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ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 Rapport annuel sur la situation des médias Cette publication a bénéficié d’une subvention de IBIS West Africa, Accra et OSIWA, Dakar

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ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 i

ALERTE MEDIASAFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Rapport annuel sur la situation des médias

Cette publication a bénéficié d’une subvention de IBIS West Africa, Accraet OSIWA, Dakar

ii ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Alerte Médias Afrique de l’Ouest 2010

Copyright © 2011, Fondation pour les Médias en Afrique de l’Ouest

ISSN 0855–9171

Tous droits réservés. Toute représentation, publication, adaptation oureproduction, même partielle,par, tous procédés (stockage dans un système de

recherche documentaire, transmission sous toutes formes par tout moyen,électronique ou mécanique, photocopie et enregistrement) faite sans l’autorisation

préalable du titulaire des droits d’auteur, est illicite.

Traduction : Lawrence Selikem (+ 233 244 695806)George Odartey-Lamptey (+ 233 243 282868)et Peter Adu Addai (+ 233 244 377 278)

Composition par GertMash Desktop Services, Tel. +233–302–251386

Publié au Ghanapar

P O Box LG 730, Legon, Ghana — West AfricaTel.: 233–302–242470Fax: 233–302–221084

E-mail: [email protected]

Site web: www.mediafound.org

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 iii

Fondation pour les Médias enAfrique de l’OuestLa Fondation pour les Médias en Afrique de l’Ouest est une organisation régionale nongouvernementale indépendante à but non lucratif basée à Accra, capitale du Ghana.Elle a été fondée en 1997 pour défendre et promouvoir les droits et libertés des médias,et plus généralement pour aider à étendre la liberté d’expression en l’Afrique de l’Ouest.

Nos objectifsLes objectifs de la MFWA sont de:

1. Renforcer la sensibilisation et aborder les violations des droits des médias et dela libre expression grâce au suivi des abus et des attaques ;

2. Promouvoir le développement et l’expansion des droits des médias et de la libreexpression par le biais des réformes législatives et de politique ;

3. Chercher la justice à travers l’introduction des poursuites judiciaires au profit desjournalistes, des médias et des citoyens poursuivis par les Etats et d’autresacteurs pour avoir fait valoir leur droit à la libre expression ;

4. Promouvoir les normes professionnelles des médias en vue de renforcer leurscapacités à soutenir la gouvernance et la culture démocratiques ;

5. Renforcer les connaissances et la sensibilisation parmi les citoyens quant àleurs droits à libre expression ; et renforcer l’environnement des médias grâce àla recherche et à la publication des données, à l’information ainsi qu’à l’analysedes développements, des tendances et des questions relatifs aux politiques, à lalégislation et à toute autre question pouvant toucher les médias et la libre expres-sion ;

6. Soutenir le développement ou le fonctionnement des institutions et/ou des projetsqui cherchent à promouvoir le développement et la durabilité des médias.

Pour plus d’informations,Veuillez vous adresser à:Media Foundation for West AfricaP O Box LG730, LegonAccra, GhanaTél: 233–302–242470Fax: 233–302–221084E-mail: [email protected] web: www.mediafound.org

Directeur Exécutif: Prof. Kwame Karikari

iv ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 v

Table des MatièresProfils des Pays et Alertes 1

• Bénin 3

• Burkina Faso 13

• Cap Vert 20

• Côte d’Ivoire 22

• Gambie 41

• Ghana 57

• Guinée 75

• Guinée Bissau 84

• Libéria 90

• Mali 98

• Mauritanie 105

• Niger 110

• Nigeria 121

• Sénégal 133

• Sierra Leone 140

• Togo 148

Mises a Jour 161

Chroniques 2009 173

vi ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 1

PROFILS DES PAYSET ALERTES

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Bénin

Président Dr. ThomasBoni Yayi

Aperçu généralVingt ans après l’accession du Bénin à ladémocratie, la liberté de presse est miseà rude épreuvepar les velléitésdu pouvoir enplace de larestreindre partous lesmoyens. Aprèsavoir gagné labataille dunombre deparutions, (pasde formalitéscontraignantespour faireparaître unjournal), lesprofessionnels des médias ont pour défide gagner celle de la qualité des produitsde la presse, de l’éthique dans l’exercicede la profession et de l’indépendance desmédias.

Aperçu des médiasL’espace médiatique béninois a été unefois de plus caractérisé en cette année2010 par une influence notoire du pouvoiren place sur les médias, surtoutaudiovisuels (la télévision nationale). Lesforces politiques de l’opposition sont àplusieurs reprises montées au créneaupour dénoncer les manœuvres tendant àles empêcher de s’exprimer sur lesantennes des médias publics. La HauteAutorité de l’Audiovisuel et de la Commu-nication, (HAAC), l’organe de régulation

a dû intervenir pour un rappel à l’ordredes responsables de ces médias.

Le Bénin compte environ 75 radios,toutes les catégories confondues, dont 58privées communautaires, commerciales etconfessionnelles (certaines d’entre ellesont des relais à l’intérieur du pays) et 5appartenant à l’Office de Radiodiffusionet Télévision du Bénin (ORTB, organe duservice public), 6 chaînes de télévision,dont cinq privées commerciales et unepublique et nationale (TV ORTB). L’espacemédiatique béninois compte 144 titres detoutes les catégories ayant une existencelégale, (quotidiens, hebdomadaires,bihebdomadaires, bimensuels, etmensuels).

Les organes de régulation des médias,l’institution constitutionnelle de régulationdes médias qu’est la Haute Autorité del’Audiovisuel et de la Communication(HAAC) et l’organe d’autorégulation,l’Observatoire de la Déontologie et del’Ethique dans les Médias (ODEM), ainsique les associations professionnels desmédias et la Maison des Médias ont, euxaussi, mené leurs diverses activités aucours de l’année.

Les efforts de ces différentes structuressont appuyés par le gouvernement àtravers la tutelle des organes de pressedu service public exercée par le ministèredélégué auprès du Président de laRépublique, chargé de la Communicationet des Technologies nouvelles, del’Information et de la Communication etune aide financière annuelle qu’il apporteaux organes de la presse privée portée

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de trois cents à trois cent cinquante mil-lions ( 350 000 000) F CFA (environ 700000 dollars US) depuis janvier 2008. Cetteaide est gérée par la HAAC.

Il est à signaler que plusieursjournalistes ont perdu la vie au cours del’année 2010. Il s’agit entre autres deChristophe Hodonou du quotidien LaPyramide , Christian Dossoumon,journaliste à la radio école APM émettantà Porto-Novo, Mickaïla Nondichao, duquotidien Le Nokoué, Christian Tchiakpède Radio Planète et chargé de la com-munication du ministère de la santé,Emmanuel Kolawolé et Eugénie Gnonhouéde l’ORTB.

Cadre juridiqueLe cadre juridique des médias enRépublique du Bénin est régi par les textesci- après:

— La Loi n° 92-32 du 11 décembre 1990portant Constitution de la Républiquedu Bénin;

— La loi 60-12 du 30 juin 1960 sur la libertéde la presse ;

— L’ordonnance n° 69-22 Pr/MJL du 04juillet 1969, tendant à réprimer certainsactes de nature à troubler la paixpublique, la propagation, la publication,la diffusion et la reproduction de faussesnouvelles ;

— La loi n° 97-010 du 20 août 1997 portantlibéralisation de l’espace audiovisuel etdispositions pénales spéciales relativesaux délits en matière de presse et decommunication audiovisuelle enRépublique du Bénin ;

— Le code de déontologie des médias ;— La Loi Organique n° 92-021 du 21 août

1992 relative à la Haute Autorité del’Audiovisuel et de la Communication,modifiée par la Loi Organique n°93-018du 27 avril 1994 ;

— Le décret 2000-55 du 14 février 2000portant attributions, organisation etfonctionnement du ministère en chargede la communication;

— De nombreuses décisions de la HAACconcernant l’attribution de fréquencesaux promoteurs de radiodiffusion ettélévision ;

— Le décret N° 2003-299 du 19 août 2003portant approbation des statuts del’Office National d’Imprimerie et depresse (ONIP).

— Le décret n° 2005-252 du 6 mai 2005portant approbation des statuts del’Office de Radiodiffusion et Télévisionde Bénin (ORTB),

— Le décret N° 2005-790 du 29 décembre2005 portant approbation des statuts del’Agence Bénin Presse.

— Les décisions de l’ODEM.— Les décisions issues des audiences

publiques de la HAAC.

De nombreuses critiques ont étéformulées contre la pluralité de ces lois etleur caractère trop répressif. Ces loisprévoient en effet des peinesd’emprisonnement et fixent les limites dela liberté de parole selon des notions,comme l’ordre public, l’atteinte à lamoralité et les offenses au Chef de l’État.Elles ne correspondent plus à la réalitémoderne du travail des médias carobsolètes et éclatées. La HAAC, en col-laboration avec les associations desmédias et le gouvernement, a initié denouveaux textes de lois à soumettre àl’examen des députés à l’Assembléenationale. Il s’agira d’un code pour lapresse béninoise auquel sera incorporéun code de réglementation du régimepublicitaire.

Régulation des médiasLa régulation de la profession dejournaliste en République du Béninincombe à plusieurs organes et institu-tions que sont : le ministère déléguéauprès du Président de la République,chargé de la Communication et des Tech-nologies nouvelles, de l’Information et dela Communication ; la Haute Autorité del’Audiovisuel et de la Communication

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(HAAC), instance officielle de régulationchargée d’assurer la liberté et la protec-tion des médias ainsi que l’organed’autorégulation, l’Observatoire de laDéontologie et de l’Ethique dans lesMédias (ODEM).

A travers un exercice dénommé “audi-tion publique” au cours de laquelle la HAACexamine les plaintes des citoyens relativesau contenu des articles de presse et où lejournaliste mis en cause est interrogépubliquement et sanctionné lorsqu’il estdéclaré coupable, plusieurs journalistesbéninois et leurs organes de presse ontreçu diverses sanctions allant del’avertissement, à la suspensionmomentanée de leurs émissions. Ainsinombre de journalistes ont subi diversessanctions prononcées publiquementdevant leurs confrères.

Ainsi, le 29 juin 2010, les conseillersde la HAAC ont procédé, à l’auditionpublique du directeur général de l’Officede radiodiffusion et télévision du Bénin(Ortb), organe du service public, sur desdérapages constatés les 25, 26 et 28 juin2010, dans le traitement de l’informationà la Télévision nationale. Aprèsdélibération, les conseillers de la HAAC,ont conclu à la violation par l’ORTB de ladécision N° 10-031/HAAC du 16 juin 2010portant interdiction de la campagneélectorale médiatique précoce et décidéd’infliger à l’organe de presse, uneréduction de toutes les éditions du journaltélévisé à 10 minutes, les 1er et 2 juillet2010. Il a été reproché à cette chaînepublique d’avoir diffusé des élémentsayant rapport à la campagne présidentiellede 2011 à travers le soutien depersonnalités en vue de la réélection duChef de l’Etat malgré la décision N° 10-031/HAAC du 16 juin 2010 faisant inter-diction à tous les organes de presse écriteet audiovisuelle exerçant au Bénin derelayer tout élément de campagne politiqueélectorale relatif aux échéances de 2011avant les périodes prévues par les lois etrèglements

L’ODEM, l’organe d’autorégulation a étécréé par les professionnels de la presseeux-mêmes en 1999. Il s’attelle à statuersur les plaintes déposées par les citoyensqui ne veulent pas s’adresser auxtribunaux. Plusieurs organes de presseécrite et radio ont été condamnés pourviolation du code de déontologie de lapresse béninoise. De nombreuses plaintescontinuent cependant d’être enregistréesau secrétariat de l’institution. Il leur estsouvent reproché d’avoir porté des injures,diffamations, et outrages contre descitoyens.

Associations professionnellesdes médiasIl existe plusieurs associationsprofessionnelles des médias au Bénin dontl’Union des professionnels des médiasdu Bénin (UPMB), le Syndicat national desprofessionnels des médias du Bénin(Synapromeb), le Syndicat des travailleursdes médias du Bénin (Syntra-Médias), leSyndicat national des professionnels dela presse privée du Bénin (Synaprop-Bénin). Il s’agit des associationssyndicales chargées de la défense desintérêts des journalistes employés ; lespatrons de presse se sont regroupés ausein du Conseil National du Patronat de laPresse et de l’Audiovisuel du Bénin (Cnpa-Bénin), qui défend leurs intérêts.

Le 17 juillet 2010, les membres duConseil National du Patronat de la presseet de l’Audiovisuel du Bénin (Cnpa-Bénin)ont organisé l’Assemblée généraleordinaire de leur association. A l’issue destravaux, les responsables d’organes depresse du Bénin, ont procédé aurenouvellement des instances dirigeantesdu Cnpa-Bénin et M. Malik Gomina a étéréélu président pour un mandat de troisans.

Un nouveau patronat de la pressebéninoise, le Patronat National de laPresse du Bénin (PNPB), a également étéporté sur les fonts baptismaux le 29 mai2010. M. Aboubacar Takou, Directeur de

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Publication du journal Le Béninois Libéréen est le président. Ce nouveau patronats’est désolidarisé du Conseil national duPatronat de la Presse et de l’Audiovisuel(Cnpa- Bénin) et a été créé, à en croireles initiateurs, suite à l’échec du consen-sus issu des Etats généraux de la presseaprès 8 ans d’existence.

En plus de ces structures, la pressebéninoise s’est dotée d’une Maison desMédias. Elle a été ouverte en 2005 etconsacrée à un des pionniers de la pressebéninoise, Thomas Megnassan, qui estdécédé le 18 septembre 2008. Lamédiathèque de la Maison des Médias estconsacrée à feu Jérôme Adjakou Badou,un journaliste défenseur de l’éthique et dela déontologie dans les médias. Il estdécédé à l’âge de 37 ans, suite à unelongue maladie.

C’est un centre de presse équipé demanière à faciliter la culture etl’épanouissement des journalistes.

Entrave à la libertéd’expressionLes syndicalistes béninois ont entretenutout au long de l’année 2010, un bras defer avec le gouvernement. Outre laréclamation des primes sur salaires, ilsont manifesté contre la disparition le 17août 2010 de leur collègue, Pierre UrbainDangnivo. Les centrales syndicales ontorganisé des mouvements de protestation(grèves, sit-in) pour que le gouvernementretrouve leur collègue. Ils ont étéempêchés le 8 octobre 2010 de marcher.Et pour cause ! La police a mis en appli-cation un arrêté du ministre de l’intérieuren date du 04 octobre 2010 interdisanttoute manifestation relative à cette affairede disparition.

Très tôt le matin, les forces de l’ordrearmées jusqu’aux dents, s’étaientdéployées sur la trajectoire prévue par lesorganisateurs et les lieux jugésstratégiques pour empêcher cette marche.

Selon les syndicalistes, il ne s’agissaitpas d’une marche dans le cadre de

l’affaire Dangnivo mais pour soutenirl’Organisation pour la défense des Droitsde l’homme (OPDH) visant à protestercontre la violation des droits humains parle gouvernement. La marche de l’OPDHserait autorisée par la mairie de Cotonou.

Par ailleurs, les Forces de sécurité surinstruction du Préfet des départements desZou-Collines, Armand Maurice Nouatin,ont également réprimé une marchepacifique des élèves–instituteurs, àquelques jours du 5 octobre, la journéeinternationale des enseignants sur la basede cet arrêté du ministre de l’intérieur.

Cette interdiction de manifestationsdans le cadre de l’Affaire Dangnivo a étélevée quelques jours après, suite àl’intervention des autorités religieuses etune rencontre entre le Chef de l’Etat etles syndicalistes.

Il est à remarquer que depuis plusieursmois, certains partis politiques notammentde l’opposition sont également empêchésde manifester. Au niveau des médias duservice public, l’opposition a dénoncé, àdeux reprises, le refus du directeur de latélévision nationale de la laisser exercerson droit de réponse après plusieursémissions animées par la mouvanceprésidentielle qui la mettaient en cause.Dans un communiqué en date du 27septembre 2010, l’Union fait la Nationportait à la connaissance de l’opinionpublique, l’interdiction qui lui est faite des’adresser aux téléspectateurs de l’Officede radiodiffusion et de télévision du Bénin(ORTB), organe de service public. Elle aappelé la Haute Autorité de l’Audiovisuelet de la Communication à prendre sesresponsabilités. La HAAC, après desrencontres avec les différentes parties, ainvité les responsables de l’ORTB au re-spect de la déontologie de leur profes-sion.

Atteintes contre les droitsdes journalistesAu titre de l’année 2010, la vie au seindes médias a été caractérisée

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contrairement à l’année 2009 plus par despressions financières que par des men-aces sur l’ intégrité physique desjournalistes. Des contrats signés avec legouvernement empêchent les journalistesde faire objectivement leur travail.Cependant quelques cas de menacesphysiques ont été observés :

Les journalistes Judicaël SéverinZohoun, Directeur de Publication duquotidien 24 Heures au Bénin et TitusFolly, Rédacteur en chef du quotidienLe Grand Journal ont été battus par legarde-corps et le chauffeur du ministreen charge de l’agriculture, M. GrégoireAkofodji, le 10 mars 2010 et ce, enprésence du ministre.

Zohoun et Folly marchaient dans unerue à sens unique longeant le ministèrede l’Agriculture, de l’Elevage et de laPêche. C’est alors que le véhicule defonction du ministre Akofodji se seraitintroduit dans la rue en sens interdit. Cequi fit faire à Zohoun des gestesd’indignation et de désapprobation. Arrivéprès d’eux, le véhicule se serait immobilisé,laissant sortir le garde-corps, qui se seraitaussitôt dirigé vers Zohoun le traitant d’ «impoli » et le rouant de coups et dégainantmême son arme. Titus Folly indique avoirfait barrage de son corps pour empêcherle militaire de continuer à donner lescoups. C’est alors que le chauffeur duministre serait venu par derrière lui porterun coup à la nuque, l’étourdissant du coup.Le chauffeur et le garde-corps auraientensuite sauvagement battu les deuxjournalistes.

Le ministre Akofodji qui était dans lavoiture se serait manifesté pour rappelerses collaborateurs, seulement aprèsl’indignation manifestée par desconducteurs de taxi-motos (zémidjans) quil’auraient invité à sortir de la voiture.

Grâce à l’action du syndicat nationaldes professionnels des médias du Bénin,SYNAPROMEB, et de l’Union des

Professionnels des médias du Bénin(UPMB), les parties concernées ont pus’expliquer, les collaborateurs ont reconnules faits et le ministre Akofodji a expriméses regrets.

D’autres atteintes avaient trait àl’exercice du métier. Il s’agit de cassuivants qui ont été notés lors de l’année2010 :

Le Conseil des ministres dans le cadred’une affaire d’escroquerie dite AffaireICC Services (Investment Consultancy& Computering Services), a mis engarde, le 3 août 2010, les organes depresse en cas de manquement à ladéontologie de la profession dans letraitement de ladite affaire. « Lesautorités compétentes prendront leursresponsabilités à l’encontre de toutorgane de presse en cas demanquement à la déontologie de la pro-fession » a indiqué le compte rendu.

Cette mise en garde fait suite autraitement fait par Radio FranceInternationale (RFI) au Bénin d’un projetde mise en accusation du président de laRépublique, M. Boni Yayi devant la HauteCour de Justice par les députés béninoisqui l’accusent de “forfaiture et parjure”dans ladite affaire. Cela a eu pourconséquence la mise hors tension desémetteurs de cette radio pendant quelquesheures le lundi 2 août 2010 et desréactions des associations des médias.

La HAAC, organe de régulation desmédias, a déclaré n’être mêlée, ni de prèsni de loin à la suspension des émissionsalors que la prérogative constitutionnelleexclusive en la matière lui revient. C’estdonc le gouvernement, en violation deslois de la République qui en a prisl’initiative, sans s’en référer à elle.

Rappelons que l’affaire ICC Servicesest une affaire d’escroquerie dans laquelleune société de placement d’argent en ces-sation de paiement a créé la psychose ausein de ses déposants et provoqué des

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mouvements de protestation dans lesgrandes villes du pays (Cotonou, Porto-Novo, Abomey-Calavi). Saisi de la situa-tion, le gouvernement a procédé àl’audition et à la garde à vue desresponsables de la société mais les cli-ents dénoncent l’accointance de cesresponsables avec la classe politiquebéninoise. Un membre du gouvernement(le ministre de l’Intérieur) a été limogé danscette affaire de même que le Procureurgénéral près la Cour d’Appel de Cotonou.

En prélude aux échéances électorales,la HAAC a interdit le 16 juin 2010, à tousles organes de presse écrite etaudiovisuelle exerçant au Bénin de relayertout élément de campagne politiqueélectorale relatif aux échéances de 2011avant les périodes prévues par les lois etrèglements.

Selon le communiqué de la Haac, sontconcernés les déclarations decandidatures, les spots et encartspublicitaires, les images de banderoles,les promesses électorales liées auxéchéances de 2011, les appels à voterpour tel ou tel candidat. Sont égalementconcernés, les marches et les prièresélectoralistes de soutien, les articlesinjurieux et les accusations politiques nonvérifiées.

La HAAC a également recommandéque les émissions à caractère politique etles émissions interactives soient confiéesà des professionnels compétents avéréspouvant garantir l’équilibre et l’équité dansle choix des invités et le contenu de cesémissions.

Les radios et les télévisions ontrigoureusement l’obligation de faireparvenir à la Haute Autorité del’Audiovisuel et de la Communication lesenregistrements de toutes les émissionsà caractère politique pour vérification del’équilibre et de l’équité toutes les deuxsemaines. De même, il est rappelé que ledépôt légal de tous les organes de presseécrite auprès de la Haute Autorité del’Audiovisuel et de la Communication estune stricte obligation.

Toute violation de ces prescriptions,entraînerait selon le communiqué de laHAAC, des mesures conservatoires ycompris la suspension de l’émission oude l’organe incriminé, la réduction de ladurée de la concession ou le retrait del’autorisation.

Cette décision a suscité des réactionsdans le rang des professionnels desmédias et de la population. Le Conseilnational du Patronat de la Presse et del’Audiovisuel du Bénin (CNPA-Bénin) etl’Union des Professionnels des médias duBénin (UPMB) ont adressé une lettre à laHaac pour protester contre la décision.

Ces organes estiment en effet que cettedécision réduit considérablement le champd’actions des organes de presse, de latélévision et de la radio au Bénin. La loiélectorale indique clairement l’institutioncompétente en cas de violation et dedérive alors que la HAAC s’arroge desprérogatives du juge électoral. Ils sedemandent après cette décision ce quepeut faire encore l’analyste politique et lerôle que peut jouer le journaliste politique.Pour eux, c’est une manière de réduire laliberté de presse au Bénin.

Mais, quelques semaines plus tard, laHAAC a pour la première fois, pris unedécision ouvrant officiellement laprécampagne électorale dans les médiasen rendant publique la décision N°10-046du 26 octobre 2010 portant réglementationdes activités des médias de service pub-lic et du secteur privé pendant la périodedu 02 novembre 2010 à la veille del’ouverture de la campagne officielle pourles élections présidentielle et législativesde mars 2011.

Selon cette décision, les revues depresse ont été limitées à 10 minutes et lesémissions interactives doivent êtrepréenregistrées. Les organes de pressesont autorisés à diffuser tout élément decampagne politique électorale relatif auxéchéances de 2011 de même que les avisde réunion des partis et alliances de partis,des organisations et mouvementspolitiques.

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Bénin

Procès

Le tribunal de première instance deCotonou continue de voir défiler lesjournalistes pour répondre d’un acte dediffamation ou de publication de faussesnouvelles dont les aurait accusés uncitoyen. Cependant, de plus en plus, lesjuges ou les plaignants font l’effort de pren-dre en compte les conditions parfois trèsdifficiles dans lesquelles travaillent lesjournalistes, conditions qui pourraient jus-tifier certaines erreurs commises par euxet qui les conduisent fatalement devant lejuge. Ainsi plusieurs journalistes béninoiscirculent bien qu’ayant été condamnés parle Tribunal. Ils continuent d’exercer leurmétier.

On pourrait déduire de cette situation,une tolérance de la part des Procureursde la République qui comprennent lecaractère trop répressif des lois enmatière de diffamation.

Au Bénin en effet, c’est le défendeuret non le plaignant, qui doit apporter lapreuve de son innocence si une accusa-tion de diffamation est portée contre lui.Le journaliste qui veut prouver que les faitsallégués diffamatoires sont véridiques aseulement sept (7) jours pour faire partau ministère public ou au plaignant desfaits qu’il entend utiliser comme preuve. Ildoit également fournir une copie de tousles documents, accompagnée des nomset des adresses des témoins qui appuierontsa cause. Le défaut de se soumettre àces exigences entraîne invariablement laperte de la cause et le seul recours à laportée du journaliste consiste à prouversa bonne foi. Les journalistes qui neréussissent pas à prouver leur innocencesont souvent condamnés à payer desamendes ou à aller en prison

Recul de la presse béninoise

72ème sur 175 pays en 2009, le Bénin vient

10 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

d’être classé par “Reporters Sansfrontières” à la 70ème place pour le comptede l’année 2010. Ce classement prend encompte les grands faits ayant marqué lapériode du 1er septembre 2009 au 1er

septembre 2010 par rapport à la libertéde la presse au Bénin. Ce redressementde deux places cache cependant biend’entorses faites à la liberté de la presseen République du Bénin et marquetoujours un recul par rapport aux annéesprécédentes. En effet le Bénin était 25ème

en 2005, 24ème en 2006, 53ème en 2007 et70ème en 2008.

Cette position n’honore point le Bénindont la démocratie s’est toujours voulueun exemple au plan africain, l’état desmédias étant un des baromètres de ladémocratie. Le Bénin aurait reculé du faitde la violation des droits de l’Homme, lapolitisation des chaînes publiques etl’absence des débats contradictoires et lemanque de liberté des journalistes du faitdes contrats signés entre le gouvernementet certains organes de presse privée quiconstituent une atteinte à la démocratie.

Les principaux problèmes auxquels sontconfrontés les professionnels des médiassont la recherche du sensationnel, lemanque de formation, la rédactiond’articles sur commande, la diffamation,les fausses accusations, la diffusiond’information fausse et le mélange des faitset des commentaires qui sont des facteurs

nuisibles à l’observation des principesd’exactitude et d’impartialité.

ConclusionLa liberté de la presse au Bénin, restemenacée par les agissements du pouvoiren place, les légèretés des journalisteseux-même vis-à-vis de leur code dedéontologie et les conditions économiquesdifficiles dans lesquelles exercent lesorganes de presse malgré l’augmentationde l’aide de l’Etat à la presse privée(300.000.000 FCFA à 350.000.000 F CFA,environ 60.000 à 70.000 Dollars US depuis2008).

L’adoption d’un code de la pressebéninoise pourrait améliorer les conditionsde travail des professionnels des médias.

La fiscalité est l’un des freins audéveloppement des médias au Bénin. Acela s’ajoutent les coûts des intrants etéquipements de presse qui sont assujettisaux mêmes taxes que les autres afin deleur permettre de mieux evoluer.

En outre, la convention collective ap-plicable au personnel de la presse signéeentre l’UPMB et le CNPA-Bénin en mars2008 n’est pas appliquée. Son applica-tion pourrait améliorer un peu les condi-tions de vie et de travail des journalistesbéninois et par conséquent faciliter lajouissance de la liberté de pressechèrement acquise

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 11

ALERTES

16 juin 2010ALERTE Bénin: L’Organede régulation restreint lechamp d’action desmédiasL’organe de régulation des médias, laHaute Autorité de l’Audiovisuel et de laCommunication (HAAC), a interdit auxmédias de publier ou de diffuser ce qu’ellea qualifié d’éléments de campagnepolitique électorale « prématurés» sur leséchéances présidentielles de 2011 dupays.

Selon un communiqué de la HAAC,celle-ci procéderait à la fermeture ou auretrait de l’autorisation de tout organe demédia qui ne respecte pas cette direc-tive.

Cette interdiction devait rester envigueur jusqu’à 15 jours avant la tenue desélections, période à la quelle la Commis-sion électorale devait prononcer l’ouvertureformelle de la campagne politique.

Les spots et encarts publicitaires, lesphotos et les manifestes des différentscandidats ont été exclus des médias.

Cette directive a ajouté qu’au cas del’audiovisuel, seuls les experts etprofessionnels compétents pourraients’occuper des émissions à caractèrepolitique et des émissions interactives.Toutefois, cette directive a été catégorique-ment dénoncée dans tous les milieux.

Le Patronat national de la Presse duBénin (PNPB) a lancé une déclaration oùil a qualifié la décision de la HAACd’arbitraire et de défavorable à la libertéd’expression qui constitue le fondementde toute démocratie. Le PNPB a ajoutéque la HAAC n’était pas investie depouvoirs de sanctions et de fermeture detout organe de média.

Dans une lettre adressée à la HauteAutorité de l’Audiovisuel et de la Commu-nication (HAAC), deux autres organisa-

tions, le Conseil national du Patronat dela Presse et de l’Audiovisuel du Bénin(CNPA-Bénin) et l ’Union desProfessionnels des Médias du Bénin(UPMB), ont également soutenu que cettedécision limiterait le champ d’action desorganes de média du pays.

2 août 2010ALERTE Bénin: Lesautorités interrompent lesémissions de RFI etconvoquent sacorrespondanteLes associations de presse au Bénin ontaccusé les autorités du pays d’avoirinterrompu les émissions de Radio FranceInternationale (RFI) et d’avoir refusé à lapopulation l’accès à un programme surdes allégations de corruption contre leprésident Boni Yayi.

Raïssa Gbédji, correspondante de RFIà Cotonou, la capitale, a été convoquéepar M. Théophile Nata, président del’instance de régulation des médias, laHaute Autorité de l’Audiovisuel et de laCommunication (HAAC).

Les émetteurs de Radio FranceInternationale (RFI) ont été mis hors ten-sion pour environ 14 heures, suite à ladiffusion d’une émission sur la demandede mise en accusation du président Yayiformulée par les députés pour fauxtémoignage et abus de pouvoir.

Environs 50 des 83 députés del’Assemblée Nationale du pays avaientaccusé le président Yayi de corruption.Ils ont prétendu que le président Yayi avaitproposé de venir en aide de manièreillégale à Investment Consultancy andComputering Services, une société deplacement d’argent, qui aurait financé sacampagne. Bien que le patron de la HAACait exprimé sa désapprobation de cette

12 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

émission de RFI, il a nié toute ingérencedans les émissions de la station.

23 septembre 2010ALERTE Bénin: Un cadreurest menacé par un députéqui confisque brièvementsa caméraDavid Avocètien, un cadreur de la Chaîne2, une chaîne de télévision privée, a étéharcelé par un M. Epiphane Quenum, undéputé béninois.

La caméra d’Avocètien lui a étérestituée après qu’il a accepté desupprimer une image de Quenum.

Quenum, qui était furieux, a accusé le

cadreur de l’avoir filmé alors qu’il mangeaitdes arachides.

Les journalistes accrédités auParlement ont émis des réserves au sujetdu comportement du député. Dans uneplainte adressée à la Direction del’Assemblée nationale, les journalistes ontaffirmé que ce n’était pas la première foisque Quenum avait harcelé des journalistesqui s’acquittaient de leurs devoirslégitimes. Le 27 août, il aurait, avec sonvéhicule, foncé sur un groupe dejournalistes qui réalisaient une interviewdans la cour de l’Assemblée nationale.Toutefois, il n’y a pas eu de blessés.

Les journalistes ont invité le Parlementà intervenir pour que Quenum soit ramenéà l’ordre.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 13

BurkinaFaso

Président BlaiseCompaoré

Aperçu généralLe Burkina Faso, littéralement « Pays deshommes intègres », aussi appelé Burkina,est un pays d’Afrique de l’Ouest sansaccès à la mer, entouré du Mali au nord,du Niger à l’est, du Bénin au sud-est, duTogo et du Ghana au sud et de la Côted’Ivoire au sud-ouest. Le pays estsubdivisé en 13 Régions, 45 Provinces,350 Départements, 351 Communes et8228 villages. Ses habitants sont lesBurkinabè (terminologie officielle[], invari-able en langue foulfouldé). La populationest estimée à environ 14 mill ionsd’habitants. La capitale est Ouagadougou,située au centre du pays.

Le Burkina Faso est un pays en voiede développement. Une situation quis’explique en partie par la faiblesse desressources naturelles, et de celles des prixde ces ressources naturelles sur le marchémondial, l’aridité des sols et l’absence demise en valeur durant la période colonialeainsi que la démographie. L’agriculturereprésente 32% du produit intérieur brutet occupe 80% de la population active. Ils’agit principalement d’élevage maiségalement, surtout dans le sud et le sud-ouest, de culture de sorgho, de mil, demaïs, d’arachides, de riz.

Dominée par le coton, dont le pays estle premier producteur en Afrique avec 700000 tonnes en 2006 principalementtournées vers l’exportation, l’économierésiste tant bien que mal à la chute descours mondiaux. Il convient par ailleursde citer quelques productions minières :cuivre, fer, zinc et surtout or.

Le chômage entraîne un fort taux

d’émigration : par exemple, trois millionsde Burkinabè vivent en Côte-d’Ivoire.Selon la Banque Centrale des États del’Afrique de l’Ouest (BCEAO), ces mi-grants rapatrient chaque année desdizaines de milliards de francs CFA auBurkina Faso. Depuis les expulsions duGhana en 1967, cette situation provoqueégalement destensions avecles paysd’accueil. Ladernière criseremonte auxévénements de2003 en Côted’Ivoire qui ontentraîné le retourponctuel de 300000 migrants. Letiers de la popu-lation du pays viten dessous duseuil de pauvreté. L’aide internationalecontribue également pour une grande partà l’activité économique du pays.

Le Burkina Faso est membre de l’Unionafricaine (UA), de l’OrganisationInternationale de la Francophonie (OIF)et de la Communauté économique desÉtats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ;et est membre de l’Union économique etmonétaire ouest-africaine et de l’Autoritéde Liptako-Gourma qui est chargée deprévenir les crises alimentaires et lessécheresses par la coopération de chaquepays membre.

Le Président Blaise Compaoré porté aupouvoir par un coup d’État en 1987 ainstauré la démocratie pluraliste en 1991.

14 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Elu Président de la 4 ème République le1er Décembre 1991, il a vu son mandat serenouvelé en novembre 1998 et 2005.Président sortant, il a été réélu auxélections présidentielles de Novembre2010.

Au cours de l’année 2010, le climatpolitique a été marqué par le débat sur laprobable révision constitutionnelle duCongrès pour la Démocratie et leProgrès(CDP), parti majoritaire àl’Assemblée Nationale, en vue depermettre au Président Blaise Compaoréde briguer un autre mandat en 2015, alorsque la constitution limite sa dernière can-didature aux élections de Novembre 2010.Egalement, sur le plan extérieur, lamédiation du Burkina Faso a connu unegrande ampleur et réussite avecl’aboutissement des Accords Politiques deOuagadougou (APO) aux électionsprésidentielles apaisées et transparentesen Cote d’Ivoire le 31 octobre 2010 et à latenue du premier et du deuxième tour desélections présidentielles en Guinée.

Cette même année 2010 marqueaussi la toute première fois qu’unministre démissionne au Burkina Faso.Le ministre du Travail et de la SécuritéSociale, Jérôme Bougma à été contraintpar la presse à démissionner suite à lapublication des articles l’incriminant dansune affaire « de relation extraconjugaleavec une femme mariée en instance dedivorce ».

Aperçu des médiasLa Démocratie et la bonne gouvernanceest favorable à un espace public libre,ouvert et accessible à tous les citoyens.Depuis le début des années 90, ladémocratisation a permis à la presseécrite burkinabè de jouir d’une libertéd’exercice, qui a permis son rapide essor.Cependant l’analphabétisme et le pouvoird’achat sont entre autres des facteursqui freinent son épanouissement réel,surtout la presse écrite où le lectorat estparticulièrement réduit. En dépit de ces

difficultés, on note une presse dynamiqueoù des organes disparaissent et d’autresvoient le jour. Le paysage médiatique s’estencore enrichi de nouveaux organes :

Télévision — BF1, Impact TV, RTB2Radio — OptimaJournaux — le Quotidien, Affection,Emblème, La Tribune des Stars

Il existe aujourd’hui au Burkina Faso,plus d’une centaine d’organes de presseen activité, radio, télévision, journauxconfondus, publics ou privés : soit 5quotidiens, dix 10 hebdomadaires, treize13 mensuels, 4 bimensuels et 1 bimestriel,130 sociétés de radiodiffusions sonoreset vingt trois 23 télévisions. (Rapport CSC,2009).

A ces organes s’ajoutent une vingtainede journaux en langue nationale (Laabaali,Sôore, Hakilifalen, Venegda, Bângr-kûnga), qui contribuent à la formation d’unenvironnement lettré en milieu paysan età la promotion des langues nationales.Lesdits journaux connaissent desproblèmes financiers, en particulier dedistribution (méventes, non-recouvrementdes recettes) entraînant, pour la majoritédes titres, une grande faiblesse desrecettes et, par contre coup, l’absence demotivations tant chez les rédacteurs quechez les distributeurs et dépositairesvendeurs.

Tous ces différents organes de presse,de par leur diversité et la pluralité de leurslignes éditoriales, contribuent à animerla vie publique nationale. Cela est laconséquence d’un environnementsociopolitique favorable, qui leur offrel’opportunité de s’exprimer avec unegrande liberté de ton, en interpellantrégulièrement les autorités sur diverssujets d’actualité. Les médias jouent ainsileur rôle de veille et d’acteurs sociaux,dans un contexte de fortes mutationstechnologiques caractérisées parl’émergence de nouvelle plates-formes dejournalisme comme les blogs, qui ouvrent

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 15

des horizons totalement nouveaux dansl’audiovisuel, touchant ainsi des types depublics très divers à travers le monde.

On note de plus en plus d’articles de «libre propos », des « émissionsinteractives », les « forums des internautes» dans le paysage médiatique burkinabèet aussi des journaux critiques dans leskiosques tels l’Evénement, Le Reporteret Bendré. Les journalistes éprouvent desdifficultés quant à l’obtention des informa-tions dans les administrations publiqueset privées. Ainsi, le Premier Ministre Ter-tius Zongo en personne s’y investipersonnellement en sollicitant de la partdes responsables des services del’administration publique burkinabè, unlibre accès aux sources d’informationspour les journalistes qui le souhaitent.L’ONG « Reporter Sans Frontière (RSF)» attribue le 6e rang au pays des hommesintègres en matière de liberté d’expressionen Afrique.

La liberté de ton de la presse écrite estcependant vigoureuse et les poursuitesjudiciaires contre les journalistes rares,même si pressions et menaces subsis-tent.

Les médias publics qui, de façon lente,évoluent vers des médias de service pub-lic, font une place de choix à la diversitéculturelle, au monde rural et paysan ainsiqu’à la jeunesse. Toutefois, les médiaspublics dans leur fonctionnement restentconfrontés à un certain nombre dedifficultés entre autres la difficultéd’assurer au quotidien le pluralisme etl’équilibre de l’information, la faiblesse dutaux de production des émissions et filmspropre à l’organe; une certaine timidité etmême souvent une absence regrettablede débats démocratiques contradictoiresdans ces médias publics. Toutefois, lecontexte des élections présidentielles deNovembre 2010, a suscité de nouvellesémissions de débats démocratiques telles: « 45 mn au cœur de l’Election », « 10mn pour convaincre ».

La convention collective des jour-

nalistes, et la carte de presse attendues(entrées en vigueur en 2009), qui étaientune opportunité unique de remettre enplace un cercle vertueux, en augmentantles salaires de base, n’est toujours paseffective. Conséquence d’une telle situa-tion, les journalistes papillonnent d’unorgane à un autre. Le cas saillant est ledépart massif des agents de la TélévisionCanal 3 vers BF1, nouvelle télévisionlancée en 2010.

Pour résorber les problèmes auxquelsfont face les médias notamment la presseprivée, l’État subventionne ces médias àhauteur de 250 millions (environ 490,420US dollars). Subvention insuffisante faceaux besoins et le nombre de ceux-ci dansun environnement où le tissu économiqueest étroit. Des discussions sont en courentre l’Etat et les promoteurs des organesde presse sur les problèmes liés àl’allègement de la fiscalité. En sus de lasubvention, le Ministère de la Communi-cation a mis en place une Direction duDéveloppement des Medias (DDM) pourassurer des formations aux hommes demédia au regard du besoin.

Renforcement des capacitésLe Centre National de Presse NorbertZongo (CNP-NZ) joue un rôle importantdans la lutte pour une presse libre auBurkina Faso. En collaboration avec sespartenaires dont la Fondation pour lesmédias en Afrique de l’Ouest (MFWA), ilorganise des sessions de formation,séminaires, débats radiophoniques, etc.,à l’intention des journalistes du Burkina etd’ailleurs.

Dans le cadre des électionsprésidentielles de 2010, le ConseilSupérieur de la Communication (CSC), aoctroyé un soutien financier aux médiasaccrédités pour la couverture desditesélections.

Environnement juridiqueLa liberté d’expression et d’information sontconsacrées par la constitution qui a été

16 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

approuvée en 1991. Les dispositionsconstitutionnelles sur les médiasréglementent des domaines comme lesrôles et les responsabilités de la presse,le rôle de l’État dans le secteur desmédias, la liberté d’expression, la publi-cation, la distribution, l’accès àl’information, l’interdiction ou censure.

La presse écrite et les médiasaudiovisuels sont régis par la LOI N° 56/93/ADP (JON°05 1994) portant Code del’information au Burkina Faso.

Dans les dispositions constitutionnelles,la dépénalisation des délits de presse n’estpas inscrite. Elle reste un combat perpétuelpour l’ensemble du corps médiatique.

L’année 2010 n’a vu aucune loispécifique adoptée en faveur de la presse.

Organe de régulationAu Burkina Faso, le Conseil Supérieur dela Communication (CSC) est le seul organerégulateur des médias, car il n’existe pasd’organe d’autorégulation.

En effet, le conseil supérieur del’information (CSI) est l’instance derégulation de l’information et de la com-munication créée en 1995 par décretN°95-304/PRES/PM/MCC du 1er août1995. Compte tenu de l’évolution constatéedans les techniques de diffusion del’information, un projet de loi retientdésormais comme appellation de l’organede régulation, le Conseil Supérieur de laCommunication (CSC). Depuis novembre2005 une nouvelle loi est en vigueur. Ils’agit de la loi N° 028-2005/AN du 14 juin2005 portant création, composition, attri-bution et fonctionnement du CSC.

Le CSC régule au quotidien le paysagemédiatique, à travers l’observation ducontenu et d’une série d’actes et demesures qui, dans leur ensemble,concourent à la mise en œuvre de sesmissions.

Cadre de rencontre desjournalistesLes journalistes burkinabè ont une maison

de presse nationale La Maison de laPresse Mohamed Maiga, gérée par leMinistère de la communication. C’est enhommage à cet illustre journaliste disparutrès tôt, que la maison de la presse porteson nom. En effet, Mohamed Maiga futun journaliste émérite et remarquable pourle sens de son professionnalisme auBurkina Faso. Outre la maison de lapresse, il existe un Centre National dePresse Norbert Zongo (CNP-NZ).

Inauguré le 03 mai 1998, à l’occasionde la journée mondiale de la liberté depresse, le centre de presse est une initia-tive de l’Association des Journalistes duBurkina (AJB), la Société des Éditeursde la Presse privée (SEP) et le SyndicatAutonome des Travailleurs de l’Informationet de la Culture (SYNATIC). Il a vu le jourgrâce au programme “Médias pour ladémocratie en Afrique” exécuté par laFédération Internationale des Journalistessur le financement de l’union Européenne.En hommage à Norbert Zongo, journalisted’investigation assassiné le 13 décembre1998, le centre de la presse a pris le nom: Centre National de Presse Norbert Zongo(CNP-NZ).

Le CNP-NZ lutte dans le cadre de sesactivités pour une véritable libertéd’expression et de la presse.

Chaque année, le CNP-NZ célèbre le20 octobre la journée nationale de lapresse. L’édition 2010 a été célébrée sousle thème : « la place de la femme dansles médias burkinabè. PaulineYAMEOGO, journaliste Editions Sidwaya,a été lauréate du prix CNP-NZ 2010.

Dans son engagement à la promotionde la liberté de la presse, le centre a initiéun festival qui se tient chaque deux ans :le Festival International de la libertéd’expression et de la presse (FILEP). Unfestival au cours duquel sont débattusplusieurs thèmes liés à la libertéd’expression et de la presse entre autres:

• La dépénalisation des délits depresse ou la restructuration des

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 17

textes régissant le code del’information,

• L’élaboration et/ou la mise en vigueurde la convention collective, gaged’une presse compétente et moinsvulnérable,

• Le soutien financier et matériel deshommes et entreprises de presse

• Les stratégies de protection deshommes et femmes de médias

Associations professionnellesdes médiasIl existe plusieurs associationsprofessionnelles des journalistes.Cependant les plus anciennes etreprésentatives sont entre autres AJB (As-sociation des Journalistes du Burkina) ;SEP (Société des Éditeurs de la Presseprivée) ; SYNATIC (Syndicat Autonomedes travailleurs de l’Information et de laCulture, l ’AJSB (Association desJournalistes Sportifs du Burkina), l’UJCB(l’Union des Journalistes et Communi-cateurs Culturels du Burkina ; Reporterdu Faso, SODEMA(Société des Médiasen Afrique) ; J2C (Association desjournalistes pour la communication et laCulture).

Elles travaillent de concert avec le cen-tre de presse Norbert Zongo et l’organede régulation étatique (CSC) pour le bienêtre des médias au Burkina Faso. En casd’entorses à la liberté d’expression et dela presse (arrestations, interpellations,détentions, etc.), Ces associations se fontentendre et s’engagent pour la protectiondes hommes de média. Les associationsou regroupement des journalistesabondent. On peut dénombrer unesoixantaine. Ces associations, la plus partont des objectifs similaires : lutter pourune véritable liberté d’expression et de lapresse, l’amélioration des conditions detravail des hommes de médias.

Certaines associations sont fondéessuite à des ateliers de formations etd’information. Ces ateliers sont souventorganisés par des institutions publiques

ou privées ; des associations et ONG envue de renforcer les compétences etapprofondir les connaissances desjournalistes.

Ces associations pour la plupart sontdes cadres de rencontre et d’échangeentre journalistes. Beaucoup sont les as-sociations qui existent de nom et nond’activités. Certaines n’ont pas de sièges.

Attaques contre les médiasAucun journaliste n’est écroué ou arrêtédans le cadre de son travail. Néanmoins,le CSC dans ses activités de régulationsau cours de cette année a fait des audi-tions et des observations. Selon son rap-port voici quelques cas :

La diffamation

Le Bimensuel l’Evènement a été entendupar le CSC pour diffamation dans sonnuméro 179 du 10 janvier 2010. L’écritmis en cause s’intitule : « La leçon dedéontologie de tantie Béa ». Ledit articleest un commentaire dont l’auteur fustigela réaction par communiqué paru dans lapresse de la Présidente du Conseilsupérieur de la Communication surl’exploitation par les médias du rapportonusien relatif à l’embargo sur les armesen Côte-d’Ivoire.

Cet article a été jugé contraire auxprincipes cardinaux de vérité etd’honnêteté intellectuelle par le Conseil lorsde l’audition des responsables du journalpour publication d’images choquantesdans le même numéro.

Un manquement a été égalementconstaté dans les colonnes de la livraisonn° 184 du 25 mars 2010 du même journalà travers l’écrit publié à la page 4 et intitulé: « Le drapeau national jeté par lePrésident du Faso ». Cet écrit qui cri-tique un hypothétique comportement duchef de l’Etat porte gravement atteinte auprincipe de la vérité car l’article est basésur des faits erronés.

18 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Burkina Faso

L’injure

Des propos injurieux ou discourtois et unemenace de mort à l’encontre du députéMahama Sawadogo ont été relevés sur lesite web de l’Observateur paalga du 7janvier 2010 à travers le « forum desinternautes ». Ces propos ont été tenuspar des internautes en réaction à un écritde l’intéressé sur la révision de la consti-tution de la 4ème République.

L’injure a également été constatée àl’encontre du Président de l’AssembléeNationale dans la parution n°7583 du 5mars 2010 du quotidien l’ObservateurPaalga à travers l’article intitulé: « Accueilde l’Union pour le Progrès et leChangement (UPC) par les députés : lesuns approuvent, les autres raillent, Badotempête ». Il s’agit des propos du députéLaurent Bado libellés en ces termes : «C’est le discours le plus idiot que j’aientendu de ma vie » « Je demande àmonsieur Roch s’il n’a pas été à l’école».

Atteinte à la vie privéeCette atteinte a été observée dans les

colonnes de l’hebdomadaire Bendré danssa livraison n°579 du lundi 25 janvier 2010à travers l’article intitulé : « 3 ministres etune femme volage » publié à la page 4.Cet article relate des faits relatifs aux rap-ports sentimentaux et familiaux de quatrepersonnes dont une dame et trois ministreset dont certains sont suffisammentdésignés par des indices portant sur leurformation de base.

Déséquilibre de l’informationCe manquement a été constaté dans lalivraison n°859 du 23 février 2010 del’Indépendant à travers l’article : « 2IE /Le président dans une obscure affairede force » publié à la page 11. Ledit ar-ticle met en cause la fondation 2IE -intervenant dans l’hydraulique et leséquipements ruraux- et son premierresponsable dans une affaire de gestionde son personnel et de relationprofessionnelle avec l’ONG Green Cross(GC) et l’entreprise Burkina Hydro Ser-vice (BHS). La relation des faits ne faitpas ressortir la version ou la position dela fondation 2IE alors qu’étant incriminéedans l’écrit, cette source devait aussi être

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 19

recoupée pour rendre l’article objectif etimpartial.

Publication d’imageschoquantesL’interdiction de la publication des imageschoquant la sensibilité humaine du fait deleur caractère indécent, obscène oudéshumanisant est un principe d’éthiquede l’information. Son respect a suscité dela part du Conseil supérieur de la com-munication une recommandation en lamatière à l’endroit de la presse nationaledepuis 2003. Mais force est de constaterque ces images continuent d’inonder lecontenu des médias qui en font mêmesouvent leur Une principale. La violationde ce principe a été observée dans lebimensuel L’Evènement. L’image mise encause et qui constituait du reste la grandeUne de la livraison n°179 du 10/01/2010est un montage de deux photos faites dela tombe et du buste de feu l’adjudantMarcel Kafando décédé en décembre2009. Le montage présente concrètementl’image d’une tombe surmontée par sonoccupant comme si celui-ci était à moitiéenterré. Elle vient en illustration d’une séried’articles annoncés à la Une par lesintitulés suivants : Marcel Kafando : Lesderniers instants de sa vie / - comment ila souffert, - comment il est mort.

Bien qu’ayant été interpellé par leConseil à travers une audition le moisprécédent pour le même grief,l’Evènement n’a pas manqué de publierune image choquante à la grande Une eten couleur de sa livraison n°859 du 23février 2010. Il s’agit d’une image mettanten exergue des cicatrices de blessuresatroces causées sur le dos d’un certainHamidou Ilboudo inquiété pour implica-tion dans le vol de numéraire au domicilede son ex – patron.

Publication d’informationsur le suicide d’un mineurLe quotidien, Le Pays, a publié dans sonédition n° 4575 du jeudi 18 mars 2010 àtravers sa rubrique « on en parle », unarticle relatif au suicide d’un mineur.L’article relate les faits de suicide d’uneélève de 17 ans qui aurait mis fin à sa vieen ingurgitant cinq plaquettes deNivaquine. Même si, suivant la règle de laprésomption de bonne foi, il faut supposerque L’objectif de l’auteur n’était pasd’inciter à essayer le suicide, ceci pourraiten être l’effet. Le Journaliste se devaitd’avoir la délicatesse d’éviter dementionner la recette du suicide, surtoutque cela ne paraît pas très utile àl’information principale.

20 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Cap Vert

Président Pedro Pires

Aperçu generalAncienne colonie portugaise,le Cap Vert est composé dedix (10) îles et cinq îlots quisont montagneux àl’exception de trois. Ce paysqui manque de ressourcesnaturelles est souvent frappépar la sécheresse et disposede peu de terre arable. Malgré tout cela, ils’est fait la réputation d’être un pays stablesur les plans politique et économique.

Le Cap Vert est devenu indépendanten 1975, un an après la colonie sœur, laGuinée-Bissau, s’est libérée du Portugal.Les deux pays avaient proposé de s’unir,mais ce projet a échoué lorsqu’un coupd’Etat survenu en Guinée-Bissau en 1980a mis leurs relations à rude épreuve.

En 1991, le Cap Vert a tenu sa premièreélection présidentielle, qui a été remportéepar Antonio Mascaren Monteiro, pourremplacer le premier président du pays,Aristides Pereira.

L’actuel dirigeant est le Président PedroPIRES dont la candidature a été appuyéepar le Parti Africain pour l’Indépendancedu Cap Vert (PAICV), qui revenait aupouvoir en janvier dernier après unedizaine d’années dans l’opposition auxgouvernements du Mouvement pour laDémocratie (MpD).

Aperçu des médiasLa liberté de la presse est consacrée parla loi et est respectée dans l’ensemble. Lapresse est pour la plupart dans les mainsde l’Etat, mais il existe une presse privéedynamique et un nombre croissant

d’organes audiovisuelsprivés, sur les antennesdesquels quelques unes desémissions sur les stations deradio et de télévision sontprésentées en créole, unhybride de languesafricaines et du portugais.

Le pays compte troisjournaux hebdomadaires

privés à savoir A Semana, Expresso dasIlhas et A Nação. Il existe deux journauxmensuels, Artiletra et Terra Nova, unepublication mensuelle de l’ÉgliseCatholique, et le journal quotidienHorizonte. Il y a aussi divers journaux enligne ainsi que l’agence de presseétatique, Infopress.

Televisão Nacional do Cabo Verde(TNCV) est le diffuseur national, etappartient à l’Etat. L’on note égalementPraia FM, une station privée.

Les services de la radio et la télévisionpublique portugaise pour l’Afrique et deRadio France Internationale sont relayéssur l’étendu du Cap Vert, des journauxportugais et brésiliens sont égalementdisponibles. Les journaux de la placepassent par leur version en ligne pouratteindre bon nombre de capverdiens vi-vant à l’étranger.

L’Internet a actuellement une placeprépondérante au Cap Vert et à la fin dudeuxième trimestre (juin) de l’année enexamen, les internautes étaient au nombred’environ 150,000.

Les médias capverdiens fonctionnentaux termes de la Constitution de laRépublique du Cape Vert dont l’article 9

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 21

Cap Vert

dispose que « Chaque personne a laliberté d’informer et d’être informée parles médias, de rechercher, et recevoir del’information et des idées sans limitations,discrimination ou restrictions », et la loisur la presse. Cette dernière définit lerégime juridique de l’exercice des activitésdes médias au Cap Vert, en plus delégislations spécifiques pour la radio, latélévision et les agences de presse.Cependant, un projet de loi fait l’objet dedélibérations au Parlement Cap verdienen vue des amendements a la loi sur lapresse, la loi portant l’audiovisuel ainsi quele statut des journalistes, qui n’est pasencore approuvé parce que les sugges-tions des membres de la corporation n’ontpas encore été incorporées au projet.

Renforcement des capacitéset développementAu titre de l’éducation et la formation, lemanque d’une école de journalisme digne

de son nom est une réalité. L’Etat ne dis-pose pas de politique de formation pourle secteur et ne fait rien pour ceux quiexercent le métier et ont besoin despécialisation. Cependant, il faut soulignerqu’il existe actuellement plusieursuniversités dans le pays qui dispensentdes cours de journalisme, et quipositionnent sur le marché desprofessionnels de qualité douteuse.

ConclusionLa liberté de la presse prévaut au CapVert. Cependant elle n’est pas encore unacquis ; cela est dû en partie àl’autocensure. Le manque de réglemen-tation constitue un handicap majeur pourles médias au Cap vert. Le Conseil desMédias doit s’activer pour remédier àcette situation. La création d’un Conseilde l’Ethique et une Haute Autorité desMedias s’avère également nécessaire.

22 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Côte d’Ivoire

Président Laurent Gbagbo

Aperçu généralLa République de Côte d’Ivoire, située enAfrique de l’ouest, couvre une superficiede 322.462 km² pourquelque 20 millionsd’habitants.

Ce pays qui a pourcapitale politique et admin-istrative Yamoussoukro(centre) et capitaleéconomique Abidjan (sud),a connu des remoussociopolitiques exacerbéspar la crise militaire qui adivisé le pays en deux, avecle déclenchement de la rébellion du 19Septembre 2002. Ainsi divisée en deuxparties, l’une gouvernementale (sud) etl’autre sous contrôle rebelle (centre, nord,ouest), la Côte d’Ivoire vit une accalmiedepuis le 04 Mars 2007, grâce à la signa-ture de l’Accord Politique deOuagadougou (APO).

Cet Accord inter ivoirien signé entreles deux principaux protagonistes, le Chefde l’Etat Laurent Gbagbo et le Secrétairegénéral des Forces Nouvelles (FN, ex-rébellion), Guillaume Soro sous les aus-pices du Président Burkinabé BlaiseCompaoré, a permis l’entrée de M. Soroau Gouvernement, en tant que PremierMinistre. Ce Gouvernement de coalitionest composé notamment de ministres duFront Populaire Ivoirien (FPI, au pouvoir)et de partis d’opposition (PDCI-RDA,RDR, UDPCI, MFA).

Toujours dans le souci de la normalisa-tion de la situation sociopolitique, l’APO

s’est fixé comme objectif principall’organisation d’élections de sortie decrise. Huit fois reporté depuis Octobre2005, le premier tour de cette élection

présidentielle tant attendueest programmé pour le 31Octobre 2010. Quatorzecandidats vont à l’assautdes 5.725.720 électeurs.

Aperçu des médiasLe paysage politique etdonc médiatique de la Côted’Ivoire est dominé cesderniers mois par

l’organisation de l’élection présidentiellede sortie de crise. Cette période estmarquée par la frénésie de création dejournaux et des aménagements dans lesprogrammes audiovisuels et des articlespolitiques plus corsés dans la presseécrite.

Dans le souci d’assurer une bonnecouverture médiatique de la périodeélectorale, le Conseil National de la Com-munication Audiovisuelle (CNCA) a installéle 22 Juillet à Abidjan, la CommissionNationale des Débats et des EmissionsSpéciales pour l’élection présidentielle.Créée par la Décision n° 2010-02 du 22Avril 2010 du CNCA, la Commission,présidée par M. Ayémou David, comptevingt membres dont des représentantsd’institutions et des candidats à l’électionprésidentielle.

Quant au Conseil National de la Presse,il a publié divers communiqués pourappeler les journaux à davantage de

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 23

responsabilité et au respect du code dedéontologie. En outre, divers textes de loiset règlements sont mis à la disposition desmédias par ces deux organes de régulationdans le cadre du processus électoral. Ils’agit entre autres de la loi n°2000-513du 1er Août 2000 portant Constitution de laRépublique de Côte d’Ivoire ; de la loi n°2000-514 du 1er Décembre 2000 portantCode électoral ; de la loi n°2004-643 du14 Décembre 2004 portant régimejuridique de la presse ; de la loi n° 2004-644 du 14 Décembre 2004 portant régimejuridique de la communicationaudiovisuelle ; de l’ordonnance n° 2008-133 du 14 Avril 2008 portant ajustementsdu Code électoral pour les élections desortie de crise ; du Code de déontologiedes journalistes de 1992 ; de la Plate-forme de collaboration CEI-Médias de 13Février 2008; du Guide de couverturemédiatique des élections (2008); du Codede bonne conduite des partis politiques,des groupements, forces politiques et descandidats aux élections en Côte d’Ivoire(2008); et du Vademecum du journaliste.

En matière de nombre de médias, laCôte d’Ivoire compte une agence depresse nationale, l’Agence Ivoirienne dePresse (AIP) créée le 02 Juin 1961. Ellecompte une télévision d’Etat (RTI) avecdeux chaînes et une télévision à péages,Canal+. L’on dénombre une centaine deradios et de journaux (quotidiens etpériodiques). La plupart des partispolitiques et des candidats à l’électionprésidentielle ont également créé des sitesweb pour mieux faire connaître leursprogrammes. Des journaux sont égalementnés dans la perspective de la campagneprésidentielle, en plus des journaux parti-sans qui existaient déjà.

La liberté de pensée et d’expression(Art.9) sont garanties à tous, selon la Con-stitution ivoirienne du 23 Juillet 2000, «sous la réserve du respect de la loi, desdroits d’autrui, de la sécurité nationale etde l’ordre public ». Toutefois, force est deconstater que les médias connaissent des

fortunes diverses marquées parl’exacerbation des tensions en périodeélectorale.

Cadre juridiqueL’organisation des élections est l’occasionpour les autorités, notamment les organesde régulation des médias, de définir uncadre juridique pour assurer au mieuxl’égal accès aux médias des candidats àl’élection présidentielle et également defaciliter l’accès des médias aux sourcesd’information, surtout dans les staffs descandidats.

A cet effet, le Conseil National de laCommunication Audiovisuelle (CNCA) etle Conseil National de la Presse (CNP)ont multiplié les initiatives et règlementsfixant les modalités d’accès aux organesofficiels de presse. Ces textes engagentles professionnels des médias à observerles règles d’équité, de respect dupluralisme des opinions, d’honnêteté dansle traitement de l’information électorale. Ensomme, du respect de l’éthique et du codede déontologie.

Pour optimiser les échanges avecl’autorité en charge de l’organisation desélections, en l’occurrence la CommissionElectorale Indépendante (CEI), unePlateforme de collaboration CEI-Médiasa été signée le 13 février 2008 à Abidjan.La CEI a également nommé le 28 Avril2010 Bamba Yacouba, Porte-paroleunique et Secrétaire permanent adjoint del’institution. La CEI s’est aussi dotée d’unsite web (www.ceici.org) qui fournitdiverses informations relatives au proces-sus électoral, dont la consultation de laliste électorale.

Le Ministre de la Communication,Ibrahim Sy Savané a entrepris derencontrer pour sa part les responsablesdes médias nationaux, la presseinternationale et différents corps de sondépartement pour les appeler à laresponsabilité et œuvrer à l’apaisement.Lors d’une rencontre qu’il a eue le 26 Avril2010 avec les présidents et secrétaires

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généraux d’organisations de la presse,ainsi que les patrons des médias et desjournalistes pour discuter de la situationgénérale de la presse et pour tirer lasonnette d’alarme sur les dangers quiguettent le secteur, le Ministre a demandéà ses interlocuteurs de « prendre garde àl’ivresse de la plume » qui peut conduireà des drames. M. Sy Savané a en outreproposé la création d’un groupe de travailsur l’économie des médias qui traiteraentre autres de la fiscalité et de la publicité.Il prévoit également la mise en place d’ungroupe de travail sur le développementéditorial et la formation et compte aussiréfléchir sur la sécurité sociale desjournalistes.

Le Ministre a également promisd’apporter un soutien à l’Observatoire dela Liberté de la Presse, de l’Ethique et dela Déontologie (OLPED) en vue deressusciter cet organe d’autorégulationdes médias qui traverse des momentsdifficiles.

L’environnement juridique des médiastend à se renforcer grâce à diversesmesures visant notamment l’assainisse-ment du milieu. Il s’agit par exemple de lamise en place de la Commission Paritaired’Attribution des Cartes de JournalistesProfessionnels et de Professionnels de laCommunication (CIJP), du Fonds deSoutien et de Développement de la Presse(FSDP), du renforcement des prérogativesdes organes de régulation des médias.

