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ACTEURS D’ENVERGURE MONDIALE Avec une superficie de 30.528 kilomètres carrés, la Belgique n’est qu’un infime petit point sur la carte du monde. Et pourtant, ce territoire pas plus grand qu’une tête d’épingle à l‘échelle du globe terrestre regorge d’acteurs d’envergure internationale. Des entreprises parties à la conquête du marché mondial. Quelle est la clé de leur succès ? Vous le découvrirez en lisant la série « Acteurs d’envergure mondiale ». ENTREPRISE 2 : AGEAS COMMENT LES ENTREPRISES BELGES PARTENT À LA CONQUÊTE DU MONDE 15 novembre 2014 CONNECT Echo Connect offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accès au réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avec la communauté de L’Echo. Ageas est responsable du contenu. trois autres marchés : le Royaume-Uni, l’Europe continentale (qui com- prend également la Turquie) et l’Asie. Cette dernière région se montre d’ailleurs particulièrement performante. Ageas n’y travaille pas avec des filiales, mais en partenariat avec des leaders locaux et des marques répu- tées qui connaissent le marché mieux que quiconque. En plaçant ses propres collaborateurs dans le management, Ageas asso- cie à ces canaux de distribution son expertise dans le domaine du design de produits, de gestion des risques, de demandes d’indemnisation, de modèles actuariels… « Nous préférons être forts dans un nombre réduit de pays, que dans le ventre mou partout à la fois », explique le CEO Bart De Smet. « Notre objectif est d’atteindre le top 5 dans les pays où nous sommes présents. » Cette philosophie explique l’accent qui est mis sur des marchés émer- gents comme la Chine, l’Inde, la Malaisie ou la Thaïlande, ainsi que l’in- térêt porté à d’autres marchés qui combinent population dense, crois- sance rapide et faible pénétration des assurances, comme l’Indonésie, le Vietnam, le Cambodge et les Philippines. « Le Japon, la Corée du Sud et Taïwan sont en revanche des marchés totalement matures. Nous préfé- rons dès lors les éviter, parce que nous ne pouvons y jouer aucun rôle significatif » conclut Bart De Smet. « Ageasie » « Comment ça, Ageas est en Asie ? » Vous n’avez pas idée du nombre de fois que l’on me pose cette question. Pourtant, nous y sommes un acteur d’envergure. Nous sommes le cinquième assureur-vie de Chine, le deuxième de Thaïlande et le troisième assureur en Malaisie. Et ce, en suivant un modèle très particulier, qui consiste à associer notre expérience internationale à l’expertise locale. Entre-temps, nous employons plus de 33.000 personnes et près de 170.000 agents en Asie. Aujourd’hui, les activités d’assurance en Asie représentent environ 15% de nos fonds propres, et représentent déjà 25% de notre bénéfice. Le tout en treize ans à peine ! De plus, il semblerait que les arbres grandissent jusqu’au ciel sur ce continent. La classe moyenne est en plein essor et le marché des assurances recèle encore un énorme potentiel. Il serait dès lors logique que notre volume d’activité en Asie dépasse celui que nous réalisons en Belgique. Car finalement, nous réalisons avec AG Insurance un peu plus d’un tiers de notre chiffre d’affaires et la moitié du bénéfice du groupe sur une population de 11 millions de personnes, alors que la population d’Asie se chiffre en milliards. Nos activités dans les pays émergents sont un complément idéal au marché mature des assurances en Europe. Alors que le principal défi réside plutôt dans le contrôle de la croissance en Asie, le marché européen des assurances est aussi confronté à ses propres difficultés, telles que la nouvelle réglementation et les taux très bas. Mais Ageas est suffisamment flexible pour répondre à l’évolution du contexte dans lequel elle opère. Nous sommes convaincus que notre excellente position domestique et notre bonne liquidité, combinées à notre situation solide dans un certain nombre de marchés européens matures et notre position de tête sur plusieurs marchés émergents comme la Chine, la Malaisie, la Thaïlande, l’Inde et la Turquie, nous offrent de belles perspectives pour l’avenir. Bart De Smet CEO Ageas achetons également des actions d’entreprises belges », explique Hans De Cuyper. « Notre por- tefeuille d’actions reste cependant relativement réduit parce que nous devons détenir trop de capitaux propres en contrepartie. En revanche, nous nous intéressons de plus en plus aux obliga- tions d’entreprises. Naturellement, nous investis- sons également beaucoup dans l’infrastructure et l’immobilier. » C’est ici le terrain de chasse d’AG Real Estate. Cette branche prend à son compte un tiers des 6.100 salariés d’AG Insurance. L’un de ses projets le plus marquants est le programme « Écoles de Demain » (Scholen van Morgen) : il prévoit la construction de 165 nouvelles écoles à l’horizon 2017 dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la Région flamande. Partenariat Outre AG Insurance, Ageas est encore active sur S i Ageas n’existe que depuis cinq ans sous sa forme actuelle, les racines de l’assureur belge remontent au début du XIXe siècle. La compagnie originelle, AG Vie – pour Compagnie d’Assurances Générales sur la Vie, les Fonds Dotaux et les Survivances –, a en effet été fondée en 1824. Après une série d’acquisitions, la compagnie d’assurances rejoint le nouveau groupe Fortis en 1990. Fortis absorbera ensuite la CGER et la Générale de Banque, pour transférer toutes les activités d’assurances dans Fortis AG. Pourtant, ce ne sera pas une réussite. ABN Amro est un trop gros pois- son, et Fortis doit finalement être sauvée par les contribuables belges, néerlandais et luxembourgeois. En mai 2009, le gouvernement belge vend Fortis Banque au groupe français BNP Paribas. Les activités dans les assurances sont alors héber- gées dans Fortis Holding, qui adopte un an plus tard la dénomination Ageas. Entre-temps, les activités d’assurances belges du holding ont déjà été rebaptisées AG Insurance. Leader sur le marché Cinq ans plus tard, Ageas fait partie du club fermé des vingt plus grands assureurs d’Europe. Le groupe compte plus de 13.000 collaborateurs dans les entités consolidées, et plus de 33.000 dans les entités non consolidées. Les primes encaissées dépassent les 23 milliards d’euros par an. En Belgique, Ageas est le leader du marché de l’assurance-vie individuelle et des employee benefits, par l’intermédiaire d’AG Insurance. C’est également l’un des principaux acteurs dans le segment « non-vie », c’est-à-dire les assurances qui couvrent l’incendie, les accidents et les risques divers. En Belgique par exemple, un million de voitures sont assurées par AG Insurance. Ce marché de l’assurance non-vie commence cependant à être saturé en Europe, affirme Hans De Cuyper, Chief Financial Officer (CFO) d’AG Insurance. Il voit en revanche un potentiel de croissance dans le domaine de l’État-providence et des soins de santé. « On note par exemple une augmentation des besoins de couverture pour les maladies graves et les frais médicaux, ainsi que pour les produits liés au vieillissement de la population, comme les pensions ou l’assurance dépendance, lorsqu’une personne ne peut plus prendre soin d’elle même. » Investisseur AG Insurance est également un investisseur important dans l’économie belge. « Nous détenons énormément d’obligations publiques mais nous Cette semaine > © Thierry du Bois LES RACINES EN BELGIQUE, LA TÊTE EN ASIE Un vieil arbre en fleurs, avec quelques branches qui s’étendent rapidement. C’est la métaphore qui définit le mieux Ageas. Le groupe belge d’assurance profite pleinement de l’essor asiatique.

