adolescences, adolescents

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06 03 24 89 26 [email protected] 10/08/2016 Psycho généticienne de formation et psychologue hospitalière dans les premiers temps de sa vie professionnelle, elle a dirigé le pôle « Jeunes et Adolescents » au sein de différents instituts généraliste. Dotée d’une longue expérience auprès de ces cibles, Catherine a mis au point des protocoles d’étude spécifiques, qui permettent une lecture optimale des attitudes et des comportements des enfants, en évitant les biais habituels des méthodologies classiques « plaquées » sur les problématiques enfants, sans précaution ni maîtrise de la psychologie enfantine et adolescente.

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0 6 0 3 2 4 8 9 2 6

C a t h . b o n n e a u @ s f r . f r

1 0 / 0 8 / 2 0 1 6

Psycho généticienne de formation et psychologue hospitalière dans

les premiers temps de sa vie professionnelle, elle a dirigé le pôle «

Jeunes et Adolescents » au sein de différents instituts généraliste.

Dotée d’une longue expérience auprès de ces cibles, Catherine a mis

au point des protocoles d’étude spécifiques, qui permettent une

lecture optimale des attitudes et des comportements des enfants, en

évitant les biais habituels des méthodologies classiques « plaquées »

sur les problématiques enfants, sans précaution ni maîtrise de la

psychologie enfantine et adolescente.

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Catherine Bonneau – 06 03 24 89 26 – [email protected]

10/08/2016

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« La jeunesse d’aujourd’hui

aime le luxe, elle manque de

tenue, raille l’autorité et n’a

aucun respect pour ses ainés. »

Socrate Je ne sais pas de quels noms, les jeunes et leur

étrangeté étaient affublés par les

contemporains de Socrate, mais il semble très

clair que le problème posé par les Apaches,

Zazous, J3, blousons noirs, Hippies, Punks et

autres cailleras est totalement atemporel !

Génération après génération, la jeunesse

habite un monde à part, enkysté dans le nôtre

sans être pour autant, réellement intelligible.

Enkystée mais non cachée, la sphère « jeune »

évolue dans une bulle transparente, s’exhibe

et reste intouchable. Entre innocence et

égarements elle nourrit notre ambivalence à

son égard.

« La jeunesse » : un fantasme

d’adultes ? Il n’est pas nécessairement absurde

d’envisager la jeunesse comme, entre autres

choses, un fantasme d’adultes. La dualité

propre à l’adolescence révèle l’ambivalence

des adultes et souligne leur sentiment

d’étrangeté face à ces enfants qui sont les

leurs, mais aussi autres quand ils détournent

les valeurs transmises et recomposent les

rapports au monde. L’inquiétante étrangeté

de la jeunesse tient aussi à cet appel à se

souvenir de ses propres passages de chaque

côté des miroirs ….

C’est dire si elle fascine. Sans relâche.

Et si l’impressionnante cohorte de «

spécialistes », allant des sociologues aux

divers praticiens en passant par des « icones »

autoproclamées, s’échine à rationnaliser, à

donner des clés, c’est finalement pour creuser

inlassablement les deux mêmes sillons.

La jeunesse est le temps de tous les

possibles, elle est le temps charnière

d’une vie, celui qui potentialise

l’énergie créatrice

Là réside l’attrait inégalé de la jeunesse, sa

désirabilité. Ce qui suffit à justifier la manière

dont elle est hissée au rang de moteur de la

dynamique des évolutions sociétales, et de

modèle dans le jeu des identités

générationnelles.

Ce qui fascine et retient sur ce registre très

aspirationnel, est la puissance pulsionnelle de

cette période de la vie et sa capacité à

s’exprimer tant dans le domaine de l’émotion,

sur le registre de la sensation que dans

l’action.

Le temps de la jeunesse passé, il en reste,

marqué de façon souvent indélébile, des

désirs d’accomplissement, d’engagement,

qu’il a fallu, peu ou prou, sacrifier au principe

de réalité. Il en reste aussi la certitude parfois

viscérale que ce n’est que partie remise ….

Pour la génération suivante, ou pour soi, par la

grâce d’une jeunesse préservée, retrouvée… là

se niche la fascination pour la jeunesse, et la

tentation de la vampiriser réduite

généralement à sa simple instrumentalisation.

