acteurs publics n°90

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Décembre 2012 / 6,50€ www.acteurspublics.com N°90 SONDAGE Les Français très partagés sur le plan de compétitivité ENQUÊTE Les banquiers du développement L’État soutient les villes du futur Comment elle consulte Ses plus proches conseillers Les hauts fonctionnaires qui l’entourent L’inspiration bretonne LA MÉTHODE LEBRANCHU opération déminage CLAUDE GUÉANT « La réforme de l’État n’est pas prioritaire pour le gouvernement »

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LA MÉTHODE LEBRANCHU opération déminage

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Page 1: Acteurs publics n°90

Décembre 2012 / 6,50€ www.acteurspublics.com

N°90

SONDAGELes Français très

partagés sur le plan

de compétitivité

ENQUÊTE

Les banquiers du développement

L’État soutientles villes du futur

Comment elle consulte

Ses plus proches conseillers

Les hauts fonctionnaires qui l’entourent

L’inspiration bretonne

LA MÉTHODE LEBRANCHUopération déminage

CLAUDE GUÉANT

« La réforme de l’État n’est pas prioritaire pour le gouvernement »

Page 2: Acteurs publics n°90

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Page 3: Acteurs publics n°90

3DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Finalement, les maires garderont leur liberté de penser mais n’auront pas droit à la « liberté de conscience » face au mariage homosexuel. Une liberté un temps évoquée par le président de la République, mais vite reprise sous la pres-s ion des a s soc ia t ions de défense des homosexuels. Les constitutionnalistes n’auront même pas eu le temps de sortir leurs manuels : sen-tant le risque politique d’une telle promesse, le Président a reculé. Un recul immédia-tement suivi d’une volte-face du gouvernement. Au garde des Sceaux de garan-tir que la loi ne comportera aucune clause de liberté de conscience et à Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, de mena-cer : « Si personne ne veut célé-brer le mariage parmi les élus, alors le préfet intervient et on en vient à des moyens de coer-cition ». Magie des groupes d’intérêts, en 48 heures,  le ton a donc changé, les maires qui, le plus souvent, n’avaient pas autant d’états d’âme, apprécieront…

SGMAP, Dimap, Disic, Etalab… L’architecture de la modernisation de l’action publique est désormais en place. Sans rupture excessive, l’État aura ainsi mis quelques mois pour traduire en organisation administrative sa volonté de conduire les réformes selon « une méthode profondément renouvelée ». La tâche reste rude, mais l’idée du pilotage par un secrétariat général pla-cé sous l’autorité de Matignon tranche avec la configuration précédente et devrait faci-liter les choses. Il le faudra, car le gouvernement s’est fixé un objectif autrement plus ambitieux que celui de feue la RGPP. Il ne s’agit pas moins que d’édif ier un nouveau modèle de service public fran-çais, de redresser les finances publiques et de contribuer à la compétitivité de l’économie. Alors s’il suffit d’avoir de l’am-bition pour réussir, une partie du chemin est déjà faite. Pour le reste, alors que les moyens sont encore plus contraints, il ne reste effectivement plus que la méthode pour réussir là où Bercy et la DGME avaient échoué.

Au tour de l’enseigne-ment supérieur et de la recherche de faire l’ob-jet d’une conférence, en l’occurrence, des assises nationales, avant la remise d ’un r appor t à F ranço i s Hollande et une nouvelle loi d’orientation au Parlement au printemps. Alors que la loi LRU sur l’autonomie des uni-versités de 2007 et les milliards du crédit impôt-recherche étaient généralement présen-tés comme des réussites du quinquennat précédent, le gouvernement considère que la situation doit être, à nou-veau, « corrigée ». Pourtant, sur 102 universités autonomes, seulement 17 en 2011 et 19 en 2012 ont accusé un déficit et 9 d’entre elles un double déficit en 2010 et 2011. Dans les circonstances économiques actuelles, la performance méri-terait presque d’être saluée. De plus, comment imaginer la remise en cause de cette autonomie au moment où l’État envisage de faire le che-min inverse en transférant aux régions tout ou partie de ses prérogatives en matière d’économie et de formation ? Attention à la contradiction.

Édito

« L’idée du pilotage par un secrétariat général placé sous l’autorité de Matignon tranche avec la configuration précédente et devrait faciliter les choses. »

Par Pierre-Marie Vidal, directeur de la ré[email protected]

Page 4: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 20124

L’Agence française de développement (AFD), qui distribue près d’un tiers de l’aide aux pays pauvres,

multiplie les prêts depuis quelques années.

3 L’ÉDITO DE PIERRE-MARIE VIDAL

10 ACTUALITÉ

26 OBSERVATOIRE

Les Français très partagés sur le plan de compétitivité

RÉSEAU30 ENTREVUE

Claude Guéant : « La réforme de l’État n’est pas prioritaire pour le gouvernement »

36 EN VUE

36 Jacques Marzin dirige la Disic38 Jean-Paul Albertini à la tête

du commissariat général au développement durable

40 Bernard Candiard, conseiller spécial de Jean-Marc Ayrault

46 RENCONTRE AVEC…

Marie-Françoise Bechtel, la chevènementiste du Palais-Bourbon

ANALYSE48 DOSSIER

La méthode Lebranchu54 8 conseillers incontournables

dans l’ombre de la ministre56 L’inspiration bretonne

60 EUROPE

La timide voix diplomatique de l’Union

62 ENQUÊTE

Les banquiers du développement

Interview de Pascal Canfin, ministre du Développement

68 EMPLOI PUBLIC

68 Les futurs directeurs coachés 70 Comment l’Allemagne s’appuie

sur ses seniors72 Parité : la course à l’équilibre74 Étude Monster : baisse des offres

en ligne en 2011

INNOVATION78 AMÉNAGEMENT DURABLE

L’État se met en quatre pour les villes du futur

82 Innover, mot d’ordre de la rénovation urbaine

84 Un coup de pouce pour les Écocités86 Un campus urbain à Paris-Saclay

88 SUR LE TERRAIN

Les quatre recettes des préfets pour réformer l’État

EXPERTISE91 LE CLUB DES ACTEURS

DE LA PERFORMANCE PUBLIQUE

102 LE CLUB DES TERRITOIRES DURABLES

30

76

62

88

Les recettes des préfets pour réformer l’État

L’ancien ministre de l’Intérieur dénonce le « sectarisme » du gouvernement dans la gestion des hauts fonctionnaires.

L’État se met en 4 pour les villes

du futur

Les banquiers du développement

SOMMAIREdécembre201290

CLAUDE GUÉANT

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RICHARD DAMORET/RÉA

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« La réforme de l’État n’est pas prioritaire pour le gouvernement »

Page 5: Acteurs publics n°90

5DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

114Avant

la loi Veil…

104 RESSOURCES

106 LIRE, ÉCOUTER, VOIR

108 Télévision : le phénomène Borgen

110 IDÉES

110 Un État déconcentré sens dessus dessous, par François-Mathieu Poupeau

111 L’évaluation des politiques publiques, une obligation ! par Sylvie Trosa

112 Décentralisation : des questions en suspens, par Olivier Rouquan

114 MÉMOIRE

Avant la loi Veil…

PAGE 113 Abonnez-vous

48La ministre de la Réforme de l’État a fait sienne la concertation prônée par François Hollande. Une stratégie qui séduit autant qu’elle suscite d’interrogations.

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AFP

Acteurs publicswww.acteurspublics.com7 rue Auguste Gervais 92445 Issy-les-Moulineaux cedexTél. : 01 46 29 29 29

Directeur de la rédactionPierre-Marie Vidal (29 01)[email protected]

Rédacteur en chefBruno Botella (29 20)[email protected]

Rédacteur en chef adjointLaurent Fargues (29 09)[email protected]

Rédaction Sylvain Henry (29 27)[email protected] Pierre Laberrondo (29 26)[email protected] Sidaner (29 21)

[email protected]

A également collaboré à ce numéro

Jean-Bernard Gallois

(à Bruxelles)

Secrétaire de rédaction Laure Berthier

Rédacteur en chef techniqueMarc Bouder (29 03)[email protected]

Rédacteurs graphistes Johnny TymenLaurent Proy

Abonnements Tél. : 01 46 29 29 19Fax : 01 46 29 29 [email protected] de ce numéro 6,50 € TTC11 numéros d’Acteurs publics - 71,50 € TTC/an

Partenariats et communicationBastien Brunis (29 24)[email protected]

Publicité Pascal Breton (29 02)[email protected]

Secrétaire généraleMargareth RégnierTél. : 01 46 29 29 13 Fax : 01 46 29 29 [email protected]

Directeur de la publicationPierre-Marie VidalActeurs publics est édité par la Société d’Édition Publique SAS au capital de 200 000 €Actionnaires : CFSS - Pierre-Marie Vidal

ImpressionImprimerie SIEP - Z.A. Les Marchais77590 Bois-le-RoiCPPAP 0216 T 84324 - ISSN 1765-2022Dépôt légal à parution

Crédits couverture Vincent Baillais, Tommaso Di Girolamo/AFP, Orlando Florin Rosu - Fotolia, photomontage Altay Kaya - Fotolia.

© L’usage professionnel des contenus et services requiert obligatoirement l’autorisation préalable de l’éditeur. La liste des opérateurs autorisés de panoramas de presse, piges, clipping et usages professionnels est disponible sur le site du GIE qui gère les droits : www.ppmp.fr.Membre adhérent de la

Un encart de 12 pages (La France de 2040) a été jeté dans ce numéro.

LA MÉTHODE Lebranchu

Page 6: Acteurs publics n°90

les victoires des

DÉCOUVREZ LES NOMINÉS 2012 FONCTION PUBLIQUE

Réunies à l’Assemblée nationale le 13 décembre sous le haut patronage du président de l’Assemblée nationale,

Claude Bartolone

1791 1800 1852 1889 1910 1917

25 MAI 1791

Le nombre de ministères limitéLa limitation du nombre de ministères ne date pas d’hier ! Dès la Révolution, les législateurs avaient fixé le plafond à six : justice, intérieur, contributions et

revenus publics, guerre, marine et affaires étrangères. Ce qui n’empêchera pas une hausse au fil des ans.

1917

Public-privéHenri Fayol, ingénieur des Mines, publie Administration industrielle et générale. L’auteur y développe des principes de gestion applicables autant dans le privé que dans le public.

17 FÉVRIER 1800

Les préfetsLa loi du 28 pluviôse an VIII institue les préfets. Ils deviennent les pivots de l’organi-sation administrative locale de l’État et s’inscrivent dans la lignée des intendants de la monarchie. Le préfet informe le gouvernement de l’opinion de la population et veille à la bonne application des lois et règlements.

1852

Un ministre de la coordinationHistoire de garantir la cohérence des actions publiques menées, Napoléon III

institue un ministre d’État chargé de coordonner les politiques ministérielles et de s’occuper des relations avec le Parlement.

19 JUILLET 1889

Les fonctionnaires en hausseLes instituteurs deviennent des fonctionnaires de l’État. Le personnel administratif double entre 1850 et la Première Guerre mondiale pour atteindre 500 000 personnes.

1910

Le pouvoir administratifHenri Chardon, conseiller d’État, publie Le Pouvoir administratif. Il préconise une autonomie accrue et une plus

grande responsa-bilité des agents. Il plaide aussi pour la disparition du ministère de l’Intérieur et des préfets.

Page 7: Acteurs publics n°90

PLUS D’INFORMATIONS SUR rencontres.acteurspublics.com/2012/victoires

D’ÉTAT, TERRITORIALE ET HOSPITALIÈRE pages 41, 43 et 45

La volonté de rénover les administrations est aussi ancienne que l’État lui-même. Les lauréats 2012 des Victoires des Acteurs publics s’inscrivent, à leur tour,

dans cette longue tradition.

1922 1926 1945 1946 1956 1963 1964

14 MARS 1964

Les préfets de régionLes préfets de région apparaissent et sont chargés du développement économique et de l’aménagement du territoire. Les préfets de département voient leur rôle conforté.

Un nouveau statutLe statut général de la fonction publique de l’État est institué. Il vise à harmoniser les règles s’appliquant aux fonctionnaires, à lister leurs devoirs particuliers et à les protéger contre l’arbitraire. La loi est portée par le ministre communiste de la Fonction publique, Maurice Thorez.

9 AOÛT 1946

Un comité durableLe Comité central d’enquête sur le coût et le rendement des services publics est institué et placé auprès du président du Conseil. Il a pour mission de débusquer les économies possibles dans la sphère publique. Il existe toujours.

1926

Des coupes budgétairesRaymond Poincaré prend une série de décrets visant à effectuer des coupes budgétaires dans l’administration.

227 tribunaux de première instance, 153 recettes des finances, 318 prisons et 92 conservations des hypothèques sont supprimés.

L’ENALa création de l’École nationale d’admi-nistration (ENA) marque la volonté de rationaliser le recrutement des hauts fonctionnaires. Deux corps communs

aux adminis-trations voient le jour : les secrétaires d’adminis-tration et les adminis-trateurs civils.

14 FÉVRIER 1963

Administrations « de mission »La Délégation à l’aménagement du

territoire et à l’action régionale (Datar) est une organisation emblématique de l’engouement de l’époque pour les administrations dites « de mission ».

1922

Les premières commissionsCréer une commission pour établir un diagnostic et proposer des solutions : la

méthode devient courante à partir des années 1920. La commission Marin, installée en 1922, en est un exemple.

1956

Renseignements administratifsUn Centre interministériel de renseignements administratifs (Cira) est expérimenté. Il devient pérenne en 1959.

Page 8: Acteurs publics n°90

les victoires des

DÉCOUVREZ LES NOMINÉS 2012 FONCTION PUBLIQUE

Réunies à l’Assemblée nationale le 13 décembre sous le haut patronage du président de l’Assemblée nationale,

Claude Bartolone

1966 1968 1978 1981 1982 1990 1992

17 JUILLET 1978

Accès aux documents administratifsLa Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) est instituée. Elle veille au respect de la liberté d’accès aux documents administratifs.

Les débuts de l’informatiqueUn décret crée un poste de délégué à l’infor-matique. Il est censé proposer au gouvernement une politique générale de l’informatisation et en suivre l’exécution.

18 JUILLET 1966

Simplification des formulairesLe Centre d’enregistrement et révision des formulaires administratifs (Cerfa) voit le jour. Il a pour mission de simplifier et d’harmoniser les formulaires administratifs.

1er JUILLET 1992

Une charte de la déconcentrationUne charte de la déconcen-tration est rédigée pour renforcer les administrations locales de l’État, préfectures en tête.

2 MARS 1982

La décentralisation

La première loi de décentrali-sation de Gaston Defferre, ministre de l’Intérieur, est votée. Les collectivités ne subissent plus la tutelle administrative de l’État.

13 MAI 1968

L’échec de la RCBMichel Debré, ministre de l’Économie, installe une mission visant à expérimenter la rationalisation des choix budgétaires

pas à changer la culture budgétaire des administrations et sera abandonnée à l’aube des années 1980.

18 MARS 1981

Simplifications pour les entreprisesUn décret instaure les Centres de formalités des entreprises (CFE). Ils

simplifient la vie aux chefs d’entreprise qui remplissent en un même lieu tous les documents administratifs relatifs à leur activité.

22 JANVIER 1990

Évaluation des politiques publiquesUn dispositif d’évaluation des politiques publiques est mis en place. Il visait à coordonner les initiatives gouverne-mentales en la matière mais a peu à peu périclité.

Page 9: Acteurs publics n°90

PLUS D’INFORMATIONS SUR rencontres.acteurspublics.com/2012/victoires

D’ÉTAT, TERRITORIALE ET HOSPITALIÈRE pages 41, 43 et 45

La volonté de rénover les administrations est aussi ancienne que l’État lui-même. Les lauréats 2012 des Victoires des Acteurs publics s’inscrivent, à leur tour,

dans cette longue tradition.

1998 2001 2003 2005 2007 2011 2012

1er AOÛT 2001

La Lolf est néeLa loi organique relative aux lois de finances, rédigée par Didier Migaud et Alain Lambert, est promulguée, après un vote unanime de la gauche et de la droite. Le budget de l’État sera présenté par missions.

2 JUIN 2005

Bercy pilote la réforme

Dominique de Villepin rassemble les services de la réforme de l’État et du budget dans un même portefeuille. Le ministre Jean-François

Copé crée la direction générale de la modernisation de l’État (DGME) dans la foulée.

6 MAI 2012

Une nouvelle décentralisation ?François Hollande est le deuxième Président de gauche élu sous la Ve République. Pendant la campagne, à Dijon, il a promis un nouvel acte de décentralisation. « Ce sera une des grandes réformes structu-relles qui marqueront le début du quinquennat », a-t-il annoncé.

1er JANVIER 2011

L’État local rénové

La réorganisation des services locaux de l’État s’achève avec les

collectivités d’outre-mer. Partout en France, les directions régionales sont les pilotes des politiques publiques, tandis que les directions départementales assurent leur mise en œuvre. Le 17 février 2010, un décret renforce l’autorité des préfets de région, deux cent dix ans après l’institution des préfets par Napoléon.

28 MARS 2003

Décentralisation : acte II

Le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin baptise sa loi de décentralisation « mère des réformes ». La Constitution proclame désormais que l’organisation de la République est décentralisée.

20 JUIN 2007

Lancement de la RGPPUne Révision générale des politiques publiques (RGPP) est lancée. Il s’agit de passer au peigne fin l’ensemble des dépenses publiques et d’arriver à ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique.

1998

Des programmes de modernisationLe gouvernement de Lionel Jospin lance des programmes pluriannuels de modernisation dans les ministères. Cette politique s’inscrit dans la continuité des politiques des précédents gouvernements de droite.

Page 10: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201210

Actualité

« Il faut aller vite. Nous sommes disponibles pour créer des véhicules juridiques permettant

la création de cette agence. »

Pierre Moscovici, ministre de l’Économie,

le 22 novembre, au sujet de la future agence

de fi nancement des collectivités.

En brefÎle-de-FranceLa région Île-de-France crée une délégation relative à la responsabilité sociétale et à la modernisation de l’action publique consistant à suivre l’évolution des réformes régionales et à améliorer les relations entre la collectivité et ses usagers.

Politique de la villeLe ministre délégué à la Ville, François Lamy, a souhaité, le 22 novembre, impliquer les habitants des quartiers populaires dans les discussions entamées en octobre pour refondre la politique de la ville, discussions qui doivent déboucher sur un projet de loi avant l’été 2013.

Déserts médicauxLa ministre de la Santé, Marisol Touraine, a promis un « plan global et cohérent de lutte contre les déserts médicaux » dés le début de l’année 2013. Le projet de loi de fi nancement de la Sécurité sociale (PLFSS) prévoit déjà la création d’un contrat de « praticien territorial de médecine ».

■ DROIT

« Audit » sur la QPC

La question prioritaire de constitutionnalité (QPC) est

« évidemment un progrès pour l’état de droit », estime

la commission des lois de l’Assemblée nationale,

qui compte néanmoins interroger les tribunaux sur

leur pratique de ce mécanisme en vigueur depuis mars

2010. « Je propose d’adresser un questionnaire à quelques juridictions, en lien avec le ministère de la Justice, pour avoir une connaissance précise de ce qui se passe », a précisé Jean-Jacques Urvoas, le président

de la commission des lois, à l’issue d’auditions menées

par cette commission.

D’après le député, cela permettrait de dresser d’ici mars

un bilan de trois ans de mise en œuvre de ce dispositif,

qui autorise tout justiciable à contester devant le Conseil

constitutionnel des lois déjà entrées en vigueur. En

deux ans et demi, les domaines les plus variés ont été

visés : le harcèlement sexuel, les hospitalisations sans

consentement, la garde à vue. Depuis le 1er mars 2010,

287 questions prioritaires de constitutionnalité ont été

renvoyées au Conseil constitutionnel, ainsi que 1 115

dossiers pour information. Au total, les « sages » ont

reçu 1 402 dossiers en 2012, un chiffre en baisse

par rapport à celui de 2011.

■ EMPLOI

Des fonctionnaires du Travail hostiles à la décentralisation

« Nous nous opposons à la décen-tralisation des services de l’emploi et de la formation professionnelle et demandons leur maintien au sein du ministère du Travail avec les moyens humains et matériels correspondants. » C’est l’une des principales revendications exprimées à l’issue des assises du ministère du Travail, orga-nisées fin novembre à Paris à l’appel de la CGT, de FO, de la FSU et de SUD Solidaires, auxquelles ont répondu quelque 500 agents (photo). Les syndicats dénoncent le « démantèlement et la désorganisation du ministère » alors que celui-ci aurait perdu près de 8 % de ses effectifs ces dix dernières années. Pour se faire entendre, les syndi-cats ont acté l’appel à une grève au début de l’année 2013, qu’ils devraient faire coïncider avec la présentation du projet de loi sur la décentralisation. Un projet qu’ils dénoncent parce qu’il ins-taurera « une inégalité d’accès au service public de l’emploi selon les régions de résidence », à en croire Lise Rueflin (FSU). La décen-tralisation pourrait conduire à confier la gouvernance des politiques d’emploi et de for-mation aux conseils régionaux et à leur transférer les agents des services déconcentrés. Dans leur déclaration fi nale, les syn-dicats écrivent : « Pour les agents concernés, aucune mobilité ne doit être imposée. »

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KENZO TRIBOUILLARD/AFP

Page 11: Acteurs publics n°90

11DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

ActualitéX

XX

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XX

Un référendum sur la fusion alsacienne

Fin novembre, les conseillers généraux

et régionaux d’Alsace ont acté l’organisa-

tion d’un référendum local le 7 avril sur la

création, inédite dans l’histoire des institu-

tions territoriales, d’une « collectivité terri-

toriale d’Alsace ». Elle fusionnera le conseil

régional et les deux conseils généraux

du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, exercera

l’ensemble des compétences aujourd’hui

dévolues aux trois collectivités, créera

des « dynamiques nouvelles » et permettra

une mutualisation des moyens, à en croire

les trois présidents. MA

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■ ACTION PUBLIQUE

Le Parlement veut peser sur la réforme de l’État

Un amendement voté le 15 novembre par les députés lors du débat pourrait modi-fier le pilotage de la réforme de l’État, jusqu’alors exclusivement entre les mains de l’exécutif. Adopté avec l’aval du gou-vernement, le texte prévoit notamment qu’au moins quinze jours avant chaque réunion du comité interministériel pour la modernisation de l’action publique – chaque trimestre – le gouvernement transmette aux commissions compétentes de l’Assemblée nationale et du Sénat l’ordre du jour détaillé, ainsi que tout élément d’information disponible à cette date. Après chaque réunion du comité interministériel, le gouvernement devra en outre remettre un rapport faisant état des résultats des évaluations réalisées. Les auteurs de l’amendement, le rappor-teur général du budget Christian Eckert (PS) et François Cornut-Gentille (UMP), ont réitéré dans leur rapport de suivi de la RGPP, rendu public le 22 novembre, leur souhait de faire du Parlement l’un des moteurs de la modernisation de l’action publique. Pour faire progresser en quan-tité et en qualité le travail parlementaire sur l’effi cacité de la dépense publique, les auteurs plaident pour que l’Assemblée et le Sénat passent plus de temps sur la loi de règlement, celle qui se penche sur l’exécution du budget de l’État. Le rapport propose aussi d’impliquer les usagers dans les réformes par le biais du défenseur des droits, bien placé pour se faire l’écho des préoccupations du terrain.

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Sciences-Po dans le collimateur

La Cour des comptes, qui a contrôlé Sciences-Po sur la période 2005-2010, a constaté un développement rapide de l’école,

porté par l’ambition de son défunt directeur, Richard Descoings, mais aussi des « défaillances nombreuses dans la gestion »

et une insuffisante maîtrise des dépenses. La Cour de discipline budgétaire et financière est saisie.

Christian Eckert

Didier Migaud, Premier président de la Cour des comptes

Philippe Richert, président du conseil régional

Page 12: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201212

Actualité

Quand François Hollande flatte les maires« Vous êtes la France de toutes les convictions, de tous les engagements. » « Notre démocratie a besoin de la commune ! » Inaugurant

le 95e Congrès des maires de France,

le 20 novembre, François Hollande a

multiplié les louanges à l’adresse des

édiles. Et ces derniers ont visiblement

apprécié, applaudissant souvent le

chef de l’État, qui a balayé les sujets

sensibles à l’agenda des élus locaux.

Le nouvel acte de la décentralisation,

a-t-il ainsi promis, permettra de

retrouver « clarté et cohérence », avec l’instauration d’un « chef de file »

local et la définition des blocs

de compétences.

Trop de normes

Le poids des normes, « devenu invivable » pour les maires, à en

croire François Hollande, sera par

ailleurs allégé. Moment fort de

son intervention, le président de la

République a indiqué que « ce ne sont pas les collectivités locales qui sont responsables de l’augmentation continue de la dette depuis une décennie, c’est l’État ». Mais elles

devront être malgré tout solidaires

de l’État dans la lutte contre les déficits

publics… Des collectivités qui ne

seront pas abandonnés, puisque l’État

« continuera à mettre à disposition des ingénieurs pour [les] accompagner sur des projets complexes ». François

Hollande a aussi fait un pas vers

la mise en place d’un statut de

l’élu, esquissant ses composantes :

formation, reconnaissance des acquis

professionnels, indemnités… Enfin,

le chef de l’État a souligné le caractère

« irréversible » de l’intercommunalité et

appelé à une mutualisation des moyens

et à un transfert d’agents.

KENZO TRIBOUILLARD/AFP

Page 13: Acteurs publics n°90

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Page 14: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201214

Actualité

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■ POLICE

Les CRS des plages

sifflés

La Cour des comptes a épinglé dans un rapport le

recours aux CRS pour la surveillance des plages,

qualifiant ce dispositif d’« irrégulier et inéquitable ». Estimant que cela représente « une charge indue pour l’État dans un domaine relevant de la responsabilité des communes », la Cour des comptes juge que la

surveillance des baignades ne fait pas partie des

missions premières des CRS. Ces derniers participent

à la surveillance des plages depuis les années 1950.

En 2002, 722 maîtres-nageurs sauveteurs des CRS

étaient déployés dans 126 communes.

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En brefCultureLa ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, a lancé le projet « DBpédia » en français, qui permet d’extraire des données culturelles à partir des ressources de l’encyclopédie Wikipédia francophone.

JusticeL’association Institut pour la justice (IPJ) a attaqué devant le Conseil d’État la circulaire pénale de Christiane Taubira, lui reprochant plusieurs dispositions « contraires aux principes fondamentaux du droit pénal ».

SolidaritéÀ la suite de la grève de la faim du maire de Sevran, Stéphane Gatignon, l’Assemblée nationale a voté une hausse de 50 % en 2013 de la dotation de développement urbain (DDU) bénéficiant aux 100 communes les plus pauvres, qui va passer ainsi de 50 à 75 millions d’euros.

Des discussions acharnées ont lieu entre le gouvernement et les collectivités autour de la création d’un « Pôle métropoli-tain parisien », qui permettrait de mettre en œuvre des poli-tiques à l’échelle de la métro-pole. Dans ce cadre, le maire PS de Paris, Bertrand Delanoë, s’est dit favorable à ce que ce pôle, future structure de gouvernance du Grand Paris, « soit compétent en matière de logement et puisse s’imposer sous certaines conditions aux communes ».Le groupe EELV au conseil régional d’Île-de-France estime pour sa part que le Grand Paris ne doit pas laisser de côté la grande couronne. « Une métro-pole sans la grande couronne ou à son détriment serait une injus-tice », a fait valoir Pierre Serne, vice-président EELV en charge des transports. Prenant l’exemple de son secteur, il a souligné que le Stif, autorité organisatrice des transports, « avec tous ses défauts, permet une redistribution » entre les territoires. L’acte III de la décentralisation, dont le projet de loi devrait être présenté début 2013, donne lieu à d’intenses discussions sur le périmètre et les compétences que devrait avoir la métropole parisienne.

■ GRAND PARIS

La métropole fait débat

■ COLLECTIVITÉS

Le conseiller territorial enterréL’Assemblée a voté, le 20 novembre, par 332 voix contre 169, une proposi-tion sénatoriale abrogeant le conseil-ler territorial, création mort-née de Nicolas Sarkozy et mesure phare de sa réforme des collectivités territo-riales. Sans surprise, les députés PS, du Front de gauche et écologistes ont voté l’abrogation de ce conseil-ler territorial, qui devait cumuler les fonctions du conseiller régional et du conseiller général. Reste à élaborer un projet de loi fixant un calendrier et un nouveau mode de scrutin pour les conseillers généraux.

HAMILTON/REAHAMILTON/REA

Page 15: Acteurs publics n°90

15DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Actualité

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Les rythmes scolaires au rythme des maires

Elle devait s’appliquer pour tous dès la rentrée 2013. La semaine de 4,5 jours à l’école pourra finalement être mise en place sur

deux ans. C’est ce qu’a indiqué le président de la République au Congrès des maires, en novembre. François Hollande a également annoncé la mise en place d’un fonds d’aide de 250 millions d’euros.

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■ HÔPITAUX

Pas de nouveau corps d’inspection

« La création d’un corps d’inspection spé-cifi que au monde hospitalier est un objectif essentiel à moyen terme tant se confirme chaque jour la nécessité de disposer d’une expertise pointue en la matière », rappelle la Fédération hospitalière de France (FHF) dans un courrier du 12 novembre adressé à la ministre de la Santé, Marisol Touraine (photo), et qu’Acteurs publics s’est procuré.Le 26 juin dernier, la FHF était déjà mon-tée au créneau pour demander dans une lettre la création de ce corps. Dans son courrier, elle justifiait sa demande par le fait que l’hôpital, acteur économique important, qui représente 4 % du PIB, est pourtant le seul secteur à ne pas disposer d’un corps d’inspection spécifi que. Face à ce vide, Marisol Touraine a néanmoins opposé un refus à la FHF, soulignant que le corps de l’Igas accueille « un nombre de directeurs d’hôpitaux qui a beaucoup aug-menté puisqu’il était de 11 seulement en 2009 alors qu’il est de 23 aujourd’hui ».Et la ministre d’affi rmer vouloir veiller « à ce que l’Igas continue à se doter régu-lièrement des compétences hospitalières qui lui sont nécessaires et que le nombre de ses membres issus des cadres hospitaliers reste élevé ». La FHF prend acte à « court terme » de l’engagement ministériel et milite pour que les postes d’Igas libérés prochainement soient réservés à des dirigeants hospitaliers.

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Non aux avocats « politiques »La mobilisation des avocats contre la

passerelle permettant aux anciens

parlementaires et ministres de devenir

avocats ne faiblit pas. Réuni en assem-

blée générale à Paris, le 17 novembre,

le Conseil national des barreaux a rejeté

à une très large majorité le texte pré-

paré par la Chancellerie pour rempla-

cer le décret publié en avril dernier. Le

Conseil a décidé de consulter les autres

instances représentatives de la profes-

sion avant de rendre un avis défi nitif.

Page 16: Acteurs publics n°90

générations : l’énergie. Dans un

autre domaine, celui de l’entre-

prise, le temps représente un défi

stratégique qui concerne autant,

mais différemment, les questions

opératoires de fonctionnement et

d’organisation, et les considéra-

tions prospectives au sens le plus

large.

Une deuxième session sera

consacrée au défi des grandes

mutations stratégiques internatio-

nales. On examinera plus parti-

culièrement l’évolution étonnante

du rôle des États dont la taille fait

sens, et qui sont entrés de toute

façon en concurrence avec des

ensembles ou des organisations

plus ou moins autonomes ou insti-

tutionnelles, régionales ou interna-

tionales. La nécessité croissante

d’un véritable continuum per-

manent, sécurité-défense-diplo-

matie dans les gouvernances

nationales, pourra être mise en

exergue. L’approche globale et

cohérente de la fonction rensei-

gnement sera observée, dans un

temps hésitant entre conflictua-

lité chronique et recherche d’un

niveau de paix universelle mini-

mum. Ces considérations sur

les mutations permettront

de débattre de la perti-

nence éventuelle d’une

approche européenne

d’ensemble.

Avec la troisième ses-

sion, il s’agira de son-

der le rôle que joue, ou

que pourrait jouer, la

population européenne

via certaines probléma-

tiques de démogra-

phie, de migrations, d’éducation,

de santé et tout particulièrement

d’identité. Existe-t-il dans les

faits une identité européenne ?

L’aspiration poétique du Portugais

Fernando Pessoa n’est-e l le

qu’une utopie : « Une Europe qui parle d’une seule et même voix, mais dans toutes ses langues, de toutes ses âmes » ? Une identité

collective établie, sous quelque

forme que ce soit, ne serait-elle

pas de nature à donner de la

profondeur et de la crédibilité à la

réfl exion stratégique européenne ?

Dans un contexte de crise

économique profonde où

les spéculations sur son

évolution ne manquent

pas, l’Union européenne suscite

quelques doutes sur sa solidité,

et les « États-Unis d’Europe » aux-

quels Victor Hugo aspirait vigou-

reusement ne sont pas à l’ordre

du jour. D’un autre côté toutefois,

l’Europe d’aujourd’hui dispose

d’atouts incontestables. Première

économie du monde, habitée

par une population très éduquée,

acteur privilégié de l’apaisement

des relations internationales, elle

doit vouloir garder la main sur

son destin. Sur cette toile de fond

contrastée, le CSFRS propose

d’explorer les profondeurs stra-

tégiques du Vieux Continent face

aux défis du temps, des muta-

tions, des populations.

La première session occupera la

matinée, elle abordera les défi s du

temps. Le temps contracté du tra-

ding haute fréquence et de la cri-

minalité fi nancière nous intéresse

d’abord, il est le symbole d’une

accélération chaotique de la mon-

dialisation. Nous pensons aussi

à un temps objectivement

plus lent, mais rele-

vant pourtant de

l’urgence à

l’échelle

d e s

COMMUNIQUÉ

L’Europe face aux défi s du temps, des mutations, des populations au programme des troisièmes Assises nationales de la recherche stratégique.

Pivot d’une réforme profonde de l’organisation de la défense et de la sécurité, le Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégiques (CSFRS) a pour ambition de développer la formation et la recherche françaises, en dynamisant et développant la cohérence entre intervenants publics et privés.

Le CSFRS encourage les projets d’études, de recherche et de formation dans les domaines de la sécurité et de la défense et notamment sur des sujets comme : ◆ défense, géopolitique

et géostratégie ;◆ risques et atouts sociétaux ;◆ gouvernance(s) et migrations ;◆ menaces contemporaines,

criminalité et sécurité informatique ;

◆ ressources naturelles et changement climatique ;

◆ catastrophes et gestion des crises ;

◆ risques et régulation économiques ;

◆ attractivité, compétitivité et développement technologique.

Pour en savoir plus sur le CSFRS http://www.csfrs.fr/fr

Profondeursstratégiques

Page 17: Acteurs publics n°90

MATINÉE8h45

Accueil Amphi Foch, École militaire

9h45Ouverture par Alain BAUER, Président du CSFRS

Introduction générale par Jean-Yves Le Drian,

Ministre de la défense 

10h30

LE TEMPSAnimation par Pascal JUNGHANS (Skema Business School)

Introduction avec Xavier RAUFER, criminologue

Trading haute fréquence et criminalité fi nancière avec Noël PONS,

conseiller auprès du Service Central de Prévention de la Corruption

L’entreprise et les défi s du temps avec Antoine FREROT,

Président Directeur Général de Veolia Environnement

La stratégie et les temps de l’avenir avec Jacques LESOURNE,

de l’Académie des technologies

12h15

Buffet offertRotonde Gabriel

III es ASSISES NATIONALES DE LA RECHERCHE STRATÉGIQUE

organisées

par le CSFRS

en partenariat avec l’Institut

des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN)

et l’Institut National des Hautes Etudes

de la Sécurité et de la Justice (INHESJ)

PROGRAMME DÉTAILLÉ DU MARDI 11 DÉCEMBRE 2012

Profondeurs stratégiques : L’Europe face aux défi s du temps, des mutations, des populations

APRÈS-MIDI14h00

LES MUTATIONSAnimation par Eric REVEL, Directeur Général de LCI

Introduction avec Philippe BAUMARD,

Président du conseil scientifi que du CSFRS

Rôle des Etats, défense-sécurité-diplomatie

avec Eric DANON, diplomate

Approche intégrée du renseignement criminel avec François

FARCY, commissaire divisionnaire, police criminelle belge

Débat

Conclusion avec Michel MAFFESOLI, sociologue

15h50

LES POPULATIONSAnimation par Pascal JUNGHANS (Skema Business School)

Démographie, migrations, éducation avec

Catherine WIHTOL de WENDEN, du CNRS

Santé publique et contrefaçon de médicaments

avec Pierre DELVAL, criminologue

Jeunesse, leadership et identité

avec Guillaume Klossa, Président d’EuropaNova

Débat/conclusion

17h30

CLOTURE DES ASSISESJean-Paul DELEVOYE, Président du Conseil économique, social et

environnemental, ancien Ministre. A confi rmer.

Page 18: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201218

Actualité

■ ÎLE-DE-FRANCE

2,4 milliards d’euros pour les lycées

La région Île-de-France va investir 2,4 mil-liards d’euros d’ici 2022 pour des construc-tions de lycées et d’internats. Sur la décen-nie, 27 internats supplémentaires sont prévus. Par ailleurs, 350 millions d’euros seront consacrés à la rénovation thermique des établissements, qui pèsent pour 85 % dans les émissions de carbone de la région.

