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3 - François Puget (1651-1707), peintre de bannières à Marseille La connaissance des oeuvres picturales des Puget père et fils 5' est récemment accrue d'un travail de synthèse à Marie-Christine Gloton l, Outre son importance dans le domaine de la critique d'art, cet ouvrage offre l'avantage d'une bibliographie substantielle et à jour, avec les références de plusieurs sources manuscrites. Dans le domaine des documents encore incomplètement exploités figurait l'imposant fonds notarial marseillais (28 études) dont le dépouille- ment des rubriques de la fin du XVII' siècle (1668-1694, avec quelques «sondages" jusqu'en 1707) vient d'être achevé' . Ce relevé systématique a permis de glaner de nouveaux éléments sur la vie de Pierre Puget (1620-1694) et notamment sur ses propriétés et demeures marseillaises, qui seront présentés dans le eadre du prochain tricentenaire de sa mort '. Mais il a aussi livré quelques informations sur les débuts de la carrière artistique, en tant que peintre de bannières, de son fils François (1651 - 1707), commencée peu après son mariage (1677). La découverte du contrat 1. Marie-Christine GLOTON, Pierre et François Puget peintres baroques, Aix-en Provence, 1985. 2. Abordé dans les années 1860-70 par Léon Lagrange et Octave Teissier, puis largement développé au milieu de ee siècle par Joseph Bi llioud, ce travail d'exploration méthodique des archives notariales marseillaises avait été suggéré par André VILLARD en 1971 : .. Aperçu sur \cs sources de l'histoire de Pierre Puget conservées dans les arehives marseillaises» in Arcs et livres de Provence, 78, pp. 170-171. 3. Georges R EYNAUD, .. Demeures et propriétés marseillaises de Pierre Puget,., Cahiers du Comité du Vieux Marseille paraître en septembre 1994).

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3 - François Puget (1651-1707), peintre de bannières à Marseille

La connaissance des œuvres picturales des Puget père et fils 5' est récemment accrue d'un travail de synthèse dû à Marie-Christine G loton l,

Outre son importance dans le domaine de la critique d'art, cet ouvrage offre l'avantage d'une bibliographie substantielle et à jour, avec les références de plusieurs sources manuscrites.

Dans le domaine des documents encore incomplètement exploités figurait l'imposant fonds notarial marseillais (28 études) dont le dépouille­ment des rubriques de la fin du XVII' siècle (1668-1694, avec quelques «sondages" jusqu'en 1707) vient d'être achevé'.

Ce relevé systématique a permis de glaner de nouveaux éléments sur la vie de Pierre Puget (1620-1694) et notamment sur ses propriétés et demeures marseillaises, qui seront présentés dans le eadre du prochain tricentenaire de sa mort ' . Mais il a aussi livré quelques informations sur les débuts de la carrière artistique, en tant que peintre de bannières, de son fils François (1651 -1707), commencée peu après son mariage (1677). La découverte du contrat

1. Marie-Christine GLOTON, Pierre et François Puget peintres baroques, Aix-en Provence, 1985.

2. Abordé dans les années 1860-70 par Léon Lagrange et Octave Teissier, puis largement développé au milieu de ee siècle par Joseph Bi llioud, ce travai l d'exploration méthodique des archives notariales marseillaises avait été suggéré par André VILLARD en 1971 : .. Aperçu sur \cs sources de l'histoire de Pierre Puget conservées dans les arehives marseillaises» in Arcs et livres de Provence, 78, pp. 170-171.

3. Georges R EYNAUD, .. Demeures et propriétés marseillaises de Pierre Puget,., Cahiers du Comité du Vieux Marseille (à paraître en septembre 1994).

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386 GEORGES REYNAUD

de cel ui-ci apportant par ai lleu rs sa pierre aux études biographiques, nous exposons ici ces dernières données, accompagnées de leurs pièces justificatives.

