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INFLUENCE DES MODIFICATIONS DES SYSTEMES D’ELEVAGE SUR LA SANTE DES ELEVEURS Abadia Geneviève 1 , Mirabito Luc 2 1 CCMSA, Les Mercuriales, 40 rue Jean Jaurès, 93547 Bagnolet Cedex 2 ITAVI, 12 rue du Rocher, 75008 Paris Résumé Les risques professionnels en aviculture sont de nature très diverse : liés à des expositions à des agents infectieux, à des substances chimiques, à des gaz, à des poussières, ou secondaires à des postures de travail contraignantes ou à une charge mentale élevée… La mise en place des directives et recommandations relatives au bien-être animal imposent ou vont imposer dans les années qui viennent des modifications des systèmes d’élevage pour satisfaire autant que possible les besoins physiologiques de l’animal, tels qu’il les exprime dans la nature. Cependant il serait souhaitable que l’impact de ces modifications soit également examiné dans l’optique de la santé de l’éleveur : il faudrait éviter que ces mesures n’alourdissent les conditions de travail ou n’augmentent la charge mentale liée à la conduite de l’élevage par des contraintes incompatibles avec la survie économique de l’exploitation. Il est encore trop tôt pour effectuer un tel bilan, même si l’expérience de certains pays étrangers peut aider à dresser quelques perspectives, qu’il ne faudra pas manquer d’évaluer d’ici quelques années. Introduction Un élevage de volailles met en jeu de très nombreux facteurs sanitaires, techniques et économiques qui peuvent interférer à la fois sur la santé de l’animal, sur la santé du consommateur, et sur la santé de l’éleveur. Malheureusement ce dernier aspect est rarement pris en compte. Les pathologies d’origine professionnelle dans ce secteur relèvent de ces différents facteurs qui se modifient en fonction de la conduite de l’élevage. Or, les conduites et les modes d’élevage vont évoluer ou changer profondément au cours des prochaines années en raison d’une prise en compte accrue du bien-être animal. Dans l’éventail des choix possibles, indépendamment des conséquences économiques, deux éléments majeurs permettront de raisonner les stratégies : les conséquences sur la qualité sanitaire des produits et sur les conditions de travail des éleveurs. Aussi, après avoir réalisé une rapide synthèse des troubles actuellement rencontrés en élevage de volailles, nous envisagerons les conséquences potentielles sur la santé des éleveurs de l’évolution des modes d’élevage. 1. Les pathologies actuelles d’origine professionnelle en élevage avicole Les données d’enregistrement des pathologies professionnelles restent basées sur les statistiques des accidents du travail et de maladies professionnelles indemnisables (MPI). Mais les données notamment de MPI restent parcellaires et la sous-déclaration ne permet pas d’avoir un reflet de la réalité des pathologies rencontrées. De ce point de vue, l’élevage avicole ne fait pas exception. Sans aborder l’aspect quantitatif, les pathologies d’origine professionnelle dans ce secteur sont de plusieurs ordres (1): - pathologies d’origine physique dues à des hypersollicitations des articulations et de leur environnement (troubles musculosquelettiques) ou à la manutention (lombalgies notamment) - pathologies infectieuses et zoonoses, notamment dans l’élevage du canard par infection par Chlamydophila psittaci, ou par injections accidentelles au cours des opérations de vaccinations. - pathologies cutanées ou respiratoires surtout liées à des produits chimiques (nettoyage et désinfection surtout) ou des dégagements gazeux (monoxyde de carbone, ammoniac…) - pathologies respiratoires allergiques ou non liées à l’empoussièrement, aux endotoxines, aux plumes et duvets… - stress, charge mentale… 1.1. Les pathologies d’hypersollicitation Dans tous les régimes de protection sociale, il s’agit, et de loin de la première cause de MPI (plus de 80 % des pathologies reconnues) et dans les départements où la filière avicole est très présente, ces troubles Cinquièmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26 et 27 mars 2003

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INFLUENCE DES MODIFICATIONS DES SYSTEMES D’ELEVAGE SUR LA SANTE DES ELEVEURS

Abadia Geneviève 1, Mirabito Luc 2

1 CCMSA, Les Mercuriales, 40 rue Jean Jaurès, 93547 Bagnolet Cedex 2 ITAVI, 12 rue du Rocher, 75008 Paris

Résumé Les risques professionnels en aviculture sont de nature très diverse : liés à des expositions à des agents infectieux, à des substances chimiques, à des gaz, à des poussières, ou secondaires à des postures de travail contraignantes ou à une charge mentale élevée… La mise en place des directives et recommandations relatives au bien-être animal imposent ou vont imposer dans les années qui viennent des modifications des systèmes d’élevage pour satisfaire autant que possible les besoins physiologiques de l’animal, tels qu’il les exprime dans la nature. Cependant il serait souhaitable que l’impact de ces modifications soit également examiné dans l’optique de la santé de l’éleveur : il faudrait éviter que ces mesures n’alourdissent les conditions de travail ou n’augmentent la charge mentale liée à la conduite de l’élevage par des contraintes incompatibles avec la survie économique de l’exploitation. Il est encore trop tôt pour effectuer un tel bilan, même si l’expérience de certains pays étrangers peut aider à dresser quelques perspectives, qu’il ne faudra pas manquer d’évaluer d’ici quelques années. Introduction Un élevage de volailles met en jeu de très nombreux facteurs sanitaires, techniques et économiques qui peuvent interférer à la fois sur la santé de l’animal, sur la santé du consommateur, et sur la santé de l’éleveur. Malheureusement ce dernier aspect est rarement pris en compte. Les pathologies d’origine professionnelle dans ce secteur relèvent de ces différents facteurs qui se modifient en fonction de la conduite de l’élevage. Or, les conduites et les modes d’élevage vont évoluer ou changer profondément au cours des prochaines années en raison d’une prise en compte accrue du bien-être animal. Dans l’éventail des choix possibles, indépendamment des conséquences économiques, deux éléments majeurs permettront de raisonner les stratégies : les conséquences sur la qualité sanitaire des produits et sur les conditions de travail des éleveurs. Aussi, après avoir réalisé une rapide synthèse des troubles actuellement rencontrés en élevage de volailles, nous envisagerons les conséquences potentielles sur la santé des éleveurs de l’évolution des modes d’élevage. 1. Les pathologies actuelles d’origine professionnelle en élevage avicole Les données d’enregistrement des pathologies professionnelles restent basées sur les statistiques des accidents du travail et de maladies professionnelles

indemnisables (MPI). Mais les données notamment de MPI restent parcellaires et la sous-déclaration ne permet pas d’avoir un reflet de la réalité des pathologies rencontrées. De ce point de vue, l’élevage avicole ne fait pas exception. Sans aborder l’aspect quantitatif, les pathologies d’origine professionnelle dans ce secteur sont de plusieurs ordres (1): - pathologies d’origine physique dues à des hypersollicitations des articulations et de leur environnement (troubles musculosquelettiques) ou à la manutention (lombalgies notamment) - pathologies infectieuses et zoonoses, notamment dans l’élevage du canard par infection par Chlamydophila psittaci, ou par injections accidentelles au cours des opérations de vaccinations. - pathologies cutanées ou respiratoires surtout liées à des produits chimiques (nettoyage et désinfection surtout) ou des dégagements gazeux (monoxyde de carbone, ammoniac…) - pathologies respiratoires allergiques ou non liées à l’empoussièrement, aux endotoxines, aux plumes et duvets… - stress, charge mentale… 1.1. Les pathologies d’hypersollicitation Dans tous les régimes de protection sociale, il s’agit, et de loin de la première cause de MPI (plus de 80 % des pathologies reconnues) et dans les départements où la filière avicole est très présente, ces troubles

Cinquièmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26 et 27 mars 2003

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représentent environ un tiers de ces pathologies. C’est essentiellement le membre supérieur qui est touché avec une prédominance au poignet et au coude. Les lésions sont soit musculo-tendineuses avec des tendinites soit neurologiques avec compression d’un nerf au niveau du poignet : c’est le syndrome du canal carpien. Pourquoi ces affections ? Des facteurs peuvent être prédisposants : - soit professionnels : gestes répétés et/ou

demandant une force musculaire importante, et/ou exigeant une position articulaire extrême, cadence soutenue,

- soit environnementaux : influence du froid notamment,

- soit personnels : la femme est plus souvent touchée, activités extra-professionnelles augmentant la sollicitation des articulations (sports, bricolage, jardinage…), stress…

Dans la filière avicole, les activités professionnelles exposantes peuvent être l’insémination, le sexage, le dégriffage, le débecquage, les vaccinations, le ramassage des volailles d’autant plus pénible que le poids de la volaille est important et que la durée de l’activité est limitée dans le temps. Le conditionnement des œufs est également à risque. Pour le canard, le gavage est également une activité exposante et, à l’abattoir, l’accrochage. Enfin, la découpe de la viande et le désossage en bout de chaîne sont également particulièrement pourvoyeurs de ce type de pathologie. La principale affection enregistrée est le syndrome du canal carpien qui correspond à la compression du nerf médian au niveau du poignet. Les symptômes sont des fourmillements, des engourdissements nocturnes de certaines zones de la main. Ils peuvent s’accompagner d’une perte de la sensibilité dans la zone concernée, d’une diminution de la force musculaire et de troubles vasculaires locaux. La prévention se base sur une organisation du travail la plus adaptée possible à la physiologie humaine en terme de cadence, de variation des tâches et de formation, sur l’utilisation d’outils adaptés (couteau affûté et affilé en abattoir, …), sur l’adaptation du poste de travail à la morphologie de celui qui l’occupe. Parallèlement à ces affections, les sciatiques par hernie discale, nouveau tableau de MPI apparu en 1999, sont enregistrées de plus en plus souvent. La manutention manuelle, les postures dégradées mettant le bas du dos en extension en sont surtout responsables. Là encore la prévention repose notamment sur une réflexion sur le poste de travail : sièges adaptés lors des séances de vaccination ou de débecquage,

dimensions adaptées des cages évitant de se pencher en avant les jambes tendues, formation des travailleurs aux gestes et postures, ramassage mécanisé des volailles, utilisation de pince pour le ramassage des œufs au sol… 1.2. Les maladies infectieuses Les dispositions d’hygiène dans les élevages sont le plus souvent instaurées pour la protection sanitaire des consommateurs (ex : Salmonella enteritidis) ou pour réduire les micro-organismes pathogènes animaux et améliorer la rentabilité économique (2). Leur objectif n’est pas de protéger le personnel travaillant dans l’élevage, même si certaines de ces mesures y participent par ricochet. Sur le plan des infections, il ne faut pas négliger les maladies non spécifiques aux oiseaux : tétanos notamment pour lequel il existe une vaccination efficace et sans danger, les pathologies dues aux nuisibles et notamment aux rongeurs (leptospirose)… Elles sont maintenant plus rares du fait de leur connaissance et de la mise en œuvre d’une prévention efficace. Plusieurs types d’affections susceptibles d’être transmises par les oiseaux peuvent être notées mais elles restent heureusement exceptionnelles et peu transmissibles à l’homme (maladie de Newcastle, tuberculose à Mycobacterium avium…) Il semble utile par contre de signaler les chlamydioses aviaires dues à Chlamydophila psittaci (3, 4). Cette bactérie intracellulaire stricte peut être portée chez 130 espèces d’oiseaux. Ce sont les souches de la dinde aux USA et du canard en France qui sont rapportées comme les plus virulentes et responsables d’infections avérées chez l’homme. Le plus souvent l’infection chez l’oiseau reste inapparente ou l’oiseau est porteur sain. Cette bactérie ne pose aucun problème pour le consommateur, puisqu’elle est détruite par la chaleur. Par contre, elle se transmet le plus souvent par inhalation de poussières infectantes, plus rarement par ingestion ou contact lors de la manipulation d’un animal infecté (plumes ou tissus). L’excrétion de. psittaci est favorisée par une baisse de résistance lors de stress divers (carences, entassement, transport…). Sur le plan humain, les cas surviennent de façon sporadique ou par foyers épidémiques. L’infection peut rester bénigne (pseudo-grippe) ou rester inapparente. Par contre, elle peut engendrer des pneumopathies sévères voire mortelles par détresse respiratoire aiguë. En France, les épidémies ont surtout été décrites dans les abattoirs de canards et de dindes en Bretagne et

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Pays de la Loire, notamment aux postes d’accrochage et d’éviscération et au transport. Des cas ont également été rapportés en élevages et lors de ramassages de canards. Ainsi à l’hôpital de Cholet, plus de 80 sujets ont été hospitalisés en réanimation entre 1993 et 2002 et l’exposition au canard a été retrouvée dans la quasi-totalité des cas.

Le monoxyde de carbone résulte d’une mauvaise combustion au niveau de radiants vétustes ou encrassés, dans un bâtiment insuffisamment ventilé et chauffé trop rapidement. C’est parfois le cas en début de lot en période hivernale (7, 8, 9). La valeur moyenne d’exposition (VME) réglementaire en France est de 50 ppm, valeur souvent dépassée dans les conditions à risque précitées.

Traitée à temps par les antibiotiques adéquats (cyclines ou macrolides), cette affection reste le plus souvent bénigne mais engendre une asthénie de plusieurs semaines.

Le monoxyde de carbone est un gaz inodore, incolore non irritant qui a pour propriété de se fixer sur l’hémoglobine à la place de l’oxygène. Il en résulte un manque d’oxygénation des tissus qui au départ se traduit par des maux de tête et des nausées mais peut également conduire à une perte de connaissance et à la mort par asphyxie à des concentrations élevées (7, 8).

En marge des maladies infectieuses, les injections accidentelles lors de séances de vaccinations ne posent pas tant le problème zoonotique ou de surinfection de plaies que celui de la survenue de nécrose cutanée due à la présence dans le vaccin d’un excipient huileux.

Un autre gaz toxique est l’ammoniac dégagé par la fermentation anaérobie au niveau de la litière. La quantité de gaz est d’autant plus importante que les déjections s’accumulent, que la litière est plus humide autour d’une température de 20 à 30°C. D’autres facteurs interviennent : la densité animale, la fin de l’élevage, la nature du sol, l’insuffisance de ventilation (10, 11,12).

1.3 Affections respiratoires ou cutanées liées à une substance chimique ou à un gaz Il serait trop long de détailler la pathologie par type de produit. De façon globale, l’emploi de produits de nettoyage à base d’acides ou de bases est corrosif pour la peau et peut entraîner des effets irritants sur le plan respiratoire (toux, essoufflement, voire détresse respiratoire à concentration importante) de même que la chloration de l’eau (5).

L’ammoniac est un gaz très irritant pour les muqueuses respiratoires et oculaires. Une exposition à des concentrations élevées peut conduire à un bronchospasme voire à un œdème pulmonaire. Lors d’exposition chronique, l’ammoniac entraîne un phénomène de tolérance : l’odeur est perçue pour des concentrations plus élevées. L’effet sur la fonction respiratoire est possiblement évoqué sans preuve par manque d’études (13).

L’utilisation des désinfectants (glutaraldéhyde, ammoniums quaternaires ou mélanges) sont de grands pourvoyeurs d’allergies cutanées à type d’eczéma notamment, le principal problème étant qu’une fois la sensibilisation survenue, l’allergie ne peut disparaître qu’en cas d’éviction totale de l’exposition antigénique.

1.4 Autres affections respiratoires

L’emploi du formaldéhyde est également particulièrement délicat. Irritant oculaire et des voies respiratoires à l’odeur très reconnaissable, ce désinfectant très actif est également un puissant allergisant tant sur le plan cutané que sur le plan respiratoire. Il est classé comme cancérogène possible (catégorie 3) par la communauté européenne et comme cancérogène probable (groupe 2A) par le centre international de recherche sur le cancer, l’organe cible étant le rhino-pharynx (6).

Elles sont le plus souvent dues à des particules organiques qui regroupent les poussières végétales et les microorganismes de nature fongique ou bactérienne avec leurs toxines, sans oublier le tabac, facteur favorisant non spécifique d’irritation des voies respiratoires (14, 15).

• L’asthme (16, 17) Sa prévalence n’est pas quantifiée de façon précise, notamment en aviculture ; il semble cependant que les professions les plus touchées soient les ouvriers céréaliers des grands silos à grains, les éleveurs de porcs et les éleveurs de volailles. Une étude retrouve qu’un éleveur de pigeon sur 4 signale présenter des sifflements respiratoires. Il s’agit en effet le plus souvent de la description de sibilances accompagnées de dyspnée pendant le travail, et rarement de crises sévères.

L’emploi des fongicides doit également répondre aux bonnes pratiques d’utilisation pour ne pas entraîner de conséquences sur la santé (troubles digestifs, irritation cutanée et des voies aériennes supérieures surtout). Certains gaz peuvent être également sources d’intoxication. On citera principalement le monoxyde de carbone (CO) et l’ammoniac.

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Cet asthme est souvent dû à des phénomènes inflammatoires plurifactoriels et non uniquement allergiques ; c’est en fait le mélange de particules non vivantes (alimentation, déjections, plumes, squames, secrétions animales, particules minérales) et de particules vivantes (bactéries, acariens, moisissures et leurs métabolites…) qui constitue la poussière avicole. Dans les élevages de volailles en batterie, au delà des aérocontaminants non spécifiques, les allergènes potentiels sont multiples : plumes, acariens, déjections, protéines aviaires, litières riches en moisissures et en actinomycètes thermophiles, aliments et leurs additifs…

• La bronchite chronique et l’obstruction bronchique chronique (16)

Leur définition clinique est bien cadrée : pour la bronchite chronique, il s’agit d’une toux et d’une expectoration qui dure plus de 3 mois pendant 2 ans (OMS). L’obstruction des voies aériennes débute souvent par une atteinte asymptomatique des petites bronches distales qui peut se diagnostiquer lors d’explorations fonctionnelles respiratoires. Elles peuvent évoluer vers une insuffisance respiratoire chronique avec emphysème. Elles sont plus fréquemment rencontrées dans les milieux agricoles riches en gaz et en toxines bactériennes et fongiques.

• Les alvéolites allergiques extrinsèques (16, 18)

Les alvéolites allergiques extrinsèques ou pneumopathies d’hypersensibilité sont des pneumopathies aiguës ou subaiguës liées à l’inhalation chronique de particules le plus souvent organiques qui entraînent des réactions allergiques complexes et une pathologie interstitielle pulmonaire. Elles sont très fréquentes dans le secteur avicole, le réservoir antigénique habituel étant les déjections d’oiseaux et l’antigène reconnu les protéines aviaires (IgA). La phase de nettoyage des poulaillers a été reconnue comme particulièrement immunogène. La forme clinique habituelle est un syndrome pseudo-grippal associant toux, essoufflement sans sibilance, fièvre, myalgies, maux de tête apparaissant plusieurs heures après une exposition antigénique. C’est souvent sur ce caractère retardé que s’oriente le diagnostic. Chez les éleveurs d’oiseaux la participation bronchique est importante avec expectoration, encombrement bronchique…Le plus souvent les symptômes disparaissent en quelques heures ou quelques jours et l’éleveur peut ne pas consulter. Parfois le tableau est plus progressif avec une toux ou

une dyspnée traînante sans fièvre et un amaigrissement souvent constaté notamment chez les éleveurs d’oiseaux. La répétition de ces accès si l’exposition se poursuit peut conduire à l’installation d’une insuffisance respiratoire chronique par bronchopathie chronique obstructive ou par fibrose interstitielle diffuse. Différents examens aident au diagnostic : radio graphie, explorations fonctionnelles respiratoires, sérologie (précipitines), lavage broncho-alvéolaire (hyperlymphocytose).

• Le syndrome toxique des poussières organiques ou ODTS (organic dust toxic syndrom) (16, 19, 20)

Il s’agit d’un syndrome respiratoire aigu fébrile de mécanisme non allergique déclenché par une exposition massive à des particules organiques et notamment des endotoxines. Ces endotoxines sont des éléments constitutifs de la membrane des bactéries Gram négatif. Des mesures atmosphériques réalisées dans des bâtiments d’élevage avicole ou lors de ramassages ont retrouvé des taux élevés d’endotoxines. D’autres facteurs tels que les mycotoxines et les poussières de céréales viennent certainement également jouer un rôle inflammatoire important. Des prévalences très élevées, jusqu’à 30 %, ont été rapportées dans des élevages de volailles ou de porcs. Les symptômes ressemblent beaucoup à ceux de l’alvéolite allergique : toux, dyspnée, fièvre, malaise 4 à 10 h après une exposition massive et souvent inhabituelle. Ils peuvent survenir dès la première exposition contrairement aux autres pathologies allergiques précédemment décrites. Les examens restent normaux (pas de précipitines) et les symptômes disparaissent en 12 h, sauf en cas de pathologie respiratoire antérieure. Seul le lavage broncho-alvéolaire montre une polynucléose. Ce syndrome n’évolue jamais vers la fibrose, il peut conduire secondairement à une bronchite chronique. Pour toutes ces pathologies respiratoires, la prévention repose sur la conduite de l’élevage lui-même : de nombreux facteurs interviennent : par exemple, l’influence de la litière avec poussières céréalières et la production d’ammoniac (21), les pratiques de paillage, de broyage, l’utilisation de fongicides… Les mesures à préconiser seront fonction du type d’élevage et à examiner au cas par cas : protection collective d’abord avec ventilation des bâtiments empoussiérés, broyage toujours à l’extérieur… protection individuelle ensuite (masque anti-poussières) lors des opérations les plus exposantes. Certains travailleurs atteints de pathologies respiratoires réussissent à garder leur activité grâce à

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ces protections individuelles (masque à ventilation assistée) et à une réflexion sur l’organisation des tâches les plus à risque. Le tabac sera systématiquement déconseillé. 1.5 Charge mentale La conduite d’un élevage devient sans cesse plus technique nécessitant des connaissances de plus en plus fines dans des domaines divers. Dans certains cas, l’élevage impose des contraintes horaires à l’éleveur et la peur de l’accident sanitaire, toujours vécu comme un échec, entraîne un stress encore développé par le souci de la pérennité de l’exploitation dans un contexte économique difficile. Cette charge mentale ne doit pas être oubliée face aux autres risques plus tangibles qui viennent d’être énumérés. Ici aussi les réflexions en termes d’organisation du travail doivent inclure cet aspect souvent considéré comme inévitable, le bien-être de l’éleveur devant également y être intégré. 2. Modifications des modes d’élevage liées à la réglementation sur le bien-être animal et perspectives d’évolution des pathologies Les recommandations du Conseil de l’Europe ou les directives de l’Union Européenne ont pour but de fixer des limites à l’instrumentalisation de l’animal d’élevage en favorisant le développement de systèmes d’élevage permettant une plus grande expression des comportements de l’animal (se percher, gratter, se baigner …) ou visant à limiter les principaux troubles comportementaux ou pathologiques. On se situe encore très en amont de la mise en application à grande échelle des prescriptions et il est prématuré à l’heure actuelle d’avoir des données objectives validées d’évaluation. De plus, si certaines dispositions sont d’ordre général, l’éclairement ou la densité par exemple, d’autres seront spécifiques à l’espèce de volaille élevée. 2.1. Considérations générales Les intensités lumineuses généralement pratiquées en élevage sont très faibles pour limiter l’activité des animaux ou les phénomènes de picage. La plupart des recommandations prévoient une augmentation de celle-ci. Par exemple, 10 lux sont recommandés au minimum pour les dindes. Cela reste malgré tout un niveau d’éclairement où l’œil humain n’est pas très efficace, que ce soit du point de vue des cônes ou des

bâtonnets. Ces évolutions ne constitueront donc pas un facteur majeur d’amélioration du confort de travail. Autre paramètre implicitement évoqué par les recommandations, la densité. Si on excepte le cas de la poule pondeuse, aucune norme n’est cependant proposée par les différents textes. Chez la volaille de chair, réduire la densité a bien évidemment un impact majeur sur la performance économique. En revanche, du point de vue technique, cela peut constituer un élément de confort pour l’éleveur en réduisant les risques d’échec. En fait, cela rejoint une problématique plus générale qui est celle de la gestion des conditions d’ambiance et de la litière. La litière, par exemple, peut jouer un rôle sur la santé de l’animal au travers notamment de son degré d’humidité. Une litière sèche et meuble est recommandée pour des raisons sanitaires animales et de limitation de dégagements gazeux (ammoniac surtout). Cependant, plus la litière est sèche, plus l’animal est actif, plus le risque de blessure pourrait être important pour lui-même et pour l’homme (notamment le ramasseur) mais également plus la mise en suspension de poussières susceptibles d’être infectantes ou pouvant altérer la fonction respiratoire pourrait être intense. Par conséquent, c’est la recherche de l’équilibre optimal qui devra être mise en œuvre. Des stratégies comme celles mises en œuvre en Suède pour l’élevage de poulets visant à favoriser la recherche de cet optimum pour garantir le niveau de bien-être des animaux peuvent donc avoir des conséquences positives sur le confort de travail. En revanche, il ne faut pas négliger le fait que la mesure de critères de performance additionnels et les pénalités éventuelles associées constituera une contrainte supplémentaire pour l’éleveur. Au delà de ces considérations générales, nous allons maintenant envisager certains cas particuliers et les conséquences potentielles des évolutions prévisibles. 2.2. Les dindes Une des principales évolutions induites par la recommandation concerne le développement de systèmes d’enrichissement visant à limiter les phénomènes de picage. Or, cet enrichissement passera vraisemblablement par un aménagement du bâtiment. Sur un plan expérimental, différentes solutions ont été envisagées jusqu’à présent. Par exemple, des plates-formes, des bottes de paille et des plaques métalliques

