2/2 - testament politique du cardinal de richelieu

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Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Testament politique d'Armand du Plessis, cardinal duc de Richelieu,...

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2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu (Armand Jean du Plessis de Richelieu)

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Page 1: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Testament politique d'Armanddu Plessis, cardinal duc de

Richelieu,...

Page 2: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

Richelieu, Armand Jean du Plessis (1585-1642 ; cardinal duc de).Testament politique d'Armand du Plessis, cardinal duc deRichelieu,.... 1688.

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T E S TA ME N TPOLITIQJJE

DUCARDINAL DUC

DE RICHELIEU.SECONDE PARTIE.

LE S Conseils dont jc viens de par-ler dans la Première Partie de ceLivre, étant bien établis; c'est

aux Conseillers à travailler enGens de»Bien

,íèlon certains Principes géné-

raux, desquels dépend labonne Admi-nistrationdes Etats.

Bien qu'on pût en proposer beau-coup, qui serhbleroient étre-trés-Utt-les,les Sciences étant beaucoup plus ex-cellentes & plus radies à comprendre,que les Principes font en moindre nom-bre; Je réduirai ceux dont j'ai estiméqu'il faut se servir au Gouvernementde ce Royaume, à Neuf tout à fait Né-cessaires à mouavis.

.IL Partie* A z St

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4 TESTAM. POLITIQUE DU C.Si quelques-uns d'içcux ont diverses

Penches ^elles n'augmenteront paspourtant l'eíiV nofnbre , non plus qiiëccllés-de1 tous'les'Arbres que nous vo-yons ,

n'en multiplientpas les Corps.

C HA PITRE I.Le Premier "Fondement du Bonheur, d'pn[ .-Etat-est l'Etabìijsemertt du.Rg'gne de

DJeu.,L'Ë Régne deDieu est le principedu

Gouvernement des Etats.; & eneftèt c'est une chose si absolument né-cessaire , qiie íàns ce Fondement' il n'ya point dePrincequipùissc bien Régner,nid'Etatqui puisse &reHeureux.

•,11 seroit aile de faire des Volumes en-

tiers fur un Sujet lîImportant, auqueli'Ecriturej les* Pères,' & toutes fortesd'Histoires nous fourniroient un nom-bre infinid'Exemples, de Préceptes &d'Exhortations qui conspirent à uneméìne Fin

»Mais c'est une chose si con-

nue d'un .chacun par fa propre Raison,qu'il neiiíépasi son Etre de lui-mômc;mais qu'il a mb DIEUIpour.Créateur,& par conséquent.pontDirecteur., ím'iln'y § personnequi ire sente ("vie la Natu-re a imprimé cette* Vérité ídans son

./'. .'' Coeur,

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DU RICH. Chap. ï. ?Coeur, avec des Caractères qui nc peu-vent s'cíTaccr.

Tant de Princes fe font perdus, Eux,& leurs Etats, pour fonder leur Corvduite íur un Jugement contraire à leurpropre Connoiíïànce ; & tant d'autresont été comblezde Bénédictions, pouravoir íòûmis leur Autorité ù celle dontelle dérivoit, pour n'avoit clierchéleur Grandeur qu'en celle de leur Créa-teur, & pour avoir eu plus de foin deson Régne, que du leur propre, que jenc nsétendrai pas davantage íùr ùncVérité trop évidente, pour avoir be<-soin de Preuve.

iSeulement dirai-je en un mor,qu'ain*

íì qu'il est impossible que ;lc Règne d'unPrince, qui laisse régner le Détordre &le Vice en son Etat, soit Heureux ; aus-si DIBU ne soufsrira-t-il pas aisément,que celui soit Malheureux, quiaurauftsoin particulier d'établir son Empiredans l'étendué' de fa Domination.

.^Rien n'est plus utile à un Etablisse-

ment, que la bonne Vie des Princes,laquelle est une Loi Parlante & Obli-

geante avec plus d'ctîìcaee, que toutes

celles qu'ils.pourroient faire pour con-traindre au Bien qu'ils veulent procurer.

S'il est vrai, qu'en quelque Crimequepuisle tomber un Souverain, il pe-

A 3 che

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6 TEST'AM. POLTTIQJ. DU C-çhe plus par le mauvais Exemple, quepar la nature de & Faute; il n'est pasmoins indubitable que quelques Loixqu'il puisse faire, s'il pratique ce qu'ilprescrit, son Exemple n'est pas moinsutile à l'Observation de ses Volontés,que toutes les Peines de ses Ordonnan-ces , pour graves qu'elles puissent être..

La Pureté d'un Prince Chaste, ban-nira plus d'Impurctéde íònRoyaumesque toutes les Ordonnances qu'il íçau-roit faire à cette fin.

LaPrudence, & la Retenuede celuiqui ne jurerapoint, rétranchera plutôttous les sermens & Blasphémés, trop©rdinaires dans les Etats, que quelqueRigueurqu'il puisse exercercontre ccuxqui s'adonnentà telles Exécrations.

Ce n'est pas pour cela, qu'il failles'abstenir de faire rigoureusement châ-tier les Scandales, íes Jurcmens & lesBlaíphémes ; au contraire

* on ne sçau-roit y être trop Exact

^& pour Sainte &

Exemplaire que puiííc être la Vie d'unPrince, & d'un Magistrat, ils ne serontjamais censez, faire ce qu'ils doivent, si

;eny conviant par leur Exemple, ils n'ycontraignentpar. la Rigueur des Loix.

II n'y a po:nt de Souverain au Mon-de, qui ne soit obligé parce Principe àprocurer la Conversionde ceux, qui vi-

vaus

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DÉ Ri CH. Chap. I. *. 7vans sous son Régne, íbiit devoyez duchemin de Salut. Maiscomme l'Hom-me est Raisonnable de sa Nature

,les

Princes font çensez, avoir en ce Pointsatisfait à' leirt obligation

,s'ils prati-

.quent tops les Moyens ^Raisonnables,pour arriver a une si.bonne Fin; a laPrudence iie leur permet .pas d'en ten-ter *de si Hazardeux, qu'ils puissentdé-raciner le bon Bled, ch vóúlant déra-ciner la-Zizanie

,dont il Teròit diffici-

le de purger un État, par áutre Voyeque celle de la Douceur, saris, s'exposifr

Jà.un ébranlement capable de 'je perdra,ou au moins de lui causer un notable-'Préjudice'.".

-: '}:\ '

':,f Çómme lés Princes sont obligci'd'é-táblii* lë vrai Culte de D i BU ,

ils doiventêtre fort Soigneux d'en bannir les sau£ses Apparences

v.si préjudiciables aux

Etáís'l qu'on peut dire avec vérité ; queí'Hypocrifìeá souvent servi de Voile,•pour couvrir lá laideur des plus perni-cieuses Entréprises. ;

Beaucoupd'Esprits1, dont la Foiblcs-se est équipolente a-.la Malice, se ser-vent quélques-sois de ce genre de Ruse,d'autant plhs ordinaire aux Femmes,que lenríS'exe estplus'porté à la Dévo-tion i &que le peu de' force dont il est

f accompagné les rend plus Capables deA 4 tels

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8 -TESTAM. PaLTTlQ^ Pu C.telsDéguifcmcns ,qui supposent moinsde Solidité que de Finesse.

,

CHAPITRE II.La %iison Aôiciìfsc /a Rg'gie de fa èon-

ciiihv $iïk Etat. <''', '

_T A Lunaire Naturelle faitco,nnoîr_JL> tre à. nu chacun

>que rHorame

ayant été raít Raisonnable, il ne doijt

rien faire .qi^e par Raisonr DUÌS qu'au-

.trement il.teroit contre ûNature, &

par conséquent contrecelui m6netquien est î'Autheur.

.

'.,;i . ;

;. :, • : ;Elle enseigne encore ,'qu$;p!us,u{i

Homirie eft tìrtuid&-Elçyp7.

plus^j doitfaire état dece Privilège., & inpiiis doit-il abuser du Raisonnement qui consti-tue son Estre ; parce que les Avantagesqu'il a fur les auttes rloi^tpe^^ô^tt^i;gnent à .conserver

>,& ce 'quil eft dp: 'íf*

.

Nature, <x cc qui cil de la Fin vqué celuidontil tire son Élévation s.etl ptopoícç.

De, ces ç}e,ux principes ', il s'enfuitclairement', oue íi VHommc est Sou-verainement Raisonnable, il doit Sou-verainementfaire régner, laRaison; Çequi ne requiert pas seulementqu'il nefaise rien fans elle, mais •sòbjigç de plusàfairc, que tous ceux qui lont fous son

' Au-

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DE RrCH. Chap. II. 9Autorité la révèrent &la suiventRéli-gieusemcnt.

Cette Conséquenceest la Source d'u-ne autre, qui nous enseigiíe,qu\iinfiqu'ilne faut rien vouloir, qui ne lòit Railòn-nablc&juste, il ne faut rien vouloir detel, que Ton ne fasse exécuter, & oùles Commandement ne soient íuivjsd'Obéïlìaiice

, parce qu'autrement laRaiíòn ne regneroit pas Souverains-ment.

>La Pratique de cette Régie, eíld'au-tant plus ailée, quel'Amour cil le plusPuislant Motif qui oblige à obe'ïr, &qu'il est impossible que des Sujets n'ai-ment pas un Prince, s'ils connoislèntque la Raison soit laGuide detouteisesactions.

UAutoritécontraint à ì'Obéiììànce,mais la Raison y persuade, & il est bienplus à propos de conduire les Hommespar des Moyens qui gaignent insensible-ment leur Volonté, que par ceux i quile plus souvent ne les fontagir qu'entantqu'ils les forcent. \...->

S'ilest vrai, que la Raison doit être lcFlambeau qui éclaire les Princes en leurConduite, & en celle de leurs Etats, est-il encore vrai, que n'y ayant rien auMonde, qui compatiste moins avec clrle que laPaìljon, qui aveugle tellem<mrr

A 5 qu'el-

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a o TESTAM. POLIT I Q. DU C.qu'elle fait quclqucs-fois prendre l'Om-bre pour le Corps : Un Prince doit furtout éviter d'agir par un tel Principe,quile rëndroit d'autant plus Odieux, qu'ilest directement contraire à celui qui di-stingue l'Hommc d'avec tes Animaux.

C)n íè répenrfouventà loisir de ce quelaPaflìonafait: faire avec précipitation,<& on n'a jamais'lieu de faire le mêmedes choíès aufquelles l'on s'est porté,pardes Considérations Raisonnables.

II faut vouloir fortement ce qu'on arésolu par de semblables Motifs, puisque c'est le seul moyen de se faire obéir,& qu'ainsi que l'Humilité est le premierFondement de la Perfection Chrêticn-Jie, rObéiïsance est le plus Solide decelle de la Sujection, íì nécclTaire à laSubsistance des Etats, que si elle est Dé-fectueuse ils ne peuvent être Florissans.

