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agir ››››››››››› LE MAGAZINE DE L‘ENTRAIDE PROTESTANTE SUISSE | Nº 10 | 2 / MAI 2013 L’égalité des chances, un investissement gagnant

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L'égalité des chances, un investissement gagnant

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agir›››››››››››LE MAGAZINE DE L‘ENTRAIDE PROTESTANTE SUISSE | Nº 10 | 2 / MAI 2013

L’égalité des chances, un investissement gagnant

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ÉDITORIAL2 SOMMAIRE

2 Editorial

3 Aide humanitaire

Soutien aux réfugiés syriens

4 Les invités

Alberto Campi et

Cristina Del Biaggio

5 Egalité des chances

5 L’égalité des chances profite

à tous

7 Les exemples des projets TV Job

et Kick

8 Interview d’une bénéficiaire du

projet Mentorat Emploi migration

10 Journée des réfugiés

L’EPER soutient le référendum

contre les modifications urgentes

de la Loi sur l’asile

12 Plaidoyer

« Aucune employée de maison

n’est illégale »

13 Développement des

communautés rurales

Pêche miraculeuse au Soudan

du Sud

16 Actuel et agenda

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Couverture Photo : EPER / Yves LerescheGrâce au programme de mentorat de l’EPER, Léa Ferreira Granchamp a trouvé un emploi qui correspond à ses compétences en Suisse.

IMPRESSUM AGIR N°10, MAI 2013ISSN 2235-0772Paraît 4 fois par an Editeur : Entraide Protestante Suisse (EPER)Responsable de la publication : Olivier GrazRédaction : Joëlle Herren LauferTraduction : Sandra Först Impression : Jordi, BelpTirage : 16 500 exemplairesAbonnement : CHF 10, déduits une fois par an de vos donsAdresse : Bd de Grancy 17 bis, case postale 536, 1001 LausanneTéléphone : 021 613 40 70Fax : 021 617 26 26Internet : www.eper.chE-mail : [email protected] pour les dons : 10-1390-5

Plaidoyer pour un engagement politique et social

Guidée par sa nouvelle stratégie 2013–2017, l’EPER poursuit son activité de terrain en Suisse et à l’étranger avec une volonté de s’engager de manière plus soutenue dans le plaidoyer politique et social. Ancré dans notre expérience de terrain, le plaidoyer a pour but principal de renforcer l’impact de nos projets. Ce numéro d’agir illustre bien cette dimension de notre engagement.

En effet, l’EPER lance en mai une campagne nationale consacrée au travail en Suisse. Avec pour slogan « l’égalité des chances, un in-vestissement gagnant », cette action de plaidoyer met le doigt sur les difficultés d’accès au monde du travail et suggère des pistes pour promouvoir l’égalité des chances. Ancré dans notre expérience de terrain ? Assurément, comme l’attestent par exemple nos projets de coaching des jeunes en recherche d’emploi (Kick) ou de soutien de personnes sans emploi dans leur réinsertion (TG Job) ou encore notre projet Mentorat Emploi Migration (MEM) en Suisse romande. Le témoi-gnage d’une enseignante brésilienne qui a trouvé un travail qualifié grâce à l’aide de sa mentore illustre les gains d’une intégration réussie pour la société.

Cette campagne de sensibilisation renforcera-t-elle l’impact de nos projets ? Oui : elle vise particulièrement les employeurs, acteurs évidemment incontournables pour favoriser l’accès au marché du travail des personnes impliquées dans nos projets. Dans ce sens, l’EPER rendra public un dossier mettant en valeur les exem-ples de bonnes pratiques de douze entreprises suisses, principalement des PME, qui montrent que la promotion de l’égalité n’est pas uniquement une obligation légale ou un devoir, mais également une chance à saisir.

Engagement politique et social encore : l’EPER recommande, comme la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, d’accepter le 9 juin prochain le référendum contre les modifications urgentes de la Loi sur l’asile. Loin des discours alarmistes ou xénophobes le plus souvent en décalage complet avec la réalité, l’EPER fonde cette recommandation sur son expérience quotidienne avec des réfugiés et deman-deurs d’asile : le principal résultat des incessants durcissements de la loi sur l’asile depuis dix ans en Suisse a été de fragiliser les personnes en quête de protection, de porter souvent atteinte à leur dignité et, partant, de miner des valeurs fondatrices de notre société. Arguments, témoignages en mots et en images dans ce numéro, à la veille de la Journée des réfugiés.

Merci de votre précieux soutien et excellente lecture.

Philippe Bovey

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AIDE HUMANITAIRE

Soutien aux réfugiés syriens

La Syrie a déplore 70 000 victimes depuis le début du conflit et plus de 4 millions de personnes ont urgemment besoin d’une aide humanitaire selon le Bureau de la coordination

des affaires humanitaires des Nations Unies (BCAH). Toutefois l’accès des œuvres d’entraide au pays est limité et le financement des actions n’est pas garanti. Plus d’un million de personnes, principalement des femmes et des enfants, ont déjà fui le pays pour trouver refuge dans les Etats avoisinants : Jordanie, Liban, Irak, Egypte, Turquie. Et ce chiffre augmente quotidiennement. Chaque jour, plus de 8000 personnes traversent la frontière sy-rienne. De l’autre côté, les autorités et les familles, qui ont accueilli les réfugiés à bras ouvert, arrivent de plus en plus à leurs limites. Antonio Guterres, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, s’est récemment rendu au Liban. Il estime que le nombre de réfugiés va encore doubler voire tripler d’ici à la fin de l’année et craint que la Syrie ne se dirige droit vers un véritable désastre humanitaire.

