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35% 462% Et si c'était le grand retour de la lutte des classes? Le CAC 40 fait la part belle aux actionnaires et laisse les salariés sur leur faim. Plongée dans cette mécanique de répartition des richesses dangereuse pour la croissance. Cher capital, pauvre travail UNE DISPARITÉ SANS PRÉCÉDENT 241% Evolution 2003-2009 Dividendes par action Masse salariale par salarié 150% 120% a 1138 /' 105% 100% 88% 85% Tg% 33% 19% 24% 11% I 2 % I I 51% I I 22% In -3% Vallourec France Bouygues Essilor Veolia Danone L'Oréal Sanofi- Schneider Vinci Air liquide Axa Télécom* Aventis- " Evolution de la masse salariale 2004-2009. -*Evolution de la masse salariale 2005-2009 . UJOURD'HUI, LE CA- « procession » organisée à Vil- PITAL Di:MOLIT le lemur-sur-Tarn le dimanche travail. Augmenter 7 novembre avec ceux de ses les dividendes pour fidèles qui ont été licenciés de les actionnaires et l'usine Molex. Don Camillo en même temps mettre les sala- transformé en Peppone ! Sans nés à la porte tient du sacri- doute un beau folklore, sur cette lège. » Cette diatribe n'est pas terre réfractaire du Midi, mais proférée par un gréviste CGT aussi un signe d'exaspération à la tête d'un cortège de mani- plus profond, palpable dans festants, mais par un prêtre, le tout le pays : « Même dans les père Philippe Bachet, lors d'une sociétés les plus puissantes et Pg Journal Pg Dossier 42 1/9 Mercredi 1 Décembre 2010 A LA F ji Augmenter les salaires 1007%

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Page 1: A LA F Cher capital, pauvretravailprovisoire42.free.fr/SES/compta-nat/Cher-capital... · 2010-11-25 · 35% 462% Et si c'était le grand retour de la lutte des classes? Le CAC 40

35%

462% Et si c'était le grand retour de la lutte des classes? Le CAC 40 fait la part belle

aux actionnaires et laisse les salariés sur leur faim. Plongée dans cettemécanique de répartition des richesses dangereuse pour la croissance.

Cher capital,pauvre travail

UNE DISPARITÉSANS PRÉCÉDENT

241%Evolution 2003-2009

Dividendes par action

Masse salariale

par salarié

150%

120% a

1138 /' 105% 100%88% 85% Tg%

33%

19% 24%

11% I 2 % I I

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-3%

Vallourec France Bouygues Essilor Veolia Danone L'Oréal Sanofi- Schneider Vinci Air liquide Axa

Télécom* Aventis-

" Evolution de la masse salariale 2004-2009. -*Evolution de la masse salariale 2005-2009

A«. UJOURD'HUI, LE CA- « procession » organisée à Vil-

PITAL Di:MOLIT le lemur-sur-Tarn le dimanchetravail. Augmenter 7 novembre avec ceux de sesles dividendes pour fidèles qui ont été licenciés deles actionnaires et l'usine Molex. Don Camillo

en même temps mettre les sala- transformé en Peppone ! Sansnés à la porte tient du sacri- doute un beau folklore, sur cettelège. » Cette diatribe n'est pas terre réfractaire du Midi, maisproférée par un gréviste CGT aussi un signe d'exaspérationà la tête d'un cortège de mani- plus profond, palpable dansfestants, mais par un prêtre, le tout le pays : « Même dans lespère Philippe Bachet, lors d'une sociétés les plus puissantes et

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A LA F ji Augmenter les salaires

1007%

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RECORD. Vallourec a fait exploser son dividende paraction de 1000% entre 2004 et 2010.

EDans le graphique ci-dessous,la place accordée aux salariéset aux actionnaires repose surdeux critères.SALARIÉS. Il s'agit de révolutionde la masse salariale rapportéeau nombre d'employés entre2003 et 2009. Ce ratio traduitla place accordée sur le plancomptable à la rémunération dutravail, il ne représente pas lafiche de paie individuelle parsalarié.ACTIONNAIRES. Il s'agit de l'évo-lution des dividendes distribuésau titre des exercices 2003 et

48% 44%38%

16% I 0% 115% 115% 8%

30%

É II 111 2_% _

LVMH Carrefour PPR

2009 aux actionnaires. Le cou-pon tient compte des divisionsde nominal, des actions gratui-tes et des augmentations decapitalPrécision. Les groupes duCAC 40 n'ayant pas distribué dedividendes au titre de 2003(Vivendi) ou au titre de 2009(PSA, Renault) n'apparaissentpas dans le graphique. Sontégalement absents les groupesayant fait l'objet de fusions quimodifient substantiellement leurpérimètre, comme GDF Suez ouArcelorMittal.