II y abeaucoup de choses, qui font decette Nature, qu'entre le Vouloir &lp-Faire il n'y a point de différence, à eau-.isede Ja facilité qui se trouveen leurExé-cution ; Mais il les faut vouloir efficace-jften't, c'est à dire,: avec telle Fermetéqu'on les veuille toujours, &qu'apreï•en avoir commandé l'Exécution,, onlasse châtier sévèrement ceux qui n'o-kéïssentpas.

i..

,-' Cellesqui paroissetit les plus difficiles,

• • ,

&p'rcs-

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.

DR.R.ICH. Chap. II. itcyprcsqucs impossibles, ne le font quepar ^indifférence, ayee laquelle il sem-ble qu'on .les vciïillc,. & qu'on les oï*donne* & il cil vrai que les Sujets feronttoujours Religieux à obéir, lors que lesPrinces feront Fermes<& persévérans àcommander ; d'où, U s'cnftiit que c'estune chosecertaine,• que leur Inclissércn'

ce &:le'ur Foibíeíle, eiï sont la Cause.

.

En un mot, ainsi que vouloir forte*ment, & faire ce qu'on veut, est unemême chose en un Prince autorisé enion Etat ; ainsi,voulojrfaiblement & nevouloir pas, cn.lpn,tlsi,.dirìerens, qu'ilsaboutissent à une mêi)ic Fin. '

: .. -Le Gouvernement; du Royaume re-quiert une Vertu mâle, & une Ferme-té inébranlable, contraire à la Moleslè,qui expose ceux en qui elle se trouye,aux entreprîtesde leurs Ennemis.

II faut en toutes choses, agiravec Vi•

gueur, veu principalement,que quandmême le Succcx de ce qu'onentreprendneseroit pas bon, au moins aura-t oncet avantage , que n'ayant rien obrmis de ce qui le pouvoit faire réussir, onévitera la Honte, lorsqu'on nc peut évi-ter le Mal d'un mauvaisEvénement.

,Quand même on succomberoit çnfaisant son Devoir, ía Disgrâce seroithçurcuse ', & au contraire, quelque bon

A 6 Suc-

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IX TBSTAM. POLïTIQt DU C.Suçcex qu'on puisse avoir, en sb relâ-chant de ce à quoi fou est obligé parHonneur & par Conscience, il'dóif'é*tre estimé malheureux, puis qu'il nësçauroitemporter aucun Profit, qui é«*

gale les Desavantages qu'on reçoit d\ìMoyen par lequel il a été procitrë. !

Par le Passé>

la plupart dés grandsDesseins de laFrance font aîíèiéhFu^méc

, parce que iá première difficultéqu'on rencontroit en leur Exécution,:arrêtoit tous ceux qui par Raison, nédévoient pas laisser que de lesppuríùi-vrè;. & s'il elt arrive^áutrcmentdurant'le Régne de \^ MtlaPersévérance aveclàquélleonacòrìstaríiméntagt, eivcíllà/ cause.

; - •' - :• ;

SîUrie fois on ti'est pas propre à l'Exé-'cutiond'un bonDessein, il cn faut at-tendreune autre ; & lors qu'on a mis laMain à l'Ocuvre 1, fi les diffieuitefc$u?on rencontreobligent à Squelque fur-,séancej laRaifòti véutqu'òii reprehn©f^s premières vòyes

,<aiíssi-tôt que W

teins & l'óccalion se ítrou'veroht favo-'ïábles.

Ëuunmot, rien nc doit détournerd'unebonneEntreprise j si ce n'estcju'iîarrive quelque Accidenty qui la rende-tout-à-'fait impossible, &il riè faut rienoubliésde céqui peut avancer l?Exécu-

Ò -'v tiou

Page 15: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DE RicH. Chap. II. tjtion de celles, qu'on a résolues avecRaison.

C'est ce qui m'oblige de parler en ceLieu du Secret & de la Discipline, quisont fi nécessaires au bon Succès desAffaires, que rien ne le peutdavantage.

Outre que TËxpérience en íaitFoy,la Raison en est e'vidente, veu que cequisurprend

,étonned'ordinairede teil-

le sorte, qu'il ôte souvent les Moyensde s'y opposer, & que pour suivre lente-ment l'cxéciuion d'un Deslèin, & lcdivulguer, est le rìieme que parlerd'u-ne chose pour né la pas faire.

De la vientque les FemmesPareílcu-íès, &peùSecrètes de leur nature, fontíì peu Propres au Gouvernement ; -quesi on considère encore ,

qu'elles fontfort sujettes à leurs Passions, & par con-ísequent-peu susceptibles de Raison &de*justice ce seul Priticipe les exclud detoutes Administrationspubliques.J'' ' - »

r Cé'ii'est pas qu'il nes'en puifife trouverquelqu'une, tellement exemte de césrDéfauts, qu'elle pourroit y être admise.

II y a peu de Régies, qui ne soient ca-pables de quelque Exception ; Ce Siéclemême en a porté quelqu'une, qu'on neíçauroit assez loiier ; mais il est vraiqu'ordinairement îeurMolessc les rendIncapables d'uue Vertu mâle., néces-

A 7.

faire

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14 TESÏAM. POLTTIC). «U'C.faire à

.

l'Adminiftrátion., & qu'iPcstpresque impossible, que leur Ciouver*nemcntsoitexemt:,! oudcB.islíslse,, bude Diminution

,dont la Koibleíïe-de

leùr Sexe est Ja cause; ou d'Injustice,ou de:Cruauté, dont le Dérèglementde leurs Pastìons, qui leur, tient lieu deRaison, est la vraye Source.

.. ;!•...":'., ••: .:; K; :-':-'í>• —^~

:: CHAPITRE ail."

.. ! -,'t-;:.-• r - • riQuittiòfitre'fiuc lès Intacts Pribliçç.fyi-

' vent hrel^ùt^quc.^ihdê^cii^'àìd

[ [HQÌven(cttì:]ïfffirc^

Ï«: EsIntérçtsPublip^4pîv,ent éçrçVu*inique Fin du Prince*-^deses Çoh^

sçillers, ousçlu 4Tioins,-les uns, &,les au-tres sont!pbligçz de lçs a^oir^n fi;singu^itéré. í^pjîîijiandatjQiì ^qu'ils tepréfférent.iípus.îesP^rtie^rs., r..\ i5,sj0ji >I1 eAMpossiblecde,fiQnçpyyiç Jt?í3içnqufytfPrjneç, 6ç:ceux;dònt ij( £ç;fcft,&\\ses Affaires, ^çjLive])^ faire s'ils ..fu'imm.Religieusement, ce Principe ,& Qij;ncfçauroit s'imaginer lc Mal qui arrivesun État

j,quand on pré/ere les Intérêts

Particuliers,, aux Publics ,çc que cesderniers font régle^par les autres. ;. .iLayrayePhilosophie, jaÌLoy Çhrc-

.! tien-

Page 17: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DI; R ICH. CHAP. III. i?tienne

,& la Politique

,enseignent lì

clairement cette Vérité, que les Con-

seillers d'un Prince ne sçauroient luimettre trop souvent devant les Yeux unPrincipe iì nécessaire

,ni le Prince châ-

tier aíìcz sévèrement ceux de son Con-seil, qui sont assez Misérables, pour nele pratiquer pas.

Je ne puis que jc ne remarque à cepropos, que la Prospérité qui a toujoursaccompagné l'Espagne depuisquelquesSiécles, n'a point d'autre Cause que 1cSoin que son Conseil a eu de préférerles Intérêts de TEtat à tous autres v &que la plupart des Malheurs qui fontarrivez à la France ont été causez par lctrop grand attachement que beaucoupde ceux qui ont été employez àVAdmi-nistration ont eu à leurs propres Intérêtsau préjudice de ceux du Public.

Les uns ont toujours suivi les Intérêtsdu Public

vqui par la force de leur na-

ture les ont tirez à ce qui s'est trouvé leplus avantageux à l'Ftat.

Et les autres accommodant touteschoies ou àìeur utilité ou à leur caprice,les ont souvent détournez de leur pro-pre Fin

, pour les conduire à celles quileur étoient ou plus agréables ou plusavantageuses, .;,

La Mort ou le Changement des Mi-nistres

Page 18: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

só TESTAM, POLITICT. DUC.nistres n'ont jamais apporte de muta-tion au Conseil d'Espagne. Mais il n*cna pas été de même en ce Royaume, où.les Affaires n'ont pas seulement étéchangées par le changement des Con-seillers

, mais elles ont pris tant dedi-verses Formes fous les mêmes par la di-versité' de leurs Conseils, qu'un tel Pro

•cédé eût assurément Ruiné cette A4o-narchic

,fi Dieu par fa Bonté netiroit

.des Imperfections de nôtre Nation, leRemède des Maux dont elle estcause.Si la diversité de nos Intérêts 6c nôtreInconstance naturelle nous portent sou-vent dans des Préjugea effroyables

rnô-

tre légèreté ïïiéme ne nous permet pasde demeurer fermes & stables en ce qui•eít de nôtre propre bien

,& nous en

tire si promptement que nos Ennemisne pouvant prendre de justes mesuresíùrdes variété?, si fréquentes, n'ont pasle loisirde profiterdenos Fawes.i. Vôtre-Conseil ayant changéde Pro-cédé depuis certain tems, yos Affairesont aussi changé de Face au grandBienKdu Royaume ; Et si à l'avenir on conti-nue de lùivreTExempte du Régne deV. M. nos Voisins n'auront pas fAvanftagç qu?ilsoht eu, par lç passé. Mai» céRoyaume partageant la Sagesse aye$eux

^áura fans^doúíe part à la bonne

' r f For-

Page 19: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DE RICH. Chap. IIL ,17Fortune

>

puis qu'encore qu'être Sage& Heureux ne lbit pas toujours unc-JM&»"me Chose

,le meilleur m9ye.11 qu'on

puiílê prendre pour n'être pas Malheu-reux est de prendre le chemin qu'enseij-gncntla Prudence & la Raison, &non,1e Dérèglement ailcfc .ordinaireauxEtrrn itYdcs Hommes r& particulièrementa ceux des François.

.. :Si.ceux,en qui V.M. sççonficra.d»

Soin de ses Affaires, ont la Capacité cila Probité' dont j'ai parlé cy-deíîus, El-le n'aura plus à íe garder en çequiconrcerne ce Principe ; ce qui de soi-mêmene lui fera pasdifficile, puisque l'Infé-rêt deia propreRéputation du Prjjicc &ceux clû Public n'ont qu'une rheme fìn.

»LesPriuces,consententfortaisément

aux RéglemensÇénérauxdc leursEtats,parce qu 'en lesfaiíànt ; ils n'ont devantles .ye^ux queJa; Raison c< ,1a }u$içer,.qu'qn .èmWafle volontiersjors.qu'pn ìjetíòuve pointcj'ohstacíes.qui détournentdubon chemin. Mais quand l'oceaíîouse présente de mettre en Pratique lesbons fcùablislemens-qu'ils ont faits, ilsne montrent pas toujours la même Fer-meté

, parce que c'elt Jlprs que Içs Inté-rêts du'-Tiers &,du Quart, la Pitié, la.Cqmpariìon, la Faveur & lçsiwp.ortu-nitëz.les solicitent & s'opposent;n V?ufs

bons

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ì£ ThisTAM. POLITIÇ^DUCbons'Desseins:, & qu'ils n'ont pas sou-ventasteidc force pour fë, Vaincre eiix-méitiesi& mépriser dés1 Considérationsparticulières'qui ne doiventêtre de nuípoids au respect des publiques, ' : "'

; C'est én tçìïes oçcaíìòris c(u!ijs.doi-vent recviciHir5'foutëtjléiír Fór.cétòhtrçléúr Foiblëífe, se remettant dçvant lesYeux §ue ceux.que.Dieu destiné à con-server lesìmtres, n'en!

