en CO2, sans pour autant limiter

drastiquement sa production. Dans notre

analyse, les cots supplmentaires gnrs

par ce systme slvent au moins 9cen-

times par kilogramme de lait et au moins

80 centimes par kilogramme de viande. Si les

missions de gaz effet de serre doivent tre

rduites sans aucune rduction de la produc-

tion, les cots supplmentaires slvent

alors 10 centimes par kilogramme de lait et

90 centimes par kilogramme de viande.

Lagroforesterie: une solution conomique pour une production animale neutre en CO2? | Environnement

une mme parcelle. Llment agricole se compose de

grandes cultures [silvoarable] ou de surface fourragre

[silvopastorale]. (Agroforst 2009a). Les systmes agro

forestiers sont installs traditionnellement sous forme

darbres fruitiers disperss (Herzog 1998) ou selon des

systmes modernes pour produire du bois de valeur (bois

de placage, jusqu 45 ans) et du bois de chauffage (3

10 ans) (Agroforst 2009b). Ces systmes agroforestiers

gnrent des interactions positives et ngatives entre la

culture prenne et la culture annuelle ou fourragre

(tabl. 2).

Les systmes agroforestiers peuvent donc contribuer

la diversification de la production agricole, laug

mentation de la fertilit des sols, la rduction des

pertes dazote, lamlioration de la qualit des pay

sages et laugmentation de la biodiversit (Jose 2009;

Malzieux et al. 2009; SAFE 2005).

Les systmes agroforestiers modernes sont bien

adapts aux techniques actuelles de production agri

cole. Ainsi, lintervalle entre les lignes darbres est

adapt la largeur des machines agricoles prsentes sur

lexploitation et les contingences naturelles peuvent

tre mises profit dans les cultures fourragres (Agro

forst 2009b; Malzieux et al. 2009). Dun point de vue

conomique, les systmes agroforestiers gnrent, en

plus des recettes annuelles agricoles, les recettes issues

de la vente du bois et, ventuellement, de la commercia

lisation de prestations environnementales. Toutefois,

ces recettes sont dcales dans le temps car, dans les sys

tmes agroforestiers comme en production viticole et

fruitire, les premires annes ne gnrent pas de ren

dement et donc aucun revenu. (Krummenacher et al.

2008; Agroforst 2009b).

Comparativement aux grandes cultures exploites

en monoculture, la quantit de carbone squestre

dans les systmes agroforestiers peut tre augmente

grce aux arbres ou aux buissons (Jose 2009). Le carbone

squestr reprsente la diffrence entre le carbone fix

par la photosynthse et celui libr par la respiration. Le

Mio. t CO2-eq %

Emissions total 51,27 100

dont lagriculture 5,35 10

Mthane (CH4) total 3,51 100


Protoxyde dazote (N2O) total 3,24 100


Tableau 1 | Volume des missions de gaz effet de serre en Suisse (2007)

Source: Swiss Greenhouse Gas Inventories (2009)


potentiel de squestration du carbone dpend, comme

dans les autres systmes dexploitation, de divers fac

teurs. Parmi ceuxci, on peut citer la teneur en carbone

de la biomasse existante, dans le sol et dans le bois pro

duit, la dure du cycle dabattage, la composition des

espces, la situation gographique, les facteurs environ

nementaux et, finalement, les pratiques de gestion

(Jose 2009). Mme au sein dune rgion limite, la

squestration de carbone peut varier fortement. Selon

les pratiques (bois de chauffage, fertilisation, travail du

sol, etc.), un systme agroforestier peut aussi devenir

une source de gaz effet de serre. Si le bois produit est

utilis comme bois de chauffage, par exemple, une

grande partie du carbone fix est alors relche en

dioxyde de carbone dans latmosphre. Cependant, une

telle utilisation permet de remplacer les sources dner

gie fossiles et, au bout du compte, de rduire ainsi les

missions de CO2 (Khl et al. 2008). Avec une utilisation

du bois long terme (comme bois de construction p. ex.),

le carbone squestr est fix pour une dure plus lon

gue au cours de laquelle il ne porte pas atteinte lenvi

ronnement.

