a venturesd'um bouquin

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Dix-Huitième Année. I»ar*ait tous les JVlerer'ecLis. - N" 6. II Février 1891 D'ANNONCES JUDICIAIRES, ABONNEMENTS : an, pour Issoire, . '•..;"•.: 5 fr. id. pour le Département, . 6 fr. id. Hors du Département, . [f fr. Un Numéro 1O c. OJÛ. s'abonne à Issoire, à, l'Imprimerie JBOTJISTOUIRJE «& OLLIBR RUE DE CHATE4UDUN ET BOULEVARD DE LA MANLIÈRE. ANNONCES : Annonces Judiciaires, 2O c. la ligne Réclames et Avis divers, S 5 c. la ligne Les Articles d'Agriculture et de Littérature sont insérés gratuitement. CAISSE D'ÉPARGNE La Caisse d'Epargne d'Issoire, a reçu samedi dernier de 195 déposants dont 55 nouveaux, la somme de 69.401 fr. 00. ' Le lendemain dimanche elle a remboursé '88.449 fr. 10. ISSOIRE, LE 11 FÉVRIER 1891. VILLE D'ISSOIRE EXTRAIT OU REGISTRE DES DÉLIBÉRATIONS Séance du 4 Février. Rapport de M. Daureille. Messieurs sur la convocation de Monsieur le Maire notre commission dés finances s'est réunie le 19 jan- vier à 10 heures du matin, pour examiner les de- mandes produites par un certain-nombre de commer- çants qui réclament les bénéfices de l'entrepôt sur diffé- rentes marchandises telles que plâtre, ciment, fer et bois, soumises à un droit d'octroi, à leur entrée en ville. La commission après avoir examiné attentivement ces demandés : Considérant que, si l'entrepôt est un moyen utile pour faciliter les transactions commerciales entre commerçants il n'en résulte pas cependant que ces dispositions soient applicables au commerce du détail, car s'il en étaii ainsi, l'impôt serait nul, les ressources budgétaires en seraient considérablement amoindries et la municipalité n'atteindrait pas le but qu'elle s'est proposé, c'est à dire de construire une maison d'école avec ses res- ' sources ordinaires. Toutefois la commission voulant faire droit jusqu'aux limites du possible à certaines réclamations, est d'avis d'accorder l'entrepôt pour les plâtres et ciments dont le contrôle est facile à exercer par les employés et fixe le minimum d'une sortie à cent sacs pour le plâtre et cinquante sacs pour les ciments. Rejette les demandes pour le fer dont le recensement serait'très_ difficile à établir par le préposé, pour ne pas dire impossible et que tout moyen de contrôle échapperait à la surveillance; Rejette également, pour le même motif les demandes pour les bois qui rentrent généralement en grume et ne sont ensuite livrés au détail, à l'acheteur, qu'après avoir subi une transformation en passant par la scierie et sont, dans ce cas, considérés comme bois ouvrés. Telles sont Messieurs les conclusions de la commis- sion qui vous prie de vouloir bien vous prononcer. Observations sur le rapport de M. Daureille. M. Vaure se plaint que plusieurs commerçants d'Is- soire, entre autres certains épiciers auraient renou- veler leur demande d'entrepôts le 1 er janvier, jour le nouveau tarif a été appliqué; il exige le paiement des droits d'octroi de toutes, les marchandises dont la sortie a été constatée aux barrières depuis cette époque FEUILLETON E>U MONITEUR D'ISSOIRE JLvEjS / v •••„;;;;'.' .§-..-• A VENTURESD'UM BOUQUIN Par F. FERTIAULT. ' v ; ! , • . l..' i '.'-.• *I".T" ': Toujours plus profondément, je me plongeais dans ces tristesses. ••'-••• Un soir, en se couchant, mon possesseur, par distrac- tion, m'avait laissé s u r le coin de sa commode. Momen- tanément délivré, j'avais passé une meilleure nuit que dans ma poche perpétuelle. Le matin, moins mélancolique et, l'instar de tous les désespérés, reprenant encore espoir, je % e deman- dais si je n'allais pas èn.trevoir quelque, poins sombre horizon? -'" - : Je tâchais ainsi de remmailler bien doucement le tissu avarié de hiôn existence; lorsque,tout 1 à'coup, patatras!., mon bonhomme se jette à bas du lit comme un -ouragan, •s'approche en courant de la commode, et saute sur moi II me saisit et, m'élreignant dans un paroxisme de rage, me rapporte près 1 dé 'sa femme» 1 qui se levait en même temps que lui. Il devait avoir eu une belle petite scène pour en venir là... Cependant je n'avais rien entendu. — Tu vois bien? s'écrie-t-il exaspéré.Le voilà... Eh bien ! tiens ! je le fiche par tertfé... Je tripouille dessus... je vas le déchirer, le réduire à rien... Je n'en veux plus, non ;... tu ihe le fais pas payer trop cher... comme tous mes plaisirs, du reste... Je laisse & penser si je me faisais petit eu entendant et demande que