1

ídòivent áVoirque pour voir ce qui est avantageuxauPublic & pour leur coniervàtion toutensemble. I!

.

-'íi:

Vmfíéii m mmy'anc'è tftWèfyaìrlnu

,' S:* QhuifeViìmïmPdìmÏÏtHt: x } ;r:

.

M..-:;:/:!//..;!! ;•)/; :«<..! íi; ^^ ,..;'-•! '

TJ ïfiisr n'est pîttè îléceítàire'au'Gòávêf-J\; némèíitd'unEtat%\è là PreVo'yáíí-ce, puis que -par''fort; MpyèíVòn peut.aisément prévenubeaucoííp'de îylaiiiJ^qui ne íc peuvent guéris'qti'avëc'^ degrandes Difficulté* qùaiid'ils fontPri-vez. .: •:•f ' ''(.'''-;'•_ ;* -, ' ••--• \' l,íi

-*»s Airisi que îè ]VÍedécitiqui seait pfe^e-,.nirles1

MaladiesV?e:st jMiís estimé que' ce-lui quitravaillé à- les-gderirV^jUffitó'«MiniíWtyKtát dóiveiit itësouV'ënWe

t ' i rc~

Page 21: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DE Rien, Chap. IV. 19remettre devant les yeux & Représenterà leur Maître qu'il cil plus Importantde considérer l'avcnirque le présent, &qu'il est des Maux comme des Ennemisd'un Etat, au devant desquels il vautmieux s'avancer

, que de se réserver àles chasser aprés leur arrivée.

Ceux qui en useront autrement tom-beront en de tres-grandes Confusions,ausquelles il fera bien difficile d'apporterensuite du Remède.

Cependant c'est une choíè ordinaireaux Espritscommunsde se contenterdepousser letems avec l'épaule

,& d'ai-

mer mieux conserver leur aise un moisdurant que de s'en priverce peu de t£ms,pour se garantir du trouble de plusieursannéesqu'ils ne considèrent pas, parcequ'ils nevoyent que ce qui est présent,oc n'anticipent pas le tcmsparime sagePrévoyance.

Ceux qui vivent au jour la journée»

vivent heureusement pour eux ,mais

on vit malheureusement sous leur Con-duite.

Qui prévoit de loin ne fait rien parprécipitation, puis qu'il y pense de bon-ne heure, & il est difficile demalíairclors qu'on y a pensé auparavant-

Il y a certaines occasions ausquelles iln'est pas permis de Délibérer long-.tems,

par-

Page 22: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

20 TESTAM. PÓLTTlQ. DU C.parce que la nature des Affaires ne Jcpermet pas. Mais en celles qui ne fontpas dp ce genre ,

le plus seurestde dor-mir sur les Aflaires, & de récompenserpar la Sagesse de 1'Êxécution le délaiqu'on prend pour la mieux résoudre.

«.II a été un tems qu'on- nedonnoit ence Royaume aucun Ordre par précau-tion

,& lors mêmequeks Maux étoient

arrivqï,, l'on n'y apportoifque des Re-mèdes palliatifs, parce qu'il étoit im-possible d'y pourvoir absolument, fansblesser le Tiers & le Quartde l'IntérétParticulier qu'on préféroit alorsau Pu-blie* Cela faisoit qu'on secontentoit(d'adoucir lés Playes au lieu de les gué-rir , cè:quiacauíebeaucòup de'Maux•dans ce Royaume.

•Maintenantona, grâces à Dieu, de-puis quelques années changé cette façond'agir avec un Succez si heuteux, qu'ori-treque lâ Raison nous convie à la con-tinuer/ le grand fruit qu'on en á receùyobligé tres-étroitement. -._>

Il faut dormir comme le Lion fansfermer les yeux, qu'on doit avoir con-tinuellement ouverts pour prévoir lesmoindres Inconvéniens qui peuvent ar-river ; sb íbúvenìr-qu'aìnsi que la Phtisiene rend pas lé Poux émû, bien qu'ellesoit •mortelle. Àihíì àrrive-t-il souyerit;í

)dans

Page 23: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DE Rien. Chap. IV. itdans les Etats, que les Maux qui fontimperceptibles de leur origine, &donton a moins de sentiment sont les plusdangereux, & ceux qui viennent enfinà être de plus grande conséquence.

L'cxtraordinaire Soin qu'il faut avoirpour n'être point surpris en telles occa-sions

,fait qu'ainsiqu'on a toujours esti-

mé les Etats Gouverner, par des GensSages, Bienheureux ; Aussi on a creuqu'entre ceux qui les Gouvcrnoient,ceux qui étoient les moins Sages étoientles plus Heureux.

PlusunHomme-est habile, plusrcl-sent-il le Faix du Gouvernementdont ilest chargé.

Une Administration publique occu-petellcment les meilleursEsprits, queles perpétuelles Méditationsqu'ils fontcontraints de faire'pour prévoir & pré-venir les Maux qui peuvent arriver, lesprivent de repos & de contentement,hors de celui qu'ils peuvent recevoirvoyant beaucoup de Gens dormir fanscrainte à l'ombre de leurs Veilles, & vi-vre Heureux par leur Misère.

Comme il est nécessaire de voir au-tant qu'il est possible par avance, quelpeut être le Succès des Desseins qu'onentreprend pour ne se tromper pas enion compte ,

la Sagesse & la veuc desHom-

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22 TÇSTAM. POLITIQ/ DU C.Hommes ayant toujours desBoníes audelà desqueíles.cUc.n'ap>erçoit rien, &n'y ayaní que Dieu qui puisse voir laderniere í'in des choses ; il suffit souventde sçayoir que les Projets qu'on fait fontjuftes ,& possibles pour s'y embarquerayecRailon.

. .; M

.Dieu concourt à toutes les Actions

4çs Hommes par une coopération gé-nérale qui fuit leur Dessein,, &c'eitàeux d!ulèr en toutes choses de leur liber-té selon la Prudence dont la Divine Sa-gesse les a rendus capables.

.Mais lors qtfil s agit de grandes En-

treprises qui concernent la Conduitedes Hommes, aprés avoir satisfaità l'o?bligatíon qu'ils ont d'ouvrir double-ment les yeux pour mieux prendre leursmesures ; Aprés s'être servis de toute laconsidération dont l'Esprit Humain estcapable,, ils doiycnt se reposer íùr laBontéde l'Esprit de Dieu-, qui inspirantquelqubfois AUX Hommes ce qui est detpute éternité dans;

r

ses Décrets,

lesconduit comme par la mainà leurs pro-pres Fias.

• •;.;. ,.

CHA-

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;DRÌRICH. Chap. V ' 13

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r í , " •j\<- :\{l\ : A .'il.!

--:... ;'•

.t- G,H A P IiTR Ê V.

La Peine & la Récompense sont deux1

Points tont-À-fait nc'ceflaires à la ÇOK-HtiïtcdeiËtatf, '

C^E'sivuiìdirccòmmuníniaisd'áu-tant phís véritablequ'il a ètédé tout

tems en la bouche & en rËíprit dé tousles Hommes

> que la Peine & la Ré-compense sont les deux Points les plusIrriportans pour •

la Conduite d'unRoyaume.

.

' ,"''•.'•II est certain quequand rriêmc ou ne se

sciviroit point au Gouverriemeíit dçsEtatsd'aucunPrincipe que de celui d'é-fie inflexible à châtier ceux qui les des-servent^ religieux àRécompenserceuxqui

.

leur procurent quelque. notableAvatitagè. On ne íçauroit les ìhal Gou-verner', n'y ayaiít personne qui 1 rie soitcápabl'é'd^tré contenu dans son De-voir fcaf íàcrainte cfci par l'eípérarícç.

Jefais marcher laPeinedevant laRe-compcníè, parce que s'il se faloit pri*viér dé l'une desdeux, iì vaudroit mieuxíédispchsét de ìa dernière que de la pre-mière. ..•'..'

-I/i'tìçn devanture embrassé pourIV

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*4 TESTAM. POLITIQ. DU C.l'amour de Soi-même, à Ja grande rj-gueïïr Òn ne doit point de Récompensea celui quLs'y forte. I Mais ntyayantpointde Crimequi ne viole ce.à quoi onest obligé., il n'y en a pointqui n'gbligeà ía Peine qui estdeue àladp-0Dèi(Tan-ce, & cette obligation est si étroite qù*énbeaucoup .djoçcasionspnnp,pcut]lajdèçune faute irtípUnié

>

ìàns enjçpm^çttrtftìne libUyeílçl '

t

' ' 7'. ' '-

' Jé páríé des Fautes qui bíéfîentl'Etaupar Desseinprojesté, & nonde plusieurs,autres" qui arrivent par hazard é<r parMtHeùr, éTqucllés les Princes peu-;yentôfdoivenj user d'Indulgence. ,\V: Ëien que pàrdònnèréntëtcas ípituiie

à\íô£é louablenéçhâtiçr pasuíiéfaute deconséquence, &.dont i'Impunité ou-vre la porte à la licence

>c'est une ob-

ì^issipncriminelle.,,.; fi.;; t,;,;{ ;,....Les Théologiens éîidemeurentd'ac-çdru aussi bjerçque.les^lmques ?r&tous èònviennenè '.qu'en certèinVs^ reikcontres,pu les Princes, scroi.ent mal, 4^ne pardonner pas" à ceú^ qui font char-gez, ' du Gouvernement Public, ils, íè-rôie'ntaussi inexcusables,' si au Heu'dìu-úé. séyéré Punition

,:iïs utpiéiû d'Iíí-

dûlgencé. - - -- " - - -^^'Expérience apprenant à çeùx qui

ont une longue Pratique'du Monde,que

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> DE Rien. Chap. V. *.?que les Hommes perdent facilement Umémoire des Bienfaits

,& que lors

qu'ils en font comblez, le désir d'en a-voir'de plus grands» les rend souvent& Ambitieux 6c Ingrats tout ensemble,elle nous fait connoîtreaussi que leschâ-timens font un moyen plus aíìeuré pourcontenir un chacun dans son devoir.Veu qu'on les oublie d'autant moinsqu'ils font impression fur nos Sens, pluspuillàns fur la plupart des Hommes que1A liaison

,qui n'a point de force fur

beaucoupd'Esprits.Etre Rigoureux envers les Particu-

liers qui font gloirede mépriser les Loix(Vies Ordonnances d'un btat

,c'est

écie bon pour le Public. Et on ne fau-roit faire un plus grand Crime contre lesIntérêts Publics, qu'en fe rendant In-dulgent envers ceux qui les violent.

hntre plusieurs Monopoles,

Fa-ctions & Séditions qui se font faites demon temsdaíis ce Royaume, je n'ai ja-mais veu que fImpunité ait porté aucunEsprit naturellement àfe corriger de íàmauvaise Inclination. Mais au contrai-re font retournez à leur premier vomifcsèment, & souvent avec plusd'effet laseconde fois que lapremière.

