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7/25/2019 Aes 338 5 Les Villes Imaginaires de Prefete Duffautou Les Modalites de Resolution Du Probleme de Chaos Urbanis

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Arts et Savoirs5 (2015)Sciences (et) imaginaires

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Jean-Herald Legagneur

Les Villes imaginairesde PrfteDuffaut

Ou les modalits de rsolution du problme de chaosurbanistique hatien

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Rfrence lectroniqueJean-Herald Legagneur, Les Villes imaginairesde Prfte Duffaut ,Arts et Savoirs[En ligne], 5 | 2015, mis enligne le 15 mars 2015, consult le 18 juin 2016. URL : http://aes.revues.org/338

diteur : LISAA (Littratures Savoirs et Arts)http://aes.revues.orghttp://www.revues.org

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Les Villes imaginaires de Prfte Duffaut 2

Arts et Savoirs, 5 | 2015

Jean-Herald Legagneur

Les Villes imaginairesde Prfte DuffautOu les modalits de rsolution du problme de chaos urbanistiquehatien

1 Lart naf hatien rpond une particularit que lon retrouve dans presque toutes lesautres formes dexpressions artistiques. Celle-ci repose sur le fait que lorsque les artistesqui y voluent ne sattachent pas reprsenter la quotidiennet dans ses contours commedans ses travers, ils svertuent tout simplement sattaquer, au moyen de lesthtique etpar limaginaire, certains problmes auxquels se confronte la socit hatienne. PrfteDuffaut, dont Villes imaginaires1constituent le socle de luvre, nchappe pas ce constat.Nanmoins, mme sil nest pas en dcalage avec les vises esthtiques et les proccupationsidologiques de ses homologues hatiens, il se distingue deux en focalisant sa cration surun imaginaire qui sempare de lurbanisme et, la place des dcideurs hatiens, formule avec

finesse ce quil nest pas anodin de considrer comme un vritable projet damnagement 2

du territoire national. Aussi limagerie de la ville3se transforme-t-elle en critres spcifiquesde son criture picturale et en dmarche esthtique nourrissant constamment son inspiration,stimulant abondamment sa crativit et se posant manifestement en modalits de rsolutiondu problme de chaos urbanistique dont souffre Hati quasi chroniquement.

2 On se demande alors en quoi consistent ces modalits et quels en sont les mcanismes.Quimpliquent-ils du point de vue de l rudition imaginaire au sens o lentend NathaliePigay-Gros4, cest--dire au sens de la saisie du rel par le fictionnel ? Un rel qui oscilleentre le gographique et lurbanistique, larchitectural et le rural en tant que catgoriesscientifiques qui se sont transformes en imaginaire pictural. Il sagit dinterroger la faondont Duffaut parvient apprhender ces catgories pour en faire une construction esthtiquematrialise en images inanimes, mobilise au service de lorganisation, de la modlisationet de lembellissement de lespace dexistence, du vivre et de lagir ensemble des Hatiens. Il

sagit aussi de dterminer le sens de cette dmarche artistique et dceler les pistes de solutionsquelle propose un problme dont les incidences sont dj trop lourdes sur la survie mmedu peuple hatien.

3 Nous partirons de lide que la saisie des procds utiliss dans la fabrication et la formalisationdes Villes imaginaires repose sur lanalyse du mode de traitement et dorganisation desdiffrentes structures reprsentes. Aussi savrera-t-il intressant de dterminer leur statutainsi que leur spcificit symbolique. Pour ce faire, nous serons donc attentifs aux notions etapproches de plusieurs auteurs, dont celles dHlne et Gilles Menegaldo5sur le rapport delart avec les imaginaires de la ville.

Gense dune esthtique urbaine ou dun urbanisme

imaginaire4 La vocation de peintre de Duffaut lui aurait t merveilleusement rvle par la sainte Vierge,

selon le rcit ritr par le peintre de la vision6quil dit avoir reue qui confre une dimensionmystique et surnaturelle de ses dbuts dans la peinture. tudiant ce phnomne chez plusieurspeintres hatiens, parmi lesquels Clestin Faustin, Carlo Avierl Clius affirme que :

Dans lunivers pictural dHati, des rcits lgendaires accompagnent la mise en circulation etconditionnent la rception des uvres de bon nombre dartistes, dHector Hyppolite (1894-1948) Andr Pierre (1914-2005), de Prfte Duffaut (1923-[2012]) aux artistes du mouvement Saint-Soleil apparu dans les annes soixante-dix. Une mme trame semble structurer ces rcits,nanmoins chaque cas prsente des particularits significatives dues au profil de lartiste, sonhistoire personnelle, ses propres implications dans lnonciation de sa lgende, aux liens tablis

entre celle-ci et son uvre. Lartiste serait donc un agent actif dun dispositif qui intgre aussi biensa cration que le discours quil tient sur celle-ci. Ainsi luvre est au centre dun entremlementde rcits allant de ceux qui nourrissent sa conception ceux qui accompagnent sa rception.7


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5 Or, pour Marie Jos-Nadal et Grald Bloncourt8, Duffaut est venu lart du pinceau en 1944.

