5 codespar contribution-auto-agro-batiment-tic-quelles-mutations-07-2014

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Les contributions du CODESPAR JUILLET 2014 Les 4 scénarios imaginés permettent d’identifier les mutations à venir : la transition énergétique, l’évolution vers une industrie plus intelligente, l’internationalisation de la production, l’hybridation croissante entre industries et services... Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ? Phase 2 : 4 scénarios d’évolution d’ici 2030 et les préconisations stratégiques se numérise s’énergise s’internationalise se servicialise L’industrie

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Page 1: 5 codespar contribution-auto-agro-batiment-tic-quelles-mutations-07-2014

Les contributions du CODESPAR JUILLET 2014

Les 4 scénarios imaginés permettent d’identifier les

mutations à venir : la transition énergétique,

l’évolution vers une industrie plus intelligente,

l’internationalisation de la production,

l’hybridation croissante entre industries

et services...

Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?Phase 2 : 4 scénarios d’évolution d’ici 2030

et les préconisations stratégiques

se numérise

s’énergise

s’internationalise

se servicialise

L’industrie

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2 CODESPAR JUILLET 2014

SOMMAIRE3 Synthèse

4 La démarche du groupe-projet « Prospective économique »

6 Rappel des éléments clés du diagnostic partagé

7 Quatre scénarios sur le devenir de l’industrie en 20308 Scénario A - L’industrie se numérise

10 Scénario B - L’industrie s’énergise

12 Scénario C - L’industrie s’internationalise

14 Scénario D - L’industrie se servicialise

17 Les mutations de l’industrie et la stratégie d’accompagnement de ces évolutions

18 Les mutations transversales de l’industrie18 L’industrie à l’épreuve de la transition énergétique et écologique

18 Une évolution vers des produits à plus haute valeur ajoutée

19 L’intelligence renouvelle la chaîne de valeur

19 Une innovation centrée sur les usages reposant sur des méthodes plus collaboratives

19 La sécurisation des parcours des salariés de l’industrie

21 Les mutations des filières industrielles traditionnelles21 Une filière véhicules et mobilité à accompagner

24 L’agroalimentaire : vers une filière compétitive et durable

27 Les TIC : le numérique dynamise les autres secteurs d’activité

29 Le bâtiment : vers un bâtiment durable avec une gestion intégrée de l’énergie

31 Les opportunités de structuration de nouvelles filières industrielles

31 Vers une filière de production de système d’autonomie énergétique ?

33 L’aéronautique : une opportunité à saisir pour structurer un réseau de sous-traitants ?

34 La rénovation ferroviaire : une activité à pérenniser ?

35 Glossaire

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3Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

L’industrie du bassin rennais a été fortement fragilisée au cours des dernières années, et de manière plus exacerbée encore en 2013. Des filières industrielles, sur lesquelles le territoire avait assis son développement, se sont trouvées dans des situations difficiles. Le groupe a choisi d’analyser le devenir de 4 filières d’activités (automobile, agroali-mentaire, bâtiment et TIC)*. L’industrie au-tomobile a été particulièrement mise à mal avec 1 400 suppressions d’emploi au niveau du constructeur PSA et un impact sur les équipementiers et les sous-traitants (Faure-cia, Cooper...). De nombreuses entreprises de l’industrie agroalimentaire ont elles aus-si été affaiblies en Bretagne (Gad, Marine Harvest...) même si le bassin rennais a été moins impacté. La filière numérique a été confrontée à une situation ambivalente avec des difficultés de recrutement, d’une part, et des licenciements importants (Renesas, Alca-tel...), d’autre part. La filière du bâtiment a elle aussi vécu une situation contrastée avec des grosses entreprises qui ont évité les res-tructurations grâce à des transferts de charge et nombre de petites entreprises qui ont dû supprimer des emplois voire cesser leur acti-vité. L’inquiétude sur cette situation a sou-levé plusieurs questionnements :

Comment vont évoluer les industries au-jourd’hui structurantes pour le bassin ren-nais ? Auront-elles le même poids ? Faut-il anticiper des modifications de la structure de l’emploi de ces filières ? Peut-on envisager la création de nouvelles activités créatrices d’emplois ?

Pour répondre à ces questionnements, le groupe a identifié 4 scénarios d’évolution sur le devenir de l’industrie à l’horizon 2030 :

• L’industrie se numérise • L’industrie se valorise • L’industrie s’internationalise • L’industrie se servicialise

Ces 4 scénarios sont monolithiques puisqu’ils ont été construits à partir d’une seule ten-dance lourde. L’avenir sera probablement une hybridation entre ces différents scénarios. Mais, le fait de se projeter en 2030 a per-mis d’identifier plusieurs défis transversaux qu’aura à relever l’industrie. Ainsi, on assiste à une porosité croissante entre industries et services. Nombreux sont les établissements industriels qui proposent des activités de ser-vice. Par ailleurs, la transition énergétique et écologique constitue un autre défi qu’auront à relever les industries. En effet, l’industrie s’est développée comme une production standardisée en grande série, ce qui, dans un monde où les ressources sont limitées, est remis en cause. De plus, dans un monde glo-balisé, où les plus importants foyers de crois-sance sont hors d’Europe, se pose la question de notre compétitivité et de notre capacité à proposer des produits à plus forte valeur ajoutée.

Outre ces mutations transversales, chaque filière est concernée par des évolutions spé-cifiques. L’industrie de l’automobile évolue vers l’industrie des mobilités. L’agroalimen-taire français est dépassé par les concurrents allemands et la Bretagne est confrontée à un risque de décrochage. Elle doit évoluer pour restaurer sa compétitivité et rester un acteur significatif. Le numérique qui a longtemps constitué une spécificité du bassin rennais, se diffuse désormais sur tous les territoires. Pour autant, le bassin rennais a encore des cartes à jouer, notamment en continuant de s’appuyer sur son expertise historique dans les télécoms, les réseaux et l’image. Le bâti-ment doit faire évoluer ses modes de fabri-cation et de rénovation pour respecter les enjeux liés à la transition énergétique.

Pour accompagner l’ensemble de ces muta-tions, le groupe a identifié des pistes d’action à mettre en œuvre. Elles ne sont pas exhaus-tives et devront être alimentées au fil des échanges avec les acteurs concernés (entre-prises, syndicats, élus...).

*Le groupe a choisi de travailler sur 4 filières d’activité qui ne reflètent pas l’intégralité de l’industrie du bassin rennais et encore moins du tissu économique. Deux d’entre elles re-lèvent à proprement parler de l’indus-trie : l’automobile et l’agroalimentaire. Le groupe a sou-haité aussi analyser le bâtiment et la filière TIC en raison de leur importance dans l’économie productive du bassin rennais.

Synthèse

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4 CODESPAR JUILLET 2014

Les étapes de la démarcheLe groupe-projet constitué en octobre 2012 a achevé ses travaux en février 2014 après 14 réunions. La démarche du groupe s’est déroulée en 4 phases :

Note n°2La présente contribution constitue la synthèse des phases de prospective et de stratégie.

La démarche du groupe-projet « Prospective économique »

Note n°1 CODESPAR, « Auto-mobile, agroalimen-taire, bâtiment et TIC – Phase 1 : dia-gnostic de 4 filières à enjeux pour le bassin d’emploi de Rennes », juin 2013.

DIAGNOSTIC

4 filières d’activité

AutomobileAgroalimentaire

TICBâtiment

nov. 12 > avril 13

PROSPECTIVE

mai 13 > nov. 13

STRATEGIE

Identification des défis transversaux

Définition des préconisations

déc. 13 > mai 14

VALORISATION

Partage des enseignements

auprès des acteurs socio-économiques

mai 14 > juin. 14

Définition de 10 variables

Définition de 4 hypothèses par variable

Construction de 4 scénarios

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5Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

Le choix d’une approche prospective

La démarche de prospective constitue un ou-til de réflexion collective par l’échange. Elle a pour principale vertu de s’obliger à antici-per hors de l’urgence. Elle permet de s’ins-crire dans la durée et de projeter la réflexion du groupe sur une échelle de temps longue. Elle permet en outre d’ouvrir le champ des possibles et le cadre de pensée habituel. Le groupe s’est enrichi de la méthodologie du CESER Bretagne (Conseil Économique, Social et Environnemental Régional) en matière de prospective.

Une méthodologie prospective appliquée

avec pragmatismeLe groupe a d’abord identifié 10 variables susceptibles d’influencer l’évolution de l’in-dustrie.

Pour chacune des variables, 4 hypothèses d’évolution ont été définies par le groupe. Néanmoins, le périmètre de l’étude a empê-ché une application rigoureuse de la méthode prospective. En effet, la définition des 4 scé-narios s’est faite à partir des hypothèses mais sans que celles-ci soient toutes utilisées nécessairement. La cohérence de chaque scénario pour chaque filière a été privilégiée.

La définition de la stratégie

Suite à l’élaboration de ces 4 scénarios, le groupe a identifié des défis transversaux. La stratégie et les préconisations se nourrissent donc de la démarche de prospective, mais également des enjeux identifiés lors de la phase de diagnostic.

1 Facteur environnemental (disponibilité des matières premières, coût…)

2 Ouverture à l’international (place de l’export, échelle des marchés…)

3 Structuration des filières d’activité

4 Gouvernance du numérique

5 Modes de vie et comportements (modes d’achat, facteurs d’arbitrage…)

6 Rôle des grands donneurs d’ordre et centres de décisions (niveau d’implan-tation, type d’acteurs…)

7 Réglementation (fiscalité, incitations…)

8 Structuration des différentes échelles territoriales (rôle de l’Union européenne, des collectivités, politiques menées…)

9 Emploi et conditions de travail (régle-mentation, concurrence, salaire, com-pétences, formation…)

10 Place de l’innovation (degré de diffu-sion, résultats…)

Le groupe de prospective économique s’est mobilisé de septembre 2012 à juin 2014.

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6 CODESPAR JUILLET 2014

• Concurrence entre les territoires y compris au niveau national.

• Absence de stratégie commune portée collectivement par les acteurs du terri-toire, en dépit de la culture collaborative.

• Absence de prise de décision en dépit de la culture collaborative.

• Éloignement des centres de décision avec le départ de grands groupes.

• Contraintes de plus en plus fortes imposées par la réglementation.

• Exode de la population jeune vers d’autres territoires.

ME

NA

CE

S

• Existence de marchés en forte croissance au niveau mondial pouvant constituer des débouchés à l’export.

• Processus de relocalisation de certaines activités.

• Réglementation qui contribue à structurer des filières d’activités pour des marchés jusqu’ici confidentiels.

• Croisement entre les filières. • Intégration du numérique dans les autres

filières. • Industries d’extraction offrant des poten-

tiels importants (carrières…) • Transition énergétique. • Valorisation de la biomasse. • Grands chantiers du territoire (LGV,

métro…) tirant certaines activités directes (travaux publics) et indirectes (habitat, services…).

OP

PO

RT

UN

ITE

S

• Équilibre du territoire qui, malgré une certaine spécialisation, demeure assez diversifié.

• Présence de grands groupes. • Présence de pôles de compétitivité impor-

tants dans les filières. • Formation de qualité aux différents

niveaux de qualification, présence d’uni-versité, d’instituts.

• Situation sociale assez favorable. • Culture collaborative. • Dynamisme démographique du territoire

avec une population jeune importante. • Ressources naturelles importantes (aqua-

tiques, milieux…). • Qualité de vie du territoire (équipements,

accès facilité à la propriété, accessibilité…

AT

OU

TS

• Forte dépendance du territoire à l’écono-mie productive et donc à la conjoncture économique.

• Taille des entreprises insuffisante dans certains secteurs.

• Éloignement des centres de décision et dépendance vis-à-vis de quelques gros acteurs.

• Manque de compétitivité internationale concernant les industries de volume.

• Absence de certaines compétences dans l’industrie (chaudronnier, monteur…).

• Marchés vieillissants, saturés. • Visibilité insuffisante du territoire. • Situation logistique défavorable en raison

de la situation péninsulaire, de l’absence de complémentarité entre les différents modes et de faible connexion aux flux nationaux et internationaux.

• Valorisation insuffisante des ressources naturelles.

• Complexité de la réglementation.

FA

IBL

ESS

ES

Rappel des éléments clés du diagnostic partagé

Le groupe « Prospective économique » a démarré ses travaux par un diagnostic (octobre 2012 – juin 2013) synthétisé dans une première contribution parue en juin 2013. 4 filières d’activité structurantes pour le bassin rennais ont été analysées : auto-mobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC.

Pour chacune d’entre elles, une analyse a été menée sur la situation de la filière en 2013 avec ses atouts et ses faiblesses. L’étude des mutations a aussi permis d’identifier des op-portunités et des menaces en termes d’évo-lution. La synthèse de ces analyses est pré-sentée ci-dessous.

