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A la mémoire de ma mère, A ma femme, A mes enfants et à mon petit fils ISLEM, je dédie ce roman.

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Première partie

L ’amour platonique

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Pluie torrentielle, vent de sable, un vent du sud,

ciel rougeoyant, visibilité nulle ; un jour pas comme les autres, un jour de mois de juin de l’an 20 ; tous les gens se mettent à l’abri. Ils courent à droite à gauche, ils sont aveuglés par les fins grains de sables qui leurs martèlent le visage. Ils se barricadent par les moyens de bord. Le vent siffle de plus en plus, il déracine les arbres, il envole les toitures de zinc, les tuiles s’effritent sur le sol comme du gâteau, les fesses de femmes mises à nues ; les crues et les digues n’ont pas tardé à déverser leur magma dans la ville. Elles crachent et vomissent leurs mets. En un laps de temps, toute la ville est inondée. L’eau a tout emporté sur son passage ; des voitures, des meubles, des animaux ; chiens et chats, des êtres humains qui par malchance étaient sur son passage. Un incalculable objet flottant dessine un panorama funeste ou les corps sans vie surnagent dont les visages tournés vers le fond de l’eau et les fesses en l’air, pieds nus. Les survivants pleurent, implorent dieu et quémandent de l’aide. Les cris des femmes et des enfants déchirent le ciel, des cris étranglés tonitruent à rompre les oreilles et à déchirer les tympans des rescapés. Ils sont là à les regarder disparaître sous leurs propres yeux sans pouvoir pour autant les secourir. Que de tristesse et

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d’amertume. Une malédiction divine. La mort est passée par là.

Soudain l’averse cesse. Les survivants se lamentent sur leur sort, les femmes se frappent le torse et le visage en guise de désolation et de tristesse. Ils comptent leurs morts et appellent l’absent. Les retrouvailles sont fêtées ; les absents à l’appel sont pleurés. Ils ramassent tout ce qu’ils peuvent mettre sous leurs mains, une couverture, une chaise voir même une assiette qu’on pourra utiliser un jour. Il y a des familles entières qui sont sorties nues ; elles ne possèdent même une cuiller. L’aide tarde à venir. Le téléphone est coupé. Les routes dévastées. Le sol boueux. Ils essaient de pointer dehors leurs oreilles et leurs bout de nez, ils s’embourbent jusqu’aux fesses ; ils s’accrochent à la vie avec les mains et les pieds ; ils mordent à dents serrées sur tout ce qui peut leur garantir la vie. Elle a la peine d’être vécue. Le pain et l’eau manquent. Les enfants grelottent de froid et jacassent de faim. Les adultes arrivent à supporter la misère naturelle. Ils allument un feu afin qu’ils puissent réchauffer leur progénitures. Ils s’entraident du peu qu’ils possèdent. Les enfants et les vieux d’abord. Ils ont l’esprit de la communauté sociétaire. Ils se rationnent. Chacun trouve son compte et chacun trouve sa ration de pain. On ensevelit et on enterre les mort et la vie reprenne et la vie continue. Les jours meilleurs arrivent. On oublie vite le désastre. On pense à la vie et à l’avenir. On se bouscule pour le bien et pour le pire. La vie en demande. Rien ne pourra arrêter l’être humain, cet éternel immortel. Sa mémoire est courte, il oublie vite. L’autre d’hier aidé est volé aujourd’hui et malmené voir traîné dans la boue pour un sou. L’homme d’aujourd’hui n’a pas de

