Activité : définir ces quatre disciplines scientifiques en analysant les Jeux Olympiques selon 4 perspectives : historique, géographique, géopolitique et politique.

▪ Groupe 1 : répondez aux questions 1 à 5 p. 21. Rédigez une brève histoire des JO de l’Antiquité à nos jours en vous appuyant sur les documents

▪ Groupe 2 : répondez aux questions 1 à 4 p. 23

▪ Groupe 3 : répondez aux questions 1 à 4 p. 25▪ Après avoir répondu aux questions, proposez une définition de ce qu’est la géopolitique. Vous

pouvez vous aider du document suivant ou de l’entretien avec Yves Lacoste https://www.diploweb.com/Entretien-avec-Yves-Lacoste-Qu-est-ce-que-la-geopolitique.html

▪ Groupe 4 : répondez aux questions 1 à 4 p. 27

▪ Temps : ▪ 2 périodes de travail

▪ 2 périodes de présentation et de correction

▪ Évaluation formative du travail (voir la grille d’évaluation au dos de la feuille)

▪ Quelles sources faut-il croiser pour faire l’histoire des jeux olympiques antiques (doc. 1 et 2) ?

Doc. 1 : traces archéologiques (ruines comme ici le sanctuaire panhellénique d’Olympie, le stade, objets révélés par les fouilles, inscriptions…)

Doc. 2 : témoignages, récits oraux ou écrits d’une personne présente lors d’un évènement (récits historiques : biographie, chroniques, journaux personnels, mémoires, récits de voyage, histoires…). Ici, la Description de la Grèce de Pausanias (IIe s.) qui rédige un récit de voyage décrivant les lieux visités et racontant leur histoire.

Doc. 3 : des textes historiques, ici une histoire des origines des Jeux olympiques modernes selon le site des jeux olympiques du musée de Lausanne (mais il faut vérifier la fiabilité du travail de l’historien : quelles sources a-t-il utilisées ? est-il impartial ? commet-il des erreurs ?)

Doc. 4 : des documents d’archives (registres officiels divers, journaux, chartes, traités, lois…) : ici une photo de Raymond Depardon

▪ Le témoignage est-il une source recevable en histoire et à quelles conditions ?

Oui, le témoignage est une source recevable si l’on peut juger de son degré de fiabilité :- Ici, on sait que Pausanias décrit des lieux qu’il a lui-même visité = récit de

première source. Sa description ne dépend pas d’information d’autres personnes.

- Croiser son témoignage avec d’autres sources : les faits relatés et ses descriptions sont confirmés par d’autres sources (les découvertes archéologiques (doc. 1), l’amphore (doc. 2), d’autres récits ou descriptions (ex : de la statue chryséléphantine de Phidias)

▪ D’après ces documents, l’histoire s’intéresse-t-elle au temps long ou à l’évènement ? Justifiez votre réponse.

L’histoire s’intéresse au temps long. Les historiens peuvent étudier un phénomène depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui, comme ici un historien qui étudierait l’histoire des JO (ex : le commerce au XVIe s., un espace comme la Méditerranée au Moyen Age…).

Mais l’historien s’intéresse aussi à l’événement (ex : les attentats de Munich doc. 4) pour essayer d’en expliquer les causes, son déroulement, ses conséquences, sa signification ou ses représentations, sa place dans la mémoire des hommes… (ex : Le dimanche de Bouvines, Georges Duby).

▪ Qu’est-ce qu’un document en histoire ? Selon Paul Veyne, quelle est la quête de l’historien (doc. 1 à 4) ?

Un document est un objet quelconque (texte, objet, photo, film, document audio…) qui sert de preuve à l’historien après en avoir vérifié l’authenticité (origines, contexte, fiabilité).

Selon Paul Veyne, l’historien cherche à « raconter les évènements vrais qui ont l’homme pour acteur » comme en recollant les différents morceaux d’un puzzle.

▪ Vous rédigerez une définition de l’histoire en vous appuyant sur les documents et en y intégrant les termes suivants : critique, fiabilité, contexte, sources, méthodes.

Pour le grec Hérodote, istoreo signifie « enquête ».Au XIXe s., les historiens codifient un ensemble de méthodes qui repose sur la collecte et l’analyse critique de sources (témoignages écrits ou oraux, document d’archives…) dont il vérifie la fiabilité et le contexte afin de construire un récit étayé par des preuves.

