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ATOUTEEPREUVERomance

MaryVES

ATOUTEEPREUVERomance

ISBN978-2-37447-038-2

DépotLégal-Décembre2015

ImpriméenFrance©Erato–Editions

TousdroitsréservésCetteœuvre est protégéepar le droit d’auteur et strictement réservée à l’usageprivé du client.Toute reproductionoudiffusion au

profitdetiers,àtitregratuitouonéreux,detoutoupartiedecetteœuvre,eststrictementinterditeetconstitueunecontrefaçonprévueparlesarticlesL335-2etsuivantsduCodedelaPropriétéintellectuelle.L’éditeurseréserveledroitdepoursuivretouteatteinteàsesdroitsdepropriétéintellectuelledevantlesjuridictionscivilesoupénales

Résumé:Claire est discrète et réservée, sa devise est simple : ne pas faire de vagues. Mais quand uneopportunité professionnelle qu’elle attend depuis longtemps, se présente, elle saute dessus sans sedouterquecetévènementvachangersavie.

Commentuneagressiontraumatisantepeutsetransformerenoccasiondetrouverl’amour?

CommentréagiraClairefaceaugrandamour?

Ets’ilremettaittoutenquestion?

Faisantresurgirsescraintesdupasséetmenaçantsonbonheurprésent?

La jeune fille sanshistoiredevraalorsmontrer lescrocspour se faireentendreet respectée,maissurtouttrouvera-t-ellelemoyendecombattresesdémonspourgarderl’hommequ’elleaime?

Parfois,j’ail’impressiondesubirmavieplutôtquedelavivreréellement.Depuistoutepetite,jefaisensortederesterdiscrèteetdenepascontrediremonentourage.Untraitdecaractèrequejedoiscertainementaudépartdemamèrealorsquejen’avaisque10ans.Unmatin,elleadécidédefairesavalise et de nous quitter, sa raison : profiter de la vie et vivre son rêve en devenant une étoile ducinémaaméricain.

Mesparentsétaientjeunesetinsouciants.Ilsn’avaientpasdansl’idéed’avoirunenfant.Maisjesuisnéealorsqu’ellen’avaitque18ans.

Malgrélesoutienetl’amourdemonpère,ellen’ajamaisétéépanouieentantquemèreetsurtoutelle vivait très mal de devoir renoncer à son rêve. J’ai toujours eu en moi le sentiment d’êtreresponsabledesonchoixetparlamêmeoccasiondelasolitudedemonpère.Alorspouréviterdefairefuirànouveaulespersonnesquej’aime,j’aifaitensortedenejamaisfairedevagues.

Mon père n’a jamais eu l’air de m’en vouloir, au contraire, il est merveilleux avec moi. Il atoujoursétémonhérosetengrandissantilestdevenumaforce!

C’estunhommeélégant,quinelaissepaslagenteféminineindifférentemêmesipendantplusieursannéesjen’aipascroisél’ombred’unefemmedansnotrecoconfamilial.Au-delàd’êtreunhommeséduisant,ouijepeuxledire,carmêmesiluirefusederegarderlesfemmesquiluitournentautour,moijevoislesregardsqu’ellesposentsurlui.

Mais ilestplusquecela, ilestchaleureux,généreux,à l’écoute,enbref…lepapa idéal. Ilest laseule famille que j’ai. Malgré tous les sacrifices qu’il a dû faire, il ne m’a jamais reproché manaissance,maisparfoisj’ai l’impressiondeluiavoirfaitraterunepartiedesajeunesseàluiaussi.Devenirpèreà22anscen’estpasévident,etilatenucerôleàlaperfection.

IlafinalementrencontréAnnie,unefemmeparfaitepourlui.Seulement,ilyaeuunsouci,etpasdesmoindres,elleesttoulousaine.Ilssesontrencontréslorsd’unesemainedevacancesenclub,unvéritablecoupdefoudre.Àleurretour,ilsonttentédevivrecetteidylleàdistance,maistrèsvitecettesolutionestdevenuecompliquée,etelleluiademandédevenirs’installerauprèsd’elle.

Jevenaisd’êtrediplôméed’unBTSencommunicationdesentreprises, jepouvaisdoncfairemamaîtrise n’importe où. Rien ne m’empêchait de le suivre, aucun petit ami, aucun cercle d’amis àregretter.C’estdoncpourcetteraisonquej’aiacceptédel’accompagnerdanscettenouvelleaventure.Je savaisque si jedécidaisde restervivredans la capitale, jamais iln’aurait acceptéde s’enaller.J’avaistrèsenviedelevoiramoureuxetépanouidenouveau.

EnarrivantàToulouse,jemesuisenfinsentieàmaplace,finielagrisailleetbonjourlesoleil.J’aiététrèsviteadoptéeparl’amiedemonpère.

Ellem’aprésentéeà ses amieset c’est commecelaque j’ai rencontrédeux filles fabuleusesquisontdevenuesindispensablesàmavieaujourd’hui:CharlotteetJulie.

Charlotte,c’estunpeulafolledeservice,toujourspositive.Sijedevaisladécrireenunmotsansparlerdesoncorpsfabuleuxjediraisqu’elleestVIVANTE.Enplus,d’êtreunepersonneadmirable,elleestégalementsublime,unevéritablerouquineauxyeuxverts.

Julie, elle, me ressemble un peu plus au niveau de la personnalité, elle est plus discrète queCharlotte,maisd’unoptimismeetd’unefranchisesansfaille.Physiquement,ellen’arienàluienvier,seslongscheveuxblondsetsesyeuxnoisetteattirenttouslesregards.

Grâceàcesdeuxfillesformidables,j’aidécouvertàquelpointavoirdesamiesétaitindispensableàmonéquilibre.Noussommesdevenuesuntrioinséparable,d’ailleursmonpèrenoussurnommelestroisdrôlesdedames.Ilditquenoussommestouteslestroiscomplémentairesetquephysiquementc’estassezdrôle,unebrune,unerousseetuneblonde,untrioparfaitselonlui.

Àchacunedenossorties,jeresteadmirativedesregardsquis’arrêtentsurmescopines.Juliedoitfaire un bonmètre soixante-quinze, autant vous dire que les garçons admirent ses longues jambesparfaitesàchaquefoisqu’ellepassedevanteux.Commevous l’aurezcompris, jesuis labrune,detaillemoyenne,nimincenigrosse.CommelediraitCharlotte,j’aidesformesvoluptueuses.

Jen’aimepasparticulièrementmoncorps,maiss’ilyabienunechosequej’aimechezmoi,c’estmonregard,jenesauraisdéfinirlacouleurdemesyeux,entrelegrisetlevertmêmesilegrisestprédominant.Unhéritagedemamèreselonmonpère.

Parfoisquandjemeplongedansmessouvenirs,j’ailasensationquej’aicommencéàvivremavieilyacinqans.Mapremièrecuite,c’estàJuliequejeladois.Monpremierpetitamim’aétéprésentéparCharlotte,alorsjeluidoiscertainementd’avoirperdumavirginitéà21ans,mêmesicesouvenirn’a rien demémorable.Mes premières sorties en boites de nuit,mais aussi les premières bêtises,comme fumer une cigarette etmêmemon premier pétard ; ce que nous ne sommes pas prêtes derefaire,cefutuneexpériencevraimentdésagréable.

Il y a un an, j’ai été embauchée pour un poste de chargée d’évènements à Perpignan. J’ailonguementhésité,car jenepouvaismerésoudreàdéménagersansmesdeuxacolytes.Ni l’unenil’autren’avaitdejobfixe,alorsj’aitentéletoutpourletout,unegrandepremièrepourmoi.Enleurproposantdem’accompagner,jem’attendaisàunrefuscatégorique.Maisaucontraire,ellesontsautédejoie.

Monpèreétaitplussurlaréservedemevoirm’éloigner,maiscontentdesavoirquejen’allaispasmeretrouverseule.Pourtant,ilsavaitqu’ilseraitlebienvenuaussisouventqu’illesouhaitait.Lejourdenotredéménagement, iln’arrivaitpasàcachersatristesse.Charlotte,quiatoujourslemotpourdétendrel’atmosphère,luiasimplementdit:

— Arnaud, ne faites pas cette tête, on dirait que nous venons de couper le cordon ombilical.N’oubliezpaslesfillesadorentlesBad-boys.VousallezfairefuirAnnie!

Ceàquoiilaréponduavecdouceur:

—J’aibeauêtreunpapa,entreClaireetmoiilyabienplusqu’uncordonombilical.Maisjesuisunvraidur,rassure-toirouquine.

C’estdecettemanièrequenousavonsatterriàPerpignanilyaunan.Nousavonseulachancedetrouver un superbe appartement avec 3 chambres. Pour la vie en communauté, c’est l’idéal. Parchance, les filles ont rapidement trouvé du travail. Charlotte est comptable dans une petite sociétéinformatiqueetJulieatrouvéunjobdemanagerdansuneboutiquedelingerie.Quantàmoi,j’ensuistoujoursaessayerdefairemaplacedansl’agence.

Jem’étireprêteàaffronterunenouvellejournée.Chaquejour,jedonnelemeilleurdemoi-même,etpourlemoment,jen’aitoujourspaseumachance.Pourtantlorsquequej’aiacceptédeprendreceposte de chargée d’évènement et de m’installer à Perpignan, je comptais bien participer auxdéplacementspourlesquelsj’avaisdurementtravaillé.

Voilàtroissemainesquejepeaufineunprojetimportant,unséminairedetroisjoursàParispourvingt clients prestigieux d’une grande marque de whisky. Au programme : visite de Paris et sesmonumentsincontournables,TourEiffel,Arcdetriomphe,MuséeduLouvre…maisaussiunepetiteanimation«carteautrésor»enpleinmilieudeMontmartre.Etpourclôturerlevoyage,undînerhautdegammeauFouquet’s.

Hiersoir,j’aipassélasoiréeàécouterlesconseilsdeCharlotteetJulie.Ellesm’ontconvaincueetje suis déterminée à ne pas laisser passer ma chance. Même si je m’applique depuis toujours àrespectermesrèglesdevie:resterdiscrète,sourireentoutecirconstance,acquiescersansbroncher,nepasfairedevagueetsurtoutêtreleplusinvisiblepossibleauxyeuxdesgens.

Maispasaujourd’hui!Jevaistenterunenouvelleapproche,jevaismontrerunenouvelleClaire.

Unefoishabilléesurlesconseilsdelaveille,j’abandonnemesconverses,j’enfilemaseulepairedetalonsoffertsparmonpèrepourfêtermonpremierjob,unemagnifiquepairedeLouboutinnoire.Selonlui,touteslesjeunesfillesdoiventenavoirunepaire.Jedoisbienavouerqu’elleaccompagneàlaperfectionlejolitailleurquej’aiempruntéàJulie.

En arrivant au bureau, ma détermination s’évapore rapidement et le naturel revient au galop.J’imaginequel’onnes’inventepasunenouvellepersonnalitéenuneseulesoirée.Malheureusement,jen’aipasl’occasiondemedéfilercarMonsieurServal,monresponsable,passedevantmoietmescrutedehautenbasavantdes’adresseràmoiavecceregardperversquilecaractériseàmerveille.

—Bonjour Claire. Vous êtes divine cematin. Où sont passés vos jeans et vos converses ? medemande-t-ilavecsarcasme.

—J’aiunrendez-vouscesoir,alors…(Grosmensonge…maisautantnepasluidirequejetentedel’impressionner)

—Unrendez-vous…Bref,jevousveuxdansmonbureaudanscinqminutes.Nousdevonsfairelepoint.Ledépartestdansunesemaine.

—Pasdesoucis,jesuisprête,jeluirépondstimidement.

—Bien,danscecassuivez-moi.

J’attrapemondossier,etlesuisenfaisantbienattentiondenepasm’étaleràsespieds.Ilm’ouvrelaporteetmefaitsignedepasserdevantlui.Jesenssonregards’éternisersurmonpostérieur,etjerougisdehonte.

Jem’empressedem’installersurlachaisefaceàsonbureauetattendsqu’ils’installeàsontour.

—Alors,faites-moiundébriefrapide!

—Tout est sous contrôlemonsieurServal.Toutes lesvisites sont réservées, le bus sera ànotredispositionpourfairelanavettedelieuenlieu.Lesbilletsd’avionviennentd’êtreenvoyésàchaqueclientetleFouquet’snousattendbienpourledînerdeclôture.

—Parfait!Etpourlesclientsquin’aurontpasenviedefairecettefameusecarteauxtrésors?medemande-t-ilespérantmepiéger.

—Pourlesclientsrécalcitrants,l’hôtelnousproposed’accéderàl’espace«SPA»quinousseraréservépourlajournée.

—Bon!Jevoisquevousaveztoutprévu.JepensaisenvoyerBéatricepourceséminaire,maisellea déjà un déplacement cette semaine-là. Je vais donc devoirm’en charger,même si je déteste lesactivitésd’extérieur.

Saréponseressembleplusàungrognement,ducoupjesautesurl’occasionpourtentermachance.

—MonsieurServal,jemaîtriseledossiersurleboutdesdoigts,jepeuxtrèsbienm’encharger.

— Vous voudriez que je vous confie l’un de nos plus gros clients pour votre premierdéplacement?medemande-t-ilenriantbeaucouptropfortàmongoût.

—C’estexactementcequejevouspropose.Jefaispartiedel’agencedepuisunan.J’aiorganiséplusieursdevosévènementsettousontétécouronnésdesuccès,jepensequ’ilesttempsquej’aillesurleterrain!

— Ma chère Claire. Je ne pense pas que vous soyez armée pour affronter 20 clients finsconnaisseursenwhisky.Ilsneferaientqu’unebouchéedevous.

Ses paroles ne sont que sarcasmes, mais il est temps de ne plus me laisser intimider par cetimbécileetrépugnantpersonnage.

—Jesuisbienconscienteden’avoirque25ans,d’êtreladernièrearrivéedansl’agence,maisjepensequejepeuxtrèsbiengérerlasituation.Aucunclientn’ajamaiseuàseplaindredemontravail.Surplace,jen’auraiqu’àcontrôlerquetoutcequej’aiplanifiésedéroulecommeprévu.

—Ehbien…j’ail’impressionquevousaviezprévutoutcepetitdiscoursdepuisunmoment.

—S’il vous plaîtMonsieur Serval, vous devezme laisser une chance de prouver que j’en suiscapable!

—C’estentendu!Maisattention,MademoiselleGarnier,aucuneerreurneseraacceptée.

Je saute de joie, mais me calme rapidement, car il ne semble pas du tout amusé par monenthousiasme.

—Merci,vousneleregretterezpas!

—JevouslesouhaiteClaire.Faiteslenécessaireetpensezàlouerunevoiture,ilnemesemblepasl’avoirvuedansvotredossier.

—Effectivement,merciduconseil.Etmercidevotreconfiance.

—Vouspartezdanscinq jours.Nous reparleronsdemaconfianceàvotre retour.Maintenantauboulot!

Jeme lève etm’empresse de retourner àmonposte. J’envoie rapidement unmessage aux fillespour leur annoncer la nouvelle. Je passe le reste dema journée à peaufiner lesmoindres détails.Chaque déplacement se fera en Bus, mais je dois les suivre en voiture, exigence de notre client.Apparemment, les clients aiment parler de leur business sans oreilles indiscrètes, en l’occurrenceMOI.

Afindenepasperdrede temps, je travaille sans relâche toute la journée.Lorsque jemedécideenfinàrentrer,ilestdéjà19h00etPatrickm’adéjàtéléphonédeuxfois.

Patrick,ma première expérience sans grand intérêt ; le seul problème, c’est qu’il aimerait bienrenouer,maisàpartuneamitiésincère,jenepeuxrienluioffrirdeplus.Depuisquej’airompu,noussommes restésamis,maisavecdes intentionsbiendifférentes l’unvis-à-visde l’autre.Au fond, jesaisqu’ilpensequ’unjourj’ouvrirailesyeuxetdécouvriraiquejenepeuxpasvivresanslui.Alorsquemoi,jerêvequ’ilrencontreunefilledontiltomberaamoureuxetqu’enfinilpasseàautrechose.

J’attrapemavesteetmedirigeversleparking,jedécidetoutdemêmedeluienvoyerunmessage.

«Hello,

Désoléedenepasavoirrépondu,boulotdedingue!

JeparspourParisdans5jourspourmonpremierdéplacementPRO.

Jetetéléphoneavantdepartir!

Promis,juré

Bises»

Ilmerépondaussitôt,commeillefaittoujoursd’ailleurs.

«MajolieClaire,

JeseraisurPerpignandemain.Jet’inviteàdînerpourfêterça!

Interdictionderefuser.

Jet’embrasse.»

Jen’aipastrèsenvied’accepterundînerentêteàtêteavecPatrick,maiscommejenesupportepasl’idéedeluifairedelapeine,j’acceptesoninvitation.

Lesjourssuivantspassentàunevitessefolle,monespritestà100%dansletravail.LedîneravecPatricks’estplutôtbiendéroulé.Ilm’aécoutéeluiparlerdetouslesdétailsdemondéplacementavecenthousiasme,mêmesijedoutequecelal’intéresseréellement.

Parcontre,enmeraccompagnant,ilatentédem’embrassercequ’iln’avaitplusfaitdepuisunlongmoment.Comme à chaque fois, je l’ai repoussé en douceur. Jeme suis excusée de lui faire de lapeine,prétextantquejenemesenspasprêtepourunehistoired’amour.

Sonprétexte,cettefois-ciestqu’iladûabuserduvin.Ilm’aassuréenepasvouloirêtreplusquemonami.Lafiertémasculineestparfoisvraimentétrange.

MalgrémonexcusebidonpouréchapperauxgriffesdePatrick,jepensequejesuisenréalitéplusqueprêtepourunehistoired’amour,maispas avec lui.Simplement, je ne suis pas encore tombéesouslecharmed’unbeausudiste.

Voilà, le grand jour est enfin arrivé. Je vais pouvoir prouver de quoi je suis capable. Celacommenceplutôtbien, tousont réponduprésents. Jepeuxenfin soufflerquelquesheures sagementassiseenclasseaffaireaccompagnéede20clientspourtroisjoursdefolieparisienne.

Je suis surexcitée, et enmême temps angoissée, je suis bien consciente que je suis attendue autournantparmonresponsableet jecomptebienluifermersonclapetenluidémontrantquejesuisunechargéed’évènementstopissimes.

La seule chose que je n’avais pas prévue, c’est que ce fameux déplacement allait avoir desrépercussionsindélébilessurmoietmonavenir,autantpersonnelqueprofessionnel.

Aprèsuneheureetdemiedevolvraimentagréable,nousatterrissonsenfinàParis.Unefoisquetoutlemondearécupérésesbagages,nousretrouvonsleguidequinousattendprèsdel’autocar.Jeprofite qu’il explique aux clients le programme des trois jours dans le détail pour récupérer mavoiture.Jelessuisdeprèsjusqu’àl’hôtel.Lacirculationparisienneestvraimentaffreuse,enàpeinecinqans, j’avaisoubliéàquelpointc’est stressantdeconduireenpleinParis. Jemedemandebiencommentilsarriventàsurvivreàtoutecetteagitation.Aprèsavoirendurélesembouteillages,puislesconducteursodieuxaulangagefleuri,nousarrivonsenfinau«SevenHôtelParis».

L’hôtelest splendide,encoreplusbeauquesur lesphotosque l’agencem’a fournies.Lesclientssemblentréellementsatisfaits,cequireprésenteunepremièrevictoire.

J’auraisadorépouvoirprofiterdel’unedessuites«007»ouencorelasuite«diamantnoir»,maispriorité à nos charmants clients. Je me contente donc d’une chambre nommée « plus près desétoiles ». Elle est juste magnifique et incroyablement grande. Chaque détail est étudié pourcorrespondreàlathématique,jeresteébahieparlabeautédemachambre.Cettenuit,jevaisvraimentavoirl’impressiondem’endormiràlabelleétoileavecceplafondparsemédebrillants.Ducoup,jen’osemêmepasimaginerlabeautédesautressuites.

Pour notre arrivée, les clients ont un temps libre jusqu’au dîner. J’ai fourni mon numéro de

téléphoneàchacund’entreeuxainsiqueceluiduguideencasdesouci,doncjevaispouvoirprendreletempsdemefairecoulerunbaindanscettebaignoirequimefaitpluspenseràunepiscinequ’àunesimplebaignoire.

Ensuite, il faudraque jemepréparepourundînergastronomiqueau«LEGRANDVEFOUR»pourterminerdansunbaràvin«WinebyOne»pourdesclientsgrandsconnaisseursdeWhisky,jepensequeleprogrammedevraitleurplaire.

LeWinebyoneestunconceptasseznouveau.Avotrearrivée,ilsvousremettentunesortedecartedecréditquivouspermetdechoisirn’importequelvincommedansundistributeuràcafésaufquelàvoussélectionnezlegrandcruvousavezenviedegoûter.Jevérifiedoncquej’aibienles21carteschargéesafindelesremettreauxclientsetrangelamiennedansmonsac.

Je fileprofiterdecettebaignoiresansplusattendre. J’enfilemesécouteursetmetsmon iPodenmode aléatoire afin deme laisser surprendre par lamusique.Par chance, la premièremusique estd’unedouceuretd’unesensibilitéincroyable.JemelaissebercerparlavoixdeEdSheeransur«Allof the star » qui se trouve être ma chanson préférée ces derniers temps, une chanson triste etromantiqueàlafois,j’adore.Pourmonpremierdéplacement,j’avouequejefaisfort.Jemeretrouvedansunhôtelquatreétoilesdans lavillede l’amour. Ilnemanqueraitplusque je tombe follementamoureused’undemes clients et ce déplacement se transformerait enunvrai roman.Du coup, jetentedemeremémorer levisagedechacundeshommesquivontm’accompagnerdurantces troisjoursdefolie.Parmieux,j’airepéréunoudeuxhommesquin’ontpasl’airbeaucoupplusvieuxquemoietplutôtbeauxhommes,maisaucunquim’afaitbasculerducôtéobscurdel’amour.Detoutemanière,madeviseest«nejamaismélangeramourettravail»surtoutsurmapremièremission,ceseraitlelicenciementassurésiMonsieurServalvenaitàl’apprendre.

Lorsquemesdoigtscommencentàressemblerauxdoigtsfripésdelagrand-mèredeCharlotte,jemedécideenfinàlibérerlasalledebainsenmepromettantd’enprofiterunmaximumdurantmonséjour. J’ai demandéà Julie etCharlottedemeconseillerpourm’habiller avec élégance, carmonlook habituel risque de ne pas correspondre au standing des restaurants dans lesquels nous allonsdîner.Chacunedestenueschoisiesvaparfaitementavecmaseuleetuniquepairedetalonsnoirs,maispasn’importelaquelle,desLouboutin,s’ilvousplait!Pourcesoir,j’optepourunpantalontailleurnoiravecunchemisierrougeensoie;pourrésumerjesuishabilléeparJulie.Heureusementquenostailles correspondent sinon j’auraisdû sacrifierunegrossepartiedemonsalaireuniquementpourrefairemagardederobe.

Jedécidede laissermescheveuxtombersurmesépauleset jememaquille légèrement lesyeux.Une fois prête, je descends au bar de l’hôtel où nous devons nous rejoindre. Tous arrivent assezrapidement.Malgrélediscourspaternalistedemonchef,tousceshommessonttrèspolisetcourtoisenversmoi.

Nousprofitonsdecettepremièresoiréepourfaireconnaissance.Commejelepensais,ilyadeuxclients qui ne sont pas beaucoup plus âgés quemoi et l’un d’entre eux semblemême ne pas êtreinsensibleàmoncharme.Cequiestplutôtflatteurétantdonnéqu’ilestplutôtbeaugosse.Nousnousrendons dans un bar à vin. Comme je n’y connais rien, je suis les conseils de certains clientsconnaisseurs et me laisse tenter par un grand cru à 94 € le demi-verre, oui vous m’avez biencomprise,jemesuisditqu’àceprixilsedevaitd’êtreexcellent.Maiscommejenesuispasunefine

connaisseusejen’aipassentiunegrandedifférence,endehorsdufaitqu’ilmontebeaucoupplusviteàlatête.

Lorsque nous rentrons à l’hôtel, j’avertis tout lemonde de l’heure du rendez-vous pour le petitdéjeuner avant de leur souhaiter une bonnenuit. Je file directement dansma chambre etme laissetomber surmon lit.Après être restée étendue 5 bonnesminutes, jeme décide tout demême àmedéshabilleretjemecouchetotalementépuisée.

Cette deuxième journée se passe à merveille. Je suis le groupe d’étape en étape. Nous avonscommencéparlemonumentincontournablepourlestouristes:laTourEiffel.LaplupartdesclientsconnaissentdéjàtrèsbienParis,maistoussemblenttrèsintéressés.

Sébastien,mon client charmeur neme lâche pas d’une semelle.Même si au départ je dois bienavouerquejetrouvaiscelatrèsflatteur,jecommenceàmesentirplutôtembarrassée.Lorsquenousavonsquitté leTrocadéropournous rendreauMuséeduLouvre, il amême insistépourvenirmetenir compagnie en voiture. J’ai tenté de le dissuader gentiment en lui rappelant qu’il allaitcertainementraterdesconversationsimportantes,maisimpossibledem’endépêtrer.Malgrétout,jesuis plutôt contente d’avoir une compagnie pour me faire oublier le stress de la circulationparisienne.Jeprofitedechaquevisiteavecenthousiasme,j’aibeauconnaîtrebienParis,leguidenousfait découvrir des choses splendides.Avant de rentrer pour le dîner, nous passons par le pont desamoureux. J’offre à chaque client un cadenas gravé à leurs noms et les laisse profiter de ce jolimoment.Bienentendu,lecharmantSébastienquis’avèreêtredevenu«LecollantSébastien»insistepouraccrochersoncadenasavecmoi.Lorsquejeluiexpliquequejen’enaipasprévupourlestaff,ils’empresse d’en acheter à un vendeur à la sauvette. Un cadenas rose flashy. Il l’accroche à soncadenasqu’ilfinitparaccrocheraupont.Aprèsquoiilinsistepourquel’onnousprenneenphoto.Jegardedansuncoindematêtede trouverunesolutionpour le remettregentimentàsaplace,car ilcommence réellementàdevenirenvahissant.MêmePatrick,quidepuisnotre rupturea toujoursétéentreprenant,restemoinslourdquelui.Jedevraismesentirflattée,carilestbelhomme,maisjeneressensaucuneattiranceenverslui.Jecommenceàmedirequejedoisavoirunproblème.

Enrentrantàl’hôtel,ilestdéjà18h30,letimingestserré,nousdevonstousnouspréparerpourêtreprêtsà19h30danslehallpourpartirdîner.Jemesensdéjàépuiséeparcettebellejournée.MonplusjolisouvenirresteralejardindesTuileries,jen’avaisjamaiseuletempsd’allermebaladerdececôté-làetjedoisbienavouerqu’ilestjustesplendide.

Sij’aibienretenulaleçonduguide, ils’agitduplusancienetduplusvastejardindeParis.DesjardinsclassiquesabritentdesormesetcertainsarbresenplacedepuisleSecondEmpire,c’estjusteincroyable.J’aiprispleindephotosquejemesuisempresséed’envoyeràCharlotteetJuliequinesont jamaisvenuesàParis.Jecoursmeprépareret j’optepourunpantalonbeigetrèssimpleetunchemisier noir très léger. J’enfile à nouveaumes superbes talons etm’installe sur le fauteuil pourprofiterdesquelquesminutesdecalmequ’ilmereste.Jeconsultemonportableetdécouvreplusieursmessagesenattente.Commeprévu,CharlotteetJulieontréponduàmesenvoismultiplesdephotos,maisj’aiégalementunmessagedePatrick.

Charlotte:«Waouh,

Toutestesphotosmedonnentenviedevenirterejoindre!Profiteàfondmajolie.

Alorsettoncharmantclient,çadonnequoi?Tuvasluifairepartagertachambre?

BisejolieParisienne.»

Julie«Bordel,

Tropdelachance.Jecomptesurtoipournousorganiserunweek-endentrefillesetmefairevisiterlavilledel’amour!

Bon,tonfameuxclient,boncoup?

Tumemanques,reviensvite,tuesdusudmaintenant!»

Jeleurrépondsàtouteslesdeuxenriant.Laseulechosequilespréoccupeestdesavoirsijemesuisenvoyéeenl’air.Jedoisvraimentleurfairedelapeineavecmonexpériencedésastreuse.MaisvucequelesexeadonnéavecPatrick,lesdeuxfoisoùjemesuisenfindécidée,jenepréfèremêmepas recommencer. La première a été douloureuse et longue, car oui il a tenté d’être doux, maisfranchementjemedemandesijen’auraispaspréféréqu’ilenclenchelasecondetellementj’aidétesté.Etladeuxième,etdernièrefoisquej’aicouchéaveclui,ilaété...disonstendre,beaucouptroprapideetdoncpourconclure, j’aiencoretrouvél’expériencedouloureuseetbienentendujen’aipassentil’ombred’unorgasmepointerleboutdesonnez.

«Hellomespetitesfolles,

J’adoreParisettoutestsuperbeici,maispourrienaumondejenevousquitterai!

PourSébastien,RAS.Ils’esttransforméenMistercollantalorsnonmerci.

Jevousrappellequ’ils’agitd’unclient.

Vousmemanquez.»

JeconsultelemessagedePatrickavantdepartirdîner.

«Coucou,

J’espèrequetoutsepassebienpourtoi

Tumemanques.J’espèrequel’onseverratrèsviteàtonretour.

J’aimeraisêtreàtescôtés.»

Querépondreàsonmessage.Sijenerépondspas, ilvameharceler.Jedécided’opterpouruneréponsetrèscourtoise.

«BonjourPatrick,

Toutsepasseàmerveille!Bises.»

J’espèrequedecettemanièreilvavraimentcomprendrequejeneveuxpasêtreplusqu’uneamiepourlui.Jemesensmal,jevoisbienqu’ilestaccrochéàmoietjemedisqu’ilpourraitêtrelepetitamiidéal,gentil,toujoursàl’écoute…Maisvoilà,jeneressensaucunealchimie.Jemedécideenfinàmeleverpouralleraffrontertousceshommespournotreavant-dernierdîner.

En fermant la porte,mon téléphone vibre à nouveau, je le consulte en priant pour ne pas avoirencoreunmessagedePatrick,maisdécouvrequ’ils’agitdesfillesquisontapparemmentdéçuesdesavoirquejen’aitoujourspasmisunnouvelhommedansmonlit.

Ledîner,lui,sepassesansencombre.Jesourisgentimentetrépondsàtouteslesquestionsquel’onmepose.Jeresteprofessionnelle,maismelaissealleràrêveràl’hommequipourraitenfinmefairedécouvrirtouteslesjoiesdel’amour,maisaussileplaisirdelachair.Évidemment,c’esttouteseulequejeterminedansmonimmenselit.

Dernier jour de vie luxueuse à Paris. Aujourd’hui, je vais devoir bien faire attention à lasusceptibilité de tous ces hommes. Une chasse au trésor peut vite mal tourner avec toute cettetestostéronequivas’affronter.

Ensuite, je vais pouvoir profiter de 3 heures de temps libre pour pouvoir me préparertranquillementavantledînerdeclôtureauFouquet’s.

J’enfile un jeans et un tee-shirt très simple ainsi quema paire de converse préférée afin demerendreaupetitdéjeuneretfairelepointavantletopdépart.Endescendant,laplusgrandepartiedesclientssontdéjàentraindeprofiterd’unbonpetitdéjeuner.JerepèrePierre,notreguideetdécidedemejoindreàlui.Enfinc’estcequejecomptaisfaireavantd’êtretiréeparlebras,jesursautedepeuretmeretournepourmeretrouverfaceàSébastien.

—BonjourjolieClaire.

—BonjourSébastien,dis-jeunpeutropbrutalement.

—Vousvoulezbienmetenircompagniepourlepetitdéjeuner?

—Désolée,maisjevoulaisfairelepointavecleguide.

—AllezClaire,vousn’allezpaspouvoirm’évitertoutelajournée,jenevouslaisseraipasfaire.Alorslemieuxseraitdeveniràmatableetdedéjeuneravecmoi,mepropose-t-iltaquin.

—Trèsbien.Sij’acceptedem’installeràvotretable,vousallezarrêterdemefairedesavances?

—Nonpasdutout.VousmeplaisezbeaucoupClaire.J’aibiencomprisquedurantnotreséjour,ilne se passerait rien entre nous, car vous êtes très professionnelle,mais quand nous rentrerons, jecomptebienvousrevoir,ajoute-t-ilenserapprochantunplusprèsdemoi.

—VousêtesunhommetrèsbeauSébastienetdéterminédesurcroît,maisvousoubliezunechosedansvotreanalyse…

—Laquelle?medemande-t-ilenrelevantunsourcil.

—L’alchimie!Mêmesivousêtesbelhomme,jeneressensaucunealchimieentrenous.Alorspeuimporte que vous soyez un client, si vraiment j’étais tombée sous votre charme, j’auraiseffectivement attendu la fin du séjour, mais je peux vous assurer que vous auriez ressenti mon

attirance.

—Enrésumé,jenevousattirepas?repète-t-ilsceptique.

—C’estexactementcela!

—Ehbien,celaalemérited’êtreclair.Jedevraismesentirhumilié,maisaucontrairevousvenezdemelancerunsacréchallenge.

—Tantmieuxpourvous,maintenantjesuisdésolée,maisjedoisabsolumentboireuncafépouraffronterlajournéequinousattend.

—Jevousenprie,jolieClaire.Regardezbienderrièrevous,vouspourriezmerevoirtrèsviteetvousnem’échapperezpas.

Jelèvelesyeuxaucieletm’éloigneenrepensantàsesdernièresparolestoutenrejoignantPierre.Enrentrant,s’ilmeproposeundîner,jedevraispeut-êtreaccepter;l’alchimie,çapeutveniravecletempsnon?CharlotteetJulieontraison,jedoisabsolumentmelaisserànouveautenterparleplaisircharneletjedoisbienavouerqueSébastienal’aird’avoircequ’ilfautlàoùilfaut.Jesecouelatêteenriant,jeperdslatête.J’aivraimentbesoind’unboncafé.

LachasseautrésordanslesruesdeMontmartresedérouleàmerveille.Toutlemondejouelejeu,cequim’arrangebien.Endehorsdedeuxclients,quiontpréféréprofiterdel’espaceSPA,touslesautresontréponduprésents.J’airéussiàfaireleséquipessansavoirbesoindeparticiper.Sébastienapris ses distances, ce qui m’a permis de tout gérer sans me sentir embarrassée par ses allusionscoquines.

Unefoisl’équipegagnantearrivée,nousattendonsleretourdetoutlemondeafindeprofiterd’unrafraichissementetderetourneràl’hôtelpournotretempslibreavantledîner.J’enprofitepourallerrapidement acheter deux, trois bricoles pour les copines et décide ensuite de profiter une dernièrefoisdemonimmensebaignoire.

Je dépose ma robe pour le dîner de ce soir sur le lit, une magnifique robe couleur peau trèsmoulante,heureusementelleestparseméedepetitsstrasssurtoutlebassinononpourraitpenserquejesuisnue.Jetrouvecetterobemagnifique,maisbeaucouptroposéepourunefillecommemoi.Unefois de plus, je me suis laissée influencer par Charlotte, mais je dois bien avouer que j’en suisheureuse, ce soir, je vais ressembler à une vraie femme.Maintenant àmoi la baignoire pour unebonnedemi-heurederelaxation.

Mevoilàfinprête.Cetterobeestdéfinitivementtrèsmoulante.Autantdirequ’elleaétécrééepourbienmettreenavanttouslesattributsfémininsdelafemme.LecolenVdelarobeestassezdécolletépourdévoilerlaformedemapoitrineetlamatièresecolleàmapeauàlaperfection;elles’arrêteàmi-cuisse,cequibizarrementmedonnel’impressiond’êtreplusgrandequemonmètresoixante-dixet,unefoisaccompagnéedemafidèlepairede louboutinsnoire, le résultatmeparaîtparfait.Pourcette dernière soirée, j’opte pour un chignon haut, assez fouillis, mais très élégant. Niveaumaquillage,jerestetrèssobre,unpeudefardàpaupières,unelignelégèredelineretunmagnifiquerougeàlèvrerouge.Jemeregardedanslemiroirsansmereconnaître.Jemeréjouisdetoutescesséancesdesport,finalementmonabonnementàlasalleauraeuuneutilité.

Jefixemonrefletetdécouvreunejeunefemmede25ans,éléganteetsûred’elle,toutcequejenesuispasauquotidien.

J’attrapemapetitepochettenoire,idéalelorsquel’onn’arienàmettrededans.Seulsmonportableetmesclefsdevoituretiennentàl’intérieur.Ensortantdelachambre,jerangelacartededanstoutenmedemandantcommentfonttouteslesfemmesquiportentcegenredesacquotidiennement.Moi,mabesace est un vrai fouillis et surtout toujours remplie de papiers en tout genre, un véritablecapharnaüm.Enarrivantàl’entrée,jeretrouvetousmescompagnonsetdécouvretousceshommesen costume élégant.Mon regard s’arrête sur Sébastien qui doit être le seul à avoir opté pour uncostumed’ungrisbrillantqui luivaà ravir. Il s’approchedemoi telunprédateuravecce sourireprétentieux qui le caractérise depuis notre rencontre. Il a beau être vraiment sexy, je ne ressenstoujourspasdepetitsfrissonsm’envahir,mêmesijedoisbienavouerqu’ilferaitlecandidatparfaitpourmedonnerenviedemelaisseralleràunesoiréesexe.Ilal’aird’êtrelegenred’hommeàfaireensortequesapartenaireprenneréellementsonpiedsanssesentirvexédanssavirilité.

Enarrivantprèsdemoi,ilsepencheprèsdemonoreillepourmesouffler:

—Claire,vousêtesvraimentépoustouflante.Sinousn’étionspasentourésd’autantdemonde,jevousmettrais surmon épaule et je vous conduirais sur le champ dansma chambre pour une nuitentièredeluxure.

Jemereculeetleregardetoutenrougissant.

—J’imaginequ’ils’agitd’uncompliment?

—Effectivementvousimaginezbien!medit-ilsouriant.

—Danscecasjevousremercie.

JedemandeàPierredebienvouloirfairelechemindel’allerenmacompagnie,carnotreclient

m’a demandé de les laisser entre eux. Ilm’indique un parkingVinci à quelques pas du restaurant.J’auraispréféréprendreleservicevoiturier,maisilal’airdéjàbienchargé.Jemegareaupremiersous-sol, car j’angoisse déjà rien qu’à l’idée de devoir revenir seule récupérer ma voiture dansquelquesheures.

Tout en rejoignant les autres convives au restaurant, Pierre, notre guide en profite pour meraconter quelques anecdotes assez amusantes sur certains clients. Tous ont droit à une petitemoquerie,maislaplusdrôleestdédiéeàmoncherSébastien.Apparemment,lorsdenotrepremièrejournéedevisite,certainsclients,dontSébastien,avaientunpeuforcésurlevin.Commed’habitude,ilavoulufairesonmalin,maisilamalheureusementtrébuchéets’estretrouvéausol.Ilm’expliqueenriantquepersonnen’aosésemoquerdelui,maisquetoutlemondeenavaittrèsenvie.

Enarrivantaurestaurant,jemerendscompteque,commeparhasard,ilnerestequ’uneplaceentreSébastienetRichardquiestàl’originedecevoyage.Tousdeuxmeregardentpourbienmesignifierqu’ils m’attendent. En une bonne petite fille, je leur adresse mon plus beau sourire hypocrite etm’installeàleurscôtés.

Le repas sepassedans la bonnehumeur.Personneneparle deWhisky comme lors de tousnosrepasprécédents.Toutlemondeprofitedecedînerpouréchangersesimpressionssurceséjouretpourmaplusgrandefierté,toussontravis.

Jeregardelemenuettoutmefaittrèsenvie;jefinisparchoisirenentréeunmarbrédefoiegrasdecanardauxtruffes,cèlerifondant,succulent.

Malgré la jambedeSébastienqui tente de se frotter àmoi durant lamajeurepartie du repas, jedécidedel’ignorer.Iltenteuneautretactiqueenmeconseillantpourleplatetpourrestertrèspoli,j’acquiesceetdécidedesuivresonconseilenchoisissantlesNoixdeSaint-Jacquesrôties,mousselined’unebutternutetjusdecoquillages,unefoisdeplusmespapillesenprennentpleinlavue.Jediscuteunpeuavecmonclientpourconnaîtresesimpressionssurmontravailetilmeprometdevendremesméritesàmonresponsable,MonsieurServal.Touscescomplimentsmedonnentconfianceenmoi,jememêleauxconversationsd’unpeutoutlemondeetjerisavecplaisirauxblagues,mêmeauxplusnulles,desunsetdesautres.Unefoisrassasiée,aprèsunfondantauchocolatnoiretcrémeuxaveccrèmeglacéefèvedeTonka,jesaluetouslesclientsquieuxvontprofiterencoreunpeudulieuetdesdigestifshorsdeprixquivont leur être servis. Il est tempspourmoidem’éclipser. Jedonnemesinstructionsauguideafinqu’ilsurveilletousceshommesetfasseensortequ’ilsregagnenttousleursuite.Jeleuradresseunderniermotetlesremerciepouravoirétésiagréablesavecmoidurantcestroisjours,jeleurdonnerendez-vouspourlelendemainà10h00pétantespourrejoindrel’aéroport.

Jeme dirige tranquillement vers le parking tout en admirant les boutiques de cette magnifiqueavenue.Unjolicouplepasseàmescôtésenlacéetvisiblementtrèsamoureux,jelesobservetoutenespérantqu’unjourj’auraiàmontouruneépauleréconfortantesurlaquellemereposer,maissurtoutjesouhaitedetoutmoncœuravoirmoiaussiceregardpétillantenregardantl’hommequipartagema vie. C’est avec toutes ces belles pensées que je pénètre dans le parking. Malheureusement,l’ambiancemeremetimmédiatementlesidéesenplace,trèspeuéclairéetsurtouttrèsvide.J’accélèrelacadence,carj’aiunmauvaispressentiment.Jemeretourneetaperçoiscethommeauloinquimefixe, j’accélère le rythmeavantdeme retournerànouveau,maisnevoispluspersonne. Je respireprofondémenttoutenmemoquantdemaparanoïa.Enarrivantprèsdelavoiture,toutvatrèsvite,je

n’ai pas le temps de réaliser ce qui est en train dem’arriver.Avantmême d’avoir eu le temps derécupérer lesclefsdansmapochette, jemeretrouveplaquéecontremaportièreavec lamaind’uninconnusurmabouchequimesouffleàl’oreilledesparolesquimefontfroiddansledos.

—Ferme-laetn’essaiepasdetedéfendre,sinonjetebute.

Jesuisparalyséeparlapeur.Jetentedetournerlatêtepourvoirsonvisage,maisilmeplaquelevisagecontre laportièrebrutalement.Jesuissonnée,unedouleurcommenceàsurgirauniveaudemonarcade.Malgréladouleur,jesuisbeaucouppluseffrayéeparcequivasuivre.

Jetentedemedégagerdansunélandecourage,maisdéjàjesensl’unedesesmainsremontersurmacuisse.Jehurledetoutesmesforces.Ilmeretourneetmegifleavecuneforcemonstrueuse.Jem’écroule instantanément. Les larmes m’envahissent le visage et je suis tétanisée. Il me crie deschosesinvraisemblables.

—Jamais tuneserasàunautrequemoi !Etcesoir, tuneserasdéfinitivementplusàpersonned’autre!JAMAIS!

Jenecomprendspas.Jen’arrivepasàvoirsonvisagequiestdissimulésouslacapuchedesavesteetsurtoutjen’osepaslefixerdepeurdel’énerverencoreplus,jetenteuneautreapprocheetessayedelecalmer.

—Vousdevezvous tromperdepersonne, jesuisdésoléedecequevotreamievousafaitsubir,maisjevousenprie,laissez-moipartir.Jenedirairienàpersonne,jelesupplieenpleurs.

— Ferme ta gueule. C’est trop tard maintenant. Ce soir tu seras mienne et jusqu’à ton derniersouffle,ajoute-t-ilhystérique.

Ilsejettesurmoiet jecomprendspourquoijenepeuxvoirsonvisage.Enplusd’êtredissimuléparlacapuche,unbandanalerecouvreengrandepartie.Jehurleunedernièrefoisdansl’espoirquequelqu’unviennemesecourir,maisdéjàsesmainstententdem’arrachermarobe.Jel’enempêchepartouslesmoyensetréussisàluigriffersamaincequiluiarracheuncri.

—Salope!mehurle-t-ilavantdemegiflerànouveau.

JefermelesyeuxetpenseàCharlotte,Julieetmonpèrequejenereverraicertainementjamais.

—Jevousensupplie,nemefaitespasdemal,luicrie-jesansespoirdel’arrêter.

Maisc’esttroptard,letissudemarobeadéjàcédéetjesuiscomplètementexposéedevantlui.Ilplaqueunedesesmainssurmaboucheetdel’autreil tentedem’arrachermaculotte.Jefermelesyeuxetpriedetoutesmesforcespournepasmourircesoir.

D’uncoup,jenesensplussesmainssurmoi.Jemedemandesijenesuispasdéjàmorte,j’ouvrelesyeuxetjevoisunhommededospropulsermonagresseuràterre.Illuienvoieunuppercutavecunetelleforcequ’ilresteausol,puisilsetourneversmoipourmedemandersijevaisbien.

—Mademoiselle, vous m’entendez ? Je vais appeler les secours, me dit-il rassurant une mainposéesurmonbras.

—Non,surtoutpas,jedoisretourneràmonhôtel,dis-jepaniquée.Oùest-il?

—Jepensequejel’aiassommé,merépond-ilavecunecertainefiertédansleregard.

Maislorsquejepenchelatêtedecôté,jenevoispluspersonneausol.Ilseretourneàsontouretserelèved’unbondpourregarderautourdelui.

—Merde ! Il a pris la fuite cet enfoiré. Ne bougez pas, je vais le retrouver, dit-il en partantfurieusement.

—Non!Jevousensupplie,nemelaissezpasseule.

Ilstoppenetetmeregardeavantderebroussercheminetdevenirprèsdemoi.Jesuistoujoursausolincapabledebouger.Ilmetendlamainpourm’aideràmerelever.Jeleregardeet,l’espaced’uninstant, j’arrive à oublier le psychopathe qui doit certainement toujours roder dans le parking.Auboutdequelquesminutes,jedécidedeluifaireconfianceetacceptesonaide.Ilretiresavesteetmedemandede l’enfiler. J’obéis tout en regardantma robequi est complètementdéchirée jusqu’àmahanchedévoilantmonminusculestring.Jerougiset laissetoutelapeurm’envahirdenouveau.Leslarmes coulent surmes joues, l’airmemanque, je panique. Je pose lamain surma poitrine pourreprendremarespiration,maisjen’yparvienspas.Moninconnuserapprochedemoietfrottemesbraspourmeréconfortertoutenmeregardant,visiblementmalàl’aise.

—Vousêtescertainedenepasvouloirallerauxurgences?Vousavezunhématomeà l’arcade,vousêtessouslechoc…

—Jenesuispasd’ici.Jesuisavecdesclients,jedoisabsolumentêtreopérationnelledemain.Jerentre chezmoi, loindeParis et de sesdingues !Laissez-moi cinqminutes et je serai denouveaud’aplomb.

—Vousavezfailliêtreviolée!Sijen’avaispasentenduvoshurlements…

—Stop!Jen’aipasbesoinquevousm’expliquiezcequej’aifaillisubir.J’avaislepremierrôlejevousrappelle.

— Désolé. Ce que je voulais dire c’est qu’il va vous falloir plus de cinq minutes pour vousremettre de cet évènement. Si vous ne voulez pas aller aux urgences, laissez-moi au moins vousdéposeràvotrehôtel.

—J’aimavoituredelocation.Jenepeuxpaslalaisserici.

—Àquelhôtelêtes-vous?

Je le fixequelques secondes,mais il attendma réponse. Il semble réellement se soucierdemonbien-être,etdetoutemanièrejepensenepasêtrecapabledepouvoirprendrelevolantdansmonétat.

—JesuisauSevenHôtel.

—Donnez-moivosclefs,jeviendrairécupérermavoitureplustard,m’ordonne-t-il.

Jelefixecommeuneidiote.Ilcomptemerameneràmonhôtel.Jemedemandesijedoisluifaire

confiance.Jeviensjusted’échapperàunviolalorsjen’aipasenvied’êtreretrouvéemortedansmavoituredelocation.Jel’observesoustouteslescoutures.Ilestgrand,mêmetrèsgrandetvisiblementtrès musclé. Il a les cheveux mi-longs assez sombres. Il a le teint bronzé et des yeux bleus quim’observentavecimpatience.Ilesttrèsbelhomme,ilinspirelaconfianceetjemesensvraimentensécuritéàsescôtés.

Alors?Vousmedonnezvosclésounousrestons icipourquevouspuissiezm’admirerpendantdesheures?medemande-t-ilenrelevantunsourcil.Rassurez-vous!Jenecomptepasabuserdevous.

Jepeuxvousassurerquejen’aijamaiseubesoindeforcerunefemmeàfairequoiquecesoitsanssonconsentement.

Jeleregardeenfronçantlessourcilsàmontour.Sadernièreremarquem’irriteauplushautpoint.Si je n’étais pas choquée par les évènements, je suis sûre que jeme laisserais bien tenter par cethomme.S’ilmeleproposaitévidemment.Sansmotdire,jecherchemapochettequej’aiperduedansl’agression,jelarepèreprèsdemavoiture.

Jel’attrapeetluitendslaclé.Ilm’attrapelamainetm’ouvrelaportièrem’invitantàm’installer.

Jem’installeetrespireprofondément.J’attachemaceinture,déposemapochetteà l’arrièreenlabalançant etprogramme leGPSpour l’hôtel.Lorsqu’il s’installe àmescôtés, ilme regardeetmesourit.

—Nevous inquiétezpas, jeconnaisassezbienPariset jesaisexactementoùse trouveleSevenHôtel.

Jehoche la têtesans répondreet fixe la route.Le trajet jusqu’à l’hôtel se faitdans leplusgrandcalme.Personnen’engage laconversation. Je ressens l’épuisementmesubmergeret surtout jen’aiqu’uneenvie,pouvoirmelaverenespérantfairepartircettesensationdésagréablequim’envahit.

Je tente parmoment de lui jeter des regards en coin,mais dévie à chaque fois, car jeme sensvraimenttroubléeparcethomme,monsauveur.

Enarrivantdevantl’hôtel,ilcoupelecontact,maisnebougepas.Jerespireprofondémentpourmedonnerducourageetmetourneverslui.

—Jene saispascommentvous remercier.Vousm’avezsauvé lavieet jenevousaimêmepasdemandévotreprénom.

— Esteban… mon prénom c’est Esteban. Et vous n’avez pas à me remercier, je suis heureuxd’avoir été présent au bon moment, et encore plus heureux de vous avoir rencontrée, même sij’auraisaiméquecesoitdansdemeilleurescirconstances.

Jebaisselatêtepourluiparlerafind’éviterqu’ilnemevoitrougir.

—Bon, lemoment des adieux a sonné. Je vais aller demander au concierge de l’hôtel de vousappeleruntaxipourvouspermettrederécupérervotrevéhicule.

Jemeretournepourrécupérermapochette,maisilm’enempêcheenm’attrapantlebras.

—J’aimeraisbeaucoupvousrevoir…

—Claire,j’ajouteensouriant.

—Claire, j’aimerais beaucoup vous revoir. J’aimerais avoir de vos nouvelles etm’assurer quevousallezbien,medit-ild’unregardpénétrant.

—Commejevousl’aidit,jenevispas…enfinjenevisplusàParisdepuisunmoment,jevisàPerpignan. Je reprends l’aviondemain en findematinée.Mais rassurez-vous, grâce à vous, jemesensdéjàbeaucoupmieux.

—Prenezmonnuméro.Jen’aijamaisditvivreàParisClaire!ajoute-t-ilenmetendantunecarted’unairespiègle.

—Désolée,maisjepensequelemieuxpourmoiestd’oubliercettesoirée.

Ilfroncelessourcilsvisiblementagacé,maisilalacourtoisiedenepasinsister.Ilseretournepourrécupérermapochetteetmelatendre.Jel’attrapeetsorsdelavoiture.

Jeluidemandedem’attendredeuxminutesletempsd’allervoirleconciergepourluidemanderdefaireveniruntaxipuisjelerejoins.Ilestadosséàmavoiture,lebrastenduavecmesclefspendantauboutdesdoigts. Jem’approchedoucementen l’observantafindemémoriseraumaximumtous lesdétailsdecethommequim’asauvée,etquim’acomplètementhypnotisée. J’attrapemesclefset ilresserresamainsurlamiennetoutenmerapprochantdelui.Ilmeprenddanssesbrasetmesouffleàl’oreille.

—JesuispersuadéquenoscheminssecroiserontànouveauClaire.

Ilm’embrassedélicatementsurlajoueavantdesereculerenmesouriant.Jeretiresavestepourlaluirendre,maisilm‘enempêche.

—Non,gardez-laensouvenirdenotrerencontre…etsurtout,carjen’aiaucunementenviequeleconciergepuissedécouvrirlecorpsmagnifiquequisecachedessous.

Jemeregardeetrevoisl’étatdéplorabledemarobe.Jem’empressederefermersavesteautourdemoi.

—Quelgâchis!Cetterobeétaitsibelle.Jemelamentetentantd’allégerl’ambiancequiestdevenuesubitementintense.

—Pasaussibellequelafemmequisetrouvefaceàmoi,rétorque-t-illeregardfiévreux.

Je lui souris, mais détourne le regard. Cet homme me déstabilise, mais avec ce qui vient dem’arriver,celadoitêtrenormal.Ilm’asauvéecommeunprincesursonchevalblanc.Jevoisletaxisegarerderrièremavoitureetluifaissignepourl’avertird’attendre.

—Votretaxiestarrivé,rentrezbienEsteban.Etencoremercipourtout.

—PrenezsoindevousClaire.

Il ouvre laportede son taxi et je sensdéjà les larmes revenir,mais je les retiensde toutesmesforces.Ilseretourneetmeregarde,aussichambouléquemoiparnotrerencontre.Siseulementelleavaiteulieudansd’autrescirconstances,jelesupplieraisdemeprendredanssesbrasetdeneplusmequitter.

—ÀtrèsviteClaire.

Jeme répète sesdernièresparoles tout en le regardant s’éloigner avantdemedécider à rentrerdansl’hôtel.Leconciergem’interpellepourmedemandersitoutvabien.Jelerassureenluidisantquej’aimalheureusementfaitunemauvaisechute.Ilneditrien,mêmes’iln’apasl’airdecroireàmonmensonge.Jefonceversl’ascenseurpourretrouvermachambre.J’ouvremapochettepourenrécupérerlaclé.Enl’attrapant,unecartetombeparterre.Jemepenchepourlaramasseretdécouvreunecarteavecunlogoenformed’écussonrougeetnoiravecdeuxlettresaucentre.Un«T»noirentrelacéd’un«S»rouge.Je retourne lacarteetdécouvreàquielleappartient :EstebanDUVAL.Seulssonnometsonnumérosontinscrits,pasd’adresse,nimail.Jelarangeànouveaudansmonsacenmedemandantcommentelleapuatterrirlà.

Jerentredansmachambre,retiresavestequejedéposesurmonlit.Jemedirigedirectementdanslasalledebainafindevoirdansquelétatjesuis.Jesuisdansunétatlamentable,marobeestdéchiréejusqu’aunombril,monstringestplusquevisible,maissurtoutj’aiunebosseauniveaudel’arcadeavec un hématome assez énorme.Cette fois, je ne retiens plusmes larmes, je finis d’arrachermarobe, retire mes sous-vêtements et me jette sous la douche. Je laisse l’eau bouillante m’envahirjusqu’àneplussupporterlachaleurdel’eau.Jemesavonneavecforcejusqu’àavoirlapeauàvif.Jemelaisseretomberlelongdumuretrapprochemesgenouxcontremapoitrineetlesserredemesbrasavectoutelaforcequ’ilmereste.Jepleuresansréussiràmecalmer.

Aprèsjenesaiscombiendetemps,leslarmessecalmentetlefroiddelasalledebainm’envahit.Je finis par me relever et m’enroule dans une serviette. Lorsque je pénètre à nouveau dans lachambre, je vois immédiatement la veste d’Esteban sur le lit. Jeme jette dessus et l’enfile commepour me protéger à nouveau avant de me laisser retomber sur le lit. Je me frictionne et je sensquelquechoseauniveaudelapochedublazer.Jedécouvreànouveaucetécussonquejen’avaispasremarquéplus tôt. Je regardedans lapocheet trouveégalement lamêmecarteque j’aidécouvertedans ma pochette. Je ferme les yeux et me remémore ce bel homme aussi mystérieux que sexy.Malheureusement,manuit est très agitée, pleinede cauchemars tousplushorribles lesunsque lesautres.

Leproverbequidit quedemain seraunautre jour c’est dugrandn’importequoi.Effectivementnous sommes dimanche, le jour du départ, mais lorsque je me regarde dans le miroir, j’ail’impressionderevenirenarrière,plaquéecontrelaportièreetpriantpournepasmourirdelapiredesfaçons.

Heureusement, mon œil n’est pas gonflé, mais l’hématome au niveau de mon arcade estmonstrueux. Je retire le blaser avec lequel j’ai dormi et file sous la douche.Malgréma séancedenettoyagede laveilleausoir, jemesens toujoursaussi sale.Aprèsm’êtreune foisdeplus frottéecomme une grandemalade, c’est avec la peau toute rouge que jeme prépare.Aujourd’hui, j’optepour un jeans et un débardeur très simple. Je n’ai pas besoin d’être tirée à quatre épingles pourprendrel’avion.Parcontre,jesorsmatroussedemaquillageetforceàfondsurlefonddeteint.Aufinal,ondiraitque jeviensdepasserunesemaineauxCaraïbes,maisaumoins j’aiunemineplusconvenable.

Jerassembletoutesmesaffairesdansmavalise,prêteàpartir.Jefaisunderniertourdelachambrepourêtresûredenerienoublieret,enarrivantdanslasalledebain,leblaserestaccrochéaumur.Jem’en empare avec empressement, je le serre contremoi et respire son odeur. Il sent certainementencoresonparfum,uneodeurmusquéeetvirile.

Je le replie et le range dansma valise. Je quitte la chambre pour profiter de notre dernier petitdéjeunerroyalencompagniedemes20clients.Enarrivant,jetombesurSébastienquimeregardeavecinsistance,jeleregardeàmontourprêteàl’envoyersurlesrosess’ilcommenceànouveausonpetitjeudeséduction.

—Clairevousallezbien?medemande-t-ilinquiet.

—Trèsbien,pourquoicettequestion?

—Visiblementvousaveztentédecamouflerunénormehématomeauvisage.Commentvousêtes-vousfaitcela?

Toutenposantlaquestion,ilapprochesamaindemonvisagepoureffleurerlamarquevisible.

—Cen’estrienrassurez-vous.Jemesuiscognéeensortantdelabaignoire.J’aiglissé.

—Humm…Vousn’yêtespasalléedemainmorte!merépond-ilsouriant.Allonsprendrenotredernierpetitdéjeuner.

—J’aiunefaimdeloup.

—Voussavezquedansexactement6h, jeneseraiplusvotreclient?medemande-t-ild’unclin

d’œil.

—Ouietj’avouequej’ensuisheureuse.

—Pasautantquemoi.Jevaispouvoirenfinvousinviteràdîner.

—Sébastien!Allonsdéjeuner,dis-jeenriant.

Aprèsuncopieuxpetitdéjeunerbienentouré,jemesensbeaucoupmieux.Toutlemonderemontedanssachambreafinderécupérersesbagagespuisnousprenonslaroutedel’aéroport.

Enarrivant,jesuisobligéed’emprunterleparkingsouterrainpourdéposermavoituredelocation.Je sens l’angoissem’envahir. J’ai lesmainsmoites, des sueurs froides et les jambes tremblantes,impossibledeme résoudre à sortir de lavoiture. Je regardedroit devantmoi et tentepar tous lesmoyensdemechangerlesidéesjusqu’aumomentoùl’onvienttaperàlavitredemavoiture.

Je sursaute et pousse un hurlement digne des oscars de la meilleure interprétation de l’année.Sébastienm’observeinterloquéavantd’ouvrirlaportière.

—Quevousarrive-t-ilClaire?medemande-t-iltourmenté.

—Rien.Désolée,jenevousavaispasvu.J’aiétésurprise.

—Jevoisçaeffectivement.Maisvousêtestoutepâle.Allez,venez,jevaisvousaider.

Ilrécupèremavalisedanslecoffreetprendmesclefsafindelesrendreàl’hôtesse.Ilmetendunbordereauquejesignesanstropfaireattention.D’uncoup,jefixeSébastienetdemandepourquoiilsetrouvedansleparking.

— Que faites-vous dans le parking Sébastien ? Vous devriez être avec le guide devant notreterminal,dis-jeagacée.

—Calmez-vousmachère.Jesuisvenuevousaiderpourvotrevalise.C’estbienconnu,lesfemmessont toujours tropchargéeset j’aieuraisonvu l’étatdans lequel jevousai trouvée!merépond-ilvexé.

—Excusez-moi,jepaniquerapidementdanslesparkings.Jepensequejedoisavoirlaphobiedecegenred’endroits.