L’Intérieur et la Chancellerie ont annoncé le lancement d’une « seconde vague » de 49 zones de sécurité prioritaires (ZSP), qui s’ajoutent aux 15 mises en place depuis septembre. Ces nouvelles zones répondent à une demande venant du terrain, via les procureurs et les préfets qui avaient été sol-licités pour faire remonter les propositions.

Promesse de campagne du candidat Hollande, ces ZSP, déployées jusqu’à la fi n de l’année et au cours du premier trimestre 2013, doivent permettre de lutter contre la délinquance la plus ancrée dans les quartiers.Une troisième tranche d’une cinquan-taine, en 2014, avait été annoncée par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, qui avait donné le départ de ce chantier pré-sidentiel. De nombreux élus ou syndicats de police avaient réclamé à cor et à cri des ZSP après des violences urbaines ou des règlements de comptes dans leurs villes, comme à Marseille, où existe déjà l’une de ces zones. Le Sud et le Nord de la France ou encore Paris sont concernés par la seconde vague : 41 ZSP sont en zone urbaine, du res-sort de la police, 5 en zone « gendarmerie », plus rurale. Elles seront couvertes par des redéploiements d’effectifs. « Les 480 policiers et gendarmes prévus en 2013 y seront affectés en priorité », a rappelé l’Intérieur.

■ TERRITOIRES

49 nouvelles zones de sécurité prioritaires

La lutte contre la fraude pourrait rapporter 1 milliard d’euros supplémentaires par rapport aux 3 à 5 milliards engrangés chaque année par l’État, selon le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, qui a présenté une nouvelle batterie de mesures. Qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises, les fraudeurs sont dans le collimateur de Bercy, qui entend renforcer les pouvoirs du fisc en matière de perquisitions.

Plan de lutte contre la fraude

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Page 19: Acteurs publics n°90

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Page 20: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201220

Le bras armé de la réforme de l’État

S ymbole des années RGPP, la direction générale de la modernisation de l’État

(DGME) a changé de nom six mois après l’élection de François Hollande. Un décret du 30 octobre l’a rebaptisée « direction interminis-térielle pour la modernisation de l’action publique » (Dimap) et l’a rattachée à un nouveau secrétariat général dirigé par Jérôme Filippini (lire l’interview ci-dessous).Le nouvel ensemble regroupe, outre les 120 fonctionnaires de l’ex-DGME, la trentaine d’agents de la direction informatique de l’État (Disic), de la

mission chargée du portail gouverne-mental de données publiques Data.gouv.fr et du service chargé de la réforme des services déconcentrés. Le tout, placé sous l’autorité du Premier ministre, est mis à la dispo -sition de la ministre de la Réforme de l’État, Marylise Lebranchu.Ce rattachement à Matignon traduit la volonté du gouvernement de faire de la réforme de l’État un chantier proprement interministériel et de couper définitivement le cordon avec Bercy. Le secrétariat général constitue le nouveau « bras armé » de l’État pour pousser les ministères à se

réorganiser. Avec un double objectif : la qualité des services et la bonne gestion de l’argent publics.La feuille de route du secrétariat général sera fixée ce mois-ci par le premier comité interministériel pour la modernisation de l’action publique présidé par Jean-Marc Ayrault. Déjà, la ministre de la Réforme de l’État a défini ses trois priorités : l’évaluation des politiques publiques, la simplifi-cation des démarches adminis-tratives et la gestion des ressources humaines dans la fonction publique. Du pain sur la planche. Laurent Fargues

Un nouveau secrétariat général pour la

modernisation de l’action publique a vu le jour.

Placé à Matignon, il sera chargé de mettre en

musique les décisions du gouvernement pour

améliorer les services publics.

Actualité

Le nouveau secrétaire général pour la modernisation de l’action publique détaille les contours d’une démarche qui doit rompre avec la RGPP. Ce ne sera « pas un exercice technocratique », prévient-il.

Vous êtes à la tête du nouveau secrétariat général pour la modernisation de l’action publique. Quelle sera sa fonction ?La création du secrétariat général pour la modernisation de l’action publique répond à la volonté du gouvernement de se doter d’un outil cohérent pour engager un cycle de réformes innovant et ambitieux. Il rassemble des compétences jusque-là dispersées, avec le rattachement de l’ancienne direction générale de la modernisation de l’État, de la direction interministérielle des systèmes d’information, de la mission Etalab et du service consacré au suivi de la réorganisation des services déconcentrés.

Pourquoi le secrétariat général est-il rattaché à Matignon ?Le portage de la réforme de l’État ne pouvait dépendre du ministère du Budget, car l’amélioration de l’action publique ne se résume pas aux seules économies budgétaires. C’est l’un des enseignements du bilan de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) réalisé par les corps d’inspection. Placer la modernisation de l’action publique sous l’autorité du Premier ministre rompt avec la logique de la RGPP et consacre la dimension intermi-nistérielle de cette modernisation. Cela garantit en outre une certaine stabilité administrative des services chargés de la réforme de l’État au-delà des changements de périmètres ministériels.

Quelle est votre relation avec le ministère de la Réforme de l’État de Marylise Lebranchu ?Le secrétariat général pour la moderni-sation de l’action publique est placé sous l’autorité du Premier ministre et mis à la disposition de la ministre

JÉRÔME FILIPPINI

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LAIS « L’ÉVALUATION PORTERA

SUR L’ENSEMBLE DES POLITIQUES PUBLIQUES »

« L’ÉVALUATION PORTERA SUR L’ENSEMBLE DES POLITIQUES PUBLIQUES »

Page 21: Acteurs publics n°90

21DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Jean-MarcAyrault

Premier ministre

MaryliseLebranchuministre de la

Réforme de l’État

Jérôme FilippiniSecrétariat général

pour la modernisation de l’action publique

Direction interministériellepour la modernisationde l’action publique

Direction interministérielledes systèmes d’information

et de communication de l’État

Service chargéde la mise à dispositiondes données publiques

Service chargédu fonctionnement des services

déconcentrés de l’État

Actualité

chargée de la Réforme de l’État. En pratique, je travaille tous les jours avec le cabinet de Marylise Lebranchu. Je leur soumets des propositions, je reçois leurs directives, j’applique leurs décisions. Le secrétariat général est le troisième volet d’un triptyque composé de la direction générale de l’adminis-tration et de la fonction publique (DGAFP) et de la direction générale des collectivités locales (DGCL) qui forme la structure administrative du ministère de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique conduit par Marylise Lebranchu.

Quel sera votre rôle dans les cycles d’évaluation des politiques publiques que le gouvernement lancera le mois prochain ?À partir de décembre, le Premier ministre réunira chaque trimestre les ministres pour décider d’une série de politiques publiques à évaluer afin d’en mesurer l’efficacité et l’adéquation aux besoins des Français. Notre tâche consistera à faire réussir ces évaluations en concertation avec – entre autres – des représentants des fonctionnaires, des collectivités territoriales et des organismes de la Sécurité sociale. La durée des travaux sera variable d’une politique à l’autre, mais tous aboutiront à des propositions partagées de réformes, qui seront coordonnées par Marylise Lebranchu. L’objectif est d’instiller durablement la culture de l’évaluation dans le fonctionnement des administrations afin de rendre l’action publique plus efficace, plus lisible et plus cohérente.

En quoi cette démarche sera-t-elle différente de la RGPP ?L’évaluation portera sur l’ensemble des politiques publiques et non sur la seule organisation de l’État. Elle posera la question du sens et de l’efficacité de l’action publique, en mettant les attentes des citoyens au cœur de la démarche, avant de se pencher sur les moyens. Les collectivités territoriales, les organismes de Sécurité sociale et tous les acteurs participant à la mise

en œuvre des politiques publiques seront associés à la démarche, et avant tout les agents, qui seront étroitement associés à toutes les étapes. Le président de la République et le Premier ministre souhaitent que les ministres s’approprient l’exercice et en soient responsables. La modernisation de l’action publique est un acte politique, pas un exercice technocratique.Propos recueillis par Bruno Botella et Laurent Fargues

Un rattachement à MatignonLe secrétariat général pour la modernisation de l’action publique applique les décisions prises lors du comité interministériel présidé par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et dont la rapporteure est la ministre de la Réforme de l’État Marylise Lebranchu. Au menu du premier comité interministériel de décembre : l’évaluation des politiques publiques pour 2013 ; la rationalisation des établissements publics ; l’allège-ment des normes applicables aux collectivités et aux entreprises ; la simplifi cation des démarches adminis-tratives ; un baromètre indépendant sur la qualité des services publics ; l’administration numérique et la mise à disposition de données publiques.

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Page 22: Acteurs publics n°90

L’OUTIL 2.0 : TENDANCES DES USAGES par Jean-Michel HUET, Bearingpoint

Le citoyen, client, usager 2.0 est un être complexe qui veut tout et parfois son contraire. L’administration doit par conséquent gérer ce paradoxe. Quelques tendances à surveiller :

LE NOMADISME, NOUVELLE FAÇON DE VIVRE Aujourd’hui, un tiers des achats en ligne s’opère via un terminal mobile. Cette tendance est donc un véritable enjeu.

LA SIMPLICITÉ AVANT TOUT À l’indice de fi délité se substitue désormais l’indice de fainéantise.

LA PROACTIVITÉ ET RESPECT DE LA VIE PRIVÉE Les Français veulent des services personnalisés sur leur mobile mais paradoxalement n’aiment pas vraiment que l’on sache ce qu’ils font.

L’arbitrage entre défense du territoire privé et accès à l’information personnalisée reste à faire.

JUDICIARISATION ET TRANSPARENCE La mauvaise qualité de la relation client devient aujourd’hui un argument juridique. Il est important de sensibiliser les agents à ces questions de plus en plus sensibles.

UN ÉCOSYSTÈME PARTENARIAL les citoyens veulent développer de nouveaux modes de relations avec les élus et l’administrations, et également – phénomène nouveau – se mettre au service de l’administration.

Proximité – modernité – réactivitéLa proximitéSi la proximité physique est importante et ne saurait être remplacée par aucun des moyens technologiques que nous pourrons mettre à disposition des administrations, elle peut être facilitée au travers d’outils technologiques qui vont rapprocher le citoyen et son élu, l’administré et son administration. Ce n’est pas un sujet facile car la population ad-ministrée est très hétérogène. Entre le jeune adepte du smartphone et la personne âgée qui a du mal à se déplacer, les besoins sont très différents. Il faut adapter l’usage des nouvelles technologies à toutes ces situations, c’est cela la proximité.

Cyril KOVARSKY, directeur commercial « entreprises France », Orange

La modernitéNous accompagnons la modernité avec la notion de coach numérique et nous aidons les collectivités à combattre ce que l’on appelle la double frac-ture, celle des infrastructures et celle des usages. Et cela marche ! les réa-lisations des collectivités sont aujourd’hui spectaculaires. Nous venons de publier la 8e édition de Paroles d’élus, un recueil des plus belles réussites des collectivités en matière de services numériques qui montre à quel point la modernité est au cœur de leurs préocupations. Un facteur essentiel de l’attractivité de leurs territoires.

Alain HEYRAUD, adjoint au directeur des relations avec les collectivités locales, France Télécom Orange

La réactivitéDésormais, le service public doit être à un clic du citoyen. Aujourd’hui, nous devons ré-pondre à une forte demande d’interactivité. On commence à consulter quelque chose sur le Web, puis on a besoin d’une information et ont fait un click to call pour obtenir le renseignement par téléphone et puis, en sortant, on consulte son Ipad. La réactivité, c’est aussi l’interactivité entre les différents moyens mis à notre disposition et suscitée par les nouveaux modes de vie et les nouveaux usages.

Benoît EYMARD, directeur de la division « Grands comptes », Orange Business Services

COMMUNIQUÉ

Plus qu’un concept, l’administra-tion 2.0 s’impose comme l’évolution

nécessaire pour bénéficier de nou-veaux modes relationnels. Comment les dirigeants d’Orange expriment-ils

cette triple préocupation ?

Page 23: Acteurs publics n°90

Organiser l’informationpar Nicolas CHAPUIS, directeur des systèmes d’information du ministère des Affaires étrangères (MAF)

Une véritable évolution sociologique, une resocialisation, est en cours. Comprenons bien que nous faisons face à une révolution numérique : si l’introduction de l’Inter-net était comparable à l’arrivée du télé-phone, le Web 2.0 nous entraîne dans un autre univers. La question pour l’État est la suivante : faut-il ne rien faire ou faut-il accompagner cette évolution ? Le MAF a ainsi décidé d’être la première administration d’État à proposer le déploie-ment d’un réseau social d’entreprise. Non pas pour informer les agents du menu de la cantine, mais pour proposer de nouvelles méthodes de travail et d’organisation. Le passage à la réalité, ce sera 2014 avec l’ou-verture d’un réseau social de traitement do-cumentaire, qui couvrira l’ensemble de nos process cœur de métier, à savoir l’informa-tion diplomatique du président de la Répu-blique, du Premier ministre et des membres du gouvernement.Demain, l’information sera distribuée dans des communautés thématiques qui auront été créées en fonction du besoin de partage de l’information, le need to share, et sera accessible, y compris en mobilité, sur un nuage sécurisé unique. D’une diffusion de point à point à une publication en nuage, voilà la véritable évolution !

Canaliser les demandes des citoyenspar Pierre-André MARTIN, directeur « Organisation système d’information et innovation numérique »de la ville de Caen

Depuis 2009, nous travaillions au développement d’un logiciel nous permettant de canaliser l’en-semble des demandes d’intervention des citoyens. Aujourd’hui, ce sont quatre pôles de vie qui sont ouverts et qui gèrent plus de 6 000 demandes par an enregistrées dans le logiciel Iprox puis ventilées dans les services ad hoc. Une fois le service réalisé, nous sommes en capacité d’informer celui qui a signalé le dysfonctionnement du fait que le problème a été réglé.En 2010, nous avons ajouté un module traitant spécifiquement du dégraffitage. Les entreprises accèdent à un menu commun aux services techniques de la ville, ce qui nous permet d’avoir un retour précis et en temps réel des interventions. L’année dernière, nous avons développé une appli-cation baptisée Mobiprox qui permet à la douzaine d’agents de la ville sur le terrain de prendre en photo la dégradation, de rajouter quelques éléments de constat, de confi rmer l’adresse. Toutes les informations sont ensuite transférées dans le logiciel Iprox et traitées selon le processus habituel, c’est-à-dire ventilées dans les différents services techniques de la ville. Cette étape a contribué à en consolider le principe et à renforcer la satisfaction des agents et des citoyens.

Les habitants sont nos associéspar Éric LEGALE, directeur général d’Issy Média, ville d’Issy-les-Moulineaux

Notre positionnement dans le secteur du numé-rique n’est pas un effet de mode. Le rôle d’une collectivité locale, c’est aussi de préparer la po-pulation aux enjeux de demain et de les amener sur la voie que nous pensons être utile pour le développement de la ville et des habitants.Nous avons banni la notion d’administrés, qui nous paraît particulièrement datée et avons très

tôt considéré nos habitants comme nos amis et ils nous traitent comme tels. Aujourd’hui, nous échangeons via Facebook comme une com-munauté qui vit au même endroit et partage ses envies et réactions. Dans notre ville, les community managers sont les agents de la ville qui au quotidien travaillent sur nos sites Web. L’autre nouveauté réside dans le fait que les

habitants ne demandent plus seulement à être nos amis, mais également à être nos associés. Aujourd’hui, la population d’une ville est constituée d’individus qui ont des modes de communication, d’échange et d’interaction totalement différents. Le service public n’existe plus. Il a été remplacé par les services au public.

Retour d’expérience* de trois acteurs publics : stratégie, choix et projets 2.0

* Propos extraits des débats du colloque « Agents et citoyens 2.0 »

organisé par Orange le 11 octobre 2012 et animés

par Franck Stepler, journaliste.

Page 24: Acteurs publics n°90

Cloudwatt, l’offre du cloud françaispour accompagner l’administration 2.0Rencontre avec Patrick Starck, directeur marketing solutions CRM, Orange Business Services

LES JARDINS DE L’INNOVATION Au travers d’une vingtaine de démonstrations présentées dans quatre univers, Orange présentait sa vision de l’administration 2.0.

CRÉER DU LIEN PAR LA CONVERSATION ET L’IMAGE Une façon d’illustrer les enjeux que sont l’ouverture d’espaces de dialogue, le partage du savoir, l’innovation collective et l’animation de communautés. Avec un retour d’expérience d’Orange sur son propre réseau « Plazza », sa solution de « Dailymotion d’entreprise » et le « portail multimédia personnalisé » déployé pour une grande communauté urbaine (Nantes).

PARLER LE MÊME LANGAGE À découvrir, « Reach 112 », un centre d’appels innovant permettant à chacun, quelle que

soit sa défi cience, de communiquer grâce à des solutions de totale conversation (speech to text, text to speech, langue des signes, chat, mail…). Ou « speech analytics », qui permet d’étudier le poids du vocabulaire que les usagers et citoyens utilisent au téléphone, pour gérer aux mieux le dialogue.

ÉVOLUER VERS UNE NOUVELLE RELATION NUMÉRIQUE Présentation de nouveaux « services de confi ance » tels que la « signature électronique » et le « coffre-fort personnel », ainsi qu’une nouvelle vision du parcours citoyen sur le Web basée sur une assistance

en ligne, par chat, prise en main, mail… et un projet d’anticipation baptisé « ma ville dans ma poche ».

ALLÉGER L’ENVIRONNEMENT DE TRAVAIL Un univers dédié aux solutions qui permettront aux agents de bénéfi cier pleinement du 2.0, pour travailler de manière agile, monter en compétence et simplifi er les procédures… À découvrir, le bureau du futur – « le bureau dans les nuages » – ainsi qu’une présentation du « cartable numérique de l’élu » et « Intervention temps réel » pour aider les agents à remonter des informations du terrain et à les enrichir de vidéos.

Comment s’explique le phénomène « Cloudwatt » ?Patrick Starck : À la fin du XIXe siècle, on construisait une usine et on y accolait une cen-trale électrique chargée de l’alimenter, et un jour, on a arrêté de construire une centrale élec-trique pour chaque usine. Ce que nous vivons aujourd’hui dans notre environnement infor-matique est exactement du même ordre. Au-jourd’hui, toutes les entreprises d’une certaine taille possèdent leur propre structure informa-tique, le fait d’aller vers le cloud n’est pas autre chose que la mutualisation des moyens infor-matiques. Petit à petit, nous allons arrêter de localiser un data center par entreprise. C’est en comprenant ce phénomène et dans ce contexte que nous avons créé la société Cloudwatt.

Quels sont les éléments clés au cœur de la génétique de Cloudwatt ?Selon un sondage avec TPN/Sofres, il ressort que le premier inhibiteur cité est la sécurité et le second, la transparence contractuelle. Il faut donc défi nir des niveaux de sécurité en fonction des données et de l’environnement de chaque utilisateur qu’il pourra moduler en fonction de la criticité de ses traitements. En matière de

transparence contractuelle, nous devons per-mettre à nos clients d’auditer nos procédures. La transparence doit être à tous les niveaux. Il en va de même en matière de réversibilité. Nous conserverons nos clients en leur offrant un service qui les satisfait et non en les rendant prisonniers d’une technologie.

Quels sont vos choix en matière de plate-forme et d’architecture ?Nous estimons que l’operating system du cloud se fera autour d’une plate-forme Openstack. Partout où nous pouvons le faire, nous faisons un choix open source. Nous travaillons avec des start-ups fran-çaises extrêmement innovantes pour designer et fabriquer nos architectures. Nous sommes d’ailleurs un des corporate sponsors de la fondation Openstack. Si nous voulons influencer cette commu-nauté nous devons y jouer un rôle ouvert. En ce qui concerne les infrastructures, nous al-lons héberger notre pre-

mier data center physique sur le site de Val-de-Reuil, qui est une véritable usine à produire de façon efficace. Ce data center est ce qui se fait de mieux aujourd’hui, dans ce type de techno-logies, notamment en termes d’efficacité de production et d’effi cacité énergétique.

Quelle ambition pour Cloudwatt ?Lorsque nous parlons de cloud à la française, j’insiste sur le fait que nous ne sommes pas en train de bâtir un cloud

« béret et baguette ». L’échelle est a minima européenne. Nous

avons la chance d’avoir des actionnaires

i n d u s t r i e l s qui nous en offrent les moyens.

COMMUNIQUÉ

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26 ■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 2012

Les Français très partagés sur le plan de compétitivité

D ans l’optique d’une relance de la compé-titivité des entreprises

françaises et après avoir pris connaissance des recom-mandations formulées dans le rapport du commissaire général à l’investissement Louis Gallois, le gouvernement s’est prononcé en faveur d’un crédit d’impôts de 20 milliards

d’euros pour les entreprises, crédit financé en partie grâce à la réduction des dépenses publiques et à la hausse de deux des trois taux de la TVA payés par les consommateurs (hausses de 19,6 % à 20 % pour le taux général et de 7 % à 10 % pour la restauration et les travaux de rénovation des logements).

Interrogés par l’Ifop pour Acteurs publics, les Français expriment des avis très parta-gés à l’égard de ce dispositif : 48 % des interviewés se disent favorables contre 52 % se déclarant opposés. Toutefois, au-delà de ce partage de l’opinion, on observe que la part des soutiens incondition-nels (9 % de très favorables)

est nettement inférieure à celle des détracteurs du plan gouvernemental (24 % de très opposés). Pour autant, ce plan bénéficiant d’un a priori positif dans l’opinion fait surtout l’objet d’un soutien éma nant, certes, des sym-pathisants socialistes (64 %), mais également de segments sociodémographiques et poli-

tiques critiques à l’encontre de l’action du gouvernement de gauche. En attestent les scores relevés chez les per-sonnes âgées de plus de 65 ans (59 %), chez les catégories sociales supé rieures (59 %), voire chez les sympathisants UMP (50 %). À l’inverse, on observe que ce sont les caté-gories les plus modestes,

Observatoire

HA

MIL

TON

/R

ÉA

52 % des personnes interrogées par l’Ifop pour Acteurs publics sont opposées aux mesures décidées par le gouvernement suite au rapport Gallois. Pour réduire les prélèvements qui pèsent sur les entreprises, près de 8 Français sur 10 plébiscitent la baisse de la dépense publique.

Hôtel de Matignon, le 5 novembre 2012 :

Louis Gallois (à droite) remet son rapport au Premier

ministre Jean-Marc Ayrault.

HA

MIL

TON

/R

EA

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27DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

1020304050607080

17 %29 % 29 % 28 %

70 %

50 %

40

50

60

55 %

42 %40 % 41 %

FG PS EELV MoDem UMP FN

CSP + Prof. intermédiaire CSP – Retraités

Selon la proximité politique

Selon la profession de l’interviewé

20304050607080

29 %

64 %57 %

66 %

50 %

28 %

30

40

50

60

30

40

50

60

52 %

39 %43 %

46 %

59 %

59 %

44 %

36 %

57 %

FG PS EELV MoDem UMP FN

CSP + Prof. intermédiaire CSP – Retraités

18-24 25-34 35-49 50-64 65 et plus

Selon la proximité politique

Selon la profession de l’interviewé

Selon l’âge

L’IMPACT PERÇU DES CHARGES SUR LA COMPÉTITIVITÉ DES ENTREPRISES FRANÇAISES

70 % des sympathisants UMP estiment que

les charges qui pèsent sur les entreprises ont un effet déterminant sur la compétitivité.

« Les Français ne veulent pas être les seuls à consentir des efforts

dans le cadre global de ce dispositif. » Frédéric Dabi (Ifop)

28 %

49 %

39 %

44 %

24 %9 %

7 %

L’ADHÉSION À L’INSTAURATION D’UN CRÉDIT D’IMPÔTS DE 20 MILLIARDS D’EUROS EN FAVEUR DES ENTREPRISES

Personnellement, êtes-vous très favorable, assez favorable, assez opposé ou très opposé à ce dispositif ?

Diriez-vous que les charges pesant sur les entreprises françaises constituent un facteur déterminant, important ou secondaire dans les diffi cultés de compétitivité que connaissent ces entreprises ?

Très opposé

Secondaire

Très favorable

Assez opposé

Déterminant

Assez favorable

Important, mais pas essentiel

Des résultats qui varientTotal opposé : 52 % Total favorable : 48 %

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■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201228

particulièrement en diffi -culté dans le contexte de crise, qui expriment les réticences les plus fortes (seulement 36 % d’adhésion).

Net clivage gauche-droiteLa question de l’impact des charges sur la compétitivité des entreprises françaises divise là encore l’opinion. Certes, la quasi-totalité des interviewés (93 %) fait le lien et perçoit bien l’impact des charges sur les entreprises et leur compé-titivité, mais pour autant, une majorité relative (49 %) y voit un facteur important mais pas essentiel, sous-tendant ainsi qu’il existe d’autres raisons à la faible compétitivité des entre-prises françaises. À l’inverse, 44  % des per-sonnes interrogées appréhen-dent la question des charges pesant sur les entreprises comme le facteur déterminant des diffi cultés de compétitivité connues par les entreprises hexagonales. Cette dimension, qui a constitué – notamment depuis la campagne présiden-tielle – un objet de contro-verses dans le champ politique, suscite sans surprise un net clivage gauche-droite.

Consentir des effortsAu-delà de cet impact perçu des charges sur la compé-titivité, dans l’optique d’une réduction des charges et des prélèvements qui pèsent sur les entreprises, les Français ne veulent pas être les seuls à consentir des efforts dans le cadre global de ce dispositif gouvernemental. Ils se pronon-cent dès lors très majoritaire-ment en faveur d’une réduction des dépenses de l’État (77 %), Dans ce contexte, il apparaît peu surprenant que seules 3 % des personnes interro-gées se prononcent en faveur

de l’instauration de nouveaux prélèvements sociaux et fi scaux sur les ménages.Dans le même temps, un Français sur cinq désigne la baisse des prestations socia-les comme étant la priorité pour réduire les charges et les prélèvements pesant sur les entreprises, une proportion

qui, bien que minoritaire, reste conséquente et s’avère par-ticulièrement partagée par les moins de 35 ans (29 %) et les actifs (25 %, contre 12 % pour les inactifs). Un résultat qui laisse entrevoir en fi ligrane la diffusion dans l’opinion de la stigmatisation de l’assistanat au sein de la société.

Accédez à l’intégralité du sondage sur

www.acteurspublics.com

Sondage réalisé par l’Ifop pour Acteurs publics auprès d’un échantillon de 1 001 personnes, représentatif de la popu-lation française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession de l’interviewé) après stratifi cation par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI – Computer Assisted Web Interviewing) du 14 au 16 novembre 2012.

79 % des sympathisants PS estiment que pour pouvoir réduire les charges qui pèsent sur les entreprises, il faut en priorité réduire les dépenses de l’État.

Venez réagir ou échanger vos points de vue sur notre réseau social www.reseau.acteurspublics.com

LES LEVIERS PRIORITAIRES POUR RÉDUIRE LES PRÉLÈVEMENTS ET LES CHARGES DES ENTREPRISES

Pour pouvoir réduire les prélèvements et les charges qui pèsent sur les entreprises françaises, faut-il en priorité… ?

Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop, directeur

du pôle « Opinion et stratégies d’entreprise »,

Adeline Merceron, directrice d’études au département

« Opinion et stratégies d’entreprise » de l’Ifop

60

80

100

74 %79 %

72 %

84 %76 %

72 %

60

80

100

63 %71 %

76 % 78 %

88 %

10

15

20

25

30

16 %14 %

19 %16 %

23 %27 %

5101520253035

33 % 27 %

20 % 19 %

9 %

FG PS EELV MoDem UMP FN

18-24 25-34 35-49 50-64 65 et plus

Selon la proximité politique

Selon l’âge

FG PS EELV MoDem UMP FN

18-24 25-34 35-49 50-64 65 et plus

Selon la proximité politique

Selon l’âge

20 %

3 %

77 %

Réduire les dépenses de l’État

Instaurer de nouveaux prélèvements sociaux et fi scaux pour les ménagesRevoir à la baisse

les prestations sociales (allocations, RSA, etc.)

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Page 30: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 2012 ■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201230

« La réforme de l’État prioritaire pour le gouvern

CLAUDE GUÉANT

En vue

LES NOMINATIONS DU MOIS

Rencontre avec…

MARIE-FRANÇOISE BECHTEL

36 46

RÉSEAU

Page 31: Acteurs publics n°90

31DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■ 31DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

CLAUDE GUÉANT

Quel regard portez-vous sur l’action de votre successeur place Beauvau ? Sur la sécurité, j’ai peu à redire sur le discours ferme et volontariste de Manuel Valls, qui correspond à l’at-tente des Français. Mais les résultats se dégradent à cause de la politique mise en œuvre globalement par la majorité. J’en déduis que le ministre de l’Intérieur ne partage pas son discours de fermeté avec le reste du gouvernement, notam-ment la garde des Sceaux.

N’est-il pas paradoxal que ce soit la gauche, accusée de laxisme par la droite, qui recrée des postes dans la police et la gendarmerie ?Dans la perspective du bud-get 2013, j’avais dis qu’à mon

sens, nous étions arrivés à la limite basse et qu’il fallait arrê-ter les suppressions de postes de policiers et de gendarmes. Je tiens aussi à préciser que jamais, en dépit des réductions d’effectifs, le potentiel opéra-tionnel des forces de sécurité n’a été affecté, grâce à une réorganisation des services sur le terrain. Cela dit, la décision du gouvernement d’augmen-ter les effectifs correspond au réflexe de la gauche de voir dans la création de postes de fonctionnaires la solution à tout…

Les changements de têtes opérés tant dans la police que dans la préfectorale vous paraissent-ils conformes à ce qui se fait habituellement en cas d’alternance ?

n’est pas ement »

L’ancien ministre de l’Intérieur aujourd’hui avocat juge la politique de son successeur, Manuel Valls, dénonce le « sectarisme » du gouvernement dans la gestion des hauts fonctionnaires et dresse un bilan à froid de la RGPP qu’il a pilotée depuis l’Élysée. « Le poids de la dépense publique est trop lourd dans ce pays et le nombre de fonctionnaires trop important », estime-t-il.

Propos recueillis par Bruno Botella et Laurent FarguesPhotos : Vincent Baillais

Entrevue RÉSEAU

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■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 2012 ■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201232 ■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201232 ■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201232

mais vous avez travaillé avec Sarkozy, donc il faut partir ». À Marseille, par exemple, j’avais affecté Alain Gardère comme préfet délégué à la sécurité. Il a obtenu un refl ux

de la délinquance et on l’a remplacé parce qu’il était un ancien collaborateur de Claude Guéant. C’est du sectarisme ! Et je dois dire aussi que dans cer-tains cas, des préfets ont été remplacés par des gens moins compétents. C’est dommage.

Faut-il réformer la carte des sous-préfectures ? C’est un sujet délicat car nos territoires sont très atta-chés aux sous-préfectures. Il faut plutôt réinventer leurs missions. Cela suppose, outre l’affirmation d’un

rôle nouveau en matière d’emploi, par exemple, comme c’est le cas depuis la crise, d’enga-ger une vaste action de formation en direction des personnels. Ce n’est pas du jour au lendemain qu’un agent

taires concernant la hié-rarchie policière. Il y a aussi eu des fonctionnaires à qui

on a dit : « Vous êtes bon,

qui a fait des cartes grises durant des années va devenir un spécialiste des politiques de l’emploi.

Avec le recul, compre-nez-vous les critiques formulées contre la Révision générale des politiques publiques (RGPP), notamment dans le rapport d’audit remis au gouvernement en septembre dernier ?La RGPP avait un double objectif : faire des écono-mies en améliorant le ser-vice rendu. Pour l’essentiel, le contrat a été rempli. Et quand le Premier ministre affi rme que la RGPP consis-tait à supprimer des postes à l’aveugle, c’est faux et scandaleux de dire cela. Les emplois n’étaient supprimés qu’après étude et jamais les suppressions de postes n’ont été appliquées de manière uniforme.

Plus que le fond, c’est la méthode RGPP qui a été épinglée…Je crois que la méthode a été bonne et très largement par-tagée par le personnel. Des mesures catégorielles ont été appliquées. La philoso-phie était d’avoir moins de fonctionnaires, mieux payés. Je n’ai qu’un regret, nous n’avons pas bien accompagné la réforme de l’administration territoriale de l’État (Réate). Cette réforme très complexe

1945 Naissance à Vimy (Pas-de-Calais)

1991 Préfet des Hautes-Alpes

1993 Directeur adjoint du cabinet de Charles Pasqua au ministère de l’Intérieur

1994 Directeur général de la police nationaleCLAUDE GUÉANT

PARCOURS

EntrevueRÉSEAU

« Certains préfets ont été remplacés par des gens moins compétents. »

Le pouvoir en place a le droit de changer les respon-sables administratifs. Mais il n’a pas le droit de dire qu’il va faire partir des gens pour incom-pétence alors qu’ils sont extrêmement compétents et qu’ils ont obtenu des résultats. Le g o u v e r n e m e n t s’est laissé aller à de tels commen-

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33DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■ DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■ 33DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■ 33DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

a été difficile à décider. Jean-Paul Faugère [ex-directeur de cabinet de François Fillon à Matignon, ndlr] et moi, qui sommes pourtant deux préfets, donc en principe des experts, étions très embarrassés par les choix à faire dans les regrou-pements de directions. Plutôt que de se reposer sur les chefs de service, peut-être aurions-nous dû faire appel à des cabi-nets de conseil pour accompa-gner les personnels.

Quelle est l’urgence aujourd’hui, en matière de réforme de l’État ?

plus dans l’éducation natio-nale d’ici 2017, comme le sou-haite la majorité, cela repré-sente 125 milliards d’euros si l’on prend en compte toute la carrière d’un fonctionnaire et le paiement de sa retraite par l’État.

Réclamez-vous une réforme du statut de la fonction publique ?Concernant un certain nombre de fonctions, on devrait pouvoir recruter de manière plus souple, sur la base contractuelle. Il faut aussi externaliser davantage.

Il est impératif de conti-nuer. La recherche d’écono-mies est essentielle. Le poids de la dépense publique est trop lourd dans ce pays et le nombre de fonctionnaires trop important. 60 000 emplois de

Approuvez-vous la création d’un secrétariat général pour la modernisation de l’action publique et son rattachement à Matignon ?D’expérience, je sais que lorsque l’on rattache à Mati-gnon, il n’y a plus de direc-tion car le Premier ministre ne peut pas s’occuper de tout. J’espère être démen-ti, mais j’en déduis donc que la réforme de l’État n’est pas prioritaire pour le gouvernement.

Le gouvernement a choisi de lier étroitement réforme de l’État et décentrali-sation. Est-ce cohérent selon vous ?Théoriquement, cela a du sens, mais la question de fond reste la surréglementa-tion de notre pays, le poids de la dépense publique et le nombre de fonctionnaires.

La France a-t-elle besoin d’une nouvelle étape de la décentralisation ?Il faudrait déjà faire vivre les précédentes étapes, mais avec de la clarté. L’échec relatif du mouvement de décen-tralisation conduit par la gauche et par la droite est que cela reste très compli-qué. D’ailleurs, je l’ai vu sur le terrain comme pré-fet, les citoyens continuent de se tourner vers l’État quelles que soient les

2000 Préfet de la région Bretagne

2002 Directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur

2011 Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration

2007 Secrétaire général de la présidence de la République

Entrevue RÉSEAU

Retrouvez l’intégralité de la biographie sur

www.acteurspublics.com

Page 34: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201234 ■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201234

c’eut été aller trop loin de supprimer le département. De plus, le département, que l’on met souvent en cause, est un échelon adapté à condi-tion qu’il joue de tous les res-sorts qu’offre la loi. En matière d’action sociale, les départe-ments peuvent, par exemple, déléguer aux communes leurs propres compétences, en les accompagnant des finance-ments adéquats.

contre le cumul des man-dats. Trop souvent, j’ai vu au Parlement que la dimension des collectivités locales pré-valait sur la dimension natio-nale dans la prise de décision. Or les députés et les sénateurs sont des élus nationaux. De la même manière, je suis favo-rable à ce que les ministres ne soient pas à la tête d’un exécutif local. On doit être ministre de la République à temps plein.

Êtes-vous d’accord pour soumettre, comme le propose la commission Jospin, les anciens ministres aux mêmes règles que les fonctionnaires, concernant le pantoufl age ?Ce serait légitime. Avoir la tutelle sur un secteur d’acti-vité quand on est ministre, puis avoir la perspective d’être employé dans ce même secteur, c’est effectivement un sujet… ●

« Nous n’avons pas bien accompagné la Réate. »

CLAUDE GUÉANT

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reseau.acteurspublics.com

EntrevueRÉSEAU

prérogatives des collec-tivités locales. Lequel État a recréé des compétences et des lignes budgétaires… Il y a là un important gisement de simplifi cation, d’économies et même de qualité de vie démo-cratique, car il n’est pas bon que les citoyens ne sachent pas à quel échelon s’adresser et qui fait quoi.