Plus qu’une science, l’histoire est un « roman vrai » (Paul Veyne), un récit d’événements passés rendus compréhensibles. Cette reconstruction ne peut être que partielle, tant les traces laissés par ce passé sont éparses.

▪ Qu’avez-vous retenu de l’histoire des JO ?

Créés par les Grecs dans l’Antiquité, en 776 avant JC, pour honorer Zeus au sanctuaire panhellénique d’Olympie.Les athlètes, envoyés par les différentes cités grecques, participent à des concours sportifs et représentent leur cité.Trêve durant la durée des jeux.Les jeux sont interdits par l’empereur Théodose en 393 et les jeux cessent de se tenir. Le sanctuaire, abandonné, tombe en ruines.Mais le souvenir des jeux persiste et Pierre de Coubertin décide de ressusciter les JO. Il fonde le CIO en 1894 chargé d’organiser les 1ers JO qui se tiennent symboliquement à Athènes en Grèce.Les jeux évoluent néanmoins pour incorporer de nouveaux sports, des compétitions féminines en 1900 et paralympiques en 1960.Devenus un symbole fort, certains essayent d’instrumentaliser les JO à des fins politiques comme le montre les attentats de Munich de 1972.

▪ Peut-on dire que les JO ont acquis une dimension planétaire (doc. 1 et 2) ? Quel autre élément ressort de ces graphiques (doc. 2) ?

Le trajet de la flamme olympique qui a parcouru 137 000 km et a fait des étapes sur tous les continents montre la dimension planétaire prise par les JO aujourd’hui. Ceci est confirmé par le nombre croissant de nations participantes depuis 1896 pour atteindre 207 nations aux JO de Rio en 2016.

Le document 2 montre aussi une participation longtemps minoritaire des athlètes femmes aux JO, suivie d’une augmentation plus rapide après 1988 pour atteindre 43% des athlètes en 2016. Les JO reflètent ainsi les évolutions de la société.

▪ Montrez comment les JO peuvent transformer un espace déjà organisé (doc. 3).

Les JO peuvent être utilisés pour revitaliser un territoire en perte de vitesse comme le quartier de Stratford lors des JO de Londres de 2012. Ce quartier est une ancienne zone industrielle dont la reconversion a été facilité par la tenue des JO qui y ont permis la construction de nouveaux moyens de transports (ligne TGV, métro, stations), de logements (notamment l’ancien village olympique).

Ce nouveau dynamisme s’est ensuite poursuit par la création de nouveaux parcs, de bureaux, de commerces qui ont redynamisé une grande partie de cet ancien quartier industriel.

▪ L’organisation des JO n’a-t-elle que des aspects positifs ? Comment faire en sorte que le coût pour la collectivité ne soit pas trop important (doc. 4) ?

Les JO peuvent avoir des aspects négatifs :Ils nécessitent la construction de nombreuses infrastructures géantes qui rendent l’organisation des jeux très coûteuse pour un Etat (ex : 50 milliards de $ pour Sotchi en 2014). En outre, ces infrastructures ne répondent pas toujours à un besoin permanent des populations locales et sont ensuite abandonnées.Même à Stratford qui a bien profité de la tenue des JO, les effets ne sont pas entièrement positifs : la réhabilitation du quartier s’est accompagnée par fort mouvement de gentrification qui a obligé les populations les plus modestes à quitter le quartier.

Il s’agit d’utiliser au maximum et d’améliorer les infrastructures existantes afin de diminuer le coût de l’organisation des JO. Il faut faire des choix judicieux : construire de grandes infrastructures lorsqu’elles sont manquantes et qu’elles seront utiles ensuite (ex : centre aquatique) et sinon, recourir à des infrastructures temporaires moins chères.

▪ Dans quelle mesure ces documents présentent-ils une vision géographique des Jeux olympiques ? En une ou deux phrases, résumez l’idée essentielle du texte de P. et G. Pinchemel pour donner votre définition de la géographie.

Ces documents donnent une vision géographique des JO en montrant l’influence de ces derniers dans des espaces à différentes échelles :- Les pays impliqués à l’échelle mondiale et la compétition qu’ils se livrent pour obtenir l’organisation

des jeux. L’organisation des jeux montre ainsi la hiérarchie économique mondiale puisque les JO ont surtout été organisés par les pays développés (Europe, Amérique du Nord, Japon, Corée, Chine) ou émergents (Brésil, Russie…) (voir le doc. 1 p. 24).