I/Indulgence pratiquée jusqu'à pré-sent en ce Royaume, Pa souvent misXarth II, B en

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26 TEST AM. POL IT I & DU C.eu de tres-grandes & déplorablesextré-mitez. •'•..

Les Fuites y étantjmpunies, çhâ-çuny asai^gn Métier de fa .Charge i &fans avpirega^f çe à qaoí il étpit pbligét?our s;

;ê^^cq^jtter;digtieiTaenç, il a feu-iementcpnfìderé çe qu'il ppuvoit fairepour èn profiter davantage.,:

; ; -.Si les Áncicns ont estimé qu'il ctóitdangereux de vivre íòus un Prince

y ìqui

ne veut rien reniettre; d<?Ja-rigueur dut)foit};: îls ont,aussi .remajqu^û^llVi-toit encore davantage: ;de

;yivre dans- uti

Etat, pù l'jmpunité ouvreJà Porte àtoute sorte de piç,ei|pes.;,

t .;Teí Prince, ou Magistrat, craindrapécherpar trop de rigueur, qui devroitrendre çpmpte à D i BU, & néíçaurojtqu*êtrç blâmé des.hpmtBe's sages

»s'il

ri'exerçoit pas çeìlç quìcA prescrite pafe

.

Jeï'ai íbuyejnt représenté à V. M. &je la supplie encore de s'en resouveuirsoigneusement, parce qu'ainsi qu'il setrouvedes Princes

iqui ont besoin d'&

tredétounieide la Sévérité, pour évi-te^îa cruauté à laquelle ils sont portespar leurs Inclinations ,

% M> a besoiríd^tre divertie d'une fàuffeGlenienceyplusdangereuse que ta Cruauté même,puis que ^impunité donne lieu d'ea

.

exer*

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DE RICH. Chap. V. iyexercer beaucoup qu'on nepeut empê-cherque par le Châtiment.

La Verge,qui est le Symbolede la Ju>fìice

, ne doit jamais être inutile>

Jesçais bien aulìì qu'elle ne doit pas être siaccompagnée de Rigueur /qu'elle soitdestituée de Bonté ; Mais cettedernièreQualité ne íè trouve point en fIndul-gence qui autorise les Désordres

,qui

pour petits qu'ils soient, sont souvent íîpréjudiciables à l'Etat, qu'ils peuventcauser su Ruine.

S'il se rencontre quelqu'unaslez mal-avisé pour condamner en ce Royaumela Sévérité néceíîìiire aux Etats, parcequejusqu'à présent elle n'y a pas été pra-tiquée

,il ne faudra que lui ouvrir les

yeux, pour lui faire cônnoîtreque l'Im-punitéjusqu'à présent y a été trop ordi-naire, & la feule cause, queTOrdreôcla Régie n'y ont jamais eu aucun lieu,& que la continuation des Desordrescontraintde recourir aux derniers Re-mèdes

, pour en arrêter le Cours.Tant départis qui se sontfaitsparle

passé contre les Rois, n'ont point eud'autre source que leur trop grande lisdulgence. Enfin pourvu qu'on sçachenôtre Histoire

, on ne peut ignorer cet-te Vérité

,dont je produis un Témoi-

gnage d'autant moins suspect, en ceB i dont

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a$ TBSTAM.POLITIC^DUC.dont il s'agit, qu'il est tiré de la Bouchede nos Ennemis, cc qui preíque cntouté autre occasion le rcndròifnon ré-qevable. 'i :.;'.

Lé Cardinal Zapata homme de bonEsprit

*rencontrant les Sieurs Baraùt

& Bautru dans rÁnti-çhambre du Roifou Maître

4un-quart-d'hourcâpres que

la Nouvelle fut arrivée à Madrid del'Exécutiondu Pue de Montmorenci,leur -fit .ce.tfp fQuejlioi) ; que) le étoit .1*

plusgrande cáufcde la Mqrt de ce Duc;Bautru répondit pronjptenjent ,

scionla Qualité de .son.Ésprittout de feu

-, enEspagnol

•}£ //>• fatjdr* No , repartit lc

Cardinal :pçr^/a.Cjetmnj}^de (ors %?(?*

antepajfaHoí : Quj étoit dire propre-ment, queles.JFautes que les Prédéces-seurs du Roi avpient connnifes, .étojentplusçiuïse du châtimentde.ee JQúc

, queIçs/iennes. propres, ;; ; ,".. -. ;<*. :!-.- Ën«matière; de Grirne.d'Etat,-;iifaut%mer,la Porte, .à ,Ìa:Pitjé;, & mépriíèrles Plaiiues^es personnes.Intéressées

>& les Discours d'une Vopulace Igno-rante ,,

qiijj, b$mç fluelques-íbjs ce ,qujl4ui est je plus, utile

(*r& fòuvcnt tout à-

írikiijác^íì^irç.; r' ,..,.-'.

j.'

<

Les tíïr^icnsdpivènt perdre la me?înoire des Offenses qu'íls/reçoiyentenleurparticulier, máis les Magistrats font

Page 31: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DR RICH. Chap. V. ipobligez de n'oublier pas celles quiinté-rcslèìit le Public

»

& en etíet, les laiíïerimpunies, est bien plutôt les.commet-tre de nouveau , que les pardonner &les remettre.

II y a beaucoup de Gens,dont l'Igno-rance est fi grossière,qu'ils estiment quec'est fuffiíammcnt remédier à un Mal,que d'en faire une nouvelle Défense;mais tant s'en faut qu'il soit ainsi, queicpuis dire avec vérité , que les nouvellesLoix nclbnt pas tant des RemèdesauxDésordres des Etats, que des Témoi-gnages de leur Maladie, & des Preuvesassurées de la Foibleste du Gouverne-mentjattenduque si les Anciennes Loixavoient été bien exécutées, ilneseroitbesoin

,ni de les rénouveller, ni. d'en

faire d'autrçs pour arrêter de nouveauxDésordres

,qui n'eussent pas plutôt

pris cours, que l'on eût vû une grandeAutorité à punir les Maux commis.

Les Ordonnances & les Loix sonttour-à-fait mutiles, íl elles neíbntfui-vies d'exécutions, si absolumentnécePíàires, que bien qu'au cours des Affairesordinaires) la Justice requière une Preu-ve Autentique, il n'en est pas de mêmeeu celles qui concernent lV.tat ; Puisqu'en tel Cas,ce qui paroît par des Con-jectures prenantes doit quelques-fois

B 3 âtre

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ao TESTAM.POUTIQ^DUC.être tenu pour suffisamment éclairci ;d'autantque les Partis, & les Monopo-les qui se forment contre le Salut Pu-blic

,se traittent d'ordinaire- áveó tant

de Rusé &de Secret, qu'on n'enájairiaisde Preuve évidente, que par leur évé-nement, quine tfcçpit plus de Remède.

II faut en selles occasions commen-cer quelques-foîs par l'exécution

, aulieu qu'en toutes autres, l'écîairciíle-ment du Droit par Témoins, ou parPièces irréprochables, est préalable àtouteschoies.

Ces Maximes semblent dangereuses,& en effet elles ne font pas entièrementexemptes dePéril, mais elles se trouve-ront tres-certainement telles, fine seservant pas desderniers & extrêmes Re-mèdes

,aux Maux qui ne sevérifieront

que par Conjectures, l'on en arrêtefeulement le cours par des Moyens iti-nocens, commefEloignement, ou laPrisondes Personnes soupçonnées.

La bonne Conscience,

& la Péné-tration d'un Esprit Judicieux, quiSça-vant au cours des Affaires, cotmoîtpresque auflicertainement lè Futur quele Présent ; que le Jugement médiocrepar lavûê'deschoses mémes, garantiracette Pratique de mauvaise fuite ; &aupis aller, PAbus qu'on y peut commet-

tre

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DE Ri CH. Chap. V. 3rtre n'étant dangereux que pour les Par-ticuliers, à laViedesquels on ne touchepoint púï telíe Voye

,elle he laisse pas

d'être Récévablé, veu que leur Inté-

rêt n'est pas comparable à celui du Pu-blic.

Cependant il faut être fort rétérîu,pour n'ouvrir pas par ce moyen uneForte à laTyrannie, dont on se garen-tifa indubitablement, si comme j'ai ditci-deísus, on ne fe sert en Cas douteux,que de Remèdes innocens.

Les Punitions font fì nécessaires ence qui concerne l'Intérêt Public, qu'iln'est pas même libre d'user encegem'ede Fautes d'Indulgence

, compensantuti Mal présent pour un Bien pasté,c'est à dire, de laisser un Crime impu-ni, parce que celui qui l'acommis, «bien servi en quelque autre Occasion.

C'est néanmoins ce qui jusqu'à pré-sent s'estsouvent pratiqué en ce Royau-me, où non seulement les Fautes légè-res ont été oubliées, par la considéra-tion des Services de grande importan-ce; mais les plus grands Crimes abolis,par des Services de nulle considération ,ce qui est tout-à-fait iníuportable.

JLc Bien & le Mal font si diftérens& sicontraires, qu'ils nedoivent point êtremis en paralcle l'un avec l'autre ; Cc

13 4 font

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3i TSSTAMVPOL i ri c^ DU Ç.

font deux Ennemis, entre lesquels il;ne se doit faire hi Quarter, niéchan-jgç ; si; l'un est' digne dé Récompense;,.l'autre j'gst ide Châtiment ,;;& tousídeuxdoiventêtre trajíea íèlbn leur iVltSrite. . . .._,

Quand même la Conscience pour-roit souffrir qu'on laissât une Action si-gnalée sans Recompense, & unGrimenotable sans Châtiment !, la RaisoniPEtat ne le pourroit permettre.La Punition & les Bien-faits, regar-áent îc Futur plutôt que le Passé j ílfeutpar nécessité qu'un Prince íòitSé^vére, pour détourner les Maux qui sepourroien'r commettre , sur respérari-çed'en obt-énír Grâce, s'ilétoitconnutrop indulgent, & qu'il fasseduBienàçeûx quîfònt plus Utiles au Public,pdiurjeur donner lieu de continuer àbien-faire , & à tout le Monde de lesimiter, & suivre leur Exemple.

Ilyauroit plaisir à pardonnerun Cri*me ,

fi son Impunité ne IâiíToit pointlieude craindreune mauvâiíesuíte ; &la Nécessité jdel*Ëtaî: dispénferólt queì-gue^-fois légitimement de recompen-ccr un Service, íj en privant celui quifa rendu de son Salaire

, on ne se pri-voit pas aussi conjointement de l'Ëípé

•ranced'en recevoir à l'avenir.

