advance magazine - hiver 2008/2009

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PUBLICATION OFFICIELLE DU RÉSEAU DES ALIMENTS ET DES MATÉRIAUX D’AVANT-GARDE Volume V, numéro 1, Hiver 2008/09 Pleins feux sur les peptides Page 10 Le professeur Rotimi Aluko (en bas, à gauche) et son équipe de recherche de l’Université du Manitoba ont recours aux peptides pour lutter contre l’hypertension et les maladies du rein. À l’intérieur : Des probiotiques en capsules, page 8 Groupe témoin de consommateurs sur les aliments, page 12 Un yogourt bénéfique pour les patients atteints du VIH, page 16 Pleins feux sur les peptides Page 10

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Volume V, numéro 1

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Page 1: Advance Magazine - Hiver 2008/2009

PUBLICATION OFFICIELLE DU RÉSEAU DES ALIMENTS ET DES MATÉRIAUX D’AVANT-GARDE

Volume V, numéro 1, Hiver 2008/09

Pleins feux sur les

peptidesPage10

Le professeur Rotimi Aluko (en bas, à gauche) et son équipe de recherche de l’Université duManitoba ont recours aux peptidespour lutter contre l’hypertension et les maladies du rein.

À l’intérieur :

• Des probiotiques en capsules, page 8• Groupe témoin de consommateurs

sur les aliments, page 12• Un yogourt bénéfique pour les patients

atteints du VIH, page 16

Pleins feux sur les

peptidesPage10

Page 2: Advance Magazine - Hiver 2008/2009
Page 3: Advance Magazine - Hiver 2008/2009

Welcome

3AFMNet – ADVANCE 2009

Bienvenue au cinquième numéro d’Advance, la publi-

cation officielle du Réseau des aliments et des matériaux

d’avant-garde (AFMNet).

L’AFMNet est l’organisme national de recherche sur

les aliments et les biomatériaux du Canada. Nos chercheurs

contribuent à créer de nouveaux produits et processus à

valeur ajoutée, à la fois commercialisables et acceptables sur

le plan social, qui profiteront à tous les Canadiens. En parte-

nariat avec l’industrie, le gouvernement, les organismes sans

but lucratif et les établissements de recherche nationaux et

étrangers, l’AFMNet fait la promotion d’un Canada en

meilleure santé.

Dans le présent numéro, vous trouverez des nouvelles

intéressantes au sujet de recherches mentionnées dans des

numéros précédents. Il y sera question des progrès que

Gregor Reid et son équipe ont réalisés en ce qui concerne

l’utilisation du yogourt probiotique dans le traitement des

patients souffrant du VIH/sida, d’immunodéficience ou de

malnutrition. Les travaux prometteurs de Louise Nelson et

de Peter Sholberg qui s’attaquent au problème récurrent des

pertes de récoltes fruitières attribuables à la pourriture causée

par les agents fongiques seront également présentés. Vous

découvrirez aussi comment Ahmed El-Sohemy et son équipe

ont fourni la première preuve qu’une variante du gène

GLUT2 influe sur la consommation de sucre, ce qui

explique la tendance de certaines personnes à préférer les ali-

ments très sucrés.

Nous vous donnerons également des nouvelles de

nombreux autres projets qui amélioreront la qualité de vie

des Canadiens. Vous apprendrez ainsi comment Rotimi Aluko (en page couver-

ture) élabore actuellement une méthode naturelle permettant de réduire

l’hypertension (haute tension artérielle) chez les patients dont la fonction rénale

est réduite, comment Spencer Henson et John Cranfield ont mis sur pied un

vaste réseau de consommateurs afin de permettre aux chercheurs de suivre de

près les changements d’habitudes alimentaires des Canadiens et d’évaluer leurs

réactions en présence de certains problèmes, par exemple une psychose alimen-

taire et, pour terminer, comment Yoshinori Mine a fourni les premières preuves

de l’énorme potentiel antioxydant des jaunes d’œufs dans le traitement des

maladies intestinales.

Le troisième cycle de son projet ne fait que s’amorcer et l’AFMNet

envisage déjà avec plaisir d’autres passionnantes découvertes pour l’année 2009.

Il accueille un grand nombre de nouveaux collaborateurs au sein de son réseau

de recherche et continue de tirer parti de la créativité et des connaissances

de nombreux collègues de longue date. Nous espérons que vous apprécierez

ce numéro et vous encourageons à le faire circuler. Vos commentaires et vos

suggestions sont toujours les bienvenus.

Nous vous prions d’agréer, chers collègues et amis, nos sincères salutations.

conseiller en chef de la recherche président du conseil d’administration, AFMNet

Dr R

ickey Yad

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Volume V, numéro 1, hiver 2008/09

Publication officielle du Réseau des aliments etdes matériaux d’avant-garde

Cette publication vise à favoriser le dialogue ausujet des recherches menées au Canada sur lesaliments et les matériaux de pointe, ainsi qu’à

en faciliter la compréhension.

Directrice de la rédactionLouise Jessup

Coordonnatrice de projetKaitlyn Little

Gestionnaire de projetLise Smedmor

Rédacteur en chefOwen Roberts

RéviseureIdem Traduction

Conception graphiqueJnD Marketing

Directrice financierJan Smith

AdresseLouise Jessup, directrice des communications

150, Research Lane, bureau 215Guelph (Ontario) Canada N1G 4T2Courriel : [email protected]

Visitez le site Web de l’AFMNet àwww.afmnet.ca

Les articles parus dans cette publication sontsignés par des étudiants du programme Étudiants communiquant les liens et lesavancées technologiques et scientifiques

(ÉCLATS) de l’Université de Guelph, en Ontario, au Canada.

Postes-publications – numéro de convention 40064673

En cas de non-livraison au Canada, veuillez retourner à :AFMNet, 150, Research Lane, bureau 215, Guelph

(Ontario), Canada N1G 4T2

Page 4: Advance Magazine - Hiver 2008/2009

En sens horaire à partir de la droite :

La baisse de la productivité mène inévitablement àdes problè mes d’approvisionnement. Étudiante detroisiè me année en économie, ArpanaChakravarty en sait quelque chose. La mise aupoint de végétaux transgéniques capables derésister aux agents pathogènes et aux maladiespermettrait d’accroître la productivité des cultureset, ce faisant, d’améliorer l’approvisionnementalimentaire, voire de remédier à d’éventuellespénuries. À lire en page 14.

Étudiante de quatriè me année en science de lanutrition et nutraceutique, Anupriya Dewans’intéresse beaucoup aux méthodes de traitementet de guérison naturelles. Adepte des médecinesdouces, elle présente la découverte d’un chercheurqui a isolé des peptides de pois capables de traiterl’hypertension. À lire en page 11.

