algérie : passé, présent et devenir

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ALGÉRIE. PASSÉ, PRÉSENT ET DEVENIR

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PUBLICATIONS DU CENTRE CULTUREL ALGÉRIEN

Villes d'Algérie au XIX siècle, 203 p., Paris, 1984. Histoire, Culture et Société, 269 p., Paris, 1986. Aspects de la Culture algérienne, 178 p., Paris, 1986. Aspects de la Société algérienne, 230 p., Paris, 1987. Aspects du changement socio-culturel en Algérie, 163 p., Paris,

1987. L'Étoile Nord-Africaine et le Mouvement national algérien,

302 p., Paris, 1988. Les Algériens et l'Enseignement de l'arabe en France, 157 p.,

Paris, 1988. Aspects de l'évolution des arts et des sciences en Algérie, 147 p.,

Paris, 1990.

RECUEIL DES CONFÉRENCES Collection

Editée par le CENTRE CULTUREL ALGÉRIEN À PARIS

© Centre Culturel Algérien, 1990. Droits réservés ISBN : 2-9053-1480-8

ISSN : 0981-7743

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ALGÉRIE. PASSÉ, PRÉSENT

ET DEVENIR

CENTRE CULTUREL ALGÉRIEN 171, rue de la Croix-Nivert

75015 PARIS

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PRÉSENTATION

Fidèle à sa vocation, le Centre Culturel Algérien propose aux lecteurs un quatrième recueil regroupant l'ensemble des conférences données durant l'année 1987

A travers ces textes, au nombre de 10, les conférenciers se sont attachés à présenter d'autres aspects de la société algérienne, société au sens large, puisque englobant la commu- nauté résidant en Europe, aussi bien dans son passé que dans son présent et son devenir.

S'agissant du passé, c'est en effet à une véritable remontée dans le temps, ici jusqu'aux sources antiques mêmes, que nous convie M. Mounir Bouchenaki avec son étude relative aux Aspects de la civilisation Amazigh, pour expliquer comment, à partir de données essentiellement archéologiques, vivaient, en Afrique du Nord déjà sous domination coloniale, les Ama- zigh ou "hommes libres".

Pour sa part, M. Mouloud Kassim Naït Belkacem, dans Algérie : histoire et personnalité, fait toute la lumière, référen- ces précises à l'appui, sur une période de l'histoire de l'Algérie — celle d'avant la conquête coloniale —, longtemps occultée, montrant ainsi que ce pays que l'on disait barbare, déchiré par des luttes tribales, représentait, en tant que Nation et État déjà constitués, l'une des plus grandes puissances de l'époque.

De ce fait, "le processus de recouvrement de la langue nationale" et, par là même, celui de "l'identité en Algérie" apparaissent ici comme une suite logique de cette maîtrise correcte du rapport au passé, à l'histoire démystifiée.

C'est ce que reflètent de façon complémentaire, la seconde analyse du même auteur et celle de M. Ahmed Sefta, analyses à travers lesquelles l'on pourra voir combien les actions natio-

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nalistes algériennes, bien avant 1954, se sont élevées contre la désintégration culturelle et les innombrables mystifications mises en œuvre par l'idéologie coloniale.

Plus proche de nous dans le temps, mais toujours dans le même esprit, l'analyse des événements du "8 mai 1945 en Algérie", proposée par M. Radouane Aïnad Tabet, démonte, en quelque sorte, certains mécanismes occultés de ce fait historique marquant du mouvement national algérien. Le lec- teur ne trouvera pas ici une étude strictement factuelle, mais plutôt quelques réflexions essentielles quant à la place, la nature et la signification de cette date importante dans l'his- toire de notre pays.

Pleinement centrés sur les problèmes immédiats concernant non seulement l'Algérie d'aujourd'hui mais aussi celle de demain, tels sont les thèmes de réflexion proposés par Mesda- mes Leïla Aslaoui et Malika Ladjali.

En effet, touchant au discours toujours complexe et pas- sionné sur la femme, et, a fortiori, sur la femme arabe, puisque analysant les rapports entre les Femmes et le droit en Algérie, M Aslaoui, sans a priori aucun et, en s'appuyant très sou- vent sur des textes doctrinaux officiels ainsi que sur des exem- ples actuels, montre, avec objectivité, que les vieux poncifs relatifs à la femme algérienne soumise et opprimée, encore largement prévalents en Occident, sont rendus caducs par la réalité économique, politique et juridique de l'État algérien.