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7Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

L’évolution de l’industrie sur le bassin ren-nais est conditionnée par différents para-mètres (le facteur environnemental, l’ouver-ture à l’international, la réglementation...) qui correspondent aux 10 variables identi-fiées ci-dessus. En fonction de ces variables, l’évolution de l’industrie pourrait prendre un

tournant tout à fait différent d’ici 2030. 4 scénarios ont ainsi été imaginés. Chacun est sous-tendu par une dynamique spécifique.

Pour chaque scénario, l’évolution des 4 filières d’activité structurantes du territoire est ana-lysée ainsi que son impact sur les emplois.

Pour rappel, la construction de ces 4 scé-narios permet de se projeter en 2030 pour imaginer des évolutions possibles et anti-ciper les mutations. Ils n’ont pas vocation à prédire l’avenir et le futur sera probable-ment une combinaison entre ces différents scénarios. Il s’agit d’imaginer ce qu’il pour-rait advenir. Ces futurs possibles, imaginés par les membres du groupes, ne corres-pondent pas nécessairement au futur sou-haitable.

Pour imager les scénarios, il est fait men-tion d’acteurs locaux ou internationaux existants (entreprises, acteurs institu-tionnels...). Néanmoins, les propos sont la restitution des échanges du groupe du Codespar et n’ont pas vocation à refléter le positionnement de l’acteur cité à titre d’illustration.

NOTA

Quatre scénarios sur le devenir de l’industrie en 2030

SCENARIO A

L’industrie se numérise

SCENARIO B

L’industrie s’énergise

SCENARIO C

L’industrie s’internationalise

SCENARIO D

L’industrie se servicialise

Page 8: 5 codespar contribution-auto-agro-batiment-tic-quelles-mutations-07-2014

8 CODESPAR JUILLET 2014

Le bassin rennais fait du numé-rique un moteur pour dynamiser son socle industriel. Il s’appuie sur les TIC pour atteindre les objec-tifs en matière de performance énergétique, pour favoriser les croisements de filières générateurs d’innovation et pour améliorer les gains de compétitivité dans l’indus-trie traditionnelle. Désormais, l’industrie constitue de nouveaux débouchés pour la filière TIC du territoire.

Une filière automobile recomposée : des acteurs hors de la fi-lière automobile se positionnent sur les véhicules communi-cants

Le tassement du marché européen a engendré la fermeture du site de Rennes de PSA dès 2017. Dans la mesure où PSA structurait un maillage de sous-traitants sur le bassin rennais, sa disparition entraîne une restructuration drastique de la filière. Les sous-traitants les plus dépendants du constructeur ont cessé leur activité ou se sont diversi-fiés. Les véhicules deviennent de plus en plus communicants et servi-ciels et de nouveaux acteurs apparaissent. Bolloré, fabricant de batte-ries pour véhicules électriques et de la Bluecar d’Autolib à Paris décide de dupliquer son système d’autopartage à Rennes et se lance dans la fabrication de bus électriques. Des acteurs du stationnement (Citédia, Vinci...) jouent un rôle croissant en proposant désormais une place de stationnement combinée à un véhicule électrique pour une durée limitée. La gestion de l’information et des systèmes d’interconnexion devient un élément-clé dans la chaîne de valeur.

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Baisse forte du nombre d’emplois résultant de la fermeture de PSA et de plusieurs sous-traitants.

Î Création d’emplois au niveau des nouveaux acteurs de la mobi-lité.

Î Pilotage des systèmes d’information, d’interconnexion et ges-tion de l’énergie des véhicules apparaissant comme des fonc-tions de plus en plus stratégiques.

AUTOMOBILE VEHICULES ET MOBILITES

L’agroalimentaire s’appuie sur le numérique pour améliorer ses process de fabrication et garantir une traçabilité optimale.

Les acteurs de la filière agroalimentaire se rapprochent de la filière nu-mérique pour croiser leur savoir-faire et générer des innovations. L’in-tégration croissante de capteurs au sein de l’agroalimentaire permet d’améliorer le système de traçabilité (système d’information, code-barre, RFID). Dans ces usines ultra-modernes, les TIC optimisent les process de fabrication (automatisation...) et permettent d’améliorer les conditions de fabrication (gestes, postures...). Pour financer ces nouveaux outils industriels, la filière procède à un mouvement de concentration qui permet d’augmenter la taille des entreprises ; les usines se rapprochent et nouent des alliances industrielles fortes avec de grands groupes. La filière agroalimentaire est recomposée avec des unités de fabrications plus importantes.

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Diminution du nombre d’emplois liée à la concentration des acteurs.

Î Hausse des qualifications moyennes au sein des entreprises avec l’intégration croissante des TIC.

Î Amélioration des conditions de travail.

AGROALIMENTAIRE

L’industrie se numérise

SCENARIO A

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9Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Impact sur l’emploi variable en fonction des acteurs qui se posi-tionneront sur ce marché en émergence mais en forte accéléra-tion.

Î Montée en compétences des acteurs en lien avec l’intégration croissante des TIC.

BATIMENT

L’industrialisation des TIC

Le secteur des TIC développe des activités pour les filières industrielles du territoire notamment. L’industrialisation de la filière se traduit par le développement d’éditeurs de logiciels. Ces industriels s’émancipent de la dépendance entre ESN (Entreprises de Service Numérique) et donneurs d’ordre (Orange et Technicolor). Ceci génère une diversifi-cation des compétences : les ingénieurs ne sont plus la majorité de l’effectif, comme dans les ESN, s’y ajoutent des techniciens (vente, logistique...). L’approche par l’usage et les croisements de filière sont générateurs d’innovation. La collectivité favorise le rapprochement entre différents projets du territoire sur le lien entre TIC et santé. Alcatel-Lucent s’associe avec NSN et constitue ainsi un acteur de pre-mier plan dans le secteur des équipements des télécoms. Le territoire devient une référence en matière de e-commerce. En effet, la mise en place du showroom numérique dans le centre commercial Grand Quar-tier, qui s’est essaimé au centre Alma, est désormais une vitrine pour de nombreux territoires.

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Diminution de la forte dépendance des entreprises de services du numérique aux donneurs d’ordre.

Î Hausse du nombre d’emplois. Î Diversification des compétences.

TIC

Vers le bâtiment intelligent

Pour atteindre la RT 2020, le secteur du bâti-ment s’est orienté massivement vers le bâtiment intelligent. L’expertise du territoire en matière de télécoms est mise au service de la gestion des réseaux. L’utilisation de capteurs sans fil permet une consommation optimisée et l’ex-ploitation de sources d’énergie décentralisées (panneaux photovoltaïques, éoliennes…). Les opérateurs de téléphonie et de services initient cette mutation en développant des solutions de smart homes au sein des nouveaux quartiers en cours d’aménagement. Orange devient le leader de la chaîne de valeur et relègue des acteurs de la domotique, comme Delta Dore, à un rôle d’équipementier. En effet, c’est Orange qui cen-tralise désormais l’ensemble des données rela-tives à la gestion de l’énergie, que l’habitant ou le gestionnaire commande depuis un terminal unique : son smartphone.

Ecran de commande élaboré par Delta dore - @photo : Delta dore

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10 CODESPAR JUILLET 2014

Dans un contexte de raréfaction des ressources, de pénurie des matières premières et de hausse de la pollution, le territoire rennais fait de la transition énergétique et écologique un levier majeur d’évo-lution de son industrie. Il favorise l’économie circulaire c’est-à-dire la volonté de prélever le moins de ressources possibles, grâce à l’écoconception, à la réutilisation des produits et au recyclage des déchets*. Les évolutions inter-viennent à 2 niveaux : l’industrie s’adapte pour diminuer sa consom-mation d’énergie et de matières premières et certains acteurs pro-posent des services répondant aux nouveaux marchés liés à la tran-sition énergétique et écologique. De nouvelles filières d’activités se développent fortement autour de la croissance verte et bleue (glaz économie)**.

L’industrie de l’automobile se tourne vers la mobilité décarbo-née

La filière automobile connaît un nouveau souffle. Le durcissement de la réglementation européenne en matière d’émission de gaz à effet de serre, conjugué à la hausse du prix de l’énergie, favorise la production de véhicules plus écologiques. L’Union européenne soutient un vaste programme de R&D dans ce domaine. PSA, avec son expertise acquise dans l’hybride et dans des systèmes écologiques, s’associe à d’autres constructeurs pour développer des véhicules très peu polluants. Il choisit de s’appuyer sur le territoire rennais, reconnu pour sa capa-cité d’expérimentation, pour mettre en place de nouveaux services de mobilité. De nouveaux acteurs de la mobilité servicielle s’implantent sur le territoire pour ces mêmes raisons.

AUTOMOBILE VEHICULES ET MOBILITES

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Maintien de PSA sur le territoire mais diminution des emplois après les suppressions de 2016.

Î Création d’emplois au niveau des nouveaux acteurs de la mobilité.

Une filière qui allie compétitivité et développement durable

La filière agroalimentaire est rénovée en alliant compétitivité et dé-veloppement durable. D’une part, les consommations d’énergie sont réduites au sein des entreprises. D’autre part, la valorisation des pro-duits liés au processus de fabrication dit « co-produits »(produits finis non commercialisables, partie du produit non utilisée, déchets géné-rés...) connaît un essor important. La gestion des effluents issus de l’élevage s’organise en lien avec la mise en place d’unités de produc-tion d’énergie par méthanisation qui produit de l’électricité et du GNV (Gaz Naturel pour Véhicule). La chaleur récupérée est exploitée pour produire des micro-algues à forte valeur ajoutée. Cette activité favo-rise la préservation de la qualité des eaux tout en préservant l’agricul-ture, s’inscrivant pleinement dans la glaz économie.

AGROALIMENTAIRE

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Maintien des emplois grâce une amélioration de la compétitivité de la filière.

*Astères, Économie circulaire et recyclage : vers un nouveau modèle économique, août 2013.

**La « glaz économie » désigne l’économie liée à la mer (bleu), à la croissance verte (vert) et au numérique, aux nouveaux modèles collaboratifs ou encore à l’économie liée à la vieillesse dite «silver économy» (gris). En effet, le terme breton « glaz » désigne une couleur qualifiant les différentes teintes de la mer lorsqu’elle se confond avec l’horizon : vert, bleu, gris. Cette glaz économie est l’ambition que s’est donnée la région Bretagne dans le cadre de sa stratégie régionale de développement économique et d’innovation (SRDEII).

L’industrie s’énergise

SCENARIO B

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11Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

La recherche d’économie d’énergie renforce les usages intelligents des biens. Les smart grids se développent pour lisser les consommations et optimiser l’usage des biens. Le territoire parvient à mettre ses compétences numériques au service de la rénovation énergétique

des logements collectifs, individuels et des bâtiments tertiaires. L’implantation d’une filiale de Dassault permet au terri-toire de devenir une référence en matière de modélisa-tion de la performance énergétique.

TIC

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Diminution de la forte dépendance des entreprises de service numérique (ESN) aux donneurs d’ordre. Î Hausse du nombre d’emplois. Î Diversification des compétences.

Une filière soutenue par la maîtrise de l’efficacité énergétique

La filière du bâtiment dopée par les enjeux d’efficacité énergétique

Le territoire développe une politique ambitieuse de rénovation de l’habitat mise en œuvre avec la RT2020 (qui impose des bâtiments à énergie posi-tive). Cette démarche est facilitée par la mise en place d’un guichet unique associant l’ensemble des acteurs de la construction durable autour d’une charte de la qualité et en mobilisant les solutions innovantes de financement. Cette dynamique per-met de faire apparaître de nouvelles solutions en industrialisant les chantiers de rénovation éner-gétique pour diminuer les coûts. Néanmoins, la hausse du coût de l’énergie fragilise la solvabilité des ménages qui ne peuvent pas engager des tra-vaux de rénovation. Les constructions neuves res-pectent les normes de la RT2030 avec des maisons écologiques qui se font à un prix de plus en plus abordable (constructions modulaires). Le territoire favorise la mise en place de boucles énergétiques à l’échelle d’une intercommunalité, d’un quartier... pour une gestion dynamique et redistributive de l’énergie. Delta Dore joue un rôle majeur grâce à la mise en place d’un véritable tableau de bord de gestion de l’énergie de la maison qui permet de piloter l’ensemble des systèmes de production/consommation/effacement d’énergie. Sanden de-vient un acteur européen avec la fabrication de ses pompes à chaleur pour le bâtiment. Par ailleurs, le territoire soutient la construction durable à travers son PLHD (Programme Local de l’Habitat Durable) et facilite les expérimentations de produits et sys-tèmes innovants.

BATIMENT

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Évolution des compétences et des modes de collaboration entre les différents corps de métier du bâtiment.

Î Potentiel de création d’emploi beaucoup plus important sur la rénovation du parc existant que sur la construction.