cette somme soit recouvrée par le re- ceveur municipal ; il demande en outre que l'entrepôt soit accordé aux détaillants. Le Maire fait remarquer à M. Vaure: Qu'il fait erreur sur les formalités à remplir en matière d'entrepôt qui ne sont nullement les mêmes que celles à observer pour la prorogation du tarif d'octroi ; il n'avait qu'à consulter le règlement et il aurait appris que les auto- risations entrepositaires n'avaient pas besoin, comme pour les tarifs d'octroi, d'être prorogées tous les cinq ans. La dnrée de l'entrepôt est illimitée (art. 51 du rè- glement de l'octroi) ; 2 D Qu'il n'y a donc point d'époque fixée pour la du- rée de ces demandes, il suffit qu'un commerçant ait demandé et obtenu l'entrepôt, dont l'autorisation est ac- cordée par le Maire (art. 35 du règlement) pour le con- server autant qu'il lui plaira pour les besoins de son commerce, le maire seul a toujours et à toute époque le droit de retirer cette autorisation ; les demandes d'en- trepôt étant accordées par lui seul et non par l'autorité supérieure, il n'est donc nullement besoin, comme le prétend M. Vaure, d'en demander le renouvellement quinquennal comme pour les tarifs des droits d'octroi, pour lesqnels on est obligé de remplir ces formalités auprès l de l'Etat; En ce qui concerne l'entrepôt aux détaillants, M. Vaure anrait consulter l'art. 47 du règlement, il est dit que l'entrepôt ne peut être accordé aux dé- taillants. Si M. Vaure avait bien voulu s'entourer de tous ces renseignements, il se serait évité de m'inter- peller. ' Je ferai également remarquer à M. Vaura que les épiciers n'ont 1 pas, comme il l'affirme aussi légèrement, l'entrepôt pour toutes les marchandises'soumises à un droit d'octroi, M. Vaure avant d'avancer de pareils faits aurait puiser ses renseignements à une meilleure source. Ainsi les objets, compris dfcns les droits d'octroi, que vendent ces négociants sont: les savons, bougies, huiles, conserves, vinaigres et raisins secs; or, de tous ces ar- ticles, trois seulement bénéficient de l'entrepôt, ce sont les savons, bougies et huiles, les autres lie sont pas entreposés, attendu qu'étant vendus en dehors du rayon de l'octroi en quantité insuffisante ils ne peuvent jouir des avantages de l'entrepôt; il n'y a donc de privilège pour personne, comme l'assure M. Vaùre. Malgré toutes ces preuves qui devraient convaincre M. Vaure, il insiste et espère que M. le Receveur des finances et le Receveur municipal feront leur devoir en réclamant aux entrepositaires le montant des droits des marchandises dont la sortie a été justifiée depuis le 1" janvier 1891. Dans le cas cet employé s'y refuserait il s'adressera à M. le Préfet. Le Maire répond à M. Vaure qu'il peut faire toutes les démarches qu'il voudra auprès de. l'autorité préfec- torale et de la trésorerie, M. le Préfet ni le Receveur général ne peuvent intervenir, attendu que le règlement est formel et qu'il n'appartient à personne d'en chan- ger les dispositions. ' M. Ronneton, en présence de toutes ces explications, dit qu'il votera l'entrepôt, attendu que c'est un moyen cela. Je sentais déjà le talon à clous me peser sur le corps... Ouf... — Pas besoin de tant de manière, réplique la femme émue mais ferme. Tu n'en ^veux plus... Bon! c'est fa- cile. Ce disant, elle m'arrache subitement de la main qui me tenait : ::i;.,i..,J> .'.M . •. ;•:.'. — Tes camarades ne se moqueront plus de toi... En même temps elle avait ouvert la fenêtre,; et, d'un jet vigoureux, 1 me faisait tournoyer dans l'espace...> '•••••, f v < : - . - , / . . _ x x i i %•..;. ••••,_/ • , . - . Pauvre de moi !... Je n'eus guère le temps de geindre. Je décrivis une courbe et m'affaissai, du cinquième, sur l'arrête vive du trottoir, à la lisière d'un tas d'ordures at- tendant le char du boueux, ou la hotte du ramasseur-de nuit. ; Quelle cabriole ! Si j'avais eu l'esprit de tomber à plat j'eusse peut-être été moins maltraité ; mais loin de là : je tombai sur un de mes angles, qui se ploya ; je re- bondis, en me décousant, et m'étalai, feuilles ouvertes, sur le pavé... Maudits soient nos bourreaux ! J'avais les reins cassés... • . • ; .'