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145 Manutention chapitre 3 3. Techniques de manutention 3.1. Généralités L’auxiliaire ambulancier est au début de la chaîne de soins (transport du patient du domicile à l’hôpital), au milieu (transports divers pour des examens complémentaires), mais aussi à la fin pour le retour du patient à son domicile. Il assure, également, le transport des patients pour des soins ambulatoires. A tous les niveaux où il intervient, il doit adapter les techniques de manutention en fonction : • de la pathologie ou du handicap ; • de l’appareillage médical. Il doit également rassurer, désangoisser, entourer les patients souvent inquiets. L’évaluation de la pathologie ou du handicap et le contact avec les autres soignants ou les familles et les proches seront des aides précieuses pour un transport dans les meilleures conditions. Avant la prise en charge du patient • Se rappeler que chaque patient est unique et que chaque transport est unique. • Devant tout patient à transporter, analyser la situation de départ en prenant les consignes de transport auprès du personnel soignant. • L’auxiliaire ambulancier doit s’assurer du suivi du dossier médical du malade. Pendant le transport • Toujours bien arrimer le patient. • Prévenir les positions douloureuses et l’apparition d’escarres (nécrose des tissus consécutive à un appui prolongé). • Surveiller le patient, les fonctions vitales, les plaintes et doléances. • En cas de doute sur la gravité contacter le SAMU pour obtenir un conseil médical. A destination • L’auxiliaire ambulancier est « l’interface » entre les équipes de soin de départ et d’arrivée, il a une obligation de rendre des comptes. Ce compte rendu comprend les informations prises au départ et l’évolution durant le trajet, notamment en cas d’aggravation en cours de transport. 3.2 Règles générales de prise en charge et de transport des patients Pathologie • Connaître la pathologie, avant de manipuler (renseignements fournis par l’équipe médicale sur place, par le patient, par son entourage). « Quelles sont les précautions pour le déplacer ? », « Le malade peut-il marcher, peut-il être assis ? » • Adapter la manutention à l’état du malade. Communication • Expliquer la manutention au malade et le faire participer. Appareillage • Gérer l’appareillage être vigilant sur les risques de déboitement des prothèses. • Adapter la technique et utiliser l’aide apporté par l’appareillage. Confort et sécurité • Veiller au confort et à la sécurité du patient lors de sa manipulation et de son installation. • Prendre en compte la douleur et la souffrance du patient. • Prévenir l’apparition et la formation d’escarres. Anticiper • Evaluer la charge (poids, taille, gabarit…). • Adapter le nombre de personne à la charge et à la pathologie. • Dégager les lieux (fil de téléphone, tapis, meubles, portes, animaux domestiques…). • Préparer le parcours (minuterie, largeur, ascenseur, gabarit…). Manutention à plusieurs • Suivre les indications de l’ADE ou d’un membre de l’équipe soignante. • Respecter et faire respecter les règles de base d’ergonomie. 3.3 Principes spécifiques à la manutention d’un patient

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Manutentionchapitre

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3. Techniques de manutention

3.1. Généralités

L’auxiliaire ambulancier est au début de la chaîne de soins (transport du patient du domicile à l’hôpital), au milieu (transports divers pour des examens complémentaires), mais aussi à la fin pour le retour du patient à son domicile. Il assure, également, le transport des patients pour des soins ambulatoires.A tous les niveaux où il intervient, il doit adapter les techniques de manutention en fonction : • de la pathologie ou du handicap ; • de l’appareillage médical.Il doit également rassurer, désangoisser, entourer les patients souvent inquiets. L’évaluation de la pathologie ou du handicap et le contact avec les autres soignants ou les familles et les proches seront des aides précieuses pour un transport dans les meilleures conditions.

Avant la prise en charge du

patient

• Se rappeler que chaque patient est unique et que chaque transport est unique.• Devant tout patient à transporter, analyser la situation de départ en prenant les consignes de transport auprès du personnel soignant.• L’auxiliaire ambulancier doit s’assurer du suivi du dossier médical du malade.

Pendant le transport

• Toujours bien arrimer le patient. • Prévenir les positions douloureuses et l’apparition d’escarres (nécrose des tissus consécutive à un appui prolongé).• Surveiller le patient, les fonctions vitales, les plaintes et doléances.• En cas de doute sur la gravité contacter le SAMU pour obtenir un conseil médical.

