aes 322 5 portrait du pere noel en docteur faust

7/25/2019 Aes 322 5 Portrait Du Pere Noel en Docteur Faust

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Arts et Savoirs5 (2015)Sciences (et) imaginaires

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Carole Rebillon

Portrait du Pre Nol en Docteur Faust

Savoir, pouvoir, innocence et merveillement dansSanta Claus de E. E. Cummings

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Rfrence lectroniqueCarole Rebillon, Portrait du Pre Nol en Docteur Faust ,Arts et Savoirs[En ligne], 5 | 2015, mis en ligne le 15mars 2015, consult le 01 juillet 2016. URL : http://aes.revues.org/322

diteur : LISAA (Littratures Savoirs et Arts)http://aes.revues.orghttp://www.revues.org

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Portrait du Pre Nol en Docteur Faust 2

Arts et Savoirs, 5 | 2015

Carole Rebillon

Portrait du Pre Nol en Docteur FaustSavoir, pouvoir, innocence et merveillement dans Santa Clausde E. E.Cummings

1 En 1946, le pote amricain E. E. Cummings rdige une courte pice de thtre, Santa Claus,A Morality, prsente comme une fantaisie de Nol, un divertissement burlesque. Cummingsavait dj tent plusieurs fois de crer une uvre dramatique,mais Santa Clausest lune desdeux seules tentatives abouties. Il sagit au demeurant dune uvre thtrale extrmementbrve, en cinq scnes. Elle comporte peu de personnages : quatre personnages individualiss,

Death ( Mort , personnage masculin1) ; Santa Claus (le Pre Nol) ; Child (lEnfant) ;Woman (la Femme).Mob(la Foule), compose dtres humains non individualiss, peut de cefait tre considre comme un cinquime personnage.

2 Le sous-titre donn par Cummings sa pice, A morality, lapparente explicitement auxmorality plays, des spectacles allgoriques trs populaires au Moyen-ge et la Renaissance.Dans lune de ses six nonlectures, prononces Harvard en 1953, lauteur dsigne Santa

Clauspar lexpression ma petite allgorie en vers blancs 2

, et assume cette parent ainsique le message qui sen dgage. En mme temps, il minimise limportance de cette uvre etmet laccent sur sa brivet, comme une excuse ou comme si son criture avait t un jeu.Santa Clausne serait-elle quun accident au milieu de la profusion de pomes que comportele corpus cummingsien ? Selon le biographe de E. E. Cummings, R. D. Kennedy, la place decette uvre burlesque serait dans un thtre de marionnettes plutt que sur une vraie scnede thtre3. Or, ds la premire scne, dans le dialogue initial entre Mort et le Pre Nol, lecaractre burlesque sefface et laisse place un questionnement plus grave mais prsent surun ton faussement lger : comment limaginaire (incarn par le Pre Nol) peut-il survivreet trouver une utilit, dans un monde matrialiste obnubil par le savoir au dtriment de lacomprhension ? La parodie du mythe de Faust sur laquelle la pice est base nous conduit

porter sur elle un autre regard et nous interroger sur les enjeux du march faustien concluentre Mort et le Pre Nol, notamment ceux touchant la reprsentation du savoir et de lascience. De plus, en tudiant la manire dont Cummings fait dune technologie fictive lundes ressorts principaux de son intrigue, nous aurons un aperu de sa rflexion sur la valeurdu discours scientifique compte tenu de sa ncessaire adaptation au public qui il est adressauquel il sadresse, ainsi que du rapport du pote au savoir et la technologie.

Portrait du Pre Nol en Docteur Faust3 Ainsi que le note R. S. Kennedy, lintrigue de Santa Claus, base sur un march conclu entre les

deux personnages principaux, est une variation aisment reconnaissable du mythe de Faust4:en change dun conseil qui lui permettra de rsoudre son problme de distribution , Mort

impose, plus quil ne propose, au Pre Nol dintervertir les masques puis les costumes dans lascne 3. Il lui offre loccasion de se sentir autre en devenant pour un moment un Scientifique matre de tous les savoirs, dont la matrise permet de manipuler la Foule. Ce qui apparente lemarch entre Mort et le Pre Nol celui pass entre Faust et Mephistopheles dans Doctor

Faustusde Marlowe5est son enjeu : une forme de pouvoir bas sur lacquisition dun savoir,voire (dans le cas deDoctor Faustus) de la Connaissance ultime et complte des rouages delUnivers. Ce march est pass entre un personnage naf et un initiateur malfique, qui exige deson lve quil lui offre son identit en change. Cependant, des diffrences de degr notablesinterviennent entre les deux marchs faustiens : l o Faust changeait son me contre unsavoir prsent comme rel bien qusotrique, donc rserv une lite et procurant celuiqui le possde un pouvoir quasi-illimit sur les tres et les choses, le Pre Nol ne donnequun masque en change de consignes lui permettant de mettre en scne une reprsentation dela Science sous la forme dun simple discours, sans manifestations extraordinaires daucunesorte. La parodie est visible galement si on compare la scne dans laquelle Faust fait apparatre