Ilmesouritetposesamainsurlamiennequejeretireinstantanémentcequilefaitrire.

—Détendez-vous,jenemordspas.

—J’espèrebien!Jerétorqueenluisouriant.

—Allezvenez,nemefaitespas ratermonavion.J’aihâtequeceséminaire se termineafinquevouspuissiezplusmeconsidérercommel’undevosclients,ajoute-t-ilmalicieux.

Commeàl’aller,jem’installefaceauhublot.Enfouillantdansmonsacàmain,àlarecherchedemoniPod,jefaisensorted’ignorerSébastienquis’installeàcôtédemoi,carjenesuisvraimentpas

d’humeuràsupportersesavances.J’enfilemesécouteursettombesur«EarnedIt» interprétéparTheWeekend.Jefermelesyeux,tented’oubliertoutcequimetracasseetmeconcentresurmonbelinconnu,quej’espèreaufonddemoirevoirunjour.

Jefinisparm’assoupir,jerêve,jesuisdansunparking,jecours,maisàchaquefoisquejepenseenfin l’avoir semé, il apparaît devantmoi. Il est grand, porte un jean, des baskets et cette veste desport grise avec capuche,mais impossible de voir un visage, tout est noir. Ilme crie qu’il vamebaiser et que jamais plus je ne m’éloignerais, je tente à nouveau de m’enfuir, mais je tombe. Ilarrive…

Nonausecours,ausecours,nemefaitespasdemal…

—Claire?Claire,réveillez-vous!

—Hum,oùsuis-je?

—Noussommesdansl’avion,vousavezl’aireffrayée,vousvenezdecrier.

—Ouiunmauvaisrêve,luiréponds-jeessoufflée.

—Unhorriblecauchemarvousvoulezdire!Rassurez-moijen’étaispasdansvotrecauchemar?—Vousêtesvraimentincorrigible.Non,vousn’étiezpasdansmoncauchemar.

—Mevoilàrassuré.J’aimeraisquevousrêviezdemoi,maispasden’importequellemanière,medit-ilfièrement.

Jeleregardeetfinisparrire.Mêmesijeletrouvevraimentcollant,jedoisbienadmettrequ’ilestfranchement gentil. Son seul but était de me dérider et il a réussi. Peu de temps après, nousatterrissonsenfin.Ilnerestequ’unedizainedeclientscarcertainsontprisd’autresvolsdeParispourleurs retours. Après m’être assurée que tous ont bien récupéré leurs bagages, je peux enfinm’éclipser.Jedécidemalgrétoutd’allerembrassermonclientpréféréduweek-end.Ildiscuteavecunautreclient.Jem’approchedoucementetluitapotesurl’épaule,ilseretourneetmesourit.

—Jenepouvaispaspartirsansvousdireaurevoir.Vousavezétévraimentcharmantavecmoi.

Ilmesourit,maisseretournepours’excuserauprèsdesesinterlocuteurs.Puisilmefaitface,meprendlamainetm’éloignedequelquespas.

— Écoutez… Je suis conscient d’avoir été lourd avec vous pendant ces trois jours.Mais vousm’aveztapédansl’œil.J’aimeraisréellementvousrevoiretvousprouverquejepeuxêtrequelqu’undetrèssympasanstropenfaire.Donnez-moiunechanceetacceptezundîner.

Je le regardesans lui répondre.Je l’observedehautenbas. Ilestvraimentbeau.Mêmesi jemerendscomptequejesuisobsédéeparunhommedepuiscettenuit,etqu’ilneressemblepasdutoutàSébastien,jepensequejedevraisluilaisserunechance.

—Alors Claire ne me faites pas languir. Un dîner et si après vous me trouvez toujours aussidésagréable,jen’insisteraispas.

—Jenevoustrouvepasdésagréablejusteunpeutrop…Insistant?

— J’ai forcé sur les blagues un peu lourdes, je l’admets.Mais tout le monde a le droit à unedeuxièmechance,non?medemande-t-ilsuppliant.

—OKpourundîner,luiréponds-jeavecenthousiasme.

—Parfait!Voicimacarte.J’aidéjàvotrenuméro.Jevousappelledemainpourvousdonnermesdispos,maisjepensequemercrediseraitparfait.

—Mercredi?Jepenseêtrelibre.

—Vousneleregretterezpas!

— Si vous le dites. Bon, je vous laisse mes amies sont arrivées. Elles m’attendent depuis unmoment.

—ÀmercrediClaire...

Ilmeditcesderniersmotstoutensepenchantdoucementetm’embrassesurlajoueenprenanttoutsontemps,puisils’éloigneàreculonstoutenmesouriant.Jeleregardeentenanttoujourssacartebêtementdansmamain.Jerisseuleenpensantquejeviensderécupérerenl’espacededeuxjours,deuxnumérosd’hommessexy.SiseulementEstebanétaitducoin…

Enfin,ilvautmieuxquejel’oublieainsiquetoutcequientourenotrerencontre.

Je retrouve Charlotte et Julie qui m’attendent. Elles me sautent au cou tout en posant plein dequestions.Charlottemecaresselevisageetfroncedessourcils.

—C’estquoisurtonvisage?

—Unelonguehistoire.Jepréfèretoutvousraconterdevantunbonverre.

—Bonneidée.Rentronsvitealors.

En rentrant, je filemettreunbasde joggingetun tee-shirt. Je rejoinsensuite les fillesausalon.Charlotteouvreunebouteilledevinetnoussertàchacuneunverre.Julies’impatienteetmedit:

—Bonmaintenantquetuasenfilétatenuefétiche,dis-noustout.Fais-moirêver!

Jem’installe et bois une gorgée de vin etme lance dansmon récit. Je détaille toutes les belleschosesquenousavonsvisitéesainsiquelesbonsrestaurantsdanslesquelsnousavonsdîné.J’hésiteàleurracontermamésaventureetdécidefinalementdenepasleurenparler.Parcontre,j’arrangeunpeulavéritéetleurparledemarencontreavecEstebanetdel’invitationdeSébastien.

—Bahdisdonctun’aspaschômé.DepuisPatrick,jenet’aipasvueavecunmec,ilétait temps.CommenttuasrencontrélefameuxEsteban?medemandeCharlotte.

—Euh…Je l’ai croisé en allant récupérermavoiture auparking.Nous avonsdiscuté quelquesminutes,j’étaisfrigorifiée,ilm’adonnésonblaseretnousnoussommesquittés.Ennousséparant,

j’aivoululuirendre,maisilainsistépourquejelegarde.Lorsquejesuisrentréedansmachambre,j’aitrouvésacarteavecsonnumérodansl’unedespoches,maisaussidansmonsacàmain.

—Dommage qu’il ne soit pas de chez nous.Visiblement, il a semé beaucoup de cartes sur sonpassagetuluiplaisetilal’airdet’avoirfaitunsacréeffetdisdonc,metaquineJulie.

—Montre-noussaveste,çanousdonneraunaperçudesacarrure,ajouteCharlotte.

Jeretournedansmachambrerécupérerleblaserdansmavaliseetl’enfileenrejoignantlesfilles.

—Waouh,tuesdéjàsouslecharmedis-donc!

—ArrêteJulie,jeneleverraiplusjamais.

—Pasforcément,ajouteCharlotte.

—Jeterappellequejel’aicroiséàParis!

—Oui,maisl’écussonquisetrouvesursavestesignifiequ’ilestfanduStadetoulousainmabelle.

—Commentça?

—L’écussonest l’emblèmede l’équipedeRugbydeToulouse. Jeprésumedoncqu’ildoit fairepartied’unfan-clubouuntrucdugenre.

Ilsepourraitquetucroisessarouteànouveau.

—Nousverronsbien.Jenesuismêmepassûrdel’appeler.Enplus,jedoisdîneravecSébastienmercredi.

—Oui,oui!Jedisquemêmesicefameux«Sébastien»estsexy,celuiquiafaitpalpitertoncœurs’appelleEsteban!renchéritJulie.

—Vousêtesvraimentincroyable!Vousm’avezmanqué.

—Tunousasmanquéaussimabelleetpasqu’ànous.Patrickm’aenvoyéaumoinstroismessagespoursavoiràquelleheureturentrais.Jeluiairépondupendantquetutechangeaispourluidirequetuétaisbienarrivée.Jeluiaidemandédesefairediscretcesoir.

—MerciCharlotte!Tuesmasauveuse.

—Situveuxmonavis, tudevraiscouperlespontsavecPatrick.Sinonilnecomprendrajamais,meconseilleJulie.

—Ouituascertainementraison,maisjeleconsidèrecommeunamietjeneveuxpasluifairedepeine.Laprochainefoisque je levois, je luidiraique jevoisquelqu’uncommecela iln’aurapasd’autreschoixquedepasseràautrechose.

—Parfait!Danscecas,trinquonsànotreClairequivabientôts’envoyerenl’airavecsoitunricheclient sexy, mais trop bavard, soit un bel inconnu grand et musclé fan de rugby. Mais surtout,trinquonsaufaitquePatrickvaenfindevoirsefaireuneraison,s’exclameCharlotteenremplissantà

nouveaunosverres.

Aprèsunebonnesoiréebienarrosée,jerampejusqu’àmachambreetmecouchesansavoirenlevécequiestdevenumonvêtementpréféré:Unblaseràl’effigiedustadetoulousain.

Jenotedansuncoindematêted’allerfairedesrecherchessurceclub.HabiterleSudOuestetêtrenulleenrugby,c’estunsacrilège.

Jem’endorsassezrapidementgrâceauxtroisverresdevinavalésplustôt,maismalheureusement,ma nuit est semblable à la précédente. Remplie de cauchemars. Si seulement j’avais pu voir sonvisage.

Lesjourssuivantsseressemblententoutpointdevue.JereprendsletravailetMonsieurServalsesentobligédemecomplimenterpourmontravail,carilareçubeaucoupdecomplimentsàmonsujetdelapartdesclients.

Lemardi, jereçoisunappeldeSébastienpourconfirmernotredîner.Nouspassonsunexcellentmoment,etjedoisbienavouerqu’ils’avèrebeaucoupmoinscollantquedurantnotreséjouràParis,ilm’aemmenéedansunrestaurantdefruitsdemertrèssympa.Iln’atentéaucunetactiquededrague,nousavonspufaireconnaissance,nousavonsparléessentiellementdenosamisetdutravail,jemesuis sentie vraiment à l’aise en sa compagnie. Finalement j’ai pu l’observer avec attention etdécouvrir un homme vraiment plaisant. À la fin du dîner, il m’a raccompagnée comme un vraigentleman, nous avons continué à discuter devant chez moi, mais il n’a rien tenté, puis il m’ademandé s’il avait gagné le droit à un second rendez-vous, ce que j’ai accepté avec plaisir. Enrentrant,jesuistombéesurlesfilles,ellesétaientdéçuesquejenesoispaspasséeparlacasesexe,nimêmeunbaiser,maisjepensequecenesauraittarder.J’hésiteencore,jedoisbienadmettrequej’aipasséuntrèsbonmomentetqu’ilatouteslesqualitésrequisespourêtreunbonpartenaire,maisjeresteobsédéechaquenuitparEsteban,monsuperHéros.

Deux semaines se sont écoulées depuis mon agression. Je dors toujours aussi mal. J’angoissetoujoursàl’approched’unparkingsouterrain,etdèsquejevoisunhommeporterunevestegriseàcapuche,jechangedetrottoir.

Chaquesoirenallantmecoucher,j’enfilelavested’Estebanetcaresselacartequej’aiposéesurmatabledechevetenmepromettantdefinirparl’appeleraumoinspourluidirequejevaisbienetluiproposerdeluirenvoyersaveste.

Jen’aitoujourspasrevuPatrick.J’aivoululuidonnerrendez-vouspourluiparlerdemarencontreavec Sébastien afin de mettre les choses au clair avec lui avant qu’il ne soit mis devant le faitaccompli,maisilnepeutpasselibéreravantaumoinsdeuxsemaines.J’aiététrèssurprisedesonrefus, car, depuis notre séparation, il ne perd jamais une occasion de passer du temps en macompagnie.Malgrétout,jedécidedenepasinsisteretdeluilaisserletempsderevenirversmoi,cequimelaisseencoreunpeudetempsavantdelevoir,carj’avouequejenesuispaspresséedeluidirequejesuispasséeàautrechose...etqu’ildoitvraimentm’oublier.

Plus que quelques jours de patience avant le grand saut. Samedi, je vais passer la journée avecSébastien,ilainsistépourquejeluiréservelajournéeentière.Ilveutmefairepartagerl’undesespasse-temps.Laseulechosequ’ilabienvoulumedireestqu’ilviendraittôtcarnousallonspasserla

journée surToulouse. Ilm’a précisé de venir relax, néanmoins de prévoir une tenueplus habilléepourledîner.

Plus jepenseauprogrammeduweek-endetplus j’angoisse, jeressenscertaineschosespour luimaintenantquejeleconnaismieux,maisj’aiplusl’impressionquecelaressembleàdel’amitié.Jetented’oubliermesdoutesàsonsujetpourallerdel’avant,sinonjevaisvraimentfinirvieillefilleavecunappartementremplidechats.

Ilmeprévient assezmalà l’aisequ’il a réservéunechambrepour lanuit afinque jepuissemechanger. Ilme rassureenmedisantqu’il a réservédeuxchambres. Jepenseavoirbiencompris lemessage.

Cettefois,nousallonscertainementpasserau-delàdelaphase«drague».J’espèrejusteréussiràmelaisserallerpourapprécierceweek-endetcettefameusenuitoùjevaismeremettreenselle.J’ail’impressiondepasserpourunefillefacileenacceptant.Pourtant,commemelerépèteJulie,jesuisjeuneetj’ailedroitdem’octroyerunmomentdeplaisirsij’enaienvie.Toujoursselonelle,àmonniveauilnes’agitplusd’envie,maisd’uneréelleremiseàniveau.Ilestévidentquepourlesconseilsdouteuxjepeuxvraimentcomptersurelle,maisaufondellearaison,ilesttempspourmoid’oublierma mauvaise expérience et le meilleur moyen d’y parvenir est de la remplacer par une bonneexpérience.

Impossiblededormir. Jeme tournedans tous les sens, je compte lesmoutons, je commenceunnouveauroman,jelisaumoinsdixfoislamêmepageavantderenoncer.Impossibledemedétendre.

Demain,jepasselajournéeavecSébastienetmêmelanuit.JemelèveetvaistoqueràlachambredeCharlotteafinqu’ellemeconseille.

Jetoqueunefois,deuxfoisetjefinisparl’entendregémir.

J’ouvrelaporteetvaislarejoindredanssonlit.Ellemeregardeencoreàmoitiéendormieetmesourit.

—Toi tuangoissespour ton rendez-vousdedemainavec tonbusinessman !affirme-t-elledesajolievoixendormie.

—Oui!Jenepensepasêtreàlahauteur.Unejournéeetunenuitcomplète.Jenesuismêmepassûredevouloircoucheraveclui.Lesexeetmoiçafaitdeux.

— Justement il est temps que cela changemon lapin. Tu as 25 ans, tu es jolie. Tu devrais êtreépanouieàceniveau-là.Aulieudecela,turestesbloquéesurtonpremierpartenairequin’apassutefairegrimperaurideau.Tusaisilyadeshommesquisonttrèshabilesdeleursmainsetdeleur…

—Chut!Jevaism’évanouir,jelanceenriant.

—Moi jepenseque leproblèmeestailleurs !medit-elleense relevant.Allezviens,conseildecopine,nousallonsréveillerJulie.

—Arrêteellevanoustuer…j’ajouteenriant.

Jeme lève pour la suivre. Elle entre dans la chambre de Julie sans frapper et la secoue en luicriant:CONSEILDECOPINE!

Julieserelèvebrusquement,elletournelatêteautourd’ellecommepourserepéreretsesouvenirdel’endroitoùellesetrouve.Puisellenousfixe,furieuse.

—Charlotte,tuesdingueouquoi!J’aifailliavoiruneattaque.Quefaites-vousdansmachambreenpleinenuit?Quelleheureest-ild’abord?

—Aucuneidée!rétorqueCharlotteamusée.Ons’enfoutdel’heure,Clairepaniqueàmortpoursongrandsautversunenuitdesexeoùellevaenfinpouvoiravoirsonpremierorgasme.

—ArrêteCharlotte!D’abordsicelasetrouveilnevapasmefairegrimperauxrideauxcommetu

dis,jepesteagacée.

Julie se lève à son tour et vient se poser devant moi, elle place ses mains sur mes épaules ets’adresseàmoidemanièresolennelle.

—Écoute j’ai regardé sonprofilLinkedin, et vu sa photodeprofil, ilm’a l’air bienbâti.Bon,Charlotte n’aurait jamais dû te présenter Patrick, visiblement cette première expérience a ététraumatisante,ajoute-t-elleenregardantCharlotted’unairamusé.

—Eh!Jen’avaispastestélamarchandise!Jenepouvaispassavoir,luirépond-ellevexée.

—Bref…Toutcelapourtedirequechaqueexpérienceestdifférente.TUesdifférentedel’époque.Jepensesurtoutqu’aufonddetoi,tun’enaspasenvie.Jemetrompe?medemandeJulieenrelevantsessourcils.

—J’aienvied’êtrecommetoutlemonde.Avoirunmec,êtreamoureuseetm’éclateraulit.

—Mais?demandeCharlotte.

—Mais…Jenesaispas,jen’arrêtepasdepenser…

— À ton fameux Esteban, ajoute Julie. Qu’au passage tu n’as jamais rappelé ! Alors sois tul’appellesettuluidisquetupensestoutletempsàlui.SoittutentestachanceavecmonsieurBCBGfranchementsexy.

—Tuesvraimentfolle,dis-jeengloussant.

—Non!Réalistemonlapin.TudoisavancerClaire.Noust’aimonstrèsfort,maiscelametuedetevoirsipeusûredetoi!Regarde-toi,tuesmagnifique!

—Moiaussi jevousaime,dis-jeenfaisantsemblantdebaillerpourclore ledébat.C’estbon jepensequejevaisdormirmaintenant.

—Non, non, non. Tu nous dois une réponsemaintenant. Tu comptes faire quoi ?me demandeCharlotte.

—Jevaisalleràmonrendez-vouset laisserfaireleschoses.Si jedoiscoucheraveclui,disonsquejepréfèrenepastropypenser.

—EtpourEsteban,l’hommemystérieux?

—Jeverraiaprèsmonweek-end.Çavousconvient?

—Parfait!disent-ellesàl’unisson.

—Allezvenezvouscoucher!s’exclameJulieenmontrantsonlitdudoigt.

Nousnousinstallonstouteslestroisdanssonlit.Chacunemeracontequelquesmomentscoquinsqu’ellesontvécusrécemmentetnousfinissonsparnousrendormir.

Lasonnettedel’appartementrésonnedansmatête.Jesuisenpleinrêve,lasonnetteretentit,jeme

lèvepourallerouvriret tombenezànezavecEsteban. Je lui sourisbêtement sanssavoirquoi luidire.Subitement,jemesenssecouée.J’ouvredifficilementlesyeux,maisjesuissecouéeavecplusdeforce.Jegrogneettentedemeretourner,maislavoixdeCharlottemeréveilleinstantanément.

—Sébastienestarrivé,monlapin.Ilt’attenddanslasalle.

Jemelèved’unbond.Cettefoisjesuisplusqueréveillée.Jemeregarde,jesuisenpyjama,mescheveuxsontemmêlésetj’ailesyeuxcollants.

—Merde.Quelleheureest-il?

—Ilest9hpourquoi?dit-elleenriant.

—Arrêtedetemoquer.Fais-lepatienter,jefilesousladouche.

—OK,magne-toi,carjerisquedetelepiquer.Ilestàcroquerdanssonjeans.

Je la regarde en fronçant les sourcils. J’imagine Sébastien en jeans et j’avoue avoir du mal àl’imaginer.Jenel’aitoujoursvuqu’encostume.Jecoursverslasalledebainsetremercielecieldene pas avoir besoin de passer par le salon. Je prends la douche la plus rapide du siècle et coursjusqu’àmachambre.J’enfilelesvêtementsquej’avaispréparéslaveille.Heureusement,jesuisunemaniaquedel’organisationetquemesvêtementssontdéjàchoisis.Aprèsavoirenfilémonpantalonetmondébardeurrougepréféré,jetentedemesécherlescheveuxafind’avoirunemeilleureallure.Jetermineavecunmaquillagetrèsléger.J’attrapemonsacoùreposematenuedecesoiretfilelerejoindre avant que les filles ne l’embarrassent. Enm’approchant, j’entendsCharlotte qui tente deconnaître leprogrammede la journée. Je restecachéederrière laporteafind’en savoirplusmaiscommeàsonhabitudeilcontournelaquestionenluiexpliquantqu’ils’agitd’unesurpriseetqu’ilnecomptepaslagâcherenparlantàmesmeilleuresamies.Charlotten’insistepas,maisJulierenchéritendemandantdefaireattentionàmoisinonelledevralecastrer.Jedécided’entreràcemomentavantquelepauvreSébastiennesedécompose.

—Bonjour,dis-je,pourmontrermonarrivéedanslapièce.

—BonjourClaire.Tuesprête?

—Ouidésoléepourl’attente.

—Pasdesoucis,tesamiesm’onttenucompagnie,merépond-ilensouriant.

—Jepeuxt’offriruncafé?

—Nonmerci,nousdevrionspartirsinousnevoulonspasêtreenretard.

Il se tourneversJulieetCharlotte, il les remerciede leuraccueil. J’embrasse les fillesquinousaccompagnentàlaporte.Avantdelarefermer,Charlottes’exclameenriant:

—Passezunebonnejournéeetsurtoutunebonnesoirée.

Nousdescendonsensilence.Ilm’ouvrelaportedel’immeublecommeunvraigentlemanetpassesamaindansmondospourmefaireavanceràsescôtés.Puisilm’ouvrelaportièredesavoitureafin

quejem’installe.Ilfaitletourets’installeàsontour,metlecontactenricanant.Jeleregardeetluidemande:

—Qu’ya-t-ildesidrôle?dis-jeunpeusurprise.

—Nonrien,jerepensaisàmaconversationavectesamies.L’uned’entreellesm’amenacédemecouper les couilles si je n’étais pas suffisamment gentil avec toi. On peut dire qu’elles ont dutempérament.

—Oui,ellessonttrèsprotectricesenversmoi,dis-jeenrougissant.

—Non,net’excusepasaucontraire,jesuisheureuxdesavoirquetuasdesamiessifidèles.Danslemonde dans lequel je vis, tu as beaucoup de potes.Mais de véritables personnes sur lesquellescompter,ilyenatrèspeu.

—C’estvraimentdommage,tuméritesqu’ons’intéresseàtoipourtant.

—Hum…Prêtepourdécouvrirl’undemespasse-tempsfavoris?

—Ohqueoui!

—Alorsc’estparti.

Ils’engagedanslacirculation.Nouspapotonsgentiment,nousnousremémoronsnotreescapadeparisienne.Auboutd’uneheure,jefinisparm’endormiretcommed’habitudedepuistroissemainesmaintenant, dès que je ferme les yeux je me retrouve dans un parking, seule et complètementpaniquée.J’entendsencoremonagresseurmehurlerquejen’appartiendraijamaisàpersonned’autrequ’àlui.Jesursauteensentantunemainsurmonvisage.Sébastiensetrouveàcôtédemoi,portièreouverteetpenchébeaucouptropprochedemonvisage.

—Claire?Tun’aspasl’airdanstonassiette.Désolédeteréveiller,noussommesarrivés.Nousallonsdéjeuner,tuasfaim?

—Oui,j’aieuunenuitagitée.Jen’auraispasdûm’endormir.

— Il n’y a aucun problème. Allons déjeuner rapidement ensuite tu pourras découvrir où nousallons.

—Super,jen’aipasdéjeuné.Jecommenceàavoirfaim.

—Danscecas,allons-y.

Lerepassepasse trèsbien,enfin…commesi j’étaisen traindedéjeuneravecunbonpote.Plusnous discutons et plus je prends conscience que je ne ressens réellement que de l’amitié pour lui.Nous parlons de nos familles respectives. Je lui parle de mon père, je lui explique qu’il vit surToulouse et que j’aimerais vraiment passer le voir avant notre dîner, ce qu’il accepte avecenthousiasme.Ilm’informequenousdevonsvraimentnousremettreenroutesinousnevoulonspasêtreprisdanslafoule.Jeleregardeencorepluscurieusedesavoiroùilcomptem’emmener.

—Bonjevaisabrégertessouffrances.NousallonsvoirunmatchdeRugby.Lestadetoulousain

joueaujourd’hui.Jesuisungrandfan.Jenelepratiqueplusmalheureusement,maisj’adorevenirlesvoirjouer.

Jelefixelabouchegrandeouverte.Ilcomptem’emmenervoirunmatchderugby.MOIquidétestetoutcequiressembledeprèsoudeloinàunsport.Depuisunan,lesfillesontréussiàmetrainerdeforceàlasalledesportunefoisparsemaine,maisj’acceptecettepunitionuniquementpourgarderuneapparencetonique.

Ilm’observegênéetmedemande:

—Nemedispasquetudétesteslerugby?

—Détester,c’estunpeufort.Disonsquejenem’intéressepasausportengénéral,maisj’imaginequedemeretrouverdansunstadeavecl’ambianceettoutlereste,jedevraism’amuser.

—Je t’auraisbienproposéde faire autre chose,mais j’ai deuxplacesVIP, après lematchnouspourronsallerdanslescoulissesetrencontrerlesjoueurs.Ilssontvraimentsympas.

—Tuconnaislesjoueurs?Jeluidemandeétonnée.

— J’en connais quelques uns. Je connais l’un des agents de certains joueurs depuis de longuesannées.Alors,lorsqu’iladesplaces,ilpenseàmoi.

—Danscecas,jetesuis.J’aihâtededécouvrirlestade.J’aivécuplusieursannéesàToulousesansjamaisavoirvisitélestade.

—Nousallonsrectifiercetteterribleerreur.

Il se lève etme tend lamain. Ilme sourit avec tendresse. Je finis par déposermamain dans lasienneetmelèvepourlesuivre.Enarrivantaustade,jesuisétonnéedevoirtantdemonde.Sébastienm’expliquequecematchvaêtredécisifpourl’équipe.Jeluisouriscommeunegentillefille.Iltentedem’expliquerlesrègles,maisj’avouequejenel’écouteplusdepuisunmoment.Jemecontentedehocherlatêteaumomentopportun.

Lorsque lematch démarre, Sébastienme fait découvrir une facette de sa personnalité que je nesoupçonnaispas.Ilselâcheethurleauxjoueurs.Demoncôté,jemecontentedejeterdebrefscoupsd’œil vers lematch,mais tout va très vite. Je prends des photos du stade, des joueurs afin de lesmontreràmonpèrequiestégalementfan.Envoulantprendreunephotodel’estrade,jerestefixéesurl’emblèmequitrôneenhautdesmarches:un«T»etun«S»entrelacés.Jeclignedesyeuxàplusieursreprisesafindebienvoirs’ils’agitdumêmeécussonquesurlacarteetlavested’Esteban.Jefaisdéfilerlesphotosdansmontéléphonepourretrouverlaphotodelavestequej’aipriseilyaquelquesjoursafindeluienvoyerunmessageetjevérifie.Ils’agitbiendelamêmechose.Jerestesans voix. D’un coup, jeme rends compte que beaucoup de personnes autour demoi portent desvêtementscontenantcetécusson.TouteslespersonnesautourdemoiainsiqueSébastienselèventenhurlant.Ilmeregardelesourireauxlèvres.

—Ilssontgéniaux,tunetrouvespas?

—Ouicertainement.Lematchestterminé?

Jeluiposecettequestionstupide,carjeconstatequejenevoispluslesjoueurssesauterlesunssurlesautres.

—Ouietnousavonsgagné.Attendonsquelquesminutes,ensuitenouspourronsallersaluernoshérosdujour.

—OK,j’acquiesceenmerasseyant.

J’observelespersonnesquipassentdevantmoidansl’espoird’apercevoirEsteban.Maisjenelevoisnullepart.Dansunélandeconfiance,jeluienvoieunmessage.

«BonjourEsteban,

Jevousdonneenfindemesnouvelles.

Jemetrouvedansunendroitquevousdevezaimeràlavuedevotrecarteetdevotreblazer.

Finalement,noscheminssecroiserontpeut-êtreunjour.»

J’ajoute la photo du stade et lui envoie le message. Sébastien finit par se lever et me prend ànouveau lamain. Je le suis à travers les allées.Nouspénétronsdans cequi, je pense, doit être lesvestiaires. Sébastien rencontre une connaissance avec laquelle il commence à discuter en attendantquelesjoueursviennentnousrencontrer.Jem’adosseaumuretsensmontéléphonevibrer.Jelesorsdemapocheetleprends.Ils’agitd’Esteban.Jesuiscontentequ’ilmeréponderapidement,jemesensrougirendéverrouillantmontéléphone.

«Jecommençaisàcroirequej’avaisrêvénotrerencontre.

Jesuiségalementaustade.Oùêtes-vous?Jeveuxvousvoir.»

Jeluiréponds:

«Jesuisavecunamifandumêmeclubquevous.

JesuisenVIPdanslesvestiairesdesjoueurs.Malheureusement,nousn’allonspasnousvoiraujourd’hui.

D’ailleursj’aiquelquechosequivousappartient»

Jeregardemonmessageetappuiesur«envoyer».J’entendsplusieursbipsdetéléphone,maisjenefaisplusattentionaumondequim’entoure,jefixemontéléphonejusqu’aumomentouj’entendscettevoixs’exclamer«Ohputain,Sergioelleestici!Claireestici».Jetournelatêtesansletrouver.Sébastienmeregardeaveccuriosité.Ils’approcheetmeprésenteàsonami.

—Théo,jeteprésenteClaire.ClairejeteprésenteThéo,unamid’enfance.

—EnchantéClaire,Sébastienm’abeaucoupparlédevous.

—Enchantéeégalement,jerépondsdistraite.

Etlàjelevois.Ils’avanceversmoi,ilm’arepéréeégalement.Ilestencoreplusbeauquedansmessouvenirs.Ilporteunbasdejoggingnoiretuntee-shirtassezprêtducorpsrouge.Ilfoncedroitsurmoi.Lorsqu’ilarriveàmonniveau,ilmesourit,plusrienn’existeautourdenous,iln’yaplusqueluietmoi.Ilromptlesilence.

—Claire…

Jeleregardequelquessecondes,embarrasséeetsurtoutheureusedelevoirenfacedemoi.

—Esteban,jesuiscontentedevousrevoir.

—Etmoidonc,jepensaisdevoirlancerunavisderecherchedanslesprochainsjours,merépond-ilavecsérieux.

—Vousvouliezmeretrouver?Mais…

Sébastien intervient à ce moment et nous interrompt. Il regarde Esteban et lui serre la main.Apparemmentilsseconnaissentégalement.

—Esteban,tuconnaisClaire?

Estebansetourneversmoietmedemande:

—C’estSébastienl’amiavecquituesvenueaujourd’hui?

—Oui.

— Je t’avais bien dit que la fille qui m’accompagnerait serait sublime, renchérit fièrementSébastien.Maisvousdeux,vousvousconnaissezdepuislongtemps?

Jesecouelatêtecomplètementdéstabilisée.Estebanconnaîtmonfuturpetitcopainavecquijesuiscenséemelâcher,surleplansexuelj’entends.Jesuisentraindevivreunescènesurréaliste.

—Nousnenousconnaissonspasvraiment.

Je lui réponds sans vraiment lui prêter attention tellement mon regard fond sur celui de cemagnifiquehommeauxyeuxbleuscaptivants.

—C’estincroyablecommelemondeestpetit,renchéritlefameuxThéovisiblementsurprisparlasituation.

Estebansembled’uncouptrèsagacé.Ilmeregardetoujoursavecintensité,maisThéoluidemanded’allerensalledeconférence.

Il est suivi par un autre homme très beau également nommé Sergio si j’en crois Théo qui luidemandedesuivremonbeaubrun.Jeleregardes’éloignersanssavoirquoidire.

Avantd’ouvrirlaportedelasalle,ilseretourneetmeregarde.

—Claire,neparspassansm’avoiraccordécinqminutesdetontempsrienquetouslesdeux.J’aivraimentbesoindeteparler.

Le tondesavoixn’estpasdoux,maisautoritaire. Je l’admireethoche la têtecommeunevraiecruchesous le regardétonnédeSébastien.Lorsque luiet sonamisesontvolatilisés,Sébastienmeregardeetmesourit.

—Alorsc’estlui?

Je secoue la tête et me concentre à nouveau sur l’homme qui m’accompagne. Pourtant, je nesouhaite qu’une seule chose, retrouver Esteban. Il lui a suffi de poser son regard sur moi deuxminutespourquej’aiel’impressiondefondre.JeregardeSébastienetluidemande.

—Lui?

—C’estcethommequiterendfolle.Jenesuispasaveugle.Mêmesij’aitrèsenviequetoietmoionailleplusloin,j’avaisremarquéquetonespritappartenaitdéjààunautrehomme.

—Jesuisdésolée,tuesvraimentunhommeexceptionnel…

—MaisjenesuispasLUI,mecoupe-t-ilensouriant.

—Jenel’airencontréqu’uneseulefois,maisj’avouequedepuis,jen’aicessédepenseràlui.

—Jepensaisquetun’étaispasfanderugby?

—Oh,jenesuisvraimentpasfan,jepeuxtel’assurer.J’airencontréEstebanàParisensortantdenotredînerauFouquet’s.

—Saréputationnetefaitpaspeur?

—Saréputation?

—Tunesaisvraimentpasquiilest?

—Non,jesaisjustequ’ils’appelleEstebanetquevisiblementilestaussifanquetoidel’équipedeToulouse.

—IlestplusqueFan,ilestlaStardel’équipe,ilestlemeilleurjoueurdeDeuxièmelignedetouslestempsetaussiunvraicoureur.

—Waouh,jenesavaispas.

—Jevois ça. Jeconstateque tun’aspasbien regardé lematch.Allez,viens, allons l’écouter tuverraspartoi-même.

Nousentronsdanslasalledeconférenceetnousinstallonssurleschaisesdudernierrang.Estebanest en pleine interview. Il répond aux questions des journalistes très souriant. Il leur explique lespointsfortsdumatchainsiquesonenviederemporterlafinale.Ilmerepèreetnemequitteplusdesyeux,mais il a l’air beaucoupmoins souriant. Sébastien passe son bras derrièrema chaise etmechuchoteàl’oreille.

—Visiblementtuluiplaisbeaucoup.Iltedévoreduregardetj’ail’impressionqu’ilatrèsenviedemebriserlesos.

Jemetournerapidementversluietmanquedel’embrassertellementnosvisagessontproches.

—Tucrois?Pourquoi?

Sébastienme sourit et lève la têtepourvoir lapersonnequi se trouvederrièremoi.Estebanestdeboutetnousdévisage.Jetourneànouveaulatêteverslaconférence,maisseulsonamiSergiosetrouvetoujoursauprèsdesjournalistes.

Jenemesuismêmepasaperçuequ’ilavaitterminésoninterview.

—Sébastien,tum’accordescinqminutesd’intimitéavecClaire?

—Bienentendumonami,éclipsez-vousdanslesvestiairesletempsqueSergiofassesondiscoursàlapresse.Jevousrejoinsaprès.

—OKmerci.

Ilmeregardeettendsonbrascommepourm’indiquerlecheminàsuivre.Jemelèveetlesuisàl’extérieurdelasalle.Lorsquelaporteserefermederrièrenous,ilseretourneetseposefaceàmoi.

—Commentvas-tudepuisnotrerencontre?

—Jevaistrèsbien,réponds-jetendue.

—Tuenescertaine?Jesuissurprisquetutesoisremisesivite.

—Écoute,jen’aipastrèsenviedeparlerdeça.Ilnem’estrienarrivéalorsj’aidécidéd’oublier.

—Jenepensepasquecesoitlabonnesolution.

—Oui,maisc’estMAsolution.Jerétorqueunpeutropvite.

— Ne t’emballe pas, je me suis juste inquiété pour toi. J’aurais aimé que tu me donnes desnouvelles.

—Oui,jevoulaislefaire,maispluslesjourspassaientetplusjemedisaisquetum’avaisoubliée.

— Pfff, c’est vraiment une remarque de fille ça ! me taquine-t-il. Bref, ce n’est pas grave,maintenantquejet’airetrouvéeilesthorsdequestionquejetelaissefiler,cesoirtudinesavecmoi!medit-ilsurdelui.

Jeleregardesurprise.Jenesaispascommentréagir.Jemerappellequejenesuispasvenueseuleet que Sébastien etmoi devons aller rendre visite àmon père avant de passer à l’hôtel pour allerdîner.Jemesensrougir,maisn’osepasleregarder.Ilserapprochedemoietmesoulèvelementonavecsamainavantderomprelesilence.

—Claire,dineavecmoi.

—JesuisvenuesurToulouseavecSébastien.

—Sébastienettoivousêtesensemble?

—Non!Nousnesommespasensemble…Enfin,jepensequesijenet’avaispasrevuaujourd’hui,maréponsen’auraitpasétélamêmedemain.

—Maisjesuisenfacedetoi.

—J’habitePerpignan.Sébastienetmoidevionsdormiràl’hôteletrepartirdemaindanslamatinée.

—Jevois!medit-ilenfronçantlessourcils.

—Iladûréserverdeuxchambres,maisjesuisvenuedanssavoiture.Ceneseraitpastrèscorrectdeleplantercommecela.

—Jem’enfichequecenesoitpascorrect.Tunevasquandmêmepaspasser lasoiréeavec luialorsque jevoisbiendans tesyeuxque tuas trèsenviede lapasseravecmoi!merépond-ilavecaplomb.Jeteramèneraidemain,iln’yaaucunsouci.

Noussommescoupésparl’arrivéedeSébastien.

—Quiramènequi?

—J’étaisentraindeproposeràClairedemeréserversasoirée…ellehésite,carellenesouhaitepastefairedepeine.

J’ai envie de me cacher tellement j’ai honte. Sébastien me sourit, il n’a pas l’air contrarié. Ilm’attrapelebrasetprévientEstebanqu’ildésiremeparler.

—ÉcoutejolieClaire.Situasenviedepasserlasoiréeaveclui,fonceetn’hésitepaspourmoi.

—Maisetnotresoirée?

— Disons que j’ai bien compris que je n’ai aucune chance avec toi, et comme je t’appréciebeaucoup,jeveuxbienmecontenterdetonamitiéàlaseuleconditionquetumepromettesdefaireattentionàtoietdenepasrenoncerànotreamitiépourlui.

—Biensûr,jesuisattachéeàtoiSébastien…justepasdecettemanière.

Ilsortunecartedesapoche.

—Voilàlacartedetachambre.Jereparsdemainvers11h.Nouspourronsrentrerensemble.ThéoetSergioontprévud’allerfêterlavictoire,jepensedoncquejevaislessuivre.

Jeleprendsdansmesbrasetleremercie.

—Commentas-turécupérélacartedeschambres?

—J’avaisdemandéqu’onmelesdéposeàlaloge.

—Jenesavaispasquel’onpouvaitfairecegenredechoses.

—Disonsquejeprofitedesavantagesd’avoirdesamisinfluents,merépond-ild’unclind’œil.

J’aperçoisEstebanquiserapprochedenous.Sébastienm’embrassesurlajoueavantdesereculer.

— Passe une bonne soirée. Fais attention à toi. Esteban est un ami, mais avec les filles il a

véritablementunesaleréputation.Jenel’aijamaisvuaubrasdelamêmefilleplusdedeuxsoiréesd’affilée. Alors, ne te laisse pas charmer trop facilement et appelle-moi aumoindre problème, jeviendraitechercher,OK?

—OK,encoremerci.

—Désolédevousinterrompre,nouscoupe-t-il.Jedoisallezsignerquelquesautographes.Laisse-moicinqminutesetnousallonspouvoirnoussauver,enfin…siSébastienneteretientpas!ajoute-t-ilsérieusementens’éloignantpourrejoindresescamaradesdejeu.

Sébastienetmoinousinstallonsaufonddelasalleetattendonssonretour.Commejenesuispastrèsdouée,Sébastiententedem’expliquerànouveaulesrèglesdujeutoutenpointantundoigtversmoiafindem’ordonnerdevraimentl’écoutercettefois-ci.

Pour résumer, l’essentiel estdéjàde retenirque le rugbyse joueà15contre15,que lesmatchsdurent80minutesetquepourfaireavancerleballonilsuffitdefairedespassesàlamainenarrièreoudefrapperaupiedenavant.Bon,pourVRAIMENTcomprendrecesport,jevaisdevoirvraimentmerenseignersurlenet,surtoutsijesuisamenéeàrevoirEsteban.

Je ris à cettepensée,MOI lanulle en sport, je fantasme surun sportif dehautniveau.Lorsqu’ilterminederépondreàtouteslesquestions,ils’éloigneetsortdelasalleenmejetantuncoupd’œilpourmefairecomprendrequ’ildésirequejelerejoigne.J’embrasseunedernièrefoisSébastienetlui souhaite une bonne soirée, puis je me lève et je m’approche doucement d’Esteban tout enl’admirant,jesuisfascinéeparcethommequimeregardeavecintensité.Enarrivantàsescôtésjeluisouris,jen’aiqu’uneenvie:luisauterdessusetl’embrasserfougueusement,évidemmentjegardecefantasmepourmoi.Jemereprendsrapidementet,plutôtquedemejeteràsoncou,jeluidis:

— Je suis libre pour la soirée si tu es toujours d’accord. Sébastien m’a donné la carte de machambreetjerentreraiavecluidemain.

—Sijesuisd’accord?Jesuisplusqued’accord.Cesoirtuesàmoimonlapin.

J’explosederire,c’estplusfortquemoi.

— Comment tu m’as appelée ? Je lui demande les larmes aux yeux en me retenant de rire ànouveau.

—Monlapin,pourquoitun’aimespas?C’estbienunlapinsurleporte-clésdetonsac,non?

Jeregardemonsacetsourisenpensantauxfillesquim’appellentsouvent«monlapin»,siellessavaientquej’étaisavecEstebanellesseraiententraindefaireladansedelavictoire.

—Effectivement,ils’agitbiend’unlapin.

—Adjugévendudanscecas!Tuserasmonpetitlapinàdaterdecejour.

— Et si nous apprenions à nous connaître ce soir avant de nous donner des petits surnomsridicules.Jedoisallervoirmonpère,maisensuitejesuistouteàtoi.

—Hum…touteàmoi!J’adorel’idée.Jet’accompagne,àpartirdemaintenantjenetelâcheplusetdemainjeteramène.

—Tuasloupélepassageoùjet’aiexpliquéquejerentraisdemainavecSébastien?

—Onverra,jesuisunhommetrèstêtu.

Ilme tend lamainensouriantet je lui tends lamienne. Il tiredessuspourme rapprocheretmeprenddans sesbras. Ilm’embrasse le dessusdu crâne tellement il est grand et sepenchepourmesouffleràl’oreille.

—Celafaittroissemainesquej’espèreterevoir.Maintenantquenoussommesfaceàface,jenetelâcheplus.

Puisilpassesonbrasautourdemesépaulesetnouspousseverslasortie.

Je le suis sansvraiment faireattentionoùnousallons,mais lorsqu’ilouvre laporteetquenouspénétronsdansleparking,jemesensd’uncoupbeaucoupmoinsjoyeuse.Jesenslesbattementsdemoncœurprendreunealluretrèsrapide,lespalpitationsreviennentetjetouchemonfrontquiestensueur.Leparkingestsombreetilyal’airden’avoirpersonned’autrequenous.Estebann’apasfaitattentionquejem’étaisarrêtée,j’entendssavoixquis’éloigne.Jel’entendsvaguementmedemandersijepréfèreitalienoulibanais,maismonespritluiestderetouràParisdanscefameuxparkingoùmavieafaillibasculer.J’ail’impressionquesijebouge,monagresseurvaresurgirpourmeplaquercontrelavoitureetfinircequ’iln’apuaccomplir.Despasrésonnentdeplusenplusfort.

—Claire,çava?

Jefaisunbondenarrièreenhurlant.

—Claire!Claire,calme-toi!Quesepasse-t-il?medemande-t-ilsoucieux.

Je sors de ma torpeur, je perçois sa voix et le visage de mon héros. Il a quasiment la mêmeexpression.

Sonregardestcrispé,maispasdecolère, ila l’air réellement inquietpourmoi.Jemefrotte lesyeuxetreprendsmarespiration.Jeluisourisettentedetrouveruneexcuseàmoncomportement.

—Riendésolée,j’aieuunvertige.Toutvabien.

—Tuenescertaine?Cartuasplutôtl’aird’avoirvuunfantôme.

—Non,çava.Vraimentjem’excuse.Oùesttavoiture?J’aimeraisquittercetendroits’ilteplaît.

—Elleestjustelà.J’ail’impressionquequelquechoset’aeffrayée.

Ilm’attrapelamainetmeconduitàsavoiturequ’ildéverrouilleauloin.Jedoisbienavouerquejesuis aussi nulle en voiture qu’en sport. Je ne sais pas de quellemarque il s’agit, elle est noire etclairementsportive.

—Trèsjolievoiture.Unevraievoituredecélibatairejetrouve.C’estquoilamarque?

Jetentecommejepeuxdeluifaireoubliermonmomentdefolie.Ilsecouelatêteensouriant.

— Une voiture de célibataire ? Pourquoi ma magnifique Audi R8 te fait penser que je suiscélibataire?medemande-t-ilenfronçantlessourcilstoutensouriantavecmalice.

—Jenesaispas…Jepensequecertainesfillesdoiventselaisserimpressionnerpartonstatutdesportif et au volant de cette… voiture c’est le paquet gagnant, je me trompe ? Si tu n’étais pas

célibataire,tuauraisoptépourunbreak!

—Unbreak?dit-ilenrianttoutenm’ouvrantlaporte.

—Bahpourpouvoirchargerlavoiturelorsdevosweek-endsoupourpartirenvacances.Jesuisloind’êtreunefillesuperficielle,maisj’imaginequemavalisenerentreraitjamaisdanslecoffredetavoiture.

Il referme la porte. Jeme sens beaucoup plus en sécuritémaintenant que je suis installée. Ilmerejointets’installeauvolant.

—Tonraisonnementesteffectivementpertinent.Maisilyalesbanquettesarrière!

—Trèsjuste.Donctun’espascélibataire?Tucomptesmeprésentertafiancée?

—Jesuiscélibataire,maispluspourlongtempsj’espère!medit-ilensepenchantversmoietenm’effleurantlajouedelapaumedesamain.

Je ne réponds rien,mais je sensmes joues devenir brulantes. Je préfère ne pas le regarder, carmêmesi j’espèrequ’ilmefaituneallusionnousconcernant, jepourrais trèsbienme tromper. Ilapeut-êtreuneautrefilledanslecollimateur.

—Tufaissouventcegenredechoses?

Jemetourneversluialorsqu’ildémarreenfin.

—Quelgenredechose?

—Faire diversion lorsque tu ne veux pas répondre à une question et rougir lorsque tu te sensgênée.

—Jenepensepasfairecegenredechose.

—J’aibienvuquetuaseuunesortedecrisedepaniqueenentrantdansleparking,ajoute-t-illamâchoirecrispée.

—Disonsquedepuisquelquestempslesparkingsensous-solnesontpasdesendroitsoùj’aimepasserdutemps.

— Je comprends. Bon ! N’en parlons plus… Enfin pour le moment. Tu devrais me donnerl’adressepourallercheztonpère.Etunconseil,situneveuxpasatterrirdansleprochainmagazineàscandale,n’ouvrepastafenêtretantquenousnesommespassortisdustade.

Jeluidonnel’adressedemonpèreetcomprendsrapidementpourquoiilm’aconseillédenepasouvrirma fenêtre.Des tonnesdephotographessontagglutinésà la sortiedustade. Ilestobligéderalentirpourn’écraserpersonne.Certainshurlentsonnom,d’autres luidemandentquelmannequinseraàsonbraspourfêterlavictoire.Jemesensvraimentbêtedepenserqu’ilpuisses’intéresseràmoi,ildoitavoirl’habitudedesortiravecdesmannequinsalorsjen’aiaucunechance.Ildésiraitmeretrouveruniquementpourêtrerassurésurmonétat,maisavecmacrised’angoissedansleparkingildoitvraimentmeprendrepourunefolle.

Lorsqu’ilarriveenfinàpassercebarragehumain,ilappuiesurl’accélérateuretprendlecheminpourallerrendreunepetitevisiteàmoncherpapa.

—Lespaparazzispeuventêtrevraimentpéniblesparmoment.Jenesuispassystématiquementaubrasd’unefemmedifférenteàchacunedemessorties,jetelejure.

—Paslapeinedetejustifier.

—Siaucontraire.J’aimeraisquenousfassionsconnaissanceetjevoudraisquetumepromettesdenepas te jetersurGoogledèsque je t’aurais raccompagnée.Lamoitiédecesmagazinesracontentn’importequoi.

—Etbien,sachequejenesuispasfandesmagazinespeople.

—Tantmieux.

Il me sourit à sa dernière remarque tout en me caressant légèrement la cuisse. Nous nousapprochons de chez mon père. Je m’empresse de l’appeler pour lui dire que j’arrive dans cinqminutesetquejenesuispasseule.Estebanmeproposedemelaisseravecmonpèreetderevenirmechercherdansunepetiteheure,maisj’insistepourqu’ilreste.Enpénétrantdanslacour,monpèreestdéjàprostrédevantlaporteavecAnnie.Jen’attendspasqu’ilcontinuesonpetitjeudegentlemanetm’empressedesortirdesasuperbevoitureavantqu’iln’aitletempsdefaireletourpourmel’ouvrir.Nousnousretrouvonscôteàcôtefaceauvisagedemonpèrequial’airsouslechoc.Estebansembleamuséfaceauregarddemonpère,ilsepencheversmoietmeditdiscrètement:

—Jepensequetonpèrem’aimedéjà.Tamèresembleêtreaussicaléeensportquetoi,carellen’apasl’airdemeconnaître.

—Ouituasraison,jepense,monpèrevat’obligeràm’épouser,dis-jeenriant.Parcontre,Annien’estpasmamère.C’estunefemmegéniale,ellerendmonpèreheureuxetc’esttoutcequicomptepourmoi.Bon,allonslesrejoindreavantquemonpèrenenousfasseunmalaise.

Je cours vers mon père et je le prends dans mes bras, je me rends compte qu’il me manquebeaucoup.DepuisquejemesuisinstalléeàPerpignan,nousnousvoyonsbeaucoupmoinsetcelamerendtriste.JemereculepourembrasserAnniequimedemandedoucementenmimant«Quiestcebelétalon?».

Je la regarde amusée. Esteban se rapproche de nous maintenant que nous avons terminé noseffusions familiales. Mon père le fixe sans oser ouvrir la bouche. Je me décide donc à faire lesprésentationsofficielles.

—Papa,Annie,jevousprésenteEsteban.

—Esteban,jeteprésentemonpèreArnaudetsafemmeAnnie.

—Enchantédevousrencontrer,renchéritEstebanentendantlamainàmonpère.

Aprèsunepetiteseconded’hésitation,monpèreluiserrelamain.

—C’estdingue.Jesuisvraimentheureuxdevousrencontrer.Félicitationspourvotreexploitdujour.C’étaitfantastique,luiditmonpèretoutencontinuantàluiserrerlamain.

—Onpeutm’expliquer?ajouteAnnieamuséeparl’attitudedemonpère.

—Annie,tuasdevanttoiEstebanDuval,lemeilleurdeuxièmelignedustadetoulousain.

— Vous êtes joueur de rugby, je comprends mieux l’enthousiasme d’Arnaud. Je trouvais celabizarre qu’il accueille le petit ami de sa fille si facilement.Bravo,ma petiteClaire, tu as réussi àtrouverl’hommeidéalpourtonpère.

—Euh…Estebanetmoisommes…

—Trèsheureuxensemble,mecoupe-t-ilfièrement.

Je ne comprends pas pourquoi il a dit une chose pareille. J’ai dû me transformer en tomateambulante,maissurtoutcommentjevaisexpliqueràmonpèrelorsdemaprochainevisitequenousnesommespasencouple. Ilpassesonbrasautourdema tailleetAnnienousproposedeboireunrafraichissementsurlaterrasse.Ilsepenchepourmeparlerdiscrètement.

—Turecommencesmonlapin!

—Jerecommencequoi?

—Turéfléchisetturougis.

—Pourquoituluiasfaitcroirequenoussommesuncouple?J’oseluidemandertimidement.

—Carc’estcequenousallonsdevenir,doncautantt’éviterunenouvelleannonced’iciquelquesjours.

—Tuasl’airbiensûrdetoi.

—Jepensequ’ilvautmieuxpournousdeuxenreparlerplustard,jenevoudraispastemettremalàl’aisedevanttonpère.

Je le regarde et rougis de plus belle. Nous nous installons au bord de la piscine et discutonsjoyeusement, enfin je devrais plutôt dire que mon père harcèle Esteban de questions pendant queAnnie etmoidiscutonsdemondéplacement.Estebanme lancedepetits coupsd’œil chaleureux etlorsqu’ellemedemandecommentétaitmadernièresoiréeauFouquet’s,ilposesamainsurmacuissecommes’ilvoulaitmerassurer.Jeluiparledecerestaurantmagnifique,maisévidemmentjeneparlepasdemamésaventure.

—Alors j’en déduis que ce premier déplacement s’est déroulé sans embuche et que tu devraisbientôtavoird’autresdossiersdecegenre?medemandejoyeusementAnnie.

—Touts’estdéroulépourlemieux.JedevraisbientôtpartirtroisjoursàBarcelonepourlemêmeclient,maisledossiercommenceseulementàsemettreenplace.

Letempspasseàuneallurefolle, jeregardemamontre, ilestpresque21h.Jem’excuseauprès

d’Estebanetluiproposedepartir.Monpèreinsistepourquenousrestionsdîner,maisjeluiexpliquequenousavonsdéjàdesprojets.Ilsnousraccompagnentàlavoitureetmonpèreenprofitepourlebombarderànouveaudequestions,maisausujetdesavoituremaintenant.

–Mapauvrechérie,tonpèreadéfinitivementadoptétonami.Rassure-toijevaistesauver,medit-elled’unclind’œil.

Elles’approchedemonpèreet luichuchotequelquesparolesà l’oreilleavantdesourireàmonbeaurugbyman.Monpères’excusepour toutessesquestions,maisEsteban le rassureen luidisantqu’ilapasséunbonmoment.J’embrassemonpèreetluiprometsderevenirvitelevoir.Anniemeserredanssesbras,embrasseEstebanetnousfaitpromettrederevenirviteetdedînertousensemble.Commeunvraigentleman,ilm’ouvrelaportièrepuiscourtprendresaplaceets’empressedemettrelecontactetdes’engagersurlaroute.

—Waouh!Quellerencontre, tonpèreestunhommevraimentcool!Tuasbeaucoupdechance.Alors?Italien,libanais,français…

—JediraisItalien!J’aitrèsfaim.

—Parfait,jeconnaisl’endroitidéal.

Ilpasseuncoupdefilpour réserverune table. Ilmeprometquec’estdivinetquesurtout,nousseronsàl’abridesregardsindiscrets.Effectivement,enarrivantdevantladevanturedurestaurant,jesuisimpressionnée,elleneressembleenrienauxpizzériasoùj’ail’habituded’allermangeraveclesfilles.Ilcontournelerestaurantetsegaredansunepetitecouràl’arrière,ilm’expliquequ’ilconnaîtbienlespropriétairesetque,pouréviterqu’onluisautedessus, ilpasse toujourspar lacuisine.Enentrant, le propriétaire Edouardo, si j’ai bien compris, nous entraîne vers une petite salle avecuniquementunetablepour6couverts.Ilnousinstalleetnousdéposelescartes.

—Onvamangerici?

—Oui,d’habitudecettesalleluisertpourdesrepasprofessionnels,maisdèsquejeveuxvenir,ilme laisse l’occuper.Je t’assurequedîner lorsque tuesconnu,etsurtoutaprèsunevictoirecommecelled’aujourd’hui,c’estjusteimpossible.

—Ahlesdésagrémentsdelacélébrité,letaquiné-jemoqueuse.

—Moque-toi!Maissij’aibiencomprisdupeuquetuasbienvoulumedévoiler,tun’aimespasêtremiseenavant,alorsàmoinsquetuneveuillesteretrouversurleprochainmagazineàscandaleavecengrostitre«Sadernièreconquête»,noussommesbeaucoupmieuxici.

— Oui, excuse-moi, je voulais juste plaisanter. Tu as raison je n’ai pas du tout envie de meretrouverexposée,jamais!

—Jamais?Jeferaimonmaximum,maisjenepeuxrientepromettre.

—Laviedestar,cen’estfranchementpasunrêvepourmoi.

Jemerendscomptequemaremarquel’acontrarié,maisildécidedenepasrétorqueretchangede

conversationenparlantdumenu.Nouschoisissonsrapidement,j’optepouruneassiettedepennesausaumonetluichoisitdeprendreunepizzaauxquatrefromages.Ilcommandeunebouteilled’unbonvin italien. Le serveur ne perd pas de temps, car nous sommes servis quelquesminutes plus tard,encorelesjoiesd’êtrecélèbre.

Durantledîner,ilmeparledesapassion,desesamisetmêmedesafamille.J’apprendsdoncqu’ila une sœur âgée de 20 ans qui vit à Paris pour ses études de droit. Ses parents, eux, vivent surToulouseetsont toujoursmariés.Ilmeposedesquestionssurmamère,maisquej’esquive,car jen’aipasenviedeparlerdesujetsdouloureuxcesoir.J’orienteladiscussionsurmonpèreetAnnieetluiparledemesdeuxcolocataires,jeluiexpliquequ’ellessontmesmeilleuresamies.Nousrions,àaucunmomentjeneressensunegêneentrenous.Jemesenstellementàl’aiseensacompagniequejeme lâche complètement, j’aimême l’audace de prendre un dessert, unmagnifique Tirasimu. Sansm’en rendre compte, nous avons fini la bouteille de vin. J’ai déjà dû boire aumoins trois verresalors,lorsqu’ilmeproposeunecoupedechampagne,j’hésite.

—Allez, justeunecoupe,pourfêternosretrouvailles.Tuneterendspascompteàquelpoint jevoulaisterevoiretj’étaishorsdemoidedevoirattendrequetudaignesmedonnersignedevie.J’aiplutôtl’habitudeducontraire.

—Danscecas,avecplaisir.Portonsuntoast,ànosretrouvaillesetaufaitquepourunefois,unefillearéussiàtefairelanguir.

—Faistamaligne.Jecomptaisprendrelesdevantsmonlapin.J’avaisdemandéàThéodecontactertonhôtelpourconnaîtretonnom,aprèslesrecherchesallaientêtrerapides.

—Jesuisépoustouflée,tuavaisenviedemeretrouveràcepoint?Tuavaispeurquejemesuicideouquoi?jeluidemandeétonnée.

—Ohla,non.J’étaisinquietpourtoi.Maisau-delàdeça,j’avaisenviedeteretrouverpourpasserdutempsavectoi.Jesuistombésoustoncharme.Cetterobemalheureusementdéchiréedévoilaitteslonguesjambesfinesetavecmavestesurtoi…jen’avaisqu’uneenvie,teporterjusqu’àtachambreet tout te retirer pour pouvoir t’admirer. Mais au vu des évènements j’ai préféré la jouer gentilgarçon,maissachequemespenséesétaienttoutessaufhonnêtes,merépond-ilenmefixantavecunelueurdedésirdansleregard.

—Tuaslemérited’êtrefranc.Maistusais,jenesuispasunefillefacile.Etjen’aipasl’habitudedecoucheravecdesinconnus.

—Jesais,celasevoit.Çatombebienquel’onseconnaissedéjà,plaisantet-il.

J’explose de rire et manque de l’éclabousser avec le champagne, il se joint à moi, nous rionscommesinousnousconnaissionsdepuisdesannées.Aprèsunderniercafé,ilpaiel’additionetjemesenstoutdesuitemoinsjoyeuse,carjesaisquecettesoiréeestsurlepointdeseterminer.Ilmeprendlamainetmesourittoutenmedisant:

—Jet’auraisbienproposéundernierverrechezmoi,mais j’aibiencomprisquetun’espascegenredefille…medit-iltoutenobservantmaréaction.

—Oui…enfinoui,jenesuispascegenredefille,mêmesijedoisbienavouerquejesuistristeàl’idéequecettesoiréesetermine.

—Ellepeutcontinuer,tupourraism’inviterdanstachambred’hôtel…

—Etnousferionsquoidansmachambre?Unepartiedecartes?

— Non, en dehors du poker, les jeux de cartes ce n’est pas mon truc, mais nous pourrionscontinuerànousdécouvrir.

—Hum,jevaisréfléchirpendantquetumeramènesàl’hôtel,luirépondis-jeavecamusement.

Duranttoutletrajet,jerepenseauxfillesetauxconseilsqu’ellesmedonneraient.Jevoisd’iciJulieme dire « fonce et surtout laisse-le enlever ta petite culotte » et Charlotte rajouterait juste pourm’agacer«ilesttempsquetusachesàquoiressembleunorgasme».

Pour la première fois depuismon expérience avec Patrick je ressens l’envie deme lancer, j’aienviedelui,maisjen’aipasenvied’êtreunefilled’unsoir,c’esttoutsaufmongenre.

—Turecommences!medit-ilsansmeregarder.