En collaboration avec son organisation partenaire Anatolian Development Foundation (ADF) et Caritas Suisse, l’EPER est active dans trois camps de réfugiés de la province turque de Gaziantep, à la frontière syrienne. Les projets sont soutenus par la Chaîne du Bonheur.

Dans les trois camps de Karkamis, Nizip et Islahiye, 26 500 personnes reçoivent des biens de première nécessité. Notre parte-naire local a assuré la distribution de 5250 kits comprenant des articles d’hygiène et de ménage tels que savon, poudre à les-sive, shampoing, rasoirs et serviettes hygiéniques. La quatrième et pour le moment dernière distribution a été effectuée entre le 9 et le 11 avril 2013. Au cours de cette dernière, 4000 couches supplémentaires pour enfants et adultes alités ont été distribuées. « 20 pourcent des réfugiés dans les camps sont des enfants de

moins de 4 ans. Le besoin en couches est donc énorme ! », précise Anna Schelnberger, responsable de l’aide humanitaire de l’EPER, qui a visité les trois camps de réfugiés lors de la distribution. « L’engagement bénévole des réfugiés syriens dans les camps m’a impressionné », poursuit-elle. En effet, des enseignants syriens donnent des cours aux enfants, des docteurs syriens s’occupent de patients et d’autres travaillent comme interprètes et soutien-nent ainsi l’administration du camp. « Lorsque le responsable de l’infirmerie d’un camp a voulu dédommager un médecin syrien pour son travail, celui-ci a refusé car pour lui il allait de soi qu’il vienne en aide à ses compatriotes ».

En avril, l’EPER s’est rendue en mission d’investigation au Liban. En collaboration avec l’organisation britannique Christian Aid et l’association libanaise Najdeh, elle envisage d’y apporter une aide en faveur des réfugiés palestiniens ayant fui la Syrie. En effet, les Palestiniens qui vivaient jusque-là dans des camps de réfugiés en Syrie sont eux aussi touchés par le conflit. Ils fuient maintenant vers le Liban et la Jordanie, où ils deviennent réfugiés pour la deuxième fois. Contrairement aux Syriens, qui trouvent refuge dans des familles d’accueil, les Palestiniens sont, au Liban, abrités dans les camps de réfugiés qui arrivaient déjà à saturation avant l’arrivée de ce nouveau flux de personnes. Il y manque de tout : abris, nourriture, infrastructures. A cela s’ajoute que ces Palestiniens nouvellement arrivés de Syrie doivent se ré-enregis-trer chaque mois et que la procédure coûte USD 33 – un montant dont la plupart des familles ne disposent pas. Avec ses parte-naires, l’EPER est actuellement en train de réfléchir à la meilleure manière de soutenir ces familles palestiniennes.

De plus amples informations sont disponibles sur www.eper.ch. Compte pour les dons : CP 10-1390-5, mention « Syrie »

En Syrie, le gouvernement et l’opposition s’affrontent depuis plus de deux ans. Le pays est déchiré par ce conflit dont on n’entrevoit pas la fin et la situation des civils s’aggrave de jour en jour. En collaboration avec Caritas, l’EPER apporte une aide dans trois camps de réfugiés en Turquie.

JUDITH MACCHI

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4 LES INVITÉS

Alberto Campi et Cristina Del Biaggio dévoilent les coulisses de la migration en Grèce

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Retour à la case départ

A la question « Qu’est-ce que tu as dans ta poche ? », un jeune maghrébin nous montre cinq pions de l’édition Deluxe du jeu de société Monopoly. Il s’agit là d’une métaphore parfaite du par-cours circulaire, perpétuel et épuisant, que les migrants doivent affronter en Europe. Pays après pays, jour après jour, frontière après frontière. Un peu d’espoir et le transfert d’argent, via Wes-tern Union, à la famille au pays. Puis une incarcération, une expul-sion. Le cercle se ferme. Retour à la case départ. Patras, 2012.

Un semblant de vie normale

Un groupe d’Afghans vit dans une maison qui avait été expro-priée pour la construction du Pont Rion-Antirion, unissant le Pélo-ponnèse à la Grèce continentale. Sur les murs de cette demeure tranquille des dessins et des graffitis témoignent du passage de dizaines de migrants. Tous attendent une opportunité de se fau-filer dans un camion prêt à s’embarquer pour l’Italie. Dans cette maison, pendant la journée, la vie se poursuit de façon presque normale. Le groupe, composé d’une vingtaine de personnes, est bien organisé, chacun rempli une tâche, selon ses possibilités et compétences. Patras, 2012.

Pour consulter toutes les photos et articles : www.lacite.info/swiss-photo-award/Les photos du Swiss Photo Award seront exposées à Zurich du 17 mai au 2 juin, www.ewzselection.ch

Pendant l’été 2012, Alberto Campi et Cristina Del Biaggio ont retracé le voyage de migrants traversant la frontière terrestre gréco-turque pour rejoindre Athènes puis Patras. Ce photographe et cette géographe ont été jusqu’au « trian-gle de Karagaac1 » traversé par des milliers de migrants venant surtout d’Afghanistan, du Pakistan et du Bangladesh. A la recherche d’une terre d’accueil, ces personnes sont traitées comme des pestiférés par les autorités et la popu-lation grecques. Un mur de 3m de haut en grillages vient d’être érigé sur 12,5 km pour les dissuader, mais en réalité ceci n’a fait que déplacer le problème. Les migrants pas-sent désormais par la Mer Egée… Témoignage déroutant au travers d’une sélection d’images qui ont gagné le Swiss Photo Award 2012 dans la catégorie « reportage ».