Le contrat de mariage de François Puget

L'acte de mariage, en l'église Saint-Martin de Marseille, cntre François Puget etleanne l ordany, le 27 juillet 1677, fut publié par Octave Teissier dès 1895 \ Peu après, F rançois de Marin de Car ranrais fit état du con trat cor­respondant, dont les références provenaient de. l'acte de donatio n (176 1) de Pierre- Paul, fils de François, à son petit cous in Rodolphe Puget ' .

En fait, si la date du contrat était exacte (24 nove mbre 1677), le nota ire mentionné (Bouys) n'était pas le bon, cc qui explique sans doute que cc docu ­ment n'ait pas été publié plus tôt. Les présentes recherches ont permis de le re trouver da ns les minutes de Jean-François Boyer et d 'e n faire une transcri ption (cf. pièce justificative n Ol, in fine). Son contenu peut être ai nsi résumé:

L'épouse Jeanne l ordany, orpheline de 21 ans ' se co nsti tue en dot tous les biens meubles et immeubles qu 'elle possède ou possèdera et les aliène entiè­rement à son beau-père cr à son mari. En contrepartie, Pierre Puget fait dona­tion à so n fil s de la nue-propriété de tous ses bi ens immeubles, mais 1°) il en co nserve l'us ufru it durant ro ute sa vie (pour le transmeUre ensuite, éventuellement, à sa veuve Pau le Boulet), 2°) il se réserve sur ces biens une somme de 6 000 livres en capital, et 3°) il subordonne cette donation à la condi ­tion que ces immeubles ne seront jamais vendu s mais légués par F ranço is

~ave TEI SS1ER, Album des œuvres de Pierre Puget, Marsei lle, 1895, p. 78. 5. François de MARIN ])1; C.I\RRANRAIS, oc Reche rches sur la noblesse de Pierre PU I;Cl",

Mémoires de l'Académie de Marseille (1906- 1907), pp. 377, 379 (transcriptio n de la donation de Pierre-Pau l Puget à son pet it-cous in Rodo lphe, du 31 mars 1761, nota ire Richaud).

6. JeanneJordany (q ui signe toujours ainsi el jamais Jourdany ni Jordanis) fu t baptisée en l'église Sain t-Laurent d'Oll io ules le 31 mai 1656. Voic i la tra nscript ion de son acte de bap­tême: "' 1656 ct le dernier jour de maya esté ba ptisé par nécess ité dans la mai son par A nn e Chaudonnine sage-femme.Jcannc Jou rdan y fil le d'Anto ine et Delle Magdeleine Fr ison CI le 26 juin, jl' soussigné vicaire lu y ai fait les cérémonies et app liqué le St C hresmc ct huile des caté­chumènes, le parrain Sr François Blcgicr la marraine Jeanne Bouyere .. " . On lu i connait un frère aîné Antoine, baptisé le 21.02.1653 et deux cadets: Joseph, bap tisé le 31.1 0. 1658 et François, le 17.05. 1660 (communication personnelle de Mme Mounier, d'Ollioules). Le mariage de ses parents (pas plus d'ailleurs que leur décès) n'a été retrouvé, ni à O llioules, ni à T oulon. A so n propre mar iage (27.07.1677), u n Barthélemy Jo rda ny, marchand parfumeur à Ollio ul es (oncle ou cousin ?) signe en quali té de témoin. Antoine Jordany, frère aîné de Jeanne, était .. l'un des deux cens barbiers et perruquiers de Paris "'. en 1683. quand elle lui donne procuration, avec son mari François Puget, pour régler la succession de leu r mère Magdeleine Frison ct du Sieur Lepau, leu r grand-oncle (Archi ves Départementales des B.-du-Rh., reg. 358E 134, (" 904, notaire Emeric, du 9.08. J683).

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DU NOUVEAU SUR PIERRE PUGET 381

à ses enfants à venir Enfin, les époux se font une donation mutuelle au der­nier vivant, lui de 1 000 livres, elle de 500.