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Page 1: Acteursmondiale lecho 20141115

ACTEURSD’ENVERGURE MONDIALEAvec une superficie de 30.528 kilomètres carrés, la Belgique n’est qu’un infime petit point sur la carte du monde. Et pourtant,ce territoire pas plus grand qu’une tête d’épingle à l‘échelle du globe terrestre regorge d’acteurs d’envergure internationale. Desentreprises parties à la conquête du marché mondial. Quelle est la clé de leur succès ? Vous le découvrirez en lisant la série « Acteurs d’envergure mondiale ». ENTREPRISE 2 : AGEAS

COMMENT LES ENTREPRISES BELGES PARTENT À LA CONQUÊTE DU MONDE

15 novembre 2014

CONNECT Echo Connect offre aux entreprises, organisations et organismes publics l’accèsau réseau de L’Echo, pour partager leur vision, leurs idées et leurs solutions avecla communauté de L’Echo. Ageas est responsable du contenu.

trois autres marchés : le Royaume-Uni, l’Europe continentale (qui com-prend également la Turquie) et l’Asie. Cette dernière région se montred’ailleurs particulièrement performante. Ageas n’y travaille pas avec desfiliales, mais en partenariat avec des leaders locaux et des marques répu-tées qui connaissent le marché mieux que quiconque.En plaçant ses propres collaborateurs dans le management, Ageas asso-cie à ces canaux de distribution son expertise dans le domaine du designde produits, de gestion des risques, de demandes d’indemnisation, demodèles actuariels… « Nous préférons être forts dans un nombre réduitde pays, que dans le ventre mou partout à la fois », explique le CEO BartDe Smet. « Notre objectif est d’atteindre le top 5 dans les pays où noussommes présents. »Cette philosophie explique l’accent qui est mis sur des marchés émer-gents comme la Chine, l’Inde, la Malaisie ou la Thaïlande, ainsi que l’in-térêt porté à d’autres marchés qui combinent population dense, crois-sance rapide et faible pénétration des assurances, comme l’Indonésie, leVietnam, le Cambodge et les Philippines. « Le Japon, la Corée du Sud etTaïwan sont en revanche des marchés totalement matures. Nous préfé-rons dès lors les éviter, parce que nous ne pouvons y jouer aucun rôlesignificatif » conclut Bart De Smet.