De même, M Malika Ladjali, en rappelant notamment, au sujet de la Question démographique en Algérie, que le premier centre de planning familial fut créé, à Alger, en 1967 à l'initiative de l'Union Nationale des Femmes Algériennes, insiste sur la participation sans cesse grandissante des femmes à la vie active, non sans faire remarquer l'étroite corrélation qui existe entre la réussite des programmes d'espacement des naissances et le statut assigné à la femme.

Enfin, touchant lui aussi aux problèmes du présent mais sous un angle plus psycho-social, M. Mahfoud Boucebci, dans son étude des rapports entre Psychiatrie et société en Algérie souligne combien la spécificité de la psychiatrie ne peut se

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penser et, donc, s'exercer en dehors de trois données essentiel- les : la réalité actuelle avec la problématique de l'État-père ; le symbolique ; l'inconscient traditionnel — pour aboutir au fait que, face aux mystères de la pensée, la question du biologi- que, du culturel et, par là même, de la dialectique qui les unit, continue et continuera toujours à se poser dans l'histoire de l'homme qu'il soit "normal" ou "malade".

Le dernier volet des conférences concerne des points de vue plus généraux centrés sur l'Islam, mais toujours en rapport avec les problèmes de notre temps. Deux grands islamologues les abordent : MM. Mohamed Arkoun et Ali Mérad.

Le premier analyse sans complaisance dans Islam, histoire et modernité les conditions de la diffusion des discours politi- ques à prétention islamique, alors que le second, dans Islam en France propose une étude plus sociologique parce qu'en prise sur la pratique quotidienne des Musulmans vivant en Europe.

La totalité des textes composant ce nouveau recueil se veut donc démystificatrice.

Mais, que le lecteur soit averti, cette approche de l'histoire se fait dans un climat dépassionné où réside, avant tout, la préoccupation intellectuelle des auteurs de lever certains voi- les du passé pour mieux "com-prendre", au sens étymologique du terme, le présent.

Le Centre Culturel Algérien.

NOTE

1. La conférence intitulée le Processus de recouvrement de la langue natio- nale fut donnée en 1986, par M. Mouloud Kassim Naït Belkacem. N'ayant pas été incluse dans le recueil précédent, nous la proposons aux lecteurs, par fidelité, dans cette édition.

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ASPECTS DE LA CIVILISATION AMAZIGH

Mounir BOUCHENAKI

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Avant de commencer, je voudrais remercier le Centre Culturel Algérien qui m'a invité ce soir à présenter quelques aspects de la civilisation Amazigh en Algérie.

J'ai voulu ajouter, au thème proposé "Aspects de la civilisa- tion Amazigh", "les données de l'archéologie".

Le sujet qui nous intéresse aujourd'hui concerne plus parti- culièrement une période de l'histoire ancienne de l'Algérie pour laquelle les données traditionnelles, c'est-à-dire les sour- ces écrites, à partir desquelles l'historien travaille habituelle- ment, sont quasiment absentes. Ceci pose de prime abord le problème des sources de l'histoire antique de l'Afrique du Nord, d'une manière générale, et explique le qualificatif peu courant de Amazigh pour définir une période dont l'origine remonte à la fin de la préhistoire, c'est-à-dire à la fin de la période néolithique. La fin du néolithique se caractérise à la fois par l'assèchement du climat et par l'apparition de la navigation sur les côtes de l'Afrique à la fin du 2 millénaire avant l'ère chrétienne.

Aussi, étant donné la relative complexité de cette question, je voudrais utiliser le temps qui m'est imparti pour vous parler des aspects de la civilisation Amazigh en Algérie de la façon suivante :

Je commencerai, tout d'abord, par préciser certaines notions historiques fondamentales et situer la période en ques- tion. A ce sujet, il me paraît important d'insister sur la diffi- culté qu'a l'historien d'aujourd'hui à apporter davantage d'in- formations sur cette période et les raisons pour lesquelles il doit se tourner presque exclusivement vers les témoignages de la culture matérielle.

J'utiliserai ensuite les principaux témoignages archéologi- ques pour illustrer les données historiques, hélas très maigres que nous possédons sur la civilisation Amazigh, et tenterai d'en définir les caractéristiques.

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Mais tâchons d'abord de préciser le cadre historique et géographique dans lequel s'est développée cette civilisation. Et commençons, si vous le voulez bien, par préciser certaines appellations et essayons de voir la terminologie traditionnelle- ment utilisée.