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suspendues peuvent être mises en place pour répondre aux besoins de zones de repos, de perchage et de picage des dindes. D’autres solutions, comme l’utilisation de barrières verticales et de ficelles sont en cours d’évaluation. Si l’efficacité et la pertinence technique de ces systèmes reste à vérifier à grande échelle, il convient cependant dès aujourd’hui de les raisonner en fonction notamment de leur facilité de manipulation et de nettoyage. Par exemple, l’utilisation de plates-formes avec système de récupération des déjections nécessite la mise en œuvre de systèmes lourds et demandant un nettoyage particulier. Les notions de pénibilité du travail (manutention) ou d’exposition des éleveurs à des aérosols lors des opérations de nettoyage/désinfection ne semblent pas avoir été prises en compte lors de la conception de ces systèmes et d’autres solutions devraient être envisagées 2.3. Le canard à rôtir (22) Les conséquences prévisibles pour ce type d’élevage sont assez proches de celles envisagées dans le cas de la dinde. Certes, une modification majeure comme l’abandon du caillebotis lié à la nécessité de mettre à disposition des animaux une surface de repos couverte de litière engendrerait de profondes modifications du mode d’élevage mais les conséquences (autres qu’économiques) seraient les mêmes que pour les autres volailles de chair. La référence à la possibilité pour le canard de se baigner et de projeter de l’eau peut poser problème quant au risque infectieux d’origine hydrique. Mais, de façon plus générale, même si ce n’est pas explicite dans le texte de recommandation, c’est la recherche d’alternative aux pratiques de débecquage et de dégriffage, donc a priori, l’exploration de voies d’enrichissement du milieu, qui influeront, comme pour la dinde, sur les conditions de travail.. Malheureusement, les travaux sont pratiquement inexistants alors qu’il s’agit sans doute d’un enjeu économique majeur pour la production française de canards de barbarie. 2.4. Le canard hybride Plus spécifique est le cas des hybrides utilisés pour la production de foie gras. En effet, la phase de gavage a, dans l’immense majorité des cas, aujourd’hui lieu en cage individuelle qui limite les mouvements de l’animal mais qui est à hauteur du gaveur et n’exige pas de contrainte posturale particulière. La principale pathologie est alors la survenue de troubles musculo-squelettiques (TMS) liés aux gestes répétés des poignets (800 à 1000 canards en moyenne par gaveur). Or, ces conditions d’élevage ne répondent

pas aux nouvelles exigences liées au bien-être animal qui vont conduire, si elles sont appliquées, au développement de cages collectives pour le logement des animaux durant cette phase. Or, l’utilisation de ces mini-parcs, laissant plus d’espace aux animaux, demande par contre à l’opérateur de se baisser et de se pencher en avant sans pouvoir plier les genoux, ce qui impose au bas du dos une mise en tension importante et peut être source de lumbagos ou de lombalgies chroniques. De plus, l’animal peut fuir au fond du parc, augmentant cette contrainte lombaire. Enfin, la force que le gaveur devra exercer sur l’animal en raison de l’absence de systèmes de contention sera aussi en nette augmentation. Sur le plan de l’hygiène, les amas de déjections et de plumes sur les planchers qui apparaissent avec ce mode d’élevage posent la question des modes de nettoyage et de l’aérosolisation par l’utilisation de nettoyeurs à haute pression. En revanche, l’augmentation d’environ 30 % du temps de gavage devrait conduire à une diminution des effectifs et de la répétitivité des actes. Mais une telle évolution reste subordonnée à la capacité de la filière à financer les surcoûts induits. L’hypothèse reste par conséquent relativement improbable et, seul le développement de systèmes efficaces de contention temporaire de l’animal apparaît être une solution acceptable. Mais c’est alors l’ensemble du système, c’est à dire le couple gaveuse-logement, qui doit être appréhendé. En conclusion, ces systèmes de logements collectifs restent à inventer pour permettre aux différents intérêts du bien-être animal et du bien-être de l’éleveur de s’harmoniser. 2.5. Poules pondeuses Seule espèce parmi les volailles à jouir du privilège d’être touchée par une Directive, le cas des poules pondeuses est particulier, d’une part, en raison de l’antériorité des travaux effectués, et, d’autre part, car la réglementation définit très précisément les modes d’élevage. A l’échéance finale, les éleveurs disposeront de deux alternatives : la cage aménagée et l’ élevage au sol avec une déclinaison sous une forme particulière de celui-ci dans le cas des volières, systèmes permettant d’augmenter la densité animale par la mise en place de plusieurs niveaux de caillebotis accessibles aux animaux. L’intérêt économique d’un tel concept comme alternative à la cage a conduit à la réalisation de nombreux travaux expérimentaux depuis une quinzaine d’années aux Pays-Bas notamment et à son

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développement sur le terrain en Suisse. Il a été ainsi montré une augmentation significative des poussières totales et des endotoxines par rapport à un élevage classique en cages.

En ce qui concerne les cages aménagées, les normes émises correspondent à un modèle expérimental sans qu’il y ait eu d’évaluation approfondie préalable. La pertinence sur le plan technique et du bien-être des normes adoptées restent donc à démontrer. Par contre, dès à présent, il apparaît que le bac à poussière envisagé initialement dans certains modèles de cages génère une augmentation de la présence de poussière dans l’ambiance du bâtiment avec certains types de substrat. Parallèlement, à l’évaluation des conséquences de ce type d’aménagement sur la qualité sanitaire de l’œuf et la satisfaction des besoins éthologiques de la poule, la santé de l’éleveur devra aussi être prise en compte.

Les plaintes de type respiratoire (gêne respiratoire, toux) ont également été comparées par questionnaire chez des personnels volontaires selon les deux types d’élevage. Les 2 groupes présentaient un taux plus élevé de plaintes 1 heure après la prise de poste, effet qui disparaissait ensuite 6 h après. Mais, à ce moment, le pourcentage de personnes en volière qui continuaient à se plaindre restait plus élevé, quoique non significatif. De même, une légère augmentation de la température corporelle était notée en volière. Sur le plan de la fonction respiratoire (capacité vitale forcée et volume expiratoire maximum par seconde), les différences n’étaient pas significatives. (23).

Conclusion

L’élevage en volière impose d’autre part à l’éleveur de circuler au milieu des animaux dans cette atmosphère empoussiérée et avec parfois des conditions d’éclairement basses pour limiter les problèmes de picage.

Les différents textes concernant le « bien-être animal » induisent des modifications qui demandent souvent l’invention de nouvelles procédures techniques. Celles-ci doivent maintenant faire l’objet d’une évaluation tant sur le plan de la faisabilité économique, que sur les plan des conséquences sur la santé animale et humaine. La santé et le bien-être de l’éleveur sont malheureusement peu abordés par rapport à ceux de l’animal ou du consommateur.

De même, les risques liés à la manutention ont été comparés sans qu’une différence significative ait été mise en évidence selon les types d’élevage. Les risques de TMS semblent par contre plus importants dans les élevages avec des cages qu’en volière. Cependant, il faudrait évaluer l’influence de la pratique du débecquage généralisé dans les systèmes alternatifs, imposant sur une courte durée, la manutention de nombreuses volailles et la répétitivité du même geste.

Les mesures de protection collective (ventilation, organisation du travail…) et de protection individuelle (port de masque) devront être également revues faces à ces nouvelles conditions de travail. Ces textes certes novateurs et utiles devraient pouvoir être révisables pour incorporer les résultats des évaluations successives qui sont en cours ou seront pratiquées au cours des prochaines années d’application, prendre en compte tous les aspects et notamment de santé humaine et ne pas conduire à des obstacles insurmontables en termes d’hygiène ou une aggravation de l’état de santé des éleveurs.

Un autre facteur à prendre en compte est la possibilité de nettoyage et de désinfection. Les structures en volière sont complexes, non mobiles, remplies de recoins, véritables « niches » écologiques à micro-organismes. Les procédures de nettoyage seront également à examiner : l’utilisation de l’air comprimé ou de lavage à haute pression est hautement générateur d’aérosols, toujours à déconseiller en termes de protection respiratoire de l’opérateur.

Mais, au-delà de l’exemple particulier choisi dans notre approche, c’est une réflexion générale qui doit être engagée sur les conditions de travail car une analyse du même type pourrait porter sur l’existant… S’il est classique de penser qu’il faut « souffrir pour être beau », la compétitivité future du métier d’aviculteur passera autant par sa capacité à fournir un revenu à celui qui l’aura choisi que par sa capacité à offrir des conditions de travail décentes. Tout comme en matière de bien-être animal, nous allons vers un marketing du système d’élevage, la concurrence entre viandes s’exprimera peut-être aussi à l’avenir en fonction des conditions de travail proposées dans les différentes filières. Un enjeu stratégique pour les prochaines années ?

Le ramassage des œufs au sol pose également de nombreuses questions qui se rapprochent de l’élevage au sol : date de ponte, hygiène (pour le consommateur surtout) mais induit aussi des problèmes de posture. La solution pourrait être l’utilisation de pinces qui peut ne pas être très aisée dans des zones où l’éclairement est bas. Enfin, cette complexification de la conduite d’élevage avec des procédures à définir, le manque de recul sur la survenue d’accidents sanitaires provoquent sans aucun doute une augmentation de l’inquiétude sur la pérennité économique de l’exploitation et participent à une augmentation du niveau de stress de l’éleveur.

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Références bibliographiques (1) MARY J.L. Les risques par rapport à la santé (maladies professionnelles) de la filière canard. Journée nationale des professionnels du canard. ITAVI Angers, 23 mai 2002. (2) La conduite hygiénique en élevage. In : Maîtrise de l’ambiance dans les bâtiments avicoles Sciences et Techniques Avicoles. Numéro Hors série septembre 1997 : 17-30. (3) SCHVOERER C. La psittacose : une maladie émergente en milieu professionnel Médecine Maladies infectieuses, 2001 ; 31 suppl.2 : 217-225. (4) ABADIA G., SALL N’DIAYE P., MASSON P., LAURENS E., DELEMOTTE B., CHOUTET P. Les chlamydioses d’origine aviaire Médecine Maladies infectieuses, 2001 ; 31 suppl.2 : 226-232. (5) SANDERSON W.T., WEBER A., ECHT A. Epidemic eye and upper respiratory irritation in poultry processing plants. Appl. Occup Environ Hyg 1995, 10, 43-49. (6) Fiches toxicologiques INRS, Paris Aldéhyde formique et solutions aqueuses, 1997, FT 7 (7) PRESLE J.C. Monoxyde de carbone dans les bâtiments d’élevage avicole. Mémoire MSA Morbihan, décembre 1997. (8) CANDIOTTI-CAVALIER B. Le risque d’intoxication au monoxyde de carbone dans les bâtiments d’élevage en aviculture. Mémoire INMA, septembre 2001. (9) VALANCONY H., BLEVIN F., DENIS C. Evaluation du risque monoxyde de carbone dans les bâtiments d’élevage de volailles. Troisièmes Journées de la Recherche Avicole St Malo, 23-25 mars 1999. (10) RENAULT P. Caractérisation de l’air ambiant dans les élevages avicoles par l’analyse de trois paramètres (poussière, flore totale aérobie, ammoniac). Mémoire de fin d’études ISA février1997. (11) ROBIN P. , PERRIN P., AMAND G., AUBERT C., FRANCK Y. LUBAC S., FERREN J.C. Effet du mode d’élevage des canard sur les émissions d’ammoniac et d’odeurs et sur l’effluent : comparaison des systèmes caillebotis et litière. Journée nationale des professionnels du canard. ITAVI Angers, 23 mai 2002. (12) La ventilation : objectifs, normes et mise en œuvre. In : La gestion technique des bâtiments avicoles. Sciences et Techniques Avicoles. Numéro Hors série septembre 1998 : 17-22.

(13) Fiches toxicologiques INRS, Paris Ammoniac et solutions aqueuses, 1997, FT16. 14) REYNOLDS S.J., PARKER D., VESLEY D., JANNI K., McJILTON C. Occupational exposure to organic dusts and gases in the turkey growing industry. Appl. Occup. Environ. Hyg. 1994, 9, 7, 493-502. (15) NIELSEN B.H., BREUM N.O. Exposure to air contaminants in chicken catching. Am Ind. Hyg. Assoc. J. 1995, 56, 804-808. (16) DALPHIN J.C. Pathologie respiratoire en milieu agricole. Rev Prat, 1998, 48, 1313-1318. (17) BESSOT J.C., BLAUMEISER M, KOPERSCHMITT M.C., PAULI G. L’asthme professionnel en milieu agricole. Rev Mal Resp 1996, 13, 205-215. (18) DALPHIN J.C. Alvéolites allergiques extrinsèques en milieu agricole. Rev Prat, 1992, 42, 1790-1796. (19) DESCHAMPS S., MOMAS I., FESTY B. Quelques aspects du risque professionnel lié à l’inhalation d’endotoxines. Arch Mal. Prof, 1994, 55, 5 327-333. (20) MARCHAND G. Les endotoxines en milieu de travail. Rapport IRSST, 1996, B-049 : 5-14. (21) RENAULT P. Influence de quelques variables sur la concentration de poussières et sur la contamination aérienne en élevages de dindes. Sciences et techniques avicoles, 1997, 20, 27-39. (22) MIRABITO L., LUBAC S. Recommandations concernant le bien-être des canards du Comité permanent de la Convention européenne sur la protection des animaux dans les élevages (Conseil de l’Europe). Journée nationale des professionnels du canard. ITAVI Angers, 23 mai 2002. (23) DROST H., Van der DRIFT D.W., OUDE VRIELINK H.H.E. Labour hygiene In : Aviary housing for laying hens H.J. BLOKHUIS, J.H.M. METZ (eds), IMAG-DLO report 95-31, Wageningen, ID-DLO Lelystad, 1995, Nederlands.

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AFFECTIONS RESPIRATOIRES DES AVICULTEURS ET DES PORCHERS

Pascale Gérault1, Dewitte J.D2., Jourdren L. 3

1 Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA), Zoopôle les Croix, BP53, 22440 Ploufragan 2 Service de Santé au Travail et de Pathologies Professionnelles, CHU Morvan, 29609 Brest Cedex

3 Observatoire de la Santé au Travail en Agriculture (OSTA), 12 rue de Paimpont, 22025 St Brieuc Cedex 01 Résumé La nécessité d'une meilleure rentabilité économique a conduit au fort développement de l'élevage intensif ces 20 dernières années. En Bretagne, l'Observatoire de la Santé au Travail en Agriculture (OSTA) a décidé, à la demande de certains éleveurs, de se pencher sur les conséquences en terme de santé des salariés et exploitants intervenant dans ce type d'élevage. Au travers de questionnaires et d'explorations fonctionnelles respiratoires, l'objectif de cette étude descriptive est d'appréhender l'éventuelle altération de la fonction respiratoire des aviculteurs et porchers en se basant sur les valeurs "références" de population non exposée (ne travaillant pas en élevage intensif). L'étude des pratiques professionnelles en élevage donnent des informations sur les expositions auxquelles peuvent être confrontés aviculteurs et porchers. Les résultats concordent avec la littérature, à savoir que cette fonction respiratoire est effectivement dégradée pour les personnes travaillant en élevage intensif. Des actions d'information et de prévention vers cette population exposée sont donc à envisager. Introduction - une étude sur le nombre d'affections longue durée

pour troubles respiratoires chroniques (ALD14) en population exposée (élevages intensifs) et non exposée (hors élevages intensifs),

Le développement de l'élevage intensif ces 20 dernières années a amené bon nombre de pays à s'interroger sur les conséquences en terme de santé des exploitants et salariés travaillant dans cet environnement. Des études menées depuis une dizaine d'années aux USA, Québec, Allemagne, Yougoslavie, Pays Bas… tendent en effet à prouver que les impacts sur la fonction respiratoire des aviculteurs et porchers ne sont pas négligeables : sensibilité bronchitique accrue (Vogelzang et al, 1996 et 1997), développement de symptômes respiratoires aigus et chroniques (asthme), dégradation de la fonction pulmonaire (Zuskin et al, 1992) sont quelques uns des constats pour ces catégories de travailleurs. Les causes potentielles sont multiples : exposition aux poussières, désinfectants, endotoxines (Von Essen et Donham, 1999), copeaux de bois de certains litières, alimentation en sec, ventilation automatique… causes aggravées par des facteurs tels que le nombre d'années de travail (Reynolds et al, 1993), le nombre d'heures quotidiennes passées dans les bâtiments, la consommation de tabac…

- une étude descriptive auprès d'aviculteurs, de porchers et de non exposés, assortie d'explorations fonctionnelles respiratoires, présentée dans cette communication.

1. Méthodologie Cette étude descriptive nécessitait la participation volontaire de trois catégories de personnes : des aviculteurs et des porchers travaillant en élevage intensif dits "exposés", des salariés issus du secteur de l'agriculture mais ne travaillant pas dans cet environnement dits "non exposés". L'enquête a été réalisée en trois temps : - un premier questionnaire a été envoyé à tous, et

rempli individuellement par chaque personne, une relecture des réponses ayant été faite avec un médecin pour éviter tout oubli,

- un deuxième questionnaire, destiné uniquement aux aviculteurs et aux porchers et concernant leurs pratiques professionnelles, a été rempli en présence d'un médecin,

En 1999, l'Observatoire de la Santé au Travail en Agriculture (OSTA) a décidé, à la demande de certains éleveurs, de réaliser un état des lieux à la fois sur les conditions de travail et sur les affections respiratoires des aviculteurs et porchers travaillant en élevage intensif, comparativement à une population non exposée à ce risque. Trois volets composent cet état des lieux :

- des explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) ont été mises en œuvre pour tous.

Le fichier de données comporte cinq groupes de variables : les variables d'identification, les facteurs dits de confusion, les symptômes respiratoires, les pratiques professionnelles et les résultats des

- une étude métrologique dans les bâtiments portant sur le facteur ammoniac,

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explorations fonctionnelles respiratoires. Dans un premier temps, les croisements des variables deux à deux ont été réalisés (test du χ², analyse de variance). Des analyses de données ont ensuite été faites spécifiquement sur les pratiques professionnelles, les symptômes respiratoires et les résultats des explorations fonctionnelles respiratoires. La présence ou l'absence de symptômes respiratoires selon la catégorie (aviculteurs, porchers, non exposés), ajustée sur les facteurs de confusion (tabac, âge, sexe), a été étudiée par régression logistique. Les résultats des explorations fonctionnelles respiratoires ont été traités par régression linéaire multiple, par catégorie, avec prise en compte des mêmes facteurs de confusion. Cette analyse n'est faite que pour les dossiers ayant des résultats médicaux interprétables. En effet, dans ce type d'examen, la mobilisation de capacité respiratoire par le patient doit être parfaite pour que les résultats soient considérés comme valides. Dans le cas contraire, les valeurs associées à la Capacité Vitale Forcée (CVF) sont mises à 0. Afin de vérifier que ces résultats invalidés ne sont pas liés à des profils particuliers de personnes, des tests statistiques sont mis en œuvre pour vérifier si des différences existent entre ce groupe et les autres en terme de sexe, âge, consommation de tabac et symptômes respiratoires. L'étude des pratiques professionnelles des aviculteurs et des porchers a été effectuée par Analyse des Correspondances Multiples, complétée par une Classification Ascendante Hiérarchique. Seules les variables comparables sont introduites en variables actives. L'objectif est de noter des similitudes ou différences au regard de leur comportement en élevage, pour disposer de pistes de réflexion sur les facteurs liés à d'éventuels troubles respiratoires. Enfin, une synthèse de l'ensemble des résultats est réalisée et analysée avec des médecins et des pneumologues experts. 2. Résultats 825 personnes volontaires ont pris part à cette étude, dont 261 aviculteurs, 260 porchers et 304 "non exposés" (ne travaillant pas en élevage intensif). 82% des porchers, 51% des aviculteurs et 69% des "non exposés" sont des hommes. Aucune différence n'est notée sur l'âge ni sur la consommation de tabac entre ces trois catégories. 2.1. Symptômes respiratoires Les porchers présentent une fréquence d'expectorations plus élevée que les deux autres catégories (OR=1.77 [1.215 ; 2.594]), effet accentué par la consommation de tabac (effet "fumeur actuel, OR=1.87 [1.139 ; 3.063]). De même, la présence

d'irritations respiratoires s'avère significative chez les porchers comparativement aux autres catégories (OR=1.59 [1.007 ; 2.520]), effet là encore accentué par la consommation de tabac (effet "fumeur actuel, OR=2.32 [1.284 ; 4.178]). Les aviculteurs présentent des irritations significatives des yeux (OR=1.46 [1.090 ; 1.955]) et du nez (OR=1.61 [1.139 ; 2.285]). Aucun effet exposition n'est mis en évidence pour la toux et les sifflements dans la poitrine, qui sont seulement liés à un effet "fumeur actuel" (respectivement OR=2.03 [1.265 ; 3.250] et OR=1.95 [1.098 ; 3.469]). 2.2. Explorations fonctionnelles respiratoires Parmi les 825 dossiers étudiés, 173 résultats d'explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) ont été déclarés inexploitables : 59 dossiers d'aviculteurs, 48 dossiers de porchers et 66 de non exposés. L'analyse de ces dossiers n'a mis en évidence aucune différence statistique en terme d'âge, de sexe, de consommation de tabac. De plus, les tests faits sur les déclarations de symptômes se sont également révélés non significatifs. La mise à l'écart de ces dossiers n'est donc pas lié à un excès de symptômes respiratoires, et ce résultat associé à celui concernant les variables de confusion nous permet de dire que la non prise en compte de ces dossiers pour les résultats Explorations Fonctionnelles Respiratoires n'introduit pas de biais. Cinq variables sont étudiées : Capacité Vitale Forcée (CVF), Volume Expiratoire Maximum Seconde (VEMS), Débit Expiratoire Maximum (DEM75, DEM50, DEM25 selon qu'il reste 75%, 50% ou 25% de la Capacité Vitale Forcée à expirer). Une valeur faible pour les variables de débit traduit une altération de la fonction respiratoire. Notons que les valeurs moyennes globales ne varient pas significativement par rapport aux valeurs de références de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier (CECA). Mais si l'on se penche sur les valeurs par catégorie, des différences statistiques (illustrées sur la Figure 1, par * ou **, p<0.05) peuvent être notées.

FIGURE 1 : valeurs moyennes et écart-type des EFR selon la catégorie (aviculteurs, porchers, non exposés)

0

20

40

60

80

100

120

140

CVF VEMS DEM75 DEM50 DEM25

Aviculteurs Porchers Non Exposés

* * * ****

*

***

Explorations Fonctionnelles Respiratoires

Valeurs moyennes des EFR

***

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Après ajustement sur les facteurs de confusion, un effet "catégorie" demeure pour les variables CVF, VEMS, DEM75 et DEM50.

FIGURE 2 : AFCM (individus exposés), Axes 1 et 2

Légende : EXPO : 1 aviculteurs, 2 porchers

Les valeurs de CVF, VEMS sont plus faibles chez les porchers, légèrement plus élevées chez les aviculteurs et supérieures chez les non exposés. Les valeurs de DEM75 et DEM50 sont plus faibles chez les aviculteurs, légèrement plus élevées chez les porchers et supérieures chez les non exposés. Notons que les différences entre les trois catégories, même si elles sont significatives, restent dans des proportions non dramatiques. Une étude de la pratique professionnelle des aviculteurs et porchers peut nous fournir des éléments de réflexion sur les différences constatées. 2.3. Pratiques professionnelles MASQUE (port du masque) : 1 jamais, 2 parfois, 3 toujours

ALIM (alimentation) : 1 humide, 2 sec, 3 les deux VENTIL (ventilation) : 1 naturelle, 2 mécanique, 3 les deux

L'étude n'a été faite que pour les porchers et aviculteurs. L'activité de ces deux catégories de professionnels est différente, seules des variables comparables (exposition aux poussières, désinfectants, port du masque, temps passé dans les bâtiments…) alimenteront cette analyse.

EXP3H (+3 h expo aux poussières/semaine ?): 1 non, 2 oui TPSBAT (temps passé/jour dans les bâtiments) : 1 <1h, 2 de 1 à 3h, 3 >3h APPDESIN (application personnelle de désinfectants ?) : 1 non, 2 oui CONTDESINF (contact avec des désinfectants ?) : 1 non, 2 oui NATDESINF (nature des désinfectants) : 1 nsp, 2 formol, 3 ammonium, 4 autres, 5 formol+ammonium, 6 formol+autres, 7 ammonium+autres, 8 formol+ammonium+autres TYPESOL (type de sol) : 1 caillebotis, 2 litière, 3 les deux, 4 batterie (volailles), 5 plein air (volailles)

FIGURE 3 : CAH (individus exposés), Axes 1 et 2 Suite à la mise en œuvre de l'AFCM et à la CAH, trois groupes de professionnels se distinguent nettement (Figures 2 et 3) : deux groupes "aviculteurs" et un groupe "porchers".

