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SOMMAIRE Copyright SOS PAPA 1999 50 F N° 35 - sept. 1999 - 3ème trimestre ISSN 1157-0040 MAGAZINE DROITS DES PERES ET DES ENFANTS SAUVEGARDE DES LIENS FAMILIAUX Pour des lois de progrès qui prennent en compte l’évolution sociologique de la famille, les intérêts réels de l’enfant et l’égalité des droits de chacun des parents. Des lois qui conduisent à l’apaisement des tensions de la séparation, qui retirent aux avocats le divorce par demande conjointe et qui imposent des limites à l’arbitraire des magistrats dans les procédures où l’obscurantisme social et le sexisme peuvent influer gravement sur les décisions. Edito : le fantasme punisseur - p. 3 Des pédophiles tranquilles - p. 4 Garde alternée : du nouveau - p. 4 Interview : Maître J.P. CUNY - p. 5 La pratique au-dessus des lois - p. 6 Bastion anti-père : la Cour de RENNES - p. 7 8ème Congrès SOS PAPA - p. 8 à 11 Interview : Islam et divorce - p. 13 Position nouvelle du VATICAN - p. 14 S S PAPA L ES MÈR E S P UZ Z LE p ag e 1 2

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Copyright SOS PAPA 1999

50 F N° 35 - sept. 1999 - 3ème trimestre ISSN 1157-0040

MAGAZINE

DROITS DES PERES ET DES ENFANTS

SAUVEGARDE DES LIENS FAMILIAUX

Pour des lois de progrès qui prennent encompte l’évolution sociologique de la famille,les intérêts réels de l’enfant et l’égalité desdroits de chacun des parents. Des lois quiconduisent à l’apaisement des tensions dela séparation, qui retirent aux avocats ledivorce par demande conjointe et quiimposent des limites à l’arbitraire desmagistr ats dans les procédures oùl’obscurantisme social et le sexisme peuventinfluer gravement sur les décisions.

Edito : le fantasme punisseur - p. 3Des pédophiles tranquilles - p. 4

Garde alternée : du nouveau - p. 4Interview : Maître J.P. CUNY - p. 5

La pratique au-dessus des lois - p. 6Bastion anti-père : la Cour de RENNES - p. 7

8ème Congrès SOS PAPA - p. 8 à 11Interview : Islam et divorce - p. 13

Position nouvelle du VATICAN - p. 14

S S PAPA

LES MÈRES “PUZZLE”page 12

DEMANDE D’ABONNEMENT(Ecrire en lettres d’imprimerie SVP)

A adresser avec votre règlement à : SOS PAPA Magazine - BP 49 - F 78231 LE PECQ Cedex

Nom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Profession . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . .

Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Situation familiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Nb enfants . . . . . . . .

Je m’abonne un an (4 Nos) : 180 F Veuillez me faire parvenir l’année complète 199 ... (120 F l’année)

SOS PAPA MagazineTrimestriel édité par SOS PAPA

(Association loi de 1901)34, rue du Président Wilson

B.P. 49F - 78231 LE PECQ Cedex (France)

( (33) 01 39 76 19 99FAX (33) 01 30 15 07 43

www.sospapa.netwww.sospapa.asso.fr

Directeur de publicationMichel Thizon

Secrétaires de rédactionJackie Rocca, Colette Loux

Ont collaboré à ce numéroJocelyne, Jean-Claude Guillebaud,

Marcel Dugeon, Me Franck Méjean,Me Jean-Pierre Cuny, Laurence,

Simon Dowdall, René Charmasson,Magali Pacary

(les articles signés n’engagent que leurs auteurs)

Maquette : Thizon Consultants

Imprimé par : MERCURE, Nanterre

Dépôt légal : 3ème trimestre 1999ISSN 1157 - 0040

Commission paritaire n° 76 312 AS

Michèle AGRAPART-DELMASChristine CASTELAIN-MEUNIER

Pierre CORETJean-Pierre CUNY

Geneviève DELAISIFranck MÉJEAN

Aldo NAOURIGérard NEYRAND

Christiane OLIVIERPascaline St-ARROMAN-PETROFF

Claude SARRAUTEIan J. STOCK

Evelyne SULLEROTMartine VALOT-FOREST

Psychocriminologue, expert européenSociologuePsychiatre, psychothérapeuteAvocat à la Cour de VersaillesPsychanalysteAvocat à la Cour de PerpignanMédecin pédiatreSociologuePsychanalysteAvocate à la Cour de ParisJournaliste éditorialiste, écrivainAvocat (Californie, USA)Sociologue, fondatrice planning familialAvocate à la Cour de Paris

Comité d’honneurde l’Association SOS PAPA Anny DUPEREY

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www.sospapa.asso.frPERMANENCE TELEPHONIQUE

du Siège Nationaldu lundi au vendredi, toute l’année, de 10 h à 17 h01 39 76 19 99 lignes groupées (enregistreur aux autres heures)

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Copyright SOS PAPA 2 SOS PAPA magazine, N° 35 - sept.1999

EDITO

Copyright SOS PAPA 3 SOS PAPA magazine, N° 35 - sept.1999

Ces péripéties ne font pas -ou plus- beaucoupde bruit. Les médias s’intéressent à autrechose. On est passé du tintamarre au silence.Mais dans la réalité quotidienne, les chosessuivent leur cours. Et parfois de manière ef-farante. Je parle ici de cette quasi-obsessionayant saisi la société dans son ensemble ausujet de la pédophilie. Je pense à ce fantasmepunisseur, légitime dans son principe, maisaberrant dans son dérapage, qui fait naître unpeu partout des prétendues «affaires» et pro-cédures. Qu’il nous suffise d’ouvrir les yeuxet de prêter l’oreille. On est sidéré de voir àquel point cette lutte antipédophile à été peuà peu dévoyée, disons à l’américaine.

Parents qui accusent lors des procédures dedivorce, professeurs ou instituteurs, que desgamins font chanter, parents cupides en quêtede bénéfices, chefs d’établissement désempa-rés, policiers rudoyant leurs «suspects», juged’instruction métamorphosé en justicier dewestern. C’est fou ! Au bout de ces dérapa-ges, il y a souvent des hommes brisés à toutjamais, des soupçons indélébiles, des suici-des…

Reprenons posément les données du pro-blème. Pendant des décennies, c’est vrai, laviolence sexuelle exercée contre les enfants(qu’elle soit ou non incestueuse) a été ense-velie dans le silence et l’hypocrisie. On n’enparlait pas. C’était le secret des secrets. Pireencore : le «climat» post-soixante-huitard

LE FANTASME PUNISSEURComment la lutte antipédophile a été peu à peu dévoyée

conduisait à minimiser la gravité de ces agres-sions sexuelles. Des crétins dans le vent al-laient jusqu’à vanter la permissivité en ce do-maine, sans que cela suscite beaucoup de pro-testations. Je pense à ces écrivains qui exal-taient dans les colonnes du quotidien «Libé-ration» ce qu’ils appelaient «l’aventure pé-dophile». Et pendant ce temps, des hommeset des femmes gardaient cette souffrance en-fouie au fond d’eux-mêmes ; une souffrancequi avait saccagé leur enfance. Dans les fa-milles, de lourds secrets indicibles mijotaient.

Voici quelques années, heureusement, tout achangé. On at r ou vé le cou-rage de r e g a r -der la r é al i t éen face. On a osép a r l e r de ceschoses. On a entrepris de lutter, à visage dé-couvert, contre ces violences. On a redécou-vert, en somme, que tout ne pouvait pas êtrepermis sur le terrain du sexe et qu’un crimerestait un crime. Surtout lorsqu’il visait unenfant. Ce rééquilibrage était indispensable.Cette dénonciation était évidemment fondée.

Le problème, c’est qu’on est passé sans tran-sition d’un excès à l’autre. A l’indifférencecoupable, voire à la complaisance, «branchée»des années post-soixante-huitardes, a succédéune obsession quasi paranoïaque. On s’est misà voir des pédophiles ou des incestes partout.

Le souci (justifié) de prendre en compte lasouffrance des enfants conduit parfois à prê-ter crédit à n’importe qu’elle affabulation.Quant au lourd appareil judiciaire, il se metsouvent en marche sans précautions, sans tactet sans discrétion. L’horreur nouvelle qu’ins-pire -légitimement- la pédophilie débouche surdes brutalités psychologiques insensées. Quel’on songe à ces enseignants qui, suite à unesimple rumeur accusatrice, voient débarquerles gendarmes dans la cour du collège.

Qu’ils soient, par la suite, innocentés ne chan-gera rien aux dégâts -irréparables- qui sontalors provoqués.

Ainsi s’installe peu à peu dans les écoles, dansles familles, dans les quartiers, un climat soup-çonneux. Il paraîtra bientôt impossible -cartrop dangereux- qu’un prof dialogue en tête-à-tête avec un de ses élèves. C’est déjà le casaux Etats-Unis où aucun enseignant, mêmeen Fac, n’accepte plus de recevoir un élèvedans son bureau, porte fermée. En matièrecivile, les avocats sont effrayés de voir les ac-cusations d’inceste devenir monnaie couranteentre époux qui divorcent. On s’accuse pourse détruire. Et cette accusation là, si l’on peutdire, est «à la mode». Il y a là une violenceemblématique. Elle signale un débousso-lement général.

Il paraît urgent de recouvrer la raison. Et lecalme. Est-ce trop demander ?

Madame la Ministre,

Je tiens à vous remercier de l’écoute que vousm’avez accordée après votre allocution au Con-grès des Notaires, à Marseille, même si notreéchange fût bref. (…)

Je vous prie de bien vouloir prendre connaissancedu communiqué de SOS PAPA relatif aux “ allé-gations mensongères d’abus sexuels ” (communi-qué dans la presse au mois de mai 1999). *

Outre les souffrances engendrées et les conséquen-ces dramatiques, nous sommes inquiets que de telsexcès d’accusations, qui n’ont pas été régulés enleur temps, finissent par créer une confusion :

entre la pédophilie et l’amour paternel naturelet normal envers son enfant, confusion que nousdécelons depuis peu dans l’esprit de certains ac-teurs des structures sociales, éducatives et para-éducatives ;

entre une majorité de pères injustement accu-sés et de vrais coupables d’inceste qui vont trou-ver une protection de fait au sein d’un système

médico-social perverti et incompétent, débordé parles fausses affaires qu’il a incité depuis 3 ans.

Pensez-vous qu’il soit possible de mettre en oeuvrenos propositions rapidement ?

- produire un pré-rapport psychologique dans undélai de 15 jours ;

- exiger que l’enfant soit entendu également enprésence de son père comme il l’est toujours enprésence de sa mère ;

- examiner attentivement la chronologie des évé-nements du divorce et les tentatives antérieures denon-présentation d’enfant par la mère ;

- engager une thérapie standard, préventive, systé-matique et immédiate pour tous les intéressés ;

- mais ne pas supprimer gravement les droits devisite du père sans élément de preuve tangible éta-blie ;- préférer, si besoin est ou si doute fort subsiste,des tierces personnes accompagnant l’enfantauprès du père, plutôt que les points-rencontre quiont failli totalement à leur mission.Je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’ex-pression de ma très haute considération.

Michel THIZON, Président

Lettre à Elisabeth GUIGOU, Garde des Sceaux, Ministre de la justiceMadame la Ministre de la Justice13, place Vendôme - 75001 Paris

Le Pecq, le 8 juillet 1999

ParJean-Claude

GUILLEBAUDjounaliste au Journal

du Sud-Ouest

SOS PAPA - Pays de LoireNouvelle implantation

SOS PAPA s’est implantée cet été àNANTES.La nouvelle délégation, animée par AlainEtienne, va permettre la mobilisationefficace des pères autour de tribunauxcaractérisés depuis longtemps par leurdiscrimination anti-père.