-9%

Total Michelin BNP

Paribas

les plus rentables, les salariésfrançais voient le partage desrichesses se déformer au béné-fice des profits. Hier, ils ne com-prenaient pas, aujourd'hui, ilsont peur », décrypte l'écono-miste de Natixis, Patrick Artus.

Et les chiffres publiés parL'Expansion sur les différencesde traitement entre salariés etactionnaires au sein de quel-ques fleurons français ne vontcertainement pas apaiser leurscraintes ni leurs rancoeurs. Surles sept dernières années (entre2003 et 2009), 24 groupes du

0%8: %Ba%

CAC 40 croulant sous les pro-fits ont augmenté leur massesalariale par employé de seu-lement 8 % en moyenne, alorsque les dividendes par actiongonflaient de 110 %. Les uns seserrent la ceinture, les autresse livrent à une orgie de cou-pons. Prototype de ce favori-tisme acti onnari al :1:Oréal. Lesactionnaires valent bien undoublement du dividende entre2003 et 2009, mais les sommesconsacrées aux rémunérationsrestent désespérément étales.

Total se surpasse pourses actionnairesA Vall ou rec, le clientélisme

boursier tient même de lacaricature : un rendement enhausse de 1000%. « Notre poli-tique de distribution corres-pond aux meilleures pratiquesdu CAC 40, se défend EtienneBertrand, chargé des relationsavec les investisseurs. Desdividendes réguliers et suffi-samment attractifs - un tiersdes résultats du groupe enmoyenne - sont appréciés desinvestisseurs à long terme quenous recherchons, comme lesfonds de pension peu spécu-latifs. »

Mieux - ou pis - avec Total,le champion des profits toutes ->

3% 0%

ne I-13% -17%

Sociétégénérale

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Technip Accor Lafarge Saint- CréditGobain agricole

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catégories. -Ici, la rente verséeaux actionnaires entre 2003et 2009 - sous forme de divi-dendes et de rachats d'actions- dépasse de 19 % les sommesdédiées à la rémunération dessalariés. Un fait exceptionnel,même parmi les généreuxcopains du CAC. De quoi res-sortir les piquets de grève pourles planter aux portes des raf-fineries? « A quoi bon repartirpour un tour ?1,a lutte entre lecapital et le travail ne se faitplus à armes égales. Les inves-tisseurs placent et déplacentleurs milliards sur les carnetsd'ordres à la vitesse de lalumière. Ils peuvent mettreles salariés - en particulier fran-çais - en concurrence avec unearmée de travailleurs sous-payés », précise Jacques Del-pla, membre du Conseil d'ana-lyse économique, coauteurd'une étude sur le partage dela valeur ajoutée.

Et, dans ce face-à-face inégal,les actionnaires enfoncent leclou depuis le krach boursier.Pris dans le piège de la spécu-lation, ils auraient pourtant dûen rabattre sur leurs exigencesexorbitantes de return on equity.C'est l'inverse qui se produit !

« Pour soulager leur perte encapital sur les marchés, ils veu-lent garder des dividendes éle-vés. Cette année, le CAC 40vient de leur verser 36 milliardsd'euros, soit 77% de leurs béné-fices », calcule Sonia Bonnet-Bernard, expert financier pourle cabinet Ri col-Lasteyrie. Cer-tains patrons de la cote fontmême du zèle pour s'attirer lesbonnes grâces de leurs action-naires. Malgré ses petits327 millions de bénéfices en2009. Carrefour fait ainsi valoirle double de dividendes et puisedans ses réserves, comme unedouairière céderait des bienspour doter sa fille.Et, au fait, pour qui une telle

sollicitude? Le retraité califor-nien, le trader spéculateur, legestionnaire de fonds? Un peutout le monde à la fois. « Lesfonds de pension se trouventeux-mêmes sous la pression deleurs souscripteurs, retraitésou épargnants. Avec le vieillis-sement démographique, ils doi-vent leur servir des rentes enhausse de 6 à 7 % par an. Ilsrépercutent logiquement cettedemande sur les patrons desmultinationales, lesquels trans-mettent les impératifs aux sala-

MILLIARDS

D'EUROSC'EST LA SOMMEVERSÉE PARTOTAL entre 2003et 2009 à sesactionnaires. Contre41 milliards payésà ses salariés.