Peu aprs son entre au Centre dart9, en 1948, o lart naf hatien a merg loccasiondune incidence esthtique 10, il sest retrouv (entre 1949-1951) parmi les ralisateurs desfresques qui dcoraient les murs de la cathdrale piscopale de la sainte Trinit. Cest dansces circonstances que Duffaut a commenc peindre ses motifs, avec la ralisation dunefresque la cathdrale cite,Jacmel (1950), dont les ingrdients forment un rseau dimagesconsidres comme les prmices de ses Villes imaginaires.

6 Paralllement, Albert Mangons, architecte de formation jouant le rle de rgisseur gnraldimportants travaux de rnovation, damnagement et de modernisation de Port-au-Prince11,avait dj commenc alerter les autorits en les sensibilisant, travers ses crits12, sur ledveloppement anarchique de cette ville. Pour lui, Une ville qui boit, mange et qui excrtene peut aboutir qu une catastrophe si on la laisse elle-mme 13. Les autorits ont fait lasourde oreille et la catastrophe annonce a lieu le 12 janvier 2010, avec un dcompte deplus de 300 000 morts14.

7 Ainsi, dans ltat o lespace urbain hatien se trouve actuellement, on ne peut que dplorerque lcho des ides de Mangons dans luvre de Duffaut nait pas pu rsonner dans lesoreilles des autorits hatiennes ni lclat qui leur a t donn reflter dans leurs yeux. Endautres termes, et plus prcisment encore, comment expliquer que la seule rponse que

celles-ci trouvent donner au cas de Jalousie que nous avons voqu est de peinturer des maisonnettes qui, moindre secousse, se transformeront en de vritables tombeaux pourleurs occupants, comme ce fut trs largement le cas le 12 janvier 2010. En effet, il aurait suffique ces autorits sachent regarder ou apprennent voir pour quelles se rendent comptede la prsence dans luvre de Duffaut dautant dingrdients impliquant des choses voir

et dire15 que de motifs qui suggrent des actions concrtes et efficaces entreprendre.Ainsi, bien considrer ces peintures et en prtant attention lesthtique qui les sous-tend,on ne peut manquer de constater que ce qui frappe le plus chezDuffaut, cest non seulementson sens de loccupation et de lorganisation de lespace, mais plus encore la faon dont ilpropose de le grer. Reste donc prciser ce que ces peintures suggrent symboliquement etdiachroniquement. Mais auparavant, il convient dtablir liconographie de trois dentre elles.

Structure iconographique des uvres8 Nous navons pas pu obtenir le droit de reproduction pour les trois uvres que nous

proposons danalyser ici. On peut cependant les observer en consultant ce lien : http://www.galeriemonnin.com/prefeteduffaut.html16. Ces uvres nont pas de titre, elles sontclasses comme suit sur le site internet indiqu : images 2 of 10 / 6 of 10 et 10 of 10. Elles ontpour cadre une baie o unemer turquoise donne limpression de rencontrer le ciel lhorizon.

9 La premire est caractrise par un jeu de symtrie trs bien articul entre les diffrents motifs.Elle peut tre considre comme une rflexion sur le rapport dHati avec le Canada, la Franceet les tats-Unis : cette reprsentation confronte Hati ces trois puissances o Port-au-Princeest reprsent en plus petite proportion face New York, que la Statue de la libert et le

drapeau amricain permettent de reconnatre. droite, cest la Tour Eiffel, surmonte dudrapeau franais, qui permet didentifier la France. Cest aussi le cas pour le Canada qui, gauche, est identifiable grce son drapeau. Ces diffrentes puissances sont disposes de faontelle quelles donnent limpression denclaver Port-au-Prince. Suspendu lespace commeun OVNI, Washington surplombe les trois autres villes dans un ciel serein entour de septanges. Lensemble forme une sorte de strate o Port-au-Prince, coinc en dessous des autresvilles, ne se trouve reli elles que par des poulies. En dehors du bleu, du gris et du vertqui sont trs prononcs, cest le blanc et le jaune qui assurent les teintes de cette u vre dontla syntaxe semble tre porteuse dun message politique vident dont seule une analyse go-politico-stratgique, prenant en compte les intrts et lhistoire des relations de ces puissancesavec Hati, permettrait de mesurer la porte.

