LE FORUM social mondial de Tunis a été un succès :des milliers de citoyens de tous horizons ont pu

échanger, débattre et dire combien notre pays, en tantqu’initiateur du « printemps arabe », devait continuer àporter l’espérance d’un autre monde. Des indignés auxOccupy, partout des hommes et des femmess’insurgent contre les dérives d’une mondialisationlibérale destructrice et scandent leur soif de « travail,dignité et justice sociale ». Al-Qotb soutient pleinementces revendications qui sont celles de notre révolution. Ilserait temps que les partis politiques tunisiensprogressistes s’en saisissent à nouveau et que lagauche, comme tétanisée par l’échec collectif du 23octobre 2011, fasse entendre sa voix. Halte à lamorosité ambiante et place à la combativité : nousserons entendus si nous répondons aux attentes deceux et celles qui souffrent et qui ont déjà troplongtemps attendu… Au point, pour bon nombred’entre eux, de se réfugier dans un réflexe identitaireaussi vain que liberticide. Même s’il ne faut pas cesserd’en dénoncer les dangers, nous ne serons audiblesqu’à la condition de proposer également unealternative crédible à un modèle de développementjusque là inéquitable. Les 3 meetings organisés fin marspar Al-Qotb à Tunis, Gafsa et Sfax, en présence decamarades égyptiens, français et palestiniens, l’ontjustement souligné. Comme le disait Stéphane Hessel,altermondialiste convaincu et défenseur inlassable de lacause palestinienne (que nous évoquons ci-contre), « ets’il est un peuple qui nous donne le signal pour direcomment construire ce nouveau monde, c’est bien lepeuple tunisien ». Sachons donc nous transcender pourêtre à la hauteur de ce bel hommage, rendu par unhomme admirable dont nous saluons ici la mémoire !

Le bulletin d'Al-Qotb FranceN° 4 - Avril 2013

Editorial

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Palestine : un statu quo insupportableL’ATTACHEMENT que

portent les tunisienspour la causepalestinienne,attachement partagé parles progressistes dumonde entier, s’estparticulièrement illustré àl’occasion de lacommémoration de lajournée de la terre, quicoïncidait cette annéeavec la tenue du ForumSocial Mondial en Tunisie.Les drapeaux palestiniensflottaient en effet partoutet la manifestation a rassemblé des milliers defemmes, d'hommes et d'enfants. Pourtant, letemps est loin où l'OLP avait son siège à Tuniset où la Palestine était la principalepréoccupation du monde arabe.Depuis le soulèvement et printemps des peuplesarabes, l'agenda politique du monde arabe et afortiori des États-Unis en premier lieu ontchangé et l'on regarde avec plus d'attention lasituation syrienne et le risque d'irakisation de laterre des califes omeyyades plutôt que lasituation dans les territoires occupés de laPalestine.Cette question a notamment ressurgitragiquement en Tunisie avec le sort deshommes qui vont rejoindre les forces derésistance de l'opposition syrienne comme denombreux arabes de la région. La Syrie estdevenue à l'instar de l'Afghanistan à une autreépoque terre de jihad.Pourtant, si les géopoliticiens du côté de

l'Europe et des Etats-Unis voient dans le conflitisraélo-palestinien un conflit de " basse-intensité", tous ceux qui ont voyagé et vécu là-bas peuvent affirmer que les morts, les grèvesde la faim des prisonniers politiques etl’humiliation de l’occupation sont le lotquotidien des palestiniens et que cette situationqui n'a que trop duré finira par imploser.

Pour le premier voyage de son second etdernier mandat électoral, le président des Etats-Unis qu'on disait peu enclin à traiter le conflitsur lequel une grande partie de sesprédécesseurs se sont cassés les dents a doncdécidé de se rendre en Israël mais surtout pourla première fois à Ramallah, siège temporaire de

Travail - Liberté - Justice sociale

"les géopoliticiens du côté del'Europe et des Etats-Unis voientdans le conflit israélo-palestinien unconflit de " basse-intensité""

Conférence de presse de Barak Obama et Mahmoud Abbas à laMouqataa (Ramallah) le 22 mars dernier