L'investissement «responsable»,encore trop modeste pourprofiter aux salariés

Unenouvelle mode se développe suries

marchés: l'investissement socialementresponsable (ISR), qui prend en compte

des critères sociaux et environnementaux. Pasde quoi, pourtant, influencer les entrepriseset assurer une meilleure redistribution desprofits.« Les gérants de fonds 15R doivent aussipréserver la valeur actionnariale et les divi-dendes. La retombée pour les salariés restetrès indirecte», souligne Dominique Blanc, ducabinet Novethic. Ainsi, ces fonds ont beauprivilégier les entreprises qui forment leurssalariés, cherchent à réduire les accidentsdu travail ou limitent les contrats précaires,ils ne représentent que 3 % des actifs inves-

tis en France : trop peu pour bouleverserles pratiques...Et du côté des « bras armés » de l'Etat, quesont le Fonds stratégique d'investissement(FSI) et la Caisse des dépôts (CDC)? lis agis-sent surtout comme investisseurs à traversdes sociétés de gestion. Depuis 2007, ils pous-sent les gestionnaires à respecter des critèresISR, mais ceux-ci sont par définition indépen-dants. Depuis peu, le F5I commence à prendreen compte les aspects sociaux dans les socié-tés où il intervient: état du climat social, déve-loppement de l'intéressement, politique deformation... Mais cette analyse est récente etn'a pas encore été généralisée. 0 S.B.

ries », explique Jean- PierreHellebuyck, vice-présidentd'Axa Invest men t Managers, àla tête de 522 milliards d'eurosconfiés en partie par les fondsde pension. Chacun agit doncd'après les instructions de sonmandant.

Dans cette chaîne financière,des maillons inattendus contri-buent à resserrer l'étreinte,tels... les partenaires sociaux.« Les caisses de retraite bien dechez nous, l'Arve() et l'Agi re,m'ont confié une partie de leurargent, et elles aussi, en mal definancement, veulent du ren-dement à tout prix. Pour arri-ver à l'équilibre, il leur faut du9% Alors pas question de fairedu social », témoigne, sous cou-vert d'anonymat, un gestion-naire de fonds. D'ailleurs, à lafaveur d'astucieux placementsen actions, l'Arrco revendique,au titre de l'année 2009, un gainde 12 %. La caisse des salariésde l'automobile, de son côté,affiche une progression de17,3 %.

« Tout doit rapporter »,nouvelle devise de l'EtatMême l'Etat - lesté par des défi-cits publics monstrueux - semontre un actionnaire exigeant.Son mot d'ordre : tout doit rap-porter, pour ne pas dire « cra-cher ». France Telecom (safiliale à 27%) vient de détacherun mégacoupon de 3,7 milliardsd'euros pour seulement 3 mil-liards de bénéfices en 2009. LaRépublique empoche sa quote-part de 1 « En tantqu'actionnaire, l'Etat se mon-tre ni plus ni moins exigeantque les investisseurs privéspour la rémunération de sescapitaux », se défend GervaisPellissier, le directeur financierde l'opérateur.Mais un copieux dividende

ne suffit pas toujours à comblerd'aise les actionnaires. il fautalors se livrer à quelque sinis-tre besogne. Sur le maillon fai-ble de cette fameuse chaîne

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financière : le salarié, en parti-culier celui des pays riches.« Aux Etats-Unis, les margesdes entreprises, revenues à debons niveaux, résultent demesures significatives en réac-tion à la crise : réduction d'ef-fectifs, délocalisations, ou, toutsimplement, rationalisations »,raconte sans états d'âme lepatron de Goldman Sachs enFrance, Jean Rab,

Depuis trois ans, le CAC 40se déleste chaque mois de1900 salariés français - les pluscoûteux -, mais, dans le mêmetemps, il augmente les effectifsà l'étranger de 7600 personnes,avec une prédilection pour lesprometteuses contrées asia-tiques low cost. Cas d'école :Veolia, champion des servicesaux collectivités locales. Seseffectifs français ont minci de11% entre fin 2006 et aujoui-d'hui,mais ont grossi de 38% en Asie.Vallourec, de son côté, se tourne

Comment les fleurons du CACrépartissent leur richesse

ême Nicolas Sarkozy se passionnepour... la lutte des classes. Un rapportréalisé à sa demande par l'Insee lève

le voile sur la répartition de la valeur ajoutéeentre actionnaires et salariés. Ses conclusionsont provoqué de nombreuses controverses.Verdict : au niveau national, les entreprisesfrançaises réservent deux tiers de la richesseaux salariés et un tiers aux profits, et cettedonnée resterait stable depuis une vingtaine

DISTRIBUTION DE LA VALEUR AJOUTÉE* EN 2009

SalairesDividendeIntérêts à la banqueImpôts **Investissementdisponible

-Résultat opérationnel avant charges du personnel

53%23%2%6%

16%

Entre 1999 et 2009, les employésde Lafarge dans le monde ontaugmenté leur productivité de56 %, quand leurs salairesprogressaient d'à peine 26 %.

