26,6% edito 16,0% 19,1% 3,8% 5,7% 6,5% 6,9% 10,1% … · l’usage de l’arme fiscale absolue et...

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l y a environ 8 ans, Jamie Dimon, le CEO de JP Morgan, faisait un discours sur la pelouse de la Maison Blanche pour rassurer le monde : le ciel ne nous était pas tombé sur la tête et sa banque n’allait pas faire faillite. L’environnement était alors morose et la bourse américaine en berne, affichant des pertes d'environ 25 % depuis le début de l'an- née, dans le sillage d’une chute de près de 40 % l'année précédente. Mais le message fut entendu : le S&P 500 se lança alors dans une inexorable marche haussière — allant, malgré quelques frayeurs, jusqu’à plus que tripler depuis mars 2009. Aujourd'hui, et surtout depuis l'élection prési- dentielle américaine, le momentum haussier du marché reste fort. Comme nous l'avons évoqué précédemment dans ces colonnes, l’effet Trump apparaît comme la principale raison. En effet, le nouveau président a an- noncé des coupes fiscales, un réaménage- ment du paysage règlementaire et un projet de grands travaux d'infrastructure. Et, jusqu’à présent, les traders ont ignoré les dimensions négatives du nouveau gouvernement. Toutefois, le soi-disant rallye Trump n'explique pas tout. L'économie américaine (et globale) continuent de s’améliorer et les fondamentaux restent solides. La saison des résultats trimes- triels fut positive dans son ensemble et les analystes prévoient toujours une croissance des bénéfices à deux chiffres pour 2017. La confiance des acteurs économiques reste forte. De plus, après les discours récents de certains membres de la Fed, les investisseurs semblent avoir accepté l’hypothèse d’un re- haussement des taux directeurs la semaine prochaine. Enfin, le risque de récession reste faible dans l’immédiat. Toutefois, on peut se demander si les gains futurs n'ont pas été décalés au présent. En moins de trois mois, le S&P 500 a dépassé les niveaux de fin d'année 2017 anticipés par les stratégistes de la place, incitant déjà des révi- sions à la hausse. Lors de son premier dis- cours face au Congrès il y a une dizaine de jours, Donald Trump a maintenu un ton plus sobre, plus présidentiel. Cependant, pour l'instant, le concret manque à l’appel. Les risques, notamment politiques, sont plus que jamais présents, non seulement aux Etats- Unis mais également en Europe où des élec- tions majeures se dérouleront dans les pro- chains mois. L'incertitude est à son pa- roxysme. A titre d’illustration, les secteurs défensifs ont repris le dessus sur les cycliques depuis quelques semaines, témoignant ainsi de la prudence des investisseurs. En ce qui nous concerne, nous paraphrase- rons l'économiste John Mauldin en nous défi- nissant comme étant d’un « optimisme scep- tique. » Un de nos gérants le souligne : les opportunités se font rare aujourd'hui, notam- ment au regard des valorisations élevées. Dans le même temps, il semble difficile de sortir de nos positions actuelles compte tenu de la persistance du momentum. Nous res- tons donc patients, dans l’attente de pouvoir tirer profit des opportunités qui apparaitront au retour de la volatilité. Grégoire Painvin Le 10 mars 2017 e Japon est un pays visionnaire qui a tou- jours été très porté sur l’innovation. Dès les années 80, Sony avait compris l’inté- rêt d’utiliser des gaz ultra-purs pour la fabrica- tion de ses puces électroniques. A la fin des années 50, le pays a été le premier à utiliser des voies réservées — dotées d’un écartement plus large que les lignes traditionnelles — pour des lignes à grande vitesse. C’est ainsi que le Shinkansen sera inauguré en 1964, neuf jours avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olym- piques de Tokyo (son record de vitesse de 240km/h ne sera battu par le TGV qu’en 1981). La prouesse technologique ne s’arrête- ra pas là. Les JO de 1964 feront l’objet de la première diffusion en couleur et par satellite mondovision, permettant à 800 millions de téléspectateurs de suivre en direct l’évène- ment (auparavant la courbure de la terre em- pêchait une retransmission en simultanée entre différents continents). Maintenant, pour promouvoir les prochains Jeux olympiques de 2020 à Tokyo, le Premier ministre Shinzo Abe n’a pas hésité à endosser l’habit de Super Mario, le personnage de Nin- tendo. Le Japon a toujours été très innovant sur le segment des jeux vidéo. En témoigne la longue liste des consoles et jeux issus des entreprises japonaises : PlayStation, Game Boy, Nintendo DS, Pac-Man, Dragon Ball, Final