L’essor de solutions d’énergies renouvelables en auto-consommation grâce à un ancrage local fort

Pour diminuer sa dépendance énergétique, le ter-ritoire, en plus des travaux de rénovation énergé-tique qu’il soutient, favorise la production d’éner-gies renouvelables au niveau local. À l’image des pays où l’éolien est très développé (Allemagne, Danemark...), ces infrastructures sont financées en mobilisant l’épargne des ménages, ce qui permet d’améliorer l’acceptation par les habitants qui sont parties prenantes du projet (ex. ferme citoyenne de Béganne). Un des choix faits est de s’orienter vers le mix éolien-solaire. La hausse du prix de l’énergie contribue au développement de l’auto-consomma-tion car il devient plus intéressant de produire son énergie pour sa propre consommation que de la revendre au réseau.

Les opportunités liées à la mer

La création d’un pôle mer à l’échelle du grand ouest a des répercussions positives sur le bassin rennais. Il s’appuie notamment sur des coopérations renfor-cées avec Saint-Malo (Rennes Atalante, Goëmar...)En effet, des activités industrielles se développent autour de la valorisation des ressources marines. Les algues sont exploitées pour des activités phar-maceutiques, des emballages dans l’agroalimen-taire mais aussi comme substitut du plastique. La culture d’algues se développe pour ne pas tarir le gisement naturel.

L’EMERGENCE DE LA GLAZ ECONOMIE

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Emplois liés à l’installation et à la mainte-nance des infrastructures.

Î Difficulté à estimer le potentiel de création d’activités industrielles.

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Potentiel de création d’emplois.

Page 12: 5 codespar contribution-auto-agro-batiment-tic-quelles-mutations-07-2014

12 CODESPAR JUILLET 2014

La faible croissance des marchés locaux pousse le territoire à s’ou-vrir pleinement à l’international. Le centre des congrès facilite ce rayonnement de la métropole. Pour demeurer compétitif, le territoire favorise des produits innovants à haute valeur ajoutée. Pour optimiser son positionnement international, il a investi fortement dans ses infrastructures (plate-forme logistique, LGV, aéroport international) et anime plusieurs salons internationaux annuels.

Le site de Rennes de PSA devient un village de l’industrie, structuré autour d’activités d’assemblage pour différents sec-teurs d’activité

PSA s’appuie sur son alliance capitalistique avec le Chinois Dong-feng pour développer fortement l’activité d’assemblage sur le site de Rennes. Cette activité lui permet de devenir une plate-forme multi-marque, issue de la mutualisation entre plusieurs constructeurs. Cette activité d’assemblage se développe au-delà de la seule filière automo-bile et notamment pour les activités de l’aéronautique et du machi-nisme agricole. Si le territoire possédait déjà des entreprises dyna-miques, désormais, il dispose d’acteurs majeurs compétitifs à l’échelle internationale.

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Maintien de l’emploi grâce au développement des activités d’assemblage.

Î Déplacement des emplois de la filière automobile en raison des mouvements de délocalisation opérés suite aux alliances nouées.

AUTOMOBILE VEHICULES ET MOBILITES

La filière s’oriente vers des produits à haute valeur ajoutée

L’industrie agroalimentaire bretonne a connu une grave crise en 2013. Jusqu’alors, elle se caractérisait par une part élevée des produits réfri-gérés, qui d’une part ont une faible valeur ajoutée et d’autre part sont difficilement exportables. L’industrie agroalimentaire décide d’orienter sa production vers des produits à haute valeur ajoutée (ex. plats cui-sinés, produits alimentaires intermédiaires «PAI») d’une qualité sani-taire irréprochable et issue d’une filière démédicalisée, pour pouvoir se tourner vers les marchés en forte croissance. On assiste à un phé-nomène de concentration et de restructuration des entreprises, pour gagner en compétitivité. Cette concentration permet aux entreprises concernées d’atteindre la taille critique, condition impérative pour réa-liser des investissements en matière d’innovation-produit. Jusqu’alors, seuls 2 % du chiffre d’affaire des industries agroalimentaires étaient consacrés à la R&D, désormais cela représente un investissement conséquent. En plus du développement de la R&D en interne, des par-tenariats sont noués avec des laboratoires au niveau local pour valori-ser la recherche. Cette activité d’innovation permet aux acteurs de la filière de se diversifier en termes de secteurs d’activités en s’orientant vers de nouveaux débouchés : aliment fonctionnel, cosmétique, phar-maceutique.

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Montée du niveau de compétences requis et besoin accru de personnel en R&D.

AGROALIMENTAIRE

L’industrie s’internationalise

SCENARIO C

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13Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

La préfabrication se développe sous l’égide d’acteurs internationaux

Le maintien du dynamisme démogra-phique génère des besoins importants en logements. De plus, les exigences liées à la RT2030 incitent à trouver des modes constructifs plus performants. La préfabri-cation se développe : dalles précontraintes, prémurs en béton, planchers préfabriqués, composants standardisés à structure bois... Elle a des atouts à faire valoir : diminution forte du temps de construction, réduction du coût global, économie de matériaux et d’énergie. Des entreprises québécoises, qui ont déjà acquis une expertise sur le pré-fabriqué, se positionnent sur le marché français, et implantent des usines sur le territoire rennais en raison de son dyna-misme démographique. La majeure partie de la construction est effectuée en usine -et non plus directement sur les chantiers localement- et cette industrialisation se tra-duit par une diminution des effectifs dans la filière.

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Évolution des compétences et des modes de collaboration entre les dif-férents corps de métier du bâtiment.

Î Potentiel de création d’emploi beau-coup plus important sur la rénovation du parc existant que sur la construc-tion.

BATIMENT

Le numérique fait de Rennes une smart city

La filière TIC est profondément renouvelée, en lien avec le départ d’un acteur majeur du territoire. Mais, elle connaît un nouvel essor en se positionnant sur les innova-tions d’usage (manière de faire, d’inno-ver, de travailler...) plutôt que sur le hard (technologies, processus de production...). Le numérique est de plus en plus valorisé par la collectivité elle-même qui anime une politique d’open data. Elle y voit un moyen d’améliorer sa relation aux usagers, et un formidable accélérateur de sa culture col-laborative. Après Lyon, Nice et Montpellier, la ville s’oriente vers une smart city, large-ment impulsée par Orange.

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Développement de nouvelles activi-tés.

Î Pas d’emplois industriels créés.

TIC

L’aéronautique apparaît comme une opportu-nité majeure avec des carnets de commande à 8 ans, pour lesquels Airbus ne dispose pas de capacités de production suffisante. Or, il existe une forte proximité de compétences entre l’au-tomobile et l’aéronautique avec une filière hori-zontale en termes de métiers, par exemple pour le métier de monteur. De plus, la capacité des acteurs de l’automobile à travailler avec des contraintes très fortes permet de convaincre les donneurs d’ordre de l’aéronautique. Partant de

ce constat, Bretagne Ateliers a été précurseur en intégrant dès 2013 le pôle de fournisseurs d’Airbus. Les acteurs de la filière automobile du grand ouest décident de nouer un partenariat entre eux pour proposer à Airbus une offre inté-grée pour l’assemblage d’un sous-ensemble. Ce partenariat à l’échelle du grand ouest permet aussi aux acteurs de s’appuyer sur l’expertise des acteurs du nautisme en matière de compo-site pour la transférer à l’aéronautique.

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Maintien des emplois grâce à la structuration de la filière aéronautique.

Un partenariat entre les acteurs de l’ouest pour s’ouvrir à l’aéronautique

AERONAUTIQUE

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14 CODESPAR JUILLET 2014

Les industries sont totalement transformées. La possession du produit importe moins que son usage. Les usages évoluent très vite ainsi que les cycles de vie des produits. Une industrie nouvelle se développe : elle est plus diffuse, plus personnalisée et repose sur la fabrication de plus petites séries.

Une filière automobile remplacée par un bouquet de services de mobilité

La mobilité est profondément renouvelée. Les services de mobilité se sont fortement développés dans le cadre du nouveau Plan de Dépla-cement Urbain de la métropole. La mise en place de la plate-forme d’autopartage à Rennes a accéléré le développement de ces services. L’intermodalité est devenue la norme facilitée par le Korrigo ouest. La filière automobile est bouleversée par l’apparition sur ce marché de nouveaux acteurs issus d’autres domaines d’activité (stationnement, données...). Le constructeur PSA a vu ses effectifs fortement réduits. D’une part, car le marché des véhicules neufs est en diminution et d’autre part, car les constructeurs n’ont désormais plus l’exclusivité sur la vente de véhicules. Enfin, la filière véhicule pour s’adapter au mieux aux besoins des usagers s’appuie sur le principe de la co-créa-tion, c’est-à-dire sur le fait d’associer les autres acteurs de la filière soit dès la phase amont de conception des véhicules soit pour les ser-vices en aval.

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Optimisation de l’usage des véhicules engendrant une diminu-tion du nombre de véhicules et du nombre d’emplois.

AUTOMOBILE VEHICULES ET MOBILITES

Une industrie agroalimentaire à la carte

L’agroalimentaire développe des produits sur-mesure au plus près des besoins des consommateurs. Le centre culinaire contemporain, qui décrypte les usages, joue un rôle majeur dans ces innovations. Pour établir ce maillage, de petites unités de fabrication se mettent en place. Ces usines valorisent les services en lien avec le consommateur (livraison, paiement en ligne, conseil personnalisé...). Les investisse-ments les plus importants sont mutualisés au sein de réseaux de PME.

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Montée en compétences dans la filière agroalimentaire.

AGROALIMENTAIRE

L’industrie se servicialise

SCENARIO D

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15Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

Une filière qui se développe autour des services

Les entreprises du bâtiment proposent désormais l’achat d’une maison, conju-gué à des services adaptés aux besoins des populations concernées (personnes dépendantes, handicapées...). Des ser-vices d’accessibilité, de domotique, de surveillance et de proximité (conciergerie, dépôt des colis...) sont proposés. De plus en plus, les bâtiments favorisent la mixité des populations (jeunes-personnes âgées) et des usages. Pour permettre une évolu-tion au gré du parcours de la personne et de l’évolution des résidents, l’habitat lui-même peut être adapté grâce à des constructions modulaires.

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Pas de création d’activités indus-trielles.

Î Nouveaux modes de collaboration entre les corps de métiers et avec d’autres secteurs/métiers (ergo-nome, professionnels de la santé).

BATIMENT

La filière numérique structurée autour de sa vocation collaborative

La filière TIC se développe autour de l’usage car elle contribue à constituer une véritable communauté d’utilisateurs. Les projets en open source se développent. Des projets émergent et se font préfinancer ce qui accélère l’innovation. Les progrès tech-nologiques sont inspirés par la compréhen-sion des usages. L’imprimante 3D a vu son coût fortement diminuer ce qui favorise sa diffusion. Certaines entreprises se spécia-lisent dans la production à partir d’impri-mantes 3D à destination des entreprises qui assurent uniquement la conception et pas la fabrication. Elle contribue à faire émerger une industrie éphémère beaucoup plus per-sonnalisée, en petite série. La collectivité a mis en place un pôle de création numérique qui facilite les liens entre les acteurs-clés à une échelle internationale.

Quels impacts sur l’emploi ?

Î Développement de la filière à partir d’entreprises de tailles moins impor-tantes (types start-ups).

Î Hausse des compétences requises y compris en matière de conception en lien avec l’imprimante 3D.

TIC

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17Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

Les mutations de l’industrie et la stratégie d’accompagnement de ces évolutions

Les 4 scénarios décrits précédemment ont illustré des évolutions possibles de l’industrie. Certaines évolutions sont transversales c’est-à-dire com-munes aux différentes filières tandis que d’autres ne concernent qu’une seule filière. Enfin, la réflexion sur le devenir de l’industrie amène à envi-sager d’autres activités industrielles que les activités existantes. Elles sont développées dans la partie intitulée « Les opportunités de structuration de nouvelles filières industrielles ». Ce travail de définition des scénarios a permis d’imaginer différents futurs possibles, qui ne correspondent pas nécessairement au futur souhaitable.

Le groupe a identifié plusieurs préco-nisations stratégiques pour accom-pagner ces mutations. Parce qu’elles servent à accompagner les muta-tions, elles sont présentées dans le document à l’issue de chaque partie relative aux mutations précisément. Les préconisations s’adressent à des acteurs variés : collectivités, entre-prises, syndicats de salariés... Le tra-vail de valorisation de la note devra aussi permettre de favoriser l’appro-priation de ces préconisations et leur éventuel approfondissement pour la mise en place d’actions pour parvenir à une concrétisation opérationnelle.

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*Ministère de l’Écologie (MEDDE), Etat des lieux de la consommation d’énergie, janvier 2013.

**Chambre d’agriculture de Bretagne, Hervé Roy et Tiphaine Desnoux, Valorisa-tion des coproduits d’industries agroali-mentaires bretonnes, août 2013.