« Ageasie »« Comment ça, Ageas est en Asie ? »

Vous n’avez pas idée du nombre de fois que l’on me pose cette question. Pourtant, nous ysommes un acteur d’envergure. Nous sommes le cinquième assureur-vie de Chine, le deuxième

de Thaïlande et le troisième assureur en Malaisie. Et ce, en suivant un modèle très particulier, quiconsiste à associer notre expérience internationale à l’expertise locale. Entre-temps, nous employons

plus de 33.000 personnes et près de 170.000 agents en Asie.Aujourd’hui, les activités d’assurance en Asie représentent environ 15% de nos fonds propres, et représententdéjà 25% de notre bénéfice. Le tout en treize ans à peine ! De plus, il semblerait que les arbres grandissentjusqu’au ciel sur ce continent. La classe moyenne est en plein essor et le marché des assurances recèle encore unénorme potentiel.Il serait dès lors logique que notre volume d’activité en Asie dépasse celui que nous réalisons en Belgique. Carfinalement, nous réalisons avec AG Insurance un peu plus d’un tiers de notre chiffre d’affaires et la moitié du bénéficedu groupe sur une population de 11 millions de personnes, alors que la population d’Asie se chiffre en milliards.Nos activités dans les pays émergents sont un complément idéal au marché mature des assurances en Europe. Alorsque le principal défi réside plutôt dans le contrôle de la croissance en Asie, le marché européen des assurances est aussiconfronté à ses propres difficultés, telles que la nouvelle réglementation et les taux très bas. Mais Ageas est

suffisamment flexible pour répondre à l’évolution du contexte dans lequel elle opère. Noussommes convaincus que notre excellente position domestique et notre bonne

liquidité, combinées à notre situation solide dans un certain nombre demarchés européens matures et notre position de tête sur

plusieurs marchés émergents comme la Chine, la Malaisie,la Thaïlande, l’Inde et la Turquie, nous offrent de bellesperspectives pour l’avenir.

Bart De SmetCEO Ageas

achetons également des actions d’entreprisesbelges », explique Hans De Cuyper. « Notre por-tefeuille d’actions reste cependant relativementréduit parce que nous devons détenir trop decapitaux propres en contrepartie. En revanche,nous nous intéressons de plus en plus aux obliga-tions d’entreprises. Naturellement, nous investis-sons également beaucoup dans l’infrastructureet l’immobilier. »C’est ici le terrain de chasse d’AG Real Estate.Cette branche prend à son compte un tiers des6.100 salariés d’AG Insurance. L’un de ses projetsle plus marquants est le programme « Écoles deDemain » (Scholen van Morgen) : il prévoit laconstruction de 165 nouvelles écoles à l’horizon2017 dans le cadre d’un partenariat public-privéavec la Région flamande.

PartenariatOutre AG Insurance, Ageas est encore active sur

Si Ageas n’existe que depuis cinq ans sous sa forme actuelle,les racines de l’assureur belge remontent au début du XIXesiècle. La compagnie originelle, AG Vie – pour Compagnied’Assurances Générales sur la Vie, les Fonds Dotaux et lesSurvivances –, a en effet été fondée en 1824. Après une séried’acquisitions, la compagnie d’assurances rejoint le nouveau

groupe Fortis en 1990. Fortis absorbera ensuite la CGER et la Généralede Banque, pour transférer toutes les activités d’assurances dans FortisAG.Pourtant, ce ne sera pas une réussite. ABN Amro est un trop gros pois-son, et Fortis doit finalement être sauvée par les contribuables belges,néerlandais et luxembourgeois.En mai 2009, le gouvernement belge vend Fortis Banque au groupefrançais BNP Paribas. Les activités dans les assurances sont alors héber-gées dans Fortis Holding, qui adopte un an plus tard la dénominationAgeas. Entre-temps, les activités d’assurances belges du holding ont déjàété rebaptisées AG Insurance.

Leader sur le marchéCinq ans plus tard, Ageas fait partie du club fermé des vingt plus grandsassureurs d’Europe. Le groupe compte plus de 13.000 collaborateursdans les entités consolidées, et plus de 33.000 dans les entités nonconsolidées. Les primes encaissées dépassent les 23 milliards d’euros par an.En Belgique, Ageas est le leader du marché de l’assurance-vie individuelle et des employee benefits, par l’intermédiaire d’AGInsurance. C’est également l’un des principaux acteurs dans le segment « non-vie », c’est-à-dire les assurances qui couvrent l’incendie,les accidents et les risques divers. En Belgique par exemple, un million devoitures sont assurées par AG Insurance. Ce marché de l’assurance non-vie commence cependant à être saturé enEurope, affirme Hans De Cuyper, Chief Financial Officer (CFO) d’AGInsurance. Il voit en revanche un potentiel de croissance dans le domainede l’État-providence et des soins de santé. « On note par exemple uneaugmentation des besoins de couverture pour les maladies graves et lesfrais médicaux, ainsi que pour les produits liés au vieillissement de lapopulation, comme les pensions ou l’assurance dépendance, lorsqu’unepersonne ne peut plus prendre soin d’elle même. »

InvestisseurAG Insurance est également un investisseur important dans l’économiebelge. « Nous détenons énormément d’obligations publiques mais nous

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LES RACINES EN BELGIQUE,

LA TÊTE EN ASIE

Un vieil arbre en fleurs, avec quelques branches qui s’étendent rapidement. C’est la métaphore qui définitle mieux Ageas. Le groupe belge d’assurance profitepleinement de l’essor asiatique.