Le bulletin d'Al-Qotb France N° 4 - Avril 2013l'état palestinien, seule Jérusalem est considéréecomme capitale du futur Etat.Si Barack Obama a annoncé à son arrivée qu’ilne fallait rien attendre de sa visite, il n’endemeure pas moins que sur le plan dessymboles et des actes certaines lignes ontchangé et d’autres ont demeuré.• Les Palestiniens resteront toujours sous le jougde l’occupation israélienne qui bénéficie dusoutien total et de l’impunité de l’allié américain.John Kerry, secrétaire d’Etat des Etats-Unis atout fait pour dissuader les Palestiniens derecourir aux instances internationales, et ce afinde poursuivre l’Etat hébreu pour ses multiplesviolations du droit international.• Sur le plan des négociations, qui sont restéeslettre morte depuis l’accession au pouvoir du ladroite et l’extrême-droite à Tel-Aviv alors que lacolonisation de la Palestine continueinlassablement, il semblerait que le Présidentaméricain se soit désengagé personnellementde la question, laissant John Kerry porter ledossier.• La proposition saoudienne, entérinée par laLigue Arabe en 2002 (dont la Tunisie) sembleaujourd’hui être remise sur la table desnégociations par les américains. Par cetteinitiative, les Etats de la Ligue Arabe

s’engageaient à normaliser leurs relations avecIsraël contre l’établissement et la création d’unEtat palestinien établi sur les frontières de 1967avec Jérusalem comme capitale. A l’époquecette proposition n’avait pas été prise au sérieuxpar les autorités de Tel-Aviv. Selon les sourcesdiplomatiques en place aujourd’hui c’est cetteinitiative que John Kerry porte et veut faireaccepter malgré les refus du pouvoir israélienjusqu’aujourd’hui.

Alors que les palestiniens ont commémoré pourla 64ème année la Nakba, la situation n’a jamaisété aussi catastrophique sur le terrain et le moraldes populations est au plus bas. La situationnécessite une prise de conscience bien plusimportante de la part de la communautéinternationale. Mais aussi et surtout que les Etatsarabes qui ont longtemps joué de cettequestion de politique étrangère à des fins depolitique intérieure assument pleinement leursresponsabilités et fassent coïncider leurs parolesaux actes. Al-Qotb, de part ses liens étroits avecles forces progressistes palestiniennes, y appellesans réserve.

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ZoomNE SE LIMITANT pas à ouvrir la porte aux

pétrodollars, qui n’arrivent pas aussi vitequ’on a voulu nous faire croire, lesgouvernements post 23 octobre 2011 ont alignéla politique étrangère du pays sur celle du Qatar,et il n’est besoin que de citer le dossier syrien oul’extradition de l’ex-premier ministre libyen AlBaghdadi Mahmoudi pour s’en convaincre. Parailleurs, c’est l’impression d’un choix de statu quoqui prédomine, comme en témoigne l’absencetotale de rupture en matière de politiqueétrangère. Peut-on se satisfaire d’un telimmobilisme? Al-Qotb se prononce pour unepolitique étrangère ambitieuse qui reflèteral’engagement fort de la Tunisie pour la paix,l’égalité et l’émancipation de tous les peuples.Notre pays doit se prononcer en faveur d’uneautre mondialisation, sociale et inclusive, quifavorisera une meilleure redistribution desrichesses. Mais également clairement affirmer sonengagement en faveur des luttes démocratiquesà travers le monde et notamment au sein dumonde arabe. A cet égard, le soutien à la créationd’un Etat palestinien doit constituer une despriorités de la politique étrangère de notre pays.Une démocratie, aussi récente soit elle, ne seconsolide que par une affirmation forte de sesvaleurs et principes fondateurs tant au niveaunational qu’international. Dans cette perspective,il est essentiel d’établir un dialogue productif etrenforcer nos relations avec les forces démocrateset progressistes de tous les pays, et notammentde ceux qui comme le nôtre se sont révoltéscontre la dictature. Renforcer ainsi les liens avecles pays d’Amérique Latine, tels le Venezuela,peut donner le signal d’une nouvelle orientationà notre politique étrangère. Une diplomatie enadéquation aves les valeurs portées par notrerévolution : liberté, justice et dignité, tel est lemessage d’Al-Qotb !

Actualités Al-Qotb

"la situation n’a jamais été aussicatastrophique sur le terrain et le moraldes populations est au plus bas"

AL-QOTB a organisé une série de meetings populaires nationaux à Tunis, Gafsa et Sfax les 29, 30et 31 mars. Des invités de marque y ont pris part : Nayef Hawatmeh (Front Démocratique de

Libération de la Palestine), Ahmed Bahaddine Chaabane (Parti Socialiste Egyptien) et ClémentineAutin (Front de Gauche).Ces meetings auront été l’occasion pour Al-Qotb de faire connaître sa volonté de contribuer à ce quela gauche tunisienne, dans sa diversité, puisse se renforcer et peser dans la vie politique. Car il existebien une gauche et une droite, en Tunisie comme ailleurs. Les choix socio-économiques conduisant àla justice sociale mais aussi les périmètres des libertés constituent le socle de convictions de toutmouvement politique se réclamant de gauche. Ceux-ci doivent à présent être présentés et explicitésaux citoyens, afin qu’une alternative crédible aux politiques ultra-libérales sur le plan de l’économie etconservatrices sur celui des libertés soit enfin proposée. Une gauche tunisienne confiante dans sesvaleurs, dans son message, est nécessaire. Pour tous les démocrates.