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Brève description historique des œuvres de l’AGL Les Salésiens en Afrique (Nous nous inspirons globalement du livre Salésien de Don Bosco. Projet Afrique 1980-2005, Direction Générale Oeuvre de Don Bosco-Dicastère pour les Missions, 2006). De son vivant, Don Bosco avait rêvé déjà de l’Afrique et voulait que les Salésiens y soient et s’y développent. En 1886, lors du Conseil Supérieur, il a parlé de l’Afrique et plus spécialement de l’Afrique noire. Il y a deux songes de Don Bosco sur l’Afrique : un de juillet 1885 et l’autre d’avril 1886. Le premier se rapporte à un long et curieux voyage fait en compagnie de Louis Colle : «Notre ami Louis-écrivait don Bosco au père du jeune homme m’a amené à faire une excursion au centre de l’Afrique». L’autre songe est le fameux songe de Barcelone. Ici, la bergère, après lui avoir rappelé le songe de neuf ans, lui fait voir le développement de la Congrégation ; puis elle lui dit : «A présent, tire une ligne d’une extrémité à l’autre, de Pékin à Santiago, mets-y un point au milieu de l’Afrique et tu auras une idée exacte de ce que doivent faire les Salésiens. (...) Eh bien, ces centres que tu vois constitueront des centres d’études et de noviciat et donneront une multitude de missionnaires ». Ce n’est qu’après une centaine d’années que ce rêve du Saint s’avérera effectif. En effet, la présence salésienne sur le continent date de 1891 en Algérie, où les Salésiens sont restés jusqu’en 1976 et de 1894 en Tunisie ; il y a aussi 2 présences plus que centenaires, comme celle de l’Egypte (1896) et de l’Afrique du Sud (1896). Celle de l’Afrique Centrale date de 1911 en République Démocratique du Congo. En 1978, fut initié le « Projet Afrique » et beaucoup d’oeuvres ont commencé à se développer. Dans la première phase de ce projet «d’expansion» (1980-1995) ; les Salésiens étaient présents dans 38 pays, avec 140 présences et 881 salésiens. En 1996, on a formé une «Région Afrique- Madagascar ». De 1996 à 2002, c’est une seconde phase, de «consolidation» et on a créé de nouvelles circonscriptions dont 2 provinces (Afrique Centrale, AFC et Afrique de l’Est AFE) ; 7 «visitatories» ; 3 délégations ; 5 présences diverses de coordination. C’est avec le Chapitre Général 25 que fut créée la CIVAM (Conférence des Provinces et des «Visitatories» de l’Afrique et de Madagascar) pour mieux prendre en main sous sa propre responsabilité l’animation de la vie et de la mission salésienne dans ses différents secteurs. Avec la période 2002-2008, c’est toujours la phase de consolidation avec de nouvelles Provinces dont la Quasi-Province du Burundi-Rwanda-Uganda. Signalons que nous avons déjà 2 Provinciaux Africains : celui de l’Afrique Centrale et celui de notre Quasi-Province. Notre Recteur Majeur, Don Pascual Chavez écrivait : «Nous devons donc renforcer l’identité salésienne des personnes et des oeuvres. Ce n’est pas une question d’étiquette mais de charisme... ». En 2004, les statistiques nous montrent que les Salésiens étaient 1204, en 42 nations avec 172 présences. En Afrique Centrale (composée du Rép. Démocratique du Congo, du Burundi et du Rwanda), il y avait 36 maisons avec 254 Salésiens). Cette Province a commencé depuis 1911 dans la région du Katanga (RDC). Dans la Délégation Rwanda-Burundi-Goma, il y avait 8 oeuvres avec 51 Salésiens.

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Brève description historique des œuvres de l’AGL Les Salésiens en Afrique (Nous nous inspirons globalement du livre Salésien de Don Bosco. Projet Afrique 1980-2005, Direction Générale Oeuvre de Don Bosco-Dicastère pour les Missions, 2006). De son vivant, Don Bosco avait rêvé déjà de l’Afrique et voulait que les Salésiens y soient et s’y développent. En 1886, lors du Conseil Supérieur, il a parlé de l’Afrique et plus spécialement de l’Afrique noire. Il y a deux songes de Don Bosco sur l’Afrique : un de juillet 1885 et l’autre d’avril 1886. Le premier se rapporte à un long et curieux voyage fait en compagnie de Louis Colle : «Notre ami Louis-écrivait don Bosco au père du jeune homme m’a amené à faire une excursion au centre de l’Afrique». L’autre songe est le fameux songe de Barcelone. Ici, la bergère, après lui avoir rappelé le songe de neuf ans, lui fait voir le développement de la Congrégation ; puis elle lui dit : «A présent, tire une ligne d’une extrémité à l’autre, de Pékin à Santiago, mets-y un point au milieu de l’Afrique et tu auras une idée exacte de ce que doivent faire les Salésiens. (...) Eh bien, ces centres que tu vois constitueront des centres d’études et de noviciat et donneront une multitude de missionnaires ». Ce n’est qu’après une centaine d’années que ce rêve du Saint s’avérera effectif. En effet, la présence salésienne sur le continent date de 1891 en Algérie, où les Salésiens sont restés jusqu’en 1976 et de 1894 en Tunisie ; il y a aussi 2 présences plus que centenaires, comme celle de l’Egypte (1896) et de l’Afrique du Sud (1896). Celle de l’Afrique Centrale date de 1911 en République Démocratique du Congo. En 1978, fut initié le « Projet Afrique » et beaucoup d’oeuvres ont commencé à se développer. Dans la première phase de ce projet «d’expansion» (1980-1995) ; les Salésiens étaient présents dans 38 pays, avec 140 présences et 881 salésiens. En 1996, on a formé une «Région Afrique-Madagascar ». De 1996 à 2002, c’est une seconde phase, de «consolidation» et on a créé de nouvelles circonscriptions dont 2 provinces (Afrique Centrale, AFC et Afrique de l’Est AFE) ; 7 «visitatories» ; 3 délégations ; 5 présences diverses de coordination. C’est avec le Chapitre Général 25 que fut créée la CIVAM (Conférence des Provinces et des «Visitatories» de l’Afrique et de Madagascar) pour mieux prendre en main sous sa propre responsabilité l’animation de la vie et de la mission salésienne dans ses différents secteurs. Avec la période 2002-2008, c’est toujours la phase de consolidation avec de nouvelles Provinces dont la Quasi-Province du Burundi-Rwanda-Uganda. Signalons que nous avons déjà 2 Provinciaux Africains : celui de l’Afrique Centrale et celui de notre Quasi-Province. Notre Recteur Majeur, Don Pascual Chavez écrivait : «Nous devons donc renforcer l’identité salésienne des personnes et des oeuvres. Ce n’est pas une question d’étiquette mais de charisme... ».

En 2004, les statistiques nous montrent que les Salésiens étaient 1204, en 42 nations avec 172 présences. En Afrique Centrale (composée du Rép. Démocratique du Congo, du Burundi et du Rwanda), il y avait 36 maisons avec 254 Salésiens). Cette Province a commencé depuis 1911 dans la région du Katanga (RDC). Dans la Délégation Rwanda-Burundi-Goma, il y avait 8 oeuvres avec 51 Salésiens.

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Depuis le 15 Août 2006, trois pays Burundi-Rwanda-Uganda (l’Uganda faisait partie de la Province de l’Afrique de l’Est-AFE, regroupant le Kenya, Tanzanie, Soudan et l’Uganda) forment une seule entité sous l’appellation de la Quasi-province de l’Afrique des Grands Lacs (AGL). Le supérieur provincial a son siège au Rwanda à Kigali (Kimihirura).

En 2007, La quasi-Province compte 63 confrères de 12 nationalités différentes (Brésil, Burundi, Belge, Canada, Croatie, Kenya, Slovénie, Rwanda, RDC, Pologne, Uganda, Inde). Les Salésiens au Burundi Nous suivons ici le récit d’un grand missionnaire Jean Perraudin, de la Société des Missionnaires d’Afrique-Pères Blancs (Chronique de l’Eglise Catholique au Burundi après l’Indépendance. Tome III. 1ère partie, Centre Lavigerie 1997, pp 187-189) 1. Le Lycée Don Bosco …Les premiers Salésiens arrivèrent à Ngozi peu après la proclamation de l’Indépendance, au mois de septembre 1962. Leur œuvre principale devait être la construction et la prise en charge d’un grand collège, à Burengo, à quelques 3 kilomètres du centre administratif. En 1970 ils acceptèrent de remplacer les Pères Blancs à la paroisse de Rukago (…) Ngozi, après Bujumbura et Gitega, rêvait d’avoir son collège. Mais d’où viendraient les Professeurs ? Qui fournirait les subsides pour les constructions ? Mgr. Makarakiza, sacré le 8 décembre 1961, trouva la réponse à la première question en invitant les Pères Salésiens pour cette grande œuvre. Ces derniers l’aidèrent à se procurer des fonds en Suisse, auprès du Gouvernement et de leurs bienfaiteurs. Citons les noms des premiers représentants de cette congrégation particulièrement dynamique : le P. Claes, supérieur de la communauté, les Pères Zeghers et D’Hore ainsi que le Frère Haren. Ils étaient accompagnés d’une dizaine de juvénistes d’origine rwandaise. Les cours commencèrent dans les locaux des mouvements de l’Action Catholique en attendant la construction des bâtiments définitifs qui s’échelonnèrent de 1964 à 1968 et coûtèrent 26 millions de francs belges (…) Au début, cette école s’appelait «Collège et Ecole Normale Don Bosco », appelé aujourd’hui « LYCEE DON BOSCO ». En 1972, la direction de cette école fut confiée aux prêtres diocésains Burundais : la mentalité de l’époque voulait que toutes les affaires publiques soient gérées par des autochtones, or tous les Salésiens étaient des expatriés ! Ce transfert de la direction de l’école à des non-salésiens rendit difficile l’application de la méthode préventive salésienne d’éducation, ce qui à la longue et suite aux événements du pays, provoqua le retrait des Salésiens en 1979 ; l’école passa aux mains du Diocèse de Ngozi, puis de l’Etat, jusqu’en juillet 1998. C’est durant cette période, et surtout depuis la crise sociale et politique d’octobre 1993, qu’elle connut une forte détérioration sous tous les points de vue : des infrastructures et des équipements, mais aussi de la discipline et du rendement scolaires. La Convention Scolaire de 1990 entre l’Eglise Catholique et l’Etat burundais favorisa la rétrocession des anciennes écoles confessionnelles à leurs propriétaires. C’est dans ce cadre que, sur demande du Diocèse de Ngozi, le Lycée Don Bosco fut repris par les Salésiens, en juillet 1998. Depuis que le Lycée Don Bosco venait de rentrer dans les mains des Salésiens, il a réalisé

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un progrès considérable au point de vue de la discipline, de la culture et du rendement scolaire, si bien qu’il est aujourd’hui compté parmi les écoles les mieux gérées et les plus performantes du pays. Ce nouveau départ et reprise de l’école ne se seraient pas fait sans la contribution et l’abnégation d’un confrère pédagogue chevronné : le P. Vital Minani. C’est grâce à lui et ramant contre-courant qu’il a forcé le destin de la reprise malgré l’opposition farouche même des supérieurs. 1. La présence salésienne au Burundi Bibliographie utilisée : - Quelques articles du Bulletin salésien : Don Bosco. Organe officiel des œuvres de Don Bosco en Afrique Centrale, les n° de mars, mai, juillet 1967 : Les salésiens au Burundi. Les articles ont probablement été rédigés par le Père A. Zeghers. - Quelques éléments de ISA (Informations Salésiennes d’Afrique). - Quelques informations prises des réunions du Conseil provincial de l’AFC. - La contribution d'étude de Père Vital Minani, Une école salésienne au Burundi. Essai sur l'historique du collège et école normale Don Bosco de Ngozi (1962-1979), texte polycopié, 27p.

