70656764 cle spirituelle de l astrologie musulmane d apres mohyiddin ibn arabi

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Titus Burckhardt Clé spirituelle de L'Astrologie Musulmane d'après Mohyiddîn Ibn Arabî î HON OA\HII:N'5 ""'TV" ARCHÈ MILANO 1974

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Page 1: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

Titus Burckhardt

Cleacute spirituelle de

LAstrologie Musulmane

dapregraves

Mohyiddicircn Ibn Arabicirc

icircHON

OAHIIN5

TV ARCHEgrave MILANO

1974

~

l

Lœuvre eacutecrite du laquoplus grand Maicirctreraquo (ash-shaikh alshyakbar) souH Mohyiddicircn ibn Arabi comporte certaines conshysideacuterations sur lastrologie qui permettent dentrevoir comshyment cette science qui nest parvenue agrave lOccident moderne que sous une forme fragmentaire et reacuteduite agrave quelques-unes de ses applications les plus contingentes pouvait se rattacher agrave des principes meacutetaphysiques donc relevant dune connaissanshyce qui se Suffit agrave elle-mecircme Lastrologie telle quelle fut reacuteshypandue au moyen acircge dans les civilisations chreacutetienne et islashymique et quelle subsiste encore en certains pays arabes doit sa forme agrave lhermeacutetisme alexandrin elle nest donc ni islashymique ni chreacutetienne dans son essence et elle ne saurait dailshyleurs trouver une place dans la perspective religieuse des trashyditions monotheacuteistes eacutetant donneacute que cette perspective inshysiste sur la responsabiliteacute de lindividu devant son Creacuteateur et quelle eacutevite de ce fait tout ce qui pourrait voiler cette reshylation par la consideacuteration de causes intermeacutediaires Si fastroshylogie a neacuteanmoins pu ecirctre inteacutegreacutee dans les eacutesoteacuterismes chreacuteshytien et musulman cest quelle perpeacutetuait vehiculeacutee par lhershymeacutetisme certains aspect dun symbolisme tregraves primordial la peacuteneacutetration contemplative de lambiance cosmique et lidentishy

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fication spontaneacutee des apparences - constantes et rythmiques du monde sensible avec leurs prototypes eacuteternels corresshy

pondent en effet agrave une mentaliteacute encore primitive au sens propre et positif de ce terme Cette primordialiteacute implicite du symbolisme astrologique se rallume au contact de la spirituashyliteacute directe et universelle dun eacutesoteacuterisme vivant comme le scintillement dune pierre preacutecieuse sallume lorsquelle est exposeacutee aux rayons dune lumiegravere

Mohyiddicircn ibn Arabi enchacircsse les donneacutees de lastrologie hermeacutetique dans leacutedifice de sa cosmologie quil reacutesume moshy

un scheacutema de sphegraveres concentriques en prenant comshyme point de deacutepart et comme terme de comparaison le sysshytegraveme geacuteocentrique du monde planeacutetaire tel que le concevait lastrologie meacutedieacutevale La polarisation laquo subjectiveraquo de ce sysshytegraveme nous voulons dire le fait que la position terrestre de lecirctre humain sert de point fixe auquel seront rapporteacutes tous les mouvements des astres - symbolise ici le rocircle central de lhomme dans lensemble cosmique dont lhomme est comme laboutissement et le centre de graviteacute Cette perspective symshybolique ne deacutepend naturellement pas de la reacutealiteacute purement physique ou spatiale la seule quenvisage lastronomie moshyderne du monde des astres le systegraveme geacuteocentrique eacutetant conforme agrave la reacutealiteacute telle quelle se preacutesente immeacutediatement aux yeux humains il possegravede en lui-mecircme toute la coheacuterence logique quun ensemble de connaissances doit avoir pour poushyvoir constituer une science exacte La deacutecouverte du systegraveme heacuteliocentrique qui correspond agrave un deacuteveloppement possible et homogegravene mais tregraves particulier de la connaissance empirishyque du monde sensible ne saurait eacutevidemment jamais rien prouver contre la position centrale de lecirctre humain dans le cosmos seulement la possibiliteacute de concevoir le monde plashyneacutetaire comme si on le contemplait dune position non hushy

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L

maine et mecircme comme si on pouvait faire abstraction de lexistence de lecirctre humain - dont la conscience reste pourshytant le laquo contenantraquo de toutes ces conceptions avait promiddot duit un deacuteseacutequilibre intellectuel qui montre bien quune extenshysion laquoartificielleraquo de la connaissance empirique a quelque chose danormal et quelle est intellectuellement non seuleshyment indiffeacuterente mais mecircme nuisible (1) La deacutecouverte de lheacuteliocentrisme a eu des effets semblables agrave ceux de certaines vulgarisations deacutesoteacuterisme nous pensons ici surtout agrave ces inversions de point de vue qui sont propres agrave la speacuteculation eacutesoteacuterique (2) la confrontation des symbolismes respectifs

1 laquo Les li erreurs sciemifiques dues agrave une subjectiviteacute collective par exemple celle du genre humain et des ecirctres terrestres en geacuteneacuteral voyant le soleil eacutevoluer autour de la terre traduisent un symbolisme vrai et parmiddot conseacutequent des ((veacuteriteacutes qui sont eacutevidemment indeacutependantes des simples faits qui les veacutehiculent dune maniegravere toute provisoire lexpeacuterience subiecmiddot

telle que ceIIe que nous venons de mentionner agrave titre dexemple na de toute eacutevidence rien de fortuit Il est leacutegitime pour lhomme dadmettre que la terre est plate puisquelle lest empiriquement par contre il est parshyfaitement inutile de savoir queIIe est ronde puisque ce savoir naioute rien au symbolisme des apparences mais le deacutetruit inutilement et le par un autre qui lui ne saurait exprimer les mecircmes veacuteriteacutes tout en preacutesentant linconveacutenient decirctre contraire lexpeacuterience humaine immeacutemiddot diate et geacuteneacuterale La connaissance des faits pour eux-mecircmes na en dehors des applications scientifiques inteacuteresseacutees aucune valeur autrement dit ou bien lon se situe dans le veacuteriteacute absolue et alors les faits ne sont plus rien ou bien lon se situe sur le terrain des faits et alors on est de toutes fashyccedilons dans lignorance A part cela il faut dire encore que la destruction du symbolisme naturel et immeacutediat des faits - tels que la forme plane de la terre ou le mouvement circulaire du soleil entraicircne de graves inconveacutemiddot nients pour la civilisation ougrave elle se produit comme le montre agrave satieacuteteacute lexemple de la civilisation occidentale raquo (Frithjof Schuon Fataliteacute et proshygregraves dans Etudes traditionnelles)

2 II est des indices qui permettent de supposer que les Pythagoriciens connaissaient deacutejagrave le systegraveme heacuteliocentrique II nest pas exclu que cette

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des systegravemes geacuteocentriques et heacuteliocentriques montre fort bien cc quest une telle inversion en effet le fait que le soleil source de la lumiegravere des planegravetes est eacutegalement le pocircle qui reacutegit leurs mouvements comporte comme toute chose existante un symbolisme eacutevident et repreacutesente en reacutealishyteacute toujours au point de vue symbolique et spirituel un point dt Vllt compleacutementaire de celui de lastronomie geacuteocenshy

( 1 )

Mohyiddicircn ibn Arabicirc englobe dune certaine faccedilon la vtltlIcircleacute essentielle de lheacuteliocentrisme dans son eacutedifice cosmoshyIOHiqllt comme Ptoleacutemeacutee et comme tout le moyen acircge il illiliiHIlC IlU soleil quil compare au laquo pocircleraquo (qutb) et au laquo cœur dn monderaquo (qalb al-acirclam) une position centrale dans la bieacute-

IIIUllllluutllC sc soit toujours maintenue et que la deacutecouverte de Copernic Ilfl 11 rll reacutealiteacute quune simple vulgarisation comme beaucoup dautres I~lullvrlmiddotlrN dc la Renaissance

l ulrttli sc refegravere dailleurs lui-mecircme dans la preacuteface - adresseacutee au Pape JlIul III de son livre fondamental li Sur les orbites des corps ceacutelestes agrave Ilh ~ltl Ir SyrlItlIse et agrave certaines citations de Plutarque Hiceacutetas eacutetait pythashyNII hlI CIl Aristote dans son livre Du ciel dit que les philosophes italishyI 1 11 011 IIppclle pythagoriciens sont dun avis contraire agrave celui de la Ihlllll tir physiciens car ils affirment que le centre du monde est occupeacute 11111 1 1111 IUlldis que la terre qui est une des eacutetoiles se meut cercle au 111111 hmiddot l rlllll causant ainsi le jour et la nuit Aristarque de Samos 1t11111111111 1 Alexandrie vers 250 av ]-c enseigna eacutegalement le systegraveme hIIIIIII1IIIIr dl~ mecircme AI-Birucircnicirc le ceacutelegravebre compilateur musulman des nltlllI hlll(OIlCS rapporte que certains sages de lInde ont soutenu que 1 111111111 lI11tnllf du soleil

1 1 qlll llld inconciliables les deux systecircmes nest eacutevidemment pas leur tftjjl Il Pl Iitur IIwis la theacuteorie sur la gravitation rattacheacutee au systegraveme heacutelioshyHh~II

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rarchie des sphegraveres ceacutelestes et cela en comptant un mecircme nombre de cieux supeacuterieurs et de cieux infeacuterieurs au ciet du soleil il amplifie toutefois le systegraveme de Ptoleacutemeacutee en souli gnant encore cette symeacutetrie des sphegraveres par rapport agrave celle du soleil selon son systegraveme cosmologique quil tient proshybablement du Soufi andalou Ibn Masarrah le soleil ne se trouve pas seulement au milieu des six planegravetes connues shyMars (al-Mirikh) Jupiter (al-Mushtaricirc) et Saturne (Zuhul) eacutetant plus eacuteloigneacutes de la terre (al-Ardh) que le soleil (ash

Shams) et Veacutenus (az-Zuhrah) Mercure (al-Utarid) et la LlIIw

H

(al-Qamar) plus rapprocheacutes - mais au delagrave du ciel de Sashyturne se situent encore la voucircte du ciel des eacutetoiles fixes (falak al-kawacirckib) celle du ciel non eacutetoileacute (al-falak al-atlas) et les deux sphegraveres suprecircmes du laquo Pieacutedestalraquo divin (al-Kursicirc) et du laquo Trocircneraquo divin (al-Arsh) sphegraveres concentriques auxquelles correspondent symeacutetriquement les quatre sphegraveres sublunaires de leacutether (al-acircthicircr) de lair (al-hawacirc) de leau (al-macirc) et de la terre (al-ardh) Ainsi se reacutepartissent sept degreacutes de chaque cocircteacute de la sphegravere du soleil le laquo Trocircneraquo divin symbolisant la synthegravese de tout le cosmos et le milieu de la terre en eacutetant agrave la fois laboutissement infeacuterieur et le centre di fixation

Il va sans dire que entre toutes les sphegraveres de cette hieacuteshyrarchie seules les sphegraveres planeacutetaires et celles des eacutetoiles fixes correspondent telles quelles agrave lexpeacuterience sensible encore quil ne faille pas les envisager sous ce seul rapport quant aux sphegraveres sublunaires de leacutether - qui ne signifie pas ici la quintessence mais le milieu cosmique dans lequel se reacutesorbe le feu --de lair et de leau il faut y voir plutocirct une hieacuterarchie theacuteorique suivant les degreacutes de densiteacute que des sphegraveres spatiales Pour ce qui est des sphegraveres suprecircmes du laquo Pieacutedestalraquo et du laquo Trocircneraquo divins le premier conteshynant les cieux et la terre et le second englobant toute chose (1) -leur forme de sphegraveres est purement symbolique et elles marquent en somme le passage de lastronomie agrave la cosmologie inteacutegrale et meacutetaphysique (2) le Ciel sans eacutetoiles (al-falak al-atlas) qui est un laquo vide raquo et qui de ce fait nest

1 Cest ce quenseigne le Qoran Selon une expression du Prophegravete le monde est contenu dans le Pieacutedestal divin et celui-ci dans le Trocircne comme un anneau dans un moule de terre

2 Dans certains scheacutemas symboliques du Sheikh al-akbar on trouve dautres sphegraveres plus vastes que celle du Trocircne ce symbolisme eacutetant naturellement susceptible dune extension plus ou moins grande cependant

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mecircme plus spatial mais marque plutocirct la laquo fin raquo de lespace marque aussi par lagrave mecircme la discontinuiteacute entre le formel et linformel celui-ci apparaicirct en effet comme un laquoneacuteantraquo au point de vue du formel de mecircme que le principiel apparaicirct comme un laquo neacuteantraquo au point de vue du manifesteacute On aura compris que ce passage du point de vue astronomique au point de vue cosmologique ou meacutetaphysique na rien darbishytraire la distinction entre un ciel visible et un ciel eacutechappant agrave notre vue est reacuteelle mecircme si son application nest que symshybolique et l laquo invisibleraquo devient ici spontaneacutement le laquo transshycendant raquo conformeacutement au symbolisme oriental les sphegraveres de la manifestation informelle - le laquo Trocircneraquo et le laquo Pieacutedesshytalraquo - sont appeleacutees expresseacutement le laquomonde invisibleraquo ( acirclam al-ghaiumlb ) J le mot ghaiumlb signifiant tout ce qui est hors de porteacutee de notre vue ce qui montre bien cette correspondance symbolique entre 1laquo invisibleraquo et le laquo transcendant raquo

Le laquo Pieacutedestal raquo sur lequel sont poseacutes les laquo Pieds raquo de Celui qui est assis sur le laquo Trocircne raquo repreacutesente la premiegravere laquo polarishysation raquo ou deacutetermination distinctive en vue de la manifesshytation formelle deacutetermination qui comporte une laquoaffirmashytion raquo et une laquo neacutegation raquo auxquelles correspondent dans le Livre reacuteveacuteleacute le commandement (al-amr) et la prohibition (an-nahicirc)

Le ciel sans eacutetoiles (al-falak al-atlas) est aussi le ciel des douze laquo tours raquo (burucircj) ou laquo signes raquo du zodiaque ceux-ci ne

la hieacuterarchie que nous venons deacutenumeacuterer repreacutesente en elle mecircme un enshysemble complet puisque le Trocircne divin englobe toute la manifestation Cest ce quenseigne Mohyiddin ibn Arabi conformeacutement au Qoran dans les Reacuteveacutelations mecquoises (Al-Futucirchacirct al-makkiyah) dans dautres eacutecrits il parlera de toute une hieacuterarchie de diffeacuterents Trocircnes qui constituent les principaux degreacutes de lExistence informelle

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sont donc pas identiques aux douze constellations zodiacales contenues dans le ciel des eacutetoiles fixes (falak al-kawacirckib ou falak al-manacirczil) mais repreacutesentent des laquo determinations virshytuelles raquo (maqacircdir) de lespace ceacuteleste et ne se diffeacuterencient que par rapport aux laquo stationsraquo ou laquo mansionsraquo (manacirczil) planeacuteshytaires projeteacutees sur le ciel des eacutetoiles fixes Il y a lagrave un Foint tregraves important pour la compreacutehension de lastrologie arabe et occidentale nous y reviendrons plus loin

La cosmologie traditionnelle ne fait pas de diffeacuterence explishycite entre les cieux planeacutetaires dans leur reacutealiteacute corporel~e et visible et ce qui leur correspond dans lordre subtil car le symbole sidentifie essentiellement agrave la chose symboliseacutee et il ny a lieu de faire une distinction entre lun et lautre que lagrave ougrave cette distinction peut pratiquement se faire et que par suite laspect deacuteriveacute peut ecirctre pris seacutepareacutement pour le tout comme il arrive lorsque la forme corporelle dun ecirctre vivant est prise pour lecirctre entier or dans le cas des rythmes planeacutetaires - car ce sont eux qui constituent les diffeacuterents laquo cieux raquo - cette distinction ne peut ecirctre faite que par lapplication theacuteorique de conceptions meacutecaniques eacutetrangegraveres agrave la mentaliteacute contemplative des civilisations traditionnelles (1)

Les sphegraveres planeacutetaires sont donc agrave la fois des parties du monde corporel et des degreacutes du monde subtil le Ciel sans eacutetoiles qui est lextrecircme limite du monde sensible enveloppe symboliquement tout leacutetat humain y compris tous les laquoproshylongements raquo supeacuterieurs de cet eacutetat le Sheikh al-akbar sitle

1 Ainsi les Indiens de lAmeacuterique du Nord qui ne font pas de theacuteories sur leacutelectriciteacute peuvent voir dans leacuteclair la puissance mecircme de lOiseau shyTonnerre qui est lEsprit divin dans la manifestation macrocosmique il y a mecircme des cas ougrave la percussion de leacuteclair confegravere des puissances spirituelles ce qui ne serait pas possible chez des Europeacuteens qui ont lhabitude de seacutepashyrer mentalement ls formes sensibles de leurs archeacutetypes surnaturels

en eEfet les eacutetats paradisiaques entre le ciel des eacutetoiles fixes et le ciel sans eacutetoiles - ou ciel des laquo Tours raquo zodiacales - les paradis supeacuterieurs touchant pour ainsi dire agrave lexistence inforshymelle tout en restant circonscrits par la forme subtile de lecirctre humain (1) Le ciel des toursraquo zodiacales est donc par rapshyport agrave leacutetat humain inteacutegral le laquo lieuraquo des archeacutetypes

Ce qui se situe au delagrave du ciel des eacutetoiles fixes entre ceshylui-ci et le ciel sans eacutetoiles se maintient dans la dureacutee pure tandis que ce qui est en dessous du ciel des eacutetoiles fixes est soumis agrave la geacuteneacuteration et agrave la corruption Il peut sembler eacutetrange que la sphegravere du ciel suprecircme qui est le primum mobile) soit identifieacute au monde incorruptible alors que le mouvement eacutevolue neacutecessairement dans le temps Mais ce dont il faut tenir compte ici cest que la reacutevolution du ciel le plus vaste eacutetant elle-mecircme la mesure fondamentale du temps suivant laquelle tout autre mouvement est mesureacute ne saurait ecirctre elle-mecircme susceptible de mesure temporelle ce qui corshyrespond agrave lindiffeacuterenciation de la dureacutee pur~ De mecircme que les mouvements concentriques des astres se difrfeacuterencient dans lordre de leur deacutependance successive de mecircme la condition temporelle se preacutecise et se contracte en quelque sorte dans la mesure ougrave elle interfegravere avec la condition spatiale et par anashylogie les diffeacuterentes sphegraveres du monde planeacutetaire - ou plus

1 Il sagit de la deacutefinition cosmologique des eacutetats paradisiaques et non de leur symbolisme implicite qui fait que leurs descriptions peuvent ecirctre transposeacutees aux degreacutes les plus hauts de lexistence et mecircme dans lEtre pur puisquon parle en langage soufique dun paradis de lEssence (djannat adhshydhacirct)

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exactement les rythmes de leurs reacutevolutions seacutechelonnant agrave partir des limites indeacutefinissables de lespace jusquau milieu terrestre peuvent ecirctre consideacutereacutes comme autant de degreacutes sucshycessifs de la laquo contractionraquo temporelle (2)

2 Pour cette raison la hieacuterarchie astrologique des deux planeacutetaires situe Mercure entre Veacutenus et la Terre pLIcircsque Mercure se meut plus rapideshyment que Veacutenus et ceci bien que Veacutenus soit plus pregraves de la Terre et Mercure plus pregraves du SoleiL

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II

Le symbolisme astrologique reacuteside dans les laquopoints de jonctionraquo des conditions fondamentales du monde sensible et notamment dans les jonctions du temps de lespace et du nomshybre On sait que la deacutefinition des reacutegions ou parties de la grande sphegravere du ciel sans eacutetoiles au moyen des pointsmiddot de repegravere quoffrent les eacutetoiles fixes coiumlncide en astronomie avec la deacutefinition des divisions du temps Or la sphegravere-limite du ciel nest mesurable quen raison des directions de lespace lorshysquon parle des parties du ciel on ne fait que deacutefinir des dircctions dautre part celles-ci sont lexpression de la nature qualitative de lespace de faccedilon agrave ce que les limites de lindeacuteshyfini spatial se reacuteintegravegrent en quelque sorte dans laspect qualishytatif cn question lensemble des directions qui rayonnent dun centre contenant virtuellement toutes les deacuteterminations spashytiales possibles (1) Leacutepanouissement extrecircme et indeacutefini de ces directions est la voucircte du ciel non-eacutetoileacute et leur centre est chaquc ecirctre vivant qui se trouve sur terre sans que la laquo perspecshytive gtgt des directions diffegravere dun individu agrave lautre puisque nos

1 Cf le chapitre sur lespace qualificirceacute dans Le regravegne de la quantiteacute et 1er 11111 dt temps oc Reneacute Gueacutenon

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axes visuels coiumlncident sans se confondre lorsque nous fixons un mecircme point de la voucircte ceacuteleste - en quoi sexprime eacutevishydemment une coiumlncidence du point de vue microcosmique avec le laquo point de vueraquo macrocosmiqueraquo (2) Il faut distinguer ces directions laquo objectives raquo cest-agrave-dire eacutegales pour tous les ecirctres terrestres consideacuterant le ciel au mecircme instant temporel et les directions quon peut appeler laquosubjectives raquo parce quelles sont deacutetermineacutees par le zeacutenith et le nadir individuel nous feshyrons remarquer en passant que cest preacuteciseacutement la comparaishyson entre ces deux ordres de directions de lespace ceacuteleste qui est agrave la base de lhoroscope Lindeacutefiniteacute des directions de lesshypace est en elle-mecircme indiffeacuterencieacutee nous voulons dire quelle contient virtuellement toutes les relations spatiales possibles sans quon puisse les deacutefinir Mais les qualiteacutes de ces directions de lespace ceacuteleste sont interdeacutependantes nous entendons par

2 Cette coiumlncidence des perspectives na pas seulement lieu lorsquon envisage un point du ciel-limite )Tlais deacutejagrave qual1d on fixe une planegravete Elle secprime dans lexpeacuterience courante selon laquelle chaque spectateur qui regarde le soleil se lever ou se coucher au delagrave dune surface deau voit la voie des rayons refleacuteteacutes dans leau venir directement vers lui lorsque le spectateur se deacuteplace cette voie lumineuse le suit - Signalons en passant lue les Indiens de lAmeacuterique du Nord considegraverent ce chemin lumineux projeteacute sur leau par les rayons du soleil couchant comme le sentier des acircmes vers le monde des ancecirctres en effet on peut y voir comme une projection horizontale du rayon solaire qui selon le symshybolisme hindou repreacutesente le lien par lequel chaque ecirctre particulier se ratshytache directement agrave son principe On sait que les textes sacreacutes de lHinshydouisme deacutecrivent ce rayon comme allant de la couronne de la tecircte au soleil Le mecircme symbolisme - impliquant agrave la fois lideacutee dun lien direct et celle de la Voie Divine - se retrouve dans ce passage de la Sourate Hucircd Il nexiste pas decirctre vivant quIl (Allah) ne tient pas par son toupet en veacuteriteacute mon Seigneur est sur une voie droite - Comme la Voie Divine la direction qui va dun ecirctre terrestre quelconque agrave un point deacuteshytermineacute de la voucircte ceacuteleste est agrave la fois unique pour chacun et une pour tous

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lagrave que degraves quune direction de lespace ceacuteleste - ou le point de la sphegravere-limite qui lui correspond - est deacutefini tout lensemble des autres directions se diffeacuterencie et se polarise par rapport agrave celle-lagrave Cest dans ce sens que le Maicirctre dit que les divisions du ciel non-eacutetoileacute ou ciel des laquotoursraquo zodiacales sont des laquo deacuteterminations virtuellesraquo qui ne se diffeacuterencient que par rapport au ciel des laquo stationsraquo des astres Or les points fixes du ciel des stations sont avant tout les pocircles respectifs de la reacutevolution diurne du ciel (ou de la terre) et du cycle annuel du soleil et par conseacutequent les points que la divergence de ces pocircles deacutetermine sur leacutecliptique cest-agrave-dire les deux eacutequinoxes points dintersection de lorbite solaire avec leacutequateur dune part et les deux solstices points extrecircmes des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire dautre part Degraves que ces quatre points de leacutecliptique sont fixeacutes les huit autres divisions zodiacales leur reacutepondent en raison des partitions tershynaires et seacutenaires qui sont naturellement inheacuterentes au cercle ainsi que lexprime le rapport entre le rayon et les proportions de lhexagone inscrit dans le cercle Il se produit alors comme une cristallisation spontaneacutee des relations spatiales chaque point du quaternaire eacutevoquant deux autres points dun trigoshyne qui agrave leur tour reacutepegravetent la relation en laquo carreacute raquo de faccedilon agrave ce que la division du cercle par quatre se trouve inteacutegreacutee et compenseacutee par une synthegravese laquo congeacutenitaleraquo agrave la nature laquo unishyverselle raquo du cycle suivant la formule 3 X 4 = 4 X 3 = 12

Si les deux -grands cercles celui de leacutequateur ceacuteleste et celui du cycle solaire coiumlncidaient les saisons ne se manifesshyteraient pas La divergence des deux grands cycles ceacutelestes exprime donc de toute eacutevidence la rupture deacutequilibre qui deacuteshyclenche un certain ordre de manifestation cest-agrave-dire de conshytrastes et de compleacutementaires et les quatre points cardinaux d(lttcrmineacutes par cette divergence sont bien les marques de ces

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contrastes Ibn Arabi identifie le quaternaire zodiacal avec celui des qualiteacutes ou tendances fondamentales de la Nature totale ou universelle (at-tabiuml ah) qui est la racine de toutes les diffeacuterenciations Ajoutons afin de preacutevenir tout malentendu que la Nature totale telle que lenvisage le Maicirctre nest pas la Substance universelle comme telle premier principe passif que la doctrine hindoue appelle Prakriti et que Mohyiddicircn ibn Arabi deacutesigne soit par le terme de al-habacirc (ltlt Substanceraquo) soit par celui de al- unccedilur al-a zam (ltlt Eleacutement suprecircmeraquo) mais elle en est une deacutetermination directe envisageacutee plus particushyliegraverement sous son aspect de laquomaterniteacuteraquo agrave leacutegarmiddotd des creacutea-

Geacuteneacuteration du duodeacutenaire zodiacal par Je carreacute et le trigone

tures La Nature universelle non manifesteacutee en elle-mecircme se manifeste par quatre qualiteacutes ou tendances fondamentales qui apparaissent dans lordre sensible comme chaleur et froid

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seacutecheresse et humiditeacute La chaleur et le froid sont des qualiteacutes actives opposeacutees lune agrave lautre elles se manifestent aussi comme force expansive et force contractive elles deacuteterminent le couple des qualiteacutes passives la seacutecheresse et lhumiditeacute (1) Rapporteacutes aux quatre points cagraverdinaux du zodiaque le froid correspond aux deux solstices qui reflegravetent en quelque sorte la contraction polaire tandis que la chaleur correspond aux 1 deux eacutequinoxes qui se situent sur leacutequateur diapason de 1 lexpansion des mouvements ceacutelestes De ce fait les signes cardinaux se succegravedent par contrastes mais les qualiteacutes passhysives de la seacutecheresse et de lhumiditeacute en relient deux couples Les quatre tendances ou qualiteacutes de la Nature se joignent deux agrave deux dans la nature des quatre eacuteleacutements ou fondements du monde sensible produits agrave partir de la substance terrestre la terre est froide et segraveche leau est froide et humide lair est humide et chaud le feu est chaud et sec Si lon attribue ces qualiteacutes eacuteleacutementaires aux signes du zodiaque disant que le Beacutelier est de nature igneacutee le Cancer aqueux la Balance aeacuterienshyne et le Capricorne terrien il faut tenir compte du fait que le zodiaque ne comporte que les modegraveles ceacutelestes des quatre eacuteleacutements et que ces modegraveles restent composeacutes des quatre tenshydances de la Nature totale ainsi que le fait remarquer Mer hyiddicircn ibn Arabi

Le quaternaire des tendances fondamentales de la Nature totale doit ecirctre multiplieacute selon Mohyiddicircn ibn Arabi par le ternaire dont le paregravedre cosmique sont les trois mouvements ou orientations principielles de lIntellect premier ou Esprit universel ( al-Aql) ou encore sous un altre rapport les trois mondes cest-agrave-dire le monde preacutesent le monde futur et

1 La meacutedecine traditionnelle du monde musulman reacuteduit toutes les mashy

ladies agrave autant de manifestations deacuteseacutequilibreacutees de ces quatre tendances

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leacutetat intermeacutediaire du barzakh (1) Les vrois mouvements ou orientations de lEsprit sont le mouvement descendant qui seacuteloigne apparemment du Principe et qui mesure la proshyfondeur (al-umq) du possible le mouvement expansif qui en mesure lampleur ou la largeur (al-urd) le mouvement du retour vers lorigine qui se dirige dans le sens de lexaltashytion ou de la hauteur (at-tucirct) Ce ternaire de lEsprit est supeacuteshyrieur au quaternaire de la Nature sil apparaicirct ici en deuxiegraveme lieu cest que la diffeacuterenciation du ciel des archeacutetypes zodiashycaux procegravede des contrastes manifesteacutes pour aboutir agrave leur reacuteinteacutegration dans la synthegravese parfaite Par suite de cette reacuteinteacutegration ou multiplication tous les points di zodiaque qui se trouvent en relation de trigone ont la mecircme nature eacuteleacutemenshytaire mais se distinguent par les qualiteacutes relevant du ternaire de lEsprit et tous les points qui se trouvent en relation de

carreacute ont la mecircme qualiteacute spirituelle mais se diffeacuterencient par 1 les contrastes eacuteleacutementaires De lagrave on peut deacutejagrave deacuteduire les difshy

feacuterents caractegraveres des laquo aspects raquo ou positions reacuteciproques des planegravetes sur leacutecliptique la relation en angle droit signifie neacutecessairement contraste de mecircme que lopposition signifie opposition le trigone est lexpression dune synthegravese parfaite et le sextile cest-agrave-dire la position en angle de 60 degreacutes exprimegrave une affiniteacute Appliqueacutes agrave la nature du cycle les trois mouvements principie1s de lEsprit ne peuvent plus ecirctre comshypareacutes aux trois dimensions de la profondeur de lampleur et de la hauteur mais ils apparaissent suivant une reacuteflexion ccedilonshyforme agrave cette nature la seule tendance qui se manifeste dishyrectement dans lordre cyclique est celle de lexpansion dans lampleur car le cycle est avant tout limage du deacuteveloppeshy

1 Sur les diffeacuterentes significations de ce terme voir notre article Du Barzakh dans Etudes Traditionnelles deacutecembre 1937

ment de toutes les possibiliteacutes impliqueacutees dans lampleur dun degreacute de manifestation En conformiteacute avec ceci les signes cardinaux reacutegions critiques du cycle solaire sont appeshyleacutes laquo mobiles raquo (munqalib) cest-agrave-dire dynamiques ou expanshysifs Quant au mouvement descendant de lEsprit il se traduit dans lordre cyclique par la fixation (sukucircn) car cest en raison de ce laquo mouvementraquo que le monde subsiste comme tel Enfin le mouvement spirituel du retour vers lorigine se reflegravete dans le plan du cycle zodiacal par la synthegravese des deux autres orienshytations et les signes qui lui sont coordonneacutes sont appeleacutes laquo doublesraquo ou laquo syntheacutetiquesraquo (dhucirc ishtiracirch) Nous devons faire remarquer en passant qui ces deacuteterminations ternaires du Zodiaque relegravevent dune toute autre perspective que le symbolisme des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire symbolisme qui peut eacutevidemment ecirctre rattacheacute aux deux mouvements ou orientations opposeacutees de lEsprit mais il sagit ici dun dualisme qui se rapporte au mouvement cyclique tandis que le ternaire que nous venons de deacutecrire se rapporte agrave la deacutetermination laquo existentielleraquo du cycle lexpresshysion de laquomouvement raquo pour indiquer les orientations de lEsprit universel devant ecirctre pris dans un sens purement symbolique

Quant aux correspondances avec les trois mondes ou deshygreacutes de lexistence humaine telles quelles apparaissent dans le symbolisme des fonctions angeacuteliques auxquelles se rapporshytent les douze signes zodiacaux symbolisme que nous avons extrait du livre laquo Le lien qui retient le partantraquo (Uqlat al-musshytawfiz) de Mohyiddicirc ibn Arabicirc quant agrave ces correspondances disons-nous elles doivent ecirctre comprises agrave partir des reflets du terrain intellectuel dans la nature du cycle et suivant la perspective de la production de ces trois mondes Ceci explique pourquoi ce ne sont pas les signes laquo syntheacutetiques raquo attribueacutes

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agrave lorientation ascendante de lEsprit qui reacutegissent le monde relativement supeacuterieur cest-agrave-dire les degreacutes intemporels de leacutetat humain mais les signes laquofixes raquo par contre il est eacutevishydent que ce sont les signes laquomobilesraquo qui se rapporten~ au deacuteveloppement des eacutetats de ce monde-cL Quant aux signes syntheacutetiques ou laquo doubles raquo ils correspondent au monde intershymeacutediaire (le barzakh de la la theacuteologie islamique le purgatoire chreacutetien et le bardo des thibeacutetains) ou encore suivant une perspective quelque peu diffeacuterente agrave la synthegravese de limmushytabiliteacute spirituelle et de lexpansiviteacute psychique dans le comshyposeacute corporel - agrave linstar de la production du sel alchimique parlunion du soufre et du mercure

1 - Signes mobiles

Le Beacutelier est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des qualiteacutes et des accidents

Le Cancer est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation de ce bas monde

La Balance est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des eacutetats (eacutepheacutemegraveres) et des changements

Le Capricorne est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef du jour et de la nuit

II - Signes fixes

Le Taureau est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du paradis et de lenfer et il est sous la terreur de la Majesteacute (haybah)

Le Lion est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange

est geacuteneacutereux (Karicircm) il deacutetient la clef de la creacuteation du monshyde futur

Le Scorpion est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du feu (infernal)

La Verseau est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange est geacuteneacutereux et sous la terreur de la Majesteacute il deacutetient la clef des esprits

III Signes syntheacutetiques

Les Geacutemeaux sont de nature chaude et humide (aeacuterienne) Leur ange reacutegit les corps en communion avec les recteurs des autres signes doubles il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des meacutetaux

La Vierge est de nature froide et segraveche (terrestre) Son ange reacutegit en communion avec les altres signes doubles les corps et en particulier les corps humains

Le Sagittaire est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange est geacuteneacutereux il reacutegit les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des plantes

Les Poissons sont de nature troide et humide (aqueuse) Leur ange reacutegit en communion avec les autres anges des corps les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des animaux

Nous avons maintenant exposeacute dans ses geacuteneacuteraliteacutes la diffeacuterenciation des douze reacutegions zodiacales du ciel-limite agrave partir des points fixes du cycle solaire Nous ferons encore remarquer que cette faccedilon de concevoir la division du zodiashyque justifie la maniegravere employeacutee couramment dans lastrologie arabe et occidentale pour situer les douze signes cette mashyniegravere consiste agrave compter douze parties eacutegales agrave partir de lequishy

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noxe de printemps abstraction faite de la situation des consshytellations portant les mecircmes noms que les signes car en raison de la preacutecession des eacutequinoxes dont chacune fait le tour du ciel entier en 26000 ans environ il sest produit un deacutecashylage de presque un laquosigneraquo entier entre la situation des constellations et des parties du zodiaque ayant le mecircme nom la constellation du Beacutelier par exemple se trouve aujourdhui dans le laquo signeraquo du Taureau On peut donc soulever la quesshytion de savoir si les formes de ces groupements deacutetoiles fixes qui ont eacuteteacute agrave lorigine des points de repegravere pour la deacutetermishynation des douze parties du cycle solaire sont indiffeacuterentes par rapport agrave la signification de celles-ci or il y a sucircrement analogie entre la deacutenomination des signes zodiacaux et ces groupements deacutetoiles sur leacutecliptique la constellation des Geacuteshymeaux se caracteacuterise effectivement par un couple deacutetoiles jushymelles celle du Taureau comporte un triangle semblable agrave la tecircte de lanimal et les formes du Scorpion ou du Lion peuvent ecirctre reconnues dans les constellations du mecircme nom bien que dautres interpreacutetations de ces groupements soient eacutegalement concevables Il est dailleurs fort bien possible que lors de la premiegravere fixation des symboles astrologiques les ressemblances furent plus frappantes car certaines eacutetoiles laquo fixesraquo ont ducirc se deacuteplacer depuis cette eacutepoque fort lointaishyne (1) ainsi que le fait remarquer Mohyiddicircn ibn Arabicirc en se reacutefeacuterant agrave certaines repreacutesentations stellaires sur des monuments de lEgypte ancienne A leur origine les images symboliques attribueacutees aux douze parties du cycle solaire devaient preacutesen-

L La derniegravere coiumlncidence des signes zodiacaux avec les constellations de mecircme nom eucirct lieu dans les premiers siegravecles de legravere chreacutetienne mais il est probable que la deacutenomination des douze constellations date dune coiumlncidence preacuteceacutedente Nous allons revenir sur cette question

ter une synthegravese entre dune part les significations spmshytuelles de ces deacuteterminations de lespace ceacuteleste et dautre part les interpreacutetations possibles des groupes deacutetoiles des douze constellations les premiers jouant un rocircle essentiel et les combinaisons latentes des groupes deacutetoiles - y comshypris leurs couleurs et leurs intensiteacutes un rocircle potentiel une fois la fixation opeacutereacutee elle simprimait dans la meacutemoire collective en raison de son originaliteacute agrave la fois spirituelle et imaginative et cest lagrave du reste une image particuliegraverement adeacutequate dun certain ordre dinspirations

Dun autre cocircteacute la preacutecession des eacutequinoxes qui constishytue le cycle astronomique majeur doit neacutecessairement jouer un rocircle dans le symbolisme astrologique et le deacuteplacement des constellations zodiacales doit faire partie de sa signifishycation sur laquelle nous aurons agrave revenir par la suite

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III

Le ciel des eacutetoiles qui est contenu dans la sphegravere des laquotoursraquo du zodiaque est appeleacute le ciel des laquo stationsraquo (manacirczil) parce que les mouvements des planegravetes se projettent sur lui Les sept planegravetes qui repreacutesentent les intermeacutediaires cosmiques entre le monde immuable des archeacutetypes et le mishylieu terrestre actualisent par leurs rythmes combineacutes et par les positions reacuteciproques qui en reacutesultent les relations spashytiales virtuellement contenues dans la sphegravere indeacutefinie du cielshylimite sphegravere qui nest rien dautre que la totaliteacute des dishyrections de lespace et par lagrave limage de lunivers (1) Les astrologues modernes veulent que les planegravetes agissent sur la terre par un rayonnement de forces et ils entendent cela dans un sens mateacuteriel ou quasi-mateacuteriel car il est ineacutevitable quil introduisent dans lastrologie quelque chose des conshyceptions modernes de la causaliteacute cest alors que les reacutesidus de cette science prennent lallure dune veacuteritable superstition Le besoin de causaliteacute deacutepend des preacuteoccupations geacuteneacuterales dune eacutepoque il est vrai quil est toujours dessence logique

1 Dougrave la deacuterivation eacutetymologique du terme univers de orbis unIcircversum

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car ce qU1 confegravere agrave un enchaicircnement causal son caractegravere conshyvaincant reacuteside autant dans luniteacute de lesprit que dans la nashyture des choses mais en mecircme temps le besoin de deacutepend substantiellement du niveau mental il est meacutecaniste ou imaginatif raisonnant ou intuitif Comme lhorizon mental nenglobe agrave la fois quun certain ordre de reacutealiteacutes largument causal dune eacutepoque mentalement diffeacuterente apparaicirct insuffisant ou mecircme deacutefectueux quon nen voit que les limites du deacuteveloppement dans le sens dune investigation ulteacuterieure on oublie trop facilement que tout enchaicircnement causal agrave rieur de la manifestation est essentiellement symbolique (1) et que la conception la plus vaste et la plus adeacutequate de causaliteacute est preacuteciseacutement celle qui est consciente de ce symbolishysme et qui considegravere toute chose sous le rapport de laquo lUniteacute de lExistenceraquo (wahdat-al-wudjucircd) Dautre part il faut bien se dire que la veriteacute essentielle dune perspective intellectuelle nempecircche pas que son expression mentale reste sujette agrave la reshylativiteacute des moyens exteacuterieurs de connaissance ainsi par exem-

Mohyiddicircn ibn Arabi affirme du soleil le laquocœur monderaquo quil communique la lumiegravere agrave tous les autres astres y compris les eacutetoiles fixes et quil est lui-mecircme illumineacute par lirradiation directe et incessante dune reacuteveacutelation divine (2) Cette conception est essentiellement vrai en ce sens que toute lumiegravere sensible a sa source dans la lumiegravere intelligible i dont le soleil est le symbole le plus eacutevident est vraie en ce sens que les lumiegraveres de tous les astres sont de mecircme substance comme le reconnaissent dailleurs les astro~omes

1 les causes secondes ne sont que des reflets de la cause premiegravere et nont aucune reacutealiteacute propre

2 Cest un fait significatif que lœil ne peut pas le soleil - qui illumine le monde entier sans en ecirctre eacutebloui

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modernes enfin il est vrai que le soleil communique sa lu-agrave toutes les planegravetes Quant aux eacutetoiles fixes on est aushy

jourdhui convaincu quelles repreacutesentent des sources de lushymiegravere indeacutependantes du soleil et sur ce point la conception de Mohyiddicircn Ibn Arabicirc peut paraicirctre erroneacutee cependant la fonction dun Maicirctre en meacutetaphysique nimplique pas neacutecesshysairement la connaissance distinctive de tous les domaines de

nature et Ibn Arabicirc ne pouvait quenvisager le symbolisme des connaissances astronomiques telles quelles se preacutesentaient agrave lui Cela ne veut certes pas dire que sa theacuteorie ne soit plus valable degraves quon accepte que les eacutetoiles fixes sont des lumiegraveres autonomes dans lordre sensible car la distinction entre lenshysemble des astres reacutegis par le soleil et la multitude des eacutetoiles

apparaicirct seulement comme une diffeacuterenciation du mecircme symbolisme en ce sens que le soleil repreacutesente le centre du rayonnement de la lumiegravere divine pour un monde deacutetermineacute tandis que les eacutetoiles fixes symbolisent les interfeacuterences de la lumiegravere dun monde supeacuterieur mai~ mecircme dans ce cas on pourshyra dire que la lumiegravere qui rayonne du soleil est la mecircme que celle qui illumine tous les corps ceacutelestes

Cette sur les diffeacuterentes perspectives selon lesshyquelles on peut envisager la causaliteacute cosmique eacutetait neacutecesshysaire pour situer le rocircle des planegravetes dans lastrologie et pour faire comprendre ce quon doit entendre par linfluence de leur rayonnement Quel que puisse ecirctre mateacuteriel ou subshytil de leurs rayons la peacuteneacutetration contemplative de la laquo physioshygnomieraquo du cosmos les considegravere plus directement comme ( des modes de lIntellect dans sa manifestation macrocosmique modes qui reacutealisent ou mesurent les possibiliteacutes contenues dans la sphegravere indeacutefinie Lespace ceacuteleste dans lequel les planegravetes deacutecrivent leurs reacutevolutions repreacutesente en quelque sorte les limiddot mites extrecircmes du monde sensible et ces limites sont inverseshy

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ini bn dli ilililH~Hj iUill HHHijHHmH~j~mlllij~umli

ment analogues au centre qui est lhomme lui-mecircme comme nous lavons deacutejagrave fait remarquer en consideacuterant le caractegravere laquo objectifraquo des directions spatiales rayonnant de chaque ecirctre humain vers les mecircme points du ciel-limite (1) en raison de cette analogie inverse les modes de lIntellect cosmique que repreacutesentent les astres sont laquo existentielsraquo au lieu decirctre laquo inshytelligents raquo ce dernier mot pris dans le sens de lintelligence active manifesteacutee dans lhomme nous nous rapportons ici agrave la polariteacute de 1laquo existenceraquo et de 1laquo intelligenceraquo dans lEtre (2) Cette nature intellectuelle des planegravetes sexprime - toushyjours en raison de la mecircme analogie inverse par rapport agrave telIigence active -dans la reacutegulariteacute et continuiteacute rythmique de leurs mouvements Leur nature lumineuse relegraveve du mecircme symbolisme dautre part la propagation de la lumiegravere est pour ainsi dire laquo geacuteomeacutetriqueraquo et correspond agrave lactualisation des directions et des relations spatiales Il faut dailleurs bien comshyprendre que ce symbolisme nenvisage pas la situation des plashynegravetes dans lespace quantitativement mesurable leurs laquoasshypects raquo se deacuteterminent par leur projection sur le zodiaque cest-agrave-dire en raison des directions de lespace dont le centre est lecirctre humain terrestre quant aux directions de lespace leur deacutefinition nest eacutevidemment pas quantitative mais toujours relative agrave luniteacute indivisible de la sphegravere indeacutefinie du ciel extrecircme

1 On nous objectera peut-ecirctre que les directions que nous appelons4lt obshyjectives ne relegravevent que de la subjectiviteacute collective mais dans lordre de la perception sensible directe et spontaneacutee sur laquene se fonde le symbolisme en question cette subjectiviteacute collective est eacutequivalente dobjectivicircteacute Voit agrave ce propos ce que dit Frithjof Schuon dans son article Fataliteacute et Progregraves passhysage que nous avons reprenduit en note au deacutebut de cette eacutetude

2 Cf larticle de Frithjof Schuon Transcendance et universaliteacute de leacutesoshyteacuterisme dans Etudes Traditionnelles oct-nov 1945

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De tous les astres laquomobiles raquo il ny a que le soleil et lune dont les mouvements puissent ecirctre repreacutesenteacutes par des cercles reacuteguliers sur le ciel des eacutetoiles fixes car les orbites apshyparentes des autres planegravetes sont agrave la fois reacutegies par le centre solaire et le centre terrestre de faccedilon quelles eacutevoluent en des mouvements combineacutes Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se reacutepartissent dune faccedilon ineacutegale mais rythmique sur les douze parties du zodiaque et que lon compte agrave partir de leacutequinoxe du printemps Le veacuteritable commencement du cycle lunaire qui sexprime dans la succession des lunaisons ne coiumlncide pas toujours avec le point de leacutequinoxe car les deux points tersection de lorbite lunaire avec le cycle solaire que lon apshypelle la laquo tecircteraquo et la laquo queueraquo du dragon deacutecrivent en 18 ans le tour de tout le laquo ciel des stations raquo La fixation des manshysions de la lune consiste donc en une sorte dabreacutegeacute symbolique des rythmes veacuteritables (1)

Dans les rapports des mansions lunaires avec le zodiaque se manifeste un symbolisme numeacuterique eacutevident nous avons monshytreacute comment le duodeacutenaire zodiacal se preacutesente comme le proshyduit de la multiplication du quaternaire par le ternaire or la

multiplication symbolise le mode de distinction propre au monde des archeacutetypes car ceux-ci ne se diffeacuterencient pas par exclusion mutuelle mais agrave linstar de miroirs oui se reflegravetent les

1 Lastrologie hindoue ne compte que 27 mansions lunaires le parcours de la lune autour du ciel ne seffectuant pas en un nombre de jours de faccedilon que labreacutegeacute symbolique de son cycle peut-ecirctre ou bien porteacute agrave 28 ou reacuteduit a 27 jours Dautre part les astrologues hindous ne situent pas le deacuteshybut du cycle lunaire au point vernal actuel mais au point du ciel des eacutetoiles fixeacutees qui coiumlncidait agrave leacutepoque de la derniegravere coiumlncidence entre les signes zodiacaux et les constellations synonymes avec leacutequinoxe du printemps Nous allons revenir sur cette diffeacuterence des ooints de vue

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l

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 2: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

l

Lœuvre eacutecrite du laquoplus grand Maicirctreraquo (ash-shaikh alshyakbar) souH Mohyiddicircn ibn Arabi comporte certaines conshysideacuterations sur lastrologie qui permettent dentrevoir comshyment cette science qui nest parvenue agrave lOccident moderne que sous une forme fragmentaire et reacuteduite agrave quelques-unes de ses applications les plus contingentes pouvait se rattacher agrave des principes meacutetaphysiques donc relevant dune connaissanshyce qui se Suffit agrave elle-mecircme Lastrologie telle quelle fut reacuteshypandue au moyen acircge dans les civilisations chreacutetienne et islashymique et quelle subsiste encore en certains pays arabes doit sa forme agrave lhermeacutetisme alexandrin elle nest donc ni islashymique ni chreacutetienne dans son essence et elle ne saurait dailshyleurs trouver une place dans la perspective religieuse des trashyditions monotheacuteistes eacutetant donneacute que cette perspective inshysiste sur la responsabiliteacute de lindividu devant son Creacuteateur et quelle eacutevite de ce fait tout ce qui pourrait voiler cette reshylation par la consideacuteration de causes intermeacutediaires Si fastroshylogie a neacuteanmoins pu ecirctre inteacutegreacutee dans les eacutesoteacuterismes chreacuteshytien et musulman cest quelle perpeacutetuait vehiculeacutee par lhershymeacutetisme certains aspect dun symbolisme tregraves primordial la peacuteneacutetration contemplative de lambiance cosmique et lidentishy

9

fication spontaneacutee des apparences - constantes et rythmiques du monde sensible avec leurs prototypes eacuteternels corresshy

pondent en effet agrave une mentaliteacute encore primitive au sens propre et positif de ce terme Cette primordialiteacute implicite du symbolisme astrologique se rallume au contact de la spirituashyliteacute directe et universelle dun eacutesoteacuterisme vivant comme le scintillement dune pierre preacutecieuse sallume lorsquelle est exposeacutee aux rayons dune lumiegravere

Mohyiddicircn ibn Arabi enchacircsse les donneacutees de lastrologie hermeacutetique dans leacutedifice de sa cosmologie quil reacutesume moshy

un scheacutema de sphegraveres concentriques en prenant comshyme point de deacutepart et comme terme de comparaison le sysshytegraveme geacuteocentrique du monde planeacutetaire tel que le concevait lastrologie meacutedieacutevale La polarisation laquo subjectiveraquo de ce sysshytegraveme nous voulons dire le fait que la position terrestre de lecirctre humain sert de point fixe auquel seront rapporteacutes tous les mouvements des astres - symbolise ici le rocircle central de lhomme dans lensemble cosmique dont lhomme est comme laboutissement et le centre de graviteacute Cette perspective symshybolique ne deacutepend naturellement pas de la reacutealiteacute purement physique ou spatiale la seule quenvisage lastronomie moshyderne du monde des astres le systegraveme geacuteocentrique eacutetant conforme agrave la reacutealiteacute telle quelle se preacutesente immeacutediatement aux yeux humains il possegravede en lui-mecircme toute la coheacuterence logique quun ensemble de connaissances doit avoir pour poushyvoir constituer une science exacte La deacutecouverte du systegraveme heacuteliocentrique qui correspond agrave un deacuteveloppement possible et homogegravene mais tregraves particulier de la connaissance empirishyque du monde sensible ne saurait eacutevidemment jamais rien prouver contre la position centrale de lecirctre humain dans le cosmos seulement la possibiliteacute de concevoir le monde plashyneacutetaire comme si on le contemplait dune position non hushy

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L

maine et mecircme comme si on pouvait faire abstraction de lexistence de lecirctre humain - dont la conscience reste pourshytant le laquo contenantraquo de toutes ces conceptions avait promiddot duit un deacuteseacutequilibre intellectuel qui montre bien quune extenshysion laquoartificielleraquo de la connaissance empirique a quelque chose danormal et quelle est intellectuellement non seuleshyment indiffeacuterente mais mecircme nuisible (1) La deacutecouverte de lheacuteliocentrisme a eu des effets semblables agrave ceux de certaines vulgarisations deacutesoteacuterisme nous pensons ici surtout agrave ces inversions de point de vue qui sont propres agrave la speacuteculation eacutesoteacuterique (2) la confrontation des symbolismes respectifs

1 laquo Les li erreurs sciemifiques dues agrave une subjectiviteacute collective par exemple celle du genre humain et des ecirctres terrestres en geacuteneacuteral voyant le soleil eacutevoluer autour de la terre traduisent un symbolisme vrai et parmiddot conseacutequent des ((veacuteriteacutes qui sont eacutevidemment indeacutependantes des simples faits qui les veacutehiculent dune maniegravere toute provisoire lexpeacuterience subiecmiddot

telle que ceIIe que nous venons de mentionner agrave titre dexemple na de toute eacutevidence rien de fortuit Il est leacutegitime pour lhomme dadmettre que la terre est plate puisquelle lest empiriquement par contre il est parshyfaitement inutile de savoir queIIe est ronde puisque ce savoir naioute rien au symbolisme des apparences mais le deacutetruit inutilement et le par un autre qui lui ne saurait exprimer les mecircmes veacuteriteacutes tout en preacutesentant linconveacutenient decirctre contraire lexpeacuterience humaine immeacutemiddot diate et geacuteneacuterale La connaissance des faits pour eux-mecircmes na en dehors des applications scientifiques inteacuteresseacutees aucune valeur autrement dit ou bien lon se situe dans le veacuteriteacute absolue et alors les faits ne sont plus rien ou bien lon se situe sur le terrain des faits et alors on est de toutes fashyccedilons dans lignorance A part cela il faut dire encore que la destruction du symbolisme naturel et immeacutediat des faits - tels que la forme plane de la terre ou le mouvement circulaire du soleil entraicircne de graves inconveacutemiddot nients pour la civilisation ougrave elle se produit comme le montre agrave satieacuteteacute lexemple de la civilisation occidentale raquo (Frithjof Schuon Fataliteacute et proshygregraves dans Etudes traditionnelles)

2 II est des indices qui permettent de supposer que les Pythagoriciens connaissaient deacutejagrave le systegraveme heacuteliocentrique II nest pas exclu que cette

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des systegravemes geacuteocentriques et heacuteliocentriques montre fort bien cc quest une telle inversion en effet le fait que le soleil source de la lumiegravere des planegravetes est eacutegalement le pocircle qui reacutegit leurs mouvements comporte comme toute chose existante un symbolisme eacutevident et repreacutesente en reacutealishyteacute toujours au point de vue symbolique et spirituel un point dt Vllt compleacutementaire de celui de lastronomie geacuteocenshy

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Mohyiddicircn ibn Arabicirc englobe dune certaine faccedilon la vtltlIcircleacute essentielle de lheacuteliocentrisme dans son eacutedifice cosmoshyIOHiqllt comme Ptoleacutemeacutee et comme tout le moyen acircge il illiliiHIlC IlU soleil quil compare au laquo pocircleraquo (qutb) et au laquo cœur dn monderaquo (qalb al-acirclam) une position centrale dans la bieacute-

IIIUllllluutllC sc soit toujours maintenue et que la deacutecouverte de Copernic Ilfl 11 rll reacutealiteacute quune simple vulgarisation comme beaucoup dautres I~lullvrlmiddotlrN dc la Renaissance

l ulrttli sc refegravere dailleurs lui-mecircme dans la preacuteface - adresseacutee au Pape JlIul III de son livre fondamental li Sur les orbites des corps ceacutelestes agrave Ilh ~ltl Ir SyrlItlIse et agrave certaines citations de Plutarque Hiceacutetas eacutetait pythashyNII hlI CIl Aristote dans son livre Du ciel dit que les philosophes italishyI 1 11 011 IIppclle pythagoriciens sont dun avis contraire agrave celui de la Ihlllll tir physiciens car ils affirment que le centre du monde est occupeacute 11111 1 1111 IUlldis que la terre qui est une des eacutetoiles se meut cercle au 111111 hmiddot l rlllll causant ainsi le jour et la nuit Aristarque de Samos 1t11111111111 1 Alexandrie vers 250 av ]-c enseigna eacutegalement le systegraveme hIIIIIII1IIIIr dl~ mecircme AI-Birucircnicirc le ceacutelegravebre compilateur musulman des nltlllI hlll(OIlCS rapporte que certains sages de lInde ont soutenu que 1 111111111 lI11tnllf du soleil