***Critt Provences-Alpes Côtes d’Azur, Valorisation des co-produits de l’indus-trie agroalimentaire, juin 2009.

Les mutations transversales de l’industrie

L’industrie à l’épreuve de la transition énergétique

et écologiqueL’industrie est très consommatrice de res-sources pour l’approvisionnement en ma-tière premières, les process de fabrication, l’acheminement des produits... Néanmoins, son poids dans la consommation d’énergie a considérablement diminué. Ainsi, alors qu’elle représentait 36 % de la consomma-tion finale d’énergie en 1973, elle ne repré-sente plus que 21 % en 2011*. La baisse du poids de l’industrie dans le PIB explique en partie cette baisse. L’enjeu réside aussi dans l’amélioration de la performance éner-gétique de l’industrie ainsi que dans le cycle d’exploitation des produits. Plus globalement, l’industrie doit s’engager dans une démarche d’écoconception globale. Dès la phase de conception, il faut porter une attention à la

consommation de matières premières, au poids des produits, à leur recyclabiliité, à leur durée de vie... Les process de fabrica-tion des produits doivent aussi évoluer pour diminuer leur consommation en électricité, eau et ressources. La valorisation des sous-produits liés au processus de fabrication dit « co-produits » constitue un enjeu impor-tant. En 2008, la Bretagne a produit 91 478 tonnes de déchets organiques (hors boues et effluents) ce qui la place au 3ème rang des régions françaises**. Pourtant la valorisation des co-produits peut avoir des applications multiples : la production d’énergie (ex. utili-sation des déchets issus de l’agriculture pour produire de l’énergie à partir d’un procédé de méthanisation), l’enrichissement des sols (ex. épandage de boues sur des sols dégra-dés), l’utilisation des co-produits comme une nouvelle matière première (ex. utiliser un co-produit pour la composition d’un produit cosmétique)***.

Consommation d’énergie finale par secteur

Source : Ministère de l’Environnement (MEDDE)

1970

200

150

100

50

0

en millions de tep

1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010

Usages non énergétiques

Résidentiel-tertiaire

Transports

Industries (hors sidérurgie)

Agriculture

Sidérurgie

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19Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

Une évolution vers des produits à plus haute

valeur ajoutéeL’industrie en organisant la production de biens en série a permis la fabrication en masse de produits à bas coût. Mais, dans une éco-nomie mondialisée, où les plus forts poten-tiels de croissance se situent hors d’Europe, la production de produits à faible/moyenne valeur ajoutée a tendance à se relocaliser à proximité des marchés les plus dynamiques, qui correspondent en outre à des pays où le coût de la main d’œuvre est beaucoup moins élevé. Les produits à plus haute valeur ajou-tée constitue une opportunité à cet égard. L’industrie allemande est parvenue à se main-tenir en partie grâce à des produits dont la qualité est reconnue par des consommateurs prêts à payer un prix plus élevé. À l’inverse, dans l’agroalimentaire, une des faiblesses de la production bretonne réside dans la nature de la production de produits frais à très faible niveau de valeur ajoutée. Sur ces produits, la concurrence est internationale. Un des enjeux pour les filières industrielles est donc bien d’augmenter la valeur ajoutée des pro-duits ce qui nécessite une hausse de l’inves-tissement dans l’industrie. La R&D permet de monter en gamme or en France le budget consacré à la R&D est largement inférieur à celui observé chez ses voisins européens.

L’intelligence renouvelle la chaîne de valeur

L’intégration croissante des TIC permet à l’industrie de se renouveler et de devenir « intelligent » ou « smart » au sens où le produit interagit de plus en plus avec l’usa-ger, avec d’autres équipements ou avec son environnement. Dans le secteur du bâtiment, l’habitat devient intelligent dans la mesure où il s’adapte en fonction de l’environnement (ex. ouverture automatique des stores), des besoins de l’usager (ex. surveillance du domicile à distance par une application sur son mobile). De même dans l’automobile, les véhicules communicants se développent. Ces évolutions nécessitent l’intégration dans des filières industrielles traditionnelles de compétences qui relèvent d’autres filières, et notamment des fournisseurs d’énergie, des acteurs de la gestion des données...

Une innovation centrée sur les usages reposant sur des méthodes plus

collaboratives De plus en plus, l’innovation est alimentée par les usages. Dans la filière automobile, les industriels développent des dispositifs pour se rapprocher de l’usager. La co-création per-met d’associer les usagers tout au long de la chaîne de fabrication depuis la conception (appel à idées) jusqu’au retour sur l’utilisation (systèmes de suivi). Sur le bassin rennais, plusieurs acteurs conscients de la nécessité de s’appuyer sur les usages pour innover ont développé des structurés dédiées : le Centre Culinaire contemporain (incluant un socio-logue chargé de décrypter les usages culi-naires), Bretagne Mobilité Augmentée (avec des démonstrateurs chargés d’analyser les usages en matière de mobilité)... La com-préhension des usages, les opportunités au croisement des filières sont des enjeux qui doivent se traduire par une collaboration plus forte entre acteurs de l’industrie.

La sécurisation des parcours des salariés

de l’industrieL’industrie connaît des mutations impor-tantes qui se sont traduites par des suppres-sions d’emplois drastiques en 2013. Les sala-riés concernés ont, pour certains, dû quitter une entreprise dans laquelle ils avaient ef-fectué la totalité de leur carrière. Au-delà de la souffrance personnelle, le reclassement peut s’avérer complexe. En effet, certains salariés ne sont pas du tout familiarisés avec le marché du travail actuel, les techniques de recherche d’emploi et peuvent avoir des difficultés à s’adapter dans une entreprise de plus petite taille qui nécessite une plus grande polyvalence, même si pour d’autres cela constitue une source d’intérêt. Par ail-leurs, malgré les difficultés rencontrées par certains acteurs, l’industrie continue de re-cruter et même d’avoir des difficultés pour recruter. Un travail sur la valorisation de ces métiers peut être nécessaire. De plus, les emplois seront globalement plus qualifiés. En effet, on observe dans tous les secteurs une montée en qualification, avec des com-pétences différentes à croiser. L’ensemble de ces mutations poussent à mettre en œuvre une sécurisation des parcours professionnels des salariés.

*ONU, « World population prospects : The 2012 Revision », 2012.

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PRECONISATIONS TRANSVERSALES

1 Accroître la visibilité du territoire pour attirer de nouvelles entreprises et de nouveaux talents : il s’agit de valoriser et de renouveler l’image du bassin rennais à l’extérieur en s’appuyant sur l’excellence de ses acteurs, sur le dynamisme de son territoire et sur la qualité de son environnement. Cette visibilité suppose que des choix stratégiques soit effectués, portés par les élus, connus de l’ensemble des acteurs du bassin rennais et diffusés au-delà du territoire.

Faire de la transition énergétique et écologique un levier de renouvel-lement de l’industrie : la transition énergétique apparaît comme un défi de com-pétitivité majeur à relever par l’industrie. Il s’agit de parvenir à produire mieux en opti-misant les process de production, minimisant les ressources consommées, valorisant les co-produits. De plus, des potentialités de marchés importantes s’ouvrent pour de nombreuses filières encore peu structurées (énergies renouvelables, éco-industries...).

Développer des filières industrielles « intelligentes » au service de l’emploi productif : l’enjeu est d’évoluer vers des produits et des services «intel-ligents». Pour le territoire, il ne s’agit pas seulement de développer des solutions de ce type mais d’en capter la valeur marchande et de créer de l’activité et des emplois productifs.

Favoriser les croisements entre les filières pour générer de l’innova-tion : il s’agit de favoriser les rapprochements entre filières d’activités, pour dépasser la logique de silo, et générer de l’innovation (agroalimentaire-numérique, santé-numé-rique, automobile-nautisme...). Ces rapprochements impliquent aussi un décloisonne-ment entre les sciences exactes et les sciences humaines.

S’engager résolument dans une logique de développement à l’inter-national avec une offre de produits à développer : les filières industrielles rennaises ont un taux d’export plutôt inférieur à celui observé au niveau national. Pour-tant, des opportunités considérables existent. Il s’agit de mieux identifier ces oppor-tunités et de développer des produits adaptés à cette ambition en s’appuyant sur un investissement plus important au niveau des entreprises.

Mettre en place une démarche de Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences à une échelle territoriale (GPEC-T) : pour accompa-gner les mutations importantes qui touchent des filières structurantes du bassin d’em-ploi et qui se traduisent par des coûts importants d’ajustement du marché du travail, il faut mettre en œuvre une démarche de GPEC-T en intervenant sur différents leviers :

• Mieux articuler les différentes démarches de prospective économique existantes aux différents échelons territoriaux (stratégie économique de la région Bretagne (SRDEII), de Rennes métropole, Pacte d’avenir...).

• Développer la formation tout au long de la vie pour faciliter les éventuels transferts de compétences, permettre aux salariés d’acquérir des doubles compétences, faci-liter l’adaptation à la hausse globale du niveau de compétences.

Continuer à promouvoir la vocation d’expérimentation du bassin d’em-ploi rennais : le bassin rennais, grâce à une dynamique collaborative forte, assume souvent territoire d’expérimentation. Il faut valoriser cette dynamique en associant l’ensemble des forces vives du territoire (collectivités, entreprises, clusters, associa-tions...). Les nouveaux quartiers qui se développent (ex. Viasilva), peuvent constituer des territoires d’expérimentation pertinents.

Appréhender les filières d’activité selon une analyse de la chaîne de valeur : l’analyse des filières industrielles nécessite de prendre en compte tous les maillons de la chaîne de valeur en amont et en aval de la transformation industrielle et de se positionner sur les maillons qui permettent de capter la valeur. L’enjeu est de se repositionner dans le cadre des relations entre donneurs d’ordre et sous-traitants, pour conquérir des positionnements gagnants.

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21Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

Les mutations des filières industrielles traditionnelles

*Pierrick Baudais et François Macquaire, Les roues de l’infortune – PSA Rennes : la réalité d’un plan social vécu de l’intérieur, novembre 2013.

Une filière en pleine recomposition et une absence de visibilité pour le site de Rennes

La géographie mondiale de la filière automo-bile est en pleine recomposition. La Chine oc-cupe une place de plus en plus importante, qui explique que les constructeurs automobiles se ruent vers ce marché*. PSA a lui-même pro-duit 500 000 véhicules en Chine, où il dispose de 3 usines de montage et d’une usine de fabrication de moteurs. Le marché européen est, quant à lui, atone. L’industrie automo-bile y est confrontée à une problématique de surcapacité de production qui se traduit par des restructurations. Le bassin rennais n’est pas épargné. Ainsi, le site de Rennes de PSA est passé de 12 000 à 4 000 emplois en une décennie. Au cours de la seule année 2013, le site de Rennes a perdu un quart de ses ef-fectifs soit 1 400 personnes concernées. Pour massifier la production et baisser les coûts, les constructeurs internationaux nouent de plus en plus de partenariats techniques et/ou capitalistiques. Après l’alliance avec Gene-ral Motors, la recapitalisation du groupe PSA a été effectuée avec l’entrée au capital social à part égale de DongFeng, de l’Etat français et de la famille Peugeot. À ce jour, le site de Rennes n’a aucune visibilité sur le devenir de sa production à moyen terme. La suppres-sion des 1 400 postes n’empêche pas une situation de surcapacité de se maintenir en lien avec la faiblesse de la production, qui se traduit par un recours au chômage technique important. Si aucune fermeture d’usine ne devrait intervenir d’ici 2016 au sein de PSA en France, la question de la période de tran-sition et de la période suivante, reste posée. De plus, ce site d’assemblage structure un maillage d’équipementiers et de sous-trai-tants qui, pour certains d’entre eux, devront se diversifier. L’écosystème autour de PSA qui conditionne aussi sa compétitivité se recompose. Faurecia a réduit ses effectifs sur le site de Bains sur Oust (licenciement de 34 salariés), de Crevin (plan de départ

de 52 personnes). Pour le futur véhicule, les fournisseurs synchrones seront situés à une distance plus éloignée, ce qui contribuera à renchérir le coût et à affaiblir la compétitivité du site. Par ailleurs, PSA dispose désormais d’un pôle carrosserie innovant Excelcar dans lequel travaillent 85 personnes. Il comprend un atelier-réalisateur et un pôle d’innovation. Récemment, un projet mené dans le cadre du plan « Usine du futur » a été annoncé. Intégré au pôle Excelcar, il s’agit de réaliser une ligne pilote destinée à fabriquer des pro-totypes de pièces de structures en composite pour l’automobile. Ce démonstrateur recourt à une technologie développée par Fives et associe Coriolis, une entreprise du Finistère spécialisée dans les matériaux composites.