• . ; ... {.. . . :. ,'•'! Par bonheur, le pavé était sec ; je ne fus point con- taminé par la boue. ; C'eût été l'heure, pour moi, des réflextions philoso- phiques, car on philosophe quand on est malheureux ou qu'on souffre ; mais je gisais si profondément ané- anti, qu'il ne remuait en moi aucun vestige d'idée. Immobile, j'attendais la pelle qui duvait me soulever et me verser dans la voiture malodorante, 1 lorsque j'é- chappai à ce dernier déboire. À côté de moi s'agitait, allant et farfouillant, le cro- pour faciliter les transactions commerciales. M. Daureille réclame le scrutin public pour l'adoption de son rapport. M. Vaure réclame \i scrutin secret. Par 14 voix contre une le scrutin public est accepté. Le rapport de la Commission est ensuite adopté à l'unanimité, moins une voix, cjlle de M. Vaure. Nomination M. Mercadier, commissaire de police à Issoire, est nommé à Mayenne (Mayenne) en remplacement de M. Gouaille qui vient à Issoire. Nous adressons nos plus sincères félicitations à M. Morcadier pour l'avancement bien mérité qu'il obtient; il laisse d'unanimes regrets à Issoire pendant six ans il a rempli avec beaucoup d'intelligence, de zèle et de tact ses délicates fonctions. Le Carnaval Le carnaval qui signifie chair adieu a toujours été une époque de réjouissances et de festins. Un auteur du temps il était de bon ton de ne pas appeler chat un chat, le définissait : une oasis à l'entrée du désert du jeûne ! L'auteur en question so croyait sans nul doute orné de la bosse... de l'esprit, car oasis, désert, jeûne, tout cela sent trop un animal à bosses. Quoiqu'il en soit qu'on l'appelle carnaval ou oasis, le mardi gras a été gaiement fêté à Issoire. Non pas que nos rues aient été sillonnées par des arlequins sveltes, par des mousquetaires enrubannés, par des pompiers grotesques; non peu de déguisements, peu de travestis, peu de masques . Par ci par là, quelques gamins perdus dans des jupes de femme, la' figure cachée par un masque grimaçant, quelque pierrot à la face enfarinée, quelque berger genre Florian, et voilà tout. En revanche les bals qui ont eu lieu au café Robert, au café Gûimbal et au café du Globe, avaient attiré les danseuses et les danseurs qui en Auvergne sont légion. Ce n'est qu'à l'aube, que les violons, les pistons, les altos, les basses se sont tu, après avoir dans une dernière bourrée fait tour- ner les filles accortes et les cavaliers infatigables. Et maintenant en voilà jusqu'à la prochaine occasion. Les bals qui ont eu lieu dimanche et mardi, au café Guimbal, ont été particulièrement brillants; ils se sont terminés chaque fois par un superbe cotillon que con- duisait M. B... avec Mlle B... Ce cotillon qui était une nouveauté pour beaucoup de danseuses et de danseurs a eu un plein succès. Nos félicitations à M. Guimbal, qui sait toujours donner un cachet original aux bals qu'il organise dans son établissement. Concert pour les Pauvres . C'est dimanche 22 février qu'a lieu le concert pour les pauvres : ainsi qu'on peut en juger par le pro- gramme que nous publions ci-après, il sera des plus brillants. Nous sommes certain que la salle du théâtre sera comble et qu'il en résultera une excellente soirée pour les amateurs de bonne musique et une forte somme pour les pauvres. chet d'un chiffonnier, cette arme investigatrice par excel- lence. J'eus peur : — Si je suis piqué, me dis-je, gare à mon texte !.. Et je sentais déjà la languette de fer me percer d'ou- tre en outre. . ,., . ... _ : /,, "' •; '••<• XXIII '.-r^rr /• 'y'-^v ; ••.•.•'•••, Le chercheur matinal, m'apercevant, nefitni Une ni deux ; il laissa tranquille son t numéro 7 », se baissa, me ramassa, et me glissa non dans sa hotte, ou des tessons de bouteille auraient pu m'écorcher, mais sous sa blouse, dans une espèce de sacoche qui me sau- vait d'un dégoûtant et dangereux voisinage. Dans tous les malheurs, il y a toujours au moins un bonheur. C'était une chance que de ne pas être enfoui au milieu de mille saletés putrides ; de ne pas frôler les peignes sans dents, les pots de pommade vidés, les chiffons crasseux. Je me félicitai, et je remerciai le sort. Mon nouveau maître promena assez longtemps ses in- vestigations de monticules en monticuies enrichissant son « cachemire d'osier » de rebuts de toutes sortes rappe- lant de près, par l'odeur, certains documents humains. Rentré dans son inlogeable cahute, il se débarrassa de son fardeau, cassa une croûlo de vieux pain, trouva une goutte de < dur » pour aider à la digestion et ral- luma son brûle-gueule. Assis sur une ruine de marchepied, qui lui servait de chaise, et se reposant de sa tournée, il releva sa blouse et me sortit de ma demeure privilégiée. Il m'examina me feuilleta... et me parcourut. (À tuivrt.) X