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devant lEmpereur les fantmes de personnages antiques6et celle o le Pre Nol, aprs unlong discours adress la Foule, est cens, daprs les rpliques, distribuer des actions de la

mine de rouages7. En labsence de didascalie, rien ne dit quil donne vritablement quelquechose, ne serait-ce quun bout de papier, aux individus de la Foule. Dans Santa Claus, lediscours bien mis en scne suffira au Pre Nol pour berner une Foule crdule ; au contraire,dansDoctor FaustuslEmpereur et sa suite demandent et obtiennent de lapprenti sorcier quilfasse la preuve de ses dires et de ses pouvoirs de ncromancien. Le discours ne leur suffit pas :

ils veulent voir.4 DansDoctor Faustuscomme dans Santa Claus, la reprsentation du savoir est partielle : chez

Marlowe, Faust rejette les livres savants, incomplets ses yeux, et nen lit que des bribes8; plustard, linitiation effectue par Mephistopheles sera elle-mme incomplte. Tout le discours deson initiateur consiste en une suite daffirmations de choses dj connues du spectateur un peuinstruit de lpoque.Ainsi, dans lacte 2 scne 3, lorsque Faut est enfin autoris interrogerMephisopheles, il sempresse de lui poser des questions sur le fonctionnement de lunivers.Cependant, les rponses quil obtient le doivent dautant plus quil saperoit quil peut lesanticiper :

Faust :Mais ont-ils [les astres] tous un mouvement, la fois situ et tempore?Mephisopheles : Tous se meuvent dest en ouest en vingt-quatre heures autour des ples du monde,

mais diffrent quant leurs mouvements autour des ples du zodiaque.Faust : Ces questions simples, Wagner peut les rsoudre.Mephisopheles na-t-il aucun talent plus grand que le sien ?Qui ne connat le double mouvement des plantes ?Que le premier dure une journe pleine,Et quant au second : trente jours pour Saturne,Douze jours pour Jupiter, quatre pour Mars, une anne pour le soleil, Vnus et Mercure, vingt-huit jours pour la lune. Ce sont des questions dtudiants de premire anne.9

5 Les autres secrets sotriques devant demeurer inconnus, rien ne peut filtrer : cest de la magie,cest--dire un savoir hermtique, dont les effets ne peuvent tre expliqus au grand nombre.Mephistopheles lui-mme laffirme dans la suite de son change avec Faust :

Faust : [] Maintenant dis-moi qui a fait le monde.Mephisopheles: Je ne te dirai pas.Faust : Sclrat, ne tai-je pas li par serment pour que tu me dises tout ?Mephisopheles: Oui, tout ce qui nest pas contraire notre royaume.10

6 Rien ne peut donc en tre dit sur scne, ce qui exempt lauteur de plus de prcision sur cessavoirs occultes, sans mettre en pril une certaine forme de vraisemblance du moins, pour lespectateur de lpoque. Cest pourquoi la reprsentation dun quelconque savoir rel en tantque tel na pas dintrt en soi et peut (ou doit) tre fragmentaire. Il est permis dimaginer que,pour les spectateurs de lpoque de la cration duDoctor Faustus, le savoir magique matrispar Faust nest ni inexistant ni inconsistant, ni mme fictif : il est simplement irreprsentable,dautant plus que flotte autour de cette science une odeur de soufre, comme des relents de

lEnfer dans lequel Faust plongera fatalement.11

7 Dans la pice de Cummings, si ce qui est offert par Mort au Pre Nol en fait de savoir (Knowledge)nest l encore quune fiction pure et simple, ce fait est pleinementassum par les personnages eux-mmes :

Mort : [] Mais rappelez-vous bien : moins une chose existe, plus les gens en veulent.Le Pre Nol: Cest malheureux, je narrive pas trouver une chose qui nexiste pas. Pouvez-vous maider ?

Mort: Pourquoi pas une mine de rouages ?Le Pre Nol: Une mine de rouages ?Mort: Bien sr, voyons : une mine de rouages nexiste pas, na jamais exist, et nexistera jamais.12

8 Cette science na aucune ralit et ne prtend pas en avoir. Mort peut donc affirmer(ironiquement) que cest le mot de science lui-mme, et uniquement lui, qui est magique,

non pas le savoir quil est cens dsigner, puisque ce savoir est inexistant : [] ds que


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les gens entendent le mot magique : Science [] vous leur vendrez nimporte quoi sauf lacomprhension. (p. 21).