Fantasy, Donkey Kong, Legend of Zelda, etc. Les entreprises du secteur aiment aussi com- biner jeux et personnages de manga comme Hello Kitty, les Pokémons et plus récemment Yo-kai Watch. Désormais, outre les jeux pour smartphone, les axes de développement sont la réalité augmentée (comme dans Pokémon Go) et, prochainement, la réalité virtuelle qui simule la présence physique du joueur dans un environnement artificiel généré par des logiciels. Les robots représentent l’autre axe de déve- loppement du pays qui est certainement l’un des plus innovants au monde en la matière. Migrer vers une entreprise sans ouvriers n’est plus un tabou au pays du soleil levant pour- tant reconnu pour son système d’emploi à vie. Les entrepôts et centres de distribution sont parmi les premiers à entrer dans cette nou- velle révolution industrielle. A ce stade, tout le monde y gagne car les entreprises sont plus rentables et les clients n’ont plus à s’occuper de retirer en magasin les objets volumineux ni même du transport à leur domicile. Quant aux employés des centres de logistique, ils se chargent désormais de la livraison finale chez le client et du montage de meubles. La migra- tion croissante vers les robots n’a pas d’effet sur le taux de chômage qui est désormais de 3%, ce qui correspond à un plus bas de 20 ans et à la moitié du taux observé en Alle- magne. Pour autant, tout n’est pas tendre au pays des samouraïs. D’abord, la population vieillit et a même perdu 1 million d’habitants sur les cinq dernières années pour s’établir à 127 millions. Cela crée une situation difficile pour de nom- breuses entreprises de biens de consomma- tion qui doivent lutter dans un contexte de volumes stables ou en baisse, auquel s’ajoute le climat de déflation depuis le début des années 90. Un autre souci vient de ses voisins. Il n’a échappé à personne que la Corée du Nord vient de tirer quatre missiles balistiques dont trois se sont abimés dans la zone économique exclusive du Japon, à environ 300 km des côtes. Et la Chine n’est pas moins turbulente avec, en particulier, le conflit généré autour des iles Senkaku situées au Nord de Taïwan. Ces risques, liés à la souveraineté, sont d’autant plus préoccupants que le Japon a dû renon- cer, après sa défaite, à son armée et à la ma- rine impériale. Certes, le pays dispose d’une force d’autodéfense mais, en vertu du traité de sécurité avec les Etats-Unis, ce sont ces derniers qui assurent la protection de l’archi- pel. Il n’est donc pas anodin que D. Trump et S. Abe, lors de leur rencontre début février, aient co-signé un avenant au traité stipulant que les Senkaku font partie du périmètre où la protection des Etats-Unis s’applique. En conclusion, avec une cote boursière quasi- ment aussi large que l’Europe, le Japon pré- sente de nombreuses opportunités. Cepen- dant, ces dernières sont difficiles d’accès car, en particulier, les présidents et responsables des relations investisseurs parlent rarement l’anglais. Cela exige de recourir à un traduc- teur pour les meetings (ce qui fut le cas dans environ 75% des meetings sociétés effectués). C’est sans doute aussi ce qui explique, en termes boursiers, la décorrelation plus grande du pays du reste du monde. David Dehache Le 3 mars 2017 a vraie question n’est pas de savoir s’il faut ou non abandonner l’euro, mais plutôt par quoi nous entendons le remplacer, dans l’hypothèse d’une sortie. Si le plan consiste, comme le veut le Front National, à revenir aux errements monétaires de la IV ème République — la planche à billet et dévaluations successives — alors il vaut mieux, et de loin, garder l’euro. C’est, de mon point de vue, la principale vertu de cette mon- naie unique : elle prive nos gouvernements de l’usage de l’arme fiscale absolue et les oblige à légiférer de façon relativement transparente pour nous imposer. Si, en revanche, la réintroduction du franc se fait dans l’esprit gaullien des années 1960 — un franc stable, géré rigoureusement et un véritable plan de réforme de notre économie et de nos finances publiques — alors, le débat est tout à fait différent. Les unions monétaires sans union politique ne tiennent jamais bien longtemps et nous avons tous pu constater la valeur des promesses faites il y a 20 ans [1] : quitter le navire avant qu’il sombre n’est pas une mauvaise idée. Et c’est là que nous avons un problème. Le spectre des idées politiques disponibles sur le marché se divise grosso modo en deux : d’une part, une majorité de voix qui veulent nous maintenir dans l’Union européenne et la zone euro