5 répertoire d’expériences porteuses d'éducation citoyenne en nord-pas de calais

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Les fascicules N° 7 Répertoire d’expériences porteuses d'éducation citoyenne Des repères pour agir Travail réalisé avec l'appui du Conseil Régional Nord-Pas de Calais Rédaction Camille LENANCKER FLANDRIN et Kèmi FAKAMBI Avec la collaboration de Beatriz PINEDA et de Didier MINOT

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Ce document rassemble les récits de 25 expériences porteuses d’éducation citoyenne dans différents champs d’action ainsi qu’une analyse transversale qui met en évidence ce qui leur est commun et qui caractérise une éducation citoyenne, émancipatrice. Il est destiné à servir à tous ceux qui souhaitent se donner des repères pour entreprendre une action ou pour élaborer un programme qui prend en compte la dimension « éducation citoyenne ». La moitié des expériences présentées sont menées sur le territoire de la Région Nord-Pas-De-Calais, sans qui ce document n’aurait pas pu voir le jour, et la majorité d’entre elles étaient représentées dans les différents ateliers des rencontres de l’éducation citoyenne à Lille les 7 et 8 février 2004.

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Les fascicules N° 7

Répertoire d’expériencesporteuses d'éducation

citoyenneDes repères pour agir

Travail réalisé avec l'appui

du Conseil Régional Nord-Pas de Calais

Rédaction Camille LENANCKER FLANDRIN et Kèmi FAKAMBI

Avec la collaboration de Beatriz PINEDA et de Didier MINOT

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•REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier tous les porteurs de projets, acteurs de terrain, qui ont témoigné de leur expérience et partagé avec nous leur vision de l’éducation citoyenne, à Lille pendant les rencontres mais aussi après Lille, en particulier : Jean-François MARTEL, Michel LEPECH, Milouda MALKI, François FAGNOT, Raymond et Rolande MILLOT, Frédérique ROBILLARD, Sandra MONTEIRO, François NOGUET, Sylvie FONTAINE, Martine MAGNIER, Laurent COUROUBLE, Guillaume LECOQUE, Vincent BOUTRY, Cécile et Jean-Paul LEROUX, Michel JONCQUEL, Catherine MITJANA et Didier BARDY, Eric GHENASSIA, Noël FERRAND, Agnès LEGRIX DE LA SALLE, Prisca BALDET, Dominique PERRET, Aïssa ZEKKOUR, Geneviève GAZEAU, Yasmine COMETA, Bouziane BOUTELDJA…

Sans eux, ce répertoire n’aurait pas pu exister.

Croquis réalisé par Marc-Antoine Vermette

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•SOMMAIRE

RÉPERTOIRE D’EXPÉRIENCESPORTEUSES D'ÉDUCATION CITOYENNEDES REPÈRES POUR AGIR.....................................................................1

REMERCIEMENTS...................................................................................3

SOMMAIRE................................................................................................5

POUR UNE ACTION CITOYENNE ÉMANCIPATRICE....................9

VINGT-CINQ EXPÉRIENCES PORTEUSES D’ÉDUCATION CITOYENNE..............................................................................................22

TERRITOIRES.........................................................................................23

COÉDUCATION / COOPÉRATION ....................................................33

DÉVELOPPEMENT DURABLE / VIVRE AUTREMENT......49

POLITIQUE..............................................................................................65

ARTS ET CULTURE...............................................................................77

DROITS ET LUTTE CONTRE L’EXCLUSION..................................92

DIALOGUE ET LIEN SOCIAL............................................................110

RÉPERTOIRE D’EXPÉRIENCESPORTEUSES D'ÉDUCATION CITOYENNEDES REPÈRES POUR AGIR.....................................................................1

REMERCIEMENTS...................................................................................3

SOMMAIRE................................................................................................5

POUR UNE ACTION CITOYENNE ÉMANCIPATRICE....................9

VINGT-CINQ EXPÉRIENCES PORTEUSES D’ÉDUCATION CITOYENNE..............................................................................................22

TERRITOIRES.........................................................................................23

COÉDUCATION / COOPÉRATION ....................................................33

DÉVELOPPEMENT DURABLE / VIVRE AUTREMENT......49

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POLITIQUE..............................................................................................65

ARTS ET CULTURE...............................................................................77

DROITS ET LUTTE CONTRE L’EXCLUSION..................................92

DIALOGUE ET LIEN SOCIAL............................................................110

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Ce document rassemble les récits de 25 expériences porteuses d’éducation citoyenne dans différents champs d’action ainsi qu’une analyse transversale qui met en évidence ce qui leur est commun et qui caractérise une éducation citoyenne, émancipatrice. Ce document est destiné à servir à tous ceux qui souhaitent se donner des repères pour entreprendre une action ou pour élaborer un programme qui prend en compte la dimension « éducation citoyenne ».

Dans une première partie, nous présentons en quelques points synthétiques le résultat d’une analyse du contenu des 25 expériences.

La seconde partie présente de manière détaillée chacune des 25 expériences, regroupées en différentes catégories : Territoire ; Coéducation/coopération ; Développement durable/Vivre autrement ; Politique ; Arts et culture ; Droits et Lutte contre l’exclusion ; Dialogue/Lien social. La moitié des expériences présentées sont menées sur le territoire de la région Nord-Pas-De-Calais et la majorité d’entre elles étaient représentées dans les différents ateliers des rencontres de l’éducation citoyenne à Lille les 7 et 8 février 2004.

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Pour une action citoyenne émancipatrice

1. Exprimer le sens de l’action menée

On a pu constater que malgré leur grande diversité, les actions menées sont toutes portées par des valeurs et des finalités communes, avec une profonde croyance en l’amélioration de l’humain et en l’importance du vivre ensemble. Nous partageons des raisons d’agir. Une équipe soudée par une même vision du sens et de la finalité de son action et une conscience politique de son rôle peut construire durablement une expérience porteuse d'émancipation.

Dignité, Réciprocité, Confiance, Respect des différences, Tolérance, Solidarité… il faut aussi afficher ces valeurs communes, exprimer le sens de l’action menée.

On retrouve ces principes d'action communs dans la charte de principes de RECIT :⋅ Respecter les droits de l’homme et la dignité humaine, lutter contre les

discriminations, en dépassant l’égalité formelle pour aller vers une égalité effective de tous dans l'accès aux droits.

⋅ Permettre à chacun de se libérer par rapport aux conditionnements imposés par la société afin qu'il puisse re-construire ses savoirs et ses représentations, prendre conscience de la situation du monde, être en capacité d'agir en tant que citoyen.

⋅ Mettre en oeuvre des logiques de coopération et de fraternité, et non de compétition et d’individualisme, l’égalité et la liberté ne trouvant leur sens que dans un contexte de fraternité.

⋅ Développer la solidarité, mais comme une réciprocité et une co-responsabilité de chacun envers tous, (des relations interpersonnelles à une solidarité mondiale) et non comme une assistance.

⋅ Consolider l'avenir de la démocratie et l'étendre à l'international, en réinventant des formes de citoyenneté active, de participation, de mise en réseau et de rencontre qui n'excluent personne, et assurent à chacun une place et une reconnaissance.

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⋅ Adopter individuellement et collectivement un autre modèle de développement afin de préserver les biens communs de l’humanité, nécessaires aux générations actuelles et futures, et assurer les conditions de poursuite de l’aventure humaine.

⋅ Assurer à chacun, par des échanges équitables et une solidarité locale, nationale et mondiale, une égalité effective d'accès à l’éducation, à la santé, à la culture et aux services, biens communs de l'humanité, et aux richesses produites.

⋅ Respecter les différences tout en cherchant des convergences sur l'essentiel, par l’écoute, la relation et la réciprocité, par une laïcité ouverte, où la diversité des raisons d'agir est considérée comme une richesse.

⋅ Permettre à chacun de développer et d’épanouir ses potentialités, en particulier ses capacités de don, de relation, de partage, de non violence, et ce dès l’école, dans une optique de développement personnel et de promotion collective, et non de compétition de tous contre tous.

⋅ Permettre à chacun de trouver une cohérence entre ses actes, son rôle dans la société et le sens donné à son existence, dans le respect de ses options et de son histoire personnelle, avec un équilibre entre identité et ouverture, entre culture propre et métissage.

A travers ses principes, les expériences rapportées permettent à long terme à chacun d’être autonome, acteur de sa propre vie et citoyen d’un monde solidaire. Être un citoyen solidaire c'est s'engager à chercher le « Bien Commun ». C'est partager ses dons, ses talents, ses habilités, et ses compétences. On ne peut être un citoyen solidaire seul et à part. La citoyenneté est avant tout une exigence d’ouverture et de rapprochement.

2. Considérer comme une richesse les différences et la diversité des identités individuelles

« Aucune façon de bien agir et de bien penser n’est unique. Les identités individuelles et les originalités de chacun sont des trésors. La tolérance, le respect, l’écoute permettent de reconnaître cette diversité. La biodiversité est aussi importante : chaque être vivant devrait pouvoir se développer, avoir une place dans les écosystèmes, sans la domination d’une seule espèce destructive... » Martine Magnier, porteuse du projet d’écoles éco-citoyennes exprime ainsi la nécessité de reconnaître et valoriser les différences entre groupes ou entre individus.

Dans un projet collectif porteur d’éducation citoyenne, les participants (des enfants dans les écoles éco-citoyennes et à La Villeneuve de Grenoble, des

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habitants à Grande Synthe, des personnes démunies à l’heure des conteurs dans le 18ème arrondissement de Paris ou lors de diagnostics « en marchant » dans le quartier Fives de Lille, des personnes âgées à Tourcoing…) sont des acteurs de leur propre développement. Ils possèdent en eux les ressources nécessaires pour mener à bien un projet à la fois personnel et collectif. Dans l’attitude du porteur de projet envers les participants, la reconnaissance de l’expertise de chacun favorise la valorisation de la personne par son expérience de vie. Le respect de la dignité des participants implique d’éviter le misérabilisme.

Favoriser l’expression de l’expérience personnelle, la respecter et l’intégrer à la construction d’une œuvre collective porteuse de sens pour tous.

Chacun ayant sa propre histoire et ses savoirs propres, tous les participants dans un projet peuvent être considérés comme des personnes ressources. Dans cette optique, le clivage expert/non- expert n’a plus de sens et si l’animation du groupe est faite dans cette perspective, chaque personne peut apprendre tout en apportant quelque chose à un travail collectif. Il s’agit d’un échange et pas d’un enseignement unilatéral. L’hétérogénéité est acceptée non comme un handicap aux apprentissages, mais comme le ressort d’une pédagogie interactive et différenciée.

Dans l’exemple des ateliers ECLER, des personnes de toutes origines suivent une formation pour apprendre la langue française à partir de l’écriture de textes. Chaque texte produit est mis en forme, imprimé et rassemblé dans un classeur collectif où ils rejoindront tous les autres textes produits dans l’Atelier. Toutes les personnes pourront les lire. Ils transmettent un message organisé selon les codes et les normes de la langue française. Ils parlent de leurs auteurs, de leurs préoccupations, de leurs joies, de leurs peines, de leurs points de vue sur la vie, le monde, de leur histoire, de leurs souvenirs. Et par leur écriture ces auteurs se donnent à connaître, « s’écrivent » sous le regard des autres, « s’inscrivent » socialement tout en lisant les autres. La force d’ECLER, bien au-delà des apprentissages se trouve dans ce courant d’échange et de communication qui transforme les personnes, les valorise en dévoilant leurs richesses singulières, leur donne confiance en elles et les rend plus à même de trouver leur place en étant reconnus dans leur singularité.

Reconnaître les différentes dynamiques propres à chaque classe d’âge, chaque niveau, chaque statut, chaque origine, chaque expérience, reconnaître la diversité des participants et rechercher les complémentarités

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suppose d’éviter les catégories généralisantes, de reconnaître les langages différents des uns et des autres, de les respecter et de rechercher des outils de traduction pour se créer un langage commun. Par exemple, dans la formation, un groupe d’adultes en formation, quel que soit le type de recrutement, est d’emblée beaucoup plus hétérogène qu’une classe d’âge d’enfants scolarisés.

De même, les porteurs du projet d’éducation communautaire à la Villeneuve de Grenoble ont constaté que l'enfant devient citoyen responsable quand il est pris au sérieux, encouragé dans sa curiosité, et peut poser des questions, partager ses savoirs, construire son opinion. Le concept de « coéducation » prend tout son sens quand l'attitude de respect de l'enfant se développe.

Dans la pratique du théâtre de l’opprimé, le respect des participants stagiaires et spectateurs, suppose un travail (un spectacle) de qualité dont ils sortent fiers et valorisés, où ils se sentent reconnus, pris au sérieux, respectés dans ce qu’ils sont.

Dans un projet porteur d’émancipation, chacun doit trouver une place et une reconnaissance égales aux autres, tout en étant conscient du rôle joué par chacun. En particulier, le rôle de l’éducateur, du formateur ou l’animateur, celui qui est garant de la forme de la relation pédagogique dans le projet, est important.

Changer les regards réciproques, créer du lien social

Dans un projet porteur d’éducation citoyenne, la reconnaissance et la valorisation sociale des personnes dans une dynamique collective ont de nombreuses répercussions positives sur la personne. La reconnaissance et la valorisation sociale entraînent un changement de regards réciproques, d’attitudes, aident à créer ou renforcer les liens familiaux et sociaux. Ce lien se construit à partir de la rencontre et de cette volonté de voir les différences comme une richesse et non comme un danger.

Cela demande une ouverture d’esprit de la part de tous, esprit critique et autocritique, et un effort de prise en compte du fait que les interprétations des uns et des autres par rapport à une même situation sont différentes (chacun a sa lentille déformante). Cette attitude amène à une remise en question des préjugés de chacun sur l’autre et donc à travailler sur les regards des uns sur les autres.

Le lien social est une des clés dans les expériences de lutte contre l’exclusion : à la Maison de l’amitié à la Défense, l’équipe mène une expérience d'intervention auprès de personnes démunies sur les valeurs qui

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créent des liens sociaux et ouvrent aux droits fondamentaux. Un des axes de travail consiste à organiser des actions qui permettent la rencontre entre le « monde d’en haut », travailleurs salariés dans les tours de la Défense, et le « monde d’en bas », les personnes démunies qui sont accueillies.

3. Une pédagogie critique sur elle-même

Le rôle du garant ou « responsable » de la relation pédagogique -formateur, éducateur, animateur- est capital. Des éléments importants quand à l’attitude à avoir lorsqu’on mène un travail collectif ont été pointés à plusieurs reprise :

Ecouter

L’animateur doit être au maximum à l’écoute des participants, de leurs demandes, capacités et limites afin d’y adapter les méthodes. Dans un groupe en général, écouter les contraintes de l’autre, expliciter les siennes de manière négociable dès le début est indispensable à la réussite d’un projet commun.

Il ne s'agit pas seulement d'écouter mais d'entendre. Il s'agit pour les « responsables » de laisser réellement la parole aux participants, parce qu'ils ont droit à cette parole, parce qu’ils ont besoin de cette parole, parce que cette parole singulière est utile pour l’œuvre collective, et non pour être démocratiquement correct.

Mesurer les attentes, les objectifs

Les attentes et les objectifs semblent souvent dépasser la juste mesure. Savoir mesurer à une juste mesure les capacités d’un groupe et rendre accessible les objectifs du projet (Le Théâtre de l’opprimé est une méthode d’éducation populaire dans le sens où elle est accessible à tout public).

Une des questions récurrentes de l’éducation à la citoyenneté est celle de la participation des habitants. Plusieurs porteurs de projets ont précisé que l’exercice de la citoyenneté n’est pas une démarche facile pour tout le monde et que l’on a souvent des attentes trop lourdes. Par exemple, à la maison de l’amitié à La Défense, il est très difficile pour les personnes en difficulté qui y sont accueillies de s’impliquer réellement : pour une personne qui a vécu beaucoup d’échecs, il faut pouvoir accepter de prendre le risque de subir un nouvel échec en participant à un projet collectif.

Pour le Pas de côté, l’efficacité dans l’action doit se faire avec une exigence

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de qualité dans la relation. C’est un tandem qu’on ne peut pas dissocier et il faut pouvoir mesurer l’importance relative de ces deux critères pour fixer les objectifs à court ou long terme.

S’adapter, risquer, faire des propositions ouvertes et non figées, faire confiance

La question du cadre dans lequel les expériences sont menées est importante : il doit pouvoir rester souple, non institué, de manière à laisser de la place à des propositions nouvelles que l’animateur, le formateur ou l’éducateur va pouvoir intégrer au processus. Un équilibre existe entre une méthodologie préparée par le « responsable » et une marge de manœuvre collective suffisante. La part de l’informel et de l’imprévu est importante, même si elle nécessite une prise de risque, elle permet de pouvoir construire une « intelligence collective » en s’adaptant aux participants, à leurs compétence, à leurs besoins ou désirs non exprimés encore.

La confiance revient très fréquemment comme une des conditions de réussite. Il ne s’agit pas seulement d’un climat de confiance à instaurer pour faciliter les échanges, la prise de parole. Il s’agit aussi de faire confiance aux participants dans la réalisation d’une tâche qui fera partie d’un tout collectif. C’est reconnaître l’autonomie de chacun, à son niveau, dans une œuvre collective.

Pour certains, cette ouverture vers « l’inconnu » s’exprime par le besoin d’expérimenter et promouvoir de nouvelles pratiques plus respectueuses de l’humain dans une attitude d’ouverture à des personnes, des méthodes et des savoirs nouveaux.

Diversifier les modes d’expression possible

La culture au sens large et pluriel, parce qu’elle développe des capacités d’expression multiples, apparaît comme une matrice d’intervention qui facilite la concrétisation d’un projet d’éducation citoyenne.

La révélation d’ECLER, de l’écriture et au-delà de celle-ci, de tous les modes d’expression que l’on peut imaginer (musique, peinture, danse, artisanat...) est que chaque personne en ce monde est porteuse un message singulier à transmettre à l’Humanité tout entière. Développer un de ces modes d’expression pour permettre à ce message de surgir, de se construire pour pouvoir être porté à la connaissance des autres et transmis, voilà un des enjeux essentiels de l’éducation et de la formation.

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Douter, se remettre en question

Le doute et avec lui les valeurs de l’humilité, de la simplicité, du non dogmatisme. Tout animateur, éducateur ou formateur doit avoir une interrogation permanente et une analyse critique par rapport à son propre rôle. Dans plusieurs expériences, des évaluations, bilans, « réunions sens » à l’écume du jour à Beauvais, sont menées régulièrement pour évaluer dans quelle mesure les actions répondent à une demande et pour se repositionner en tant que porteur d’un projet.

Prendre le temps

Mettre en œuvre un projet collectif d’apprentissage ou de réalisation implique de pouvoir prendre le temps d’écouter les besoins, demandes de chacun, mais aussi les capacités et les limites. Il faut savoir accepter de consacrer le temps nécessaire pour « s’apprivoiser », et apprendre à s’écouter avant de pouvoir travailler ensemble efficacement.

Dans la pratique du Pas de Côté, la dimension collective tient une place primordiale dans les projets : développer une dynamique de groupe basée sur la confiance et l’ouverture prend un certain temps, reconnu et prévu dans la préparation (rencontres régulières, jeux, réunions conviviales…).

Prendre du recul

Il n’est pas naturel pour tous d’aller à la découverte des acquis du passé, de se projeter dans le futur, de penser aux lendemains. On n’est pas toujours en réflexivité, entrain de prendre du recul, de se demander par exemple quel est le sens de notre existence, de ce petit passage d’une centaine d’années sur la planète terre. Pourtant cette prise de recul par rapport à nos actes, cette prise en compte de la manière dont notre action inscrit dans le temps, est importante pour mener à bien un projet.

Dans la pratique du théâtre de l’opprimé, la difficulté réside dans l’équilibre à établir entre aider les participants à s’exprimer, gérer les relations dans le groupe et veiller à l’avancement du travail/spectacle.

4. Réfléchir, se sensibiliser autour de sujets de société, apprendre

De nombreux porteurs de projets soulignent l’importance de l’information et celle de la formation (pédagogie). Il s’agit de donner des repères à la fois

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pour que chacun puisse construire sa vie, pour comprendre le monde, redonner espoir.

Diffuser une information de qualité et développer un esprit critique face aux médias

Dans les démarches d'éducation citoyenne, en réponse aux questions que chacun se pose, une des bases du travail consiste à donner les informations nécessaires pour comprendre. Cette diffusion d’information doit aussi permettre de prendre du recul par rapport à la masse des médias dominants. Par exemple, ce qui se fait dans les débats citoyens comme les Bouff’à thèmes à l’écume du jour permet de lire ou d’écouter les médias de façon différente.

A Tarbes, le projet de journalisme amateur de proximité « citoyens du monde » illustre bien comment on peut aller plus loin en reliant citoyenneté locale et citoyenneté mondiale au moyen des nouvelles technologies de l’information.

Multiplier les lieux de rencontres, débats et réflexion, pour se former

Aujourd’hui, on donne une très grande importance aux médias pour informer sur la chose publique. Les expériences montrent que nous avons besoin d’autres lieux intermédiaires de formations et de débat

Un grand nombre d'expériences insistent sur ce besoin de lieux de parole et décrivent leur construction : la parole des jeunes filles entre 18 et 25 ans à « l'Écume du jour » à Beauvais, celle des adolescents avec l’association « EVEIL » à Chatou (78), celle de personnes en situation précaire à « l’heure des conteurs » dans le 18ème arrondissement de Paris, celle de populations défavorisées d’un quartier de Lille avec « Paroles d’habitants »...

L’association AFRICA à La Courneuve a aménagé un café culturel comme structure informelle pour permettre aux jeunes de débattre, réfléchir sur des sujets de société. La possibilité de disposer d’un tel espace est devenue cruciale après 17 ans de fonctionnement de l’association.

Le débat permet aussi de créer, temporairement au moins, un langage commun nécessaire pour vire ensemble.

5. Coopérer, décloisonner

L’expérience de la Villeneuve de Grenoble montre la possibilité d'une promotion collective dans une société qui continue à cultiver l'individualisme et la promotion individuelle. L'école de la coopération

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permet à chacun d'utiliser au mieux son potentiel dans des projets d'action, de production, d'acquisition du savoir.

Dans leur pratiques, les porteurs de projets tendent à travailler sur ce qui relie, sur le positif, tout en exprimant les différences et les désaccords pour mieux les accepter et mieux les intégrer. Coopérer, travailler ensemble, implique de faire cette confrontation et de chercher à « sortir la pépite du désaccord ». On peut alors s’enrichir des différents points de vue et rechercher les complémentarités.

En coopérant les porteurs d’expériences cherchent aussi à mélanger les types d’acteurs (intersectoriel, intergénérationnel, interculturel). Les différents acteurs concernés sont considérés comme des partenaires, des « co-éducateurs », non comme des concurrents ou des ennemis potentiels.

Travailler en réseau et en partenariat

Collaborer, coopérer, pour faire valoir des intérêts communs, mais aussi mutualiser, mettre en commun les initiatives, les expériences, les doutes, les questions, les solutions, pour enrichir la démarche et les méthodes. Cette collaboration doit exister au sein des réseaux et entre les réseaux, dans des relations de partenariats. Le partenariat exige rigueur et transparence des parties qui s’engagent mutuellement.

La mise en réseau permet des actions communes et un travail de réflexion que les acteurs isolés n'auraient pas les moyens de faire seuls, notamment le travail sur les orientations et l’analyse de la portée éthique des actions menées (qui donne confiance aux acteurs dans la portée de leur action). Un réseau actif peut permettre de faire évoluer un projet dans le sens d’une éducation citoyenne lorsque ce dernier est mis en questionnement de manière collective. Par exemple, les RDV de l’éducation citoyenne à RECit permettent de construire une analyse collective autour de sujets qui posent question pour des porteurs de projet : c’est une occasion d’évaluer l’action entreprise par rapport aux objectifs et de redéfinir certaines orientations, certaines finalités. Les échanges sur les valeurs qui mobilisent et rassemblent dans l’action sont essentiels pour relancer ou maintenir une dynamique commune.