Aviculteurs (type 1)

Les aviculteurs de "type 1" sont plutôt des femmes, peu exposées aux poussières et aux désinfectants (non connus), passant peu de temps (moins d'une heure par jour) dans les bâtiments dans lesquels la volaille est élevée en batterie. L'alimentation des animaux est en sec, la ventilation naturelle. Ces éléments se rapprochent de l'activité en élevages de pondeuses.

PorchersAviculteurs (type 2)

Les aviculteurs de "type 2" sont exposés aux désinfectants (à base de formol), passent 1 à 3 heures par jour dans les bâtiments dans lesquels la volaille est élevée sur litière ou en batterie. L'alimentation des animaux est en sec, la ventilation naturelle et mécanique. Notons que le port du masque n'est pas systématique. L'activité se rapproche ici de celle des bâtiments de volailles de chair.

Ces analyses nous ont permis de mettre en valeur que les pratiques professionnelles et par conséquent les expositions des porchers et des aviculteurs sont sensiblement différentes. Ces éléments sont à discuter en parallèle avec les symptômes respiratoires et les résultats EFR présentés précédemment. 2.4. Synthèse des résultats La distinction entre ces deux catégories d'aviculteurs

n'a pas été prise en compte dans notre questionnaire. Il est intéressant de la signaler ici, afin d'en tenir compte dans des études ultérieures, les expositions auxquelles sont soumis les personnes de chaque "type" étant probablement différentes.

Les personnes "non exposées" étudiées ne présentent pas de symptômes respiratoires significatifs et ont logiquement les valeurs associées aux Explorations Fonctionnelles Respiratoires les plus élevées. Ces résultats apportent une validation au questionnaire général établi (symptômes) et attestent de la qualité des EFR réalisées.

Les porchers sont majoritairement des hommes, salariés, fortement exposés aux poussières et aux désinfectants (à base d'ammonium et/ou autre). L'alimentation des animaux est soit en humide, soit en sec + humide, la ventilation est mécanique. Notons que comparativement aux aviculteurs, les porchers ont tendance à porter beaucoup plus rarement le masque.

Aux deux catégories dites "exposées" sont associées des conclusions différentes. Les aviculteurs présentent des valeurs de DEM75 et DEM50 faibles et des irritations des yeux et du nez. Ces aviculteurs passent moins de 3 heures par jour dans les bâtiments d'élevage, dans lesquels la

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ventilation est naturelle, la distribution d'alimentation est en sec. Il sont exposés à des désinfectants essentiellement à base de formol. Les porchers présentent des valeurs de CVF et VEMS faibles, des irritations respiratoires et expectorations (crachats). Ces porchers passent plus de 3 heures par jour dans les bâtiments d'élevage dans lesquels la ventilation est mécanique, la distribution d'alimentation est plutôt en humide. Ils sont exposés à des poussières et à des désinfectants essentiellement à base d'ammonium. Conclusion / discussion Cette étude a mis en évidence l'excès de symptômes chez les aviculteurs et porchers, ainsi qu'une altération de leur fonction respiratoire. L'atteinte des voies aériennes périphériques est prédominante chez les aviculteurs, tandis que l'on retrouve une fréquence significativement accrue des symptômes "expectorations" et "irritations respiratoires" chez les éleveurs de porcs. Pour ces derniers, le nombre d'heures passées dans les bâtiments (plus de 3 heures par jour), le contact avec des désinfectants à base d'ammonium sont des facteurs pouvant expliquer une partie de cette altération. L'atteinte des petites bronches périphériques chez les aviculteurs ainsi que l'irritation des yeux et du nez sont dues entre autres aux désinfectants utilisés (à base de formol), aux plumes des animaux, aux poussières (alimentation en sec…). De plus, la majoration de la symptomatologie chez les sujets fumeurs témoigne d'un renforcement positif de l'exposition aux irritants professionnels par le tabac. Cette étude avait une optique descriptive. Les pistes de réflexion proposées ci-dessus sont loin d'être exhaustives. Des études prospectives sur des catégories exposées / non exposées d'aviculteurs et de porchers permettraient de donner des pistes d'action précises et de déterminer l'ordre de priorité des mesures de prévention à mettre en œuvre. Il ressort néanmoins de cette état des lieux que les expositions diverses auxquelles sont confrontés les travailleurs en élevage intensif ne sont probablement pas neutres en terme de santé publique. Des précautions sont à prendre pour limiter l'altération de la fonction respiratoire, la première étant d'inviter les aviculteurs et porchers à porter le plus souvent possible le masque lors de leur présence dans les bâtiments, afin de limiter l'inhalation de particules respirables ou de certains gaz toxiques, responsables de l'inflammation des voies respiratoires aériennes et

à longue échéance de l'altération de la fonction respiratoire (Cormier et al, 1998). L'effet des poussières et principalement des endotoxines sur les atteintes broncho-pulmonaires est d'ailleurs mis en évidence dans de nombreuses études (Nowak, 1998). Cette étude a permis à des éleveurs de prendre conscience des problèmes respiratoires pouvant survenir suite aux expositions diverses auxquelles ils sont confrontées. Ces professionnels doivent être régulièrement informés sur les risques à long terme auxquels ils sont exposés et sur les moyens de prévention adaptés. Références bibliographiques Cormier Y., Laviolette M., Bedard G., Dosman J. et Israel-Assayag E. (1998) "Effect of route of breathing on response to exposure in a swine confinement building". Am. J. respir. Crit. Care Med. 157 (5): 1512-1521. Nowak D. (1998). "Health effects of airborne pollutants, particularly in swine confinement stalls, from the view point of occupational medicine". Dtsch Tierartzl Wochenschr 105(6): 225-234 Reynolds, S.,Parker, D.,Vesley, D.,Smith, D. et Woellner, R. (1993). “Cross-sectional epidemiological study of respiratory disease in turkey farmers". Am J Ind Med 24(6): 713-722. Vogelzang, P.,Van der Gulden, J.,Preller, L.,Heederik, D.,Tielen, M. et Van Schayck, C. (1996). “Respiratory morbidity in relationship to farm characteristics in swine confinement work : possible preventive measures". Am J Ind Med 30(2): 212-218. Vogelzang, P.,Van der Gulden, J.,Preller, L.,Tielen, M.,Van Schayck, C. et Folgering, H. (1997). “Bronchial hyperresponsiveness and exposure in pig farmers". Int Arch Occup Environ Health 70(5): 327-333. Von Essen, S. et Donham, K. (1999). “Ilness and injury in animal confinement workers". Occup Med 14(2): 337-350. Zuskin, E.,Zagar, Z.,Schachter, E.,Mustajbegovic, J. et Kern, J. (1992). “Respiratory symptoms and ventilatory capacity in swine confinement workers". Br J Ind Med 49(6): 435-440

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EFFET DE LA DENSITE EN ELEVAGE SUR LE BIEN-ETRE, LES PERFORMANCES DE CROISSANCE ET LA QUALITE DES CARCASSES DU CANARD DE BARBARIE

Baéza Elisabeth, Chartrin Pascal, Arnould Cécile

Station de Recherches Avicoles, INRA de Tours, 37380 Nouzilly

Résumé Cette étude avait pour objectif d’évaluer l’incidence de l’augmentation de la densité en élevage du canard de Barbarie sur le comportement (activité, interactions sociales), le bien-être (picage, problèmes locomoteurs, mortalité), les performances de croissance (IC, GMQ) et la qualité des carcasses (présentation, composition). Nous avons donc élevé sur caillebotis intégral et en claustration, 435 canards mâles de type lourd, répartis en 3 lots différents par la densité d’élevage : 7, 9 et 11 animaux/ m2. La densité de 9 canards/m2 a permis d’optimiser l’ensemble des paramètres mesurés dans cette étude. Toutefois, ce résultat mériterait d’être validé en conditions de terrain avec des effectifs plus importants. Introduction Les éleveurs augmentent sensiblement les densités en élevage depuis quelques années afin d’améliorer la rentabilité de leurs élevages. Ceci peut avoir des conséquences sur le comportement, les performances et la santé des animaux. Chez le poulet, l’augmentation de la densité de 10,8 à 27,7 animaux/m2 (Proudfoot et al., 1979) ou de 25 à 30 kg/m2 (Elwinger, 1995) se traduit par une diminution du poids vif. Martrenchar et al. (1997) ont confirmé ce résultat en testant des densités de 12, 16 et 20 poulets/m2. De plus, ils ont observé une augmentation de la fréquence des dermites, du nombre de poulets dérangés par leurs congénères et du temps passé couchés. Par contre, Berthelot et al. (2001) ont montré que la réduction de la densité de 8,5 à 7 dindes/m2 était pénalisante sur le plan économique et n’améliorait pas les critères de bien-être mesurés : budget temps des animaux en élevage, fréquence des ampoules, griffures, pododermatites et plaies mesurées sur les carcasses à l’abattoir. Dans l’étude de Martrenchar et al. (1999) des dindons placés à des densités de 5,4 ou 6,7 animaux/m2 présentaient plus de problèmes locomoteurs et plus de lésions aux pattes que ceux soumis à la densité de 4,2 animaux/m2. Cependant, la densité avait peu d’influence sur le comportement des animaux. En pintade, lorsque la densité est accrue de 13 à 19 animaux/m2, le poids vif à 56 et 69 jours est diminué de 5,6 et 5,4 % respectivement, l’indice de consommation augmente de 4,0 et 5,3 % aux mêmes âges et la mortalité de 1 à 69 jours passe de 1,82 à 4,29 % (Garet et Thoby, 1998). Pour le canard de Barbarie, la densité est passée de 10 animaux/m2 sur la période 1991-1993 à 12-13 animaux/m2 depuis

1997 avec 30 % de femelles et 70 % de mâles et un départ des femelles à l’âge de 10 semaines et des mâles à l’âge de 12 semaines. Le kilotage (densité X poids individuel en kg/m2) s’est accru (49 kg/m2/bande en 2001) mais les répercussions sur le bien-être animal (picage, problèmes locomoteurs, mortalité), les performances de croissance (IC, GMQ) et la qualité des carcasses n’ont pas encore été analysées. Cet essai devait permettre de répondre à ces questions. 1. Matériels et méthodes Nous avons élevé, en claustration totale, sur caillebotis intégral, 435 canards mâles R71 (S.A. Grimaud, Roussay, France), répartis en 3 lots différents par la densité d’élevage : 7, 9 et 11 animaux/m2. Chaque lot faisait l’objet de 5 répétitions. Le nombre de canards par parquet était identique pour tous les lots (n = 29) afin de s’affranchir de la taille du groupe et la densité était fixée par réduction de l’espace disponible. Les programmes de lumière, de température, d’alimentation et de prophylaxie étaient ceux utilisés en conditions de terrain. A la fin de la première semaine d’élevage, l’intensité lumineuse a été réduite de 50 à 3 lux afin de limiter les problèmes de picage puis à 1 lux à partir de la 3ème semaine. Les canards ont été débecqués à l’âge de 3 semaines mais pas dégriffés. A 10 semaines, afin de mimer l’enlèvement des femelles, le nombre de canards par parquet a été réduit à 24 en tenant compte de la mortalité préalable. La vitesse de croissance et l’indice de consommation ont été mesurés par la pesée individuelle des animaux et de l’aliment consommé par parquet aux âges de 4,

Cinquièmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26 et 27 mars 2003

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8 et 12 semaines. La fréquence du picage et des problèmes locomoteurs par parquet a fait l’objet d’une observation hebdomadaire. A 4, 8 et 12 semaines nous avons noté de façon précise l’emplacement des marques de picage et leur gravité évaluée par la surface piquée (0 à 5 cm2 noté 1, 5 à 10 cm2 noté 2 et > 10 cm2 noté 3). Nous avons multiplié pour chaque parquet le nombre d’individus piqués par la note de gravité de leur picage. La mortalité a été enregistrée. Aux âges de 37, 58, et 79 jours nous avons analysé le budget temps des animaux (5 comportements exclusifs : couché, debout, assis, mange, boit) lors de 3 séries (espacées de 1 h) de 3 scans (faits à 1 min d’intervalle) le matin et l’après-midi, soit 6 X 3 scans par jour pour chaque parquet. Nous avons observé également les interactions sociales (coup de bec court, coup de bec long, tire une plume) et la présence/absence des comportements suivant : boit, combat, se toilette, mange, pique l’environnement, marche, dérange un congénère sur 2 X 5 min par jour et par parquet. Après abattage de 45 canards par lot représentatifs de la moyenne et de l’écart-type du lot et un ressuage de 24 h à +4°C, nous avons noté l’importance des griffures, sicots et blessures sur les carcasses ainsi que l’état des coussinets plantaires et des coudes. Pour les sicots, les griffures et les blessures, la notation était codée comme suit : 0 = absence puis 1, 2, ou 3 en gravité croissante. Pour l’état des coussinets plantaires et de l’articulation tarsienne, la notation était : 0 = aspect normal puis 1 ou 2 en gravité croissante. Les rendements en découpe (ailes, filets avec peau, gras abdominal et cuisses-pilons) ont été mesurés sur 40 canards par lot (Marché, 1995). Les variables continues et présentant une distribution normale ont été comparées par analyse de variance en étudiant l’effet du facteur « densité ». Les résultats des notations et des observations comportementales ont été analysés avec les tests non paramétriques de Kruskall-Wallis et Mann-Whitney. 2. Résultats 2.1. Performances de croissance La densité a peu d’effet sur la consommation journalière d’aliment, le GMQ et l’IC (Tableau 1). Nous notons uniquement une diminution croissante significative de la consommation alimentaire sur la période de finition avec l’augmentation de la densité et pour la période globale d’élevage, un GMQ significativement inférieur pour les canards du lot D11 par comparaison avec les autres lots. A 8 et 12 semaines, les canards du lot D11 présentent un poids vif significativement inférieur à ceux des autres lots (Tableau 2). Chez le poulet et la pintade, l’augmentation de la densité se traduisait également par une diminution de la consommation et une baisse du poids vif que Garet et Thoby (1998) expliquaient

par des difficultés accrues de déplacement et un accès réduit aux mangeoires. 2.2. Notation du picage et des problèmes locomoteurs Le picage a débuté à l’âge de 3 semaines au niveau des plumes de la queue. Le picage est très important entre 4 et 8 semaines puis sa fréquence diminue. A 4 semaines, seules les plumes de la queue sont concernées (Q), à 8 et 12 semaines, l’ensemble du dos et de la queue (D et Q) est piqué ainsi que le bout et le dessous des ailes (A) avec un arrachage des plumes (Tableau 3). A 4 semaines, nous avons dénombré 43 animaux présentant des marques de picage. A 8 semaines, ce nombre s’est élevé à 198 dont 168 nouveaux cas. A 12 semaines, ce nombre a été considérablement réduit à 28 dont 2 nouveaux cas, 6 et 20 animaux piqués depuis l’âge de 4 et 8 semaines respectivement. A 4 semaines, c’est le lot D7 qui présente significativement le plus de picage, à 8 et 12 semaines, c’est le lot D11. La fréquence des problèmes locomoteurs s’accroît dès l’âge de 8 semaines, en particulier pour le lot D7 (Tableau 4). A 12 semaines c’est le lot D11 qui présente significativement plus de canards atteints. La mortalité sur la période globale d’élevage est de 4.1, 2.1 et 3.4 % respectivement pour les lots D7, D9 et D11 et elle est essentiellement due à des problèmes locomoteurs. La densité n’a pas d’effet significatif sur ce paramètre. 2.3. Observations comportementales Pendant les observations, les canards passent environ 75 % de leur temps, couchés. La densité n’a pas d’effet sur ce pourcentage ni sur la fréquence des comportements « coup de bec court », « coup de bec long » et « tire une plume ». Par contre, plus la densité est faible et plus la fréquence de l’ensemble de ces comportements uniquement sur le corps (à l’exception de la tête et du cou, zones cibles lors des comportements agressifs mais pas lors du picage) est élevée. Enfin, les canards soumis à la densité moyenne se déplacent significativement plus et ont tendance à marcher plus souvent sur leurs congénères (dérangements) que ceux des autres lots. Martrenchar et al. (1999) avaient montré que la densité avait peu d’influence sur le comportement des dindes à l’exception de la fréquence des dérangements des animaux au repos qui était plus importante lorsque la densité était élevée. Chez le poulet, la fréquence des dérangements s’accroît aussi avec la densité des animaux en élevage (Martrenchar et al. 1997). 2.4. Présentation des carcasses et rendements en découpe Les griffures ont surtout été occasionnées lors de la dernière pesée, suivie du tri des animaux puis de la mise en caisse pour l’abattage. Globalement les coussinets plantaires sont en mauvais état pour tous

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les lots (note 2 largement majoritaire). L’état de l’articulation tarsienne est noté de façon intermédiaire. Les blessures sont peu fréquentes. Ce sont les canards du lot D7 qui présentent significativement le plus de sicots, lié à la repousse des plumes ayant été arrachées lors du picage (Tableau 5). La densité n’a pas d’effet sur l’importance des griffures et des blessures, ni sur l’état des coussinets plantaires et des coudes. Les animaux du lot D11 sont significativement moins lourds et moins gras que ceux des autres lots. Par contre la densité n’a pas d’effet significatif sur le poids des morceaux découpés et sur le rendement en viande (Tableau 6). Conclusion L’augmentation de la densité à 11 animaux/m2 se traduit par une diminution du poids vif significatif dès l’âge de 8 semaines et de l’engraissement des carcasses à l’abattage. Par contre, les carcasses présentent moins de sicots. En cours d’élevage, la fréquence d’animaux présentant des problèmes locomoteurs et des marques de picage est accrue. A 4 et 8 semaines, le picage est plus important lorsque la densité est réduite à 7 animaux/ m2 par comparaison avec la densité moyenne. Ceci se traduit par une forte augmentation de la fréquence des sicots sur les carcasses. Il faut noter que les animaux dès l’âge de 1 semaine ont été soumis à une intensité lumineuse de 3 lux puis de 1 lux à partir de 3 semaines. Cette intensité était soudainement accrue à 90-100 lux lors des soins, des pesées et des observations. De plus, afin de limiter le picage, nous avons vaporisé les zones atteintes avec

un produit répulsif (PBH spray, intervet, Angers, France) et un produit cicatrisant (Oxytétrin spray, à base d’oxytétracycline, Hoechst Roussel, Romainville, France). Par ailleurs, les parquets étaient de petite taille. Tous ces éléments ont pu avoir une incidence sur le comportement des animaux. Avant de transposer ces résultats aux conditions de terrain il serait souhaitable de reproduire cette expérimentation avec des groupes plus importants. Enfin, les canards ont fait l’objet de nombreuses manipulations au cours de l’expérimentation. Il serait intéressant de confirmer ces résultats en effectuant des observations uniquement à l’âge d’abattage afin de limiter au maximum la perturbation des animaux. Références bibliographiques Berthelot A., Baron F., Bouvarel I., Mirabito L., Aubert C., Dalibard F., Bocquier C., Loizeau J.M., Santé V., Le Pottier G., 2001. Sci. Tech. Avicoles, 37, 19-28. Elwinger K., 1995. Arch. Geflügelk., 59 (4), 209-215. Garet J., Thoby J.M., 1998. Journée Nationale du Canard de Barbarie, ITAVI, 18/6/98, Angers (France), 11 pp. Marché G., 1995. La découpe anatomique et la dissection des volailles, INRA-SYSAAF Eds, pp.71. Martrenchar A., Morisse J.P., Huonnic D., Cotte J.P., 1997. Vet. Res., 28, 473-480. Martrenchar A., Huonnic D., Cotte J.P., Boilletot E., Morisse J.P., 1999. Brit. Poult. Sci., 40, 323-331. Proudfoot F.G., Hulan H.W., Ramey D.R., 1979. Poult. Sci., 58, 791-793.

TABLEAU 1 : Effet de la densité (7, 9 ou 11 animaux/m2 = D7, D9 ou D11) sur les performances de croissance du canard de Barbarie (consommation journalière moyenne = cons. moy., gain moyen quotidien

= GMQ, indice de consommation = IC) à différentes périodes Lots (n = 5) D7 D9 D11 Démarrage (S0-S4) Cons. moy. (g/j/canard)

76.1 + 2.4

75.6 + 2.4

75.6 + 1.2

GMQ (g/j/canard) 46.6 + 2.0 46.4 + 1.5 45.8 + 0.7 IC 1.64 + 0.03 1.63 + 0.01 1.65 + 0.01 Croissance (S4-S8) Cons. moy. (g/j/canard)

222.4 + 6.4

224.2 + 2.7

215.1 + 6.9

GMQ (g/j/canard) 86.3 + 2.3 88.4 + 3.4 84.5 + 1.7 IC 2.58 + 0.09 2.54 + 0.09 2.55 + 0.08 Finition (S8-S12) Cons. moy. (g/j/canard)

224.2 + 6.2 a

215.6 + 7.7 ab

210.8 + 8.7 b

GMQ (g/j/canard) 43.4 + 2.9 40.7 + 2.3 38.5 + 3.8 IC 5.18 + 0.33 5.31 + 0.20 5.51 + 0.46 Elevage (S0-S12) Cons. moy. (g/j/canard)

172.0 + 4.0

170.0 + 3.9

165.2 + 4.3

GMQ (g/j/canard) 60.3 + 1.3 a 59.4 + 1.3 a 57.23 + 1.4 b IC 2.85 + 0.06 2.86 + 0.03 2.89 + 0.06

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a, b : effet significatif de la densité pour un paramètre donné à p < 0.05 TABLEAU 2 : Effet de la densité (7, 9 ou 11 animaux/m2 = D7, D9 ou D11) sur l’évolution du poids vif

(PV) du canard de Barbarie Lots PV à J1 (n = 145) PV à S4 (n = 145) PV à S8 (n = 145) PV à S12 (n = 120) D7 56 + 4 a 1361 + 128 a 3800 + 340 a 5060 + 360 a D9 56 + 4 a 1356 + 121 a 3850 + 300 a 4980 + 360 a D11 56 + 4 a 1339 + 118 a 3730 + 280 b 4800 + 350 b

a, b : effet significatif de la densité pour un paramètre donné à p < 0.05 TABLEAU 3 : Effet de la densité (7, 9 ou 11 animaux/m2 = D7, D9 ou D11) sur la note de picage (nombre de canards piqués X note de gravité) des canards de Barbarie au niveau de la queue (Q), du dos (D) et des

ailes (A) à différents âges Lots (n = 5) Note de picage en S4

(Q) Note de picage en S8

(D, Q, A) Note de picage en S12

(D, Q, A) D7 27 a 125 b 5 b D9 19 b 84 c 10 c D11 1 c 181 a 24 a

a, b, c : effet significatif de la densité pour un paramètre donné à p < 0.05

TABLEAU 4 : Effet de la densité (7, 9 ou 11 animaux/m2 = D7, D9 ou D11) sur le nombre de canards de Barbarie présentant des problèmes locomoteurs (PL) à différents âges. Le chiffre indiqué entre parenthèses

correspond au pourcentage de canards atteints Lots (n = 5) PL en S4 PL en S8 PL en S10 PL en S12 D7 2 (1.4) a 10 (6.9) a 15 (10.8) a 15 (12.5) b D9 0 (0.0) b 7 (4.9) b 15 (10.6) a 16 (13.3) b D11 0 (0.0) b 6 (4.2) b 14 (9.9) a 24 (20.2) a

a, b : effet significatif de la densité pour un paramètre donné à p < 0.05 TABLEAU 5 : Effet de la densité (7, 9 ou 11 animaux/m2 = D7, D9 ou D11) sur la présence de sicots sur les

carcasses de canard de Barbarie Lots (n = 45) D7 D9 D11 Note 0 1 2 3

2 12 10 21

2 23 14 6

7 19 14 5

Note moyenne 2.11 a 1.53 b 1.38 c a, b, c : effet significatif de la densité pour un paramètre donné à p < 0.05 TABLEAU 6 : Effet de la densité (7, 9 ou 11 animaux/m2 = D7, D9 ou D11) sur les rendements en découpe

du canard de Barbarie Lots (n = 40) D7 D9 D11 Poids vif (g) 5101 + 315 a 5064 + 374 a 4881 + 320 b Gras abdominal (g) (%)

141 + 29 a 2.75 + 0.52 a

128 + 40 a 2.50 + 0.69 ab

111 + 38 b 2.25 + 0.64 b

Filets (g) (%)

941 + 76 18.46 + 0.97

946 + 83 18.68 + 0.76

908 + 76 18.60 + 0.95

Cuisses-pilons (g) (%)

874 + 80 17.07 + 0.83

872 + 84 17.21 + 0.93

843 + 68 17.28 + 0.88

Ailes (g) (%)

544 + 32 10.67 + 0.51

539 + 41 10.65 + 0.55

529 + 34 10.85 + 0.53

a, b : effet significatif de la densité pour un paramètre donné à p < 0.05

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LES CRITERES PRIS EN COMPTE DANS LES ETUDES SUR LE BIEN-ETRE CHEZ LES VOLAILLES

Leterrier Christine*, Constantin Paul, Richard Sabine, Guesdon Vanessa

I.N.R.A. Station de Recherches Avicoles. Centre de Tours. 37380 Nouzilly, France Résumé L'objectif de la présentation est d'éclairer les professionnels sur les critères actuellement utilisés dans les études sur le bien-être et d'en montrer l'intérêt et les limites. Les mesures de mortalité, de morbidité et de croissance sont complétées par la mesure des comportements extrêmes (cannibalisme, picage) et de comportements dits "naturels". Plusieurs mesures physiologiques ont été également mises au point : utilisation de paramètres endocriniens, analyse de la fréquence cardiaque qui sont utilisées pour étudier des situations d'élevage contraignantes pour l'animal. L'étude de la douleur a reçu un intérêt particulier, spécialement dans le cas du débecquage et des douleurs articulaires, mais l'évaluation de la douleur chez l'oiseau pose encore de nombreuses questions. Néanmoins, le développement de nouveaux critères ne permet pas de classer les systèmes d'élevages vis à vis du bien-être de manière univoque. Il faut pour cela établir une pondération des différents paramètres qui, elle, relève en partie du domaine éthique.