Le

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DE RICH. Chap.V. 33Les Ames Nobles prenant autant de

plaisir du bien, qu'elles ont de peine àfaire du mal, je quitte le Discours desChâtimcns&dcs Supplices, pour finiragréablement ce Chapitre, par lesbien-faits

,& par les Récompenses ;. Sur quoi

je ne puis queje ne remarque,. qu'il y acette Différence, entre les Grâces quisefont parRéconnoiíìancede Service,& celles qui n'ont autre Fondement,que la pure "Faveur des Rois, quecel-lcs-cy doivent être grandement modé-rées, au líeuque les autres ne doiventavoir d'autres Bornes,que celles mê-mes des Services qui ont dtc rendus auPublic.

Le Bien des Etats requiert íì absolu-mentque leurs Princes soient Libéraux,que s'il m'cít quelques fois venu dansl'Efprit, qu'il íè trouve des hommes,qui par leur Propension Naturelle nefont pas Bien-faisans ; jrai toujours esti-mé

, que ce défaut, blâmable en touteforte de personnes, est une. dangereuseImperfection aux Souverains, que é-tant â titre plus particulier que les au-tres, Plmage de leur Créateur, qui patfa nature fait bien à tout le Monde, nopeuvent pas ne l'iniiter ence point, fansen être responsablesdevant lui.

La raison est, qu'il veut qu'ils pren-13 f lien*

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34 TfiSTAM.pOLlTIQ^Dt/G.nent plaisir à suivre son exemple, 6:qu'ils distribuent leurs bien-faitsde Bon-ne-grace; Autrement obligeant, íànsces deux Conditions, il rellèmblentaux Avaricieux, qui fervent en leursFestinsde bonnes;Viandes, mais si mal-aprêtées

» que ceux qui y íbnt en fontnourris íàns mettre la main à lábouche,ou ceux qui en faisant la dépeníè cnprennent leur part comme les autres,n'ayant aucunpîaisircn les mangeant.

Je m'étendroisdavantage fur ce sujet,fijè n'en avois parlé en un autre àes Cha-pitresprecédens ^représentantcombienil est importantj. que les Princes Mentdu bien à ceux de leur Conseil, qui lesserviront fidèlement.

CHAPITRE' VI.XJnetàgociatióncóntinuellë, ne contri-

.

buï pafpeu au bm fiicces>j'ct Affaites.

LEs Etats reçoivent tant d'avantagedes Négociations continuelles, lors

qu'elles font conduites avec prudence,qu'il n'est pas possiblede le croire

>fi on

M le filait par expérience-' Jpavouëque je n'ài connucette Véri-té

9que cinqou six ans aprez, que j'ai été

employé dans 1c maniement des afFai-

res;

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DE R i CH. Chap. VI. 35*

rcs ì Mais j'en ai maintenant tant decertitude, que j'ose dire hardiment,quenégocier iàns cciìc: ouvertement ou se-crètement en tous Lieux, encore mê-me qu'on n'en reçoive pas un Fruit pré-sent, & queceluy qu'on enpeut atten-dre à l'avenirne soit pas apparent, cilchose tout-à-sait néceísaire pour le biendes Etats.

Je puis dire avec vérité, avoir vûdcmonTems changer tout-à-sait de faceles assures de la France, & de la Chré-tienté, pour avoir, fous l'AutoritéduRoi, fait pratiquer ce principe, jus-qu'alors absolument négligé en ce Ro-yaume.

•Entre ses semences

,.il s'en trouve

qui produiíènt plutôt leur fruítlcsunesque les autres ; il y enaqui riesontpaspltitót en Terre, qu'elles germent- &poussent une Pointe au dehors, & d'au-tres y demeurent fort long-tcms avantque de produire un mérne clrèt.

Celui qui négotie trouve enfin un In-stant propre pour venir à les-Fins ; &quand même il ne le trouveroit pas, aumoins est-il vrai qu'il ne peut rien per-dre

,& que par le Moyen de íès Négo-

ciations, il est averti de ce qui scp.,iîedans le Monde, ce qui n'est pus de peti-te Conséquence pour le bien des Etats.

J3 6 Les

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$6 TKSTAM.PoLiTrc^DU C.Les Négociations íbnt des remèdes

innocens, qui ne font jamais de Mal,il faut agir par tout, prez & loin, &surtout à Rome.

Entre les deux Conseils qu'AntoinePérezdonna au Feu Roi, il mit en Tê-te de se rendre Puisìànt en cetté Cour-là

,& non sans raiíòn, puis que les Am-

bassìdeurs&tons les Princes de la Chré-tienté qui s'y trouvent j jugent que ceuxqui íbnt en cette Cour les plus Puislànsen Crédit & en Autorité, íbnt ceux eneffet qui ont plus de Puissance en eux-mêmes, & plus de Fortune; &cn vé-rité leur Jugement n'est pas mal fondé,#ant certain que bien qu'il n'y ait Per-sonne au Móndequi doive faire tant d'é-tat de la Raison que les Papes, il n'y apoint de Lieu où la Puiíìànce soit plusconsidérée qu'en leur Cour ; Ce qui pa-roît íi clairement, que le Reipecì qu'ony rend aux Ambassadeurs croît ou dimi-nué& changede face tous les jours., se-lon que les Assaires de leurs Maîtresvont bien ou Mal, d'où il arrive biensouvent que ces Ministres reçoiventdeux Visages en un jour, lì un Courriertjui arrive le Soir, rapporte des Nou-velle* ditterentes de celles qui font ve-íMësleMatin.

II est des Etats comme des Corps Hurmains

9

Page 39: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DÉ Ri CH. Chap. VI. %7mains, la bonne couleur qui paroî tactVisage de rHommc, fait juger au Mé-decin qu'il n'y a rien de gâté au dedans,òvde même que ce bon Tein procèdede la bonne Diípolìtiondes Parties No-bles & Internes, aussi eft-il certain quele moyen le meilleur qu'un Prince puisic pratiquer

, peur être bien à Rome,cít de bien établir lès Affaires au dedansde les Etats, òí qu'il eíì presque impos-sible d'etre en grande Réputation danscette Ville

,qui a long-tcms été le

Chef, & qui cít lc Centre du Monde,íansl'etrc par tout l'Univers, au grandAvantage des Intérêts Publics.

La lumière naturelle enseigne à nuchacun qu'il faut taire état de les Voi-sins, parce que comme leur Voisinageleur donne lieu de pouvoir nuire, il lesmet auslì en état de pouvoir servir ainsique les dehors d'une Place, qui empê-chent qu'on cn puisse d'abord appro-cher les Murailles.

Les médiocres Esprits resserrent leurspcnlées dans Tétenduë des Etats où ilsíbntnefc

,msis ceux à qui Dieu u don-

né plus de Lumière, apprenant des

Médecins, qu'aux plus grands Maux,les Révolutions se font violemmentparles Parties les plus éloignées, ils n'ou-blient rien pour se fortifier au loin.

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38 TESTAM.FOLITIQ. DU G..II faut agir eii tous Lieux ( ce quî est

bien à remarquer ) íelon l'hiímeur & lesmoyens convenablesà la portéede ceuxavec qui on négocie.

Diverses Nations ont divers Mouvc-ìtteìis, les unes concluent prompte-mentcequ'elles VéUÍcnt faire ,& les au-tres y marchent a pas de plomb.

Les Républiques íont de cc dernierGenre, dlcs vont lentement, & d'or-dinaire on n'obtient pas d'elles au pre-mier coup ce qu'on demande, mais ilfaut sc contenterde peu, pour parvenirà davantage.

Comme les grands Corpsse meuventplus difficilement que les petits, telsGenres d'Etat étant compoïèz dcplu-íîéurs T&çs, ils íònt beaucoup plus tar-difs en leurs Résolutions, & en leursExécutions, que les autres.

Et pour cette Raison la Prudenceoblige' ceux qui négocient avec eux delcurfdon.ncr du Teins, & ne les presserqu'autaíit que leur Constitution natu-relle permet.

II est à remarquer, qu'ainíî que lesRaisons fortes & solides font excellen-tes pour lbs grands &Puiíìàns Génies,ìéSfôibíes' sohfc meilleures poùfles mé-diocres1, parce qu'ellesfontplus de leuríortéë.

- Châ*

Page 41: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DE RICH. Chap. VI. 39-

Chacun conçoit les Araires selon JûCapacité, les plus grandes semblent ai-fées & petites aux hommes de bon En-tendement, & de grand Coeur, & ceuxqui n'ont pas cesqualitez trouvent d'or1-dinaire toutdifficile.

Tels Esprits font incapables de con-noîtrcle Poids de ce qui leur est propo-íë, & fontquclques-íòis peu de comptede cc qui cnestet est de grande impor-tance, & quelques-fois austi beaucoupde cas de ce qui ne mérite pas d'être con-iìdéré.

Il faut agir avec un chacun selon laportéede son esprit : En certaines occa*-íions tant s'en faut que parler & agircourageusement, aprez qu'on amis ledroit de son côté, soit courir à une Ru*pturc, qu'au contraire,, c'est plutôt laprévenir & l'étouftcr en sii naillance.

.

End'autres, au lieu de relever mal àpropos de certains Discours faits im-prudemment par ceux avec qui l'ontraître, il faut les souffrir avec Prudence6c Adresse tout ensemble, & n'avoird'oreillcsque pour entendre ccqui faitparvenir à ses Fins.

II y a des Gens fi Présomptueux,qu'ils estimentdevoir user de Bravouresen toutes rencontres, croyant que c'est:

unbonMoyenpour obtenir cc qu'ils nepeu-

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40 TESTAM. POLIT I Q. DU C.peuvent prétendre par Raison, & àquoi ils ne sçauroientcontraindre par laForce.

Ils pensent avoirfaitdu Mal, quandils ont menacé d'en faire ; mais outreque ce Procédé eíl contraire à la Raison,il ne réussit jamais avec les HonnêtesGens.

Comme les Sots ne font pa? bons ànégocier, il y a des Esprits si fins & íidélicats, qu'ils n'y sont pas beaucoupplus propres, parce que subtilisant surtoutes choses, ils font commeceux quirompent la pointe des Aiguilles les vou-lantaffiler.

» •. :•

.Pour bien agir il faut des Gens quitiennent le milieu entre ces deuxextré-niitez, & les plus délieiíè servant de laBonté de leurs Esprits, pour s'empê-cherd'être trompes doivent bien pren-dre garde de î^etnjser pas pour trom-perceux avec qui ils traitent.

Oníè méfie tòtìjoursde celui qu'orivoit agir avec Finesse

,& qui donne

mauvaise impression de la Franchise &Fidélité avec laquelle il doit agir; Cclíìn'avancepas ses Affaires.

• ,Les mêmes Paroles ont souventdeux Sens, l?im qui dépend de la Boni**ne-foy & de FJngénuïté des Hommes,»l'autre de leur Art -& Subtilité, parla-i- quelte

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T>v. RICH. Chnp. VI. 41quelle il est fort aifó détourner lavrayçSignifícntion d'un Mot, a des Expiieztions volontaires.

Les grandes Négociations nc doiventpas avoir un seul moment d'ínteimií-íìon, il faut poursuivre cc qu'on entre-prend avec une perpétuelle líiite dedel-seins, en sorte qu'on nc celse jamaisd'agir, que par Raison, &non par ré-lâche d'Esprit, par Indifférence des cho-ses, Vacillation de Pensées, & par ré-solution contraire.