10 La seconde uvre est une construction conforme la grammaire picturale de Duffaut : ellereprsente des montagnes en forme de mt de cocagne en haut desquelles la Vierge est perche.Le coloris et la topographie sont identiques ceux du tableau prcdemment tudi.
http://www.galeriemonnin.com/prefeteduffaut.htmlhttp://www.galeriemonnin.com/prefeteduffaut.htmlhttp://www.galeriemonnin.com/prefeteduffaut.html


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11 La troisime enfin se distingue des deux autres, dabord par son ton plus vif et plus nuanc,donc plus color avec une gamme de couleurs flamboyantes ; ensuite elle nest rien de moinsquun village prenant la forme dun navire o les maisons sont riges sur des pentes abruptes.

12 Ltude iconographique de ces Villes imaginaires permet de constater quelles obissent unegomtrisation de lespace indiquant comment Duffaut le conoit et propose dagir sur luipour pouvoir changer sa topographie. Il le divise et le subdivise, le modlise sous forme dezonage. Procdant ainsi, il semble avoir fait sienne cette proposition de Tribillon qui postulait :

Cest sans doute dans cette activit de division/affectation (diviser lespace de la ville enzones distinctes qui reoivent des affectations diffrentes17) que lurbanisme montre son vraivisage. 18En effet, Duffaut a pris soin de rvler le vrai visage de son urbanismeimaginaire au moins de deux manires.

13 Dabord, il distingue les zones dites urbaines et rurales de celles quon peut taxer de rserves , soit aux activits agricoles, soit des sphres de vgtation. Ensuite, il distribuedes sites construits : ponts ariens gants, routes sinueuses ceinturant les pentes et lesmontagnes surleves et dominant les grandes surfaces et les rues grouillantes de minusculesindividus circulant dans les deux sens, villages suspendus et relis par des tunnels, etc. Cetteforme de figuration de lespace , srige donc en des rseaux dimages qui dfinissentavec vhmence la grammaire picturale duffautienne, comme pour transformer ses Villes

imaginairesen de vritables textes.

Le geste artistique de Duffaut : une forme dinterpellation14 Aussi utopique que puisse paratre un tel programme iconographique, il na pourtant rien

dillogique dans la mesure o il place le thme de lespace et du bti au centre de saproccupation. De ce point de vue, lon comprend fort bien que lartiste a pouss sonimagination un point tel quil a cr un univers urbain irrel par linvention dunetopographie fictive qui devient, selon Hlne et Giles Menegaldo, le foyer dun imaginaireen acte et un tissu de rapports constituant un lieu dintelligibilit du sujet et du rel saisisdans la multiplicit de leurs croisements 19. Par ce mcanisme, Duffaut ralise exactement ceque Chris Youns entend par la rencontre entre thique comme manire dtre et esthtique

comme vrit du sentir

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. Une rencontre qui, dans la perspective de Michelle Sustrac, bannitles frontires entre approche sensible et observation scientifique, entre savoir et sentir, entre

production de connaissance et acte cratif 21.15 Cela dit, ces croisements qui se transforment en une sorte de convergence de lthique et de

lesthtique, laquelle se situe la confluence dune fiction picturale et dun imaginaire urbain,ne peuvent tre interprts que comme une invitation premptoire lance par Duffaut tous sescompatriotes hatiens, et plus spcialement lensemble de ses concitoyens et ltat hatienen particulier. Ainsi comprise, cette invitation a pour finalit de les sensibiliser la ncessit demieux organiser leur lieu dtre, cest--dire de mettre de lordre dans leur faon dhabiter danslespace et les sommer dimposer de la discipline dans leur manire dexister dans le monde,car entre habiter et exister, Duffaut a bien compris quil ny a pas de frontire.

16 cet gard, nous pouvons avancer, sans exagration et sans grand risque de nous tromper,qu la base de ce geste artistique merge un acte citoyen dune porte philosophique videnteet dune dimension minemment humaniste, dans la mesure o il participe dune prise de

conscience par lartiste du sens de son existence22dans le monde. De l dcoule le caractre la fois optimiste et pragmatique de laction cratrice duffautienne. Lon pourra sans doutereprocher cette manire de lire cet aspect de luvre de Duffaut dtre trop ambitieuse mme si nous ne prtendons pas quelle fasse lunanimit cependant, nul ne saurait objectersa cohrence ni mettre en doute son intelligible bien fond. Puisquil en est ainsi, lon peut serfrer Lannec Hurbon qui attribue cette dimension de luvre de Duffaut une fonctionsimilaire celle que nous avons dcele, ailleurs, dans lesNoces de Cana23en ce quelle tend,daprs Hurbon, vers lattnuation de la vielle dichotomie entre barbare et civilis jetecomme une sorte danathme par lOccident sur Hati :

[] dans la Ville imaginaire, il ny a plus ni Barbares ni Civiliss. Voulant se donner pour le seulmonde authentique, rel, le seul qui vaille la peine dtre difi, la Ville imaginaireet, avec elle,


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la Vision vodou24et la Scne du jugement dernierqui [] ne nous livrent pas un nouvel ordredu monde invers, mais nous renvoient plutt lopposition partout oprante dans la vie sociale,culturelle et politique entre civilis et barbare. Une opposition enracine dans un imaginaire quine savoue plus comme tel et auquel on reste facilement aveugle25.