A destination

• L’auxiliaire ambulancier est « l’interface » entre les équipes de soin de départ et d’arrivée, il a une obligation de rendre des comptes. Ce compte rendu comprend les informations prises au départ et l’évolution durant le trajet, notamment en cas d’aggravation en cours de transport.

3.2 Règles générales de prise en charge et de transport des patients

Pathologie

• Connaître la pathologie, avant de manipuler (renseignements fournis par l’équipe médicale sur place, par le patient, par son entourage). « Quelles sont les précautions pour le déplacer ? », « Le malade peut-il marcher, peut-il être assis ? »• Adapter la manutention à l’état du malade.

Communication • Expliquer la manutention au malade et le faire participer.

Appareillage • Gérer l’appareillage être vigilant sur les risques de déboitement des prothèses.• Adapter la technique et utiliser l’aide apporté par l’appareillage.

Confort et sécurité

• Veiller au confort et à la sécurité du patient lors de sa manipulation et de son installation.• Prendre en compte la douleur et la souffrance du patient.• Prévenir l’apparition et la formation d’escarres.

Anticiper

• Evaluer la charge (poids, taille, gabarit…).• Adapter le nombre de personne à la charge et à la pathologie.• Dégager les lieux (fil de téléphone, tapis, meubles, portes, animaux domestiques…).• Préparer le parcours (minuterie, largeur, ascenseur, gabarit…).

Manutention à plusieurs

• Suivre les indications de l’ADE ou d’un membre de l’équipe soignante.• Respecter et faire respecter les règles de base d’ergonomie.

3.3 Principes spécifiques à la manutention d’un patient

L’auxiliaire ambulancier • manuel de formation théorique et pratique

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Phénomènes liés au vieillissement Répercutions sur la prise en charge

• Baisse des réflexes.• Baisse de la coordination.• Baisse de l’équilibre.• Risque de chute plus présent.• Marche plus lente et de façon plus hésitante (petits pas).

Assurer systématiquement un accompagnement (cf.3.2).Ne jamais laisser une personne âgée seule.

Fragilisation de la peau.Mobiliser régulièrement afin de prévenir le risque d’escarres.Ne pas pincer ou griffer lors des manipulations.

La personne est moins alerte pour s’habiller.Ses mouvements sont plus lents. Aider à s’habiller et se déshabiller.

Surdité et/ou baisse de la vision. Adapter son comportement, sa communication et apporter une aide appropriée.

Fragilité psychologique.Faire preuve de patience et de gentillesse car les changements d’habitude (hospitalisation, transports répétés…) peuvent créer ou accroitre une désorientation.

Troubles de la chaleur corporelle (thermorégulation).

Adapter la température du véhicule sanitaire. Apporter couvertures et boisson si nécessaire.

Problèmes d’incontinence (diminution de la tonicité des sphincters).

En ambulance, surveillance et change des protections anatomiques, installation du bassin ou de l’urinal (pour les longs trajets).

Conduite à tenir de façon générale.• Prendre les consignes de transport (difficulté de marche, diminution de la vue, de l’audition…).• Ne pas oublier cannes, lunettes, dentier, médicaments et ordonnance.• Aide à la marche (attention aux chutes ++).• Installation en position de confort.• Prévoir des pauses pour changer de position, pour boire et manger, aller aux toilettes.• Surveillance pendant le transport.• Réconforter ++.

3.4 Prise en charge et précautions de transport des personnes âgées

Patient porteur d’un plâtre ou

d’une résine [A]

• Veiller à une installation confortable (coussins…). • Supprimer l’appui car le plâtre peut casser si appui.• Il existe un risque de compression du membre, il faut surveiller les fourmillements dans les orteils, pied bleu, blanc et froid, les douleurs sous plâtre.• Le transport se fait allongé le plus souvent mais il peut se faire assis (fracture du membre supérieur).Un traitement anticoagulant est souvent réalisé, il faut donc être vigilant aux chocs pouvant provoquer des hématomes.

Patient porteur d’un fixateur externe [B]

• Etre très prudent pendant l’installation dans le VSl, attention de ne pas accrocher.• Penser au confort en mettant des oreillers, supprimer l’appui.• Rouler doucement et éviter les « nids de poule ».