—Jerecommencequoi?

—Turéfléchisetturougis.Écoute,c’estbienlapremièrefoisquejediscelaàunefille,maisjenecomptepas te sauteret t’oublier. J’aienvied’explorer toncorps,mais j’aibiencapté le faitque jedoisgagnertaconfianced’abord.Alorsjeteproposedet’accompagnerjusquedanstachambre,voirmêmederesterdormiravectoi!MAISjeteprometsdenepaslaissermesmainssebalader,jeseraisagecommeuneimage.Sicelasetrouve,c’esttoiquin’arriveraspasàrésisteràmoncorpsd’athlèteetquimesauterasdessus!ajoute-t-ilavecprétention.

—Tuasl’airdetenirabsolumentàm’accompagnerjusqu’àmachambre.Etmerde!

—Quoi?

—Monsac! ilestdanslecoffredeSébastien.Nousdevionspasserà l’hôtelavantd’allerdîner,histoiredenouschanger.

—Tupeuxdormirnue,celanemedérangeabsolumentpas.D’ailleursnoussommesarrivés!

—Bon,letempsdesaurevoirasonné!

—Non,nonmonlapinjet’accompagne,jeveuxvoirtachambre!merépond-ilavecsérieux.

—Jenecoucheraipasavectoialorspourquoi?

—Necroispasquejesoissoupçonneux,maisjepréfèrem’assurerqueSébastiennet’attendpasdanslachambre.

—Quoi?Ilaréservédeuxchambres!Jet’aiditqu’ilnes’étaitrienpasséentrenous,dis-jeirritée.

—Oui,maisSébastienestunmecquines’avouepasvaincusifacilement.Alorsjeveuxm’assurer

qu’ilabiencomprisqu’iln’avaitaucunechanceavectoi.

—Jenesaispas tropcomment leprendre.Maisc’est tonsoirdechance,alors jevais te laisserm’accompagner.Maistusais,demainjevaispasserdeuxheuresenvoitureavecluialorsilauratoutleloisirdemeparler.

—Nonmon lapin.Demain c’estmoi qui te ramène.Sébastien est prévenu ! Je lui ai envoyéunmessageensortantdurestaurant.

Je sors de la voiture contrariée par son initiative. En le prévenant à ma place et sans monautorisation,ilfaitexactementcequ’unemauvaiseamieferait.JeneveuxpasfroisserSébastienquiestvraimentunhommegentil.Estebanmerenddéjàfolle,malgrésonhumour,soncôtépossessifetson physique de Dieu Grec, j’ai des doutes, car il a l’air vraiment d’aimer plaire aux femmes.J’attrapemontéléphonepourenvoyerunmessageàSébastienpourm’assurerqu’iln’estpasfâché,maisjevoisqu’ilm’adevancée.

«JolieClaire,

Estebanvientdemedirequeturentresavecluidemain?

J’auraispréféréprofiterdetacompagniepourrentrer,maisc’estcommetupréfères.

Lasoiréeesttrèssympa.J’aicroiséunebelleblonde,maispasaussibellequetoi!

Tiens-moiaucourant.»

Jeluirépondsbrièvement:

«Jeseraisheureusederentreravectoi.Ilal’airjalouxcommegarçon,non?

Jem’excusedet’avoirplanté,maisj’avaisvraimentenviedepasserdutempsaveclui,mêmesijenesavaispasquiilétait.»

Saréponsenetardepasàarriver.

«Jaloux?

Onparlebiend’Esteban?

Tuasvraimentdûluitaperdansl’œil.Laisse-leteraccompagnerdanscecas.Maisjeveuxundéjeunerlundimidipourundébriefingentreamis.

Aufait,j’aifaitdéposertonsacdanstachambre.

Bonnenuit:)lanuitrisqued’êtrecourte!»

Jesourisenlisantsaréponseetsenslamaind’Estebanseposerjusteau-dessusdemesfesses,ilpenchelatêtepourregardermontéléphone,maisjem’empressedeluirépondreavantdelerefermer.

«Danscecas,vendupourlundimidi.

Amuse-toibien.

Bonnenuit.»

Jerangemontéléphonedansmonsacetmerapprocheencoreplusprèsd’Estebanafindeluiparler

sansêtreentendue,mêmesilehalldel’hôtelsembledésert.

—Donc…tuessûrdevouloirfairedeuxheuresderoutepourmeramenerdemain?

—Oui,certain!

—Danscecas,c’estOK.

—Sébastienn’apasétévexé?medemande-t-ilaveccuriosité.

—Non,ilm’aconseillédetelaissermerameneretm’asouhaitédepasserunebonnenuit.

—Tul’appréciesréellement,non?

—Oui,maisdepuisledébut,mêmes’ilnem’apascachésesintentions,j’ai toujoursressentidel’amitiéplusque…

—Dudésir?

—Entreautre,entoutcasrienquimepousseàêtreplusqu’uneamie.Maisjel’apprécievraiment.

—OK,je tacheraidem’ensouveniretdenepasgâchercetteamitié.Mais jesuisplutôtdustylepossessif.

—Dumomentquecen’estpasexcessif,çameva!

Je fouille pour attraper la carte de la chambre, qu’il s’empresse de me prendre lorsque je laretrouve enfin. En entrant, je repèremon sac posé au pied du lit. Esteban le repère également. Lachambreestjolieetamêmelaplacepourdeuxfauteuilsetunepetitetablebasse.Ilrefermelaporteetdéposelacartesurlatabledechevetpuisavancedoucementprèsdemoi.

—Mêmesicesoir, jenegoûteraipasà ladouceurdetoncorps, j’aimeraisvraimentdégusteràcettebouchequimehurledelaplaquercontrelamienne,mesouffle-t-ilens’approchantdoucement.

Jenerépondspas,maisinstinctivementjepassemalanguesurmeslèvres,cequ’ilprendpouruneinvitation. Mais plutôt que de m’embrasser avec le désir que je peux voir dans son regard, ilm’embrasse avec lenteur. Ilme lèche la lèvre inférieure avant de lamordiller puism’embrasse ànouveau.Ilpassesalanguesurmalèvresupérieureavantdemeserrerunpeuplusfortcontreluieten profite pourmêler nos langues l’une à l’autre. Ce baiser ne ressemble en rien à ceux que j’aiconnusdanslepassé.

Jesensdesfrissonsm’envahiretjesaisques’ilneromptpascebaiserjenepourraisplusl’arrêter,etj’aitrèsenviequ’ilcontinuesonexploration,maismalheureusementils’arrêteetmesourit.

—Teslèvressontaussidoucesquedansmesfantasmes,mesouffle-t-il.

—Ettonbaiserdépasselesmiens.

—Intéressant!medit-ilensouriant.J’endéduisquetuasfantasmésurlamanièredontjepouvaisembrasser.

—Tucomptesm’embarrassersouventcommeça?Jeluidemanderougedehonte.

—Nesoispas timideavecmoi.Jesuis très flattédesavoirque jenesuispas leseulàavoireuenviedecemoment.Tudevraisallertechanger.Ilesttard,tudoisêtrefatiguée.Sicelanetedérangepas,jevaismoiaussimedéshabiller,maispromisjegardemonboxer.Jedétestedormirhabillé.

—Pasdesoucis,jemedépêche.

—Prendstontempsmonlapin.

Jem’éloignerapidement,attrapemonsacetfiledanslasalledebains.Jemedéshabilleetdécidedemedoucherrapidementpourmeremettrelesidéesenplace.J’enfileensuitemanuisettequiestplutôtsexy,maisjen’airiend’autresouslamain.Jeprendsunpeignoirdel’hôteletretourneprèsdelui.Ilestallongésurlelit, jerestebloquéesursontorsemuscléetsurseslonguesjambesathlétiques, jecroisquejesuisdéjàaccroàsoncorpsavantmêmed’yavoirgouté.Ilmeregardeettapedesamainpourquejelerejoigne.Jedéfaislenœuddemonpeignoiretlelaisseretomberàmespiedsavantdelerejoindredanslelit.

—Ohputain.TuesmagnifiqueClaire.Jesensquelanuitrisqued’êtredifficile.Tuveuxvraimentmetesterjusqu’aubout!mesouffle-t-illessourcilsrelevésetvisiblementobnubiléparmoncorps.

Jeluisourisetm’allongefaceàlui.

—Rassure-toituasuncorpsparfait,répondis-jeembarrassée.

—Rapproche-toidemoi.Nousn’allonspascoucherensemble,maisnouspourrionstoutdemêmedécouvrirnoscorpscommedeuxadosbourrésd’hormones.

—Mêmesijedoisbienavoueravoirétéuneadoplutôtsage,jetrouvetonidéetrèstentante.

Il ne lui en faut pas plus pour plaquer à nouveau sa bouche contre la mienne. Mon corps seconsumepour lui. Je déglutis avecpeine.Estebanm’embrasse avecplus d’impatience, comme s’ilattendaitcemomentdepuisdeslustres.Jemedélectedeladouceurdeseslèvres,duresetsauvages,qu’ilm’offresansaucuneretenue,ilglissesalanguedansmabouchepourmieuxmegoûter.

Tandisqu’ilmerapprocheencoreplusdeluietqu’ilm’enveloppedesesbraspourseplacerau-dessusdemoi,jesenssonsexesetendrecontremonventreetdurcirsousl’intensitédenotrebaiserquiressembleàtoutsaufàunbaiserd’ado.

Noscorpssemoulentparfaitementl’unàl’autre.Etcelafaitdessemainesquejerêvedetouchersapeau,defairecourirmesmainssursontorse!

Sanslâchernoslèvres,ilpassesamaindansmescheveuxpuisdescenddoucementlelongdemesépaules pour venir effleurerma poitrine de sa paume ce quime fait gémir d’impatience sous sescaresses.Aumomentoùjesuisprêteàlelaissermefairetoutcequ’ilaentête,ils’écarte,cequimefaitgrognerdefrustration.

—Désolé,maissijecontinuejenepourraisplusm’arrêter.

—Net’arrêtepasdanscecas!

—C’estlafilleexcitéequiparle.Jeneveuxpasqueturegrettesquoiquecesoitentrenousdeux.Alors,désolé,maistuvasdevoirencorerêverdemoncorpsparfait.

Tout en me narguant, il pointe son doigt le long de son corps en s’arrêtant sur son érectionimpressionnante.

—Tuveux dire que tu as envie deme revoir et d’avoir une relation sérieuse ? Je lui demandepenaude.

—J’aienvied’essayerentouslescas.J’aiplutôtl’habitudedesrelationséphémères,jedoisbienl’avouer,maistuesdifférente,avectoij’aienviedeprendreletempsdebienfaireleschoses.

—OK,danscecasjepréfèrejustequetusachesunechosedeplussurmoi.

—Ouilaquelle?medemande-t-ilétonné.

—Netemoquepas,OK?

—Promis,juré.Jet’écoute.

—Disonsquemonexpérienceenmatièredesexeestquasinulle.

—Commentça?Tun’espas…

—Nonjenesuispasvierge.Jen’aiconnuqu’unseulpartenaireetauboutdequelquesrapports,j’ai,disons…rompu.

—Tun’asjamaispristonpied?

—Non, la première fois c’était douloureux et ensuite c’étaitmoins douloureux,mais soit troprapidesois…franchementpastop.

—OKtuestombéesurunnulouunégoïste,c’esttout.

—Patrickestvraimentgentil,maisjepensejustequenousnesommespascompatibles.

—Patrick…Tulecôtoiesencore?

—Oui, ilhabiteToulouse,mais ilvient souventmevoir. Il adumalàpasseràautrechose.EnrentrantdeParis j’étaisdécidéeà luidiredeneplusse faired’illusion,mais jen’aipasencoreeul’occasiondelevoir.

—Hum…J’imaginequejen’aipastroplechoix?

—Lechoix?

—D’accepterque tu le revoies.Sébastienpasdesoucis,c’estunpoteet ilne t’a jamaisvuenuedoncjepeuxgérer,maiscePatrick…çanevapasêtrepossiblemonlapin,il t’avuenueplusieursfoisetc’estluiquit’adépucelée.Impossiblepourmoidelelaissercontinueràtournerautourdetoi.

—Quandtudisquetuespossessif,tuneplaisantesvraimentpasdisdonc.Rassure-toi,jecomptecouperlesponts,maisjeveuxlefairecorrectement.

—Jeneplaisantepas.C’estd’ailleurspourcelaquejepréfèrelesrelationssansattache.

Jeneluirépondspas,carjemesenscontrariéedesavoirqu’ilnesouhaiteavoirquedesrelationséphémères.

— Arrête tout de suite. Je parlais d’avant ! J’ai envie d’une véritable relation avec toi. Allezdormons maintenant. Nous aurons tout le temps d’en parler demain durant le trajet. Et en ce quiconcerne ton manque d’expérience, cela ne me dérange pas au contraire. Je peux t’assurer qu’àchaquefoisque jeposerai lesmainssur toi, tuhurlerasmonprénom,car tuserasenpleineextasegrâceàmoi.

—J’aihâtealors!

Ilsepenchepouréteindrelalumièreetsecalecontremondostoutenmecaressantlescheveuxet,mêmesijepenseavoirdumalàm’endormir,sescaressesmedétendentsuffisammentpourquemespaupièresdeviennentlourdesetquejesombredanslesommeil.

Unairfraism’envahit.J’ouvredoucementlesyeuxetilmefautquelquesminutespourréaliseroùjesuis.Jen’aipasdormiaussibiendepuisunmoment.Depuismonretour,iln’yapasunenuitoùlescauchemarsnem’ontpasenvahiealorsunenuitcomplètesansmeréveillerensursautetpleinedesueur,çafaitunbienfou.JemeretournepouradmirersecrètementEstebandanssonsommeil,maisenmeretournantjesuisdéçuedevoirsaplacevide.Jemeréveilleetm’assiedspourreprendremesesprits.

Jeregardelachambreàlarecherched’indicem’indiquantqu’iln’apasprislafuite,maisnetrouveaucunetracedesesvêtements.

—Bonjourmarmotte!

Jesursauteetleregarde,étonnéedelevoirencoredanslachambre.Ilesthabillé,maissescheveuxsontmouillésetluitombentdevantlesyeux.Malgrétout,jepeuxadmirersonregardbleuamusédemevoirsiétonnéedesaprésence.

—Bonjour…Jemesuisréveillée,maisjenet’aipasvu.Jepensaisquetuétaisparti.

—Tun’aspasunehauteopiniondemoi.Jesuiscenséteramenercheztoi, tu tesouviens?Tontéléphonen’apasarrêtédebiper.Celam’aréveillé,ducoupj’aidécidédefilersousladoucheavantquetulaprennesd’assaut.

—Pourtagouverne,jenefaispaspartiedecesfillesquirestenttroisheuresdanslasalledebain.

—Heureuxdel’apprendre.Tumeplaisencoreplus.

J’attrapemontéléphoneetconstatequej’aireçutroismessages.Undecharlotte,undeSébastienet

underniermessagequimesurprend,carjen’aipasdenouvellesdepuisParis,unmessagedePatrick.

Jeconsulted’abordlemessagedeCharlottesousleregardd’Estebanquiestvenus’allongeràmoncôté.

«Alors?

Boncoupl’hommed’affairesoupas?

Onveutsavoirsituasenfineuunorgasme.»

Jerougissouslerired’EstebanquivientdelirelemessagedeCharlotte.

—Tucomptesrépondrequoiàtacopine?

Jeneluirépondspas,maistapemaréponseàCharlottesoussonregardattentif.

«Changementdeprogramme.

Pasd’orgasmecettenuit,maisbeaucoupàvenirj’ensuissûre.

Jevousracontetoutenrentrant.»

Ilmesouritetm’embrassel’épauleenlaissantglissersalanguecequimeprovoquedesfrissonsjusqu’auxorteils.Jeconsulte lemessagedeSébastienenexposant toujoursmontéléphoneàsavueafindeluimontrerquejen’airienàcacher.

«JedéjeunecemidiavecThéoetSergio.

Celavoustentedevousjoindreànous?

Alorsbonnenuit?»

—Bonneidée,situesprêteàrencontrermesamis,jesuispour!

—OKpourmoi.Jemesentiraimoinscoupablevis-à-visdeSébastien.

—Alors,réponds-luietdis-luidem’envoyerunmessagepourdireoùnousnousrejoignons.

Je réponds rapidement à Sébastien en suivant les instructions de mon rugbyman, c’est moinsrépétitif.Jereposeletéléphone,maisEstebanmeretient.

—Ilteresteunmessageàconsultermonlapin.

—Oui,maisjenecomptepasluirépondremaintenant,jeleregarderaiplustard.

—Non,regarde-lemaintenantetréponds-lui.J’aimeraisvoircequ’ilaàtedire.

Jeleregardesévèrement,maisdevantsonsourirecraquant,jeconsultelemessagedePatrick.

«Hello,majolie,

Désolédemonabsence,jevoulaistelaisserdutempspourréfléchiràNOUS.

Jepeuxvenirtevoirlundisoir,situesdispo.

Jet’embrassefort»

—Ehbien,ilestcarrémentaccro!

—Disonsqu’iladumalàpasseràautrechose,maisilesttellementgentilavecmoi.

—Unexenplus!Dis-luiquetunepeuxpaslevoiretquetuasrencontréquelqu’un.

—ParSMS?Horsdequestion!

—JeseraiàToulouselundietjevaisêtreobsédéparlefaitquetuserasavecunautrehomme.

—Jevaisluiproposerdevenirdîneràl’appartement,commecelajeneseraipasseule,maisjeseraiavecCharlotteetJulie.

—Çanemeplaitpas.

—Oui,maistun’aspaslechoix.Onneseconnaîtréellementquedepuis48h00…Moijevaisbiendevoirsupporterdetevoirdanslapresseàfairelafêteaveccesfemmesravissantes.

—Jecroyaisquetuneregardaisjamaislapresseàscandale?

—Oui,maismaintenantjevaislaregarder,pourtoi.

—Bon,réponds-luipourlundisoir,maisjecomptesurtoipourm’appelerdèsqu’ilseraparti.Ettumeréservestasoiréedemardi.

—TucomptesvenirsurPerpignanmardi?

—Je reprends l’entrainement jeudi, donc je peux être làmardi, nouspourrionspasser la nuit àmonappartement.

—Tonappartement?

—Oui!j’aiunpied-à-terreàPerpignan,j’adorecetteville.

—Alorsj’aihâtedelevisiter.

JerépondsdoncàPatrick,carmêmesiEstebann’aaucunordreàmedonner j’ai trèsenviequenous commencions quelque chose sur de bonnes bases alors autant commencer à faire de petitesconcessions.

«Hello,contented’avoirdetesnouvelles.

Viensdîneràl’appartementlundisoir.

Ondoitvraimentdiscuter

Bises.»

Je reposeenfinmonportableet filesous ladouche,carnousdevonsaller rejoindre lesgarçons

pourdéjeuner.J’enfilelepantalonentoilequej’avaisprévudeporteravecuntopnoirtrèssimple.Jememaquille légèrementgrâceauxconseilsdesfillesetrangemesaffairespourrejoindreEsteban.Aprèsavoirrangétoutesmesaffaires,nouspartonsrejoindreSébastienetsesamis.

Enarrivant,Sébastiens’approcheetmeprenddanssesbras,jevoissonregardsefermer,maisjen’essaiepasderepousserSébastien,carjesuisvraimentsoulagéedeconstaterqu’ilnem’enveutpas.Envoyants’approchersesamis,jereconnaisimmédiatementlegrandbrunauxyeuxnoisette,jel’aidéjàvuplusieursfois,maisjen’arrivepasàsitueroù,ils’approcheetmedit:

—Apparemment c’est « câlin party »mon pote, se moque-t-il en lançant une tape dans le dosd’Esteban.

Puisilluisouritfièrementetmeprenddanssesbras.

—Moi,c’estSergio,coéquipieretmeilleuramid’Esteban.Onpartagetout.

—Bas les pattes, ça suffit les câlins. Ça vaut également pour toi Seb, garde tesmains dans tespoches.

—Eh,jeterappellequec’estmoiquidevraisêtreencolère.ClaireétaitMONrencard.

—Oui,jesuisdésolé,maiscelafaittroissemainesquej’attendsuncoupdefil.Maiscettefilleestdifficileàséduire,alorsmaintenantc’estMApetitecopine.

Pendantquejerougisàcepetitcombatdecoqs,jecroiseleregarddeThéoquiresteenretraitetm’observe sous toutes les coutures, il est proche d’Esteban,mais il est également son agent alorsj’imaginequ’ilessaiedevoirlacroqueusedediamantsquisecacheenmoi.Jeleregardeàmontouretattendsqu’ilseprésente.Iltoussote,maisfinitparmedirebonjour.

—ThéoDupré,enchanté.

—ClaireGarnier.

—Oh,ellen’apasditenchantéemonpote,ajouteSergioenricanant.

Estebanmesourit,maisneditrienalorsj’optepourlamêmetactique.Nousallonsnousinstalleretbienentendu jeme retrouveassise entreEstebanetSébastien. Il passe sonbrasderrièremachaisepourbienmontrerquec’estluiquiestmonpetitami…enfinjenesaispastropcequenoussommes.Nous avons passé la soirée ensemble, puis nous avons passé un temps considérable à goûter à labouchedel’autre,puisnousavonsdormi,maiscelaneveutpasdirequenoussommesencouple.

—Arrête,turecommences!Àquoitupenses?

Jemepenchepourluiparleràl’oreille.

—Ànous.Jenesaispastropcommentdéfinircequenoussommes.

—C’est simplepourtant.Deuxadultesattirés l’unpar l’autreetquiontdécidédesedonnerunechance.

C’estunbondébutpourunhommequin’ajamaiseuderelationsérieuse.Jeluisouris,ilpassesamainautourdemanuqueetm’embrassegentiment.Jesouris,moncorpsatteintunrecorddechaleurtelquejemesensgênéeetsurtoutmalàl’aisedevantleregarddésapprobateurdeThéo.

Aumomentducafé,Théo reçoitunappel concernantunprojetpourEsteban.En raccrochant, ilexpliquequ’ilsdoiventallervoirunclientpourunepubetqu’ilveutimpérativementlerencontrercetaprès-midi.

—JedoisramenerClaireàPerpignan.

—Cen’estpaspossible,Esteban,c’estungroscontrat,nousdevonslerencontrerdansuneheure.

—Çat’embêtesinousrentronsdanslasoirée?medemande-t-ilembêté.

—Ehbienj’aipasmaldechosesàfaireetjen’aipasenviedet’accompagnerdansunrendez-vouspro.JepourrairentreravecSébastien,commecelatuserastranquilleavecThéopourpréparer tonrendez-vous.

—Jen’aipasenviedetelaisserrentreraveclui.

—Ehjesuislà,jeterappelle«connard».JepeuxtrèsbienramenerClaire,nesoispasstupide.Jem’occuperaibiend’ellepromis!ajoute-t-ilavecunairtaquinquiluivabien.

Jerisàsablague,Estebannesemblepasapprécierl’humour,maisilfinitparaccepterlorsquejepose une main proche de son entrejambe et que je dépose un léger baiser sur sa joue en luichuchotant:jeseraitouteàtoimardisoiretjevaismêmeprendremonmercredipourresteravectoijusqu’àtondépart.

—OKnousallonsfairecommecela.Sébastien,turamènesClaire,tugardestesmainssurlevolantet moi je vais au rendez-vous avec Théo.Mais je te préviens, les rendez-vous le dimanche, c’estterminé!

—Arrêtedeteplaindre.

Aprèsunbaiserlangoureuxquimelaissetremblantededésir,jeleregardes’enalleravecThéo.Sergiovientnoussalueretmeconseilledem’accrocher.

—Pourquoiceconseil?

—C’estmonmeilleurami,ilauncaractèrefort.Iln’estpastoujoursfacileàsuivre,maislorsqu’iltientàquelqu’un,ilfaittoutpourcettepersonne.J’ailesentimentquetuessurlabonnevoie.Celafaittroissemainesquej’entendsparlerdetoi.

Mon cœur fait des bonds, d’une part car je suis touchée par ses paroles,mais également, parcequ’Estebanluiaparlédemoietj’aitrèspeurdecequeSergiopourraitdiredevantSébastien.Pourenavoirlecœurnet,jeluiposelaquestion.

—Ilt’aparlédenotrerencontre?

—Ouiilm’atoutraconté.

Lorsqu’ilvoitmonregard,ilcomprendquejeneveuxpasenparler.

—Rassure-toi,mesconversationsavecEstebansontpersonnelles.

—OK,jeretiens!

Jereculeetluisouris,Sébastienserapprocheetmeproposedeprendrelaroute.Aprèsunedernièreaccolade,nousprenonslaroute.

—Unpeudemusique?

—Avecplaisir.

—Alorsc’estparti.

IllancesoniPodet«ElasticHeartfea»ladernièrechansondeSiarésonnedanslavoiture.Nouschantonsmêmeencœurjoyeusement.SébastienaladélicatessedenepasmeposerdequestionssurmarelationnaissanteavecEsteban.

Enarrivant,jeluiproposedemonterboireuncafé,maisildéclinel’invitationetmerappellenotredéjeunerdedemain.J’acceptevolontiersetfilerejoindrelesfilles,carj’aibeaucoupdechosesàleurraconter.

Enarrivant,jesuisaccueilliecommeunereine.Lescocktailssontprêtsàêtredégustésetlesfillessontinstalléessurlecanapé.J’envoieunpetitmessagepourprévenirEstebanquejesuisbienarrivéeet ilmeréponddel’appelerdèsquej’aurais terminémon«débriefingdefilles».Jesourisdevantsonmessage,ils’estsouvenuquej’avaispromisauxfillesdetoutleurraconter.

Commepromis,jem’installeetleurdéballetoutesmespéripétiesduweek-end,dutextoquejeluiaienvoyéaustadeaveclaphotodel’écussonàsaréponsejusqu’aumomentoùjemesuisretrouvéefaceàluidanslesvestiaires.Puisledineretlanuitàl’hôtel.Lesfillesmeregardentébahies,maisjevoisbienqu’ellesmeurentd’enviedemeposerdestonnesdequestionsconcernantmonabstinence.Je leur coupe l’herbe sous le pied et leur explique que j’aurai certainement plein de chosescroustillantesetexcitantesàleurracontermercredi,carjepasselanuitdemardiaveclui.

Ellessautentdejoieetmepromettentd’attendremercredipourmeharceler.Charlottetienttoutdemême àmemettre en garde contre lui. Contrairement àmoi, Charlotte est une fan incontestée derugbyetplusparticulièrementdustadetoulousain.Elle tientàmemontrerquiest«Esteban».EllepartcherchersonordinateurportableetseconnectesurGoogleet tape«EstebanDuval», je restescotchée devant autant d’articles.Des centaines de liens parlent de lui rien que sur cemois-ci, desphotosdeluiavecdesblondes,desbrunes,desroussesettoutesmagnifiques.Pourunhommequiditattendre mon appel depuis trois semaines, il a eu une manière bien à lui de le faire. Après lequatrième article, je suis interrompue par la sonnerie de mon téléphone. Évidemment, il s’agitd’Esteban, je regardemamontre etme rendscomptequenousparlonsdepuisdeuxbonnesheuresdéjà.Jedécided’ignorersonappeletdelerappelerlorsquejeseraiseuledansmachambre.

—Waouh,celafaitbeaucoupd’articlesdeluiaubrasd’unefilledifférenteàchaquefois!

—Écoute,peut-êtrequecertainsdecesarticlesnesontpasfiables,maislefaitestqu’ilesttoujours

bienaccompagnéetàchaquefoislesphotosprouventqu’ilsontl’airtrèsproches.Donc,sijepeuxmepermettreunconseil,profiteàfond,prendstonpied!Maisnet’attachepasàlui,meditCharlotteenmeprenantdanssesbras.

—Rassure-toijenesuispasamoureusedelui,maisjedoisbienavouerqu’ilmefaitdel’effet.Jen’aijamaisressentiçaauparavant.

—Tantquecen’estpasdel’amour,toutvabien!s’exclameJulie.

Je referme le portable de Charlotte et les embrasse avant de filer dans ma chambre pour mereposerunpeu.Jem’allongesurmonlitetfixemonportable.J’hésiteàlerappeler,peutêtrequejedevraislegarderdansmesrêvesetnepasmerapprocherdelui.

ÀforcedefixermontéléphoneetdepenseràEsteban,ilfinitparseremettreàsonner.Sonnomclignote,j’hésite,maisc’estplusfortquemoi,jedécroche.

—Alorsmonlapin,lorsquetuparlaisdedébriefingtuneplaisantaispas!semoque-t-ilenriant.

—J’avaisbeaucoupdechosesàleurraconter,dis-jesèchement.

—Ilyaunproblème?medemande-t-ilfroidement.

—Non,aucunproblème.

—Ausondetavoix,celasonnedifféremment.Allez,tuveuxbienmedirequelestleproblèmeetnemeredispas«rien»,jeveuxsavoir!

—Situtiensàlesavoir:mescopinessontfansderugby.Julie,elle,préfèrelescalendriers,maisCharlotteestréellementfandetonclub,etcommetoutefanquiserespecte,ellesurveillel’actualitédesjoueursdetonéquipe;jeluirépondssurlemêmetonfroidqu’iladécidéd’adopter.

—OK,doncelleconnaît lesperformancesdel’équipe,c’estcoolellevapouvoirt’expliquerlesrèglesdujeu,merépond-ilsuruntonplusdoux.

—Jeneparlaispasd’actualitésportive,dis-jeirritée.

—Jecomprendsmieuxcetondésagréable!Écoute,j’imaginequetuasvudesphotosdemoiavecd’autresfemmesetquetuasdûliredesarticlesquimedisentmariéaumoinsdesdizainesfois!Maisc’estjustedelamerde!

—Peut-êtrequecertainsdecesarticlessontbidons,maislesphotosnemententpas.Jeneveuxpasjoueràlafillepossessive,carjen’aijamaisétécegenrelàmaisjepensequenousmenonsdesviesbeaucouptropdifférentes,jenepensepasquecelapourrafonctionnerentrenous,jeluisouffleavectristesse.

—Foutaise!Biensûrqueçapeutfonctionnerentrenous!dit-ilenélevantlavoix.Justementparcequetun’espascommetoutescesfilles.Écoute,nousn’allonsriendéciderpartéléphoneetcommejesuisencoresurToulousejusqu’àdemain,jevaistedemanderunefaveur,tuveuxbien?

—Quellefaveur?

—OublieGoogle, ne t’arrête pas pour acheter le derniermagazine à scandale et attendsmardipourprendreunedécisionnousconcernant,jepasseteprendrecheztoi,nousironsensemblesurlenetetjerépondraiàtoutestesquestions.Maislaisse-moilebénéficedudoutejusque-là.Tunepeux

pasdéciderdetoutlaissertomberavantmêmedenousavoirdonnéunechanced’exister.S’ilteplaît.

—Tuauraisdûêtreavocat!Tuestrèspersuasif.Tuasraison,tuasledroitaubénéficedudoute.Jeveuxbienattendremardipourendiscuterensemble.

—MerciClaire!Fais-moiconfiance,tuneseraspasdéçue.

—Nousverronsbien,jevaistelaisser,onserappelleplustard.

—Appelle-moiavantd’allertecoucher.Jet’embrasse.

—OK,àtoutàl’heure.

Le reste de l’après-midi me paraît beaucoup moins joyeux. Je fais ma lessive et prépare mesfringues pour le lendemain. Jem’installe ensuite décidée à bouquiner,mais une fois de plus,mespenséessontirrévocablementdédiéesàEstebanetàtouscesmannequinsàsonbras.Jerefermemonlivre etmalgrémapromesse, jeprendsmonportablepour consulterquelques articles récents afind’ensavoirunpeuplus.Aumoins,d’icimardi jesauraiquellesquestions luiposerconcernantcesfameusesfemmesdepassages.Aprèsunebonneheureàavoirépluchéquelquesliensetanalysédesdizainesdephotos,jemedécideàrefermeretàrejoindrelesfillespourgrignoterunmorceau.Juliea commandé une pizza, nous avons parlé des rugbymans et de leurs corps de rêve. Elle a foncéchercher son fameux calendrier et nous avons fait défiler les pages les unes après les autres. J’aireconnu le fameux Sergio au mois d’avril, lorsque j’ai dit à Julie qu’il était le meilleur amid’Esteban,ellem’asuppliéedeluiarrangerunrencard.Charlotte,elle,selaisseraitbiententerparlemoisdedécembrequejen’aipasreconnu;maisleplussexydececalendrierresteévidemmentlemoisdejuillet,Estebanquiestnu,biendroitfaceàlameravecuniquementleballonderugbypourcachersespartiesintimes.Jesensquejevaisfairedesrêvestrèscoquinscettenuit.

Aprèsavoirregardétouslesmoisdel’annéeàtroisreprises,j’abandonnelesfillesetleurrappellequePatrickseradelapartielelendemainpourmafameusesoirée«discussionàcœurouvert».Avantdemecoucher,commepromis,j’appelleEsteban,maistombesursaboîtevocale.

JedécidedeluienvoyerunSMS.

«Journéeépuisante.

Jefilemecoucher.Appelle-moidemainmidisituveux.

Bises.»

J’éteinsmonportablepourêtresûredenepasêtredérangéeenpleinsommeil.

Enarrivantaubureau,jetombesurmonresponsablequisemblenepass’êtrelevédubonpied.Àpeineletempsd’enlevermonmanteauqu’ilmedemandedepasserlevoiràsonbureau.Malgrésonobstinationàvouloirreprendreledossierquim’aétéconfié,notreclientn’apasvouluendémordre.Alors c’est avec agacement qu’il m’avertit qu’il faut que je prépare deux propositions, une pourBarceloneetunepourMarrakech.JepassemamatinéeàfignolermonprojetpourBarceloneavant

de prendre une pause pour aller déjeuner avec Sébastien. Un déjeuner qui aura le mérite de meredonner le sourire. Je le préviens de ne pas évoquer ma rencontre avec Esteban et lui parlebrièvement de mes recherches de la veille. Il m’assure qu’il ne me dira rien que je n’ai envied’entendre,maisquesij’aibesoindelui,ilseraprésentpourmoi.Ducoup,jedécidedeluiparlerdePatricketluidemandeconseilpoursavoircommentluifairecomprendregentimentqu’ildoitpasseràautrechose.Sesconseilssontnuls,maisvraimentdrôles.

—Jenepeuxpasluidiredebutenblanc«passeàautrechose»luidis-jeamusée.

—Aucontraire,soishonnêteetvadroitaubutsansquoiilnecomprendrajamais.

—Jevaisréfléchiràcetteoption.Sinon,parle-moidecettefilleavecquituaspassélasoiréedesamedi,nousn’enn’avonspasparléhier.

Sonsourires’agrandit.Ilmeparledeleursoiréeetdecettefillequ’ilacroisée.Ilm’expliquequ’àlabaseelleétaitfandeSergio,maisqu’ilausédesoncharmenatureld’hommed’affaires,etqu’ilaréussi à la détourner de son ami. Ils ont fini la nuit ensemble, mais visiblement elle n’était pastalentueusedansunlit.Jeluisouris,maisjemedisques’ilavaitpassélanuitavecmoi,ilauraitétéencore plus déçu sachant que mon expérience en la matière est quasiment nulle. En meraccompagnant au bureau, nous nous promettons de remettre cela dès la semaine prochaine. Deretour àmon poste, j’attrapemon portable et vérifiemesmessages. Jeme rends compte que j’aicomplètementoubliéde le rallumercematin.En le rallumant, tous lesvoyantsd’appelsclignotent,Esteban a tenté dem’appeler à deux reprises et m’amême laissé unmessage que je m’empressed’écouter.

«BonjourClaire.Désolédet’avoirmanquéehier.J’étaisavecThéo.J’aihâted’êtreàdemain.Tumemanques,appelle-moi.»

Jedécidedel’appelerrapidement.

—BonjourEsteban,

—Bonjour,j’aiessayédetetéléphonerhiersoiretcemidi,maistuétaisinjoignable.

—Oui,désoléej’aicomplètementoubliéderallumermontéléphoneetcemidij’aidéjeunéavecSébastien.

—Jepensaisqueledéjeunern’étaitplusd’actualitécommeilt’aramenéecheztoihier.

—Iln’yavaitaucuneraisonpourquej’annuleledéjeuner.Commentsepassetajournée?

—Commed’habitude.Entrainementcematinetcetaprès-midi,jedoistournerpourunepublicité,ensuitejevaisdîneravecThéoetjeprendslaroutedemainmatin.

—Tuasunejournéebienchargée,unepubpourquoi?

—Dushampoing!merépond-ilamusé.

—Tuserasnualors?Jeluidemandeembarrassée.

—Oui,maisilsnemontrerontquelehautdemoncorps,merépond-ilenriant.

—Ohoui,j’imagine.Bonj’aibeaucoupdetravailetcesoirjedoispartiràl’heure,carPatrickvavenirdîner.Jevaisdevoirtelaisser.

—Boncouragepourledîner.Rassure-moi,tuestoujoursd’accordpourluidemanderdepasseràautrechose?medemande-t-ilincertain.

—Oui,j’auraisdûlefairebienplustôt.

—Trèsbien,appelle-moidèsquetuserasseule,jeteprometsdenepaslâchermontéléphone.

—Promis,jet’appelledèsquejefilemecoucher.

—Claire, je t’embrasse.N’oublie pas !Demain tu seras toute àmoi,me souffle-t-il d’une voixrauque.

—Jet’appelleplustard,jet’embrasse.

Je raccroche avant de ne plus pouvoir le faire. Je me concentre sur mon travail pour tenterd’oubliermesfantasmesetpréparemonprojetpourMarrakech.

J’espère que le client optera pour ce projet, car j’aimerais beaucoup participer au trek dans ledésert. J’envoie le toutàmonclient ainsiqu’àMonsieurServal et rangemesaffairespour rentrerpréparerlerepas.J’envoieunmessageàPatrickpourleprévenirquejeseraisprêted’iciunepetiteheure.Ilmerépondquec’estparfaitetqu’ilvientdeprendrelaroute.

Jemedépêchederentreretm’activepourpréparerunrepassympathique.Jepréparedeslasagnes,carc’estsonplatpréféré,pourledessertjemesuisarrêtéeàlapâtisserieprendreunParisBrest,sondessertpréféré.Vulaconversationquenousallonsavoir,jepréfèrequ’ilsoitrassasiédebonspetitsplats.Lesfilles,elles,préparentlatableainsiquel’apéritif.Julie,insistepourfairedescocktails.

—Jet’assurequ’unbonMojitoneserapasdetroplorsquetuvasluibriserlecœur.

—Mercidusoutien,jeneveuxpaslefairesouffrir.

—Écoute,celafaitdeuxansquetuauraisdûavoircetteconversation.Ilvasouffrir,maisilvas’enremettreetplustuattends,pirecelasera.

Charlottesembletellementsûred’ellequejenepeuxqu’acquiescer.

—Oui,jesaisquevousavezraison,maiscelan’empêchequejemesentetrèsmal.

—Parcontre,quand lemomentde la révélation seravenu, tunous faisunsigne,pourque l’ons’éclipsedansnoschambres.Horsdequestionque jevois sa têtedecocker sedécomposer,ajouteJulieengrimaçant.

—Nonjeluiparleraienleraccompagnantàsavoiture.

Lasonnettedel’appartementécourtecetteconversation.Derrièrelaporte,jetrouveunPatrickavec

unemine plutôt fatiguée.Àmongrand soulagement,Charlotte et Julie l’embarquent dans le salonpendantquejesurveillelacuissondemeslasagnes.Lorsquejefinisparlesrejoindre,Patrickaunverre deMojito entre lesmains etCharlotte lui explique que j’ai assisté àmon premiermatch derugbyceweek-end.Ilfroncelessourcils,etmeregardetrèsétonné.

—TuétaissurToulouseceweek-end?

—Oui,unamiavaitdesplacesVIPetilm’aproposédel’accompagner.

Ilreposesonverresurlatableunpeuplusfortqu’ilnel’auraitvoulu.Letondelasoiréeestlancé.

—Jet’aiproposémillefoisdeveniravecmoivoirunmatch,maistuastoujoursrefuséprétextantquetoietlesportçafaitdeux.

—Oui,maisellenepouvaitpasrefuser.C’étaitunrendez-vousgalant.Ellenepouvaitfranchementpasavouerdèslepremierrencardqu’ellen’aimepaslesport.

LaréponsedeCharlottememetmalàl’aise,maislaréactiondePatrickmesurprendencoreplus.

Ilricane,maispasunrireamical,j’aiplutôtlesentimentqu’ilaenviedeseleveretdemegifler.Jedécidedecalmer le jeu, jen’aipasenvied’envenimer leschosesavantque jepuisse luiparlerdessentimentsqu’iléprouveàmonégard.

—Elleexagèreunpeu.Sébastienestunami,riendeplus.Etsinouspassionsàtable?

ToutlemondeselèveetdèsquePatrickaledostourné,CharlotteetJuliemefontdegrandssignespour me faire comprendre que je vais passer un sale quart d’heure. Pendant le repas, je tente aumaximum d’écarter tout sujet de conversation me concernant, moi et le week-end qui vient des’écouler.Jel’interrogesursontravailetsursondernierdéplacement.

—Alors,tuétaisendéplacement?D’habitude,tupassesnousvoiraumoinsunefoisparsemaineetnousnet’avonspasvudepuismondépartpourParis.

—Oui,jevoulaistelaisserrespirerunpeu.Visiblement,cen’étaitpaslameilleureidéedel’année.

—ClaireaachetéunParisBrest,tuadoresçasijemesouviensbien?

MalgréleseffortsdeJuliepourfairediversion,Patricknedesserrepaslamâchoire.Ilesténervéetmêmes’ilfaitsonmaximumpournepasmelemontrer,sonvisageparlepourlui.Jedécidedeservirledessertetviteterminercerepasafinquenouspuissionsdiscuter.Nousdégustonstousunepartdegâteau avecun cafédansun silencedeplomb.Aucunedes filles n’oseouvrir la bouche etPatrickn’estpasdécidéàmerendrelatâcheplusfacile.Charlottemeregardepourquejecomprennequelemomentdes’éclipserestarrivé.

—Julie,tuveuxbienvenirm’aideràchoisirmatenuepourdemain.Ilyal’expert-comptabledelasecondeagencequidoitveniretapparemmentc’estunbeaugosse,alorsjeveuxavoirdel’allure.

—Avecplaisir,ensuitejefilemecoucher,jemesensépuisée.Patrick,jetedisàlaprochaine.

Juliel’embrasseetmefaituncâlinpourmedonnerducourage;Charlotte,quileconnaîtdepuis

l’adolescence, le serre dans ses bras et lui demande de faire attention sur la route. Nous nousretrouvonsseuls,jeréfléchisàlamanièred’entamerlaconversation.Aumomentoùjelèvelenezdemoncafépour luiparler, je tombesursonregardquim’observeaveccettesensationquedéjà ilacompriscequejecompteluidire.

—Jepensequejenevaispastarder.

—Oui, jecomprends.J’aimerais teparleravantque tupartes.Je t’accompagneà tavoituresi tuveuxbien.

—Allons-y,quel’onenfinisse!

Le ton glacial qu’il emploie me fait froid dans le dos. Nous nous levons et je le suis jusqu’àl’extérieurdel’immeuble.

—ÉcoutePatrick.Nousnepouvonspascontinuerànousvoir.

—Carrément,j’aidéjàdumalàavalerlapilulequetuesavecquelqu’un.Jepensaisquetuavaisunpeuplusd’estimepourmoi.L’apprendreparCharlotte;decettemanière,c’estfranchementindigned’une fille comme toi.Lorsdenotredernière conversation, tum’avaispromisde réfléchir ànousdeux!Tun’étaispascenséet’envoyerenl’airaveclepremierconnardrencontré!

Jel’écoutedéversersacolère.Jamaisilnem’aparlédecettemanière.Sijelelaissecontinuer,jepensequejevaisavoirdroitàl’insulteultime.Jemefrottelesbras,malgrélachaleurdelajournée,jecommencevraimentàavoirfroid.Jedécidedel’interrompreavantdegelersurplace.

—Jepensequetudevraistecalmeravantquetesmotsnedépassenttespensées.

—SitusavaiscequejepenseClaire,tutecomporteraisdifféremmentpeut-être.

—Alors,balancequepenses-tu?Jen’aipasécarté lescuissescomme tudis.Mais jene tedoisrien.Toietmoinousavonsétéensemble,maisc’estdupassé.

—Désoléjen’auraispasdûparlerdetoicommecela.Laisse-moideuxminutes.Tuasfroid?

—Ouijesuisfrigorifiée.Jevaisrentrer.

—Non,attendss’il teplait.Nousdevonsparler.Jedoisbienavoirunevestedansmavoiture.Jevaislachercher,attends-moi!

Ilcourtàsavoitureetrevientenmetendantunevestegriseàcapuche.Monsangnefaitqu’untour.Jeregardelavestesanspouvoirlaprendre.

—Claire,tun’asplusfroid?

—Si,si.

—Alors,prendsmaveste,justeletempsquenousdiscutions.

J’enfilelavestetoutenl’inspectantsoustouslesanglesàlarecherched’unindice.

—Jenet’aijamaisvuportercetteveste.Elleestnouvelle?

—Peut-être,jel’aiachetéeilyaunmoisoudeux.Tucomptesmeparlershopping?mecrachet-ilénervé.

—Non,c’estjustecetteveste,ellemerappelledessouvenirsdésagréables.

—Dessouvenirsdésagréables…Moi,c’estcettesoiréequiestunsouvenirdésagréable.Répondsàunequestion,as-tuunhommedanstavie?

—Oui!

—Donc,tujettesauxordurestoutcequ’ilyaentrenous?

—Iln’yaplusrienentrenousdepuisdeuxans!Jet’adoreetj’aibeaucoupd’affectionpourtoi,maisjenet’aimepascommetulesouhaiterais.Jesuisnavrée.

—TUESNAVRÉE?Tum’asdonnétavirginité!Tum’asfaitcroirequetoietmoic’étaitpourlavie!Putain,nesorspastesphrasestoutesfaitessurl’affection,cesontdesconneries;enfaitdepuistoutcetempstum’asgardésouslecoudeaucasoùtunetrouveraispasmieux!

—Nousnesommesrestésquequelquesmoisensemble, jamais jen’aiparléd’avenirpournousdeux.Si jamais je t’ai fait croireautrechose, c’était involontaire, jene t’aipasgardéprèsdemoipourobtenirdetoiquetum’attendes,aucontraire, jesouhaitedetoutcœurqueturencontrescellequ’iltefautetquetusoisheureux.

—Çamefaitunebellejambe.Tutecomportescommeladernièredessalopesavecmoietlaseulechosequetutrouvesàmedirec’estquetusouhaitesquejesoisheureux!

Ilmecriesahaineetjesuischoquéedelevoirsortirdesesgondsàcepoint.Jesavaisquej’allaisluifairedelapeine,maislàildépasselesbornes,jeneméritepaslesinsultesqu’ilmecrache.

— Je ne te permets pas dem’insulter. Je pense que tu devrais rentrer chez toi et nous devrionséviterdenousrevoirtantquetuaurasdessentimentspourmoi.

—JET’AIME!Voilàmessentiments.Situcroisquejepeuxeffacercegenredesentiments,c’estque cela prouve bien que tu n’as jamais été amoureuse. Jamais je ne laisserai un autre homme tebaiserClaire,tucomprends?Situneveuxpasdemoi,tun’auraspersonned’autre!

Jerestepétrifiéeparsesparoles.Iltournelestalons,montedanssavoitureetpartàtouteallure.Jeremontedoucementchaqueétageetlorsquej’ouvre,CharlotteetJuliesontdevantlaporte.

—Oh,machérie,nepleurepas.Jevoulaisdescendrepourluidiredesecalmer.Ilhurlaittellementquenousvousavonsentenduscommesivousétiezdansl’appartement.

J’essuie les larmesquicoulent le longdemes joues.JulieetCharlottem’enveloppentdans leursbras.

—C’estquoicetteveste?

—Elleestàlui.Excusez-moi,maisj’aibesoindemeretrouverseule.

Juliemecaresselevisageetmesouhaitebonnenuitavantdes’éclipsersuivieparCharlottequimeproposed’appelerPatrickpourtenterdelecalmer.

—Assure-toijustequ’ilestbienrentréchezlui.

—Promis.Claire…mêmesic’esthorriblecommesituation,c’étaitlameilleurechoseàfaire.Ilfautqu’ilcomprennequ’iln’aplusaucunechanceetqu’ilpasseàautrechose.

Jenerépondspasetfoncedansmachambre.Jeretirelavesteetl’inspecteànouveausoustouteslescoutures.Elleestunpeudéchiréesurleboutdelamanche,maisjen’arrivepasàmesouvenir.Jedécided’appelerEstebanpour savoir s’il se souvient dequelque chose. Jene sais paspourquoi jeréagiscommecela,maisj’aicommelasensationd’avoireumonagresseurfaceàmoi.Jemesensmalderessentircela,carPatrickatoujoursétésigentilavecmoi,maiscesoirilavaitl’airtellementencolère.

Auboutdelatroisièmesonnerie,Estebandécroche.

—Tout va bien ?Cela fait unedemi-heure que je tiens ce foutu téléphonedansmamain. Je nevoulaispast’appelerettedérangerenpleineconversation,maisj’aifaillilefaire.

—Écoute,tutesouviensdusoirdenotrerencontre?

—Commentpourrais-jeoubliercettesoirée,pourquoitumeposescettequestion?

—Mon agresseur, il portait une veste de jogging à capuchegrise,mais tu te souviendrais d’undétail?

—Jenesaispas,j’aifoncésurlegars,maisilavaitunfoulardquicachaitsonvisage.Savesteétaitgrise,uneAdidas.Jem’ensouviens,carj’ailamêmeenrouge.Maispourquoi?

—Jet’expliqueraidemain.Àquelleheureseras-tulà?

—Jesuislibre,doncjepeuxêtrelààl’heurequetuveuxmonlapin.

—Jequittemontravailà18h00.Tupeuxvenirmecherchersituveux.

—Bonneidée,prévoisunsacderechange.Jetekidnappepourlasoiréeetpourlanuit.

Ilmesoufflecesdernièresparolesetjesenssondésir,cequiaccentuemanervosité.Jenerépondspastoutdesuite.Jesuisencoresouslechocdecettesoirée.

—Claire,tum’entends?

—Ouidésolée,dis-jeenreniflant.

—Tuaspleuré?

—Cen’estrien,onsevoitdemain.

—Tum’inquiètesmonlapin,jepeuxprendrelaroutesituveux,jepeuxêtreprèsdetoidansdeuxheures.

—Non,jebossedemain.Viensmechercher.J’aitrèsenviedetevoirtu…

—Jetemanque?Celaveutdirequetuacceptesdenousdonnerunechance?

—Sinousenenparlionsdemain?

—OK,bonvadormir.Jet’embrasse…Claire.

—Jet’embrasseaussi,cesoirjecroisquejevaisdormiravectonblazer.

—Tum’envoisravi.Faisdebeauxrêves.

—Merci.

Jeraccroche,jettelavestedePatricksurmachaiseetvaisrécupérerleblazerd’Estebandansmapenderie.Jemedéshabilleetl’enfileavantd’allermecoucher.

Mêmesijeserreleblazerdetoutesmesforces,moncauchemarquotidienrefaitsurface,parcontreilyaunchangementcettefois,carjevoissonvisage.Monagresseurs’esttransforméenPatrick.Ilmeplaquecontremavoitureetmehurlequesijeneveuxpasdesonamour,jamaisilnemelaisseraaimerunautrehommeque lui.C’estenhurlantetensueurque jemeréveille, levisagebaignédelarmes.Laportes’ouvreetCharlotteseprécipitesurmoicomplètementeffrayée.

—Claire,machérie,quet’arrive-t-il?Pourquoipleures-tucommecela?

—Uncauchemarréponds-jeensanglotant.

—Oh,mabelle,tun’arrêtespasdefairedescauchemars,cesdernierstemps.

—Net’inquiètepas,vaterecoucher.

—Non,non,pousse-toietraconte-moipourquoitufaistouscescauchemars.

Jemedécalepour lui fairede laplace.Elles’allongefaceàmoietmesèchemes larmesdesesdeux mains tout en me demandant de lui dire ce qui me tracasse. Je décide de lui raconter monagressionparisienne.Jeluidétaillel’épisodeduparkingainsiquel’interventiond’Esteban.

Jem’excusedenepasleuravoirtoutditenarrivant,maisj’aieutellementpeurdemourir,quemaseuleenvieàmon retourétaitd’oubliercemoment.Cette fois, c’estmoiquiessuie les larmesquicoulentlelongdesesjoues.

—Tuauraisdûnousenparler,nousaurionsput’aider!

— Je ne voulais pas vous inquiéter, et surtout je pensais pouvoir oublier.Mais chaque soir lescauchemarsenvahissentmesnuits.Laseulefoisoùjen’aipaseudecauchemar,c’estlanuitquej’aipartagéeavecEsteban.

—Maisc’estlapremièrefoisoùtuteréveillesenhurlant,pourquoi?

—Cettenuitc’étaitdifférent.LavestequePatrickm’adonnéepourmeréchauffer…elleressembleénormémentàcelledemonagresseur.Etlafaçondontilm’aparlé…Jenesaispas,maiscettenuitmonagresseuravaitunvisageetc’étaitceluidePatrick.

—OhmonDieu.Écoute,jesaisquesonamourpourtoiestunpeudevenuuneobsession,maisaupointdetesuivreàParisettenterdetevioler,c’estunpeusurréalistequandmême.Etj’aidumalàl’imaginer te faire du mal. Je l’ai appelé tout à l’heure, il était bouleversé et surtout il regrettaitvraimentlamanièredontilt’avaitparlé.

—Ouijesais,c’eststupide,maiscetteveste…

—Tuauraisreconnusavoixquandmême,tuleconnaisdepuislongtemps,tulecroiscapabledefaireuntrucaussigrave?

— Je ne sais pas, je ne sais plus où j’en suis. La seule chose dont j’ai envie c’est de retrouverEstebandemain…Enfinjedevraisdirecesoir,ilesttroisheuresdumat.

—Écoute,jevoulaism’excuserdet’avoirfaitdouterdelui.Maintenantquejesaisqu’ilt’asauvélavie…Bref,restesurtesgardes,maislaisse-leteprouverqu’ilpeutêtreautrechosequ’unbaiseur.

—Un«baiseur»?tuesrépugnante!Jerétorqueenriant.

—Jesuiscertainequ’ildoitêtreunvraiDieudusexe,avecluiaumoinstuesquasimentcertained’avoirtonpremierorgasme.

Nousnousregardonsetnousrionssansréussirànouscalmer.Meslarmesdepeursontremplacéespar des pleurs de rire. La porte de ma chambre s’ouvre à nouveau sur Julie agacée d’avoir étéréveillée.

—C’estquoicefoutoir?

—Claireafaituncauchemar,celam’aréveilléealorsjesuisvenuesquattersonlit.

Julie contournemon lit et me fait signe de me pousser. Je me retrouve aumilieu du lit et merendorsavecmesdeuxmeilleurescopinesdechaquecôté.Enmeréveillant, j’aichaudetsurtoutjemesensétouffer.Charlotte ronflecommeuncamionet Julieestcolléeàmoicommesi jem’étaistransforméeenmecetqu’ellecherchaitàsefairecâliner.Jem’extirpetantbienquemaldemonlitetfilesousladouche.J’aiunemineaffreuse,mesyeuxsontgonflésetrouges.Jetenteunmaquillage«camouflage».J’enfilemonjeanspréféréavecunchemisiertypebucheronensoiebleue,féminine,mais décontractée. Je décide de laissermes converses et opte pour une paire de ballerines bleues.J’attrapeunpetitsacdevoyageetvaisréveillerlesfillespourquel’uned’ellesmeprêteunenuisetteàlahauteurdelanuitquejevaispasser.

—Allez,levez-vous,j’aibesoindevouslesfilles!

Julierouspète,maisfinitparseleveretCharlotte,elle,al’airenpleineforme.

—Quepouvons-nousfairepourtoi?

—J’aibesoind’unenuisettesexypourcesoiretjen’aipasceladansmondressing.

—Attends,j’aiexactementcellequ’iltefautpourunepremièrenuit.

Charlottecourtvers sachambrependantqueJulie resteplantéedevantmoià se frotter lesyeux.Charlotterevientavecunenuisette,rosefuchsiatrèssexy;toutelapartiecenséecacherlapoitrineestendentelle et nedoit en réalité pas cacher grand-chose. Je la remercie et lui prends la nuisette. Jechoisismes plus jolis dessous et prends un pantalon et un débardeur de rechange. J’embrasse lesfillesetfilemefairecouleruncaféavantdepartir.

Enarrivantautravail,j’envoieunSMSàmonbeaurugbymanpourluidonnerl’adressedubureauenluiprécisantquefinalementjeseraiprêtepour17h00;jedécidedefairel’impassesurlapausedéjeunerpourgagnerunepetiteheuredeplusaveclui.Ilmerépondquelquesminutesplustard.

«Génial.

Jeparsdanslamatinée,jevaispasserchezmoivérifierquetoutestenordre.

Rendez-vousà17h.

Ensortant,situvoisunbeaugossec’estmoi.

Jet’embrasse.»

Jerefermemontéléphoneetmemetsenmodetravail.Pourmonplusgrandplaisir,monclientarépondu à mon projet, la destination sera donc Marrakech, mais il veut changer la moitié desanimations.Jepassedonclerestedemajournéeàtravaillersurleprojet.Ellepasseàtouteallure.

Vers15h,j’aileplaisird’êtreappeléeàl’accueilpouruncolisetenarrivant,jevoisunimmensebouquetdeviolettesetdelysaccompagnéd’unepetitecarte.Jel’ouvreetlis:

«Plusquequelquesheuresavantd’êtreenfinréunis.Cesoir,nouspourronsnousdonnerunechancedecréerun“NOUS“»

J’embrasselacartecommeuneadolescenteetrécupèrelebouquetpourledéposersurmonbureau.En m’installant, je prends mon téléphone pour lui répondre et vois que j’ai reçu un message dePatrick.

«Excusemoncomportementd’hier.

Tucomptestellementpourmoi!Jenesouhaitequenotrebonheur.

Laisse-moiunechancedem‘excuserenfaceàface.

Jeparsdemainpourunesemainededéplacement,maisaccorde-moiunaprès-midiàmonretour.

Bises»

Jedécidedeluiaccordercedernierrendez-vous,jepréfèrequenousnousquittionsenbonstermesetsurtoutjeveuxlevoirpourretirertouslessoupçonsdemonesprit.

«Tuesdéjàpardonné.

J’acceptemalgrétouttaproposition,appelle-moiàtonretour.

J’aitaveste.

Bises.»

J’envoieunpetitmessageàEstebanafindeleremercierpourlebouquetetajoutequedansdeuxheuresmeslèvressecollerontauxsiennes.Lorsque17h00sonnentenfin,jem’empressederangermes affaires et de me diriger vers la sortie. Je rappelle à ma collègue que je serai absente lelendemainetsorsenfin.Ensortant,Estebanestlàdebout,lesbrascroisésdevantsavoiture.Ilporteunpantalon,qui lui tombesur leshanches,etun tee-shirtblancprèsducorpsqui fait ressortir sesmuscles à merveille. Je suis déjà éblouie par sa beauté. Je marche lentement vers lui pourm’imprégner de ce tableaumagnifique et il s’avance àma rencontre. En quelques secondes, nousnous retrouvons face à face à nous sourire, instinctivement je m’humecte les lèvres. Ses brasm’empoignent par les hanches etm’attirent contre lui pour plaquer sa bouche contre lamienne. Ileffleurema lèvre supérieure puis vient titiller celle du bas d’une façon de plus en plus insistante.J’entrouvre labouchepour le laisserm’embrasserplusprofondément. Jem’abandonneà sesbras,laissetombermessacsausoletm’accrocheàsanuquel’attirantplusprèsencore.Ilneralentitpassonbaiserpourautant,ilsecolleàmoietglisseunejambeentremescuissesquis’écartentaussitôt.Sij’étaispluslucide,jemettraisuntermeàcebaisersachantquejesuisdevantmonlieudetravail,maisjeneluirésistepas.Jesenslespulsationsdemoncœurjusqu’aucreuxdemesreinsalorsquejepousse un gémissement très gênant, essayant de calmer la sensation cuisante que cette proximitéextrême avecEsteban éveille au niveau demon entrejambe.Àmon grand désespoir, il interromptnotrebaiseretmeserrefortdanssesbras.

—Désolé,maissinouscontinuons,nousrisquonsd’offrirunspectaclepastrèsconventionnelàtescollègues.

Jemereculeetsensmesjouesmebrulertellementjesuisexcitée.

Bien entendu, c’est le moment que trouve Monsieur Serval pour sortir. Il me regarde et fixeEstebanpuistournelatêtesansriendire.Estebanmecaresselevisageensouriant.

—Etsinousallionschezmoi?

—Oui,c’estuneexcellenteidée.Nousavonsbeaucoupdechosesànousdire.

Ilmeregardeetfroncelessourcils,j’airemarquéqu’ilfaitsouventcelalorsqu’ilestcontrarié.

—Allonsdiscuterdanscecas.Mêmesitoncorps,lui,n’apasenvie,ajoute-t-ild’unclind’œil.

—Cen’estpastouslesjoursquel’onm’embrassedecettemanière.Moncorpsn’apasl’habitude,jeriposteenluirendantsonsourire.