PHOTOS : ALBERTO CAMPI / TEXTES : CRISTINA DEL BIAGGIO

1 Le « triangle de Karagaac » est un territoire attribué à la Grèce en 1923 par le traité de Lausanne et permettant au fleuve grec Evros de faire une incursion dans le territoire turc.

Abris de fortune

Un mineur originaire du Maroc dort en compagnie de sa peluche sous un pont près de la gare centrale d’Athènes. Les migrants les moins bien lotis cherchent refuge dans des abris improvisés. Pen-dant la journée, ils essaient de se reposer, somnolent. La nuit, par contre, ils doivent rester réveillés, en alerte afin de fuir les éventuelles attaques des escadrons néo-nazis d’Aube dorée ou des descentes policières. Les conditions d’hygiène sont mauvaises et la possibilité de sortir de cette condition infimes. Athènes, 2012.

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EGALITÉ DES CHANCES

L’égalité des chances profite à tous

« L’égalité des chances, un investissement gagnant » – tel est le slogan de la campagne nationale menée par l’EPER du 21 au 31 mai 2013 en faveur d’une plus grande égalité des chances sur le marché du travail suisse. Un appel qui s’adresse à nous tous, mais plus particulièrement à l’économie.

CORINA BOSSHARD

Les projets d’intégration professionnelle de l’EPER en Suisse visent à améliorer les chances d’accès à la formation et à l’emploi des per-

sonnes socialement défavorisées. Une initiative de la société civile qui ne suffit pourtant pas : pour éliminer les obstacles structurels et ouvrir la voie de l’égalité des chances dans le monde du travail, il est nécessaire que la politique et l’économie s’impliquent.

La campagne 2013 « L’égalité des chances, un investissement gagnant » de l’EPER s’adresse tout particulièrement aux employeurs suisses. Au travers d’exemples de bonnes pratiques, elle veut sensibiliser les entreprises suisses à la thématique de l’égalité des chances et aux pratiques et mesures existantes de promotion de cette dernière, et mon-trer que l’égalité des chances peut également profi-ter aux entreprises. Parallèlement, une campagne d’affichage nationale doit attirer l’attention d’un plus large public.

Promouvoir l’égalité des chances : devoir et opportunité

Toutes les personnes devraient avoir les mêmes chances dans la vie et personne ne devrait être dé-savantagé en raison de son origine sociale, de son sexe, de sa religion ou de son âge. Ce principe est ancré juridiquement dans la Constitution fédérale (obligation d’égalité de traitement et interdiction de discrimination) de même que dans des prescrip-tions des droits humains. Certaines entreprises ont également édicté des prescriptions sur leur propre initiative. De fait, garantir l’égalité des chances dans le monde du travail relève de la responsabilité sociale de toute entreprise pour renforcer la sta-bilité de la place économique suisse et favoriser la cohésion et la paix sociales.

Ce que l’on oublie souvent de souligner, c’est que la promotion de l’égalité des chances n’est pas uniquement un devoir, mais également une opportunité pour les entreprises. Une politique d’entreprise fondée sur l’égalité des chances et la non-discrimination présente des avantages notables

d’un point de vue économique : augmentation de la motivation et des prestations du personnel, amé-lioration de la qualité du service et de l’image de l’entreprise, de la satisfaction et de la fidélité de la clientèle, et par conséquent hausse du résultat financier général. Pour gérer à l’avenir l’évolution démographique et le besoin croissant en person-nel qualifié, une politique d’entreprise favorisant la diversité du personnel, les talents et le potentiel de tous les collaborateurs est aujourd’hui déjà un investissement gagnant.

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Des entreprises exemplaires partagent leur expérience

Dans le cadre de sa campagne, l’EPER met en avant des entreprises qui s’engagent aujourd’hui déjà de manière créative en faveur de l’égalité des chances.

Dans ce but, l’œuvre d’entraide a publié un dossier intitulé « L’égalité des chances, un inves-tissement gagnant – bonnes pratiques d’entreprises suisses », qui dresse le portrait de 12 entreprises implantées dans diverses régions de Suisse qui ap-pliquent une politique exemplaire de promotion de l’égalité des chances. Parmi elles, des géants comme la Poste, mais également de nombreuses PME acti-ves dans divers secteurs : construction, électronique, mode, hôtellerie ou encore nettoyage. L’étude donne la parole à de nombreux chefs d’entreprise et employés et présente de manière claire et syn-thétique des mesures envisageables pour appliquer concrètement l’égalité des chances.

Parmi celles-ci figurent des mesures garan-tissant l’égalité d’accès aux places de travail et d’apprentissage au sein de l’entreprise, comme les annonces d’emploi spécifiques à des groupes cibles ou encore le recours aux œuvres d’entraide ou aux Offices de placement régionaux (ORP) pour pourvoir des postes à bas seuil.

Les activités de promotion du personnel sont elles aussi essentielles : offre de cours de langue ou aide à la reconnaissance des diplômes étrangers.

Enfin, il est également important de promouvoir d’une manière générale une politique d’entreprise placée sous le signe de la diversité et de la non-discrimination, par exemple au travers de lignes di-rectrices claires relatives à l’égalité de traitement ou de l’organisation, pour les cadres, les responsables du personnel et les formateurs d’apprentis, de for-mations sur la diversité et la non-discrimination.