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pour chaque paysan une prime qu’il pourra dif-ficilement payer individuellement. Nous leuroffrons de souscrire une assurance en groupe.Génial, non ? N’oubliez pas que, dans ces pays,les inondations sont souvent une question devie ou de mort. »

Fuseaux horairesAgeas a-t-elle l’ambition de déployer son expérience des marchés émergents en dehorsd’Asie ? « L’Asie et l’Europe sont des marchéstrès complémentaires », rétorque le directeurd’Ageas, Bart De Smet. « Faisons d’abord ensorte de réussir là-bas. D’autant que ce conti-nent présente encore d’autres avantages. Lesfuseaux horaires y sont nos alliés, par exemple.Quand nous commençons à travailler le matinen Europe, il est midi en Asie. Il est ainsi plusfacile de discuter ensemble, par vidéoconfé-rence par exemple. » « Si nous ajoutons un pôle latino-américain,nous serons confrontés à un nouveau fuseau

portrait

Le marché de l’assurance est en forte croissanceen Asie. Ageas en récolte les fruits grâce à unremarquable système de partenariat, dans le respect de la culture locale.

« NOUS DEVONS continuer de

horaire qui nous obligera à modifier toute notre organisation »,remarque Bart De Smet. « Il sera impossible de réunir tous lesacteurs-clés au même moment. C’est pourquoi nous nousconcentrons sur ces deux régions. Naturellement, aucune déci-sion n’est éternelle. »

Plus sûrs d’euxLes acteurs locaux aussi veulent continuer à aller de l’avant. « Nos partenaires attendent de nous que nous continuions àleur apporter de la valeur ajoutée », explique Filip Coremans. « Nous ne pouvons donc pas nous reposer sur nos lauriers oufaire preuve de suffisance. Nous devons continuer à séduire :rester attentifs à ce qui change et beaucoup parler et écouter.L’Asie d’il y a 10 ans n’est pas l’Asie d’aujourd’hui. LesAsiatiques ont gagné en assurance, mais ils ont égalementdéveloppé d’autres besoins. »« En Chine par exemple, notre partenaire parle de plus en plusde s’étendre à l’étranger », poursuit le CRO. « Naturellement,nous possédons l’expérience nécessaire. Mais nous avons éga-lement des partenaires dans des pays voisins, qui verraient ainsila concurrence s’intensifier. Donc oui, la situation reste intéres-sante. » (il rit)

- « Est-il vrai qu’il est très difficile de dire non dans de nom-breuses cultures asiatiques ? »

- « Oui. En Malaisie, ils n’ont même pas de véritable mot pourdire "non". »

- « En fait, ils disent donc oui à chaque fois que vous demandezquelque chose. »

- « Plus ou moins. »- « Et si cela ne marche pas ? Vous avez demandé quelquechose, et ils ont répondu "oui". »

- « Pas du tout, c’est très subtil. Ils ont dit non, mais vous n’avezpas compris. »

Filip Coremans sourit face à notre regard interloqué. Fortd’une expérience d’une dizaine d’années en Asie, ce pionnierconnaît les usages locaux comme nul autre. L’actuel Chief RiskOfficer (CRO) d’Ageas à Bruxelles a successivement travailléquatre ans en Malaisie, trois ans en Inde et cinq ans à HongKong. « L’âge d’or », se souvient-il. « Tous ceux qui travail-laient là-bas à l’époque sont tombés amoureux de cetterégion. »« Stoïque vis-à-vis de l’extérieur, très sensible à l’intérieur » :telle est sa description de l’Asie. C’est d’ailleurs la raison pourlaquelle vous devez vous y rendre vierge de toute compétence.« Vous devez être ouvert au fait que si quelque chose ne fonc-tionne pas, c’est de votre faute. Car vous n’avez pas compriscomment il fallait procéder. »Cette humilité – « typiquement belge » – est notamment à labase de la réussite des partenariats mis sur pied par Ageas. « Sivous voulez vous engager avec les meilleurs, vous devez aussipouvoir faire des compromis. Notre background de fédéralismenous procure un peu plus de flexibilité concernant tout ce quirelève du contrôle et de l’influence. »Ageas laisse ainsi le branding et le contrôle à ses partenaireslocaux. « Notre ambition n’est pas de voir flotter le drapeaud’Ageas partout : nous voulons avant tout construire des cham-pions locaux », poursuit Filip Coremans. « D’ailleurs, les plusgrands assureurs de France sont des Français, ceux de Belgique,des Belges. Pourquoi en irait-il différemment en Asie ? »Dans cette collaboration, Ageas doit aussi tenir compte dupoids de la hiérarchie en Asie, souffle encore Filip Coremans. « Nous essayons toujours d’envoyer une personne du mêmeniveau hiérarchique aux réunions. Si Jozef De Mey, le présidentd’Ageas, n’y avait pas joué un rôle aussi important, nous n’au-rions jamais pu mettre le pied dans la porte en Chine. Ils veulentun président pour parler avec leur président. Pour eux, c’est unequestion de respect. »