Ilm’ouvre la portière de la voiture et ramassemes affaires toujours au sol. Jem’installe en leregardantcontournerlavoiturepours’installeràmoncôté.Ildémarreetposesamainsurmacuisse.Duranttoutletrajet,jemetstoutemonénergieàresterdigne.Jemerépètemillefoisquejenedoispascraqueravantd’avoirdiscutéavecluidetoutcequimetrottedanslatêteencequiconcernesaréputation,maisaussiconcernantmonagression.

Lorsquenousarrivonschezlui,jesuissurprise,ilstationnedevantunepetitemaison.Jeleregardeinterloquéeetluidemande:

—Nousn’allonspastoutdesuitecheztoi?Jeluidemandedéçue.

—Noussommeschezmoimonlapin!

—J’avaiscomprisque tuavaisunappartement,pasunemaison.PourquoiavoirunemaisonsurPerpignanalorsquetuvisàToulouse?

—J’aihabitéunmomentsurPerpignan.Cettemaisonaétélapremièremaisondemesparents.J’aidetrèsbonssouvenirsici.Lorsquej’aiquittélamaisonfamiliale,mesparentsl’ontvenduepourserapprocherdemoi,maisj’aitoujoursvoulularécupérer,doncavecmonpremiersalaireenPRO,jel’airachetée.

—C’estunebonneraison,situmefaisaisvisiter?

—J’ycomptebien!

Enpénétrantdanslamaison,jesuissurprisededécouvrirunedécorationmoderne.Touslesmurssont blancs, ce qui fait ressortir les quelquesmeubles. L’entrée donne sur un espace de vie assezgrandavecunebellecuisineaméricaine.Jem’avancepourmieuxobserverpendantqu’Estebanmontevisiblementàl’étagedéposernosaffaires.Ilmerejoint,meproposedem’installerafindeboireunverre,ceque j’accepteavecplaisir.Jem’installesurson immensecanapéetattendssagementqu’ilmerejoigne.Ilmeproposeunecoupedechampagneets’installeprèsdemoi.

—Duchampagne?

—Lorsquejeveuxfêterunévènementimportant,c’esttoujoursauchampagne.

—Quefêtons-nous?Jedemandecurieuse.

—«Nous»,justetoietmoi,icichezmoipourunesoiréeetunenuitinoubliable!mesouffle-t-ilenm’embrassantlanuqueduboutdeslèvres.

—Trinquonsdanscecas!Ànousaujourd’hui!

—Etàtouslesjoursàvenir!ajoute-t-iltoutenvenantcognersonverrecontrelemienetenmeregardantavecenvie.

J’approche la coupe de mes lèvres et me retiens de ne pas l’avaler d’une seule traite. Pour lapremièrefoisdemaviejeressensundésirextrêmeenversunhomme.J’aitrèsenviedemelâcheret

deprofiterdececorpsd’athlète,maisj’aibesoind’avoirl’espritclair.Jereposedoncmonverresurlatablebasseetluidemande:

—J’aimeraisquenousparlionsdufameuxsoirdenotrerencontre.

— Oui, une rencontre pas franchement sympathique. J’aurais préféré te rencontrer de manièreplus…«classique»

—Ouimoiaussi,crois-moi!Maisjeremercieledestindet’avoirmissurmonchemin.J’aimeraisrevenir sur mon agression. Aurais-tu remarqué un détail sur cet homme ? Un signe distinctif ?N’importequoi…

—Non,endehorsdelaveste,carj’ailamême,maisd’uneautrecouleur,jenevoispas.Ilportaitunbandanasurlevisage.Jen’aimêmepaspenséàluiretirer.Lorsquejel’aivusurtoiprêtàte…Jen’avaisqu’uneenvie:ledétruire.Jel’aiéjecté,loin,etluiailancéunuppercut.Lorsqu’ilesttombé,jemesuispenchétoutdesuiteverstoipensantl’avoirassommé.Etenmeretournant,ilavaitprislatangente.Pourquoitoutescesquestions,jepensaisquetuvoulaiseffacercetépisodedetamémoire?

—Tuvasmeprendrepourunedingue!jepesteenmefrottantlestempes.

—Non,dis-moi.

Ilmeprendlamain,larecouvredelasienneetmedemandedecontinuer,deluiexpliquercequimetracasse.

—C’estjusteunsentiment.Hier,enraccompagnantPatrick,j’avaisfroid.Ilm’aproposésavestequitrainaitdanssavoiture.Lorsqu’ilmel’atendue,j’aibienfaillim’évanouir.C’étaitlamêmevestequecelledemonagresseur.Toutdumoinscellequirevientsanscessedansmescauchemars.Patrickétaitvraimentencolèredesavoirquej’avaisrencontréquelqu’un…

—Ilaétébrutalenverstoi?

Toutenmeposantlaquestion,ilselèveetcommenceàmarcherautourducanapévisiblementprêtà arracher les yeux de Patrick. Je tente de l’apaiser tout en poursuivant mon explication et luidemandantdevenirserasseoir.

—Non!Iln’aeuaucungestebrusqueenversmoi,cesontsesparolesquim’ontchoquée.

—Quet’a-t-ildit?

—Engros,ilm’aditquejamaisilnelaisseraitunautrehommeme…

—Tequoi?

—Mebaiser!Ilaajoutéquesijenevoulaispasdelui,jen’auraispersonned’autre!

—Mais c’est ungrandmalade ! Jevaism’occuperde luimabelle.Donne-moi sonnomet sonadresse.DèsmonretouràToulouse,j’irailevoiretluidemanderdeneplust’approcher.

—Cen’estpas lapeine. Ilest justeblessé.Jesaisqu’iléprouveencoredessentimentspourmoi

depuis notre rupture et c’est la colère qui l’a fait parler. Seulement, ses paroles sont presquesemblablesàcellesquemonagresseurm’ahurlées.Sesparoles,pluslaveste…C’eststupide,maiscettenuit,j’airêvéquemonagresseurétaitenfaitPatrick.

—Tulepensescapabledet’avoirsuiviejusqu’àParisetd’avoirtentédetevioler?medemande-t-ilavecsérieux.

—NON!Maisjevoulaisenavoirlecœurnet.Jemesuisditquepeut-êtretuauraisremarquéundétailquiauraitpumeconfirmerqu’ils’agissaitd’uninconnu.

—Jesuisdésolédenepast’apporterplusd’aide.Écoutelemieuxseraitdecouperlespontsaveclui;mêmesituasdelapeinepourlui.Ilfinirabienparpasseràautrechose.

—Sûrement…

—Bon,changeonsdesujet!J’aienviequenousprofitionsl’undel’autre.Suis-moi,jevaisnousprépareruntrucpourledîner.

Il se lèveetme tend lamainenme souriant avec sonpetit airmalicieuxquime fait craquer. Jeprendssamain,ilmetiresivitequejemerelèveettombedanssesbras.Jerisaveclui,j’oubliedanslasecondetousmestracaslorsqu’ilposeunemainsurmanuquepuiss’approchejusteassezpourquejeconstatequ’ilestdéjàexcité.Desfrissonsparcourentmoncorps,attisantmondésir.

Je laissemamainlibreremonterdoucementsursontorsepuis laplaceautourdesoncou.Nousnous fixons,nos respirations s’accélèrent, et jen’attendsqu’une seule chose : qu’ilm’embrasse. Ilposesonfrontcontrelemienetinspireprofondément.

—J’aitrèsenviedegoûteràteslèvres.Tumerendsfoudedésir.Maisjesaisquetuveuxparleralorsj’essaiedemecomportercorrectement.

Commeseuleréponseàsaretenue,jeposedélicatementmeslèvressursoncoutoutenremontantdoucementjusqu’àsonlobeetluisouffle:

—Nouspourrionsparlerplustard.luiréponds-jehésitante.

—Tuessûredetoi?

Jedescendslentementmesmainsjusqu’aubasdesontee-shirtetlespassesursontorsemusclé.Ilmefixeetcomprendquejesuisprêteàluicéder.Estebanmesaisitparlataille,ilmesoulèvepourme poser brutalement sur la table du salon. Il m’écarte aussitôt les cuisses pour lui permettre des’approcher auplus près demoi, sonmembre raidepressé contremon entrejambe. Ilm’embrassefiévreusement,nemelaissantd’autrechoixquedemem’offriràlui.

Ilpousseungrognement,amplifiantledésirquim’envahit.Jemecolleàlui,pourmieuxsentirsoncorps,alorsilm’agrippedenouveaupourmesouleverendisant:

—Jeveux faire leschosesà ton rythme. Jepensequ’un litpournotrepremière fois seraitplusagréable.

Jenerépondspasetnichematêtedanssoncou.

—Claire,regarde-moi,m’ordonne-t-ilavecdouceur.

Jerelèvelatêteetleregarde.

—Situnetesenspasprête,jepeuxtereposeretnouspouvonsallerdîner.Nousnesommespasobligés…

—Non,j’enaienvie!C’estjustequ’àlavuedemonexpériencedisons…nulle,j’aipeurdenepastesatisfaire.

—Soisrassuréedanscecas.J’aibienfailliexploserdeplaisirrienqu’entesentanttefrotteràmoi.Jamaisunefemmenem’aexcitéàcepoint.

Ilsetourneafind’ouvriruneporteàlaforcedesondosetnousentronsdanssachambre.Ilmedépose avec douceur sur le lit et reprendma bouche d’assaut. Ilme retiremon chemisier etmonsoutien-gorgesansquej’aieletempsdeprotesterpuiss’éloignelégèrementpouradmirermesseins,lesyeuxnoirsdedésir.Ilm’embrasselanuque,descendjusqu’àmapoitrine,prenduntétondanssabouche, qu’il savoure doucement. Je gémis malgré moi et ondule les hanches pour sentir sonérection.Sesmainssontpartoutsurmoncorps,lorsqu’ilcommenceàdéboutonnermonjeans,jesensle stress m’envahir. Il remonte versma bouche et me souffle deme détendre. Il fait glisser monpantalonenemportantmonstringpar lamêmeoccasion. Ilmeregarde, jeme tortillegênéed’êtrecomplètementnuefaceàlui.Ilretiresonpantalonainsiquesonboxer.Ilprendunpréservatifdanssacommodequ’ildéposesurlelitpuisseplaceànouveauau-dessusdemoi.

Jeperdstoutepatiencequandilsemetànouveauàtitillerunmamelonduboutdesalanguejusqu’àlefairedurcirpendantquesonautremaindescenddangereusementversmonentrejambe.Jegémisànouveauetsoufflesonnomcommeunsupplice.Sanssedéconcentrer,ilmedit:

—Jevaism’occuperdetoi.Nebougepas,laisse-toialler.Jeteprometsd’êtreaussidouxquepossible.

Il est dingue de croire que je vais réussir à rester immobile alors que samain titillemon bas-ventre.Ilinsèredoucementundoigt,jemecambreensoufflantsonnom.J’enfouismesmainsdanssescheveuxpourl’attirerversmabouche.Jenesaispascommentagir,maisjesuissûred’unechose,jen’aipasenviequ’ils’arrête.

Je ne cesse d’onduler les hanches au rythme de ses doigts me pénétrant dans l’espoir qu’ilcomprennequejesuisprêtepourl’étapesuivante.

Ilromptnotrebaiser,medécrocheunsouriremalicieux,alorsqu’ilaccentuesescaresses.Jesenstoutuntasdefrissonsseconcentreràcetendroitmêmeetuneémotionmesubmerger.Sarespirations’accélère,jecriesonnom.

J’ai l’impression que ça dure une éternité. Je suis en train de vivre mon premier orgasmeseulementgrâce à sesmains. Il attrape lepréservatif et l’enfile rapidement avantde sepositionnerentre mes jambes encore tremblantes. Il me regarde, je passe la langue sur mes lèvres, je relèvelégèrement la têtepour apercevoir son impressionnante érection. Ilm’embrasse alors avec fougue

avantdeme laisser,haletante, je remue leshanchespourqu’il continue, car il paraîthésitant.Mongestefinitdeleconvaincre.Unelueurtaquines’allumedanssonregard.Sansunmot,ilmepénètredoucement centimètre par centimètre. Il est dur,mais aussi plus long et plus gros que ce que j’aiconnu. Il me laisse le temps dem’habituer à lui, à cette sensation, il se retire lentement pourmepénétrerànouveauavecunpeuplusdeforce.Jegémisd’unplaisirinconnu,enfinils’enfonceplusprofondément.

Ilresteimmobileenmoietposesonfrontsurmonépaule.

—Tuesvraimentétroite!grogne-t-il.

Jem’agrippeàseshanches,etlepoussecontremoipourqu’ils’introduiseplusprofondément.

—Merde,Claire!Qu’est-cequetufous?Jeneveuxpastefairemal!

Jesuissiprochedel’extasequejemefousd’avoirunpeumal.Ils’activeànouveauetneseretientplus, chacunede sespousséesme rapprocheduplaisir. J’enroulemes jambesautourde sa tailleetm’yaccrochedetoutesmesforces.Jecriesonnomtandisquemonorgasmeinondetoutmoncorps.Estebancontinuedebougerenmoi,sonsexemepénétrantplusprofondémentàchaquecoup.Jeluigriffeledosetluihurledecontinuer,quandilpousseenmoiunedernièrefoisetmemordl’épaule,sesbrastendusau-dessusdemoi.

Doucement,ilseretireetselovesurlecôté,retiresonpréservatifetlenoueavantdelejeterparterre.Ilm’attireversluijusqu’àcequenoussoyonsallongésl’uncontrel’autre.Jamaisjen’auraisimaginé que je serais capable de ressentir de telles choses. Il a été si doux, si concentré surmonplaisir.

Ilmesourit,manifestementaussi satisfaitquemoi. Ilattrapeunemèchedecheveux,et l’enrouleautourdesesdoigtsavantdetirerdessusavecmalice.

—Àquoipenses-tu?Jet’aifaitmal?medemande-t-ilsoudaininquiet.

—Aucontraire.C’était…

—Fantastique!mecoupe-t-il.

—Nonj’allaisdire«orgasmique»!

—C’estfrançais?metaquine-t-il.

—Jenesaispas,maisceladéfinitparfaitementcequejeressens.

Nousrionsensemble.Soudain,jemedemandecombiendefillesonteudroitàsestalentsdeDieudusexeetsij’aivraimentétéàlahauteurdesesanciennesconquêtes.

—Tupensesbeaucouptropmonlapin.Jesensquetonespritestànouveauloindemoi.

—Désolée,jeréfléchissais.

—Etàquoi?

—Àtoietàtonévidenteexpérience«desportenchambre»,dis-jehonteuse.

—Jepensaisévitercesujet,maisjesensquenousn’allonspasycouper.Jenevaispastecacherquej’aieuunecertaineexpérienceenlamatière.J’aieudesaventures,maisjamaisriendesérieux.

—Seloninternet,lenombredetesaventuresesttellementimpressionnantquetunepourrasjamaisterappelerdetouteslesfillesquisontpasséesdanscelit.

—Danscelit,aucuneàparttoi!Écoute,jeteproposederépondreàtoutestesquestions,endehorsdecelitjustement.Jetel’aidit,avectoi,celapourraitêtredifférent,jevaistoutfairepourquetumecroies.Nouspourrionsallerdîneretdiscutertranquillementetunefoislesujetclosjeteramèneraiici,carj’aiencorebeaucoupdechosesàtefairedécouvrir.

Jerougismaiscommeilselève,jen’insistepas.Ilmetendmonstringetmedonneuntee-shirtluiappartenantquej’enfile.Luipassesonboxer,maisrestetorsenupourmonplusgrandplaisir.Nousdescendonsmaindanslamainpournouspréparerunpetitrepas.Jem’occupedenettoyerunesaladependantqu’ilsorttoutpleindechoses,fromages,fruits…

Nousnousinstallonsaubardelacuisine,jecommenceàluiparlerdemesdécouvertessurlenet.De tous ces mannequins à son bras, des articles qui expliquent de quelle manière il a trompé sadernièrepetiteamie.Iln’essaiepasdenier,ilm’assurequ’iln’ajamaisétéinfidèle,cariln’ajamaisétéofficiellementavecaucunedes fillesque l’onpeutvoirdans lapresse.Parcontre, ilavouequebeaucoupontétédesaventuresd’unsoir,maistoutesétaientconscientesqu’ils’agissaituniquementd’uncoupd’unsoir.Ilmedemandeunenouvellefoisdebienvouloirluiaccordermaconfianceetj’acceptemêmesiaufonddemoijerestevigilante.Commepromis,ilmeramènedanssachambreetmefaitsavourerencoreleplaisirdelachair.

À mon réveil le lendemain, je sens mon corps endolori, mais aucun cauchemar n’est venus’infiltrerdansmonsommeil.Saprésencemedétendaupointdemefaireoublierl’expériencelaplustraumatisantedemavie.Jeregardeautourdemoi,Estebann’estplusdanslachambre.Jemelèveetenfilesontee-shirtavantd’alleràsarecherche.Trèsvite,l’odeurducafém’attire,jeletrouvedanslacuisineunplateauàlamain.

—Moiquivoulaisteréveillerdemanièreromantiquec’estraté!medit-ilsouriant.

— Rassure-toi, je trouve cela très romantique, mais comme je suis debout, nous pourrionsdéjeunertouslesdeuxici.

—Bonneidée,installe-toimonlapin.

—Tusais,jenesuispassûred’aimercesurnom.

—Tuvasdevoirt’habituerdanscecas,carmoijel’adore.

—Onverra…

—Çatetenteunebaladeenborddemeraprèslepetitdéjeuner?

—Ohouiavecplaisir!

Jeprofitedecedéjeuner,j’aiunefaimdeloup.Ensuitejefilerapidementsousladoucheetenfilemonjeansquejeretroussepourqu’ilsoitpluscourtafindepouvoirmemouillerlespiedsàlaplage.En récupérant un débardeur dansmon sac, je trouve la nuisette que j’avais prévu de porter, jemeprometsdem’enservirlaprochainefoisquenousseronsànouveautouslesdeuxpourunenuit.

En arrivant à la plage, le temps étantmagnifique elle est peuplée demonde. Esteban enfile unecasquettepourpasserinaperçuetnousnousbaladonsmaindanslamain.

Nousdiscutonsdesesrendez-vousàvenir,ilmedemandedel’accompagneràunévènementpourlasortied’unemontred’unemarquetrèsconnuecesamedi.

—Jenesuispassûrequecesoitunebonneidée.

—Pourquoi?

—Jen’aipasenviedemeretrouversouslesprojecteursettuvasêtresollicitéparlamarquepourêtreprisenphoto…jevaismeretrouversoit tropexposéesoit touteseule,maissurtout trèsmalàl’aise.

—Danscecas,proposeà tescopinesdevenir.EllespourrontaccompagnerSergioetThéoquin’ont pas encore de cavalière. Tout le monde sera gagnant. Vous arriverez après nous, de cettemanièreturesterasincognitofaceauxpaparazzisquirôderonsàl‘extérieur.S’ilteplait,accepte.

—SituessûrqueSergioetThéosontd’accordd’êtreaccompagnésdeCharlotteetJulie?

—Siellessontaussijoliesquetoi,ilsserontplusqueravis!

—Danscecas,j’accepte.

—Parfait!

Jem’empresse d’envoyer unmessage pour prévenir les filles quime répondent à la vitesse del’éclairpardessmileytrèsjoyeux.Nouscontinuonsnotrepromenademaindanslamainlorsqu’unhommeinterpelleEsteban.Unfanl’areconnumalgrélacasquetteetleslunettesdesoleil.Illuisigneunautographeetluidemandedebienvouloirresterdiscretletempsquenouspuissionsrepartirsansencombre.Aprèsunepoignéedemains,Estebanme suggèrede rentrerpour éviterquenousnousretrouvionsenvahisparlesfans.

En rentrant, je luiproposedepréparer ledéjeuner.Son frigoestpleindebonneschoses, cequim’étonne, car il ne vit pas à plein temps dans cettemaison. Après avoir bien vérifié les dates depéremption, je sors des œufs, des lardons et des champignons frais pour lui préparer une mégaomelette accompagnée d’une salade. Il sort deux bières et nous déjeunons tranquillement sur laterrasse enprofitant du soleil.Une fois rassasiés, je sens son regardmepénétrer à nouveau. Je leconnaismaintenantetjesaisqu’ilseretientdenepassejeterànouveausurmoipourmeménager.

Ducoup,jedécidedeprendrelesdevants,jemelèvepourm’installersursesgenoux.Jepassemesdoigtssur lecontourdeses lèvres, toutenne le lâchantpasdesyeux,cequiprovoqueenmoiuneexcitationencoreinconnueàcejour.Lorsqu’ilmemordilleledoigt,jeleretireetlelèchepourvoirsa réaction. Il resserresesmainssurmeshanchesethausse lessourcils,étonnéparmonaudace. Il

approche son visage pour s’emparer de ma bouche et m’embrasse de façon à bien me fairecomprendre qu’il ne s’agit que du début des festivités, ce qui rend une partie de mon anatomie,endormiejusque-là,euphorique.Aumomentoùilselèvepourmeporteràl’intérieur,sontéléphonesonne,ilnedécrochepas,maisjem’écarteetluiconseillederegarderquitentedelejoindre.Ilmereposedoucementetattrapesontéléphonequiretentitànouveau.Ilrépondsèchement,aprèsquelquessecondesjecomprendsqu’ils’agitdesonagentetamiThéo.Ilcoupelaconversationetmeregardedéçu.

—Je suisdésolé,mais jevaisdevoirprendre la routeplus tôtqueprévu. J’ai rendez-vousavecThéopourmoncontratconcernantlafameusenouvellemontre.

—Ahmince…Cen’estpasgrave,letravailavanttout!

—Jesuisnavré,maissijeplanteThéo,jevaisenentendreparlerpendantdesjours.

—Ne t’inquiète pas. J’ai passé une soirée inoubliable et une matinée merveilleuse. Nous nousvoyonssamedi...

— Moi, je pense que je vais avoir du mal à attendre jusque-là. Cette nuit, c’était vraimentincroyable… nous deux, et je compte bien faire en sorte que ça marche, m’assure t-il enm’embrassantsurleboutdunez.

C’estquelquepeufrustréequejerangemesaffaires.Ilmeraccompagne,jeluiproposedemonterpour visiter l’appartement, mais il est déjà près de 14 h et comme il doit impérativement être à17h30à son rendez-vous, il décline l’invitation.Aprèsundernierbaiserpassionné, je le regardepartir.Ducoup, jedécidedem’occuper l’espritetde faire legrand rangementdans l’appartement.Epuiséeparmonnettoyagedeprintemps,aprèsunebonnedouche,jemelaissetombersurlecanapéenattendantl’arrivéedesfilles.Jemeretrouveplongéeànouveaudansceparkingsombre,jecoursàma voiture etme retrouve plaquée sans pouvoir bouger, puismon agresseurme secoue pourmemettrefaceàluietjehurle.

—Claire,Claireréveille-toi!

J’ouvrelesyeux,jevoisCharlotteetJuliedevantmoi,inquiètes.

—Tuasencorefaituncauchemarmabelle.

—Oui,maisvousêtesarrivéesaubonmoment.Jelesrassureententantdesourire,encorefébrile.

—Ilest19h30, jevousproposedenous faire livrer japonais,decettemanière tuvaspouvoirnousparlerdetanuit!Nousvoulonstouslesdétails.

Charlotteappuiebiensurlemot«détails»toutenmesouriant.

—Tuvasdevoirnousparlerdecettesoiréeégalement.IlyaunDress-code?medemandeJulie.

—Aucuneidée,Estebanm’aenvoyéunsmspourmedired’appelersonamiThéopourluidonnernosmensurations.Ilnousferalivrerlestenuesadéquates.

—Précise-luiquejesuisrousse;horsdequestiondeporterdumarronoudel’orangepourmapart.

—Jepensaisquenouspourrionsl’appelerensemble,decettemanièrechacunepourraluidonnersesexigences.

Unedemi-heureplus tard, jeme retrouveassisepar terreavecmesbaguettes, àdégusterde trèsbonssushistoutenracontantmesexploitsavecEsteban.Sansaucunegêne,jedétailletoutcequej’airessenti cette nuit : les frissons, les picotements quime dévoraient jusqu’aux orteils, et surtout lasensationdeplaisirquejen’avaisjamaisréussiàressentiravecPatricklepeudefoisoùnousavionstenté l’expérience. Julie bondit de joie accompagnéeparCharlotte qui tente unedanseplutôt ratée.Ellepointesesbaguettesenfaceetmedit:

—Bienvenuedanslecercledesfemmesquiadorentlesexe!

Nousrions,maisj’essaiedelescalmerlorsquemontéléphonesonne.Jelepointeversellepourleurmontrerqu’ils’agitd’Esteban,ellesricanent,puisfinissentparsetaire.Lorsquejeluiréponds,ilmedemandesi je suisavec les fillesetmepriedemettre lehaut-parleurcar il estavecThéoet ilvoudrait avoir les infos pour nous faire livrer nos tenues dans les temps. Les filles se présententchacune leur tour et lui font part de leur petite exigence de princesse. Théo, quime semble assezfroid,al’airdebienaccrocheravecCharlotte.Aumomentoùjecommenceàvouloirluidonnermataille,ilmecoupeenmedisantquec’estEstebanquisechargedematenue.

—Ouimonlapin,tesmensurationsn’ontplusaucunsecretpourmoi,envoie-moijustetapointureparsmsdanslasoirée.

—OK,jevaistefaireconfiancedanscecas.

Avantquejeneraccroche,ilmeprometdem’appelerdèslelendemainaprèssonentrainement.Lesfillessontplusqueravies.NousdécidonsmêmedepartirpourToulousedès levendredisoiretdepasser la nuit chez mon père afin d’avoir le temps de se faire pouponner le samedi. C’est d’unehumeurtrèsjoyeusequejeparsmecoucherdansl’attentequeleweek-endarriveenfin.

Nous finissonsde charger lavoiture, prêtes àpartir.Les robesont été livréeshier ainsi que leschaussuresetmêmelespochettesassorties.Chacuned’entrenousaprissonaprès-midiafind’éviterlesembouteillagesdefindesemaine.Jen’aipasditàEstebanquejeseraisurplacedèscesoir,carj’aipromisauxfillesuneviréecommeaubonvieux temps.Si j’avaisprévenuEsteban, jen’auraispaspurefuserdeluiaccordermasoirée.Lorsquej’expliqueauxfillesmonpetitmensonge,Juliemeprévientqu’il risquedemal leprendreetCharlottemeposeunequestionà laquelle jen’avaispaspensée.

—Ilmesemblequ’unevoituredevaitvenirnousrécupéreràPerpignandemainendébutd’après-midi.Commentcomptes-tuluiexpliquerqu’ildoitvenirnousrécupéreràToulouse,finalement?

—J’avaiscomplètementoubliécettehistoiredevoiture!

—OK,bon«SuperJulie»àlarescousse!Tuvasattendrequenoussoyonssagementinstalléesdansnotrebarfétiche,commeaubonvieuxtemps,etàcemoment-làtuluienvoiesunmessage,tuluidisquenousavonschangéd’avisetquenoussommesàToulouse…Commecelacesera troptardpourchangernosplans,nousseronsdéjàsurplace.

—Ets’ilmedemandeoùjesuispournousrejoindre?

—Bahtuluidisdevenirnousrejoindreàl’UBUCLUB,maisuniquements’ilvientavecnosfuturscavalierspourquel’onpuissefaireconnaissance.

—Bon,tonplanesttrèsfourbe.Maiscommejen’aipasdemeilleureidée,jeprends!

Nousarrivonschezmonpèrevers17h.Aprèsnousêtre toutesprélasséesaubordde lapiscinependant une petite heure, chacune se prépare pour passer la soirée entre filles. Julie et Charlottes’éclipsentpourquejepuisseprofiterd’unrepasfamilialetnousnousdonnonsrendez-vousà21h.J’appréciecepetitmomententêteàtêteavecmonpèreetAnnie,mêmesijecommenceàmesentirmal à l’aise face àmonpèrequimeharcèledequestions au sujetd’Esteban.Pourquoin’est-il pasvenu ? Comment va-t-il ? Suis-je amoureuse de lui ? etc, etc… J’ai beau lui expliquer que notrehistoire est très récente, que je ne suis donc pas amoureuse et qu’il ne va pas m’accompagner àchacunedemesvisites,ilneperdpasespoirdevoirsafilleengranderobeblancheaubrasdesonjoueurderugbypréféré.

Jeluiexpliqueque,mêmesijesuissoussoncharme,lefaitqu’ilsoittrèsexposémédiatiquementmedérange.

—Pourquoicelatedérange?

—Jen’aipasenviedemeretrouverdanslaunedesmagazines!

—Sivotrehistoirefonctionne,celarisquedeseproduiremachérie,renchéritAnnie.

—Ça,c’étaitlerêvedemamère,paslemien.Laviedestarlette,jen’enveuxpas!réponds-jeunpeutropfroidement.

—Rêvequ’elleestpartieréaliser.Écoute,netepréoccupepasdesjournalistes,Estebandoitavoirl’habitudedegérerlapresse.

—Jepensequ’ils’enmoque,vutouslestorchonsquicomposentleurfonddecommerce.

—J’aimeraisquenousparlionsdetamère,etdesadécisiondepartirvivresonrêvedecélébrité,j’aideschosesàtedire,medit-ill’airembarrassé.

—Écoute,neleprendpasmal,maiscelafaitunmomentquejeconsidèrenepasavoirdemère.Mafamillec’estAnnie,toietlesfilles.

—Tunelepensespas,machérie.

—Lesujetestclos!

Jemelèvepourluifairecomprendrequejenedésirepasparlerd’elle,jevaismebrosserlesdents

etarrangermonmaquillagepourlasoirée.Lorsquelesfillesarriventjemesenstoujoursunpeuencolère.Àchaquefois,quejepenseàmamère,jemesensfurieuse.

Petitejemesuissentiecoupable,j’ailongtempspenséquej’étaisuneméchantepetitefilleetquec’étaitlaraisonquil’avaitdécidéeàpartirsansseretourner,maisaujourd’huijeneressensquedelahaineenverscettefemmequiapréférélesstrassetlespaillettesàsafamille.Heureusementlesfillesarriventetmesortentdemacolère.Enarrivantà l’UBUCLUB,j’envoieunsmsàEstebancommeconseilléparJulieetsonsuperplan.

«Coucou.

Petitchangementdeprogramme.Aveclesfillesnoussommesàl’UBUCLUB.

Jesuisarrivéeenfind’après-midi.

Bises,àdemain.»

Nouscommandonsnoscocktailsetjen’arrêtepasdefixermontéléphone,maisaucuneréponseàl’horizon.Deuxoptionssoitilesttrèsoccupé,soitilestencolère.AprèsnotretroisièmetournéedeMojito fraise, je commence à sentir l’effet de l’alcoolme submerger. Julie etmoi commençons àdanseraurythmedestubesdesannées80.Charlottenousobserveamuséemaisd’uncoupjelavoisme faire une sorte de grimace buccale vraiment bizarre. Jeme retourne et tombe nez à nez avecEsteban,ThéoetSergio.ÀlavueduregardfroidquemejetteEsteban,jeprésumequemonsmsnelui a pas plu du tout. En revanche, Théo et Sergio eux ont l’air très heureux. Charlotte et Julieprennent les choses enmains, elles seprésentent auxgarçonspendantqu’il continue àm’observeravecdureté.J’avanced’unpasafindepouvoirluiparlerettenteuneapprochesurletondel’humour.

—Quellejoliesurprise!Jesuiscontentequetusoisvenu.

—J’endoute.Situavaisenviedemevoir,tonsmsauraitdit«rejoins-moi»etpas«àdemain».

—Euh…Jenevoulais pas t’obliger à changer tesplanspourmoi. Jen’étais pas censée être làaujourd’huialors…

—Alors laprochaine fois,préviensavantd’êtredansunPubbourrédecélibatairesprêts à toutpourbaiser.Je t’aiditquejevoulais teprouverquejesuisunmecsérieux,mais j’attendsdetoi lamêmechose,medit-ilmâchoireserrée.

—Jesuisjustevenueboireunverreaveclesfillescommenousavionsl’habitudedelefaire.Jenefaisaisriendemal.

—Tamanièrededanserétaitplutôtsexypourquelqu’unquiadéjàunhommedanssavie…

Sergio lui donne une tape sur l’épaule et le regarde comme pour lui signifier qu’il devrait sedétendre. Juliequi craquepour«moisd’avril», commenous le surnommons, s’approcheetnoussourit,ilosemêmes’adresseràEstebanquiatoujourslevisagefermé.

— Bonsoir Esteban. Charlotte et moi nous sommes désolées ! Nous avions vraiment envie depasserunesoiréecommenouslefaisionsavantdedéménager.Ellevoulaitteprévenirplustôt,mais

nousn’avonspasarrêtéuneseuleminute.

Illaregardeetluisourittoutenluifaisantlabisepourluidirebonsoir.Commerencontreavecnosamisrespectifs,c’estunpeufroid.Iln’aencorejamaisrencontrélesfillesetj’auraispréféréquecelasepassemieux.Jeveuxbienadmettrequejesuisfautive,maisilyvaunpeuforttoutdemême.Aprèsavoirsaluélesfilles,ilrevientàmescôtés,passesonbrasautourdemeshanchesetm’embrasselanuque.Mêmesinousn’avonspaseu l’occasiondediscuter, l’ambiancesemblesedétendre.Sergion’arrêtepasde fairedugringueàJulieetThéosemblebeaucoupapprécierCharlotte.Versminuit,nous décidons de quitter le club. Théo nous propose un dernier verre chez lui et nous acceptons.Commenousavionsprisuntaxipourvenirauclub;sachantquenousallionsboiredel’alcool,lesfillesmontentenvoituresavecThéoetSergiotandisqu’Estebanmepousseverslasienne.

J’aitrèsenviedeluihurlerqu’iln’aaucundroitd’êtreencolèrecontremoi,maiscommejesuistoutsaufcegenredefilleetquej’aiplutôtl’habituded’arrondirlesangles,jemetourneversluiquiresteconcentrésursaroute:

—Jesuisdésolée.J’auraisdût’avertirplustôt.

—Effectivement ! Tu n’avais pas envie de passer la nuit chezmoi ?me demande-t-il sansmeregarder.

—Non, enfin si j’ai très envie de dormir à nouveau dans tes bras,mais j’avais envie de faireplaisirauxfillesetàmonpèreparlamêmeoccasion.Jesavaisquenouspasserionslanuitsuivanteensemblealors…

—Danscecas,tuavaisjusteàmedirecequetuviensdem’avoueretj’auraisbienprislachose.Jesuispossessif,maispaségoïste.

Ils’arrêtedevantuneimmensevilla,etsortdelavoiture.Jesorsàmontour,jemeretrouvecontrelavoitureplaquéeautorsed’Esteban.Noslèvressefrôlent,maisilnem’embrassepas.Alorsjeluidemande:

—Jesuispardonnée?

Ilnemerépondpas,maism’embrasseavecpassion.Jemecramponneàsesbrasmusclés, jemesensdéjàfondrededésir.

Il pourraitme prendremaintenant contre la voiture que je ne le repousserais pas, d’ailleurs sesmainscommencentàsebaladerunpeuaumomentoùSergionousinterrompt.

—Ilyadeshôtelspourçamonpote.Toi,tuasenviedeteretrouverdansGalademain!

Affolée,jeregardeautourdemoipourêtresûrequepersonnenenousavusmaisEstebanricaneetmerassureenm’expliquantqu’iln’estpasunestarquel’onpoursuit.Laplupartdesjournalistesontl’habituded’enprofiterdanslessoiréesauxquellesilparticipe,maisilesttrèsrarequ’ilsoitsuiviparlespaparazzis,mêmes’ilresteuneciblefacile.Jesuisunpeusoulagée.Nouspassonsunbonmomenttousensemblesavantqu’Estebannenousdéposechezmonpèrequelquesheuresplustard.

Lelendemain,nousnouslevonsvers10h00carlamanucureetlecoiffeurn’attendentpas.Nous

profitonsde la journéepournousfairepomponner :épilation,maquillageetcoiffure.Estebanm’aenvoyéunmessagepourmeprévenirqu’unevoiturepasseraitnousrécupérerchezmonpèreà19h00avecnosinvitations.Commepromis,nouslesrejoindronsdirectementàl’intérieurafind’éviterlesphotographesquiattendentlesVIPpourlesaveuglerdeleursflashs.Lesfillessontraviesdeleursrobes,Julieestsublimedanssonfourreaubleuroi,toutelapartieduhautestendentelleetlarobeluivaàmerveille.Charlotten’estpasenreste,elleporteunerobeverte trèsprèsducorps,maisaussitrèssexy,elleestattachéeauniveauducouetsondosestcomplètementnu.J’ail’impressiond’avoirfaceàmoideuxmannequins.Estebanm’achoisiunerobecouleurchair;elleestassezprèsducorpscomme une seconde peau et retombe jusqu’au sol. Elle n’est ni décolleté devant ni derrière, lesencoluressontparseméesdestrassetc’estlaseuleindicationpourconfirmerquejeportebienunerobe.Lacouleurest identiqueà larobeque jeportais lesoirdenotrerencontre,maisc’est leseulpoint commun. Enme regardant dans lemiroir, jeme trouve vraiment belle et différente, un peufemme fatale même. Je suis contente d’avoir opté pour un chignon haut avec quelques mèchesrebelles,carcelametvraimentenvaleurlarobe.Monpèrenousregardearriverdanslasalleavecémerveillement.

—Vous êtes splendides !Déjà que vousm’avez toujours fait penser auxdrôles de dames,maismaintenantc’estunecertitude.IlnemanquequeCharlie.

—Charlie?demandeAnnieinterloquée.

Et nous répondons en chœur, « Charlie et ses drôles de dames » tout en riant.Mon père nousinforme que la limousine nous attend. Nous nous regardons en disant à nouveau en chœur « unelimousine!!!»etnousnousprécipitonspourregarderàl’entréeoùunchauffeurnousattenddevantunemagnifiquelimousinenoire.Monpèreinsistepournousprendreenphotosavantdenouslaisserpartir. J’envoie unmessage àEsteban accompagné d’un selfie de Julie,Charlotte etmoi installéesdanslalimousine.

«Mercipourtout.

J’ail’impressiond’êtreuneStardecinéma.

Hâtedeteretrouver.»

Ilmerépondqu’ilssontsurlarouteetqu’ilsnoustrouventtrèsbelles.Lalimousinenousdéposedevantl’entréedesinvités.Ensortant,nousapercevonsletapisrougeetjerepèreEstebanetSergioqui se prêtent aux jeux des photographes, ils posent tous les deux. Théo est à quelquesmètres enpleineconversationavecunejeunefemmequideloinàl’airvraimenttrèsbelle.

Jedemandeauxfillessiellesl’ontdéjàvuequelquepartetCharlotte,quiestuneproen«people»,nousexpliquequ’ils’agitd’uneactriced’unenouvellesériequimarchedutonnerre.Elles’approchedesgarçonsetposeàleurscôtés,unemainsurletorsedeMONmec.Jeresteplantéeàregarderlespectacle, je commence à sentir la colère m’envahir et Esteban croise mon regard. Les fillesm’attrapentchacuneunbrasetmepoussentversl’entrée.

—Arrêtedelefusillerduregarddecettemanière,ilnefaitriendemal,meditJulietoutenmefrottantlebraspourmedétendre.

—Ilsontl’airdebienseconnaître.jeremarqueagacée.

—Écoutemonlapin, je luisuis trèsreconnaissantedet’avoirsauvéed’uncingléàParisetpourcettesoirée,maisjetel’aiditetjetelerépète:EstebanDuvalestuncoureur!Etcettefille,dontjen’arrivepasàmeremettrelenom,adéjàfaitlauneàsonbras.Sijemesouviensbien,ilsonteuuneaventureilypeudetemps,nousexpliqueCharlotte.

—Pourquoim’a-t-ilinvitéedanscecas?

—Cartuluiplais!N’écoutepascettemégère,jesuispersuadéequ’ilvatoutt’expliquer.Ilabienvuquenousétionslà.Allez,cesoir,nousprofitonsdelasoirée.Moi,jevousledis,cesoirjerentreau bras de mon cavalier. Regardez comme il est beau « AVRIL », je sens déjà ma petite culottes’enflammer…

—Arrête, jeneveux rienentendre !Etarrêtede l’appeler«Avril», il s’appelleSergio ! je luiordonneenriant.

—Sansblague!Dommage«avril»luivaàravir.

Juliearéussiàmefaireoubliermacolère.Nousrionstoutenpénétrantdanslasallederéceptionauxdimensionsimpressionnantes.Ilyadescentainesdetablesrondespourledîneretsurchacuned’elleunemontredansunesphèreenverre.

LepremierdenoscavaliersànousrejoindreestThéo.Ilnoussalueetnouscomplimentesurnostenues.IlsemblevraimentcraquerpourCharlotte,maisrestetoujoursassezfroidvis-à-visdemoi.Ilnous avertit que les garçons arrivent,mais ne fait aucune remarque concernant la séance photo àlaquelle j’ai dû assistermalgrémoi. Il nous propose une coupe de champagne aumoment où unserveur passe. Nous trinquons à cette soirée ; Théo parle à l’oreille de Charlotte, ce qui la fairerougir,Julieetmoinousregardonsensouriant,puisjeluidisquejepensequeCharlotterisquedenepasrentrerseule.SergioetEstebanfinissentparentrerdans lasalleet,pourmongrandplaisir, ilssontseuls.Ens’approchantdenous,Estebanmesourit,maissemblesursesgardes.

—Waouh,vousêtesdivinesmesdames,maisjedoisdirequelaplusbellerestemacavalière,nousditSergiotoutenenveloppantJulieparlataille.

Cequi la fait rougir.Je les regarde tourà touretc’est lapremièrefoisque jevoismescopinestimidesfaceàdeshommes.J’enconclusquechacuned’entreellesaenfintrouvéunmecquileurfaitvraiment de l’effet. Esteban s’approche doucement et m’embrasse délicatement, tout en me disantqu’ilmetrouvevraimentbelle.Jesourislégèrement,maislecœurn’yestpas.Ilmeprenddanssesbrasetmeparledoucementàl’abridesoreillesindiscrètes:

—Le bénéfice du doute ! Tu te souviens ? Ce n’était que des photos avec une amie. Celle quej’avaisenvied’avoirprèsdemoi,c’étaittoi!

—Amieouexpetiteamie?Jeluidemandetentantdecachermesincertitudes.

Ilm’attrapelanuqueetmesourit.

—J’adorevoirquetuesjalouse.Celaveutdirequetutiensdéjàà«NOUS»!

Ilm’embrassesansmelaisserletempsdeluirépondre.Sonbaiserrestechaste,maisjesensson

désirsefrotterauniveaudemahanche.Jetentedemereculer,maisilm’enempêche.

—Nebougepass’ilteplaîtsinonjevaismeretrouverenmauvaiseposture.Jen’aipasenviequetoutlemondepuissevoiràquelpointtum’excites.

—OK,jenebougepas,maisrépondsàmaquestion.

—Jenediraispasqu’elleaétéuneexpetiteamie.Disons justequenousavonspasséensemblequelques moments intimes. Voilà, maintenant que je t’ai répondu, nous pourrions profiter de lasoirée?Jeterappellequec’estàtoiquej’aidemandédevenir.Jepeuxcomprendrequel’épisodedela photo t’ait agacée,mais je n’avais prévuqu’elle vienne se frotter àmoi et je ne pouvais pas larepousserdevanttouslesphotographes.

—Donc,jevaissouventdevoirsupportercegenredechoses?

—Laprochainefoisacceptedeveniràmonbras!Nousofficialiseronsnotrerelationetjen’auraisplusàaccepterdeposeravecd’autresfemmes!

—Jeneveuxpasêtreexposée…

—Alorsnemereprochepascequis’estpassétoutàl’heure.Maintenantsourisetembrasse-moi.

Jeluisouris,carilaraison,iln’arienfaitdemaletjen’aipasledroitdeluireprochersonpassé.Dumomentqu’ellenes’approchepasdeluienmaprésence,jedevraispouvoirgérerlasituation.Jedéposeunbaiserdepaix sur sa joueet lui souriscette foisavecsincérité. Ilmesouffleà l’oreillequ’ilmetrouvesublime,maisqu’ilatrèsenviedemeretirermarobe.Jem’empourpreàmontourenl’imaginantlaretirerdoucementtoutenm’embrassanttouteslesparcellesdemoncorps.

—Aquoipenses-tumonlapin?

—Ahrien,luiréponds-jeentournantlatêteverslesfillesquirientavecleurscavaliers.

—Menteuse!medit-ild’unclind’œil.

Jeluitirelalanguecommeuneenfant.Ilmeprendlamainetnousnousjoignonsànosamis.Nousnousinstallonsànotretableetuncouples’installeàcôtédenous.Àmagrandesurprise,ils’agitdeSébastienetd’unemagnifiqueblonde. Ilnoussalue tous,mais j’aimalgré tout leprivilèged’avoirdroit à une accolade amicale. Nous discutons et rions tous, je me sens à mon aise, car aucunphotographe n’a fait son apparition.À la fin du repas, ils annoncent une animation de ventes auxenchères.Théonousexpliquequechacunedesmontresquitrôneaucentredestablesvontêtremiseauxenchèresetquetouslesbénéficesirontàdesassociationsdédiéesauxenfants.Jesuisfrustréedenepouvoir enrichir,mais les enchères commencent toutes à10000€et jen’aipas lesmoyensdemiser une telle somme. Les garçons eux s’en donnent à cœur joie et entre les quatre hommesséduisantsquisetrouventàcettetable,lecombatestserréetlesenchèresgrimpentvite.Vers1hdumatin,nousdécidonsderentrer.

Pour le plus grand plaisir de Julie, Sergio lui propose un dernier verre en tête à tête qu’elles’empressed’accepteretThéoproposeàCharlottedelaraccompagnerenlaprenantparlebras.Ellesetourneetmefaitunclind’œiletjecomprendsqu’ellenonplusnevapasrentrerdormirchezmon

père.

Estebandonnesonticketauvoiturierquipartrécupérersavoitureetnousl’attendons.Jesuissurmonpetitnuage,enveloppéedanssesbrasmusclés,ilsepencheetmesouffledespromessespourlanuitquim’émoustille.LevoiturierarriveetdonnelesclefsàEsteban,avantdemelâcher,ils’emparedemeslèvresetsonbaisern’aplusriendechaste,ilestprofondetpleindepromessesmaisunflashinterrompt ce moment d’intimité. Nous regardons autour de nous, mais ne voyons personne. Ilm’ouvrelaporteetnousrentronsenfin.

Enarrivant,jenegardepasmarobebienlongtemps.Commepromisplustôtdanslasoirée,ilmelaretireavecdélicatessetoutenmeparsemantdebaiser.Ilmeconduitensuiteàsachambreetmefaitl’amouravecunelenteurinsoutenable.Jefinisparm’endormirdanssesbrassatisfaiteetheureuse.

Malgrémesinquiétudesfaceàsacélébritéetà l’expositiondont jepourraisêtrevictime, jesensmon cœur fondre face à cet homme charismatique et beau comme un dieu. En me réveillant lelendemain matin, je prends le temps de l’admirer, il a l’air beaucoup plus jeune. Lui quihabituellementm’intimidebeaucoup, jemémorisechaqueparcelledesoncorpssiparfaiteet jemefaisprendreenflagrantdélitlorsqu’ilouvrelesyeux.

—Vousmereluquezdefaçontrèssexychèredemoiselle.

—J’avoue,jeprofitaisdupaysage.

—Surtoutnetegênepas,jesuistoutàtoi,metaquine-t-iltoutencommençantàmecaresserdesesmainsexpertes.

Ilcontinuesonexplorationetglissesamainsousledrap, toutprèsdemonintimitédéjàhumided’excitation. Je n’éprouve plus aucune gêne. Ses caressesmemettent au supplice, je risque demeliquéfierdedésiravantmêmedepasserauxchosessérieuses.

Estebangémitcontremonoreillequandileffleuredudoigtlesreplisdemonsexehumide.Jemecontracte instinctivement, comme pour l’inviter à l’introduire en moi. Mon désir est si fort quej’entendsmoncœurbattreàmestempes.Jelaisseéchapperunpetitgrognementdefrustrationquandilretiresoudainsamainetlaporteàsabouchesondoigtcouvertdemessécrétions.

Les yeux mi-clos, il pousse un grognement de satisfaction en le léchant à seulement quelquescentimètresdemabouche.Jepasselalanguesurmeslèvres,cequilefaitsourire.Ilneluienfautpaspluspourattraperunpréservatifetsepositionnerau-dessusdemoi.

—Jemeursd’enviedeteprendre.Jeveuxtevoirteconsumerdeplaisirettefairel’amoursifortquetuaurasdumalàmarcherdemain.

Je frémisà soncontact. Il sepencheau-dessusdemoietposesesmainsdechaquecôtédemonvisage,puisilpoussedupiedl’intérieurdemescuissespourmefaireécarterlesjambes.Sansplusattendre,ildéchirel’emballagedupréservatif.Sansajouterunmot,ilentreenmoi,sibrusquementquej’enailesoufflecoupé.Jememordslalèvrepournepascrier,maisungémissementm’échappe.Il commence ses va-et-vient brutaux et rapides, fidèle à sa promesse. Jeme penche en avant pourplaquermabouchesursontorse.

Mon corps tout entier commence à trembler d’extase. Jeme trouve à la limite de la jouissance.Estebandescendsamainjusqu’àmonclitorisqu’ilsemetàcaresservigoureusement.

À peine son doigt a-t-il effleurémon point sensible que j’explose. Les parois demon vagin secontractentautourdeluietjeplantemesonglesdanssondos,jecriemonplaisiralorsqu’ildonneunderniercoupdereins.Ilsepencheenavant,larespirationaussihaletantequelamienne,etpousseunlonggrognementtoutencontinuantàondulerdubassinpouraccompagnerlesderniersspasmesdenos orgasmes. Ilme faut une bonne dizaine deminutes pour reprendremes esprits. Le téléphoned’Estebansonneet ils’excuseavantderépondre.Il froncelessourcilsetse lèvepourcontinuersaconversation, j’enprofitepour explorer lespièces enveloppéedansmondrapet trouve la salledebain. Jeprendsunedoucherapide, jeet luiempruntesonpeignoir.Lorsqu’ilmerejointànouveaudanslachambre, ilmetendunsachetavecdesvêtementsàmataille.Ilm’informequenousallonsrejoindrelesfillesquionttoutesdeuxpasserlanuitavecleurscavaliers.Jeris,l’embrasseetcoursm’habiller,maisvisiblementEstebanaperdusonsourire.Malgrémonenviedeluidemandercequilecontrarie,jedécidedenepasfairemafilleetdelelaisserveniràmoiquandill’auradécidé.

Nous rejoignons les filles qui ont le même air de satisfaction que le mien. Nous déjeunonsrapidement,maisCharlottenousrappellequenousdevonsrepasserchezmonpèreavantdereprendrela routepourPerpignan.Sergioseproposedenousramener,carEstebanetThéodoiventdiscuter.Charlotteetmoiembrassonsnosapollonsavantdelesquitter.Unefoisarrivéeschezmonpère,nousnousdépêchonsderangernosaffairesetprenonslaroute.JeprometsàAnnieetpapaderevenirtrèsvitelesvoir.

Durantleretour,nousnousracontonsnosnuitsetjesuisheureused’apprendrequ’ellesonttoutesdeuxdécidéderesterencontactavec lesgarçons.J’espèresecrètementquenouspourrionsformerunebellebanded’amoureuxtransis.Juliedécided’allerexplorersurinternetpourvoirsicertainesphotossontdéjà sur lenetespérant se retrouverà launede lapresseaubrasdeSergio.Maisellepousseuncrienregardantsontéléphone.

—OhputaindebordeldeMerde!Clairetuessurinternet!

—Quoi?Jehurledestupéfaction.

Ellemetendsontéléphoneet jevoisunephotod’Estebanetmoidanslesbrasl’undel’autreenpleineséancedebécotageenflammée.Etlegrostitreendessousdit:Lanouvellemaîtressed’EstebanDuval.

—Maîtresse?Ilsmeprennentpoursamaîtresse.

Jesuisdésespérée.Jemeretrouvesur lenet.Lepirec’estqu’ilyabeaucoupd’autresphotosoùl’on nous voit clairement main dans la main dans la salle. Moi qui étais persuadée que lesphotographesnesetrouvaientqu’àl’extérieur,jen’aimêmepasvuquel’onnousprenaitenphotos.Maplusgrandepeurdevientréelle.Jeneveuxpasêtreexposée;mamère,elle,seraitauxanges,maisjenesuispasmamère.Enarrivantàl’appartement,aucunedenousneremetlesujetsurlatable,maislorsquemontéléphonesonne,jedécidedenepasrépondre.Charlottemeconseillederépondre,carilrisquededébarquersijedécidedel’ignorer.Jedécided’allermecoucheretj’écoutelesconseilsdesfillesetluienvoieunmessage.

«Jesuisbienarrivée.

Jevaismecoucher,jesuisépuisée.

Jet’embrasse.»

Ilmerépond:

«Tumemanquesdéjà.

Jet’appelledemain,j’aibesoindeteparler.Nepaniquepasetévitelesjournaux.

Jesuisbloquécettesemaine,mais,tonweek-endm’appartient.»

Je ne réponds pas et repose mon téléphone. Il n’a rien fait de mal et je sens que je suis déjàamoureusedecethomme,maisjeneveuxpasdecettevieoùtousmesfaitsetgestesserontexposésdanslapresse.Jeneveuxpasquemamèretombesurundecesarticlesetdécidederevenirversmoijusteàcausedecetteexpositionmédiatiquequ’ellea toujoursvouluavoir. Jen’aiaucunenouvelledepuis10ansetjeneveuxplusjamaisenavoir.

Comme chaque nuit sans Esteban, je me réveille en sursaut à cause du même cauchemar quim’habitedepuisplusdedeuxmoismaintenant.Jemelèveetmepréparepourdémarrerunenouvellesemaine.Lesphotosd’Estebanetmoioccupent toutesmespensées.Enm’installantàmonposte, jen’aiaucuneenviedememettreàtravailler.Jeconsultemesmailspourm’organiser,maisunmessagedeMonsieurServalattiremonattention.

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De:Serval

À:ClaireGarnier

Sujet:URGENT!

Mercidevenirmevoirdèsquevousserezarrivée.

MonsieurServal

Directeurévènementiel

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A lavuede l’objet, je décided’aller le voir sur le champ. Je toque à saporte et ilmehurleun«ENTREZ»toutsaufsympathique.J’entredanslebureauetilmeregardeavecfureur.

Ilnemelaissemêmepasletempsdem’installerquedéjàilcommenceàmedemandersij’aipasséunbonweek-end,maisvuletonqu’ilemploie,jedevinequ’ilnes’agitpasd’unequestionanodine.Jedécidedejouerl’ignoranteetluirépondsunsimple«merci,j’aipasséunbonweek-end».

— Je m’en doute Mademoiselle Garnier. D’ailleurs tous les fans de rugby ou de la presse àscandalenedoutentquevotreweek-endfutplusque«Bon»,melance-t-ilavecsarcasme.

— Je ne comprends pas Monsieur Serval. Vous m’avez convoquée pour me parler de ma vieprivée?

—Vieprivée?Vousêtestrèsdrôlemachère.J’aimeraiseffectivementquevotrevieprivéeresteprivée.Voussavez,danscemilieu, toutva trèsvite.J’aidéjà reçu troisappelsde journalistespouravoirdesinformationssurvous!

—Commentont-ilssuoùjetravailleetquijesuis?

—Aucune idée et ce n’est pasmonproblème.Quelqu’un a dû vous reconnaître et les contacterpourdévoilervotreidentité…Bref!Leproblèmec’estquemaintenantqu’ilsontdécouvertquevoustravailliezcheznous,nousrisquonsd’êtreenvahisdejournalistes,etcelajenepeuxl’accepter.

—Jesuisvraimentdésolée.Jenesavaispasquej’avaisétéphotographiée,luiréponds-jestressée.

—Jemecontrefichedevosexcuses!mehurle-t-il.Leplusimportantpourmoi,c’estl’agence.Jevoulaisvousretirerledossier,maisnotreclientatenuàvouslelaisser.Donc,vousallezprendretoutcedontvousavezbesoinetvousalleztravailleràdistancecettesemaine,letempsquelespaparazzisselassentderetrouverlanouvelle«greluche»denotrestarderugby.

—Jenesuispasunegreluche.

—Oui,doncdépêchez-vousdeprendrevosaffairesetderentrerchezvous.

—Trèsbien.

Jeme lève auxbordsdes larmes et retourne àmonposte récupérermes affaires ainsi quemondossier«Marrakech».Enarrivantàl’appartement,jem’écroulesurmonlitetlaisseleslarmesdecette humiliation couler à torrent. J’appelle mon père pour vérifier qu’ils ne sont pas venusl’importuner,maisilmerassureenm’expliquantqu’iln’aeuaucunevisite.Ilmeconseilled’ailleursdevenirmeréfugierchezlui,commeapparemmentilsontdécouvertmonlieudetravail,ilsrisquentdemecherchersurPerpignan.J’acceptesonoffreetpréparerapidementmavalise.J’appellelesfillespourlesavertiretleurdemandedenepasdireàThéoetSergiooùjemetrouve,carjeneveuxpasqu’ilspréviennentEsteban.

Horsdequestiondelevoirdébarquerchezmonpère,ilrisqued’êtreplussurveilléétantlaproiedesjournalistes,jeneveuxpasêtremêléeàcettefolie.Ellesmepromettentdetenirleurlangueetmefontpromettredeleurdonnerrapidementdesnouvelles.Jeleurdemandedefairelamêmechoseetdemeprévenirsiellessontimportunéesdeleurcôté.

Pendantletrajet,jereçoisplusieursappelsd’Estebanquejedécided’ignorerpourlemoment.Jen’ai pas encore eu le tempsde réfléchir à lamanièrede lui expliquerque,malgrémes sentimentspour lui, nous n’allons pas pouvoir continuer à nous voir. Je vois deux raisons aujourd’hui pouroubliercethomme.Lapremièrec’estquejecrainsdevoirmamèredébarquer lesyeuxbrillantsàl’idéed’êtresouslesfeuxdesprojecteursgrâceàmanouvellenotoriété,etladeuxièmec’estquejeneveuxpasperdremontravail,sousprétextequejefréquenteunjoueurderugbyquiesttrèsexposé.

Apeinearrivéedevantchezmonpèrequedéjà je lesvoisaccourirpourm’aideràdécharger lavoiture.

—Allezmachérie, entre,Arnaudva récupérer tes affaires etmoi jevais tedorloter,mecajoleAnnie.

—Merci,vousêtesdesamours.J’aibienbesoindemefairechouchouter.Jemesensunpeuàfleurdepeaudepuishiersoir.

Nousentronsetnousinstallonsdanslesalon.Anniemeprenddanssesbrasetmeditquejedevraisêtreflattéed’êtreunestaretilnem’enfautpaspluspourfondreenlarmes.Monpèrearriveetmeprenddanssesbras.Ilnecomprendpasmaréaction,ilmeditqu’ilsaisitquejepuisseêtrecontrariée,maisqueceladevaitforcémentarriveravecunsportifcommeEstebanquiesttrèsmédiatisépoursonrôledansl’équipe,maisaussipourtouteslespublicitésdanslesquellesilapparaît.

—Jesuisconscientequ’ilestunpersonnagepublic,maismoijeveuxresterinvisible.

—Tu n’as jamais été invisiblema chérie.D’ailleurs, la preuve, tu as réussi à faire chavirer lebourreaudescœursleplusconvoitédel’année,ajouteAnnie.

Jenerépondspasdesuite,maisdécidefinalementd’entamerlesujetquim’angoisseleplus.

—Papa,tupensesquemamanpourraitlirecegenred’article?Jeneveuxpasavoiraffaireàelle!Si elle pense que je suis devenue quelqu’un de connu, elle va vouloir se rapprocher demoi pourprofiterdecettenotoriété?

—Écoute, je pense que tamère a pris la pire des décisions lorsque tu étais petite,mais je saisqu’ellet’aime.Jevoulaist’enparlerladernièrefois,maisilyaquelquesannéesellearepriscontact,ellevoulaitterevoir,maisj’airefusé.Jesuisdésolédetel’avoircaché,maisnousvenionsdedéciderdenousinstalleràToulouseetjenevoulaispasqu’elleviennet’embrouillerlesidéesavecdefaussespromesses.Toutcelapourdireque,mêmesiaujourd’huiellereprendlecontact,ceneserapasquepour profiter de cette engouement autour de toi, mais peut-être vraiment pour rattraper le tempsperdu.

— Je ne t’en veux pas, de toute manière, je n’aurais pas accepté de la revoir. Elle nous aabandonnéspourcouriraprèslacélébrité.J’étaissapetitefilleBORDEL!Siaujourd’hui,elletentedeme recontacter, jene le supporteraispas.C’est trop tard,pourmoi,mamèreestmorte lorsquej’avais10ans.

—Calmetoimachérie.Tueseffrayéepartoutecettehistoireet,mêmesijenefaispartiedevotreviequedepuis5ans,j’arriveàimaginerlasouffrancequevousavezdûressentiràsondépart,maisne sois pas si catégorique. Dans une semaine tout ceci sera du passé. Vous pourrez en rire… Enattendant,vatereposeretdécrochetontéléphonequin’arrêtepasdesonner.