02 40 33 87 87* Voir à ce sujet SOS PAPA Magazine n° 34, p.11

LA RÉSIDENCE ALTERNÉEÀ NOUVEAU POSSIBLE

LA PAROLEDE L’ENFANT

Copyright SOS PAPA 4 SOS PAPA magazine, N° 35 - sept. 1999

Ségolène ROYAL, Ministre déléguée, chargéede l’enseignement scolaire, avait été audition-née par la Commission d’enquête sur les droitsde l’enfant de l’Assemblée nationale, Commis-sion présidée par M. Fabius. Elle déclarait cecilors de la séance du 29 janvier 1998 :« Le premier problème auquel je me suis attaquéeest celui de la pédophilie au sein des établissementsscolaires, en essayant de briser la loi du silence,qui a trop longtemps étouffé la parole de l’enfant(...)En cas de révélation directe par un enfant, la con-signe est désormais très claire : le fonctionnaire quia recueilli la parole de l’enfant doit immédiate-ment en aviser le procureur de la République sansse livrer à une quelconque évaluation. En revan-che, dans les cas où il n’y a quedes soupçons, des témoignagesindirects ou une rumeur, j’aimis en place, dans chaque dé-partement, un centre de ressour-ces composé de représentantsde l’administration, médecins,assistantes sociales et psycho-logues, dont le rôle est de sou-tenir la communauté éducativetouchée, afin de déterminer les suites judiciairesqu’il convient d’y apporter (...)Aujourd’hui, nous recevons un signalement parjour (...) Nous exigeons des inspecteurs d’acadé-mie et des recteurs qu’ils nous signalent tous lesfaits concernant les mœurs.

Si la pédophilie est désormais traquée dans l’Education nationale, il enest tout autrement dans les services de protection de l’enfance

DES PEDOPHILES TRANQUILLESDES PEDOPHILES TRANQUILLES

(...) Il y a trois cents affaires en cours dans le pri-maire et quarante-cinq dans le secondaire. Ces af-faires durent parfois depuis plusieurs années.Aujourd’hui, le nombre des affaires a augmenté,puisque l’on nous signale un cas par jour (...)Dans le domaine de la protection de l’enfance, ungros travail reste à faire. J’ai demandé que l’onaccorde une attention particulière aux enfants quiont été placés, c’est-à-dire à ceux qui n’ont pas deparents à qui parler.Tout le travail qui a été fait dans l’éducation resteà faire dans le domaine de la protection sociale enFrance, notamment dans les foyers, car, en l’ab-sence de familles permettant de faire prendre enconsidération la parole de l’enfant, la chape de si-lence qui entoure les cas de maltraitance y est plusépaisse qu’ailleurs.»

Depuis un an et demi, aucunenouvelle.

Pas de mises en cause d’acteurssociaux ou judiciaires relayéespar les média, pas de scandaledans le milieu (très fermé) desenfants placés, aucune suiteconnue non plus au scandale des

magistrats qui fréquentaient un réseau télématiquepédophile...

Une seule question : Sont-ce les mêmes acteursqui s’acharnent sur les pères séparés ou divorcéspour détourner l’attention ?

Marcel Dugeon

Selon un rapport del’INSERM*, un enfantdélinquant sur deux est

issu d’une famille dissociée* (Institut National d’Etudes et de Recher- ches Médicales)

« Tout le travail qui a étéfait dans l’éducationreste à faire dans le do-maine de la protectionsociale en France » S.G.

LA PAROLEDE L’ENFANT

On a lu ou entendu dernièrement desdéclarations péremptoires (Journal LeMonde, Pascal Vivet du COFRADE à latélé chez Delarue,...) qui faisaient état dela vérité absolue de la parole de l’enfantque s’accorderaient à reconnaître “tousles spécialistes”.La confusion n’est pas acceptable entrela Sincérité de l’enfant et la Vérité(l’enfant ne se tromperait jamais et diraitla Vérité). Oui, le très jeune enfant estSincère dans ce qu’il dit. Même s’il nemaîtrise pas le langage et ne comprendpas le sens des mots, même si cela lui aété induit, volontairement ou involontai-rement, par manipulation autant que parquestions inductrices des réponsesattendues. Ce n’est pas pour cela que c’estla VÉRITÉ. Il faut toujours rechercher lavérité avec intelligence et prudence.Que cachent ces positions publiques ?

La Cour d’appel de NIMES avait été, en 1982, lapremière à imposer la garde alternée dans un ca-dre contentieux, considérant qu’il s’agissait d’undes moins mauvais moyens d’assumer la péren-nité de la stabilité des enfants, enimposant à chacun des parentsune co-responsabilité et mêmel’obligation de rester dans lemême département.C’est cet arrêt qui avait d’ailleursparfaitement bien fonctionné, quia été frappé d’un pourvoi en cas-sation et qui a donné lieu à la ju-risprudence de principe du moisde Mai 1984 qui a considéré quela garde alternée était contraireaux dispositions de la loi...Or, une étude sémantique simple à l’époque auraitpermis de constater que la haute juridiction s’étaittrompée.En effet, les anciennes dispositions de la loi pré-

voyait qu’en fonction de l’intérêt de l’enfant, lejuge confiait la garde à l’un ou à l’autre des pa-rents.Or, la conjonction “ou” permettait bien l’alternance

et non pas la connexité.Curieusement, la Cour de cassa-tion reconnaissait la garde con-jointe qui est bien une garde con-nexe et non pas la garde alternée.Entre temps, la situation a évoluépuisque la “garde” a disparu auprofit de “l’autorité parentale” cequi, sur le plan juridique, est beau-coup plus clair et beaucoup plusconforme.Malheureusement, la jurispru-dence s’est appliquée à respecter

à la lettre la décision de la Cour de cassation, etpendant plusieurs années, il a été quasiment im-possible, même à l’amiable, d’obtenir des décisionsde résidence alternée.

Les choses semblent évoluer.Déjà à PARIS, sous la signature du juge De KeatingHart, une ordonnance de non-conciliation avait re-cueilli l’accord des parties, et jugeait que l’alter-nance était possible.Une décision fort intéressante sur le fond vientd’être rendue par le Juge aux Affaires Familialesde NIMES qui autorise l’alternance d’une semainescolaire sur l’autre.La résidence de l’enfant est fixée chez la mère, maisle père bénéficie d’un droit de visite et d’héberge-ment libre et en cas de désaccord, une semaine surdeux, les premières et troisièmes semaines de cha-que mois du vendredi sortie de l’école au vendredisuivant à l’école, ainsi que la moitié des vacancesscolaires en alternance.Ainsi, les juridictions de base semblent vouloirentrer en rébellion avec la Cour de cassation quiinterdisait l’alternance même en cas d’accord, etont semble-t’il décidé de faire usage de leur puis-sance prétorienne dans le seul et strict intérêt desenfants.Tout ceci est extrêmement encourageant.S’achemine-t-on enfin, lentement mais sûrement,vers le principe de l’égalité des parents face à laséparation ?

Par Maître Franck MéjeanLA RÉSIDENCE ALTERNÉEÀ NOUVEAU POSSIBLELimites de la jurisprudence

Maître Franck Méjean

Copyright SOS PAPA 5 SOS PAPA magazine, N° 35 - sept.1999

R. L. Basse : Bonsoir Maître Jean-Pierre Cuny. Vousêtes avocat au barreau de Versailles et Conseiller auprèsde l’Association SOS PAPA. Nous prenons prétexte, cesoir, de ce dramatique fait divers : dans la région pari-sienne, un cadre massacré par son ex-femme devant sonenfant. Elle n’avait jamais supporté que cet enfant luisoit confié. Cette femme avait engagé des malfrats pourle supprimer. Hélas pour elle, il s’en est sorti et a con-fondu ses agresseurs. Elle l’avait accusé de faire subirdes sévices sexuels à son enfant, ce qui était faux. Alors,on va bien sûr au-delà du fait divers. C’est une situationqui, si je puis dire Maître, est à la mode ?Me J. P. Cuny : Il faut tout de même dire que le fait derecruter des tueurs à gages dans le cadre d’une affaire degarde d’enfant est quelque chose de tout à fait marginalet de tout à fait atypique, fort heureusement. On n’en estpas là. Même si effectivement les pratiques judiciairessuggèrent quelques fois une radicalisation des relationsentre époux qui peut, quelques fois, aller jusqu’à desextrémités. Mais atteindre celle que vous évoquez, c’esttout de même quelque chose de très exceptionnel, il fautquand même le souligner.R. L. Basse : Absolument, mais je parlais de la mise enaccusation concernant les sévices sexuels et, sur cet as-pect, bien avant la tentative d’assassinat, cette jeunefemme n’avait pas eu gain de cause et la garde de l’en-fant avait été confiée au papa.Pour ce qui concerne la loi, vous estimez que la loi nefait pas encore assez ou c’est la pratique des magistratsqui nuit parfois à des pères qui ont envie de s’occuper deleur enfant ?Me J. P. Cuny : La loi donne, au fond, énormément depouvoir aux magistrats qui apprécient très souveraine-ment les biens fondés des décisions qu’ils rendent parrapport à ce qu’ils considèrent être comme l’intérêt desenfants.L’intérêt de l’enfant, vous savez, c’est un concept assezpeu cernable, c’est une sorte de concept assez flou, rela-tif. Cela fait penser beaucoup à l’intérêt supérieur del’Etat qu’on a utilisé à d’autres moments et dans d’autrescirconstances. Chacun, bien entendu, peut considérer quelorsqu’il agit, qu’il soit l’avocat du père ou l’avocat dela mère, c’est toujours dans l’intérêt de l’enfant, biensûr.Pour en revenir aux accusations mensongères d’abussexuels, il est vrai que çà s’est répandu d’une façon toutà fait incroyable au cours des cinq dernières années, sur-tout des trois dernières. Cela nous vient semble-t-ild’Amérique; des Etats-Unis, du Canada. Ils ont d’ailleurslà-bas un recul assez intéressant parce que, certains cher-cheurs, je pense notamment au professeur Hubert VanGijseghem qui a fait des études au Canada a, en quelquesorte, prévenu dans ses rapports de ce qui allait se pro-duire.R. L. Basse : En fait, au nom d’une transparence, c’estune grande hypocrisie finalement ? Parce qu’on accusedes pères pour des faits qui sont très très graves et cespères n’ont pas les moyens, bien souvent, de se défen-dre.Me J. P. Cuny : On n’a jamais les moyens de se défen-dre. Comment voulez-vous faire ?R. L. Basse : Attention, il y a aussi des mamans quisont confrontées à des situations très limites, mais enl’occurrence, de plus en plus de pères, je crois, sont ame-nés à contacter l’association SOS PAPA parce qu’ils n’ontpas les moyens juridiques de se défendre dans un dos-sier.

Me J. P. Cuny : Les pères qui sont confrontés à cesaccusations sont évidemment très désorientés. N’im-porte qui le serait. C’est extrêmement violent commeaccusation. Souvent, vous voyez débarquer chez vous

les policiersqui vousmettent engarde à vue,qui vous ac-c u s e n td’avoir com-mis des cho-ses absolu-ment épou-van t a bl e savec vos en-fants. Quel-ques fois,tout simple-ment, les ac-c u s a t i o n spartent de ceque les pères

ont pris un bain ou se sont occupé un petit peu tropdes parties intimes de leur enfant, sans se rendrecompte d’ailleurs que ce qu’ils faisaient était suscep-tible de leur être reproché, parce qu’ils ne pensaientabsolument pas à mal, évidemment.R. L. Basse : Dans ces situations limites, vous leurconseillez, bien sûr, de s’adresser et de travailler encollaboration avec l’Association SOS PAPA, qui s’estd’ailleurs développée ?Me J. P. Cuny : Eh bien oui, car au sein de l’Associa-tion, il s’est constitué un comité de pères qui font l’ob-jet de ce type d’accusations. Au sein du comité, ilséchangent leur expérience, leurs problèmes, leurs dif-ficultés, leur souffrance. Ce sont des gens qui généra-lement sont en très grande souffrance et ils essaientde trouver les capacités morales surtout de résister etde surmonter cette difficulté qu’ils estiment passagère.R. L. Basse :Un mot tout de même, sur le plan juridi-que. Des progrès ont été faits pour ce qui concerne lesdroits des pères. On peut parler de l’alternance paren-tale qui existe et on peut s’en féliciter Maître.Me J. P. Cuny : Je suis tout à fait ouvert, très trèsfavorable en tous cas à ce qu’on appelle la résidencealternée. C’est un système qui me paraît très intéres-sant parce que c’est un système qui permet d’évacuerles relations conflictuelles ente les parents. Ils sontcontraints, dans un système de résidence alternée, detrouver entre eux les conditions d’une concertation per-manente qui les amène, évidemment, à résoudre quo-tidiennement les problèmes qui concernent leurs en-fants.Cela supprime l’enjeu. L’enjeu pour, forcément, l’undes parents qui tente d’obtenir le tout, c’est à dire gé-néralement la résidence tandis que l’autre n’obtien-drait qu’un droit de visite et d’hébergement.A cet égard -puisqu’une réforme est en cours et quel’Association a eu l’occasion d’être entendue devantla Commission de réforme- nous avons suggéré quele Code civil évacue un petit peu ce langage qui est aufond un langage qui, lorsqu’on oppose et qu’on créedes enjeux entre résidence et droits de visite et d’hé-bergement, et bien finalement crée les tensions, créeles problèmes.Au fond, qu’est-ce que c’est que la résidence alter-