Pourquoi le gouvernement précédent n’a-t-il pas supprimé un échelon de collectivité, comme le préconisait le rapport Attali ? Pour un gouvernement, la question qui se pose

souvent est de savoir jusqu’où il ne faut pas aller trop loin… Politiquement,

Dans le cadre du prochain acte de décentralisation, les régions devraient récupérer de nouvelles compétences. Est-ce l’échelon à privilégier aujourd’hui ? Les régions ont un rôle impor-tant à jouer, mais que leur donner de plus ? Ce serait déjà bien qu’elles fassent bien et complètement ce qui est de leur compétence.

La commission Jospin préconise de mettre fi n au cumul des mandats parlementaires et exécutifs locaux. Quelle est votre position ? Au sein de l’UMP, j’ai une position singulière, je suis

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■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201236

ILS BOUGENTFranche-ComtéSecrétaire général à l’immigration et à l’intégration place Beauvau depuis

trois ans et demi, le conseiller d’État Stéphane Fratacci se voit nommé préfet de la région Franche-Comté.

Il avait déjà occupé un poste de préfet de département, dans l’Aisne, de 2007 à 2009. Il a aussi été le numéro deux de la direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP) de 1998 à 2001.

NièvrePilier de l’administration élyséenne sous le quinquennat Sarkozy, Daniel Matalon, promu préfet de la Nièvre en septembre 2011, vient d’être remplacé au bout d’un an à peine par Michèle

Kirry, directrice des ressources humaines des ministères sociaux. Cette énarque de 52 ans a piloté la sous-direction des

élus locaux et de la fonction publique territoriale à la direction générale des collectivités locales en 2002, puis la sous-direction des personnels au ministère de l’Intérieur en 2006.

BretagneFrançoise Souliman, 50 ans, est promue préfète déléguée pour la défense et la sécurité auprès du préfet de la région Bretagne. Elle était, depuis 2009, secrétaire générale de la préfecture de la Haute-Garonne. Elle a travaillé de nombreuses années avec Charles Pasqua au groupe RPR du Sénat et place Beauvau, puis avec Christian Poncelet à la présidence du Sénat.

Dominique Dron en transitionNommée en mai 2011 déléguée interministérielle au dévelop-pement durable et commissaire générale au développement durable, Dominique Dron est remerciée un an et demi après son arrivée à la tête de cette structure importante du ministère. Cette ingénieure générale des Mines se voit malgré tout confier la préparation du livre blanc sur le financement de la transition écologique. « Ce livre blanc a vocation à déterminer les conditions de la réorientation du système financier vers le long terme, indispen-sable au bon financement de la transition écologique », indique le ministère. Dominique Dron a été une proche conseillère de Jean-Louis Borloo au ministère de l’Écologie. À ses côtés elle a notamment planché sur le Grenelle de l’environnement. À sa sortie du cabinet, elle avait été nommée directrice générale déléguée de l’Ifremer. Auparavant, Dominique Dron, qui a débuté comme cheffe du service de l’environnement industriel à la direction régionale de l’Industrie, de la recherche et de l’environnement de Provence-Alpes-Côte d’Azur en 1989, a piloté le développement de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) en 1992 avant de diriger la cellule « Prospective et stratégie » au ministère de l’Environnement de 1994 à 2000. Cette agrégée de sciences naturelles, passée par l’École nationale supérieure des mines de Paris, a ensuite présidé la mission interministérielle sur l’effet de serre, entre 2002 et 2004.

PARCOURS

La vigie du littoralLa députée PS des Côtes-d’Armor Viviane Le Dissez prend la présidence du Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres (CELRL). Viviane Le Dissez, 53 ans, a fait son entrée à l’Assemblée nationale après les dernières élections législatives,

en succédant au socialiste Jean Gaubert, dont elle était la suppléante depuis 2007.

Cette élue des Côtes-d’Armor, maire de Plancoët, a auparavant fait sa carrière au ministère de l’Équipement, de 1978 à 2009, et y a terminé comme cheffe adjointe à l’unité territoriale de Dinan.

Intégrée dans le tout nouveau secrétariat général pour la modernisation de l’action publique (SGMAP), la direction interministérielle des systèmes d’information et de communication de l’État (Disic) vient de se voir désigner son nouveau directeur,

Jacques Marzin. Cet administrateur général des finances publiques de 57 ans officie depuis un an dans l’Essonne, où il pilote le pôle « Gestion publique » à la direction départementale des finances publiques. Il avait pris ce poste il y un an, après avoir piloté à Bercy pendant cinq ans (2006-2011) l’Agence pour l’informatique financière de l’État (AIFE), chargée de piloter le fameux système Chorus. Auparavant, Jacques Marzin, ingénieur de formation, a débuté sa carrière en 1978 à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Il y est notamment directeur informatique entre 1991 et 1995. Directeur des systèmes d’information au Centre national d’aménagement des structures des exploitations agricoles (Cnasea) de 1995 à 2001, Jacques Marzin a ensuite piloté le projet Hélios à la direction générale de comptabilité publique à Bercy, de 2001 à 2006.

L’informaticien de l’État

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37DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

ILS BOUGENTÉthiqueJean-Claude Ameisen prend la présidence du Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE). Ce médecin immunologiste de 60 ans, membre du CCNE depuis 2005, préside le comité d’éthique de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) depuis 2003. Il enseigne actuellement à l’université Paris-Diderot.

VillesLe poste de secrétaire général adjoint du comité interministériel des villes a été confié à Éric Briat. Cet énarque a auparavant

dirigé pendant six ans l’Institut national de la consommation (INC). Auparavant, cet énarque a occupé des postes très différents dans le secteur public. Chef du bureau du crédit au ministère de l’Agriculture au début de sa carrière, il a aussi été le directeur administratif et financier de la délégation interministérielle à la Coupe du monde de football 1998.

ÉducationL’universitaire Éric Debarbieux se voit porté à la tête de la nouvelle délégation ministérielle sur la violence scolaire. Il préside actuellement l’Observatoire international de la violence à l’école, une instance qui ne dépend pas du ministère de l’Éducation nationale. Il était en charge, en 2010, de l’organisation des états généraux de la sécurité à l’école.

Boris Boillon crée sa société de conseil

Écarté cet été de son poste d’am-b a s s a d e u r de France en Tunisie, l e d ip lo-

mate Boris Boillon , 42 ans, se met en retrait du Quai d’Or-say et crée sa propre société de conseil, Spartago. Elle aura « notamment pour objet d’aider les entreprises à développer leurs affaires internationales, en par-ticulier en Afrique et au Moyen-Orient », indique-t-il. Proche de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy, qu’il a conseillé sur les questions diplomatiques place Beauvau puis à l’Élysée, Boris Boillon avait été promu ambassadeur de France en Irak en 2009 à sa sortie de la présidence de la République, à l’âge de 39 ans. Deux ans plus tard, Nicolas Sarkozy le nomme à l’ambassade de France à Tunis après la révo-lution de Jasmin. Ses premiers pas dans ce pays au premier semestre 2011 avaient suscité la polémique. Boris Boillon, diplomate de carrière formé sur les bancs de l’Inalco, est l’un des tous pre-miers ambassadeurs de l’ère Sarkozy à avoir été débar-qués par le pouvoir socialiste depuis l’alternance.

François-Xavier Selleret

recaséDébarqué en septembre de son poste de directeur général de l’offre de soins (DGOS) au ministère de la Santé, François-Xavier Selleret vient de se voir nommé conseiller général des établissements de santé (CGES). Cet ancien directeur de cabinet de Nora Berra au secrétariat d’État à la Santé avait été nommé trois mois avant l’élection

présidentielle à la tête de cette direction générale stratégique. L’alternance a rendu difficile son maintien. Ces dernières années, ce directeur d’hôpital de 40 ans, présent en cabinet ministériel sous la droite depuis 2006, a notamment dirigé le cabinet de Laurent Wauquiez au secrétariat

d’État à l’Emploi en 2009-2010. Auparavant, il a officié comme directeur des ressources humaines et des affaires médicales du centre hospitalier de Bourgoin-Jallieu (Isère), en 2001, puis comme directeur adjoint des ressources financières et du contrôle de gestion à la direction générale des hospices civils de Lyon de 2002 à 2006.

Retrouvez l’intégralité des nominations sur www.acteurspublics.com

Le gendarme du nucléaireCréée en 2006, l’Autorité de sûreté de nucléaire (ASN) voit l’arrivée de Pierre-Franck Chevet à sa présidence. Ce bon connais-seur du sujet succède à André-Claude Lacoste, dont le mandat à la tête de ce gendarme du nucléaire n’était pas renouvelable.

Pierre-Franck Chevet était depuis quatre ans directeur général de l’énergie et du climat, l’un des postes clés du ministère de l’Écologie, depuis la refondation de ce ministère par Jean-Louis Borloo en 2007-2008. Ce poly-technicien de 51 ans avait pris ce poste après deux ans passés à Matignon, où il a conseillé

Jean-Pierre Raffarin, puis Dominique de Villepin sur l’industrie, la recherche scientifique et les nouvelles technologies. Auparavant, dans les années 1990, ce haut fonctionnaire a cha-peauté plusieurs sous-directions à la direction de la sûreté des installations nucléaires, avant d’officier comme directeur régional de l’industrie, de la recherche et de l’environnement d’Alsace en 1995, puis du Nord-Pas-de-Calais en 1999.

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ILS PASSENT DANS LE PRIVÉ

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ILS BOUGENTBrésilAncien conseiller de François

Mitterrand à l’Élysée, Bruno Delaye va prend son cinquième poste d’ambassadeur. Ce diplomate de 60 ans va représenter

la France au Brésil. Bruno Delaye a déjà été ambassadeur au Togo (1991-1992), au Mexique (1995-2000), en Grèce (2003-2007) et enfin en Espagne (2007-2012). Il a aussi été le directeur général de la coopération internationale au Quai d’Orsay en 2000.

RwandaMichel Flesch devient l’ambassadeur de France au Rwanda. Ce diplomate de 58 ans occupait les mêmes fonctions en Guinée Bissau depuis deux ans. Auparavant, il a officié comme adjoint au sous-directeur du budget des interventions financières du ministère des Affaires étrangères en 2004, puis comme conseiller de coopération et d’action culturelle et directeur du centre culturel de l’ambassade de France à Hanoï, au Vietnam.

BelgiqueEx-porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valéro, 58 ans, part à Bruxelles et devient ambassadeur de France en Belgique. Il a dirigé la communication du ministère de 2009 à 2012, sous Bernard Kouchner, Michèle Alliot-Marie, Alain Juppé et durant les premiers mois du ministère Fabius. Formé à l’IEP de Paris, ce ministre plénipotentiaire de 2e classe a été ambassadeur de France en Macédoine entre 2006 et 2009.

Le M. Développement durable de l’ÉtatConseiller spécial de la ministre de l’Écologie, Delphine Batho, depuis le mois de juin, Jean-Paul Albertini se voit porté à la tête de l’une des plus grosses structures du ministère : le commissariat général au déve-loppement durable. Ce magis-trat de la Cour des comptes passé par de nombreux cabi-nets ministériels de gauche a dirigé, ces six dernières années, au sein de l’équipe de Bertrand Delanoë, la société d’économie mixte d’aménagement de l’est de Paris (Semaest).

Auparavant, cet énarque de 48 ans a débuté rue Cambon, avant de partir pour le ministère de l’Économie en 1995. Chef du bureau de l’Union européenne à la sous-direction d’Europe-Nord-Sud à la direction des relations économiques extérieures (Dree) en 1995, il conseille le ministre délégué aux Affaires européennes, Pierre Moscovici (1997), puis la ministre de l’Environnement, Dominique Voynet (1999-2001). Promu directeur adjoint du cabinet de cette dernière en 2001, il dirige

le cabinet d’Yves Cochet à ce même ministère de 2001 à 2002. Jean-Paul Albertini était ensuite retourné à la Cour des comptes et avait été affecté à la 6e chambre (2002-2006).

DU CABINET À L’ADMINISTRATION

Vincent Berjot, directeur des finances de la ville de Paris, se voit nommé au ministère de la Culture et de la Communication au poste de directeur général des patrimoines, une direction

compétente pour l’architecture, les archives, les musées, le patrimoine monumental et archéologique. La place était libre depuis la nomination de son titulaire, le conseiller d’État Philippe Bélaval, à la présidence du Centre des monuments nationaux en juillet. Vincent Berjot est doté d’un profil un peu différent. Ce statisticien économiste de l’Insee de 45 ans a travaillé pendant treize ans à la direction du budget à Bercy (1997-2010). Vincent Berjot y a notamment piloté la sous-direction de la politique salariale et de l’emploi dans la fonction publique et le secteur public (2004-2007), puis la sous-direction chargée du suivi de la culture, des sports et de la jeunesse (2007-2008), avant d’être le numéro deux de cette direction de 2008 à 2010. Il avait rejoint la ville de Paris en 2011.

Un financier aux patrimoines

La tour de contrôle de l’ÉcologiePlacé sous l’autorité des deux ministres Delphine Batho et Cécile Duflot, le secrétariat géné-ral commun au ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie et à celui de l’Égalité des territoires et du Logement

change de patron. En place depuis 2010, Jean-François Monteils, passé par le cabinet de François Fillon à Matignon, est remplacé par Vincent Mazauric. Ce haut fonctionnaire issu de

l’ENA âgé de 48 ans, passé par les cabinets de Laurent Fabius et de Florence Parly à Bercy dans les années 2000, a mené toute sa carrière dans les services de la direction générale des finances publiques (ex-direc-tion générale des impôts ou DGI). Chef du service de l’application à la DGI entre 2004 et 2008, Vincent Mazauric était, depuis la création de la direction générale des finances publiques en 2008, directeur chargé de la ges-tion publique et adjoint au directeur général.

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Un nouveau secrétaire général à l’immigrationDirecteur de cabinet de Delphine Batho à l’éphémère ministère délégué à la Justice en mai-juin derniers, Luc Derepas, 46 ans, membre du Conseil d’État, prend la succession de Stéphane Fratacci à la tête du secrétariat général à l’immigration et à l’intégration. Luc Derepas a débuté dans l’administration du ministère des Affaires étrangères pendant six ans avant de rejoindre la haute fonction publique. Secrétaire adjoint des affaires étrangères affecté au service des Nations unies à la direction des affaires politiques en 1989, il travaille ensuite à la sous-direction de la non-prolifération à la direction des affaires stratégiques du ministère en 1993. Luc Derepas passe ensuite le concours de l’ENA et sort en 1997 au Conseil d’État. Administrateur général adjoint, chargé du développement culturel, de la Réunion des musées nationaux (RMN) en 2003, il a ensuite présidé une sous-section à la commission centrale d’aide sociale, de 2005 à 2008. Il a ensuite été détaché en qualité de conseiller juridique et directeur du bureau des services juridiques de l’Organisation internationale du travail (2010-2012).

Promotion rue CambonLa magistrate de la Cour des comptes Marie-Pierre Cordier vient d’être nommée première avocate générale de la Rue Cambon. Cette magistrate de 52 ans évolue à la Cour depuis sa sortie de l’ENA, en 1992. Marie-Pierre Cordier a aussi travaillé pour l’ONU. Elle y a notamment été directrice française adjointe de l’audit externe de 2001 à 2003. Depuis 2010, Marie-Pierre Cordier est membre du comité consultatif d’orientation du Conseil de normalisation des comptes publics.

Un Français préside le comité militaire de l’UELe général d’armée aérienne Patrick de Rousiers prend la présidence du Comité militaire de l’Union européenne (CMUE). Ce haut gradé de 57 ans, jusqu’alors inspecteur général des armées-air, connaît bien le CMUE pour y avoir été, de 2008 à 2010, le chef de la représentation militaire française. Le CMUE est l’organe militaire suprême au sein du Conseil de l’Union européenne. Patrick de Rousiers a servi comme chef de la division « Euratlantique » à l’état-major des armées en 2004, puis comme commandant de la défense aérienne et des opérations aériennes à Taverny (Val-d’Oise), de 2006 à 2008.

Du changement à la direction « Afrique » du Quai d’OrsayÉlisabeth Barbier, 58 ans, est écartée de la direction d’Afrique et de l’océan Indien du ministère des Affaires étrangères et rem-placée par Jean-Christophe Belliard , l’actuel ambas-sadeur de France à Madagascar. Ce dernier a occupé de nombreux postes en lien avec l’Afrique. Troisième secrétaire à Khartoum, au Soudan, en 1985, il a été en poste à Dar-es-Salam (Tanzanie), en 1991. Après un passage aux États-Unis, comme premier secré-taire au service de presse à l’ambassade à Washington (1994), il devient consul au Cap, en Afrique du Sud (1996-2001). Sous-

directeur de l ’ A f r i q u e centrale et orientale à la direction d’Afrique et de l’océan Indien de 2002 à 2005, il devient ensuite deuxième conseiller à la représen-tation permanente de la France auprès de l’Union européenne à Bruxelles (2005-2007).Émissaire personnel du secrétaire général du Conseil de l’Union euro-péenne à Bruxelles et haut représentant pour les ques-tions africaines en 2007, Jean-Christophe Belliard avait été promu ambassa-deur de France en Éthiopie l’année suivante.

LE SOUTIEN INFRASTRUCTURE DE LA DÉFENSENuméro deux de la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DPMA) du ministère de la Défense, René Stephan, 64 ans, a été nommé directeur central du service d’infrastructure de la défense. Il officiait à la DPMA depuis sept ans. D’abord sous-directeur du patrimoine de 2005 à 2010, il était chef de ser-vice et adjoint au directeur depuis deux ans. Il a auparavant piloté la division « Gestion technique du patrimoine » à la direction des travaux maritimes de Brest en 1994, puis la direction des travaux mari-times de Cherbourg de 1998 à 2005.

LE « M. HANDICAP » DE LA FONCTION PUBLIQUE

Directeur de cabinet d’Augustin de Romanet puis d’Antoine Gosset-Grainville à la direction générale de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) en 2011-2012, Jean-Charles Watiez prend la direction du Fonds pour l’insertion des personnes han-dicapées dans la fonction publique (FIPHFP). Ce fonds géré par la CDC a pour mission de favoriser l’inser-tion et le maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés dans les trois versants de la fonction publique. Après avoir débuté chez Michelin, Jean-Charles Watiez a intégré l’ENA sur le tard et a ensuite officié à Bercy avant de rejoindre la CDC.

UN DÉPUTÉ SE JETTE À L’EAUConsulté sur les grands projets d’aménagement et de répartition des eaux, sur les questions communes aux bassins, sur la protection des peuplements piscicoles, le Comité national de l’eau se voit désigner un nouveau président, Jean Launay. Ce député PS du Lot, membre de cette instance en qualité de représentant du bassin Adour-Garonne, siège au Palais-Bourbon depuis 1998.

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En proie à une chute sévère dans les sondages, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, qui voit s’accumuler les attaques et les critiques à son encontre depuis la fin août – que ce soient celles tenant à son manque d’autorité sur les ministres ou les doutes émis sur la stratégie

de communication –, a recruté un conseil-ler spécial : Bernard Candiard. À 65 ans, cet ancien élève de l’IEP de Paris effectue son grand retour à Matignon. Il y a quinze ans, Lionel Jospin lui confiait les clés du service d’informa-tion du gouvernement (1997-2002).

Auparavant, cet ancien attaché d’administra-tion centrale passé par les cabinets de Michel Rocard puis d’Édith Cresson au ministère l’Agriculture, a conseil-lé François Mitterrand à l’Élysée au milieu des années 1980. Après avoir occupé deux-postes de directeur au

ministère de l’Écono-mie, Bernard Candiard est nommé conseiller maître à la Cour des comptes au tour exté-rieur en 1992. Ces six dernières années, il a dirigé le Crédit municipal de Paris. Bernard Candiard a pris sa retraite de la Cour des comptes en août.

Yannick Imbert prend la direction générale de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). Cet énarque était depuis deux ans et demi directeur à la délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale, chargé de l’accompagnement des mutations et du développement économiques.

Yannick Imbert, 53 ans, a débuté en collectivité locale. D’abord chargé de mission pour les affaires économiques de la mairie de Villeurbanne (Rhône) en 1982, il intègre ensuite l’ENA. Sorti en 1989, il rejoint la mairie de Paris comme chef des services financiers du bureau d’aide sociale. Sous-préfet de Saint-Amand-Montrond (Cher) en 1993, puis secrétaire général de la préfecture de Haute-Loire en 1995, il est le sous-préfet de Calais de 1998 à 2000. Secrétaire général pour les affaires régionales d’Aquitaine en 2000, Yannick Imbert a aussi officié comme secrétaire général de la préfecture des Bouches-du-Rhône en 2004. L’année suivante, il est nommé directeur de projet auprès du secrétaire général du ministère de l’Intérieur, chargé de la mission d’accompagnement du projet Iter de production d’énergie par la fusion des atomes à Cadarache. Chef du cabinet de Rachida Dati place Vendôme en 2007-2008, Yannick Imbert a ensuite officié comme sous-préfet de Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines (2008-2010).

La vigie des eauxL’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema), l’organisme technique français de référence sur la connaissance et la surveillance de l’état des eaux et sur le fonctionnement écologique des milieux aquatiques, se voit désigner une nouvelle directrice générale : Élisabeth Dupont-Kerlan. Cette ingénieure générale des Ponts, des eaux et des forêts de 59 ans officiait depuis deux ans au Conseil général de l’environnement et du développement durable.Cette polytechnicienne a dirigé l’Institut national de la recherche sur les transports et leur sécurité (Inrets) de 2000 à 2003. Auparavant, cette haute fonctionnaire a conseillé le ministre de l’Éducation nationale et de la Recherche, Claude Allègre. Nommée adjointe au directeur de la technologie au ministère de l’Éducation nationale en 1998, elle est ensuite directrice départementale de l’équipement de Seine-et-Marne (2003-2005), avant de rejoindre l’Association des régions de France (ARF) comme déléguée « transport, environnement, et énergie » (2005-2009).

Le gestionnaire

de l’immigration régulière

Le « spin doctor » de Matignon

En vueRÉSEAU

L’INSPECTEUR DE L’ARMÉE DE L’AIRLe général de corps aérien du corps des officiers de l’air Joël Martel, actuel major général de l’armée de l’air, a été nommé inspecteur général de l’air et élevé aux rang et appellation de général d’armée aérienne. Ce haut gradé de 56 ans a officié comme directeur adjoint (2005-2007), puis comme direc-teur du personnel militaire de l’armée de l’air (2007-2008), puis comme directeur des ressources humaines de l’armée de l’air en 2008-2009.

LE COMMUNICANT DE LA RUE CAMBONRecrutée en 2009 pour trois ans par Philippe Séguin, le Premier président de la Cour des comptes d’alors, la directrice de la com-munication de cette institution, Dorine Bregman, n’a pas vu son contrat renouvelé par le nouveau Premier président, Didier Migaud. Elle est remplacée par Ted Marx, 40 ans, jusqu’alors responsable du pôle « Communication res-sources » de la direction de la communication de la Caisse des dépôts et consignations (CDC).

LE SÉCURISATEUR DES CERTIFICATS OFFICIELSLe préfet Jean-Régis Borius prend la présidence du conseil d’admi-nistration de l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS). Il a été le préfet des Hautes-Pyrénées en 2011-2012, après avoir été préfet de Saint-Pierre-et-Miquelon (2009-2011). C’est l’ancien pré-fet de l’Orne Bertrand Maréchaux qui dirige l’ANTS depuis un an. Elle a pour mission de répondre aux besoins des administrations de l’État en matière de titres sécurisés : carte grise, passeport biométrique, permis de conduire, etc.

Par Pierre Laberrondo et le service Base de données

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COMMISSION DE RÉGULATION DE L’ÉNERGIE : Contributions en

ligne - MINISTÈRE DE LA FONCTION PUBLIQUE : Un portail « unique » -

MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE : Le réseau de l’innovation -

MINISTÈRE DES FINANCES : Simplifi ez-vous la vigne ! - MINISTÈRE

DES FINANCES : Externalisation de la fl otte auto - MINISTÈRE DE

LA DÉFENSE : Comprendre les restructurations - MINISTÈRE DES

AFFAIRES SOCIALES : Améliorer l’aide aux handicapés - MINISTÈRE

DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR : Un portail collaboratif sécurisé -

ADEME : Un cartable « sain » - GIP NET-ENTREPRISES : Déclaration en

ligne des accidents du travail - MINISTÈRES DE LA JUSTICE ET DU

BUDGET : Des saisies qui rapportent - MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE :

Rationalisation à FranceAgriMer

LES NOMINÉS 2012

Remise des prix à l’Assemblée nationale le 13 décembre 2012

FONCTION PUBLIQUE D’ÉTAT

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Sous le haut patronage du président de l’Assemblée nationale,

Claude BartolonePLUS D’INFORMATIONS SUR : rencontres.acteurspublics.com/2012/victoires

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■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201242

Le médecin général inspecteur Jean-Marc Debonne, 56 ans, a été nommé directeur central du service de santé des armées en remplacement de Gérard Nédellec. Jean-Marc

Debonne se voit aussi élevé au grade de médecin général des armées. Il avait pris cet été le poste de médecin-chef de l’hôpital d’instruction des armées Sainte-Anne, à Toulon. Ce haut gradé a débuté comme médecin-aspirant à l’hôpital d’instruction des armées Clermont-Tonnerre, à Brest, en 1976. Assistant des hôpitaux à l’hôpital d’instruction des armées Laveran, à Marseille, en 1987, il y a aussi dirigé le service de pathologie digestive. Chef du service de clinique médicale et coordonnateur des services médicaux à l’hôpital principal de Dakar (Sénégal), en 2001, il revient au centre Laveran en 2004, comme chef du service de pathologie digestive et référent pédagogique pour la médecine tropicale. Médecin-chef à l’hôpital d’instruction des armées Clermont-Tonnerre en 2007, Jean-Marc Debonne l’a aussi été à celui du Val-de-Grâce de 2009 à 2012.

Le soignant des armées

De l’inspection à l’enseignement

Le ministre de l’Agricul-ture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt, Stéphane Le Foll, a nommé Mireille Riou-Canals directrice générale de l’enseignement et de la recherche de son

ministère. La nouvelle directrice générale pilotait jusqu’ici l’inspection générale du ministère et pré-sidait la section « Mission d’inspection générale et d’audit » du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux. Cette énarque de 54 ans a débuté au ministère de l’Agriculture à sa sortie de l’ENA, en 1986. Mireille Riou-Canals a conseillé les ministres de l’Agriculture et de la Forêt Henri Nallet, puis Louis Mermaz (1990-1991). Après un passage à l’ambassade à Madrid comme conseillère pour la science et la technologie en 1993, elle pilote la sous-direction de la protection sociale à la direc-tion des exploitations, de la politique sociale et de l’emploi du ministère de l’Agriculture puis, à partir de 1999, la direction des affaires financières de ce ministère. Elle a été nommée inspectrice générale de l’agriculture en 2004.

L’ex-directeur de cabinet de Juppé à MadridL’ancien directeur de cabinet d’Alain Juppé au ministère des Affaires étrangères durant la dernière année du quin-quennat de Nicolas Sarkozy, Jérôme Bonnafont , se voit « recasé » par le gouvernement d’alternance, comme le veut la tradition républicaine. Cet énarque de 51 ans, passé par les cabinets de la « Chiraquie », va partir représenter la France à Madrid. Notre ambassade en Espagne avait déjà accueilli, lors d’une alternance précé-dente, en 2002, une figure des cabinets ministériels et

de la haute fonction publique, l’ancien directeur de cabinet de Lionel Jospin à Matignon, Olivier Schrameck, issu du Conseil d’État. Ministre plénipotentiaire de 2e classe, Jérôme Bonnafont est membre du corps diploma-tique, corps qu’il a rejoint à sa sortie de l’ENA. En septembre 2011, ce diplomate avait pris la direction du cabinet d’Alain Juppé et quitté pour cela son poste d’ambassadeur en Inde, qu’il occupait depuis 2007. Avant d’être en poste à New Delhi, il l’a été au Koweït et

à New York. Jérôme Bonnafont a ensuite travaillé pendant dix ans avec Jacques Chirac à l’Élysée (1997-2007), notam-ment comme porte-parole.

DU CABINET À L’ADMINISTRATION

ILS BOUGENTAlsaceLe préfet Stéphane Bouillon, qui fut

directeur du cabinet de Claude Guéant au ministère de l’Intérieur durant la dernière année du quinquennat de Nicolas Sarkozy,

vient tout juste de retrouver, après cinq mois d’attente, une nouvelle affectation. Cet énarque de 55 ans a été nommé par Manuel Valls préfet de la région Alsace. Il a auparavant conseillé Lionel Jospin, puis François Fillon à Matignon.

CentreLe préfet de la région Alsace, Pierre-Étienne Bisch, part occuper les mêmes fonctions en région Centre.

Cet énarque de 61 ans a auparavant officié comme préfet de la Savoie en 1996, de l’Ain en 1999 et du Var en 2002. Il a aussi dirigé Météo-France de 2005 à 2009, après avoir conseillé Jean-Pierre Raffarin à Matignon (2004-2005) et dirigé brièvement le cabinet du ministre des Transports Dominique Perben de juin à novembre 2005.

VarInspecteur général de l’administration au ministère de l’Intérieur depuis mai 2009, Laurent Cayrel, 62 ans, fait son retour dans la préfectorale et se voit nommé préfet du Var. Laurent Cayrel, énarque, a déjà occupé trois postes de préfet : dans le Jura (2000-2002), à La Réunion, (2005-2006), puis dans le Morbihan (2006-2009). Il a également été le directeur des stages de l’ENA de 2002 à 2005.

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PLATEAU DE SACLAY : Maison de l’environnement mobile - SDIS 62 :

Des applications pour smartphone - CONSEIL GÉNÉRAL DU CANTAL :

Une enquête « Climat social » - VILLE DE MEYLAN : Un capteur contre

les mal-garés - VILLE DE CANNES : Un « jardin Alzheimer » - CONSEIL

RÉGIONAL DE POITOU-CHARENTES : Une banque d’investissement -

CONSEIL RÉGIONAL DE MIDI-PYRÉNÉES : Des panneaux

photovoltaïques sur les lycées - VILLE DE CARCASSONNE : Des agents

vigilants - COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DE CAEN-LA-MER :

« Smart Normandy » - VILLE DE PARIS : Dématérialisation des échanges

comptables - CONSEIL GÉNÉRAL DE L’HÉRAULT : Management par

la qualité - RÉGION ET DÉPARTEMENTS D’ALSACE : « 1 + 1 + 1 = 1 »

LES NOMINÉS 2012

Remise des prix à l’Assemblée nationale le 13 décembre 2012

FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE

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Claude BartolonePLUS D’INFORMATIONS SUR : rencontres.acteurspublics.com/2012/victoires

Page 44: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201244

ILS BOUGENTÉcologieLaurent Roy se voit nommé à la direction de l’eau et de la biodiversité au ministère de l’Écologie. Cet ingénieur en chef des Ponts, des eaux et des forêts de 47 ans, ancien conseiller de Dominique Voynet au ministère de l’Environnement, était, depuis 2009, directeur régional de l’environnement, de l’aménagement et du logement de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

FinancesLa Banque postale, la filiale bancaire du groupe La Poste, vient de procéder au recrutement de son inspecteur général : Florence Lustman. Cette inspectrice générale des finances de 51 ans a accompli une large partie de sa carrière dans le corps du contrôle des assurances, qu’elle a dirigé en 2006. En 2008, cette polytechnicienne avait été chargée du pilotage interministériel du plan Alzheimer en France et de son rayonnement à l’international.

IntérieurConseillère « immigration » du ministre de l’Intérieur Manuel Valls depuis l’alternance, Éléonore Lacroix, 38 ans, repart en préfecture et devient secrétaire générale de la préfecture des Ardennes. Cette énarque évolue dans la préfectorale depuis sa sortie de la promotion Willy Brandt de l’ENA, en 2009. D’abord comme directrice de cabinet du préfet de Charente-Maritime, puis comme sous-préfète chargée de mission auprès du secrétaire général de la préfecture de la région Île-de-France en 2011-2012. Avant d’entrer à l’ENA, Éléonore Lacroix, normalienne et agrégée de philosophie, a enseigné en lycée de 1998 à 2006.

L’assemblée générale des magistrats hors hiérarchie du siège de la Cour de cassation a élu une femme, Martine Ract-Madoux, à la présidence de la Cour de justice de la République (CJR), chargée de juger les crimes et délits commis par des ministres dans l’exercice de leurs fonctions. Cette magistrate a présidé la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris, spécialisée dans les affaires de presse. Elle a également été en poste à la cour d’appel de Versailles, où elle a présidé en 2004 le procès en appel dans l’affaire des emplois fictifs du RPR, qui jugea l’ancien Premier ministre Alain Juppé. Actuellement, les juges de la CJR, créée en 1993 sous François Mitterrand, sont 15 : 3 magistrats de la Cour de cassation, 6 députés et 6 sénateurs élus par leurs pairs. Pendant sa campagne présidentielle, François Hollande avait proposé de faire voter une loi « supprimant la Cour de justice de la République ». Cette proposition a été reprise dans le rapport, rendu le 10 novembre, de la commission de rénovation et de déontologie de la vie publique, dirigée par l’ancien Premier ministre Lionel Jospin.

La juge des ministres

Le réformateur de la péréquation

Une mission de réflexion sur la réforme des mécanismes de redis-tribution des ressources, de l’État vers les communes, mais aussi entre communes (« péréquation

verticale et horizontale ») a été confiée au député-maire PS de Sarcelles, François Pupponi. Il devrait rendre ses conclusions en janvier. Cette mission a été lancée dans le cadre d’une réunion au ministère de l’Égalité des territoires, à laquelle participaient des élus de l’association Ville et Banlieue, dont François Pupponi est l’un des vice-présidents. Les députés ont voté cet automne une hausse de 50 % en 2013 de la dotation de développe-ment urbain, destinée aux 100 communes les plus pauvres, qui va passer de 50 à 75 millions d’euros. Mais seules les 50 les plus en difficulté se partageront les 25 millions supplémentaires. Proche de Dominique Strauss-Kahn, François Pupponi, 50 ans, a succédé à ce dernier en 1997 à la mairie de Sarcelles (Val-d’Oise) et en 2007 à l’Assemblée nationale. Il a aussi conseillé le ministre délégué chargé des Affaires européennes, Pierre Moscovici, de 1997 à 2002.

En vueRÉSEAU

Par Pierre Laberrondo et le service Base de données

Le patron de l’enseignement scolaireConseiller spécial auprès du ministre de l’Éducation natio-nale, Vincent Peillon, depuis l’alternance du mois de mai, Jean-Paul Delahaye repart à 61 ans dans l’administration et se voit propulsé à la tête de la direction générale de l’enseigne-ment scolaire, où il remplace Jean-Michel Blanquer, qui a officié durant tout le ministère Chatel. C’est donc un proche que Vincent Peillon place à ce poste stratégique du ministère. Jean-Paul Delahaye, historien, a enseigné en collège au cours

des années 1970 avant de pas-ser dans l’administration de l’éducation nationale. Inspecteur départemental de l’éducation nationale à Montdidier (Somme) en 1983, directeur de l’École normale des Ardennes en 1986, il est directeur des services départementaux de Haute-Saône en 1993, de Côte-d’Or en 1997, puis de Seine-Saint-Denis en 1999. Promu à l’inspection géné-rale de l’éducation nationale en 2001, il y a piloté le groupe « Établissements et vie sco-

laire » de 2002 à 2006. Jean-Paul Delahaye a également enseigné à l’uni-versité René-D e s c a r t e s Par i s -V e t est l’auteur de nombreux articles, livres et rapports sur l’histoire et le fonc-tionnement du sys-t è m e éduca-tif.

DU CABINET À L’ADMINISTRATION

PHILIPPE DEVERNAY

DR

Page 45: Acteurs publics n°90

CHRU DE MONTPELLIER : Dossier patient informatisé - HÔPITAUX

DE MARSEILLE : Accords-cadres NTIC - CENTRE HOSPITALIER DE

PERPIGNAN : Décloisonnement ville-hôpital - HOSPICES CIVILS DE

LYON : Des rappels par SMS - CHRU DE BESANÇON : Un Samu connecté -

CENTRE HOSPITALIER DE METZ-THIONVILLE : Un hôpital 2.0 -

HÔPITAL ROTHSCHILD (AP-HP) : Restaurer l’autonomie fonctionnelle -

EHESP : Des cours e-participatifs - HÔPITAL DE PONT-AUDEMER :

Un numéro vert de santé - CNG : La formation des cadres hospitaliers

innove - CHU DE LIMOGES : Des professionnels de la dépendance - CHU

DE BORDEAUX : Un site unique en obstétrique

LES NOMINÉS 2012

Remise des prix à l’Assemblée nationale le 13 décembre 2012

FONCTION PUBLIQUE HOSPITALIÈRE

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les victoires des

Sous le haut patronage du président de l’Assemblée nationale,

Claude BartolonePLUS D’INFORMATIONS SUR : rencontres.acteurspublics.com/2012/victoires

Page 46: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201246

Marie-Françoise Bechtel débute à 66 ans une carrière de députée. Après un long parcours dans la haute fonction publique au côté de Jean-Pierre Chevènement.