tout en les accusant de tous nos maux [2] ; d’autre part, une minorité, principalement le FN, qui veut nous en faire sortir dans le but assumé de dévaluer et d’imprimer du franc à tour de bras. C’est-à-dire, pour conclure, que nous fonçons droit dans le mur. Avec la vague de populisme qui menace de nous submerger ces temps-ci, je vois mal comment l’euro pourrait tenir et la seule autre option qu’on nous propose aujour- d’hui, c’est la politique du pire, une variante de la révolution bolivarienne sans le pétrole. Abandonner l’euro, en soit, ça ne veut rien dire : tout le sujet est de savoir ce qu’on fait à la place. Guillaume Nicoulaud Le 2 mars 2017 [1] Rappel : afin d’éviter que ce qui est arrivé en Grèce arrive (un passager clandestin), nous nous étions tous engagés à mainte- nir nos déficits publics en deçà de 3% du PIB. C’était en 1997, vous connaissez la suite. ortée par une bonne performance, ou pour ne pas le nommer le Trump Rally, la bourse américaine, depuis novembre, cara- cole en tête des hausses, aspirant timidement avec elle les indices européens. Pas de doute, les valeurs européennes (au moins les larges capitalisations) sont à la traîne des grandes valeurs américaines. Cet écart de performance s’explique par le climat de renouveau chez nos voisins outre- Atlantique tandis que l’Europe est confrontée à différents risques politiques (élections aux Pays-Bas, en France, en Allemagne et très probablement en Italie) ainsi qu’à une résur- gence de l’affaire de la dette grecque. Bref, l’avenir de l’Europe semble susciter de nombreuses inquiétudes qui impactent à court terme les cours des valeurs européennes. Cela dit, les risques politiques sont souvent surévalués et, au moment où les investisseurs réaliseront que l’Europe ne disparaîtra pas dans un trou noir, les marchés flamberont. Les soucis concernant les valeurs euro- péennes, y compris les meilleures, sont sou- vent infondés. La KfW (institution de crédit pour la reconstruction en Allemagne) a révisé à la hausse son pronostic de croissance de 1,3 % à 1,4 % en Allemagne et la conjoncture semble s’être améliorée dans les autres pays de la zone euro. Toutefois, tactiquement parlant, il est possible de jouer la carte de la sécurité en surpondé- rant l’Allemagne, même si le DAX est déjà à 4 % au-dessus de son niveau le plus haut (12.391 points) alors que le CAC est en retard de 39,1 % par rapport à son précédent som- met. Dans le cas de la Grèce, l’indice Athex est en retard de 885 % par rapport à son plus haut. Enfin, le FTSE MIB Italien doit doubler avant de retrouver son ancien sommet. Maintenant, regardons derrière nous. Entre 2000 et 2009, il pouvait être difficile de réali- ser de la performance en bourse. Une généra- tion d’investisseurs a ainsi perdu sa fortune et définitivement tourné le dos à la bourse. Pour- tant, tout est une question d’horizon d’inves- tissement et de sang-froid — sachant que la volatilité des marchés des big caps (actions majeures) est inférieure à la volatilité des emprunts d’Etat supérieurs à 10 ans. Depuis le printemps 2009, l’Eurostoxx a pro- gressé de 160 %, soit une performance an- nualisée de 12,8 %. Cette dernière est élevée, ce qui explique le retour des Cassandre pen- sant que tout est fini maintenant. A ces der- nières, rappelons que la bourse a progressé beaucoup plus encore entre 1990 et 2000. En d’autres termes, la hausse constante depuis 2009, émaillée de pauses ici et là, n’est nulle- ment terminée. Naturellement, les partisans Bearish ne man- quent pas d’arguments. Ainsi, la situation économique aux Etats-Unis reste fragile et l’effet Trump pourrait n’être qu’un feu de paille. A cela s’ajoute le scénario de la hausse des taux de la FED, mais cette hausse est plutôt le signe d’une normalisation de la situa- tion et il est fort probable qu’aujourd’hui les marchés aient déjà apprécié l’action de la FED. Les actions américaines sont chères, objectivement parlant. Et cela est vrai depuis près de 3 ans. Il faut se rappeler que les mar- chés ne s’arrêtent jamais à un « juste » prix. L’investisseur qui croit que les actions sont trop chères a déjà loupé 30 % de perfor- mance. En tout état de cause, il faut toujours prévoir une durée d’investissement d’au moins 5 ans afin d’effacer la volatilité à court terme. Maintenant, les élections en France. Bien sûr, elles posent un vrai problème à court terme. Une victoire de l’extrême droite (ou de la gauche radicale) pourrait avoir un effet négatif sur les marchés. Mais les risques politiques sont systématiquement surestimés par