3.5 Prises en charges particulières et transport en fonction des pathologies, des handicaps ou de certains appareillages

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Manutentionchapitre

3

Patient porteur d’une prothèse [C]

La prothèse est un appareillage qui remplace un membre ou une fonction (prothèse d’un membre amputé – prothèse de la hanche). Lors des transferts et des manipulations, il faut être vigilant de ne pas luxer ou arracher les prothèses.

Patient porteur d’orthèse [D]

L’orthèse est un appareillage qui permet d’aider un membre ou une fonction (déambulateur, chaussures orthopédiques…). Adapter les techniques de manutention aux orthèses et aux habitudes du patient.

Patient présentant des maladies articulaires

Arthrose - RhumatismesLe principal problème pour le transport est de trouver une position non douloureuse (antalgique). Une aide pendant les transferts peut être nécessaire du fait de la difficulté de mobilité due à la douleur.

Patientmyopathe

Le plus souvent en fauteuil roulant, le transport s’effectuera de la sorte, en position assise. Si le patient est en fauteuil électrique, il faudra un véhicule adapté (rampe d’accès, élévateur), sinon le transport sera effectué allongé. S’il est insuffisant respiratoire, il faudra le transporter en position assise.

Patient hémiplégique

Paralysie d’un hémicorps

Aider le patient dans ses déplacements pour éviter les chutes. Il peut y avoir nécessité de d’une aide à la marche (cannes ou déambulateur). • Ne pas tirer sur les articulations des membres paralysés.• Protéger les points d’appui avec des coussins (talon, coude, omoplate…).Penser aux besoins naturels (le patient peut ne pas pouvoir communiquer).

Patient paraplégique

Paralysie des membres inférieurs

• Ne pas tirer sur les articulations des membres paralysés.• Ne pas oublier le fauteuil roulant.• Position de confort, tenir compte du handicap et de la prescription médicale.• Protection des points d’appui avec des coussins : talon, sacrum.• Faire participer le patient aux manœuvres en fonction de ses possibilités.

Patient tétraplégique

Paralysie des quatre membres et du tronc

Ce transport sera réalisé uniquement en ambulance, dans cette situation suivre les indications de l’ambulancier.• Ne pas tirer sur les articulations des membres paralysés.• Position de confort, tenir compte du handicap et de la prescription médicale.• Protection des points d’appui avec des coussins : omoplates, occiput, talons, sacrum.

A B C D

L’auxiliaire ambulancier • manuel de formation théorique et pratique

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QuandCette situation peut être rencontrée lors d'un long trajet et/ou lors d’incontinence. Les besoins d’uriner ou d’aller à la selle peuvent être accentués par le traitement médical.

PourquoiL’élimination est un besoin naturel auquel il faut apporter une solution.

Matériels• Gants à usage unique.• Papier toilette.• Bassin [A] : qui sert à recueillir les urines chez la

femme et les selles pour les deux sexes.• L’urinal (appelé également pistolet) [B] : qui sert à

recueillir les urines chez l’homme.• Protections anatomiques (appelées couches) : pour

les patients incontinents.

Comment Pour la mise en place de ces techniques, de préférence arrêter le véhicule dans une station service les toilettes handicapés peuvent être adaptés. Expliquer au patient la manœuvre et demander sa participation, il est important de respecter la pudeur du patient.

Utilisation du bassin • Demander au patient de pousser sur les mains, les

pieds et l’aider à se dévêtir.• Glisser le bassin entre les jambes en positionnant

la partie étroite au bas du dos et vérifier son bon positionnement.

• Essuyer et nettoyer si besoin la personne si elle n’a pu le faire seule.

• Réinstaller le patient confortablement et lui proposer de se laver les mains.

En ambulance on utilise plutôt les techniques de retournement. Dans cette situation suivre les indications de l’ambulancier.

Utilisation de l’urinalSi le patient est valide lui mettre à disposition, dans le cas contraire l’aider à l’installer.Le changement de protections anatomiques sera réalisé uniquement en ambulance, dans cette situation suivre les indications de l’ambulancier.

Risques et accidents Le risque de renversement des urines peut être limité par l’utilisation de sacs gélifiants pouvant être installés dans le bassin [C].

3.1 Assister l'ADE pour l'élimination en cours de transport

A

B

C

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Manutentionchapitre

3

3.2. Aide au déplacement

QuandAider un patient valide à se déplacer sur une courte distance.