Ií ne faut pas aussi se dégoûter par unmauvais Evénement, puis qu'il arrivequelques-fois, que ce qui est entreprisavec plus de raison, réiislît avec moin?de Bonheur.

II est difficile de combattre souvent& être toujours Vainqueur, & c'est u-ne marque d'une extraordinaire Bénérdiction quand les Succez sont favora-bles aux grandes choses, & feulementcontraires en celles dont l'Evéncmentest peu important.

C'est beaucoup que les Négociationssoient si innocentes, qu'on en puiílètirer de tres-grands Avantages, & qu'onn'en puisse jamais recevoir de Mal.

Si quelqu'un dit qu'il en est souventde nuisibles, je contens qu'il mésestimetout-à-íaií mon jugement, s'il n-e ré-

con-

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4* TESTAM. POLITIC^. mi Cconnoît, au cas qu'il veuille ouvrir lesyeux ,

qu'au lieu de pouvoir imputerles mauvaisSuccez qu'il a rémarqué auRemède que je propose, ils ne doiventl'être qu'à ceux qui n'ont pas bien íçûS'en servir.

Quand mé*mé il ne pròduiroitáUtrébien que desgagnéstèfïís ctfcertaines oc-casions, céqurâtfived'órdiriaire, l'U*sage en seroít tres-récòffirhândabíe &utile aux Etats, puis qu'il né faíit sou-vent qu'un instant pour éviterune téin-pfre.

Encoreque les Alliances, qui se con-tractent souvent par divers Mariagesentré les Couronnes-, ne produisentpastoujours le Fruit qu'on en peut délirer,fi est-ce qu'il ne les faut pas négliger, &que c'est souventune des plus importan-tes MatièresdesNégociations.

Toujours on tire cetÀvantage,qu'el-les retiennent pour un tems les Etats enquelque-considérationdé respect les unsenvers les autres, & pour en faire étatil suffit qu'ils eh profitent qiielques-fòis.

Ainsi que pour avoir de bons Fruits,il faut enter ; les Princes de Frahçé,qui tirent leur Naiíïànce de Parehs d'é-gale & de haute Qualité, doivent ôtrepar Raison élève?,, & íàns doute leursang íè conserve d'autant plus Illustre,

qu'il

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DE RiCH. Chap. VI. 43qu'il est moins mêlé avec d'antre.

Au reste les Alliances fervent quél-quesfòisà éteindre les Ligues & lesLiaisons efiíre les Etats, & bien qu'el lesnc produisent pas toujours ce bon Effet,futilité qu'en reçoit ta Maison d'Au^triche, fait bienvoirqu'elles ne font pasà négliger.

En Matière d'Etat, il faut tirer Pro-fit de touteschoses, & ce qui peut areUtile nedoitjamais être méprisé.

Les Ligues font de ce genre, le Fruitcn est souvent tres-incei tain, & cepen-dant il ne faut pas laifler d'en faire Cas ;bien est-ce vray, que jc ne conseillerasjamais à un Grand Prince, de s'embar-quer volontairement

,fur le Fonde-

4

ment d'une Ligue, en un Dessein de'difficileExécution, s'il ne se sent asseîíFort pour le faire réussir, quand mêrheíès Collègues viendroient à lui man-quer.

Deutf Raisons me font avancer cetteProposition.

La Première tire son Origine & faForce de la Foiblesse des Unions, quilie font jamais trop asseurées entre di-verses têtes Souveraines.

La Seconde coníìste en ce que les Pe-tits(PrincCs font souvent aussi Soigneux&Diiigens, à engager les GrandsRois

cn

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44. TEST A M. POLITIQ;. DU G.cndçs entreprises d'importance, qu'ilsfont Paresseux à les y seconder, bienqu'ils y soient étroitement obligez, &qu'il s en trouve même qui se tirentquelques-fois du Pair, aux dépens deceux qu'ils ont embarquez preíque con-tre leur gré.

Bien que ce soit un dire commun ,que quiconque a la Force, a d'ordinairela Raison, il est vray toutes-fois, quedeux Puissances inégales jointes par unTraités laplus grande court nique d'ê-tre plus abandonnée que l'autre ; laRaison en est! «évidente; La Réputationest si importante à un Grand Prince,qu'onne íçauroit lui proposer aucun A-vantage, qui puisse compenser la Pertequ'il seroìt, s'il manquoit aux Engage-mentde íà Parole, & de ft foi : Et l'onpeut faire un si bon Partià celui dont laPuiítànce est médiocre

,quoi que íà

Qualité soit Souveraine, que probable-ment il préférera son Utilité à son Hon-neur, ce qui le fera manquer à, son O-bligation envers celui qui prévoyant sonInfidélité, ne íçauroit même se résou-dre à la pre'vénir ; parce qu'être aban-donné de ses Alliez

, ne lui estpas défigrande conséquence, que le Préjudicequ'il recevroit, s'il violoit la foi.

LesRois doivent bien prendre garde,aux

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D F. RICH. Chap. VI. 4?aux Traitez qu'ils font-; mais quand ilssont faits, ils doivent les observer avecReligion.

Je IÇais bien que beaucoup de Politi-ques enseignent le contraire; mais íànsconsidérer en ce Lieu, ce que la FoiChrétienne nous peut fournir contreces Maximes; Je soutiens que puisquelaPcrtcdel'Honneur eítplus que cellede perdre la Vie, un Grand Prince doitplutôt I1a7ar.dcr.iaPersonne, & mêmerlntérêt de son Etat, que de manquerà fa Parole, qu'il ne pëut viòlëïkins

•perdre ,íà Réputation, & par consé-quent la plus grande Force des Souve-rains.

L'Importancc deceLieu me fait re-marquer ,

qu'il est tout-ì-fàit nécessaired'être Exact aux Choix des "A'mbaiîà-deurs, & autres Négociateurs ; & qufànne íçauroit être trop Sévère à pttrjrceux qui outrepassent leur Pouvoir; puisque par telles Fautes, ils mettent cnCompromis la Réputation des Prin-ces, &|c bien des Etats tout ensemble.

La Facilité, ou la Corruption de cer-tains Esprits, cst,quelq'ues fois si gran-de

,& la Démangeaison, qu'ont quel-

ques autres, qui jue font ni Foibles niMédians, de faire quelque chose, estsouvent si extraordinaire, que s'ils ne

sont

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Af> TSSTAM. PoLITíQ. DU C.ibnt retenus dans les Bornes qui leurfont prescrites, par la Crainte de leurPertcabsolué*, il s'en trouvera toujours,qui se laisseront plutôt aller à ruire.demauvaisTraite%,quc de n'enfaire point.

,

J'ai fjiit tant d'expérience dé cette vél-rite

•,qu'elle me contraint de finir cc

Chapitre en disant, que quiconquemanqueraà être Rigoureux en telles oc-casions

, manqueraà ce qui est néceslài-rc à la Subsistance des Etats.

CHAPITRE VII.JJtt des plus grands Avantages, qifon

puise procurer à un Etat, est de desti-ner un cbâçun à PRmjtìoy qui lui estfrtfre,

"ï>ti.arrive tant de Maux aux Etats, pardbl'mcapacitéde ceux qui font emplo-yée aux Principales Charges, & auxCommissions les plus Importantes, quelê Prince, & ceux qui ont part à l'Ad-ministration de ses Affaires, ne íçau-róient avoir trop de foin, à çe gué cha-cun íòït feulement; destins aù'x^ Fou^-^iohs'àuíquellegH est Propre. [ ;

• •'

Lés Esprits- les- plus Clairs - voyaris,^tansmême quëlquês-fóis Aveuglés encO qùi; les touche í & íè trouvant peu

d'Hom-

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DP. RICH. Chap. VIT. 47d'Hommes qui veuillent s'imposer desBornes, par les Régies de la Raison ;Ceux qui iè trouvent en crédit auprèsdes Princes croyent, toujours &re Di-gnes de toute forte d'Emplois, & fur ccfaux Fondement ils n'oublient rien dece qu'ils peuvent pour les obtenir.

Cependant U est vrai que tel qui estcapable de servir le Public en certainesFonctions fera capable de le ruiner eud'autres.

J'ai veu arriver de íi étranges Incon-ve'nieus par les mauvais choix qui ontété faits de mon tems , que je ne puisque je ne m'écrie fur ce sujet pour euéviter de semblables à l'avenir.

Si les Médecins nç souffrent pas quel'on fasse une nouvelle épreuve iur despersonnes de considération, il est aisede concevoircombien, il est dangereuxde mettre aux principales Charges del'fcitatdes Personnes fans Expérience,donnant lieu par ce moyen à des Ap-prentirs de faire des coups d'Eíîài en desoccasions où ceux des Maîtres & lesChefs d'oeuvies sont nécessaires.

?Ricn n'est plus capable de Ruïner unEtat qu'un tel Procédé

, vraye sourcede t#ute sorte de Desordres. '

Un Ambáíìàdeur mal choisi pourfaire un grand Traitté, peut par son i-

gno-

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48 TBSTAM, Ponnq. DU C.gnoiance porter.un notable préjudice.

U u. Gínérs*! d! Armée incapable-d'untel emploi

Ì ,

est capable de bazarder malà propos toutcla, Fp.rjt uj^e.de son Maître&kl3o)ihiçuiide^uïEtat^ r i

^l on>]jjjí\ ÍÍQuverjjeur díMue; place irhpor^tántc destituédes Conditions nécessairesà íà Garde, peut en un in staiif tcUemèntavancer la Ruine de tout un Royaume jbii'à peiné uugiécle, poiîrra-t.il réparerïcs Fautes.

*" .Hïimti'U

çcux ,qui- fo|tt d^ns.les Emplois ì?ublicseu etpsent cjsigncscï

tjes %tm-serpieMiíon

fpulfime^e^nip^fy, beaucoup^Ax?cíâerisqlií trpjï^nt ipuyeut leur repos^inajsjoun;piént4funefféijçité indicible.1t,sJç\^gi'bjea qufÙ eft rtrçs difficile deíe^cjDÌi%er ,4és lujççs; qui ayejit

-,toutes;

ïçs^bâl^e^; -rje^uiîfeç;-^y^jGri^rgÇ?;qu*oii

îe^r^çstjjtvêïJfii)$i$Q ^mpiqç; ikut ilqu'iV^jíòiçntf ppurVeus <je.sprincipales',!$|prs ^û^ù jjç peut en trouver- d^acSçom|íiSii çéjiijeít pas une; petifdíàtis-facîio.iiVcje/clipifír îes, meilleurs ;qui:le

Ìi£]gine^^^.ÁïtuiceVdons' ils, së^èryent^d'prdi^air'e

j?>pur i£de£UÌÍ££& q^èhçr jj^sí)£í|juts,tèsfônt'.miíçdhhòîcrcmíqu'â tel point.