Étudiante de quatriè me année en gestion publique,Kaitlyn Little sait combien il est important decomprendre les opinions et les attitudes desconsommateurs à l’égard des nouveaux produits.Dans son article, la coordonnatrice du présentnuméro d’Advance explique comment un groupetémoin de consommateurs permet de révélerl’acceptabilité des aliments fonctionnels et desproduits nutraceutiques. À lire en page 8.

Adapter des produits à une clientè le en particulierexige une approche de commercialisation cibléepour s’assurer d’atteindre le marché visé. Étudiantede troisiè me année en gestion du marketing,Andrea Hruska se penche sur le développementd’un yogourt probiotique conçu pour aider lespatients atteints du sida et sur les moyensemployés par les chercheurs afin d’offrir ceyogourt aux personnes les plus démunies. À lire enpage 16.

Protégés adéquatement, les probiotiques en gélulespeuvent parvenir au côlon pour y libérer tous leursbienfaits. Étudiant de troisiè me année en géniebiologique, Matthew DiCicco explique en quoi legénie alimentaire permet d’améliorer la santé desêtres humains. À lire en page 12.

Tous les articles du magazine Advance sont signés par des étudiants du programme Étudiants communiquant les liens et les avancées technologiques et scientifiques(ÉCLATS) de l’Université de Guelph. Le mandat d’ÉCLATS est de rédiger des résultatsde recherche et de les diffuser de façon à intéresser le public.

4 AFMNet – ADVANCE 2009

A u t e u r s

Photo par Dave Peleschak

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5AFMNet – ADVANCE 2009

T a b l e d e s m a t i è r e s

Aliments et santé

Nouvelle approche de la santé intestinale 6

Un gène responsable des rages de sucre 6

L’acide linoléique examiné de près 7

Consommation et éthique

Les aliments fonctionnels examinés par un nouveau groupe témoin 8

Questions d’éthique en matière de biotechnologie animale 9

Produits

Traiter les maladies du rein grâce aux peptides de pois 10

Mise au point de gélules antimicrobiennes 11

Des bactéries qui apaisent les problèmes intestinaux 12

Des protéines naturelles combatives 13

Transition stratégique et application de la recherche

Des plantes transgéniques qui augmentent la productivité 14

Prévenir la pourriture des pommes après la récolte 15

Le yogourt au secours des personnes atteintes du VIH/sida 16Photo en couverture de

Ian Causland

Page 6: Advance Magazine - Hiver 2008/2009

6 AFMNet – ADVANCE 2009

Vousavez la dentsucrée?Blâmezvosparents.Arpana Chakravarty

Selon des chercheurs de l’Université deToronto, les personnes présentant une variantedu gène GLUT2, qui contrôle l’entrée du sucredans les cellules, ont tendance à consommerdavantage de sucre que les autres.

Le professeur Ahmed El-Sohemy, dudépartement de sciences nutritionnelles, etKaren Eny, doctorante, s’intéressent aux raisonsbiologiques sous-jacentes aux préférencesalimentaires.

« Cet axe de recherche nous aide à mieuxcomprendre, à l’aide de la génétique, pourquoi

certaines personnes sont plus friandes de sucre »,précise Mme Eny.

L’équipe de chercheurs a en effet constatéque les sujets porteurs de la variante génétiqueconsomment plus de sucre, provenant plusparticulièrement des sucreries et des sodas, queles personnes qui ne présentent pas le gène.

Fait à noter, les facteurs confusionnelscomme l’âge, le sexe, l’activité physique et l’IMCn’ont aucune incidence sur les conclusions.

La prévalence accrue d’obésité et de diabètede type 2 contribue à stimuler les études sur lerôle de la génétique dans l’évolution de cesmaladies, ajoute Mme Eny. Les chercheursespèrent que les conclusions de leurs travauxpermettront de clarifier le rôle du gène GLUT2dans la consommation des glucides et parconséquent sur les risques de développer undiabète, une affection liée à l’obésité.

Un certain nombre de causes biologiquespeuvent expliquer les comportementsalimentaires humains. À cet effet, les travaux derecherche sur le GLUT2 laissent entendre que cetransporteur de glucose contrôle le niveau desucre dans le sang et envoie au cerveau des signaux

lui dictant de manger ou de cesser de manger. Ceprocessus contribue à maintenir les sucres à desniveaux appropriés pour alimenter le corps.

En plus de fournir de l’énergie, le sucreexerce également une influence sur l’humeur, unphénomène qui varie d’une personne à l’autre.L’équipe essaie maintenant de déterminer si unevariante d’un gène agissant sur les effets de ladopamine, un psychotrope naturellementprésent dans le cerveau, expliquerait pourquoicertaines personnes consomment plus de sucre.

Ces personnes pourraient être portées àconsommer du sucre en raison de la sensationque celui-ci leur procure.

La recherche a été financée par l’AFMNet,les Instituts de recherche en santé du Canada etune bourse de recherche Julie-Payette attribuée àMme Eny par le Conseil de recherches en sciencesnaturelles et en génie.

Thomas Wolever, professeur à l’Universitéde Toronto, et Bénédicte Fontaine-Bisson,étudiante au deuxième cycle, ont également prispart à cette étude. l

Aliments et santé

Une nouvelle méthode tente de résoudre le mystère ducôlon irritable, un syndrome qui touche de plus en plus deCanadiens.

Yoshinori Mine, professeur du département des sciences del’alimentation de l’Université de Guelph, s’attache actuellementà déterminer l’efficacité d’un peptide tiré du jaune d’œuf quipourrait réduire l’inflammation causée par certaines maladiescomme le syndrome du côlon irritable.

Ce peptide permettrait de traiter la maladie sans provoquerles effets indésirables que peuvent avoir certains médicaments.

« Le simple fait de consommer des œufs ne permet pasd’atténuer les symptômes. Il faut intervenir sur le plan diététique,explique le professeur Mine. Pour que le peptide soit efficace surle plan de la santé, il doit être extrait à l’aide d’un enzyme etconsommé sous forme de supplément alimentaire. »

Coupe de précision

Minutieusement isolé, un peptide contenu dans un œuf pourrait renfermerla clé du traitement du côlon irritable

Par Anupriya Dewan

Chercheurs à l’Université de Toronto, le professeur Ahmed El-Sohemy et la doctorante Karen Eny ont découvert que les rages de sucre qui frappent certaines personnes

pouvaient être causées par des variations génétiques du gène GLUT2 qui les poussent à consommer davantage d’aliments et de boissons sucrés.