née ? C’est la répartition du temps de l’enfant entre cha-cun des deux parents.R. L. Basse : Vous mettez souvent l’accent sur la sauve-garde des liens familiaux dans cette association. On vaterminer par cet aspect là. Est-ce que vous ne pensez pas,tout de même, qu’un magistrat se doit - et il ne s’agit pasde leur faire la leçon - mais est-ce qu’il suit vraiment lesdossiers d’assez près pour que, concernant les accusationsde sévices sexuels, comme c’est souvent le cas actuelle-ment en France - elles ne cessent d’être en augmentation -se doit tout de même de réfléchir avant d’accuser un pèredans une situation de divorce ou de séparation.Me J. P. Cuny : Si vous voulez, ce qui me choque sou-vent, c’est que le magistrat, lui, quand il est confronté àune accusation comme celle-là, a le sentiment qu’il prenddes décisions qui sont conformes à l’intérêt de l’enfant etqui consistent généralement à supprimer purement et sim-plement l’exercice du droit de visite du père ou tout lienavec le père. En se contentant de l’envoyer dans un “point-rencontre“, par exemple, c’est à dire une sorte de systèmequ’on a inventé depuis quelques années qui est une sortede système carcéral où le père voit son enfant dans unepièce, avec des vigiles qui regardent évidemment s’il nemet pas sa main quelque part dans des endroits concer-nant son enfant à cette occasion. Evidemment, les magis-trats, quand ils ont pris ce genre de mesure, eh bien, ont lesentiment qu’ils ont tout fait et qu’ils ont agi dans l’inté-rêt de l’enfant.R. L. Basse : Mais aussi, en amont du dossier, peut êtreque le travail effectué à ce moment là par les services so-ciaux n’est pas parfait ? Le magistrat ne prend pas sa dé-cision tout seul.Me J. P. Cuny : Si, si, le magistrat prend sa décision seul,bien entendu. Il prend sa décision tout seul. Mais généra-lement, quand il prend une décision, il l’assortit d’un cer-tain nombre de mesures qui sont prises. Expertise médico-psychologique, enquête sociale, etc.Souvent, ce qui complique les choses, ce sont les plaintespénales également, parce que la mère qui veut aller jus-qu’au bout va déposer une plainte devant un juge d’ins-truction et quelques fois obtenir, cela a été le cas récem-ment, qu’il y ait un sursis à statuer en ce qui concerne lasaisine du Juge aux Affaires Familiales, en attendant quele juge pénal ait terminé son enquête. Laquelle enquêtepeut durer des années.J’ai une procédure dans laquelle, avant que le père ait puobtenir une ordonnance de non-lieu, et bien, il s’est écoulérien moins que trois années. Pendant ces trois ans, c’estune situation de non-droit du père à l’égard de l’enfant. Etlà, pour en revenir à la situation des magistrats qui ontbonne conscience en prenant ces décisions, je m’interroge,parce qu’on a l’impression qu’ils prennent une décisionpour préserver l’intérêt de l’enfant. Mais est-ce que l’in-térêt de l’enfant qui a été privé de l’image paternelle pen-dant trois ans a été réellement préservé ?Quelles seront les conséquences de ce manque à l’égardde cet enfant, à une époque où on sait très bien que l’imagepaternelle, que cette référence à l’image paternelle estégalement une référence à la loi, quand certains hommespolitiques qui s’occupent de délinquance juvénile deman-dent qu’on restitue l’autorité parentale et en particulierl’autorité paternelle.Alors, quels ont les dégâts, à terme, de ces mesures ? Onpourrait se poser la question.

R. L. Basse : Merci d’avoir été avec nous ce soir à “Arrêtsur info“, Maître Jean-Pierre Cuny.

InterviewMAITRE JEAN-PIERRE CUNYAvocat à la Cour de VersaillesSur Europe 1, lors de l’émission “Arrêt sur info“ animée par René-Louis BASSE - 18 h 30 le 23 juin 1999

Copyright SOS PAPA 6 SOS PAPA magazine, N° 35 - sept.1999

Selon les dernières statistiques 1 de l’Insti tut National d’Etudes Démographiques,il apparaît que 1.500.000 enfants mineurs deparents séparés, soit les deux tiers, ne voientque rarement ou plus jamais leur père.On peut, bien entendu, incriminer les pèreseux-mêmes. Cela signifie-t-il que les deux tiersde la population masculine française n’ontpratiquement aucune moralité et sont mus parune absence effrayante de sentiments ? Amoins que ce ne soient les mères qui fassentpreuve d’irresponsabilité ?Entre ces deux conceptions extrêmes, où sesitue la réalité ? Comment s’est développéeune situation qui perturbe si gravement lesliens affectifs et familiaux de près de 20 %des petits français avec les conséquences so-ciales dramatiques qui en résultent ?Enfants «sans père»Dans les naissances hors mariage, le taux dereconnaissance par le père ne cesse de croî-tre et tend désormais vers 95 % après undélai de cinq ans 1. Les enfants mineursdéclarés nés de père inconnu sont ainsi«seulement» 130.000 et ne peuvent expli-quer de façon mathématique les 700.000enfants qui ne le voient plus jamais.Le sens de la responsabilité paternelle quise développe dans notre société trouve seslimites avec les enfants que les mères fonttoutes seules, parfois pour les avantagesofferts par l’Allocation de Parent Isolé(API), d’intention généreuse, qui concèdeenviron le montant du SMIC durant troisans à la mère (144.249 attributions d’APIen 1995 dont 68.029 mères célibataires)2.La loi fait obstacle à la paternité de plu-sieurs manières. L’article 340-2 du Code ci-vil stipule que pendant la minorité de l’en-fant, la mère a seule qualité pour exercer uneaction en recherche de paternité. L’accouche-ment sous X donne un pouvoir absolu à lamère pour décider de la suppression pour l’en-fant de sa lignée parentale, y compris de celledu père, ceci en violation avec le droit de con-naître ses origines établi par la ConventionONU des Droits de l’Enfant ratifiée par laFrance. La loi sur la bioéthique (Art. 16-11C.C.) interdit les analyses génétiques en de-hors d’une décision de justice, tandis qu’enGrande Bretagne un père peut se rendre dansun laboratoire avec un enfant de seize ans.La loi du 8 janvier 1993 (Art. 372 C.C.), hé-ritée de l’étrange entêtement d’un Sénateur,supprime tout droit au père naturel qui ne

LA PRATIQUE AU-DESSUS DES LOISPar Michel THIZON, président-fondateur de SOS PAPA

DIVORCE

cohabitait pas avec la mère au moment de lareconnaissance.Enfants du divorceLes enfants «sans père» et les enfants natu-rels (35 % des naissances) sont toutefois en-core la minorité face aux 120.000 enfants qui,chaque année, subissent le divorce de leursparents.En l’absence de statistiques judiciaires relati-ves à la résidence des enfants, le recensementde 1980 fait ressortir 11 % d’enfants résidantchez le père (moins 1 % environ d’enfants deveufs), mais 10 % seulement au recensementde 1990. En 1965, la garde était pourtant at-tribuée au père à 12 %. Celle-ci diminue doncde 1 % tous les 10 ans. Ceci ne manque pasd’étonner, dans une société ou l’intérêt di-rect porté par les pères à leurs enfants s’ac-croît avec l’évolution culturelle, avec un tra-vail des hommes moins épuisant et moins longqu’autrefois, avec des qualifications et un ni-

veau éducatif supérieur et dans un contexteoù les femmes ont accru leur investissementprofessionnel et leur absence du foyer.Une étude 3 de l’Association SOS PAPA ré-vèle en outre que la moitié de ces «gardes»attribuées au père par les tribunaux, le sontparce que la mère est tout simplement partieen laissant les enfants.On objecte souvent que “ les pères ne deman-dent pas la garde ”. Mais en réalité, lorsqu’ilsla demandent, ils ne sont guère que 15 à 20% à l’obtenir 3. Combien d’avocats ne disent-ils pas à leur client “ Vous n’avez aucunechance, vous allez braquer la mère et irriterle juge ! ” et plaident la résidence chez le pèreseulement lorsqu’ils sont sûrs de l’obtenir.D’ailleurs, le père n’a généralement pas l’in-tention d’arracher les enfants, surtout jeunes,

à la mère. Il imagine qu’il les verra régulière-ment, qu’il leur téléphonera souvent et quesa relation sera préservée par les lois et la jus-tice.Le père n’est qu’un père !C’est au moment de la première comparutiondevant le Juge aux Affaires Familiales (le JAF)que tout bascule. Dans près de la moitié desaffaires, restées très conflictuelles, le pèredécouvre le plus souvent l’acharnement de lapartie adverse à maximiser la Pension alimen-taire qu’il versera et à minimiser ses Droitsde visite et d’hébergement pour les enfants.Il comprend alors que le juge ne semble pasavoir la même conception que lui de l’intérêtde l’enfant ni de l’importance des liens affec-tifs et éducatifs père-enfant.Le plus souvent, la mère s’opposant au père,une enquête sociale ou psychologique seraordonnée. Celle-ci conclura, dans la grandemajorité des cas, que l’enfant doit résider chez

la mère. Le jugement, en dehors de touteautre argumentation possible - car le pèreest un «bon père», comme tant d’autres –mentionnera un point de vue très person-nel du juge, repris souvent du rapport d’en-quête, comme : “ Il est malheureusementculturellement très difficile pour une mèrede ne pas avoir la garde d’un si jeune en-fant ” 4, “ Monsieur … est un bon pèremais s’il a donné jusqu’à maintenant toutce qu’un père délivre à ses enfants, il n’apu leur apporter ce que cette expertise atenté de mettre en lumière : le génie ma-ternel ” 5, “ Attendu que … la présence ma-ternelle est très importante pour une en-fant entrant dans l’adolescence … Mr T.sera en conséquence débouté de toutes ses

demandes ” 6, “ Etant donné le jeune âge del’enfant … chez la mère ” 7.Le père n’a jamais le bon sexe pour éleverl’enfant et l’enfant n’a jamais l’âge qui con-vient pour être élevé par son père.Ces tendances seront nuancées toutefois se-lon le tribunal et la position personnelle dujuge. Ainsi, selon la seule étude connue surce point, les tribunaux de Saint-Gaudens, Di-nan ou Privas accordaient de 15 à 30 % lagarde au père tandis qu’à Lons-le-Saunier,Annecy, Bourgouin, Vienne, Avignon, Bobi-gny, Lorient, Evreux, Albi, les pères étaientmoins de 3 % à l’obtenir dans un divorce 8.Les jugements qui préservent une relationsuffisante entre le père et l’enfant sont encorerares. Le père doit donc généralement se ré-soudre à exercer des droits de visite et d’hé-

bergement minima qui ne lui permettent pasde participer à la vie quotidienne de l’enfant,même si celui-ci habite à proximité. Lorsquel’enfant est éloigné, peu de mesures sont or-données en compensation. A l’ère des télé-communications, rarement des règles de re-lation téléphonique sont ordonnées.Mécanismes de la ruptureCeci ne serait rien si les droits de visites s’exer-çaient régulièrement. Mais, alors qu’il y atrente ans les non-présentations d’enfantétaient peu fréquentes (moins de 1.500 paran) parce que condamnées à 50 %, elles ontdépassé désormais les 12.000, avec un tauxde condamnation inférieur à 10 % et un tauxde prison ferme inférieur à 1 %. En parallèle,on constate que les non-paiements de pen-sions alimentaires qui viennent au pénal (en-viron 8.500 par an) sont condamnées à 99 %et conduisent un père sur quatre mauvaispayeurs à la prison ferme 9.Il y a là deux poids et deux mesures, entrel’argent et l’enfant, entre la mère et le père.Ce n’est pas l’intérêt de l’enfant qui est res-pecté par les tribunaux mais celui de la mère.La rupture entre pères et enfants est incitéeet s’institutionnalise par une pratique judi-ciaire qui viole l’esprit initial de la loi. Il n’estpas rare de rencontrer un père qui n’ayantplus vu ses enfants depuis des années et dontles plaintes ont toutes été classées sans suite,s’est vu jeter en prison lorsque, dépité, il ainterrompu le paiement des pensions.Si les nouvelles lois que prépare la Commis-sion de la famille à la Chancellerie sont né-cessaires, ce n’est pas parce que les précé-dentes sont mauvaises en principe, mais parcequ’elles laissent aux magistrats la latitude dejuger suivant une idéologie très personnelle.Le résultat social en est inquiétant. La justicefamiliale doit avoir pour fonction de régulerles excès des citoyens et non pas d’y inciter.Déjà, la loi du 8 janvier 1993 avait forcé lesmagistrats à attribuer l’exercice en communde l’autorité parentale parce que certains re-fusaient d’appliquer la loi de 1987 (0,5 %d’exercice en commun à Albi en 1990).Les nouvelles lois devront avoir pour but deles contraindre à juger avec équité et à res-pecter le Droit de l’enfant de conserver cha-cun de ses deux parents, même séparés.