1 1 qlll llld inconciliables les deux systecircmes nest eacutevidemment pas leur tftjjl Il Pl Iitur IIwis la theacuteorie sur la gravitation rattacheacutee au systegraveme heacutelioshyHh~II

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rarchie des sphegraveres ceacutelestes et cela en comptant un mecircme nombre de cieux supeacuterieurs et de cieux infeacuterieurs au ciet du soleil il amplifie toutefois le systegraveme de Ptoleacutemeacutee en souli gnant encore cette symeacutetrie des sphegraveres par rapport agrave celle du soleil selon son systegraveme cosmologique quil tient proshybablement du Soufi andalou Ibn Masarrah le soleil ne se trouve pas seulement au milieu des six planegravetes connues shyMars (al-Mirikh) Jupiter (al-Mushtaricirc) et Saturne (Zuhul) eacutetant plus eacuteloigneacutes de la terre (al-Ardh) que le soleil (ash

Shams) et Veacutenus (az-Zuhrah) Mercure (al-Utarid) et la LlIIw

H

(al-Qamar) plus rapprocheacutes - mais au delagrave du ciel de Sashyturne se situent encore la voucircte du ciel des eacutetoiles fixes (falak al-kawacirckib) celle du ciel non eacutetoileacute (al-falak al-atlas) et les deux sphegraveres suprecircmes du laquo Pieacutedestalraquo divin (al-Kursicirc) et du laquo Trocircneraquo divin (al-Arsh) sphegraveres concentriques auxquelles correspondent symeacutetriquement les quatre sphegraveres sublunaires de leacutether (al-acircthicircr) de lair (al-hawacirc) de leau (al-macirc) et de la terre (al-ardh) Ainsi se reacutepartissent sept degreacutes de chaque cocircteacute de la sphegravere du soleil le laquo Trocircneraquo divin symbolisant la synthegravese de tout le cosmos et le milieu de la terre en eacutetant agrave la fois laboutissement infeacuterieur et le centre di fixation

Il va sans dire que entre toutes les sphegraveres de cette hieacuteshyrarchie seules les sphegraveres planeacutetaires et celles des eacutetoiles fixes correspondent telles quelles agrave lexpeacuterience sensible encore quil ne faille pas les envisager sous ce seul rapport quant aux sphegraveres sublunaires de leacutether - qui ne signifie pas ici la quintessence mais le milieu cosmique dans lequel se reacutesorbe le feu --de lair et de leau il faut y voir plutocirct une hieacuterarchie theacuteorique suivant les degreacutes de densiteacute que des sphegraveres spatiales Pour ce qui est des sphegraveres suprecircmes du laquo Pieacutedestalraquo et du laquo Trocircneraquo divins le premier conteshynant les cieux et la terre et le second englobant toute chose (1) -leur forme de sphegraveres est purement symbolique et elles marquent en somme le passage de lastronomie agrave la cosmologie inteacutegrale et meacutetaphysique (2) le Ciel sans eacutetoiles (al-falak al-atlas) qui est un laquo vide raquo et qui de ce fait nest

1 Cest ce quenseigne le Qoran Selon une expression du Prophegravete le monde est contenu dans le Pieacutedestal divin et celui-ci dans le Trocircne comme un anneau dans un moule de terre

2 Dans certains scheacutemas symboliques du Sheikh al-akbar on trouve dautres sphegraveres plus vastes que celle du Trocircne ce symbolisme eacutetant naturellement susceptible dune extension plus ou moins grande cependant

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mecircme plus spatial mais marque plutocirct la laquo fin raquo de lespace marque aussi par lagrave mecircme la discontinuiteacute entre le formel et linformel celui-ci apparaicirct en effet comme un laquoneacuteantraquo au point de vue du formel de mecircme que le principiel apparaicirct comme un laquo neacuteantraquo au point de vue du manifesteacute On aura compris que ce passage du point de vue astronomique au point de vue cosmologique ou meacutetaphysique na rien darbishytraire la distinction entre un ciel visible et un ciel eacutechappant agrave notre vue est reacuteelle mecircme si son application nest que symshybolique et l laquo invisibleraquo devient ici spontaneacutement le laquo transshycendant raquo conformeacutement au symbolisme oriental les sphegraveres de la manifestation informelle - le laquo Trocircneraquo et le laquo Pieacutedesshytalraquo - sont appeleacutees expresseacutement le laquomonde invisibleraquo ( acirclam al-ghaiumlb ) J le mot ghaiumlb signifiant tout ce qui est hors de porteacutee de notre vue ce qui montre bien cette correspondance symbolique entre 1laquo invisibleraquo et le laquo transcendant raquo

Le laquo Pieacutedestal raquo sur lequel sont poseacutes les laquo Pieds raquo de Celui qui est assis sur le laquo Trocircne raquo repreacutesente la premiegravere laquo polarishysation raquo ou deacutetermination distinctive en vue de la manifesshytation formelle deacutetermination qui comporte une laquoaffirmashytion raquo et une laquo neacutegation raquo auxquelles correspondent dans le Livre reacuteveacuteleacute le commandement (al-amr) et la prohibition (an-nahicirc)

Le ciel sans eacutetoiles (al-falak al-atlas) est aussi le ciel des douze laquo tours raquo (burucircj) ou laquo signes raquo du zodiaque ceux-ci ne

la hieacuterarchie que nous venons deacutenumeacuterer repreacutesente en elle mecircme un enshysemble complet puisque le Trocircne divin englobe toute la manifestation Cest ce quenseigne Mohyiddin ibn Arabi conformeacutement au Qoran dans les Reacuteveacutelations mecquoises (Al-Futucirchacirct al-makkiyah) dans dautres eacutecrits il parlera de toute une hieacuterarchie de diffeacuterents Trocircnes qui constituent les principaux degreacutes de lExistence informelle

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sont donc pas identiques aux douze constellations zodiacales contenues dans le ciel des eacutetoiles fixes (falak al-kawacirckib ou falak al-manacirczil) mais repreacutesentent des laquo determinations virshytuelles raquo (maqacircdir) de lespace ceacuteleste et ne se diffeacuterencient que par rapport aux laquo stationsraquo ou laquo mansionsraquo (manacirczil) planeacuteshytaires projeteacutees sur le ciel des eacutetoiles fixes Il y a lagrave un Foint tregraves important pour la compreacutehension de lastrologie arabe et occidentale nous y reviendrons plus loin

La cosmologie traditionnelle ne fait pas de diffeacuterence explishycite entre les cieux planeacutetaires dans leur reacutealiteacute corporel~e et visible et ce qui leur correspond dans lordre subtil car le symbole sidentifie essentiellement agrave la chose symboliseacutee et il ny a lieu de faire une distinction entre lun et lautre que lagrave ougrave cette distinction peut pratiquement se faire et que par suite laspect deacuteriveacute peut ecirctre pris seacutepareacutement pour le tout comme il arrive lorsque la forme corporelle dun ecirctre vivant est prise pour lecirctre entier or dans le cas des rythmes planeacutetaires - car ce sont eux qui constituent les diffeacuterents laquo cieux raquo - cette distinction ne peut ecirctre faite que par lapplication theacuteorique de conceptions meacutecaniques eacutetrangegraveres agrave la mentaliteacute contemplative des civilisations traditionnelles (1)

Les sphegraveres planeacutetaires sont donc agrave la fois des parties du monde corporel et des degreacutes du monde subtil le Ciel sans eacutetoiles qui est lextrecircme limite du monde sensible enveloppe symboliquement tout leacutetat humain y compris tous les laquoproshylongements raquo supeacuterieurs de cet eacutetat le Sheikh al-akbar sitle

1 Ainsi les Indiens de lAmeacuterique du Nord qui ne font pas de theacuteories sur leacutelectriciteacute peuvent voir dans leacuteclair la puissance mecircme de lOiseau shyTonnerre qui est lEsprit divin dans la manifestation macrocosmique il y a mecircme des cas ougrave la percussion de leacuteclair confegravere des puissances spirituelles ce qui ne serait pas possible chez des Europeacuteens qui ont lhabitude de seacutepashyrer mentalement ls formes sensibles de leurs archeacutetypes surnaturels

en eEfet les eacutetats paradisiaques entre le ciel des eacutetoiles fixes et le ciel sans eacutetoiles - ou ciel des laquo Tours raquo zodiacales - les paradis supeacuterieurs touchant pour ainsi dire agrave lexistence inforshymelle tout en restant circonscrits par la forme subtile de lecirctre humain (1) Le ciel des toursraquo zodiacales est donc par rapshyport agrave leacutetat humain inteacutegral le laquo lieuraquo des archeacutetypes

Ce qui se situe au delagrave du ciel des eacutetoiles fixes entre ceshylui-ci et le ciel sans eacutetoiles se maintient dans la dureacutee pure tandis que ce qui est en dessous du ciel des eacutetoiles fixes est soumis agrave la geacuteneacuteration et agrave la corruption Il peut sembler eacutetrange que la sphegravere du ciel suprecircme qui est le primum mobile) soit identifieacute au monde incorruptible alors que le mouvement eacutevolue neacutecessairement dans le temps Mais ce dont il faut tenir compte ici cest que la reacutevolution du ciel le plus vaste eacutetant elle-mecircme la mesure fondamentale du temps suivant laquelle tout autre mouvement est mesureacute ne saurait ecirctre elle-mecircme susceptible de mesure temporelle ce qui corshyrespond agrave lindiffeacuterenciation de la dureacutee pur~ De mecircme que les mouvements concentriques des astres se difrfeacuterencient dans lordre de leur deacutependance successive de mecircme la condition temporelle se preacutecise et se contracte en quelque sorte dans la mesure ougrave elle interfegravere avec la condition spatiale et par anashylogie les diffeacuterentes sphegraveres du monde planeacutetaire - ou plus

1 Il sagit de la deacutefinition cosmologique des eacutetats paradisiaques et non de leur symbolisme implicite qui fait que leurs descriptions peuvent ecirctre transposeacutees aux degreacutes les plus hauts de lexistence et mecircme dans lEtre pur puisquon parle en langage soufique dun paradis de lEssence (djannat adhshydhacirct)

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exactement les rythmes de leurs reacutevolutions seacutechelonnant agrave partir des limites indeacutefinissables de lespace jusquau milieu terrestre peuvent ecirctre consideacutereacutes comme autant de degreacutes sucshycessifs de la laquo contractionraquo temporelle (2)

2 Pour cette raison la hieacuterarchie astrologique des deux planeacutetaires situe Mercure entre Veacutenus et la Terre pLIcircsque Mercure se meut plus rapideshyment que Veacutenus et ceci bien que Veacutenus soit plus pregraves de la Terre et Mercure plus pregraves du SoleiL

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II

Le symbolisme astrologique reacuteside dans les laquopoints de jonctionraquo des conditions fondamentales du monde sensible et notamment dans les jonctions du temps de lespace et du nomshybre On sait que la deacutefinition des reacutegions ou parties de la grande sphegravere du ciel sans eacutetoiles au moyen des pointsmiddot de repegravere quoffrent les eacutetoiles fixes coiumlncide en astronomie avec la deacutefinition des divisions du temps Or la sphegravere-limite du ciel nest mesurable quen raison des directions de lespace lorshysquon parle des parties du ciel on ne fait que deacutefinir des dircctions dautre part celles-ci sont lexpression de la nature qualitative de lespace de faccedilon agrave ce que les limites de lindeacuteshyfini spatial se reacuteintegravegrent en quelque sorte dans laspect qualishytatif cn question lensemble des directions qui rayonnent dun centre contenant virtuellement toutes les deacuteterminations spashytiales possibles (1) Leacutepanouissement extrecircme et indeacutefini de ces directions est la voucircte du ciel non-eacutetoileacute et leur centre est chaquc ecirctre vivant qui se trouve sur terre sans que la laquo perspecshytive gtgt des directions diffegravere dun individu agrave lautre puisque nos

1 Cf le chapitre sur lespace qualificirceacute dans Le regravegne de la quantiteacute et 1er 11111 dt temps oc Reneacute Gueacutenon

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axes visuels coiumlncident sans se confondre lorsque nous fixons un mecircme point de la voucircte ceacuteleste - en quoi sexprime eacutevishydemment une coiumlncidence du point de vue microcosmique avec le laquo point de vueraquo macrocosmiqueraquo (2) Il faut distinguer ces directions laquo objectives raquo cest-agrave-dire eacutegales pour tous les ecirctres terrestres consideacuterant le ciel au mecircme instant temporel et les directions quon peut appeler laquosubjectives raquo parce quelles sont deacutetermineacutees par le zeacutenith et le nadir individuel nous feshyrons remarquer en passant que cest preacuteciseacutement la comparaishyson entre ces deux ordres de directions de lespace ceacuteleste qui est agrave la base de lhoroscope Lindeacutefiniteacute des directions de lesshypace est en elle-mecircme indiffeacuterencieacutee nous voulons dire quelle contient virtuellement toutes les relations spatiales possibles sans quon puisse les deacutefinir Mais les qualiteacutes de ces directions de lespace ceacuteleste sont interdeacutependantes nous entendons par

2 Cette coiumlncidence des perspectives na pas seulement lieu lorsquon envisage un point du ciel-limite )Tlais deacutejagrave qual1d on fixe une planegravete Elle secprime dans lexpeacuterience courante selon laquelle chaque spectateur qui regarde le soleil se lever ou se coucher au delagrave dune surface deau voit la voie des rayons refleacuteteacutes dans leau venir directement vers lui lorsque le spectateur se deacuteplace cette voie lumineuse le suit - Signalons en passant lue les Indiens de lAmeacuterique du Nord considegraverent ce chemin lumineux projeteacute sur leau par les rayons du soleil couchant comme le sentier des acircmes vers le monde des ancecirctres en effet on peut y voir comme une projection horizontale du rayon solaire qui selon le symshybolisme hindou repreacutesente le lien par lequel chaque ecirctre particulier se ratshytache directement agrave son principe On sait que les textes sacreacutes de lHinshydouisme deacutecrivent ce rayon comme allant de la couronne de la tecircte au soleil Le mecircme symbolisme - impliquant agrave la fois lideacutee dun lien direct et celle de la Voie Divine - se retrouve dans ce passage de la Sourate Hucircd Il nexiste pas decirctre vivant quIl (Allah) ne tient pas par son toupet en veacuteriteacute mon Seigneur est sur une voie droite - Comme la Voie Divine la direction qui va dun ecirctre terrestre quelconque agrave un point deacuteshytermineacute de la voucircte ceacuteleste est agrave la fois unique pour chacun et une pour tous

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lagrave que degraves quune direction de lespace ceacuteleste - ou le point de la sphegravere-limite qui lui correspond - est deacutefini tout lensemble des autres directions se diffeacuterencie et se polarise par rapport agrave celle-lagrave Cest dans ce sens que le Maicirctre dit que les divisions du ciel non-eacutetoileacute ou ciel des laquotoursraquo zodiacales sont des laquo deacuteterminations virtuellesraquo qui ne se diffeacuterencient que par rapport au ciel des laquo stationsraquo des astres Or les points fixes du ciel des stations sont avant tout les pocircles respectifs de la reacutevolution diurne du ciel (ou de la terre) et du cycle annuel du soleil et par conseacutequent les points que la divergence de ces pocircles deacutetermine sur leacutecliptique cest-agrave-dire les deux eacutequinoxes points dintersection de lorbite solaire avec leacutequateur dune part et les deux solstices points extrecircmes des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire dautre part Degraves que ces quatre points de leacutecliptique sont fixeacutes les huit autres divisions zodiacales leur reacutepondent en raison des partitions tershynaires et seacutenaires qui sont naturellement inheacuterentes au cercle ainsi que lexprime le rapport entre le rayon et les proportions de lhexagone inscrit dans le cercle Il se produit alors comme une cristallisation spontaneacutee des relations spatiales chaque point du quaternaire eacutevoquant deux autres points dun trigoshyne qui agrave leur tour reacutepegravetent la relation en laquo carreacute raquo de faccedilon agrave ce que la division du cercle par quatre se trouve inteacutegreacutee et compenseacutee par une synthegravese laquo congeacutenitaleraquo agrave la nature laquo unishyverselle raquo du cycle suivant la formule 3 X 4 = 4 X 3 = 12

Si les deux -grands cercles celui de leacutequateur ceacuteleste et celui du cycle solaire coiumlncidaient les saisons ne se manifesshyteraient pas La divergence des deux grands cycles ceacutelestes exprime donc de toute eacutevidence la rupture deacutequilibre qui deacuteshyclenche un certain ordre de manifestation cest-agrave-dire de conshytrastes et de compleacutementaires et les quatre points cardinaux d(lttcrmineacutes par cette divergence sont bien les marques de ces

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contrastes Ibn Arabi identifie le quaternaire zodiacal avec celui des qualiteacutes ou tendances fondamentales de la Nature totale ou universelle (at-tabiuml ah) qui est la racine de toutes les diffeacuterenciations Ajoutons afin de preacutevenir tout malentendu que la Nature totale telle que lenvisage le Maicirctre nest pas la Substance universelle comme telle premier principe passif que la doctrine hindoue appelle Prakriti et que Mohyiddicircn ibn Arabi deacutesigne soit par le terme de al-habacirc (ltlt Substanceraquo) soit par celui de al- unccedilur al-a zam (ltlt Eleacutement suprecircmeraquo) mais elle en est une deacutetermination directe envisageacutee plus particushyliegraverement sous son aspect de laquomaterniteacuteraquo agrave leacutegarmiddotd des creacutea-

Geacuteneacuteration du duodeacutenaire zodiacal par Je carreacute et le trigone

tures La Nature universelle non manifesteacutee en elle-mecircme se manifeste par quatre qualiteacutes ou tendances fondamentales qui apparaissent dans lordre sensible comme chaleur et froid

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seacutecheresse et humiditeacute La chaleur et le froid sont des qualiteacutes actives opposeacutees lune agrave lautre elles se manifestent aussi comme force expansive et force contractive elles deacuteterminent le couple des qualiteacutes passives la seacutecheresse et lhumiditeacute (1) Rapporteacutes aux quatre points cagraverdinaux du zodiaque le froid correspond aux deux solstices qui reflegravetent en quelque sorte la contraction polaire tandis que la chaleur correspond aux 1 deux eacutequinoxes qui se situent sur leacutequateur diapason de 1 lexpansion des mouvements ceacutelestes De ce fait les signes cardinaux se succegravedent par contrastes mais les qualiteacutes passhysives de la seacutecheresse et de lhumiditeacute en relient deux couples Les quatre tendances ou qualiteacutes de la Nature se joignent deux agrave deux dans la nature des quatre eacuteleacutements ou fondements du monde sensible produits agrave partir de la substance terrestre la terre est froide et segraveche leau est froide et humide lair est humide et chaud le feu est chaud et sec Si lon attribue ces qualiteacutes eacuteleacutementaires aux signes du zodiaque disant que le Beacutelier est de nature igneacutee le Cancer aqueux la Balance aeacuterienshyne et le Capricorne terrien il faut tenir compte du fait que le zodiaque ne comporte que les modegraveles ceacutelestes des quatre eacuteleacutements et que ces modegraveles restent composeacutes des quatre tenshydances de la Nature totale ainsi que le fait remarquer Mer hyiddicircn ibn Arabi

Le quaternaire des tendances fondamentales de la Nature totale doit ecirctre multiplieacute selon Mohyiddicircn ibn Arabi par le ternaire dont le paregravedre cosmique sont les trois mouvements ou orientations principielles de lIntellect premier ou Esprit universel ( al-Aql) ou encore sous un altre rapport les trois mondes cest-agrave-dire le monde preacutesent le monde futur et

1 La meacutedecine traditionnelle du monde musulman reacuteduit toutes les mashy

ladies agrave autant de manifestations deacuteseacutequilibreacutees de ces quatre tendances

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leacutetat intermeacutediaire du barzakh (1) Les vrois mouvements ou orientations de lEsprit sont le mouvement descendant qui seacuteloigne apparemment du Principe et qui mesure la proshyfondeur (al-umq) du possible le mouvement expansif qui en mesure lampleur ou la largeur (al-urd) le mouvement du retour vers lorigine qui se dirige dans le sens de lexaltashytion ou de la hauteur (at-tucirct) Ce ternaire de lEsprit est supeacuteshyrieur au quaternaire de la Nature sil apparaicirct ici en deuxiegraveme lieu cest que la diffeacuterenciation du ciel des archeacutetypes zodiashycaux procegravede des contrastes manifesteacutes pour aboutir agrave leur reacuteinteacutegration dans la synthegravese parfaite Par suite de cette reacuteinteacutegration ou multiplication tous les points di zodiaque qui se trouvent en relation de trigone ont la mecircme nature eacuteleacutemenshytaire mais se distinguent par les qualiteacutes relevant du ternaire de lEsprit et tous les points qui se trouvent en relation de

carreacute ont la mecircme qualiteacute spirituelle mais se diffeacuterencient par 1 les contrastes eacuteleacutementaires De lagrave on peut deacutejagrave deacuteduire les difshy

feacuterents caractegraveres des laquo aspects raquo ou positions reacuteciproques des planegravetes sur leacutecliptique la relation en angle droit signifie neacutecessairement contraste de mecircme que lopposition signifie opposition le trigone est lexpression dune synthegravese parfaite et le sextile cest-agrave-dire la position en angle de 60 degreacutes exprimegrave une affiniteacute Appliqueacutes agrave la nature du cycle les trois mouvements principie1s de lEsprit ne peuvent plus ecirctre comshypareacutes aux trois dimensions de la profondeur de lampleur et de la hauteur mais ils apparaissent suivant une reacuteflexion ccedilonshyforme agrave cette nature la seule tendance qui se manifeste dishyrectement dans lordre cyclique est celle de lexpansion dans lampleur car le cycle est avant tout limage du deacuteveloppeshy

1 Sur les diffeacuterentes significations de ce terme voir notre article Du Barzakh dans Etudes Traditionnelles deacutecembre 1937

ment de toutes les possibiliteacutes impliqueacutees dans lampleur dun degreacute de manifestation En conformiteacute avec ceci les signes cardinaux reacutegions critiques du cycle solaire sont appeshyleacutes laquo mobiles raquo (munqalib) cest-agrave-dire dynamiques ou expanshysifs Quant au mouvement descendant de lEsprit il se traduit dans lordre cyclique par la fixation (sukucircn) car cest en raison de ce laquo mouvementraquo que le monde subsiste comme tel Enfin le mouvement spirituel du retour vers lorigine se reflegravete dans le plan du cycle zodiacal par la synthegravese des deux autres orienshytations et les signes qui lui sont coordonneacutes sont appeleacutes laquo doublesraquo ou laquo syntheacutetiquesraquo (dhucirc ishtiracirch) Nous devons faire remarquer en passant qui ces deacuteterminations ternaires du Zodiaque relegravevent dune toute autre perspective que le symbolisme des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire symbolisme qui peut eacutevidemment ecirctre rattacheacute aux deux mouvements ou orientations opposeacutees de lEsprit mais il sagit ici dun dualisme qui se rapporte au mouvement cyclique tandis que le ternaire que nous venons de deacutecrire se rapporte agrave la deacutetermination laquo existentielleraquo du cycle lexpresshysion de laquomouvement raquo pour indiquer les orientations de lEsprit universel devant ecirctre pris dans un sens purement symbolique

Quant aux correspondances avec les trois mondes ou deshygreacutes de lexistence humaine telles quelles apparaissent dans le symbolisme des fonctions angeacuteliques auxquelles se rapporshytent les douze signes zodiacaux symbolisme que nous avons extrait du livre laquo Le lien qui retient le partantraquo (Uqlat al-musshytawfiz) de Mohyiddicirc ibn Arabicirc quant agrave ces correspondances disons-nous elles doivent ecirctre comprises agrave partir des reflets du terrain intellectuel dans la nature du cycle et suivant la perspective de la production de ces trois mondes Ceci explique pourquoi ce ne sont pas les signes laquo syntheacutetiques raquo attribueacutes

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agrave lorientation ascendante de lEsprit qui reacutegissent le monde relativement supeacuterieur cest-agrave-dire les degreacutes intemporels de leacutetat humain mais les signes laquofixes raquo par contre il est eacutevishydent que ce sont les signes laquomobilesraquo qui se rapporten~ au deacuteveloppement des eacutetats de ce monde-cL Quant aux signes syntheacutetiques ou laquo doubles raquo ils correspondent au monde intershymeacutediaire (le barzakh de la la theacuteologie islamique le purgatoire chreacutetien et le bardo des thibeacutetains) ou encore suivant une perspective quelque peu diffeacuterente agrave la synthegravese de limmushytabiliteacute spirituelle et de lexpansiviteacute psychique dans le comshyposeacute corporel - agrave linstar de la production du sel alchimique parlunion du soufre et du mercure

1 - Signes mobiles

Le Beacutelier est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des qualiteacutes et des accidents

Le Cancer est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation de ce bas monde

La Balance est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des eacutetats (eacutepheacutemegraveres) et des changements

Le Capricorne est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef du jour et de la nuit

II - Signes fixes

Le Taureau est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du paradis et de lenfer et il est sous la terreur de la Majesteacute (haybah)

Le Lion est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange

est geacuteneacutereux (Karicircm) il deacutetient la clef de la creacuteation du monshyde futur

Le Scorpion est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du feu (infernal)

La Verseau est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange est geacuteneacutereux et sous la terreur de la Majesteacute il deacutetient la clef des esprits

III Signes syntheacutetiques

Les Geacutemeaux sont de nature chaude et humide (aeacuterienne) Leur ange reacutegit les corps en communion avec les recteurs des autres signes doubles il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des meacutetaux

La Vierge est de nature froide et segraveche (terrestre) Son ange reacutegit en communion avec les altres signes doubles les corps et en particulier les corps humains

Le Sagittaire est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange est geacuteneacutereux il reacutegit les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des plantes

Les Poissons sont de nature troide et humide (aqueuse) Leur ange reacutegit en communion avec les autres anges des corps les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des animaux

Nous avons maintenant exposeacute dans ses geacuteneacuteraliteacutes la diffeacuterenciation des douze reacutegions zodiacales du ciel-limite agrave partir des points fixes du cycle solaire Nous ferons encore remarquer que cette faccedilon de concevoir la division du zodiashyque justifie la maniegravere employeacutee couramment dans lastrologie arabe et occidentale pour situer les douze signes cette mashyniegravere consiste agrave compter douze parties eacutegales agrave partir de lequishy

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noxe de printemps abstraction faite de la situation des consshytellations portant les mecircmes noms que les signes car en raison de la preacutecession des eacutequinoxes dont chacune fait le tour du ciel entier en 26000 ans environ il sest produit un deacutecashylage de presque un laquosigneraquo entier entre la situation des constellations et des parties du zodiaque ayant le mecircme nom la constellation du Beacutelier par exemple se trouve aujourdhui dans le laquo signeraquo du Taureau On peut donc soulever la quesshytion de savoir si les formes de ces groupements deacutetoiles fixes qui ont eacuteteacute agrave lorigine des points de repegravere pour la deacutetermishynation des douze parties du cycle solaire sont indiffeacuterentes par rapport agrave la signification de celles-ci or il y a sucircrement analogie entre la deacutenomination des signes zodiacaux et ces groupements deacutetoiles sur leacutecliptique la constellation des Geacuteshymeaux se caracteacuterise effectivement par un couple deacutetoiles jushymelles celle du Taureau comporte un triangle semblable agrave la tecircte de lanimal et les formes du Scorpion ou du Lion peuvent ecirctre reconnues dans les constellations du mecircme nom bien que dautres interpreacutetations de ces groupements soient eacutegalement concevables Il est dailleurs fort bien possible que lors de la premiegravere fixation des symboles astrologiques les ressemblances furent plus frappantes car certaines eacutetoiles laquo fixesraquo ont ducirc se deacuteplacer depuis cette eacutepoque fort lointaishyne (1) ainsi que le fait remarquer Mohyiddicircn ibn Arabicirc en se reacutefeacuterant agrave certaines repreacutesentations stellaires sur des monuments de lEgypte ancienne A leur origine les images symboliques attribueacutees aux douze parties du cycle solaire devaient preacutesen-

L La derniegravere coiumlncidence des signes zodiacaux avec les constellations de mecircme nom eucirct lieu dans les premiers siegravecles de legravere chreacutetienne mais il est probable que la deacutenomination des douze constellations date dune coiumlncidence preacuteceacutedente Nous allons revenir sur cette question

ter une synthegravese entre dune part les significations spmshytuelles de ces deacuteterminations de lespace ceacuteleste et dautre part les interpreacutetations possibles des groupes deacutetoiles des douze constellations les premiers jouant un rocircle essentiel et les combinaisons latentes des groupes deacutetoiles - y comshypris leurs couleurs et leurs intensiteacutes un rocircle potentiel une fois la fixation opeacutereacutee elle simprimait dans la meacutemoire collective en raison de son originaliteacute agrave la fois spirituelle et imaginative et cest lagrave du reste une image particuliegraverement adeacutequate dun certain ordre dinspirations

Dun autre cocircteacute la preacutecession des eacutequinoxes qui constishytue le cycle astronomique majeur doit neacutecessairement jouer un rocircle dans le symbolisme astrologique et le deacuteplacement des constellations zodiacales doit faire partie de sa signifishycation sur laquelle nous aurons agrave revenir par la suite

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III

Le ciel des eacutetoiles qui est contenu dans la sphegravere des laquotoursraquo du zodiaque est appeleacute le ciel des laquo stationsraquo (manacirczil) parce que les mouvements des planegravetes se projettent sur lui Les sept planegravetes qui repreacutesentent les intermeacutediaires cosmiques entre le monde immuable des archeacutetypes et le mishylieu terrestre actualisent par leurs rythmes combineacutes et par les positions reacuteciproques qui en reacutesultent les relations spashytiales virtuellement contenues dans la sphegravere indeacutefinie du cielshylimite sphegravere qui nest rien dautre que la totaliteacute des dishyrections de lespace et par lagrave limage de lunivers (1) Les astrologues modernes veulent que les planegravetes agissent sur la terre par un rayonnement de forces et ils entendent cela dans un sens mateacuteriel ou quasi-mateacuteriel car il est ineacutevitable quil introduisent dans lastrologie quelque chose des conshyceptions modernes de la causaliteacute cest alors que les reacutesidus de cette science prennent lallure dune veacuteritable superstition Le besoin de causaliteacute deacutepend des preacuteoccupations geacuteneacuterales dune eacutepoque il est vrai quil est toujours dessence logique

1 Dougrave la deacuterivation eacutetymologique du terme univers de orbis unIcircversum

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car ce qU1 confegravere agrave un enchaicircnement causal son caractegravere conshyvaincant reacuteside autant dans luniteacute de lesprit que dans la nashyture des choses mais en mecircme temps le besoin de deacutepend substantiellement du niveau mental il est meacutecaniste ou imaginatif raisonnant ou intuitif Comme lhorizon mental nenglobe agrave la fois quun certain ordre de reacutealiteacutes largument causal dune eacutepoque mentalement diffeacuterente apparaicirct insuffisant ou mecircme deacutefectueux quon nen voit que les limites du deacuteveloppement dans le sens dune investigation ulteacuterieure on oublie trop facilement que tout enchaicircnement causal agrave rieur de la manifestation est essentiellement symbolique (1) et que la conception la plus vaste et la plus adeacutequate de causaliteacute est preacuteciseacutement celle qui est consciente de ce symbolishysme et qui considegravere toute chose sous le rapport de laquo lUniteacute de lExistenceraquo (wahdat-al-wudjucircd) Dautre part il faut bien se dire que la veriteacute essentielle dune perspective intellectuelle nempecircche pas que son expression mentale reste sujette agrave la reshylativiteacute des moyens exteacuterieurs de connaissance ainsi par exem-

Mohyiddicircn ibn Arabi affirme du soleil le laquocœur monderaquo quil communique la lumiegravere agrave tous les autres astres y compris les eacutetoiles fixes et quil est lui-mecircme illumineacute par lirradiation directe et incessante dune reacuteveacutelation divine (2) Cette conception est essentiellement vrai en ce sens que toute lumiegravere sensible a sa source dans la lumiegravere intelligible i dont le soleil est le symbole le plus eacutevident est vraie en ce sens que les lumiegraveres de tous les astres sont de mecircme substance comme le reconnaissent dailleurs les astro~omes

1 les causes secondes ne sont que des reflets de la cause premiegravere et nont aucune reacutealiteacute propre

2 Cest un fait significatif que lœil ne peut pas le soleil - qui illumine le monde entier sans en ecirctre eacutebloui

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modernes enfin il est vrai que le soleil communique sa lu-agrave toutes les planegravetes Quant aux eacutetoiles fixes on est aushy

jourdhui convaincu quelles repreacutesentent des sources de lushymiegravere indeacutependantes du soleil et sur ce point la conception de Mohyiddicircn Ibn Arabicirc peut paraicirctre erroneacutee cependant la fonction dun Maicirctre en meacutetaphysique nimplique pas neacutecesshysairement la connaissance distinctive de tous les domaines de

nature et Ibn Arabicirc ne pouvait quenvisager le symbolisme des connaissances astronomiques telles quelles se preacutesentaient agrave lui Cela ne veut certes pas dire que sa theacuteorie ne soit plus valable degraves quon accepte que les eacutetoiles fixes sont des lumiegraveres autonomes dans lordre sensible car la distinction entre lenshysemble des astres reacutegis par le soleil et la multitude des eacutetoiles

apparaicirct seulement comme une diffeacuterenciation du mecircme symbolisme en ce sens que le soleil repreacutesente le centre du rayonnement de la lumiegravere divine pour un monde deacutetermineacute tandis que les eacutetoiles fixes symbolisent les interfeacuterences de la lumiegravere dun monde supeacuterieur mai~ mecircme dans ce cas on pourshyra dire que la lumiegravere qui rayonne du soleil est la mecircme que celle qui illumine tous les corps ceacutelestes

Cette sur les diffeacuterentes perspectives selon lesshyquelles on peut envisager la causaliteacute cosmique eacutetait neacutecesshysaire pour situer le rocircle des planegravetes dans lastrologie et pour faire comprendre ce quon doit entendre par linfluence de leur rayonnement Quel que puisse ecirctre mateacuteriel ou subshytil de leurs rayons la peacuteneacutetration contemplative de la laquo physioshygnomieraquo du cosmos les considegravere plus directement comme ( des modes de lIntellect dans sa manifestation macrocosmique modes qui reacutealisent ou mesurent les possibiliteacutes contenues dans la sphegravere indeacutefinie Lespace ceacuteleste dans lequel les planegravetes deacutecrivent leurs reacutevolutions repreacutesente en quelque sorte les limiddot mites extrecircmes du monde sensible et ces limites sont inverseshy

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ini bn dli ilililH~Hj iUill HHHijHHmH~j~mlllij~umli

ment analogues au centre qui est lhomme lui-mecircme comme nous lavons deacutejagrave fait remarquer en consideacuterant le caractegravere laquo objectifraquo des directions spatiales rayonnant de chaque ecirctre humain vers les mecircme points du ciel-limite (1) en raison de cette analogie inverse les modes de lIntellect cosmique que repreacutesentent les astres sont laquo existentielsraquo au lieu decirctre laquo inshytelligents raquo ce dernier mot pris dans le sens de lintelligence active manifesteacutee dans lhomme nous nous rapportons ici agrave la polariteacute de 1laquo existenceraquo et de 1laquo intelligenceraquo dans lEtre (2) Cette nature intellectuelle des planegravetes sexprime - toushyjours en raison de la mecircme analogie inverse par rapport agrave telIigence active -dans la reacutegulariteacute et continuiteacute rythmique de leurs mouvements Leur nature lumineuse relegraveve du mecircme symbolisme dautre part la propagation de la lumiegravere est pour ainsi dire laquo geacuteomeacutetriqueraquo et correspond agrave lactualisation des directions et des relations spatiales Il faut dailleurs bien comshyprendre que ce symbolisme nenvisage pas la situation des plashynegravetes dans lespace quantitativement mesurable leurs laquoasshypects raquo se deacuteterminent par leur projection sur le zodiaque cest-agrave-dire en raison des directions de lespace dont le centre est lecirctre humain terrestre quant aux directions de lespace leur deacutefinition nest eacutevidemment pas quantitative mais toujours relative agrave luniteacute indivisible de la sphegravere indeacutefinie du ciel extrecircme

1 On nous objectera peut-ecirctre que les directions que nous appelons4lt obshyjectives ne relegravevent que de la subjectiviteacute collective mais dans lordre de la perception sensible directe et spontaneacutee sur laquene se fonde le symbolisme en question cette subjectiviteacute collective est eacutequivalente dobjectivicircteacute Voit agrave ce propos ce que dit Frithjof Schuon dans son article Fataliteacute et Progregraves passhysage que nous avons reprenduit en note au deacutebut de cette eacutetude

2 Cf larticle de Frithjof Schuon Transcendance et universaliteacute de leacutesoshyteacuterisme dans Etudes Traditionnelles oct-nov 1945

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De tous les astres laquomobiles raquo il ny a que le soleil et lune dont les mouvements puissent ecirctre repreacutesenteacutes par des cercles reacuteguliers sur le ciel des eacutetoiles fixes car les orbites apshyparentes des autres planegravetes sont agrave la fois reacutegies par le centre solaire et le centre terrestre de faccedilon quelles eacutevoluent en des mouvements combineacutes Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se reacutepartissent dune faccedilon ineacutegale mais rythmique sur les douze parties du zodiaque et que lon compte agrave partir de leacutequinoxe du printemps Le veacuteritable commencement du cycle lunaire qui sexprime dans la succession des lunaisons ne coiumlncide pas toujours avec le point de leacutequinoxe car les deux points tersection de lorbite lunaire avec le cycle solaire que lon apshypelle la laquo tecircteraquo et la laquo queueraquo du dragon deacutecrivent en 18 ans le tour de tout le laquo ciel des stations raquo La fixation des manshysions de la lune consiste donc en une sorte dabreacutegeacute symbolique des rythmes veacuteritables (1)

Dans les rapports des mansions lunaires avec le zodiaque se manifeste un symbolisme numeacuterique eacutevident nous avons monshytreacute comment le duodeacutenaire zodiacal se preacutesente comme le proshyduit de la multiplication du quaternaire par le ternaire or la

multiplication symbolise le mode de distinction propre au monde des archeacutetypes car ceux-ci ne se diffeacuterencient pas par exclusion mutuelle mais agrave linstar de miroirs oui se reflegravetent les

1 Lastrologie hindoue ne compte que 27 mansions lunaires le parcours de la lune autour du ciel ne seffectuant pas en un nombre de jours de faccedilon que labreacutegeacute symbolique de son cycle peut-ecirctre ou bien porteacute agrave 28 ou reacuteduit a 27 jours Dautre part les astrologues hindous ne situent pas le deacuteshybut du cycle lunaire au point vernal actuel mais au point du ciel des eacutetoiles fixeacutees qui coiumlncidait agrave leacutepoque de la derniegravere coiumlncidence entre les signes zodiacaux et les constellations synonymes avec leacutequinoxe du printemps Nous allons revenir sur cette diffeacuterence des ooints de vue

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l

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

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remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 3: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

fication spontaneacutee des apparences - constantes et rythmiques du monde sensible avec leurs prototypes eacuteternels corresshy

pondent en effet agrave une mentaliteacute encore primitive au sens propre et positif de ce terme Cette primordialiteacute implicite du symbolisme astrologique se rallume au contact de la spirituashyliteacute directe et universelle dun eacutesoteacuterisme vivant comme le scintillement dune pierre preacutecieuse sallume lorsquelle est exposeacutee aux rayons dune lumiegravere

Mohyiddicircn ibn Arabi enchacircsse les donneacutees de lastrologie hermeacutetique dans leacutedifice de sa cosmologie quil reacutesume moshy

un scheacutema de sphegraveres concentriques en prenant comshyme point de deacutepart et comme terme de comparaison le sysshytegraveme geacuteocentrique du monde planeacutetaire tel que le concevait lastrologie meacutedieacutevale La polarisation laquo subjectiveraquo de ce sysshytegraveme nous voulons dire le fait que la position terrestre de lecirctre humain sert de point fixe auquel seront rapporteacutes tous les mouvements des astres - symbolise ici le rocircle central de lhomme dans lensemble cosmique dont lhomme est comme laboutissement et le centre de graviteacute Cette perspective symshybolique ne deacutepend naturellement pas de la reacutealiteacute purement physique ou spatiale la seule quenvisage lastronomie moshyderne du monde des astres le systegraveme geacuteocentrique eacutetant conforme agrave la reacutealiteacute telle quelle se preacutesente immeacutediatement aux yeux humains il possegravede en lui-mecircme toute la coheacuterence logique quun ensemble de connaissances doit avoir pour poushyvoir constituer une science exacte La deacutecouverte du systegraveme heacuteliocentrique qui correspond agrave un deacuteveloppement possible et homogegravene mais tregraves particulier de la connaissance empirishyque du monde sensible ne saurait eacutevidemment jamais rien prouver contre la position centrale de lecirctre humain dans le cosmos seulement la possibiliteacute de concevoir le monde plashyneacutetaire comme si on le contemplait dune position non hushy

10

L

maine et mecircme comme si on pouvait faire abstraction de lexistence de lecirctre humain - dont la conscience reste pourshytant le laquo contenantraquo de toutes ces conceptions avait promiddot duit un deacuteseacutequilibre intellectuel qui montre bien quune extenshysion laquoartificielleraquo de la connaissance empirique a quelque chose danormal et quelle est intellectuellement non seuleshyment indiffeacuterente mais mecircme nuisible (1) La deacutecouverte de lheacuteliocentrisme a eu des effets semblables agrave ceux de certaines vulgarisations deacutesoteacuterisme nous pensons ici surtout agrave ces inversions de point de vue qui sont propres agrave la speacuteculation eacutesoteacuterique (2) la confrontation des symbolismes respectifs

1 laquo Les li erreurs sciemifiques dues agrave une subjectiviteacute collective par exemple celle du genre humain et des ecirctres terrestres en geacuteneacuteral voyant le soleil eacutevoluer autour de la terre traduisent un symbolisme vrai et parmiddot conseacutequent des ((veacuteriteacutes qui sont eacutevidemment indeacutependantes des simples faits qui les veacutehiculent dune maniegravere toute provisoire lexpeacuterience subiecmiddot

telle que ceIIe que nous venons de mentionner agrave titre dexemple na de toute eacutevidence rien de fortuit Il est leacutegitime pour lhomme dadmettre que la terre est plate puisquelle lest empiriquement par contre il est parshyfaitement inutile de savoir queIIe est ronde puisque ce savoir naioute rien au symbolisme des apparences mais le deacutetruit inutilement et le par un autre qui lui ne saurait exprimer les mecircmes veacuteriteacutes tout en preacutesentant linconveacutenient decirctre contraire lexpeacuterience humaine immeacutemiddot diate et geacuteneacuterale La connaissance des faits pour eux-mecircmes na en dehors des applications scientifiques inteacuteresseacutees aucune valeur autrement dit ou bien lon se situe dans le veacuteriteacute absolue et alors les faits ne sont plus rien ou bien lon se situe sur le terrain des faits et alors on est de toutes fashyccedilons dans lignorance A part cela il faut dire encore que la destruction du symbolisme naturel et immeacutediat des faits - tels que la forme plane de la terre ou le mouvement circulaire du soleil entraicircne de graves inconveacutemiddot nients pour la civilisation ougrave elle se produit comme le montre agrave satieacuteteacute lexemple de la civilisation occidentale raquo (Frithjof Schuon Fataliteacute et proshygregraves dans Etudes traditionnelles)

2 II est des indices qui permettent de supposer que les Pythagoriciens connaissaient deacutejagrave le systegraveme heacuteliocentrique II nest pas exclu que cette

11

des systegravemes geacuteocentriques et heacuteliocentriques montre fort bien cc quest une telle inversion en effet le fait que le soleil source de la lumiegravere des planegravetes est eacutegalement le pocircle qui reacutegit leurs mouvements comporte comme toute chose existante un symbolisme eacutevident et repreacutesente en reacutealishyteacute toujours au point de vue symbolique et spirituel un point dt Vllt compleacutementaire de celui de lastronomie geacuteocenshy

( 1 )

Mohyiddicircn ibn Arabicirc englobe dune certaine faccedilon la vtltlIcircleacute essentielle de lheacuteliocentrisme dans son eacutedifice cosmoshyIOHiqllt comme Ptoleacutemeacutee et comme tout le moyen acircge il illiliiHIlC IlU soleil quil compare au laquo pocircleraquo (qutb) et au laquo cœur dn monderaquo (qalb al-acirclam) une position centrale dans la bieacute-

IIIUllllluutllC sc soit toujours maintenue et que la deacutecouverte de Copernic Ilfl 11 rll reacutealiteacute quune simple vulgarisation comme beaucoup dautres I~lullvrlmiddotlrN dc la Renaissance

l ulrttli sc refegravere dailleurs lui-mecircme dans la preacuteface - adresseacutee au Pape JlIul III de son livre fondamental li Sur les orbites des corps ceacutelestes agrave Ilh ~ltl Ir SyrlItlIse et agrave certaines citations de Plutarque Hiceacutetas eacutetait pythashyNII hlI CIl Aristote dans son livre Du ciel dit que les philosophes italishyI 1 11 011 IIppclle pythagoriciens sont dun avis contraire agrave celui de la Ihlllll tir physiciens car ils affirment que le centre du monde est occupeacute 11111 1 1111 IUlldis que la terre qui est une des eacutetoiles se meut cercle au 111111 hmiddot l rlllll causant ainsi le jour et la nuit Aristarque de Samos 1t11111111111 1 Alexandrie vers 250 av ]-c enseigna eacutegalement le systegraveme hIIIIIII1IIIIr dl~ mecircme AI-Birucircnicirc le ceacutelegravebre compilateur musulman des nltlllI hlll(OIlCS rapporte que certains sages de lInde ont soutenu que 1 111111111 lI11tnllf du soleil

1 1 qlll llld inconciliables les deux systecircmes nest eacutevidemment pas leur tftjjl Il Pl Iitur IIwis la theacuteorie sur la gravitation rattacheacutee au systegraveme heacutelioshyHh~II

11

rarchie des sphegraveres ceacutelestes et cela en comptant un mecircme nombre de cieux supeacuterieurs et de cieux infeacuterieurs au ciet du soleil il amplifie toutefois le systegraveme de Ptoleacutemeacutee en souli gnant encore cette symeacutetrie des sphegraveres par rapport agrave celle du soleil selon son systegraveme cosmologique quil tient proshybablement du Soufi andalou Ibn Masarrah le soleil ne se trouve pas seulement au milieu des six planegravetes connues shyMars (al-Mirikh) Jupiter (al-Mushtaricirc) et Saturne (Zuhul) eacutetant plus eacuteloigneacutes de la terre (al-Ardh) que le soleil (ash

Shams) et Veacutenus (az-Zuhrah) Mercure (al-Utarid) et la LlIIw

H

(al-Qamar) plus rapprocheacutes - mais au delagrave du ciel de Sashyturne se situent encore la voucircte du ciel des eacutetoiles fixes (falak al-kawacirckib) celle du ciel non eacutetoileacute (al-falak al-atlas) et les deux sphegraveres suprecircmes du laquo Pieacutedestalraquo divin (al-Kursicirc) et du laquo Trocircneraquo divin (al-Arsh) sphegraveres concentriques auxquelles correspondent symeacutetriquement les quatre sphegraveres sublunaires de leacutether (al-acircthicircr) de lair (al-hawacirc) de leau (al-macirc) et de la terre (al-ardh) Ainsi se reacutepartissent sept degreacutes de chaque cocircteacute de la sphegravere du soleil le laquo Trocircneraquo divin symbolisant la synthegravese de tout le cosmos et le milieu de la terre en eacutetant agrave la fois laboutissement infeacuterieur et le centre di fixation

Il va sans dire que entre toutes les sphegraveres de cette hieacuteshyrarchie seules les sphegraveres planeacutetaires et celles des eacutetoiles fixes correspondent telles quelles agrave lexpeacuterience sensible encore quil ne faille pas les envisager sous ce seul rapport quant aux sphegraveres sublunaires de leacutether - qui ne signifie pas ici la quintessence mais le milieu cosmique dans lequel se reacutesorbe le feu --de lair et de leau il faut y voir plutocirct une hieacuterarchie theacuteorique suivant les degreacutes de densiteacute que des sphegraveres spatiales Pour ce qui est des sphegraveres suprecircmes du laquo Pieacutedestalraquo et du laquo Trocircneraquo divins le premier conteshynant les cieux et la terre et le second englobant toute chose (1) -leur forme de sphegraveres est purement symbolique et elles marquent en somme le passage de lastronomie agrave la cosmologie inteacutegrale et meacutetaphysique (2) le Ciel sans eacutetoiles (al-falak al-atlas) qui est un laquo vide raquo et qui de ce fait nest

1 Cest ce quenseigne le Qoran Selon une expression du Prophegravete le monde est contenu dans le Pieacutedestal divin et celui-ci dans le Trocircne comme un anneau dans un moule de terre

2 Dans certains scheacutemas symboliques du Sheikh al-akbar on trouve dautres sphegraveres plus vastes que celle du Trocircne ce symbolisme eacutetant naturellement susceptible dune extension plus ou moins grande cependant

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mecircme plus spatial mais marque plutocirct la laquo fin raquo de lespace marque aussi par lagrave mecircme la discontinuiteacute entre le formel et linformel celui-ci apparaicirct en effet comme un laquoneacuteantraquo au point de vue du formel de mecircme que le principiel apparaicirct comme un laquo neacuteantraquo au point de vue du manifesteacute On aura compris que ce passage du point de vue astronomique au point de vue cosmologique ou meacutetaphysique na rien darbishytraire la distinction entre un ciel visible et un ciel eacutechappant agrave notre vue est reacuteelle mecircme si son application nest que symshybolique et l laquo invisibleraquo devient ici spontaneacutement le laquo transshycendant raquo conformeacutement au symbolisme oriental les sphegraveres de la manifestation informelle - le laquo Trocircneraquo et le laquo Pieacutedesshytalraquo - sont appeleacutees expresseacutement le laquomonde invisibleraquo ( acirclam al-ghaiumlb ) J le mot ghaiumlb signifiant tout ce qui est hors de porteacutee de notre vue ce qui montre bien cette correspondance symbolique entre 1laquo invisibleraquo et le laquo transcendant raquo

Le laquo Pieacutedestal raquo sur lequel sont poseacutes les laquo Pieds raquo de Celui qui est assis sur le laquo Trocircne raquo repreacutesente la premiegravere laquo polarishysation raquo ou deacutetermination distinctive en vue de la manifesshytation formelle deacutetermination qui comporte une laquoaffirmashytion raquo et une laquo neacutegation raquo auxquelles correspondent dans le Livre reacuteveacuteleacute le commandement (al-amr) et la prohibition (an-nahicirc)

Le ciel sans eacutetoiles (al-falak al-atlas) est aussi le ciel des douze laquo tours raquo (burucircj) ou laquo signes raquo du zodiaque ceux-ci ne

la hieacuterarchie que nous venons deacutenumeacuterer repreacutesente en elle mecircme un enshysemble complet puisque le Trocircne divin englobe toute la manifestation Cest ce quenseigne Mohyiddin ibn Arabi conformeacutement au Qoran dans les Reacuteveacutelations mecquoises (Al-Futucirchacirct al-makkiyah) dans dautres eacutecrits il parlera de toute une hieacuterarchie de diffeacuterents Trocircnes qui constituent les principaux degreacutes de lExistence informelle

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sont donc pas identiques aux douze constellations zodiacales contenues dans le ciel des eacutetoiles fixes (falak al-kawacirckib ou falak al-manacirczil) mais repreacutesentent des laquo determinations virshytuelles raquo (maqacircdir) de lespace ceacuteleste et ne se diffeacuterencient que par rapport aux laquo stationsraquo ou laquo mansionsraquo (manacirczil) planeacuteshytaires projeteacutees sur le ciel des eacutetoiles fixes Il y a lagrave un Foint tregraves important pour la compreacutehension de lastrologie arabe et occidentale nous y reviendrons plus loin

La cosmologie traditionnelle ne fait pas de diffeacuterence explishycite entre les cieux planeacutetaires dans leur reacutealiteacute corporel~e et visible et ce qui leur correspond dans lordre subtil car le symbole sidentifie essentiellement agrave la chose symboliseacutee et il ny a lieu de faire une distinction entre lun et lautre que lagrave ougrave cette distinction peut pratiquement se faire et que par suite laspect deacuteriveacute peut ecirctre pris seacutepareacutement pour le tout comme il arrive lorsque la forme corporelle dun ecirctre vivant est prise pour lecirctre entier or dans le cas des rythmes planeacutetaires - car ce sont eux qui constituent les diffeacuterents laquo cieux raquo - cette distinction ne peut ecirctre faite que par lapplication theacuteorique de conceptions meacutecaniques eacutetrangegraveres agrave la mentaliteacute contemplative des civilisations traditionnelles (1)

Les sphegraveres planeacutetaires sont donc agrave la fois des parties du monde corporel et des degreacutes du monde subtil le Ciel sans eacutetoiles qui est lextrecircme limite du monde sensible enveloppe symboliquement tout leacutetat humain y compris tous les laquoproshylongements raquo supeacuterieurs de cet eacutetat le Sheikh al-akbar sitle

1 Ainsi les Indiens de lAmeacuterique du Nord qui ne font pas de theacuteories sur leacutelectriciteacute peuvent voir dans leacuteclair la puissance mecircme de lOiseau shyTonnerre qui est lEsprit divin dans la manifestation macrocosmique il y a mecircme des cas ougrave la percussion de leacuteclair confegravere des puissances spirituelles ce qui ne serait pas possible chez des Europeacuteens qui ont lhabitude de seacutepashyrer mentalement ls formes sensibles de leurs archeacutetypes surnaturels

en eEfet les eacutetats paradisiaques entre le ciel des eacutetoiles fixes et le ciel sans eacutetoiles - ou ciel des laquo Tours raquo zodiacales - les paradis supeacuterieurs touchant pour ainsi dire agrave lexistence inforshymelle tout en restant circonscrits par la forme subtile de lecirctre humain (1) Le ciel des toursraquo zodiacales est donc par rapshyport agrave leacutetat humain inteacutegral le laquo lieuraquo des archeacutetypes

Ce qui se situe au delagrave du ciel des eacutetoiles fixes entre ceshylui-ci et le ciel sans eacutetoiles se maintient dans la dureacutee pure tandis que ce qui est en dessous du ciel des eacutetoiles fixes est soumis agrave la geacuteneacuteration et agrave la corruption Il peut sembler eacutetrange que la sphegravere du ciel suprecircme qui est le primum mobile) soit identifieacute au monde incorruptible alors que le mouvement eacutevolue neacutecessairement dans le temps Mais ce dont il faut tenir compte ici cest que la reacutevolution du ciel le plus vaste eacutetant elle-mecircme la mesure fondamentale du temps suivant laquelle tout autre mouvement est mesureacute ne saurait ecirctre elle-mecircme susceptible de mesure temporelle ce qui corshyrespond agrave lindiffeacuterenciation de la dureacutee pur~ De mecircme que les mouvements concentriques des astres se difrfeacuterencient dans lordre de leur deacutependance successive de mecircme la condition temporelle se preacutecise et se contracte en quelque sorte dans la mesure ougrave elle interfegravere avec la condition spatiale et par anashylogie les diffeacuterentes sphegraveres du monde planeacutetaire - ou plus