M t h o d e

Dans leur publication, Krummenacher et al. (2008) par

lent du faible nombre danalyses effectues en Suisse sur

lagroforesterie. Comme les exploitations concernes se

distinguent fortement les unes des autres, les systmes

agroforestiers doivent tre adapts chaque exploita

tion, ce qui ncessite une analyse individualise.

Au moyen dun modle mathmatique doptimisation

linaire, il a t analys, pour une exploitation type de

production laitire et une de vaches mres, si les sys

tmes agroforestiers reprsentaient une solution pour

compenser les missions de GES agricoles en Suisse. Les

caractristiques importantes des exploitations modli

ses sont dcrites dans le tableau 3. Les exploitations se

situent en zone collinenne environ 700 mtres dalti

tude et sont un peu plus grandes que les exploitations

de rfrence du dpouillement centralis des donnes

dART (Roesch et Hausheer Schnider 2009).

Les calculs du modle se basent sur les donnes du

catalogue des marges brutes dAGRIDEA (2008) pour le

prix des produits, les cots dexploitation ainsi que pour

les rendements des grandes cultures et des cultures

fourragres.

Comme paramtre pour lintensit du travail agricole,

les cots dopportunit du travail ont t fixs 5 francs

par heure. Llment dterminant pour le revenu de lex

ploitant est la hauteur de la fonction cible, avec laquelle

le revenu est maximis.

Les missions de gaz effet de serre ont t calcules

selon les lignes directrices de lIPCC, adaptes lchelle

suisse (Hediger 2004). Comme 80 % des exploitations

agricoles suisses couvrent leur fosse purin, (Peter et al.

2009), cette hypothse a t admise pour les exploita

tions modles. Avec une couverture, les missions issues

du stockage des engrais de ferme peuvent tre rduites

de 66 % faible cot. Dautres mesures pour rduire les

missions de gaz effet de serre nont pas t prises en

compte dans les calculs, car elles se rvlent trop co

Environnement | Lagroforesterie: une solution conomique pour une production animale neutre en CO2?

Facteur Avantage ventuel Inconvnient ventuel

Ombrage Protection contre le soleil pour les animaux Moins de desschement en surface

Croissance rduite/ralentie des plantes due la concurrence pour la lumire

Protection contre le vent

Moins drosion Evaporation rduite dans les endroits secs Moins de dgts mcaniques

Evaporation rduite dans les endroits humides

Elments nutritifs Constitution de stocks de nutriments en profondeur, disponibles pour la culture annuelle travers les radicelles et les feuille mortes

Enrichissement du sol grce aux essences darbres qui fixent lazote

Concurrence lors de besoins simultans des deux cultures et concurrence entre leurs racines

Erosion due leau Rduite dans les pentes grce aux arbres

Feuilles mortes Enrichissement en humus et en nutriments si les feuilles se dcomposent bien

Protection contre lrosion grce au mulch

Ralentissement des cultures automnales cause du tapis de feuilles Rduction de la qualit fourragre

Tableau 2 | Interactions positives et ngatives dans les systmes agroforestiers

Source: selon Agroforst 2009b

Lait Vaches-mres

Production vgtale

Surface agricole utile (ha) 22 22

Surface laboure maximale (ha) 5 5

Production animale

Vaches (places) 20 25

Rendement en lait (kg) 6500 0

Gnisses (places par vache) 0,7 0

Tableau 3 | Structure des exploitations modles

Source: Roesch et Hausheer Schnider 2009; hypothses personnelles

15Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 1219, 2011

R s u l t a t s e t d i s c u s s i o n

Production laitire

Dans le scnario de rfrence sans rduction, lexploita

tion laitire met 140 tonnes de CO2eq par anne dont

40 % proviennent directement de la digestion des ani

maux. Le reste est libr par le stockage des engrais de

ferme et par lpandage dengrais. Comme on peut le

constater sur la figure 1, dans ce scnario, la plus grande

partie de la surface est utilise comme surface herba

gre intensive (prairies temporaires incluses). Un peu

plus de 7 % est utilis comme surface herbagre exten

sive.