Selon la tradition historique la plus vraisemblable, l'Algérie, ou du moins le territoire qui correspond à notre pays dans l'Antiquité, sort de la préhistoire lorsque, vers le X I siècle avant l'ère chrétienne, y débarquent des Sémites que l'on appelle Phéniciens, venant de la côte syro-libanaise.

Quels étaient alors les habitants de cette partie de l'Afrique du Nord appelée aujourd'hui Algérie ? Comment s'appelait ce territoire ? Telles sont les questions qui viennent immédia- tement à l'esprit. Il est d'autant plus difficile de reconstituer l'histoire de cette époque que presque toutes les sources d'in- formation sont grecques ou romaines.

Ainsi, ce sont les Grecs qui ont donné le nom de "Libye" au Maghreb actuel. La Libye pour Ménandre d'Ephèse s'éten- dait des rivages des Syrtes jusqu'aux colonnes d'Hercule.

Selon donc la tradition grecque, reprise plus tard par les auteurs romains comme Pline ou Salluste, les populations qui ont habité l'Algérie dans l'Antiquité étaient les Libyens. Ce terme "Libyens" viendrait du mot "Lebou", attesté dans les hiéroglyphes du pharaon Ménaptah et datant du XII siècle avant l'ère chrétienne.

Ces "Lebou" seraient donc les descendants des peuples dont nous avons connaissance par les recherches sur la préhistoire et la protohistoire : les Ibéro-maurusiens et les Capsiens.

A ces populations libyques a été attribuée une écriture avec des caractères de forme géométrique, apparentée au tifinagh des Touaregs. On parle donc des inscriptions libyques et il existe un "Corpus des inscriptions libyques", à l'image du C.I.L. ou du C.I.S. (Corpus des Inscriptions Latines ou Cor- pus des Inscriptions Sémitiques).

La dénomination berbère qui est la plus fréquemment utili- sée pour parler à la fois de la composante ethnique du

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Maghreb et de la langue qui tire son origine du libyque vient des Romains qui jugeaient "barbares" tous les étrangers à leur civilisation. Les Arabes ont par la suite utilisé le mot en "braber" du singulier "berberi" (voir Ibn Khaldun).

Les auteurs classiques, grecs et romains, ont cité un grand nombre de tribus, mais ce sont trois groupes principaux qui apparaissent le plus souvent dans les populations non-phéni- ciennes ou carthaginoises du Magreb :

— à l'ouest, les Maures ; — à l'est, les Numides ; — vers le sud, les Gétules. Mais ce sont les habitants du Maghreb eux-mêmes qui se

désignèrent du nom d'Amazigh (Imazighen au pluriel) qui signifie "les hommes libres" et qui s'appliquait à plusieurs tribus avant l'occupation romaine (voir référence au para- graphe 3 de l'introduction de la Charte Nationale : Les fonde- ments historiques de la société algérienne).

Maintenant que la terminologie est définie, voyons quel était le cadre territorial au sein duquel s'est développée la civilisation des "hommes libres".

Comme l'ont montré plusieurs générations d'historiens, la configuration géomorphologique de l'Algérie a favorisé les accès naturels de pénétration, comme le prouvent d'ailleurs les voies de communications. Le relief dont les grandes lignes restent parallèles au rivage peut expliquer la pénétration puni- que ou carthaginoise le long des côtes, dans une direction générale Est-Ouest.

Salluste écrivait à ce sujet : « Les Phéniciens, les uns pour dominer la population qui

se pressait chez eux, les autres par désir de domination, entraî- nèrent des gens du peuple et d'autres hommes avides de nouveauté, et fondèrent, au bord de la mer, Hippone, Hadru- mète, Leptis et d'autres villes. Les colonies prirent vite un grand développement et devinrent l'appui ou l'honneur de la mère-patrie. »

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Il faut imaginer que les navigateurs phéniciens, qui ont été à l'origine de la fondation d'Utique (Sousse), de Carthage et de Lixus (Larache) au Maroc, ont dû certainement faire escale dans un des abris indispensables pour la navigation de l'épo- que que pouvait offrir la côte algérienne.

En effet, Carthage est devenue depuis 814 (date controver- sée) le principal comptoir phénicien en Méditerranée occiden- tale, puis s'est tranformée en base d'un empire maritime qui allait concurrencer les Grecs puis les Romains.

Échelles, comptoirs et villes furent donc créés ou renforcés sur tout le littoral du Maghreb. Une question se pose alors :

Quels rapports ont eu ces comptoirs puniques avec les tribus et d'une manière générale, avec les populations libyques ou amazigh ?

