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20 MdM&F n°314 - Novembre 2010 PRÉVENTION & SANTÉ Par Bruno Lacroix, diplômé de l'université de pharmacie et de médecine de Dijon Toute information fournie sur http://www.nutriresearch.info/ l’est à des fins éducatives seulement. Ce site ne crée pas une relation thérapeute/patient. L’information n’est pas destinée à se substituer à un avis médical professionnel. Le diagnostic ou le traitement n’est pas destiné à soigner, diagnostiquer, guérir ou prévenir une maladie quelconque. 1/ LES ALIMENTS PLAISIR Lorsque nous sommes frustrés, émotionnellement très mal, pour beaucoup le refuge passe par une recherche de plaisir immédiat vers des aliments plaisir. En général, cela engendre une réponse à un plus grand plaisir éphémère et dangereux. Quels sont les types d’aliments plaisir : 1) Les aliments rapidement absorbés, comme les sucres, les aliments riches en farines blanches et les boissons riches en sucre 2) Les sucreries, barres ou chocolat, naturelles (miel) ou raf- finées (sacharrose, glucose...) 3) Des calories vides et consistantes comme les frites, piz- zas, crèmes glacées 4) L'alcool et les boissons contenant de la caféine 5) Des aliments avec des exhausteurs de goût comme le MSG (monosodium glutamate) 6) Les aliments à faible teneur en eau, qui sont donc très caloriques et denses (crakers, chips, fruits secs, biscuits, pain) 7) Des boissons riches en calories comme les sodas, jus de fruits, lait entier 8) De grandes quantités de denrées alimentaires en général, de toute nature... C’est un chemin à deux voies que de manger certains de ces aliments, en particulier ceux qui ont la plus grande capacité à déclencher une réponse des centres du plaisir. Un repas de restauration rapide avec un soda plus un dessert bien sucré va provoquer d'énormes fluctuations émotionnelles. Dans un premier temps (la première voie), il engendre une jouissance éphémère, et est suivi d’un deuxième temps (la voie parallè- Aujourd’hui, il est évident que nos émotions négatives sont une source de surpoids ; nous pourrions alors parler de poids émotionnel. La nourriture déclenche une réponse dans les centres du plaisir, qui se trouvent dans le cerveau, agissant sur les neurotransmetteurs du plaisir comme la sérotonine ou la dopamine. Il n'est pas surprenant que, lorsque de nombreuses personnes éprouvent un sentiment de stress chronique, d'anxiété, de honte, de culpabilité, certaines trouvent dans la nourriture une forme de médicament psychotrope. La gestion de nos émotions passe par une remise en question de nos habitudes, afin de gérer positivement notre santé émotionnelle et notre poids. 314-PRÉVENTION & SANTÉ bat 4/10/10 11:18 Page 20

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20MdM&F n°314 - Novembre 2010

PRÉVENTION & SANTÉ

Par Bruno Lacroix,diplômé de l'université

de pharmacie et de médecine de DijonToute information fournie sur http://www.nutriresearch.info/

l’est à des fins éducatives seulement. Ce site ne crée pas une relation thérapeute/patient. L’information n’est pas destinée à se substituer à un

avis médical professionnel. Le diagnostic ou le traitement n’est pas destiné àsoigner, diagnostiquer, guérir ou prévenir une maladie quelconque.

1/ LES ALIMENTS PLAISIR

Lorsque nous sommes frustrés, émotionnellement très mal,pour beaucoup le refuge passe par une recherche de plaisirimmédiat vers des aliments plaisir. En général, cela engendreune réponse à un plus grand plaisir éphémère et dangereux.Quels sont les types d’aliments plaisir :

1) Les aliments rapidement absorbés, comme les sucres, lesaliments riches en farines blanches et les boissons riches ensucre2) Les sucreries, barres ou chocolat, naturelles (miel) ou raf-finées (sacharrose, glucose...)3) Des calories vides et consistantes comme les frites, piz-zas, crèmes glacées 4) L'alcool et les boissons contenant de la caféine 5) Des aliments avec des exhausteurs de goût comme leMSG (monosodium glutamate) 6) Les aliments à faible teneur en eau, qui sont donc trèscaloriques et denses (crakers, chips, fruits secs, biscuits,pain)7) Des boissons riches en calories comme les sodas, jus defruits, lait entier8) De grandes quantités de denrées alimentaires en général,de toute nature...