> MARIE-FRANÇOISE BECHTEL

La chevènementiste du Palais-Bourbon

1972 Professeure de philosophie dans le secondaire à Libourne (Gironde)

1978 Élève de la promotion Voltaire de l’ENA

1980 Auditrice au Conseil d’État

1984 Conseillère du ministre de l’Éducation nationale Jean-Pierre Chevènement

2000 Directrice de l’ENAPA

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RÉSEAU Rencontre avec…

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47DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Marie-Françoise Bechtel aurait voulu tout faire, tout suivre en commission. Mais il faut choi-sir. Alors elle se limite un peu. L’industrie et l’éducation seront ses priorités. Le tout avec une décontraction affi chée : « Surtout ne pas se prendre trop au sérieux », dit-elle. Il faut dire qu’à 66 ans, Madame la députée a déjà deux vies professionnelles derrière elle. De quoi relativiser l’ivresse du pouvoir parlementaire…

Élève puis directrice de l’ENANée dans le Béarn, issue d’une famille assez largement compo-sée d’instituteurs, elle a com-

mencé par enseigner la philo au début des années 1970 dans un collège de Libourne, puis à Chartres. Se pose alors la ques-tion d’une thèse pour accéder au monde universitaire. Idée vite abandonnée en raison de la pyramide des âges qui lui laisse espérer peu de postes. Alors ce sera l’ENA. Et la fameuse pro-motion Voltaire. « Je venais d’un univers abstrait, j’ai énormément appris à l’ENA », se souvient cette mère de deux enfants dont l’un est né durant sa scolarité à l’école du pouvoir.Sortie au Conseil d’État, Marie-Françoise Bechtel privilégie le Conseil au gouvernement – à la section de l’intérieur –

 E l le fa it part ie de ces nouveaux députés de la « vague rose » qui a suivi l’élection de François

Hollande. Marie-Françoise Bechtel a été élue dans l’Aisne, après deux tentatives infruc-tueuses. Que l’on ne s’y trompe pas. Cette conseillère d’État à la retraite n’est venue à la politique qu’en raison de sa proximité avec Jean-Pierre Chevènement. Une complicité de presque trente ans, née en 1984. « Je voyais ce type avec une mèche belliqueuse qui tenait des propos intéressants, sur la défense, le nucléaire et aussi la République, dont il a été l’un des premiers à observer les mutations », raconte-t-elle.À l’époque, le ministre de l’Édu-cation nationale la débauche du Conseil d’État et l’enrôle dans son cabinet pour suivre l’enseignement privé. Treize ans plus tard, une proposition plus inattendue la met sur les rails de la politique, la vraie. « On dînait chez des amis et Jean-Pierre Chevènement dit qu’il cherche un candidat pour le 5e arrondissement, chez Tiberi. Au dessert, j’étais la candidate ! » éclate de rire cette agrégée de philosophie. Son score, lui, n’a rien de désopilant : avec 1 % des voix, elle fait son apprentissage de la loi des urnes.

Industrie et éducationDix ans plus tard, en 2007, dans le cadre d’un accord avec le PS censé faire sortir le Mouvement des citoyens de son isolement, Chevènement lui confie l’une des 10 circonscriptions gagnables par son parti en cas de vague rose, dans l’Indre. Mais c’est une vague bleue qui déferle sur la France… En 2012, le « Che » l’envoie sur une terre de gauche, dans l’Aisne. Et cette fois, c’est la bonne.Pour sa première rentrée parle-mentaire et l’examen du budget,

mais s’adonne de bonne grâce au contentieux. En 1992, auprès du ministre de la Justice Michel Vauzelle, dont elle dirige briè-vement le cabinet, cette juriste planche sur la révision de la Constitution pour l’adoption du traité de Maastricht. La future députée sera aussi dans ces années-là la rapporteure générale du comité présidé par Georges Vedel pour la révision de la constitution de 1958. Le droit est sa ligne de force. Une ligne qui l’entraîne en 1999 à nou-veau au cabinet de Jean-Pierre Chevènement place Beauvau, comme conseillère juridique.Puis, en 2000, vient LA propo-sition. « Celle que tu ne peux pas

refuser car elle est républicaine ! » lui lance son condisciple de la promotion Voltaire Michel Sapin, alors ministre de la Fonction publique, quand il lui offre la direction de l ’ENA. Marie-Françoise Bechtel n’y vieillira pas. En 2002, après sa victoire à la pré-sidentielle, la droite la débarque : « Chirac avait un copain à pla-cer » [Antoine Durrleman, ndlr]. Pendant deux ans à Strasbourg, elle a quand même eu le temps d’organiser un colloque intitulé « Pourquoi la presse n’aime pas l’ENA ». « J’avais fait afficher les plus belles caricatures… » dit-elle avec gourmandise. La franchise toujours… ●

Pierre Laberrondo

2012 Députée de l’Aisne.

Rencontre avec… RÉSEAU

« Ne pas se prendre trop au sérieux. »

Retrouvez l’intégralité de la biographie sur

www.acteurspublics.com

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■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201248

Emploi public

COMMENT L’ALLEMAGNE S’APPUIE SUR SES SENIORS

70Enquête

LES BANQUIERS DU DÉVELOPPEMENT

62Europe

LA TIMIDE VOIX DIPLOMATIQUE DE L’UNIONANALYSE60

LA MÉTHODE LebranchuLA MÉTHODE Lebranchu

Page 49: Acteurs publics n°90

49DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Dossier ANALYSE72Emploi public

PARITÉ : LA COURSE À L’ÉQUILIBRE

La ministre de la Réforme

de l’État a fait sienne

la concertation prônée

par François Hollande.

Une stratégie qui séduit

autant qu’elle suscite

d’interrogations.

E n dix minutes, vous m’avez épuisée bien davantage qu’après tout un après-midi d’échanges avec les syndicats ! » Dans

l’imposante salle hypostyle du palais d’Iéna, le siège du Conseil économique, social et environnemental, Marylise Lebranchu, sou-riante mais visiblement lassée, en termine avec une quinzaine de journalistes pressés. Les questions portent sur l’agenda social, qu’elle vient, en ce mois de septembre, de présenter aux syndicats de fonctionnaires. Patiemment, la ministre répète qu’il n’y aura « aucun sujet tabou » mais qu’il faudra « être réaliste ». Puis Marylise Lebranchu s’en retourne à son minis-tère, soulagée d’en avoir fi ni avec micros et caméras. Heureuse, peut-être, de se replonger dans les dossiers techniques d’un ministère au champ d’action très large, qui va de l’éva-luation des politiques publiques au projet de loi sur la décentralisation, en passant par la mobilité dans la fonction publique.Marylise Lebranchu ne goûte guère l’exercice médiatique. C’est le député PS du Finistère Gwenegan Bui, son suppléant à l’Assemblée nationale, qui le dit. « Elle estime qu’elle n’a pas à se donner en spectacle », assure-t-il. Sa marque de fabrique serait plutôt « l’écoute et le dialogue », qui se manifeste aujourd’hui avec les syndicats de fonctionnaires comme avec les élus locaux, loin des fl ashes et des petites phrases. « Elle vit dans un monde séparé, com-mente Ambroise Guellec (UMP), un ancien adversaire au conseil régional de Bretagne, et ne rend pas les gens très diserts sur elle. »Plutôt que de parler d’elle, Marylise Lebranchu préfère écouter. Et écouter beaucoup. « Elle a le sens du contact », avance Pierre Maille, le président PS du conseil général du Finistère. « Elle est chaleureuse, posée et facile d’accès », complète son amie Adeline Hazan, maire PS de Reims. Ceux qui la connaissent …

La ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique

dans son bureau de l’hôtel de Seignelay, entourée de quelques-uns de ses conseillers.

Page 50: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201250

DossierANALYSE

à l’avenir des fonctionnaires », se félicite Brigitte Jumel. La ministre pose le débat, écoute les organisations syndicales, avance par étapes. Et répète souvent que les fonctionnaires ont été « humiliés » au temps de la Révision géné-rale des politiques publiques (RGPP), qu’il est urgent de « restaurer la confiance ». Alors, elle va à leur rencontre, comme lors de ce déplacement estival à Marseille pour mesu-rer les effets de la RGPP dans les services déconcentrés de l’État, où elle promeut encore une fois le « temps indispensable » de la concertation.À Saint-Etienne fin juin, c’est aux élus locaux que la ministre s’adresse, promettant d’œuvrer « au retour de la confiance » – encore une fois – entre l’État et les collectivités. Ils seront asso-ciés de très près au nouvel acte de la décen-tralisation. Les rendez-vous s’enchaînent avec toutes les associations d’élus locaux. « Elle dégage une forme de rayonnement et d’autorité », juge Vanik Berberian, le président MoDem des maires ruraux de France, tout heureux d’avoir pu exprimer les préoccupations de son association, lui qui n’avait plus été invité par un ministre depuis des lustres.

publique François Sauvadet pour dénoncer un « manque de dialogue ».Depuis le mois de septembre, Marylise Lebranchu multiplie les réunions sur tous les sujets : égalité professionnelle, conditions de vie au travail, fusion des corps, mobilité, rémunérations, mesures catégorielles… « Nous prenons enfin le temps de réfléchir en profondeur

« Elle estime qu’elle n’a pas à se donner

en spectacle. »Gwenegan Bui, son suppléant

à l’Assemblée nationale

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À Saint-Étienne, en juin, Marylise Lebranchu promet aux élus

locaux un « retour à la confiance » entre l’État et les collectivités.

décrivent une ministre plus pragmatique que politique, une femme de terrain – elle se destinait au départ à l’enseignement – plutôt qu’une technocrate.

Fonctionnaires réconfortésLes syndicats de fonctionnaires apprécient. « Dans le dialogue, c’est le jour et la nuit avec le précédent quinquennat ! » s’enthousiasme Thi-Trinh Lescure (Solidaires). « On a franchi un cap », approuve Brigitte Jumel (CFDT). « Une personnalité agréable à rencontrer, visi-blement capable de mener le bateau », acquiesce Vincent Hacquin (CFE-CGC). « Les choses ont changé depuis son arrivée, résume Jean-Marc Canon (CGT). Nous rencontrons beau-coup plus souvent la ministre et ses collabora-teurs. Dès qu’on demande à leur parler, ils sont disponibles. » Les syndicats se félicitent aussi d’avoir comme interlocutrice une person-nalité au riche parcours politique, ancienne ministre de la Justice de Lionel Jospin. Des louanges qui tranchent avec les tensions des derniers mois du gouvernement Fillon, quand les syndicats avaient boycotté les rendez-vous du ministre de la Fonction

Page 51: Acteurs publics n°90

51DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Dossier ANALYSE

note en septembre. Dans Les Échos, elle assure que le projet de loi sur la décentralisation est « prêt », détaillant quelques-unes de ses orien-tations. Elle s’attire aussitôt les foudres de l’opposition sur le mode : « À quoi bon concerter puisque le projet est déjà écrit ? »En Bretagne, terre électorale de Marylise Lebranchu, ses contempteurs ironisent. « Ce couac ne me surprend pas, tacle Agnès Le Brun, maire UMP de Morlaix, une munici-palité que Marylise Lebranchu a dirigée entre 1995 et 1997. Sa concertation, c’est un écran de fumée pour masquer une décision déjà prise. » « Lorsqu’elle était vice-présidente de Bretagne, elle court-circuitait les élus en créant des instances et des comités composés par l’exécutif, insiste le séna-teur UMP d’Ille-et-Vilaine Dominique de Legge. Elle tirait les ficelles en douce. » Le conseiller régional UMP d e B r e t a g n e J a c q u e s

La ministre a fait sienne la concertation prô-née par le Président Hollande. « Une décision qui s’impose d’en haut sans concertation ne sera pas appliquée car les acteurs traîneront des pieds pour la mettre en œuvre », confi e-t-elle à Acteurs publics. Une méthode qu’elle applique à ses propres équipes : à la fin de l’été, la ministre a organisé un séminaire de deux jours avec les membres de son cabinet sur une petite île bretonne non loin de l’archipel de Bréhat. Quelques jours coupés du monde le temps, dit-elle, « de créer un autre monde, celui de la réfl exion collective, de la réfl exion partagée ».

Gaffe sur la décentralisationLa méthode porte ses fruits : Marylise Lebranchu s’est imposée comme une ministre respectueuse et respectée, investie dans ses dossiers au point de renoncer, en juin, au « per-choir » de l’Assemblée nationale malgré les appels du pied de Matignon et de l’Élysée. Une partie parfaitement jouée jusqu’à une fausse

Quand Hollande conforte LebranchuSi les dossiers de la ministre de la Réforme de l’État sont par nature interministériels, c’est bien elle qui est à la manœuvre.

Dans le salon Murat de l’Élysée, ce mercredi 31 octobre, Marylise Lebranchu conclut sa pré-sentation des « nouveaux outils » de la moder-nisation de l’action publique, qui s’appuiera désormais sur un comité interministériel et sur un secrétariat général rattaché à Matignon (lire aussi pp. 20-21). François Hollande intervient alors pour souligner « toute l’importance » qu’il attache à ce chantier. Une manière de conforter Marylise Lebranchu dans son action.

Contredite par Manuel Valls Certes, c’est le Premier ministre qui préside le comité interministériel, mais c’est bien la ministre qui est à la manœuvre. Et si Marylise Lebranchu reçoit aux côtés de Jean-Marc Ayrault les asso-ciations d’élus locaux sur le nouvel acte de la décentralisation, c’est elle qui s’implique au quo-

tidien pour faire avancer ce dossier ultrasensible.À la tête d’un périmètre par nature interminis-tériel, celui de la réforme de l’État, de la décen-tralisation et de la fonction publique, dont le

champ d’action chevauche en partie les attribu-tions des ministères du Budget, de l’Intérieur et de l’Égalité des territoires, Marylise Lebranchu voit immanquablement certains arbitrages remonter au Premier ministre. Pour l’instant, elle tient néanmoins le cap sans frictions majeures avec ses homologues du gouvernement.Tout juste a-t-elle été contredite par Manuel Valls en octobre, quand elle avait entrouvert la perspective d’une collectivité basque, assurant que « le gouvernement était attentif au débat qui se déroul[ait] actuellement pour mieux prendre en compte l’identité basque ». Une porte aussitôt refermée par le ministre de l’In-térieur, qui déclarait alors : « Il n’y aura pas de Pays basque français dans la prochaine loi sur la décentralisation… » ●

S. H., avec L. F.

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MARYLISE LEBRANCHU

Naissance à Louédac (Côtes-d’Armor)

Assistante parlementaire de la députée du Finistère

Marie Jacq (1978-1993)

Maire de Morlaix (Finistère)

Députée du Finistère, réélue en 2002,

2007 et 2012

Secrétaire d’État aux PME, au Commerce

et à l’Artisanat

Garde des Sceaux, ministre de la Justice

Première vice-présidente du conseil régional

de Bretagne

Ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation

et de la Fonction publique.

1947

1978

1995

1997

1997

2000

2004

2012Retrouvez l’intégralité de la biographie sur

www.acteurspublics.com

Page 52: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201252

DossierANALYSE

Ne pas mettre le feu…Pour préparer le projet de loi de

décentralisation, Marylise Lebranchu

et ses équipes sont remontées jusqu’au

programme de la gauche aux législatives

de 1978 pour relever l’apparition de ces

« territoires responsables » alors prônés par

les socialistes, avant de se plonger dans

les documents signés quelques années

plus tard par Louis Le Pensec, Charles

de Josselin, Gaston Defferre… « Mon

souhait est d’avoir suffisamment travaillé

en amont pour ne pas reproduire les échecs

du passé, confie Marylise Lebranchu,

comme en 2004, lorsque le gouvernement

Raffarin avait proposé au Parlement un

projet de loi qui consacrait les régions et qui a

finalement renforcé les conseils généraux. » Elle

ne veut pas non plus renouveler l’échec

de 2010, lorsque le gouvernement Fillon

espérait une réforme consensuelle mais

avait in fine allumé « le feu partout » avec

l’instauration du conseiller territorial.

le gouvernement décide seul. » « Au temps du dia-logue doit succéder le temps de l’action », conclut Michel Moreau (CFTC).

Contraintes budgétairesUne crainte commence à émerger dans les rangs syndicaux : la concertation ne serait qu’un artifice permettant à la ministre de gagner du temps alors que ses marges de manœuvre, défi-cits publics abyssaux obligent, sont limitées, voire nulles. François Sauvadet, son prédé-cesseur au ministère de la Fonction publique, abonde dans ce sens : « Concerter, mais pour aller où ? Les recrutements décidés à l’éducation natio-nale, à la justice et à la sécurité privent le gouver-nement de toute marge de manœuvre. » Et d’iro-niser : « La concertation de Marylise Lebranchu n’aboutira sur rien ou presque. »De fait, si la ministre pourrait « toper » avec les syndicats dès le début de l’année 2013 sur certains dossiers, tels que l’égalité profession-nelle, la gestion des âges ou les mobilités, les sujets liés aux rémunérations seront beaucoup plus difficiles à boucler. On parle d’un plan d’augmentations prévues sur plusieurs années, le temps d’un « retour à meilleure fortune », une expression qui revient souvent dans le discours de Marylise Lebranchu. Quant au projet de décentralisation, son passage en Conseil des ministres a été reculé de novembre à janvier, le temps d’organiser une nouvelle série de rencontres de terrain en décembre. La concer-tation se prolonge. Mais ce n’est pas un pro-blème, à écouter la ministre : « Que la concer-tation soit longue ne me gêne pas ». Elle en fait même une règle de vie politique. ● Sylvain Henry Avec Xavier Sidaner, Laurent Fargues et Bruno Botella

Au-delà de ce raté, la concertation version Lebranchu, applaudie les premiers mois, laisse aujourd’hui poindre quelques interrogations. « Elle écoute, mais on ne sait pas très bien ce qu’elle retient de nos échanges », constate Vanik Berberian. Même perplexité du côté des syn-dicats de fonctionnaires. « Certes, la ministre nous consulte, prolonge Christian Grolier (FO), mais nous ne voyons venir aucune déci-sion. » « Discuter, c’est bien, mais il faut arriver à un compromis, s’agace Vincent Hacquin (CFE-CGC). Je crains que nous restions dans la concer-tation et non dans la négociation. Et qu’à la fin,

Le Guen, un autre adversaire, conclut la charge : « Dans sa façon de travailler localement, Marylise Lebranchu ne cherchait le consensus qu’avec elle-même. »« Lorsque j’ai annoncé que le texte était prêt, se défend la ministre, je voulais dire qu’une dizaine de scenarii étaient disponibles. Chacun sait qu’un texte de loi ne s’écrit pas du jour au lendemain. »

« Elle court-circuitait les élus en créant des instances et

des comités composés par l’exécutif. »

Dominique de Legge, sénateur UMP d’Ille-et-Vilaine

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Marylise Lebranchu saluant Alain Rousset, président de

l’Association des régions de France.

Page 53: Acteurs publics n°90

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Page 54: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201254

DossierANALYSE

Jean-François VerdierLe DRH des fonctionnairesD i p l ô m é d e S c i e n c e s - P o B o r d e a u x , J e a n - F r a n ç o i s Verdier, 51 ans, administrateur civil, est le directeur général de l’administration et de la fonc-tion publique (DGAFP) depuis novembre 2009. Auparavant, il officiait à Bercy en tant que directeur des personnels. Ce haut fonctionnaire a connu la vie en cabinet ministériel, d’abord comme chef de cabinet de Jean-Pierre Raffarin, ministre des PME, en 1995 et 1996, puis, de 2004 à 2007, comme direc-teur de cabinet de Christian Jacob, successivement ministre en charge de la Famille, des PME, puis de la Fonction publique dans le gouvernement Villepin.

Par Xavier Sidaner et Pierre Laberrondo

DANS L’OMBRE de la mi

Serge BossiniLe politique du « SGMAP »Il est le numéro deux du secré-tariat général pour la moder-nisation de l’action publique (SGMAP). Cet ingénieur en chef des Ponts devient l’adjoint du secrétaire général, Jérôme Filippini. Proche de Marylise Lebranchu, Serge Bossini a été, entre 2010 et 2012, le directeur général de la Fédération natio-nale des élus socialistes et répu-blicains (FNESR) que l’élue bretonne présidait. Il l’a ensuite suivie, au mois de mai, au gou-vernement et a dirigé son cabi-net au ministère de la Réforme de l’État. Directeur à l’établissement public d’aménagement Euro-méditerranée de 2001 à 2005, Serge Bossini devient, en 2005, directeur de l’aménagement au conseil régional de Bretagne, puis adjoint au directeur général des services de 2007 à 2010.

Jérôme FilippiniLe chef d’orchestre de la réforme de l’ÉtatNormalien, ancien élève de l’ENA, Jérôme Filippini, tout juste 44 ans, a repris la main sur le vaste chantier de la réforme de l’État, depuis sa nomination fin octobre comme secrétaire général pour la modernisation de l’action publique (lire aussi pp. 20-21). Mis à disposition de la ministre de la Réforme de l’État, il a une double mission : assurer la qualité des services rendus aux Français et la bonne gestion de l’argent public.Adjoint au secrétaire général du gouvernement, il avait pris la tête de la direction interministé-rielle des systèmes d’information en février 2011. Direction fon-due dans le nouvel ensemble.

Serge MorvanLe spécialiste des collectivités localesAncien élève de l’École natio-nale du cadastre à Toulouse, ex-inspecteur des impôts, Serge Morvan a pris en juillet la tête de la direction générale des collectivités locales, une admi-nistration au sein de laquelle il a effectué ses débuts profession-nels. À sa sortie de l’ENA en 1994, il y a été adjoint, puis chef du bureau des concours finan-ciers de l’État, avant de passer de l’autre côté. Outre son passage au conseil général de Seine-Maritime, il a dirigé, de 2004 à 2008, les services du conseil général de Saône-et-Loire. Avant cela, de 2000 à 2002, Serge Morvan avait conseillé le ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin, Daniel Vaillant sur… les collectivités locales.

LES EXPERTS

Page 55: Acteurs publics n°90

55DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Dossier ANALYSE

Jean-Christophe BoyerUn maire au côtéde la ministreDevenu maire de Laval après la nomination de Guillaume Garot au ministère de l’Agroa-limentaire, Jean-Christophe Boyer, 46 ans, directeur terri-torial de profession, a rejoint le cabinet de Marylise Lebranchu comme conseiller spécial. Il est également conseiller général de la Mayenne et vice-président de la communauté d’agglomé-ration de Laval délégué aux res-sources et aux fi nances. Un politique donc, qui est plus spécifiquement chargé au sein du cabinet de faire le lien avec les élus dans le cadre de la préparation du projet de loi de décentralisation.

nistre

Laurent OlléonL’expert de la décentralisationÉnarque, maître des requêtes au conseil d’État, âgé de 43 ans, Laurent Olléon, ex-conseil-ler juridique de l’Association des régions de France, est chargé d’épauler le directeur de cabinet tout en assurant en propre la direction du cabi-net d’Anne-Marie Escoffier, la ministre déléguée en charge de la Décentralisation. Passé par HEC et Sciences-Po Paris, Laurent Olléon a choisi le Conseil d’État à sa sortie de la promotion Valmy de l’ENA. Il y a officié comme rappor-teur public près l’assemblée du contentieux et les autres forma-tions de jugement. Promu maître des requêtes en 2001, Laurent Olléon était jusqu’ici commis-saire du gouvernement suppléant près le tribunal des conflits et rapporteur adjoint auprès du Conseil constitutionnel.

Laurent de JekhowskyLe bras droit de la ministreÉnarque âgé de 57 ans, Laurent de Jekhowsky est le directeur de cabinet de Marylise Lebranchu. Il avait déjà conseillé Lionel Jospin à Matignon sur la fonc-tion publique, puis sur les affaires budgétaires entre 1997 et 2002. À sa sortie de cabinet, il part, direction Bercy pour prendre un poste de sous-directeur, avant de poursuivre sa carrière dans les services déconcentrés de la direction générale des impôts (DGI) en devenant trésorier-payeur général (TPG) de la Drôme en 2004, puis de Haute-Savoie en 2006. Cinq ans plus tard, il devient directeur dépar-temental des fi nances publiques et administrateur général des finances publiques, nouveau corps de fonctionnaires créé dans le droit fi l de la réforme de l’administration fiscale, dans le même département.

Nathalie ColinLa conseillère « fonction publique »Diplômée de Sciences-Po Paris, Nathalie Colin, directrice adjointe du cabinet, a mené une grande partie de sa carrière à la direction générale de l’ad-ministration et de la fonction publique, occupant successive-ment des postes au bureau des concours, au bureau des statuts particuliers et enfin au bureau de la déconcentration et de l’organisation de l’État. Après un détour par la Datar et le secrétariat général du gouverne-ment, elle rejoint le ministère de l’Intérieur, puis la direction générale des collectivités locales en 2001 en tant que cheffe du bureau des élus locaux, du recrutement et de la formation des personnels territoriaux. Elle devient plus tard sous-directrice des personnels au ministère de l’Intérieur, poste qu’elle occu-pait jusqu’en mai dernier.

LES CONSEILLERS

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Page 56: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201256

DossierANALYSE

communes de Morlaix, madame la maire avait le contact facile : « Les députés qui ont eu à tra-vailler avec elle savent qu’elle allait à l’essentiel et ne s’embarrassait pas de détails ». Dans les rangs de l’opposition, Agnès Le Brun, maire UMP de Morlaix depuis 2008, avoue avoir eu avec elle des « relations très convenables », malgré le jeu classique de l’opposition partisane.Dès que son agenda le permet, l’ancienne maire de Morlaix retrouve le Finistère. Le 20 octobre, elle était présente à l’inauguration d’une maison de retraite à Sizun, avant d’assis-ter au congrès de la fédération PS du Finistère à Saint-Pol-de-Léon. Entre deux sollicitations, la ministre s’autorise une pause à Morlaix, « sa respiration à elle », témoigne Jean-Luc Fichet, sénateur PS. Elle y a sa maison, toute proche, à Plougasnou, point de départ de balades sur la côte et de bains de mer.Cet été, Marylise Lebranchu a piqué une tête à la plage de Primel, imitant l’ancien ministre Jean-Jacques Aillagon, un autre habitué des lieux. Durant la Toussaint, c’est en compagnie de ses petits-enfants qu’elle faisait ses courses au supermarché. Une ministre « normale » ? Nathalie Bernard, ex-conseillère municipale de Morlaix, a gardé le contact, en voisine, avec celle qui est restée, pour les Morlaisiens, « Marylise ». « Ce qui fait sa force, c’est d’avoir gardé les pieds sur terre », dit Nathalie Bernard. Même si la ministre préfère se définir comme une « ministre bretonne et non une Bretonne devenue ministre ». ●

Xavier Sidaner

législatives. Échec. C’est finalement quatre ans plus tard, lors du scrutin de 1997, marqué par l’épisode de la dissolution de l’Assemblée nationale, que Marylise Lebranchu est élue dans la 4e circonscription de Morlaix, portée sans doute par son mandat à la tête de la mairie de 1995 à 1997 et à celle de la communauté d’agglomération jusqu’en 2003.Une expérience d’élue locale qui lui permet d’éprouver les réalités du terrain, au contact de la population. Vingt ans après, elle conserve l’image d’une élue accessible. Pour Yvon Abiven, maire PS de Saint-Thegonnec et ancien vice-président de la communauté de

L ’hôtel de Seignelay, siège du ministère de la Réforme de l’État, a beau être un immeuble classé du très chic 7e arron-

dissement de Paris, la ministre s’en plaindrait presque. « Regardez, de mon bureau, je n’ai vue sur rien, dit-elle en jetant un regard sur la pelouse bien taillée du jardin. J’ai besoin d’entendre des gens s’exprimer, de marcher dans la rue. C’est pour cela que je suis heureuse de rentrer en Bretagne régulièrement. »Née en 1947 à Loudéac, dans les Côtes-d’Armor, Marylise Lebranchu a détenu plu-sieurs mandats politiques sur ces terres bre-tonnes, jusqu’à être vice-présidente de la région entre 2004 et 2010. C’est dans le Finistère que sa carrière politique a débuté. Adhérente au Parti socialiste en 1977, après avoir été char-gée d’études à la société d’économie mixte du Nord Finistère, elle devient l’année sui-vante attachée parlementaire de la députée PS Marie Jacq. Elle reste à ses côtés jusqu’en 1993, date à laquelle elle se présente aux élections

L’INSPIRATIONbretonne

« J’ai besoin d’entendre des gens s’exprimer, de marcher dans la rue. »

Marylise Lebranchu

Ancienne maire de Morlaix, Marylise Lebranchu a ses racines

en Bretagne, où elle revient presque chaque week-end.

Marylise Lebranchu entourée du maire de Cléder Gérard Danielou (à sa droite) et de

Pierre Maille (à sa gauche), président du conseil général du Finistère, lors de l’inauguration de la

salle municipale Kan ar Mor le 11 novembre.

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Page 57: Acteurs publics n°90

Boehringer Ingelheim s’engage au côté des instances Régionales

Avec les programmes PROFIL pour répondre aux priorités régionales de santé.

Mise en place d’initiatives : multidisciplinaires, liens entre médecins

de ville et médecins hospitaliers,centrées sur le patient : de la prévention à

la prise en charge neurocardio-vasculaire,

[email protected]

Programme d’organisation de la filière AVC depuis l’alerte jusqu’au traitement

Programme d’organisation de la filière FA : recherche de la fibrillation atriale méconnue en médecine générale

Programme d’organisation de la filière diabète : amélioration de la prise en charge des patients diabétiques fragilisés

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DossierANALYSE

Décembre 1997

Le choc des 35 heuresMarylise Lebranchu accueillie par une manifestation du patronat à Tours, où elle participe à un débat sur le thème : « Ce que la gauche veut faire avec les PME ». La secrétaire d’État aux PME est chargée de discuter avec les petits patrons de l’application de la loi sur les 35 heures.

Tension dans les prisonsMarylise Lebranchu, ici à la maison d’arrêt de Fresnes après la prise en otages de trois surveillants, entend réformer « la carte pénitentiaire » et repenser « la différenciation des établissements », pour adapter la sécurité aux différents types de détenus.

Le « bogue » de l’an 2000Marylise Lebranchu s’entretient avec un membre de la caravane « Info bogue » à Nantes, lors du départ de l’opération. La secrétaire d’État aux PME, au Commerce et à l’Artisanat insiste alors pour que les vérifi cations visant à prévenir les pannes soient effectuées avant le mois d’août.

Mai 1999

Novembre 1999

Vache folle : bras de fer avec BruxellesLa France refuse la levée de l’embargo sur le bœuf britannique. Un bras de fer s’engage avec Bruxelles, mais le gouvernement français tient bon. Tout au long de l’année 2000, Marylise Lebranchu suit ce dossier d’abord comme secrétaire d’État à Bercy puis, à partir d’octobre, comme garde des Sceaux. Fin 2000, la ministre de la Justice envoie aux procureurs et procureurs généraux une nouvelle circulaire sur le thème de la sécurité alimentaire.

Mai 2001

Pôle de santé publiqueMarylise Lebranchu défend en Conseil des ministres la création d’un pôle de santé publique à Paris, dans lequel travailleront deux juges d’instruction spécialisés sur les grands dossiers (sang contaminé, amiante, hormone de croissance, vache folle). Il voit le jour en 2002.

Juin 2001

Tempête sur la loi GuigouDans un contexte préélectoral tendu, la loi sur la présomption d’innocence est contestée après plusieurs faits divers médiatiques. Une proposition de loi socialiste soutenue par la ministre va modifi er le texte controversé.

Janvier 2002

Mars 1999

Coordination sur les OGMMarylise Lebranchu est chargée par le Premier ministre, Lionel Jospin, de coordonner l’action gouvernementale sur le sujet des organismes génétiquement modifi és (OGM).

Octobre 2003

Salaire des fonctionnairesLors d’une question au gouvernement à l’Assemblée nationale, Marylise Lebranchu demande au Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, d’ouvrir une négociation dans la fonction publique sur la revalorisation, notamment des salaires plus bas « afi n de favo-riser la demande inté-rieure en encourageant la consommation ».

QUINZE ANS de dossiers chauds

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59DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Dossier ANALYSE

Baignade post-ErikaMarylise Lebranchu se baigne à Concarneau, en symbole du retour à la propreté de l’eau de mer et des plages après la catastrophe pétrolière de l’Erika, en décembre 1999.

Mars 2000

Promotion place VendômeMarylise Lebranchu quitte Bercy et succède à Élisabeth Guigou au ministère de la Justice.

Octobre 2000

Décembre 2000

L’affaire SeznecMarylise Lebranchu demande la révision du procès de Guillaume Seznec, jugé en 1924. En 2006, La Cour de révision rejette la requête visant à annuler la condamnation.

janvier 2001

Février 2001

Les disparues de l’YonneSuite à la publication d’un rapport de l’inspection générale des Services judiciaires dans l’affaire des disparues d’Auxerre, la garde des Sceaux dénonce un « fonctionnement défectueux de l’institution judiciaire ».

Mars 2001

Commission OutreauLes deux anciennes gardes des Sceaux Marylise Lebranchu et Élisabeth Guigou sont auditionnées dans le cadre de la commission sur l’affaire d’Outreau. En décembre 2005, Marylise Lebranchu avait démissionné de cette commission d’enquête parlementaire dont elle faisait partie, après que sa présence au sein de cette instance eut suscité « l’étonnement » d’un défenseur de 2 des 13 acquittés.

Mars 2006

Bataille contre la réforme de la carte judiciaireLa députée socialiste Marylise Lebranchu, ici avec le premier secrétaire du PS, François Hollande, lors d’une manifestation contre la réforme Dati.

Solidaire des magistratsL’ex-garde des Sceaux manifeste à Nantes aux côtés des magistrats en grève après la mise en cause des juges par Nicolas Sarkozy.

Retour au gouvernementPassation de pouvoirs entre Valérie Pécresse et la nouvelle ministre de la Réforme de l’État.

Novembre 2007

Février 2011

Mai 2012

Juillet 2004

Pour un contrôleur des prisonsLa députée Marylise Lebranchu dépose une proposition de loi visant à créer un poste indépendant de contrôleur des prisons. Cette institution indépen-dante voit le jour en 2008.

Les avocats dans la rueLa réforme de l’aide juridictionnelle fait des vagues et constitue le premier dossier chaud pour la nouvelle garde des Sceaux. Les avocats observent une journée nationale de grève (ici à Bordeaux) pour réclamer une revalorisation de cette aide « afi n de permettre un accès égal pour tous à la justice ».

Révélation politique de l’annéeAlors que Valéry Giscard d’Estaing a été élu « homme politique de l’année 2000 », la garde des Sceaux reçoit le prix de la « révélation politique de l’année ».

DANIEL JANIN/AFP - FRANK PERRY/AFP - PHILIPPE HUGUEN/AFP - COR/AFP - MICHEL GANGNE/AFP - DALMAS/SIPA - MARTIN BUREAU/AFP - JACK GUEZ/AFP - JOËL SAGET/AFP - ÉRIC FEFERBERG/AFP - PIERRE VERDY/AFP - DAMIEN MEYER/AFP - ÉRIC PIERMONT/AFP

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■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201260

ANALYSE Europe

Certes, la haute représentante est peut-être sous-dimensionnée pour le poste. Mais celui-ci apparaît après coup comme trop grand pour une seule personne. Comment une profession-nelle peut-elle à la fois présider le Conseil des ministres des Affaires étrangères, assister aux Conseils européens, siéger comme vice-prési-dente à la Commission, remplir toutes les obli-gations diplomatiques d’une quasi-ministre des Affaires étrangères de l’UE, s’entretenir avec le Parlement européen et les États membres ? Le tout en dirigeant sa propre administration, le service européen d’action extérieure (SEAE) ?À son arrivée, elle a dû commencer par orga-niser ce service, devenu opérationnel en décembre 2010. Les quelque 3 700 employés

des Affaires étrangères et de la Défense et régner sur 27 égos nationaux qui l’avaient déjà jugée incompétente avant même qu’elle ne prenne son poste… « La chancellerie britannique ne voulait pas d’un haut représentant qui soit un véritable ministre des Affaires étrangères européen », indique le même haut fonctionnaire. Au jeu subtil des équilibres, Catherine Ashton est apparue comme le plus petit dénominateur commun européen. « Elle a fait de son mieux mais elle est dépendante des 27 capitales européennes », expli-quait en mars dernier le chef de la diplomatie finlandaise, Erkki Tuomioja, représentant d’un de ces « petits » pays qui espéraient davantage d’une diplomatie européenne renforcée.

T out le service est fatigué depuis plu-sieurs mois. Et dire qu’il reste encore deux ans…  » Cette remarque désabu-

sée d’un haut fonctionnaire français résume le moral des troupes à mi-mandat de Catherine Ashton. Pas fameux. Depuis son installation en novembre 2009 comme haute représen-tante de l’Union européenne pour les affaires étrangères, les reproches sont légion : trop absente, pas assez visible et manquant de vision stratégique. À sa décharge, les défenseurs de la diplo-mate de l’Union européenne font valoir que la « baronne » s’est vu confier une mission impossible : construire en quatre ans un ser-vice rassemblant l’équivalent des ministères

LA TIMIDE VOIX diplomatique de l’UnionCréé voici deux ans, le service européen d’action extérieure (SEAE) peine à faire entendre la vision

des 27. La seconde partie de mandat de Catherine Ashton devra être plus créative et engagée.