Anniemetendmontéléphoneoùlaphotod’Estebans’affiche,maisj’ignorel’appel.Monpèrememontemesaffairesetjeretrouvemachambreoùjemelaissetomberdansmonlit.Enmeréveillantquelquesheuresplustard,jedécouvrequej’ailoupépasmoinsde19appels,quasimenttousdeluiendehorsde4appelsdesfilles.

Jerappellelesfillesàl’appartement:

—Allo

—Pastroptôt,Claire,j’étaismorted’inquiétudedepuistonappel.

— Ne t’inquiète pas Charlotte. Je me suis endormie. J’ai besoin de me reposer un peu. Cettesemainedetravailàdomicileestunebonneidéefinalement.

—Écoute,nousn’avonsrienditauxgarçonsquiontessayédenouscuisinerchacunleurtouretEstebanm’atéléphonéilyauneheure.Ilesttrèsinquiet,tuneluirépondspasautéléphone.

—Jen’aipasenviedeluiparlerpourlemoment.Toutcelaestdesafaute.

—Nedispasdeconnerie!crieJulieauloin.

—Ellearaison,c’estdébile,iln’arienfaitdemal.Nousneluiavonsriendit,justequetuavaisdécidédet’isolerpourlasemaine,histoiredetefaireoublier.Ilainsistépoursavoiroùtuétais,maisjeluiaiexpliquéquenousnepouvionspasluidire.

—Merci…

—Jeluiaipromisquetul’appellerais.Alorsfais-le!

—Ouijevaislefaire.

—Aujourd’hui!InsisteCharlotte.

—OK,jevaisallerdîneravecmonpèreetAnnieetensuitejel’appelle.

—De toutemanière Julie et moi arrivons vendredi soir pour voir nos toulousains, on se voitvendredimonlapin.

—Disdonc,jecroyaisqueleshistoiressérieusescen’étaitpaspourvous?

—Oui,maisçac’étaitavant!ajouteCharlotteenriant.

J’entendsJulierirederrièreetjemejoinsàelle.Jemesensdéjàmieux.

—Tunousasprésentéesàdeshommesbeaux,intelligentsetsuperdouésaulit!Commentveux-tuque nous les laissions nous passer sous le nez ?Et tu devrais faire comme nous et ne pas laisserEstebant’échapper,iltientàtoi!

—Jerêve,c’estbienCharlottequej’entendslà!Jecroyaisquejedevaismeméfierdesoncœurd’artichaut?

—Ouiehbien,c’étaitavantdel’avoirenligneetdemerendrecompteàquelpointils’inquiétaitdesavoircommenttugéraislasituation.Enplus,c’estlepremiermecquiaréussiràtedévergonder,alorsnelelaissepass’échapper!

—Jevaisyréfléchir.J’avouequemaintenantquejesaisàquoiressembleunorgasme,difficiledes’enpasser!

—Enfin,elledevientraisonnable!hurleJulie.

—Bon,jevaisvouslaisserlesfilles,Jevousrappelledanslasemaine.

—Ontefaitdegroscâlins.

Jedescendspourdînerettentedefairebonnefigure.Annieestauxpetitssoinspourmoi,j’aidroitàmonplatpréféré,unbonplatdepâtesausaumon.Ilsévitentdemeparlerdusujetquifâche.Elles’excusedenepaspouvoirresterprèsdemoipourlerestedelasemaine,carelletravaille,maisjelarassureetlesremercieencoredemesupporter.Aprèslerepas,nousnousinstallonsdanslesalonetAnnie insiste pour regarder une comédie romantique, je n’ai pas très envie demeposer devant latélévision,maisellemesuppliederester,carellesaitquemonpèren’oserarienmerefuser.Àlafindufilm,jesuisenlarmes,jemaudisAnniepoursonchoixdefilm.Commentnepaspleurerdevant

«Nosétoilescontraires».Monpère luisemoquedenousavantdem’embrassersur le frontetdemontersecoucher.

—Anniejetedéteste!jeluilanceensouriant.

—Oui,bonjen’aipaschoisilefilmadéquatpourtonhumeurdujour,maisavouequec’estunebellehistoire,réplique-t-elleenfaisantlamoue.

—Jel’admets,c’estunebellehistoire,maistellementtriste.

Ellebailleets’étire,puisellemeprenddanssesbras.

—Jevaisallermecoucher.Situasbesoindequelquechose,n’hésitepas,jesuislà!

—MerciAnnie,tuesvraimentadorable.

—Maisderienmachérie,tuescommemafille.

—Ettueslamèrequej’auraisaiméavoir,dis-jeavectristesse.

Elleselèvepourmonteràl’étagepuiss’arrêtedevantlesescaliers.

—Claire?

—Oui!

—Jepeuxmepermettreunconseil«mère/fille»?

—Évidemment!

— Rappelle ton amoureux ! Tu as beau avoir coupé la sonnerie de ton téléphone, j’ai bienremarquéquetouteslescinqminutes,sonvisagesemettaitàclignotersurl’écran.Ilneméritepastonignorance,iln’arienfaitdemalmabelle.Nelaissepasdesabrutisgâcherunebellehistoire.

—Merciduconseil.

Ellemesouritetmontesansrienajouterdeplus.Jeregardemontéléphoneeteffectivement, ilatentédem’appelercinqfoisdurantlefilm.Jenemesenstoujourspaslecouragedel’appeler,maisdécidedeluienvoyerunmessagepourlecalmer.

«J’aibieneutesappels.Jevaisbien!

Besoindemeressourcer.Jet’appellebientôt.

Bises.»

Ilmerépondaussitôt:

«Jedeviensdingue.

Pardonnemoipourlesphotos,dis-moiquoifaireetjeleferai.Nelaissepaslapressetoutdétruire.

REPONDSMOI!»

J’éteinsmontéléphoneetfilemecoucher.Jevaisvérifiersurlenetpourêtresûrequejenesuispas dans plus de sites et malheureusement je constate que les photos de nous deux sont sur desdizaines de liens maintenant. Je me laisse retomber et porter par le sommeil. Je me réveille ensursaut,commed’habitude.Jeconsulteleréveiletconstatequ’ilestdéjà9h.Lamaisonestvide.Jemeprépareunboncaféetdécidederetournertravaillerdansmachambre,enpyjama,sansmêmeunpassage par la salle de bain, je suis bel et bien en mode déprime. Malgré tout, j’arrive à meconcentrersurmontravailetlajournéesepasserelativementsansencombre.Jedécided’ignorerlesappelsdesfillesquivontcertainementmefairelamoraleconcernantEstebanetjesaisqu’ellesontraison. Ilneméritepasmon ignorance. J’ai trèsenviede l’appeler etdepasserdu tempsavec lui,mais je ne sais pas comment gérer tout ce qui va avec le fait de sortir avec « Esteban Duval »,personnagepublic.

Masoiréesepasseentoutpointcommecelledelaveilleaveclefilmromantiqueenmoins.Cettefois,aprèsledînerjemesuisexcuséeetjesuismontéemeréfugierdansmonlit,jemesuislancéedans une romance concernant une jeune femmequi tombe sous le charmed’un joueur de footballaméricaindesplusséduisants.Impossibledem’arrêter,j’ail’impressionquecettehistoirevapouvoirm’aideràtrouverlasolutionidéalepourassumerlamienne.Jefinisparm’endormiretsuisheureusedeconnaîtrelafindel’histoire:«ilsvécurentheureuxeteurentbeaucoupd’enfants»,parfaitilsontsurmonté toutes les difficultés de leur couple. Je peux dormir sur mes deux oreilles. C’est avecoptimisme que je me réveille, nous sommes mercredi et j’ai pris une décision : aujourd’hui, jel’appelleetjem’excusepourmoncomportement.

Jefilesousladouche,prendsunbonpetitdéjeuner.Monpère,lui,adécidéd’allerfaireuntouraumarché et il me prévient de ne pas l’attendre pour le déjeuner. Je m’installe dans le salon pourtravailler en bonne condition. Après un rapide débriefe téléphonique avecMonsieur Serval, qui areprissoncalme,jeterminedepeaufinermondossier.Aumomentoùjedécidedefaireunepause,ontoqueàlaporte.EnouvrantjetombenezànezavecPatrick.

—Patrick?Queviens-tufairechezmonpère?

—Jel’aicroiséaumarché,j’allaisvoirunclient,ilm’aditquetupassaislasemainechezlui.

—Ahok,jesuisdésolée,maisjenesuispasenvacances,jebosseentélétravail.

—Prendsunepause!Nousnoussommesquittésdemanièrebrutaleetj’aimeraisquel’onpuissediscutertranquillement.

Jeregardemamontre,ilest12h00.Jen’aipasdutoutenviedepasserdutempsaveclui,carjemesens vraiment mal à l’aise, mais comme je n’ose pas lui refuser, j’accepte. Je lui demande dem’attendrecinqminutes.Jemonteàl’étagerécupérersavestequej’avaismisedansmavalisedansl’optiquedeluidéposerdevantsaporte,jeredescendslerejoindre.Ilm’attendàl’extérieur,lesmainsdans lespoches,visiblementnerveux.Nousmarchonsplusieursminutessansparler jusqu’àarriveraucentrevilleoùjemedécideàluitendrelaveste.

—Tiens,jecomptaisvenirladéposercheztoi.Tuespartitropviteladernièrefois,jen’aipasputelarendre.

Il fronce les sourcils, me prend la veste, mais ne me regarde pas. Je me sens nerveuse en sacompagnieetj’aideplusenpluslesentimentqu’ilestliéàmonagression.Jedécided’enavoirlecœurnet,enpleincentreville,jourdemarché,jenerisquepasgrandchose.

—Tuaseudespropostrèsvirulentslorsdetadernièrevisite.

—J’étais énervé !Deux ans à attendreque tu reviennes àmoi,Claire !Deux ans…alorsqu’enréalitétutefousdemagueuledepuisplusieursmois.

—Jamaisjenet’aifaitcroirequetoietmoiçapouvaitrepartir!Jeréagissurladéfensive.

—Tunem’as jamaisdit lecontrairenonplus!mecrache t-ilagacé.Quandj’aicomprisque tucommençais à vouloir rencontrer d’autres hommes, j’ai pété un câble.Mais j’ai pris sur moi, jevoulaistelaissercomprendrepartoi-mêmequenoussommesfaitspourêtreensemble.

—Maisnousnesommespasfaitspourêtreensemble.Nousétionsjustedesamis.

—J’aicomprisquetumevoyaisdecettemanièrelorsdemadernièrevisiteavanttondépartpourParis.

Jemestoppenet.

Il s’arrête etme regardeavecun regard remplidehaine, alors je comprendsquec’est lui,monagresseurestbeletbienPatrick!

— C’était toi à Paris ? C’est pour cela que tu ne m’as plus donné de nouvelles pendant troissemaines?

Il baisse la tête,mais neme répond pas, il s’approche demoi etm’attrape par le bras pourmeforceràavancer,maisjelepousseavecuneforcequejenemeconnaissaispasetluihurle:

—Nemetouchepas!TuesmaladePatrick!

—Arrêtetudisn’importequoi,tudevienscarrémentfolle,mecrie-t-ilavecmépris.

—Net’aviseplusdem’approcher.Oubliemonnuméro!Sijetecroiseànouveau,jeporteplainte,c’estbiencompris?

Jecoursleplusvitepossiblemeréfugierdansuneboutique.Jesuisessouffléeetsurtoutpaniquée.J’appellelaseulepersonnesusceptibledemecalmer.

—Allo,Claire?

—Esteban?

—Claire,bordel!Tumerendsdingue!Oùestu?

—Jesuisaucentre-ville,tupeuxvenirmechercher?

—ÀPerpignan?JesuisbloquéàToulouseClaire!Çanevapas?

—JesuisàToulouse.

—Que fais-tu à Toulouse ? Non neme dis rien… envoiemoi l’adresse ! Je suis là dans cinqminutes.

Ilraccroche,ilestcarrémentfurax.Jeluienvoiel’adresseetcommepromis,jerepèresavoitureapprocher quelques minutes plus tard. Je sors rapidement de la boutique et regarde si Patrick nem’attend pas à l’extérieur,mais il n’est pas là. Je fonce dans la voiture d’Esteban etmeprépare àl’affronter. Contre toute attente, il ne dit rien et reprend la route. Il ne me regarde pas et je l’enremercie,cars’ilposaitlesyeuxsurmoi,jeseraismortedanslaseconde,jenel’aijamaisvusiencolère.Jeluidemandedoucementdemedéposerchezmonpère.

—Jenecroispasnon!Nousdevonsparleretmaintenant!mecrachet-ilavecfureur.

J’écarquillelesyeuxdesurprise.Bon,jelemérite,maisquandmême.

Je suis encore sous le coup de l’émotion dema confrontation avec Patrick et les larmes que jeretiensdepuisunmomentsortentteluntorrentenpleinetempête.

—Calme-toi…Jem’excusedet’avoirparlésidurement,maisdepuistroisjours,jedeviensfou.Tunepeuxpasmelaissercommecelasansnouvellepourquelquechosequejenemaîtrisepas,c’estinjustedetapart.Tum’avaispromislebénéficedudoute!

—Oui,jesuisdésolée.J’aiagibêtement,maisj’aipaniquéetjevoulaism’éloigner…

—Tuveuxmequitter?medemande-t-ilpeiné.

—Non!réponds-jeprécipitamment.Enfin,j’avoueyavoirpensé…

—Raisondepluspourendiscuter.

—Jetravaille.Jedoisrentrerchezmonpère.

Ilregardesamontreetsecouelatêteexaspéré.

—OK.J’aiunrendez-vousdansunedemi-heuremaisjen’enn’aipaspourlongtemps.Jetedéposecheztonpèreàl’uniqueconditionquetumepromettesdemerépondreautéléphoneetd’accepterdepasserlasoiréeavecmoi.

—Promis.

Ilnedit riendeplus, il faitdemi-touretmedéposechezmonpère.Enarrivant, j’ouvre laportepoursortir,maisilmeretientetm’embrasseavecpassion.Lorsqu’ilmerelâche,jeluisouris,maisleslarmescoulenttoujours.

—Claire,pourquoias-tudécidédemerappelersubitementaprèstousmesappelssansréponse?Tuavaisl’airsieffrayée…

—Nouspourrionsenparlerplustard?

—Nondis-lemoimaintenant,s’ilteplaît.

—J’étaisavecPatrick…

—Putain,ilnepeutpastelâchercelui-là!

—Ilacroisémonpèrequil’aprévenuquej’étaischezlui.Ils’estpointépourmeparleretjen’aipasosérefuser.

—Etvotrediscussions’estmalpassée? Iln’apasencorecompris? Jepeux luiexpliquer si tuveux!

—C’estPatrick!Jelecoupeensanglotant.

—Quoi?Jenecomprendspas,ajoute-t-ilpourm’encourageràcontinuer.

—Monagresseur,c’estPatrick!

Ilmeregarde,souslechoc.Jelaisseéclatermapeineetmapeur.Ilmeprenddanssesbrasetmedemandedemecalmer.Aprèsquelquesminutes,jem’écartedelui,sachemiseestinondéedelarmes.Ilmedemandedeluidonnerl’adressedePatrick,maisjerefusedelemêleràtoutecettehistoire.

— Nous allons en reparler. Je t’accompagne pour vérifier que la maison est bien vide. Tut’enfermeset tun’ouvres àpersonne. Jepasse te chercherdansdeuxheuresmaximum.OK, tuvaspouvoirresterseule?

—Oui,çavaaller.J’aieupeuretsurtoutjenecomprendspascommentilaosémefaireunechosepareille.

—Ilestmalade.Tudoisporterplainte.

—Non,ilnevaplusm’approcher.J’aivuàsonregard…

—Tun’asrienvudutout,bordel!Bonjenevaispasm’énerverànouveau.Nousenreparleronsàmonretour.

Il se frotte le visage pour se calmer, sort de la voiture etme prend lamain. En entrant dans lamaison, ilmonteà l’étageetvérifie toutes lespièces,mais lamaisonestvide. Ilmeserredanssesbrasetmedemandedebiengardermontéléphoneprèsdemoi.Jevoisbienqu’ilnedésirepasmelaisser,maisjelerassure,luiprometsdebienfermeràdoubletouretd’attendresonretour.

Unefoisseule,jen’arrivepasàmeremettreautravail.Jevérifiequejen’aipasreçud’urgenceàtraiter puisme déconnecte. J’allume la télévision, car le silencem’angoisse etm’accroche àmontéléphonecommepromis.Jereçoisunmessaged’Estebantoutelescinqminutespourvérifierquejevaisbien.Aprèsledixièmesms,jedécidedeluidemanderd’arrêter.

«Pourla1000emefois,toutvabien.

Concentre-toisurtonrdvetviensmechercher.

Jet’aime!»

J’envoielemessageetmerendscomptedemonerreur.Jeviensdeluiécrire«jet’aime»,maisquelle gourde. Cette fois, c’est lui qui va paniquer. D’ailleurs, il neme répond pas. S’il vientmechercher,jeluidiraisquec’étaitsouslecoupdel’émotion.Car,mêmesijepenseêtreamoureusedelui, ilest trop tôtpour le luidiresurtoutqu’iln’a jamaiseuderelationsuivieavecunefemmeoumêmeparléd’amour.

Monpèrefinitparrentrerlesbraschargésdesacs.Jelerejoinspourvenirl’aider,maisilm’arrêteenmedisantqu’iladéjàdel’aideetjevoisEstebanderrièreluitoutsouriredéposerlerestedessacsàl’entrée.

—Regardesurquijesuistombéenarrivantmachérie,meditmonpèrejoyeux.

Estebanmesourit,m’embrasseetmedemandesijesuisprête.Jehochelatêteetattrapemonsac.J’embrassemonpère,jeprendslamaind’Esteban.

—Claire,turentrespourdîner?

—NonArnaud, si cela ne vous dérange pas, j’aimerais kidnapper votre fille pour la soirée. Jevouslaramènesaineetsauvedemainmatin.

—Nonpasdesoucis.Amusez-vousbienlesjeunes,nousditmonpèreamusédevantmonairahuri.

En arrivant chez lui, Estebanme demande dem’installer dans le salon. Ilme rejoint avec deuxverresetunebouteilledeSauvignonBlanc.Ilnoussertdeuxverresetmedit:

—Maintenantparle-moi!

—Queveux-tuquejetedise?

—Commenceparm’expliquerpourquoituaseuuncomportementdisproportionnélorsquetuasdécouvertlesphotos.Claire, jesuisprêtàfairetousleseffortspossiblespourqueçamarcheentrenous,maistuvasdevoirfaireunpasversmoi.

—J’aipaniqué!J’aisimplementpaniqué.

—Maispourquoi?Bon,j’aibiencomprisquetun’espasfriandedesmédias,maisj’avouequejesuisperdu.D’habitude,lesfilless’accrochentdansl’espoirdesevoiràlaunedesmagazinesettoi,tufaistoutlecontraire,tumefuiscommelapeste.

Jebaisselatêtehonteuse,alorsilmedemandedeleregarderetdeluiparler.Jedécidedeluiparlerde ma mère, de la manière dont elle a abandonné mon père et moi pour devenir célèbre. Je luiexpliquequelachosequ’elledésiraitc’étaitjustementêtreàlaunedetouscestorchonsetquejeneveuxabsolumentpasêtrecommeelle.

Surtout,j’aipeurquesiellemereconnaît,ellemetrouvesoudainintéressanteàsesyeuxetqu’elle

décidederéapparaîtredansmavie.Ilm’écouteetdigèremesparoles.

—Jecomprends tespeurs…Maisêtreavecmoi,çava forcément t’exposeràunmomentouunautre.Jeneveuxpasquecelanoussépare.Nousdevrionsfaireuncommuniquéetofficialisernotrerelation.Decettemanière,nousdeviendronsmoins intéressantsà leursyeuxet lespaparazzisnouslaisseronttranquilles.

—Jenesaispas…

—Tuétaissincèredanstonsms?Tum’aimesvraiment?

—Excuse-moi,jenevoulaispastefairepaniquer,dis-jemalàl’aise.

—Tunem’aspasfaitpaniquer!Réponds-moi,tuétaissincère?

—Oui!Maisjen’attendsrienenretour.

—Commejetel’aiditc’estnouveaupourmoi,maisjecroisquedèsnotrerencontre,j’aiéprouvédeschosespour toi. Je t’aimeClaire,c’est justeque jenesaispascomment jedoismecomporterlorsquel’onestamoureux.

Jeleregardeetsensànouveauleslarmesmemonter,jelesravaleetluisourisendisant:

—Nouspourrionsnousaimer,simplementvivreaujourlejour,voiroùcelanousmène.

—Cameva!affirme-t-ilenmeregardantavecdésir.

Jem’approchedeluipourl’embrasser,ilmeretient.Jefaislamoue,cequilefaitrire.

—Attendsmonlapin.JevaisprévenirThéoquemafugueuseestrevenue,quejeveuxqu’ilfasseparaître un communiqué pour officialiser notre relation et demander à la presse de nous laisserrespirer.Etensuite,nousallonsporterplaintecontrececonnarddePatrick!

—OKpourlecommuniqué,maisnouspourrionsoublierPatrick?

—Non,nousnepouvonspasoublierPatrick!Jenecomprendspaspourquoituaspitiéd’unmecquiauraitputevioler!

—Celapeutparaîtrestupide,dansunsensjemesensfautive.Sanslevouloir,jeluiaicertainementfaitcroirequ’entrenous,c’étaitencorepossible…

—Etalors,cen’estpasuneraisonpourt’agresser.

Je baisse la tête, jeme tords les doigts, je sais qu’il a raison,mais je pense qu’il a plus besoind’aidequedeseretrouveravecuneplaintecontrelui.Jesenssesmainsm’envelopperlanuquepourmeforceràreleverlatête.

—Jeteproposedelaissertouscessoucisdecôtéquelquesheures,mepropose-t-ilens’emparantdemeslèvres.

J’apprécie de retrouver le goût de ses lèvres. Lorsque je sens qu’il va rompre notre baiser, je

m’agrippeàsachemiseetleforceàamplifiernotrebaiser.Ilselaissefaireetmesoulèvetelunpoidsplume pour me positionner sur ses genoux. À bout de souffle, il se recule, ses yeux ne reflètentqu’amour et désir. Il me soulève, me dépose afin de se relever et me prend lamain. Estebanmeconduitdanssachambre,mesjouess’enflammentquand,posantlesyeuxsursonlit,jemeremémorenosderniersébats.Ilmefaitm’allonger,merejointsurlelitetm’attiredoucementcontrelui.Ilsepencheversmoi,ilm’embrasseavecdouceur,seslèvressemêlenttendrementauxmiennes.Cebaiserlangoureuxmerendfolle,moncorpscommenceàs’embraser.

Alorsquenotreétreintese faitdeplusenpluspassionnée, jen’enpeuxplus.Jecommenceà luiretirer sa ceinture, alors il se relève, sedéshabille entièrement à lavitessede la lumièrepuis il sepencheànouveausurmoietm’effeuillelentement.

Ilserapprochedemoi,m’agrippeparlataille,mepénètrelentement.Ilm’attirecontreluitoutendonnantuncoupde reins, je sens sonmembres’enfoncerprofondémentenmoi. Jecriedeplaisir.Alorsquemesmusclescommencentà sedétendreautourde lui, il se retire lentement, laissantunesensationdevidequim’arracheuncridefrustration.

—PutainClaire,jenemesuispasprotégé!

Jeneréalisepastoutdesuitesesparoles,ilal’airvraimentembêtéetjecomprendsqu’ilparledepréservatif.Jeluisourisetl’embrasse.

— Calme-toi, j’ai beau avoir une expérience minime, j’ai toujours pris une contraception. Etj’imaginequetufaisdestestsrégulièrement,vutontravail?

—Oui jesuisclean, je te le jure. J’auraisdû faireplusattention,c’est lapremière foisquecelam’arrive.

—Noussommesencouplenon?

—Jecroisbienqueoui!

—Monogame?Jedemandehonteuse.

—Ilyaintérêt!Jenesupporteraispasdevoirunautrehommet’approcher.

—Alorsleproblèmeestréglé!Maintenantfais-moil’amour.

Il se penche et m’embrasse avec passion tout en caressant ma poitrine avec impatience. Il sepositionneànouveauentremesjambes,mepénètretoutendouceur,silentementquej’ailesentimentquejevaisexploseravantlafin.Ilcontinuesesva-et-vient,sortantendouceuravantderentrerenmoiavecplusdebrutalité.Trèsrapidement,jecommenceàtremblerdeplaisir,auborddel’orgasme.Ilcaressechaqueparcelledemoncorps, ilmeparle, lèvres contre lèvres, sans jamaismeperdreduregard.C’estl’expériencelaplusintensequenousavonspartagée.

—Tumerendsdingue,mabelle.

Jecomprendscequ’ilveutdire,carjeressenslamêmechoseàsonégard.

—Tumerendsfou…Jen’aijamaisautantdésiréunefemme…Tuessibelle…

J’explosesursesparoles,jeplaquematêtecontresapoitrineetcriesonnom.Moncorpsentierestparcourude spasmesdeplaisir.Estebancontinueà s’activer avecdesmouvementsplus rapides. Jesenssonmembresedurcirdavantage,signequ’ilapprochedelafin.Aumomentoùiljouitencriantmonnom,undeuxièmeorgasmemesubmerge.Jeluisourisquandilselaisseretomberàmescôtésetm’enveloppedesesbrasmusclés.Jemesensapaisée,ensécurité.

Dèslelendemain,Estebanm’accompagnechezmonpèrerécupérermesaffairesafindepasserlesquelquesjoursrestantsàsescôtés.NousavonspassélesoirsuivantencompagniedeThéoquis’estenfinradouciàmoncontact.Ilapréparélecommuniquépourlapresseetenpartants’estexcusépourson comportement froid àmon égard ; tout enme demandant de ne plus recommencermon petit«cirque»decettesemaine.

Je décide de ne pas lui en tenir rigueur, car je suis vraiment fautive, surtout que je sais queCharlotteetluisontplusqueprochesdepuislasoiréedesamedi.Pourlerestedelasemaine,jeresteseulependantsesentrainementsetrendez-vouspourtoutessortesdecontratsdemarquesquiveulentabsolument Esteban comme égérie.Mais dès qu’il a une heure de libre, il passeme voir et nouspassonsnossoiréesànousperdrel’undansl’autre.LesujetconcernantPatricknerevientpasetjemesensbeaucoupplusapaisée.

Le vendredi soir, les filles arrivent sur Toulouse pour passer le week-end, elles viennent merejoindrechezEsteban.Etrangement,SergioetThéoarriventquelquesminutesderrièreelles.Julie,pasdu tout timide se jette surSergio, elle l’embrasse avec fougue tandisqueCharlotte etThéo selancentdesregardstrèssuggestifs.Jesuistrèsamuséedecespectacle.Estebanmeprendlamain,ilmesoufflediscrètement:

—Jepensequetescopinesontenvoutémesdeuxmeilleursamis.

—Jelepenseaussi!Ilssonttropmignons.

— Pas autant que nous ! ajoute-t-il enm’embrassant derrière l’oreille me provoquant déjà desfrissonslelongdemacolonne.

Nouspassonsunweek-endmerveilleuxetc’est, lesyeuxremplisdelarmes,quejeregagnemonappartementledimanchesoir.

Je suis surmonpetit nuagedepuisunepetite semaine. Jen’ai plus aucunenouvelledePatrick àmongrandsoulagement.Etlacerisesurlegâteau,aucunjournalisteàl’horizondepuisledébutdelasemaine.Théoaenvoyéuncommuniquéàlademanded’Estebandemandantàlapressederespectersa vie privée. J’ai des doutes sur l’efficacité de ce communiqué, mais il m’a expliqué que lesjournalistesétaientoccupésàtraquerunacteurconnupoursesfrasquesquisetrouveactuellementenFrancepourletournaged’unfilm.Jesuisdoncraviedecetteaccalmie,MonsieurServalégalement.L’ambianceaubureauesttoujourstenduemaisnosrapportsrestentcordiaux,c’estl’essentiel.

Bon,nousnesommesque jeudi,mais je resteconfiante.Aprèsunematinéeplutôtcalme, jesuiscontentederetrouvermonnouvelamipourdéjeuner.Sébastienaprisuneplaceimportantedansmavie.J’aimebeaucoupdiscuteraveclui,ilmerassureénormémentquantàmarelationavecEsteban.Illeconnaîtassezbienetilm’aassurél’avoirvuauxbrasdenombreusesfemmes,maisjamaisilnel’avus’attacheràl’uned’ellesavantmoi.

Jenel’aipasrevudepuismacourtecélébritéscandaleusedelasemainedernièreetjesuiscontentede le retrouver. Comme je l’avais prédit, sa première question ne tarde pas à arriver : bienévidemment,elleconcernemaviedestar.

—Alorsmajolie,commenttugèrestanouvellecélébrité?

—Commetuasdûleconstater,jen’aipasbesoind’avoirungardeducorps,doncj’aileregretdet’annoncerquemanouvellecélébritéestdéjàterminée.

—Nesoispastropsûredetoi.Tonpetitcopainattiretrèssouventlesvautours.Alors,restesurtesgardes.

—Merci du conseil, je vais faire attention. Je n’ai pas du tout envie de revivre cet épisode, jerétorquecontrariée.

—Ouijetecomprends.Situm’avaischoisi,tuseraisbeaucoupplustranquille.

—Euh…

—Jeblaguemajolie,tudevraisvoirtatête.Tuesdevenueunevéritableamieàmesyeux.Jecroisquej’airencontréLAfille,ajoute-t-ilheureux.

—Ahbon?Quiestcettechanceuse?jeluidemandecurieuse.

—Tusaislafillequej’airencontréelesoiroùtum’asabandonné.Elles’appelleLaura.Elleestassistantemanager,elleest…vraimentparfaite.

—Waouh,disdonctuessacrémentatteint.

—Jecrois,oui.J’aimeraisbeaucouptelaprésenter.

—Pourquoipasceweek-end?Estebanarrivevendredisoir.Nouspourrionsdînertouslesquatre?jeluidemandeenjouée.

—S’ilestok,moiçameva.

Nousprofitonsdurestedudéjeunerpouranalyserlanouvelleromancedesesdeuxamisavecmesdeuxmeilleuresamies.Lesfillessonttrèssecrètessurleursnouveauxamoureux.Julie,elle,n’apascachécequisepassaitentreelleetSergio,maisquandj’aivouluensavoirplus,toutesdeuxm’ontaffirméprofiterdumomentprésent ;pourtantmoi j’aibiencruvoirdesétincellesdanschacundeleursregards.Nousnousquittonssurcesbonnesparoleset je retourneaubureau.L’après-midiestaussicalmequelamatinée.Aucunnouveauprojetàl’horizonpourmoi.Finalement,marelationavec«Serval»nedoitpasêtresibonnequejelepensais.Ducoup,pourpasserletemps,jepeaufinemonseul et unique dossier, car le voyage est pour bientôt. Lorsque mamontre indique enfin 18 h, jem’empresse de rangermes affaires pour partir au plus vite. Je viens de passer la journée la pluslonguedemavie.

Ensortant,mabonnehumeurrevient,jeretrouvelesfillesquisepréparentàsortir.

— Vous m’abandonnez ? Moi qui pensais vous faire un bon repas et regarder un filmromantique…

—Non!Pasdefilmromantiqueetencoremoinsderepascarbonisépourcesoir.Cesoir,noussortons.Sergiom’aappeléecetaprès-midipourmedirequ’ilyavaitunmatchcesoir…jelesavaisdéjà;avecmiss«Charlotteprodurugby»nousnepourronslouperaucundeleurmatch.Bref,ducoupcommeceseraitexagérédefairedeuxheuresderoutepourallervoirjouerNOSbeauxgosses,nousallonsdansunbarsportifbienparticulierqueCharlotteadénichéremplidemâlesappétissantsoùlematchseradiffusé.

—Waouhhh…respiremajolie,luidis-jemoqueuse.

—Donc,tuascinqminutespourenlevertatenuestrictepourmettreunjeansetundébardeursexy,ajouteCharlotteavecempressement.

—Jenesaispas…Estebandoitm’appeler.

—Tuessourdeouquoi?ILSONTUNMATCHCESOIR…enfindansuneheure.Mêmes’ilt’appelle,ceneserapasavant23h00,lematchseterminevers22h00,ensuiteilsvontfaireleursStar,etc.

—OK,OKj’aicomprisjevaismechanger,dis-jeenmelevant.

Enarrivantaupasdemaporte,jemeretourneetleurdemande:

—Vouspensezquec’estnormalqu’ilnem’aitpasparlédesonmatch?

—Maisouimonlapin.Disonsqu’ilapassélasemainedernièreàtechercheretmaintenantqu’ilt’aretrouvée,iln’apasvoulut’embêteravecsonmétiertoutsimplement,merassureCharlotte.Allezfilet’habiller.

Jemechangeenuntempsrecord.Jelesrejointsetnouspartonspourlefameuxbar.Unefoisdanslavoiture,j’envoierapidementunmessageàEsteban.

«Bonnechancepourcesoir.

Appelle-moiaprès.Jeseraiderrièremonécranàadmirertesprouesses

Tumemanques!»

Enarrivant,jecomprendsmieuxcequevoulaitdireJuliepar«remplidemâles».Effectivement,ilyatrèspeudefemmesetbeaucoup,maisalorsbeaucoupd’hommes.Ilyaenapourtouslesgoûts:petits, grands,musclés, trèsmusclés, beaux,moches, et ça, peu importe la taille. Le bar est plutôtsympamême s’il faut le connaître pour le trouvé. Ils servent des repas également, enfin que deschosestrèssimples,steackfrites;maispourlasoirée,c’estl’idéal.

JedemandeauxfillessijepeuxproposeràSébastiendenousrejoindres’ilestdisponible,aucuned’ellesn’émetd’objection.Jeprendsmontéléphonepourl’appeleretvoisquemonbeaurugbymanaréponduàmonmessage.

«Ouimatchdécisif.J’aimeraisquetusoisdanslesgradinsàcriermonnom…oudansmonlitàgémir!

Jet’appelledèsquejesuisaucalme

Tumemanquesaussi!Beaucoup»

J’appelle Sébastien,mais il ne peut pas, il passe la soirée avec Laura et des amies à elle.Nousavons choisi une table assez proche du téléviseur,même si l’écran est aussi géant qu’un écran decinéma,nousvoulionsêtrelesmieuxplacéespourlesvoirjouer.

Pour la trentième fois,Charlotte nous remetune couche sur les règlesdu jeu et je penseque jecommenceà lescomprendre. J’ai comprisque j’allaisdevoir supporter leshurlementsde tousceshommesdurant80minutes;bonavecunepauseauboutde40minutes,oùmesoreillesvontpouvoirsereposer,l’espacede10minutespourensuitesouffrirpendantles40minutesrestantes.

Etça,c’ests’iln’yapasdeprolongations.

BonDieu,voilàcequej’aitoujoursdétesté!Orlà,paramourpourEsteban,jesuislàetjevislematch.Jelevoiscourir,jehurlelorsquej’entendshurler,jemelèvelorsqueCharlottes’énerve,brefje suis devenue une vraie hystérique. Nos héros ont remporté le match 20 à 17 contre l’équiped’avironbayonnais.Nousrentronsaprèstoutescesémotions.CharlotteetJuliesontscotchéesàleurtéléphone, donc je conduis pour le retour. En arrivant, aucune d’elles n’a déscotché ses doigts.J’attrape le mien, mais je suis déçue de ne voir aucun message ni d’appel en absence de monamoureux.Curieuse,jedemandeàJuliesielletextoteavecSergio,cequ’ellemeconfirme.Charlottea une expression plus sérieuse alors je n’ose pas lui demander si elle discute avec Théo. Je luidemandesitoutvabien,maisellenemerépondpas.

—Charlotte,toutvabien?J’insisteenposantmamainsursonépaule.

—Ouimonlapindésolée,tudisais?merépond-elletroublée.

—Çan’apasl’aird’aller.Tuasunsouci?

—Non,rien…fatiguée.

Jedécidedenepasinsister,jesaisquesielledésireseconfieràmoi,elleleferamêmetardcettenuit.

Nousdécidonsd’allernous coucher.Aprèsunedouche rapide, je file sousmacouette et vérifiepourlaquinzièmefoismontéléphone,maistoujoursrien.Jeluienvoieunmessagedebonnenuit.

«Pasdenouvelles.Félicitationspourlavictoire.

Nefaispastroplafête!

Vaisdormir

Onsevoitdemain???»

Contretouteattente,ilmeréponddanslaseconde:

«Désolémonlapin.Unegalèreàrégler.

Jeserailebeaugosseàl’entréedetonbureaudemainà17h.

Faisdejolisrêves…demoi!»

J’espèrequ’iln’apasdeproblèmesimportantsàrégler.Jesuistristequesavictoiresoitentachéeparunsouci.Jedécidedenepasluiposerdequestions.Décidémentcesoir,jenememêlederien!

Enfin… la semaine se termine. Ce matin, je me suis levée encore plus joyeuse que les joursprécédents.Voilàunesemainequejen’aipasputouchersapeau,goûteràseslèvresetsurtoutl’enviedelesentirmeposséderaenvahimesrêves,j’ensuisplusquesoulagée;carcelamechangedemesfameuxcauchemarsquin’ontpasrefaitsurfacedepuisquejesaisquienestl’auteur.Maisdansmoinsde7h,ilseralà,àm’attendre,jepourraiprofiterdesoncorpsmagnifiqueet le laisserprofiterdumiendurant2jourscomplets.

Jesorsdemesfantasmesàcausedemonfichutéléphoneunefoisdeplus.Jeregarde,maisjenereconnaîspaslenuméro;l’indicatifétantle01,l’appelvientdeParis.Jedécidederépondre.

—Allo?

—Claire…

—Ouic’estbienmoi,quepuis-jefairepourvous?Vousêtes?

—Jesuistamère,machérie,meconfirme-t-elled’unevoixhésitante.

Jerestepétrifiée.Monoreillecolléeautéléphone,jenesaisquerépondre.J’aienviederaccrocher,etenmêmetempsj’aienviedehurlerquejen’aipasdemère.Jemeressaisiscarjesuisencoreautravailetquejemesuissuffisammentdonnéeenspectacle.Ellemesortdematorpeur.

—Claire,tueslà?

—Ouijesuistoujoursenligne.Quemevoulez-vous?

—Claire,jesaisquejen’aiaucundroitsurtoi,maisj’aimeraisterevoir.

—Désolée,maisvousarrivezquinzeanstroptard!Jeluirépondscinglante.

—Jesuisvraimentnavrée…Tuastouslesdroitsdem’envouloir,maistoutlemondeadroitàunedeuxièmechance.

—Commentas-tu…avez-vouseumonnumérodetéléphone?jeluidemandeprêteàtuerceluiquioséluidonner.

—Tonpère.

—Iln’auraitpasdû!luidis-jesuruntondesplusfroids.

—Neluienveuxpas.Jesaisêtrepersuasivequandjelesouhaite.

—Tantmieuxpourvous.Jevaisdevoirvouslaisser,jesuisautravail.

—Àquelleheurepuis-jeterappeler?

—Jamais!jeconclusfroidementenraccrochant.

Mesmainstremblent.Jesensleslarmesprêtesàjaillir.Macollèguemeregardeavecinquiétudeetmedemandesi jemesensbien.Je luisouris, jeregarde l’heure.Encoreunedemi-heureà tenir.Jesensquejenevaispaspouvoir.J’envoieunmessageàEstebanpour luidemanders’ilpeutarriverplustôtetilmerépondaussitôtpourmedirequ’ilpeutêtrelàdans5minutes.Jem’excuseauprèsdemacollègueet luiexpliqueque jeviensderecevoirunemauvaisenouvelle.Je rangemesaffaires,passeautoilettesmerafraichirpuissorslerejoindre.Apeinesortie,jelerepèreimmédiatement.Jecoursetluisauteaucou.Ilresserresonétreinteautourdemataillesansdireunmot,jelaisseenfinlatensions’échapper,jefondsenlarmes.Ilmefrotteledosettentedesereculer,alorsjem’agrippeàlui.

—Calme-toiClaire.Toutvas’arranger.

—Non!riennevas’arranger!

—Viensmonlapin,allonscherchertesaffairescheztoi,nousallonstrouverunesolution.Jeferaitoutpourteredonnerlesourire,tulesais?

Jemerecule, jem’essuie lesyeux.Je le regarde, jevoisàsonregardqu’iln’estpasà l’aise.Jefroncedessourcils.

—Ilyaunsouci.Tumeparaisbizarre,luidis-jetroublée.

—Viensmabelle.Nousdevonsdiscutermaispasici,rentrons.

Jeleregarde,jen’insistepas.Nousmontonsenvoiturepourallerchezmoirécupérermesaffaires.Danslavoiturepersonneneditmot,maisjesensqu’iltentedem’apaiserparsesgestes.Samainnequittepasmacuisse,sonpoucemecaresselegenouavecdouceur.Enarrivant,jemonterapidement,ilmesuitdeprès.JesuissurprisedetrouverCharlotteetThéoàl’appartement.JemedirigeverslesalonetsalueThéo.

—Bonsoir,Charlottenem’avaitpasditquetuvenaislavoirceweek-end!luidis-jeenregardantCharlotteavecétonnement.

—Enfait,cen’étaitpasvraimentprévu.JenesuispasvenuuniquementpourvoirCharlotte.

—Ahbon!TuesvenuevoirEsteban?

Estebans’approchedemoietm’enlacedesesbrasmusclés.Jemecolleàsontorse,carj’aibesoinderéconfort.J’ailesentimentqueThéoesticipourmeparler,queleretourdemamèren’yestpaspour rien. Esteban semble tendu. Je passe ma main contre la sienne. Je prends un grand bold’oxygène,jemelanced’unevoixquejetented’êtrelaplusneutrepossible.

—Théo,es-tuvenuicipourmeparler?jeluidemandetendue.

—Oui,merépond-ilsurlemêmeton.

—ÉcoutecequeThéoaàtedire,machérie.Jevaisnouspréparerdescafés.Installez-voussurlecanapé,medemandeCharlotteavecdouceur.

Estebanmerelâcheetnousnousinstallonssurlecanapé.Ilmeregardeavecamour,maisjelesenstendu.Théo, lui,sembletoujoursaussisérieux.Ilmeregardetranquillementpourm’annoncersanspréambule:

—Hier,j’aireçul’appeld’unjournalistedurantlematchdesgarçons.

—Nemeditespasqu’ilsontdenouvellesphotosdenous?jeluidemandeaffolée.

—Nonmonlapin,j’auraispréféréquecesoitcela.

—Quoialors?Théocrachelemorceau,jesuisàboutdenerflà,jelepréviensénervée.

Charlotte apporte les cafés et s’installe auxcotésdeThéoqui lui sourit avecdouceur.Puis il setourneversmoietmedit:

—Apparemment,unefemmes’estprésentéecommeétanttamère.Pourquoiauraitellecontactélapresse?Lorsquej’enaiparléàEstebanàlafindumatch,ilm’aexpliquébrièvementtonhistoire…Bref,nousavonsnégociéaveclemagazinepournerienpublieràtonsujetvenantd’elle,maissiellerevient à la charge, il se pourrait que l’article soit publié. Même si Esteban se contrefout de lamauvaisepub,jenesuispassûrquetonhistoiresoitbonnenipourtoinipourlui.Toutlemondevarecommenceràvoustournerautour.

Je reste sans voix, je l’écoute, mais je ne comprends pas tout ce qu’il tente de m’expliquer.Charlotte s’approche de moi tout en jetant un regard glacial à Théo, et Esteban se lève tout ens’énervant.

—PutainThéo,jet’aidemandédevenirluiparlerdesamèrepasdemonimage.Laseulechosequim’intéresseestdesavoircommentellesouhaitequel’ongèreleproblème,luicrie-t-ilsuruntonquiseveutsansappel.

—Calmez-vous!Jen’airienditdemal.Clairedésolé,jesuisparfoisunpeu…

—Froid?lecoupeCharlotteencolère.

Il se lèveà son tour et cette fois sa carapaceexplose, il est encolèreet jepenseque le faitqueCharlotteluienveuilleyestpourbeaucoup.

—VousmefaitesCHIER!crieThéoàl’attentiond’EstebanetCharlotte.Claire,jepensequenoussommes partis du mauvais pied tous les deux. Je veux bien admettre qu’au début j’ai émis desréserves,maismaintenantj’aicomprisqu’ilestvraimentaccro.Jeveuxjusteagirpourteprotégeretleprotégerparlamêmeoccasion.

Je le regarde, je lui souris. Le pauvre, il doit gérer la colère demon rugbyman et celle demameilleure amie. Heureusement que Julie n’est pas ici sinon il se serait fait guillotiner. J’observeEstebanetCharlottequisesontadoucis,maisrestenttoutdemêmecontrariés.

—Théoaraison.Ilnefaitquesontravail,et il faitsonmaximumpour teprotégermonamour,pourcela ila toutmonrespect.Je teremercied’avoirpuempêcher l’articledeparaître, j’aimeraisqu’ilneparaissejamais.Dis-moicequejedoisfaire.

Ilmesourit,puisfinitparsedétendrecommelesdeuxenragésquimefontbouclier.

—Pour commencer, tu devrais répondre à ton téléphonequi sonne sans interruptiondepuis tonarrivée.Ensuite, pour ce qui est de l’article, ilm’a promis d’attendre une semaine. Il voudrait desphotosdevousdeuxencontrepartie.Prendsle tempsd’yréfléchir.Cen’estpasunemauvaiseidée.Nousavonsfaituncommuniquéofficiel,doncdecettemanièrelapresseserendracomptequevousêtesuncouplenormaletsolide.Profitedetonweek-endetnepenseplusàtouscessoucis.JerestecettesemainesurPerpignan,doncnousallonspouvoirgérercelatranquillementsanss’énerver.

Jesorsdemonsacmontéléphone,quin’apascessédesonnerdepuis l’appeldemamère.Je leprends et je constatequ’il s’agit toujoursdumêmenuméro, celuidemamère. Je relève la tête entendantletéléphoneàThéoenluidisant:

—C’estmamère.

—Nerépondspas.Amoinsquetudésiresluiparler?medemande-t-ilaveccalme.

—Nonjen’aipasenviedeluiadresserlaparole,dis-jeavecconviction.

— Dans ce cas, laisse-moi juste prendre le numéro. Je vais lui parler. Maintenant, partez etdétendez-vous!ajouteThéoennousregardantavecunsouriresournois.

Puis il s’approche de Charlotte et lui souffle quelques paroles à l’oreille, qu’elle seule peutentendre,maisj’imaginetrèsbiendequoiils’agit.Auvudesonsourireetdesesjouesrougissantes,j’imaginequ’iln’yariendebiencatholiquedanssesparoles.Estebanattrapelesacquej’avaislaissécematinàl’entrée,ilmetendsamain,quejem’empressed’attraper.

Avantdepartir, jeproposeàCharlotteetThéode se joindreànouspour ledînerdu lendemainavecSébastienetlafameuseLaura.Ilsacceptentvolontiers.

EnarrivantchezEsteban,jeneperdspasdetemps.Jeluisauteaucouetm’emparedeseslèvres.Ilme répond en m’embrassant passionnément. C’est à bout de souffle que je m’écarte de lui etcommenceàluidéboutonnersachemise.

—Nousnesommespasobligés…enfin,j’avaistrèsenviederetrouverlegoûtdeteslèvres,j’aitrèsenviedemeperdreentoi,maistuaseuunejournéeplutôtéprouvante.

—Justement!Laseulechosedontj’aienviec’estd’oublier,ordanstesbrasjenepenseplusàrien.

Ni une, ni deux, il me soulève, il m’embrasse fougueusement tout en me portant jusqu’à sachambre.Jelelaissemedévêtiravecdouceurencaressantchaquepartiedemoncorps.Aumomentoùilmepénètre,tousmessoucism’envolent.Jenesuisplusquesensationetdésir.J’aimecethommeplusquetoutaumonde,c’estenluicriantmonamourquejelaisseexplosermonplaisir.

Malgrétousleseffortsd’Esteban,jen’arrivepasàmesortirdelatêtequemamèrem’avendueàlapresse.Cequejenecomprendspasc’estpourquoi?J’aiappelémonpèrecematin.Ils’estexcuséaumoinsvingtfoisendixminutesdecommunication.Jeluienvoulaisbeaucouphier,maisjesuisconscientequ’ilaacceptépourmedonnerlechoixdedécidersijevoulaisrenoueravecelle.Lorsqueque je luiaiexpliquécequ’elleavait fait, il aparuétonné. Ilm’aexpliquéque,apparemment,elleavait épousé un acteur New-yorkais plutôt connu et surtout très riche. Du coup, je me pose unequestion,sicen’estpaspourl’argent,alorsquelleestsamotivation?

Elle n’a pas retenté dem’appeler. Estebanm’a expliqué que Théo l’avait contactée quand nousavonsquitté l’appartementhiersoir.Hiersoir…quellesoirée! Ila tenusespromesses,et l’espaced’unesoiréej’airéussiànepenseràriend’autrequ’àNOUS,noscorpsentrelacés,excitésetàboutdesouffle.J’aifiniparm’endormircombléeetépuisée.

Jel’observe,allerdepièceenpièce.Ilnes’arrêtejamais!Ilrevientd’unfooting.Etmêmeaprès30minutesdecourses,ilaprofitédesapiscineetaenchaînéjenesaiscombiendelongueurs.Moirienqu’avecnotrepetiteséanceromantiquedelaveille,jesuiscourbaturée.Sijetentaisdefaireneserait-cequelamoitiédesonsportquotidien, jemourraissurplace.Jedécidequ’ilest tempspourmoid’arrêterdeflemmarderetpourluid’arrêterd’épuisercecorpsquimefaittantenvie.

—MonsieurDuval?

Ils’arrêtebrusquementaumilieudesalongueuretmesourit,maissansmerépondre.

—MonsieurDuval?

—Ouimonlapin?

—Jem’ennuie!Jepensequetuasfaitassezdesportpouraujourd’hui…Nousdevonsallerfairedescoursespourcesoiretavantcela,j’aimeraisbienquetut’occupesunpeudemoi.

Il m’observe visiblement amusé, il replonge dans l’eau tout en s’approchant du bord. Sa têteréapparaîtet,ens’appuyantdesesbras, il sortde lapiscine.Lespectacleest justemagnifique, j’ail’impressiondevoirunepubpourunshampoing,oupourjenesaisquelproduitmasculin,entouscas,moi,j’achète!

Ils’avancetoutenmeregardantavecsensualité.Jesensdéjàmonsexesecontracter.Ilsepencheau-dessus demoi et semaintient aux accoudoirs demon transat pour ne pasm’écraser.Quelquesgouttes tombent sur moi, mais je suis tellement excitée qu’elles doivent fondre comme neige ausoleil.

—Tuasenviequejem’occupedetoi?

— Euh… oui j’aimerais beaucoup que tu t’occupes de moi, mais nous devons aller faire descourses.

—Paslapeine.Lefrigoestpleinetjeferailivrerlerepas.Jen’aipasenviequetupasseslepeudetempsquenousavonsensemblederrièrelesfourneaux.

—Quelle jolieattention.Mais tusais j’aimebiencuisiner ! luidis-je touten laissantmonongleeffleurersonpectoraljusqu’àsonnombril.

—Tupourrascuisinerpourmoiuneprochainefois.Voisleboncôtédeschoses,jevaispouvoirm’occuperdetoipluslongtemps.

Monsouffle s’accélère. Il commenceàm’embrasserauniveauducou,de légersbaisers,puis ilredescenddoucementversmapoitrine.Jelâcheunsoupirdesatisfaction.Ilserelèveetmeregarde,je le fixe àmon tour et lui fais unemoue boudeuse,mais ilme tend lamain pourm’aider àmerelever.Ilposesamainsurmajouepuis,sansmequitterdesyeux,sepencheversmoipourdéposerunbaisersurmeslèvres,leseffleurantàpeine.Jeluirendssonbaiser,noslèvressecherchentdeplusbelle,enflammanttousmessens.Ils’écartedoucement,medit:

—Allonsdanslachambre.Sinousrestonsuneminutedeplus,tonbikinivatomberetjerisquedete prendre sauvagement ici dans le jardin. Même si l’idée est vraiment tentante, je préfère resterprudent.

Je le suis jusqu’à la chambre, il s’avance au plus près du lit,me fait signe dem’allonger. Sonregardestbeaucoupplusférocequ’àl’accoutumée.Jesensqu’ilaenvied’êtreunpeuplusbrutal,orj’avouequebizarrementl’idéem’émoustille.

Notre distraction promet d’être silencieuse et intense. Je sers instinctivement les cuisses pouratténuerlesfrissonsquimedévorent.

Jepassemamainsurmonventre,vienseffleurermonmontdevénus,cequilerendfou.J’aidumalàcomprendrecequim’arrive…Ilm’afaitjouirilyamoinsde24hetmoncorpsréagitcommesinousn’avionspaseuderapportsdepuisdeslustres.

—Déshabille-toi,monlapinquejet’admire.

Jetirerapidementsurlespetitsnœudsquimaintiennentenplacelaculottedemonbikini.Lehautpartaussivite.Jen’enpeuxplus,jeveuxqu’ilposesesmainssurmoncorps.Sansavoirletempsderéagir,ilsejettesurmoiets’emparedemeslèvres.Jemeretrouveplaquéeaumatelascontrelui,mesmamelonssontsidursqu’ilsendeviennentpresquedouloureux,sesmainsetsabouchesepromènentpartoutlelongdemoncorps.

—Esteban…gémis-je.

Jeveuxlesupplier,maismavoixestnouéeparledésir.Ilm’embrassefougueusement,introduisantsalangue.Puisilretiresamainquimetientlataille,sesaisitdemespoignetspourlesimmobiliserau-dessusdematête.Jemecambreverslui,jefrottemonsexenucontresonshort.J’aienviedelui.Toutdesuite.

—Esteban,déshabille-toi,s’ilteplait.

—Tuesbienimpatiente!metaquine-t-il.

Puisilmerelâcheenm’ordonnantdenepasbouger.Ilretiresonshortàlahâte,serepositionneenm’emprisonnant ànouveaux lespoignets. Il introduit alorsundoigt enmoi, commence à le fairealleretvenirendécrivantunmouvementcirculaire.

—Jenepeuxpastetenir,Claire,alorsnebougepastesbrasetsoissagemonlapin,merépète-t-ilavecunsourireencoin.Ouj’arrêtetoutdesuitedem’occuperdetoi.

Avant même que j’aie le temps d’acquiescer, il glisse un deuxième doigt, m’entrainant vers lecheminduplaisir. Jemecambrepour le sentir encoreplusprofondémentpendantqu’il titillemonclitorissanscesserderemuersesdoigtsenmoi.Unspasmeparcourtmonbas-ventre,jememetsàonduler pourme frotter contre samain lorsque je sens ses lèvres, il nem’en faut pas plus pouratteindrelepointdenon-retour.

Jegémisbruyamment. Il retire sesdoigts pour se fondre enmoi etmonorgasme s’amplifie, jeplaquemaboucheàlasiennedansunbaiserdévorantd’amour.Ilmerejointquelquesminutesplustardenselaissantretombersurmoi.Jeregardeleplafondsouriantbêtementetjeluidis:

—Merci,ensoupirantd’extase.

—Tumeremerciespour?medemande-t-ild’unairamusé.

—Pourt’êtresibienoccupédemoimonamour.

Jerougis,jel’embrassesurletorse.

—Toujours,tuesdevenuemapriorité.J’aienvied’êtreceluiquiterendraheureuse,danstouslescontextes,monlapin.Jeneparlepasquedesexe,j’aienvied’êtrel’hommedonttunepeuxplustepasser.

—Jet’aimeEsteban.Jenesuisjustepasdouéepourl’exprimer.

—Noussommesdeuxdanscecas,maisavectoi,jesuisleplusheureuxdeshommes.

Nousnousembrassonsavecdouceurpourprofiterdessentimentsquenousvenonsdepartageretc’estavectendressequemonbeaurugbymans’occupeànouveaudemoi.

Vers20hnosinvitésarrivent.Tousontl’airépanouisavecleurscompagnesrespectives.CharlottemesemblevraimentsouslecharmedeThéo.J’aidumalàlecomprendred’ailleurs,physiquementils vont très bien ensemble, mais au niveau du caractère je me demande si cela peut fonctionner.CharlotteesttrèschaleureusedenaturealorsqueThéomesembleplutôtfroid,ildoitmeréservercetraitdecaractère.Bon,depuis le retourdemagénitrice, ilestbeaucoupplusaimable, j’espèrequenoussommessurlabonnevoie.SébastienarriveaubrasdeLauraetnouslaprésenteavecunegrandefierté.

CharlotteetmoifaisonsconnaissanceavecLauraquiestvraimentsympathique.Lesgarçonseux

décortiquent lavictoirede l’équiped’EstebanetSergiodecettesemaine.Estebana fait livrer touteune série d’amuse-gueules et nous profitons d’un apéritif dinatoire, ce qui s’avère être une idéemerveilleuse.Nousavonsmêmedroitàdelamusique.Nousdiscutonssouslerythmede«WithYoufeatGrovesnor»deFlightFacilities.Vers22hilreçoitunmessageetmeprévientqueSergioestdanslecoin,qu’ilarrivepourlecafé.C’estsanssurprisequejelevoisdébarqueravecJulie.Ellemesauteaucou,meditqueCharlottel’aprévenuepourmamère.Noussommestousréunis,ilnem’enfautpaspluspourêtreheureuse.Je rangemesproblèmesdansuncoindema têtepourprofiterdecettejoyeusebande.

Vers1hdumatin,touslescouplespartentbrasdessusbrasdessous,nousallonsnouscoucherdanslesbrasl’undel’autre.

Ceweek-endj’aivraimenteul’impressiondevivreaveclui,mêmesijesuissurmonpetitnuage,c’estlecœurlourdquejeleregardeprendrelarouteduretour.

Commeprévu,Théorestelasemaine.Ilaprisunechambred’hôtel,maisjemedemandevraimentpourquoi.Nous sommesmercredi, or il n’a pas passé une seule nuit en dehors de la chambre deCharlotte…enfindormi,vulesbruitsnocturnes, jepensequ’ilsn’ontpasbeaucoupdormi.Sursesconseils, jemedécideàappelermamèreafindem’assurerqu’ellenevapaschercheràcontacterd’autresmagazines.

—Bon,alorstul’appelles,maiss’ilteplaît,net’emballepas.Parleavecelle,écoutecequ’elleaàtedireetseulementaprès,demandegentimentdetelaissercontinueràvivretaviesanscontacterlapresseàscandale.

—Engros,tumedemandesdefairel’hypocriteavecunefemmeàquij’aienvied’hurlertoutelahainequej’aienfouiependant15ans?jeluidemandemécontente.

—Ouienquelquesorte.C’estpourtonbienàtoietàEsteban,crois-moi.

—OK,jevaisfairemonmaximum.

Je parsm’isoler dansma chambre pour l’appeler. Elle décroche à la deuxième sonnerie etmeremerciedelarappeler.Jeresteassezfroide,maisj’écoutelesconseilsdeMonsieur«l’agent»etjerestecourtoise.Ellemedemandedeluilaisserunechancedes’expliquercequejefinisparaccepter.Elle me dit regretter la décision de m’avoir laissée, que si elle pouvait revenir en arrière ellepartirait,maisavecmoi.Elles’estremariéeavecunricheacteurNew-Yorkais.Ellem’informequ’ilsontéludomicileàParisdepuiscinqans.LorsquejeluidemandepourquelleraisonelleadécidédevenirvivreàParis,ellemerépondquej’aiundemi-frèredequatreans.Ils’appelleBrady.Elleluiaparlé de moi. C’est l’une des raisons pour lesquelles elle a voulu me recontacter. Il souhaite merencontrer. Je suisune foisdeplus sous lechoc. Jene saispas si je serai capabled’aimercepetitgarçon qui a le droit d’avoir une mère alors que moi j’ai toujours voulu l’avoir et qu’elle m’aabandonnée.Jefinisparluiposerlaquestionquimedémange,jeluidemandesicontacterlapresseétait vraiment indispensable. Elle s’excuse, elleme promet de renoncer à la presse si j’accepte devenir la voir àParis pour la rencontrer, elle et sa nouvelle famille. Je serre les dents pour nepasexploser,jeluiprometsd’yréfléchir,avantderaccrocher.

Lorsquej’expliqueletoutàThéo,ilmeditques’ilmeparleentantqu’agentd’Esteban,ilaenvie

demedemanderd’alleràParis,maisqu’entantqu’ami,ilmesoutiendra,peuimportemadécision.Jesuis étonnée de sa réaction, alors il me sourit, me dit qu’il a enfin compris à quel point je suisprécieuseauxyeuxd’EstebanainsiquepourCharlotte,qu’ilavraimentenviequenous reprenionstoutdepuisledébutafind’êtreamis.

Danslasoirée,Estebanm’appellepourmeprévenirqu’ilarriveunjourplustôtetqu’ilaimeraitquejel’attendedirectementchezlui.Ilatoutprévu,Théomeconfieledoubledesclefsafinquejepuissem’yrendre.Jesuis touteexcitéeà l’idéede l’attendre, je réfléchisdéjàdequellemanière jevaislerecevoir.Unechoseestsûrejevaisl’attendreentenuedesplussexy.

Après le travail, je repasse rapidement à l’appartement récupérer mes affaires, je tombe surCharlotteetThéoenpleineséancedepelotagesurlecanapé.Jemeraclelagorgepourleursignalermaprésence,mêmesiCharlotteserelèveplusvitequ’unefuséemontrantsagêne,Théoluisembleamuséparlasituation.