C’est un chemin à deux voies que de manger certains de cesaliments, en particulier ceux qui ont la plus grande capacité àdéclencher une réponse des centres du plaisir. Un repas de

restauration rapide avec un soda plus un dessert bien sucréva provoquer d'énormes fluctuations émotionnelles. Dans unpremier temps (la première voie), il engendre une jouissanceéphémère, et est suivi d’un deuxième temps (la voie parallè-

Aujourd’hui, il est évident que nos émotions négatives sont une source de surpoids ; nouspourrions alors parler de poids émotionnel.La nourriture déclenche une réponse dans les centres du plaisir, qui se trouvent dans lecerveau, agissant sur les neurotransmetteurs du plaisir comme la sérotonine ou la dopamine.Il n'est pas surprenant que, lorsque de nombreuses personnes éprouvent un sentiment destress chronique, d'anxiété, de honte, de culpabilité, certaines trouvent dans la nourriture uneforme de médicament psychotrope. La gestion de nos émotions passe par une remise enquestion de nos habitudes, afin de gérer positivement notre santé émotionnelle et notrepoids.

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le) vers un crash émotionnel et métabolique.Le stress chronique, causé par la perte d'un être cher, unemauvaise estime de soi, des problèmes relationnels, unesituation de violence, des contraintes financières et autresproblèmes de nature chronique, a malheureusement tendan-ce à perturber la physiologie neuro-hormonale mais aussiimmunitaire. Le résultat est une prise de poids, une chute dumétabolisme et un dysfonctionnement immunitaire. La priva-tion de sommeil peut aussi déclencher une augmentation del'appétit pour les aliments à satisfaction immédiate.

2/ LES SOLUTIONS INEFFICACES

Généralement, nombre de ces personnes vont réagir par uneprise de conscience et entrer dans une restriction caloriquecombinée à une charge volumineuse d’exercice physique.

Malheureusement, cela va renforcer les effets suivants :

1) Augmentation de sucre, de caféine, ainsi que d’alimentsayant une densité calorique très élevée et de quantités denourriture apocalyptiques2) Augmentation des hormones du stress et dysrégulationmétabolique3) Augmentation de l'appétit4) Réduction de la température du corps5) Risque accru d'infection6) Diminution de la volonté de faire des activités physiques,du fait de l’épuisement 7) Et la boucle est bouclée du régime yo-yo

Aujourd’hui, le réel problème de nombreuses personnesest l’éventail de toutes sortes de stress émotionnels : lestress au travail, le manque de sommeil, les conflitshumains, l’urbanisation inhumaine… Les personnes n’ontplus le temps de penser à la meilleure façon de s’alimenter,préférant entendre le doux sifflement des sirènes du mar-keting publicitaire cautionné en plus par les soi-disantagences de santé. Ces mêmes personnes vont tout faireensuite pour faire la guerre aux graisses, aux hydrates decarbone, aux produits d'origine animale, et faire des exer-cices qui n’ont pas les résultats escomptés.

C'est ce qui fait que l’on mange émotionnel, en premier lieu,situation bien sûr aggravée par le halo de culpabilité qu'une

personne ressent après avoir mangé de la malbouffe ainsique la honte et la perte de l'estime de soi liées à l’ excès degraisse.En bref, manger émotionnel c’est être en guerre avec soi-même et solliciter de plus en plus le corps et l’esprit.