1 – rapport I. Théry, (la Documentation française) et SOSPAPA magazine, N° 31, sept. 98, p. 7-92 – annuaire CNAF 1995, p. II-683 - SOS PAPA magazine, N° 24, déc. 96, p. 4-64 - Enquête, Versailles, 19985 - Enquête, Paris, 19976 - TGI Nantes, 19987 - TGI Nanterre, 19988 – Etude sur les jugements de 1990, “ L’enfant et safamille disloquée ”, éd. SOS PAPA, 1993, p. 479 - SOS PAPA magazine, N° 17, mars 95, p. 14

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LA COUR D’APPEL DE RENNES

PÈRES FRANÇAIS,MÈRES AFGHANES,

MÊME COMBAT

Une J.A.F. perfideJ’ai divorcé d’avec mon époux, de professionindépendante comme moi, avec des revenusconfortables identiques. Nous avons organiséla séparation au mieux pour les enfants ; gardealternée et partage organisé de l’ensemble desconséquences du divorce, avec parité totaleentre père et mère.Nous avons été reçus par Mme....vice-présidente du TGI de.... (grande ville), chefdes JAF. J’étais scandalisée au sortir del’audience que j’ai eue seule avec le juge.Celle-ci a insisté très lourdemet en medemandant : “Mais vous êtes bien sûre,Madame, que vous ne souhaitez pas depension alimentaire ?”. Elle était indisposéepar les mesures égalitaires que nous avionsorganisées, mon mari et moi.

Laurence

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Depuis qu’elle a atteint l’âge de 11 ans, lapetite Marine, qui avait été enlevée dudomicile familial par sa mère à l’âge de 4 mois,demande à vivre chez son père.

Saisie en décembre 1997, la Juge aux affairesfamiliales de Nantes argue principalementque“la présence maternelle est trèsimportante pour une enfant entrant dansl’adolescence” et déboute le père de sademande (Jugement livré en octobre 1998).Auparavant, pendant 10 années, la justiceavait toujours considéré que le “jeune âge”de l’enfant justifiait qu’elle habite chez samère. Aura-t-elle un jour l’âge pour le père ?

L’enfant, révoltée, écrit alors à la Cour d’appelpour qu’un avocat lui soit attribué. “Je necomprends pas pourquoi c’est à vous dedécider où je dois vivre. C’est mon histoire,ça devrait quand même être à moi de choisir.Je croyais qu’à 12 ans l’enfant avait desdroits”.

La Cour d’appel refuse d’entendre l’enfant :“Madame le Présidente ne fait pas droit dansl’ immédiat à votre requête tendant àl’audition de Marine, cette mesure devantêtre examinée avec le fond”.

Marine écrit au Ministre de la justice en avril1999 ; sans réponse. Aujourd’hui, elle a 13ans et attend toujours une date d’audienceincertaine en appel.

Les tribunaux de l’Ouest de la France qui sontsous la juridiction de la Cour d’appel deRennes, ont déjà montré par le passé leur com-portement discriminatoire anti-père*.

En effet, la moyenne bretonne d’exercice encommun de l’autorité parentale n’était que

La Cour de Rennes n’hésite pas à violer les Droits de l’enfant pour couvrir lesdiscriminations des TGI de l’Ouest, comme celui de Nantes

de 39,5 % en 1990, trois ans après la loi de1987 qui l’avait introduit. L’exercice exclusifde l’autorité parentale n’était que de 4,9 %pour les pères contre 55,3 % pour lesmères**, soit 11 fois plus défavorable auxpères qu’aux mères.

* Dinan, Guinguamp, Saint Brieuc, Brest, Morlaix,Quimper, Rennes, Saint Malo, Nantes, SaintNazaire, Lorient, Vannes.

** Etude SOS PAPA des dispersions des jugementsselon le tribunal, en 1990. Depuis cette révélation,SOS PAPA est interdit d’accès aux statistiques,devenues secrètes, du Ministère de la justice.

Bastion anti-père

8 ème CONGRES

Copyright SOS PAPA 8 SOS PAPA magazine, N° 35 - sept. 1999

Rapport moralpar Simon Dowdall, vice-Président

8 ème CONGRESC’est devant une large assemblée que

s’est tenu le 8° Congrès SOS PAPA,le 12 juin à Paris (96 votants).

L’Assemblée générale a approuvé à l’unanimitéles comptes et le nouveau Conseil d’admi-nistration a été élu pour deux ans.

Une modification mineure des satuts estintervenue ensuite en Assemblée extra-ordinaire. Elle facili tera la gest ion del’Association en terme de nomination desdélégués régionaux et de défection de membresdu Conseil en cours de mandat.

Puis le Colloque traditionnel avec débats,ouvert au public, s’est déroulé jusqu’à 19 h.

Chers Amis,Depuis un an, l’image de SOS PAPA s’est en-core renforcée auprès des institutions et du pu-blic, et son influence est grandissante.Cette influence et la crédibilité de notre Asso-ciation nous ont valu des contacts aux meilleursniveaux. Ne citons, pour mémoire, que les ren-dez-vous à l’Elysée, au ministère de la Justiceou à celui des Affaires Sociales où nous avonspu développer la nécessité de mettre en œuvrenos trente propositions.Cette influence dépasse même le cadre de nosfrontières, puisque notre Président revient duVatican. Il a eu là-bas la lourde charge de repré-senter les Associations de Pères du monde en-tier au Congrès Pontifical qui a traité du thèmede la Paternité dans la Famille.

Il faut bien comprendre que c’est la philosophieet la stratégie de SOS PAPA qui nous valent cesreconnaissances.Depuis un an environ, nous avons vu évoluer ra-dicalement la manière dont la presse et la télévi-sion abordent le problème des pères dans les re-portages. Reportages pour lesquels nous som-mes systématiquement consultés et très souventsollicités pour fournir des pères témoins.Notre press-book s’est enrichi en un an de 157nouvelles citations de SOS PAPA. Depuis notrecréation, il y a 8 ans maintenant, près de 1.000références à SOS PAPA ont ainsi été faites dansla presse écrite.Notre marraine, Anny Duperey elle-même, a ap-porté sa contribution en faisant preuve, toutecette année, d’efficacité et de fidélité à notrecause, puisqu’elle a su faire profiter SOS PAPAde ses propres succès cinématographiques et té-lévisuels, autant que littéraires.Elle continue par ailleurs à présider notre Co-

mité d’honneur qui regroupe plusieurs person-nalités de premier plan.Nous avons vu également paraître un ouvrageessentiel : « La douleur des pères » publié chezStock et écrit par Bernard Fillaire qui a passé denombreuses soirées dans nos permanences à Pa-ris pour en recueillir la matière.Au niveau de notre propre communication, no-tre vecteur essentiel reste le magazine ‘SOSPAPA’. Il est devenu la seule publication d’asso-ciations de pères, dans le monde, à être un authen-tique magazine en couleurs.Rappelons qu’il est servi aux journalistes, auxmagistrats, aux associations, y compris aux as-sociations étrangères de pères, aux cabinets mi-nistériels et autres entités politiques significati-ves.Sa qualité, autant au niveau du contenu que desa présentation, crée un impact qui étonne et trou-ble l’ordre établi.Il reste un outil vital et stratégique d‘action etd‘influence.Notre site Internet, nouvellement créé, participedésormais également à la notoriété internatio-nale de SOS PAPA et à son essor.Nous avons publié cette année un livret, destinéaux adhérents, et intitulé : « Faire face à son di-vorce ou à sa séparation ». Outre son aspect pra-tique, son « parler vrai » est apprécié des pèresmais aussi, n’en doutons pas ; il remet grave-ment en cause les certitudes judiciaires.Un autre exemple est le mauvais procès en jus-tice, pour diffamation, fait à notre délégué deDrôme-Ardèche par une Association d’enquê-tes sociales. Les enquêtrices sociales ont heu-reusement été déboutées, sans oser même faireappel, avec l’appui d’un avocat lié au siège.N’oublions pas l’investissement des militants oudes bénévoles, trop peu nombreux, mais agis-sant avec une conviction inébranlable, et qui ontpermis tous ces résultats.

Nous avons réalisé, cette année, 2.300 envoisde documentation sur appel téléphonique auSiège et enregistré pour toute la France plus de1.000 nouvelles adhésions.Les délégations régionales actives ont contribuéefficacement à ce chiffre, même si la région pa-risienne reste dominante.Nos permanences, nationales et régionales, ontreçu près de 4.000 visiteurs.Nous avons perdu 5 délégués, mais dont certainsavec soulagement,… et avons créé ou remplacé4 délégations. 4 nouveaux délégués sur 22 nou-velles intentions initiales de candidature à cettefonction difficile.Le Siège national fonctionne désormais, depuisle mois d’avril, avec 3 salariées à temps partielau lieu de 2, dont un personne qui fait principa-lement office d’attachée de presse. D’autre part,4 bénévoles renforcent régulièrement l’équipedes après-midi entiers.Notre bilan annuel s’élève à 670.000 F, soit uneaugmentation de 6 % par rapport à l’année pré-cédente qui était déjà exceptionnelle.En conclusion, chers Amis ; l’Association resteactive et influente. Elle fait progresser le droitdes pères, mais ceci nécessite les efforts cons-tants du plus grand nombre dans un environne-ment qui reste globalement hostile.Je vous remercie de votre attention

Nouveau Conseil d’administration

Président : Michel THIZON, Vice-Présidents:Simon DOWDALL, Christian GROS,Secrétaire Générale : Jacqueline LEURION,Secrétaire général adjoint : Alain HUGON,Trésorier : Jean-Claude FRANCOIS,Trésorier adjoint : Jean-Paul APPERT,Conseillers : Louis-Michel BOUCHET,Patrick BOUCHONNET, Didier MASSU,Xavier POURAILLY, Jean-Pierre VERGER.

Photo SOS PAPA

Copyright SOS PAPA 9 SOS PAPA magazine, N° 35 - sept. 1999

SOS PAPA Paris, 12 juin 1999Faculté de médecine Pitié SalpétrièreSOS PAPA

Chers Amis,C’est toujours une grande joie pour moi de vousvoir rassemblés si nombreux.Rassemblés ici pour soutenir notre action, soute-nir notre lutte pour la défense des droits des en-fants et des pères.

Obtenir enfin, tous ensemble, pour nos enfants desaméliorations importantes dans les relations af-fectives et sociales entre eux et nous.

Car nous avons un droit inaliénable, que personneau monde n‘a pouvoir de nous retirer.

Nous avons le droit d’aimer nos enfants, sans en-trave, sans haine ni hostilité à notre égard, sanstracasserie judiciaire ni administrative, sans êtretraités comme de simples géniteurs, comme devulgaires payeurs de pension alimentaire, sans cesviolences psychologiques inacceptables qui noussont faites, sans la suspicion systématique sur lacapacité du père à s’occuper correctement de sonenfant .