les acteurs en bourse et, en général, ils ne perdu- rent guère une fois l’événement passé, comme en témoignent le Brexit, le référendum italien ou l’élection de Donald Trump. Last but not least, le risque d’un ralentisse- ment de la croissance mondiale, lié à la Chine, est toujours présent. Enfin, un dollar trop fort pénaliserait les pays (émergents) endettés en USD qui pourraient ne plus pouvoir honorer leurs dettes. Un scénario possible, mais peu probable pour l’instant. De leur côté, les partisans Bullish ne man- quent pas d’arguments en faveur d’une bourse haussière (autres que ceux déjà évo- qués ci-dessus). Rappelons qu’un investisseur achète des actions car il pense obtenir à long terme le meilleur rendement sur son investis- sement et il bénéficie indirectement d’une protection contre l’inflation. A l’évidence, les actions européennes sont depuis trop longtemps à la traine par rapport aux actions d’autres marchés, notamment américains. Par ailleurs, la profitabilité des sociétés augmente timidement, pour ainsi dire trimestre après trimestre. Enfin, pendant toute la période des différentes élections, qui va durer jusqu'à la mi-septembre en Allemagne, il est peu probable que la Banque centrale euro- péenne augmente ses taux d’intérêt. Les mar- chés vont donc continuer d’être alimentés par un flux important de liquidité et chercheront désespérément un bon placement, voire si possible un bon rendement. Bref, nous sommes probablement au milieu du gué concernant l’amélioration des écono- mies européennes, et pourquoi pas améri- caine (avec la baisse importante de l’impôt sur les sociétés). Et personne ne semble s’en rendre compte ! Les actions européennes et, à un moindre degré américaines, pourraient enfin en profiter substantiellement. Armin Zinser Le 9 mars 2017 Document non contractuel — Les articles contenus dans cette lettre sont écrits dans un but d’information uniquement. Ils ne constituent ni une offre ni une recommandation ou sollicitation en vue de la souscription d’un quelconque produit. Investeam et les sociétés de gestion AGF Investments Inc., Day Trade Asset Management, Extendam, JMC Asset Management et Société de Gestion Prévoir, ainsi que leurs gérants, ne peuvent en aucun cas être tenus pour responsable d’une quelconque décision d’investissement prise à partir ou sur la base des informations contenues dans le présent document. Investeam Europe S.A.S. au capital de 45 000 RCS Paris 451 840 292 39, rue Marbeuf 75008 Paris +33 1 78 09 54 10 [email protected] www.investeam.fr Sommaire Marchés actions Europe Au milieu du gué Armin Zinser Société de Gestion Prévoir Marchés actions US Smart move Grégoire Painvin JMC Asset Management Marchés actions internationales Rencontres au pays du soleil levant David Dehache Société de Gestion Prévoir Economie Abandonner l’euro, mais pour faire quoi ? Guillaume Nicoulaud Day Trade Asset Management Edito Marchés asiatiques Rencontres au pays du soleil levant Economie Abandonner l’euro, mais pour faire quoi ? Marchés Actions Europe Au milieu du gué Marchés US Smart move Le débat pour l’élection présidentielle bat son plein… Enfin, devrait battre son plein car, pour l’instant, il est question essentiellement d’af- faires judiciaires, de ralliements, de trahisons et bien peu de sujets de fond. En cela la responsabilité de la presse est grande. Certes, ces sujets doi- vent être évoqués, mais il est très préjudiciable qu’ils occultent le débat de fond. Que la presse défende un candidat ouvertement ou insidieuse- ment, le bruit domine malheureuse- ment la campagne. Pourtant, un tableau met en évi- dence le problème fondamental qui pèse sur l’économie française et donc sur la société française. La place très médiocre de la France dans ce tableau devrait animer tous les débats : entre ceux qui attribuent la faute à l’Europe et ceux qui pensent que cela aurait été pire sans elle, ceux qui blâment une politique trop axée sur l’offre et ceux qui dénoncent une politique trop axée sur la demande, ceux qui veulent partager le travail et ceux qui aspirent à le libérer, etc. Ce qui est sûr c’est que ce sont précisément ces questions que les Français se posent. Seront-elles enfin posées par la presse pour que l’on entende, enfin, les réponses des politiques ? Les semaines qui viennent nous le diront. C’est aussi à ces questions que les marchés attendent des réponses. Philippe Alter 20 mars 2017 -6,3% -2,6% 3,8% 5,7% 6,5% 6,9% 10,1% 16,0% 19,1% 26,6% 38,8% 98,1% Croissance du PIB par habitant entre 2005/2015 Source Banque Mondiale