3/ LA PATHOPHYSIOLOGIE DU STRESS ÉMOTIONNELSUR LE POIDS

Le stress modifie le terrain, fait s’effondrer les défenses immuni-taires et s’accumuler des réserves d’hormones de combat inuti-lisables dans la vie moderne, et par là nocives à l'organisme. Lestress émotionnel a les mêmes effets que le stress physique,toxique, infectieux, avec de plus la permanence, car la mémoireaffective du système limbique en perpétue le potentiel.Le stress psycho-émotionnel est souvent un stress chronique.Ce n'est pas toujours un événement qui bouleverse, intense etsoudain, mais souvent une situation stable, paisible d'appa-rence mais à contenu contraignant (exemple de Selye : vivreavec une personne que l'on n'aime pas). Parfois, ce sont dessituations où le " moi " se sent dévalorisé ou considère sa fonc-tion comme dévalorisante (par exemple un infarctus dans ungroupe d'ingénieurs astreints à une tâche sans prestige). Ilexiste de multiples causes de stress émotionnel susceptiblesde nous faire prendre du poids, pour ma part c’était d’entendreet de voir des soi-disant experts en nutrition sur les écranscathodiques expliquer des supercheries sur la meilleure façonde perdre du poids ou de s’alimenter pour être en bonnesanté. Ces soi-disant experts ne sont que les instruments depuissants lobbies et n’hésitent pas, pour des salaires mirobo-lants, à tromper les gens. J’ai trouvé une solution, je ne regar-de plus la TV.

Le stress, surtout " psychique " est pour la population lacause majeure du surpoids. Que se passe-t-il d'un point devue physiologique ?

Certaines signalisations avec un effet domino “ psycho-neuro-endo-immune ” sont susceptibles d'intervenir comme suit :

1) Le stress environnemental conduit à une augmentation dela signalisation noradrénergique. Le signal aigu et principal dustress. L’augmentation de la noradrénaline augmente la résis-tance à l'insuline.

Idéal de minceur

Sucre et aliments plaisirStress

Alimentation émotionnelle

Intention Action

Poids Prises alimentaires prandialesou extra prandiales

Perte de contrôlePerte de «repères» physiologiques

Faim - Rassasiement - Satiété

Désinhibition

Désir de perdre du poidsou de ne pas grossir

Restriction cognitive

FrustrationsObsessions alimentaires

Alimentation émotionnelle

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2) La résistance à l'insuline conduit à une augmentation dusucre dans le sang.3) L'augmentation du sucre dans le sang conduit à une aug-mentation de la signalisation de l'insuline, ce qui permet alorsau glucose de pénétrer les cellules du corps, puis d’abaisserla glycémie.4) L'augmentation de la signalisation de l'insuline déclenchesimultanément la lipogenèse et bloque la lipolyse dans les cel-lules adipeuses, renforçant ainsi le stockage des graisses,menant ainsi à l'obésité.5) En outre, l'augmentation du stress/noradrénaline augmen-te la signalisation de l’ACTH. Cela conduit à une augmentationde la production du signal cortex surrénalien et des hormones: la progestérone, la DHEA, la testostérone, les œstrogènes,l’androstenedioine, etc.6) L'augmentation du cortisol déclenche la signalisation de lagluconéogenèse hépatique, et si cela est suffisamment élevéça engendre également la résistance à l'insuline.7) Cela conduit alors à une augmentation de la signalisationde l'insuline, donc de nouveau au stockage des graisses,menant à l'obésité.8) Lors d’un stress chronique ou sévère, en particulier ceuxliés au statut social, l'augmentation de la noradrénaline conduitaussi à une augmentation des cytokines pro-inflammatoires.9) Il y a aussi une activation directe des cellules du systèmeimmunitaire, qui sont en lien direct avec des connexions neu-ronales dans les ganglions lymphatiques. Cette augmentationproduit des cytokines pro-inflammatoires.10) À la longue, cette situation déclenche des comportementsde défense dans le système nerveux. Cela peut conduire à undysfonctionnement de l’axe hypothalamo-hypophyso-surréna-lien, ce qui conduit à une déficience de production du cortexsurrénalien, en réponse au stress.11) À ce stade terminal, il se produit une baisse de la signali-sation du cortisol, donc de la néoglucogenèse, entraînant unebaisse de sucre sanguin (qui peut cacher une résistance à l'in-suline, ce qui aggrave également le problème).12) Le taux bas de sucre dans le sang peut alors déclencherune prise alimentaire excessive, conduisant à l'obésité.13) L’ augmentation du stress, des cytokines pro-inflamma-toires, de la dysrégulation hypothalamo-hypophyso-surrénaleavec diminution de production de cortisol conduit également àune insuffisance de la signalisation de la thyroïde. La TSH peutdiminuer, la conversion T4/ T3 peut être altérée soit au niveaudu cerveau ou au niveau hépatique, engendrant ainsi un tauxde T3 tissulaire bas. Cela conduit à réduire le taux de métabo-lisme et engendrer ainsi de l'obésité, etc.