Favoriser les discussions et les échanges

Soutenue par l’Union patronale suisse, le dossier sera présenté le 21 mai 2013 dans le cadre d’une conférence de presse à Berne. En collaboration avec les chambres de commerce et les unions des arts et métiers régionales, le Secrétariat romand et les cinq Bureaux régionaux de l’EPER (Lausanne, Zurich/Schaffhouse, Berne, Bâle, Suisse orientale, Argovie/Soleure) organiseront en outre diverses manifesta-tions à l’intention des entreprises – l’occasion pour les acteurs de l’étude de présenter leurs bonnes pratiques afin de fournir aux entreprises intéres-sées des conseils concrets et de leur donner et l’occasion de discuter ensemble de leur expérience et des défis à relever.

Le dossier « L’égalité des chances, un investissement gagnant – bonnes pratiques d’entreprises suisses » peut être consulté sur notre site Internet dès le 21 mai : www.eper.ch

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La formation professionnelle et l’emploi sont des facteurs essentiels d’une bonne intégration sociale. Or pour certains jeunes, les premiers pas vers le monde du travail sont semés d’embûches.

NINA GILGEN, ADAPTATION : SANDRA FOERST

Pour les plus de 50 ans, retrouver un emploi est difficile, en particulier en cas de problèmes de santé. Une réalité transposable aux personnes peu qualifiées souvent évincées par des concur-rents ayant de meilleures qualifications.

« Un nom ne signifie rien » « On se sent comme mort »

Pour les jeunes désavantagés en raison de leur environ-nement familial ou social ou de leur appartenance eth-nique ou culturelle, le passage de l’école obligatoire à la

vie professionnelle est une étape difficile. Les jeunes ayant un passé migratoire ont souvent moins de ressources que les Suisses pour trouver une place d’apprentissage ou un emploi et sont défavorisés parfois rien qu’à cause de leur nom. Ils doivent sou-mettre cinq fois plus de candidatures pour obtenir un entretien et mettent en moyenne deux fois plus de temps pour trouver une place d’apprentissage. Adina Buzdic a 18 ans. D’origine bos-nienne, elle a effectué sa scolarité en Suisse. Pourtant, trouver un apprentissage n’a pas été facile : « Les gens se faisaient une idée fausse de moi sur la simple base de mon dossier, peut-être en raison de mon nom. Souvent, mes candidatures m’étaient retournées sans commentaire. »

EPER KICK propose aux jeunes en recherche d’emploi des semes-tres de motivation intégrant diverses mesures : emploi, formation, coaching. Les jeunes développent une stratégie professionnelle, effectuent des missions ou des stages, suivent divers cours et comblent leurs lacunes scolaires.

« KICK nous apprend à mieux nous connaître, explique Adina. J’ai effectué un stage de trois mois chez IKEA. Je n’aurais jamais eu l’idée de travailler chez eux, moi qui voulais être vendeuse dans une boutique de mode. Mais pendant le stage, j’ai réalisé que c’était exactement ce que je recherchais ! »

Le chômage ne touche pas davantage les plus de 50 ans que les jeunes. Mais lorsqu’ils se retrouvent sans emploi, les premiers ont plus de difficulté à se réinsérer profession-

nellement. Qualifications dépassées, problèmes de santé, coûts trop élevé, les obstacles sont nombreux. Peintre de formation, Hans Gurtner a travaillé 18 ans comme chef magasinier avant d’être licencié à 55 ans. Un véritable chemin de croix a alors commencé pour lui : « J’ai cherché partout. J’ai envoyé plus de 400 dossiers ! »

TG job de l’EPER soutient des personnes sans emploi ou peu qualifiées lors de leur passage ou de leur réinsertion dans le monde du travail. Le projet propose des emplois dans différents domaines et correspondant à des niveaux de qualifications variés afin de permettre aux participants de se réadapter à une structure quotidienne. En valorisant leurs compétences sociales et profes-sionnelles, ils augmentent leurs chances de trouver un emploi. « L’important, c’est de ne pas se laisser aller, de s’occuper, de voir du monde, témoigne Hans Gurtner. TG job est idéal pour ça : on te confie des tâches, on t’apprécie et on te respecte. »

« On m’a dit que ça faisait longtemps qu’on recherchait quelqu’un comme moi. »

Les personnes plus âgées ont un atout sur les jeunes : ils ont de l’expérience.

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C’est son mariage qui a amené Léa Ferreira Granchamp en Suisse. Bien que professeur de méthodes didactiques à l’université et coordinatrice pédagogique d’une école primaire, dans son pays, elle a peiné à trouver un emploi qui corresponde à ses compétences. Le mentorat proposé par l’EPER l’a aidée à surmonter les obstacles et à trouver sa place. Interview de Léa Ferreira.

JOËLLE HERREN LAUFER

« Avec mon travail, je fais partie d’un groupe. »

Comment avez-vous vécu votre arrivée en Suisse ?Je pensais que j’y trouverais des opportunités de formation pour avancer dans ma carrière. Mais la migration s’est avérée difficile. Après six mois, je me suis rendue compte que je ne pourrais pas faire le même travail qu’au Brésil. J’ai dû recommencer ma vie professionnelle à 30 ans. J’avais l’impression d’avoir beaucoup perdu.

Quelles étaient les barrières ?Le contexte scolaire suisse m’est apparu comme très fermé. La maîtrise du français était aussi un obstacle, même si j’avais de bonnes bases. J’ai donc suivi des cours de français. J’étais très motivée mais cela m’a demandé beaucoup d’efforts. Pour couron-ner le tout, mes diplômes n’étaient pas reconnus.

Avez-vous pu valoriser vos diplômes ?J’ai dû passer des examens pour obtenir une recon-naissance de mes diplômes. Cela prend plus d’un an pour les personnes en provenance de pays tiers. La procédure est d’autant plus longue qu’il est fas-tidieux d’obtenir les documents en provenance du Brésil.