Devant l'absence de documents littéraires, l'historien doit se tourner exclusivement vers les données archéologiques et se poser de nouvelles questions. Car, si jusqu'à présent, on a beaucoup parlé des Phéniciens et des Carthaginois, on ignorait tout des populations indigènes, des "amazighs" qui peuplaient ce pays.

Il faut donc se demander si l'on peut parler partout sur la côte de "comptoirs puniques" et s'il n'existait pas à côté de ces établissements, ou avant leur création, des bourgades plus anciennes, fondées par les habitants mêmes du pays.

On a trop été tenté dans l'écriture de l'histoire ancienne de l'Algérie de faire seulement l'histoire de la période carthagi- noise puis l'histoire de la période romaine. Pour nombre d'his- toriens aujourd'hui, il faut poser le problème du substrat indigène, et voir son évolution non plus à partir de ce qu'en disent les Grecs et les Romains, mais à partir de "l'intérieur".

C'est un problème difficile et c'est pourquoi il faut l'aborder en partant d'une analyse plus fine de tout ce que les textes ne peuvent pas apporter et en cherchant à tirer de l'archéologie le maximum d'informations utiles.

« Ainsi, les prospections archéologiques ont-elles pu mon- trer la densité du peuplement et de l'habitat groupé : des

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bourgs nombreux ont été repérés qui, à cause des diversités géographiques, ne peuvent qu'avoir été entourés de paysages ruraux différenciés : oliviers d'un côté, blé de l'autre. Dans l'un et l'autre cas, la vie rurale et surtout l'habitat reposent sur la création d'un réseau d'irrigation. Par exemple, une prospection systématique au sud de Tébessa a montré des restes d'habitats dont la densité est impressionnante », écrit le Professeur Février.

C'est ce type de recherche qu'il faut à présent développer et encourager, pour le recensement systématique de tous les vestiges et ce pour toutes les périodes historiques, mais plus particulièrement pour la période antique.

On ignore encore bien des aspects des populations numides, de leur organisation politique et sociale, de leurs relations politiques, commerciales et culturelles avec les autres régions du bassin méditerranéen, et notamment avec Rome et Carthage.

Mais que représente l'Afrique pour Rome à cette époque, c'est-à-dire au II et III siècles avant J.-C. ?

S'il est assez aisé de parler de Rome à cette période, il est en revanche beaucoup plus compliqué de fournir des rensei- gnements sur l'Afrique où pourtant Rome avait des visées expansionnistes dès le début de cette guerre de 100 ans qu'ont été les guerres puniques.

La politique de Rome à l'égard de Carthage et des royaumes numides ne date certainement pas de la disparition de Carthage en 146. Déjà auparavant, Rome avait cherché à se ménager des alliances dans le pays.

Au cours de la première guerre punique, on voit les Numi- des profiter des circonstances pour attaquer tantôt les Cartha- ginois, tantôt les Romains.

Au cours de la première expédition romaine en Afrique, celle de Regulus, si les Numides ont causé des destructions sur les territoires puniques, ce fut pour leur propre compte et non pas pour venir en aide aux Romains. Cependant, comme l'a noté M. Camps, « ces renseignements sont encore bien

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pauvres ou déformés par l'optique particulière de récits rap- portant surtout des faits militaires ». A la fin du III siècle avant l'ère chrétienne, on voit cœxister

plus ou moins pacifiquement les deux royaumes Masaesyle et Massyle. Le royaume massyle s'étendait sur l'Est algérien et sur une partie de la Tunisie et de la Libye. Il portait le nom de la tribu principale qui le dirigeait. Sa capitale était Cirta, actuelle Constantine.

Le royaume masaesyle s'étendait sur le reste de l'Algérie et avait pour frontière, à l'Ouest, la Moulouya. C'était le royaume des masaesyles, tribu à laquelle appartenait le Roi Syphax et dont la capitale était Siga.

Tite-Live rapporte que Syphax était alors le Roi le plus puissant de l'Afrique antique, tandis que son futur rival, Mas- sinissa, était allié aux Carthaginois qui luttaient contre les Romains en Espagne, au début de la seconde guerre punique. Durant cette guerre, Carthaginois et Romains ont sollicité l'appui de Syphax. En 206 avant J.-C., Syphax reçut à Siga la visite de deux généraux représentant les deux puissances belligérantes : Asdrubal le Carthaginois et Scipion le Romain.