Dans le scnario Optimum, le nombre de vaches lai

tires se trouve rduit dun tiers 13 vaches. Comme la

plus grande partie des missions de gaz effet de serre

provient directement des animaux, les missions brutes

de GES diminuent galement dun tiers. Les missions

rsultantes sont compenses par la squestration de car

bone. Dans ce scnario, prs de la moiti des surfaces est

destine lagroforesterie. En raison de la rduction du

nombre de vaches, une part importante de la surface

herbagre intensive peut tre remplace par une combi

naison de peupliers et de surfaces herbagres exten

sives. Lexploitant bnficie de paiements directs sup

plmentaires pour les prairies extensives, ce qui

compense en partie la perte due aux rendements four

ragers infrieurs.

Dans le scnario Fixe en revanche, o la quantit de

production ne peut pas tre rduite, les surfaces doivent

tre exploites plus intensivement, pour pouvoir la

fois fourrager les animaux et squestrer la quantit de

carbone quivalente aux missions. Dans ce scnario,

teuses (Peter et al. 2009). Dans le modle, deux systmes

de squestration de CO2 diffrents ont t implments.

Le premier est un systme agroforestier compos de

peupliers et le second darbres dessences varies crois

sance rapide, cycle de production plus court. Le bois

est utilis comme bois de chauffage dans les deux sys

tmes. Les caractristiques des systmes modliss sont

rsumes dans le tableau 4. Aprs la rcolte, le bois de

chauffage est utilis pour remplacer le mazout de chauf

fage ou dautres nergies fossiles. Lors de la substitution,

lefficience natteint toutefois que 73 % en raison de la

faible densit nergtique du bois (Khl et al. 2008).

Pour les calculs du modle, lhypothse a t formu

le que lexploitation se trouve en quilibre, soit dans

une situation o on plante autant darbres quon en abat.

Chaque fois, deux scnarios ont t calculs dans la pro

duction de lait et de viande. Dans le scnario Optimum,

la quantit de production faisait partie de loptimisation.

Dans ce scnario, les exploitations avaient la possibilit

de limiter leur production pour rduire les missions. A

lchelle suisse, une ventuelle limitation de la produc

tion serait, en ralit, compense par laugmentation de

la production dautres exploitations ou par une augmen

tation des importations. Ds lors, dans le meilleur des cas,

la quantit nette dmissions de gaz effet de serre ne

diminuerait pas. En consquence, dans un deuxime sc

nario dnomm Fixe, la quantit de production a t

fixe hauteur gale avec la situation dorigine.

Dans les calculs, seules les missions gnres par

lexploitation modle ont t prises en compte. Des esti

mations laide dun cobilan ainsi que les missions

indirectes dans le pays ou ltranger pour la cration

des moyens de production (missions grises) se situent

hors du cadre de ce modle.


Caractristique PeupliersPlantation cycle de pro-duction court

Nombre darbres par ha 50 113 10 000

Rduction du rendement (moyenne sur toute la priode, %)

Cultures automnales et cultures fourragres 30 40 100

Cultures de printemps 45 60 100

Cycle de production (annes) 20 4

Rcolte de bois (t/cycle) 100 140 48

Squestration CO2 (t CO2/ha anne) 5,6 8,3 14

Prix du bois (CHF/t) 120 120

Cots plantation et soin (CHF/arbre) 20 0,32

Tableau 4 | Caractristiques des systmes modliss

Source: Burgess et al. 2005; Waldwirtschaft Schweiz 2009; Schlegel & Co. Garten-produkte GmbH 2010; Khl et al. 2008; hypothses personnelles

0

5

10

15

20

25

Rfrence(sans

rduction)

Optimum Fixe

Flchennutzung (Hektaren)

Plantation cycle court

Surface agroforestire

Terres ouvertes (grandescultures)

Surfaces herbagres extensives

Surfaces herbagres intensives

Nombre de vaches

Assolemen

t (ha

) Nom

bre de

vache

s

Figure 1 | Dveloppement du nombre de vaches et utilisation des surfaces dans le scnario de rfrence et dans les deux scnarios avec rduction des missions nettes zro.



presque deux tiers de la surface sont utiliss en systme

agroforestier. Dans ce cas, les peupliers sont combins

sur 10 % de la surface des prairies extensives et sur

50 % des prairies intensives. Dans ce systme, les

grandes cultures doivent tre compltement aban

donnes.

Dans les deux scnarios, les plantations court cycle

de production ne font pas partie de la solution optimale.

Il est vrai quelles peuvent squestrer plus de CO2 par

unit de surface, mais la production fourragre sen

trouve encore plus limite.