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Page 1: 26,6% Edito 16,0% 19,1% 3,8% 5,7% 6,5% 6,9% 10,1% … · l’usage de l’arme fiscale absolue et les oblige à légiférer de façon relativement transparente pour nous imposer

l y a environ 8 ans, Jamie Dimon, le CEO de

JP Morgan, faisait un discours sur la pelouse

de la Maison Blanche pour rassurer le monde :

le ciel ne nous était pas tombé sur la tête et

sa banque n’allait pas faire faillite.

L’environnement était alors morose et la

bourse américaine en berne, affichant des

pertes d'environ 25 % depuis le début de l'an-

née, dans le sillage d’une chute de près de

40 % l'année précédente. Mais le message fut

entendu : le S&P 500 se lança alors dans une

inexorable marche haussière — allant, malgré

quelques frayeurs, jusqu’à plus que tripler

depuis mars 2009.

Aujourd'hui, et surtout depuis l'élection prési-

dentielle américaine, le momentum haussier

du marché reste fort. Comme nous l'avons

évoqué précédemment dans ces colonnes,

l’effet Trump apparaît comme la principale

raison. En effet, le nouveau président a an-

noncé des coupes fiscales, un réaménage-

ment du paysage règlementaire et un projet

de grands travaux d'infrastructure. Et, jusqu’à

présent, les traders ont ignoré les dimensions

négatives du nouveau gouvernement.

Toutefois, le soi-disant rallye Trump n'explique

pas tout. L'économie américaine (et globale)

continuent de s’améliorer et les fondamentaux

restent solides. La saison des résultats trimes-

triels fut positive dans son ensemble et les

analystes prévoient toujours une croissance

des bénéfices à deux chiffres pour 2017. La

confiance des acteurs économiques reste

forte. De plus, après les discours récents de

certains membres de la Fed, les investisseurs

semblent avoir accepté l’hypothèse d’un re-

haussement des taux directeurs la semaine

prochaine. Enfin, le risque de récession reste

faible dans l’immédiat.

Toutefois, on peut se demander si les gains

futurs n'ont pas été décalés au présent. En

moins de trois mois, le S&P 500 a dépassé les

niveaux de fin d'année 2017 anticipés par les

stratégistes de la place, incitant déjà des révi-

sions à la hausse. Lors de son premier dis-

cours face au Congrès il y a une dizaine de

jours, Donald Trump a maintenu un ton plus

sobre, plus présidentiel. Cependant, pour

l'instant, le concret manque à l’appel. Les

risques, notamment politiques, sont plus que

jamais présents, non seulement aux Etats-

Unis mais également en Europe où des élec-

tions majeures se dérouleront dans les pro-

chains mois. L'incertitude est à son pa-

roxysme. A titre d’illustration, les secteurs

défensifs ont repris le dessus sur les cycliques

depuis quelques semaines, témoignant ainsi

de la prudence des investisseurs.

En ce qui nous concerne, nous paraphrase-

rons l'économiste John Mauldin en nous défi-

nissant comme étant d’un « optimisme scep-

tique. » Un de nos gérants le souligne : les

opportunités se font rare aujourd'hui, notam-

ment au regard des valorisations élevées.

Dans le même temps, il semble difficile de

sortir de nos positions actuelles compte tenu

de la persistance du momentum. Nous res-

tons donc patients, dans l’attente de pouvoir

tirer profit des opportunités qui apparaitront

au retour de la volatilité.

Grégoire Painvin

Le 10 mars 2017

e Japon est un pays visionnaire qui a tou-

jours été très porté sur l’innovation.

Dès les années 80, Sony avait compris l’inté-

rêt d’utiliser des gaz ultra-purs pour la fabrica-

tion de ses puces électroniques. A la fin des

années 50, le pays a été le premier à utiliser

des voies réservées — dotées d’un écartement

plus large que les lignes traditionnelles — pour

des lignes à grande vitesse. C’est ainsi que le

Shinkansen sera inauguré en 1964, neuf jours

avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olym-

piques de Tokyo (son record de vitesse de

240km/h ne sera battu par le TGV qu’en

1981). La prouesse technologique ne s’arrête-

ra pas là. Les JO de 1964 feront l’objet de la

première diffusion en couleur et par satellite

mondovision, permettant à 800 millions de

téléspectateurs de suivre en direct l’évène-

ment (auparavant la courbure de la terre em-

pêchait une retransmission en simultanée

entre différents continents).

Maintenant, pour promouvoir les prochains

Jeux olympiques de 2020 à Tokyo, le Premier

ministre Shinzo Abe n’a pas hésité à endosser

l’habit de Super Mario, le personnage de Nin-

tendo. Le Japon a toujours été très innovant

sur le segment des jeux vidéo. En témoigne la

longue liste des consoles et jeux issus des

entreprises japonaises : PlayStation, Game

Boy, Nintendo DS, Pac-Man, Dragon Ball, Final

Fantasy, Donkey Kong, Legend of Zelda, etc.