9 Prononcer ce mot produit sur lauditoire des effets que seuls ceux qui matrisent le discourspeuvent (ventuellement) comprendre ou en tout cas provoquer, dfaut de les contrler par lasuite ce qui est une caractristique des actions magiques galement dans la pice de Marlowe.Bien plus, ce mot confrera lui seul tout pouvoir au discours du Pre Nol. Ce nest doncpas ici le caractre secret du savoir qui permet lauteur dtre exempt dune quelconque

prcision scientifique, mais la vacuit du discours scientifique en tant que tel, lequel nest enloccurrence quun moyen de manipulation sciemment utilis. Lenjeu de la reprsentation dusavoir ne porte pas sur les effets dun savoir rel quoique mystrieux sur ceux qui le matrisent

ou qui tentent de le faire13. Cummings sintresse plutt leffet dun discours prtendumentsavant mais vide de sens sur un auditoire non averti. La reprsentation du savoir est partielle,en ce quelle ne sintresse qu un aspect, la mise en place et la matrise du discours savant ,sans aucune considration pour le contenu, qui passe au second plan au point dtre remplacpar lexpos dune technologie fictive.

Cration de la mine de rouages

10 La cration de la mine de rouages se droule en trois temps : constatation dun problme ;analyse des raisons du problme ; proposition dune solution mettre en uvre.

11 Demble, Mort fait un premier diagnostic en se plaant sur un plan purement matriel, voireconomique : Moi aussi, jai un problme de distribution, mais cest le vtre rebours []Cest que moi, jai tant prendre et personne ne veut donner. (p. 9). Mort vacue ainsi lect sentimental exprim par le Pre Nol dans sa deuxime rplique et exprime son cynismeds cette premire analyse.

12 Comme explication du problme pos par le Pre Nol, Mort propose un raisonnement parlabsurde, en commenant par dcrire un monde inimaginable du point de vue du Pre Nol,car totalement contraire celui de lenfance quil symbolise. Ce monde prsent commeimaginaire est simplement une caricature du monde adulte, celui que ne peut plus imaginerle Pre Nol et que ce dernier ne peut mme pas concevoir. Les habitants du monde dcrit

par Mort ressemblent dailleurs sy mprendre aux dpourvus de conscience que Cummingsoppose lui-mme et aux lecteurs qui accueillent son uvre, dans lintroduction du recueil

New Poems, publi en 193514. Dans ces pages, les mostpeople, que lon pourrait traduire par laplupartdesgens , incarnent tout ce que Cummings rejette, en particulier le matrialismeet le consumrisme, caractristiques quils partagent avec la Foule de Santa Claus. Or, lacaractristique du monde adulte qui regroupe toutes celles numres par Mort dans sapremire tirade, cest prcisment le matrialisme, voire le mercantilisme ; rien ne peut sedonner, mais ou parce que tout se vend. En dautres termes, rien nexiste que ce quipeut tre peru, saisi (au sens figur comme au sens propre) par le grand nombre. Ce mondeobnubil par la matrialit, foncirement goste, est selon les mots de Mort un monstre de

ngation idiot 15, auquel on ne peut faire le don de la Comprhension (Understanding).

La raison invoque est que la Comprhension est la seule chose qui ne peut se vendre : ilsagit dune capacit abstraite, impossible matrialiser, et qui de plus implique une dmarchepersonnelle. Or, les habitants du non-monde rel dcrit par Mort, nayant pas dexistencepropre en tant quindividus, en sont incapables. Sils ne sont intresss que par laccumulationde choses matrielles , la Comprhension (immatrielle) leur chappe inluctablement. Neleur reste que laccumulation de donnes, sans le pouvoir de les mettre en relation : cestce que Mort dsigne par le terme Knowledge, la Connaissance. Ces donnes peuvent trematrialises (quelle que soit la forme prise), puis collectes. La prtendue matrialisationde la Connaissance ne peut donc se faire que sous la forme de quelque chose qui serafacilement imaginable, mais qui naura dexistence que pour la Foule. En effet, un non-mondene peut concevoir que des non-choses, des fantmes, cest--dire des fantasmes, que la Foule

considrera comme presque plus rels quelle-mme. Ainsi que le dclare Mort la fin de satirade, le monde de la Foule est un monde si faux, si frivole, si inexistant quauprs de lui un


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fantme est solide 16. Lexclamation du Pre Nol la fin de la scne rejoint cette assertion : Une mine de rouages ? Mais cest parfaitement fantastique ! 17