Catherine Ashton, cheffe de la diplomatie

européenne. Depuis son installation,

les reproches sont légion : trop absente,

pas assez visible et manquant de vision

stratégique.

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61DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Europe ANALYSE

initiatives européennes et produire des idées nou-velles. » En creux, la question du prochain haut représentant se pose déjà. Pour que sa voix porte, il devra avoir une expérience en affaires étrangères, disposer d’une forte légitimité per-sonnelle et être un Européen convaincu. ● Jean-Bernard Gallois, à Bruxelles

proviennent en majorité de l’ex-direc-tion générale des relations extérieures de la Commission et aussi de la direction géné-rale des affaires extérieures du Conseil et des délégations de l’UE dans le monde. « On a importé les structures et les procédures du secré-tariat général du Conseil, puis bricolé nos propres règles, explique un haut fonctionnaire. Il fal-lait agir vite. » Avec l’objectif de constituer un corps de diplomates européens, un concours de recrutement a rapidement été mis sur pied pour insuffler un esprit d’appartenance. Prévue au milieu de l’année prochaine, la « revue du service » pourrait permettre de vis-ser quelques boulons sur les méthodes de tra-vail et de réécrire des règles. Ce sera l’occasion de mettre sur table les partages de compétences avec la Commission européenne en matière de politique étrangère. Et peut-être de réacti-ver le second volet de la mission du SEAE, la politique de sécurité et de défense commune (PSDC), à l’arrêt depuis deux ans.

Culture de stratégieAprès plus d’une vingtaine d’opérations civiles et militaires depuis 2003, peu de missions ont été lancées depuis la prise de fonction de Catherine Ashton : trois opérations l’été der-nier dans la Corne de l’Afrique, au Sud-Soudan et au Sahel. « Pourtant l’Union européenne est la seule organisation au monde à disposer des outils militaires et diplomatiques pour son action », sou-pire une agente travaillant au PSDC. Quant aux succès reconnus, que ce soit au Kosovo, sur la crise des chrétiens coptes en Égypte ou en Iran, ils sont peu connus des Européens. Comme par hasard, le service de presse a été réduit en deux ans à portion congrue et la com-munication extérieure est timide.À croire que les grandes chancelleries euro-péennes ne souhaitent pas lâcher de lest. L’Agence européenne de défense, qui doit soutenir les efforts de défense de l’Union euro-péenne, ne rassemble que 130 personnes et fonctionne avec un budget de 30 millions d’eu-ros. Autre signe que ce volet n’est pas encore essentiel, l’industrie européenne de défense ne sera à l’ordre du jour du Conseil européen qu’en… décembre 2013. Quant à l’échec de la fusion entre EADS et BAE, il aurait fait perdre dix ans à la défense européenne.Restent deux ans de mandat. « Il faut implan-ter une culture de stratégie et d’anticipation, note un haut fonctionnaire. Les délégations ont déve-loppé des réflexes incroyables avec les ambassades. Il faudrait prendre appui sur ce mouvement sou-terrain, les interroger pour arriver à en sortir des

L’essentiel

Le service européen d’action extérieure (SEAE), créé par le traité de Lisbonne, fonctionne depuis décembre 2010.

Il exécute la politique extérieure et de sécurité décidée par le Conseil européen.

Catherine Ashton représente l’Union européenne pour les questions de politique étrangère et de sécurité commune à travers le monde.

Le SEAE regroupe près de 3 700 agents avec un budget de 646 millions d’euros en 2011 pour 138 délégations dans le monde.

Lady Ashton, une cible désignéeAvant sa nomination comme haute

représentante de l’Union pour les

affaires étrangères et la politique de

sécurité, Catherine Ashton était peu

connue. L’ancienne ministre travailliste

de l’Éducation n’a pas marqué les

esprits au Royaume-Uni. Après un long

parcours effectué dans l’action sociale,

elle a été nommée baronne en 1999 sur

la demande du parti travailliste pour

pouvoir siéger à la chambre des Lords.

Jamais élue, elle est arrivée en terrain

inconnu à Bruxelles, où elle succéda

à son compatriote Peter Mandelson

comme commissaire européen au

Commerce quand il fit son retour au

gouvernement britannique en 2008.

Jugée habile par les observateurs,

Catherine Ashton trouva alors des

solutions sur le conflit du bœuf aux

hormones avec les Américains et

a conclu un accord de libre-échange

avec la Corée du Sud.

Lorsqu’il fallut désigner un haut

représentant de l’Union européenne

en octobre 2009, l’équilibre avec le

Conseil et la Commission plaidait en

faveur d’une femme, issue d’un grand

pays et plutôt de gauche. C’est ainsi

que la baronne Ashton devint la figure

de proue du vaisseau diplomatique

européen. Sans expérience ni forte

appétence pour le poste (elle ne parle

qu’anglais), elle parvint à mettre en

place un service administratif en un peu

plus d’un an avec l’aide, entre autres,

du Français Pierre Vimont, secrétaire

général exécutif du SEAE. J.-B. G.

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Le diplomate français Pierre Vimont, ancien ambassadeur à Washington, est depuis octobre 2010 le secrétaire général exécutif du service européen d’action extérieure.

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■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201262

ANALYSE Enquête

qui reçoivent cette manne n’en ont pas réellement besoin et nous regardent de haut lorsqu’on s’inté-resse à l’utilisation qu’ils en font. »Si cette vision sombre ne reflète pas les 6,8 mil-liards d’euros de financements engagés par l’agence en 2010, elle témoigne d’une transfor-mation à marche forcée de son modèle depuis le milieu des années 2000. Sous l’impulsion de l’inspecteur des finances Jean-Michel Severino, l’AFD est devenue une véritable banque du développement, où les prêts représentent désormais 84 % de l’activité contre 34 % en 2004. Un changement qui a conduit par rico-chet à une explosion de la part des prêts dans la somme que la France déclare chaque année à l’OCDE au titre de l’aide aux pays pauvres. Ils y pèsent plus de 25 % du total contre 10 % en 2005. Une forme d’exception française puisque les autres donateurs européens – l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Espagne – maintiennent la part des prêts entre 10 et 15 % et que les États-Unis n’y recourent pas.La tendance est dénoncée depuis quelques années par les ONG. « La montée en puissance

de projets humanitaires plein la tête. Il en est ressorti écœuré d’une vision trop financière de l’aide publique au développement. « L’AFD est une banque et fonctionne comme telle, poursuit-il. Elle se bat contre ses concurrents pour placer des millions d’euros de crédits dans les projets les moins risqués et se positionne sur les affaires les plus rentables. Le pire est que beaucoup des pays

L ’aide au développement est un mar-ché concurrentiel, on peut le regretter mais c’est ainsi. » Quelques mois après

avoir quitté son job à l’Agence française de développement (AFD), cet ancien salarié en conserve un goût amer. Il avait rejoint l’éta-blissement public chargé de distribuer l’aide française aux pays pauvres avec des espoirs

LES BANQUIERS du développementL’Agence française de développement (AFD), qui distribue

près d’un tiers de l’aide aux pays pauvres, multiplie les prêts

depuis quelques années. Une manière pour la France d’être

généreuse à moindre coût.

L’Agence française de développement compte 55 implantations à l’étranger.

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63DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Enquête ANALYSE

de la France de gonfler l’enveloppe de l’aide au développement à moindre prix. « C’est un exemple typique de l’effet pervers des indica-teurs chiffrés, peste un connaisseur du dossier. La France s’engage à consacrer 0,7 % de sa richesse à l’aide au développement en 2015 et multiplie des prêts qui n’en sont pas vraiment pour y parvenir. »L’opération n’a pas échappé à l’Organisation de coopération et de développement écono-miques (OCDE), qui recommande à la France de rééquilibrer son aide au profit des dons et relève que les prêts français sont en moyenne moins avantageux que ceux des autres dona-teurs. Pis, elle reproche à la France de

reconnu que la baisse des dons ne leur lais-sait « qu’une marge de manœuvre réduite » dans les pays les plus pauvres.

Gonfler l’enveloppe à moindre prixUn volumineux rapport de la Cour des comptes publié en juin en remet une couche. « Le recours croissant aux prêts a moins répondu à des considérations stratégiques qu’au triple souci visant à réduire le coût budgétaire pour l’État, à exploiter le modèle financier de l’AFD et à opti-miser le montant de l’aide déclarée », notent les magistrats. En clair, l’engouement de l’AFD pour les prêts est d’abord dicté par la volonté

des prêts s’est effectuée au détriment des dons », analyse Daniel Verger, le directeur exécutif de Coordination Sud, un collectif d’ONG, qui déplore la chute vertigineuse des sub-ventions destinées à l’Afrique subsaharienne depuis 2006. « Cette baisse des crédits a réduit la capacité de la France à intervenir dans des projets d’accès à l’eau, d’éducation et de santé dans des pays qui ne peuvent plus s’endetter ou ne disposent pas d’entreprises solvables », pour-suit-il. À peine nommés, les ministres des Affaires étrangères et du Développement, Laurent Fabius et Pascal Canfin, ont d’ailleurs

À lire Pour en savoir plus, les derniers rapports sur le sujet

N° 108

SÉNATSESSION ORDINAIRE DE 2011-2012

Enregistré à la Présidence du Sénat le 17 novembre 2011

AVIS

PRÉSENTÉ

au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense etdes forces armées (1) sur le projet de loi de finances pour 2012,ADOPTÉ PAR L’ASSEMBLÉE NATIONALE,

TOME IV

AIDE PUBLIQUE AU DÉVELOPPEMENT

Par MM. Jean-Claude PEYRONNET et Christian CAMBON,

Sénateurs.

(1) Cette commission est composée de : M. Jean-Louis Carrère , président ; MM. Didier Boulaud, Chris t ian Cambon, Jean-Pierre Chevènement , Robert del Picchia, Mme Joset te Durrieu, MM. Jacques Gautier , Robert Hue, Xavier Pintat , Yves Pozzo di Borgo, Daniel Reiner, vice-présidents ; Mmes Leila Aïchi , Hélène Conway Mouret , Joëlle Garriaud-Maylam, MM. Gilbert Roger , André Tri l lard, secrétaires ; MM. Pierre André, Bertrand Auban, Jean-Michel Baylet , René Beaumont, Pierre Bernard-Raymond, Jacques Berthou, Jean Besson, Michel Bil lout , Jean-Marie Bockel , Michel Boutant , Jean-Pierre Cantegri t , Pierre Charon, Marcel-Pierre Cléach, Raymond Couderc, Jean-Pierre Demerl iat , Mme Michel le Demessine, MM. André Dulai t , Hubert Falco, Jean-Paul Fournier , Pierre Frogier , Jacques Gil lot , Mme Nathal ie Goulet , MM. Alain Gournac, Jean-Noël Guérini , Joël Guerr iau, Gérard Larcher, Robert Laufoaulu, Jeanny Lorgeoux, Rachel Mazuir , Chris t ian Namy, Alain Néri , Jean-Marc Pastor , Phil ippe Paul, Jean-Claude Peyronnet, Bernard Piras , Chris t ian Poncelet , Roland Povinel l i , Jean-Pierre Raffarin , Jean-Claude Requier , Yves Rome, Richard Tuheiava.

Voir les numéros :

Assemblée nationale (13 è m e légis l . ) : 3775, 3805 à 3812 et T.A. 754

Sénat : 106 e t 107 (annexe n° 4 ) (2011-2012)

Document de référence

Exercice 2011

Le présent document de référence a été déposé auprès del'Autorité des marchés financiers le 26 avril 2012,conformément à l'article 212 13 de son règlement général. Ilpourra être utilisé à l'appui d'une opération financière s'il estcomplété par une note d'opération visée par l'AMF. Cedocument a été établi par l'émetteur et engage laresponsabilité de ses signataires.

Avis n°108 sur le budget « Aide publique au développement » des sénateurs Jean-Claude Peyronnet et Christian Cambon

novembre 2011

Document de référence de l’exercice 2011Agence française de développement

avril 2012

« La politique française d’aide au développement »Cour des comptes, rapport public thématique

juin 2012

Une évaluation insuffisanteBien qu’il existe officiellement

trois services chargés de l’évaluation

de l’aide publique au développement

– un au ministère des Affaires étrangères,

un à Bercy et un au sein de l’AFD –, ce

n’est pas franchement le point fort de

la France. Dans son rapport, la Cour des

comptes relève que les impacts de l’aide

sur la réduction de la pauvreté, le nombre

d’enfants scolarisés ou l’amélioration

de l’alimentation ne sont pas mesurés par

les indicateurs de performance présentés

aux députés et sénateurs. Seuls

deux indicateurs reflètent les résultats

concrets de la politique française dans

les domaines de l’accès à l’eau potable

et la réduction des émissions de CO2.

Mais ces chiffres sont loin d’être

parfaits puisqu’ils s’appuient sur les

effets attendus des projets financés et

non sur les effets constatés. En cas de

cofinancement, ils portent au crédit de la

France l’ensemble des résultats sans les

ramener au prorata de ses financements.

« L’agence est dans les pays émergents plus une banque d’influence impliquée dans la lutte contre le réchauffement

climatique, qu’une banque de développement. »

Dov Zerah, directeur de l’AFDMEIGNEUX/SIPA

Page 64: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201264

EnquêteANALYSE

le réchauffement climatique, qu’une banque de développement, écrit-il dans sa réponse au rapport de la Cour des comptes. Cela permet à l’agence de valoriser au mieux l’offre française, et de positionner favorablement les entreprises françaises, malgré le déliement de l’aide, sur des secteurs choisis en conséquence. »

Pakistan ont rejoint le club en 2009, suivis du Mexique, des Philippines et du Kazakhstan en 2009 et des pays du Caucase en 2011. Au total, les pays émergents, qui pesaient 8 % des enga-gements de l’AFD en 2007, en représentaient 27 % en 2010. Dans ces pays, l’AFD finance des projets d’infrastructures écologiques qui visent davantage à favoriser la croissance verte qu’à lutter contre la pauvreté.

Diversifi cation assuméeÀ la question « quel est l’objectif de la présence de l’AFD en Chine ? » le site Web de l’agence répond : « Notre objectif premier est d’accom-pagner la Chine dans sa transition vers une éco-nomie plus économe en ressources naturelles et plus sobre en gaz à effet de serre ». Ambitieux. Et si, au passage, la France peut augmenter ses exportations et favoriser quelques entreprises françaises, c’est encore mieux. Le directeur général de l’AFD, Dov Zerah, ne s’en cache pas. « L’agence est dans ces zones plus une banque d’infl uence impliquée dans la lutte contre

ne pas respecter « l’esprit de la concession-nalité ». Explication : les prêts octroyés aux pays pauvres sont comptabilisés dans l’aide publique uniquement s’ils sont « conces-sionnels », c’est-à-dire s’ils comportent une part de dons à hauteur de 25 %. Problème : le taux d’actualisation pris en compte n’a pas changé depuis des décennies et, compte tenu de la faiblesse des taux d’intérêts, il est possible d’accorder des prêts comptabilisables en aide au développement sans débourser un euro d’argent public… La question est telle-ment sensible que l’OCDE réfl échit à refuser purement et simplement de comptabiliser les prêts concessionnels dans l’aide publique au développement.La course aux prêts, qui exige de trouver des créanciers solvables, a parallèlement poussé la France à élargir la liste des pays susceptibles d’en bénéficier. Avec le risque de se désin-téresser de ceux qui en ont le plus besoin. Depuis 2002, l’AFD intervient en Turquie, en Thaïlande et en Chine. Le Brésil, l’Inde et le

Comptez-vous revoir les règles de comptabilisation de l’aide au développement ?La question de la nature des dépenses comptabilisées dans l’aide publique au développement est un vrai sujet. Il est l’un des thèmes phares des Assises que j’ai inaugurées en novembre et qui se clôtureront en mars par un discours du président de la République. S’il ressort des débats qu’une majorité d’acteurs souhaitent voir évoluer les règles de comptabi-lisation de l’aide, nous le ferons.

Cela remettrait-il en cause l’objectif d’une aide représentant 0,7 % de la richesse nationale en 2015 ?Les précédents gouvernements n’ont pas mis en place une cohérence budgétaire avec cet objectif. Tout le monde sait que, malheureusement, l’aide française au développement ne représentera pas 0,7 % du PIB en 2015. Pour autant, ce chiffre reste un objectif structurant et a un effet mobilisateur. Mais il ne constitue pas l’alpha et l’oméga de notre politique de développement, car beaucoup de mesures centrales que nous mettons en place, comme la transparence des investissements des entreprises, ne

L’Afrique subsaharienne perçoit 37 % des fi nancements de l’AFD. Ici, le chantier d’un pont au Cameroun.

AFD

PHOTOS : MAX ROSEREAU/MAXPPP

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65DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Enquête ANALYSE

font pas partie du calcul. Là aussi, les Assises nourriront notre réfl exion. Le vote d’une loi de programma-tion, évoqué par François Hollande durant la campagne, permettrait de replacer cet objectif dans un calendrier plus réaliste.

La part des prêts dans l’aide française au développement a considérablement augmenté au cours des dernières années. Faut-il le regretter ?C’est un faux problème. Il n’y a pas d’opposition entre les dons et les prêts. Ce n’est pas parce que la France octroie plus de prêts qu’elle fait moins de dons. Il y a des pays africains qu’il ne faut pas endetter davantage et des pays asiatiques ou latino-américains où les dons ne sont pas nécessaires. Il est absurde d’additionner les deux instruments sous une même enveloppe et d’en tirer des conclusions sur les priori-tés de la France. La Chine est l’un des pays auxquels la France prête le plus, mais cela ne coûte rien au contribuable, voire cela lui rapporte, puisque ce sont des prêts avec inté-rêt non concessionnel. Le cœur de l’aide au développement, ce sont les dons, qui ont un coût direct

pour la France, et les pays d’Afrique subsaharienne représentent 60 % des bénéfi ciaires de cette manne.

Les instruments fi nanciers de l’aide publique au dévelop-pement doivent-ils évoluer ?Il faut encourager les finance-ments qui mêlent dons et prêts. Au Burkina Faso, nous travaillons au fi nancement de la construction d’une centrale électrique solaire, en partie par des prêts puisque le projet va générer des profi ts, mais aussi grâce à des dons qui subven-tionnent le surcoût lié au choix du photovoltaïque. Les solutions inno-

vantes comme la microassurance méritent aussi d’être explorées.

La France sait-elle exactement où va l’argent de l’aide au développement ?Les projets sont choisis avec soin, mais l’évaluation de l’aide au déve-loppement doit être améliorée. Combien d’enfants ont-ils été sco-larisés l’an passé grâce à la France ? Combien de routes ont-elles été construites ? Combien de vaccins distribués ? Nous ne disposons pas d’outils d’évaluation précis pour répondre à ces questions et mesu-rer l’effi cacité de notre aide. Dans

le courant du mois, l’administra-tion fera des propositions. L’AFD a déjà des méthodes, mais elle peut renforcer le suivi des projets qu’elle finance pour s’assurer que les objectifs de départ soient atteints.

L’AFD a la réputation de s’af-franchir aisément de la tutelle des ministres. Est-ce exact ?Depuis ma nomination, je rencontre le directeur général de l’AFD, Dov Zerah, tous les quinze jours et j’ai fait en sorte que les ministères de tutelle parlent d’une seule voix lors des conseils d’administration. Il ne s’agit pas de faire du micromana-gement. L’AFD est un établisse-ment de grande qualité. Il s’agit simplement d’exercer une tutelle politique, comme le recomman-dait d’ailleurs le rapport de la Cour des comptes de juin. D’ici quelques mois, le mode de sélection des projets s’appuiera sur un second avis de développement durable qui viendra compléter l’avis purement financier. Et nous avons fait des énergies renouvelables une priorité car l’aide publique au développe-ment peut favoriser la transition écologique dans les pays du Sud. Propos recueillis par L. F.

Interview

PASCAL CANFIN

« Il n’y a pas d’opposition entre les dons et les prêts »Le ministre du Développement dément que l’augmentation des prêts dans l’aide publique au développement se soit réalisée au détriment des dons. Il convient que l’aide française n’atteindra pas 0,7 % du PIB en 2015.

Si cette diversifi cation est assumée, l’AFD se défend de délaisser l’Afrique subsaharienne. C’est « la priorité des priorités », assure Dov Zerah, qui souligne qu’une large majorité des dons de l’AFD bénéficie à cette partie du monde. Le directeur général distingue les financements engagés par l’AFD, tous ins-

truments financiers confondus, des seules subventions. Dans un cas, l’Afrique sub-saharienne reçoit 37 % de la manne, dans l’autre, cela grimpe à 60 %. La rhétorique est reprise par le ministre du Développement, Pascal Canfi n, qui se refuse à mélanger dons et prêts (lire ci-dessus). L’AFD ajoute que les

pays émergents ne peuvent pas recevoir plus de 10 % des dons et bonifications de prêts. Un plafond qui demeure élevé au regard des sommes en jeu. Les prêts concessionnels octroyés à la Chine entre 2004 et 2011 ont ainsi coûté quelque 120 millions d’euros à l’État et, même plafonné, l’effort fi nancier …

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■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201266

EnquêteANALYSE

de la France à destination des pays émer-gents s’élevait à 77 millions d’euros en 2009, soit la moitié des subventions reçues par les 14 pays les plus pauvres.Face à cette situation, plusieurs députés et sénateurs appellent à une redéfi nition des mis-sions de l’AFD. Fin 2011, les sénateurs Jean-Claude Peyronnet (PS) et Christian Cambon (UMP) pointaient le décalage croissant entre l’image de l’AFD et la réalité de son métier :

« Il est fréquent que le public, les ONG et les parlementaires s’adressent à l’AFD comme à une agence de coopération pour découvrir ensuite qu’il s’agit aussi, voire d’abord, d’un établissement bancaire. » Le 31 octobre, lors de l’audition de Pascal Canfi n à l’Assemblée nationale, le député socialiste Jean-Paul Bacquet notait qu’« en faisant des prêts, nous ne touchons qu’une partie des pays » et son collègue radical Paul Giacobbi déplorait qu’il n’existe « aucune

carte ni aucun tableau indiquant vers quel pays vont nos dons et nos prêts »…La volonté de reprise en main politique de l’AFD demandée par les parlemen-taires sera-t-elle entendue ? Le ministre du Développement l’assure, en garantissant que le Quai d’Orsay et Bercy parlent désormais d’une seule voix au conseil d’administration de l’établissement public. Traditionnellement, les principaux ministères de tutelle peinent en effet à se mettre d’accord sur les décisions stratégiques et l’agence a tendance à s’affran-chir de l’autorité politique. L’ancien directeur de l’AFD, Jean-Michel Severino, s’en est quasiment vanté le 3 octobre lors d’une table ronde au Sénat : « Pendant que les ministères de tutelle ne parviennent pas à s’entendre, l’agence agit sur le terrain. Si elle n’avait pas, au cours de la dernière décennie, proposé aux autorités des objectifs et un nouveau mode d’action, rien ne se serait passé ! »De fait, l’agence jouit d’une expertise incon-tournable et la qualité de ses équipes est reconnue par tous, ONG en tête. Dernier avantage et non des moindres : l’AFD est un établissement qui ne coûte que 953 millions d’euros de crédits budgétaires pour près de 7 milliards d’euros de fi nancements octroyés. Mieux, elle reverse bon an mal an quelque 200 millions d’euros de dividendes à l’État. De solides arguments pour éviter qu’on vienne vous chercher des poux dans la tête en ces temps de disette budgétaire. ●

Laurent Fargues

LES 10 PREMIERS BÉNÉFICIAIRES DE L’AIDE BILATÉRALE FRANÇAISE À TRENTE ANS D’ÉCART

En 1980 En 2010

1 Nouvelle-Calédonie Côte-d’Ivoire

2 Polynésie française Mayotte

3 Maroc Congo

4 Côte-d’Ivoire Chine

5 Sénégal Maroc

6 Cameroun Indonésie

7 Algérie Vietnam

8 Tunisie Tunisie

9 République de Centrafrique Cameroun

10 Burkina Faso Égypte

Source : Cour des comptes

Le métro du Caire a été partiellement fi nancé par l’AFD.

Un chantier remporté par l’entreprise française Alstom.

UNE EXPLOSION DES PRÊTS EN QUATRE ANSFinancements engagés par l’AFD en 2006 et 2010 (en millions d’euros)

1400

3600

362

1952

82 92292 327

2006

2010

Prêts concessionnels

Prêts non concessionnels

Aides budgétaires globales

Subventions

Source : AFD

+ 157 % + 439 % + 12 % - 10 %

JASON LARKIN/PANOS-RÉA

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■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201268

Emploi publicANALYSE

cette richesse. » Une philosophie qui coïncide avec les conclusions d’une étude menée en 2010 par le SGG auprès de 71 cadres dirigeants sur les besoins de formation des directeurs. Une bonne moitié d’entre eux se dit intéressée par des séminaires d’études entre pairs et 37 % sont demandeurs de retours d’expériences.Les directeurs expriment également un vif intérêt pour des enseignements sur l’organi-sation des entreprises privées (56 %) et les comparaisons européennes des politiques publiques (37 %). S’agissant de leurs savoir-faire propres, ils sont d’abord demandeurs de formations sur la gestion des risques et des crises (39 %), la conduite du changement (31 %), la stratégie de communication (27 %) et l’évalua-tion des politiques publiques (24 %). Autant de thèmes qui seront sans doute aussi abordés dans le cycle de formation des futurs directeurs. ● Laurent Fargues

de son style de management » et comprendre « le nouveau positionnement hiérarchique et stra-tégique que représente la nomination sur un poste de cadre dirigeant », stipule l’appel d’offres.Mais la formation reposera d’abord sur les échanges de bonnes pratiques entre auditeurs. « Ce sont tous des cadres supérieurs expérimentés qui évoluent dans des univers très variés, souligne Arnaud Martin. L’enseignement s’appuiera sur

M i-octobre, une soixantaine de hauts fonctionnaires ont retrouvé le chemin de l’école. Et se sont

assis, une nouvelle fois pour certains, sur les bancs de l’ENA. Tous ont en commun d’avoir passé quinze ou vingt ans dans l’administra-tion et de faire partie de la génération mon-tante des cadres supérieurs de l’État. Celle qui devrait se retrouver dans les cinq ans à venir aux postes les plus exposés : directeur central, préfet, ambassadeur, etc.Jusqu’en mai, ils se retrouveront un jour par mois par petits groupes de 15 pour une forma-tion sur mesure. « L’objectif est de conforter le vivier des hauts fonctionnaires aptes à prendre des fonctions à très hautes responsabilités, détaille Arnaud Martin, chargé de l’élaboration de cette formation au secrétariat général du gou-vernement (SGG), en insistant sur la dimension interministérielle puisque ce sont des personnes qui pourront être nommées sur des emplois exté-rieurs à leur ministère d’origine. »

Un marché de 340 000 eurosEn lançant la session, le SGG consacre son rôle de coach des hauts potentiels de l’État. Il a confié la gestion de la formation à l’ENA qui a elle-même eu recours à des prestataires privés. Un appel d’offres a été publié en avril pour un montant de 340 000 euros. Trois orga-nismes ont été retenus : l’Essec MA, Kea & Partners et Oasis. Leur expertise est particu-lièrement attendue pour permettre à « chaque auditeur d’acquérir une meilleure connaissance

DES FUTURSdirecteurs COACHÉSUn nouveau cycle de formation destiné aux

hauts potentiels des ministères a été inauguré

en novembre. Le but : constituer un « vivier »

pour les postes les plus exposés.

Le bon moment pour la formationEn 2010, le secrétariat général

du gouvernement a demandé à

71 cadres dirigeants de l’État quel

temps ils pouvaient consacrer au

cours de l’année à leur formation.

Réponses : 38 % sont prêts à y

passer deux ou trois jours, 38 %

une semaine et 24 % deux

semaines. Les périodes idéales pour

programmer les sessions sont les

mois de janvier, de février et de

juillet. Les jours les plus favorables

sont le vendredi, si possible après-

midi, et le mercredi.

« L’enseignement s’appuiera sur la

richesse des parcours. »Arnaud Martin,

chargé de l’élaboration de cette formation au secrétariat

général du gouvernement

DM

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La première promotion compte 60 hauts

fonctionnaires, dont 30 % de femmes.

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■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201270

Emploi publicANALYSE

P as de discrimination liée à l’âge ! C’est le leitmotiv qui a conduit la ville de Hambourg à passer en revue

l’ensemble de ses textes et règlements pour veiller à ce qu’ils ne portent pas préjudice à ses agents seniors. Un très fastidieux travail juridique qui a récemment abouti à l’évolu-tion de certaines de ses normes et procédures, notamment en matière d’évaluation des employés, et permis à la deuxième plus grande ville d’Allemagne de redéfinir la politique de gestion des âges de ses agents publics.

Promotion de la santé des fonctionnaires, tutorat, formation :

autant de mesures prises outre-Rhin pour répondre à la perte de

connaissance liée aux départs en retraite d’agents expérimentés.

COMMENT L’ALLEMAGNE s’appuie sur ses seniors

UNE POLITIQUE RH GLOBALEAlors que les seniors sont parfois placardi-sés dans les administrations françaises, les employeurs publics allemands appréhendent de manière globale la gestion des âges de leurs agents. « La politique générale mise en œuvre par l’Agence fédérale allemande du travail est une politique de gestion des ressources humaines basée sur les phases de la vie », souligne, en France, la direction générale de l’administration et de la fonction publique dans son « Recueil de bonnes pratiques en matière de gestion des âges de la vie » . Cinq phases ont été identifiées, de la prise de poste jusqu’à la retraite « active », les agents retraités pouvant après 65 ans – l’âge légal de la cessation d’activité – être recrutés en CDD.

Il faut dire que les conditions de travail des seniors sont l’un des sujets sensibles de la fonc-tion publique d’outre-Rhin. Selon les estima-tions du gouvernement, plus d’un quart des fonctionnaires partira en retraite avant 2020, alourdissant la charge du financement des retraites pour l’État, les communes et les Länder. Les autorités se sont penchées sur la question dès le début des années 2000 avec pour objec-tif l’amélioration de la proportion de seniors en activité. Avec succès, l’exemple allemand étant souvent salué dans les rapports internationaux. ●

EN CHIFFRESPopulation allemande : 81 millions d’habitantsNombre de fonctionnaires : 4,5 millionsFonctionnaires en retraite d’ici 2020 : 25 à 30 %

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71DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Emploi public ANALYSE

LES MANAGERS FORMÉSPas facile pour un jeune cadre supérieur de diri-ger un agent du même âge que ses parents. Une problématique appréhendée dans la formation initiale comme dans la formation continue des supérieurs hiérarchiques, invités à suivre, au niveau fédéral, des modules sur la gestion de la santé et sur celle des équipes. « La majorité du personnel d’encadrement a entre 55 et 60 ans », constate la DGAFP, et un très grand nombre de directeurs partira à la retraite avant 2015. Une nouvelle génération de cadres est actuellement formée pour investir les niveaux hiérarchiques supérieurs. Des managers qui seront à la pointe pour gérer des équipes intergénérationnelles.

POURQUOI PAS EN FRANCE ?Une prise de conscience tardiveLa gestion des seniors ? Voilà une problématique longtemps ignorée par les employeurs publics français. « Trop de fonctionnaires seniors n’ayant pu bénéfi cier de formation se retrouvent au “placard” à la fi n de leur carrière », relevait l’ancien député Nouveau Centre Pascal Brindeau lors de la publication, en février dernier, de son rapport sur l’emploi des seniors dans la fonction publique française. Certes tardive, la prise de conscience semble aujourd’hui s’opérer. La ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu lancera

en janvier une concertation avec les syndicats de fonctionnaires sur la gestion des âges des agents publics, qui devrait aboutir à des mesures concrètes au printemps.La ministre s’appuiera peut-être sur les préconisations du rapport Brindeau, qui suggère d’instaurer une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences dans les trois fonctions publiques, d’instituer des entretiens de mi-carrière et d’offrir du temps partiel aux agents de plus de 60 ans en échange de missions de tutorat ou de bénévolat.

À lire Pour en savoir plus, les derniers rapports sur le sujet

OCDE« Vieillisse-ment et service public, le défi des ressources humaines »

DGAFP« Recueil de bonnes pratiques en matière de gestion des âges de la vie »

EIPARapport de l’Institut européen d’administra-tion publique sur l’évo-lution démographique et son incidence sur la gestion des ressources humaines dans les sec-teurs publics européens

L’ATTENTION PORTÉE À LA SANTÉ DES AGENTSLes employeurs publics sont invités dans une série de recommandations du gouverne-ment allemand édictées en 2011 à multiplier pour l’ensemble de leurs agents, même les plus jeunes, les actions de protection de la santé et la promotion d’une bonne condition physique, à encourager une fl exibilisation du temps de travail et à développer une orga-nisation du travail tenant compte de l’âge. Pour limiter les départs anticipés à la retraite, une campagne sur la santé au travail ciblant les seniors du secteur public a par ailleurs été mise en œuvre. Et des dispositions statutaires favorisant la recherche d’un nouvel emploi dans le service public ont été créées pour les agents n’étant plus physiquement complètement opérationnels sur leur poste de travail.

par Sylvain Henry

LA TRANSMISSION DU SAVOIRQui dit seniors dit départs en retraite et parfois… perte des savoir-faire. La fonction publique allemande a trouvé la solution en encourageant ses agents

les plus âgés à s’investir dans des actions de bénévolat et de tutorat. À l’image du ministère fédéral de la Famille, des Personnes âgées, des Femmes

et de la Jeunesse, où les personnels bénéfi cient de congés payés s’ils acceptent de s’engager dans des missions de tutorat tel que l’accompagnement, quelques heures

par semaine, d’un agent récemment entré en activité. Une « culture de l’engagement » s’est progressivement développée dans l’ensemble du secteur public, faisant parfois intervenir d’anciens agents aujourd’hui retraités mais disposés à épauler leurs anciens services.

ALLEMAGNE

Page 72: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201272

Emploi publicANALYSE

Dates clés UN DÉCRET instaure graduelle-ment d’ici 2018 un quota de 40 % de femmes parmi les hauts fonc-tionnaires nommés chaque année.

L’ENJEULe gouvernement entend promouvoir un État « exemplaire » en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. Un message fort a été adressé dès le printemps avec le rétablissement d’un ministère des Droits des femmes de plein exercice et la constitution du premier gouvernement paritaire. Siègent aux côtés de Jean-Marc Ayrault 19 ministres femmes et 19 ministres hommes.

LES MINISTRES À L’ÉCOLEDepuis septembre, tous les ministres sont invités à suivre des séances de sensibilisation à l’égalité femmes-hommes. Une idée venue de Suède soufflée à Jean-Marc Ayrault par Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des Droits des femmes. Les membres du gouvernement suivent donc une formation de quelques heures dispensée par l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) sur les stéréotypes sexistes et la réalité des violences faites aux femmes. Par ailleurs, une récente circulaire impose la nomination au sein de chaque ministère d’un haut fonctionnaire à l’égalité des droits et la désignation dans les cabinets ministériels d’un interlocuteur privilégié du ministère des Droits des femmes.

PARITÉ : la course avril 2012

septembre 2012

Najat Vallaud-Belkacem

Marylise Lebranchu

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SY

/S

IPA

MICHEL EULER/AP/SIPA

REVELLI-BEAUMONT/SIPA

Page 73: Acteurs publics n°90

73DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Emploi public ANALYSE

Par Sylvain Henry

ANNONCE DE MESURES concernant l’ensemble des politiques publiques à l’issue d’un comité interministériel.

FIN DE LA NÉGOCIATION entre Marylise Lebranchu et les syndicats de fonctionnaires sur l’égalité professionnelle.

LES MINISTRES retournent à l’école… le temps d’une formation de sensibilisation à la parité femmes-hommes.

LES MANAGERS EN PREMIÈRE LIGNE« Déconstruire les stéréotypes » qui perdurent dans la formation des fonctionnaires. C’est l’une des priorités interministérielles en matière de formation établies par la direction générale de l’administration et de la fonction publique. L’encadrement supérieur est particulièrement visé : gestionnaires des ressources humaines, membres de jurys, etc. La formation initiale et les formations spécifiques (« prise de poste », « adaptation à l’emploi », etc.) doivent désormais inclure la thématique de l’égalité professionnelle.

TOUS LES FONCTIONNAIRES CONCERNÉSDémarrée en septembre, la négociation entre Marylise Lebranchu et les syndicats de fonctionnaires « sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la fonction publique » devait s’achever fin novembre. Les réunions de travail portent notamment sur l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle et sur le déroulement de carrière des femmes : recrutement, formation, avancement, écarts de rémunération, etc. Un « socle commun d’indicateurs » relatifs à l’égalité dans les trois versants de la fonction publique doit être défini.