Criteria assessing welfare in domestic fowl

The aim of the talk is to present the criteria that are used in research to assess welfare in poultry and to show their usefulness and limits. For a long time animal welfare has been assessed through pathological indexes and growth performances. In the past decades, behavioural measurements have been largely developed, taking especially into account extreme behaviours such as cannibalism and feather pecking and "natural" behaviours. Physiological parameters (e.g. plasma corticosterone level, heart rate) are now widely used. Significant variation un these parameters occurs in breeding situations where welfare appears to be impaired. The study of pain perception has been developed in birds, especially in the case of beak trimming and joint pain, but further investigation is needed to understand pain mechanisms in those species. As a conclusion, numerous new parameters have been developed to get a better analysis of birds' quality of life. However this multi-criteria analysis does not allow us to classify the various breeding systems in an univoque way. This requires to weigh the criteria, which depends on ethical components.

Introduction Pendant de nombreuses années, la prise en compte du bien-être animal s'est résumée à des mesures de mortalité, de morbidité et de croissance, ainsi qu'aux conséquences prophylactiques qui les accompagnaient. L'introduction de nouveaux critères a longtemps été suggérée par certains scientifiques sans avoir d'écho, jusqu'à ce que la pression croissante des consommateurs et des sociétés de protection animale favorise le développement de ces études. Dans cet exposé seront développés essentiellement les critères nouvellement introduits dans l'évaluation du bien-être des volailles.

1. Pathologie et indicateurs lésionnels La mortalité au sein du groupe reste un critère objectif d'évaluation du mode d'élevage. Cependant, dans les conditions d'élevage actuelles celle-ci a été

réduite à des taux très faibles qui font parfois oublier que la question de la survie est un préalable à toute considération sur le bien-être animal. Dans de nombreuses études sur l'effet du rationnement (par exemple chez les reproducteurs), les animaux restreints sont comparés à des animaux nourris ad libitum, c'est-à-dire dans des conditions suggérées comme plus "naturelles", qui cependant entraînent une mortalité accrue, assez rarement évoquée. L'incidence de la maladie a en général disparu dans le discours sur le bien-être animal car on considère que la résolution des problèmes sanitaires est un préalable indispensable. Cependant les maladies susceptibles d'entraîner de la douleur sont prises en compte : c'est le cas des troubles locomoteurs des volailles de chair et des reproducteurs qui ont servi d'indice de bien-être dans de nombreuses études et qui font partie des priorités du Farm Animal Welfare Council. D'autres lésions sont également régulièrement prises en compte comme les blessures et les anomalies d'emplumement dues au picage ou encore d'autres

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3. Critères comportementaux déformations ou fractures osseuses comme celles du bréchet chez les pondeuses.

L'incidence des maladies infectieuses est rarement évoquée. Ainsi, dans les études sur l'enrichissement du milieu, on introduit du mobilier ou des objets dans le local d'élevage afin de permettre l'expression de divers comportements (perchage, bains de poussière, exploration). Les conséquences de l'élevage au sol ou de l'introduction d'objets nouveaux tels que des bottes de paille (Kells et al, 2001) sur l'apparition de germes pathogènes ont rarement été étudiées jusqu'ici.

De longue date, les mesures comportementales ont été une base importante pour essayer d'estimer l'état de bien-être des oiseaux domestiques (Faure et Mills, 1995). Outre les comportements extrêmes (cannibalisme, picage), l'étude a été élargie à d'autres comportements puisque la règle des 5 libertés fréquemment utilisée pour définir le bien-être postule la liberté d'exprimer des comportements dits "naturels" : perchage, toilettage, exploration, etc….. Chez les volailles de chair, les comportements entraînant une activité physique ont été introduits car ceux-ci sont susceptibles d'améliorer la qualité du tissu osseux.. Cependant plusieurs études montrent que l'activité générale des animaux ne doit pas être trop élevée car elle est signe de nombreux dérangements et peut donner lieu à de nombreuses griffures (Mirabito et Zancan, 1999). L'observation des animaux dans leur milieu de vie et le calcul du temps passé dans différentes activités (Figure 1) ou de l'espace occupé pour ces activités (Arnould et Faure, 2001) permet de comparer différents systèmes et d'évaluer l'utilisation de différents mobiliers ou parcours.

2. Modifications anatomiques

Des stress répétés peuvent avoir des conséquences sur la croissance. Reprenant une théorie d'écologie comportementale appelée théorie de l'asymétrie fluctuante, Møller et al (1995) ont ainsi évalué l'effet d'un stress chronique sur la croissance de poulets de chair. Dans l'hypothèse de l'asymétrie fluctuante, l'animal soumis à des pressions venant de son environnement, va réagir en se développant de manière asymétrique (Møller, 1997). Ces pressions peuvent consister en une confrontation à un agent infectieux ou à un mode d'élevage contraignant. La mesure d'asymétrie est obtenue en comparant les dimensions anatomiques droites et gauches d'un caractère bilatéral (longueur des plumes, des os, etc). Ainsi, des poulets de chair élevés avec une densité élevée (28/m2) sont plus asymétriques (plumes, os des pattes) que les animaux élevés avec une densité plus faible (20/m2) (Møller et al, 1995). Des modifications temporaires du mode d'élevage peuvent avoir des conséquences à long terme sur le développement. Ainsi, une réduction des apports en lysine entre 3 et 12 jours augmente l'asymétrie des rayons osseux à l'âge d'abattage chez le poulet de chair (Bizeray et al, 2002). Cependant chez les poules pondeuses, il n'existe pas de différence dans l'asymétrie des humérus en fonction du type de cages (0,025 ± 0,003 chez les poules en cages équipées de perchoirs et de bains de poussière versus 0,028 ± 0,004 chez les poules en cages standards). Il est possible que l'utilisation de l'asymétrie comme paramètre soit plus délicat chez l'animal adulte puisque les possibilités de déviations de la morphogénèse, en particulier osseuse, sont réduites. Il est également possible que l'enrichissement des cages ne permette pas de lever la pression exercée sur l'animal par son environnement car on observe que dans tous les types de cages le développement osseux est asymétrique. Néanmoins, chez la poule adulte, Yngvesson et Keeling (2001) ont noté que dans le cas de cannibalisme, les individus agresseurs et victimes étaient plus asymétriques que les témoins.

Les animaux sont également observés en situation de test (Faure et Mills 1995) de manière à évaluer par exemple leur réponse de peur selon le mode d'élevage ou leur motivation alimentaire selon le mode de rationnement par exemple.

4. Mesures physiologiques L'évaluation du bien-être prend aussi en compte la réponse générale d'adaptation de l'animal aux contraintes de son environnement, ou syndrome biologique de stress, qui résulte de la mise en jeu du système nerveux autonome et de l'axe produisant les hormones corticoïdes (corticostérone par exemple chez l'oiseau). Le stress est ainsi signé par une élévation du taux de corticostérone plasmatique et de l'hormone favorisant la libération de corticostérone, l'ACTH (chez l'oiseau, revue de Harvey et Hall 1990). Si le stresseur est modéré, les variations d'ACTH sont faibles et les hormones corticoïdes sont alors l'indice le plus sensible de l'activation de l'axe. Par contre, si la puissance du stresseur augmente, le niveau d'ACTH continue d'augmenter alors que les hormones corticoïdes atteignent un plafond (Mormède, 1995). En essayant de freiner pharmacologiquement l'activité de l'axe corticotrope, on peut mettre en évidence un état de stress chronique car l'axe reste hyperactif et les taux de corticoïdes et d'ACTH ne peuvent être abaissés. L'examen de l'axe corticotrope est très utilisé dans les espèces aviaires pour évaluer l'état des animaux vis à vis des contraintes d'élevage (Servière et al, 2002).

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Son utilisation est cependant limitée car il faut faire un prélèvement sanguin qui impose la contention (et donc un stress) à l'animal, contrairement à ce qui se passe chez le porc où cette mesure peut être effectuée sur la salive. De plus, le taux de corticostérone est augmenté dans plusieurs situations physiologique (exercice, etc) sans que le bien-être de l'animal soit affecté. La fréquence cardiaque a souvent été utilisée pour évaluer la peur de l'animal. Elle est physiologiquement diminuée par le repas, ce qui rend son interprétation parfois délicate dans le cas de rationnements alimentaires. Elle permet cependant de mettre en évidence des modifications considérables chez les futurs reproducteurs rationnés (De Jong et al, 2002, Figure 2). Certains auteurs ont mené une étude plus fine de la fréquence cardiaque en analysant sa variabilité ce qui permet d'en savoir plus sur l'équilibre contrôlant le rythme cardiaque. En effet, celui-ci est accéléré par le système orthosympathique et ralenti par le système parasympathique. L'analyse de la variabilité des intervalles entre deux battements cardiaques permet de déterminer si le contrôle est sous prédominance ortho- ou parasympathique et d'en inférer certaines conclusions sur l'état de l'animal. Les états de stress sont en effet accompagnés d'une augmentation du tonus orthosympathique alors que des activités alimentaires ou de repos s'accompagnent d'une prépondérance parasympathique. Selon Korte et al (1999), le tonus parasympathique serait associé à un mode d'adaptation où l'animal réagit passivement vis à vis de son environnement. Ainsi, chez des poules issues d'une lignée présentant peu de picage, la fréquence cardiaque est faible lors d'un test de contention et l'activité parasympathique est élevée comparée à une lignée présentant beaucoup de picage. Des travaux sont en cours pour essayer de mettre au point des marqueurs neurobiologiques de stress chez les oiseaux. En effet, chez les mammifères, il a été mis en évidence que des contraintes environnementales pouvaient influencer l'activité de certaines régions cérébrales, notamment des régions contrôlant les réactions émotionnelles. Une meilleure compréhension des mécanismes centraux contrôlant ce type de réactions chez les oiseaux permettra de proposer de nouveaux indicateurs de stress. Cas particulier de la douleur En aviculture le problème de la douleur se pose essentiellement lors des mutilations (débecquage, castration), du picage, du gavage des palmipèdes gras, des troubles locomoteurs ou encore de l'abattage (Gentle, 1997 ; Martrenchar et al, 2001 ; Servière et al, 2002). De façon théorique on distingue la douleur de la nociception. La nociception correspond au système qui permet de transmettre l'information "douloureuse" de l'endroit où elle se produit au cerveau. Chez les oiseaux, les voies nociceptives sont étudiées et ne semblent pas différer grandement de

celles des mammifères (Gentle, 1997). La douleur est définie comme une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à un dommage tissulaire présent ou potentiel. Cette définition ne réduit pas la notion de douleur aux causes lésionnelles et rend donc cette étude très délicate chez l'animal où la composante émotionnelle est difficile à évaluer. En pratique, les études sur la "douleur" chez l'animal concernent souvent la nociception. Des études neuroanatomiques et comportementales ont mis en évidence des processus douloureux chez le poussin lors du débecquage (Gentle, 1997). Chez le poulet, une douleur a pu être associée aux troubles locomoteurs car l'emploi d'analgésiques améliore la marche d'animaux boiteux (Geowin et al, 1999). De plus, les poulets boiteux mangent 50% de plus d'un aliment comportant un anti-inflammatoire non-stéroïdien que les animaux sains (Danbury et al, 2000). De nombreuses études montrent qu'il existe une analgésie endogène, c'est-à-dire que certaines stimulations peuvent supprimer l'expression des comportements associés à la douleur. Ainsi, des animaux ne prennent plus appui sur l'une de leur patte quand on a induit une arthrite avec des cristaux d'urate dans l'articulation tarsienne, mais cette suppression d'appui est abolie lorsqu'on présente aux sujets un nouveau compagnon ou une nouvelle cage, de l'aliment (précédé d'un jeune) ou encore lorsque le comportement de ponte est concomitant. A l'avenir, des études neuro-anatomiques devraient permettre d'analyser les relations entre motivation et douleur chez l'oiseau. Conclusion De nouveaux critères ont été développés pour apprécier la qualité de vie des volailles de manière plus complète et certains d'entre eux doivent maintenant être validés. La multiplicité des critères impose désormais une analyse complexe des situations d'élevages. Certains travaux s'orientent donc vers la construction d'index afin de pouvoir comparer les systèmes de manière précise et néanmoins synthétique (Scott, 2002). Il faut pour cela établir une hiérarchie et une pondération des différents critères. Mais se pose alors le problème du choix des pondérations : quels critères privilégier ? le taux de mortalité ? l'expression de tel ou tel comportement ? On voit ici qu'un classement univoque des systèmes d'élevages vis à vis du bien-être est illusoire car la hiérarchie des critères relève, elle, au moins partiellement, du domaine de l'éthique.

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Références bibliographiques Arnould C., Faure J.M. 2001.4èmes JRA, p77-80. Bizeray D., Leterrier C., Constantin P., Picard M., Faure J.M., 2002. Poult. Sc., 81, 1798-1806. Danbury T.C., Weeks C.A., Chambers A.E., Waterman-Pearson A.E., Kestin S.C., 2000. Vet. Record, 146, 307-311. De Jong I.C., van Voorst S., Ehlhardt D.A., Blokhuis H.J. 2002. Brit. Poult. Sci., 43, 157-168. Faure J.M., Mills A., 1995. INRA Prod. Anim., 8, 57-67. Gentle M., 1997. 5th Europ. Symp. Poult. Welfare, p5-11. Geowin D Mc, Danbury T.C., Waterman-Pearson A.E., Kestin S.C., 1999. Vet. Record, 12, 668-671. Harvey S., Hall T.R., 1990. Progres Comp. Endocrin., 342, 453-460.

Kells A., Dawkins M.S., Borja M.C. 2001. Anim. Welfare, 10, 347-356. Korte S.M., Ruesink W., Blokhuis H.J., 1999. Physiol. & Behav., 65, 649-652. Martrenchar A., Guéméné D., Morisse J.P. 2001. 4èmes JRA, p119-122. Mirabito L., Zancan L., 1999. 3èmes JRA, p61-64. Møller A.P., Sanotra G.S., Vestergaard K.S. 1995. Poult. Sc., 74, 1761-1771. Møller A.P., 1997. La recherche, 304, 50-55. Mormède P., 1995. Cahiers Agricultures, 4,275-86. Savory C.L. 1989. 3rd Europ. Symp. Poult. Welfare, p 261-264. Scott E.M. 2002. 2nd Workshop on the Assessment of Animal Welfare at Farm and Group Level, p 3. Servière J., Bernardet M.D., Guy G., Guéméné G. 2002. 5ème JRPFG, p70-78. Yngvesson J., Keeling L. J. 2001. Anim. Behav. 61, 609-615.

FIGURE 1 : Comparaison du temps passé dans différentes activités matinales chez des reproducteurs nourris ad

libitum et chez des reproducteurs sévèrement restreints. D'après Savory 1989

PPoouurrcceennttaaggee ddee tteemmppss ppaasssséé

Ad libitum

FIGURE 2 : Modifications de la fréquence cardiaque pendant différentes phases de la journées chez des futurs

reproducteurs nourris ad libitum (tirets) et sévèrement restreints (trait continu). D'après De Jong et al 2002. (*: p < 0,05)

Restreints 50

40

30

20

10

0Manger ReposPicage

(murs)Boire Toilettage

FFrrééqquueennccee ccaarrddiiaaqquuee

270

260 **

200

210

220

230240

250

0 6 12 18 24 hheeuurreess

** **

Période nocturne

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INFLUENCE DE LA FREQUENCE DE DISTRIBUTION DE SCIURE SUR LE COMPORTEMENT DE BAIN DE POUSSIERE CHEZ LES POULES PONDEUSES

Guesdon Vanessa, Faure Jean Michel

I.N.R.A Centre de Tours, Station de Recherches Avicoles - 37380 Nouzilly, France

Résumé La directive poule pondeuse adoptée en 1999 impose le remplacement des cages d’élevages standard. Ces cages font l’objet de vives critiques et sont mises sur la sellette car il semblerait qu’elles altèrent le bien-être des poules. Ces cages devront disparaître et laisser la place à un système alternatif tel que la cage aménagée dans laquelle la poule pondeuse a la possibilité d’exprimer des comportements naturels de ponte, de perchage et de bain de poussière qui devraient contribuer à améliorer le bien-être des animaux. Au cours de notre étude, nous nous sommes attachés à étudier la motivation pour le comportement de bain de poussière. Nos objectifs étaient d’étudier d’une part si l’absence de bain de poussière entraîne une frustration pour les poules élevées en cages standard (S) et d’autre part si une distribution hebdomadaire de sciure en cage aménagée (A) est suffisante pour satisfaire leur besoin de bain de poussière ou si une distribution quotidienne est nécessaire. Quelles que soient les conditions d’élevage, les animaux ont été exposés de manière répétée à partir de 33 semaines d’âge à un environnement propice au bain de poussière (grand espace, épaisse litière de sciure). Dans ces conditions de test, si les poules de S avaient été frustrées, elles auraient du montrer une latence de bain de poussière plus courte et un nombre de bain de poussière plus élevé que les poules élevées en A en raison de l’effet rebond. Cependant, nos résultats sont inverses de ceux attendus : les poules de S se caractérisent par une latence plus longue et un nombre de bain de poussière moins grand que ceux des poules élevées en A. Il est probable que chez les poules S la néophobie due à la trop grande nouveauté de l’enceinte de test a inhibé le besoin de bain de poussière. En outre, les performances des poules élevées en A avec une distribution hebdomadaire de sciure sont similaires à celles mesurées sur les poules ayant reçu une distribution quotidienne. L’absence de différences entre ces 2 traitements montre que la distribution quotidienne de sciure en cage aménagée n’entraîne pas de diminution de la motivation et donc d’amélioration du bien-être par rapport à une distribution hebdomadaire. Pour d’autres auteurs (Petherick 1990) les poules

élevées en cages standard se seraient adaptées à leur environnement puisque malgré les contraintes elles pratiquent le comportement de bain de poussière appelé bain de poussière à vide réalisé dans ce cas en l’absence d’un substrat friable.

Introduction La poule pondeuse en environnement naturel pratique tout une gamme de comportements comme ceux de ponte, d’exploration, de bain de poussière. Certains semblent primordiaux au bien-être de l’animal puisqu’ils répondraient à des besoins biologiques et/ou physiologiques. Les poules pondeuses sont pour 90% en France élevées en cages dites standard. Cet environnement est très différent du milieu naturel, puisque les poules disposent uniquement d’une mangeoire, de pipettes de boissons et d’un espace limité de 450 cm2/poule.

Différents systèmes d’élevage ont été envisagés pour remplacer les cages standard. La cage dite aménagée (bac à poussière + substrat friable + autres aménagements) est l’un de ces systèmes alternatifs (Appleby 1993 ; Tauson 1999). Ce système d’élevage doit entre autres permettre aux animaux une pratique convenable du bain de poussière. Cependant, il est important de déterminer s’il est nécessaire, pour le bien-être des poules, de distribuer du substrat friable et si oui quelle fréquence de distribution permet de répondre au mieux aux besoins des animaux.

Le manque d’espace couplé à la pauvreté de l’environnement (Baxter 1994 ; Swanson 1995) pourrait entraîner une frustration due à l’impossibilité de réaliser certains comportements (Dawkins 1988) comme le bain de poussière (Vestergaard 1997). Deux interprétations sont possibles :

L’objectif de notre étude est d’une part de détecter si les poules en l’absence de sciure, comme c’est le cas en cages standard, sont frustrées ou non et d’autre part de trouver une fréquence de distribution en cages aménagées répondant aux besoins des animaux. Pour certains auteurs les poules élevées en cages

standard n’ont pas la possibilité de pratiquer correctement le bain de poussière (espace limité, absence d’un substrat friable comme la sciure, la tourbe ..etc) ce qui entraînerait un état de frustration (Vestergaard 1997).

Pour cela, à l’issue de la période d’élevage, les animaux ont été placés dans des conditions favorables à la pratique du bain de poussière : un grand espace et une litière de substrat friable telle que la sciure. Dans ces conditions de test, les poules susceptibles d’avoir

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1.2. Conditions et procédure du test été frustrées par l’absence de bain de poussière dans leur cage d’élevage devraient exprimer plus ce comportement que des poules non frustrées. On parlera d’effet rebond ( Nicol 1987).

Les tests ont débuté lorsque les poules étaient âgées de 33 semaines.

Les tests se sont étalés sur 6 semaines à raison d’une cage (choisie de façon aléatoire) testée par semaine pour chacun des 6 traitements. Au sein de chacune des cages retenues pour le test, 4 poules ont été choisies au hasard puis identifiées par des bagues de couleur.

1. Matériels et méthodes 1.1. Animaux et conditions d’élevage Lors du test, chaque groupe de 4 poules a été placé

dans une cage test. L’enceinte de test (longueur = 1m, largeur = 1m, hauteur = 0 ,7 m) était constituée de deux faces latérales pleines. Les faces avant, arrière et du dessus étaient grillagées. Le sol de la cage était garni d’une épaisse litière de sciure (environ 10 cm). Chaque test dure 50 minutes au terme desquelles les animaux sont replacés dans leur cage d’élevage. Ce test était répété 5 jours de suite pour chaque groupe avec comme règle : un passage de test au moins une fois à chacune des trois plages horaires au cours des 5 jours de test (plage horaire 1 : 13h30-14h30, plage horaire 2 : 14h30-15h30, plage horaire 3 : 15h30-16h30), l’ordre de passage étant aléatoire. Deux groupes de 4 poules étaient testés simultanément dans des cages de test voisines. Une caméra située au dessus des deux cages de test enregistrait le comportement des poules pendant les 50 minutes de test.

Des poules pondeuses de souche Isa-Brown® épointées à l’âge de 10 jours ont été soumises à un régime lumineux de 15h00 de lumière par jour (allumage à 2h00 du matin et extinction à 17h00) et avaient accès ad-libitum à l’eau et à la nourriture. Elles ont été élevées de 18 semaines à 72 semaines d’âge dans 4 types de cages. qui correspondent à deux grandes catégories : 1) des cages dites standard dans lesquelles les poules disposaient uniquement d’un accès aux pipettes et à la mangeoire, et 2) des cages dites aménagées dans lesquelles les poules disposaient d’un système raccourcisseur de griffes, de perchoirs, d’un nid et d’un bac à poussière. Chacune des deux catégories regroupaient deux modèles de cages. Les deux modèles de cages standard (normes européennes 2005-directive 1999/74/CE) possédaient une surface par poule de 550 cm2 mais différaient par la taille, l’un permettant de loger 5 poules (S5) et l’autre 6 (S6). Les deux modèles de cages aménagées (normes européennes 2012-directive 1999/74/CE) possédaient une surface par poule d’au moins 750 cm2 mais différent par la taille, l’un permettant de loger 7 poules (A7) et l’autre 15 (A15). Les deux modèles différaient aussi au niveau de l’aménagement du bac à poussière. En A15 un tapis Astroturf (Monsanto ®) faisait office de bac à poussière alors qu’en A7 celui-ci était constitué d’une boite en fer munie d’une porte. Les poules logées en A15 avaient un accès ad-libitum au bac à poussière alors que les poules logées en A7 avaient un accès limité au bac à poussière puisque la porte de ce bac était ouverte uniquement de 11h00 à 16h30. La sciure était distribuée à une fréquence hebdomadaire dans les bacs à poussière des deux types de cages aménagées (A15 et A7).

1.3. Mesures et analyses statistiques Les enregistrements vidéo ont été analysés par la méthode du scan-sampling toutes les deux minutes. Deux paramètres étaient relevés : 1) le bain de poussière observé pour chacun des scans. La somme sur les 25 mesures et pour les 4 poules a été appelée nombre de bains de poussière ; 2) la latence du premier bain de poussière correspondant au temps écoulé entre le début du test (le moment auquel la dernière des 4 poules touche le fond de la cage de test) et l’instant auquel on observe le début du premier bain de poussière effectué par l’une des quatre poules. Les analyses statistiques ont toutes été réalisées avec le logiciel statview. Les données concernant chacune des deux variables ont été transformées par la fonction logarithmique en base 10. Avant d’être transformées, les données concernant la variable nombre de bains de poussière ont été incrémentées de la valeur 1 (le nombre de valeurs nulles pour certains jours de test était trop important). Dans un premier temps une ANOVA pour mesures répétées a été appliquée (analyse globale) puis dans un second temps l’ANOVA et le test de Student-Newman-Keuls ont été utilisés.