2.1. Du Collège Don Bosco au Lycée Don Bosco de Burengo (Ngozi) La maison salésienne de Ngozi a été érigée canoniquement le 21 novembre 1962. C'est en juillet 1962, pendant les grandes vacances de l'année scolaire (date qui coïncide avec l'indépendance du pays : 1 juillet 1962) que débute l'œuvre salésienne au Burundi. A cette époque, Monseigneur Makarakiza, évêque de Ngozi, sentait cruellement la nécessité de commencer un collège pour la jeunesse de cette région du Nord dépourvue d'école secondaire. Mais le financement d'un tel projet restait pour lui un problème insoluble. C'est alors que, comme par hasard, le Père Henri Claes (venant du Rwanda) allait visiter l'évêque à Ngozi au mois de juillet et 1962. Il profitait de la période des vacances pour faire un voyage de prospection en vue d'implanter l'œuvre salésienne au Burundi dans un proche avenir. On venait de céder le petit séminaire de Rwesero au clergé séculier. Le P. Claes était donc venu au Burundi uniquement dans un but d'enquête. L'évêché de Ngozi, étant sa première étape d'un long périple planifié, il était loin de se douter que la boucle de son voyage allait se fermer à la porte de Mgr. Makarakiza. Il paraît que le P. Claes fut d'emblée conquis par ce prélat dont la personne et le discours exhalaient un fascinant mélange de grâce et de bonhomie. L'évêque reconnut tout de suite dans le P. Claes l'homme qu'il cherchait et il se jura bien de ne plus le lâcher. Deux heures de conversation suffirent d'un collège à Ngozi par ses Supérieurs, tant généraux que provinciaux. Les faits se succèdent alors rapidement : - le 5 septembre 1962 : Monseigneur marque son accord pour l'érection canonique d'une maison salésienne à Ngozi sous le titre: "Saint Jean Bosco". Par cet acte, Mgr. leur confie donc d'emblée la direction et la gestion de son collège appelé "Notre Dame de la sagesse". - le 11 septembre 1962 : le directeur, P. Henri Claes, arrive à Ngozi, presque immédiatement suivi de ces confrères. Ils logent à l'évêché.

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- le 21 novembre 1962, un décret d'érection canonique est signé à Rome par Don Réné Ziggiotti, Recteur Majeur à cette époque, pour la maison salésienne à Ngozi. On précise qu'il s'agit de créer une œuvre pour aspirants au sacerdoce dans la Congrégation salésienne. - le 28 septembre 1962 : les salésiens introduisent la requête auprès des autorités civiles (le Ministre de la Justice) pour obtenir la personnalité civile d'un A.S.B.L. (= Association sans but lucratif) intitulé: « Œuvre de Don Bosco à Ngozi ». Et voilà que l'œuvre salésienne au Burundi était née mais beaucoup de problèmes devaient encore trouver une solution. Un témoin de l'époque écrit (dans le bulletin salésien cité) : "Il faut bien reconnaître que l'aspect matériel de l'œuvre à fonder n'avait pas été élucidé suffisamment et que sous ce rapport, chacun des deux interlocuteurs avait un peu compté sur l'autre sans le lui avouer. Mais de part et d'autre on avait tant d'enthousiasme, on était si sûr aussi de la Providence, qu'on ne voulut à aucun prix ajourner l'ouverture le l'Œuvre. Toute une jeunesse attendant ce collège, prête à accepter les conditions les plus pénibles de logement et d'installation, pourvu seulement qu'on lui donnât l'enseignement et l'éducation qu'elle convoitait. On se jeta donc résolument dans le provisoire, au moins en ce qui concerne le gîte et les locaux...". Il semble bien que Mgr. Makarakiza résolut la chose au mieux et non sans dérangement personnel. Il accueillit les salésiens chez lui et les hébergea provisoirement à l'évêché, les reçut à sa table et les encouragea de tout son pouvoir. Les collégiens étaient une quarantaine au début; on les installa momentanément dans un abri de fortune, une espèce de marché arabe désaffecté. Mais en dépit de l'inconfort des premiers temps, les salésiens de Ngozi s'estimaient heureux. D'ailleurs, pensait-on, cette installation serait de courte durée et bientôt un vrai collège allait s'ériger... Pour le construire, le P. Claes comptait sur Mgr. Makarakiza: "... si l'évêque de Ngozi avait donné cette assurance, c'est qu'il croyait dur comme le fer que de substantiels subsides allaient lui tomber du Ministère de l'Education, dont un représentant lui en avait fait la confidence officieuse. A son tour, le Gouvernement avait fait la confidence du Burundi - très favorable à l'établissement des Salésiens - avait escompté la contribution massive des pays européens dont, peut-être la prolixité oratoire avait dépassé les intentions fermes...". Il fallait donc bien vite déchanter : aucun versement promis n'arrivait ! Entre-temps, toute une Ecole Normale, en migration périodique dans le diocèse, était venue se joindre au Collège. Monseigneur devait alors partir pour le Concile Vatican II à Rome. Pourrait-il trouver des moyens en Europe ? Là-bas, sans se soustraire aux travaux communs, il consacrait inlassablement ses loisirs à des quêtes et à des sermons de charité. Effort épuisant, dont-il vit bientôt que le résultat ne se suffirait jamais pour couvrir les frais d'un grand collège. Monseigneur rentra à Ngozi recru de fatigue, nanti de quelques fonds immédiatement engouffrés dans le passif du bilan de son pauvre diocèse. Pour le collège il fallait donc chercher une autre solution. Quand Monseigneur revint de la première session du Concile, en décembre 1962, il avait eu l'occasion de voir l'extraordinaire épanouissement de l'Oeuvre salésienne en Italie et il s'était dit sans doute qu'il ne ferait jamais mieux que les Fils de Don Bosco pour construire un collège, et il décida bientôt de tout abandonner dans les mains des Salésiens. A peine revenu; au soir même de la réception qu'on lui avait réservé pour son retour, Monseigneur prit le P. Claes à part pour lui demander pour qu'il assumât la charge des constructions. Mais fallait-il lancer la Province d'Afrique Centrale, si dépourvue de moyens financiers, dans une telle aventure? Construire un collège signifiait tout

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chercher : l'argent, le terrain, les matériaux, les moyens de transport, les ouvriers, l'entrepreneur, l'architecte… D'autre part, refuser l'effort c'était vouer à l'anéantissement une oeuvre destinée à faire beaucoup de bien. Le P. Claes retrancha diplomatiquement derrière une décision éventuelle de ses Supérieurs hiérarchiques. Il se sentait bien honoré du fait que Monseigneur voulut remettre le Collège entièrement dans les mains des salésiens. Un temps de perplexité s'en suivit, car il fallait choisir entre l'engagement pour les constructions et le retrait sans risque et sans honneur de la présence salésienne à Ngozi. C'est alors qu'intervint le Père Joseph Peerlinck, Supérieur provincial, à qui les enfants de Ngozi avaient décerné un sobriquet peu flatteur "le Vieux": "... non qu'il fût le moins du monde dégénérescent. Il était au contraire dans la belle force de l'âge. Mais sa couronne de cheveux blanchissants et ses traits quelque peu burinés de quinquagénaire lui avaient valu cet injuste qualificatif de la part des jeunes garçons qui n'avaient rencontré jusque là que des salésiens d'aspect remarquablement juvénile et qui en avaient conclu que la Congrégation retenait miraculeusement tous ses membres dans la fleur de la jeunesse"! Or, le P. Peerlinck manifesta, en l’occurrence, une extraordinaire jeunesse d'esprit et de coeur. Il supprima tous les doutes et rendit à l'oeuvre l'impulsion perdue. En effet, il décida d'accepter le lourd fardeau matériel et "jura d'édifier un Collège qui fût salésien jusqu'à la dernière brique"! C'était un pas merveilleux, dit l'annaliste du bulletin salésien, "que ne pouvait dicter qu'une foi inébranlable dans la Providence et dans les destinées de la Congrégation". Dans la session du Conseil provincial du 27 décembre 1962, le P. provincial expliqua aux membres du Conseil qu'il avait accepté provisoirement la direction du Collège à Ngozi, le petit séminaire de Rwesero étant cédé au clergé séculier. Il s'agit, disait-il, d'élaborer maintenant un "projet de Convention" avec l'évêque en vue d'une bonne collaboration. Dans cette convention (que les membres auraient occasion d'examiner) il fallait mettre au clair que le Collège serait épiscopal : les frais seraient donc à charge de l'évêque. Quant au régime intérieur de l'école, il fallait exiger qu'il dépende entièrement de la Congrégation (par ex. dans la nomination du personnel). Il précisa que ce que les Supérieurs de Rome avaient accordé, c'était l'érection d'un aspirandat. Pour ériger cela, il fallait solliciter un terrain de l'évêque pour construire ensuite cette nouvelle oeuvre. Ces faits aident à préciser ce que l'annaliste précité a affirmé. Il nous semble bien que la décision de prise en charge du Collège par les autorités salésiennes ne date pas de 1962, mais seulement du 31 janvier 1963 : le compte-rendu de la session du Conseil dit qu'une Convention est signée par laquelle le Collège épiscopal "Notre Dame de la Sagesse" est désormais confié officiellement aux salésiens, c'est-à-dire à la Direction provinciale des Oeuvres de Don Bosco, représentée par le R.P. Joseph Peerlinck, provincial. Peu avant (le 3 janvier) l'autorité civile avait aussi accordé la personnalité civile à un ASBL "Oeuvre de Don Bosco à Ngozi". Le Père Claes, par la même occasion, est agréé en qualité de Représentant légal de l'ASBL. Le 11 février 1963, le P. Peerlinck demande à l'évêque son accord écrit pour faire la demande d'érection canonique de la maison salésienne et du collège (maison et école) au Recteur Majeur. L'évêque exprime son accord par lettre, le 20 février 1963 et le 17 mars, Don ziggiotti signe également le décret d'érection pour la maison salésienne y compris le collège. En pratique, le dispendieux honneur des salésiens de se débrouiller seuls, allait tomber presque tout entier sur les robustes épaules du P. Claes. Il ne lui fallut pas moins d'un an et demi pour rassembler les signatures requises à l'achat du terrain, depuis les douteuses calligraphies des conseillers municipaux (professionnellement introuvables) jusqu'au paraphe royal du Mwami Mwabutsa. Mais la femme du riche propriétaire (lui-même absent du pays) opposa une terrible

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résistance : des intrigues commencèrent; tout une campagne fut déclenchée dans l'ombre qui représentait les salésiens comme de dangereux voleurs de terrain. Des hommes prudents du pays avertirent alors le P. Claes qu'il risquait de s'attirer de sérieux ennuis. Le P. Claes alerta le gouvernement qui dépêcha deux ministres à Ngozi pour étudier et régler le différend sur place. Un compromis fut trouvé conçu de manière à accommoder les intérêts des deux parties. Les salésiens se soumirent à cet arbitrage et tout rentra dans l'ordre. Le terrain premièrement acquis, fut revendu à l'irréductible matrone. Mais, comme le dit l'annaliste, "les clameurs de sa victoire rendirent à la Congrégation l'immense service d'apprendre au pays entier que les Salésiens ne prétendaient s'approprier aucun domaine". D'autre part, le Gouvernement du Burundi concédait aux salésiens un terrain d'égale superficie qu'ils pouvaient choisir où bon leur semblait. N.B. Selon l'annaliste, les deux ministres, intègres et bienveillants, ont été démis de leurs fonctions par les aléas de la politique. Mais, dit-il, leurs noms resteront glorieusement dans les annales de l'Oeuvre salésienne du Burundi. Finalement les salésiens purent commencer la construction des nouveaux bâtiments sur la colline de Bulengo, à trois kilomètres de la ville de Ngozi. On prévoyait un complexe d'œuvres : aspirandat, une école normale jumelée au collège, une ferme-école, etc. Le 13 avril 1964, le Conseil provincial prend acte du désir de Mgr. Makarakiza de créer l'aspirandat uni au collège, à quoi les salésiens semblent consentir complètement en 1965, les nouveaux bâtiments sont en partie achevés, et les salésiens s'apprêtent à déménager.