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7AFMNet – ADVANCE 2009

D’après les scientifiques, le syndrome ducôlon irritable pourrait être causé par le stress, lemode de vie et l’alimentation. La maladie estcaractérisée par une inflammation du tubedigestif, ce qui provoque des crampes, desdouleurs abdominales, la constipation et ladiarrhée. D’autres maladies chroniques, dont lediabète, sont associées au côlon irritable. Il s’agitdonc d’une maladie lourde de conséquences.Actuellement, le seul traitement consiste àatténuer les symptômes à l’aide de stéroïdes, unesolution qui comporte aussi des effetsindésirables.

M. Mine a découvert qu’il était possibled’activer le peptide en incisant les protéines qui le

composent à des endroits bien précis. Une foisactivée, la molécule permet de réduirel’inflammation associée au côlon irritable. Lepeptide activé pourrait être ajouté à un éventail deproduits, entre autres comme supplément dansdes jus, ou être offert sous forme de gélules.

Malheureusement, comme le corps humainne parvient pas à transformer directement lepeptide de la protéine de l’œuf, le seul moyen deprofiter de ses bienfaits est de l’ingérer sous formede supplément. En effet, la pepsine, l’enzyme del’estomac qui décompose les protéines, ne divisepas la protéine en question de manière à activer lepeptide.

« Notre objectif est d’améliorer la santé et

l’immunité du système gastrique afin d’offrir auxCanadiens une meilleure qualité de vie et deprévenir la maladie chez ceux-ci grâce à ladiététique. C’est ainsi que nous arrivons à mettreau point des produits qui permettent d’améliorerla santé de nos concitoyens », conclut leprofesseur Mine.

Participent également à ces recherches leprofesseur Ming Fan, du département des sciencesanimales et aviaires de l’Université de Guelph,Ahmed El -Sohemy, professeur de sciences de lanutrition à l’Université de Toronto, et Rong Caod’Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Ce projet de recherche a été financé parl’AFMNet. l

Le jury ne s’entend pas encore surl’efficacité et l’innocuité d’un acide gras qui estvendu comme supplément favorisant la perte depoids chez l’humain, même si celui-ci s’estmontré efficace chez les animaux.

Bien que le supplément d’acide linoléiqueconjugué (ALC), dont on prétend qu’il favorisela perte de poids, ait été approuvé en Europe,une recherche canadienne a cependant révéléqu’il avait été impossible de prouver que l’ALCpouvait aider les personnes à maigrir.

Les études préliminaires réalisées sur lesanimaux étaient prometteuses : l’ALCcontribuait efficacement à la perte de poids touten présentant des propriétés anticancéreuses.Mais ces avantages ne semblent pas s’adapter àl’être humain.

En fait, l’ALC a peut-être des effets néfastes

sur la santé, affirme Peter Jones, chercheur àl’Université du Manitoba.

« Le gouvernement [européen] a approuvéla vente d’ALC, mais un nombre croissantd’essais cliniques montrent que cet acide estinefficace, souligne-t-il. Nous devonscomprendre pourquoi il fonctionne chez lesanimaux, mais pas chez l’humain. »

En réalité, ce sont des découvertes réaliséesil y a plusieurs années qui ont mené à lapopularisation des suppléments d’ALC en tantque produits amaigrissants. Dans le cadre d’uneétude chez les humains, on avait administré lesupplément d’ALC à un groupe de patientstandis qu’un autre groupe avait reçu un placebo.Une perte de poids supérieure avait été observéechez le groupe ayant reçu le supplément d’ALC.Cependant, Peter Jones s’est montré incapable

de reproduire ces résultats. La cause de la pertede poids obtenue au cours de l’étude initialeétait, et reste, inconnue.

Peter Jones explique que la perte de poidspourrait être attribuable à une inflammationcausée par l’ALC. L’augmentation du poids dufoie ou son inflammation sont caractéristiquesd’un problème de santé appelé stéatosehépatique (une accumulation de lipides dans lefoie), qui survient quand le foie se surmène àforce de filtrer les toxines qui circulent dans lesang.

Une autre raison pouvant causer cettedifférence entre animaux et humains est le jeuneâge des animaux utilisés dans le cadre desrecherches, comparativement à celui despersonnes adultes. Les animaux qui ne sont pasd’âge mûr assimilent peut-être l’ALC de manièredifférente, ce qui provoque la perte de poids.

« Nous devons tous avoir pour priorité lasécurité de la population lorsqu’il s’agit d’évaluerles suppléments alimentaires. Il faut nous assurerqu’ils ne sont pas nocifs », souligne Peter Jones.

Ont également participé à cette recherchele professeur Roger McLeod, de l’UniversitéDalhousie, les professeurs Spencer Proctor,Catherine Field et Donna Vine, de l’Universitéde l’Alberta, les professeurs Helen Jacques etAndré Marette, de l’Université Laval, leprofesseur Harold Aukema, de l’Université duManitoba, le professeur Stephen Cunnane, del’Université de Sherbrooke et Drew Wakefield,du Centre for Functional Foods andNutraceuticals de l’Université du Manitoba.

Le financement a été fourni par l’AFMNet,le Centre d’information sur le bœuf, le ministèrede l’Agriculture, de l’Alimentation et duDéveloppement rural de l’Alberta, lesProducteurs laitiers du Canada, l’AlbertaLivestock Industry and Development Fund, leConseil national de l’industrie laitière duCanada et le Programme d’innovation enmatière de bioproduits agricoles. l

De nouvellesquestions sur les supplémentsd’acides grasfont surface Anupriya Dewan et Andrea Hruska

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8 AFMNet – ADVANCE 2009

Consommation et éthique

Bref survol de l’opinion des consommateurs canadiens

Un nouveau groupe témoin permet de dévoilerl’opinion des consommateurs sur les alimentsfonctionnels et les tendances qui influent sur la consommation de ces produits

Kaitlyn Little

Ces porcs Enviropig sontun exemple de produit dela biotechnologie animale.

Créés à l’Université deGuelph, les porcs Enviropig

sont génétiquementmodifiés pour mieux

assimiler le phosphoreprésent dans leur

alimentation, réduisantainsi la contamination de

l’eau de surface etsouterraine par le

phosphore.

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Il est maintenant plus facile de savoir rapidement etexactement ce que pensent les consommateurs canadiensdes aliments – y compris de l’acceptabilité des alimentsfonctionnels et des nutraceutiques – grâce au groupetémoin de consommateurs sur l’alimentation de l’Universitéde Guelph.