Comment ose-t-on faire obstacle à notre droitd’aimer nos enfants, de les élever, de les éduquer,de partager leurs joies et leurs peines, de leur trans-mettre notre expérience et nos valeurs, de les voirgrandir et s‘épanouir à nos côtés, devenir eux-mêmes des hommes et des femmes structurés,équilibrés et qui, à leur tour, après nous, construi-rons l‘humanité ?Comment ose-t-on ?Pour ma part, je n’accepterai jamais cela.Car l’amour que chacun de nous porte à ses en-fants, est sacré.L’amour paternel, contrairement à d’autres for-mes plus banales et moins stables, est la formed’amour la plus désintéressée qui soit, la plus pure,la plus vraie, la plus durable et la plus porteused’avenir.Toute agression envers cet amour paternel est uncrime, que l’agression survienne par la violencepsychologique d’une mère possessive soutenuepar une avocate primaire et mercantile ; par la ven-geance d’un certain féminisme haineux infiltrédans les structures sociales ; par la manipulationd’enquêtrices sectaires au pouvoir insensé ; par

Discours du Président

Michel Thizon

la discrimination idéologique d’experts au men-tal de castrés ; par des magistrats à l’irresponsa-bilité pervertie, qui se croient au dessus des loisnaturelles de l’humanité ; par la passivité coupa-ble et lâche des élus,A tout cela, nous avons décidé de dire NON.La morale et le droit doivent l’emporter sur l’im-moralité, sur la cruauté et la bêtise d’un systèmesocio-judiciare aveugle et destructeur.Pour gagner, relevons la tête, avec fierté d’êtrepère, avec orgueil même,Combattons au coude à coude et entraînons avecnous les millions de pères pour lesquels nous som-mes le modèle et représentons l’espoir.Refoulons, hors du monde de la famille, le totali-tarisme social matriarcal, qui y règne après s’êtreinfiltré sournoisement.Unis, volontaires et déterminés nous réduirons ànéant les ennemis déclarés de la paternité qui noustraitent par des procédés d’épuration familiale.Unis et forts, je vous le dis, nous vaincrons.

Photo SOS PAPA

ColloqueColloqueLiliane LURÇAT,

Directeur de recherchehonoraire au CNRS

Dominique COUJARD,Magistrat, Vice-Prési-dent du TGI de Paris

Didier REY,Psychiatre, Directeur de

“La clinique de lafamille”

Paul BENSUSSAN,Psychiatre, Expertauprès de la Cour

d’appel de Versailles

Autour du thème : “L’ENFANT ÉCARTÉ DU PÈRE”

PhotoSOS PAPA (suite page 10)

Une importante orga-nisation avait étémise en place, sous lahaute responsabilitéde Jean-Paul Appert,pour accuel lir lesparticipants venusdes quatre coins de laFrance.Photo SOS PAPA Photo SOS PAPA

Copyright SOS PAPA 10 SOS PAPA magazine, N° 35 - sept.1999

Colloque SOS PAPA 1999 (extraits)Liliane LURÇAT a introduit le Colloque ennous faisant part du résultat de ses annéesd’études au CNRS sur la condition scolaireet télévisuelle des enfants. Etudes qui ont faitl’objet de plusieurs livres.

Elle met l’accent sur l’évolution profonde dumonde scolaire qui subit l’inflence extérieuredu monde, notamment à travers la télévisiondevant laquelle ces chers petits passent sou-vent des heures.

«L’école à changé. C’est une école non sé-parée du monde, et devenue incapable à biendes égards de protéger les en-fants d’eux-mêmes et desautres. L’école n’est plusl’institution sur laquelle onpouvait se décharger del’instruction et de certainsaspects de l’éducation desenfants. C’est un lieu qui re-flète les vicissitudes de l’épo-que, en particulier l’abandonmoral et souvent matériel debeaucoup d’enfants, livrés àtoutes sortes d’influences quepersonne ne maîtrise.»

«Etre un enfant aujourd’hui, contrairementaux époques antérieures, c’est être imprégnéde différents aspects du monde et de la so-ciété par l’intermédiaire des médias. Les con-séquences de cette initiation, à la fois bru-tale et permanente, se manifestent dans descomportements nouveaux, individuels et col-lectifs, qui inquiètent à juste titre. Ils mettenten cause l’équilibre des enfants, ils les sor-tent prématurément de l’enfance à l’âge oùils ont le plus besoin d’être entourés et gui-dés par leurs parents.»

«La seule protection réelle, le seul rempartqui peut les protéger, demeure la famille quise trouve malheureusement fragilisée.»

Liliane Lurçat met en garde les parents, et enparticulier les pères. L’école, en traitant tousles enfants par un processus collectif unique,ne parvient plus à transmettre les apprentis-sages de base à tous ceux-ci. Ses mises engarde sont destinées bien sûr en priorité auxenfants du divorce, écartés du père, dont tou-tes les études montrent une moindre réussitescolaire que celle des enfants de familles unies.

«Les automatismes de base : lire, écrire etcalculer ne sont pas installés chez beaucoupd’enfants qui ne bénéficient pas du soutiendes parents»

«La dégradation des apprentissages scolai-res nécessite une attention continue des pa-rents, qui doivent suppléer aux insuffisances

de l’école. L’absence du père ne peut êtrecompensée par le seul soutien matériel et af-fectif. Il faut qu’il développe une intimité avecl’enfant fondée sur la confiance, tout au longde l’enfance et de l’adolescence. Le père peutl’aider ainsi à accroître la force morale etintellectuelle indispensable pour surmonterles nombreux obstacles qu’il lui faudra fran-chir pour devenir un véritable adulte.»

Le Docteur Didier REY introduit ensuite lephénomène ’’à la mode’’ des allégations men-songères d’abus sexuels qui correspondent à

la technique ultime d’écarte-ment du père et de l’enfant, ennous livrant son expérience de«la parole de l’enfant».

Il précise en premier lieu sa po-sition personnelle de psychia-tre-expert, de père aussi, et rap-pelle quelques vérités.

«Un enfant doit bénéficier lemieux possible de la présenceactive de son père et de samère.».

Didier REY constate un immense décalageentre les conceptions traditionnelles et lespratiques parentales réelles.

«...la tendance sera à considérer d’une partque les enfants doivent rester avec leur mère,selon le modèle traditionnel (...) La placesymbolique d’une mère, la place symboliqued’un père, ce n’est pas du tout la même chose.Ces positions symboliques ne sont pas sim-plement un aspect culturel dans notre société,c’est l’axe fondamental etfondateur de notre civilisa-tion (...) Je considère commeun fait de science et non pascomme une croyance le faitque la prohibition de l’incestesoit justement le fait du père.»

«... ne dit-on pas souventqu’une femme est plus mèrequ’épouse ou l’inverse (...)En revanche je n’ai jamaisentendu personne dire qu’unhomme était davantage pèrequ’époux ou inversement. Si l’on savait aussibien discriminer ces deux fonctions, les sé-parations ne seraient jamais un problème ;chacun pourrait continuer à assumer ses rô-les de père ou de mère, tout en choisissantun autre partenaire sur le plan amoureux.»

«Je ne jouis plus avec toi, je ne te désire plus,c’est ton enfant qui prend ta place commeobjet de désir, tu n’es donc plus porteur deloi pour ton enfant non plus.»

«C’est à ce point précis que l’accusationd’abus sexuel peut correspondre au télesco-page du désinvestissement libidinal du maripar la femme, autant qu’à l’investissementlibidinal de l’enfant par sa mère ; c’est doncà ce moment-là qu’une femme déniant ce mé-canisme psychologique, le plus souvent in-conscient, le projette sur un ancien compa-gnon en lui attribuant des conduites inces-tueuses.»

«... Le piège est donc tendu : la parole del’homme totalement dévaluée devient inopé-rante, quel que soit le déni, les efforts qu’ileffectue pour tenter de prouver son inno-cence.»

«J’ai l’habitude de me montrer extrêmementcirconspect quant à la parole de l’enfant.Pourtant, ce n’est pas la mode actuelle, onentend partout que l’enfant ne ment jamais(...) Le plus souvent l’enfant effectivementne ment pas, plus exactement il est le jouetd’un mouvement régressif qui le porte à te-nir par sa parole le désir inconscient de samère.»

«Sa parole est d’autant moins crédible qu’ilest encore proche de la période oedipienne,c’est à dire entre deux et quatre ans.»

Le Docteur REY tente alors de donner desconseils aux pères qui permettraient d’éviterque la mère ne développe le fantasme inces-tueux au moment le plus crucial de la sépara-tion.

«Lorsque vous recevez votre enfant ; c’estsimple, ne soyez que le moins possible seulavec lui de sorte que ce scénario d’abus

sexuel ne soit en aucune fa-çon imaginable (...) N’hésitezpas non plus à cloisonner lesespaces ; finis les câlins le soirà la veillée, mettez de la dis-tance. Ce sont des moyensfrustrants mais simples devous garantir efficacement. Lapériode de danger est le plussouvent brève ; c’est la pé-riode de l’incandescence pas-sionnelle de la séparation ;c’est donc à ce moment là

qu’il convient d’être le plus vigilant.»

De nombreux auditeurs réagissent à ces re-commandations qui leur paraissent dures,voire insupportables. L’un d’eux s’exclame«qu’il n’est pas possible qu’on n’ait plus ledroit d’aimer correctement son enfant».

«Je dis simplement que dans la période ex-trêmement dangereuse où une femme va trèsmal et commence à dire n’importe quoi, si à

Alain HUGON, SOS PAPA Touraine

André CHAUSSIGNAND, Drôme

Copyright SOS PAPA 11 SOS PAPA magazine, N° 35 - sept.1999

ce moment là, elle peut effectivement, tirerargument d’un certain nombre de gestes detendresse que vous avez à l’égard de votreenfant, ce sera ensuite extrêmement difficileà récupérer», précise le Dr REY.

«... je ne veux surtout pas en faire une sorted’outrance, une sorte de provocation qui se-rait de dire, dès l’instant qu’on est divorcé :“interdit de donner des bisous à votre en-fant ”.»

L’animation reste grande dans la salle. Unauditeur (psychiatre et psychanalyste) rap-pelle que «Même Freud avait abandonné leconcept d’Oedipe à la fin de sa carrière endisant “c’était une théorie, ça a été intéres-sant, mais il faut l’abandonner”. Ce qui jus-tifierait, au contaire, qu’il faille séparer l’en-fant de la mère.»

Didier Rey souligne également qu’il a cou-tume de commencer ses entretiens en disantune phrase très simple : «Une expertise c’estun avis, un avis produit par l’homme.»

Une avocate s’exclame : «Le problème c’estque sur le plan judiciaire, ces rapports sontpris pour argent comptant.»

le Docteur Paul BENSUSSAN intervientalors pour présenter quelques unes de sesconclusions, pour tenter d’expliquer la mé-canique qui s’enclenche sans discernementlorsqu’une mère lance une telle accusation,au cours d’une séparation ou d’un divorce.

«J’étais plongé dans le sujet et je ne savaispas ce qui me dégoûtait le plus entre le vraiet le faux... Ou bien tout simplement l’inqui-sition qui règne actuellement. C’est-à-direqu’on n’a tout simplement pas le droit ac-tuellement de parler de cela, sauf à admettrede se faire lyncher en place publique.»

«Je m’insurge contre l’étroitesse d’esprit etle dogmatisme ambiant qui veulent, si l’onréfléchit au problème posé par les faussesallégations, qu’on soit immédiatement soup-çonné de défendre ou de favoriser involon-tairement la défense des pédophiles.»

«…, mais je pense, au contraire, que c’est lamultiplication des fausses allégations et lesaccusations mensongères qui constituent unvéritable danger pour la détection d’authen-tiques cas d’inceste. Et on peut facilementimaginer qu’un magistrat qui se serait laisséabuser, sans jeu de mot, dans son exercice,par de nombreuses fausses allégations, prêteune oreille moins attentive à la suivante, quipourrait, elle, être vraie.»

Parmi les cinq hypothèses qu’il a développéespour expliciter la psychose actuelle, le Dr Paul

BENSUSSAN insiste sur celle qui met encause la peur des acteurs sociaux et judiciai-res.

«...Celle qui me parait la plus plausible, c’estla peur. C’est a cela qu’il faut penser en pre-mier si l’on veut se faire entendre et si l’onveut comprendre cette surdité, pour ne pasdire cette hostilité qu’on rencontre quand onaborde ce sujet. Tout le monde a peur. Et jerajouterais tout le monde ment. Personnedans cette affaire ne dit la vérité et personnen’est a l’abri de la peur. Les magistrats lespremiers ont peur. Mettez-vous à la place dumagistrat qui a eu un gros pépin. Le parentdénonciateur aussi a peur. On insiste trop surles accusations cyniques avec les faux témoi-gnages, les fausses attestations. Dans l’im-mense majorité des cas, il y a une proportionde bonne foi, je reviendrai sur le sujet. Onva longuement parler de sincérité du parentdénonciateur. Le parent accusé à peur (…)Le médecin à l’origine du premier certificatlui aussi a peur. Ce n’est pas seulement unsalaud ou un naïf, il a lu comme tout lemonde, il sait très bien que ça existe mais ila “la trouille”. C’est quand même un petitpeu rouge, la mère est vibrante de sincéritéou vibrante de haine, mais cela fait le mêmeeffet. Et l’expert, enfin, a peur. Il engage saresponsabilité. Il a envie de garder sa crédi-bilité. Là encore, double sens puisqu’ on parled’expertise de crédibilité. Eh, bien je penseque c’est la peur qui est pire ennemie. Celuiqui a peur, qu’il s’agisse d’un magistrat, d’unmédecin, d’un parent, n’est plus capable deprotéger efficacement un enfant.»