Mais, après avoir cherché à jouer au médiateur, le Roi Syphax s'est finalement rallié au camp des Carthaginois.

De son côté, Massinissa porta son appui aux Romains qui réussirent à battre les Carthaginois et par là même Syphax.

Ainsi, le royaume de Syphax fut-il de courte durée. Syphax avait fait construire, sur la colline qui surplombait sa capitale Siga, un mausolée qui porte aujourd'hui le nom de Kerkar al Araïs.

Mais il n'y fut pas enterré puisqu'il mourut prisonnier, dans une localité près de Rome.

Siga, la capitale des Masaesyles va bientôt être supplantée par Cirta que Massinissa reprit en 203 avant J.-C. Il agrandit et embellit sa capitale durant le plus long règne que l'histoire du Maghreb ait connu.

Massinissa avait profité de la défaite de Carthage, lors de la seconde guerre punique, pour récupérer son royaume et

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mettre la main sur celui de son ancien rival Syphax. C'est ainsi qu'il se retrouva, au II siècle avant l'ère chrétienne, à la tête d'un vaste territoire couvrant presque tout le Maghreb. De la Cirta numide, il ne reste pratiquement aucun vestige, excep- tées les inscriptions puniques d'El Hofra qui donnent une idée de la société sous le règne de Massinissa et de son fils Micipsa.

En plus de sa situation remarquable sur un plateau dont les hautes parois interdisent toute ascension. Cirta était, selon Strabon, entourée de remparts.

Mais, c'est hors de Constantine que s'élèvent deux mauso- lées, dont l'importance est sans cesse soulignée pour le royaume numide.

Il s'agit de Medracen, à proximité de Batna et de la Souma du Khroub, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Cons- tantine.

Quelques détails sont fournis à ce propos sur ces construc- tions monumentales de l'époque pré-romaine.

LE MEDRACEN, situé dans la région de Batna (Wilaya de l'Aurès), a été construit sur une petite colline voisine du lac Djendeli, à 9 kilomètres au sud-est du village d'Aïn Yagout (Pl.LXXIII, 1). Aucune mention de ce monument n'est faite par les auteurs, historiens ou géographes, de l'Antiquité. Plus tard, au XI siècle, le célèbre géographe arabe El-Bekri, dans sa Description de l'Afrique septentrionale, donnait des rensei- gnements sur l'itinéraire des caravanes allant de Kairouan à la Kala'a des Bani-Hammad, et décrivait ainsi la région de Medracen : « De Baghaï l'on se rend à Gaças, ville ancienne, située sur une rivière (sans doute l'oued Chemora qui se jette dans le lac Djendeli) ; à l'occident, on voit une haute montagne. On passe de là au Ksar Madrous, mausolée qui ressemble à une grosse colline et qui est construit avec des briques très minces et cuites au feu. Il est bâti en forme de niches peu grandes, et le tout est scellé avec du plomb. On voit sur cet édifice des figures représentant des hommes et d'autres espèces d'animaux. De tout côté, le toit est disposé en gradins ; sur le sommet pousse un arbre... »

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A la suite de ce texte, le Colonel Brunon a ajouté 1 : « ... Sauf l'arbre du sommet et les briques qui n'ont jamais existé, cette description est encore aujourd'hui parfaitement exacte... »

Le Medracen tirerait son nom de celui d'un des ancêtres légendaires des Berbères, Madghis. C'est du moins la théorie couramment admise et fondée sur un passage de l'historien du Moyen Age Ibn-Khaldoun 2

Quand on connaît le tombeau dit de la Chrétienne 3 on n'est pas surpris par la forme du Medracen, qui, comme son homologue du nord, se compose de deux parties : une base cylindrique surmontée d'un cône à gradins. Le diamètre de la base est de 58,86 mètres. La hauteur de la partie troncônique est de 14 mètres environ, tandis que la hauteur totale du monument est de 18,35 mètres.

Pour comparaison, rappelons que la hauteur du Mausolée Royal de Maurétanie (appelé à tort Tombeau de la Chré- tienne) est de 34 mètres environ 4 De même que dans ce dernier monument, la base cylindrique du Medracen est ornée de 60 colonnes engagées, à fût non cannelé, surmontées de chapiteaux de style dorique. Les colonnes sont espacées de trois mètres environ l'une de l'autre et supportent une archi- trave lisse et une corniche qui a un profil de type "gorge égyptienne" très net. La partie supérieure de l'édifice se com- pose de 24 gradins (il y en a 33 au Mausolée Royal de Mauré- tanie) tandis qu'au sommet s'étend une plateforme de 11,50 mètres de diamètre, légèrement affaissée au centre. On peut supposer que cette plate-forme a été surmontée autrefois d'une sculpture ou d'un édicule, mais il est assez difficile de l'affirmer, faute de preuves. A l'Est du monument, existent les traces d'un avant-corps ayant une façade de 24 mètres de longueur.