Un contrat de mariage intervenant quatre mois après la cérémonie reli­gieuse (au lieu de la précéder de quelques jou rs) n'était pas monnaie cou­rante à l'époque. Faut-il y voir un simple contretemps ou, au contraire, la volonté de s'assurer d'une fécondité et donc d'une postérité potentielle (l'épouse était alors enceinte de trois mois, sa fille Paule devant naît re le 8 mai 1678) ?J. Compte tenu de "« obsession successorale» du sculpteur, souvent évoquée, la question peut être posée.

On notera également qu e le mariage religieux n'a pu être cé lébré à Marseille que dans la mesure où les Puget, résidant alors à Toulon, pouvaient y justifi er d 'un domicile. Si " acte de catho licité en révélait simplement la paro isse de rattachement (Sai nt-Martin), le contrat précise - et c'est un de ses prin cipaux intérêts - qu'i l a été signé dans la maison de Pu get père, sise au quartier de Fongate, terroir de cette vi lle.

Après avoir envisagé qu'il pouvait être ques tion de la célèbre maison à l'angle des rues de Rome et de la Palud (ex-Fongate), nous avons maintenant la certitude qu'il s'agissait de la Villa Fongate, dont le terrain avait été acheté par le sculp teu r d ès 1668 ' .

D e plus, nous relevo ns au passage deux relations notables de la famille. ayant servi de témoins: Melchior Martinenq, avocat au parlement de Provence,ct surtout le Père François Marchetti, auteur de « L'explication des usages et coutumes des anc iens marseillais» (1683) .'

T our au long du contrat, la position dominante de Pierre Puget qui reçoit

7. C harles GINOUX (La bastide de Pierre Puget à Ollioules, Paris, 1887) fait état de l'inhu­mation dans la paroisse Sainte-Marie de Toulon (to mbe de Saint-Michel) d' un François Puget., « fils de François, décédé en âge d'innocence le 10 juillet 1671 ,. (acte vérifié par M. POHssibel, de Toulon, qui a p,·écisé la localisation de la tombe, sans pouvoir trolfver aUC/HI élément complémentaire sur ['identité des parents). Cel acte conduisit Ch. G ino ux à faire remonte r à 1670 le mariage Puget-Jordany (non encore publié par Tcissier) ct à cene même année la construc­tio n de la bastide d'Ollioul es sur lin terrain appon é cn partie en do t par l'épouse. Rien ne per­met au jo urd 'hu i de savo ir si cet enfant (prématuré ?) étai t un fil s naturel de Franço is Puget ct de Jeanne Jordany, à peine âgée de 15 ans à l'époque.

8. Achat de Pierre Puget à Anne Arnaud du 31 août 1668 (A.D. B.-du-Rh., reg. 390E 229, fo 11 79, notaÎ re Laure), le pri x-fait de la bâtÎsse pa r le maître-maçon Franço is Reync étant du 4 jui llet 1670 (ibid., 35SE 445, fo 567, nota ire Bezaudin). En 1906, Ph ili ppe MABlI.LY (<< Pierre Puge t ct ses p roches. Leurs professions. Leurs propriétés ,. , in Annales de la Société d'Etudes provençales, 5, p. 278) avait publié des extraits de l'estime des biens de 1676- 1681, selon laquelle Puge t possédait dès cette époque une « bast ide à Fouen Gatte .. , évaluée à 6 000 livres. Mais

t ;Ondec-Clto Ib,,,;de v,ors 1690. 9. Su r F. Ma rchett i, cf. Régis BERTRAND,« Franço is Marchetti et Laurent Durant ... ,.,

revue Marseille, 168, 1993, pp. 4-7.