De l’automobile à la mobilité : des changements d’usages

Le rapport à l’automobile évolue. La fonction de marqueur social du véhicule a tendance à s’effacer. Ainsi, on voit que les plus jeunes sont désormais beaucoup moins attachés au fait de posséder un véhicule que les géné-rations précédentes. D’autant que ce véhi-cule représente un coût important en lien avec la hausse du prix des carburants. Ils se reportent sur d’autres solutions pour se déplacer : train, covoiturage, autopartage... Ces évolutions optimisent l’usage du véhicule qui, jusqu’alors était immobilisé 80 % de son temps. Ces services de mobilité sont dévelop-pés par des acteurs qui ne relèvent pas de la filière automobile mais qui sont souvent des start-ups. Actuellement, on recense 170 000 covoitureurs adhérents des différents sites existants. Ce chiffre devrait croître à une vitesse exponentielle. Par ailleurs, le déve-loppement de l’autopartage connaît aussi un essor important. Ainsi, Autolib, le système d’autopartage en véhicule électrique dévelop-pé à Paris est désormais en fonctionnement dans d’autres villes en France (Lyon, Bor-deaux...). Les constructeurs ne seront plus systématiquement les leaders de la chaîne de valeur de la mobilité. Ils peuvent être concur-rencés par d’autres acteurs, comme Google qui joue un rôle croissant avec sa Google car, véhicule intelligent sans conducteur.

Une filière véhicules et mobilité à accompagner

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22 CODESPAR JUILLET 2014

*Ademe, Évolution du marché, caracté-ristiques environne-mentales et tech-niques, véhicules particuliers neufs vendus en France – édition 2013.

** AVERE France, Baromètre Avere-France des ventes de véhicules électriques et hybrides - bilan 2013, 2014.

*** Dispositif d’arrêt et de redémarrage automatique d’un moteur automobile destiné à économi-ser le carburant et réduire la pollution essentiellement dans les bouchons (Wiki-pedia).

**** Renault, Fiche n° 4 Vers le e-véhicule : le véhicule commu-nicant, « Voiture communicante ».

Link&Go 2.0 la voiture connectée

Link&Go 2.0 est une plate-forme d’in-novation développée par l’ingénieriste français Akka. C’est un véhicule auto-nome qui, muni de capteurs laser et de caméras, peut analyser son environne-ment et se déplacer sans conducteur. Le véhicule est équipé d’un moteur élec-trique à chaque roue et d’un système de récupération de l’énergie. Véhicule communicant, il offre différents services pour le conducteur ou les passagers (informations touristiques, visioconfé-rences...).

www.akka.eu

Des véhicules plus écologiques

Les véhicules vont devoir s’adapter à des ob-jectifs de plus en plus ambitieux en termes de niveau de performance environnementale (émission de gaz à effet de serre, particules fines, consommation de carburants...). En effet, la norme Euro qui définit les seuils de pollution à respecter va se renforcer. À l’hori-zon 2021, tous les véhicules neufs devront respecter le seuil maximum de 95 grammes de CO2 par kilomètre. En France, les voitures neuves affichent un taux moyen de 124g de CO2 par kilomètre*. Pour parvenir à diminuer ce taux, différentes technologies vont se développer en parallèle : véhicule tout élec-trique, hybride, à hydrogène... En France, en 2013, 14 494 véhicules électriques ont été vendus, soit 0,8 % des ventes**. Si on ajoute aux véhicules électriques les hybrides, cela représente 3,1 % du marché global des particuliers. Ainsi, les constructeurs adoptent des stratégies différentes, qu’ils sont parfois contraints de réorienter au gré de l’évolu-tion du marché. Renault qui avait fortement misé sur sa gamme de véhicules électriques constate une progression du marché plus faible qu’espérée. Par ailleurs, pour améliorer la performance des véhicules et notamment leur autonomie, l’allègement des véhicules constitue un enjeu majeur. Les matériaux constituent un vecteur d’innovation impor-tant. L’IRT b<>com et l’IRT Jules Vernes ont des savoir-faire respectivement dans le

domaine des télécoms et des composites qui mériteraient d’être mieux croisés. Outre l’évolution des motorisations, des systèmes d’optimisation de la performance sont mis en place. Ainsi, le système stop & start*** ob-tient des gains de consommation de 10 % en usage urbain. Ces véhicules sont plus com-plexes avec une intégration encore plus forte en matière d’électronique.

Des véhicules communicants et per-sonnalisés

Les véhicules sont de plus en plus commu-nicants. On parle parfois même de e-véhi-cule****. Les enjeux sont multiples. Il s’agit d’abord d’apporter au conducteur un environ-nement confortable où il va pouvoir utiliser toutes les technologies de son quotidien : té-léphonie, internet, vidéo... Renault a dévelop-pé une tablette tactile connectée intégrée à la console centrale de la Clio IV sous l’appella-tion Renault R-Link. Cette utilisation devra se faire en respectant les exigences de conduite et de sécurité. Par ailleurs, le véhicule com-municant peut effectuer une gestion à dis-tance pour veiller en permanence sur l’état du véhicule . Tesla, à la pointe de l’innovation dans ce domaine, propose à l’automobiliste de s’occuper directement des problèmes de maintenance éventuels. Alors que le conces-sionnaire faisait office d’interlocuteur avec le client, désormais, le constructeur lui-même est en lien direct avec l’usager. Cela néces-site de combiner les télécommunications, l’interconnexion des produits électroniques et la gestion des priorités des informations. Ces évolutions ne révolutionnent pas les process de fabrication mais renouvellent la chaîne de valeur. Chaque acteur (opérateur de télécommunication, constructeur, loueur, réparateur...) cherche à capter cette valeur. Ainsi, PSA a signé avec Bouygues un parte-nariat pour la mise en place d’un véhicule communicant. Néanmoins, ces évolutions ne remettent pas en cause les services d’entre-tien des véhicules (pneus, freins...). Parce que chaque équipement communique avec d’autres interfaces, on assiste à un essor considérable des données massives aussi appelées « big data ». Ces données ont de la valeur pour le constructeur mais peuvent aussi avoir d’autres finalités commerciales. Or, les cyberattaques des systèmes connec-tés constituent un risque qui explique la vo-lonté du territoire de se positionner sur les enjeux de cyberdéfense.

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23Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

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PRECONISATIONS

1 Adapter l’écosystème autour du site de PSA pour préserver sa com-pétitivité

Intensifier les démarches de diversification pour maintenir une densité d’équipe-mentiers suffisante, condition importante à la compétitivité du site d’assemblage de PSA.

Renforcer les démarches de (ré)industrialisation pour valoriser les actifs existants (foncier, compétences...) en mutualisant davantage les ressources et en favori-sant la création de grappes d’entreprise.

Renforcer le pôle Excelcar pour accroître l’expertise du territoire sur les enjeux stratégiques des nouvelles mobilités : allègement des véhicules, matériaux com-posites, qualité perçue.

Renforcer les collaborations entre l’ensemble des acteurs (pôles ID4CAR, EMC2 l’entreprise Corialis, l’institut Maupertuis, IRT b<>com, IRT Jules Verne...), en s’appuyant éventuellement sur le modèle de structuration de la filière agroali-mentaire qui réussit ce maillage entre centre de recherche, entreprises et pôles de compétitivité.

Faire évoluer la filière automobile vers une filière véhicules et mobi-lité qui soit plus décarbonée

Promouvoir le développement de véhicules de petites séries serviciels par l’hy-bridation avec d’autres filières et en intégrant des acteurs qui ne relèvent pas nécessairement de la filière automobile traditionnelle, et qui peuvent avoir une envergure internationale (ex. Dassault systèmes).

Faire de la question des matériaux un axe fort de la coopération entre l’IRT b<>com de Rennes et l’IRT Jules Verne de Nantes : l’IRT Jules Verne est spé-cialisé dans les technologies avancées de production composite pour 4 filières (aéronautique, construction navale, énergie et transports terrestres). On pourrait s’appuyer sur l’expertise acquise dans les petites séries du nautisme pour l’aéro-nautique ou l’automobile.

Favoriser les croisements de filière entre l’automobile et les TIC pour développer un véhicule intelligent en organisant les passerelles entre le savoir-faire détenu à Bruz sur la protection des données et la production de données croissante géné-rée par les véhicules.

Se donner les moyens de faire véritablement du bassin rennais un territoire-pilote en matière de mobilité

Capitaliser les expérimentations menées par l’ensemble des 18 démonstrateurs du programme Bretagne Mobilité Augmentée et les expériences de la SCNF pour essaimer certaines démarches.

Développer les modes de transport doux et l’intermodalité: il s’agit de s’appuyer sur les investissements autour de la deuxième ligne de métro et sur l’expertise de Siemens pour identifier des opportunités d’expérimentation ou de création d’activités en lien avec les différents modes de transport doux (fabrication de bus électriques, de rames...).

Essaimer certaines expérimentations en matière de services de mobilité (auto-partage, covoiturage, location en milieu urbain, plan de déplacement interentre-prise...) en veillant à ce que ces démarches soient inclusives, et pas seulement limitées à des pionniers privilégiés.

Développer un marketing territorial pour faire connaître les compétences pré-sentes sur le bassin rennais en matière de mobilité (constructeur PSA doté de son pôle Excelcar avec sa ligne pilote, expérimentations menées...).

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24 CODESPAR JUILLET 2014

*Agreste, Commerce extérieur agroali-mentaire, 2013.

** Sénat, L’agroalimen-taire français face au défi de l’export : pour une réforme ambitieuse du dispo-sitif public de soutien n°736, 10 juillet 2013.

*** Syndex Bretagne, Intervention de Catherine Bienvenu lors de la réunion du groupe-projet du 14 février 2013.

# Les Echos, Des usines françaises en retard sur la roboti-sation, n°21622, 7 février 2014.

## La Tribune, Pourquoi les robots enva-hissent nos cam-pagnes ?, 24 février 2014.

### MEITO mag, n°269, septembre 2013.

#### Agreste Bretagne, L’agroalimentaire en Bretagne : 40 % des emplois industriels, mars 2013.

Une filière industrielle qui doit mu-ter pour ne pas décrocher

La France dispose d’une filière agroalimen-taire puissante qui a généré 11,9 milliards d’euros en 2012*. Cette filière représente la deuxième plus importante contribution à la balance commerciale de la France. Mais, la France ne cesse de perdre des parts de marché. Elle, qui était le 2ème exportateur mondial à la fin des années 90 (après les États-Unis), se retrouve aujourd’hui au 5ème rang (après les États-Unis, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Brésil)**. En effet, depuis quelques années, les exportations agroali-mentaires françaises progressent moins vite (4 % par an) que celles des autres pays, comme les Pays-Bas (5 %) ou encore l’Alle-magne (7 %). Ce décrochage est particulière-ment marqué pour la filière porcine. L’écart du coût du travail entre la France et l’Allemagne est un des facteurs d’explication mais il n’est pas le seul. L’Allemagne a des outils d’abat-tage à forte capacité. En Europe, 6 abattoirs ont une capacité de plus de 3 millions de porcs ; 4 d’entre eux sont en Allemagne et ils représentent 70 % de la capacité globale des 6 abattoirs***. Il faut dire que l’Allemagne a fortement investi pour moderniser ses outils de transformation. En revanche, en France, très peu d’investissements de modernisation et de robotisation sont faits dans l’industrie agroalimentaire. Ces investissements sont pourtant des leviers de compétitivité majeurs pour l’agroalimentaire.

La robotisation comme facteur d’ac-croissement de la compétitivité

La robotique peut apporter des gains de pro-ductivité significatifs sur l’ensemble de la chaîne. Or, la France est sous-robotisée#. Elle possède 34 500 robots, soit 4 fois moins que l’Allemagne (157 000) et presque deux fois moins que l’Italie (62 300). Certes, la France a moins d’usines que l’Allemagne, mais même en proportion, la densité demeure inférieure en France : 122 robots pour 10 000 usines contre 261 en Allemagne. Le secteur agri-

cole est devenu le premier marché mondial de la robotique de services professionnels##. L’intégration de robots peut intervenir à dif-férents niveaux. Dans l’élevage, les robots peuvent automatiser la traite des vaches, l’alimentation du bétail. Pour les cultures, des systèmes de désherbage mécanique, de cueillette de fruits sont aussi mis en place. Des acteurs locaux se positionnent progres-sivement sur ces marchés. Ainsi, l’entreprise Jeantil propose un robot Jeantil Automatic Feeding qui embarque un mélangeur, prépare les rations et les distribue aux animaux. BA Systèmes, basée à Mordelles, a développé un robot Robagro qui va rechercher du four-rage et des céréales dans des conteneurs et qui les dépose auprès des animaux. Dans le secteur agroalimentaire, la robotique contri-bue à améliorer la sécurité, les conditions de travail, la traçabilité, la flexibilité ou la com-pétitivité###. En France, 2 200 robots sont implantés dans le secteur agroalimentaire.