Les entreprises du secteur aiment aussi com-

biner jeux et personnages de manga comme

Hello Kitty, les Pokémons et plus récemment

Yo-kai Watch. Désormais, outre les jeux pour

smartphone, les axes de développement sont

la réalité augmentée (comme dans Pokémon

Go) et, prochainement, la réalité virtuelle qui

simule la présence physique du joueur dans

un environnement artificiel généré par des

logiciels.

Les robots représentent l’autre axe de déve-

loppement du pays qui est certainement l’un

des plus innovants au monde en la matière.

Migrer vers une entreprise sans ouvriers n’est

plus un tabou au pays du soleil levant pour-

tant reconnu pour son système d’emploi à vie.

Les entrepôts et centres de distribution sont

parmi les premiers à entrer dans cette nou-

velle révolution industrielle. A ce stade, tout le

monde y gagne car les entreprises sont plus

rentables et les clients n’ont plus à s’occuper

de retirer en magasin les objets volumineux ni

même du transport à leur domicile. Quant aux

employés des centres de logistique, ils se

chargent désormais de la livraison finale chez

le client et du montage de meubles. La migra-

tion croissante vers les robots n’a pas d’effet

sur le taux de chômage qui est désormais de

3%, ce qui correspond à un plus bas de 20

ans et à la moitié du taux observé en Alle-

magne.

Pour autant, tout n’est pas tendre au pays des

samouraïs. D’abord, la population vieillit et a

même perdu 1 million d’habitants sur les cinq

dernières années pour s’établir à 127 millions.

Cela crée une situation difficile pour de nom-

breuses entreprises de biens de consomma-

tion qui doivent lutter dans un contexte de

volumes stables ou en baisse, auquel s’ajoute

le climat de déflation depuis le début des

années 90.

Un autre souci vient de ses voisins. Il n’a

échappé à personne que la Corée du Nord

vient de tirer quatre missiles balistiques dont

trois se sont abimés dans la zone économique

exclusive du Japon, à environ 300 km des

côtes.

Et la Chine n’est pas moins turbulente avec,

en particulier, le conflit généré autour des iles

Senkaku situées au Nord de Taïwan. Ces

risques, liés à la souveraineté, sont d’autant

plus préoccupants que le Japon a dû renon-

cer, après sa défaite, à son armée et à la ma-

rine impériale. Certes, le pays dispose d’une

force d’autodéfense mais, en vertu du traité

de sécurité avec les Etats-Unis, ce sont ces

derniers qui assurent la protection de l’archi-

pel. Il n’est donc pas anodin que D. Trump et

S. Abe, lors de leur rencontre début février,

aient co-signé un avenant au traité stipulant

que les Senkaku font partie du périmètre où la

protection des Etats-Unis s’applique.

En conclusion, avec une cote boursière quasi-

ment aussi large que l’Europe, le Japon pré-

sente de nombreuses opportunités. Cepen-

dant, ces dernières sont difficiles d’accès car,

en particulier, les présidents et responsables

des relations investisseurs parlent rarement

l’anglais. Cela exige de recourir à un traduc-

teur pour les meetings (ce qui fut le cas dans

environ 75% des meetings sociétés effectués).

C’est sans doute aussi ce qui explique, en

termes boursiers, la décorrelation plus grande

du pays du reste du monde.

David Dehache

Le 3 mars 2017

a vraie question n’est pas de savoir s’il

faut ou non abandonner l’euro, mais plutôt

par quoi nous entendons le remplacer, dans

l’hypothèse d’une sortie.

Si le plan consiste, comme le veut le Front

National, à revenir aux errements monétaires

de la IVème République — la planche à billet et

dévaluations successives — alors il vaut

mieux, et de loin, garder l’euro. C’est, de mon

point de vue, la principale vertu de cette mon-

naie unique : elle prive nos gouvernements de

l’usage de l’arme fiscale absolue et les oblige

à légiférer de façon relativement transparente

pour nous imposer.

Si, en revanche, la réintroduction du franc se

fait dans l’esprit gaullien des années 1960 —

un franc stable, géré rigoureusement et un

véritable plan de réforme de notre économie

et de nos finances publiques — alors, le débat

est tout à fait différent. Les unions monétaires

sans union politique ne tiennent jamais bien

longtemps et nous avons tous pu constater la

valeur des promesses faites il y a 20 ans [1] :

quitter le navire avant qu’il sombre n’est pas

une mauvaise idée.