Les cages standard et aménagées étaient installées dans un même bâtiment mais dans des cellules différentes en étant toutefois soumises aux mêmes conditions d’élevage. Une semaine avant le premier jour de test les fréquences de distribution de sciure ont été les suivantes :

• Pour la moitié des cages A7 et A15, la fréquence de distribution de sciure était hebdomadaire. Ces deux traitements ont été désignés comme A7h et A15h.

• Pour l’autre moitié des cages A7 et A15, la fréquence de distribution de sciure était quotidienne. Ces deux traitements ont été désignés comme A7q et A15 q.

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2. Résultats Les différences sont par contre significatives entre les poules provenant de S5 et celles provenant de S6. Ce qui nous conduit finalement à tester les poules de S6, les poules de S5 et les poules de A (Figure 2).

2.1. Latence du bain de poussière

Les différences entre les traitements sont hautement significatives (ANOVA en mesures répétées, p<0.001).Les poules élevées sans sciure en S6 et S5 pratiquent significativement moins de bains de poussière que les poules élevées avec sciure en A (test de Student-Newman-Keuls). Les poules élevées en cage standard S5 réalisent significativement plus de bains de poussière que les poules élevées en cages standard S6 (test Student-Newman-Keuls) mais les décours des deux traitements sont identiques, au fur et à mesure de la répétition du test le nombre de bain de poussière augmente. En effet entre le premier et le dernier jour de test le nombre de bain de poussière a triplé pour les poules en S5. Par contre, les poules élevées en S6 qui ne pratiquent pas le bain de poussière au début du test présentent en fin de test un nombre de bain de poussière significativement non différent de celui des poules de S5.

La latence du bain de poussière ne diffère pas significativement entre les poules élevées en cage standard S6 et celles en cage standard S5 (ANOVA pour mesures répétées). C’est pourquoi les données pour ces deux traitements ont été regroupées en un seul qu’on nommera S. Les poules élevées en cages aménagées A7, A15 ayant une distribution de sciure quotidienne (A7q, A15q) ne présentent pas différences significatives (ANOVA pour mesures répétées) avec celles ayant seulement eu une distribution hebdomadaire (A7h, A15h). On peut donc regrouper les traitements quotidien et hebdomadaire. De plus si on compare maintenant les latences des poules élevées en A15 à celles élevées en A7 après regroupement, on constate que les résultats ne diffèrent pas. C’est pourquoi les données concernant les poules élevées en cages aménagées ont toutes été regroupées en un seul traitement qu’on nommera A.

Ceci nous permet de comparer les poules appartenant au traitement S et les poules appartenant au traitement A (Figure 1). Les différences entre S et A sont significatives (p= 0,0004) et il y a également un effet du temps (p<0,0001) ainsi qu’une interaction entre ces deux facteurs (P=0,0281). En raison de cette interaction une ANOVA factorielle pour chaque jour de test a été effectuée. Les poules appartenant au traitement S montrent des latences au premier bain de poussière systématiquement plus élevées que les poules appartenant au traitement A et cela pour 4 des 5 jours de test. Quel que soit le traitement, les latences sont de plus en plus courtes au fur et à mesure de la répétition du test. Pour le traitement S les latences sont significativement plus longues les deux premiers jours de test comparées à celles relevées durant les trois derniers jours. Pour le traitement A la latence à J1 est significativement plus élevée que celles de J3, J4, J5 mais la latence de J2 apparaît comme significativement plus longue que celles de J4 et J5 (test de Student-Newman-Keuls).

Conclusion Les poules montrent des résultats très différents selon le type d’élevage. Au début du test, les poules élevées en cage standard se caractérisent par de longues latences et fréquences faibles voire nulle de bains de poussière alors que les poules élevées en cages aménagées pratiquent le bain de poussière dès le début. Les conditions de test semblent avoir constitué un environnement trop nouveau et très diffèrent de la cage d’élevage standard pour les poules qui y sont élevées. Aussi lors des premiers contacts avec l’enceinte de test ces poules pourraient avoir développé un comportement de néophobie ou de peur (Liere 1992). Ce comportement semble si fort qu’il empêche probablement l’expression de tout autre comportement, ce qui pourrait expliquer l’absence d’un effet rebond attendu pour ces animaux. Cette interprétation est d’autant plus probable que la sélection de cailles pour une faible fréquence de bains de poussière entraîne une augmentation des réactions de peur (Gerken, Petersen, 1987) ce qui montre bien l’effet inhibiteur de la peur sur le comportement de bain de poussière.

2.2. Nombre de bain de poussière Le nombre de bains de poussière des poules élevées en cages aménagées ayant une distribution de sciure quotidienne (A7q, A15q) ne diffère pas (ANOVA pour mesures répétées) de celui relevé sur celles ayant eu une distribution hebdomadaire (A7h, A15h). On peut donc regrouper les traitements quotidien et hebdomadaire. De plus si on compare maintenant les latences des poules élevées en A15 à celles élevées en A7 après regroupement, on constate que les différences ne sont pas significativement différentes. C’est pourquoi les données concernant les poules élevées en cages aménagées ont toutes été regroupées en un seul traitement qu’on nommera A.

La seule alternative à cette interprétation serait que la cage standard satisfait mieux que la cage aménagée la motivation des poules pour le bain de poussière. Cette interprétation est bien sur hautement improbable et n’expliquerait pas la réduction au cours du temps des différences entre A et S. Cette réduction est au contraire parfaitement expliquée par l’hypothèse de la néophobie des animaux élevés en A. La forte pente d’évolution de la latence et du nombre de bains de poussière traduit alors l’habituation de ces animaux et donc la

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Références bibliographiques diminution de la peur chez les A. Ce phénomène peut aussi bien traduire une habituation partielle (à la présence de sciure) des animaux des cages S à la situation de test qu’une réduction générale des niveaux de peur chez ces animaux élevés dans un milieu plus riche (Jones, 1992).

Appleby M. C., Smith S. F., Hughes B.O. 1993. Br. Poult. Sci., 34, 835-847. Baxter M. R. 1994 Vet. Rec., 134, 614-619 Dawkins M. S. 1988. Appl. Anim. Behav. Sci., 20, 209-225

L’existence d’une frustration chez les poules élevées en cages S ne pourra être exclue que si l’effet rebond est encore absent après que les animaux aient étés adaptés à la situation de test. L’absence de différences entre distribution hebdomadaire et quotidienne de sciure montre que l’augmentation de la fréquence de distribution ne suffit pas à faire baisser la motivation. Ceci pourrait montrer que, même avec une distribution quotidienne, la litière n’est disponible que pendant un temps insuffisant et/ou en quantité insuffisante pour satisfaire les besoins en bain de poussière des poules. Dans ce cas la cage aménagée n’apporterait aucune amélioration de la situation des animaux pour cet aspect de leur comportement.

Jones R.B., Waddington D. 1992. Anim. Behav., 43, 1021-1033 Gerken M., Petersen J., 1987. Br. Poult. Sci., 28, 23-37. Liere D. 1992. Anim. Behav.,43,549-558 Nicol C.J. 1987. Anim. Behav., 35, 1709-1719. Petherick J.C., Waddington D., Duncan I.J.H. 1990. Behav. Proc., 22, 213-226. Swanson J. C. 1995. J. Anim. Sci., 73, 2744-2751 Tauson R. 1999. Arch. Geflügelk., 63, 189-193 Vestergaard K. S., Skadhauge E., Lawson L.G. 1997. Physiol. Behav., 62, 413-419

FIGURE 1- Latences moyennes ( + écart types ) au

premier bain de poussière réalisé pour les poules élevées en cages standard sans sciure (S) et poules élevées en cages aménagées avec sciure(A).

FIGURE 2- Nombre moyen de bain de poussière ( +écart types ) réalisé au cours des 25 scans pour les poules élevées en cages standard sans sciure (S6 et S5) et poules élevées en cages aménagées avec sciure(A).

Log temps (s)

Jours de test

2,2

2,4

2,6

2,8

3

3,2

3,4

3,6

J1 J2 J3 J4 J5

S

A

*

*

* *00,20,40,60,81

1,21,41,6

S6S5A

J1 J2 J3 J4 J5Jours de test

Log (x+1)

*

*

*

*

**

FIGURE 1- Latences moyennes ( + écart types ) au premier bain de poussière réalisé pour les poules élevées en cages standard sans sciure (S) et poules élevées en cages aménagées avec sciure(A).

FIGURE 2- Nombre moyen de bain de poussière ( +écart types ) réalisé au cours des 25 scans pour les poules élevées en cages standard sans sciure (S6 et S5) et poules élevées en cages aménagées avec sciure(A).

Log temps (s)

Jours de test

2,2

2,4

2,6

2,8

3

3,2

3,4

3,6

J1 J2 J3 J4 J5

S

A

*

*

* *

Log temps (s)

Jours de test

2,2

2,4

2,6

2,8

3

3,2

3,4

3,6

J1 J2 J3 J4 J5

SS

A

*

*

* *00,20,40,60,81

1,21,41,6

S6S5A

J1 J2 J3 J4 J5Jours de test

Log (x+1)

*

*

*

*

**

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ROLE DE L’ODORAT SUR LE GAIN DE POIDS INITIAL CHEZ DES POUSSINS DE DEUX GENOTYPES

Tallet Céline1, Arnould Cécile2, Picard Michel2, Porter Richard H.1

1UMR 6073 INRA-CNRS-Université de Tours, PRC, 37380 Nouzilly, France

2 Station de Recherches Avicoles, INRA-Centre de Tours, 37380 Nouzilly, France

Résumé La qualité de l’aliment est importante pour la croissance des poulets de chair. Très peu d’études portant sur les propriétés olfactives des aliments, nous avons cherché à déterminer le rôle de l’odorat dans la croissance initiale des poulets domestiques. Les deux narines de poussins de types standard (croissance rapide) et label (croissance plus lente) ont été obturées après l’éclosion par de la résine acrylique dans le but de les rendre anosmiques (privés d’odorat). Le poids des poussins a été mesuré pendant 5 jours et l’anosmie à l’odeur de menthe vérifiée. L’anosmie réduit significativement le gain de poids des poussins pendant deux jours ; la perturbation étant moins forte chez les poussins standards que chez les labels. Une analyse comportementale des séquences de coups de becs à la mangeoire chez les poussins labels suggère que l’obturation des narines ne gênerait pas ou très peu l’ingestion. L’anosmie perturberait donc l’identification de l’aliment chez les poussins nouvellement éclos de types label et standard. Ces résultats montrent que l’olfaction jouerait un rôle dans la reconnaissance de l’aliment par les poussins. La composante olfactive de la nourriture serait donc à ne pas négliger en élevage au démarrage. Abstract Food quality is important for growth rate of broilers chicks. Since there has been little investigation of olfactory quality of food, we assessed the role of olfaction on initial growth of "Standard" broiler (fast growth) and "label" (slower growth) domestic fowl chicks. After hatching, chick's nares were covered with acrylic cement to make them anosmic (smell deprived). Chicks of both breeds were then weighed during a four day period and anosmia was checked. Anosmia significantly decreased weight gain by the two types chicks (relative to control) for two days. “Standard” chicks were less strongly disturbed than “label” chicks. A behavioural analysis of food pecking sessions by "label" chicks suggests that blocking the nares had little effect on food handling. Anosmia might disturb food identification in newly hatched "label" and "standard" chicks. These results suggest that olfaction may play a role in food recognition by chicks. Odour of the food should not be neglected during the post-hatch period. 1. Introduction Chez les oiseaux, de nombreux travaux se sont attachés à l’étude des caractéristiques nutritives et physiques des aliments (Picard et al., 2000). Pourtant, rares sont les études relatives à la composante olfactive de la nourriture. Ceci tient au fait que la fonctionnalité du système olfactif a longtemps été discutée. Il semble aujourd’hui admis que les oiseaux, et en particulier les poulets domestiques, perçoivent les odeurs de l’environnement. La présentation de différentes odeurs induit une activation du nerf olfactif, une augmentation des battements cardiaques, et des secouements de têtes (revue de Roper, 1999). Si l’on ajoute une odeur à l’aliment, le premier contact avec celui-ci est retardé (Jones, 1987). L’odorat semble donc influencer l’alimentation. L’alimentation précoce des poulets de chair conditionnant en grande partie leur croissance ultérieure (Bigot et al., 2001), il paraît important d’étudier la prise alimentaire initiale des poussins. Récemment, Porter et al. (2002) ont

développé une nouvelle approche de l’étude du rôle de l’odorat dans l’alimentation. Elle consiste à perturber la perception olfactive des poussins après l’éclosion en obturant leurs narines et à suivre leur croissance initiale. L’obturation des narines réduit significativement le gain de poids des poussins pendant 3 jours. L’olfaction serait donc utilisée pour identifier l’aliment. Cette étude repose sur deux expérimentations. Nous avons d’une part testé si la perturbation du gain de poids consécutive à l’obturation des narines pouvait être étendue à plusieurs types génétiques de poussins. L’obturation des narines empêchant les poussins de respirer normalement, elle pourrait induire des difficultés pour la prise d’aliment. Pour tester cela, nous avons d’autre part analysé le comportement des poussins à la mangeoire.

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2. Odorat et croissance 2.1. Matériels et méthodes Traitements : Deux types de poussins ont été testés : standard (croissance rapide) et label (croissance plus lente). Le lendemain de l’éclosion (jour 2), deux catégories de paires ont été formées au hasard pour chaque souche: - des paires d’individus aux narines obturées (N = 12 par souche). Les deux narines de chaque poussin ont été obturées par de la résine acrylique appliquée avec une spatule. - des paires d’individus témoins (N = 12 par souche). De la résine acrylique a également été appliquée mais sur le bec, en évitant les narines. 4 traitements sont étudiés : paires de poussins labels aux narines obturées, de labels témoins ainsi que de standards aux narines obturées et standards témoins. Les paires ont ensuite été placées dans des cages d’élevage grillagées (47 × 45 × h=24 cm). L’eau était distribuée à volonté par un système automatisé et de l’aliment (aliment standard sous forme de miettes provenant de la Station de Recherches Avicoles, INRA de Tours-Nouzilly, 37) était disposé dans deux mangeoires adjacentes de 9 × 10 cm. La lumière était continue et la température maintenue à 30-32°C. Poids : Le poids quotidien de chaque individu a été mesuré (± 1g) du jour du traitement (jour 2) au jour 5. Réactivité olfactive : Le jour 5, la perception olfactive de chaque poussin a été testée (test décrit dans Porter et al, 1999) afin de vérifier que l’obturation des narines altérait la réactivité aux odeurs. Deux stimuli liquides ont été présentés : huile essentielle de menthe poivrée (Monot, Lyon) et eau. L’individu était placé sur le dos sous une lampe chauffante de 100 W (Figure 1) afin qu’il s’immobilise et ferme les yeux. Nous lui avons alors présenté, consécutivement et dans un ordre quelconque, les deux stimuli. Chacun était placé dans un récipient en plastique au bout percé sur lequel nous pressions doucement en direction du bec (environ 15 coups en dix secondes) (Figure 1). Un score a été attribué à la réaction du poussin : 0 = aucune réaction, 1 = mouvement lent de la tête avec ou sans claquement de bec, 2 = mouvement brusque de la tête avec ou sans cris et ouverture des yeux. Analyse des données : Les scores du test de réactivité

olfactive ont été analysés individuellement. Pour chaque odeur, l’effet du traitement a été mesuré par un test de Kruskal-Wallis suivi de comparaisons deux à deux par des tests U de Mann-Whitney. L’unité d’analyse statistique pour les données pondérales était le poids moyen par cage. Une ANOVA à deux facteurs (capacité olfactive et souche) a été réalisée. Le seuil de signification a été fixé à 0,05 pour tous les tests statistiques.

FIGURE 1 : Poussin aux yeux fermés lors du test de

réactivité olfactive (extrait de Porter et al., 1999) 2.2. Résultats Les paires dans lesquelles au moins un individu avait perdu la résine ou était mort pendant l’expérience ont été exclues des analyses. Les données concernant 9 paires de labels aux narines obturées, 11 de labels témoins, 12 de standards aux narines obstruées et 11 de standards témoins ont été analysées. Réactivité olfactive : Les réponses à l’eau sont très faibles (moyenne = 0,1) et il n’existe pas de différence significative entre les traitements (p>0,70). Pour la menthe, il existe un effet significatif du traitement (p<0,001). Les poussins aux narines obturées ont un score plus faible (moyenne = 0,5) que les témoins (moyenne = 1,6) pour les deux souches. Ils ont tendance à répondre plus à la menthe que les témoins ne répondent à l'eau (0,05<p<0,08). Poids Le poids moyen initial (jour 2) des paires des quatre traitements ne diffère pas significativement (moyenne = 39,7 ± 0,4 g). Pour les gains de poids, l’effet du traitement est significatif entre les jours 2 et 3 et 3 et 4 (Tableau 1). L’effet de la souche est significatif pour tous les intervalles (Tableau 1). Les labels sont plus perturbés que les standards entre les jours 2 et 3 (interaction significative, Tableau 1).

TABLEAU 1 : Effet du traitement et de la souche sur le gain de poids des paires de poussins (moyenne ± SEM en g) pendant quatre jours. *p = probabilité (test ANOVA, ns = non significatif)

Label Standard p* Intervalles Narines

obturées Témoins Narines obturées Témoins Traitement Souche Traitement

× SoucheJours 2 et 3 5,2 ± 0,6 11,9 ± 0,4 8,7 ± 0,5 12,4 ± 0,6 < 0,001 < 0,001 < 0,01 Jours 3 et 4 7,8 ± 0,8 10,3 ± 0,5 9,1 ± 0,5 12,2 ± 0,5 < 0,001 < 0,01 ns Jours 4 et 5 8 ± 0,8 9,1 ± 0,8 13,6 ± 0,9 13,5 ± 1,5 ns < 0,001 ns

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3. Odorat et comportement alimentaire 3.1. Matériel et méthode Traitements : 40 poussins de un jour de type label ont été testés en 5 répétitions de 4 paires. La cage de test (80 × 80 × h =30 cm), au fond grillagé et aux parois en verre (Figure 2), était divisée en quatre compartiments identiques (40×40 cm) par des séparations opaques. L’eau était accessible à volonté et chaque compartiment possédait une mangeoire vide (diamètre 8 cm). Une lampe chauffante (100W) était placée dans chaque coin, au-dessus des mangeoires, pour maintenir une lumière continue et une température de 30°C. Les individus ont été répartis en deux traitements, 10 paires aux narines obturées et 10 paires témoins (cf paragraphe 2.1.) trente minutes avant le début des enregistrements. Les individus ont été pesés. Un seul poussin par paire, choisi au hasard, a été observé : il a été marqué sur la tête et le dos au feutre noir. De l’aliment (identique à celui du test de croissance) a ensuite été ajouté dans la mangeoire, ce qui marquait le début du test pour la paire. Les individus ont été filmés en gros plan à la mangeoire (Figure 2) à partir de l’apport d’aliment : 3 heures par jour ont été enregistrées pour chaque paire pendant 2 jours consécutifs. A la fin des enregistrements, les individus ont à nouveau été pesés et nous avons procédé au test destiné à vérifier l’anosmie (Porter et

al., 1999 ; description paragraphe 2.1).

FIGURE 2 : Schéma de la cage d’élevage et de la

position de la caméra Mesures comportementales : Le relevé des comportements à partir des bandes vidéos a été effectué avec le logiciel The ObserverTM 3.0 (Noldus, Wageningen, NL). Deux séquences alimentaires d’environ trente coups de bec consécutifs choisies au hasard (sur les 6 heures de bande) ont été analysées par focal sampling pour chaque individu marqué. Lors d’une première lecture au ralenti, sept états comportementaux ont été relevés (d’après Yo et al., 1997 ; Martaresche et al., 2000) : "redressé" = position redressée fixe, tête non orientée vers la

mangeoire, "fixe"= position fixe, la tête orientée vers la mangeoire, "rotation" = rotation de la tête (horizontale ou verticale), "picorage" = picorage, "mandibulation" = mouvements des mandibules, "secouement" = suite de mouvements horizontaux rapides de la tête. Afin de différencier les picorages consommateurs (conso) qui conduisent à l’ingestion de granulé des picorages explorateurs (explo) n’induisant pas d’ingestion, la bande était passée une seconde fois au ralenti. Analyse des données : Les réponses des poussins des deux traitements au test de réactivité olfactive ont été comparées par un test U de Mann-Whitney. Les données pondérales ont été comparées par un test t de Student. Une analyse spécifique des activités suivant un picorage consommateur a été réalisée en partant de l’hypothèse que, si la résine gène les poussins, c’est au niveau de la déglutition que des différences pouvaient apparaître (les picorages explorateurs peuvent s’effectuer le bec ouvert ; Rogers, 1995). Après un picorage consommateur, la latence au prochain picorage, la latence à mandibuler, le nombre de rotations et de secouements de tête ainsi que la latence à picorer après la fin de la mandibulation ont été mesurés. Des tests U de Mann-Whitney ont été réalisés pour comparer les données comportementales des poussins des deux traitements. 3.2. Résultats

mangeoire abreuvoir 40 cm

position de la caméra

Les effectifs sont de 8 paires de poussins aux narines obturées et 9 paires de témoins car les paires dans lesquelles aucun individu n’a mangé pendant le test ont été éliminées. Comme dans le test précédent, les témoins réagissent significativement plus fort à la menthe que les poussins aux narines obturées (p<0,001) et ont un gain de poids supérieur à celui des poussins aux narines obturées (p<0,001). La durée moyenne des séquences alimentaires analysées est de 48 ± 4 s chez les poussins aux narines obturées et 41 ± 5 s chez les T. Les poussins sont dans la position "fixe" la majorité du temps de la séquence (Tableau 2). L’immobilité totale ("redressé"+"fixe") des poussins aux narines obturées est significativement supérieure à celle des T (Figure 3). La fréquence des picorages et des secouements de tête, la durée moyenne d’un picorage et celle d’une mandibulation ne diffèrent pas significativement entre les groupes (Tableau 2). L’analyse des comportements après un picorage consommateur ne révèle aucune différence significative entre les deux traitements pour le nombre de rotations et de secouements de tête ni pour les mesures de latence.

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FIGURE 3 : Pourcentage de temps immobile dans les séquences alimentaires pour les poussins aux narines

obturées et les témoins (*=p<0,05)

Narines Témoins obturées

Médianes (inter-quartiles)

Narines obturées Témoins Budget temps par séquence (%) redressé 8,9 (2,4-12,0) 3,4 (2,1-5,0) fixe 60,4 (53,1-65,0) 53,3 (50,9-61,3) rotation 14,5 (14,1-16,2) 14,7 (13,5-15,5) mandibulation 8,8 (4,3-10,7) 11,2 (9,5-16,6) picorage 7,1 (6,6-10,8) 9,7 (9,0-11,0) secouement 1,7 (0,4-2,9) 0,6 (0,3-1,9) Fréquence (occurrences par secondes) picorage conso 0,2 (0,1-0,3) 0,2 (0,2-0,4) picorage explo 0,9 (0,7-1,1) 0,7 (0,6-1,1) secouement 0,2 (0,1-0,5) 0,1 (0,0-0,3) Durée d’un comportement (s) picorage conso 0,14 (0,10-0,15) 0,14 (0,13-0,17 picorage explo 0,13 (0,12-0,14) 0,13 (0,13-0,16) mandibulation 0,32 (0,20-0,40) 0,34 (0,29-0,37)

TABLEAU 2 : Effets de l'obturation des narines sur les séquences alimentaires : budget-temps, fréquence

et durée des comportements relevés (aucune différence significative entre traitements)

4. Discussion L’obturation des narines a efficacement perturbé la perception olfactive des poussins puisque les individus aux narines obturées répondent moins à la menthe que les témoins. Elle entraîne aussi une diminution de la croissance pendant deux jours, à la fois pour les poussins labels (comme cela a été montré par Porter et al., 2002) et les standards. Cependant, le gain de poids des standards est moins fortement perturbé que celui des labels. Les standards pourraient identifier plus rapidement l’aliment que les labels du fait d’une divergence sélective d’où leur moindre perturbation. Les séquences de coups de bec semblent peu modifiées par l’obturation des narines car seule la durée d’immobilité totale est augmentée. Yo et al.

(1997) ont interprété cette immobilité comme une observation de l’aliment entre deux picorages. L’obturation des narines induit donc une diminution du gain de poids qui ne serait pas la conséquence de difficultés lors de l’ingestion des particules alimentaires, puisque les picorages consommateurs ne sont pas altérés, mais plutôt la conséquence d’une importante réduction de la perception des odeurs. Des travaux ont montré un effet négatif des odeurs nouvelles ajoutées dans l’aliment (Marples et Roper, 1996). Au contraire , si l’odeur ajoutée est présente pendant l’élevage, les poussins ne présentent ni aversion, ni préférence pour celle-ci (Jones, 1987). La familiarité olfactive serait donc un élément important de l’alimentation des poussins. L’odorat jouerait un rôle dans l’alimentation des poulets domestiques. Les caractéristiques olfactives de l’aliment, comme ses propriétés visuelles, tactiles…, participeraient à l'identification puis à la reconnaissance de l’aliment. Ainsi, les poussins privés d’odorat identifieraient l’aliment moins rapidement que les poussins intacts, la familiarisation étant retardée.