Le 7 août 1965, par un acte officiel signé par Mgr. Makarakiza, le transfert de la maison salésienne de Ngozi à Bulengo est accepté tout en conservant le même nom: "Saint Jean Bosco". Le 10 août 1965, la convention de 1963 prend fin de commun accord. Depuis cette date, le Collège (y compris l'Ecole Normale) devient une oeuvre salésienne autonome indépendant de l'évêché de Ngozi. L'établissement s'appelle désormais "Collège Don Bosco". Grâce à l'aide de nombreuses et modestes générosités (de chrétiens belges, mais surtout de l’aide de la Suisse), les salésiens ont pu dresser ces constructions. Les bâtiments se levèrent à un rythme lent mais régulier. A mesure que les locaux le permettraient, les salésiens croyaient pouvoir faire face à tous les besoins scolaires de l'endroit. On envisageait une école normale complète (cycle de 7 ans), une école primaire d'application et diverses sections du secondaire. Dans les années 1966-67 on se posait souvent le problème du personnel et des finances: le Conseil provincial faisait savoir aux salésiens présents à Ngozi qu'ils ne peuvent plus compter sur des aides financières de la Province; ils doivent s'entendre avec les organismes internationaux. Quant au personnel, on prévoit qu'il faudra de 10 à 12 salésiens et il faudra aussi prévoir d'autres confrères pour une paroisse que Mgr. veut nous confier. On propose alors de chercher des salésiens en Italie ou en Espagne. En 1967, le Père Jan ter Schure, Conseiller régional, déplora une certaine confusion existante dans l'origine de cette œuvre : acceptée sous condition de pouvoir y ouvrir un aspirandat, il ne voyait toujours pas réalisée cette première finalité. Selon lui, cela deviendrait désormais impossible vu l'orientation déjà prise par l'établissement. Les années 1968-70 sont des années de gloire. A la fin de l'année 1969 les diplômes sont délivrés aux onze lauréats de la première promotion du Collège Don Bosco (section scientifique). Le "Collège Don Bosco devint doucement l'unique école secondaire à cycle long (humanités complètes) dans toute la région Nord du Burundi. La beauté de ses bâtiments, l'originalité de la méthode éducative salésienne, les brillants résultats scolaires, l'organisation d'activités sportives donnèrent à cette école une renommée nationale. A travers les activités musicales, les SDB y ont

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formé aussi un groupe de jeunes musiciens qui ont ensuite largement contribué à la diffusion de la nouvelle culture. Tout ce succès commença à attirer peu à peu l'hostilité des envieux. Dès 1971, commencent les difficultés. Radio-trottoir accuse les salésiens de régionalisme, de racisme, et de détournements, ce qui leur vaut des menaces d'expulsions et de perte totale de leur liberté d'action. Il faut bien dire que "radio-trottoir" était manipulé par des personnes qui restèrent dans l'ombre. Qu'en était-il de ces accusations? Il semble bien que l'autorité politique s'est basée sur des rumeurs incontrôlées. La cause lointaine semble tout simplement dans le fait que l'Ecole de Ngozi recrutait en effet dans les régions surpeuplées du Nord du pays, où elle était la seule école secondaire. Dans le recrutement, les salésiens, sans tenir compte du critère ethnique, acceptèrent sur base des résultats scolaires dans l'école primaire. Il paraît que ce que le pouvoir politique (dans les mains de la minorité Tutsi) craignait c'était surtout la montée d'une élite Hutu qui un jour aurait demandé de partager le pouvoir politique.

Septembre 1971 : les salésiens sont accusés injustement de pratiquer un recrutement régionaliste de leurs élèves, et du mauvais encadrement de ces derniers à l’internat. En réalité, il s’agissait de prétextes inventés par certains politiciens mal intentionnés, qui en voulaient aux salésiens et à leur belle œuvre. La conséquence de cet incident est que la direction de l’école fut retirée aux salésiens et fut confiée aux Abbés du Diocèse de Ngozi.

Janvier 1972 : grève au Collège Don Bosco. Le prétexte était la nourriture, mais au fond il s’agissait de toute une machination à caractère ethnico-raciste contre les salésiens. La conséquence fut que, en plus de la direction de l’école qui leur était retirée, ils furent obligés de céder la Représentation Légale de l’ASBL « Œuvre de Don Bosco » à des non salésiens. Le 30 mars 1972, Mgr Stanislas Kaburungu devient officiellement le Représentant Légal de l’ASBL « Œuvre de Don Bosco ». Cette qualité lui était toujours officiellement reconnue (jusqu’en … ?). La question non clarifiée était de savoir s’il représentait le Collège, ou s’il représentait les Salésiens ! Les troubles ethniques de 1972 et la répression sanglante de 1973 créèrent une situation telle que les SDB (à ce moment encore presque tous des expatriés durent céder la direction de l'école à des prêtres burundais du diocèse de Ngozi, en accord avec Monseigneur Kaburungu, successeur de Mgr. Makarakiza). Dans un premier temps, un certain Mgr Jacques y collaborait avec les salésiens et cela allait bien.

La collaboration entre les salésiens et les Abbés diocésains n’a pas donné de bons résultats. Des difficultés de cohabitation en communauté, mais surtout de collaboration en matière d’éducation des élèves, ont conduit finalement au « retrait provisoire » des salésiens du Collège Don Bosco de Ngozi. Au début de l'année scolaire 1977-78, la situation s'était améliorée. Mais, selon ISA (nov. 1979), le climat politique ne permettait pas encore (c'était l'avis de Mgr. Kaburungu) que les salésiens assument "seuls la direction et la gestion de l'école". Cette cession forcée par les circonstances malheureuses du moment n'eût pas de résultats positifs. Le climat de l'école en souffrait énormément. Le désordre laissé par les années passées était si grand que les SDB conclurent qu'il n'était pas possible d'éduquer selon notre projet éducatif. On décida donc d'abandonner la direction pédagogique et statutaire à Mgr. Kaburungu et son clergé tout en continuant d'accomplir quelques fonctions dans l'école. Tous les efforts de remonter la pente semblaient cependant voués à l'échec si la direction restait dans les mains du clergé diocésain. C'est pourquoi on décida finalement de quitter complètement l'école en 1979.

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Les événements arrivés après le départ des salésiens ont prouvé que les révoltes, les grèves, l'indiscipline... ne visaient pas tellement les salésiens mais l'Eglise et son impact social. Une grève terrible éclata deux ans après le départ des salésiens. Ces difficultés reflètent une situation généralisée dans tout le pays. Ngozi n'est pas un cas isolé. Les écoles, confiées aux Evêques depuis quelques années, connurent une situation alarmante à tel point qu'eux aussi décidèrent de remettre les écoles aux mains de l'Etat. Il arriva que les professeurs étaient mutés sans consultation de l'autorité religieuse; souvent le gouvernement obligea d’accepter de nouveau certains élèves indisciplinés renvoyés par les directeurs. La révolte de 1981 à l'école de Ngozi fut l'occasion favorable pour arracher le Collège de l'Evêque et pour étatiser complètement cette école. Quelques années plus tard, toutes les écoles catholiques du Burundi subirent le même sort. Le "collège Bon Bosco" changea de nom et devint le "Lycée de Bulengo". C’est durant cette période que l’école connut une forte détérioration de ses infrastructures et équipements. Le coup d'Etat de Pierre Buyoya mit fin à la dictature du Président Bagaza (et la Deuxième République), qui avait mené à une progressive marginalisation de l'Eglise. Sous la Troisième République, l'Eglise retrouve graduellement sa liberté d'action. Tout n'est pas encore arrangé bien sûr, mais un mouvement inverse est amorcé : l'Etat tend à restituer les écoles; et les évêques veulent les remettre à leurs anciens propriétaires. Aussi Mgr. Kaburungu voulait remettre l'Ecole de Ngozi aux salésiens : il n'attendait que les salésiens lui exprimant ce désir. Dans un premier temps, il était déjà content que les salésiens résidants à la paroisse de Rukago avaient repris les cours de religion dans cette école, où depuis les mesures "suppressives" de 1986, ni ces cours, ni la messe dominicale, n'étaient encore régulièrement assurés suite aux nombreuses expulsions de missionnaires expatriés (ce qui a créé une pénurie alarmante de clergé dans tous les diocèses du Burundi). En faisant le point sur la situation, notre confrère Vital Minani affirmait que - contraire à une certaine opinion diffuse chez plusieurs salésiens - Mgr. Kaburungu n'en voulait pas vraiment aux salésiens. La preuve était là que c'est lui qui encaissait le refus de la part du Ministre, quand il demandait en 1979 "d'octroyer la direction autonome du Collège Don Bosco (...) étant devenues caduques les raisons qui ont motivé temporairement la présence de prêtres barundi dans ce collège" (sa lettre au Ministre de 11 sept. 1978). Selon lui aussi, les autres problèmes qui se sont produits en matière de collaboration et de vie communautaire sont dus aux relations difficiles entre "certains" salésiens et "certains" abbés. Il ne faut pas généraliser. Reste que Mgr. Kaburungu était toujours Représentant légal de l'ASBL "Don Bosco à Ngozi" (selon l'accord intervenu entre lui et les SDB en 1972) mais dans le même accord est contenu aussi que les SDB restaient propriétaires de l'école. Et, toujours selon le P. Vital, il n'y a pas à s'étonner que Mgr. Kaburungu, en 1990, est toujours d'avis que cette école est une école salésienne et que c'est normal qu'ils la reprennent avant de commencer toute autre oeuvre nouvelle au Burundi. C'est un fait aussi qu'il y avait un grand désir chez certains confrères burundais (presque tous anciens de ce collège) de reprendre en main cette école jadis "pépinière de vocations salésiennes" non seulement par nostalgie pour un passé qui fut splendide, mais pour servir efficacement la jeunesse burundaise et le pays aujourd'hui dans une école d'environ 1000 élèves.

La Convention scolaire de 1990 entre l’Eglise Catholique et l’Etat burundais favorisa la rétrocession des anciennes écoles confessionnelles à leurs propriétaires. C’est ainsi que, sur demande du Diocèse de Ngozi, le « Lycée de Burengo » fut rétrocédé à l’Eglise Catholique.

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En 1997, les salésiens reprennent définitivement l’école de Ngozi. La remise officielle de l’école aux Salésiens de Don Bosco eut lieu le 2 septembre 1998. Ce fut une occasion de reprendre son ancienne dénomination de « Lycée Don Bosco ».