Construire à partir de l’existant

Pour faire appel à ses partenaires sans faire doublon, le projet doit s’inscrire dans une dynamique de réseau pour établir des synergies avec l’existant. Il ne s'agit pas de monter des structures lourdes, mais de permettre aux réseaux régionaux ou locaux de s'interconnecter pour créer ces synergies.

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Mais un réseau pour quoi faire ?

Michel Joncquel, de l’association Regards d’habitants a proposé des pistes pour le réseau Nord Pas de Calais.

Monter un réseau, c'est se donner les moyens de :⋅ Coproduire, faire ensemble⋅ Organiser des rencontres régionales (qui peuvent constituer un point de

départ)⋅ Alerter, se révolter, se mettre en résistance, combattre ⋅ Partager nos informations, nos réflexions, nos expériences, butiner,

capitaliser, mutualiser, pour s'enrichir mutuellement et ne pas réinventer l'eau tiède

⋅ Cela fait référence aux outils, aux méthodes, aux références aux expériences à organiser. Il ne s'agit pas de copier des modèles mais de transposer en tenant compte du contexte et des acteurs du territoire

⋅ Observer et être observé pour échanger, accepter les critiques et les admirations et progresser ensemble

⋅ Se former ensemble. Il s'agit d'une auto formation, d'une formation ou d'une déformation réciproque

⋅ Faire la fête et bien d'autres choses à inventer

6. Se responsabiliser, devenir acteur dans un projet, puis dans un territoire

Les projets sont souvent dits « par et pour la communauté », « par et pour les habitants ». Cela souligne l’importance de la participation de la population au processus lui-même et pas uniquement comme « bénéficiaires ». Il est question de responsabilisation et de prise en main d’un projet par l’ensemble des participants, animateurs, formateurs, éducateurs et tous les autres. Certains parlent d’un pouvoir décisionnel qui soit le plus partagé possible : cela suppose que les mécanismes et le fonctionnement du projet soient connus et reconnus de tous ceux qui y participent.

Acteur dans un projet

Dans la mise en place d’une démarche porteuse d’éducation citoyenne, le travail en équipe et la concertation, dans l’élaboration du projet, sont considérés comme partie intégrante du fonctionnement et non comme un luxe. On ne peut pas faire l’impasse sur cette étape. Le rôle joué par

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l’animateur garantit la nature de la relation pédagogique qui donne naissance au projet.

Pour développer des citoyennetés actives, en tant qu’animateur ou formateur, l’essentiel est d'abord de donner aux gens les moyens de réaliser leurs désirs, de mettre les individus en « auto expérience » en organisant le mouvement et en donnant les moyens de la réussite. Cette impulsion est souvent suffisante pour mettre en mouvement d’autres personnes, mais il faut apprendre à la donner.

Acteur dans le territoire

A l’échelle d’une collectivité, par exemple pour l’association Paroles d’habitants, cela suppose que les élus prennent conscience eux-mêmes que les habitants sont « experts en vie quotidienne » et ont quelque chose d'irremplaçable à dire sur leur vie, leur vision des choses et du monde. Cette parole est singulière. Elle ne rentre pas dans des réponses types comme une enquête d'opinion.

Pour participer à la vie publique, s’ils ont un espace qui leur permette réellement de s’exprimer et d'échanger, les citoyens peuvent se réapproprier le débat et « la chose » public, souvent confisqué par les hommes politiques.

S’ouvrir vers l’extérieur

Les expériences entraînent une dynamique qui favorise l’ouverture vers l’extérieur. Elle pousse à une vision qui sort du cadre plus ou moins formel dans lequel elles évoluent. En favorisant l’engagement des acteurs dans leur territoire, souvent à l’échelle du quartier ou de la ville, elle favorisent l’ouverture aux autres, aux échanges réciproques, à une conscience de plus en plus globale au fil du temps et des désirs.

7. Faire reconnaître les pratiques porteuses d’éducation citoyenne, leur portée sur les territoires

Chacun peut contribuer à développer des démarches participatives reconnues par les pouvoirs publics, permettre une revalorisation de l’image sociale du quartier et des habitants. Dans une perspective à long terme, il est essentiel de faire reconnaître aux pouvoirs publics les intérêts des habitants et celle de la démarche participative.

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Les formes de travail, collectives, amateurs et sur le mode de l’échange, sont peu reconnues par la société et donc par les pouvoir publics, le public touché est issu de milieux favorisés alors que le projet se veut ouvert à tous. Même les projets développés par ailleurs auprès de populations en difficulté ne parviennent pas à les mobiliser : faire le pas de s’engager dans une démarche assez longue semble plus difficile pour elles. Ce questionnement rejoint la question, récurrente dans le milieu associatif et particulièrement dans l’éducation populaire, de l’ouverture et la diffusion à un public non sensibilisé, de culture différente.

8. La convivialité et la fête

Elle a une place à part entière dans tous les projets.

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Vingt-cinq expériences porteuses d’éducation

citoyenne

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•TERRITOIRES

• Regards d’Habitants : « Ensemble regardons où nous vivons ! »

L’association Regards d’Habitants a été créée par des participants de l’Atelier de Travail Urbain (ATU) de la ville de Grande-Synthe pour en poursuivre la démarche : impliquer les habitants dans les projets d’aménagement de leur ville par des procédures de concertation entre élus, techniciens et habitants.

• Association Inter-Quartiers de Roubaix : « Une charte des journaux de quartiers »

A Roubaix, les journaux des Comités de Quartiers offrent un espace de parole aux habitants pour influer sur les politiques publiques. L’Association Inter-Quartiers de Roubaix et les Comités de quartier se sont concertés à partir de 2001 pour soutenir par une charte la liberté d'expression sur le territoire « quartier ». Le texte de la Charte de la presse associative de quartier a finalement été adopté le 17 Mars 2003.

• Paroles d’Habitants : Diagnostiquer le quartier avec les habitants

L’association « Paroles d’Habitants » cherche à réunir les habitants du quartier de Fives à Lille autour de leur vie commune pour s’y impliquer afin de l’améliorer directement.

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1. Regards d’Habitants : « Ensemble regardons où nous vivons ! »

L’association Regards d’Habitants a été créée par des participants de l’Atelier de Travail Urbain (ATU) de la ville de Grande-Synthe pour en poursuivre la démarche : impliquer les habitants dans les projets d’aménagement de leur ville par des procédures de concertation entre élus, techniciens et habitants.

1. L’ATU, pour « Faire la Ville Ensemble ! »

Regards d’Habitants comme l’ATU sont nés d’une culture de la concertation à Grande-Synthe développée dès les années 70 :

- En 1971, réflexion avec les habitants sur un programme de Zone d’Aménagement Concerté, pour lequel plus d’une centaine de propositions des habitants sont collectées ;

- Dans les années 80, Grande-Synthe s’inscrit dans les procédures de « Développement Social Urbain » (DSU, futures « politiques de la ville ») : des comités de quartier sont créés ;

- En 1993, une évaluation nationale des politiques de DSU révèle que les habitants de Grande-Synthe souhaitent être associés à la fois en amont (élaboration) et en aval (évaluation) des projets de DSU. Une étude de l’Agence d’Urbanisme (AGUR) soumet des bases pour le projet urbain de la ville qui organise un débat public sur la gestion urbaine.

En avril 1994, l’AGUR crée, avec le soutien du maire, l’ATU de Grande-Synthe. L’ATU avait pour objet d’être un lieu de concertation entre les différents acteurs agissant sur le territoire communal : associer la maîtrise d’ouvrage des élus, la maîtrise d’œuvre des techniciens et la maîtrise d’usage des habitants pour « faire la ville ensemble » au plus près des besoins de chacun et enrichie des idées de tous.

Recréer des espaces de rencontre et de convivialité dans une ville champignon déstructurée était le défi à relever. Peu à peu, les projets se sont élargis à l’échelle de l’agglomération, jusqu’à l’échelle intercommunale. L’ATU a même pris une dimension nationale et internationale en étant

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visité ou invité à présenter la démarche dans d’autres villes (échanges d’expérience avec Marseille, Grenoble…).

2. L’ATU, pour quelles « Empreintes » ?Tendre vers une démocratie plus participative ou éduquer à la citoyenneté ne faisait pas partie du projet initial de l’ATU. A l’évaluation, on se rend compte que c’est devenu l’enjeu principal de l’ATU : (re)créer du lien à l’échelle de la ville, stimuler un sentiment d’appartenance et une volonté de mieux vivre ensemble.

Après la clôture de l’ATU par la nouvelle équipe municipale en 2001, les participants se sont mobilisés pour transmettre l’expérience accumulée en 7 années de travail commun : un ouvrage collectif explique, illustre et évalue le fonctionnement proposé par l’ATU1.

Ainsi l’ATU a d’abord été apprécié en tant que lieu de rencontre et de convivialité, d’écoute et d’expression entre les différents acteurs de la ville qui ne se seraient pas rencontrés autrement. Le dialogue et le travail sur une préoccupation commune, le devenir de la ville, permettent à chacun de s’ouvrir aux points de vue et contraintes des autres (élus, techniciens ou habitants), à dépasser les préjugés qu’on peut en avoir et à se créer un langage commun. La reconnaissance de l’expertise de chacun favorise la valorisation des participants puis de la ville, qu’ils s’approprient et dont ils deviennent fiers. La crédibilité et par là la pérennité des aménagements urbains s’accroissent.

Formuler des enjeux réels, des rôles définis, des règles claires et co-produites ont été les conditions de réussite d’une telle expérience, avec l’aide d’une équipe d’animation de la concertation avec les habitants. Chacun a dû accepter de se mettre en danger en partageant son pouvoir et en acceptant de se remettre souvent en question. Il a fallu accepter de consacrer le temps nécessaire pour « s’apprivoiser », se constituer un langage commun et apprendre à s’écouter avant de pouvoir travailler ensemble efficacement.

Quelques questions demeurent en suspens :⋅ Si l’expression est possible à 40, est-ce possible avec plus d’habitants et

avec quelles méthodes?

1 « Empreintes, Paroles de l’Atelier de Travail Urbain de Grande-Synthe, 1994-2001 » - Coproduction : les auteurs, « arpenteurs », Regards d’Habitants, l’ADELS-Territoires.

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⋅ Comment mobiliser un public plus large (jeunes, familles, les plus riches…) ? Comment éviter le fonctionnement en vase clos avec des participants essentiellement issus du milieu associatif ?

⋅ Cela touche la question de l’éducation à la citoyenneté : pourquoi les habitants n’ont-ils pas spontanément plus envie de s’investir dans l’amélioration de leur cadre de vie ?

⋅ Si la concertation est un pas vers une démocratie plus participative, elle ne constitue pas un véritable partenariat élus-techniciens-habitants en vue d’une co-décision et donc d’une co-responsabilité : les élus conservent le pouvoir de décision et décident du degré de prise en compte des propositions faites, et par là, de la portée de l’ATU.

« Regards d’Habitants », pour poursuivre la démarche

En 2002 l’association Regards d’Habitants s’est constituée pour perpétuer le travail partenarial de l’ATU en formalisant cette nouvelle forme d’implication des habitants avec plus d’autonomie vis-à-vis de l’institution municipale.

Elle s’est fixée comme finalité de faire reconnaître le pouvoir citoyen de tout un chacun. Elle affirme, forte de l’expérience de l’ATU, que la participation des habitants n’est pas une utopie et que l’habitant est expert de son savoir d’utilisateur. Elle propose donc trois axes : ⋅ Agir sur les territoires : l’association continue de proposer des

diagnostics et des améliorations à l’équipe municipale de Grande-Synthe, qui a accepté le dialogue.

⋅ Partager son expérience du débat, de l’aménagement urbain, du travail collectif… (Rencontre et Forum du Développement Durable à Looberghe et Bourbourg, Forum « Regards d’en face » à Dunkerque…)

⋅ Echanger ses pratiques par un travail en réseau : « Réseau pour un Développement Durable » au niveau local, « Parole d’Habitants » en Nord-Pas de Calais, Conseil National des Villes et Réseau des Ecoles de Citoyens au niveau national, HaCER au niveau européen (Habitants Citoyens Européens en Réseau).

Regards d’Habitants compte d’ailleurs sur cette démarche partenariale pour entreprendre un premier bilan de ses activités et évaluer dans quelle mesure celles-ci répondent à une demande des habitants. En effet dans le cadre du partenariat avec RECIT, Regards d’Habitants entrera en 2005 dans une démarche de regards croisés avec une association oeuvrant dans le même sens par un « Echange Réciproque d’Expérience » avec l’association « Parole et Progrès » du Pévèle (Nord).

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3. Contact Regards d'Habitants, Maison des AssociationsAv. de l’Ancien Village 59 760 GRANDE-SYNTHENicole SEGARD : 03 28 21 69 95Jean-Marie VERMERSCH : 03 28 25 09 40Michel JONCQUEL : 03 28 27 91 32 Mél : [email protected]

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2. Association Inter-Quartiers de Roubaix« Une charte des journaux de quartiers »

A Roubaix, les journaux des Comités de Quartiers offrent un espace de parole aux habitants pour influer sur les politiques publiques. L’Association Inter-Quartiers de Roubaix et les Comités de quartier se sont concertés à partir de 2001 pour soutenir par une charte la liberté d'expression sur le territoire « quartier ». Le texte de la Charte de la presse associative de quartier a finalement été adopté le 17 Mars 2003.

1. La charte des journaux de quartier, un outil pour collaborer et affirmer des valeurs communes

Se doter d’une charte de travail a permis d’affirmer les valeurs communes des journaux de quartier et donner un sens commun à une action sur un territoire. La charte a aussi mis en évidence l'importance des Journaux de Quartiers, comme outil de la participation des habitants et de la citoyenneté, dans le but d'encourager la diffusion d'information citoyenne, participative, vivante, par et pour les habitants.

Plus largement, cet outil encourage à participer et collaborer à un mouvement régional et national en faveur d'une déontologie de la presse de quartier. En particulier, elle apporte la garantie à la presse associative de quartier son indépendance, un libre accès aux sources d'information et le droit d'enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique.

Le processus d’élaboration de la charte est en lui-même porteur d’éducation citoyenne car il a impulsé des réflexions collectives sur les méthodes, le droit, l'information, les medias, etc. D’autres outils de participation comme un journal collectif de l’A.I.R. et un site Internet comme centre de discussion ont vu le jour.

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2. Les comités de quartiers et l’association Inter-Quartiers de Roubaix

L’Association Inter-Quartiers de Roubaix (A.I.R.) s’est constituée en 1987 et regroupe les Comités de quartier dont les premiers sont nés en 1977 à la croisée de l’histoire de mouvements d’éducation populaire, du syndicalisme du cadre de vie, des luttes urbaines de l’Alma et de celle d’élus municipaux qui voulaient une autre façon de gérer la ville. Les Comités de quartier émanent d'initiative d'habitants qui se réunissent pour débattre, s'exprimer et se former à la réflexion et à l'action pour participer à la vie publique locale. La finalité de l’A.I.R. est de travailler ensemble et mettre en commun : initiatives, expériences, réflexions, doutes, échecs et interrogations.

La Charte pour la démocratie participative fixe en 1999 les relations entre la Municipalité, l’A.I.R. et les Comités de Quartier. Des moyens sont accordés et la Ville qui s’engage à améliorer l’information des habitants afin de rendre plus efficiente la participation des habitants.

Chaque Comité de Quartier a son propre journal qui offrait un espace de parole aux habitants pour influer sur les politiques publiques. L’AIR s’est donné les moyens de répondre à un enjeu de participation des citoyens qui depuis plusieurs années se sont désintéressés de la chose publique. Pour combattre cette tendance, les Comités de Quartier avaient mis en place des initiatives diverses, dont les journaux du quartier, pour promouvoir la participation des habitants à la vie publique locale. Après quelques années, les Comités de Quartier ont vu la nécessité de s’unifier pour définir une stratégie d’information de proximité et soutenir par une charte la liberté d’expression sur le territoire « quartier ». L’A.I.R et les Comités de quartier se sont concertés à partir de 2001 pour soutenir cette action. Le texte de la Charte de la presse associative de quartier a finalement été adopté le 17 Mars 2003.

3. Une démarche expérimentale et simple avec de nombreux du temps de concertation

La méthodologie liée à l’écriture de la Charte de la presse de quartier a été expérimentale. Dans un premier temps, tous les comités de quartier avec les rédacteurs des journaux associatifs ont été invités à discuter. Un premier projet élaboré par le chargé de mission en communication de l’A.I.R. a été discuté, amendé, scindé et des articles abandonnés. Les Comités de Quartier de l’Hommelet et du Pile ont rédigé chacun une charte dont la substance a été intégrée à la rédaction de la dernière mouture de la Charte.

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La charte a été présentée à plusieurs reprises par la commission communication de l’A.I.R. devant le Conseil d’Administration jusqu'à son adoption. Les remarques du Chargé de mission « journaux du quartier » du Conseil Régional furent pertinentes puisqu’elles ont facilité l’adoption du texte de la Charte par le Conseil d’Administration.

La charte est complétée par des règlements et des conventions :

- Les règlements, propres à chaque association d'habitants, fixent les modalités de production du journal associatif de quartier.

- Les conventions ont pour objet de fixer les modalités d'utilisation des aides publiques et privées à partir de critères d'ordre quantitatif et qualitatif.

Les caractéristiques importantes de cette charte sont qu’elle ne fige pas les rédactions des journaux de quartier dans un cadre réglementaire et qu’elle a vocation à être débattue et enrichie. Ce n’est pas un document figé.

Il a fallut du temps même si les responsables des Comités de Quartiers existant depuis longtemps avaient traditionnellement l’habitude de travailler ensemble et d’échanger leurs expériences. Pour beaucoup de militants l’exercice de conceptualisation a été difficile parce que le vocabulaire employé dans le Charte était en décalage par rapport aux capacités de compréhension de certains habitants. Il a fallu apprendre un langage commun.

Dans l’avenir, la charte peut être mobilisatrice pour organiser des salons des journaux de quartier au cours duquel pourront se greffer des débats, tables rondes, expositions et actes symboliques. Elle peut servir de base pour formaliser une Charte nationale. Elle doit mieux affirmer son identité : pour cela la définition d’un logo qui pourra figurer sur les supports des associations adhérentes à la Charte est prévue.

4. Contact

Association Inter-Quartiers de Roubaix20, rue de Lille, 59100 RoubaixTél : 03 20 73 71 02Fax : 03 20 73 57 [email protected]://chartepressequartier.free.fr

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3. Paroles d’Habitants :Diagnostiquer le quartier avec les habitants

L’association « Paroles d’Habitants » cherche à réunir les habitants du quartier de Fives à Lille autour de leur vie commune pour s’y impliquer afin de l’améliorer directement.

1. Mettre en réseau des groupes d’habitants

A la base, une équipe militante est intervenue dans le quartier de Fives pendant plusieurs années sous forme d’une démarche de projet avec les habitants de secteurs sensibles.

Réalisé dans la durée, avec les habitants et non pour eux, le processus a généré une « conscientisation » qui a amené les habitants à se constituer en comité d’habitants puis en association en différents lieux du quartier. Ces groupes de bases confrontés aux mêmes difficultés, parfois en rivalité, se sont associés pour créer une force qui est aujourd’hui « Paroles d’Habitants ».

2. Participer à la vie et à l’évolution du quartier

L’association participe activement à la vie du quartier : carnavals, soirées et sorties culturelles, présence à la commission Solidarité, au comité des fêtes, à la Commission Mémoire et aux Journées du Patrimoine…

Chaque mois, les habitants reçoivent le journal « Paroles d’Habitants » et peuvent se rencontrer dans un groupe de parole dont l’animation est prise en charge à tour de rôle par les différents participants. Des rencontres avec des groupes d’habitants ayant des expériences ou des préoccupations similaires permettent d’échanger sur les solutions à apporter.

Dans ce cadre, « Paroles d’Habitants » propose une méthode particulière : le « diagnostic en marchant », qu’elle a présenté,

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entre autres, au Festival International de la Ville à Créteil en 2003. Il s’agit d’une démarche de diagnostic partagé entre les différents groupes d’habitants et les représentants institutionnels d’un territoire particulier.

La méthode consiste à se retrouver durant une journée autour de ce territoire, entre habitants, représentants institutionnels et élus, et d’utiliser ses cinq sens pour pointer les points positifs et négatifs du quartier concerné. Le diagnostic est le départ d’une démarche collective pour une mise en œuvre qui va s’échelonner sur plusieurs mois sous forme d’ateliers collectifs. Des réponses seront apportées en fonction des compétences de chacun. La participation à ces ateliers permet d’établir des liens entre les différents aspects de la vie : le diagnostic sur la propreté peut conduire à aborder l’aménagement des espaces extérieurs, l’organisation des services municipaux…

3. « Le faire ensemble pour un mieux être »

L’association a un double objectif :⋅ Développer un lien social entre des habitants qui se rassemblent pour

résoudre ensemble leurs problèmes communs par l’apprentissage, l’échange d’expériences, la construction d’une parole et le développement de pratiques collectives ;

⋅ Contribuer à développer des démarches participatives reconnues par les pouvoirs publics, et par là permettre une revalorisation de l’image sociale du quartier et des habitants.

Le processus de participation mis en œuvre s’appuie sur l’expression de préoccupations partagées. Ce processus met l’habitant en capacité d’agir et permet de favoriser l’apprentissage. Ainsi les acquis peuvent être transférés par les habitants pour agir dans d’autres domaines de la vie quotidienne.

Trois principes directeurs guident l’action de « Paroles d’Habitants » dans la poursuite de ses objectifs : l’écoute, la reconnaissance de la diversité des participants, et de la complémentarité de leur richesse.

Pour l’habitant être écouté, c’est :⋅ Trouver rapidement le bon interlocuteur.⋅ Etre accueilli et respecté.

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⋅ Avoir la preuve que sa propre parole a un poids.⋅ Obtenir une réponse motivée, positive ou négative, dans des délais

raisonnables.⋅ Avoir l’assurance que la réponse de l’institution, lorsqu’elle est positive,

constitue un engagement effectif.

Les élus et les techniciens sont également en droit d’attendre une écoute réelle de leurs contraintes et des arguments qui ont dicté leurs choix.

Reconnaître la diversité des habitants suppose d’éviter les catégories généralisantes, de reconnaître les langages différents des uns et des autres, de les respecter et de rechercher des outils de traduction.

Enfin la construction du partenariat avec les habitants repose sur la reconnaissance des complémentarités et/ou des rapports de force entre élus, habitants et techniciens. Elle prend en compte la volonté de certains habitants de ne pas être seulement des consommateurs mais des acteurs de leur cadre de vie.

Contact

Paroles d’Habitants Milouda MALKI - Antenne Est Pact de Lille20/501 rue de Flers - 59800 LilleTél : 03 20 33 57 34 Mél : [email protected]

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•COÉDUCATION / COOPÉRATION

• Le Pas de Côté : Coopérer pour une cité riche de la vie de chacun

Le Pas de Côté est une association loi 1901 qui promeut les pratiques de coopération entre les individus, les générations et les différentes composantes de la société.

• La Maison des Ecrits d’Echirolles : Histoires de vie de parents d’origine étrangère

A Echirolles dans la banlieue de Grenoble, en 1998, un travail sur les HISTOIRES DE VIE des parents d’origine étrangère a ouvert des pistes très prometteuses pour atteindre des publics généralement exclus du dialogue scolaire et social.

• Vivre à l'école en citoyen : 25 ans d'expérience à La Villeneuve de Grenoble

Pendant 25 ans, une équipe d'enseignants de La Villeneuve de Grenoble s'est attachée à réunir les conditions d'une vie démocratique dans une école résolument ouverte sur le quartier, la ville et le monde, conformément au projet initial du quartier de l'Arlequin « Enfant-Citoyen dans l’Ecole-Cité »

• VCM, Voisins Citoyens en Méditerranée : rendre légitimes les initiatives locales de solidarité

L'association fédère et défend les initiatives locales de solidarité mises en œuvre par des personnes paupérisées dans les régions PACA, Languedoc-Roussillon et Corse.