Le groupe témoin, fondé par les professeurs JohnCranfield et Spencer Henson du département d’économierelative à l’alimentation, à l’agriculture et aux ressources, estconstitué de membres permanents qui répondent tous lesdeux mois à un questionnaire en ligne. Les chercheurs sontalors en mesure de mieux comprendre l’attitude desconsommateurs à l’égard des aliments, de la santé et desproduits agricoles, comme les aliments fonctionnels et lesnutraceutiques.

« Grâce au groupe témoin, nous pouvons observerl’évolution des préoccupations des consommateurs parrapport à l’alimentation, de leur connaissance des alimentset des tendances en matière de consommation, indiqueJohn Cranfield. Ces connaissances nous permettront demieux comprendre ce qui influe sur l’acceptation desproduits par les consommateurs. »

Le groupe témoin est composé de 2 000 consommateurs de Guelph représentatifs deshabitants de la ville de par leur âge, leur niveau d’instructionet leur sexe. L’équipe de recherche a choisi précisément laville de Guelph parce que sa population représente demanière générale celle du Canada.

Lors de l’étude d’acceptation des produits fonctionnelspar les consommateurs, les chercheurs ont déterminé queles facteurs démographiques n’entraient pas en ligne decompte. L’acceptation est plutôt influencée par les facteursliés à l’attitude et aux comportements, expliquent-ils. Deuxgroupes de consommateurs se sont démarqués dans le cadrede l’étude des facteurs liés à l’attitude : ceux qui sontsensibles au prix et ceux qui fondent leur acceptationuniquement sur les renseignements relatifs à la valeurnutritive et à la santé figurant sur l’emballage.

Les bienfaits nutritionnels n’ont aucun impact sur

l’acceptation des produits par les consommateurs sensiblesau prix. En fin de compte, leur décision d’acheter le produitest toujours basée sur le prix. Toutefois, les prix des produitsdiminuent généralement à mesure que l’industrie sedéveloppe, fait remarquer John Cranfield.

Par ailleurs, plus les prétendus bienfaits nutritionnelsdu produit pour la santé augmentaient, plus l’acceptationétait grande parmi le groupe de consommateurs fondant sadécision sur les renseignements relatifs à la valeur nutritiveet à la santé.

En ce qui concerne les facteurs comportementaux,l’étude du groupe témoin a permis de révéler que lesconsommateurs les plus susceptibles d’acheter des alimentscontenant des composés chimiques fonctionnels avaientdéjà adopté des comportements favorisant la santé.

Le groupe témoin a également permis d’établir que lasignification de l’expression « aliments fonctionnels »demeurait vague pour plusieurs consommateurs. JohnCranfield explique que l’industrie doit améliorerl’information accessible sur ces aliments et les produitsnutraceutiques, en mettant la priorité sur les plus usuels. Parexemple, les consommateurs ne sont peut être pasconscients que leur yogourt probiotique est un alimentfonctionnel, indique-t-il.

Grâce au groupe témoin, les chercheurs espèrentsuivre l’évolution à long terme des opinions et des attitudesdes consommateurs en comparant leurs réponses au fil dutemps.

« Mieux comprendre l’acceptation des aliments par lesconsommateurs permettra aux chercheurs et à l’industrie decréer des produits adaptés à la demande », explique JohnCranfield.

Ont également participé à ce projet les chercheurs auniveau postdoctoral Oliver Masakure et Jose Blandon dudépartement d’économie relative à l’alimentation, àl’agriculture et aux ressources de l’Université de Guelph.

Cette recherche a été financée par l’AFMNet et leministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affairesrurales de l’Ontario. l

Page 9: Advance Magazine - Hiver 2008/2009

9AFMNet – ADVANCE 2009

Un nouveau livre regroupant les points devue d’intervenants et d’experts examine les valeurset les questions d’éthique liées à la biotechnologieanimale. Ce livre repose sur une recherche visant

à évaluer les réactions des intervenants dans lecadre d’applications bien précises incluantnotamment des animaux génétiquement modifiéset clonés. Le livre sera publié par les Presses del’Université de Toronto en 2009.

La professeure Sarah Hartley, dudépartement de sciences politiques de l’UniversitéSimon Fraser, et le professeur Conrad Brunk, dudépartement de philosophie de l’Université deVictoria, ont demandé à six chercheurs spécialisésde rédiger des chapitres sur les conclusions d’unesérie de groupes de discussion auxquels ont prispart divers intervenants.

Les chercheurs ont demandé auxparticipants d’explorer leurs points de vue sur lesenjeux liés à la biotechnologie médicale, expliquela professeure Hartley.

« Cette approche n’a nullement laprétention de représenter l’ensemble de lapopulation canadienne. Elle jette plutôt un peude lumière sur ce que les intervenants pensent deces questions », précise-t-elle.

Au total, sept groupes de discussion ont étéformés, auxquels ont participé des intervenantsclés incluant des chercheurs scientifiques, desreprésentants d’organismes de réglementationgouvernementaux, des agriculteurs, deschercheurs en santé, des fournisseurs de soins desanté et des représentants de l’agriculturealternative et des droits des animaux.

Les chercheurs ont présenté aux participantsdix applications possibles de la biotechnologieanimale, allant du clonage des taureaux à des finsagricoles à la modification génétique des sourispour la recherche en santé humaine. Ils leur ontégalement demandé de classer ces applications enordre décroissant, de la plus à la moins justifiable.

Le classement n’était pas en soi le butpremier de cet exercice. Il visait plutôt à mieuxcomprendre les valeurs sous-jacentes auclassement et les avantages et inconvénients qui sesont dégagés de ces valeurs.

Les résultats tirés des groupes de discussionsétaient fort intéressants. Ils ont par exemplemontré que les intervenants semblaient avoirétabli une hiérarchie perçue de l’être, à savoir queplus l’animal est proche de l’humain sur l’échellephylogénique (qui mesure le rapprochement entermes d’ancêtres communs), plus les participantsavaient une réaction défavorable envers uneapplication de biotechnologie animale enparticulier. Les applications utilisant des souris oudes poissons ont ainsi été classées comme plusjustifiables que celles ayant recours aux primates.

Les chercheurs ont également constaté quel’utilisation de la biotechnologie animale à desfins purement économiques était considéréecomme peu justifiable. Les participants des septgroupes de discussion ont ainsi considéré laproduction de poissons rouges brillant dans lenoir (un article fantaisie vendu aux États-Unis)comme futile et par conséquent difficilementjustifiable.