En 2000, le Lycée Don Bosco est juridiquement reconnu comme appartenant aux Salésiens, c’est-à-dire à l’A.S.B.L. « Œuvres de Don Bosco au Burundi ». Ce recouvrement de son statut juridique était l’aboutissement de longues années de réflexion et de démarches auprès des instances juridiques habilitées, qui ont occasionné des dépenses non négligeables. En 2000, le P. Vital Minani écrit : « La direction et toute la gestion administrative de l’école sont assurées maintenant par les Salésiens de Don Bosco, sous la supervision du Ministère de l’Education Nationale. Les 58 membres du personnel administratif, enseignant et d’encadrement sont rémunérés par l’Etat, mais sont suivis et cotés au premier échelon par les Salésiens ; les 37 membres du personnel de maintenance sont à charge de l’école elle-même. L’effectif des élèves a été sensiblement réduit : il est maintenant stabilisé autour de 550 élèves. Différents organes de concertation sont en place et fonctionnent normalement : le Conseil de Direction-Gestion, le Conseil des professeurs, le Conseil de Discipline, le Comité des Elèves et le Comité des Parents. Après seulement deux ans de gestion de l’école par les Salésiens, celle-ci jouit de nouveau de la confiance et de l’estime de tous. Il y règne un bon climat de discipline et de travail, et le rendement scolaire s’améliore d’année en année. Pour arriver à ce résultat, il a fallu que l’autorité des Salésiens s’affirme par un savoir-faire et un savoir-être qui exigeaient à la fois de la souplesse et de la fermeté, pour habituer progressivement le personnel et les élèves à travailler dans la transparence et la légalité. »

Durant l’année scolaire 2000-2001, le Lycée Don Bosco compte 550 élèves. Durant l’année scolaire 2001-2002, le Lycée Don Bosco compte 624 élèves avec 45 professeurs. Durant l’année scolaire 2002-2003, le Lycée Don Bosco compte 570 élèves dont 472 internes. Il y a alors 40 professeurs et 36 personnes comme personnel de maintenance. Durant l’année scolaire 2003-2004, le Lycée Don Bosco compte 567 élèves (dont 58 filles externes) ; il y a 418 internes. Durant l’année scolaire 2004-2005, le Lycée Don Bosco compte 604 élèves dont 499 internes. A présent nous allons suivre plus ou moins fidèlement l’histoire que nous a décrite le P. Vital MINANI en Août 1990 : « Une Ecole Salésienne au Burundi. Essai sur l’histoire du Collège et Ecole Normale Don Bosco de Ngozi ». Sept ans de succès (1962-1969) 1962 : la maison salésienne « Saint Jean Bosco » de Ngozi Les salésiens débarquent à Ngozi. Ils viennent du Rwanda, pays limitrophe. Ils sont accueillis à bras ouverts par Monseigneur André Makarakiza, Evêque de Ngozi, qui leur confie la direction et la gestion du Collège Episcopal « Notre Dame de la Sagesse », hébergé dans les locaux de l’évêché1.

1 Lettre de Mgr André Karakiza, le 5 semptembre 1962, marquant son accord pour l’érection canonique de la Maison salésienne de Ngozi sous le titre « Sancto Johanni Bosco ».

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Le 21 novembre, un décret canonique est signé à Rome pour la Maison salésienne « Sancto Johanni Bosco », « in commodum Adspiratium ed Sacerdotium in Congragatione Salesiana »2. Une semaine plus tard, les Salésiens introduisent au Ministère de la Justice une Requête en obtention de la personnalité civile de l’ASBL « Œuvre de Don Bosco à Ngozi », en abrégé « ODBN »3. 1963 : Le Collège Episcopal « Notre Dame de la Sagesse » de Ngozi Le 3 janvier 1963, la personnalité civile est accordée à l’ASBL « Œuvre de Don Bosco à Ngozi ». Le Père Henri CLAES est agréé en qualité de Représentant Légal, les Pères André ZEGHERS et Odon D’HOSE en qualité de Représentants Légaux suppléants. L’Arrêté Ministériel4 est publié au Bulletin Officiel du Burundi, mais les Statuts de l’Association ne sont pas publiés. Le 31 janvier, une Convention est signée, par laquelle le Diocèse de Ngozi confie officiellement le Collège Episcopal « Notre Dame de la Sagesse » aux Salésiens5. Le 11 février, le P. Joseph PEERLINCK, Supérieur Provincial des Salésiens d’Afrique Centrale, demande l’accord écrit de Mgr. Makarakiza en vue de l’érection canonique de la Maison salésienne et du Collège Episcopal « Notre Dame de la Sagesse ». L’accord est obtenu le 20 février et le décret de l’érection canonique est signé à Rome le 17 mai, « in Oratorium et Scholas ordinis pro Adolescentibus »6. Entretemps, les Salésiens ont commencé la construction des nouveaux bâtiments du Collège, sur la colline Bulengo, à 3 km de la ville de Ngozi. 1965 : Le Collège et Ecole Normale Don Bosco de Ngozi Une partie des nouveaux bâtiments est achevée. Les Salésiens sont prêts à déménager. Le Août 1965, par un acte officiel signé par Mgr. Makarakiza, la Maison salésienne de Ngozi s’établit canoniquement à Bulengo, sous le nom de «Sancto Johanni Bosco », « ac Domus Formationis ad vocationeme Sacerdotum, atque Collegium, praecipue ad institutionem adolescentium scientificam (v. «Humanités modernes ») aut paedagogicam (« Section Pédagogique ») extructum ». Le 10 Août, les Salésiens signent avec le Diocèse un accord mettant fin à la Convention du 31 janvier 19637. Depuis cette date, le Collège et Ecole Normale Don Bosco de Ngozi est une œuvre salésienne autonome, indépendante de l’Evêché. Il est l’unique école secondaire à cycle long (Humanités complètes) dans toute la région Nord du Burundi. La beauté de ses bâtiments,

2 Décret n° 929 (312/62) d’Erection canonique de la Maison salésienne de Ngozi sous le titre « Sancto Johanni Bosco », signé à Rome le 21 novembre 1962, par le R.P. Renatus ZIGGIOTTI, Recteur Majeur. 3 « Requête en obtention de la Personnalité Civile pour l’ASBL Œuvre de Don Bosco à Ngozi », introduite au Ministère de la Justice le 28 novembre 1962. 4 Arrêté Ministériel n°100/136 du 3 janvier 1963 octroyant la personnalité civile à l’ASBL « Œuvre de Don Bosco à Ngozi », en abrégé « O.D.B.N ». Cet Arrêté a été publié dans le Bulletin Officiel du Burundi (B.O.B) n°3/63 de mars 1963, p.128. 5 « Convention pour le Collège Notre Dame de la Sagesse de Ngozi », signée le 31 janvier 1963, entre le Diocèse de Ngozi, représenté par Mgr. André Makarakiza, Evêque de Ngozi, et la Direction Provinciale des Œuvres de Don Bosco, représentée par le R.P. Joseph PEERLINCK, Provincial des Salésiens en Afrique Centrale. 66 Décret n°956 (139/63) d’Erection canonique de la Maison alésienne et du Collège Episcopal de Ngozi sous le titre « Notre Dame de la Sagesse », signé à Rome le 17 mai 1963, par le R.P. Renatus ZIGGIOTTI, Recteur Majeur. 7 « Avenant à la Convention qui a été faite entre le Diocèse de Ngozi et la Congrégation Salsienne le 3 janvier », signé le 10 Août 1965, par Mgr. André Makarakiza, et le R.P. Joseph PEERLINCK, Provincial des Salésiens en Afrique Centrale.

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l’originalité de sa méthode éducative (« Système Préventif ») et les brillants résultats de ses élèves lui acquièrent très vite une renommée nationale. Trois ans de cauchemar (1969-1972) 1969 : Première promotion du Collège Don Bosco (Section Scientifique) Le 17 février, par Décision Ministérielle, le P. Willy BONDUEL est agréé en qualité de Représentant Légal suppléant de l’ « O.D.B.N. », en remplacement des PP. André ZEGHERS et Odon D’HOSE, mutés en Belgique8. Le 17 septembre, une autre Décision Ministérielle agrée le P. Alphonse DUGAILLIEZ, directeur du Collège depuis une année, en qualité de Représentant Légal de l’ « O.D.B.N. », en remplacement du P. Henri CLAES, lui aussi rapatrié en Belgique9. A la fin de l’année scolaire, les diplômes sont délivrés aux onze lauréats de la première promotion du Collège Don Bosco : Section scientifique. 1971 : « Radio-trottoir » accuse les Salésiens de « régionalisme », de « racisme » et de « détournement » Le 6 septembre, à son retour de congé, le P. Alphonse DUGAILLEZ est convié à Bujumbura pour un entretient avec Monsiuer le Ministre de l’Education Nationale et de la Culture. Le P. Louis DENEKENS et M. Félix NIYONZIMA, Chef du Cabinet du Ministre, assistent à l’entretient. En réalité il s’agit d’un interrogatoire, qui porte principalement sur trois chefs d’accusations : le système de recretement des élèves en 7ème année préparatoire ; la rémunération, par le Ministrère de la Fonction Publique, de deux jeunes salésiens travaillant au Colllège comme surveillants, l’ «affaire des couteaux ». Les Salésiens doivent avoir été surpris par les propos de M. le Ministre, car ce n’est que quelques jours plus tard qu’ils lui expriment, par écrit, leurs objections10.

a. Le système de recrutement des élèves en 7ème préparatoire 

« Monsieur le Ministre reproche au Révérend Père Directeur du Collège de Ngozi d‘un esprit régionaliste’ dans la pratique du recrutement des élèves de 7ème préparatoire. (Le chargé de la Coopération technique de l’Ambassade de Belgique, à qui Monsieur le Ministre en avait parlé, avait dit ‘racisme’ mais Monsieur le Ministre a condamné cette expression et a affirmé ne pas l’avoir employée) ». Les Salésiens expliquent leur système e recrutement, pratiqué depuis la fondation du Collège. Chaque année, le P. Directeur se trouve devant un nombre important de demandes d’admission en 7ème préparatoire. Or ces demandes viennent uniquement, après l’examen interdiocésain, des diocèses de Ngozi et de Muyinga. Cette surabondance des demandes s’explique par le fait que le

8 Décision Ministérielle n° 102/12/ ASBL février 1969 agréant le R.P. Willy BONDUEL en qualité de représentant légal suppléant de l’ASBL « œuvre de Don Bosco à Ngozi » en remplacemnt des RR.PP. André ZEGHERS et Odon D’HOSE. 9 Décision Ministérielle n°102/18/ASBL 10 Lettre du R.P. Alphonse DUGAILLIEZ au Ministre de l’Education Nationale et de la Culture intitulée : « Réponse à certains problèmes, soulevés par Monsieur le Ministre de l’Education Nationale et de la Culture à Bujumbura, lors de l’entretien auquel il nous a conviés le 6 septembre 1971 ».

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Collège de Ngozi est, en dehors des Séminaires la seule école secondaire à cycle long dans ces régions surpeuplées du Nord du pays. Le P. Henri CLAES avait l’habitude, reprise par sons successeur, d’effectuer une tournée dans les écoles qui lui demandaient des places en 7ème, préparatoire, afin de s’assurer les meilleurs éléments : il vérifiait l’âge des candidats, consultait le registre des points de l’école, demandait l’avis de l’enseignant de 6ème et du directeur de l’école sur chaque candidat. Ce système de recrutement, approuvé par le Secrétariat National de l’Enseignement Catholique, est pratiqué par plusieurs écoles secondaires du pays, mais Ngozi est la seule où il soulève des objections. Et les Salésiens de conclure : « nous ne voyons pas d’autres solutions que de continuer comme il a été fait par le passé ; un recrutement meilleur pour un service meilleur du Burundi et de son Président, là d’où nous vienne les demandes ».

b. La rémunération de deux jeunes salésiens surveillants au Collège 

« Monsieur le Ministre a cru bon, suivant les renseignements donnés par ses observateurs, devoir mettre en doute l’honnêteté des Pères Salésiens de Ngozi et de les traiter de ‘voleurs’, car l’autorité salésienne de Ngozi voulait lui faire payer, a-t-on dit, les études de deux de ses séminaristes ». Les Salésiens, indignés, demandent au Ministre « ce qui, dans le passé, lui a permis de douter un seul instant de l’honnêteté des Pères Salésiens ». Et ils démontrent, chiffres à l’appui, combien cette nouvelle accusation manque de fondement. En effet, des 150 millions de francs burundi que le Marché Commun estime avoir coûté l’ensemble des constructions du Collège de Ngozi, « Le Gouvernement suisse est intervenu pour moins de 30 millions de l’ensemble du projet. Si l’on veut déduire la part donnée par le Ministère de l’Education Nationale, le reste a été fourni par le travail des Pères Salésiens de Ngozi et spécialement du R2vérenc Père Bonduel Willy et de Monsieur Frossard Paul, volontaire suisse. « …je ne vois pas comment justifier le détournement de maigres traitements dans le telles circonstances. » Cette accusation est d’autant plus incompréhensible que les deux novices salésiens (il s’agit de Melchior NDARUGENDAMO et de Joseph KABADUGARITSE) ont la responsabilité des 373 élèves internes de 16 heures jusqu’à 8 heures du matin, plus les week-ends et les jours de congé, et qu’ils assurent des cours en attendant que le corps professoral soit au complet.