Au plan syndical, un protocole d’accordsur l’application de trois points essentielsde la convention collective de la presseprivée a été signé le 1er Juillet 2010, parle Groupement des Editeurs de Presse deCôte d’Ivoire (GEPCI) et le Syndicat Na-tional des Agents de la Presse Privée deCôte d’Ivoire (SYNAPPCI), dans leslocaux du CNP. Paraphé par Denis KahZion, Président du GEPCI, et GuillaumeGbato, Secrétaire Général du SYNAPPCI,en présence d’Eugène Dié Kacou,Président du CNP, le protocole prend effetà partir du 1er Septembre 2010.

Par ailleurs, dans une croisade initiéecourant mai-juin, le Président de l’UnionNationale des Journalistes de Côte d’Ivoire(UNJCI), Maméry Camara, à la tête d’unedélégation a rencontré l’ex-Président,Henri Konan Bédié et les anciens Pre-miers Ministres, Alassane DramaneOuattara, Affi N’Guessan et Charles KonanBanny pour leur présenter les projets duConseil exécutif de l’UNJCI et échangersur les conditions de travail desjournalistes. Mam Camara a plaidé pourleur appui au changement de statut del’Agence Ivoirienne de Presse (AIP) et àl’instauration d’une Haute autorité desmédias qui devrait nommer les directeursdes médias d’Etat.

Organes de régulationLes médias ivoiriens sont régulés par deuxorganes, à savoir le Conseil National dela Communication Audiovisuelle (CNCA)et le Conseil National de la Presse (CNP),ainsi que le Conseil Supérieur de laPublicité (CSP). Dans le souci deprofessionnaliser le secteur des médias,Le CNCA et le CNP travaillent en synergieavec d’autres organisations de secteur dela presse dont l’OLPED, le SYNAPPCI, leGEPCI, la CIJP, le FSDP, l’UNJCI,l’OJPCI.

Renforcement des capacitésDans la perspective de l’électionprésidentielle, plusieurs séminaires et ate-liers sont organisés par diverses struc-tures, principalement à l’attention desjournalistes. Des rencontres d’échangessont organisées avec des acteurspolitiques et des observateurs électorauxformés sur l’initiative d’institutions, de mis-sions diplomatiques et organisations de lasociété civile. L’objectif commun à toutesces initiatives est de sensibiliser cesdifférents acteurs sur leurs rôles etresponsabilités dans le processusélectoral.

Outre les formations initiées par lesentreprises de presse, les organes de

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régulation ou d’autorégulation des médias,les organisations professionnelles de lapresse, en l’occurrence l’UPF, l’UNJCI, leSYNAPPCI et l’OJPCI, et le GEPCI, l’ondénombre l’organisation de plusieursséminaires par l’Opération des NationsUnies en Côte d’Ivoire (ONUCI).

Par ailleurs, des prix sont décernéspour exhorter les journalistes auprofessionnalisme. La cinquième éditiondu Prix CNP qui célèbre le pro-fessionnalisme dans le secteur de lapresse écrite en Côte d’Ivoire a étéorganisée le 10 Juin 2010. La Plume d’Ora été attribuée à Nord-Sud Quotidien, laPlume d’Argent au quotidien L’Inter etl’hebdomadaire satirique Gbich ! a obtenula Plume de Bronze. Le Prix Spécial quirécompense l’entreprise de presse s’étantdémarquée par ses performancesmanagériales a été remis à PME Maga-zine.

L’UNJCI a installé le 12 Mai, la Com-mission permanente du jury du Prix Ebony.L’installation de cette Commission est uneinnovation dans l’Ebony qui récompensedésormais tous les deux ans, les meilleursjournalistes ivoiriens dans les catégoriesRadio, Télévision et Presse écrite et enligne. Le Prix Ebony a été créé en 1993pour récompenser les meilleursjournalistes dans les trois catégoriessuscitées. L’édition 12 bis du Prix Ebonyest prévue pour le 12 Novembre lors de laNuit de la Communication.

Attaques contre la liberté dela presseEn dépit du fait que la loi en vigueur sur lapresse interdise la condamnation dejournalistes pour délits de presse, troisjournalistes de Le Nouveau Courrier ontété privés de leur liberté pendant environdeux semaines. Gardés à vue à partir du13 Juillet 2010 à la police criminelle pouravoir publié des extraits d’une enquête surles détournements dans la filière café-ca-cao, le Directeur de la Publication,Stéphane Guédé, le Directeur de la

Rédaction, Théophile Kouamouo, et leRédacteur en Chef, Saint-Claver Oula ontété déférés le 16 Juillet à la Maison d’Arrêtet de correction d’Abidjan (MACA). Ils ontété rejoints dans la prison civile le 23 Juilletpar le journaliste Patrice Pohé, Conseilleren communication du Procureur de laRépublique Raymond Tchimou. Mis auxarrêts le 21 Juillet dans les locaux de lapolice criminelle, sur ordre de son patron,Pohé est soupçonné d’être celui qui aremis les documents sur l’enquête dansla filière café-cacao aux trois journalistesde Le Nouveau Courrier.

Les quatre prévenus ont été relaxés le26 Juillet, après un procès qui a duré plusde quatre heures (14h–18H54mn).

Les trois journalistes de Le NouveauCourrier avaient refusé de livrer leursource suite à la parution, le 13 Juillet, delarges extraits d’une enquête sur lesdétournements dans la filière café-cacao,alors que les mis en cause sont détenusdepuis Juin 2007, sans jugement. Ils ontété interpellés le même jour, gardés à vueà la police criminelle, avant d’être déféréstrois jours après à la prison civile. Inculpéspour « vol de document administratif », leParquet a requalifié les faits lors du procèsdu 26 Juillet. Il a été reproché à Pohé lefait de vol de document non révélé en au-dience et celui de recel à Guédé,Kouamouo et Oula. Le Parquet a requisdeux mois de prison ferme et 100.000FCFA ($200) pour Pohé et un mois pourles trois autres, en plus d’une amende decinq millions FCFA ($10.000), ainsi quela suspension du quotidien.

Finalement, le tribunal estimant que lesdélits de vol et de recel ne sont pasconstitués, a relaxé les quatre prévenus.Toutefois, Guédé, Kouamouo et Ouladevront solidairement payer cinq millionsFCFA ($10.000) d’amende pour « diffu-sion d’un dossier de justice non encoreouvert en audience » (violation de l’article73 du code de déontologie de la presse)et Le Nouveau Courrier suspendu pour15 jours. L’ordinateur de Kouamouo est

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également confisqué et la décision de jus-tice est à publier dans un journal officiel.

Un autre journaliste, Medandjé TiéTraoré dit MTT, exerçant au quotidienL’intelligent d’Abidjan a été condamné le26 Juillet 2010 par le tribunal correctionneld’Abidjan pour diffamation et extorsion defonds suite à la publication d’une enquêteintitulée “Les cliniques boutiques illégalesde Vavoua”.

Dans cette enquête, MTT dénonçait lamultiplication des officines privées desanté illégales dans la région de Vavoua(centre-ouest) et l’implication du DirecteurDépartemental de la Santé, Dr André Tia,qui se serait enrichi en organisant desformations médicales privées sansautorisation de son ministère de tutelle.L’article paru le 04 Septembre 2009 aentraîné une réaction du ministère de laSanté et de l’Hygiène publique qui aconfirmé les propos du journaliste. Dr Tiaa été limogé puis radié de la fonctionpublique pour “activités contraires àl’éthique de sa profession”.

Quelques mois plus tard, celui-ci aporté plainte contre MTT pour diffamationet extorsion de fonds. Le 26 Juillet 2010,le tribunal correctionnel a suivi lesréquisitions du Procureur et a condamnéle journaliste à douze mois de prison fermeet au paiement d’une amende de cinq mil-l ions de francs CFA ($10.000). Lejournaliste est sorti libre de la salled’audience, sans qu’aucun mandatd’amener ne soit délivré à son encontre.Son avocat a fait appel.

Par ailleurs, l’on a noté des agressionssur des journalistes. Le 23 Juillet, à l’appeldu Comité Ivoirien pour la Protection desJournalistes (CIPJ), des dizaines dejournalistes ont participé à un sit-in devantle Palais de Justice (Plateau) organisépour demander la libération de leursconfrères de Le Nouveau Courrier. Lesjournalistes aux mains nues ont étébastonnés par les policiers et leursmatériels de travail (appareils photo,téléphones portables) arrachés.

Des journaux proches de l’oppositionse sont également plaints de menaces.C’est le cas de journalistes etresponsables de Le Nouveau Réveil quiont reçu des messages et appelstéléphoniques de menaces de mort, àquelques jours d’une marche programméele 15 Mai par le RHDP, coalition des quatreprincipaux partis d’opposition (PDCI, RDR,MFA, UDPCI). Au vu des tensionssuscitées ou entretenues par lesdifférentes parties, cette marche de pro-testation a finalement été suspendue parla coalition qui voulait manifester pour la« libération » la Côte d’Ivoire du joug destenants du pouvoir.

De son côté, le quotidien L’Expressiondénonce le harcèlement de la Directionde la Surveillance du Territoire (DST) àson encontre. Le Directeur de Publica-tion, Dembélé Al Séni a dénoncé le 17Mai lors d’une conférence de pressel’acharnement de la DST contre certainsde ces journalistes. Courant Mai,Diarrassouba Youssouf dit ‘GnaoréDavid’, correspondant à Gagnoa (centre-ouest) avait été interpelé par la DST, sondomicile perquisitionné et son ordinateurportable réquisitionné suite à la parutiond’un article sur la marche d’opposantsdans la ville natale du Chef de l’Etat. Lapolice lui reprochait d’avoir livré des in-formations et des images salissantes surle Chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo,à la chaîne française France 24. Quantau journaliste Sam Wakouboué, il a étéconvoqué le 14 Mai à la Direction de ladocumentation et des recherches suite àun commentaire accompagnant un articleparu le 06 Mai sur une cache d’armesdécouverte à Anyama, un quartier à l’ouestd’Abidjan.

Le 11 Octobre, Bouni Koué Kevin,journaliste au quotidien Le Démocrate aété agressé dans l’exercice de sa fonction.Parti couvrir une manifestation des agentsdes Eaux et Forêts qui assiégeaient unesociété immobilière pour réclamer leslettres d’attribution de terrain pour

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Côte d’Ivoire

lesquelles ils cotisent depuis trois ans, lejournaliste a été pris à partie par unhomme se réclamant garde de corps dupatron de la société. Le journaliste blesséa été admis dans un hôpital. Il a noté avoirperdu des effets personnels et entend por-ter plainte contre la société qui nie touteresponsabilité.

Meurtre non élucidéS’il est une autre affaire qui pourrit lesrelations entre la Côte d’Ivoire et la France,c’est bien la disparition depuis le 16 Avril2004 du journaliste Franco-canadien Guy-André Kieffer. Cette sombre affaire, nonencore élucidée continue de soulever despassions. La famille du journaliste disparudénonce l’indifférence des autorités

ivoiriennes etfrançaises. Lej o u r n a l i s t ei n d é p e n d a n tinvestiguait sur desm a l v e r s a t i o n sfinancières dans lafilière café-cacao.Son frère, BernardKieffer et l’avocatde la famille, MeAlexis Gublin ontdénoncé le 11Octobre à Paris le

blocage par les autorités ivoiriennes del’enquête menée sur place par un juged’instruction français, Patrick Ramaël.L’enquête menée en France s’est orientéevers des cercles proches du Chef de l’Etat,Laurent Gbagbo, qui dénonce une“politisation” de la justice, indique l’AgenceFrance Presse (AFP).

En outre, le 16 Avril 2010, à l’appel duCollectif Ivoirien Vérité Guy-André Kiefferprésidé par Baudelaire Mieu, desjournalistes Ivoiriens et étrangers exerçanten Côte d’Ivoire ont initié à Abidjan unecampagne d’affichage pour réclamer lavérité sur la disparition du journaliste. Desportraits à l’effigie de Guy-André Kiefferont été placardés sur les principalesartères d’Abidjan. Le Président du Collectifa invité tous les professionnels des médiasà s’impliquer dans “la recherche de lavérité sur l’affaire Kieffer, car lesjournalistes ont payé le plus lourd tributdans la crise sociopolitique ivoirienne”.

ConclusionL’espace médiatique ivoirien est riched’associations et d’organisationssectorielles, ainsi que d’organes derégulation et d’autorégulation qui assurenttant bien que mal leurs différents rôles.La Côte d’Ivoire est à un tournant décisifde son histoire, avec l’organisation de

Guy-André Kieffer

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l’élection présidentielle de sortie de crisedont le premier tour est prévu pour le 31Octobre, après plusieurs reports depuisOctobre 2005. Tous les regards sont doncbraqués sur ce pays phare de l’Afriquede l’ouest, autant sur les candidats que

sur les médias. Le comportement de lapresse et des autorités qui canalisent cesecteur en cette période électoraleapparaît comme le baromètre du niveaude démocratie dans ce pays miné par huitannées de crise politico-militaire.

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ALERTES

5 mai 2010ALERTE Côte d’Ivoire: Legroupe de média Le Réveilreçoit des menacesM. Patrice Yao, directeur de publicationdu Nouveau Réveil, un quotidien prochede l’opposition basé à Abidjan en Côted’Ivoire, et d’autres responsables dugroupe de média ont reçu des messagesSMS et des appels téléphoniques de men-ace qui leur demandaient de faire atten-tion.

Les menaces ont été proférées à unmoment où le Rallye des Houphouétistespour la Démocratie et pour la Paix (RHDP),une coalition des quatre principaux partisd’opposition, à savoir le PartiDémocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), leRassemblement des Républicains (RDR),l’Union pour la Démocratie et pour la Paixen Côte d’Ivoire (UDPCI) et le Mouvementdes Forces d’Avenir (MFA), se préparaità organiser une marche pacifiquebaptisée Libération de la Côte d’Ivoireprévue pour le 15 mai.

Certains des messages qui ont qualifiéles responsables du groupe de média LeRéveil de « pro-rebelles qui veulent mettrele pays à feu » ont prétendu que ceux quiont envoyé les textes et fait les appelsconnaissaient les maisons desresponsables.

Le groupe de média a affirmé qu’iltiendrait les autorités responsables detoute atteinte éventuelle à leurs droits.

7 mai 2010ALERTE Côte d’Ivoire:Convocation d’un reporterde journalDiarra Youssouf, dit Gnaoré David, re-porter du quotidien L’Expression basé àGagnoa et proche de l’Opposition, a été

convoqué par le préfet de Police pouravoir prétendument transmis des informa-tions à la station de télévision France 24et à d’autres organes de presse ivoiriens.

Il a été convoqué en raison des mani-festations organisées par le Rallye desHouphouétistes pour la Démocratie et pourla Paix (RHDP), une coalition des quatreprincipaux partis d’opposition du payscontre l’appel lancé par le présidentLaurent Gbagbo pour la dissolution dugouvernement et de la Commission Elec-toral Indépendante (CEI).

Le 19 février, la date prévue de la mani-festation, les activistes du RHDP sontdescendus dans les rues pour protestercontre ce qu’ils ont qualifié de « coupd’Etat ». C’est pendant cette manifesta-tion que les forces de l’ordre ont tiré àballes réelles sur eux, faisant cinq tués etd’autres blessés. Youssouf a pris des im-ages de la répression et les a transmisesà certains organes de média en Côted’Ivoire, y compris la station de télévisionFrance 24.

Le journaliste, qui n’a pas nié avoiruti l isé l ’ information quand il a étéentendu par le chef de Police, continuaitses activités régulières jusqu’au 5 maioù il a été convoqué au commissariatde Police prétendument « pour affairele concernant. »

22 mai 2010ALERTE Côte d’Ivoire: Desmusiciens accusent latélévision nationale dediscriminationCertains musiciens en Côte d’Ivoire sesont dit mécontents au sujet du refus dela station de télévision nationale, la RadioTélévision Ivoirienne (RTI), de diffuserleur musique.

Le journal L’Expression, une publica-

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tion proche de l’Opposition, a mentionnédeux des musiciens en cause, MM FadalDey et Lago Paulin, dont la musique a étéqualifiée de « subversive » pour l’Etat.

Toutefois, la Fondation pour les Médiasen Afrique de l’Ouest (MFWA) a étéinformée que les musiciens faisaient l’objetde victimisation parce qu’il semblait queleur musique était critique à l’égard del’administration du Président Gbagbo.

Dans son œuvre titrée « Mea Culpa »,Fadal Dey, un reggae man, a demandépardon à feu Félix Houphouët-Boigny, lepremier président du pays, pour l’avoirtraité de « voleur » au moment où lePrésident Gbagbo était dans l’Opposition.A l’époque, M. Gbagbo avaitinstrumentalisé les jeunes à traiter le pre-mier président de « voleur ». Fadal Dey aaffirmé que dans ces circonstances, leschoses n’étaient pas différentes. De cefait, M. Houphouët-Boigny devait luipardonner.

Dans un album intitulé : « On est fatigué», Lago Paulin a dénoncé ce qu’il a qualifiéd’ « augmentation abusive desmarchandises » et a fait allusion au faitque « les droits de l’homme et la sécuritésociale n’existent pas » dans le pays.

La musique de plusieurs artistesproches du gouvernement, surtout ceuxqui se disent « patriotes », aurait joui debeaucoup de temps d’antenne.

9 juillet 2010ALERTE Côte d’Ivoire: Unjournal est condamné àdes amendes pourpublication des résultatsdes sondagesLe Conseil national de Presse (CNP),l’instance de régulation de la presse écriteen Côte d’Ivoire, a infligé des peines detrois millions de francs CFA (environ $US6 000) à la société Régie Cyclone, éditricedu quotidien Le Temps, une publicationproche du parti au pouvoir.

L’imposition des amendes a fait suite àla publication des résultats des sondagesmenés par un groupe de chercheurs, Tns-Sofres, sur les candidats à l’électionprésidentielle du pays dont les résultatsn’étaient pas encore connus.

La sanction imposée par le CNP étaiten conformité avec l’alinéa 5 de l’article39 de l’Ordonnance 2008–133 du 14 avril2008 portant modifications au codeélectoral sur la sortie de crise. Selon cetalinéa, « il est interdit de publier ou dediffuser des estimations de vote ou deprocéder à l’établissement de sondagessous quelque forme que ce soit, à partirde quelque lieu que ce soit à compter dela publication de la liste électoraleprovisoire ».

Cette liste électorale a été publiée le 02octobre 2009 sur toute l’étendue duterritoire national.

Ce n’était pas la première fois que desamendes ont été infligées au journal LeTemps pour une infraction similaire cetteannée. Le 02 avril, des amendes d’un mil-lion de FCFA (environ $US 2 000) ont étéinfligées au journal.

Bien qu’aucune date n’ait encore étéfixée pour l’élection présidentielle du pays,un groupe de chercheurs, Tns-Sofres,avait, dans une série de sondages, donnéle président Laurent Gbagbo vainqueur del’élection.

La MFWA était profondément inquiètede cette loi répressive qui ne censure nonseulement les médias ivoiriens mais aussiréprime la liberté de l’enseignement. Cetteloi ne permet pas au grand publicd’accéder aux travaux de recherchescientifique.

Nous avons fait appel aux autoritésivoiriennes pour qu’elles l’abrogent dansles meilleurs délais puisqu’elle porteatteinte à la liberté d’expression dans lepays.

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13 juillet 2010ALERTE Côte d’Ivoire: LaPolice met troisjournalistes en garde àvueTrois journalistes principaux du journal LeNouveau Courier, une publicationindépendante en Côte d’Ivoire, ont été te-nus en garde à vue par la Police ivoiriennepour avoir refusé de révéler la source deleurs informations sur un rapport filtréd’une affaire de corruption présuméedans la filière café-cacao qui a été publiéedans la livraison du journal du 13 juillet2010.

Les journalistes, Saint-Claver Oula,Stéphane Guédé et Théophile Kouamouo,respectivement rédacteur en chef,directeur de la publication et directeur dela rédaction du journal, ont été détenussur les ordres du Procureur de laRépublique, M. Raymond Tchimou Fehou.

L’arrestation et la détention ultérieuredes journalistes a fait suite à la parutionà la une de la livraison du même jour desextraits d’un rapport filtré sur une affairede détournement présumé survenu dansla filière café-cacao du pays.

Des policiers en tenue civile ontdébarqué à la Rédaction pour embarquerOula, Guédé et Kouamouo. Avantd’emmener les journalistes, la Police aillégalement confisqué un ordinateur por-table.

Selon Désiré Gueu, l’avocat desjournalistes, il y avait des chances queceux-ci puissent être inculpés de vol dedocuments administratifs pour avoir refuséde révéler la source de leurs informations.

La MFWA était peinée du fait que lesautorités ivoiriennes obligeaientmanifestement les journalistes à divulguerla source de leurs informations. Laconfidentialité et la protection des sourcesconstituent des principes cardinaux dujournalisme partout au monde, y comprisla Côte d’Ivoire.

La MFWA était consternée par la

détention de ces journalistes et a fait appelau gouvernement du président LaurentGbagbo pour qu’il effectue leur libérationimmédiate et sans conditions.

21 juillet 2010ALERTE Côte d’Ivoire:Intensification de larépression desjournalistesM. Patrice Pohé, journaliste et conseilleren communication de M. RichmondTchimou, le Procureur de la République,a été arrêté et détenu sur les ordres deson patron pour avoir prétendument filtréau journal privé Le Nouveau Courrier, unrapport sur une affaire de détournementsurvenue dans la filière café-cacao dupays.

L’arrestation de M. Pohé a fait suite àun long interrogatoire qu’il a subi avec AllanAlliali, directeur de publication du journalindépendant Le Quotidien.

Les deux ont été entendus séparémentavant de faire l’objet d’une confrontationpendant près de neuf heures. Le 17 juillet,M. Pohé avait été interrogé, de même queBoni Rosine, secrétaire du Procureur,pendant environ six heures. Pohé devaitêtre déféré le 23 juillet.

Dans un autre développement, le Tri-bunal correctionnel d’Abidjan devantlequel comparaissaient trois rédacteursdétenus du journal Le Nouveau Courriera reporté, le 23 juillet, le délibéré duprocès au 26 juillet sans préciser le motifde sa décision.

La Police ivoirienne a dispersé unpiquet organisé par le Comité ivoirien pourla Protection des Journalistes (CIPJ) envue de protester contre la répression desjournalistes dans le pays. La Police aconfisqué une caméra et deux téléphonesportables appartenant aux journalistes.Elle les leur a restitués plus tard.

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20 novembre 2010Le directeur du site webkoaci.com échappe à unlynchageLe 20 novembre, jour d’ouverture de lacampagne du second tour, un journalistefrançais parti couvrir une manifestationd’étudiants de la FESCI pro-Gbagbo quiattaquent le siège du RHDP à Cocody estpris à partie par des manifestants. LaurentDespas, directeur de koaci.com échappeà un lynchage orchestré par despersonnes se réclamant de la FESCI.Battu et menacé de mort par des mani-festants détenant des armes blanches,machettes, gourdins et autres projectiles,témoigne-t-il, il ne doit son salut qu’aucourage d’une inconnue qui se couchesur lui pour empêcher que le coup fatal àla machette lui soit porté. Laurent Despasen profite pour s’enfuir malgré sesblessures et est finalement accueilli parune famille courageuse, alors queplusieurs autres ont refusé de lui accorderl’asile, par crainte de représailles.

2 décembre 2010Côte d’Ivoire ALERTE:Organe de régulation desmédias interdit auxmédias étrangers decouvrir la crise politique.Le Conseil National pour la Communica-tion Audiovisuelle (CNCA), un organismede régulation des médias en Côte d ‘Ivoirea émis une directive interdisant toute ra-dio et chaînes de télévision étrangèresdans le pays de couvrir la crise politiquedont le pays fait preuve à l’heure actuelle.

Le communiqué annonçant l’interdictionpar le CNCA a été lu par le secrétairegénéral de cette instance de régulationdes medias, Félix Nanihio, au cours dujournal parlé émis à la télévision d’Etat à20 heures temps universel.

Le communiqué signé par le présidentdu CNCA, Franck Andesson, estime quela directive s’avérait nécessaire pour«maintenir la paix sociale qui a étéfortement ébranlée.”

Cette interdiction annoncée par leCNCA suit la déclaration des résultatsprovisoires du second tour de l’électionprésidentielle par la Commission ElectoraleIndépendante, résultats qui donnent lavictoire au candidat de l’oppositionAlassane Ouattara au détriment duPrésident Laurent Gbagbo.

Toutes les chaînes étrangères et leschaînes panafricaines telles que TF1,France 24, l’Afrique 24, et Vox Africa ontété suspendues. La station FM locale deRadio France Internationale (RFI) a étéégalement interdite.

2 décembre 2010Les émissions de la radioONUCI FM brouillées, ellechange de fréquenceLe 02 décembre, dans la même logiquede suspension des médias étrangersd’information, la radio de l’Opération desNations Unies en Côte d’Ivoire, ONUCI FMest également brouillée. Cette radioinstitutionnelle qui émet sur une fréquencede la radio nationale (FM 96.0) a dû alorschanger de canal pour émettre sur lasienne (FM 95.3). Depuis la mi-décembre,l’Opération des Nations Unies en Côted’Ivoire (ONUCI) et sa radio, ONUCI FMsont nommément accusées par les forcesde défense et de sécurité loyales àLaurent Gbagbo et par son gouvernement(non reconnu par la communautéinternationale dont les Nations Unies)d’être des structures de déstabilisation durégime Gbagbo et de soutenir AlassaneOuattara. Le Président Ouattara, dont lavictoire a été certifiée par l’ONUCI estretranché, sous surveillance des forcesimpartiales (ONUCI et Opération françaiseLicorne), depuis le second tour de

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l’élection, au Golf Hôtel, avec tout songouvernement et de nombreux journalistesde la RTI, interdits de mettre pied à leurservice.

14 décembre 2010ALERTE Côte d’Ivoire:Intensification de larépression des journauxpro-OuattaraLes agents de sécurité fidèles à M. LaurentGbagbo, le candidat vaincu du deuxièmetour des élections présidentielles, ontprocédé à uner é p r e s s i o nsystématiquedes médias etdes journalistesp r o c h e sd ’ A l a s s a n eD r a m a n eOuattara, levainqueur del’élection etprésident dupays reconnupar lacommunautéinternationale.

M. OuattaraGnonzie leministre de la Communication de M.Gbagbo, a déclaré qu’il avait « proscrit »les journaux pro-Ouattara et que ceux-cidevraient être arrêtés « aussitôt que pos-sible ». Il a également signalé qu’il veilleraità ce que les journaux « respectent les loiset la constitution » du pays.

Les journaux interdits étaient LeNouveau Réveil, L’Patriote, Nord-SudQuotidien, L’Expression, Le Mandat, LeDémocrate, et L’Intelligent d’Abidjan.

Plus tôt, le commandant de la Garderépublicaine, Dogbo Blé Brunot, et leministre de l’Emploi des Jeunes et de laSante Urbaine de Gbagbo, Charles BléGoudé, ont envahi les maisons de publi-

cation de ces journaux pour les menaceret leur demander d’arrêter leurs publica-tions.

Pour se solidariser avec leurscollègues, deux journaux pro-Gbagbo, LeTemps et Le Nouveau Courrier, ont arrêtéleurs publications.

La garde républicaine a égalementempêché la société Edipresse, le seul ser-vice de messagerie de presse du pays,de distribuer les journaux.

Toutefois, le 19 décembre, deux joursaprès la suspension, l’ instance derégulation des médias, le Conseil Nationalde Presse (CNP), a levé l’interdiction.D’après Eugene Do Kacou, le présidentdu CNP, seuls le CNP et le Procureur dela République sont habilités à sanctionnerles médias.

MISE A JOUR : Situationdes médias et desjournalistes depuisl’élection présidentielle

Le présent Rapport prend en compte lasituation des médias et des journalistesdepuis le 14 octobre, veille de l’ouverturede la première campagne électorale,jusqu’au 31 décembre 2010.

1. Aperçu de la situation politiquepostélectorale

L’élection présidentielle qui a abouti à unecrise post électorale en Côte d’Ivoire aconnu deux temps forts. Un premier tourcalme et un second tour très mouvementé.

La campagne électorale du premier touret le scrutin ont été jugés calmes, ouverteset équitables pour les 14 candidats en lice.La campagne, axée sur les programmeset les projets des candidats, a été cou-vertes dans le respect de l’équité par laquasi-totalité des médias accrédités.Fraternité Matin à qui la loi fait obligationd’assurer un accès égal aux candidats et

M. Alhassane DramaniOuattara

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aux partis ou groupement politiques a dumieux qu’il a pu respecté ce principe.

Le scrutin a été marqué par un taux departicipation élevé, environ 84%, et lesrésultats ont été globalement acceptés detous.

La centaine de médias nationaux etinternationaux accrédités par la CEI ontbénéficié de facilités d’accès àl’information jusqu’à la fin du scrutin dusecond tour.

Le second temps fort de cette électionconcerne la campagne du second tour etsurtout l’après scrutin. Pendant lacampagne, la question du report des voixfavorables au candidat malheureux KonanBédié a favorisé un climat tendu et lesquestions sensibles telles que la paternitéde la guerre, abondamment évoquées parles partisans du candidat Laurent Gbagbo,de La Majorité Présidentielle (LMP), enont rajouté.

Les dissensions sur les procédures etsur les résultats du second tour ont donnénaissance à la profonde crise postélectorale en cours.

Depuis lors, la Côte d’Ivoire disposede deux chefs d’Etat, de deuxgouvernements face à une populationmédusée qui se divise de plus en plus.Cette division au niveau des politiques etde la population a déteint sur les médiasdont la sécurité et les missionsfondamentales de développement sontmises à rude épreuve.

2. Atteintes à la liberté des médias enpériode électorale et postélectorale14 octobre 2010Un reporter photo de l’agence APNews agressé physiquement et sacaméra endommagée

A la veille de la campagne du premier tour,soit le 14 octobre, une équipe du RHDPconduite par Hamed Bakayoko se rendau campus de Cocody pour préparer lavisite du candidat Alassane Ouattara. Nonseulement la rencontre a été empêchée

par des éléments de la Fédérationestudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire(FESCI), mais aussi Coulibaly GbonBakary, le reporter-photographe del’agence de presse AP News qui fait cejour-là une prise d’images pour la chaînefrançaise TV5, est agressé.

Devant la présidence de l’Université deCocody, en présence de plusieurs témoinsdont des journalistes, Coulibaly GbonBakary, est violenté par un membre de laFESCI qui se fait appeler ‘Ben Laden’.Ce dernier donne un coup de poing audos du reporter qui entreprend de filmerl’arrivée de Hamed Bakayoko. CoulibalyGbon Bakary est terrassé, sa camera estendommagée tandis que son agresseurtente de la lui arracher. Ce qu’il n’arrivepas à faire grâce à l’aide apportée par unreporter de Le Nouveau Courrier.

16 décembre 2010Tentative de marche duRHDP sur le siège de laRTI violemment réprimée :un cameraman de France24 passe la nuit aucommissariat du PlateauLa violence contre les agents de médiasconnaît un pic lors de la marche du RHDPdu 16 décembre, visant, selon lesorganisateurs, à libérer le RTI du contrôledu camp Gbagbo. La Garde Républicainea réprimé la manifestation à coups degrenades lacrymogènes et même à ballesréelles.

Les journalistes travaillant pour deschaînes françaises (France 2, France 3,France 24…) ont aussi fait les frais decette violence militaire. Un cameramanoccasionnel de France 24, AlassaneKanaté a même passé la nuit du 16 au 17décembre au commissariat central de po-lice du Plateau. Au moins trois autresjournalistes auraient été arrêtés, a-t-onappris, sans autre précision.

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Une journaliste de Nord-Sud Quotidienprise pour espionne, molestée par lasécurité d’un ministre de LaurentGbagbo

Une journaliste de Nord-Sud Quotidien,Adelaïde Konin, a été molestée par lagarde du nouveau Ministre del’Enseignement Technique du gouverne-ment Gbagbo lors de la cérémonie depassation de charges. Elle avait étéprésentée par des agents de la RTI,présents sur les lieux, comme uneespionne du camp de Monsieur Ouattara.Son bloc-notes lui a été arraché puisdéchiré, son téléphone portable confisqué.La journaliste a témoigné avoir reçu toutessortes de menaces avant d’être relâchée,en pleurs.

16 décembre 2010Les journaux pro-Ouattarainterdits de parution pardes éléments se réclamantde la Garde RépublicaineLe 16 décembre, après la répression dela manifestation du RHDP visant à « libérer» les médias d’Etat, notamment la RTI etles locaux de la Primature (bureau du Pre-mier Ministre, sis au Plateau) des mainsdu camp Gbagbo, des dizaines de mani-festants sont morts ou blessés par balles.

Plusieurs dizaines de manifestants ontété détenus à la Préfecture de Police duPlateau, le quartier administratif d’Abidjan,et de nombreux autres sont portésdisparus. Des journalistes, présents surles lieux, disent être alors considéréscomme des témoins gênants.

Dans la soirée, des personnesprésentées comme des agents du serviceCommunication de la Présidence et deséléments de la Garde Républicaine ontentrepris d’interdire la publication et la dis-tribution des journaux pro-Ouattara.

A cet effet, ils se sont rendus àl’imprimerie Sud Actions Médias et à

l’imprimerie du Groupe Olympe pourinterdire verbalement l’impression desjournaux jugés proches d’AlassaneOuattara. Il s’agit de Le Nouveau Réveil,Le Patriote, Nord-Sud Quotidien,L’Expression, Le Jour Plus, LeDémocrate, Le Mandat, et le quotidienindépendant L’Intelligent d’Abidjan. Enréplique, Sud Action Médias décide de nepas imprimer, non plus, Le NouveauCourrier et Le Temps, pro-Gbagbo.

Le groupe se rend par la suite àEdipresse, l’unique société de distributiondes journaux en Côte d’Ivoire, pour lamenacer de représailles si elle s’aventuraità distribuer les quotidiens sus mentionnés.

Après deux jours d’interdiction, les 17et 18 décembre, sur saisine duGroupement des Editeurs de Presse deCôte d’Ivoire (GEPCI), le Conseil Nationalde la Presse (CNP) publie un communiquépour déplorer cette mesure arbitrairen’émanant pas des autorités compétentes.Le Président de l’organe de régulation dela presse écrite en Côte d’Ivoire, EugèneDié-Kacou lève donc l’ interdiction,affirmant qu’une telle sanction ne peut êtreinfligée que par le CNP et le Procureurde la République. Les journauxprécédemment interdits ont puréapparaître dans les kiosques à partir dulundi 20 décembre 2010.

18 décembre 2010Des militants du RHDPdétruisent des biens de laRTI à Grand-BassamUne équipe de reportage de la RTI partiecouvrir une manifestation de protestationdes partisans pro-Ouattara à Grand-Bassam (ville située à une trentaine dekilomètres à l’Est d’Abidjan) le 18décembre s’est heurtée à la violence desmanifestants. Ces derniers, manifestantsuite au décès d’une personne après quedes agents de la Compagnie républicainede sécurité (CRS) aient jeté une grenade

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dans une mosquée et arrêté trois autresjeunes, reprochaient à la télévision d’Etatde tronquer les faits. Ils ont incendié levéhicule de la RTI et arraché la cameraqui a été plus tard retrouvée et restituée àl’organe, sur insistance du député-mairePDCI, Jean-Michel Moulod.

21 décembre 2010Des exemplaires dejournaux pro-Ouattaradéchirés dans diversescommunes d’AbidjanLe 21 décembre, au lendemain de laréapparition des journaux pro-Ouattaradans les kiosques à journaux, des parti-sans de Laurent Gbagbo qui se fontappeler jeunes « patriotes » ont déchirédes exemplaire de Le Nouveau Réveil etLe Patriote dans diverses communesd’Abidjan, notamment à Cocody etYopougon (fief de Gbagbo). Ils ontégalement menacé de représailles lesvendeurs de journaux à la criée et lespropriétaires de kiosques à journaux, s’ilscontinuaient de vendre ces publications.

Par ailleurs, dans la même période, àl’intérieur du pays, notamment à Toumodiet Dimbokro, des journaux pro-Gbagboauraient également été déchirés par despartisans de Ouattara.

21 décembre 2010Des journalistes interditsd’accès à la RTIA la RTI, après le second tour de laprésidentielle, l ’on constate unbouleversement de la gril le deprogrammes. Des émissions de débats(non contradictoires), des reportages, desmicros-trottoirs, des interviews de diversespersonnes qui n’ont qu’une même opin-ion favorable à Laurent Gbagbo etdénonçant « l’ impérialisme » desOccidentaux, ont resurgi de plus belle. Cesprogrammes sont animés par des agents

favorables à Monsieur Laurent Gbagbo quine le cachent pas d’ailleurs.

Aussi, selon un responsable syndicalà la RTl, la plupart des agents soupçonnésd’être proches du RHDP sont interditsd’accès aux locaux de la « maison bleue». Dans un entretien téléphonique accordéle 21 décembre à la correspondante deMFWA à Abidjan, Koné Lanciné assurequ’avant le scrutin du second tour où tousles journalistes avaient envahi le terrainpour la couverture médiatique de lacampagne, tous ceux soupçonnés d’êtreproches du RHDP font l’objet de menacesverbales. L’un d’entre eux, RashN’Guessan Kouassi, a même été enlevépar des hommes en tenue, avant d’êtrelibéré sur intervention d’organismes de lasociété civile dont la Division des Droitsde l’Homme de l’Opération des NationsUnies en Côte d’Ivoire (ONUCI). Il estaccusé, comme ses collègues en ques-tion, de rapporter les faits et gestes quise passent à la RTI au RHDP, a-t-il indiqué.

Koné Lanciné fait état de violencesverbales et de menaces de licenciementà l’encontre de ce groupe de journalistesdit pro-RHDP. Il explique qu’après le sec-ond tour, les responsables de la RTI ontélaboré « un nouveau tableau deprésentation d’où ils ont extrait tous ceuxqui ne sont pas de leur bord (…), sansexplication ». Des journalistes commeRicardo Xama, Kamagaté Moussa, AliYoda, Ange Assoukrou, en plus de RashN’Guessan et lui-même, entre autres, sonttous frappés par la mesure. Parmi cesagents déclarés personae non grata à laRTI et craignant pour leur sécurité, seulKoné Lanciné a pu atteindre l’Hôtel du Golfpour se réfugier aux côtés des nouveauxresponsables de la RTI nommés parAlassane Ouattara, à savoir Brou Aka Pas-cal, Aka Sayé Lazare et Dégny Maixent.

Le secrétaire général du Syndicat Libredes Agents de la RTI (SYLARTI) rappelleque cette même situation a été vécue pareux en 2003 et 2004, et à chaque foisqu’il y a eu une crise politique en Côted’Ivoire.

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Notons que Brou Aka Pascal, nouveaudirecteur Général de la RTI nommé par leGouvernement de Monsieur AlassaneOuattara, est le journaliste qui a présentél’historique face-à-face télévisé entre lescandidats Laurent Gbagbo et AlassaneOuattara, le 26 novembre, à deux jours dusecond tour.

3. Clivages et positionnements desmédias

3.1 La presse écrite

En Côte d’Ivoire, l ’on distinguegénéralement l’appartenance d’un journalpar sa couleur. Ainsi sont qualifiés de‘journaux bleus’ ceux proches du FrontPopulaire Ivoirien (FPI, parti de LaurentGbagbo). Quant aux quotidiens prochesdu RHDP, ils sont surnommés « journauxverts ».

La division entre les médias dedifférentes obédiences politiques s’estaccrue pendant la campagne électorale.Les journaux privés étant pour la plupartaffiliés à des partis politiques, donc parti-sans, la crispation de l’environnementélectoral, surtout dès la fin du premier tourde l’élection, va crescendo.

La crise politique entraîne donc labataille pour le contrôle de l’information.Si le RHDP dispose de journaux tels LeNouveau Réveil, Le Patriote, Nord-SudQuotidien, Le Mandat, Le Démocrate, LeJour Plus qui relaient les informations quilui sont favorables en écorchant, bien sûrle camp Laurent Gbagbo, celui-ci peutégalement compter sur la répliqueapportée par Notre Voie, Le Temps, LeNouveau Courrier et LG Infos, créé à lafaveur de l’élection.

Hormis ces journaux partisans, l’ondénombre quelques quotidiensd’informations générales indépendants/plus ou moins indépendants. Il s’agit desjournaux du Soir Info, L’Inter et L’Intelligentd’Abidjan.

Le quotidien d’Etat Fraternité Matinbascule dans le journalisme partisan

Le quotidien d’Etat Fraternité Matin aexprimé, dans un éditorial publié dans salivraison du mardi 7 décembre 2010, sapréoccupation dans le traitement del’information en cette situationpostélectorale.

Ce journal « pro gouvernemental » setrouvait partagé entre le fait de se tenir àéquidistance des différentes chapellespolitiques, dans un souci d’informerhonnêtement les lecteurs et celui deconsidérer que le président sortant est belet bien en place.

Au regard de ses dernières publica-tions, ce quotidien soutient maintenantouvertement le camp de monsieur LaurentGbagbo, basculant ainsi, à son corpsdéfendant, dans le journalisme partisan.Il a amorcé ainsi, dans le contexte actuel,un virage à 180°, en rejoignant la RTI quise fait le porte-voix du chauvinisme dessoutiens de monsieur Laurent Gbagbocontre les rebelles et les « impérialistes »de l’Occident.

Fraternité Matin avait pourtant si bienassuré la mise en œuvre du respect desprincipes d’égalité et d’équité entre lescandidats qu’il a bénéficié du satisfecitpublic de tous, notamment del’organisation Reporters Sans Frontières(RSF).

La radio et la télévision nationale (RTI),chantres de la voix unique

Les critiques de partialité qui étaientportées à l’encontre de la radio et de latélévision nationale (RTI) par l’oppositiondepuis quelques années sont, à nouveau,à l’ordre du jour, après une netteamélioration de ses pratiques durant lesdeux campagnes qui ont duré respective-ment 15 et sept jours.

Depuis le début de la crise postélectorale, la RTI n’offre alors qu’une voix,celle des partisans de Laurent Gbagbo.

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Semblant préparer les esprits à contesterles résultats proclamés par le CEI, la RTIa passé en boucles les conférences depresse d’Affi N’Guessan (président du FPI,parti de Laurent Gbagbo), des rapportsd’observateurs africains expliquant avecforces détails que le scrutin a été émailléd’irrégularités au nord et au centre dupays, des zones favorables à l’adversairede Laurent Gbagbo.

La télévision nationale, RTI LaPremière, pratiquement seule sur le ter-rain de l’information audiovisuelle locale,a continué de relayer des messagesd’hostilité contre les pro-Ouattara, deprésenter des images de guerre et devictimes d’attaques se disant militants pro-Gbagbo.

Des appels et des incitations à la révoltecontre la France, l’ONUCI et laCommunauté internationale sont devenuscourants sur les antennes de la RTI.

L’AIP s’y met aussi

L’Agence Ivoirienne de Presse (AIP),depuis sa création le 02 juin 1961, s’estgénéralement conformée à la règled’impartialité et d’équité.

Mais, contre toute attente, le DirecteurCentral de cette agence, Monsieur DébyDalli, a suspendu, jusqu’à nouvel ordre,le Rédacteur en Chef chargé du siège(Abidjan), N’Guessan Fousséni, pouravoir publié, le 14 décembre, un articlesur la décision du RHDP d’installer le16 du même mois, les nouveauxdirigeants de la RTI nommés par le «Président Ouattara ».

Au lendemain de la publication de ladépêche incriminée, N’Guessan Foussénia reçu verbalement sa décision de sus-pension.

Depuis lors, les dépêches du fil de l’AIPont pris clairement position pour laprésidence Gbagbo, reconnaissant de cefait une seule autorité sur le pays, cellede Laurent Gbagbo.

D’ailleurs, évoquant des « raisons de

sécurité », les journalistes de l’AIP ne serendent plus à l’Hôtel du Golf pour couvrirles événements du gouvernement Ouattaraet du RHDP, la coalition politique qui lesoutient, depuis le 13 décembre, bienavant le blocus instauré par des militairespro-Gbagbo sur la zone. En outre, unblackout total est observé pour lescommuniqués de presse émanant duRHDP.

Les organes de régulations etd’autorégulation, le CNP, le CNCA etl’OLPED

Les organes de régulations ont vu, àl’occasion de cette élection, leurimpartialité rudement mise à l’épreuve.Pourtant, avant la campagne du premiertour le CNP et le CNCA ont mis en placedes mécanismes pour garantir l’équité etl’égalité des candidats pendant lesélections.

Ainsi, des tranches d’émissionsspéciales, message aux électeurs et uneinterview, à la radio et à la télévisionnationale (RTI) et des espaces égaux dansle quotidien Fraternité Matin ont étéprescrits pour permettre aux candidats dediffuser leurs messages.

L’ordre de passage des candidats a étéobtenu par tirage au sort dans FraternitéMatin par le CNP mais le CNCA a décidéde faire diffuser l’interview des candidatssur les antennes de la RTI, suivant uneclassification par ordre de dépôt des dos-siers de candidature à l’électionprésidentielle acheminés à la CEI. Cetteprogrammation a fait intervenir en dernièreposition le candidat Laurent Gbagbo surles antennes de la RTI pendant le premiertour.

Face aux dérives dont se rendentsouvent coupables les journaux partisans,le Conseil National de la Presse (CNP)veille au grain et rappelle à l’ordre, parvoie de communiqués, d’interpellations etde sanctions les organes de presseréfractaires aux dispositions de la loi, àl’éthique et au code de déontologie.

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Ce choix du CNCA avait suscité ladésapprobation de certains candidats eta laissé plané un doute sur l’impartialitéde cette instance de régulation del’audiovisuel.

La réaction du CNCA est, d’ailleurs,toujours attendue face au comportementde la RTI qui, visiblement s’éloigneprogressivement de sa mission de médiade service public ouvert à toutes les opin-ions

Cette instance de régulation des médiasaudiovisuels a, toutefois, ordonné le 02décembre au journal de 20 H sur la chaînenationale RTI, l’interruption des émissionsdes médias audiovisuels étrangersd’information. Cette mesure d’interruptionest encore en vigueur.

La radio britannique BBC avaitégalement subi le même sort mais elle aété réhabilitée quelques semaines après.

Quant à l’Observatoire de la Liberté dela Presse, de l’Ethique et de la Déontologie(OLPED), il est resté plutôt peu visiblependant la période électorale. Pas decommuniqué ni de déclaration, encoremoins de monitoring. Interrogé le 22décembre par la correspondante en Côted’Ivoire de MFWA, Zio Moussa, sonprésident, a affirmé que toutes lesactivités prévues par l’OLPED pour lapériode électorale n’ont pu se tenir, fautede moyen. Le Président de l’Observatoirea toutefois déploré le manque de respectde l’éthique et de la déontologie. « Lesluttes politiques sont relayées par lesjournaux avec un parti-pris flagrant »,constate-t-il, tout en rappelant qu’après legénocide rwandais, des journaux ont ététraduits devant le tribunal pénal d’Arusha.Cette donne, estime-t-il, échappe auxmédias ivoiriens. Zio Moussa relèveégalement que « lors des principaux ac-cords sur les conflits en Côte d’Ivoire,depuis Marcoussis jusqu’à l’AccordPolitique de Ouagadougou (APO), lesgens sont très souvent revenus sur lesjournaux ivoiriens ».

Des médias indépendants depuis ledébut de l’élection présidentielle

Parmi les médias nationaux autorisés parla loi à traiter et diffuser l’informationd’actualité politique — les radios noncommerciales, une centaine qui couvrel’ensemble du territoire national, étantinterdites d’information — les quotidiensL’Inter, Soir Info et L’Intelligent d’Abidjanfont un effort de traitement de l’informationéquilibré et impartial. Ces trois journauxpeuvent être considérés comme desmédias indépendants au plan éditorial.

Les journaux Le Jour Plus, Nord SudQuotidien, L’Expression et Le Courrierd’Abidjan qui manifestaient le souci d’untraitement de l’information modéré et im-partial, se sont ensuite ouvertementaffichés comme soutenant ouvertement lecandidat de leur choix.

Les quotidiens d’informations politiquesont beaucoup durci le ton contrel’adversaire politique et renforcé lesmoyens de promouvoir leur candidat.

De la naissance d’un sentiment antimédias occidentaux

Depuis le début de la crise post électorale,les journalistes étrangers, notammentfrançais sont accusés d’intoxiquer etd’appeler à la haine. Dans un communiquépublié le 4 décembre, le SecrétaireGénéral de Reporters Sans Frontières(RSF), Jean-François Julliard, déplore leclimat anti-français entretenu par la RTIet certains journaux de la presse privée,tels Le Temps et Notre Voie, proches deLaurent Gbagbo.

« Nous sommes très inquiets de voir lachaîne (de télévision) et la station (de ra-dio) nationales ivoiriennes désigner desmédias étrangers et certains de leursemployés et les accuser d’êtreresponsables de la confusion ambiante.Le procédé est malhonnête et dangereux», déclare M. Julliard.

Il s’offusque en outre que la RTI ait

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montré le 3 décembre à l’écran, une photode la correspondante de France 24 puisun gros plan de l’envoyé spécial à Abidjande la chaîne française accusée de «vouloir déstabiliser le pays », pour avoirrelayé la proclamation par la CEI desrésultats provisoires donnant AlassaneOuattara vainqueur de l’élection.

La veille, le quotidien Le Temps écritque « La presse française masque laréalité » et « manifeste sa mauvaise foi ».Le même jour, Notre Voie titre : « Secondtour du scrutin, France 24 et RFIdésinforment et intoxiquent ».

ConclusionAinsi, depuis le second tour de l’électionprésidentielle, les médias d’Etat,notamment la RTI et le quotidien FraternitéMatin prennent ouvertement et exclusive-ment fait et cause pour Laurent Gbagbo.En réaction à cette situation, le RHDP, lacoalition politique de Monsieur AlassaneOuattara a créé spontanément sa stationde radio baptisée Radio Côte d’Ivoire, lavoix du rassemblement. Cette radio,jugée pirate par le CNCA, a dû changer àdeux reprises de fréquence pour échapperaux tentatives de l’instance de régulationde suspendre son signal.

En outre, étant donné que les radiosprivées non commerciales qui couvrent

l’étendue du territoire souffrent de restric-tions profondes dans la diffusion des in-formations politiques, la grande majoritédes populations n’a plus accès àl’information.

Le 2 décembre, avec la suspension «jusqu’à nouvel ordre » des signaux desmédias étrangers d’information en Côted’Ivoire, seuls les rares privilégiés quidisposent d’un accès à Internet peuventrecevoir des informations plurielles.

Dans cette guéguerre des ondes, le sig-nal de la télévision nationale, RTI LaPremière , a été momentanémentindisponible à partir du 23 décembre 2010sur la fréquence satellitaire Intelsat 903,opérée par la société américaine Intelsat,ce qui permet la diffusion des programmesdans les provinces ivoiriennes ainsi qu’enAfrique et en Europe, où elle estrediffusée par le bouquet Canal + Hori-zons. Cette interruption serait due à desfactures impayées de la RTI à Intelsat.

Le 14 décembre, lors d’une rencontreavec les responsables des médias d’Etat,le Ministre de la Communication dugouvernement Gbagbo, Ouattara Gnonzié,a demandé aux journaux privés d’arrêterde se comporter en « hors-la-loi » en sesoumettant aux lois et règles de laRépublique.

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Gambie

Président Yahya Jammeh

Aperçu généralEn 2010, la Gambie a poursuivi son chemindifficile sous le régime répressif duPrésident Yahya Jammeh, régimecaractérisé par arrestations, détentions etemprisonnement de journalistes et militantsdes droits de l’homme, mais aussid’hommes politiques ainsi que la fermetureforcée des rédactions.

L’année a connu également pour lapremière fois dans l’histoire du pays,l’interdiction d’intervenir en public imposéeà un leader religieux islamique, pour avoirété sévère à l’envers les politiques duConseil Islamique Suprême et des lead-ers religieux qui sont en train de mobiliserdu soutien en faveur du Président Jammeh

Tandis que l’année 2009 a enregistréle plus grand nombres d’attaques contrela presse et la liberté de la presse enGambie, la situation des droits de l’hommeet de la liberté de la presse n’a nullementamélioré lors de l’année 2010. La situa-tion s’est aggravée du fait des menacesinterminables proférées contre lesjournalistes et les militants des droits del’homme par le Président de la République.

Intimidation, arrestations et menacesont persisté, sur le fond du meurtre nonélucidé du vétéran du journalisme, DeydaHydara, Co-fondateur du journal The Pointle 16 décembre 2004 et d’Omar Barrowde radio Sud FM lors des manifestationsestudiantines du 10 avril 2001 qui ont étémarquées par l’effusion de sang, ainsi quela disparition continue du journaliste ChiefEbrima Manneh, reporter au journal pro-gouvernemental, Daily Observer. Legouvernement a depuis lors pris une loi

d’amnistie pour faire barrage à toutepoursuite judiciaire contre les agents desécurité qui ont perpétré ces assassinats.

Des législations remontant à l’époquecoloniale qui accordent des pouvoirs etprivilèges excessifs au Président de laRépublique pour limiter la libertéd’expression en pénalisant les reportagessévères à l’endroit du Président ou songouvernement, sont incarnées par les loisde 2004 et 2005 portant amendement ducode pénal. La loi de 2008 portantamendement de la loi portant secretdéfense met les responsables public àl’abri de toute responsabilité envers le pub-lic, et énonce des sanctions contrequiconque obtiendrait certaines informa-tions sans autorisation officielle.

La situation politique de laGambie et son impacte surla presseLa Gambie a accède à l’indépendance dela Grande Bretagne en 1965, sous la

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direction de Sir Dawda Kairaba Jawara,qui a tout d’abord été Premier Ministre etensuite Président de la République quandle pays a opté pour le statut de République.La Reine de la Grande Bretagne et chefdu Commonwealth n’est plus désormaisChef d’Etat de La Gambie. Il a été par lasuite réélu cinq fois Président de laGambie. Le pays a connu des périodesrelativement longues de stabilité politique,interrompues par des tentatives de coupsd’Etat et la violence politique. En 1981Kukoi Samba Sanyang, un gambien enexil qui par deux fois fut candidatmalheureux à l’élection législative, dirigeaune tentative de coup d’Etat sanglante, quis’est soldée par plusieurs morts et desdégâts matériels.

Des troupes sénégalaises sontenvoyées en Gambie afin de stabiliser lasituation, à la demande du PrésidentDawda Jawara. Suite à cela laSénégambie voit le jour, une féderationformée à partir du Sénégal francophoneet de la Gambie anglophone. Cependant,cette initiative s’effondre en 1989 avec leretrait unilatéral des forces sénégalaises.

En 1994, Yahya Jammeh dirige ungroupe de soldats pour renverser le régimedémocratiquement élu du PartiProgressiste Populaire (PPP), et conduitune période de transition de deux ans sousla bannière d’un Conseil Provisoire deGouvernement des Forces Armées(AFPRC), interdisant toute activité politiqued’opposition qui existait lors du régime deJawara. Jammeh remporte des électionsparlementaires et présidentielles fortcontestées en 1996, 2001 et 2006.

Les principaux partis d’opposition, leParti Démocratique Uni (UDP),l’Organisation Démocratique Populairepour l’Indépendance et le Socialisme(PDOIS) et le Parti pour la RéconciliationNationale (NRP), ont pris part à cesélections. L’ opposition a allégué plusieurscas d’actes frauduleux, tandis queJammeh a continue à s’accrocher aupouvoir par le biais des élections fort

contestées par l’opposition, qui fait étatdes irrégularités, de harcèlement,d’intimidation et de menaces venant desautorités.

Jammeh a réussi au fil des années àmonopoliser les ressources et l’appareilde l’Etat à sa guise afin de pouvoirgouverner ce minuscule Etat ouest-africainà vie. Il a déclaré à l’adresse del’opposition que « quiconque souhaitedevenir le prochain Président de ce paysdevra patienter comme un vautour », caril ne compte pas remettre le pouvoir dansles trente ans qui viennent. Des chefstraditionnels s’emploient actuellement àsillonner le pays, menant une campagnepour un terme aux élections et decouronner Jammeh roi.

En octobre 2010, Jammeh a affirmédevant une assemblée de chefstraditionnels, de gouverneurs de ministreset de membres de son parti au siège de lalégislature qu’il n’allait pas mener decampagne au cours de l’année, mais qu’ilétait sûr de remporter l’électionprésidentielle de 2011. Prenant la parolelors de ladite rencontre, le leader de lamajorité à l’assemblée Nationale été formel: « En 2011, Jammeh remportera l’électionet ce sera probablement la dernièreélection en Gambie ». Jammeh aégalement lancé des menaces contrequiconque aimerait engendrer oupromouvoir la violence lors de la campagneet l’élection de 2011.

Jammeh a neutralisé les trois pouvoirsde l’Etat. Il nomme et limoge les magistratsau hasard. C’est d’ordinaire le sort queconnaissent les hauts fonctionnaires del’Etat dans le système Jammeh.

Les inquiétudes et craintes s’accentuentplus les Gambiens s’acheminent vers laprochaine élection présidentielle 2011,dans un contexte où l’opposition restedivisée, tandis que les partisans du partiau pouvoir mènent une champagne pourque Jammeh soit couronné roi. Desnégociations ont été menées pour fédérerles partis d’opposition dans une coalition,

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 43

mais cette initiative de former une coali-tion semble vouée à l’échec du fait d’unelutte de leadership entre eux. L’oppositiondemeure par conséquent fragmentée etfragilisée.

Maintenant la question qui se pose estde savoir si les partis de l’opposition serontlibres d’organiser leurs meetingspopulaires, comme ils ont le droit de lefaire, étant donné que le 1er avril 2010, lejuge Kayode Olajubutu du Tribunald’instance de Kanifing a reconnu coupableFemi Peters, directeur de campagne del’UDP et l’a condamné à payer uneamende de 10, 000 dalasis (environUS$400) et à un an de prison ferme,respectivement pour organisation d’uneprocession contrairement l’article 5(5)(a)de la Loi portant Ordre Public et usage dehaut parleur contrairement à l’article 6(a)de la Loi portant Ordre Public. Cela a faitsuite à un meeting organisé par l’UDP àSerrekunda. Il a fait appel de cettecondamnation auprès d’un tribunalsupérieur.

C’est dans ce cet environnement hos-tile que la presse évolue, se battant sousun régime qui s’est donné pour missionde réduire au silence la libertéd’expression, afin de se maintenir aupouvoir. Malgré ces difficultés, les ouvriersde la presse continuent de s’acquitter deleur rôle dans la société, en diffusant del’information et en éveillant les con-sciences par rapport aux enjeux.

Parmi les grands défis que doiventrelever les journalistes est la nécessité demettre en place un organe d’autorégulation.Les journalistes et le personnel des médiass’organisent également en groupes pourrenforcer les organisations de pressedans le pays.

Aperçu des médiasLa répression menée par le gouvernementcontre les journalistes et les organes depresse, tant au niveau de la presse d’Etatque de la presse privée (presse écrite etaudiovisuelle) a donné lieu à la prolifération

des sites Internet de radios et de journauxcréés et exploités par des ressortissantsgambiens à l’étranger, qui sont pour laplupart des journalistes en exil. Ils essaientde présenter une vision alternative de cequi se passe en Gambie, contre lapropagande relayée par la presse souscontrôle de l’Etat. L’environnementjuridique existant empêche les journalistesd’aborder certains sujets, ce pour quoi lapresse en ligne sert de complément.

La presse écrite

En 2010, de journaux ont reçu leurautorisation, ce qui porte le nombre dejournaux enregistrés à 13, de magazines.

Outre le Gambia Info, tous les autresjournaux sont en mains privées, dont troisont été interdits par les autorités dans laseule année 2010.

Les journaux Standard et Sports Viewont paru pour la première fois dans leskiosques le 4 août et le 25 octobre, 2010respectivement. Cependant, dans ledeuxième mois de son existence, à la mioctobre, le journal Standard a été somméde suspendre ses éditions jusqu’àl’achèvement d’une enquête de servicedes renseignements généraux (NIA) surun éditorial qu’il a publié sur le livre,Kairaba,(mot mandingue pour « la grandepaix ») du Président déchu Sir DawdaKairaba Jawara que les autorités n’ont pasapprécié. Kairaba est une autobiographiede Jawara, qui fait la chronique de sa vieet ses années de Président de laRépublique, jusqu’au moment du coupd’Etat militaire.

Depuis lors, Sherriff Bojang, ledirecteur de publication, se présentait auQuartier général du service dans lacapitale, Banjul. Le journal Business andSports Digest d’un home d’affaireslibanais, Muhammed Al Amar, a égalementreçu l’ordre du gouvernement de fermerses portes, suite à l’arrestation dupropriétaire prétendument pour le traficde drogue.

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Les journaux The Daily et The Voicequi on paru dans les kiosques en 2009,ont intégré le rang de la presseindépendante dans la lutte par ces tempsdifficiles, en sus des difficiles conditionséconomiques dans lesquelles les médiasdevraient survivre. Le journal proche dugouvernement, Daily Observer, étaittoujours en tête pour ce qui concerne lavente et le tirage, vient ensuite le journalThe Point. Un journal proche del’opposition, Foroyaa, est pour le momentconsidéré comme le journal le plus cri-tique du pays, tandis que les autres fontdans une forme de censure ou l’autre.

Le journal d’Etat, Gambia Daily, quiavait disparu des kiosques a été relancéet rebaptisé The Gambia Info, devenu unhebdomadaire. Le journal Today qui avaitengagé une série de batailles judiciairesavec les autorités en 2009 se démène pourmaintenir son tirage quotidien.

Le journal Daily Express qui était crééen 2006, et qui a paru comme untrihebdomadaire au milieu de 2008,n’existe plus, suite à la condamnation deson éditeur pour des fraudes présumées.Le mensuel des divertissements LinguereMagazine édité par l’actuel Président del’Union de la Presse Gambienne, a luiaussi, cessé de paraître par manque deressources humaines. Le président de laGPU, Ndey Tapha Sosseh, qui l’a lancévit actuellement en exil au Mali, par la suitedes poursuites judiciaires engagées en2009 contre les membres du bureau de laGPU en 2009.

La revue News & Reports Magazineest la seule du genre qui paraîtrégulièrement chaque semaine.

Tous les organes de la presse écritefonctionnent dans le centre urbain del’espace de Grand Banjul. S’étant aperçusde la nécessité d’assurer la couverture deszones rurales, des journaux ont commencéà envoyer des reporters dans différentesparties des provinces.

Les journaux dépendent des annoncespublicitaires, mais bon nombre des

annonceurs préfèrent traiter avec les titresproches du pouvoir, ce qui rend la surviedes organes de presse privés extrêmementdifficile. La taxe à l’achat prélevée sur lematériel d’imprimerie est très élevée, cequi fait que les éditeurs ont du mal às’acquitter des coûts et des frais généraux.La plupart d’entre eux achètent le matérield’imprimerie à crédit, les fournisseurs étantpayés après la vente des journaux et larentrée de recettes publicitaires. A causede cela les propriétaires des journauxpaient leurs agents des salaries faibles soitbien en retard ou pas du tout.