La rduction des missions de gaz effet de serre

implique des cots supplmentaires pour lexploitant

agricole sous forme de cots dopportunit. Pour pou

voir squestrer suffisamment de gaz effet de serre,

lexploitant est limit dans le choix de lutilisation de sa

surface agricole utile ainsi que dans le choix du nombre

danimaux. Par exemple, soit il lui est impossible de

mettre en place des grandes cultures, ce qui fait baisser

ces recettes, soit il doit diminuer le nombre danimaux,

avec le mme effet.

La figure 2 montre comment les cots augmentent

avec une rduction toujours plus forte des missions

nettes de gaz effet de serre. On voit que les cots mar

ginaux dvitement (CME) augmentent plus intens

ment dans le scnario Fixe que dans le scnario Opti-

mum. Dans les deux scnarios, les arbres sont plants

dans un premier temps sur les surfaces herbagres

extensives, ce qui permet la compensation denviron un

quart des missions de gaz effet de serre. Cela implique

des CME relativement faibles hauteur de 32 francs par

tonne CO2eq. Ensuite, dans le scnario Optimum, les

surfaces herbagres intensives sont converties en sur

faces agroforestires extensives. La production de four

rage baissant, le nombre danimaux est rduit parallle

ment, ce qui permet de rduire encore les missions,

avec des CME de lordre de 58 francs par tonne de CO2

eq. A ce prix, les missions peuvent tre rduites nant

dans ce scnario.

Dans le scnario Fixe, la mme quantit de fourrage

que dans le scnario de base doit tre produite. Ici, les

grandes cultures sont remplaces par des surfaces agro

forestires avec des prairies extensives comme lment

agronomique. Cela cote prs de 80 francs par tonne de

CO2eq. Une fois que toutes les surfaces de grandes

cultures ont t converties, les arbres sont plants sur les

surfaces herbagres intensives utilises pour la pture.

Pour compenser la perte de production de fourrage, le

systme agroforestier sur prairies extensives doit tre

intensifi. Cette mesure entrane des CME avoisinant

140 francs par tonne de CO2eq.

Les cots dvitement moyens reports sur un kilo

gramme de lait pour les scnarios Optimum et Fixe sont

reprsents sur la figure 3. Dans les deux scnarios, avec

une rduction croissante des missions, les cots aug

mentent pour atteindre prs de 10 centimes par kilo

gramme de lait lors dune rduction totale des missions

nettes de gaz effet de serre. Il est vrai que dans le sc

nario Fixe les cots dvitement totaux sont plus impor

tants que dans le scnario Optimum mais, dans ce der

nier, la rduction des missions est couple la rduction

de la quantit produite de lait, qui ellemme entrane

laugmentation des cots moyens.

La hauteur des cots engendrs par la rduction des

missions dpend trs fortement de la croissance des

peupliers dans le systme agroforestier, et donc de la

capacit de squestration du carbone. Si, par exemple,

on rduit la vitesse de croissance prsume des peupliers

de 10 %, la rduction des missions se renchrit de 17 %

dans le scnario Optimum. Dans le scnario Fixe, avec

0

20

40

60

80

100

120

140

160

0 14 29 43 57 71 86 100Rduction des missions de gaz effet de serre (%)

Grenzvermeidungskosten (CHF/Tonne CO2-eq.)

Fixe

Optimum

Cots margina

ux d'vitemen

t (C

HF/t CO

2-eq

.)

Figure 2 | Cots marginaux dvitement pour une rduction gradu-elle des missions de gaz effet de serre dans les scnarios Fixe et Optimum.

0

0,02

0,04

0,06

0,08

0,10

0,12

0 14 29 43 57 71 86 100

Rductions des missions de gaz effet de serre (%)

Durchschnittliche Vermeidungskosten pro Kilogramm Milch (CHF/kg)

Fixe

Optimum

Cots d'vite

men

t moyen

s pa

r kilogram

me de

lait (CHF

/kg)

Figure 3 | Cots d'vitement moyens par kilogramme de lait.

17Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 1219, 2011


ts sur la figure 5. Dans les deux scnarios, les arbres

sont plants, dans une premire phase, sur les surfaces

herbagres extensives. Avec cela, 70 % des missions

brutes peuvent tre squestres pour un CME denviron

30francs par tonne de CO2eq. Ensuite, dans le scnario

Fixe, des terres ouvertes doivent tre converties en sur

face agroforestire pour quil y ait suffisamment de

fourrage disposition, les CME dpassant alors 80francs

par tonne de CO2eq. Dans le scnario Optimum, ds

que toutes les surfaces herbagres extensives ont t

converties en surfaces agroforestire, le nombre dani

maux est rduit, avec des CME denviron 55 francs par

tonne de CO2eq.

Les cots moyens dvitement reports sur un kilo

gramme de viande sont illustrs sur la figure 6. Les cots

dans le scnario Fixe se situent 90 centimes par kilo

gramme de poids mort, soit, comme dans la production

laitire, lgrement plus levs que dans le scnario

Optimum avec 80 centimes par kilogramme de poids

mort. Ici aussi, une partie des cots totaux plus levs

peut tre compense par une plus forte production, ce

qui diminue la diffrence entre les deux scnarios.

Les cots moyens par kilogramme de viande aug

mentent relativement rapidement avec une capacit de

squestration rduite des peupliers. Avec une baisse de

10 % de la quantit de CO2 squestre annuellement, les

cots moyens augmentent et atteignent 1.30 francs par

kilogramme de poids mort dans les deux scnarios.

En raison de lextensification de lexploitation lie

la rduction des missions, la charge de travail diminue

de 10 %. Comme une part du revenu provient des paie

ments directs qui, dans le cas dune extensification, vont

plutt augmenter, le salaire horaire reste, sans aucune

compensation financire et dans tous les scnarios, la

mme hauteur. Si on part du principe que lagriculteur

base ses dcisions sur un salaire horaire constant et non

sur un revenu agricole constant, il ny aurait pas besoin

cette hypothse, une rduction des missions nettes de

gaz effet de serre jusqu un niveau zro nest plus

possible car il est impossible de produire suffisamment

de fourrage et de squestrer simultanment assez de

carbone.

Vaches mres

Lexploitation de vaches mres libre, dans le scnario de

rfrence, environ 80 tonnes de CO2eq. Dans ce scna

rio, 80 % de la surface est herbagre et le reste est ddi

aux grandes cultures (fig. 4). Avec la rduction un

niveau zro des missions nettes de gaz effet de serre,

lensemble des prairies extensives est transform en sur

faces agroforestires, dans les deux scnarios Optimum

et Fixe. De plus, dans le scnario Fixe, une partie des

terres ouvertes doit tre convertie en surface agrofores

tire. Pour viter cela dans le scnario Optimum, le

nombre danimaux est rduit et les missions brutes de

gaz effet de serre diminuent de plus de 10 %.

Sur une exploitation de vaches mres, la rduction

des missions de gaz effet de serre engendre aussi des

cots. Les cots marginaux dvitement sont reprsen

0

5

10

15

20

25

30

Rfrence (sans rduction)

Optimum Fixe

Assolemen

t (ha

)Nom

bre de vache

s

Surfaces agroforestires

Terres ouvertes (grandescultures)Surface herbagresextensives Surface herbagresintensivesNombres de vaches

Figure 4 | Assolement et nombre de btes sur lexploitation modle de vaches mres, dans le scnario de rfrence sans rduc-tion des missions et dans les deux scnarios avec missions nettes de gaz effet de serre rduites zro.

0102030405060708090

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100Rduction des gaz effet de serre (%)

Cots margina

ux d'vitemen

t (CHF

/tonn

e CO

2-eq

)

Fixe

Optimum

Figure 5 | Dveloppement des cots marginaux dvitement en fonction de la rduction progressive des missions de gaz effet de serre.

0

0,2

0,4

0,6

0,8

1

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100Rduction des missions de gaz effet de serre (%)

Cots moy

ens d'vite

men

t(CHF

/kg vian

de)

Fixe

Optimum

Figure 6 | Cots moyens d'vitement par kilogramme de viande.


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de lui verser un supplment pour quil produise de la

viande avec un bilan climatique neutre selon le scnario

Optimum. Dans le scnario Fixe, la charge de travail aug

mente lgrement car le nombre danimaux reste

constant et les systmes agroforestiers engendrent plus

de travail que des cultures sans arbre. Ici, un paiement

de compensation devrait mme tre plus lev si lagri

culteur optimise son salaire horaire plutt que son

revenu.