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Page 1: A VENTURESD'UM BOUQUIN

Dix-Huitième Année. I»ar*ait tous les JVlerer'ecLis. - N" 6. II Février 1891

D'ANNONCES JUDICIAIRES,

ABONNEMENTS :UÛ an, pour Issoire, . '•..;"•.: 5 fr.

id. pour le Département, . 6 fr.id. Hors du Département, . [f fr.

Un Numéro 1 O c.

OJÛ. s ' a b o n n e à I s s o i r e , à, l ' I m p r i m e r i e

JBOTJISTOUIRJE «& O L L I B R

RUE DE CHATE4UDUN ET BOULEVARD DE LA MANLIÈRE.

ANNONCES :Annonces Judiciaires, 2 O c. la ligneRéclames et Avis divers, S 5 c. la ligneLes Articles d'Agriculture et de Littérature

sont insérés gratuitement.

CAISSE D'ÉPARGNE

La Caisse d'Epargne d'Issoire, a reçu samedidernier de 195 déposants dont 55 nouveaux, lasomme de 69.401 fr. 00.' Le lendemain dimanche elle a remboursé

'88.449 fr. 10.

ISSOIRE, LE 11 FÉVRIER 1891.

V I L L E D ' I S S O I R E

EXTRAIT OU REGISTRE DES DÉLIBÉRATIONSSéance du 4 Février.

R a p p o r t d e M. D a u r e i l l e .Messieurs sur la convocation de Monsieur le Maire

notre commission dés finances s'est réunie le 19 jan-vier à 10 heures du matin, pour examiner les de-mandes produites par un certain-nombre de commer-çants qui réclament les bénéfices de l'entrepôt sur diffé-rentes marchandises telles que plâtre, ciment, fer et bois,soumises à un droit d'octroi, à leur entrée en ville.

La commission après avoir examiné attentivement cesdemandés :

Considérant que, si l'entrepôt est un moyen utile pourfaciliter les transactions commerciales entre commerçantsil n'en résulte pas cependant que ces dispositions soientapplicables au commerce du détail, car s'il en étaiiainsi, l'impôt serait nul, les ressources budgétaires enseraient considérablement amoindries et la municipalitén'atteindrait pas le but qu'elle s'est proposé, c'est àdire de construire une maison d'école avec ses res-

' sources ordinaires.Toutefois la commission voulant faire droit jusqu'aux

limites du possible à certaines réclamations, est d'avisd'accorder l'entrepôt pour les plâtres et ciments dontle contrôle est facile à exercer par les employés et fixele minimum d'une sortie à cent sacs pour le plâtre etcinquante sacs pour les ciments.