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1. Le Pas de CôtéCoopérer pour une cité riche de la vie de chacun

Le Pas de Côté est une association loi 1901 qui promeut les pratiques de coopération entre les individus, les générations et les différentes composantes de la société.

1. Faire un « pas de côté » vers la coopération

La compétition à outrance régit trop souvent les rapports humains, économiques ou sociaux. Utilisée comme mode d’émulation dès le plus jeune âge, la compétition tend à créer des tensions et à exclure. En réponse à ce constat l’association propose un « pas de côté » vers la coopération.

Comme marcher s’apprend en marchant, coopérer s’apprend en coopérant, sur des enjeux réels et concrets. C’est pourquoi le Pas de Côté propose différentes formes d’interventions :

Des formations à la dynamique de coopération d’acteurs sociaux, économiques, culturels, éducatifs. par des interventions en dynamique de coopération afin d’accompagner des personnes et des organisations dans l’amélioration de leurs pratiques.

Exemples :⋅ Formation à la coopération au sein de l’équipe du service qualité de

l’entreprise Trisélec d’Halluin en novembre 2004.⋅ Formations sur la coopération entre bénévoles et salariés dans les

bibliothèques municipales, avec la Bibliothèque Départementale de Prêt, en octobre novembre 2004,

Des animations à partir de jeux coopératifs, au nom de l’association ou sur demande : jeux de plateau, jeux dans l’espace, rallyes coopératifs dans des

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écoles, centres sociaux, foyers, en lien avec des collectivités locales ou des associations, avec des adultes ou/et des enfants…

Exemple : chaque dernier mardi du mois, une soirée « jeux coopératifs » est ouverte à tous.

Des formations et des activités de conseil pour la création coopérative de jeux coopératifs à dimension éducative (sur des thèmes de société et de la vie quotidienne).

Exemple : jeux coopératifs sur l’équilibre alimentaire, la prévention routière, la parentalité.

Des temps de réflexion et d’échange sur la coopération dans différents domaines de la société.

Exemple : Rencontre-débat avec Patrick VIVERET sur « Compétition ou coopération en économie » le 28 septembre 2004 à Lille.

2. Pour une autre manière d’être ensemble

La coopération est une manière d’être et d’agir ensemble qui suscite et requiert :⋅ le respect de la personne humaine ;⋅ la responsabilité individuelle et collective ;⋅ l’entraide dans un but commun avec une finalité de justice sociale ;⋅ une meilleure écoute et une véritable communication entre les

personnes.

C’est pourquoi l’association valorise les jeux coopératifs comme outils privilégiés. Les joueurs ont à s'entraider pour parvenir à un but commun. Ils gagnent ou perdent ensemble... Délivrés de la tension liée à la peur de perdre ou au désir de gagner, ils explorent d'autres manières de « faire ensemble » : s'exprimer, argumenter, écouter, prendre des décisions ensemble, unir ses forces...

Les intervenants utilisent différents outils et techniques de communication (Programmation NeuroLinguistique, Communication Non Violente…) qui sont également à la base du travail sur la coopération, comme apport théorique et pratique lors des formations (règles de fonctionnement du

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groupe, attitude des intervenants, exposés et exercices ludiques d’application).

L’association, créée en 1989, emploie aujourd’hui quatre intervenants salariés (3 permanents, une intervenante occasionnelle), elle compte huit administrateurs bénévoles et vingt-quatre adhérents.

Au Pas de Côté, chacun réalise ses projets d’intervention depuis le premier contact jusqu’à l’aboutissement. Cela permet plus d’autonomie et de polyvalence. Cependant dans un souci de cohésion de l’équipe et de connaissance des projets des collègues, chacun est amené à connaître les activités des autres et à s’entraider. Des réunions d’équipe permettent les échanges et la régulation, le partage des missions et des tâches à accomplir. Certains projets sont menés en co-animation. D’une part cette entraide allège le travail du porteur de projet et permet de se rendre compte de ce que font les collègues. D’autre part, la co-animation permet un regard croisé et un échange sur les pratiques de chacun, la découverte d’autres approches ou manières de faire étant la première source d’enrichissement.

De même les échanges, les débats et la préparation des décisions concernant l’association sont prises collectivement au sein du Conseil d’administration, auquel participent à voix égale les salariés.

Le pas de Côté travaille en réseau avec d’autres associations :⋅ il a construit avec le M.A.N. et Génération Médiateurs un partenariat

privilégié pour présenter des propositions communes d’intervention⋅ il participe au réseau de la Maison de la Nature et de l’Environnement⋅ il s’implique dans les thématiques du développement durable (agendas

21), de l’économie solidaire, du commerce équitable, en cohérence avec ses valeurs.

3. Se poser en « artisan de la coopération »

Les permanents de l’association ont chacun des formations et compétences complémentaires : communication et relations humaines ; gestion, négociation, et montage de projet ; jeux coopératifs (animation, formation, création, conseil…) ; animation…

Cette diversité liée à un questionnement et des échanges permanents sur les pratiques permettent aux permanents d’enrichir leur savoir faire. Le Pas de

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Côté commence à être reconnu et apprécié, principalement dans la Région, comme « artisan de la coopération ».

Les « commanditaires » sont principalement les associations et les collectivités locales (la Ville de Lille, le Conseil Régional, le Conseil Général, la D.R.J.S.). L’association est en autofinancement par vente de prestation à environ 70 %. Les relations entre salariés et CA sont bonnes et sont revisitées régulièrement, en terme de circulation de l’information, de répartition des tâches (secrétariat, relations publiques, actions militantes, débats de fonds, évolution des interventions de l’association).

Les membres de l’association croient que la coopération est appelée à se développer comme l’un des moyens de faire face aux nouveaux enjeux de société et sont confiants dans les perspectives de développement des activités. Actuellement se pose à nouveau la question de l’élargissement des interventions au secteur marchand (entreprises privées : lesquelles et sous quelles conditions ?).

4. Contacts :

Yves Macquet, François Fagnot, Mohamed Slimani.Le Pas de Côté, 23 rue Gosselet, 59000 Lille.Tél : 03 20 52 18 48Mél : [email protected]

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2. La Maison des Ecrits d’Echirolles :Histoires de vie de parents d’origine étrangère

A Echirolles dans la banlieue de Grenoble, en 1998, un travail sur les HISTOIRES DE VIE des parents d’origine étrangère a ouvert des pistes très prometteuses pour atteindre des publics généralement exclus du dialogue scolaire et social.

Ce dispositif a été mis en place à partir de la volonté de la municipalité de remédier à l’échec scolaire en créant les « vacances lecture ». Le projet, bénéficiant de l’expérience acquise au « Centre de Classes Lecture » de la Villeneuve de Grenoble (impulsé par l’Association Française pour la Lecture -AFL) a permis à un ancien instituteur et à l’équipe d’une bibliothèque municipale de mettre en place ces activités mi-loisirs classiques, mi-actions intensives autour de l’écrit.

1. Des histoires de vie pour renforcer le lien familial et social

Dans le cadre d’un soutien aux enfants en difficulté avec la lecture, la « Maison des écrits » d’Echirolles propose aux parents de faire part, par écrit, à leurs enfants, de leur vécu.

A partir de ce travail sur l’écrit, les enfants avec leurs parents réalisent des livres objets. Les histoires de vie son ainsi éditées et valorisées (reproduction réduite des livres objet en libre consultation à la « Maison des écrits »).

Autour du projet, des rencontres, réunions festives, lectures collectives permettent aux familles de se connaître et de découvrir le rôle de l’écrit. De plus, une exposition qui peut être présentée ailleurs a été réalisée par la « Maison des écrits ».

La démarche mise en œuvre a pour objectif de transformer le statut de l’écrit pour les parents et les enfants tout en créant ou enrichissant le dialogue familial sur l’histoire des parents. En participant, la communauté entière fait acte de reconnaissance sociale et de valorisation des personnes. Cela permet de faire évoluer les conceptions de l’apprentissage par les

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parents et les enfants ainsi que l’implication des parents dans la scolarité de leurs enfants.

La population concernée par cette action est souvent issue de l’immigration et par conséquence, ce sont des personnes marginalisées socialement, économiquement et culturellement qui participent. La finalité de ce travail est d’atteindre des publics généralement exclus du dialogue scolaire et social et ignorants des fonctions autres qu’utilitaires de l’écrit. Il s’agit aussi de fortifier les liens affectifs entre parents et enfants.

2. Un dispositif qui s’intègre à un projet municipal

Grâce à un ancien instituteur de « classes lecture » et à la bibliothèque municipale, le dispositif municipal « Vacances Lecture » a été lancé à Échirolles. Ce projet, bénéficiant de l’expérience acquise au « Centre de Classes Lecture » de la Villeneuve de Grenoble, avait comme objectif de transformer le rapport à l’écrit chez des enfants en échec scolaire. Les enfants en difficulté sont signalés par les écoles et une vingtaine sont inscrits dans le projet. La condition a été que ses parents acceptaient un contrat : venir l’avant dernier jour du séjour pour participer à la présentation des travaux de leurs enfants. Ce contrat a permis d’impulser, avec une dizaine de parents, le projet d’écriture de leurs histoires de vie.

Le projet a obtenu tout le soutien de la municipalité. Une attention particulière a été portée sur le fait que les actions pourraient être reproductibles en d’autres lieux où la réflexion sur l’écrit, son importance et sa fonction sociale et citoyenne peuvent se développer.

3. Une démarche qui garanti la reconnaissance et la valorisation sociale des participants

Le projet a démarré a l’issue d’une semaine « vacances lecture » avec des parents ayant explicitement compris l’intérêt de cette action de formation et acceptant le prolongement proposé par les histoires de vie.

Les actions sont prises en charge par des bénévoles et consistent à organiser des rencontres pour des interviews avec les parents, le plus souvent avec la mère. Les interviews se poursuivent par l’écriture des textes par les bénévoles. Les textes sont présentés, amendés et remaniés successivement (maximum trois fois) jusqu’à satisfaction des parents.

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La préparation et décoration des livres objets ont été fait par des groupes de mères et d’enfants avec l’aide d’une graphiste. Suite à cela, il y a eu une remise publique des livres édités (luxueusement) avec lecture publique et une fête rassemblant une centaine de personnes.

En s’impliquant dans le projet, les participants se sont sentis reconnus en tant que personnes et valorisés. Ils ont pu évolué dans leurs projets individuels, dans leurs prises de décisions et leurs prises de conscience. Des évolutions parfois remarquables ont été observées dans le sens de l’émancipation, la distanciation, l’engagement. Pour certains, cette évolution a simplement consisté à un apprentissage de la langue Français. Les prolongements en rencontres collectives autour du projet, les présentations publiques du projet et les fêtes ont contribué à améliorer le « lien social » dans la communauté.

Malheureusement, dans cette initiative, les instituteurs n’étaient pas présents et se sont majoritairement contentés de consommer le service. Ils n’ont pas ou très peu intégré le travail fait en « vacances lecture » dans la vie de l’école.

Il a fallu trouver les conditions pour dépasser l’obstacle de la langue parce que plusieurs des participants ne parlaient pas bien le français. La présence d’un traducteur a été indispensable et a joué un rôle très positif.

Il y a eu une grande satisfaction mutuelle en termes de rapports humains chaleureux, même si pour certains l’échange est resté inégal. Les prolongements possibles n’ont pas encore eu lieu.

4. Contact

Raymond et Roland MILLOT878 Chemin de Moulin Ruel38870 Saint SimeonTél : 04 74 20 00 59Mél : [email protected]

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3. Vivre à l'école en citoyen25 ans d'expérience à La Villeneuve de Grenoble

Pendant 25 ans, une équipe d'enseignants de La Villeneuve de Grenoble s'est attachée à réunir les conditions d'une vie démocratique dans une école résolument ouverte sur le quartier, la ville et le monde, conformément au projet initial du quartier de l'Arlequin « Enfant-Citoyen dans l’Ecole-Cité »

L'objectif était « d'instituer le citoyen », non plus en conditionnant mais en émancipant, bien avant qu'un incivisme explosif en fasse une préoccupation brûlante. Pour cela, le travail à l'école a été organisé selon un parallèle entre la vie des enfants à l’école et celle du citoyen dans la cité sous trois aspects :⋅ - l'information,⋅ - la vie politique, sociale et culturelle, ⋅ - la formation permanente.

Cette approche de l’éducation transforme fondamentalement et le statut de l'enfant et celui des adultes qui deviennent « co-éducateurs » (y compris les parents), et la fonction de l'école.

1. L'information

L'esprit citoyen se construit comme se construit le savoir : en agissant sur le réel pour le transformer et le comprendre, avec l'aide vigilante et exigeante des enseignants. A travers différents espaces d’échanges d’informations et d’opinions, l’enfant affirme son identité, sa singularité en se situant par rapport aux autres et dans un fonctionnement de groupe. L’objectif est d’ordonner l'expression orale et écrite, de structurer la réflexion, d’éduquer au jugement et au discernement par une ouverture et une lecture critique de l'information. En découvrant différentes approches d'une question, l’enfant peut ouvrir et approfondir son raisonnement. Ces espaces sont autant

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d’instruments de la « vie politique » de l’école.

La radio de classe

Chaque matin est diffusé un bulletin d'information élaboré par un groupe d’enfants à partir d’informations venant des enfants, d’un adulte ou d’une institution de l’environnement des enfants (dame de service, parent, animateur du quartier, municipalité…). Il renvoie souvent à des sources écrites consultables et plus détaillées et ouvre la discussion, l'enseignant jouant un rôle de médiateur. Certains sujets peuvent exiger un débat immédiat. D'autres sont reportés et l'on note le jour et l'heure où l'on donnera suite à une demande, une réflexion, un projet.

Le journal de classe hebdomadaire

Récit, dialogue, poésie, fable, lettre ouverte... Le journal sert à communiquer, entretenir le dialogue famille-école et réguler la vie de la classe en permettant l'expression des conflits et des difficultés. Rédigé par l’enseignant, il est lu en classe pour se pencher sur le travail d'écriture réalisé.

Les cahiers de vie

Dès le premier cycle (2 à 4 ans), chaque enfant a son cahier de vie dans lequel il conserve des traces de ce qu’il vit (à l’école, à la maison ou ailleurs : dessins, comptines, poésies…) et qui devient un objet affectif très important. Il permet à l’enfant de mieux se situer dans son environnement et dans le temps, de faire le lien entre la famille et l’école, même si les parents ne sont pas lecteurs. L’enfant y affirme son identité, sa singularité et décide de ce qu’il communique aux autres. Les informations données peuvent alimenter une discussion ou le journal de classe.

L'atelier d'information citoyenne

En fin de primaire, pudeur par rapport au cahier de vie et besoin de s’ouvrir au monde extérieur motivent un travail sur l’information par l’examen critique et constructif des media : choix d’un abonnement pour l’école, lecture et comparaison de quotidiens, visionnement d'un journal télévisé, production d’écrits journalistiques pour la radio…

Le hall d'info

On y trouve des messages de classe d'intérêt général et des messages

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personnels, des prospectus et des informations municipales, des propositions, des informations sur la vie du quartier… Un groupe en a la responsabilité (intérêt des informations collectées, mise en valeur, renouvellement).

Le journal de l'école

« Des Enfants S'en Mêlent ». Son titre peut se lire comme un programme ; son sous-titre est une déclaration d'intention : « journal d'opinion ». Les enfants s’expriment sur leur cadre de vie. Ils ont par exemple interpellé les habitants sur les problèmes de propreté, d'incivisme. « L'affaire du caddie » (jeté d’une passerelle sur une voiture de police) a fait l'objet d'un numéro entier très apprécié : après contre-enquête, les enfants ont rétabli les faits déformés par le Dauphiné Libéré.

2. Expérimenter le démocratie : La vie politique à l'école

Pour régler les problèmes de l’école une organisation collective s’est mise en place : le conseil d’enfants. Celui-ci réunit, toutes les deux semaines et pendant 45 minutes, deux délégués élus qui viennent avec des propositions de leur classe. Un enseignant donne la parole et rédige les comptes-rendus. Les délégués apprennent les qualités nécessaires à leur fonction : oser prendre la parole, représenter l’ensemble de la classe (et pas seulement soi ou les copains).

Le conseil travaille sur des sujets divers (règles de vie de l’école, élevage d’animaux, utilisation de la photocopieuse) qui touchent des sujets fondamentaux : pouvoir et responsabilité des enfants, constance dans un projet, rapports difficiles avec certains adultes. Les enfants sont très attachés au Conseil. Ils le prennent au sérieux parce qu’ils se sentent pris au sérieux.

3. La vie sociale et culturelle

La vie coopérative quotidienne au sein de l’école (tutorat, entraide, projets collectifs) constitue une ouverture à la vie sociale dans le quartier. Par exemple la gestion des « services généraux » (bibliothèque, hall d’info, coin nature, etc.…) s’apparente à celle de services municipaux.

La vie sociale à l’école est alimentée par les rituels (anniversaires, accueil des nouveaux, adieux ...), les spectacles, les fêtes de tous les pays, les

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soirées conte ou jeux…

La pratique culturelle n’est jamais traitée comme une activité marginale. Le choix des spectacles donne lieu à des séances de présentation, d’analyse et de réflexion, avec les moyens d'information de l'école (hall d’info, radio, cahiers de vie). Dès 7 ans, les élèves sont conduits à repérer et comparer les partis pris d’écriture, les procédés et leurs effets, à faire le lien avec leur sensibilité, leur expérience pour se forger une vision personnelle.

4. Pour en savoir plus

Cette expérience, référence pour l'éducation émancipatrice, est aujourd'hui terminée et retracée dans le Fascicule N°3 de RECIT « Vivre à l'école en citoyen, 25 ans d'expérience dans un quartier populaire » (3 €).

5. ContactRaymond et Rolande MILLOT878 Chemin de Moulin Ruel, 38 870 SAINT SIMEON Tél : 04 74 20 00 59 Mél : [email protected]

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4. VCM, Voisins Citoyens en Méditerranée :rendre légitimes les initiatives locales de solidarité

L'association fédère et défend les initiatives locales de solidarité mises en œuvre par des personnes paupérisées dans les régions PACA, Languedoc-Roussillon et Corse.

1. « Premier repère » de solidarité

En octobre 1994, une étude sur les « Villages et quartiers solidaires » a montré le risque de voir une partie de la population française rejetée dans la misère et le non droit, en conséquence de la mondialisation. Elle a montré aussi le développement d'actions de survie et de solidarité de voisinage en marche de réglementation et de lois en vigueur. Face à ce constat, l'association s'est créée en 1995.

L'objectif de l'association est de soutenir et renforcer les initiatives de solidarité de voisinage mises en œuvre dans les régions PACA, Languedoc-Roussillon et Corse par des personnes paupérisées, pour l'amélioration de leur vie quotidienne et leur promotion culturelle, économique, politique et sociale. Il s'agit aussi de promouvoir ces initiatives pour les légitimer face aux pouvoirs publics, et de réfléchir aux enjeux et à leur portée éthique.

En 1997, VCM a adopté sa charte « Premier repère » qui dénonce les inégalités et défend les initiatives locales de solidarité lors d'un premier forum sur le thème « Droit du travail - Droit au travail ». 40 organisations sont aujourd'hui signataires de cette charte.

L'association se compose de personnes physiques, membres actifs, d'associations locales, membres associés, et de personnalités cooptées, membres du Comité d'Orientation Ethique.

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2. Réseau, Reconnaissance institutionnelle et éthique

Repérage et mise en réseau

VCM a mis en réseau 99 initiatives locales œuvrant pour l'amélioration de la vie de personnes paupérisées (logement, transport, alimentation, jardins, habillement…). 80 d'entre elles ont participé à des actions avec VCM, parmi lesquelles on peut citer : Les Mécanos du Cœur, « 2 Roues pour 1 Emploi », la Cellule d'Appui RMI, Femmes dans la Cité, Carrefour des Citoyens, Carrefour du Troc, l'association SHEBBA, SOS Paysans des Bouches du Rhône…

Des groupes thématiques

VCM coordonne des rencontres d’échange d'expériences et d’analyse en relation avec les différents activités mis en ouvre par les initiatives de solidarité (garage associative, épicerie solidaire, jardins, transports, etc.)

3. Des actions de formation

La structure marseillaise a mis en place des actions de formation auprès des associations partenaires et leur a fourni un soutien méthodologique (9 journées de formation dans l'Hérault). Elle a également organisé des actions de communication (Forum sur le Revenu minimum d'existence par exemple) pour enrichir le débat public de ses expériences, analyses et réflexions.

Des réunions régionales bimestrielles

Elles permettent aux associations de mieux se connaître et d'appréhender des questions transversales. Cela permet de développer un effet réseau pour assurer une continuité et une progression positive de ces démarches, avec plusieurs questions :⋅ Comment dépasser les difficultés réglementaires pour permettre l'entrée

des initiatives de solidarité locale dans le droit commun ?⋅ Comment valider les compétences dans ces « entreprises » qui comme les

autres sont soumises à une production de qualité ?

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4. Un travail en partenariat

Un mensuel

En janvier 2000, VCM a lancé avec un groupe de la maison des chômeurs d'Avignon un mensuel de débat méditerranéen sur la réalité de la pauvreté. Au-delà du rôle de « passeur » entre les diverses initiatives, ce journal met en lumière toute la réflexion conjointe de l'ensemble des partenaires.

Un partenariat méditerranéen

Des échanges sont développés avec des acteurs de la lutte contre la pauvreté en Méditerranée. Un voyage d'étude à Naples a été l'occasion d'explorer la réalité socio-économique et politique de cette ville et d'échanger avec les responsables des associations et des administrations napolitaines afin de vérifier la pertinence d'un travail en commun, entre acteurs méditerranéens.

5. Une réflexion sur l'orientation et l'éthique

Un Comité d'Orientation Ethique d’une dizaine de membres (personnalités et membres actifs) développe une réflexion éthique sur les questions soulevées par l'augmentation du chômage et de la pauvreté. Ces personnes inscrivent leur démarche dans la lutte contre l'exclusion et/ou les dérives extrémistes et sectaires. Il est également chargé d'élaborer des textes issus des réflexions et de faire adopter une même ligne de conduite à l'ensemble des partenaires.

Le comité éthique est actuellement organisé en 3 commissions de travail :⋅ Activité emploi⋅ Droit d’habiter et domiciliation⋅ Assurances

6. Un travail pour définir un cadre légal aux initiatives locales

En collaboration avec les administrations centrales, départementales, régionales (à travers un comité de pilotage de suivi et d'orientation inter administratif), il s’agit de donner aux initiatives locales de solidarité une légitimité sociale et de leur permettre de se développer dans l'économie formelle avec un statut expérimental (dérogation aux réglementations en vigueur).

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7. La force du réseau

L'association est en voie de dépasser les difficultés réglementaires concernant le CASEL, même si celui-ci reste encore expérimental. Il est aussi question de créer de nouveaux groupes thématiques et de rendre accessible au plus grand nombre la lecture et l’écriture du mensuel de débat.

La force de l'association « Voisins et Citoyens » est de s'appuyer sur une synergie entre une centaine d'associations. VCM a révélé l'existence d'un fort courant d’initiatives locales de solidarité et développé un discours étayé sur le plan juridique, éthique, opérationnel que les associations isolées n'avaient pas les moyens de faire seules. Ce travail a permis de rendre légitimes, aux yeux des pouvoirs publics, des actions qui étaient auparavant rejetées du cadre juridique, et de montrer la portée éthique des actions menées, donnant confiance aux acteurs dans la portée de leur action.

La démarche entreprise permet de donner un statut aux initiatives qui inventent de nouveaux rapports humains et/ou économiques, porteurs d'une réelle avancée sociale.

8. ContactVCM 80 rue Paradis, 13006 Marseille Tél : 04 91 33 39 86Fax. : 04 91 54 15 09mel : [email protected] Internet : www.vcm.1901.org

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•DÉVELOPPEMENT DURABLE / VIVRE AUTREMENT

• Graines de Saveurs : Goût, Alimentation, Consomm’Action

L’association Graines de saveurs propose de re-découvrir les goûts dans l'alimentation tout en réfléchissant à la consommation citoyenne à travers différentes activités autour de la cuisine adaptées au public.