1 Il sagit de la deacutefinition cosmologique des eacutetats paradisiaques et non de leur symbolisme implicite qui fait que leurs descriptions peuvent ecirctre transposeacutees aux degreacutes les plus hauts de lexistence et mecircme dans lEtre pur puisquon parle en langage soufique dun paradis de lEssence (djannat adhshydhacirct)

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exactement les rythmes de leurs reacutevolutions seacutechelonnant agrave partir des limites indeacutefinissables de lespace jusquau milieu terrestre peuvent ecirctre consideacutereacutes comme autant de degreacutes sucshycessifs de la laquo contractionraquo temporelle (2)

2 Pour cette raison la hieacuterarchie astrologique des deux planeacutetaires situe Mercure entre Veacutenus et la Terre pLIcircsque Mercure se meut plus rapideshyment que Veacutenus et ceci bien que Veacutenus soit plus pregraves de la Terre et Mercure plus pregraves du SoleiL

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II

Le symbolisme astrologique reacuteside dans les laquopoints de jonctionraquo des conditions fondamentales du monde sensible et notamment dans les jonctions du temps de lespace et du nomshybre On sait que la deacutefinition des reacutegions ou parties de la grande sphegravere du ciel sans eacutetoiles au moyen des pointsmiddot de repegravere quoffrent les eacutetoiles fixes coiumlncide en astronomie avec la deacutefinition des divisions du temps Or la sphegravere-limite du ciel nest mesurable quen raison des directions de lespace lorshysquon parle des parties du ciel on ne fait que deacutefinir des dircctions dautre part celles-ci sont lexpression de la nature qualitative de lespace de faccedilon agrave ce que les limites de lindeacuteshyfini spatial se reacuteintegravegrent en quelque sorte dans laspect qualishytatif cn question lensemble des directions qui rayonnent dun centre contenant virtuellement toutes les deacuteterminations spashytiales possibles (1) Leacutepanouissement extrecircme et indeacutefini de ces directions est la voucircte du ciel non-eacutetoileacute et leur centre est chaquc ecirctre vivant qui se trouve sur terre sans que la laquo perspecshytive gtgt des directions diffegravere dun individu agrave lautre puisque nos

1 Cf le chapitre sur lespace qualificirceacute dans Le regravegne de la quantiteacute et 1er 11111 dt temps oc Reneacute Gueacutenon

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axes visuels coiumlncident sans se confondre lorsque nous fixons un mecircme point de la voucircte ceacuteleste - en quoi sexprime eacutevishydemment une coiumlncidence du point de vue microcosmique avec le laquo point de vueraquo macrocosmiqueraquo (2) Il faut distinguer ces directions laquo objectives raquo cest-agrave-dire eacutegales pour tous les ecirctres terrestres consideacuterant le ciel au mecircme instant temporel et les directions quon peut appeler laquosubjectives raquo parce quelles sont deacutetermineacutees par le zeacutenith et le nadir individuel nous feshyrons remarquer en passant que cest preacuteciseacutement la comparaishyson entre ces deux ordres de directions de lespace ceacuteleste qui est agrave la base de lhoroscope Lindeacutefiniteacute des directions de lesshypace est en elle-mecircme indiffeacuterencieacutee nous voulons dire quelle contient virtuellement toutes les relations spatiales possibles sans quon puisse les deacutefinir Mais les qualiteacutes de ces directions de lespace ceacuteleste sont interdeacutependantes nous entendons par

2 Cette coiumlncidence des perspectives na pas seulement lieu lorsquon envisage un point du ciel-limite )Tlais deacutejagrave qual1d on fixe une planegravete Elle secprime dans lexpeacuterience courante selon laquelle chaque spectateur qui regarde le soleil se lever ou se coucher au delagrave dune surface deau voit la voie des rayons refleacuteteacutes dans leau venir directement vers lui lorsque le spectateur se deacuteplace cette voie lumineuse le suit - Signalons en passant lue les Indiens de lAmeacuterique du Nord considegraverent ce chemin lumineux projeteacute sur leau par les rayons du soleil couchant comme le sentier des acircmes vers le monde des ancecirctres en effet on peut y voir comme une projection horizontale du rayon solaire qui selon le symshybolisme hindou repreacutesente le lien par lequel chaque ecirctre particulier se ratshytache directement agrave son principe On sait que les textes sacreacutes de lHinshydouisme deacutecrivent ce rayon comme allant de la couronne de la tecircte au soleil Le mecircme symbolisme - impliquant agrave la fois lideacutee dun lien direct et celle de la Voie Divine - se retrouve dans ce passage de la Sourate Hucircd Il nexiste pas decirctre vivant quIl (Allah) ne tient pas par son toupet en veacuteriteacute mon Seigneur est sur une voie droite - Comme la Voie Divine la direction qui va dun ecirctre terrestre quelconque agrave un point deacuteshytermineacute de la voucircte ceacuteleste est agrave la fois unique pour chacun et une pour tous

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lagrave que degraves quune direction de lespace ceacuteleste - ou le point de la sphegravere-limite qui lui correspond - est deacutefini tout lensemble des autres directions se diffeacuterencie et se polarise par rapport agrave celle-lagrave Cest dans ce sens que le Maicirctre dit que les divisions du ciel non-eacutetoileacute ou ciel des laquotoursraquo zodiacales sont des laquo deacuteterminations virtuellesraquo qui ne se diffeacuterencient que par rapport au ciel des laquo stationsraquo des astres Or les points fixes du ciel des stations sont avant tout les pocircles respectifs de la reacutevolution diurne du ciel (ou de la terre) et du cycle annuel du soleil et par conseacutequent les points que la divergence de ces pocircles deacutetermine sur leacutecliptique cest-agrave-dire les deux eacutequinoxes points dintersection de lorbite solaire avec leacutequateur dune part et les deux solstices points extrecircmes des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire dautre part Degraves que ces quatre points de leacutecliptique sont fixeacutes les huit autres divisions zodiacales leur reacutepondent en raison des partitions tershynaires et seacutenaires qui sont naturellement inheacuterentes au cercle ainsi que lexprime le rapport entre le rayon et les proportions de lhexagone inscrit dans le cercle Il se produit alors comme une cristallisation spontaneacutee des relations spatiales chaque point du quaternaire eacutevoquant deux autres points dun trigoshyne qui agrave leur tour reacutepegravetent la relation en laquo carreacute raquo de faccedilon agrave ce que la division du cercle par quatre se trouve inteacutegreacutee et compenseacutee par une synthegravese laquo congeacutenitaleraquo agrave la nature laquo unishyverselle raquo du cycle suivant la formule 3 X 4 = 4 X 3 = 12

Si les deux -grands cercles celui de leacutequateur ceacuteleste et celui du cycle solaire coiumlncidaient les saisons ne se manifesshyteraient pas La divergence des deux grands cycles ceacutelestes exprime donc de toute eacutevidence la rupture deacutequilibre qui deacuteshyclenche un certain ordre de manifestation cest-agrave-dire de conshytrastes et de compleacutementaires et les quatre points cardinaux d(lttcrmineacutes par cette divergence sont bien les marques de ces

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contrastes Ibn Arabi identifie le quaternaire zodiacal avec celui des qualiteacutes ou tendances fondamentales de la Nature totale ou universelle (at-tabiuml ah) qui est la racine de toutes les diffeacuterenciations Ajoutons afin de preacutevenir tout malentendu que la Nature totale telle que lenvisage le Maicirctre nest pas la Substance universelle comme telle premier principe passif que la doctrine hindoue appelle Prakriti et que Mohyiddicircn ibn Arabi deacutesigne soit par le terme de al-habacirc (ltlt Substanceraquo) soit par celui de al- unccedilur al-a zam (ltlt Eleacutement suprecircmeraquo) mais elle en est une deacutetermination directe envisageacutee plus particushyliegraverement sous son aspect de laquomaterniteacuteraquo agrave leacutegarmiddotd des creacutea-

Geacuteneacuteration du duodeacutenaire zodiacal par Je carreacute et le trigone

tures La Nature universelle non manifesteacutee en elle-mecircme se manifeste par quatre qualiteacutes ou tendances fondamentales qui apparaissent dans lordre sensible comme chaleur et froid

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seacutecheresse et humiditeacute La chaleur et le froid sont des qualiteacutes actives opposeacutees lune agrave lautre elles se manifestent aussi comme force expansive et force contractive elles deacuteterminent le couple des qualiteacutes passives la seacutecheresse et lhumiditeacute (1) Rapporteacutes aux quatre points cagraverdinaux du zodiaque le froid correspond aux deux solstices qui reflegravetent en quelque sorte la contraction polaire tandis que la chaleur correspond aux 1 deux eacutequinoxes qui se situent sur leacutequateur diapason de 1 lexpansion des mouvements ceacutelestes De ce fait les signes cardinaux se succegravedent par contrastes mais les qualiteacutes passhysives de la seacutecheresse et de lhumiditeacute en relient deux couples Les quatre tendances ou qualiteacutes de la Nature se joignent deux agrave deux dans la nature des quatre eacuteleacutements ou fondements du monde sensible produits agrave partir de la substance terrestre la terre est froide et segraveche leau est froide et humide lair est humide et chaud le feu est chaud et sec Si lon attribue ces qualiteacutes eacuteleacutementaires aux signes du zodiaque disant que le Beacutelier est de nature igneacutee le Cancer aqueux la Balance aeacuterienshyne et le Capricorne terrien il faut tenir compte du fait que le zodiaque ne comporte que les modegraveles ceacutelestes des quatre eacuteleacutements et que ces modegraveles restent composeacutes des quatre tenshydances de la Nature totale ainsi que le fait remarquer Mer hyiddicircn ibn Arabi

Le quaternaire des tendances fondamentales de la Nature totale doit ecirctre multiplieacute selon Mohyiddicircn ibn Arabi par le ternaire dont le paregravedre cosmique sont les trois mouvements ou orientations principielles de lIntellect premier ou Esprit universel ( al-Aql) ou encore sous un altre rapport les trois mondes cest-agrave-dire le monde preacutesent le monde futur et

1 La meacutedecine traditionnelle du monde musulman reacuteduit toutes les mashy

ladies agrave autant de manifestations deacuteseacutequilibreacutees de ces quatre tendances

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leacutetat intermeacutediaire du barzakh (1) Les vrois mouvements ou orientations de lEsprit sont le mouvement descendant qui seacuteloigne apparemment du Principe et qui mesure la proshyfondeur (al-umq) du possible le mouvement expansif qui en mesure lampleur ou la largeur (al-urd) le mouvement du retour vers lorigine qui se dirige dans le sens de lexaltashytion ou de la hauteur (at-tucirct) Ce ternaire de lEsprit est supeacuteshyrieur au quaternaire de la Nature sil apparaicirct ici en deuxiegraveme lieu cest que la diffeacuterenciation du ciel des archeacutetypes zodiashycaux procegravede des contrastes manifesteacutes pour aboutir agrave leur reacuteinteacutegration dans la synthegravese parfaite Par suite de cette reacuteinteacutegration ou multiplication tous les points di zodiaque qui se trouvent en relation de trigone ont la mecircme nature eacuteleacutemenshytaire mais se distinguent par les qualiteacutes relevant du ternaire de lEsprit et tous les points qui se trouvent en relation de

carreacute ont la mecircme qualiteacute spirituelle mais se diffeacuterencient par 1 les contrastes eacuteleacutementaires De lagrave on peut deacutejagrave deacuteduire les difshy

feacuterents caractegraveres des laquo aspects raquo ou positions reacuteciproques des planegravetes sur leacutecliptique la relation en angle droit signifie neacutecessairement contraste de mecircme que lopposition signifie opposition le trigone est lexpression dune synthegravese parfaite et le sextile cest-agrave-dire la position en angle de 60 degreacutes exprimegrave une affiniteacute Appliqueacutes agrave la nature du cycle les trois mouvements principie1s de lEsprit ne peuvent plus ecirctre comshypareacutes aux trois dimensions de la profondeur de lampleur et de la hauteur mais ils apparaissent suivant une reacuteflexion ccedilonshyforme agrave cette nature la seule tendance qui se manifeste dishyrectement dans lordre cyclique est celle de lexpansion dans lampleur car le cycle est avant tout limage du deacuteveloppeshy

1 Sur les diffeacuterentes significations de ce terme voir notre article Du Barzakh dans Etudes Traditionnelles deacutecembre 1937

ment de toutes les possibiliteacutes impliqueacutees dans lampleur dun degreacute de manifestation En conformiteacute avec ceci les signes cardinaux reacutegions critiques du cycle solaire sont appeshyleacutes laquo mobiles raquo (munqalib) cest-agrave-dire dynamiques ou expanshysifs Quant au mouvement descendant de lEsprit il se traduit dans lordre cyclique par la fixation (sukucircn) car cest en raison de ce laquo mouvementraquo que le monde subsiste comme tel Enfin le mouvement spirituel du retour vers lorigine se reflegravete dans le plan du cycle zodiacal par la synthegravese des deux autres orienshytations et les signes qui lui sont coordonneacutes sont appeleacutes laquo doublesraquo ou laquo syntheacutetiquesraquo (dhucirc ishtiracirch) Nous devons faire remarquer en passant qui ces deacuteterminations ternaires du Zodiaque relegravevent dune toute autre perspective que le symbolisme des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire symbolisme qui peut eacutevidemment ecirctre rattacheacute aux deux mouvements ou orientations opposeacutees de lEsprit mais il sagit ici dun dualisme qui se rapporte au mouvement cyclique tandis que le ternaire que nous venons de deacutecrire se rapporte agrave la deacutetermination laquo existentielleraquo du cycle lexpresshysion de laquomouvement raquo pour indiquer les orientations de lEsprit universel devant ecirctre pris dans un sens purement symbolique

Quant aux correspondances avec les trois mondes ou deshygreacutes de lexistence humaine telles quelles apparaissent dans le symbolisme des fonctions angeacuteliques auxquelles se rapporshytent les douze signes zodiacaux symbolisme que nous avons extrait du livre laquo Le lien qui retient le partantraquo (Uqlat al-musshytawfiz) de Mohyiddicirc ibn Arabicirc quant agrave ces correspondances disons-nous elles doivent ecirctre comprises agrave partir des reflets du terrain intellectuel dans la nature du cycle et suivant la perspective de la production de ces trois mondes Ceci explique pourquoi ce ne sont pas les signes laquo syntheacutetiques raquo attribueacutes

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agrave lorientation ascendante de lEsprit qui reacutegissent le monde relativement supeacuterieur cest-agrave-dire les degreacutes intemporels de leacutetat humain mais les signes laquofixes raquo par contre il est eacutevishydent que ce sont les signes laquomobilesraquo qui se rapporten~ au deacuteveloppement des eacutetats de ce monde-cL Quant aux signes syntheacutetiques ou laquo doubles raquo ils correspondent au monde intershymeacutediaire (le barzakh de la la theacuteologie islamique le purgatoire chreacutetien et le bardo des thibeacutetains) ou encore suivant une perspective quelque peu diffeacuterente agrave la synthegravese de limmushytabiliteacute spirituelle et de lexpansiviteacute psychique dans le comshyposeacute corporel - agrave linstar de la production du sel alchimique parlunion du soufre et du mercure

1 - Signes mobiles

Le Beacutelier est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des qualiteacutes et des accidents

Le Cancer est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation de ce bas monde

La Balance est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des eacutetats (eacutepheacutemegraveres) et des changements

Le Capricorne est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef du jour et de la nuit

II - Signes fixes

Le Taureau est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du paradis et de lenfer et il est sous la terreur de la Majesteacute (haybah)

Le Lion est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange

est geacuteneacutereux (Karicircm) il deacutetient la clef de la creacuteation du monshyde futur

Le Scorpion est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du feu (infernal)

La Verseau est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange est geacuteneacutereux et sous la terreur de la Majesteacute il deacutetient la clef des esprits

III Signes syntheacutetiques

Les Geacutemeaux sont de nature chaude et humide (aeacuterienne) Leur ange reacutegit les corps en communion avec les recteurs des autres signes doubles il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des meacutetaux

La Vierge est de nature froide et segraveche (terrestre) Son ange reacutegit en communion avec les altres signes doubles les corps et en particulier les corps humains

Le Sagittaire est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange est geacuteneacutereux il reacutegit les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des plantes

Les Poissons sont de nature troide et humide (aqueuse) Leur ange reacutegit en communion avec les autres anges des corps les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des animaux

Nous avons maintenant exposeacute dans ses geacuteneacuteraliteacutes la diffeacuterenciation des douze reacutegions zodiacales du ciel-limite agrave partir des points fixes du cycle solaire Nous ferons encore remarquer que cette faccedilon de concevoir la division du zodiashyque justifie la maniegravere employeacutee couramment dans lastrologie arabe et occidentale pour situer les douze signes cette mashyniegravere consiste agrave compter douze parties eacutegales agrave partir de lequishy

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noxe de printemps abstraction faite de la situation des consshytellations portant les mecircmes noms que les signes car en raison de la preacutecession des eacutequinoxes dont chacune fait le tour du ciel entier en 26000 ans environ il sest produit un deacutecashylage de presque un laquosigneraquo entier entre la situation des constellations et des parties du zodiaque ayant le mecircme nom la constellation du Beacutelier par exemple se trouve aujourdhui dans le laquo signeraquo du Taureau On peut donc soulever la quesshytion de savoir si les formes de ces groupements deacutetoiles fixes qui ont eacuteteacute agrave lorigine des points de repegravere pour la deacutetermishynation des douze parties du cycle solaire sont indiffeacuterentes par rapport agrave la signification de celles-ci or il y a sucircrement analogie entre la deacutenomination des signes zodiacaux et ces groupements deacutetoiles sur leacutecliptique la constellation des Geacuteshymeaux se caracteacuterise effectivement par un couple deacutetoiles jushymelles celle du Taureau comporte un triangle semblable agrave la tecircte de lanimal et les formes du Scorpion ou du Lion peuvent ecirctre reconnues dans les constellations du mecircme nom bien que dautres interpreacutetations de ces groupements soient eacutegalement concevables Il est dailleurs fort bien possible que lors de la premiegravere fixation des symboles astrologiques les ressemblances furent plus frappantes car certaines eacutetoiles laquo fixesraquo ont ducirc se deacuteplacer depuis cette eacutepoque fort lointaishyne (1) ainsi que le fait remarquer Mohyiddicircn ibn Arabicirc en se reacutefeacuterant agrave certaines repreacutesentations stellaires sur des monuments de lEgypte ancienne A leur origine les images symboliques attribueacutees aux douze parties du cycle solaire devaient preacutesen-

L La derniegravere coiumlncidence des signes zodiacaux avec les constellations de mecircme nom eucirct lieu dans les premiers siegravecles de legravere chreacutetienne mais il est probable que la deacutenomination des douze constellations date dune coiumlncidence preacuteceacutedente Nous allons revenir sur cette question

ter une synthegravese entre dune part les significations spmshytuelles de ces deacuteterminations de lespace ceacuteleste et dautre part les interpreacutetations possibles des groupes deacutetoiles des douze constellations les premiers jouant un rocircle essentiel et les combinaisons latentes des groupes deacutetoiles - y comshypris leurs couleurs et leurs intensiteacutes un rocircle potentiel une fois la fixation opeacutereacutee elle simprimait dans la meacutemoire collective en raison de son originaliteacute agrave la fois spirituelle et imaginative et cest lagrave du reste une image particuliegraverement adeacutequate dun certain ordre dinspirations

Dun autre cocircteacute la preacutecession des eacutequinoxes qui constishytue le cycle astronomique majeur doit neacutecessairement jouer un rocircle dans le symbolisme astrologique et le deacuteplacement des constellations zodiacales doit faire partie de sa signifishycation sur laquelle nous aurons agrave revenir par la suite

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III

Le ciel des eacutetoiles qui est contenu dans la sphegravere des laquotoursraquo du zodiaque est appeleacute le ciel des laquo stationsraquo (manacirczil) parce que les mouvements des planegravetes se projettent sur lui Les sept planegravetes qui repreacutesentent les intermeacutediaires cosmiques entre le monde immuable des archeacutetypes et le mishylieu terrestre actualisent par leurs rythmes combineacutes et par les positions reacuteciproques qui en reacutesultent les relations spashytiales virtuellement contenues dans la sphegravere indeacutefinie du cielshylimite sphegravere qui nest rien dautre que la totaliteacute des dishyrections de lespace et par lagrave limage de lunivers (1) Les astrologues modernes veulent que les planegravetes agissent sur la terre par un rayonnement de forces et ils entendent cela dans un sens mateacuteriel ou quasi-mateacuteriel car il est ineacutevitable quil introduisent dans lastrologie quelque chose des conshyceptions modernes de la causaliteacute cest alors que les reacutesidus de cette science prennent lallure dune veacuteritable superstition Le besoin de causaliteacute deacutepend des preacuteoccupations geacuteneacuterales dune eacutepoque il est vrai quil est toujours dessence logique

1 Dougrave la deacuterivation eacutetymologique du terme univers de orbis unIcircversum

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car ce qU1 confegravere agrave un enchaicircnement causal son caractegravere conshyvaincant reacuteside autant dans luniteacute de lesprit que dans la nashyture des choses mais en mecircme temps le besoin de deacutepend substantiellement du niveau mental il est meacutecaniste ou imaginatif raisonnant ou intuitif Comme lhorizon mental nenglobe agrave la fois quun certain ordre de reacutealiteacutes largument causal dune eacutepoque mentalement diffeacuterente apparaicirct insuffisant ou mecircme deacutefectueux quon nen voit que les limites du deacuteveloppement dans le sens dune investigation ulteacuterieure on oublie trop facilement que tout enchaicircnement causal agrave rieur de la manifestation est essentiellement symbolique (1) et que la conception la plus vaste et la plus adeacutequate de causaliteacute est preacuteciseacutement celle qui est consciente de ce symbolishysme et qui considegravere toute chose sous le rapport de laquo lUniteacute de lExistenceraquo (wahdat-al-wudjucircd) Dautre part il faut bien se dire que la veriteacute essentielle dune perspective intellectuelle nempecircche pas que son expression mentale reste sujette agrave la reshylativiteacute des moyens exteacuterieurs de connaissance ainsi par exem-

Mohyiddicircn ibn Arabi affirme du soleil le laquocœur monderaquo quil communique la lumiegravere agrave tous les autres astres y compris les eacutetoiles fixes et quil est lui-mecircme illumineacute par lirradiation directe et incessante dune reacuteveacutelation divine (2) Cette conception est essentiellement vrai en ce sens que toute lumiegravere sensible a sa source dans la lumiegravere intelligible i dont le soleil est le symbole le plus eacutevident est vraie en ce sens que les lumiegraveres de tous les astres sont de mecircme substance comme le reconnaissent dailleurs les astro~omes

1 les causes secondes ne sont que des reflets de la cause premiegravere et nont aucune reacutealiteacute propre

2 Cest un fait significatif que lœil ne peut pas le soleil - qui illumine le monde entier sans en ecirctre eacutebloui

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modernes enfin il est vrai que le soleil communique sa lu-agrave toutes les planegravetes Quant aux eacutetoiles fixes on est aushy

jourdhui convaincu quelles repreacutesentent des sources de lushymiegravere indeacutependantes du soleil et sur ce point la conception de Mohyiddicircn Ibn Arabicirc peut paraicirctre erroneacutee cependant la fonction dun Maicirctre en meacutetaphysique nimplique pas neacutecesshysairement la connaissance distinctive de tous les domaines de

nature et Ibn Arabicirc ne pouvait quenvisager le symbolisme des connaissances astronomiques telles quelles se preacutesentaient agrave lui Cela ne veut certes pas dire que sa theacuteorie ne soit plus valable degraves quon accepte que les eacutetoiles fixes sont des lumiegraveres autonomes dans lordre sensible car la distinction entre lenshysemble des astres reacutegis par le soleil et la multitude des eacutetoiles

apparaicirct seulement comme une diffeacuterenciation du mecircme symbolisme en ce sens que le soleil repreacutesente le centre du rayonnement de la lumiegravere divine pour un monde deacutetermineacute tandis que les eacutetoiles fixes symbolisent les interfeacuterences de la lumiegravere dun monde supeacuterieur mai~ mecircme dans ce cas on pourshyra dire que la lumiegravere qui rayonne du soleil est la mecircme que celle qui illumine tous les corps ceacutelestes

Cette sur les diffeacuterentes perspectives selon lesshyquelles on peut envisager la causaliteacute cosmique eacutetait neacutecesshysaire pour situer le rocircle des planegravetes dans lastrologie et pour faire comprendre ce quon doit entendre par linfluence de leur rayonnement Quel que puisse ecirctre mateacuteriel ou subshytil de leurs rayons la peacuteneacutetration contemplative de la laquo physioshygnomieraquo du cosmos les considegravere plus directement comme ( des modes de lIntellect dans sa manifestation macrocosmique modes qui reacutealisent ou mesurent les possibiliteacutes contenues dans la sphegravere indeacutefinie Lespace ceacuteleste dans lequel les planegravetes deacutecrivent leurs reacutevolutions repreacutesente en quelque sorte les limiddot mites extrecircmes du monde sensible et ces limites sont inverseshy

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ini bn dli ilililH~Hj iUill HHHijHHmH~j~mlllij~umli

ment analogues au centre qui est lhomme lui-mecircme comme nous lavons deacutejagrave fait remarquer en consideacuterant le caractegravere laquo objectifraquo des directions spatiales rayonnant de chaque ecirctre humain vers les mecircme points du ciel-limite (1) en raison de cette analogie inverse les modes de lIntellect cosmique que repreacutesentent les astres sont laquo existentielsraquo au lieu decirctre laquo inshytelligents raquo ce dernier mot pris dans le sens de lintelligence active manifesteacutee dans lhomme nous nous rapportons ici agrave la polariteacute de 1laquo existenceraquo et de 1laquo intelligenceraquo dans lEtre (2) Cette nature intellectuelle des planegravetes sexprime - toushyjours en raison de la mecircme analogie inverse par rapport agrave telIigence active -dans la reacutegulariteacute et continuiteacute rythmique de leurs mouvements Leur nature lumineuse relegraveve du mecircme symbolisme dautre part la propagation de la lumiegravere est pour ainsi dire laquo geacuteomeacutetriqueraquo et correspond agrave lactualisation des directions et des relations spatiales Il faut dailleurs bien comshyprendre que ce symbolisme nenvisage pas la situation des plashynegravetes dans lespace quantitativement mesurable leurs laquoasshypects raquo se deacuteterminent par leur projection sur le zodiaque cest-agrave-dire en raison des directions de lespace dont le centre est lecirctre humain terrestre quant aux directions de lespace leur deacutefinition nest eacutevidemment pas quantitative mais toujours relative agrave luniteacute indivisible de la sphegravere indeacutefinie du ciel extrecircme

1 On nous objectera peut-ecirctre que les directions que nous appelons4lt obshyjectives ne relegravevent que de la subjectiviteacute collective mais dans lordre de la perception sensible directe et spontaneacutee sur laquene se fonde le symbolisme en question cette subjectiviteacute collective est eacutequivalente dobjectivicircteacute Voit agrave ce propos ce que dit Frithjof Schuon dans son article Fataliteacute et Progregraves passhysage que nous avons reprenduit en note au deacutebut de cette eacutetude

2 Cf larticle de Frithjof Schuon Transcendance et universaliteacute de leacutesoshyteacuterisme dans Etudes Traditionnelles oct-nov 1945

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De tous les astres laquomobiles raquo il ny a que le soleil et lune dont les mouvements puissent ecirctre repreacutesenteacutes par des cercles reacuteguliers sur le ciel des eacutetoiles fixes car les orbites apshyparentes des autres planegravetes sont agrave la fois reacutegies par le centre solaire et le centre terrestre de faccedilon quelles eacutevoluent en des mouvements combineacutes Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se reacutepartissent dune faccedilon ineacutegale mais rythmique sur les douze parties du zodiaque et que lon compte agrave partir de leacutequinoxe du printemps Le veacuteritable commencement du cycle lunaire qui sexprime dans la succession des lunaisons ne coiumlncide pas toujours avec le point de leacutequinoxe car les deux points tersection de lorbite lunaire avec le cycle solaire que lon apshypelle la laquo tecircteraquo et la laquo queueraquo du dragon deacutecrivent en 18 ans le tour de tout le laquo ciel des stations raquo La fixation des manshysions de la lune consiste donc en une sorte dabreacutegeacute symbolique des rythmes veacuteritables (1)

Dans les rapports des mansions lunaires avec le zodiaque se manifeste un symbolisme numeacuterique eacutevident nous avons monshytreacute comment le duodeacutenaire zodiacal se preacutesente comme le proshyduit de la multiplication du quaternaire par le ternaire or la

multiplication symbolise le mode de distinction propre au monde des archeacutetypes car ceux-ci ne se diffeacuterencient pas par exclusion mutuelle mais agrave linstar de miroirs oui se reflegravetent les

1 Lastrologie hindoue ne compte que 27 mansions lunaires le parcours de la lune autour du ciel ne seffectuant pas en un nombre de jours de faccedilon que labreacutegeacute symbolique de son cycle peut-ecirctre ou bien porteacute agrave 28 ou reacuteduit a 27 jours Dautre part les astrologues hindous ne situent pas le deacuteshybut du cycle lunaire au point vernal actuel mais au point du ciel des eacutetoiles fixeacutees qui coiumlncidait agrave leacutepoque de la derniegravere coiumlncidence entre les signes zodiacaux et les constellations synonymes avec leacutequinoxe du printemps Nous allons revenir sur cette diffeacuterence des ooints de vue

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l

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 4: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

des systegravemes geacuteocentriques et heacuteliocentriques montre fort bien cc quest une telle inversion en effet le fait que le soleil source de la lumiegravere des planegravetes est eacutegalement le pocircle qui reacutegit leurs mouvements comporte comme toute chose existante un symbolisme eacutevident et repreacutesente en reacutealishyteacute toujours au point de vue symbolique et spirituel un point dt Vllt compleacutementaire de celui de lastronomie geacuteocenshy

( 1 )

Mohyiddicircn ibn Arabicirc englobe dune certaine faccedilon la vtltlIcircleacute essentielle de lheacuteliocentrisme dans son eacutedifice cosmoshyIOHiqllt comme Ptoleacutemeacutee et comme tout le moyen acircge il illiliiHIlC IlU soleil quil compare au laquo pocircleraquo (qutb) et au laquo cœur dn monderaquo (qalb al-acirclam) une position centrale dans la bieacute-

IIIUllllluutllC sc soit toujours maintenue et que la deacutecouverte de Copernic Ilfl 11 rll reacutealiteacute quune simple vulgarisation comme beaucoup dautres I~lullvrlmiddotlrN dc la Renaissance

l ulrttli sc refegravere dailleurs lui-mecircme dans la preacuteface - adresseacutee au Pape JlIul III de son livre fondamental li Sur les orbites des corps ceacutelestes agrave Ilh ~ltl Ir SyrlItlIse et agrave certaines citations de Plutarque Hiceacutetas eacutetait pythashyNII hlI CIl Aristote dans son livre Du ciel dit que les philosophes italishyI 1 11 011 IIppclle pythagoriciens sont dun avis contraire agrave celui de la Ihlllll tir physiciens car ils affirment que le centre du monde est occupeacute 11111 1 1111 IUlldis que la terre qui est une des eacutetoiles se meut cercle au 111111 hmiddot l rlllll causant ainsi le jour et la nuit Aristarque de Samos 1t11111111111 1 Alexandrie vers 250 av ]-c enseigna eacutegalement le systegraveme hIIIIIII1IIIIr dl~ mecircme AI-Birucircnicirc le ceacutelegravebre compilateur musulman des nltlllI hlll(OIlCS rapporte que certains sages de lInde ont soutenu que 1 111111111 lI11tnllf du soleil

1 1 qlll llld inconciliables les deux systecircmes nest eacutevidemment pas leur tftjjl Il Pl Iitur IIwis la theacuteorie sur la gravitation rattacheacutee au systegraveme heacutelioshyHh~II

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rarchie des sphegraveres ceacutelestes et cela en comptant un mecircme nombre de cieux supeacuterieurs et de cieux infeacuterieurs au ciet du soleil il amplifie toutefois le systegraveme de Ptoleacutemeacutee en souli gnant encore cette symeacutetrie des sphegraveres par rapport agrave celle du soleil selon son systegraveme cosmologique quil tient proshybablement du Soufi andalou Ibn Masarrah le soleil ne se trouve pas seulement au milieu des six planegravetes connues shyMars (al-Mirikh) Jupiter (al-Mushtaricirc) et Saturne (Zuhul) eacutetant plus eacuteloigneacutes de la terre (al-Ardh) que le soleil (ash

Shams) et Veacutenus (az-Zuhrah) Mercure (al-Utarid) et la LlIIw

H

(al-Qamar) plus rapprocheacutes - mais au delagrave du ciel de Sashyturne se situent encore la voucircte du ciel des eacutetoiles fixes (falak al-kawacirckib) celle du ciel non eacutetoileacute (al-falak al-atlas) et les deux sphegraveres suprecircmes du laquo Pieacutedestalraquo divin (al-Kursicirc) et du laquo Trocircneraquo divin (al-Arsh) sphegraveres concentriques auxquelles correspondent symeacutetriquement les quatre sphegraveres sublunaires de leacutether (al-acircthicircr) de lair (al-hawacirc) de leau (al-macirc) et de la terre (al-ardh) Ainsi se reacutepartissent sept degreacutes de chaque cocircteacute de la sphegravere du soleil le laquo Trocircneraquo divin symbolisant la synthegravese de tout le cosmos et le milieu de la terre en eacutetant agrave la fois laboutissement infeacuterieur et le centre di fixation

Il va sans dire que entre toutes les sphegraveres de cette hieacuteshyrarchie seules les sphegraveres planeacutetaires et celles des eacutetoiles fixes correspondent telles quelles agrave lexpeacuterience sensible encore quil ne faille pas les envisager sous ce seul rapport quant aux sphegraveres sublunaires de leacutether - qui ne signifie pas ici la quintessence mais le milieu cosmique dans lequel se reacutesorbe le feu --de lair et de leau il faut y voir plutocirct une hieacuterarchie theacuteorique suivant les degreacutes de densiteacute que des sphegraveres spatiales Pour ce qui est des sphegraveres suprecircmes du laquo Pieacutedestalraquo et du laquo Trocircneraquo divins le premier conteshynant les cieux et la terre et le second englobant toute chose (1) -leur forme de sphegraveres est purement symbolique et elles marquent en somme le passage de lastronomie agrave la cosmologie inteacutegrale et meacutetaphysique (2) le Ciel sans eacutetoiles (al-falak al-atlas) qui est un laquo vide raquo et qui de ce fait nest

1 Cest ce quenseigne le Qoran Selon une expression du Prophegravete le monde est contenu dans le Pieacutedestal divin et celui-ci dans le Trocircne comme un anneau dans un moule de terre

2 Dans certains scheacutemas symboliques du Sheikh al-akbar on trouve dautres sphegraveres plus vastes que celle du Trocircne ce symbolisme eacutetant naturellement susceptible dune extension plus ou moins grande cependant

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mecircme plus spatial mais marque plutocirct la laquo fin raquo de lespace marque aussi par lagrave mecircme la discontinuiteacute entre le formel et linformel celui-ci apparaicirct en effet comme un laquoneacuteantraquo au point de vue du formel de mecircme que le principiel apparaicirct comme un laquo neacuteantraquo au point de vue du manifesteacute On aura compris que ce passage du point de vue astronomique au point de vue cosmologique ou meacutetaphysique na rien darbishytraire la distinction entre un ciel visible et un ciel eacutechappant agrave notre vue est reacuteelle mecircme si son application nest que symshybolique et l laquo invisibleraquo devient ici spontaneacutement le laquo transshycendant raquo conformeacutement au symbolisme oriental les sphegraveres de la manifestation informelle - le laquo Trocircneraquo et le laquo Pieacutedesshytalraquo - sont appeleacutees expresseacutement le laquomonde invisibleraquo ( acirclam al-ghaiumlb ) J le mot ghaiumlb signifiant tout ce qui est hors de porteacutee de notre vue ce qui montre bien cette correspondance symbolique entre 1laquo invisibleraquo et le laquo transcendant raquo

Le laquo Pieacutedestal raquo sur lequel sont poseacutes les laquo Pieds raquo de Celui qui est assis sur le laquo Trocircne raquo repreacutesente la premiegravere laquo polarishysation raquo ou deacutetermination distinctive en vue de la manifesshytation formelle deacutetermination qui comporte une laquoaffirmashytion raquo et une laquo neacutegation raquo auxquelles correspondent dans le Livre reacuteveacuteleacute le commandement (al-amr) et la prohibition (an-nahicirc)

Le ciel sans eacutetoiles (al-falak al-atlas) est aussi le ciel des douze laquo tours raquo (burucircj) ou laquo signes raquo du zodiaque ceux-ci ne

la hieacuterarchie que nous venons deacutenumeacuterer repreacutesente en elle mecircme un enshysemble complet puisque le Trocircne divin englobe toute la manifestation Cest ce quenseigne Mohyiddin ibn Arabi conformeacutement au Qoran dans les Reacuteveacutelations mecquoises (Al-Futucirchacirct al-makkiyah) dans dautres eacutecrits il parlera de toute une hieacuterarchie de diffeacuterents Trocircnes qui constituent les principaux degreacutes de lExistence informelle

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sont donc pas identiques aux douze constellations zodiacales contenues dans le ciel des eacutetoiles fixes (falak al-kawacirckib ou falak al-manacirczil) mais repreacutesentent des laquo determinations virshytuelles raquo (maqacircdir) de lespace ceacuteleste et ne se diffeacuterencient que par rapport aux laquo stationsraquo ou laquo mansionsraquo (manacirczil) planeacuteshytaires projeteacutees sur le ciel des eacutetoiles fixes Il y a lagrave un Foint tregraves important pour la compreacutehension de lastrologie arabe et occidentale nous y reviendrons plus loin

La cosmologie traditionnelle ne fait pas de diffeacuterence explishycite entre les cieux planeacutetaires dans leur reacutealiteacute corporel~e et visible et ce qui leur correspond dans lordre subtil car le symbole sidentifie essentiellement agrave la chose symboliseacutee et il ny a lieu de faire une distinction entre lun et lautre que lagrave ougrave cette distinction peut pratiquement se faire et que par suite laspect deacuteriveacute peut ecirctre pris seacutepareacutement pour le tout comme il arrive lorsque la forme corporelle dun ecirctre vivant est prise pour lecirctre entier or dans le cas des rythmes planeacutetaires - car ce sont eux qui constituent les diffeacuterents laquo cieux raquo - cette distinction ne peut ecirctre faite que par lapplication theacuteorique de conceptions meacutecaniques eacutetrangegraveres agrave la mentaliteacute contemplative des civilisations traditionnelles (1)

Les sphegraveres planeacutetaires sont donc agrave la fois des parties du monde corporel et des degreacutes du monde subtil le Ciel sans eacutetoiles qui est lextrecircme limite du monde sensible enveloppe symboliquement tout leacutetat humain y compris tous les laquoproshylongements raquo supeacuterieurs de cet eacutetat le Sheikh al-akbar sitle

1 Ainsi les Indiens de lAmeacuterique du Nord qui ne font pas de theacuteories sur leacutelectriciteacute peuvent voir dans leacuteclair la puissance mecircme de lOiseau shyTonnerre qui est lEsprit divin dans la manifestation macrocosmique il y a mecircme des cas ougrave la percussion de leacuteclair confegravere des puissances spirituelles ce qui ne serait pas possible chez des Europeacuteens qui ont lhabitude de seacutepashyrer mentalement ls formes sensibles de leurs archeacutetypes surnaturels

en eEfet les eacutetats paradisiaques entre le ciel des eacutetoiles fixes et le ciel sans eacutetoiles - ou ciel des laquo Tours raquo zodiacales - les paradis supeacuterieurs touchant pour ainsi dire agrave lexistence inforshymelle tout en restant circonscrits par la forme subtile de lecirctre humain (1) Le ciel des toursraquo zodiacales est donc par rapshyport agrave leacutetat humain inteacutegral le laquo lieuraquo des archeacutetypes

Ce qui se situe au delagrave du ciel des eacutetoiles fixes entre ceshylui-ci et le ciel sans eacutetoiles se maintient dans la dureacutee pure tandis que ce qui est en dessous du ciel des eacutetoiles fixes est soumis agrave la geacuteneacuteration et agrave la corruption Il peut sembler eacutetrange que la sphegravere du ciel suprecircme qui est le primum mobile) soit identifieacute au monde incorruptible alors que le mouvement eacutevolue neacutecessairement dans le temps Mais ce dont il faut tenir compte ici cest que la reacutevolution du ciel le plus vaste eacutetant elle-mecircme la mesure fondamentale du temps suivant laquelle tout autre mouvement est mesureacute ne saurait ecirctre elle-mecircme susceptible de mesure temporelle ce qui corshyrespond agrave lindiffeacuterenciation de la dureacutee pur~ De mecircme que les mouvements concentriques des astres se difrfeacuterencient dans lordre de leur deacutependance successive de mecircme la condition temporelle se preacutecise et se contracte en quelque sorte dans la mesure ougrave elle interfegravere avec la condition spatiale et par anashylogie les diffeacuterentes sphegraveres du monde planeacutetaire - ou plus

1 Il sagit de la deacutefinition cosmologique des eacutetats paradisiaques et non de leur symbolisme implicite qui fait que leurs descriptions peuvent ecirctre transposeacutees aux degreacutes les plus hauts de lexistence et mecircme dans lEtre pur puisquon parle en langage soufique dun paradis de lEssence (djannat adhshydhacirct)

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exactement les rythmes de leurs reacutevolutions seacutechelonnant agrave partir des limites indeacutefinissables de lespace jusquau milieu terrestre peuvent ecirctre consideacutereacutes comme autant de degreacutes sucshycessifs de la laquo contractionraquo temporelle (2)

2 Pour cette raison la hieacuterarchie astrologique des deux planeacutetaires situe Mercure entre Veacutenus et la Terre pLIcircsque Mercure se meut plus rapideshyment que Veacutenus et ceci bien que Veacutenus soit plus pregraves de la Terre et Mercure plus pregraves du SoleiL

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II

Le symbolisme astrologique reacuteside dans les laquopoints de jonctionraquo des conditions fondamentales du monde sensible et notamment dans les jonctions du temps de lespace et du nomshybre On sait que la deacutefinition des reacutegions ou parties de la grande sphegravere du ciel sans eacutetoiles au moyen des pointsmiddot de repegravere quoffrent les eacutetoiles fixes coiumlncide en astronomie avec la deacutefinition des divisions du temps Or la sphegravere-limite du ciel nest mesurable quen raison des directions de lespace lorshysquon parle des parties du ciel on ne fait que deacutefinir des dircctions dautre part celles-ci sont lexpression de la nature qualitative de lespace de faccedilon agrave ce que les limites de lindeacuteshyfini spatial se reacuteintegravegrent en quelque sorte dans laspect qualishytatif cn question lensemble des directions qui rayonnent dun centre contenant virtuellement toutes les deacuteterminations spashytiales possibles (1) Leacutepanouissement extrecircme et indeacutefini de ces directions est la voucircte du ciel non-eacutetoileacute et leur centre est chaquc ecirctre vivant qui se trouve sur terre sans que la laquo perspecshytive gtgt des directions diffegravere dun individu agrave lautre puisque nos

1 Cf le chapitre sur lespace qualificirceacute dans Le regravegne de la quantiteacute et 1er 11111 dt temps oc Reneacute Gueacutenon

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axes visuels coiumlncident sans se confondre lorsque nous fixons un mecircme point de la voucircte ceacuteleste - en quoi sexprime eacutevishydemment une coiumlncidence du point de vue microcosmique avec le laquo point de vueraquo macrocosmiqueraquo (2) Il faut distinguer ces directions laquo objectives raquo cest-agrave-dire eacutegales pour tous les ecirctres terrestres consideacuterant le ciel au mecircme instant temporel et les directions quon peut appeler laquosubjectives raquo parce quelles sont deacutetermineacutees par le zeacutenith et le nadir individuel nous feshyrons remarquer en passant que cest preacuteciseacutement la comparaishyson entre ces deux ordres de directions de lespace ceacuteleste qui est agrave la base de lhoroscope Lindeacutefiniteacute des directions de lesshypace est en elle-mecircme indiffeacuterencieacutee nous voulons dire quelle contient virtuellement toutes les relations spatiales possibles sans quon puisse les deacutefinir Mais les qualiteacutes de ces directions de lespace ceacuteleste sont interdeacutependantes nous entendons par

2 Cette coiumlncidence des perspectives na pas seulement lieu lorsquon envisage un point du ciel-limite )Tlais deacutejagrave qual1d on fixe une planegravete Elle secprime dans lexpeacuterience courante selon laquelle chaque spectateur qui regarde le soleil se lever ou se coucher au delagrave dune surface deau voit la voie des rayons refleacuteteacutes dans leau venir directement vers lui lorsque le spectateur se deacuteplace cette voie lumineuse le suit - Signalons en passant lue les Indiens de lAmeacuterique du Nord considegraverent ce chemin lumineux projeteacute sur leau par les rayons du soleil couchant comme le sentier des acircmes vers le monde des ancecirctres en effet on peut y voir comme une projection horizontale du rayon solaire qui selon le symshybolisme hindou repreacutesente le lien par lequel chaque ecirctre particulier se ratshytache directement agrave son principe On sait que les textes sacreacutes de lHinshydouisme deacutecrivent ce rayon comme allant de la couronne de la tecircte au soleil Le mecircme symbolisme - impliquant agrave la fois lideacutee dun lien direct et celle de la Voie Divine - se retrouve dans ce passage de la Sourate Hucircd Il nexiste pas decirctre vivant quIl (Allah) ne tient pas par son toupet en veacuteriteacute mon Seigneur est sur une voie droite - Comme la Voie Divine la direction qui va dun ecirctre terrestre quelconque agrave un point deacuteshytermineacute de la voucircte ceacuteleste est agrave la fois unique pour chacun et une pour tous

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lagrave que degraves quune direction de lespace ceacuteleste - ou le point de la sphegravere-limite qui lui correspond - est deacutefini tout lensemble des autres directions se diffeacuterencie et se polarise par rapport agrave celle-lagrave Cest dans ce sens que le Maicirctre dit que les divisions du ciel non-eacutetoileacute ou ciel des laquotoursraquo zodiacales sont des laquo deacuteterminations virtuellesraquo qui ne se diffeacuterencient que par rapport au ciel des laquo stationsraquo des astres Or les points fixes du ciel des stations sont avant tout les pocircles respectifs de la reacutevolution diurne du ciel (ou de la terre) et du cycle annuel du soleil et par conseacutequent les points que la divergence de ces pocircles deacutetermine sur leacutecliptique cest-agrave-dire les deux eacutequinoxes points dintersection de lorbite solaire avec leacutequateur dune part et les deux solstices points extrecircmes des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire dautre part Degraves que ces quatre points de leacutecliptique sont fixeacutes les huit autres divisions zodiacales leur reacutepondent en raison des partitions tershynaires et seacutenaires qui sont naturellement inheacuterentes au cercle ainsi que lexprime le rapport entre le rayon et les proportions de lhexagone inscrit dans le cercle Il se produit alors comme une cristallisation spontaneacutee des relations spatiales chaque point du quaternaire eacutevoquant deux autres points dun trigoshyne qui agrave leur tour reacutepegravetent la relation en laquo carreacute raquo de faccedilon agrave ce que la division du cercle par quatre se trouve inteacutegreacutee et compenseacutee par une synthegravese laquo congeacutenitaleraquo agrave la nature laquo unishyverselle raquo du cycle suivant la formule 3 X 4 = 4 X 3 = 12

Si les deux -grands cercles celui de leacutequateur ceacuteleste et celui du cycle solaire coiumlncidaient les saisons ne se manifesshyteraient pas La divergence des deux grands cycles ceacutelestes exprime donc de toute eacutevidence la rupture deacutequilibre qui deacuteshyclenche un certain ordre de manifestation cest-agrave-dire de conshytrastes et de compleacutementaires et les quatre points cardinaux d(lttcrmineacutes par cette divergence sont bien les marques de ces

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contrastes Ibn Arabi identifie le quaternaire zodiacal avec celui des qualiteacutes ou tendances fondamentales de la Nature totale ou universelle (at-tabiuml ah) qui est la racine de toutes les diffeacuterenciations Ajoutons afin de preacutevenir tout malentendu que la Nature totale telle que lenvisage le Maicirctre nest pas la Substance universelle comme telle premier principe passif que la doctrine hindoue appelle Prakriti et que Mohyiddicircn ibn Arabi deacutesigne soit par le terme de al-habacirc (ltlt Substanceraquo) soit par celui de al- unccedilur al-a zam (ltlt Eleacutement suprecircmeraquo) mais elle en est une deacutetermination directe envisageacutee plus particushyliegraverement sous son aspect de laquomaterniteacuteraquo agrave leacutegarmiddotd des creacutea-

Geacuteneacuteration du duodeacutenaire zodiacal par Je carreacute et le trigone

tures La Nature universelle non manifesteacutee en elle-mecircme se manifeste par quatre qualiteacutes ou tendances fondamentales qui apparaissent dans lordre sensible comme chaleur et froid

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seacutecheresse et humiditeacute La chaleur et le froid sont des qualiteacutes actives opposeacutees lune agrave lautre elles se manifestent aussi comme force expansive et force contractive elles deacuteterminent le couple des qualiteacutes passives la seacutecheresse et lhumiditeacute (1) Rapporteacutes aux quatre points cagraverdinaux du zodiaque le froid correspond aux deux solstices qui reflegravetent en quelque sorte la contraction polaire tandis que la chaleur correspond aux 1 deux eacutequinoxes qui se situent sur leacutequateur diapason de 1 lexpansion des mouvements ceacutelestes De ce fait les signes cardinaux se succegravedent par contrastes mais les qualiteacutes passhysives de la seacutecheresse et de lhumiditeacute en relient deux couples Les quatre tendances ou qualiteacutes de la Nature se joignent deux agrave deux dans la nature des quatre eacuteleacutements ou fondements du monde sensible produits agrave partir de la substance terrestre la terre est froide et segraveche leau est froide et humide lair est humide et chaud le feu est chaud et sec Si lon attribue ces qualiteacutes eacuteleacutementaires aux signes du zodiaque disant que le Beacutelier est de nature igneacutee le Cancer aqueux la Balance aeacuterienshyne et le Capricorne terrien il faut tenir compte du fait que le zodiaque ne comporte que les modegraveles ceacutelestes des quatre eacuteleacutements et que ces modegraveles restent composeacutes des quatre tenshydances de la Nature totale ainsi que le fait remarquer Mer hyiddicircn ibn Arabi

Le quaternaire des tendances fondamentales de la Nature totale doit ecirctre multiplieacute selon Mohyiddicircn ibn Arabi par le ternaire dont le paregravedre cosmique sont les trois mouvements ou orientations principielles de lIntellect premier ou Esprit universel ( al-Aql) ou encore sous un altre rapport les trois mondes cest-agrave-dire le monde preacutesent le monde futur et

1 La meacutedecine traditionnelle du monde musulman reacuteduit toutes les mashy

ladies agrave autant de manifestations deacuteseacutequilibreacutees de ces quatre tendances

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leacutetat intermeacutediaire du barzakh (1) Les vrois mouvements ou orientations de lEsprit sont le mouvement descendant qui seacuteloigne apparemment du Principe et qui mesure la proshyfondeur (al-umq) du possible le mouvement expansif qui en mesure lampleur ou la largeur (al-urd) le mouvement du retour vers lorigine qui se dirige dans le sens de lexaltashytion ou de la hauteur (at-tucirct) Ce ternaire de lEsprit est supeacuteshyrieur au quaternaire de la Nature sil apparaicirct ici en deuxiegraveme lieu cest que la diffeacuterenciation du ciel des archeacutetypes zodiashycaux procegravede des contrastes manifesteacutes pour aboutir agrave leur reacuteinteacutegration dans la synthegravese parfaite Par suite de cette reacuteinteacutegration ou multiplication tous les points di zodiaque qui se trouvent en relation de trigone ont la mecircme nature eacuteleacutemenshytaire mais se distinguent par les qualiteacutes relevant du ternaire de lEsprit et tous les points qui se trouvent en relation de

carreacute ont la mecircme qualiteacute spirituelle mais se diffeacuterencient par 1 les contrastes eacuteleacutementaires De lagrave on peut deacutejagrave deacuteduire les difshy

feacuterents caractegraveres des laquo aspects raquo ou positions reacuteciproques des planegravetes sur leacutecliptique la relation en angle droit signifie neacutecessairement contraste de mecircme que lopposition signifie opposition le trigone est lexpression dune synthegravese parfaite et le sextile cest-agrave-dire la position en angle de 60 degreacutes exprimegrave une affiniteacute Appliqueacutes agrave la nature du cycle les trois mouvements principie1s de lEsprit ne peuvent plus ecirctre comshypareacutes aux trois dimensions de la profondeur de lampleur et de la hauteur mais ils apparaissent suivant une reacuteflexion ccedilonshyforme agrave cette nature la seule tendance qui se manifeste dishyrectement dans lordre cyclique est celle de lexpansion dans lampleur car le cycle est avant tout limage du deacuteveloppeshy

1 Sur les diffeacuterentes significations de ce terme voir notre article Du Barzakh dans Etudes Traditionnelles deacutecembre 1937

ment de toutes les possibiliteacutes impliqueacutees dans lampleur dun degreacute de manifestation En conformiteacute avec ceci les signes cardinaux reacutegions critiques du cycle solaire sont appeshyleacutes laquo mobiles raquo (munqalib) cest-agrave-dire dynamiques ou expanshysifs Quant au mouvement descendant de lEsprit il se traduit dans lordre cyclique par la fixation (sukucircn) car cest en raison de ce laquo mouvementraquo que le monde subsiste comme tel Enfin le mouvement spirituel du retour vers lorigine se reflegravete dans le plan du cycle zodiacal par la synthegravese des deux autres orienshytations et les signes qui lui sont coordonneacutes sont appeleacutes laquo doublesraquo ou laquo syntheacutetiquesraquo (dhucirc ishtiracirch) Nous devons faire remarquer en passant qui ces deacuteterminations ternaires du Zodiaque relegravevent dune toute autre perspective que le symbolisme des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire symbolisme qui peut eacutevidemment ecirctre rattacheacute aux deux mouvements ou orientations opposeacutees de lEsprit mais il sagit ici dun dualisme qui se rapporte au mouvement cyclique tandis que le ternaire que nous venons de deacutecrire se rapporte agrave la deacutetermination laquo existentielleraquo du cycle lexpresshysion de laquomouvement raquo pour indiquer les orientations de lEsprit universel devant ecirctre pris dans un sens purement symbolique

Quant aux correspondances avec les trois mondes ou deshygreacutes de lexistence humaine telles quelles apparaissent dans le symbolisme des fonctions angeacuteliques auxquelles se rapporshytent les douze signes zodiacaux symbolisme que nous avons extrait du livre laquo Le lien qui retient le partantraquo (Uqlat al-musshytawfiz) de Mohyiddicirc ibn Arabicirc quant agrave ces correspondances disons-nous elles doivent ecirctre comprises agrave partir des reflets du terrain intellectuel dans la nature du cycle et suivant la perspective de la production de ces trois mondes Ceci explique pourquoi ce ne sont pas les signes laquo syntheacutetiques raquo attribueacutes

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agrave lorientation ascendante de lEsprit qui reacutegissent le monde relativement supeacuterieur cest-agrave-dire les degreacutes intemporels de leacutetat humain mais les signes laquofixes raquo par contre il est eacutevishydent que ce sont les signes laquomobilesraquo qui se rapporten~ au deacuteveloppement des eacutetats de ce monde-cL Quant aux signes syntheacutetiques ou laquo doubles raquo ils correspondent au monde intershymeacutediaire (le barzakh de la la theacuteologie islamique le purgatoire chreacutetien et le bardo des thibeacutetains) ou encore suivant une perspective quelque peu diffeacuterente agrave la synthegravese de limmushytabiliteacute spirituelle et de lexpansiviteacute psychique dans le comshyposeacute corporel - agrave linstar de la production du sel alchimique parlunion du soufre et du mercure