53%10%21%8%8%

plutôt vers l'Amérique du Sud.« On ne peut leur reprocherd'aller chercher la croissanceoù elle se trouve », explique leconsultant Serge Blanchard. Iln'empêche : nos grands groupesfont moins pour la France queles grands groupes allemands,plus protecteurs, par exemple,envers leurs sous-traitants.

Autre technique pour créerde la valeur, vieille comme l'in-vention de la roue augmenterles cadences des salariés sansforcément les récompenser àla mesure de leur effort. Uneétude du cabinet Détroyat réa-lisée à la demande de L'Expan-

d'années. Et à l'échelle du CAC 40? En 2009,Saint-Gobain fait la part belle aux salaires,bénéficiaires de 86% de la richesse produite,contre 6% aux actionnaires. Lafarge leur enréserve à peine la moitié, et lâche 20 % auxbanquiers pour rembourser sa dette. A Total,de 2006 à 2009, les dividendes passent de14 à 24%. En fait, le parent pauvre de la répar-tition est l'investissement : à peine 8% durésultat à EDF et rien à Saint-Gobain. ® F.D.

sion le démontre. En dix ans(1999-2009), les employés deLafarge dans le monde ont aug-menté leur productivité (chif-fre d'affaires par personne)de 56 %, quand leurs salaires(charges de personnel par per-sonne) progressaient d'à peine26 %. Chez Michelin ou à Airliquide aussi, le rendement partête de pipe croît deux fois plusvite que la masse salariale. KarlMarx parlait de prédation desrichesses, les économistesactuels évoquent plus pudi-quement « une déformation dela valeur ajoutée ».

Vers une individualisationdes rémunérationsCette déformation supposequ'on bride les salaires français,même dans les grands groupestrès rentables. « Comme par-tout, la tendance est à l'indivi-dualisation des rémunérationset à l'augmentation du poids *

T "FIERS Nicolas Sarkozydéfend l'idée de bénéficesrépartis équitablement entreles salariés, les actionnaireset l'investissement.

*"11 compris diverses distributions. ***Le groupe puise dans ses réserves pour assurer un dividende.

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' " _Amer29% 51% 86% 61% 54%24% 13% 6% % 22%0% 20% 9% 0% 14%

29% 12% 2 0/. 13% 14%16% 4% 3 18% 4 %

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Jean Peyrelevade « Les PDG sont lesintendants du château actionnarial »

L'ancien

patron du Créditlyonnais, aujourd'hui di-recteur de la banque d'af-

faires Leonardo, n'y va pas avecle dos de la cuillère : « Lesactionnaires institutionnelsexercent une pression non seu-lement intenable, mais exagé-rée sur les entreprises. Depuisquelques mois, la situation éco-

nomique s'améliore et ils exi-gent à nouveau leurs fameux15 °/ci de rendement. Or, dansun monde capable de croîtreau rythme de 3%, cet impéra-tif ne peut pas s'appliquer, saufà prendre des risques inconsi-dérés et à provoquer à nouveauune crise majeure. »SELON LUI, LES INVESTISSEURS

provoqueraient eux-mêmesleur propre perte, victimes deleur insatiable gourmandise.« De nombreux actionnairesn'ont pas de vraie culture ma-croéconomique et font preuved'une certaine naïveté,» En toutcas, ils parviennent à mettre aupas les patrons.« Les PDG sontdevenus les intendants d'un

EXPERT. Règle d'or pour l'ancien PDG du Lyonnais :3à 5 %de rentabilité. < Au-delà, c'est de la prédation. »

château actionnarial. Quandj'étais patron du Crédit lyon-nais, les financiers demandaient15 % de rendement. Ce sontdes pressions auxquelles il n'estpas facile de résister. » Evi -dem ment, pour s'attirer lesbonnes grâces de ces puissants

actionnaires, les patrons finis-sent par tailler dans les coûts:« Mais, même avec des ratio-nalisations, des externalisationset des délocalisations, aucungroupe industriel ne peutdurablement sortir des rende-ments à deux chiffres sauf inno-

vation technologique majeure.»ALORS COMMENT EXTRAIREles patrons et les salariés de ceguêpier? « Pas par l'augmen-tation des salaires », répondl'austère Jean Peyrelevade. Non,pour cet ancien banquier, il fautagir sur les... banquiers : « Cesstandards de rendement pro-viennent du monde des finan-ciers. Eux, peuvent dégagerbeaucoup de cash avec peu decapital, grâce à l'utilisation mas-sive de l'effet de levier. Si lahausse de fonds propres de-mandée aux banquiers a poureffet de réduire leur rentabilité,alors on peut espérer que l'en-semble des normes de profitdeviendront plus raisonna-bles. » L'ancien conseiller dePierre Mauroy, premier Premierministre de François Mitterranden 1981, édicte un gain idéal quirappelle étrangement le mon-tant de la rente dans les romansde Balzac: «3% à 5% net d'in-flation. Au-delà, c'est de la pré-dation. » De quoi se faire desamis... Ci) F.D.