• Les CIGALES : une alternative démocratique et solidaire de gestion de l’épargne

Les CIGALES sont des clubs d’investissement créés par des groupes d’épargnants qui cherchent à retrouver la maîtrise de leur argent pour le mettre au service de projets locaux d’économie solidaire.

• Les écoles éco-citoyennes : une expérience d’éducation au développement durable

Le Parc naturel des Caps et Marais d’Opale, un petit territoire de 153 communes dans le nord de la France a élaboré un projet d’écoles éco-citoyennes et accompagne les écoles qui souhaitent adhérer au projet.

• Les Blongios : la Nature en chantiers

« Les Blongios, la nature en chantiers » est une association de coordinateurs bénévoles qui organisent et proposent à des volontaires des chantiers pour la préservation des milieux naturels, principalement dans le Nord Pas-de-Calais, mais aussi en France et en Europe.

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1. Graines de Saveurs,Goût, Alimentation, Consomm’Action

L’association Graines de saveurs propose de re-découvrir les goûts dans l'alimentation tout en réfléchissant à la consommation citoyenne à travers différentes activités autour de la cuisine adaptées au public.

1. Stimuler papilles gustatives et conscience citoyenne

« Passionnée depuis longtemps par la découverte des saveurs et l'initiation au goût, j'ai souhaité réfléchir à la création d'une association qui permette d'allier la re-découverte des goûts dans l'alimentation et la réflexion sur la consommation citoyenne de nos produits alimentaires au nord comme au sud : agriculture durable ou biologique ».

Ainsi en Mars 2003, Frédérique Robillard réunit des personnes de différents réseaux et territoires pour leur présenter son projet de lancement d’activité. L’objectif est de créer un emploi stable dans les deux ans sur des activités de formation, de réalisation de buffets, et d’animation grand public alliant la découverte gustative de produits équitables et/ou biologiques et la mise en débat sur les consommations alimentaires et les enjeux politiques qui s'y rattachent. En décembre 2003, dix personnes créent l'association « Graines de Saveurs ».

Aujourd’hui Graines de Saveurs tient des stands d’information-sensibilisation lors de grands évènements : festival du développement durable à Lille en juin, animation autour de la pomme lors des Portes Ouvertes de la Bio en septembre 2003 et 2004…

Des buffets sont également organisés pour amener la discussion sur certains thèmes : équilibre alimentaire, commerce équitable, agriculture biologique... La préparation du repas prend alors la forme d’ateliers d’échanges de savoirs se basant sur l’expérience des participants.

Enfin des « Ateliers du Goût » sont proposés à des enfants sur demande d’organisations.

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Chaque atelier d'animation se compose d'une séquence pédagogique à partir de jeux conçus par l'association, d'une séquence réalisation d'une recette, d'une séquence d’apprentissage de l'aspect dégustation (cadre, sens du partage du repas...). Ce déroulement dynamique permet d’amener la discussion et d’aborder les cinq sens avec les enfants. Par exemple ont été organisés des ateliers pour des scolaires (5-8 ans) sur le thème du lait bio et des bananes issues du commerce équitable, ainsi que des casse-croûte végétaux (en remplacement du hamburger).

2. Se donner les moyens d’une activité stable et de qualité

Le statut associatif a été choisi pour mettre en oeuvre la phase expérimentale du projet avant la création d'un emploi, et permettre une remise en cause permanente de l’orientation du projet par l’existence d’un Conseil d’Administration.

Frédérique suit une formation de deux ans au CUEEP de Lille sur la médiation citoyenne (écoute active, reformulation…) qui donne des outils indispensables à une animation de qualité des discussions. Les membres du CA se forment progressivement en participant aux animations mises en place.

Par ailleurs, la porteuse de projet fait partie du collectif « De l’envie au projet » monté par l’AFIP qui soutient les porteurs de projet à le concrétiser (stages, information…).

Grâce à un stage avec un journaliste suivi dans le cadre du collectif « De l’envie au projet », les moyens de communication de l’association ont pu être améliorés. Le journal de l’association est diffusé à une centaine d’exemplaires et des marque-page ont été édités à l’intention des instituteurs.

3. Veiller à la cohérence du projet

Le CA est plutôt jeune (moyenne d’âge : 30 ans) et féminin, aucun agriculteur n’y participe. Afin d’être en cohérence avec le projet, l’association souhaite veiller à maintenir le lien le plus direct possible avec le milieu agricole, qui y tient une place importante.

Le soutien des réseaux amis a été important pour le lancement de l’activité. Celle-ci commence à être reconnue et les demandes affluent. Cependant

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elles ne correspondent pas toujours aux objectifs de départ (commandes de repas oubliant la dimension éducative par exemple). C’est une vigilance de plus à avoir : la cuisine constitue bien ici un support d’animation et non une fin en soi.

Par contre pour la première fois, l’association va entrer dans une école dans le cadre d’un contrat éducatif local pour des animations sur les « goûters équilibrés », ce qui correspond tout à fait aux objectifs. Sur la demande de parents, un groupe de parole sur l’alimentation des bébés va être créé, expérimentation qui pourra se répéter selon les résultats.

Si le public touché actuellement est surtout une classe moyenne militante, travailler avec des personnes en difficulté reste une priorité à terme, et ce essentiellement sur le territoire du Pas-de-Calais.

4. Contact Frédérique Robillard « GRAINES de SAVEURS »16 rue de Canlers, 62 310 RuisseauvilleTél : 03 21 22 67 58 Mél : [email protected]

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2. LES CIGALESUne alternative démocratique et solidaire de gestion de

l’épargne

Les CIGALES sont des clubs d’investissement créés par des groupes d’épargnants qui cherchent à retrouver la maîtrise de leur argent pour le mettre au service de projets locaux d’économie solidaire.

1. Reconsidérer la place de l’argent

L’idée des CIGALES est née face au cloisonnement existant entre épargnants, investisseurs et entrepreneurs. En effet, en déresponsabilisant les épargnants, cette coupure a permis le développement de comportements spéculatifs : l’épargne et l’investissement ne sont plus un moyen pour une fin autre (activité, création d’emplois…) mais une fin en soi, appelée à croître et se renouveler sans fin. Les CIGALES visent donc à redonner à l’argent une place spécifique dans le circuit économique : celle de moyen au service d’une fin autre.

Afin de développer de nouvelles pratiques économiques plus respectueuses de l’Humain (entre autres concernant le rapport à l’épargne), trois principes ont guidé le projet des Cigales :⋅ constituer une alternative économique aux pratiques actuelles en matière

d’investissement (qui s’inscrive dans le champ d’action économique avec les contraintes qui lui sont propres) ;

⋅ créer des circuits économiques courts (les épargnants étant en même temps les investisseurs et les associés de l’entrepreneur), ce qui met chacun face à ses responsabilités;

⋅ mettre en place une gestion collective et démocratique de l’épargne selon le principe coopératif « un Humain, une voix » (et non selon la quantité d’argent épargnée).

Tout ceci vise à favoriser la responsabilisation des acteurs, le lien social et la confiance, l’ouverture et l’échange de savoirs et d’expériences, ainsi que l’engagement des acteurs économiques dans le territoire. Dans le contexte de montée du chômage des années quatre-vingts, s’ajoute

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une dimension solidaire au projet des Cigales (création d’emplois stables, insertion, création de lien social).

2. Qu’est-ce qu’un club Cigales ?

Un club CIGALES peut être créé par cinq personnes au minimum. L’investissement d’un club n’est pas un simple apport financier : le club devient associé de l’entrepreneur et lui propose un accompagnement dans son projet. Cet accompagnement est avant tout une relation humaine, qui demande à être gérée dans l’ouverture et l’écoute. Le partenariat exige rigueur et transparence des deux parties qui s’engagent mutuellement.

Les clubs sont autonomes dans leurs choix et leur gestion. Aujourd’hui une centaine de clubs Cigales existent à travers la France et sont rassemblés au sein d’une fédération nationale. Celle-ci propose des outils de sensibilisation (« Guide du Cigalier », jeu coopératif « Solidarisk »), accorde l’agrément « Club Cigales » et assure la promotion des Cigales et de l’économie solidaire à l’échelle nationale. Dans les régions où les clubs sont les plus nombreux, une association régionale a été créée pour aider à la création, l’autonomisation et le renouvellement des clubs (dans le Nord-Pas-de-Calais par exemple).

3. La vie d’un club CIGALES : Fiv’Allure

Le club Fiv’Allure est créé en 2000, dans le quartier de Fives à Lille sous l’impulsion de l’association PILES (Promotion des Initiatives Locales d’Economie Solidaire). Jusqu’à 20 personnes de 25 à 35 ans (et jusqu’à 60 ans) y ont contribué. Ce club a cherché à démontrer qu’un projet économique pouvait être à la fois viable et solidaire, ce qui a abouti à l’élaboration de quatre critères pour le choix des projets à financer. Le projet devait être viable économiquement, concerner la métropole lilloise et comporter une dimension solidaire. Enfin le besoin de l’entrepreneur devait être réel, aussi bien sur le financement que sur l’accompagnement du projet par le club afin d’être prêt au dialogue et à la réciprocité.

La convivialité et la responsabilisation des participants sont primordiales dans le fonctionnement du club. Ainsi est-il décidé que les fonctions au sein de club tourneraient chaque année (gérance, trésorerie, secrétariat). Après expérimentation, cette idée semble intéressante en ce qui concerne la gérance, mais plus difficile pour la trésorerie et le secrétariat, qui

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nécessitent un temps de formation et un suivi difficilement compatibles avec les rotations.

Pour certains, participer à ce club a été l’occasion de s’ouvrir à un autre aspect de l’entreprise, de découvrir l’économie solidaire, ainsi qu’un outil financier transparent, instituant un rapport direct entre épargnant et entrepreneur, et qui redonne à chacun son pouvoir de choix et une place d’acteur économique à part entière.

Après bilan du club, les cigaliers ont décidé que le club d’investissement « Fiv’Allure » se transformerait en « Cigales de gestion » en 2005 (gestion des prêts en cours). Une partie des participants souhaite relancer l’aventure et former un nouveau club.

4. Créer un club dans une dynamique de réseau dans le Bassin Minier

En 2000, l’association des Cigales du Nord et du Pas de Calais cherchait à développer les clubs dans le Pas de Calais (qui comptait 3 clubs contre 16 dans le Nord) et plus particulièrement en Zone Urbaine Sensible (ZUS) classées politique de la ville. Cette démarche s’est déroulée en trois phases.

La première phase a consisté à rencontrer les acteurs locaux du développement économique et les représentants institutionnels afin de les informer et de les associer au projet. Il s’agissait également de repérer l’existant en matière de soutien à la création d’entreprise et de développement économique local pour faire appel à ces partenaires sans faire doublon.

La deuxième phase du projet consistait en des actions de sensibilisation à l’épargne solidaire en partenariat avec l’association Unis Cités, ce qui a permis de toucher à la fois les volontaires de l’association et un public a priori éloigné des problématiques de l’économie solidaire, dont des jeunes chômeurs en insertion professionnelle.

La dernière phase du projet, la mise en place du club, a été suivie par un comité de pilotage réunissant tous les acteurs du développement local (élus, acteurs économiques, acteurs associatifs). Ainsi le club « Cig’Artois » est né le 19 novembre 2002 !

L’objectif était d’inscrire le club dans une dynamique de réseau pour établir des synergies avec l’existant. Il bénéficie actuellement d’une configuration idéale dans son implantation territoriale : soutien politique des élus, soutien

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technique des acteurs de la création d’entreprise, soutien logistique du centre Initia (local de réunion), soutien des clubs voisins (apport d’expérience). Ainsi ce club est-il reconnu et autonome vis-à-vis de l’association régionale.

Pour l’association des Cigales NPC, cette action a été un test dans l’expérimentation d’une méthodologie de création de club. Les enseignements retirés soulignent la nécessité :⋅ de passer par les clubs existants et les réseaux militants locaux pour former

le club ; ⋅ d’être en lien avec les acteurs économiques et institutionnels locaux pour

faciliter l’autonomisation et l’insertion du club dans les réseaux locaux.

5. Contact : Association des Cigales du Nord et du Pas-de-CalaisRue Gantois, 59000 LilleTél : 03 20 54 09 51Mél : [email protected]

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3. Les écoles éco-citoyennesUne expérience d’éducation au développement durable

Le Parc naturel des Caps et Marais d’Opale, un petit territoire de 153 communes dans le nord de la France a élaboré un projet d’écoles éco-citoyennes permettant de favoriser chez les enfants une prise de conscience écologique et citoyenne et accompagne les écoles qui souhaitent adhérer au projet.

1. Un projet éducatif local dans un Parc Naturel Régional

La démarche a pour objectif de favoriser chez les enfants une prise de conscience écologique et citoyenne et de leur donner l’opportunité d'être acteurs de projets concrets d'éducation à l'environnement et à la citoyenneté. Le projet a été expérimenté pendant 2 ans auprès de 5 écoles pilotes avant de prendre sa forme définitive. Il est ouvert à toutes les écoles du Parc depuis septembre 2003.

En partenariat avec la Commune, le Parc apporte une aide aux écoles maternelles, primaires établissements spécialisés, pour mener des projets visant l’apprentissage de la citoyenneté, la connaissance du territoire et la compréhension de son fonctionnement, l’information et la participation au développement durable par des actions environnementales et solidaires. Pour appuyer cette démarche, le parc met en place des actions concrètes comme le projet « explorateurs des Caps et Marais d'Opale » à Esquerdes en mai 2004 qui a rassemblé 65 classes et une exposition de photos sur le thème « mon collège territoire de vie » avec 70 délégués de classes de 6ème de 8 collèges de l'Audomarois.

Le projet écoles éco-citoyennes est né de la réflexion d’un groupe de chargés de mission du Parc, d’élus, de techniciens et de personnes de l’éducation nationale, réunis au sein de la commission « communication, éducation, citoyenneté » du Parc.

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2. Un travail sur les valeurs

La finalité est d’éduquer et faire participer les enfants au développement durable en fortifiant les valeurs de tolérance, respect, autoréalisation, expression et solidarité.

Le projet d’école éco-citoyenne est un « luxe » pour les enfants qui en bénéficient. Les écoles éco-citoyennes partagent les valeurs sociales d’autoréalisation, d’expression, de laïcité, de bien-être qui sont un privilège des pays riches, en y ajoutant d’autres dimensions spécifiques partagées par tous les Parcs naturels régionaux de France.⋅ Une dimension collective, participative, solidaire avec les pays qui

ne sont pas dans le même contexte social que nous. ⋅ Une dimension environnementale : Ne jamais oublier que nous

sommes une espèce d’être vivant parmi des millions d’autres qui ont aussi le droit de vivre sur terre. C’est la Diversité biologique.

⋅ Une prise en compte du temps passé, présent et à venir : travailler sur les racines, les traditions locales, l’histoire, comprendre le présent et se projeter dans l’avenir pour le développement durable.

⋅ Une dimension territoriale locale, en découvrant l’environnent proche, milieu de vie des enfants (présent).

⋅ En étant en permanence, à l’écoute, en veille, capable de réagir, de changer, la valeur du Doute (Les Parcs ont une mission de territoires d’expérimentation).

3. Un accompagnement dans la démarche de projet flexible

Le Parc invite les écoles de son territoire à devenir écoles éco-citoyennes. Pour cela, il suffit de travailler au moins 3 axes parmi les 5 proposés :

1. améliorer le cadre de vie de l'école (plantations, fresques, etc.)

2. apprendre la citoyenneté (mise en place d'un conseil des enfants, organisation de débats, mise en place du tutorat, etc.)

3. explorer le territoire (découverte de l’environnement local)

4. préserver les ressources de la planète (sensibilisation aux thèmes de l'eau, des déchets, de l'énergie, du sol, de la biodiversité, etc.)

5. connaître d’autres cultures et réaliser des actions de solidarités (consommation éthique, commerce équitable, mondialisation)

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Chaque école élabore son projet d'école éco-citoyenne et le Parc leur apporte une aide personnalisée (outils et documents pédagogiques, relation avec des associations actives dans les domaines traités, co-financement de projets avec la commune) et aussi des temps de formation et d'échanges, un journal trimestriel écrit par les enfants pour promouvoir les échanges et en projet, un espace sur le site Internet.

En faisant vivre l’opération des écoles éco-citoyennes, nous veillons à ce que chaque projet reste juste, par exemple qu’il n’y ait pas de dérive, pas de démesure dans les réalisations, une réelle participation des enfants, pas de mascarades, de réunions où on invite les enfants pour se donner bonne conscience etc.

Chaque projet est unique et la diversité des idées est encouragée.

4. Maintenir la souplesse du projet dans un travail en partenariat

La préparation et la mise en œuvre du projet du Parc rassemble différents acteurs du territoire : un travail est fait en amont en coordination avec les inspecteurs de l’éducation nationale et un partenariat des écoles avec leur commune est mis en place. Le Parc se donne les moyens pour permettre aux écoles de concrétiser les projets.

Pour les écoles, la diversité et l’autonomie du choix des thèmes est primordiale et assure une appropriation du projet. Les écoles éco-citoyennes, concernent 200 enseignants. Au vu de l’effectif du parc sur cette mission, il n’est pas possible de leur apporter une aide individualisée et soutenue.

Les limites rencontrées viennent de la difficulté de mener le projet des écoles éco-citoyennes sans s’éloigner des programmes scolaires car l’approche de la complexité amène souvent des questions et des recherches en marge des programmes scolaires.

Les écoles éco-citoyennes s’engagent pour du long terme. Etre école éco-citoyenne, n’est pas une opportunité pour une année scolaire, mais bien une démarche d’adoption durable de nouveaux comportements au sein de l’école.

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5. Contact Martine MagnierParc naturel régional des Caps et Marais d'OpaleMaison du Parc - BP 55 - 62510 ARQUES Tél : 03.21.87.90.90Mél : [email protected]

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4. Les Blongios,La Nature en chantiers

« Les Blongios, la nature en chantiers » est une association de volontaires bénévoles qui organisent et proposent des chantiers pour la préservation des milieux naturels, principalement dans le Nord Pas-de-Calais, mais aussi en France et en Europe.

1. Pour préserver et promouvoir la Nature…

En 1992, un groupe de personnes sensibilisées à l'environnement souhaite agir concrètement pour préserver et promouvoir la nature. Par ailleurs, un gestionnaire d'espace naturel près de Saint-Omer a besoin de faire connaître la richesse de sa réserve et recherche un « coup de main » dans des travaux pour lesquels il n'a pas suffisamment de moyens humains. Ensemble, ils créent une association visant à faire participer les riverains de la réserve et des habitants néophytes en gestion de la nature : elle prend le nom d'une espèce en voie de disparition dans la région : le Blongios.

En 2005, l’association « Les Blongios, la nature en chantiers » rassemble plus de 280 adhérents de toute la France, et réalise chaque année une trentaine de chantiers nature. L'association est basée dans le Nord Pas-de-Calais, terre de grande mobilisation associative : en effet, même si elle a une envergure nationale, 80% de ses adhérents sont nordistes. Des relais locaux sont en projet en France, basés sur le volontariat des membres.

Entre septembre et avril, des chantiers ont lieu les week-ends dans le Nord Pas-de-Calais et dans les départements et pays frontaliers (Somme, Aisne, Angleterre, Belgique, Hollande). Durant les vacances scolaires (février, avril et juillet août), l’association propose des chantiers de une à deux semaines dans d’autres régions de France (Camargue, Picardie, Normandie, Normandie…).

Ces chantiers, qui ont déjà accueilli plus de 3500 personnes, sont organisés et menés chaque année par des coordinateurs bénévoles (gestion des inscriptions, organisation de la vie de groupe). Les volontaires (9 à 15 personnes et parfois plus) sont hébergés en gîte, participent à la vie de groupe (préparation des repas, tâches ménagères…) et ne paient que les frais de déplacement jusqu’au lieu du chantier. L’association prend en

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charge l’hébergement, la nourriture et les déplacements sur place. L’adhésion à l’association donne accès à tous les chantiers de l’année.

Sur chaque terrain, un gestionnaire de milieu naturel (technicien, conservateur ou chargé de mission) accueille le groupe, présente les travaux et les objectifs du chantier, apporte son savoir-faire et propose une visite-découverte de site en fin de chantier. Chaque bénévole travaille à son rythme avec une demi-journée de repos et de découverte du milieu naturel pour 2,5 jours de travail.

2. Sensibiliser, Impliquer et mettre en lien,

Par delà les actions de préservation en partenariat avec des structures parapubliques de gestion d'espaces naturels, l’association vise la sensibilisation à la gestion humaine et environnementale des territoires un public souvent oublié dans l'éducation à l'environnement : les adultes, et plus particulièrement les jeunes adultes (les chantiers sont ouverts à tous à partir de 15 ans).

Son objectif est aussi de promouvoir le chantier nature comme outil d'implication et de responsabilisation des populations locales dans la gestion de leur territoire, et des coordinateurs bénévoles dans le développement de l’association. Pour cela, l'association amène d’une part les professionnels de l'environnement et les habitants à se rencontrer pour une reconnaissance mutuelle des objectifs de conservation de la nature et d’autre part met les moyens nécessaires pour cela. Les bénévoles et volontaires soulignent l’importance des moments de découverte, la qualité et le sérieux des travaux ainsi que la convivialité de ces temps de vie collective.

L'association anime annuellement un comité partenarial principalement axé sur les activités de l'association, et qui fait également office de coordination entre les techniciens acteurs de la gestion des milieux naturels en région.

L’autogestion bénévole est assurée par une organisation interne rigoureuse établie petit à petit : ⋅ un Conseil d’Administration actif, organe décisionnel qui fixe chaque

mois les orientations de développement de l’association en respectant les souhaits des bénévoles exprimés lors des deux Assemblées Générales annuelles (fonctionnement démocratique) ;

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⋅ quatre cellules de travail de bénévoles (communication, finances, chantiers, développement) pour développer des projets précis, en lien avec le binôme salarié et administrateur référent

⋅ une vingtaine de coordinateurs pour organiser la logistique et l’animation des chantiers ;

⋅ 280 bénévoles participent aux chantiers et soutiennent l’association lors de manifestations ;

⋅ deux salariés basés à Lille, un Agent Technique et un Agent de Développement, pour la mise en œuvre du projet associatif en soutien aux bénévoles.

3. Puis élargir le public et travailler en réseau.

Les chantiers permettent aux volontaires d’acquérir de nombreuses connaissances naturalistes et un savoir-faire technique (manipulation d'outils particuliers), et de développer leur sensibilité à la protection des espaces sensibles par la vision du terrain. Après plusieurs chantiers, des bénévoles initialement novices en environnement sont à même d’expliquer à des nouveaux volontaires des principes tels que « Comment et pourquoi gérer la nature ? ». Ils sont également naturellement confrontés à l’humilité qu’impose la nature : la nature, ça ne se commande pas !

Un réseau de rencontres entre professionnels et bénévoles s’est progressivement développé. Pour les gestionnaires, cela permet d’intégrer la population locale dans la vie des espaces naturels, d’avoir une reconnaissance de leur activité, de s’impliquer dans l’éducation à l’environnement, d’expérimenter et valoriser des pratiques de gestion douce par le biais d’opérations tests…

A mesure des chantiers, les animateurs se sont rendus compte de la difficulté à faire venir les riverains des réserves naturelles sur celles-ci. Les habitants du milieu rural sont-ils moins intéressés à ces chantiers car trop habitués au contact avec la nature ? Au niveau des volontaires, âgés de 20 à 30 ans en moyenne, ils comptent toujours de nombreux étudiants, de plus en plus de salariés, mais peu de personnes âgées. La cellule « développement » travaillera ces questions dès 2005.

L’association est à la recherche de partenariats avec des structures similaires en France, pour créer un réseau d'échange d'informations et de savoirs. L’objectif d’un tel réseau est de promouvoir la pratique des chantiers nature (très peu développée en France) aussi bien auprès des

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structures professionnelles que des citoyens. Par exemple, un portail Internet pourrait être créé au niveau régional et/ou national pour mettre à disposition des volontaires potentiels isolés toutes les dates et initiatives près de chez eux.