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sens de la morale, il a aidé et il a pardonné hier, il vole et il tue aujourd’hui. C’est un être complexe. C’est un être bizarre qui se dit intelligent et affectueux. Il tue son semble et lui fait la guerre alors qu’il se révolte pour un chat ou un loup tué. Il nourrit, habille et dorlote un caniche plus qu’un être humain. Il fait des marches silencieuses et se sent frustré pour un mouton égorgé à l’aïd. Ses bombardiers tuent sans distinction par millier et brûlent la terre sous les pieds de sa population. C’est la civilisation ! on n’a pas droit à la critique. On doit mourir en silence. L’homme civilisé agit sur un coup de tête. Non pas sur un coup de tête mais par intérêt, par instinct. Son instinct animal arrive toujours à prendre le dessus. Il a toujours raison. C’est la loi de la nature, le plus fort malmène le plus faible, le plus intelligent prend les rênes ainsi que le plus rusé. C’est la loi de la sélection. On ne devient pas tous président. Le plus dupé, le grand magouilleur et surtout la grosse gueule et le beau narrateur qui s’accapare de ce poste tant choyé. Le fellah, le médecin, le mécanicien, l’aviateur, le savant, l’éboueur etc… ont tous leur rôle ; sans l’un l’autre ne pourra exister ; c’est un travail à la chaîne. L’un n’est qu’un maillon de la chaîne. Si un maillon manque, toute la chaîne sera brisée.

NADJIA est sortie indemne de ce bourbier mais marquée pour le restant de sa vie, pour l’éternité. Elle vivait paisiblement en compagnie de son mari Ahmed et de ses deux enfants jusqu’au jour ou la crue lui a tout emporté sur son chemin. L’état lui a offert une tente, du sucre, du café, un sac de semoule et trois couvertures. Il ne lui manque qu’une corde pour se pendre. Sa vie a totalement basculé. Ses rêves envolés

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par la crue. L’avenir s’est estompé. Sa vie de couple est perturbée. Elle s’éloigne de plus en plus de son mari. Sa sexualité s’est restreinte. Sa libido a diminué, elle ne trouve plus de plaisir. Sa vie en rose s’est embrunie. Tout est devenu noir, noir nuit. Elle se blottit contre ses deux enfants laissant Ahmed noyé dans sa rumination et son mentisme. Il ne trouve pas d’explication à ce virement ; sa femme était toujours en « chaleur », chaleur d’une jumelle, en excitation, le désir sexuel ne l’abandonnait jamais. Elle était la plus heureuse, la plus gaie et la plus joyeuse. Elle était toujours satisfaite. Elle ne laissait jamais le lit tranquille. La taie et l’oreiller pourront vous l’expliquer. Elle en témoigne. NADJIA ne comprend pas ce qui lui arrive. Elle en a conscience mais elle ne peut rien y faire. Des idées noires se bousculent dans sa tête. Elles viennent et elles partent. Que faire ! elle ne sait pas. Elle sait que Ahmed l’aime et qu’elle doit le satisfaire.

C’est un droit, c’est une obligation mais elle n’en peut pas. Les rapports sexuels sont devenus pour elle une souillure, une saleté dont elle ne voulait plus entendre parlé. Ahmed est fort de caractère, il prend patience, il attend, il a tout le temps devant lui mais Jusqu’à quand ? Le temps nous le dira.

Après quelques jours de calvaire, on octroie à Ahmed et ses enfants un logement décent. Le ciel s’éclaircit pour lui. Il voit clair. Il meuble petit à petit son appartement de la simple cuiller au téléviseur. Il s’estime heureux. Il espère que le comportement de sa femme allait changer vers le mieux. Il efface tout et il recommence. Mais hélas NADJIA ne changera pas. Elle est têtue comme une mule. Elle ne veut rien

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savoir. Sa sexualité est inhibée, le désir est out elle devient dynamique très motivée, c’est la femme à tout faire ; du matin au soir, elle est sur ses deux pattes. Elle trouve le temps pour se maquiller ; elle se fait belle mais pas pour Ahmed qui ne comprend rien de la métamorphose de sa femme. Elle prend en considération sa fille tout en négligeant son fils. Le fils se plaint au père qui ne trouve pas de réponse. La fille est choyée et chouchoutée tandis que le garçon est libéré à lui-même. Le père essaie de combler ce manque mais il n’est pas doué à la matière. Il devient grincheux et très irritable. Pour un oui ou pour un non, il s’emporte facilement Il s’acharne non pas contre sa femme mais contre sa fille qui est à l’image de sa mère. Il pousse NADJIA à réagir mais elle reste froide comme un bloc de glace ; ce qui l’irrite et l’énerve.