- Les retombées économiques par exemple à l’échelle nationale (afflux de touristes…) ou locale avec la transformation des espaces pour l’accueil des jeux comme à Stratford.

▪ Dans quelle mesure ces documents présentent-ils une vision géographique des Jeux olympiques ? En une ou deux phrases, résumez l’idée essentielle du texte de P. et G. Pinchemel pour donner votre définition de la géographie.

Mais ce n’est qu’à partir du XIXe s. que la géographie s’affirme comme une branche des sciences humaines (ex : Paul Vidal de la Blache) avec ses propres objets, outils et méthodes. La géographie sert à expliquer comment « les sociétés humaines [dénaturent] la surface de la Terre, entraîne sa transformation ». Les outils du géographe sont divers (cartes, statistiques, photos, textes…). Le géographe adopte une approche systémique, c’est-à-dire que pour comprendre comment une société s’approprie son espace, il faut étudier non seulement les facteurs naturels, mais aussi économiques, sociologiques, politiques, technologiques, historiques…

DÉFINITION : La géographie est une discipline ancienne qui remonte à l’Antiquité. En grec, ce terme signifie « étude de (graphein) la Terre (geo). Il s’agit alors avant tout de connaître les terres et les populations qui y vivent pour pouvoir mieux se déplacer grâce notamment à la réalisation de cartes.

▪ Relevez les différents acteurs de la géopolitique des Jeux olympiques évoqués dans ces documents (doc. 1 et 2).

La géopolitique étudie la concurrence entre des acteurs variés, ici les villes et les pays pour obtenir l’organisation des jeux ou pour obtenir le plus grand nombre de médailles, sans oublier des organisations comme le CIO qui élit le pays hôte.

▪ Quelle inégalité fondamentale révèle la carte (doc. 1) ? Montrez que l’organisation des jeux relève d’un rapport de force économique entre États.

La carte montre l’inégalité au niveau du choix des villes organisatrices. Celles-ci sont soit nord-américaines, européennes, ou est-asiatiques (Corée, Japon). Aucun jeu ne s’est tenu en Afrique par exemple. Les villes des pays en développement ont très peu de chance d’obtenir l’organisation des jeux en raison du coût phénoménal des installations sportives et des infrastructures nécessaires pour accueillir athlètes et touristes durant l’évènement.

Inégalité au niveau aussi des médailles reçues (doc. 2) : les athlètes des pays développés sont avantagés en termes d’entraînement, d’infrastructures, de soins médicaux, de revenus, de compétitions de haut niveau…

▪ Quels intérêts représente l’accueil des JO pour les pays organisateurs ? Quels risques ?

Avantages / Intérêts Risques

- Retombées économiques et

financières à l’échelle locale,

régionale ou nationale (afflux de

touristes, construction

d’infrastructures…)

- Intérêt marketing : donner une image

positive du pays, montrer sa

puissance et sa modernité (ex : pour

la Russie à Sotchi en 2014, pour la

Chine à Pékin en 2008…)

- Coût trop élevé / aux retombées

- Problèmes d’organisation, accidents ou

scandales qui peuvent nuire à l’image

du pays

- Risque de manifestations, d’attentats

en raison du symbole important que

représentent les JO (voir p. 21-22)

▪ En utilisant le palmarès des médailles (doc. 2), montrez l’évolution du rapport de force entre les grandes puissances. Imaginez qui sera le(s) grand(s) gagnant(s) des Jeux olympiques de Tokyo en 2020.

Le palmarès des médailles montre bien l’évolution du rapport de force entre puissances et comment les JO sont instrumentalisés au niveau politique :- Durant la guerre froide, on assiste à une

compétition entre bloc de l’Ouest (EU, RFA notamment) et bloc de l’Est (URSS, RDA).

- Les boycotts respectifs aux jeux de Moscou et de Los Angeles en 1980 et 1984 montrent les tensions entre les 2 Grands.

- Dans les années 90 jusqu’au début des années 2000, on assiste à la victoire successive des EU en 1996, 2000 et 2004 ce qui reflète le statut de d’hyper-puissance des EU à l’époque.

- On constate aussi la montée en puissance de la Chine en termes de médailles gagnées surtout à partir de 2000. La Chine remporte même ses 1ères Olympiades en 2008.

Vu la montée en puissance de la Chine qui est devenue la 2e puissance économique mondiale et le maintien des EU en tant que 1ère puissance économique mondiale, on peut imaginer que ces 2 pays seront en lutte pour la 1ère

place suivis des pays européens (Allemagne, GB, France) et émergents (Russie), sans oublier la Corée du Sud et le Japon qui est le pays hôte.