des parties variables, souventfixées selon des critères peutransparents », constate Phi-lippe Fontaine, secrétaire natio-nal de la CFDT Cadres. 11 suf-fit alors de réviser le mode decalcul de ces bonus pourréduire les montants distribués.Les salariés de France Telecomen ont fait la triste expérience :« Les objectifs des commer-ciaux ont été revus à la hausseet sont plus difficiles à réaliser.S'ils ne les atteignent que par-tiellement, ils ne touchent rien.Auparavant, ils percevaient leurvariable au prorata de leursrésultats », déplore Sébastien

Crozier, responsable CFE-CGCau sein du groupe. Ces petitesmesquineries se conjuguent àde modestes budgets d'aug-mentations : « Entre 2006 et2009, les enveloppes n'ontjamais véritablement dépassél'inflation », ajoute le syndica-liste. Encore ont-ils de lachance : ailleurs, on n'hésitepas à remplacer les augmenta-tions par des primes, dont lareconduction, par définition,n'est pas assurée d'une annéesur l'autre.Certains ont même eu droit

au zéro absolu, comme à Airliquide en 2009 : « L'entreprise

a réagi très vite à la crise engelant les augmentations,même celles dues au titre despromotions », grogne Jean-LucClément, de la CFE-CGC. En2010, malgré un redressementdes comptes, la hausse a été de2,8 %, loin du rattrapage espéré.Le syndicaliste ne se fait guèred'illusions sur la capacité dupersonnel à peser sur la poli-tique salariale du groupe : « Nosrémunérations se tiennent parrapport au marché, et nousavons une relative sécurité del'emploi. Les salariés n'ont guèreintérêt à partir, et la directionle sait. Elle préfère donc chou-

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77%C'EST LA PARTDES PROFITS 2009du CAC 40 absorbéepar les dividendes(source : Ricol-Lasteyrie).

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chouter les actionnaires, quisont plus mobiles. » Il ne croitpas si bien dire : entre 2003 et2009, dans son groupe le divi-dende par action a crû de 78%.

Le gel total des salaires restecependant une exception ausein des groupes français : « Ontrouve surtout cette pratiquedans les filiales des grandsgroupes américains, ultrara-pides pour baisser les coûts enpériode de crise », note Jean-Pierre Basilien, directeur d'étu-des à Entreprise et personnel.C'est ainsi que les salariés deXerox-France ont vu leur rému-nération stagner en 2009. Cetteannée-là, ils ont même été inci-tés à prendre des congés sanssolde, « alors que la société atoujours été bénéficiaire », sou-ligne Christian Bouchet, repré-sentant CFE-CGC.

La participation, piètreoutil de rééquilibrageLa participation et l'intéresse-ment aux résultats permettent-ils de rééquilibrer, au moins par-tiellement, le partage des fruitsde la croissance au profit dessalariés? Dans les groupes lesplus rentables, ils arrondissentlargement les fins de mois6 600 euros en moyenne en2009 à Total, jusqu'à10 000 eu-ros à L'Oréal. Mais de là à par-ler de rééquilibrage... Au titrede l'année 2009, le premieractionnaire de Schneider Elec-tric, le fonds américain Capi-tal Group, perçoit à lui seul undividende (44 millions) équi-valant à la somme totale allouéepour l'intéressement et la par-ticipation. Et encore, au niveaunational, ces dispositifs amé-liorent à peine l'ordinaire dusalarié moyen : ils représentent2,2 % de la niasse salariale,d'après le rapport sur le par-tage de la valeur ajoutée réa-lisé par le patron de l'Insee,Jean-Philippe Cotis.

Certains syndicats vouentmême ces dispositifs aux gémo-nies : « Quand une entreprise

Référendum : un stratagèmepour faire passer la rigueur

Election,

piège depatrons? Le référen-dum organisé le 13 sep-

tembre chez l'équipementierautomobile allemand Conti-nental signe une victoire pourla direction à l'initiative duscrutin: les salariés des usinestoulousaines et ariégeoisesviennent d'accepter à 52% leplan d'austérité, Ils consen-tent à plafonner la hausse deleur salaire, à perdre quelquesprimes et des jours de RITcontre l'assurance de garderleur emploi d'ici à 2015. Com-mentaire dépité de BernardDevert, responsable à la CGTdes questions industrielles :« Ce genre de référendum repose sur le chantage : la fiche de paie contre l'emploi. La peur duchômage finit toujours par l'emporter.» Et effectivement, l'analyse des principaux scrutins sala-riaux depuis trois ans le confirme: le personnel sollicité par référendum vote majoritairement(53%) en faveur du plan présenté par la direction. Lors des premiers scrutins, antérieurs à lacrise de septembre 2008, ils défiaient plus volontiers l'implacable loi du marché. ® F.D.