Le bâton dans le solHans De Cuyper, l’actuel CFO d’AG Insurance, a également tra-vaillé en Asie pendant des années, notamment à Hong Kong eten Malaisie. « Je trouve qu’ici, nous nous préoccupons surtoutde préserver le présent, parfois même de gérer le déclin. En Asie, on construit l’avenir. Ils comblent leur retard en gardantles yeux grand ouverts et en nous copiant. Sauf pour noserreurs, bien sûr. »Le monde de l’assurance aussi est en plein essor en Orient,signale Hans De Cuyper. « Ici, en Europe, nous réfléchissons trèslongtemps, nous analysons toutes les options. Là, le marchénous force à aller de l’avant, quitte à rectifier par la suite. » « La chose la plus passionnante que j’ai apprise en Asie ? À sor-tir des sentiers battus », indique Hans De Cuyper. « Oser remet-tre en cause ce qui est d’usage sur notre marché domestique,tester les limites de ce qui est possible. Lorsqu’on se rend àl’étranger, on remarque souvent qu’il est possible de procéderautrement. Ainsi avons-nous vu comment l’assurance dépassele traditionnel système de l’indemnisation pour se focaliser surle bien-être total du client en Malaisie. Et cette approche fonc-tionne. »Un autre exemple ? L’idée qu’un assureur n’a rien à offrir auxcouches inférieures de la population, explique Hans De Cuyper.« C’est possible à condition de changer d’approche. Dans unerégion rurale par exemple, nous plantons un bâton dans le sol,nous traçons une marque à la craie à une certaine hauteur etnous disons aux paysans : si l’eau arrive ici, vous êtes indemni-sés. De cette manière, nous ne sommes pas obligés de calculer

Assurer tout en respectant

la religion locale

Plusieurs pays du sud-est de l’Asie abritent uneimportante population musulmane. Cela a-t-ilun impact sur les activités d’un assureur ? Oui,car la loi islamique n’autorise pas l’assurancetelle que l’Occident la conçoit.En Malaisie, Ageas détient une participation deprès de 31% dans Etiqa Takaful, le numéro unabsolu de l’assurance islamique, ou Takaful.

Quel est le problème ?Trois éléments de la charia ou loi islamique inter-disent les assurances conventionnelles. Le pre-mier est l’incertitude (« gharar »), ce qui se tra-duit par le fait que ni le moment, ni le montantdu dédommagement ne sont connus au débutdu contrat. Ensuite, la charia interdit les intérêts

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SÉDUIRE »

Hong Kong reste une région qui recèle d’énormes opportunités

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« Si seulement nouspouvions rééditer dixfois notre success-story thaïlandaise… »La Chine et la Thaïlande en sont les meilleures preuves :Ageas a choisi le bon modèle pour planter son drapeauen Asie. Un modèle qui consiste à enregistrer une fortecroissance à l’aide de participations minoritaires.

En moins de 15 ans, l’Asie est devenue la deuxième source debénéfices d’Ageas. Derrière la Belgique, mais devant leRoyaume-Uni et l’Europe continentale. « D’autres assureursse sont rendus en Asie avec l’idée qu’ils devaient tout surveil-

ler, tout contrôler. Et si possible être propriétaires de ces entreprises », sourit Filip Coremans, Chief Risk Officer d’Ageas. « Nous avons appliqué une philosophie totalement différente. »La grande réussite d’Ageas trouve son origine dans sonmodèle de partenariat, explique-t-il. « Nous choisissonsuniquement des partenaires très sérieux. Ce sont généra-lement de grandes institutions financières bien gérées,qui disposent également d’une marque forte. Et si pos-sible, cotées en Bourse, afin qu’elles soient aussi sous lasurveillance des marchés financiers. En Thaïlande parexemple, Ageas détient une participation de 31% dansMuang Thai Life, une joint-venture avec l’éminentefamille Lamsam et la Kasikornbank, troisième banque dupays. Cette dernière gère plus de 1.000 filiales, pour untotal bilantaire de 51 milliards d’euros et une capitalisation

boursière de 11 milliards d’euros. Muang Thai Life a rapide-ment conquis la première position en termes de nouvelles

polices en Thaïlande. »« J’aimerais que nous rééditions une dizaine de fois cette suc-

cess-story thaïlandaise », poursuit Filip Coremans. « Quand nousy sommes arrivés en 2004, Kasikornbank était numéro 7 en matière

d’encaissement de primes dans l'assurance-vie ; dix ans plus tard, noussommes déjà numéro 2. L’an prochain, nous aurons récupéré la totalité

du montant que nous y avons investi depuis 2004. »

Classe moyenneL’autre grande réussite d’Ageas est la Chine, où le groupe belge d’assurancedétient un quart de Taiping Life. Le propriétaire de cet assureur est égale-ment coté en Bourse (à Hong Kong), avec une capitalisation boursière deplus de 3 milliards d’euros.Il subsiste des opportunités, souligne le CEO Bart De Smet. « Ce n’est pasparce que la croissance est retombée à “seulement” 6 ou 7% en Chine quele marché de l’assurance ne peut pas se développer à un rythme de 20 à25%. Ce pays allie une classe moyenne en plein essor et un faible taux depénétration pour les assurances. En d’autres termes, il a un important retardà combler. »

(« riba »), comme les garanties de taux dans lesassurances-vie. Elle inclut également l’interdic-tion d’investir dans certains secteurs comme lesbrasseries, les casinos… Enfin, il y a l’interdictiondu jeu (« maysir »). Pour un musulman, payerune prime pour un dommage futur qui resteincertain revient à jouer à un jeu de hasard.

Quelle est la solution ?Au lieu de verser une prime comme le prévoit lecontrat d’assurance traditionnel, les participantspaient une contribution à un fonds commun,appelé Takaful. Chaque participant signe alorsun contrat par lequel il s’affilie au groupe etaccepte d’aider les autres participants si l’und’entre eux subit une perte déterminée.

C’est donc une sorte de mutualité qui est orga-nisée en échange d’une commission pour l’assu-reur.