Le fait le plus marquant est que ces états émotionnels néga-tifs induisent un dysfonctionnement de l’axe du stress. Dans

un premier temps avec une libération accrue de cortisol. Enfait, une représentation plus exacte de ce qui se passedans les états émotionnels négatifs est la montée en puis-sance de l'activité des 11-HSD-1, une enzyme dans les cel-lules (en particulier autour de l'abdomen) qui aide les cellulesà utiliser un plus grand pourcentage de cortisol dans lecorps à un moment donné.En d'autres termes, les concentrations sanguines de cortisolpeuvent être normales ou basses, mais le cortisol intracellu-laire élevé.

4/ GESTION DUSTRESS ÉMOTIONNELIl existe plusieurs réponses au stress. Celles-ci peuvent varierselon les personnes.

Diminuez vos réactions au stress1) Prenez conscience de vos réactions émotionnelles.2) Demandez-vous comment vous fonctionnez. Recherchezdes façons de vous renforcer et de vous récompenser.

Évitez les causes de votre stress1) Recherchez la cause de la cause. Posez-vous la question :" Pourquoi ? "2) Demandez-vous : " Est-ce que je peux éviter les causes dece stress ? " , " Pourquoi pas ? "3) Cherchez des personnes qui pourraient vous aider.

Améliorez vos réponses au stress1) Analysez vos comportements. Est-ce qu'ils sont bons phy-siquement et mentalement pour vous ?2) Réfléchissez et utilisez des stratégies alternatives.3) Considérez plusieurs options, différentes personnes,d'autres méthodes, d'autres environnements.4) Assurez-vous que la réponse ne devienne pas une nou-velle cause du stress.

4/ CONCLUSIONDonner des conseils pour mieux gérer votre stress n’est pasune chose facile, car nous avons des susceptibilités diffé-rentes selon chacun, mais en général il faut apprendre à sedétendre en permanence, à respirer tout en relâchant nosmuscles, à prendre de la hauteur par rapport à ce qui nousarrive. Rien que cela permet de désactiver le système sym-pathique et de ne pas être une grosse crampe ambulante.Apprendre à accepter ce que l’on ne peut changer. Il fautaussi garder des périodes de relaxation, dormir suffisam-ment, maintenir un équilibre entre le travail et le repos, fairede l’exercice avec modération. Il faut aussi dédramatiser lesémotions négatives, vivre au jour le jour dans la confiance (àchaque jour suffit sa peine est une parole biblique). Toutesnos pensées ont une cause physiologique, positive ounégative selon le fruit de la pensée. Pour avoir de bonsfruits, il faut donc penser juste. Une chose importante est decorriger tous les dysfonctionnements physiologiques de notreorganisme, ainsi que les carences de neuromédiateurs etmicro nutritionnelles. Apprendre à bien se nourrir, en évitant laconsommation excessive de café et de boissons alcooliquesest une bonne clé pour une prise de conscience de nos émo-tions. MdM&F

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PRÉVENTION & SANTÉ

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