LAUSTÉRITÉ OBTIENT LA MAJORITÉ DES VOIX

Continental Sud-OuestGeneral MotorsCaterpillarMBF TechnologiesContinental SarregueminesGoodyearDelphiVisteon IIVis teon I

»su.rONT! Pour sauver leur emploi, les salariés de Continentalont dit oui à 52% au plan d'austérité de la direction.

Septembre 2010Juillet 2010

Septembre 2009Juillet 2009

Décembre 2007Octobre 2007

Avril 2007Mars 2007Mars 2007

Oui 52 %Oui 69 %Oui 64 %Non 61 %Oui 75 %Non 65 %Non 69 %Oui 71 %Non 52 %

verse des sommes confortablesà ce titre, les salariés sont moinstentés de revendiquer sur lessalaires. Or ceux-ci sont pé-rennes, alors que la participa-tion et l'intéressement sontaléatoires », s'emporte Moham-med Oussedik, chargé dessalaires à la direction de la CGT.Surtout, le dispositif est très

inégalitaire. Alors que la parti-cipation est obligatoire au-delàde 50 salariés, certains, commeXerox, ne l'ont toujours pasmise en place grâce à un méca-nisme d'optimisation fiscalecomplexe mais légal. Selon leministère du Travail, 8 % desentreprises de plus de 500 sala-riés privent ces derniers de

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Perspectives salariales 2011: encoreune fois, ceinture pour tout le monde

Enoctobre, les 650 salariés

du fabricant d'engins agri-coles Ciaas Tractor ont blo-

qué leur usine au Mans pendantprès de trois semaines pour desrevendications salariales. Toutcela pour décrocher...1,6 % d'aug-mentation générale et 0,9 %d'augmentation individuelle! « Ilsont dû batailler dur pour obtenir àpeine plus que l'inflation», soupireMohammed Oussedik, membrede la direction de la CGT chargédes salaires. Faut-il voir dans lamésaventure de ces ouvriers uninquiétant présage de l'issue des« négociations annuelles obliga-toires» pour 2011, qui démarrentdans la plupart des entreprises, etplus largement pour l'évolution duclimat social et des salaires?LA RÉPONSE SEMBLE ÊTRE... OUI.

Sur les rémunérations, d'abord .d'après tous les cabinets de consul-

tants spécialisés dans l'analyse despolitiques salariales des entre-prises, les budgets consacrés auxaugmentations vont rester histo-

LES REVALORISATIONS STAGNENT

Budgets d'augmentations de salaires Source :Hewitt

+3,3° + 3,3%

2007 2008

+29%+ 2,6% +27%-

2009

- -

2010

Prévision

2011

DÉCEL Seule noted'optimisme : lessalariés au régimesec devraient être unpeu moins nombreuxl'an prochain.

riquement faibles l'année pro-chaine. Les experts d'Hewitt esti-ment que les hausses de salairesse limiteront à 2,7%, après 2.6%cette année et 2,9 % en 2009.« Bien loin des 3,3 à 3,5 % obser-vés en moyenne au cours destrente années précédentes »,notent ces spécialistes.« Les socié-tés qui ont réussi à survivre au plusfort de la crise grâce à des poli-tiques drastiques de cost-cuttingne prendront pas le risque de des-

serrer les coûts rapidement, d'au-tant que les perspectives de crois-sance restent faibles pour 2011 »,confirme Karine Berger, chef éco-nomiste de l'assureur-crédit EulerHermes. Seule note d'optimisme,selon les experts du cabinet Mer-cer, les salariés touchés par desgels de salaire devraient être unpeu moins nombreux : 5% seule-ment des cadres et 7 % desouvriers, alors que, respectivement,10% et 12% ont été au régime sec

cette année.DANS LE MÊME TEMPS, un certain

nombre d'entreprises, surtout desgrandes, vont annoncer de bonsrésultats au titre de 2010. De quoialimenter les revendications: «Il ya un fort sentiment d'injustice quis'ajoute aux frustrations liées à laréforme des retraites. Les équipessyndicales sont très remontées etprêtes à en découdre », souligneJean-Pierre Basilien, directeurd'études à Entreprise et personnel.Avis de tempête sociale en pers-pective... ® S.B.