—Jenerestequedeuxminutes.JerécupèremonsacaveclesclefsdechezEstebanetjefile.

—Non,nonprendstontemps…

—PasdesoucisCharlotte,jelacoupeamusée.

— Pour nous faire pardonner de notre manque de discrétion, que dirais-tu de conduire ClairejusquechezEsteban?Decettemanière,tupourraslaissertavoitureici,tunevaspast’enservir,carjesuiscertainquetonmachodecopaintientàprendresavoiture.

—Bonneidée,s’exclameCharlotte.

—OK,sicelanevousembêtepas.

—Non,nousauronstoutletempsdereprendrelàoùnousnoussommesarrêtés.

Charlotteluilanceunregardfuribond,Théoéclatederire.Finalement,cesdeux-làsontfaitspourêtreensemble.Enarrivantdevantlamaison,jedemandeàThéodeprévenirEstebanquejesuisbienarrivée,carmonportableestdéchargé.

Illecherche,maisneletrouvepas.

—Merde,j’aidûl’oublierchezvous.Jeluipasseuncoupdetéléphonedèsquejerentre.

— Oui merci, je ne veux pas qu’il s’inquiète. Sinon, comment je dois faire pour désactiverl’alarme?jeluidemandenevoyantaucunbipaveclaclef.

— Technologie moderne ma jolie. Tout est dans la clef. En ouvrant la porte, l’alarme seradésactivée.C’estunealarmecomplètementinvisible,letopdutop.

—Waouh,c’esttrèsmoderneeffectivement.Bonjefile.Charlotteonsevoitdimanchesoir.

—Ouimachérie,profitebiendetesretrouvailles,medit-elleenmefaisantunclind’œil.

Enpénétrantdans lamaison, j’observequelquesminutesànouveau samaisonqui lui ressembletellement,solide,rassuranteettrèsbelle.Jesourisetdécidedem’activer.Ilestdéjà18h30,cequiveut dire qu’il devrait très vite arriver, j’ai très envie de le surprendre. Je file dans la chambre etdéposemon sac sur le lit pour récupérer la fameusenuisette.Aumomentoù je la tiens enfin, unemain seplaque surmabouche et un corpsvient se coller aumien.L’espaced’unemilliseconde jepense qu’il s’agit d’Esteban, mais le souffle rapide que je sens au niveau de ma nuque me faitcomprendrequ’ilnes’agitpasdelui. Ilestfortetrapide,signed’unegrandenervosité.Je tentedecriermalgrésamaintoujoursplaquéesurmabouche,monsangseglacelorsquej’entendslavoixde«MONAGRESSEUR».

—JevaisretirermamainClaire,celanesertàriendecrier,iln’yapersonne.

Ilretiresamainetmeretournepourquejemeretrouvefaceàlui.Ilal’airtrèsnerveux,leregardqu’ilposesurmoin’estquehaineetcolère.

—Patrick…calmetoi.Nouspouvonsdiscuter.Estebannevapastarder.Commentsavais-tuquejeseraisici?Commentas-tufaitpourentrerdanslamaison?

—Tumeprendspourunincompétent?TuasoubliéQUIjesuis?mecrache-t-ilavecmépris.Jesuislemeilleurinformaticienquiexistemonamour.Tontéléphoneestconnectéaumien.Jereçoistessms, lorsque tu reçoisunappel, je le reçoiségalement, jepeuxprofiterde tes séancesdesexepartéléphone.D’ailleurs,tum’avaiscachéquetuétaissi…dépravée!ajoute-t-ild’untonsouriantplusquemenaçant.Pour répondre à tadeuxièmequestion, riendeplus simple, je suis entrépar labaievitrée,trèsfacileàforcerd’ailleurs.

Jemedemandes’ilaconsciencequel’alarmeadûsemettreenroute.

—Tun’aspasdéclenchéd’alarme?Jeluidemandeleplusdoucementpossibletoutenmereculantpourtenterdeluiéchapper.

—Etonnement,iln’yapasdesystèmedesécurité.Bon,jenesuispasvenuicipourparlerdemestalentsdecambrioleur.Nousallonspartir…TOUSLESDEUX!

—Jen’aipasenviedepartirPatrick.

Jetenteletoutpourletout,jecommenceàvouloirm’enfuirencourant,c’estalorsqu’ilm’attrapeparlescheveux,metireenarrièreetmefaittombersurlelit.Ladouleurestaigüe,j’ail’impressionqu’ilvientdem’arracherlatête.Toutvatrèsvite,ilacomplètementperdul’esprit,ilhurle,ilfaitdesvaetvientautourdemoi.Jetentedelecalmer,jesuisterrifiée.

—Je t’avaisprévenue,c’estmoietpersonned’autre !Tuas laisséunautre te toucher, tebaiser,maismaintenantc’estterminé.

Jeleregarde,jenedisrien.Ils’avanceversmoi,ilmetireparlebras,jetentedeleretenir,alorsilmebalanceunegiflequimefaittomberausol.Jehurlededouleur.

—S’ilteplaît,Patrick,arrête!Nemefaispasdemal!Jelesupplieenpleurant.

—PASDEMAL?EttoiClaire?Toi,tupensesaumalquetum’asfaitendurerdepuisdeuxans?Deuxansque j’attendsgentimentunsignede tapart, toutcelapourquoi?Que tu te tapesunautremec!C’estterminé,TUvaspayerpourlemalquetum’asfaitetILvasouffrirdetonabsencecommemoij’aisouffert.

Iltentedemefairerelever,maisjefaismonmaximumpourresterausol.Théoadûleprévenirquejesuisdanslamaison,iladûêtreprévenudel’intrusiond’unindividudanssamaison.Ilfautquejegagnedutemps.Malheureusement,jenefaispaslepoidsfaceàlui,ilmetraineàmêmelesol.Ilouvrelaportedelachambreetparbonheurdeuxhommesluisautentdessus.

—«POLICE!»hurlel’undeshommes.Nebougezplus!

Patrickhurleettentedesedébattre,ilmecriequ’ilmedéteste,quejevaisfinirparlepayer.Moijeresteimmobileàmoitiéallongéesurlesol.Undesautresagentss’approcheetmedemandesijepeuxmerelever,maisj’ensuisincapable.J’entendslavoixd’Estebanauloin,ilhurleaussi.

—Laissez-moientrer.Jeveuxlavoir.Jesuischezmoi,BORDEL!

L’agentm’aideàmeremettresurpied,pendantquel’autreemmènePatrickmenotté.J’aiàpeineletempsdememettredeboutqu’Estebanmefoncedessus.Ilmeprenddanssesbras.

—Putainmachérie.J’aieutellementpeur.J’aivouluteprévenir.Maistuétaissurrépondeur.J’aiessayédejoindreThéo,maisrien.L’alarmes’estdéclenchée.J’aireçuunappel.J’étaisà80kmdelamaison.J’aidemandéàfairevenirlapolice,maistuesarrivéeavanteux.Jesuisdésolé.Ilauraitpute…

—Chut,s’ilteplaîtnedisrien.J’aieutellementpeur.Ilvoulaitm’emmener…Jeluiexpliqueenpleurant,moncorpstremblant.

Ilme soulève pourme porter etm’emmène jusque dans la salle àmanger. L’un des agentsmedemandedeveniraupostepourledépôtdeplainte,maisThéoarriveaumêmemomentetprendlerelais.Charlottesejettesurmoilevisagebaignédelarmes.

—NoussommesvenusdèsqueThéoaeulemessage.Jesuisdésolée.

Théo revient vers nous et prévient Esteban que je dois absolument me présenter demain à lapremièreheureaucommissariat.

—Jemesuispermisdecontacterunmédecin,ildoitarriverdansunedemi-heuremaximum.

Je lève la tête, je tente de me relever, mais retombe sur le canapé, mes jambes tremblent,m’empêchantdemetenirdebout.

—Jen’aipasbesoindemédecin.J’aijustebesoindedormir.

—NonClaire.Ilt’afrappéecetenfoiré,tajoueestrougeettutremblescommeunefeuille.S’ilteplaîtnefaispastatêtedemuleetaccepte.Pourmoi!

—OK,sicelapeutterassurer,j’acceptedansunsanglot.

Charlottemeregardeavecinquiétude.Ellesembleautantsouslechocquemoi.

Jeluiprendslamain,jetentedelarassurer,maiscen’estpasgagné.

—Écoutejevaisattendreledocteuravectoi,ensuitejeteramèneàl’appartement.

—Charlotte,jeterappellequejesuislà!Jevaism’occuperd’elle,rassuretoi,intervientEsteband’untonbrusque.

—Calmez-vous tous lesdeux.Charlotte, tuvas rentreravecThéo, jeveuxque tuailles rassurerJulie,carjesuissûrequetul’asprévenue.JevaisattendrelemédecinetEstebanvousappellerapourvousdonnerdesnouvelles,dis-jeavecleplusdecalmepossible.

—OK!nousallonsrentrer,maisattends-toiàmevoirdébarquerdemain.

—Jevousraccompagne,leurditEsteban.

Ilm’embrassesurlatempeetselèvepourlesaccompagner.Jem’allongesurlecanapé,jemesenseffrayée,épuiséeetégalementmalheureuse.

MêmesijenepensepasavoirméritélafoliedePatrick,jemesenscoupablequ’ilaitpuenarriverlà. Les larmes recommencent à couler et lorsqu’Esteban revient près demoi, lemédecin est là. Ilm’ausculte,mefaitunepiqûrecenséemedétendre,ilmeprescritdescalmants.

Ilmemetaureposforcépourlesdeuxprochainessemainesetmeconseillevivementdeprendrecontactavecl’undesesconfrèrespsychiatrespourm’aideràévacuermontraumatismecommeillenomme.

Lemédecinenfinparti,Estebanmeportejusqu’àlasalledebains.Ilmeretiremesvêtementsaveclaplusgrandedouceuretmefaitcoulerunbain.Ilprendletempsdemelaveravecpatience,respect.Unefoisassezpropreàsongoût,ilmesècheetm’allongesurlelit,ilvientseblottircontremoi.Jemesensépuisée,maisensécuritédanssesbras.Jefermelesyeux,maismalheureusement,mêmelesbrasrassurantdemonchampionnemepermettentpasdepasserunedoucenuit,jeremuedanstouslessens,jemeréveilleàplusieursreprisesensursautettranspirante.

Jemeréveilledoucement, toujourslatêtedanslebrouillard.Unemusiquerésonneauloin.Jetâtonnepourretrouverlachaleurdemon homme,mais je suis seule dans cet immense lit. Jeme redresse lentement, je fixe la porte de la chambre restée ouverte. Jemeconcentresurlamusiquequifinitparmeréveiller,jereconnaiscetair,carmonpèreadorecemorceau,ils’agitde«SayYoullBe»deJérômePrister.Jeremonteledrapsurmapeaunue,jechercheduregardoùsetrouvemonsac,maisnelevoispas.Jedécidedemelever, je pars à la recherche d’un vêtement. J’attrape un tee-shirt et un boxer d’Esteban et les enfile à la hâte. Je suis obligée deretrousserleboxerpourqu’ilnetombepas,letee-shirtmefaitquasimentunerobe,maisaumoinsjenesuisplusnue.Jelongelecouloir,jedescendspourleretrouver.L’odeurdecafém’attire,alorsjemedirigedirectementverslacuisinecertainedeletrouver.

Effectivement,ilestlàtorsenuavecunbasdejoggingquiluitombejusteauniveaudelataille.Jeme racle la gorge, il se retourne enme souriant. Je reste bloquée sur son torse, jamais je nemelasseraid’admirercecorpsathlétique.

—Bonjourmonlapin,commenttesens-tucematin?

Jerelèvelatêteetluisouristimidement.

—Çava,jemesensunpeudanslebrouillard,maissinonjecroisquejevaisbien.

—Etmoralement?medemande-t-ilinquiet.

—Jenesaispas…J’aifaitdescauchemarstoutelanuit.

Ilserapprochedemoi,medéposeunetassedecafésurlatabledevantmoiavantdemeprendredanssesbras.

—Toutirabienmaintenant.Ilvadevoirassumeretrépondredesesactesdevantuntribunal,ilvapasserdutempsàréfléchiràcequ’ilafaitdanssacellule.

Jemeraidisàsesparoles.J’aiencoredumalàmedirequePatrickrisquedepartirenprisonàcausedesessentimentsenversmoi.

J’aiconsciencequ’ilaétébeaucouptroploin,quejedevraisledétester,maisjeressensdelapeinepourlui.Estebanserecule,ilm’embrasseauniveaudelatempe.

—Tudoismanger,majolie.Ensuite,jet’emmèneraiaucommissariat.Théovientdem’appeler,etnousdevonsvraimentallerfairenotredéposition.

—Oui,jevaisallerm’habiller.Quelleheureest-il?

—Ilest11h30.Jen’aipaseulecœurdeteréveiller,tusemblaistellementépuisée.

— Tu aurais dû me réveiller, j’ai l’impression d’être vraiment nulle. Depuis que nous noussommesrencontrés,tupassestontempsàmesauveretmeprotégerdetout,j’ajoutedansunsanglot.

—Ehmonlapin!Nedispasdebêtise.Depuisquejet’airencontrée,j’aiouvertlesyeux.Avant,rienn’avaitd’importanceendehorsdemoi !Aujourd’hui il y a toi, et je suisheureuxdepouvoirprendresoindetoi.

Ilmeditcesmotsenmeregardantavecamour.Ilm’embrasseavecdouceursurleboutdeslèvres.Jelesenssurlaréserve,iln’osepasmetouchernimêmem’embrassercommeilal’habitudedelefaire.Pourtant,laseulechosequiréussitàtoutmefaireoublier,c’estlorsquequejesenssesmainsme toucheravecenvieet ses lèvresmedévoreravecavidité. Jem’installepourboiremoncafé, jedécidedemettreleschosesauclairaveclui.

— Je te remercie de t’occuper de moi avec autant d’amour. Mais je ne veux pas que tu meconsidèrescommeunepetitechosefragile.Jeveuxquetusoisnaturelavecmoi,luidis-jeenlevantlesyeuxdematassedecafépourtombersurlessiens.

—Aveccequivientdet’arriver,jenepensepasquetuaiesenviedemevoirtesauterdessus.

—Aumoins, j’aurais le sentiment que tume désires toujours… que tum’aimes ! Je lui avouehonteuse.

—Quejet’aime?Quejetedésire?Tublaguesj’espère…Jet’aimecommeundingue!m’assure-t-ilenselevantpourvenirseposeràgenouxdevantmoi.Jepeuxt’assurerquejetedésire.Hierentelavant,jen’avaisqu’uneidéeentête:m’enfouirànouveauentoi.Lorsquejet’aicouchéeetquejemesuiscolléàtoi,jen’avaisqu’uneenvie:laissermesmainssebaladeravantdetepénétrerpourtefairehurlermonnom!Maisvoilàcelam’aparu…malvenu.

Jemesensrougirsouscesdoucesparoles.

Jeluicaresselevisageetmepenchepourluidéposerunbaiserversl’oreilletoutenluisoufflant:

—Etmaintenant, tu penses toujours que ce seraitmalvenu ?Carmoi j’ai très envie que tumefassestoutcequetuviensdemedécrire.

Ilrit,serelève.J’aperçoissonjoggingsetendresursonsexeenérection.Jepassemamainlelongdesavergeàtraverssonjogging,maisilsereculed’unpas.Jefroncelessourcilscontrariéequ’ilmerepousseànouveau,maisilritdeplusbelle.

—Écoute, j’ai l’intentiondeprofiterde toncorps.Maismalheureusement, j’aipromisquenousserionsaucommissariatavant12h30auplustard,etjen’aipasdutoutenvied’uncouprapide,alorstuvasdevoirpatienter.

—Etmoij’enaienviemaintenant!

—Jeteprometsdetecomblerdèsnotreretour…enfinsinousnesommespasenvahispartoutelatroupe.

—Raisondeplus!jeluirétorqueenmelevant.

Jem’approcheetilsereculejusqu’àseretrouverbloquécontrelemur.Ilnepeutplusm’échapper,maisilparaîts’enréjouir.Jecollemoncorpscontrelesienetmefrotteàsonentrejambe.Jesensson

membregrossirsousmatorture,seshésitationspartentenfumée.

—Tuessûred’enavoirenvie?medemande-t-ilexcité.

—C’estplusqu’uneenvie,j’enaibesoin!

Ilnem’enfautpaspluspourleconvaincre.Ils’emparedemeslèvres,faitpassersontee-shirtpar-dessusmatête,laissantretombersonboxerausol.

Ensuite, il fait coulisser son jogging avant de le repousser de ses pieds. Il me soulève et noustourneafinquejesoisàmontourcolléeaumur.J’entouremescuissesautourdeseshanchesafindeluilibérersesmains.Ils’écartedemonintimitépourmeletitillerdesesmainsavantdeplacersonsexe à l’entrée de mon mont de vénus. Je ne vois plus aucune hésitation dans son regard, maisuniquement un désir sauvage. Il me comble d’une seule poussée vigoureuse. Mon corps cogne ànouveaucontrelemur.Cemélangedebrutalitéetdedésirnefaitqu’attisermonplaisir.Notrebaiserse fait de plus en plus dévorant au rythme de ses assauts. Ses mains parcourent ma poitrine. Sesmouvementssefontdeplusenplusrapidesetjesensmonsexeseresserrerautourdesaqueue.Jeluigriffeledostoutenrejetantmatêtecontrelemur,jehurlesonnomdetoutesmesforces.Sabouches’emparedemontétonqu’ildégusteavecaviditétoutendonnantplusdeforceàsespénétrations.J’ail’impression de le sentir au plus profond de moi-même, je sens un autre orgasme m’envahir.Lorsqu’ilsedélivreenmoi,j’exploseàmontour.Mesjambestremblentànouveau.Ilm’attrapeparleshanchespourmemaintenir,ilnousfaitglisserlelongdumurpourfinirallongésausol.Aprèsquelquesminutes,jeluiembrasseletorse,jetentedemerelever,maisilmeretient.

—Attendsencoreuneminutemonlapin.J’aibesoindereprendredesforces!C’était…

—Délicieux!jeluisouffleenlecoupant,enl’embrassantànouveausurletorse.

— Je dirais plutôt explosif mon amour. Je t’aime Claire, je ne peux pas vivre sans toi. Tu esl’oxygènequimepermetderespirer,medit-ilenmecaressantlescheveuxavecdel’émotiondanslavoix.

Jerelèvelatête,jel’aperçoisquifixelemurfaceàlui.Ilsemblevraimentému.Jeréalisetoutàcoup que je ne suis pas la seule à avoir été touchée par les évènements de la veille. J’attrape sonmentonafinqu’ilmefixeetluidis:

—Jevaisbien!Àtescôtés,jevaisplusqueBIEN!

Ilm’embrasse à nouveau.Nos langues semélangent avec désespoir.Mon excitation remonte lelongdemescuissesjusqu’àmonmontdevénus,maisEstebanromptnotrebaiserenm’embrassantsurlefront.

—Nousdevonsnouspréparer!Sinouscontinuonssurceterrain,nousnesortironspasdecettecuisine.

Jeluisouris,jehochelatête.Jeveuxbienattendreunpeu,mêmesijen’aiaucuneenviedesortirpourallerraconterlesévènementsdelasoiréeprécédente.

Lorsque nous arrivons au commissariat, toutes mes bonnes résolutions tombent en miettes. Je

pense à Patrick. Nous entrons et Esteban demande à parler à un certain « DELORMEAU ». Ilm’explique que c’est Théo qui lui a dit qu’il devait prendrema déposition.Nous entrons dans unbureau,l’agentcommenceàdemanderàEstebandesortir,orilrefuse.Jedemandes’ilpeutrester,onaccepte.Ilmeposetouteunesériedequestionsetjesuisétonnéelorsqu’ilmeparledemonagressionàParis.Quandilperçoitmonétonnement,ilm’expliquequePatrickatoutavoué.Jesuisdoncobligéedetoutreprendredepuisledébut.Quandjedisdébut,jeveuxvraimentdiredébut.NotrerencontreviaCharlotte, puis notre relation suivie de notre séparation et de notre amitié que je pensais sincère,mêmesijesavaisquesessentimentsétaientplusfortsqu’unesimplerelationamicale.Jeluiracontemapremièreagressiondansleparking.Ilm’interromptpourmedemanderpourquelleraisonjen’aipasportéplainte.J’expliqueque,commej’étaisendéplacementprofessionnel j’aieupeurquemesclientsseposentdesquestions.

—Vousvousrendezcomptequevotrecomportementaétéstupide?

— Oui, j’en ai conscience maintenant, je lui concède tout en posant ma main sur le genoud’Estebanquisembleénervé.

—ContinuezMademoiselleGarnier.

Jecontinuemonrécit.MesretrouvaillesavecEsteban,puisledînerpourdiscuteravecPatrick.Jeparledesaréactionlorsqu’ilacomprisquejevoyaisunautrehomme.Puispourfinir,sonapparitionchezmonpèreoùiln’apasniéêtremonagresseuretbienévidemmentlanuitprécédente.Unefoisterminé,jeluidemandecequerisquePatrick.

— Il va être inculpé pour agression, tentative de kidnapping avec l’intention de nuire. Il risquebeaucoupMademoiselle.Maishonnêtement,jepensequ’ilaplutôtbesoindesefairesoigner.

J’ai le sentiment que ce fameux Monsieur DELORMEAU me tient pour responsable desévènements.Estebanadûlesentir,carilajoute:

—Noussommesbiend’accordavecvous.Ildoitsefairesoigner!Maisildoitpayerpourlemalqu’ilafaitàmafemme!dit-ilavecrage.

L’agentsetortillesursachaiseets’excusepours’être«malexprimé»,moijerestebloquéesursesdernièresparoles«mafemme».Ilsselèventetjereprendsmesesprits.Ilmetendlamainpourmesaluer,jeluidemandecommentfairepouréviterlaprisonàPatricksousleregardahuridemon«homme».

—Vousnevoulezpasqu’ilparteenprison?medemandel’agentperplexe.

—Non,jenepensepasqu’ildoiveatterrirenprison.Avanttoutcedrame,Patrickatoujoursétéquelqu’undebien.J’aimeraisjustequ’ilsesoigneetqu’ilretrouveunevienormale.

—JesuissurprismademoiselleGarniermaisaussiimpressionnéparvotrecompassion.

Ilmesouritetreprendunairsérieuxpours’adresseràEsteban.

—Monsieur Duval, merci de l’avoir accompagnée, et surtout je tiens encore à vous présentertoutesmesexcusesconcernantlesjournalistes.Commejel’aiexpliquéàvotreagent,nousavonsfait

notremaximum pour les éloignermais il a dû y avoir une fuite dans le commissariat. Ils étaientbeaucouptropnombreux.

—Cen’estrien,dumomentqu’aucunclichédemafemmeneseretrouvedanslapresse,jepeuxgérer.

Noussortonsmaindanslamain.Jen’avaispasremarquéhierquelesjournalistesavaientassistéaudramedelaveille,carj’étaistellementsouslechoc!Puis,aprèsavoirétéshootéeparlemédecin,ilauraitpusepassertoutuntasdechosesquejen’auraispasfaitplusattention.Jem’inquiètepourlesrépercussionsquecetévènementpourraitcauseràEsteban,j’espèrequ’ilnevapasatterrirunefoisde plus dans la presse à scandales. Avec tous les flics présents hier, les journalistes pourraientinterpréterlesévènementsden’importequellemanière.Estebanm’ouvrelaportièreet jemerendscomptequenoussommesdéjàarrivésdevantsamaison.

Ilm’embrasse,medemandedenepasmesoucierdelapresse.Jeleregardeétonnée.

—Ouimonlapin,nousnesommesensemblequedepuisquelquesmois,maistunepeuxrienmecacher. Théo est déjà sur le coup.Nous allons gérer.Rentrons. Il y a dumonde qui nous attend àl’intérieur.

—Ahbonquidonc?

—Tuverras,netefâchepas,maisquandtacopineCharlotteestinquiète,ellenefaitpasleschosesàmoitié.Ellet’aimevraimentcettefille.

Ilmeprendlamain,nousentrons.Jedécouvrequ’ilyatoutlemonde.JulieetSergio,SébastienetLaura,CharlotteetThéo,quisembletrèscontrarié,monpèreetAnnie.Mince,ellen’apasosé!Jefroncedessourcilsetjetteunregardméchantàl’attentiondeCharlotte.Ellecourtprèsdemoienmedemandantpardon,maisajoutenepasregretter.

—Arnaudesttonpère,ilaledroitdesavoir.Deplus,tudevraisluiparlerégalementdetamère.Negardeplusdesecretpourtoicommetul’asfaitpourPatrick.Stoplescachoteries!meconseille-t-elleavecautorité.

Tout le monde me saute dessus pour m’embrasser, lorsque Sébastien me prend dans ses bras,Estebanmet fin aux effusions rapidement. Il ne peut contenir sa jalousie. Il lui demanded’aller secolleràsacopine,Sébastiennes’offusquepasdesaremarque,ilritenrejoignantLaura.Monpères’approchedemoi,lesyeuxrouges.Voirmonpèresisecouémefaitmonterleslarmesaussitôt.

—Ohpapa…,luidis-jeenluisautantdanslesbras.

—Claire…J’aieutellementpeur.

Jeleserredetoutesmesforces,jetentedelerassureraumieux.Lorsquenousnousdétachonsl’undel’autrenoussommesseuls.J’aperçoistousnosamissurlaterrasse.

—Claire,tudoismeparler.Tudoismedirequandquelquechosenevapas.

—Ouijelesais.Allons-nousasseoir.J’aimeraisteparler…demaman.

Nous nous asseyons. Il me pose des questions sur Patrick, je lui réponds avec honnêteté. Il estchoqué.Jesaisqu’ilaimaitbeaucoupPatrick,ilalesentimentd’avoirététrahi.Jedécidedeclorecesujetetdeluiparlerdemamère.Ils’empressedes’excuserdeluiavoirdonnémonnuméro,maisqu’ilapenséqueladécisiondecouperlesliensdevaitvenirdemoi.Jeluiparledesrévélationsdemamère,qu’elleveutquejeviennelavoirafinderencontrermondemi-frère.

—Elleaeuunautreenfant?medemande-t-iltroublé.

—Oui…ila4ans,ils’appelleBrady.Apparemment,soncomédiendemariconnaîtmonexistenceainsiquesonfils,ettousdeuxl’ontencouragéeàreprendrelecontact,carilaimeraitmerencontrer.

—Ehbienmafille,quandtutedécidesàteconfieràtonpèretun’yvaspasàmoitié.Quecomptes-tufaire?

—Jenesaispas.Jen’aiplusenviederessentirdelahaineenverselle.Lefaitdesavoirquej’aiundemi-frère…Jamaisjenepourrailuipardonner,ellearefaitsavie,elleestmariée,elleaunenfant,alorsquetoi…maisj’aienviederencontrercepetitBrady,jeluiavouetristement.

—Quoimoi?J’aiAnniejeterappelle.D’ailleurs,Anniea36ansetjesaisqu’elleaimeraitaussiavoirunenfantàelle…

—Pourquoinepasl’avoirfait?jeluidemandeétonnée.

—Pourtoi!Jecroisquejen’avaispasenviequetutesentesexclue.

—Alorslaisse-moitedirequec’eststupide.Jeseraistrèsheureused’êtreunegrandesœur,jelerassuresouriante.

—Mercimachérie.Écoute,jenesaispassinousauronsunjourunenfant,maislefaitquetusoisd’accordm’enlèveunpoidsénorme.Pourcequiestdetamère…jamaisjenepourrailuipardonner!Maiscepetitgarçonn’arienfaitdemalalorssituasenviedelerencontrer,fonce!medit-ilavecémotion.

—Mercipapa.

Aprèsunderniercâlin,nousrejoignonstoutlemondesurlaterrasse.Estebans’approchedemoietm’enveloppedanssesbras.Nousdiscutonsdetoutsaufdemesdernièrespéripéties.Lorsquetoutlemonde commence à partir Charlotte nous dit qu’elle et Julie ont décidé de prendre des congés etqu’ellesvonts’occuperdemoi,maisEstebanlacoupe.

—DésoléCharlotte.MaisClaire etmoi partons dès demainmatin.Lemédecin l’a arrêtée pourquinzejoursdereposforcé,jelaveuxàmescôtés.

Toutlemondeleregardeinterloqué,Théointervient.

—Esteban,tuastesentrainementsetbeaucoupderendez-vous!Laisselesfilless’occuperd’elle.

—NonThéo!IlesthorsdequestionquejelalaisseicipendantquemoijeseraisurToulouse.Ladiscussionestclose,réplique-t-ilsuruntonsansappel.

Jenedisrien,carjeneveuxpasmedisputeravecluisurtoutqu’illefaitpourmasécuritéetaussipourserassurerlui,maisjenepeuxpaslelaisserdéciderseuldecequiestbonpourmoisansm’enparleravant.

Unefoisquetoutlemondeestparti,ilmeproposedenousfaireuntrucrapideàdéjeuner.

Nousallonsdans lacuisine, je le regardes’activer. Jedécidequec’est lebonmomentpouruneexplication.

—Esteban,jevoudraiséclaircirunpointavectoi,luidis-jeavecsérieux.

—Çasentleconflitàpleinnez,jet’écoute,medit-ilaveccalme.

—C’estgentilde tapartdevouloirmeprotéger.Maisavantd’organisermavie, j’aimeraisêtreconsultée.

—Organisertavie?Tuyvasunpeufortmonlapin,ajoute-t-ilenriant.

Jesuisfurieusequ’ilnemeprennepasausérieux.Jemelèveetluidis:

—Oui!Organisermavie.Quandas-tudécidéquej’allaispartiravectoi?Quiteditquejen’aipasdécidéderetournertravaillerlundi?

—Tuasbesoinderepos.Donc, ilesthorsdequestionqueturetournestravailler.Àchaquefoisquenoussommesséparés,ilt’arrivedesmalheurs…AlorsSTOP.Turentresavecmoi.

—JevisàPerpignan!

—OuietmoiàToulouse.PutainClaire,merde.J’aicrumourirdepeurhier!medit-ilencriant.Jenetedemandepasdetoutabandonnerici…pasencore.Maisjetedemandedelefairepourmoi.J’aibesoind’êtrerassuréetdet’avoiràmescôtés.

Il se calme et attend.Après une telle déclaration, je neme sens pas le courage de refuser de lesuivre.Ilmeprendlesmainsetattendmaréponseprêtànepasabandonnertantquejen’auraispascédé.

—Commel’aditThéo, tuas tesentrainementsetdes rendez-vous importantsàhonorer. Jevaisfairequoimoipendantcetemps?

—Jepourraistedéposercheztonpère.Jeneseraiabsentquequelquesheuresdanslajournée.Jetele demande gentiment, mais sache que je ne compte pas te laisser refuser. Écoute, si vraimentCharlotteetJulieprennentdescongés,ellespourrontvenirtetenircompagnieladeuxièmesemaine.Jetedemandeunesemainerienqu’ànous.

—Unesemainerienqu’ànous?Vivretouslesdeux?Tuterendscomptequ’àlafindelasemainetunevoudrasqu’unechose?Reprendretaviedecélibataire.

— Au contraire, je pense qu’après cette semaine de vie commune, je ne voudrai plus te voirrepartir.

—Danscecas,c’estd’accord.Maintenantprépare-moiàmanger.

—J’aimemapetitefemmequandelledonnedesordres,ajoute-t-ilamusé.

—Etmoij’adorequandtum’appelles«tapetitefemme».

La vie avec Esteban est très différente de ma vie avec les filles. En seulement trois jours, il aaccumuléplusderendez-vousquelePrésidentdelaRépublique.Ilselèvetrèstôtpourallercourir,ensuite rentre etme réveille demanière assez agréable, nous déjeunons puis il s’éclipse pour sonentrainementquotidien.Lorsqu’ilrepasseparchezlui,ilestenviron14h,ilfilesousladouchepuismeconsacreunepetiteheureavantdemedéposeroubonmesemble.Ensuitenousnousrejoignonsvers20h.Engros,jelevois3hdanslajournée,bonjenecomptepaslanuit,carlanuit«ildort»,moijeresteéveillée,pourmoidormirestsignedecauchemars.Mêmes’ilesttrèsgentilavecmoi,quejel’aimeinfiniment,jeréalisequenosviessonttropdifférentes.Sijetravaillais,onneseverraitmêmepas.Aujourd’hui,c’estencorepire.Ilm’aexpliquéhiersoirqu’ilallaitêtrevraimentoccupéaujourd’hui,qu’ilnerepasseraitpasavantcesoir,orpouréviterquejemesenteseule,ilademandéàThéodepasser.LavenuedeThéom’agaceauplushautpoint,jepensaisquenousavionsenfinrésolunossoucis,maisdepuislundi,ilpassechaquejourvoirEsteban,luidéposeuneenveloppeavantdes’enfermerdanslebureauenm’ayantàpeineditbonjouretsuruntondesplusglacial.J’aiencoredûfairequelquechosed’impardonnable,maisjenesaispasquoimalheureusement.

Jesuisprêtedanslesalonàattendremonfameuxbaby-sitterquidoitarriverdansunedemi-heure.J’enprofitepourappelerausecours.

—Allo,Charlotte.

—Coucoumonlapin,tutombesbienjesuisavecJulie.Tuvasbien?

—Non,jen’enpeuxplus.Estebann’estjamaislà,Théoboudeànouveauetj’enairaslebold’êtretouteseule.

—Tonmecestvraimentborné, je luiavaisditde te laisseravecnous.Écoute, je teproposeunkidnapping!

—Unkidnapping?jeluidemandeintriguée.

—Julieetmoiavonsposédesjoursdecongés,commeprévu.J’aimeraisquel’onpartequelquesjoursentrefilles.J’aisoumisl’idéeàThéo,maisilm’aditderenoncer,qu’ilétaithorsdequestionquetut’éloignes,quelapresseallaits’endonneràcœurjoie,blablabla.Ducoup,nousavonsdécidédevenirtechercher,tudécidesdulieu,jemechargederéserveretnouspartonsdemainmatin.NousarrivonscesoirsurToulouse,nousallonssagement restercachées.Nous laisseronsunpetitmotàcesmessieurs,histoirequ’ilscomprennentquicommande.Qu’enpenses-tu?

—J’enpensequ’ilrisquedenepasapprécier,queducoup,Théorisquedetetuer.EtJulieelleenpensequoi?Sergionevariendire?

—VularéactiondeThéo,elleadécidédenepasluienparler,histoirequ’ilnepréviennepastongardeducorps.AllezClaire,unpeud’aventures!medisent-ellessuppliantesàl’unisson.

—OK!JeveuxalleràParis.Demain,jeseraiseuledès8h30.

—Parfait.Nousprenonslaroute,maissurtoutpasdegaffe.Nousallonsrestertranquillementchezmamèrehistoiredenepastombersureux.Tiens-toiprêteà9h00.Nousallonsnouséclater.

—Ouipromis!réponds-jeenriant.Notreretourrisqued’êtrebeaucoupmoinsdrôle.Lesfillesjevouslaisse,j’aiunvisiteurquivientd’arriver,jechuchotetoutenraccrochant.

Théoapprochesoupçonneux.Jelesalue,ilmerépondtoutenmedemandantoùildoitmedéposersuruntondesplusglacial;c’enesttrop,cettefoisjelaisseexplosermacolère.

—ÉcouteThéo, tunem’aimespas, j’aicompris. Jepensaisquenousavions réussiàpasserau-dessusmaisapparemmentnon!Jen’aipasbesoindetesservices,tupeuxretourneràtesoccupations.

—Bien!Madameaterminésacrise?medemande-t-ilenrelevantunsourcilinterrogateur.

Demanièretrèsinfantile,jerelèvemamainetluimontreunjolidoigtd’honneur.Ilexplosederireetjemesenstoutdesuitetrèsidiote.

—BravoClaire, tues trèsmûre.Bon,écoute…jem’excuse.Disonsquedepuisceweek-end, jesuisobligéderéglerlesproblèmesaveclespaparazzisetmonagacementretombesurtoi.

—Quoilapresse,lesjournalistesm’ontvueentrerdansl’appartementetjamaisenressortir?Ilspensentqu’Estebanm’atuée?jeriposteavecsarcasme.

—Ilnet’ariendit?

—Direquoi?

—IlyadesphotosdePatrickdevantchezluiàPerpignanmenottéavecEstebanprèsdelui.Surlaphoto,nousavonsl’impressionqu’unflicl’empêchedesautersurPatrick.Levisagedetonamiestflouté.Maisilyaunedernièrephotodetoientrantdansl’appartement,auvudetatenue…elledated’unautrejour,maislapresses’enfiche.Ducouplesgrostitresdisent«Estebantrompésoussontoit»ouencore«Estebanperdsoncalmefaceàl’amantdesafiancée».Bref…c’estlamerde,ilasignédegroscontratsdepubavecdegrandesmarquesetcegenredepubliciténeleurplaîtpasdutout.Evidemment,iln’enfaitqu’àsatête,vousauriezpuaccepteruneinterviewexclusiveensemblepourmontrerà la terreentièreque toutceciestuneerreur,maisnon,commed’habitude, il faut teprotéger!Voilà,tucomprendspourquoijesuissurlesnerfs…jesuisdésolédem’enprendreàtoi,maissaréputationestvraimentimportantepoursacarrière.Jesuissonagent,maisilestaussimonmeilleurami,alorsçamefoutenrogne.

Jeresteabasourdie.Jenecomprendspaspourquoiilm’aexcluedecettegalèrealorsquejesuisautantconcernéequelui.Jedoisabsolumentarrangerleschosesavantdepartiraveclesfilles.

—Commentpuis-jearrangerleschoses?Aujourd’hui!

—Tunepeuxrienfaire,Estebanneveutpastemêleràsessoucis.

Jemelèvefurieuse.

—Cesontégalementmessoucis.Alorsmaintenant,tuvasm’écouter!Dis-moidequellemanièrenouspouvonsarrangerleschosesetneleprévienspas.Jevaism’occuperdeluimoi-mêmecesoir.

Ilhésiteencoresachantqu’ilvaseprendrelesfoudresdesonmeilleurami,maisneluilaissantpaslechoix,ilmeproposeunpassageradioendébutd’après-midietuncommuniqué.J’accepte,detoutemanière,sijedoisresteravecEstebanautantm’habitueràunpeud’expositionmédiatique.Lerestedelajournées’enchaîne,j’envoieunmessageàEstebanluifaisantcroirequejepassel’après-midiauSPApourqu’ilne tentepasdeme joindre.Ensuitenousfilonsà la radio,et jemeprêteau jeudesquestions auxquelles je réponds sans hésiter. Ensuite pour passons au journal, Théo leur donne lecommuniqué,j’accepted’êtrepriseenphoto.Ilnousassurequed’iciuneheureceserasurinternetetdèsdemainenpremièrepageavecentitre«Lanouvellefiancéed’Estebansedévoile».

Même si Théo semble embêté dementir à son ami, je vois qu’il est soulagé de savoir quemaparticipationd’aujourd’huivaaideràadoucirsespartenairesetsurtoutrétablirlavérité.Afind’éviterqu’il vende la mèche, je lui demande de rentrer chez lui avant le retour d’Esteban et de ne pasrépondres’iltentedel’appeler.Ilmeregardeavecdegrosyeux,jetenteuneautretactique.

—Sois tu gardes notre escapade pour toi, sois j’appelleCharlotte et je lui parle de ton attitudeenversmoi.Jenesuispassûrequetufasseslepoidsfaceàsameilleureamie.

—Tumefaisduchantageavecmapetitecopine?Quiteditquejetiensàelleàcepoint?

— Je le vois à ton regard dès qu’elle est dans les parages ou même lorsque je prononce sonprénom.Tuesdingued’elle!Jemetrompe?

—OK, c’est bon tu as gagné. Je ne dirai rien à Esteban, en échange, fais de la pub auprès deCharlotte,jesensqu’ellem’aimebien,maisj’aimeraisqu’ellenepuisseplussepasserdemoi,situvoiscequejeveuxdire?

—Ouijevois.Marchéconclu,mêmesijepensequeCharlotteestdéjàaccro.

Je luisouris. Ilmeprenddanssesbras,unegrandepremièrepournousdeux.Ilmeremerciedel’avoiraidéàarrangertoutce«merdier».JesuisfurieusecontreEstebandem’avoirmiseàl’écart,maisjenepeuxpasluidire,carsiThéonedoitpasluienparlermoinonplus.Jepréfèrelelaisserdécouvrirparlui-mêmeetvoircommentilvaréagirquandilsauracequej’aifaitpourluisansl’enavertir.Ilrentrevers20h00,commed’habitude.Jesuisdanslacuisineàpeaufinermeslasagnes.Ilentreagacéenposantsontéléphoneunpeutropbrutalementsurlatable.Jemedemandes’iladéjàeuventdemesdémarches,maisj’endoute,carilneregardejamaislapresse,illaisseceplaisiràThéo.

Ilmedemandecomments’estpasséemajournéeetjeluiparledemonaprès-midiSPAcommesij’avaisvraimentprofitédecemoment.JeluiexpliquequeThéom’adéposéeilyauneheureenviron.Il fonce surmoi et m’embrasse fougueusement.Ma colère redescend aussi vite pour savourer cebaiserquinousdévorel’uncommel’autre.Nosvêtementsvolent,ilmesoulèvepourmeplacersurlebar afin de me pénétrer sans préambule. Je sens son besoin de me posséder comme si sa vie en

dépendait.Toutencontinuantsesassauts,ilapprochesamainpourmetitillerleclitoriscequinouspropulseversunorgasmeravageur.Aprèscepurmomentdeplaisir,nousnousremettonsdoucementdenosémotions.Jeluicaresselevisage,jel’embrasseavecdouceur.

Ilmeporte jusqu’à la salledebainetnousnous lavons l’un l’autre avec sensualité. J’enprofitepourfairepreuved’initiativeetdeluiprocurerunplaisirintensedemabouche.Unepremièrepourmoi,maisauvudelamanièredontilacriémonnom,jepenseavoirétéplutôtdouée.

Durant le dîner, il me raconte sa journée, il tente de joindre Théo qui ne répond pas commepromis. Je luidemandede le laisser tranquille. J’hésiteà luiparlerdemonescapadeprévuedès lelendemain,jedécidedeneriendire.Jeferaiensortequemalettresuffiseàlecalmer;d’unecertainemanière, j’auraima revanche sur lui et peut-êtrequ’il hésitera, la prochaine fois, àmecacherdeschoses.Jesaisc’estuncomportementimmatureetpuérildemapart,ildoitcomprendrequejenesuispasunepetitechosefragile,maisunêtrehumainqu’ildoitconsidérercommesonégale.

Nousnouscouchons tranquillement, jepeineà trouver le sommeil, jenesuisdéfinitivementpasfaitepourmentir,jesensdéjàlesremordsm’envahir,maisjetiensbon,jeneleréveillepas.Commeàsonhabitudedepuisledébutdelasemaine,ilmeréveilledelameilleuredesmanièresetmeprometdemeconsacrersonaprès-midi.Moncœursebrise.Jeneluirépondspas,carjeseraisincapabledeluimentirpluslongtemps.Jel’embrasseavecdouceur,jeleregardepartir.

Dèsquej’entendslaporteclaquer,jemelèverapidement,j’attrapeunblocnoteafindeluiécriremapetitelettre.

Monamour,

Jet’aimefort,n’endoutesurtoutpas,maisj’aibesoindeprendrel’airetderéfléchirànous.

Jet’ensupplienem’enveuxpas!

J’aimerais que tu consacres ce temps à réfléchir à la manière dont tu vois notre histoire. Tut’obstinesàvouloirmeprotéger,maislemensongenedoitpasfairepartiedenotrecouple.

Jeveuxêtretonégale,lapersonneàquitupeuxentièrementfaireconfiance,celleàquitupeuxteconfier.Jeveuxêtrelafemmequetudésiresprésenteràtafamille.

J’espèreavoirréussiàt’aideràmamanièreetparlamêmeoccasiont’avoirprouvéquej’acceptaisquitues,etcequiveutdireêtreavectoimalgrélesépreuvesquiseposentdevantnous.J’accepteraistoutpourtoi,aimerlesportetmêmem’exposeràlapresse,carcelafaitpartiedetoi.

Jet’appelledèsquejeseraisarrivée.Jenesuispasseule,alorsnet’inquiètepas.

PS:N’enveuxpasàThéopourhier,jeneluiaipaslaissélechoix.J’aiutilisélamenaceultime.Monuniquebutétaitderésoudrelesproblèmespourunefois.Tuesmonhéros,monchampionetjeveuxquetoiaussitupuissesmeconsidérercommetelle.

Jet’aime,

Tonlapin.

Jepasseparsonbureauetphotocopielalettreencinqexemplaires.J’endéposeunedanschaquepièceafind’êtrecertainequ’illatrouvedèssonarrivée.J’attrapemonsacetparsrejoindrelesfillesquim’attendentenbas.

—PrêtemonLapin?

—Oui,prêtemêmesijemesensvraimentmal.

—Ecoute, nous avons toutes les trois des chances de payer cher cette escapade secrète.Mais jepensequenousavonsbesoindenousretrouvertouteslestrois.Ils’estpassétellementdechosesdansnosviesornousn’avonspaseuuneseulefoisl’occasiondeprendreletempsd’enparlerpourfairelepointsurnotreavenir,nousconfieCharlotte.

—Ne t’inquiètepas,dèsnotre retour,nous leur feronsun tourdecharme, tentedeme rassurerJulie.

—Etpuisdèsquenousseronsarrivées,nouspourronslesappelerpourlesrassurer,leurdireoùnoussommes,ajouteCharlotte.

—OK,ok,allons-yavantquejemedégonfle.

—C’estparti!DirectionParis!

Unechosequ’avaientoubliédemepréciserlesfilles,c’estquenotreescapadedirectionlacapitaleallait être longue. Lorsque je constate que Charlotte ne va pas en direction de la gare, je me disqu’ellessonttopetqu’ellesontdécidédeprendrel’avion,maistrèsvitejemerendscomptequenousneprenonspasladirectiondel’aéroport,alorsducoupjepanique.

—Oùvas-tuCharlotte?J’avaisdemandéParis!jel’interrogeboudeuse.

—Oui, nous allons à Paris. Le seul souci, c’est qu’il n’y avait ni train ni avion avant la fin dematinée,orilesthorsdequestionquetuchangesd’avisaupremiercoupdefildetonrugbyman.

—Alorsnouspartonsenvoiture,ajouteJulieavecespièglerie.

—Maisvousêtesfolles!Ilvanousfalloirdesheures!

—8hderoutepourêtreexacte,s’exclameCharlotteamusée.Avecunpeudechance,nousseronsàlaCapitalevers18h00.Le tempsdesepréparerpourallerdîneretprévenirnoscharmantspetitscopainsdenotreescapade.Enattendant,siEstebant’envoieunmessage,tuluidislavérité.

—Lavérité?Tuesdingue.

— Tu lui dis que Julie et moi avons pris des jours de congés comme prévu, que nous nouspromenons en voiture. Tu vois la vérité peut parfois être interprétée de manière différente. Toutdépendquilitlemessage.

—Ilvam’envouloiràmort,dis-jem’écroulantsurlabanquettearrière.

Commechaquejour,jereçoisunmessagedemonamoureuxquis’inquiètepourmoi.

«Hellomonlapin.Quelesttonprogrammepourlajournée?Jevaisessayerdemelibérerplustôt.

Tumemanques!Jet’m»

N’ayantpaslâchémontéléphonedansl’attentederecevoirdesesnouvelles,jeluirépondsaussitôtcommemel’aconseilléCharlotte:

«Programmebienrempli.CharlotteetJulieontdébarqué.

Ellesontprisdesjoursdecongés.Nousnousbaladonssurlesroutes.Prendstontempspourrentrer.

Tumemanquesaussi!Beaucoup!»

Jelismonmessageauxfillesquiéclatentderire.

—Prendstontempspourrentrer!pfff…Quandilvadécouvrirtonpetitmot,ilvaêtreencoreplusfuraxdecomprendrepourquoituluiasdemandédeprendresontemps,semoqueJulieenriant.

—Nefaispastroptamaligne,jeterappellequeSergioestsonéquipieretmeilleurami,doncencemomentmêmeildoitdemanderàSergios’ilestaucourantdetavenue.

—Ahouijen’avaispaspenséàcela.

Charlotte et moi rions, car Julie s’empresse de partir à la recherche de son téléphone oùeffectivement un message de Sergio vient d’arriver. Julie perd un peu de son assurance, carvisiblement«monsieurmoisd’Avril»semblevexédenepasavoirétéprévenu.Sontéléphonesonne,quandellenousmontrequ’ils’agitdeSergionousluidisonsà l’unissondenepasdécrocher.Elleboude,maisnousécoute.Elleluirépondqu’ellel’appellecesoirpourtoutluiexpliquer.

—Jevouspréviens les filles !Simonamoureux se fâchecontremoi, je remettrais la faute survoussansscrupule.

—Eh ! Je vous rappelle que l’idée du kidnapping vient de vous les filles ! je râle outrée,maisamusée.

—Allez lesfilles,encorequelquesheuresetnouspourronsenfindévoilernotrepetiteescapade.Noussommesdesfemmesautonomes.Cen’estpasparcequenousavonstrouvédesmâlesdominantsquenousdevonsnouslaisserfaire.Unpeudepoigne!nousmotiveCharlotte.

Nousdécidonsderangernostéléphonesetdemonterlamusiqueàfond.Nouschantonsàtue-têteunremixdeCharlieWinston«Thruth»unvrai tubepourdes femmesencavale.C’estquelquesheuresplustard,surlavoixcriardedeJulienouschantant«WhiteKnuckleRide»deJamiroquai,quelamusiquesecoupe,remplacéeparlasonneriedutéléphonedeCharlotteconnectéàsavoiture.Toutesnousvoyons«Doudou»apparaîtresurl’écranduGPS.

—Mince,c’estThéo!

—Nonc’estDoudou,lacoupeJuliemortederire.

—Merde,merde,jefaisquoi?nousdemandeCharlotteaffolée.

—Réponds,detoutemanièrenoussommesàpeineà50kmdeParis.Autantquetucommenceslesfestivités.

Elledécroche,etlavoixdeThéoretentit.

—Hellomadouce,alorscommeçatuesàToulouse?JesuisavecSergioetEsteban!Oùêtes-vous?Nousavonsfinietnousvoulonsvenirvousrejoindre!

—Théo…tuessurhaut-parleur,noussommestouteslestroisenvoiture.

—Coucoulesfilles.Alorsoùêtes-vous?nousdemande-t-ilintrigué.

—Théoéloigne-toidesgarçons.Cequejevaistedirerisquedetecontrarieralorscen’estpaslapeinedeleseffrayer.

Nousl’entendonsdireauxgarçonsqu’ilrevient.

—AlorsbalanceCharlotte?OUETESVOUS?demande-t-ilenappuyantsurchaquemot.

—Jecroyaisquec’étaitma«douce»,répliqueCharlottepourtenterdeledétendre.

Visiblementsatentativenefonctionnepas,carilhausseletonvisiblementàcourtdepatience.

—Bordel,çasentlesembrouilles.Putain,vousnepouvezpasêtredocilesunpeu!Dites-moitoutdesuiteoùvousvoustrouvezsinonjeretourneprèsdesgarçons,jemetslehaut-parleur,ainsijesuissûrquelesdeuxmalignesquipouffentderirederrièretoinevontplusrirelongtemps.

—NoussommesàParis!jem’empressedecrier.

—Quoi!C’estuneblague?

—Nonmonamour…ajouteCharlottemielleuse.Clairesesentait seule,alorsnousavonspenséquequelquesjoursentrefillesseraientunebonneidée.

— Mais bien sûr, et sans nous prévenir ! Surtout toi Claire qui vis avec Esteban depuis unesemaine!Ilvapéteruncâble.VousmefaitesCHIER!

—Allo?demandeCharlottetoutenentendantlacommunicationsecouper.

—Mercipourle«Clairesesentaitseule».

—Désolée,ilétaittellementfuraxquejemesuisretrouvéepriseaudépourvu.JepensaisqueseulEstebanleprendraitmaletqueducoupnoscopainspourraientlecalmer.

—C’estraté.Bon,maintenantquelemalestfait,ilfautassumer.Nostéléphonesvontsemettreàsonnerdansquelquesminutes.N’oubliezpaslesfilles,noussommesdesfemmesautonomes.Jouonsdenoscharmes…Bref,démerdez-vous,maisilvafalloircalmerlesardeursdeceshommesquipensentpouvoirnouscontrôler,tentedenousconvaincreJulie.

Etonnamment, aucun de nos téléphones ne sonne. Nous arrivons à l’hôtel à 18 h 00. Chacunerécupèresachambre.Nousnousdonnonsrendez-vousà19h30devant l’accueilde l’hôtelafindenous laisser le temps de nous préparer, mais surtout de nous faire pardonner par nos amoureuxrespectifs.

Enentrantdanslachambre,jedécidedecommencerparappelerEsteban.

—Allomonamour…

—Monamour,fous-toidemagueule!

Voilàletonestdonné,sacolèremefoudroie,malgréladistance.

—Calme-toi…S’ilteplaît,écoute-moi.

—Jet’écoute!J’espèrequetuasunebonneexcuse.

—Tuespassécheztoi?

—Oui,j’aibieneuteslettres…Enfintalettre!Jesuisfouderage!Tuasbesoindeprendrel’air?Vasurlaterrasseetfaisunplongeondanslapiscine,bordel!Maisnemefuispas!

—OKdanscecas,nememensplusetnememetsplusàl’écartdetesproblèmes!

—Bahvoyons,tropfacilederetournerlafautesurmoi!Cettefoiscelanefonctionnerapas!Cequetuviensdefaire,c’est…

—C’est?Jeluidemandetendueeteffrayéedelaréponsequ’ilvamedonner.

—Stupide!Tumedemandesdenepastementirettufaisexactementlamêmechose.Tumemens.« Ne te presse pas pour rentrer mon amour, tu me manques », fulmine-t-il en imitant ma voix.Connerie!

— Je te l’accorde c’était stupide. Je rentre dimanche, il ne s’agit que de trois jours. J’ai décidéd’allervoirmamère.

—…

—Esteban?Parle-mois’ilteplaît,jem’enveux,j’aiétébête,j’auraisdûteprévenir.

—JesuisdéçuClaire…melance-t-ilépuisé.

—Ouijecomprends,jesuisvraimentnavrée.Sijepouvaisfairemachinearrière,jeneferaispascettebêtise.

—Nousrègleronsnosproblèmesfaceàface.Donne-moidetesnouvellesetenvoie-moil’adressedetonhôtel.Jeveuxsavoiroùtuesetcequetufais.

Bon,mapatienceadeslimites,j’aivraimentlesentimentdemefaireréprimanderparmonpère.

—Jepenseque tuyvasunpeufort ! Jenesuispas tonenfantEsteban, jesuis tapetiteamie, jel’informeagacée.

—Jeveuxjusteavoirl’esprittranquille.Mapetiteamie…tuesbeaucoupplusquecelaàmesyeux,souffle-t-ilexcédé.

—OK,jevaist’envoyerparsmsl’adressedel’hôteletmêmemonnumérodechambre.Çateva?réponds-jecalmée.

—Ouiçameva.Tiens-moiaucourantpourtamère.

—Promis!Jet’aimeEsteban.

—Àplustard,ajoute-t-ilensoupirant.

Jefilesousladouche,jemedépêchederejoindrelesfilles.MaconversationavecEstebanmebriselecœur.Jesaisquejesuisentortà100%,jemesensmaldeluiavoircausédelapeine.

Juliearrive justederrièremoi, sonsourireme rassure. Je luidemandecomment s’estpassé sonappel à Sergio, ellem’explique qu’il lui a hurlé dessus ;mais surtout à cause du fait dem’avoirengrainéedansleursbêtisesetqueducoupEstebanestfurax;maisqu’ilahâtedelaretrouver.Elles’excused’avoireucetteidéedefuguequiacrééuntsunamichezlesgarçons,carapparemmentiln’yapasquemonchampionquisoitencolère,maisThéoaussi.Nousenavonslaconfirmationenvoyant arriver Charlotte les yeux rouges et gonflés. Je la prends dans mes bras et tente de laréconforter.Ellerelèvelatêteetmesourit.

—Net’excusepasc’étaituneidéedeJulieetmoi.Jesavaisqu’ilseraitencolère,maisilm’aparlédemanièretrèscruelle.

—Àcepoint?luidemandeJulieenluicaressantledos.

—Iladitquej’étaisuneégoïsteirresponsable,qu’ilpensaitqueluietmoiétionsfaitsl’unpourl’autre,maisquevisiblementnousn’avonspas lesmêmesvaleurs.Tuterendscompte!Jemesuisemportée,jeluiaiditd’allersefairefoutreavecsesvaleursetj’airaccroché.

—Ilvasecalmer,ilvaréaliserqu’ilaététroploinetilterappellera.

—Jenecroispas.

Julietapedanssesmainsetnousdemandedenousressaisir.Nousmontonsenvoitureetjedécidedeprendre le volant. Juliemet lamusique à fond, elle choisit unmorceauqui bouge afindenousremotiver. Ce qui fonctionne plus ou moins. Nous chantons et nous trémoussons sur «Years &Years»deKing.Nousdécidonsdenousbalader sur lesChampsElysées,dedînerdansunepetitebrasserie.Jeprofitedecemomentd’accalmiepourleurexpliquerpourquelleraisonj’aichoisideveniràParis.Toutesdeuxm’encouragentàappelermamèrepourprendrerendez-vousavecelledèsdemainmatin, ce que jem’empresse de faire. Elle répond à la deuxième sonnerie, étonnée que jereprenne contact. Je lui dis que je voudrais la rencontrer elle et sa nouvelle famille. Je lui donnel’adressedemonhôtel,ellemeditqu’elleenverralechauffeurdesonmarivers11hafinquenousdéjeunionsensemble.

Jeraccrochestressée,j’envoieunsmsàEstebanpourleprévenir.Ilmerépondsimplement«boncourage,tiens-moiaucourant»,jesuiscontrariée,maisjepenseméritersafroideur.

Après avoir très peu dormi, je me lève de mauvaise humeur. Je n’ai pas eu droit aux brasrassurants,ainsiqu’auxcaressesdélicieusesd’Esteban.Ilest8h,jedécidedel’appelerafindeluidireun petit bonjour pour voir si son humeur est un peu meilleure. Il me répond juste avant que lerépondeurnesemetteenroute.

—Allo…

—Claire?Tuesdéjàdebout?medemande-t-ild’untoninquiet.

—Oui,j’aimaldormi…Tonréveilm’amanqué.

—Pourcela,ilauraitfalluquetuneprennespaslafuite.

—Ouijesais.Bon,dois-jecomprendrequetuestoujoursencolère?Jemarmonnetristement.

—Non,tun’asdécidémentpascompris.Jenesuispasencolère,j’avoueavoirétéfurieuxhier…Aujourd’huijesuisdéçu,melance-t-iltranchant.

—Jenet’embêtepaspluslongtemps.Jevaismepréparerpourallerdéjeuneraveclesfillesavantquelechauffeurdemamèreviennemechercher.

—Tiens-moiaucourant,etsoisprudentes’ilteplaît.

—Tut’inquiètespourmoi?Tum’aimesencorealors?jetentesuppliante.

—Jem’inquiètepourtoi,biensûrquejet’aime,maisnousdevonsrésoudrenosproblèmes.

Jesourislorsqu’ilmeditqu’ilm’aime,moncœurseréchauffe.Jesuisprêteàfairetousleseffortspossiblespourmefairepardonner.

—Jepeuxtedemanderunpetitservice?jeluidemandehésitante.

—Demandetoujours.

—Pourrais-tudiscuteravecThéo?Charlotteetluisesontvraimentfâchés,jemesenscoupable.Elleestvraimentmalheureuse.

—Jesuisaucourant,ilapassélanuitchezmoi,ilvientjustedepartir.Jeneveuxpasm’enmêler!

—S’ilteplaît,c’estunpeunotrefaute.

—Non,clairement jen’ysuispour rien.C’estde ta fautemon lapin.Mais rassure-toi, ilest foud’elle.Ilregrettesesparoles,mêmesielleméritaitunepetiteleçon.

—Bon,ilfautquejefilemonamour.Jet’aimefort.

—Moiaussi.Appelle-moiaprèsavoirvutamère.

Nousraccrochons.Jesuisunpeucontrariéequ’ilconsidèrequeCharlotteméritecettepetitecrise;maisunefoisdeplus,jepréfèrefaireprofilbas,caraufonddemoi,jesaisquel’onrécoltecequel’onmérite. J’hésite longtempssurma tenueet finalement j’optepourun jeanetundébardeur toutsimple.Jepréfèrenepasavoirl’airtropstrictepourmarencontreavecBrady.Jerejoinslesfillesetnousprofitonsd’unpetitdéjeunertrèscopieux.Lesfillesontdécidéd’allervisiterlemuséeGrévinpendantquejeseraioccupée.Nousattendonstouteslestroisquelefameuxchauffeurpointeleboutdesonnez.Nousdiscutonstranquillementquandunevoitureblancheauxvitresteintéesapproche.Unchauffeursortetouvrelaportearrière.Àcetinstant,monrythmecardiaques’accélère,mamèresortdelavoiture,j’ail’impressionqueles15ansécoulésn’onteuaucunimpactsurelle.Elles’approchedemoitoutsourire.Jesenslesmainsdesfillesmetenirledos,jeluitendslamainavantdeluilaisserletempsdetenteruneaccolade,nemesentantpasprêtepourleseffusionsmère/fille.