Ces valeurs, les questions d’éthique etd’autres aspects sont abordés dans les six chapitrestraitant de l’agriculture industrielle, del’agriculture alternative, des droits des animaux,des soins de santé, de la recherche en santé et dela religion. L’introduction et le dernier chapitretraitant des conséquences en matière deréglementation de ces conclusions seront rédigéspar les professeurs Hartley et Brunk.

Le livre comprend également deux chapitresconsacrés à l’état actuel de la biotechnologieanimale et aux questions d’éthique connexes.

« Nous espérons que le livre contribuera audébat sur la biotechnologie animale et servira desource d’information pour ceux qui désirentprendre connaissance d’un éventail d’opinions etd’enjeux », conclut la professeure Hartley.

Mickey Gjerris, de l’Université deCopenhague, Paul Thompson, de l’Université duMichigan, Lyne Létourneau, de l’UniversitéLaval, Harold Coward, de l’Université deVictoria, Nola Ries, de l’Université de l’Alberta,Peter Phillips, de l’Université de la Saskatchewan,et Lori Sheremeta, de l’Université de l’Alberta,figurent au nombre des auteurs. Cecil Forsberg,de l’Université de Guelph, et David Fraser, del’Université de la Colombie-Britannique, fontoffice de conseillers scientifiques pour le projet.Michelle Illing, de l’Agence canadienned’inspection des aliments, et Amanda Whitfield,de Santé Canada, sont les partenairesgouvernementaux du projet. Keith Pitts,anciennement de la Pew Initiative et de GenomeBC, est également un des partenaires du projet.

Ce projet a été financé par l’AFMNet. l

Lumière sur lesvaleurs et les questions d’éthiqueentourant la bio-technologie animale Kaitlyn Little

Page 10: Advance Magazine - Hiver 2008/2009

10 AFMNet – ADVANCE 2009

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« Inhiber la production de rénineéquivaut à trancher latête d’un géant qu’on

appelle hypertension. »- Prof. Rotimi Aluko

Le professeur Rotimi Alukode l’Université du Manitobatravaille sur des peptides depois capables de réduire l’hypertension et de traiterles maladies du rein.

Page 11: Advance Magazine - Hiver 2008/2009

Des peptides de pois pourlutter contre l’hypertensionet les maladies du reinAnupriya Dewan

Des chercheurs de l’Université du Manitoba auraient réussi àcombattre l’hypertension et les maladies du rein à l’aide de protéines de poishydrolysées et divisées en peptides.

Selon Rotimi Aluko, professeur au département des sciences de lanutrition, les peptides de pois agissent contre l’hypertension de deux façons.Ils bloquent la production de rénine, la cause fondamentale del’hypertension artérielle qui se situe à l’origine de la voie biochimique, etréduisent la progression de la maladie du rein.

Les médicaments utilisés actuellement pour traiter l’hypertensionciblent l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA), qui a pour effetd’amplifier l’action de la rénine, ce qui nuit au traitement de la maladie durein concomitante.

L’organisme utilise divers composés, dont la rénine, pour réguler latension artérielle en modifiant le diamètre des vaisseaux sanguins. La rénineaugmente la tension artérielle en produisant un composé qui favorise lacontraction des vaisseaux. S’il y a surproduction de rénine, les vaisseaux secontractent à l’excès, et la tension artérielle augmente dangereusement.L’ECA amplifie généralement l’effet de la rénine et aggrave ainsi leproblème.

« Inhiber la production de rénine équivaut à trancher la tête d’un géantqu’on appelle hypertension. On élimine le problème à la source, expliqueM. Aluko. En bloquant l’action de l’ECA, on coupe un bras au géant, maisil vit encore. »

Les peptides de pois isolés bloquent l’action de la rénine et empêchentainsi une contraction excessive des vaisseaux sanguins. La dilatation desvaisseaux maintient la tension artérielle à des valeurs normales, car le sang asuffisamment d’espace pour circuler librement. Lorsque l’organisme produitpeu de rénine, l’ECA n’a pas d’effet amplificateur, ce qui règle le problèmeà la source.

Les peptides de pois se révèlent donc plus efficaces pour traiterl’hypertension que les médicaments actuellement offerts, car ceux-ci ciblentl’ECA plutôt que la rénine.

Les peptides isolés augmentent également les taux de cyclo-oxygénase1 (Cox1), un enzyme qui réduit la quantité d’agents inflammatoires libéréspar les reins. Une réduction de l’inflammation améliore la fonction rénale,et les reins malades arrivent plus difficilement à hausser la tension artérielle,ce qui règle cette cause d’hypertension à la base.

Les études réalisées sur les animaux semblent prometteuses et sont lespremières à s’attaquer aux causes fondamentales du problème, maisbeaucoup reste à faire. M. Aluko prévoit également réaliser des étudescliniques afin de mesurer l’effet des peptides sur l’humain.

« Vaincre l’hypertension pourrait devenir aussi facile que de boire dujus ou de prendre un comprimé qui contient le peptide de pois », expliqueM. Aluko.

Participent également à ces recherches Harold Aukema et Paramjit S.Tappia, professeurs à l’Université du Manitoba.

Ce projet de recherche a été financé par l’AFMNet, le Conseil derecherches en sciences naturelles et en génie et le Fonds pour les Centresd’excellence du Manitoba. l

11AFMNet – ADVANCE 2009

Produits

Gel anti-inflammatoireNouveau traitementpotentiel des infectionsbactériennes à based’antimicrobiens Hayley Millard

Une expérience a démontré que les agents antimicrobiens naturelsaidaient à combattre efficacement les infections bactériennes. Toutefois,bon nombre de ces composés sont hautement réactifs et se décomposentrapidement avant même d’entrer en contact avec les bactéries nuisibles.En trouvant un moyen de surmonter cet obstacle, les chercheurspourraient mettre au point un traitement aux antimicrobiens encore plusefficace que les antibiotiques, dont l’usage prolongé peut favoriserl’apparition d’infections bactériennes qui leur résistent.

Les professeurs Dérick Rousseau et Allan Paulson, de l’UniversitéRyerson et de l’Université Dalhousie respectivement, étudientactuellement les propriétés de l’isothiocyanate d’allyle, un antimicrobienhautement hydrosoluble. Bien que l’isothiocyanate d’allyle inhibe lacroissance des bactéries, il réagit d’abord avec d’autres éléments présentsdans l’organisme avant de pouvoir s’attaquer au véritable problème : lesbactéries nuisibles.

Les professeurs Rousseau et Paulson cherchent donc un moyen deneutraliser l’isothiocyanate d’allyle afin qu’il ne soit actif que dans larégion infectée. Selon eux, la solution se trouve dans l’hydrogel, uncomposé de gel rigide.