Vous vous êtes inscrite au programme de Mentorat Emploi Migration. Que vous a ap-porté votre mentore ?Elle m’a aidée à donner une direction à ma vie pro-fessionnelle et à mieux connaître le système éducatif vaudois. Elle m’a permis d’identifier mon profil, de le valoriser et de l’adapter pour cibler les postes de travail susceptibles de m’intéresser. Ensemble, nous avons travaillé mon CV et une lettre de motivation avec la bonne terminologie ; c’est complètement

différent au Brésil, les postulations écrites n’ont pas de valeur, on veut voir les candidats ! Elle m’a aussi indiqué où trouver des postes d’enseignants. Quand j’ai obtenu un entretien avec le doyen, elle m’a coa-chée pour le préparer. J’ai ainsi décroché un poste à plein-temps d’enseignante pour l’accueil des élèves allophones entre la 5e et la 9e et je développe des outils d’intégration pour ces élèves. Ils doivent avant tout apprendre le français !

Que vous apporte votre nouveau travail ?Je travaille dans un contexte professionnel qui me plaît beaucoup même si mon travail n’est pas facile tous les jours. J’ai des problèmes normaux d’une enseignante pour des adolescents entre 12 et 16 ans. J’ai aussi pu agrandir mon réseau avec mes collègues.

Votre parcours migratoire doit être un plus pour ces élèves ?Je suis aussi passée par là avant eux. Ça me donne une certaine sensibilité pour les comprendre et j’aime voir leur étonnement face à la société suisse et face à certains usages ou règles. J’aimerais aussi pouvoir témoigner qu’un jour, eux aussi pourront surmonter ces différences. Mais cela reste un pro-cessus personnel.

On peut dire que ce travail a changé votre vie ?Complètement. Avant, je n’aimais pas la Suisse, je ne comprenais pas la fermeture des gens et de la société. Mais ce travail m’a donné un déclic. Je fais enfin partie d’un groupe. Il y a plus de 150 ensei-gnants dans mon établissement et j’ai été très bien accueillie.

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Les migrants qualifiés sont triplement pénalisés

Selon une étude de l’Université de Bâle, les personnes mi-grantes hautement qualifiées sont trois fois plus touchées par le chômage que les Suisses. Une situation qui s’explique généralement par leurs lacunes linguistiques, leur mécon-naissance du marché de l’emploi suisse ainsi que l’absence de réseau professionnel. A cela s’ajoute la difficulté de faire reconnaître leurs compétences professionnelles : nombre de diplômes étrangers ne sont pas reconnus en Suisse et il est difficile de faire valider l’expérience acquise à l’étranger. De sorte qu’une personne migrante sur trois issues d’un Etat extra-européen est surqualifiée.

Le projet Mentorat Emploi Migration (MEM) vise à aider les personnes migrantes qualifiées à se faire une place sur le marché de l’emploi suisse. Le concept : des mentors béné-voles forment des tandems avec des personnes migrantes qualifiées, qu’ils soutiennent dans leur recherche d’emploi.

Dans les cantons de Genève et de Vaud, 35 tandems ont été créés à ce jour. Au terme de leur participation, 40% des participantes et participants ont trouvé un emploi dans leur secteur et correspondant à leurs qualifications.

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10 JOURNÉE DES RÉFUGIÉS

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Suite à l’aboutissement du référendum, le peuple suisse se prononcera le 9 juin prochain sur les modifications urgentes de la Loi sur l’asile (LAsi) adoptées par le parlement le 29 septembre 2012. Plusieurs de ces mesures portent atteinte à la substance même du droit d’asile que la loi est sensée protéger, au dépend de personnes le plus souvent très fragiles. De plus, l’échec des incessantes révisions antérieures de la LAsi atteste que ces nouveaux durcissements ne contribueront ni à accélérer les procédures d’asile ni à réduire l’attractivité de la Suisse. L’EPER recommande donc de voter non le 9 juin aux modifications urgentes et injustes de la Loi sur l’asile. Résumé des principales mesures soumises au vote.PHILIPPE BOVEY

L’EPER soutient le référendum contre les modifications urgentes de la Loi sur l’asile

1 — Suppression de l’objection de conscience et de la désertion comme motifs d’asile (nouvel art. 3, par. 3). Avant l’adoption des mesures urgentes, ces deux motifs ne suffisaient déjà pas pour obtenir l’asile. Les critères examinés étaient le pays de provenance et le risque de persécution auquel ces actes y ex-posent leur auteur : un déserteur suédois n’obtenait donc pas l’asile, un déserteur érythréen pouvait l’obtenir. L’introduction de cette restriction porte en revanche atteinte à la définition même de réfugié, telle que définie dans la Convention de Genève de 1951 ; le Haut commissariat aux réfugiés s’en est publiquement inquiété lors des débats parle-mentaires. Dans les faits, les requérants provenant de pays qui persécutent les déserteurs ne seront pas renvoyés de Suisse ; cette mesure ne changera donc rien au nombre de réfugiés dans le pays. En

revanche, elle privera des personnes persécutées de la protection garantie par le statut de réfugié au profit d’une « admission provisoire » (permis F), statut précaire peu propice à l’intégration, notam-ment professionnelle, et qui limite le droit au re-groupement familial.

2 — Suppression des demandes d’asile depuis les ambassades (nouvel art. 19, par. 1bis).