13 Autrement dit : cest extrmement ingnieux, car Mort parat avoir saisi toutes les donnesdu problme pour les runir dans cette simple solution, et cest un fantasme au sens premierdu terme, un fantme, une non-matrialisation. Cela peut tre rapproch dune rplique de lapice de Marlowe, adresse par Faust lempereur fascin par les formes humaines que lesavoir sotrique du mage (en fait, les pouvoirs de Mephistopheles) fait apparatre devant ses

yeux : Ce ne sont que des ombres, sans substance aucune. 18Rien de tout cela nest tangible,rien nest rel. Il en sera de mme pour les actions dans la mine de rouages : linstar de Mort,la science entendue comme ensemble de connaissances ne peut crer que des simulacres, lusage dun monde-simulacre. Dans ce cadre, ni Mort ni le Pre Nol ne peuvent plus trevraiment ce quils sont : ils nont plus qu changer leurs costumes, ce qui se produira lafin de la scne 419.Le Pre Nol na pas dautre choix que de mentir doublement, cest--direde travestir son discours habituel et trahir les valeurs quil reprsente traditionnellement, aubnfice dun discours lui-mme mensonger, que Mort lui met pour ainsi dire sur les lvresen mme temps que son masque.

La mine de rouages et le Pre Nol marchand de savoir : un

double simulacre14 Si la mine de rouages est une reprsentation du discours savant ou des productions de la

Science, Mort et le Pre Nol sont conscients quil sagit dun simulacre, mme si visiblement,le Pre Nol loublie en cours de route. Dans son premier discours, le Pre Nol, port par unenthousiasme qui nest peut-tre pas feint, ira jusqu se rjouir de ce que la Science, grce son infaillibilit, produit une nouvelle sorte dhumains voire de surhumains :

Le Pre Nol: Au temps o lhomme ntait que lhomme, et rien dautre, quest-ce que ctait quelgalit ? Un mot. Un rve. Les hommes ne pouvaient tre gaux. Pourquoi ? Parce que lgalitest lattribut des surhommes, comme vous, et vous, et vous, et vous. Et donc (surmesdames etsurmessieurs) lorsque loreille impartiale de la Science entend vos voix surhumaines qui crient : Faites passer ! la Science, dans Sa toute-puissance, rpond : Quil y ait des parts privilgiespour tout le monde ! 20

15 Pour la Foule que le Pre Nol rencontre la scne 2, le certificat de proprit dune action tarif spcial est le signe tangible de lexistence de la mine :

Le Pre Nol: [...] Maintenant, coutez-moi bien : un et un font deux ; alors, que font mines etrouages ?

La Voix: Ils font mine de rouages.Le Pre Nol: Flicitations ! Vous tes imbattable !La Voix: Mais les gens ne tirent pas les rouages de la terre !Le Pre Nol: Les gens ? Bien sr que non !La Voix: Qui le fait alors ?Le Pre Nol: Vous ne vous en doutez pas ?La Voix: La Science ?Le Pre Nol: Bigre, vous tes un nouvel Einstein ! Jtais bien bte de parier avec vous voicivotre part privilgie

La Voix: Voici vos cinq cents billets.21

16 Comme lcrit Baudrillard, affirmation que peut sappliquer au texte analys Il sagit dune

substitution au rel des signes du rel []. 22Le signe propos est perceptible, puisquela feuille de papier peut tre saisie : lobjet et les signes quil est cens porter sont unepreuve dexistence. Remarquons au passage que nulle didascalie ne prcise que le Pre Nola effectivement ces certificats dans la main : le geste peut suffire, linterprtation du metteuren scne reste libre sur ce point. Un Pre Nol les mains vides (image qui contraste avec sareprsentation traditionnelle) renforcerait leffet et mettrait en valeur la navet de la Foule,dont le raisonnement peut tre ainsi rsum : le Pre Nol se prsente comme un Scientifique( Je suis lhomme de Science ! , p. 27), et sa parole ne saurait tre mise en doute, en vertu dunprjug ainsi exprim, avec beaucoup dironie, par Socrate, dans Thtte, ou de la Science: Il est improbable, en vrit, que radote un savant homme ! 23


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17 Puisque le Pre Nol, savant homme sil en fut, accomplit le geste de tendre le certificat, alorsce dernier existe matriellement et ce qui y est inscrit est digne de foi. Ce geste prouve dans lemme temps lexistence des actions dans la mine de rouages, celle de la mine de rouages elle-mme, et enfin du savoir et de la technologie qui rendent possible lextraction des rouages.La Foule prend pour preuve dexistence du savoir ce qui nest quun signe sans valeur si sasignification nest pas vrifie : cest lexact contraire dun raisonnement scientifique valable.Cest vraiment confondre existence du signe (existence virtuelle, qui plus est, si on peut se

permettre un oxymore) et ralit de lobjet signifi. Mais peut-il en tre autrement dans unmonde qui nest lui-mme quun simulacre, habit par des humains qui nont dhumain quele nom, semble demander Cummings.