La jeunesse, une cohorte ingérable

qui met en péril la stabilité des

repères institués.

Dans le même temps, la jeunesse est

vilipendée et crainte. La face noire de sa

puissance créatrice est alors mise en exergue

et contribue à nourrir un imaginaire collectif

ou l’aptitude à l’action, de créatrice devient

destructrice.

La jeunesse devient une masse en mouvement

qui s’empare des certitudes admises et des

manières de les faire vivre, pour les balayer

plutôt que de s’y adapter.

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« L’adolescence » : une réalité

très concrète La réalité est moins romantique et plus

complexe que la dualité retenue par

l’imaginaire adulte et relayée par les médias et

médiateurs de tous ordres.

A l’idée de « jeunesse » très conceptuelle,

préférons celle d’adolescence, dans le sens

très actuel qu’elle revêt, soit une phase du

développement de chaque individu. Mais pas

n’importe quelle phase, l’une des plus

importantes d’un point de vue psycho-

sociologique, puisqu’elle conduit de l’état

d’enfance à celui d’adulte ; l’une des plus

aigüe aussi parce qu’elle se développe et se

résout sur très peu de temps, même dans un

contexte culturel et sociétal qui tend à en

allonger la durée pour des raisons complexes,

où se jouent les équilibres économiques et

identitaires entre les générations.

L’adolescence est donc un temps de

transition, mais qui s’apparente plus à la

traversée de sables mouvants qu’à un âge d’or

! Rappelons en quelques mots – et de façon

aussi schématique que parcellaire - ce qui se

passe durant cette poignée d’années et

comment s’articulent les différents registres

d’évolution.

S’il est confortable de représenter ces

évolutions conjointes de façon linéaire, la

réalité est bien entendu plus complexe. Les

registres d’évolution sont étroitement inter-

dépendants et dans le même temps jouent

leurs partitions à des rythmes relativement

autonomes, le calendrier de l’ensemble du

processus étant largement individuel. De plus,

la pression de l’environnement au prétexte

d’une inquiétude légitime des adultes pour

l’avenir, est majeure, alors que le présent

requiert toute l’attention et l’énergie de ces

mutants en phase aigüe d’éclosion que sont

les adolescents.

Enfant

Irruption de la puberté

•Phénomène subi, non maîtrisable

•modifications hormonales qui altèrent de manière réversible ma maîtrise émotionnelle et relationnelle

Transformations physiques

•modification spectaculaire de l'apparence

•sexualisation de l'apparence

•maturité des capacités de procréation

•génitalité de la libido

Transformations cognitives

•irruption de la pensée conceptuelle (vs la pensée enfantine nécessairement inscrite dans le concret et l'expérience pratique)

Adaptation identitaire

•prise en compte des transformations physiques et de la sexualisation de l'apparence

•appropriation des registres adultes de la féminité / masculinité via l'exploration des comportements de séduction.

Adulte

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A chaque génération

adolescente son génie propre. Cette pression de l’environnement est

essentielle, elle donne à la fois un cadre

temporel et une perspective, gérant le risque

de chaos toujours présent à l’adolescence et

inscrivant « l’évènement » dans une

trajectoire globale qui lui donne du sens.

L’environnement, le temps sociétal de chaque

« jeunesse », offre une grille de lecture et

dans le même temps, influe, voire détermine,

le déroulement et le mode de résolution de

chaque « adolescence », au sens

générationnel. Loin de moi, cependant, l’idée

d’un déterminisme rigide ! L’adolescence est

par essence le temps de la flexibilité, de

l’adaptation et de la créativité. Chaque

génération adolescente a su, sait et saura,

détourner les cadres qui lui sont proposés,

voire imposés, et promouvoir un rapport au

monde renouvelé.

La jeunesse est par nature et par pulsion

révolutionnaire, souvent à son insu ! Qu’il

s’agisse de grand soir ou d’aménagements du

quotidien ! On peut d’ailleurs se demander si

l’une de ses fonctions ne serait pas justement

d’être le laboratoire des évolutions

nécessaires ….

Prenons trois exemples de générations jeunes

contemporaines ; arrêtons-nous un instant sur

ce qui participe à leur génie et à leur identité,

avant de nous consacrer à la génération 2112.