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388 G EORGES REYNAUD

son titre d'« architecte du fOy» est clairement affirmée, puisqu ' il est fait « sei­gneur et maître » des bi ens de sa bru , d o nt il dev ient le « procureur irré­vocable », au même titre que l'époux. Q ualifié de simple « bo urgeois ,) (dans le se ns où il vit des ren tes que lu i sert son père), Fra nçois Pu ge t, bien qu 'âgé de 26 ans, n 'est pas e ncore émancipé ct ne jouit appare mment d'aucune notoriété da ns le do maine de la peintu re.

Peintre de bannières

Selo n .Marie-Christine G loton, rien ne permet de soutenir la thèse d 'un app rentissage de Fra nçois Puget chez le peintre gé nois G ian-Benedetto Castig li o ne, pas p lu s d 'aill eu rs q ue ehez le po rtrait iste aixois La urent Fauch ier. Elle en co nclut que « Pierre p référa peut-être garder son fils près d e lu i, di spo ni b le, ct (que) ce serai t alors avec les peintres de l'a rse nal (de To ulo n) que Fra nço is aurait conti nué de peindre (à partir de 1668)) 10 . Sa première to ile répertoriée (( La Visitation » pour le premier couvent de cet ord re à Marse ille) est donnée, sans pièce à l'appui, comme datan t de 1680. C'est, e n to ut cas, à ce tte époque préc ise q ue re mo nte nt, d 'ap rès les minutes notar iales , ses ac ti vités de peintre de bann ières .

La première co mmande (p ièce justi ficative nO 2) intervie nt le 18 mars 1680, alors que Fra nçois Pu get es t dans sa vingt- neuvième an née et rés ide depuis deux ans à Marseille, où ses deux premiers enfan ts , Paule et Pierre ­Paul , ont été bap tisés " . Rayé depuis un an des états du personn el de l'arse nal d e T oul o n, so n père s'es t égalemen t retiré dans so n pavillon de Fongate. Il y parachève certaines de ses œuvres «( Milon de Crotone ", " Persée et Andromède »," A lexandre et Diogène ),) et a co nfié à so n frère Jea n et à Franço is la surveillance des travaux de la chapell e d e la C hari té, com ­mencée sur ses plans le 20 avril 1679. C'est peut-être la fréquentation de ce chantier qui vaut au jeun e peintre la requ ête des maît res maço ns dés ireux de re mp lace r leur bannière d e p rocessio n.

La demande des t rois prieurs es t précise: il s'agit de figurer sur les deux faces de la bann ière l'Ascension du C hrist, emblème de la corpo ration 1\ en

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DU NOUVEAU SUR PIERRE PUGET 389

se référant strictement au modèle de l'ancienne : même sujet, même quan ­tité de personnages, mais aussi mêmes dimensions) ce qui permettra de réuti­liser les ornements de la bordure (broderies, franges). L'artiste fo urnira la to ile ct la peinture et devra livrer son œuvre avant la prochaine fête de l'Ascension (le 30 mai, en l'occurence), soit dans un délai de deux mois et demi environ. Il recevra pour ce travail 280 livres dont 50 à la commande, 50 six jours plus tard et les 180 restantes un mois après la fête. Pour une rai­son inconnue, le paiement du solde sera différé jusqu'au début de J'année 1681.

C'est à la fin de cette dernière année, le 3 novembre 1681, que François Puget obtiendra une nouvelle commande (pièce justificative n° 3). Dans l'inter­valle, son père a acquis de la municipalité, au bas de la rue de Rome, un petit complément de terrain qui va lui permettre de hâtir la maison « faisant épe­ron » à l'angle de la rue de la Palud ".