18 Ce simulacre de connaissance est visiblement une science vritable pour la Foule, suivant encela lavis de Thtte, le jeune et naf interlocuteur de Socrate :

Socrate [sadressant Thtte]: Bien plutt, explique-toi bien et vaillamment : ton avis, quest-ce que la connaissance ? []Thtte : Eh bien ! mon avis est que ce sont des connaissances, les choses quon apprendra deThodore : la gomtrie aussi bien que les connaissances que tu passais tout lheure en revue,et encore, dun autre ct, que la cordonnerie et les autres arts des gens de mtier, tous ensembleaussi bien que chacun deux part, ne sont pas autre chose quune connaissance.24

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quoi Socrate rpond en substance que Thtte prsente, en lieu et place de la Connaissance,divers savoirs et comptences techniques qui ne peuvent prtendre reprsenter le savoir danssa globalit. ce compte, on peut noter que le Pre Nol, lui aussi, prsente comme Sciencetotale ce qui nen serait quune partie, un simple savoir technique si la mine de rouages existait.Le simulacre est donc double, et la tromperie aussi. Cependant, pour la Foule, la mprise vaencore plus loin : non seulement les actions dans la mine de rouages reprsentent confusmentle savoir technique en tant que tel, voire le savoir, mais vrai dire, celui-ci nest quuneabstraction lointaine, laquelle le Pre Nol prte ses traits quoique son visage soit couvertpar un masque de Mort. Cest donc le Pre Nol qui est dsign par la Foule sous le vocablede Science . Lidentification entre le personnage et ce quil reprsente se manifeste dsla scne 2, lorsque la Foule acclame le Pre Nol. Cela devient encore plus explicite dans lascne 4 : la Foule, persuade de la vracit dune rumeur concernant un accident dans la minequi fait perdre toute la prtendue valeur des actions distribues par le Pre Nol, vilipende etmenace de lynchage celui quelle portait aux nues deux scnes auparavant :

Pre Nol: Mais qui pensez-vous que je suis ?Une autre [voix]: Penser ? Nous ne pensons pas : nous savons ! Vous tes la Science !

Pre Nol: La Science ?Une voix: La Science lescroc qui nous a vendu des parts dune mine de rouages !Une autre voix: La Science le monstre qui enterre les gens vivants ! []

Plusieurs voix: Nous, on dit que vous tes La Science ! bas La Science !25

20 La mme mprise est observe dans la cinquime et dernire scne de la pice lorsque laFoule exhibe le cadavre de Mort quelle vient de lyncher. En effet, la Foule ayant pris Mortpour le Pre Nol du fait de lchange de costumes entre les deux personnages principaux

la fin de lavant-dernire scne, cest Mort qui fait les frais de la colre du groupe. La Fouledfile donc sur scne tout en criant LHomme de Science est mort ! 26. La version originale(Science is dead.) a beaucoup plus de force, puisquon peut la comprendre la fois comme LHomme de Science est mort (traduction retenue par M. Grossman) et La Science estmorte : le savoir meurt en mme temps que celui qui le reprsente. Cette identification dupersonnage ce quil est cens offrir dmontre une fois de plus linfantilisme de la foule,labsence de rflexion individuelle, donc labsence totale de comprhension, ce qui corroboreles affirmations de Mort son sujet dans la premire scne. Lexigence de la Foule qui confineau caprice, sa navet, ses volte-faces, tout cela contribue rendre plus perceptible le caractreinfantile du comportement de ce groupe humain. Le discours du Pre Nol, dict par Mort, seconforme donc au niveau dexigence de la Foule sur le plan intellectuel, niveau auquel Mort

avait prpar le spectateur au dbut de la pice.


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21 Cette navet conduit la Foule la rvolte et la scne de lynchage dj voque (scne4) : les individus, littralement crass par le simulacre, ne cherchent cependant pas ledtruire, inconscients quils sont du caractre fictif, au fond, de ce quils viennent de vivre.Leur ressentiment ne pouvant apparemment sexprimer que dans linstant, ils sen prennentau premier venu qui ressemble au responsable de leurs malheurs fictifs. Ironiquement, lerreurde la Foule est salutaire, en ce quelle la conduit supprimer le manipulateur lorigine dusimulacre. Rien ne dit que le simulacrelui-mme soit dtruit dans la tte des gens : au contraire,

cest leur conviction de lexistence relle du simulacre qui les a pousss au meurtre. La Scienceest morte, soit, mais quen est-il des mines de rouages ? Continuent-elles tourner dans leursttes ? Cela nest plus le problme du dramaturge qui prfre se concentrer sur le Pre Nolet son humanit pleine et entire enfin recouvre.

Une science inhumaine : linquitude dun pote

22 Si la Foule ignorante, nave et cupide, est facilement manipulable, ce qui met laccent surla pitre image que Cummings se fait dune humanit uniquement obsde par le progrstechnologique et par ses apports mais aucunement proccupe de sa place ou de son rle dansun monde quelle ne peut comprendre, limage de la mine de rouages montre quel pointle discours scientifique parat vide de sens lauteur. Aussi, avant de conclure, allons-nous

revenir brivement sur les deux discours adresss par le Pre Nol la Foule, qui dressentdeux portraits antagonistes de la Science.