Les années 60 :

yéyé et blousons noirs, l’insouciance

légitime.

La génération du renouveau, de tous les

renouveaux. Les jeunes qui sont entrés dans

l’adolescence au début des années 60 ont eu

la lourde tâche d’inventer l’adolescence

moderne !

Leurs parents étaient entrés en adolescence et

en guerre dans le même temps et le même

mouvement. Leurs grands frères vont à la fois:

« absorber » les évolutions de l’après-guerre

qui ouvrent une ère nouvelle – les promesses

économiques et sociales dès l’aube des Trente

Glorieuses (dont les lois sur la protection de

l’enfance), l’avènement des sciences sociales –

et l’émergence d’une réflexion sur la jeunesse

en tant que génération à part entière

Clore le cycle des tragédies en se trouvant

engagés (80% des garçons d’une classe d’âge

mobilisée et partie en Algérie !) dans une

guerre d’un autre temps.

Les adolescents des années 60 vont se voir

offrir le temps et le droit à l’insouciance. Ils

vont s’en emparer et s’en servir comme

matrice d’une réalité inséparable de l’idée

même d’adolescence : la bande de copains.

Deux modes d’expression vont s’imposer : la

musique comme lien et liant, le cinéma et sa

capacité à offrir des figures mythiques. Salut

les Copains, les Chats sauvages et les

Chaussettes Noires d’un côté ; James Dean,

Elvis, les Sharks et les Jets de l’autre …. Mais

toujours la présence de la bande comme une

entité à part entière, de sa version la plus

sucrée à la plus inquiétante.

Une autre dimension, constitutive de « la

bande » et adossée puis renforcée par le

développement rapide de la société de

consommation, est à noter dès cette décennie

: l’importance de l’image, du look, au-delà du

signe de reconnaissance, comme signe

d’identité.

Les années 70 :

utopismes et puissance de la masse.

La génération qui devient adolescente à la fin

des années 60 et au début des années 70 va

opérer un virage en épingle à cheveux, sur

lequel il n’est sans doute pas utile de revenir,

sauf à rappeler deux ou trois choses :

les enfants du Baby Boum sont très

nombreux et modifient sensiblement

les équilibres démographiques

déficitaires depuis des décennies. Leur

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importance numérique fait d’eux une

génération présente à tous les niveaux

de la société, de leur enfance jusqu’à

aujourd’hui. Cette hyper présence

amène cette génération à se doter

d’une image d’elle-même sur le

registre de la toute-puissance, la rend

apte à s’emparer des acquis et valeurs

reçus en héritage. Et à en disposer.

Une génération qui a posé les idées

comme principe de réalité et remis en

question – et en balance – le

matérialisme et son

opérationnalisation économique, le

capitalisme.

Une génération qui, au détour d’un

militantisme souvent sincère pour un

humanisme à réinventer, a posé les

bases d’un individualisme qui

deviendra la valeur fondamentale des

décennies suivantes.

Les années 80/90:

de la nostalgie à l’infantilisme

Les adolescents de la fin du millénaire ont dû

s’inscrire dans un monde immobile ne sachant

plus que psalmodier le mot « crise » ! Si la

première crise pétrolière de 1973 a marqué le

début de cette nouvelle ère, la prise de

conscience ne s’est réellement opérée qu’au

milieu des années 80 avec la montée du

chômage autour de 10%.

La génération qui entre dans l’adolescence au

cours de la décennie suivante va apprendre la

précarité et tenter de s’y adapter. Elle va

renoncer à construire des projets à long terme

– tant professionnels que personnels – et

s’inscrire dans deux tendances dont les

marques vont savoir s’emparer :

le cocooning et la volonté de profiter

de l’instant présent et du cercle des

proches.

L’enfance, comme un paradis perdu.

A cela deux conséquences :

Une manière de recomposer les

valeurs de solidarité et d’entre-aide à

l’usage d’un individualisme «

protectionniste » : la solidarité mais

seulement au sein du cercle des

proches

Une « fétichisation » des idoles de

l’enfance via des produits dérivés, des

rééditions, des usages détournés : de

Dorothée à Casimir et les Chupa

Chups qui envahissent les boites de

nuit ...