Pourquoi Participer à l’autonomie du patient en le laissant se mouvoir.

Matériels

• Canne• Déambulateur

Comment Aide à la marche à 1Technique dite de « l’accoudoir », le patient s’appui sur l’avant bras de l’AA [A].Aide à la marche à 2Le patient s’appuie sur les épaules des 2 ambulanciers ou sur leurs avants bras [B et C].Aide à la marche d’un patient avec une canne anglaiseFavoriser l’appui sur l’aide technique et donc se placer en soutien sur le côté opposé. Si le patient est hémiplégique soutenir le côté paralysé.

Risques et accidents Il existe un risque de chute. Ces technique se font toujours avec un patient qui :• va participer ;• sait marcher (notamment avec ses orthèses) ;• a des chaussures adaptées (basses, fermées et semelles non glissantes) ;• a suffisamment de force musculaire pour porter son propre poids.Il faut réaliser ces techniques sur de courtes distances en ayant pris soin de dégager les obstacles sur le parcours.

3.2 Techniques d’aide à la marche

A B C D

Appuyez-voussur moi.

Appuyez–voussur votre béquille.

L’auxiliaire ambulancier • manuel de formation théorique et pratique

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3.3. Techniques d’installation

Quand Installation du patient à bord du Véhicule Sanitaire Léger.

PourquoiMalgré que le transport en VSL soit destiné pour des patients valides, certains nécessitent une aide pour s’asseoir à bord du véhicule.

MatérielIl est possible de s’aider d’une alèse ou d’une sangle de manutention glissée au pli fessier (notamment pour les patients lourds ou trop larges).

Comment Il est important de prendre en compte les éventuelles prothèses du patient afin d’éviter une luxation lors de l’installation (notamment prothèse de hanche).

• Rapprocher le patient de la banquette et venir placer son dos dans l’axe de la portière ouverte [A].

• Maintenir une main aux omoplates et une au bassin, proposer au patient de se retenir aux épaules de l’auxiliaire ambulancier et lui demander de s’asseoir. (si le patient a peur, l’auxiliaire peut aider le mouvement en poussant en arrière à l’aide de la main devant le bassin).

• Saisir les jambes, il est préférable de les croiser [B] (en cas d’hémiplégie le membre paralysé sera posé sur le membre valide).

• Demander au patient de saisir la poignée au-dessus de la portière ou l’appui tête de l’avant.

• A l’ordre le patient tire sur la poignée et l’auxiliaire ambulancier pivote les jambes dans l’habitacle, cette opération suffit à faire pivoter le bassin [C].

• Installer confortablement le patient et le ceinturer (sauf contre indication médicale) [D].

Risques et accidents Lors d’un transport d’un enfant il faut installer un rehausseur adapté à l’âge et au poids (cf. chapitre 4) [E].

3.3 Installation à bord du VSL

A

B

C

DE

Reculez la banquette est derrière vous.

Tirez sur la poignée.

151

Manutentionchapitre

3

QuandInstallation ou réinstallation d’un patient sur une chaise ou un fauteuil roulant.

PourquoiAprès un transfert le patient se retrouve souvent près du bord, il faut donc le réinstaller pour prévenir la chute. Cette technique est utilisée également lorsque les patients glissent dans leur fauteuil. Elle est particulièrement adapté pour les patients lourds ou ne pouvant pas aider lors de la manutention.

MatérielChaise de transport ou fauteuil roulant et sangles de maintien. Il faut placer les freins avant de réaliser la technique pour la chaise de transport et bloquer les roues arrières ou la maintenir.

Rehaussement assis à 1 de dos (si possible replier le dossier de la chaise)

Rehaussement assis à 1 de face

Rehaussement assis à 2 de face (si possible replier le dossier de la chaise)

Rehaussement assis à 2 de côté (si possible replier le dossier de la chaise)

3.4 Assister l’ADE lors des techniques de rehaussement assis en ambulance

Rapprochez vos pieds.

Penchez vous en avant et regardez

votre ventre.

Poussezsur vos pieds.

Penchez vous vers moi, poussez sur

vos pieds.Posez vos

épaules, vous êtes installée.

Attentionpour glisser.

Glissez !

Attentionpour basculer. Basculez !