« partoche ». Dans les entre-prises plus petites, le tableauest encore plus sombre : seule-ment 15,9% d'entre elles offrentde la participation ou de l'in-téressement. A leur décharge,il faut dire que la situation desPME n'a rien à voir avec celledes grands groupes cotés :« Laprofitabilité des grandes entre-prises a fortement augmentéces dernières années, alors quecelle des PME recule », selonune étude récente de Natixis.Si, face à la crise, les grands

groupes ont préservé leursbénéfices au détriment des sala-riés en place, les PME ont faitl'inverse. Une enquête réaliséepar la Banque de France mon-

tre qu'elles ont eu moins ten-dance à geler les salaires et àdiminuer les parts variables queles grands groupes. Et tant pispour les profits.« Dans une pe-tite société de services commela mienne, je suis obligé de pré-server mon équipe. Perdre descompétences, c'est risquer dene pas être prêt quand la reprisesera là », explique PhilippeDurst, spécialisé dans la loca-tion de systèmes informatiquesclefs en main pour les entre-prises (50 salariés, 110 millionsd'euros de chiffre d'affaires).

Les grands groupes et lesPME s'entendent tout de mêmesur une pratique : réduire for-tement l'emploi des intéri-

maires. Karine Berger, chef économiste de l'assureur de créditEuler Hermes, le souligne« Ces bataillons de travailleursse retrouvent en première ligneCe sont eux qui trinquentquand il faut réduire la voilurece qui permet aux entreprise:de limiter la casse à /a fois sutl'emploi et sur les résultats. »

Conclusion : les profits di.:CAC 40, réalisés surtoutl'étranger, font le bonheur deactionnaires aujourd'hui,investissements de demain -essentiellement hors de no5frontières - et les emploisd'après-demain - niais certai-nement pas chez nous.(1?-: STÉPHANIE BENZ ET FRANCK DEDIEL

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1 0C'EST LE NOMBREDE SALARIÉSFRANÇAIS dontle CAC 40 se délestechaque moisdepuis trois ans.

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Comment lesgéants du CAC vontbrûler leur cashInvestir.., mais à l'étranger, consolider leur trésorerie, et, bien sûr, verser de généreuxdividendes aux actionnaires ce sont les trois façons dont les sociétés cotées s'apprêtent

à répartir des profits qui abondent de nouveau. La masse salariale n'est pas concernée.

/ E CAC ENDETTÉ, ]eCAC déprécié, leCAC agressé, mais leCAC libéré... Deuxans seulement après

la crise des subprimes, voilà lesfleurons français à nouveaud'attaque. La recette pour affi-cher des bilans brillants commedes sous neufs? Des finance-ments obtenus des marchés etparfois de l'Etat, des affairesbien portantes dans le monde,et une gestion drastique descoûts. Résultat : 83 milliards deprofits attendus pour 2010, enhausse de 71 % par rapport à2009, selon les analystes.Certains champions ont

même accumulé des trésors deguerre considérables. « Demémoire de banquier, jamaisles multinationales françaisesn'ont dégagé autant de cash »,s'étonne Daniel Lebegue, vieuxbriscard de la finance, actuel-lement président de l'Institutfrançais des administrateurs.Une bonne nouvelle? Evidem-ment... mais encore faut-il

OPA. Sanofi-Aventis dispose de 18,5 milliards d'euros pour le rachat de l'américain Cenzyme.

savoir comment est utiliséecette manne.

LA RECONSTITUTIONDES RÉSERVESCAC échaudé craint l'eau froide.« Le brusque tarissement desliquidités intervenu en 2009hante encore les esprits. Certes,

l'argent coule à flots, mais lasource peut s'assécher au moin-dre trouble. Alors, les grandsgroupes mettent de côté... »,constate Pascal Quiry, analysteaguerri, coauteur de La LettreVernimmen. Selon les scrupu-leux pointages du cabinet RicolLasteyrie, les stars du CAC 40 -

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Repères

LES RECORDSDU CAC 40

france telecom

8MILLIARDS D'EUROS

C'EST LA SOMMEsupplémentaireattendue dans latrésorerie de la plusbelle machine à cashdu CAC 40 en 2010.(source : Factset)

,

TOTAL

5135MIWAHOS frFUROS

C'EST LEDIVIDENDE versécette année parl'entreprise la plusprodigue de la cote,soit 63 % desbénéfices réalisésen 2009.(source : Rico] Lasteyrie)

#BNP PARI BAS

7158MILLIARDS D'ERS

C'EST L'ACTIFestimé (net de dettes)de l'entreprise la plusriche en capital,fin 2010, en haussede 17% sur un an.(source : Factset)

revendiqueraient un bas delaine bien dodu de 146 milliardsd'euros. Ainsi, Alstom, EADSou encore Technip se retrou-vent avec davantage de liqui-dités que de dettes.