17 Autant conclure avec Maximilien Laroche pour affirmer que les Villes imaginairesconstituentune image, reproduction physique dune vision, dune perception. Objet dont la structure

reproduit celle du regard intrieur du peintre 26. Ainsi, en nous acheminant tout droit vers ces

Villes imaginaires do aura disparu toute trace du barbare comme du civilis 27, renchritHurbon, il nous apparat tout fait loisible et mme ncessaire de nous interroger maintenantsur le sens de ce geste artistique et sur ce quil porte en lui comme spcificit symbolique.

Porte culturelle du geste artistique

18 Traiter de la spcificit des Villes imaginaires revient dterminer ce qui confre cespeintures une valeur de symbole ou un statut demblme esthtique et culturel. Par consquent,il faudrait aussi considrer ce quelles portent en elles comme significations ayant dessimilarits avec dautres facteurs de la culture hatienne. Pour y parvenir, deux voies, qui nen

sont en ralit quune, soffrent nous. La premire concerne le ralisme merveilleux 28queJacques Stphane Alexis a thoris dans ses romans, notamment dansLes Arbres musiciens29;la seconde se rapporte au double paradigme li au pays rel et au pays rv , cher Dany Laferrire30, mais dont la paternit revient douard Glissant31.

Le ralisme merveilleux

19 Le ralisme merveilleux , que certains confondent avec le ralisme magique 32,fut utilis par Alexis pour dsigner un genre englobant la culture du peuple hatien dansses diverses composantes et permettant ce peuple anciennement colonis dchapper lalination postcoloniale. Aussi relie-t-il ralisme au merveilleux, deux termes antagonistesqui sappellent pour oprer un rapprochement entre des lments htrognes et des ralitsincompatibles33. Cette dialectique des contraires constitue pour Alexis un moyen de dcrire

une situation d [] imagerie dans laquelle le peuple enveloppe son exprience et refltesa conception du monde, sa confiance en lhomme et lexplication quil donne aux obstaclesdu progrs [] transpose naturellement ses notions de ralit et de merveilleux dans sa

vision de la ralit quotidienne34. Selon Alexis, il est tout fait [] naturel que le contenufondamental des uvres dart tende atteindre lensemble des problmes qui se posent lhomme de partout35. De l, lobligation pour lartiste de rendre possible cette associationdes contraires, de montrer quil est concern par le destin collectif de son peuple et deprouver sa capacit agir en consquence en incorporant au rcit le merveilleux qui est le

vtement dans lequel certains peuples enferment leur sagesse et leur connaissance de la vie36.Maximilien Laroche insiste aussi sur ce mme rapprochement pour affirmer que :

[] le rel nest pas le contraire du merveilleux ni ne peut en tre dissoci puisquil ny a demerveilleux que comme habit, vtement du rel. Celui-ci est cette inconnue loge au cur durel du merveilleux, lequel est la premire dans lordre de lexistence, de la connaissance et dela reprsentation.37

20 On voit que les deux auteurs abordent la thorie du ralisme merveilleux de la mme manireen mettant laccent sur la capacit de cette thorie expliciter lhtrognit de la culturehatienne tisse partir de la confluence de la triple source autochtone, africaine et occidentale.Cette dynamique inspire la cration, aide coder, encoder et dcoder les contours ou leslisires des uvres. Elle les formalise, leur donne sens et facilite leur comprhension et leurinterprtation. Aussi, ces facteurs mis en uvre dans le processus identitaire hatien et luvre dans luvre de Duffaut crent-ils une dynamique culturelle quon peut considrercomme une sorte de trianit38 dans la mesure o, par leur mdiation et leur altration, leur

juxtaposition et leur fixation, ils participent fonder cette hatianit qui est une autre manirede dire la culture dHaiti. Juxtaposition suppose ici un rapport dialectique, cest--dire une


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relation dchange et demprunts mutuels fait de tensions et de contestations rciproques entreces diffrentes sources.