Ils croient en effet que, présentés sous forme de gélules ingérables oude timbres de gel qu’on appose sur la peau, les agents antimicrobiensréactifs comme l’isothiocyanate d’allyle pourraient être libérés de façoncontrôlée. Une fois la gélule avalée ou le timbre apposé sur la peau, le gelgonfle pour devenir plus poreux. En contrôlant la dilatation des pores, ilserait donc possible de réguler la vitesse à laquelle l’antimicrobien estlibéré. Les professeurs Rousseau et Paulson testent actuellement lacomposition complexe de l’hydrogel afin de contrôler la taille des pores etleur expansion lorsque le gel gonfle.

« Nous tentons de mettre au point une gélule qui libérera de façoncontrôlée, lentement et en temps opportun, le composé encapsulé,explique le professeur Rousseau. Si les pores sont trop petits, la quantitéde composé antimicrobien libérée sera trop faible. À l’inverse, s’ils sonttrop dilatés, une dose excessive sera libérée trop rapidement. »

Participent également à ces recherches les professeurs MichaelNickerson, de l’Université de la Saskatchewan; Gianfranco Mazzanti etLisbeth Truelstrup Hansen, de l’Université Dalhousie; Pascal Delaquis,d’Agriculture et Agroalimentaire Canada et le physicien David Pink, del’Université St. Francis Xavier.

Ce projet de recherche est financé par l’AFMNet. l

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Deschercheurss’intéressent à de nouvellestechniquesfavorisant lasanté du côlon.

Matthew DiCicco

Les probiotiques, aussi appelés « bonnes »bactéries, permettraient de réduire les risques de

cancer du côlon, de favoriser l’absorption desminéraux et de lutter contre les bactériesnuisibles. Des chercheurs de l’Université de laSaskatchewan étudient actuellement de nouvellesfaçons de transporter les probiotiques de manièresécuritaire jusqu’au gros intestin afin qu’elles yprolifèrent.

Certaines bactéries utiles sont présentesnaturellement dans le côlon. Toutefois, elles nepeuvent se reproduire sans l’apport d’unealimentation saine et sans l’aide des prébiotiques– des éléments contenus dans les aliments quifavorisent la prolifération des probiotiques et leurpermettent de supplanter les bactéries nuisiblescomme l’Escherichia coli.

C’est ici que le professeur Nicholas Low etson équipe de recherche du département dessciences de l’alimentation et des bioproduitsentrent en jeu, leurs recherches consistant à

découvrir comment combiner efficacementprébiotiques et probiotiques dans des gélules afinde les acheminer et de les libérer directement dansle gros intestin.

« Ces recherches pourraient avoir desretombées considérables sur la santé de personnesde tous horizons », explique le professeur Low.

Le projet vise principalement à identifier lesoligosides – des glucides contenus naturellementdans plusieurs végétaux – qui pourraient êtreutilisés comme prébiotiques et à définir leur rôleen ce qui concerne la prolifération desprobiotiques. Les oligosides constituent desprébiotiques intéressants puisqu’ils sont riches encarbone utile aux probiotiques tout en étantinutilisables par les bactéries nuisibles.Habituellement, les oligosides échappent à ladigestion dans le petit intestin et progressent versle côlon, où ils contribuent à la croissance desbactéries utiles.

La plupart des probiotiques présents dansl’alimentation proviennent des produits laitiers deculture, comme le yogourt. Une fois dansl’estomac, les probiotiques sont éliminésdirectement par l’acidité du milieu, par l’actiondu processus normal de la digestion, ou par lesdeux à la fois. L’estomac étant conçu pour tuer lesbactéries qu’elles soient utiles ou nuisibles, leschercheurs tentent aujourd’hui de trouver le justeéquilibre entre prébiotiques et probiotiques, pouren faire des gélules capables d’accéder directementaux intestins.

L’encapsulation est un aspect important dela recherche, car sans protection adéquate, lesprobiotiques risquent d’être éliminés parl’estomac avant d’accéder au gros intestin, ou depasser tout droit sans être absorbés une fois àl’intérieur du côlon. L’encapsulation avec uneprotéine adaptée permettrait à la gélule de passeroutre l’estomac pour se désintégrer en tempsopportun et en maximiser les bienfaits pour lasanté.

Dans l’avenir, ce procédé multicomposépourra être utilisé comme ingrédient dans lafabrication d’aliments fonctionnels qui agirontdirectement sur le système digestif des êtreshumains et des animaux.

Pour le moment, le seul fait de réussir àcombiner efficacement ces trois composantesconstituera une réussite considérable en soi.

« Combiner ces trois composantes est undéfi scientifique de taille », précise M. Low.

Les professeurs Michael Nickerson etDarren Korber, du département des sciences del’alimentation et des bioproduits de l’Universitéde la Saskatchewan, participent également auprojet.

Les recherches ont été financées parl’AFMNet, le Fonds de développement agricolede la Saskatchewan et la société Bioriginal Food& Science Corporation. l

12 AFMNet – ADVANCE 2009

Produits

Une atténuationdes symptômesdes maladiesintestinales grâceà des bactériesfort utiles

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DesprotéinesnaturellescombativesArpana Chakravarty

Les infections alimentaires bactériennesconstituent une menace pourl’approvisionnement en denrées. De plus, il estdevenu nécessaire de prolonger la durée de conservation des produits alimentaires. Des chercheurs des Universités Dalhousie et St. Francis Xavier croient pouvoir améliorer cepoint grâce aux protéines antibactériennes.

Tous les organismes vivants se composent demolécules protéiques innées, les peptidesantimicrobiens cationiques (CAP), quicombattent naturellement les bactéries. Leschercheurs tentent de découvrir comment lespeptides antimicrobiens cationiques arrivent àpénétrer les bactéries, afin de mieux comprendrecomment ils luttent contre les bactériesresponsables des maladies et de la détériorationdes aliments.

Tom Gill, professeur du département dessciences appliquées et du génie des procédés àl’Université Dalhousie, s’efforce de comprendrecomment les peptides antimicrobiens cationiquesparviennent à inhiber l’action des bactéries Gramnégatif, un type de bactérie doté d’une structurede membrane cellulaire unique.

« Les peptides antimicrobiens cationiquessont des agents protecteurs naturels, explique leprofesseur Gill. Ils sont présents dans toutorganisme vivant, alors pourquoi ne pas y avoirrecours pour conserver les aliments? »

Les peptides antimicrobiens cationiques ontla propriété unique de s’introduire dans lesbactéries pour ensuite les détruire. Le professeurGill tente actuellement de comprendre commentles peptides traversent les porines – des protéinesde forme cylindrique situées sur la paroi externede la membrane cellulaire qui permettent auxnutriments de pénétrer dans la cellule et auxdéchets d’en sortir – afin de mettre au point uneprotéine synthétique imitant la structure de laporine pour être en mesure de l’intégrer auxaliments.