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* 80

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60

50

Cette étude pourrait être complétée par une mesure des quantités d'aliment ingérées par les poussins voire une analyse plus fine du comportement (séquences). L’adaptation des qualités olfactives de l’aliment aux préférences des poussins en démarrage pourrait permettre d’assurer une bonne vitesse de croissance initiale. Sachant que la première semaine de vie des poulets à croissance rapide (standard) représente presque 20% de leur durée de vie, l’odeur des aliments de démarrage est à ne pas négliger. Remerciements Nous remercions S. Ligout, A. Poirier pour leur aide lors des tests, K. Gérard, C. Moisy pour les soins aux animaux et C. Bouchot pour les installations vidéos. Références bibliographiques Bigot K., Tesseraud S., Taouis M., Picard M, 2001. INRA Prod. Anim., 14, 219-230. Jones R.B., 1987. Bird Behav., 7, 78-81. Marples N.M., Roper T.J., 1996. Anim. Behav., 51, 1417-1424. Martaresche M., Le Fur C., Magnusson M., Faure J.M., Picard M., 2000. Physiol Behav, 70, 443-451. Picard M., Le Fur C., Melcion J.P., Bouchot C., 2000. INRA Prod. Anim., 13, 117-130. Porter R.H., Hepper P.G., Bouchot C., Picard M., 1999. Physiol. Behav., 67, 459-462. Porter R.H., Picard M., Arnould C., Tallet C., 2002. Anim. Research, 51, 337-345. Rogers L.J., 1985. Wallingford, UK : CAB International. p. 95-110. Roper T.J., 1999. Adv. Stud. Behav., 28, 247-332. Yo T., Vilarino M., Faure J.M., Picard M, 1997. Physiol Behav, 61, 803-810.

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COMPORTEMENT ALIMENTAIRE DES POULES REPRODUCTRICES CHAIR

Puterflam Julie1*, Heck Ariane1, Jego Yves2, Trévidy Jean-Jacques2, Williams John1 et Picard Michel1

1INRA, Station de Recherches Avicoles, 37380 Nouzilly, 2Hubbard-ISA, Le Foeil, BP 159, 22800 Quintin, *adresse actuelle : ITAVI, Beaucemaine BP 37 22440 Ploufragan

Résumé Dans le cadre du programme de recherche européen « Broiler Breeder Paradox », le comportement de poules reproductrices lourdes rationnées (SR) ou non (SA) est comparé à celui de poules reproductrices de type Label nourries ad libitum (L). Trente six parquets de 14 poulettes (soit 12 parquets par traitement) sont filmés toutes les 6 semaines de 3 à 36 semaines d’âge. Chaque parquet comporte deux poules-cibles marquées par des couleurs différentes. Le comportement des poules-cibles pendant l’heure précédant et suivant la distribution d’aliment (10h du matin) et une heure enregistrée cinq heures après celle-ci (15-16h), est codé par scan sampling (12 scans par heure et par poule). Le budget temps des poules SR se caractérise par une durée d’immobilité plus longue avant la distribution de l’aliment, une activité alimentaire plus intense immédiatement après et surtout une activité de picorage de la mangeoire et de l’environnement quatre fois plus longue (46,8% du temps) que les L (11,5%) et les SA (11,9%) l’après midi pendant la phase de croissance. Ces différences s’estompent lorsque le rationnement est relâché à l’entrée en ponte. Dans nos conditions, aucune corrélation (Spearman) stable n’a été détectée d’un âge à l’autre qui permette de caractériser un individu par une mesure ponctuelle du comportement par scan sampling. Les limites de cette méthode pratique ainsi que l’interprétation des variations comportementales observées sont discutées. Introduction

La sélection génétique pour une vitesse de croissance et un développement musculaire rapides des poulets des chair s’est accompagnée d’une réduction de leurs aptitudes à la reproduction. La ponte des reproductrices chair lourdes n’est exploitable que si les poules sont rationnées dès leur plus jeune âge. La courbe de croissance de « référence » que les poules de génotype chair lourd doivent suivre pour se reproduire n’est guère différente de celle d’une poule pondeuse ou d’une reproductrice label naine. Pour l’atteindre, les poules subissent une restriction alimentaire plus sévère chaque année en fonction de la sélection. Comment évaluer le plus objectivement possible les conséquences de ces pratiques de restriction alimentaire sur le comportement de l’animal ? Les indices comportementaux et physiologiques mesurés par Hocking et al. (1996) suggèrent qu’une alimentation ad libitum des reproductrices n’est pas optimale. Selon ces travaux une restriction alimentaire intermédiaire entre les pratiques courantes et l’alimentation ad libitum représenterait un compromis optimal pour l’animal. Toutefois, l’étude systématique de rationnements intermédiaires et de régimes hypo-protéiques ne semblent pas conduire à une amélioration des paramètres étudiés par rapport aux plans de rationnement pratiques (Hocking et al., 2001a et b). Une alternative serait d’introduire dans la sélection des critères permettant de distinguer les poules qui « tolèrent » mieux que les autres les effets de la

restriction alimentaire. Quels paramètres comportementaux évaluent le mieux ce dernier ? Et surtout les poules exprimant plus ou moins ces comportements le font-elles de manière constante ou non ? Il serait en effet vain de sélectionner des poules sur une attitude transitoire qui ne reflèterait pas leur capacité intrinsèque durable à tolérer le régime qui leur est imposé. Pour tenter de répondre à ces deux questions des poules reproductrices lourdes rationnées ou nourries ad libitum ont été filmées six fois (toutes les 6 semaines) entre 3 et 36 semaines d’âge et leur comportement a été codé par « scan sampling » (Picard et Faure, 1997). Comme dans la plupart des travaux de ce type se posait le problème du témoin. Il est souvent vrai de dire que les poules rationnées sont différentes de leurs congénères nourries ad libitum mais qui est « normal » ?? Pour éviter ce piège un groupe témoin est constitué de poules reproductrices chair mais à croissance lente (de type label), qui sont nourries ad libitum sans conséquence négative sur la reproduction.

1. Matériels et méthodes Les poules observées dans cette expérience sont les mêmes que celles décrites par Heck et al. (2003) dans les mêmes journées. Le lecteur y trouvera des détails complémentaires du protocole. 1.1. Animaux Trente six parquets de 14 poulettes (soit 12 parquets par traitement) ont été filmés toutes les 6 semaines de

Cinquièmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26 et 27 mars 2003

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3 à 36 semaines d’âge. Chaque parquet comportait deux poules-cibles choisies au hasard (numéro de bague) et marquées par deux couleurs différentes. Il y avait trois traitements : SA, SR et L. Le génotype lourd « standard » S a été nourri ad libitum (SA) ou restreint (SR) selon les recommandations du sélectionneur et comparé aux poules reproductrices Label nourries ad libitum (L). 1.2. Mesures comportementales Chaque parquet était filmé toutes les 6 semaines avec enregistrement sur support numérique disque dur Alcatraz (Macrosystems, Belgique). Trois périodes d’une heure étaient enregistrées : de l’allumage de la lumière (9h) à la distribution de l’aliment (10h), après cette dernière (10 à 11h) et 5h plus tard (15-16h) lorsque les mangeoires des SR étaient vides depuis longtemps. Pour chaque période, le comportement de chaque poule-cible était enregistré toutes les 5 minutes (12 scans par heure). Le « budget temps » d’une poule a été calculé comme le nombre de fois qu’une attitude est observée divisé par le nombre total de scan dans une période. Les 8 attitudes exclusives systématiquement codées ont été : mange, boit, immobile, marche, se repose (couchée dans la litière), se toilette, pique l’environnement (litière, grillage…) et pique la mangeoire vide. 1.3. Analyses statistiques Le fichier de base contenait 1296 lignes (72 poules x 6 âges x 3 périodes d’observation). Sur chaque ligne figurait donc le budget temps (en %) pour les 8 attitudes comportementales observées. Dans un premier temps ce tableau de fréquence a été soumis à une analyse des correspondances qui a permis de déterminer qu’il y avait deux groupes d’âges distincts (croissance : démarrant à 3, 9 et 15 semaines et reproduction : démarrant à 21, 27 et 33 semaines) et que les 3 périodes devaient être analysées séparément. Les données ont donc été regroupées de cette manière en 6 fichiers de 216 lignes et analysées par ANOVA en mesures répétées (trois âges successifs) après transformation des pourcentages (arcsinus (racine carrée)). Les moyennes ont été distinguées par le test de comparaison multiple de Newman et Keuls. D’autre part, pour évaluer la corrélation entre les mesures faites d’un âge à l’autre, les coefficients de corrélation de Spearman (sur les rangs) ont été calculés pour chaque comportement et chaque traitement. 2. Résultats 2.1. Croissance (3 à 18 semaines)

9-10h : Les SR se distinguent des L par un temps d’immobilité plus long et plus de picage de la mangeoire qui est vide. Toutefois, le temps passé à

cette activité n’est pas plus long que celui que les L passent à manger (Tableau 1). Les autres effets et interactions concernent les SA.

10-11h : Les SR mangent au détriment des autres activités mais les SA également ! Les L qui ont le temps de manger, sont plus longtemps immobiles entre 3 et 12 semaines et plus « exploratrices » entre 15 et 18 semaines (interactions) que les S. Les SR boivent plus longtemps que les autres mais seulement entre 3 et 6 semaines.

15-16h : Les SR passent près de la moitié du temps à piquer l’environnement (surtout leur litière) et la mangeoire vide. Les activités de marche et de toilettage augmentent avec l’âge chez les L. Les SA passent deux fois plus de temps à manger que les L. 2.2. Reproduction (21 à 36 semaines)

9-10h : Les différences sont moins nettes qu’en croissance. Les SR qui n’ont en général plus d’aliment ne mangent plus et boivent moins que les L (Tableau 2).

10-11h : Les SR (et les SA) mangent plus longtemps que les L au détriment de l’immobilité et de la marche (mais seulement avant 27 semaines pour la marche, interaction).

15-16h : Les SR piquent plus leur mangeoire et l’environnement au détriment du repos que les L mais cela est net avant l’entré en ponte et disparaît lorsque le rationnement est adapté aux besoins de ponte donc proportionnellement moins sévère qu’en croissance (interaction). Les autres effets sont surtout liés au comportement alimentaire accru des SA et à leur présence variable au nid d’un âge à l’autre. 2.3. Analyse de corrélation (Spearman)

Aucune des variables comportementales analysées ne s’exprime de manière stable d’un âge à l’autre même pour les critères qui distinguent le mieux les poules restreintes des autres comme l’immobilité avant la distribution alimentaire et les picorages de la mangeoire vide ou de l’environnement l’après midi (Tableau 3). Plusieurs tentatives ont été faites pour traiter les fréquences nulles (comportement non observé pour une poule qui crée de nombreux ex aequo dans les calculs de rang). Par exemple : les comportements ont été regroupés (i.e., picorages de l’environnement et de la mangeoire), ou bien les nombres de poules ayant ou non exprimées un comportement ont été testées par Chi². Tous les résultats confirment l’absence de corrélation stable et significative dans l’expression du comportement des poules-cibles en utilisant la méthode de scan sampling décrite.

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TABLEAU 1 : Budget-temps moyen des poules pendant la phase de croissance (3-18 semaines) % temps d’observation SA SR L Traitement Age Interaction9-10 h Marche 2,66 ± 0,65a 10,12 ± 1,32b 10,37 ± 1,52b ** ** * Immobile 34,69 ± 2,73a 45,26 ± 2,70b 36,61 ± 2,44a ** Se Repose 15,26 ± 1,78b 10,85 ± 1,12a 10,20 ± 1,64a * ** Mange 12,63 ± 2,34 - 17,47 ± 2,11 Boit 4,85 ± 1,36 4,26 ± 0,68 3,50 ± 0,78 * Se Toilette 13,13 ± 1,70b 4,90 ± 1,00a 7,18 ± 0,11a ** ** * Pique la mangeoire 7,50 ± 1,29b 12,15 ± 1,11b 2,77 ± 0,77a ** * Pique l’environnement 9,28 ± 1,35 12,75 ± 1,46 11,89 ± 1,25 * 10-11 h Marche 0,45 ± 0,26a 2,89 ± 0,67b 3,49 ± 0,82b * ** Immobile 12,06 ± 2,17b 5,23 ± 0,86a 21,49 ± 2,17c ** ** * Se Repose 10,12 ± 2,62b 2,52 ± 0,91a 13,00 ± 2,26b ** Mange 67,01 ± 3,94b 74,87 ± 3,36b 47,96 ± 2,84a ** Boit 5,46 ± 1,62 9,44 ± 2,90 3,32 ± 0,76 * Se Toilette 1,51 ± 0,54 0,95 ± 0,39 2,45 ± 0,55 ** Pique la mangeoire 0,57 ± 0,28 1,02 ± 0,53 0,37 ± 0,27 * Pique l’environnement 2,80 ± 0,70a 3,07 ± 0,73a 6,98 ± 1,15b * ** * 15-16 h Marche 2,83 ± 0,66a 5,48 ± 0,89a 7,50 ± 1,07b ** * * Immobile 16,06 ± 1,96 21,64 ± 1,95 18,91 ± 1,71 ** * Se Repose 26,81 ± 2,20b 17,76 ± 1,54a 37,12 ± 2,41c ** Mange 31,87 ± 2,74b - 13,85 ± 1,43a ** * Boit 5,50 ± 1,21 4,52 ± 0,80 2,42 ± 0,57 ** Se Toilette 4,66 ± 0,85 3,80 ± 0,68 6,67 ± 1,34 ** * Pique la mangeoire 4,29 ± 1,70a 25,72 ± 2,16b 1,83 ± 0,72a ** Pique l’environnement 7,65 ± 1,13a 21,07 ± 2,13b 9,67 ± 1,26a ** ** *P<0,05, **P<0,01 Les moyennes suivies de lettres différentes sont significativement différentes (P<0,05)

TABLEAU 2 : Budget-temps moyen des poules pendant la phase de ponte (21-36 semaines) % temps d’observation SA SR L Treatment Age Interaction9-10 h Marche 3,32 ± 0,65 3,19 ± 0,72 5,38 ± 1,12 ** Immobile 34,43 ± 2,25a 45,78 ± 2,88b 40,98 ± 2,68ab ** Se Repose 24,07 ± 3,14b 18,31±2,48ab 12,65 ± 2,51a ** * Mange 13,58 ± 1,78b 3,42 ± 1,27a 15,64 ± 1,84b ** * Boit 4,38 ± 0,90b 2,06 ± 0,74a 4,45 ± 0,85b ** Se Toilette 8,21 ± 1,11 11,40 ± 1,33 6,05 ± 0,94 ** Pique la mangeoire 1,25 ± 0,55 0,46 ± 0,22 1,35 ± 0,52 Pique l’environnement 6,72 ± 0,99 7,26 ± 1,11 9,90 ± 1,47 ** Dans le nid 4,03 ± 8,15 8,15 ± 2,38 3,59 ± 1,04 ** 10-11 h Marche 2,65 ± 0,61 2,48 ± 0,70 3,98 ± 0,98 ** * Immobile 21,06 ± 1,99a 19,52 ± 2,16a 28,83 ± 2,57b * Se Repose 13,38 ± 1,97b 5,00 ± 1,10a 8,10 ± 1,48ab * Mange 42,48 ± 3,09b 51,36 ± 3,77c 32,80 ± 3,00a ** ** Boit 4,70 ± 1,09 5,23 ± 0,72 7,11 ± 1,37 ** Se Toilette 2,53 ± 0,54 1,22 ± 0,41 3,17 ± 0,74 Pique la mangeoire 1,46 ± 0,15 0,38 ± 0,20 1,06 ± 0,45 Pique l’environnement 4,69 ± 0,95 5,21 ± 1,39 5,10 ± 0,99 ** Dans le nid 3,15 ± 1,04 4,98 ± 2,19 4,25 ± 1,46 15-16 h Marche 3,18 ± 0,75 3,02 ± 0,64 4,09 ± 1,14 ** Immobile 18,65 ± 1,78 21,59 ± 1,97 22,87 ± 2,41 * Se Repose 17,73 ± 1,82ab 15,86 ± 1,73a 24,55 ± 2,53b * ** Mange 26,07 ± 2,44b 15,13 ± 2,48a 17,87 ± 1,58ab ** Boit 4,74 ± 0,83 7,00 ± 1,15 3,57 ± 0,82 Se Toilette 4,97 ± 0,75 7,55 ± 1,00 5,42 ± 0,89 Pique la mangeoire 1,01 ± 0,38a 6,41 ± 1,52b 1,83 ± 0,65a ** ** Pique l’environnement 6,90 ± 1,14a 13,02 ± 1,83b 10,14±1,35ab ** ** * Dans le nid 12,81 ± 3,21b 6,15 ± 1,61a 4,16 ± 1,35a * * *P<0,05, **P<0,01 Les moyennes suivies de lettres différentes sont significativement différentes (P<0,05)

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TABLEAU 3 : Corrélations de Spearman inter-âges pour trois comportements représentatifs de la motivation à manger chez les poules rationnées SR 9-10 h Immobile Age (semaines) 3 9 15 21 27

33 0,07 -0,05 -0,11 0,28 0,0327 0,22 -0,15 0,13 -0,05 21 -0,31 -0,11 -0,09 15 0,27 -0,02 9 -0,39

15-16 h Pique la mangeoire Age (semaines) 3 9 15 21 27

33 -0,09 0,03 0,12 0,21 -0,1227 0,23 0,14 0,13 0,04 21 -0,05 0,06 0,24 15 0,12 0,03 9 -0,40

15-16 h Pique l’environnement Age (semaines) 3 9 15 21 27

33 0,11 -0,22 -0,06 0,62 0,0027 -0,21 -0,16 -0,20 0,04 21 -0,30 -0,11 -0,13 15 -0,03 0,65 9 -0,37

3. Discussion L’absence de corrélation entre l’expression des comportements d’un âge à l’autre exclut l’utilisation de la méthode présentée pour la sélection génétique. On peut alors s’interroger sur la cause de cette absence de corrélation : ou bien la méthode de scan sampling choisie n’est pas appropriée, ou bien les critères comportementaux analysés ne sont pas stables et utilisables pour caractériser la tolérance au rationnement alimentaire. La méthode de scan sampling a été choisie comme étant la méthode d’observation la plus simple à pratiquer donc celle qui pourrait éventuellement être compatible avec une application à des grands nombres de poules. Toutefois, elle présente des limites connues (Picard et Faure, 1997). Elle évalue un « budget temps » qui est d’autant plus fiable que les comportements observés durent longtemps. C’est le cas d’attitudes comme le repos, l’immobilité, la consommation d’aliment…. Le codage de comportements brefs comme la marche, le toilettage, les picorages divers risquent d’être mal évalués car difficiles à distinguer sur une « photo instantanée ». Le risque d’erreur a été limité par l’utilisation d’un film numérisé dont on pouvait regarder les images figées par sauts de 5 minutes tout en pouvant observer si nécessaire les images suivant ou précédant l’instantané. Une autre faiblesse de la méthode que nous avons utilisé tient à l’analyse individuelle des animaux

cibles observés (24 par traitement). Ce nombre est suffisant pour donner une représentation convenable du budget temps global d’un traitement. Les comparaisons présentées sont cohérentes avec des travaux antérieurs (Hocking et al., 1996, 1997, 2001). Toutefois, l’utilisation du budget temps d’un individu (analyses de corrélation) est discutable. Le travail est poursuivi par l’utilisation du focal sampling (Picard et Faure, 1997) pour mieux caractériser individuellement certains comportements sensibles comme le picorage de litière ou de mangeoire. Le sens donné au comportement observé est également discutable. Ainsi, le comportement de picorage de l’environnement et/ou de la mangeoire vide est-il un signe de frustration ou de recherche d’aliment ? Ne serait-il pas plus simplement l’expression une activité du bec qui est génétiquement développée chez les S (cf. les résultats des SA dans les Tableaux 1 et 2) et qui est renforcé par la nécessité de manger vite lorsque l’aliment est offert ?

Conclusions Les SR sont différentes des L mais les SA le sont au moins autant sinon plus. La restriction alimentaire est-elle une technique critiquable parce qu’elle place les poules dans une attitude de recherche alimentaire ou la correction nécessaire d’une motivation alimentaire accentuée par la sélection génétique sur la croissance ? Il ne semble pas que la recherche de nourriture observable par les comportements de picorage de l’environnement soit corrélée avec des mesures objectives de la peur (Hocking, 1997, 2001a). Nous ne disposons donc pas d’élément objectif pour conclure que la restriction alimentaire est critiquable sur le plan éthique. D’autre part, pour les « naturalistes », rappelons que l’alimentation ad libitum est plutôt rare dans la nature ! Remerciements Merci à Florence Favreau, Claude Bouchot et tous ceux qui nous ont aidé pour la réalisation des expériences. Ce programme est financé par la Communauté Européenne (QLRT 2000 1732). A. Heck bénéficie d’une bourse de la région Centre. Références bibliographiques Heck et al., 2003, Journées de la Rech. Avicole, 5. Hocking P. et al., 1996. Br. Poult. Sci. 38 :263-278. Hocking P. et al., 1997. Br. Poult. Sci. 38 :237-240. Hocking P. et al., 2001a. Br. Poult. Sci. 42 : 424-432. Hocking P. et al., 2001b. Br. Poult. Sci. 42 :569-579. Picard M. et Faure J.M., 1997. Journées de la Rech. Avicole 2, 213-216.

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COMPARAISON DU BIEN-ETRE, DE L’ETAT SANITAIRE ET DES PERFORMANCES ZOOTECHNIQUES DE POULES PONDEUSES, ELEVEES DANS UN SYSTEME CLASSIQUE DE CAGES

OU DANS UN SYSTEME ALTERNATIF DE TYPE « VOLIERE » : RESULTATS PRELIMINAIRES

Michel Virginie, Huonnic Didier, Protais Jocelyne, Cotte Jean-Pierre, Boilletot Eric, Maurice Robert, Postollec Gilbert

Unités de Protection Animale et d’Hygiène et Qualité des Produits Avicoles et Porcins - AFSSA –Beaucemaine -

BP 53 - 22440 Ploufragan Résumé L’élevage des poules pondeuses en volière fait partie des systèmes alternatifs préconisés par la directive 1999/74/CE à partir de 2012 en remplacemment des cages traditionnelles. Cette expérimentation a pour but d’appréhender de façon plurifactorielle le bien-être des poules pondeuses ainsi que leurs performances zootechniques en système volière versus le système cages. Le bien-être des animaux est évalué via l’étude du comportement et de leur état de santé. Il apparaît que les poules élevées en volières ont des activités plus variées, avec des comportements de toilettage et de locomotion plus importants qu’en cages. La qualité de l’emplumement est moins bonne en cages qu’en volières, en fin de bande. Toutefois les conditions d’ambiance (liée à l’empoussièrement et à la contamination microbiologique de l’air) sont peu satisfaisantes en volière et conduisent à l’apparition de lésions pulmonaires chez les animaux. Les performances zootechniques sont légèrement moins bonne en volières qu’en cages. Introduction La Directive 1999/74/CE du 19 juillet 1999 interdit l’usage des cages actuelles pour loger les poules pondeuses à dater du 1er janvier 2012, date à laquelle ne seront plus autorisés que les systèmes alternatifs et les cages aménagées. Très peu de données scientifiques sont disponibles concernant l’élevage de poules pondeuses en grands groupes, en volières. Les premières études sur les volières mettent en évidence une bonne utilisation de l’espace par les poules, avec des déplacements plus fréquents que dans les systèmes cages et, en corollaire, une solidité osseuse augmentée (Newman and Leeson, 1998). Certaines études soulignent également l’apparition de problèmes de cannibalisme et de ponte au sol chez les poules en volières (Abrahamsson and Tauson, 1998). Le comportement des poulettes a été peu étudié et les études existantes ont été conduites sur des systèmes d’élevage au sol (Savory and Mann, 1999). Le mode d’élevage des poulettes semble essentiel : l’accès à des perchoirs (Gunnarsson et al., 1999) ou a du sable et de la paille (Johnsen et al., 1998) diminue les activités de picage. Une première expérimentation a été menée à l’AFSSA dans le but d’étudier, sur des lots de tailles comparables ceux mis en place en élevage, le bien-être, les performances zootechniques et l’état sanitaires des animaux et des produits. L’expérimentation portait sur 10 000 poules pondeuses (dont la moitié épointée), la moitié des animaux était élevée en cages et l’autre en volières. Il est apparu que les animaux élevés en volières occupaient très bien l’espace disponible et que leurs activités étaient plus variées qu’en cages. En

revanche, comme dans tout nouveau système d’élevage, quelques améliorations restaient à apporter : l’activité plus importante des animaux en volière, ainsi que le gaspillage d’aliment ont conduit à des performances (taux de ponte, indice de consommation) légèrement moins bonnes en volières qu’en cages. La ponte au sol ainsi que le taux de poussière important en volière ont été responsables d’une contamination microbiologique des coquilles d’œuf supérieure en système volières par rapport aux cages. De plus des phénomènes de picages sont apparus en fin de bande, en volière surtout lorsque les animaux n’étaient pas épointés. Le non-épointage du bec des animaux semblait peu compatible avec l’élevage en volière dans ces conditions. Une deuxième expérimentation était donc nécessaire pour essayer d’améliorer le système d’élevage des poules en volières (et par là même les performances et les conditions sanitaires) ainsi que pour approfondir l’étude du comportement des animaux et de leur bien-être en général. Les premiers résultats de cette expérimentation sont présentés ici. 1. Matériels et méthodes 1.1. L’élevage des animaux Les poules utilisées pour cet essai sont de souche Isa Brown. De 1 jour à leur 17ème semaine (S= semaine d’âge) d’âge elles sont élevées dans des bâtiments de la station expérimentale de l’AFSSA de Ploufragan. Elles sont toutes épointées à 9 jours. Les poulettes font l’objet d’un programme de prophylaxie classique en élevage de production en Bretagne. En S17, elles

Cinquièmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26 et 27 mars 2003

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En S15, S27, S40, S66, 300 poules de T2 et T3 et 600 poules de T1 sont pesées individuellement. L’emplumement est noté de 0 à 4 (très médiocre à état excellent). Lors de ces contrôles, l’intégrité cutanées est également notés.

sont transférés dans un bâtiment de ponte, contenant une partie cages, une partie volières. Les cages 5 places utilisées ainsi que les volières (Natura, Big Dutchman). respectent les normes de la directive 1999/74/CE. Le programme alimentaire, de régulation de température (20°C<température<21C°) et d’éclairage sont identiques en cages et en volières.