DES RENDEZ-VOUS ANNONCÉSUne série de mesures concernant l’ensemble des politiques publiques et visant à réduire les inégalités femmes-hommes doit être annoncée à l’issue d’un comité interministér iel prévu avant la fin de l’année. Le gouvernement, qui a promis en juin de veiller à l’équilibre entre les femmes et les hommes dans les nominations aux emplois supérieurs de l’État, a annoncé qu’il dresserait un premier bilan en la matière « fin 2012 ». Les nominations de ces derniers mois penchent encore largement en faveur des hommes, alors que seules 20 % de femmes occupent aujourd’hui les postes de direction de l’État…

ET DEMAIN ? Dans un rapport remis en octobre à Marylise Lebranchu, le député radical Alain Tourret préconise l’instauration d’un observatoire des discriminations dans la fonction publique et l’annulation des nominations intervenues en méconnaissance de l’exigence de parité inscrite dans la loi de mars 2012. Celle-ci prévoit l’instauration graduelle d’ici 2018 d’un quota de 40 % de femmes parmi les hauts fonctionnaires nommés chaque année dans les trois versants de la fonction publique, sous peine de pénalités pouvant atteindre 90 000 euros. « En matière de parité, les choses avancent timidement », estime Alain Tourret. Selon lui, tout serait question de volonté politique.

à l’équilibredécembre

2012novembre

2012

Alain TourretVINCENT ISORE

FOTOLIA

FOTO

LIA

Page 74: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201274

Emploi publicANALYSE

soit une baisse de 21 % par rapport à 2010 (60 306 offres). On atteint ainsi un niveau légèrement inférieur à celui observé en 2009 (49 874 offres). La plupart de nos voisins européens n’ont pas enregistré de repli aussi

important, à l’instar du Royaume-Uni, indé-trônable champion européen de l’emploi public sur le Net, qui enregistre un repli de 14 % avec 130 415 offres en ligne en 2011 contre 150 850 en 2010. D’autres sont même en croissance, à l’exemple de l’Allemagne, avec une hausse de 16 % de ses offres d’emploi en ligne en glissement annuel (67 117 offres en 2011 contre 58 063 en 2010). La France a ainsi été dépassée par l’Allemagne. Le top 3 des pays recrutant sur Internet en Europe en 2011 inclut donc le Royaume-Uni (38 % des offres totales publiées en ligne en Europe dans le secteur public), l’Allemagne (19 % des offres totales publiées en ligne en Europe dans le secteur public) et la France (14 % des offres totales publiées en ligne en Europe dans le secteur public). Par ailleurs, les pays nordiques enregistrent des croissances très fortes de leur activité de recrutement en ligne (notamment la Suède avec + 17 %, la Norvège avec + 12 % ou la Finlande avec + 35 %). ●

L a sixième étude Monster-Acteurs publics indique pour la première fois depuis sa création une baisse de l’em-

ploi public sur Internet en France. En 2011, 47 451 offres y ont été publiées sur la Toile,

Baisse des offres en ligneLe nombre d’offres d’emploi public en ligne est en repli de – 21 %

en France en 2011, selon la 6e étude Monster-Acteurs publics

sur l’utilisation d’Internet par les employeurs publics européens.

Un contexte qui pousse à diversifi er les sources de recrutementDans un contexte

économique diffi cile, les

organisations cherchent des

solutions de recrutement

performantes (rapport

coût-ROI) répondant aux

exigences de rentabilité des

investissements fi nanciers et

en temps des professionnels

du recrutement du

secteur public. Le secteur

public confi rme ainsi son

intérêt pour les solutions

de recrutement sur

Internet – pour les postes

d’encadrement – qui

fl uidifi ent le marché de

l’emploi, diversifi ant ainsi

leurs sources de recrutement

(candidature spontanée, etc.).

LES

ZEK

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Page 75: Acteurs publics n°90

75DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Emploi public ANALYSE

LES OFFRES D’EMPLOI PUBLIC PUBLIÉES EN LIGNE EN 2011 DANS L’UNION EUROPÉENNE

67 11719,77 %32 860

9,68 %

14 540

130 415

4,28 %

38,42 %

47 45113,98 %

1 0150,30 %

3 0720,90 %4 715

1,39 %

7 6112,24 %

1 0220,30 %

7 0762,08 %

7 5972,24 %

1 3130,39 %

4 1551,22 %

1 8480,54 %

1 7630,52 %

1 7710,52 %

8780,26 %

1080,03 %

4610,14 %

00 %

00 %

30 %

2070,06 %

2 1430,63 %

2660,08 %

630,02 %

4 1551,22 %

Nombre d’offres d’emploi public publiées en ligne en 2011 dans l’Union européenne.

Répartition en % du nombre d’emplois publics publiés en ligne en 2011 dans l’Union européenne.

Page 76: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201276

Emploi publicANALYSE

Comment expliquez-vous la baisse des offres d’emploi public en ligne observée en France en 2011 ? L’enquête Monster-Acteurs publics indique, en effet, et pour la première fois, une tendance baissière en 2011. Cette baisse est particulièrement imputable à la crise et elle ne remet pas en cause l’intérêt des recruteurs publics pour le recrutement en ligne. En effet, leur objectif consiste, plus que jamais, à attirer les talents, et ce de façon plus effi cace avec un budget contraint. Le Net reste de très loin la meilleure solution.Par ailleurs, le taux de mobi-lité dans le secteur public reste très fort, notamment au sein des collectivités. Les besoins en termes de recrutement sont donc constants et Internet permet de fluidifier ces échanges en les accélérant. Nous constatons ainsi une augmentation des appels

d’offres de la part des organisa-tions de toutes tailles pour des outils de gestion de candidature ou des solutions de dématéria-lisation RH. Une tendance crois-sante observée depuis le début de l’année et à laquelle Monster sait parfaitement répondre.

Pourquoi la France est-elle repassée derrière l’Allemagne en 2011 ? Pour l’Allemagne, il s’agit avant tout d’une question de politique globale de l’emploi. Le marché du travail dans sa globalité a beau-coup moins souffert en 2011 de la récession en Allemagne que dans les autres pays industriali-sés. Cela peut être attribué à une politique de l’emploi « combi-nant intelligemment » le soutien à la conjoncture et des mesures d’aide à l’emploi supportées par le renforcement des systèmes d’assurance sociale. Le nombre

de personnes occupant un emploi en Allemagne a ainsi atteint un record en 2011. L’Allemagne doit toutefois faire face aujourd’hui à un autre défi, celui du vieillisse-ment de sa population.

La baisse s’est-elle poursuivie en 2012 ?Selon les données du Monster Index de l’emploi en 2012, l’an-née se divise clairement en deux parties. Une période préélecto-rale qui correspond à un pre-mier semestre très attentiste (de 23 891 offres de janvier à juillet 2012 versus 30 715 offres sur la même période en 2011). Un second semestre marqué par les premières décisions du gouver-nement en matière de politique d’emploi public. En octobre 2012, le Monster Index dans le secteur public a ainsi cru, pour le deuxiè-me mois consécutif, de 2 % en glissement annuel. C’est la pre-mière fois depuis près d’un an et demi que le secteur public affiche à nouveau un rythme de croissance positif, en rythme annuel, de ses offres d’emploi. Les premiers contrats de généra-tion et les emplois d’avenir, prin-cipalement dans les collectivités territoriales, ont été mis en œuvre en novembre. Il faudra donc attendre quelques mois pour en observer tous les effets. Sans doute en 2013. ●

Interview

HOURIA EL MOUTAKI

« Le taux de mobilité dans le secteur public reste très fort »Pour la directrice du pôle « Secteur public et formation » chez Monster, la baisse ne remet pas en cause l’intérêt des recruteurs publics pour le Web.

FOCUS

LES CATÉGORIES Les offres d’emploi en ligne du secteur public affi chent une part importante de postes de « cadres » et de « professions intellectuelles et scientifi ques ». Ces deux catégories représentent respectivement 22 % et 69 % des offres d’emploi du secteur public en octobre 2012. Après vingt mois très diffi ciles, cette catégorie affi che depuis septembre 2012 une croissance de ses offres d’emploi relativement dynamique (12 % en moyenne, en glissement annuel, au cours des deux derniers mois).

LES RÉGIONS En octobre 2012, l’Île-de-France regroupait 37 % des offres d’emploi en ligne du secteur public, devant les régions Ouest (16 %) et Nord (13 %). Cinq régions sur sept affi chent, en octobre 2012, une croissance positive de leurs offres d’emploi dans le secteur public, et deux enregistrent des rythmes de croissance supérieurs ou égaux à 20 % (Rhône-Alpes et Méditerranée).

DR

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■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 2012 ■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201278

INNOVATIONSur le terrain

LES 4 RECETTES DES PRÉFETS

88Aménagement durable

UN CAMPUS URBAIN À PARIS-SACLAY

8682Aménagement durable

INNOVER, MOT D’ORDRE DE LA RÉNOVATION URBAINE

ment est encore timide. Vu l’enjeu que représente la maî-trise de l’énergie, les collectivités n’ont de toute façon plus le choix et s’activent pour porter la ville du futur, comblant leur retard, même s’il reste des efforts à faire par rapport à leurs homologues européennes comme Stockholm, Amsterdam ou Barcelone, souvent

citées en exemple. Ce « rattra-page », les villes l’accomplissent aussi parce que l’État s’est mobilisé ces dernières années en faveur du développement durable. Les villes, en effet, ne se bâtissent pas seules, en dehors de tout cadre.

1. L’État régalien« Depuis les années 2000, l’État a mis à disposition des collectivités un certain nombre d’outils pour accom-pagner cet “urbanisme durable” qui est en train de s’inventer », note Jean Haentjens, urbaniste. Le Grenelle de l’environnement,

quelques mois, d’optimiser l’usage des transports publics et de mieux réguler le trafi c. Ces trois exemples montrent à quel point les villes innovent. Et ce qu’il s’agisse de transport, mais aussi d’habitat ou d’énergie, composantes qui façonnent la ville et qui sont déclinées à tra-vers les agendas 21 ou les « plans énergie climat ». Pour y parve-nir, les villes font de plus en plus appel aux nouvelles technolo-gies : les réseaux intelligents, ou smart grids, qui optimisent l’usage des ressources énergétiques, ont la cote, même si leur développe-

L es usagers des transports en commun de l’agglomé-ration nantaise peuvent

acheter, composter et faire contrôler leur ticket de transport sur leur téléphone mobile depuis le 15 octobre. Avec cette inno-vation, Nantes s’inscrit dans un mouvement d’ensemble, comme le montrent encore les expéri-mentations menées à Nice sur le stationnement guidé par GPS. À Lyon, toutes les informations relatives aux transports sont en passe d’être rassemblées sur une plate-forme unique accessible sur mobile, avec l’objectif, dans

L’État se met en 4 pour les villes du futur

Grenelle de l’environnement

oblige, l’État impose des normes et des

règles, mais suscite aussi les initiatives

locales et accompagne financièrement

les collectivités pour porter l’image

de la ville de demain.

Moins cher, circulant en site propre, le réseau Chronobus de Nantes (également en haut à droite) offre une alternative au tramway.

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Aménagement durable INNOVATION

leurs projets, avec l’aide parfois du concours de l’État, selon une logique de partenariat symboli-sée par divers schémas (énergie, transports, etc.). Bilan : les ser-vices du ministère de l’Écologie ne se contentent pas d’écrire ou de réécrire les règles.

3. L’État « penseur »L’État a mis en place une logique de concours pour stimuler les initiatives locales. D’un côté, le régalien, avec les règles et les normes, de l’autre la « carotte », avec les moyens fi nanciers mis sur la table. Présenté en Conseil des ministres en octobre 2008, le plan Ville durable, tiré des conclusions du Grenelle, visait ni plus ni moins qu’à favoriser l’émergence d’une nouvelle façon de conce-voir, de construire et de gérer la ville, avec en bout de course des fonds mobilisés au profi t des villes. Une mission, avec un groupe de travail, a même été montée par le commissariat géné-ral au développement durable. Anne Chareyron-Perchet, res-ponsable de la mission, a fait la synthèse de multiples travaux de réfl exion issus de colloques, afi n de préciser, dit-elle, « le contenu

2. L’État partenaireDans un contexte de décentra-lisation, les villes ont la main sur la définition et le contenu de leurs plans d’aménagement et les maires élaborent les plans d’urbanisme et signent les permis de construire. De fait, la nature de l’intervention étatique a beaucoup changé. « L’État a fait, pendant trente ans, la promotion d’un modèle urbain fondé sur le primat du routier et la spécialisa-tion fonctionnelle des territoires », relève Jean Haentjens. À partir des années 1980, suite aux lois de décentralisation, un tournant s’opère : les villes, grandes puis moyennes, reprennent progres-sivement la main. Les directions départementales de l’équipement sont sorties peu à peu du jeu, rem-placées par des directions territo-riales moins marquées « routes » et chargées de la « territoriali-sation » du Grenelle. Ou com-ment transcrire les textes dans les politiques locales, en associant l’ensemble des acteurs locaux : État, collectivités, associations. Dans le même temps les villes, regroupées en intercommunali-tés, se sont dotées, du moins pour les plus importantes, de l’exper-tise requise pour mener à bien

vation thermique du parc ancien. Et l’on pourrait citer une litanie d’articles de lois du Grenelle I et II qui contribuent à façonner par petites touches, dans toutes ses composantes (énergie, transports, habitat), la ville de demain. Aussitôt, une image surgit : celle de collectivités pleines d’allant et d’inventivité, en proie avec des normes plus ou moins négociées et parfois contradictoires, et d’un préfet omniprésent chargé de les faire respecter. La réalité est plus nuancée.

initiative politique de premier rang, est passé par là, boulever-sant l’architecture réglementaire. Au nom du « verdissement », le schéma de cohérence territorial (Scot) est plus prescriptif qu’au-paravant et se doit de comporter des objectifs chiffrés de consom-mation économe de l’espace, afi n de contenir l’extension du périur-bain, à surveiller de très près. Dans le domaine « Bâtiments et urbanisme », la loi « Grenelle II » favorise également un urbanisme économe en accélérant la réno-

Parallèlement à l’élaboration d’un contenu et d’une

stratégie pour les villes durables pilotée par le

Commissariat général au développement durable

(CGDD), rattaché au ministère de l’Écologie, le plan Villes

durables est mis en œuvre par la direction générale de

l’aménagement, du logement et de la nature, et plus

particulièrement par la direction de l’habitat, de l’urbanisme

et des paysages (DHUP) qui en suit les programmes et

appels à projets. La direction des infrastructures et des

transports (DGITM) peut aussi être mise à contribution

pour le volet « transports en site propre ». Si l’on y ajoute

les services du ministère de la Ville, chargés de la

rénovation des quartiers insalubres avec l’Agence nationale

de la rénovation urbaine (Anru), et ceux de l’Agence de

l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe),

qui prépare une feuille de route sur la ville durable,

l’organisation de l’État apparaît pour le moins éclatée.

Et sensible au changement de périmètre ministériel.

Le CGDD, bien que rattaché au ministère de l’Écologie de

Delphine Batho, intervient aussi pour le compte de la DHUP,

elle-même mise à disposition de… Cécile Dufl ot, ministre

de l’Égalité des territoires. Les collectivités ne sont pas

en reste. Avec des structures locales qui se superposent

et des directions sectorielles en « silos », les organigrammes

sont complexes. Bref, l’organisation administrative est

à l’image de la ville : éclatée en de multiples composantes.

Et qui doivent, au nom de la transversalité et du nécessaire

décloisonnement, s’articuler entre elles.

LA GESTION ÉCLATÉE DES VILLES INTELLIGENTES

Le tramway de Lyon, remis en service dans les années 2000.

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Aménagement durableINNOVATION

du concept de ville durable », qui va bien au-delà de celui de « ville intelligente » et englobe le social, l’économique et la participation citoyenne à la vie de la cité. Une étape essentielle, sur la base de laquelle le contenu du plan Ville durable pouvait prendre ensuite

tournure. Le contrat, en vogue dans les années 1990, cède alors la place dans les années 2000 aux appels à projets et autres concours attestant du primat donné à la « compétitivité ». Un terme à la mode. C’est d’ailleurs à cette époque que la Datar est débaptisée et devient la Diact, pour « délégation interministé-rielle à l’aménagement et à la compétitivité des territoires ».

4. L’État financeurLes premiers appels à projets, portant sur les écoquartiers, sont lancés entre octobre 2008 et jan-vier 2011, afin de rassembler les porteurs de projets de qualité au sein d’un club, de valoriser les projets de qualité et de permettre la diffusion de bonnes pratiques. Un cran au-dessus, la démarche « ÉcoCité » a été mise en place à l’échelle de la ville, en mettant l’accent sur la nécessaire gestion économe de l’espace et de la qua-lité de vie. Ou comment finale-ment rendre la ville plus agréable à vivre. 19 collectivités pilotes ont été sélectionnées et en leur sein, près de 160 projets (lire page 84). Enfin, le secteur des transports n’a pas été oublié. Les appels à pro-jets « Transports collectifs en site propre » visent à accompagner financièrement les collectivités locales pour accélérer le dévelop-pement des tramways et métros, afin de tenir les engagements du Grenelle. À ce titre, près de 120 projets ont été retenus. Qu’il s’agisse du concours ÉcoQuartier, du projet des ÉcoCités, ou des projets de transports en site propre, à chaque fois, l’État défi-nit un référentiel et un cahier des charges qui tiennent compte des

travaux de réflexion en amont sur un noyau dur de ce qu’est une ville durable et intelligente, pour stimuler l’initiative. Ensuite, libre aux villes de répondre ou pas, même si les moyens en cofinan-cement peuvent être une bonne raison de céder. À chaque fois, l’État « penseur » de la ville intel-ligente, tout en assumant un rôle de « facilitateur », de « synthèse » et de « contrôle », met la main à la poche : 600 millions d’euros pour les transports, 850 millions pour les villes durables.

On est bien loin de l’idée selon laquelle l’État chercherait à impo-ser un modèle de ville clés en main. « Il faut faire confiance aux collectivités », estime Jean-Marc Offner, directeur de l’agence d’urbanisme de Bordeaux. Pour lui, « il faut un État partenaire, qui se donne le droit d’évaluer et qui dif-fuse les bonnes pratiques comme les mauvaises » car « on apprend plus de ce qui n’a pas marché ». Pour Jean Haentjens, la stratégie de l’appel à projets va « dans le bon sens ». ●

Xavier Sidaner

À lire Pour en savoir plus, les derniers ouvrages et rapports sur le sujet

« Les villes intelligentes », collection « Le point sur », ministère de l’Écologie, septembre 2012

Synthèse du groupe de travail « Projets innovants pour des villes durables », ministère de l’Écologie, janvier 2012

Crises : la solution des villes, Jean Haentjens, Fyp Éditions

« On apprend plus de ce qui

n’a pas marché. »Jean-Marc Offner,

directeur de l’agence d’urbanisme de Bordeaux

Le système Vélo’v, équivalent du Vélib’ parisien, a été mis en place à Lyon en 2005.

Le 22 octobre 2008, le ministre de l’Écologie Jean-Louis Borloo

présentait le plan d’action Villes durables.

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Aménagement durableINNOVATION

T ous les quartiers urbains n’offrent pas encore la qualité de vie idéale à

l’ensemble de leurs habitants et pourtant, la rénovation bat son plein, avec une dominante forte accordée à la dimension « ville durable ». L’Agence natio-nale pour la rénovation urbaine (Anru) en a fait une priorité dès son lancement en 2003. Le projet de ville durable est « un sujet qui impose de rebâtir la ville sur elle-même plutôt que de consom-mer de l’espace », affirme Pierre Sallenave, directeur de l’agence, soucieux de se départir du modèle urbain des années 1970 stan-dardisé. Plus denses, du moins lorsque c’est possible, les quar-tiers relookés grâce aux « crédits

À Nantes, le quartier Malakoff, anciennement composé de HLM imposantes, situées au bord de la Loire et coupées du reste de la ville, revêt un nouveau visage : com-merces de proximité et transports sont aujourd’hui mieux connec-tés au reste de la cité, tandis que les anciens immeubles ont laissé place à des bâtiments qui visent à répondre aux canons de la haute performance énergétique.Grenelle de l’environnement oblige, ce critère figure en pre-mière ligne dans les dossiers que les villes soumettent à l’Anru avant de contractualiser et in fine de bénéficier des crédits de rénova-tion. L’agence est également atten-tive à l’association des habitants à la définition des projets urbains,

tout en veillant à respecter les capacités d’initiative des agglo-mérations. « Nous n’imposons rien dans les plans d’urbanisme et nous ne nous prononçons pas sur la qualité architecturale des projets », rappelle Pierre Sallenave, pour qui le rôle de l’agence, en plus de celui de financeur, est de promouvoir les bonnes pratiques et de les diffuser.

Ville « laboratoire »

D’où cet appel à projets lancé en 2010, qui a permis de faire émer-ger 98 projets jugés particulière-ment intéressants. À charge pour l’Anru de les diffuser grâce à son réseau sur le terrain. Mais toujours en se gardant de plaquer des solu-tions toutes faites. Si ce credo est largement respecté, il est un point sur lequel l’Anru mise beaucoup et qui tient en un mot : innovation. « Dans le cadre du programme national de rénova-tion urbaine, la politique de rénova-tion était avant tout tournée vers le retour du quartier à une forme de normalité. Désormais, je pense que la rénovation urbaine devra faire plus de place à l’innovation tous azimuts », estime Pierre Sallenave. C’est le sens de la mission de réflexion qui devrait être lancée et pilo-tée depuis l’agence dans les pro-chaines semaines sur la ville intel-ligente. Tarification des modes de transport, smart grids (réseaux électriques modernisés) : les villes devront présenter un projet com-portant un volet « innovation ». Redorer le blason des quartiers en difficulté ne suffit plus, en faire des quartiers en pointe est essentiel pour l’Anru, même si la direction entend bien ne pas tomber dans le travers de la ville « laboratoire ». ● X. S.

Innover, mot d’ordre de la rénovation urbaineL’Agence nationale pour la rénovation urbaine lance une mission de réflexion sur ce thème.

En chiffresL’Anru en chiffres

325 000 logements sociaux réhabilités au 1er juin 2011

138 000 logements démolis

45 milliards d’euros de travaux

« Rebâtir la ville sur elle-même. »

Pierre Sallenave, directeur de l’Anru

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Anru » tendent aussi à accueillir des logements privés, tandis que les logements sociaux sont, eux, construits ou reconstruits ailleurs. Histoire d’ôter à ces quartiers leur image de ghettos.

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Aménagement durableINNOVATION

F in septembre 2012, les moyens mobilisés par la Caisse des dépôts et consi-

gnations (CDC) au titre du pro-gramme Villes de demain s’éle-vaient à 290 millions d’euros, sur un total de 850. Ce programme, financé via les investissements d’avenir du Commissariat géné-ral à l’investissement (CGI), est largement inspiré des conclusions formulées dans le rapport Juppé-Rocard rendu public en novembre 2009, qui mettait en avant la « ville durable ». L’objectif du programme : soutenir les projets

innovants et exemplaires des col-lectivités préfigurant ce que sera la ville de demain.19 collectivités qui se sont lancées dans l’aventure ont été sélection-nées par un comité national de pilotage – où siègent des repré-sentants de la CDC, du minis-tère de l’Écologie, de l’Ademe et du CGI – lors de deux appels à projets lancés en octobre 2010 et juillet 2011, avant que le Premier ministre ne donne son aval. Pour espérer être retenues, les collectivités – villes ou inter-communalités – se devaient de

respecter un cahier des charges précis élaboré par le ministère de l’Écologie et le CGI et d’axer leurs actions sur l’un ou l’autre des quatre domaines suivants : énergie et réseaux, transport, immobilier, espace public. « Les actions susceptibles d’être financées par le fonds Ville de demain devront répondre à un haut niveau de per-formance environnementale et/ou d’innovation et avoir un fort carac-tère démonstrateur », insistait le cahier des charges.« Les services de l’État et de la Caisse des dépôts se sont attachés à vérifier

que nous respections la logique du Grenelle », confirme Emmanuel Brandenburger, directeur général des services de la communauté de communes lorraines du Val d’Alzette, l’une des 19 écocités. Le projet de cette collectivité située à deux pas du Luxembourg, évalué à 1 million d’euros, vise à développer un îlot urbain à éner-gie positive et à accompagner les habitants dans l’usage de bâti-ments passifs, grâce à la domo-tique. L’aspect « intégration » de ce programme comme de tous les autres programmes urbains a été largement décortiqué et analysé par les services de la Caisse des dépôts en régions, qui instruisent les dossiers en lien avec les préfets.

Projets « duplicables »

Intégrés, innovants, les projets doivent aussi avoir un aspect « duplicable ». Dit autrement, ces projets, exemplaires sur le plan du développement durable, doivent dans la mesure du possible pouvoir profiter à l’ensemble du territoire. Au vu de ces exigences, quelque 160 projets – incluant les dossiers en cours de finalisation et ceux qui sont arrêtés et financés – sont pour l’heure sélectionnés. Entre le moment où la collecti-vité répond à l’appel à projets, celui où les projets sont présé-lectionnés puis déclarés éligibles et le jour où les fonds sont réel-lement décaissés, il s’écoule un temps relativement long. Dans l’intervalle, la CDC peut financer des dépenses d’ingénierie (études techniques, montage juridique) pour parfaire les projets et accom-pagner les collectivités. ● X. S.

Un coup de pouce pour les « écocités »Depuis 2010, 19 communes et intercommunalités ont été labellisées « Villes de demain » par Matignon. Un programme de 850 millions d’euros destiné aux collectivités qui jouent la carte « durable ».

La synthèse

19 écocités labellisées

850 millions d’euros mobilisés

160 projets sélectionnés

La construction de bâtiments à haute performance énergétique est l’un des axes qui contribuent à l’émergence d’écocités.

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■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 201286

Aménagement durableINNOVATION

Le futur bâtiment de l’École centrale, sur le plateau de Saclay,

n’aura plus rien à voir avec l’image du campus traditionnel.

Pensé et conçu comme un morceau de ville, ce nouveau

temple du savoir doit ouvrir ses portes à la rentrée 2016.

Un campus urbain

à Paris-Saclay

École centrale

A p r è s l e c e n t r e d u Commissariat à l’éner-gie atomique (CEA),

Supélec et l’université Paris Sud, le plateau de Saclay, au Sud-Ouest de Paris, accueillera bientôt le futur siège de la non moins pres-tigieuse École centrale de Paris. Implantée à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) depuis 1969, « Centrale », qui fut fondée en 1829, s’apprête à écrire une nou-velle page de son histoire. « En décidant de s’implanter à Saclay, l’école franchit une étape nouvelle et essentielle dans la réalisation de la

Zonage. Centrale s’inscrit dans le projet urbain du Moulon, s’étendant sur 300 hectares, à Gif-sur-Yvette (Essonne).

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grande ambition qui l’anime et qui est d’être une référence mondiale pour la formation des leaders de la culture scientifique et technique », soulignait Hervé Biausser, direc-teur de Centrale, lors de la présen-tation du projet à la Maison des centraliens à Paris. Pour continuer sa marche vers l’avant, sans s’écarter de ses fon-damentaux, l’école ne se contente pas de s’offrir un nouveau bâti-ment. Au contraire, ce projet a d’abord été voulu et pensé pour s’inscrire plus largement dans le cadre d’un projet d’aménage-ment urbain sur le territoire de la commune de Gif-sur-Yvette (Essonne). Comme l’exprime Pierre Veltz, le directeur général

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87DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

INNOVATIONAménagement durable

Signature

En chiffres

celle de l’agence OMA qui a été retenue. « On y retrouve les prin-cipes d’échange et d’ouverture. On hésite d’ailleurs à parler de bâtiment à propos de la future école, tant il est modulable et s’apparente déjà à une ville dans la ville », s’enthousiasme Pierre Veltz.

Grande diagonale

Le projet n’a plus rien à voir avec le campus classique, grand bâti-ment fermé, coupé de son envi-ronnement, mais tient plutôt de la ruche, selon le projet qu’avait en tête Clément Blanchet, l’archi-tecte. À voir la maquette, tout est

fait pour favoriser la perméabilité avec le reste du quartier, grâce notamment à une grande diago-nale qui traversera le campus et son « carré des sciences », en lien direct avec la future station de métro. La grande attention apportée à la localisation des différents « blocs »

« Lab city ». Une grande halle ouverte et transparente, telle sera la physionomie de la future École centrale.

Vocation. Le carré des sciences, où sera implanté l’ensemble des équipements scientifiques, est appelé à devenir un lieu emblématique.

Perspective. Les premiers bâtiments, d’une superficie de 36 000 m2, seront livrés en 2016.

L’architecte : Agence OMA

Principales réalisations : Nouveau théâtre de Casablanca

Extension de Monaco sur la mer

Musée de la Terre de Rabat

80 000 mètres carrés

220 millions d’euros

3 000 élèves accueillis

de l’établissement public de Paris-Saclay, qui pilote l’opéra-tion, « l’objectif n’est pas de faire un campus strictement universitaire, mais de l’immerger dans la ville, précisément parce que la ville est propice à l’échange. Nous voulions donc créer un ensemble universi-taire et un quartier attractif, urbain, confortable, pour les étudiants, les chercheurs, mais aussi pour les habi-tants de Gif-sur-Yvette ». D’où le choix d’un concours mixte, à la fois architectural et urbanistique, lancé en septembre 2011, portant sur un bâtiment conçu en même temps que le quartier. Parmi les nombreuses offres soumises, c’est

doit tout autant permettre aux étudiants, chercheurs et habi-tants de partager services, com-merces et équipements sportifs. Conçue comme un morceau de ville, l’école, répartie sur près de 80 000 mètres carrés, devrait ouvrir ses portes en septembre 2016. ● Xavier Sidaner

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INNOVATIONSur le terrain

Une impulsion forte de MatignonS’il faut une feuille de route claire à échéance de cinq ans signée de l’Élysée, c’est de Matignon que doit venir le pilotage de la réforme. Tel est le sentiment affiché par les préfets, qui estiment que le Premier ministre a « une nette prééminence sur tous les autres minis-tères pour éviter les querelles de chapelle ». Au chef du gouvernement de défi nir les plans d’action et de s’assurer de leur mise en œuvre par les ministres, de manière cohérente. Pour l’y aider, la mission d’audit préconise, au nom de la transversalité, de rattacher les préfets direc-tement à Matignon et non plus au ministère de l’Intérieur.

DéconcentrerLes vieilles habitudes ont parfois la vie dure. Alors que la réforme des services déconcentrés devait déboucher sur une organisation beaucoup plus interministérielle – confère les directions dépar-tementales –, les grandes directions centrales ont eu tendance, « pour justifi er de leur existence » et se préserver des conséquences de la RGPP, à « démultiplier instructions et circulaires tous azimuts », déplore la mission d’audit. Désormais, il faut que les administra-tions centrales se recentrent sur leur rôle stratégique d’impulsion et d’évaluation et qu’elles fassent « confi ance au préfet qui représente chaque membre du gouvernement ».

Les quatre recettes des L’absence de concertation et la recherche d’économies à tout prix ont plombé dès l’origine l’exercice RGPP. La lecture des annexes de l’audit rendu public par le gouvernement fin septembre, dans lesquelles les préfets font part de leurs recommandations, est très instructive. Par Xavier Sidaner

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Sur le terrain INNOVATION

Lier décentralisation et réforme de l’ÉtatPour les préfets, les choses sont claires : l’État doit mener de front le chantier de la décentralisation et celui de la réforme de l’État. Il s’agit ainsi de parvenir à un par-tage clair des compétences, et donc de se pencher sur le copilotage, voire la coges-tion sur certains dossiers, entre l’État et les collectivités locales afi n de recentrer l’État sur son rôle de « garant », d’« arbitre » et de « contrôle ». Plus que d’un simple transfert de compétences, le rapport parle d’équilibre des rôles. Un exercice de haut vol qui suppose un préalable : la défi nition d’un périmètre minimum des missions de l’État, périmètre qui doit être « suffi samment stable », relève le rapport d’audit.

Associer les agentsD’intenses actions de communication ont été lancées, mais cela n’a pas empêché un défaut de compréhension de la réforme et pire, « un malaise des agents », insiste le rapport d’audit. Pour y remédier, les préfets avancent plu-sieurs pistes afi n de rétablir la confi ance des agents. Ainsi, il est suggéré de mettre à plat « l’état de l’État » et de défi nir, tout statu quo étant exclu, un projet commun de modernisa-tion de l’État. Question méthode, les préfets ont quelques idées pour mieux tenir compte de l’avis des agents : groupes « miroir », ren-dez-vous périodiques, groupes de réflexion, assemblées générales. Autant d’instances qui peuvent être combinées entre elles et qui doivent fonctionner du bas vers le haut, les ministères s’appuyant sur « le vécu des services déconcentrés ».

préfets pour réformer l’État

RICHARD DAMORET/REA

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RETROUVEZ LE CLUB DES ACTEURS DE LA PERFORMANCE PUBLIQUE

sur club.acteurspublics.com

RENCONTRES

ÉCHANGE D’EXPÉRIENCE

ACTION

LES MEMBRES DU CLUB

VOTRE CONTACT : BASTIEN BRUNIS AU 01 46 29 29 24 - BBRUNIS @ACTEURSPUBLICS.COM

Le Club organise tout au long de l’année des rencontres informelles entre ses membres et des acteurs publics de premier plan. Les membres du Club sont associés aux Rencontres des acteurs publics, point d’orgue annuel des activités du Club.

En toute indépendance, acteurs et observateurs de premier niveau y débattent du contenu et des effets de l’action publique.

Véritable laboratoire où s’analysent les initiatives d’aujourd’hui et les stratégies de demain, le Club est une base pour l’action.

Le Club des ActeursDE LA PERFORMANCE PUBLIQUE

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91DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

AUX EXPERTSRetrouvez chaque mardi les tribunes

des membres du Club des acteurs

de la performance publique

dans La Newsletter d’Acteurs publics

et sur www.acteurspublics.comLa p

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leLe Club des acteurs TOUS ACTEURS DE LAPERFORMANCE PUBLIQUE

Le Club des territoires durables

INITIATIVES D’AUJOURD’HUIET STRATÉGIES DE DEMAIN

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EXPERTISE

Algoé a réalisé pour le conseil général de Seine-Saint-Denis une mission d’assistance technique pour la passation et le suivi d’exécution de trois contrats de partenariats public-privé pour un montant de 250 millions d’euros de travaux sur 12 collèges, gym-nases et cuisines centrales. Au total, trois procédures de dialogue compétitif conduites simultanément sur douze mois et moins de quatre années entre la décision politique de lancement de ce programme et la mise en service des collèges. ●

Assistance à PPP

La satisfaction des clients est un prérequis qui ne suffit plus aujourd’hui pour faire la différence et générer la préférence de marque, alors, comment provoquer le fameux effet « wow » et obtenir la recommandation des clients ?L’organisme de normalisation allemand a publié en juin 2011 une norme qui dresse des lignes directrices pour « l ’enchan-

tement du client par l’excel-lence du service ». L’objectif est de fournir aux entreprises un cadre, afi n de développer la per-sonnalisation du service, puis l’enchantement client. Le texte vient s’articuler avec l’ISO 9001 (système de management de la qualité) et l’ISO 10002 (traite-ment des réclamations). Cette norme intègre un ensemble

de modèles pour piloter une démarche « d’enchantement » durable du client : identifi cation des moments de vérité et analyse des parcours clients, innovation de service, moments de vie du client… Le texte souligne toute l’importance de la dimension humaine de la relation : motiva-tion du personnel, autonomie et marge de manœuvre, innovation

participative. Une norme qui rappelle ainsi les principes de la démarche « Esprit de service » fondée sur la symétrie des atten-tions, l’engagement des clients et des collaborateurs. Il est aujourd’hui acquis que la recommandation par les clients et usagers représente la meilleure reconnaissance d’excellence du service. Sur ce point, l’Afnor a engagé une démarche inno-vante au niveau mondial. Un projet de norme sur la fiabilité des processus de traitement des avis de consommateurs en ligne a été rédigé cette année par une commission regroupant de nom-breux sites d’avis, la DGCCRF, la Cnil, des organisations profes-sionnelles et des associations de consommateurs.Ainsi, la normalisation s’adapte aux spécificités du service en mettant en exergue toutes les dimensions de la relation, si structurantes, de la satisfaction et de la recommandation client. Avec ces nouvelles normes, la relation de service se voit renfor-cée dans une de ses composantes fondamentales : la confi ance ! ●

Xavier Quérat-Hément, directeur de la qualité du groupe La Poste, président du Cos 12 « Management et Services » de l’Afnor [email protected]

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L’effet « wow » désigne le fait qu’un produit ou service puisse déclencher chez les consommateurs un effet de surprise, d’admiration ou d’appréciation pouvant notamment se traduire par l’expression « Wow ! » ou « Whaou ! ». L’effet « wow » provoque l’adhésion des consommateurs confrontés au pro-duit et également un fort potentiel de recommandations. Extrait de la définition de l’effet « wow » par Bertrand Bathelot, agrégé d’économie.