La presse audiovisuelle

Il existe quatorze médias électroniquesdont trois qui appartiennent à l’Etat: unestation de télévision et une station radio(c-à-dire la Radiodiffusion TélévisionGambienne — GRTS de l’Etat) et une sta-tion de relais située à Basse à l’extrêmeest du pays; cinq stations de radiocommerciales privées FM et six radioscommunautaires. Les médias d’Etat sonconsidérés comme l’appareil depropagande du pouvoir.

Toutes les stations de radio privées FMet les radios communautaires du pays sontexploitées à titre commercial.

Les radios reçoivent actuellementl’autorisation avec l’interdiction formelle dene rien diffuser de tout ce qui touche à lapolitique.

Les stations de radio privées FM tellesque West Coast, City Limits, Kids withTalents (KWT), Paradise FM, Unique FM,qui sont en activité depuis des années nefont que diffuser les actualités sportiveset d’autres émissions à caractère com-mercial. Les radios communautaires FMà savoir: Teranga FM, Brikama FM etGunjur Community Radio à Kombo South(toutes dans la région de l’ouest de laGambie), les stations de radiocommunautaires en FM Kerewan etFarafenni dans la région de la Rive Nord,la radio communautaire Brikamaba

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Community FM dans la région Centraledu Fleuve, sont toutes des stationscommerciales.

La radio Yiriwa FM qui etait à Brikama,et maintenant rebaptisée Hill Top Radios’est révélée comme la seule nouvelle sta-tion de radio de l’année 2010. Ceci a faitsuite à un contentieux sur le droit depropriété entre les propriétaires. En août2008, le partenaire gambien, BasirouDarboe, s’est appuyé sur son influenceauprès de la NIA pour faire arrêter etintimider ses partenaires, Abubacarr AlTurke, un ressortissant malien et ledirecteur de la radio, Pa Modou Bojang,pour les obliger à lui céder leur droits.Darboe a également agi de connivenceavec des cadres au ministère del’Information, de la Communication et dela Technologie, qui sont chargés de l’octroide licence, pour changer le nom de lastation de radio pour Hill Top Radio, etdepuis lors, il a délocaliser à Fajikunda,dans le secteur de West Field, le long dela grande route de Brikama, environ 15kilomètres de la capitale Banjul.

Les stations radio Unique FM, TerangaFM et Paradise FM font passeressentiellement de la musique, lesannonces publicitaires et des émissionstypes des radios commerciales. SeulesGRTS (télé et radio) diffusent des infor-mations et les actualités. La radio de GRTSet West Coast FM font la liaison avec laBritish Broadcasting Corporation (BBC)pour l’émission Focus on Africa, NetworkAfrica, entre autres.

L’opposition, à plusieurs occasions,surtout lors des périodes électorales s’estplainte des reportages déformés et decouverture peu équitable des évènements,ainsi que de l’accès limité aux médiasd’Etat. Les émissions diffusées et lesjournaux parlés ou télévisés sont pour laplupart conçu pour servir l’intérêt politiquede Jammeh.

Environnement juridiqueIl n’y a pas eu de nouvelles lois sur lapresse en 2010, en dehors de la loi sur

l’Infrastructure national de l’Information etla Communication qui a été voté en 2009.Cette loi, entre autres, vise de définir lemode d’exploitation des services publicsd’audiovisuel, et assurer la disséminationde l’information équilibrée au public. Ellecherche également à procurer à la presseplurielle l’environnement propice suscep-tible de mettre en valeur l’identité culturelle.Cependant, cette loi tarde à se mettre enœuvre.

Les journalistes, sous l’égide de l’Unionde la Presse Gambienne (GPU), ontattaqué les lois prises par le régime enplace qui font obstacle aux droits à laliberté d’expression, comme par exemplele projet de loi portant création de la Com-mission des Médias. Cependant, des ef-forts sont toujours en cours pour obtenirla révision des lois d’amendement de 2004et 2005 relativement à la sédition, ladiffamation et la publication de faussesinformations, en vue de la dépénalisationdes délits de commis par voie de presse.

L’article 25 de la Constitution de 1997de la Gambie reconnaît à chaquepersonne les droits à la liberté de la pa-role et l’expression, ce qui comprend laliberté de la presse et autres médias. CetArticle permet au public de s’exprimerlibrement à travers les médias tandis queles médias sont libres de publier ou dif-fuser leurs opinions et celles du public.L’Article 207 va plus loin pour garantir laliberté et l’indépendance de la presse etautres médias d’information. Cela fait ob-ligation aux pouvoirs publics de prendredes mesures positives pour promouvoir ladiversité au niveau des médias d’Etat, etimpose aux médias la responsabilité detenir le gouvernement à son devoir derendre compte au peuple Gambien.L’Article 208 de la Constitution disposeque « tous les journaux, les revues la ra-dio et la télévision d’Etat assurent lesopportunités et moyens équitables pour laprésentation des points de vue divergenteset de l’opinion dissidente ».

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Rapports gouvernement-médiasMalgré les efforts fournis par l’actuel bu-reau de la GPU pour apaiser les rapportentre le gouvernement et les médias, lesrapport entre les deux ont demeuré àl’aigre, surtout par rapport aux questionsjugées importantes pour le pouvoir. Lesautorités gambiennes persistent àentretenir un environnement hostile auxprofessionnels des médias. Les journalistescouraient toujours le risque d’arrestation,harcèlement et intimidation de la part desservices de sécurité, dans l’exercice deleur métier, toute chose qui a instauré unsentiment de peur et de soumission chezla plupart des professionnels.

Attaques contre les Médias

Fermetures illégales:

L’on dénombre un certain nombre de casde fermetures illégales d’organes depresse. Le journal bihebdomadaire TheIndependent dont les locaux ont étéinvestis et qui a été fermé de façon illégaleen 2006 par la police gambienne demeureabsent des kiosques.

La radio Citizen FM qui servait commela principale source d’informationdivergente ou alternative pour les massesde la population, en particulier lescommunautés analphabètes quireprésentent plus de soixante-cinqpourcent de la population a été fermée deforce en 2001.

Sud FM, une station radio FMsénégalaise basée à Banjul a été ferméepar les autorités gambiennes depuis 2006sans aucune ordonnance judiciaire.L’ordre a été également donné au journalStandard de cesser de paraître jusqu’àla conclusion d’une investigation.

Menaces

Les journalistes continuent de recevoir des

menaces de la part des responsables dugouvernement et du Président de laRépublique. En juin 2010, Abdoulie Johna été menacé par des appelstéléphoniques anonymes. John, qui estun correspondent de l’agence de presse,Associated Press (AP), et d’un organe enligne, Jollof News, a affirmé auxjournalistes qu’il craignait que les appelsprovenaient des éléments de la sécuritégambienne.

Au dire de John, cela faisait presqu’unmois qu’il recevait plusieurs appels lemenaçant tard dans la nuit. Le 12 juin, il areçu un appel à 3 ou 4 heures GMT d’unnuméro qu’il ne connaissait pas. Johnaffirme avoir essayé de rappeler cenuméro le jour suivant, mais l’homme quia répondu a nié avoir proféré de men-aces. Le dernier appel lui est parvenu undimanche, et suivi d’un SMS comme suit: « C’est aujourd’hui le dernier jour où tuvas insulter les gens ». Les menacesseraient liées à son travail au site internetJollof News en ligne, où John couvredivers questions politiques en Gambie.

Ensa Badjie, à l’époque Directeur Gen-eral de la Police a le 16 février 2010menacé de s’occuper des reporters auDaily News, journal quotidien indépendantde la Gambie, qui ont fait un papier pourrévéler au grand jour les lamentables con-ditions qui prévalent dans le secteurrésidentiel de la police à Banjul, les mettanten garde de cesser de faire des report-ages sur les faits au sein de la police oud’en assumer les conséquences.

Deux reporters, Lamin Njie et SaikouCeesay du journal quotidien Daily News,on été convoqués le matin de bonheur parle Directeur General de la Police pourqu’ils se présentent à son bureau à Banjul.Madi Ceesay, Directeur de publication duDaily News, qui avait accompagné sesreporters au bureau du Directeur Généralde la Police, a confirmé qu’il s’agissaitd’un article paru dans l’édition du 15 févrierdu journal sous le titre, « New Police Linedans un état lamentable ». L’article a fait

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le point sur les lamentables conditions devie à Police Line à Banjul, un secteur oùhabitent pour la plupart des officiers depolice et leurs familles.

Le Directeur General de la Police a faitsavoir qu’il n’a pas apprécié l’article et queles reporters devaient se garder d’allervers la police en vue des enquêtes, enprétendant que « si cela concernaitl’Armée, s’en aurait fait de vous déjà ».

Disparition

L’on ignore toujours le sort et là où setrouverait Chief Ebrima B. Manneh, unreporter au journal pro-gouvernementalbasé à Banjul, Daily Observer, quatre ansaprès son arrestations dans son bureaupar la NIA le 6 juillet 2006. Le 7 octobre2007, le Ministre gambien de la justice,Edward Gomez, en réponse à des ques-tions lui ayant été posées par le Député àl’Assemblée Nationale pour Jarra Central,Pa Jallow, a déclaré que l’Etat ignorait làoù se trouverait le journaliste porté perdu,Chief Ebrima Manneh. C’est pratiquementla réponse qu’avait donnée laprédécesseure de M. Gomez, Mme MarieSaine Firdaus- ancien Ministre de la Jus-tice, quand la question lui avait été poséesur le sort de Chief Manneh au mêmeParlement le 6 avril 2009 : « Je me suisrenseignée auprès du Directeur Généralde la NIA, le Directeur Général de la Po-lice et le Directeur des Prisons et pourautant qu’ils ne sachent, Chief Mannehn’est pas sous leur garde », a-t-elleaffirmé.

Suite aux rapports faisant état del’arrestation de Manneh et le manqued’actions de la part des autoritésgambienne pour fournir des précisions surla situation, la Fondation pour les Médiasen Afrique de l’Ouest (MFWA) a, en juin2007 déposé une requête auprès de laCour Communautaire de la CEDEAO pourréclamer sa remise en liberté. En dépitde plusieurs notifications, le gouvernementa refusé de coopérer avec la Cour.

Le Cour Communautaire de laCommunauté Economique des Etatsd’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) siégeantà Abuja, au Nigeria, a dans une décisionhistorique rendue le 5 juin 2008, déclaréque l’arrestation et la détention de ChiefEbrima Manneh étaient illégales et aordonné aux autorités gambiennes de lelibérer immédiatement.

Par cette décision, la Cour de laCEDEAO composée de trois juges a rejetéles affirmations du côté gambien selonlesquelles Manneh n’a jamais été sous leurgarde et a accordé des dommages etintérêts de 100,000 US Dollars en faveurde Manneh et contre le gouvernementgambien, en déclarant que, « Nous avonsconstaté que le requérant [Manneh] a étéarrêté le 11 juillet 2006 par la Police de laGambie et est tenu au secret depuis lorset sans inculpation aucune ».

La Cour a par conséquent ordonné àla République de Gambie de relaxer ChiefManneh de sa détention illégale sans plustarder et de payer au plaignant la sommede 100,000 US Dollars en dommages etintérêts.

Manneh, un ancien reporter du journalpro-gouvernemental basé à Banjul, DailyObserver fut arrêté dans les locaux duDaily Observer en présence de sescollègues. On l’a vu plusieurs fois sous lagarde des agents de sécurité de l’Etat.

La Fondation pour les Medias enAfrique de l’Ouest (MFWA) a salué cettedécision de la Cour de la CEDEAO et alancé un appel à la Gambie de respecteret appliquer le jugement selon lesprocédures reconnues. MFWA aégalement lancé un appel auxorganisations de défense des droitshumains d’insister que le gouvernementde la Gambie obéisse à la décision due laCour.

Cependant, le 6 avril 2009, la ministregambienne de la Justice et Garde desSceaux, Madame Farduas a niél’arrestation de Chief Ebrima Manneh. Ellea déclaré devant le Parlement du pays que

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le journaliste n’était pas sous la garde dugouvernement. La Ministre qui répondaitaux questions des députés gambiensquant au non respect par le gouvernementde l’ordre donné par la CourCommunautaire de la CEDEAO de libérerManneh, a déclare: « L’Etat ne peut libérerque la personne qui est sous sa garde, siréellement elle est sous la garde de l’Etat».

Farduas, qui était le tout premierresponsable gouvernemental à faire unedéclaration publique sur la « disparition »de Manneh, devait insister ainsi: « Je mesuis renseignée auprès du Directeurgénéral de la National Intelligence Agency(NIA), du Directeur Général de la PoliceNationale et auprès du Directeur des Pris-ons, et autant qu’ils ne sachent, ChiefManneh n’est pas sous leur garde ».

Pour expliquer le fait que legouvernement n’a pu coopérer avec laCour, la ministre a déclaré : « Pour autantque l’on sache au niveau de mondépartement, la famille de Chief Mannehet leurs proches, n’ont intenté aucunepoursuite contre le gouvernement auprèsdu tribunal de haute instance,conformément à la loi et à la procédureen matière de la détention illégaleprésumée de Chief Ebrima Manneh pardes agents de l’appareil de securité del’Etat ».

« La Cour de la CEDEAO a été crééepar un traité et doit être soumise àl’application de certaines règles deprocédures, dont l’une consiste à épuiserles recours au niveau national. Legouvernement se sent contrarié par ladécision de la Cour et a depuis lorsenclenché le processus politique pourporter l’affaire à l’étape suivante et obtenirla cassation de ladite décision », a-t-elleajouté.

Meurtres non élucidés

Le meurtre le 16 décembre 2004, del’ancien journaliste, Deyda Hydara, co-

fondateur du journal The Point, reste nonélucidé, les autorités n’ayant pu traduireles auteurs de ce crime crapuleux devantla justice. Hydara a été tué par balle auCarrefour de Sankung Sillah, le long de lagrande voie de Banjul, à 50 mètres environ,du Quartier Général des forcesparamilitaires, par des hommes armés nonidentifiés, soupçonnés être des agents desécurité de l’Etat. Omar Barrow un reporterde Radio Sud FM et volontaire de la CroixRouge a été abattu à bout portant par deséléments des forces de sécurité lors de lamanifestation sanglante des étudiants du12 avril 2001, manifestation lors de laquelledes éléments des forces de sécuritéauraient tué 12 élèves.

Renforcement des capacitéset DéveloppementPour la première fois de son histoire, laGPU, en collaboration avec Gambia Me-dia Support (GAMES), un projet departenariat basé au Danemark, a initié endécembre 2009 un programme diplômantde deux ans de formation de formateursde reporters professionnels. L’idée étaitd’institutionnaliser la formation au métierde journaliste en Gambie, étant donné qu’iln’existe pas d’institution spécialisée deformation de journalistes dans le pays.

La GPU conduit actuellement une sériede programmes de renforcement descapacités à l’intention des membres deson bureau et d’autres intéressés enmatière de gouvernance, la levée de fonds,ainsi que des actions de développementorganisationnel.

D’autres associations de medias deplus récente création sont impliquées dansdes activités de formation de leursmembres. Le Réseau des Journalistes desDroits de l’Homme a, du 19 au 23décembre, organisé une formation desensibilisation sur le Système Africain desdroits de l’Homme et la loi de la presse enGambie, dans le but de renforcer lacompréhension des journalistes des droits

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 49

Gambie

de l’homme et la loi. Des organisationscomme par exemple l’Association desjournalistes de la Santé sont elles aussiimpliquées dans le domaine de lasensibilisation et la formation de leursmembres aux questions de la santé.L’association des Journalistes Sportifs etles Jeunes Journalistes ont tenu leurs Etatsgénéraux pour renouveler leurs bureaux.

ConclusionLa situation de la liberté de presse enGambie et celle des droits de l’homme engénéral se dégrade au jour le jour, et ilconviendrait de mener des actionsappropriées pour lever ce fléau. De touteévidence, les violations sont l’œuvredirecte ou indirecte de Yahya Jammeh etson gouvernement.

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ALERTES

7 janvier 2010ALERTE Gambie : Unjournaliste détenu estremis en liberté et inculpéde « transmission defausses informations à unfonctionnaire »Le tribunal de première instance de Banjula accordé la liberté sous caution à M.Sulayman Saidy, reporter de GambiaNews and Report , un magazinehebdomadaire basé à Banjul.

Le journaliste a été arrêté le 6 janvierpendant qu’il assurait la couverture d’unévénement et détenu jusqu’au lendemaindans les locaux d’un commissariat de Po-lice. Trois inculpations de « transmissionde fausses informations à un fonctionnaire», de « diffusion de faux documents » etde « falsification d’un acte de naissance» ont été portées contre lui.

M. Saidy a été accordé la liberté souscaution contre paiement de la somme de100 000 dalasis (environ $US 3 846) etprésentation d’une caution. Le tribunal aégalement confisqué sa carte d’identité.

M. Saidy ainsi que ses collègues ontété embarqués par des agents de lasécurité nationale à l’aéroport internationalde Banjul. Ils s’y étaient rendus en vued’assurer la couverture du départ duprésident Abdoulaye Wade du Sénégalaprès que celui-ci a effectué une visitede deux jours en Gambie.

M. Saidy a été emmené sur le champdans un véhicule non immatriculé auxvitres teintées. Il a été détenu etpromptement traduit devant un tribunal àenviron 16H00 TU le même jour.

Avant qu’il ne comparaisse devant letribunal, le motif de l’arrestation dujournaliste et de sa détention ultérieure nelui a pas été communiqué. M. Saidy, quiétait sans son avocat, a plaidé non

coupable de toutes les inculpations etdevait comparaître de nouveau devant letribunal le 21 janvier.

8 mars 2010ALERTE Gambie: Untribunal met un défenseurdes droits humains endétention provisoire ausujet de la transmissionde « fausses informations »Le tribunal de première instance deKanifing a mis en détention provisoire M.Edwin Nebolisa Nwakaeme, défenseur desdroits humains local et directeur desprogrammes d’Africa in Democracy andGood Governance (ADG), une institutionde droits humains basée à Banjul, pouravoir prétendument « transmis de faussesinformations ».

Nwakaeme a refusé de faire valoir ex-ception et a été mis en détentionprovisoire. Il recomparaîtra devant le tri-bunal le 10 mars.

Le défenseur des droits humains a étécueilli pour la première fois le 22 févrierpar trois policiers en civil de Serrekunda.

L’activiste, un ressortissant nigérianbasé à Banjul, a ensuite été conduit auposte d’immigration de New Jeshwang etdétenu jusqu’au 25 février avant d’êtrelibéré sans qu’aucune inculpation ne soitportée contre lui.

Nwakaeme a encore été convoqué le1er mars et détenu illégalement dans leslocaux de la cellule chargée des crimesgraves du quartier général de la Policegambienne pour huit jours, laquelle périodedépasse de loin les 72 heures prévuespar la constitution gambienne.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 51

17 mars 2010ALERTE Gambie: L’Arméedétient deux journalistesde la presse écriteSanna Camara et Saikou Jammeh, report-ers du journal The Daily News, une publi-cation privée basée à Banjul, ont étéarrêtés et détenus par des militaires de lacellule chargée de la sécurité du tourisme(TSU) des Forces Armées gambiennes aumoment où ils étaient en mission sur unsite touristique.

Les deux journalistes ont été détenuspour environ deux heures après avoir étéaccusés de photographier la plage sansautorisation.

Camara et Jammeh ont été libérésaprès avoir signé une garantie qui les aempêchés de rédiger tout article négatifsur la visite.

31 mars 2010ALERTE Gambie: Unjournaliste reçoit desmenaces de mortYusupha Cham, un journaliste gambienactuellement basé au Royaume-Uni,craignait pour sa vie après avoir reçu desmenaces de mort de la part de personnesqui seraient des éléments de la redoutableAgence Nationale des Renseignements(NIA) de la Gambie.

Dans deux messages e-mail, ceséléments ont prétendu que Cham critiquaitl’administration du Président YahyaJammeh dans les articles qu’il contribuaità des sites web d’informations en lignegambiennes.

Dans une période de 24 heures, Cham,ancien reporter du journal The Point, unepublication privée basée à Banjul, a reçubeaucoup de messages e-mail qui luidéconseillaient de critiquer le PrésidentJammeh. L’un des messages titré : « Nouste surveillons » a été envoyé à partir del’adresse e-mail [email protected] et portant le nom de « Musa Jammeh

». Le message a été envoyé au journalistele 1er avril, aux alentours de 15H30 TU.Selon une partie du message, « Nous lesmembres de la force de sécuritégambienne, précisément l’AgenceNationale des Renseignements, ou la NIA,te suivons avec un vif intérêt depuis quetu as quitté le pays ».

Un message précédent que Cham areçu le 31 mars à 15H23 et titré : « On t’arepéré » lui est parvenu de la part d’uncertain « Ismaila Sanyang », via l’adressee-mail : [email protected]. Cemessage a menacé le journaliste ainsi quesa famille.

« Tu dois faire beaucoup attention si tutiens à ta vie et à celle de ta famille parceque quiconque ne fait pas l’affaire ous’oppose aux idéaux de notre Présidentcapable, le DR PROFESSEUR CHEIKHYAYHA A. J. J. JAMMEH, va sûrement lepayer très cher».

Selon Cham, ces menaces venaient àun moment où il avait commencé àcontribuer des articles à un certain nombrede sites web qui, à l’avis des agents,critiquaient le gouvernement du PrésidentJammeh.

10 mai 2010ALERTE Gambie: LaPrésidente de l’AssembléeNationale exclut desjournalistesLa Présidente de l’Assemblée Nationalegambienne, Mme. Elizabeth Reiner, aempêché les médias indépendantsd’assurer la couverture des procéduresdu parlement gambien.

Deux reporters, Isatou Bittaye etBaboucarr Senghore, respectivement desjournaux Foroyaa et Point, deux publica-tions basées à Banjul, ont été demandéspar le greffier du parlement, un certainM. Ceesay, sur les ordres de Mme. Reiner,de quitter la session puisqu’elle ne devaitpas être couverte par les médias.

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La Présidente de l’Assemblée, quidescendait la galerie en flânant, s’estrendue compte qu’aucun reporter del’Office de la Radiodiffusion-TélévisionGambienne (GRTS), l’organe d’Etat, n’étaitvenu assurer la couverture des débats.

La Présidente de l’Assemblée aregagné son cabinet et appelé Ceesay,qui a ensuite demandé aux reporters delui indiquer leurs organes de média. Ense rendant compte qu’ils étaient desjournaux indépendants Foroyaa et Point,M. Ceesay leur a dit que la Présidente del’Assemblée lui a informé que la sessionse tenait à huis clos et a ordonné qu’ilsquittent les lieux.

L’action de la Président de l’Assembléea incité certains députés à maugréercontre la présence des journalistes qui ontensuite été exclus de la session.

Les reporters ont appris après qu’il nes’agissait pas d’une session à huis clos.Elle avait à voir avec le projet d’électricitéde la zone de Grand Banjul.

12 mai 2010ALERTE Guinée: Unjournaliste stagiaire deL’Indépendant détenu auPM3Mohamed Fofana, un reporter stagiairede L’Indépendant, un hebdomadaired’informations générales basé à Conakry,a été embarqué et détenu au PM3, uneprison militaire tristement célèbre pour lesactes de barbarie, sur les ordres de Mme.Sangaré, directrice générale de laSoguitrans (société guinéenne des trans-ports).

Le 11 mai, Fofana s’était rendu au siègede Soguitrans situé au quartier Matoto,dans la banlieue de Conakry, pour faireune enquête sur la faillite annoncée deSoguitrans lorsque Mme. Sangaré aordonné aux gardes de confisquer sesappareils et de le mettre aux arrêts.

« Les gardes se sont jetés sur Mohamed

Fofana. Ils l ’ont roué de coups etconfisqué ses appareils. Aussitôt, il estembarqué manu militari pour être conduitau PM3 où il est encore en détention », aconfié Mamadou Dian Baldé, directeur dujournal L’Indépendant, à la MFWA.

Il a ajouté que « nous sommes sansnouvelle de M. Fofana depuis hierlorsqu’on l’a arrêté. Nous ne savons pasnon plus pourquoi la dame l’a conduit auPM3 qui n’est pas un lieu de détentionpour un délit de presse.»

L’arrestation de Mohamed Fofana estintervenue une semaine après l’adoptionpar le Conseil national de transition dunouveau code sur la liberté de la pressequi dépénalise les délits de presse.

La Soguitrans est une société étatiquede transport urbain et interurbain initiéepar le gouvernement guinéen grâce à unprêt des bailleurs de fonds.

La MFWA était consternée parl’arrestation et la détention de MohamedFofana qui était seulement à la recherched’informations pour faire son travail et adénoncé catégoriquement la détention dujournaliste.

Nous demandons sa libérationimmédiate et sans conditions.

24 mai 2010ALERTE Gambie: Unjournaliste de la BBC estempêché de suivre unprocès de trahisonM. Ed Butler, réalisateur du Servicemondial de la BBC, a été empêchéd’entrer dans les locaux de la Haute Courde Banjul, la capitale gambienne, par despoliciers qui y avaient été déployés.

M. Butler, qui effectuait une visite privéeen Gambie, s’était rendu à la Haute Coursur l’invitation d’un journaliste local en vuede suivre un procès de « trahison » trèsen vue impliquant huit personnes, ycompris un ancien chef de l’armée, maisa été empêché d’entrer dans les locaux

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 53

sous prétexte que la tribune publique étaitpleine.

Toutefois, quand son collègue a suppliél’officier de lui permettre d’accéder à latribune réservée aux médias puisque M.Butler était également journaliste, l’officiera appelé un autre collègue qui a insistéde voir l’accréditation de M. Butler avantde lui permettre d’entrer dans les locauxde la Cour.

Les officiers de Police croyaient queM. Butler était en mission d’espionnage.

En tant qu’organisation de défense desdroits humains, la MFWA était inquiète ducaractère répressif des autoritésgambiennes et de la manière dont ellesréprimaient la libre expression et la libertédes médias dans le pays.

Nous avons réitéré l’appel que nousavons lancé aux chefs d’Etat africainspour qu’ils assurent que le présidentJammeh respecte les droits humains desGambiens.

4 juin 2010ALERTE Gambie: Lesautorités bloquent unautre journal en ligneL’éditeur du journal en ligne www.thegambiaecho.com a porté plainte auprèsdu gouvernement des Etats-Unis au sujetdu blocage de son adresse IP par lesautorités gambiennes, laquelle situation afait que ses lecteurs dans le pays n’ontpas pu accéder au site d’informations.

Selon une lettre adressée auDépartement d’Etat des Etats-Unis, « leblocage des signaux IP du journal The[Gambia] Echo pour nos lecteurs au payspar M. Jammeh constitue une violation fla-grante de leurs droits constitutionnels à laliberté de la presse et à l’accès àl’information en ligne… ».

La lettre signée par M. Ebrima G.Sankareh, le rédacteur en chef du jour-nal, a souligné que depuis ces quatredernières années, « The Gambia Echo »

est devenu un moyen d’information fiablepour une multitude de Gambiens » puisquele régime répressif du Président YahyaJammeh a complètement restreint le fluxde l’information.

Le journal en ligne a prétendu qu’il areçu des rapports de la part de seslecteurs ainsi que de ses correspondantsau sujet de leur incapacité d’accéder ausite web.

Le blocage des sites d’informations enligne n’est pas un nouveau phénomèneen Gambie. Des journaux en lignegambiens ont fait l’objet d’une série decensures de la part des autorités. En 2008,par exemple, les journaux The GambiaEcho et Freedom Newspaper (http://www.freedomnewspaper.com), un autrejournal en ligne, ont été bloqués pour avoirété critiques à l’égard de l’administration.Quant au Freedom Newspaper, il a faitun reportage sur la corruption et lamauvaise gestion présumées au sein dela société nationale de télécommunication.L’administration du Président Jammeh, quiest en place depuis 15 ans, a étécaractérisée par des cas de tortures, dedisparitions, de massacres, d’arrestationsarbitraires et de détentions illégales. Cettesituation a obligé plusieurs journalistes desmédias indépendants à s’exiler. M. EbrimaG. Sankareh en est victime. Il a étécontraint à quitter le pays il y a environ 16ans, à une époque où il travaillait au jour-nal indépendant The Point.

16 juillet 2010ALERTE Guinée: Unjournaliste de radiopoignardé par des hommesarmésDes collègues d’un journaliste de radio quia été agressé par des assaillantsinconnus ont soupçonné que l’Armée acommandé l’agression.

« Mansaré doit être victime d’une ac-tion d’un groupe d’individus hostiles à ses

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reportages. C’est un règlement decomptes possible », a confié aucorrespondant de la Fondation pour lesMédias en Afrique de l’Ouest en Guinée,un collègue de Mansaré qui a préférégarder l’anonymat.

Etienne Mansaré, un reporter desaffaires militaires de Sabari FM, une sta-tion de radio privée basée à Conakry, aété poignardé au dos alors qu’il se rendaitchez lui après avoir animé son émissionpolitique appelée « Sous le Cocotier ».

Le journaliste a confié à la MFWAdepuis son lit de malade qu’il a monté dansun taxi où quatre individus s’étaient déjàinstallés. Deux des occupants ont braquédes pistolets sur lui avant de le poignarder.

Les assaillants de Mansaré l’ont placésur la voiture et sont partis à toute allure.Par la suite, il est tombé par terre. Il aperdu connaissance et un passant qui estvenu à son secours l’a envoyé à l’hôpital.

Ils ont emporté ses trois téléphonescellulaires, son dictaphone, sa carte depresse et une somme d’argent nonspécifiée.

La MFWA a dénoncé cet acte barbarequi porte atteinte à la sécurité desjournalistes et constitue un grave reverspour le processus de démocratisation enGuinée.

La MFWA a fait appel aux autorités pourqu’elles mènent une enquête sur cette af-faire et qu’elles obligent les auteurs àrendre des comptes.

25 août 2010ALERTE Gambie: Un aidedu Président Jammehintente un procès endiffamation à un journalen ligne aux USAUn homme qui serait un allié du présidentYahya Jammeh de la Gambie a intenté unprocès aux Etats-Unis d’Amérique à Free-dom Newspaper, un journal en ligne baséaux USA, à son rédacteur, Pa Nderry

M.Bai, et à son éditeur, Freedom News-paper Incorporated.

Amadou Samba, homme d’affaire etéditeur du journal Daily Observer, unepublication progouvernementale basée àBanjul, a demandé à Freedom Newspa-per de rendre public ses sources ainsique les noms des membres de son per-sonnel et leurs contacts en Gambie dansun délai de 30 jours, à compter du 25 août2010.

Selon l’assignation signée par Philip R.Isley, un avocat de la Caroline du Nord,Samba entamerait des poursuitesjudiciaires si le journal manquait de fairedroit à sa requête et réclamerait la sommede 10 000 dollars US à titre de dommageset intérêts pour son client.

Dans un article publié en 2009, le Free-dom Newspaper avait rapporté à tort queSamba avait été arrêté au sujet d’une ten-tative de coup d’Etat. Le journal avaitégalement lié Samba au trafic de drogue.Cette action en justice a fait suite à larétractation des articles et à la publicationdes répliques par le journal.

6 septembre 2010ALERTE Gambie: Undéfenseur des droitshumains nigérian estincarcéré en Gambie; etune interdiction illimitéeest imposée à sonorganisationLe Tribunal de première instance de Banjulprésidé par M. Hilary Abeke a imposé uneinterdiction illimitée à une ONG des droitshumains, Africa in Democracy and GoodGovernance (ADG), d’opérer dans le payset condamné son directeur desprogrammes, Edwin Nebolisa Kwakaeme,un ressortissant nigérian, à six mois deprison ferme avec travaux forcés pourtransmission de fausses informations aucabinet du président Yahya Jammeh.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 55

Il a été ordonné à Kwakaeme deremettre au tribunal, tous les documentsde l’organisation en sa possession et àverser des amendes de 10 000 dalasis(environ $US 330) à titre de dommages etintérêts ou, à défaut de paiement, à unepeine supplémentaire de trois ans deprison avec travaux forcés.

Avant que le verdict n’ait été prononcé,l’activiste avait déjà passé sept mois endétention provisoire. Il avait égalementpassé une semaine et demie en garde àvue.

Kwakaeme est l’éditeur de Window, unmagazine trimestriel privé qui faisait desreportages sur les violations des droitshumains dans le pays. Il a été arrêté le 8mars après avoir envoyé une lettre auprésident Jammeh pour lui demander delaisser sa fille devenir une ambassadricede bonne volonté de l’ADG.

Ce verdict confirme la position de laMFWA vis-à-vis du régime du présidentJammeh qui a systématiquement affaiblitoutes les institutions politiques et socialesdu pays. A part les journalistes, desopposants politiques ont également étéciblés par le régime répressif.

Le 1er avril 2010, Femi Peters, chef del’état major du parti d’Opposition, le PartiDémocratique Uni (UDP), a été condamnéà un an de prison. Le 25 octobre 2009, ila été arrêté pour la première fois, au sujetd’un meeting organisé le 24 octobre àSerrekunda. Deux inculpations ont étéportées contre lui pour « contrôle d’uncortège » et « contrôle de l’utilisation d’unhaut-parleur », en vertu de la loi portantordre public.

16 septembre 2010ALERTE Gambie: Unprédicateur musulmaninterdit pour une duréeindéterminée en GambieLe Conseil Islamique Suprême (SIC), unecoalition d’associations musulmanes en

Gambie, a adressé une lettre aux autoritéspour leur indiquer son intention de faireappliquer sa résolution qui a interdit àBakawsu Fofanah, un ecclésiastiquemusulman célèbre, d’entreprendre touteactivité religieuse dans le pays.

Lors d’une réunion d’urgence, le SICa décidé d’interdire à Fofanah deprononcer des sermons dans lesmosquées en Gambie et de donner desconférences pendant des cérémoniesreligieuses.

Le SIC a également interdit auprédicateur musulman célèbre de se servirdes médias écrits et audiovisuels pours’adresser aux rassemblements au nomde l’Islam. Le Conseil a égalementdemandé le retrait de ses cassettes quisont actuellement en vente sur le marché.

La lettre a été adressée au Secrétaire-Général de la Présidence, tandis qu’onen a fait parvenir des copies au ministèrede l’Intérieur, au ministère des Technolo-gies de l’Information et à l’InspecteurGénéral de Police.

Fofanah, qui s’est montré très critiqueà l’égard des dirigeants du SIC, a étéconvoqué et interrogé par la redoutableAgence Nationale des Renseignements(NIA). Il a ensuite été libéré sansqu’aucune inculpation ne soit portéecontre lui.

Cette décision arbitraire a été prisesuite à une réunion des dirigeants du SICet après que le président Yahya Jammeha menacé de fermer toutes les stations deradio qui diffusent toute information de lapart des érudits comme Fofanah, qui atoujours exprimé des opinions différentes,surtout en ce qui concerne l’observationde la lune avant et après la fin du ramadan.

« Que je le dise en anglais pour queles Blancs puissent bien comprendre ceque je suis en train de dire. J’ai dit que jefermerais toute station de radio qui dif-fuse toute information concernant l’Islamcontraire à la déclaration du ConseilIslamique Suprême. Je ne vais plus tolérerces absurdités proférées par ces soi-

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disant érudits », a juré le présidentJammeh, tout furieux, devant les fidèlesmusulmans le 13 août 2010.

Fofanah est un critique ardent desdirigeants du SIC proches de Jammeh. Il

lui avait déjà été interdit de faire des ser-mons sur les antennes de la station deradiodiffusion-télévision publique, leGambia Radio and Television Service(GRTS).

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Ghana

Président John Evans Atta Mills

Aperçu généralLa République du Ghana s’étend sur unesuperficie de 238 537 km2. Elle est limitéeau Nord par le Burkina Faso, à l’Ouestpar la Côte d’Ivoire, à l’Est par le Togo etau Sud par le Golfe de Guinée.

Depuis l’indépendance, le Ghana aconnu une histoire politique en dents descie, voire turbulente. Toutefois, ladernière expérience, la gouvernance mul-tipartite démocratique définie par la Con-stitution de la Quatrième République, ajusqu’ici tenu bon. En particulier, les leçonsdu passé semblent avoir marqué les pèresde la Constitution pour ce qui concerne lerôle d’une presse libre et plurielle et de laliberté d’expression en général dans lagarantie d’une culture pérenne de la par-ticipation démocratique et de lagouvernance responsable. Parconséquent, le Chapitre 12 de la Consti-tution de 1992 qui garantit la liberté etl’indépendance des médias, stipule en sonArticle 162 (3) que : « aucune entrave nesera faite à la création de presse privéeou privés ; et en particulier, aucune loi nefera à quiconque, l’obligation d’obtenir unelicence en tant que condition préalable àla création ou l’exploitation d’un journal outout autre moyen de communication oud’information de masse ». La presseghanéenne est perçue comme « une desplus libres » d’Afrique, et qui est exploitéeavec peu de restriction.

En 2010, la deuxième année del’administration du Président John Atta-Mills, il y a eu des évènements positifs etnégatifs relatifs aux médias. La façon dont

les responsables du gouvernement ontréagi face aux critiques portées par lesmédias a fait l ’objet de grandespréoccupations.

L’Administration a été accusée de secacher derrière les institutions de l’Etatcomme la police, pour harceler desjournalistes et autres commentateurs sousle prétexte qu’ils semaient la peur et lapanique dans le pays. D’autres ont penséque le gouvernement aurait pu faire preuved’un certain niveau de retenue dans sesréactions face à ces défis. Le PrésidentMills a lui-même ouvertement condamnél’autoritarisme exercé envers les médias.En dépit de ceci, les médias ont été trèsefficaces dans la couverture des activitésdu gouvernement ; i ls ont commed’habitude, sans peur ni restriction, émisdiverses critiques par rapport à la politiquedu gouvernement. Le Président Mills aappelé toutes les parties prenantes y

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compris le clergé, à intervenir afind’assurer que les médias respectent lesnormes élevées du journalisme.

Aperçu des médiasLe caractère pluriel des médias a favorisédes investissements d’une manièregénérale pour soutenir ainsi une culturede diversité dans les médias au Ghana.Plusieurs ghanéens créent des journaux,des revues ainsi que des stations radio etdes chaines de télévision. Actuellement, ilexiste plus de 500 publications couvrantdiverses questions y compris les modeset styles de vie, qui sont inscrites auprèsde la Commission Nationale des Médias(NMC).Toutefois, ce regain rapide dansles nombres n’est pas allé de paire avecla qualité pour ce qui concerne le contenu.

Les journaux sont pour la plupart destabloïdes et de qualité inférieure quandau contenu journalistique. En novembre,Haruna Attah, rédacteur du journal privéThe Mail, a lancé un appel en directiondes entités constituées en personnes mo-rales du pays afin qu’elles appuient lapresse privée. « Vous creusez un puitslà-bas ; vous construisez une maternitéici, mais aidez aussi la démocratie àcroître. Et pour que la démocratie croisse,les médias ont un rôle très important àjouer, et lorsque la démocratie croît, il y astabilité, vous affaires sont stables et vousgagnez de l’argent. Une fois ceci réalisé,nous pouvons alors commencer à éliminerles médias de mauvaise qualité ».

En ce qui concerne les médiasélectroniques, l’Autorité Nationale de laCommunication (NCA) travaille ardemmentà la transition de la radiodiffusionanalogique vers la radiodiffusionnumérique en vue de se conformer auxnormes internationales de radiodiffusion.

Le Ghana est depuis 2006, signatairede la Convention de Genève de la mêmeannée (GE 06). En vertu de cette conven-tion, le Ghana devra d’ici 2015, avoirtransité de la radiodiffusion analogiquevers la numérique. La NCA a annoncé

dans une déclaration, la création duComité Technique chargé de la Migrationde la Radiodiffusion Analogique vers leSystème Numérique qui fera desrecommandations de politique etproposera des normes nationalesappropriées pour la radiodiffusionnumérique au Ghana. Le Comité assureraaussi dans le délai fixé, un processus detransition coordonné, rentable etrespectueux de l’environnement quigarantit l’accès universel aux services detélévision. Il aura aussi à développer uncadre d’appui aux secteurs vulnérableslors du passage au nouveau système.

Il existe 104 chaines de télévisionautorisées par la NCA. Onze d’entre ellesy compris trois chaines étrangères sontlibres à l’antenne. Mises à part huitchaines de télévision libres à l’antenne,plusieurs stations radio et chaines detélévision ont commencé leurs opérationsen 2009. La Ghana Broadcasting Corpo-ration (GBC) a fait des progrèsremarquables à travers des améliorationsconsidérables au niveau de ses infrastruc-tures. Les salles de rédactions de la radioet la télévision de la chaine publique ontété transférées dans un immeuble ultramoderne doté d’équipement de hautetechnologie. Elle est devenue ainsi la seulechaine dotée des meilleurs équipementsen la matière. Toutefois, l’on ne sauraitaffirmer autant pour l’agence publiquel’information, Ghana News Agency (GNA),la seule agence d’informationstélégraphiques. C’est la seule agence quiassure une couverture complète des zonesrurales. Actuellement, elle produit des in-formations sous forme de textes et dephotographies repartis entre les actualitéslocales et étrangères.

En vue d’être plus en adéquation aveccette nouvelle ère de technologie, l’agenceenvisage de passer progressivement del’actuel format texte et photographies àl’audiovisuel comme l’enregistrement devoix sur cassette, la vidéo et le podcasting.Multi TV est le premier véritable service

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 59

national de télévision libre à l’antenne debouquet numérique. Multi TV offre unchoix initial de 20 impressionnantes sta-tions TV et Radio dans un bouquet devants’étendre à plus de 200 chaines. GBCexploite aussi Smart TV.

La révolution Internet s’emparerapidement du pays. Il existe troisprincipales catégories de médias en lignedans le pays :

La première catégorie est celle deséditions en ligne des principaux journaux,radios et télévisions. La deuxièmecatégorie appartient aux journaux en ligneémergents gérés par des journalistesprofessionnels et autres individus y comprisles politiciens. Ghanabusinessnews.com,qui en est un exemple, appartient à unjournaliste et semble faire des percées. Ils’est doté d’un siège et a recruté un per-sonnel réduit. La dernière catégorie estcelle d’un monde de blogueurs, ellecomprend des journalistes et des non-journalistes.

Environnement juridiqueNonobstant la disposition constitutionnellequi reconnait à l’Article 21 l’importancede la liberté d’expression qui inclutl’échange d’opinions et l’interaction, ainsique le respect de diverses opinions etl’abrogation de la Loi portant diffamatoirecriminelle, l’année 2010 a montré en touteévidence qu’aucune loi ne doit être priseà la légère. Plusieurs citoyens y comprisdes journalistes, ont été jugés en vertu del’Article 208 du Code Pénal de 1960 quistipule :

(1) Quiconque publie ou reproduit unedéclaration, une rumeur ou un rap-port quelconque susceptible decauser la peur ou la panique au seindu public ou de mettre à mal la paixpublique en sachant ou ayant raisonde croire que la déclaration, larumeur ou le rapport est faux,commet un délit.

(2) Il ne saurait avoir de défense pourune inculpation en vertu duparagraphe (1), qu’une personneinculpée ne savait ou n’avait aucuneraison de croire que la déclaration,la rumeur ou le rapport était faux,sauf s’il prouve qu’avant la publica-tion, i l a pris des mesuresraisonnables pour vérifier l’exactitudede la déclaration, de la rumeur oudu rapport.

Sur la base de cela Nana Darkwah, uncommentateur radio proche del’opposition, a été mis aux arrêts pour avoiraccusé l’ancien Président du Ghana, JohnJerry Rawlings d’avoir mis le feu à sapropre maison. En juillet, Ato KwamenaDadzie, le rédacteur en chef par intérimd’une station radio d’Accra, Joy FM, aété arrêté et inculpé en vertu de cette loiaprès avoir refusé de révéler la sourced’une certaine information qu’il auraitdiffusée. Enmil Ashon, alors rédacteur enchef du journal public The GhanaianTimes, a été convoqué et accusé dumême délit pour un reportage sur la po-lice nationale. En décembre, Prince Will-iam Baffour, journaliste de la station Yan-kee Radio, dans le District du Nord Jamandans la Région Brong Ahafo du Ghana, aété arrêté et inculpé en vertu de la mêmeloi. Un autre membre du parti d’oppositionqui a été arrêté et allait être inculpé futrelaxé quand le Président Mills acondamné son arrestation et s’estdésintéressé de l’affaire.Le Président s’était aussi distancié enfévrier du procès de Nana Darkwah, quia été libéré par la cour pour manque depreuve. La série d’arrestations et deprocès a poussé l’avocat spécialiste desquestions des droits de l’homme etacadémicien, Pr. Ken Attafuah, a exprimésa préoccupation par rapport àl’application du Code pénal, en disantqu’elle pourrait constituer une entrave àla liberté d’expression et intimider lescitoyens à ne pas s’exprimer librement.

60 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Pratique contraire à l’éthiqueLa vieille question de journalisme contraireà l’éthique a une fois encore faitapparaitre sa vilaine tête. L’organe deréglementation des médias, la NMC, a misen garde les médias de ne pas s’attirerles foudres du public et de se départir dujournalisme contraire à l’éthique et de lacorruption. Le Président de la NMC, KabralBlay-Amihere, a déclaré au cours d’uneconférence à Accra : « La démocratie auGhana va mieux que d’autres parce quenous avons une presse dynamique, maisles actes que posent certains journalistespeuvent détruire cette nation. Nouscroyons à tort que la presse est libre, maisje dis que nos transgressions donnerontaux autorités l’opportunité de prendre desmesures répressives à l’encontre desmédias ». Et de poursuivre, « les médiasdoivent faire davantage d’efforts s’ilssouhaitent continuer de faire reculer lesfrontières de la liberté d’expression ». «Plusieurs éditeurs, animateursd’émissions-débats et présentateurs sonten train d’abandonner leur rôle desentinelle en permettant du n’importe quoisur les ondes et dans les médias » a-t-illancé.

Il les a avertis que cette situationdonnera à la société le motif de dire tropc’est trop et de leur arracher la libertéd’expression qu’elle a octroyée auxmédias. La NMC n’est le seul organe àavoir publiquement exprimé sa préoccupa-tion par rapport au comportement peuéthique des médias. L’Association desJournalistes du Ghana (GJA) et autressecteurs de la société se sont aussi plaintde pratiques contraires à l’éthique au seindes médias.

En mars, Ebenezer Ato Sam, rédacteuren chef d’un journal privé, le New Punch,a fait un aveu accablant de non-professionnalisme. Il a avoué sur l’antennede plusieurs stations radio d’Accra quecertaines articles qu’il avait écrits pendantla campagne électorale de 2008, sur lePrésident Mills, alors candidat du parti

d’opposition National Democratic Con-gress (NDC), étaient pure machinationdestinée à réduire ses chances auxélections de 2008. Cet aveu a envoyé desondes de choc à travers tout le pays. Onpeut lire dans une déclaration du GJA àcet effet : « L’Association condamne sansaucune réserve, le journalisme d’égoïsmeet peu professionnel d’Ato Sam et autresqui se seraient engagés dans ces pra-tiques malsaines, et croit quel’environnement favorable créé pour laliberté d’expression par la Constitution de1992, exige en contrepartie un certainniveau de responsabilité de la part desprofessionnels des médias. »L’Association a décrié le manque de fondsqui entrave la mise en place d’un Comitéd’Ethique permanent pour s’occuper deces défis.

Betty Mould-Iddrisu, ProcureurGénéral, Ministre de la Justice, a,s’adressant à un forum de la société civile,accusé les médias de contribuer à ladiffamation des femmes politiciennes. Ilest très peinant de se lever le matin etd’entendre mentionner votre nom à laradio…dans un langage très sexiste,vulgaire et contraire à l’éthique…surtoutsi vous êtes une femme mariée ayant desenfants — quelque soit les âges de cesenfants » a-t-elle déclaré.

Organes de régulation desmédiasIl existe deux principales institutions derégulation des médias au Ghana. Ce sontla Commission Nationale des Médias(NCM), qui traite surtout du contenu desmédias, et l’Autorité Nationale de la Com-munication (NCA) qui est responsable dela réglementation des fréquences et dudéveloppement des infrastructures.

La NMC a été créée en 1993conformément aux Articles 166 à 173 dela Constitution de 1992. Elle est chargéede surveiller les médias en vue de la pro-motion et de la sauvegarde de la liberté et

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 61

de l’ indépendance des médias,d’encourager les pratiques responsableset d’investiguer, de servir de médiateur etde régler les plaintes portées à l’égard dela presse et des médias de masse. LaNMC est composée de 18 membresprovenant d’un large spectre de médiaset autres groupements d’acteurs, pour luiassurer de la neutralité et de la protégercontre l’influence du pouvoir exécutif etautres influences.

En décembre, la NMC a demandé unfinancement adéquat devant lui permettrede mener à bien son mandat qui consisteà réaliser la gigantesque tâche d’assainirles médias. La dotation en fonds qui devaitlui permettre d’exécuter efficacement etpleinement son mandat avait fait l’objet depeu de considération. « La NMC a un per-sonnel de vingt-deux agents dont la plupartsont des auxiliaires dirigés par quatreagents principaux à savoir : le SecrétaireExécutif, le Secrétaire Exécutif Adjoint etdeux Agents chargés de la recherche etde l’administration, qui portent à eux seuls,la lourde charge de la NMC que les largesépaules d’une douzaine d’Atlas nesauraient porter » a fait remarquer leprésident de la NMC.

La NMC en vue de l’exécution de sonmandat relativement au Règlement desPlaintes a en 2010 fourni un lien sur sonsite Internet qui permet aux citoyensd’adresser à la Commission, les plaintesqu’ils auraient par contre les journalisteset les médias. La NMC a jusqu’ennovembre 2010, reçu 39 plaintes formuléescontre les médias, dont elle a pu régler12.

L’Autorité Nationale de la Communica-tion (NCA) d’autre part, a été créée parActe du Parlement (Acte 524), le 30décembre 1996 en vue de promouvoir lapluralité dans la radiodiffusion, desuperviser l’allocation, l’administration etl’utilisation du spectre des fréquences dupays, et assurer la prestation de servicesde communication sur toute l’étendue duterritoire national. Par conséquent, la NCA

procède à l’allocation des fréquences etl’octroi des licences d’exploitation de ra-dio, télévision, téléphone et autres servicesde télécommunications dans le pays.L’Article 10 de l’Acte portant création dela NCA stipule que ces licences ne peuventêtre octroyées qu’à des citoyensindividuels, des partenariats inscrits envertu de l’Acte relatif aux PartenariatsPrivés Constitués de 1962, (Acte 152) ouaux entités constituées en vertu de la Loide 1963 (Acte 179) sur les Sociétés duGhana.

L’Autorité peut aussi, sur un motifraisonnable, suspendre ou révoquer unelicence. L’Autorité est gérée par unConseil d’Administration composé d’unprésident et de six autres membresnommés par le Président de la Républiqueen consultation avec le Conseil d’Etat.

Etant donné que le gouvernement al’autorité de nommer les membres de laNCA, ces derniers s’évertuent à protégerles gouvernements et leurs fonctions. Il aété aussi suggéré que la NCA ne joue pasconvenablement son rôle parce qu’elle n’aaucun contrôle sur les stations de radioet télévision auxquelles elle alloue desfréquences.

Les groupes professionnelsdes médiasL’Association des Journalistes du Ghana(GJA) a été créée en 1949 pourpromouvoir la pratique professionnelle etreprésenter les intérêts des membres desmédias privés et publics. Les activités desmembres sont régies par le code d’éthiquequi fournit des directives sur les droits etresponsabilités des journalistes. Outre laGJA, il existe plusieurs autres associa-tions de professionnels des médias et dela communication, qui représentent lesintérêts particuliers de leurs membres.Elles sont : l’Association des Editeurs deJournaux Privés du Ghana (PRINNPAG),l’Association des Radiodiffuseurs Privésdu Ghana, le Réseau des RadiosCommunautaires du Ghana (GCRN),

62 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

l’Institut des Relations Publiques (IPR),l’Association des Annonceurs du Ghana,l’Association des Cinéastes du Ghana,l’Association des Femmes dans lesMédias (ASWIM), les Femmes dansl’Audiovisuel (WIB), la Société de l’Internetdu Ghana (ISOG), l’Association des An-ciens Radiodiffuseurs, l’Association desEcrivains du Ghana, l’Association desReporters Sportifs du Ghana (SWAG).Tous ces syndicats et associationstravaillent pour la préservation de leurintégrité professionnelle et pourpromouvoir les intérêts et le bien-être deleurs membres.

En décembre, la GJA a décidé au coursd’une réunion générale d’urgence detransformer l’association en syndicat. Parce geste, la GJA pourra maintenantrejoindre la Confédération des Syndicats(TUC) et obtenir un certificatd’accréditation qui l’habilitera à négocierde meilleures conditions de service pourses membres. Selon le Président de laGJA, Ransford Tetteh, c’était la réponseaux diverses plaintes que l’Association areçu de ses membres par rapport à leurbien-être. L’occasion a aussi marqué lelancement du Fonds de Détresse de laGJA qui sera utilisé entre autres objectifs,à supporter les notes médicales du per-sonnel des médias agressés dansl’exercice de leurs fonctions, contribueraux frais de justice des membres de laGJA qui auraient besoin d’aide juridiqueaux fins d’exercice de leur profession, etaussi pour apporter une aide financièreaux membres de l’association qui seraientemprisonnés.

Renforcement de capacités etdéveloppementLe Projet de Renforcement du Niveau desMédias au Ghana (GMSIP), une initiativede MFWA, de la GJA et l’Ambassade duDanemark près le Ghana, qui a été lancéen 2009, a amorcé sa deuxième phase,et a organisé plusieurs formations à

l’intention des journalistes de divers médiassélectionnés du pays.

La GJA a également annoncé que dansle cadre de son initiative d’assistancesociale, l’association a négocié avec desdistributeur d’ordinateurs afin de permettreà tout membre désireux de se procurerun bon ordinateur portable, de le faire àmoindre coût et à des conditionsraisonnables. Quoique la formation et lescapacités des médias aient connu desavancées, il semble qu’elles n’ont eu quepeu ou pas d’influence sur la qualité desmédias.

Vu le caractère pluriel des médias quidécoule de la pluralisation politique, lesmédias disposent davantage d’institutionsde formation. Cette situation a entrainél’appui du développement de la pratiquedu journalisme d’investigation et analytiqueau niveau de la presse écrite et des sta-tions radio rurales. Ceci est facilité àtravers le renforcement de capacités, laformalisation de la formation en coursd’emploi, l’accompagnement professionnelde journaux et stations radio rurales etcommunautaires choisis.

Relations gouvernement-médiasLes médias jouissent en général de bonnesrelations de travail avec le gouvernement.Toutefois, nonobstant cette situation, legouvernement a émis plusieurs plaintescontre les médias auprès de la NMC.

Prenant la parole à l’occasion du pre-mier anniversaire des nouveaux membresde Commission, Blay-Amihere, lePrésident de la NMC, a accusé la PoliceNationale du Ghana de mettre à mal lapromesse du Président Mills selon laquelleil ne ferait rien qui soit de nature à muselerla presse. Il a déclaré que la PoliceNationale a au cours de l’année en exa-men, fait un miracle à sa manière enressuscitant une ancienne loi destinée àintimider les médias et entraver parconséquent la liberté de la presse.

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Ghana

Réagissant à cette situation, la NMC a reçudu gouvernement, la promesse d’appuyertout effort destiné à la promotion de laliberté des médias et de celle de sesprofessionnels. Le gouvernement a aussidemandé aux médias d’observer à tousles niveaux, l’éthique et les normes de leurprofession.

Réagissant à l’accusation portée par laMNC à l’encontre de la police et du Ser-vice de la Répression des FraudesMajeures (SFO) qui harcèleraient etintimideraient quelques professionnels clésdes médias, Samuel Okudzeto-Ablakwa,Vice Ministre de l’Information, a déclaréqu’aucun citoyen n’était au-dessus de laloi pour ce qui concerne lesd’investigations. Il a ajouté « qu’à l’instarde la NMC qui a le mandat constitutionneld’assurer la liberté de la presse et demettre les médias publics à l’abri ducontrôle du gouvernement, le SFO qui estcréé par la Constitution, a le mandatd’investiguer les cas de corruption en vued’assurer que les agents corrompus soientpunis ». Okudzeto-Ablakwa aannoncé que le SFO est en traind’investiguer plusieurs personnes« et je ne souhaite pas que la NMCcroie que ces personnesbénéficient d’une quelconqueimmunité d’investigation ». « Lemandat de la NMC est d’assurerla liberté de la presse et de garantiraussi que les frontières d’unepresse libre et responsable soientrepoussées autant que possible.Il ne doit pas protéger lesprofessionnels des médiasconfrontés à des allégations decorruption » a-t-il dit avantd’ajouter que personne y comprisle Président ou un quelconquemembre de la NMC ne peutempêcher les organesd’investigation de faire leur métier.« Nous sommes très fiers de ceque pendant notre mandat, le

Ghana ait été jugé le meilleur pays enAfrique en termes de liberté de la presse; une position enviable que nous avonsl’intention de garder ». Il a déclaré que legouvernement ne ménagerait aucun ef-fort pour renforcer la NMC compte tenudes préoccupations qui existaient par rap-port à l’apparente incapacité de la NMCde rappeler les journalistes à l’ordre. « LaNMC a besoin d’être assisté par tous lesghanéens de bonne foi afin de surseoircette perception selon laquelle la NMC nepeut plus mordre et qu’il devient unéléphant blanc lorsqu’il s’agit de protégerdes réputations ». Il a ajouté que si la NMCavait des problèmes par rapport à une loiparticulière dont se servirait la policenationale, cette une question dont nouspouvons discuter en tant que nation, maisil serait très inéquitable d’attaquer la po-lice de cette manière sans toutefoiscondamner les mécréants qui ont forcé lapolice à aller à la recherche de cette loi »a déclaré Okudzeto-Ablakwa.

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ConclusionEn conclusion, les professionnels desmédias ont joui d’une relative liberté de lapresse au Ghana. Les journalistesjouissent de plus de liberté, decoopération et de respect dans leurs

rapports avec l’Etat. Toutefois, beaucoupreste à faire pour assurer que cette liberté,cette coopération et ce respect ne soientpas violés à la fois par le gouvernement etles professionnels des médias.

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ALERTS

22 janvier 2010ALERTE Ghana : Unjournaliste de la presseécrite agresséM. Jos Garneo Cephas, reporter du DailyGuide, un journal indépendant basé àAccra, a été agressé devant les locauxd’un tribunal de première instance à Accrapour avoir photographié cinq militairespoursuivis pour meurtre.

M. Cephas a informé que sesagresseurs, deux agents de sécurité etdix autres personnes qui seraient desmembres des familles des suspects, l’ontagressé après avoir essayé de confisquersa caméra sans succès.

En le voyant prendre les photos, sesassaillants lui ont infligé des coups etdéchiré sa chemise. Il a été sauvé d’unpassage à tabac supplémentaire par unavocat qui l’a emmené sur le champ dansun taxi. « Après avoir pris la fuite, je suistombé malade pour quelques jours et j’aidû aller me faire soigner », a-t-il dit.

26 janvier 2010ALERTE Ghana: Unphotojournalistesévèrement agressé et misen détentionM. Emmanuel Kubi, photojournaliste duDaily Guide, un journal privé basé àAccra, a été arrêté et détenu sur lesordres de M. James B. Benson, un juged’instruction du tribunal de grande in-stance d’Accra.

M. Kubi assurait la couverture duprocès de quatre criminels reconnuscoupables de meurtre. L’Agence dePresse du Ghana a rapporté que M. Kubia été envoyé dans une cellule située dansl’enceinte du tribunal et mis sous lesverrous avec les détenus et d’autrescriminels.

M. Kubi a indiqué lors d’une interviewqu’en se rendant compte du fait qu’il étaitjournaliste, les criminels l’ont agressédavantage, menacé et injurié. « L’und’entre eux a même enfoncé un doigt dansl’un de mes yeux », a-t-il dit.

Les atroces épreuves qu’il a subies ontcommencé après une échauffourée qu’ila eue avec les gardiens de prison quiescortaient les prisonniers. Les gardiensont prétendu que M. Kubi n’avait pas étéautorisé à photographier les détenus. Ilaurait été giflé deux fois et passé à tabacpar les gardiens et les membres desfamilles des détenus après qu’ils ontessayé sans succès de confisquer sacaméra.

La Western Publications Limited,éditrice du journal Daily Guide, a déposéune plaine auprès de la Présidente de laCour Suprême, au sujet du harcèlementcontinu subi par les membres de son per-sonnel sur les locaux des tribunaux.

Selon El Hadj Abdul Rahman Gomda,rédacteur des actualités du journal, l’undes photographes du journal avaitégalement été agressé la semaineprécédente.

28 janvier 2010ALERTE Ghana: Untribunal disculpe unjournal des charges dediffamationUn tribunal de grande instance d’Accra arendu un arrêt de non-lieu dans une af-faire de diffamation de quatre ans instituéecontre « Akosua », un dessinateur duDaily Guide, un journal indépendant baséà Accra. Les poursuites ont étéconjointement entamées contre Mme. GinaBlay et Western Publications Limited,respectivement rédactrice et éditrice dujournal.

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Les poursuites ont été entamées parM. Enoch Teye Mensah, député et ministredésigné de l’Emploi et de la SécuritéSociale, en réaction à une bande dessinéepubliée dans la livraison du 30 août 2006du journal Daily Guide. La bande dessinéea fait une représentation d’un mouton auxmarques tribales du visage qui suivait unhomme qui serait l’ancien président duGhana, M. John Agyekum Kufuor.La bande dessinée a été publiée suite àun discours prononcé par l’ancienprésident où il aurait affirmé que le députél’a suivi partout « d’un air penaud »lorsqu’il (l’ancien président) s’est rendudans la circonscription du député. M. TeyeMensah a prétendu que la bande dessinéeétait censée porter atteinte à sa réputationet le rendre impopulaire.

Toutefois, le tribunal présidé par M.Ofori Atta a rendu un arrêt de non-lieu aumotif que la bande dessinée a été publiéepar plaisanterie et non pour ridiculiser leplaignant. Le plaignant n’a pas étécondamné aux dépens.

18 février 2010ALERTE Ghana: Unactiviste de l’Oppositionmis en détention provisoirepour « publication defausses informations »Un tribunal itinérant d’Accra, la capitaleghanéenne, a mis en détention provisoireM. Nana Darkwa, un collaborateur d’unprogramme de discussion radiodiffusé,pour deux semaines, au sujet descommentaires qu’il a faits sur les antennesd’une station de radio où il aurait impliquéun ancien président ghanéen, M. JerryJohn Rawlings, dans l’incendie qui aravagé son propre domicile le 14 février.

Lors d’une interview, M. Kwame Akuffo,l’avocat de M. Darkwa, a affirmé que letribunal n’a pu donner aucune raison pourla détention de son client qui serait unsympathisant du parti d’Opposition, leNouveau Parti Patriotique (NPP).

M. Darkwa ainsi que M. George Best,un autre sympathisant présumé del’Opposition, ont été embarqués par laPolice et détenus dans les locaux duquartier général de Police de la régiond’Accra, suite à une plainte déposée parM. Kofi Adams, aide spécial de l’ancienprésident.

M. Adams a confié à Joy FM, une sta-tion de radio privée, que «le monsieur afait une déclaration catégorique selonlaquelle l’ancien président a incendié sondomicile ; il m’a défié, son porte-parole,de contester sa déclaration, et a dit qu’ilétait conscient que l’ancien président aincendié son domicile ».