1 - Signes mobiles

Le Beacutelier est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des qualiteacutes et des accidents

Le Cancer est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation de ce bas monde

La Balance est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des eacutetats (eacutepheacutemegraveres) et des changements

Le Capricorne est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef du jour et de la nuit

II - Signes fixes

Le Taureau est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du paradis et de lenfer et il est sous la terreur de la Majesteacute (haybah)

Le Lion est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange

est geacuteneacutereux (Karicircm) il deacutetient la clef de la creacuteation du monshyde futur

Le Scorpion est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du feu (infernal)

La Verseau est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange est geacuteneacutereux et sous la terreur de la Majesteacute il deacutetient la clef des esprits

III Signes syntheacutetiques

Les Geacutemeaux sont de nature chaude et humide (aeacuterienne) Leur ange reacutegit les corps en communion avec les recteurs des autres signes doubles il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des meacutetaux

La Vierge est de nature froide et segraveche (terrestre) Son ange reacutegit en communion avec les altres signes doubles les corps et en particulier les corps humains

Le Sagittaire est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange est geacuteneacutereux il reacutegit les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des plantes

Les Poissons sont de nature troide et humide (aqueuse) Leur ange reacutegit en communion avec les autres anges des corps les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des animaux

Nous avons maintenant exposeacute dans ses geacuteneacuteraliteacutes la diffeacuterenciation des douze reacutegions zodiacales du ciel-limite agrave partir des points fixes du cycle solaire Nous ferons encore remarquer que cette faccedilon de concevoir la division du zodiashyque justifie la maniegravere employeacutee couramment dans lastrologie arabe et occidentale pour situer les douze signes cette mashyniegravere consiste agrave compter douze parties eacutegales agrave partir de lequishy

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noxe de printemps abstraction faite de la situation des consshytellations portant les mecircmes noms que les signes car en raison de la preacutecession des eacutequinoxes dont chacune fait le tour du ciel entier en 26000 ans environ il sest produit un deacutecashylage de presque un laquosigneraquo entier entre la situation des constellations et des parties du zodiaque ayant le mecircme nom la constellation du Beacutelier par exemple se trouve aujourdhui dans le laquo signeraquo du Taureau On peut donc soulever la quesshytion de savoir si les formes de ces groupements deacutetoiles fixes qui ont eacuteteacute agrave lorigine des points de repegravere pour la deacutetermishynation des douze parties du cycle solaire sont indiffeacuterentes par rapport agrave la signification de celles-ci or il y a sucircrement analogie entre la deacutenomination des signes zodiacaux et ces groupements deacutetoiles sur leacutecliptique la constellation des Geacuteshymeaux se caracteacuterise effectivement par un couple deacutetoiles jushymelles celle du Taureau comporte un triangle semblable agrave la tecircte de lanimal et les formes du Scorpion ou du Lion peuvent ecirctre reconnues dans les constellations du mecircme nom bien que dautres interpreacutetations de ces groupements soient eacutegalement concevables Il est dailleurs fort bien possible que lors de la premiegravere fixation des symboles astrologiques les ressemblances furent plus frappantes car certaines eacutetoiles laquo fixesraquo ont ducirc se deacuteplacer depuis cette eacutepoque fort lointaishyne (1) ainsi que le fait remarquer Mohyiddicircn ibn Arabicirc en se reacutefeacuterant agrave certaines repreacutesentations stellaires sur des monuments de lEgypte ancienne A leur origine les images symboliques attribueacutees aux douze parties du cycle solaire devaient preacutesen-

L La derniegravere coiumlncidence des signes zodiacaux avec les constellations de mecircme nom eucirct lieu dans les premiers siegravecles de legravere chreacutetienne mais il est probable que la deacutenomination des douze constellations date dune coiumlncidence preacuteceacutedente Nous allons revenir sur cette question

ter une synthegravese entre dune part les significations spmshytuelles de ces deacuteterminations de lespace ceacuteleste et dautre part les interpreacutetations possibles des groupes deacutetoiles des douze constellations les premiers jouant un rocircle essentiel et les combinaisons latentes des groupes deacutetoiles - y comshypris leurs couleurs et leurs intensiteacutes un rocircle potentiel une fois la fixation opeacutereacutee elle simprimait dans la meacutemoire collective en raison de son originaliteacute agrave la fois spirituelle et imaginative et cest lagrave du reste une image particuliegraverement adeacutequate dun certain ordre dinspirations

Dun autre cocircteacute la preacutecession des eacutequinoxes qui constishytue le cycle astronomique majeur doit neacutecessairement jouer un rocircle dans le symbolisme astrologique et le deacuteplacement des constellations zodiacales doit faire partie de sa signifishycation sur laquelle nous aurons agrave revenir par la suite

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III

Le ciel des eacutetoiles qui est contenu dans la sphegravere des laquotoursraquo du zodiaque est appeleacute le ciel des laquo stationsraquo (manacirczil) parce que les mouvements des planegravetes se projettent sur lui Les sept planegravetes qui repreacutesentent les intermeacutediaires cosmiques entre le monde immuable des archeacutetypes et le mishylieu terrestre actualisent par leurs rythmes combineacutes et par les positions reacuteciproques qui en reacutesultent les relations spashytiales virtuellement contenues dans la sphegravere indeacutefinie du cielshylimite sphegravere qui nest rien dautre que la totaliteacute des dishyrections de lespace et par lagrave limage de lunivers (1) Les astrologues modernes veulent que les planegravetes agissent sur la terre par un rayonnement de forces et ils entendent cela dans un sens mateacuteriel ou quasi-mateacuteriel car il est ineacutevitable quil introduisent dans lastrologie quelque chose des conshyceptions modernes de la causaliteacute cest alors que les reacutesidus de cette science prennent lallure dune veacuteritable superstition Le besoin de causaliteacute deacutepend des preacuteoccupations geacuteneacuterales dune eacutepoque il est vrai quil est toujours dessence logique

1 Dougrave la deacuterivation eacutetymologique du terme univers de orbis unIcircversum

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car ce qU1 confegravere agrave un enchaicircnement causal son caractegravere conshyvaincant reacuteside autant dans luniteacute de lesprit que dans la nashyture des choses mais en mecircme temps le besoin de deacutepend substantiellement du niveau mental il est meacutecaniste ou imaginatif raisonnant ou intuitif Comme lhorizon mental nenglobe agrave la fois quun certain ordre de reacutealiteacutes largument causal dune eacutepoque mentalement diffeacuterente apparaicirct insuffisant ou mecircme deacutefectueux quon nen voit que les limites du deacuteveloppement dans le sens dune investigation ulteacuterieure on oublie trop facilement que tout enchaicircnement causal agrave rieur de la manifestation est essentiellement symbolique (1) et que la conception la plus vaste et la plus adeacutequate de causaliteacute est preacuteciseacutement celle qui est consciente de ce symbolishysme et qui considegravere toute chose sous le rapport de laquo lUniteacute de lExistenceraquo (wahdat-al-wudjucircd) Dautre part il faut bien se dire que la veriteacute essentielle dune perspective intellectuelle nempecircche pas que son expression mentale reste sujette agrave la reshylativiteacute des moyens exteacuterieurs de connaissance ainsi par exem-

Mohyiddicircn ibn Arabi affirme du soleil le laquocœur monderaquo quil communique la lumiegravere agrave tous les autres astres y compris les eacutetoiles fixes et quil est lui-mecircme illumineacute par lirradiation directe et incessante dune reacuteveacutelation divine (2) Cette conception est essentiellement vrai en ce sens que toute lumiegravere sensible a sa source dans la lumiegravere intelligible i dont le soleil est le symbole le plus eacutevident est vraie en ce sens que les lumiegraveres de tous les astres sont de mecircme substance comme le reconnaissent dailleurs les astro~omes

1 les causes secondes ne sont que des reflets de la cause premiegravere et nont aucune reacutealiteacute propre

2 Cest un fait significatif que lœil ne peut pas le soleil - qui illumine le monde entier sans en ecirctre eacutebloui

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modernes enfin il est vrai que le soleil communique sa lu-agrave toutes les planegravetes Quant aux eacutetoiles fixes on est aushy

jourdhui convaincu quelles repreacutesentent des sources de lushymiegravere indeacutependantes du soleil et sur ce point la conception de Mohyiddicircn Ibn Arabicirc peut paraicirctre erroneacutee cependant la fonction dun Maicirctre en meacutetaphysique nimplique pas neacutecesshysairement la connaissance distinctive de tous les domaines de

nature et Ibn Arabicirc ne pouvait quenvisager le symbolisme des connaissances astronomiques telles quelles se preacutesentaient agrave lui Cela ne veut certes pas dire que sa theacuteorie ne soit plus valable degraves quon accepte que les eacutetoiles fixes sont des lumiegraveres autonomes dans lordre sensible car la distinction entre lenshysemble des astres reacutegis par le soleil et la multitude des eacutetoiles

apparaicirct seulement comme une diffeacuterenciation du mecircme symbolisme en ce sens que le soleil repreacutesente le centre du rayonnement de la lumiegravere divine pour un monde deacutetermineacute tandis que les eacutetoiles fixes symbolisent les interfeacuterences de la lumiegravere dun monde supeacuterieur mai~ mecircme dans ce cas on pourshyra dire que la lumiegravere qui rayonne du soleil est la mecircme que celle qui illumine tous les corps ceacutelestes

Cette sur les diffeacuterentes perspectives selon lesshyquelles on peut envisager la causaliteacute cosmique eacutetait neacutecesshysaire pour situer le rocircle des planegravetes dans lastrologie et pour faire comprendre ce quon doit entendre par linfluence de leur rayonnement Quel que puisse ecirctre mateacuteriel ou subshytil de leurs rayons la peacuteneacutetration contemplative de la laquo physioshygnomieraquo du cosmos les considegravere plus directement comme ( des modes de lIntellect dans sa manifestation macrocosmique modes qui reacutealisent ou mesurent les possibiliteacutes contenues dans la sphegravere indeacutefinie Lespace ceacuteleste dans lequel les planegravetes deacutecrivent leurs reacutevolutions repreacutesente en quelque sorte les limiddot mites extrecircmes du monde sensible et ces limites sont inverseshy

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ini bn dli ilililH~Hj iUill HHHijHHmH~j~mlllij~umli

ment analogues au centre qui est lhomme lui-mecircme comme nous lavons deacutejagrave fait remarquer en consideacuterant le caractegravere laquo objectifraquo des directions spatiales rayonnant de chaque ecirctre humain vers les mecircme points du ciel-limite (1) en raison de cette analogie inverse les modes de lIntellect cosmique que repreacutesentent les astres sont laquo existentielsraquo au lieu decirctre laquo inshytelligents raquo ce dernier mot pris dans le sens de lintelligence active manifesteacutee dans lhomme nous nous rapportons ici agrave la polariteacute de 1laquo existenceraquo et de 1laquo intelligenceraquo dans lEtre (2) Cette nature intellectuelle des planegravetes sexprime - toushyjours en raison de la mecircme analogie inverse par rapport agrave telIigence active -dans la reacutegulariteacute et continuiteacute rythmique de leurs mouvements Leur nature lumineuse relegraveve du mecircme symbolisme dautre part la propagation de la lumiegravere est pour ainsi dire laquo geacuteomeacutetriqueraquo et correspond agrave lactualisation des directions et des relations spatiales Il faut dailleurs bien comshyprendre que ce symbolisme nenvisage pas la situation des plashynegravetes dans lespace quantitativement mesurable leurs laquoasshypects raquo se deacuteterminent par leur projection sur le zodiaque cest-agrave-dire en raison des directions de lespace dont le centre est lecirctre humain terrestre quant aux directions de lespace leur deacutefinition nest eacutevidemment pas quantitative mais toujours relative agrave luniteacute indivisible de la sphegravere indeacutefinie du ciel extrecircme

1 On nous objectera peut-ecirctre que les directions que nous appelons4lt obshyjectives ne relegravevent que de la subjectiviteacute collective mais dans lordre de la perception sensible directe et spontaneacutee sur laquene se fonde le symbolisme en question cette subjectiviteacute collective est eacutequivalente dobjectivicircteacute Voit agrave ce propos ce que dit Frithjof Schuon dans son article Fataliteacute et Progregraves passhysage que nous avons reprenduit en note au deacutebut de cette eacutetude

2 Cf larticle de Frithjof Schuon Transcendance et universaliteacute de leacutesoshyteacuterisme dans Etudes Traditionnelles oct-nov 1945

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De tous les astres laquomobiles raquo il ny a que le soleil et lune dont les mouvements puissent ecirctre repreacutesenteacutes par des cercles reacuteguliers sur le ciel des eacutetoiles fixes car les orbites apshyparentes des autres planegravetes sont agrave la fois reacutegies par le centre solaire et le centre terrestre de faccedilon quelles eacutevoluent en des mouvements combineacutes Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se reacutepartissent dune faccedilon ineacutegale mais rythmique sur les douze parties du zodiaque et que lon compte agrave partir de leacutequinoxe du printemps Le veacuteritable commencement du cycle lunaire qui sexprime dans la succession des lunaisons ne coiumlncide pas toujours avec le point de leacutequinoxe car les deux points tersection de lorbite lunaire avec le cycle solaire que lon apshypelle la laquo tecircteraquo et la laquo queueraquo du dragon deacutecrivent en 18 ans le tour de tout le laquo ciel des stations raquo La fixation des manshysions de la lune consiste donc en une sorte dabreacutegeacute symbolique des rythmes veacuteritables (1)

Dans les rapports des mansions lunaires avec le zodiaque se manifeste un symbolisme numeacuterique eacutevident nous avons monshytreacute comment le duodeacutenaire zodiacal se preacutesente comme le proshyduit de la multiplication du quaternaire par le ternaire or la

multiplication symbolise le mode de distinction propre au monde des archeacutetypes car ceux-ci ne se diffeacuterencient pas par exclusion mutuelle mais agrave linstar de miroirs oui se reflegravetent les

1 Lastrologie hindoue ne compte que 27 mansions lunaires le parcours de la lune autour du ciel ne seffectuant pas en un nombre de jours de faccedilon que labreacutegeacute symbolique de son cycle peut-ecirctre ou bien porteacute agrave 28 ou reacuteduit a 27 jours Dautre part les astrologues hindous ne situent pas le deacuteshybut du cycle lunaire au point vernal actuel mais au point du ciel des eacutetoiles fixeacutees qui coiumlncidait agrave leacutepoque de la derniegravere coiumlncidence entre les signes zodiacaux et les constellations synonymes avec leacutequinoxe du printemps Nous allons revenir sur cette diffeacuterence des ooints de vue

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l

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 5: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

(al-Qamar) plus rapprocheacutes - mais au delagrave du ciel de Sashyturne se situent encore la voucircte du ciel des eacutetoiles fixes (falak al-kawacirckib) celle du ciel non eacutetoileacute (al-falak al-atlas) et les deux sphegraveres suprecircmes du laquo Pieacutedestalraquo divin (al-Kursicirc) et du laquo Trocircneraquo divin (al-Arsh) sphegraveres concentriques auxquelles correspondent symeacutetriquement les quatre sphegraveres sublunaires de leacutether (al-acircthicircr) de lair (al-hawacirc) de leau (al-macirc) et de la terre (al-ardh) Ainsi se reacutepartissent sept degreacutes de chaque cocircteacute de la sphegravere du soleil le laquo Trocircneraquo divin symbolisant la synthegravese de tout le cosmos et le milieu de la terre en eacutetant agrave la fois laboutissement infeacuterieur et le centre di fixation

Il va sans dire que entre toutes les sphegraveres de cette hieacuteshyrarchie seules les sphegraveres planeacutetaires et celles des eacutetoiles fixes correspondent telles quelles agrave lexpeacuterience sensible encore quil ne faille pas les envisager sous ce seul rapport quant aux sphegraveres sublunaires de leacutether - qui ne signifie pas ici la quintessence mais le milieu cosmique dans lequel se reacutesorbe le feu --de lair et de leau il faut y voir plutocirct une hieacuterarchie theacuteorique suivant les degreacutes de densiteacute que des sphegraveres spatiales Pour ce qui est des sphegraveres suprecircmes du laquo Pieacutedestalraquo et du laquo Trocircneraquo divins le premier conteshynant les cieux et la terre et le second englobant toute chose (1) -leur forme de sphegraveres est purement symbolique et elles marquent en somme le passage de lastronomie agrave la cosmologie inteacutegrale et meacutetaphysique (2) le Ciel sans eacutetoiles (al-falak al-atlas) qui est un laquo vide raquo et qui de ce fait nest

1 Cest ce quenseigne le Qoran Selon une expression du Prophegravete le monde est contenu dans le Pieacutedestal divin et celui-ci dans le Trocircne comme un anneau dans un moule de terre

2 Dans certains scheacutemas symboliques du Sheikh al-akbar on trouve dautres sphegraveres plus vastes que celle du Trocircne ce symbolisme eacutetant naturellement susceptible dune extension plus ou moins grande cependant

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mecircme plus spatial mais marque plutocirct la laquo fin raquo de lespace marque aussi par lagrave mecircme la discontinuiteacute entre le formel et linformel celui-ci apparaicirct en effet comme un laquoneacuteantraquo au point de vue du formel de mecircme que le principiel apparaicirct comme un laquo neacuteantraquo au point de vue du manifesteacute On aura compris que ce passage du point de vue astronomique au point de vue cosmologique ou meacutetaphysique na rien darbishytraire la distinction entre un ciel visible et un ciel eacutechappant agrave notre vue est reacuteelle mecircme si son application nest que symshybolique et l laquo invisibleraquo devient ici spontaneacutement le laquo transshycendant raquo conformeacutement au symbolisme oriental les sphegraveres de la manifestation informelle - le laquo Trocircneraquo et le laquo Pieacutedesshytalraquo - sont appeleacutees expresseacutement le laquomonde invisibleraquo ( acirclam al-ghaiumlb ) J le mot ghaiumlb signifiant tout ce qui est hors de porteacutee de notre vue ce qui montre bien cette correspondance symbolique entre 1laquo invisibleraquo et le laquo transcendant raquo

Le laquo Pieacutedestal raquo sur lequel sont poseacutes les laquo Pieds raquo de Celui qui est assis sur le laquo Trocircne raquo repreacutesente la premiegravere laquo polarishysation raquo ou deacutetermination distinctive en vue de la manifesshytation formelle deacutetermination qui comporte une laquoaffirmashytion raquo et une laquo neacutegation raquo auxquelles correspondent dans le Livre reacuteveacuteleacute le commandement (al-amr) et la prohibition (an-nahicirc)

Le ciel sans eacutetoiles (al-falak al-atlas) est aussi le ciel des douze laquo tours raquo (burucircj) ou laquo signes raquo du zodiaque ceux-ci ne

la hieacuterarchie que nous venons deacutenumeacuterer repreacutesente en elle mecircme un enshysemble complet puisque le Trocircne divin englobe toute la manifestation Cest ce quenseigne Mohyiddin ibn Arabi conformeacutement au Qoran dans les Reacuteveacutelations mecquoises (Al-Futucirchacirct al-makkiyah) dans dautres eacutecrits il parlera de toute une hieacuterarchie de diffeacuterents Trocircnes qui constituent les principaux degreacutes de lExistence informelle

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sont donc pas identiques aux douze constellations zodiacales contenues dans le ciel des eacutetoiles fixes (falak al-kawacirckib ou falak al-manacirczil) mais repreacutesentent des laquo determinations virshytuelles raquo (maqacircdir) de lespace ceacuteleste et ne se diffeacuterencient que par rapport aux laquo stationsraquo ou laquo mansionsraquo (manacirczil) planeacuteshytaires projeteacutees sur le ciel des eacutetoiles fixes Il y a lagrave un Foint tregraves important pour la compreacutehension de lastrologie arabe et occidentale nous y reviendrons plus loin

La cosmologie traditionnelle ne fait pas de diffeacuterence explishycite entre les cieux planeacutetaires dans leur reacutealiteacute corporel~e et visible et ce qui leur correspond dans lordre subtil car le symbole sidentifie essentiellement agrave la chose symboliseacutee et il ny a lieu de faire une distinction entre lun et lautre que lagrave ougrave cette distinction peut pratiquement se faire et que par suite laspect deacuteriveacute peut ecirctre pris seacutepareacutement pour le tout comme il arrive lorsque la forme corporelle dun ecirctre vivant est prise pour lecirctre entier or dans le cas des rythmes planeacutetaires - car ce sont eux qui constituent les diffeacuterents laquo cieux raquo - cette distinction ne peut ecirctre faite que par lapplication theacuteorique de conceptions meacutecaniques eacutetrangegraveres agrave la mentaliteacute contemplative des civilisations traditionnelles (1)

Les sphegraveres planeacutetaires sont donc agrave la fois des parties du monde corporel et des degreacutes du monde subtil le Ciel sans eacutetoiles qui est lextrecircme limite du monde sensible enveloppe symboliquement tout leacutetat humain y compris tous les laquoproshylongements raquo supeacuterieurs de cet eacutetat le Sheikh al-akbar sitle

1 Ainsi les Indiens de lAmeacuterique du Nord qui ne font pas de theacuteories sur leacutelectriciteacute peuvent voir dans leacuteclair la puissance mecircme de lOiseau shyTonnerre qui est lEsprit divin dans la manifestation macrocosmique il y a mecircme des cas ougrave la percussion de leacuteclair confegravere des puissances spirituelles ce qui ne serait pas possible chez des Europeacuteens qui ont lhabitude de seacutepashyrer mentalement ls formes sensibles de leurs archeacutetypes surnaturels

en eEfet les eacutetats paradisiaques entre le ciel des eacutetoiles fixes et le ciel sans eacutetoiles - ou ciel des laquo Tours raquo zodiacales - les paradis supeacuterieurs touchant pour ainsi dire agrave lexistence inforshymelle tout en restant circonscrits par la forme subtile de lecirctre humain (1) Le ciel des toursraquo zodiacales est donc par rapshyport agrave leacutetat humain inteacutegral le laquo lieuraquo des archeacutetypes

Ce qui se situe au delagrave du ciel des eacutetoiles fixes entre ceshylui-ci et le ciel sans eacutetoiles se maintient dans la dureacutee pure tandis que ce qui est en dessous du ciel des eacutetoiles fixes est soumis agrave la geacuteneacuteration et agrave la corruption Il peut sembler eacutetrange que la sphegravere du ciel suprecircme qui est le primum mobile) soit identifieacute au monde incorruptible alors que le mouvement eacutevolue neacutecessairement dans le temps Mais ce dont il faut tenir compte ici cest que la reacutevolution du ciel le plus vaste eacutetant elle-mecircme la mesure fondamentale du temps suivant laquelle tout autre mouvement est mesureacute ne saurait ecirctre elle-mecircme susceptible de mesure temporelle ce qui corshyrespond agrave lindiffeacuterenciation de la dureacutee pur~ De mecircme que les mouvements concentriques des astres se difrfeacuterencient dans lordre de leur deacutependance successive de mecircme la condition temporelle se preacutecise et se contracte en quelque sorte dans la mesure ougrave elle interfegravere avec la condition spatiale et par anashylogie les diffeacuterentes sphegraveres du monde planeacutetaire - ou plus

1 Il sagit de la deacutefinition cosmologique des eacutetats paradisiaques et non de leur symbolisme implicite qui fait que leurs descriptions peuvent ecirctre transposeacutees aux degreacutes les plus hauts de lexistence et mecircme dans lEtre pur puisquon parle en langage soufique dun paradis de lEssence (djannat adhshydhacirct)

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exactement les rythmes de leurs reacutevolutions seacutechelonnant agrave partir des limites indeacutefinissables de lespace jusquau milieu terrestre peuvent ecirctre consideacutereacutes comme autant de degreacutes sucshycessifs de la laquo contractionraquo temporelle (2)

2 Pour cette raison la hieacuterarchie astrologique des deux planeacutetaires situe Mercure entre Veacutenus et la Terre pLIcircsque Mercure se meut plus rapideshyment que Veacutenus et ceci bien que Veacutenus soit plus pregraves de la Terre et Mercure plus pregraves du SoleiL

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II

Le symbolisme astrologique reacuteside dans les laquopoints de jonctionraquo des conditions fondamentales du monde sensible et notamment dans les jonctions du temps de lespace et du nomshybre On sait que la deacutefinition des reacutegions ou parties de la grande sphegravere du ciel sans eacutetoiles au moyen des pointsmiddot de repegravere quoffrent les eacutetoiles fixes coiumlncide en astronomie avec la deacutefinition des divisions du temps Or la sphegravere-limite du ciel nest mesurable quen raison des directions de lespace lorshysquon parle des parties du ciel on ne fait que deacutefinir des dircctions dautre part celles-ci sont lexpression de la nature qualitative de lespace de faccedilon agrave ce que les limites de lindeacuteshyfini spatial se reacuteintegravegrent en quelque sorte dans laspect qualishytatif cn question lensemble des directions qui rayonnent dun centre contenant virtuellement toutes les deacuteterminations spashytiales possibles (1) Leacutepanouissement extrecircme et indeacutefini de ces directions est la voucircte du ciel non-eacutetoileacute et leur centre est chaquc ecirctre vivant qui se trouve sur terre sans que la laquo perspecshytive gtgt des directions diffegravere dun individu agrave lautre puisque nos

1 Cf le chapitre sur lespace qualificirceacute dans Le regravegne de la quantiteacute et 1er 11111 dt temps oc Reneacute Gueacutenon

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axes visuels coiumlncident sans se confondre lorsque nous fixons un mecircme point de la voucircte ceacuteleste - en quoi sexprime eacutevishydemment une coiumlncidence du point de vue microcosmique avec le laquo point de vueraquo macrocosmiqueraquo (2) Il faut distinguer ces directions laquo objectives raquo cest-agrave-dire eacutegales pour tous les ecirctres terrestres consideacuterant le ciel au mecircme instant temporel et les directions quon peut appeler laquosubjectives raquo parce quelles sont deacutetermineacutees par le zeacutenith et le nadir individuel nous feshyrons remarquer en passant que cest preacuteciseacutement la comparaishyson entre ces deux ordres de directions de lespace ceacuteleste qui est agrave la base de lhoroscope Lindeacutefiniteacute des directions de lesshypace est en elle-mecircme indiffeacuterencieacutee nous voulons dire quelle contient virtuellement toutes les relations spatiales possibles sans quon puisse les deacutefinir Mais les qualiteacutes de ces directions de lespace ceacuteleste sont interdeacutependantes nous entendons par

2 Cette coiumlncidence des perspectives na pas seulement lieu lorsquon envisage un point du ciel-limite )Tlais deacutejagrave qual1d on fixe une planegravete Elle secprime dans lexpeacuterience courante selon laquelle chaque spectateur qui regarde le soleil se lever ou se coucher au delagrave dune surface deau voit la voie des rayons refleacuteteacutes dans leau venir directement vers lui lorsque le spectateur se deacuteplace cette voie lumineuse le suit - Signalons en passant lue les Indiens de lAmeacuterique du Nord considegraverent ce chemin lumineux projeteacute sur leau par les rayons du soleil couchant comme le sentier des acircmes vers le monde des ancecirctres en effet on peut y voir comme une projection horizontale du rayon solaire qui selon le symshybolisme hindou repreacutesente le lien par lequel chaque ecirctre particulier se ratshytache directement agrave son principe On sait que les textes sacreacutes de lHinshydouisme deacutecrivent ce rayon comme allant de la couronne de la tecircte au soleil Le mecircme symbolisme - impliquant agrave la fois lideacutee dun lien direct et celle de la Voie Divine - se retrouve dans ce passage de la Sourate Hucircd Il nexiste pas decirctre vivant quIl (Allah) ne tient pas par son toupet en veacuteriteacute mon Seigneur est sur une voie droite - Comme la Voie Divine la direction qui va dun ecirctre terrestre quelconque agrave un point deacuteshytermineacute de la voucircte ceacuteleste est agrave la fois unique pour chacun et une pour tous

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lagrave que degraves quune direction de lespace ceacuteleste - ou le point de la sphegravere-limite qui lui correspond - est deacutefini tout lensemble des autres directions se diffeacuterencie et se polarise par rapport agrave celle-lagrave Cest dans ce sens que le Maicirctre dit que les divisions du ciel non-eacutetoileacute ou ciel des laquotoursraquo zodiacales sont des laquo deacuteterminations virtuellesraquo qui ne se diffeacuterencient que par rapport au ciel des laquo stationsraquo des astres Or les points fixes du ciel des stations sont avant tout les pocircles respectifs de la reacutevolution diurne du ciel (ou de la terre) et du cycle annuel du soleil et par conseacutequent les points que la divergence de ces pocircles deacutetermine sur leacutecliptique cest-agrave-dire les deux eacutequinoxes points dintersection de lorbite solaire avec leacutequateur dune part et les deux solstices points extrecircmes des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire dautre part Degraves que ces quatre points de leacutecliptique sont fixeacutes les huit autres divisions zodiacales leur reacutepondent en raison des partitions tershynaires et seacutenaires qui sont naturellement inheacuterentes au cercle ainsi que lexprime le rapport entre le rayon et les proportions de lhexagone inscrit dans le cercle Il se produit alors comme une cristallisation spontaneacutee des relations spatiales chaque point du quaternaire eacutevoquant deux autres points dun trigoshyne qui agrave leur tour reacutepegravetent la relation en laquo carreacute raquo de faccedilon agrave ce que la division du cercle par quatre se trouve inteacutegreacutee et compenseacutee par une synthegravese laquo congeacutenitaleraquo agrave la nature laquo unishyverselle raquo du cycle suivant la formule 3 X 4 = 4 X 3 = 12

Si les deux -grands cercles celui de leacutequateur ceacuteleste et celui du cycle solaire coiumlncidaient les saisons ne se manifesshyteraient pas La divergence des deux grands cycles ceacutelestes exprime donc de toute eacutevidence la rupture deacutequilibre qui deacuteshyclenche un certain ordre de manifestation cest-agrave-dire de conshytrastes et de compleacutementaires et les quatre points cardinaux d(lttcrmineacutes par cette divergence sont bien les marques de ces

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contrastes Ibn Arabi identifie le quaternaire zodiacal avec celui des qualiteacutes ou tendances fondamentales de la Nature totale ou universelle (at-tabiuml ah) qui est la racine de toutes les diffeacuterenciations Ajoutons afin de preacutevenir tout malentendu que la Nature totale telle que lenvisage le Maicirctre nest pas la Substance universelle comme telle premier principe passif que la doctrine hindoue appelle Prakriti et que Mohyiddicircn ibn Arabi deacutesigne soit par le terme de al-habacirc (ltlt Substanceraquo) soit par celui de al- unccedilur al-a zam (ltlt Eleacutement suprecircmeraquo) mais elle en est une deacutetermination directe envisageacutee plus particushyliegraverement sous son aspect de laquomaterniteacuteraquo agrave leacutegarmiddotd des creacutea-

Geacuteneacuteration du duodeacutenaire zodiacal par Je carreacute et le trigone

tures La Nature universelle non manifesteacutee en elle-mecircme se manifeste par quatre qualiteacutes ou tendances fondamentales qui apparaissent dans lordre sensible comme chaleur et froid

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seacutecheresse et humiditeacute La chaleur et le froid sont des qualiteacutes actives opposeacutees lune agrave lautre elles se manifestent aussi comme force expansive et force contractive elles deacuteterminent le couple des qualiteacutes passives la seacutecheresse et lhumiditeacute (1) Rapporteacutes aux quatre points cagraverdinaux du zodiaque le froid correspond aux deux solstices qui reflegravetent en quelque sorte la contraction polaire tandis que la chaleur correspond aux 1 deux eacutequinoxes qui se situent sur leacutequateur diapason de 1 lexpansion des mouvements ceacutelestes De ce fait les signes cardinaux se succegravedent par contrastes mais les qualiteacutes passhysives de la seacutecheresse et de lhumiditeacute en relient deux couples Les quatre tendances ou qualiteacutes de la Nature se joignent deux agrave deux dans la nature des quatre eacuteleacutements ou fondements du monde sensible produits agrave partir de la substance terrestre la terre est froide et segraveche leau est froide et humide lair est humide et chaud le feu est chaud et sec Si lon attribue ces qualiteacutes eacuteleacutementaires aux signes du zodiaque disant que le Beacutelier est de nature igneacutee le Cancer aqueux la Balance aeacuterienshyne et le Capricorne terrien il faut tenir compte du fait que le zodiaque ne comporte que les modegraveles ceacutelestes des quatre eacuteleacutements et que ces modegraveles restent composeacutes des quatre tenshydances de la Nature totale ainsi que le fait remarquer Mer hyiddicircn ibn Arabi

Le quaternaire des tendances fondamentales de la Nature totale doit ecirctre multiplieacute selon Mohyiddicircn ibn Arabi par le ternaire dont le paregravedre cosmique sont les trois mouvements ou orientations principielles de lIntellect premier ou Esprit universel ( al-Aql) ou encore sous un altre rapport les trois mondes cest-agrave-dire le monde preacutesent le monde futur et

1 La meacutedecine traditionnelle du monde musulman reacuteduit toutes les mashy

ladies agrave autant de manifestations deacuteseacutequilibreacutees de ces quatre tendances

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leacutetat intermeacutediaire du barzakh (1) Les vrois mouvements ou orientations de lEsprit sont le mouvement descendant qui seacuteloigne apparemment du Principe et qui mesure la proshyfondeur (al-umq) du possible le mouvement expansif qui en mesure lampleur ou la largeur (al-urd) le mouvement du retour vers lorigine qui se dirige dans le sens de lexaltashytion ou de la hauteur (at-tucirct) Ce ternaire de lEsprit est supeacuteshyrieur au quaternaire de la Nature sil apparaicirct ici en deuxiegraveme lieu cest que la diffeacuterenciation du ciel des archeacutetypes zodiashycaux procegravede des contrastes manifesteacutes pour aboutir agrave leur reacuteinteacutegration dans la synthegravese parfaite Par suite de cette reacuteinteacutegration ou multiplication tous les points di zodiaque qui se trouvent en relation de trigone ont la mecircme nature eacuteleacutemenshytaire mais se distinguent par les qualiteacutes relevant du ternaire de lEsprit et tous les points qui se trouvent en relation de

carreacute ont la mecircme qualiteacute spirituelle mais se diffeacuterencient par 1 les contrastes eacuteleacutementaires De lagrave on peut deacutejagrave deacuteduire les difshy

feacuterents caractegraveres des laquo aspects raquo ou positions reacuteciproques des planegravetes sur leacutecliptique la relation en angle droit signifie neacutecessairement contraste de mecircme que lopposition signifie opposition le trigone est lexpression dune synthegravese parfaite et le sextile cest-agrave-dire la position en angle de 60 degreacutes exprimegrave une affiniteacute Appliqueacutes agrave la nature du cycle les trois mouvements principie1s de lEsprit ne peuvent plus ecirctre comshypareacutes aux trois dimensions de la profondeur de lampleur et de la hauteur mais ils apparaissent suivant une reacuteflexion ccedilonshyforme agrave cette nature la seule tendance qui se manifeste dishyrectement dans lordre cyclique est celle de lexpansion dans lampleur car le cycle est avant tout limage du deacuteveloppeshy

1 Sur les diffeacuterentes significations de ce terme voir notre article Du Barzakh dans Etudes Traditionnelles deacutecembre 1937

ment de toutes les possibiliteacutes impliqueacutees dans lampleur dun degreacute de manifestation En conformiteacute avec ceci les signes cardinaux reacutegions critiques du cycle solaire sont appeshyleacutes laquo mobiles raquo (munqalib) cest-agrave-dire dynamiques ou expanshysifs Quant au mouvement descendant de lEsprit il se traduit dans lordre cyclique par la fixation (sukucircn) car cest en raison de ce laquo mouvementraquo que le monde subsiste comme tel Enfin le mouvement spirituel du retour vers lorigine se reflegravete dans le plan du cycle zodiacal par la synthegravese des deux autres orienshytations et les signes qui lui sont coordonneacutes sont appeleacutes laquo doublesraquo ou laquo syntheacutetiquesraquo (dhucirc ishtiracirch) Nous devons faire remarquer en passant qui ces deacuteterminations ternaires du Zodiaque relegravevent dune toute autre perspective que le symbolisme des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire symbolisme qui peut eacutevidemment ecirctre rattacheacute aux deux mouvements ou orientations opposeacutees de lEsprit mais il sagit ici dun dualisme qui se rapporte au mouvement cyclique tandis que le ternaire que nous venons de deacutecrire se rapporte agrave la deacutetermination laquo existentielleraquo du cycle lexpresshysion de laquomouvement raquo pour indiquer les orientations de lEsprit universel devant ecirctre pris dans un sens purement symbolique

Quant aux correspondances avec les trois mondes ou deshygreacutes de lexistence humaine telles quelles apparaissent dans le symbolisme des fonctions angeacuteliques auxquelles se rapporshytent les douze signes zodiacaux symbolisme que nous avons extrait du livre laquo Le lien qui retient le partantraquo (Uqlat al-musshytawfiz) de Mohyiddicirc ibn Arabicirc quant agrave ces correspondances disons-nous elles doivent ecirctre comprises agrave partir des reflets du terrain intellectuel dans la nature du cycle et suivant la perspective de la production de ces trois mondes Ceci explique pourquoi ce ne sont pas les signes laquo syntheacutetiques raquo attribueacutes

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agrave lorientation ascendante de lEsprit qui reacutegissent le monde relativement supeacuterieur cest-agrave-dire les degreacutes intemporels de leacutetat humain mais les signes laquofixes raquo par contre il est eacutevishydent que ce sont les signes laquomobilesraquo qui se rapporten~ au deacuteveloppement des eacutetats de ce monde-cL Quant aux signes syntheacutetiques ou laquo doubles raquo ils correspondent au monde intershymeacutediaire (le barzakh de la la theacuteologie islamique le purgatoire chreacutetien et le bardo des thibeacutetains) ou encore suivant une perspective quelque peu diffeacuterente agrave la synthegravese de limmushytabiliteacute spirituelle et de lexpansiviteacute psychique dans le comshyposeacute corporel - agrave linstar de la production du sel alchimique parlunion du soufre et du mercure

1 - Signes mobiles

Le Beacutelier est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des qualiteacutes et des accidents

Le Cancer est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation de ce bas monde

La Balance est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des eacutetats (eacutepheacutemegraveres) et des changements

Le Capricorne est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef du jour et de la nuit

II - Signes fixes

Le Taureau est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du paradis et de lenfer et il est sous la terreur de la Majesteacute (haybah)

Le Lion est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange

est geacuteneacutereux (Karicircm) il deacutetient la clef de la creacuteation du monshyde futur

Le Scorpion est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du feu (infernal)

La Verseau est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange est geacuteneacutereux et sous la terreur de la Majesteacute il deacutetient la clef des esprits

III Signes syntheacutetiques

Les Geacutemeaux sont de nature chaude et humide (aeacuterienne) Leur ange reacutegit les corps en communion avec les recteurs des autres signes doubles il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des meacutetaux

La Vierge est de nature froide et segraveche (terrestre) Son ange reacutegit en communion avec les altres signes doubles les corps et en particulier les corps humains

Le Sagittaire est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange est geacuteneacutereux il reacutegit les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des plantes

Les Poissons sont de nature troide et humide (aqueuse) Leur ange reacutegit en communion avec les autres anges des corps les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des animaux

Nous avons maintenant exposeacute dans ses geacuteneacuteraliteacutes la diffeacuterenciation des douze reacutegions zodiacales du ciel-limite agrave partir des points fixes du cycle solaire Nous ferons encore remarquer que cette faccedilon de concevoir la division du zodiashyque justifie la maniegravere employeacutee couramment dans lastrologie arabe et occidentale pour situer les douze signes cette mashyniegravere consiste agrave compter douze parties eacutegales agrave partir de lequishy

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noxe de printemps abstraction faite de la situation des consshytellations portant les mecircmes noms que les signes car en raison de la preacutecession des eacutequinoxes dont chacune fait le tour du ciel entier en 26000 ans environ il sest produit un deacutecashylage de presque un laquosigneraquo entier entre la situation des constellations et des parties du zodiaque ayant le mecircme nom la constellation du Beacutelier par exemple se trouve aujourdhui dans le laquo signeraquo du Taureau On peut donc soulever la quesshytion de savoir si les formes de ces groupements deacutetoiles fixes qui ont eacuteteacute agrave lorigine des points de repegravere pour la deacutetermishynation des douze parties du cycle solaire sont indiffeacuterentes par rapport agrave la signification de celles-ci or il y a sucircrement analogie entre la deacutenomination des signes zodiacaux et ces groupements deacutetoiles sur leacutecliptique la constellation des Geacuteshymeaux se caracteacuterise effectivement par un couple deacutetoiles jushymelles celle du Taureau comporte un triangle semblable agrave la tecircte de lanimal et les formes du Scorpion ou du Lion peuvent ecirctre reconnues dans les constellations du mecircme nom bien que dautres interpreacutetations de ces groupements soient eacutegalement concevables Il est dailleurs fort bien possible que lors de la premiegravere fixation des symboles astrologiques les ressemblances furent plus frappantes car certaines eacutetoiles laquo fixesraquo ont ducirc se deacuteplacer depuis cette eacutepoque fort lointaishyne (1) ainsi que le fait remarquer Mohyiddicircn ibn Arabicirc en se reacutefeacuterant agrave certaines repreacutesentations stellaires sur des monuments de lEgypte ancienne A leur origine les images symboliques attribueacutees aux douze parties du cycle solaire devaient preacutesen-

L La derniegravere coiumlncidence des signes zodiacaux avec les constellations de mecircme nom eucirct lieu dans les premiers siegravecles de legravere chreacutetienne mais il est probable que la deacutenomination des douze constellations date dune coiumlncidence preacuteceacutedente Nous allons revenir sur cette question

ter une synthegravese entre dune part les significations spmshytuelles de ces deacuteterminations de lespace ceacuteleste et dautre part les interpreacutetations possibles des groupes deacutetoiles des douze constellations les premiers jouant un rocircle essentiel et les combinaisons latentes des groupes deacutetoiles - y comshypris leurs couleurs et leurs intensiteacutes un rocircle potentiel une fois la fixation opeacutereacutee elle simprimait dans la meacutemoire collective en raison de son originaliteacute agrave la fois spirituelle et imaginative et cest lagrave du reste une image particuliegraverement adeacutequate dun certain ordre dinspirations

Dun autre cocircteacute la preacutecession des eacutequinoxes qui constishytue le cycle astronomique majeur doit neacutecessairement jouer un rocircle dans le symbolisme astrologique et le deacuteplacement des constellations zodiacales doit faire partie de sa signifishycation sur laquelle nous aurons agrave revenir par la suite

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III

Le ciel des eacutetoiles qui est contenu dans la sphegravere des laquotoursraquo du zodiaque est appeleacute le ciel des laquo stationsraquo (manacirczil) parce que les mouvements des planegravetes se projettent sur lui Les sept planegravetes qui repreacutesentent les intermeacutediaires cosmiques entre le monde immuable des archeacutetypes et le mishylieu terrestre actualisent par leurs rythmes combineacutes et par les positions reacuteciproques qui en reacutesultent les relations spashytiales virtuellement contenues dans la sphegravere indeacutefinie du cielshylimite sphegravere qui nest rien dautre que la totaliteacute des dishyrections de lespace et par lagrave limage de lunivers (1) Les astrologues modernes veulent que les planegravetes agissent sur la terre par un rayonnement de forces et ils entendent cela dans un sens mateacuteriel ou quasi-mateacuteriel car il est ineacutevitable quil introduisent dans lastrologie quelque chose des conshyceptions modernes de la causaliteacute cest alors que les reacutesidus de cette science prennent lallure dune veacuteritable superstition Le besoin de causaliteacute deacutepend des preacuteoccupations geacuteneacuterales dune eacutepoque il est vrai quil est toujours dessence logique

1 Dougrave la deacuterivation eacutetymologique du terme univers de orbis unIcircversum

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car ce qU1 confegravere agrave un enchaicircnement causal son caractegravere conshyvaincant reacuteside autant dans luniteacute de lesprit que dans la nashyture des choses mais en mecircme temps le besoin de deacutepend substantiellement du niveau mental il est meacutecaniste ou imaginatif raisonnant ou intuitif Comme lhorizon mental nenglobe agrave la fois quun certain ordre de reacutealiteacutes largument causal dune eacutepoque mentalement diffeacuterente apparaicirct insuffisant ou mecircme deacutefectueux quon nen voit que les limites du deacuteveloppement dans le sens dune investigation ulteacuterieure on oublie trop facilement que tout enchaicircnement causal agrave rieur de la manifestation est essentiellement symbolique (1) et que la conception la plus vaste et la plus adeacutequate de causaliteacute est preacuteciseacutement celle qui est consciente de ce symbolishysme et qui considegravere toute chose sous le rapport de laquo lUniteacute de lExistenceraquo (wahdat-al-wudjucircd) Dautre part il faut bien se dire que la veriteacute essentielle dune perspective intellectuelle nempecircche pas que son expression mentale reste sujette agrave la reshylativiteacute des moyens exteacuterieurs de connaissance ainsi par exem-

Mohyiddicircn ibn Arabi affirme du soleil le laquocœur monderaquo quil communique la lumiegravere agrave tous les autres astres y compris les eacutetoiles fixes et quil est lui-mecircme illumineacute par lirradiation directe et incessante dune reacuteveacutelation divine (2) Cette conception est essentiellement vrai en ce sens que toute lumiegravere sensible a sa source dans la lumiegravere intelligible i dont le soleil est le symbole le plus eacutevident est vraie en ce sens que les lumiegraveres de tous les astres sont de mecircme substance comme le reconnaissent dailleurs les astro~omes

1 les causes secondes ne sont que des reflets de la cause premiegravere et nont aucune reacutealiteacute propre

2 Cest un fait significatif que lœil ne peut pas le soleil - qui illumine le monde entier sans en ecirctre eacutebloui

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modernes enfin il est vrai que le soleil communique sa lu-agrave toutes les planegravetes Quant aux eacutetoiles fixes on est aushy

jourdhui convaincu quelles repreacutesentent des sources de lushymiegravere indeacutependantes du soleil et sur ce point la conception de Mohyiddicircn Ibn Arabicirc peut paraicirctre erroneacutee cependant la fonction dun Maicirctre en meacutetaphysique nimplique pas neacutecesshysairement la connaissance distinctive de tous les domaines de

nature et Ibn Arabicirc ne pouvait quenvisager le symbolisme des connaissances astronomiques telles quelles se preacutesentaient agrave lui Cela ne veut certes pas dire que sa theacuteorie ne soit plus valable degraves quon accepte que les eacutetoiles fixes sont des lumiegraveres autonomes dans lordre sensible car la distinction entre lenshysemble des astres reacutegis par le soleil et la multitude des eacutetoiles

apparaicirct seulement comme une diffeacuterenciation du mecircme symbolisme en ce sens que le soleil repreacutesente le centre du rayonnement de la lumiegravere divine pour un monde deacutetermineacute tandis que les eacutetoiles fixes symbolisent les interfeacuterences de la lumiegravere dun monde supeacuterieur mai~ mecircme dans ce cas on pourshyra dire que la lumiegravere qui rayonne du soleil est la mecircme que celle qui illumine tous les corps ceacutelestes

Cette sur les diffeacuterentes perspectives selon lesshyquelles on peut envisager la causaliteacute cosmique eacutetait neacutecesshysaire pour situer le rocircle des planegravetes dans lastrologie et pour faire comprendre ce quon doit entendre par linfluence de leur rayonnement Quel que puisse ecirctre mateacuteriel ou subshytil de leurs rayons la peacuteneacutetration contemplative de la laquo physioshygnomieraquo du cosmos les considegravere plus directement comme ( des modes de lIntellect dans sa manifestation macrocosmique modes qui reacutealisent ou mesurent les possibiliteacutes contenues dans la sphegravere indeacutefinie Lespace ceacuteleste dans lequel les planegravetes deacutecrivent leurs reacutevolutions repreacutesente en quelque sorte les limiddot mites extrecircmes du monde sensible et ces limites sont inverseshy

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ini bn dli ilililH~Hj iUill HHHijHHmH~j~mlllij~umli

ment analogues au centre qui est lhomme lui-mecircme comme nous lavons deacutejagrave fait remarquer en consideacuterant le caractegravere laquo objectifraquo des directions spatiales rayonnant de chaque ecirctre humain vers les mecircme points du ciel-limite (1) en raison de cette analogie inverse les modes de lIntellect cosmique que repreacutesentent les astres sont laquo existentielsraquo au lieu decirctre laquo inshytelligents raquo ce dernier mot pris dans le sens de lintelligence active manifesteacutee dans lhomme nous nous rapportons ici agrave la polariteacute de 1laquo existenceraquo et de 1laquo intelligenceraquo dans lEtre (2) Cette nature intellectuelle des planegravetes sexprime - toushyjours en raison de la mecircme analogie inverse par rapport agrave telIigence active -dans la reacutegulariteacute et continuiteacute rythmique de leurs mouvements Leur nature lumineuse relegraveve du mecircme symbolisme dautre part la propagation de la lumiegravere est pour ainsi dire laquo geacuteomeacutetriqueraquo et correspond agrave lactualisation des directions et des relations spatiales Il faut dailleurs bien comshyprendre que ce symbolisme nenvisage pas la situation des plashynegravetes dans lespace quantitativement mesurable leurs laquoasshypects raquo se deacuteterminent par leur projection sur le zodiaque cest-agrave-dire en raison des directions de lespace dont le centre est lecirctre humain terrestre quant aux directions de lespace leur deacutefinition nest eacutevidemment pas quantitative mais toujours relative agrave luniteacute indivisible de la sphegravere indeacutefinie du ciel extrecircme

1 On nous objectera peut-ecirctre que les directions que nous appelons4lt obshyjectives ne relegravevent que de la subjectiviteacute collective mais dans lordre de la perception sensible directe et spontaneacutee sur laquene se fonde le symbolisme en question cette subjectiviteacute collective est eacutequivalente dobjectivicircteacute Voit agrave ce propos ce que dit Frithjof Schuon dans son article Fataliteacute et Progregraves passhysage que nous avons reprenduit en note au deacutebut de cette eacutetude

2 Cf larticle de Frithjof Schuon Transcendance et universaliteacute de leacutesoshyteacuterisme dans Etudes Traditionnelles oct-nov 1945

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De tous les astres laquomobiles raquo il ny a que le soleil et lune dont les mouvements puissent ecirctre repreacutesenteacutes par des cercles reacuteguliers sur le ciel des eacutetoiles fixes car les orbites apshyparentes des autres planegravetes sont agrave la fois reacutegies par le centre solaire et le centre terrestre de faccedilon quelles eacutevoluent en des mouvements combineacutes Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se reacutepartissent dune faccedilon ineacutegale mais rythmique sur les douze parties du zodiaque et que lon compte agrave partir de leacutequinoxe du printemps Le veacuteritable commencement du cycle lunaire qui sexprime dans la succession des lunaisons ne coiumlncide pas toujours avec le point de leacutequinoxe car les deux points tersection de lorbite lunaire avec le cycle solaire que lon apshypelle la laquo tecircteraquo et la laquo queueraquo du dragon deacutecrivent en 18 ans le tour de tout le laquo ciel des stations raquo La fixation des manshysions de la lune consiste donc en une sorte dabreacutegeacute symbolique des rythmes veacuteritables (1)

Dans les rapports des mansions lunaires avec le zodiaque se manifeste un symbolisme numeacuterique eacutevident nous avons monshytreacute comment le duodeacutenaire zodiacal se preacutesente comme le proshyduit de la multiplication du quaternaire par le ternaire or la

multiplication symbolise le mode de distinction propre au monde des archeacutetypes car ceux-ci ne se diffeacuterencient pas par exclusion mutuelle mais agrave linstar de miroirs oui se reflegravetent les

1 Lastrologie hindoue ne compte que 27 mansions lunaires le parcours de la lune autour du ciel ne seffectuant pas en un nombre de jours de faccedilon que labreacutegeacute symbolique de son cycle peut-ecirctre ou bien porteacute agrave 28 ou reacuteduit a 27 jours Dautre part les astrologues hindous ne situent pas le deacuteshybut du cycle lunaire au point vernal actuel mais au point du ciel des eacutetoiles fixeacutees qui coiumlncidait agrave leacutepoque de la derniegravere coiumlncidence entre les signes zodiacaux et les constellations synonymes avec leacutequinoxe du printemps Nous allons revenir sur cette diffeacuterence des ooints de vue

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l

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

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l_middot ~

Page 6: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

sont donc pas identiques aux douze constellations zodiacales contenues dans le ciel des eacutetoiles fixes (falak al-kawacirckib ou falak al-manacirczil) mais repreacutesentent des laquo determinations virshytuelles raquo (maqacircdir) de lespace ceacuteleste et ne se diffeacuterencient que par rapport aux laquo stationsraquo ou laquo mansionsraquo (manacirczil) planeacuteshytaires projeteacutees sur le ciel des eacutetoiles fixes Il y a lagrave un Foint tregraves important pour la compreacutehension de lastrologie arabe et occidentale nous y reviendrons plus loin

La cosmologie traditionnelle ne fait pas de diffeacuterence explishycite entre les cieux planeacutetaires dans leur reacutealiteacute corporel~e et visible et ce qui leur correspond dans lordre subtil car le symbole sidentifie essentiellement agrave la chose symboliseacutee et il ny a lieu de faire une distinction entre lun et lautre que lagrave ougrave cette distinction peut pratiquement se faire et que par suite laspect deacuteriveacute peut ecirctre pris seacutepareacutement pour le tout comme il arrive lorsque la forme corporelle dun ecirctre vivant est prise pour lecirctre entier or dans le cas des rythmes planeacutetaires - car ce sont eux qui constituent les diffeacuterents laquo cieux raquo - cette distinction ne peut ecirctre faite que par lapplication theacuteorique de conceptions meacutecaniques eacutetrangegraveres agrave la mentaliteacute contemplative des civilisations traditionnelles (1)

Les sphegraveres planeacutetaires sont donc agrave la fois des parties du monde corporel et des degreacutes du monde subtil le Ciel sans eacutetoiles qui est lextrecircme limite du monde sensible enveloppe symboliquement tout leacutetat humain y compris tous les laquoproshylongements raquo supeacuterieurs de cet eacutetat le Sheikh al-akbar sitle

1 Ainsi les Indiens de lAmeacuterique du Nord qui ne font pas de theacuteories sur leacutelectriciteacute peuvent voir dans leacuteclair la puissance mecircme de lOiseau shyTonnerre qui est lEsprit divin dans la manifestation macrocosmique il y a mecircme des cas ougrave la percussion de leacuteclair confegravere des puissances spirituelles ce qui ne serait pas possible chez des Europeacuteens qui ont lhabitude de seacutepashyrer mentalement ls formes sensibles de leurs archeacutetypes surnaturels

en eEfet les eacutetats paradisiaques entre le ciel des eacutetoiles fixes et le ciel sans eacutetoiles - ou ciel des laquo Tours raquo zodiacales - les paradis supeacuterieurs touchant pour ainsi dire agrave lexistence inforshymelle tout en restant circonscrits par la forme subtile de lecirctre humain (1) Le ciel des toursraquo zodiacales est donc par rapshyport agrave leacutetat humain inteacutegral le laquo lieuraquo des archeacutetypes