Une évolution nécessaire vers des produits à plus haute valeur ajoutée

La Bretagne est la première région agroa-limentaire française en termes de nombre d’entreprises et de chiffre d’affaires. Avec 57 000 salariés, cette filière regroupe 40 % des emplois industriels bretons. Mais, malgré ce dynamisme, la filière est confrontée à cer-taines faiblesses. Son taux d’exportation est de 14,7 %, contre 19,8 % au niveau natio-nal####.De plus, le taux de valeur ajoutée des industries bretonnes est de 16,5 %, soit un taux inférieur à celui observé au niveau national. Cela s’explique notamment par la nature des activités. La Bretagne a une spé-cialisation forte sur la fabrication de pro-duits laitiers ou d’aliments pour animaux, qui constituent des secteurs à faible valeur ajou-tée, respectivement 12 % et 11 %. Ces fai-blesses des marges soulèvent des problèmes importants en termes de revenus des agricul-teurs. Ainsi, on voit émerger un risque d’af-faiblissement du gisement en viande. Les re-venus des éleveurs sont largement inférieurs à ceux des céréaliers. Au niveau national, le revenu moyen des céréaliers est de 72 800 € alors qu’il est de 24 700 € pour les exploi-tants laitiers. Cet écart présente un risque de céréalisation c’est-à-dire que les exploitants réorientent leur élevage vers de la production céréalière.

L’agroalimentaire : vers une filière

compétitive et durable

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25Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

Des modes de consommation qui évoluent tous azimuts

Les tendances en matière de consommation de produits alimentaires évoluent mais avec des orientations différentes et parfois oppo-sées.

• Proximité / e-commerce : D’une part, pour des questions de praticité, les consommateurs plébiscitent l’achat en ligne de produits dont ils ignorent l’origine. D’autre part, les clients portent une atten-tion de plus en plus forte à l’origine de la production. Les scandales sanitaires (ex. lasagnes à la viande de cheval chez Span-ghero) ont montré la nécessaire traçabilité des produits. De plus, les difficultés ren-contrées par les acteurs de la filière (condi-tions de travail des agriculteurs difficiles, plans sociaux chez Doux, Tilly-Sabco...) peuvent inciter les consommateurs à privi-légier des produits locaux.

• Qualité / Low-cost : D’une part, les marques d’identification de la qualité des produits se multiplient. L’attention portée à l’agriculture biologique en témoigne, cré-neau sur lequel surfe aussi la grande dis-tribution. D’autre part, dans un contexte

de crise et de pouvoir d’achat dégradé des ménages, on voit le facteur-prix jouer un rôle prépondérant ce qui se traduit par un essor du low-cost.

Des débouchés pour les produits agricoles dans d’autres secteurs que l’alimentaire

Actuellement, la transformation des pro-duits agricoles est essentiellement destinée à l’alimentation. Mais, on pourrait s’orienter vers de nouveaux débouchés non alimen-taires. Ainsi, les produits agricoles peuvent être transformés par d’autres industries : pharmaceutique, cosmétique, chimique... En matière de cosmétique, le projet Catiomerc, labellisé par le pôle mer Bretagne prévoit de valoriser les carapaces de crustacés pour uti-liser la quitine, qui donnerait au shampooing des vertus démêlantes. Ces produits qui sont développés grâce à une innovation impor-tante, présentent des taux de valeur ajoutée beaucoup plus élevés.

Revenus annuels moyens des exploitants agricoles en fonction de l’activité en France

Source : Agreste, Une année contrastée entre régions et orientations, juillet 2013

72 800

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38 300 €revenu moyen

en euros

32 800

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26 CODESPAR JUILLET 2014

PRECONISATIONS

3

2

1 Maintenir localement une production agricole importante qui s’adapte à la transition énergétique et écologique

Maintenir un équilibre entre production céréalière et élevage, pour préserver la proximité du gisement et aller vers l’indépendance protéique c’est-à-dire notam-ment une moindre dépendance vis-à-vis des tourteaux.

Favoriser le développement d’une filière démédicalisée au niveau de l’élevage pour lutter contre l’antibiorésistance.

Favoriser la réduction des pesticides dans les cultures.

Améliorer la compétitivité de l’industrie agroalimentaire en fonction des différentes entreprises composant la filière

Intégrer les solutions technologiques (ex.utilisation de capteurs) en nouant des partenariats entre acteurs industriels et acteurs de l’agroalimentaire, en s’ap-puyant notamment sur les compétences disponibles en matière de numérique.

Accélérer la robotisation des entreprises de l’agroalimentaire, en s’appuyant sur les compétences de la filière automobile en matière de conception, robotisation, maintenance, sur les équipements présents sur le site de PSA et sur l’expertise détenue au niveau de l’institut Maupertuis et de plusieurs entreprises du bassin rennais.

Favoriser l’évolution vers des produits à plus haute valeur ajoutée en s’appuyant sur l’expertise développée localement par le pôle de compétitivité Valorial, les centres de recherche et organismes de formation (Agrocampus, INRA, Faculté des métiers, IFOR, IFOP...) et orienter la recherche vers la production d’activités économiques.

Optimiser les process de fabrications et valoriser les co-produits.

Améliorer l’attractivité de la filière agroalimentaire

Valoriser la filière élevage du territoire en s’appuyant sur la vitrine offerte par le SPACE qui constitue un salon de l’élevage au rayonnement international : faire connaître les savoir-faire de l’Ille-et-Vilaine (1er département laitier de France).

Améliorer les conditions de travail au sein des entreprises de l’agroalimentaire en agissant sur l’ergonomie des postes de travail, en s’appuyant notamment sur l’expertise de la filière automobile dans ce domaine.

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27Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

Une filière numérique présente sur tous les territoires désormais confrontée à un enjeu d’attractivité

Pendant plusieurs décennies, Rennes s’est appuyé sur sa filière des télécoms pour as-seoir son développement et une partie de son rayonnement. Le territoire doit renouveler son image, dans un contexte où l’intégration croissante des TIC dans la société fait que cette filière n’apparaît plus comme une spé-cificité du territoire rennais. Le bassin ren-nais doit doper son attractivité désormais. Actuellement, le quartier des champs blancs, qui doit accueillir de nouveaux acteurs de la filière, ne regroupe que des entreprises déjà présentes à Rennes, hormis l’IRT b<>com. Or, il est essentiel d’attirer de grandes en-treprises du numérique sur le territoire pour qu’elles assurent un rôle d’entrainement sur la filière et ce futur quartier. L’IRT b<>com peut avoir cette capacité de mise en synergie et de développement de la filière en impul-sant des dynamiques créatives auprès des acteurs du territoire.

Des innovations de plus en plus cen-trées sur les usages

Le territoire rennais se distingue par de fortes aptitudes sur le plan technologique. Les com-pétences techniques des ingénieurs sont avérées et reconnues. Néanmoins, la filière souffre d’un déficit commercial et marketing qui se traduit par le fait que la R&D et les innovations sont assez mal promues hors du territoire. Il s’agit donc d’orienter les tech-nologies vers les usages finaux des produits. L’IRT b<>com a intégré cette problématique de commercialisation dès la phase amont du projet en s’orientant prioritairement vers les usages. De même, le projet Bionico présenté dans l’encadré illustre les enjeux d’une inno-vation partant des usages.

Croiser le numérique avec d’autres filières d’activité

Pour que le numérique soit un moteur de dé-veloppement de l’industrie, il faut qu’il consi-dère que les filières industrielles constituent des débouchés pour l’industrie numérique or ce n’est pas le cas aujourd’hui. Les croise-ments avec les autres filières sont généra-teurs d’innovations importantes*. Ainsi, dans le domaine de la défense, la cybersécurité apparaît comme un instrument de la guerre moderne pour lutter contre les nouvelles menaces : attaques criminelles sur internet « cybercriminalité », piratage des réseaux informatiques... La DGA-MI** à Bruz se po-sitionne comme un site emblématique dans ce domaine grâce à son expertise (missiles, radars, systèmes de navigation...). Dans le domaine de l’agriculture, l’intégration des nouvelles technologies a des applications multiples. Ainsi, l’agriculture de précision assistée par satellite permet la surveillance des champs (humidité, ensoleillement...). L’arrivée des drones dans les champs permet même d’ensemencer les champs. Dans le do-maine du commerce, l’intégration des tech-nologies contribue à l’essor du e-commerce (commerce électronique) ou du m-commerce (commerce mobile).

Bionico, une prothèse de main en open source Ce projet est né du besoin d’une per-sonne amputée d’une main suite à un accident de travail. Son ambition est de lancer une prothèse de main pilotée par les muscles à moins de 1000 dol-lars (quand elle est venue sur le mar-ché entre 30 000 et 60 000 dollars). Ce projet doit être réplicable à bas coût car il pourrait avoir des applications dans les pays en guerre notamment. Ce pro-jet est initié par le FabLab de Rennes. Développé en open source, il permet de relier toutes les personnes disposant d’une brique technologique nécessaire à la réalisation de cette prothèse partout dans le monde.

bionicohand.wordpress.com

*Voir aussi la note du CODESPAR, Situation économique et de l’emploi du bassin rennais au 3ème trimestre 2013 et focus sur la filière numérique, janvier 2014.

** DGA-MI : Délégation Générale de l’Arme-ment – Maîtrise de l’Information (ex-Celar).

Les TIC : le numérique dynamise les autres

secteurs d’activité

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28 CODESPAR JUILLET 2014

Construire une véritable stratégie numérique pour le territoire

La visibilité du territoire passe par sa capa-cité à faire du numérique une approche dis-tinctive. L’expertise historique (télécoms, réseaux, images) du bassin rennais constitue un facteur de différenciation. En effet, le bas-sin rennais dispose d’une expertise reconnue dans la gestion des réseaux, activité straté-gique pour le développement des smartgrids. Le territoire doit se positionner sur cet en-jeu. La filière doit se doter d’une véritable stratégie numérique, en s’appuyant sur les structures existantes telles que la technopole Rennes Atalante : définir une position tech-

nologique et axer ses choix de développe-ment vers des secteurs et marchés porteurs. Dans ce cadre, l’appel à projet quartier nu-mérique (French Tech) dont l’objet est de fé-dérer l’ensemble des acteurs du secteur pour stimuler, mais également mettre en valeur au niveau international, le dynamisme de l’éco-nomie numérique française est une opportu-nité. Si la métropole rennaise est labellisée, cela pourrait permettre de donner davantage de lisibilité à la filière, mais aussi de fédérer un certain nombre de micro initiatives locales qui sont aujourd’hui dispersées. En outre, cela permettrait de créer du lien entre les en-treprises motrices (Tech champions) et celles en devenir.

PRECONISATIONS

2

1 Mieux identifier la stratégie de développement de la filière numérique rennaise et en accroître sa visibilité

Utiliser nos centres d’expertise historique (télécoms, réseaux, images) comme des éléments de différenciation.

Se positionner sur les marchés relevant du domaine du générique : éditeurs de logiciel, web, système.

Favoriser les croisements de filière entre le numérique et les autres secteurs d’ac-tivités, et notamment l’industrie : agro, auto (véhicule communicant, big data), énergie (smartgrids).

Se doter d’une approche commerciale plus collective afin de « chasser en meute » et prospecter de nouveaux marchés.

Mieux faire savoir que le bassin rennais dispose d’une filière d’excellence dans le domaine du numérique avec la présence de grands groupes, d’un réseau de PME et de start-ups, notamment à Rennes Atalante, de l’IRT b<>com, en s’appuyant notamment sur la French Tech.

Soutenir le dynamisme de la filière en accompagnant la croissance des entreprises et en améliorant l’attractivité du territoire

Permettre aux entreprises d’atteindre une taille critique.

Mettre en place les conditions favorables à l’accueil d’entreprises d’envergure internationale.

Développer des outils de financement des entreprises du numérique qui leur per-mettent de financer le haut de bilan.

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29Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

*Formation aux Éco-nomies d’Energie des Entreprises et Arti-sans du Bâtiment.

** Smart Grid, Dossier « Le bâti-ment intelligent », http://www.smar-tgrids-cre.fr/index.php?p=smarthome-maison-batiment- intelligent.