Sans doute séduits par la bannière des maçons, et peut-être auss i par le tabl eau de « La Vis itat io n » , ce sont cette fo is des patrons p êc he urs, prieurs du luminaire de Notre-Dame de la Garde (une confrérie chargée de l'i llumination ct l'entretien de son autel) qui souhaitent renouveler leur ban­nière de p rocession. Comme leurs prédécesseurs, excluant toute réfec­tion de la bordure ornementale, ils exigent un strict respect des dimensions de la toile. Les suj ets traités, la Vierge entourée de s ix « mystères» (p ro­babl eme nt l'Annonci ation, la Visitation, la Nativité, la Dormition, l'Assomption et le Couronnement) seront imités de l'ancienne bannière, confiée au peintre comme modèle. Cependant, vraisemblablement insatisfaits par certaines scènes de celle-ci, ils se réservent « la faculté de changer les mys­tères du trépas (Dormition) et du Couronnement » .

Il faut dire que François Puget dispose cette fois d 'un délai confortable, d'environ sept mois, jusqu'à la Fête-Dieu de 1682. Son salaire est néanmoins le même que précédemment (280 livres), mais avec une avance à la commande plus substantielle (145 livres) et un solde qui sera réglé dès la livraison . Ce type de travai l était relativement bien rémunéré, puisque son prix approchait celui du grand tableau de la« Vocation de Saint Mathieu» (3,27 x 2,42m) exécuté dix ans après (300 livres). Quant aux portraits d'échevins, peints encore plus tard, dans les années 1700, ils ne lui seront payés qu'une centaine de livres chacun 14 . Dans l' intervalle, pourtant, ayant séjou rné à la cour pour y défendre les projets de la place royale de Marse ille dus à so n père, et ayant offert à Louis XIV sa « Réunion des musiciens », François Puget avait acq uis le titre envié - mais peut-être officieux et éphémère - de « peintre ordi­naire du roy » ,

~taveTEISSIER, op. cit., p. 38. La parcel le principale avair éré achetée à C laude G iellat, marchand cordier, le 8 aoû t 1678 (A.D. B. -du-Rh., reg. 363E 177, notai rej.F. Boyer).

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390 GEORGES REYNAUD

"La Visitation ", tableau peint cn 1680 par Franço is Puget, pour le couvent des Visita ndines de Marseille (où sa fille Madeleine se re t ira en 1705).

Cette toile susci ta peut-être la co mmande d 'une bannière consacrée à la Vi<.'rgc par le lu minaire de Notre-Dame de la Garde cn 1681

(i llust. extr. de M. -Ch. Gloton, 1985).

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DU NOUVEAU SUR PIERRE PUGET 391