Ce qui se situe au delagrave du ciel des eacutetoiles fixes entre ceshylui-ci et le ciel sans eacutetoiles se maintient dans la dureacutee pure tandis que ce qui est en dessous du ciel des eacutetoiles fixes est soumis agrave la geacuteneacuteration et agrave la corruption Il peut sembler eacutetrange que la sphegravere du ciel suprecircme qui est le primum mobile) soit identifieacute au monde incorruptible alors que le mouvement eacutevolue neacutecessairement dans le temps Mais ce dont il faut tenir compte ici cest que la reacutevolution du ciel le plus vaste eacutetant elle-mecircme la mesure fondamentale du temps suivant laquelle tout autre mouvement est mesureacute ne saurait ecirctre elle-mecircme susceptible de mesure temporelle ce qui corshyrespond agrave lindiffeacuterenciation de la dureacutee pur~ De mecircme que les mouvements concentriques des astres se difrfeacuterencient dans lordre de leur deacutependance successive de mecircme la condition temporelle se preacutecise et se contracte en quelque sorte dans la mesure ougrave elle interfegravere avec la condition spatiale et par anashylogie les diffeacuterentes sphegraveres du monde planeacutetaire - ou plus

1 Il sagit de la deacutefinition cosmologique des eacutetats paradisiaques et non de leur symbolisme implicite qui fait que leurs descriptions peuvent ecirctre transposeacutees aux degreacutes les plus hauts de lexistence et mecircme dans lEtre pur puisquon parle en langage soufique dun paradis de lEssence (djannat adhshydhacirct)

16 17

exactement les rythmes de leurs reacutevolutions seacutechelonnant agrave partir des limites indeacutefinissables de lespace jusquau milieu terrestre peuvent ecirctre consideacutereacutes comme autant de degreacutes sucshycessifs de la laquo contractionraquo temporelle (2)

2 Pour cette raison la hieacuterarchie astrologique des deux planeacutetaires situe Mercure entre Veacutenus et la Terre pLIcircsque Mercure se meut plus rapideshyment que Veacutenus et ceci bien que Veacutenus soit plus pregraves de la Terre et Mercure plus pregraves du SoleiL

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II

Le symbolisme astrologique reacuteside dans les laquopoints de jonctionraquo des conditions fondamentales du monde sensible et notamment dans les jonctions du temps de lespace et du nomshybre On sait que la deacutefinition des reacutegions ou parties de la grande sphegravere du ciel sans eacutetoiles au moyen des pointsmiddot de repegravere quoffrent les eacutetoiles fixes coiumlncide en astronomie avec la deacutefinition des divisions du temps Or la sphegravere-limite du ciel nest mesurable quen raison des directions de lespace lorshysquon parle des parties du ciel on ne fait que deacutefinir des dircctions dautre part celles-ci sont lexpression de la nature qualitative de lespace de faccedilon agrave ce que les limites de lindeacuteshyfini spatial se reacuteintegravegrent en quelque sorte dans laspect qualishytatif cn question lensemble des directions qui rayonnent dun centre contenant virtuellement toutes les deacuteterminations spashytiales possibles (1) Leacutepanouissement extrecircme et indeacutefini de ces directions est la voucircte du ciel non-eacutetoileacute et leur centre est chaquc ecirctre vivant qui se trouve sur terre sans que la laquo perspecshytive gtgt des directions diffegravere dun individu agrave lautre puisque nos

1 Cf le chapitre sur lespace qualificirceacute dans Le regravegne de la quantiteacute et 1er 11111 dt temps oc Reneacute Gueacutenon

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axes visuels coiumlncident sans se confondre lorsque nous fixons un mecircme point de la voucircte ceacuteleste - en quoi sexprime eacutevishydemment une coiumlncidence du point de vue microcosmique avec le laquo point de vueraquo macrocosmiqueraquo (2) Il faut distinguer ces directions laquo objectives raquo cest-agrave-dire eacutegales pour tous les ecirctres terrestres consideacuterant le ciel au mecircme instant temporel et les directions quon peut appeler laquosubjectives raquo parce quelles sont deacutetermineacutees par le zeacutenith et le nadir individuel nous feshyrons remarquer en passant que cest preacuteciseacutement la comparaishyson entre ces deux ordres de directions de lespace ceacuteleste qui est agrave la base de lhoroscope Lindeacutefiniteacute des directions de lesshypace est en elle-mecircme indiffeacuterencieacutee nous voulons dire quelle contient virtuellement toutes les relations spatiales possibles sans quon puisse les deacutefinir Mais les qualiteacutes de ces directions de lespace ceacuteleste sont interdeacutependantes nous entendons par

2 Cette coiumlncidence des perspectives na pas seulement lieu lorsquon envisage un point du ciel-limite )Tlais deacutejagrave qual1d on fixe une planegravete Elle secprime dans lexpeacuterience courante selon laquelle chaque spectateur qui regarde le soleil se lever ou se coucher au delagrave dune surface deau voit la voie des rayons refleacuteteacutes dans leau venir directement vers lui lorsque le spectateur se deacuteplace cette voie lumineuse le suit - Signalons en passant lue les Indiens de lAmeacuterique du Nord considegraverent ce chemin lumineux projeteacute sur leau par les rayons du soleil couchant comme le sentier des acircmes vers le monde des ancecirctres en effet on peut y voir comme une projection horizontale du rayon solaire qui selon le symshybolisme hindou repreacutesente le lien par lequel chaque ecirctre particulier se ratshytache directement agrave son principe On sait que les textes sacreacutes de lHinshydouisme deacutecrivent ce rayon comme allant de la couronne de la tecircte au soleil Le mecircme symbolisme - impliquant agrave la fois lideacutee dun lien direct et celle de la Voie Divine - se retrouve dans ce passage de la Sourate Hucircd Il nexiste pas decirctre vivant quIl (Allah) ne tient pas par son toupet en veacuteriteacute mon Seigneur est sur une voie droite - Comme la Voie Divine la direction qui va dun ecirctre terrestre quelconque agrave un point deacuteshytermineacute de la voucircte ceacuteleste est agrave la fois unique pour chacun et une pour tous

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lagrave que degraves quune direction de lespace ceacuteleste - ou le point de la sphegravere-limite qui lui correspond - est deacutefini tout lensemble des autres directions se diffeacuterencie et se polarise par rapport agrave celle-lagrave Cest dans ce sens que le Maicirctre dit que les divisions du ciel non-eacutetoileacute ou ciel des laquotoursraquo zodiacales sont des laquo deacuteterminations virtuellesraquo qui ne se diffeacuterencient que par rapport au ciel des laquo stationsraquo des astres Or les points fixes du ciel des stations sont avant tout les pocircles respectifs de la reacutevolution diurne du ciel (ou de la terre) et du cycle annuel du soleil et par conseacutequent les points que la divergence de ces pocircles deacutetermine sur leacutecliptique cest-agrave-dire les deux eacutequinoxes points dintersection de lorbite solaire avec leacutequateur dune part et les deux solstices points extrecircmes des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire dautre part Degraves que ces quatre points de leacutecliptique sont fixeacutes les huit autres divisions zodiacales leur reacutepondent en raison des partitions tershynaires et seacutenaires qui sont naturellement inheacuterentes au cercle ainsi que lexprime le rapport entre le rayon et les proportions de lhexagone inscrit dans le cercle Il se produit alors comme une cristallisation spontaneacutee des relations spatiales chaque point du quaternaire eacutevoquant deux autres points dun trigoshyne qui agrave leur tour reacutepegravetent la relation en laquo carreacute raquo de faccedilon agrave ce que la division du cercle par quatre se trouve inteacutegreacutee et compenseacutee par une synthegravese laquo congeacutenitaleraquo agrave la nature laquo unishyverselle raquo du cycle suivant la formule 3 X 4 = 4 X 3 = 12

Si les deux -grands cercles celui de leacutequateur ceacuteleste et celui du cycle solaire coiumlncidaient les saisons ne se manifesshyteraient pas La divergence des deux grands cycles ceacutelestes exprime donc de toute eacutevidence la rupture deacutequilibre qui deacuteshyclenche un certain ordre de manifestation cest-agrave-dire de conshytrastes et de compleacutementaires et les quatre points cardinaux d(lttcrmineacutes par cette divergence sont bien les marques de ces

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contrastes Ibn Arabi identifie le quaternaire zodiacal avec celui des qualiteacutes ou tendances fondamentales de la Nature totale ou universelle (at-tabiuml ah) qui est la racine de toutes les diffeacuterenciations Ajoutons afin de preacutevenir tout malentendu que la Nature totale telle que lenvisage le Maicirctre nest pas la Substance universelle comme telle premier principe passif que la doctrine hindoue appelle Prakriti et que Mohyiddicircn ibn Arabi deacutesigne soit par le terme de al-habacirc (ltlt Substanceraquo) soit par celui de al- unccedilur al-a zam (ltlt Eleacutement suprecircmeraquo) mais elle en est une deacutetermination directe envisageacutee plus particushyliegraverement sous son aspect de laquomaterniteacuteraquo agrave leacutegarmiddotd des creacutea-

Geacuteneacuteration du duodeacutenaire zodiacal par Je carreacute et le trigone

tures La Nature universelle non manifesteacutee en elle-mecircme se manifeste par quatre qualiteacutes ou tendances fondamentales qui apparaissent dans lordre sensible comme chaleur et froid

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seacutecheresse et humiditeacute La chaleur et le froid sont des qualiteacutes actives opposeacutees lune agrave lautre elles se manifestent aussi comme force expansive et force contractive elles deacuteterminent le couple des qualiteacutes passives la seacutecheresse et lhumiditeacute (1) Rapporteacutes aux quatre points cagraverdinaux du zodiaque le froid correspond aux deux solstices qui reflegravetent en quelque sorte la contraction polaire tandis que la chaleur correspond aux 1 deux eacutequinoxes qui se situent sur leacutequateur diapason de 1 lexpansion des mouvements ceacutelestes De ce fait les signes cardinaux se succegravedent par contrastes mais les qualiteacutes passhysives de la seacutecheresse et de lhumiditeacute en relient deux couples Les quatre tendances ou qualiteacutes de la Nature se joignent deux agrave deux dans la nature des quatre eacuteleacutements ou fondements du monde sensible produits agrave partir de la substance terrestre la terre est froide et segraveche leau est froide et humide lair est humide et chaud le feu est chaud et sec Si lon attribue ces qualiteacutes eacuteleacutementaires aux signes du zodiaque disant que le Beacutelier est de nature igneacutee le Cancer aqueux la Balance aeacuterienshyne et le Capricorne terrien il faut tenir compte du fait que le zodiaque ne comporte que les modegraveles ceacutelestes des quatre eacuteleacutements et que ces modegraveles restent composeacutes des quatre tenshydances de la Nature totale ainsi que le fait remarquer Mer hyiddicircn ibn Arabi

Le quaternaire des tendances fondamentales de la Nature totale doit ecirctre multiplieacute selon Mohyiddicircn ibn Arabi par le ternaire dont le paregravedre cosmique sont les trois mouvements ou orientations principielles de lIntellect premier ou Esprit universel ( al-Aql) ou encore sous un altre rapport les trois mondes cest-agrave-dire le monde preacutesent le monde futur et

1 La meacutedecine traditionnelle du monde musulman reacuteduit toutes les mashy

ladies agrave autant de manifestations deacuteseacutequilibreacutees de ces quatre tendances

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leacutetat intermeacutediaire du barzakh (1) Les vrois mouvements ou orientations de lEsprit sont le mouvement descendant qui seacuteloigne apparemment du Principe et qui mesure la proshyfondeur (al-umq) du possible le mouvement expansif qui en mesure lampleur ou la largeur (al-urd) le mouvement du retour vers lorigine qui se dirige dans le sens de lexaltashytion ou de la hauteur (at-tucirct) Ce ternaire de lEsprit est supeacuteshyrieur au quaternaire de la Nature sil apparaicirct ici en deuxiegraveme lieu cest que la diffeacuterenciation du ciel des archeacutetypes zodiashycaux procegravede des contrastes manifesteacutes pour aboutir agrave leur reacuteinteacutegration dans la synthegravese parfaite Par suite de cette reacuteinteacutegration ou multiplication tous les points di zodiaque qui se trouvent en relation de trigone ont la mecircme nature eacuteleacutemenshytaire mais se distinguent par les qualiteacutes relevant du ternaire de lEsprit et tous les points qui se trouvent en relation de

carreacute ont la mecircme qualiteacute spirituelle mais se diffeacuterencient par 1 les contrastes eacuteleacutementaires De lagrave on peut deacutejagrave deacuteduire les difshy

feacuterents caractegraveres des laquo aspects raquo ou positions reacuteciproques des planegravetes sur leacutecliptique la relation en angle droit signifie neacutecessairement contraste de mecircme que lopposition signifie opposition le trigone est lexpression dune synthegravese parfaite et le sextile cest-agrave-dire la position en angle de 60 degreacutes exprimegrave une affiniteacute Appliqueacutes agrave la nature du cycle les trois mouvements principie1s de lEsprit ne peuvent plus ecirctre comshypareacutes aux trois dimensions de la profondeur de lampleur et de la hauteur mais ils apparaissent suivant une reacuteflexion ccedilonshyforme agrave cette nature la seule tendance qui se manifeste dishyrectement dans lordre cyclique est celle de lexpansion dans lampleur car le cycle est avant tout limage du deacuteveloppeshy

1 Sur les diffeacuterentes significations de ce terme voir notre article Du Barzakh dans Etudes Traditionnelles deacutecembre 1937

ment de toutes les possibiliteacutes impliqueacutees dans lampleur dun degreacute de manifestation En conformiteacute avec ceci les signes cardinaux reacutegions critiques du cycle solaire sont appeshyleacutes laquo mobiles raquo (munqalib) cest-agrave-dire dynamiques ou expanshysifs Quant au mouvement descendant de lEsprit il se traduit dans lordre cyclique par la fixation (sukucircn) car cest en raison de ce laquo mouvementraquo que le monde subsiste comme tel Enfin le mouvement spirituel du retour vers lorigine se reflegravete dans le plan du cycle zodiacal par la synthegravese des deux autres orienshytations et les signes qui lui sont coordonneacutes sont appeleacutes laquo doublesraquo ou laquo syntheacutetiquesraquo (dhucirc ishtiracirch) Nous devons faire remarquer en passant qui ces deacuteterminations ternaires du Zodiaque relegravevent dune toute autre perspective que le symbolisme des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire symbolisme qui peut eacutevidemment ecirctre rattacheacute aux deux mouvements ou orientations opposeacutees de lEsprit mais il sagit ici dun dualisme qui se rapporte au mouvement cyclique tandis que le ternaire que nous venons de deacutecrire se rapporte agrave la deacutetermination laquo existentielleraquo du cycle lexpresshysion de laquomouvement raquo pour indiquer les orientations de lEsprit universel devant ecirctre pris dans un sens purement symbolique

Quant aux correspondances avec les trois mondes ou deshygreacutes de lexistence humaine telles quelles apparaissent dans le symbolisme des fonctions angeacuteliques auxquelles se rapporshytent les douze signes zodiacaux symbolisme que nous avons extrait du livre laquo Le lien qui retient le partantraquo (Uqlat al-musshytawfiz) de Mohyiddicirc ibn Arabicirc quant agrave ces correspondances disons-nous elles doivent ecirctre comprises agrave partir des reflets du terrain intellectuel dans la nature du cycle et suivant la perspective de la production de ces trois mondes Ceci explique pourquoi ce ne sont pas les signes laquo syntheacutetiques raquo attribueacutes

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agrave lorientation ascendante de lEsprit qui reacutegissent le monde relativement supeacuterieur cest-agrave-dire les degreacutes intemporels de leacutetat humain mais les signes laquofixes raquo par contre il est eacutevishydent que ce sont les signes laquomobilesraquo qui se rapporten~ au deacuteveloppement des eacutetats de ce monde-cL Quant aux signes syntheacutetiques ou laquo doubles raquo ils correspondent au monde intershymeacutediaire (le barzakh de la la theacuteologie islamique le purgatoire chreacutetien et le bardo des thibeacutetains) ou encore suivant une perspective quelque peu diffeacuterente agrave la synthegravese de limmushytabiliteacute spirituelle et de lexpansiviteacute psychique dans le comshyposeacute corporel - agrave linstar de la production du sel alchimique parlunion du soufre et du mercure

1 - Signes mobiles

Le Beacutelier est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des qualiteacutes et des accidents

Le Cancer est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation de ce bas monde

La Balance est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des eacutetats (eacutepheacutemegraveres) et des changements

Le Capricorne est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef du jour et de la nuit

II - Signes fixes

Le Taureau est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du paradis et de lenfer et il est sous la terreur de la Majesteacute (haybah)

Le Lion est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange

est geacuteneacutereux (Karicircm) il deacutetient la clef de la creacuteation du monshyde futur

Le Scorpion est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du feu (infernal)

La Verseau est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange est geacuteneacutereux et sous la terreur de la Majesteacute il deacutetient la clef des esprits

III Signes syntheacutetiques

Les Geacutemeaux sont de nature chaude et humide (aeacuterienne) Leur ange reacutegit les corps en communion avec les recteurs des autres signes doubles il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des meacutetaux

La Vierge est de nature froide et segraveche (terrestre) Son ange reacutegit en communion avec les altres signes doubles les corps et en particulier les corps humains

Le Sagittaire est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange est geacuteneacutereux il reacutegit les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des plantes

Les Poissons sont de nature troide et humide (aqueuse) Leur ange reacutegit en communion avec les autres anges des corps les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des animaux

Nous avons maintenant exposeacute dans ses geacuteneacuteraliteacutes la diffeacuterenciation des douze reacutegions zodiacales du ciel-limite agrave partir des points fixes du cycle solaire Nous ferons encore remarquer que cette faccedilon de concevoir la division du zodiashyque justifie la maniegravere employeacutee couramment dans lastrologie arabe et occidentale pour situer les douze signes cette mashyniegravere consiste agrave compter douze parties eacutegales agrave partir de lequishy

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noxe de printemps abstraction faite de la situation des consshytellations portant les mecircmes noms que les signes car en raison de la preacutecession des eacutequinoxes dont chacune fait le tour du ciel entier en 26000 ans environ il sest produit un deacutecashylage de presque un laquosigneraquo entier entre la situation des constellations et des parties du zodiaque ayant le mecircme nom la constellation du Beacutelier par exemple se trouve aujourdhui dans le laquo signeraquo du Taureau On peut donc soulever la quesshytion de savoir si les formes de ces groupements deacutetoiles fixes qui ont eacuteteacute agrave lorigine des points de repegravere pour la deacutetermishynation des douze parties du cycle solaire sont indiffeacuterentes par rapport agrave la signification de celles-ci or il y a sucircrement analogie entre la deacutenomination des signes zodiacaux et ces groupements deacutetoiles sur leacutecliptique la constellation des Geacuteshymeaux se caracteacuterise effectivement par un couple deacutetoiles jushymelles celle du Taureau comporte un triangle semblable agrave la tecircte de lanimal et les formes du Scorpion ou du Lion peuvent ecirctre reconnues dans les constellations du mecircme nom bien que dautres interpreacutetations de ces groupements soient eacutegalement concevables Il est dailleurs fort bien possible que lors de la premiegravere fixation des symboles astrologiques les ressemblances furent plus frappantes car certaines eacutetoiles laquo fixesraquo ont ducirc se deacuteplacer depuis cette eacutepoque fort lointaishyne (1) ainsi que le fait remarquer Mohyiddicircn ibn Arabicirc en se reacutefeacuterant agrave certaines repreacutesentations stellaires sur des monuments de lEgypte ancienne A leur origine les images symboliques attribueacutees aux douze parties du cycle solaire devaient preacutesen-

L La derniegravere coiumlncidence des signes zodiacaux avec les constellations de mecircme nom eucirct lieu dans les premiers siegravecles de legravere chreacutetienne mais il est probable que la deacutenomination des douze constellations date dune coiumlncidence preacuteceacutedente Nous allons revenir sur cette question

ter une synthegravese entre dune part les significations spmshytuelles de ces deacuteterminations de lespace ceacuteleste et dautre part les interpreacutetations possibles des groupes deacutetoiles des douze constellations les premiers jouant un rocircle essentiel et les combinaisons latentes des groupes deacutetoiles - y comshypris leurs couleurs et leurs intensiteacutes un rocircle potentiel une fois la fixation opeacutereacutee elle simprimait dans la meacutemoire collective en raison de son originaliteacute agrave la fois spirituelle et imaginative et cest lagrave du reste une image particuliegraverement adeacutequate dun certain ordre dinspirations

Dun autre cocircteacute la preacutecession des eacutequinoxes qui constishytue le cycle astronomique majeur doit neacutecessairement jouer un rocircle dans le symbolisme astrologique et le deacuteplacement des constellations zodiacales doit faire partie de sa signifishycation sur laquelle nous aurons agrave revenir par la suite

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III

Le ciel des eacutetoiles qui est contenu dans la sphegravere des laquotoursraquo du zodiaque est appeleacute le ciel des laquo stationsraquo (manacirczil) parce que les mouvements des planegravetes se projettent sur lui Les sept planegravetes qui repreacutesentent les intermeacutediaires cosmiques entre le monde immuable des archeacutetypes et le mishylieu terrestre actualisent par leurs rythmes combineacutes et par les positions reacuteciproques qui en reacutesultent les relations spashytiales virtuellement contenues dans la sphegravere indeacutefinie du cielshylimite sphegravere qui nest rien dautre que la totaliteacute des dishyrections de lespace et par lagrave limage de lunivers (1) Les astrologues modernes veulent que les planegravetes agissent sur la terre par un rayonnement de forces et ils entendent cela dans un sens mateacuteriel ou quasi-mateacuteriel car il est ineacutevitable quil introduisent dans lastrologie quelque chose des conshyceptions modernes de la causaliteacute cest alors que les reacutesidus de cette science prennent lallure dune veacuteritable superstition Le besoin de causaliteacute deacutepend des preacuteoccupations geacuteneacuterales dune eacutepoque il est vrai quil est toujours dessence logique

1 Dougrave la deacuterivation eacutetymologique du terme univers de orbis unIcircversum

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car ce qU1 confegravere agrave un enchaicircnement causal son caractegravere conshyvaincant reacuteside autant dans luniteacute de lesprit que dans la nashyture des choses mais en mecircme temps le besoin de deacutepend substantiellement du niveau mental il est meacutecaniste ou imaginatif raisonnant ou intuitif Comme lhorizon mental nenglobe agrave la fois quun certain ordre de reacutealiteacutes largument causal dune eacutepoque mentalement diffeacuterente apparaicirct insuffisant ou mecircme deacutefectueux quon nen voit que les limites du deacuteveloppement dans le sens dune investigation ulteacuterieure on oublie trop facilement que tout enchaicircnement causal agrave rieur de la manifestation est essentiellement symbolique (1) et que la conception la plus vaste et la plus adeacutequate de causaliteacute est preacuteciseacutement celle qui est consciente de ce symbolishysme et qui considegravere toute chose sous le rapport de laquo lUniteacute de lExistenceraquo (wahdat-al-wudjucircd) Dautre part il faut bien se dire que la veriteacute essentielle dune perspective intellectuelle nempecircche pas que son expression mentale reste sujette agrave la reshylativiteacute des moyens exteacuterieurs de connaissance ainsi par exem-

Mohyiddicircn ibn Arabi affirme du soleil le laquocœur monderaquo quil communique la lumiegravere agrave tous les autres astres y compris les eacutetoiles fixes et quil est lui-mecircme illumineacute par lirradiation directe et incessante dune reacuteveacutelation divine (2) Cette conception est essentiellement vrai en ce sens que toute lumiegravere sensible a sa source dans la lumiegravere intelligible i dont le soleil est le symbole le plus eacutevident est vraie en ce sens que les lumiegraveres de tous les astres sont de mecircme substance comme le reconnaissent dailleurs les astro~omes

1 les causes secondes ne sont que des reflets de la cause premiegravere et nont aucune reacutealiteacute propre

2 Cest un fait significatif que lœil ne peut pas le soleil - qui illumine le monde entier sans en ecirctre eacutebloui

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modernes enfin il est vrai que le soleil communique sa lu-agrave toutes les planegravetes Quant aux eacutetoiles fixes on est aushy

jourdhui convaincu quelles repreacutesentent des sources de lushymiegravere indeacutependantes du soleil et sur ce point la conception de Mohyiddicircn Ibn Arabicirc peut paraicirctre erroneacutee cependant la fonction dun Maicirctre en meacutetaphysique nimplique pas neacutecesshysairement la connaissance distinctive de tous les domaines de

nature et Ibn Arabicirc ne pouvait quenvisager le symbolisme des connaissances astronomiques telles quelles se preacutesentaient agrave lui Cela ne veut certes pas dire que sa theacuteorie ne soit plus valable degraves quon accepte que les eacutetoiles fixes sont des lumiegraveres autonomes dans lordre sensible car la distinction entre lenshysemble des astres reacutegis par le soleil et la multitude des eacutetoiles

apparaicirct seulement comme une diffeacuterenciation du mecircme symbolisme en ce sens que le soleil repreacutesente le centre du rayonnement de la lumiegravere divine pour un monde deacutetermineacute tandis que les eacutetoiles fixes symbolisent les interfeacuterences de la lumiegravere dun monde supeacuterieur mai~ mecircme dans ce cas on pourshyra dire que la lumiegravere qui rayonne du soleil est la mecircme que celle qui illumine tous les corps ceacutelestes

Cette sur les diffeacuterentes perspectives selon lesshyquelles on peut envisager la causaliteacute cosmique eacutetait neacutecesshysaire pour situer le rocircle des planegravetes dans lastrologie et pour faire comprendre ce quon doit entendre par linfluence de leur rayonnement Quel que puisse ecirctre mateacuteriel ou subshytil de leurs rayons la peacuteneacutetration contemplative de la laquo physioshygnomieraquo du cosmos les considegravere plus directement comme ( des modes de lIntellect dans sa manifestation macrocosmique modes qui reacutealisent ou mesurent les possibiliteacutes contenues dans la sphegravere indeacutefinie Lespace ceacuteleste dans lequel les planegravetes deacutecrivent leurs reacutevolutions repreacutesente en quelque sorte les limiddot mites extrecircmes du monde sensible et ces limites sont inverseshy

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ini bn dli ilililH~Hj iUill HHHijHHmH~j~mlllij~umli

ment analogues au centre qui est lhomme lui-mecircme comme nous lavons deacutejagrave fait remarquer en consideacuterant le caractegravere laquo objectifraquo des directions spatiales rayonnant de chaque ecirctre humain vers les mecircme points du ciel-limite (1) en raison de cette analogie inverse les modes de lIntellect cosmique que repreacutesentent les astres sont laquo existentielsraquo au lieu decirctre laquo inshytelligents raquo ce dernier mot pris dans le sens de lintelligence active manifesteacutee dans lhomme nous nous rapportons ici agrave la polariteacute de 1laquo existenceraquo et de 1laquo intelligenceraquo dans lEtre (2) Cette nature intellectuelle des planegravetes sexprime - toushyjours en raison de la mecircme analogie inverse par rapport agrave telIigence active -dans la reacutegulariteacute et continuiteacute rythmique de leurs mouvements Leur nature lumineuse relegraveve du mecircme symbolisme dautre part la propagation de la lumiegravere est pour ainsi dire laquo geacuteomeacutetriqueraquo et correspond agrave lactualisation des directions et des relations spatiales Il faut dailleurs bien comshyprendre que ce symbolisme nenvisage pas la situation des plashynegravetes dans lespace quantitativement mesurable leurs laquoasshypects raquo se deacuteterminent par leur projection sur le zodiaque cest-agrave-dire en raison des directions de lespace dont le centre est lecirctre humain terrestre quant aux directions de lespace leur deacutefinition nest eacutevidemment pas quantitative mais toujours relative agrave luniteacute indivisible de la sphegravere indeacutefinie du ciel extrecircme

1 On nous objectera peut-ecirctre que les directions que nous appelons4lt obshyjectives ne relegravevent que de la subjectiviteacute collective mais dans lordre de la perception sensible directe et spontaneacutee sur laquene se fonde le symbolisme en question cette subjectiviteacute collective est eacutequivalente dobjectivicircteacute Voit agrave ce propos ce que dit Frithjof Schuon dans son article Fataliteacute et Progregraves passhysage que nous avons reprenduit en note au deacutebut de cette eacutetude

2 Cf larticle de Frithjof Schuon Transcendance et universaliteacute de leacutesoshyteacuterisme dans Etudes Traditionnelles oct-nov 1945

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De tous les astres laquomobiles raquo il ny a que le soleil et lune dont les mouvements puissent ecirctre repreacutesenteacutes par des cercles reacuteguliers sur le ciel des eacutetoiles fixes car les orbites apshyparentes des autres planegravetes sont agrave la fois reacutegies par le centre solaire et le centre terrestre de faccedilon quelles eacutevoluent en des mouvements combineacutes Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se reacutepartissent dune faccedilon ineacutegale mais rythmique sur les douze parties du zodiaque et que lon compte agrave partir de leacutequinoxe du printemps Le veacuteritable commencement du cycle lunaire qui sexprime dans la succession des lunaisons ne coiumlncide pas toujours avec le point de leacutequinoxe car les deux points tersection de lorbite lunaire avec le cycle solaire que lon apshypelle la laquo tecircteraquo et la laquo queueraquo du dragon deacutecrivent en 18 ans le tour de tout le laquo ciel des stations raquo La fixation des manshysions de la lune consiste donc en une sorte dabreacutegeacute symbolique des rythmes veacuteritables (1)

Dans les rapports des mansions lunaires avec le zodiaque se manifeste un symbolisme numeacuterique eacutevident nous avons monshytreacute comment le duodeacutenaire zodiacal se preacutesente comme le proshyduit de la multiplication du quaternaire par le ternaire or la

multiplication symbolise le mode de distinction propre au monde des archeacutetypes car ceux-ci ne se diffeacuterencient pas par exclusion mutuelle mais agrave linstar de miroirs oui se reflegravetent les

1 Lastrologie hindoue ne compte que 27 mansions lunaires le parcours de la lune autour du ciel ne seffectuant pas en un nombre de jours de faccedilon que labreacutegeacute symbolique de son cycle peut-ecirctre ou bien porteacute agrave 28 ou reacuteduit a 27 jours Dautre part les astrologues hindous ne situent pas le deacuteshybut du cycle lunaire au point vernal actuel mais au point du ciel des eacutetoiles fixeacutees qui coiumlncidait agrave leacutepoque de la derniegravere coiumlncidence entre les signes zodiacaux et les constellations synonymes avec leacutequinoxe du printemps Nous allons revenir sur cette diffeacuterence des ooints de vue

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l

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 7: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

exactement les rythmes de leurs reacutevolutions seacutechelonnant agrave partir des limites indeacutefinissables de lespace jusquau milieu terrestre peuvent ecirctre consideacutereacutes comme autant de degreacutes sucshycessifs de la laquo contractionraquo temporelle (2)

2 Pour cette raison la hieacuterarchie astrologique des deux planeacutetaires situe Mercure entre Veacutenus et la Terre pLIcircsque Mercure se meut plus rapideshyment que Veacutenus et ceci bien que Veacutenus soit plus pregraves de la Terre et Mercure plus pregraves du SoleiL

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II

Le symbolisme astrologique reacuteside dans les laquopoints de jonctionraquo des conditions fondamentales du monde sensible et notamment dans les jonctions du temps de lespace et du nomshybre On sait que la deacutefinition des reacutegions ou parties de la grande sphegravere du ciel sans eacutetoiles au moyen des pointsmiddot de repegravere quoffrent les eacutetoiles fixes coiumlncide en astronomie avec la deacutefinition des divisions du temps Or la sphegravere-limite du ciel nest mesurable quen raison des directions de lespace lorshysquon parle des parties du ciel on ne fait que deacutefinir des dircctions dautre part celles-ci sont lexpression de la nature qualitative de lespace de faccedilon agrave ce que les limites de lindeacuteshyfini spatial se reacuteintegravegrent en quelque sorte dans laspect qualishytatif cn question lensemble des directions qui rayonnent dun centre contenant virtuellement toutes les deacuteterminations spashytiales possibles (1) Leacutepanouissement extrecircme et indeacutefini de ces directions est la voucircte du ciel non-eacutetoileacute et leur centre est chaquc ecirctre vivant qui se trouve sur terre sans que la laquo perspecshytive gtgt des directions diffegravere dun individu agrave lautre puisque nos

1 Cf le chapitre sur lespace qualificirceacute dans Le regravegne de la quantiteacute et 1er 11111 dt temps oc Reneacute Gueacutenon

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axes visuels coiumlncident sans se confondre lorsque nous fixons un mecircme point de la voucircte ceacuteleste - en quoi sexprime eacutevishydemment une coiumlncidence du point de vue microcosmique avec le laquo point de vueraquo macrocosmiqueraquo (2) Il faut distinguer ces directions laquo objectives raquo cest-agrave-dire eacutegales pour tous les ecirctres terrestres consideacuterant le ciel au mecircme instant temporel et les directions quon peut appeler laquosubjectives raquo parce quelles sont deacutetermineacutees par le zeacutenith et le nadir individuel nous feshyrons remarquer en passant que cest preacuteciseacutement la comparaishyson entre ces deux ordres de directions de lespace ceacuteleste qui est agrave la base de lhoroscope Lindeacutefiniteacute des directions de lesshypace est en elle-mecircme indiffeacuterencieacutee nous voulons dire quelle contient virtuellement toutes les relations spatiales possibles sans quon puisse les deacutefinir Mais les qualiteacutes de ces directions de lespace ceacuteleste sont interdeacutependantes nous entendons par

2 Cette coiumlncidence des perspectives na pas seulement lieu lorsquon envisage un point du ciel-limite )Tlais deacutejagrave qual1d on fixe une planegravete Elle secprime dans lexpeacuterience courante selon laquelle chaque spectateur qui regarde le soleil se lever ou se coucher au delagrave dune surface deau voit la voie des rayons refleacuteteacutes dans leau venir directement vers lui lorsque le spectateur se deacuteplace cette voie lumineuse le suit - Signalons en passant lue les Indiens de lAmeacuterique du Nord considegraverent ce chemin lumineux projeteacute sur leau par les rayons du soleil couchant comme le sentier des acircmes vers le monde des ancecirctres en effet on peut y voir comme une projection horizontale du rayon solaire qui selon le symshybolisme hindou repreacutesente le lien par lequel chaque ecirctre particulier se ratshytache directement agrave son principe On sait que les textes sacreacutes de lHinshydouisme deacutecrivent ce rayon comme allant de la couronne de la tecircte au soleil Le mecircme symbolisme - impliquant agrave la fois lideacutee dun lien direct et celle de la Voie Divine - se retrouve dans ce passage de la Sourate Hucircd Il nexiste pas decirctre vivant quIl (Allah) ne tient pas par son toupet en veacuteriteacute mon Seigneur est sur une voie droite - Comme la Voie Divine la direction qui va dun ecirctre terrestre quelconque agrave un point deacuteshytermineacute de la voucircte ceacuteleste est agrave la fois unique pour chacun et une pour tous

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lagrave que degraves quune direction de lespace ceacuteleste - ou le point de la sphegravere-limite qui lui correspond - est deacutefini tout lensemble des autres directions se diffeacuterencie et se polarise par rapport agrave celle-lagrave Cest dans ce sens que le Maicirctre dit que les divisions du ciel non-eacutetoileacute ou ciel des laquotoursraquo zodiacales sont des laquo deacuteterminations virtuellesraquo qui ne se diffeacuterencient que par rapport au ciel des laquo stationsraquo des astres Or les points fixes du ciel des stations sont avant tout les pocircles respectifs de la reacutevolution diurne du ciel (ou de la terre) et du cycle annuel du soleil et par conseacutequent les points que la divergence de ces pocircles deacutetermine sur leacutecliptique cest-agrave-dire les deux eacutequinoxes points dintersection de lorbite solaire avec leacutequateur dune part et les deux solstices points extrecircmes des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire dautre part Degraves que ces quatre points de leacutecliptique sont fixeacutes les huit autres divisions zodiacales leur reacutepondent en raison des partitions tershynaires et seacutenaires qui sont naturellement inheacuterentes au cercle ainsi que lexprime le rapport entre le rayon et les proportions de lhexagone inscrit dans le cercle Il se produit alors comme une cristallisation spontaneacutee des relations spatiales chaque point du quaternaire eacutevoquant deux autres points dun trigoshyne qui agrave leur tour reacutepegravetent la relation en laquo carreacute raquo de faccedilon agrave ce que la division du cercle par quatre se trouve inteacutegreacutee et compenseacutee par une synthegravese laquo congeacutenitaleraquo agrave la nature laquo unishyverselle raquo du cycle suivant la formule 3 X 4 = 4 X 3 = 12

Si les deux -grands cercles celui de leacutequateur ceacuteleste et celui du cycle solaire coiumlncidaient les saisons ne se manifesshyteraient pas La divergence des deux grands cycles ceacutelestes exprime donc de toute eacutevidence la rupture deacutequilibre qui deacuteshyclenche un certain ordre de manifestation cest-agrave-dire de conshytrastes et de compleacutementaires et les quatre points cardinaux d(lttcrmineacutes par cette divergence sont bien les marques de ces

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contrastes Ibn Arabi identifie le quaternaire zodiacal avec celui des qualiteacutes ou tendances fondamentales de la Nature totale ou universelle (at-tabiuml ah) qui est la racine de toutes les diffeacuterenciations Ajoutons afin de preacutevenir tout malentendu que la Nature totale telle que lenvisage le Maicirctre nest pas la Substance universelle comme telle premier principe passif que la doctrine hindoue appelle Prakriti et que Mohyiddicircn ibn Arabi deacutesigne soit par le terme de al-habacirc (ltlt Substanceraquo) soit par celui de al- unccedilur al-a zam (ltlt Eleacutement suprecircmeraquo) mais elle en est une deacutetermination directe envisageacutee plus particushyliegraverement sous son aspect de laquomaterniteacuteraquo agrave leacutegarmiddotd des creacutea-

Geacuteneacuteration du duodeacutenaire zodiacal par Je carreacute et le trigone

tures La Nature universelle non manifesteacutee en elle-mecircme se manifeste par quatre qualiteacutes ou tendances fondamentales qui apparaissent dans lordre sensible comme chaleur et froid

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seacutecheresse et humiditeacute La chaleur et le froid sont des qualiteacutes actives opposeacutees lune agrave lautre elles se manifestent aussi comme force expansive et force contractive elles deacuteterminent le couple des qualiteacutes passives la seacutecheresse et lhumiditeacute (1) Rapporteacutes aux quatre points cagraverdinaux du zodiaque le froid correspond aux deux solstices qui reflegravetent en quelque sorte la contraction polaire tandis que la chaleur correspond aux 1 deux eacutequinoxes qui se situent sur leacutequateur diapason de 1 lexpansion des mouvements ceacutelestes De ce fait les signes cardinaux se succegravedent par contrastes mais les qualiteacutes passhysives de la seacutecheresse et de lhumiditeacute en relient deux couples Les quatre tendances ou qualiteacutes de la Nature se joignent deux agrave deux dans la nature des quatre eacuteleacutements ou fondements du monde sensible produits agrave partir de la substance terrestre la terre est froide et segraveche leau est froide et humide lair est humide et chaud le feu est chaud et sec Si lon attribue ces qualiteacutes eacuteleacutementaires aux signes du zodiaque disant que le Beacutelier est de nature igneacutee le Cancer aqueux la Balance aeacuterienshyne et le Capricorne terrien il faut tenir compte du fait que le zodiaque ne comporte que les modegraveles ceacutelestes des quatre eacuteleacutements et que ces modegraveles restent composeacutes des quatre tenshydances de la Nature totale ainsi que le fait remarquer Mer hyiddicircn ibn Arabi

Le quaternaire des tendances fondamentales de la Nature totale doit ecirctre multiplieacute selon Mohyiddicircn ibn Arabi par le ternaire dont le paregravedre cosmique sont les trois mouvements ou orientations principielles de lIntellect premier ou Esprit universel ( al-Aql) ou encore sous un altre rapport les trois mondes cest-agrave-dire le monde preacutesent le monde futur et

1 La meacutedecine traditionnelle du monde musulman reacuteduit toutes les mashy

ladies agrave autant de manifestations deacuteseacutequilibreacutees de ces quatre tendances

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leacutetat intermeacutediaire du barzakh (1) Les vrois mouvements ou orientations de lEsprit sont le mouvement descendant qui seacuteloigne apparemment du Principe et qui mesure la proshyfondeur (al-umq) du possible le mouvement expansif qui en mesure lampleur ou la largeur (al-urd) le mouvement du retour vers lorigine qui se dirige dans le sens de lexaltashytion ou de la hauteur (at-tucirct) Ce ternaire de lEsprit est supeacuteshyrieur au quaternaire de la Nature sil apparaicirct ici en deuxiegraveme lieu cest que la diffeacuterenciation du ciel des archeacutetypes zodiashycaux procegravede des contrastes manifesteacutes pour aboutir agrave leur reacuteinteacutegration dans la synthegravese parfaite Par suite de cette reacuteinteacutegration ou multiplication tous les points di zodiaque qui se trouvent en relation de trigone ont la mecircme nature eacuteleacutemenshytaire mais se distinguent par les qualiteacutes relevant du ternaire de lEsprit et tous les points qui se trouvent en relation de

carreacute ont la mecircme qualiteacute spirituelle mais se diffeacuterencient par 1 les contrastes eacuteleacutementaires De lagrave on peut deacutejagrave deacuteduire les difshy

feacuterents caractegraveres des laquo aspects raquo ou positions reacuteciproques des planegravetes sur leacutecliptique la relation en angle droit signifie neacutecessairement contraste de mecircme que lopposition signifie opposition le trigone est lexpression dune synthegravese parfaite et le sextile cest-agrave-dire la position en angle de 60 degreacutes exprimegrave une affiniteacute Appliqueacutes agrave la nature du cycle les trois mouvements principie1s de lEsprit ne peuvent plus ecirctre comshypareacutes aux trois dimensions de la profondeur de lampleur et de la hauteur mais ils apparaissent suivant une reacuteflexion ccedilonshyforme agrave cette nature la seule tendance qui se manifeste dishyrectement dans lordre cyclique est celle de lexpansion dans lampleur car le cycle est avant tout limage du deacuteveloppeshy

1 Sur les diffeacuterentes significations de ce terme voir notre article Du Barzakh dans Etudes Traditionnelles deacutecembre 1937

ment de toutes les possibiliteacutes impliqueacutees dans lampleur dun degreacute de manifestation En conformiteacute avec ceci les signes cardinaux reacutegions critiques du cycle solaire sont appeshyleacutes laquo mobiles raquo (munqalib) cest-agrave-dire dynamiques ou expanshysifs Quant au mouvement descendant de lEsprit il se traduit dans lordre cyclique par la fixation (sukucircn) car cest en raison de ce laquo mouvementraquo que le monde subsiste comme tel Enfin le mouvement spirituel du retour vers lorigine se reflegravete dans le plan du cycle zodiacal par la synthegravese des deux autres orienshytations et les signes qui lui sont coordonneacutes sont appeleacutes laquo doublesraquo ou laquo syntheacutetiquesraquo (dhucirc ishtiracirch) Nous devons faire remarquer en passant qui ces deacuteterminations ternaires du Zodiaque relegravevent dune toute autre perspective que le symbolisme des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire symbolisme qui peut eacutevidemment ecirctre rattacheacute aux deux mouvements ou orientations opposeacutees de lEsprit mais il sagit ici dun dualisme qui se rapporte au mouvement cyclique tandis que le ternaire que nous venons de deacutecrire se rapporte agrave la deacutetermination laquo existentielleraquo du cycle lexpresshysion de laquomouvement raquo pour indiquer les orientations de lEsprit universel devant ecirctre pris dans un sens purement symbolique

Quant aux correspondances avec les trois mondes ou deshygreacutes de lexistence humaine telles quelles apparaissent dans le symbolisme des fonctions angeacuteliques auxquelles se rapporshytent les douze signes zodiacaux symbolisme que nous avons extrait du livre laquo Le lien qui retient le partantraquo (Uqlat al-musshytawfiz) de Mohyiddicirc ibn Arabicirc quant agrave ces correspondances disons-nous elles doivent ecirctre comprises agrave partir des reflets du terrain intellectuel dans la nature du cycle et suivant la perspective de la production de ces trois mondes Ceci explique pourquoi ce ne sont pas les signes laquo syntheacutetiques raquo attribueacutes

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agrave lorientation ascendante de lEsprit qui reacutegissent le monde relativement supeacuterieur cest-agrave-dire les degreacutes intemporels de leacutetat humain mais les signes laquofixes raquo par contre il est eacutevishydent que ce sont les signes laquomobilesraquo qui se rapporten~ au deacuteveloppement des eacutetats de ce monde-cL Quant aux signes syntheacutetiques ou laquo doubles raquo ils correspondent au monde intershymeacutediaire (le barzakh de la la theacuteologie islamique le purgatoire chreacutetien et le bardo des thibeacutetains) ou encore suivant une perspective quelque peu diffeacuterente agrave la synthegravese de limmushytabiliteacute spirituelle et de lexpansiviteacute psychique dans le comshyposeacute corporel - agrave linstar de la production du sel alchimique parlunion du soufre et du mercure

1 - Signes mobiles

Le Beacutelier est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des qualiteacutes et des accidents

Le Cancer est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation de ce bas monde

La Balance est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des eacutetats (eacutepheacutemegraveres) et des changements

Le Capricorne est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef du jour et de la nuit

II - Signes fixes

Le Taureau est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du paradis et de lenfer et il est sous la terreur de la Majesteacute (haybah)

Le Lion est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange

est geacuteneacutereux (Karicircm) il deacutetient la clef de la creacuteation du monshyde futur

Le Scorpion est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du feu (infernal)

La Verseau est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange est geacuteneacutereux et sous la terreur de la Majesteacute il deacutetient la clef des esprits

III Signes syntheacutetiques

Les Geacutemeaux sont de nature chaude et humide (aeacuterienne) Leur ange reacutegit les corps en communion avec les recteurs des autres signes doubles il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des meacutetaux

La Vierge est de nature froide et segraveche (terrestre) Son ange reacutegit en communion avec les altres signes doubles les corps et en particulier les corps humains

Le Sagittaire est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange est geacuteneacutereux il reacutegit les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des plantes

Les Poissons sont de nature troide et humide (aqueuse) Leur ange reacutegit en communion avec les autres anges des corps les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des animaux

Nous avons maintenant exposeacute dans ses geacuteneacuteraliteacutes la diffeacuterenciation des douze reacutegions zodiacales du ciel-limite agrave partir des points fixes du cycle solaire Nous ferons encore remarquer que cette faccedilon de concevoir la division du zodiashyque justifie la maniegravere employeacutee couramment dans lastrologie arabe et occidentale pour situer les douze signes cette mashyniegravere consiste agrave compter douze parties eacutegales agrave partir de lequishy

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noxe de printemps abstraction faite de la situation des consshytellations portant les mecircmes noms que les signes car en raison de la preacutecession des eacutequinoxes dont chacune fait le tour du ciel entier en 26000 ans environ il sest produit un deacutecashylage de presque un laquosigneraquo entier entre la situation des constellations et des parties du zodiaque ayant le mecircme nom la constellation du Beacutelier par exemple se trouve aujourdhui dans le laquo signeraquo du Taureau On peut donc soulever la quesshytion de savoir si les formes de ces groupements deacutetoiles fixes qui ont eacuteteacute agrave lorigine des points de repegravere pour la deacutetermishynation des douze parties du cycle solaire sont indiffeacuterentes par rapport agrave la signification de celles-ci or il y a sucircrement analogie entre la deacutenomination des signes zodiacaux et ces groupements deacutetoiles sur leacutecliptique la constellation des Geacuteshymeaux se caracteacuterise effectivement par un couple deacutetoiles jushymelles celle du Taureau comporte un triangle semblable agrave la tecircte de lanimal et les formes du Scorpion ou du Lion peuvent ecirctre reconnues dans les constellations du mecircme nom bien que dautres interpreacutetations de ces groupements soient eacutegalement concevables Il est dailleurs fort bien possible que lors de la premiegravere fixation des symboles astrologiques les ressemblances furent plus frappantes car certaines eacutetoiles laquo fixesraquo ont ducirc se deacuteplacer depuis cette eacutepoque fort lointaishyne (1) ainsi que le fait remarquer Mohyiddicircn ibn Arabicirc en se reacutefeacuterant agrave certaines repreacutesentations stellaires sur des monuments de lEgypte ancienne A leur origine les images symboliques attribueacutees aux douze parties du cycle solaire devaient preacutesen-

L La derniegravere coiumlncidence des signes zodiacaux avec les constellations de mecircme nom eucirct lieu dans les premiers siegravecles de legravere chreacutetienne mais il est probable que la deacutenomination des douze constellations date dune coiumlncidence preacuteceacutedente Nous allons revenir sur cette question

ter une synthegravese entre dune part les significations spmshytuelles de ces deacuteterminations de lespace ceacuteleste et dautre part les interpreacutetations possibles des groupes deacutetoiles des douze constellations les premiers jouant un rocircle essentiel et les combinaisons latentes des groupes deacutetoiles - y comshypris leurs couleurs et leurs intensiteacutes un rocircle potentiel une fois la fixation opeacutereacutee elle simprimait dans la meacutemoire collective en raison de son originaliteacute agrave la fois spirituelle et imaginative et cest lagrave du reste une image particuliegraverement adeacutequate dun certain ordre dinspirations

Dun autre cocircteacute la preacutecession des eacutequinoxes qui constishytue le cycle astronomique majeur doit neacutecessairement jouer un rocircle dans le symbolisme astrologique et le deacuteplacement des constellations zodiacales doit faire partie de sa signifishycation sur laquelle nous aurons agrave revenir par la suite

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III

Le ciel des eacutetoiles qui est contenu dans la sphegravere des laquotoursraquo du zodiaque est appeleacute le ciel des laquo stationsraquo (manacirczil) parce que les mouvements des planegravetes se projettent sur lui Les sept planegravetes qui repreacutesentent les intermeacutediaires cosmiques entre le monde immuable des archeacutetypes et le mishylieu terrestre actualisent par leurs rythmes combineacutes et par les positions reacuteciproques qui en reacutesultent les relations spashytiales virtuellement contenues dans la sphegravere indeacutefinie du cielshylimite sphegravere qui nest rien dautre que la totaliteacute des dishyrections de lespace et par lagrave limage de lunivers (1) Les astrologues modernes veulent que les planegravetes agissent sur la terre par un rayonnement de forces et ils entendent cela dans un sens mateacuteriel ou quasi-mateacuteriel car il est ineacutevitable quil introduisent dans lastrologie quelque chose des conshyceptions modernes de la causaliteacute cest alors que les reacutesidus de cette science prennent lallure dune veacuteritable superstition Le besoin de causaliteacute deacutepend des preacuteoccupations geacuteneacuterales dune eacutepoque il est vrai quil est toujours dessence logique

1 Dougrave la deacuterivation eacutetymologique du terme univers de orbis unIcircversum

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car ce qU1 confegravere agrave un enchaicircnement causal son caractegravere conshyvaincant reacuteside autant dans luniteacute de lesprit que dans la nashyture des choses mais en mecircme temps le besoin de deacutepend substantiellement du niveau mental il est meacutecaniste ou imaginatif raisonnant ou intuitif Comme lhorizon mental nenglobe agrave la fois quun certain ordre de reacutealiteacutes largument causal dune eacutepoque mentalement diffeacuterente apparaicirct insuffisant ou mecircme deacutefectueux quon nen voit que les limites du deacuteveloppement dans le sens dune investigation ulteacuterieure on oublie trop facilement que tout enchaicircnement causal agrave rieur de la manifestation est essentiellement symbolique (1) et que la conception la plus vaste et la plus adeacutequate de causaliteacute est preacuteciseacutement celle qui est consciente de ce symbolishysme et qui considegravere toute chose sous le rapport de laquo lUniteacute de lExistenceraquo (wahdat-al-wudjucircd) Dautre part il faut bien se dire que la veriteacute essentielle dune perspective intellectuelle nempecircche pas que son expression mentale reste sujette agrave la reshylativiteacute des moyens exteacuterieurs de connaissance ainsi par exem-

Mohyiddicircn ibn Arabi affirme du soleil le laquocœur monderaquo quil communique la lumiegravere agrave tous les autres astres y compris les eacutetoiles fixes et quil est lui-mecircme illumineacute par lirradiation directe et incessante dune reacuteveacutelation divine (2) Cette conception est essentiellement vrai en ce sens que toute lumiegravere sensible a sa source dans la lumiegravere intelligible i dont le soleil est le symbole le plus eacutevident est vraie en ce sens que les lumiegraveres de tous les astres sont de mecircme substance comme le reconnaissent dailleurs les astro~omes

1 les causes secondes ne sont que des reflets de la cause premiegravere et nont aucune reacutealiteacute propre

2 Cest un fait significatif que lœil ne peut pas le soleil - qui illumine le monde entier sans en ecirctre eacutebloui

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modernes enfin il est vrai que le soleil communique sa lu-agrave toutes les planegravetes Quant aux eacutetoiles fixes on est aushy

jourdhui convaincu quelles repreacutesentent des sources de lushymiegravere indeacutependantes du soleil et sur ce point la conception de Mohyiddicircn Ibn Arabicirc peut paraicirctre erroneacutee cependant la fonction dun Maicirctre en meacutetaphysique nimplique pas neacutecesshysairement la connaissance distinctive de tous les domaines de

nature et Ibn Arabicirc ne pouvait quenvisager le symbolisme des connaissances astronomiques telles quelles se preacutesentaient agrave lui Cela ne veut certes pas dire que sa theacuteorie ne soit plus valable degraves quon accepte que les eacutetoiles fixes sont des lumiegraveres autonomes dans lordre sensible car la distinction entre lenshysemble des astres reacutegis par le soleil et la multitude des eacutetoiles

apparaicirct seulement comme une diffeacuterenciation du mecircme symbolisme en ce sens que le soleil repreacutesente le centre du rayonnement de la lumiegravere divine pour un monde deacutetermineacute tandis que les eacutetoiles fixes symbolisent les interfeacuterences de la lumiegravere dun monde supeacuterieur mai~ mecircme dans ce cas on pourshyra dire que la lumiegravere qui rayonne du soleil est la mecircme que celle qui illumine tous les corps ceacutelestes

Cette sur les diffeacuterentes perspectives selon lesshyquelles on peut envisager la causaliteacute cosmique eacutetait neacutecesshysaire pour situer le rocircle des planegravetes dans lastrologie et pour faire comprendre ce quon doit entendre par linfluence de leur rayonnement Quel que puisse ecirctre mateacuteriel ou subshytil de leurs rayons la peacuteneacutetration contemplative de la laquo physioshygnomieraquo du cosmos les considegravere plus directement comme ( des modes de lIntellect dans sa manifestation macrocosmique modes qui reacutealisent ou mesurent les possibiliteacutes contenues dans la sphegravere indeacutefinie Lespace ceacuteleste dans lequel les planegravetes deacutecrivent leurs reacutevolutions repreacutesente en quelque sorte les limiddot mites extrecircmes du monde sensible et ces limites sont inverseshy

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ini bn dli ilililH~Hj iUill HHHijHHmH~j~mlllij~umli

ment analogues au centre qui est lhomme lui-mecircme comme nous lavons deacutejagrave fait remarquer en consideacuterant le caractegravere laquo objectifraquo des directions spatiales rayonnant de chaque ecirctre humain vers les mecircme points du ciel-limite (1) en raison de cette analogie inverse les modes de lIntellect cosmique que repreacutesentent les astres sont laquo existentielsraquo au lieu decirctre laquo inshytelligents raquo ce dernier mot pris dans le sens de lintelligence active manifesteacutee dans lhomme nous nous rapportons ici agrave la polariteacute de 1laquo existenceraquo et de 1laquo intelligenceraquo dans lEtre (2) Cette nature intellectuelle des planegravetes sexprime - toushyjours en raison de la mecircme analogie inverse par rapport agrave telIigence active -dans la reacutegulariteacute et continuiteacute rythmique de leurs mouvements Leur nature lumineuse relegraveve du mecircme symbolisme dautre part la propagation de la lumiegravere est pour ainsi dire laquo geacuteomeacutetriqueraquo et correspond agrave lactualisation des directions et des relations spatiales Il faut dailleurs bien comshyprendre que ce symbolisme nenvisage pas la situation des plashynegravetes dans lespace quantitativement mesurable leurs laquoasshypects raquo se deacuteterminent par leur projection sur le zodiaque cest-agrave-dire en raison des directions de lespace dont le centre est lecirctre humain terrestre quant aux directions de lespace leur deacutefinition nest eacutevidemment pas quantitative mais toujours relative agrave luniteacute indivisible de la sphegravere indeacutefinie du ciel extrecircme