Avant l’adoption des mesures urgentes, un re-quérant pouvait déposer sa demande dans une ambassade suisse ; cette possibilité ne concernait qu’un nombre très faible des demandes totales traitées par la Suisse (moins de 5000 depuis 1980), mais touchait des personnes nécessitant réellement une protection (plus de 90% des demandes ainsi soumises ont abouti à la reconnaissance d’un be-soin de protection par la Suisse). La suppression de

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11cette possibilité ne changera donc rien au nombre de demandes d’asile en Suisse. En revanche, elle obligera des personnes dont le besoin de protec-tion a jusque là été reconnu par la Suisse à trouver d’autres moyens, illégaux, pour quitter leur pays et atteindre l’Europe, souvent au péril de leur vie et pour le plus grand bénéfice des passeurs (Voir histoire de Monsieur Yonas ci-dessous).

3 — Création de centres spécifiques pour re-quérants d’asile récalcitrants (nouvel art. 26, par. 1bis).

Personne ne conteste que l’ordre et la sécurité publique doivent être respectés dans les centres de procédure : la loi actuelle permet d’ailleurs déjà d’exclure les personnes « récalcitrantes » des centres d’enregistrement pour une durée de 24 heures. La

formulation de l’article adopté par le parlement demeure toutefois dangereusement floue : quelles sont les menaces à l’ordre public visées qui ne soient pas déjà poursuivies par la loi, en particulier dans le code pénal ? Qui décidera qu’un comportement porte « sensiblement atteinte » au fonctionnement d’un centre d’enregistrement ? Au moment où certains discours xénophobes en appellent à des « camps d’internement », combien de temps durera l’isolement dans un tel centre et quelles condi-tions de vie minimales devront y être garanties ? Quelles voies de recours sont possibles pour con-tester une décision d’isolement dans ce centre ? Ces trop nombreuses incertitudes ouvrent la porte à une application arbitraire de cette mesure, à son instrumentalisation politique et au développement d’un « droit pénal » parallèle, ne visant que les re-quérants d’asile.

L’histoire de Monsieur Yonas

D’origine érythréenne, Monsieur Yonas* a intégré le service militaire dans son pays en 2008, à l’âge de 17 ans. Huit mois plus tard, il a fui. En Erythrée, la désertion est considérée comme un affront au gouvernement et donne lieu à des sanctions arbitraires et atroces. Après avoir traversé le Soudan, Monsieur Yonas s’est réfugié en Libye, où il a vécu dans des conditions précaires. Il a tenté – en vain – de traverser la Méditerranée avec des passeurs. « J’ai fait trois tentatives pour me rendre en Europe. La première fois, on nous a tous entassés dans un entrepôt. Les passeurs nous ont pris notre argent puis ils nous ont dit que le bateau ne partait pas et nous ont congédiés. La deuxième fois, nous sommes restés enfermés dans un en-trepôt durant quatre semaines. Ensuite, nous avons pris la mer. Nous étions 37 à bord d’un petit canot gonflable. Une tempête s’est levée. Heureusement, notre passeur a appelé la police à l’aide et un grand bateau nous a porté secours. La troisième fois, le moteur de notre embarcation a lâché après une septantaine de kilomètres. Nous étions plus de 300 à bord. Après six jours, des pêcheurs nous ont découverts et ont remorqué notre embarcation jusqu’à Tripoli. Plusieurs per-sonnes sont décédées durant ce périple, surtout des enfants. » A peine accosté, Monsieur Yonas est arrêté et emprisonné durant six semaines.

C’est son frère, résidant en Suisse, qui l’a informé de la possibilité de déposer une demande d’asile en Suisse depuis l’étranger. Son frère s’est adressé au Bureau de consulta-tion juridique pour personnes requérantes d’asile de St-Gall/ Appenzell qui, après avoir étudié le dossier de Monsieur Yonas, l’a aidé à soumettre une demande aux autorités suisses. C’était fin novembre 2010. Trois semaines plus tard, l’Office des migrations (ODM) l’autorisait à venir en Suisse. Une fois sur place, Monsieur Yonas a été interrogé en détail dans le cadre de la procédure d’asile. Il a ensuite obtenu le statut de réfugié. Aujourd’hui encore, il n’en revient pas d’avoir enfin trouvé pro-tection en Suisse. Que serait-il advenu de lui si les demandes d’ambassade n’existaient pas ?

* Nom fictif

Quelques chiffres pour contrer les idées reçues sur l’asile

— Les personnes relevant du domaine de l’asile (réfugiés, requérants, admis provisoires, en procédure de renvoi) représentent moins d’1% de la population résidant en Suisse.

— Plus de 70% des demandeurs d’asile dont le dossier est examiné par la Suisse reçoivent une protection en raison du danger qu’ils encourent dans leur pays. Les statistiques officielles diffèrent grandement car la Suisse compte les non-entrées en matières (NEM) et les admis-sions provisoires comme des décisions négatives. Pourtant, la grande majorité des NEM n’implique pas que la demande est injustifiée, juste que les motifs de fuite doivent être examinés par l’Etat tiers considéré comme « sûr » traversé avant l’entrée en Suisse.

— Deux tiers des personnes qui ont fui leur domicile sont déplacées dans leur propre pays. 80% des personnes qui ont fui leur pays se réfugient dans un pays voisin, soit les pays du Sud.

Informations tirées de la brochure « Il y a ce qu’on dit sur les réfugiés, et il y a la réalité » éditée par Vivre ensemble. Pour la commander : [email protected], Tél. : 022 320 60 94

« L’asile de A à Z » bientôt disponible

Qu’il est difficile d’aborder les questions concernant l’asile, tant au niveau légal que de la procédure quand on n’est pas un spécialiste de la question ! Fort de ce constat, l’EPER a effectué un gros travail de vulgarisation des terminologies spécifiques à ce domaine au travers d’un lexique intitulé « L’asile de A à Z ». Il sera disponible à partir du 15 juin.