Aujourd’hui, les Blongios souhaitent poursuivre leurs actions en restant dans le champ du bénévolat, car c’est bien la démarche volontaire et bénévole qui a permis de mettre en place cette activité Ils ont le souci de conserver la dimension collective des chantiers, de même que sa portée éducative au-delà du simple loisir. Ils réfléchissent également au moyen de développer la coopération entre bénévoles et réserves naturelles.

4. Contact Laurent COUROUBLE (Vice président) et Guillaume OLLIVIER (Permanent référent)Maison de la Nature et de l’Environnement, 23 rue Gosselet 59000 LILLETél : 03 20 53 98 85Fax : 03 20 86 15 56Mél : [email protected] Internet : http://lesblongios.free.fr

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•POLITIQUE

• Association EVEIL : Des débats citoyens : la citoyenneté c’est quoi ?

L’association EVEIL (loi 1901) a pour objet « l’éveil à la citoyenneté des jeunes ». A côté de programmes pluriannuels d’interventions en milieu scolaire à l’échelon national, EVEIL a mené un projet de débats citoyens en 2003 intitulé « la citoyenneté c’est quoi ? », avec 3 établissements publics d’enseignement secondaire de milieux variés

• Université Populaire et Citoyenne à Roubaix : une offre publique de réflexion

Après une interruption, depuis un an, une trentaine de citoyens, acteurs de l’Education Populaire à Roubaix, sont entrain de refonder l’ « Université Populaire et Citoyenne », lieu de croisement de savoirs qui construit avec un collectif informel initial une « offre publique de réflexion »

• Réveillons la démocratie : un espace public de débat

Réveillons la Démocratie est une association de fait qui propose un espace public de débat aux citoyens qui le souhaitent de Gap et environs, et sur les thèmes qu’ils proposent.

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1. Association EVEIL : Des débats citoyens : la citoyenneté c’est quoi ?

L’association EVEIL (loi 1901) a pour objet « l’éveil à la citoyenneté des jeunes ». A côté de programmes pluriannuels d’interventions en milieu scolaire à l’échelon national, EVEIL a mené avec des adolescents un projet de débats citoyens en 2003 intitulé « la citoyenneté c’est quoi ? ».

1. La prise de parole, un défi

Les débats ont eu lieu avec 3 établissements publics d’enseignement secondaire de milieux variés : un établissement de banlieue (Val d’Oise, Collège Léon Blum de Villiers-le-Bel), un établissement de centre-ville (Paris, Collège Victor Duruy), un établissement de province (Nord, Collège Gayant). Une question pour guider notre démarche : Comment faire émerger une parole sur la citoyenneté chez de jeunes adolescents ? L’intérêt de l’expérience était de parvenir à faire parler des jeunes pour qui la prise de parole est souvent un défi. Il s’agissait également d’éviter de plaquer nos propres attentes d’adulte et de faire émerger une parole autonome et spontanée.

Des intervenants EVEIL, accompagnés d'une équipe de tournage vidéo, ont organisé une série de débats entre élèves sur ce que signifiait pour eux « être citoyen ». Leur parole collectée et restituée a donné lieu à la réalisation d'un livre : La citoyenneté c'est quoi ? et d'une courte vidéo, Paroles de jeunes. Tout l’enjeu et la difficulté de l’expérience était de parvenir à faire parler des jeunes, pour qui la prise de parole peut être un défi, en leur donnant l’occasion de s’exprimer en dehors du contexte formel des cours.

Tout la démarche a été conçue de manière à susciter un débat qui ne soit pas artificiel mais qui soit bien le reflet des préoccupations des ados et réponde à leur besoin d’être écouté et pris en considération par les adultes.

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2. Les conditions de réussite dans la démarche pédagogique

L’apport de l’intervenant extérieur

Par nature, l’intervenant extérieur dispose d’un atout : il est « neuf » et peut donc susciter plus facilement la curiosité et l’intérêt des élèves. Mais surtout son intervention sort du cadre formel des rapports scolaires. Le conférencier, ou l’intervenant, tel que nous le concevons n’est pas un professeur. Il doit avoir une relation différente avec les élèves ce qui permet l’expression d’une libre parole.

Un travail complémentaire de celui de l’enseignant, en collaboration avec l’enseignant

Evidemment l’expression d’une « libre parole » reste canalisée dans le cadre de règles préalablement établies. Les enseignants ont largement participé à la préparation du projet, apportant une contribution décisive. Les intervenants EVEIL ont ainsi pu s’appuyer sur ce qui avait été fait dans l’année, notamment sur les projets ou les travaux réalisés par les élèves.

Une démarche d’écoute des jeunes

Ce qui donne une dimension originale au projet est sa dimension d’écoute des jeunes. Nous voulions dans la mesure du possible éviter de plaquer sur les élèves nos propres attentes, nos propres questions d’adultes. En même temps, Il faut bien un minimum d’intervention des adultes, puisque par définition les adolescents ne sont pas encore autonomes et sont dans une démarche d’apprentissage.

Nous avons donc réfléchi à une méthode originale et, avant de lancer des débats, nous avons décidé de commencer par des entretiens individuels. D’abord pour établir un climat de confiance, un climat propice à l’échange : En clair nous nous faisons d’abord accepter pour ensuite essayer de cerner leurs préoccupations, les aider à formuler leurs attentes, à s’exprimer par eux même.

3. Un travail important dans la préparation avec les enseignants

Lors de la prise de contact avec l’établissement (chef d’établissement et enseignants concernés), des entretiens avec les enseignants sont proposés

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pour évaluer la classe et ses attentes puis mettre au point le détail de la démarche. Une première prise de contact avec la classe est également organisée pour présenter le projet puis l’équipe accompagne les élèves lors de sorties pour mieux faire connaissance.

Une préparation des élèves par les enseignants est prévue dans le cadre de leurs cours (les règles de la prise de parole, la construction d’un débat…) et un travail important d’interventions et d’entretiens individuels avec des élèves volontaires dans l’établissement est mené pour mettre au point des « grilles de question » pour les entretiens et des thèmes de débat. Les entretiens sont analysés et en fonction des résultats, une mise au point définitive des thèmes de débat est faite.

Ensuite peuvent être organisés les débats entre élèves, et éventuellement entre représentants de classes différentes, confrontation des points de vue, échange et bilan : les élèves entrent en classe et prennent place pour les débats. Ils mènent eux-mêmes l’organisation du débat : il y a deux présidents (un garçon, un fille), un greffier… Les orateurs reçoivent la parole avant de s’exprimer.

Ce projet a également abouti à la production d’un court documentaire vidéo, Paroles de jeunes, projeté notamment en ouverture du colloque du 12 novembre 2003 et retenu par le Ministère de la famille pour ses tables rondes organisées le 7 janvier 2004 sur le thème « Projet personnel et engagement ».

Les jeunes ont été écoutés, leur parole a été collectée. Elle a ensuite été restituée, complétée de quelques points de repères et ressources pratiques, dans un ouvrage publiée par les éditions Sépia : La citoyenneté c’est quoi ? Des exemplaires gratuits ont été donnés par l’association à tous les participants du projet.

Le fait que les débats soient enregistrés et filmés leur donne une dimension plus solennelle pour susciter l’investissement des élèves. La démarche se termine avec la projection de la vidéo et remise des livres aux élèves.

4. Une grande souplesse d’adaptation

Organiser des débats dans le cadre d’un établissement de l’éducation nationale demande une grande souplesse d’adaptation et un travail important de relation et de préparation. On demande à l’établissement de laisser de la place à une activité hors programme… Ce temps n’a pas

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toujours été suffisant pour assurer que la démarche se déroule de manière idéale à chaque fois.

Pour réussir l’opération, la préparation du « terrain » demande du temps mais aussi de l’argent. Actuellement, le projet ne peut être reconduit par manque de moyens financiers.

Comme toujours dans des démarches de débat démocratique, il apparaît de manière globale que « c’est toujours les même qui participent ». Toutefois, il est aussi évident, et le film réalisé le montre bien, que le fait de sortir du cadre réglementaire scolaire donne la possibilité à certains, très peu mais c’est déjà une grande satisfaction, de s’exprimer pour la première fois. Il ne faut pas être trop ambitieux sur la question de la participation.

5. ContactGuillaume LECOQUE10 quai Jean Mermoz 78 400 CHATOU(01) 30 53 43 24(06) 63 63 55 27Mèl : [email protected] Internet : http://www.eveil.asso.fr

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2. Université Populaire et Citoyenne à Roubaix :

une offre publique de réflexion∗

Après une interruption, depuis un an, une trentaine de citoyens, acteurs de l’Education Populaire à Roubaix, sont entrain de refonder l’ « Université Populaire et Citoyenne » (récemment créée en association loi 1901), lieu de croisement de savoirs qui construit avec un collectif informel initial, une « offre publique de réflexion »

1. Remobiliser les citoyens sur l’intérêt général et la solidarité

En 2002, avec un collectif informel de 10-15 personnes (travailleurs, profs, syndicalistes…) une « Université Populaire et Citoyenne » est née à Roubaix. L’université populaire se donne pour objectif de remobiliser les citoyens sur l’intérêt général et la solidarité, pour résister aux logiques de privatisation et de marchandisation de toutes les activités humaines.

Le constat à l’origine de la création de l’U.P.C. est le suivant : les dispositifs mis en place (par les organisations d’action sociale, en politique, dans les syndicats, dans les organismes d’éducation populaire) ne permettent pas une réelle démocratie participative, ne favorise pas l’implication des citoyens dans la vie associative, syndicale. Comment « faire venir », quels lieux faut-il réinventer pour que les citoyens se posent des questions ? Un dispositif qui fonctionne autour de l’échange de savoirs académiques, un espace pour que les usagers puissent critiquer les dispositifs de politique publique.

L’université populaire et citoyenne (UPC) construit ses actions à partir de 5 objectifs :

La démarche présentée est le résultat de l’expérience de 2002 remodelée et en cours de mise en oeuvre en 2004/2005.

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1. Favoriser la parole du citoyen en créant des espaces de discussion conviviaux (fraternels) et accessibles.

2. Formuler des « offres publiques de réflexion » en aidant des collectifs de citoyens à s’organiser

3. Travailler dans la durée en offrant un cadre de travail et un accompagnement

4. Croiser les savoirs dans leur diversité en valorisant les savoirs liés à l’expérience, à l’engagement, au sens, et en les croisant aux savoirs « académiques » pour qu’ils soient ré instruits collectivement.

5. Capitaliser les savoirs échangés et les rendre accessible sur différents médias.

L’UPC reconnaît chacun comme porteur de savoirs et d’une culture à échanger, à enrichir mutuellement. Pour cela, elle a commencé à s’organiser en équipes de recherche-action, les ERAS (Equipe de Recherche-Action Sociale) qui construisent des offres publiques de réflexion qui seront débattues à l’occasion de séminaires avec des « chercheurs » et lors de « café-citoyen » dans les quartiers. A ce jour, 3 ERAS ont élaboré des hypothèses sur les thèmes « travail-insertion », « culture-mémoire-discrimination », « accès aux savoirs ».

2. Diversifier les lieux de parole et croiser les savoirs

Toute personne peut proposer de monter une Equipes de Recherche et Action Sociale (ERAS). L’université populaire l’aide à organiser la réflexion, mettre en lien avec des personnes ressources (chercheurs, universitaires, qui vont réagir aux analyses faites dans l’ERAS) et organiser conférences, séminaires et cafés citoyens. A partir d’une question de citoyenneté, les ERAS accomplissent ainsi un travail de « recherche-action » ou différentes hypothèses ou questions sont confrontées. Le but est d’apporter des contributions concrètes à l’élaboration ou à la mise en œuvre de politiques publiques.

Afin que l’action de l’U.P.C. soit lisible (de l’extérieur), chaque ERAS construit son travail de recherche sur la base de 3 modalités d’échanges de savoirs qui sont la structure permanente, la marque de fabrique de l’U.P.C., mais qui ne doivent pas empêcher le droit à l’initiative de chaque ERAS à mener d’autres types d’échanges de savoirs (conférence de consensus, forum, expo, films…).

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Les « cafés-citoyens » sont organisés et animés par les membres des ERAS dans différents cafés (de préférence disposant d’une « arrière salle ») répartis dans les quartiers de la Ville. Ils sont publics, enregistrés pour être retransmis sur les ondes de Pastel FM. Ils sont préparés par l’ensemble des membres de l’ERAS et animés par deux d’entre eux. Le débat s’organise avec 3 à 5 personnes extérieures à l’ERAS qui ont été proposées et choisies par les membres de l’ERAS. Les cafés-citoyens doivent d’abord permettre l’expression des personnes déjà en mouvement dans le quartier, qui ont des savoirs (en particulier d’expérience) mais que l’on entend pas ou peu. Les membres de l’ERAS construisent une grille de débat à partir de leurs hypothèses qui sera soumise préalablement aux invités au café-citoyen. Les cafés-citoyens sont organisés au sein de chaque séminaire

Les séminaires sont des temps d’approfondissement de la recherche qui mobilisent les membres de l’ERAS. Un programme est élaboré pour une année et permet d’intégrer de nouvelles personnes intéressées, dans la limite de 24 participants. Les personnes s’y inscrivent préalablement à titre individuel, de simple citoyen. Le séminaire est introduit par l’analyse critique de toutes ou partie des hypothèses avancées par l’ERAS par un ou deux « chercheurs » invités, suivie d’une discussion en ateliers et d’une synthèse.

La veille du séminaire, les chercheurs intervenants dans le séminaire tiennent une conférence publique sur leur approche spécifique sans être liés aux hypothèses de l’ERAS. Cette conférence introduit à la fois le séminaire du lendemain et libère chercheurs et participants de l’enseignement des premiers. Les conférences sont retransmises en direct sur « Pastel FM. »

Ces 3 formats d’échanges de savoirs ont pour objectif de diversifier les paroles pour diversifier les « publics ». Tous les participants sont mis sur un pied d’égalité. L’idée d’avoir 3 portes d’entrée différentes est importante pour que tout le monde trouve son mode de participation. Une ERAS compte environ 20 personnes. Chaque cycle d’échanges de savoirs (conférence, séminaire et quelques cafés-citoyens) fait l’objet d’une synthèse validée par les membres de l’ERAS, précisant les points de consensus et les points de débats qui en ressortent.

Le travail des ERAS aboutit à la publication des cahiers de l’université populaire (synthèses des ERAS et réaction des universitaires). L’important est qu’il y ait eu échange de savoir, confrontation de points de vue, et qu’on puisse traduire la diversité des débats même quand ils sont contradictoires. Les synthèses sont portées à connaissance du réseau d’acteurs de

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l’Education Populaire, des décideurs, de la population. Il ne s’agit pas forcément de faire des propositions à la ville.

3. Quel lien avec la collectivité ?

En 2003, un petit financement via les contrats de ville avait permis de lancer le projet, avec un chargé de mission pendant 9 mois, hébergé à la maison des associations (intermédiaire juridique). La ville, avec qui l’U.P.C. voulait co-construire pour casser la séparation ville/associations, portait donc le projet. Mais elle ne s’est pas impliquée et n’a pas soutenu la forme d’organisation collective innovante proposée en ERAS (Equipes de Recherche et Action Sociale) et a plutôt joué le rôle de donneur d’ordre. Après 9 mois, le projet était construit, mais la situation conflictuelle avec la ville a entraîné une rupture de financement à la fin 2003.

Aujourd’hui le processus qui a connu une interruption est entrain d’être relancé, une association a été créée début 2004, soutenue par la mairie avec qui les relations se sont améliorées. La mise en œuvre d’une ERAS démarre en 2005 va permettre de mener une évaluation du fonctionnement. Il est trop tôt aussi pour évaluer la portée de notre action dans la ville.

4. Contact Vincent BOUTRYL’Université Populaire et Citoyenne33 rue des Arts 59 100 ROUBAIX - 20 rue de Lille 59100 ROUBAIX Mél : [email protected]

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3. Réveillons la démocratieUn espace public de débat

Réveillons la Démocratie est une association de fait qui propose un espace public de débat aux citoyens qui le souhaitent de Gap et environs, et sur les thèmes qu’ils proposent.

1. Faire face à la crise politique

L'espace public est aujourd'hui en grande partie privatisé par la télévision et les média. Les citoyens n'ont pas de lieu pour parler. « Réveillons la démocratie » a pour objectif de restaurer un espace public démocratique pour répondre à la crise politique.

Le 21 avril 2002, un grand nombre d'électeurs des Hautes Alpes votent pour le Front National. Un groupe de militants réagit et décide d'organiser tous les soirs, (à partir du 5 mai 2002 jusqu’aux élections législative), un débat public sur la démocratie, les discriminations, le vivre ensemble. Ces réunions réunissent chaque soir plus d'une trentaine de personnes.

A la rentrée, les participants décident de se réunir chaque mois pour continuer à parler.

2. Action menée et forme du débat.

Plus de 300 personnes de tous horizons fréquentent les réunions qui ont lieu deux fois par mois : une fois à Gap et l’autre dans un village environnant, pour que les habitants qui ne se déplacent pas puissent y participer. Chaque débat réunit de 30 à 90 personnes. Depuis 2004 s’ajoute un débat par trimestre autour d’un livre.

Le fonctionnement est simple et strict : on commence à 20 h 30, l’intervenant présente la question en 20 mm, puis le débat s’engage pendant 1h 30. Les séances durent au plus deux heures. Un noyau de volontaires cherche les intervenants. Un groupe de pilotage d’une dizaine de personnes organise les réunions, essentiellement au niveau technique : contacter les intervenants, la presse, animer, faire les comptes rendus, trouver les salles, etc. La publicité se fait par Internet, courrier, presse et distribution de tracts

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et affiches. Ce groupe de pilotage composé de personnalités différentes se retrouve une fois par mois avec de plus en plus de plaisir et les débats commencent là !

Les thèmes sont choisis en commun sur propositions des participants. Plus de 50 thèmes ont été traités depuis 2002 : l'école, l'urbanisme, les séquelles du colonialisme, la constitution européenne, la réforme de la justice (loi Perben), la crise de l’hôpital, les régionales, les transports, les impôts, le contrôle démocratique des dépenses publiques, les partis, les syndicats, les femmes, l’aide humanitaire, ville et campagne, etc.

Il n’y a pas de hiérarchie ou d’expert et le débat se développe souvent entre les membres sans que l’intervenant principal n’intervienne.

« Réveillons la Démocratie » est une association de fait, pas une association loi 1901. Il n’y a pas de président et c’est le comité de pilotage qui prépare les réunions. Le financement est assuré par des dons des personnes présentes : un chapeau est placé au fond de la salle et chacun met ce qu'il veut (argent, timbres, enveloppes...) pour les tracts et les courriers.

Chaque année l'existence du groupe est remise en question, de même que l'absence de structures. Jusqu'ici la majorité a toujours penché pour ne pas faire de structures du tout, considérant cela permet de consacrer toute l'énergie au travail sur le fond.

3. Auto organisation et partage du pouvoir

Pourquoi ça marche ? Une des raisons essentielles est sans doute la transparence de l'organisation et le pouvoir partagé entre tous. Comme on l'a dit, il n'y a pas de président, pas de locaux, pas de budget et pas d'association constituée. Les décisions, le choix des thèmes sont partagés et l'existence même de la démarche remise en cause chaque année.

Cette organisation minimale est possible grâce à l’implication des municipalités concernées qui prêtent des salles chaque mois.

4. Signification et portée de cette action

L'existence et la mobilisation persistante de ce groupe montre que les citoyens peuvent se réapproprier le débat public, souvent confisqué par les hommes politiques. Les citoyens sont prêts à participer s’ils ont un espace qui leur permette réellement de s’exprimer et d'échanger, tout en

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gardant leur liberté. « Réveillons la Démocratie » se veut une assemblée de discussion où l'on peut apprendre à échanger des arguments, écouter et se réapproprier sa propre parole sur les problèmes de tous ordres qui concernent notre démocratie.

Aujourd'hui, on commence à constater que la répétition des débats dans la durée est un facteur de redynamisation et de mobilisation des citoyens. Des personnes qui ne l’avaient jamais fait auparavant se sont engagées. Le débat permet une rencontre et un dialogue entre des personnes qui ne se connaissaient pas auparavant.

Par exemple le débat sur l'aménagement, en 2003, a entraîné des explications assez vives avec les hommes politiques locaux. Résultat inattendu : aujourd'hui certains élus de la municipalité souhaitent participer à la démarche en tant que simples citoyens.

Après trois ans de fonctionnement ininterrompu, Réveillons la Démocratie constitue un embryon d’espace politique, limité mais réel et qui commence à être reconnu par les élus et citoyens de Gap et environs. Réveillons la Démocratie est actuellement un acteur important du débat sur la constitution européenne : nous en sommes à notre troisième réunion et c’est le seul endroit où il y a une réelle discussion entre les tenants du non et du oui.

5. ContactCécile et Jean-Paul LEROUX Tél : 04 92 53 71 25Mél : [email protected]

N.B. : Jean-Paul Leroux fait partie de Voisins et Citoyens en Méditerranée, qui regroupe 99 associations des régions PACA et Languedoc-Roussillon et qui réfléchit en particulier, à partir des pratiques de chacun, aux méthodes de participation permettant d'associer tous les participants dans une démarche de décision partagée.

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•ARTS ET CULTURE

• Des Livres Et Vous : une Librairie-Tartinerie pour le développement de la lecture en milieu rural

En 1999, Didier Bardy et Catherine Mitjana ont acheté et remis en état une grande maison gersoise, avec un objectif d’animation de la vie culturelle et intellectuelle d’un territoire rural de proximité à partir d’un lieu au cœur du village circulaire de Sarrant.

• EN VIE – Théâtre de l’opprimé

L’association En Vie est animée par Jean François MARTEL, comédien formé au théâtre de l’opprimé de Augusto BOAL. Elle propose de mettre en scène des situations d’oppressions vécues afin d’expérimenter ensemble, acteurs et « spect’acteurs », différentes solutions possibles.

• Ainsi Danse Compagnie : Accéder à la création artistique en danse contemporaine

Ainsi Danse Compagnie propose à des groupes d’amateurs ouverts à tous de créer et représenter des spectacles de danse contemporaine dans un environnement professionnel de création (chorégraphe, intermittents du spectacle, salles professionnelles…).

• « Webtrotteurs des quartiers » : Journalistes de quartier, Citoyens du monde

Deux jeunes militants des Francas de Tarbes montent, depuis 2002, un projet de journalisme amateur de proximité, qui relierait citoyenneté locale et citoyenneté mondiale au moyen des nouvelles technologies de l’information.

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1. Des Livres Et Vous : une Librairie-Tartinerie

pour le développement de la lecture en milieu rural

En 1999, Didier Bardy et Catherine Mitjana ont acheté et remis en état une grande maison gersoise, avec un objectif d’animation de la vie culturelle et intellectuelle d’un territoire rural de proximité à partir d’un lieu au cœur du village circulaire de Sarrant.

1. Un lieu de vie favorisant le lien social et le développement de la lecture en milieu rural

La Librairie-Tartinerie, ouverte depuis juillet 2000, est un lieu de rencontre, salon de thé, galerie, restaurant, librairie engagée, qui mobilise un grand nombre d’acteurs économiques, sociaux et culturels du territoire. Unique en son genre, c’est un lieu de vie et un espace d’expression pour enfants et adultes de tous âges. Dans ce lieu enchanteur et coloré viennent les habitants du Gers, de Toulouse ou d’ailleurs. Ce projet de vie pour Catherine et Didier réconcilie leurs rêves respectifs (créer une librairie pour l’un, un lieu de rencontre pour l’autre) tout en restant en lien avec leur profession première dans le domaine du développement local.

L’espace a été conçu pour offrir à une grande diversité de personnes un lieu vivant et utile (rôle éducatif) qui toutefois, « ne soit pas le repère des intellos ». Le plaisir, pour ceux qui y travaillent comme pour ceux qui y viennent est une condition sine qua non. C’est là que peuvent se réaliser des projets liés à la lecture, festifs, culturels, artistiques, éducatifs et intellectuels des nombreux partenaires et habitués. La dimension commerciale existe avec une ligne de conduite ferme : c’est un lieu de vente de livres, de tartines… mais le commerce est au service du projet et non pas du profit.