Il fait chambre à part, chambre séparée. Il se lamente sur son sort. Il est au bord de la déprime. Il commence à soupçonner sa femme. Il la guette à longueur de journée. Ses calculs sont faux. Elle est blanche comme neige. Il arrête ses soupçons et sa surveillance. Il accepte son sort. Il achète un autre téléviseur car le bled s’est ouvert au monde. Les bâtiments, les HLM et les maisons sont tous branchés ailleurs, la parabole, ce champignon renversé qui a envahi les toits des maisons et les balcons de bâtiments, est devenu une nécessité pour la population a tel point qu’un montagnard a vendu son téléviseur pour se brancher. Tout ce qui était loin est devenu proche mais NADJIA ne fait que s’éloigner de Ahmed. Ahmed a un vis, il est devenu voyeur et de mauvaise langue. Il commença à casser du sucre sur ses voisins. Ses malversations ont fait le tour des

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HLM. Le plus gros lot tomba sur sa proche voisine. Il a fallu l’intervention des notables pour qu’ils se réconcilient. On l’attend au tournant.

La parabole est bénéfique dans un sens. Elle a fait un bon nettoyage du cerveau de nos femmes et de nos mers qui étaient à longueur de journée fixées sur leurs fesses à regarder les feuilletons égyptiens, les BECH MOUHANDIS, ENTA AYIZ IH, ANA BAHIBEK, ANA AYAZ ATGAOUISEK (les ingénieurs, toi tu veux quoi, je t’aime, je veux t’épouser). Elles n’avaient pas le choix. Elles ont qu’une chaîne orpheline et vieille qui datte de 1962. Maintenant, elles ont le choix, elles n’ont qu’à zapper. Il ne faut pas être sorcier. La télécommande seule fait le travail. NADJIA s’est trouvée dans cette nouvelle technologie. Elle n’a qu’à presser sur un bouton quelconque et voilà elle est en Egypte, au Liban, en France en Turquie voir aux USA ou ailleurs dans le monde. Le monde est devenu infiniment petit. Chaque individu peut voyager dans le monde entier en virtuel. Il peut acquérir les nouvelles en un laps de temps. On vit une course contre la montre.

NADJIA trouve son compte. Elle zappe d’une chaîne à une autre. Elle ne finit jamais un film, un feuilleton ou une émission. La télécommande ne s’arrête pas.

Un soir, l’heure pointe vingt deux heures pile, la télécommande se coince sur un feuilleton Turque, les années perdues. Un feuilleton pas comme les autres. L’acteur principal est d’une beauté divine. Il se nomme YAYIA. NADJIA tombe amoureuse de lui au premier regard. L’image est fictive certes, mais l’individu est réel, il vit quelque part en Turquie. Elle le mange des yeux. Elle tombe en transe. Son image

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est ancrée à jamais dans sa tête. C’est la première fois qu’elle termine un feuilleton. Elle attend avec impatience la suite. Tous les jours, elle suit le feuilleton. Elle se met à la place de l’actrice qui se nomme LAMIS. Elle se met dans sa peau. Elle surnomme sa fille LAMIS. Elle la prend en photo dans son portable ainsi que YAHIA. Ils sont là sur l’écran de leur ordinateur. Elle télécopie toutes les épisodes pour les faire repasser sur leur vidéo. Elle vit pour YAHIA. Elle est LAMIS. S’il parle avec une autre que LAMIS, elle l’engueule et se met en colère. Elle devient hostile à son égard. S’il est aimable avec LAMIS, elle est la femme la plus heureuse du monde. Elle sourit quand il sourit, elle lui répond quand il parle à LAMIS. Quand il touche la main de LAMIS, elle se touche la main. Quand il l’embrasse ou la touche par les hanches, elle fit de même. Elle commence à tirer plaisir des scènes érotiques. Elle passe à un stade avancé, elle se noie dans l’onanisme. Elle se met à nu et se caresse les seins, les fesses et son vagin. Elle se masturbe. L’orgasme est à son maximum. Elle n’a pas joui depuis longtemps. A chaque épisode, elle se masturbe et elle trouve satisfaction. Elle a retrouvé sa sexualité et sa jouissance. Elle le fait secrètement, seule dans la chambre, sans la présence de son mari qui ne se doute de rien. Il a sa télévision, elle a le sien. Chacun fait de sa télé ce qu’il veut.