Commande : 021 613 40 70 ou [email protected]

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12« Aucune employée de maison n’est illégale »

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Le 13 mars 2013, plus de 30 organisations réunies en association ont lancé la campagne nationale « Aucune employée de maison n’est illégale ». Le but : attirer l’attention du public sur la situation des employées de maison sans-papiers et améliorer leurs conditions de travail et de vie.

NINA GILGEN

En Suisse, plus de 100 000 foyers privés confient leurs travaux de ménage ou de garde d’enfants et de personnes âgées à des sans-papiers. Dans

le canton de Zurich, environ un ménage sur 17 est concerné. Ces plus de 40 000 employées de mai-son sans autorisation de séjour, principalement des femmes, nettoient, repassent, cuisinent et gardent enfants, personnes âgées et malades. Dans ce sec-teur, la demande de travail est en forte hausse. En effet, le nombre croissant de familles monoparen-tales, de personnes isolées, de personnes âgées et de familles où les deux parents travaillent ont généré de nouveaux besoins qui ne sont pas comblés par les services publics et privés existants.

Des conditions de travail précaires

Les conditions de travail dans cette économie parallèle sont généralement précaires. Les per-sonnes sans papiers assument elles-mêmes le ris-que d’accident, de maladie ou de perte de salaire et n’ont pas accès aux assurances sociales. Il n’y a qu’en Suisse romande que des projets privés et communaux ont été mis en place, grâce aux-quels de plus en plus d’employeurs déclarent les sans-papiers auprès des assurances sociales obligatoires. La campagne « Aucune employée de maison n’est illégale » a débuté par le lancement

d’une pétition qui exige du Conseil fédéral qu’il accorde davantage de droits aux employées de maison sans autorisation de séjour. Si l’EPER est favorable à la demande d’un accès garanti et sans risque d’expulsion à la protection sociale et aux tribunaux des prud’hommes, elle ne partage pas l’avis des auteurs de la pétition concernant la régu-larisation du séjour. Alors que la pétition exige une régularisation générale de toutes les personnes travaillant illégalement en Suisse, l’EPER souhaite lier l’obtention d’une autorisation de séjour à la condition d’une durée de séjour de 5 ans.

Implication de l’EPER

L’EPER s’engage depuis longtemps en faveur des sans-papiers. Au niveau opérationnel, elle mène un projet de promotion de la santé (les Perma-nences volantes) et gère des bureaux de consul-tation juridique et des points de contact pour les personnes sans papiers en Argovie/Soleure et à Bâle. Chèques-Emploi compte parmi les premiers projets de l’EPER visant à assurer la couverture so-ciale des employées – sans papiers notamment – de l’économie domestique. Lancé par le Secrétariat romand, il permet aux employeurs d’inscrire leurs employés auprès des assurances sociales et de leur permettre ainsi l’accès aux prestations sociales.

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DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS RURALES

Pêche miraculeuse au Soudan du Sud

Au Soudan du Sud, l’EPER mise sur la pêche pour soutenir la population. Cette activité permet à des agriculteurs de diversifier leur alimentation et de générer un revenu supplémentaire pour envoyer leurs enfants à l’école.

BETTINA FILACANAVO

Le Soudan du Sud compte parmi les régions les plus pauvres d’Afrique. De 1982 à 2005, le Soudan a été déchiré par une guerre civile

opposant le Nord au Sud. Une famine s’en est en-suivie. Bilan : plus d’un million de morts et des cen-taines de milliers de personnes déplacées. Durant ces années, l’EPER a surtout fourni une aide hu-manitaire. Depuis la signature du traité de paix en 2005, des acteurs de la société civile œuvrent pour un avenir meilleur. Aujourd’hui, l’EPER est active dans la province de Central Equatoria, où elle sou-tient des ONG sud-soudanaises qui s’engagent en faveur de la reconstruction et de la réhabilitation des villages.

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DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS RURALES

En plus d’assurer un revenu supplémentaire aux familles, la pêche favorise l’accès à l’éducation. Il y a peu encore, les quelque 60 enfants de pêcheurs de Terekeka n’étaient pas scolarisés faute d’école à proximité. Aujourd’hui, sur l’initiative des familles, des enseignants viennent sur place. L’EPER finance le matériel scolaire tandis que les parents paient les formateurs en nature, via le fruit de leur pêche.

Retours au pays

En 2011, l’indépendance du Soudan du Sud a été officiellement proclamée. Selon Moses Sika,

Beaux coups de filet

Dans ce cadre, la promotion de la pêche joue un rôle important. Dans le district de Terekeka, sur les rives du Nil Blanc, l’organisation partenaire Agency for Cooperation and Research in Development (ACORD) soutient des familles de pêcheurs ap-partenant au groupe ethnique des Mundari : elle fournit des filets, des cannes à pêche, des congéla-teurs, des installations pour le séchage des poissons et des fumoirs à deux coopératives. Les familles consomment elles-mêmes une partie du poisson et vendent le reste directement à la coopérative.

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responsable du bureau de coordination de l’EPER, la construction de l’Etat avance rapidement. Pour-tant, le pays reste l’un des plus pauvres au monde : 80% de la population vit avec moins d’un dollar par jour et 4,7 millions de personnes n’auront pas suffisamment à manger cette année. Les gouverne-ments locaux n’ont pas les moyens d’assurer les besoins de base de la population. A cela s’ajoute que des milliers de personnes reviennent au pays après l’avoir fui pendant la guerre. Leur intégra-tion constitue un défi de taille – un aspect dont les projets de l’EPER tient compte.