23 Dans le premier discours (scne 2) la Science infaillible parat inhumaine, en ce sens qutantprsente comme infaillible, elle chappe au fameux proverbe lerreur est humaine , etentranera dans son sillage lhumanit elle-mme. Celle-ci deviendra son tour, grce la Science, inhumaine, ou plutt surhumaine, car elle saffranchira des contingences et delerreur. Ironiquement, le Pre Nol sadresse en ces termes une Foule dont Mort avait faitauparavant un portrait peu flatteur : la Foule tait dj inhumaine, mais pas pour les mmesraisons. Ctaient sa cupidit et son matrialisme qui faisaient delle un monstre dinhumanit.Dans son deuxime discours, la scne 3 le Pre Nol a perdu sa navet : il a compris quela Science ntait quun simulacre. La dmonstration est faite par labsurde puisque le Pre

Nol doit dmontrer sa propre inexistence :Le Pre Nol: Silence !( lenfant)Naie pas peur : qui suis-je ?

LEnfant: Tu es le Pre Nol.Des Voix.... Le Pre Nol ?Chur: Ha ha ha ha ! Le Pre Nol nexiste pas !

Le Pre Nol: Alors, msieu-dames, je nexiste pas. Et puisque je nexiste pas, je ne suis pascoupable. Et puisque je ne suis pas coupable, je suis innocent. - Au revoir !Et la prochaine fois, regardez-y deux fois.27

24 Ce faisant, il montre par consquent la Foule que lerreur existe, alors quil avait affirmdans la scne 2 que la Science permettait lhumanit dchapper ses limites, donc

lerreur28. Cela prouve par contrecoup linexistence de la Science comme savoir quon nepeut rvoquer en doute. Le discours scientifique en ressort vid de toute substance, devenupresque absurde, lui aussi. Ceux qui lutilisent sont souponns de ne le faire que dans lebut inavou de manipuler les foules et de gagner leur cause les vritables tres humains.Le Pre Nol, sil se rapproche par certains aspects du personnage de Faust, au contraire deson modle russit chapper une forme de damnation en dnonant son contrat, etil le fait paradoxalement sur les conseils de Mort qui le lui avait mis en main. Ce faisant,il sloigne irrmdiablement du monde inhumain incarn par la Foule, et il (re)devientvritablement humain. Aprs cette scne, le Pre Nol retrouvera en effet la Femme et lEnfantquil avait perdus, ainsi que la capacit exprimer ses sentiments vritables. ce titre, lecontraste entre ses discours qui parodient le langage commercial dans les scnes avec la Foule

et ses rpliques de la quatrime scne lors de son dialogue avec lEnfant, est trs significatifde ce changement.29Non seulement le Pre Nol retrouve son vrai visage et les tres qui lui


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taient chers, mais il recouvre la possibilit de ressentir, de reconnatre ses erreurs, de donner,purement et simplement, ce qui tait son vu exprim au tout dbut de la pice.

25 La dsillusion du Pre Nol vient la fois de la prise de conscience du vide de son discours,et de sa dangerosit. Quel crdit accorder ce discours matrialis par la mine de rouages,avec toute la vacuit que cette image porte en elle, et qui se prsente comme scientifique ?Langoisse du Pre Nol fait cho une inquitude de lauteur, son rejet dun discoursscientifique pour lui vide de sens, et qui ferait de lhumanit un monstre servile. Il faut se

rappeler que la pice est parue en 1946. Cummings, qui na pas particip la seconde guerremondiale, a exprim dans certains pomes son dgot face une technologie qui sest donnpour but la destruction du genre humain, en se mettant entre autres au service de larme 30.Selon lui, dans son introduction au recueilNew Poems de 1935, la science rend lhumanitpassive, et lun de ses buts, sinon le seul, est de vendre du progrs sous forme dobjets toujoursplus sophistiqus, ce qui, souligne-t-il, empche les hommes daccder la vraie vie, la vraieconnaissance de ce quils sont :

La vie, pour laplupartdesgens, nexiste simplement pas. Prenez le soidisant niveaudevie. Que veutdire laplupartdesgens par vie ? Ils ne veulent pas dire vie . Ils veulent dire lapproximationcollective la plus rcente et la plus proche de la passivit prnatale solitaire que la science, danssa sagesse finie mais sans limites, a russi vendre leurs pouses.31

26 De la mme faon, lun des buts du Pre Nol, en faisant sien un discours pseudo-scientifique,sera de vendre des choses inutiles une Foule que son matrialisme prive de la Comprhensionvritable laquelle elle ne peut accder. Cette vision extrmement mfiante et pessimiste, ceparti pris dont Santa Clausse fait lcho, sont cependant temprs par la rdemption du PreNol et le meurtre du premier metteur du discours cynique qui prsente la science comme unsimulacre. la fin, Mort, incarnant sur scne le ct satirique du Pote, sefface devant sonct lyrique (le Pre Nol) : une connaissance vritable, cest--dire allie la comprhension,est peut-tre possible, condition de rejeter toute finalit matrialiste.