c. L’affaire des « couteaux fantômes » 

« Monsieur le Ministre se plaît à revenir sur un incident à situer en fin janvier 69. A ce moment en effet, le bruit a été répandu que certains élèves du Collège avaient rassemblé des couteaux et étaient prêts à se battre (…). L’enquête a démenti les faits (… . Pour nous, l’incident est clos ». En 1969, j’étais élève en avant-dernière année (3ème Normale) au Collège : je n’ai aucun souvenir de cette histoire des couteaux. C’est vrai avec grand étonnement que j’ai appris, beaucoup plus tard, que les autorités du Ministère en avaient fait cas. D’autres anciens élèves du Collège, que j’avais interrogés à ce sujet, n’en savent rien. Qui donc a répandu ces faux bruits ? Et dans quelle intention ? En conclusion de leur lettre, les Salésiens ne cachent pas au Ministre leurs sentiments et, sans aucun détour, ils lui expriment sèchement leur position : -« Les Pères Salésiens entendent que le décret-loi de 1967, accepté par Leurs Excellences les Evêques, soit respecté et la liberté de recrutement de professeurs et l’élèves assurés ;

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-« Les Pères Salésiens souhaitent que Monsieur le Ministre n’écoute plus suivant sa propre expression la ‘radio-trottoir’, c’est-à-dire des élèves renvoyés pour des motifs graves, des élèves ayant échoué, des politiciens véreux semeurs de discorde, comme il s’en trouve partout ; -« Les Pères Salésiens souhaitent être jugés sur les résultats du Concours National, des Etudes Supérieures, et sur le rendement des jeunes instituteurs qui auraient choisi d’enseigner dès leur sortie de l’Ecole Normale ; -« Les Pères Salésiens sont décidé à poser la question de confiance à Monsieur le Président de la République. En effet, si Monsieur le Président juge ne plus devoir accorder sa confiance à la Congrégation Salésienne, les Pères Salésiens sont prêts à remettre le Collège aux mains de Leurs Excellences les Evêques du Burundi ». Aucun document ne nous dit quelle fut la réaction du Ministre. Il est peu probable que les Salésiens aient pu voir M. le Président de la République. Ce qui est certain, c’est qu’un « ennemi sans visage » vient de les blesser. Leurs relations avec les autorités du Ministère sont bouillées. Au lieu d’essayer la voie de négociation, ils défient le Ministre et menacent de se retirer. Qui donc sortira vainqueur de ce combat engagé ? L’adversaire est certainement plus fort, les Salésiens ont peu de chances de s’en tirer ! 1972 : Une grève pour la nourriture, transformée en manifestation « antiraciste » En janvier 1972, c’est-à dire à peine 4 mois après le fameux entretien de Bujumbura, une grève éclate au Collège et Ecole Normale de Ngozi. C’est M. Félix NIYONZIMA qui vient mener l’enquête, accompagné de M. MAKOBERO, Directeur de l’Enseignement Secondaire et Supérieur. Dans son rapport, M. Félix Niyonzima condamne les Salésiens. Selon lui, les revendications pour la nourriture ne sont qu’un prétexte. La grève était une révolte contre le P. Alphonse DUGAILLIEZ, directeur du Collège, accusé de semer la haine et la division ethnique parmi les élèves. La manifestation actuelle serait à situer, selon M. NIYONZIMA, dans le prolongement de l’ « affaire des couteaux ». En plus, le rapport accuse les Salésiens d’avoir refusé les soins médicaux aux élèves. Entre autres sanctions, il réclame l’expulsion immédiate du Père Alphonse DUGAILLIEZ. Les Salésiens envoient au Ministère un « rapport circonstancié » des faits11 et en transmettent copie à M. l’Ambassadeur de Belgique à Bujumbura et à l’Ambassadeur de Suisse à Nairobi. Le rapport se termine par ces conclusions : « -Il est inadmissible que l’acte d’accusation n’ait pas été remis aux intéressés ; -Inadmissible aussi que des accusations aussi graves aient été jetées dans la rue ; -Inadmissible également que l’on traite avec autant de légèreté la réputation des responsables d’un collège et des représentants d’une congrégation ; -il est regrettable que les élèves n’aient pas suivi la voie hiérarchique pour adresser leurs « revendications » ; -Nous soulignons que les élèves ont refusé, d’abord à Monsieur le Commandant de Gendarmerie, ensuite le Gouverneur, de livrer le nom de la personne dont le mensonge est responsable de la seconde sortie ; -Le mystère des visiteurs nocturnes et des voitures reste entier ;

11 Lettre n°CDB/9/72 du R.P. Alphonse DUGAILLIEZ au Ministre de l’Education Nationale et de la Culture, le 23 janvier 1972, lui présentant le ‘Rapport circonstancié sur les faits qui sont passés au Collège et à l’Ecole Normale de Ngozi » dans la semaine du 17 au 23 janvier 1972. Document signé par le « Conseil du Collège et de l’Ecole Normale Don Bosco à Ngozi ».

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-Monsieur le Gouverneur et Monsieur le Commandant de Gendarmerie ont émis l’avis que cette manifestation est téléguidée ». A Monsieur l’Ambassadeur de Belgique, à qui ils s’adressent en tant que ressortissants belges, les Salésiens se plaignent de la procédure de l’enquête et expriment leur détermination à ne pas se laisser faire12. « Les Personnes touchées par les accusations (…) sont toutes de nationalité belge. Par ailleurs, l’acte d’accusation des élèves ne nous a pas été remis. On nous en a communiqué verbalement des extraits. Or il a été lu en public au cercle de Ngozi. Comme vous pouvez le constater deux accusations graves sont portées : -accusation de racisme ; -accusation de refus de soins à l’infirmerie pendant la semaine des difficultés (accusation très grave du fait que nous étions en période d’épidémie et que des enfants faisaient de la température très élevées). Le rapport des médecins du Gouvernement, Monsieur et Madame Bourankov, de nationalité russe, témoigne de la légèreté avec laquelle des accusations aussi grave, avec laquelle elles ont été acceptées et transmises. « Notre honneur professionnel nous défend de laisser passer de telles accusation, comme aussi l’honneur de la Congrégation religieuse à laquelle nous appartenons ». S’adressant à Monsieur l’Ambassadeur de Suisse, ils expriment leur crainte de devoir rompre le contrat qui les lie avec le Gouvernement de son pays13. « Monsieur l’Ambassadeur se souviendra que le Collège de Ngozi a été réalisé avec l’aide du Gouvernement suisse. Monsieur l’Ambassadeur sait également que les Pères Salésiens sont liés par un contrat avec le Gouvernement suisse, pour une durée de 15 ans, du moins en ce qui regarde l’Ecole Normale. Les documents ci-annexés feront comprendre à Monsieur l’Ambassadeur, les difficultés par lesquelles les Autorités salésiennes viennent de passer, difficultés qui ont mis en jeu la présence des Pères Salésiens au Collège, et à l’Ecole Normale ». Bref les Salésiens dénoncent le maque d’objectivité du rapport fait contre eux au Ministère. Pour eux, c’est « un pur produit de l’imagination », comme ils l’écriront plus tard au R.P. Provincial. Ils en condamnent la procédure. Ils rassemblent des preuves pour réfuter les accusations. Ils sont décidés à aller jusqu’au bout, pour défendre leur honneur et celui de la Congrégation Salésienne. Et voilà que l’autorité salésienne de Lubumbashi (siège d’alors de la Province salésienne d’Afrique Centrale) intervient ! En effet ; en mars 1972, le P. Léon VERBEEK, vice-provincial, et le P. Willy BONDUEL, économe provincial, sont reçus en audience par M. le Ministre de l’Education Nationale. Avant de regagner Lubumbashi, ils adressent une lettre au Ministre (le 30 mars 1972), dans laquelle ils confirment les solutions préconisées dans leur entretien avec lui. « Comme nous l’avons assuré, Mgr KABURUNGU, évêque de Ngozi, est d’accord pour céder un de ses prêtres burundais pour la tâche de directeur du Collège de Ngozi. Ceci se situe dans notre volonté d’africanisation de ce Collège ». « …Pour alléger la responsabilité du directeur actuel du Collège de Ngozi, nous avons décidé de lui enlever la représentation légale comme Monsieur le Ministre le suggérait. Après avoir consulté l’Evêque de Ngozi, nous avons jugé bon que Mgr KABURUNGU lui-même prenne en main la représentation légale de l’œuvre de Don Bosco à Ngozi. Les membres effectifs de

12 Lettre n°CDB/10/72 adressée à M. l’Ambassadeur de Belgique à Bujumbura, le 25 janvier 1972, l’informant des graves accusations portées contre les Salésiens. La lettre est signée par le « Conseil du Collège et de l’Ecole Normale Don Bosco à Ngozi ». 13Lettre du R.P. Alphonse DUGAILLIEZ à M. L’Ambassadeur de Suisse à Nairobi, le 12 février 1972

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l’Association sont d’accord. Le Ministre de la Justice ne trouve aucune objection. Ceci n’empêche que le Collège reste propriété des Pères Salésiens ». Voilà les décisions qui changent brusquement le cours de l’histoire salésienne au Burundi ! et je me permets de faire quatre observations :

1. Cette précoce « volonté d’africanisation » étonne ! 2. La  représentation  légale de  l’ASBL « Œuvre de Don Bosco à Ngozi » est enlevée au  supérieur 

salésien et est  confiée à  l’Evêque « comme Monsieur  le Ministre  le  suggérait ».  Les  Salésiens ignorent peut‐être qu’au moment, par décision du Gouvernement, toutes les écoles catholiques du pays passent aux mains des Evêques14 ! 

3. « Le Collège reste propriété des Pères Salésiens » ! 4. Au  lieu de  céder uniquement  la  représentation  légale du « Collège Don Bosco »,  les Salésiens 

cèdent l’ « Œuvre de Don Bosco » dans sont entièreté. Se rendent‐ils compte de cette confusion, qui plus tard provoquera tant de misères15 ? 

Ainsi, sans avoir rien demandé, Mgr KABURUNGU et ses prêtres diocésains se voient attribuer un rôle de premier plan dans les affaires internes de l’œuvre salésienne de Ngozi. Ils l’acceptent comme un sacrifice, dans un pur esprit de service. Avant leur départ, les PP. Léon VEERBEK et Willy BONDUEL laissent à la communauté salésienne locale le soin de transmettre la lettre16 au Ministre. Les Salésiens de Ngozi ne sont pas d’accord avec le contenu de cette. Au lieu de l’envoyer au Ministre à Bujumbura, ils l’envoient au P. Provincial à Lubumbashi, le P. Frans VAN ASPERDT, lui disant de la poster lui-même s’il le juge bon. Ils l’invitent à visiter Ngozi et lui proposent même en rendez-vous chez Monsieur le Président de la République (lettre datant du 11 avril 1972). « Après réflexion, (…) nous préférons ne pas envoyer nous-mêmes la lettre d’ici et vous demandons de la poster vous-même, si vous le jugez bon, à Lubumbashi, et ce pour plusieurs raisons : -nous voulons que Monsieur le Ministre comprenne que nous n’avons pas cédé sur les principes, mais que nous cherchons une solution d’arrangement : -or, cette lettre, dans son ton et dans les faits, semble très fort admettre que nous avons eu tort : (…) la lettre remet la situation sur la fatigue et le manque de calme du Père Directeur ; de plus elle admet officiellement au nom de la Congrégation le départ du Père Directeur sans condition : ce n’est plus le Ministère qui l’expulse, c’est la Congrégation qui prend la responsabilité de le retirer. « Nous avons décidé de l’enlever » : implique qu’il y a eu dialogue avec le Ministère, mais non avec le Conseil de Direction du Collège. (…)Pouvez-vous nous dire quand vous serez parmi nous et désirez-vous que nous retenions un rendez-vous pour vous chez Monsieur le Président ?