Pièce justificative n° 1

Mariage entre François Puget et Dlle Jeanne Jourdany

A l' honneur et gloire de Dieu soiet l'an mil six cens septante sept et le jour vingt quatriesme du mois de nouvembre après midy du Teigne du très chrcstien prince Louis quatorzicsme du nom, par la graee de Dieu Roy de France ct de Navarre, comte de Provance, Fo rcalquier ct terres adjacences, longuemant et heureuscmant scier avec continuation de victoires, mariage ayt es té traic té par parolles de futeur du despuys cellebré, accomply ct consommé en face de nostre sainte mère Eglize ent re François Puget, bourgeois natif de la ville de Thollon, filx de sieur Pierre Puget, architecte du Roy C' cmretenu pour son service en lad ite ville), ct dlle Paulle Boulle[ dudit Thol/on demeurant tous en ceste d ite vi lle d 'u ne part, et D amoyselle J eanne Jourdany, du lieu d'Ollioules, fille des feuz Antho ine et dlle Magdeleine Frizon, demeu­rant aussy en ceste ville, d 'autre part, Et desirantz les parties le di t traicté de mariage red iger en acte public suivant leurs accords et conventions, en execution de quoy constitués en leurs person nes par devant moy, notaire royal heredi taire audit Marseille soubsigné, et tesmoings sy après nommés, lesd its sieur François Puget et dlle Jourdany mariés, icelluy Puget adcisté et authorizé des susdits pere et mere et autres leurs parantz (j0 1943 rO) et alliés assamblés et co nvoqués à l'honneur dudit mariage, de leurs grés sans const rain te mutuelle stipullation ont déclairé et déclairent que lhors dudit traicté ladite damoyselle Jourdany pour la plus facille suportation des charges dud ict mariage se cons titueroict et assigneroict ainsy qu'elle dez maintenant ce constitue et assigne en doct et pour elle audit sieur Puget son mary tous et chas­cungz ses biens et droictz paternel et maternel advantages et autres generallement quel ­conques en quelx lieux ce treuveront sçitués, mubles, immubles, presentz et advenir, dont du tout elle en a faict seigneur et maistre ses beaux père ct mary, leur donnant plain et absolleu pouvoir d'agir, recouvrir et quicter, contraindre et autrement de mesme que chascung mary peuh faire des biens et droictz de sa femme, les mettant à son propre lieu et place, les const iwantz a ces fins ses procureurs irrévocables, promettant lesdits sr Puget pere et filx en quallité de tous deux ensamble l'ung pour l'autre ct ung d'eux ensamble pour le tout sollideremant sans division ne ordre de discuss ion, renon­çant au béneffice d ' ice lle authorité paternelle inte rvenant quant à ce, de recoi­gnoistre et asseurer en faveur de la di te dlle Jourdany tout ce qu'ils exige ront et recou­vreront cy après desdits biens et droictz constitués if' 1943 va) comme en eHect l'u ng ou le tout dez maintenant comme pour hors recognu et asseuré sur tout et chascungs leurs biens mubles, immubles, présentz ct advenir pour luy estre rendu ou autre a quy le droiet appart iendra, le cas de resti tution advenant et, d 'aultant que le dict mariage a esté conclu et ce llebré au eontan tement dudit Sr Puget pere ct pour l'affection qu' il porte à sondit filx de la fran che vo llonté a donné ct do nne par donnation pure ferme a tous jours vallable dicte entre vifs en nom de nopces et contemplation du pré­sent mariage à sond it filx présent aceptant et stipulant tous ces biens immubles qu'il a de présent en esta t tant seu llemant et en quelle part ct lieux ce treuveront sc itués,

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]92 GEORGES REYNAUD

dont il s'cn est dez à présent despoui ll é et en a inves ry sondit fi lx pou r en prandre la pocession de so n aurhorité privée sans recourir à just ice aprcs so n dexès, s'en rézcrvalH jusques alhors ledit père les [ru icrz, le tout durant, sa vie que de la dlle Boullet sa femme aussy sa vic durant. lui faizanr led it Sr Puge t père cession ct transport de [Ous les d roictz, actions, hypotèques sur led its biens la mis et subrogé ciez maintc ­nam comme pour Iho rs à son propre lieu et place (':. 50uhz les c1auzes en lcl cas requises ct nécessaires) avec promesse de luy estre tenu de toute cvÎction insy estant d'acco rd que ledit Sr Puget sc rézcrvc sur les biens donnés la somme de six mil livres en capi.­tal pour en disposer a sa vollonté, à condition que ces d its biens demeureront inal­li énables a peine de null ité des cont ractz despans dommages et inthéretz (f' 1944 r O) ct après le dexès dudit Sr Puget pere ledit Sr François son filx C en jouira sa vie Ju rant ct à son dexès) d isposera des susd its biens donnés en faveur de ses enfans mas les ou filles égallement ou comme bon luy samblera après avoir prélevé la donation des filles qu'il pouroit avoir (;':. se rézervant led it Sr Puget père tous les autres biens, droictz, actions, ra isons ct argent qu'il pourroict gagner et acquérir à l'adven ir pou r dispo ­ze r de tout a sa vollonté) et pour marque de l'affection que les mariés om connue des­puys la co nclusio n dudit mariage conformémen t à ce qu' il avoict es té convenu lho rs dud it traicté, ce sont fa ictz ct font l' ung l'autre donnation réciproque en nom de nopces ct au survivant d'eulx mutuelle stipulation, sçavoir ledit François Puget à la d lle Jourdany de la somme d e mil livres, et icelle aud it Puget de c in q cens livres a prandre par le survivant sur les biens du premier mourant, le cas arrivé ct su i­valU les ordonnances royaux, afin que les donnations ne soient co nées de nullité, les­dits Sr Puget père et filx et de dlle Jourdany ont faict ct constitué leur procureu rs spc­cia lx ct exprès, sçavoir au siège de ces te ville ledi t sr Puget père Me Pierre Lafont, le sr Puget filx Mc Jean Baptiste Comte, et la dlle Jou rdany Me Plezent, et au siège dudit Thollon ledit sieur Puget pere Me Monier le vieux, le sr Puget filx, Me Bremond, c t la dlle Jou rdany Me Audiffret, au xquelx chascu ngz d eu lx les parties ont donné pouvoir des à leurs noms comparoir et soy présenter par devant telx srs Magistracl ou sr juges ausdits sièges qu'il appartiend ra pou r requéri r et demander (F 1944 VO) insinuation et cnregistratio n desdites don nations et subir condampnation à l'observation d'icelles, ct faire pour raison de ce les instances requizes, soubz dues promesses d'agréer c t de re llèvement in forma. Et au surp lus ont promis e t promettent les