21 Voil pourquoi Alexis pense que lart hatien, dans son ensemble, doit avoir un contenu socialexpressif qui reflte la ralit du peuple. Luvre de Prfte Duffaut est, dans cette optique,assez reprsentative de cette double ralit sociale et culturelle. Jouant la fois sur le relet sur limaginaire en mlangeant des lments culturels tout aussi imaginaires, cette uvre

constitue une irruption ou une intgration dynamique du merveilleux dans le ralisme39 ou

encore une sorte dinterpntration des deux.

Du pays rel et du pays rv 40

22 La reprsentation que Dany Laferrire a faite de ces expressions et celle que nous venonsdanalyser renvoient une mme ralit : celle dHati. Toutefois, si Alexis et Laroche ontbris les frontires entre le merveilleux et le rel , il semble que pour Laferrire le paysrel doive tre distingu du pays rv puisquil parat que les deux voquent des faitsdiamtralement opposs. Cette dcantation est faite non seulement dans Pays sans chapeaumais aussi dansLnigme du retour:

Quand on observe une scne de march / chez nimporte quel peintre de rue / on na paslimpression de pntrer / dans le march mais que cest plutt le march / qui vous pntre en vous

intoxiquant / avec ces couleurs, ces odeurs et ces saveurs41

. [] Les mmes paysages luxuriantsreviennent pour dire que lartiste ne peint pas le pays rel mais bien le pays rv.42

23 Cette tension entre pays rel et pays rv se retrouve la fin du Pays sans chapeaudans lequel un journaliste Amricain dit un peintre : Pourquoi peignez-vous toujours []des gens souriants, alors quautour de vous, cest la misre et la dsolation ? [] Ce que je

peins, rpond lartiste, cest le pays que je rve. 43La dichotomie est trs significative dansluvre romanesque de Laferrire, car elle invite la rflexion sur ce quest rellement lecadre de vie des Hatiens et sur ce que ce dernier devrait tre idalement. En revanche, sur leplan strictement pictural, cette dichotomie suggre, entre autres, un modle de ce que devraittre le cadre de vie environnemental des Hatiens qui ne cesse de se dgrader : do la valeursymbolique des expressions pays rv et pays rel . Ainsi comprises, ces expressions

sont transformes en filtres culturels par Laferrire qui svertue les imprimer, par unjeu analogique, dans lesprit de ses concitoyens, et donc dans limaginaire du peuple, pour enfaire un moyen de connaissance des valeurs et des grandes proccupations nationales. De l,peut-on dire que la peinture nave hatienne se voit accorder une nouvelle dignit dansle roman qui, pour ainsi dire, srige en un vritable rquisitoire en faveur du changement,non seulement dans la faon de penser et de faire des Hatiens, mais surtout dans leur faondhabiter dans le monde.

24 Cette double expression pays rel versus pays rv rfrence intertextuelle ou miseen abyme du pome ddouard Glissant a pour quivalent plastique les Villes imaginairesde Duffaut. ce titre, la correspondance de Laferrire avec Duffaut tmoigne de la rencontrede deux visions artistiques autour dune mme conviction sociale : il ny a pas dtre sans lieu

dtre. Or cette ralit constitue un vritable problme pour les Hatiens, en ce qui concerneleur capacit organiser et grer leur lieu dtre. Par consquent, comme Alexis la propos,ces crateurs ont compris que leurs uvres ne sauraient tre indiffrentes ce problme. Dola justification de notre hypothse de dpart, savoir que lart naf hatien tend toujours,et ce dans une large mesure, vers la rsolution dun problme, alors mme quil sexprimediffremment travers la reprsentation de divers sujets.

25 Ainsi, lart hatien, travers la dimension picturale de sa forme nave et travers la composantescripturale de sa version romanesque, semble, lui seul, prendre sur sa responsabilit toutle processus de construction identitaire de ce peuple. On la vu avec Duffaut qui a fait de sapeinture un prtexte pour poser le problme de la faon dhabiter dans le monde des Hatiens.Il en va de mme avec Alexis et Laferrire qui ont mis les conditions de vie des Hatiens aucentre de leurs proccupations littraires. Aussi, pour se reprsenter et se dire, se singulariseret se positionner, crivains et artistes hatiens de toutes catgories et de tout acabit convoquent-ils leur compte toutes sortes de paradigmes avec lesquels ils construisent une pense de


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laction et orchestrent une action de la pense . Construction et orchestration au servicedesquelles ils mobilisent tout un archipel de langages avec un arc-en-ciel de mots ajusts aumoyen dun fleuve de syntaxes qui se dversent dans un vaste ocan bouillonnant dimages.Le tout concourt formuler, selon lpoque et le contexte, des concepts comme hatianit surle plan local, ngritude sur le plan transnational, crolit et crolisation au plan rgional quandon ne peut se contenter tout simplement que de lantillanit.