NADJIA se prostitue à un homme virtuel qui existe dans la réalité mais qui est loin d’elle et qui n’à aucun soupçon de son existence. Il s’agit d’un amour irréalisable. Elle l’aime pour elle ; elle n’a pas besoin qu’il le sache ; son image lui suffit. La télévision est un objet important ; il est son intermédiaire. Par lui,

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elle fantasme ce qu’elle veut et elle fait de son corps ce qu’elle désire. Elle le manipule à sa guise. Elle trouve dans son image ce qu’elle n’a pas trouvé dans celle de son mari. Il est doux et affectueux avec LAMIS tandis que Ahmed est hostile et ingrat avec elle. Ils sont diamétralement opposés. Il lui a accaparé ses pensées, elle ne dort et ne se relève qu’avec son image. Elle est arrivée à plusieurs fois d’embrasser l’image de son idole à l’écran de sa télévision. Elle imite les gestes, la tenue vestimentaire, le maquillage, l’habille et la démarche de LAMIS. Elle redécouvre son corps et sa sexualité par l’auto-érotisme ; son corps est au centre de ses pensées. YAHIA n’est qu’un objet ; le principal produit actif qui a redynamisé sa virilité et son onanisme. En réalité il y a eu transposition de l’autre en elle. Elle a ôté ses habilles pour se doter de celle de LAMIS. Elle s’est métamorphosée, elle s’est mise dans la peau de LAMIS. Elle est LAMIS. Ahmed ne la reconnaissait plus. C’est une autre femme. C’est une femme dangereuse imprévisible. Ahmed se met sous ses gardes.

NADJIA ne s’intéresse plus de ses enfants, elle les délaisse, elle est au bord de la folie, elle est possédée par YAHIA de jour comme de nuit. Elle compte les heures et les minutes. Elle attend avec impatience le feuilleton. Elle se fait belle et se maquille. Elle prend place face à l’écran. Elle ne veut rien entendre même pas le vol d’une mouche. Elle fixe l’écran ; l’écran l’absorbe. Dés son lancement, elle retrouve sa gaieté et sa jovialité. Tous son corps s’excite. Un fourmillement lui envahit tout le corps. Ses muscles vaginaux se contractent. Elle bande. Une douleur vaginale la prenne suivi d’un orgasme exceptionnel.

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Elle se mouille. A la fin de l’épisode, elle se masturbe, son vagin s’enflamme, elle termine ainsi sa jouissance ; elle se sent très fatiguée, asthénique et se replonge dans sa solitude pour finir dans un sommeil calme, paisible et apaisant. Elle s’endort jusqu’au petit matin. Son réveil est agité. Elle attend patiemment l’heure du feuilleton. Et rebelote, le film continue.

Ahmed n’a aucun soupçon. Il dort paisiblement sur ses deux oreilles avec son fils. La fille dort avec sa mère. Un partage du logement et des enfants équitables. Le temps passe vite. Ahmed commence à s’inquiéter pour sa libido. Il a un désir fou. Son excitation est à son maximum. Si une femme tombera entre ses mains en ces moments cruciaux, elle ne pourra plus s’assoire sur ses fesses et il lui enflammera son vagin. Mais hélas, il ne fera rien de cela. Il est timide. Il s’allonge dans son lit. Il plafonne et rêvasse en compagnie d’une charmante demoiselle. Il sourit, il marmonne quelques syllabes incompréhensives, il met ses mains entre ses cuisses. Il serre ses fesses. Il sent une légère excitation. Il bande. Son pénis prend du volume et durcit. Le liquide séminale lui mouille son slip. Il s’endort pour se réveiller tôt le matin plein de courbatures.