L'entrée conduisant à la chambre funéraire n'est pas, comme dans le Mausolée Royal de Maurétanie, souterraine. Il faut grimper, au contraire, au-dessus de la corniche et gravir trois gradins pour découvrir l'accès à une galerie menant au caveau, placé au cœur du monument. On se trouve alors à

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6 mètres au-dessus du niveau du sol, devant une entrée fermée par une dalle-porte coulissante.

Au-delà de l'entrée, se trouve un palier, puis vient un escalier de 11 marches. On accède ensuite à une galerie droite, aujourd'hui en fort mauvais état. Le sol de cette galerie est en pente douce puis raide jusqu'au caveau central qui mesure 3,30 mètres de longueur sur 1,45 mètre de largeur.

Le plafond de cette galerie est constitué par des rondins de bois encore en place, bien que carbonisés probablement à la suite d'un incendie. M. G. Camps a pu pénétrer dans la gale- rie et faire un prélèvement sur une poutre dans le but d'une datation au Carbone 14. Voici les résultats, récemment publiés, auxquels il est parvenu 5 : « La galerie intérieure qui permet d'atteindre la chambre sépulcrale a un plafond constitué de troncs à peine équarris dont certains sont parfaite- ment conservés. »

Dès l'Antiquité, des pillards ayant pénétré dans la galerie étayèrent le plafond en plantant des troncs de chênes verts. Ces étançons sont encore en place. Les fouilles de Beauchelet, publiées par le Colonel Brunon, ne purent se poursuivre qu'a- près une nouvelle consolidation du ciel de la galerie et la mise en place de nouveaux troncs de chênes.

Les descriptions du Cl. Brunon sont si peu explicites que le lecteur risque de croire qu'il n'y a actuellement aucune boise- rie d'origine dans la galerie du Medracen. En fait, l'aspect même de certaines poutres permettait d'espérer qu'elles étaient contemporaines de la construction. Au cours d'une visite en compagnie de P. A. Février, nous avons prélevé quelques menues esquilles sur l'une des poutres. Voici le résultat du comptage fait à l'Institut d'Études Nucléaires d'Al- ger :

Alg. 21 : 2170 ± 155 ans soit 220 avant J.-C. Un second prélèvement sur une autre poutre, effectué en

1970 et soumis au Laboratoire de Gif-sur-Yvette, donna un âge plus ancien :

Gif. 1671 : 2270 ± 110 ans soit 320 avant J.-C.

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Ce monument aurait donc été élevé, en tenant compte de la date la plus récente, près de trois quarts de sièle avant la mort de Massinissa et le bois destiné à la galerie coupé au moment où son père Gaïsa, roi des Massyles, agrandissait son royaume aux dépens des Carthaginois. Le Medracen fut-il commandé par Gaïsa à quelque architecte punique avant que ne commence la grande rivalité entre Syphax et lui ? Si Syphax, après s'être emparé de la plus grande partie du royaume massyle jugea bon de poursuivre la construction du monument, nous savons qu'il n'en fut pas le possesseur défini- tif puisqu'il devait mourir en exil à Tibur ; la République romaine paya même les frais de ses funérailles.

Depuis le mois de septembre 1972, des travaux de restaura- tion et de relevés précis ont été entrepris par le Service des Antiquités, avec la participation de deux architectes italiens 6 Par ailleurs, des travaux de fouilles seront effectués dans les parties actuellement recouvertes par des effondrements de blocs et sur la zone orientale où un avant-corps rectangulaire a été signalé jadis. A ces fouilles, seront associés, conformé- ment aux dispositions du protocole d'accord culturel algéro- italien, deux professeurs d'Université 7

LA SOUM'A DU KHROUB. Ce monument se situe à une dizaine de kilomètres au Sud de Constantine, près de l'actuel village du Khroub, réputé pour son rôle de village-marché. A quatre kilomètres au Nord-Est de ce bourg, s'élève, sur une colline calcaire dénudée, une imposante construction en pier- res de taille blanchâtres (Pl. LXXIII, 2).