Rejette les demandes pour le fer dont le recensementserait'très_ difficile à établir par le préposé, pour nepas dire impossible et que tout moyen de contrôleéchapperait à la surveillance;

Rejette également, pour le même motif les demandespour les bois qui rentrent généralement en grume etne sont ensuite livrés au détail, à l'acheteur, qu'aprèsavoir subi une transformation en passant par la scierieet sont, dans ce cas, considérés comme bois ouvrés.

Telles sont Messieurs les conclusions de la commis-sion qui vous prie de vouloir bien vous prononcer.

Observations sur le rapport de M. Daureille.M. Vaure se plaint que plusieurs commerçants d'Is-

soire, entre autres certains épiciers auraient dû renou-veler leur demande d'entrepôts le 1er janvier, jour oùle nouveau tarif a été appliqué; il exige le paiementdes droits d'octroi de toutes, les marchandises dont lasortie a été constatée aux barrières depuis cette époque

FEUILLETONE>U MONITEUR D'ISSOIRE

J L v E j S / v — •••„;;;; ' . ' .§-..-•

A VENTURESD'UM BOUQUINPar F. FERTIAULT. ' v

; • ! , • . l..' i ' . ' - . • * I " . T " ' :

Toujours plus profondément, je me plongeais dansces tristesses. ••'-•••

Un soir, en se couchant, mon possesseur, par distrac-tion, m'avait laissé s u r le coin de sa commode. Momen-tanément délivré, j 'avais passé une meilleure nuit quedans ma poche perpétuelle.

Le matin, moins mélancolique et, l'instar de tousles désespérés, reprenant encore espoir, je % e deman-dais si je n'allais pas èn.trevoir quelque, p o i n s sombrehorizon? -'" • -:

Je tâchais ainsi de remmailler bien doucement le tissuavarié de hiôn existence; lorsque,tout1 à'coup, patatras!.,mon bonhomme se jette à bas du lit comme un -ouragan,•s'approche en courant de la commode, et saute sur moiII me saisit et, m'élreignant dans un paroxisme de rage,me rapporte près1 dé 'sa femme»1 qui se levait en mêmetemps que lui.

Il devait avoir eu une belle petite scène pour en venirlà... Cependant je n'avais rien entendu.

— Tu vois bien? s'écrie-t-il exaspéré.Le voilà... Ehbien ! tiens ! je le fiche par tertfé... Je tripouille dessus...je vas le déchirer, le réduire à rien... Je n'en veuxplus, non ;... tu ihe le fais pas payer trop cher... commetous mes plaisirs, du reste...

Je laisse & penser si je me faisais petit eu entendant

et demande que cette somme soit recouvrée par le re-ceveur municipal ; il demande en outre que l'entrepôtsoit accordé aux détaillants.

Le Maire fait remarquer à M. Vaure: 1° Qu'il faiterreur sur les formalités à remplir en matière d'entrepôtqui ne sont nullement les mêmes que celles à observerpour la prorogation du tarif d'octroi ; il n'avait qu'àconsulter le règlement et il aurait appris que les auto-risations entrepositaires n'avaient pas besoin, commepour les tarifs d'octroi, d'être prorogées tous les cinqans. La dnrée de l'entrepôt est illimitée (art. 51 du rè-glement de l'octroi) ;

2D Qu'il n'y a donc point d'époque fixée pour la du-rée de ces demandes, il suffit qu'un commerçant aitdemandé et obtenu l'entrepôt, dont l'autorisation est ac-cordée par le Maire (art. 35 du règlement) pour le con-server autant qu'il lui plaira pour les besoins de soncommerce, le maire seul a toujours et à toute époquele droit de retirer cette autorisation ; les demandes d'en-trepôt étant accordées par lui seul et non par l'autoritésupérieure, il n'est donc nullement besoin, comme leprétend M. Vaure, d'en demander le renouvellementquinquennal comme pour les tarifs des droits d'octroi,pour lesqnels on est obligé de remplir ces formalitésauprèsl de l'Etat;

3° En ce qui concerne l'entrepôt aux détaillants, M.Vaure anrait dû consulter l'art. 47 du règlement, oùil est dit que l'entrepôt ne peut être accordé aux dé-taillants. Si M. Vaure avait bien voulu s'entourer detous ces renseignements, il se serait évité de m'inter-peller. '

Je ferai également remarquer à M. Vaura que lesépiciers n'ont1 pas, comme il l'affirme aussi légèrement,l'entrepôt pour toutes les marchandises'soumises à undroit d'octroi, M. Vaure avant d'avancer de pareils faitsaurait dû puiser ses renseignements à une meilleuresource.