Notons cependant, que ces adolescents-là,

sont aujourd’hui de jeunes parents qui

semblent en passe de réinventer l’autorité

parentale et la responsabilité d’éducateurs…

En réponse au contexte dans lequel s’est

déroulée leur adolescence, ils dressent pour

leurs enfants, des remparts protecteurs

derrière lesquels ceux-ci peuvent prendre le

temps de grandir. Ils sont des parents

revendiquant leur caractère traditionnel, qui

n’hésitent pas à imposer des règles, à

demander l’obéissance sans renoncer au

dialogue. A leur manière douce et intimiste ils

semblent bien être à même de clore le

chapitre des années 70.

La génération 2016

Une génération « naturellement »

multiple

Qu’en est-il de la génération actuelle ? Quel

est le génie particulier des adolescents

d’aujourd’hui ? Il est trop tôt pour le dire mais

pas pour identifier les spécificités de leur «

être au monde ».

Si la génération adolescente précédente a dû

faire face à un monde déstabilisé par une crise

qu’il fallait appréhender, cette génération nait

dans un contexte de crise installée. A

l’immobilisme ambiant a succédé des

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stratégies plus actives, dont une forme

d’institutionnalisation du sentiment

d’insécurité.

Parmi les conséquences de cette insécurité –

économique, sociale, familiale – deux sont à

noter qui s’articulent l’une, l’autre :

Des « errances » menant à un

éparpillement des identités via une

fragmentation des repères reçus

Une capacité à être à la fois sur un

registre d’inter modalité – combiner

les manières d’être et de faire – et de

multi modalité – varier ces mêmes

manières d’être et de faire en fonction

des circonstances –

Globalement, ce qui les caractérise le plus

fortement est une manière de penser et d’agir

soutenu par une représentation d’un réel

fragmenté, constitué d’un ensemble d’unités

autonomes et manipulables qu’on associe,

dissocie, avec une infinité de combinaisons

possibles. Ils procèdent par juxtaposition,

accumulation d’éléments distincts, par

collages … Leur réel est multiple et

kaléidoscopique. Quand le nôtre tend à être

linéaire et constitué de propositions articulées

« Digital native »

C’est une évidence, cette génération est née

digitale ! Sa réalité est, du point de vue des

plus de 30 ans, naturellement augmentée ! Ils

se sont emparé de moyens technologiques qui

semblaient encore très expérimentaux et

ludiques quelques années auparavant et les

maîtrisent totalement, ce qui leur permet de

les faire accéder au statut d’outils avec toute

la dimension humaine qui est associée.

Ceci apparait comme une opérationnalisation

du mode de relation au monde qui a été décrit

ci-dessus. Citons simplement les

comportements les plus immédiats :

Le zapping comme comportement

adaptatif

L’hyper-connexion aux machines …. Et

aux autres

La gestion de la sphère privée et

l’apprentissage de l’intimité, comme

une nécessité pour laquelle les adultes

ne sont pas de vrais soutiens, leur

maîtrise des modes virtuels de

communication et d’expression

n’étant pas suffisante.

Un rapport sans doute inédit à l’idée

de gratuité, comme une évidence et

un dû et à partir de là, au sens même

de la propriété privé et du bien

commun, en fonction des catégories

de « biens » auxquelles cela

s’applique. C’est en soi un sujet

intriguant et qu’il faudrait pouvoir

observer dans le temps, jusqu’au

moment où cette posture se trouvera

confronter à celle, plus traditionnelle

qui fonde les notions de famille et de

transmission.

L’usage de l’immédiateté et la

maîtrise de l’éphémère comme une

donnée du rapport aux autres et au

monde (Snapchat, Instagram)

Néanmoins, le rapport qu’entretiennent les

adolescents avec Internet, cette

omniprésence des pratiques online, dans le

quotidien de cette génération, peut poser la

question de leur fonction au-delà des

évidences. Replaçant cette donnée dans un

contexte plus large, je vous propose la piste

de réflexion illustrée ci-après.

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Apprentissage et alternance

Cette génération est très pragmatique, très

rationnelle dans sa manière d’appréhender le

monde et la vie. Elle ne se nourrie pas de

grandes idées, ni de nobles idéaux, ses valeurs

sont concrètes et contribuent à assurer le

bien-être au quotidien et à réaliser des rêves

plutôt sages.