A l’abattoir (semaine 68), un dénombrement des ailes cassées et des lésions du poitrail, bréchet et abdomen est réalisé. Il existe trois traitements qui se caractérisent par le

mode d’élevage des poulettes et le mode de logement des pondeuses : les poulettes élevées au sol (5360 animaux) puis transférées en batteries de cages non aménagées (T1), les poulettes élevées en volières (2700 animaux) puis transférées en volière de ponte (T2), les poulettes élevées au sol avec des perchoirs et une plate forme en caillebotis (2700 animaux) puis transférées en volière (T3). L’élevage en volières des poulettes est la solution préconisés mais qui n’est pas disponible en France actuellement, l’élevage au sol avec des structures de perchage constituerait un compromis permettant la réutilisation des bâtiments actuels pour l’élevage de poulettes. Cet essai vise également à évaluer l’impact du système d’élevage des poulettes sur la période de ponte.

1.5. Suivi sanitaire Des animaux : Le programme sanitaire d’élevage inclu a minima l’ensemble des dispositions réglementaires concernant l’élevage des volailles et en particulier celles fixées dans l’arrêté du 26 octobre 1998. Un suivi sérologique (mycoplasmes, maladie de Newcasttle) et parasitologique (coccidies, helminthes) ainsi qu’un relevé des mortalités et morbidités des animaux en période d’élevage et de ponte est réalisé. Des prélèvements de trachée et de poumon sont réalisé pour des analyses histologiques en S21 (20 poules de T1, 12 de T2 et 10 de T3) et S64 sur 60 poules de T1 et 32 de T2 et T3. Des œufs : En S37, S43 et S57 le dénombrement de la flore aérobie mésophile (FAM) et des entérocoques est réalisé à partir de 75 œufs par traitement. 1.2. Suivi comportemental De l’ambiance : Un suivi de l’empoussièrement via un dosage des particules alvéolaires (0-12µm) et totales (particules inhalables, 0-100µm) en suspension dans l’air est réalisé tous les mois, en cages et en volières. Un dénombrement de la flore aérobie mésophile et des entérocoques est effectué à partir de 2 prélèvements d’air (un dans la partie volière, un dans la partie cages), en S37, S43 et S57

L’occupation de l’espace par les animaux élevés avec des structures de perchage (T2, T3) est étudié toutes les deux semaines (entre S8 et S67) par l’observation de la localisation (horizontale et verticale) d’animaux bagués, par la technique du scan sampling. Afin d’évaluer le répertoire comportemental des aniamux, en S9 et S10, ainsi qu’en S13 et S14, 24 poulettes par traitement sont suivis par la méthode du focal sampling (20 min par animal). En S21 et S22, S42 et S43, S62 et S63, 24 poules issues de cages et 12 poules issues de chaque volière sont observées par la même technique. Durant l’observation d’un animal, tous les comportements suivants sont notés :

1.6. Analyse statistique p sera fixé par défaut à 0.05. Les durées des différentes activités, les données normales concernant la solidité osseuse et les poids des animaux sont comparées entre les traitements par ANOVA. Nutrition : boire, manger ; Quand les données ne sont pas normales, l’analyses statistique est faite par un test de Kruskall-Wallis, suivi d’un test de Mann-Witney comparant les traitements deux à deux.

Confort : toilettage, bain de poussière ; Déplacement : marche, course, vol ; Observation (immobile regarde l’environnement) ; Inactivité ;

Les effectifs d’animaux obtenant un score de 0, 1 ou 2 et de 3 ou 4 (emplumement, lésions) seront comparés entre les traitements par un test du chi deux.

Picage agressif et non agressif entre congénères ; Exploration : picage de l’environnement, picorage du sol, grattage de litière. 1.3. Suivi zootechnique Les résultats bactériologiques font l’objet une

transformation logarithmique base 10, afin d'obtenir des lois normales. Les résultats de la FAM sont traités en tant que variables continues, tandis que ceux relatifs aux entérocoques sont traités en pourcentages (présence/absence).

Un relevé hebdomadaire du nombre d’œufs pondus et de leurs poids moyen est effectué en volière et en batterie à partir de S18. Dans la partie volière, le nombre d’œufs trouvés sur la litière et les caillebotis est noté. Ces œufs sont automatiquement déclassés. La consommation en aliment est relevée de façon hebdomadaire.

2. Résultats et discussion 1.4. Suivi de l’état corporel des animaux

Solidité osseuse :Avant le départ à l’abattoir en S68, la solidité osseuse du tibia et de l’humérus droits de 32 animaux par volière et de 60 animaux issus de cages est mesurée par un test de résistance à la rupture (appareil Ericksen MST, série M).

2.1. Comportement Les observations par scan sampling, réalisées sur les poulettes baguées, indiquent que 57% des animaux observés ont été vus sur 3 ou 4 niveaux verticaux en Poids corporel, emplumement et lésions :

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volières (4 niveaux au total) et 94% ont été vus sur 2 ou 3 tiers de la volière (la surface de la volière est séparée en 3 tiers dans le sens de la longueur). Les résultats obtenus pour les poulettes élevées au sol avec perchoirs (3 niveaux au total) indiquent également un bonne fréquentation des différents niveaux (89% des animaux vus sur 2 ou 3 niveaux). Toutefois, 21/46 animaux n’ont jamais été vus sur la plate-forme en caillebotis (équivalent du premier niveau en volière). La distribution de l’aliment au sol semble responsable de cette sous-fréquentation de la plate-forme destinée au perchage. En système de ponte, dans les deux volières, plus de 93% des poules ont été observées sur 3 ou 4 niveaux et 70 et 62% (T2 et T3 respectivement) des animaux ont été observés sur tous les niveaux. Cette classification ne fait pas apparaître de différence significative entre T2 et T3. En revanche, le nombre d’animaux qui n’ont jamais été vus sur le caillebotis le plus haut est significativement plus important en T3 qu’en T2 (15/80 vs 3/61, p=0.015). Ce caillebotis étant le seul dépourvu de chaîne d’alimentation, il est probable que les poules provenant du sol avec perchoirs ne cherchent pas à y aller puisqu’elles ne fréquentaient déjà pas toutes la plate-forme en caillebotis dans le système poulettes. Les observations par focal sampling permettent de décrire la répartition moyenne des activités des animaux sur 20 min, en fonction du traitement. Que ce soit chez les poulettes ou les poules, l’activité principale des animaux dans les trois traitements est l’observation, puis viennent les comportements de nutrition et de confort et enfin de locomotion. Chez les poulettes, aucune différence significative sur ces différents comportements n’a pu être mise en évidence entre les traitements. Chez les poules, la répartition des activités des animaux en cages est différentes de celle des animaux en volières. En S21/22 (Figure 1), les poules en cages consacrent davantage de temps aux comportements de nutrition (6.5/20 min) qu’en volières (T2= 4.6/20 min, T3= 3/20 min). FIGURE 1 : répartition moyenne des activités en fonction du traitement à 21/22 semaines (sur 20 min).

En revanche,est significat(T2= 3.1/20 mmin). Ce réaugmentation

souvent réalisés par des animaux perchés. Les activités locomotrices, restreintes en cages (0.5/20 min), occupent davantage de temps en volières (T2 = 1.4/20 min, T3 = 1.6/20 min, différence significative : p<10-3). La répartition de ces activités varie peu au cours de la période de ponte. D’une façon générale l’élevage en volière permet aux poules de développer un panel d’activités plus varié, (résultats concernant le picage et les interaction avec l’environnement non disponibles actuellement). 2.2. Zootechnie Le Tableau 1 synthétise les résultats zootechniques sur toute la période de ponte. TABLEAU 1 : synthèse des résultats zootechniques établie sur toute la période de ponte (de 121 à 477 jours d’âge). T1 T2 T3

Pourcentage de ponte 85,78 83,76 79,86 Pourcentage d'œufs non

commercialisés 3,88 7,54 15,37

Mortalité (%) 2,76 3,90 5,22 Consommation par poule

et par jour (g) 112 117 114

Consommation par kg d'œuf (kg)

2,12 2,24 2,31

Le taux de ponte est meilleur en cages (T1) qu’en volières (T2, T3). En volière, le taux de ponte au sol et sur les caillebotis est supérieur en T3 (8% minimum) par rapport à T2. Les œufs pondus hors nid n’étant pas commercialisés dans le circuit classique (mais sous forme déclassée), le taux d’œufs non commercialisés est important pour T3. Les animaux logés en volières passent moins de temps à s’alimenter que les animaux élevés en cages (cf comportement). En revanche, les poules consomment plus d’aliments en volières probablement en raison d’une plus grande compétition alimentaire, d’une dépense énergétique supérieure, particulièrement en T2 où la productivité est supérieure à T3, (d’vantage d’appétit à l’heure des repas) et d’une plus grande diversité des activités alternatives. La vitesse d’alimentation est donc supérieure en volière par rapport aux cages. L’indice de consommation (IC) est supérieur en volière par rapport aux cages. Les différences de taux de ponte et d’IC à la faveur des cages s’expliquent par une dépense énergétique supérieure des animaux en système volière.

11 10 11

7

21

0

5

10

15

20

T1

AutresFerme les yeuxObservationDéplacement

Le taux de ponte hors nid est dû à une moins bonne

1*

le temps passé aux activités de confort ivement plus élevé (p=0.04) en volières

in, T3= 3.9/20 min) qu’en cages (1.3/20 sultat est principalement dû à une des comportements de toilettage,

5 3

431

T2 T3

ConfortNutrition

* : temps en minutes

adaptation des poules provenant de l’élevage au sol avec perchoir .Ces dernières ont mis plus de temps à commencer à pondre (certains animaux ne trouvaient pas les chaînes d’abreuvement et d’alimentation) et ont moins bien utilisé les nids (œufs pondus au sol et mangés) que les poules provenant de volières. Ce constat va de pair avec la moins bonne utilisation du caillebotis supérieur par les poules du T3. 2.3. Etat corporel des animaux Résistance osseuse :La force nécessaire à la rupture du tibia est significativement différente entre les

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traitements. La différence entre T1 et T2 est très significative (203.2 N vs 266.7 N, p<10-3). La différence entre T1 et T3 est également significative au seuil de 5% (203.2 N vs 230.5 N, p= 0.015). Il existe également une différence significative entre T2 et T3 (p=0.004). Le tibia des poules est donc plus résistant lorsque celle-ci sont logées en système de ponte « volières » par rapport aux batteries et plus encore lorsqu’elles ont été préalablement élevées en volières. Le constat est plus flagrant encore pour l’humérus. Le système volière, en sollicitant davantage les déplacements verticaux des poulettes (vols, bonds), procure aux animaux une meilleure résistance osseuse (stimulation du métabolisme osseux) que s’ils étaient élevés au sol, même avec des perchoirs. Ces résultats confirment les résultats des études déjà réalisées (Newman and Leeson, 1998). Poids corporel, emplumement et lésions: En S27, soit 10 semaines après le passage en système de ponte, les poids des poules sont similaires entre les 3 traitements. Puis, au cours de la période de ponte, le poids des poules en cages continue à augmenter alors que celui des poules en volières se stabilise. En S66, les poules en cages sont plus lourdes (+ 100g) que les poules en volières. En S66, les résultats d’emplumement sont significativement différents entre chacune des volières et les cages (perte de plumes : 30.9%, 25.9% et 27.3% des animaux pour T1, T2 et T3 respectivement, p<10-

3). Les pertes de plumes (localisées principalement au cou et au poitrail) sont plus importantes chez les poules en cages à cause de l’accumulation des frottements entre le plumage et la porte de la cage (entre autres), lors de la prise alimentaire. Le pourcentage de blessures corporelles (rarement dues au picage) est de 5.6% pour T2, 3.9% pour T3 et 3.1% pour T1. Le pourcentage plus élevé de blessures en volières s’explique par la taille du groupe. En effet, une taille de groupe supérieure à 100 animaux ne permet pas l’installation d’une hiérarchie stable. Les conflits entre animaux éclatent donc plus fréquemment, par exemple lors de compétition pour l’alimentation. A l’abattoir, le taux d’ailes cassées est significativement différent en volière et en cages (p<10-3). Ce taux est faible en volière (entre 0.4 et 0.6%, n=1080) et élevé en cages (18.7% dont 3.7% ont 2 ailes cassées, n=1080). Les causes de fractures des ailes sont multiples : lors de l’enlèvement, ou à l’abattoir où il arrive que des ailes cassent lors de l’électronarcose, sous l’effet des contactions musculaires fortes. Il convient de rappeler ici que la faible résistance osseuse chez les poules en cages peut également expliquer la recrudescence des fractures lors de la manipulation de ces animaux. 2.4. Suivi sanitaire Des animaux et de l’ambiance : aucune affection particulière ne s’est déclarée au cours de l’essai. La mortalité (Tableau 1) est plus importante en volière (3.9% pour T2 et 5.22% pour T3) qu’en cages

(2.76%), toutefois les autopsies réalisées n’ont pas révélé de lésions particulières. La mortalité plus importante en début de ponte reflète davantage un problème d’adaptation des animaux au système d’élevage avec, par exemple, des animaux ne trouvant pas les chaînes d’alimentation en hauteur (T3). L’histologie révèle des lésions pulmonaires nettement plus marquées chez les poules logées en volières. Ces dernières sont davantage exposées aux poussières contenues dans l’air (jusqu’à 31.6 mg de poussières/m3, dont 6.7 mg alvéolaires) par rapport à celles élevés en cages (jusqu’à 2.3 mg de poussières/m3, dont 0.5 mg alvéolaires). Nos résultats confirment ceux obtenus par Groot Koerkamp and Bleijenberg, 1998. La flore aérobie mésophile moyenne de l'air s’élève à 1.35 log c.f.u. /l d’air en cages et à 3.84 log c.f.u. /l d’air en volières (pas de différence entre les deux volières). Des œufs : Les résultats observés montrent une différence significative entre les œufs pondus par des poules élevées en volières et ceux pondus par des poules élevées en cages. En effet, la moyenne de la contamination de la coquille observée pour les œufs pondus en cages est de 4.79 log c.f.u./oeuf alors que cette moyenne s'élève à 5.54 log c.f.u./œuf pour les œufs pondus en volières. Cette contamination de la coquille est, par ailleurs, plus élevée en fin de ponte, quel que soit le système d’élevage). L'air très empoussiéré des volières sert de support aux bactéries fécales contaminant potentiel des œufs, des animaux, voire de l’éleveur. Les résultats disponibles nous permettent de constater que l’élevage de poulettes destinées aux volières, au sol, même avec des perchoirs, pose des problèmes qui se répercutent sur le bien-être (comportement, critères sanitaires) et les performances des animaux. La mise à disposition de l’alimentation des poulettes en hauteur, lors de la période d’élevage, semble impératif à une bonne adaptation des animaux au système volière. En revanche, en ce qui concerne les poulettes élevées en volières, les résultats zootechniques ont été améliorés par rapport à l’essai précédent. Références bibliographiques Abrahamsson, P., and Tauson, R., 1998. J. Appl. Poult. Res. 7: 225-232. Groot Koerkamp, P. W. G., and Bleijenberg, R., 1998. Br. Poult. Sci. 39: 379-392. Gunnarsson, S., Keeling, L. J., and Svedberg, J., 1999. Br. Poult. Sci. 40: 12-18. Johnsen, P. F., Vestergaard, K. S., and Norgaard-Nielsen, G., 1998. Appl. Anim. Behav. Sci.60: 25-41. Newman, S., and Leeson, S., 1998. Poult. Sci.77: 1492-1496. Savory, C. J., and Mann, J. S., 1999. Br. Poult. Sci. 40, 565-572. Etude financée par la région Bretagne et le FEOGA

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INFLUENCE DE LA PRESENCE DE TAILLIS DE SAULE A TRÈS COURTE ROTATION SUR LA FREQUENTATION DES PARCOURS PAR LES POULETS LABEL

Lubac S.1, Senecaille M.1, Spérandio D.1, Desquennes A.², Arnould C.3, Faure J.M.3, Mirabito L².

1ITAVI, 5 rue Hermann Frenkel, 69364 Lyon cedex 07,

2ITAVI, 12 rue du Rocher, 75008 Paris 3 Station de Recherches Avicoles, INRA, Centre de Tours, 37380 Nouzilly

Résumé En vue d'optimiser la gestion des parcours en production de poulet label, il a été choisi de tester l'impact d'aménagements sur le taux de poulets présents sur le parcours, leur répartition sur la surface exploitée et, par conséquent, sur la pression animale exercée sur la zone 0-10 mètres du bâtiment. Dans ce cadre, 3 élevages ont été suivis au cours du printemps 2001, été 2001 et été 2002, scindés en 2 parties, l'une restant telle quelle servant de témoin, l'autre implantée en taillis à très courte rotation de type saules. Ce couvert végétal a permis à 11 semaines d'âge, de multiplier le pourcentage de poulets présents par 1,95 , la surface visitée par 1,9 et de diviser la densité en zone frontale par 1,5 par rapport à un parcours avec couvert végétal réduit. Des aménagements de la zone frontale de type couloir de canisses ou tunnel ont aussi permis d'encourager les poulets à explorer plus rapidement le centre du parcours. Introduction Le poulet Label Rouge a construit sa réputation sur des qualités organoleptiques différentes et un système d’élevage valorisant avec, notamment, l’accès à un parcours extérieur. Cependant, l’évolution des mentalités conduit aujourd’hui le citoyen à exiger de l’agriculture la prise en compte, du bien être animal, de la conséquence de ses activités sur l’environnement, ainsi que l’atteinte d’une qualité sanitaire toujours plus élevée. Dans ce but, la gestion et l’aménagement des parcours doivent faire l’objet d’une attention particulière, non seulement car la présence d’un parcours constitue un critère essentiel aux yeux du consommateur sur le plan du bien être animal, mais aussi car des efforts doivent encore être accomplis sur cette zone en matière de gestion des déjections et de maîtrise des risques de contaminations. Une des premières voies possibles apparaît alors être celle de l’aménagement des parcours qui peut permettre d’offrir aux animaux un environnement mieux adapté à leurs besoins et favoriser leur diffusion dans l’espace, limitant ainsi les pressions environnementales et sanitaires localisées. En effet, au cours de travaux antérieurs, nous avions émis l’hypothèse que favoriser la diffusion des animaux dans l’espace permettait de réduire la densité dans la zone située près des trappes (Mirabito et Lubac, 2000). Une première étude visant à évaluer l’effet d’un couvert de type vergers a été réalisée en 2001 (Mirabito et al., 2001) dans la Vallée du Rhône

et a permis de confirmer cette hypothèse. Toutefois, il nous semblait nécessaire de confirmer ces travaux en envisageant un autre type de couvert végétal du parcours adapté à d’autres contextes pédo-climatiques. De ce point de vue, les taillis à très courte rotation de saules nous sont apparus comme de bons candidats en raison aussi de leur capacité à fixer l’azote du sol. L’objectif du présent essai a donc été de tester l’effet de ce type de couvert végétal sur la fréquentation des parcours par les poulets label. 1. Matériel et méthodes 1.1. Dispositif L’essai s’est déroulé sur les bâtiments d’élevage de poulets Label Rouge des lycées agricoles de Cibeins (01), des Sardières (01) et de Rambouillet (78). Chaque bâtiment a été scindé en 2 lots de de 2200 poulets. Chaque parcours rattaché a été découpé de même en 2 parties, comptant 2 m² par poulet au minimum, l’une restant telle quelle servant de témoin (parcours nu à Cibeins et Rambouillet, présence d’un bosquet d’arbres en partie à Sardières), l’autre ayant été aménagée : implantation de taillis à très courte rotation de type saules (famille des Salicaceae genre Salix). Ces derniers présentent le double intérêt de pouvoir épurer le sol grâce à leur forte capacité d’utilisation de l’azote, tout en produisant une quantité importante de bois utilisable comme combustible. Toutefois, leurs besoins hydriques sont importants et par conséquent, ils ne peuvent être implantés que dans des régions humides.

Cinquièmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26 et 27 mars 2003

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L’implantation a été réalisée sur chaque parcours en mars 2000. Dans le cadre de cet essai, la densité était de 5000 à 7000 boutures/ha. Les scions ont été disposés en ligne, espacés de 50 cm les uns des autres. 2 lignes espacées de 75 cm formaient un double rang distant du suivant de 3,25m à 3,75 m selon le parcours. Le passage entre rangs à l’aide d’un tracteur restait ainsi possible. En 2002, chaque scion avait donné un arbre de 5 tiges d’environ 8 m de haut à Cibeins, 6 m à Sardières et 3 m à Rambouillet. Aucun recepage n’a été effectué. Suite aux mesures réalisées en 2001, il a été choisi de compléter le dispositif en 2002 par un aménagement de la zone frontale (0-10 m du bâtiment) en vue d’accélérer la découverte du parcours par les poulets (Figure 1). Deux structures ont été retenues : une double rangée de canisses formant un couloir

(dimensions : 10m*1m*1m). un « tunnel » confectionné à l’aide d’un filet

militaire (dimensions : 12m*1m*1m), rappelant l’ombre de plantes arbustives.

Les deux aménagements étaient situés dans le prolongement d’une trappe à environ 3 m du bâtiment. 1.2. Suivi et analyses Chaque parcours a été découpé en zones de 100 m² par piquetage tous les 10 mètres. Le dénombrement des animaux dans chaque zone a été effectué 3 fois par jour (9h, 14h, 18h) à 7, 8, 9 et 11 semaines d’âge des poulets, une fois par semaine. Les suivis ont été effectués au cours d’une bande au printemps 2001 (très pluvieux) et en été 2001 pour les élevages des lycées Cibeins et Sardières puis au cours d’une bande l’été 2002 pour les 3 élevages. Ainsi, 7 lots sous parcours saules ont été suivis, 4 avec un parcours témoin nu et 3 avec un parcours témoin sous bosquet. Les variables suivantes ont été calculées : le pourcentage de poulets présents (%PP) :

nombre de poulets dans le parcours rapporté au nombre total de poulets dans l’élevage,

la distance moyenne au bâtiment (DM) : distance pondérée linéaire au centre des trappes en considérant que tous les poulets présents dans une zone sont situés au centre de celle ci.

La surface visitée (SV) : somme des surfaces des zones où a été observé au moins un poulet,

Il a aussi été estimé en fonction des zones : L’écart relatif (ER) à la valeur attendue sous

l’hypothèse d’une répartition aléatoire des poulets dans les parcours. Il a été calculé après regroupement des zones en quatre parties : de 0 à 10 m du bâtiment (zone dite frontale) ; de 10 à 20 m ; de 20 à 40 m, de 40 m jusqu’au fond du parcours. Plus l’ER d’une zone est élevée, plus la

concentration d’animaux dans cette zone est importante.

La densité moyenne : nombre de poulets présents sur cette zone ramenée à sa surface.

Les effets du facteur « type de parcours » ont été analysés au moyen du test U de Mann Whitney. L’ensemble des tests a été réalisés à l’aide de la procédure non paramétrique de StatView 5. 2. Résultats 2.1. Pourcentage de poulets présents sur le parcours Globalement, le %PP est passé de 16 % à 18,6 % dans les parcours nus et de 11,1 % à 36,8 % sur les parcours avec saules entre 7 et 11 semaines d’âge (Figure 2). L’écart augmentait avec l’âge pour atteindre un pourcentage de poulets sur parcours avec saules deux fois plus important que sur parcours nus à 11 semaines (p<0,10). L’évolution de la présence des poulets sur parcours avec bosquet est comparable aux parcours avec saules. Cette situation masque toutefois une variabilité au cours de la journée. En effet, aucune différence n’est apparue entre les différents types de parcours le matin, période qui correspondait par ailleurs au maximum de poulets sortis, en revanche, quelque soit la semaine, le % PP tendait à être supérieur à 14h et à 18h dans les parcours avec saules (p<0,10) et avec bosquets . 2.2. Distance moyenne au bâtiment et surface visitée En moyenne, les poulets du lot « nu » ont stationné entre 14 m à 7 semaines et 21 m du centre du bâtiment à 11 semaines d'âge (Figure 3). Une situation différente a été observée pour ceux disposants de couverts de saules qui sont passés de 15 m à 32 m entre 7 et 11 semaines. A 11 semaines, la différence de distance moyenne entre les deux types de parcours était significative (p=0,04). L’évolution de ce résultat au cours de la journée a été variable d’un élevage à l’autre, contrairement au pourcentage de poulets sortis. Les animaux ont visité, au cours des différents âges, 660 m² à 1350 m² des parcours nu contre 795 m² à 2585 m² des parcours avec saules (Figure 4). L’écart entre les surfaces visitées a été significatif dès l’âge de 8 semaines. La surface visitée enregistrée a été maximale à 9h puis a diminué à 14h et augmenté à nouveau à 18h quelque soit le type de parcours.