Pour ce faire, il extrait d’abord la protamine,une forme de peptide antimicrobien cationique

contenue naturellement dans le hareng, et lapurifie. Ensuite, ses collègues séparent les porinesde la bactérie pour les introduire dans une paroicellulaire synthétique afin d’observer la méthodeutilisée par la protamine pour pénétrer lamembrane.

Cette approche multidisciplinaire repose enoutre sur la participation du professeur DavidPink, physicien théoricien de l’Université St. Francis Xavier, dont le rôle consiste à prédire lecomportement des molécules à l’aide de modèlesmathématiques et de simulations par ordinateur.Les résultats sont ensuite éprouvés dans un cadreexpérimental par les collègues de M. Pink, oupermettent à ces derniers de prévoir ou d’établir denouveaux paramètres de recherche.

Pour s’assurer que les peptides atteignentleur cible, les chercheurs tentent de mettre aupoint une plateforme capable de libérer despeptides antimicrobiens cationiques protégés pardes porines cylindriques afin qu’ils ne soient pasabsorbés par les enzymes bactériennes ou leurservent de cible en s’introduisant dans la cellule.Le professeur Pink a conçu un modèlemathématique et une simulation par ordinateurexpressément pour cette plateforme de libérationdes peptides. Bien que ce système n’ait pas encoreété éprouvé en laboratoire, les résultatss’annoncent très prometteurs.

« Nous pouvons raisonnablement croire quenous avons mis au point un véhicule quipermettra aux peptides antimicrobienscationiques d’atteindre les surfaces bactériennesvisées », souligne M. Pink.

La recherche montre qu’un traitement àlong terme à base de peptides antimicrobienscationiques n’agit pas de la même manière qu’untraitement utilisant d’autres composés

antibactériens, comme la pénicilline, sur le plande la résistance bactérienne. En effet, les bactériessont de plus en plus résistantes aux traitementstraditionnels, un grave problème que les peptidesantimicrobiens cationiques pourraient contribuerà résoudre.

Les résultats de ce projet pourraient mener àl’élaboration de nouveaux antimicrobiens (desmédicaments qui tuent les microbes tels que lesbactéries, les champignons et les virus ou luttentcontre leur prolifération) et peut-être même decomposés antibactériens améliorés destinés ausecteur de la santé.

« Nous nous attaquons à un problèmeauquel font face tant le secteur de la santé quel’industrie alimentaire », précise-t-il.

Cette recherche a été soutenue parl’AFMNet, le Conseil de recherches en sciencesnaturelles et en génie ainsi que le Fondsd’innovation de l’Atlantique. Ont égalementparticipé à cette recherche les professeurs ErichSackmann, de l’Université technique de Munich,et Motomu Tanaka, de l’Université d’Heidelberg,et enfin Terry Beveridge, du département debiologie moléculaire et cellulaire de l’Universitéde Guelph. l

13AFMNet – ADVANCE 2009

Les chercheurs ont étudié laprotamine, un peptide

antimicrobien cationique (CAP)naturellement contenu dans le

hareng, pour découvrir commentelle combat les bactéries. Grâce

aux résultats de cette recherche,les chercheurs pourront créer uneversion synthétique de ce peptide

afin de conserver les aliments.

Eduardo Luzzatti Buyé

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D’après un membre de l’AFMNet, l’élaborationde végétaux résistants aux maladies courantespermettrait d’accroître la productivité des cultures.

En effet, Ravinder Kumar, de l’Université deVictoria, soutient que ses travaux permettront derépondre à la demande accrue de nourriture,conséquence directe de la croissance démographique.

« La rareté de la nourriture peut devenir un enjeumajeur si nous ne prenons pas les mesures quis’imposent dès maintenant. D’où la nécessité d’avoirrecours à une technologie capable de protégerefficacement nos récoltes. Or, nous disposons de cettetechnologie », ajoute-t-il.

L’équipe de recherche de M. Kumar travailleactuellement sur les peptides antimicrobiens, un typede protéines qui combat naturellement les maladies.Les chercheurs ont introduit des peptides dansdifférentes espèces végétales afin de les rendrerésistantes à divers agents pathogènes, parmi lesquelsles mycotoxines, qui présentent une grave menace pour

la sécurité alimentaire. Les peptides proviennent de sources variées,

notamment des grenouilles et des insectes, qui viventdans des milieux hostiles et ont une capacité innée dese prémunir contre les infections.

Comme les peptides sont issus d’un gène bienprécis, il suffit d’identifier ce gène pour l’introduireensuite dans les végétaux. La résistance des plantestransgéniques ainsi créées est ensuite rigoureusementmise à l’épreuve contre tout un éventail d’agentspathogènes.

D’après M. Kumar, améliorer la résistancenaturelle des végétaux est une solution de rechangeécologique à l’utilisation de pesticides. « Contrairement à d’autres moyens utilisés pouraccroître la résistance des végétaux associés à de faiblesrendements, nous sommes heureux de constater quecette technologie augmente la productivité de 15 à 20 pour cent, même en l’absence de maladies,précise-t-il. Cette technique présente le doubleavantage de réduire les pertes lors de la culture et del’entreposage, et de produire des aliments plussécuritaires. »

L’équipe de recherche s’efforce actuellement detrouver un moyen d’activer le gène uniquement lorsquela situation l’exige, une approche qui atténuerait lesinquiétudes face aux cultures transgéniques.

« Nous croyons beaucoup en ces recherches, car lapopulation mondiale ne cesse de croître et les terresarables se font de plus en plus rares, accentuant ainsi lebesoin d’améliorer la productivité agricole. Endisposant d’une certaine technologie, nous pourronsintervenir à tout moment. Même si nous n’en avonspas besoin actuellement, nous devons prévoir le jouroù l’agriculture traditionnelle n’arrivera plus à satisfairela demande », souligne M. Kumar.

Le chercheur compte réaliser prochainement desétudes sur le terrain en Inde.

Dirigée par Santosh Misra, professeur dudépartement de biochimie et de microbiologie del’Université de Victoria, l’équipe de recherche secompose en outre de Dmytro Yevtushenko, du mêmedépartement.