M. Darkwa a été inculpé de « publica-tion de fausses informations avecl’intention de porter préjudice au grandpublic », une inculpation prévue parl’article 208 du code pénal du pays.

La MFWA est persuadée que ladétention provisoire de M. Darkwa pourdeux semaines pour avoir fait valoir sondroit à la libre expression, même s’il l’afait sans fondement, est arbitraire et neconstitue pas un recours judicieux par letribunal au pouvoir de refus de la libertéprovisoire sous caution. De l’avis de laMFWA, le tribunal pourrait tout au moinslui accorder la liberté provisoire dans cetteaffaire. Il ne semblait pas y avoird’arguments en faveur du refus de la miseen liberté provisoire de l’inculpé, surtoutau cas où la loi prescrit au tribunal de nepas recourir au refus de la libertéprovisoire sous caution comme moyen desanction.

La MFWA a exigé que le tribunal libèreM. Darkwa sans conditions pour fairepreuve de promotion de la libre expres-sion dans l’exercice de la démocratie enpleine évolution au Ghana. Nous avonsexhorté tous les défenseurs de la libre ex-pression de protester contre le recoursaux lois archaïques par les tribunaux dupays pour étouffer la libre expression auGhana.

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24 février 2010ALERTE Ghana: Un journalobtient gain de causedans une affaire dediffamation de sept ans;un rédacteur condamné àdes amendes pour outrageà la CourLa Cour Suprême du Ghana a accordéune somme de GH cedis 2 000 (environ$US 1 400) au journal The Daily Dispatch,une publication privée basée à Accra, àM. Ben Ephson, à M. Akwasi Mensah et àAllied News Limited, respectivementrédacteur, reporter et éditeur du journal,à titre de frais de justice dans despoursuites de diffamation qui ont étéengagées contre eux en 2003.

Le jury de cinq membres aunanimement rendu un arrêt de non-lieudans le procès de diffamation intenté parun chef coutumier, Dasebere Nana OseiBonsu, chef suprême de la zonetraditionnelle de Mampong de la régionAshanti du Ghana.

Nana Bonsu a engagé les poursuitessuite à la reproduction d’une pétition parThe Daily Dispatch dans un article parule 9 avril 2003. L’article du journal titré : «Le Mamponghene [chef suprême deMampong] impliqué dans une affaire defraude de GH cedis 26 400 » (environ $US18 000) a affirmé que certaines personneschagrinées qui prétendaient agir au nomd’une certaine Rosina Mensah, uneGhanéenne basée aux Etats-Unis, avaientaccusé le chef de lui avoir pris la sommede $US 30 000 avec la promesse de luiaccorder le titre de reine mère de la zone.

C’était la deuxième fois que la Cour avaitstatué en faveur du journal The Daily Dis-patch au sujet de cette affaire. Le 18octobre 2004, la Cour d’Appel présidéepar M. Victor Ofoe a rendu un arrêt denon-lieu dans le procès intenté par leplaignant contre le journal. Toutefois, le13 juillet 2006, la Cour d’Appel a annulé

la décision précédente de la Haute Cour.Mécontents de la décision de la Cour

d’Appel, les défendeurs, représentés parM. Kweku Y. Painstil, ont saisi la CourSuprême de l’affaire.

Lors d’une interview accordée à laFondation pour les Médias en Afrique del’Ouest (MFWA), M. Ben Ephson,rédacteur du journal, a affirmé que ladécision de la Cour constituait une justifi-cation de la ligne éditoriale du journal TheDaily Dispatch de ne publier que la vérité.

Dans un autre développement, la HauteCour d’Accra a, le 26 février 2010,condamné M. Raymond Archer, rédacteuren chef du journal The Enquirer, à uneamende de GH cedis 2 400 (environ $US1 700) pour outrage à la Cour ou, à défautde paiement, à une peine de prison dedeux semaines avec travaux forcés.

La condamnation a été prononcéeaprès que le journal avait exécuté un ordrede la Cour qui a demandé au rédacteurde présenter des excuses et de rétracterune série d’allégations contre M. AkwasiOsei-Adjei, ancien ministre des AffairesEtrangères, et une autre personneinculpés de déperdition de fonds publics.Le journal avait prétendu que les deuxhommes étaient en train de corrompre destémoins dans l’affaire pour laquelle ilsétaient poursuivis. Le rédacteur n’avait passu fournir à la Cour, des preuves à l’appuide ses allégations.

22 mars 2010ALERTE Ghana : Uneorganisation de jeunessetraditionnelle menace unjournaliste et une stationde radioL’Ashanti Youth Incorporated, uneorganisation de jeunesse traditionnellebasée à Kumasi, la deuxième ville duGhana, a donné un ultimatum de trois joursà la Direction de Multimedia Broadcast-ing Company, propriétaire d’un réseau de

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stations de radio, y compris Luv FM baséeà Kumasi, pour qu’elle renvoie l’animateurdu programme de revue des journaux dumatin, M. Ato Kwamena Dadzie, pour avoirprétendument injurié le roi Ashanti,l’Asantehene.

Le programme est retransmis sur lesantennes de Luv FM et celles de toutesles stations du groupe à travers le pays.

Le vice-président du groupe, M.Blessed Godsbrain Smart, qui estégalement l’animateur d’un programme dumatin de Fox FM, une station de radioprivée basée à Kumasi, aurait menacé de« saccager » les locaux de Luv FM quiretransmet le programme de revue desjournaux animé par Dadzie qui est, à sontour, transmis à l’origine par Joy FM, unestation basée à Accra.

Toutefois, lors d’un entretientéléphonique avec la Fondation pour lesMédias en Afrique de l’Ouest (MFWA),Smart a nié avoir utilisé le mot « saccager» mais a affirmé qu’il transmettait lesordres des membres de l’Ashanti YouthIncorporated et que Dadzie devaitprésenter des excuses au plus tard le 24mars, si non ils « se rendront » à la sta-tion le 25 mars.

« Jusqu’à ce que Dadzie présente desexcuses, sa voix est interdite à Kumasi »,a-t-il ajouté.

La menace a fait suite à un articled’opinion que Dadzie a rédigé sur sonblog www.atod.com, et qui a égalementété publié sur le site www.myjoyonline.com,le site web de Multimedia BroadcastingCompany, la société qui possède tant LuvFM que Joy FM. L’article avait attaquél’Asantehene (le roi Ashanti) au sujet descommentaires qu’il a faits suite à unequerelle entre lui et un autre cheftraditionnel.

M. Saeed Ali Yakub, rédacteur aux in-formations de Luv FM, a confié à la MFWAque la Direction du groupe de média avaitdéposé une plainte sur les menaces dugroupe auprès du quartier-général de laPolice de la région Ashanti. Le groupe a

ajouté à la plainte, des enregistrementsdu programme du matin de Luv FM, lastation dont les antennes ont été utiliséespar Smart pour proférer ses menaces.

C’est une triste manifestation dusectarisme politique parmi les stations deradio privées et les médias en général duGhana qui sème la division au sein del’industrie de média et jette de l’huile surle feu des chamailleries pleines derancœur qui règnent aujourd’hui parmi lesforces politiques du pays.

24 mai 2010ALERTE Ghana : Unsympathisant du partid’Opposition arrêté pouravoir traité le présidentMills de « chimpanzé »Alexander Adu Gyamfi, un sympathisantdu parti d’Opposition, le Nouveau PartiPatriotique (NPP), a été arrêté par la Po-lice de Kumasi, la deuxième ville du Ghana,pour avoir traité le président Mills de «chimpanzé » lors d’un débat de radio.

Gyamfi, qui est communément connusous le nom de « High Priest » [GrandPrêtre], était un invité du programme dumatin de Fox FM, une station de radiobasée à Kumasi de même que son co-invité du parti au pouvoir, le Congrès Na-tional Démocratique (NDC). Pendant leprogramme, il a soulevé des préoccupationssur la propagande négative qui, à sesyeux, était menée contre Nana Akufo-Addo, l’un des aspirants à la candidatureprésidentielle du NPP des électionsprimaires prévues pour le mois d’août2010. Il était persuadé que cettecampagne négative avantagerait le NDCpendant les élections législatives de 2012.

La Police a indiqué pendant l’arrestationde Gyamfi que c’était dans son propreintérêt puisque de jeunes partisans duNDC avaient envahi les locaux de la sta-tion en vue d’exprimer leur mécontentement

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 69

au sujet de ses commentaires « injurieux». Toutefois, l’inspecteur-chef MohammedTanko, le chargé des relations publiquesde la Police de la région Ashanti, qui afait une intervention sur les ondes de lastation de radio Joy FM, a affirmé que «nous le l’avons pas arrêté pour avoir injuriéle président. Nous l’avons arrêté pourconduite choquante, contrairement à lasection 207 du code pénal du Ghana ».

Gyamfi, qui était en liberté provisoirepour enquête policière et devait êtreinculpé de « conduite choquante », envertu de la section 207 du code pénal duGhana, a été tiré d’affaire sur l’interventiondu président Mills.

Lors d’une conférence presseorganisée à Kumasi le 26 mai, le chef dela Police régionale, le préfet de Policeadjoint Patrick Timbilla, a informé que leprésident Mills aurait dit : « Je nem’intéresse pas à cette affaire » et qu’ilse concentrait sur son « programme pourun meilleur Ghana ».

Par conséquent, Le préfet Timbilla ainformé que toutes les inculpationsretenues contre Gyamfi avaient étéretirées.

C’était la deuxième fois que la Policeavait arrêté un activiste du NPP au sujetdes commentaires faits à l’antenne. Le 18février, Nana Darkwa a été arrêté par laPolice et mis-en détention préventive pourdeux semaines au sujet des commentairesqu’il a faits sur les antennes d’une stationde radio où il a prétendu qu’un ancienprésident du Ghana, M. Jerry Rawlings,avait mis le feu à sa propre demeure.

La Fondation pour les Médias enAfrique de l’Ouest (MFWA) a pris note durecours effréné aux propos offensants etinjurieux par les particuliers, les agentsdes partis politiques et les responsablesdu gouvernement tant dans la presse quesur les ondes. Elle est persuadée qu’ils’agit d’un comportement peu appropriéet peu professionnel puisqu’il a tendanceà porter atteinte à l’exercice responsablede la liberté des médias en particulier etde la liberté d’expression en général.

La MFWA a soutenu la condamnationgénéralisée de la Police pour cette arres-tation et dénoncé les actions des jeunespartisans du NDC qui ont envahi les locauxde la station de radio.

3 juin 2010ALETRE Ghana : Unphotographe d’un journald’Etat est agresséM. Rockson Asmah, un photographe prin-cipal du Daily Graphic, un journal d’Etat,a été agressé dans les locaux d’un tribu-nal pour jeunes délinquants du districtd’Accra par Mme. Celestine Owusu, unefemme d’affaires âgée de 39 ans.

Une photo de M. Asmah parue dansl’édition du 4 juin du journal Daily Graphica montré le photographe malmené quiavait l’air déprimé et portait la chemise etle maillot de corps déchirés par la femmed’affaires.

Mme. Celestine Owusu, qui était aucœur d’une controverse au sujet d’un bébéâgé de six mois, a également obligé M.Asmah à supprimer les photos qu’il aprises.

Lors d’une interview accordée à laFondation pour les Médias en Afrique del’Ouest (MFWA), M. Asmah a informé qu’ilétait dans les locaux du tribunal quand qu’ila entendu Mme. Celestine Owusu lui de-mander des prendre des photos d’elle. Illui a rendu ce service mais la femme abondi sur lui.

M. Asmah a affirmé que les membresde la famille de Mme. Owusu ont participéà l’agression mais les policiers qui y étaientprésents les ont arrêtés. Il a été conduitdans le cabinet du président du tribunalqui entendait le procès de la femme et yest resté pour environ 45 minutes en vued’assurer sa protection.

Il a porté plainte auprès du commis-sariat de Police du centre d’Accra.

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9 juin 2010ALERTE Ghana: Attaquecontre la station de radioNorth StarLa Direction de North Star, une station deradio privée basée à Tamale, la capitalede la région du Nord du Ghana, a imposéune interdiction illimitée aux membres duparti au pouvoir, le Congrès NationalDémocratique (NDC), qui les empêchaitde participer aux programmes de la sta-tion.

La Direction a informé que cette sanc-tion a été imposée en vue de protéger lastation des attaques fréquentes perpétréespar des personnes qui seraient dessympathisantes du NDC.

Selon M. Adams Cockra, le directeurde North Star, la première attaque a eulieu le 8 juin après un programme de re-vue des journaux qui a discuté d’une mani-festation organisée par l’une des factionsd’un conflit ethnique.

Deux familles royales du nord duGhana, les Andani et les Abudu, sontimpliquées dans une querelle de longuedate qui a divisé les deux clans selon lesorientations des partis politiquesprincipaux du Ghana. La Radio North Starappartient à El Hadj Aliu Mahama, unAbudu et ancien vice-président du Ghana,lors de l’administration de M. John Kufuor.

M. Cockra a prétendu que l’invitéreprésentant le NDC a incité les Andanicontre la station au cours du programme,ce qui a fait que l’on a dû y mettre unterme brusque.

Le 9 juin, les assaillants auraient en-core attaqué la station et détruit ses vitres.

En réaction à ces allégations, M. TankoComputer, directeur des opérations duNDC, a distancié le parti de l’attaque, touten disant que celui-ci ne soutient pas desactes de violence. Il a affirmé que le partis’est entretenu avec la Direction de la sta-tion et qu’il mènerait sa propre enquêtesur l’affaire.

Lors d’une interview, le commandant de

Police en charge de la métropole, lecommissaire de Police adjoint CaesarAbanga, a confirmé l’attaque mais a ajoutéqu’il ne pouvait blâmer aucun groupe enparticulier puisque les plaignants necollaboraient pas avec la Police pourmener l’enquête à bien. Toutefois, M.Cockra a rejeté la position de la Police.

16 juin 2010ALERTE Ghana : Ungroupe de pressionpoursuit le gouvernementau sujet d’un dispositif desurveillance qui « porteatteinte » à la libreexpressionLe tribunal des droits humains d’Accra, lacapitale ghanéenne, commencerait àentendre une affaire introduite par ungroupe de pression proche del’Opposition, l’Alliance pour laGouvernance Responsable (AFAG), qui luia demandé d’empêcher les autoritésd’installer un système de gestion dessignaux de renseignements (ISMS), undispositif de surveillance qui, selon legroupe, porterait atteinte aux droits à laliberté d’expression.

Par conséquent, l’AFAG a demandé autribunal de suspendre l’installation dudispositif jusqu’à ce que les autoritésmettent en place des mécanismes quiassureraient la stricte conformité aux loisnationales sur le respect de la vie privéedans le pays.

L’assignation a demandé au tribunal dedéclarer que l’installation de l’ISMS étaitune action « illégale » et « inconstitu-tionnelle » qui violait les droits humainsfondamentaux des citoyens.

En 2009, le gouvernement du Ghana aconclu un accord avec une société detélécommunication, Global Voice Group,en vue d’installer le dispositif sur les sta-tions de transit internationales des

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sociétés impliquées dans la téléphoniemobile dans le pays. Le gouvernement aprétendu que cette mesure lui aiderait àminimiser les pertes de revenus provenantdes appels internationaux.

Toutefois, l’AFAG a rejeté la position dugouvernement en affirmant que ledispositif pourrait faciliter l’accès ausystème de minimessages (SMS), auxcomptes bancaires en ligne et au servicede communication sur Internet de tous lesutilisateurs des téléphones cellulaires etde l’Internet au Ghana.

L’Autorité Nationale de la Communica-tion (NCA), le Procureur Général et tousles opérateurs de la téléphonie mobile dupays ont été conjointement poursuivis parl’AFAG. Aux termes de cet accord, lessociétés de la téléphonie mobile étaientobligées de soumettre leurs donnéesd’appel à la NCA si celle-ci leur demandaitde le faire.

L’AFAG était persuadée que cettemesure porterait atteinte aux loisnationales sur la vie privée.

12 juillet 2010ALERTE Ghana : Unjournaliste de la presseécrite enlevéM. Dauda Mohammed, photographe d’unjournal privé basé à Accra, The Insight,aurait été enlevé par des personnesinconnues lorsqu’il prenait des photos dela demeure privée d’un ancien présidentdu Ghana, M. Jerry John Rawlings.

M. Kwesi Pratt (fils), directeur de pub-lication du journal, a confié à la Fondationpour les Médias en Afrique de l’Ouest(MFWA) que Mohammed a été enlevé auxenvirons de 17 heures et que personnene savait où il se trouvait.

Dans une conversation téléphoniqueavec Joy FM, une station de radio privéebasée à Accra, M. Duke Tagoe, uncollègue qui l’avait accompagné sur leslieux, a insisté que le photographe a été

poussé sans ménagement dans une voitureBMW immatriculée GW 8180 R et con-duit vers une destination inconnue.

L’affaire a été signalée à la Police etcelle-ci a déjà initié une enquête.Cependant, M. Kofi Adams, aide del’ancien président, a nié touteconnaissance et implication des gardesde corps de l’ancien président dansl’enlèvement présumé. Il a confié à JoyFM que la famille de l’ancien président nes’intéressait à l’enlèvement d’aucunjournaliste.

Lors d’une intervention sur les antennesd’une station de radio la semaineprécédente, Nana Konadu AgyemangRawlings, l’épouse de l’ancien président,avait prétendu que la famille de l’ancienprésident était sans abri depuis que sarésidence officielle a été dévorée par lesflammes 14 février. Le gouvernement etd’autres critiques ont émis des doutes surla prétention de l’ancienne première dame.Mr. Pratt figure parmi de tels critiques quiont insisté qu’il n’est pas possible que M.Rawlings et sa famille soient sans abripuisqu’ils sont propriétaires de plusieursdemeures privées.

15 juillet 2010ALERTE Ghana: Unrédacteur auxinformations inculpé de «publication de faussesinformations »M. Kwamena Ato Dadzie, rédacteur auxinformations de Joy FM, une station deradio indépendante basée à Accra, a étéinculpé d’un délit de refus de divulgationdes sources d’informations de la station,en ce qui concerne un sujet d’actualitédiffusé le 5 juillet.

La station avait fait un reportage selonlequel les membres d’une organisationfaîtière des entrepreneurs en bâtiment,l’Association des Promoteurs Immobiliersdu Ghana (GREDA), avaient reçu des

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menaces de mort qui leur demandaientde retirer une pétition qu’ils avaient soumiseau Parlement ghanéen en vue de faireopposition à un accord de logementcontroversé que le gouvernement duGhana avait passé avec une sociétécoréenne.

Dadzie a confié à la Fondation pourles Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA)qu’il a été inculpé de « publicationd’informations dans l’intention de semerla peur ou de faire du tort au grand publicou de troubler l’ordre public », aux termesde la section 208 du code pénal du paysde 1960.

L’inculpation a fait suite à uninterrogatoire que des éléments de la Po-lice judiciaire (PJ) l’ont fait subir.

Dadzie devait comparaître devant le Tri-bunal le 21 juillet.

C’était la deuxième fois que la Policeportait cette inculpation surannée de «publication de fausses informations »contre deux citoyens cette année-là. Le18 février 2010, Nana Darkwa, unsympathisant de l’Opposition et panélistede radio, a été arrêté par la Police et misen détention préventive pour deuxsemaines, au sujet des commentaires qu’ila faits sur les antennes d’une station deradio, où il aurait accusé un ancienprésident du Ghana, M. Jerry JohnRawlings, d’avoir mis le feu à sa propredemeure. Des poursuites judiciaires ontété intentées contre lui.

La MFWA s’est attristée du fait que laPolice utilisait cette loi qui n’est pasconforme à la constitution de 1992,laquelle constitution garantit la libertéd’expression des citoyens. Elle a demandéque l’inculpation retenue contre Dadziesoit retirée sans conditions.

La MFWA a réitéré l’appel qu’elle avaitlancé à tous les partisans de la libre ex-pression pour qu’ils protestent contrel’utilisation des lois archaïques par la Po-lice nationale en vue de réprimer la libreexpression au Ghana.

8 septembre 2010ALERTE Ghana: Unjournaliste de radiohospitalisé après avoir étéagressé par des partisansdu parti au pouvoirAlexander Afriyea, correspondant deNhyira FM, une station de radio basée àKumasi, a été hospitalisé pendant le matinaprès avoir été violemment agressé àEffiduase, la capitale du district EastSekyere de la région Ashanti, par despersonnes qui seraient des partisans duparti au pouvoir, le Congrès NationalDémocratique (NDC).

Un collègue du journaliste, KwabenaAmpratwum, a confié à la Fondation pourles Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA)qu’: « Afriyea haletait, il était allongé surun côté et pouvait seulement bouger latête au moment où je lui ai rendu visite àl’hôpital. » Le correspondant était allé as-surer la couverture des activités des par-tisans déchaînés du NDC qui réclamaientle licenciement du premier magistrat dudistrict.

Ampratwum a affirmé qu’Afriyea, quiétait un candidat à l’élection del’assemblée de district, a été accusé parles partisans courroucés du NDC d’êtreun membre du parti d’Opposition, leNouveau Parti Patriotique (NPP).

16 septembre 2010ALERTE Ghana: Desgardiens de prisonenvahissent une stationde radio et malmènent lepersonnelUn groupe de gardiens de prisoncourroucés basés à Kumasi, la deuxièmeville du Ghana, ont investi les locauxd’OTEC FM, une station de radio privée,et agressé deux membres du personnel,y compris la responsable desprogrammes, Kate Frema Adomako.

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L’un des agents de sécurité auraitpoussé Adomako par terre après avoirbousculé le garde et entré dans les locauxpar la force.

Adomako, qui a confirmé cet incidentà la Fondation pour les Médias en Afriquede l’Ouest (MFWA), a affirmé que lesofficiers étaient venus agresser unpanéliste, Francis Dodovi, un sympathisantdu parti au pouvoir, le Congrès NationalDémocratique (NDC), qui, selon eux,discréditait une manifestation qu’ils ontorganisée le 15 septembre en vue de pro-tester contre ce que les gardiens de prisonont qualifié de discrimination contre euxen ce qui concerne un nouveau régimede solde pour le pays.

Dodovi, qui aurait qualifié la manifes-tation d’ « irresponsable », a été pris enotage par les officiers pour environ trenteminutes.

Adomako a affirmé que si certainsvoisins et d’autres membres du personneln’étaient pas intervenus, les officiersauraient agressé Dodovi dans le studio.

La Police a ouvert une enquête sur cetteaffaire.

9 décembre 2010ALERTE Ghana : Untribunal lance un mandatd’arrêt contre unjournaliste de radiopoursuivi pour avoirsemer la peur et lapaniquePrince William Baffour, journaliste de Yan-kee Radio, une station de radiocommunautaire basée dans le districtJaman North de la région Brong Ahafo duGhana, a disparu de la circulation aprèsqu’un Tribunal de première instance alancé un mandat pour son arrestation. Le2 décembre, Baffour avait été détenu pourplusieurs heures par la Police et inculpéde « publication d’informations dans

l’intention de semer la peur ou de nuireau public ou de troubler l’ordre public »,en vertu de la section 208 du code pénaldu pays de 1960.

L’inculpation a fait suite à la diffusiond’une interview qu’il a eue avec unressortissant ghanéen qui aurait fui lacrise en cours en Côte d’Ivoire. L’hommea prétendu sur les antennes de la stationque certains policiers extorquaient del’argent à des Ghanéens qui se sontretrouvés coincés. L’interview a étéretransmise sur les ondes d’Adom FM,une station de radio basée à Accra.

Baffour a été accordé la libertéprovisoire sous caution et devaitrecomparaître le 9 décembre.

Nana Obiri Boahen, l’avocat de Baffourqui contestait l’inculpation portée contreson client, a confié à la Fondation pourles Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA)que malgré le fait qu’il a déposé unerequête auprès du tribunal pour qu’il rejettele mandat d’arrêt, son client n’est pas ensécurité et il a dû prendre la fuite pour nepas se faire détenir par la Police.

Baffour aurait été détenu le 2 décembre,au matin, après qu’il avait été invité à seprésenter dans les locaux de l’Assembléede district de Jaman North. Il a été arrêté,menotté et déféré au Tribunal de premièreinstance de Drobo, situé à environ 50kmde Jaman South.

Le 15 septembre, Isaac Sarpong,directeur à responsabilités générales deYankee Radio, a été malmené par despoliciers qui ont fait irruption dans leslocaux de station de radio en vued’empêcher celle-ci de retransmettre laditeinterview qui, aux dires de la Police, sèmela peur et la panique dans le pays.

74 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

30 décembre 2010ALERTE Ghana : Uneéquipe de sécurité chargéedes élections agresse unjournaliste et le détientbrièvementSix membres d’une équipe spécialechargée du contrôle des élections dans larégion du Nord ont arrêté et brièvementdétenu un journaliste de radio, IsaacMurtala Kpambe, après l’avoir violemmentagressé dans un bureau de vote de lacirconscription électorale de Tamale Cen-tral.

Kpambe, correspondant de la GhanaBroadcasting Corporation (GBC), l’officenational de radiodiffusion-télévision, a étédétenu dans les locaux du bureau régionalde la Police judiciaire (CID) pour environ30 minutes. Il a été libéré sans présentationde caution sur l’ intervention del’inspecteur-chef Ebenezer Tetteh, lechargé des relations publiques de la Po-lice régionale. Il devait recomparaître le31 décembre.

Kpambe a confié à la Fondation pourles Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA)qu’il a subi cette rude épreuve au bureaude vote de Sankpagla quand il filmait uneéchauffourée entre l’équipe spécialechargée des élections composée depoliciers et de militaires en armes etcertains hommes bien bâtis de lacirconscription.

« J’ai sorti ma caméra numérique et jeme suis mis à filmer ; en moins d’uneminute, l’un des policiers m’a saisi par le

pantalon et m’a frappé au coup. Tout desuite, leur attention était braquée sur moi.Quatre policiers et deux militaires ont bondisur moi et se sont mis à me donner descoups de pied et des coups à la poitrine».

Comme si cette action ne suffisait pas,les officiers ont déshabillé Kpambe etdéchiré sa chemise. Sa caméranumérique a également été endommagéeet confisquée. Même quand il est devenuévident qu’il était journaliste, l’agression acontinué sans cesse.

« On m’a conduit comme un criminelau quartier général de Police de la régiondu Nord ; puis, on m’a dit que j’étais enétat d’arrestation mais personne ne m’adit l’infraction que j’ai commise », a-t-ilsouligné.

En guise de confirmation de cet inci-dent à la MFWA, l’inspecteur-chef Tetteh,le chargé des relations publiques de larégion, a affirmé qu’une enquête était encours et que les recommandations et lesconclusions seraient publiées.

La MFWA a une fois encore dénoncécette mesure arbitraire prise par lesagences de sécurité. De tels actesd’agression portent atteinte aux droits desjournalistes et constituent une menacepour la liberté d’expression telle quegarantie par la constitution de 1992 dupays.

La MFWA a fait appel à l’InspecteurGénéral de Police et au ministre del’Intérieur pour qu’ils veillent à ce que lesjournalistes s’acquittent de leurs fonctionslégitimes sans crainte ni intimidation.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 75

Guinée

Président Alpha Condé

Aperçu généralMalgré les immenses richesses de son solet de son sous sol, la Guinée quia acquis son indépendancedepuis le 2 octobre 1958 compteparmi les pays les plus pauvresdu monde. Un sous développe-ment plutôt mental dû au lourdhéritage que laissent 26 ans depouvoir dictatorial et sanguinaired’Ahmed Sékou Touré, premierprésident de la Guinéeindépendante.

Sékou Touré décède le 26mars 1984 dans un hôpital àCleveland aux Etats-Unisd’Amérique.

Le 3 avril, Lansana Conté, un militaireprofondément ancré dans l’ignorance etle mépris des lois et règles qui gèrent unEtat civilisé prend le pouvoir par le biaisdes armes. Il dissout le régime socialisteque le pays à traversé durant le règne deSékou Touré, proclame la démocratie etl’Etat de droit. Il dissout la Constitution ettoutes les lois organiques.

En 1990, un Conseil transitoire deredressement national rédige une nouvelleconstitution et des nouvelles lois. Mais, trèsvite, le Colonel Lansana Conté met de côtéla Constitution et toutes les lois. Il déclarequ’il ôte la tenue et se proclame candidatà la présidentielle de 1993. Il est réélu en1998 par une fraude électorale sansprécédent. En 2002, il succède à lui à latête de l’Etat. Miné par une leucémie quine lui laissait aucun répit, il abandonnel’Etat et se consacre à son état de santé.

La Guinée a connu et traverse unecrise économique, politique et socialesans précédent. Général Lansana Conté

rend l’âme le 22décembre 2008. Lelendemain 23décembre, un conseilnational pour ladémocratie et led é v e l o p p e m e n t(CNDD), avec, à satête Capitaine MoussaDadis Camara, unjeune Capitaine prendle pouvoir. Il prometdes élections libres,

crédibles et transparentes à laquelle ilpromet de ne pas participer.

La prise du pouvoir par l’armée estsaluée par tous les Guinéens. L’opinioninternationale prend acte et encourageCapitaine Moussa Dadis Camara àorganiser vite des élections dans le pays.Après six mois d’exercice de pouvoir lorsdesquels il engage une lutte sans mercicontre les narcotrafiquants, les auteurs desdétournements de deniers publics,Capitaine Dadis affiche son penchantpour le pouvoir. Il menace de se présenterà l’élection présidentielle si les politicienscontinuent de le bousculer.

La popularité du jeune capitaine chuted’un trait. Des conseillers proches de luiqui n’ont pas intérêt qu’il abandonnel’encouragent à se présenter.

Capitaine Moussa Dadis Camara, créeune milice, un parti politique et commencesa campagne électorale. L’opinion

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nationale et internationale pris de courtpar la volte face du Capitaine le met engarde. Mais, il n’a pas compris. Et la crisesociale s’accentue. Le 28 septembre2009, une manifestation pacifique desmilitants de l’opposition qui réclament sondépart et l’organisation des électionslibres est réprimée par les forces del’ordre. On dénombre des centaines demorts, des femmes violées et des actesde tortures dégradants.

Trois mois après, le 3 décembre 2009,Lieutenant Aboubacar Toumba Diakité, legarde de corps du Capitaine Dadis tiresur lui. Capitaine Dadis est évacué auMaroc pour des soins. Après, il esttransféré au Burkina Faso, chez lePrésident Blaise Compaoré, médiateur dela crise guinéenne. Général SekoubaKonaté, le ministre de la Défense nationaleet numéro 2 du Cndd reprend les arènesdu pouvoir. Pour poursuivre les promessesdu Cndd.

Les partis politiques en lice pour laprésidentielle se retrouve à Ouaga poursigner un accord devant régir lesélections. Un premier tour de laprésidentielle guinéenne qui regroupe 24candidats a eu lieu le 27 juin 2010. Deuxcandidats émergent du lot : Cellou DaleinDiallo, originaire de l’ethnie peule etProfesseur Alpha Condé de l’ethniemalinké. Le second tour a connu desdifficultés, plusieurs mois avant d’avoir lieule 7 novembre 2010.

Aperçu des médiasSi la Guinée a du mal à décoller sur leplan économique, politique et social, surle plan des medias, il faut signaler uneamélioration considérable.

Nous assistons à la prolifération desstations de radios privées : une bonnequarantaine émettent à Conakry et àl’intérieur du pays et participe activementà l’émancipation de la société guinéenneà travers des émissions interactives, desdébats, des campagnes de sensibilisationtous azimuts sur les élections. Les radios

privées jouent un rôle important dansl’éducation de masse même si certainesradios sont parfois piquées par le virusethnique et tribaliste par moment.

Pour la couverture du scrutin du 27 juin2010, les radios privées se sont réuniesdans une synergie électorale appelée «FM radio Guinée 2010 » grâce à unfinancement des bailleurs de fonds. Cesradios ont donné les premières tendancesélectorales dès la fermeture des bureauxde vote. L’expérience a dû s’arrêter parceque les concepteurs n’ont pas pris encharge tous les aspects liés aufonctionnement de cette synergie. LaGuinée enregistre pour la première foisde son histoire l’avènement de sa premièretélévision privée qui s’appelle Gangan TVqui émet sur satellite dans le bouquet dela Soditev (société de diffusion de latélévision). A côté de la chaine, il y aGangan FM . Ce groupe de presse,dernier du genre fait le plaisir desGuinéens qui voient-là l’émergence d’unenouvelle tendance de l’information.

Les journaux privés végètent sous lepoids de la crise économique que traversele pays. Sur 236 titres enregistrés, seulsdix paraissent régulièrement. Les autrescherchent « un financier » pour tirer. Etla précarité dans laquelle vit les journauxouvre grande la porte de la corruptiongénéralisée qui mine la profession. Lessites internet qui comblent le déficit dumanque de quotidien privé évoluent pourla plupart dans l’anarchie, passant outreles textes de loi qui régissent leurfonctionnement. La quasi-totalité des sitesinternet versent dans le sensationnel etfont dans la facilité.

Les médias d’Etat, la radio nationale,la télévision nationale, les radios rurales,les radios communautaires continuent derelayer le message de l’Etat. Lesjournalistes des médias d’Etat, avec leurstatut de fonctionnaire n’arrivent pas en-core à se libérer du joug du culte du chef.Il en est de même pour le quotidien na-tional Horoya, et l ’AGP , agence

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 77

Guinéenne de presse, qui vivent dans laprécarité et la débrouille. Ces deux médiassont considérés comme les parentspauvres des medias d’Etat. D’aucunsarrivent même à dire que l’AGP est le ga-rage des journalistes que l’Etat veut punir.Etre muté à l’Agence guinéenne de presseéquivaudrait à une punition.

Environnement juridiqueLe Conseil national de la transition (CNT)qui est l’institution chargée de réviser laConstitution Guinéenne et lois organiquesa accordé une place de choix à la révisionde la Loi sur la liberté de la presse. Elle acréé à cet effet en son sein la Commis-sion communication du Conseil nationalde la transition chargée de toiletter lestextes de loi régissant les medias, lesorganes de régulation et le Conseilnationale de la Communication qui est lahaute instance de régulation des médias.C’est dans ce cadre que le Conseil na-tional de la transition a promulgué la Loi002 portant liberté de la presse et la hauteautorité de communication. Il s’agit de laloi organique L/2010/002/CNT/ du 6 mai2010 portant sur la liberté de la presse etrévisant la loi organique L/91/005/CTRN/du 23 décembre 1991.

Cette loi prévoit un environnementjuridique dans lequel doit désormaisévoluer les medias en ligne, parce que laLoi 005 était resté muet la dessus. La Loi002 dépénalise complètement les délits depresse. Désormais, aucun journaliste nesera conduit en prison. Elle prévoit plutôtdes amendes à l’encontre de tout organe,journaliste qui commet un délit de presse.Les amendes vont de 1000000 à20.000000 de francs Guinéens.Désormais, aucun agent des forces del’ordre ne peut mettre aux arrêts unjournaliste en prétextant le flagrant délit.La loi 002 donne mandat aux autoritésjudiciaires d’interpeler un journaliste dansle strict reste des règles édictées dans laloi sur la liberté de la presse. La Loi 002prévoit le remplacement du Conseil Na-

tional de la Communication par la HauteAutorité de la Communication (HAC) dontles attributions, l’organisation, la compo-sition et le fonctionnement sont prévus.

Cette loi en son article 2 indique que «la Haute Autorité de la Communication estun organisme de défense du droit descitoyens à l’information. Elle a un rôle desoutien et de médiation en vue d’éviter lecontrôle abusif des médias par leGouvernement… ».

L’article 7 stipule que « Le Présidentde la Haute Autorité de la Communicationest élu par ses pairs sous la supervisionde la Cour Constitutionnelle. Cette électionet la nomination des autres membres sontentérinées par un décret du président dela République ».

Institutions de régulationIl existe deux institutions de régulation enGuinée. Le Conseil national de la com-munication qui régule les medias et l’ARPT(autorité de régulation des postes ettélécommunication) qui s’occupe de larégulation des fréquences, le développe-ment et la protection des infrastructures.

Le Conseil national de la communica-tion crée en 1990 et qui va être remplacépar la HAC a pour tâches principale desurveiller les médias, promouvoir etsauvegarder la liberté et l’indépendancedes medias. Le CNT a aussi pour missiond’encourager un exercice serein et objectifde la profession dans le strict respect del’éthique et la déontologie. Il veille à tousles secteurs des medias. Les instituts dejournalismes, les publications, lesimprimeries et tout autre organe affilié àl’exercice des medias. Le CNC ne parvientà réguler le secteur de l’audio visuel. C’estun problème réel. Les radios emploientdes jeunes gens fraichement sortied’université, telle que l’Institut supérieurde l’information et de la communication etde certaines universités privées telles quel’Université Mercure et l’Université CheickModibo Diarra. Il s’agit-là de gravesmanquements à l’éthique et la déontologie.

78 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Le CNC ne dispose pas d’équipements etressources humaines adéquatent pourcontrôler le secteur. Et des experts entechnique de communication redoutentque le propos ethnique et partisan ne jouesur l’opinion

L’ARPT créée conformément aux loisL/2005/017/AN et L/2005/018/AN, du 8septembre 2005 a pour mission de :

1. Veiller au respect des dispositionslégales et règlementaires relativesaux secteurs de la poste et destélécommunications, notammentcontrôler le respect par lesopérateurs des conditions et engage-ments de leurs licences etautorisations.

2. Prendre toute mesure nécessairepour faire assurer la continuité duservice et protéger les usagers.

3. Assurer la planification, la gestionet le suivi de l’util isation desfréquences et du plan national desfréquences.

4. Attribuer les ressources enfréquences et numérotation auxopérateurs et utilisateurs et veiller àleur bonne utilisation ;

5. Initier le processus et lancer lesappels à concurrence pourl’attribution des licences.

6. En instruire les dossiers.7. Dresser le procès verbal motivé

d’adjudication à l’ intention duMinistère de la Télécommunication.

Les deux institutions travaillentchacune, dans son domaine et celasemble marcher même si les clients del’Arpt émettent quelques réserves sur lefonctionnement de cette structure.

Associations professionnellesdes médiasLes associations professionnelles desmedias de la Guinée se sont élargies etdiversifiées par la naissance del’AGUIPEL, (Association guinéenne des

journalistes de la presse électronique quiregroupe une quarantaine de membres etpilotée par un bureau exécutif de 7membres, le REMIGUI, (Réseau des me-dias sur internet en Guinée), l’URTELGUI(Union des radios télévisions libres deGuinée), le réseau des femmes journalistesde Guinée. Ces nouvelles associationsviennent s’ajouter à l’AJG (Association desjournalistes de Guinée), l’AGEPI, (Asso-ciation guinéenne des éditeurs de lapresse indépendante), l ’OGUIDEM(Observatoire guinéen d’éthique et de ladéontologie des médias), le REGUIJOCRéseau guinéen des journalistes contrela corruption et pour la promotion de labonne gouvernance, l’APAC (Associationdes femmes professionnelles de l’Afrique).Chacune de ses associations et réseauxtentent du mieux qu’il peut à la promotionde liberté de presse, à la formation desjournalistes, au respect de l’éthique et ladéontologie des médias.

Renforcement des capacitéset développementFace aux difficultés récurrence liées à lacrise politique conjoncturelle qui mine laGuinée ces dix dernières années, les as-sociations de presse sont aussi victimede l’inanition dans laquelle patauge le pays.Les projets ne manquent pas, mais lesmoyens financiers ne suivent pas.Quoique animés de bonnes initiatives, lesréseaux et associations de presse neparviennent pas à assumer totalement leurresponsabilité. Ils passent le clair du tempsà s’occuper des tâches qui ne nécessitentpas une grosse levée de fonds. Ondénombre quelques ateliers de formationsur les pratiques du métier à l’actif decertaines associations et certains réseauxdes médias durant cette année 2010.

L’an 2010 aura été une année riche enrenforcement des capacités desjournalistes. Il s’agit d’une annéeélectorale et les bailleurs de fonds n’ontpas lésiné sur les moyens pour accroitreles connaissances des journalistes en

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 79

technique de rédaction d’articles depresse, en investigation et en rechercheet publications. Beaucoup de séminaires,des ateliers sur la couverture médiatiquedes élections. Le rôle et la responsabilitédes médias lors d’une consultationélectorale. Radio France internationale(RFI), OSIWA, IMS (Institut for MediaSupport) du Danemark, IFES, (Fondationinternationale pour les systèmesélectoraux), USAID par le biais du projetfaisons ensemble ont financé des forma-tions sur les élections. Les organisationset associations des médias telles que leREGUIJOC, l’APAC, L’OGUIDEM ontaussi organisé des formations. La CENI,commission électorale nationaleindépendante et tant d’autres structuresont offert des formations de qualité auxjournalistes. Des institutions inter-nationales ont facilité ces formations quiont permis aux journalistes d’assurer unecouverture médiatique sans faille du pro-cessus électoral en Guinée. Et puis,Certaines des institutions citées ci-hautont financé le déplacement des journalistessur toute l’étendue du territoire nationalepour la couverture de la présidentielle, letout dans une synergie efficace qui apermis aux journalistes et aux rédactionsqui n’ont pas les moyens d’acheminer desjournalistes de participer à toutes lesphases décisives du scrutin.

Rapport gouvernement-médiasAu titre de la loi des Finances initialesexercice 2010, l’Etat a accordé 500 mil-lions de francs guinéens, environ 714000us dollars à la presse privée pour sonfonctionnement. Soit 150 millions de fg auxradios privées, 150 millions de fg auxautres millions de fg aux journaux privés.Une enveloppe largement revue à la baissecontrairement à l’année 2009 où cetteenveloppe était de 3 milliards de francsguinéens que le Capitaine Moussa DadisCamara avait mis à la disposition des

médias privés pour mieux les contrôler. Ilfaut dire que si le Capitaine Dadisconsidérait la presse privée comme unallié sûr pour la suite de son programme,son successeur Général Sekouba Konaté,lui, estime que la presse privée n’est passa priorité. Cette dernière a été éloignéede tous les voyages officiels contrairementau Capitaine Moussa Dadis qui associaitla presse privée à tous les voyagesofficiels.

Les 500 millions de fg ont été considéréspar les responsables des associations depresse comme un montant dérisoirecompte tenu de la pléthore et des besoinsimmenses des medias en intrants, enressources et autres. Les medias d’Etat,eux, au contraire sont aux bons soins del’Etat qui les finance. Des moyensconsidérables ont été mis à la dispositiondes groupes de reportages des médiasd’Etat pour la couverture médiatique de laprésidentielle Perdîmes, véhiculescarburés, primes et autres commoditéspour chaque équipe qui ont suivi les 24candidats au premier tour et les 2candidats au deuxième tour. En échange,les médias d’Etat se sont révélés commeun outil de propagande du Gouvernementd’union nationale de transition et de la junteau pouvoir. Ces medias relaient tous lesdiscours et actes officiels de l’Etat.

Attaques contre les médiasOutre quelques suspensions de journauxet de journalistes par le Conseil nationalde la Communication, des mises à pied etde suspensions de journalistes des médiasd’Etat par le ministre de l’Information, onn’a pas enregistré des écueils entremédias et forces de l’ordre. Pas eud’atteinte à l’intégrité physique desjournalistes, pas eu d’emprisonnementsmême s’il y a eu des menaces à la clé,avec des blâmes et autres avertissementsmoins sévère. Des professionnels desmedias parlent d’accalmie. En réalité, legouvernement a dû comprendre que sévirsur les journalistes ne peut qu’engendrer

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Guinée

des difficultés vis-à-vis de l’opinioninternationale et des organisations dedéfenses des journalistes dans l’exercicede leurs professions. Il y a eu des casisolés de menaces proférés à l’encontredes journalistes par des individus, desgroupes d’intérêt ou des associations,mais cela est resté au stade de paroles etn’a jamais été suivi d’actes jugésmenaçants pour l’intégrité des médias.

Quelques violations traduites enalertes donnent la situation des médiasen Guinée

Le 29 décembre 2009, M. EmmanuelToumani Camara, journaliste basé àN’Zérékoré, une ville située au sud-estde la Guinée, a été embarqué chez lui etdétenu pour deux jours dans les locauxdu quartier général de la Police régionalesans qu’aucune inculpation ne soit portéecontre lui. Des policiers armés ontdébarqué au domicile de M. Camara, quiest un correspondant local deL’Indépendant, un hebdomadaire privé

basé à Conakry, et l’ont conduit violemmentsur les ordres du chef de cabinet dugouvernorat de N’Zérékoré, M. HassaneSanoussi. Le 31 décembre, soit deux joursaprès son arrestation, M. Camara a étélibéré sur l’intervention du gouverneur. Ila été gardé au secret pendant sadétention. L’arrestation du journaliste estintervenue suite à la publication d’un ar-ticle qu’il a rédigé sur la rénovation dugouvernorat qui est financée par l’UnionEuropéenne (UE). L’article intitulé « Con-struction du gouvernorat de N’Zérékoré,l’Union Européenne a-t-elle suspendu ledécaissement ? » a cherché à savoirpourquoi la rénovation était toujours encours d’exécution en dépit du fait que l’UEa suspendu l’aide financière à la Guinée.

Les autorités ont déclaré M. Camarapersona non grata à N’Zérékoré.

Par ailleurs, le 16 juillet à 22h30,Etienne Mansaré, reporter de radio SabariFM chargé des enquêtes a été poignardéau dos par un membre d’un gang noc-turne dans la haute banlieue de Conakryalors qu’il se rendait chez lui. Il a été

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transporté d’urgence à l’hôpital où il a subides soins intenses. Il n’a pas succombé àses blessures. Joint au téléphone,Mansaré explique les circonstances del’attaque : « j’ai fini mon émission « Sousles cocotiers » vers 22h, je sors de la sta-tion et m’arrête au bord de la routelorsqu’un taxi s’arrête. Je monte, il y avaitquatre individus aux allures bizarres. A unkilomètre plus loin, le taxi s’arrête et lesdeux occupants braquent deux pistoletssur ma tête. Ils m’ont dit de ne pas crier.Ils m’ont fouillé et ont sorti mon argent,mes trois téléphones, mon dictaphone etma carte de presse. Après le troisième a

sorti un tournevis et m’a poignardé au dos.Je suis tombé. Ils m’ont jeté sur le goudronet la voiture a démarré ». Un passant a vule journaliste allongé sur le dos, inerte etl’a envoyé à l’hôpital. « Mansaré doit êtrevictime d’une action d’un grouped’individus hostiles à ses reportages. C’estun règlement de compte possible » indiqueun de ses responsables qui préfère garderl’anonymat.

L’attentat contre M. Mansaré relance leproblème d’insécurité auxquels s’exposentles journalistes dans l’exercice de leurmétier durant cette période électorale trèssensible en Guinée.

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12 mai 2010ALERTE Guinée: Unjournaliste stagiaire deL’Indépendant détenu auPM3Mohamed Fofana, un reporter stagiairede L’Indépendant, un hebdomadaired’informations générales basé à Conakry,a été embarqué et détenu au PM3, uneprison militaire tristement célèbre pour lesactes de barbarie, sur les ordres de Mme.Sangaré, directrice générale de laSoguitrans (société guinéenne des trans-ports).

Le 11 mai, Fofana s’était rendu au siègede Soguitrans situé au quartier Matoto,dans la banlieue de Conakry, pour faireune enquête sur la faillite annoncée deSoguitrans lorsque Mme. Sangaré aordonné aux gardes de confisquer sesappareils et de le mettre aux arrêts.

« Les gardes se sont jetés sur MohamedFofana. Ils l ’ont roué de coups etconfisqué ses appareils. Aussitôt, il estembarqué manu militari pour être conduitau PM3 où il est encore en détention », aconfié Mamadou Dian Baldé, directeur dujournal L’Indépendant, à la MFWA.

Il a ajouté que « nous sommes sansnouvelle de M. Fofana depuis hierlorsqu’on l’a arrêté. Nous ne savons pasnon plus pourquoi la dame l’a conduit auPM3 qui n’est pas un lieu de détentionpour un délit de presse.»

L’arrestation de Mohamed Fofana estintervenue une semaine après l’adoptionpar le Conseil national de transition dunouveau code sur la liberté de la pressequi dépénalise les délits de presse.

La Soguitrans est une société étatiquede transport urbain et interurbain initiéepar le gouvernement guinéen grâce à unprêt des bailleurs de fonds.

La MFWA était consternée parl’arrestation et la détention de Mohamed

Fofana qui était seulement à la recherched’informations pour faire son travail et adénoncé catégoriquement la détention dujournaliste.

Nous demandons sa libérationimmédiate et sans conditions.

16 juillet 2010ALERTE Guinée: Unjournaliste de radiopoignardé par des hommesarmésDes collègues d’un journaliste de radio quia été agressé par des assaillantsinconnus ont soupçonné que l’Armée acommandé l’agression.

« Mansaré doit être victime d’une ac-tion d’un groupe d’individus hostiles à sesreportages. C’est un règlement decomptes possible », a confié aucorrespondant de la Fondation pour lesMédias en Afrique de l’Ouest en Guinée,un collègue de Mansaré qui a préférégarder l’anonymat.

Etienne Mansaré, un reporter desaffaires militaires de Sabari FM, une sta-tion de radio privée basée à Conakry, aété poignardé au dos alors qu’il se rendaitchez lui après avoir animé son émissionpolitique appelée « Sous le Cocotier ».

Le journaliste a confié à la MFWAdepuis son lit de malade qu’il a monté dansun taxi où quatre individus s’étaient déjàinstallés. Deux des occupants ont braquédes pistolets sur lui avant de le poignarder.

Les assaillants de Mansaré l’ont placésur la voiture et sont partis à toute allure.Par la suite, il est tombé par terre. Il aperdu connaissance et un passant qui estvenu à son secours l’a envoyé à l’hôpital.

Ils ont emporté ses trois téléphonescellulaires, son dictaphone, sa carte depresse et une somme d’argent nonspécifiée.

ALERTES

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 83

La MFWA a dénoncé cet acte barbarequi porte atteinte à la sécurité desjournalistes et constitue un grave reverspour le processus de démocratisation enGuinée.

La MFWA a fait appel aux autorités pourqu’elles mènent une enquête sur cette af-faire et qu’elles obligent les auteurs àrendre des comptes.

6 novembre 2010ALERTE Guinée: Unjournaliste en ligne estviolemment agressé ettenu au secretThierno Souleymane, un reporter dewww.Tamtamguinée.Com, a étéviolemment agressé et détenu pendant lematin par des bérets rouges déployés àla présidence pour avoir photographié lesbrutalités qu’ils infligeaient à un chauffeurde taxi à Conakry, la capitale.

Souleymane a été détenu sansqu’aucune inculpation ne soit portéecontre lui et conduit au camp Makombo,le siège de la sécurité présidentielle.

Les militaires l’ont roué des coups etl’ont jeté dans un camion militaire aprèsqu’il a photographié les soldats qui étaienten train de malmener un chauffeur de taxiau centre ville de Conakry, au niveau d’unbarrage de contrôle situé près de l’entréedu quartier administratif.

La MFWA a dénoncé cet incident etfait appel aux autorités pour qu’ellesinterviennent en vue d’assurer la libérationimmédiate et sans conditions deSouleymane.

16 novembre 2010ALERTE Guinée: Lespartisans d’un candidat àla présidentielle attaquentune station de radioUn groupe de partisans de Cellou DaleinDiallo ont attaqué et vandalisé les locauxde Sabari Fm, une station de radio privéebasée au nord de Conakry, la capitaleguinéenne.

Sanou Kerfalla Cissé, qui a confirmél’attaque, a affirmé que les assaillantsinconnus ont lancé des cailloux contre leslocaux de la station et injurié un journalisteet détruit les vitres de l’immeuble.

Cette attaque a été perpétrée suite à laproclamation par la Commission ElectoraleNationale Indépendante (CENI) qui adéclaré Alpha Condé, l’opposant de Diallo,vainqueur du deuxième tour de l’électionprésidentielle.

Les partisans courroucés ont accuséla station d’avoir contribué à la défaite deleur candidat en faisant de la propagandepour Alpha Condé.

84 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Guinée-Bissau

Malam Bacai Sanhá

Aperçu généralLa République de Guinée-Bissau est unpays en Afrique de l’Ouest. Elle est limitéeau nord par le Sénégal, au sud et à lestpar la Guinée, avec l’Océan Atlantique àl’ouest et couvre une superficie d’environ36,125 km². Sa population est estimée à1 600 000 habitants.

La Guinée Bissau a accédé àl’indépendance du Portugal en 1974 et adepuis lors connu d’énormes perturbationspolitiques et militaires. Un coup d’Etatmilitaire survenu en 1980 a porté JoãoBernardo “Nino” Vieira à la présidence etle régime a été marqué par la suppres-sion de l’opposition politique ainsi que lapurge des rivaux politiques. Nombre detentatives de coups d’Etat ont jalonné lesannées 1980. Elles n’ont pu toutefoisrenverser Vierra, qui en 1994 fut éluPrésident de la à la toute première électionlibre de Guinée-Bissau.

En 1998 une mutinerie militaire qui aprovoqué une guerre civile s’est soldéepar la chute de Vierra en mai 1999.

En février 2000 un gouvernement detransition remet le pouvoir au leader del’opposition Kumba Yala, celui-ci ayant étéélu Président dans un scrutin transpar-ent. Cependant, après trois ans seulementaux affaires, en septembre 2003, Yala estévincé dans un coup d’Etat sans effusionde sang, et un homme d’affaires HenriqueROSA prête serment comme président parintérim.

En 2005, l’ancien président Vierra estréélu Président de la République et promet

de poursuivre le développementéconomique et la réconciliation nationale.João Bernardo “Nino” Vieira est assassinéle 2009 mars et Malam Bacai Sanha estélu dans une élection spéciale.

Situation politiqueSuite à l’adoption de la gouvernancedémocratique multipartite en 1993, et latenue des premières électionsdémocratiques en 1994, la Guinée-Bissausemble avoir du mal à se remettre de laguerre fratri-cide de1998, qui amenacé laj e u n edémocratie,en dépit desnombreuxe f f o r t sfournis parl aCommunautéEconomiquedes Etats del’Afrique del’Ouest (CEDEAO) et les Nations Unies.La lutte pour le pouvoir, l’ethnicité etl’indiscipline généralisée au sein desForces Armées dont certains des officierssont liés au trafic de drogue, ont présentéun obstacle à la paix et la stabilité du pays.Les militaires n’ont véritablement reconnu,respecté, encore moins essayé de sesoumettre à l’autorité politique légale etconstitutionnelle du pays, comme il estattendu d’une Armée républicaine.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 85

Situation des médiasLe manque des moyens financiers,matériels et la ruée des jeunes vers lemétier de journaliste ont caractérisé lasituation des médias publics et privées aucours de l’année 2010 en Guinée-Bissau.

L‘État possède seulement une stationde radio, la -Radiodiffusion Nationale. Unjournal (RDN). Le journal Nô Pintcha aofficiellement lancé le premier organed’information d’Etat en ligne dans le pays.Avec un tirage de 1000 exemplaires parsemaine, ce journal compte environ 20journalistes et stagiaires. Depuis mars2005 ce journal fonctionne avec le groupeélectrogène de la Maison de la Presse. Ilne dispose pas de siège propre et compteavec une seule voiture.

Il existe également une agence del’information, Agence Nationale de laGuinée (ANG), avec 10 journalistes, sansmatériel technique, sans voiture et sansélectricité. Il fonctionne avec le groupe dela maison de la presse, avec laquelle ellepartage le même bâtiment.

Il y a une chaine de la télévision —TGB, qui ne fonctionne pas depuis juillet2010, faute de matériel technique.

Des radios communautaires sontinstallées dans toutes les 8 régions du paysen plus de la capitale Bissau.

Il est présent un service africain de latélévision portugaise — Radio TélévisionPortugaise Afrique — (RTPA) ainsi qu’uneagence portugaise de l’information. LaCommunication Sociale compte aussiavec des correspondants de Radio FranceInternationale (RFI), BBC, la Voixd’Amérique et Deutsche Welle. Aucunnouvel organe de communication socialen’a été enregistré au cours de l’année.

Cadre juridiqueLe seul organe de régulation des médias,le Conseil National de la CommunicationSociale (CNCS) propose de présenter unprojet de loi portant couverture médiatiquedes élections à l’Assemblée NationalePopulaire afin que la nouvelle loi puisses’appliquer aux organes de presse privés.

Organe de régulation desmédiasLe Conseil National de la CommunicationSociale (CNCS) demeure le seul organede régulation.

Sans moyens financiers, le CNCS neparticipe à aucun forum des organes derégulation ni au niveau régional, ni sousrégional ou international.

Le Conseil National de la Communica-tion Sociale est composé de neufmembres:

• deux représentants du Président dela République,

• un représentant des organes demédias d’Etat,

• un représentant du secteur privé,• trois représentants des trois plus

grands groupes parlementaires,• un représentant du SINJOTECS, et• un juge de la Cour suprême de

justice.

Depuis sa création en 2010 le seulsoutien matériel qui ait parvenu au CNCSa été deux ordinateurs fournis parl’Assemblée Nationale, la structure detutelle et qui abrite son siège. Il ne dis-pose pas d’un seul véhicule ou detéléphone. De même l’Assemblée NationalePopulaire assure les subventions auxmembres du CNCS.

Au cours de l’année 2010 le CNCS apu organiser deux ateliers d’orientationgénérale avec l’objet d’alerter et d’attirerl’attention sur la responsabilité desjournalistes et des médias dans le respectdu code d’éthique et de déontologie.En dépit de ses contraintes financières etmatérielles, le CNCS a pu intervenir dansle cas de l’expulsion du journaliste TonyGoia de Radio FM Bombolom.

Institutions de formationprofessionnelleComme dans le passé, il n’existe toujourspas d’école de journalisme dans le pays.

86 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Les deux universités du pays, « AmilcarCabral » et « Colinas de Boé» donnentdes cours de Journalisme et de Com-munication sociale.

Associations professionnelleset syndicats des médiasAucune association de presse ne disposede siège propre. Toutes les associationsdépendent totalement de l’assistancefinancière de partenaires locaux etétrangers. On note parmi les nombreuxassociations et syndicats le Syndicat deJournalistes et Techniciens de la Commu-nication Sociale (SINJOTECS), Associa-tion de Journalistes Amis des Enfants(AJAC), Association des Journalistes Amisde l’Environnement (AJAA) et le Centrede la Presse (CI). Depuis octobre 2006,la maison de la presse fonctionne à partirdes locaux de l’ancienne sectionphotographique du journal d’Etat NoPintcha , qui est dans un état trèsdéplorable et nécessite donc des travauxde réparation et de réaménagement detoute urgence.

Même dans ces conditions, le centrede Presse a pu réaliser plusieurs activitésen vue de la promotion d’un journalismeresponsable, impartial pour le développe-ment durable de la Guinée-Bissau.

Renforcement des capacitésdes médiasDes ateliers de formation organisés par

le Centre de la Presse ont porté entreautres sur «La Consolidation de la Paix »en partenariat avec le PNUD, « Les Tech-niques de traitement de l’information», enpartenariat avec le Bureau des NationsUnies pour la Consolidation de la Paix(UNIOBIS).

« Le traitement de la Mutilation génitaleféminine (MGF) dans la CommunicationSociale », a été abordé avec le partenariatdu FNUAP. Chaque formation a vu la par-ticipation d’une cinquantaine dejournalistes. Les programmes se sontdéroulés à Bissau, Gabú, Buba et SãoDomingos.

En ce moment la Maison de la Presserecherche des partenaires et de l’appuifinancier en vue du réaménagement et deses locaux et l’acquisition des fournituresafin de mener des activités devantrenforcer la cohésion au sein desjournalistes et relever le niveau desprofessionnels de la communicationsociale.

Le Syndicat National des Journalisteset Techniciens de la CommunicationSociale (SYNJOTECS), est membreofficiel de la Fédération Internationale desJournalistes (FIJ), l’Union des Journalistesde l’Afrique de l’Ouest (UJAO) et de laFédération des Journalistes de LanguePortugaise (FJLP). Il dispose d’un siègedans les locaux du Secrétariat national delutte contre le Sida (SNLCS) grâce à unaccord avec ce dernier. Cependant,l’accord vient à son terme en décembre2010.

L’extérieur de la maison de presseL’intérieur de la maison de presse

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 87

SINJOTECS a procédé aurecensement des journalistes afin dedéterminer le nombre de journalistes quijustifient d’une formation académique etprofessionnelle. Cela à cause du fait quele métier est trop marqué par un manquede professionnalisme.

SINJOTECS a organisé plusieurs ate-liers de formation y compris uneconférence nationale sur le Sida avecl’appui du SNLCS. Il prévoit de créer unecommission pour l’attribution de la cartedu journaliste professionnel étant donnéque le régime sous lequel la carteprofessionnelle est octroyée est déjàexpiré.

Vingt journalistes de différents organesnationaux (publics, privés etcommunautaires) et étrangers ont assistéles 16 et 17 septembre à un cours de for-mation sur la politique économique,financière et monétaire en général et dela BCEAO et l’UMOA en particulier,organisée par le BCEAO. Le séminairequi fait partie de la nouvelle dynamiquede la Banque Centrale, visant à fourniraux journalistes de plus larges possibilitésde s’ informer sur la BCEAO et l’UEMOA,leurs principes fondateurs, les règles etles activités, que les médias doivent relayerafin de mieux informer les populations. Ceséminaire s’insère dans le cadre d’unerelation que la BCEAO a l’intentiond’établir et de renforcer avec les organesde communication sociale.

Attaques contre les médiasUn article d’opinion intitulé «Guinée-Bissau, un narco-Etat soupçonné » parudans l’édition du 14 mai de l’hebdomadaireDiario de Bissau était tout ce qu’il a fallupour provoquer la destruction de larédaction et les documents ainsi qu’uneagression contre son Directeur. ArmandoDias, un «ami intime» de l’ancienprésident “Nino” Vieira, n’a pas appréciél’idée que l’article ait été illustré de quatrephotos de Tagmé Na Waié, Nino Vieira,Helder Proenca et Baciro Dabo et la

légende «victimes de trafiquants de drogueen Guinée-Bissau».

Selon Joao de Barros, directeur duDiario de Bissau et ancien secrétaired’État aux médias, après l’attaque contreles locaux du journal qui ont étécomplètement détruits, Il n’existait plus lesconditions techniques pour éditer le jour-nal.

« Cela est arrivé d’un seul coup », adéclaré Joao de Barros, «nous n’avonspas de matériel de rechange ».

Des témoins ont également affirméqu’après l’acte de vandalisme, et enprésence des agents de la policejudiciaire, les trafiquants connus à Bissau,y compris un «ami intime» de l’ancienprésident “Nino” Vieira, se sont introduitsdans les locaux de Diario de Bissau etont «menacé de mort » le directeur Joaode Barros. Au lieu d’arrêter ces agentsdes «trafiquants» la police a plutôt choiside se retirer immédiatement sans riendire.

Ce n’est pas la première fois que destrafiquants de drogue menacent desjournalistes en Guinée-Bissau. La situa-tion a déjà été dénoncée par l’observatoiredes droits de l’homme, Human RightsWatch (HRW), Reporters sans frontières(RSF) et l’ONU. Cela n’a en rien empêchéles trafiquants d’imposer en toute impunitéla «loi du silence» sur des questions « quisont connues de tout le monde».