Delta Dore, l’expertise de la domotique

Delta Dore, entreprise basée à Bonnemain, dispose d’une expertise particulière en matière de domotique et de systèmes de gestion de l’énergie. Avec Saint Gobain, elle est d’ailleurs référente pour le plan de reconquête industrielle consacré à la rénovation thermique des bâtiments. Si 98 % des produits qu’elle vend sont fabriqués en France, 20 % de son chiffre d’affaire (estimé à 150 millions d’euros) est ef-fectué à l’international.

www.deltadore.com/fr

Nice grid, un quartier solaire intelligent

Les Alpes-Maritimes (comme la Bretagne) sont en situa-tion de péninsule électrique. Le territoire a décidé de lan-cer un projet de quartier solaire intelligent. Il s’agit de coupler une production d’énergie décentralisée à base de photovoltaïque avec des systèmes de stockage et des compteurs intelligents à l’échelle d’un quartier qui re-groupe 1 500 clients (professionnels, particuliers...). Le budget est de 30 millions d’euros sur une durée de 4 ans, financé par l’Ademe, la Commission européenne et les membres du consortium (ERDF, Alstom...).

www.nicegrid.fr

La construction durable : entre adaptation contrainte et potentiel à explorer

Le bâtiment doit relever le défi de la tran-sition énergétique. En Bretagne, le bâtiment consomme 44 % de la consommation d’éner-gie finale de la région soit une part plus éle-vée que les transports (35 %). Le Grenelle de l’environnement impose de réduire de 38 % la consommation énergétique moyenne des bâtiments. Un levier d’évolution concerne la construction neuve. À cet égard, les évolu-tions en matière de préfabrication peuvent constituer des solutions intéressantes. Elles permettent une diminution des coûts de fa-brication, de main-d’œuvre et un gain envi-ronnemental par la diminution des matériaux utilisés. Mais, au vu de l’inertie du parc, les leviers d’amélioration les plus importants portent sur le parc existant. Le plan de réno-vation énergétique des logements doit per-mettre de rénover 500 000 logements par an d’ici 2017. Sa déclinaison se traduit locale-ment par un Plan Bâtiment durable breton. Pour accompagner ces évolutions, le disposi-tif FEE-Bat* a été mis en place. Néanmoins, il

va falloir une mobilisation accrue pour que les professionnels soient en mesure de répondre aux objectifs. Un autre enjeu-clé est le finan-cement des travaux de rénovation énergé-tique que ce soit au niveau du logement indi-viduel ou collectif, des bâtiments tertiaires.

Vers un bâtiment intelligent pour une gestion dynamique et redistri-butive de l’énergie

Le bâtiment devient plus intelligent : il com-prend une gestion automatique et optimale des différents systèmes (alimentation en énergie, éclairage, chauffage, vidéosur-veillance...)**. Outre l’automatisation des différentes fonctions, le bâtiment intelli-gent repose sur un réseau de distribution de l’électricité intelligent (smart grid). Il est ainsi capable de gérer les énergies en fonc-tion des différentes sources de production (ex. panneaux photovoltaïques sur le toit), de consommation (ex. machine à laver) et de stockage éventuel (ex. batterie du véhicule électrique) et d’effacement de consommation électrique (ex. report de l’utilisation du lave-vaisselle). Ces problématiques de gestion de l’énergie constituent des enjeux économiques majeurs à tel point que de nombreux acteurs entendent se positionner sur ce marché : les opérateurs de téléphonie qui, avec leur box ont déjà la partie téléphonie-télé-internet, les acteurs de la domotique, et les acteurs de la gestion des données.

Le bâtiment : vers un bâtiment durable avec

une gestion intégrée de l’énergie

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30 CODESPAR JUILLET 2014

PRECONISATIONS

3

2

1 Accompagner les évolutions liées à la RT 2012

Former les professionnels de la filière du bâtiment à la RT 2012.

Structurer une filière locale de matériaux de construction durable (bois, chanvre...).

Informer les acteurs (particuliers, bailleurs, entreprises...) des enjeux de la RT 2012, dans le choix de la construction/d’achat, de rénovation, et dans leur utili-sation des locaux.

Mener une politique volontariste en matière de rénovation des loge-ments

Industrialiser les chantiers de rénovation thermique pour diminuer leurs coûts.

Mettre en place des modes de financement innovants avec des prêts à long terme de type prêt immobilier pour les rénovations les plus importantes et intégrer le bâti et les équipements pour un meilleur retour sur investissement.

Développer les opportunités liées à la préfabrication (béton, bois...) dans le domaine du bâtiment pour la construction neuve

Identifier dans quelle mesure il est possible de construire des maisons passives à moins de 1 200 € du m², accessibles au plus grand nombre en s’appuyant sur un benchmarking dans les pays dotés d’une expertise (Chine, Québec...).

Définir les modalités d’industrialisation de la chaine de production de la préfabri-cation.

Positionner le territoire sur les enjeux liés au bâtiment intelligent pour un développement à l’international

Faire des réseaux électriques intelligents (smartgrids) un axe stratégique pour l’IRT b<>com, et mobiliser des entreprises du territoire, à l’image de Delta Dore.

Mieux faire connaître les projets menés sur le territoire en matière de rénovation énergétique ou de bâtiment intelligent.

4

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31Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

Les opportunités de structuration de nouvelles filières industrielles

Un enjeu majeur d’autonomie éner-gétique

La Bretagne est en situation de très forte dé-pendance énergétique. En effet, malgré une hausse sensible depuis une dizaine d’années, elle ne produit encore que 8,9 % de l’éner-gie qu’elle consomme*. Pourtant, le paquet énergie-climat de l’Union européenne prévoit qu’en 2020, 25 % de la consommation natio-nale d’électricité soit assurée par des éner-gies renouvelables. En Bretagne, en 2012, les énergies renouvelables ont pourvu à 9 % de la consommation d’énergie finale régio-nale**. Pourtant, il n’y a pas de problèmes de ressources par rapport aux énergies re-nouvelables, le gisement est largement supé-rieur aux besoins. L’enjeu des smartgrids est de faire cohabiter ces énergies intermittentes avec une énergie de base en fonction des be-soins de consommation. Il faut donc agir sur le levier de la production ainsi que sur celui de la consommation. Le coût de l’énergie est un facteur d’évolution-clé. La dérégulation de la tarification va faire évoluer les comporte-ments (smartgrids, boucles locales d’énergie, autoconsommation...).

Vers un mix énergétique, potentiel-lement créateur d’activités

L’enjeu pour la Bretagne est donc de dévelop-per un mix énergétique qui permette d’amé-liorer son autonomie énergétique et qui soit créateur d’activités. Le mix éolien-solaire est une piste intéressante. En effet, il existe une complémentarité entre les énergies éoliennes et solaires, entre les saisons. Alors qu’en été

le solaire joue un rôle plus important, en hi-ver, c’est l’éolien qui prend le relais. Le grand éolien terrestre représente au-jourd’hui l’énergie la moins chère et donc une ressource potentielle considérable. En France, moins de 1 % du potentiel éolien est utilisé***. Outre la production d’énergie, l’enjeu est de structurer une filière indus-trielle. Actuellement, 60 % de la valeur des éoliennes sont importés. Cette filière emploie déjà 10 000 personnes réparties dans 3 types d’activités : études-installations, fabrication et production d’électricité. De plus, le déve-loppement d’une filière industrielle peut aussi être l’occasion de se consolider l’expertise en matière de composite. En effet, la fabrication des pales s’effectue à partir des composites. Or, l’éolien qui a un taux de croissance de 10 % représente à lui-seul 5 % du marché des composites#. Néanmoins, pour pallier cette question de l’acceptabilité, émergent d’autres types d’éoliennes. Les éoliennes en mer dites « off shore » se développent fortement en Bretagne, avec un projet d’implantation de 100 éoliennes en 2016 dans la baie de St-Brieuc. Par ailleurs, une autre piste concerne les petites éoliennes terrestres dont la puis-sance est comprise entre 0,1 et 36 kilowatts qui peuvent alimenter des bâtiments non reliés au réseau ou raccordés au réseau pour une revente de la production##.

Le photovoltaïque constitue aussi un potentiel important. Actuellement, du côté des particu-liers, il existe aussi un frein lié au fait que les panneaux ne peuvent pas être posés sur le toit mais doivent être intégrés à la structure du toit ce qui nécessite des travaux considé-rables (alors que ce n’est pas le cas dans la réglementation des autres pays européens : Italie, Allemagne...). Il est opportun de cou-vrir le plus possible la toiture (au moins l’in-tégralité des pans bien exposés) pour ne pas gâcher le potentiel de production. D’ici 2020,

*Pacte électrique breton, signé le 14 décembre 2010.

** GIP Bretagne envi-ronnement OREGES – « Chiffres clés de l’énergie en Bretagne - édition 2013 ».

*** Ademe, La produc-tion éolienne d’élec-tricité, novembre 2013.

# Direccte Haute-Normandie-Afpa Transitions, Diagnos-tic emploi/formation dans les métiers liés à la fabrication des pales d’éoliennes en composites, 2013.

## Ademe, L’énergie éo-lienne – Les enjeux, novembre 2012.

Vers une filière de production de système

d’autonomie énergétique ?

Page 32: 5 codespar contribution-auto-agro-batiment-tic-quelles-mutations-07-2014

32 CODESPAR JUILLET 2014

Locminé : l’autonomie énergétique au cœur de son développement

Cette commune de 4 200 habitants du Morbihan fait de la transition énergé-tique un défi pour soutenir son déve-loppement économique autour de son projet LIGER*. Elle dispose d’une chau-dière à bois de 1,5MW. Alimentée par le bois local elle permet de chauffer un centre aquatique, une salle de sport, un collège, un équipement multifonctions ainsi qu’une conserverie. Actuellement, la commune envisage la mise en place d’une unité de méthanisation. Elle serait alimentée par les déchets des usines agroalimentaires, des exploitations agricoles et des stations d’épuration. L’objectif serait d’utiliser le biogaz GNV (Gaz Naturel Véhicule) comme carbu-rant pour les bus, véhicules, camions-bennes.

*Locminé Innovation et Gestion des Énergies renouvelables

www.liger.fr

il existe un vrai potentiel de développement pour le photovoltaïque qui peut être implanté sur différents supports (sur un toit de bâti-ment, dans un parking avec ombrières), ce qui le rend propice à l’auto-consommation (qui permet d’éviter les coûts économiques et environnementaux liés au transport).

De plus, en fonction des territoires ce mix pourra être complété par d’autres sources d’énergies renouvelables : méthanisation, géothermie... La valorisation de la biomasse (méthanisation, gazéification...) a des poten-tiels importants en Bretagne. La méthani-sation permet la production d’électricité et de chaleur (cogénération). En Bretagne, en 2011, on recensait 24 installations de mé-thanisation (dont 7 en Ille-et-Vilaine) pour une production de chaleur de 142 GWh et une production d’électricité de 14 GWh par valorisation du biogaz généré par les métha-niseurs industriels, les stations d’épuration des eaux grises et agricoles. Les applications principales du Gaz Naturel de Ville (GNV) ou biogaz concernent surtout les transports (vé-hicule, tracteur...). Les unités de fabrication ne seront pas nécessairement implantées sur le bassin rennais. En revanche, le bassin rennais peut développer une expertise dans ce domaine en s’appuyant sur les centres de recherche présents.

PRECONISATIONS

Développer une filière de production de système d’autonomie énergétique

Développer une production d’énergie locale, à partir d’un mix entre les différentes éner-gies (photovoltaïque, éolien, méthanisation, turbine...) en s’appuyant sur une expéri-mentation locale en lien avec les centres de recherche pour ensuite proposer cette solu-tion à l’international notamment au sein des pays confrontés à des réseaux électriques peu performants.

Utiliser les ressources liées à l’épargne des ménages pour financer des projets d’autono-mie énergétique : parce que les projets de production d’énergie doivent avoir un ancrage local fort, la mobilisation de l’épargne des ménages peut constituer un levier de finance-ment et d’amélioration de l’acceptabilité intéressant.

Informer les consommateurs sur les problématiques d’autonomie énergétique : il s’agit d’optimiser les ressources en matière de conseil (espace info énergie association...) et en sensibilisant le public aux enjeux d’efficacité et d’autonomie énergétiques, pour favoriser l’acceptabilité sociale.

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33Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

*TV Rennes, Chro-nique Agir pour l’emploi « L’aéronau-tique, une filière qui décolle », 29 mai 2014.

** Le Figaro, Randstad lance des passerelles entre l’aéronautique et l’automobile, 18 juin 2013.

*** Le cluster basé à Brest, compte 25 en-treprises et 8 centres de recherche, avec des acteurs majeurs (Thales, DCNS, Novatech, Optima).

Un secteur d’activité très dynamique peu associé à la Bretagne en dépit des compétences présentes

L’aéronautique est un secteur d’activité très dynamique, caractérisé par des carnets de commande à 8 ans. Ainsi, Airbus, fleuron de l’industrie française, manque de capa-cité de production pour répondre à d’éven-tuel surcroît de commandes. La Bretagne ne figure pas parmi les régions emblématiques de cette filière à l’instar de l’Aquitaine avec Airbus, de la région Provences-Alpes Côte d’Azur avec Eurocopter ou encore de l’Ile-de-France avec Dassault. Mais, bien que la filière aéronautique soit surtout connue pour ses constructeurs, en réalité, elle regroupe différents types d’acteurs : les constructeurs (Airbus, Eurocopter, Dassault), les moto-ristes (Safran) et les équipementiers et sous-traitants (chargés de la conception et de la réalisation de sous-ensembles complets, systèmes électroniques, mécaniques). Or, la Bretagne, dispose d’acteurs dotés de com-pétences qui pourraient tout à fait intéresser la filière aéronautique. De plus, l’installation d’un hall d’assemblage à Saint Nazaire ren-force les opportunités pour le bassin rennais.