Ainsi les objets, compris dfcns les droits d'octroi, quevendent ces négociants sont: les savons, bougies, huiles,conserves, vinaigres et raisins secs; or, de tous ces ar-ticles, trois seulement bénéficient de l'entrepôt, ce sontles savons, bougies et huiles, les autres lie sont pasentreposés, attendu qu'étant vendus en dehors du rayonde l'octroi en quantité insuffisante ils ne peuvent jouirdes avantages de l'entrepôt; il n'y a donc de privilègepour personne, comme l'assure M. Vaùre.

Malgré toutes ces preuves qui devraient convaincreM. Vaure, il insiste et espère que M. le Receveur desfinances et le Receveur municipal feront leur devoir enréclamant aux entrepositaires le montant des droits desmarchandises dont la sortie a été justifiée depuis le 1"janvier 1891. Dans le cas où cet employé s'y refuseraitil s'adressera à M. le Préfet.

Le Maire répond à M. Vaure qu'il peut faire toutesles démarches qu'il voudra auprès de. l'autorité préfec-torale et de la trésorerie, M. le Préfet ni le Receveurgénéral ne peuvent intervenir, attendu que le règlementest formel et qu'il n'appartient à personne d'en chan-ger les dispositions. '

M. Ronneton, en présence de toutes ces explications,dit qu'il votera l'entrepôt, attendu que c'est un moyen

cela. Je sentais déjà le talon à clous me peser sur lecorps... Ouf...

— Pas besoin de tant de manière, réplique la femmeémue mais ferme. Tu n'en ^veux plus... Bon! c'est fa-cile.

Ce disant, elle m'arrache subitement de la main qui met e n a i t : : : i ; . , i . . , J > . ' . M . •. • ;•:.'.

— Tes camarades ne se moqueront plus de toi...En même temps elle avait ouvert la fenêtre,; et, d'un

jet vigoureux,1 me faisait tournoyer dans l'espace...>

'•••••, f v • • < : - . • - , / . . _ x x i i % • . . ; . • • • • , _ / • , . - .

Pauvre de moi !... Je n'eus guère le temps de geindre.Je décrivis une courbe et m'affaissai, du cinquième, surl'arrête vive du trottoir, à la lisière d'un tas d'ordures at-tendant le char du boueux, ou la hotte du ramasseur-denuit. ;

Quelle cabriole ! Si j'avais eu l'esprit de tomber à platj'eusse peut-être été moins maltraité ; mais loin de là :je tombai sur un de mes angles, qui se ploya ; je re-bondis, en me décousant, et m'étalai, feuilles ouvertes,sur le pavé...

Maudits soient nos bourreaux ! J'avais les reinsc a s s é s . . . • . • ; .'• . ; . . . { . . . . :. ,'•'!

Par bonheur, le pavé était sec ; je ne fus point con-taminé par la boue. ;

C'eût été l'heure, pour moi, des réflextions philoso-phiques, car on philosophe quand on est malheureuxou qu'on souffre ; mais je gisais si profondément ané-anti, qu'il ne remuait en moi aucun vestige d'idée.

Immobile, j'attendais la pelle qui duvait me souleveret me verser dans la voiture malodorante,1 lorsque j'é-chappai à ce dernier déboire.

À côté de moi s'agitait, allant et farfouillant, le cro-

pour faciliter les transactions commerciales.M. Daureille réclame le scrutin public pour l'adoption

de son rapport.M. Vaure réclame \i scrutin secret.Par 14 voix contre une le scrutin public est accepté.Le rapport de la Commission est ensuite adopté à

l'unanimité, moins une voix, cjlle de M. Vaure.