27 Si Cummings critique de faon acerbe le discours scientifique, il se fait peut-tre malgr luilcho dinterrogations qui sont exprimes, la mme poque, par des scientifiques minents,sur le but de la science et galement sur ce qui peut ou doit tre partag avec le plus grand

nombre. Cest ainsi que le physicien Erwin Schrdinger, en 1950, constate et regrette lemalentendu entre le grand public et les scientifiques, non seulement sur les buts vritables dela science (et pour ce qui le concernait plus particulirement, la science physique), mais aussisur la mprise qui sensuit et qui entretient le malentendu :

Beaucoup simaginent dans leur complte ignorance de ce quest rellement la science quelle apour tche principale la mission auxiliaire dinventer, ou daider inventer, de nouvelles machinesqui amlioreront nos conditions de vie. [] Si des personnes qui ont cette perspective dcidentde la formation donner nos enfants, le rsultat doit tre ncessairement celui que je viens dedcrire.Il y a, bien entendu, des raisons historiques qui expliquent pourquoi cette attitude prvaut encore lheure actuelle. Limpact de la science sur le fonds idal de la vie a toujours t trs grand, exceptpeut-tre pendant le Moyen ge, lorsque la science nexistait pratiquement pas en Europe. Mais

il faut reconnatre quil y a eu aussi, une poque plus rcente, un phnomne dobnubilationqui a pu facilement donner le change et faire sous-estimer la tche idale de la science. [] Lefabuleux dveloppement matriel a conduit une perspective matrialiste, soi-disant appuye surles nouvelles dcouvertes scientifiques. []32

28 En contrepoint cette rflexion de Schrdinger sur la ncessit de la vulgarisation et ladifficult dcoulant des prjugs sur les buts de la science, remarquons que dans la pice deCummings, Mort nenvisage de donner la Foule, en matire de discours pseudo-scientifique,que ce quelle sait dj ou ce quelle veut entendre. Le portrait de la Foule est charge : elleest manipule parce quelle le veut bien, et il nest pas sr que son ignorance soit une excuse.Cest lmetteur du discours qui a adapt ce dernier aux exigences de la Foule, et non la Foulequi aurait fait leffort dadaptation inverse. Cela conduit un questionnement qui, peut-tre,dpasse celui de lauteur dans le cadre de cette uvre, mais que le statut de morality play

de la pice amne se poser : celui du rle des rcepteurs dans llaboration du discoursscientifique transmis au grand public questionnement abord par Schrdinger dans le passage


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cit plus haut. Du fait du caractre allgorique de la pice, et de leffort interprtatif qui luiest par consquent demand, le spectateur ou le lecteur ne peut que se sentir dans la quasi-obligation de choisir (si possible) entre les trois postures incarnes respectivement par Mort,la Foule et le Pre Nol : lucidit qui confine au cynisme, matrialisme, ou merveillement.

29 travers la rdemption du Pre Nol, Faust burlesque passant de la navet une lucidit quenamoindrit pas lmerveillement, Cummings raffirme un point de vue dj exprim dansde nombreux pomes : celui du primat de limagination, de lmerveillement et du sentiment

sur un savoir uniquement raisonn, qui serait coup de tout ressenti, de toute intuition. Danscette pice ouvertement satirique, les masques et la comdie cachent difficilement linquitudeprofonde du pote devant des savoirs et des technologies quil ne peut matriser, symbolespour lui de pouvoir et dalination.

Notes

1 Dans la version originale, Death ( Mort ), qui, comme son nom lindique, personnifie la mort,est un personnage explicitement masculin. Son genre a une importance dans la suite de lintrigue. Parconsquent, parler de ce personnage au fminin serait ici un contresens : cest pourquoi nous utiliseronsdes pronoms personnels masculins pour dsigner ce personnage et nous ne mettrons pas darticle devantson nom, comme sil sagissait dun nom propre tout en ayant conscience daller contre lusage franais,

qui veut que mort soit un nom commun du genre fminin.2 Dans le texte original : . Edward Estlin Cummings,I - six nonlectures, Cambridge, Mass., HarvardUniversity Press, 1953, p. 103. (Ma traduction).

3 Richard S. Kennedy, Dreams In the Mirror: a biography of E. E. Cummings, New York, Londres,Liveright, 1994, p. 407 409.