1 On nous objectera peut-ecirctre que les directions que nous appelons4lt obshyjectives ne relegravevent que de la subjectiviteacute collective mais dans lordre de la perception sensible directe et spontaneacutee sur laquene se fonde le symbolisme en question cette subjectiviteacute collective est eacutequivalente dobjectivicircteacute Voit agrave ce propos ce que dit Frithjof Schuon dans son article Fataliteacute et Progregraves passhysage que nous avons reprenduit en note au deacutebut de cette eacutetude

2 Cf larticle de Frithjof Schuon Transcendance et universaliteacute de leacutesoshyteacuterisme dans Etudes Traditionnelles oct-nov 1945

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De tous les astres laquomobiles raquo il ny a que le soleil et lune dont les mouvements puissent ecirctre repreacutesenteacutes par des cercles reacuteguliers sur le ciel des eacutetoiles fixes car les orbites apshyparentes des autres planegravetes sont agrave la fois reacutegies par le centre solaire et le centre terrestre de faccedilon quelles eacutevoluent en des mouvements combineacutes Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se reacutepartissent dune faccedilon ineacutegale mais rythmique sur les douze parties du zodiaque et que lon compte agrave partir de leacutequinoxe du printemps Le veacuteritable commencement du cycle lunaire qui sexprime dans la succession des lunaisons ne coiumlncide pas toujours avec le point de leacutequinoxe car les deux points tersection de lorbite lunaire avec le cycle solaire que lon apshypelle la laquo tecircteraquo et la laquo queueraquo du dragon deacutecrivent en 18 ans le tour de tout le laquo ciel des stations raquo La fixation des manshysions de la lune consiste donc en une sorte dabreacutegeacute symbolique des rythmes veacuteritables (1)

Dans les rapports des mansions lunaires avec le zodiaque se manifeste un symbolisme numeacuterique eacutevident nous avons monshytreacute comment le duodeacutenaire zodiacal se preacutesente comme le proshyduit de la multiplication du quaternaire par le ternaire or la

multiplication symbolise le mode de distinction propre au monde des archeacutetypes car ceux-ci ne se diffeacuterencient pas par exclusion mutuelle mais agrave linstar de miroirs oui se reflegravetent les

1 Lastrologie hindoue ne compte que 27 mansions lunaires le parcours de la lune autour du ciel ne seffectuant pas en un nombre de jours de faccedilon que labreacutegeacute symbolique de son cycle peut-ecirctre ou bien porteacute agrave 28 ou reacuteduit a 27 jours Dautre part les astrologues hindous ne situent pas le deacuteshybut du cycle lunaire au point vernal actuel mais au point du ciel des eacutetoiles fixeacutees qui coiumlncidait agrave leacutepoque de la derniegravere coiumlncidence entre les signes zodiacaux et les constellations synonymes avec leacutequinoxe du printemps Nous allons revenir sur cette diffeacuterence des ooints de vue

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l

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

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l_middot ~

Page 8: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

axes visuels coiumlncident sans se confondre lorsque nous fixons un mecircme point de la voucircte ceacuteleste - en quoi sexprime eacutevishydemment une coiumlncidence du point de vue microcosmique avec le laquo point de vueraquo macrocosmiqueraquo (2) Il faut distinguer ces directions laquo objectives raquo cest-agrave-dire eacutegales pour tous les ecirctres terrestres consideacuterant le ciel au mecircme instant temporel et les directions quon peut appeler laquosubjectives raquo parce quelles sont deacutetermineacutees par le zeacutenith et le nadir individuel nous feshyrons remarquer en passant que cest preacuteciseacutement la comparaishyson entre ces deux ordres de directions de lespace ceacuteleste qui est agrave la base de lhoroscope Lindeacutefiniteacute des directions de lesshypace est en elle-mecircme indiffeacuterencieacutee nous voulons dire quelle contient virtuellement toutes les relations spatiales possibles sans quon puisse les deacutefinir Mais les qualiteacutes de ces directions de lespace ceacuteleste sont interdeacutependantes nous entendons par

2 Cette coiumlncidence des perspectives na pas seulement lieu lorsquon envisage un point du ciel-limite )Tlais deacutejagrave qual1d on fixe une planegravete Elle secprime dans lexpeacuterience courante selon laquelle chaque spectateur qui regarde le soleil se lever ou se coucher au delagrave dune surface deau voit la voie des rayons refleacuteteacutes dans leau venir directement vers lui lorsque le spectateur se deacuteplace cette voie lumineuse le suit - Signalons en passant lue les Indiens de lAmeacuterique du Nord considegraverent ce chemin lumineux projeteacute sur leau par les rayons du soleil couchant comme le sentier des acircmes vers le monde des ancecirctres en effet on peut y voir comme une projection horizontale du rayon solaire qui selon le symshybolisme hindou repreacutesente le lien par lequel chaque ecirctre particulier se ratshytache directement agrave son principe On sait que les textes sacreacutes de lHinshydouisme deacutecrivent ce rayon comme allant de la couronne de la tecircte au soleil Le mecircme symbolisme - impliquant agrave la fois lideacutee dun lien direct et celle de la Voie Divine - se retrouve dans ce passage de la Sourate Hucircd Il nexiste pas decirctre vivant quIl (Allah) ne tient pas par son toupet en veacuteriteacute mon Seigneur est sur une voie droite - Comme la Voie Divine la direction qui va dun ecirctre terrestre quelconque agrave un point deacuteshytermineacute de la voucircte ceacuteleste est agrave la fois unique pour chacun et une pour tous

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lagrave que degraves quune direction de lespace ceacuteleste - ou le point de la sphegravere-limite qui lui correspond - est deacutefini tout lensemble des autres directions se diffeacuterencie et se polarise par rapport agrave celle-lagrave Cest dans ce sens que le Maicirctre dit que les divisions du ciel non-eacutetoileacute ou ciel des laquotoursraquo zodiacales sont des laquo deacuteterminations virtuellesraquo qui ne se diffeacuterencient que par rapport au ciel des laquo stationsraquo des astres Or les points fixes du ciel des stations sont avant tout les pocircles respectifs de la reacutevolution diurne du ciel (ou de la terre) et du cycle annuel du soleil et par conseacutequent les points que la divergence de ces pocircles deacutetermine sur leacutecliptique cest-agrave-dire les deux eacutequinoxes points dintersection de lorbite solaire avec leacutequateur dune part et les deux solstices points extrecircmes des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire dautre part Degraves que ces quatre points de leacutecliptique sont fixeacutes les huit autres divisions zodiacales leur reacutepondent en raison des partitions tershynaires et seacutenaires qui sont naturellement inheacuterentes au cercle ainsi que lexprime le rapport entre le rayon et les proportions de lhexagone inscrit dans le cercle Il se produit alors comme une cristallisation spontaneacutee des relations spatiales chaque point du quaternaire eacutevoquant deux autres points dun trigoshyne qui agrave leur tour reacutepegravetent la relation en laquo carreacute raquo de faccedilon agrave ce que la division du cercle par quatre se trouve inteacutegreacutee et compenseacutee par une synthegravese laquo congeacutenitaleraquo agrave la nature laquo unishyverselle raquo du cycle suivant la formule 3 X 4 = 4 X 3 = 12

Si les deux -grands cercles celui de leacutequateur ceacuteleste et celui du cycle solaire coiumlncidaient les saisons ne se manifesshyteraient pas La divergence des deux grands cycles ceacutelestes exprime donc de toute eacutevidence la rupture deacutequilibre qui deacuteshyclenche un certain ordre de manifestation cest-agrave-dire de conshytrastes et de compleacutementaires et les quatre points cardinaux d(lttcrmineacutes par cette divergence sont bien les marques de ces

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contrastes Ibn Arabi identifie le quaternaire zodiacal avec celui des qualiteacutes ou tendances fondamentales de la Nature totale ou universelle (at-tabiuml ah) qui est la racine de toutes les diffeacuterenciations Ajoutons afin de preacutevenir tout malentendu que la Nature totale telle que lenvisage le Maicirctre nest pas la Substance universelle comme telle premier principe passif que la doctrine hindoue appelle Prakriti et que Mohyiddicircn ibn Arabi deacutesigne soit par le terme de al-habacirc (ltlt Substanceraquo) soit par celui de al- unccedilur al-a zam (ltlt Eleacutement suprecircmeraquo) mais elle en est une deacutetermination directe envisageacutee plus particushyliegraverement sous son aspect de laquomaterniteacuteraquo agrave leacutegarmiddotd des creacutea-

Geacuteneacuteration du duodeacutenaire zodiacal par Je carreacute et le trigone

tures La Nature universelle non manifesteacutee en elle-mecircme se manifeste par quatre qualiteacutes ou tendances fondamentales qui apparaissent dans lordre sensible comme chaleur et froid

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seacutecheresse et humiditeacute La chaleur et le froid sont des qualiteacutes actives opposeacutees lune agrave lautre elles se manifestent aussi comme force expansive et force contractive elles deacuteterminent le couple des qualiteacutes passives la seacutecheresse et lhumiditeacute (1) Rapporteacutes aux quatre points cagraverdinaux du zodiaque le froid correspond aux deux solstices qui reflegravetent en quelque sorte la contraction polaire tandis que la chaleur correspond aux 1 deux eacutequinoxes qui se situent sur leacutequateur diapason de 1 lexpansion des mouvements ceacutelestes De ce fait les signes cardinaux se succegravedent par contrastes mais les qualiteacutes passhysives de la seacutecheresse et de lhumiditeacute en relient deux couples Les quatre tendances ou qualiteacutes de la Nature se joignent deux agrave deux dans la nature des quatre eacuteleacutements ou fondements du monde sensible produits agrave partir de la substance terrestre la terre est froide et segraveche leau est froide et humide lair est humide et chaud le feu est chaud et sec Si lon attribue ces qualiteacutes eacuteleacutementaires aux signes du zodiaque disant que le Beacutelier est de nature igneacutee le Cancer aqueux la Balance aeacuterienshyne et le Capricorne terrien il faut tenir compte du fait que le zodiaque ne comporte que les modegraveles ceacutelestes des quatre eacuteleacutements et que ces modegraveles restent composeacutes des quatre tenshydances de la Nature totale ainsi que le fait remarquer Mer hyiddicircn ibn Arabi

Le quaternaire des tendances fondamentales de la Nature totale doit ecirctre multiplieacute selon Mohyiddicircn ibn Arabi par le ternaire dont le paregravedre cosmique sont les trois mouvements ou orientations principielles de lIntellect premier ou Esprit universel ( al-Aql) ou encore sous un altre rapport les trois mondes cest-agrave-dire le monde preacutesent le monde futur et

1 La meacutedecine traditionnelle du monde musulman reacuteduit toutes les mashy

ladies agrave autant de manifestations deacuteseacutequilibreacutees de ces quatre tendances

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leacutetat intermeacutediaire du barzakh (1) Les vrois mouvements ou orientations de lEsprit sont le mouvement descendant qui seacuteloigne apparemment du Principe et qui mesure la proshyfondeur (al-umq) du possible le mouvement expansif qui en mesure lampleur ou la largeur (al-urd) le mouvement du retour vers lorigine qui se dirige dans le sens de lexaltashytion ou de la hauteur (at-tucirct) Ce ternaire de lEsprit est supeacuteshyrieur au quaternaire de la Nature sil apparaicirct ici en deuxiegraveme lieu cest que la diffeacuterenciation du ciel des archeacutetypes zodiashycaux procegravede des contrastes manifesteacutes pour aboutir agrave leur reacuteinteacutegration dans la synthegravese parfaite Par suite de cette reacuteinteacutegration ou multiplication tous les points di zodiaque qui se trouvent en relation de trigone ont la mecircme nature eacuteleacutemenshytaire mais se distinguent par les qualiteacutes relevant du ternaire de lEsprit et tous les points qui se trouvent en relation de

carreacute ont la mecircme qualiteacute spirituelle mais se diffeacuterencient par 1 les contrastes eacuteleacutementaires De lagrave on peut deacutejagrave deacuteduire les difshy

feacuterents caractegraveres des laquo aspects raquo ou positions reacuteciproques des planegravetes sur leacutecliptique la relation en angle droit signifie neacutecessairement contraste de mecircme que lopposition signifie opposition le trigone est lexpression dune synthegravese parfaite et le sextile cest-agrave-dire la position en angle de 60 degreacutes exprimegrave une affiniteacute Appliqueacutes agrave la nature du cycle les trois mouvements principie1s de lEsprit ne peuvent plus ecirctre comshypareacutes aux trois dimensions de la profondeur de lampleur et de la hauteur mais ils apparaissent suivant une reacuteflexion ccedilonshyforme agrave cette nature la seule tendance qui se manifeste dishyrectement dans lordre cyclique est celle de lexpansion dans lampleur car le cycle est avant tout limage du deacuteveloppeshy

1 Sur les diffeacuterentes significations de ce terme voir notre article Du Barzakh dans Etudes Traditionnelles deacutecembre 1937

ment de toutes les possibiliteacutes impliqueacutees dans lampleur dun degreacute de manifestation En conformiteacute avec ceci les signes cardinaux reacutegions critiques du cycle solaire sont appeshyleacutes laquo mobiles raquo (munqalib) cest-agrave-dire dynamiques ou expanshysifs Quant au mouvement descendant de lEsprit il se traduit dans lordre cyclique par la fixation (sukucircn) car cest en raison de ce laquo mouvementraquo que le monde subsiste comme tel Enfin le mouvement spirituel du retour vers lorigine se reflegravete dans le plan du cycle zodiacal par la synthegravese des deux autres orienshytations et les signes qui lui sont coordonneacutes sont appeleacutes laquo doublesraquo ou laquo syntheacutetiquesraquo (dhucirc ishtiracirch) Nous devons faire remarquer en passant qui ces deacuteterminations ternaires du Zodiaque relegravevent dune toute autre perspective que le symbolisme des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire symbolisme qui peut eacutevidemment ecirctre rattacheacute aux deux mouvements ou orientations opposeacutees de lEsprit mais il sagit ici dun dualisme qui se rapporte au mouvement cyclique tandis que le ternaire que nous venons de deacutecrire se rapporte agrave la deacutetermination laquo existentielleraquo du cycle lexpresshysion de laquomouvement raquo pour indiquer les orientations de lEsprit universel devant ecirctre pris dans un sens purement symbolique

Quant aux correspondances avec les trois mondes ou deshygreacutes de lexistence humaine telles quelles apparaissent dans le symbolisme des fonctions angeacuteliques auxquelles se rapporshytent les douze signes zodiacaux symbolisme que nous avons extrait du livre laquo Le lien qui retient le partantraquo (Uqlat al-musshytawfiz) de Mohyiddicirc ibn Arabicirc quant agrave ces correspondances disons-nous elles doivent ecirctre comprises agrave partir des reflets du terrain intellectuel dans la nature du cycle et suivant la perspective de la production de ces trois mondes Ceci explique pourquoi ce ne sont pas les signes laquo syntheacutetiques raquo attribueacutes

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agrave lorientation ascendante de lEsprit qui reacutegissent le monde relativement supeacuterieur cest-agrave-dire les degreacutes intemporels de leacutetat humain mais les signes laquofixes raquo par contre il est eacutevishydent que ce sont les signes laquomobilesraquo qui se rapporten~ au deacuteveloppement des eacutetats de ce monde-cL Quant aux signes syntheacutetiques ou laquo doubles raquo ils correspondent au monde intershymeacutediaire (le barzakh de la la theacuteologie islamique le purgatoire chreacutetien et le bardo des thibeacutetains) ou encore suivant une perspective quelque peu diffeacuterente agrave la synthegravese de limmushytabiliteacute spirituelle et de lexpansiviteacute psychique dans le comshyposeacute corporel - agrave linstar de la production du sel alchimique parlunion du soufre et du mercure

1 - Signes mobiles

Le Beacutelier est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des qualiteacutes et des accidents

Le Cancer est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation de ce bas monde

La Balance est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des eacutetats (eacutepheacutemegraveres) et des changements

Le Capricorne est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef du jour et de la nuit

II - Signes fixes

Le Taureau est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du paradis et de lenfer et il est sous la terreur de la Majesteacute (haybah)

Le Lion est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange

est geacuteneacutereux (Karicircm) il deacutetient la clef de la creacuteation du monshyde futur

Le Scorpion est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du feu (infernal)

La Verseau est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange est geacuteneacutereux et sous la terreur de la Majesteacute il deacutetient la clef des esprits

III Signes syntheacutetiques

Les Geacutemeaux sont de nature chaude et humide (aeacuterienne) Leur ange reacutegit les corps en communion avec les recteurs des autres signes doubles il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des meacutetaux

La Vierge est de nature froide et segraveche (terrestre) Son ange reacutegit en communion avec les altres signes doubles les corps et en particulier les corps humains

Le Sagittaire est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange est geacuteneacutereux il reacutegit les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des plantes

Les Poissons sont de nature troide et humide (aqueuse) Leur ange reacutegit en communion avec les autres anges des corps les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des animaux

Nous avons maintenant exposeacute dans ses geacuteneacuteraliteacutes la diffeacuterenciation des douze reacutegions zodiacales du ciel-limite agrave partir des points fixes du cycle solaire Nous ferons encore remarquer que cette faccedilon de concevoir la division du zodiashyque justifie la maniegravere employeacutee couramment dans lastrologie arabe et occidentale pour situer les douze signes cette mashyniegravere consiste agrave compter douze parties eacutegales agrave partir de lequishy

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noxe de printemps abstraction faite de la situation des consshytellations portant les mecircmes noms que les signes car en raison de la preacutecession des eacutequinoxes dont chacune fait le tour du ciel entier en 26000 ans environ il sest produit un deacutecashylage de presque un laquosigneraquo entier entre la situation des constellations et des parties du zodiaque ayant le mecircme nom la constellation du Beacutelier par exemple se trouve aujourdhui dans le laquo signeraquo du Taureau On peut donc soulever la quesshytion de savoir si les formes de ces groupements deacutetoiles fixes qui ont eacuteteacute agrave lorigine des points de repegravere pour la deacutetermishynation des douze parties du cycle solaire sont indiffeacuterentes par rapport agrave la signification de celles-ci or il y a sucircrement analogie entre la deacutenomination des signes zodiacaux et ces groupements deacutetoiles sur leacutecliptique la constellation des Geacuteshymeaux se caracteacuterise effectivement par un couple deacutetoiles jushymelles celle du Taureau comporte un triangle semblable agrave la tecircte de lanimal et les formes du Scorpion ou du Lion peuvent ecirctre reconnues dans les constellations du mecircme nom bien que dautres interpreacutetations de ces groupements soient eacutegalement concevables Il est dailleurs fort bien possible que lors de la premiegravere fixation des symboles astrologiques les ressemblances furent plus frappantes car certaines eacutetoiles laquo fixesraquo ont ducirc se deacuteplacer depuis cette eacutepoque fort lointaishyne (1) ainsi que le fait remarquer Mohyiddicircn ibn Arabicirc en se reacutefeacuterant agrave certaines repreacutesentations stellaires sur des monuments de lEgypte ancienne A leur origine les images symboliques attribueacutees aux douze parties du cycle solaire devaient preacutesen-

L La derniegravere coiumlncidence des signes zodiacaux avec les constellations de mecircme nom eucirct lieu dans les premiers siegravecles de legravere chreacutetienne mais il est probable que la deacutenomination des douze constellations date dune coiumlncidence preacuteceacutedente Nous allons revenir sur cette question

ter une synthegravese entre dune part les significations spmshytuelles de ces deacuteterminations de lespace ceacuteleste et dautre part les interpreacutetations possibles des groupes deacutetoiles des douze constellations les premiers jouant un rocircle essentiel et les combinaisons latentes des groupes deacutetoiles - y comshypris leurs couleurs et leurs intensiteacutes un rocircle potentiel une fois la fixation opeacutereacutee elle simprimait dans la meacutemoire collective en raison de son originaliteacute agrave la fois spirituelle et imaginative et cest lagrave du reste une image particuliegraverement adeacutequate dun certain ordre dinspirations

Dun autre cocircteacute la preacutecession des eacutequinoxes qui constishytue le cycle astronomique majeur doit neacutecessairement jouer un rocircle dans le symbolisme astrologique et le deacuteplacement des constellations zodiacales doit faire partie de sa signifishycation sur laquelle nous aurons agrave revenir par la suite

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III

Le ciel des eacutetoiles qui est contenu dans la sphegravere des laquotoursraquo du zodiaque est appeleacute le ciel des laquo stationsraquo (manacirczil) parce que les mouvements des planegravetes se projettent sur lui Les sept planegravetes qui repreacutesentent les intermeacutediaires cosmiques entre le monde immuable des archeacutetypes et le mishylieu terrestre actualisent par leurs rythmes combineacutes et par les positions reacuteciproques qui en reacutesultent les relations spashytiales virtuellement contenues dans la sphegravere indeacutefinie du cielshylimite sphegravere qui nest rien dautre que la totaliteacute des dishyrections de lespace et par lagrave limage de lunivers (1) Les astrologues modernes veulent que les planegravetes agissent sur la terre par un rayonnement de forces et ils entendent cela dans un sens mateacuteriel ou quasi-mateacuteriel car il est ineacutevitable quil introduisent dans lastrologie quelque chose des conshyceptions modernes de la causaliteacute cest alors que les reacutesidus de cette science prennent lallure dune veacuteritable superstition Le besoin de causaliteacute deacutepend des preacuteoccupations geacuteneacuterales dune eacutepoque il est vrai quil est toujours dessence logique

1 Dougrave la deacuterivation eacutetymologique du terme univers de orbis unIcircversum

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car ce qU1 confegravere agrave un enchaicircnement causal son caractegravere conshyvaincant reacuteside autant dans luniteacute de lesprit que dans la nashyture des choses mais en mecircme temps le besoin de deacutepend substantiellement du niveau mental il est meacutecaniste ou imaginatif raisonnant ou intuitif Comme lhorizon mental nenglobe agrave la fois quun certain ordre de reacutealiteacutes largument causal dune eacutepoque mentalement diffeacuterente apparaicirct insuffisant ou mecircme deacutefectueux quon nen voit que les limites du deacuteveloppement dans le sens dune investigation ulteacuterieure on oublie trop facilement que tout enchaicircnement causal agrave rieur de la manifestation est essentiellement symbolique (1) et que la conception la plus vaste et la plus adeacutequate de causaliteacute est preacuteciseacutement celle qui est consciente de ce symbolishysme et qui considegravere toute chose sous le rapport de laquo lUniteacute de lExistenceraquo (wahdat-al-wudjucircd) Dautre part il faut bien se dire que la veriteacute essentielle dune perspective intellectuelle nempecircche pas que son expression mentale reste sujette agrave la reshylativiteacute des moyens exteacuterieurs de connaissance ainsi par exem-

Mohyiddicircn ibn Arabi affirme du soleil le laquocœur monderaquo quil communique la lumiegravere agrave tous les autres astres y compris les eacutetoiles fixes et quil est lui-mecircme illumineacute par lirradiation directe et incessante dune reacuteveacutelation divine (2) Cette conception est essentiellement vrai en ce sens que toute lumiegravere sensible a sa source dans la lumiegravere intelligible i dont le soleil est le symbole le plus eacutevident est vraie en ce sens que les lumiegraveres de tous les astres sont de mecircme substance comme le reconnaissent dailleurs les astro~omes

1 les causes secondes ne sont que des reflets de la cause premiegravere et nont aucune reacutealiteacute propre

2 Cest un fait significatif que lœil ne peut pas le soleil - qui illumine le monde entier sans en ecirctre eacutebloui

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modernes enfin il est vrai que le soleil communique sa lu-agrave toutes les planegravetes Quant aux eacutetoiles fixes on est aushy

jourdhui convaincu quelles repreacutesentent des sources de lushymiegravere indeacutependantes du soleil et sur ce point la conception de Mohyiddicircn Ibn Arabicirc peut paraicirctre erroneacutee cependant la fonction dun Maicirctre en meacutetaphysique nimplique pas neacutecesshysairement la connaissance distinctive de tous les domaines de

nature et Ibn Arabicirc ne pouvait quenvisager le symbolisme des connaissances astronomiques telles quelles se preacutesentaient agrave lui Cela ne veut certes pas dire que sa theacuteorie ne soit plus valable degraves quon accepte que les eacutetoiles fixes sont des lumiegraveres autonomes dans lordre sensible car la distinction entre lenshysemble des astres reacutegis par le soleil et la multitude des eacutetoiles

apparaicirct seulement comme une diffeacuterenciation du mecircme symbolisme en ce sens que le soleil repreacutesente le centre du rayonnement de la lumiegravere divine pour un monde deacutetermineacute tandis que les eacutetoiles fixes symbolisent les interfeacuterences de la lumiegravere dun monde supeacuterieur mai~ mecircme dans ce cas on pourshyra dire que la lumiegravere qui rayonne du soleil est la mecircme que celle qui illumine tous les corps ceacutelestes

Cette sur les diffeacuterentes perspectives selon lesshyquelles on peut envisager la causaliteacute cosmique eacutetait neacutecesshysaire pour situer le rocircle des planegravetes dans lastrologie et pour faire comprendre ce quon doit entendre par linfluence de leur rayonnement Quel que puisse ecirctre mateacuteriel ou subshytil de leurs rayons la peacuteneacutetration contemplative de la laquo physioshygnomieraquo du cosmos les considegravere plus directement comme ( des modes de lIntellect dans sa manifestation macrocosmique modes qui reacutealisent ou mesurent les possibiliteacutes contenues dans la sphegravere indeacutefinie Lespace ceacuteleste dans lequel les planegravetes deacutecrivent leurs reacutevolutions repreacutesente en quelque sorte les limiddot mites extrecircmes du monde sensible et ces limites sont inverseshy

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ini bn dli ilililH~Hj iUill HHHijHHmH~j~mlllij~umli

ment analogues au centre qui est lhomme lui-mecircme comme nous lavons deacutejagrave fait remarquer en consideacuterant le caractegravere laquo objectifraquo des directions spatiales rayonnant de chaque ecirctre humain vers les mecircme points du ciel-limite (1) en raison de cette analogie inverse les modes de lIntellect cosmique que repreacutesentent les astres sont laquo existentielsraquo au lieu decirctre laquo inshytelligents raquo ce dernier mot pris dans le sens de lintelligence active manifesteacutee dans lhomme nous nous rapportons ici agrave la polariteacute de 1laquo existenceraquo et de 1laquo intelligenceraquo dans lEtre (2) Cette nature intellectuelle des planegravetes sexprime - toushyjours en raison de la mecircme analogie inverse par rapport agrave telIigence active -dans la reacutegulariteacute et continuiteacute rythmique de leurs mouvements Leur nature lumineuse relegraveve du mecircme symbolisme dautre part la propagation de la lumiegravere est pour ainsi dire laquo geacuteomeacutetriqueraquo et correspond agrave lactualisation des directions et des relations spatiales Il faut dailleurs bien comshyprendre que ce symbolisme nenvisage pas la situation des plashynegravetes dans lespace quantitativement mesurable leurs laquoasshypects raquo se deacuteterminent par leur projection sur le zodiaque cest-agrave-dire en raison des directions de lespace dont le centre est lecirctre humain terrestre quant aux directions de lespace leur deacutefinition nest eacutevidemment pas quantitative mais toujours relative agrave luniteacute indivisible de la sphegravere indeacutefinie du ciel extrecircme

1 On nous objectera peut-ecirctre que les directions que nous appelons4lt obshyjectives ne relegravevent que de la subjectiviteacute collective mais dans lordre de la perception sensible directe et spontaneacutee sur laquene se fonde le symbolisme en question cette subjectiviteacute collective est eacutequivalente dobjectivicircteacute Voit agrave ce propos ce que dit Frithjof Schuon dans son article Fataliteacute et Progregraves passhysage que nous avons reprenduit en note au deacutebut de cette eacutetude

2 Cf larticle de Frithjof Schuon Transcendance et universaliteacute de leacutesoshyteacuterisme dans Etudes Traditionnelles oct-nov 1945

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De tous les astres laquomobiles raquo il ny a que le soleil et lune dont les mouvements puissent ecirctre repreacutesenteacutes par des cercles reacuteguliers sur le ciel des eacutetoiles fixes car les orbites apshyparentes des autres planegravetes sont agrave la fois reacutegies par le centre solaire et le centre terrestre de faccedilon quelles eacutevoluent en des mouvements combineacutes Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se reacutepartissent dune faccedilon ineacutegale mais rythmique sur les douze parties du zodiaque et que lon compte agrave partir de leacutequinoxe du printemps Le veacuteritable commencement du cycle lunaire qui sexprime dans la succession des lunaisons ne coiumlncide pas toujours avec le point de leacutequinoxe car les deux points tersection de lorbite lunaire avec le cycle solaire que lon apshypelle la laquo tecircteraquo et la laquo queueraquo du dragon deacutecrivent en 18 ans le tour de tout le laquo ciel des stations raquo La fixation des manshysions de la lune consiste donc en une sorte dabreacutegeacute symbolique des rythmes veacuteritables (1)

Dans les rapports des mansions lunaires avec le zodiaque se manifeste un symbolisme numeacuterique eacutevident nous avons monshytreacute comment le duodeacutenaire zodiacal se preacutesente comme le proshyduit de la multiplication du quaternaire par le ternaire or la

multiplication symbolise le mode de distinction propre au monde des archeacutetypes car ceux-ci ne se diffeacuterencient pas par exclusion mutuelle mais agrave linstar de miroirs oui se reflegravetent les

1 Lastrologie hindoue ne compte que 27 mansions lunaires le parcours de la lune autour du ciel ne seffectuant pas en un nombre de jours de faccedilon que labreacutegeacute symbolique de son cycle peut-ecirctre ou bien porteacute agrave 28 ou reacuteduit a 27 jours Dautre part les astrologues hindous ne situent pas le deacuteshybut du cycle lunaire au point vernal actuel mais au point du ciel des eacutetoiles fixeacutees qui coiumlncidait agrave leacutepoque de la derniegravere coiumlncidence entre les signes zodiacaux et les constellations synonymes avec leacutequinoxe du printemps Nous allons revenir sur cette diffeacuterence des ooints de vue

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l

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

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remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 9: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

contrastes Ibn Arabi identifie le quaternaire zodiacal avec celui des qualiteacutes ou tendances fondamentales de la Nature totale ou universelle (at-tabiuml ah) qui est la racine de toutes les diffeacuterenciations Ajoutons afin de preacutevenir tout malentendu que la Nature totale telle que lenvisage le Maicirctre nest pas la Substance universelle comme telle premier principe passif que la doctrine hindoue appelle Prakriti et que Mohyiddicircn ibn Arabi deacutesigne soit par le terme de al-habacirc (ltlt Substanceraquo) soit par celui de al- unccedilur al-a zam (ltlt Eleacutement suprecircmeraquo) mais elle en est une deacutetermination directe envisageacutee plus particushyliegraverement sous son aspect de laquomaterniteacuteraquo agrave leacutegarmiddotd des creacutea-

Geacuteneacuteration du duodeacutenaire zodiacal par Je carreacute et le trigone

tures La Nature universelle non manifesteacutee en elle-mecircme se manifeste par quatre qualiteacutes ou tendances fondamentales qui apparaissent dans lordre sensible comme chaleur et froid

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seacutecheresse et humiditeacute La chaleur et le froid sont des qualiteacutes actives opposeacutees lune agrave lautre elles se manifestent aussi comme force expansive et force contractive elles deacuteterminent le couple des qualiteacutes passives la seacutecheresse et lhumiditeacute (1) Rapporteacutes aux quatre points cagraverdinaux du zodiaque le froid correspond aux deux solstices qui reflegravetent en quelque sorte la contraction polaire tandis que la chaleur correspond aux 1 deux eacutequinoxes qui se situent sur leacutequateur diapason de 1 lexpansion des mouvements ceacutelestes De ce fait les signes cardinaux se succegravedent par contrastes mais les qualiteacutes passhysives de la seacutecheresse et de lhumiditeacute en relient deux couples Les quatre tendances ou qualiteacutes de la Nature se joignent deux agrave deux dans la nature des quatre eacuteleacutements ou fondements du monde sensible produits agrave partir de la substance terrestre la terre est froide et segraveche leau est froide et humide lair est humide et chaud le feu est chaud et sec Si lon attribue ces qualiteacutes eacuteleacutementaires aux signes du zodiaque disant que le Beacutelier est de nature igneacutee le Cancer aqueux la Balance aeacuterienshyne et le Capricorne terrien il faut tenir compte du fait que le zodiaque ne comporte que les modegraveles ceacutelestes des quatre eacuteleacutements et que ces modegraveles restent composeacutes des quatre tenshydances de la Nature totale ainsi que le fait remarquer Mer hyiddicircn ibn Arabi

Le quaternaire des tendances fondamentales de la Nature totale doit ecirctre multiplieacute selon Mohyiddicircn ibn Arabi par le ternaire dont le paregravedre cosmique sont les trois mouvements ou orientations principielles de lIntellect premier ou Esprit universel ( al-Aql) ou encore sous un altre rapport les trois mondes cest-agrave-dire le monde preacutesent le monde futur et

1 La meacutedecine traditionnelle du monde musulman reacuteduit toutes les mashy

ladies agrave autant de manifestations deacuteseacutequilibreacutees de ces quatre tendances

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leacutetat intermeacutediaire du barzakh (1) Les vrois mouvements ou orientations de lEsprit sont le mouvement descendant qui seacuteloigne apparemment du Principe et qui mesure la proshyfondeur (al-umq) du possible le mouvement expansif qui en mesure lampleur ou la largeur (al-urd) le mouvement du retour vers lorigine qui se dirige dans le sens de lexaltashytion ou de la hauteur (at-tucirct) Ce ternaire de lEsprit est supeacuteshyrieur au quaternaire de la Nature sil apparaicirct ici en deuxiegraveme lieu cest que la diffeacuterenciation du ciel des archeacutetypes zodiashycaux procegravede des contrastes manifesteacutes pour aboutir agrave leur reacuteinteacutegration dans la synthegravese parfaite Par suite de cette reacuteinteacutegration ou multiplication tous les points di zodiaque qui se trouvent en relation de trigone ont la mecircme nature eacuteleacutemenshytaire mais se distinguent par les qualiteacutes relevant du ternaire de lEsprit et tous les points qui se trouvent en relation de

carreacute ont la mecircme qualiteacute spirituelle mais se diffeacuterencient par 1 les contrastes eacuteleacutementaires De lagrave on peut deacutejagrave deacuteduire les difshy

feacuterents caractegraveres des laquo aspects raquo ou positions reacuteciproques des planegravetes sur leacutecliptique la relation en angle droit signifie neacutecessairement contraste de mecircme que lopposition signifie opposition le trigone est lexpression dune synthegravese parfaite et le sextile cest-agrave-dire la position en angle de 60 degreacutes exprimegrave une affiniteacute Appliqueacutes agrave la nature du cycle les trois mouvements principie1s de lEsprit ne peuvent plus ecirctre comshypareacutes aux trois dimensions de la profondeur de lampleur et de la hauteur mais ils apparaissent suivant une reacuteflexion ccedilonshyforme agrave cette nature la seule tendance qui se manifeste dishyrectement dans lordre cyclique est celle de lexpansion dans lampleur car le cycle est avant tout limage du deacuteveloppeshy

1 Sur les diffeacuterentes significations de ce terme voir notre article Du Barzakh dans Etudes Traditionnelles deacutecembre 1937

ment de toutes les possibiliteacutes impliqueacutees dans lampleur dun degreacute de manifestation En conformiteacute avec ceci les signes cardinaux reacutegions critiques du cycle solaire sont appeshyleacutes laquo mobiles raquo (munqalib) cest-agrave-dire dynamiques ou expanshysifs Quant au mouvement descendant de lEsprit il se traduit dans lordre cyclique par la fixation (sukucircn) car cest en raison de ce laquo mouvementraquo que le monde subsiste comme tel Enfin le mouvement spirituel du retour vers lorigine se reflegravete dans le plan du cycle zodiacal par la synthegravese des deux autres orienshytations et les signes qui lui sont coordonneacutes sont appeleacutes laquo doublesraquo ou laquo syntheacutetiquesraquo (dhucirc ishtiracirch) Nous devons faire remarquer en passant qui ces deacuteterminations ternaires du Zodiaque relegravevent dune toute autre perspective que le symbolisme des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire symbolisme qui peut eacutevidemment ecirctre rattacheacute aux deux mouvements ou orientations opposeacutees de lEsprit mais il sagit ici dun dualisme qui se rapporte au mouvement cyclique tandis que le ternaire que nous venons de deacutecrire se rapporte agrave la deacutetermination laquo existentielleraquo du cycle lexpresshysion de laquomouvement raquo pour indiquer les orientations de lEsprit universel devant ecirctre pris dans un sens purement symbolique

Quant aux correspondances avec les trois mondes ou deshygreacutes de lexistence humaine telles quelles apparaissent dans le symbolisme des fonctions angeacuteliques auxquelles se rapporshytent les douze signes zodiacaux symbolisme que nous avons extrait du livre laquo Le lien qui retient le partantraquo (Uqlat al-musshytawfiz) de Mohyiddicirc ibn Arabicirc quant agrave ces correspondances disons-nous elles doivent ecirctre comprises agrave partir des reflets du terrain intellectuel dans la nature du cycle et suivant la perspective de la production de ces trois mondes Ceci explique pourquoi ce ne sont pas les signes laquo syntheacutetiques raquo attribueacutes

24 25

agrave lorientation ascendante de lEsprit qui reacutegissent le monde relativement supeacuterieur cest-agrave-dire les degreacutes intemporels de leacutetat humain mais les signes laquofixes raquo par contre il est eacutevishydent que ce sont les signes laquomobilesraquo qui se rapporten~ au deacuteveloppement des eacutetats de ce monde-cL Quant aux signes syntheacutetiques ou laquo doubles raquo ils correspondent au monde intershymeacutediaire (le barzakh de la la theacuteologie islamique le purgatoire chreacutetien et le bardo des thibeacutetains) ou encore suivant une perspective quelque peu diffeacuterente agrave la synthegravese de limmushytabiliteacute spirituelle et de lexpansiviteacute psychique dans le comshyposeacute corporel - agrave linstar de la production du sel alchimique parlunion du soufre et du mercure

1 - Signes mobiles

Le Beacutelier est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des qualiteacutes et des accidents

Le Cancer est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation de ce bas monde

La Balance est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des eacutetats (eacutepheacutemegraveres) et des changements

Le Capricorne est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef du jour et de la nuit

II - Signes fixes

Le Taureau est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du paradis et de lenfer et il est sous la terreur de la Majesteacute (haybah)

Le Lion est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange

est geacuteneacutereux (Karicircm) il deacutetient la clef de la creacuteation du monshyde futur

Le Scorpion est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du feu (infernal)

La Verseau est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange est geacuteneacutereux et sous la terreur de la Majesteacute il deacutetient la clef des esprits

III Signes syntheacutetiques

Les Geacutemeaux sont de nature chaude et humide (aeacuterienne) Leur ange reacutegit les corps en communion avec les recteurs des autres signes doubles il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des meacutetaux

La Vierge est de nature froide et segraveche (terrestre) Son ange reacutegit en communion avec les altres signes doubles les corps et en particulier les corps humains

Le Sagittaire est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange est geacuteneacutereux il reacutegit les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des plantes

Les Poissons sont de nature troide et humide (aqueuse) Leur ange reacutegit en communion avec les autres anges des corps les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des animaux

Nous avons maintenant exposeacute dans ses geacuteneacuteraliteacutes la diffeacuterenciation des douze reacutegions zodiacales du ciel-limite agrave partir des points fixes du cycle solaire Nous ferons encore remarquer que cette faccedilon de concevoir la division du zodiashyque justifie la maniegravere employeacutee couramment dans lastrologie arabe et occidentale pour situer les douze signes cette mashyniegravere consiste agrave compter douze parties eacutegales agrave partir de lequishy

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noxe de printemps abstraction faite de la situation des consshytellations portant les mecircmes noms que les signes car en raison de la preacutecession des eacutequinoxes dont chacune fait le tour du ciel entier en 26000 ans environ il sest produit un deacutecashylage de presque un laquosigneraquo entier entre la situation des constellations et des parties du zodiaque ayant le mecircme nom la constellation du Beacutelier par exemple se trouve aujourdhui dans le laquo signeraquo du Taureau On peut donc soulever la quesshytion de savoir si les formes de ces groupements deacutetoiles fixes qui ont eacuteteacute agrave lorigine des points de repegravere pour la deacutetermishynation des douze parties du cycle solaire sont indiffeacuterentes par rapport agrave la signification de celles-ci or il y a sucircrement analogie entre la deacutenomination des signes zodiacaux et ces groupements deacutetoiles sur leacutecliptique la constellation des Geacuteshymeaux se caracteacuterise effectivement par un couple deacutetoiles jushymelles celle du Taureau comporte un triangle semblable agrave la tecircte de lanimal et les formes du Scorpion ou du Lion peuvent ecirctre reconnues dans les constellations du mecircme nom bien que dautres interpreacutetations de ces groupements soient eacutegalement concevables Il est dailleurs fort bien possible que lors de la premiegravere fixation des symboles astrologiques les ressemblances furent plus frappantes car certaines eacutetoiles laquo fixesraquo ont ducirc se deacuteplacer depuis cette eacutepoque fort lointaishyne (1) ainsi que le fait remarquer Mohyiddicircn ibn Arabicirc en se reacutefeacuterant agrave certaines repreacutesentations stellaires sur des monuments de lEgypte ancienne A leur origine les images symboliques attribueacutees aux douze parties du cycle solaire devaient preacutesen-

L La derniegravere coiumlncidence des signes zodiacaux avec les constellations de mecircme nom eucirct lieu dans les premiers siegravecles de legravere chreacutetienne mais il est probable que la deacutenomination des douze constellations date dune coiumlncidence preacuteceacutedente Nous allons revenir sur cette question

ter une synthegravese entre dune part les significations spmshytuelles de ces deacuteterminations de lespace ceacuteleste et dautre part les interpreacutetations possibles des groupes deacutetoiles des douze constellations les premiers jouant un rocircle essentiel et les combinaisons latentes des groupes deacutetoiles - y comshypris leurs couleurs et leurs intensiteacutes un rocircle potentiel une fois la fixation opeacutereacutee elle simprimait dans la meacutemoire collective en raison de son originaliteacute agrave la fois spirituelle et imaginative et cest lagrave du reste une image particuliegraverement adeacutequate dun certain ordre dinspirations

Dun autre cocircteacute la preacutecession des eacutequinoxes qui constishytue le cycle astronomique majeur doit neacutecessairement jouer un rocircle dans le symbolisme astrologique et le deacuteplacement des constellations zodiacales doit faire partie de sa signifishycation sur laquelle nous aurons agrave revenir par la suite

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III

Le ciel des eacutetoiles qui est contenu dans la sphegravere des laquotoursraquo du zodiaque est appeleacute le ciel des laquo stationsraquo (manacirczil) parce que les mouvements des planegravetes se projettent sur lui Les sept planegravetes qui repreacutesentent les intermeacutediaires cosmiques entre le monde immuable des archeacutetypes et le mishylieu terrestre actualisent par leurs rythmes combineacutes et par les positions reacuteciproques qui en reacutesultent les relations spashytiales virtuellement contenues dans la sphegravere indeacutefinie du cielshylimite sphegravere qui nest rien dautre que la totaliteacute des dishyrections de lespace et par lagrave limage de lunivers (1) Les astrologues modernes veulent que les planegravetes agissent sur la terre par un rayonnement de forces et ils entendent cela dans un sens mateacuteriel ou quasi-mateacuteriel car il est ineacutevitable quil introduisent dans lastrologie quelque chose des conshyceptions modernes de la causaliteacute cest alors que les reacutesidus de cette science prennent lallure dune veacuteritable superstition Le besoin de causaliteacute deacutepend des preacuteoccupations geacuteneacuterales dune eacutepoque il est vrai quil est toujours dessence logique

1 Dougrave la deacuterivation eacutetymologique du terme univers de orbis unIcircversum

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car ce qU1 confegravere agrave un enchaicircnement causal son caractegravere conshyvaincant reacuteside autant dans luniteacute de lesprit que dans la nashyture des choses mais en mecircme temps le besoin de deacutepend substantiellement du niveau mental il est meacutecaniste ou imaginatif raisonnant ou intuitif Comme lhorizon mental nenglobe agrave la fois quun certain ordre de reacutealiteacutes largument causal dune eacutepoque mentalement diffeacuterente apparaicirct insuffisant ou mecircme deacutefectueux quon nen voit que les limites du deacuteveloppement dans le sens dune investigation ulteacuterieure on oublie trop facilement que tout enchaicircnement causal agrave rieur de la manifestation est essentiellement symbolique (1) et que la conception la plus vaste et la plus adeacutequate de causaliteacute est preacuteciseacutement celle qui est consciente de ce symbolishysme et qui considegravere toute chose sous le rapport de laquo lUniteacute de lExistenceraquo (wahdat-al-wudjucircd) Dautre part il faut bien se dire que la veriteacute essentielle dune perspective intellectuelle nempecircche pas que son expression mentale reste sujette agrave la reshylativiteacute des moyens exteacuterieurs de connaissance ainsi par exem-

Mohyiddicircn ibn Arabi affirme du soleil le laquocœur monderaquo quil communique la lumiegravere agrave tous les autres astres y compris les eacutetoiles fixes et quil est lui-mecircme illumineacute par lirradiation directe et incessante dune reacuteveacutelation divine (2) Cette conception est essentiellement vrai en ce sens que toute lumiegravere sensible a sa source dans la lumiegravere intelligible i dont le soleil est le symbole le plus eacutevident est vraie en ce sens que les lumiegraveres de tous les astres sont de mecircme substance comme le reconnaissent dailleurs les astro~omes

1 les causes secondes ne sont que des reflets de la cause premiegravere et nont aucune reacutealiteacute propre

2 Cest un fait significatif que lœil ne peut pas le soleil - qui illumine le monde entier sans en ecirctre eacutebloui

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modernes enfin il est vrai que le soleil communique sa lu-agrave toutes les planegravetes Quant aux eacutetoiles fixes on est aushy

jourdhui convaincu quelles repreacutesentent des sources de lushymiegravere indeacutependantes du soleil et sur ce point la conception de Mohyiddicircn Ibn Arabicirc peut paraicirctre erroneacutee cependant la fonction dun Maicirctre en meacutetaphysique nimplique pas neacutecesshysairement la connaissance distinctive de tous les domaines de

nature et Ibn Arabicirc ne pouvait quenvisager le symbolisme des connaissances astronomiques telles quelles se preacutesentaient agrave lui Cela ne veut certes pas dire que sa theacuteorie ne soit plus valable degraves quon accepte que les eacutetoiles fixes sont des lumiegraveres autonomes dans lordre sensible car la distinction entre lenshysemble des astres reacutegis par le soleil et la multitude des eacutetoiles

apparaicirct seulement comme une diffeacuterenciation du mecircme symbolisme en ce sens que le soleil repreacutesente le centre du rayonnement de la lumiegravere divine pour un monde deacutetermineacute tandis que les eacutetoiles fixes symbolisent les interfeacuterences de la lumiegravere dun monde supeacuterieur mai~ mecircme dans ce cas on pourshyra dire que la lumiegravere qui rayonne du soleil est la mecircme que celle qui illumine tous les corps ceacutelestes

Cette sur les diffeacuterentes perspectives selon lesshyquelles on peut envisager la causaliteacute cosmique eacutetait neacutecesshysaire pour situer le rocircle des planegravetes dans lastrologie et pour faire comprendre ce quon doit entendre par linfluence de leur rayonnement Quel que puisse ecirctre mateacuteriel ou subshytil de leurs rayons la peacuteneacutetration contemplative de la laquo physioshygnomieraquo du cosmos les considegravere plus directement comme ( des modes de lIntellect dans sa manifestation macrocosmique modes qui reacutealisent ou mesurent les possibiliteacutes contenues dans la sphegravere indeacutefinie Lespace ceacuteleste dans lequel les planegravetes deacutecrivent leurs reacutevolutions repreacutesente en quelque sorte les limiddot mites extrecircmes du monde sensible et ces limites sont inverseshy

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ini bn dli ilililH~Hj iUill HHHijHHmH~j~mlllij~umli

ment analogues au centre qui est lhomme lui-mecircme comme nous lavons deacutejagrave fait remarquer en consideacuterant le caractegravere laquo objectifraquo des directions spatiales rayonnant de chaque ecirctre humain vers les mecircme points du ciel-limite (1) en raison de cette analogie inverse les modes de lIntellect cosmique que repreacutesentent les astres sont laquo existentielsraquo au lieu decirctre laquo inshytelligents raquo ce dernier mot pris dans le sens de lintelligence active manifesteacutee dans lhomme nous nous rapportons ici agrave la polariteacute de 1laquo existenceraquo et de 1laquo intelligenceraquo dans lEtre (2) Cette nature intellectuelle des planegravetes sexprime - toushyjours en raison de la mecircme analogie inverse par rapport agrave telIigence active -dans la reacutegulariteacute et continuiteacute rythmique de leurs mouvements Leur nature lumineuse relegraveve du mecircme symbolisme dautre part la propagation de la lumiegravere est pour ainsi dire laquo geacuteomeacutetriqueraquo et correspond agrave lactualisation des directions et des relations spatiales Il faut dailleurs bien comshyprendre que ce symbolisme nenvisage pas la situation des plashynegravetes dans lespace quantitativement mesurable leurs laquoasshypects raquo se deacuteterminent par leur projection sur le zodiaque cest-agrave-dire en raison des directions de lespace dont le centre est lecirctre humain terrestre quant aux directions de lespace leur deacutefinition nest eacutevidemment pas quantitative mais toujours relative agrave luniteacute indivisible de la sphegravere indeacutefinie du ciel extrecircme

1 On nous objectera peut-ecirctre que les directions que nous appelons4lt obshyjectives ne relegravevent que de la subjectiviteacute collective mais dans lordre de la perception sensible directe et spontaneacutee sur laquene se fonde le symbolisme en question cette subjectiviteacute collective est eacutequivalente dobjectivicircteacute Voit agrave ce propos ce que dit Frithjof Schuon dans son article Fataliteacute et Progregraves passhysage que nous avons reprenduit en note au deacutebut de cette eacutetude

2 Cf larticle de Frithjof Schuon Transcendance et universaliteacute de leacutesoshyteacuterisme dans Etudes Traditionnelles oct-nov 1945

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De tous les astres laquomobiles raquo il ny a que le soleil et lune dont les mouvements puissent ecirctre repreacutesenteacutes par des cercles reacuteguliers sur le ciel des eacutetoiles fixes car les orbites apshyparentes des autres planegravetes sont agrave la fois reacutegies par le centre solaire et le centre terrestre de faccedilon quelles eacutevoluent en des mouvements combineacutes Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se reacutepartissent dune faccedilon ineacutegale mais rythmique sur les douze parties du zodiaque et que lon compte agrave partir de leacutequinoxe du printemps Le veacuteritable commencement du cycle lunaire qui sexprime dans la succession des lunaisons ne coiumlncide pas toujours avec le point de leacutequinoxe car les deux points tersection de lorbite lunaire avec le cycle solaire que lon apshypelle la laquo tecircteraquo et la laquo queueraquo du dragon deacutecrivent en 18 ans le tour de tout le laquo ciel des stations raquo La fixation des manshysions de la lune consiste donc en une sorte dabreacutegeacute symbolique des rythmes veacuteritables (1)

Dans les rapports des mansions lunaires avec le zodiaque se manifeste un symbolisme numeacuterique eacutevident nous avons monshytreacute comment le duodeacutenaire zodiacal se preacutesente comme le proshyduit de la multiplication du quaternaire par le ternaire or la

multiplication symbolise le mode de distinction propre au monde des archeacutetypes car ceux-ci ne se diffeacuterencient pas par exclusion mutuelle mais agrave linstar de miroirs oui se reflegravetent les

1 Lastrologie hindoue ne compte que 27 mansions lunaires le parcours de la lune autour du ciel ne seffectuant pas en un nombre de jours de faccedilon que labreacutegeacute symbolique de son cycle peut-ecirctre ou bien porteacute agrave 28 ou reacuteduit a 27 jours Dautre part les astrologues hindous ne situent pas le deacuteshybut du cycle lunaire au point vernal actuel mais au point du ciel des eacutetoiles fixeacutees qui coiumlncidait agrave leacutepoque de la derniegravere coiumlncidence entre les signes zodiacaux et les constellations synonymes avec leacutequinoxe du printemps Nous allons revenir sur cette diffeacuterence des ooints de vue

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l

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 10: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

leacutetat intermeacutediaire du barzakh (1) Les vrois mouvements ou orientations de lEsprit sont le mouvement descendant qui seacuteloigne apparemment du Principe et qui mesure la proshyfondeur (al-umq) du possible le mouvement expansif qui en mesure lampleur ou la largeur (al-urd) le mouvement du retour vers lorigine qui se dirige dans le sens de lexaltashytion ou de la hauteur (at-tucirct) Ce ternaire de lEsprit est supeacuteshyrieur au quaternaire de la Nature sil apparaicirct ici en deuxiegraveme lieu cest que la diffeacuterenciation du ciel des archeacutetypes zodiashycaux procegravede des contrastes manifesteacutes pour aboutir agrave leur reacuteinteacutegration dans la synthegravese parfaite Par suite de cette reacuteinteacutegration ou multiplication tous les points di zodiaque qui se trouvent en relation de trigone ont la mecircme nature eacuteleacutemenshytaire mais se distinguent par les qualiteacutes relevant du ternaire de lEsprit et tous les points qui se trouvent en relation de

carreacute ont la mecircme qualiteacute spirituelle mais se diffeacuterencient par 1 les contrastes eacuteleacutementaires De lagrave on peut deacutejagrave deacuteduire les difshy

feacuterents caractegraveres des laquo aspects raquo ou positions reacuteciproques des planegravetes sur leacutecliptique la relation en angle droit signifie neacutecessairement contraste de mecircme que lopposition signifie opposition le trigone est lexpression dune synthegravese parfaite et le sextile cest-agrave-dire la position en angle de 60 degreacutes exprimegrave une affiniteacute Appliqueacutes agrave la nature du cycle les trois mouvements principie1s de lEsprit ne peuvent plus ecirctre comshypareacutes aux trois dimensions de la profondeur de lampleur et de la hauteur mais ils apparaissent suivant une reacuteflexion ccedilonshyforme agrave cette nature la seule tendance qui se manifeste dishyrectement dans lordre cyclique est celle de lexpansion dans lampleur car le cycle est avant tout limage du deacuteveloppeshy