14 « Bref aperçu des principaux faits survenus au cours de l’année 1977 en rapport avec les difficultés dans les établissements scolaires » : information donnée par le R.P.BOETS, sj, Recteur du Collège du Saint Esprit à Bujumbura, au Comité directeur de la Cosuma du Burundi, le 23 mai 1977. 15 -Lettre du R.P. Albert SABBE à Mgr Donato SQUICCIARINI, Nonce Apostolique au Burundi, le 10 décembre 1979, lui expliquant « la façon désagréable dont nous avons du cesser nos activités à Ngozi ». -Lettre du R.P. Jean DINGENEN au R. Frère Charles SCHOCKAERT, le 6 ars 1980, fournissant les quelques informations demandées au sujet de la comptabilité du Collège. 16 Lettre des RR.PP. Léon VERBEEK et Willy BONDUEL au Ministre e l’Education Nationale et de la Culture, le 30 mars 1972, reprenant par écrit les promesses faites de part et d’autre lors de leur entretien avec le Ministre.

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Peu après, le Supérieur Provincial vient à Ngozi, mais il ne change rien à la situation. Les décisions prises ne tardent pas à produire leurs effets. En fin mars 1972, par Décision Ministérielle17, le P. DUGAILLIEZ est remplacé par Mgr KABURUNGU comme Représentant Légal de l’ « O.D.B.N. ». La requête de la majorité des membres effectifs de l’Association sollicitant l’agrégation des PP. Louis DENEKENS et Alphonse DUGAILLIEZ en qualité de Représentants Légaux suppléants en remplacement du P. Willy BONDUEL n’a pas eu de suite. Placés devant le fait accompli, et frustrés dans leur volonté de défendre la vérité et la liberté pour le plus grand bien de l’Eglise et du Burundi, les Salésiens de Ngozi essuient leur humiliation dans un admirable esprit de foi. Le peu d’enthousiasme qui leur reste tombera d’ailleurs bientôt lorsque, en fin avril 1972, des troubles d’ordre ethnique éclateront dans tout le pays et causeront la disparition de plusieurs élèves. Sept ans d’agonie (1972-1979) C’est fait une période pendant laquelle l’œuvre est dirigée par les prêtres diocésains et logeant même dans la communauté. Une « Aide-Mémoire » signée le 18 avril 1973 fixe les modalités de collaboration entre le Diocèse et la Congrégation Salésienne au Collège de Ngozi18. Il y a eu des changements dans la communauté salésienne locale. Le nouveau Supérieur, le P. Gustave JANSSENS, assume la fonction de « Directeur-Adjoint » et de « Catéchiste » de l’école. Comme convenu, l’Abbé Directeur nomme le Responsable de la discipline, après consultation du Supérieur salésien local. L’Aide-Mémoire précise que « Le directeur de l’école et éventuellement le chargé de la discipline seront intégrés dans la communauté comme s’ils étaient salésiens ». Et il en est ainsi, à la grande satisfaction de tous. Les abbés directeurs seront : Mgr Jacques NTIBAHEZWA (1973-1975) et sont mandat était qualifié de collaboration exemplaire ; le deuxième est l’abbé André VYUMVUHORE (1975-1977), son mandat peut être qualifié de collaboration difficile. Enfin, l’Abbé Libère NAHUMUREMYI (1977-1979) : problèmes de communauté. Le malaise atteint son point culminant au début de l’année 1977. Le 18 février, les Salésiens responsables de la discipline à l’internat (7 salésiens) signent un « Retrait du corps disciplinaire face à l’atmosphère ‘inviable’ de la marche de l’école ». Ce document traduit une profonde déception et un découragement complet devant l’indiscipline généralisé des élèves et l’indifférence du Directeur. Ici encore, on peut dire que les difficultés rencontrées au Collège de Ngozi reflètent une situation généralisé dans tout le pays. Les écoles, confiées aux Evêques depuis quelques années, connaissent une situation alarmante, au point que les Evêques décident de les remettre aux mains de l’Etat. Dans une réunion organisée par le SNEC en mars 1977 pour les directeurs d’établissements d’enseignement secondaire, on constate en effet : « situation alarmante au point de vue finances ; mutation de professeurs par le Ministère sans consultation des autorités religieuses ; grèves dans

17 Décision Ministérielle n°563/4/1972/ ASBL du 30 mars 1972 18 « Aide-Mémoire Collaboration : Diocèse-Congrégation Salésienne Collège Don Bosco », signé à Ngozi le 18 avril 1973, par Mgr Stanislas KABURUNGU et le R.P. Henri REUMERS.

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différents établissements secondaires ; renvoi de certains élèves indisciplinés par les directions, mais le Gouvernement oblige de réaccepter ces élèves renvoyés »19. Mgr KABURUNGU tente de rétablir l’ordre au Collège de Ngozi. Dans le souci d’ « améliorer la collaboration entre les différents organes de la Direction du Collège et Ecole Normale Don Bosco », il propose un « Statut du Conseil de Direction ». Ce conseil, composé de 5 membres, a pour rôle d’ « assister le Directeur du Collège dans tous les problèmes d’organisation, de direction et de discipline de l’Etablissement ». Mais cela ne change pas grand-chose. Si bien qu’au mois de mars, les Supérieurs Salésiens de Rome réagissent à leur tour. Le R.P. TER SCHURE, Conseiller Régional, qui a visité le Collège de Ngozi en avril 1976 et en janvier 1977, insister par lettre auprès de Mgr KABURUNGU pour qu’une solution soit enfin trouvée : « Cette fondation, Excellence, nous est aussi chère qu’à vous-même. Elle a pu se réaliser grâce à de grands sacrifices. Nous avons pu obtenir l’aide précieuse des instances Européennes ; la Congrégation était une garantie pour la continuité et pour la valeur de l’enseignement et de l’éducation de la jeunesse qui doit jouer un rôle si important dans le développement de votre pays. « Mes visites du mois d’avril 1976 et du mois de janvier 1977 m’ont permis de me rendre compte de la situation actuelle. Celle-ci à mon avis n’était pas assez sereine pour permettre un bon travail ni de la part des élèves, ni de la part des éducateurs. « (…) j’apprends que la solution, tant attendue, n’est pas encore trouvée. La direction générale des Œuvres de Don Bosco aimerait bien apprendre quelle solution vous envisagez. Cette solution, non seulement doit permettre au P. Provincial, H. REUMERS de prévoir des nominations éventuelles, mais elle doit surtout permettre de nous rendre compte que les conditions de travail sont acceptables. « Il nous serait très utile et très agréable, de recevoir de votre Excellence quelques renseignements qui permettent d’assumer nos responsabilités ». A la fin de l’année scolaire 1976-1977, pendant les grandes vacances, le P. Albert SABBE, Vice-Provincial, le P. Willy BONDUEL , économe provincial et le P. Jean DINGENEN, Délégué du P. Provincial pour le Rwanda et le Burundi, se rendent à Ngozi pour négocier, une fois de plus, avec Mgr. KABURUNGU. La candidature du P. August HEYSE, Supérieur de la communauté salésienne locale, comme Directeur du Collège est rejetée : « Mgr KABURUNGU doute des capacités du P. Auguste pour prendre un poste de responsabilité ». Selon l’Evêque de Ngozi, la situation socio-politique du moment « exige que la direction du Collège reste entre les mains d’un Murundi » ! Pour renforcer l’équipe de Direction, l’Evêque accepte de céder deux de ses prêtres : l’abbé Libère NAHUMUREMYI comme Directeur de l’école, et l’abbé Laurent BIHEGE comme préfet de Discipline. Il est convenu que les deux Abbés logeront dans une maison à part, éventuellement l’ancien « home des volontaires », ou une des « maisons des professeurs ». La nouvelle année scolaire (1977-1978) commence dans un climat assez optimiste. Les deux Abbés s’acquittent honorablement de leur tâche, mais la gêne des Salésiens au niveau communautaire persiste. Le « home des volontaires » et occupé par une communauté de religieuses (les Sœurs Benetereziya). En attendant, les Abbés partagent la vie communautaire avec les Salésiens. Il faut savoir que depuis quelques années la maison des Salésiens est devenue

19 « Bref aperçu des principaux faits survenus au cours de l’année 1977 en rapport avec les difficultés dans les établissements scolaires » : information donnée par le R.P. BOETS, s.j., Recteur du Collège du Saint Esprit à Bujumbura, au Comité directeur de la COSUMA du Burundi, le 23 mai 1977

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comme un hôtel. Des chambres sont occupées non seulement par les Abbés, mais aussi par des professeurs laïcs qui mangent avec les Salésiens et bénéficient de tous les avantages (lessive, entretien, etc.…). Le réfectoire et le salon, autrefois réservés à la communauté salésienne, servent maintenant pour les réunions des professeurs et même pour des réceptions ! Réaction des supérieurs : 1978 En Avril 1978, le P. Henri REUMERS, Provincial, débarque à Ngozi avec l’intention de mettre les choses au point. Au bout de sa visite, il laisse une lettre à Mgr. KABURUNGU, dans laquelle il rappelle les principaux problèmes et demande que les solutions proposées entrent en application à partir de l’année scolaire suivante. Les problèmes rencontrés dont la persistance motivera bientôt le départ des Salésiens sont de trois ordres :

a. La  présence  permanente  de  prêtres  séculiers  (non‐religieux)  au  sein  de  la  communauté salésienne freine « l’esprit de famille et la spontanéité qui caractérisent une famille religieuse ». Il faut aussi tenir compte du fait qu’il y a de jeunes confrères salésiens en formation. Solution : que  les Salésiens forment  leur communauté à part, et que  les Abbés organisent  leur vie aussi à part, séparés des Salésiens. 

b.  La situation des finances du Collège est « inquiétante » : les Salésiens ne doivent pas cautionner toutes les dépenses faites pour l’école s’ils ne sont pas consultés, au préalable, dans l’évaluation de leur opportunité. 

Solution : favoriser la concertation : « il convient que les dépenses soient jugées opportunes tant par les responsables de la communauté que par la direction de l’école ».

c. Le manque  d’une  « autonomie  suffisante  pour  appliquer  le  projet  éducatif  salésien  de  Don Bosco et pour vivre une vie religieuse comme prévue dans nos constitutions »  

Solution : procéder à une révision du Protocole d’accord pour la collaboration entre le Diocèse de Ngozi et la Congrégation Salésienne au Collège Don Bosco. Ceci permet d’envisager, dès que possible, la reprise de la Direction du Collège par les Salésiens. Juste avant le début de l’année scolaire suivante (1978-1979), le P. Louis PEETERS, Supérieur salésien local, en congé en Belgique, écrit une lettre à l’abbé Libère, Directeur du collège, le priant d’évacuer la maison salésienne conformément aux décisions du P. Provincial. Dans la lettre de Mgr. KABURUNGU du 11/septembre 1978, il demande au Ministre « d’octroyer à la Congrégation Salésienne la direction autonome du Collège Don Bosco (…) étant devenues caduques les raisons qui ont motivé temporairement la présence des prêtres Barundi dans ce Collège. Le 19 septembre, il reçoit la réponse : « En réponse à vos deux lettres du 11 septembre (…), j’ai l’honneur de vous communiquer les considérations suivantes : -Pour le cas du R.P. Peeters, je crois que ma lettre n°610/617/03.03 du 11 septembre 78 est claire. Nous jugeons le Père peu apte à former de bons citoyens Barundi. Il ne continuera donc plus à servir dans le cadre de notre Ministère. -Quant à la direction autonome du Collège Don Bosco par les Pères Salésiens, je ne trouve aucune raison de modifier le statut actuel de cette école. Le Directeur qui l’a dirigée l’année scolaire écoulée s’est acquitté honorablement de sa tâche. Aucune motivation ne peut donc justifier le changement de direction que vous proposez ».