Ce projet de recherche a été financé parl’AFMNet. l

14 AFMNet – ADVANCE 2009

Transition stratégique et application de la recherche

Des peptides au secours des récoltesArpana Chakravarty

Dmytro Yevtushenko etRavinder Kumar, del’Université de Victoria,introduisent des peptidesantimicrobiens – quicombattent naturellementles maladies chez lesgrenouilles et les insectes –dans des végétaux pourcréer des plantestransgéniques résistant aux maladies.

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Lorsque les pommes sont exposées à des agentspathogènes fongiques pendant leur croissance, elles sontplus susceptibles de pourrir après la récolte. Ce problèmeentraîne chaque année des pertes de cinq à dix pour centdes récoltes. Des chercheurs de l’Université de laColombie-Britannique ont mis au point une doublestratégie afin de protéger les pommes de ces agentspathogènes. Cette méthode combine la détection sur placedes agents pathogènes et l’utilisation d’un agent biologiqueorganique neutralisant pour protéger les fruits exposés.

Louise Nelson, professeure au département debiologie et de géographie physique, et son équipe derecherche ont mis au point une technologie de jeuxordonnés de macroéchantillons d’ADN capable de détecterles trois agents pathogènes les plus courants (la moisissurebleue, la pourriture grise et le mucor) dans des échantillonsd’air, de feuilles et de bourgeons prélevés dans le vergerpendant la période de végétation.

L’équipe a en outre cerné divers isolats bactériens dusol pouvant servir d’agent de contrôle biologique afin deprotéger les pommes de la pourriture pendant leurentreposage.

« Notre objectif est de mettre au point de nouvellesméthodes commerciales de détection et de contrôle desagents pathogènes fongiques », explique la professeureNelson.

Un premier essai sur le terrain a permis auxchercheurs de déterminer que les isolats bactériens des solspermettaient de protéger les pommes pendant les troispremiers mois d’entreposage sous froid. L’équipe sepenchera maintenant sur la survie des isolats sur lespommes entreposées pendant plus de trois mois, unequestion sanitaire et réglementaire importante à prendre enconsidération avant la mise en marché du produit.

Ensuite, les chercheurs utiliseront la technologie demicroéchantillonnage d’ADN pour tenter de constater lelien existant entre le climat et divers autres facteurs, commel’humidité et la présence d’agents pathogènes lors dubourgeonnement et de la nouaison, et la fréquence de lamaladie lors de l’entreposage. Ils espèrent ainsi pouvoirconcevoir un modèle prédictif permettant auxpomiculteurs d’évaluer le risque de maladies lors del’entreposage.

Participent également à ces recherches DanielleHirkala et Daylin Mantyka, respectivement chercheusepostdoctorale et étudiante au doctorat de l’Université de laColombie-Britannique, ainsi que Peter Sholberg, duCentre de recherches agroalimentaires du Pacifique duministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire duCanada.

Ce projet a été financé par l’AFMNet. l

15AFMNet – ADVANCE 2009

Nouvelle méthode de luttecontre la pourriturePar Kaitlyn Little

(de gauche à droite) Daylin Mantyka, la professeure Louise Nelson et DanielleHirkala, toutes trois chercheuses à l’Université de la Colombie Britannique,

cherchent à élaborer des méthodes de dépistage précoce des agents pathogènes fongiques qui font pourrir les fruits après la récolte.

Tim

Swanky

Page 16: Advance Magazine - Hiver 2008/2009

La nausée, l’immunodéficience et ladiarrhée sont au nombre des effets secondairesressentis quotidiennement par de nombreusespersonnes atteintes du VIH/sida, à plus forteraison au fur et à mesure que le systèmeimmunitaire s’affaiblit.

Le professeur Gregor Reid, dudépartement de microbiologie etd’immunologie de l’Université WesternOntario, et Jaimie Hemsworth, étudiante demaîtrise au Collège Brescia, ont récemmentterminé des essais cliniques portant sur unyogourt probiotique enrichi d’oligoéléments –un yogourt nature additionné de Lactobacillusrhamnosus GR-1 et de divers oligoéléments.

« L’alimentation influe sur la santé à biendes égards », explique le professeur Reid. Lesbactéries présentes dans l’organisme jouent unrôle extraordinaire dans notre existencemême. »

Les probiotiques favorisent la santé dusystème immunitaire de plusieurs façons,notamment en signalant aux lymphocytes T –une catégorie de globules blancs qui attaquentles envahisseurs – qu’ils doivent s’activer.

L’affaiblissement du systèmeimmunitaire chez les patients atteints duVIH/sida (caractérisé par une diminution dunombre de cellules qui possèdent le récepteurCD4) accroît considérablement leurvulnérabilité aux bactéries néfastes et aux viruscourants comme la grippe, la pneumonie et lerhume.

Au printemps 2008, Mme Hemsworthavait réalisé une étude pilote à la HIV Clinic

de London, en Ontario, démontrant que leyogourt probiotique enrichi d’oligoélémentspouvait contribuer au mieux-être des patientsatteints du VIH. Elle s’était ensuite rendue enAfrique au laboratoire de recherche Lawsonde l’Institut national de recherche médicale dela Tanzanie afin de vérifier l’efficacité de cetteapproche sur les patients sidatiques del’Institut.

Grâce au programme Western HeadsEast, des mères de la région avaient appris,peu de temps auparavant, comment fabriquerdu yogourt probiotique. Avec l’aide de Mme

Hemworth, elles ont mis au point unenouvelle recette dans leur cuisinecommunautaire. Les participants atteints duVIH/sida ont été recrutés avec l’aide d’unétudiant local, Ruben Hummelen. Deuxgroupes dont les participants ont étésélectionnés au hasard ont été formés. Lepremier a essayé le nouveau yogourt et legroupe témoin s’est vu offrir un yogourtordinaire. Cent douze patients ont participé àl’étude, un nombre largement au-dessus desattentes. Les participants ont consomméquotidiennement le yogourt probiotiquependant un mois et les résultats ont montréque la résistance à la maladie des patients dontle système immunitaire était le plus faible etayant essayé la nouvelle formule de yogourts’était accrue de manière considérable. Deplus, ils jouissaient d’une énergie accrue pourfaire face aux difficultés de la vie quotidienne.

Ce projet de recherche a été financé parl’AFMNet. l

16 AFMNet – ADVANCE 2009

Transition stratégique et application de la recherche

Un yogourt pascomme les autresLes avantages du yogourt probiotique enrichi d’oligoéléments pour les patients atteints du VIH/sida

Par Andrea Hruska

La consommation de yogourtprobiotique enrichi d’oligoélémentspeut grandement réduire les effets secondaires liés au VIH/sida, comme la nausée,l’immunodéficience et la diarrhée.

Ina

Pete

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