.01-. 4«€"

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DE RICK. Chap. VII. 49qu'étant établis dans de grandes Char-ges ,

ils paraissent auiìi Malicieux qu'onles estimoit pleins de Vertu quand onles a choilìs; Il faut promptement ré-parer la méprise, &lì l'Indulgence peutfaire tolérer quelque légère incapacité,elle ne doit jamais faire souffrir la Mali-ce trop préjudiciableaux Etats pourëtrçtolérée en considération des IntérêtsParticuliers.

C'est en cet endroit qu'il faut Repré-senter librement aux Rois jusqu'à quelpoints ils font Responsables devantDieuquand ils donnent par pure Faveucles grands Emplois& lesCharges qùi nepeuvent être possédées par les Espritsmédiocres, qu'au préjudice des Etats.

C'esten cette occasion qu'il fout faireconnoître qu'en ne condamnant pastout à fait les affections particulières quin'ont autre fondementqu'une inclina-tionnaturelle, qu'onaplûtòt pour unepersonne que pour une autre ; On nepeut excuser les Princes qui se laiílèntaller jusqu'à tel point que de donneraceux qu'ils aiment de la forte des Char-ges en TExercice desquelles ils parois*sent être aussi Préjudiciables à l'Etat,qu'Utiles à Eux-mêmes.

Ceux qui font fi heureux d'avoir lesbonnes grâces des Princes par la force

Ptrtic IL C de,

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£0;, TíSTAMoPóLÎTÎc^ DU 0/dçletìr Inclination. doivent aussi l'&iehiíqu'à çc. point que d'en recevoir des-Ayantages, .quand meme ils n'auroientpnslçs qualités qui peuvent bien les enrçndre signes ;- & Içpublic ne peut s'enplaindre ayeç Raison., fi çe n'est qu'ils,íbientminipdéréï^ ;

; : ;ií '

: ;

^ÎVÍqis. c'est uti sinistre augure pour un

»î^rùiçc;,: lojrç que cèluí: qui est le plusconsidérablepour son Intérêt, n'est pasle jîlusçqníidlté par lá faveur r & les £-tats,f)e* íònt-jamaiien, plus mauvais état4i^ìpJç§quc,les/InçliwatÌQ0Sque le Prin-ces £pur q^Jq.uçsjParticuHers préva-lent- ;aux §eryj(çes. d^ççux qui Ipiû plusqulpsauPubiipî .y^l-o ^

> •"" n -w *;fcíùrçl cas, ijì l'çstime du Souverain.,

ijQ^mQuriqtÇotVíîvii porte ,-ftii lVípé-

rìiúcq He' (a Récompense ji'.exciteïitplus.

iJíì^ijhjjjfl^rençe'du^bien;ôtsdujjìal, &l!Ê^v|^|clajaloulìe, pu, l&dépit,ppr-

;tçjit,^ chjçun à négliger íòn devoir:,;parce; a\x^h n'y&. 'períònhei qui estime,

Sujets*t .doit rempjir,/lesìPçincipaïes:Charges, & leç.pre^ieresj^ignitejqe.

í^^iIVÎpi^íîivq^U^wi^trpu-îf * r~x *• í

.ver

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DE RTCH. Chap. VIÍ. ?tver la caule de loa Choix dans le Mú-rite.

Tels Gens doivent être recherchezdans toute l'Etendué d'un ct\t, & nonreçus par importunitez, ou .choisis danfcla Foule de ceux qui rbnt le plus de pres-se à la Foi te du Cabinet des Rois j oúde leurs favoris.

Si la faveur n'a point de lieu aux'Ele-cìions, & que le ívléritc cn lbit le íèulFondement, outre que l'Etat lc trou-vera bien servi, les Princes éviterontbeaucoup d'Ingratitudes, qui íè trou-vent souvent en certains Híprits qui lbntd'autant moins Réconnoîslàiisdes bien-faits qu'ils reçoivent, qu'ils les méri-tent iiiuins : Etant certain

, que les mê-mes Qualité*, qui rendent les hommesDigues da bien-fait, font celles qui lesrendent Capables & Dciìrcux de le re-connoître.

(

:

Plusieurs oiit de bons Seutim'ens àHuilant qu'on les oblige, mais ' la Con-stitutionde leur Nature les emporte peude teins aprés, & ils oublient aisémentce qu'ils doivent à autrui, parce qu'ilsrìe s'attachent qu'à eux-mêmes; & com-me le feu convertit tout en fa substan-ce, ils ne considèrent les Inrér£ísPi-bíiçs, que pour les convertir' à leur A-vuntage, & méprisent égalemerít ceux

C z qui

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£1 TESÏAM. POLITIQ, DU C.qui leur font du bien, & les Etats danslesquels ils en reçoivent.

JU Faveur peut innocemment avoirlieu ^n certaines choses; Mais un Ro-yaume est en mauvais état, lors que leXf.ôue de cetteFausse Déeste est élevéàj^ dessus de la Raison. ',-',u lie Méritedoit toujours emporter.labalance, #: lors queìa Justice est d'uncôté

>.là Faveur ne peut prévaloir faus

injustice.' Lres Favoris font d'autant plus dange-reux^ que ceux qui font élevez par lafortuné fcsefvçnt rarement de laRai-ij&Vj «commeelle n'est pas Favorableà leurs Desseins, elle se trouve d'ordi-naijre tout-à-fait Impuissante à arrêter leCours de ceux qu'ils font au Préjudicedel'Etat,

A dire vray, je ne vois rien qui soit sicapable de ruiner le plus Florissant Ro-yaume du Monde

,, que l'Appétit detelles Gens, ou 1c Dérèglement d'uneFemme, quand un Prince en est po£sedé.

.J'avpuëd'autant plus hardiment cet-te Proposition ,-qu'à ce genre de Mauxíl n'y à point de Remèdes, que ceuxqui/dépeniient duHaïard Òí duTems

>qi\i foissaivt sQuvent périr íes Malades,sárW íè^r, donner, aucun Secours, doi-

? *•' vent

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DP. RiCH.Chap.VII. $1vent £trc censcz les plus mauvais Méde-cins du Monde.

Ainfi que la plus éclatante Lumière,ne fait pas qu'un Aveugleentr'apperçoi-ve seulement son Chemin

,aussi n'y a-

t-il aucun Raïon qui puisse dessiller lesYeuxd'un Prince, qui les a couvertsdeFaveur & de Passion.

Quiconque a lesYcux bandez ne sçatí-roit taire debon Choix que par házard,& partant le Salut de V K rat requeraurqu on les fasse toujours tels par Raison',il requiert aussi que les Princesnè íbierìtpossédez par des Personnes qui les pri-vent de Lumière, dont ils ont bésoi'Upourvoir les Objets qu'on leur met de-vant les Yeux.

Lors que le Coeur des Princes est prispar tellevoye, il est presque inutile debien faire

, parce que les Artifices deceux qui font Maîtres de leurs Affe-ctions noircissent les plus pures Actions,& forit souvent pasler les Services 10splus1 signalez pouf des Offenses.

Plùiieurs Princes sc sont perdus, poiíravoir préféré leur Affection particulièreaux Intérêts Publics.

Tels Malheurs sont arrivez à qUel-ques-uns, parl'Éxcez des Passionsdé-réglées qu'ils onteu pour les Femmes.

Quelques-uns sont tombez en pareilsG 3 In-

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^4 TESTAM. POL ÏT I Q. DU C.I.nçpnvdniehsf,, par une si Simple & siAveugle P&ïïìón

,qu'ils ont, eu^ poujr

l.çpr^Favoris,que pouréleyçr IçiîrFpr-st£he

.,ils ont ruiné la leur propre,

.

j >. .-

,'.. Ily^èiVa èu.d'autres, qui n'aimantiìçn naturellement;, n'ont pas laissé d'a-voir des Moúvémeiis si violens

, eu fa-veur dé certains Pariiculiçrs ; qu'ils -ont

!rÇ)n .s^etonnera,peut-êtref, de çettelPropQr]uón j qui clt çepcntjaiìt auilivé-n^iey^qù'ell^estaiíëe à concevoir; &«l'on considère, que tels Mouvemerisfônt Maladies aux Esprits qui eii -fontagitez, ,&qu'ainsi que la cause des Fiè-vres; est lásCorruption des /Humeurs,aûflîpent-orìdirc, que ces fortes d|Af-fections violentes,. font. plutôt fônçléèsfiír leDefaut de celui en qui elles le trpu-.vent, ,q\ie sUiveMerite de ceux qui enfeçoiVent- l'ÉfTet, ó^l'Avantage.

>Tels Maux portent dîqrdinairc leur<Remède aveceux, en ce qu'étant vio-lens, ' iís "'lS^ìtí:dp.pé^!dç1duri^fj;.-lSlais

Jprç qu'ilsirCÒntiiiueíit,' lis apportent^UVeiit^insi.que les Fíéyresde c^tte na-ture, la Mort aux Malades, ou un Dé-fautde Santé, quife repare en fuite di-siciîemeut.

Les plus Sa^es Princes ont évité tous

.ces divers genres de ÌVlau'x, en régUuit

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DERICH. Chap.VIT. ^teìlemenc leurs Affections, .que laseu-lc Raison cn tût la Guide.

Bcauc 3iip s'en sont guéris, aprez a-voir connu à leurs dépens, que s'ils riefeusllnt fait, leur Ruine étoit inévita-ble.

Pour revenir précisément au Point dela Question proposée en cc Chapitre,qui a pour but de taire connoître, com-bien il est Important de faire discernerceux qui sont les plus propres aux Em-plois; Je le finirai, en disant, que puisquel'Intérêt des Hommes, est ce quid'ordinaire les fait malverser aux Char-ges qui leur font commises : Les Ecclé-siastiques font souvent préférables

•à

beaucoup d'autres, lors qu'il est que*stion des grands Emplois, non pourêtre moins sujets à leurs Intérêts, maisparce qu'ils en ont beaucoup moinsqueles autres Hommes, puis que n*ayantni Femmes ni Enfans, ils font Libresdes liensqui attachent davantage.

C 4 CÍJA-

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$6 TËSTAM. POLITIQ. DU-C.

CHAPITRE VIII.VuMal que les Vlatenrs, Médisant, àr

faiseurs tflntriguct causent <p6rdi>mireauxEtats

,& combien ilest'/».-

fonaíìt de htéloignerd'dupre% desHpif, # lés bannirdeíeur CÔUY*

,

;îj L n'y a point de Peste, si capabledeJLïuÌn.erunEtat

, que les Fìateurs, Mé-dians, & certains Esprits , qui n'ontautre Deíîèin quede former des Cabales& des Intriguesdans les Cours.

lis font si Industrieux à répandre leurVenin, pardiverses façons impercepti-bles

*qu-ileít difficile de s'engarentir,

6pnn'yprendgarde de bienpr«* -;'.'....

Çomme ils nejont, ni de Gondi-tion? nide Mérite, pouravoir partauxAffaires, niaslèfcbons, pouren pren-dre aux Intérêts Publics, ils ne se sou-cient pas deJes troubler; mais pensantbeaucoup gagnerdans la confusion, ilsn'oublient rien de ce qu'ils peuvent,pour renverser par leurs Flateries, parleurs Artifices, & par leurs Médisan-ces, l'Ordre & la Régie qui les priventd'autant plus absolumentde toute Espé-rance de Fortune, qu'en un Etat bienDisciplinéon n'enpeut bâtir, que sur le

Fon«

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DE RlCH. CH!AP. Vlís. fjFondement du Mérite, dont ils fontdestituez.