Le modèle est-il importable en Europe ?

L’expérience qu’accumule Ageas avec le Takafulpeut-elle lui être utile dans nos contrées ?L’Europe abriterait 38 millions de musulmans.Mais la majorité d’entre eux habitent en Europecentrale et en Europe de l’Est, en Russie et enAllemagne, des marchés où Ageas n’est pas pré-sente ou dont elle s’est retirée. Si cette option nesemble pas envisageable dans l’immédiat, rienne dit qu’à plus long terme elle ne sera pasexplorée.

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EUROPE CONTINENTALE (Luxembourg, Italie, Turquie, France, Portugal)•1.070 collaborateurs•4,9 millions de clients•1,5 million de voitures assurées•1,75 million de logements assurés•N° 1 en Vie au Portugal•N° 4 en Non-Vie en Turquie•N° 2 en matière de libre prestation desrevices au Luxembourg

Conseiller dumaharadjah

Ceux qui partent à l’étranger pour Ageasdoivent donner satisfaction au partenaire local.

« Le partenaire local fournit la marque et la distribution, nous apportons l’expertiseinternationale. C’est le deal », explique Filip Coremans, CRO d’Ageas. « Nous avons dès

lors besoin d’excellents profils techniques : actuaires, spécialistes de la gestion des risquesou directeurs financiers… » Les candidats intéressés font l’objet d’un screening approfondi,

embraie Hans De Cuyper, directeur financier d’AG Insurance. « Il est crucial de trouver la personneidéale. En Malaisie par exemple, nous avons quatre personnes en poste chez notre partenaire local,

sur un total de plus de 10.000 salariés. Dans un tel cas de figure, nous n’avons aucune marge d’erreur. »« Ces expatriés doivent aimer l’aventure, éviter de trop réfléchir en termes de politique et avoir la matu-rité et la compétence nécessaires pour gagner la confiance du CEO local », complète Filip Coremans. « Ilssavent qu’ils ne feront pas carrière là-bas, mais qu’ils pourront progresser chez Ageas si notre partenaireest satisfait de leur travail. En fait, ce sont de véritables ambassadeurs d’Ageas. Ce rôle de « conseiller duroi » est fondé sur l’influence, pas le contrôle. C’est une méthode qui fonctionne très bien en Asie, car elle

permet de mettre des mesures en place dans un grand respect. »

Les meilleures pratiquesAgeas exploite habilement les meilleures pratiques des partenariats pour améliorer le servicedans les autres pays. Pour autant, il ne s’agit pas uniquement de transférer des connais-sances : les collaborateurs aussi doivent être mobiles. « La valeur ajoutée d’un expatriéaugmente rapidement les deux ou trois premières années pour plafonner ensuite »,explique Filip Coremans. « C’est le cas dans toutes les fonctions managériales.

C’est pourquoi il convient également d’organiser une rotation des expa-triés, afin de générer régulièrement de nouvelles idées. De plus,ces expatriés construisent ainsi un réseau dont Ageas pro-

fite également. »

Ageas dans le monde

BELGIQUE•3,7 millions de clients•1.006.000 de voitures assurées•1.325.000 de logements assurés•6.083 collaborateurs•Distribution d’assurances via BNP Paribas Fortis, Fintro, bpost banque et courtiers indépendants

•N° 1 en Vie•N° 2 en Non-Vie

ROYAUME-UNI•9,2 millions de clients•3,6 millions de voitures assurées•2,8 millions de ménages avec assurances habitation•5.777 collaborateurs•N° 2 dans l’assurance voiture particulière•N° 6 en Non-Vie

ASIE (Hong Kong, Chine, Thaïlande,Malaisie, Inde)•18 millions de clients•170.000 agents•N° 6 en Vie en Chine•N° 2 en Vie en Malaisie•N° 1 en Non-Vie en Malaisie•N° 2 en Vie en Thaïlande•N° 5 en Non-Vie en Thaïlande•N° 5 en réseau d’agents à Hong Kong

Source : Ageas, chiffres de fin décembre 2013

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ACTEURS D’ENVERGURE MONDIALE

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De Mey : « La communication et la transparencefigurent dans notre ADN. Nous voulons direcomment nous allons et quels défis nous pré-voyons pour le futur. »« Pour les actionnaires institutionnels, il y a lesinvestor relations et les roadshows classiques,auxquels participent toutes les sociétés cotées enBourse. Nous fournissons également des explica-tions après chaque résultat trimestriel. »« Pour les actionnaires particuliers belges, nousavons fondé l’Ageas Club (lire ci-contre). Enoutre, nous tenons également un stand trois foispar an, aux happenings de la VFB et de FinanceAvenue. Enfin, Bart De Smet chatte régulière-ment avec les lecteurs de L'Echo et du Tijd. »Un autre canal intéressant est le blog de KoenDevos, Head Investor Relations, sur la page d’ac-cueil du site internet d’Ageas. Il y discute chaquesemaine de l’évolution de l’action.

Ageas applique une politique de dividendeclaire. Elle distribue entre 40 et 50% dubénéfice annuel des activités d’assurance àses actionnaires.