L’enfant est l’éternelle victime finale de l’in-compétence et du manque de courage des ac-teurs sociaux et judiciaires. Le DocteurBENSUSSAN précise :

«L’enfant n’a pas grand chose à quoi se rac-crocher. Il a un parent supposé protecteur,en vérité souvent manipulateur ou inducteur.C’est-à-dire qu’il est seul au monde.», «...Hubert Van Gijseghem, que vous avez touslu, dont les travaux sont extrêmement célè-bres, dit : “ les fausses allégations sont aussidélabrantes que les vraies ”. Je suis d’ac-cord avec lui, bien sûr.»

“L’enfant écarté du père”Dominique COUJARD, est responsable duservice des Affaires familiales à Paris. Vice-président du T.G.I., il a bien sûr un certaindevoir de réserve mais ses positions, autantque sa nomination récente à la place qu’oc-cupait précédemment Sylvaine COUR-CELLE, jettent un peu d’espoir.

«…Je dois vous dire qu’en vingt ans les cho-ses ont beaucoup changé, même si la pro-portion (juges hommes ou femmes) étaitpratiquement la même il y a vingt ans.Aujourd’hui, les femmes en question sontabsolument différentes et la première choseque j’ai envie de dire sur ce service, c’estque s’il y a des juges qui “rament” pour lesmaris, tous les jours, ce sont bien les Jugesaux Affaires Familiales. Elles passent leurtemps, tous les jours, à convaincre les mèresque ce n’est plus comme avant, que les idéestraditionnelles n’ont plus cours, que les pè-res doivent voir leurs enfants et surtout queles enfants doivent voir leur père.»

«… Les “psy”, on a autant confiance en euxqu’ils ont confiance dans la Justice. On necroit pas un mot de ce qu’ils nous racontent.Vous savez bien qu’une expertise c’est essen-tiellement un parapluie qui va servir au jugepour justifier ses décisions “ Je fais commecela, puisque l’expert l’a dit ”, donc je suistranquille.»

Concernant les allégations d’abus sexuels :«… Quant au Juge aux affaires familiales, ilest obligé d’attendre car c’est l’institutionpénale qui va dire si oui ou non ces alléga-tions sont fondées. (...) Il est certain que,quand cela n’est pas, cela a un effet de boo-merang, malgré tout, contre la personne quia invoqué ces choses là.»

M. COUJARD décrit également les tendan-ces nouvelles que mettent en oeuvre les J.A.F.de Paris.

«On introduit actuellement quelque choseque vous connaissez, qui est une notion quia son origine dans le droit américain,californien, qui est celle du parent le plusapte à favoriser les relations avec l’autreparent. A partir du moment où un parent afait de fausses allégations, il n’apparaît pasêtre le plus apte à favoriser les relations avecl’autre parent.» (Applaudissements).

Il exprimera également l’idée que les parentsont désormais vocation égale à recevoir leursenfants chez eux, même les très jeunes en-fants et place des espoirs en la médiation fa-miliale.

Les échanges entre les conférenciers et lesauditeurs dureront encore plus d’une heure.

Une pédopsychiatre condamnéeCatherine BONNET, pédopsychiatre, a étécondamnée par l’Ordre des médecins à troisans de suspension d’activité profession-nelle. Plaintes pour cert ificats decomplaisance avaient été déposées auprèsde l’Ordre par trois pères de SOS PAPA,dans des affaires d’allégations sexuelles.

LES MÈRES “PUZZLE”

Copyright SOS PAPA 12 SOS PAPA magazine, N° 35 - sept. 1999

E clatée en tre les multip lesfonctions que lui a imposé un

certain féminisme fondamentalistequi est loin d’apparaître libérateur*,la nouvelle mère ne parvient pas àassumer de manière cohérente sesresponsabilités et son rôle vis-à-visde l’enfant.On ne comprend pas alors l’achar-nement des Institutions à considérerl’enfant comme une propriétéexclusive de la seule mère foetale.(*) Le slogan capitalo-féministe “le travaillibère la femme” trouve sa source dans lescamps de travail nazis dont la devise“Arbeit macht frei” qui en ornait l’entrée,sign ifie “ Le tra vail rend libre”. Lespaysannes et les ouvrières des usines du19ème siècle savaient déjà qu’il n’en estrien. Malgré l’enrichissement de la sociétépendant un siècle, cela se traduit dans lescouches moyennes par la nécessité de deuxrevenus par famille, au lieu d’un seulautrefois, pour mener une vie correcte.

L’enfant moderne apparaît écartelé entre ses nombreuses mères

L a vie d e l’ enfant c ommence avec unspermatozoïde et un ovule. Que sa conception

soit médicalement assistée ou naturelle, c’est la“mère ovulaire” qui fournit cet ovule. Dans lepremier cas, à une “mère stérile”.Le foetus se développe dans le ventre d’une femme:“mère porteuse” ou “mère foetale” qui donneranaissance à l’enfant.Si la mère est à la fois “ovulaire” et “foetale” elleest la “mère biologique”. C’est aussi la “mèregénéalogique” ou “mère légale”, celle qui figuresur le livret de famille. Il arrive que celle-ci soitune “mère adoptive”.L’enfant sera alors entre les mains de diversesfemmes selon que sa mère foetale (ou adoptive)travaillera ou non, sera très disponible ou très peu.Ses “mères lactatrices” et surtout ses “mèresnourricières” se succèdent, parfois à un rythmeimportant au gré des déménagements ou deschangements de nourrices : particulières agrééesou assistantes maternelles de crêche.L’enfant sera éduqué par des “mères éducatrices”,un peu par sa mère biologique mais surtout pardes institutrices qui deviennent vite la seule vraieréférence de l’enfant (“C’est la maîtresse qui l’adit !”).Sa “mère affective” sera celle des femmes de son

entourage qui lui apportera le plus de tendresse,d’amour et de compréhension.S’il est né dans une famille défavorisée, il seraadministré par les ”mères administratives” quesont les assistantes sociales ou les éducatrices desservic es de protection de l’enfance qui lemaintiennent en fait, à grand frais, dans un état dedépendance étatique, sans vraiment aider sesparents.Le bambin grandira avec autour de lui des “mèresdomestiques” ; celles qui s’occupent maté-riellement de lui dans son environnement immédiat.Avec des “mères accessoires” ; que sont souventles “mères de dépannage” (voisines, amies) ou les“mères occasionnelles”. Il passera beaucoup de sontemps avec des “mères ludiques” ; prochesfamiliales ou monitrices de loisirs, de colonies devacances...Il aura une “mère oedipienne” qui sera celle quicontribuera le plus, au moment opportun, à larésolution de son Oedipe.

S’il est issu d’un couple séparé, les “mèresjudiciaires” vont règler sa vie : juges aux affairesfamiliales, enq uêtrices soc iales divers es,éducatrices. Des “mères secondaires” ; principa-lement les nouvelles compagnes du père vontexercer alors une influence marquante sur lui.

Encore un drame de la séparation de plus. Dans lesud de la France, cette fois-ci.De façon incantatoire le juges justifient leurs in-terventions dans les conflits familiaux par l’inté-rêt de l’enfant. Le point de vue humain est mis decôté : les juges ne font pas dans les sentiments.Ceux-ci ne sont pas pris en considération par lesrèglements.Un sentiment principal rattaché à l’enfant est celuide l’amour. Il ne fait l’objet d’aucune appréciationni mesure par les juges qui ne le peuvent pas.Les parents qui aiment leurs enfants -heureusementil y en a beaucoup- ne peuvent plus vivre quand onles prive de l’objet de leur amour. Ils sont désem-parés, désespérés. Aimer, et principalement aimerses enfants, est un besoin vital. Quand on enlèveleurs petits à des animaux, ils se battent et affron-tent la mort s’il le faut.Trop souvent, cette sorte de malfaisance est exer-cée envers les pères et on les pousse à ne rien pou-voir faire. Ils ne peuvent se battre, exprimer leurdétresse.Les arbitres chargés de faire appliquer les règlesde la loi ne le peuvent pas.Ce sont les juges, avec leur coupable incompétence,qui transgressent la loi et qui commencent par im-poser en deux minutes dans des séances dites deconciliation, des solutions souvent définitives pourla familie. Ces solutions ne peuvent pas être ba-

LA LEÇON D’UN DRAME FAMILIALsées sur la justice et l’intérêt des personnes.Les juges sont incompétents pour intervenir dansles problèmes émotionnels de la famille, qu’ilsaggravent. Commence alors à être alimenté toutun commerce d’auxiliaires, parasites du judiciaire,qui constitue une autre cause d’aggravation du con-flit familial, par les profits qui s’y rattachent.Pourquoi nous oblige t-on à penser qu’il faut desfamilles idylliques qui ne connaîtraient jamaisaucun conflit ? Au premier conflit qui apparaît, lesjuges, tels des pompiers pyromanes, s’empressentde jeter de l’huile sur le feu de la dispute. Ce sonteux qui vont entraîner les drames et en sont lesresponsables car ils les commanditent.Jusque là homme respectable, bon citoyen, que peutun père torturé dans son affection pour ses enfants?C’est la justice insensée de son pays qui le tortureet il ne peut pas se révolter, lui qui a toujours étérespectueux de la loi. Un déterminisme émotion-nel extrême ne lui laissera entrevoir que la fuitedans le saut de la fin, de la mort. Ses raisons devivre lui sont enlevées.L’horreur des situations ne reçoit pas toujours lamême appréciation. Il n’y a pas de gradation dansl’échelle de l’horrible concernant les drames où desvie innocentes sont ôtées, ni aucune comparaisonpossible : une mère a préféré tuer son enfant en lenoyant, ne supportant pas l’idée de le confier quel-ques instants à son ex-compagnon, et cette hor-

reur-là n’a pas soulevé l’indignation générale desmédias, ni les foudres des juges, pleins d’indul-gence pour une pauvre femme en souffranced’amour.De tels drames sont trop fréquents. Il serait tempsque soit appliquée une justice qui prenne en comptele respect véritable de chaque individu dans la fa-mille. Hélas une institution insensible aux senti-ments, inhumaine et arrogante ne le peut pas.Répétons-nous ; les problèmes émotionnels de lafamille ne sont pas en premier des problèmes dedroit et les juges sont incompétents pour les trai-ter.Ce qui concerne la fonction des juges, c’est un tra-vail plus dur, celui de la police dans sa lutte contrele banditisme pour assurer la sécurité des citoyens.Il faut en finir avec ces juges qui voient les pères etles mères comme des malfaiteurs “à condamner“et qui aggravent la souffrance lors des épreuvesque sont les conflits familiaux pour près de 2 mil-lions de familles et 2 à 3 millions de jeunes.En défaisant sans mesure et sans justice les liensentre les parents, et entre parents et enfants, dansla famille qui est la cellule du grand corps de lanation, c’est le pays tout entier qui est entraîné dansune rupture des liens sociaux, responsable d’unegrande part d’insécurité.

René CHARMASSONDocteur d’Etat, Maître de conférences retraité

Si, de plus, il est coupé de son père, de son repèredans sa perception de la société, l’enfant estdéboussolé. Il le fait comprendre à celle-ci de lamanière, parfois violente, qui lui est accessible.

Michel Thizon

MP : Quel est le rôle du père chezles musulmans ?

Dr Dalil Boubakeur : La famillemusulmane est fondée surl’autorité du père qui est trèsrespectée et sur le rôle de celui-cià paratger son affection et àsubvenir aux besoins de chaquemembre de la famille. L’autre granddevoir paternel est l’éducation, laformation à la foi religieuse, lapréparation à l’avenir avec la mèredes mille et un soucis du ménage,ce qui forme une cellule trèssolidaire, très cohérente, où lesrô les sont tous partagés, oùchaque adulte, chaque enfant lesoncles les tantes, les grands-parents, peuvent alternativementjouer un rôle si nécessaire.

Dans le cas de divorce, prévu parla législation islamique, le calcul dela pension alimentaire se fait auplus juste pour ne pas accabler lepère dans toutes les charges etobligations. En france on devrait tenir comptedu fait que la femmes qui veulent, à bon droit,la paternité avec les hommes, puissentégalement partager les charges du divorcelorsque les enfants sont en jeu. Le père doitêtre reconnu dans son amour pour sa famille,ses enfants. Les souffrances d’un père pourses enfants ne sont pas moins légitimes quecelles des mères.