Comprendre l’effet « WOW »

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Depuis 2010, Cisco contribue à la vague de modernisation des systèmes d’informa-tion de la gendarmerie nationale. Objec-tifs : améliorer sa performance, réduire ses coûts et son empreinte carbone. Pour y parvenir, la gendarmerie nationale a dé-cidé de diminuer la fréquence des dépla-cements de ses 100 000 militaires grâce à des solutions de visioconférence réparties

sur 45 sites. Au total, 150 terminaux de visioconférence ont été mis en service en France métropolitaine et dans les dépar-tements d’outre-mer. La gendarmerie nationale n’est pas la seule entité à avoir bénéfi cié des solutions Cisco. En effet, le ST(SI)2, qui regroupe les technologies et les systèmes d’information et de commu-nication de la gendarmerie nationale et de la police, a également pu améliorer ses performances grâce à ces solutions de visioconférence. C’est ce que confi rme le général de division Bernard Pappalardo : « Lors des derniers G8 et G20, nous avons mis en place une retransmission immédiate, depuis le centre opérationnel jusqu’à Paris au niveau ministériel. Notre capacité de réaction était optimale. Il est fondamental que nous ayons les bonnes informations afi n de pouvoir prendre rapidement les bonnes décisions. » ●

Club des acteursEXPERTISE

CA Technologies & Passerelles numériquesDans le mouvement d’adapta-tion du monde aux enjeux du XXIe siècle – ce que beaucoup nomment « la crise » –, nos organi-sations sont menacées d’une perte de sens souvent observée au travers des enquêtes de satisfaction des employés. Or le sens désigne non seulement les valeurs partagées par le groupe, mais aussi la vision ou la direction qu’il donne à son action. Sans valeurs, sans vision, toute stratégie, si bonne soit-elle, court le risque d’être ineffi cace.Conscients de ce défi , nous avons lancé, il y a deux ans, une initia-tive de transformation culturelle fondée sur des valeurs communes et l’encouragement de multiples propositions locales pour mieux fédérer, révéler et valoriser les particularités, les talents et l’en-

gagement de nos collaborateurs. Respect, esprit d’équipe, innova-tion et fidélisation sont devenus les valeurs cardinales admises dans toutes les entités du groupe.En complément à la recherche en interne du « mieux vivre ensemble », notre filiale fran-

çaise a choisi de s’engager hors les murs, de promouvoir l’inno-vation sociale et citoyenne au-delà de l’innovation des services métiers présente au cœur de ses solutions IT. Cette « culture sans frontière » s’incarne tout particulièrement dans le par-

tenariat noué avec Passerelles numériques. Cette association française offre à des jeunes en situation de précarité en Asie du Sud-Est une formation leur per-mettant d’accéder à un emploi dans le secteur des nouvelles technologies et de sortir dura-blement de la pauvreté. Animés par l’ambition de sponsoriser une classe de 30 élèves en 2013, nous nous sommes engagés sans comp-ter dans cet objectif pour que la culture transforme leur journée de travail en journée de vie. ●

Roland Flouquet-Vilboux, directeur de programme [email protected] Jean-Christophe Moch, directeur commercial « secteur public », CA Technologies jean-christophe.moch@ ca.com

Révolution Gendarmerie et visioconférence

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Club des acteurs EXPERTISE

La multiplication des sources – téléphones mobiles, capteurs divers, tablettes, PC fixes, PC portables, appareils photos numériques, caméras – des structures de données comme l’augmentation exponentielle de la capacité de traitement des infrastructures informa-tiques, permettent la génération d’un for-midable volume de données. Ce volume, les anglo-saxons l’ont dénommé big data, son unité de « démesure » étant le petabyte (10 puissance 15 bytes). Le Cern a par exemple amassé 200 petabytes de données lors des recherches sur le boson de Higgs. Cette proli-fération de données est à la fois un défi et une opportunité pour le secteur public.Côté opportunités : elle permet une meilleure connaissance de ses administrés et de leurs

situations et augmente l’efficience de l’action publique. Côté défis, ils sont multiples. Le pre-mier d’entre eux fait que les outils classiques de gestion de base de données ne sont plus adap-tés. Trop lourds, trop coûteux, ils peinent à in-tégrer la multitude de structures de données et surtout, ils s’avèrent très difficilement capables d’éviter les goulots d’étranglement lors du trai-tement de ces montagnes de données.Autre enjeu majeur, l’autorisation, en temps réel, par de multiples analystes en simultané, du traitement de ces données dans le respect des contraintes légales qui protègent l’usager.Une rupture avec le mode classique d’ap-préhension de ces problématiques est donc inévitable. Le cloud, encore lui, apporte des solutions efficaces, avérées et peu coûteuses. Son élasticité, sa capacité intrinsèque d’évo-lution, sa facilité de personnalisation, per-mettent d’absorber ces défis et de rendre accessibles rapidement et à moindres coûts ces opportunités. ●

Stéphane Hanry, responsable commercial « secteur public »[email protected] l’actualité du Big Data sur http://serengeti.cloudfoundry.com/

Big ou fast DATA ?

ner le service facturierDepuis les premières expérimentations cou-rant 2004, de nombreux projets de mise en place d’une nouvelle organisation financière en service facturier ont été menés au sein d’administrations centrales et d’établisse-ments publics. Au-delà de l’analyse des résul-tats observés – qui tendent à confirmer les bénéfices escomptés en matière de réduction des délais de traitement, de suppression de la redondance des contrôles, d’amélioration de la qualité comptable –, des enseignements peuvent être aujourd’hui tirés.La décision de mettre en place un service facturier relève d’un choix d’organisation exi-geant, impliquant des changements radicaux non seulement dans les manières de travailler des agents, mais dans la conception même de leurs métiers qui crée des interdépendances nouvelles, inconnues dans le modèle dit clas-sique, entre services des sphères de l’ordonna-

teur et du comptable. Ainsi, le traitement des factures assuré par le service facturier devient totalement tributaire des éléments relatifs à l’engagement juridique et au service fournis par l’ordonnateur. Ceci renforce la logique partenariale, qui met fin à une certaine forme d’autonomie des services.En imposant le respect d’un ordre (chrono)-logique dans la chaîne de la dépense, ce type d’organisation sanctionne souvent, dans un premier temps, les pratiques existantes et leurs écueils. Avec le recul, il semble que le succès d’un tel projet repose sur quatre condi-tions principales :– l’anticipation et la bonne prise en compte du changement significatif des modes de fonctionnement, qui supposent de bien inté-grer à la réflexion sur les règles cibles l’inté-gralité des cas de gestion rencontrés ;– la mise en perspective de l’organisation

financière dans le souci d’une meilleure répar-tition des rôles et responsabilités et du renfor-cement d’autres activités telles que l’analyse financière et les re-prévisions ;– la mise en œuvre d’outils de pilotage pérennes permettant de suivre au plus près l’appropriation des pratiques tant des équipes de la fonction financière que des opération-nels et des fournisseurs ;– le renforcement de la dimension managé-riale des responsables des services facturiers.Ces mesures, si elles n’épargnent pas les efforts à mener, sont nécessaires au change-ment : sans elles, point de salut ! ●

Anaïse Decultot, associé[email protected] et Julien Benini, senior consultant, Kurt Salmon [email protected]

La charge du vieillissementLa demande future de services publics, liée notamment au vieillissement de la popula-tion, pourrait coûter au gouvernement fran-çais près de 75 milliards d’euros supplémen-taires par an (3,3 % du PIB) à partir de 2025. Accenture a demandé à Oxford Economics d’évaluer le coût global des services publics d’ici 2025 dans 10 pays (Allemagne, Aus-tralie, Brésil, Canada, États-Unis, France, Inde, Italie, Royaume-Uni et Singapour).

Oxford Economics a analysé l’impact des changements démogra-phiques et économiques à venir sur le coût de l’ensemble des services publics, en prenant en compte les coûts de l’administration cen-trale, des collectivités et des administrations de Sécurité sociale. Le

coût total des services publics en France, à partir de 2025, a été évalué à 966 milliards d’euros (40 % du PIB), sous réserve que les services publics ne soient pas transformés.http://www.accenture.com/fr-fr/Pages/insight-france-government-pro-file.aspxJO

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Les leviers de la performance Si la France repensait l’organisation de ses services publics, elle générerait un demi-pour-cent d’efficience par an. De quoi améliorer la qualité du service public rendu et répondre aux demandes croissantes des citoyens, tout en respectant l’équilibre budgétaire. C’est ce que conclut le programme mondial Accenture « Public Service for the Future », à condition toutefois de mettre en œuvre les réformes structurelles qui permettront de bâtir le ser-vice public du XXIe siècle. Cette étude identifie quatre leviers clés pour les pays qui transforment leur action publique :– la personnalisation des services publics, en fonction des attentes des différents groupes d’usagers, et la prise en compte les différences territoriales ;– l’analyse poussée des informations, maîtrisée par la puissance publique grâce aux capacités numériques, pour une action proactive vers les citoyens et un renforcement de la conformité de l’action publique ;

– de nouveaux modèles d’organisation, en parallèle des organisations administratives traditionnelles, tels que les structures mixtes public-privé, l’entreprenariat social, les engage-ments aux résultats de partenaires, le tout pour favoriser l’innovation et la croissance ;– la recherche permanente de l’efficacité de l’action publique, qui combine la focalisation

La question devient presque rituelle : chaque nouveau quinquennat, surtout quand il est marqué par un changement de majorité, doit-il aller de pair avec une nouvelle loi en santé ? Certes, le président de la République a lui-même annoncé lors du congrès de la Mutualité une nouvelle loi de santé publique au motif principal que la précédente datait de 2004, mais la ministre de la Santé n’a pas, jusqu’ici, tranché clairement.Et si la meilleure des politiques en santé consistait à ne pas alourdir le code de la san-té ? Si les politiques de santé s’appuient sur un système de protection sociale dont per-sonne ne prône une modification radicale, si le principe de la régulation de la santé au niveau régional par les agences régionales de santé (ARS) ne fait plus débat, il resterait, par la loi, à résoudre la dichotomie entre le

ministère de la Santé et la Cnam. Cette der-nière restant l’interlocuteur privilégié des professionnels de santé libéraux, perpétuant ainsi des politiques en « silos ». On voit mal cependant le gouvernement retirer aux partenaires sociaux la responsabilité d’une des branches de la sécurité sociale, en place depuis près de soixante-dix ans !Sans loi, n’y a-t-il rien à faire ? Au contraire. S’appuyer sur d’excellents diagnostics comme le rapport d’Élisabeth Hubert sur la médecine de proximité et celui du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie sur la longé-vité et le vieillissement. Mettre en œuvre, c’est-à-dire donner des consignes prioritaires aux ARS, et permettre de véritables expéri-mentations, fusionner des financements de sources diverses (assurance maladie, État, mutuelles, collectivités locales), autoriser

Ne pas alourdir le code de la santé

Club des acteursEXPERTISE

Big (RH) DATA

Face à la multiplication et la diver-sification des sources de recrute-ment, notamment en ligne, les services RH sont confrontés à un accroissement du nombre de C.V. à traiter. Cette tendance de fond, appelée big data, se propage au monde RH et touche de plein fouet les professionnels du recrute-ment dans le secteur public. Pour répondre à ce défi, Monster, spécialiste de la gestion de carrière et du recrutement en ligne, vient d’annoncer le lancement sur le marché français de la version beta de SeeMore, sa nouvelle solution de recherche et d’analyse séman-tique dans le cloud appliquée à la gestion des bases de talents. Re-posant sur sa technologie séman-tique 6Sense®, SeeMore permet aux organisations de centraliser et d’analyser, au sein d’une inter-face unique, toutes leurs bases de talents provenant de différents viviers internes comme externes.

Alsace et THDL’État, la région Alsace, les col-lectivités territoriales de la région et France Télécom Orange ont signé une convention pour le déploiement du très haut débit, en présence de Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne. Une décision qui s’inscrit dans un programme d’investissements de 2 milliards d’euros dans la fibre sur la période 2010-2015. M

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publique

La classe immersible

sur la qualité de service, avec une efficience des moyens mis en œuvre.Cette transformation profonde des services publics requiert que les agents soient formés et mobilisés. En France, le projet « Ateliers de la performance opérationnelle » a déjà formé plus de 1 000 chefs de projet et cadres aux méthodes participatives d’amélioration de la qualité de service des processus. Répondre aux attentes des citoyens du XXIe siècle, c’est bien entendu placer le para-digme numérique au cœur des transformations en leur proposant, comme aux entreprises, le service dont ils ont besoin, au moment et à l’endroit de leur choix, dans une approche multicanal et participative. ●

Bernard Le Masson, responsable mondial de l’activité conseil d’Accenture pour le secteur [email protected]://www.accenture.com/fr-fr/Pages/insight-france-government-profile.aspx

Club des acteurs EXPERTISE

des dérogations quels que soient les acteurs de santé promoteurs des innovations (hôpi-taux, cliniques, libéraux, mutuelles…). Sans omettre l’indispensable évaluation. Quand celle-ci sera faite, il sera peut être temps de songer à une nouvelle loi, mais on sera alors déjà… dans un nouveau quin-quennat ! ●

Benoît Péricard, associé en charge de la santé, [email protected]

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Dans un pays où 45 % des enfants s’ennuient à l’école, l’usage du numé-rique en classe représente une formidable oppor-tunité pour aider à la refondation de l’éduca-tion. Car les bénéfices du numérique à l’école sont nombreux : il augmente l’envie d’apprendre, la participation et donc l’interactivité… Il dé-veloppe la créativité, la confiance en soi et l’au-tonomie, ainsi que l’ac-quisition des nouvelles compétences.Les nouvelles technolo-gies permettent un ensei-gnement innovant, plus personnalisé, immersif en tout temps et en tout lieu. Avec l’arrivée de nouveaux terminaux, consoles de jeux et inter-faces intuitives stimulant la curiosité des enfants, les possibilités de déve-loppement d’applications

pédagogiques se multi-plient. Les serious games ou jeux sérieux sont en plein essor. L’intégration du chat et la visiocon-férence dans un cadre pédagogique va dévelop-per considérablement l’enseignement à distance et l’apprentissage de lan-gues, pour ne citer que cet exemple.À l’heure où le gouverne-ment prépare un chantier de refondation de l’école avec une promesse impor-tante sur le numérique, au moment où ces avancées technologiques ouvrent des nouvelles perspectives pédagogiques, Microsoft France inaugure, dans ses locaux d’Issy-les-Mouli-neaux, un lieu unique en Europe, la classe immer-sive, ouverte à l’ensemble des acteurs de l’éduca-tion. Une classe où les élèves s’immergent dans le contenu pédagogique,

où le geste et le toucher pilotent l’information, où la 3D et la réalité aug-mentée sont au service de l’explication des sciences et des lettres…La classe immersive est ouverte à tous : collec-tivités, établissements, familles et bien sûr en-seignants – pour venir y faire cours et faire vivre aux élèves des nouvelles expér iences pédago-giques. Ce laboratoire d’expériences et d’idées est également au service de l’ensemble de la com-munauté éducative pour inspirer et enrichir les réflexions d’adoption et généralisation du numé-rique à l’école. ●

Christophe Desriac, directeur « éducation et recherche », Microsoft FranceIntéressés pour visiter cette classe ? [email protected]

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Retrouver son efficacitéNombre d’entités publiques, services de l’État, opérateurs, collectivités, satellites, ont récemment été restructurés ou ont mené un projet de productivité. Mais une fois la réorganisation opérée, com-bien de responsables considèrent-ils que leur entité met trop de temps à trouver son régime nominal ? La question est bien réelle et se pose effectivement en ces termes : comment redeve-nir efficace, et le plus rapidement possible ? Mettre en œuvre une réorganisation et retrouver l’efficacité, cela veut surtout dire réorganiser le travail. Ce qui s’avère très diffé-rent d’une réforme de structure ou d’un chan-tier de mobilisation temporaire. Lorsque l’on aborde le sujet sous cet angle, les managers et leurs collaborateurs sont direc-tement concernés. En effet, on ne peut par-venir aux niveaux d’efficacité et de qualité

ciblés sans réorganisation du travail. Or on ne peut réorganiser le travail qu’avec ceux qui le font (selon quelles modalités, avec quelle ingénierie de projet ?) Mais il n’est pas pos-sible d’impliquer ces acteurs sans controverse assumée sur les finalités directes de leur action et sur leurs propres référentiels de performance. Chaque collectif de travail peut s’interro-ger sur la nature de notre utilité, sa mesure et son organisation. Toutes les équipes sont ca-pables de s’emparer du fonctionnement de l’organisation pour ce qui les concerne. Elles

peuvent mettre en débat leur cible organi-sationnelle et leur niveau de performance, valider leur référentiel et analyser leur tra-vail réel pour déterminer des indicateurs et des plans d’action accessibles. L’encadre-ment, de son côté, et quel que soit son ni-veau hiérarchique, devra changer de pos-ture. Il sera en soutien des équipes, prêt à accepter leurs propositions. ●Patrick Gagnaire, associé, consulting secteur public, [email protected]

La « m-santé », ou santé mobile, définie comme la fourniture de soins de santé ou d’informations liées à la santé via un appareil mobile, est-elle une mode passagère ou un véritable mode alternatif de prise en charge ?L’étude « Emerging mHealth : paths for growth », réalisée par PwC auprès de 10 pays – Afrique du Sud, Allemagne, Brésil, Chine, Danemark, Espagne, États-Unis, Inde, Royaume-Uni et Turquie – montre notam-ment que l’adoption généralisée de la techno-logie mobile dans le domaine de la santé, ou m-santé, est aujourd’hui considérée comme inéluctable par plus de la moitié des médecins et des patients dans les pays développés et émergents du monde entier. Les attentes des patients sont élevées : envi-ron la moitié d’entre eux prévoient qu’au cours des trois prochaines années, la m-santé améliorera la facilité d’accès, le coût et la qualité des soins. Ils sont convaincus que la m-santé modifiera la façon dont sont gérées les maladies chroniques, leur traitement et la santé en général. Ils anticipent que la m-santé modifiera les modalités de recherche

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Club des acteursEXPERTISE

des informations sur les problèmes de santé et sont convaincus qu’elle changera la manière de communiquer avec les médecins. Le rythme d’adoption sera probablement tiré par les marchés émergents où les soins manquent et les abonnements à la téléphonie

mobile se sont généralisés. Ainsi, la m-santé y est perçue comme une manière de permettre l’accès à la santé, tandis que dans les mar-chés développés, elle est considérée comme un moyen d’améliorer la commodité, le coût et la qualité des soins.

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En revanche, les professionnels de santé – médecins et organismes payeurs – sont plus réservés. 42 % des médecins inter-rogés s’inquiètent de la trop grande indé-pendance que la m-santé donnera aux patients. D’ailleurs, parmi les patients qui utilisent déjà les services de m-santé, 59 % déclarent que ces services ont déjà rem-placé des consultations de médecins ou des soins infirmiers. Les débouchés pour les industriels existent donc à condition de se focaliser sur des appli-cations intelligentes à forte valeur ajoutée pour les patients et dont l’efficacité clinique est reconnue par les professionnels de santé. Les industriels doivent créer des solutions qui dépassent la technologie et s’approchent de la valeur ajoutée qu’un médecin pourrait apporter. Car les services demandés par les patients sont ceux qui aident à communiquer avec les professionnels de santé, à gérer leur bien-être, à donner des informations sur la santé et les médicaments, et enfin à diffuser des informations sur leur état de santé aux professionnels concernés. ●

Élisabeth Hachmanian, associée, consulting secteur public, [email protected]

Club des acteurs EXPERTISE

Principaux résultats de l’étude Deloitte confiée à l’Ifop « Citoyens et fonctionnaires – regards croisés sur la fonction publique et le fonctionnaire de demain » : 95 % des fonctionnaires se déclarent fiers de l’être, 74 % d’entre eux estiment leur rémunération adaptée à leur situation de travail et 56 % des fonctionnaires pensent que le changement dans la fonction publique d’État doit passer par une évolution des valeurs fondatrices. ●

http://bit.ly/TtrWWr

Le fonctionnaire de demain

Acteurs publics : Quels sont les objectifs de l’hôpital numérique ?Thierry Zylberberg : Depuis quelques années, le concept d’hôpital numérique a pris forme et devient une réalité par-tout dans le monde. La nécessité d’ap-porter plus de qualité en santé tout en maîtrisant les dépenses pousse les hôpi-taux à déployer des systèmes d’informa-tion et de communication performants et les solutions numériques associées. Le programme Hôpital numérique, lancé en 2011, s’inscrit dans cette dynamique. Ses objectifs : assurer l’accès aux soins pour tous, garantir la continuité de l’offre de soins entre l’hôpital et la médecine de ville, améliorer les pratiques médicales et la gouvernance des établissements de santé, publics et privés.

A. P. : Quels sont les exemples en France ? T. Z. : Plusieurs établissements de santé se sont déjà modernisés pour assurer une meilleure collaboration et une meilleure coordination dans la prise en charge et le suivi des patients.Au centre hospitalier de Villefranche-sur-Saône, dans le Rhône, un dispositif de télésurveillance a été mis en place pour préserver le lien maman-bébé pré-maturé dans des meilleures conditions de sécurité. Les Hospices civils de Lyon, pour amé-liorer l’accès aux soins et limiter les gaspillages, ont quant à eux opté pour une solution de rappel des rendez-vous. Résultat : le pourcentage de rendez-vous manqués est réduit, la productivité et le service délivré au patient améliorés. Le centre hospitalier de Metz-Thionville est déjà un hôpital 2.0. Une palette de solutions innovantes a été déployée visant à développer de nouveaux usages pour les patients et le personnel : borne d’accueil interactive, gestion du parcours patient, rappel de rendez-vous par SMS. Des nouveaux contenus et services sont accessibles via 300 terminaux multimé-dia et 500 télévisions interactives. Le

patient dispose également d’une webcam et d’un accès à l’intranet pour garder le contact avec ses proches.

A. P. : Quel est le rôle d’Orange dans le développement de l’hôpital numérique ?T. Z. : Orange est l’un des rares acteurs d’envergure internationale qui conjugue le métier d’opérateur télécom et d’héber-geur, de concepteur, d’intégrateur et de maître d’œuvre de projets innovants. Depuis plus de quinze ans, nous accom-pagnons la transformation numérique des établissements de santé en France et dans le monde.La télémédecine, l’informatisation de la production de soins, l’ouverture de l’hôpital sur la ville, la mise en réseau des patients et des professionnels de santé, le contrôle à distance des dis-positifs médicaux nécessitent de pou-voir déployer, transporter, héberger et intégrer des données et des images médicales, de façon fiable et sécurisée, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Thierry Zylberberg, directeur d’Orange Healthcare [email protected]

Hôpital numérique Thierry Zylberberg, directeur d’Orange Healthcare, fait le point sur la transformation numérique des établissements de santé.

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Club des acteursEXPERTISE

Acteurs publics : On parle souvent de la transformation de l’État en termes d’amélioration des services ou de réduction des dépenses publiques, mais qu’en est-il en termes de GRH ?Pierre Lhoste : Nous avons mené en 2010 une étude qui a mis en évidence que la for-mation, le développement des savoir-faire et des compétences constituaient l’un des enjeux forts pour les DRH. La plupart d’entre eux reconnaissaient que le potentiel d’améliora-tion restait important dans la façon de former les agents de l’administration. L’évolution des métiers de l’administration, les dynamiques d’emploi différentes selon les ministères, le poids des dépenses de formation, la multipli-cité des corps et des métiers, les évolutions démographiques, les souhaits d’évolution des agents publics, tous ces facteurs doivent être pris en compte pour renforcer une bonne ges-tion anticipée des emplois et des compétences. Autrement dit, pour optimiser la politique de formation de la fonction publique. A. P. : Comment voyez-vous la nécessaire évolution de la formation professionnelle ? P. L. : La réforme de la formation profession-nelle s’appuie sur le concept de formation tout au long de la vie qui considère la forma-tion professionnelle comme un enjeu straté-gique dans une société de la connaissance où un apprentissage personnel et profession-nel permanent est requis. C’est un change-ment majeur d’idéologie qui met notamment l’accent sur l’analyse des besoins, l’acces-sibilité de la formation, la certification des parcours et structures, l’implication des par-

tenaires sociaux, l’évaluation des politiques de formation.

A. P. : Existe-t-il de nouvelles voies pour mettre en œuvre cette « formation tout au long de la vie» ?P. L. : Il est indispensable d’aligner la formation sur les évolutions des métiers. Le développement de l’offre de formation, focalisée sur l’expertise et permettant la mobilité, doit, pour être efficace, s’appuyer sur une vision claire des métiers amenés à se développer et des besoins futurs en matière de compétences, vision qui doit être confrontée à une compréhension claire des compétences actuelles. Par ailleurs, cette formation, afin de tenir compte de la diversité des populations, doit tendre vers une individualisation tant dans son contenu que dans la façon dont elle est délivrée. L’individualisation de parcours de formation dis-ponibles en tous lieux, rendus plus riches grâce aux technologies du Web, permet d’innover, tout en assurant une meilleure maîtrise des coûts.

A. P. : Vous proposez une individualisa-tion de la formation. Comment cela est-il possible compte tenu des différences de besoins entre les ministères par exemple ?P. L. : Les besoins apparaissent en effet comme éminemment différents mais c’est sans comp-ter sur l’existence de fonctions communes et de dynamiques complémentaires au sein des ministères. L’administration doit encourager la mutualisation des moyens – notamment dans le domaine de la logistique de formation – et de la cohérence des formations afin de pouvoir piloter la formation à un niveau interministériel. Il faut également prendre en compte les possi-

bilités offertes par les évolutions technologiques qui permettent la création d’offres de contenu innovantes diffusées de manière plus informelle, mettant en place des outils de collaboration et d’identification des expertises qui favorisent le partage du savoir en complément des formations classiques.

A. P. : Ces transformations sont coûteuses et leurs impacts souvent difficiles à appréhender. Comment éviter l’écueil de l’investissement « perdu » ?P. L. : Il ne faut pas oublier que des moyens de suivi de la performance existent. Afin d’engager un processus d’amélioration continue, des indi-cateurs doivent être mis en place pour suivre la performance du système de formation et l’acqui-sition des compétences par les agents. De même, nous pensons qu’il est possible de faire mieux avec moins. L’expérience du secteur privé en témoigne. Avec plus de 370 000 collaborateurs et un environnement en transformation constante – où l’obsolescence des connaissances est rapide, IBM a très tôt été confronté à la question de l’optimisation de la formation. IBM a travaillé sur deux leviers de transformation : la mise en œuvre d’un modèle industriel de production et de diffusion de la formation et le développement d’une offre de formation numérique – en com-plément aux modèles de formation « tradition-nels ». Parallèlement, IBM a été en mesure en six ans de réduire de 32 % ses coûts de formation

en augmentant le volume de for-mation de 50 %. C’est cette expé-rience dont nous sommes prêts à faire bénéficier le secteur public. ●

[email protected]

Comment mettre en œuvre la formation tout au long de la vie1 Aligner la formation sur les

évolutions des métiers de l’administration et des agents de la fonction publique.

2 Tenir compte de la diversité des populations à former

3 Développer une approche globale de la formation

4 Innover en matière pédagogique

5 Mettre en place un suivi de la performance de la formation

6 Former à moindre coût

Faire de la formation un levier de transformation de l’ÉtatRencontre avec Pierre Lhoste, Business Development leader, secteur public, IBM

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Club des acteurs EXPERTISE

Financement des collectivités : la nouvelle donneLe besoin de financement global des collecti-vités locales est aujourd’hui modéré, puisqu’il ne représente que 0,9 milliards d’euros contre 87,5 milliards pour l’État en 2011. Cette situation est liée à la fois à des efforts de ges-tion et à des règles prudentielles spécifiques.Toutefois, cette situation cache des dispari-tés importantes et un nombre croissant de collectivités connaissant des difficultés finan-cières. Elle dissimule également des évolu-tions structurelles qui remettent en cause le modèle classique de financement basé sur des dotations d’État globalement stables voire en progression, des bases fiscales sou-vent dynamiques, des financements bancaires illimités et peu chers, et la possibilité d’un accroissement ponctuel de la pression fiscale. Cette équation a permis aux collectivi-tés locales de financer un effort d’investis-

sement continu et des dépenses de gestion en progression régulière. Or ce système est aujourd’hui remis en cause par la conjonction de plusieurs éléments, structurels et durables, trop souvent évo-qués isolément : la diminution des transferts financiers de l’État, la remise en question des financements croisés entre collectivités locales, l’autonomie fiscale et le niveau sou-vent déjà élevé de la pression fiscale locale, la raréfaction des financements bancaires, plus chers et remboursables sur des durées plus courtes.Ces évolutions majeures se produisent alors même que les dépenses locales continuent d’augmenter. Un modèle de gestion locale adapté à ce nouvel environnement doit être inventé. L’une des pistes de réflexion serait notamment d’aborder, sans tabou, des ques-

tions telles que la rentabilité de la dépense locale, en considérant notamment sa dimen-sion sociale ou environnementale, ou la remise en cause éventuelle de certaines poli-tiques publiques. ●

Thierry Grégoire, senior manager “collectivités locales, secteur public”, Mazars [email protected]

Management des risques et collectivités Les vagues successives de décentralisation ont progressivement élargi le champ de compé-tences des collectivités territoriales. Au cœur de l’élaboration et la conduite des politiques publiques, elles rendent à l’usager des services de premier plan, elles ont donc la responsa-bilité de s’assurer de la performance objective de leur activité. Pour une collectivité, le management des risques répond à une question clé : « com-ment éviter la défaillance du service que je rends à mes administrés ? » Tout événement ayant des conséquences potentiellement dommageables doit être considéré comme un risque. Il peut être financier, opérationnel ou juridique mais dans tous les cas, on peut l’an-ticiper et réduire son impact.Tout d’abord, la mise en place d’une dé-marche de management des risques doit im-pliquer l’ensemble des acteurs de la collecti-vité et s’effectuer de manière pragmatique et progressive. La démarche doit s’appuyer sur une vision à la fois stratégique et opération-nelle. Le management des risques est autant

une affaire de culture que de procédures.L’expérience préconise un pilotage de la démarche en plusieurs étapes. La première d’entre elles consiste en un travail d’élabo-ration d’un référentiel des processus métiers et d’une cartographie des risques. Ensuite, la direction responsable de la démarche priorise les risques et met en place des élé-ments de maîtrise transmis aux différentes directions.Enfin, un contrôle interne est mis en place pour s’assurer de la pertinence et de la bonne

application des éléments de maîtrise. Le réfé-rentiel des processus et la cartographie des risques sont mis à jour sur une base annuelle. Enjeu majeur pour le secteur public, et pour les collectivités territoriales en particulier, le management des risques s’impose aujourd’hui comme une démarche essentielle pour l’atteinte de leur objectif d’intérêt général. ●

Sébastien Brasseur, associé chez Logica Business [email protected]

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C’est dans les salons de l’hôtel de Pomereu que Jean-Yves Gilet, directeur général du Fonds stratégique d’investissement (FSI), a accueilli, le 30 septembre, les membres du Club de la performance publique. Quelques jours avant la remise du rapport de Louis Gallois, le patron du fonds souverain à la française a livré ses recettes pour la réindus-trialisation et quelques-uns de ses secrets de gestionnaire.Le FSI n’a pas vocation à maintenir sous per-fusion des industries du passé, a-t-il déclaré en substance, mais bien à soutenir les secteurs d’avenir. « Toute la difficulté consiste à être à la fois un investisseur avisé et un investisseur qui prend en compte l’intérêt général, a-t-il souligné. Nous devons raisonner à plus long terme et prendre un peu plus de risques que les autres fonds. »Plus de risques, certes, mais pas inconsidérés. La philosophie du FSI est claire : il est possible de venir au secours d’une entreprise qui tra-verse une mauvaise passe, à condition que son modèle économique soit fondamentalement

sain. Le fonds n’attend pas une rentabilité de 25 % en deux ans comme certains investis-seurs, mais se doit de maintenir un rythme de 8 à 10 % pendant dix ans, « ce qui est au moins aussi contraignant », relève Jean-Yves Gilet. Sans compter que le FSI se veut un investis-seur socialement responsable qui privilégie les entreprises ayant les meilleures pratiques vis-à-vis de leurs salariés, des sous-traitants et de l’environnement.Passionné d’industrie, l’ancien responsable de la branche « acier inoxydable » d’Arcelor Mittal plaide en faveur d’une politique indus-

Le gestionnaire du « fonds souverain à la française »

RENCONTRE AVEC Jean-Yves Gilet

Les membres du Club se sont retrouvés le 30 septembre autour de Jean-Yves Gilet, directeur général du Fonds stratégique d’investissement (FSI).

Le directeur général du Fonds stratégique d’investissement, Jean-Yves Gilet, a reçu les membres du Club fin septembre. Une occasion d’évoquer la gestion du FSI et la future Banque publique d’investissement.

trielle de filières. Plus de 80 % des emplois des entreprises soutenues par le FSI appar-tiennent d’ailleurs à six secteurs d’activité bien identifiés, dont la pharmacie, les trans-ports et les technologies de l’information. Jean-Yves Gilet insiste également sur l’im-portance des innovations de processus que les Allemands appellent la « perfection du banal » et sur lesquelles les entreprises fran-çaises ont de gros progrès à faire.Sujet d’actualité, la fusion du FSI dans la future Banque publique d’investissement (BPI) est un « très beau projet », à entendre le patron du fonds. Lui-même a ouvert dès la fin 2011 des antennes régionales en partenariat avec l’établissement public Oséo, qui doit aussi rejoindre la BPI. Les 14 bureaux du FSI régions traitent les investissements inférieurs à 4 millions d’euros. Avec toujours en ligne de mire la volonté de répondre au plus près aux besoins des dirigeants de PME et d’aug-menter le nombre d’entreprises françaises de taille intermédiaire. ●

« Être à la fois un investisseur avisé

et un investisseur qui prend en compte

l’intérêt général. »

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Acteurs publics a créé le Club des

territoires durables. Véritable laboratoire

où s’analysent les initiatives

d’aujourd’hui et les stratégies de demain,

le Club est une base pour l’action.

La parole aux experts

Face à l’autismeLa situation des 250 000 à 600 000 de nos concitoyens autistes pose la question de leur place dans la société. Investissons-nous sur les pratiques qui répondent le mieux à leur besoin ?

L ’avis du CESE sur ce sujet présente un état des connaissances, tant étio-

logiques qu’épidémiologiques et dresse un état des lieux des repré-sentations de l’autisme. Il fait éga-lement le point des procédures de reconnaissance du handicap qui conditionnent l’ouverture de droits à compensation et de droits sociaux catégoriels, des accompa-gnements proposés tout au long de la vie, de la gouvernance des dispositifs et des circuits de fi nan-cements, et enfi n des coûts éco-nomiques et sociaux actuels.Notre pays, durant ces soixante dernières années, est sorti d’une politique d’assistance envers les personnes en situation de han-dicap vers une politique de pro-motion de leur citoyenneté. Car l’environnement peut être pro-ducteur de handicap et la société doit se mobiliser pour donner toutes ses chances à un individu de compenser ce handicap pour qu’il puisse exercer sa pleine citoyenneté. Malheureusement,

ce qui est vrai pour certains types de handicap l’est un peu moins pour d’autres, surtout quand ils affectent les capacités d’interac-tion sociale et de communica-tion, quand ils conduisent à des stéréotypes et à des environne-ments immuables. Et il y a moins de vingt ans que l’autisme est reconnu comme un handicap en France.

Consolider les acquisL’avis du CESE propose donc à notre pays d’accélérer le mouve-ment pour mieux lutter contre la terrible exclusion sociale dont sont victimes les personnes autistes et les familles. Il invite à une démarche méthodique et pragmatique qui vise avant tout à consolider et à dévelop-per les acquis des deux premiers plans autisme : la formation et l’évaluation. Pour optimiser ces avancées, il faut que notre pays adopte une démarche qui lui permette de bien connaître les populations, leurs besoins, pour

adapter les réponses en fonction des capacités d’évolution de la personne elle-même mais aussi de notre contexte sociétal. Ce n’est qu’à ce moment qu’une réflexion plus poussée sur les financements et les redéploie-ments pourra avoir lieu. Chaque acteur – c’est avant tout chaque citoyen – doit être convaincu de la singularité de la personne autiste et de ses res-sources intrinsèques. Laisser pla-ner « une ambiance » de fatalité est préjudiciable à une action conjointe des acteurs avec leur famille. Vivre c’est oser. Que notre société prenne le risque d’oser l’anormalité pour déplacer son regard sur l’être humain et trouver des modalités de vie en société plus justes pour tous. ●

Pour toute information sur le Club des territoires durables

et ses activités, contactez Bastien Brunis au 01 46 29 29 24

ou par e-mail : [email protected]

Club des territoires durables

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Christel Prado, présidente de l’Unapei, conseillère économique,

sociale et environnementale, membre de la section des affaires sociales et de la santé[email protected]

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103DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Club des territoires durables EXPERTISE

L’intercommunalité, la bonne échelle d’intervention localeSur l’urbanisme et le logement, le président de l’Assemblée des communautés de France, Daniel Delaveau, s’attend à ce que les intercommunalités voient leurs compétences renforcées.