Notes

1 Prfte Duffaut a beaucoup multipli ses Villes imaginaires. cette date, personne ne sait exactementcombien de tableaux il a peints sous ce thme ni o ils sont conservs.

2 De petits projets farfelus, bizarres et de peu dimportance ne refltant en rien lesprit ni la porte deluvre de Duffaut sont souvent raliss en hommage cette dernire Jalousie, un bidonville situ lentre de Ption-ville, banlieue Est de Port-au-Prince. Rcemment, des maisonnettes risques ont t peintures la Duffaut dans le but doffrir une autre image aux touristes qui frquentent lhtel RoyalOasis qui vient dtre construit Ption-ville. Un autre projet de lUNESCO, en gestation depuis en 1996,et concrtis en 2000, avait poursuivi le mme but. Voir ce sujetvaluation du projet Les Villes : gestiondes transformations sociales et de lenvironnement UNESCO. Le Projet Jalousie : dveloppementintgr dun bidonville hatien, URL : http://www.unesco.org/most/evaluationvillesjal.pdf (consultle 26/11/2012). Dans cette mme perspective, on peut voir galement Arnold Antonin,Prfte Duffaut.Pit et urbanisme imaginaire, Port-au-Prince, production Centre Ption-Bolivar, documentaire vido,44 mn, 2006.

3 Prise au sens de polis, la ville dsigne ici lespace propre lexercice de la politique, en tantquart de rgler les problmes du vivre ensemble autant par la parole que par laction, plutt que par laviolence , Alain Cambier, Quest-ce quune ville, Paris, Vrin, coll. Chemins Philosophiques , 2005,p. 9. Espace public, lieu de communaut dintrts et catalyseur dactions collectives, la ville est prsentepar Cambier comme le milieu o lhomme affirme son tre-au-monde, au travers de la poursuite desintrts multiples et htrognes qui taraudent la socit civile ,Ibid., p. 83.

4 Nathalie Pigay-Gros,Lrudition imaginaire, Genve, Librairie Droz, 2009.

5 Hlne et Gilles Menegaldo,Les imaginaires de la ville : entre littrature et arts, Presses universitairesde Rennes, 2007.

6 Il ne sest jamais lass de conter lhistoire de la faon dont il est venu la peinture. Voir, Arnold

AntoninPrfte Duffaut. Pit et urbanisme imaginaire, 2006 et Laure Adler sentretient avec PrfteDuffaut, peintre hatien ,Hors-champs, France Culture, URL : http://www.franceculture.fr/emission-hors-champs-prefete-duffaut-2012-04-19., consult le 13/12/2012.

7 Carlo Avierl Clius, Clestin Faustin, un peintre hatien face au sacr dans Histoire et missionschrtiennes, Paris, n12, p. 93, dcembre 2009 ; Carlo Avierl Clius, Hector Hyppolite : ruse etsubversion , dansHati en marche, Hati, Vol XXII, n 36.

8 Marie-Jos Nadal et Grald Bloncourt,La peinture hatienne, Paris, Nathan, 1986, p. 110.

9 Centre artistique et culturel fond en 1944 par Dewitt Peters qui, dans le cadre dune cooprationhatiano-amricaine vocation ducative, tait arriv en Hati en fvrier 1943 pour enseigner langlais.Inaugur le 14 mai 1944 par le prsident Elie Lescot, le Centre a t reconnu dutilit publique etsubventionn par lesgouvernements hatien et amricain. Jusqu sa destruction lors du sisme du 12

janvier 2010, il avait continu jouer un rle important dans la formation de jeunes peintres.

10 Carlo Avierl Clius, La cration plastique et le tournant ethnologique en Hati , GRADHIVA, Paris,vol.1, juin 2005, p. 71-94, p. 75.

11 loccasion de la prparation la commmoration du deux-centime anniversaire de la ville de Port-au-Prince.

12 Notons que les articles crits par Mangons sur ce sujet ont t runis dans un ouvrage publi en 2001.Voir, Albert Mangons,En toute urbanit, Montral, ditions Mmoire, 2001.

13Ibid.

14 Cette ville, qui devait tre un lieu de refuge pour ses habitants, stait transforme en une spulture,comme un Lviathan les expiant de leur pch dexister , Cambier, op. cit., p. 44.