C o n c l u s i o n s

Les systmes agroforestiers peuvent contribuer rendre la production daliments plus respectueuse du

climat.

Pour estimer les possibilits offertes par un systme agroforestier, une considration globale du systme

agronomique respectivement de lexploitation est

ncessaire. Lors de lanalyse, dautres techniques pour

rduire les missions de CO2 ainsi que les avantages et

inconvnients des systmes agroforestiers doivent tre

pris en compte.

Dans une production respectueuse du climat, les cots de production du lait augmenteraient dau moins 9

centimes par kilogramme pour lexploitation modle

utilise comme exemple. Les cots de production de la

viande issue de llevage de vaches mres augmente

raient dau moins 80 centimes par kilogramme de

poids mort.

Dans le systme agroforestier, les cots sont trs dpendants de la vitesse de croissance des arbres qui

dtermine directement la capacit de squestration

du CO2.

Vu les prix actuel des certificats dmissions transmissibles (environ 22 francs par tonne de CO2eq (ECX

2010)), le commerce de certificat pour le carbone fix

dans les systmes agroforestiers serait, selon les

rsultats de notre modle, trop coteux. n


19

Riassunto

Summary

Recherche Agronomique Suisse 2 (1): 1219, 2011

Is agroforestry an economic opportu-

nity for carbon-neutral animal produc-

tion?

In Switzerland, agriculture is responsi-

ble for about 11 % of the emitted

greenhouse gases. Agroforestry

systems may improve the climate

balance of Swiss agriculture by

sequestering carbon. Agroforestry

systems are a combination of a

lignifying permanent crop with a crop

or with grassland on the same area.

One advantage is their ability to

sequester carbon, that is stored in the

permanent crops wood or as an

enrichment of humus in the soils. After

harvesting, the wood can be used as

timber/furniture wood or as a substi-

tute for fossil energy sources. In both

cases, greenhouse gas emissions will

be reduced. Applying this system to a

Swiss farm specialized in milk produc-

tion or suckler cows can reduce net

greenhouse gas emissions to zero

without reducing the animal produc-

tion. In our analysis, this reduction

generates additional costs of at least 9

centimes per kilogram milk or 80

centimes per kilogram meat. If the

emissions shall be reduced without

reducing production of milk or meat,

additional costs of at least 10 centimes

per kilogram milk or 90 centimes per

kilogram meat are generated.

Key words: climate change, carbon-

sequestration, agroforestry, animal

production, carbon-neutral agriculture.

Sono i sistemi agroforestali una

soluzione economica per una produ-

zione animale CO2 neutrale?

Lagricoltura responsabile dell11 %

ca. delle emissioni di CO2 in Svizzera. I

sistemi agroforestali costituiscono una

soluzione per migliorare il bilancio

climatico in agricoltura.

I sistemi agroforestali sono una

combinazione sulla stessa parcella tra

colture di legname con colture di pieno

campo, oppure foraggiere. Un vantag-

gio dei sistemi agroforestali la loro

capacit di sequestrare la CO2, per

quindi fissarla e poi stoccarla nel legno

della coltura perenne e nellaccumulo

dellHumus. Dopo essere stato raccolto

il legno pu essere utilizzato come

legname da costruzione o carpenteria,

oppure come sostituente alle energie

fossili. In entrambi i casi lemissione dei

gas ad effetto serra ridotta.

Grazie ai sistemi agroforestali

unazienda agricola svizzera, con

produzione lattiera oppure alleva-

mento di mucche nutrici, pu raggiun-

gere un bilancio neutro in CO2, senza

dover limitare drasticamente la propria

produzione. La nostra analisi indica che

i costi supplementari generati da

questo sistema si attestano ad almeno

9 centesimi per chilogrammo di latte e

ad almeno 80 centesimi per chilo-

grammo di carne prodotto. Se, invece,

le emissioni dei gas a effetto serra

devono essere ridotti senza alcuna

limitazione nella produzione, i costi

supplementari ammonterebbero a 10

centesimi per chilogrammo di latte e a

90 centesimi per chilogrammo di carne.


ammoniac dans les Étables de bétail bovin

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