Aéronautique et automobile : des proximités de compétences malgré des organisations différentes

Il existe une forte proximité des compétences entre les filières automobile et aéronautique. D’ailleurs, dans le cadre des plans de départs des entreprises automobiles (PSA et Faure-cia), plusieurs salariés ont fait le choix de travailler dans l’aéronautique pour des sous-traitants comme l’entreprise Chatal*. Par ailleurs, Randstad a mis en place en 2012 une plate-forme pour faciliter les passerelles entre les 2 secteurs pour des intérimaires**. 4 métiers se distinguent particulièrement pour la proximité des compétences : ajusteur cellule, câbleur, mécanicien et peintre. Néan-moins, il existe des différences entre ces sec-

teurs. La filière aéronautique est beaucoup moins automatisée que l’industrie automo-bile. Elle fabrique des petites ou moyennes séries alors que l’automobile fabrique en grandes séries. Par ailleurs, les exigences sont encore plus fortes en termes de qua-lité, fiabilité et sécurité. Pour appartenir au pôle de fournisseurs, il faut une certification EN 9100. Bretagne Ateliers, sous-traitant de la filière automobile, déjà certifié ISO 9001, a intégré le pôle de fournisseurs d’Airbus en s’engageant à obtenir la certification requise au plus vite.

Un enjeu de structuration des ac-teurs autour de la filière aéronau-tique

Au-delà de l’exemple de Bretagne Ateliers, l’enjeu est de parvenir à nouer des partena-riats entre acteurs ayant des compétences aé-ronautiques pour proposer à Airbus un sous-ensemble. Il faut dépasser le schéma d’hier où chacun essaie de réaliser des marges, tait ses coûts à l’autre. Des prototypes sont déjà existants, il faut s’appuyer sur les industries en place pour les industrialiser. Mais, ces ac-teurs souffrent d’un manque de visibilité vis-à-vis de donneurs d’ordre implantés plus au sud. D’ailleurs, 2 structures ont été établies pour fédérer les acteurs de la région dans ce domaine : IEF Aero (Brest)*** et ACAD (Redon). En matière de formation, en 2007, le lycée Marcel Callo basé à Redon s’est doté d’une formation spécialisée dans la filière aéronautique.

PRECONISATIONS

Positionner le bassin rennais dans la chaîne de sous-traitance aéronautique

Déterminer dans quelle mesure l’aéronautique peut constituer une perspective de diversification pour des ac-teurs de la filière automobile notamment.

Identifier si le bassin rennais est en mesure de structurer un réseau de sous-traitants pour proposer à Airbus non plus seulement des pièces mais des sous-ensembles dans le cadre d’un axe Rennes-Redon-Saint Nazaire.

Améliorer la visibilité des compétences aéronautiques en Bretagne : il convient de favoriser le rapprochement entre les entreprises de la filière (Bretagne Ateliers, Legris In-dustrie...) afin de valoriser au maximum les compétences industrielles du bassin rennais dans le cadre de la réindus-trialisation notamment.

L’aéronautique : une opportunité à saisir pour structurer un

réseau de sous-traitants ?

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34 CODESPAR JUILLET 2014

*L’Usine nouvelle, Faire des trains neufs avec du vieux, 7 avril 2011.

Une activité de rénovation initiée dans le cadre de la réindustrialisa-tion

Dans le cadre de la réindustrialisation du site de PSA de Chartres-de-Bretagne, une acti-vité de rénovation de 50 rames de TGV a été mise en place avec la SNCF. Il s’agit d’une activité de restylage : installation de prises électriques, changement de moquettes et de sièges. 85 salariés ont été détachés de PSA auprès de la SNCF pour une durée de 3 à 5 ans. La région Bretagne ne fait pas partie des régions les mieux structurées actuellement en matière de rénovation ferroviaire. Les plus importantes correspondent aux régions dans lesquels des pôles de compétences sont présents. Ainsi, la région Nord, qui dispose d’un cluster AIF (Association Industries Fer-roviaires) se réclame première région ferro-viaire de France. Néanmoins, pour le bassin rennais, il pourrait être intéressant de péren-niser l’investissement réalisé. En effet, le site bénéficie désormais d’un atelier très perfor-mant, avec un système de levage des rames entières (sans avoir à les scinder ou à les enfouir pour intervenir dessus). De plus, les transferts de compétences pour les salariés de l’automobile ont été plus faciles que ce qui avait été anticipé. La montée en puissance est supérieure à celle attendue.

Les perspectives de développement des activités de rénovation ferro-viaire

La rénovation d’une rame qui a 20-25 ans permet au matériel de servir 45 ans soit 10 ans de plus que s’il n’avait pas subi de réno-vation*. Le marché de la rénovation concerne tous les types de train : RER, anciens trains Corail, TER (besoins moins importants en rai-son de l’achat récent de nouvelles rames). Ces activités pourraient aussi être élargies à d’autres types de véhicules : bus, tramway, métro... Le développement potentiel des acti-vités de rénovation ferroviaire n’est pas facile à estimer dans la mesure où plusieurs ten-dances contradictoires se conjuguent. D’une part, au vu des restrictions budgétaires de l’Etat et des collectivités et d’un besoin crois-sant de mobilité, il pourrait y avoir une dyna-mique favorable à cette activité de rénova-tion. En effet, les régions qui ont investi 7 milliards d’euros dans l’achat de trains depuis 2002 vont devoir réviser leurs prévisions de commande, peut-être pour privilégier de la rénovation. Néanmoins, l’achat de rames neuves pourrait être soutenu par l’Etat dans le cadre de sa politique industrielle.

PRECONISATIONS

Capitaliser l’expertise acquise par les activités de rénovation ferroviaire

Valoriser l’activité ferroviaire mise en place dans le cadre de la réindustrialisation du site de la Janais afin de capitaliser l’expertise acquise par les salariés de PSA mis à disposition de la SNCF, l’investissement réalisé, l’infrastructure très innovante (système de levage unique) et de donner une identité cohérente à la réindustrialisation du site.

Identifier les pistes de pérennisation de cette activité ferroviaire en analysant les diffé-rents marchés de niche possibles : rénovation de rames ferroviaires, composite, TIC, interactivité, route intelligente...

Positionner le territoire sur ces marchés de niche en s’appuyant sur les stratégies des différents acteurs concernés : SNCF (externalisation des activités de rénovation?), PSA (ambition pour la réindustrialisation?), Etat (rénovation/achat de rames...).

La rénovation ferroviaire : une activité à pérenniser ?

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35Les contributions du CODESPAR Automobile, agroalimentaire, bâtiment et TIC : quelles mutations faut-il anticiper ?

GLOSSAIRE

ACAD Pôle de structuration de la filière aéronau-tique pour la Bretagne sud, constitué en 2013 et basé à Redon

ADEME Agence de Développement de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie

BTS Brevet de Technicien Supérieur

CESER Conseil Économique Social et Environnemen-tal Régional

Chaîne de valeur

Ensemble des entreprises intervenant dans le processus de fabrication depuis la trans-formation de matière jusqu’au distributeur du produit final, en intégrant les activités de recherche, de transformation et de négoce

CO2 Dioxyde de carbone

DGA-MI Délégation Générale de l’Armement – Maî-trise de l’Information

ERDF Électricité Réseau Distribution France

ESN Entreprise de service du numérique / (ayant remplacé les SSII)

ETI Établissement de Taille Intermédiaire / (entre 250 et 5 000 salariés)

GPEC-T Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences territoriale

GTB Gestion Technique des Bâtiments

IEF Aero Cluster aéronautique basé à Brest, réunissant 25 entreprises et 8 centres de recherche

INRA Institut National de Recherche Agronomique

IRT Institut de Recherche Technologique : institut thématique interdisciplinaire rassemblant les compétences de l’industrie et de la recherche publique

LGV Ligne à Grande Vitesse / (qui reliera Rennes à Paris en moins d’1h30)

OCDE Organisation de Coopération et de Dévelop-pement Économiques

ONU Organisation des Nations Unies

PIB Produit Intérieur Brut

PME Petite et Moyenne Entreprise / (moins de 250 salariés)

PSA Nom donné au constructeur Peugeot-Citroën

R&D Recherche et Développement

RT Réglementation Thermique

SNCF Société Nationale des Chemins de Fer français

SPACE Salon des Productions Animales - Carrefour Européen (salon international consacré à l’élevage qui se tient à Rennes chaque année en septembre)

SRDEII Stratégie régionale de développement écono-mique, d’innovation et d’Internationalisation (2014-2020)

SSII Société de Service en Ingénierie Informatique (devenue ESN)

TIC Technologie de l’Information et de la Commu-nication

Cette contribution a été validée par le Bureau du CODESPAR le 17 juillet 2014.

Elise BEKARI CODESPAR

Yann BISCERE UNSA

Gaëlle CHAPON CODESPAR

William CHAUOU Chambre des Métiers et de l’Artisanat d’Ille-et-Vilaine

Simon CHIGNARD BUG

Hervé DANIEL Créativ

Yannick DUBOIS CFTC

Stéphane DUREPAIRE CFE-CGC

Béatrice FELTMANN Eco Origin

Gildas GAUTHIER Direccte Bretagne, UT 35

Sébastien GIBERT CODESPAR

Nicole HARIE Direccte Bretagne, DR

Rémy LANGLOIS CCI Rennes, Trésorier du CODESPAR

Yann-Yves LE GOFFICRennes Atalante

Gilles MATHEL Direccte Bretagne, UT 35

Paul MOTTE Syndex Bretagne

Frédéric PAULY Rennes Atalante

Marc POTEL Union des Entreprises 35

Membres permanents du groupe-projet

Bernard ESQUIANAutéo

Loïc HEUZEDelta Dore

Markus KAUBEREnercoop

Daniel LAFRANCHEBretagne Ateliers

Bernard MULTONENS Cachan

Auditions

Cyril DALLOIS CGT, membre du CODESPAR

Hervé LE JEUNE Union des Entreprises 35, membre du CA du CODESPAR

Animateurs du groupe-projet « Prospective économique »

Crédits photosCODESPAR sauf mention contraire

Nous tenons à remercier tous les membres du groupe-projet pour leur implication depuis le démarrage des travaux en octobre 2012, ainsi que l’ensemble des per-sonnes ayant contribué à enrichir les travaux lors des auditions, des entretiens ou des compléments à l’issue de chaque rencontre.

Remerciements

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Automobile, agroalimentaire, TIC et bâtiment : quelles mutations faut-il anticiper ?

Phase 2 : 4 scénarios d’évolution d’ici 2030 et les préconisations stratégiques

Les contributions du CODESPAR JUILLET 2014

Contact

Elise BEKARI02 99 86 65 [email protected]

Conseil de développement économique et socialdu pays et de l’agglomération de Rennes

Agréé comité de bassin d’emploi

3 rue Geneviève de Gaulle-Anthonioz35200 Rennes

02 99 86 65 [email protected]

Toutes nos publications sur

www.codespar.org

Rappel du contexte et objectif de la démarche

En octobre 2012, le CODESPAR s’est auto-saisi pour interroger le devenir de l’industrie. Un groupe-pro-jet associant organisations syndicales de salariés, acteurs économiques, associations et acteurs de l’emploi et du développement économique a été constitué. L’analyse a démarré par un diagnostic portant sur 4 filières d’activité structurantes pour le bassin ren-nais : l’automobile, l’agroalimentaire, le bâtiment et les TIC. Cette étape a contribué à établir une syn-thèse des principaux enjeux pour chaque filière ainsi que des questionnements plus transversaux sur le devenir de l’industrie.À partir de septembre 2013, le groupe-projet a initié une démarche prospective qui a permis de construire 4 scénarios d’évolution de l’industrie à l’horizon 2030. Ces scénarios dessinent des futurs possibles qui ne sont pas forcément souhaitables. Mais, ce tra-vail d’imagination a pour principale vertu d’anticiper les mutations auxquelles va être confronté le terri-toire. Le groupe a ainsi identifié des préconisations qui lui semblaient importantes pour accompagner ces mutations. La démarche s’est achevée en mai 2014. A partir de juin 2014, la valorisation des travaux a débuté. Des réunions de présentation de la démarche ont été organisées. Elles vont être amenées à se renouve-ler, l’objectif étant de favoriser le partage de l’étude et l’appropriation de ses préconisations pour qu’elles puissent avoir une traduction opérationnelle.

Avec le soutien de

Cette étudeest cofinancée par l’Union Européenne

Union Européenne L’Europe s’engage en France