Mongestelatrouble,maiselleneditrien.Elleproposedeprendrelaroute.Jemetourneversles

fillesetlessersfortavantdesuivremamère.JeluidemandedemeparlerdeBrady.Ellemeparledeluiavecamour,elleparaît très fièredecepetitgarçon ;moncœurse fissure,caraufonddemoi,j’auraisaiméqu’elleparledemoidecettemanière.Elleprendconsciencedemonmal-être,ellemeprendlamain,s’excusedesoncomportement,ellemeditregretteretaimeraitvraimentréussiràseracheter.Seslarmescoulentlelongdesesjoues.Jenesaispasquoirépondre.Jenepeuxpaseffacerlemalqu’ellenousafaitàmonpèreetàmoi,maisj’aienviedefaireuneffortpourmondemi-frère.Jelaregardeetluidis:

—Jesuislà.Jenepensepaspouvoirtepardonnertoutescesannéesd’absence.MaisjeveuxbienessayerderenouerlecontactpourBrady.

—Jecomprends,jeteremerciedefairecelapourlui.Tuvasvoir,ilesttrèsgentiletilatrèsenviedeterencontrer.

Nousarrivonsaprèsavoiraffrontélesembouteillagesparisiens.Lechauffeurnousouvrelaporte.Jesuismamèredeprès.Enentrantdansl’immeuble,j’ail’impressiond’êtresuivie,maislorsquejeregardeautourdemoijenevoisrien.Enarrivant,unpetitgarçonnousaccueilleavecunhommetrèsséduisant. Brady ressemble beaucoup à son père. Tous deux sont bruns, leurs traits sont trèssemblables, seule la couleur de leurs yeuxdiffère. Il a les yeuxdemamère, tout commemoi.Cepointcommunmeréchauffelecœur.BradysautillesurplaceetmedemandesijesuisbienlaClairedontsamamanluiaparlé.Quandjeluiconfirmequejesuisbeletbiensademi-sœur,iln’attendpasmonautorisation,ilmesautedessus,jel’attrapedejustesseetlesersàmontourenriantdebonheur.Sonpèremesourit,j’avance,toutengardantcepetitbonhommedansmesbras,carilnesemblepasdécidéàvouloirmelâcher.Mamèremeprésentesonépoux,«Steven»,mêmesicelam’arrachelecœur,jedoisbienavouerqu’ilesttrèssympathique.Satêtemeditvraimentquelquechose,j’oseluiposerlaquestion,quandilmeparledelasériequil’arenducélèbre,jesuisheureusedelaconnaître.Bradydemandeàallerfaireuntourauparc.Stevens’excuse,maisilaunempêchementqu’ilnepeutplus retarder. JedéposeBradyausolpoursaluerStevenquimeprendaudépourvuenm’enlaçant,toutenchuchotantun«ThankYou»suruntontrèsému.Jemereculeethochelatêtetimidement,sentantleslarmesmonterdoucement.Jelesravalerapidementetnouspartonsnousbaladerauparcquisetrouveàdeuxpasdeleurappartement.Lemêmesentimentm’envahit,j’ailesentimentd’êtreépiée.Nous tenons chacune unemain deBrady tout en le soulevant, ce qui l’amuse beaucoup.Mamèremedemandederesterdéjeuneraveceux,j’accepte,maisluiexpliquequej’aipromisauxfillesdelesrejoindrevers15h00auplustard.Nousretournonsdoncàl’appartementoùnousprofitonsd’undéjeunersympathique.Àmongrandsoulagement,Bradymonopoliselaconversation.Ilmeposedestonnesdequestion.Oùjevis,sijetravailleetbiensûrsij’aiunamoureux.Jerépondsàtoutessesquestions avant que ma mère lui rappelle l’heure de la sieste. Je l’accompagne jusque dans sachambreetluifaisunderniercâlin.Avantquejelequitte,ilm’interpelle:

—Claire,tureviensmevoirbientôt?

—Jedoisrepartirchezmoi,maistupourraisvenirmevoiravectamamanettonpapatrèsbientôt,ok?

—J’espèrequemamanvavitem’ameneralors.

—Moiaussi.

Jemetournepoursortir,maisiln’estpasdécidéàmelaisserpartir.

—Claire?

—Oui?

—Jet’aimetrèsfort.

—Moiaussijet’aimefort,jeluimurmureenlaissantmeslarmescouler.

Quand je rejoinsmamère dans le salon, j’essuiemes larmes, je prends une bouffée d’oxygèneavantdemelancer:

—Merci dem’avoir permise de faire la connaissancedeBrady. Je lui ai dit quevous pourriezvenirmerendrevisitebientôt.

—Tulepensesvraiment?medemande-t-elleémue.

—Oui,jesuismoi-mêmeétonnéed’aimercepetitgarçonalorsquejel’airencontréilyaàpeinequelquesheures.Maisc’estmonpetit frère.Jesuisprêteàfaireuneffortpourquecelafonctionneentrenous.

—Mercimachérie.Jeteprometsdenepastedécevoir.

—J’espère.J’aiunequestionàteposer,jepeux?

—Biensûr!

—Pourquoiavoircontactélapresse?

—Jesavaisquec’étaitlemeilleurmoyendetefaireaccepterdemeparler,maisjen’auraisjamaisétéjusqu’aubout.Jedevaisleurfournirdesphotosdetoipetitepourimagerleurarticle,maisjeneleuraijamaisenvoyéesetjen’avaisaucunementl’intentiondelefaire,jetelejure,jevoulaisjusteréussiràtecontacter.

— Je veux bien te croire, quelqu’unm’a dit un jour qu’il fallait accorder le bénéfice du doute,alorsc’estcequejevaisfaire.Bon,jedoispartir.

—Oui,monchauffeurvaterameneràtonhôtel.

Elles’avanceversmoietm’enlace.Jedécidedenepaslarepousser,maisjeneluirendspassonaccolade. Jeme recule doucement, lui souris pour la rassurer et m’en vais. Je profite du voyageretourpourenvoyerunmessageàEsteban.

«Touts’estbienpassé.Jesuistrèsheureused’avoirrencontréBrady.

Tumemanquesterriblement.J’aibesoindetesbras.

Jet’aime»

Ilmerépondquelquesminutesplustard.

«Nousseronsbientôtànouveauréunis.Contentquetoutsesoitbienpassé.

Jet’aime»

En arrivant devant l’hôtel, je suis accueillie par deux touristes folles furieuses, ellesme sautentdessus etme parlent de toutes les statues de cire qu’elles ont découvertes.Nous décidons de nousbaladersurl’avenuedesChampsElyséesetj’enprofitepourprendredesnouvellesdeCharlotte.Ellen’amalheureusementeuaucunenouvelledeThéo.JeluiparledemaconversationdecematinavecEsteban,cequisembleluirendrelesourire.Julien’apaseudenouvellesnonplus,maisnesemblepass’eninquiéter,carilsontl’habitudedeneseparlerquelesoir.

Enfindejournée,noussommesépuiséespartoutecettemarche,nousdécidonsdedînerànouveauaurestaurantde l’hôtel.Le téléphonedeJuliesonneetcommeellenous l’avaitdit, ils’agitdesonappelquotidienavecSergio.Elledécrocheendisant«coucoumonamour»toutensouriant,puiselles’arrêteets’éloignedenous.Nousattendonssagementàquelquespasqu’elleterminesonappel.Ennous rejoignant, elle nous dit, que selon Sergio, les garçons sont beaucoupmoins en colère, queThéoregrettedéjàsesparoles.

Nous finissons enfin par atteindre notre hôtel, nous nous dirigeons directement dans la salle durestaurant.JediscuteavecJulieetmecogneàCharlottequisetrouvejustedevantmoi.

—BahCharlotte,tuessiépuiséequetesjambesn’avancentplus?jeluidemandeenriant.

—Non,mais tu devrais regarder versmidi il y a deux rugbymans et un hommed’affaires trèsséduisantsquinousobservent!melance-t-elletoutenobservantunetableaucentredurestaurant.

JeregardedroitdevantmoietjevoisEstebanquimefixeavecsérieux.ThéoluiselèveetfoncedroitsurCharlotte.Illaprenddanssesbrasets’excusedeluiavoirdittoutesceschoses.Julieetmoidécidonsd’allerrejoindrelesgarçonsafindelaisserCharlotteetThéoseréconcilier.JulieembrasseSergiosansluilaisserletempsdeluiparler,ilselaissefairesansbroncher.Manifestement,ilsemblebeaucoupplusheureuxderetrouversapetitecopinequemonchampion.Jemeposefaceàlui,jeluichuchoteunbonsoirtimide.Ilmeregarde,meprenddanssesbras.Maisjesensqu’ilestencoresurlaréserve. Je relève la tête, je lui offre un léger baiser. Julie et Sergio s’excusentmais décident des’éclipser.

Enlesvoyantpartir,nousconstatonsqueCharlotteetThéoontpris latangenteégalement.JemetourneversEsteban,jeluidemande:

—Tuasréservéunechambre?

Ilhausseunsourciletmerépond:

—Jepensaisprofiterdetachambre!

—Oui,évidemment,maistuasl’airencorefâché…jepensais…

—Arrêtedepenserpourmoi.Jesuisfâché,maisnoussommesuncouple,non?Nousdevrionsnouscommanderledînerparleroomservice.Nousallonsparler,toietmoi,jepréfèrelefairedans

l’intimité.

—OK,allons-y,jebégaiepaniquée.

Nousmontonsdanslachambresansunbruit.Enyentrant,Estebancommandelerepas.Jem’assoissur le rebord du lit et attends qu’il me rejoigne. Il se pose en face de moi, s’accroupit pour meregarder bien en face. J’ai peur de ce qu’il compte me dire, qu’il décide de rompre malgré sessentiments.Jeneluilaissepasletempsdedémarrer,jeprendslaparole:

—Jesuisvraimentdésolée,j’aiagisansréfléchirauxconséquences.Jen’aipaspenséàlapeinequej’allaistecauser.Pardonne-mois’ilteplait,jeluidemandeensanglotant.

Jebaisselatêtequejecachedemesmains.Ilmeretirelesmainsetembrasseleslarmesquicoulentpourlessécher.

— Je t’aime Claire.Mais cela neme suffit plus ! Je veux que tu me fasses confiance. Je peuxcomprendrequetusoiscontrariée,carjenet’aipasparlédesdernièresfrasquesdelapresse, jeteprometsdeneplustecachercegenredechoses.Maisdetoncôté, tunedoispasavoirpeurdemedireceque turessens.Je teveuxàmescôtéschaquematin,etm’endormirprèsde toichaquesoir.J’aimeraisquetuviennest’installeràToulouseavecmoi,ajoute-t-ildéterminé.

Jem’attendaisàtoutsaufàcettedéclaration.Jem’attendaisàdescris,àdesreproches,maispasàunedemandedeviecommune.Jerestesansvoix.

—Claire,disquelquechose.

—Jesuissurprise.Jem’attendaisàdeshurlementsettoitumedemandesdevenirvivreavectoi,luiréponds-jesouslechoc.

—Tupréfèresquejecrie?melance-t-ilrenfrogné.

—Nonpasdutout.Jesuistouchéequetuveuillesavancer,maisj’aiuntravailàPerpignan.Jenepeuxpaspartircommeçasansrien.

—Si,tulepeux.Tuaurastoutletempsdetrouveruntravailquiteplaitunefoissurplace.

—Etenattendanttucomptesm’entretenir?jel’interrogeagacée.

—Toutde suite lesgrandsmots.Finalement, tuvoisque tu arrives trèsbien àmedéfier, ilmelancefurieux.Écoute,jenetedemandepasuneréponsecesoir.ThéocomptefaireunepropositionàCharlotte et je pense qu’elle va accepter. Ta copine Julie va bientôt ouvrir une boutique et je suiscertainqu’elleval’ouvrirsurToulouseetpasàdeuxheuresderoutedesonmec.Tunevaspasresterseule sur Perpignan ? Si ? Je voudrais que tu y réfléchisses, ok ?Mais pas trop longtemps quandmême.

Unefoisdeplus,jeresteinterloquéeparsesrévélations.Julieveutouvrirsaboutique,maisjenesavais pas qu’elle cherchait un local sur Toulouse. Et si Charlotte accepte de vivre avec Théo…J’aimeEsteban,maissuis-jeprêteàvivreaveclui?Avecsonemploidutempstrèschargé,nousneferionsquenouscroiser.Ilselasseraitdemoietmerenverraitaussivitequ’ilm’auraaccueilliechez

lui.Devantsonairinquiet,jepassemamainsursajoueetluiréponds:

—Jevaisyréfléchir,promis.Maintenantprouve-moiquetum’aspardonnée.

Ilmefixetoujoursetjevoisquesonexpressionachangépoursetransformerendésirpur.Ilmesautedessusetm’embrassefougueusement.Nosvêtementsvolentetnousnousperdonsl’unl’autredansunplaisirdévorant.Legroomnousapportelerepas,maisEstebancriedelaisserletoutdevantlaporte.Unefoisrepu,ilenfilesonboxeretrécupèrenotreplateau.Nouspicoronsnotrerepasdanslesbras l’unde l’autre, ilnemereparlepasdesademande.Je luiparledeBrady, ilm’explique laréaction des toulousains suite à mon interview. Selon lui, je suis aimée de ses fans. Je finis parm’endormirblottiedanssesbras,heureusemaisangoisséeparladécisionquejevaisdevoirprendred’icipeu.

Jemeréveilleemmêléeaucorpsd’Esteban.Jel’observequelquesminutes,ilsembleenfindétendu.Jem’extirpedulitsansleréveilleretfilesousladouche.Quandjereviens,uniquementenveloppéedemaserviette,jeleretrouveallongé,nu,lesbrasderrièrelanuque,unsouriremalicieuxaccrochéauxlèvres.Jeluisourisetm’approchedoucementtoutenlaissantretombermaserviette.Sonregardbrilledemalice,maisilnebougepasetmelaisseprendrelesrênes.

Depuis qu’il a révélé la femme sexy qui dormait en moi, je me sens pleine d’assurance. Jecontourne le lit doucement afin deme trouver face à lui. Je lui grimpe dessus, telle la lionne quisommeilleenmoi,etjeluicaresselesmolletstoutenremontantdoucementversl’objetdemondésir.Jedéposededouxbaiserslelongdesescuisses,lorsquemaboucheseposesurl’extrémitédesongland,iltentedeserelever,maisjeposemamainsursontorsepourl’enempêcher.

—Claire,tun’espasobligée…

Jelecoupeenpassantmalanguetoutlelongdesonmembrequiatrèsenviequejem’occupedelui.

Estebanmerelâcheetlaisseretombersesbraslelongdesescuissestoutenserrantlespoings.Jecontinuemonpetitjeuquisembleluiplaireavantdemelanceretdeleprendredoucementdansmabouche.Je lesenscogneraufonddemagorge.Je l’entendsgémir, jureretsecambrerafindemepénétrerplusenprofondeurlorsquejeletitilleavecmalice.Ildéposesesmainssurmatêtesanspourautantm’imposerunrythme,ilmelaisseseulejugedesonplaisir.Lorsquejesenssonsexegrossirdavantage, jesaisqu’ilva jouir, je le regardehésitante,alors ilm’attrape lesbrasafindemefaireglisserlelongdesoncorps.

—Encoreunesecondeetjevaisexplosermonlapin.Àmontourmaintenant.

Ilnous faitbasculer, jeme retrouvesous lui. Jen’attendsqu’uneseulechose,qu’il s’enfonceenmoi,maisEstebanadécidédecontinuernospréliminairesjusqu’àmerendrefolle.Ilmecaresselapoitrine tout en m’embrassant jusqu’à atteindre l’endroit de mon corps qui est en train des’enflammer.Ilmesourit,puisileffectuelemêmesupplicequemoi.Jesenssalanguemelécher,metaquiner,jemecambreafinqu’ilnes’arrêtejamais.Jeluitienslatêteavecautantdetactqueluiapulefaire,maismondésirestsipuissantquejenemaîtriseplusrien.Jecriesonnomenprofitantdecettedélicieusesensation.Il remontedoucement, ilmeplaquesur la têtede lit toutenmepénétrantd’un seul coup,puis ilmeprend sansménagement jusqu’àceque je crie ànouveau.L’intensitédemonorgasmeest tellequejen’aiplusconsciencedemeslimites.Ilseretire, ilmeretourne, ilmesoulèvelégèrementpourquejecomprennecequ’ildésire,jem’accroupis,ils’enfonceànouveauenmoi d’un coup vigoureux. Il me tient fermement par les hanches tout en pilonnant encore plusprofondément.C’estlapremièrefoisquenosébatssontsiintenses,sibrusques,maisc’esttellement

bon.Estebanapprochesamainpourmassermonclitoris,ilarriveàmefaireexploserànouveauetatteindreleseptièmeciel.Cettefois,jenerésisteplus,jesuisentièrementàluicorpsetâme.Jemesenssubmergéepartoutescesémotions,jecrie,jem’accrocheauxdrapspournepasm’écrouler,carjesaisqu’ilestprochedeladélivrance.

Mesmainsseresserrentd’uncoup,ilhurlemonprénomtoutenaccélérantlemouvementpendantqu’iléjacule.Puisilselaisseretombersurmondosetnousnousécroulonssurlelit;ilm’embrasselecouavantdenousfairebasculer,jeposematêtesursontorse.Jerelèvelatête,ilenfaitautantafindem’offrirunbaiserprofondetintense.

Après des retrouvailles plus que fêtées, nous rejoignons nos amis pour le petit déjeuner. Nousavons retrouvénosbeauxétalonset,àenvoir la têtedemescopines, jenesuisvisiblementpas laseuleàavoirpeudormi.SergiorappelleàEstebanque leuravionpartendébutd’après-midi, je leregardetristement,maisSergiorigole.

— Ne sois pas triste ma jolie. Esteban ne t’a rien dit ? Julie et toi, vous avez assez joué lesvagabondes.Vousrentrezavecnous!

Julieleregardestupéfaite,toutcommemoi.Nousallonschacunerétorquer,maisSergiofaittaireJulieenl’embrassantetThéomecoupedansmonélan.

—Claire,necommencepasàvouloir faire tamaligne.Tu rentresavec tonmecet Julie,pareil.Vousêtesdevraieschieusestouteslestrois.J’aibesoindemeretrouverseuleavecmarouquine,nousdevonsparlerdechosessérieuses!dit-ilenobservantlesgarçons.Alorsquoidemieuxque8heuresderoutedansunevoituredefilles.

JesourisàCharlottequinesedoutederienmêmesimoi,maintenant, j’aiunevagueidéedecequ’il compte lui demander.Mon cœur se serre à cette pensée, mais Estebanme prend la main etm’embrasselanuque.

—Nousrentronscetaprès-midi,carj’aibienprisencomptetapetitelettre.Cesoirnousdinonsavecmesparentsetmasœurquisontvenuspourleweek-end.Jetiensàtepréciserquetuauraisdûlesrencontrerplustôt,maisàchaquefoisquej’avaisprévulesprésentations,MademoiselleGarnierafaitdessiennes.

—Commentça?jeluidemandehonteuse.

—Nousaurionsdûdîneraveceuxlasemaineaprèslegala,maistuas,commentdire…disparu!Ensuite,j’avaisprévudeleurproposerdedîneraurestaurantvendredietunefoisdeplusmapetiteamieaprislatangente.J’aitoutorganisépourcesoir,carmesparentsmeprennentlimitepourunaffabulateur.

Finalement,CharlotteetThéodécidentdeprendrelarouteaprèsnotrepetitdéjeunerafind’arriveren fin de journée, tout comme nous. Charlotte me demande si je rentre sur Perpignan dimanche,j’acquiesce.Estebanfroncelessourcils,maisjeluiexpliquequemonarrêtestterminéetquejesuisattenduelundiaubureau.

Nous rentrons, j’ai même le temps dem’acheter une petite robe pour l’occasion. Rien de bien

audacieux,jechoisisunerobenoiresage,maisélégante.Enfinprête,jerejoinsEstebanquim’attenddanssonsalon.Ilaégalementfaituneffort,ilporteunpantalonàpincesnoiretunechemiseblanchequilaissedevinersoncorpsd’athlète.Noussommesbienassortis,j’ensuisravie;ilnemeresteplusqu’à plaire à la famille DUVAL. Nous allons dîner dans la pizzéria où nous avons eu notre toutpremierrendez-vouslorsdenosretrouvailles.J’adorecetendroitquimerappellededouxsouvenirs.En arrivant, je reconnais immédiatementMonsieurDuval Senior. Nous nous approchons, toute sapetitefamilleselèvepournousaccueillir.

—Papa,maman,Isabelle,jevousprésenteClaire.

—Enchantée.Jesuisraviedefairevotreconnaissance.

—Etmoi donc, j’avais hâte de rencontrer la fille qui a réussi à capturer le cœur demon fils.Appelez-moiAmélie etmonmari que voilà s’appelleGérard,me dit-elle chaleureusement tout enm’embrassantsuiviedeprèsparsonmari.

Isabelle,sasœurestvraimentunefilleadorableet très…expressive.Ellem’alittéralementsautédessuspuism’aharceléedequestionssursonfrèreetmoi.MêmeEstebanapassé tout le tempsdurepas à lui demander d’arrêter, mais ses questions ne m’embêtaient pas, au contraire. J’ai sentil’amourdesesprochestoutaulongdecerepas.Laseulechosequiaretenuleurattentionestquejene vis pas sur Toulouse. Ce que, bien évidemment, il s’est empressé de leur dire tout en leurexpliquantquej’allaisbientôtyrevenir.Jeluiaijetéunregardencoinpourqu’ilarrêtedesuitesatentativedepression,maisàlavuedelarougeurdemesjoues,samères’estempresséedechangerdesujet.Aumomentdel’aurevoir,sesparentsluifontpromettredevenirtrèsvitedînerchezeuxetIsabellerappelleàsonfrèrede laprévenirdèsqu’ilpassesur lacapitale, làoùellefaitsesétudes.Isabelleetmoiéchangeonsmêmenosnuméroslorsqueje luidisquemamèrevitàParisetquejerisqued’yretourner.Jen’aipasoséluidirequejerisquaisdenepassouventm’yrendreauvudemesliensmère/fille,jemesuisabstenue,carjemerendscomptequej’aitrèsenviedelesrevoir,elleetBrady.

Le moment de la séparation a de nouveau sonné. Les filles sont venues nous rejoindre chezEsteban,accompagnéesdeleursmoitiésquineleslâchentplusd’unesemelle.J’embrassefollementEstebanavantdeprendrelaroute.Ilmedemandederéfléchiràsaproposition,cequejeluiprometsdefaire.Nousn’avonspasparléduqueld’entrenousrejoindraitl’autreleweek-endprochain,orcelamecontrarie.Levoyagesefaitdansunsilencegênant.Pourlapremièrefoisdepuisledébutdenotreamitié, je sens les secrets peser entre nous. Julie trifouille son iPod et finit par s’arrêter sur unmorceau que nous aimons toutes les trois. D’habitude, dès que les premières notes de « I’ll BeThere»deNileRodgersretentissent,nousnousmettonsàchanter,maisaujourd’huiaucunedenousn’élèvelavoix.

Charlottepianotesurlevolantaurythmedelamusique;Julie,elle,faitdemêmesurlereborddelafenêtre,moijelesobserveavecuneseuleenvie,leurhurlerdemeparler.Evidemmentcommejedéteste lesconflits, jem’abstiens.Enarrivant,chacuneprétexteêtrefatiguée, jeparsseulem’isolerdansmachambre.Jem’empressed’appelerEsteban,jeluifaispartdenotrevoyageplutôtbizarre,lui

meconfirmemes craintes.Théo a bien proposé le poste de responsable de la comptabilité de sonAgenceàCharlotteetSergioaobtenulapromessedeJuliedechercherunlocalsurToulousepourl’ouverturedesapremièreboutique.Ilenrajouteunecoucheenajoutantqu’unefoisdeplus,leseulàn’avoirrienobtenude«safemme»c’estlui.Jenerelèvepassapique,jechangedesujet.Jeluiparlede mon manque de motivation à reprendre le travail et surtout de devoir me confronter à montyranniquederesponsable.

Le lendemain, j’arrive au bureau sans l’ombred’une motivation. Monsieur Serval, lui, a optépour l’ignorance. J’ai à peine eu droit à unbonjour, alorsmedemander si jevaisbienautantdirequecen’estpasprévuàsonprogramme.Parcontre, j’ai un mail bien sympathique quim’attend.```````````````````````````````````````````````````

De:Serval

À:ClaireGarnier

Sujet:miseaupoint!

Bonjour,

Toutel’équipeespèrequevossoucisdesantésontréglés.

Auvudevotreabsence,j’aidûremanierleplanningdechacun.J’aiprisladécisiondevousretirerledossierMarrakech.

Voustrouverez,ci-joint,vosnouvellesattributions.

MonsieurServal

Directeurévènementiel

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Nouvellestâchesàaccomplir!Labonneblague.Ilvientdemerefilerlamiseenpagedesdossiersdemes collègues ainsi que l’archivage des dossiers clos depuis les trois dernières années. Je vaism’éclater,c’estsûr.

Àcroirequ’ilestdemècheavecEstebanpourmedégoûterdecetravail.

C’esttoutlecontrairequiseproduit,jesuisdécidéeànepasbroncheretprouverquejepeuxgérer

cesprojetstoutenayantunevieprivéeavecunhomme«public».

Vers 11 h 00, je suis appelée à l’accueil où unincroyable bouquet de roses blanches vient dem’être livré. Une petite carte trône sur le dessusdubouquet,avecuniquementunepetitephrase.

Meréveillersanstoic’estjustel’enfer.Viensvivreavecmoi!

Jet’aime.Esteban.

Jeluienvoieunsimplemessagederemerciementtoutenluidéclarantmaflamme.Lelendemain,même heure, je suis à nouveau appelée et découvre de nouveau un magnifique bouquet de rosesrouges.Cettefois,lemotestunpeudifférent.

L’unedesplusgrandesdouleursestd’aimerunepersonnequetunepeuxavoirprèsdetoi.

VIENSVIVREAVECMOI!

Esteban

Çamefaitmaldenepasréussiràlerendreheureux,maisjesaisqu’ilesttroptôtpourvivreaveclui.Avecsoncaractèredefeu,ilmeconsumeraitsurlechamp.Jedoisd’abordapprendreàledéfierpourêtresonégaleetpassapetitechosefragile.Ceweek-end,jeluidiraiquejeveuxqu’ilmedonneuneannée.Sinousarrivonsàpassercecap,jelâcheraitoutpourvenirprèsdelui.Jesuisencolèreque les filles aient accepté si vite de m’abandonner pour leur petit copain. Elles qui prônentl’indépendance, elles font tout le contraire. Je décide qu’il est temps de stopper les secrets depolichinelle,j’envoieunmessageàchacuned’entreellespourlesprévenirque,cesoir,c’estréunionausommet.

Monaprès-midiesttoutaussiennuyeuxqueceluidelaveille,maisjem’appliqueàbienfairemontravailsansmeplaindre.Apeinesortiedubureauqu’Estebanm’appelle.

—Coucoubeaugosse

—Hellomonlapin.

—Merci encorepour les fleurs, elles sontmagnifiques,mais je vais te demanderd’arrêter, carmeslivraisonsdefleursnesontpasaugoûtdetoutlemonde.

—Danscecas,réponds-moi!

Ilutiliseun tonprovocateur,alors jenesaispourquelle raisonstupide jedécidede luibalancermonidéepartéléphone.

—J’aibienréfléchi,jepensequelemieuxpournousdeuxestd’attendreavantdeselancerdanslaviecommune.Jet’aimevraiment,maisjesaisaussiquejedoisapprendreàm’affirmerfaceàtoi,orj’en suis encore loin. Si je m’installe maintenant chez toi, je vais me laisser engloutir par toncaractèreendiablé,etj’aipeurquenotreamourenpaieleprixfort.Jetedemandeunandepatience,s’ilteplaît.

Plusaucunbruitàl’autreboutdufil.J’aiparlétellementvitequejen’aimêmepasfaitattentions’ilétaittoujoursenligne.

—Esteban?Tuestoujourslà?

—Oui…moncaractèreendiablé?

—Euh…j’aimebeaucouptoncaractère,monamour,seulementjedoisencoreapprendreànepasmelaisserabsorber.

—Laréponseestnonalors?

—Non,laréponseestouidansunan.

—Bon,j’aiundoubleappel,jedoisfiler,onenreparle.

Jen’aipasletempsdeluidireaurevoirquelacommunicationadéjàétécoupée.Fichuedistance,maintenantjesaisqu’ilruminedanssoncoinetjenepeuxpasvoircequ’ilpenseréellement.Jefilerécupérerunjaponaisetaffrontermadeuxièmeépreuvedelajournée.Jelerappelleraiplustarddanslasoiréepourtenterdelerassurersurmonamourenverslui.

Lesfillesm’attendentsagement,latableestmise.Jelesrejoinssansriendireetdéballelesplats.Jem’installe,attrapemesbaguettesetdégusteunpremiersushiafindelaisserletempsàl’uned’entreellesd’ouvrirlebaldesrévélations.Juliemeregardeetselance.

—Claire… Je suis vraiment désolée. Je sais que tu es au courant. Sergio a certainement dû enparleravectonmec.Jen’aipasenviedevousabandonnerlesfilles,maisjel’aimetellement.C’estlapremièrefoisqueçam’arrive.Enprincipe,jem’amuseetjemelasse,maispasavecSergio.Jesaisquesijenefaispasl’effortderetournersurToulouse,ilfiniraparsuccomberàlatentation.

—Pass’ilt’aimeautantquetoi!jerétorquetranchante.

—Maisbiensûrqu’ilm’aime,jelesaisetjelevois.Maisnousn’avonsplusl’âgedesrelationsàdistance.Jeveuxêtreàsescôtés.Nem’enveuillezpas.

Jefroncelessourcils,elles’adresseànousdeux.Moiquiétaispersuadéed’êtrelaseuleànepasêtredanslaconfidence.Charlotteposesamainsurlasienneetluisourit.Jevoisqu’elleestvraimentémue,alorsc’estd’unevoixtremblantequ’elleselanceàsontour.

—Jenet’enveuxpasJulie.Jevaisfairelamêmechosequetoi.Claire…quandj’aicruquenousnous étions fâchés au point de ne plus nous revoir, j’ai été anéantie. J’ai essayé de ne pas vous lemontrer,maismoncœurétaitbrisé.J’aienfinrencontrélebon!Alors,quanddurantnotreretourdeParisilm’ademandédem’installeravecluiàToulouse,j’aid’abordditnon…pourtoi!Maisilm’arappelé notre dispute. Nous avons voulu tous, les deux, protéger les gens que nous aimons audétrimentdenotrecouple.Jet’aimecommeunesœuretjeseraitoujourslàpourvousdeux,maisjeveuxêtreàsescôtés.J’aiacceptélepostequ’ilm’aproposéetj’aidéjàdémissionné.Jeparsdans2semaines.

Mêmesijesuiscontentequ’ellessoientheureuses,jesuisencolèredeleurmanquedeconfianceennotreamitié.

—Pourquoinepasm’enavoirparléplustôt?jedemandelesyeuxpleindelarmes.

JulieselèvepourmeprendredanssesbrasetCharlottebaisselatête.

— Je pense qu’aucune de nous ne savait comment l’annoncer. Viens avec nous, Théo m’a ditqu’EstebanveutquetureviennesàToulouse.Plusrienneteretientici.

—J’aiuntravail.J’airefusélademanded’Esteban,jeluiaidemandéd’attendreunan.

—Revienssurtadécision,mesupplieJulie.

Jesecouela têtepourluifairecomprendrequejeneveuxpasrevenirsurmadécision.Unefoiscalmée, jedemandeà Juliequandellepensepartir, ellem’informequ’ellevadevoir retourner surToulouse dans à peu près trois semaines, grand maximum, soit quasiment en même temps queCharlotte.

Jecomprendstoutàcoupquejedoischercherdetouteurgenceunnouvelappartement.Ellesmepromettenttouteslesdeuxdem’aiderdansmesrecherches.C’estcomplètementvidéequejedécided’allermecouchervers23h00.C’estàcemomentquejeréalisequ’Estebannem’apasrappelée.

Jelerappellepourluisouhaiterunebonnenuit,maisj’ail’impressionquelafoudren’apasfinidemetomberdessus.Ilrépondd’un«allo»desplusagressifs.Quandjeluidemandesitoutvabien,ilmeparledenouvellesphotosdanslapresse.Qu’unefoisdeplus,moncomportementvadonnerdutravailàThéo.Quesijen’avaispasfuicommeuneidiote,ilauraitfaitensorted’éloignerlapressedemoi,qu’ilauraitgéréleschoses,etilneseraitpasobligédenettoyerencorederrièremoi.Jelelaissememalmenersansmedéfendrejusqu’ànepluspouvoirsupportersesparolesblessantesqu’ilmebalance sur le ton de la colère et que, de toute évidence, il va regretter plus tard. Jem’excusebêtement,etjeréalise,enm’excusant,quejesuisentraindefaireexactementlecontrairedecequejesouhaite,si jeveuxquecelafonctionneentrenous.UneClaireencolèreetsansretenueseréveilled’uncoupetluihurle.

—Vatefairefoutreavectesleçonsdemoraleettapressedemerde.

Etvlan!jeraccroche.J’attendsuneminute,puiscinq,puisunedemi-heuremaisilnemerappellepas.Lelendemainmatin,jevérifiemontéléphone,maisaucunappelmanqué.Enarrivantaubureau,toutlemondemeregarded’unmauvaisœil.Parbonheur,moncheftyranniqueaprisquelquesjours

decongé.Toutelasemainesepassesurcerythme.Aucunenouvelled’Estebanquidoitm’envouloiràmort.Jerésiste,j’attendsqu’ilrevienneversmoi;c’estluiquim’ahurlédessuslepremier,jenedisrienauxfillespournepaslesmêlerànosproblèmes,unefoisdeplus.

Pourcouronner le tout, je reçoisunappelde lamèredePatrickquimedemandemonaide.Sonavocatplaidelafolieetpourluiéviterlaprison,ellevoudraitquej’appuiecettedemandeetquejerenonceauxpoursuitescontrelui.

Le système judiciaire est très compliqué, même si je retire ma plainte, les faits sont tellementgravesqu’il sera tout demême jugépour ses actes,mais il a plus de chancesd’atterrir enhôpitalpsychiatriquequ’enprison.Aupointoùj’ensuis,etmêmesijesaisqu’àlaminuteoùEstebanvalesavoir-etilvalesavoirforcémentpuisquelatentativedekidnappingaeulieuchezlui-,ilvaêtreencoreplusencolèrecontremoi.Une foisdeplus, jenepeux rester insensibleà ladétressedesamèrealorsj’accepte.J’appellemonavocatquim’expliquelamarcheàsuivre.JesuisbonnepouruneexpéditionàTouloused’icideuxpetitessemaines.

Jepasse leweek-end seule à l’appartement. Je résiste toujours face àmonenviede l’appeler. Jeprofitedecemomentdesolitudepourmeressourceretjeprendsmavoiturepouralleràlaplage.Jem’arrêtedevantunkiosque, jecomprendsenfin lacolèred’Esteban.Je fais lesgros titres,ungrosplan de moi tenant la main de Brady dans un parc avec en gros titre « Son fils caché ! ». Jem’empressed’appelermamèrequitentedemerassureretmeditquelesavocatsdesonmarisontsurlecoup.

Jemesensanéantie.Mavieestdevenuetellementcompliquée.Aumomentoùjepensequetoutvaenfinbiendansmavie,jemeretrouveàdevoirsurmontertoutuntasd’épreuves.

Et commepour continuer sur cette parfaitemalchance, jeme retrouve convoquée à la premièreheureenarrivantaubureaucematin.Monpatronnemelaissepasletempsderespirerqu’ilmetendunpapier.

Jelisledocumentetmesjouescommencentàchauffer.

Jerelèvelatêteetluidemandedem’expliquer.

—Celam’al’airpourtantlimpide.Jesuisdésolé,maisnousnepouvonsvousgarderparminous.Vous passez aux ressources humaines qui vont tout vous expliquer. Nous vous offrons une jolieindemnité.Nousnepouvonsplusgérervosexploitspublics.

Jeme relève fièrement et quitte sonbureau. Je passe à la comptabilité, je signe tous les papiersqu’ilsdésirent,prendsmonchèqueetm’envaissansmeretourner.Jedécidedeneriendireauxfilles.

Voilàpourquoichaquematin,jemelèveunpeuplusabattuequelaveille,jefaissemblantdepartirtravailler.Unefoisquejesaisqu’ellesontquittél’appartement,jerentreetjem’écrouledansmonlitattendantavecangoisselaprochaineépreuvedontjevaisdevoirmerelever.Celapeutparaîtredébile,maissiellesapprennentquej’aiperdumontravail,ellesvontsesentirmaldemelaisserseuleiciàlarecherched’unnouveaujob.

Toutcecipourunmecquinem’atoujourspasrappelée,tropaccrochéàsafiertépoursesoucier

demoi.Encemoment,j’ail’impressiondel’aimerautantquejeledéteste.

Quatrième jour de supercherie. Je commence déjà à ressentir l’épuisement me gagner. Fairesemblant auprès des gens que j’aime n’a jamais été l’une de mes qualités. J’attrape une boite deGranola,ungrandverredelaitetm’installeconfortablementsurmoncanapé.

Aumomentd’entamercequiseramonrepas,montéléphonesonne.Ils’agitdeSébastien,j’hésiteàrépondre, mais comme il est midi, j’ai peur qu’il décide de passer me voir au bureau, alors jedécrocheaprèsunebonnerespiration,avecunsouriredefaçadepourmedonnerducourage.

—HelloSébastienquoideneuf?

—Ehbienjustement,jeteproposeundéjeunerafindeteracontertouslesdétailsdemavie,çatetente?

—Euh…

—Interdictionderefuser.

—Jesuischezmoi,jenetravaillepasaujourd’hui,RTT!luiréponds-jepourfairediversion.

—RTT…hum,okjesuischeztoidanscinqminutes.

Jemelèved’unbond.Jecoursàlasalledebainvérifierquemacoiffureestenordre.Jerangelesgâteaux,avalemonverredelait,puisdescendsl’attendreàl’entréedelarésidence.Apeinejepasselaportequejelevoisarriver.J’entredanslavoiture,nousfilons,ilsembledetrèsbonnehumeur.IlmeparledeLaura,ilrespirelebonheur,cequimedonnelanausée.Cen’estpastrèssympademapart,maislesgensheureuxautourdemoionttendanceàm’énerverunpeudepuisquelquesjours.Commejenesuispastrèsloquace,ilengagelaconversionet,malheur,ilmeposedesmilliersdequestionssurmontravail.IlmeparleduprojetMarrakechquidoitsedéroulerdansmoinsdedeuxsemaines,ilm’annoncequ’ilenfaitpartie.Jerougis,carladernièrefoisquenousnoussommescroisés,jemechargeais toujoursdudossier,doncilauraitdûrecevoir l’invitationdemoi.Jechercheuneexcuserapideetluibalancenonchalante:

—Oui, Béatrice a repris le dossier suite à mon arrêt de travail. Disons qu’en rentrant, ils ontpréférénepasmeredonnerledossier.

—Claire,tucomptesmebaladerencorelongtemps?

—Pourquoitumediscela?jedemandepaniquée.

—Cartuasétévirée.Jesuisaucourant!merétorque-t-ild’untontranchant.

Jemesenspâlir.Jeleregardeetlesupplieduregard.

—Commentastusu?Jet’enprien’enparleàpersonne.LesfillesrepartentpourToulousedansmoinsdedeuxsemaines.Jeneveuxpasqu’elless’inquiètentpourmoi.

—Toutsimplement,parcej’aiappelédirectementàtonbureauetServalm’aapprislanouvelle.EtEsteban,ilaréagicomment?

—Nous sommes un peu en froid. Nous nous sommes disputés, une fois de plus à cause de lapresse.Contretouteattente, jen’aipasfui ;maisluinem’aplusdonnéaucunenouvelle.Alorspasbesoind’enrajouterunecouche.

—Tudoisluidire.Théom’aditqu’ilvoulaitquetut’installesàToulouse.

—Etmoijeluiairéponduquejevoulaisattendrequenoussoyonsplusstablestouslesdeux.Iln’apas apprécié mon refus, sauf que maintenant, je me sens très bête. Il est hors de question que jereviennesurmadécision.Ilrisqueraitdepenserquejen’acceptequeparcequejen’aiplusdetravail.

Ilneditplusrien,segaredevantunpetitrestaurant.JeregardeautourdemoietmerendscomptequenousnesommesplussurPerpignan.Jeconnaiscepetitrestaurant,jesenslamerprochedenous.Nous sommes àCanet.Ce petit airmarinme fait du bien.Nous nous installons, Sébastien nem’atoujoursrienrépondu.Jedécidedelancermadernièrecarte.

—Sébastien?Noussommesamis?

—ÉvidemmentClaire,jemefaisdusoucipourtoi.TudoisparleràtesamisetrappelerEstebanpourarrangerleschoses.

—Non,ilmerappelleralorsqu’illedésirera.Jeveuxluilaisserletempsdechoisirs’ilavraimentenvied’êtreavecmoiaurisquedeleperdredéfinitivement.

—Vous les filles, vous êtes d’un compliqué. Je rentre surToulouse ce soir et ce, pour toute lasemaine,accompagne-moi.Tupourraisallercheztonpère.

Jeréfléchisàsapropositionquimetente;jedoisbientôtallerautribunalpourPatrick,maisjeneveuxpasfairelarouteavecSébastien,carsiEstebanvientàlesavoir,ilpourraitsefairedesidées.Sijepars trop tôt, les filles risquentdeseposerdesquestionsetavoirdessoupçonsconcernantmonjob.

—Non,c’estgentil.Jepensequelesfillesvontpartirdemain,j’iraiavecelles.Parcontre,jevaisrester un peu chezmon père quelques jours donc tu pourrasme servir de chauffeur au retour siEstebanneveut toujourspasmereparler.Enattendant,etaunomdenotreamitié, JET’INTERDISD’ENPARLER!

J’appuie bien sur ces derniers mots. Il relève un sourcil comme pourme défier, mais lève lesmainsaucielenmepromettantqu’ilnedira rien.Nouschangeonsdeconversation, je luiparledemes recherches d’appartements qui s’avèrent compliquées. Il me promet de me filer un coup demains. Il me dépose à l’appartement vers 15 h, alors je décide de m’accorder une sieste. Quandj’ouvrelesyeux,machambreestplongéedansl’obscurité,Charlotteestallongéesurmonlitàcôtédemoiàm’observer.Jemerelèveàlahâte,jeluidemandel’heure,ellemeditqu’ilestdéjà21h00.

—Tusemblesvraimentépuiséemonlapin,tuasl’airdifférente.Jesaisquetunousenveuxencorepourtousleschangementsàvenir.

—Non,jesuisheureusepourvous.C’estjustequejen’aitoujourspasdenouvellesd’Esteban.Leweek-endarrive,jecommenceàcroirequ’ilneveutplusmevoir.

—Ilaréagidemanièreunpeubrutalepourlesphotos.Jesuisétonnée,surtoutvenantdelui.

—Celadoitêtreliéaufaitque,quelquesheuresplustôt,jeluiaiditquejevoulaisattendrepourvivreaveclui.Maisbon,cinqjours,c’estbonlà!

—Tuasessayédelejoindre?medemande-t-elleétonnée.

—Non,c’estluiquim’aparlécommesij’étaisuntasdemerde,c’estàluidefairelepremierpas.

—Écoute,viensavecmoiceweek-endchezThéo.

—Pourtenirlachandelle,nonmerci.Parcontre,j’aiprisquelquesjoursdecongésdoncjeveuxbienprofiterdetavoiturepourallerchezmonpère.

—Tupeuxencoreposerdesjours?medemande-t-ellesceptique.

—Euh, oui avec la presse, il était content deme voir partir quelques jours.Monsieur Serval atoujourspeurdevoirdébarquerlesjournalistes.

—Hum…OK !Nous irons chezThéo.Esteban, Sergio etThéo sont àParis depuis hier. Ils neserontpaslàceweek-end,ilsontunmatchimportantauStadedeFrance.Théo,lui,faitensortequetoutsoitsouscontrôleafinqu’iln’yaitaucundébordement.Tuvois,s’ilnet’arappelée,c’estqu’ilestenmodecompétition.

Devantmonmanquedemotivation,ellem’avertitqu’ellenemelaissepaslechoix.Ellefinitparretrouver sa chambre et je décide de préparer ma valise. Je vais surement rester une semainecomplète,ilfaituntempsmagnifique.Jeprendsbikini,shortetdébardeur.

Parprécaution,jeprendstoutdemêmeunjeansoudeuxavecungrospull.Voilà,valisebouclée.Plusqu’àdormirenattendantpatiemmentquelesfillessoientprêtesàpartirlelendemain.J’hésiteàenvoyer un message à Esteban pour lui souhaiter bon courage pour son match, mais renoncefinalement. S’il est vraiment en mode compétition, je préfère ne pas venir l’embrouiller en luidonnantdemesnouvelles.

Jepasseunweek-endparfaitàundétailprès,lemanquedemonbelétalon.J’aifaitpromettreauxfillesdenepasprononcersonnomdetoutleweek-endetsurtoutjeleuraiinterditd’enparleravecleurscopainsrespectifsafinqueplusjamaisl’uned’entreellesnesedisputeàcausedemoi.Jemesuiségalementsoulagéed’unsecret;jeleuraiexpliquépourquoij’avaispris«descongés».Jen’aipasparlédemonlicenciement,maisuniquementdel’aidequej’aiacceptédedonneràPatrick.Juliem’engueule,ellemedemandesij’aiperdulatête,maisquandjeluiparledelamèredePatrick,ellescomprennentmadécisiontoutenleurpromettantqu’ensuite,Patrickseradéfinitivementrayédemonesprit.Charlottem’amêmeremerciéetoutenmerappelantqu’uncertaingarçon,dontellen’apasledroitdeprononcer leprénom,risquedenepasapprécier.Commeseuleréponse jemecontentede

hausser les épaules.Une fois l’undemes secrets révélés,nousprofitonsdu soleil etbavardonsdechosesfutiles.Lemotd’ordreduweek-end:Farniente.

Ledimancheaprèsmidi,ellesm’ontgentimentaccompagnéechezmonpèrequej’avaisprévenulaveilledemavenue.

Enarrivant,ilnem’apasdemandéoùétaitEsteban,cequej’aitrouvébizarreaudébut,maisj’aitrèsvitecomprispourquoilorsqu’ilacommencéànousparler.

—Alorslesfilles,vousêtesfièresdevosrugbymen,j’espère?Quellebellevictoire.

Juliemejetteuncoupd’œilmalicieux;jecomprendsqu’elleprendlerelaisetqu’elleseréjouitpourdeuxauprèsdemonpère.Ellecommenceàluidirequenousavonsregardélematch,quenousavonshurlédejoielorsdesdernièresminutesavantlavictoire.Jenesaispascommentellefait,maismonpèresembleconvaincuquejesuisrestéedevantmontéléviseuràregarderunmatchderugby,moiquin’ai jamais regardéde sport à la télé.Après leurdépart, jemeconcentre surmonpèreetAnnie, j’évite tout sujet concernant un sport devenu très présent dans mon quotidien ces dernierstemps.

J’enfilemonjeansetmachemise.Lejourdemaconvocationchezl’avocatdePatrickasonné.J’aipassé lasoiréede laveilleàconvaincremonpèrequePatrickneméritaitpas laprison,maisqu’ilavaitbesoindesoins.Jeregrettedeluienavoirparlé,quandilm’ademandésitoutallaitbienàmontravail,jen’airientrouvédemieuxquedeparlerdemaprésencesurToulouse.Aumoins,celaaeuleméritedeluifairecroirequej’étaisobligéedeposerquelquesjoursdecongés.Ilmedéposeetmeproposedevenirmechercherdèsquej’auraisterminé.

Enentrantdanslecabinetdel’avocat,jetombesurlamèredePatrickquisejettesurmoipourmeremercier.Ellepleure,jepeuxvoirdanssonregardtoutelapeinequ’elleressent.

Je fais ma déclaration sur l’honneur, son avocat me propose de m’aider pour le reste desdémarchesauprèsdutribunal.Jeluidonnelescoordonnéesdel’avocatquimereprésente,etquiestégalement celui qui représente Esteban. Je lui demande d’ajouter une clause sur laquelle j’insistelourdement.

Laseuleconditionpourqu’ilévitelaprisonc’estqu’ilnepuisseplusm’approcheràmoinsd’unkilomètre.Jeveuxbienl’aider,maisjenesupporteraipasdelerecroiser.

Je ressorsducabinet fièred’avoir réussi àpasser cette lourdeépreuvecommeunegrande fille.J’appellemonpèrequimedéposeàlamaisonentredeuxrendez-vous.Jedécide,moi,deprofiterdelapiscineetdusoleildelaterrasse.Commepourcontinuersurunejournéequisemblepluspositivequetoutecettedernièresemaine,j’enfilemonplusbeaubikini,attrapemeslunettesdesoleil,unbonbouquin,uneservietteetc’estparti.Finalementlaviedechômeuseaquelquesavantages.

Lesoleil tapecontremapeau, j’aiviteabandonné l’idéede lire.Je ferme lesyeuxet laissemoncorps s’imprégnerdes rayonsUVdepuisunebonneheuremaintenant, je sensque jevais sombrer

danslesommeilquandjenevoispluslesrayonsUVm’aveugler.Uneombreestvenues’interposerentrelesoleiletmoi.JebaissemeslunettesetvoisdevantmoiEsteban.Jel’observe,maisjeneluiparlepas,jetented’aborddevoirs’ilesttoujoursencolère.Sonvisageestsérieuxetsamâchoireestserrée.Bon, ce n’est pas très bon signe. Jeme demande comment il a su où jeme trouvais,maisj’imaginequeCharlotteouJulieaforcémentdûenparleravecleuramoureux.Jemeredresseunpeuplussurmontransatprêteàcombattre,maisaumomentoùjevaispourparler,ilmedéclare:

—Tucomptaismerappelerunjour?medemande-t-ilfroidement.

—Oui,maisCharlottem’aexpliquéquetuétaisenmode«concentration»alorsjenevoulaispaste«déconcentrer»etjetrouvequec’étaitàtoidemerappeler,dis-jeenmimantlesguillemetspourallégerlafroideurdecedébutdeconversation.

Ilrelèveunsourcil,visiblementiln’estpasdemonavis.

—Moi jepenseque lapersonnequi raccrocheaunezde l’autre est cellequidoit faire amendehonorable.

—Tunem’aspaslaisséeenplacerune.Tum’ashurlédessus.Tuascrachétonvenin.J’aicraquéetj’ai raccroché.Alors oui, j’aimis un terme à notre échange,mais celui qui a été odieux c’est toi.Alorsj’estimequec’esttoiquiauraisdûfairelepremierpas.

—Bon,aucundenousdeuxn’estprêtàserabaisser,alorsdisonsquenousavonstouslesdeuxagidemanièrestupidecesdernierstemps.Moij’étaisvexé,encoreencolèreàcausedetonescapade;disonsquelesdernièresphotosdetonsoi-disantfilscachém’ontmishorsdemoi.Ettoi,aulieudemecalmeroudetenterdemerassurersurnotrecouple,tum’insultesettumeraccrocheaunez.Jenesupporte plus cette séparation merdique. Je t’aime, je veux que tu sois près de moi, pas à deskilomètres.Jenesupporteplusquetufassesdeschosesderrièremondos.Tuesmiennedepuisquenousnoussommesretrouvésetjedésirequetumelaissesm’occuperdetoi.

— Je t’aime aussi, tellement… Tu penses que je ne te laisse pas t’occuper de moi ? Moi j’ail’impressiondetouttelaisserfaire.

—Ahbon?Tucroiscela?AlorspourquoiavoiraidéPatrick?

—Jecomprendsmieuxpourquoituessortidetagrotte.

—Nonpasdutout,j’étaisdéjàdécidéàvenirhier,maisj’avaisbesoindeprendreunejournéepourmeprépareràcetteconfrontation.Quandjesuisfaceàtoi,jenemaîtriseplusrien,c’estdifficilepourmoi.Alorsréponds-moi,Patrick?

—Samèrem’ademandédel’aide.Jel’aifaitpourelleetensouvenirdel’hommebienqu’ilaétédanslepassé.Jesuissûrequ’ilpeutguériretrencontrerquelqu’unquiluiconvienne.Ilagrillédesfusibles,ilsuffitdelesréparer,ilredeviendraunepersonnenormalecommeavant.

—OKtuasconscienceques’ilsortetqu’iltentedet’approcher,jeletue!

— Il ne m’approchera pas. Et j’ai le meilleur garde du corps qu’il soit, lui réponds-je en luisouriant.

—Ettontravail?

—Quoimontravail?Jedemandesurladéfensive.

—Arrêtetacomédietoutdesuite,j’aidinéavecSébastienhiersoir.J’aitoutdesuitecomprisqu’ilsavaitquelquechosequej’étaisendroitdesavoir.Ilafiniparcracherlemorceau.

—OK,j’aiétévirée,labelleaffaire.Iln’yapasmortd’homme,jevaisretrouveruntravail.Net’inquiètepaspourmoi.

Il se jette sur moi et me force à m’allonger sur le transat. Il m’embrasse à en perdre haleine.Lorsqu’ilarrêtenotrebaiser,jenesuisplusqu’unlégumebienmûr,prêtàêtrecueillietdégusté.Ilm’assurequ’ilnes’inquiètepaspourmoi.IlmefaitjurerdenepaschercherunnouveautravailsurPerpignan,maisd’accepterderevenirsurToulouse.

Jedécidedelefairelanguir,jem’empareàmontourdesabouchepourmedélecterdeseslèvresetdecettelanguequim’ontterriblementmanqué.

Il se recule,me regarde avec fièvre avant de se pencher surmonbikiniminimaliste et de venirm’embrasser la nuque tout en tirant sur la ficelle quimaintient le haut demonmaillot.Quandmapoitrines’exposeàlui,ilrespireentremesseinsavantdem’embrasserlecoujusqu’àmonmamelongauche.

Ilfaitglissersalanguesurlapointedemonsein,puisl’aspireprofondémenttandisquesesmainsencerclentmataille,glissentsurmeshanches,tirentsurlaficellequimaintientlebasdemonmaillot.L’amusements’allumedanssesyeux.Ilmejettedescoupsd’œiltoutensedélectantdemonmamelonpendantquesesdoigtsmetaquinentàlajointuredemahanche.Çamefrappeunefoisdeplus,commeuncoupd’éclair : je l’aime,éperdument,définitivement.J’aimechaquecentimètrede lui, toutes lesémotionsquipassent à travers son regard. Ilme soulèveetmeconduit jusqu’àmachambre. Ilmedépose surmon lit, se déshabille devantmoi. Je sais quenousdevons encoreparler,mais pour lemomentnousn’avonsqu’uneseuleenvie,nousretrouverphysiquement.

Il seposedevantmoi, jevois sonpénis levé, je suisémuepar ledésirque je lui inspire. Ilmeregarde, je comprends ce qu’il désire, j’empoigne son sexe, le caresse,mais au bout de quelquesminutesilm’arrête.Ilsecouchealorssurmoi,mepénètred’uneseulepoussée.Savergenerencontreaucune résistance, je suis entièrement à lui tandis qu’il entre en moi. Nous nous regardons,émerveillés de ne faire plus qu’un. Sa bouche s’empare passionnément de lamienne, nos languess’entremêlent,ilcommenceunexquisva-et-vient.Jesenssonmembres’enfoncerdeplusenplusloinenmoi.

Je caresse son dos, sa peau est douce sur ses muscles si virils ; j’empoigne ses fesses dures,l’accompagnantdanssesmouvementsdeplusenplusrapides.

Soudain,ilralentit,ilvienttaquinermesseinsdesalangue.Ilm’encourageàimposermonproprerythme, alors je me laisse aller à l’écoute de mon corps, je me cambre afin de le sentir plusprofondémentenmoi;monclitorisstimuléparcettefrictionirradiedeplaisir.Jenelequittepasdesyeux,jesensnotreplaisirs’intensifier.Jecriesonnomtoutenm’accrochantàlui,sanslequitterdesyeuxpendantqu’iljouitenmêmetemps.

Ilselaissetomberdetoutsonpoidssurmoietmêmesisoncorpsm’écrase,jeneveuxpasqu’ilbouge;ilrelèvelatête,m’embrasselecouavantdesedécaler.

Il m’attrape le visage de ses deux mains, me demande de lui promettre de ne pas rentrer àPerpignan.Jel’embrasseavecdouceur,luisourisenluidisantque,mêmesijeresteàToulouse,jenemesenspasprêteàm’installeràsescôtés,aumoinstantquejen’auraipastrouvéunnouveautravail.Ilnemedit rien, secontentedemesourire,mais je ressensà traverscesourire ladéceptionqu’iltentedemedissimuler.

Depuis que nous nous sommes retrouvés, nos corps ne se quittent plus, comme si nous étionsaimantés.J’aifiniparcomprendrequemavieàPerpignanétaitterminée.J’aiinformélesfillesdemadécision ainsi que de ma situation professionnelle. Charlotte a fait le nécessaire pour que notrepropriétaireacceptequenousrendionslesclefsdel’appartementdansdeuxsemaines.Charlotte,elle,déménage ce week-end. Notre cher Théo ne peut plus attendre depuis qu’elle a accepté de lerejoindre;alorscommeelleterminesontravailcettesemaine,elleneperdpasunjourdeplusets’enva.Ducoup,ilfautquejerentreàPerpignanfairemescartonsetdéménagerlerestedemesaffaires.Je vais profiter de la dernière semaine avec Julie, depuis notre escapadeParisienne, nous ne noussommespastropvuesendehorsdenotreweek-enddanslavilladeThéo.

Unseulsouciàceprogramme:Esteban.DepuisquejesuissurToulousenoussommestellementheureuxquejen’aipasenviedelecontrarier.Jeréfléchisàlameilleuremanièredeluiannoncersansqu’ils’emporteouqu’ilpensequejeveuxprendrelafuite.

J’ai souvent entendu dire les filles que lemeilleurmoyen de faire accepter quelque chose à unhommeétaitdeleglisserpendantqu’ilestdansunétatsecond,genrejusteaprèsunmomentintime.Pluscetteidéegranditdansmonesprit,plusjemedisquec’estunebonneidée,saufqu’Estebann’estpascommelesautreshommes.Detoutefaçon,c’estdécidé.

Aujourd’hui,jemesuisréveilléedanssonappartement,j’aieudroitàunréveildesplusstimulants.J’ai carrément oublié ce que je voulais lui annoncer. Alors ce soir, impossible de faire machinearrière. Pour l’occasion, je suis décidée àmettre le paquet. Je sors pour faire quelques emplettes.J’achète des dessous très sexy, en dentelle rouge et noire pour le clin d’œil à son club, je prendségalementunehuiledemassageaugoûtdecerise.Jemedépêchederentreret jeprépareundînerromantique.Commejesuisdansunappartementtypiquementmasculin,jenetrouvepasdechandelle,jemecontentedefaireunejolietableenbaissantl’intensitédelalumière.Jemetsmonrôtiaufour,jeluienvoieunmessagepourleprévenirqu’ilaintérêtàrentrertrèsvite.Ilmerépondrapidementavechumour.Apeinequinzeminutes plus tard je l’entendsouvrir la porte etm’appeler. Jeme regardedanslemiroirunedernièrefois,jesuisétonnéedurefletquejevois.AvantEsteban,jeneprenaispastrèssoindemonapparence,tousmesdessousétaientencoton,jenememaquillaisquerarement,endehors d’un ou deux pantalons tailleurs, mes fringues se limitaient à des jeans, débardeurs etconverses.Aujourd’hui,pourlui,j’aienvied’êtrebelle,sexy,orlà,faceàcemiroir,jepensepouvoirdire que je le suis. Je l’entendsm’appeler une nouvelle fois alors jeme dépêche de le rejoindre.J’approchedoucement,jelevoispenchésurlefour.Jemeraclelagorgepourluifairepartdemaprésence. Il se retourne rapidement enme fixant bouche ouverte. Je reste droite, lesmains sur leshanches,lelaissantadmirermespetitsachatsdelajournée.Ilcligneplusieursfoisdesyeux,ilfinitparparler.

—Quemevautcethonneur?Tuesjusteincroyable!

—Jeteplais?

—C’estbienplusqueça,tudevraiséteindrelefour,carjenepensepasquenousallonsdinertoutdesuite…

—Non,non,non,tut’installesàtable,nousallonsmanger.

—Jenecroispasmonlapin…

—Si,enplusj’aiprévuunsuperdessert.

—Ahouilequel?medemande-t-ilexcité.

—Moi!

Jeluirépondsenlefixantavecmalice,toutenremontantdoucementmamainlelongdemoncorpsjusqu’àmanuque.Ilfranchitlesquelquespasquinousséparentetm’attrapeparleshanchespourmecoller à son corps. Je sens son excitation contremon bas ventre or,même si j’ai très envie de lelaisser s’occuper demoi, j’ai décidé que ce soir je serais celle qui prendrais les choses enmain.J’attrapesesmainsquimetiennentcontrelui,lesretire,puisjem’avanceprèsdelatable,jepointedudoigtlachaise.Ilmeregardetoutenriant,maiss’exécute.Ils’assied,jeluicaressel’épauletoutlegratifiantd’un«c’estbienmonpetit»cequimevautunepetitefesséeaumomentoùjem’éloignepourallerchercherlerepas.Jeprendsletempsderécupérermesespritsavantdelerejoindreàtable.Je suis déjà trempéede désir pour lui,mais je vois bien quemonpetitmanège lui plaît beaucoupalorsj’aiencoreplusenviedecontinuerpourlesurprendre.Unefoislerepasservijem’installefaceàlui.J’entameunediscussionbanalecommesijen’étaispasendessoustrèssexyfaceàlui.