La pisciculture, une activité prometteuse

Amule Bulben est agriculteur. Il fait partie de ces personnes qui ont vécu plusieurs années à l’étranger avant de revenir au pays. Aujourd’hui, il est l’un des bénéficiaires du projet que l’EPER mène dans le dis-trict de Yei, à une trentaine de kilomètres au nord de l’Ouganda, avec l’organisation partenaire Mugwo Development Organisation (MDO). Objectif : former les agriculteurs en horticulture et culture céréalière, en élevage de poules, d’abeilles et… de poissons. Mugwo n’étant pas situé au bord du Nil, les agri-culteurs font de la pisciculture dans des bassins arti-ficiels. Cette activité garantit aux familles un revenu supplémentaire et une alimentation équilibrée.

L’exemple ougandais

Amule Bulben vit avec sa famille dans une ferme héritée de son père. Ses enfants sont tous scolari-sés. Grâce à l’aide de MDO, qui lui a fourni des plants, il cultive des bananes et des ananas. Pour compléter cette activité, il a installé deux bassins de pisciculture en collaboration avec une coopéra-tive regroupant une vingtaine d’agriculteurs et avec l’aide de MDO et d’experts ougandais. En Ouganda, où Amule Bulben a vécu un temps durant son exil, la pisciculture est en effet très répandue.

Au début, Amule Bulben ne connaissait rien à la pêche : « C’est un expert de MDO qui nous a tout appris. Aujourd’hui, avec les autres agricul-teurs de la coopérative, nous pêchons environ 30 kg par mois. Nous en consommons 7 kg et ven-dons le reste, ce qui nous rapporte environ 170 dollars. » Face à ce succès, d’autres familles se sont lancées dans la pisciculture, de sorte que la région compte aujourd’hui 18 bassins. Une véritable suc-cess story : au Soudan du Sud, le poisson contribue aujourd’hui à lutter contre la faim, à promouvoir la santé et à favoriser l’accès à l’éducation.

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15, 16 et 20 juin 2013Journées du réfugiéRéussir ensemble

Pour perpétuer la tradition humani-taire de la Suisse, les personnes persé-cutées ont besoin d’être protégées. Mais l’accueil de personnes réfugiées et admises provisoire ne suffit pas. Encore faut-il soutenir ces personnes dans leur intégration en incitant les entreprises et l’économie à leur don-ner une chance. C’est pourquoi l’EPER mène une cinquantaine de projets d’intégration dans différentes villes de Suisse dans le but de mettre à profit leurs compétences. Célébrées depuis 1980, ces Journées rappellent au grand public que les réfugiés et les personnes admises à titre provisoire apportent une contribution capitale à la société comme à l’économie suisse.

Marquez le dimanche du réfugié dans votre paroisse !

Des collaborateurs de l’EPER sont à disposition pour des présentations. Un dossier pour célébrants « Réus-sir ensemble » et un dépliant sur les projets en faveur des réfugiés sont disponibles en téléchargement sur www.eper.ch/journee-du-refugie ou par téléphone : 021 613 40 70

Stratégie 2013-2017Continuité sur le terrain et formalisation du plaidoyer

Fruit d’un processus participatif élargi sur deux ans, la nouvelle stratégie de l’EPER pour les cinq années à venir confirme la voie empruntée jusqu’ici. La priorité thématique pour le travail à l’étranger est l’accès à la terre. Pour les activités en Suisse, c’est l’égalité des chances. L’activité de plaidoyer, à savoir l’engagement politique et so-cial en Suisse comme sur le terrain, a été formalisée et décrite en détail. La nouvelle campagne 2013 de l’EPER sur l’égalité des chances est d’ailleurs une première en la matière au niveau national. Le travail de l’EPER reste motivé par l’engagement en faveur d’un monde plus juste et la dignité de chaque personne.

Pour télécharger la stratégie : www.eper.ch/strat

Actuel Agenda

Petits moyens, grands effets.

19 juin 201315e Foulées de la Solidarité à Peseux (NE)Course en faveur d’un projet de développement rural au Sénégal organisée par les Eglises catholiques et réformées de La Côte. Départ : terrain FC Corcelles dès 18 h 00. Infos : Claude Doerfliger, 032 731 42 27, [email protected]. Inscriptions possibles dès 17 h 00 sur place

30 juin 2013Festiv’été Terre NouvelleCulte sur l’alpage de la Correntine au dessus de Bière à 10 h 00 organisé par la Paroisse du Pied du Jura. Offrande en faveur du développement des communautés rurales en Arménie. Infos : Sandro Restauri 021 331 56 77

23-28 juillet 2013Paléo Festival de NyonStand « Une chèvre contre la faim » avec animations

16 août 2013Course de la solidarité à PrêlesTroisième édition organisée par les paroisses du district de La Neuveville pour soutenir un projet rural aux Philippines. Halles polyvalente Les Joncs, dès 17 h 30 pour les enfants, dès 19 h 00 pour les adultes. Parcours amélioré, garderie. Infos : Stéphane Rouèche 032 315 27 37. Inscriptions possibles sur place dès 16 h 30

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Bénévoles recherchésL’EPER cherche à élargir son cer-cle de bénévoles pour accomplir, ponctuellement, des travaux ad-ministratifs de mise sous plis ou de mise à jour de la base de don-née au Secrétariat romand, à deux minutes de la gare à Lausanne. En cas d’intérêt, veuillez vous annon-cer au 021 613 40