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2. L’association LIRES, structure gestionnaire de l’entreprise

Pour démarrer, la création de l’association LIRES, « Lieu pour l’Initiative, la Rencontre et l’Echange à Sarrant », a obtenu une subvention pour la remise en état du bâtiment, dans le cadre d’un contrat de terroir (contrats de développement). L’association est porteuse des projets qui se bâtissent sur le développement de la lecture.

Au niveau d’une étude de marché, le projet a semblé aberrant à certains : la population sur ce territoire est majoritairement d’une catégorie socioprofessionnelle (ouvriers agricoles) qui, dit-on, « ne lit pas » et n’est donc pas considérée comme cliente potentielle. Mais la clientèle, qui a rapidement augmenté, arrive aussi de beaucoup plus loin pour se poser, prendre du temps, choisir des livres et se restaurer. D’autres ont exprimé un réticence à l’idée de mélanger livres et tartines. Mais en cohérence avec l’esprit dans lequel le projet a été conçu, la nourriture est importante pour casser une image « intello » de la librairie et pour créer un espace réellement vivant et animé. Finalement, l’idée de la tartine a charmé tout le monde (rappel de l’enfance, des grand-mères…) et favorisé l’adhésion de nombreux acteurs.

3. Une prise de risque au départ tout en cherchant à travailler en partenariat avec les autres acteurs du territoire

Dans le milieu du livre

Dans la logique d’un projet partagé de développement local, malgré la difficulté pour des personnes qui ne sont pas des professionnels du livre de tisser des liens dans le milieu du livre, les porteurs du projet ont toujours cherché à travailler en partenariat avec les acteurs du milieu du livre. Au début, le projet, qui bousculait la logique de fonctionnement en place, a déstabilisé ce milieu plutôt fermé et n’a pas obtenu de soutien. Plus tard, le Centre Régional des Lettres, parce qu’il connaissait Didier Bardy, a été le premier à porter une attention sur le projet et sur les porteurs du projet. L’adhésion de cette institution régionale a été déterminante puisqu’elle a entraîné l’adhésion au projet des autres acteurs du monde du livre (la Direction Régionale des Affaires Culturelles, les Bibliothèques De Prêts). Les porteurs du projets sont amenés à comprendre l’environnement du livre et ses enjeux, à s’y engager pour faire vivre leur valeurs.

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Avec les acteurs économiques

La librairie choisit ses fournisseurs et apporte un soin tout particulier dans le choix des produits alimentaires et des livres. Il a été aussi nécessaire de se doter d’un outil de communication avec des professionnels de la communication.

Les produits alimentaires sont fournit principalement par des producteurs locaux, qui portent les mêmes valeurs que la librairie (commerce équitable, valorisation des produits locaux). Un véritable travail en réseau a été mis en place, qui favorise le bouche-à-oreille nécessaire pour faire connaître le lieu.

Les livres affichent les valeurs portées par les libraires. Comme dans une véritable librairie on y trouve des rayons divers : littérature générale, sciences humaines, un fort rayon jeunesse… Beaucoup de livres sont sélectionnés parmi ceux qui apportent des éclairages pour comprendre les enjeux et questions de la société aujourd’hui. Comme librairie engagée, elle cherche aussi à travailler avec des petits éditeurs.

Avec les acteurs de l’éducation et du champ social, constituer un réseau avec les professionnels du champ politique et social

La Librairie -Tartinerie a la volonté d’offrir un espace de travail autour de la lecture pour des groupes (enfants, adultes, personnes âgées). Pour cela il faut rentrer en dynamique vers l’extérieur, rencontrer les gens, voir comment ils aimeraient utiliser la librairie. L’association a été sollicitée par la Préfecture et le Pays porte de Gascogne pour mettre en place une étude action sur la place du livre dans les pratiques des acteurs culturels, éducatifs, sociaux et ceux du développement local du pays Portes de Gascogne.

Des rencontres « lecture, développement local et lien social » en juin 2004, et ont permis de mettre en relation des professionnels du champ politique, culturel et social agissant dans des domaines où l’écrit et plus particulièrement le livre peuvent être facteurs d’intégration sociale. Un diagnostic préliminaire a permis d’identifier la problématique et les questions qui se posent, de commencer à sensibiliser les acteurs sur l’importance de se questionner sur ses pratiques et de travailler ensemble. Point de départ d’un travail en réseau à partir des projets sur le territoire, les rencontres portaient des valeurs d’égalité et de solidarité.

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4. Le projet s’inscrit dans le territoire

Catherine et Didier ont réussi à faire reconnaître le travail de la Librairie-Tartinerie dans le monde du livre et ont permis avec l’association LIRES de lancer une réflexion sur la place du livre en milieu rural en y associant de nombreux partenaires et acteurs du territoire. Les actes des rencontres de juin 2004 vont être rédigés et diffusés en 2005. Cet événement a mis en évidence la nécessité de créer un cadre de travail plus formel car les porteurs du projet ne peuvent pas tout porter. Un voyage dans un « Pays Lecture » existant en Ardèche avec toute une dynamique autour du livre permettra d’élaborer un cadre de ce type.

Il y a beaucoup de travail, il faut pouvoir s’y consacrer entièrement, c’est un engagement total pour lequel il faut rester vigilant jusqu’au bout. Le projet intéresse beaucoup de personnes qui souhaitent se lancer dans une démarche similaire. L’expérience de Sarrant est une référence.

5. ContactsCatherine MITJANA et Didier BARDYAssociation LIRES – 32 120 SARRANTTél : 05 62 65 09 51Fax : 05 62 65 09 52Mél : [email protected]

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2. EN VIE Théâtre de l’opprimé

L’association En Vie est animée par Jean François MARTEL, comédien formé au théâtre de l’opprimé de Augusto BOAL. Elle propose de mettre en scène des

situations d’oppressions vécues afin d’expérimenter ensemble, acteurs et « spect’acteurs », différentes solutions possibles.

Fondée dans la région Nord - Picardie en 1984, En Vie travaille en réseau avec d’autres comédiens et d’autres associations formées au Théâtre de l’Opprimé (T.O.) d’Augusto Boal, et forme à son tour de nouveaux “jokers”. Trois types d’activité sont proposés :⋅ création avec des groupes amateurs de théâtre-forums, joués en public par

le groupe. Ex : Stage de création d’un théâtre-forum « LA MISERE RAS LE BOL ! » avec un groupe de l’association Droit Au Travail (DAT) du quartier de la Grande Résidence à Lens, du 15 au 22 Octobre 2004.

⋅ stages de formation au Théâtre de l’Opprimé,⋅ création et représentation de théâtre-forums joués par les comédiens de

l’équipe.

En Vie travaille avec des publics différents : habitants de quartiers en réhabilitation, entreprise intermédiaire, association pour l’insertion sociale, groupes de collégiens (violence et éducation), centres sociaux (“où sont nos parents” ?), petits paysans, CIDF (droits des femmes), chômeurs, travailleurs sociaux, professionnels, mouvements, syndicats, membres d’une association, d’une institution, militants...

1. Un laboratoire à solutions

Il n’est pas nécessaire d’être comédien, juste d’avoir envie de raconter des histoires vécues : utiliser le T.O. pour mettre en scène les oppressions contre lesquelles nous luttons. Le public intervient sur scène pendant le forum final pour proposer des solutions concrètes.

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Pour aider les spectateurs à progresser dans leur réflexion au-delà de ce qu’ils savent déjà, l’équipe de comédiens travaille les personnages, dont celui des oppresseurs, ce qui les amène eux aussi à réfléchir aux raisons qui poussent l’oppresseur à agir ainsi. On aboutit ainsi à un débat et une recherche collective de solutions : au-delà du « que faire ? », mettre en scène différentes tentatives de : « comment faire ? ».

En travail de fonds, échanger sur nos interprétations des scènes remet en question les préjugés de chacun sur l’autre et introduit la possibilité d’une ouverture d’esprit (notamment contre la vision manichéenne du « grand méchant oppresseur » : sans l’excuser, on essaie de le comprendre pour mieux lui faire face). D’ailleurs dès que possible, c’est la personne opprimée qui joue le rôle de son oppresseur.

2. Au cœur de la démarche : Respect, Ouverture, Dignité, Responsabilisation

Pour En Vie-TO, le respect des participants stagiaires et spectateurs, suppose un spectacle de qualité dont ils sortent fiers et valorisés. Cela implique de pouvoir prendre le temps d’écouter leurs demandes, leurs capacités et leurs limites, pour être prêt.

Le respect de la dignité des participants implique d’éviter misérabilisme. L’objectif est de montrer que ces personnes, dans ces situations sont restées debout, cherchant des solutions.

Acteurs et spectateurs sont invités à travers le théâtre de l’opprimé à se responsabiliser face aux oppressions qu’ils vivent pour ne plus les subir mais agir. Ex : Face à un « débordement émotionnel » d’un participant dans une scène particulièrement difficile, l’attitude de l’animateur a été de le soutenir sans interrompre la séance ou le spectacle pour éviter de tendre à la victimisation et à la pitié.

La réflexion collective fait toute la richesse du théâtre-forum : plus on est de cerveaux, plus il y a de solutions et de représentations du monde différentes auxquelles on peut s’ouvrir pour mieux accepter la diversité des opinions.

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3. Jouer pour mieux travailler…

Le Théâtre de l’opprimé est une méthode d’éducation populaire dans le sens où elle est accessible à tout public. En effet, elle essentiellement basée sur le jeu pour travailler la voix, le rythme, le jeu de scène (mouvement, figés, improvisation), l’expression orale… et aussi la confiance au sein du groupe, indispensable pour pouvoir jouer ensemble (cf. Augusto Boal « Jeux pour acteurs et non acteurs », « le théâtre de l’Opprimé » et « l’arc-en-ciel du désir » (théâtre et thérapie) Ed. la Découverte). Les jeux d’improvisation permettent aux participants d’aborder les questions qui leur tiennent à cœur en présentant des bribes de récit de vie. La tâche des animateurs sera de les assembler et les mettre en scène en quelques histoires qui deviendront des histoires communes portées par tous et jouées en théâtre-forum.

La place de l’animateur dans le groupe est d’autant plus cruciale qu’elle ne doit pas être centrale. La répartition des rôles doit rester claire : la création émane du groupe, l’animateur « facilite » et coordonne la création, et les commanditaires gèrent la logistique.

Pour l’animateur, cela suppose d’être au maximum à l’écoute des participants, de leurs demandes, capacités et limites afin d’y adapter les méthodes. Pour le stage comme pour le spectacle, toute la difficulté réside dans l’équilibre à établir entre aider les intervenants à s’exprimer, gérer les relations dans le groupe et veiller à l’avancement du travail/spectacle.

4. Une remise en question permanente

Des évaluations et bilans sont menés régulièrement notamment après les exercices très impliquant au niveau émotionnel, « Qu’est-ce que ça vous a fait ? », et en fin de journée. Après le stage, deux bilans sont faits : le premier entre participants permet à chacun d’exprimer ce qu’il sent et pense du stage, du groupe, et des exercices réalisés ; le second avec les commanditaires concerne leurs objectifs dans ce stage, ceux d’En Vie et les conditions dans lesquelles s’est déroulé le stage.

Lorsque le projet de l’association commanditaire se répartit sur plusieurs interventions, il est possible de voir l’évolution des participants entre les stages (moindre timidité, plus grande implication dans le groupe…) et l’impact qu’a pu avoir le stage sur leur vie.

Cette question du suivi des interventions reste une des interrogations permanentes d’En Vie : pour atteindre les objectifs du T.O., est-il plus

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efficace de s’inscrire dans la durée par un travail suivi sur plusieurs interventions ou rester sur des interventions ponctuelles ?

En Vie est souvent confrontée aux mêmes difficultés liées à la reconnaissance de la spécificité de la méthode « théâtre de l’opprimé » qui est parfois considéré comme un « théâtre au rabais » :⋅ difficulté de financement (entre travail artistique et travail social, les

financeurs se rejettent la balle) ;⋅ difficulté de mobilisation des participants et des structures d’accueil; ⋅ difficulté pour les commanditaires de prendre conscience des

contraintes propres au T.O. et d’en tenir compte dans l’organisation (d’autant plus difficile dans un cadre militant : « on peut toujours s’arranger »).

Ecouter les contraintes de l’autre, expliciter les siennes de manière négociable dès le début semble indispensable à la réussite d’un projet commun.

5. ContactEN VIE –T.O22 rue Durnerin, 59000 LILLE Tél : 03 20 54 16 33 Mél : [email protected]

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3. Ainsi Danse CompagnieAccéder à la création artistique en danse contemporaine

Ainsi Danse Compagnie propose à des groupes d’amateurs ouverts à tous de créer et représenter des spectacles de danse contemporaine dans un environnement professionnel de création (chorégraphe, intermittents du spectacle, salles professionnelles…).

1. Origine du projet : un questionnement sur les pratiques

La première expérience de création de spectacle de danse contemporaine avec des groupes amateurs intergénérationnels a été mise en place en 1993. Une équipe d’intermittents du spectacle s’occupe de tout ce qui entoure la création chorégraphique (musique, décors…) en plus de la chorégraphe et son assistante.

Jusqu’à 2004, ces projets réunissaient à chaque fois vingt à trente personnes sur deux ans pendant leurs périodes de temps libre et les week-ends et se produisant dans des salles professionnelles. Depuis, la chorégraphe a souhaité travailler de manière plus personnalisée et plus approfondie avec les danseurs. Le groupe a donc été divisé pour préparer de plus petits spectacles, tout en gardant un thème commun. Les répétitions occupent 5 à 6 semaines complètes par an et un week-end par mois, et les réunions collectives sont bimestrielles.

Ce projet est né d’une double prise de conscience. D’une part, en tant que professeur de danse, Isabelle BARTNICKI s’est rendu compte que la demande de ses étudiants concernait essentiellement la dimension technique de la danse : les amateurs lui semblaient ne pas avoir accès à la création artistique. D’autre part, elle a appris à reconnaître différentes dynamiques propres à chaque classe d’âge et souvent complémentaires. Or aucun lieu ne lui semblait permettre de mêler ces classes d’âge en mettant sur un pied d’égalité enfants, adolescents, adultes et personnes âgées.

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2. Décloisonner pour échanger et créer

Ainsi Danse Compagnie se base donc sur cette volonté : créer des spectacles de danse contemporaine avec des groupes ouverts à tous, quelles que soient les connaissances et capacités physiques et techniques ou l’âge. Chacun y trouve une place et une reconnaissance égales aux autres.

Il s’agit plus d’un échange que d’un enseignement unilatéral entre la chorégraphe et les participants : ces derniers composent les matériaux des créations entre improvisation et exploration des pistes de travail proposées par la chorégraphe, et ceux qui proposent enseignent aux autres. Les participants comme la chorégraphe ont donc besoin les uns des autres.

La dimension collective de la création tient une place primordiale dans le projet : développer une dynamique de groupe basée sur la confiance et l’ouverture prend un certain temps, reconnu et prévu. Les danseurs se rencontrent très régulièrement, non seulement lors des répétitions, mais aussi pour des réunions conviviales ou pour assister à des spectacles de danse professionnels.

Par ailleurs les thèmes des créations sont l’occasion de réfléchir et se sensibiliser autour du sujet de l’humanisation (« la différence », « l’ombre et la lumière », « le passage de l’enfant à l’adulte »…).

3. Beaucoup de reconnaissance sociale, peu de reconnaissance publique

Le financement du projet est l’une des préoccupations de la porteuse de projet quant à l’avenir de celui-ci : cette forme de travail, collectif, amateur et sur le mode de l’échange, est peu reconnue par la société et donc par les pouvoir publics, de même que la danse contemporaine par rapport d’autres types de danse (hip hop, rap…) plus « à la mode ». Un affaiblissement du soutien des collectivités s’en fait sentir, donnant un sentiment de précarité aux porteurs du projet.

Pourtant, ce ne sont pas les demandes qui manquent ! Dès le départ ce projet semble avoir répondu à une importante demande de tous les acteurs actuels (bureau de l’association, partenaires, danseurs)… A tel point que les porteurs du projet, ne pouvant plus y répondre, sont aujourd’hui confrontés à un problème délicat : sur quels critères retenir les inscriptions trop nombreuses? En effet, toute sélection sur compétences techniques serait en

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parfaite contradiction avec la nature même du projet. Pour le moment la chorégraphe a privilégié les anciens mais cette solution reste insatisfaisante.

Malgré cet engouement, une interrogation demeure. Sur le plan sociologique, on constate que depuis le début, le public touché est issu de milieux favorisés alors que le projet se veut ouvert à tous : il vise à la fois l’intergénérationnel et la mixité sociale. Même les projets développés par ailleurs auprès de populations en difficulté ne parviennent pas à les mobiliser : faire le pas de s’engager dans une démarche assez longue semble plus difficile pour elles.

Comment toucher un public le plus large possible ? Comment ouvrir à tous la création en danse contemporaine qui, dans l’échelle de valeurs sociale de notre société, est considérée comme réservée à une élite « cultivée » ?

Ce questionnement rejoint la question, récurrente dans le milieu associatif et particulièrement dans l’éducation populaire, de l’ouverture et la diffusion à un public non sensibilisé, de culture différente.

4. Pouvoir s’exprimer, être considéré et prendre confiance…

Pour beaucoup de participants, prendre part à une création artistique relève du rêve d’enfant qu’ils peuvent enfin réaliser. Ils apprécient de pouvoir s’exprimer et ainsi se dévoiler, se construire et acquérir une confiance en soi souvent très ébranlée au début du projet. Tous, porteurs du projet et participants, trouvent une joie profonde dans les relations qui se créent sur un mode d’égalité, dans un cadre où les distinctions, les cloisonnements d’âge ou de capacité sont remis en cause, avec des temps de rencontres différents (sorties, soirées…) : la convivialité a une place à part entière dans le projet.

Pour certains participants, entrer dans ce projet a été l’occasion de découvrir le milieu associatif et de s’y investir.

Pour les organisateurs, c’est à chaque fois un grand bonheur de voir comment des amateurs réussissent à exprimer des choses personnelles et les intégrer à la construction d’une œuvre collective porteuse de sens à la fois pour les spectateurs et pour les participants.

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5. ContactEric GHENASSIA63 Av. de 8 mai 194538400 Saint Martin d’HèresTél : 04 76 62 54 56Mél : [email protected]

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4. « Webtrotteurs des quartiers »Journalistes de quartier, Citoyens du monde

Deux jeunes militants des Francas de Tarbes montent, depuis 2002, un projet de journalisme amateur de proximité, qui relierait citoyenneté locale et citoyenneté mondiale au moyen des nouvelles technologies de l’information.

1. De l’échange international au projet local

« Citoyens du monde » est une formule que les FRANCAS emploient pour rassembler des militants autours d’actions et d’échanges internationaux.

C’est parti d’une idée : « Nous sommes TOUS citoyens du monde ».

En Hautes Pyrénées, les Francas ont choisi de permettre à des jeunes adhérents de développer cette citoyenneté européenne et mondiale à travers une implication dans des échanges internationaux, en fonction de leurs centres d’intérêt personnels et avec l’idée d’une réciprocité : c'est-à-dire de revenir de ces voyages avec des propositions à mettre en vie ….

Ainsi en 2002, Bouziane et Jeremy, jeunes adhérents et animateurs volontaires des FRANCAS, ont pu participer à un séjour organisé par des associations partenaires au Québec et dont l’objet était centré sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). A cette occasion…. Ils ont donc pu rencontrer des francophones du monde entier et se former aux NTIC : reportage de rue et publication d’articles par Internet (vidéo, mise en page Internet et photos numériques).

Une fois de retour, ils ont décidé de s’attacher à utiliser leurs nouveaux savoirs faire pour valoriser la parole des citoyens de leur ville en la communiquant aussi bien au plan local qu’à l’échelle de la planète, grâce à Internet C’est ainsi qu’est née l’idée de travailler sur le projet « Webtrotteurs des Quartiers ».

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2. Des reporters locaux du village mondial

Ce projet vise à développer le journalisme amateur de quartier. Il s’agit d’interviewer des citoyens dès lors qu’un évènement s’y prête. C’est une initiative volontaire : les participants choisissent les évènements et/ou personnes qu’ils souhaitent mettre en lumière, généralement des évènements et des personnes qui ne le sont que trop rarement…

L’objectif à terme, serait que, de façon plus régulière, un réseau de citoyens puisse produire et diffuser des reportages en autonomie, pour permettre une expression permanente des citoyens.

Internet et les nouveaux outils multimédias sont des outils qui le permettent. D’une part l’utilisation simple est accessible à tout le monde : chacun peut s’essayer à cette forme de reportage, dès son plus jeune âge. Par exemple il est possible de réaliser des minis reportages grâce à un téléphone portable équipé d’un objectif photo.

D’autre part, puisqu’il s’agit de « citoyenneté mondiale », l’avantage Internet est de pouvoir rapidement partager sur des reportages locaux via des outils dynamiques : chat et webcam permettent d’avoir une discussion même si l’on se trouve aux deux extrémités de la planète. Les échanges internationaux peuvent se poursuivre ou s’enclencher par cet intermédiaire.

3. Elargir le public pour diffuser cette pratique

Le projet en est actuellement dans sa première phase : les porteurs du projet de forment au reportage, à l’écriture et à la publication par Internet (des reportages ont déjà été menés avec le soutien de l’Union Européenne). Ils se préparent à créer le site Internet des Francas, pour s’exercer, et à suivre des formations plus poussées aux multimédia.

Par la suite, une salle devrait leur être prêtée par les Francas afin d’inviter d’autres habitants de Tarbes à devenir internautes et journalistes en herbe. L’idée est d’aménager dans le local de l’association départementale des Francas un espace ouvert où toute personne (militant/ adhérent) pourrait accéder au Web et y publier des articles, particulièrement les 15-30 ans plus directement visés par le projet.

Les deux porteurs du projet envisagent de jouer un rôle de « formateurs » envers ceux qui en auraient besoin et qui ont envie de s’y essayer. Ce

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pourrait notamment être un outil de communication pour les associations de Tarbes qui souhaitent mieux valoriser leurs actions le web.

Ils comptent également proposer des interventions dans les écoles ou les associations sur le journalisme amateur de quartier et l’utilisation Internet C’est en effet une façon de décliner le projet des Francas : favoriser l’expression des jeunes, leur permettre d’exercer leurs droits, dans le prolongement de l’engagement des Francas pour le respect de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

4. Contact Sur le voyage au Québec :Voir www.webtrottersdesquartiers.orgSur le projet Citoyens du Monde à Tarbes : Les Francas en Hautes Pyrénées11 rue Adolphe D'Eichtal 65000 TARBESTél : 06.81.68.06.44Fax : 05.62.71.67.21Mél : [email protected] Site Internet : www.u-blog.net/collectifsfrancas65

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•DROITS ET LUTTE CONTRE L’EXCLUSION

• Atelier ECLER (Ecrire, Communiquer, Lire, Exprimer, Réfléchir) : les compétences de base de la communication

La démarche pédagogique de l’Atelier ECLER concerne tout public, quel que soit son niveau, qui déclare avoir des difficultés avec la langue française pour l’écrire, la lire et/ou la parler.

• L’Association AFRICA à la Courneuve : Café Culturel

Depuis 16 ans, l’association AFRICA mène des actions pour l’amélioration de la vie culturelle et sociale au sein de la cité et la lutte contre le racisme et l’exclusion à La Courneuve. L’initiative la plus récente est l’ouverture d’un café culturel en janvier 2004, un lieu de parole plus convivial pour les jeunes et porteur des activités de l’association.