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Entretemps (le 13 septembre), le P. Albert SABBE, nouveau Provincial des Salésiens depuis un mois, a écrit avec son Délégué, le P. Jean DINGENEN, une lettre au Nonce Apostolique au Burundi, dans laquelle il menace de retirer provisoirement les Salésiens du Collège de Ngozi si les décisions de son prédécesseur ne sont pas exécutées. Le P. SABBE, en janvier 1979, vient à Ngozi vérifier si les décisions prises sont effectivement exécutée. Il insiste pour la dernière fois, mais sans plus de succès. Trois mois plus tard, le 14 avril 1979, Mgr Kaburungu reçoit la lettre de préavis lui annonçant le « retrait provisoire des salésiens du Collège de Ngozi20. Sur toute cette affaire, le P. Vital donne quelques observations :

1. Les essais de solution ont été multipliés sans succès. Et pourtant, les difficultés de collaboration dans l’organisation du travail scolaire et de la discipline ne sont plus mentionnées dans la lettre. Il y a donc eu une amélioration dans ce domaine. Le seul vrai motif du départ des Salésiens reste l’impossibilité de former une communauté salésienne à part et de diriger eux‐mêmes le Collège. 

2. Il s’agit d’un « retrait provisoire » : c’est dire que  la  reprise est prévue dans un avenir proche, dès que les conditions le permettront. 

3. Le délai du préavis est de seulement trois mois. 4. Le P. Provincial suggère la création de deux Associations séparées : ‐ Une  ASBL  « Œuvre  de  Don  Bosco  au  Burundi ».  Jusqu’ici  c’était :  « Œuvre  de  Don  Bosco  à 

Ngozi ».  Il  faut  donc  une  nouvelle  démarche  pour  changer  la  dénomination  de  l’Association existante ; 

‐ Une ASBL « Le Collège de Ngozi » indépendante de la précédente. C’est la condition pour que le Collège  de Ngozi  et  d’éventuelles  autres œuvres  salésiennes  au  Burundi  puissent  poursuivre leurs activités dans la bonne entente. En fait, cette distinction aurait dû être faite dès  la fondation de  l’œuvre salésienne à Ngozi, ou alors au moment du transfert du pouvoir organisateur à l’Evêque, en 1972. 

5. Le P. Provincial écrit : « votre collège » et non pas « notre collège ». Cette école a toujours été considérée  comme  étant  la  propriété  des  Salésiens. Depuis  1972, Mgr  Kaburungu  en  est    le Représentant Légal, mais non le propriétaire. Si cette confusion est introduite par le P. Provincial lui‐même,  il n’est pas étonnant de  la retrouver dans  l’opinion salésienne commune, même dix ans après les événements21.  

La décision du retrait des Salésiens est perçue comme une catastrophe, et quelques amis du Collège Don Bosco tentent d’intervenir. L’intervention des jeunes salésiens burundais, des missionnaires salésiens œuvrant dans la paroisse de Rukago. Il s’agit du P. Vincent da Silva22 et de la Sœur Winifrida, ancien Préfet des Etudes au Collège23. 20 Lettre du R.P. Albert SABBE à Mgr. Stanislas KABURUNGU, le 14 avril 1979, lui annonçant le « Retrait provisoire des Salésiens du Collège de Ngozi » (Préavis). 21 Le P. Vital écrit ce Document en Août 1990. Nous pouvons actualiser cette affirmation et la mettre en 2010 ! 22 Le P. Vincent, Brésilien, Curé de Rukago dira : « On va fermer le Collège Don Bosco. Et les vocations, d’où viendront-elles ? Si les Salésiens Barundi nous interrogent sur ce point, quelle réponse donner ? parler seulement de vocations, sacerdotale, vie religieuse, Don Bosco, Congrégations, cela suffit-il ? » 23 Le 25/12/1978 : la Sœur adresse une lettre au P. Jean Dingenen, Délégué du P. Provincial : « au nom de la charité et de la Justice ». Elle dira : « Il en va de l’avenir de vos confrères Barundi en formation. Si vous quittez Bulengo, vous réduisez à très peu de chose la possibilité de leur offrir un champ d’apostolat au milieu de leurs frères… »

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Le 25 janvier 1979, le P. Vital, s’adressant par lettre à un confrère, le P. Frans Vandecandelaere, revendique son droit à l’information et, après une analyse personnelle de la situation, juge inopportune la décision de retirer les Salésiens du Collège de Ngozi. Il va même lui dans ses considérations : « …il est un fait.. .que beaucoup de Salésiens n’ont pas pu (su) s’adapter à notre mentalité de jeunes et de burundais (P. Gustave Janssens, P. Auguste Heyse, P. Louis Peters)…. ». « …personnellement, ma conviction est ferme : le Burundi a besoin que les Salésiens l’aident à former ses citoyens, en cette période plus spécialement, et je comprendrais mal les raisons d’une démission éventuelle. Les autorités peuvent mettre à la porte l’un ou l’autre confrère, blessant sans doute l’amour-propre de la Congrégation : est-ce suffisant comme raison ? » Le 10 février 1979, tous les jeunes salésiens burundais se réunissent à Butare et , unanimes, signent une plaidoirie qu’ils présentent au R.P. SABBE, Provincial. Ils regrettent de devoir abandonner la jeunesse burundaise et ce Collège « pépinière de vocations salésiennes », craignant les réactions de la population, ils sentent menacé l’avenir de leur apostolat dans leur patrie. Le retrait des salésiens24 Les derniers Salésiens quittent Ngozi le 10 juillet, soit 5 jours avant la fin de la durée du préavis. Mgr. Kaburungu et ses prêtres ne s’attendaient pas à cette surprise ! Pas d’adieux, pas de remise et reprise. Pour liquider les dettes du Collège avant son départ, le P. Louis DENEKENS, Econome de l’école, a vendu des véhicules et un magasin appartenant à l’ASBL « Œuvre de Don Bosco à Ngozi ». Malheureusement, il a fait cette démarche l’insu de Mgr. Kaburungu, qui est le Représentant Légal de cette Association. Rappelons-nous, dit le P. Vital, en outre que « Œuvre de Don Bosco à Ngozi » et « Collège Don Bosco de Ngozi » ne forment qu’une seule et même entité. D’où la réaction du Directeur du Collège : les Salésiens ont volé et détourné les biens de l’école ! On parle même de faire revenir le P. Louis Denekens au Burundi pour qu’il se justifie, idée à laquelle le P. Provincial s’oppose énergiquement en montrant que le P. Louis avait fait preuve de bonne gestion et qu’on n’avait rien à lui reprocher25. Pour finir ce chapitre, nous ajoutons la conclusion du P. Vital au sujet de la part de responsabilité attribuée à chacune des instances impliqués dans cette histoire:

1. Le  Gouvernement :  comme  l’histoire  l’a  prouvé  par  la  suite,  le  Gouvernement  en  voulait certainement  son  seulement  aux  Salésiens, mais  à  toutes  les  Congrégations  religieuses  et  à l’institution Eglise comme telle. Le régime BAGAZA a expulsé tous les missionnaires, interdit les messes, fermé les églises, chassé des écoles tous les prêtres, religieux et religieuses. Même si les Salésiens avaient patienté, ils seraient finalement partis comme tous les autres. 

2. L’Evêché :  l’Evêque représentant non seulement  le Collège de Ngozi, mais toutes  les écoles de son diocèse. Pendant que  les Salésiens  le harcelaient de  leurs problèmes, d’autres en faisaient autant.  Et  c’est  le  Collège  de  Ngozi  qu’il  a  privilégié,  puisqu’il  a  cédé  les meilleurs  de  ses collaborateurs. Que pouvait‐il faire de plus et qu’il n’a pas fait. Remettre la direction du Collège aux Salésiens ne relevait pas de sa compétence, comme d’ailleurs ce n’était pas  lui qui  la  leur 

24 Le titre que le P. Vital donne est « Juillet 1979 : Partis comme des voleurs ! 25 Le P. Vital donne beaucoup de référence pour appuyer ces arguments. Mais nous ne jugeons pas nécessaire de reproduire ici.

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avait enlevée. Il a fait la démarche nécessaire dans ce sens, et l’avis défavorable est venue d’en‐haut. Mgr. Kaburungu a  lui‐même beaucoup souffert de cette situation. S’il en avait voulu aux Salésiens,  il aurait pu  les expulser  tous de  son diocèse, y compris ceux qui œuvraient dans  la paroisse  de  Rukago.  Mais  non,  ils  se  sont  retirés  d’eux‐mêmes,  abandonnant  l’Evêque  au moment où il lui fallait le concours de toutes les forces vives de l’Eglise. Leur départ a précipité la chute de l’école où il avait investi le plus d’efforts, mais jamais il n’a élevé la voix contre eux pour les dénigrer. 

3. Les Salésiens : les mésententes des Salésiens avec les Abbés au niveau communautaire ne sont pas imputables à l’Evêque, mais sont liées au caractère individuel des personnes concernées. La preuve en est qu’au départ, lors de la signature de l’Aide‐Mémoire en 1973, les deux parties ne voyaient pas d’inconvénient à ce que le directeur et le chargé de discipline soient intégrés dans la  communauté  « comme  s’ils  étaient  salésiens »26.  Si  le  premier  directeur,  Mgr  Jacques NTIBAHEZWA, a bien réussi cette  intégration, qu’est‐ce qui empêchait que d’autres puissent  la réussir ?  Ngozi  n’est  pas  l’unique maison  salésienne  en  Afrique  Centrale    avoir  hébergé  un étranger à la communauté, mais elle est la seule où ça a fait tant d’histoires. Avant l’arrivée des Abbés, même des couples de volontaires  laïcs avaient vécu dans  la communauté de Ngozi. Les Salésiens ne s’en étaient pas plaints, et la formation des jeunes confrères n’en avait pas du tout souffert ! 

2. La paroisse de Rukago …Fondée en 1961 par le P. Jacques Claessens à partir de Gatara, elle passera aux Salésiens en 1970. Le premier curé, un italien, le P. César Bussi réagira avec vigueur contre les massacres qui se produisirent dans le pays en 1972 et emportèrent pas mal de ses fidèles. On l’emprisonna et en 1974 on l’expulsa. Cela n’arrêta pas la marche en avant de la paroisse. Le catéchuménat se développa, on commença à organiser des communautés de base, on procéda à l’alphabétisation des adultes. Deux initiatives enthousiasmèrent la jeunesse masculine : la création d’un grand terrain de football et l’ouverture d’un foyer social pour garçons (…). Voici une liste des travaux réalisés :

1. Conduite d’eau par gravitation en provenance de la Mukinya 2. Construction d’églises et de classes dans les centrales. 3. Construction de latrines un peu partout. 4. Création ou amélioration de routes et de ponts 5. Construction d’une grande salle de théâtre au centre.

Entre 1974 et 1996, un changement notable se produisit dans le monde des enfants à l’instruction. En 1974 on comptait environ 400 élèves dans les écoles organisées et 5000 dans «Yaga Mukama». En 1996, le nombre des scolarisés est passé à 3000 et celui de «Yaga Mukama» est descendu à 2000. 26 « Aide-Mémoire Collaboration : Diocèse-Congrégation Salésienne Collège Don Bosco », signé à Ngozi le 18 avril 1973, par Mgr Stanislas KABURUNGU et le R.P.Henri REUMERS.