João de Barros, Propriétaire du JournalDiario de Bissau et ancien Secrétaire

d’Etat à la Communication Sociale

88 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Guinée-Bissau

Plusieurs journalistes de RadioPindjiguiti ont été également menacés àplusieurs reprises, “avec des appelstéléphoniques anonymes” sur les risquesqu’ils couraient s‘ils continuaient dedénoncer les atterrissages soupçonnésprès de l’aérodrome de Cufar, Catio dansle sud de la Guinée-Bissau.

Pour la communauté internationale tantqu’il existe une «omerta institutionnalisée»sur le trafic de drogue dans le pays où laliberté de presse est limitée par un réseaude cocaïne en Guinée-Bissau, l’on ne peutaffirmer que l’Etat de droit prévaut dansle pays.

Censures, interdictions, saisies

Depuis août 2010 les émissions duprogramme radiophonique dénommé «Radioscopie » sur Radio Bombolom FM,ont demeuré suspendues et leur réalisateuret présentateur, Tony Góia aussi. La di-rection de la radio a informé le réalisateuret présentateur que dans une desémissions il a accusé le Président de laRépublique Malam Bacai Sanha de mentir.

Pour le moment l’inspecteur général dutravail est saisi de l’affaire.

ConclusionEn Guinée-Bissau les différencespolitiques qui ont vu le jour suite auxélections tenues dans le pays en 2009,ont contribué de manière significative àaggraver la division existante au sein dela presse. La presse est fortement marquéepar des prises de positions partisanes. Lesorganes de presse tendent à recruter lesjournalistes selon leur tendance ouappartenance politique. Ce fait n’estnullement bon pour la liberté de presse etla liberté d’expression en Guinée Bissauoù les troubles qui se sont produitsconstamment au sein de l’armée dans cesderniers temps ont créé un problèmed’instabilité dans ce même pays qui s’estengouffré dans le trafic des drogues, undomaine qui présente des dangers pourl’exercice du métier de journaliste. Selonle classement de Reporters sansFrontières pour l’année 2010 place laGuinée Bissau au 67ème rang sur 175pays.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 89

22 février 2010ALERTE Guinée-Bissau:Journaliste menacé demortUn journaliste de Radio Bombolom-FM,Mama Saliu Sané, a reçu des menacesde mort au petit matin de la part despersonnes inconnues qui ont fait irruptiondans sa maison, probablement dansl’intention de lui donner la mort.

Au dire de Sané, les agresseurs armésde machettes, de couteaux et de pierres,on laissé les armes dans son salon.Quelques minutes plus tard ils sont revenuspour dire qu’ils ne voulaient pas le tuermais de laisser un avertissement àl’adresse du Procureur Général, AmineSaad.

Le Syndicat des Journalistes etTechniciens du Secteur de la Communi-cation Sociale (SINJOTECS), saisi del’incident, a vivement condamné cet actede barbares, tout en exprimant sasolidarité avec Sane, sa famille et RadioBombolom-FM, et a lancé un appel auxautorités pour qu’elles assurent la sécuritédes citoyens, en particulier celle desjournalistes.

15 mai 2010ALERTE Guinée-Bissau:Les locaux d’un journalsaccagés pour publicationd’un article lié à la drogueDeux hommes courroucés en Guinée-Bissau ont envahi les locaux du quotidienDiario de Bissau, une publication privée,pour proférer des menaces de mort etagresser M. Joao De Barros, rédacteurdu journal, et détruire ses équipements.

L’action menée par les deux hommes,Almando Dias, un homme d’affaires, etson chauffeur, a fait suite à la publicationd’un article par le Diario de Bissau sur letrafic de drogue dans le pays.

L’article titré : « Guinée-Bissau : Etatde drogue suspect » a publié les photosde quatre personnalités importantes, ycompris celle de l’ancien président NinoVieira, et prétendu qu’elles ont été victimesdu trafic de drogue dans le pays.

Lors d’une interview, M. Joao de Barrosa confié à la MFWA que les assaillantsont complètement détruit les équipementsdu journal.

Cet acte d’agression perpétré contrele journal Diario de Bissau a étécatégoriquement dénoncé. Il en va demême pour l’impunité avec laquelle lesjournalistes et les médias sont agresséspar des agents des trafiquants de drogueen Guinée-Bissau.

ALERTES

90 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Libéria

Apercu généralSituée sur la côte ouest-africaine,la République du Liberia estlimitée par la Sierra Leone, laGuinée, la Côte d’Ivoire et l’OcéanAtlantique. Le Liberia a, suivantle Recensement de 2008, unepopulation de 3 476 608 habitantset une superficie de 111 369kilomètres carrés (43000 milescarrés).

Après plus d’une décennie deconflit civil, le Liberia s’apprête àtenir sa deuxième élection post-conflit, et pour la première fois,un chef d’Etat en exercice seprésente à sa propre succession.La Commission ElectoraleNationale a déjà publié lecalendrier des activités devant conduireaux élections de 2011. Ces activitéscomprennent un referendum pourl’amendement de certaines dispositions dela Constitution, à savoir : l’article 83 (b)qui stipule que « toute élection à unefonction officielle doit être déterminée parla majorité absolue des suffragesexprimés. Au cas où aucun candidatn’obtient la majorité absolue au premiertour de scrutin, un deuxième tour estorganisé le deuxième mardi suivant ».Le referendum permettra de n’organiserle deuxième tour que pour les électionsprésidentielles.

Des coalitions et des alliances seforment pour réduire le nombre de partispolitiques et fédérer les efforts en vue dela victoire. Le Unity Party — parti au

pouvoir, le Liberia Action Party, le LiberiaUnification Party sont entrés en alliance

tandis que lesopposants politiquesGeorge Weah et leConseiller CharlesBrumskine ontconvenu de seprésenter sous lesmêmes couleurs en2011. L’accord estintervenu quelquesmois après que laPrésidente EllenJohnson Sirleaf arendu publique son in-tention de seprésenter à sa propreréélection. Cette

déclaration a suscité des critiques àcause du lieu où elle a été faite, et dueaussi à la recommandation de la Com-mission Vérité et Réconciliation (TRC) quil’interdit de toute fonction officielle pen-dant trente ans. La Présidente Sirleaf dontla candidature est appuyée par son parti,a choisi le Vice Président Joseph Boakicomme son candidat à la vice-présidence.

La Commission Electorale Nationale atenu plusieurs réunions consultatives avecles médias et des groupes de la sociétécivile sur les prochaines élections. LaSensibilisation en matière d’InscriptionElectorale a déjà commencé pour le pro-cessus qui va démarrer en janvier 2011.La Commission Nationale Indépendantedes Droits de l’Homme devant assurerl’application des recommandations du

Présidente Ellen JohnsonSirleaf

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 91

TCR, a été mise en place avec ladésignation et la confirmation de sesmembres par la Chambre du Sénat.

Aperçu des médiasL’environnement médiatique libérien con-tinue son expansion malgré les difficultéséconomiques et quelques contraintesd’ordre politique auxquelles il estconfronté. Au cours de l’année, troisjournaux ont fait leur première parutiondans les kiosques et ont ainsi porté à plusde trente, le nombre des journauxautorisés à la vente qui sont, en termesde mise en page et de couleurs, trèsattrayants. Plusieurs journaux ont aussidéveloppé des services en ligne.

En ce qui concerne les médiasélectroniques, trois nouvelles stations deradiodiffusion ont fait leur entrée sur lesondes (une des stations appartient auprésident du parti d’opposition, LibertyParty). Le nombre de stations deradiodiffusion est passé à plus de 50 ycompris plusieurs radios communautairesréparties dans tout le pays. Il existe aussicinq stations de télévision basées àMonrovia. En matière d’entitésmédiatiques, seulement deux sontpubliques (Liberia Broadcasting System-Radio and TV et le journal New Liberia).La nature pluraliste permet la diversitédans les médias. Même si le contenupolitique et les questions d’investigationd’importance sont publiés ou diffusés, lapresse continue d’être confrontée à uncertain niveau d’intimidation et deharcèlement, souvent sous forme deprocès ou de menaces d’actions en jus-tice.

Environnement juridiqueAu cours de l’année, le Liberia aenregistré de remarquables progrès enmatière de législations susceptiblesd’apporter un impact positif sur les médias.Le 4 octobre 2010, la Présidente EllenJohnson Sirleaf a signé la promulgationde la loi relative à la Liberté de l’Information

(FOI) – ainsi, le Liberia est devenu le pre-mier pays de l’Afrique de l’Ouest à dis-poser d’une loi FOI.

Renforcement des capacitéset développement des MédiasLe gouvernement des Etats Unis à traversl’USAID a rendu public un programme definancement à l’intention des institutionsmédiatiques dans le cadre du renforce-ment de leurs capacités pour la couverturedes prochaines élections.

Les médias ont aussi bénéficié dedivers programmes de formation au coursde l’année. Plus de quatre séminaires etateliers de formation ont été conduits dansle pays par la Press Union of Liberia (PUL)— le syndicat des journalistes — sur letraitement des questions de Droits del’Homme et la couverture des élections.La PUL a, avec l’appui de la section de ladiplomatie ouverte de l’Ambassade desEtats, fait venir un professeur dejournalisme, Dr Mitchell Land, qui conduitdes séances de formation intensive sur lacouverture des élections. Dr Land a aussihonoré de sa présence, la commémorationdu 60ème anniversaire du PUL qui a étécette fois, célébré hors de Monrovia, àBuchanan dans le comté du Grand Bassadans le cadre du plan de décentralisationdu syndicat. Au cours de la commémora-tion, le syndicat a inauguré une parcellede terrain qu’il a acquise pour la construc-tion d’une maison de retraite.

Un groupe spécialiste du développe-ment des médias, le Centre pour l’Etudedes Médias et l’Edification de la Paix(CEMESP) a organisé plusieurs ateliersde renforcement des capacités àl’intention des journalistes. Un de ces ate-liers qui a été consacré exclusivement auxfemmes journalistes, s’est focalisé sur laculture informatique et son impact sur letravail journalistique.

En août, la Fondation pour les médiasen Afrique de l’Ouest (MFWA) a aussiorganisé à l’intention de journalistes du

92 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Libéria

Liberia, la Sierra Leone et le Ghana, unatelier de trois jours sur le reportage desquestions liées aux droits de l’homme et àla couverture des élections.

Rapports gouvernement-médiasAu cours de l’année, les rapports entre leGouvernement et la presse ont étérelativement calmes, sans ingérence ouattaque directe notable contre desjournalistes, ni embargo ou boycott d’unquelconque évènement publique organisépar le Gouvernement. Au cours de l’année,la Présidente Ellen Johnson Sirleaf a tenuavec des reporters, des rédacteurs enchef et des éditeurs de journaux, diversesrencontres sur la promotion des relationsavec les médias et l’évaluation des actionsdu gouvernement et le système de diffu-sion de l’information.

Toutefois, les menaces de poursuitesjudiciaires et les procès à l’encontre dejournalistes ou d’organes de presse ontengendré un certain niveau de peur etd’autocensure. Par exemple, la PrésidenteEllen Johnson Sirleaf a engagé despoursuites judiciaires contre un organe depresse privé local, New Broom, dont elleexige cinq millions de dol-lars, que le Tribunal deDroit Civil a accordé aprèsavoir reconnu le journalcoupable de diffamation.Le tribunal a indiqué pen-dant le procès, qu’il rendaitun jugement par défaut carle directeur de publicationdu journal, Roland Worvee,n’a pas honoré lesinjonctions de comparutionfaites par le Tribunal. Le tri-bunal a exigé de Worveele paiement des dommageset intérêts faute de quoison journal serait interdit deparution. L’affaire fait suiteà un article publié le 3septembre 2009 par lejournal qui accuse la

Présidente Sirleaf d’avoir accepter deuxmillions de dollars de pot-de-vin pouraccorder à Cavalla Rubber Corporationl’autorisation d’exploiter une plantationdans le Comté du Maryland.

De même, les dérives de la part desautorités locales, particulièrement, le mairede Monrovia qui ordonné l’arrestation dejournalistes, et de la part d’autres agentsdu Service Spécial de Sécurité qui ontagressé un journaliste au cours d’unévènement sous régional organisé auLiberia, ont refroidi les relations entre legouvernement et les médias.

Agressions perpétrées àl’encontre des médiasAu cours de l’année 2010, le premiertrimestre en particulier, plusieursprofessionnels des médias ont étéagressés dans l’exercice de leur profes-sion. La gamme d’agressions va de brèvesarrestations à des procès et descondamnations.

ConclusionEn conclusion, bien que les professionnelsdes médias jouissent de la liberté

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 93

d’expression et d’une relation apaisée avecle gouvernement, i l est cependantnécessaire d’entreprendre davantaged’efforts en vue de renforcer la presse

libérienne sur le plan professionnel etéconomique. Ce renforcement estparticulièrement crucial compte tenu desélections de 2011.

94 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

ALERTES

17 février 2010ALERTE Libéria: Untribunal condamne unjournal et unphotojournaliste à desamendesUn tribunal civil à Monrovia, la capitale duLibéria, a condamné le New Democrat,un journal privé, à une amendescandaleuse de $US 900 000 à titre dedommages-intérêts pour avoir portéatteinte à la réputation de la société Con-solidated Group Incorporated, unprestataire de service de télévision à lacarte au Libéria.

Cette somme est inférieure à la sommede 1,3 million de dollars demandée par leplaignant.

Cette condamnation a fait suite à lapublication dans le New Democrat d’unarticle en octobre 2008 où l’ancien ministredes Travaux Publics, Lusinee Donzo, aété accusé d’implication dans des trans-actions en sous –main avec le groupe.L’article intitulé « Le gouvernement paie800 000 dollars pour de la ferraille » aprétendu que le group a fourni deséquipements de qualité inférieure auministère.

L’avocat du journal a déclaré son in-tention d’interjeter appel.

Dans un autre développement, BoimaBoima, un photographe du journal NewDemocrat, qui a tenté de photographierles jurés après la session du tribunal, aété harcelé par des agents du tribunal etsa caméra a été endommagée.

24 mars 2010ALERTE Libéria : Unjournaliste de la presseécrite agresséM. Peter Fahn, reporter du New Liberia,un journal d’Etat, aurait été agressé par

des éléments de la sécurité nationaledéployés au stade omnisport Samuel K.Doe à Monrovia, la capitale libérienne.Selon des collègues de Fahn l’un de sesassaillants, Ansu Johnson, un élément dela sécurité rapprochée de la présidente,a giflé le journaliste deux fois et l’a frappéà la poitrine après qu’il a essayé d’entrerdans le stade en vue d’assurer lacouverture d’une conférence régionale dela CEDEAO qui s’y tenait.Les éléments de la sécurité nationale ontagressé Fahn bien qu’il leur ait montréson accréditation et sa carte d’identité.Toutefois, les autorités de la sécuriténationale ont nié que le journaliste a étéagressé. Un directeur du service desécurité, M. Dominic Peters, a affirmé quele journaliste a seulement été repousséparce qu’il n’a pas respecté lesprocédures de protocole dû au fait qu’ilest arrivé en retard à la cérémonie.

4 avril 2010ALERTE Libéria: Un maireordonne la détention d’unjournalisteM. Nixon Todd, reporter de Love FM, unestation de radio privée, a été arrêté etdétenu sur les ordres de Madame MaryBroh, le maire de Monrovia, la capitalelibérienne, pour avoir prétendumentmanqué de respect envers elle.

Todd a été arrêté au moment où ilassurait la couverture d’un programme denettoyage et détenu pour plus d’une heureavant d’être libéré sans qu’aucune chargene soit portée contre lui.

Il a été libéré suite à une plaintedéposée par l’Union libérienne de Presse(PUL) auprès du ministère de l’Informationau sujet du comportement du maire.

Madame le maire a justifié son actionen disant que le journaliste a été impoli

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 95

envers elle et qu’elle devait lui donner uneleçon.

La PUL a dénoncé l’action du maire eta fait appel à la Présidente Ellen JohnsonSirleaf pour qu’elle lui demande de sedominer. Madame Broh est bien connuepour les injures qu’elle a tendance àproférer à l’endroit des journalistes et desinstitutions de médias.

17 mai 2010ALERTE Libéria: Le siteweb d’un journal piratéDes pirates informatiques inconnus sesont introduits pour la deuxième fois dansle site web du journal New Democrat, unjournal privé basé à Monrovia.

Selon l’éditeur du New Democrat, lapage d’accueil du journal, www.newdemocratnews.com, a été remplacéepar une photo et un message : « ça te ditquelque chose, ta rage alimente notrepouvoir.»

Des lecteurs en Europe et aux Etats-Unis ont téléphoné les responsables dujournal pour éveiller l’attention du journalsur ce problème.

Le New Democrat est connu pour larédaction des articles critiques sur la cor-ruption au sein du gouvernement et qu’untribunal lui avait infligé quelques jours plutôtune somme de $US 900 000 à titre dedommages-intérêts pour avoir portéatteinte à la réputation de ConsolidatedGroup Incorporated, un prestataire deservices de télévision à la carte au Libéria.

La Direction du journal a qualifié lespirates de « semeurs de discorde lâches» qui seraient soutenus par les autorités.

Le site web n’était pas disponible pen-dant le weekend mais a repris sesopérations plus tard.

22 juillet 2010ALERTE Libéria: LaChambre basse donne sonaval à la loi FOILa Chambre des députés de la Législaturedu Libéria a approuvé à une écrasantemajorité la loi portant liberté d’information(FOI), suite à un intense lobbying de lapart de la coalition d’action pour la libertéd’expression.

Le projet de loi FOI a été soumis à laChambre en avril 2008.

Le projet de loi a été transmis au Sénat,qui devait avaliser la décision de laChambre basse.

La coalition nourrissait l’espoir que ceprojet de loi serait avalisé par le Sénatavant la fin du mois d’août 2010, aprèsquoi la présidente Ellen Johnson-Sirleaflui donnerait son assentiment.

La nouvelle de la promulgation du projetde loi par la Chambre basse a été saluéepartout au pays. L’Union Libérienne dePresse a affirmé qu’elle a éprouvé un sen-timent de grande humilité du fait que leslégislateurs ont unanimement appuyé ceprojet de loi.

Le président du groupe de travail sur laloi et la politique de médias du Libéria, M.Malcolm Joseph, n’a pas tari d’éloges surla promulgation de ce projet de loi. Il aégalement insisté que le Sénat suivel’exemple de la Chambre basse enavalisant ce projet de loi.

La MFWA s’est félicitée de cetteévolution rafraîchissante des chosespuisqu’elle renforcerait la libertéd’expression au Libéria. Nous avonsexhorté le Sénat à accorder la prioritéabsolue à l’approbation de ce projet deloi.

96 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

2 septembre 2010ALERTE Libéria: Unjournaliste sportif estagressé par trois membresde l’équipe nationaleDanesious Marteh, un reporter sportif dujournal privé Frontpage Africa, a étéagressé par trois joueurs de l’équipenationale basés à l’étranger pour les avoirphotographiés.

Les trois joueurs, Dioh Williams,Francis Grand-pa Doe et Dulee Johnson,ont malmené Marteh et détruit son appareilnumérique.

Cet incident est survenu peu après queces trois joueurs auraient été expulsés del’équipe nationale pour des actesd’indiscipline. Ceci a été annoncé lorsd’une conférence de presse dans leslocaux du centre sportif polyvalent SKD àMonrovia, la capitale du Liberia, enprésence de Williams, Doe et Johnson.

Marteh s’est approché des trois joueurspour les photographier et leur demanderleur réaction, mais ils s’étaient jetés surlui pour l’assaillir.

D’après des témoins qui ont confirmél’incident, Dioh Williams a jeté de l’eausur le journaliste.

4 octobre 2010ALERTE Libéria: La MFWAse réjouit de la législationhistorique sur la loi FOI auLibériaLa Présidente Ellen Johnson Sirleaf duLibéria a donné son assentiment à la loiportant liberté d’information (FOI). De cefait, le Libéria est devenu le premier paysde l’Afrique de l’Ouest à promulguer la loiFOI.

M. Cyrus Wleh Badio, l’attaché depresse à la Présidence qui a annoncé lasignature de cette loi, a également assuréles journalistes que le document avait ététransmis à l’imprimerie.

La MFWA était ravie du fait que laprésidente Johnson Sirleaf a respecté sapromesse d’approuver le projet de loi FOI.Même avant son approbation par les deuxchambres de la Législature du Liberia, laprésidente avait toujours manifesté sa dis-position à l’approuver.

La loi portant liberté d’accès àl’information faisait partie de trois projetsde loi soumis à la Chambre desReprésentants le 28 avril 2008 par leGroupe de Travail sur la Réforme des Loissur les Médias du Libéria. Les deux autresétaient une loi sur la radiodiffusion-télévision de service public et une autresur la création d’une autorité indépendantepour la régulation de l’audiovisuel auLibéria.

3 novembre 2010ALERTE Libéria : Unjournal privé reconnucoupable de diffamation etcondamné à des amendesde $US 5 millionsLe Tribunal civil du Libéria a reconnucoupable de diffamation, le journal TheBroom, une publication privée, et l’acondamné au versement des amendes de$US cinq millions à la présidente EllenJohnson Sirleaf, à défaut de quoi il seraitfermé.

Le Tribunal a indiqué avoir rendu unjugement par défaut puisque l’éditeur dujournal, Roland Worwee, a manqué decomparaître devant le juge en dépit du faitque plusieurs préceptes lui avaient étéremis.

La président Sirleaf a entamé lespoursuites pour diffamation contre le jour-nal en 2009 après qu’il a publié un articledans lequel il l’a accusée d’avoir acceptéun pot-de-vin de $US 2 millions de la partd’un investisseur étranger.

L’article publié le 3 septembre aprétendu que la société d’exploitation du

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 97

caoutchouc Cavalla a versé le pot-de-vinà la présidente pour qu’elle lui attribue uneplantation dans le comté Maryland.

Dans son dossier, la présidente a, en-tre autres réparations, demandé au tribu-nal de rendre un jugement qui infligeraitdes amendes de la somme de $US5 mil-lions, ordonnerait la fermeture du journal

et interdirait à Worwee d’exercer commejournaliste dans le pays.

A un certain stade du procès, Worweea envoyé une lettre au tribunal pour direque tous les avocats du pays qu’il acontactés pour représenter ses intérêtslégaux ont refusé en raison du fait quel’affaire impliquait la dirigeante du pays.

98 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Mali

Aperçu général

Situation politique et sociale

La situation politique du Mali en 2010 aété marquée par la révision de la consti-tution de 1992 soumise à référendum.C’est ce que le président Amadou ToumaniTouré a annoncé lundi 19 avril 2010, àl’occasion de la remise des conclusionsdu Comité d’appui aux réformesinstitutionnelles. Ce toilettage de la con-stitution actuelle était attendu par la classepolitique malienne depuis longtemps et saconfirmation met un terme aux rumeursles plus folles.

On ne touchera donc pas à l’art 30 dela constitution. Le nombre et la durée desmandats présidentiels restent inchangés.Amadou Toumani Touré l’a promis : ilquittera le pouvoir au terme de son sec-ond et dernier mandat : le 8 juin 2012.

Tout le monde est d’accord même sil’opposition s’inquiète. C’est que le projeta pris du retard et il ne faudrait pas fairel’économie d’un vrai débat parlementairesur le fond. Le projet de loi doit être adoptépar l’assemblée avant d’être soumis àréférendum d’ici la fin de l’année.

Par ailleurs, le gouvernement actuel estde 24 ministres. En outre, le nombre defemmes au gouvernement est de 4 et àl’Assemblée Nationale de 15.

Au cours de l’année, la scène politiquenationale a connu de nombreuses muta-tions dont la majeure est la transformationdu Mouvement citoyen, l’association desoutien au président ATT en partie politique

; en l’occurrence le PDES (parti pour ledéveloppement économique et social).

Rappelonsqu’après lesg é n é r a l e sprésidentielleset législatives de2007, lam o u v a n c eprésidentielle,n o t a m m e n tl’Alliance pour ladémocratie et leprogrès (ADP).

réunissant unegrande majoritédes députésl’Assemblée Nationale connaît des fis-sures dans ses rangs avec le départ decertains députés et les nouvelles alliancesse font et se défont en prélude auxélections de 2012.

À l’issue du second tour, l’Alliance pourla démocratie et le progrès (ADP), quirassemble les partis politiques ayantsoutenu la candidature d’Amadou ToumaniTouré à l’élection présidentielle maliennede 2007, est largement majoritaire avec113 députés, contre 15 pour les partismembres du Front pour la démocratie etla république (FDR), 4 pour le SADI(Solidarité Africaine pour la Démocratieet l’Indépendance) et 15 députésindépendants. Les députés élus ontconstitués huit groupes parlementaires. Legroupe de l’Adéma/Pasj (Alliance pour ladémocratie au Mali/Parti Africain pour laSolidarité et la Justice) est le principalavec 46 membres, suivi par l’URD (l’Union

Président AmadouToumani Touré

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 99

pour la République et la Démocratie), 29membres, les indépendants (24membres), l’Alliance pour la consolidationde la majorité (13 membres regroupe lesélus du Barica (Bloc des alternaces pourle renouveau, l’intégration et la coopérationafricaine), du BDIA (le Bloc pour ladémocratie et l’intégration africaine), duMiria (mouvement pour l’intégration, la re-naissance et l’intégration africaine, duPCR (Parti citoyen pour le renouveau, duPSP (Parti pour la Solidarité et le progrès,du RND(Rassemblement national pour ladémocratie), de l’UDD (Union pour ladémocratie et le développement) et del’US-RDA (l’Union Soudanaise-Rassemblement démocratique africaine),du RPM (Rassemblement pour le Mali), 9membres, du Paréna-Sadi (9 députés, seréclame de l’opposition), du MPR(Mouvement patriotique pour le renouveau,(8 députés) et du CNID (Congrès nationalpour l’initiative démocratique (7 députés).

Le scrutin annulé dans les communesIV de Bamako, Moribabougou etKalabancoro à l’occasion des électionscommunales du 26 avril 2009 ne sont pastoujours repris.

Sur le front de la sécurité, des men-aces contre la paix, l’unité nationale etl’intégrité territoriale pèsent sur le paysdepuis le 23 mai 2006, date à laquelleremonte la reprise de la rébellion avec lesattaques perpétrées contre des campsmilitaires dans la région de Kidal. Lesévènements survenus récemment au coursdu mois d’août 2007 dans la même régionrendent cette situation critique etpréoccupante.

La signature de l’accord dit « Accordd’Alger » n’a pu empêcher le retourl’insécurité qui dépasse désormais lesfrontières du Mali, avec les prises d’otagespar les éléments de Al-Quaïda du MaghrebIslamique (Aqmi).

En dépit d’importants moyens déployéspar l’Etat avec le concours des partenairestechniques et financiers pour améliorer lefonctionnement de l’appareil judiciaire,

l’image de la justice malienne n’est pasreluisante. Aussi, les mécanismes de pro-tection des droits humains mis en placedemeurent fragiles. Toutes choses que lesdéfenseurs de ces droits dénoncent.

Au titre des droits le nouveau Code dela Famille et de la personne renvoyé devantle législateur le texte pour une secondelecture est tombé dans les oubliettes.

Au Mali, la corruption continue de fairedes ravages. Elle touche tous les secteursde l’Etat pendant que la plupart desacteurs échappent aux poursuitesjudiciaires. Aujourd’hui, « les pots-de-vin» sont distribués à tous les niveaux.

Aperçu des médiasLe pluralisme médiatique, à l’instar dupluralisme politique devient trèsrapidement la sève nourricière de la jeunedémocratie malienne. Dans ce contextela presse privée malienne se caractérisepar sa diversité.

Au cours de l’année en examen, plusd’une cinquantaine (50) de journaux paraîtplus ou moins régulièrement dans le payset un peu plus de trois cent (300) radiosen modulation de fréquence émettent surl’ensemble du territoire.

Les journaux sont majoritairementd’information générale même si lecommentaire politique prime avec de petitstirages (des tabloïdes de 6 à 12 pagestirés entre 500 et 1 500 exemplaires). Al’exception du quotidien national, l’Essorqui couvre tout le pays et les bimensuelslocaux de Ségou Le Ségovien, Gao Diya,les autres organes sont distribués presqueexclusivement à Bamako. Il y a, aussi lapresse communautaire en languesnationales, notamment Kibaru(Bamanakan), Kabaru (Soninké) etXibaaré (Peulh) édités par l’Agencemalienne de presse et de publicité etJeekabara (Bamanakan) de la coopérativeculturelle Jamana.

En ce qui concerne les radios, ellessont commerciales ou communautaires.Il convient d’ajouter l ’Office de

100 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Radiodiffusion et Télévision du Mali(ORTM), l’organe public audiovisuel quia une station nationale de radio avec ses8 antennes régionales. Cinq programmesétrangers (Radio France Internationale,BBC et la Voix de l’Amérique, RadioBeijin, et Deutsch Welle) sont relayés pardes organes nationaux.

Trois structures de rediffusion par sat-ellite dont l’une a, déjà, sa propre chaînequi ambitionne de couvrir la régionafricaine francophone, proposent auxtéléspectateurs maliens environ 150chaînes câblées.

Selon des estimations, les médiasmaliens emploient actuellement près de 3700 journalistes, animateurs de radios,photoreporters, cadreurs, techniciens,caricaturistes, entre autres pour lesdifférents médias.

Groupes professionnels desmédiasLe paysage médiatique est animé par desprofessionnels organisés au seind’associations et de regroupementsd’intérêts et de défense de la liberté de lapresse et du professionnalisme. Il s’agitessentiellement de l’Union Nationale desJournalistes du Mali (UNAJOM) lapremière association au Mali, l’Associationdes Editeurs de presse privée (ASSEP),

le Patronat de la presse privée, l’Uniondes Radios et Télévision Libres du Maliqui regroupe en son sein toutes les ra-dios privées du pays. Il y a égalementl’Association des Journalistes pour la pro-motion du Professionnalisme regroupantdes journalistes. La section Malienne del’Association des ProfessionnellesAfricaines de la communication (APAC/Mali) est aussi présente, en même tempsque la section malienne de l’UnionInterprofessionnelle des Journalistes delangue française (UPF/Mali), etc. Ces as-sociations et réseaux sont regroupés ausein de la Maison de la presse, une asso-ciation faîtière dont les missionsessentielles sont le renforcement desecteur de l’information et l’améliorationdu niveau de professionnalisme desmédias.

Avec le proces-sus démocratique,un défi contraint lesmédias maliens àvaloriser une libertéde presse etd ’ e x p r e s s i o nchèrement acquise.Cette exigence estmise en exergue parles équationsprofessionnelles desmédias dont environ80% du personnelest formé sur le tasavec une violationconstante des règles

du métier.Les salaires sont particulièrement très

bas des médias privés. Par conséquentla porte reste ouverte à toutes les dérives.La pratique du Publi-reportage déguisé,de la couverture rémunérée de séminaireset de l’interview payant est monnaiecourante dans la presse malienne.

La situation économique des organesde presse gérés de façon artisanale estprécaire à l’ image de la situationéconomique d’ensemble du pays. Cela se

Les Journalistes à la Quatrième Conférence du Forum desRédacteurs Africains (TAEF)

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 101

ressent sur les conditions économiquesde la majorité des journalistes quibénéficient rarement de salaire décent etde couverture sociale.

Renforcement des capacitéset développementPour pallier ces insuffisances, l’Etat maliena soutenu dès 1992 l’initiative de créationde la Maison de la Presse qu’il n’a pastardé à reconnaître d’utilité publique en1996 selon le décret N° 96–135 /P-RM.La Maison de la Presse a pour missionfondamentale la formation et leperfectionnement des différents acteursdes médias Le projet de création d’uninstitut de formation en journalisme élaboréen 2008 par les autorités tarde à se mettreen place.

En l’absence de structures de forma-tion, des ateliers sont organisés àl’intention des acteurs des médias, grâceà l’appui technique et financier de diverspartenaires nationaux et étrangers, uneopportunité offerte pour prendre nonseulement la mesure de l’évolution de laprofession de la presse mais aussi d’enapprécier les écueils.

En décembre 2009 ont été organiséesà Bamako, les 3èmes journées nationalesde réflexion sur l’information et la com-munication. Cette rencontre avait pourobjectif global de d’ « étudier le cadrejuridique et réglementaire des médias etdu paysage communicationnel pour mieuxl’adapter aux réalités ».

Les recommandations de ces journéesont été prises en compte par les autoritésqui ont engagé une procédure de relecturede tous les textes législatifs etréglementaires des médias. Ce proces-sus est actuellement en cours et estsupposé arriver à terme au cours del’année 2011.

Organes de régulation desmédiasAu Mali, le Conseil Supérieur de la Com-munication (CSC), le Comité National de

l’Egal Accès aux Médias d’Etat (CNEAME),et le dernier-né l’Observatoire pour laDéontologie et l’Ethique dans la Presse(ODEP) jouent le rôle d’organes derégulation des médias.

Le CSC tire son fondement d’unerecommandation de la ConférenceNationale consécutive à la chute du régimede la IIe République. « …, considérant lemusellement et la précarité de la pressed’Etat qui en ont fait une caisse derésonance du Parti-Etat, l’inadaptation destextes régissant la profession, l’absencede Code de conduite dans le métier dejournaliste, le faible niveau de formationde certains journalistes et animateurs, il aété recommande la création du ConseilSupérieur de la communication ».

Il est chargé de veiller sur le droit àl’information du public, information justedans ses éléments et dans ses propor-tions ainsi que sur le devoir d’informer.Le Conseil Supérieur de la Communica-tion qui a été créé par la Loi n°92-038/AR-RM du 24 décembre 1992, comprend9 membres.

Les médias d’Etat demeurent encoresous la coupe du Gouvernement. C’estl’Etat même qui affecte encore lesfréquences. Ce qui ne garantit pas sonindépendance.

Prévu par la constitution malienne enson article 71 et crée par la loi organiqueN°93-001/AN-RM du 6 janvier 1993, leCNEAME qui comprend sept (7) membresassure l’égal accès de tous aux médiasd’Etat dans les conditions fixées par leslois et règlements en vigueur. Il s’occupede la gestion équitable du temps d’antenneet de l’espace rédactionnel consacrés auxcandidats et aux formations politiques pen-dant les campagnes électorales. Il peutinfliger des sanctions au Directeur del’ORTM ou de l’AMAP comme

1 « La liberté de presse est reconnue et garantie.Elle s’exerce dans les conditions fixées par la loi.L’égal accès pour tous aux médias d’État estassuré par un organe indépendant dont le statutest fixé par une loi organique »

102 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

l’avertissement, la mise en demeure, larectification de tout ou partie duprogramme. Il propose au gouvernementdes mesures d’appui aux médias d’Etat.En fait, les deux structures fonctionnentcomme des organes consultatifs, ayant unrôle de suggestion.

L’Observatoire pour l’Ethique et laDéontologie dans la Presse (ODEP quijoue le rôle d’autorégulation a été mis enplace en 2001 par les journalistes, mais ilconnaît un énorme dysfonctionnementdepuis sa création.

Cadre législatifLa presse est régie par un arsenaljuridique très contrasté. Le premierfondement de cette liberté de Presse restela constitution du Mali (promulguée par ledécret N°92-037/P-CTSP du 25 février1992) qui reconnaît et garantit la libertéde presse et d’expression.

Les 1ères journées nationales del’information et de la communicationconvoquées du en décembre 1991 ontélaboré les 1er textes législatifs etréglementaires pour régir la presse.Aujourd’hui l’arsenal juridique nationalrelatif à la presse comprend près d’unetrentaine de textes législatifs etréglementaires dont certains sontobsolètes. Un vaste processus de relectureet d’harmonisation des ces textes est encours, consécutif aux recommandationsdes 3ème journées de l’information tenuesen décembre 2009.

Un comité de réflexion sur la consoli-dation de la démocratie au Mali a été misen place par le Président de la Républiqueen vue procéder à la révision des lois etrèglements à la lumière des dysfonctionne-ments notés dans la pratique etl’application des textes qui régissent lanation. Le comité a fait des propositionspour corriger les lacunes et lesinsuffisances révélées par la pratiqueinstitutionnelle.

Concernant l’amélioration de la qualitéde la presse et le respect de l’expression

plurielle, le comité a proposé, entre autres,le réaménagement du régime de la pressepour une professionnalisation du métierde journaliste et la décriminalisation desdélits de presse, en excluant les peinesallant de la garde à vue, la détentionprovisoire et les peines privatives deliberté.

Pour la répartition du temps d’antennesur les organes publics de radiotélédiffusion, le comité a proposé quel’expression plurielle des courants depensée et d’opinion serait mieux garantieavec l’application de la règle des trois tiers(3 /3) : un tiers du temps d’antenne pourles activités du gouvernement, un tierspour les activités du parti au pouvoir et untiers pour les activités des partisd’opposition. Le comité a recommandél’institution d’une seule instance derégulation.

Le comité a également proposé la levéedes obstacles à la création des servicesprivés de communication audiovisuelle. Unprojet de loi relative aux services privésde communication audiovisuelle, déjà surla table de l’Assemblée nationale, en sonarticle 1er dispose que : « La communica-tion audiovisuelle est libre en Républiquedu Mali. Cette liberté s’exerce dans le re-spect des conditions fixées par la présenteloi et les règlements subséquents. »

Rapports gouvernement-médiasLes rapports entre le gouvernement et lesmédias ont été cordiaux au cours del’année 2010. Très peu de journalistes sontemprisonnés ou leurs locaux envahis oufermés par les autorités gouvernementalescomparativement à certains pays.Cependant il y a des pressions insidieusesqui entraînent certains organes à la dérive.

Il n’y a généralement pas de saisie oude censure des organes médiatiques dela part du gouvernement qui octroie à lapresse une aide annuelle de 200 millionsde francs CFA.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 103

Mahamane HamèyeCISSE

Mali

Au Mali, la saisie des journaux ou dematériel de diffusion est rare même si laLoi N° 00-46/AN-RM du 7 juillet 2000portant régime de la presse et délit depresse en son article 17 dispose que «Au jour de la publication, il est déposédeux exemplaires signés du directeur auniveau de l’Administration (selon leslocalités) et au niveau du parquet ». Ledéfaut du dépôt est sanctionné par le pai-ement d’une amende. Il permet au par-quet ou à l’Administration selon le cas defaire la censure - saisie

Attaques contre les médiasIl n’ya pas eu de cas de fermeture destations de radio ou d’emprisonnement dejournalistes dans l’exercice de leur métier.Cependant, quelques isolés de procèssont intentés contre les médias que l’onappelle « 4ème pouvoir ». Les occasionsdans lesquelles la justice et la presse setrouvent opposées sont celles où trèssouvent des particuliers s’estiment bafouésdans leur honneur parla presse. Au Malil’essentiel des procèsconcerne ladiffamation. Mais dansla pratique, lesjournalistes rarementassignés devant lestribunaux pourdiffamation finissenttoujours par réglerl’affaire à l’amiable

En 2010 l’affairedite de “La Maîtressedu Président” reste en-core pendante devantla Cours d’appel qui nel’a pas encore enrôlée.Jugée en 2007, laditeaffaire a défrayé lachronique en sontemps.

L’affaire porte surun devoir de rédaction

pour lequel l’enseignant a demandé à sesélèves d’écrire sur une imaginairemaîtresse du Président de la République.Les élèves devaientécrire sur une élèveprostituée qui sebattait pour fairereconnaître sonenfant né hors desliens du mariageaprès avoir étémise enceinte parle président fictif.Quatre journauxprivés ontcommenté ce de-voir de rédaction.Toutefois, les procureurs leur ont reprochéle délit d’offense au Président AmadouToumani Touré.

A l’issue d’un procès tenu à huis closle 26 juin 2007, cinq journalistes (enl’occurrence Mahamane Hamèye CISSE-Le Scorpion-, Birama FALL -Le

104 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Républicain-, Alexis KALAMBRY -LesEchos-, Sambi TOURE et Seydina OumarDIARRA -InfoMatin-) ont été condamnéspar le Procureur de la République du Tri-bunal de Première Instance de la Com-mune III du District de Bamako à despeines de prison ferme pour l’un, et avecsursis pour les quatre autres, assortiesd’amendes pour tous pour offense au Chefde l’Etat.

En accord avec le Collectif de leursavocats, les cinq journalistes condamnésont interjeté appel deux ans après, ilsattendent toujours que le Parquet enrôleleur affaire.

ConclusionsAu Mali le principe de la liberté de la pressea été affirmé par le législateur qui amodifié plusieurs fois le texte initial. Uneprocédure de relecture et d’harmonisation

des différents textes est en cours. Desjournalistes ont été intimidés, molestésmais ne sont pas allés en prison pour leursécrits. Mais l’affaire de la maîtresse duPrésident n’est pas encore enrôlée auniveau de la Cours d’Appel.

Selon la neuvième édition duclassement établi par Reporters SansFrontières (RSF) à l’issue de l’observationdes violations de la liberté de la presse,commises pendant l’année 2010, le Maliengrange encore quelques points (26e) etse retrouve en 2ème position ex. avec leCap-Vert, et le Ghana, après la Namibie(21ème) dans le gotha des pays africainsles plus respectueuses de la liberté de lapresse, et très loin devant la France(44ème). Le Mali reprend sa place dans legroupe des pays où il fait bon vivre pourles journalistes malgré la pauvreté desmédias.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 105

Mauritanie

Aperçu généralLa Mauritanie a pour nom officiel laRépublique Islamique de Mauritanie (RIM).Le pays a une superficie de 1.330.000kilomètres carrés, avec une population de3.290.630 habitants. (Source: La BanqueMondiale, Indicateurs du DéveloppementMondial — 2009). La langue officielle estl’Arabe mais le pays compte plusieursgroupes ethniques tels que les Arabes, lesPoulart, les Soninké et les Wolof.

La Mauritanie a accède àl’indépendance le 28 novembre 28, 1960et est gouvernée à travers un systèmeprésidentiel avec un pouvoir législatif àdeux chambres (Le Sénat et l’AssembléeNationale). Le Président du pays,Mohamed Ould Abdel Aziz, a prêtéserment le 6 août 2009 devant une foulede 20.000 personnes pour devenirPrésident de la Mauritanie.

Grâce à l’ouverture démocratique, desjournaux et des partis politiques ont étécréés, sous le contrôle strict du pouvoiret le Président Mohamed Ould Abdel Aziza promis d’entretenir de bons rapportsavec les médias. « Mon intention estd’encourager la liberté de la presse et leliberté d’expression de tous lesMauritaniens. Malgré toutes les insultesdont j’ai été victime, j’ai comme principede ne jamais attaquer la presse de quelleque manière que ce soit. Je pense queles personnalités publiques quin’acceptent pas ce principe devraientchanger de métier ». A déclaré lePrésident de la République.

Toutefois au cours de l’année 2010, lesélections présidentielles, la lutte contre le

terrorisme et l’engagement de l’arméenationale dans le nord du Mali, le blocagedu dialogue politique et la méfiance entrele pouvoir et l’opposition ont été les grandestendances du contexte politique enMauritanie. Evidemment, cette situation alourdement pesé sur l’évolution des libertéspubliques dont la liberté de la presse etd’opinion.

Cadre juridiqueSur le plan juridique et réglementaire, 2010a été marquée par l’adoption de la loiportant Libéralisation de l’audiovisuel enMauritanie. Le 2 juillet 2010, l’AssembléeNationale a adopté le projet de loi portantsur la libéralisation de l’audiovisuel dansle pays. Selon le ministre mauritanien dela Communication et des Relations avecle Parlement, Maître Hamdi Ould Mahjoub« ce projet de loi vise à libérer l’espaceaudiovisuel, à supprimer le monopoled’Etat sur les médias audiovisuels et àtransformer les médias publics en servicepublic ». Le projet de loi entre en vigueur

Président Mohamed Ould Abdel Aziz

106 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

en avril 2011, soit dix mois après son adop-tion.

Soumis, en première lecture, auParlement en 2008, ce projet de loi a étéadopté par l’Assemblée Nationale mais ila été bloqué au niveau du Sénat pourl’introduction de quelques légersamendements. Une commission partiairedes deux chambres (Assemblée Nationaleet Sénat) devait se former pour son adop-tion mais entre-temps il y a eu le coupd’Etat du 6 août 2008.

La liberté d’expression et de la pressereste fondamentalement régie par la Con-stitution du 20 juillet 1991, amendée le 25juin 2006 et l’ordonnance N° 017-2006 du17 juillet 2006. Cette ordonnance remplacel’ordonnance N° 91-023 du 25 juillet 1991,qui instituait une censure systématique àtravers son article 11. Aux termes de lanouvelle ordonnance relative à la libertéde la presse, le ministère de l’Intérieur atransféré la tutelle au ministère de la Jus-tice. Le régime du dépôt légal en vigueurjusqu’ en 2006 a été remplacé par unrégime déclaratif.

Organes de régulationQuant à la régulation des médias, elle estorganisée par l’ordonnance N°2006-034du 20 octobre 2006, abrogée par la loiN°026/2008 qui stipule qu’il est instituéauprès du Président de la République uneAutorité autonome indépendante derégulation de la Presse et de l’Audiovisuel,appelée Haute Autorité de la Presse et del’Audiovisuel, (HAPA), ci-après dénommée« Haute Autorité » dont le siège est fixé àNouakchott. Cette Haute Autorité est dotéede la personnalité morale et de l’autonomiefinancière.

Aux termes de l’article 4 de la loi N°026/2008, la Haute Autorité de l’Audiovisuel anotamment pour mission de :

— Veiller à l’application de la législationet de la réglementation relative à laPresse et à la Communicationaudiovisuelle, dans des conditionsobjectives, transparentes et nondiscriminatoires.

— Garantir, dans le respect de la loi,l’indépendance et la liberté del’information et de la communication;

— Instruire, conformément aux dispo-sitions de l’article 23 de la loi rela-tive à la communicationaudiovisuelle, les demandesd’exploitation des stations etaudiovisuelles et délivrer un avis fa-vorable ou défavorable, sur l’octroi,le refus, le renouvellement ou leretrait des licences et autorisationd’exploitation de ces stations etsociétés.

A la fin de 2010, les acteurs desmédias réclament fortement les élémentssuivants :

1. la promulgation des décretsd’application de la loi surl’audiovisuel,

2. l’assainissement du secteur desmédias ;

3. l’adoption d’un cadre juridiqueconcernant la presse en ligne ;

4. l’ouverture des sources d’informationaux journalistes de la presseindépendante ;

5. l’amélioration des conditions moraleset matérielles des journalistes ;

6. un cadre réglementaire pour l’aidepublique à la presse

Accès aux sources del’information«Nous trouvons anormal que la presseétrangère soit invitée et que la pressenationale soit exclue», déclarait M. AhmedOuld Cheikh président du Regroupementde la Presse Mauritanienne (RPM), enréaction à l’exclusion de la presse privéenationale de la couverture d’uneconférence de presse organisée le 26juillet à Nouakchott par le chef de ladiplomatie française, M. BernardKouchner.

«Nous protestons énergiquement contre

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 107

Mauritanie

cet ostracisme qui frappe la presse privée,condamnons ce genre de comportementset exigeons que la presse privée soitdorénavant associée à toutes les mani-festations publiques», a ajouté M AhmedOuld Cheikh qui préside le RPM, la plusgrande association de presse nationaleet qui est également directeur del’hebdomadaire : Le Calame.

Ces protestations du président du RPMen dit long sur l’accès des journalistes auxsources d’information. En Mauritanie oùl’accès à l’information était déjà difficile,2010 a été particulière à cause desproblèmes sécuritaires auxquels le paysest confronté : lutte contre le grandbanditisme et le trafic de drogue, engage-ment de l’armée nationale dans le NordMali contre les éléments d’Al Qaida auMaghreb Islamique.

Rapport médias-gouvernementVu cette situation de niguerre ni paix, lesj o u r n a l i s t e smauritaniens ont étésommés de ne plusdiffuser les informa-tions militaires, quelleque soit la source.

Au cours d’unséminaire organisé le27 mai 2010 àNouakchott à l’intentionde la presse, leministre mauritaniende la Défensenationale, M. HamadyOuld Hamady adéclaré que « lesjournalistes n’ont pas ledroit de publier des in-formations relevant dudomaine du secretmilitaire oususceptibles d’êtreconsidérées commetelles »

Toutefois, le ministre s’est dit disposé «à l’établissement d’une relation entrel’institution militaire et les organes depresse, fondée sur la confiance et le re-spect mutuels ».

Comme pour relayer le ministremauritanien de la Défense nationale,l’érudit Mohamed El Hacen Ould Deddew,a le juin 2010, a appelé les journalistes àobserver les principes déontologiques età « s’arrêter là où commence la libertédes autres et de respecter la vérité», priantla presse à ne pas rapporter des faitsdivers relatant des crimes ou des bassesmœurs.

Attaques contres lesjournalistesContrairement aux années précédentes,l’année 2010 a connu moins d’attaquessur les journalistes et leurs intérêts.Néanmoins, quelques cas ont étéenregistré ici là et dont les auteurs sontaussi bien étatiques que non étatiques.

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ALERTES

Le 4 février 2010ALERTE Mauritanie: Peinede prison pour unrédacteur en lignela Cour d’Appel du Tribunal de Nouakchotta condamné le directeur de publicationdu journal électronique www.taqadoumy.com à deux ans de prison ferme. M.Hanevi Ould Dahah est condamné pour«atteinte aux bonnes mœurs, incitation àla révolte et délit de publication», selon leverdict de la Cour d’Appel.

La Chambre Correctionnelle du Tribu-nal de Nouakchott avait condamné, le 19août 2009, M. Hanevi Ould Dahah, à sixmois de prison ferme et à une amendede 30 dollars. Ce jugement a été cassépar la Cour Suprême le 15 janvier 2010après que le journaliste a purgé sa peinele 24 décembre 2009.

Le 26 février 2010, Hanevi Ould Dahah,le directeur du site Taqadoumy, a étélibéré bénéficiant d’une grâceprésidentielle, avec une centaine d’autresprisonniers de droit commun.

Le 13 mai 2010ALERTE Mauritanie: Despoliciers confisquent lacaméra d’un reporter et endétruisent les imagesl’appareil photo de M. Mohamed M’Bareck,journaliste à Taqadoumy.com a été saisipar la police judiciaire au moment oùl’intéressé couvrait un rassemblement del’Initiative de Résurgence du Mouvementabolitionniste (IRA — Mauritanie), une as-sociation de lutte contre l’esclavage et lesinégalités dans le pays. Sur ordre duprocureur général Seyid Ould Ghaïlani,des policiers ont écrasé toutes les imagesdu reportage.

2 juillet 2010ALERTE Mauritanie:L’Assemblée Nationaleadopte un projet de loipour libéraliser les médiasUn nouveau projet de loi qui libéraliseraitles médias audiovisuels et protégerait lesmédias d’Etat en Mauritanie du contrôlede l’Etat a été adopté par l’AssembléeNationale.

Selon Me Hamdi Ould Mahjoub, leministre de la Communication et desAffaires parlementaires, si cette loi estvotée, elle ne libéraliserait non seulementles médias audiovisuels mais aussisupprimerait le monopole d’Etat sur lesmédias publics.

La loi devait entrer en vigueur dansenviron dix mois.

Le projet de loi, qui a été soumis enpremière lecture au Parlement en 2008, aété bloqué suite au coup d’Etat du 6 août2008.

Avant sa suspension, une commissionparitaire du Sénat et de l’AssembléeNationale devait être mise en place poury apporter des amendements.

Tout en félicitant le gouvernement d’avoirpris la résolution de promulguer cette loi,la MFWA l’a également encouragé àamender d’autres lois répressives quisanctionnent l’ incarcération desjournalistes et la censure des médias enMauritanie.

18 juillet 2010ALERTE Mauritanie: Unjournaliste est détenu parla Police pour plusieursheuresM. Mohamed Ould Abdel Latif, reporter aujournal privé El Hayat, un quotidienarabophone, a été détenu par la Police

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 109

mauritanienne pour plusieurs heures avantd’être libéré sans qu’aucune charge nesoit retenue contre lui.

L’arrestation de Latif menait uneenquête sur une opération de perceptionde taxes par les autorités municipales

d’Arafat, zone située à Nouakchott, lacapitale. Il interviewait les commerçantsde la municipalité sur l’implication de laPolice dans l’opération quand il a été arrêtépar ces mêmes agents.

110 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Niger

H.E. Lieutenant Général Salou Djibo

Aperçu généralLe Niger, officiellement la République duNiger, tire son nom du fleuve Niger. Payssahélo saharien, les trois quarts duterritoire sont désertiques. Il est enclavéet situé au centre ouest de l’Afrique del’Ouest à plus de 1 000 Km des ports lesplus proches et ne dispose d’aucune in-frastructure ferroviaire de liaison. Le Nigerest limité au sud par le Bénin et le Nige-ria, à l’ouest le Mali et le Burkina-Faso,au nord par la Libye et l’Algérie et à l’estpar le Tchad. Le territoire couvre unesuperficie de 1 267 000 km2. Sa popula-tion est estimée à environ 15 millionsd’habitants, d’après les chiffres du dernierrecensement de 2008.

Depuis l’indépendance du pays le 03août 1960, le Niger a connu 7 Constitu-tions et quatre régimes militaires, qui onttous maintenu le multipartisme.

Le 18 février 2010, un groupe demilitaires nigériens a déposé le PrésidentMamadou Tandja, en mettant fin ainsi à laSixième République et toutes les Institu-tions qui en découlent. Le coup d’état estsurvenu au moment où l’ancien PrésidentTandja Mamadou, dirigeait une réunionextraordinaire du conseil des ministres. Ilfaut rappeler que la Sixième République,qui a vu le jour à l’issue du referendumconstitutionnel contesté du 04 août 2009,n’a duré que 53 jours. La SixièmeRépublique a pris fin le 22 décembre 2009,date à laquelle l’ex-Président TandjaMamadou était censé quitter le pouvoircomplétant ainsi son deuxième et derniermandat en tant que chef d’État du Niger.

La junte au pouvoir est dirigée par lechef d’escadron Djibo Salou. Le CSRD,est composé de 22 membres tous deshauts gradés de l’armée nigérienne ainsique des membres de droit.

Aperçu des médiasDepuis l’avènement de la junte militaire aupouvoir un vent nouveau a soufflé au seindes médias d’État. Désormais, les citoyensont un accès libre à tous les médias pub-lics. Ainsi, les manifestations des partispolitiques, quelle qu’en soient les orienta-tions de celles-ci, sont transmises sur lesondes des médias publics.

Cela dénote de la volonté des nouvellesautorités de la transition de faire de laliberté de la presse une réalité effectivedans notre pays, à travers bien évidemmentle respect du code d’éthique et de ladéontologie. Cette détermination àdécrisper le paysage médiatique nigérien,est surtout motivé par le fait qu’auparavantles médias publics étaient sous le contrôle

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 111

du régime déchu et au service du seulintérêt des gouvernants. Outre les partispolitiques, les structures syndicales, lesassociations et organisations de la sociétécivile bénéficient également du tempsd’antenne sur les médias d’État.

C’est finalement sous la transitionmilitaire que se sont tenus, les étatsgénéraux de la presse nigérienne, placéssous le thème central de la Dépénalisationdes délits par voie de presse. Alors queces états généraux étaient sensés se tenirau mois de février, le coup d’État étantintervenu ce même mois, ils ont étéorganisés en mars. Ces assises ontregroupé plus de 150 participants issusdes médias publics, privés,communautaires, des organisationssocioprofessionnelles des médias, de lasociété civile, des administrationspubliques. Il y a eu également desdélégués des organisationsinternationales, régionales et sous-régionales de défense de la liberté de lapresse et d’expression.

Plusieurs problématiques se rapportantà « l’état des lieux des médias au Niger », « le régime de la liberté de presse auNiger», « l’élaboration de l’avant-projet surle régime de la liberté de presse » quiintègre l’aspect relatif à la dépénalisation,« la politique nationale de communicationpour le développement », « la régulationet l’autorégulation des médias au Niger »,« la convention collective desprofessionnels de la presse », « les ra-dios de proximité : quels statuts pourquelles? », « le financement des médiaset la problématique de la publicité par voiede presse », « les technologies del’information et de la communication :opportunité, défis et enjeux », une com-munication relative à la formation et àl’institut de formation aux techniquesd’information et de la communication(IFTIC), a été traitée par les participants.

Les travaux se sont achevés sur desrecommandations : il s’agit notamment, dela promulgation par le Conseil Suprême

pour la Restauration de la Démocratie(CSRD), de l’ Ordonnance qui consacrela dépénalisation des délits de presse auNiger, l’adoption d’une nouvelle Ordon-nance sur la communication audiovisuelleafin de l’adapter au nouveau contexte dudéveloppement des médias ; l’accélérationdu processus d’élaboration d’une conven-tion collective pour les journalistesnigériens; l’adoption d’une Ordonnancepour faciliter l’accès à l’information auxjournalistes, et enfin, le respect du coded’éthique et de déontologie par lesjournalistes nigériens. Pour cela les par-ticipants ont proposé la création d’unObservatoire Nigérien Indépendant desMédias d’Éthique et de la Déontologie(ONIMED), l’élaboration d’une ConventionProfessionnelle des journalistes qui aural’assentiment de tous les acteurs desmédias, notamment les employés et lespatrons de presse.

Il faut souligner que les travaux ont étésanctionnés par la « nuit de la communi-cation », où ont été primés des report-ages réalisés par des journalistesnigériens, à l’issue d’un concours qui aété lancé pour la circonstance.

C’est aussi au cours de cette « nuit dela communication », que les autorités dela transition, à travers la ministre de laCommunication de l’Information desNouvelles Technologies et de la Culture,ont rendu les clefs de la Maison dePresse, fermée sous l’ancien régime.

Cadre juridique etinstitutionnelAu Niger, la liberté de la presse est régiepar plusieurs textes et en 2010 un certainnombre de nouveaux textes on été prispour enrichir ou apporter plus deprécisions à ceux déjà existants. Les plusimportants sont :

— Le 31 octobre 2010, un referendumconstitutionnel a été organisé. Elle aété promulguée…par le Président dela République. Selon l’article 26 de la

112 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

nouvelle loi fondamentale. « Toutepersonne a droit à la liberté de pensée,d’opinion, d’expression, de conscience,de religion et de culte. L’État garantit lelibre exercice du culte et l’expressiondes croyances. Ces droits s’exercentdans le respect de l’ordre public, de lapaix sociale et de l’unité nationale ».

En outre, l’article 156 a prévu la miseen place d’un Conseil Supérieur de laCommunication (CSC), une autorité ad-ministrative indépendante.

— L’Ordonnance N° 2010-035 du 04 juin2010 portant régime de la liberté depresse. Elle est adoptée en 2010, sousla transition militaire du ConseilSuprême pour la Restauration de laDémocratie (CSRD). L’article premierde ce texte stipule que : « La presseécrite, électronique et la communica-tion audiovisuelle, ainsi que l’impressionet la diffusion sont libres. Le droit àl’information est un droit inaliénable dela personne humaine ». Cependant,cette ordonnance comporte certainesdispositions qui entravent l’exercice dumétier du journaliste. Même si ellen’introduit pas des peines de prison.

D’ailleurs, il est précisé à article 67de ce nouveau texte, qu’en matière dedélit de presse, la détention préventiveest interdite. Aussi, le juge ne peutdécerner ni un mandat de dépôt ni unmandat d’arrêt. Néanmoins, il fautsouligner que les délits de diffamationssont punis par des peines d’amendestrès lourdes. Ces amendes peuventaller de 100.000 Fcfa (200US dollars)à plus de 2000000Fcfa (4000US dol-lars), selon la gravité du délit dediffamation commis. Il faut indiquer queces amendes concernent les délits quiportent sur l’injure, la diffamation, out-rage. Pour l’heure aucun journaliste n’aété frappé par ces dispositions. Mais,il faut souligner qu’à nos yeux cesamendes sont très lourdes, surtout dansun pays où le métier du journaliste

s’exerce dans un environnement trèsprécaire.

— L’Ordonnance N°93-031 du 30 mars1993 portant sur la communicationaudiovisuelle. Elle a été prise en 1993,sous la transition politique après latenue de la conférence nationalesouveraine de 1991. Cette ordonnanceaffirme le principe de la liberté de laliberté de communication audiovisuelle.Elle dispose à son article 2 : « lescitoyens nigériens ont droit à des ser-vices de communication audiovisuellesur l’ensemble du territoire national ».Autant cette ordonnance fixe les règlesconcernant les entreprises de commu-nication audiovisuelles, leur finance-ment, leur contrôle. Autant qu’elledétermine le cahier de charge des ra-dios et télévisions, ainsi que lesmodalités de leurs programmes.

Paysage médiatiqueEn 2010, le paysage médiatique nigériena beaucoup changé avec la création deplusieurs organes de presse écrite etaudiovisuelle. Ce qui a véritablementmarqué le paysage médiatique c’est sontpluralisme. Durant cette période de la tran-sition la création de plus d’une dizaine dejournaux indépendants, quatre radioscommerciales, dix radios communautaireset cinq stations de télévision a étéenregistrée. On dénombre ainsi en ce mo-ment dans l’espace médiatique nigérien :

— Quatre vingt dix (90) journaux privés,parmi lesquels seuls près d’unevingtaine respecte leurs délais deparution ;

— 2 journaux d’État;— 26 radios commerciales ;— Une radio publique ;— 2 chaînes de télévisions publiques ;— 7 chaînes de télévisions privées ;— Une agence de presse publique ;— Cent onze radios communautaires.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 113

Organes de régulation desmédiasLa régulation des médias a été assuréependant la période en examen par unObservatoire National de la Communica-tion (ONC), directement appuyé dans sontravail par un Conseil de Presse. En plusde ces deux structures qui constituent lemécanisme officiel de régulation, unorgane d’autorégulation, l’ObservatoireNigérien Indépendant des Médiasd’Éthique et de la Déontologie (ONIMED)a été créé par les professionnels desmédias eux-mêmes.

L’Observatoire National de la Commu-nication (ONC) est « une autorité admin-istrative, indépendante en charge de larégulation en matière de communicationet ayant compétence dans le domaine dela presse écrite, de la communicationaudiovisuelle et de la publicité par voie depresse ». En vertu de l’ordonnance N°2010-001 du 22 février 2010, en son titreV. Cet Observatoire National de la Com-munication a été crée en lieu et place duConseil Supérieur de la Communication.Il est composé de 13 membres, parmilesquels le Président et le vice-présidentsont nommés par le Chef de l’État. Lesautres membres sont désignés par leurspairs des organisations socio-professionnelles des médias privés etpubliques, des agences de communica-tion et la société civile. Selon l’article 13de l’ordonnance N°2010-001 du 22 février2010, à son chapitre III, l’ObservatoireNational de la Communication a pour mis-sion de :

— Garantir la liberté de l’information etde la communication conformémentà la loi ;

— Garantir l’indépendance des médiaspublics et privés en matièred’Information ;

— Garantir l’accès équitable des parispolitiques, des syndicats, des asso-ciations et des citoyens aux médias ;

— fixer les règles concernant les con-ditions de production, de programmeet de diffusion des émissionsofficielles des organes de commu-nications lors des campagnesélectorales.

Il y a lieu de préciser que dans toutel’histoire démocratique de notre paysdepuis la conférence nationale souverainede 1991, c’est la première fois qu’unjournaliste de la presse privée occupe leposte de Président de l’ONC. Cette Insti-tution est composée uniquement desprofessionnels des médias. Ce qui dénotela volonté des militaires au pouvoird’œuvrer pour une meilleure effectivité dela liberté de la presse au Niger.