• Histoires de vie : des dynamiques singulières et collectives

S'arrêter sur son histoire, l'interroger, en comprendre le sens, c'est devenir acteur de sa vie. Reprenant les pratiques québécoises de récits de vie collectifs comme méthode de Formation des Adultes, cet atelier « histoires de vie » est l'occasion de « raconter » l'aventure d'un groupe d'habitants du 18ème arrondissement à Paris, vivant dans la précarité et sollicité pour devenir acteur-auteur de leur propre histoire

• La maison de l’Amitié à La Défense, accueil de jour pour les personnes démunies

A la maison de l’amitié, lieu d’accueil de jour pour les personnes démunies, on répond aux besoins vitaux, en proposant des activités diverses, une vie en collectivité, et en essayant de favoriser la prise de parole, la prise de responsabilité. Le climat aide à rompre avec l’isolement, à reprendre confiance et participer, à tenir debout. .

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1. Atelier ECLER (Ecrire, Communiquer, Lire, Exprimer, Réfléchir)

Les compétences de base de la communication

La démarche pédagogique de l’Atelier ECLER concerne tout public, quel que soit son niveau, qui déclare avoir des difficultés avec la langue française pour l’écrire, la lire et/ou la parler.

Mise en place en 1988, elle est diffusée depuis 1990 par la formation de formateurs et compte aujourd’hui (en 2005), 200 formateurs et formatrices formés en France, en Belgique et en Suisse. Elle a été mise en place au sein d’un organisme, MPS/Formation, fondé en 1967-1968, à Saint Martin d’Hères près de Grenoble qui a pour mission depuis ses origines d’accueillir dans le cadre de la formation continue, des adultes ayant peu bénéficié de formation initiale ou en difficultés d’insertion sociale et professionnelle, tous âges, toutes origines et tous statuts confondus.

1. En écrivant, apprendre à écrire pour mieux vivre

Une demande mainte fois répétée : « J’ai besoin de m’améliorer en écriture et en lecture pour mieux me débrouiller dans la vie, trouver du travail et/ou évoluer dans mon métier ». A ECLER, nous donnons l’autorisation d’écrire à ceux qui disent ne pas savoir faire : ⋅ Des personnes jamais scolarisées, étrangères ou françaises, qui n’ont accès

à aucun code écrit, dans aucune langue (analphabétisme).⋅ Des personnes scolarisées à l’étranger et qui maîtrisent un peu ou très bien

les codes écrits d’une autre langue que le français (Français Langue Etrangère).

⋅ Des personnes scolarisées en France, mais qui estiment leur niveau de performance insuffisant pour être à l’aise avec les codes écrits du français (orthographe, grammaire, expression), public globalement repéré aujourd’hui sous l’étiquette négativement connotée d’« illettrisme »

« Vous voulez apprendre à lire et écrire, alors écrivez. Vous avez le droit de vous tromper, puisque vous n’avez pas ou peu appris.

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Ecrivez les mots comme vous les voyez dans votre tête, ensuite nous vous aiderons à les mettre dans leur forme correcte. Alors, vous pourrez taper votre texte sur l’ordinateur et il prendra sa forme achevée, comme dans le livre, et ira prendre place dans le classeur collectif où n’importe qui pourra en prendre connaissance. Ecrivez ce que vous avez envie d’écrire, vous le signez et vous le rendez public. »

Cet écrit produit, retravaillé individuellement, sert de base à l’établissement d’une progression dans les apprentissages. Mis en forme sur traitement de texte il est ensuite publié dans un classeur collectif où il est mis à la disposition de tous pour être lu. Ces mots sont replacés dans la dynamique de la communication. Ils ont des destinataires.

2. Des « pouvoirs » à conquérir⋅ Exister, se situer, être reconnu dans un monde où l’écrit structure la vie,

les relations, les déplacements, l’expression culturelle, les loisirs, le travail...

⋅ Exprimer notre identité, dire qui nous sommes dans la diversité des richesses que nous portons.

⋅ Apprendre en gagnant la capacité d’entrer dans l’immensité des connaissances disponibles dans et par l’écrit.

⋅ Participer à la vie citoyenne balisée à tous moments de repères écrits par rapports auxquels nous avons à réagir et à prendre position.

⋅ Analyse et faire des synthèses : l’écriture organise la pensée (élaboration), la rend lisible et communicable.

3. L’Atelier ECLER, un enchaînement d’activités individuelles et collectives

C'est à la rencontre de ses propres mots que la personne est invitée à partir pour faire l'effort de les transcrire à sa manière, comme elle le peut, et constituer ainsi le matériau de base de ses apprentissages : mots familiers qu'elle sait prononcer plus ou moins bien, mais qu'elle n'a jamais essayé d'écrire ; ceux qu'elle utilise au quotidien dans l'élaboration et la transmission des messages qu'elle émet ou qu'elle

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reçoit, sa langue « vécue » en quelque sorte. Voilà le « matériau » qu’il lui est demandé de poser sur son cahier pour mener à bien la tâche dans laquelle elle s'engage et que l’on peut décliner ainsi :

Relecture et correction individuelle du texte avec le formateur : c’est le moment de la « leçon individualisée de français », celui où sont explicitées quelques règles, où les mots erronés sont repérés et corrigés pour aller ensuite prendre place dans le répertoire alphabétique ; c’est le moment où se construit sur une fiche de suivi la progression personnalisée de chacun, avec l’indication d’exercices à travailler pour intégrer les règles ou la conjugaison.

Travail individuel pour reclasser les mots erronés dans le répertoire, pour réaliser les exercices programmés avec le formateur sur le cahier d’exercices : ce travail ne nécessite aucun contrôle du formateur au moment où il s’effectue, sauf à répondre à une question précise du participant. Le prochain tête à tête formateur-formé permettra de vérifier ce qui aura été fait.

Travail de saisie informatique sur traitement de texte constituant le travail de réécriture après correction de telle sorte que soient rectifiées les erreurs, travaillée la mise en page et la ponctuation pour arriver à un texte publiable en deux exemplaires : un pour le cahier de l’auteur ; un pour le classeur collectif.

Temps individuel de lecture dans le classeur collectif ; de mémorisation de tous les mots répertoriés ; d’autodictée à partir d’un texte édité ; d’entraînement à la lecture ou à l’orthographe sur ordinateur etc.…

Temps de régulation collective (séance collective) : moment de lecture et d’écoute des textes publiés ; mutualisation de vocabulaire sur un thème ; travail méthodologique sur la démarche pédagogique, sur les techniques d’écriture ou sur quelque question que ce soit abordée par les participants : ce temps est centré sur les échanges oraux. Il permet pendant un moment de casser le travail individuel et de faire exister le groupe en tant que tel. Il donne toujours lieu à un document écrit sous forme de fiche qui donne du matériau réutilisable par chacun dans l’écriture de ses textes.

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4. Une méthode qui a fait ses preuves⋅ Des cycles de formation courts (une centaine d’heures) et extensifs (deux

séances par semaine), avec possibilité d’enchaîner deux ou trois cycles en fonction des besoins et des financements mobilisables. Des outils précis d’évaluation permettant de mesurer les progrès à la fin de chaque période.

⋅ Responsabilisation et apprentissage de l’autonomie : les apprenants sont au centre du dispositif comme acteurs principaux de leurs apprentissages.

⋅ Réponse de formation tout à fait adaptée à la gestion de l’hétérogénéité des niveaux par l’individualisation des parcours à l’intérieur d’un groupe : pas d’effet ghetto, sexes, âges, origines, statuts, niveaux de compétences ; chacun peut travailler à son niveau, sur ses propres difficultés tout en bénéficiant des interactions d’un groupe totalement hétérogène.

⋅ Des progrès souvent rapides et spectaculaires, un effet à double détente :

- Amélioration de la maîtrise des codes de l’écrit (production d’écrit et lecture) et de l’expression orale : c’est ce qui est l’objet de notre contrat…

- Remise en confiance de la personne, prise de pouvoir sur sa vie personnelle, familiale, professionnelle, citoyenne : c’est l’effet second (mais pas secondaire) de la mise en relation des personnes à travers leur écriture.

En tant que concepteur et seul référent à ce jour de la formation de formateurs Noël Ferrand diffuse aujourd’hui cette démarche en tant que formateur de formateurs indépendant.

5. Contact

Noël FERRAND Littération, Formation, Conseil

22, rue du Lavoir de Criel - 38 500 VOIRON

Tél : 06 83 27 30 48 - Mél : [email protected]

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2. L’Association AFRICA à la CourneuveCafé Culturel

Depuis 17 ans, AFRICA mène des actions pour le développement de la vie culturelle et sociale au sein de la cité, contre le racisme et l’exclusion à La Courneuve. L’initiative la plus récente prise par AFRICA fut l’ouverture d’un café culturel en janvier 2004, un lieu de parole convivial pour les jeunes qui popularise également les activités de l’association.

1. Une association née suite à des assassinats racistes…

En 1983, un enfant a été assassiné dans la cité des 4000. L’Association pour la Formation contre le Racisme et pour l’Identité Culturelle Algérienne (AFRICA) est née à cette époque de manière formelle. Les personnes de cette association étaient un groupe de jeunes, surtout des femmes d’origine algérienne, qui avaient « des parcours un peu politiques et avaient envie de faire du collectif. C’était l’époque de la marche des beurs, SOS racisme n’était pas encore née et c’était dur de s’affirmer même si on appartenait à des partis politiques, c’était difficile de faire valoir notre identité sans être taxés de communautaristes. Nous on voulait imposer à la gauche nos valeurs anti-racistes »

AFRICA a pris le statut d’association en 1987, après deux autres crimes racistes de jeunes algériens dans la cité des 4000. Les premières actions, émanant de femmes, étaient principalement orientées vers la lutte active et revendicatrice contre le racisme et pour la défense des droits des immigrés, avec également une organisation de cours d’alphabétisation, des services d’écrivains publics, etc. Dans les années 90, des initiatives pour la lutte contre l’échec scolaire, pour l’aide à la recherche d’emploi et contre la toxicomanie et les MST ont vu le jour. En 2001 une Université Populaire a été organisée.

2. Médiation de tout sorte et construction de savoirs…

Aujourd’hui AFRICA met tout en œuvre à la cité des 4000 pour « qu’une réelle citoyenneté quelle que soit la nationalité » soit appliquée à travers différentes actions : des actions qui répondent à des besoins sociaux de base

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(alphabétisation, écrivain public et médiation administrative, stages de resocialisation, aide a la recherche d’emploi, accompagnement scolaire, etc.) et des actions culturelles qui ont pour objectif de créer des ouvertures pour que les jeunes du quartier puissent sortir de la cité, de leur enfermement.

Dans le but de susciter la rencontre entre les jeunes de cités et ceux de Paris, en 2001, avec l’appui d’une association argentine (El Mate) l’association a monté une université populaire avec la collaboration d’un collectif parisien « Malgré Tout ». Ces universités populaires ont donné naissance à deux publications (sur l’insécurité et sur la condition des femmes) de la bibliothèque populaire.

« Plutôt que de dispenser du savoir, nous souhaitons avant tout le collecter et le développer. Plutôt qu’enseigner, nous souhaitons apprendre. Quelles connaissances, quelles expériences, quelles pratiques se sont construites et accumulées aujourd’hui sur la médecine ou les mécanisme économiques au sein d’une population, généralement considérée comme ignorante sur ces sujets ? Nous pensons qu’il n’existe pas un seul savoir mais des savoirs, qui s’entrecroise et se complètent. Aucun ne doit être tenu à l’écart » (tiré de la publication de AFRICA et le Collectif Malgré Tout sur l’insécurité).

AFRICA organise régulièrement des rencontres-débats publics (par exemple sur la mémoire, la guerre, les femmes, l’immigration). Des actions de solidarité internationale sont menées. Des comités lycéens se sont montés avec l’appui da l’association. Pendant deux ans, un café philo était animé par des élèves de première et terminale qui a brassé un grand nombre de personnes venant de toute la Région Parisienne.

3. Changer les attitudes et les comportements…

Grâce aux actions d’AFRICA plusieurs jeunes de la Courneuve ont acquis plus d’autonomie et un comportement plus citoyen. A travers toutes les activités organisées, l’association joue un rôle capital à La Courneuve pour permettre à chacun d’être acteur de sa propre vie et citoyen d’un monde solidaire. Elle permet de renforcer le lien social et est devenu en 17 ans un lieu de conseils en tous genre : pour des jeunes ayant des problèmes avec la police, des mères ayant des difficultés familiales, des personnes ayant des difficultés dans leur démarches administratives, des personnes qui ont besoin de conseils en matière de santé…

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4. Un café culturel, espace conviviale, d’échanges, de débat…

Le projet de Café Culturel est né de l’université populaire, quand quelques personnes se sont rendu compte qu’il n’y avait pas beaucoup d’opportunités de concrétiser des échanges entre jeunes des quartiers et habitants de Paris. AFRICA organisait déjà des rencontres culturelles et festives (concerts, fêtes…) de manière régulière. L’idée d’aménager un espace comme cadre plus formel de ces rencontres a rejoint celle d’ouvrir un lieu de vie pour les jeunes.

L’objectif du Café Culturel est de faciliter les discussions et les échanges en offrant un lieu de parole et de sensibilisation dans le quartier. Il permet de formaliser, en donnant un cadre, toutes les activités organisées au sein de l’association. Le projet s’est concrétisé de manière souple et suffisamment informelle pour permettre aux jeunes de s’approprier l’espace et se sentir en confiance. Les subventions existantes ont permis d’acheter l’équipement de base et d’effectuer les premières démarches.

5. Une structure ouverte et souple…

Les jeunes du quartier ont l’habitude d’aller à AFRICA pour toute sorte de choses : étudier, chercher de l’aide ou rencontrer des amis. Le café organise différents événements, au moins un par mois, généralement les vendredis : des débats thématiques (guerre, droits des femmes, immigration), des concerts, des conférences. Entre 40 et 50 personnes participent régulièrement, la majorité sont des jeunes femmes, et le noyau dur est constitué d’une dizaine de personnes. L’association assure une diffusion importante des événements, (bouche à oreille, affiches, annonce dans le journal municipal et la presse locale). La structure reste ouverte aux initiatives et cette flexibilité est une condition importante pour susciter la participation.

6. Rendre le café davantage porteur d’initiatives spontanées…

Au café culturel on retrouve les difficultés liées à la participation des personnes pour l’organisation d’événements. Le temps passé à prendre des contacts et informer pour la réussite des activités, en particulier les événements artistiques, est parfois une contrainte. Ce travail pourrait devenir plus collectif si plus de personnes s’impliquait. Même si la structure

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est souple, le Café Culturel d’AFRICA prévoit une programmation pour l’année 2005. Ils prévoient aussi de former une « commission de programmation élargie » pour entraîner d’autres personnes à participer à la gestion des événements dans le café.

7. ContactAïssa ZEKKOURAssociation AFRICA3 place Georges Braque - 93 120 LA COURNEUVETél : 01 48 36 95 74 Mél : [email protected]

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3. Histoires de vie : des dynamiques singulières et collectives

S'arrêter sur son histoire, l'interroger, en comprendre le sens, c'est devenir acteur de sa vie. Reprenant les pratiques québécoises de récits de vie collectifs comme méthode de Formation des Adultes, cet atelier « histoires de vie » est l'occasion de « raconter » l'aventure d'un groupe d'habitants du 18ème arrondissement à Paris, vivant dans la précarité et sollicité pour devenir acteur-auteur de leur propre histoire

1. Pourquoi des histoires de vie ?

Dans la mouvance de l’éducation populaire, Gaston Pineau (université de Tours, Département des Sciences de l’Éducation) a créé, dans le cadre de la Formation Permanente des Adultes, une méthode (largement pratiquée au Québec) mettant en évidence les savoirs et savoir faire liés à l’expérience et trop souvent dépréciés par rapport aux savoirs scientifiques.

Que m’apprend mon histoire sur moi, sur les autres, sur la société à laquelle j’appartiens ?

« Creuse là où tu es » : la relecture de son propre parcours permet d’en percevoir le fil conducteur, de se remettre sur une trajectoire et d’en trouver le sens. Raconter sa vie comme on raconte une histoire est une réponse à cette quête de sens.

Ni groupe de parole, ni bibliographie, ni thérapie, l’histoire de vie relève de la transdisciplinarité et se rapproche de l’anthropologie en remettant au centre l’humain dans toutes ses dimensions. Elle crée des passerelles entre sphère privée et sphère publique. Ainsi, facilite-elle une meilleure intégration à l’environnement, une compréhension du rôle de citoyen.

2. Un exemple de pratique : l'Heure des conteurs (janvier à juin 2003)

Dans le cadre de l’aide aux personnes en situation précaire (répertoriées par les services sociaux du 18ème arrondissement) le Secours Catholique propose des repas à coût réduit, deux fois par semaine. Une autre association

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humanitaire assure deux autres jours dans le même local. C’est à l’issue du repas du mardi, qu’une fois tous les 15 jours, une proposition intitulée « L’HEURE DES CONTEURS » est faite à ceux qui le souhaitent. Une table, des chaises, un café …attendent les « conteurs ». Pendant 6 mois, ils feront part de leur façon de lutter, de se battre, de rester « en mouvement » (malgré les apparences), mais aussi de leur besoin de se dire y compris par la poésie. Ils peuvent en témoigner : prendre la parole fait exister.

De quoi s’agit-il ? De prendre la parole sur un des thèmes proposés :⋅ raconter la vie du « pain partagé » sorte de revue de presse, au jour le jour⋅ témoigner de la vie du quartier : hier et aujourd’hui⋅ apporter une expérience professionnelle (même courte) qui soit

marquante.

3. Libérer la parole

Etre sur les listes du Service social c’est faire partie de ceux qui ne sont désignés que par ce qu’ils n’ont pas : les « sans » : sans domicile, sans travail, sans papiers, sans projet, sans sécurité etc. En donnant la parole à ceux à ceux que la société ne prend pas le temps d’entendre, la démarche « Faire de sa vie une histoire » s’adresse à ces citoyens du 18ème

arrondissement, non pas à partir de leurs manques et de leurs besoins mais à partir de leurs acquis, de leurs expériences.

A ces citoyens qui se définissent eux-mêmes comme de seconde zone, il est proposé de prendre la parole et d’être interpellés en tant que témoins de leur époque, aptes à apporter leur contribution à la mémoire collective. S’exprimer, c’est exister, s’exprimer dans un cadre précis devant un groupe, c’est être reconnu dans cette existence.

Les préalables incontournables : ⋅ Prendre le temps d’un apprivoisement mutuel… Pendant deux mois, les

repas pris en commun ont permis de présenter le projet « L’Heure des conteurs », d’adapter les thèmes, de s’assurer que la démarche était comprise. Quand il n’y a pas de précédent, c’est une étape importante.

⋅ Pour l’accompagnateur : être situé à sa juste place. Ni enquêteur, ni thérapeute, il se positionne comme le garant du respect de cette parole libérée. Dans le cas présent, sa formation d’ethnologue a été précieuse. Son rôle consistait à permettre « au conteur » et à ceux qui l’écoutait de passer de la « petite histoire » à la « grande Histoire », de s’inscrire dans une histoire plus large et par là même de percevoir la contribution qui a pu

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être apportée et qui peut encore être apportée. La démarche est tournée vers l’avenir tout en s’appuyant sur le passé.

⋅ Cet accompagnateur n’a pas d’attente, mais répond à l’attente légitime que le groupe peut avoir vis-à-vis de lui : le sécuriser en faisant respecter le temps de parole que chacun est en droit de prendre.

4. Valider la parole

L'enregistrement des interventions laisse une trace visible de la mémoire du groupe. Mis par écrit, chaque texte est présenté à son auteur avant la séance suivante, pour être validé (et s’assurer qu’il n’y a pas eu erreur de transcription.) Le conteur confirme ainsi ce qu’il a réellement voulu dire.

Cette étape est essentielle : elle inscrit le narrateur dans son rôle d’auteur : en validant ce qu’il a dit, il se réapproprie sa parole et donne (ou pas) son accord pour qu’elle figure dans la production commune : le « livre d’or » comme certains l’appelleront. Une conteuse refusera qu’un souvenir de guerre y figure : son désir a été respecté.

Les textes ont spontanément été illustrés : photos de remise de médaille du travail (d’un bagagiste kabyle employé 40 ans à l’hôtel St Lazare), photo de famille jaunie, témoignage d’un passé souvent douloureux : « la seule que j’ai », poème récité timidement par son auteur (le groupe en « commandera » d’autres), véritables trésors quand on sait combien restreint est le patrimoine de la plupart des participants…

5. Restituer la parole

Cette parole libérée a surpris les participants eux-mêmes : se côtoyer ne sous-entend pas que l’on se connaisse. Un jour, un véritable cours de littérature a été donné sur François Villon « le banni, le proscrit, le rejeté de la Société… » par un « conteur » qui a passé l’hiver à la rue.

L’Histoire de vie peut être une réponse à la honte sociale, c’est en cela qu’elle est une pédagogie émancipatrice : en créant l’opportunité d’être perçu (et de se percevoir) au-delà des apparences. Si le regard des autres condamne, ce même regard peut aussi restituer une dignité.

Au bout de 6 mois, chaque participant au groupe des conteurs (une quinzaine) repartira avec un exemplaire du « livre d’or » (la calligraphie différente pour chacun permet d’individualiser les apports et de

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se reconnaître.). Pour la dernière séance, le groupe prend l’initiative d’inviter les bénévoles à un apéritif festif pour les remercier de la préparation des repas. Plusieurs iront au micro. Cet acte posé « inverse » les statuts en leur permettant à eux, les conteurs, d’être du « bon côté » de la barrière : ceux à qui l’on dit merci.

6. Une démarche qui redonne sens à l'existence

Tout public peut souhaiter faire son histoire, mais quand cette histoire a connu des ruptures, des cassures (l’exil), retrouver un fil conducteur, réhabiliter le passé pour le transmettre, devient un objectif qui peut redonner sens à une existence. La prévention ne passe-t-elle pas par une prise en compte du mal-être d’adultes qui n’ont pas été entendus dans leur propre problématique et que l’histoire de vie réhabilite?

7. ContactAgnès Le Grix de la Salle30bis Bd Jourdan 75 014 ParisTél / fax : 01 45 80 77 56 - Mél : [email protected]

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4. La Maison de l’amitié à La Défense : Un accueil de jour pour les personnes démunies

A la maison de l’amitié, lieu d’accueil de jour pour les personnes démunies, on répond aux besoins vitaux et on propose des activités diverses, une vie en collectivité, en essayant de favoriser la prise de parole, la prise de responsabilité. Le climat aide à rompre avec l’isolement, à reprendre confiance et participer, à tenir debout.

Paris. Parvis de la Défense. Tous les matins des milliers de passants montent dans les étages, dans les bureaux fraîchement nettoyés. Au même moment, tous les matins, entre 7h et 8h30, le comité solidarité Défense, créée par une petite équipe de ces passants qui a pris conscience en 95 du monde souterrain de la défense, sert des dizaine de cafés (et des sourires) à toutes les personnes en grande difficultés (SDF, Sans Papier…) qui se sont « enterrés » dans les sous sols de la Défense. Très vite, le petit Café a donné naissance à la Maison de l’Amitié, lieu d’accueil de jour pour des personnes en difficulté. Ainsi le « Comité solidarité Défense » a mis en place un lieu ou ceux qui le souhaitent restent, après le café du matin, pour occuper l’espace, se reposer, préparer collectivement le repas du midi, participer à des activités diverses (initiation à l’informatique, ateliers d’écriture pour éditer le journal semestriel, peinture…), voir un médecin ou une infirmière, prendre des conseils pour des démarches administratives. Ou tout simplement s’exprimer. Rencontrer d’autres visages, d’autres cultures.

1. Des activités diverses proposées, mais quel sens donner, avec quelles attentes ?

Des activités diverses sont proposées : pratique du débat sur des questions de société (sur la société du parvis de La Défense), pratiques artistiques (dessin, peinture, chant) à partir de thèmes, ateliers informatique pour la recherche d’emploi, groupes de parole, alphabétisation et ateliers d’écriture, publication d’un journal, une fois par an un projet thématique sur le parvis. Parfois, des activités, comme le théâtre forum, sont organisées pour travailler sur les regards réciproques.

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Dans certains cas, l’engagement n’est pas vraiment présent. L’animatrice se demande à quoi est du le manque de motivation pour participer aux activités, comment mobiliser ? Que faut-il changer dans les méthodes de travail et quel sens donner aux activités proposées ?