D epuis sa fondation en 1989, à l’initiative de Marc Censi, l’Assem-

blée des communautés de France (ADCF) s’attache à promouvoir la coopération entre communes. Et ça marche. Comme l’a relevé d’emblée Daniel Delaveau, aujourd’hui à la tête de l’asso-ciation, devant les membres du Club des territoires durables le 24 octobre : « au 1er janvier dernier, ce sont près de 2 600 communautés, regroupant quasiment l’ensemble des 36 000 communes, qui ont été créées ». Ces « intercos », commu-nautés de communes et commu-nautés d’agglomération en tête, exercent une multitude de com-pétences répondant aux besoins et aux attentes des usagers. En vingt ans et une dizaine de lois, l’intercommunalité s’est impo-sée dans des champs stratégiques

touchant au développement éco-nomique, à l’aménagement, mais aussi dans la gestion directe de services de proximité. Devenue la première gestion-naire des services publics envi-ronnementaux (déchets, assai-nissement, transports urbains…), l’intercommunalité est particu-lièrement en pointe pour mettre en musique le Grenelle de l’envi-ronnement. Ses compétences se déploient largement dans la réalisation des plans climat ter-ritoriaux, la promotion des éner-gies renouvelables, la rénovation thermique des bâtiments... Les communautés sont également devenues en quelques années des actrices majeures des politiques locales de l’habitat, par la défi-nition et la mise en œuvre avec les communes des programmes locaux de l’habitat.

Ces compétences représentent un budget qui, parfois, dépasse ou équivaut au budget de la ville-centre. Persuadé que l’in-tercommunalité sera l’avenir des communes, Daniel Delaveau s’attend à ce que ces collectivi-tés « montent en compétence », notamment dans le champ du développement durable, entendu, a bien insisté celui qui est aussi le maire de Rennes, dans sa triple dimension économique, sociale et environnementale.

PLU supracommunauxSelon le président de l’ADCF, l’« interco » est « la bonne échelle » d’intervention – par exemple pour élaborer des plans locaux d’urbanisme supracommunaux –, à condition de s’assurer d’un par-tenariat efficace avec les autres échelons de collectivités. ●

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Les prochainsdéjeuners du ClubLe 12 décembre : Christian

Pierret, président de la Fédération des maires des villes moyennes (FMVM) et maire

de Saint-Dié-des-Vosges

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Les membres du Club étaient réunis autour

de Daniel Delaveau le 24 octobre.

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Tout sur les « IGF »Un volumineux dictionnaire de 1 131 pages. Il fallait bien cela pour raconter le parcours des 1 217 inspecteurs des fi nances recensés depuis 1801, minutieux et inédit travail publié par le Comité pour l’histoire économique et fi nancière de la France, rattaché à Bercy. Le Dictionnaire historique des inspecteurs des fi nances 1801-2009 s’enrichit des analyses d’une quarantaine d’auteurs, éclairage pertinent pour mieux comprendre le poids des inspecteurs des fi nances au plus haut niveau de l’État. Ministres, membres de cabinets, hauts fonctionnaires : les inspecteurs sont souvent au cœur ou dans les coulisses du pouvoir.

Défense mobilité devient une webradioDéfense mobilité, l’agence de reconversion du personnel militaire et civil du ministère de la Défense, développe sa stratégie en s’appuyant sur une nouvelle webradio : Défense mobilité radio. Ce programme radio téléchargeable sur smartphone vise à rapprocher encore davantage personnels, réseau de professionnels de la reconversion et secteur privé à travers des programmes consacrés aux candidats et aux entreprises. defensemobiliteradio.fr

L’appli des applis de ParisFaire le tri parmi toutes les applications mobiles sur la ville de Paris. C’est ce que permet ParisApps, un label soutenu par la municipalité qui se veut « guide des applis mobiles » de la capitale. Sorties, démarches administratives, bons plans, actualité : ParisApps balaie tous les aspects de la vie quotidienne et sollicite Parisiens et habitants des banlieues proches pour recenser leurs attentes. parisapps.paris.fr/apps

La « Sécu » sur tablettesEn lançant la version pour smartphone de son site Ameli, la Sécurité sociale bascule dans l’ère mobile. Les patients peuvent désormais suivre depuis leur téléphone leurs remboursements en temps réel ou modifi er leurs données personnelles. L’application devrait séduire une partie des 2 millions de visiteurs qui se connectent chaque mois à leur compte Ameli.fr.https://ameli.moncompte.mobi

Auteur : Comité pour l’histoire économique

et financière de la FranceÉditeur : IGPDE

Nombre de pages : 1 131Prix : 60 euros

Auteur : Bruno MillyÉditeur : Presses

universitaires de RennesNombre de pages : 233

Prix : 18 euros

Fonction publiqueOrganisateurs : Cevipof/ENALieu : ParisSite : www.cevipof.com

Conseiller technique au cabinet de Marylise Lebranchu, Romain Beaucher interviendra sur « La nouvelle politique de la fonction publique, enjeux et débats » dans le cadre du séminaire « Histoire et sociologie des administrations », proposé par le Cevipof et l’ENA.

Nouveau CHUOrganisateur : Réseau CHULieu : BordeauxSite : reseau-chu.org

« Nouveau patient, nouveau CHU ». Tel est le thème qui guidera les échanges des Assises nationales hospitalo-universitaires, organisées par le Réseau CHU et ouvertes aux cadres dirigeants des hôpitaux publics. Les attentes des patients, aujourd’hui associés au fonctionnement des hôpitaux, seront décryptées.

MobilitésOrganisateur : Cercle de la réforme de l’ÉtatLieu : ParisSite : reforme-etat.org

Dans le cadre de son cycle de séminaires sur les mobilités dans les fonctions publiques, le Cercle de la réforme de l’État se penchera sur la mobilité vue par ceux qui la vivent : « Quels écarts entre prescriptions et vécus ? Comment composer avec les besoins d’administrations et d’agents ? »

Conflits d’intérêtsOrganisateur : EHESPLieu : ParisSite : www.ehesp.fr

Le colloque international sur les confl its d’intérêts à l’hôpital public, organisé au ministère des Affaires sociales et de la Santé, identifi era les situations pouvant relever d’un confl it d’intérêts et en détaillera certaines, telles que les rapports entre hôpitaux et prestataires privés.

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InterconnectésOrganisateur : Réseau des territoires innovantsLieu : LyonSite : www.interconnectes.com

Le Réseau des territoires innovants, association fondée par l’Assemblée des communautés de France et l’Association des communautés urbaines de France, organise la 9e édition du Forum des interconnectés. L’objectif : diffuser les usages des nouvelles technologies dans les collectivités.

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Le travail dans le secteur publicLe sociologue Bruno Milly propose une réfl exion sur « le travail dans le secteur public ». Un ouvrage bienvenu alors que les fonctionnaires sont depuis plusieurs années confrontés à des vagues successives de réformes. En s’appuyant sur des enquêtes de terrain, l’auteur rend compte de l’action au travail via trois entrées : les institutions, les organisations et les professions. Il relève la diversité des formes et des effets des transformations de l’intervention publique. Voilà un essai complexe pour prendre « de la hauteur » sur le sens des réformes du secteur public.

Tout, tout, tout sur la fonction publique Les effectifs publics ont baissé en 2010, les réductions dans la fonction publique d’État (– 1 %) n’étant pas compensées par les hausses limitées dans la territoriale (+ 0,2 %) et dans l’hospitalière (+ 1,3 %). Tel est l’enseignement majeur du dernier rapport sur l’état de la fonction publique. On apprend par ailleurs, à la lecture de cet ouvrage indispensable pour tout savoir des trois versants du secteur public, que le nombre de contractuels ne cesse de grimper (898 000 agents), que les écarts de salaires entre femmes et hommes demeurent et que les salaires sont en moyenne plus élevés dans la fonction publique d’État (2 459 euros net) qu’en territoriale (1 800 euros).

Gestion des ressources humaines Annexe au projet de loi de fi nances pour 2013, le rapport du député PS Jean-Louis Gagnaire sur la gestion des fi nances publiques et des ressources humaines fourmille de données et d’analyses sur le fonctionnement du secteur public d’État. On apprend, notamment, que la politique de fusion des corps de fonctionnaires a entraîné la suppression de 327 corps depuis 2005. La fonction publique d’État devrait en compter 333 à la fi n de l’année 2012. Le rapport juge par ailleurs nécessaire de moderniser la gestion des ressources humaines pour renforcer l’attractivité du secteur public.

Auteur : DGAFPNombre de pages : 426 Téléchargement : www.fonction-publique.gouv.fr

Auteur : Jean-Louis GagnaireNombre de pages : 56Téléchargement : www.assemblee-nationale.fr

Très haut débitOrganisateur : FNCCRLieu : ParisSite : www.fnccr.asso.fr

Quelle place pour les collectivités territoriales dans le déploiement des réseaux à très haut débit ? Éléments de réponse à l’occasion du colloque de la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) sur les enjeux du très haut débit en France.

Europe ! Organisateur : ENALieu : StrasbourgSite : www.ena.fr

Comment mettre en adéquation enjeux de la formation et besoins des entreprises ? Une problématique qui animera le colloque de l’ENA « Besoins d’entreprises ? Besoin d’Europe ! » auquel participeront décideurs publics et cadres du secteur privé.

SANTÉ PUBLIQUELancé par des chercheurs de l’École

des hautes études en santé publique (EHESP), le site Equitarea est un

programme visant à établir un lien entre pollution environnementale et inégalités sociales dans l’accès

aux offres de santé. Un outil pour guider les décideurs publics

dans leur lutte contre ces inégalités.

www.equitarea.org

ÉTUDIANTSLa Fédération des villes moyennes

vient de lancer une plate-forme sur l’enseignement supérieur en villes moyennes fournissant toutes les informations relatives à plus de

260 sites d’enseignement. Un outil nécessaire, estime la Fédération, alors

que les villes moyennes accueillent 17 % de la population étudiante.

www.enseignement-sup-villes-moyennes.fr

CHASSE AU « GASPI »Avec le nouveau site

Gaspillagealimentaire.fr, le ministère de l’Agriculture entend

sensibiliser sur les conséquences de certaines mauvaises habitudes : chaque Français jette 20 à 30 kilos de nourriture par an. Les acteurs

de la chaîne alimentaire sont invités à se mobiliser.

www.gaspillagealimentaire.fr

WEB

CONNECTÉUn nouveau site pour l’InraL’Institut scientifi que de recherche agronomique (Inra) modernise son site Web. L’objectif : faciliter la compréhension des grands enjeux de la recherche agronomique. www.inra.fr

Un guide « CO2 dans les transports »

L’Ademe et le ministère de l’Écologie publient un guide méthodologique sur « l’information CO2 » dans les transports, à destination des décideurs publics et privés. www.developpement-durable.gouv.fr

Démographie médicaleL’atlas 2012 de la démographie médicale de l’Ordre national des médecins met en lumière les déserts médicaux français. Des déserts qui avancent… www.conseil-national.medecin.fr

Ressources

Synchronisez votre agendasur www.acteurspublics.com

Par Sylvain HenryFOTOLIA

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■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 2012106

« Questions sur l’Europe » La politique industrielleÉmission de débat interactiveDurée : 35 minutes

Diffusion : le 23 octobrePrésentateur : Stéphane LeneufInvités : Antonio Tajani, commissaire européen à l’Industrie, les eurodéputés

Philippe Lamberts (Belgique, Verts), Henri Weber (France, groupe socialiste) et Jean-Luc Bennahmias (France, groupe libéral)

« Quand la Chine délocalise en Europe »Le 7 décembre à 20 h 30

Documentaire (2012)Durée : 52 minutesRéalisatrice : Magali Serre

En 2011, un marché public polonais pour la cons-truction d’une autoroute est remporté par une entre-prise chinoise, au nez et à la barbe des fi rmes de BTP européennes. En 2010, le Suédois Volvo était vendu par son propriétaire, l’Américain Ford, au groupe

chinois Geely pour 1,5 milliard d’euros. L’enquête de Magali Serre présente quelques exemples embléma-tiques d’investissements chinois sur le Vieux Continent, tout en s’attachant à montrer l’esprit d’ouverture des nouveaux arrivants, évitant le cliché du « péril jaune ».

L’empire du Milieu à la conquête du Vieux Continent

Lire, écouter, voir

La Droite bruneSous titré UMP-FN, les secrets d’une liaison fatale, l’ouvrage du journaliste Renaud Dély est le récit implacable de la dérive de la droite classique jusqu’aux rivages de la droite dite nationale, en réalité l’extrême droite. Bien sûr, toute l’UMP n’a pas suivi, mais l’ancien Président, sous l’infl uence de Patrick Buisson, a opéré « un travail libératoire dans les consciences pour les affranchir de toutes retenues ». Le portrait que dresse Renaud Dély du « gourou » de la campagne sarkozyste est édifi ant. L’ouvrage reprend des extraits inédits des écrits de jeunesse de Patrick Buisson dans une revue d’extrême droite. Après avoir collaboré à Minute, l’inspirateur de l’orientation droitière de Nicolas Sarkozy en fi n de mandat a réussi « à rallier des rivages moins radicaux » comme Le Figaro ou LCI, avant d’avoir table ouverte à l’Élysée. Loin de se détourner de la stratégie de 2012, certains à droite sont tentés de poursuivre, persuadés qu’une alliance avec le FN aurait permis de sauver les meubles… B. B.

Auteur : Renaud DélyÉditeur : Flammarion EnquêteNombre de pages : 270 Prix : 20 €

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PODCAST À NE PAS MANQUER

FOTOLIA

PLAY TV

L’Union européenne peut-elle rêver d’une politique industrielle commune ? Oui, répond le commissaire Antonio Tajani, qui vient de présenter une stra-tégie de réindustrialisation prônant une

« industrie verte, compétitive, moder-ne », qui passe par l’innovation et la recherche. « Il nous faut à la fois pen ser et fabriquer les solutions en Europe », affi rme l’eurodéputé Philippe Lamberts.

« Chevauchons la nouvelle révolution industrielle, celle du numérique, des bio-technologies et des énergies renouve-lables, et nous reviendrons sur le devant de la scène », conclut Henri Weber.

Comment rester dans la course ?

Délices d’initiésUn recueil gastronomique dans Acteurs publics ? Celui-ci, sous-titré Dictionnaire rock, historique et politique de la gastronomie, s’attache à démontrer combien l’art de cuisiner et de déguster se trouve « à la croisée des chemins entre la politique, la littérature, les arts et la société ». Si les Ducasse, Adria et consorts y fi gurent à leur juste place, de même que la quiche lorraine et la Tour d’argent, on ne sera donc pas étonné d’y trouver aussi des entrées « Hollande », « Jospin », « Raffarin », « VGE » ou « DSK » ni d’y découvrir l’origine des expressions « gauche caviar » et « droite hamburger ». Sarkozy n’a pas d’article – trop petit joueur ? – mais Chirac en a deux (c’est aussi le nom d’une sauce). Entre autres succulentes anecdotes, on apprend que Frédéric Mitterrand a fourni à Un dîner presque parfait sa meilleure audience de l’année 2011 en participant à l’émission, aux fourneaux des cuisines de la Rue de Valois. L. B.

Le Rose et le GrisTout n’a-t-il pas déjà été écrit sur le printemps élyséen de François Hollande ? La journaliste Michèle Cotta pense que non et publie sa contribution, Le Rose et le Gris. Après avoir remis en perspective la trajectoire du candidat pendant la présidentielle, l’auteure raconte les premiers instants du quinquennat : la victoire, la semaine de transition avant la cérémonie d’investiture, les législatives et les premiers pas gouvernementaux. Sans grande révélation, l’ouvrage livre malgré tout une analyse politique fi ne comme souvent lorsque cette « institution » du journalisme politique prend la plume. Et quelques anecdotes sur les moments clés, tels que l’appel de Sarkozy à Hollande le soir du second tour… Le lecteur en apprend aussi un peu plus sur le choix de l’équipe élyséenne, des ministres ou sur l’accession de Claude Bartolone au Perchoir. Utile pour tous ceux qui ont observé de loin cet événement de la vie politique. P. L.

Auteurs : Emmanuel Rubin et Aymeric MantouxÉditeur : Don Quichotte, collection « Dico rock »Nombre de pages : 380Prix : 19,90 €

Auteure : Michèle CottaÉditeur : FayardNombre de pages : 310 Prix : 19 €

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107DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

« Ça m’emmerde, ce truc » Nicolas Sarkozy, candidat sortant, a tout tenté jusqu’à la dernière minute, faisant bouger les lignes dans l’espoir de se faire réélire. Il s’est adressé sans vergogne à l’électorat du Front national, comme jamais la droite n’avait osé le faire. Du clip sur l’immigration aux controverses sur le vrai travail, il n’a reculé devant rien. Il a cru possible de réussir une performance inédite et renverser la tendance jusqu’au sprint d’arrivée. Il n’en a rien été. Le champion, qui avait promis une déculottée à son adversaire, vacille, avant même le débat télévisé. Le Président qui a préparé une tirade visant à déstabiliser Hollande avec l’affaire DSK, lâchera dans les coulisses « Ça m’emmerde, ce truc ». Déjà le doute s’installe. Au-delà de cet épisode, Éric Mandonnet et Ludovic Vigogne ouvrent leurs carnets et reviennent sur ces 14 jours de l’entre-deux tours, avant la défaite. X. S.

L’Écho des loisVoilà un ouvrage instructif pour tout comprendre de la diffusion de la loi dans les sociétés occidentales. Un voyage dans le temps qui remonte aux parchemins des temps romains pour mieux se pencher sur les publications instantanées du Journal offi ciel et leurs versions électroniques. Cet ouvrage collectif principalement rédigé par des professeurs d’université, illustré de documents anciens, est d’abord un livre d’histoire. On apprend l’aventure étonnante de la loi des XII Tables, quand au Ve siècle, la guerre menace Rome. La publication de la loi ne touche alors qu’une minorité d’instruits. L’Écho des lois est aussi un livre de prospective politique détaillant les déclinaisons possibles de la diffusion de la loi à l’heure de l’information mobile. Et des réseaux sociaux, qui permettent via les « consultations ouvertes » une nouvelle méthode d’élaboration des normes en faisant participer le grand public. Un enjeu complexe. S. H.

Scènes de la vie quotidienne à l’ÉlyséeLa vie d’un conseiller du président de la République commence par une transgression : traverser le Faubourg Saint Honoré vers le pan de trottoir interdit aux passants. Puis vient le bureau qui ressemble à une chambre d’étudiant et le premier bras de fer avec les technocrates. Camille Pascal n’a connu l’Élysée que dix-huit mois, mais il en tire un récit savoureux sur la vie au Château. Avec quelques épisodes cocasses comme celui où Gérard Depardieu débarque sans prévenir ou la découverte d’une pièce oubliée du Palais. Deux colères présidentielles sont racontées par le menu. La première, devenue célèbre, décrit le coup de fi l au patron de PSA la veille d’un plan social qui sera fi nalement reporté. La deuxième évoque une réunion quelques heures après la tuerie de Toulouse où Nicolas Sarkozy réalise que personne ne l’a informé qu’il y a un lien entre le crime et les meurtres de soldats à Montauban. « Vous savez ce que vous êtes devenus ? Des notables », jette le chef de l’État à ses collaborateurs. L. F.

Auteurs : Éric Mandonnet et Ludovic VigogneÉditeur : GrassetNombre de pages : 129Prix : 12,90 €

Auteur : collectifÉditeur : La Documentation françaiseNombre de pages : 168Prix : 24 €

Auteur : Camille PascalÉditeur : PlonNombre de pages : 270Prix : 19 €

« Quelque chose en nous de Tunisie »

DocumentaireDurée : 32 minutes 25Réalisatrice : Jeanne Robet

Téléchargeable sur www.arteradio.com

« Ma grandeur de la France »

Le 15 décembre à 22 h 00Documentaire (2011)

Durée : 52 minutesRéalisateur : Bertrand Delais

Dans la Tunisie d’après la révolution, deux sœurs partent sur les traces de leur père, ancien Pied-noir. Dialogues, ambian-ces sonores, rencontres, témoignages d’archives… Ce reportage « familial » fait

partie de l’offre de podcasts hétéroclites (documentaires, fi ctions, « cartes postales sonores », feuilletons, etc.) proposée par Arte radio, qui fête ses dix ans. L’occasion de rappeler que cette webradio, qui se

présente comme « pionnière du podcast en France », s’est vue primée plusieurs fois et a contribué à « profondément renou-vel[er] le paysage radiophonique ». Plus de 1 600 créations originales sont disponibles.

Beaubourg, la pyramide du Louvre… Les grands travaux présidentiels ont ponc-tué l’histoire de la Ve République. Chaque Président a cherché à marquer la postérité. Ce reportage donne la parole à des témoins

– architectes, conseillers, proches – des coulisses des grands chantiers menés par ces Présidents bâtisseurs. Du général de Gaulle qui, incarnant à lui seul la grandeur de la France, s’est contenté d’exalter la fi erté

nationale à Jacques Chirac et son musée des Arts premiers, Bertrand Delais retrace les grandes heures de ces monuments de la « Ve » qu’il défi nit comme « l’expression d’une puissance, celle du monarque républicain ».

Comédie familiale

À chaque Président son empreinte

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Les femmes cheffes de gouvernement sont peu nombreuses. Est-ce ce qui explique le succès de Borgen ? Le succès de la série n’est pas seulement dû au fait que le personnage central est une femme. Il n’est en effet pas si inhabituel de voir aujourd’hui des

femmes au plus haut niveau de l’État : Margaret Thatcher au Royaume-Uni, Gro Harlem Brundtland en Norvège, Angela Merkel en Allemagne, Vigdis Finbogadottir en Islande, etc. J’ai choisi ce personnage parce qu’il me semblait plus marquant et plus douloureux de voir

une femme sacrifi er sa vie personnelle, sa famille et son mariage dans le but de réussir sa vie professionnelle. Cela s’est avéré être une bonne histoire…

Borgen a-t-il été inspiré par le parcours de Helle Thorning-Schmidt, devenue Première ministre du Danemark ? Borgen est à 100 % une fi ction, certes parfois inspirée par des événements réels. Le personnage de Birgitte Nyborg a été créé bien avant l’arrivée de Helle Thorning-Schmidt au pouvoir.

Birgitte Nyborg est confrontée à des choix personnels. Mener une

carrière politique impose-t-il des compromis ? Je le crois. La politique au plus haut niveau de l’État est tellement exigeante ! Il n’y a pas assez d’heures dans un jour pour combler toutes ses ambitions, professionnelles et personnelles. Alors il faut faire des choix…

L’exercice des responsabilités transforme la personnalité de Birgitte Nyborg… Les sacrifi ces durcissent son personnage, confronté à des décisions diffi ciles. Mais je ne voulais pas qu’elle devienne une mauvaise politicienne, une personne corrompue… Birgitte Nyborg se transforme, est plus cynique dans

les relations quotidiennes au Parlement. Il faut dire qu’elle n’a plus le temps d’être aussi aimable et courtoise que lors des jours anciens où les responsabilités n’étaient pas aussi grandes.

Pourquoi démarrer cette deuxième saison par une visite de Birgitte Nyborg auprès de soldats danois en Afghanistan ? C’était pour moi un choix évident : le Danemark, une démocratie pacifi que, est un pays en guerre depuis une dizaine d’années. C’est pour nous une réalité politique et historique très forte. Il me semblait nécessaire de l’aborder dans la série.

Propos recueillis par S. H.

Adam Price, créateur et réalisateur de la série Borgen

« La politique au plus haut niveau est tellement exigeante ! »

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À la tête du gouvernement danois depuis deux ans, Birgitte Nyborg doit mener de front son rôle de cheffe de gouvernement et une vie de mère de famille divorcée. Et chercher le compromis dans son foyer comme en politique, les parlementaires s’opposant à son souhait d’intervenir militairement dans un confl it armé. C’est ainsi que s’ouvre la deuxième saison de la série danoise Borgen, diffusée jusqu’à la mi-décembre sur Arte et déjà disponible en DVD.

Plébiscitée par près de 2 millions de Danois – sur 5,6 millions d’habitants –, diffusée dans près de 60 pays, cette série événement qui devrait faire l’objet d’un remake aux États-Unis décrypte de l’intérieur les rouages de la démocratie danoise. Infl uents spin doctors, conseillers ministériels en alerte permanente, intrigues politiques de couloirs – ceux de Borgen, le surnom donné au Parlement –, journalistes à l’affût : la série du réalisateur Adam Price, très réaliste, réunit tous les acteurs qui font le petit théâtre politique. Au Danemark, elle aurait suscité chez les spectateurs un regain d’intérêt pour la politique. Certains s’interrogent même sur l’infl uence qu’aurait eue Borgen lors des élections de 2011, qui ont porté au poste de Première ministre la sociale-démocrate Helle Thorning-Schmidt. Une première au Danemark. L’élection se déroulait quelques semaines après la diffusion de la première saison…

Sylvain Henry

Le phénomène « Borgen »TÉLÉVISION Genre : série danoise

de « politique fiction »Créateur et réalisateur : Adam PriceAvec : Sidse Babett Knudsen, Mikael Birkkjaer…Diffusion : jusqu’au 13 décembre le jeudi soir à 20 h 50 sur ArteDisponible en DVD : 34,99 euros (saison 2)

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■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 2012110

En optant pour une stratégie de changement à marche for-cée, privilégiant une action sur les structures et les moyens de l’État au détriment d’une réfl exion de fond sur ses fi na-lités, les pilotes de la RGPP et de la Réate ont réussi leur pari : bouleverser en peu de temps l’architecture d’un État déconcentré qui n’avait guère évolué depuis les premières lois de décentralisation.Mais ce succès apparent – on pourrait en discuter le coût et les résultats concrets – a un prix : le désarroi dans lequel se trouvent beaucoup de fonction-naires des services déconcen-trés. Régulièrement vilipendés au cours du dernier quinquen-nat, ils sont inquiets, désorien-tés, fatigués et en quête d’un « réenchantement » de leur statut et de leur métier que les réformes n’ont guère été en mesure de leur apporter.Le sens, les fonctionnaires se sont pourtant efforcés d’en trou-ver un. Développement durable, cohésion sociale ont été parmi les concepts – certes souvent

Idées

François-Mathieu Poupeau est chercheur du CNRS au LATTS (université Paris-Est)

Entretenir le toujours nécessaire travail de fond sur la légitimité que l’État se donne à agir dans un contexte général de perte de sa centralité et de réduction de la dépense publique.

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nouvelles directions régionales et départementales. Mais force est de constater que, malgré ces efforts, le sentiment d’une perte de sens perdure, rendant néces-saire et urgente l’ouverture d’un chantier laissant davantage la parole aux agents qui portent l’action de l’État.Redonner du sens, oui, mais comment ? En répondant à trois principaux types d’at-tentes auxquelles renvoie la polysémie du mot. La quête de sens en appelle tout d’abord à entretenir le toujours néces-saire travail de fond sur la légitimité que l’État se donne à agir dans un contexte géné-ral de perte de sa centralité et de réduction de la dépense publique (le sens comme signi-fication). Déjà entrepris par les ministères, ce chantier ne saurait être mené en vase clos mais doit impliquer le plus lar-gement possible les agents et leurs représentants.

Perte d’autonomieLa quête de sens renvoie en second lieu à des attentes sur la clarification des missions assignées aux services et leur adéquation aux moyens engagés, travail que la RGPP a éludé, faute d’ouvrir un débat large sur le sujet (le sens comme orientation). À défaut

d’un tel exercice, les équipes de d i rect ion des serv ices déconcentrés – notamment en département – continueront à bricoler des solutions pro-visoires, au risque d’affecter durablement leur crédibilité en interne (paris sur la reconver-sion des agents) et en externe (incapacité à répondre à cer-tains besoins).La quête de sens exprime enfi n l’aspiration des agents à ce que leur organisation les mette en capacité de comprendre et d’agir pertinemment sur leur environnement (le sens comme discernement). Elle nécessite d’approfondir le chantier de la déconcentration, qui a été mis à mal par une lecture « verticalisante » de la Lolf, donnant à beaucoup le sen-timent d’une perte d’autono-mie. Elle implique de favoriser les nouveaux modes de travail – fonctionnement en réseau, transversalité, proximité dans la prise de décision… – qui sont au cœur même des principes fondant le développement durable ou la cohésion sociale.C’est dans la capacité à pen-ser de manière conjointe ces trois chantiers que se jouera la reconquête, par les agents, du sens de leur travail, élé-ment clé d’une refondation de l’action de l’État. ●

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Un État déconcentré sens dessus dessousPar François-Mathieu Poupeau

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flous – qui ont été au cœur d’une rhétorique modernisatrice tentant de trouver de nouveaux horizons à l’action de l’État.

« Manager par le sens » a été un quasi-slogan que les préfi gu-rateurs ont mobilisé pour inven-ter la matrice identitaire des

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111DÉCEMBRE 2012 N°90 ACTEURS PUBLICS ■

Idées

Par Sylvie Trosa

L’évaluation des politiques publiques, tout le monde est pour, à condition de ne pas s’y engager de trop. Certes, chaque ministère est supposé avoir un plan d’évaluation de ses poli-tiques, certes, les collectivités locales n’y rechignent pas, certes, la Cour des comptes, de sa propre initiative ou de celle du Parlement, procède à des évaluations signifi catives. Pour autant, le tableau demeure impressionniste, ad hoc, à la bonne volonté de chacun.Pourquoi ? Moult prétextes sont avancés : toute scien-tificité en la matière serait inatteignable, l’évaluation des politiques publiques ne débou-cherait pas sur des conclusions opérationnelles, elle serait trop longue… Tentons de répondre à ces arguments qui datent des années 1930. L’évaluation n’est pas de la recherche, mais une aide à la décision et à l’amé-lioration du service public. Elle fait partie d’une chaîne

Sylvie Trosa, vice-présidente du Cercle de la réforme de l’État

Y a-t-il une seule réponse pour mener à bien une politique publique ? Non.

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vertueuse. Si l’on reprend ce dont la Lolf rêvait, c’est-à-dire un cycle de management allant des fi nalités aux objectifs prag-matiques, à des stratégies de mise en œuvre explicites, à un suivi continu par un contrôle de gestion et à l’évaluation, tous éléments qui, en retour, doivent permettre à chacune de ces activités de s’enrichir, eh bien, il semblerait que ce cycle n’existe pas et sans lui, comment juger de la perti-nence des actions publiques ? Il n’y a pas que la performance. On peut mettre en œuvre avec effi cience des actions contradic-toires ou ineffi caces.Il faut également dissiper les contre-arguments liés à l’éva-luation. L’évaluation ne donne pas de réponse scientifique univoque. Ce que l’évaluation peut apporter, ce sont certes des chiffres à l’égard des résultats sur la société, mais également une compréhension des straté-gies, intérêts et raisons d’agir des acteurs publics, qui ont tous les moyens, sans évaluation, de ne pas les mettre en œuvre. Agir et convaincre d’agir.Le vrai problème est que la plu-part des politiques publiques sont partagées entre des acteurs autonomes : État, col-lectivités locales, associations, agences. Il faut savoir trouver

un moyen pour que l’évalua-tion ne soit ni invective ni prise de position ni négociation, mais une volonté de résoudre les problèmes collectivement. Les méthodes apportent des données qu’il faut analyser. Mais il y faut de l’interpré-tation humaine et collective, une volonté de catharsis et la conscience que s’écouter est plus important que s’opposer les uns aux autres.

EmpathieY a-t-il une seule réponse pour mener à bien une politique publique ? Non, l’évaluation procède par tâtonnements et rectifications. Mais le seul moyen d’échapper à la peur de l’évaluation est de la rendre obligatoire, ce qui éviterait les multiples changements normatifs qui absorbent trop de temps et donc d’argent. I l est nécessaire, surtout, d’accepter la culture de l’éva-luation, qui est un mélange d’empathie et de distance qui permet de ne pas privilégier un seul point de vue. Ce qui revient à savoir comprendre et gérer les hommes et femmes. L’évaluation « fonctionne-t-elle » toujours ? Non, pas plus qu’aucune politique. Mais sans elle, l’échec ou le non-savoir sont opaques et assurés. ●

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L’évaluation des politiques publiques, une obligation !

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■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 2012112

Par Olivier Rouquan

Le président de la République s’est exprimé le 5 octobre devant les élus locaux dans le cadre des assises sur la démo-cratie territoriale organisées par le Sénat. Il a annoncé la création d’un Haut Conseil des territoires. Peut-on espérer qu’il fi gure dans la Constitution et aussi, ce faisant, qu’un nombre pert inent de col lect iv i tés territoriales puisse proposer un référendum au législateur ?Sur le plan juridique, il est éga-lement envisagé d’approfondir le droit à l’expérimentation, c’est-à-dire la possibilité de déroger à la norme nationale pour des raisons de spécifi cité locale. Ouvert en 2004, ce droit est aujourd’hui trop encadré par l’État en amont comme en aval et fi nalement peu utilisé. Aller plus loin en la matière pourrait cependant conduire la France vers un modèle d’État régional. Il faudrait expliquer ce que cela implique : une partie du pouvoir législatif sera-t-il

Idées

Olivier Rouquan est chercheur

associé au Centre d’études et de

recherches de sciences

administratives (Cersa), auteur

de Culture territoriale,

Gualino, Paris, 2011.

Beaucoup évoquent comme solution le « chef-de-filat », alors qu’il existe déjà et fonctionne avec une efficacité toute relative.

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s’impliquer davantage dans la transition énergétique.Mais la spécialisation des com-pétences des départements et des régions, instaurée en 2010, survivra-t-elle au nou-vel acte III ou ces collectivités vont-elles retrouver la pléni-tude de la clause générale de compétences ? Si oui, comment malgré tout rationaliser la distri-bution pour éviter les doublons et mutualiser les moyens ? Beaucoup évoquent comme solution le « chef-de-fi lat », alors qu’il existe déjà et fonctionne avec une effi cacité toute relative. Sans doute faut-il en accroître le caractère contraignant pour mieux rationaliser la gestion des partenariats. Car comme le rappelle François Hollande, les collectivités doivent gérer de façon plus effi ciente.

Calendrier électoralEnf in , l e p rés ident de la République veut consolider les métropoles. Mais où en est-on de la carte intercommunale, alors que cette dynamique se heurte parfois à la défiance, notamment des territoires ruraux ? Certa ins é lus ne veulent plus entendre parler d’une élection des délégués des communautés au suffrage

universel… Dans tous les cas, si toute commune est membre d’une intercommunalité d’ici juin 2013, peut-on garder toutes ces strates sans au moins diminuer le nombre de communes ? Et dès lors, com-ment conserver le soutien des dévoués élus locaux de proxi-mité, qui luttent pour sauver leurs communes et obtenir un meilleur statut ?Reste la question des votes. Les élections municipales et intercommunales sont toujours prévues en 2014 – de même que les élections européennes et sénatoriales. Les cantonales et régionales surviendraient en 2015 – le conseiller territorial ne voyant pas le jour. Certes, la dimension politicienne justi-fi e ce report – garder le Sénat dans un contexte critique –, mais sans simplifi er le nombre d’élections, comment faire autrement pour ne pas pertur-ber un électeur qui serait solli-cité 5 fois en un an en 2014 ? Ainsi, à l’avenir, comment regrouper les élections décen-tralisées pour en améliorer la visibilité ? Enfin, sur le plan démocratique, rien n’est pour l’instant avancé pour insuffl er de la participation à la vie locale entre deux élections… ●

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Décentralisation : des questions en suspens

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TRANSFERTHAUT CONSEIL DES TERRITOIRES

un jour dévolu aux régions et à quelles conditions ?Si, en termes d’échelons admi-nistratifs, le président de la République confi rme la survie du conseil général, il insiste surtout sur la répartition des compétences. Semble ainsi acquis l’achèvement du trans-

fert de prérogatives étatiques en faveur des régions – en matière de formation profes-sionnelle, d’emplois et d’aides économiques, et enfi n de poli-tique européenne. Le départe-ment conservera sa prévalence en matière de dépendance, alors que la commune devra

Page 113: Acteurs publics n°90

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Page 114: Acteurs publics n°90

■ ACTEURS PUBLICS N°90 DÉCEMBRE 2012114

L ucien Neuwirth, député puis sénateur de la Loire de 1958 à 2001, est moins

célèbre que Simone Veil. Ce gaul-liste (ici à l’Assemblée nationale en 1973 lors d’une séance de questions d’actualité) fit pourtant franchir à la cause féminine un pas aussi fondamental que la ministre qui dépénalisa l’avortement en 1975. La loi Neuwirth, votée huit ans auparavant, après plus d’un an de débats houleux, légalisa l’utili-

sation de la pilule contraceptive.Une loi de 1920, dictée à l’époque par la nécessité de repeupler la France après la guerre, réprimait en effet, outre le « crime d’avor-tement », toute forme de « propa-gande anticonceptionnelle », inter-disant non seulement de recourir à la contraception, mais même d’en parler. Sensibilisé très jeune aux ravages sociaux des grossesses non désirées, proche du mouve-ment Maternité heureuse (devenu

le Planning familial), Lucien Neuwirth travaille à obtenir des soutiens politiques dans son camp.

« Un acte lucide »Reçu à l’Élysée en 1966, le député parle pendant quarante minutes sans être interrompu face à un Charles de Gaulle a priori hostile, mais qui finit par lâcher : « Vous avez raison, transmettre la vie, c’est important. Il faut que ce soit un acte

lucide. » Déposé en mai 1966, discuté à partir de juillet 1967 au Parlement, le texte de loi est adopté le 19 décembre et promul-gué le 28. Les réticences demeu-rant fortes au sein de la majorité – Neuwirth est accusé de mettre en danger la santé publique, la natalité et les bonnes mœurs ! – la parution des décrets d’application traîne jusqu’en 1972… L’année où s’ouvre le procès de Bobigny. ● Laure Berthier

Avant la loi Veil…Jusqu’en 1967, recourir à un moyen de contraception était illégal.

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