4 Voir Kennedy, op. cit., p. 407: Santa Clausis really two plays entwined together, one using the plotline of the Faust story,the other the story of lost loved ones reunited. ( Santa Claus est vritablementconstitu de deux pices imbriques : lune dont lintrigue est base sur lhistoire de Faust, lautre tantlhistoire dtres qui se sont aims, puis perdus, et qui se trouvent runis. ) (Ma traduction).

5 Christopher Marlowe, The Tragedy of Doctor Faustus, inDoctor Faustus and Other Plays, OxfordUniversity Press, 1998. Jai utilis comme rfrence leB-Text, dat de 1616 (p. 186-246).

6 Voir Marlowe, op. cit.,p. 220 224.

7 Voir Cummings, op. cit., p. 26 41. La scne ne contient aucune didascalie, hormis celle du tout dbutprcisant que le PreNol porte le masque de Mort.

8 Voir Marlowe, op. cit.,p. 188-189.

9 C. Marlowe, op.cit., p. 204. (Ma traduction). Wagner est le valet au service de Faust.

10Ibid., p. 205. (Ma traduction).

11 ce sujet, voir louvrage de Mickal Popelard,La Figure du savant chez Shakespeare et Marlowe Rves de puissanceet ruine de lme, Paris, PUF, 2010, en particulier le chapitre VI intitul Faustusou la science triviale et illusoire .

12 E. E. Cummings, op. cit., p. 23-25.

13 Voir ce sujet le prologue de la pice de Marlowe, op.cit., p. 187.

14 E. E., Cummings, Complete Poems 1904-1962, G. Firmage d., Liveright, New York, 1991,

p. 461-462.15 E .E., Cummings,Le Pre Nol/Santa Claus, op. cit., p. 12-13.

16 Dans le texte original: a world so false, so trivial, so unso, phantoms are solid by comparison ,Ibid., p. 12-14.

17Ibid., p. 14.

18 These are but shadows, not substantial. C. Marlowe, op.cit., p. 223. (Ma traduction).

19 E. E. Cummings,Le Pre Nol/Santa Claus, op. cit., p. 66-67.

20Ibid., p. 37 41.

21Ibid.,p. 33-35.

22 Jean Baudrillard, Simulacres et simulation, Paris, Galile, 1981, p. 11.

23 Platon, uvres compltes, vol. 2, Paris, Bibliothque de la Pliade, 1950, p. 98.

24Ibid., p. 89.25 E. E. Cummings,Le Pre Nol/ Santa Claus, op. cit., p. 53.


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26Ibid., p. 81.

27Ibid., p. 59-91.

28 VoirIbid., p. 37-41.

29 VoirIbid., p. 68-75.

30 Cest le cas en particulier dans le pome plato told him, qui porte une allusion claire la politiqueamricaine en matire darmement cette priode.Voir E. E. Cummings, Complete Poems 1904-1962,op. cit., p. 553.

31 Texte original: Life, for mostpeople, simply isnt. Take the socalled standardofliving. What domostpeople mean by living ? They dont mean living. They mean the latest and closest pluralapproximation to singulair prenatal passivity which science,in its finite but unbounded wisdom,hassucceeded in selling their wives.Ibid., p. 461. (Ma tradution. Jai tent de respecter dans la traductionles particularits orthographiques et grammaticales prsentes dans le texte original.)

32 Erwin Schrdinger,Physique quantique et reprsentation du monde, trad. J. Ladrire, Paris, Seuil,1992, p. 29-31.

Pour citer cet article

Rfrence lectronique

Carole Rebillon, Portrait du Pre Nol en Docteur Faust ,Arts et Savoirs[En ligne], 5 | 2015, misen ligne le 15 mars 2015, consult le 01 juillet 2016. URL : http://aes.revues.org/322

propos de lauteur

Carole Rebillon

Universit Paris III Sorbonne Nouvelle

Droits dauteur

Centre de recherche LISAA (Littratures SAvoirs et Arts)

Rsum

En 1946, le pote amricain E.E.Cummings fait paratre une brve pice de thtre satirique :Santa Claus. A Morality. Cette pice se prsente comme une rcriture burlesque du mythede Faust, et Cummings en assume le caractre allgorique. Aprs avoir abord les rapportsentre Faust et Santa Claus, nous tudierons le rle central que tient limage dune technologieimaginaire (la mine de rouages ) dans l'conomie de la pice. Ce faisant, nous auronsun aperu d'un questionnement qui parcourt toute luvre potique de Cummings, cellede la place de limaginaire dans un monde matrialiste et envahi par la technologie. Cequestionnement sera mis en relation avec celui de la rception de la vulgarisation scientifique

lpoque de lcriture de la pice.

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Mots-cls :Cummings (Edward Estlin), savoir, technologie

aes 322 5 portrait du pere noel en docteur faust

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