L’Islam reconnaît à la mère de famille ses droitset ses fonctions imprescriptibles dans la vie,l’entretien et l’éducation de ses enfants,notamment en cas de veuvage ou de divorce.Le respect pour la mère est très fort dansl’Islam : “Le paradis est au pied des mères”.Mais il place aussi l’autorité du père dans unsymbolisme de rigueur et de moralisation toutà fait édifiant et formateur. L’image du pèreest forte. Elle devrait toujours le rester malgréle progrès di “moderne” où depuis mai 68 onassiste à une débâcle de cette autorité.Permissivi té, parfois laxisme semblentsouvent marquer le rapport parents-enfants.

M.P. : Et en France, dans les famillesmusulmanes ?

Dr. Dalil Boubakeur : Dans les milieux sociauxdéfavorisés des cités, les amalgames et lespertes d’au tori té se constatent depuisplusieurs décennies. Dans toute cette affaire

Interview

le père... perd ce beau statut qui faisait de luile responsable suprême de la famille, lerecours, le protecteur et surtout l’éducateur.Bien souvent, l’école des petits camarades etcelle de la rue ne mènent à rien de bon.Heureusement la culture islamique et le rappeldes principes coraniques enrayent parfois cesglissades dangeureuses.

M.P. : Les pères musu lmans divorcéssubissent-ils une double discrimination ?

Dr. Dalil Boubakeur : C’est un truisme de direque leur handicap est double. Père d’abordface à la mère. Ensuite musulman doncmaghrébin ou africain le plus souvent. Et entro isième l ieu la mixité des ménages,l’ignorance, le chômage ne favorisent pasl’image de ce père dans une société élitistequi se féminise dans beaucoup de secteursactifs ou sociaux de France.

Ne négligeons pas l’apport de la laïcité quipermet une scolarisation obligatoire etgratuite pour tous et qui bénéficie grandementaux classes défavorisées. Encore faudrait-ilque l’école joue pleinement son rôle avec desmoyens suffisants, tout en faisant de la placepour les cultures et l’enseignement par laformation à toutes les valeurs.

M.P. : Est-ce difficile d’inculquer auxenfants ces valeurs ?

Dr. Dalil Boubakeur : Tout Dépendde l’au tori té dans la sociétépatril inéaire qu’est la famil lemusulmane. Le père voudrait bienprivilégier l’apprentissage scolaire, laformation morale et la préparation àl’avenir de ses enfants, mais là aussiil faut l’aider. Bien souvent en pertede vitesse dans une société déjàcompliquée par elle-même, le pèren’est pas lui-même formé à y réussir.Comment peut-il exercer une autoritéutile et jouer ce rôle de ‘modèleidentificateur” qu’il peut seul assurerpar rapport à ses enfants,particulièrement ses garçons.

M.P. : Existe-t-il un fort pourcentagede divorces ?

Dr. Dalil Boubakeur : Certainementmoins que dans no tre moyennenationale. Mais les femmes savent à

quoi s’en tenir dans le droit musulman qui aservi de modèle pour mettre des séparations‘juste” en cas de conflit majeur entre les époux.

La pression de la famille, le poids desresponsabil ités envers les enfants, latendance spontanée des deux parents à fairetous les sacrifices pour le maintien et lapréservation du nid familial fait chez lesmusulmans,malgré l’ouverture au droit dedivorcer, ceci reste une extrémité ultime,lorsque toutes les possibilités de conciliationsont épuisées. L’Islam ne recommande pas ledivorce.

L’Islam prône le respect des parents, desgrands-parents. Les “vieux”, bien loin d’êtrerejetés restent dans la famille musulmanecomme des garants et des gardiens sages,vigilants et écoutés, des valeurs de la religionet de la famille.

(*) Le Dr Dalil BOUBAKEUR estégalement vice-président du Conseil deParis de l’Ordre des médecins, Présidentde la société des Habous des lieux Saintsde l’Islam, Membre de l’Académie desSciences d’Outre-mer et Président duConseil Supérieur représentatif desMusulmans de France.

Copyright SOS PAPA 13 SOS PAPA magazine, N° 35 - sept. 1999

ISLAM ET PÈRES DIVORCÉSMagali PACARY interviewle Docteur Dalil BOUBAKEUR, Recteur de l’Institut Musulman de la Mosqué de Paris *

Copyright SOS PAPA 14 SOS PAPA magazine, N° 35 - sept. 1999

CONSEIL PONTIFICAL POUR LA FAMILLE : COLLOQUE “PATERNITÉ DE DIEU ET PATERNITÉ DANS LA FAMILLE”Cité du Vatican - 3, 5 juin 1999

Texte officiel(Paru en français dans l’Osservatore Ro-mano du 7 juillet 1999)

A l’appel du Conseil Pontifical pour la Famille,des experts se sont réunis pour réfléchir, avec lesmembres du Conseil, sur la paternité dans la fa-mille, à la lumière de la Paternité Divine. Eclairéspar les apports des différentes sciences, et guidéspar les expériences acquises en ce domaine, ilsprésentent certains des points considérés au coursde ce débat et qui leur paraissent d’importance.

Nous avons entendu le message que le Saint Pèrenous a délivré à l’occasion de notre rencontre surla paternité humaine. Dans sa densité, sa profon-deur théologique, et sa visée anthropologique, cemessage donne son couronnement à nos débats.Il nous encourage aussi à présenter un résumé denos réflexions.

1) L’église catholique se prépare dans la joie àcélébrer ses deux mille ans d’existence, lors dugrand Jubilé de l’an 2000. Avec une profondemotivation théologique, spirituelle et pastorale,le Saint Père nous a invités à consacrer cet ultimetemps de préparation à une réflexion centrée surle mystère de la paternité divine et sur tout ce quien découle pour la famille humaine.

2) Cette année l’église catholique a donc méditéet réfléchi sur le Père. Elle fait cette réflexion aumoment même où, dans la société civile, la pater-nité est entourée de beaucoup de confusions et oùle père semble dévalorisé, voir même disqualifié.Cette crise de la paternité n’est pas étrangère auxdifficultés auxquelles se heurte la famille. Noussavons en effet que la famille est aujourd’hui lacible d’attaques systématiques et radicales. Lesfamilles souffrent trop souvent de l’absence depère. Sur cette absence de fait vient se greffer unchangement d’attitude vis-à-vis de la paternité.Ces deux éléments conjugués ont créé une cul-ture ambiante alimentant de nombreuses préven-tions et même des attaques contre l’idée même depaternité.

3) Le père était traditionnellement considérécomme le chef, comme celui qui avait autorité,énonçait la norme, garantissait l’ordre et la sécu-rité. C’était celui qui protégeait, mais égalementqui introduisait l’enfant dans les luttes de la vieadulte. Or voici que nous assistons à la faillite dupère.

Au cours des récentes décennies, s’est répanduel’idée selon laquelle l’homme et la femme seraientde simples “gagneurs de pain” et des “donneursde soins” tout à fait interchangeables. Cette con-ception a surtout été popularisée à partir de l’idéo-logie du “gender” (*). Elle débouche sur la dis-qualification du père, qui est pour ainsi dire con-sidéré comme superflu. Finalement, la paternitése voit réduite à une fonction biologique fugace :le père engendre mais son potentiel éducatif estde plus en plus évanescent.

Disons de suite que la situation des pères, ainsiprésentée, s’observe avant tout dans les pays ri-ches, dits “développés”. Mais les médias s’em-ploient à divulguer cette figure peu flatteuse dupère partout dans le monde.

4) Si l’on essaie d’analyser les composants ac-tuels de cette crise de la paternité, on relève uncertain nombre de constantes qu’il suffira d’évo-quer :

Négation de la différence, pourtant évidente dupoint de vue physique et psychologique : la diffé-renciation sexuelle est présentée comme sans im-portance.

Confusion délibérée des sexes, engendrant unecrise de l’identité masculine et une inflation dumaternel. Partout, le rôle de la mère et de la femmeen général est majoré.

Dévalorisation et humiliation de la figure pater-nelle, à laquelle contribue d’ailleurs le chômage.Tendance à découper la paternité en tranches : pèrebiologique, père affectif, père éducateur, père oe-dipien, père payeur, père de remplacement, etc.

Tendance à réduire la famille à l’enfant, seul élé-ment stable alors que gravitent autour de lui dif-férents “pères” et différentes “mères”, dans unerecomposition incessante, fragile et instable.

Tendance ambiguë de l’Etat à appuyer les situa-tions monoparentales.

Dévalorisation de la fonction éducative du père,par exemple au niveau de l’éducation sexuelle deses enfants.

Extension de cette dévalorisation à tous les sec-teurs de la société où cette fonction éducativepaternelle est déléguée, en particulier à l’école.Renonciation de nombreux géniteurs à leur rôlede parents, ainsi que nous l’a rappelé le Saint Père“pour prendre celui de simples “amis” de leursenfants, s’abstenant des rappels à l’ordre et descorrections, même lorsque celles-ci seraient né-cessaires pour éduquer dans la vérité”.

5) La dévalorisation de la fonction paternelle vade pair avec la contestation de la famille fondéesur le mariage, c’est-à-dire sur l’institutionnali-sation de la différence. Cette contestation se faitau bénéfice de modèles d’associations danslesquels se dissout précisément le rôle éducatifdu père. Ce rôle est en effet basé sur l’unionhétérosexuelle féconde et sur la permanence dupère aux côtés de la mère. L’apparition de for-mes de polygamie ou de polyandrie échelonnéesdans le temps n’améliore pas la situation éduca-tive des familles. De plus, dans certains pays,l’Etat veut imposer à la société des lois légiti-mant les “unions de fait” et leur reconnaissantdes avantages sociaux et des droits identiques àceux des familles. “Lorsque les lois”, commenous l’a dit Jean Paul II, “qui devraient être auservice de la famille, bien fondamental pour lasociété, se tournent contre elle, elles acquièrentune alarmante capacité destructrice”.

6) Enfin, la disqualification du père, l’excessiveattention portée au féminin et au maternel peutpénétrer de façon insidieuse les esprits les mieuxintentionnés, et cela au sein de l’Eglise Catholi-que elle-même, comme on peut l’observer, parexemple, dans certains manuels ou “parcours” decatéchèse offerts aux enfants, ou lorsque se ma-nifeste une influence de type féministe radical oufavorable à l’homosexualité.

7) La confusion des rôles, l’effondrement du pôlepaternel, l’incertitude du mâle sur son identité,sur son rôle d’éducateur, l’attribution de la fonc-tion paternelle à toute une série d’intervenantssociaux en oubliant qu’elle doit partir du géni-teur et que l’enfant a besoin d’un père intégral,tout cela ne va pas sans graves conséquences, surles pères eux mêmes, sur les familles, sur les en-fants, et sur la société. Les études sociales mon-trent les effets négatifs de cette disparition du rôlepaternel dans l’éducation des enfants. Dans lapsychologie de ceux ci, l’image paternelle estfloue, voire négative, objet de mépris et de rejet.Seule l’image de la mère apparaît clairement. Orc’est primordialement le père qui permet à l’en-fant, et plus précisément au garçon, de se distin-guer, de devenir lui-même. La théorie du “gender”(*), qui porte à son apogée la négation de la bipo-larité homme-femme, porte inévitablement à desconséquences funestes, car elle dissuade les en-fants d’intégrer la dimension sexuée de leur per-sonnalité.

8) Retards scolaires, difficulté de concentration,tricherie, ou hyperactivité, difficultés de relationavec les autres affectent de façon évidente les en-fants de pères absents. Ces troubles du dévelop-pement psycho-intellectuel et affectif entraînentun taux croiss ant de d élinquance, demarginalisation, d’insociabilité, et rapidement, decriminalité chez les jeunes ainsi défavorisés. Ladiffusion actuelle de l’homosexualité chez lesgarçons témoigne de ces troubles. Chez les filles,

PATERNITÉ : POSITION NOUVELLE DU VATICAN

Indépendamment même de tou teposition religieuse inividuelle, le texte

de synthèse du Colloque du Vatican“Paternité de Dieu et Paternité dans laFamille” apparaît fondamental pourl’avenir du Droit des pères en Occident.Nous avons choisi d’en publier le texteintégral.Ce texte intègre certains apports de SOSPAPA qui avait été convié à participer auColloque oganisé par le Conseil Pontificalpour la Famille et qui a pu ainsi apportersa contribution aux exposés et débats(voir SOS PAPA Magazine n° 34, juin1999, page 11).