Ainsi, l’une des tendances les plus

remarquables de ces dernières années et en

lien avec cette disposition, est la montée en

puissance de l’apprentissage, des formations

en alternance et très clairement des

formations qui ouvrent rapidement et de

façon sûre les portes du monde du travail.

Si les filières technologiques et

professionnelles regroupent presque 40% des

jeunes en situation scolaire, l’apprentissage /

l’alternance exerce un attrait de plus en plus

fort sur les jeunes, même si ces voix peinent à

être valorisées par les institutions.

Si l’autonomie financière est une valeur

affichée, l’entrée réelle dans le monde du

travail, avec un statut indiscutable (feuilles de

paye, contrat …) est une aspiration forte, avec

un enjeu identitaire probable, pour des

adolescents qui ont totalement intégré les

difficultés de vie de leurs parents ou tout du

moins la précarité des acquis. Une évolution

qu’il faudra suivre et évaluer.

Un pas vers une reconnaissance de cette

aspiration de la jeunesse a sans doute été fait

par les plus hautes instances de l’état qui, en

autorisant l’entrée en apprentissage à 14 ans

(16 ans aujourd’hui), espèrent passer en trois

ans de 600 000 à 800 000 apprentis. Il en va

de même des revendications autour du statut

des stagiaires.

La question de la première

adolescence posée de façon accrue

par la génération actuelle

Cette déclaration et la possibilité de

permettre à des jeunes de 14 ans d’entrer

dans le monde du travail pose, au-delà de la

polémique, la question de la nature même de

l’adolescence et de la coexistence «

d’adolescences ».

La question posée ici est celle de l’âge. Mais

aussi de la base commune à cette génération

si les chemins se multiplient précocement, à

14 ans, soit dès la fin du collège. Clairement,

ces évolutions assoient l’opposition classique

entre première adolescence et grande

adolescence. Dans le même temps, la

première adolescence, le temps du collège

est, plus que jamais, fondamentale, tant au

niveau individuel (la puberté et sa résolution)

que générationnel. C’est le temps, quatre

années, de l’expérience commune, des valeurs

et des modes de vie partagés et consolidés par

ce partage.

L’après collège verra se multiplier les modes

d’expression de cette génération mais la base,

le socle de valeurs et de manières de faire,

sera le même.

Ces deux temps de l’adolescence sont d’un

intérêt égal pour les scrutateurs et marketeurs

que nous sommes. La première adolescence

donne les clés de la génération, la grande

adolescence traduit ces tendances en modes

de vie et de consommation.

Un mot de la grande enfance, dont on pense,

à tort, qu’elle est en voie de devenir l’entrée

dans l’adolescence. Les enfants sont attentifs

et enclins à répondre aux attentes même

latentes des adultes. Qu’ils puissent être

amenés, précocement à adopter des

comportements et attitudes en miroir avec

ceux auxquels ils se trouvent exposés ne

signifient pas qu’ils s’y engagent

viscéralement comme le feront des

adolescents. Les enfants explorent les facettes

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sociales des situations, comme dans un jeu

théâtral, pas leurs dimensions pulsionnelles.

En conclusion : la nécessité de

développer une stratégie et des

outils de veille sur cette cible Ces réflexions sont bien entendu à partager, à

challenger. J’ai néanmoins voulu vous les

proposer parce qu’il me semble nécessaire de

prendre juste un peu de distance avec cette

cible pour mieux l’aborder.

Il faut aujourd’hui se reconnecter avec les

adolescents et de se donner les moyens de

saisir les spécificités de leur génération, non

seulement pour y répondre à court terme,

mais aussi pour anticiper les marchés de

demain dont ils seront les acteurs.

Cette veille sur la cible adolescente doit non

seulement permettre de screener leurs

engouements, habitudes et pratiques, mais

aussi de saisir et de suivre la construction de

leurs systèmes de valeurs.

Les moyens méthodologiques sont

nécessairement ceux qu’ils utilisent

naturellement et les médiateurs

authentiquement impliqués, tout écart au

principe de sincérité serait immédiatement

relevé …. En cela les adolescents ne changent

pas !

* * *