Pour assurer que l’ONC s’acquitte aumieux de sa mission de régulation desmédias pendant cette période de la tran-sition, il a été installé un Conseil de Presse.Celui-ci est composé de sept membres,dont 4 journalistes de l’audiovisuel et 3 dela presse écrite. Le Conseil de presse apour mission de donner son avis à l’ONC,en ce qui concerne la délivrance de laCarte de presse dont il peut aussi proposerle retrait en cas de faute grave. Il faut sig-naler que la carte de presse est délivréeaux journalistes professionnels quiremplissent les conditions pour prétendredisposer de la carte de presse afind’exercer librement leur métier.

La possession de la carte de presseest d’autan plus nécessaire du fait qu’elleoffre des réels gages pour que ladépénalisation des délits commis par voiede presse renforce la liberté de la presseet les vrais journalistes, tout en garantissantaux citoyens le droit à une informationcrédible, utile et saine. Outre le devoird’accompagner l’Observatoire National dela Communication, dans son rôle derégulation de ce secteur, le Conseil dePresse a également pour mission de veillerau respect des règles qui régissent lemétier de journaliste au Niger,singulièrement le respect de la Charte des

114 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

journalistes professionnels du Niger. Il peutaussi proposer toute sanction à l’ONCcontre un média qui se serait renducoupable d’atteinte au Code d’éthique etde déontologie des journalistes.

La Charte des journalistesProfessionnels du Niger a été élaboréepar les journalistes et adoptée pardélibération N° 97-002 du 04 juillet 1997du Conseil Supérieur pour la Communi-cation (CSC). Cette Charte affirme dansson préambule que « le droit àl’information, à la libre expression et à lacritique est une des libertés fondamentalesde tout être humain. Il est une composanteessentielle de la démocratie au Niger ». Ilest à noter que comme dans la plupartdes codes déontologiques, cette charteimpose plus de devoirs que de droits auxjournalistes.

AutorégulationDans le souci de renforcer leprofessionnalisme dans les médiasl’Observatoire Nigérien Indépendant desMédias d’Éthique et de la Déontologie(ONIMED) a été crée à l’occasion de latenue des États Généraux de la pressequi se sont tenus au mois de mars 2010.Il s’agit d’un tribunal des pairs chargé dejuger, sans les condamner, les journalistesqui aurait manqué aux principes du coded’éthique de déontologie. Sa missionconsiste à veiller au respect du coded’éthique et de déontologie et rendre lesjournalistes plus responsables.

A la lumière de cela, l’ONIMED a le 04août 2010, dans sa Décision N° 002/ONIMED/2010, a jugé coupables le jour-nal Le Courrier, un hebdomadaire privéindépendant et son Directeur de publica-tion, monsieur Ali Soumana, pour atteinteà la vie privée des personnes. La plaintea été déposée auprès de l’ONIMED, parmonsieur Ali Sabo, Économiste et hommepolitique qui a accusé le dit journal et sondirecteur de porter atteinte à sa vie privée.

Les faits portent sur un article parudans le Courrier N°114 du 22 juillet 2010,

où l’auteur de l’article qualifiait l’hommepolitique Ali Sabo d’un « aigri politique »,et l’a également traité d’«un hommedésabusé, désenchanté, très constantdans les débits de boisson et trèschanceux aux jeux de hasard etirresponsable ». L’article est accompagnéde sa photo.

Au vu de la teneur des propos duCourrier et de son Directeur de publica-tion, l’ONIMED, a constaté qu’il s’agissaitbel et bien d’un cas de violation de l’article4 du Code d’Éthique et de déontologie desjournalistes qui impose aux professionnelsdes médias nigériens le respect duprincipe de la sacralité de la vie humaineet de la vie privée des personnes.

Pour le moment, il faut dire qu’il s’agitjuste d’une sanction morale qui a étéadressée au journaliste pour l’interpellerpar rapport au respect du Code d’Éthiqueet de Déontologie des médias nigériens.Mais en cas d’autres plaintes adresséescontre le même journal et son directeurde publication, ceux-ci vont écoper d’unavertissement. S’ils y persistent l’ONIMED,se verra dans l’obligation de saisirl’Observatoire Nationale de la Communi-cation (ONC), l’instance de régulation desmédias Nigériens qui statuera sur lessanctions à prendre contre le journalincriminé. Toutefois, cela ne devait pasdurer, car l’ONIMED dans sa décisionN°003/ONIMED/2010, a pour la deuxièmefois condamné le journal Le Courrier etson directeur de publication Ali Soumana,pour comportement peu professionnel.

Le journal dans son édition N° 121 du06 septembre 2010, a accusé l’épousede Seïni Salou, ancien Directeur Généralde la Société des Patrimoines des Eauxdu Niger (SPEN) du retrait le 02 septembre2010, d’une somme de 236 millions deFCFA des guichets de la BIA. Elle atoutefois nié cette accusation en affirmant:« Je n’ai jamais retiré une pareille somme,ni le jeudi 2 septembre 2010 et ni un au-tre jour, dans quelque banque que ce soitau Niger ou ailleurs ».

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 115

Après une analyse minutieuse de laplainte, l’ONIMED a estimé que l’allégationétait sans fondement. Le journal et sondirecteur de publication ont été renducoupables pour violation de l’article 4 ducode d’éthique et de la déontologie desjournalistes nigériens qui oblige lejournaliste à « Publier ou diffuserseulement des informations justes,vérifiables et équilibrées, c’est-à-diresourcées et au cas contraire, lesaccompagner des réserves nécessaires ».

Le 01 septembre 2010, l’ONIMED a,dans sa Décision N°004/ONIMED/2010,estimé coupables le journal Le Capital etson Directeur de publication, HamaniDiouga de diffamation sur la personne deTamboura Issoufou, Secrétaire à la Com-munication du parti le Mouvement Nationalpour la Société de Développement (MNSD-Nassara), de l’ancien Président de laRépublique Tandja Mamadou. Le 19 août2010, dans une correspondance qu’il aadressée à l’ONIMED, Issoufou Tambouras’est dit être diffamé par le directeur depublication du journal Le Capital.

Les faits portaient sur un article intitulé« les ratés du congrès » paru dans le N°04 du 04 au 16 août 2010, dans lequelHamani Diouga a accusé TambouraIssoufou d’avoir savamment orchestré uncomplot contre les journalistes endétournant une bonne partie de la sommede 1 million FCFA (2.042 US dollars)destiné à gratifier les journalistes présentsau dernier congrès du MNSD-Nassaratenu à Tillaberi, une localité située à 113kilomètres de la capitale Niamey.

Renforcement des capacitésdes médias et développementL’Institut de Formation aux Techniques del’Information et de la Communication(IFTIC) reste la seule école de formationaux métiers des médias au Niger. C’estétablissement public qui dispense desenseignements dans les domaines de lapresse écrite, audiovisuelle et la documen-tation. L’établissement est fréquenté tant

par les étudiants nationaux que par lesétudiants qui viennent de l’étranger. Apartir de la rentrée scolaire 2010–2011,une section de Master I, est ouverte àl’IFTIC, en collaboration avec l’Universitéde Niamey. On retrouve également àl’IFTIC, deux niveaux d’enseignement : leniveau supérieur qui accueille les étudiantstitulaires du Baccalauréat du second degréou un diplôme équivalent ; et le niveaumoyen ouvert au titulaire du Brevetd’Étude du Premier Cycle ou d’un diplômeéquivalent. En dépit de ces coursdispensés aux étudiants l’établissementorganise aussi en collaboration aveccertaines organisations sociopro-fessionnelles des médias des séances deformation intensives pour renforcer lescapacités des journalistes et souvent des« apprentis journalistes ».

Rapport gouvernement-médiasLa dépénalisation des délits commis parvoie de presse est un sujet sur lequel lacorporation des journalistes a mené uncombat permanent, depuis l’avènement dupluralisme médiatique au Niger, au débutdes années 1990.

C’est ainsi que le 4 juin 2010, une or-donnance portant régime de la liberté depresse a été adopté et promulguée le 12juin par le CSRD au pouvoir. Parmi lesdélits visés dans ce nouveau régimeportant dépénalisation du délit commis parvoie de presse figurent : la diffamation,l’injure, offense ou outrage aux autoritéset la propagation des fausses nouvelles.Avec cette ordonnance aucun journalistene sera envoyé en prison pour ces délitscités plus hauts. Il écopera seulement desamendes pécuniaires selon la gravité del’acte. Cette nouvelle ordonnance a étéfavorablement accueill ie par lesorganisations socioprofessionnelles desmédias et les défenseurs de la liberté depresse dans notre pays. En effet, cetteordonnance comporte des innovations

116 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

dont l’une des plus importantes est ladépénalisation des délits commis par voiede presse.

En promulguant cette ordonnance, lesautorités de la Transition viennentd’apporter un souffle nouveau dans lemétier journalisme au Niger. Ils affichentpar la même occasion leur volonté de voirs’épanouir enfin ce secteur des médias,secteur essentiel à la bonne marche de ladémocratie, et de promouvoir la liberté depresse dans toute sa plénitude.

Cependant, il faut souligner que cetteordonnance portant régime de la libertéde presse au Niger, conserve les mêmesstructures et la même démarche quel’ancienne ordonnance, mais comportebeaucoup d’innovations importantes,notamment la dépénalisation des délitscommis par voie de presse, longtempsrevendiquée par les professionnels desmédias.

Cependant, le nouveau texte comportebeaucoup d’incohérences etd’insuffisances, notamment par rapport àla définition de la nature de certains délits,l’application de certaines dispositions dutexte relativement aux peines applicablesen cas d’infractions commises.

Comme insuffisances, on peut releveraussi qu’aucune disposition relative à“l’apologie des crimes, la provocation etla propagation de fausses nouvelles” nefigure dans le nouveau texte, tout commela délimitation de certaines amendes. Aveccette loi sur la dépénalisation aucunjournaliste ne sera plus envoyé en prison,mais écopera seulement des amendespécuniaires. Cependant, les délits portantsur l’incitation à la haine ethnique, auxtroubles publics et la diffusion de toute in-formation susceptible de saper le moraldes troupes, restent passiblesd’emprisonnement.

Une Convention collectivepour les médiasDans le souci de permettre aux journalistesnigériens de jouir des fruits de leur pro-

fession, les autorités de la transition ensynergie avec les différents acteurs dumonde des médias, notamment les pa-trons de presse et les structures et asso-ciations des journalistes, ont décidé del’élaboration d’un texte sur la Conventioncollective. En effet, cette convention col-lective vise à ce que chaque journalisteobtienne un salaire mensuel décent. Elleprévoit aussi la possibilité de transformerles organes de presse en des véritablesentreprises de presse dignes de ce nom.Soulignons au passage que lesjournalistes du privé sont les seuls à nepas être régis par une Convention Collec-tive, qui leur mettra à l’abri de touteprécarité qu’ils vivent au quotidien. Si cetexte vient à être accepté par tous lesacteurs ça serait une grande avancéepour l’ensemble de la presse nigérienne.

Mais, pour atteindre cette noble initia-tive l’État doit appuyer financièrement,matériellement et politiquement lespromoteurs d’organes de presse ou desmédias afin que ceux-ci puissent remplirconvenablement leur devoir. Mieux, l’Étatdoit également réguler l’accès à la publicitéqui dans sa forme actuelle privilégiemalheureusement les médias publics audétriment des médias privés. De même,les autorités doivent revoir à la hausse leFonds d’aide à la presse qui tourne autourde 100 millions de Francs CFA (environ219.520 US dollars) par an.

Réouverture de RadioSaharaFermée depuis le 21 avril 2008, parl’ancien régime de Tandja Mamadou, laradio privée Sahara FM, qui émet àAgadez, une localité située dans le norddu pays et qui se trouve à plus 900kilomètres de la capitale Niamey, a reprisses émissions le lundi 14 juin 2010, aprèsplus de deux ans d’absence.

C’est l’Observatoire National de la Com-munication (ONC), l’organe de transitionchargé de la régulation des médias au

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 117

Niger

Niger, qui a autorisé la réouverture deSahara FM, à l’issue des travaux de sasession du 01 au 11 juin 2010.

Alors que le pays fait face à unerébellion armée dans cette partie nord dupays, il a été reproché à Sahara FM « àla diffusion des informations incitant à lahaine ethnique » et celles tendant à «saper le moral des militaires nigériens »,en luttent contre le Mouvement desNigériens pour la Justice (MNJ), unmouvement de rebelles touarègues quisévit dans le nord du pays.

Mais, Raliou Ahmed, responsable decette radio et correspondant de RadioFrance Internationale (RFI) avait rejetétoutes ces allégations, expliquant que saradio n’a fait que relayé des «témoignages des jardiniers », ayantaffirmé avoir été « battus et maltraités »par les militaires.

Depuis l’arrivée de la junte militaire aupouvoir le 18 février 2010, le paysagemédiatique nigérien s’est décrispé avecl’adoption de plusieurs textes et lois visant

l’amélioration des conditions de travail desjournalistes au Niger.

Violation de la libertéacadémiqueIl a été observé durant cette année 2010,des cas de violation de la libertéacadémique exercée sur certainsmembres de l’Union des ÉtudiantsNigériens à l’Université Abdou Moumounide Niamey, par le Conseil de l’Université.Le 02 juin 2010, le Conseil de l’Universitéa sanctionné cinq étudiants. Parmilesquels trois sont exclus définitivementpour acte de violence sur le campusuniversitaire. Les deux sont suspenduspour un an de toutes activitésacadémiques. Des accusations rejetéespar les étudiants incriminés, qui voientplutôt dans cette décision rectorale unechasse à la sorcière menée par le recteurde l’Université contre le bureau de l’Uniondes Étudiants Nigérien.

On rappelle d’ailleurs que, le 20 mars

118 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

2007, six autres étudiants syndicalistes ontété exclus définitivement pour injuresproférées à l’endroit des autoritésrectorales et les enseignants chercheurset entretien de la violence sur le campus.S’agissant de ce dernier cas, la CourSuprême à son temps avait sorti un arrêtdans lequel, elle a jugé illégale la décisiond’exclusion des ces étudiants. Mais, envain puisque le Conseil de l’Université n’apas obtempéré à cet arrêt de la CourSuprême. En tout cas ces exclusionsprononcées contre ces étudiants constitu-

ent une véritable menace contre la libertéacadémique.

Attaques contre les médiasAucun journaliste ou organe de presse auNiger n’a fait l’objet de suspension oud’arrestation encore moins de menace dela part des pouvoirs de Niamey, et cela àcause des efforts fournis par les autoritésde la transition pour favoriser la libertéd’expression dans notre pays. Malgrécela, l’on a relevé quelques cas de viola-tion de la liberté d’expression et d’opinion.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 119

ALERTES

3 juin 2010ALERTE Niger: Lancementd’un décret contre lesmédias étrangersLe gouvernement de transition du Niger alancé un nouveau décret sur les médiasqui, aux dires des médias et des groupesde la société civile du pays, restreindraitle flux d’informations et porterait atteinteaux activités des médias étrangers et deleurs journalistes.

Ce décret signé par la ministre de laCommunication, des Nouvelles Technolo-gies et de la Culture, Madame AminataTacoubakoye, a demandé aux journalisteset aux organes de médias étrangersd’obtenir l’autorisation de son ministère etde payer d’énormes redevances nonremboursables avant de se rendre au payspour réaliser des fi lms ou desdocumentaires.

Par ailleurs, le décret a égalementordonné aux organes de médias étrangersde déposer des copies originales de leursœuvres finales auprès de la direction dela communication du ministère.

Le décret précise en son article 6 que« le demandeur d’autorisation de tournageou de reportage doit, avant de pénétrersur le territoire nigérien, être en posses-sion de la copie de l’autorisation signéepar le ministre de la Communication. » etque « désormais, tout média étranger,agence de production, association ou uneorganisation non gouvernementale (ONG),qui désire se rendre au Niger pour réaliserdes films documentaires ou tout autre re-portage doit verser une somme d’argent. »

Les chaînes de télévision étrangèresou les agences de production et les sta-tions de radio verseraient la somme de 2millions de FCFA (environ $US 3,704) etun million de FCFA (environ $US 1852)respectivement pour la télévision et la ra-dio, tandis que les journaux verseraient la

somme de 500.000 mille FCFA (environ$US 926) chacun. Le versement de cesredevances ne les exempte pas des droits,taxes et impôts en vigueur.

« Ces nouvelles mesures prises con-stituent de véritables obstructions surl’accès du droit à l’information publiqueau Niger. C’est un recul de ladémocratie…. », a déclaré BoubacarDiallo, président de l’AssociationNigérienne des Éditeurs de la PresseIndépendante (ANEPI).

Dans un autre développement,l’Observatoire National de la Communica-tion (ONC), l’organe chargé del’autorégulation des médias au Niger, aautorisé, le 14 juin, la réouverture de laradio privée Sahara FM. Cette station, quiest basée Agadez, une ville située au norddu pays, a été fermée le 21 avril 2008 parle régime du président Mamadou Tandjaaprès qu’il lui a été reproché de « dif-fuser des informations susceptiblesd’inciter à la haine ». Les autorités ontprétendu que Sahara FM sapait le moralde l’Armée nigérienne qui luttait contre leMouvement des Nigériens pour la Justice(MNJ) des Touaregs.

20 septembre 2010ALERTE Niger: Undirecteur de publicationest interpellé, puis libéréMoussa Aksar, directeur de publication dujournal L’Evénement, une publicationprivée, a été interpellé et détenu jusqu’aulendemain par des éléments desRenseignements Généraux (RG), le ser-vice des renseignements du Niger, pouravoir prétendument critiqué les agents desécurité du pays.Aksar aurait étéembarqué chez lui à environ 20H30 TU etinterrogé pour quelque 12 heures. Il a étérelâché le 21 septembre sans être traduit

120 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

en justice.L’arrestation du directeur depublication a fait suite à certainscommentaires qu’il avait faits sur lesantennes de France 24, une chaîne detélévision française, lors d’un programmediffusé en direct le 15 septembre.Aksaravait rejeté la responsabilité desdéfaillances du système sécuritairesurvenues au nord du pays sur les agentsde sécurité. Il a prétendu que cesdéfaillances avaient permis à un groupede militants qui aurait des liens avec lemouvement Al-Qaïda d’enlever sept

étrangers — cinq ressortissants français,un Togolais et un Malgache.Des groupesde média du pays ont dénoncé l’arrestationd’Aksar et demandé aux autorités de fairede sorte que les médias opèrent librementdans le pays sans distinction depersonnes.« Nous condamnons vivementcette interpellation. Car, nous estimonsqu’elle est d’un autre âge. En plus, c’estune entrave à la liberté d’expression etd’opinion », a déclaré Boubacar Diallo,Président de la Maison de Presse duNiger.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 121

Nigeria

Président Goodluck Jonathan

Aperçu généralEn 2010, les attaques perpétrées contreles journalistes ontc o n s i d é r a b l e m e n tdiminué. Mais, cetteréduction a été entachéepar la mort de troisjournalistes le 24 avril :deux décès dans la ville deJos, la capitale de l’Etat duPlateau, et un autre dansla ville commerciale deLagos. Ces décèsinterviennent moins d’uneannée après le meurtre, le20 septembre 2009, durédacteur en chef BayoOhu. L’enlèvement de quatre journalistespar des hommes armés non identifiés estvenu aggraver la situation. Ces journalistesont été finalement relâchés une semaineplus tard, le 18 juillet, après qu’ils aientété dépouillés de leurs effets personnelset une somme de 20 000 dollars américainspar leurs ravisseurs.

Ces évènements font du Nigeria, quin’est pas en guerre, le pays le plusdangereux pour l’exercice du métier dejournaliste dans toute l’Afrique de l’Ouest.Cette situation a amené l’Union desJournalistes du Nigeria (NUJ) à activerun mécanisme qui a débouché sur lelancement d’un régime d’assurance àl’intention des journalistes par le VicePrésident Namadi Sambo.

Aucune nouvelle loi sur la presse, fa-vorable ou non, n’a été promulguée étantdonné que les médias nigérians ont

continué de fonctionner avec la mêmelégislation que le gouvernement civil ahéritée du dernier régime militaire. Toutefois,

le Président GoodluckJonathan a instruit laCommission Nationalede l’Audiovisuel(NBC) d’octroyer leslicences d’exploitationde stations radio auxentités ayant rempliles conditionsrequises. Et,contrairement à lac a t é g o r i ecommerciale, la NBCpeut octroyer des li-

cences sans retourner au Président.

La situation politique et ses effets surles médias

Suite à la longue maladie du PrésidentUmaru Musa Yar’Adua qui l’a conduit enArabie Saoudite pour des soins, un vides’est créé parce qu’il n’avait pasauparavant, passé le pouvoir au VicePrésident. Cette situation a donné lieu àun débat au niveau de la classe politique,et le 9 février 2010, les deux chambres del’Assemblée Nationale du Nigeria (NASS)ont unanimement présenté deuxrésolutions séparées qui habilitent DrGoodluck Jonathan à dorénavant assumerles fonctions de Président et de Comman-dant en Chef de la République Fédéraledu Nigeria, mais en qualité de Présidentpar intérim. La NASS a demandé au Dr

122 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Goodluck Jonathan d’assumer pleinementles pouvoirs présidentiels en attendant leretour du Président Yar’Adua à son poste.

La NASS aurait pris cette décision dansle but de lever l’impasse politique et mettrefin aux interminables débats sur lavacance du pouvoir présidentiel créé parla maladie du Président Umaru Yar’Adua.

Le 10 février, le Président Intérimairea reaffecté le Procureur Général etMinistre de la Justice en fonction, MrMichael Kaase Aondoakaa (SAN) auMinstères des Fonctions Spéciales. Il aété immédiatement remplacé par PrinceAdetokunbo (SAN) qui était alors Ministredu Travail et de la Productivité. Prof.(Mme) Dora Akunyili a gardé sonportefeuille de Ministre de l’Information etde la Communication.

Malheureusement, El Hadj Umaru MusaYar’Adua a été emporté par la maladie :le 5 mai 2010, le Président Yar’Adua estdécédé après plus de cinq mois demaladie qui l’a retenu bien loin de sesresponsabilités officielles. Le 6 mai, lePrésident Intérimaire Goodluck Jonathana prêté serment en qualité de Président,en remplacement de son chef disparu.

Environnement juridiqueAucune nouvelle loi concernant les médias,la liberté d’expression ou l’accès àl’information n’a été promulguée. Demême, la loi existante n’a pas été abrogée.Le Nigeria a continué de fonctionner sousles mêmes lois coloniales et militaires quicontrôlent la liberté d’expression. Laplupart de ces lois sont peu favorables àl’exercice des médias ; elles ne sont pasconformes aux normes et pratiquesinternationales en termes de protection dela liberté de la presse et ne peuvent êtrejustifiées dans une société démocratique.Ces lois comprennent sans toutefois s’ylimiter : la Loi (Ordonnance) de 1917portant la presse écrite; la Loi de 1990sur les publications diffamatoires etchoquantes, Chapitre 93 des Lois de 1990de la Fédération; la Loi portant Secret

Défense Chapitre 355 des Lois de laFédération ; les lois portant DiffamationCriminelle et Publications Mensongères,entre autres.

La situation du projet de loisur la Liberté d’Information(FOI)Le projet de loi portant Liberté del’Information qui est resté dans les circuitslégislatifs depuis onze (11) ans se trouveactuellement bloqué au Parlement nigérian,l’Assemblée Nationale. Au niveau des deuxChambres de l’Assemblée Nationale, il n’aconnu aucune avancée à part celle de2009. On soupçonne que le motif de cettesituation serait, comme l’a si bien soulignéun professeur à la Faculté de Droit del’Université de Lagos, Prof. Ibidapo Obe,« les législateurs considèrent la loi FOIcomme un nœud coulant pouvant êtreutilisé pour les pendre au cas où ils serendraient coupables de fraudes ». Leslégislateurs de la période 2007 — 2011sont reconnus pour le peu de travail qu’ilsréalisent en termes de confection de lois.Toutefois, ils se sont octroyé d’alléchantesprimes.

Organe de régulationEn 2010, la Commission Nationale del’Audiovisuel (NBC) a semblé faire preuvede prudence dans ses opérations. Aucunestation n’a été sanctionnée pour unequelconque infraction.

La Commission s’est occupée àtravailler à l’élaboration de divers cadresd’actions pour les prochaines électionsgénérales de 2011, et à la numérisationde la radiodiffusion qui doit intervenir d’icijuillet 2012, trois ans avant la date fixéepar l’Union Internationale des Télécommu-nications (UIT). Elle a organisé du 19 au21 octobre, sa 8ème Conférence Biennalede trois jours dénommée Africast, au coursde laquelle le thème de discussion était lanumérisation de la radiodiffusion.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 123

Relations gouvernement-médiasLe gouvernement a maintenu une posi-tion de non-agressivité par rapport auxmédias ; le Président Jonathan n’a pasbousculé les médias ou montré si les re-portages dans la presse le gênaient oupas. Il est resté serein vis-à-vis des rap-ports des médias.

Le 5 novembre 2010, le Vice Présidentdu Nigeria, Namadi Sambo, a procédé àAbuja, la capitale fédérale du Nigeria, aulancement d’un régime d’assurance àl’intention des membres de l’Union desJournalistes du Nigeria (NUJ). A cette oc-casion, il a demandé aux propriétairesd’organes de presse d’adhérer au régimeau profit des journalistes. Il a aussi notéque le régime était devenu nécessaire pourles journalistes nigérians compte tenu desrisques auxquels le métier se trouveconfronté dans le pays.

Le Vice Président Sambo a déclaré : «la liberté de presse et la liberté d’expressionfont partie des libertés fondamentalesdevant être maintenues. Par conséquent,les agressions perpétrées à l’encontre desjournalistes et de leurs matériaux de tra-vail sont des crimes contre l’humanité quine doivent pas être tolérés. »

« Ces agressions, quels que soientleurs motifs et objectifs, posent desérieuses menaces aux libertésfondamentales. »

Le principal orateur de l’occasion et legouverneur de l’Etat d’Ondo, OlusegunMimiko, ont fait don de la somme de 10millions de nairas (66 667 dollarsaméricains) à la NUJ, tout en payant uneannée de souscription en faveur de tousles journalistes inscrits de l’Etat d’Ondo.Son homologue de l’Etat de Katsina, ElHadj Ibrahim Shema a aussi annoncé lepaiement d’une année de souscriptionpour tous les journalistes inscrits de sonEtat.

Le Président de la NUJ, MuhammedGarba, a expliqué que le régimecompenserait le bénéficiaire désigné du

membre inscrit, à la mort de ce derniertandis qu’aucun examen médical ne serarequis.

Selon le Président du NUJ, le régimeest adapté aux membres inscrits âgésjusqu’à 65 ans.

Les affaires judiciaires

Un Journal gagne un procès endiffamation datant de 24 ans

La Cour Suprême du Nigeria a déchargéle journal privé, The Guardian, d’un casde diffamation ayant trainé 24 ans durant.Les juges de la Cour Suprême ont dansun jugement unanime déclaré que laditepublication n’était ni malveillante nidiffamatoire, mais plutôt un commentaireéquitable basé sur des faits et l’expressiond’une opinion sur une question d’intérêtgénéral. Ils ont rejeté l’appel contre le jour-nal et condamné aux dépens de 50.000nairas (environ, 333 dollars américains)un couple qui a intenté la poursuite.

Eva Anike Akomolafe, alorsConservatrice du Registre des Sociétés àLagos, et son époux, Chef AgboolaAkomolafe, avocat, ont intenté un procèsà l’encontre du journal pour une publica-tion parue dans son édition du 2 septembre1985 intitulée « l’Agence d’Enregistrementdes Sociétés en désordre. »

La Cour Suprême a déclaré dans sonjugement comme suit: « Lorsqu’unequelconque publication consiste d’unexposé de faits qui sont vrais dansl’essentiel, et dans la mesure où elle selimite à l’expression d’une opinion et d’uncommentaire émis sans malveillance et surlesdits faits qui sont d’intérêt général, ellene saurait être considérée commediffamatoire. »

La Cour a en outre ajouté que : « cequi convient à l’intérêt général doit avoirle pas sur la convenance ou l’intérêt privéen matière de diffusion d’information degrand intérêt pour le public,particulièrement en ce qui concerne l’état

124 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Nigeria

regrettable des affaires à l’Agenced’Enregistrement des Sociétés dansl’affaire qui nous intéresse. »

Le procès a commencé en 1986 auTribunal de Grande Instance de Lagoslorsque le couple a intenté une actioncontre Guardian Press Limited(Imprimerie), Guardian Newspaper Lim-ited (Maison d’édition), Joseph Nakpodia(alors reporter au The Guardian) etAdewale Gbeleyi.

La Cour Suprême a jugé que l’appelmanquait de mérite et elle a par conéquentconfirmé les sentences de la juridictionde première instance et de la Cour d’Appelde Lagos.

Dans leur demande introductived’instance requalifiée, les Akomolaferéclamaient 8 millions de nairas (environ,53 333 dollars américains) à titre dedommages et intérêts pour publicationdiffamatoire concernant la premièredemanderesse (Mme Akomolafe ; 3 105000 nairas (environ, 20 700 dollarsaméricains) à titre de dommages etintérêts pour publication diffamatoireconcernant le deuxième demandeur (M.Akomolafe). Ils ont aussi demandé uneinjonction qui empêche les accusés (TheGuardian), leurs préposés et ou agentsde publier des informations similaires auprécédent.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 125

8 Février 2010ALERTE Nigeria : Unorgane de presse prétendà une menace de mortcontre son personnelThe Premier, un tabloïde hebdomadairebasé à Lagos, a informé le public de lamenace de mort proférée à l’encontre desmembres de son personnel et de larécupération de l’édition hebdomadaire desa publication dont l’article principal étaitintitulé « Sale Farida ». Le tabloïde aallégué que des responsables de l’Agencede Lutte Contre la Corruption, la Commis-sion des Crimes Economiques etFinancières (EFCC) étaient à la recher-che de son personnel à cause de l’articlequi selon lui avait donné des détails deprésumés scandales qui gangrenaient lebureau de la Présidente de l’EFCC,Farida Waziri et l’agence de lutte contrela corruption.

L’organe, dans une déclaration faite parWusu Babatunji, son Directeur Général,prétendait que : « La menace de mortintervient suite à des investigationsapprofondies que nous promettons derévéler dans notre prochaine éditionhebdomadaire, les procédés malhonnêtesen cours à la commission et laréimpression de l’édition de cette semaineque les agents de Waziri ont récupérée.»

La déclaration a ajouté que Mme Waziriavait menacé de s’occuper d’eux sur leplan spirituel, physique et par n’importequel moyen dont disposerait l’agence.

The Premier a aussi accusé l’EFCCd’avoir recruté, Abubakar Tsav, officier depolice à la retraite et ancien Commissairede Lagos, qui aurait envoyé selon letabloïde, de dangereux SMS à son per-sonnel au nom de la présidente de l’EFCC.

Beecroft Adedeji, le directeur généraldu The Premier a déclaré que le journal areçu des appels anonymes les avertissant

de graves conséquences pouvant découlerde leurs publireportages. Il a ajouté qu’unami du tabloïde qui était à l’agence, les amis en garde et leur a demandé de faireattention parce qu’il a surpris une discus-sion dans laquelle la patronne de l’agencea menacé de s’occuper d’eux avec lesmoyens dont elle disposait.

Babatunji a dit qu’avant que ladite af-faire ne soit publiée, le journal a adresséune lettre à l’EFCC demandant une inter-view et des précisions, et que FemiBabafemi, le porte-parole de la Commis-sion, a accepté à contrecoeur la demandepar téléphone. La réponse de Babafemi aété publiée dans le journal.

16 Février 2010ALERTE Nigeria : La Policebrutalise un reporter etl’assigne en justiceJude Opara, le correspondant à l’étrangerdu journal privé Champion, a été agressé,arrêté, détenu et assigné en justice pourobstruction de la circulation à Abuja, lacapitale fédérale du Nigeria.

Opara s’était rendu au Transcorp HiltonHotel, à Abuja, pour couvrir le 37ème

Sommet Ordinaire des Chefs d’Etat et deGouvernement de la CEDEAO. Pendantqu’il prenait un virage juste après l’entréede l’hôtel, le commandant de zone (ACP),un commissaire adjoint de police, Sun-day Odukoya, a tapé à plusieurs reprisessur le capot de sa voiture, l’obligeant ainsià s’arrêter et à sortir du véhicule. L’ACPet ses hommes ont immédiatement sautésur lui : ils l’ont passé à tabac, l’ont arrêtéet conduit au Commissariat de Police deMaitama à Abuja.

Lorsqu’il demanda au Commandant deZone les délits dont il se serait renducoupable, Odukoya lui répondit qu’il(Jude) se préparait à lui (Odukoya) faireperdre son emploi.

ALERTES

126 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Opara s’identifia comme étant unjournaliste qui allait couvrir le sommet dela CEDEAO, mais M. Odukoya s’emparade son badge officiel d’accréditation dejournaliste par la CEDEAO qu’il arrachade son veston. Il saisit sa carte, sonvéhicule et autres objets officiels et per-sonnels. Odukoya se vanta de ce qu’il allait« punir ce salaud pour l’exemple.»

Le Chef du Bureau d’Abuja du JournalChampion, Achilleeus-Chud Uchegbu etle Président de l’Antenne à Abuja duSyndicat des Journalistes du Nigeria(NUJ), Malachy Uzendu, ont essayé depersuader Odukoya de surseoir à son in-tention d’intenter une action en justicecontre Opara, mais il a immédiatementporté l’affaire au Tribunal Correctionnel deWuse sous l’inculpation « d’obstruction dela circulation et refus d’obéir à signal àbras » en violation des articles 390 et 15du Code de la Circulation Routière.

L’ACP Odukoya a déclaré qu’Oparas’était rendu coupable dudit délit parce qu’ila fait obstruction au convoi du PrésidentIntérimaire Goodluck Jonathan qui estarrivé plus tard à la réunion organisée auNigeria.

Le Magristrat Bashir Alkali qui présidait,a accordé à Mr Opara, la liberté provisoiresous caution avec obligation de résidencedans la juridiction du tribunal. L’affaire aété ajournée au 8 mars 2010.

22 février 2010ALERTE Nigeria : Unjournaliste indépendantsur le banc des accuséspour diffamationMaximus Uba, un journaliste indépendanta été traduit devant le Premier TribunalCorrectionnel d’Oweri du DistrictJudiciaire d’Oweri dans l’Etatd’ Imo ausud-est du Nigeria sous le chefd’accusation de diffamation. Il aurait publiédes faits diffamatoires à l’encontre dugouverneur de l’Etat d’Imo, Chief Ikedi

Ohakim, et le gouvernement de l’Etat.L’accusation portée contre Uba se

présentait comme suit : « Vous, MaximusUba, avez entre le 19 et le 25 janvier 2009,publié à Oweri dans le District Judiciaired’Oweri, à travers le journal NigerianStride, un journal hebdomadaire, un ar-ticle diffamatoire à l’encontre duGouvernement de l’Etat d’Imo et leGouverneur Chief Ikedi Ohakim ; un ar-ticle diffamatoire intitulé : « Le Budgetd’Imo de 135 milliards nairas Mort dès saPrésentation» dans lequel vous avez aussidéclaré que le Gouvernement de l’Etatd’Imo sous Chief Ikedi Ohakim a continuéde voler les ressources attribuées auConseil des Collectivités Locales. »

Uba a été aussi accusé d’avoir publiéque le gouvernement de l’Etat empruntaitde fortes sommes d’argent auprès desbanques et les utilisait à l’achat de voituresqui coûtent cher et à la construction derésidences privées. Une publication quiselon l’Etat, exposerait le Gouverneur etson gouvernement de l’Etat en ridicule etla haine publics. L’Etat a ajouté que lapublication a porté préjudice à laréputation personnelle du Gouverneur parrapport à l’opinion publique et que parconséquent, elle constitue une infractionpunissable en vertu de l’Article 375 duCode Pénal Chapitre. ‘C77’ Vol. V des Loisde la Fédération tel qu’elles s’appliquentà l’Etat d’Imo.

1er mars 2010ALERTE Nigeria : Troisjournalistes sportifs,kidnappésTrois journalistes travaillant pour la chainede télévision sud-africaine Supersport ontété kidnappés sur la route d’Oweri, lacapitale de l’Etat d’Imo au sud-est du Ni-geria. Les journalistes : Nick Greyling,ingénieur de son, Alexander Effiong,caméraman, et Bowie Attamah,commentateur de sport, revenaient de la

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 127

couverture d’un match de football dans laville voisine d’Enugu à 150 km, et étaientproches de l’aéroport d’Oweri, lorsque deshommes armés abordèrent le véhicule àbord duquel ils voyageaient, et leurordonnèrent de les suivre. Au cours del’incident, le quatrième homme, JoliasLayefa reçut une balle dans la jambe etfut envoyé à l’hôpital pour des soins.

Le 2 mars, Effiong s’est échappé desmains de ses ravisseurs tandis qu’Attamaha été libéré le 5 mars. Greyling est parcontre resté entre les mains desravisseurs.

Greyling a été toutefois libéré le 8 mars,une semaine plus tard, après le prétendupaiement d’une rançon de 15 millionsnairas (environ, 100 000 dollarsaméricains) pour une demande initiale de120 mill ions nairas. Toutefois, lesresponsables sud-africains ont refusé deconfirmer le paiement d’une rançon. Il estretourné en Afrique du Sud le 10 mars.

8 mars 2010ALERTE Nigeria : Unreporter de radio agressépar un cortège funèbreMurtala Sani, un reporter de laRadiodiffusion et Télévision Féderale duNigeria (FRCN), a été sérieusementagressé par un cortège funèbre pendantqu’il couvrait l’inhumation collective desvictimes du massacre ethnoreligieux du 7mars à Dogo Nahawa dans l’Etat du Pla-teau, au nord centre du Nigeria.

Selon Sani, le conseiller des affairesreligieuses du gouverneur de l’Etat du Pla-teau, le Révd. Gyang Choji, lui auraitdemandé de lui remettre sa carte d’identitéofficielle. Il aurait ensuite informé certainshommes présents sur les lieux que le re-porter était de l’ethnie Haoussa-Foulani.Le cortège funèbre se serait alors jeté surlui et l’aurait passé à tabac. Selon WillConnors, un reporter du Wall Street Jour-nal qui couvrait les funérailles, « Sani a

frôlé la mort. Ils voulaient le tuer et jeterson corps dans la fosse commune avecles autres.»

Toutefois, avant qu’ils ne parviennent àle tuer, la Police a tiré des coups desemonce afin de les disperser et emmenerSani à un hôpital militaire dans la villevoisine de Jos où il a été traité pour demultiples blessures à la tête et au corps,avant d’être envoyé vers une autre desti-nation. Ses collègues de la profession ontdéclaré que la voiture de Sani a été détruiteet son équipement volé.

Le Commissaire d’Etat à l’Information,Gregory Yenlong, aurait rencontré Saniaprès l’incident et demandé à prendre encharge ses frais médicaux. Il a déclaréque “Sani est un journaliste responsableet professionnel. Toutefois, en ces tempsde forte tension, il aurait dû prendrecertaines précautions , demander à êtreprotégé pendant qu’il couvrait cesévènements »

Un autre journaliste, Aminu Abdulla quiest un reporter de l’Agence France Presse(AFP), a été accosté par un cortègefunèbre qui lui a demandé de prouver «qu’il était chrétien » en récitant le NotrePère. Abdulla aurait réussi à s’échappergrâce à l’aide d’autres journalistes, maisil a perdu l’équipement qu’il gardait dansla voiture de Sani.

10 Mars 2010ALERTE Nigeria : Desjournalistes brutalisés parla Police pendant lacouverture d’uneprotestationQuatre journalistes ont été attaqués etdétenus par une équipe conjointe d’agentsde la brigade antiterrorisme et de la po-lice antiémeute rattachée au Commande-ment de Zone d’Onitsha. Les journalistescouvraient une manifestation pacifiqueorganisée par l’Association desTechniciens de Radio et Télévision de l’Etat

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d’Anambra (ARTTANS) dans la villecommerciale d’Onitsha au Sud-est du Ni-geria. Les journalistes concernés sont :Daniel Ukpai et Augustine Ngwu, tous deuxreporters au Minaj Broadcast Interna-tional (MBI) à Obosi ; Samuel Nwabuisi,caméraman a MBI et Ifeanyinwa, reporterau Nigerian Television Authority à Onitsha.Une caméra numérique Sony PD 170appartenant au MBI a été détruite par lespoliciers.

John Nwele, le Commandandant deZone de la Police d’Onitsha, a toutefoisordonné plus tard, leur remise en liberté.

Nwabuisi, le caméraman du MBI adéclaré qu’ils traversaient Iweka Road envoiture lorsqu’ils ont vu un groupe decommerçants en pleine manifestation avecdes pancartes. Ils ont alors décidé desavoir ce qui se passait.

Augustine a déclaré en racontant leursupplice, « comme nous nous apprêtionsà recueillir le récit de la protestation,quatre véhicules Toyota Hilux à borddesquels se trouvaient environ 40 agentsde police de l’unité mobile et de la bri-gade antiterrorisme ainsi que deséléments de la police spéciale motoriséeont fait leur apparition sur les lieux. Ils ontencerclé tout le monde pour une arresta-tion de masse ; ils nous ont giflés, tapéset ensuite nous ont attachés à l’aide desvêtements. »

« C’est lorsqu’on nous battait que j’aiété blessé à la jambe gauche tandis quemon collègue, Ukpai a été blessé à labouche juste au moment où notre caméranous a été arrachée avant que nous nesoyons tous entrainés au siège ducommandement de zone pour y êtredétenus. »

Il a déclaré qu’au commissariat de po-lice, les agents ont refusé de prêter atten-tion à leurs efforts pour se faire identifiercomme des journalistes, mais ils les onttous détenus ensemble avec les 40commerçants qui protestaient contre uneprésumée intimidation de la part d’ungroupe rival de commerçants.

24 Avril 2010ALERTE Nigeria : Troisjournalistes tués à Lagoset JosTrois journalistes ont été tués dans deuxvilles nigérianes. Un des journalistes, EdoSule-Ugbagwu, un correspondantjudiciaire du journal privé de Lagos, TheNation, a été tué de façon crapuleusechez lui dans un quartier la périphérie deLagos, par un gang d’hommes armés auxenvirons de 18h30.

Deux autres journalistes, Nathan Dabatet Sunday Bwade, respectivementrédacteur en chef adjoint et reporter auLight Bearer, une publication de l’Eglisedu Christ au Nigeria, ont perdu la vie dansune attaque dans la zone de NassawaraGwong à Jos qui a été le lieu de diversincidents de conflits ethnoreligieux depuisle début de l’année.

A Lagos, le petit frère de Sule-Ugbagwu, Okhlaho Ugbagwu qui a fait unrécit vivant de la manière dont son frère aété tué, a raconté que les assassinsprétendaient être des voleurs mais n’ontrien emporté. Selon lui, « lorsqu’ils sontrentrés dans la maison, j’étais sous le chocparce que je ne savais celui qui leur avaitouvert le portail étant donné que notreportail restait toujours fermé. Ils m’ontdemandé là où se trouvait l’argent. Je leurai répondu ; quel argent ? Il n’y a pasd’argent ici.» Nous discutions lorsque monfrère est sorti dans la cour et leur a criédessus : « sortez de ma maison !».

Les détails des circonstances qui ontconduit à la mort des deux autresjournalistes, Nathan Dabat et SundayBwade à Jos, n’ont pas été fournis.L’Eglise à laquelle appartient leur journala annoncé leur disparition le 24 avril, suiteau violent conflit qui avait éclaté dans cettezone plus tôt dans la journée. Ceci a con-duit à leur recherche dans les hôpitauxde la localité, jusqu’à la découverte deleurs corps à la morgue du CentreospitalierHospitalier Universitaire de Jos,le jour suivant, le 25 avril.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 129

28 avril 2010ALERTE Nigeria : Un vieuxde la vieille en politiqueperd un procès contre desmaisons d’éditionChief Olabode George, un vieux de lavieille en politique et ancien Président duConseil d’Administration de l’AutoritéPortuaire du Nigeria (NPA), a perdu leprocès en diffamation qu’il a intenté àl’encontre du magazine The NEWS, P.M.NEWS (un quotidien du soir) et le journalDaily Independant.

Juge Akeem Oshodi du Tribunal deGrande Instance siégeant à Badagry, Etatde Lagos a, en prononçant le non-lieu,statué qu’un homme ne saurait réclamerdes dommages et intérêts pour uneréputation qu’il ne possèdait pas.

Le juge a fait remarquer que tous lestémoins appelés par Bode George n’ontpas suffisamment prouvé à la cour qu’il aété diffamé par les rapports des médiasqui ont été produits à la cour et qu’enoutre, étant donné que Bode George avaitété auparavant reconnu coupable par unTribunal de Haute Instance de Lagos desmêmes faits qu’il prétend avoir portépréjudice à sa réputation, il ne serait pointapproprié de lui accorder des dommageset intérêts sur ces faits.

Le juge a radié l’affaire sans sansaccdorder un quelconque coût. BodeGeorge avait réclamé 2 milliards nairas(environ, 13 333 333 dollars américains)de dommages et intérêts dans les procèsqu’il a intentés à l’encontre les troismaisons de presse.

Chief Olabode George était le Présidentde la Zone Sud-ouest du PartiDémocratique Populaire (PDP) le parti aupouvoir au Nigeria.

27 mai 2010ALERTE Nigeria : Untribunal de grandeinstance accorde 20millions de nairas dedommages-intérêts àl’encontre du régulateur del’audiovisuelLe Tribunal Fédéral de Grande Instancesiégeant à Akure, la capitale de l’Etatd’Ondo au sud-ouest du Nigeria, ademandé à la Commission Nationale del’Audiovisuel (NBC), l’organe deréglementation du secteur de laradiodiffusion, de payer à la station deradio privée Adaba Fm, la somme de 20millions de nairas (vingt millions de nairas,soit 133 333 dollars américains) endommages et intérêts pour les sanctionsillégales, les menaces et la suspension desa licence radio pendant une période dedeux semaines. La cour a aussi accordéà la station toutes les autres déclarationset injonctions qu’elle a requises par sonaction en justice.

La station radio avait intenté un procèsà l’encontre de l’organe de réglementationpour sanctions illégales, menaces et sus-pension de sa licence radio pour unepériode de deux semaines en violation ducode de la NBC. Elle a réclamé du tribu-nal 16 jugements déclaratoires dont 20millions de nairas en dommages etintérêts.

Au titre des autres jugements réclaméspar Adaba FM figuraient les faits que : laCommission a violé son droit à une audi-tion équitable ; la NBC a exercé demanière oppressive son pouvoir officiel enviolation du droit fondamental inaliénablede liberté de presse de la station, tel quegaranti par le Chapitre 39 de la Constitu-tion de 1999 de la République Fédéraledu Nigeria.

Le Juge G. C. Okeke, le président dutribunal, a déclaré : « Ayant jugé que lesmis en cause n’ont pas sanctionné les

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requérants dans les limites du code de laNBC, je considère que les Requérants ontdroits aux mesures de redressementdéclaratoires telles que définies dans leuravis de motion en date du 10 mai 2009,qui leur sont par les présentes accordées.»

11 juillet 2010ALERTE Nigeria : Deshommes armés enlèventdes journalistes etdemandent une rançon de250 millions de nairas(1,66 million de dollarsaméricains)Des hommes armés non identifiés ontenlevé quatre journalistes responsables del’Union des Journalistes du Nigeria (NUJ)et leur chauffeur à Aba, une villecommerciale de l’Etat d’Abia au sud-estdu Nigeria. Leurs ravisseurs ont demandéune rançon de 250 millions de nairas(environ, 1,66 mill ion de dollarsaméricains) pour leur libération.

Les journalistes sont Wahab Oba,Président du Conseil de la NUJ pour l’Etatde Lagos ; Sylvester Okereke, secrétaireadjoint la NUJ pour l’Etat de Lagos ;Adolphus Okonkwo, secrétaire régional duNUJ ; Sola Oyeyipo, journaliste ; et leurchauffeur, Azeez Yekini. Ils revenaient àLagos à bord d’un autobus appartenant àla NUJ, après pris part à la réunion duConseil Exécutif National de l’Union quis’était tenu à Uyo, Etat d’Akwa Ibom dansla région du Delta du Niger lorsqu’ils ontrencontré les ravisseurs qui les ontenlevés sous la menace d’armes à feu.

Le kidnapping aux fins de rançon estdevenu un fait banal dans la région duDelta du Niger et au sud-est du Nigreria.

24 juillet 2010ALERTE Nigeria : Desjournalistes attaqués pardes hommes de main depoliticiens au cours d’unereprise d’électionDes hommes de main soupçonnés d’êtreloyaux à l’Action Congress (AC), le partipolitique aux affaires dans l’Etat d’Edo,au sud du Nigeria, ont attaqué troisjournalistes pendant la reprise desélections pour l’Assemblée de l’Etat dans13 unités de la zone 7 à Oghede, ladeuxième circonscription électorale dunord-est d’Ovia. Les hommes de main aunombre de 30 seraient conduits par unchef de l’AC.

Friday Otabor, le correspondant dansl’Etat d’Edo, du journal privé basé à Lagos,The Nation, a échappé de peu à la mortdans les mains des hommes de main ;Gabriel Odia, correspondant de GalaxyTelevision (basée aussi à Lagos) a fui leslieux lorsque les gros bras ont essayé des’emparer de sa caméra et de la détruire; tandis que Mr Edosa Okunbo, reporterau journal Midwest Herald a été agressépar les hommes de main lorsqu’il essayad’aller au secours de ses collègues.

Environ 15 gaillards costauds ont rouéde coups M. Otabor, saisi son téléphoneGSM, sa carte d’identité et 13 000 nairas(treize mille nairas soit, 87 dollarsaméricains) et l’ont bastonné lorsqu’il aessayé d’enregistrer une dispute entre lessupporters de l’AC et ceux du PartiD’emocratique Populaire (PDP) à l’aidede la caméra de son téléphone cellulaire.

Le téléphone cellulaire d’Otabor et sacarte d’identité lui ont été restitués plustard suite à l’ intervention d’autresjournalistes auprès du chef de l’AC. Il aété ensuite emmené à l’Hôpital Lifelinepour y recevoir des soins.

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24 Juillet 2010ALERTE Nigeria : Lecorrespondant d’unjournal fait état demenaces de mort, se tientcachéDare Odufowokan, le correspondant del’hebdomadaire privé de Lagos NationalLife a prétendu recevoir des appels depersonnes inconnues menaçant des’occuper de lui à cause de son report-age intitulé « Ogidi, l’enfant gâté ». Selonl’un des demandeurs, ce reportagepresente la première famille de l’Etatd’Ogun sous un mauvais jour. Le premierappelant qui serait une femme, de par savoix, a accusé le reporter de trainer lesnoms des enfants du Gouverneur de l’Etatd’Ogun, Otunba Gbenga Daniel, dans leseaux ténébreuses de la politique.Odufowokan a dû faire déménager safamille immédiatement et se tenir caché.

Dare a déclaré que le 2 juillet 2010,aux environs de 9h45, son téléphone asonné et lorsqu’il a décroché, il a vu quele numéro de appelant n’était pas affiché.Il a dit qu’une voix de femme a demandéà parler à Dare Odufowokan. Il a dit avoirdemandé à connaitre l’identité de del’appelant et que ce dernier lui a répondu: « De toute façon, je crois parler à Dare.Je veux juste vous assurer que vouspaierez pour les bêtises que vous avezécrites dans votre journal aujourd’hui. Vousl’avez toujours fait, mais cette fois, ce serala dernière » a-t-elle menacé.

Dare a révélé ceci six heures plus tard.Le même jour, il a reçu un autre appeldont le numéro est resté caché. Mais cettefois, c’était une voix masculine quidemandait à savoir s’il continuait de vivredans sa maison à Ojodu, un quartier deLagos. Il a raccroché lorsque le journalistea refusé de lui apporter la réponseappropriée. L’appelant a refusé des’identifier.

Environ dix minutes plus tard, il reçutun troisième appel. Cette fois-ci, l’appelant

a informé le journaliste que bientôt, ilrecevrait des nouvelles du pelotond’exécution.

Dare a ajouté que des appels similairesse sont rapidement succédés ; ce qui luia fait éteindre son téléphone cellulaire.

Selon Dare, un collègue l’a appelé plustard sur une autre ligne pour l’informerque certaines personnes l’ont appelé pourdemander ses numéros de téléphone etl’adresse de sa résidence. Cette situationl’a obligé à faire déménager sa famille età se cacher. Il a ajouté que le dimanchematin, il a reçu un appel du président duconseil de la collectivité locale qui l’asupplié d’être prudent étant donné que sonnom figure sur la nouvelle « liste deshommes de main » établie par certainspoliticiens de l’Etat d’Ogun.

Dare Odufowokan est le Président dela Section syndicale Nationale LIFE del’Union des Journalistes du Nigeria (NUJ).

20 octobre 2010ALERTE Nigeria : Lerédacteur en chef d’unbimensuel sauvagementbattu et hospitaliséInnocent Chukwu, rédacteur en chef dubimensuel de Lagos Tentacles, a étésauvagement battu par des hommessoupçonnés être des agents du Servicedes Douanes du Nigeria et des présuméscontrebandiers opérant à Sèmè, une villesituée à la frontière Nigeria/Bénin. Sa têteétait enflée et bandée, ses jambes casséeset bandées aussi. On soupçonne quel’agression est liée à l’édition du 31 octobre2010 du bimensuel intitulé : « Les impor-tations illégales d’armes à la hausse auxports et aux postes frontaliers : la douanereconnait la porosité des ports. » Il auraitété brutalisé sous les ordres d’El HajMaitama Kura, Contrôleur de Zone desDouanes à la frontière de Sèmè.

Narrant son supplice, Chukwu a racontéque le 19 octobre 2010, le Chargé des

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Relations Publiques des Douanes deSèmè, M. Olotah l’appelé sur sontéléphone et l’a invité à rencontrer El HajMaitama Kura, le Contrôleur de Zone desDouanes à la frontière de Sèmè. Chukwua dit avoir annulé un rendez-vousprécédent pour en prendre un nouveauaprès que M. Olotah a dit que c’était im-portant et urgent.

Il a déclaré être allé au bureau desDouanes de Sèmè à midi, et qu’il lui a étédemandé de produire la cassette de soninterview avec El Haj Kura sous la men-ace que s’il manquait de le faire, il seraitarrêté par le Service de Sécurité de l’Etat(SSS, le service des renseignementsgénéraux du Nigeria). Il a dit avoir refuséde faire cas de la menace et leur a ditqu’il produirait la cassette en temps et lieuappropriés.

On lui a demandé d’attendre dans lebureau pour une autre interview quicorrigerait la mauvaise impression crééepar le reportage. Les autres journalistesprésents à la rencontre ont étésubrepticement renvoyés de la salle. Il adit qu’à ce moment, un autre agent desdouanes simplement identifié commeJappa est rentré dans le bureau et ademandé à son chef : « Oga, laissez-moiamener celui-ci aux gars de l’autre côté.»(Oga signifie en créole nigérian, chef oupatron). Il a dit qu’ils se sont murmuréquelques mots en haoussa, une des trois

principales langues du Nigeria, et ensuiteEl Haj Kura lui a demandé de «le suivredans l’autre bureau.»

Innocent a déclaré que Jappa l’aemmené dans un bureau où il y avaitenviron 50 hommes en uniforme, l’airfachés. Il a dit à ces hommes « Voici l’idiot.»

Il a en outre ajouté : « Les hommes aunombre de 50, m’ont emmené, m’ontbandé les yeux et conduit à un lieu se-cret. »

« Ils m’ont déshabillé, m’ont attaché lespieds et les mains et pendu au mur. Ils seservirent de cigarettes incandescentespour brûler mes organes génitaux. Ils sesont aussi servi de brindilles de balai pourpercer mon pénis.» Lorsqu’ils ont fini, ilslui ont demandé de remettre ses habitsqu’ils avaient auparavant déchirés, l’ontemmené au bord du fleuve, probablementpour l’y laisser se noyer.

Il a déclaré avoir été sauvé parl’ intervention d’un homme d’unesoixantaine d’années qui les a mis engarde de ne pas le tuer et les a informésque le Contrôleur de Zone lui avait ditqu’Innocent avait été enlevé de son bu-reau.

Il a ajouté que les mêmes hommes quil’ont brutalisé l’ont reconduit au bureaud’El Haj qui s’est arrangé avec despoliciers de la frontière pour qu’ilsl’amènent à l’hôpital où il fut traité.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 133

Sénégal

Président AbdoulayeWade

Aperçu généralSitué à l’extrême ouest du continentafricain le Sénégal s’étend sur unesuperficie 196 722 km² pour une popula-tion estimée à près de 12 millionsd’habitants, selon les chiffres de l’année2006 de la Banque mondiale. Le Sénégalest limité à l’ouest par l’océan Atlantique(530 km de côte), au nord par laMauritanie, à l’est par le Mali, au sud parla Guinée et la Guinée Bissau. La partiesud est séparée du reste du pays par laGambie, enclavée dans le territoiresénégalais, sur une bande de terre longuede 350 km en bordure du fleuve Gambie.

Ce pays composé à majorité demusulmans travaille avec le françaiscomme langue officielle. La monnaie dupays est le Cfa et la population active selonles dernières estimations (2006) est deprès de 5 millions.

Situation politique

La situation politique au Sénégal en 2010a été assez stable avec un régime aupouvoir qui gouverne, une partie del’opposition représentée au Parlement etune autre opposition dite majoritaire quiavait boycotté les dernières électionslégislatives regroupé dans une structuredénommée Bennoo Siggil Sénégal (Unionpour redresser le Sénégal), et une sociétécivile très active. Cependant, l’instabilitéinstitutionnelle et gouvernementale sembleêtre une méthode de gouvernance d’unprésident de la République qui aconsommé en une décennie, six Premiers

ministres et den o m b r e u xremaniementsministériels.

Tout au long del’année, l’électionprésidentielle de2012 est au cen-tre des débatsavec l’annoncede la candidaturedu PrésidentWade qui aura86 ans en ce mo-ment. Sesopposants bienque réunis parcadre de luttecommun peinent à trouver un candidatunique, alors que tous dénoncent unevolonté monarchique chez le PrésidentWade qui voudrait se faire succéder parson fils.

La presse continue de jouer les arbitresdans l’actuelle situation de calme, au pointque l’on considère parfois qu’elle joue lerôle de l’opposition. En tout cas la presseprivée sénégalaise se positionne commeun empêcheur de mal gouverner. Car leplus souvent, elle met à nu et dénonce lesscandales liés à la mauvaise gouvernancedu régime en place.

Aperçu des médiasDans un contexte de pré-campagneélectorale, avec la candidature annoncéedu Président Abdoulaye Wade, pour laprésidentielle de 2012, le paysage

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médiatique sénégalais de 2010 secaractérise par une expansion fulgurantede la presse en ligne qui offre de plus enplus des images et du son. Aussi certainesde ces sites d’information générales fontdes efforts de collecte et traitement del’information, ne se contentant plus deplaquer des articles de la presse écrite.D’ailleurs, des éditeurs de presse ontconvenu, depuis 2009, d’une interdictionformelle de la reprise de leurs articles parla presse en l portails d’informationsgénérales, sous peine de poursuitesjudiciaires.

Par ailleurs, 2010 a aussi connul’arrivée de nouveaux titres quotidiensvendus à 100 francs. Un boom dans lemonde médiatique concernant tous lessupports avec une diversification desoffres : des quotidiens d’informationsgénérales, sportives ou people, des maga-zines hebdomadaires, bi-mensuels oumensuels, des agences de presse, en plusde la presse étrangère. Les prix de ventevarient, selon les supports, de 100 à 15OOfrancs CFA.

L’impression reste un casse-tête majeurpour les éditeurs de presse, même si 2010n’a pas connu de pénurie de papier.Toutefois la plupart des groupes de pressedisposent de rotatives pour les formatstabloïdes

Concernant l’audio, les stations Fmoffrent une variété de programmes allantdu général aux radios thématiques (musi-cales, religieuses, communautaires). Desprogrammes nationaux et internationaux,en langues locales, française (officielle),en anglais et même aujourd’hui en chinois.A propos du visuel, le pluralisme entaméces dernières années s’est poursuivi avecl’autorisation d’émettre accordée à laTélévision futurs médias (TFM). Leprésident Abdoulaye Wade qui s’estopposé pendant plus d’une année àl’attribution de fréquence à la TFM, malgréune pétition signée par des milliers deSénégalais, a fini par revenir sur sadécision. Ainsi, la Tfm qui se veut une

télévision culturelle émet depuis octobre2010. De sorte que les Sénégalais ontdésormais le choix entre 2STV, Canal infonews, RDV, Walf TV et SN2, en plus dela RTS (la télévision de l’Etat), et leschaînes internationales.

Les difficultés financières sont souventinvoquées par les patrons de presse pourjustifier des retards de salaires oucertaines restrictions qui rendent plus oumoins précaires les conditions de travaildes journalistes. Les cas les plus illustratifsen 2010 ont été ceux de la radio OcéanFM et de Canal info news où lestravailleurs sont restés des mois sanssalaires au point de descendre dans larue pour réclamer leurs dus. En matièrede salaire, le mot d’ordre de 2009, duSyndicat des professionnels del’information et de la communication(Synpics) est toujours d’actualité : ildemande à ses membres d’observer unarrêt de travail à partir du 9 de chaquemois, s’ils ne sont pas payés.

Tout en exigeant de meilleures de con-ditions de travail pour les journalistes, leSynpics, de même que d’autres structuresregroupant des professionnels, demandentl’arrêt de certaines pratiques desjournalistes qui exigent des frais de trans-port aux organisateurs de manifestationsqu’ils sont censés couvrir.

Par ailleurs, en plus des journaux ditde la Présidence, qui sont entretenus pardes militants (souvent des ministres ouancien ministres) du Parti démocratiquesénégalais (Pds) au pouvoir, il y a aussides stations Fm.

Régulation des médiasEn matière de régulation, le Sénégal s’estpenché en 2010 sur la finalisation du Codede la presse. En effet, tout au cours del’année, le gouvernement et lesprofessionnels réfléchissent sur un Codede la presse qui va désormais réglementerl’exercice de la profession de journaliste.Car la loi 96-04 qui jusqu’à présent, régulela presse sénégalaise, est aujourd’hui

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 135

jugée obsolète, dans un contexte où lapresse sénégalaise se caractérise par undéveloppement fulgurant avec le boom desradios, la montée en puissance de latélévision et l’émergence de nouveauxmédia, comme la presse en ligne. Uneévolution de la profession qui n’a pas étéaccompagnée par une évolution des textesqui régissent la presse.

Ainsi en prélude à une concertationnationale sur la presse, des représentantsde l’Etat, des journalistes, des techniciens,des patrons de presse, des juristes, desmembres de la société civile etparlementaires travaillent sur un nouveautexte consensuel. Ce Code prendra encompte toutes les préoccupations desjournalistes et des entreprises de presseet permettra d’assainir un milieu où la for-mation est, désormais, primordiale, pourrevendiquer le statut de journaliste.