Faicr ct publié dans la maison dudit Puget père seize au cartier de Fontgane ter­roir de ceste vi ll e, en prézances de Messire François [Marcheuy], p rêtre de ceste dite ville et Mons ieu r Me Melch ion Martinenq, advocat en parlemant , hab itant aud it Thollon, témoins a cc requ is ct appelés ct signés avec toutes les part ies.

F. PUGET - P. PUGET - JEANNE JORDANY

PAULE BOULLETE - MARTl N ENQ - MARCHETTY - BOYER

(A.D. des B. du Rh., reg. 36] E 176: minutes deJean -François Boyer).

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DU NOUVEAU SUR PIERRE PUGET 393

Pièce justificative n° 2

(f' 515 VO)

Promesse entre François Puget et corps et mistrance des maîtres massons

L'an mil six cens huÎctante et le jour dix huictiesme du mois de mars après midy, constitué en sa personne par devant mûy if' 516 ra) notaire royal héréditaire en ceste ville de Marseille soubsigné et tesmoins sy après nommés, François Puget, paimre de ceste ville de Marseille, lequel de son gré a promis et promect par les présentes à la confrérie des maîtres massons de ceste dite ville, à cc présents ct stipulants pour icelle Jean Bonnet, Pierre Gentil, Jean Louis Chauvet, prieurs d'icelle, tant à leurs noms que de Mathieu Nouirar, Jacques Paullon et Jean Freze, autres prieurs d'icelle pour lesquels ils sc font fort avec promesse de ratiffication en faisant sa cause propre, et tous six ensuite du pouvoir à eux donné par le corps de la dite mistrance par délibération entre eux faicte environ vingt jours comme ils ont dict, sçavoir est de leur paindre bien et deubemant et jusques à entière perfection une bannière des deux costés, où il sera représanté l'Assomption Nostre Seigneur dont ils en font la feste annuellemant, et ce de la mesme autheur et largeur de la vieille bannière de ladite confrérie, et à laquelle nouvelle bannière ledit Puget y fera la mesme quantité de per­sonnages sur le mesme suget qu ' icelle vieille, et fornira pour cest effect toute la pain­ture et toille que luy sera nécessaire en telle sorte que les dits prieurs massons ne for­niront que le paramant des entours de ladite bannière, laquelle le dit Puget commancera au plustost pour estre finie entre icy et le jour et feste de l'Asomption, moyennant le prix et somme de deux cens huicrante livres payables, if' 516 Vo) comme les dits prieurs ausdits noms promectent, cinquante livres dujourd'huy en six jours prochain, et le restant un mois après ladite feste, en deniers comptants, sans difficulté, et pour l 'observat ion de ce les parties, chacune comme touche, ont obligé ct obligent leurs biens présents et advenir à toutes cours, et l'on juré. Faict et publié au susdit Marseille dans mon estude, en présance de Pierre Meollan maître architecte, et Pierre Boniffay, clerc du susdit Marseille, tesmoins requis et signés avec les dits Puget, Bonnet, Chauvet. Ledit Gentil n'a sceu escrire, de ce enquis sui­vant l'ordonnance.