15 Voir Maurice Merleau-Ponty,loge de la philosophie, Gallimard, Coll. Folio essais, 1953, p. 45.

16 Consult le 02 octobre 2014.

17 Jean-Paul Lacaze voque un espace social de grande densit entendu comme lieu de mouvement et

dynamisation de linteraction, ce que lon constate dans les peintures analyses. Voir Jean-Paul Lacaze,Les mthodes de lurbanisme, Paris, PuF, 1990, p. 4.
http://www.franceculture.fr/emission-hors-champs-prefete-duffaut-2012-04-19http://www.franceculture.fr/emission-hors-champs-prefete-duffaut-2012-04-19http://www.franceculture.fr/emission-hors-champs-prefete-duffaut-2012-04-19http://www.unesco.org/most/evaluationvillesjal.pdf


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18 Jean-Franois Tribillon,Lurbanisme, Paris, La Dcouverte, 2009, p. 11.

19 Hlne et Gilles Menegaldo, op. cit., p. 18.

20 Chris Youns,Art et philosophie, ville et architecture, Paris, La Dcouverte, 2003, p.11.

21 Michelle Sustrac, De la ville sensible au sens de la ville dans Hlne et Gilles Menegaldo, LesIimaginaires de la ville, op. cit.,p. 335.

22 Nous nous inspirons ici de la proposition que Sartre a faite propos du rle sujet et du sens deson action dans la dfinition de sa propre personne dans Jean-Paul Sartre, LExistentialisme est un

humanisme, Paris, Gallimard, coll. Folio essais , 1946.23 Voir Jean Herald Legagneur, Culture europenne et construction identitaire en Hati : filiationhistorique et diffrence anthropologique des pratiques et des reprsentations , MSH, Doctorales :Histoire et imaginaire dans la construction des identits en Europe et dans le bassin mditerranen,[en ligne], URL : http://www.msh-m.fr/editions/edition-en-ligne/doctorales/les-numeros/histoire-et-imaginaire-dans-la/article/culture-europeenne-et-construction# (Consult le 28 septembre 2014).

24 La graphie du mot vodou ne fait pas unanimit chez les auteurs hatiens et trangers. Certainslcrivent avec au , dautres utilisent la lettre o . Ici nous conservons le vocabulaire de lauteurde la citation.

25 Lannec Hurbon,Le Barbare imaginaire, Paris, Cerf, 1988, p. 5.

26 Maximilien Laroche,Limage comme cho. Essais sur la culture et la littrature hatiennes, Qubec,Nouvelle optique, 1978, p. 236.

27 Lannec Hurbon, op. cit. p. 17.

28 Voir, Jacques Stephen Alexis, Prolgomnes un manifeste du Ralisme merveilleux des Hatiens ,no spcial 1erCongrs international des crivains et artistes noirs, Prsence Africaine,octobre 1956,p. 245-271 et Jacques Stephen Alexis, O va le roman ? ,Prsence Africaine, n13, avril /mai 1957,p. 81-101, un autre article traitant du mme thme. Notons quAlejo Carpentier a fait usage de RealmaravillosodansElreino de este mundo(1949). Une cohabitation harmonieuse est possible entre le relet le merveilleux, bienquils soient apparemment opposs. Dans cette perspective, Jean-Louis Jouberta fait remarquer que Jacques Roumain et Jacques Stephen Alexis ont explor dans leurs romans lesvoies du ralisme merveilleux , version hatienne du ralisme magique des crivains latino-amricains de langue espagnole : alliance baroque du mythe et du concret, got des images vives et dunecriture virtuose, tropicale, travail sur une langue europenne naturalise amricaine. Cette tendance seprolonge dans les romans de Francis-Joachim Roy (Les Chiens, 1961), de Ren Depestre (Le Mt decocagne, 1979 ;Hadriana dans tous mes rves, 1988), de Jean Metellus, qui dveloppe un cycle autourdu lieu magique de sa ville natale, Jacmel (Jacmel au crpuscule, 1981.) Voir ce propos Jean-LouisJoubert, Carabes littratures , dans Encyclopdie Universalis, URL : https://nomade.univ-tlse2.fr/http/www.universalis-edu.com/encyclopedie/caraibes-litteratures (consult le 29 janvier 2013).

29 Jacques Stephen Alexis,Les Arbres musiciens, Paris, Gallimard, 1957. Rappelons queLEspace duncillementetRomancero aux toiles, publis respectivement en 1950 et 1960, se situent dans cette mmeligne.

30 Dany Laferrire,Pays sans chapeau, Monaco, Le Rocher, coll. Motifs , 2007[1999].

31 douard Glissant,Pays rv, pays rel, Paris, Gallimard, 2000.

32 Titre dun ouvrage de Frantz Roh (1925) o est prsent un bilan de la ralit allemande et europennede lart aprs la dcadence de lImpressionnisme et de lExpressionnisme.