Copyright SOS PAPA 15 SOS PAPA magazine, N° 35 - sept. 1999

en particulier chez les adolescentes, se répand laplaie de l’avortement ainsi que l’incapacité à en-trer dans une relation affective vraie. La banali-sation de la cohabitation, la descente dans l’enferde la drogue, l’extension du SIDA trouvent cer-taines de leurs racines dans la crise de la pater-nité. Les drames dont plusieurs écoles aux USAont été récemment le théâtre, et qui ont profondé-ment choqué l’Amérique, témoignent de façontragique de la faillite d’un système éducatif d’oùle père a été éliminé, et d’où il s’est laissé élimi-ner. De plus, ces enfants qui ont souffert de n’avoirpas de père dans leur éducation auront eux mê-mes bien du mal à s’ouvrir au don d’eux mêmes,à fonder une famille stable, à éduquer leurs pro-pres enfants.

9) Face à tant de difficultés, qui semblent signa-ler le naufrage de la paternité, face à un mondedésemparé, certes, mais qui ne reconnaît pas seserreurs, les chrétiens sont pressés de proclamerl’annonce de la paternité de Dieu et de la pater-nité humaine qui en quelque sorte la prolonge.En somme, la Bonne Nouvelle que nous avons àproclamer tient en peu de mots : l’hommeest enfant de Dieu.

10)Nous avons perdu le sens de la paternitéde Dieu et cette perte a entraîné l’érosion dusens de l’admiration et de l’adoration. Nousavons confondu paternité paternalisme, oumême despotisme. Or Jésus nous a révéléavec une profondeur inespérée le mystère dela paternité de Dieu (cf Rom Vlll). C’est Jé-sus qui nous a enseigné à avoir l’audace denous adresser à Dieu en l’appelant “NotrePère”. Cette invocation - Abba, Père - estun cri libérateur, qui révèle que nous ne som-mes plus esclaves, mais fils adoptifs, danset par le Fils. Dieu se fait proche de nous.Révélé en Jésus, l’Emmanuel, Dieu est Pèreparce qu’il donne la vie et qu’il la donne “enabondance” (Jn l 0,10), “jusqu’au bout” (Jn13,1), intégralement, totalement, dans plé-nitude de sa générosité. C’est pourquoi lapaternité de Dieu atteint son sommet dansl’événement de Pâques, quand le Père res-suscite son Fils bien aimé.

11) La paternité spirituelle du prêtre représenteet rend présente cette paternité divine. Elle en dif-fracte la prodigieuse réalité surnaturelle dans laproclamation de Parole, la célébration liturgiqueet la distribution des grâces sacramentelles.Comme père de tous les membres de la commu-nauté le prêtre ne peut faire acception de personne.Son coeur, à l’image du coeur de Dieu, ne peutassigner aucune limite à la générosité, ne peuts’accommoder d’aucune exclusion.

12) La même Parole qui révèle à l’homme la pa-ternité de Dieu éclaire aussi sa propre paternité.

C’est ainsi que, dès son début, le Livre de la Ge-nèse nous montre que la Création est essentielle-ment instauration de relations. Plus précisément,Dieu, communique sa vie. L’humanité, dès l’ins-tant où elle existe, est montrée comme une réalitérelationnelle, sexuée: “Homme et Femme il lescréa” (Gen.1,27). C’est de cette humanité queDieu déclare qu’elle est “très bonne” (Gen 1,31),et, plus mystérieusement encore, qu’elle est “à son

image” (Gen.1,27). L’homme et la femme y sontinvités à créer par délégation, à procréer, et cetteinvitation s’exprime en des termes riches d’unesingulière densité personnelle.

13) Nous sommes bénéficiaires et dépositaires,grâce à la Bible, d’une anthropologie quel’homme, abandonné à ses seules forces, eut ététotalement incapable d’imaginer. Au coeur de cetteanthropologie, la relation interpersonnelle appa-raît comme un accord, une harmonie entre les dif-férences. Ces différences, nous les vivons, certes,dans la difficulté; elles sont affectées d’un cer-tain coefficient de violence, car aucune relationn’est à l’abri du péché. Cependant, en acceptantd’entrer dans la filiation adoptive à la suite duChrist, l’humanité peut se refaire et se recréer. Elleapprend ce qui est la paternité de Dieu, de quitoute paternité tire son nom au ciel et sur la terre(Ephésiens 3,8). Elle apprend donc aussi à vivrede manière juste la paternité qu’elle a exercer àl’égard de ses propres enfants. Bref, grâce à laRévélation, nous savons que la paternité n’estsource ni de tyrannie, ni de crainte, mais qu’elle

est puissance créatrice et libératrice, qu’elle estdynamisme, attention, affection, miséricorde, par-don.

14) II faut réaffirmer avec assurance certainesdonnées de l’anthropologie philosophique, con-cernant en particulier la bipolarité sexuelle et lacomplémentarité. Cette bipolarité est le prototypede toute relation interpersonnelle. Mais les chré-tiens doivent plus particulièrement faire porter leureffort sur la redécouverte de l’anthropologie bi-blique pour y retrouver la source d’une vision del’homme selon le coeur du Père de toute tendresse.Cet effort doit s’épanouir dans une recherche théo-logique en profondeur portant sur la paternité. Leschrétiens doivent retrouver le sens de l’humainselon la vérité divine, en contemplant l’effusivepaternité du Dieu trinitaire, où le Père engendrele Fils et où l’esprit procède du Père et du Fils.

15) Comment valoriser cette image du père autravers de nos discours et de nos gestes ? Il estindispensable que, aiguillonnés par les défis etles épreuves du moment, les chrétiens fassent l’in-

ventaire des trésors de sagesse qui sont confiés àl’église du Christ. Ainsi un soin particulier doitêtre apporté à une catéchèse ravivant ces connais-sances de foi. Une lecture du texte biblique dansl’esprit que rappelle la Constitution Die verbum,doit y contribuer. De même doit-on veiller à ceque les grands textes du Magistère récent, consa-crés à ces questions, soient effectivement reçuset médités par les chrétiens. A cet égard,Familiaris consortio, Mulieris dignitatem, la Let-tre aux Familles du Pape Jean Paul II, sont desdocuments incontournables.

16) Cette catéchèse doit être offerte en premierlieu aux enfants. Il serait souhaitable à ce proposque des hommes participent à l’élaboration et àla mise en oeuvre de cette préparation catéchétiqueafin d’éviter les écueils d’une présentation unila-téralement féminine de la Révélation. Il serait éga-lement opportun de réviser le contenu de certainsprogrammes et livres catéchétiques, influencés parl’idéologie du “gender” et de l’interchangeabi-lité des sexes. Cette catéchèse devrait aussis’adresser aux jeunes adultes et aux couples. Il

est souhaitable que pasteurs et théologiensorganisent pour les fidèles des rencontresde formation et de partage sur le thème dela paternité.

l7) Certains moments sont spécialementpropices à une transmission de ces valeurschrétiennes. La période où un couple se pré-pare au mariage, celle où il prépare le bap-tême d’un enfant, font certainement partiede ces temps privilégiés.

De même, on doit avoir le souci de trouverles gestes qui, au sein de la. communautéecclésiale, sont capables de signifier demanière parlante la dimension évangéliquede la paternité.

18) La communauté chrétienne doit, de plus,savoir venir en aide, dans un esprit de soli-darité et de vraie générosité, à toutes lesfamilles mises en difficulté par l’absenced’un père, soit en raison d’un deuil, soit enraison d’une longue séparation due à un tra-

vail à l’étranger, soit en raison d’un abandon, quecelui-ci soit temporaire ou définitif.

19) Les chrétiens sont dépositaires d’un trésor :la Parole qui leur est confiée est forte de la forcemême de Dieu. Nous avons un héritage, proposéd’abord à Israël, porté à son accomplissement parla Révélation du Christ, confirmé par l’espritSaint, transmis par l’église. Puissent les parents,père et mère, aidés par leurs pasteurs, prendre àcoeur leur tâche et leur devoir d’éducateurs, etainsi refléter, “dans le foyer domestique”, par “lachaleur, la proximité, le dialogue, l’exemple”,l’image du Père des Cieux, “unique modèle par-fait dont on doit s’inspirer ”.

(*) Selon cette idéologie, les rôles de l’hommeet de la femme dans la société seraient un purproduit de l’histoire et de la culture. L’hommeserait libre de choisir l’orientation sexuellequi lui plaît, quel que soit son sexe biologi-que. Cette idéologie du “gender” a été proje-tée sur la scène mondiale lors de la confé-rence de Pékin organisée par l’ONU en 1995.

Copyright SOS PAPA 16 SOS PAPA magazine, N° 35 - sept. 1999

Fête des pères à ParisJuin 1999, place du Châtelet

Photo SOS PAPA Photo SOS PAPAPhoto SOS PAPA

CALENDRIER DES VACANCES SCOLAIRES 1999 / 2000Journal officiel de la république française

A

B

C

Zone A : Caen, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Montpellier, Nancy-Metz, Nantes, Rennes, ToulouseZone B : Aix-Marseille, Amiens, Besançon, Dijon, Lille, Limoges, Nice, Orléans-Tours, Poitier, Reims, Rouen, StrasbourgZone C : Bordeaux, Créteil, Paris, Versailles

Lundi6 septembre

1999au matin

dusamedi

30 octobreaprès

la classeau

lundi 8novembreau matin

dusamedi

18 décembre1999après

la classeau

lundi3 janvier

2000au matin

ZONE Rentrée 99 Toussaint Noël Hiver Printemps Eté Rentrée 2000

du samedi19 février après la

classe aulundi 6 mars

au matin

du samedi12 février après la

classe aulundi 28 février

au matin

du samedi5 février après la

classe aulundi 21 février

au matin

du samedi15 avril après la

classe aumardi 2 mai

au matin

du samedi8 avril après la

classe aumardi 25 avril

au matin

du samedi1er avril après la

classe aulundi 17avril

au matin

Samedi1er juillet

2000après laclasse

Mardi5 septembre

2000au matin

“Je n’ai pas réussi à voir mon enfantdepuis 8 ans. J’ai fini par cesser de payerla pension alimentaire et j’ai aussitôt étécondamné à trois mois de prison ferme plussix mois avec sursis.” (Manche, 1998)

“Je gagne 14.000 F par mois, j’ai quatreenfants et ai été condamné à payer10.000.F de pension alimentaire.” (Paris,été 1999)

“Je n’ai pas vu ma fille depuis 3 ans. Jesuis écoeuré de la justice.” (Marne, 1999)

“La mère de mes enfants est partie depuisdeux ans et refuse de les voir. Aucuneprocédure de divorce n’est engagée.”(Seine et marne, 1997)

“Sa mère est partie seule en me laissantmon fils de 5 ans. Elle est revenue un jour

le reprendre et je ne l’ai plus revu pendant5 mois.” (Hauts-de-Seine, 1997)

“Mes enfants sont en Guyane. La justicelocale m’a accordé, en Cour d’appel, 4visites par an les années paires (aucune lesannées impaires).” (Cayenne, 1997)

“Mon amie est partie en Hollande avec monfils âgé de trois mois. La juge française arefusé de se déclarer compétente. La mèrelimite mes droits à des visites chez elle, sous

* Point de demies-vacances

* 3 novembre après-midi

* soir 25 déc ou matin du 26 déc.

son contrôle. J’ai vu mon fils 4 heures en unan.” (Yvelines et Hollande, 1997)

“Mon ex-compagne a réussi, en m’accusantfaussement (sexuel) à m’empêcher de voirmes enfants depuis 30 mois.” (Vienne, 1998)

“Leur mère est partie avec mes trois filles ily a deux ans. Je ne les ai jamais revuesdepuis.” (Hauts-de-Seine, été 1999)

“J’avais divorcé à l’amiable et tout sepassait bien puis, quand je me suis remarié,la mère de mes enfants a changé decomportement. Elle a monté les enfantscontre moi. Je ne les ai pas revus depuis 8ans.” (Eure, été 1999)

“La mère ne voulait pas que je reconnaissel’enfant pour toucher l’API. Je n’ai droitqu’à deux dimanches après-midi par mois.”

V o u s n o u s a v e z d i tV o u s n o u s a v e z d i t

Qui n’aime pas tous les enfantsn’est pas capable d’aimer vraimentson propre enfant.Qui ne se bat pas pour tous lesenfants ne sait pas se battrecorrectement pour son propreenfant. M.T.

(Vacances le vendredi soir si pasd’école le samedi matin)