1 Sur les diffeacuterentes significations de ce terme voir notre article Du Barzakh dans Etudes Traditionnelles deacutecembre 1937

ment de toutes les possibiliteacutes impliqueacutees dans lampleur dun degreacute de manifestation En conformiteacute avec ceci les signes cardinaux reacutegions critiques du cycle solaire sont appeshyleacutes laquo mobiles raquo (munqalib) cest-agrave-dire dynamiques ou expanshysifs Quant au mouvement descendant de lEsprit il se traduit dans lordre cyclique par la fixation (sukucircn) car cest en raison de ce laquo mouvementraquo que le monde subsiste comme tel Enfin le mouvement spirituel du retour vers lorigine se reflegravete dans le plan du cycle zodiacal par la synthegravese des deux autres orienshytations et les signes qui lui sont coordonneacutes sont appeleacutes laquo doublesraquo ou laquo syntheacutetiquesraquo (dhucirc ishtiracirch) Nous devons faire remarquer en passant qui ces deacuteterminations ternaires du Zodiaque relegravevent dune toute autre perspective que le symbolisme des deux phases ascendante et descendante du cycle solaire symbolisme qui peut eacutevidemment ecirctre rattacheacute aux deux mouvements ou orientations opposeacutees de lEsprit mais il sagit ici dun dualisme qui se rapporte au mouvement cyclique tandis que le ternaire que nous venons de deacutecrire se rapporte agrave la deacutetermination laquo existentielleraquo du cycle lexpresshysion de laquomouvement raquo pour indiquer les orientations de lEsprit universel devant ecirctre pris dans un sens purement symbolique

Quant aux correspondances avec les trois mondes ou deshygreacutes de lexistence humaine telles quelles apparaissent dans le symbolisme des fonctions angeacuteliques auxquelles se rapporshytent les douze signes zodiacaux symbolisme que nous avons extrait du livre laquo Le lien qui retient le partantraquo (Uqlat al-musshytawfiz) de Mohyiddicirc ibn Arabicirc quant agrave ces correspondances disons-nous elles doivent ecirctre comprises agrave partir des reflets du terrain intellectuel dans la nature du cycle et suivant la perspective de la production de ces trois mondes Ceci explique pourquoi ce ne sont pas les signes laquo syntheacutetiques raquo attribueacutes

24 25

agrave lorientation ascendante de lEsprit qui reacutegissent le monde relativement supeacuterieur cest-agrave-dire les degreacutes intemporels de leacutetat humain mais les signes laquofixes raquo par contre il est eacutevishydent que ce sont les signes laquomobilesraquo qui se rapporten~ au deacuteveloppement des eacutetats de ce monde-cL Quant aux signes syntheacutetiques ou laquo doubles raquo ils correspondent au monde intershymeacutediaire (le barzakh de la la theacuteologie islamique le purgatoire chreacutetien et le bardo des thibeacutetains) ou encore suivant une perspective quelque peu diffeacuterente agrave la synthegravese de limmushytabiliteacute spirituelle et de lexpansiviteacute psychique dans le comshyposeacute corporel - agrave linstar de la production du sel alchimique parlunion du soufre et du mercure

1 - Signes mobiles

Le Beacutelier est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des qualiteacutes et des accidents

Le Cancer est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation de ce bas monde

La Balance est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des eacutetats (eacutepheacutemegraveres) et des changements

Le Capricorne est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef du jour et de la nuit

II - Signes fixes

Le Taureau est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du paradis et de lenfer et il est sous la terreur de la Majesteacute (haybah)

Le Lion est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange

est geacuteneacutereux (Karicircm) il deacutetient la clef de la creacuteation du monshyde futur

Le Scorpion est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du feu (infernal)

La Verseau est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange est geacuteneacutereux et sous la terreur de la Majesteacute il deacutetient la clef des esprits

III Signes syntheacutetiques

Les Geacutemeaux sont de nature chaude et humide (aeacuterienne) Leur ange reacutegit les corps en communion avec les recteurs des autres signes doubles il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des meacutetaux

La Vierge est de nature froide et segraveche (terrestre) Son ange reacutegit en communion avec les altres signes doubles les corps et en particulier les corps humains

Le Sagittaire est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange est geacuteneacutereux il reacutegit les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des plantes

Les Poissons sont de nature troide et humide (aqueuse) Leur ange reacutegit en communion avec les autres anges des corps les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des animaux

Nous avons maintenant exposeacute dans ses geacuteneacuteraliteacutes la diffeacuterenciation des douze reacutegions zodiacales du ciel-limite agrave partir des points fixes du cycle solaire Nous ferons encore remarquer que cette faccedilon de concevoir la division du zodiashyque justifie la maniegravere employeacutee couramment dans lastrologie arabe et occidentale pour situer les douze signes cette mashyniegravere consiste agrave compter douze parties eacutegales agrave partir de lequishy

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noxe de printemps abstraction faite de la situation des consshytellations portant les mecircmes noms que les signes car en raison de la preacutecession des eacutequinoxes dont chacune fait le tour du ciel entier en 26000 ans environ il sest produit un deacutecashylage de presque un laquosigneraquo entier entre la situation des constellations et des parties du zodiaque ayant le mecircme nom la constellation du Beacutelier par exemple se trouve aujourdhui dans le laquo signeraquo du Taureau On peut donc soulever la quesshytion de savoir si les formes de ces groupements deacutetoiles fixes qui ont eacuteteacute agrave lorigine des points de repegravere pour la deacutetermishynation des douze parties du cycle solaire sont indiffeacuterentes par rapport agrave la signification de celles-ci or il y a sucircrement analogie entre la deacutenomination des signes zodiacaux et ces groupements deacutetoiles sur leacutecliptique la constellation des Geacuteshymeaux se caracteacuterise effectivement par un couple deacutetoiles jushymelles celle du Taureau comporte un triangle semblable agrave la tecircte de lanimal et les formes du Scorpion ou du Lion peuvent ecirctre reconnues dans les constellations du mecircme nom bien que dautres interpreacutetations de ces groupements soient eacutegalement concevables Il est dailleurs fort bien possible que lors de la premiegravere fixation des symboles astrologiques les ressemblances furent plus frappantes car certaines eacutetoiles laquo fixesraquo ont ducirc se deacuteplacer depuis cette eacutepoque fort lointaishyne (1) ainsi que le fait remarquer Mohyiddicircn ibn Arabicirc en se reacutefeacuterant agrave certaines repreacutesentations stellaires sur des monuments de lEgypte ancienne A leur origine les images symboliques attribueacutees aux douze parties du cycle solaire devaient preacutesen-

L La derniegravere coiumlncidence des signes zodiacaux avec les constellations de mecircme nom eucirct lieu dans les premiers siegravecles de legravere chreacutetienne mais il est probable que la deacutenomination des douze constellations date dune coiumlncidence preacuteceacutedente Nous allons revenir sur cette question

ter une synthegravese entre dune part les significations spmshytuelles de ces deacuteterminations de lespace ceacuteleste et dautre part les interpreacutetations possibles des groupes deacutetoiles des douze constellations les premiers jouant un rocircle essentiel et les combinaisons latentes des groupes deacutetoiles - y comshypris leurs couleurs et leurs intensiteacutes un rocircle potentiel une fois la fixation opeacutereacutee elle simprimait dans la meacutemoire collective en raison de son originaliteacute agrave la fois spirituelle et imaginative et cest lagrave du reste une image particuliegraverement adeacutequate dun certain ordre dinspirations

Dun autre cocircteacute la preacutecession des eacutequinoxes qui constishytue le cycle astronomique majeur doit neacutecessairement jouer un rocircle dans le symbolisme astrologique et le deacuteplacement des constellations zodiacales doit faire partie de sa signifishycation sur laquelle nous aurons agrave revenir par la suite

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III

Le ciel des eacutetoiles qui est contenu dans la sphegravere des laquotoursraquo du zodiaque est appeleacute le ciel des laquo stationsraquo (manacirczil) parce que les mouvements des planegravetes se projettent sur lui Les sept planegravetes qui repreacutesentent les intermeacutediaires cosmiques entre le monde immuable des archeacutetypes et le mishylieu terrestre actualisent par leurs rythmes combineacutes et par les positions reacuteciproques qui en reacutesultent les relations spashytiales virtuellement contenues dans la sphegravere indeacutefinie du cielshylimite sphegravere qui nest rien dautre que la totaliteacute des dishyrections de lespace et par lagrave limage de lunivers (1) Les astrologues modernes veulent que les planegravetes agissent sur la terre par un rayonnement de forces et ils entendent cela dans un sens mateacuteriel ou quasi-mateacuteriel car il est ineacutevitable quil introduisent dans lastrologie quelque chose des conshyceptions modernes de la causaliteacute cest alors que les reacutesidus de cette science prennent lallure dune veacuteritable superstition Le besoin de causaliteacute deacutepend des preacuteoccupations geacuteneacuterales dune eacutepoque il est vrai quil est toujours dessence logique

1 Dougrave la deacuterivation eacutetymologique du terme univers de orbis unIcircversum

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car ce qU1 confegravere agrave un enchaicircnement causal son caractegravere conshyvaincant reacuteside autant dans luniteacute de lesprit que dans la nashyture des choses mais en mecircme temps le besoin de deacutepend substantiellement du niveau mental il est meacutecaniste ou imaginatif raisonnant ou intuitif Comme lhorizon mental nenglobe agrave la fois quun certain ordre de reacutealiteacutes largument causal dune eacutepoque mentalement diffeacuterente apparaicirct insuffisant ou mecircme deacutefectueux quon nen voit que les limites du deacuteveloppement dans le sens dune investigation ulteacuterieure on oublie trop facilement que tout enchaicircnement causal agrave rieur de la manifestation est essentiellement symbolique (1) et que la conception la plus vaste et la plus adeacutequate de causaliteacute est preacuteciseacutement celle qui est consciente de ce symbolishysme et qui considegravere toute chose sous le rapport de laquo lUniteacute de lExistenceraquo (wahdat-al-wudjucircd) Dautre part il faut bien se dire que la veriteacute essentielle dune perspective intellectuelle nempecircche pas que son expression mentale reste sujette agrave la reshylativiteacute des moyens exteacuterieurs de connaissance ainsi par exem-

Mohyiddicircn ibn Arabi affirme du soleil le laquocœur monderaquo quil communique la lumiegravere agrave tous les autres astres y compris les eacutetoiles fixes et quil est lui-mecircme illumineacute par lirradiation directe et incessante dune reacuteveacutelation divine (2) Cette conception est essentiellement vrai en ce sens que toute lumiegravere sensible a sa source dans la lumiegravere intelligible i dont le soleil est le symbole le plus eacutevident est vraie en ce sens que les lumiegraveres de tous les astres sont de mecircme substance comme le reconnaissent dailleurs les astro~omes

1 les causes secondes ne sont que des reflets de la cause premiegravere et nont aucune reacutealiteacute propre

2 Cest un fait significatif que lœil ne peut pas le soleil - qui illumine le monde entier sans en ecirctre eacutebloui

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modernes enfin il est vrai que le soleil communique sa lu-agrave toutes les planegravetes Quant aux eacutetoiles fixes on est aushy

jourdhui convaincu quelles repreacutesentent des sources de lushymiegravere indeacutependantes du soleil et sur ce point la conception de Mohyiddicircn Ibn Arabicirc peut paraicirctre erroneacutee cependant la fonction dun Maicirctre en meacutetaphysique nimplique pas neacutecesshysairement la connaissance distinctive de tous les domaines de

nature et Ibn Arabicirc ne pouvait quenvisager le symbolisme des connaissances astronomiques telles quelles se preacutesentaient agrave lui Cela ne veut certes pas dire que sa theacuteorie ne soit plus valable degraves quon accepte que les eacutetoiles fixes sont des lumiegraveres autonomes dans lordre sensible car la distinction entre lenshysemble des astres reacutegis par le soleil et la multitude des eacutetoiles

apparaicirct seulement comme une diffeacuterenciation du mecircme symbolisme en ce sens que le soleil repreacutesente le centre du rayonnement de la lumiegravere divine pour un monde deacutetermineacute tandis que les eacutetoiles fixes symbolisent les interfeacuterences de la lumiegravere dun monde supeacuterieur mai~ mecircme dans ce cas on pourshyra dire que la lumiegravere qui rayonne du soleil est la mecircme que celle qui illumine tous les corps ceacutelestes

Cette sur les diffeacuterentes perspectives selon lesshyquelles on peut envisager la causaliteacute cosmique eacutetait neacutecesshysaire pour situer le rocircle des planegravetes dans lastrologie et pour faire comprendre ce quon doit entendre par linfluence de leur rayonnement Quel que puisse ecirctre mateacuteriel ou subshytil de leurs rayons la peacuteneacutetration contemplative de la laquo physioshygnomieraquo du cosmos les considegravere plus directement comme ( des modes de lIntellect dans sa manifestation macrocosmique modes qui reacutealisent ou mesurent les possibiliteacutes contenues dans la sphegravere indeacutefinie Lespace ceacuteleste dans lequel les planegravetes deacutecrivent leurs reacutevolutions repreacutesente en quelque sorte les limiddot mites extrecircmes du monde sensible et ces limites sont inverseshy

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ini bn dli ilililH~Hj iUill HHHijHHmH~j~mlllij~umli

ment analogues au centre qui est lhomme lui-mecircme comme nous lavons deacutejagrave fait remarquer en consideacuterant le caractegravere laquo objectifraquo des directions spatiales rayonnant de chaque ecirctre humain vers les mecircme points du ciel-limite (1) en raison de cette analogie inverse les modes de lIntellect cosmique que repreacutesentent les astres sont laquo existentielsraquo au lieu decirctre laquo inshytelligents raquo ce dernier mot pris dans le sens de lintelligence active manifesteacutee dans lhomme nous nous rapportons ici agrave la polariteacute de 1laquo existenceraquo et de 1laquo intelligenceraquo dans lEtre (2) Cette nature intellectuelle des planegravetes sexprime - toushyjours en raison de la mecircme analogie inverse par rapport agrave telIigence active -dans la reacutegulariteacute et continuiteacute rythmique de leurs mouvements Leur nature lumineuse relegraveve du mecircme symbolisme dautre part la propagation de la lumiegravere est pour ainsi dire laquo geacuteomeacutetriqueraquo et correspond agrave lactualisation des directions et des relations spatiales Il faut dailleurs bien comshyprendre que ce symbolisme nenvisage pas la situation des plashynegravetes dans lespace quantitativement mesurable leurs laquoasshypects raquo se deacuteterminent par leur projection sur le zodiaque cest-agrave-dire en raison des directions de lespace dont le centre est lecirctre humain terrestre quant aux directions de lespace leur deacutefinition nest eacutevidemment pas quantitative mais toujours relative agrave luniteacute indivisible de la sphegravere indeacutefinie du ciel extrecircme

1 On nous objectera peut-ecirctre que les directions que nous appelons4lt obshyjectives ne relegravevent que de la subjectiviteacute collective mais dans lordre de la perception sensible directe et spontaneacutee sur laquene se fonde le symbolisme en question cette subjectiviteacute collective est eacutequivalente dobjectivicircteacute Voit agrave ce propos ce que dit Frithjof Schuon dans son article Fataliteacute et Progregraves passhysage que nous avons reprenduit en note au deacutebut de cette eacutetude

2 Cf larticle de Frithjof Schuon Transcendance et universaliteacute de leacutesoshyteacuterisme dans Etudes Traditionnelles oct-nov 1945

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De tous les astres laquomobiles raquo il ny a que le soleil et lune dont les mouvements puissent ecirctre repreacutesenteacutes par des cercles reacuteguliers sur le ciel des eacutetoiles fixes car les orbites apshyparentes des autres planegravetes sont agrave la fois reacutegies par le centre solaire et le centre terrestre de faccedilon quelles eacutevoluent en des mouvements combineacutes Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se reacutepartissent dune faccedilon ineacutegale mais rythmique sur les douze parties du zodiaque et que lon compte agrave partir de leacutequinoxe du printemps Le veacuteritable commencement du cycle lunaire qui sexprime dans la succession des lunaisons ne coiumlncide pas toujours avec le point de leacutequinoxe car les deux points tersection de lorbite lunaire avec le cycle solaire que lon apshypelle la laquo tecircteraquo et la laquo queueraquo du dragon deacutecrivent en 18 ans le tour de tout le laquo ciel des stations raquo La fixation des manshysions de la lune consiste donc en une sorte dabreacutegeacute symbolique des rythmes veacuteritables (1)

Dans les rapports des mansions lunaires avec le zodiaque se manifeste un symbolisme numeacuterique eacutevident nous avons monshytreacute comment le duodeacutenaire zodiacal se preacutesente comme le proshyduit de la multiplication du quaternaire par le ternaire or la

multiplication symbolise le mode de distinction propre au monde des archeacutetypes car ceux-ci ne se diffeacuterencient pas par exclusion mutuelle mais agrave linstar de miroirs oui se reflegravetent les

1 Lastrologie hindoue ne compte que 27 mansions lunaires le parcours de la lune autour du ciel ne seffectuant pas en un nombre de jours de faccedilon que labreacutegeacute symbolique de son cycle peut-ecirctre ou bien porteacute agrave 28 ou reacuteduit a 27 jours Dautre part les astrologues hindous ne situent pas le deacuteshybut du cycle lunaire au point vernal actuel mais au point du ciel des eacutetoiles fixeacutees qui coiumlncidait agrave leacutepoque de la derniegravere coiumlncidence entre les signes zodiacaux et les constellations synonymes avec leacutequinoxe du printemps Nous allons revenir sur cette diffeacuterence des ooints de vue

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l

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 11: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

agrave lorientation ascendante de lEsprit qui reacutegissent le monde relativement supeacuterieur cest-agrave-dire les degreacutes intemporels de leacutetat humain mais les signes laquofixes raquo par contre il est eacutevishydent que ce sont les signes laquomobilesraquo qui se rapporten~ au deacuteveloppement des eacutetats de ce monde-cL Quant aux signes syntheacutetiques ou laquo doubles raquo ils correspondent au monde intershymeacutediaire (le barzakh de la la theacuteologie islamique le purgatoire chreacutetien et le bardo des thibeacutetains) ou encore suivant une perspective quelque peu diffeacuterente agrave la synthegravese de limmushytabiliteacute spirituelle et de lexpansiviteacute psychique dans le comshyposeacute corporel - agrave linstar de la production du sel alchimique parlunion du soufre et du mercure

1 - Signes mobiles

Le Beacutelier est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des qualiteacutes et des accidents

Le Cancer est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation de ce bas monde

La Balance est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation des eacutetats (eacutepheacutemegraveres) et des changements

Le Capricorne est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef du jour et de la nuit

II - Signes fixes

Le Taureau est de nature froide et segraveche (terrienne) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du paradis et de lenfer et il est sous la terreur de la Majesteacute (haybah)

Le Lion est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange

est geacuteneacutereux (Karicircm) il deacutetient la clef de la creacuteation du monshyde futur

Le Scorpion est de nature froide et humide (aqueuse) Son ange deacutetient la clef de la creacuteation du feu (infernal)

La Verseau est de nature chaude et humide (aeacuterienne) Son ange est geacuteneacutereux et sous la terreur de la Majesteacute il deacutetient la clef des esprits

III Signes syntheacutetiques

Les Geacutemeaux sont de nature chaude et humide (aeacuterienne) Leur ange reacutegit les corps en communion avec les recteurs des autres signes doubles il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des meacutetaux

La Vierge est de nature froide et segraveche (terrestre) Son ange reacutegit en communion avec les altres signes doubles les corps et en particulier les corps humains

Le Sagittaire est de nature chaude et segraveche (igneacutee) Son ange est geacuteneacutereux il reacutegit les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des plantes

Les Poissons sont de nature troide et humide (aqueuse) Leur ange reacutegit en communion avec les autres anges des corps les corps lumineux et les corps teacuteneacutebreux et il deacutetient en particulier la clef de la creacuteation des animaux

Nous avons maintenant exposeacute dans ses geacuteneacuteraliteacutes la diffeacuterenciation des douze reacutegions zodiacales du ciel-limite agrave partir des points fixes du cycle solaire Nous ferons encore remarquer que cette faccedilon de concevoir la division du zodiashyque justifie la maniegravere employeacutee couramment dans lastrologie arabe et occidentale pour situer les douze signes cette mashyniegravere consiste agrave compter douze parties eacutegales agrave partir de lequishy

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noxe de printemps abstraction faite de la situation des consshytellations portant les mecircmes noms que les signes car en raison de la preacutecession des eacutequinoxes dont chacune fait le tour du ciel entier en 26000 ans environ il sest produit un deacutecashylage de presque un laquosigneraquo entier entre la situation des constellations et des parties du zodiaque ayant le mecircme nom la constellation du Beacutelier par exemple se trouve aujourdhui dans le laquo signeraquo du Taureau On peut donc soulever la quesshytion de savoir si les formes de ces groupements deacutetoiles fixes qui ont eacuteteacute agrave lorigine des points de repegravere pour la deacutetermishynation des douze parties du cycle solaire sont indiffeacuterentes par rapport agrave la signification de celles-ci or il y a sucircrement analogie entre la deacutenomination des signes zodiacaux et ces groupements deacutetoiles sur leacutecliptique la constellation des Geacuteshymeaux se caracteacuterise effectivement par un couple deacutetoiles jushymelles celle du Taureau comporte un triangle semblable agrave la tecircte de lanimal et les formes du Scorpion ou du Lion peuvent ecirctre reconnues dans les constellations du mecircme nom bien que dautres interpreacutetations de ces groupements soient eacutegalement concevables Il est dailleurs fort bien possible que lors de la premiegravere fixation des symboles astrologiques les ressemblances furent plus frappantes car certaines eacutetoiles laquo fixesraquo ont ducirc se deacuteplacer depuis cette eacutepoque fort lointaishyne (1) ainsi que le fait remarquer Mohyiddicircn ibn Arabicirc en se reacutefeacuterant agrave certaines repreacutesentations stellaires sur des monuments de lEgypte ancienne A leur origine les images symboliques attribueacutees aux douze parties du cycle solaire devaient preacutesen-

L La derniegravere coiumlncidence des signes zodiacaux avec les constellations de mecircme nom eucirct lieu dans les premiers siegravecles de legravere chreacutetienne mais il est probable que la deacutenomination des douze constellations date dune coiumlncidence preacuteceacutedente Nous allons revenir sur cette question

ter une synthegravese entre dune part les significations spmshytuelles de ces deacuteterminations de lespace ceacuteleste et dautre part les interpreacutetations possibles des groupes deacutetoiles des douze constellations les premiers jouant un rocircle essentiel et les combinaisons latentes des groupes deacutetoiles - y comshypris leurs couleurs et leurs intensiteacutes un rocircle potentiel une fois la fixation opeacutereacutee elle simprimait dans la meacutemoire collective en raison de son originaliteacute agrave la fois spirituelle et imaginative et cest lagrave du reste une image particuliegraverement adeacutequate dun certain ordre dinspirations

Dun autre cocircteacute la preacutecession des eacutequinoxes qui constishytue le cycle astronomique majeur doit neacutecessairement jouer un rocircle dans le symbolisme astrologique et le deacuteplacement des constellations zodiacales doit faire partie de sa signifishycation sur laquelle nous aurons agrave revenir par la suite

28 29

III

Le ciel des eacutetoiles qui est contenu dans la sphegravere des laquotoursraquo du zodiaque est appeleacute le ciel des laquo stationsraquo (manacirczil) parce que les mouvements des planegravetes se projettent sur lui Les sept planegravetes qui repreacutesentent les intermeacutediaires cosmiques entre le monde immuable des archeacutetypes et le mishylieu terrestre actualisent par leurs rythmes combineacutes et par les positions reacuteciproques qui en reacutesultent les relations spashytiales virtuellement contenues dans la sphegravere indeacutefinie du cielshylimite sphegravere qui nest rien dautre que la totaliteacute des dishyrections de lespace et par lagrave limage de lunivers (1) Les astrologues modernes veulent que les planegravetes agissent sur la terre par un rayonnement de forces et ils entendent cela dans un sens mateacuteriel ou quasi-mateacuteriel car il est ineacutevitable quil introduisent dans lastrologie quelque chose des conshyceptions modernes de la causaliteacute cest alors que les reacutesidus de cette science prennent lallure dune veacuteritable superstition Le besoin de causaliteacute deacutepend des preacuteoccupations geacuteneacuterales dune eacutepoque il est vrai quil est toujours dessence logique

1 Dougrave la deacuterivation eacutetymologique du terme univers de orbis unIcircversum

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car ce qU1 confegravere agrave un enchaicircnement causal son caractegravere conshyvaincant reacuteside autant dans luniteacute de lesprit que dans la nashyture des choses mais en mecircme temps le besoin de deacutepend substantiellement du niveau mental il est meacutecaniste ou imaginatif raisonnant ou intuitif Comme lhorizon mental nenglobe agrave la fois quun certain ordre de reacutealiteacutes largument causal dune eacutepoque mentalement diffeacuterente apparaicirct insuffisant ou mecircme deacutefectueux quon nen voit que les limites du deacuteveloppement dans le sens dune investigation ulteacuterieure on oublie trop facilement que tout enchaicircnement causal agrave rieur de la manifestation est essentiellement symbolique (1) et que la conception la plus vaste et la plus adeacutequate de causaliteacute est preacuteciseacutement celle qui est consciente de ce symbolishysme et qui considegravere toute chose sous le rapport de laquo lUniteacute de lExistenceraquo (wahdat-al-wudjucircd) Dautre part il faut bien se dire que la veriteacute essentielle dune perspective intellectuelle nempecircche pas que son expression mentale reste sujette agrave la reshylativiteacute des moyens exteacuterieurs de connaissance ainsi par exem-

Mohyiddicircn ibn Arabi affirme du soleil le laquocœur monderaquo quil communique la lumiegravere agrave tous les autres astres y compris les eacutetoiles fixes et quil est lui-mecircme illumineacute par lirradiation directe et incessante dune reacuteveacutelation divine (2) Cette conception est essentiellement vrai en ce sens que toute lumiegravere sensible a sa source dans la lumiegravere intelligible i dont le soleil est le symbole le plus eacutevident est vraie en ce sens que les lumiegraveres de tous les astres sont de mecircme substance comme le reconnaissent dailleurs les astro~omes

1 les causes secondes ne sont que des reflets de la cause premiegravere et nont aucune reacutealiteacute propre

2 Cest un fait significatif que lœil ne peut pas le soleil - qui illumine le monde entier sans en ecirctre eacutebloui

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modernes enfin il est vrai que le soleil communique sa lu-agrave toutes les planegravetes Quant aux eacutetoiles fixes on est aushy

jourdhui convaincu quelles repreacutesentent des sources de lushymiegravere indeacutependantes du soleil et sur ce point la conception de Mohyiddicircn Ibn Arabicirc peut paraicirctre erroneacutee cependant la fonction dun Maicirctre en meacutetaphysique nimplique pas neacutecesshysairement la connaissance distinctive de tous les domaines de

nature et Ibn Arabicirc ne pouvait quenvisager le symbolisme des connaissances astronomiques telles quelles se preacutesentaient agrave lui Cela ne veut certes pas dire que sa theacuteorie ne soit plus valable degraves quon accepte que les eacutetoiles fixes sont des lumiegraveres autonomes dans lordre sensible car la distinction entre lenshysemble des astres reacutegis par le soleil et la multitude des eacutetoiles

apparaicirct seulement comme une diffeacuterenciation du mecircme symbolisme en ce sens que le soleil repreacutesente le centre du rayonnement de la lumiegravere divine pour un monde deacutetermineacute tandis que les eacutetoiles fixes symbolisent les interfeacuterences de la lumiegravere dun monde supeacuterieur mai~ mecircme dans ce cas on pourshyra dire que la lumiegravere qui rayonne du soleil est la mecircme que celle qui illumine tous les corps ceacutelestes

Cette sur les diffeacuterentes perspectives selon lesshyquelles on peut envisager la causaliteacute cosmique eacutetait neacutecesshysaire pour situer le rocircle des planegravetes dans lastrologie et pour faire comprendre ce quon doit entendre par linfluence de leur rayonnement Quel que puisse ecirctre mateacuteriel ou subshytil de leurs rayons la peacuteneacutetration contemplative de la laquo physioshygnomieraquo du cosmos les considegravere plus directement comme ( des modes de lIntellect dans sa manifestation macrocosmique modes qui reacutealisent ou mesurent les possibiliteacutes contenues dans la sphegravere indeacutefinie Lespace ceacuteleste dans lequel les planegravetes deacutecrivent leurs reacutevolutions repreacutesente en quelque sorte les limiddot mites extrecircmes du monde sensible et ces limites sont inverseshy

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ini bn dli ilililH~Hj iUill HHHijHHmH~j~mlllij~umli

ment analogues au centre qui est lhomme lui-mecircme comme nous lavons deacutejagrave fait remarquer en consideacuterant le caractegravere laquo objectifraquo des directions spatiales rayonnant de chaque ecirctre humain vers les mecircme points du ciel-limite (1) en raison de cette analogie inverse les modes de lIntellect cosmique que repreacutesentent les astres sont laquo existentielsraquo au lieu decirctre laquo inshytelligents raquo ce dernier mot pris dans le sens de lintelligence active manifesteacutee dans lhomme nous nous rapportons ici agrave la polariteacute de 1laquo existenceraquo et de 1laquo intelligenceraquo dans lEtre (2) Cette nature intellectuelle des planegravetes sexprime - toushyjours en raison de la mecircme analogie inverse par rapport agrave telIigence active -dans la reacutegulariteacute et continuiteacute rythmique de leurs mouvements Leur nature lumineuse relegraveve du mecircme symbolisme dautre part la propagation de la lumiegravere est pour ainsi dire laquo geacuteomeacutetriqueraquo et correspond agrave lactualisation des directions et des relations spatiales Il faut dailleurs bien comshyprendre que ce symbolisme nenvisage pas la situation des plashynegravetes dans lespace quantitativement mesurable leurs laquoasshypects raquo se deacuteterminent par leur projection sur le zodiaque cest-agrave-dire en raison des directions de lespace dont le centre est lecirctre humain terrestre quant aux directions de lespace leur deacutefinition nest eacutevidemment pas quantitative mais toujours relative agrave luniteacute indivisible de la sphegravere indeacutefinie du ciel extrecircme

1 On nous objectera peut-ecirctre que les directions que nous appelons4lt obshyjectives ne relegravevent que de la subjectiviteacute collective mais dans lordre de la perception sensible directe et spontaneacutee sur laquene se fonde le symbolisme en question cette subjectiviteacute collective est eacutequivalente dobjectivicircteacute Voit agrave ce propos ce que dit Frithjof Schuon dans son article Fataliteacute et Progregraves passhysage que nous avons reprenduit en note au deacutebut de cette eacutetude

2 Cf larticle de Frithjof Schuon Transcendance et universaliteacute de leacutesoshyteacuterisme dans Etudes Traditionnelles oct-nov 1945

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De tous les astres laquomobiles raquo il ny a que le soleil et lune dont les mouvements puissent ecirctre repreacutesenteacutes par des cercles reacuteguliers sur le ciel des eacutetoiles fixes car les orbites apshyparentes des autres planegravetes sont agrave la fois reacutegies par le centre solaire et le centre terrestre de faccedilon quelles eacutevoluent en des mouvements combineacutes Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se reacutepartissent dune faccedilon ineacutegale mais rythmique sur les douze parties du zodiaque et que lon compte agrave partir de leacutequinoxe du printemps Le veacuteritable commencement du cycle lunaire qui sexprime dans la succession des lunaisons ne coiumlncide pas toujours avec le point de leacutequinoxe car les deux points tersection de lorbite lunaire avec le cycle solaire que lon apshypelle la laquo tecircteraquo et la laquo queueraquo du dragon deacutecrivent en 18 ans le tour de tout le laquo ciel des stations raquo La fixation des manshysions de la lune consiste donc en une sorte dabreacutegeacute symbolique des rythmes veacuteritables (1)

Dans les rapports des mansions lunaires avec le zodiaque se manifeste un symbolisme numeacuterique eacutevident nous avons monshytreacute comment le duodeacutenaire zodiacal se preacutesente comme le proshyduit de la multiplication du quaternaire par le ternaire or la

multiplication symbolise le mode de distinction propre au monde des archeacutetypes car ceux-ci ne se diffeacuterencient pas par exclusion mutuelle mais agrave linstar de miroirs oui se reflegravetent les

1 Lastrologie hindoue ne compte que 27 mansions lunaires le parcours de la lune autour du ciel ne seffectuant pas en un nombre de jours de faccedilon que labreacutegeacute symbolique de son cycle peut-ecirctre ou bien porteacute agrave 28 ou reacuteduit a 27 jours Dautre part les astrologues hindous ne situent pas le deacuteshybut du cycle lunaire au point vernal actuel mais au point du ciel des eacutetoiles fixeacutees qui coiumlncidait agrave leacutepoque de la derniegravere coiumlncidence entre les signes zodiacaux et les constellations synonymes avec leacutequinoxe du printemps Nous allons revenir sur cette diffeacuterence des ooints de vue

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l

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

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remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 12: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

noxe de printemps abstraction faite de la situation des consshytellations portant les mecircmes noms que les signes car en raison de la preacutecession des eacutequinoxes dont chacune fait le tour du ciel entier en 26000 ans environ il sest produit un deacutecashylage de presque un laquosigneraquo entier entre la situation des constellations et des parties du zodiaque ayant le mecircme nom la constellation du Beacutelier par exemple se trouve aujourdhui dans le laquo signeraquo du Taureau On peut donc soulever la quesshytion de savoir si les formes de ces groupements deacutetoiles fixes qui ont eacuteteacute agrave lorigine des points de repegravere pour la deacutetermishynation des douze parties du cycle solaire sont indiffeacuterentes par rapport agrave la signification de celles-ci or il y a sucircrement analogie entre la deacutenomination des signes zodiacaux et ces groupements deacutetoiles sur leacutecliptique la constellation des Geacuteshymeaux se caracteacuterise effectivement par un couple deacutetoiles jushymelles celle du Taureau comporte un triangle semblable agrave la tecircte de lanimal et les formes du Scorpion ou du Lion peuvent ecirctre reconnues dans les constellations du mecircme nom bien que dautres interpreacutetations de ces groupements soient eacutegalement concevables Il est dailleurs fort bien possible que lors de la premiegravere fixation des symboles astrologiques les ressemblances furent plus frappantes car certaines eacutetoiles laquo fixesraquo ont ducirc se deacuteplacer depuis cette eacutepoque fort lointaishyne (1) ainsi que le fait remarquer Mohyiddicircn ibn Arabicirc en se reacutefeacuterant agrave certaines repreacutesentations stellaires sur des monuments de lEgypte ancienne A leur origine les images symboliques attribueacutees aux douze parties du cycle solaire devaient preacutesen-

L La derniegravere coiumlncidence des signes zodiacaux avec les constellations de mecircme nom eucirct lieu dans les premiers siegravecles de legravere chreacutetienne mais il est probable que la deacutenomination des douze constellations date dune coiumlncidence preacuteceacutedente Nous allons revenir sur cette question

ter une synthegravese entre dune part les significations spmshytuelles de ces deacuteterminations de lespace ceacuteleste et dautre part les interpreacutetations possibles des groupes deacutetoiles des douze constellations les premiers jouant un rocircle essentiel et les combinaisons latentes des groupes deacutetoiles - y comshypris leurs couleurs et leurs intensiteacutes un rocircle potentiel une fois la fixation opeacutereacutee elle simprimait dans la meacutemoire collective en raison de son originaliteacute agrave la fois spirituelle et imaginative et cest lagrave du reste une image particuliegraverement adeacutequate dun certain ordre dinspirations

Dun autre cocircteacute la preacutecession des eacutequinoxes qui constishytue le cycle astronomique majeur doit neacutecessairement jouer un rocircle dans le symbolisme astrologique et le deacuteplacement des constellations zodiacales doit faire partie de sa signifishycation sur laquelle nous aurons agrave revenir par la suite

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III

Le ciel des eacutetoiles qui est contenu dans la sphegravere des laquotoursraquo du zodiaque est appeleacute le ciel des laquo stationsraquo (manacirczil) parce que les mouvements des planegravetes se projettent sur lui Les sept planegravetes qui repreacutesentent les intermeacutediaires cosmiques entre le monde immuable des archeacutetypes et le mishylieu terrestre actualisent par leurs rythmes combineacutes et par les positions reacuteciproques qui en reacutesultent les relations spashytiales virtuellement contenues dans la sphegravere indeacutefinie du cielshylimite sphegravere qui nest rien dautre que la totaliteacute des dishyrections de lespace et par lagrave limage de lunivers (1) Les astrologues modernes veulent que les planegravetes agissent sur la terre par un rayonnement de forces et ils entendent cela dans un sens mateacuteriel ou quasi-mateacuteriel car il est ineacutevitable quil introduisent dans lastrologie quelque chose des conshyceptions modernes de la causaliteacute cest alors que les reacutesidus de cette science prennent lallure dune veacuteritable superstition Le besoin de causaliteacute deacutepend des preacuteoccupations geacuteneacuterales dune eacutepoque il est vrai quil est toujours dessence logique

1 Dougrave la deacuterivation eacutetymologique du terme univers de orbis unIcircversum

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car ce qU1 confegravere agrave un enchaicircnement causal son caractegravere conshyvaincant reacuteside autant dans luniteacute de lesprit que dans la nashyture des choses mais en mecircme temps le besoin de deacutepend substantiellement du niveau mental il est meacutecaniste ou imaginatif raisonnant ou intuitif Comme lhorizon mental nenglobe agrave la fois quun certain ordre de reacutealiteacutes largument causal dune eacutepoque mentalement diffeacuterente apparaicirct insuffisant ou mecircme deacutefectueux quon nen voit que les limites du deacuteveloppement dans le sens dune investigation ulteacuterieure on oublie trop facilement que tout enchaicircnement causal agrave rieur de la manifestation est essentiellement symbolique (1) et que la conception la plus vaste et la plus adeacutequate de causaliteacute est preacuteciseacutement celle qui est consciente de ce symbolishysme et qui considegravere toute chose sous le rapport de laquo lUniteacute de lExistenceraquo (wahdat-al-wudjucircd) Dautre part il faut bien se dire que la veriteacute essentielle dune perspective intellectuelle nempecircche pas que son expression mentale reste sujette agrave la reshylativiteacute des moyens exteacuterieurs de connaissance ainsi par exem-

Mohyiddicircn ibn Arabi affirme du soleil le laquocœur monderaquo quil communique la lumiegravere agrave tous les autres astres y compris les eacutetoiles fixes et quil est lui-mecircme illumineacute par lirradiation directe et incessante dune reacuteveacutelation divine (2) Cette conception est essentiellement vrai en ce sens que toute lumiegravere sensible a sa source dans la lumiegravere intelligible i dont le soleil est le symbole le plus eacutevident est vraie en ce sens que les lumiegraveres de tous les astres sont de mecircme substance comme le reconnaissent dailleurs les astro~omes

1 les causes secondes ne sont que des reflets de la cause premiegravere et nont aucune reacutealiteacute propre

2 Cest un fait significatif que lœil ne peut pas le soleil - qui illumine le monde entier sans en ecirctre eacutebloui

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modernes enfin il est vrai que le soleil communique sa lu-agrave toutes les planegravetes Quant aux eacutetoiles fixes on est aushy

jourdhui convaincu quelles repreacutesentent des sources de lushymiegravere indeacutependantes du soleil et sur ce point la conception de Mohyiddicircn Ibn Arabicirc peut paraicirctre erroneacutee cependant la fonction dun Maicirctre en meacutetaphysique nimplique pas neacutecesshysairement la connaissance distinctive de tous les domaines de

nature et Ibn Arabicirc ne pouvait quenvisager le symbolisme des connaissances astronomiques telles quelles se preacutesentaient agrave lui Cela ne veut certes pas dire que sa theacuteorie ne soit plus valable degraves quon accepte que les eacutetoiles fixes sont des lumiegraveres autonomes dans lordre sensible car la distinction entre lenshysemble des astres reacutegis par le soleil et la multitude des eacutetoiles

apparaicirct seulement comme une diffeacuterenciation du mecircme symbolisme en ce sens que le soleil repreacutesente le centre du rayonnement de la lumiegravere divine pour un monde deacutetermineacute tandis que les eacutetoiles fixes symbolisent les interfeacuterences de la lumiegravere dun monde supeacuterieur mai~ mecircme dans ce cas on pourshyra dire que la lumiegravere qui rayonne du soleil est la mecircme que celle qui illumine tous les corps ceacutelestes

Cette sur les diffeacuterentes perspectives selon lesshyquelles on peut envisager la causaliteacute cosmique eacutetait neacutecesshysaire pour situer le rocircle des planegravetes dans lastrologie et pour faire comprendre ce quon doit entendre par linfluence de leur rayonnement Quel que puisse ecirctre mateacuteriel ou subshytil de leurs rayons la peacuteneacutetration contemplative de la laquo physioshygnomieraquo du cosmos les considegravere plus directement comme ( des modes de lIntellect dans sa manifestation macrocosmique modes qui reacutealisent ou mesurent les possibiliteacutes contenues dans la sphegravere indeacutefinie Lespace ceacuteleste dans lequel les planegravetes deacutecrivent leurs reacutevolutions repreacutesente en quelque sorte les limiddot mites extrecircmes du monde sensible et ces limites sont inverseshy

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ini bn dli ilililH~Hj iUill HHHijHHmH~j~mlllij~umli

ment analogues au centre qui est lhomme lui-mecircme comme nous lavons deacutejagrave fait remarquer en consideacuterant le caractegravere laquo objectifraquo des directions spatiales rayonnant de chaque ecirctre humain vers les mecircme points du ciel-limite (1) en raison de cette analogie inverse les modes de lIntellect cosmique que repreacutesentent les astres sont laquo existentielsraquo au lieu decirctre laquo inshytelligents raquo ce dernier mot pris dans le sens de lintelligence active manifesteacutee dans lhomme nous nous rapportons ici agrave la polariteacute de 1laquo existenceraquo et de 1laquo intelligenceraquo dans lEtre (2) Cette nature intellectuelle des planegravetes sexprime - toushyjours en raison de la mecircme analogie inverse par rapport agrave telIigence active -dans la reacutegulariteacute et continuiteacute rythmique de leurs mouvements Leur nature lumineuse relegraveve du mecircme symbolisme dautre part la propagation de la lumiegravere est pour ainsi dire laquo geacuteomeacutetriqueraquo et correspond agrave lactualisation des directions et des relations spatiales Il faut dailleurs bien comshyprendre que ce symbolisme nenvisage pas la situation des plashynegravetes dans lespace quantitativement mesurable leurs laquoasshypects raquo se deacuteterminent par leur projection sur le zodiaque cest-agrave-dire en raison des directions de lespace dont le centre est lecirctre humain terrestre quant aux directions de lespace leur deacutefinition nest eacutevidemment pas quantitative mais toujours relative agrave luniteacute indivisible de la sphegravere indeacutefinie du ciel extrecircme

1 On nous objectera peut-ecirctre que les directions que nous appelons4lt obshyjectives ne relegravevent que de la subjectiviteacute collective mais dans lordre de la perception sensible directe et spontaneacutee sur laquene se fonde le symbolisme en question cette subjectiviteacute collective est eacutequivalente dobjectivicircteacute Voit agrave ce propos ce que dit Frithjof Schuon dans son article Fataliteacute et Progregraves passhysage que nous avons reprenduit en note au deacutebut de cette eacutetude

2 Cf larticle de Frithjof Schuon Transcendance et universaliteacute de leacutesoshyteacuterisme dans Etudes Traditionnelles oct-nov 1945

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De tous les astres laquomobiles raquo il ny a que le soleil et lune dont les mouvements puissent ecirctre repreacutesenteacutes par des cercles reacuteguliers sur le ciel des eacutetoiles fixes car les orbites apshyparentes des autres planegravetes sont agrave la fois reacutegies par le centre solaire et le centre terrestre de faccedilon quelles eacutevoluent en des mouvements combineacutes Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se reacutepartissent dune faccedilon ineacutegale mais rythmique sur les douze parties du zodiaque et que lon compte agrave partir de leacutequinoxe du printemps Le veacuteritable commencement du cycle lunaire qui sexprime dans la succession des lunaisons ne coiumlncide pas toujours avec le point de leacutequinoxe car les deux points tersection de lorbite lunaire avec le cycle solaire que lon apshypelle la laquo tecircteraquo et la laquo queueraquo du dragon deacutecrivent en 18 ans le tour de tout le laquo ciel des stations raquo La fixation des manshysions de la lune consiste donc en une sorte dabreacutegeacute symbolique des rythmes veacuteritables (1)

Dans les rapports des mansions lunaires avec le zodiaque se manifeste un symbolisme numeacuterique eacutevident nous avons monshytreacute comment le duodeacutenaire zodiacal se preacutesente comme le proshyduit de la multiplication du quaternaire par le ternaire or la

multiplication symbolise le mode de distinction propre au monde des archeacutetypes car ceux-ci ne se diffeacuterencient pas par exclusion mutuelle mais agrave linstar de miroirs oui se reflegravetent les

1 Lastrologie hindoue ne compte que 27 mansions lunaires le parcours de la lune autour du ciel ne seffectuant pas en un nombre de jours de faccedilon que labreacutegeacute symbolique de son cycle peut-ecirctre ou bien porteacute agrave 28 ou reacuteduit a 27 jours Dautre part les astrologues hindous ne situent pas le deacuteshybut du cycle lunaire au point vernal actuel mais au point du ciel des eacutetoiles fixeacutees qui coiumlncidait agrave leacutepoque de la derniegravere coiumlncidence entre les signes zodiacaux et les constellations synonymes avec leacutequinoxe du printemps Nous allons revenir sur cette diffeacuterence des ooints de vue

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l

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 13: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

III

Le ciel des eacutetoiles qui est contenu dans la sphegravere des laquotoursraquo du zodiaque est appeleacute le ciel des laquo stationsraquo (manacirczil) parce que les mouvements des planegravetes se projettent sur lui Les sept planegravetes qui repreacutesentent les intermeacutediaires cosmiques entre le monde immuable des archeacutetypes et le mishylieu terrestre actualisent par leurs rythmes combineacutes et par les positions reacuteciproques qui en reacutesultent les relations spashytiales virtuellement contenues dans la sphegravere indeacutefinie du cielshylimite sphegravere qui nest rien dautre que la totaliteacute des dishyrections de lespace et par lagrave limage de lunivers (1) Les astrologues modernes veulent que les planegravetes agissent sur la terre par un rayonnement de forces et ils entendent cela dans un sens mateacuteriel ou quasi-mateacuteriel car il est ineacutevitable quil introduisent dans lastrologie quelque chose des conshyceptions modernes de la causaliteacute cest alors que les reacutesidus de cette science prennent lallure dune veacuteritable superstition Le besoin de causaliteacute deacutepend des preacuteoccupations geacuteneacuterales dune eacutepoque il est vrai quil est toujours dessence logique

1 Dougrave la deacuterivation eacutetymologique du terme univers de orbis unIcircversum

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car ce qU1 confegravere agrave un enchaicircnement causal son caractegravere conshyvaincant reacuteside autant dans luniteacute de lesprit que dans la nashyture des choses mais en mecircme temps le besoin de deacutepend substantiellement du niveau mental il est meacutecaniste ou imaginatif raisonnant ou intuitif Comme lhorizon mental nenglobe agrave la fois quun certain ordre de reacutealiteacutes largument causal dune eacutepoque mentalement diffeacuterente apparaicirct insuffisant ou mecircme deacutefectueux quon nen voit que les limites du deacuteveloppement dans le sens dune investigation ulteacuterieure on oublie trop facilement que tout enchaicircnement causal agrave rieur de la manifestation est essentiellement symbolique (1) et que la conception la plus vaste et la plus adeacutequate de causaliteacute est preacuteciseacutement celle qui est consciente de ce symbolishysme et qui considegravere toute chose sous le rapport de laquo lUniteacute de lExistenceraquo (wahdat-al-wudjucircd) Dautre part il faut bien se dire que la veriteacute essentielle dune perspective intellectuelle nempecircche pas que son expression mentale reste sujette agrave la reshylativiteacute des moyens exteacuterieurs de connaissance ainsi par exem-

Mohyiddicircn ibn Arabi affirme du soleil le laquocœur monderaquo quil communique la lumiegravere agrave tous les autres astres y compris les eacutetoiles fixes et quil est lui-mecircme illumineacute par lirradiation directe et incessante dune reacuteveacutelation divine (2) Cette conception est essentiellement vrai en ce sens que toute lumiegravere sensible a sa source dans la lumiegravere intelligible i dont le soleil est le symbole le plus eacutevident est vraie en ce sens que les lumiegraveres de tous les astres sont de mecircme substance comme le reconnaissent dailleurs les astro~omes

1 les causes secondes ne sont que des reflets de la cause premiegravere et nont aucune reacutealiteacute propre

2 Cest un fait significatif que lœil ne peut pas le soleil - qui illumine le monde entier sans en ecirctre eacutebloui

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modernes enfin il est vrai que le soleil communique sa lu-agrave toutes les planegravetes Quant aux eacutetoiles fixes on est aushy

jourdhui convaincu quelles repreacutesentent des sources de lushymiegravere indeacutependantes du soleil et sur ce point la conception de Mohyiddicircn Ibn Arabicirc peut paraicirctre erroneacutee cependant la fonction dun Maicirctre en meacutetaphysique nimplique pas neacutecesshysairement la connaissance distinctive de tous les domaines de

nature et Ibn Arabicirc ne pouvait quenvisager le symbolisme des connaissances astronomiques telles quelles se preacutesentaient agrave lui Cela ne veut certes pas dire que sa theacuteorie ne soit plus valable degraves quon accepte que les eacutetoiles fixes sont des lumiegraveres autonomes dans lordre sensible car la distinction entre lenshysemble des astres reacutegis par le soleil et la multitude des eacutetoiles

apparaicirct seulement comme une diffeacuterenciation du mecircme symbolisme en ce sens que le soleil repreacutesente le centre du rayonnement de la lumiegravere divine pour un monde deacutetermineacute tandis que les eacutetoiles fixes symbolisent les interfeacuterences de la lumiegravere dun monde supeacuterieur mai~ mecircme dans ce cas on pourshyra dire que la lumiegravere qui rayonne du soleil est la mecircme que celle qui illumine tous les corps ceacutelestes

Cette sur les diffeacuterentes perspectives selon lesshyquelles on peut envisager la causaliteacute cosmique eacutetait neacutecesshysaire pour situer le rocircle des planegravetes dans lastrologie et pour faire comprendre ce quon doit entendre par linfluence de leur rayonnement Quel que puisse ecirctre mateacuteriel ou subshytil de leurs rayons la peacuteneacutetration contemplative de la laquo physioshygnomieraquo du cosmos les considegravere plus directement comme ( des modes de lIntellect dans sa manifestation macrocosmique modes qui reacutealisent ou mesurent les possibiliteacutes contenues dans la sphegravere indeacutefinie Lespace ceacuteleste dans lequel les planegravetes deacutecrivent leurs reacutevolutions repreacutesente en quelque sorte les limiddot mites extrecircmes du monde sensible et ces limites sont inverseshy

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ini bn dli ilililH~Hj iUill HHHijHHmH~j~mlllij~umli

ment analogues au centre qui est lhomme lui-mecircme comme nous lavons deacutejagrave fait remarquer en consideacuterant le caractegravere laquo objectifraquo des directions spatiales rayonnant de chaque ecirctre humain vers les mecircme points du ciel-limite (1) en raison de cette analogie inverse les modes de lIntellect cosmique que repreacutesentent les astres sont laquo existentielsraquo au lieu decirctre laquo inshytelligents raquo ce dernier mot pris dans le sens de lintelligence active manifesteacutee dans lhomme nous nous rapportons ici agrave la polariteacute de 1laquo existenceraquo et de 1laquo intelligenceraquo dans lEtre (2) Cette nature intellectuelle des planegravetes sexprime - toushyjours en raison de la mecircme analogie inverse par rapport agrave telIigence active -dans la reacutegulariteacute et continuiteacute rythmique de leurs mouvements Leur nature lumineuse relegraveve du mecircme symbolisme dautre part la propagation de la lumiegravere est pour ainsi dire laquo geacuteomeacutetriqueraquo et correspond agrave lactualisation des directions et des relations spatiales Il faut dailleurs bien comshyprendre que ce symbolisme nenvisage pas la situation des plashynegravetes dans lespace quantitativement mesurable leurs laquoasshypects raquo se deacuteterminent par leur projection sur le zodiaque cest-agrave-dire en raison des directions de lespace dont le centre est lecirctre humain terrestre quant aux directions de lespace leur deacutefinition nest eacutevidemment pas quantitative mais toujours relative agrave luniteacute indivisible de la sphegravere indeacutefinie du ciel extrecircme

1 On nous objectera peut-ecirctre que les directions que nous appelons4lt obshyjectives ne relegravevent que de la subjectiviteacute collective mais dans lordre de la perception sensible directe et spontaneacutee sur laquene se fonde le symbolisme en question cette subjectiviteacute collective est eacutequivalente dobjectivicircteacute Voit agrave ce propos ce que dit Frithjof Schuon dans son article Fataliteacute et Progregraves passhysage que nous avons reprenduit en note au deacutebut de cette eacutetude

2 Cf larticle de Frithjof Schuon Transcendance et universaliteacute de leacutesoshyteacuterisme dans Etudes Traditionnelles oct-nov 1945

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De tous les astres laquomobiles raquo il ny a que le soleil et lune dont les mouvements puissent ecirctre repreacutesenteacutes par des cercles reacuteguliers sur le ciel des eacutetoiles fixes car les orbites apshyparentes des autres planegravetes sont agrave la fois reacutegies par le centre solaire et le centre terrestre de faccedilon quelles eacutevoluent en des mouvements combineacutes Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se reacutepartissent dune faccedilon ineacutegale mais rythmique sur les douze parties du zodiaque et que lon compte agrave partir de leacutequinoxe du printemps Le veacuteritable commencement du cycle lunaire qui sexprime dans la succession des lunaisons ne coiumlncide pas toujours avec le point de leacutequinoxe car les deux points tersection de lorbite lunaire avec le cycle solaire que lon apshypelle la laquo tecircteraquo et la laquo queueraquo du dragon deacutecrivent en 18 ans le tour de tout le laquo ciel des stations raquo La fixation des manshysions de la lune consiste donc en une sorte dabreacutegeacute symbolique des rythmes veacuteritables (1)

Dans les rapports des mansions lunaires avec le zodiaque se manifeste un symbolisme numeacuterique eacutevident nous avons monshytreacute comment le duodeacutenaire zodiacal se preacutesente comme le proshyduit de la multiplication du quaternaire par le ternaire or la

multiplication symbolise le mode de distinction propre au monde des archeacutetypes car ceux-ci ne se diffeacuterencient pas par exclusion mutuelle mais agrave linstar de miroirs oui se reflegravetent les

1 Lastrologie hindoue ne compte que 27 mansions lunaires le parcours de la lune autour du ciel ne seffectuant pas en un nombre de jours de faccedilon que labreacutegeacute symbolique de son cycle peut-ecirctre ou bien porteacute agrave 28 ou reacuteduit a 27 jours Dautre part les astrologues hindous ne situent pas le deacuteshybut du cycle lunaire au point vernal actuel mais au point du ciel des eacutetoiles fixeacutees qui coiumlncidait agrave leacutepoque de la derniegravere coiumlncidence entre les signes zodiacaux et les constellations synonymes avec leacutequinoxe du printemps Nous allons revenir sur cette diffeacuterence des ooints de vue

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l

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 14: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

car ce qU1 confegravere agrave un enchaicircnement causal son caractegravere conshyvaincant reacuteside autant dans luniteacute de lesprit que dans la nashyture des choses mais en mecircme temps le besoin de deacutepend substantiellement du niveau mental il est meacutecaniste ou imaginatif raisonnant ou intuitif Comme lhorizon mental nenglobe agrave la fois quun certain ordre de reacutealiteacutes largument causal dune eacutepoque mentalement diffeacuterente apparaicirct insuffisant ou mecircme deacutefectueux quon nen voit que les limites du deacuteveloppement dans le sens dune investigation ulteacuterieure on oublie trop facilement que tout enchaicircnement causal agrave rieur de la manifestation est essentiellement symbolique (1) et que la conception la plus vaste et la plus adeacutequate de causaliteacute est preacuteciseacutement celle qui est consciente de ce symbolishysme et qui considegravere toute chose sous le rapport de laquo lUniteacute de lExistenceraquo (wahdat-al-wudjucircd) Dautre part il faut bien se dire que la veriteacute essentielle dune perspective intellectuelle nempecircche pas que son expression mentale reste sujette agrave la reshylativiteacute des moyens exteacuterieurs de connaissance ainsi par exem-