Construction quadrangulaire, la Soum'a du Khroub est bâtie en grandes pierres parfaitement ajustées, dont la lon- gueur varie de 0,80 mètre à 2,00 mètres. La base du mausolée a 10,50 mètres de côté et son soubassement, haut de 2,80 mètres et formé de trois assises de pierres, supporte trois degrés formant gradins. Au-dessus s'élève une sorte de socle ou du piédestal ayant 8,40 mètres de longueur à la base et 1,00 mètre environ de hauteur. Sur ce socle, s'élèvent quatre massifs occupant les angles d'un carré de 5,50 mètres de côté. Trois angles, conservés sur plus d'un mètre de hauteur, portent

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un motif décoratif représentant des boucliers ronds ayant 1,25 mètre de diamètre avec une saillie de 0,10 mètre environ.

Le socle est parcouru, dans sa partie inférieure comme dans sa partie supérieure, d'une moulure. La corniche moulurée comporte une "gorge égyptienne" dont le profil est cepenant loin d'avoir la pureté de celle qui décore le Medracen.

La partie supérieure du monument est à imaginer. Les quatre piliers d'angles peuvent représenter soit les pieds-droits de quatre arcades, comme au Mausolée de Saint-Rémy en Provence, comme l'a suggéré St Gsell 8 soit encadrer un espace où devait se trouver une statue.

Tout autour du mausolée, gisent des dizaines de fragments provenant du dallage, des portes, de l'architrave, etc. Un relevé minutieux permettrait probablement de proposer une restitution du monument dans son état primitif (Pl. LXXIV, 1 et 2).

Lors des travaux qui ont eu lieu en 1915 et en 1916, un caveau de 2 mètres de long sur 1 mètre de large, orienté Nord- Est-Ouest, a été mis au jour au niveau de l'assise de fondation, au cœur du monument. Dans ce caveau ont été découverts plusieurs amphores ainsi que divers objets, armes, casque et tunique. Tout ce mobilier a été placé au Musée de Constan- tine, sans avoir jamais fait l'objet d'une étude approfondie (Pl. LXXV, 1).

Ce mobilier funéraire permet de donner une datation relati- vement précise ; les amphores retrouvées portent sur les anses des estampilles qui donnent leur lieu de fabrication et des indications sur la chronologie : « Les estampilles conservées sur les anses de la plupart des amphores permettent de les dater du début du II siècle. La plus récente, découverte dans le mausolée du Khroub, porte le cachet de Sôdamos ; elle ne semble pas postérieure à 180 9 » Cela ne veut pas dire que la construction du tombeau ait été faite immédiatement après 180. Un temps plus ou moins long a pu s'écouler, qui n'a cependant pas excédé plus d'une trentaine d'années.

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Le fait que le tombeau renfermait également des armes semblables à celles figurées sur certaines stèles puniques incite à pencher pour l'hypothèse selon laquelle Massinissa aurait été enterré au Khroub. Le célèbre aguellid aurait fait édifier un mausolée monumental à proximité et en vue de sa capitale, Cirta (actuelle Constantine). Selon le spécialiste des rites funé- raires protohistoriques en Afrique du Nord, la présence d'ar- mes dans les tombes est très rare 10 « Le fait est par lui-même symptomatique ; ces gens que la tradition littéraire romaine représente comme querelleurs, pillards et belliqueux, ne son- geaient nullement à s'entourer de leurs armes comme les guerriers celtes, germaniques ou scythes » (G. Camps).

Une étude précise sur les divers éléments qui gisent sur le sol aux alentours du mausolée (Pl. LXXIV, 1-2) permettrait de donner une idée beaucoup plus juste sur l'architecture et le style du monument. C'est à cet effet qu'est prévue une mission au printemps 1973 avec la participation de l'Institut Archéologique Allemand de Rome, pour le relevé et l'étude architecturale de ce mausolée. Une seconde mission sera char- gée de la restauration du monument et de l'aménagement de ses abords 11

LE MAUSOLÉE ROYAL DE MAURITANIE. Le grand mauso- lée royal appelé à tort « Tombeau de la Chrétienne » est suffisamment connu pour qu'il soit utile de revenir sur sa description. Sa proximité de la capitale en fait le monument le plus visité en Algérie. C'est pour cette raison que le Service des Monuments Historiques y a entrepris l'électrification du déambulatoire intérieur et que le comité national de l'I.C.O.M. y a lancé une expérience de visite à partir d'un enregistrement diffusé sur ondes ultra-courtes.