Et c’est là que nous avons un problème. Le

spectre des idées politiques disponibles sur le

marché se divise grosso modo en deux : d’une

part, une majorité de voix qui veulent nous

maintenir dans l’Union européenne et la zone

euro tout en les accusant de tous nos maux

[2] ; d’autre part, une minorité, principalement

le FN, qui veut nous en faire sortir dans le but

assumé de dévaluer et d’imprimer du franc à

tour de bras.

C’est-à-dire, pour conclure, que nous fonçons

droit dans le mur. Avec la vague de populisme

qui menace de nous submerger ces temps-ci,

je vois mal comment l’euro pourrait tenir et la

seule autre option qu’on nous propose aujour-

d’hui, c’est la politique du pire, une variante

de la révolution bolivarienne sans le pétrole.

Abandonner l’euro, en soit, ça ne veut rien

dire : tout le sujet est de savoir ce qu’on fait à

la place.

Guillaume Nicoulaud

Le 2 mars 2017

[1] Rappel : afin d’éviter que ce qui est arrivé

en Grèce arrive (un passager clandestin),

nous nous étions tous engagés à mainte-

nir nos déficits publics en deçà de 3% du

PIB. C’était en 1997, vous connaissez la

suite.

ortée par une bonne performance, ou

pour ne pas le nommer le Trump Rally, la

bourse américaine, depuis novembre, cara-

cole en tête des hausses, aspirant timidement

avec elle les indices européens.

Pas de doute, les valeurs européennes (au

moins les larges capitalisations) sont à la

traîne des grandes valeurs américaines. Cet

écart de performance s’explique par le climat

de renouveau chez nos voisins outre-

Atlantique tandis que l’Europe est confrontée

à différents risques politiques (élections aux

Pays-Bas, en France, en Allemagne et très

probablement en Italie) ainsi qu’à une résur-

gence de l’affaire de la dette grecque.

Bref, l’avenir de l’Europe semble susciter de

nombreuses inquiétudes qui impactent à court

terme les cours des valeurs européennes.

Cela dit, les risques politiques sont souvent

surévalués et, au moment où les investisseurs

réaliseront que l’Europe ne disparaîtra pas

dans un trou noir, les marchés flamberont.

Les soucis concernant les valeurs euro-

péennes, y compris les meilleures, sont sou-

vent infondés. La KfW (institution de crédit

pour la reconstruction en Allemagne) a révisé

à la hausse son pronostic de croissance de

1,3 % à 1,4 % en Allemagne et la conjoncture

semble s’être améliorée dans les autres pays

de la zone euro.

Toutefois, tactiquement parlant, il est possible

de jouer la carte de la sécurité en surpondé-

rant l’Allemagne, même si le DAX est déjà à

4 % au-dessus de son niveau le plus haut

(12.391 points) alors que le CAC est en retard

de 39,1 % par rapport à son précédent som-

met. Dans le cas de la Grèce, l’indice Athex est

en retard de 885 % par rapport à son plus

haut. Enfin, le FTSE MIB Italien doit doubler

avant de retrouver son ancien sommet.

Maintenant, regardons derrière nous. Entre

2000 et 2009, il pouvait être difficile de réali-

ser de la performance en bourse. Une généra-

tion d’investisseurs a ainsi perdu sa fortune et

définitivement tourné le dos à la bourse. Pour-

tant, tout est une question d’horizon d’inves-

tissement et de sang-froid — sachant que la

volatilité des marchés des big caps (actions

majeures) est inférieure à la volatilité des

emprunts d’Etat supérieurs à 10 ans.

Depuis le printemps 2009, l’Eurostoxx a pro-

gressé de 160 %, soit une performance an-

nualisée de 12,8 %. Cette dernière est élevée,

ce qui explique le retour des Cassandre pen-

sant que tout est fini maintenant. A ces der-

nières, rappelons que la bourse a progressé

beaucoup plus encore entre 1990 et 2000. En

d’autres termes, la hausse constante depuis

2009, émaillée de pauses ici et là, n’est nulle-

ment terminée.

Naturellement, les partisans Bearish ne man-

quent pas d’arguments. Ainsi, la situation

économique aux Etats-Unis reste fragile et

l’effet Trump pourrait n’être qu’un feu de

paille. A cela s’ajoute le scénario de la hausse

des taux de la FED, mais cette hausse est

plutôt le signe d’une normalisation de la situa-

tion et il est fort probable qu’aujourd’hui les

marchés aient déjà apprécié l’action de la

FED. Les actions américaines sont chères,

objectivement parlant. Et cela est vrai depuis

près de 3 ans. Il faut se rappeler que les mar-

chés ne s’arrêtent jamais à un « juste » prix.