33 Jacques Rancire,Le Destin des images, Paris, La Fabrique, 2003, p. 66.

34 Prcisons que cet extrait nest pas tir du texte de communication voqu plus haut,mais de larticle intitul : O va le roman galement voqu plus haut. Il est citpar Zil Bernd dans Ralisme merveilleux , URL : http://www.flsh.unilim.fr/ditl/Fahey/RALISMEMERVEILLEUX_n.html (consult le 26 janvier 2013).

35 Jacques StephenAlexis, Prolgomnes un manifeste , op. cit. p. 247.

36 Zil Bernd, op. cit.

37 Maximilien Laroche, Contribution ltude du ralisme merveilleux, Qubec, GRELCA/Un. Laval,1987, p. 125-126.

38 Cest sur le sens englobant que prend la notion des Humanits chez la philosophe amricaineMartha Nussbaum que nous nous basons pour forger ce concept de trianit encombinant la racinelatine tri (trois) et les trois dernires syllabes ( anit ) des Humanits pour expliquer ladynamique culturelle hatienne. Selon la philosophe, les humanits ne se limitent plus uniquement l'enseignement des arts dit libraux du trivium et du quadrivium incluant les langues grecque et latine,etc., mais elles correspondent dautres ralits auxquelles elle a fait rfrences lors de son entrevue

avec Julien Charnay pour le magazine en lignePhilosophie. URL : http://www.philomag.com/les-idees/reinventons-les-humanites-7908 (consult le 24 mai 2014).
http://www.philomag.com/les-idees/reinventons-les-humanites-7908http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/caraibes-litteratureshttp://www.universalis-edu.com/encyclopedie/caraibes-litteratureshttp://www.universalis-edu.com/encyclopedie/caraibes-litteratureshttp://www.msh-m.fr/editions/edition-en-ligne/doctorales/les-numeros/histoire-et-imaginaire-dans-la/article/culture-europeenne-et-constructionhttp://www.msh-m.fr/editions/edition-en-ligne/doctorales/les-numeros/histoire-et-imaginaire-dans-la/article/culture-europeenne-et-constructionhttp://www.philomag.com/les-idees/reinventons-les-humanites-7908http://www.philomag.com/les-idees/reinventons-les-humanites-7908http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/caraibes-litteratureshttp://www.universalis-edu.com/encyclopedie/caraibes-litteratureshttp://www.msh-m.fr/editions/edition-en-ligne/doctorales/les-numeros/histoire-et-imaginaire-dans-la/article/culture-europeenne-et-constructionhttp://www.msh-m.fr/editions/edition-en-ligne/doctorales/les-numeros/histoire-et-imaginaire-dans-la/article/culture-europeenne-et-construction


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39 Jacques Stephen Alexis, op. cit. p. 264.

40 Cette section sinspire trs largement et mme reprend deux paragraphes dun autre article de lauteur.Voir en ce sens, Jean Hrald Legagneur, Lnigme du retour de Dany Laferrire ou quand imaginaireet urgence du social se transforment en Cahier du retour au pays natal, Qubec, Voix plurielles 10.2(2013), URL : http://brock.scholarsportal.info/journals/voixplurielles/article/view/866 (consult le 28septembre 2014).

41 Dany Laferrire,Lnigme du retour, Paris, Librairie Gnrale Franaise, Coll. Le livre de Poche ,2011, p.122.

42Ibid., p. 84

43 Dany Laferrire,Pays sans chapeau, op. cit., p. 276.

Pour citer cet article

Rfrence lectronique

Jean-Herald Legagneur, Les Villes imaginairesde Prfte Duffaut ,Arts et Savoirs[En ligne],5 | 2015, mis en ligne le 15 mars 2015, consult le 18 juin 2016. URL : http://aes.revues.org/338

propos de lauteurJean-Herald Legagneur

Universit Sorbonne Nouvelle Paris 3 / Universit Dtat dHati (ierah/Iserss)

Droits dauteur

Centre de recherche LISAA (Littratures SAvoirs et Arts)

Rsum

Cet article se propose de montrer comment Prfte Duffaut sest distingu parmi les peintresnafs hatiens. Alors mme quil se situe au mme plan que ses homologues en matire devises esthtiques et de proccupations idologiques, il semble vouloir aller plus loin qu'eux enproposant ses Villes imaginaires (socle de son criture picturale) comme solution au problmede chaos urbanistique dont souffre Hati. Il s'agit de dterminer les rouages de cet urbanismeimaginaire et de faire ressortir les lments qui se trouvent aux soubassements de l'esthtiquequ'il entend dgager.

Entres dindex

Mots-cls :Hati, Duffaut (Prfte), ville, science, imaginaire
http://brock.scholarsportal.info/journals/voixplurielles/article/view/866

aes 338 5 les villes imaginaires de prefete duffautou les modalites de resolution du probleme de...

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