Selon le directeur de la communica-tion, au Ministère de l’Information et laCommunication, Pape Atoumane Diaw,l’objectif est d’avoir un Code de la pressequi tient compte «du besoin du citoyend’avoir accès à une information plurielleet des professionnels des média de dis-poser de la liberté d’accéder àl’information» «Il n’y a pas de liberté sanslimites. Ce qui implique la responsabilitédes média et des professionnels desmédia. Ainsi, de l’affirmation de la libertéde la presse, qui est un principe devaleur constitutionnelle, nous passons àla théorie moderne du droit du public àl’information avec la détermination delimites nécessaires dans une sociétédémocratique. Le Code de la presse vaconsacrer ces principes». Il s’agira d’un«Code de la presse qui va consacrer leslimites nécessaires devant protéger dansun régime démocratique le citoyen, lepublic et les institutions», expliquait PapeAtoumane Diaw en marge d’un atelier deréflexion qui a réuni, en plus desreprésentants des média et du ministèrede la Communication, des parlementaires,des magistrats, des représentants du

ministère des Finances, des autoritésreligieuses.

Par ailleurs, considérant que c’est lemode de financement qui dicte le type deprogrammation, le rapport général de lapré-concertation sur la presserecommande un financement de la RTS(Radio Télévision sénégalaise) par uneredevance télé qui l’aiderait à se départirde sa logique de programmationcommerciale, pour sa mission originellede média de service public. Ce quilaisserait une bonne part de la publicitéau secteur privé, tout en garantissant lepluralisme, justifie-t-on. Les ressourcesgénérées par une redevance télé adosséesur les flux dynamiques destélécommunications et télé-servicespourraient également alimenter le fondsd’aide et de garantie de la presse.

Les structures d’autorégulation restentles mêmes depuis 2009. Il s’agit du Comitépour l’Observation des Règles d’Ethiqueet de Déontologie (Cored), du Conseil deséditeurs et diffuseurs de presse (Cdeps)qui fédère les supports audiovisuels, écritset en ligne. Cela en plus des structurestraditionnelles : le Syndicat desprofessionnelles de l’information et de lacommunication (Synpics), la Conventiondes jeunes reporters du Sénégal (Cjrs)qui gère 10 % de l’aide allouée à lapresse, pour la formation de ses membres.

Le Comité pour la défense et la protec-tion des journalistes (Cdpj), installé en2008, après l’agression contre deuxjournalistes par des policiers au stadeLéopold Senghor de Dakar est en léthargiedepuis des mois. Cette affaire qui remonteau 21 juin 2008 et dont l’enquête a étéconfiée à la gendarmerie nationale estpassée devant le juge cette année. Leprocès n’a pas encore livré son verdict.

Le Conseil national de régulation del’audiovisuel (Cnra), qui n’a toujours pasde pouvoir coercitif, continue de livrer sesavis trimestriels sur les dysfonctionne-ments des organes sous son contrôle etqui ne respectent pas toujours sesrecommandations.

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Environnement juridiqueEn attendant l’adoption et l’application dece Code de la presse, l’exercice de la pro-fession est toujours régi par la Loi 96-04,donc selon le Code pénal ou le Code deprocédure pénale. Cette Loi estaujourd’hui de plus en plus dépassée parl’évolution de l’environnement des média,caractérisé par le pluralisme médiatique,l’évolution technologique avec Internet,l’apparition de nouveaux acteurs et dujournalisme en ligne.

En outre certains acteurs estiment quela Loi 96-04 ne comportait pas de dispo-sitions particulières et claires surl’audiovisuel (télévision) public commeprivé ainsi que les média en ligne.Concernant le statut du journaliste, la Loi96-04 donnait une définition du journalistejugée minimaliste parce que «axée sur lapratique et les revenus sans aucune al-lusion ni à la formation ni à l’expérience,etc.» Avec le Code de la presse, le critèreprincipal de définition du journaliste serala formation sanctionnée par un diplôme,dans une école de journalisme reconnuepar l’État.

En outre, le Code de la presse vas’intéresser à la dépénalisation du délit depresse à laquelle s’oppose toujours lesmagistrats. La proposition sera alors la«déprisonnalisation» en cas de faute dujournaliste. C’est-à-dire des sanctions al-ternatives qui ne seront pas privatives deliberté comme le retrait de la carte,l’interdiction d’exercice, etc.

D’ici là les journalistes sénégalaisrestent soumis aux rigueurs du Code pénal,notamment avec son article 80 à proposdes troubles publics. Cet article estsouvent convoqué pour justifier un mandatde dépôt ou refuser une demande deliberté provisoire.

Cependant la liberté de presse etd’expression est garantie par l’article 8 dela Constitution sénégalaise dont l’article10 précise : «Chacun a le droit d’exprimeret de diffuser librement ses opinions parla parole, la plume, l’image, la marche

pacifique, pourvu que l’exercice de cesdroits ne porte atteinte ni à l’honneur età la considération d’autrui, ni à l’ordrepublic.»

Mais l’esprit de cet article n’est pastoujours respecté. Car la censure estparfois de rigueur, même si elle ne faitpas toujours l’objet de déclaration officielle.Elle se manifeste par des interdictions demarche, de diffusion de livres bloquéssouvent par la Douane.

D’autre part l’Article 11 de la Constitu-tion, «la création d’un organe de pressepour l’information politique, économique,culturelle, sportive, sociale, récréative ouscientifique est libre et n’est soumise àaucune autorisation préalable».

La loi du 02 février 1996 précise enson article 15 que «tout organe de pressepeut-être publié sans autorisationpréalable et sans dépôt decautionnement, après accomplissementdes formalités prescrites par les articles16 à 18». Mais, les organes de presseont l’obligation de procéder à un dépôtlégal, avant distribution à la Direction dela surveillance du territoire national (Dstn),une division du ministère de l’Intérieur.

L’attribution des fréquences radio ettélévision, en principe relève de l’Agencede régulation des télécommunications etdes postes (Artp) sur avis (trèsdéterminant) du ministère de l’Information,et de la présidence de la République.D’ailleurs, l’Artp reste sous la tutelle duprésident de la République.

Rapports gouvernement-médiasLes relations presse-pouvoir en 2010 sontplutôt marquées par le dialogue notammentavec la concertation sur le Code de lapresse et différentes audiences entre lePrésident de la République et les patronsde presse. Même si le début de l’année aété marquée par un différend entre leministère de la Communication et certainspatrons de presse qui dénonçaient la

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 137

Sénégal

répartition de l’aide à la presse, la fin de2010 est marquée par une remise sur lafiscalité des entreprises : le président dela République Abdoulaye Wade a décidéd’éponger les dettes fiscales (soit 12 mil-liards de francs Cfa — environ 27 mil-lions de Us dollars) des entreprises depresse, a annoncé le ministre de la Com-munication, lors du vote de son budgetdevant l’Assemblée nationale au début dumois de novembre 2010.

Attaques contre les médias2010 n’a pas connu de grande tensionscontre les journalistes. Toutefois, lejournaliste investigateur Abdou Latif

Coulibaly a été victime d’un cambriolagepour lequel il soupçonne une implicationdu gouvernement. D’autant que les fichiersde son prochain livre sur les droitshumains ont été écrasés.

Par ailleurs, l’ancien ministre FarbaSenghor, présumé commanditaire dusaccage n’est nullement inquiété, alorsqu’après instruction du juge, le ministrede la Justice avait demandé sa traductiondevant la Haute cour de justice. Depuislors, c’est l’impunité, de même que pourles agresseurs en 2008 des journalistesKambel Dieng (Radio futurs médias) etKaramokho Thioune (West african de-mocracy radio)

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ALERTES

5 juin 2010ALERTE Sénégal : Lapolice prend d’assaut uneMaison d’édition et arrêtela publicationDes policiers en tenue civile se sontintroduits de force pendant la nuit dans lamaison d’édition du journal Le Populaire,un quotidien indépendant basé à Dakar,et arrêté le travail sur la prochaine éditiondu journal.

Des équipements du Populaire tels quedes plaques et du papier de journal ontété confisqués par les policiers.

La police a pris cette action pourempêcher le journal de publier une pétitionde Bara Tall, un entrepreneur etactionnaire majoritaire du Groupe Comm7, éditeur du journal Le Populaire.

Dans sa pétition, Tall avait demandéqu’une enquête soit menée sur ladisparition de la somme de 20 milliardsde Francs CFA (environ $US 445 millions)qu’un groupe de télécommunication privé,SUDATEL, avait payé au gouvernement,suite à l’octroi d’un permis d’exploitation.

Lorsque les agents de police ont faitirruption dans les locaux, le portail étaitfermé à clé. Ils sont donc allés chercherle concierge de la maison d’édition, PapeDiouf, l’ont embarqué et brièvementinterrogé au ministère de l’Intérieur avantde le contraindre à ouvrir le bureau. Il aété libéré après avoir fait une déposition.Tall a dénoncé cette action policière, touten disant qu’il n’était pas pour le moinsperturbé et qu’il ferait circuler la pétitionpar Internet. La publication du journal aété reprise depuis lors.

6 juillet 2010ALERTE Sénégal: Unjournaliste est agressé pardes loyalistes d’uneministre et menacé de mortNajib Sagna, un reporter de Walf GrandPlace, un quotidien privé basé à Dakar,aurait été attaqué par quatre agresseurs,y compris une parente de MadameGoumba Gaye, vice ministre de la Justiceet des Droits de l’Homme.

Les agresseurs ont physiquementagressé Sagna aux environs de 11H45 TUlorsqu’il se rendait au travail.

L’attaque a fait suite à un article signéde Sagna sur Madame Gaye dans l’éditiondu 5 juillet du journal qui n’a pas plu auxagresseurs.

L’article intitulé “Les petits secrets dela petite ministre” a fait savoir que Ma-dame Gaye avait un fils par un autreministre d’Etat, membre de l’actuelgouvernement. L’article a par ailleursallégué que la vice ministre a eu à arrêterses études à cause de la grossesse.Madame Coumba Gaye a refusé de parlerau journaliste avant la parution de l’articledans le journal.Sagna a affirmé qu’il a reconnu deux deses agresseurs. « Il s’agit de Ndeye Gaye,la sœur de la ministre, et Baye Ndoye,celui qui a tenu le micro lors d’une mani-festation que la ministre avait organiséela semaine dernière », a-t-il déclaré.Selon le reporter, Ndeye Gaye lui a ditqu’il avait signé son propre «arrêt de mort»pour avoir rédigé un article sur sa sœur.

26 août 2010ALERTE Sénégal: Unrédacteur est incarcérépar défautLe Tribunal correctionnel de Dakar areconnu Express News, un journal

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 139

progouvernemental, coupable dediffamation contre Pape Samba Mboup,directeur de cabinet du PrésidentAbdoulaye Wade.

Le Tribunal a condamné par défaut ledirecteur de publication du journal,Abdourakhmane Diallo, à six mois fermede prison et a également condamné FarbaSenghor, le patron du groupe ExpressNews, à payer au plaignant la somme de20 millions de francs Cfa (environ $US44 445), à titre de dommages et intérêts.

Mboup a entamé cette procédurejudiciaire suite à la publication d’un ar-ticle dans l’édition du 23 juin du journalExpress News dans lequel il a été traitéde « mercenaire politique ». L’article aégalement qualifié Mboup de « dangerpermanent pour le régime qui viole les se-crets d’Etat. »

Le correspondant a affirmé que le jour-nal a aussi traité le directeur de cabinetde « soulard qui n’a aucune crédibilité àcause de l’alcool. »

2 octobre 2010ALERTE Sénégal: La Policemalmène des journalistesUn groupe de journalistes ont étémalmenés par six policiers venus dePikine, une ville située à l’est de Dakar, lacapitale du Sénégal, pour avoir assuré lacouverture d’une manifestation « illégale».La caméra de Najib Sagne de Walf TV etle dictaphone de Moussa Thiam de SudFM ont été brièvement confisqués par lespoliciers lorsqu’ils se sont opposés à leurarrestation.

Sur l’intervention d’un officier de Po-lice supérieur, la caméra de Sagne lui aété restituée. Toutefois, son téléphonecellulaire et le dictaphone de Thiam neleur ont pas été restitués.

Les journalistes s’étaient rendus dansle quartier pour couvrir la manifestationde certains habitants courroucés quiétaient en révolte contre le tauxd’indemnisation que les autorités leurproposaient afin de les déguerpir dans lecadre de la construction d’une autorouteà péages.

140 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Sierra Leone

Président Ernest Bai Koroma

Aperçu généralLa Sierra Leone est un Etat Républicaind’une population de six millions habitantset une superficie de71 740 kilomètrescarrés. Elle estlimitée au Sud par leLiberia, au Nord et àl’Est par la Guinée, età l’Ouest par l’OcéanAtlantique.

Le pays a étéclassé 134ème sur les180 pays couvertspar l’Index de Per-ception de la Corrup-tion de TransparencyInternational pourl’année 2010. Ce classement montre quele pays a avancé de 12 points par rapportà celui de l’année passée.

Le Rapport sur l’Index deDéveloppement Humain présentérécemment par les Nations Unies amontré que la Sierra Leone aremarquablement progressé, passant de167ème à 158ème ; ce qui indiqueindéniablement que le Gouvernement aréussi à améliorer la qualité de la vie enSierra Leone, même si la nation qui sortd’une des guerres les plus sanglantes etdestructives de l’histoire humaine, con-tinue d’être confronté à plusieurs défis.

Depuis la première publication du rap-port annuel en 1990, la Sierra Leoneoccupait le tout dernier rang de l’index.Plusieurs fois, d’année en année, elle aété, en effet, considérée comme le pays

le plus pauvre de la terre et la nation lamoins développée du monde.

La Sierra Leone continue d’avoir le tauxde mortalité maternelle le plusélevé, 847 par 100 000naissances vivantes avec uneespérance de vie de 47, 3 ans.

La Sierra Leone a étédévastée par 11 ans de guerrecivile qui a pris fin en 2002.Des milliers de personnes y onttrouvé la mort tandis que plusde 2,5 millions se sont refugiédans les pays voisins.L’économie, les infrastructureset la cohésion sociale du paysont été sévèrement touchées.

Le Tribunal Spécial pour laSierra Leone appuyé par les NationsUnies, a terminé les procès de membresde toutes les factions de la guerre àl’exception de l’ancien président libérien,Charles Taylor, qui est actuellement jugéà la Haye, Pays Bas, pour crime contrel’humanité. Les principaux dirigeants duFront Révolutionnaire Uni (RUF) et de lamilice Kamajors jugés coupables, purgentdes peines de prison au Rwanda.

Aperçu des médiasAu cours de l’année à l’étude (2010), lesmédias sierra léonais ont continuéd’opérer dans un environnementrelativement libre, mais toutefois avec unsens de responsabilité et d’adhésion aucode de conduite des médias.

A part quelques rares incidents qui ontentamé la liberté de la presse dont se

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 141

targue le pays, il serait justifié d’affirmerque pendant toute l’année 2010, lesmédias ont joui d’une relative libertécomparativement à plusieurs autres pays.Il y a eu des cas où des journalistes ontété malmenés par des personnes tropzélées (la police par exemple) qui necomprennent toujours pas le rôle et laresponsabilité du journaliste dans unesociété démocratique. Toutefois, la Com-mission Indépendante des Médias (IMC)et l’Association des Journalistes SierraLéonais(SLAJ) et certaines organisationsde la société civile ont promptementcondamné vivement ces actes. Danschaque cas, l’IMC a rappelé aux auteurs,l’existence de son comité de réclamationset de plaintes, qui analyse avec diligence,les plaintes faites à l’endroit de journalistes.

La Radio de l’ONU et le Service deRadiodiffusion et Télévision de la SierraLeone (SLBS) se sont fusionnés pourdevenir l’Office de Radiodiffusion etTélévision de la Sierra Leone (SLBC). LaSLBC offre actuellement une couverturenationale de 24 heures et fait le compterendu objectif, fiable et authentique detous les évènements tels qu’ils surviennentdans le pays.

Il y a aussi le Cotton Tree News, unpartenariat entre la Fondation Hirondelleet l’Université Fourah Bay, qui émetchaque jour pendant six heures et qui dif-fuse des nouvelles et actualitésindépendantes pour l’ensemble du pays.

Les installations destinées aux institu-tions médiatiques ont été remarquable-ment améliorées dans le pays. Certainsjournaux de la place disposent maintenantde leurs propres machines d’impression,et la plupart des journaux ont desordinateurs et accessoires. Toutes cesaméliorations ont eu un impact positif surla qualité des produits de la presse écrite.

Cependant, l’IMC ne dispose pas de lacapacité de surveiller les nouveaux médias— l’internet et les autoroutes del’information – où surviennent denombreuses violations du code dedéontologie des médias.

L’absence de critères pour la carrièrede journaliste consiste aussi un autre défi.Cette situation a entrainé un nombre crois-sant de pseudo-journalistes dans unenvironnement où le taux chômage est trèsélevé.

La Sierra Leone dispose actuellementde 61 stations de radiodiffusion — dont laplupart sont communautaires — répartiessur l’ensemble du territoire. De huitjournaux enregistrés en 2000, on encompte aujourd’hui 60 dont 45 paraissentrégulièrement. A la fin de l’année 2010,un total de cinq chaînes de télévision sesont inscrites auprès de l’IMC. Toutefois,une seule chaîne — la SLBS TV —fonctionne.

Avec l’octroi de licences à des stationsde radiodiffusion et des organes de presseécrite, l’IMC a mis en place une équipede contrôle en vue d’assurer que cesorganes travaillent dans les limites du codede déontologie en vigueur dans le pays.

L’équipe de contrôle nommée dans toutle pays par l’IMC pour contrôler le travaildes médias pendant les élections de 2007et 2008, a été dissoute en 2008 pourmanqué de financement. Toutefois, avecl’assistance du Fonds des Nations Uniespour l’Edification de la Paix, l’équipe a étéremise sur pied en 2009. Un départementchargé du contrôle a été mis sur pied ausecrétariat de l’IMC et des démarches sonten cours pour l’acquisition d’unéquipement de contrôle de dernièregénération.

Le département de contrôle aura encharge l’importante tâche de contrôler lesinstitutions médiatiques dans tout le paysen prélude aux élections parlementaires,présidentielles et municipales prévues pour2012.

Environnement juridiqueLa SLAJ n’a pas obtenu gain de causedans le procès intenté près la CourSuprême pour l’abrogation desdispositions relatives à la diffamationcontenues dans l’ignoble Loi de 1965 sur

142 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

l’Ordre Public. Le Parlement a voté uneloi qui fait du Service de Radiodiffusionde la Sierra Leone (SLBS), une Enterprisepublique indépendante : l’Office deRadiodiffusion de la Sierra Leone (SLBC).

Après des mois d’âpre et intense lob-bying auprès des députés et ministres dugouvernement par la Coalition pour le Droita l’Information (FOIC) et la SLAJ, legouvernement a approuvé le projet de loiFOI qui sera déposé devant la Chambredu Parlement.

Le 16 Septembre 2010, au cours d’unatelier de sensibilisation d’un jour relatifaudit projet de loi, le Ministre SierraLéonais de l’Information et de la Commu-nication, Alhaji Ibrahim Ben Kargbo, ainformé les diverses parties prenantes quele projet de loi a été porté devant le publicpour leurs contributions et qu’ensuite, ilsera envoyé vers le Parlement.

Les médias, les organisations de lasociété civile et de défense des droits del’homme ont demandé au Parlement deprendre des mesures immédiates pourabroger les dispositions criminelles etséditieuses relatives à la diffamationcontenues dans la Loi de 1965 concernantl’Ordre Public.

Organes de RégulationL’IMC est l’un des piliers de la démocratieétabli par le gouvernement en collabora-tion avec la SLAJ pour promouvoir labonne gouvernance et la liberté de lapresse en Sierra Leone. Au cours desannées 2009 et 2010, le conseild’administration et les comités de la Com-mission se sont réunis régulièrement envue de remplir leur mandat et leursresponsabilités.

Les principales fonctions de la Com-mission sont :

1. Promouvoir une presse libre etplurielle dans tout le pays ;

2. Veiller à ce que toutes les institu-tions médiatiques atteignent un hautniveau d’efficacité ;

3. Protéger l’intérêt du public contre lesabus des institutions médiatiques ;et, surtout

4. Conseiller le gouvernement par rap-port à la formulation et à l’applicationde politiques concernant les médias.

La Commission a commencé sesopérations en 2001 après la promulgationdu projet de la loi portant création de l’IMCen 2000 en tant qu’organe de régulationdes institutions spécialistes des massmédias et autres questions y afférentes.

Le travail de la Commission est assurépar des comités, à savoir le comité desplaintes et réclamations, le comité tech-nique, le comité politique et le comité descandidatures. Les décisions de tous lescomités sont envoyées au Conseil pourapprobation. Ces décisions sont ensuitemises en application par le secrétariat.

Par exemple, le comité des plaintes etréclamations est responsable des investi-gations de plaintes relatives aux violationsdu Code de Déontologie des Médias, etde l’arbitrage entre le public et les institu-tions médiatiques.

Pendant les délibérations du comité, lesplaignants et les accusés sont convoquéspar écrit à une audience au secrétariatde l’IMC. Le secrétariat demande enprésence des accusés, aux personnes ouinstitutions lésés de soumettre leursplaintes. Ensuite, les accusés ont aussil’opportunité se défendre. Les travaux sontenregistrés et, à la fin des audiences, lecomité délibère par rapport à toutes lesinformations relatives à la plainte et dont ildispose. Ces informations comprennent,ce qui est très important, les matériels oula preuve dont dispose l’organe de pressepour réfuter les allégations qui constitu-ent souvent, l’objet de la plainte. Ladécision du comité sur le sujet est par lasuite communiquée au Conseil sous formerapport et recommandations pour ratifi-cation.

La recommandation envoyée auConseil, suit normalement la procéduresuivante :

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 143

Lorsqu’un journal ou une station de ra-dio publie ou diffuse une informationqui est perçue comme diffamatoire etque le rédacteur en chef ou le directeurde station n’a pu fourni des preuvespour attester de la véracité de son écritpendant les audiences, le comitérecommande que l’article ou del’information diffamatoire soit rétractédans les sept jours suivant réceptionde la lettre portant la décision de l’IMC,en accordant une place proéminente àla rétractation dans le journal ou surles antennes de la station radio. Larétractation doit être suivie d’une lettred’excuse adressée à la partie lésée etdont copie est envoyée au Présidentde l’IMC.

Le journal ou la station radio peut aussiêtre condamné à payer une amendesuivant les dispositions de la Loi portantcréation de l’IMC et du Code deDéontologie des Médias. Tout manquementdu journal ou de la station radio en ce quiconcerne l’application de la décision dela part du journal ou de la station radiopeut entrainer la suspension du journal oude la station radio. Si, toutefois, lerédacteur en chef ou le directeur de lastation radio fournit la preuve de la véracitédu sujet de l’article à la satisfaction ducomité des réclamations et plaintes,l’affaire est rejetée.

En général, au cours des années 2009et 2010, l’IMC a adopté une approcheconciliatoire. Par conséquent, à l’exceptionde quelques cas délicats, la Commissiona été en mesure de servir de médiateurdans chacune des plaintes, à la satisfac-tion de toutes les parties concernées.

Groupes professionnels desmédiasLa SLAJ a été établie avec le mandat dedéfendre la liberté de la presse, d’assurerdes programmes de formation auxjournalistes et d’appuyer ceux qui fontl’objet d’attaques, de définir et d’appliquer

les normes éthiques du journalisme, et decontribuer au développementprofessionnel des journalistes sierraléonais.

Récemment, le Conseil des Rédacteursen Chef de Journaux a été crée au niveaude la presse écrite du pays. Il existed’autres organisations des médias tellesque les Femmes dans les Médias, leSyndicat des Reporters Sierra Léonais,l’Association des Reporters Sportifs deSierra Leone et le Syndicat des Report-ers du VIH/SIDA, pour ne citer que ceux-là.

Les Prix Médias annuels institués parl’IMC en 2005 avec l’appui de Zain-SierraLeone (ex Celtel) sont devenus un aspectpermanent du travail de la Commission.Le prix 2009 a attiré d’autres partenaires,en particulier, la communautéinternationale qui a manifesté l’intérêtd’appuyer à l’avenir, les prix octroyés.L’objectif est d’encourager les institutionsmédiatiques à diversifier leurs reportageset d’y inclure une variété de questions dedéveloppement et de permettre parconséquent à un plus grand nombre dejournalistes de gagner des prix.

Renforcement de capacités etdéveloppementSuite à la construction d’un immeuble avecles fonds provenant de Open Society Ini-tiative Afrique l’Ouest (OSIWA), pourabriter le Département de Communicationde Masse à l’Université Fourah Bay, ledépartement a créé une station radioconsacrée à l’enseignement, Radio MountAureol, en vue de former desprofessionnels de la radiodiffusion. C’estla seule institution du pays qui produit unnombre limité de diplômés chaque année.Il existe aussi dans le pays, d’autres insti-tutions appelées “champignons” quiforment les étudiants qui n’ont pas été enmesure de remplir les critères d’admissionau Département de Communication deMasse de l’Université Fourah Bay.

144 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Sierra Leone

La SLAJ, l’organisation faîtière desjournalistes, organise des ateliers de for-mation lorsque des fonds sont disponibles.Les principaux bailleurs de fonds de laSierra Leone post-conflit pour ledéveloppement des médias sont l’Agencedes Etats Unis pour le Développement In-ternational (USAID), la CoopérationBritannique (DFID), la BBC Trust Fund,l’Agence Canadien pour le DéveloppementInternational (ACDI), et Open Society Ini-tiative Afrique de l’Ouest (OSIWA). L’IMCorganise aussi des ateliers et séminairesde formation à l’ intention desprofessionnels des médias dans tout lepays.

En dépit de ces efforts, lesprofessionnels des médias locaux serendent coupables de corruption, de re-portages politisés et inexacts. Ils pratiquentaussi l’autocensure.

Relations entre legouvernement et les médiasL’attitude générale du gouvernement àl’égard des médias s’est améliorée au

cours de ces dernières années et lenombre d’agressions à l’encontre desjournalistes a diminué. Toutefois, au coursde l’année à l’étude, divers incidents ontété perpétrés par des entité publiques etgroupes extra-légaux. A part quelquesrares incidents qui ont entamé la crédibilitédu pays en termes de liberté d’expression,les relations entre les médias et legouvernement pourraient être qualifiéesde cordiales au cours de l’année 2010.Les médias jouissent d’une relative libertépar rapport à plusieurs autres pays.

Attaques contre les médias.Le maintien de législations passées tellela Loi de 1965 concernant l’Ordre Publicqui pénalise la diffamation, menace aussila liberté des médias dans l’exercice de laprofession. Par exemple, en Octobre2010, un agent de police affecté audépartement de la circulation, a agresséphysiquement une journaliste qui aphotographié un groupe d’agents de po-lice en train de malmener un conducteurde taxi moto au centre ville de Freetown,la capitale du pays.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 145

Quelques stations de radio et desjournalistes de la presse écrite ont reçudes menaces de harcèlement et de vio-lences au cours de l’année 2010.

L’IMC a suspendu deux stations radiosappartenant au parti au pouvoir, le All

People Congress (APC) et au principalparti d’opposition, la Sierra LeonePeople’s Party (SLPP) pour propagationde messages divisionnistes. Les deux sta-tions sont toujours suspendues.

146 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

ALERTES

18 août 2010ALERTE Sierra Leone: UnTribunal met un journalisteen détention pour quatreheuresArthwah Maddie, reporter près du Tribu-nal du journal FOR DI PEOPLE, une pub-lication privée, a été mis en détention à laprison d’Etat Pademba Road pour environquatre heures sur les ordres de M.Bankole Shyllon, le juge du Tribunal deFreetown, pour avoir erronément réduitl’âge d’un jeune homme de 18 ans qui aété incarcéré pour inceste.

Maddie a été libéré tard dans le soirsur l’intervention de certains avocats.

Maddie a informé que le juge l’avaitinvité dans son cabinet au sujet de l’article.« Quand je suis entré dans son cabinet, ilm’a demandé si j’étais l’auteur de l’article,et j’ai dit oui. Il a ensuite ordonné madétention », a affirmé le reporter.

Selon le reporter, la faute est due à uneerreur de frappe faite par la dactylographedu journal.

Maddie a été traumatisé par l’incidentqui pourrait avoir un impact négatif surson travail au Tribunal.

24 septembre 2010ALERTE Sierra Leone: Unestation de radio reçoit desmenacesLa Direction et le personnel de Radio De-mocracy, une station de radio basée àFreetown, craignaient pour leur vie aprèsavoir fréquemment reçu des menaces dela part des inconnus.

Radio Democracy avait cesséd’émettre pour trois mois, suite à sonéviction de ses locaux après qu’un tribu-nal a lancé une ordonnance à cet effet.Ceci était dû au fait que la station ne

pouvait pas payer le loyer exorbitant quela propriétaire voulait prendre, soit uneaugmentation de $US 2 500 à $US 10 000par an.

Les menaces lancées à l’endroit de Ra-dio Democracy ont commencé lorsque lastation a annoncé qu’elle allait reprendreses émissions à partir de son bureautemporaire situé dans les locaux d’uneautre station de radio, Sky Radio, dont lapropriétaire, Hannah Johnson, aégalement été menacée.

Selon Umaru Fofanah, président del’Association des Journalistes de SierraLeone (SLAJ), ces menaces constituaient« une attaque totale contre la liberté de lapresse». Il a ajouté que « la SLAJ feraittout son possible afin de résister à cettetentative et à d’autres tentatives destinéesà empêcher les journalistes de s’acquitterde leur mission. »

13 octobre 2010ALERTE Sierra Leone: LaPolice malmène et détientune journaliste brièvementKadijatu Savage, journaliste del’Independent Observer, une publicationprivée, aurait été arrêtée et détenue pen-dant la nuit par des agents de la cellulechargée de la circulation routière de laPolice de Freetown pour avoirphotographié les brutalités qu’ils ontinfligées à certains motocyclistes.

Savage, qui s’était rendue au centred’affaires de la capitale en vue d’assurerla couverture d’une rafle policière contreles motocyclistes, a été passée à tabac etdétenue brièvement dans les locaux ducommissariat central de Freetown avantd’être libérée, suite à l’intervention de sondirecteur de publication, M. JonathanLeigh.

Les policiers ont bondi sur Savage et

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 147

l’ont passée à tabac lorsqu’ils se sontrendu compte qu’elle était en train de filmerles atrocités qu’ils infligeaient auxmotocyclistes.

« Je suis journaliste de l’IndependentObserver, j’ai dit au policier, mais il n’apas écouté et il s’est mis à me battre. Aprèsm’avoir malmenée, il m’a conduite au com-missariat central où il m’a dit qu’une in-culpation d’entrave à l’intervention de laPolice serait portée contre moi », a-t-elleconfié à la MFWA.

La journaliste a eu des douleurs partoutau corps, y compris à l’œil gauche.

La Direction et le personnel du journalont catégoriquement condamné l’actionmenée par la Police et élevé une protes-tation auprès de l’Association desJournalistes de Sierra Leone (SLAJ).

13 décembre 2010ALERTE Sierra Leone: Unministre ordonnel’arrestation desjournalistesQuatre journalistes de certains journauxindépendants basés à Freetown ont été etdétenus par la Police sur les ordresd’Allieu Pat Sowe, le ministre chargé desaffaires foncières du pays.

Les journalistes, Abdul RahmanKamara, Razrok Wurie, Sheik UnisaThoronka et Alfred Koroma respectivement

des journaux Torchlight, Satellite, GlobalTimes et African Champion, ont été remisen liberté plus tard et accordés la libertéprovisoire pour enquête policière.

Les journalistes s’étaient rendus auministère en vue de mener une enquêtesur des allégations de fraude présuméecontenues dans un rapport d’audit sur leministère. Toutefois, quand le ministre avu le rapport, il les a accusés de « pos-session illégale d’un document classé se-cret ».

Trois d’entre eux, Wurie, Thoronka etKoroma, ont bénéficié d’une mise enliberté « provisoire » après avoir passétrois heures en garde à vue. Toutefois, ilsont été arrêtés encore une fois. Surl’intervention de l’Association sierraléonaise des Journalistes (SLAJ), tous lesquatre ont été libérés plus tard aux envi-rons de 20 heures TU.

« La SLAJ dénonce catégoriquementcet acte perpétré par un ministre quiordonne l’arrestation des journalistes quisont en train de mener une enquête surune question d’importance nationale etd’intérêt public », a déclaré UmaruFofana, le président de la SLAJ. Il ademandé à la Police de ne pas porteratteinte à l’enquête que menaient lesjournalistes sur la disparition apparente dedizaines de milliers de dollars américainsdes fonds ICF accordés au ministère desAffaires foncières tel que contenu dansledit rapport d’audit.

148 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Togo

Président FaureGnassingbe

Aperçu généralPolitiquement alité par une crisesociopolitique permanente qui dure plusde deux décennies, le Togo traîne lespas en matière de démocratie et des droitsde l’homme, quoique la situation ait changéun peu depuis cinq ans.

Limité au sud par l’Océan atlantique,au nord par le Burkina Faso, à l’est par leBénin et à l’ouest par le Ghana, le Togo aune superficie de 56 785km2. Sa population estestimée à ce jour à unpeu plus de 6 millionsd’habitants.

Du 6 au 19 novembre2010, s’est déroulé dansle pays le 4e recensementgénéral de la populationet de l’habitat (4e RGPH)qui permettra de dresserle nombre exact de lapopulation après 29 ans,le dernier recensementdatant de 1981.

Le pays est dirigé parFaure Essozimna Gnassingbé, fils dudéfunt président Eyadéma Gnassingbé.

Arrivé au pouvoir dans des conditionscontroversées suite à des élections jugéespas démocratiques en 2005, il est rééluen mars 2010 pour un nouveau mandatde 5 ans.

Depuis, la vie sociopolitique ne s’estpas décrispée, car les libertés publiquesne sont pas totalement respectées. Il existetoujours des entraves à la liberté demanifester et le ralliement de l’ex-leader

de l’opposition, Gilchrist Olympio de l’Uniondes forces de changement(UFC) au partiau pouvoir, n’a pas changé grand-chose.

Aperçu des médiasLa situation de la presse n’a pas changéau Togo.

On note une trentaine de journaux quiparaissent régulièrement chaque semaine,et certains hebdomadaires se sont

transformés en quotidien. Ils’agit de Forum de la semaineet Liberté.

D’autres hebdos sontdevenus tri hebdos par exempleLe Correcteur et un trihebdo,Golfe Info, est devenu hebdopour des raisons financières.

L’on dénombre plus de 80 ra-dios privées, 11 TV privées dontune publique, 4confessionnelles et le restecommerciales.

Mais, malgré la floraison detitres et de radios, le constatgénéral est qu’il n’existe pas de

véritables entreprises de presse.Beaucoup de médias n’ont pas de siègemis à part les radios et télévisions privées.Ils sont mal structurés et n’utilisent pas unpersonnel conséquent.

Les journalistes sont demeurés pauvreset cela a de sérieuses influences sur laqualité des articles et émissions etégalement les prédispose à la corruption.

Cependant, ce qui a beaucoup changé,c’est le ton de la presse. Elle est devenueplus critique et utilise un ton beaucoup

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 149

plus dur vis-à-vis du pouvoir, des politicienset même des diplomates et des bailleursde fonds.

Les radios qui adoptaient souvent unton assez complaisant, ont changé. Atravers des émissions interactives aucours desquelles elles invitent desjournalistes à commenter l’actualiténationale et surtout politique, ellesdénoncent les dérives du régime et lesactions du gouvernement.

Le journalisme devient plus engagécomme dans les années 90, début de larévolution au Togo pour plus de démocratieet de droits de l’homme.

Ce qui fait qu’entre juillet et septembre,on a enregistré une douzaine de plaintescontre des journaux dont 5 du Présidentde la République pour publication defausses nouvelles, injures, diffamation,atteinte à l’honneur.

La politique influe sur lesmédiasLa presse togolaise est restée très politiqueet trop politisée à cause de la situationpolitique qui n’évolue pas de façonnormale, le tout aggravé par la pauvretéqui sévit partout sans qu’on voie des ac-tions tendant à la réduire.

Chaque jour, à travers des émissionsinteractives, les journalistes s’invitent dansdes débats politiques sur les radios ou àtravers les colonnes des journaux.

Au Togo, les journaux consacrent plusde 80% de leur espace à la politique etselon les directeurs de publication, leslecteurs prisent énormément la chosepolitique.

Les débats et écrits portent souvent surla gestion politique du pays, les questionsdes droits de l’homme, la liberté demanifester sur la voie publique souventinterdite aux partis politiques del’opposition, les syndicats, lesorganisations de la société civile…, laquestion des droits de l’homme et de laliberté d’expression, les détentionsarbitraires, les licenciements abusifs.

Régulation des médiasEn 2010, comparativement aux autresannées, la Haute autorité de l’audiovisuelet de la communication (HAAC) ne s’estpas illustrée dans les interpellations desresponsables de médias et journalistes eta plutôt respecté le vote du Parlementtogolais de 2009 qui demande à l’organede régulation de s’adresser à la justiceavant d’interdire toute émission ou journalconformément aux textes en vigueur.

Ainsi, la HAAC respecte cette disposi-tion réglementaire mais sort de temps entemps pour rappeler à l’ordre tout organequi outrepasse ses limites professionnelles.En fin de mandat, les membres de laHAAC ont saisi le parlement pour lerenouvellement de leurs membres en at-tendant la désignation par le chef de l’Etatde quatre membres.

De ce fait, cinq des neuf membresdevant composer la Haute autorité del’audiovisuel et de la communication(HAAC), organe de régulation des médiasau Togo ont été élus par le Parlement finaoût 2010.

Les quatre autres, selon les textes envigueur, seront désignés par le Chef del’Etat.

Les membres de la HAAC sont éluspour 5 ans.

Renforcement des capacitésdes médiasLes violences électorales au Togo lors dela présidentielle de 2005 ont fait prendreconscience aux autorités politiques, auxorganisations de la société civile ainsi qu’àcelles des médias à œuvrer pourl’apaisement à l’endroit des populations.

Il faut rappeler qu’en 2005, lors de laprésidentielle plusieurs organes de presse,principalement des stations radios ont subidivers dommages : saisie d’émetteurs,suspension d’émissions, saccage delocaux, harcèlements contre les directeursde journaux, tentatives d’arrestation deresponsables de médias, gaz

150 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

lacrymogènes lancés dans les enceintesde stations radios pour y déloger lesjournalistes, menaces contre la vie desjournalistes et patrons de presse…

Ainsi, en 2007, lors des législatives eten 2010, lors de la présidentielle du 4 marsdernier, le Programme des Nations uniespour le développement (PNUD), le Hautcommissariat des Nations unies pour lesdroits de l’homme(HCDH), l’Unioneuropéenne (UE), les chancelleriesoccidentales ainsi que d’autresorganisations ont mis des moyens finan-ciers à la disposition de la Haute autoritéde l’audio visuel et de la communication(HAAC) et des organisations de médiasafin que la presse véhicule des messagesd’apaisement et couvre de façonprofessionnelle les élections pour éviterdes dérapages.

A cet effet, la HAAC, en collaborationavec la Commission électorale nationaleindépendante(CENI) et les autresorganisations de médias, ont mis sur piedun programme destiné à renforcer lacapacité des journalistes et professionnelsde la communication en matière decouverture des élections et de diffusionde messages de paix à travers séminaires,ateliers, conférences sur toute l’étenduedu territoire.

Le contenu de la plupart des atelierscomporte :

— Connaissance de la loi électorale(Code électoral) ;

— Connaissance du code de la presse ;— Informations sur l’institution en

charge des élections : sesprérogatives, ses compétences etses limites ;

— Les types de scrutins avec accentsur ceux choisis par le Togo (scrutinproportionnel à listes pour leslégislatives et le scrutin uninominalà un tour pour la présidentielle) ;

— des cas pratiques de recherches desources, collecte, traitement et dif-fusion d’informations en périodeélectorale ;

— Comment réaliser des magazines etémissions radio et télé ;

— Traitement de l’information sur lesélections en langues locales ;

— Comment animer des émissionsinteractives consacrées auxélections

— Ethique et déontologie en périodeélectorale ;

— Responsabilité sociale du journalisteen période électorale ;

— Equité dans la couverture desactivités liées aux élections ;

Outre ces formations, d’autres dispo-sitions ont été prises pour permettre auxjournalistes d’éviter des dérapages.

— Il s’agit de la signature d’un code debonne conduite entre les organes depresse et la HAAC ;

— Accréditation des journalistes devantcouvrir les élections

— Signature par les journalistes d’undocument d’engagement à respecterle code de bonne conduite

Les journalistes se sont vus délivrer unbadge « Spécial élection » et d’un gilet dereportage leur donnant :

— accès un peu facile aux sourcesd’informations liées aux élections ;

— accès facile aux lieux de meetingdes partis politiques

— accès au Quartier général des partiset aux candidats

— sensibilisation des forces de sécuritéà permettre aux journalistesd’accomplir leur mission sansentrave ;

— Il est formellement interdit auxjournalistes de publier des résultatsqui n’émanent pas de la CENI ou dela Cour constitutionnelle (résultatsdéfinitifs) ;

— La HAAC, à travers descommuniqués, rappelle à l’ordre toutjournaliste ou organe qui ne respectepas le code de bonne conduite ;

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 151

Durant la période en examen,l’Observatoire togolais des médias(OTM),organe d’autorégulation fait le monitoringdes organes de presse à Lomé et àl’intérieur du pays et diffuse descommuniqués appelant à la retenue et aurespect des règles professionnelles.Cependant, a-t-on constaté, les médiasd’Etat n’ont pas respecté la règle d’équitéet ont à continué à faire la part belle aucandidat du pouvoir.

Il est également à noter que certainsmédias qui ont reçu de l’argent de certainscandidats n’ont pas fait preuve deprofessionnalisme dans leur travail.

Si ces mesures et actions, ont pendantcette période, évité au Togo la violence, ilest à noter que certaines dispositionsprises par la HACC ont entravé le libreexercice de la profession.

Aussi, a-t-on constaté qu’aucun jour-nal ou radio n’a osé publier les résultatsdes bureaux de vote alors qu’ils ne sontpas interdits.

L’on a remarqué trop d’auto censurede la part des journalistes qui craignentqu’on leur retire leur accréditation et ainsi,empêchant leur organe à ne pas bénéficierde l’aide de Etat à la presse.

La HAAC et le gouvernement ont uséde stratagèmes pour empêcher la presseà faire son travail, notamment lacouverture totale et sans restriction duscrutin présidentiel.

La liberté de presse est en danger auTogo. C’est le constat fait dans le payssuite à plusieurs procès intentés contreles journaux et surtout les sommesimportantes demandées par les plaignantsen guise de dommages et intérêts. De juinà août 2010, on a dénombré une douzainede procès de même que des intimidationset harcèlement, faits qui inquiètentjournalistes et organisations de média.

Procès avec dommages etintérêts exorbitantsEn décembre 2009, le tri-hebdo Golfe infoa été condamné par la Chambre

correctionnelle du Tribunal de premièreinstance de Lomé à payer 80 millions deF CFA pour dommages et intérêts àl’Agence nationale de renseignement(ANR).

Outre cette condamnation à payer cetteimportante somme, le Tribunal condamneégalement le journal à payer une amendede 1 500 000 F CFA, conformément auCode de la presse et de la Communica-tion.

Le journal avait été également suspendude parution pour deux mois et le Tribunallui fait obligation de publier un démentiune semaine après la reprise.

Il est reproché à Golfe Info d’avoir, de« façon mensongère, fait des allégationset imputer des faits de nature à porteratteinte à l’honneur ou à la considérationdes personnes ou au corps auquel ilsappartiennent », dans l’article intitulé «Trafic de drogue au Togo : la Présidencede plus en plus embarrassée », dans saparution n° 590 du 30 septembre 2009.

L’ANR accuse Golfe Info de l’avoir citéecomme source ayant informé le journalque l’animateur de la Télévision togolaise(TVT), Eugène Atigan-Améti, interpellédans une affaire de trafic de drogue enseptembre 2009, disposerait d’unpasseport diplomatique, car faisant officede Chargé de mission à la Présidence, etserait en mission pour Mey Gnassingbé,un demi-frère de Faure Gnassingbé,Président de l’association Jeunesse enmouvement (JEM) et Chargé de missionà la Présidence. Fait que dément l’ANR.

En juin 2010, Liberté, Forum de lasemaine et Le Correcteur, ont comparudevant le tribunal correctionnel de Lomépour « publication de fausses nouvelles »et « diffamation » sur plainte de la Direc-tion générale de la police.

En effet, le 10 mai dernier, ces troisjournaux, dans leur parution n°719(Liberté), n°695(Forum de lasemaine), n°149(Le Correcteur), ontpublié une information relative à un acci-dent ayant conduit à la mort d’unconducteur de taxi-moto.

152 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

Selon ces journaux, qui citent destémoins anonymes, et des riverains, lesamedi 8 mai 2010, deux agents de lapolice ont intimé l’ordre à un conducteurde taxi-moto, ayant pris une dame derrièresa moto et qui aurait brûlé les feuxtricolores de s’arrêter. Suite au refus duconducteur d’obtempérer les policiers ontpoursuivi le conducteur et arrivé à sonniveau, l’ont poussé. Le conducteur tombeet meurt sur le coup.

Selon toujours ces journaux qui citentdes témoins, la dame serait égalementmorte à l’hôpital. Pour la police, les agentsde police n’ont pas poussé le conducteurde taxi-moto et selon sa version, le chauf-feur roulait à vive allure et est allé cognersa tête contre un poteau.

Quant à la dame, toujours selon la po-lice, elle est n’est pas morte maishospitalisée ayant survécu au choc.

Cette affaire qui a fait l’objet deplusieurs comparutions est actuellementau niveau de la Cour d’Appel de Lomé.

En juillet, Mey Gnassingbé, demi-frèredu chef de l’Etat, réclame 100 millionsdu Bimensuel Tribune d’Afrique pourdiffamation.

Dans sa parution du 2 mai, Tribuned’Afr ique, Bimensuel de l ’espaceUEMOA, a publié à la Une de son jour-nal : « Trafics de drogue au sommet del’Etat : le Togo dans le réseau, MeyGnassingbé indexé ».

Pour Mey Gnassingbé, dans sa requêtepour citation directe, le journal relate «des faits non établis ni fondés quicaractérisent les délits de diffusion etcomplicité de diffusion de fausses infor-mations, de diffamation et d’injures,d’atteintes à l’Honneur prévus et punis parles articles 82 et suivants, 92 et suivantsdu Code de la presse et de la communi-cation et de l’article 58 du Code pénaltogolais ».

Le 18 août, c’est l’hebdomadaire privé« L’Indépendant express » qui a étéassigné en justice par le chef de l’Etat.Il a été assigné à comparaître par cita-

tion directe le 25 août 2010 devant laPremière chambre correctionnelle du Tri-bunal de première instance de Lomé, surrequête du chef de l’Etat togolais, FaureEssozimna Gnassingbé qui accuse le jour-nal de l’avoir accusé de disputer unefemme avec l’international togolais de foot-ball, Emmanuel Shéyi Adébayor.

Le chef de l’Etat, selon la requête,réclame des dommages causés par cetteaccusation estimés à 100 millions de FCFA auprès de l’hebdomadaire togolais,L’indépendant express .

Le journal, incriminé, selon la requête,a titré à la Une de sa parution N°128 du22 juin 2010 : « Dossier secret : lesdessous d’une guéguerre rangée : Uneaffaire de femme oppose Faure etAdébayor Shéyi ».

L’article fait savoir qu’au-delà del’argument officiel qui motive la décisiond’Adébayor de se retirer de la sélectionnationale de football, «Les Eperviers »,« se cache un certain nombre de mo-biles qui justifient le retrait pur et simplede la star du football. Une affaire defemme qui l’oppose au Président de laRépublique. Les deux hommes seregardent en chiens de faïence… ».

Selon la requête du président, le jour-nal a relaté « des faits non établis ni fondésqui caractérisent les délits de diffusion defausses informations, de diffamation etinjures, d’atteintes à l’honneur prévus etpunis par les articles 82 et suivants, 92 etsuivants du Code de la presse et de lacommunication et de l’article 58 du Codepénal togolais ».

Faure Gnassingbé assigne enjustice l’hebdomadaire LalanterneL’hebdomadaire La Lanterne a été assignéen justice en septembre 2010 par le chefde l’Etat togolais pour publication defausses informations, diffamation, injureset atteinte à l’honneur et porte à cinq(5) lenombre de journaux qui passeront à labarre sur plainte de Faure Gnassingbé.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 153

Il est reproché au journal La Lanterne,d’avoir, le 12 août 2010, dans sa parutionn°90, écrit un article titré à la Une «L’incapacité de Faure Gnassingbé àgouverner se confirme de jour en jour ».

Dans cet article, le journal écrit : «Depuis l’avènement de Faure Gnassingbéau pouvoir dans les conditions que l’onsait, la situation du Togo va du mal en pis.Malgré l’enthousiasme du premier ministreGilbert Fosoun Houngbo à faire croire lecontraire, le premier mandat du chef del’Etat a été un échec total ».

Le journal a en outre dénoncé le « trainde vie scandaleux » du chef de l’Etat etde ses amis et les dépenses faramineusespour l’achat de véhicules grossescylindrées, déplorant au passage les vio-lations massives des droits de l’homme.

Pour le président de la République,l’article relate des faits « non établis nifondés » qui caractérisent, a-t-il souligné,« les délits de diffusion de fausses infor-mations, de diffamation et injures,d’atteinte à l’honneur prévus et punis parles articles 82 et suivants, 92 et suivantsdu Code de la presse et de la communi-cation et de l’article 58 du Code pénal ».

Indépendant Express etLiberté encore assignés enjusticeLe lundi 30 août le président de laRépublique, par voie d’huissier, a déposé1 plainte pour assignation directe dans leslocaux de l’hebdomadaire privéL’Indépendant Express.

Selon la requête du président, le jour-nal, dans sa parution du 24 août dernier,a intitulé un article : « Dossiers noirs dela Présidence togolaise : dépenses de voy-ages, opacité et incapacité… ».

Dans cet article, le journal a écrit en-tre autres : « le président de la Républiquene semble pas donner le signal du travail,mais bril le plutôt par des voyagesintempestifs qui grèvent le budget de l’Etat» ; « le chef de l’Etat emporte avec lui une

mallette remplie d’argent, une sommeestimée …à 800 millions environs ».

Ces différents extraits de l’article, selonla requête du président de la République« ne relatent que des faits non établis nifondés qui caractérisent les délits de dif-fusion et complicité de diffusion defausses informations, de diffamation,d’injures et d’atteinte à l’honneur, prévuset punis par les articles 82 et suivants duCode de la presse et de la communica-tion et de l’article 58 du Code pénal togolais».

Pour ces délits, le président FaureGnassingbé réclame la somme de 150millions de F CFA, soit environ 300 000dollars US de dommages et intérêts.

Le même lundi 30 août, le quotidienLiberté reçoit deux plaintes du présidentde la République par voie d’huissier dansses locaux

Il est reproché au journal d’avoir écritdans sa parution n°761 du mardi 13 juillet2010, un article intitulé : « Quandl’incapacité de gouverner se révèlefinalement comme une tare ».

Le journal est poursuivi pour « délits dediffusion de fausses nouvelles, dediffamation et injures, d’atteinte à l’honneurprévus et punis par les articles 82 etsuivants, 92 et suivants du Code de lapresse et de la communication et del’article 58 du Code pénal togolais ».

Pour ce dossier, le montant à payer àtitre de dommages et intérêts pourpréjudice causés sera « précisé en tempsopportun ».

Le lundi 30 août, une autre plaintecontre Liberté est relative à la parutionn°776 du mardi 3 août et qui concernel’article intitulé « Gestion des affaires del’Etat au Togo ». L’article affirme que lagestion des affaires au Togo est baséesur le sexe.

La requête pour assignation du chefde l’Etat écrit que « l’article relate des faitsnon établis ni fondés » et accuse le jour-nal de « délit de diffusion de fausses in-formations, de diffamation, d’injures et

154 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

d’atteinte à l’honneur prévus et punis parles articles 82 et suivants du Code de laPresse et de la communication et del’article 58 du Code pénal togolais ».

Egalement pour ce dossier, le montantà payer à titre de dommages et intérêtspour préjudice causés sera « précisé entemps opportun ».

Cette plainte porte à cinq les plaintesseules du président de la République :deux contre L’indépendant Express, deuxcontre Liberté et un contre La Lanterne.

Mais, à la surprise générale, leprésident a retiré ses plaintes contre lesjournaux, enterrant ainsi la hache deguerre entre le gouvernement et lesjournalistes.

Tribune d’Afrique condamné à payer 60millions à Mey Gnassingbé, demi-frèredu président Faure Gnassingbé

Le bimensuel sous régional, Tribuned’Afrique, publié au Bénin et au Togo, aété condamné le 25 août 2010 à payer 60millions de F CFA, soit environ 120 000dollars US à Mey Gnassingbé, demi-frèredu chef de l’Etat Faure Gnassingbé, à ti-tre de dommages et intérêts pour atteinteà l’honneur et diffamation.

Mey Gnassingbé, Chargé de missionà la présidence de la République, accusele journal de l’avoir diffamé en associantson nom à des affaires de Trafic dedrogue et avait porté plainte.

Déjà, le 14 juillet 2010, le journal avaitcomparu devant la Première chambrecorrectionnelle du Tribunal de premièreclasse de Lomé.

Outre les 60 millions, le journal doitpayer 1 million F CFA(2000 dollars US)pour délit de diffamation, 1 million de fCFA (2000 US dollar) pour délit de publi-cation de fausses informations et 1 mil-lion de Francs CFA (200 US dollar) pourresponsabilité du représentant du journalau Togo.

Le Tribunal ordonne la publication dela décision rendue dans trois journaux de

large diffusion sous astreinte de 100 000F CFA (environ 200 US dollar) par jour derésistance.Il est également ordonné le retrait et ladestruction des exemplaires mis en venteou distribués au Togo. Le journal, selon leTribunal, est interdit de parution au Togo.

Intimidations et menacesEn février 2010, en pleine campagneélectorale, Radio Dawul, basée à Bassar(nord-ouest du Togo), avait fait l’objet deharcèlement de la part des autorités lo-cales et de la Haute autorité del’audiovisuel et de la communication(HAAC), suite à la diffusion decommuniqués de partis politiquessoutenant le candidat de l’Union desforces de changement (UFC), Jean-PierreFabre, pendant la campagne électorale envue de la présidentielle du 4 mars 2010.Selon la radio, « dans la soirée dumercredi 18 février 2010, le Chef de Sta-tion et le personnel de la Radio Dawul deBassar ont été interpelés tour à tour parle Préfet et le Président du Tribunal suiteà la publication du communiqué du Frontrépublicain pour l’alternance et lechangement (FRAC), appelant ainsi lespopulations à la mobilisation pour unecaravane à travers la ville de Bassar envue de soutenir la candidature de Jean-Pierre Fabre de l’UFC.

Les deux autorités locales, affirment lesresponsable de Dawul, « estiment que laradio n’avait pas reçu leur autorisationavant la diffusion dudit communiqué et quele nom d’une personnalité du Front, na-tive de la localité, Kofi Yamgnane dont lacandidature a été refusée par la Courconstitutionnelle, n’aurait pas dû être citédans le communiqué, étant donné qu’ilavait été écarté de la course à laprésidentielle».

Le 10 août dernier, l ’Union desjournalistes indépendants du Togo (UJIT)condamne un plan d’élimination physiquedes journalistes « bien ciblés de la presseécrite et de la radio, jugés critiques pour

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 155

Togo

leurs écrits et leurs émissions vis-à-vis dupouvoir en place ».

Pour cette organisation de journalistes,« l’élaboration d’un quelconque pland’élimination de journalistes, mêmes cri-tiques soient-ils, n’est pas de na ture àfavoriser l’exercice de la libertéd’expression et de presse garantie par laConstitution et le Code de la presse ».

Aussi, dénonce-t-elle « ces actes » etdemande aux autorités de « garantir lasécurité de tous les journalistes etparticulièrement celle des confrères ciblésen tous lieux de travail ».

Depuis quelques temps, a-t-onconstaté, des journalistes très critiquesvis-à-vis du pouvoir et qui animent tousles jours des émissions sur des chaînesde radio à Lomé, pour sensibiliser lespopulations et les éclairer sur la crisepolitique qui secoue le pays, font l’objetd’intimidations, de menaces et mêmed’agressions physiques à Lomé.

Ces journalistes se disent traqués oureçoivent des appels anonymes lesmenaçant et affirment que leurs

téléphones portables sont sur écoutepermanente.

Certains de ces journalistes disent neplus dormir à la maison et changent delieux plusieurs fois dans la journée etsurtout la nuit.

Pour l’heure, les autorités en chargede la Sécurité et de la Communicationn’ont encore fait de déclarations officiellesà propos.

Liste de présumés journalistes quiseraient menacés

1. Francis Pédro Amuzun (Crocodile)2. Zeus Aziadouvo (Liberté)3. Olivier Glakpé(Le Correcteur)4. Jérôme Sossou (Triangle des

Enjeux)5. Justin Anani (Crocodile news)6. Augustin Amega (Le Canard

Indépendant)7. Marcel Agbédokou (Radio X solaire)8. Ferdinand Ayité (Journal Alterna-

tive)9. Isidore Akolor (Actu Express)

L’UJIT condamne les menaces

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proférées par un officier français àl’endroit d’un journaliste togolais

L’Union des journalistes indépendantsdu Togo (UJIT), une organisation dejournalistes au Togo a vivement manifestésa colère face aux menaces proférées le10 août dernier par un officier français àl’endroit de Komi Agbédivlo, alias DidierLedoux, journaliste-reporter au quotidienLiberté.

Selon des informations rapportées parle journaliste, le mardi 10 août, alors qu’ilcouvrait les manifestations des militantsde l’Union des forces de changement(UFC), suite à l’interdiction du Congrèsde la faction de Jean-Pierre Fabre, encrise avec Gilchrist Olympio, un officierfrançais pris en photo par le journalistelui a ordonné de supprimer manu militarison image.

L’officier français affirme être unConseiller du Chef d’Etat major de l’arméede terre. Il a, selon le journaliste, le pouvoir

de recourir aux éléments du Régiment descommandos de la garde présidentielle(RCGP) »pour mettre de l’ordre », si lejournaliste n’exécutait pas.

Pour l’UJIT, « cet acte regrettable posépar un officier d’un pays comme la France,dont les responsables ne cachent pas leurattachement aux vertus des droits del’homme, risque de compromettre les ef-forts déployés ces derniers temps pourfavoriser une meilleure cohabitation entreforces de l’ordre et journalistes au Togo ».

L’organisation des journalistes demandeà la France de prendre des « mesuresadéquates pour éviter qu’à l’avenir, un deses officiers en poste dans notre pays nesoit plus l’œuvre de telles entraves à laliberté de la presse acquise au prix dehaute lutte au Togo ».

Le journaliste à qui l’officier à présenterdes excuses à l’ambassade de France àLomé, veut porter plainte pour que de telscomportements ne se reproduisent.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 157

ALERTES

9 juin 2010ALERTE Togo: Troisjournaux poursuivis pourdiffamationTrois directeurs de publication de certainsjournaux privés basés à Lomé, la capitaletogolaise, comparaîtraient de nouveaudevant un tribunal correctionnel pourrépondre des inculpations relatives à la «publication de fausses nouvelles » et à la« diffamation ».

Les journalistes, MM. Zeus K.Aziadouvo, Jean-Baptiste K. D. Dzilan etGlakpé K. Olivier respectivement desjournaux Liberté, Forum de la Semaineet Le Correcteur, avaient comparu deuxfois devant le tribunal après leur premièrecitation le 19 mai.

Le procès des rédacteurs a fait suite àune plainte déposée par le DirecteurGénéral de la Police nationale au sujet decertains articles qu’ils ont publiés le 8 maidans leurs journaux respectifs. Lesjournaux avaient reproché à deux élémentsde l’unité chargée de la circulation routièred’avoir prétendument provoqué la mortd’un conducteur de taxi-moto et de sapassagère, après que le conducteur acommis un délit en brûlant les feuxtricolores.

Les journaux ont rapporté que destémoins inconnus auraient accusé lespoliciers d’avoir poussé le conducteurd’une moto en marche, d’où sa mort etcelle de sa passagère.

La Police a nié les faits relatés par lessources des journaux. Elle a attribué lamort de l’homme au fait qu’il roulait à viveallure et est donc allé cogner sa tête contreun poteau. Toutefois, la passagère seremettait d’un choc.

10 août 2010ALERTE Togo : L’UJITdénonce les menacesproférées à l’endroit desjournalistesDans une déclaration adressée auxautorités togolaises, l’Union desJournalistes indépendants du Togo (UJIT)a demandé la mise en place de mesuresde protection pour permettre à sesmembres de s’acquitter de leurs devoirslégitimes impartialement et sans intimida-tion.

La déclaration a soutenu que tandis quedes membres de l’union avaient reçu desappels téléphoniques de menace, certainsjournaux et stations de radio avaient étésous la surveillance des personnes quiseraient des éléments de sécurité.

Neuf membres de l’UJIT ont été cibléspour avoir exprimé leurs opinions sur lesantennes de diverses stations de radio.

Francis Pédro Amuzun et Justin Anani,reporters du journal Le Crocodile, unepublication privée, ont figuré parmi cesjournalistes. Les autres étaient ZeusAziadouvo, Olivier Glakpé, JérômeSossou, Augustin Amega, FerdinandAyité, Isidore Akolor et Marcel Agbédokou,respectivement des entreprises de médiaLiberté, Le Correcteur, Triangle desEnjeux, Le Canard Indépendant, JournalAlternative, Actu Express et Radio Xsolaire.

Suite à ces menaces, Justin abrièvement disparu de la circulation decrainte pour sa vie.

L’UJIT a également dénoncé les men-aces proférées le 10 août par un officiermilitaire français à l’endroit de KomiAgbédivlo, reporter du quotidien Liberté,un journal privé. L’officier pris en photopar le journaliste lors d’une manifestationl’a obligé à supprimer son image.

« Cet acte regrettable posé par unofficier d’un pays comme la France, dont

158 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

les responsables ne cachent pas leurattachement aux vertus des droits del’homme, risque de compromettre les ef-forts déployés ces derniers temps pourfavoriser une meilleure cohabitation entreforces de l’ordre et journalistes au Togo», a souligné la déclaration.

25 août 2010ALERTE Togo: Un journalassigné en justice par lePrésident Gnassingbépour diffamationLe 25 août 2010, le Tribunal de premièreinstance de Lomé entendrait un procèsintenté par le président Faure EssozimnaGnassingbé contre L’Indépendant Ex-press, un hebdomadaire privé, au sujetde la publication de certains articles quele Président a jugé injurieux etdiffamatoires.

L’assignation, qui a accusé le journalde publication et de diffusion de faussesinformations, a été remise le 18 août audirecteur de publication du journal, CarlosKomlanvi Ketohou.

Le président Gnassingbé a réclamé lasomme de FCFA 100 millions (environ $US200 000) à titre de dommages et intérêtspour « atteinte à l’honneur ». Selon larequête, ce délit était puni par les articles82 et 92 du code de la communication etde la presse ainsi que l’article 58 du codepénal du Togo.

Dans deux livraisons de L’IndépendantExpress parues en juin 2010, le journal aaccusé le président Gnassingbé de dis-puter une ancienne Miss Togo avec unestar togolaise de football, Emmanuel ShéyiAdébayor, lequel incident avait motivé leretrait de la star de la sélection nationale.La livraison no. 128 a été titrée : « Dos-sier secret : les dessous d’une guéguerrerangée : Une affaire de femme opposeFaure et Adébayor Shéyi. »

La MFWA était persuadée que cettesituation constituait un changement dedirection total par rapport au passé. Bien

que le Président réclame des dommageset intérêts énormes qui pourraientparalyser le journal, les journalistes ontmaintenant la liberté de présenter leursarguments devant les tribunaux. Pendantle régime de feu Gnassingbé Eyadema,les journalistes ont fait l ’objet deharcèlement, d’incarcération ou dedisparition pour avoir fait des reportagessur de telles questions.