▪ Donnez une définition de la géopolitique en vous appuyant des p. 24 et 25 et des explications données par Yves Lacoste (doc. 1)

La géopolitique est l’étude de « toute rivalité de pouvoirs sur un territoire » (Yves Lacoste).

Pour être bien comprises, ces rivalités, qui mettent aux prises des acteurs variés (États, entreprises, organisations, individus…), doivent être expliquées sous de multiples angles : la géopolitique est une approche multidisciplinaire qui mobilise histoire, politique, géographie, ethnologie, économie, sciences sociales, étude des représentations…

(ex : Kosovo = berceau de la nation serbe bien que peuplé surtout d’Albanais musulmans, colons de Cisjordanie qui justifient leur présence au nom de l’antériorité biblique)

Un terme polémiqueEmployé pour la 1ère fois par le philosophe et mathématicien Leibniz en 1679 : « une étude de la Terre relativement au genre humain, qui comprend l’histoire universelle et la géographie civile »Terme très controversé car utilisé par les nazis pour justifier leur politique d’annexions territoriales (création d’un « Grand Reich », « espace vital »)Mot longtemps tabou en France mais qui revient à la fin des années 70, surtout grâce aux travaux du géographe Yves Lacoste, fondateur de la revue Hérodote qui se spécialise dans la géopolitique en 1982.

▪ Pourquoi peut-on parler d’un mythe de l’apolitisme olympique ? En quoi le geste de John Carlos et TommieSmith était-il politique (doc. 1 et 2)

Afin de promouvoir la paix, les Jeux olympiques se veulent apolitique, c’est-à-dire sans liens avec la politique. La compétition doit être un terrain neutre où les athlètes de toutes les nations peuvent concourir en paix. Selon Pascal Boniface, cet apolitisme est un mythe car l’objectif même des JO de promouvoir la paix est politique.L’instrumentalisation des JO par les États est politique (ex : volonté de devancer les pays concurrents afin de montrer sa puissance, boycott des EU ou de l’URSS…). Le choix des pays hôtes ou d’exclure des délégations par le CIO relève de données politiques ou du moins stratégiques et économiques…

Grâce à leur couverture médiatique, les JO sont devenus l’occasion de faire connaître des revendications politiques à l’exemple des deux sprinteurs américains qui lèvent leur poing ganté noir pour dénoncer la ségrégation aux EU en 1968. (cfmanifestations pro-tibétaines lors du voyage de la flamme olympique en 2008, doc. 1 p. 22, attentats de Munich…)

▪ Pour quelles raisons le mouvement Momentum s’est-il opposé à la candidature de Budapest ? En quoi cette campagne s’est-elle inscrite dans un combat politique plus large (doc. 4) ?

Le Mouvement Momentum s’oppose à la candidature de Budapest pour les JO de 2024 car l’argent qui serait ainsi dépensé pourrait être mieux utilisé et servir par exemple selon les activistes à « réformer l’éducation et le système de santé ». Le succès de la pétition lancée pousse ainsi le gouvernement hongrois à retirer sa candidature.

Cette contestation s’inscrit dans un mouvement plus large d’opposition à la politique du 1er ministre hongrois Viktor Orban puisque le collectif profite du succès du mouvement pour se transformer en parti politique et participer aux élections législatives de 2018.

▪ Pourquoi la désignation d’une ville hôte constitue-t-elle un enjeu politique ?

La désignation d’une ville hôte est un enjeu politique par l’ampleur des dépenses nécessaires pour accueillir l’évènement, des retombées financières espérées (tourisme, droits de TV…), ou des conséquences pour la vie des habitants (quartiers détruits, populations déplacées, dettes à payer…). La décision d’accueillir les JO divise donc les citoyens et devient l’objet d’affrontements politiques.

▪ Définissez la science politique en expliquant à quels phénomènes la science politique s’intéresse-t-elle.

La science politique étudie les faits politiques. Elle s’intéresse aussi bien aupolitique (organisation politique des sociétés, les gouvernements, les lois, les institutions, relations internationales…) qu’à la politique (conquête et exercice pratique du pouvoir). Elle s’intéresse aussi à la dimension politique de phénomènes sociaux ou d’évènements qui ne s’identifient pas comme politique (ex : les JO, le sport, une catastrophe naturelle…)