Jozef De Mey, président d’Ageas, préconise une com-munication claire avec les actionnaires. Et cela commencepar une stratégie transparente. « L’actionnaire doit savoir cequ’il peut attendre de nous. C’est pourquoi nous avonsannoncé fin 2009 que nous allions nous concentrer surl’Europe et sur l’Asie. Une décision qui impliquait également

une réévaluation de notre portefeuille, et nous a amenés à quitter desmarchés comme la Russie et l’Ukraine. »

On recense de nombreux marchés émergents. Pourquoi vousconcentrer sur l’Asie ?De Mey : « Lorsque l’on analysait les marchés émergents au début du siè-cle, on avait deux options : soit l’Europe de l’Est, soit l’Asie. À l’époque,je trouvais que nous arrivions dix ans trop tard pour la première. Tous lesgrands assureurs européens y étaient déjà présents. »

A posteriori, l’Asie était-elle le bon choix ?De Mey : « Treize ans plus tard, nous sommes encore très heureux denotre décision. Naturellement, il faut pouvoir se montrer patient sur lesmarchés émergents. Ils sont petits, ils doivent encore se développer. Cecidit, ils ont déjà acquis un certain poids. Regardez la Chine et laThaïlande, deux marchés où les assurances enregistrent une croissancede 20 à 25% par an. L’Asie représente aujourd’hui 15% de nos activités,mais apporte un quart des primes perçues et des bénéfices d’Ageas. »

Le groupe financier Ping An détient 5,2% d’Ageas. Cetteconnexion chinoise peut-elle contribuer à ouvrir des portes enAsie ?De Mey : « Non. En Chine, nous sommes même un grand concurrent dePing An avec Taiping Life, une compagnie dans laquelle nous possédonsune participation de 25%. »

« Gardez le contact avec vos actionnaires, qu’ils détiennent unecentaine d’actions ou une participation de 4%. » C’est ce queconseillait le CEO Bart De Smet dans une tribune. Comment Ageasprocède-t-elle dans la pratique ?

ÊTRE TRÈS CLAIRSENVERS TOUT LE MONDE »

« Nous voulions

Jozef De Mey, le président Ageas, entrevoit un avenir radieux, surlequel plane cependant l’ombre du passé. « Il est impossible de prévoir quand se termineront les actions juridiques en cours contrenous. Elles sont d’une incroyable complexité. »

Ces cinq dernières années,nous avons investi environ 2 milliards d’euros et distribué le même montantaux actionnaires. »

~ Jozef De Mey, président d’Ageas

interview

« Une missionprincière attirel’attention surnos activités enAsie »

Les contacts locaux et les contrats existent déjà. Une mission prin-cière n’a donc plus aucune utilité à cet égard pour Ageas.Cependant, une mission de ce genre permet aussi de consolider lesliens avec les partenaires locaux, et d’accroître la notoriété et la

connaissance des activités d’Ageas auprès des dirigeants belges.Fin novembre, ce sera la troisième fois qu’Ageas participe à une missioncommerciale belge dans un pays où elle est déjà active. Après la Turquie en2012 et la Thaïlande en 2013, ce sera le tour de la Malaisie.« Contrairement à la plupart de nos collègues, nous ne participons pas àcette mission princière pour conclure des contrats locaux », explique le CEOBart De Smet. « Pour nous, c’est surtout l’occasion de montrer qu’Ageas s’estconstitué une excellente position sur ce marché avec son partenaire –Maybank – en Malaisie. Nous pouvons ainsi clarifier le profil du groupe.Aujourd’hui, de nombreuses personnes s’étonnent encore lorsque je leurexplique ce que nous faisons en Malaisie et la position que nous y occupons.Les missions princières nous aident à attirer l’attention sur cet aspect denos activités. »

Prestige et estime« Pour nos partenaires locaux, c’est un honneur de pouvoir participer à detelles missions », poursuit Bart De Smet. « Le Prince Philippe a accédé autrône peu après son passage en Thaïlande en 2013, ce qui a encore accru leprestige du CEO local qui l’a rencontré. En Asie, le respect pour les person-nalités, les structures et les institutions est énorme. »Et pour le CEO, est-ce une corvée ou un plaisir ? « Heureusement, je trouvedu plaisir dans tout ce que je fais », sourit Bart De Smet. « Et avec des activi-tés aussi variées, on ne s’ennuie jamais. En Malaisie, je vais rencontrer desdirigeants politiques et des investisseurs, rendre visite à des partenaireslocaux, déjeuner avec nos collaborateurs sur place, tenir des conférences depresse… Les quelques jours que je passerai là-bas seront donc largementrentabilisés. »

Le roi Philippe, encore prince à l’époque,lors de la mission économique.