Mohyiddicircn ibn Arabi affirme du soleil le laquocœur monderaquo quil communique la lumiegravere agrave tous les autres astres y compris les eacutetoiles fixes et quil est lui-mecircme illumineacute par lirradiation directe et incessante dune reacuteveacutelation divine (2) Cette conception est essentiellement vrai en ce sens que toute lumiegravere sensible a sa source dans la lumiegravere intelligible i dont le soleil est le symbole le plus eacutevident est vraie en ce sens que les lumiegraveres de tous les astres sont de mecircme substance comme le reconnaissent dailleurs les astro~omes

1 les causes secondes ne sont que des reflets de la cause premiegravere et nont aucune reacutealiteacute propre

2 Cest un fait significatif que lœil ne peut pas le soleil - qui illumine le monde entier sans en ecirctre eacutebloui

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modernes enfin il est vrai que le soleil communique sa lu-agrave toutes les planegravetes Quant aux eacutetoiles fixes on est aushy

jourdhui convaincu quelles repreacutesentent des sources de lushymiegravere indeacutependantes du soleil et sur ce point la conception de Mohyiddicircn Ibn Arabicirc peut paraicirctre erroneacutee cependant la fonction dun Maicirctre en meacutetaphysique nimplique pas neacutecesshysairement la connaissance distinctive de tous les domaines de

nature et Ibn Arabicirc ne pouvait quenvisager le symbolisme des connaissances astronomiques telles quelles se preacutesentaient agrave lui Cela ne veut certes pas dire que sa theacuteorie ne soit plus valable degraves quon accepte que les eacutetoiles fixes sont des lumiegraveres autonomes dans lordre sensible car la distinction entre lenshysemble des astres reacutegis par le soleil et la multitude des eacutetoiles

apparaicirct seulement comme une diffeacuterenciation du mecircme symbolisme en ce sens que le soleil repreacutesente le centre du rayonnement de la lumiegravere divine pour un monde deacutetermineacute tandis que les eacutetoiles fixes symbolisent les interfeacuterences de la lumiegravere dun monde supeacuterieur mai~ mecircme dans ce cas on pourshyra dire que la lumiegravere qui rayonne du soleil est la mecircme que celle qui illumine tous les corps ceacutelestes

Cette sur les diffeacuterentes perspectives selon lesshyquelles on peut envisager la causaliteacute cosmique eacutetait neacutecesshysaire pour situer le rocircle des planegravetes dans lastrologie et pour faire comprendre ce quon doit entendre par linfluence de leur rayonnement Quel que puisse ecirctre mateacuteriel ou subshytil de leurs rayons la peacuteneacutetration contemplative de la laquo physioshygnomieraquo du cosmos les considegravere plus directement comme ( des modes de lIntellect dans sa manifestation macrocosmique modes qui reacutealisent ou mesurent les possibiliteacutes contenues dans la sphegravere indeacutefinie Lespace ceacuteleste dans lequel les planegravetes deacutecrivent leurs reacutevolutions repreacutesente en quelque sorte les limiddot mites extrecircmes du monde sensible et ces limites sont inverseshy

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ini bn dli ilililH~Hj iUill HHHijHHmH~j~mlllij~umli

ment analogues au centre qui est lhomme lui-mecircme comme nous lavons deacutejagrave fait remarquer en consideacuterant le caractegravere laquo objectifraquo des directions spatiales rayonnant de chaque ecirctre humain vers les mecircme points du ciel-limite (1) en raison de cette analogie inverse les modes de lIntellect cosmique que repreacutesentent les astres sont laquo existentielsraquo au lieu decirctre laquo inshytelligents raquo ce dernier mot pris dans le sens de lintelligence active manifesteacutee dans lhomme nous nous rapportons ici agrave la polariteacute de 1laquo existenceraquo et de 1laquo intelligenceraquo dans lEtre (2) Cette nature intellectuelle des planegravetes sexprime - toushyjours en raison de la mecircme analogie inverse par rapport agrave telIigence active -dans la reacutegulariteacute et continuiteacute rythmique de leurs mouvements Leur nature lumineuse relegraveve du mecircme symbolisme dautre part la propagation de la lumiegravere est pour ainsi dire laquo geacuteomeacutetriqueraquo et correspond agrave lactualisation des directions et des relations spatiales Il faut dailleurs bien comshyprendre que ce symbolisme nenvisage pas la situation des plashynegravetes dans lespace quantitativement mesurable leurs laquoasshypects raquo se deacuteterminent par leur projection sur le zodiaque cest-agrave-dire en raison des directions de lespace dont le centre est lecirctre humain terrestre quant aux directions de lespace leur deacutefinition nest eacutevidemment pas quantitative mais toujours relative agrave luniteacute indivisible de la sphegravere indeacutefinie du ciel extrecircme

1 On nous objectera peut-ecirctre que les directions que nous appelons4lt obshyjectives ne relegravevent que de la subjectiviteacute collective mais dans lordre de la perception sensible directe et spontaneacutee sur laquene se fonde le symbolisme en question cette subjectiviteacute collective est eacutequivalente dobjectivicircteacute Voit agrave ce propos ce que dit Frithjof Schuon dans son article Fataliteacute et Progregraves passhysage que nous avons reprenduit en note au deacutebut de cette eacutetude

2 Cf larticle de Frithjof Schuon Transcendance et universaliteacute de leacutesoshyteacuterisme dans Etudes Traditionnelles oct-nov 1945

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De tous les astres laquomobiles raquo il ny a que le soleil et lune dont les mouvements puissent ecirctre repreacutesenteacutes par des cercles reacuteguliers sur le ciel des eacutetoiles fixes car les orbites apshyparentes des autres planegravetes sont agrave la fois reacutegies par le centre solaire et le centre terrestre de faccedilon quelles eacutevoluent en des mouvements combineacutes Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se reacutepartissent dune faccedilon ineacutegale mais rythmique sur les douze parties du zodiaque et que lon compte agrave partir de leacutequinoxe du printemps Le veacuteritable commencement du cycle lunaire qui sexprime dans la succession des lunaisons ne coiumlncide pas toujours avec le point de leacutequinoxe car les deux points tersection de lorbite lunaire avec le cycle solaire que lon apshypelle la laquo tecircteraquo et la laquo queueraquo du dragon deacutecrivent en 18 ans le tour de tout le laquo ciel des stations raquo La fixation des manshysions de la lune consiste donc en une sorte dabreacutegeacute symbolique des rythmes veacuteritables (1)

Dans les rapports des mansions lunaires avec le zodiaque se manifeste un symbolisme numeacuterique eacutevident nous avons monshytreacute comment le duodeacutenaire zodiacal se preacutesente comme le proshyduit de la multiplication du quaternaire par le ternaire or la

multiplication symbolise le mode de distinction propre au monde des archeacutetypes car ceux-ci ne se diffeacuterencient pas par exclusion mutuelle mais agrave linstar de miroirs oui se reflegravetent les

1 Lastrologie hindoue ne compte que 27 mansions lunaires le parcours de la lune autour du ciel ne seffectuant pas en un nombre de jours de faccedilon que labreacutegeacute symbolique de son cycle peut-ecirctre ou bien porteacute agrave 28 ou reacuteduit a 27 jours Dautre part les astrologues hindous ne situent pas le deacuteshybut du cycle lunaire au point vernal actuel mais au point du ciel des eacutetoiles fixeacutees qui coiumlncidait agrave leacutepoque de la derniegravere coiumlncidence entre les signes zodiacaux et les constellations synonymes avec leacutequinoxe du printemps Nous allons revenir sur cette diffeacuterence des ooints de vue

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l

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

59 58

agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

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ARCHEgrave MILANO

1974

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l_middot ~

Page 15: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

ini bn dli ilililH~Hj iUill HHHijHHmH~j~mlllij~umli

ment analogues au centre qui est lhomme lui-mecircme comme nous lavons deacutejagrave fait remarquer en consideacuterant le caractegravere laquo objectifraquo des directions spatiales rayonnant de chaque ecirctre humain vers les mecircme points du ciel-limite (1) en raison de cette analogie inverse les modes de lIntellect cosmique que repreacutesentent les astres sont laquo existentielsraquo au lieu decirctre laquo inshytelligents raquo ce dernier mot pris dans le sens de lintelligence active manifesteacutee dans lhomme nous nous rapportons ici agrave la polariteacute de 1laquo existenceraquo et de 1laquo intelligenceraquo dans lEtre (2) Cette nature intellectuelle des planegravetes sexprime - toushyjours en raison de la mecircme analogie inverse par rapport agrave telIigence active -dans la reacutegulariteacute et continuiteacute rythmique de leurs mouvements Leur nature lumineuse relegraveve du mecircme symbolisme dautre part la propagation de la lumiegravere est pour ainsi dire laquo geacuteomeacutetriqueraquo et correspond agrave lactualisation des directions et des relations spatiales Il faut dailleurs bien comshyprendre que ce symbolisme nenvisage pas la situation des plashynegravetes dans lespace quantitativement mesurable leurs laquoasshypects raquo se deacuteterminent par leur projection sur le zodiaque cest-agrave-dire en raison des directions de lespace dont le centre est lecirctre humain terrestre quant aux directions de lespace leur deacutefinition nest eacutevidemment pas quantitative mais toujours relative agrave luniteacute indivisible de la sphegravere indeacutefinie du ciel extrecircme

1 On nous objectera peut-ecirctre que les directions que nous appelons4lt obshyjectives ne relegravevent que de la subjectiviteacute collective mais dans lordre de la perception sensible directe et spontaneacutee sur laquene se fonde le symbolisme en question cette subjectiviteacute collective est eacutequivalente dobjectivicircteacute Voit agrave ce propos ce que dit Frithjof Schuon dans son article Fataliteacute et Progregraves passhysage que nous avons reprenduit en note au deacutebut de cette eacutetude

2 Cf larticle de Frithjof Schuon Transcendance et universaliteacute de leacutesoshyteacuterisme dans Etudes Traditionnelles oct-nov 1945

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De tous les astres laquomobiles raquo il ny a que le soleil et lune dont les mouvements puissent ecirctre repreacutesenteacutes par des cercles reacuteguliers sur le ciel des eacutetoiles fixes car les orbites apshyparentes des autres planegravetes sont agrave la fois reacutegies par le centre solaire et le centre terrestre de faccedilon quelles eacutevoluent en des mouvements combineacutes Il y a donc un rapport simple entre le rythme solaire et celui de la lune celle-ci parcourt le zodiaque en 28 jours et on lui assigne 28 stations ou mansions qui se reacutepartissent dune faccedilon ineacutegale mais rythmique sur les douze parties du zodiaque et que lon compte agrave partir de leacutequinoxe du printemps Le veacuteritable commencement du cycle lunaire qui sexprime dans la succession des lunaisons ne coiumlncide pas toujours avec le point de leacutequinoxe car les deux points tersection de lorbite lunaire avec le cycle solaire que lon apshypelle la laquo tecircteraquo et la laquo queueraquo du dragon deacutecrivent en 18 ans le tour de tout le laquo ciel des stations raquo La fixation des manshysions de la lune consiste donc en une sorte dabreacutegeacute symbolique des rythmes veacuteritables (1)

Dans les rapports des mansions lunaires avec le zodiaque se manifeste un symbolisme numeacuterique eacutevident nous avons monshytreacute comment le duodeacutenaire zodiacal se preacutesente comme le proshyduit de la multiplication du quaternaire par le ternaire or la

multiplication symbolise le mode de distinction propre au monde des archeacutetypes car ceux-ci ne se diffeacuterencient pas par exclusion mutuelle mais agrave linstar de miroirs oui se reflegravetent les

1 Lastrologie hindoue ne compte que 27 mansions lunaires le parcours de la lune autour du ciel ne seffectuant pas en un nombre de jours de faccedilon que labreacutegeacute symbolique de son cycle peut-ecirctre ou bien porteacute agrave 28 ou reacuteduit a 27 jours Dautre part les astrologues hindous ne situent pas le deacuteshybut du cycle lunaire au point vernal actuel mais au point du ciel des eacutetoiles fixeacutees qui coiumlncidait agrave leacutepoque de la derniegravere coiumlncidence entre les signes zodiacaux et les constellations synonymes avec leacutequinoxe du printemps Nous allons revenir sur cette diffeacuterence des ooints de vue

35

l

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 16: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

unes les autres et ne se distinguent que par leurs positions reacutecishyproques Les mecircmes nombres 3 et 4 composent aussi le nombre des sept planegravetes de lastrologie comme planegravetes sont les inshytermeacutediaires entre le ciel des archeacutetypes et la terre leur distincshytion est celle dune hieacuterarchie et comporte les principes du tershynaire et du quaternaire selon un ordre graduel Quant au nomshybre 28 des mansions de la lune il sobtient par la somme pythashygoricienne des nombres de 1 agrave 7 ce qui signifie que le rythme lunaire deacuteveloppe ou expose en un mode successif toutes les possibiliteacutes contenues dans les archeacutetypes et transmises par hieacuterarchie des intermeacutediaires agrave la sphegravere qui entoure immeacutediashytement le milieu terrestre

La relation entre le soleil et la lune est analogue agrave celle va de lIntellect pur agrave son reflet dans la forme humaine Ceci trouve dailleurs son expression la plus dans le fait que la lune reflegravete le rayonnement du soleil agrave la faccedilon dun

cycle de ses lunaisons est comme un deacuteveshyraquo de ce rayonnement Mais le mecircme symshy

aussi sous le rapport des mouvements des astres nous avons deacutejagrave exposeacute plus haut que cest le soleil

qui par son mouvement actualise ou mesure les deacuteterminations virtuelles du ciel des archeacutetypes zodiacaux car sans les points

du cycle solaire les directions du ciel sans eacutetoiles seraient indeacutefinissables Le soleil mesure donc lespace ceacuteleste dune faccedilon active de mecircme que lacte essentiel de lIntellect repreacuteshysente le fiat lux qui extrait le monde des teacutenegravebres de litadiffeacuteshyrenciation potentielle par contre la lune mesure le ciel passishyvement en parcourant le zodiaque solaire elle subit agrave la fois les deacuteterminations des directions de lespace et celles des directions des rayons solaires double deacutependance qui se traduit dans ses phases lumineuses et dans le rythme reacutegulier de 18 ans selon lequel leur cycle se deacuteplace par rapport agrave celui du

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zodiaque Nous verrons par la suite que les directions de lespashyce dont la lune subit tour agrave tour linfluence correspondent agrave autant de qualiteacutes de lEtre

Le fait que la lune est le reacuteceptacle de toutes les quelle recueille pour les transmettre agrave la se trouve aussi indiqueacute par le degreacute qui correspond agrave la lune dans la hieacuterarchie des fonctions propheacutetiques leacutesoteacuterisme islamique on le sait

ces fonctions dans les differents planeacutetaires Selon cet ordre de correspondances qui dailshy

leurs ne peut se comprendre que dans la perspective spirituelle et en quelque sorte laquo cycliqueraquo de lIslam (1) Abraham (Seyid-middot nacirc Ibracirchicircm) reacuteside dans le ciel de Saturne Moiumlse (Seyidshynacirc Mucircsacirc) dans celui de Jupiter Aaron (Seyidna Harucircn) dans ceshylui de Mars Heacutenoch (Seyidnacirc Idricircs) dans celui du soleil Joseph (Seyidnacirc y ucircsuf) dans celui de Veacutenus Jesus (Seyidnacirc Isacirc) dans celui de Mercure et Adam (Seyidnacirc Adam) dans celui de la lune Il y a dans cette hieacuterarchie le mecircme rapport entre Heacutenoch et Adam quentre 1laquo homme transcendantraquo (shœn jen) et llaquo homme veacuteritableraquo (chen jen) dans la doctrine taoiumlste Heacuteshynoch reacuteside dans le soleil en tant quil repreacutesente 1laquo homme divinraquo par excellence ou le premier laquogrand spirituelraquo des fils dAdam et par conseacutequent le laquo prototype historiqueraquo de tous les hommes ayant reacutealiseacute Dieu quant agrave 1laquo homme primordialraquo ou selon lexpression dIbn Arabicirc 1laquo homme uniqueraquo (al-insacircn al-mufrad par opposition agrave alshyinsacircn al-kacircmil 1laquo homme universel raquo) cest-agrave-dire il sera le

1 De ceci on peut conclure que linterpreacutetation spirituelle de lastrologie ne sauraIcirct ecirctre sans autre transfeacutereacutee dune tradition agrave une autre non seushylement cette interpreacutetation tient agrave la perspective intellectuelle propre agrave telle tradition mais mecircmeacute la validiteacute de ses applications divinatoires deacutepend dans une certaine mesure de lhomogeacuteneacuteiteacute de lambiance subtile par linfluence spirituelle de la tradition envisageacutee

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repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

38 39

IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 17: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

repreacutesentant par excellence de la qualiteacute cosmique qui revient agrave lhomme seulement et qui sexprime dans le rocircle de meacutediashyteur entre la laquo terreraquo et le laquo Ciel raquo Ibn Arabicirc compare la lune au cœur de llaquo homme unique raquo qui reccediloit la reacuteveacutela tion de lEssence divine (Dhacirct) ce cœur change forme selon les diffeacuterentes laquo essentiellesraquo (haqacirciumlq) qui y laissent successivement leur empreinte Le fait que le Maicirctre

cœur indique quil sagit ici non pas du mental fashyculteacute purement discursive mais au contraire de lorgane central de lacircme continuel changement de forme que subit ce cœur ne doit donc pas ecirctre confondu avec la traduction en mode dishyscursif opeacutereacutee par le mental dune connaissance spirituelle bien que le rocircle central et meacutediateur de la raison relegraveve eacutevidemshyment de cette mecircme qualiteacute cosmique qui caracteacuterise lecirctre humain Dun autre cocircteacute la description de ce renouvellement continu du cœur ou plutocirct de sa forme montre quil nest pas sous tout rapport identique au pocircle transcendant de lecirctre

et quil est comme circonscrit par les limites de la substance individuelle qui elle ne saurait recevoir simultashyneacutement tous les aspects impliqueacutes dans lineacutepuisable actualiteacute de la laquo Reacuteveacutelation essentielleraquo (tajallicirc dhacircticirc) de ce fait la forshyme subtile du cœur change sans arrecirct reacutepondant successivement agrave toutes les directions ou polarisations spirituelles et ce chanshygement est agrave la fois comparable agrave une pulsation et aux phases de la lune Lincessante eacutevolution dans les formes est comme limage exteacuterieure et inverseacutee de limmuable orientation inteacuteshyrieure du cœur chez 1laquo homme unique raquo car eacutetant toujours ouvert agrave la seule Uniteacute transcendante et toujours conscient de ce quElle seule se reacutevegravele dans toutes les qualiteacutes de la Lumiegravere intellectuelle le cœur ne peut jamais rester enfermeacute ou immobishyliseacute dans une seule forme et cest preacuteciseacutement en cela que conshysiste le double aspect du rocircle meacutediateur propre au cœur humain

Or cest agrave cette faculteacute de meacutediation que se rapporte la transformation du son primordial veacutehicule de la reacuteveacutelation spishyrituelle en langage articuleacute Cest pour cette raison que leacutesoteacuteshyrisme islamique eacutetablit une correspondance entre les 28 manshysions de la lune et les 28 lettres ou sons de la langue sacreacutee laquo Ce ne sont pas comme le pensent les gens -dit Mohyiddicircn ibn Arabi - les mansions de la lune qui repreacutesentent le moshydegravele des lettres ce sont les 28 sons qui deacuteterminent manshysions lunaires raquo Ces sons repreacutesentent en effet lexpression crocosmique et humaine des deacuteterminations essentielles de lExpir divin qui lui-mecircme est le moteur premier des cycles cosmiques Le Maicirctre compte les 28 sons de lalphabet arabe agrave partir de la premiegravere mansion lunaire qui suit leacutequinoxe de printemps dans lordre de leur exteacuteriorisation phoneacutetique sucshycessive en commenccedilant par le hiatus (al-hamzah) et allant des gutturales aux labiales en passant par les palatales et les dentashyles Si lon tient compte du fait que le hiatus initial nest pas agrave proprement parler un son mais seulement linstant transitoire entre le silence et leacutelocution la seacuterie des sons attribueacutes aux mansions lunaires commence avec le hacirc et finit avec waw ces lettres composant le Nom divin huwa laquo Lui raquo symboshyle de lEssence une et identique agrave Elle-mecircme

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IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 18: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

IV

signification la plus profonde des cycles astronomiques consiste en ce quils offrent une image logiquement analogue agrave tout deacuteveloppement successif de possibiliteacutes reacutegies par le pocircle dun mecircme principe de faccedilon agrave ce quils symbolisent nimporte quel ordre de manHestation que cet ordre soit conditionneacute par le temps ou que la succession quil implique soit de nature pushyrement logique Il est donc possible de concevoir toute une hieacuterarchie de laquo cyclesraquo cosmiques analogues entre eux mais se situant agrave des niveaux diffeacuterents de lexistence et se refleacutetant tous simultaneacutement et sous des rapports divers dans un cycle astronomique tel que le parcours du ou celui de la lune sur le ciel des eacutetoiles fixes Dans son livre ltlt Les Reacuteveacutelations mecquoisesraquo (al-futucirchacirct al-makkiyah) Mohyiddicircn ibn Arabi

une seacuterie de correspondances cosmologiques qui permettent de tracer le scheacutema symbolique quon trouvera en hors-texte Ce

scheacutema est bacircti sur la juxtaposition du zodiaque et du cycle des mansions lunaires agrave partir de leacutequinoxe du printemps et les differents ordres danalogies sont indiqueacutes par des cercles conshycentriques

La raison premiegravere de tout cycle de manifestation est le deacuteshyploiement des possibiliteacutes principielles de manifestation symshy

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boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

42 43

quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

59 58

agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 19: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

boliseacutees par la seacuterie des Noms divins Dautre part la science des Noms ou des qualiteacutes divines - les premiers neacutetant que les deacuteterminations logiques des deuxiegravemes - constIcircitue laboushytissement suprecircme de toute science sacreacutee car les qualiteacutes universelles sont en quelque sorte le contenu distinctif de lEssence divine alors que lEssence divine en Elle-mecircme ne saurait jamais ecirctre objet de science cest-agrave-dire objet dune connaissance qui implique encore une distinction quelconque

qualiteacutes ou les Noms divins sont neacutecessairement innombrashybles mais en raison de la simpliciteacute de lEtre qui est un des aspects de son Uniteacute ils peuvent ecirctre symboliquement reacutesumeacutes en un groupe deacutetermineacute qui sera dailleurs numeacuteriquement ou moins eacutetendu selon le principe de diffeacuterenciation logique quon voudra appliquer Comme il ny a pas de distinction sans hieacuterarchie implicite la seacuterie des Noms aura toujours le caracshytegravere dune chaicircne logique et cest en cela quelle est le modegravele de tout ordre cyclique

Dans le cas preacutesent le Maicirctre fait correspondre les 28 manshysions de la lune agrave autant de Nomes divins Dautre part ceuxshyci qui ont tous un caractegravere actif ou creacuteateur ont pour comshypleacutement ou comme objets directs un mecircme nombre de degreacutes cosmiques dont lenchaicircnement forme un deuxiegraveme cycle anashylogue La seacuterie de ces degreacutes cosmiques produits par la seacuteri_e des Noms divins va de la manifestation de lIntellect premier jusquagrave la creacuteation de lhomme Dans sa hieacuterarchie elle comshyprend aussi degreacutes cosmiques qui correspondent aux-diffeacuteshyrents cieux cest-agrave-dire au ciel du zodiaque au ciel des eacutetoiles fixes et aux sept cieux planeacutetaires Or ces degreacutes qui sont ici rapporteacutes agrave certaines reacutegions du zodiaque mesureacutees par des mansions lunaires doivent en reacutealiteacute ecirctre conccedilus en une sucshycession laquo verticaleraquo par rapport au cycle zodiacal et il faut bien comprendre quil y a dans cette attribution dune seacuterie de

degreacutes cosmiques aux laquo stationsraquo lunaires et par lagrave aux reacutegions zodiacales comme une projection dune hieacuterarchie laquo verticale gt sur un plan laquo horizontal raquo

Les noms divins repreacutesentent les essences deacuteterminantes des domaines cosmiques correspondants Quant agrave la production de ces domaines agrave partir de leurs deacuteterminations principielles elle est leffet de lExpir divin (an-naias al-ilacirchicirc) qui deacuteploie toutes les possibiliteacutes de manifestation impliqueacutees dans les terminations principielles des Noms Suivant un symbolisme agrave

fois verbal et figureacute les Noms divins se trovent avant la creacuteation du monde dans un eacutetat de resserrement divin (al-karb al-ilacirchicirc) et ils laquo demandentraquo alors leurs compleacutements creacuteeacutes jusquagrave ce que lEsprit divin les laquo soulageraquo (tanaffasa) en deacuteshyployant toute lampleur de leurs conseacutequences dautres tershymes degraves que lEtre conccediloit dans sa premiegravere auto-deacutetermination (tacircayyucircn) les distinctions prindpielles qui sont ses Noms ou ses qualiteacutes ceux-ci exigent leurs compleacutements logiques dont lensemble constituera le monde Cest lExpir divin qui laquo eacutetendraquo cet enchaicircnement logique en mode existentiel et il sidentifie sous ce rapport agrave la Substance premiegravere et agrave la Nashyture universelle Cest ainsi que nous pouvons reacutesumer en quelshyques mots la theacuteorie de lExpir divin theacuteorie qui rend compte de la correspondance symbolique qui relie entre eux le cycle des Noms divins celui des degreacutes cosmiques et celui des 28 sons de lalphabet arabe les degreacutes cosmiques eacutetant les deacutetershyminations de lExpir universel et macrocosmique et les 28 sons ceux de lexpir humain et microcosmique les sons du langage sont porteacutes par lexpir physique comme les degreacutes cosmiques sont laquo porteacutesraquo par 1laquo expansionraquo divine Nous avons expliqueacute plus haut la raison de lanalogie qui rattache ces 28 sons agrave la sphegravere lunaire

Le Maicirctre fait remarquer que la hieacuterarchie des degreacutes coshy

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quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

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Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

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ARCHEgrave MILANO

1974

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Page 20: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

quil eacutenumegravere suivant lordre des mansions lunaires ne doit pas ecirctre comprise comme une seacuterie de productions sucshycessives mais comme une eacutechelle deacutefinitive de degreacutes dexistenshyce car lordre de production ne correspond pas agrave la hieacuterarchie deacutefinitive il est inverse suivant quil sagit des r1CY ~c stence universelle et informelle ou des degreacutes infeacuterieurs au ciel des eacutetoiles fixes cest-agrave-dire des degreacutes du monde individuel et cela se comprend aiseacutement vu que la production des eacutetats

ne peut ecirctre conccedilue que dune faccedilon purement loshygique dans le sens dune diffeacuterenciation essentielle agrave partir de luniteacute de lEtre la production des mondes formels et indivishyduels par contre sera neacutecessairement envisageacute sous le rapport de leur reacutealiteacute substantielle voire laquo mateacuterielleraquo donc comme une eacuteclosion de formes et deacutetats dexistence agrave partir de la potentialiteacute dune materia indiffeacuterencieacutee qui se situe en raison de sa passiviteacute teacuteneacutebreuse au degreacute infeacuterieur dtme eacutechelle ascendant deacutetats dexistence Il reacutesulte dailleurs de ceci que

ontologique de la matiegravere premiegravere ou de la substance plastique dun ensemble de manifestations peut ecirctre conccedilu et repreacutesenteacute de diffeacuterentes faccedilons soit quon la considegravere comme le premier terme dune seacuterie de productions successives et quon

jouera le rocircle de

la situe au commencement de cette seacuterie parce que toutes entiteacutes suivantes prennent delle leur substance quon lui assigne le dernier ougrave

ou de lancre dans

double situation hieacuterarchique de la matiegravere premiegravere

ou de la substance passive sexprime dans le rang quoccupe dans le scheacutema cosmologique que nous eacutetudierons le principe que Mohyiddicircn ibn Arabi nomme al-jawhar al-habacirciuml ce qui correspond agrave la matiegravere premiegravere - ou encore al-hayucirclacirc) terme arabe pour laquo hylecirc raquo Le Maicirctre eacutecrit que cette

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tient ici le quatriegraveme rang parce quelle est la preacutemisse neacutecesshysaire du degreacute suivant assigneacute au laquo corps universel raquo substance secondaire qui remplit laquo lespaceraquo intelligible comme leacutether - ou lakacircsha de la doctrine hindoue remplit lespace senshysible Cest sous ce rapport cest-agrave-dire comme origine immeacuteshydiate du laquo corps universel raquo que la cosmologie conccediloit geacuteneacuterashylement la reacutealiteacute de la matiegravere premiegravere Cependant selon son sens le plus profond celui quexpose Mohyiddicircn ibn Arabicirc la matiegravere premiegravere conccedilue comme la substance universelle qui est le support de toutes les deacuteterminations principielles devrait ecirctre repreacutesenteacutee en dehors de cette succession hieacuterarchique car

est soit supeacuterieure soit infeacuterieure agrave tous les autres degreacutes agrave linteacuterieur de la hieacuterarchie est neacuteanmoins justifieacute quelle repreacutesente le dernier terme du premier quashy

ternaire qui reacutesume agrave lui seul toute lExistence universelle lAme universelle (an-Nais al-Kulliyah) qui occupe le deuxiegraveme rang est en quelque sorte une reacutesultante de laction de lIntelshylect premier (al-Aql) sur la Substance premiegravere (al-Habacirc) et la Nature universelle (at-Tabicircah) qui se situe au troisiegraveme apparaicirct comme une modification de cette substance Dautre part la Matiegravere premiegravere (al-jawhar est attribueacutee au

laquo Le Dernierraquo (al-Akhir) qui la laquo faculteacuteraquo divine decirctre le laquodernierraquo sans ulteacuterioriteacute temporelle ou decirctre 1laquo autreraquo sans alteacuteriteacute essentielle ce sens correspond de toute eacutevidence agrave la fonction de la substance passive qui est la racine indeacutefinissable de toute manifestation

Cette explication du rang hieacuterarchique de la Matiegravere preshymiegravere a eacuteteacute neacutecessaire pour indiquer comment on doit envishysager la succession des degreacutes cosmiques Pour ce qui est des autres termes de cette mecircme hieacuterarchie leur explication nous

au delagrave du cadre de la preacutesente eacutetude nous nous bornerons donc agrave indiquer quelques distinctions geacuteneacuterales OnJ

1 45

remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

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middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

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Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

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ARCHEgrave MILANO

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remarquera que le cycle des Noms des degreacutes cosmiques et des mansions lunaires peut ecirctre diviseacute en quartiers dont chacun comprend sept mansions et correspond agrave un ensemble deacutefini de degreacutes dexistence le premier quartier symbolise le monde des principes ou lensemble des degreacutes divins ce quartier se tershymine symboliquement au solstice deacuteteacute et par le degreacute du laquo trocircshyne raquo divin qui est le compleacutement du Nom divin Al-Muhicirct laquo Ceshylui qui englobe raquo et le modegravele de la lettre qaf signe du pocircle et nom de la montagne polaire que les Hindous appellent Merucirc et ajouterons-nous il y a lagrave comme une image verbale du fait que le laquo trocircneraquo divin est agrave la fois la sphegravere qui englobe tout et le pocircle autour duquel evolue la circumambulation des anges Les deux quartiers suivants symbolisent tout le monde formel mais sous le seul rapport de lexistence laquo eacuteleacutementaire raquo et direcshyte de chacun de ses degreacutes car cest le dernier quartier du cycle qui repreacutesente la hieacuterarchie des ecirctres composeacutes cest-agrave-dire des ecirctres dont la forme relegraveve dune synthegravese de plusieurs degreacutes dexistence Les deux quartiers moyens constituent donc un seul laquo monde raquo mais ils peuvent ecirctre diviseacutes par rapport au centre de ce monde ce centre eacutetant le sphegravere du soleil qui est le laquo cœur du monde raquo et qui se trouve ici en rapport danaloshygie avec leacutequinoxe dautomne

Le monde laquointermeacutediaire raquo comprend les sept cieux plashyneacutetaires et leur attribution agrave un mecircme nombre de Noms dishyvins indique avec preacutecision les principes cosmiques dont les rythmes planeacutetaires sont lexpression Le ciel de Saturne est attribueacute au Nom divin Ar-Rabb laquo Le Seigneur raquo dont la signishyfication implique une relation reacuteciproque car un ecirctre na quashyliteacute de seigneur que par rapport agrave un serviteur et le serviteur nest tel que par rapport agrave un seigneur pour lecirctre creacuteeacute cette relation a un caractegravere neacutecessaire etinchangeable alors que les autres qualiteacutes divines peuvent en quelque sorte varier de

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couleur par rapport agrave lindividu Le ciel de Jupiter est le compleacutement du Nom divin Al-Alicircm laquo Le Savant ) ou laquoConshynaissant gt Mars correspond au nom divin Al-Qacirchir laquo Le Vainshyqueur) oulaquo Dompteur raquo Jupiter reacutegit donc la faculteacute intellectuelle et Mars la faculteacute volitive Le Soleil est analogue au Nom divin An-Nucircr laquo La Lumiegravere alors que la lune corshy jrespond au nom Al-Mubicircn laquo LApparentraquo ou laquo LEvident raquo le Soleil symbolise le principe mecircme de lIntellect tandis que la Lune repreacutesentera la manifestation il y a entre ces deux Noms le mecircme rapport quentre laquo veacuteriteacuteraquo et laquopreuve raquo ou entre laquo reacuteveacutelation gt et laquo commentaire raquo Veacutenus est attribueacutee au Nom divin Al-Muccedilawwir laquoCelui qui forme gt mot qui deacutesigne eacutegalement le peintre et le sculpteur et dont le femshyminin deacutesigne la faculteacute imaginative Quant agrave Mercure il est lanalogue du Nom divin Al-Muhccedilicirc laquoCelui qui compte gt

dont la signification se rapporte au nombre et agrave la cannaissanshyce distinctive (1)

Les deux quartiers moyens du cycle symboliseacutes par lheacuteshymicycle zodiacal compris entre le solstice deacuteteacute et le solstice dhiver englobent toute la hieacuterarchie des sphegraveres ceacutelestes agraveIl

l

1 partir du laquotrocircne divin dans un ordre descendant et cet 1 heacutemicycle correspond effectivement agrave la phase descendante

du parcours solaire La derniegravere mansion avant le solsticeIl 1 dhiver est attribueacutee agrave leacuteleacutement terre le point mecircme du

solstice symbolise donc le centre de graviteacute le point le plus bas qui serait le rang de la matiegravere passive du monde main - non de la matiegravere premiegravere de tout lunivers car ce centre de graviteacute nest le point le plus bas que par rapport au monde des hommes A partir de ce point sens de

1 Il agit dune perspective autre que celle qui envisage les fonctions proshy~h+~M en leurs correspondances avec les sept planegravetes ~

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v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

0

Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 22: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

v

Les directions de lespace sont un symbole particuliegraverement adeacutequat pour la nature des Qualiteacutes divines Comme ces Quashyliteacutes qui sont les premiegraveres deacuteterminations de lEtre les difections de lespace sont en une multitude ineacutepuisable on ne peut dailleurs les concevoir comme une multitude que parce que chaque direction est en elle-mecircme parfaitement deacutetermineacutee sa raison decirctre eacutetant preacuteciseacutement la singulariteacute de sa deacutetermination De mecircme que pour les Qualiteacutes Divines lensemble des directions de lespace ne peut pas ecirctre deacutefini et la sphegravere illimiteacutee forme logique de leur rayonnement extrecircshyme nest quun symbole qui simpose agrave lesprit sans quon sashyche la prouver Quil sagisse des Qualiteacutes divines ou des dishyrections de lespace degraves que lune dentre-elles est laquo nommeacutee raquo les autres peuvent ecirctre deacutefinies par leurs rapports agrave celle-ci ce qui est un aspect de luniciteacute de lExistence

Lorsquon precircte une image aux Qualiteacutes divines le centre de leur rayonnement doit ecirctre identifieacute au Principe incondishytionneacute Quant aux directions de lespace ceacuteleste leur centre est lecirctre humain - ou chaque ecirctre humain se trouvant sur terre - sans que cela implique une pluraliteacute de centres comshyme mous lavons deacutejagrave expliqueacute Il y a donc une analogie inverse

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entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

59 58

agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

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Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

r

ARCHEgrave MILANO

1974

-

l_middot ~

Page 23: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

l a

entre limage logique des Qualiteacutes divines et les directions de lespace ceacuteleste En principe cest lEsprit preacutesent dans lhomshyme qui est agrave la fois le centre divin dougrave rayonnent les qualiteacutes de lespace et la sphegravere-limite qui les syntheacutetise mais en fait lesprit humain subit les rayons convergents de la vOllte ceacuteleste car lhomme neacutetant pas actuellement identifieacute agrave son centre increacuteeacute subit la totaliteacute de lEsprit comme une reacutealiteacute ou comme un destin exteacuterieur agrave lui Cest ainsi que le ciel reacuteagit sur lexshycentriciteacute relative de la nature individuelle excentriciteacute qui se~prime symholiquement par la situation des directions laquo sub jectives raquo de lespace au moment de la naissance

Un faisceau de directions ou de qualiteacutes peut toujours ecirctre remplaceacute par une seule qui en est en quelque sorte la reacutesultante cepend~nt cette reacutesultante ne se preacutesente pas comme une somshyme ou comme un meacutelange des directions ou des qualiteacutes quelle reacutesume car tout en eacutetant une synthegravese de celles-ci elle est aussi quelque chose dunique puisque la singulariteacute de deacutetershymination constitue le caractegravere essentiel de chaque direction elle implique donc une qualiteacute nouvelle que la somme des qualiteacutes preacuteceacutedentes ne saurait exprimer

Cette loi qui est pleine de conseacutequences cosmologiques doit aussi ecirctre appliqueacutee agrave la combinaison des natures de plushysieurs mansions lunaires dans un seul signe zodiacal Chaque mansion lunaire repreacutesente un faisceau de directions de lespace ceacuteleste dont la synthegravese correspond symboliquement agrave une Qualiteacute divine Ces faisceaux tombent dune maniegravere ineacutegale sur les douze reacutegions du zodiaque de telle faccedilon que chaque signe zodiacal comprend soit deux mansions entiegraveres et un tiers de mansion soit une seule mansion entiegravere et de chaque cocircte de celle-ci deux tiers On appelle les signes de la premiegravere cateacutegorie des signes laquo pursraquo et ceux de la deuxiegraveme des laquo meacuteshylangeacutes raquo Or selon Mohyiddicircn ibn Arabicirc les qualiteacutes des manshy

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sions fractionneacutees se combinent dune part avec celles de fracshytions compleacutementaires dautres mansions contenues dans le mecircme signe constituant avec celles-ci des reacutesultantes nouvelles et elles concourent gracircce agrave leurs qualiteacutes originales en mecircme temps quagrave leurs reacutesultantes nouvelles agrave la constitution de la synthegravese qui exprime la nature qualitative du signe zodiacal en question

Cette synthegravese dit Mohyiddicircn ibn Arabicirc est le modegravele cosmique de toute deacuteduction logique celle-ci ayant toujours la forme de deux preacutemisses fondeacutees sur deux couples de termes a=b et b=c) dont le terme moyen b constitue la liaison par la quelle sopegravere la synthegravese a=c

Les qualiteacutes des mansions lunaires explique-t-il confegraverent agrave chaque signe zodiacal sept aspects auxquels sajoutent trois aspects inheacuterents agrave ce signe - et deacuteployeacutes par ailleurs dans son trigone - ce qui fait dix aspects qui sont agrave multiplier par leur 1Jriple rapport avec les trois principaux degreacutes dexistenshyce (1)

Le monde dit le maicirctre consiste dans luniteacute de lunifieacute (ahadiyat-al-majmucirc) raquo tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique (ahadiyat-al-Wacirchid) Mais luniciteacute se reflegravete agrave linteacuterieur du multiple unifieacute dans la singulariteacute de chaque reacutesultante comme nous venons de la voir agrave propos de la synthegravese des directiOins de lespace ainsi un enfant repreacuteshysente la synthegravese des natures du pegravere et de la megravere mais il est en mecircme temps un ecirctre unique et nouveau et cest son uniciteacute qui est sa veacuteritable raison decirctre Dune faccedilon geacuteneacuterale toute paNie singuliegravere du cosmos comporte agrave la fois un aspect relatif

1 Il reacutesulte de cette multiplication 30 aspects pour chaque signe ce qui fait 360 pour tout le zodiaque nombre de la division courante du cercle en degreacutes

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-~I~

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

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tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

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1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

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Titus BurclJmrilt

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Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

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ARCHEgrave MILANO

1974

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Page 24: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

selon lequel elle se preacutesente comme une combinaison de plushysieurs eacuteleacutements preacuteexistants et un aspect unique qui est en quelque sorte sa face tourneacutee vers son Principe eacuteternel et qui correspond selon son sens le plus reacuteel agrave ce que cette chose ou cet ecirctre est dans la Science divine (2)

Chaque eacuteleacutement dun ensemble cosmique est autre par ce quil repreacutesente en lui-mecircme et autre par ce quil apporte agrave une synthegravese En outre chaque reacutesultante dune synthegravese nest pas seulement deacutetermineacutee par ses composantes mais elle deacuteshytermine agrave son tour cel1es~i en raison de ce quelle comporte dunique De ce fait chaque domaine cosmique est comparable agrave un tissu de relations ougrave chaque croisement de lignes est en mecircme temps un centre et une partie de lensemble (1)

Il reacutesulte de ceci pour lastrologie en tant quart que ses proceacutedeacutes ont dune part le caractegravere dune deacuteduction exacte ou dun calcul et quils supposent daunre part une intuition laquo den hautraquo qui deacutecegravele la qualiteacute unique de chaque nouvelle forme naissante des combinaisons Tandis que la deacuteduction ou la combinaison est sustantielle ou laquohorizontale raquo la reconnaisshysance de luniciteacute de chaque reacutesultante est essentielle ou laquo vershy

_ ticale raquo Dans toute opeacuteration dun art traditionnel comme lastrologie il intervient donc une inspiration plus ou moins directe et qui deacutepend geacuteneacuteralement dune participation agrave unel influence spirituelle Il ny a dailleurs pas de science vraiment laquo exacteraquo sans une telle intervention laquo verticale raquo et ceci en raison du double aspect de chaque forme existante ccedilomme nous venons de lexpliquer Dautre part les combinaisons deacuteshy

2 Sur le diffeacuterence de laspect essentiel et de laspect substantiel dun ecirctre voir aussi Jarticle de Reneacute Gueacutenon Lecirctre et le milieu dans Le Voile dIsis deacutec 1935

1 Les reacuteseaux geacuteometriques de lornementation de lart arabe peuvent tous ecirctre consideacutereacutes comme des symboles de cette uniciteacute du cosmos

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ductives dune science cosmologique telle que lastrologie proshyduisent une foule de potentialiteacutes symboliques qui sont sushysceptibles dattirer des laquo inspirationsraquo dordres tregraves diffeacuterents ceci est notamment le cas pour tout ce qui relegraveve de lart dishyvinatoire qui peut toujours dans la mesure ougrave il est inteacuteresseacute attirer des interfeacuterences insidieuses En dautres termes lhom- ( me ne peut retirer le voile de son ignorance que par quelque chose qui transcende sa volonteacute individuelle pour la curiositeacute individuelle tout laquo oracleraquo reste eacutequivoque et peut mecircme renshyforcer lerreur qui constitue le piegravege fatal de telle destineacutee

Traitant de la superposition des parties du zodiaque aux mansions lunaires Mohyiddicircn ibn Arabicirc remarque quune laquo tour raquo zodiacale doit neacutecessairement reacuteunir en elle agrave la fois un nomble entier et un nombre fractionnaire de mansions laquo sans quoi la croissance et la diminution napparaicirctraient pas dans le monde du devenir raquo Cette remarque contient une allushysion agrave une loi qui saffirme dans les rapports mutuels de tous les cycles cosmiques et notamment dans les rapports entre les cycles du soleil et de la lune car non seulement les mansions lunaires ne sont pas entiegraverement contenues dans les parties du zodiaque mais encore le parcours annuel du soleil ne coiumlncide-tshyil pas avec un nombre entier de cycles lunaires ainsi quil est dit dans le Qoran (sucircrat Ya Sicircn) laquo Il nest pas permis au soleil datteindre la lune ni agrave la nuit de deacutepasser le jour mais chacun plane dans une propre sphegravere raquo Si le soleil atteignait la lune cest-agrave-dire si un rythme complet de reacutevolutions lunaires pouvait ecirctre contenu dans un cycle solaire de faccedilon agrave ce que leacutevolution de leurs rapports reacuteciproques revienne au point de deacutepart leur cycle commun serait acheveacute leur manifestation se reacutesorberait dans la non-manifestation laquoLa nuit deacutepasserait le jour raquo

Il faut aussi quil y ait dans une certaine mesure reacutepeacutetishy

55

tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

56

leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

57

riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

59 58

agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

lt

1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

l

middotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotmiddotbimiddotjj iyj)UumlHiil iijjiiHl ii itUumlli i~lWtj

Titus BurclJmrilt

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Cleacute spirituelle de -

LAstrologie Musulman

dapregraves Mohyiddicircn Ibn Arabi

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ARCHEgrave MILANO

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Page 25: 70656764 Cle Spirituelle de L Astrologie Musulmane d Apres Mohyiddin Ibn Arabi

tion dans des intervalles de 18 ans les positions reacuteciproques du soleil et de la lune parcourent en effet les mecircmes cycles mais ceux-ci sont tisseacutes dans lensemble du monde planeacutetaire et se situent selon des proportions nouvelles par rapport aux autres astres

Ce qui sexprime dans cette superposition de rythmes cest dune part que tout cycle de manifestation comporte une reshylative reacutepeacutetition puisquil est fait dimages dun mecircme archeacuteshytype laquo polaire raquo images qui sont neacutecessairegravement analogues enshytre elles mais dautre part il ne comporte aucune reacutepeacutetition effective puisque lessence creacuteative de larcheacutetype ne saurait jamais ecirctre eacutepuiseacute par ses images ou symboles Lanalogie est la trace de lUniteacute et le caractegravere ineacutepuisable est le reflet de linfiniteacute du Principe

Cette loi de non-reacutepeacutetition qui veut quaucun cycle cosmique ne se referme sur lui-mecircme sexprime aussi en quelshyque sorte aux extrecircmes limites du monde sensible dans la preacuteshycession des eacutequinoxes qui fait que points-dintersection du cycle solaire avec leacutequateur ceacuteleste effectuent par rapport au ciel des eacutetoiles fixes une reacutevolution entiegravere en une peacuteriode denshyviron 26000 ans dougrave reacutesulte le deacutecalage actuel entre les sishygnes ou divisions du zodiaque et les douze constellations qui portent les mecircmes noms - Nous avons deacutejagrave montreacute que la diffeacuterenciation qualitative des reacutegions ou directions ceacutelestes qui sexprime dans la division du zodiaque procegravede des quanre termes constants du cycle solaire les eacutequinoxes et les so13tices et quil est donc impropre de dire - comme le font certains astrologues modernes - que leacutequinoxe de printemps se deacuteshyplace du signe du Beacutelier au signe du Verseau puisque les signes se comptent invariablement agrave partir du point vernal Par COTIshy

tre on peut dire que la constellation du Beacutelier sest deacuteplaceacutee vers le signe du Taureau ou que le point vernal cest-agrave-dire

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leacutequinoxe de printemps sest deacuteplaceacute de la constellation Beacutelier agrave celle des Poissons et lon doit supposer que le changeshyment des rapports entre ces deux deux suprecircmes celui des laquo toursraquo zodiacales et celui des eacutetoiles a modifieacute dune certaine faccedilon ce quon peut appeler laquo linfluence du ciel raquo Ceshypendant nous manquons de toute mesure spatiale pour deacutetershy

les contenus de ce grand cycle extrecircme qui se traduit dans la preacutecession des eacutequinoxes car nous nen connaissons ni le commencement ni la fin et si nous faisons abstraction des termes constants du cycle solaire les qualiteacutes des reacutegions ceacuteshylestes deviennent complegravetement indeacutefinissables (1) En effet le principe de distinction qui mesure lespace ceacuteleste est essenmiddot tiellement solaire cest par la reacutevolution du soleil que sopegravere la diffeacuterenciation qualitative des directions qui rayonnent invashy

1 Il nous faut reacutepondre 1 lobjectIcircon quon pourrait tirer du fait que astrologie hindoue semble remOl1te aux mecircmes

ne se pas pour hl deacutetermIcircnation des positions planeacutetaires agrave la division actuelle du zodiaque agrave partir de leacutequinoxe de printemps (le vernal) mais aux douze constellations de la sphegravere des eacutetoiles fixes Il serait erroneacute de conclure de ceci que selon tel point de vue traditionnel la division du Zodiaque serait indeacutependante des points cardinaux du cycle solaire les

trologues hindous se reacutefegraverent simplement dans leur divi sion des reacutegions agrave une certaine date cyclique qui se marque par la coiumlncidence des

douze constellations avec les douze zodiacaux synonymes et ils opegraverent en cela dune faccedilon analogue agrave celIe qui rapporte tous les mouvements neacutetaires seffectuant au cours dune vie individuelle agrave la position initiale ciel lors du moment de la naissance Dun autre cocircteacute le point de vue de lastrologie hindoue correspond bien agrave la tendance mythologique de la civilisation hindoue alors que lastrologie arabe se caracteacuterise par son esprit

nous voulons dire que les hindous ont spontaneacutement la tendance de ft diviser les pour les dissoudre dans lassentiment de lInfini tandis que lesprit dIslam qui deacutetermine lastrologie deacuteduit tout de lideacutee de lUniteacute divine Quant agrave la date de coiumlncidence des deux zodiamiddot ques date se situe aux environs de lan 400 l-C elle doit neacutecesshysairement correspondre agrave une renaissance du symbolisme astrologique mecircme

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

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1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

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riablement du centre terrestre et humain et qui deacutefinissent les reacutegions de la voucircte du ciel-limite cycle solaire est donc lexshypression directe de lActe divin qui ordonne le chaos Par conshytre la sphegravere des eacutetoiles dont linnombrable multitude est comme une image dautant de germes lumineux isoleacutes dans les teacutenegravebres et susceptibles dentrer en relations mutuelles non encore manifesteacutees - symbolise par rapport agrave la sphegravere zoshydiacale la potentialiteacute cosmique qui ne saurait jamais seacutepuiser et qui se soustrait agrave toute deacutefinition intelligible - Ainsi nous ne pouvons pas distinguer les qualiteacutes propres de la sphegravere des eacutetoiles fixes dont nous voyons pourtant les traces alors que nous connaissons les qualiteacutes de la sphegravere sans eacutetoiles que nous ne voyons pas Il y en ceci une signification profonde nous pouvons en effet connaicirctre le deacuteroulement du monde en prinshycipe mais nous ne connaissons pas toutes les potentialiteacutes laquo mateacuteriellesraquo que ce deacuterouloment eacutepuisera

Le cycle extrecircme qui se manifeste par la preacutecession des eacutequinoxes mais dont nous ne pouvons pas deacuteterminer les phases doit influencer lensemble du ciel par une successive preacutedominance de certaines qualiteacutes cosmiques ou divines Et puisque ce cycle majeur est comme le modegravele de tous les autres cycles qui lui sont subordonneacutes on peut lui attribuer par une transposition symbolique des contenus ou partitions analogues agrave celles dun cycle infeacuterieur Ainsi le Skeikh al-akbar attribue au cycle cosmique majeu1 des deacuteterminations quil deacutesigne par les noms signes zodiacaux et qui se suivent dans lordre du mouvement annuel du soleil ce qui montre bien quil ne sagit nullement du deacuteplacement du point vernal dans les constellashytions deacuteplacement qui se meut en sens inverse du mouvement solaire Dautre part le Maitre assigne aux laquo regravegnesraquo de ces

L

laquo signes ) majeurs des dureacutees successivemetnt deacutecroissantes Le Beacutelier regravegne pendant 12000 ans le Taureau pendant Il les Geacutemeaux pendant 10000 et les dureacutees deacutecroissent ainsi jusquau signe des Poissons dont le regravegne ne compte que 1000 ans Cette deacutecroissance prouve encore quil ne peut pas sagir de deacuteterminations spatiales comme celles qui divisent le zodiaque mais que les divisions zodiacales sont ici transposeacutees en raison dune analogie spirituelle en des deacuteterminations rement temporelles dun cycle dont la subdivision se soustrait agrave la mesure spatiale en effet tout cycle spatial se divise par symeacutetrie tandis quun cycle purement temporel se divise en raison de la contraction progressive du temps (1) Quant agrave la dureacutee effective des diffeacuterents laquo regravegnes raquo de ces laquo signes raquo mashyjeurs il ne faut peut-ecirctre voir dans les nombres danneacutees queacutees par Ibn Arabi que des chiffres tout symboliques Touteshyfois la somme de tous ces laquoregravegnesraquo eacutequivaut agrave la dureacutee de trois preacutecessions entiegraveres des eacutequinoxes - il faut toujours teshynir compte du fait que nous pouvons mesurer la dureacutee entiegravere dune preacutecession (eacutetant donneacute que nous en pouvons deacuteterminer

vitesse) sans que nous puissions en fixer les termes dans lespace Si lon se rapporte agrave la theacuteorie hindoue des cycles cosmiques et que lon compte pour le premier yuga de lactuel manvantacircra la dureacutee dune preacutecession entiegravere le manvantacircra eacutetant composeacute de quatre yugas deacutecroissant selon la proportion 4 3 2 1 devra comporter 65000 ans ce qui diffegravere dune demi-preacutecession de la somme de 78000 ans qui se deacuteduit du symbolisme indiqueacute par Ibn Arabt Ajoutons que le Skeikh alshyakbar Iremarque incidemment que le premier laquo signeraquo qui reacutegna sur le monde fut la Balance et que celle-ci dominait du nouveau

1 Cf le Le temps en espace dans Le regravegne de la quanmiddot temps de Gueacute1on

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

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1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

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agrave leacutepoque du prophegravete Mohamed (1) - Nous laisserons voshylontiers agrave dautres la tacircche de concilier ces diffeacuterentes donneacutees Par la consideacuteration de la preacutecession des eacutequinoxes nous toushychons neacutecessairement aux limites de lensemble cosmique qui se caracteacuterise par la coiumlncidence des deacuteterminations temporelles et spatiales dans le mouvement des astres Cet ensemble ne peut pas un systegraveme clos et degraves que nous consideacuterons ses limites nous manquons de mesures car le temps se mesure par le mouvement dans lespace Le monde visible est comme une figure parfaitement coheacuterente tisseacutee sur un fond glissant eacutechappe agrave notre prise

Pour terminer nous rappellerons une formule de Mohyidshydrn ibn Agtrabicirc que nous avons deacutejagrave citeacutee incidemment au cours de notre exposeacute et dont limportance cosmologique et meacutetashyphysique est tout agrave fait fondamentale laquoLe monde consiste dans luniteacute de lunifieacute tandis que lIndeacutependance divine reacuteside dans luniteacute de lUnique raquo

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1 Remarquons que le de la Balance nexiste pas dans les anciennes repreacutesentations du zodiaque Par contre les anciens Chinois naient le nom de Balance agrave lOurse polaire

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