J’enprofitepourparlerdemaconversationavecCharlotte,delaremisedesclefsaupropriétaire,sansluiparlerdemondépartetdemescartons.Unefoisnosassiettesterminées,ilmedemandedeservirledessert.

Jeme lève, je passederrière sa chaise. Je lui embrasse la nuque, je lui demanded’aller dans lachambre,puisjelepréviensqu’ilacinqminutespourêtrenuetallongésurlelit.Iltournelatêteversmoitoutenlevantlesyeuxdemanièreprovocatrice.

—Oùestpassémonpetitlapintimideetpeusûrdeluienmatièredesexequej’airencontréilyaquelquesmoismaintenant?

—Tun’aimespasquejeprennelescommandes?Monpetitchampionaimemaitriserlasituation,hein?

—Aucontraire,j’aimebeaucouptoutcequetuasmisenœuvrepourmeséduirecesoir,maisjecommenceàmedemanderpourquoi?

Devantmonvisage paniqué et en pleine décomposition, il se lève, ilmeprend dans ses bras, ilm’embrasselefronttoutenriant.

—Jeblague!Allez,jecoursmepréparerselontesordres,j’aihâtedegoûteràmondessert…

Jesaisqu’ilestdifférentdesautreshommes,maisj’aibiencruqu’ilallaitmedemandersij’avaisquelquechoseàluidire.Jereprendsconfianceenmoi,jelelaissemarinerquelquesminutesdeplus,histoiredelepunirdesonimpertinence.Quandj’entredanslachambre,ilestallongécomplètementnuaumilieudesonimmenselit.Ilm’observeintensément,sonsexedresséprêtàrépondreàtoutesmesenvies.

J’attrapel’huiledemassage,jem’approcheàpaslentjusqu’àmetrouverauxpiedsdulitfaceàlui.

—Cesoir,tumelaissesfaire,tunebougespasettuprofitesdecequeMOIjecomptet’apporter.

—Avosordresmonlapin!mesourit-ild’unevoixrauque.

Jemeversedel’huilesurlesmains,déposeleflaconàmespieds.Jemefrictionnedoucementlesmains, je commenceà les laisserglisser sur ses jambes, j’appuie sur sesmusclesquiont travaillédurantlajournéeafinqu’ilsedétende.Jeremontemesmainssursescuissestoutenluidonnantunspectacle assez excitant surma poitrine. Jeme penche jusqu’àme trouver qu’à un souffle de sonpénis.Ilapprochesamaindematêtedansungesteinstinctifmaisje lui lanceunregardmécontentalorsillalaisseretombertoutenpestant.

—Queveux-tuchampion?

Ilmesourit,carilacomprisquejejoueàsonjeupréféré.Ilmepoussetoujoursàluidemandercequejedésire,etlà, lesrôlessontinversés,maisilestbeaucoupmoinstimidequemoi.Alorsilmerépondavecmalice.

—Jeveuxtabouchesurmaqueue.Jeveuxsentirtalanguelalécheretjeveuxsentirtesdoigtslaserrerpendantque…

—C’estbonjecroisquej’aicompris,luiréponds-jeenriantetdéjàrougecommeunetomate.

Je faisexactementcequ’ilm’adicté. J’avale sonsexede toute sa longueurpuis je le lècheet leresserredansmamain.Jecommenceundouxvaetvient,puisjem’arrêtequandjesensqu’ilvajouir.Pasquejenesoispasdécidéeàlegoûter,cequejen’aiencorejamaisfait,maisj’aijusteenviedelerendrefou,surtout,jeveuxprofitermoiaussidel’objetdemondésir.Jecontinuemonpetitmassageenremontantmesmainssursontorsepuisjem’appuiedechaquecôtédesatête.Lorsquejesenssavergeàl’entréedemonsexe,jedescendsdoucementavantqu’ilm’emplissecomplètement.Ilnepeutplus garder son self-control, il m’empoigne par les hanches pour m’encourager à accélérer lerythme.Jelelaissefaire,carjesuistoutaussiexcitéequeluietj’aibesoindelelaisserprendrelescommandes.Enunclind’œil,illecomprend,serelèvelégèrementafind’êtreenpositionassise.Jemedécalesuffisammentpourcalermesjambesdechaquecôté.J’attrapesanuque,jem’emparedesabouche pendant que luime soulève pourmieuxme pénétrer dans cette position. Son petitmanègedurequelquesminutes,maisd’uncoupilmesoulèveetm’allongesurlelit.Ilsepositionneau-dessusdemoietmepénètred’uncoup.Notredésirdevientpressant,ilaccélèresescoupsdeboutoirpendantque jem’accrocheàsesbraspuisàsesfessesque j’empoigneférocement. Ilmeprendavecforce,nousjouissonsàl’unisson.Jecriesonprénom,jelaissecettesensationmerendrefolled’amourpourlui.Auboutdequelquesminutes,ilromptlesilence.Ils’estretiréetm’enveloppedesesbrastoutenmecaressantavectendresse.

—Alors,tuvasmedirecequetun’osespasmediremonlapin?mesouffle-t-ildoucement.

Jemetourneafind’êtrefaceàlui.

—Pourquoitupensesquej’aiquelquechoseàtedire?jeluidemandetroublée.

—Écoute,j’aientenducequitefaitpeur.J’aicomprisquetuvoulaistesentircapabledemedéfieretdemeremettreàmaplace.Jenecomprendspascequitefaitpenserquecen’estpasdéjàlecas,mais jefaisensortederespecter tonchoix.Detoncôté, tum’asfaitpromettredeneplusavoirdesecretsl’unpourl’autre.Jesaisquetumecachesuntrucdepuishier,maisj’attendaisjustequetuosesm’enparler. Je suis trèscontentque tuaiespréparé toutecettepetite soirée, jenem’enplainspas,maistun’aspasbesoindem’épuiserparlesexepourteconfieràmoisanscraindremaréaction.Jet’aimeClaire,alorsdis-moicequitetracasse.

— OK champion, tu as gagné. J’ai fait tout ceci pour t’amadouer, mais je dois dire que j’aibeaucoupaiméjouerlesdominatrices,alorsnet’étonnepassijerecommenceetsansarrière-pensée.

—Jenotemonlapin.Maintenant,dis-moi.

Ilm’embrasselégèrement,ilsereplacedemanièreàmelaissersuffisammentd’espace.Jerespireàfondetjemelance.

—JeveuxrentreràPerpignandèsdemain.

Il fronce lessourcilsalors jene lui laissepas l’opportunitéd’enplaceruneet j’enchaine toutcequejemesuisrépétédansmatêtetoutelajournée.

—Charlotte déménage ceweek-end.Dimanche soir, elle ne sera plus là, je veux profiter de cedernierweek-endavecelle.Ilfautaussiquej’emballemesaffaires,cequejepourraifairependantladernièresemainequeJulieetmoiauronsensemble.Jeneveuxpasquetucroiesquejem’éloignedetoi.Jevaisenprofiterpourchercherdutravailenespérantavoirdesentretiensdèsmonretour.

—OK.

—OK?

—Oui, je comprends que tu veuilles profiter d’un dernier week-end avec les filles dans votreappartementavantdelequitter.J’auraispréférépassermonweek-endaulitavectoi.Surtoutquelasemaine prochaine, je vais avoir de longues journées d’entrainements pour le match retour àToulouse,alorsautantquejenesoispasdistraitparcecorpsderêve.

—Merci,jeseraideretourvendrediprochain,jevaisvoiravecledéménageurdeJuliepourqu’ils’occupeégalementdemesquelquescartons.

—Jepeuxengagerquelqu’unpourqu’ilviennerécupérertesaffairesetlesdéposerchezmoi.

—Chezmonpèrechampion.

— Écoute, tu vas très vite trouver un travail. Tu as promis que, dès que tu en trouves un, tuemménages,autantnepasdéménagertesaffairestouteslessemaines.

—Iln’ypasdeplacecheztoipourmesaffaires.

Ilseplaceànouveauau-dessusdemoietm’embrassefougueusement,unefoisquejesuisàboutdesouffleils’écarte,puismedittoutenmepénétrantdoucement:

—Tuauras toute laplacedont tuasbesoin.«Micasaé sucasa». Jenemesenschezmoiquelorsquejesuisavectoietentoi,alors,nouspourrionsmêmetrouverunendroitànousquiteplaiseplus.

Jeluisouris,l’enlacedemesjambes,jel’embrasseàmontour.Nousnouslaissonssuccomberànotredésiretarrêtonsdeparlerpourseconcentrersurlecorpsdel’autre.

Julieestsansemploidepuisvendredi.Toutessescollèguesluiontfaitunejoliefêted’adieuetluiontoffert toutpleindecadeauxpour sanouvelleaventure.Charlotte, elle, estpartiedimanchesoiravecThéoaprèsavoirvusesquelquesmeubleset sesquarantecartonspartir.Nousavonspassé lasoirée àpleurer ledépart deCharlotte, jusqu’aumomentoù Julie adécidédenoyer sapeinedansl’alcool.Nousnoussommespréparédescocktailsmaisonetaprèsunebouteilledetéquilavide,Juliedécidedeseconfier.Enarrivantàl’appartement,j’airemarquéqu’elleparaissaitanxieuse,maisj’aimiscelasur ledosdudéménagementetdeses travauxpoursaboutiquequivontbientôtdémarrer.Ellefinitparm’avouerqu’elleenamarredevoirsonmecaubrasd’autresfemmessurlesblogsdefans,surlessitespeoples.Jesuisétonnée,carelleatoujoursl’airsûred’elleetellem’atoujoursditque cela ne la gênait pas de voir toutes ces groupies le suivre à la trace. Alors, je lui demandepourquoielleapeurmaintenant,sielleadesdoutessursafidélité.

—Non,jenedoutepasdelui.Enfin,jenepensepasqu’ilmetrompesinonpourquoivouloirvivreavec moi. Mais, je ne comprends pas pourquoi il ne fait pas en sorte de minimiser ce genred’apparitionetsurtoutpourquoiilnefaitpascommeEsteban:uncommuniquésurnotrecoupleafind’arrêtertoutescesrumeurs.

— Il ne fait rien, carpour lui tu as confiance envotre couple.Moi j’ai toutde suitepaniqué.Acause de monmanque de confiance, par rapport à mon problème avec la médiatisation qui avaitpoussémamèreàm’abandonnerpourdevenircélèbre.Maistoi,tueslafillelaplusmagnifiquequejeconnaisse,tun’asrienàenvieràcesmannequinssanspersonnalitéquinecherchentqu’unpeudepubetjesuisconvaincuequeSergiolepenseaussi.Maissitoutecettemascaradetedérange,tudoisluidire.

—C’estcequej’aifaitavantderentrer,nousnoussommesaussidisputés.Etmêmesinousnoustéléphononschaque jour, j’aipeurqu’il regretteque jem’installechez lui etqu’iln’osepasme ledire.

—Ne sois pas bête, cemec est dingue de toi. Je pense qu’il est juste aussi fier qu’Esteban.Lesréconciliationspartéléphone,cen’estpasleurmodedefonctionnement.Jesuiscertainequedèsquetuserasprèsdeluivouspourrezdiscuterposémentpourréglerlesouci.

—J’espère…

Nousdécidonsaprèscetteconversationàcœurouvert,etlesveinespleinesdetéquilad’allernouscoucher.

Avantdetomberdansuncomaprofond,j’envoieunmessageàEstebanpourluidiredeprévenirSergioque,s’ilfaitdumalàJulie,jecomptelefairepayertrèscher.

«Tumemanqueschampion!JeviensdepasserlasoiréeàrassurerJulieàcausedetoncoéquipieretmeilleurami.

S’iln’estpashonnêteavecelle,c’estunhommemort!

Tupeuxlemettreengarde!»

Ilmerépondauboutdequelquesminutes,justeletempspourmoidememettresousmacouette.

«Notrelitestbeaucouptropvide.Rentrevite!

SergioesttrèsamoureuxdeJulie.

Tupeuxlarassurer,toutvas’arranger,ilattendjustesonretourpourluiprouver.

Jet’aime»

Je souris en lisant sonmessage.Leshommesdisent que les filles sont devraies pipelettes entreelles,maisjesuissûrequenoshommesnesontpasenrestenousconcernant.

Les jours suivants passent à toute vitesse. J’empile de plus en plus de cartons, je me demandevraimentoùjevaispouvoirentassermesaffaireschezEsteban.Nousn’enavonspasreparlé,maisledéménageur qui m’a téléphoné pour organiser le transport de mes affaires m’a promis qu’ellesseraientlivréesdèslelundi;etl’adressequ’ilainscritesursondossierestévidemmentcelledemonsportif. Je n’ai pas mis le sujet sur la table quand il m’a demandé si j’avais été contactée par ledéménageur, jemesuiscontentéede luiconfirmer sans rentrerdans lesdétails. Jevaism’installerchezlui,c’estdécidé,maisleluidireàvoixhauterendlachosetellementofficiellequejerisquedepaniquer,alorsjenepréfèrepasenparleretfairecommesitoutétaitnormal.Estebansemblesatisfaitdemamanièredegérerlasituation.Pourunefoisdepuisledébutdenotrehistoire,toutsembleenfinêtresimplepournousdeux.

Charlottenousatéléphonéchaquesoirpournousrassureretnousdirequ’endehorsdequelqueshabitudesdecélibataireendurci,Théoestunvéritablehommeàmarier.LejourJnoussommesfinprêtes.Lesdéménageursarriventlematin,toutesnosaffairessontchargéesenmoinsdedeuxheures.Après un état des lieux très rapide, nous rendons nos clefs et prenons la route pour Toulouse, lesourireauxlèvres.

Afindenepasdéconcentrernossportifs,leurcoachaexigéqu’ilssoienttousconsignésàl’hôtelpourlanuitprécédantlegrandmatch.C’estdoncencélibatairesquenousallonsdînerchezCharlotteetThéoafindefêterleurpremièresemainesansembuche.

C’estMonsieurquinousouvrelaporte,trèssouriantcequimechangedeseshabitudes.Mêmesinosrapportsontbeaucoupévolué,j’aitoujoursl’appréhensiondelevoirmeregarderavecdureté,cequisignifiegénéralementqu’ilyaune«couilledans lepotage».Nousdinonsetprofitonsdenosretrouvaillesavecnotrecopinequinousamanqué,maisThéonousinterrompt,medemandantdele

suivre,carilvoudraitmeparlerentêteàtête.Charlottemesourit,alorsjemelèveetlesuisjusqu’àsonbureau.

—Claire,j’aimeraisteproposeruntravail.

—Euh,tuveuxorganiserunévènement?

—Non,jevoudraisagrandirmoncercled’opportunitésetj’aimeraisquetuintègresmonéquipe.

—C’estàdire?

—Jevoudraiscréerunserviceartistique.Moijegèreuniquementlessportifs,jesouhaiteraisquequelqu’un déniche de nouveaux talents mais plus du côté strass et paillettes. Je voudrais que tudeviennesunagent.Jepensequetuaslacarrurepourêtregénialedanscejob,tudénichesdejeunestalents,tudécrochesdescontratsafindelesrendrecélèbres,medit-ilsérieusement.

—Jenesauraipascommentfairecegenredechoses.Tuesdingue.

—Aucontraire,pourdesjeunestalentstuserasparfaite.Jet’aiderai,jet’expliquerailesficellesdumétier,jeteprésenterailesbonscontacts,ensuiteceseraàtoidejouer.Jesuissûrd’unechose,avectoi,cesjeunesserontprotégésdelapresse.Tusaurascommentgérerlesmomentsdecrise.Tusaisexactementcommentfaire.Tugèresdesévènementsàlaperfection,Sébastienm’aassuréquetuétaisgéniale. Dis-toi que ce n’est pas si différent, au lieu d’organiser des évènements, tu gères descarrièresettufaisensortequ’ellessoientgrandioses.

—Jenesaispas…

—Réfléchis!Maispastroplongtemps.Jen’aiencorerienditàEsteban,jeconsidèrequetudoisdécidersansêtre influencée.Tupourras luienparler,mais jeveuxque ladécisionsoità100%latienne.Laseuleàêtredanslaconfidence,c’estCharlotte.

Ilm’inviteàrejoindrelesfilles.Avantdesortirdesonbureau,jeleremerciepoursaproposition,jeluiprometsdebienyréfléchir.Enfindesoirée,ilsnousproposentdepasserlanuitchezeux,cequenousacceptonsavecplaisir,carniJulienimoin’avonsenviededébarquerdansl’appartementdenosrugbymensanseux.

Jepasselanuitàcogitersursaproposition.Jepèselepouretlecontre,jemedisquecelapourraitêtreuneexpérienceincroyable,maisj’aiassezpeurdenepasêtreàlahauteur.Jepensequejevaiscontactermamèreafind’avoirquelques conseils et luiproposerdevenirbientôtme rendrevisiteavec Brady. Je crois que ma décision est prise, mais je ne donnerai ma réponse qu’une fois quej’auraipuendiscuteravecEsteban.Jepenseà luiquidoitêtreconcentrésur lapréparationdesonmatch.Jesuispresséedelevoiràl’œuvre,etsurtout,j’aihâtedelevoirremporterlavictoire.

Nous y voilà. Le stade est plein, tout le monde autour de nous a l’air très excité que le matchcommence. Je n’ai pas eu de nouvelles d’Esteban depuis hier, mais Théo m’a rassurée pourm’expliquer que le coach ne rigole pas avant unmatch aussi important. Il a pu les voir quelquesminutesenarrivant,j’espèrequ’ilabienpassémonpetitmotd’encouragement.L’avantaged’êtrelapetiteamied’undesjoueursc’estquenoussommeshyperbienplacés;unelogerienquepournous.Lematchn’apasencorecommencé,mais les joueursdesdeuxéquipesse tiennentfaceàface.UnefoislaMarseillaisechantée,etacclaméeparnossupporters, l’équipeadversenousfaitunspectacledesplus…effrayants.Unesortededéclarationdeguerre.

Quandj’aifaitpartdemonavisàCharlotte,elles’estouvertementmoquéedemoi.Heureusement,Julieestdemoncôté, j’ai l’impressionquecesmonstresdéclarentlaguerreàmonchampion.Ellenousrassureennousexpliquantqu’ilsjouentcontrelanouvelleZélande,etquecequejeprendspourdelaprovocations’appelleun«Haka».

Nousavonsmêmedroitàunepetiteleçond’histoire,jesaismaintenant,grâceàCharlotteetThéo,quelehakaestunedansechantéerituelledesinsulairesduPacifiqueSudinterprétéeàl’occasiondecérémonies,defêtesdebienvenue,ouavantdepartiràlaguerre.LesMaoril’ontrenducélèbreparl’équipedeNouvelleZélande,quil’effectueavantleursmatchsdepuis1905.

Sur cette petite explication, le match commence. J’essaie de me concentrer sur les joueurs del’équipe demon champion, leurmaillot est bleu donc facile à repérer, ce quim’a valu une autremoqueried’ailleurs.Jenecomprenaispaspourquoiilsn’étaientpasenrougeetnoir,maisilsjouentpour l’équipedeFrance. Jemesuis risquéeà luidemanderpourquoi ilsne jouentpasauStadedeFrance, mais elle me répond que dans ce type de tournoi, les matchs se déroulent dans plusieursstadesetpasuniquementaustadedeFrance.OK,bon,définitivement,jenecomprendsplusrien.Jehoche la tête enmepromettant dedemanderplusd’explication àEsteban ce soir.Lapremièremi-tempspassetrèsvite,jemeprendsmêmeaujeu,jemesensstressée,jehurlequandCharlottehurleetj’applaudislorsqu’ilsapplaudissent,brefàlapremièremi-tempsilsperdent8-6,maisselonThéotoutestencorepossible.Nousprofitonsdelacourtepausepournousdétendre,maistrèsvitelesjoueursreprennent leur place. Je repars donc dansmes encouragements, je crie son prénomdans l’espoirqu’ilm’entende, ce quime paraît impossible. Il est différent, concentré, tellement hypnotisant ; jecomprendsmieuxtoutescesfollesfurieusesquiluicourentaprès.Levoirdanssonélément,courir,le regard dur, m’excite au plus haut point. Me voilà en pleine séance de groupies. Le match setermine,toutlemondeexplosedejoie, jelesobserveet jesaisisquenoshérosontgagné,alorsjelaisse éclaterma joie.Charlotte nous saute dessus tellement elle est contente,Théo l’observe avecamusement.

Jetentemadernièrequestionstupidehistoiredenepaspasserpouruneignorante,jeluidemandele score.Elleme fait les grosyeux etm’expliquequ’ils viennent de remporter lematch24-9.Les

supporters quittent le stade en masse, Théo nous demande de ne pas bouger de nos places, il varejoindre les garçons pour leurs interviews, puis ils viendront nous récupérer dans notre loge.J’insisteunpeupourallerlevoirparlerauxjournalistes,maisilmedemandederestersageetdenepasdéconcentrerleschampions.

Nous attendons sagement le retour des garçons. Charlotte nous propose de rentrer et de fêterl’évènementchezeux.Nousallonspouvoirfêterdignementleurvictoireetc’est làquelesgarçonsfont leur entrée. Esteban me fonce dessus, il m’embrasse fougueusement. Je me laisse faire avecgrandplaisir,carjesuistrèsfièredeluietsurtoutilm’aénormémentmanqué.Lorsqu’ilserecule,ilmesouritcommejamais,jevoisàtraverssesyeuxqu’ilestvraimentleplusheureuxdeshommes.

—BravoChampion,jesuisfièredetoi!

—Mercimon lapin. Je suis super content et encore plus de pouvoir le partager avecma petitefemme.

Les papillons dansmonventre font des saltos de joie, jeme contente de lui sourire niaisement.Charlotte intervientpendantqueJulieetSergios’embrassent toujours,signeque leursconflitssontloinderrièreeux.

—Sinousallionsfêtervotrevictoireàlamaison?demandeCharlotte.

—Nondésolé,nousrentrons.

—Pourquoi?Ilfautfêtervotreperformance!

— Non mon lapin ! Car nous allons tous fêter l’évènement demain et pour trois jours. Nousdécollonsdemainmatinà9h00.

Jeleregarde,étonnée,j’observelesfillesquinecomprennentpasplusquemoi.SergioetThéolerejoignentetluisortentchacundeuxbilletsd’avionsqu’ilsnoustendent.Quandjelisladestination,jelève la tête pour le regarder.Commed’habitude, il semble très fier de lui et amusé demevoir sichoquée. Je regarde les filles, nous nous mettons à hurler et sauter les unes sur les autres. Julieressembleàunefolle furieuse,elle faitunedansequidoitêtreunedansede la joie j’imagine,ellehurle:

—OnvaàVegas.LasVegas,c’estcomplètementdingue!

Sergiol’attrapeetlasoulèvepourlamettresursesépaules,ilnousditqu’ilrentreprofiterdesoneuphorie,elleritbêtementlatêteenbas,enselaissantfaire.Pendantqu’ils’éloigne,ellenousfaitdespetitscoucoustoujourshilares.Estebanmeprendlamainetmeregardeintensément,jesaiscequ’ilveutàcetinstantetj’enaiégalementtrèsenvie.NousquittonsCharlotteetThéo,puisrentronsfêterdignementcettesoiréedansl’intimité.

A peine la porte franchie, il me prend mon sac et le jette au sol. Il soulève ma robe tout ens’avançant.Ilretiresontee-shirt,j’embrassesontorse.Ilsesoulèveetmeconduitverssachambre,ils’arrêtepour regarderautourde lui. Jenecomprendspas,alors jesuissonregardetvois tous lescartonsentasséslelongducouloir.Ilmeregardeétonné,jemedemandesifinalementl’adressequeledéménageuravaitn’étaitpasunesimpleerreuretquej’auraisdûluidonnerl’adressedemonpère.

Je commence à laissermes jambes retomber,mais ilm’en empêche etm’embrasse le cou enmesoufflant.

—Alorstut’installes?

— C’est ton adresse que tu as donnée aux déménageurs alors je pensais que c’était ce que tuvoulais.

Jebaisselatêteembarrassée,ilcollesonmentonsurledessusdemoncrâneenmedisant.

—C’estexactementcequejeveux.Aujourd’hui,estvraimentlaplusbelledesjournées.Jet’aime,Claire.

Jerecule,jeleregardeavecamour.Ils’emparedemeslèvresetreprendsarouteverslachambre.Sesgestessontbeaucoupmoinsprécipités,maisaucontraire,ilprendsontemps.J’ailesentimentquenous sommes àun tournant denotre relation et quenous allons enfinpouvoir profiter pleinementl’undel’autre.

LasVegas.Ici,toutestsurdimensionné.Aprèsunvolinterminable,jesuisépuisée,maisilesthorsdequestiondeselaisseraller.J’aienviedetoutvoir,deprofiteraumaximumdecestroisjoursdefolie.Lesgarçonsontinsistépourquenousnousinstallionschacundansnoschambresavantdenousretrouverpourallerdîner,ensuite,ilsnousontpromisquenouspourrionsallerjouer.

Lachambreestvraimentgéante,un lit énormeen formede rond trôneaumilieude lapièce. Jesaute et roule sur les draps. Esteban, lui, avance doucement, pas impressionné par la chambre.Derrièresespaupièresmi-closes,jevoisledésirquibrûledanssesyeux.J’aimoiaussienviedelui,sifort,quelatêtemetourne.

Jenesaispascommentjepeuxpasserpar tantd’émotionsensipeudetemps,et ledésireraussiardemmentenunseulregard.Ilseglissedanslelit,jen’attendspasqu’ilmeretiremesvêtements,jem’empressedem’endéfaire.

Iléclatederire,ilm’attirecontrelui,enroulantunbrasautourdemoi.Jem’attendsàcequ’ilmesautedessus,maisrien.

—J’aienviedetoi.

Jechuchotecesparolesà sonoreille avantdecommencerà titiller son lobeavecma langue. Jedescends ensuite le long de son cou, je souris en sentant son excitation monter, en entendant ungrognement sourd s’échapper de sa gorge. Il contracte son bras autour de ma taille et s’écartelentementpourretirersesvêtementsàsontour,avantderevenirsepositionnercontremoi,nu,peaucontrepeau.

—Jet’aimemonlapin.

Ilmemurmurecesmots,leslèvrespresséescontremoi,avantdedonnerunpetitcoupdelangue,

puisundeuxième,àl’endroitprécisoùmoncorpsleréclame.Jerejettelatêteenarrièreengémissantde plaisir. Tout enme tortillant, je basculemon bassin demanière à l’amener au plus près de sabouche,avidedececontact.

—Esteban…j’aienviedetoi!

Estebanfaitlasourdeoreilletoutencontinuantàhonorermonclitoris.Monplaisiraugmente,monchampion l’attise encore plus lorsqu’il introduit deux doigts en moi, les faisant aller et venir silangoureusement qu’il me fait jouir en quelques secondes. Je sens les parois de mon vagin seresserrer autourde sesdoigts. Il remonte lentement àhauteurdemonvisage, sesdoigts restant enmoi jusqu’au dernier spasme de mon orgasme. J’approche son visage du mien, je l’embrassepassionnément,lesuppliantdemeprendresurlechamp.Ilmecomble,maismasoifdeluin’estpasapaisée.Jemefrotteàsoncorpsnu,étenducontremoi.

—J’aivraimenttrèsenviedetoi,jesoufflecontreseslèvres.

Sabouchefondsurlamienne.Ileffleuremeslèvresduboutdelalanguepuisdescendjusqu’àmagorgepuisplusbas.Jemecambrequandillèchedélicatementundemesmamelons,samainjouantavec l’autre.Chacune de ses caresses déclenche une onde de plaisir qui se propage à traversmoncorps.Illèvelesyeuxversmoiavecunsourireencoin.Jegémis,jemefrotteàsonmembregorgédedésir.

—Maintenant,Esteban,jelesupplie.

Ilgloussedoucementetpasseunemainderrièremanuquepourmeforceràleregarder.

Ilmepénètreenunepousséebrutale,exactementcommej’enaienvie.Jememordslalèvreafindene pas crier en réaction à cette sensation exquise pour laisser l’orgasme m’envahir. Alors qu’ilcontinuesesdouxva-et-vient, jeréalisequedepuisquenousavonsenfinréussiànoustrouver,nosrapportssontencoreplusintenses.Lebassinplaquécontresoncorps,jecontinuedel’observerdanslesyeuxvoulantlevoirexploseràsontour.Laboucheentrouverte,ilplongeunedernièrefoisavantde jouir. Nous restons plusieurs minutes l’un contre l’autre à apprécier l’apaisement que nousressentonslorsquenoussommesréunis.

Aprèsunebonnedouche,nousrejoignonsnosamisdanslehall.Nousdinonsrapidement,carlesfillesetmoiavonstrèsenviedetenternotrechancedanslesmachinesàsous.L’alcoolcouleàflot,nous jouons, nous perdons, mais peu importe, car je suis la plus heureuse. Sergio qui sembleégalement d’humeur joueuse, nous lance un défi, la prochaine qui perd accepte un défi. Nousacceptonstoutessansmêmesavoirquelgageilnousachoisi.Lorsquejeperdsànouveau,Sergiomedonne comme défi de boire trois shoots de téquila à la suite tout en récupérant les citrons de labouchedechacundesgarçons.Estebannesemblepasbeaucoupapprécierledéfi,maismelaisselereleversansbougonner,cequejefaisavecbeaucoupd’amusement.QuandCharlotteperdàsontour,sondéfiestdetaille,j’enrestebouchebée.Illuidemanded’accepterdesemarieravecThéodansunedeschapellesàlasortieducasino.Contretouteattente,elleaccepte.Nousfonçonstousàlachapelle,àlasurprisegénéraleSergiometungenouàterrepourdemanderàJuliedel’épouser.Làmoncœurs’arrête,ilssontcomplètementdingues,maisnoussommesàLasVegasalorsriennem’étonne.Ellesemblehésiter,puisdécidedejouerlejeu.

Elleleprendcommetel,ellemeditque,detoutemanière,illeursuffitdenepasl’enregistrerenrentrantpourtoutcecinerestequ’unjolisouvenir.

Estebanetmoinousnousretrouvonsàjouerlestémoinsdemariagedenosdeuxmeilleursamis.Mêmesi,apparemmentcen’estpassérieux,mesyeuxseremplissentdelarmes.JeregardeThéoetSergio, jevois l’amourqu’ilséprouventpourmesamies.Estebanm’observeavec tendresse, ilmesoufflelesmotsquej’adoreentendredesabouche:JET’AIME.

Nous vivons tous les six un moment magique, j’espère qu’aucune d’elle ne regrettera demainmatin, une fois que l’alcool se sera évaporé. Vers 2 h du matin, nous nous quittons tous pourretournerversnoschambres,noussouhaitonsauxjeunesmariésunebellenuitdenoces.

Enentrantdans la chambre, jeme sensd’uncoup très fatiguée,mêmeunpeu jalousede cequeviennent de vivre mes amies, je file me changer, je vais directement me coucher en attendantqu’Estebanmerejoigne.Quandilsecouchefaceàmoi,ilsemblecontrarié.Jeluicaresselajoueenluidemandantdemeparler,ilfroncelessourcilsetmedemande:

—Tuauraisaiméquel’onsemariecesoircommelesautres?

—J’aipasséunesoiréemerveilleuse.Jesuiscontentepoureux,j’espèrequ’ilsvontallerau-delàdujeuenofficialisantleursmariagesquandnousseronsderetour.

—Ouijesaisquelesfillescomptentbeaucouppourtoi,maiscelanerépondpasàmaquestion!

—Pourêtrehonnête,j’aiétéunpeujalouse,maisjesuiscontentequetun’aiespasfaitcommeeux.

—J’aitrèsenviedet’épouserunjourClaire…Maistuasdéjàeudumalàaccepterd’emménageravecmoialorsjen’aipasvoulutebrusquer.

—Et tuaseu raison.Siun jour tumepasses labagueaudoigt, j’aimeraisquecesoitune joliecérémonie,entouréedenosproches.

—Jenote,unejoliecérémonie,çameva.

Jel’embrasse,jedécidequec’estlebonmomentpourluiparlerdelapropositiondeThéo.

—Jevoulaisteparlerd’untrucimportant.J’aibesoind’avoirtonavis.

—Waouh,c’estlasoiréedessujetsimportants,jet’écoute.

—Théom’aproposédetravailleravecluientantqu’agentpourlapartieartistique.J’aibeaucoupréfléchietj’aitrèsenviedetenterl’expérience,maistuesencoreplusimportantalorsjeveuxavoirtonavis.

Ilserelèvebrusquementetmeregarde.

—Quandt’a-t-ilfaitcetteproposition?medemande-t-ilsouriant.

—QuandnoussommesarrivéesavecJulielaveilledetonmatch.Jeneluiaipasencorerépondu,carjevoulaisd’abordendiscuteravectoi.

—C’estgénial!Jesuissûrquetuvasfaireuntravailfabuleux.Bon,s’ilt’avaitproposéunposted’agentsportif,j’auraisémisdesdoutesvutesconnaissancesenlamatière,ajoute-t-ilenriant.

Je luidonneune tapesur ledosetnous rionsensemble,car jedoisbienavouerque je suisunevraiecalamitéenlamatière.Ils’allongefaceàmoi,ilm’embrassedoucement,ilmeditqu’ilcroitenmoi,qu’ilmesoutiendraaumaximumdanscettenouvelleaventure.

Je réfléchis à tout ce qui s’est passé dansma vie depuis notre rencontre ; les bons comme lesmauvais moments, toutes ces épreuves que nous avons réussies à surmonter, tous ces momentsdélicieux que j’ai découverts grâce à lui,mais j’angoisse à l’idée que tout peut s’arrêter. Estebanm’embrassepourmesortirdemespensées.

—Turecommencesmonlapin,çafaisaitlongtemps!

—Dequoituparles?

—Turéfléchisetturougis.Unbaiserpourtespenséesmonlapin.

—Jet’aimechampion,maisj’aitrèspeurdel’avenir,nousavonsvécudesmomentssidifficilesensipeudetempsquejemedemandecequivanousarriveretsinousallonspouvoirtoutsurmonter.

—Claire, tun’aspasencorecompris?Avant toi, j’aieudes sentiments,mais jamais jen’aiétéamoureux. Je dois bien admettre que ce n’est pas de tout repos, mais pour rien au monde jen’échangerais ma place. Toi, avant moi tu as eu des relations sérieuses, mais je suis sûr que tum’aimes également comme jamais auparavant. Alors je suis convaincu que notre amour estindestructible,àtouteépreuve!Riennepourragâchercequenousavonstrouvé:l’Amour.

Leslarmescoulent,jesaisqu’ilm’aime,maisl’entendremeparlerdecettemanière,moncœurestregonfléàbloc.Nousnousembrassons,nousnousaimonsdelonguesheuresavantdenousendormirépuisés,heureux,prêtsàaffronterunaveniràdeux,maindanslamain,àbravertouteslesépreuvesquelaviedéciderademettreentraversdenotreroute.

Jem’installetranquillemententerrasse.J’attendsJulieetCharlottequejen’aipascroiséesdepuisquelquessemaines.Unandéjà,quejemesuisinstalléeavecmonchampion.Quandjerepenseàtoutecetteannée,leslarmesmeviennentsystématiquement.Dèsledébutdenotrehistoire,nousavonsdûsurmonterbeaucoupd’épreuves,orjeneregrettepasunseulmomentpasséàsescôtés.IlyaunanlesdeuxfollesdinguesquimeserventdemeilleuresamiessesontmariéesàLasVegas,siCharlotteetThéoonttoutdesuiterégularisélasituation,pourJuliec’étaitunpeupluscompliqué.Ellen’apasvouluenregistrersonmariage.Sergioaprislanouvelledemanièrebrutale,ilaétéblessédanssonegodemâledominant,j’aibiencruqueleurrelationallaitexploser.

Heureusement, Julie a su le rassurer. En réalité elle désirait, plus que tout, être sa femme,maiscommemoielleavaitenvied’unVRAImariage.Quandelleaenfinréussiàtrouverlecouragedeluiexpliquer,touts’estarrangéentreeux.Pournotreplusgrandplaisir,ilyaunpeumoinsd’unmois,ilssesontmariés.Unjolimariage,trèsromantiqueentourédeleursproches.

Pourmapart,j’admirelejolisolitairequitrôneàmondoigt.Ilyatroismois,j’aienfineudroitàunevéritabledemandeenmariage;mêmesideprimeabordEstebanaplusleprofilduBadboy,enréalitéc’estungrandromantique.Àlafind’unmatchoùilavaitmalheureusementperdu,jemesuisinstallée au milieu des journalistes pour son interview. Il m’avait demandé de le faire pour, soitdisant,luidonnerducourage.Maisquandl’undesjournalistesluiademandécommentilvoyaitlesmois à venir, il m’a regardée, m’a souri, il a simplement répondu tout en sortant un écrin de sapoche:«Laseuleetuniquechosequejevoisdanslesmoisàvenir,c’estd’épouserlafemmequiabouleverséma vie si elle le veut bien ». Je l’ai regardé comme s’il était un extraterrestre, j’étaiscollée àma chaise, tous les journalistes se sont tournésversmoi en attendant la fameuse réponse.J’étaisincapabledeprononcerunseulmot,ill’adesuitecompris,ilasautépar-dessuslatable,ilestvenuseposerdevantmoi,ungenouàterreetm’aposéLAquestion,ouplutôtl’ordre,carEstebannedemandejamaisrien,ilexige.Alorsilm’aregardée,asortilabaguepourmelamettreenmedisantd’untonpénétrant :«Epouse-moi».J’aisecouéla tête,nousnoussommesembrassésavecfouguecommesilasalles’étaitvidéeetquenousétionsseuls.Lesrires,puislesapplaudissementsontfiniparnoussortirdenotretranse,alorsilm’aprislamain,noussommessortissansnousretourner.Cejour-là,nousavonsfaitl’amourtoutelajournée.Maintenantj’aihâtededéciderd’unedate,detoutorganiserpourenfindedevenirMadameDuval.

Touts’arrangeenfindansmavie,j’airevulamèredePatrickàplusieursreprisesquim’aassuréqu’ilremontaitlapente;ilafiniparréalisersesactesetsesentvraimentcoupable.Ellem’aremisunelettredesapart,jelagardedansmonsac,maisjen’aitoujourspasréussiàlalire,jeneleferaipeut-êtrejamais.GrâceàEstebanj’aicomprisquejen’avaisaucuneraisondemesentircoupable,jen’airienfaitdemal,j’aitoujoursétéhonnêteaveclui,alors,mêmesijeluiaipardonné,j’aienviedelaissercetépisodederrièremoi.Unautrechangementdansmavieaété leretourdemamère.J’airepriscontactavecelledemanièrerégulière,Bradyetmoiavonstissédeslienstrèsforts,nousnous

voyonsassezsouventmaintenant.Monpère,lui,atrèsbienprislanouvelle,celaluiapermisdevoirplus vers l’avenir.Voilà comment je vais devenir, une fois de plus, une grande sœur.Monpère etAnnievontbientôtavoirunenfant,unepetitesœuràajouteràmonarbregénéalogique.Moiquimesuistoujourssentieunpeuseuledurantmonadolescence,jemeretrouveavecdesamiesformidables,unebellefamilleincroyableavecunebellesœurloufoque,maistellementadorable,enfin,desfrèresetsœurs.

Jerepenseàladéclarationd’EstebanàVegas,jemedisqu’ilavaitréellementraison,notreamourestsifortqu’ilrésisteàtouteslesépreuves.Ducôtédemavieprofessionnelle, jem’éclatecommeunefolle.J’aiaccepté lapropositiondeThéo, jesuisdevenueagentpour jeunesartistes.J’aidecesnouveauxtalentsàdevenirdesétoilesmontantestoutenfaisantmonmaximumpourlesprépareràlaviedeStar.Mamèrem’abeaucoupaidéeetSteven,sonépoux,m’adonnébeaucoupdecontactsquim’ont permis depropulser deux jeunes acteurs dansdes séries qui sontmondialement connues. Jesuis super fière de moi, Esteban me soutient énormément. Je suis devenue une autre Claire,maintenant,augranddésarroidel’hommequipartagemavie,monmotd’ordreest:direcequejepense comme je le pense, ne plusm’effacer, je n’ai plus peur de vexer les gens, cela fait un bienénorme.

Uneseuleombreautableau.

Avecmonnouveaumétierjemedéplacebeaucoup,alorsentremesdéplacementsetceuxdemonchampionc’estassezcompliquéd’envisageruneviedefamille;pourtantàbientôt27anset29anspourlui,jemedisqu’ilesttempsdepenseràagrandirnotrepetitnidd’amour.

—Coucou,tuesencoreentrainderêveràtonmec,toi!

Jelèvelatête,j’aperçoismescopines,jeleursouris,carellesm’ontbeaucoupmanquéetCharlotteestsplendideavecsonventrerond.

—ArrêteJulie,enplusjeterappelle,quec’estmonfiancéetpasjustemonmec!

—D’ailleursenparlantdeça,allons-nousbientôtnousmettreàpréparercemariagedestar?Moijeveuxenterrertaviedejeunefille!MetaquineCharlotte.

—Tuasvutonétat?Nousallonsattendrequetuaccouchesavantdepenseràmonenterrementdeviedejeunefille.

Julieremuesursachaise,jesensqu’elleaunscoopànousdévoiler,qu’avecnosdiscussionsnousl’enempêchons.Jemetourneversellepourluidemander:

—Arrêtedegigoteretbalancetonactupeople,tuastatêtequidit«J’aiunscoop»!

—Ouij’aiunmégascoop!

—Balance,noussommestouteouïemajolie!

Ellenous regardeavecungrandsourireet sortunpetit sachetqu’ellenousdonneàchacune. Jeregarde ce qu’il contient, j’en sors une tétine, Charlotte, elle, sort un petit body de nouveau-né.L’émotionquejesensmontermeserrelagorge,nouslaregardons,elles’écrieavecunsanglot:

—Jesuisenceinte!

Jepousseunpetitcridejoie,jemelèvepourlaprendredansmesbras.Cettefois,impossiblederetenirmeslarmes.Mesdeuxcopinesvontagrandirleurfamille,jeseraibientôtunesupertata,alorsj’ai le droit de laisser l’émotionme submerger. Après plusieursminutes de câlin collectif, jemerassoisetproposedefêterça, j’appelle leserveurpourcommander,mais lesfillesmepréviennentque l’alcool est interdit aux femmes enceintes ; je commande trois cocktails sans alcool, noustrinquonsjoyeusementtoutenreprenantnotrepetitemiseàjourdenosvies.

—Toi,alorscommentçavaavectonfiancé?

—Quedire…j’arriveàpeinedeParis,doncjenel’aipasvudepuisunesemaine.J’aihâtedeleretrouver.

—Bahalorsquefais-tuiciavecnous?medemandeJulieenmepoussantpourmefairelever.

—Ildoitêtreàsonentrainementetj’avaisenviedevousvoir!

Aumêmemoment,montéléphonevibresurlatable,jevoislaphotod’Estebanapparaîtresurmonécran.Jeregardelemessagequimedécideàmelever.

—Bahtunousquittesfinalement?demandeCharlotteenriant.

—Ouic’estEsteban,ilestàlamaison

—Etilteditquoidanssonmessage?

—TuesbiencurieusemachèreCharlotte!

—Allezfais-moirêver;jesuisauborddel’accouchementetmonmariapeurdemetoucheraurisquedemecasser,alorsj’aibesoinderêver,s’ilteplaît!

Ellejointlesmainsdevantellepourmesupplier,alorsjedécidedeluilirelemessage.

«Oùestu?8joursd’absence,c’estbeaucouptrop!

Jesuisnu,allongéetprêtàassouvirtoustesfantasmes.Jet’attends!»

Lesfillespouffentderire,moi,jem’empressedeluirépondretoutenembrassantlescopinespourlesquitter.

«Plusc’estlongplusc’estbon.Nebougepas,restebiensage,allongéetnu!

Jeseraisurtoidans5minutes.

Jet’aime»

Jecoursàmavoiture,jerentrechezmoi.Oui,çaaussic’estunenouveauté,jemesuisenfinfaiteàl’idéequechezluic’estaussichezmoi.Nousnoussommessouventdisputésàcesujet,maislorsqu’ilm’aditqu’ilnesesentaitchezluiquesij’étaisaveclui,j’aicomprisquejeressentaislamêmechose.

En rentrant, je l’appelle, il ne répondpas, je comprendsqu’il veut jouer, je suisprête àm’amuserégalement.Jem’empressedemedéshabillerentièrementavantd’allerleretrouverdanslachambre.Jemestoppedevantlaporte,ilestallongéentièrementnu,lesbrascroisésderrièresatête,jevoissurl’un de ses bras un pansement, je fronce des sourcils, mais il me sourit, secoue la tête pour merassurer.J’avancedoucement,j’admirelederniertatouagequ’ils’estfaitfaireaprèssademandeenmariage;unesimpleinscription,quejenepeuxlired’oùjemetrouve,maisjeleconnaisparcœur,j’adoreleregarder,carj’ail’impressiond’êtreàsescôtesàchaquemoment.Pourluiprouvermonamour,jemesuisfaitgraverlemêmejusteendessousdelaceinture,leseulmoyendelevoirestquejesoisnue.Seulleprénomendessousdenostatouageschange,lemienestsignéEstebanetlesienClaire.Jeledévoredesyeux,jecitelafameusephraseàhautevoix:«Notreamourestunique,infini.À touteépreuve». Il répète la citationà son tourd’unevoix rauque. Ilnem’en fautpaspluspoursauter sur le lit. Nous nous embrassons avec passion, prêts à nous retrouver après une semained’absence.Quandjereprendsmonsouffle,ilmesourit,mesouhaitelabienvenue,ilmedemandederetirerlepansementsursonbras.Quandjeleretire,jedécouvreunnouveautatouage,unedate.Jenecomprendspas,ils’estfaittatouerunedate.Jeluidemandeàquoiellecorrespond.

—Le13juin2016,c’estdansunanmonlapin.Commetunesemblespas tedécider, j’aidécidépournousettun’aspluslechoix,carc’estinscritdemanièredéfinitivemaintenant.Le13juinestladateà laquelle j’ai réservé l’hôteldevillepourque tudeviennesMadameDuval.Maintenant,nousavonsunanpourtoutpréparer.

J’embrassesontatouage,jereviensàseslèvres.Jel’embrassetoutenluisoufflant:

—Prêtàaffronterdenouvellesépreuves?Turisquesdet’enfuirquandjevaismetransformerenweddingplanner.

Ilpassesamainautourdemanuque, ilnous fait roulerafindemeclouersous lui, il relève lessourcils,ilmeregardeavecunaircoquinavantdem’assurerqu’ilestprêtetarmépourm’affronterdurantcetteannéeainsiquetoutescellesàvenir.Puis,jereposematêtesurl’oreilleretmedonneàluicorpsetâme.

Lesoleilestaurendez-vous.Aujourd’hui,c’estlegrandJour.Celafaitunanquenouspréparonstoutdanslemoindredétail.MêmesiEstebanainsistépourembaucherunepersonnepourtoutgérer,j’aitenuàgarderlespleinspouvoirsetsurtoutàfaireensortequ’ils’impliqueautantquemoidanslapréparationdenotremariage.Mamèreadébarqué ilyaquelquessemainespourm’aiderdans lesdernierspréparatifs,c’estunvraichefpourtoutorganiser,toutlemondeluiobéitaudoigtetàl’œil.

Jevoulaismemarierenborddemer,alorsfinalementj’aiannulésaréservationsurToulouseetj’airéservéàlamêmedatesurPerpignanafindenousrapprocherdelamer,j’aichoisidememarieràCanet-en-Roussillon.

Jevoulaislamerlejourdemonmariage,grâceàThéoettoussescontactslemaireabienvoulufaireuneentorse,parchanceilestfanderugbyalorsçanousabienaidés.Unefoisladatevalidée,j’ailaissélaweddingplannertrouverlelieu.Uniquepointquejeleluiaientièrementconfié.

Depuisunesemaine,Théom’aconfisquétéléphoneetordinateurafinquej’arrêtedetravailler.Jepensequ’il l’a fait sous lacontraintedemonchampion,mais je luiensuis reconnaissante,car j’aivraimentpuprofiterdecettesemainepourêtrecertainequetoutsoitparfait.

LesgarçonssontrestésàToulouse,Julie,Charlotte,Annie,mamère,lamèred’Esteban,IsabeletmoiavonsdébarquédansnotremaisondePerpignansansoublierlesenfants.Ehoui,pendantquejepréparaismonmariage,lebaby-boomaexplosédansnotre«famille».

CharlotteaétélapremièreàdonnernaissanceàNathan,puisAnnieadonnénaissanceàunepetitecrevettedénomméeMaeva,néeavec2moisd’avance;etJulieaaccouchéilyatroismoisàpeined’unpetitTiago.Autantvousdirequecette semainea été…bruyante !Heureusement,Bradyqui amaintenant 6 ans nous a beaucoup aidés. Il est d’une maturité impressionnante pour son âge, àchacunedenosrencontresjesuistoujoursétonnéedesonintelligence.LuiavecEstebans’entendentàmerveille,tellementqueBradyadécidédesemettreaurugby,ilesttrèsdoué.

Aveclasemainequejeviensdepasser,jepeuxêtrerassurée,jesuisprêteàdevenirmaman.Maisvoilà, j’ai beaume sentir prête, dame nature, elle, n’est pas dumême avis. Nous essayons depuisquelquesmoisd’agrandirnotrefamille,pourlemomenttoujoursrien.J’essaiedenepasmestresser,maisaprèsunesemainedevieremplied’enfantsetdepetitsgazouillis,jemesensémotive.

Tousleshommessontarrivéshier,alorscommeleveutlatraditionquejetiensàrespecter,nousavonspassé la soirée tousensemble,puis je lesai tous renvoyés,Estebanycompris. Ils sontdoncrentrésàleurhôteletcettefois,ilssontrepartisavectouslesbébés.

C’estdoncdanslecalmequetouteslesfillesm’aidentàmepréparer.Jem’admiredevantlemiroir,jesuisémuedemevoirvêtuedemarobe.J’aichoisiunerobebustierassezsimple.

Bon assez simple pour une robe demariée : le bustier est tout en dentelle avec quelques strassrépartissurlebord,lajupeestsimpleavecunetrainetrèslongueetuniquementquelquesstrasssurlebas.Pourlacoiffure,j’aichoisiunchignonrelevéavecdesbouclesquiretombentàcertainsendroits.Jemeregarde,leslarmescommencentdéjààvouloirruinermonmaquillage,maislesfillesmere-motivent,mêmesicertainessontenlarmes.

—TuessplendideClaire,s’exclameCharlottejoyeuse.

MamèreetAnniem’observenttoutenpleurant,cequifinitparmefairerire.Juliem’aideàséchermes larmeset réparer lesdégâts.Bradyentrenousprévenirque lavoitureest là,quenousdevonspartirrejoindrelesgarçons.Nousnousinstallons,jemerendscomptequenousn’avonsmêmepaseubesoin de me cacher des paparazzis. Je demande par quel miracle c’est possible, alors Charlottem’expliquequ’EstebanetThéoontpromisdedonnerquelquesclichésenéchangedecettepaix. JesourisenpensantàEstebanquidoitm’attendredevantl’hôteldeville,tenduaupossible.Lavoitures’approche,jelevoisquim’attendsurleborddutrottoir.Ilm’ouvrelaporteetmetendlamain.Jeladéposedanslasienne,nousnousobservonsaveclesyeuxpleinsd’amour.Jesors,ilm’embrassetoutens’excusant.

—Jesuisdésolémonlapin,jesaisquejedevraisêtreàl’intérieur,maisjevoulaistevoirarriver.

—Jesuisheureusequetusoislà.Maintenant,embrasse-moietentrem’attendre.

Il m’embrasse avec douceur puis recule avant d’aller m’attendre à l’intérieur, aux côtés de sestémoinsetdeBrady.Monpèremeprendlebras,noussuivonslesfillesverslamairie.

La cérémonie ne dure pas très longtemps, nous nous disons OUI rapidement devant toutes lespersonnesquicomptentpournous.Sansgrandesurprise,jemesuismiseàpleurer,jenem’attendaispasàvoirEstebanlalarmeàl’œil.Bon,ill’aviteessuyée,horsdequestionpourluidesemontrersivulnérable, face à ses proches, à l’ensemble de ses coéquipiers, moi je me suis empressée del’embrasserenluisoufflantquej’aimaislapetitelarme.Ilarietm’aembrasséeavecfougueavantdesignerlesregistres.

Touslesinvitéssesontprécipitésverslasortieafindenousattendreàl’extérieur.Nousavonsprisnotre temps,avonsfaitquelquesphotos.Jevoulais lefairepatienteraumaximumafinde laisser letemps à ses amis de préparer leur surprise.Quand enfinCharlotte revient pour nous demander devenir,jesaisquetoutestenplace.Enarrivantàl’entréeEstebans’arrêtedevantlespectacle.Toussescoéquipiers,maiségalementlaplupartdesinvitésontforméunehaieentenantchacununballonderugbylevé.Tout lemondeajouéle jeudetellesortequenousvoyonsunmurdemondetenantenl’airdesballonsderugbyseformerjusqu’ànotrevoiture.Cettefoismonchampionnepeutcontenirsonémotionpluslongtemps.Ilmeregardeenlarmes,alorsjeluidisfièredemoi:«surprise»,ilsecouelatêteémuets’essuielesyeuxànouveautoutensefustigeantd’un«fillette»àlui-même.Apeine un pied dans l’allée que des ballons gonflables en forme de rugby et de cœur s’envolentmélangésà la lavandequinous tombedessus.Estebanmesourit, ilmeditdecourir,alorscommedeuxenfantsnouscourrons…enfinaussivitequelarobemelepermet.

Le lieu du repas est fantastique, je n’aurais pas pu faire quelque chosed’aussi beau.Forcément,nousavonsoptépourlethème«rugby».Estebanadoncchoisilesnomsdestables,carmêmesije

comprendsunpeumieuxcejeu,trouverdesnomsd’équipeétait tropcompliquépourmoi.Pourladéco,chaquecentrede tableestdécoréde roses rougesetd’unpetitballonde rugbyaucentre,decouleurnoire,pourrappelerlescouleursdesonclub.Nousentronsdanslasalleaurythmede«BabyCan I Hold You » de Tracy Chapman. Durant toute cette journée, nous avons profité de chaquemomentavecnosprochessanspourautants’éloignerl’undel’autre.Nousavonseudroitàdejolisdiscoursdenosamisainsiquedenosparentsrespectifs.Autantdirequeniveauémotion,j’enaiprisplein la tête. Évidemment, j’aurais dû me douter qu’Esteban me réservait aussi son petit lot desurprise.IldiscuteavecThéoquiselèvepoursedirigerversleDJpuisrevientmunid’unmicro.IlfaitsigneauDJquilanceMAchanson«Allofthestar»deEdSheeran.Ilmedemandedemelever,sortunpapierdesapocheetmedit:

Monlapin,

Jen’aijamaisautantressentilebesoindetrouverlesmotsqu’ilfaudrait,ceuxquicorrespondraientàlaperfection,àcequejeressenspourtoi.Monsouci,c’estquejenepensepasqu’ilexistedemotssuffisammentfortspourdéfinirlessentimentsquej’éprouvepourtoi.

IlyaunechansondeJacquesBrel…ehouilesgars,nevousmoquezpas,pourmapetitefemmejesuisprêtàécouterJacquesBrelchaquejour.

Alorsquandildit«jet’inventeraidesmotsinsensésquetucomprendras…»Oui,tusaisiras,monlapin,quetuesundonpourmoi,tuescellequim’aouvertlesyeuxsurcequimemanquaitpourêtreunhommeaccompli.

Laseulechosequimemanquaitc’étaittoi.

Depuistouscesmois,jeréaliseàquelpointcequejeressenspourtoiestprofondetvrai.Jeveuxquenotrehistoirevive!Toutsimplement.Jenousvoisensemble,maisaussiavectouspleinsdeminitoietdeminimoicourirpartout.Jevoisnotrevieavecdeschosessimples,douces,raresetfortes:carc’esttoutcequetuesàmesyeux.

Jene ferai pas la liste de tout ce que j’aime en toi : tu pourrais prendre la grosse tête, tout lemonde iciprésentpourraitpenserque jesuisdevenuunemauviette !Laseulechoseque jepeux tedire sans honte,mêmeavecunegrande fierté…Je t’aime toute entière. Sans détour, sans barrière,sansdétail,sanslimite.

Jenecalculerienavectoi,maisj’imagineavecdélicelesmoisàvenir,jevois,jerêve.Alorsjevaisterminercemotsurquelquesautresparolesdecettechanson«moi je t’offriraidesperlesdepluievenuesdepaysoù ilnepleutpas…»Aujourd’huimon lapin, je t’offreofficiellementmoncœurquit’appartientdéjàdepuisquemesyeuxsesontposéssurtoi.

Jet’aime!

Jepleuretoutes les larmesqu’ilmereste,mêmesi jesaisqu’ilpeutêtreunvrairomantique, lesdémonstrationsd’amourenpubliccen’estpasdu toutsongenre. Ilaimequ’on levoieduret fort.Aujourd’hui, il s’estmisànudevant tous lesgensqui comptentpournouspourmedirecesmotsd’amour. Il me prend dans ses bras et nous commençons à danser sur les dernières notes de machanson.Jesaisquenousallonspouvoirsereinementnousdirigerversl’avenirpourconstruirenotre

familleetce,malgrétouteslesépreuvesquelavievadéciderdemettresurnotreroute.

10ansplustard…

Jem’installedans lesgradins,Estebanderrièremoi avecAlly sur ses épaules. Elle a beau avoirquatreans,elleobtienttoutcequ’elleveutdesonpère.CommeàchacundesmatchsdeJordan,monchampionatoutprévu.Leschipspournotrepetitechipie qui ne tient pas en place et le meilleuremplacement pour encourager notre champion.Jordan est le portrait craché de son père en toutpoint. À huit ans, je vois déjà l’effet qu’ilprovoquesursespetitescamaradesdeclasse,alorsje n’imagine même pas lorsqu’il atteindral’adolescence. Évidemment, il pratique le rugbyavecunepassionsansconteste.Alors,àchacundeses matchs, nous le supportons avec tout notreamour.

Je suis devenue incollable en rugby. Après denombreuses années à supporter Esteban dans sesmatchs, les différents championnats, j’ai fini parmaîtriserlesrègles.Maintenant,ilaprissaretraitede joueur, mais pas de rugby, il a passé les

concourset il estdevenuunentraîneurhorspair.Je regarde l’homme installé à mon côté, il estpenché surnotreprincesseet luidéballe tous sesjouetspourqu’ellenouslaisseobserverlematch.Àchaquefoisque je regardemonépoux, jenousrevois 10 ans en arrière, jeme rends compte quenotre amour n’a pas faibli avec le temps, aucontraire, il a continué à s’amplifier et avecl’arrivéedeJordan,deuxansaprèsnotremariage,celan’afaitquelerenforcer.

Alors, tout n’a pas été toujours rose. Monchampion reste un homme au caractère bientrempé du sud et j’ai appris à ne plusme laisserengloutirpartoutecettetestostérone.

Nous avons eu parfois certains désaccordsplutôtexplosifs.Mais jamaisaucundenousdeuxn’a pris la fuite. Non, maintenant nous nousfaisons face, nous nous affrontons et finalementnousfinissonstoujoursparnousréconcilierparlaplusexcitantedesmanières.Ilse tourneversmoienricanant.

— Tu recommences ! Un baiser contre tespensées,monlapin.

— Jeme faisais un petit flash-back, je me disquej’aivraimentdelachance.

— Je suis complètement d’accord avec toi. Tuas une chance inouïe d’avoir un mari si beau etbienbâtiquemoiquit’adonnédeuxmagnifiquesenfants.—Prétentieux!Jerétorqueenriant.Je tiensà

tepréciserque, techniquement, c’estmoiqui t’aidonnédeuxbeauxenfants,jepeuxt’assurerquejen’oublieraijamaiscetteépreuve.

Ilritetm’embrasseavectoutelapassiondesonamourjusqu’àcequ’unecertainepetitejalouseneviennesemettresursesgenouxpourfaireuncâlinàsonamoureux.

—Maman,laisse-lec’estmontour!Jeveuxuncâlin.

Jeluisourisetluicaresseledospendantqu’elles’accrocheàsonpapa.Estebanmesourit,iltendle

braspourquejeregardeleterrain.Etlà,commeàchaque fois, je crie ma fierté à mon deuxièmeChampion.

—AllezJordan,tuvastoutdéchirer!

Il se retourne etm’envoie un baiser discret deloin. C’est notre petit rituel. Je fais comme si jel’attrapaisà lavoléepuis jecolle lapaumedemamainàmabouche.

Musiquesquiontinspirécettehistoire:—EarnedIt………….TheWeeknd—WithYoufeatGrovesnor………….deflight

facilities

—SayYoullBe………….JeromePrister

— Baby Can I Hold You …………. TracyChapman

—Allofthestar………….EdSheeran

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