INVESTIR... MAISHORS EUROPE« Les multinationales ressor-tent pleins de projets de leurscartons. Des usines, des cen-tres de distribution, des bu-reaux d'études vont fleurir...mais pas en Europe >>, prévientJean-Luc Buchalet, cofonda-teur de la société de gestion etd'analyse financière Pythagore.Pas très étonnant, au vu des sta-tistiques publiées récemmentpar le Boston ConsultingGroup : le retour sur investis-sement des capitaux placésdans les pays émergents s'élèveen moyenne à 17 % par an surla dernière décennie. Le rêvecomptable et titanesque des« 15 % » enfin réalisé !

L'Asie et l'Amérique latineenflamment le CAC 40, quandréaliser des profits est si labo-rieux sur le Vieux Continent.Exemple récent de ce contrasteAlstom. Le groupe annoncepiteusement le 7 octobre der-nier 4 000 licenciements enEurope et aux Etats-Unis pour,un mois plus tard, inaugurer àTianjin (Chine) une usine deturbines hydroélectriques. Toutà ses visées internationales, en2009, le Groupe Lafarge affec-tait 80% de ses nouveaux équi-pements hors d'Europe occi-dentale. Et Saint-Gobain alloueseulement 20 % de ses inves-tissements en France.

LE GRAND RETOURDES OPALes sociétés du CAC 40 bâtis-sent des usines en Asie, maisentendent aussi racheter desentreprises en Europe et auxEtats-Unis. Quand l'activité estfaible et le cash abondant, quoide plus alléchant que la crois-

sance externe? Sanofi-Aventismet 18,5 milliards d'euros surla table pour acquérir le labo-ratoire américain Genzyme.GDF Suez s'apprête en décem-bre à sortir son chéquier pourmettre la main sur le britan-nique International Power.

A peine sorti de convales-cence, voici Renault en passede devenir majoritaire au capi-tal du russe AvtoVaz (Lada).Téméraire, le club du CAC 40?Pas sûr, au regard des moyensà la disposition des grandsgroupes : selon les analysesfinancières recensées par lecabinet Factset, l'ensemble duCAC 40 dégagerait en 2010quelque 49,7 milliards de cash.« Sans oublier des cours rela-tivement bas et un marché

Les projets de développementdes sociétés françaises vontessentiellement concerner lespays émergents, où le retour surinvestissement est plus élevé.

boursier stabilisé, des facteurspropices aux ()PA », se réjouitJean Raby, codirecteur géné-ral de Goldman Sachs-France,

LA GÉNÉROSITÉDES DIVIDENDES« Par sa politique de divi-dendes, France Télécom s'as-sure la loyauté à long termede ses actionnaires. Un sou-tien qui fut précieux quand,au début des années 2000,l'entreprise se trouvait enquasi-dépôt de bilan. » Ledirecteur financier de l'opé-rateur historique, Gervais Pel-lissier, ne veut pas passer pourun ingrat. Ses généreux divi-dendes de 3,7 milliards d'eu-ros versés au printemps der-nier au titre de 2009 dépassent

de 23% ses profits et l'obligentdonc à puiser dans ses réserves.Saint-Gobain, Carrefour, Mi-chelin casseront leur tirelirepour satisfaire des actionnaires,très flattés de recevoir de groscoupons. Comme des vulgairesrentiers? « Non. Depuis leretour des profits, les investis-seurs exigent à la fois des pro-jets téméraires et des divi-dendes généreux », répondDaniel Lebèi.,Tue. En moyenne,les dividendes pourraientabsorber la moitié des profits.Le beurre et l'argent du beurre!

LE REGAIN DESRACHATS D'ACTIONSA peine rétablis, les fleurons dela cote se remettent à faire dela gonflette. Selon Natixis, sur

le premier trimestre 2010, les120 plus grandes sociétés fran-çaises (SBF 120) ont réalisé pour641 millions de rachats d'actions.Un luxe de riches que se paientSanofi-Aventis, BNP Parants ouencore Essilor... juste pour fairegrimper leur cours.

Concrètement, la société sortde l'argent pour racheter ses pro-pres actions, ensuite, elle lesdétruit, les rendant ainsi plusrares... donc plus chères. Encoreplus tendance, certains, commeFrance Télécom, GDF Suez ouEDF, rachètent leurs obligationsonéreuses (car émises à taux éle-vés). Comme un emprunteurrembourse son banquier paranticipation, quand il reçoit ungros chèque.

® FRANCK DEDIEU

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