N o m i n a t i o nM. Mercadier, commissaire de police à Issoire, est

nommé à Mayenne (Mayenne) en remplacement de M.Gouaille qui vient à Issoire.

Nous adressons nos plus sincères félicitations àM. Morcadier pour l'avancement bien mérité qu'il obtient;il laisse d'unanimes regrets à Issoire où pendant sixans il a rempli avec beaucoup d'intelligence, de zèleet de tact ses délicates fonctions.

L e C a r n a v a lLe carnaval qui signifie chair adieu a toujours été

une époque de réjouissances et de festins. Un auteurdu temps où il était de bon ton de ne pas appelerchat un chat, le définissait : une oasis à l'entrée dudésert du jeûne ! L'auteur en question so croyait sansnul doute orné de la bosse... de l'esprit, car oasis,désert, jeûne, tout cela sent trop un animal à bosses.

Quoiqu'il en soit qu'on l'appelle carnaval ou oasis,le mardi gras a été gaiement fêté à Issoire. Non pasque nos rues aient été sillonnées par des arlequinssveltes, par des mousquetaires enrubannés, par despompiers grotesques; non peu de déguisements,peu de travestis, peu de masques . Par ci parlà, quelques gamins perdus dans des jupes defemme, la' figure cachée par un masque grimaçant,quelque pierrot à la face enfarinée, quelque bergergenre Florian, et voilà tout. En revanche les bals quiont eu lieu au café Robert, au café Gûimbal et au cafédu Globe, avaient attiré les danseuses et les danseursqui en Auvergne sont légion. Ce n'est qu'à l'aube, queles violons, les pistons, les altos, les basses se sonttu, après avoir dans une dernière bourrée fait tour-ner les filles accortes et les cavaliers infatigables. Etmaintenant en voilà jusqu'à la prochaine occasion.

Les bals qui ont eu lieu dimanche et mardi, au caféGuimbal, ont été particulièrement brillants; ils se sontterminés chaque fois par un superbe cotillon que con-duisait M. B... avec Mlle B... Ce cotillon qui était unenouveauté pour beaucoup de danseuses et de danseursa eu un plein succès. Nos félicitations à M. Guimbal,qui sait toujours donner un cachet original aux balsqu'il organise dans son établissement.

Concert pour les Pauvres .C'est dimanche 22 février qu'a lieu le concert pour

les pauvres : ainsi qu'on peut en juger par le pro-gramme que nous publions ci-après, il sera des plusbrillants. Nous sommes certain que la salle du théâtresera comble et qu'il en résultera une excellente soiréepour les amateurs de bonne musique et une forte sommepour les pauvres.

chet d'un chiffonnier, cette arme investigatrice par excel-lence.

J'eus peur :— Si je suis piqué, me dis-je, gare à mon texte !..Et je sentais déjà la languette de fer me percer d'ou-

tre en outre. . ,.,. ...

_ : / , , "' •; '••<• X X I I I '.-r^rr /• 'y'-^v ; ••.•.•'•••,

Le chercheur matinal, m'apercevant, ne fit ni Uneni deux ; il laissa tranquille son t numéro 7 », se baissa,me ramassa, et me glissa non dans sa hotte, ou destessons de bouteille auraient pu m'écorcher, mais soussa blouse, dans une espèce de sacoche qui me sau-vait d'un dégoûtant et dangereux voisinage.

Dans tous les malheurs, il y a toujours au moins unbonheur. C'était une chance que de ne pas être enfouiau milieu de mille saletés putrides ; de ne pas frôlerles peignes sans dents, les pots de pommade vidés, leschiffons crasseux. Je me félicitai, et je remerciai le sort.

Mon nouveau maître promena assez longtemps ses in-vestigations de monticules en monticuies enrichissant son« cachemire d'osier » de rebuts de toutes sortes rappe-lant de près, par l'odeur, certains documents humains.

Rentré dans son inlogeable cahute, il se débarrassade son fardeau, cassa une croûlo de vieux pain, trouvaune goutte de < dur » pour aider à la digestion et ral-luma son brûle-gueule.

Assis sur une ruine de marchepied, qui lui servait dechaise, et se reposant de sa tournée, il releva sa blouseet me sortit de ma demeure privilégiée. Il m'examiname feuilleta... et me parcourut.

(À tuivrt.)

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