Ahmed trouve cette vie trop désolatrice pour lui marié sans être marié. Un jour pas comme les autres, il rompt le silence qui l’entoure, il en a marre de cette situation, l’eau lui est montée à la tête il ne supporte plus l’isolement dont il se trouve. Il doit s’expliquer avec sa femme, elle doit lui rendre des comptes. Il fait irruption chez sa femme. Il la trouve calme et paisible, emmitouflée et enroulée dans une couverture, yeux fixés sur l’écran de la télévision. Il

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se demande pourquoi se couvre t’elle alors qu’il faisait une chaleur torride. Il ne trouve pas de réponse. Elle ne bronche pas, elle était absorbée par le film. Elle ne sent même pas de sa présence. Il tousse une fois, deux fois. Il reste sans réponse. Il prend place à coté d’elle et suit le feuilleton. Elle est absorbée. Un feuilleton social qui traite une histoire d’amour. Rien de spécial, quoi ! Ahmed ne s’intéresse pas au film. Il veut retrouver sa femme qui s’est éloignée de lui. Il veut ôter l’obstacle qui les sépare.

Une scène érotique se déroule dans le film, elle fait ramper sa main gauche jusqu’à Ahmed, elle le tient par la main et la serre contre son buste. Elle imite la scène. Elle reprend les paroles de LAMIS « serre moi contre toi YAHIA, j’ai envie de toi » Ahmed obéit sans dire mot. NADJIA est en transe. Elle gémit doucement puis bruyamment. Elle s’excite. Elle appelle YAHIA à plusieurs reprises. Ahmed commence à comprendre le scénario. Sa femme est amoureuse de l’acteur du feuilleton turc. Elle s’est mise dans la peau de LAMIS.

Ahmed la scrute de la tête aux pieds. Il reste calme. Par moment, il constate des mouvements anormaux sous la couverture, des mouvements pas catholique suivis de serrement de cuisses et de morsure de la lèvre inférieure. Elle se livrait à des attouchements impudiques. Il s’étonne. Il ne bronche pas. Il prend un air rébarbatif. D’un geste violent, il lui enlève la couverture. Il reste bouche bée et très étonné. Il la trouve toute nue et par-dessus le marché entrain de se masturber. Il n’en croit pas ses yeux. Il ne trouve pas les mots. Elle essaie de se couvrir mais ses efforts restèrent vains. Il lui crie :

– Que t’arrive-il ?

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NADJIA : rien !

Ahmed : comment rien !

NADJIA a eu un peu honte, elle grommelle : j’étais absorbée par le film.

Ahmed : je sais que tu étais absorbée par le film mais que faisais-tu nue sous la couverture ?

NADJIA : mais rien !

Ahmed : me crois-tu bête ou sot pour ne pas savoir ta mesquinerie. Tu es tombée dans un jeu malsain. Ton imagination et ton fantasme sont allés assez loin. Tu risques la maladie et le vice.

NADJIA : Le vice fait parti de mes vertus. Il n’y a aucun mal à ça mais c’est ton imagination qui est allée assez loin.

Ahmed : alors explique moi que fais-tu nue sous la couverture sous une chaleur sans égale.

NADJIA : tu n’arrives pas à me frustrer, je suis saine d’esprit.

Ahmed : connais-tu le proverbe qui dit le jeu de mains est vilain.

NADJIA : il ne s’applique pas à moi.

Ahmed : je passe sur ça aujourd’hui et fait attention la prochaine fois. Dorénavant je regarde avec toi la télévision.