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Pas plus que les religieuses, les missionnaires prêtres ne furent épargnés par les mesures vexatoires de la II ème République. Chacun a pu aller se reposer dans sa lointaine patrie (…). Les pères Salésiens missionnaires furent aussi expulsés. Heureusement qu’il y avait déjà quelques Burundais déjà ordonnés : les Pères Kabadugaritse (premier salésien, prêtre Burundais), P. Ngendakuriyo Gabriel et le frère Havyarimana Diomède sont vite dépêchés du Congo pour prendre la paroisse. (…) Les proscrits revinrent en 1991 sous le Président Buyoya, lequel le 30 janvier 1993 inaugurait officiellement une installation de production l’électricité. La Conférence épiscopale et la Caritas italienne leur procurèrent des machines électriques pour la menuiserie et la soudure. Suivons à présent la version du P.Camiel : La maison salésienne de Rukago est érigée canoniquement le 5 décembre 1995. La paroisse de Rukago, acceptée en 1970, était dirigée jusqu’alors par les Pères Blancs (Missionnaires d’Afrique). Cette paroisse a donné de nombreuses vocations de prêtres, religieux et religieuses, entre autres cinq salésiens. La paroisse était à un certain moment (depuis le départ des salésiens de Ngozi) la seule maison salésienne au Burundi. En mai-juin 1987 quand les salésiens expatriés devaient tous quitter le pays, tout comme les autres religieux expatriés, la direction de la Province essaya de sauver au moins cette seule présence salésienne qui nous restait dans le pays en envoyant de toute urgence des confrères burundais qui arrivèrent juste à temps pour relayer les confrères partants. Le P. Joseph Kabadugaritse et M. Diomède Havyarimana, venant de Kansebula, auxquels s'ajouta ensuite le P. Gabriel Ngendakuriyo, continuèrent ainsi cette œuvre paroissiale. Au milieu des années '80, Rukago était devenu non seulement une paroisse importante (60.000 âmes), mais on y créa aussi un "centre de formation artisanale" pour jeunes. Ce Centre commencé en 1980, fit partie d'un plan de développement rural. On s'y intéressa aux jeunes ruraux puisque la région autour de la paroisse est rurale. Les jeunes passèrent deux jours par semaine au Centre et les autres jours dans l'exploitation familiale, ce qui permettait de bien équilibrer la théorie et la pratique. En plus, on évita de couper les jeunes de leurs racines culturelles en laissant le jeune rattaché à son milieu d'origine. Les jeunes mettaient en commun les expériences réalisées et soumettaient leurs problèmes pratiques rencontrés à l'attention de leurs encadreurs. On constatait qu'ils étaient avides de pratiquer dans leur milieu d'origine ce qu'ils avaient appris au Centre. Les contraintes des dernières années du régime Bagaza avaient là aussi sensiblement réduit les activités auprès des jeunes, mais par après, la voie était de nouveau ouverte pour des activités de ce genre.

La paroisse est une entité qui fonctionne bien grâce à l’engagement des confrères, au conseil paroissial et d’autres organes de participation, aux communautés de base. On peut parler d’une CEP au niveau de la paroisse. La dimension éducative est aussi une réalité car il y a des écoles et depuis plusieurs années, l’œuvre salésienne de Rukago a un Centre professionnel qui s’appelle « CAR » (Centre Artisanal Rural). En 2001, ce Centre accueillait 36 jeunes, 4 enseignants et 4 ouvriers. Le Centre professionnel a connu des hauts et des bas dans son fonctionnement.

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Quant à la dimension évangélisatrice, il y a une catéchèse pour les enfants et pour les adultes ; il y a aussi un service liturgique et sacramental et le souci pour les plus pauvres par l’organisation de la « Caritas ». Comme expérience associative, il y a des groupes et des mouvements de jeunes et d’adultes. L’orientation vocationnelle est présente et s’exprime à travers un groupe vocationnel. (cf. la visite canonique extraordinaire du P. Antonio Rodriguez Tallon en 2001, au nom du Recteur Majeur). 3. La Cité des Jeunes Don Bosco - Buterere.

Implanté dans le quartier périphérique de Bujumbura, ce Centre se veut aider les Jeunes qui n’ont pas eu de chance d’aller loin dans les études. Il accueille les Jeunes de 12 à plus de 20 ans pour les métiers. Grâce aux bienfaiteurs italiens (VIS : Volontariato Internazzionale per lo Sviluppo). Cette organisation a été épaulée dans ce projet par quelques Procures salésiennes d’Italie, Allemagne, USA, Espagne et quelques Bayeurs des Fonds ; UE (Union Européenne), le Gouvernement italien, Young and Welt et par les Supérieurs salésiens de Rome. Les bâtiments sont construits et équipés pour un enseignement de qualité technique et professionnelle. Au début, le Centre était construit à partir de la Paroisse de Kinama où logeait le P. Vincent Gonçalvez (Brésilien) depuis 1995. A partir de 1998, il fut rejoint par le Frère Sokoni Mwelwa (Congolais) et tous les deux ont commencé les constructions du Centre Buterere qui a été inauguré en 2000.

(Nous nous appuyons sur l’article du Père Vincent de l’article du Bulletin de liaison et d’information de la Vice-Province salésienne de l’Afrique des Grands Lacs, AMAHORO, Année I-n°1-Décembre 2006) :

…La Cité des Jeunes est un signe visible qui témoigne de la volonté de développement que cette ONG (VIS) s’est assignée comme mission. Le choix de son emplacement et de ses bénéficiaires est aussi très significatif. D’une part, la commune de Buterere est une commune pauvre située à la périphérie de la capitale : elle aspire donc au développement et c’est cela qui a motivé sa sélection. D’autre part, les jeunes déshérités ont été ciblés comme les bénéficiaires primordiaux de cette œuvre parce que leur éducation constitue la mission même des Salésiens de Don Bosco.

Voici la version du P. Camiel :

La maison salésienne de la Cité des Jeunes de Buterere (Bujumbura) a été érigée canoniquement le 18 juin 2004.

En avril 1980, le « Chapitre » de la Délégation avait déjà proposé de fonder une œuvre pour la jeunesse la plus défavorisée à Bujumbura. En avril 1989, les capitulaires réunis des trois pays d'Afrique Centrale votèrent à l'unanimité la résolution suivante: "le Conseil provincial retiendra comme prioritaire une nouvelle implantation salésienne au Burundi" (proposition 11 dans les Actes du CP 1989).

Le P. Vital Minani informe qu'en août 1990, des démarches ont été faites pour une nouvelle œuvre à Bujumbura.

C’est alors durant le Chapitre provincial de 1992 que les capitulaires préciseront l’implantation à Bujumbura par la proposition n. 16 : « Suite à la décision prise par le Chapitre

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provincial 1989 (cf. Proposition 11), l’assemblée capitulaire demande que l’expansion de l’œuvre salésienne au Burundi soit suivie par un confrère en particulier et par la communauté de Rukago, avec une attention pour une fondation à Bujumbura et une présence au collège de Ngozi. » C’est en 1995 que la Cité des Jeunes de Buterere (Bujumbura) s’implante vraiment. Le P. Vincent Da Silva Gonçalves s’est installé à Bujumbura en novembre 1997, en commençant à faire plusieurs contacts à partir de la P.A.R. (surtout avec Mgr Evariste Ngoyagoye, alors nouvel évêque de Bujumbura, d’autres personnes du diocèse et des autorités civiles). Plus tard (à partir du 11 mars 1998), le P. Vincent logeait à la paroisse de Kinama, avant de s’installer à Buterere même. C’est le 30 mars 1999 que l’on a commencé la construction du premier bâtiment sur la propriété de 8 hectares à Buterere. Le Frère Diomède Havyarimana avait rejoint le P. Vincent, mais assez vite ce dernier a été nommé au Lycée Don Bosco de Ngozi. A sa place est venu le Frère Jean Sokoni. Après, le P. Léopold Van Laer s’est encore ajouté pour aider à lancer l’œuvre.

C’est alors le 20 janvier 2000 que les confrères sont allés habiter à Buterere même, tout en ayant pratiquement un seul bâtiment pour tout : maison de la communauté, petit internat pour 16 garçons très pauvres, ateliers de menuiserie et de coupe couture, une salle de classe… Les confrères ont organisé dès le début des groupes de tambourinaires et de danse traditionnelle, d’acrobates et des groupes sportifs.

Fin décembre 2001, le Centre de formation professionnelle accueille déjà 66 jeunes, garçons et filles. Un hangar en bois a été construit pour assurer la formation. Ainsi, le premier bâtiment de la Cité des Jeunes a été aménagé autrement : il y avait alors un internat pour 20 jeunes et on y trouvait également le logement des confrères. Les terrains de sport, un jardin et des champs commençaient à être aménagés.

En 2002-2003 ont commencé, avec l’aide des premiers volontaires (cf. VIS) d’autres constructions à Buterere, d’abord la maison d’habitation de la communauté, puis les ateliers de menuiserie et de soudure, des classes, un bloc sanitaire et une salle polyvalente. Durant cette année-là, le CFP accueille 97 jeunes, garçons et filles, qui sont pauvres, orphelins ou des jeunes n’ayant pas eu la chance de se former à travers une scolarisation. Les confrères y continuaient à organiser plusieurs activités de patronage : sport, tambourinaires, danseurs et danseuses, acrobates, orchestre. Il y a aussi des mouvements de jeunesse.

Durant l’année 2003-2004, les constructions se poursuivent, se complètent et s’achèvent : des classes, des ateliers, une grande salle, une bibliothèque, un réfectoire et une cuisine, un dortoir et un bloc sanitaire pour l’internat, des constructions pour le grand et le petit bétail… Des Volontaires du VIS y vivent avec la communauté salésienne.

En 2004-2005 et puis en 2005-2006, l’œuvre se développe encore davantage mais il restait à faire beaucoup au niveau de l’organisation de l’école professionnelle. Avec l’arrivée du P. Vital Minani d’abord et le P. Léopold Miryango ensuite, le CPF s’est organisé davantage et a commencé à bien fonctionner. Il y a toujours la collaboration du VIS.

La communauté salésienne de Buterere a pu acheter du terrain en dehors de la parcelle existante ce qui permettra dans l’avenir d’y construire une église et d’assurer des activités pastorales (on parle déjà d’un « sanctuaire à Marie-Auxiliatrice »).

La Cité des Jeunes Don Bosco a été réalisée grâce à l’appui de l’ONG italien, appelée VIS (Volontariato Internationale per lo Sviluppo), appuyée par des Procures salésiennes et des bayeurs de fonds.

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La Cité des Jeunes de Buterere est d’abord un Centre de Formation Professionnelle (CFP) avec les sections suivantes : alphabétisation, construction de bâtiments et maçonnerie, menuiserie, coupe couture, électricité, secrétariat et comptabilité, construction métallique et plomberie, informatique. Au terme de leurs études, les jeunes ayant réussi, bénéficieront d’un titre selon la formation qu’ils auront reçue. Pour les uns une attestation de réussite, pour les autres un certificat d’apprentissage du métier (CAM) et pour les autres encore un certificat d’aptitudes professionnelles (CAP).

A la CJB, il y a aussi l’internat qui accueille des enfants de la rue ayant manifesté la volonté de quitter le vagabondage mais ne sachant pas où aller. C’est un lieu de passage pour ces jeunes en âge de scolarisation afin qu’ils aient une formation intellectuelle, professionnelle et spirituelle. Le but de cette œuvre est de les réintégrer dans leur milieu social au terme de la formation. A la fin on les aidera à s’intégrer dans leur famille d’origine au sens large ou dans une famille qui les accepterait. Tous sont invités à s’inscrire à l’école primaire, au collège municipal ou au CFP.

La CJB donne aux chrétiens la possibilité de participer à la célébration eucharistique quotidienne et dominicale.

Il y a aussi les mouvements d’action catholique : il y a les Amis de Dominique Savio (ADS), les choristes (chorale des grands et chorales des petits), les servants de messe et les Coopérateurs Salésiens.

La CJB assure également des divertissements parascolaires : tambourinaires, orchestre, danses traditionnelles du Burundi, fanfare, acrobatie, groupe théâtral, football, volley-ball et basket-ball (pour chaque sport, il y a des garçons et des filles). Pendant les week-ends, les jeunes sont invités à participer à des tournois de foot, basket et volley. Une salle polyvalente aide à bénéficier de la formation et de la détente : formation artistique, théâtre, chants, danses, vidéo, conférences, TV, cinéma…

Un cours d’informatique est organisé à l’intention du personnel de la Cité des Jeunes, des chômeurs du quartier et des adultes qui le veulent.