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2.3. Répartition des animaux sur le parcours En zone frontale (0-10 m devant le bâtiment), le nombre de poulets observés était environ 9 fois supérieur à celui attendu en parcours nus et parcours saules à 7 semaines (Figures 5 et 6). Le rapport n’était plus que de 7 dans les parcours nus et 2 dans les parcours avec saules à 11 semaines. La différence à 7 semaines entre les zones les plus chargées (0-10 m) et les moins chargées (40 m-fond) étaient en moyenne de 1065 % en parcours nus et de 998 % en parcours saules. Elle a été réduite à 11 semaines à 744 % en moyenne en parcours nus, contre 322 % en parcours de type saules. Les saules permettraient donc d’augmenter l’ homogénéité de la répartition des poulets sur le parcours. 2.4. Densité en zone frontale Comme nous venons de le voir, la zone 0 –10 m du bâtiment est la zone la plus surchargée en comparaison au reste du parcours. L’étude de la densité d’animaux présents sur cette zone indique que globalement pour les 3 âges confondus, la densité était de 0,55 poulet/m² dans les parcours nus contre 0,37 poulet/m² dans les parcours avec saules et 0,32 poulet/m² dans le parcours avec bosquet (figure 7). La concentration de poulets était donc supérieure de 55% en parcours nu par rapport aux parcours saules. Mais, aucun écart significatif n’a pu être mis en évidence du fait de la faible taille de l’échantillon et de la forte variabilité des résultats liée aux conditions météorologiques et aux saisons suivies. 2.5. Intérêt des aménagements de la zone frontale Pour estimer l’effet des aménagements, nous avons comparé le nombre de poulets présents dans les zones correspondantes à celui enregistré au niveau de la zone sans aménagement équivalente (zone libre située entre les aménagements de chaque parcours expérimental). La densité des animaux était ainsi en moyenne sur les 3 élevages 3,3 fois supérieures sur la zone où était implantée les canisses et 2,3 fois supérieures sur la zone où était implantée le tunnel par rapport à la zone nue. Ces données masquent cependant une certaine variabilité d’un élevage à l’autre (Figure 8) qui s'explique par l'environnement du parcours et les modalités d'implantation des aménagements (orientation par rapport aux trappes). Toutefois, en comparant les résultats entre les 2 élevages suivis, en 2001 sans aménagements de la zone frontale et, en 2002 avec aménagements, nous pouvons noter que le pourcentage de poulets présents, la surface visitée et la distance moyenne au bâtiment varient peu d’une année sur l’autre sur les parcours témoin nus et bosquets (respectivement, les rapports 2002/2001 sont : -3% pour le %PP; +6% pour la SV

et +11% pour la DM). Au contraire, ces mêmes variables connaissent une augmentation nette de 2001 à 2002 sur les parcours avec saules suite à la mise en place des aménagements (et aussi à la croissance des saules). Les rapports 2001/2002 sont en effets de + 44 % pour le %PP, + 29 % pour la SV et + 43 % pour la DM. 3. Conclusion La variabilité des résultats obtenus entre les parcours peut s’expliquer par les conditions météorologiques, sur lesquelles aucune action ne peut être menée, et sur l’aspect du parcours, sur lequel nous avons agi en implantant des saules et en aménageant la zone frontale. Ainsi, cette étude sur l’impact de l’implantation des saules, nous a permis de répondre aux objectifs qui étaient de : favoriser la sortie des poulets le plus tôt possible

dès 6 semaines, maximiser la surface d’exploitation du parcours en

augmentant l’homogénéité de la répartition des animaux,

réduire la pression animale en zone frontale, zone de forte concentration, en diminuant la densité à ce niveau.

De plus, il ressort de cette étude un intérêt marqué des aménagements de la zone frontale en vue d'attirer les oiseaux au-delà de cette zone. En conclusion, dans le but de favoriser l’occupation de l’espace parcours par les poulets, il nous semble nécessaire d’implanter, sur le parcours, un couvert végétal composé d’arbres de haut jet, procurant une ombre assez dense (assez bien feuillus), associé à des plantes d’1 mètre de hauteur. En zone frontale, l’utilisation des aménagements étudiés n’est pas envisageable à grande échelle. Toutefois, leur structure peut être reprise par l’implantation d’arbustes ras en ligne, du bord du trottoir à 10 m du bâtiment favorisant une conquête rapide de la zone arborée. Références bibliographiques Mirabito L., Lubac S., 2000, Sc. et Tech. Avi., 34 Mirabito L., Lubac S., Quenum S., Gilbert M., 2001, In : Journée Technique de la Sasso. Nous remercions les lycées pour leur collaboration et particulièrement R. Boulon, G. Collin et T. Lobé. Cette étude a reçu le soutien financier de l’ANDA, de l’ACTA/MRT et du PEP Volailles Rhône Alpes.

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FIGURE 1 : Représentation schématique des parcours (sauf Rambouillet : parcours expérimental latéral et derrière bâtiment)

FIGURE 2 : Pourcentage de poulets présents en fonction de l’âge et du parcours (± Erreur Standard de la moyenne - ES)

,05

,1

,15

,2

,25

,3

,35

,4

,45

,5

,55

%PP

7 8 9 11

saulesnubosquet

T

T

SAULES TUNNEL CANISSES FIGURE 3 : Distance moyenne (en m ± ES) par âge et par parcours

FIGURE 4 : Surface visitée (en m² ± ES) par âge et par parcours

10

15

20

25

30

35

40

45

DM

7 8 9 11

saules

nu

bosquet

*

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

SV

7 8 9 11

saulesnu

bosquet*

**

FIGURE 5 : Ecart relatif (en %) à la valeur attendue par zone et par parcours à 7 semaines (ER= (observé- attendu)/observé)

FIGURE 6 : Ecart relatif (en %) à la valeur attendue par zone et par parcours à 11 semaines

-100% 100% 300% 500% 700% 900% 1100%

0-10m .

10-20m .

20-40m .

40m-fond .nu

bosquet

saules

2

-100% 100% 300% 500% 700% 900% 1100%

0-10m .

10-20m .

0-40m .

40m-fond .

nu

bosquet

saules

FIGURE 7 : Densité en zone frontale (en poulet/m² ± ES) par âge et par parcours

FIGURE 8 : Ecart de densité (poulets/m² ± ES) sur les zones avec aménagements par rapport à la zone nue (en %)

,2

,3

,4

,5

,6

,7

,8

,9

Den

sité

en

zone

fron

tale

7 8 9 11

saulesnubosquet

0

100

200

300

400

500

600

700

en %

cibeins saulesrambouillet saules

sardières saules

tunnelcanisses

Pour l'ensemble des figures, test nu/saules : * : p < 0,05 ; T : p < 0,10

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EFFET D’UNE DISTRIBUTION DE BLE ENTIER EN ALIMENTATION SEQUENTIELLE SUR LES COMPORTEMENTS ET LES LESIONS DE PICAGE CHEZ LA DINDE

Mirabito Luc, André Laurent, Bouvarel Isabelle

ITAVI 28, rue du Rocher, 75 008 Paris

Résumé L’impact d’une distribution de 10 % de la ration des dindes sous forme de blé entier a été testé dans deux élevages disposant chacun de deux bâtiments similaires. Dans le bâtiment expérimental, la distribution de blé avait lieu en libre choix de 3 à 7 semaines d’âge puis en alimentation séquentielle avec un alimentaire complémentaire. Globalement, cette technique a eu peu d’effet sur les comportements de picage et les lésions observées à l’abattoir, les quelques différences notées dans un élevage pouvant être mises en relation avec d’autres facteurs. De même, elle s’est avérée délicate à mettre en œuvre en raison notamment d’une faible vitesse de consommation du blé par les mâles. En conclusion, même si les résultats obtenus mériteraient d’être confirmés, ce type de stratégie ne nous a pas semblé pertinent dans l’objectif d’enrichir le milieu chez la dinde pour limiter les phénomènes de picage en raison notamment du coût et des difficultés techniques liés à sa mise en œuvre. Introduction Le phénomène du picage peut constituer un problème pour l’élevage des volailles. Dans le cas de la dinde, certains auteurs n’hésitent pas à considérer qu’il s’agit du principal problème de bien-être. Or, actuellement, le débéquage et la réduction de l’intensité lumineuse sont les solutions les plus utilisées pour lutter contre les conséquences du picage. Mais ces pratiques font, de plus en plus, souvent l’objet de critiques sur le plan du bien-être animal. Par conséquent, au cours de ces dernières années, c’est une troisième voie qui a surtout été explorée, celle de l’enrichissement du milieu. L’objectif général de ces approches est de substituer, aux activités de picage des congénères, des comportements de picage d’objets inanimés. Cela peut se faire au travers de la fourniture d’éléments attractifs (brin de paille, plaque métallique, etc.) ou par le biais d’une modification de la présentation de l’aliment visant à augmenter le temps de consommation. Cette dernière voie ayant été peu explorée chez la dinde, l’objectif de cette étude a donc été de tester l’impact d’une distribution de blé entier, en alternance avec un aliment complémentaire, sur le comportement des dindes et la fréquence des lésions cutanées. 1. Matériels et méthodes Cette étude a été mise en place au sein de deux élevages implantés dans le Maine et Loire. Chaque élevage comprenait deux bâtiments (témoin et

expérimental) de type obscur avec une ventilation statique d’une surface de 800 m² pour l’élevage A et 600 m² pour l’élevage B. Les densités initiales étaient proches de 9,7 animaux/m² (élevage A) et 7,6 animaux/m² (élevage B). Un desserrage a été effectué à 6 semaines pour les ramener à 6,4 pour les mâles et 9,7 pour les femelles dans l’élevage A et à 6,4 et 9,1 dans l’élevage B. Dans les quatre bâtiments, la litière était constituée d’un mélange paille/copeaux. Le programme lumineux était fractionné de type 1h00 Lumière/1h00 Obscurité. Les oiseaux étaient de souche BUT 9, débéqués à 8-10 jours et la mise en place a eu lieu au mois de mai. Le mode d’alimentation des animaux du lot expérimental a comporté trois périodes distinctes. De 0 à 18 jours, les animaux ont reçu un aliment complet. De 18 à 49 jours, du blé a été mis à disposition dans des mangeoires séparées. Les animaux disposaient donc de celui-ci, simultanément (en « libre choix »), avec un aliment granulé complémentaire (surdosé par rapport au témoin par retrait de 10 % de blé de la formule) distribué dans les chaînes d’alimentation. A partir de 7 semaines et jusqu’à l’abattage, l’apport de blé a ensuite été effectué selon le principe de l’alimentation séquentielle. Entre 7h30 et 8h00, l’éleveur basculait la vis d’approvisionnement sur le silo blé. Les animaux disposaient alors de celui-ci dans la chaîne d’alimentation durant 3 phases lumineuses d’une heure (total d’environ 7 heures), cette valeur diminuant dans le temps jusqu’à une phase de deux heures (total d’environ 4 heures) vers 12 semaines. Au cours du reste de la journée, les animaux recevaient l’aliment granulé complémentaire. Quel que soit l’âge des animaux, l’apport de blé entier visait à représenter 10 % de la consommation spontanée.

Cinquièmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26 et 27 mars 2003

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Le comportement des animaux a été enregistré au travers de la réalisation de suivis individuels (« focal sampling »). Après découpage de l’aire de vie des animaux en 8 zones virtuelles, un oiseau par zone, par sexe et par bâtiment a été observé durant 5 minutes (enregistrement sur ordinateur grâce au logiciel Etholog 2.0). L’individu suivi dans une des zones (ordre choisi par tirage au sort avant mesure) correspondait au premier individu repéré qui entrait dans cette zone ou dans le cas d’une absence de déplacement, le premier individu qui se levait au sein de cette zone. Les observations ont été effectuées en semaine 6, 8, 10, 12 et 14. Chaque lot était observé, au cours d’une journée, deux heures le matin (entre 9h00 et 13h00) et deux heures le soir (entre 17h30 et 22h00) soit 32 animaux par bâtiment et sexe. Le répertoire comportemental considéré était le suivant : « mange granulé », « mange blé », « pique aile », « pique tête », « pique dos et queue ». Une pesée collective d’un échantillon de 50 animaux par sexe et par bâtiment était réalisée chaque semaine et cette donnée a été utilisée à titre informatif. La mortalité était suivie quotidiennement. La qualité des carcasses a été mesurée lors de l'abattage des femelles à 12 semaines, et des mâles à 16 semaines. Le relevé des lésions avait lieu après le poste de plumaison sur la partie dorsale de 200 individus. Les lésions relevées étaient les suivantes : griffure, plaies avec escarre, picage. Pour chaque individu observé, nous avons calculé deux variables : - la fréquence des comportements (nombre d’occurrences / durée) - la durée moyenne d’une activité (pour les comportements alimentaires uniquement) Ces deux variables ont été traitées au moyen du test U de Mann-Whitney (Statview 5). Nous avons testé l’effet du type d’alimentation à âge fixé et, globalement, sur les périodes de distribution des deux aliments (blé le matin et granulé le soir). Pour cette deuxième approche, nous avons considéré l’ensemble des individus observés entre 8 et 14 semaines. Pour ces analyses, nous avons traité les résultats comme si les individus observés étaient indépendants. Cette approximation limite le résultat des tests mais permet de dégager d’éventuelles tendances qui devraient être ultérieurement validées par un autre dispositif expérimental. Les effets du type d’alimentation sur la mortalité et la fréquence des lésions ont été testés au moyen du test du chi-deux. 2. Résultats Si les animaux se sont intéressés au blé dès le premier jour de distribution, l’objectif des 10 % de consommation n’a été atteint qu’après 2 semaines avec difficulté toutefois chez les mâles notamment dans l’élevage A. Cette quantité a ensuite été

consommée quotidiennement dès qu’elle a été distribuée dans les chaînes d’alimentation. La durée de distribution variait cependant du tiers (à 7 semaines) au sixième (à l’abattage) de la journée. A 6 semaines, âge auquel les animaux des lots expérimentaux avaient un « libre choix » entre blé et aliment complémentaire, 123 oiseaux (mâles et femelles des deux bâtiments expérimentaux) ont été observés. Seuls 5 ont alors consommé du blé contre 45 qui ont consommé du granulé. Aucun animal n’a consommé au cours d’une même séquence les deux aliments. Dans les deux sexes, la fréquence des accès au granulé était supérieure dans le lot expérimental mais non significativement différente de celle du lot témoin. Par contre, chez les mâles, la durée des phases de consommation du granulé (complémentaire) était supérieure dans le lot expérimental (37 s pour le lot Témoin vs 50 s pour le lot expérimental - p=0,04). A partir de 7 semaines (tableau 1), le mode d’alimentation n’a pas eu d’effet sur le comportement alimentaire, le matin. En revanche, pendant la période d’accès à l’aliment complémentaire (soir), la fréquence des accès à la mangeoire était significativement supérieure chez les mâles du lot expérimental (p=0,04) et une tendance apparaissait chez les femelles (p=0,10). Toutefois, il convient de noter que ces tendances résultent surtout de la situation observée dans l’élevage B. En revanche, la durée des phases de présence à la mangeoire n’était pas influencée par la nature de l’aliment consommé. En ce qui concerne la mortalité, dans l’élevage A, nous avons obtenu une différence significative chez les mâles durant la période de libre choix (0,50 % pour le lot Témoin vs 0,15 % pour le lot Expérimental –p=0,003) et, dans les deux sexes, durant la première phase de distribution séquentielle, c’est à dire jusqu’au départ des femelles (0,49 % vs 0,16 % – p=0,03 chez les femelles et 0,75 % vs 0,26 % – p=0,01 chez les mâles). Ces résultats traduisaient vraisemblablement un meilleur état sanitaire du bâtiment expérimental dans ce site mais n’ont pu en aucun cas être mis en relation avec d’éventuels phénomènes de picage. Dans l’élevage B, aucune différence n’a été enregistrée. En matière de croissance, nous avons observé une diminution globale de 6 % du poids des femelles à 77 jours dans le lot expérimental (4986 g vs 5318 g pour le lot Témoin), celle-ci étant surtout marquée dans l’élevage A (4900 g vs 5480 g soit environ – 10 %). Ce phénomène s’explique sans doute par la faible vitesse de consommation du blé par les mâles dans cet élevage. Or, comme ce sont eux qui déclenchaient la mise en route des chaînes d’alimentation, cela a sans doute entraîné un rationnement des femelles. A 6 semaines, les femelles du lot témoin tendaient à piquer plus fréquemment les ailes et la queue de leurs congénères que celles du lot expérimental (p=0,06 et p=0,08). Au-delà de 7 semaines, nous avons observé ponctuellement certaines différences significatives

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avec une réduction de la fréquence des picages dans le lot expérimental. Cela était le cas à 8 semaines pour le picage de la queue (p=0,04) et à 14 semaines pour le picage des ailes (p=0,01) chez les mâles. De même, à 12 semaines chez les femelles, nous n’avons pas observé de picage de la tête dans le lot expérimental. Sur l’ensemble de la période d’alimentation séquentielle (tableau 2), l’analyse fait apparaître une réduction significative de la fréquence du picage des ailes dans les deux sexes (p=0,02) durant la phase de distribution d’aliment complémentaire. Cependant, un résultat inverse mais non significatif était observé pendant la distribution de blé. Chez les mâles, le type d’alimentation n’a pas eu d’effet très marqué sur la fréquence des lésions (tableau 3). Par contre, chez les femelles, la fréquence des plaies avec escarre était nettement supérieure dans le lot témoin (chi-deux=8,533 – p<0,01). Ce résultat était lié au seul élevage A (chi-deux=28,249 – p<0,0001). Chez les mâles, les lésions de type picage étaient pratiquement absentes. Par contre, si cela restait une atteinte mineure chez les femelles, il faut noter que cette fréquence était significativement plus élevée dans le lot témoin (chi-deux=7,446 – p<0,01) mais, de nouveau, ce résultat ne se vérifiait que dans l’élevage A (chi-deux=6,51 – p=0,01). Discussion et conclusion A la différence des poulets (Noirot et al., 1999), les dindes ont montré peu d’intérêt pour le blé entier. Cette réticence s'est, de plus, maintenue tout au long de la période d'élevage dans le cas des mâles, ce qui a posé des problèmes pratiques au niveau du fonctionnement des chaînes et sans doute entraîné un rationnement des femelles du lot expérimental. Malgré cela, et contrairement à ce que nous avons pu observer dans d’autres essais (données non publiées), cette technique n’a pas entraîné de réactions comportementales marquées des animaux comme, par exemple, un arrêt de la fréquentation des mangeoires. C’est vraisemblablement la « vitesse de consommation » qui a été modifiée mais celle-ci n’était cependant pas spécifiquement mesurée. Sur le plan zootechnique, l’apport de blé a peut-être eu un effet bénéfique sur la mortalité, déjà constaté chez les poulets par Noirot et al. (1998) mais ce résultat doit être confirmé en raison du dispositif expérimental mis en œuvre. La modification de la présentation de l’aliment a eu peu d’influence sur les comportements de picage. En ce qui concerne le picage des ailes, la fréquence était certes significativement plus élevée le soir dans le lot témoin mais cela ne constituait qu’une inversion des tendances observées le matin. Sur l’ensemble de la

journée, les bilans étaient souvent nuls au cours des différentes semaines. Nous ne pouvons donc sans doute pas exclure d’effet du type d’alimentation mais l’objectif d’une réduction globale de la fréquence des comportements de picage ne peut vraisemblablement pas être atteint par cette technique. Il faut cependant noter que le type d’alimentation a aussi permis une réduction de la fréquence des lésions de picage des carcasses et des plaies avec escarre. Mais ce résultat est essentiellement lié au cas d’un site. Or, sur ce site, durant les dix premières semaines d’élevage, l’intensité lumineuse était légèrement supérieure dans le lot témoin (7 à 10 lux contre 3 à 5 lux dans le bâtiment expérimental) ce qui pourrait expliquer la moindre fréquence des lésions. En conclusion, l’apport de blé entier au travers d’une distribution séquentielle de l’aliment, telle que mise en ouvre dans cet essai s’est avérée délicate sur le plan technique et peu efficace dans l’objectif de réduire la fréquence du picage des congénères. Ce résultat semble confirmer les observations de Crowe et Forbes (1999) qui en réalisant une distribution de grain dans la litière n’ont pas enregistré d’effets positifs. Du strict point de vue expérimental, ce résultat mériterait confirmation en raison des limites de notre dispositif. En effet, de nombreux biais sont intrinsèques à la réalisation de ce type d’expérimentation en élevage. En revanche, l’intérêt d’une telle approche est de tester « l’acceptabilité » d’une technique. Or, de ce point de vue, les résultats se sont avérés très négatifs. Aussi, sachant qu’en station expérimentale les solutions recourrant à un enrichissement matériel (Sherwin et al., 1999 ; Martranchar et al., 2001) ont semblé prometteuses, il nous apparaît, par conséquent, préférable aujourd’hui d’envisager une validation et une adaptation à l’élevage de ce type de stratégie. Références bibliographiques Crowe R., Forbes JM 1999 BPS 40 S11 Sherwin CM, Lewis PD, Perry GC 1999 BPS 40(5), 585-591 Martrenchar A., Huonnic D., Cotte JP 2001 BPS 42(2), 161-170 Noirot V., Bouvarel I., Barrier-Guillot B., Castaing J., Zwick J.L., Picard M. 1999 3èmes JRA, ITAVI Ed., 117-120 Remerciements Nous remercions les éleveurs et les sociétés INZO° et CAVAL pour leur aide au cours de la réalisation de cette étude. Cette étude a reçu le soutien financier de l’ANDA, de la DGAL, de l’OFIVAL et du CIDEF.

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TABLEAU 1 : Fréquence (nombre occurrences/ 5 minutes) et durée (en italique et en secondes) du comportement « mange » entre 8 et 14 semaines chez les mâles et 8 et 12 semaines chez les femelles en fonction de la période et du type d’alimentation (N : Nombre d’animaux observés pour la fréquence et Nombre d’animaux

ayant mangé pour la durée) - a,b : p<0,05 test de Mann-Whitney

T E N moy ± ETM N moy ± ETM Matin (blé) 110 0,16 ± 0,04 109 0,17 ± 0,04

Mâle 23 58 ± 6 23 56 ± 10 Soir 117 0,12 ± 0,03 a 115 0,21 ± 0,04 b 22 62 ± 9 36 67 ± 7 Matin (blé) 76 0,27 ± 0,06 78 0,30 ± 0,08

Femelle 23 59 ± 10 23 65 ± 11 Soir 92 0,19 ± 0,05 95 0,25 ± 0,05 18 57 ± 10 29 54 ± 7

TABLEAU 2 : Fréquence (nombre occurrences/ 5 minutes) des comportements de picage entre 8 et 14 semaines

chez les mâles et 8 et 12 semaines chez les femelles en fonction de la période et du type d’alimentation (N : Nombre d’observation) - a,b : p<0,05 test de Mann-Whitney

Mâle Femelle T E T E N moy ± ETM N moy ± ETM N Moy ± ETM N moy ± ETM

Aile Matin (blé) 110 0,32 ± 0,09 109 0,52 ± 0,16 76 0,46 ± 0,21 78 0,97 ± 0,32 Soir 117 0,99 ± 0,28 a 115 0,30 ± 0,09 b 92 1,22 ± 0,30 a 95 0,56 ± 0,18 b

Tête Matin (blé) 110 0,32 ± 0,10 109 0,12 ± 0,05 76 0,29 ± 0,11 78 1,01 ± 0,42 Soir 117 0,20 ± 0,11 115 0,12 ± 0,05 92 0,37 ± 0,25 95 0,58 ± 0,39

Queue Matin (blé) 110 0,07 ± 0,04 109 0,07 ± 0,05 76 0,04 ± 0,04 78 0,14 ± 0,07 Soir 117 0,05 ± 0,03 115 0,02 ± 0,02 92 0,08 ± 0,04 95 0,08 ± 0,05

TABLEAU 3 : Pourcentages de carcasses ayant au moins une lésion sur la partie dorsale en fonction du type d’alimentation (n=200 par élevage, sexe, alimentation) – a,b : p<0,05 test du chi-deux

Ensemble A B mâle Femelle mâle femelle mâle femelle T E T E T E T E T E T E

Griffures 8.8 9.3 23 16.8 12 11 35 19.5 5.5 7.5 11 14 Plaies 17.5 23 49a 38.8b 16 22.5 67a 40.5b 19 23.5 31 37 Picage 1.5 1.3 6.3a 2.5b 2 2 6.5a 1.5b 1 0.5 6 3.5