L’investisseur qui croit que les actions sont

trop chères a déjà loupé 30 % de perfor-

mance. En tout état de cause, il faut toujours

prévoir une durée d’investissement d’au

moins 5 ans afin d’effacer la volatilité à court

terme.

Maintenant, les élections en France. Bien sûr,

elles posent un vrai problème à court terme.

Une victoire de l’extrême droite (ou de la

gauche radicale) pourrait avoir un effet négatif

sur les marchés. Mais les risques politiques

sont systématiquement surestimés par les

acteurs en bourse et, en général, ils ne perdu-

rent guère une fois l’événement passé,

comme en témoignent le Brexit, le référendum

italien ou l’élection de Donald Trump.

Last but not least, le risque d’un ralentisse-

ment de la croissance mondiale, lié à la Chine,

est toujours présent. Enfin, un dollar trop fort

pénaliserait les pays (émergents) endettés en

USD qui pourraient ne plus pouvoir honorer

leurs dettes. Un scénario possible, mais peu

probable pour l’instant.

De leur côté, les partisans Bullish ne man-

quent pas d’arguments en faveur d’une

bourse haussière (autres que ceux déjà évo-

qués ci-dessus). Rappelons qu’un investisseur

achète des actions car il pense obtenir à long

terme le meilleur rendement sur son investis-

sement et il bénéficie indirectement d’une

protection contre l’inflation.

A l’évidence, les actions européennes sont

depuis trop longtemps à la traine par rapport

aux actions d’autres marchés, notamment

américains. Par ailleurs, la profitabilité des

sociétés augmente timidement, pour ainsi dire

trimestre après trimestre. Enfin, pendant toute

la période des différentes élections, qui va

durer jusqu'à la mi-septembre en Allemagne, il

est peu probable que la Banque centrale euro-

péenne augmente ses taux d’intérêt. Les mar-

chés vont donc continuer d’être alimentés par

un flux important de liquidité et chercheront

désespérément un bon placement, voire si

possible un bon rendement.

Bref, nous sommes probablement au milieu

du gué concernant l’amélioration des écono-

mies européennes, et pourquoi pas améri-

caine (avec la baisse importante de l’impôt sur

les sociétés). Et personne ne semble s’en

rendre compte ! Les actions européennes et, à

un moindre degré américaines, pourraient

enfin en profiter substantiellement.

Armin Zinser

Le 9 mars 2017

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Sommaire

Marchés actions Europe

Au milieu du gué Armin Zinser

Société de Gestion Prévoir

Marchés actions US

Smart move Grégoire Painvin

JMC Asset Management

Marchés actions internationales

Rencontres au pays du soleil levant David Dehache

Société de Gestion Prévoir

Economie

Abandonner l’euro, mais pour faire quoi ? Guillaume Nicoulaud

Day Trade Asset Management

Edito

Marchés asiatiques

Rencontres

au pays du

soleil levant

Economie

Abandonner l’euro,

mais pour faire

quoi ?

Marchés Actions Europe

Au milieu du gué

Marchés US

Smart move

Le débat pour l’élection présidentielle bat son

plein… Enfin, devrait battre son plein car, pour

l’instant, il est question essentiellement d’af-

faires judiciaires, de ralliements, de

trahisons et bien peu de sujets de

fond.

En cela la responsabilité de la presse

est grande. Certes, ces sujets doi-

vent être évoqués, mais il est très

préjudiciable qu’ils occultent le débat

de fond. Que la presse défende un

candidat ouvertement ou insidieuse-

ment, le bruit domine malheureuse-

ment la campagne.

Pourtant, un tableau met en évi-

dence le problème fondamental qui

pèse sur l’économie française et

donc sur la société française.

La place très médiocre de la France dans ce

tableau devrait animer tous les débats : entre

ceux qui attribuent la faute à l’Europe et ceux

qui pensent que cela aurait été pire sans elle,

ceux qui blâment une politique trop axée sur

l’offre et ceux qui dénoncent une politique

trop axée sur la demande, ceux qui veulent

partager le travail et ceux qui aspirent à le

libérer, etc.

Ce qui est sûr c’est que ce sont précisément

ces questions que les Français se posent.

Seront-elles enfin posées par la presse pour

que l’on entende, enfin, les réponses des

politiques ? Les semaines qui viennent nous

le diront.

C’est aussi à ces questions que les marchés

attendent des réponses.

Philippe Alter

20 mars 2017

-6,3% -2,6%3,8% 5,7% 6,5% 6,9% 10,1%

16,0% 19,1%26,6%

38,8%

98,1%Croissance du PIB par habitant entre 2005/2015 Source Banque Mondiale