Au cours de ces travaux, un sondage a été effectué à l'Est de l'avant-corps du mausolée (Pl. LXXV, 2). Il n'a malheu- reusement fourni aucune indication.

SIGA ET LE MAUSOLÉE DES BÉNI-RHÉNANE. L'emplace- ment de l'antique capitale du royaume masaesyle est marqué par quelques vestiges qui occupent une colline, près du village

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de Takembrit 12 non loin de l'embouchure de la Tafna, sur le littoral occidental de l'Algérie (Fig. 1).

Les témoignages des auteurs anciens, tels Strabon ou Pline ont servi de point de départ aux recherches archéologi- ques. Elles ont aidé à fixer quelques points de repère et donné la possibilité d'établir un plan sommaire de la ville antique. P. Grimal 15 qui a fouillé Siga en 1936 la décrivait ainsi : « Les ruines visibles se répartissent sur deux collines séparées par un col. La première, que nous appellerons la colline de l'Ouest, descend en pente douce du massif des Béni-Zhana et forme presque un plateau. La seconde, qui lui fait suite, est une "tête", le "Ras Chaar", qui pénètre dans la concavité d'une boucle de la Tafna et domine la vallée d'une hauteur de 46 mètres. C'était visiblement l'acropole de Siga. »

Le site, admirablement choisi pour une ville, est encore vide de toute construction moderne. Plusieurs constructions antiques y ont été reconnues mais peu d'entre elles ont été fouillées complètement. Tandis que le sol de Siga ne cesse de livrer encore des documents sur la période pré-romaine 16 le Service des Antiquités a décidé de lancer une campagne de fouilles dont le but sera de délimiter l'étendue de la nécropole reconnue il y a quelques années par G. Vuillemot 17 et d'éta- blir un relevé précis de tous les vestiges apparents à la surface du sol.

Dans la même région, de l'autre côté de l'oued Tafna, s'élève au sommet du Djebel Skouna un monument que le fouilleur a désigné sous le nom de Mausolée des Béni-Rhé- nane 18 Il offre selon G. Vuillemot une étroite parenté avec le Mausolée Royal de Maurétanie : « C'est pourquoi, écrit-il, je crois les monuments contemporains.

» Les contours aberrants du Mausolée de Béni-Rhénane, certes, paraissent l'éloigner d'un type classique. En réalité, je pense que le constructeur avait conçu à l'origine un fourreau circulaire. L'énorme volume de maçonnerie à ensevelir dans un cylindre de ce type — dont il avait peut-être déjà lui-même fait l'expérience — l'a ramené à concevoir un plan excavé et

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à imaginer cette forme de triangle à côtés courbes pour alléger la masse du mausolée 19 »

Pour ce mausolée, dont l'emplacement face à une capitale antique est significatif, le Service des Antiquités a également prévu des travaux de fouilles et de restauration.

Remarques générales en guise de conclusion :

Il ressort de la présentation de ces différents monuments d'architecture funéraire qu'il existe bien une architecture numide où se mêlent, bien entendu, les influences grecques et puniques. On y trouve en effet un goût pour le jeu de parois courbes, de colonnes et de figurations, qui n'est pas sans rappeler l'architecture hellénistique. Mais la présence de monuments aussi soignés dans leur conception et dans leur réalisation ne peut être que le reflet d'une civilisation dont on connaît encore mal toutes les facettes. Ils ne peuvent être le fait que d'une population déjà sédentaire. D'ailleurs, le nom- bre et l'importance des bourgades que nous avons signalées auparavant a certainement pesé sur le devenir ultérieur de l'urbanisation à l'époque romaine, et parfois même sur l'aspect de la ville d'époque romaine, comme à Tiddis et à Hippone (Annaba).

L'archéologie des monuments funéraires confirme bien l'existence à haute époque de groupes importants sédentaires pratiquant l'agriculture. Mais, nous avons encore une connais- sance lacunaire sur l'organisation sociale des amazighs, hormis l 'existence de monarchies qui apparaissent vers la fin du I V - siècle et qui existent jusqu'au début de l'ère chrétienne, avec les rois Juba et Ptolémée, à Cherchel. Quant à la vie religieuse des amazighs, avant l'impact des Phéniciens puis des Carthagi- nois et enfin des Romains, elle est difficile à appréhender.

Mais il est un fait important à noter, c'est l'apparition, à la fin de la période romaine, de royaumes berbères.

Aux VI et VII siècles de l'ère chrétienne, le fait important à signaler est la constitution de royaumes romano-africains.

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