La MFWA a exhorté le président FaureGnassingbé à retirer la requête contre lejournal.

25 août 2010ALERTE Togo: Un journalest condamné à uneinterdiction illimitée et àdes amendes pourdiffamation contre le frèredu PrésidentLe Tribunal de première instance de Loméa imposé une interdiction illimitée au jour-nal Tribune d’Afrique, une publicationbimensuelle privée, pour diffamationcontre Mey Gnassingbé, un frère duprésident togolais, M. Faure EssozimnaGnassingbé.

La Tribune d’Afrique est publiée auBénin et diffusée au Togo ainsi qu’auBénin. Le Tribunal a ordonné au journalde verser des amendes d’un million defrancs CFA (environ $US 2000) pour pub-lication de « fausses informations ».

Le distributeur local de la Tribuned’Afrique a également été condamné à desamendes d’un million de francs CFA(environ $US 2000).

Le Tribunal a ordonné au journal la pub-lication immédiate de la décision renduedans trois journaux de large diffusion sousastreinte de FCFA 100 000 (environ $US200) par jour de résistance.

Le Tribunal a également ordonné aujournal le retrait et la destruction desexemplaires en vente de la Tribuned’Afrique portant les articles incriminés.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 159

Ces décisions scandaleuses ont faitsuite à un procès intenté le 14 juillet contrela Tribune d’Afrique par Mey Gnassingbé,suite à la publication des articles par lejournal qui l’ont lié au trafic de drogue.

Dans sa parution du 2 mai, le journal aintitulé un article à la Une : « Trafic dedrogue au sommet de l’Etat : le Togo dansle réseau, Mey Gnassingbé indexé ».

Selon la requête, le cas du journal aété aggravé par le fait qu’il a exposé desphotos de Mey Gnassingbé et l’a traité de« bourgeois insolent ».

Le journal a interjeté appel.Dans un autre développement, Komi

Agbédivlo, alias Didier Ledoux, reporterdu quotidien Liberté, une publicationprivée, qui assurait la couverture d’unprocès en diffamation intenté par leprésident Faure Gnassingbé, a été arrêtéet agressé par des agents de sécurité quiassuraient la sécurité dans les locaux duTribunal pour avoir pris des photos del’immeuble.

Le procès en diffamation intenté par leprésident Gnassingbé contreL’Indépendant Express a également étéreporté au 29 août, suite à la dépositiond’une requête par l’avocat de la défense.

30 août 2010ALERTE Togo: Le Présidentengage de nouvellespoursuites en diffamationcontre deux journauxLe président togolais, Faure EssozimnaGnassingbé, a intenté trois nouveauxprocès à deux journaux privés pourdiffamation contre sa personne.

Deux de ces procès ont été intentés àl’hebdomadaire L’Indépendant Express,ce qui portait à trois le nombre de procèsque le président Gnassingbé avait intentésà L’Indépendant Express depuis le 18août.

Ces derniers procès ont fait suite à lapublication de deux articles dans leslivraisons des 3 et 24 août de

L’Indépendant Express qui ont accusél’administration de mauvaise gestion et decorruption.

Le même 30 août, le présidentGnassingbé a intenté un autre procès aujournal Liberté, au sujet d’un article parudans sa livraison du 3 août et titré : «Gestion des affaires de l’Etat au Togo ».L’article a prétendu que le sexe influe surla gestion des affaires du Togo.

L’affaire précédente entamée contreL’Indépendant Express a été reportée au29 septembre 2010.

6 septembre 2010ALERT Togo: Le PrésidentGnassingbé poursuit unautre journal en justiceLe Président Faure EssozimnaGnassingbé du Togo a intenté despoursuites à La Lanterne, un autre jour-nal privé basé à Lomé, au sujet de la pub-lication d’un article le 12 août qu’il aqualifié de faux et de préjudiciable à saréputation.

Cette dernière action en justice a portéà cinq le nombre de procès que leprésident avait intenté à trois journauxpendant le mois d’août. Il avait plus tôtentamé quatre actions contre les journauxL’Indépendant Express et Liberté.

Dans sa livraison No. 90, La Lanterneavait accusé le président Gnassingbé demauvaise gestion des affaires du pays.

L’article incriminé était intitulé :‘L’incapacité de Faure Gnassingbé degouverner se confirme au jour le jour’

Dans le même article, le journal aaffirmé que « la situation du Togos’empirait … (et que) le premier mandatdu chef d’Etat a été un échec total » dû àla vie de luxe que mènent le Président etses amis ainsi que les violations massivesdes droits humains.

Le tribunal de première instance deLomé a fixé le commencement del’audience de ce procès au 8 septembre2010.

160 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

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MISES A JOUR

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19 février 2010MISE A JOUR Ghana : Unsympathisant del’Opposition détenu estaccordé la libertéprovisoireNana Darkwa, le sympathisant du partid’Opposition qui a été détenu pour avoirprétendument impliqué un ancienprésident du Ghana, M. Jerry JohnRawlings, dans un incendie qui a ravagéle domicile de celui-ci, a été accordé laliberté provisoire sous caution, suite à unedemande déposée à cet effet par sonavocat.

M. Kwame Akuffo, l’avocat de M.Darkwa qui était transporté de joie, a confiéà la Fondation pour les Médias en Afriquede l’Ouest (MFWA) que son client a étéaccordé la liberté sous caution moyennantla somme de GH cedis 400 (environ $US278) et présentation d’une caution.

M. Darkwa, un sympathisant du partid’Opposition, le Nouveau Parti Patriotique(NPP), a été arrêté à l’instigation de M.Kofi Adams, aide spécial de l’ancienprésident, suite à des allégations qu’il afaites sur les antennes de Top Radio, unestation de radio privée basée à Accra, lorsd’un programme de revue des journaux.Selon ces allégations, l’ancien présidenta délibérément mis le feu à son domicilele 14 février pour qu’il puisse se faire in-staller ailleurs.

M. Adams a confié à Joy FM, une sta-tion de radio privée basée à Accra, que«le monsieur a fait une déclarationcatégorique selon laquelle l’ancienprésident a incendié son domicile ; il m’adéfié, son porte-parole, de contester sadéclaration, et a soutenu qu’il étaitconscient que l’ancien président aincendié son domicile ».

M. Darkwa a été inculpé de « publica-tion de fausses informations avecl’intention de porter préjudice au grandpublic », une inculpation prévue parl’article 208 du code pénal du pays.

7 avril 2010MISE A JOUR Nigeria : Deshommes soupçonnés demeurtre de journalistestraduits devant la justiceCinq suspects arrêtés à propos dumeurtre le 20 septembre 2009, de BayoOhu, un rédacteur adjoint du journal privéThe Guardian, ont été traduits devant unTribunal Correctionnel de Lagos sous lechef d’accusation de meurtre et vol à mainarmée.

Les suspects, Ganiu Sulemon, DadaYemi Adesanya, Idris Balogun, VictorOmogbehin et Ismaila Adebisi ont ététraduits devant le tribunal sous six chefsd’accusation de conspiration, vol à mainarmée, meurtre et recel.

LeJuge D. T. Oladokun, qui a entendul’affaire, a ordonné que les suspects soientplacés sous mandat de dépôt, car a-t-ildit, le tribunal n’a pas la compétence pourentendre l’affaire vu sa nature. Il a ajournél’affaire au 30 avril 2010, et ordonné quele dossier de l’affaire soit envoyé au cabi-net du Procureur Général pour son avis.

25 mai 2010MISE A JOUR Côted’Ivoire: La Police interrogedeux journalistes pourplusieurs heuresDeux journalistes de L’Expression, unjournal privé basé à Abidjan, ont fait l’objetd’un long interrogatoire par la Policeivoirienne, au sujet d’un article que le jour-nal a publié sur les victimes présuméesde la répression des manifestants par ungroupe paramilitaire.

MM. Diarrassouba Youssouf etDembélé Al Seni, respectivement éditeuret reporter du journal, ont été entenduspour plus de dix heures.

Les deux hommes ont été interrogéssur une vaste gamme de questions allantde la raison pour laquelle ils ont publié

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 163

l’article jusqu’à leur affiliation politique.L’Expression aurait prétendu que la milicede Mama, un groupe paramilitaire baséau district abidjanais de Gagnoa, a tuécinq des manifestants et injurié plusieursautres dans le cadre d’une campagne derépression des manifestations.

Les manifestations avaient étéorganisées pour protester contre lademande du président Laurent Gbagbo envue de la dissolution du gouvernement etde la Commission Electorale Indépendante(CEI). Elles ont été organisées par leRallye des Houphouétistes pour laDémocratie et pour la Paix (RHDP), unecoalition des quatre principaux partisd’opposition du pays.

C’était la deuxième fois que Youssouf,dit Gnaoré David, a été convoqué par lesautorités au sujet des événements liés auxmanifestations. Le 7 mai, Diarra Youssoufa été convoqué par le chef de la Policerégionale pour avoir prétendumenttransmis des informations à la station detélévision France 24 et à d’autres médiasivoiriens. Le journaliste, qui n’a pas niéavoir utilisé les informations lorsque le chefde Police l’a interrogé, s’acquittait de sesfonctions régulières jusqu’au 5 mai où il aété convoqué au commissariat de Police.

Le 26 mai, Dembélé Al Seni, qui arédigé l’article du 20 février, a étéconvoqué de nouveau au commissariat. Ila été libéré sans qu’aucune charge nesoit portée contre lui.

12 juin 2010MISE A JOUR Niger: Lajunte suspend le décretciblant les médiasétrangersLes autorités au Niger ont suspendu undécret du 3 juin 2010 qui, selon lesorganes de médias et les groupes de lasociété civile du pays, pourrait faire ob-stacle au flux d’informations et museler lesjournalistes étrangers.

Suite aux protestations généralisées,M. Djibo Salou, le chef du gouvernementde transition, a annoncé la suspension dudécret.

La nouvelle loi avait demandé auxorganes de média étrangers et à leursjournalistes d’obtenir l’autorisation duministère de la Communication, desNouvelles Technologies et de la Cultureavant de procéder au tournage desdocumentaires dans le pays.

L’article 6 du décret a précisé que « ledemandeur d’autorisation de tournage oude reportage doit, avant de pénétrer surle territoire nigérien, être en possessionde la copie de l’autorisation signée par leministre de la Communication ». Ce mêmearticle a précisé que « désormais, toutmédia étranger, agence de production,association ou organisation nongouvernementale (ONG) qui désireréaliser des documentaires ou des report-ages doit verser une somme d’argent ».

8 juillet 2010MISE A JOUR Gambie:L’affaire de torture deMusa Saidykhan estrenvoyée au 21 septembreLa Cour communautaire de la CEDEAOa de nouveau renvoyé l’audience del’affaire de torture de Musa Saidykhan au21 septembre pour permettre augouvernement de la Gambie, l’accusé danscette affaire, de répondre des modifica-tions déposées par le plaignant.

Cet ajournement a fait suite à unedemande faite par Me. Tale Aladi, unavocat nigérian qui a représenté lesautorités gambiennes lorsque l’affaire estvenue devant la Cour le 8 juillet.

L’avocat de Saidykhan avait déposé unerequête pour demander à la Courl’autorisation de modifier son dossierprécédent. L’avocat de la défense ainformé la Cour qu’il n’avait pas encorereçu une copie du dossier modifié.

164 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

L’affaire a été ajournée pour requêteet adoption de la version écrite desplaidoiries.

Saidykhan, un ancien rédacteur enchef du journal interdit The Independent,une publication basée à Banjul, était parmiplusieurs victimes qui ont été illégalementdétenues et ont subi toutes sortes desévices aux mains des agents de sécuritégambiens, suite à une tentative de coupd’état présumée en mars 2006.

La Fondation pour les Médias enAfrique de l’Ouest (MFWA) a entamé cetteaction au nom de Saidykhan en vue de luirendre justice.

12 juillet 2010MISE A JOUR Ghana : Unjournaliste de la presseécrite s’échappe à sesravisseursM. Dauda Mohammed, le photojournalistequi aurait été enlevé le par des personnesnon identifiées pour avoir pris des photosde la demeure privée d’un ancienprésident du Ghana, M. Jerry JohnRawlings, s’est échappé à ses ravisseursaprès environ une heure de détention.

Dans une interview accordée à la radioprivée Joy FM, Mohammed, correspon-dant du journal privé The Insight, a indiquéqu’il était en train de prendre des photoslorsqu’un homme armé d’un couteau estsorti d’une voiture à quatre roues motriceset lui a ordonné d’y monter. Trois autreshommes y étaient déjà installés. SelonMohammed, il a pris la fuite mais sesravisseurs l’ont poursuivi et l’ont arrêtégrâce à l’intervention d’un autre hommequi avait l’impression qu’il était un voleur.

Mohammed a informé qu’il a été frappéau visage et conduit vers un lieu inconnu,où ils lui ont demandé pourquoi il prenaitles photos. Heureusement pour lui, laportière n’était pas verrouillée et il a pus’échapper.

Suite à la prétention récente de Nana

Konadu Agyemang Rawlings, l’épouse del’ancien président, selon laquelle sa familleétait sans abri après la destruction de sademeure par l’incendie survenu le 14février 2010, le gouvernement et d’autrescritiques ont émis des doutes sur cetteaffirmation. Mohammed et son autrecollègue, Duke Tagoe, sont donc alléss’informer de la prétention selon laquelleM. Rawlings et sa famille ne pouvaient pasêtre sans abri puisqu’ils possèdent desdemeures privées.

Le 13 juillet, l’un de ses ravisseurs aexpliqué qu’en tant que citoyenresponsable, il a arrêté Mohammed maisil ne savait pas qu’il était journaliste. Il aaffirmé qu’en tant que loyaliste de l’ancienprésident, il craignait que le sac queMohammed portait ne contienne une armedont il pourrait se servir pour détruire l’hôtelparticulier.

La Fondation pour les Médias enAfrique de l’Ouest (MFWA) étaitpersuadée que cet enlèvement témoignaitde l’intolérance. Nous avons demandé àla Police de veiller à ce qu’une enquêteapprofondie et indépendante soit menéesur ce crime afin de traduire les auteursen justice de la manière la plus exemplaire.

16 juillet 2010MISE A JOUR Côted’Ivoire: Des groupes demédias demandent lalibération immédiate desjournalistes détenusDes organisations de média pro-fessionnelles en Côte d’Ivoire ont adresséun ultimatum aux autorités ivoiriennes pourqu’elles libèrent trois journalistesprincipaux du quotidien Le NouveauCourrier, une publication privée, qui sonten détention pour publication d’un rapportfiltré sur une affaire de corruption survenuedans la filière café-cacao du pays.

Les journalistes, Saint-Claver Oula,Stéphane Guédé et Théophile Kouamouo,

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 165

respectivement rédacteur en chef,directeur de la publication et directeur dela rédaction du journal, avaient été détenussur les ordres du Procureur de laRépublique, M. Raymond Tchimou Fehou.Ils avaient été en garde à vue depuis leurarrestation le 13 juillet 20l0.

Lors de la conférence de presseorganisée à Abidjan, la capitale, lesgroupes de média ont menacé que si lesautorités manquaient de remettre lesjournalistes en liberté avant la fin de lajournée du 16 juillet, ils allaient tous publierle rapport intégral de l’enquête sur ledétournement présumé dans la livraisonde leurs journaux respectifs du 19 juillet.

Les journalistes, qui ont refusé dedivulguer les sources de leurs informa-tions, devraient être transférés devant leparquet le 16 juillet.

Me Désiré Gueu, l’avocat desjournalistes, a soutenu qu’il y avait deschances que ses clients soient inculpésde « vol de documents administratifs » etdéférés à la maison d’arrêt et de correc-tion d’Abidjan, suite à leur refus de révélerles sources de leurs informations.

La MFWA a exhorté les groupes demédia à rester résolus à assurer lalibération des journalistes et a réitérél’appel qu’elle avait précédemment lancépour la libération immédiate et sans con-ditions des journalistes.

18 juillet 2010MISE A JOUR Nigeria :Libération des journalistesnigérians kidnappésLes quatre journalistes et leur chauffeurqui avaien été kidnappés à Aba, dans l’Etatd’Aba au sud-est du Nigeria ont été libérésà 1h30 environ par leurs ravisseurs. LePrésident du Conseil de l’Union desJournalistes du Nigeria pour l’Etat deLagos, Wahab Oba, a déclaré qu’ils ontété déposés par leurs ravisseurs, sur unepiste de brousse à Ukpakiri, dans la

juridiction de l’administration localed’Obingwa. Ils avaient dû attendre jusqu’à6h00 environ avant de se diriger vers unmarché local où ils ont rencontré un leadercommunautaire — dont l’identité est tue— qui les a conduits à un commissariatde police. Il affirme que la somme de 3millions de nairas (environ, 20 000 dollarsaméricains) leur a été retirée.

Wahab Oba a en outre déclaré quebien qu’ils n’aient pas été maltraités parleurs ravisseurs, ces derniers leur ontbandé les yeux et gardé sous des arbresà la merci d’éléments dangereux. Il a ditque « Les ravisseurs ne nous ont jamaispermis de rester pendant longtemps dansun même endroit, car ils nous changeaientconstamment de lieux à cause de la po-lice qui était à notre recherche.

Nous avions les yeux bandés tout letemps. Nous n’avons jamais su où nousnous trouvions à un quelconque moment.Toutefois, les ravisseurs ont volé tous noseffets et les ont partagés entre eux. Araconté Oba.

« Ils ont pris tout ce que nous avions ;montres, argent … qu’ils se sont partagés.J’ai vu partager mes chaussures, monordinateur portable. Quelqu’un a mêmeporté ma montre là-bas dans la brousse.Nous avions dû nous départir de 3 mil-lions de nairas avant qu’ils n’acceptent denous libérer.

Oba a dit qu’ils avaient déjà perdul’espoir de sortir vivants des mains de leursravisseurs et qu’ils avaient même adresséoralement leurs ultimes volontés à leursfamilles parce que les ravisseurs leurdemandaient chaque fois de dire leursdernières prières.

Le 11 juillet 2010, Wahab Oba, WahabOba, Président du Conseil du NUJ pourl’Etat de Lagos ; Sylvester Okereke,Secrétaire Adjoint du Conseil du NUJ pourl’Etat de Lagos ; Adolphus Okonkwo,Secrétaire Régional du NUJ; SolaOyeyipo, journaliste ; et leur chauffeur,Azeez Yekini, revenaient à Lagos à bordd’un autobus appartenant au NUJ, après

166 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

pris part à la réunion du Conseil ExécutifNational de l’Union qui s’était tenue à Uyo,Etat d’Akwa Ibom dans la région du Deltadu Niger lorsqu’ils ont rencontré lesravisseurs qui les ont enlevés sous la men-ace d’armes.

21 juillet 2010MISE A JOUR Côted’Ivoire: Des peines deprison pour troisjournalistes de la presseécrite détenusTrois rédacteurs du quotidien privé LeNouveau Courrier qui ont été détenus parles autorités ivoiriennes pour avoir refuséde divulguer les sources de leurs infor-mations, au sujet d’un article publié le 13juillet, devaient comparaître le 21 juilletdevant le Tribunal des flagrants délits duPlateau à Abidjan, la capitale.

Les journalistes pourraient écoper d’unepeine de prison d’un an si le Tribunalaccède à la requête de M. Oulai Fernand,le procureur dans l’affaire, qui avaitdemandé au Tribunal de condamner lesjournalistes à douze mois de prisonchacun et de leur infliger des peines de10 millions de francs CFA chacun (environ$US 20 000).

Les journalistes, Saint-Claver Oula,Stéphane Guédé et Théophile Kouamouo,respectivement rédacteur en chef,directeur de la publication et directeur dela rédaction du journal, passaient enjugement en référé pour publication d’unrapport filtré sur une affaire de corruptionsurvenue dans la filière café-cacao dupays.

Ils ont été inculpés de « vol de docu-ments administratifs » et déférés à laMaison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan.

23 juillet 2010MISE A JOUR Ghana: LaGJA dénonce la poursuiteau criminel desjournalistesLe Bureau exécutif de l’Association desJournalistes du Ghana (GJA) a fait appelà la Police ghanéenne pour qu’elle utilisedes mécanismes constitutionnels en vued’aborder les doléances et plaintes qu’ellepourrait avoir contre les journalistes et lesmédias.

Selon la GJA, la pénalisation de la pa-role sous quelque forme que ce soit étaitinacceptable et une résistance y seraitopposée avec le concours de la sociététout entière, conformément aux disposi-tions de la constitution du Ghana de 1992.Lors d’une réunion entre la GJA et la Po-lice ghanéenne, les deux institutions sesont mis d’accord commun pourcollaborer l’une avec l’autre sansforcément compromettre leurs rôles. Ellesétaient également d’accord pour dire queles médias n’étaient pas au-dessus deslois.

La réunion s’est avérée nécessairelorsque la Police a convoqué deuxrédacteurs, au sujet des reportagesd’actualité parus dans leurs journauxrespectifs.

Le 21 juillet, M. Enimil Ashon, rédacteurdu journal d’Etat Ghanaian Times, a étéconvoqué par la Police judiciaire (CID)au sujet d’un article que la Police a jugépréjudiciable à son image.

Le 19 juillet, M. Ato Kwamena Dadzie,rédacteur par intérim aux informations deJoy FM , une station de radioindépendante basée à Accra, a été inculpéde « publication d’informations dansl’intention de semer la peur ou de faire dutort au grand public ou de troubler l’ordrepublic », contrairement à la section 208du code pénal du pays de 1960. Depuislors, la Police a soumis le dossier deprocédure de son affaire au Parquet duProcureur Général pour instruction.

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 167

La convocation de Dadzie a provoquéune dénonciation généralisée del’application de la loi. La Fondation pourles Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA)a demandé aux autorités de retirer l’affaireet a fait appel aux partisans de la libertéde parole pour qu’ils fassent campagneen faveur de l’abrogation de cette loi. LeCentre pour le DéveloppementDémocratique (CDD), une ONG degouvernance basée à Accra, a égalementlancé une déclaration pour demanderl’abrogation de cette loi.

Toutefois, dans une déclaration renduepublic le 21 juillet, le Ministère del’Information a nié que la Police a portédes inculpations contre Dadzie et a affirméqu’il a seulement été mis en garde.

Selon la déclaration signée par M. JohnAkologu Tia, ministre de l’Information, «l’administration (du président John AttaMills) est partisane du renforcement denos institutions, y compris les médias, etne fera rien pour porter atteinte à la libertéde la presse ; toutefois, les droits dontjouissent les médias devraient être assortisde responsabilités ».

26 juillet 2010MISE A JOUR Côted’Ivoire: Condamnationdes journalistes etsuspension d’un journalLe Tribunal correctionnel du Plateau àAbidjan, la capitale ivoirienne, a reconnutrois rédacteurs du journal Le NouveauCourrier, une publication privée,coupables d’une inculpation de diffusiond’informations classées secrètes, en vio-lation de l’article 73 du code dedéontologie de la presse.

Cette inculpation a été retenue contreeux suite au refus des journalistes dedivulguer la source de leurs informations,au sujet d’un rapport filtré le 13 juillet surune affaire de corruption survenue dansla filière café-cacao du pays. Cette af-

faire a fait l’objet d’un article paru à laune du journal Le Nouveau Courrier.

Quoique le Tribunal n’ait pas su infligerdes peines de prison aux journalistes telque requis par le Parquet, il a imposé àchacun d’entre eux des amendesexorbitantes de FCFA cinq millions(environ $US 10 000) ainsi qu’une périodede suspension de quinze jours au journalavec effet immédiat.

Les trois rédacteurs, Saint-Claver Oula,Stéphane Guédé et Théophile Kouamouo,respectivement rédacteur en chef,directeur de la publication et directeur dela rédaction du journal, qui avaient été endétention depuis leur arrestation le 13juillet, ont été disculpés de l’inculpation de« vol de document administratif ». Ils ontfait l’objet d’un procès sommaire.

M. Patrice Pohé, journaliste et conseilleren communication de Raymond Tchimou,le Procureur de la République, qui aégalement été détenu le 21 juillet pour avoirprétendument occasionné la fuite des in-formations aux journalistes, a été remisen liberté sans conditions par le Tribunal.

La MFWA a dénoncé la condamnationdes journalistes et s’est inquiétée desamendes exorbitantes qui leur ont étéinfligées. Elle a également fait appel auxorganisations de la liberté d’expressionpour qu’elles protestent contre l’utilisationdes tribunaux pour la répression desmédias et des journalistes.

3 août 2010MISE A JOUR Bénin: Lesautorités « musèlent » lesmédias au sujet desallégations de corruptioncontre le Président BoniYayiLes autorités au Bénin ont menacé deprendre des mesures contre les médiaslocaux et étrangers du pays quimanquaient de respecter la déontologie

168 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

de leur profession, surtout en ce quiconcerne les allégations de corruptionformulées contre le président Boni Yayi.

Plus de la moitié des députés du paysavaient lié le président Yayi à desallégations de corruption. Ils ont prétenduqu’il avait offert une assistance illégale àInvestment Consultancy & ComputeringServices (ICC), une société de placementd’argent qui aurait financé sa campagne.

Une déclaration lancée par les autoritésaprès une session extraordinaire duConseil des ministres a indiqué que legouvernement était prêt à fournir les in-formations nécessaires relatives à cetteaffaire.

La déclaration a insisté que les autoritéscompétentes prendraient des mesurescontre tout organe de presse qui nerespectait pas la déontologie de sa pro-fession.

Cette menace a fait suite à la demandede mise en accusation formulée par lesdéputés du pays pour que le présidentBoni Yayi soit poursuivi pour « abus depouvoir et faux témoignage ».

Le 2 août 2010, les autorités ontinterrompu les émissions de Radio FranceInternationale (RFI) dans le pays pourenviron 14 heures après que RFI aannoncé qu’elle mènerait une discussionsur la demande des députés pendant sondébat populaire « Appels sur l’Actualité »programmé pour le 3 août. Raïssa Gbédji,la correspondante de RFI à Cotonou, lacapitale, a été convoquée par M.Théophile Nata, le président de l’instancede régulation des médias, la Haute Autoritéde l’Audiovisuel et de la Communication(HAAC).

21 septembre 2010MISE A JOUR Gambie:L’affaire de Saidykhan estreportée de nouveauLa Cour communautaire de la CEDEAOdéterminerait le 20 septembre 2010 si

Musa Saidykhan, qui a été torturé en 2006par les agents de sécurité, pourrait modi-fier sa déclaration et fournir des preuvesmatérielles qui concorderaient avec saplaidoirie.

Lors de la dernière audience, lesautorités gambiennes, représentées parcinq avocats menés par Me. Martin Okoi,ont débattu la modification pour environune heure et demie avec Me. SholaEgbeyinka, l’un des avocats de Saidykhan.

Le 9 juillet, Saidykhan avait introduitcette requête qui lui permettrait deprésenter les vêtements qu’il avait portésainsi que son dossier médical. Ceci a faitsuite à sa comparution devant la Cour le7 juin 2010.

Saidykhan, un ancien rédacteur enchef du journal The Independent, une pub-lication interdite basée à Banjul, figuraitparmi plusieurs victimes qui ont été misesen détention illégale et ont subi toutessortes d’atrocités aux mains des élémentsdes forces de sécurité gambiennes, suiteau coup d’Etat présumé manqué de mars2006.

En novembre 2007, la Fondation pourles Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA)a intenté un procès au nom de Saidykhanen vue de lui chercher justice aussi bienque beaucoup d’autres personnes.

28 septembre 2010MISE A JOUR Togo: LePrésident togolais retiredes plaintes endiffamation contre troisjournauxLe président Faure Essozimna Gnassingbédu Togo a retiré cinq plaintes portéescontre trois journaux privés basés à Lomépour diffamation et insultes proféréescontre sa personne, y compris les deuxplaintes portées contre L’Indépendant Ex-press.

Le directeur de publication, CarlosKétohou, a été informé par M. Robert

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 169

Baoubadi Bakai, le Procureur de laRépublique, que l’Etat ne s’intéressait plusà ces affaires.

Le 24 septembre, le Procureur de laRépublique avait déjà notifié auxdirecteurs des deux journaux, La Lanterneet Liberté, que les plaintes portées contreeux avaient également été retirées par leprésident Gnassingbé.

Le président togolais avait intenté desprocès distincts contre L’Indépendant Ex-press, La Lanterne et Liberté à la fin dumois d’août, suite à une série d’articlesque ces journaux avaient publiés pourl’accuser de mauvaise gestion et de cor-ruption.

Par exemple, La Lanterne a, dans salivraison du 12 août, soutenu que «l’incapacité de Faure Gnassingbé degouverner se confirme au jour le jour ».

La MFWA était satisfaite de cettemesure et a fait appel aux médias et auxjournalistes du Togo pour qu’ils rendentce geste en assurant un niveau élevé del’exercice de la profession du journalismedans le pays.

13 octobre 2010MISE A JOUR Gambie:Interdiction imposée à unprédicateur levée avec desconditions rigoureusesL’interdiction à motivation politiqueimposée à Bakawsu Fofanah, unecclésiastique musulman célèbre, par leConseil Islamique Supérieur (SIC), unecoalition d’associations musulmanes enGambie, a été levée avec une mise engarde sévère lancée par le présidentYahya Jammeh.

Lors d’une réunion de réconciliation en-tre Fofanah et le dirigeants du SIC dansson bureau, le président a mis Fofanahen garde contre la manière dont il propageses messages qui, selon lui, ont étécaractérisés par l’incitation et l’agitationen vue de semer la confusion parmi lesmusulmans en Gambie.

La réunion a été facilitée par le ministèrede l’Intérieur et des Affaires des ONG, suiteà une demande que Fofanah a envoyéeau président Jammeh pour qu’il interviennedans l’impasse entre lui et le SIC.

« Ce que je veux vous dire c’est que cesera votre première et dernière chance.Je ferai appel au SIC pour qu’il lèvel’interdiction, mais si ça arrive encore, tuauras affaire à moi », a-t-il mis Bakawsuen garde.

Le président Jammeh a ensuiteordonné à Fofanah de présenter des ex-cuses au SIC. Fofanah est devenu un cri-tique ardent du SIC après l’échec de satentative d’accéder à la présidence duconseil.

Selon le président Jammeh, songouvernement a mandaté le SIC pour qu’ilmène les affaires de l’Islam dans le pays; et qu’il est le seul organe habilité à réglerles différends. Il a donc conseillé vivementà l’imam Fofanah de respecter lesdécisions de l’institution et de sesdirigeants.

Lors d’une réunion d’urgence organiséele 16 septembre, le SIC a décidéd’interdire à Fofanah de mener touteactivité religieuse dans le pays. Seloncelui-ci, cette interdiction a mené à unboycottage massif de son école et de samosquée.

La rencontre présidée par le présidentJammeh a réuni les dirigeants du Conseilsuprême et le Conseil des ministres deson administration.

21 octobre 2010MISE A JOUR Gambie:Rejet d’une autre objectionformulée par la Gambiedans l’affaire de torturede SaidykhanLa Cour Communautaire de la CEDEAOsise à Abuja, au Nigeria a rejeté ladeuxième objection formulée par lesautorités gambiennes, le défendeur dans

170 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

l’affaire de torture déposée par unevictime, Musa Saidykhan, ancienrédacteur en chef du journal The Inde-pendent, une publication interdite baséeà Banjul.

Le 30 juin 2009, la Cour communautairea rejeté la première objection formulée parle gouvernement gambien qui a demandéà la Cour de rendre une fin de non-recevoir dans l’affaire déposée parSaidykhan en raison du fait que celui-cin’avait pas épuisé tous les moyen de re-cours locaux.

Par cette décision, le verdict de la Courtiendrait compte des vêtements portés parSaidykhan lors des rudes épreuves qu’ila subies ainsi que de son dossier médicalqu’il a présenté lors de son témoignage.

La Cour a fixé son jugement au 21décembre.

26 novembre 2010MISE A JOUR Sénégal : Untribunal condamne unpolicier pour avoir agressédes journalistesL’un des policiers inculpés en 2008 pouravoir agressé deux journalistes sportifs,Kara Thioune de West Africa DemocracyRadio (WADR) et Babacar Kambel Diengde Radio Futurs Médias (RFM), a étéreconnu coupable de coups et blessureset condamné à un mois de prison avecsursis.

Une somme de FCFA 750 000 (environ$ 1 667) a été attribuée à Kambel Dieng,le plaignant dans cette affaire, à titre dedommages et intérêts. Thioune, qui asaigné copieusement après l’agression,ne s’est pas constitué partie civile.

Les quatre policiers de la Brigaded’intervention polyvalente de la Policesénégalaise, et dont le chef était LamdouDioune, ont malmené les deux reportersle 21 juin 2008 au stade Léopold SédarSenghor lors d’une interview après unmatch.

Au départ, le ministre de l’Intérieur dupays avait disculpé ses éléments de toutméfait avant qu’une enquête menée parla gendarmerie ne les ait reconnuscoupables du délit.

Les policiers ont donné des coups depoing et de pied aux deux reporters àplusieurs reprises, leur ont donné descoups de bâton électrique et les ontmenottés et détenus pour environ unedemi-heure avant de les conduire àl’hôpital pour des soins médicaux.

La MFWA était satisfaite de cedéveloppement, surtout parce qu’ilpermettrait aux journalistes du pays detravailler sans crainte ni intimidation.

26 novembre 2010MISE A JOUR: SierraLeone: Enfin, la Justicepour les journalistesagressés lors d’uneconférence du parti del’OppositionUn comité de quatre membres constituépour mener une enquête sur l’agressionprésumée perpétrée contre dix journalistesqui couvraient la conférence du parti del’Opposition sierra-léonais, le Partipopulaire de Sierra Leone (SLPP), s’estréuni pour la première fois à Freetown audébut de l’année.

Le comité, une initiative conjointe del’Association des Journalistes de SierraLeone (SLAJ) et du SLPP, devait menerune enquête sur l’affaire et recommanderdes mesures pour ou contre certainsagents du SLPP qui ont agressé lesjournalistes lors de la conférence del’Opposition tenue le 27 février à Bo, ladeuxième ville de la Sierra Leone.

Le comité a été composé de deuxreprésentants chacun de la SLAJ et duSLPP.

Parmi les journalistes agressésfiguraient Sulaiman Storm Koroma de lastation privée Radio Democracy, Idrissa

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 171

Sesay, Alimamy Lahai Kamara et ArunaP. Kamara de la radiotélévision nationale,la Sierra Leone Broadcasting Corpora-tion (SLBC), Abdul Kamara de Star Ra-dio et James Fillie de Eastern Radio. L’onpourrait également compter MohamedKabbah et Bampia Bundu du journalAwareness Times ainsi qu’Ishmael Bayohet David Jabati du journal Exclusive.

Cet incident s’est produit après queM. Jabati, le rédacteur en chef du journall’Exclusive, a photographié deux membresdu SLPP qui se disputaient de manièreviolente. Ses assaillants ont brièvementconfisqué sa caméra et agressé d’autresjournalistes qui y étaient présents.

« Cette enquête montrera que ladémocratie s’est développée en SierraLeone. Je suis très content que le PartiPopulaire de Sierra Leone est prêt àparticiper au processus parce que lequatrième pouvoir doit être protégé dansl’exercice de son mandat », a affirméMaître Ady Macauley, un représentant duSLPP.

Ishmael Koroma, le secrétaire-généralpar intérim de la SLAJ et membre ducomité, a affirmé que bien que le SLPPait présenté des excuses peu aprèsl’incident, il fallait mener une enquêté envue d’obliger les gens à rendre descomptes pour leurs actions et de mettrefin aux actes d’agression inutiles perpétréscontre les journalistes dans l’exercice deleurs fonctions.

10 décembre 2010MISE A JOUR Gambie :Remise en liberté dudirecteur de l’état-major del’OppositionFemi Peters, un homme politique del’Opposition gambienne incarcéré pouravoir organisé un meeting public sansautorisation, a été libéré sans conditions.Bien qu’aucun motif n’ait été donné poursa libération, les sources de la Fondationpour les Médias en Afrique de l’Ouest(MFWA) ont rapporté que cela pourraitêtre dû à sa mauvaise santé.

Peters, un diabétique, souffrait d’unelongue crise de malaria qui était devenuele sujet d’une campagne internationale dontle but était d’assurer sa libération.

Le 1er avril 2010, le Tribunal depremière instance de Kanifing présidé parM. Kayode Olajubutu a reconnu Peterscoupable de deux inculpations, suite à unmeeting public que le Parti DémocratiqueUni (UDP) avait organisé en octobre 2009,lequel meeting a été qualifié d’illégal parla Police parce que l’UDP n’avait pasd’autorisation.

Peters a été condamné à une peined’un an de prison ferme et à une amendede 10 000 dalasis (environ $US 300).

L’appel qu’il interjeté le 25 août auprèsde la Haute Cour de Banjul a été rejeté. Ila été arrêté et détenu le 25 octobre 2009.

172 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 173

CHRONIQUES

174 ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010

1er janvier; Cap Vert: La Commissionchargée de la Carte Professionnelle acommencé à délivrer des cartesd’identité aux journalistes. Bien que leprocessus ait commencé en 2004quand le gouvernement avait créé laCommission chargée de la Carte duJournaliste Professionnel, ce n’estqu’en avril 2009 que le gouvernementa approuvé l’organigramme de cettecommission et a réglementé le système,le régime des responsabilitésprofessionnelles, ainsi que lesincompatibilités. Cela est venu comblerune demande de longue datemanifestée par les journalistes du CapVert.

30 janvier ; Mali: Les diplomatesaccrédités au Mali se sont rendus à laMaison de la Presse pour tisser unpartenariat dynamique.

9 février ; Bénin: M. Soulé Issiaka,Directeur de Radio Nétherlands-Afrique, a été décoré par la reineBéatrix des Pays Bas avec le titre deChevalier de l’Ordre de Nassau Or-ange. Dans son allocution,l’Ambassadeur des Pays Bas a combléM. Issiaka de louanges pour sa contri-bution à la liberté de la presse et lepluralisme dans les médias sur le con-tinent.

14 février; Ghana: La Fondation pour lesMédias en Afrique de l’Ouest a annoncéavec douleur le décès d’un membre de

son person-n e l ,W i n f r e dN i i -Boye ,Chargé deProgrammes,Départementde surveil-lance, re-cherche et

publications. Il a, à notre grande

tristesse, rendu l’âme le 14 février àl’Hôpital Militaire 37 d’Accra, Ghana,suite à un accident de circulationsurvenu sur l’autoroute Accra-Tema.

23 février; Ghana: Le Président de laCommission nationale des médias(NMC) M. Kabral Blay-Amihere, a, lorsdu lancement du 10ème anniversairede radio Adom FM, mis en garde lesstations radiophoniques de faire atten-tion à « l’impact de ce qui est dit » etd’assurer que les ondes ne soient pasexploitées aux fins de fomenter des dis-sensions et la désunion dans le pays.

25 février; Bénin: La Haute Autorité del’Audiovisuel et de la Communication(HAAC), a commencé sa première ses-sion ordinaire à Cotonou. ThéophileNata, son président, a présenté 15documents y compris le rapport sur ledysfonctionnement des structures/organes de la HAAC ainsi que le rap-port sur la modalité du partage de lasubvention de l’Etat à la presse.

26 février; Bénin: La cinquièmemandature de l’Observatoire de laDéontologie et de l’Ethique dans lesMédias (ODEM) a organisé uneconférence de presse pour faire le bilandes activités du premier trimestre del’année. Un rapport présenté par Marie-Richard Magnidet qui occupe laprésidence de l’ODEM, a abordél’autorégulation et les formationsorganisées à l’ intention desprofessionnels des médias.

1er mars; Bénin: Le monde de la pressea perdu deux journalistes, ChristopheHodonou et Christian Doussoumon.Hodonou qui était journaliste etDirecteur de publication du quotidienLa Pyramide, a rendu l’âme après unelongue maladie. Il était égalementmembre du Conseil National duPatronat de la Presse Ecrite et

Winfred Nii Boye

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Audiovisuelle du Bénin. Dossoumon,était journaliste à la radio école APM àPorto-Novo.

4 mars; Guinée-Bissau: Le Ministère desaffaires publiques et SINJOTECS ontorganisé un atelier à l’intention de vingtjournalistes sur le trafic de drogue etle grand banditisme. Un nouveau prix,Journaliste pour la ConstructionNationale, a été annoncé lors de cetatelier.

Mars 2010 ; Togo: Cinq sur les neufmembres devant composer la HauteAutorité de l’Audiovisuel et la Commu-nication (HAAC), l’organe de régulationdes médias au Togo, ont été élus par leparlement togolais, conformément à laloi en vigueur.

22 mars 2010; Nigeria: Le juge LawalMuhammed du Tribunal Musulman deMagajin Gari de Kaduna au nord-estdu Nigeria a interdit au Congrès desDroits Civils du Nigeria (CRCN) uneONG caritative, de susciter des discus-sions en ligne relatives à l’amputationde Buba Belle Jangebe, sur les sitesde réseautage social Facebook et Twit-ter en attendant l’aboutissement duprocès intenté par un groupe pro-Charia, l’Association de la ConfrérieMusulmanne du Nigeria.

Le juge Muhamed a dit en énonçantl’ordre : « Nous ordonnons par lesprésentes que les mis en cause ouleurs mandataires se retiennent d’ouvrirun quelconque forum de discussion surFacebbok, Twitter ou tout blog aux finsde débat sur l’amputation de MalamBuba Belle Jangebe.»

Shehu Sani directeur exécutif dugroupe a déclaré que des fora de dis-cussion ont été ouverts environ dix joursauparavant, en vue de fournir auxNigérians, une plateforme pour discuterde la Charia dans son ensemble et del’amputation de Jangebe en particulier.

« Nous avons ouvert le blog surFacebook afin de servir de plateformepar laquelle les Nigérians pourraientexprimer leurs opinions par rapport àla Charia dans son ensemble et la jus-tification ou autrement, l’amputation dela main de Malam Buba Belle Jangebe» a-t-il déclaré.

Le 29 mars la Cour a irrévocable-ment interdit au CRCN de continuer àtenir des débats en ligne sur les sitessociaux autour de l’amputation en tantque forme de punition.

23 mars; Cap Vert: Les débats auParlement devant conduire au vote denouvelles lois sur le statut desjournalistes et l’audiovisuel ont étéreportés au mois d’avril, pour permettreaux syndicats du Cap Vert d’examineret se prononcer sur des questionssociales y relatives.

23 mars; Guinée: M. Jean RaymondSoumah, Président du Conseil Nationalde la Communication (CNC), a lancéun appel à la presse écrite, la radio, latélévision et la presse en ligne pourqu’elles respectent l’impératif de fairepreuve de retenue et d’agir de façonresponsable lors de la campagneélectorale.

26 mars; Sénégal: Le personnel de lachaine de télévision Canal Info observéun sit-in pour revendiquer le paiementdes arriérés de huit mois de salaires.Le personnel a déjà organisé un sit-indevant les locaux de Canal Info débutmars pour les mêmes raisons.

7 avril ; Nigeria : Cinq suspects arrêtésà propos du meurtre le 20 septembre2009, de Bayo Ohu, un rédacteur ad-joint du journal privé The Guardian, ontété traduits devant un TribunalCorrectionnel de Lagos sous le chefd’accusation de meurtre et vol à mainarmée.

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Les suspects, Ganiu Sulemon, DadaYemi Adesanya, Idris Balogun, VictorOmogbehin et Ismaila Adebisi ont ététraduits devant le tribunal sous six chefsd’accusation de conspiration, vol àmain armée, meurtre et recel.

LeJuge D. T. Oladokun, qui aentendu l’affaire, a ordonné que lessuspects soient placés sous mandat dedépôt, car a-t-il dit, le tribunal n’a pasla compétence pour entendre l’affairevu sa nature. Il a ajourné l’affaire au 30avril 2010, et ordonné que le dossierde l’affaire soit envoyé au cabinet duProcureur Général pour son avis.

21 avril 21; Côte d’Ivoire: Frat’ Mat Edi-tions, éditeurs du journal quotidien del’Etat Fraternité Matin, a lancé unconcours littéraire dénommé « Côted’Ivoire — 50 ans d’Indépendance »dans la Salle Charles Diagne duditgroupe de presse à Abidjan. Leconcours a été organisé en collabora-tion avec le Comité Préparatoire du50ème Anniversaire (CNPCICI), sous laprésidence de l’Ambassadeur de Côted’Ivoire en France, Pierre Kipre.

28 avril; Côte d’Ivoire: M. BambaYacouba, l’ancien Secrétaire perma-nent adjoint et porte-parole adjoint dela Commission Electorale Indépendante(CEI), a été nommé l’unique porte-pa-role et secrétaire permanent adjoint del’institution par son président YoussoufBakayoko. Cette nomination est endroite ligne avec les réformes initiéespar le comité central de la CEI.

28 avril; Côte d’Ivoire: Konan KoffiCélestin, un étudiant en classe de 4èmea été tué par balle par le LieutenantCoulibaly Adama au commissariat depolice de Dabou au moment où ilsubissait un interrogatoire sur un casde vol de deux téléphones portables.

28 avril; Côte d’Ivoire: Le SecrétaireGeneral de la Fédération syndicale des

élèves et étudiants de Côte d’Ivoire(FESCI), Mian Augustin, a lors d’uneconférence de presse déploré lesmeurtres des étudiants entre deuxgroupes au sein de l’union. Ces tueriesprovenaient des affrontements entre lespartisans de deux étudiants qui sedisputaient la direction du syndicat.

28 avril; Côte d’Ivoire: Le Comité exécutifde l’Union Nationale des Journalistesde Côte d’Ivoire a organisé unecérémonie à la Maison de la Pressed’Abidjan (MPA, Plateau) pour fairehonneur à tous les anciens présidents.Tous les anciens présidents étaientprésents à la seule exception de feuCriwa Zéli qui est décédé le 2 février2010.

29 avril; Côte d’Ivoire: Les quatre lead-ers du Rassemblement des Jeunes pourla Démocratie et la Paix (RJDP, oppo-sition) ont rencontré le DirecteurGénéral de la Police Nationale, leGénéral Brindou M’Bia, pour l’informerde leur intention d’organiser unemarche pacifique dénommée « marchede délivrance pour la Côte d’Ivoire ».

30 avril; Côte d’Ivoire: La presse privéeproche de l’opposition a publié que lechef de l’Etat, Laurent Gbagbo, signeraun décret pour interdire une manifes-tation de rue prévue pour le 15 mai parle Rassemblement des Jeunes pour laDémocratie et la Paix (RJDP, opposi-tion). L’interdiction serait pour éviterque des troubles ne se produisent lorsde l’Assemblée Générale Annuelle dela Banque Africaine de Développement(BAD), du 27 au 29 mai à Abidjan.

30 avril; Côte d’Ivoire: Sur l’initiative del’Ambassadeur des Etat Unis, leGroupement des Editeurs de Presse deCôte d’Ivoire (GEPCI) a pris part à unatelier de formation sous le thème laGestion de l’entreprise de presse, ausiège du GEPCI situé à Adjamé 220-

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Logements (Abidjan). La facilitatriceétait Madame Joan Sanger, spécialistede la gestion des petites et moyennesindustries.

2–3 mai; Mali: La 7ème édition du Festi-val Ondes de la Liberté s’est tenue aucentre international des conférences deBamako. Cette édition a été dédiée àla lutte contre le trafic des enfants.

3 mai; Côte d’Ivoire: La 19ème JournéeMondiale de la Presse a été marquéeen Côte d’ivoire par plusieurs réunionssous le thème : Information: le droit desavoir. L’une des réunions a eu pourthème : « La presse ivoirienne -cinquante ans de réalisations et lesdéfis futurs », et a été organisée parle ministère de la communication et lesprofessionnels des médias à l’Hôtel duGolfe.

5 mai; Niger: Les journalistes ont crééun organe d’autorégulation dénomméL’Observatoire Nigérien Indépendantdes Medias pour l’Éthique et laDéontologie (ONIMED), pour veiller àl’exercice d’un journalisme responsable.Il est composé de 15 membres élus dela presse et la société civile.

6 mai; Côte d’Ivoire: Le journaliste,écrivain et poète, Denis Oussou-Essui,qui était directeur de l’agence ivoiriennede presse (AIP) de 1978 à 1980, estdécédé à Abidjan à l’âge de 76 ansaprès une longue maladie.

9 mai; Côte d’Ivoire: Loukou KoffiFrançois, connu sous le nom de plumede Franck Konaté, a rendu son derniersouffle au Centre HospitalierUniversitaire de Treichville (Abidjan), oùil avait été admis le 25 mars. Il avaittravaillé au journal trihebdomadaireDemain et à plusieurs quotidiens ycompris Le Démocrate, 24 Heures,Notre Heure et Le Mandat.

11 mai; Sénégal: Le Président sénégalais,Abdoulaye Wade, qui a pendantlongtemps refusé l’autorisationd’émettre à la Télévision futurs médias,parce qu’il avait des doutes quant à sessources de financement, a finalementdonné son accord pour l’octroi del’autorisation. La station fait partie duGroupe Futurs Médias appartenant àYoussou N’Dour, un chanteur.

12 mai; Côte d’Ivoire: L’Union Nationaledes Journalistes de Côte d’Ivoire(UNJCI) a installé la Commissionpermanente du jury du Prix Ebony lorsd’une cérémonie qui s’est déroulée àla Résidence Ohinéné, à Cocody lesII-Plateaux.

19 mai; Guinée: L’association guinéennedes éditeurs de la presse indépendante(AGEPI), l’Association guinéenne desjournalistes de la presse en ligne(AGUIPEL) ainsi que l’Union des ra-dios et télévisions libres de Guinée(URTELGUI), ont signé une déclarationconjointe appelant pour une bonnecouverture du processus électoral encours en Guinée.

25 mai; Côte d’Ivoire: Le Bureau del’Union nationale des journalistes deCôte d’Ivoire sous la direction duPrésident, Mam Camara, a rendu unevisite au Président du PartiDémocratique de Côte d’Ivoire (PDCI,opposition), Henri Konan Bédié. Ils ontexposé leur plan stratégique à Bédié etont également discuté des conditionsde travail des journalistes.

26 mai; Côte d’Ivoire: La première éditionde Grand Mag, un magazine bimensuelest parue dans les kiosques ivoiriens.Le magazine traite de l’informationgénérale y compris les questionsd’ordre culturel et de société ainsi quel’économie, etc.

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27 mai; Côte d’Ivoire: Kouamé KouadioPaul Alfred, journaliste et directeur deRadio Cote d’Ivoire est décédé aprèsune longue maladie.

28 mai; Bénin: L’Union des radioscommunautaires et associatives(URCAB) a tenu son Assemble généraleannuelle au siège de la radio école àPorto Novo. La réunion a confirmél’étude diagnostique de l’organisationet l’audit interne de l’URCAB qui aactualisé l’étude de la radiocommunautaire et associative.

29 mai; Bénin: Un nouveau patronat dela presse, le Patronat National de laPresse du Bénin (PNPB), a été crééavec comme pour son PrésidentAboubacar Takou, directeur de publi-cation du journal Le Béninois Libéré.

30 mai; Niger: Le Conseil d’Administrationdu Centre de la Maison de la Pressedu Niger a, suite à son Assembléegénérale annuelle, élu Boubacar Diallocomme son nouveau Président.L’élection s’est déroulée dans les locauxde la Maison de la Presse sous la su-pervision de Maitre MahamaneNassarawa.

30 mai; Bénin: Les professionnels desmédias à Parakou ont, lors des Etatsgénéraux, créé une associationbaptisée Association des Pro-fessionnels des médias de Parakou(APMP) afin de défendre les droits desprofessionnels des médias à Parakou.Gaston Yamaro de la radio Arzeke FMa été élu president de cette associa-tion.

Mai 2010; Burkina Faso: AlexandreLebel, un journaliste au journal quotidienLe Patriote a reçu le Prix CNN dumeilleur journaliste francophone de lapresse écrite pour 2010. L’article quilui a valu ce prix est intitulé: « Dix ans

après le conflit foncier à Tabou, lesBurkinabès se voient toujours refuserla terre. »

10 juin; Côte d’Ivoire: Le journal Nord-Sud Quotidien est devenu le lauréat dela Plume d’Or lors de la cinquièmeédition des prix du CNP qui célèbre leprofessionnalisme dans la presse écriteen Côte d’Ivoire. La cérémonie a vu lejournal quotidien L’Inter etl’hebdomadaire Gbich décrocher laPlume d’Argent et la Plume de Bronzerespectivement.

10 juin; Côte d’Ivoire: Le ministre desAffaires économiques et financières,Charles Koffi Dibby, a signé un arrêtéministériel pour rétablir le Fonds dedéveloppement et de Soutien à laPresse (FDSP) de 1,5 milliard deFrancs CFA francs (environ US$3 mil-lion), qui provient des taxes sur lapublicité. Ce fonds permettra d’équiperles entreprises de presse privées.

19 juin; Mali: Le Réseau de communica-tion des stations de radioindépendantes Kayira a fêté le 18ème

anniversaire de Radio Kayira I, situéeà Bamako. Le thème choisi pour lacirconstance était la Dépénalisation desdélits de presse: Une garantie de laliberté de presse.

24 juin; Côte d’Ivoire: Le Centred’information et de Communication duGouvernement (CICG) a lancé son jour-nal, Le courrier du gouvernement, àl’Hôtel Pullman (Abidjan-Plateau). Lejournal va relayer les déclarations duConseil des ministres et améliorer lesmécanismes de communication dugouvernement à travers les différentsministères.

24 juin; Sénégal: Le Bureau exécutif na-tional du Syndicat des journalistes del’information et la communication, a

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signé un protocole d’entente avec ladirection de Canal Info News pour lepaiement de 11 mois d’arriérés desalaires.

27 juin; Guinée: Les associations desmédias privés de la Guinée se sontréunies à Conakry pour faire unedéclaration contre le gouvernementpour une action de discrimination parlaquelle le gouvernement a octroyé ausecteur de la presse étatique 9,1 mil-liards de Francs Guinéens environ1.780.970 dollars américains pour lacouverture de la campagneprésidentielle et des élections. Legouvernement de transition avaitdéclaré qu’il n’était pas en mesure definancer la presse privée.

8 juillet; Gambie: L’Institut Internationalde la Presse (IPI) a nommé l’éditeur etrédacteur gambien du journal ThePoint, Pap Saine, Héros Mondial de laLiberté de la Presse de l’IPI en honneurde son effort courageux en faveur dela liberté de la presse en dépit desattaques et actions de harcèlement.Saine devient ainsi le troisièmejournaliste d’Afrique de l’Ouest qui soitnommé Héros Mondial de la Liberté dela presse de l’IPI, après Kenneth Bestdu Liberia et Freedom Neruda de Côted’Ivoire.

16 juillet; Guinée-Bissau: La télévisionde l’Etat a cessé de transmettre à caused’une panne du groupe électrogène quialimente son émetteur.

16 juillet; Bénin: Les mandats des bu-reaux sortant de l’UPMB et du CNP ontété renouvelés lors des assembléesgénérales annuelles des professionnelsdes médias au Bénin. Brice Houssoua été reconduit au poste de Présidentde l’UPMB pour un nouveau mandat detrois ans.

19 juillet; Ghana: Une organisation non-gouvernementale basée à Tamale, FlipAfrica Media Consult-Ghana, aorganisé avec réussite la premièreédition de la Nuit des Lauréats àl’intention des Journaliste du Nord, àTamale. Des journalistes méritants ontreçu divers prix, tandis que ZakariahAlhassan, le rédacteur du DailyGraphic pour la Région du Nord a étéjugé le meilleur journaliste.

19 juillet; Mali: Un accord de coopérationa été signé entre l’agence Tunis AfriquePresse (TAP) et l’Agence Malienne depresse et de publicité (AMAP) parl’ambassadeur de Tunisie au MaliMohamed Naceur Kort et SouleymaneDoucouré, directeur général adjoint del’AMAP respectivement. La signature dudocument s’est déroulée sous laprésidence de Moctar Ouane et sonhomologue tunisien des Affairesétrangères, Kamel Morjane.

3 août; Sénégal: Une délégation du bu-reau du Conseil de Diffuseurs etd’Editeurs de Presse du Sénégal(CDEPS) sous la direction de sonPrésident Madiambal Diagne, s’estentretenue avec le Ministre del’Economie et des Finances sur le Chefde cabinet du Ministère de la Commu-nication et le Directeur du Fonds pourla Promotion Economique (FPE). Unedécision a été prise de créer un Fondsd’Appui au Développement de la Presseau Sénégal (FADEPS).

10 août; Ghana: La Fondation pour lesMédias en Afrique de l’Ouest (MFWA)a organisé un forum pour commémorerle neuvième anniversaire de l’abrogationde la loi portant diffamation criminelleau Ghana. L’ex-Président J. A. Kuffourqui y était présent a affirmé ne rienregretter de l’abrogation de cette loiportant diffamation criminelle, mais acependant souligné que la liberté

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accordée à la presse devrait êtrerendue par une responsabilité accrue.

18 août; Burkina Faso: Le lancementofficielle d’une nouvelle station detélévision s’est déroulé dans la capitale,Ouagadougou. La station transmet surun rayon de 43 kilomètres. Selon leprésident du Conseil d’Administrationde la station, Lassina Diawara, BF1s’attèlera à la promotion des produc-tions locales.

22–28 août; Mali: Le Ministère de la com-munication et des nouvelles technolo-gies en partenariat avec les associa-tions des professionnels de la commu-nication, l’Unicef et l’UNFPA, a organiséun atelier de relecture des textesrégissant les médias en République duMali. Les participants ont travaillé surdes thèmes relatifs à la régulation, aurégime général de la presse,l’audiovisuel, la publicité et les agencesde communication ainsi que l’accès àl’information.

24 août; Ghana: L’Association desJournalistes du Ghana (GJA) et laFédération Internationale desJournalistes (IFJ) ont organisé unséminaire pour assurer que lesjournalistes respectent l’éthique de leurmétier. Dans un discours lu en son nom,le Vice-président de la République, M.John Mahama a exhorté les journalistesà aborder leur reportage d’une manièreouverte et transparente, par l’adoptiond’une position indépendante etimpartiale sans chercher à nuire à quique ce soit tout en assurant la protec-tion de l’intérêt général.

27 août; Sierra Leone: L’Association desjournalistes de la Sierra Leone (SLAJ)a tenu la cinquième édition de son sym-posium mensuel sous le thème:L’Ethique de la presse et l’exercice dujournalisme en Sierra Leone. D’après

un communiqué rendu public le 18 août2010, et signé par le Secrétaire Généralpar intérim de la SLAJ, Ismael Koroma,la raison d’être de ce thème est de faireen sorte que les journalistes puissentfaire la différence nette entre lesprincipes d’éthique liés au reportagede bonne qualité et la capacitéuniverselle de véhiculer les faits et lesopinions.

31 août; Ghana: Le Réseau des médiasen milieu rural (RUMNET), une struc-ture médiatique de base et de défensedes droits a organisé un atelier de for-mation sur le traitement des conflitsdans la presse à l’intention de 15journalistes de la presse écrite etaudiovisuelle choisis de la Région duNord. L’objet de cet atelier était derenforcer les capacités des journalistespour promouvoir l’harmonie parmi lesgroupes en conflit au lieu de diviserdavantage leur rang.

16 septembre; Sierra Leone: LeMinistère de l’Information et la Com-munication a lancé un débat public surle projet de loi portant la liberté del’information. Dans son discours decirconstance, Alhaji Ibrahim BenKargbo, a déclaré que le vote de la loiserait un fait historique pour la SierraLeone.

9 octobre; Mali: Le Comité syndical dupersonnel des radios privées du Mali(SYPRPM), un nouveau syndicat, a étéinauguré lors d’une conférence depresse organisée par ses responsablesà la Bourse du travail en présence dusecrétaire général de l’Union nationaledes travailleurs du Mali (UNTM), M.Siaka Diakité

14 octobre; Mali: La 3ème Conférencebiannuelle du Forum des EditeursAfricain s’est tenue à la Maison dePresse du Mali. Le thème de lacérémonie a porté sur « Les médias

ALERTE MEDIAS AFRIQUE DE L’OUEST, 2010 181

et le défi de la paix en Afrique». Lacérémonie qui a été présidée par lePrésident malien, Amadou ToumaniTouré, a vu la participation desreprésentants des responsablesgouvernementaux, près de 180éditeurs, de rédacteurs en chef, desformateurs en journalisme ainsi que desmilitants pour la liberté de la pressevenus de 36 pays d’Afrique.

19 octobre 2010 ; Nigeria : Le PrésidentGoodluck Jonathan a demandé à laCommission Nationale de l’Audiovisuelde commencer à octroyer des Licencesde Radio Communautaire auxrequérants qui remplissent les condi-tions approuvées par le Conseil ExécutifFédéral (FEC). Le Président al’annoncé au cours de la ConférenceAfricast 2010, la 8e ConférenceBiennale des Radiodiffuseurs Africainsqui s’est tenue à Abuja, la CapitaleFédérale du Nigeria.

L’annonce de la décision du FECpar le Président Jonathan a marquél’heureux aboutissement desnombreuses années (plus de sept ans)de plaidoyer pour l’approbation desconditions d’opération des radioscommunautaires au Nigeri. Jusqu’en cemoment-là, le Nigeria était le seul paysde l’Afrique de l’Ouest où les radioscommunautaires n’étaient pasexploitées.

23 octobre; Bénin: Christian Tchiakpè,journaliste à la radio privée, RadioPlanète, est décédé à l’âge de 44 ansaprès une longue maladie.

11 novembre; Mali: Le bureau à Bamakode l’Agence Chine Nouvelle (Xinghua)a été inauguré par son directeur pourl’Afrique, Wang Chaowen, en présence

de l’ambassadeur de la Chine, duMinistre de la Culture et du Chef decabinet du ministère de la Communi-cation et des Nouvelles technologies.Selon M. Wang Chaowen, avecl’ouverture de cette représentation deBamako, l’agence rapportera demanière objective et efficace toutes lesinformations concernant le Mali.

2 novembre; Bénin: La Haute Autoritéde l’audiovisuel et la Communication(HAAC), a rendu publique sa directiveNo. 10-046 sur la réglementation desactivités des médias de service publicet du privé depuis le 2 novembre jusqu’àla veille de l’ouverture officielle de lacampagne pour les élections de 2011.

Ghana 2010: Le Ministère de l’Environne-ment, des Sciences et de laTechnologie a organisé un symposiumpour sensibiliser les journalistes etrenforcer leurs capacités afin de lesaider à assurer la couverture plusexacte et efficace des questions rela-tives au changement climatique. Dansune allocution, un responsable de ceministère, M. Nicholas Iddi, a insistésur le fait que la presse devrait aider àsensibiliser le public aux attitudes etcomportements qui rendent les gensplus vulnérables aux effets duchangement climatique.

Ghana 2010: Les journalistes à Sekondi-Takoradi, dans la région de l’Ouest, ontparticipé à un atelier organisé par leProgramme national de lutte contre lepaludisme sur les causes, le traitementet la prévention du paludisme. M.Kwame Gakpey du Programme nationalde lutte contre le paludisme a fait savoirqu’environ 4,500 décès causés par lepaludisme sont signalés chaque année.