F. PUGET - J EAN BONNET - JEAN LOUIS CHAUVET - BONIFFAY et moy notaire soubsigné : BOYER.

En marge quittance de 180 L à compter du 15 fevrier 1681, à po 320 verso.

(A.D. des B.d.R., reg. 363 E 182, minutes de jean-François Boyer).

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394 GEORGES REYNAUD

Pièce justificative n° 3

(r 2067v ' ) Promesse entre la luminaire Nostre Dame de la Garde et Puget

L'an mil six cens hu itante un et le jour troisième du mois de novambre advant midy, constitué en sa personne par devant moy notaire ct tcsmoins, François Puget, paintre de ceste ville de Marseille, lequel de son gré a promis Cl promet par les dites présantes à la Luminaire Nostrc Dame de La Garde de ceste dite vi ll e, à cc présant ct stipulant pour icelle patron Christol Auran, Louis Daupin ct Charles Maunier, prieurs d'icelle, tant à leur nom que de Nicolas Chataud, JcanJacqucs Daupin, Claude Mingaud, Honnoré Auran et Honnoré Sumian, autres prieurs et collègues auxque ls promettent sollidcremant les fèrc rat iffi cr le présant acte e t jusques à ce en la mes me quallité sollidere, en respondant à leur propre, scavoi r est de leur Fère b ien et deube mant et jusques à entière perfection une bannière, le plaHon de laquelle sera de la mesme largeur et autheur de la vieille, y faisant à la neufve les mes mes mistères de la mesme quallité, autheur que sont de présant à la viei lle, ce rézervant néanmoings lesdits prieurs la faculté de changer le mistère du t répas et du coronemant, le tout comme ils trouveront bon et à leur vol\onté, y faisant le dit Puget les six petits tableaux de chasque costé de mesme qu'y sont à la ve ille, représentant le mes me mÎs­tère, et a cest effect déclaire le dit sr Puget avoir à son pouvoir la dite bannière viei ll e qu 'y randra à la fin de l'ouvrage aux dits prieurs, lequel ouvrage le sr Puget promet l'avoir entièremant fa ict en sa perfection à la feste de Dieu prochaine à paine de tous despans, et fornira ce <F 2068 rO) qu'il sera nécessaire, à la rézerve des entours de la dite bann ière que seront fornis par les dits prieurs, et ce moyennant le prix Cl

somme de deux cent hu itante livres, à compte desquelles ledit Sr Puget confesse avoir receu la somme de cent quarante ci nq livres présantemant et réallemant en pistolles et autres espèces au veu de moy notaire et tesmoins des mains dudit Monier, comme trésorier, de quoy les a quittés, promettant lesdits prieurs luy payer le reste à l' entier achèvemant de l'ouvrage en deniers comptans sans difficulté, obligeant à ces fins les parties, chacune comme touche, tous leurs biens présans et advenir à tomes cours et l'ont juré. Fa ict et publié audit Marseille dans mon estude, présans Estienne Tratebas et Pierre Roubin marchand , tcsmoins signés avec lesdits Puget ct Monier. Lcs autres o nt dicl ne scavoir escri re, de ce enq u is su ivant l' o rd on nance.

F. PUGET - MONNI ER - TRATEBAS - P. RO UH I N

ct moy notaire soubsigné : B OYEI{.

(A .D. des B.d.R., reg. 363E 184, minutes de Jean-François Boyer).