Les questionnements de l’animatrice et les échanges ont montré qu’il est souvent nécessaire de faire la différence entre un atelier qui occupe, et un projet porteur de sens. Un atelier pratique n’a pas forcément de sens social. Par contre, l’élaboration collective d’un projet porteur de sens social (qui peut comporter des activités pratiques) peut susciter un engagement fort des participants. Etre acteur en son milieu c’est être acteur en soi même. Les deux formes d’activités sont importantes. Le sens à la MA, c’est aussi de pouvoir utiliser une machine à laver, se laver…

Pour les animateurs, il apparaît ainsi un besoin de mesurer les attentes dans les différentes situations. En effet, dans ces conditions extrêmement difficiles, les notions de temps et d’objectifs sont très difficiles à appréhender, il faut savoir lâcher prise sur les échéances et réhabiliter le temps présent.

2. Pour les personnes accueillies, participer c’est prendre le risque d’un nouvel échec

L’expérience de travail avec des personnes démunies montre qu’il est difficile d’arriver à un réel engagement dans le projet collectif : le fait d’avoir trop d'attentes par rapport à eux les fait fuir. Demander un engagement dans le temps les paralyse. Ces réactions peuvent s’expliquer par la peur d’un nouvel échec, la peur de prendre un risque supplémentaire. C’est aussi lié au fait que la préoccupation première est de continuer à répondre à ses besoins vitaux le lendemain.

Pour susciter l’engagement, dans toutes les sociétés et dans tous les milieux, il faut aussi réfléchir au langage que l’on utilise, expérimenter d’autres démarches.

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3. Des obstacles qui entretiennent la situation d’exclusion

Les animateurs de la maison de l’artisanat ont relevé deux blocages important aux efforts fournis pour animer la vie en collectivité à la maison de l’artisanat :

Le dialogue de la contradiction des personnes en difficulté : c’est comme un bouclier de protection, ça déforme tout, le discours, la relation, il n’y a plus de logique ni de dialogue possible.

Le sentiment de culpabilité : les personnes qui viennent à la MA ont un sentiment de culpabilité par rapport à leur propre situation : travailler sur des questions politiques à l’occasion des groupes de parole qui sont proposés les aide à prendre conscience qu’ils sont dans un système qui les a mis dans la situation ou ils sont, et par conséquent à se remettre en situation de citoyens. Dépasser ce sentiment aide à prendre sa place. Dans d’autres expériences, dire son histoire de vie permet aussi de prendre conscience de sa place dans la société et d’amener à être davantage acteur de sa vie. Cette démarche pourrait être développée à la MA.

4. Partenariats et échanges, ouverture vers l’extérieur, changer les regards, aller vers la mixité sociale

Des partenariats et échanges existent avec l’entreprise de gestion de l’esplanade de la Défense, l’AFEV, Emmaüs, La Maison des Métallos, et même avec des salariés d’AXA, Total, EDF…entre autres. Le travail en réseau a été essentiel au développement de la MA.

On essaie d’établir un lien avec les passants d’en haut, ceux qui ont « l’intention de… ». Alors, grâce à une exposition sur le parvis de la Défense pour faire partager ses passions, de temps en temps, le monde du dessous rejoint le monde du dessus. On ne leur demande pas d’argent, mais du lien, du partage, de la mixité sociale, pour changer les regards réciproques.

Quand la MA sort sur la dalle une fois par an à la rencontre des employés et cadres, « on doit leur rentrer dedans, on interfère sur leur passage » pour qu’ils y ait un échange : il y a beaucoup de promesses mais pas beaucoup de retours. La plupart restent dans l’ignorance du monde du dessous et pour eux c’est bien confortable. Mais quand il y en a un, c’est

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déjà gagné. Ce travail autour de la mixité sociale doit permettre de prendre conscience qu’on est tous dans la même galère. L’intérieur de la maison est sécurisant mais il faut se forcer à aller vers les autres.

Un jumelage avec des personnes ayant un handicap moteur à permis, pour certains, une prise de conscience qu’ils peuvent eux aussi venir en aide à d’autres personnes.

5. Réapprentissage des règles de la vie en collectivité, la responsabilité

Dans ce contexte, les règles de la vie en collectivité s’opposent à celles de la vie dans la rue. A la MA c’est un travail communautaire qui est fait. L’exercice de la citoyenneté passe par l’appartenance au groupe. Sur la citoyenneté, définition d’Eric « quand chacun est indispensable », mais pour arriver là, on a besoin d’un facteur de prise de conscience (pour l’un des gars, ça a été un séjour avec une personne handicapée ou il est devenu celui qui aide, celui qui est indispensable).

A la MA, il y a un réapprentissage à être co-responsable dans une petite communauté. La citoyenneté passe aussi par le fait de se sentir co-responsable de l’avenir du groupe.

6. Perspectives

La création d’une maison relais est en projet en partenariat avec 4 autres associations pour pouvoir proposer un accueil de nuit. Un projet de forum sur l’exclusion sur l’esplanade de La Défense est en gestation.

7. ContactGeneviève Gazeau - Maison de l’Amitié - Esplanade de la DéfenseTél : 01 49 06 02 87 - Mél : [email protected]

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•DIALOGUE ET LIEN SOCIAL

• Vieillir Autrement : Créer du lien entre les générationsVieillir Autrement veut promouvoir des espaces d’échanges et de convivialité en créant, avec ceux qui sont déjà dans le quartier (travailleurs sociaux et habitants), des occasions de rencontre entre les habitants de cultures et d’âges différents.

• L’Ecume Du Jour : Accueillir les personnes et les projets

Dans la ville de Beauvais, ce bistrot associatif est, depuis 1996, un lieu ouvert et accessible à tous qui se veut, à travers ses nombreuses activités, un centre d’intelligence populaire, de culture et d’art.

• Le BUS-A-VIVRE : Donner envie de comprendre, bouger, espérer

L'association VIVRE (Vouloir, Informer, Vivre, Rencontrer, Espérer) d’Aubagne offre accueil, rencontre et écoute, entraide et information dans un lieu ouvert à tous : le bus à vivre.

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1. Vieillir Autrement :Créer du lien entre les générations et entre les cultures

Vieillir Autrement veut promouvoir des espaces d’échanges et de convivialité en créant, avec ceux qui sont déjà dans le quartier (travailleurs sociaux et habitants), des occasions de rencontre entre les habitants de cultures et d’âges différents.

1. De l’isolement à l’intergénération

L’association Vieillir Autrement s’est crée en 1981 afin d’alerter l’opinion publique de l’isolement des personnes âgées. Pour cela a été réalisé le film « Xueiv », qui fut projeté lors d’animations réunissant des personnes de tous âges.

Progressivement, le projet s’est élargi à la sensibilisation à l’intergénérationnel et à l’interculturel. En effet dans la société française, la géographie urbaine cloisonne les publics. Les situations d’exclusion et de violence qui en résultent soulignent l’importance de l’enjeu d’une réflexion sur l’intergénérationnel et l’interculturel, et la nécessité de créer du lien social.

2. Agir, réfléchir, informer

L’objectif de Vieillir Autrement est donc de créer des supports à la rencontre intergénérationnelle et interculturelle notamment par la transmission de récits de vie, d’expériences. Par exemple :⋅ témoignages de personnes âgées auprès de jeunes (écoles, collèges…) :

Eugénie sur les camps de concentration, Youssef sur la guerre d’Algérie et la vie de travailleur immigré…

⋅ projet de livre sur des récits de vie : « Mémoire de travailleurs immigrés » ;

⋅ travail sur la mémoire d’une friche industrielle en reconversion pour la transmettre aux futurs usagers.

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La parole et le récit de vie ont une place centrale. Les activités manuelles et ludiques sont aussi développées : le faire ensemble est tout autant créateur de lien.

En parallèle, l’association mène une recherche-action sur l’intergénération et l’interculturel à travers des débats. Ainsi en juin 2004 a été organisée une journée avec les acteurs concernés et les personnes intéressées sur le thème « Mémoire et immigration », réunissant environ 120 participants.

Enfin, Vieillir Autrement se pose aujourd’hui en centre de ressource de l’intergénération qui travaille sur trois axes :⋅ l’expérimentation, en poursuivant les actions intergénérationnelles ;⋅ la formation d’acteurs :⋅ bénévoles, habitants, associations, assistants sociaux…⋅ l’accompagnement de projets liés à l’intergénération, moteur de

développement local

3. Se construire et être une composante active de la société

L’association a adopté comme postulat que relations sociales et représentations du monde sont en interaction permanente. Permettre aux relations sociales d’évoluer, c’est faciliter l’évolution des préjugés, des représentations du monde sur lesquelles il est difficile d’intervenir directement.

Ainsi l’association cherche à créer des liens entre générations comme moyen de construction de soi et de son identité, et aussi comme moteur de développement local.

En effet au niveau individuel, ces liens permettent de développer le goût de la rencontre, la confiance et l’ouverture à l’autre. Les personnes âgées arrivent peu à peu à se projeter dans l’avenir, les enfants à se situer dans le temps face à la mémoire du vécu de leurs aînés.

Au niveau du territoire, la valorisation de la richesse de ses ressources humaines est considérée comme un moyen potentiel de développement local : créer ou recréer du lien social améliore la qualité de vie, diminue les sentiments d’isolement, d’insécurité aussi bien chez les habitants que chez les acteurs agissant sur le territoire.

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En effet, lorsque Vieillir Autrement intervient dans un quartier, elle fait d’abord un état des lieux des différents acteurs y travaillant, le plus souvent de manière spécialisée et cloisonnée (en terme d’actions, de publics touchés…). L’objectif de l’association est alors de mettre en lien ces partenaires potentiels, et donc leurs publics respectifs, autour d’un projet lié à l’intergénérationnel. Son rôle sera de co-animer avec eux le lancement du projet jusqu’à ce que celui-ci puisse fonctionner en autonomie.

Les bilans, basés sur les observations des membres de l’association et sur des entretiens révèlent l’évolution sur deux à trois ans des relations et attitudes de chacun : à des rencontres artificielles se substitue un réel goût de la rencontre (augmentation du nombre de participants, assiduité et motivation fortes des enfants les plus turbulents et des personnes âgées les plus réticentes…), le choc face à la différence s’estompe jusqu’à être accepté et le discours des participants change.

4. L’enjeu d’une réflexion sur l’intergénérationnel et l’interculturel

Autre moyen pour l’association d’enrichir ses méthodes : l’échange d’expérience. En effet, tous les deux ans, l’université d’été de l’intergénération, qui réunit plus de 150 personnes sur trois jours, permet de rencontrer d’autres acteurs nationaux et internationaux de l’intergénérationnel.

Aujourd’hui l’enjeu d’une réflexion sur l’intergénérationnel et l’interculturel, et la nécessité de créer du lien social se font de plus en plus sentir dans la société. Les situations d’exclusion et de violence résultant du cloisonnement architectural et social commencent à attirer l’attention des autorités publiques : le décloisonnement et la création de lien social commencent à être reconnus comme des principes d’action valables. Vieillir Autrement a donc de ce côté des perspectives d’avenir plutôt ouvertes.

En ce qui concerne son champ d’action, l’association travaille pour le moment uniquement dans des quartiers urbains. L’intergénération dans l’entreprise, dans le milieu rural, dans la famille, etc.… reste pour l’association autant de domaines à explorer.

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5. Contact : Vieillir AutrementSiège social :61 Rue de la justice, 59000 LilleTél : 03 20 57 04 67 - fax : 03 20 30 01 69

Annexe : maison des associations100 rue de Lille, 59200 TourcoingTél : 03.20.27.27.50 (sur rendez vous)

E-mail : [email protected]

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2. L’Ecume Du Jour,Accueillir les personnes et les projets

Dans la ville de Beauvais, ce bistrot associatif est, depuis 1996, un lieu ouvert et accessible à tous qui se veut, à travers ses nombreuses activités, un centre d’intelligence populaire, de culture et d’art.

1. Une place pour chacun au milieu d’un tous

L’Ecume du jour (EDJ) est né d’une volonté de développer une autre façon de se rencontrer, à travers des échanges collectifs et ouverts dans le cadre d’un bar. Ce projet se base sur une profonde croyance en l’amélioration de l’Humain et en l’importance du vivre ensemble.

Il s’agit d’un bistrot où l’on peut non seulement boire un verre et manger un morceau, mais aussi prendre part à un échange réciproque de savoir, à une « Bouff’à thème », à un atelier « créativité » avec un artiste en résidence, acheter des produits équitables…

L’EDJ vise à être un lieu ouvert favorisant les échanges. D’une part, les demandes de chacun sont accueillies et prises en compte, toutes les initiatives et bonnes volontés sont les bienvenues et trouvent dans cet espace de liberté et de soutien les moyens de se développer.

D’autre part, la gestion des activités se fait de manière collective et dans une attitude d’ouverture à des personnes, des méthodes et des savoirs nouveaux. D’ailleurs depuis sa création, l’EDJ a développé de nombreux partenariats (municipalité, associations, services sociaux…).

2. Une pépinière de projets collectifs

Les groupes de parole de jeunes filles

Ces groupes de parole sont ouverts aux jeunes filles de 12 à 25 ans pour échanger sur le thème : « Amour, santé, émotions, ça fait du bien d’en parler ! ».

En favorisant la parole et les rencontres avec des professionnels sur les thèmes choisis par les participantes, ce groupe de parole vise à prévenir les

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conduites toxicomanes, suicidaires ou alimentaires à risque, le SIDA, les violences sexuelles, les grossesses non désirées… Il permet de sensibiliser ces jeunes dans un cadre plus décontracté où l’on peut identifier les freins qui les empêchent de se rendre dans les lieux ressources auxquels elles s’adressent souvent quand il est trop tard. Elles sont invitées à s’impliquer dans la préparation et donc à exprimer leurs interrogations, leurs angoisses et à prendre en main leur information.

Organisation collective d’un buffet des goûts et des couleurs

Pour les 7 ans de l’EDJ, Charlotte propose de préparer collectivement avec un groupe d’intéressés deux buffets : un buffet du monde en partenariat avec un foyer de réfugiés, et un buffet des couleurs avec les participants au Réseau d’Echanges Réciproques de Savoirs (RERS).

S’y sont greffés un projet de gâteau géant et de grand plateau de fruits en partenariat avec l’OSATO (foyer d’anciens toxicomanes) et un atelier de réflexion sur le thème « Les goûts et les couleurs, ça se discute ! » qui a démontré que fête et réflexion pouvaient aller de paire.

Faire de ce projet une œuvre collective a demandé d’impliquer les participants le plus en amont possible et de les écouter pour adapter les méthodes d’animation et d’organisation à leurs disponibilités. Ensuite Charlotte a réussi à créer un cadre à la fois rassurant et suffisamment ouvert pour accueillir les initiatives, les intégrer à l’ensemble tout en prenant une autonomie.

La réussite de ce projet collectif a rejailli sur chacun des participants, fiers de s’y être impliqués, quel que difficile que ce put être au début.

La médiation dans le RERS :

Le principe du Réseau d’Echanges Réciproques de Savoirs consiste à mettre en contact des personnes qui veulent découvrir certains savoirs, et qui en échange sont prêts à partager les leurs, quel que soit le domaine (danse orientale, arabe standard, cuisine végétarienne, réparer un évier bouché, tailler des rosiers…).

Cette pratique vise à instaurer un rapport aux connaissances et à l’apprentissage basé sur la coopération et l’échange et reste une manière privilégiée de valoriser la personne par son expérience de vie. Celle-ci n’est plus regardée uniquement par ses manques, ses besoins et ses failles, mais aussi par ses richesses. Elle devient responsable et actrice de sa vie, qu’elle ne subit plus mais qu’elle prend en main.

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L’innovation créée à l’EDJ concerne la médiation dans le réseau. Mettre en lien offreurs et demandeurs de savoir et assurer le suivi des échanges est longtemps resté à la seule charge de la salariée de l’association, jusqu’à ce que, débordée, celle-ci décide de créer une équipe de médiateurs. A mesure de l’élargissement de l’équipe, un système de formation en chaîne a vu le jour, les nouvelles idées ont fusé pour améliorer la médiation et le suivi des échanges.

Les ateliers d’échanges de savoir du collectif « Choisis ta santé ? »

Depuis mai 2000, ce collectif réunit professionnels et personnes de tous âges autour de questions de santé : grossesse, accouchement, allaitement, gymnastique oculaire, alimentation, cancer, aromathérapie, dépression…

L’objectif est de permettre à chacun d’essayer différentes pratiques et surtout, de favoriser des comportements basés sur la confiance en soi et l’estime de soi pour une meilleure prise en main de sa santé.

Les rencontres dépendent des demandes des participants et prennent la forme de soirées à thème ou d’ateliers pratiques, l’idée directrice étant que tous les participants, professionnels ou non, sont des personnes ressources.

3. Beaucoup de reconnaissance et beaucoup de mouvements en perspective

Les différents porteurs de ce projet marquent leur volonté de continuer à s’inscrire dans la cité en évitant toute récupération politicienne. De plus, « faire du transversal », relier les savoirs et les domaines entre eux leur semble nécessaire pour donner du sens à leurs actions.

La reconnaissance dont bénéficie actuellement l’EDJ sur le territoire de Beauvais démontre la diffusion de la culture de l’échange et de la coopération qu’elle promeut, ce qui vient la renforcer. Cependant une certaine vigilance est nécessaire pour assurer la stabilité et l’identité de l’EDJ face aux mouvements qui la traversent (nouveaux arrivants, nouveaux projets, départs…).

4. ContactL’Ecume du Jour 5 rue du Faubourg St Jacques, 60 000 BEAUVAISTél : 03 44 02 07 37Mél : [email protected]

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3. Le BUS-A-VIVREDonner envie de comprendre, bouger, espérer

L'association VIVRE (Vouloir, Informer, Vivre, Rencontrer, Espérer) d’Aubagne offre accueil, rencontre et écoute, entraide et information dans un lieu ouvert à tous : le bus à vivre.

1. Sur le chemin du goût de VIVRE

Si la vie est un combat, elle est aussi un bonheur à saisir qui se construit pas à pas. Le BUS-A-VIVRE propose quelques clés pour y parvenir. Depuis novembre 1989 à Aubagne, l'association VIVRE (Vouloir, Informer, Vivre, Rencontrer, Espérer) accueille tous ceux qui le souhaitent dans un bus anglais, qui stationne chaque vendredi de 9 heures à 19 heures en face d’un supermarché d’Aubagne. Au fil du temps cet objectif initial s'est étoffé de réponses à des besoins immédiats (logement, matériel...).

L'objectif est de constituer un lieu d’accueil pour discuter, s'encourager et s'entraider, rêver et agir ensemble, échanger des adresses et des informations. Il s’agit de se donner ou redonner l’envie de bouger et d'espérer malgré les difficultés personnelles.

2. Offrir un espace de dialogue

Les habitants y trouvent de la documentation mise gratuitement à leur disposition, et une équipe de bénévoles qui peuvent discuter, offrir un café, éventuellement les orienter.

Les thèmes abordés sont très variés, en fonction des questions posées :⋅ Droits de l'homme : où sont les obstacles, les responsabilités ? Y suis-je

pour quelque chose ?⋅ Résistances : en tous lieu en tous temps, des hommes et des femmes ont

su dire "non". Leur histoire nous aide à rester, nous aussi, debout.⋅ Écologie : il est tard pour se réveiller, mais acculés par les réalités, nous

pouvons encore, toujours, essayer de modifier nos raisonnements et nos pratiques.

⋅ Psychologie : se comprendre pour mieux comprendre les autres.

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⋅ Conflits et médiations : le conflit est en nous avant d’être dans le monde. Mais l'étouffer, c'est reculer pour mieux exploser. Mieux vaut, pour sa santé et celle des autres, apprendre à le réguler. «Il n'y a pas deux personnes qui ne s'entendent pas, il y a seulement deux personnes qui n'ont pas discuté » (proverbe africain)

⋅ Spiritualité : Quelles sont nos valeurs aujourd'hui ? Où est le sens ? Qui suis-je ? « To be or not to be ». La méconnaissance et la manipulation des textes religieux font le lit des fanatismes et des intégrismes, avec leur cortège de barbarie. Il semble plus utile d'en connaître un peu par soi-même afin de ne pas se laisser entraîner par de nouveaux leaders charismatiques.

⋅ Civisme, alternatives, et actions collectives. "Nous ne sommes pas naïfs. Nous sommes tous jusqu'au cou dans un monde injuste. Il est important de comprendre ce qui nous attend en matière de santé, alimentation, écoles, armée, travail, loisirs, habitat, investissements, etc.. et de pouvoir choisir". Il y a encore une bonne marge de manoeuvre et des « trucs sympas » à faire. Même, pour ainsi dire, la révolution est à portée de la main. Il faut pour cela commencer par mettre en pratique nous-mêmes nos propres idées.

3. Entraide et « système D »

L'association regroupe 15 membres de manière stable depuis l'origine, avec de nombreux sympathisants qui donnent du temps et des dons en nature. L'association trouve ses ressources en faisant de la récupération d’objets qui sont réparés, puis vendus dans des dépôts-ventes et des brocantes.

L'association prête ou donne du matériel quand il y en a besoin. Elle dispose par exemple de deux caravanes situées dans un camping et disponibles pour des personnes en besoin de logement.

VIVRE travaille en étroite en liaison avec les associations d'Aubagne et avec le réseau d'échanges de savoirs, qui mène des actions visant à créer des liens inter quartiers et intergénérationnels, à travailler avec les gens du voyage, et à développer l'alphabétisation.

4. Créer et faire vivre une relation fraternelle

À travers les nombreuses discussions des bénévoles avec les gens qui passent, on voit que beaucoup d’entre eux manquent de repères, à la fois pour construire leur vie pour comprendre le monde. Il est important, même

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de façon très simple, de les écouter, de leur fournir des informations, de les orienter vers d'autres organismes pour, finalement, les aider à devenir acteurs de leur vie.

L'association apporte des « clés » qui redonnent espoir et confiance en soi et constituent parfois le déclic pour agir. Le BUS-A-VIVRE se veut un lieu d'information, d'écoute et de dépannage à la disposition de tout un chacun. Cet accueil permet de créer et faire vivre une relation fraternelle, de montrer qu'elle est possible. Il constitue un signe visible qu'une autre façon de voir la vie est possible.

ContactGilbert OTT Les BartavellesA2 Chemin du Bon Civet 13 400 AUBAGNE Tél : 04 42 03 41 44

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Ce document rassemble les récits de 25 expériences porteuses d’éducation citoyenne dans différents champs d’action ainsi qu’une analyse transversale qui met en évidence ce qui leur est commun et qui caractérise une éducation citoyenne, émancipatrice. Il est destiné à servir à tous ceux qui souhaitent se donner des repères pour entreprendre une action ou pour élaborer un programme qui prend en compte la dimension « éducation citoyenne ».

La moitié des expériences présentées sont menées sur le territoire de la Région Nord-Pas-De-Calais, sans qui ce document n'aurait pas pu voir le jour, et la majorité d’entre elles étaient représentées dans les différents ateliers des rencontres de l’éducation citoyenne à Lille les 7 et 8 février 2004.

RECIT (réseau des écoles de citoyens) est un réseau d’acteurs et de lieux porteurs d’éducation citoyenne, crée en octobre 2002, qui se propose de mettre en lien dans tous les domaines (école, éducation populaire, action sociale, environnement, territoires, échanges internationaux, consommation, action citoyenne,..), tous ceux qui donnent aux citoyens les moyens d’être acteurs de leur propre vie et citoyens d’un monde solidaire. Des collectifs régionaux et locaux sont en cours de constitution, ainsi qu'une plate forme internationale d'échanges (France, Brésil, Québec, Afrique subsaharienne) 200 organisations et 190 expériences de terrain ont participé aux rencontres de l’éducation citoyenne, à Lille, en février 2002.

Achevé de rédigé le 15 juin 2005 et édité par RECIT

Pour plus d'information on peut consulter le site www.recit.net

RECIT (réseau d’écoles de citoyens) [email protected]

15 avenue Robert Fleury 78 220 VIROFLAY (France)

Prix 7 euros