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De Mey :« C’est vrai.Le holding pos-sède un trésor deguerre considérable(Jozef De Mey entend par làune position nette de trésorerie de1,5 milliard d’euros, un matelas que détient Ageas en plus des réservesde capitaux imposées par la loi aux filiales en assurance, NDLR.). Nousl’utilisons avant tout pour financer la croissance interne et les acquisi-tions. En l’absence d’opportunités intéressantes, nous ristournons cetargent à nos actionnaires. Ces cinq dernières années, nous avons investienviron 2 milliards d’euros dans nos activités, et distribué à peu près lemême montant aux actionnaires sous la forme de dividendes et durachat d’actions propres. »

Votre CEO disait qu’Ageas n’était pas une action de bon père defamille. Partagez-vous son opinion ?De Mey : « Quelle est la définition d’une action de bon père de famille ?Ceux qui achètent une action doivent savoir qu’elle comporte un risque.Nous sommes un assureur, et nous voulons développer cette activité.Mais si un investisseur achète une action Ageas, il doit savoir qu’il y aactuellement des actions juridiques en cours contre la société. Nous necachons rien à ce propos. »

L’action qui saute le plus aux yeux est celle de FortisEffect. Entant qu’héritier juridique de Fortis, Ageas a été condamnée pourcommunication trompeuse entre le 29 septembre et le 1er octobre2008.De Mey : « Je ne suis toujours pas convaincu qu’il y ait eu une communi-cation trompeuse à l’époque, mais bon, le juge a tranché. En tant queconseil d’administration, notre devoir consiste à présent à combattrecette décision dans l’intérêt de la société (Ageas s’est pourvue enCassation contre l’arrêt, NDLR). »

Ne craignez-vous pas un effet en cascade ? D’autres actionsFortis courent sur des périodes plus longues, et les réparationspourraient être beaucoup plus importantes.De Mey : « Non, pas vraiment. FortisEffect reste un cas isolé. Je veux sou-ligner ceci : si nous devons payer des indemnités avant que le pourvoi enCassation ait été tranché et si nous obtenons gain de cause par la suite,nous devrons récupérer cet argent. Cela montre toute la complexité dudossier. »

Combien de temps Ageas sera-t-elle encore poursuivie par lesactions juridiques de l’ère Fortis ?De Mey : « Impossible de fixer une date. Lorsqu’on me pose cette ques-tion, il m’arrive de répondre : 100 ans. C’est de l’humour, ce ne sera pasautant, mais ce sera encore long. »

Ageas et ses partiesprenantes

«Nous avons fait le choix de la trans-parence », martèle Bart De Smet,CEO d’Ageas. « Au moment de lacrise de l’euro par exemple, nous

avons été parmi les premiers à publier la compo-sition détaillée de notre portefeuille de titrespublics. Cette ouverture n’est pas toujoursagréable, mais notre cohérence contribue àgagner la confiance des investisseurs et des ana-lystes. En témoignent les récompenses que nousa décernées l’Association belge des analystesfinanciers en 2012 et 2014 pour notre commu-nication. »Le personnel aussi est informé et impliqué.Chaque trimestre, nos salariés peuvent poserdes questions à Bart De Smet et ses collèguessur le parcours de l’entreprise, dans le cadred’une séance de chat. Ageas fait égalementpreuve d’une grande transparence vis-à-vis dumonde financier en général et de ses action-naires en particulier.Nous avons posé quelques questions à Jozef De Mey au sujet de ces derniers.

Qui est l’actionnaire type d’Ageas ? De Mey : « Compte tenu du passé Fortis,

nous distinguons trois types d’actionnaires. Lepremier groupe est composé des actionnairesqui l’étaient déjà avant septembre-octobre2008 et le sont toujours. Le deuxième groupeest également composé d’actionnaires “histo-riques”, à cette différence près qu’eux ontracheté après l’implosion de l’action et ontainsi récupéré une grande partie de leurspertes. Enfin, il y a les nouveaux actionnairesqui sont arrivés après octobre 2008. Nous estimons que ces nouveaux actionnaires sontdésormais majoritaires. »

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En 2009, Ageas était encore uneaction spéculative, avec beaucoupde fonds à effet de levier parmi sesactionnaires. Quelles relationsentreteniez-vous avec eux ?

De Mey : « Chacun a le droit d’acheter ou devendre une action. Mais si un fonds à effet delevier essaye d’exercer une influence sur notrestratégie, pourquoi devrais-je l’écouter ? Il nesera plus là demain. Leur stratégie à courtterme ne va pas modifier notre stratégie à longterme. »

Que peut attendre un actionnaired’Ageas ?

De Mey : « Un actionnaire doit naturellementcroire en notre stratégie, sans quoi il ne doitpas acheter ou conserver ses actions. Mais ildoit en tout cas nous évaluer sur notre capa-cité à tenir nos promesses. Et je pense en toutemodestie que nous y sommes parvenus haut lamain. Mais il revient bien entendu aux action-naires d’en juger. »

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Ageas Club• L’Ageas Club existe déjà depuis avril 2011. Ses

quelque 3.000 membres reçoivent régulièrement desnewsletters et des flashs d’information qui expliquentles événements du trimestre précédent et à venir.

• L’Ageas Club organise régulièrement des conférences avecdes orateurs internes et externes. Des figures-clés du monde dela finance comme Jos Clijsters et Peter De Keyzer sont déjàvenues y exposer leurs idées. Le 9 décembre, ce sera le tour deKoen Van Gerven, CEO de bpost. Bart De Smet et les autres

membres de la direction y sont présents en nombre et prêtentune oreille attentive à toutes les questions, suggestions...• Il n’est pas nécessaire de détenir des actions pour êtremembre du club. Un simple intérêt pour le groupe

d’assurance suffit.

Il est possible de s’inscrire surageas.com/membre

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Nous grandissons parce que nous recherchons des lieux où nous pouvons commencer à petiteéchelle et nous étendre peu à peu. »

~ Vic Swerts, Président de Soudal

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