Outre que c'est une chose ordinaire,que quiconque n'elt'point d'une Arrié-re, tâche à* la ruiner, il n'y a point deMaux que telles Gens ne'.puissent fai-re ; & partant il rì'yá point'de Précau*tions que les Princes ne doivent pren-dre contre la Malice

,qui fe voile en

tantdefaçons, qu'il est souvent difficiledes'engarentir.

II s'en trouve, qui destitue*/, de Coeur& d'Esprit, ne laislènt pas d'en avoiraslczpour feindre une aussi grande Fer-meté

,qu'une Profonde & Sévéré fa*-

gesse, &íèfaire valoir, cn trouvant à

redire à toutes les Actions d'autruy',îors méme qu'elles font les plus loíia-bles, & qu'il cít impossible d'en faire demeilleures, au líijet dont il s'agit.

lí n'y a rien de fi aisé, que de trouverdes Raisons apparentes, pour condam*-nerce qui ne fe peut faire mieux, &cequi a été entrepris avec de fi solides Fou*démens, qu'on n'eût pu ne le pas íáire,iàns commettre une notable Faute.

D'autres n'ayant ni Bouche ni Epe-ron, improuventpar leurs Gestes, parleur branlement do Tête

,& par une

Grimace (éiiense, ce qu'ils n'o(broientcondamnerde Parolcs,& qui ne peut être*blâmé par Raison. G 5 Pour

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$8 TrçSTAM. /RpLITiQs DU G.

îi, Pour ne point flater,

lors qu'ils'agítde teïîcs Gens

, ce n 'est point aflèz auPrince,de leur.interdire son Oreille;mais il faut lesbannirdu Cabinet & dela Co.ur tpu^ensembì.e ; parce qu'putreque je^rJ[aqil\té.eÌt quelques, fpjs, sigrande;, qitfentrejeiu; parjer& leur ber-iuadpvil.ii'iy a point de difíérençe,. lprsiinéme qu'iísnç peuvent être persuadez,il nc laiíïepasde leur demeurer quelqueimpression

,qui fait son effet une au-

trçfois", s'ils sont rebattus de mêmeArtifice:.; J^teneffet,, lepeud'appjica-tiioç qu'ils .ont^aux Arraires, r.

iciportesouvent à juger \p Procçfc, plutôt par leKombredes Témoins, que par lePoidsdes Accusations.

,

.

Á peine pourtqis-je raporter tous lesMaux

,dont ces mauvais Esprits ont

été Aiiteurs,, pendant, le Kégne deV.M.jMais j'ei^aiun fì.víf reírèntimçnt,$qur {'Intérêt de l'tftat,, qu'il mecon;traint dçdire, ,quMl íUût être Impitoya-ble; envèrsjelles |Gens,pour prévenir pa-reils Mouvcmens à ceux qui sont arri-vez de mon tems.

Pour Ferme & Constant que soit unPrince, il nc peut, fans grande Impru-dence

,& fans s'expoícr àía perte, con?

server aupréz dp lui de mauvais Esprits>qui peuvent le surprendre à l'iinprevû,

ainsi

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DE RICH. Chap. VIII.•

$9ainsi que pendant la Contagion une Va-peur maligne íàifit en un mitant 1c Coeur& le Cerveau des Hommes les plus forts& Robustes, lors qu'ils pensent être lesplus Sains.

II faut chasser ces Pestes Publiques,& ne les raprocher jamais

,s'ils n'ont

entièrement dépose leur Venin, ce quiarrive si peu fòuvent, que le soin qu'ondoit avoir du Repos, oblige plutôt à lala continuation de leur Eloignement,que la Charité ne convie à leur Rapcl.

Je mets hardiment cetté Propositioncn avant

, parce, que je n'ai jamais vûaucuns Esprits Amateurs de raclions 1,

& nourris aux Intrigues de la Cour, per-dre leurs mauvaises Habitudes & chan-ger de Nature

, que par Impuissance-;qui même à parler proprement ;pe leschange pas, puis que la Volonté' db! maí-faire leur demeure,! íors,qu'ils nvcnontplus le Pouvoir.

:

'

.Je íçaís bien, que quelques-un^ do

ces mauvais Esprits peuvent sincère-ment se convertir ; mais l'Experienccm'apprenant, que pour un qui demeu-re dans un'vray repentir

,il y enavint

qui retournent à.leur vomissement ;j'edécidé hardiment qu'il vaut mieux uífcrde rigucui envers un Particulier dignede Grâce, que d'exposer't'Etat à qtíéií-

C 6- ' que

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6ô TfiSTAM. PotïTÍCL. DU C.que Préjudice pourêtre trop Indulgent,ouàceuxqui gardantíeurMalice dansle Coeur, ne reconnoislènt leur fauteque par désLettres, ou à ceux dont lalégèreté doit faire craindre de nouvel-les Rechutes, \ pires que leurspremiersMaux. i;

QUe les Anges ne fassentjamais Mal,ce ì\est pas merveille

,puis qu*ilsíbnt

confirmez,en Grâce ; Mais que des Es-prits obstinez en cc genre de Malicefaiîent bien \ quand ils peuvent" faireMal

tc'est iule eípécc dé IVlifaçte, dont

ïamainPuitïàntede Di EU est lavrayeSource ; & il est Certain

,qu'un Hom-

irie dé graiide Probité aura beaucoupplus àt peine à subsister dans un Siécleçòriòmpup^r telles Gens, que celuidu-quel ils ne craindront pas la Vertu

>j)our

n'ét^é pas d'iihe réputation si éiitiére.

un estime qùeìqucs-fois, qii*il est delaBonti des Rois de tolérer les choiesquí semblent de peu d'importance enlcùr commencement î & ttioyjc dis,qu'ils ne íÇáurolent être trôp Soigneux

/Je découvrir 6c d'étoufferles moindresIntrigues de leurs Cabinets, & de leurs;Çòurs, erileurs ndíïariçes;

Lçsgrands KmbrasemenshaislantdcpetitesEtincelles ; quiconque en éteint\me\ ne íçait pas llncéndic qu'ilspré-

vc-

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DK Ri c H. Chap. VÍII. 6 rvenu ; mais pour le connoître

,s'il

en laisse quelqu'une fans Péteindrc ;encore que semblables Causes ne pro-duisent pas toujours mime effet, ilíetrouvera peut-être en telle ExtrémHté, qu'il ncsçauraplus y apporterRe-*méde. f

En telles occasions ce n'eit pasassetfd'éloigner les Grands à cause de leurPuissance, il faut fairede même des Pe-tits à cause de leur Malice : Tous íbntégalement dangereux

,& s'il yaquel-

que différence, lcsGensdcpeu, com-me plus cachez

,font plus à craindre1

que les autres.Ainsi que le mnuVais Air, dont j'ai

déja parlé, enfermé dans un Coffre, in-fecte souvent une Maison de la Conta-gion

,laquelle se met en suite dans tou-

te une Ville,

ainsi le? Intriguesdes Ca-binets

,remplissent souvent la Cour

des Princes de Partialités, qui troublent:cnsinlc Corps de l'Etat.

Pòuvantdireavec Vérité, que je n'aijamais vû" de Troubles en ce Royaume,(jui ayent eu d'autre commencement,jc répons encore une fois, qu'il cil plusimportant qu'il ne semble

,d'étouffer

non seulement les premières étincellesdctellesDivisions, lors qu'cllcsparoií-sent ; maisencorede les prévenir, pav

C 7 Wloi-

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0£ TE^TAMrPoLlTlQi'pllQ.l'eloignement, de ceux qui n'ont autrefoin que de les allumer.!: Le Repos de l'títat est une çhòíè tropimportante , pour pouvoir jnanqueriàce ReniçûÇí

y, fans, en. êtrç Íeíponìàì^e

J'áï quelques-fois viVlâ' Còiïr ~aù jl)t-lieu de la- Paix

,,íì pleine.de Factions,

faute de pratiquerçe salutaire Çpìiíei1,

que peu s'en est'fa^u^, qu'elles n'axentrenverier&t.;^;/'í;,v; ; :; ,''"'',Ù).f Cette pónnoiíTançe^;ic^ .çclle^quel^íjtpirer a^-dorjíneti à '%'}$• HeíçíívblablèPérils-fluq^plusieurs*^ $$#$:'cuiiérëmeht les derniers dé.yos.Preíje-çeíïèurs, íèipnt trouvez cx^osexpòurmême Çaúíe.', j'áyaiit contraint dé re-courir au Retrie^e

»

j'aî^û laprance fipaisible en^lIe^nêíîTÌe, pendantqu'£1,1.'çayoìtla^Qû^rre au dehors, ^ayòiíìe;ÇèposdonttìlejquUîoìt ,| ií ne^irçbíòit:pn^ qu'elle cút íes'plus^^ces íùrìcs Bras, ",'•'"''..'

, •>.7 .';1,.[

.

P.çut-être dìra-t-on que les' Fá^líòná& les Troubles

,dont je yieïis de par-

ler, íbiitplûtòt arrivées par l'ìhycíitiondes Femmes, que pijr la.Malicc'áès'F'ía-teur$,,;iVf .'«...„-:* .,„ r.',:.;. ,-.

'.,. •

,

jMatstantb'euraut, qUe^etíeItïstàii-,cc faire rjen•contres4ce; qiië-j ai 'mis; ennvan^,1; qu'au'èoritrai^eciié le cônlirme'

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D fi Ri TH. Chap. VIII. 63puitìamment

,puis qu'en parlant des

Flateurs,& d'autres Elprits semblables,je ne pretenspas exclure les Femmes,souvent plus dangereuses qucles Hom-mes ,

& au Sexe desquelles font atta-chez, divers genres d'Attraits, plusPuiíîàns pour pouvoir troubler & ren-verser les Cabinets, les Cours & lesEtats, que la plus subtile & industrieuseMalice de quelques autres Esprits quece puisse être.

II cil vrai, que pendant que les Rei-nes Catherine& Marie de Medicis, onteu part au Gouvernement des Etats', &qu'à leur Ombre diverses Femmes seméloicntdesArraires, il s'en est trouvéde PuiíBntcs cn bíprit & en Attraits,qui ont tait des Maux indicibles, leursCharges leur ayant acquis les plus Qua-lifiez du Royaume

,& les plus Mal-

heureux; Elles en ont tiré cet Avanta-ge à leurs Fins, qu'étant servies d'euxselon leurs Faisions, ils ont souventdesservi ceux qui ne leur étoient pointAgréables, parce qu'ils étoient Utilesà 1 Etat.

Je pourrois m'étendre fur ce Sujet,mais divers Respects retiennent ma Plu-me ,

qui pour n'être pas capable de Fla-terie, lors qu'elle la condamne ouver-tement, ne peut s'exempter de remar-

ques ,

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^ueí Î- que lês/ Favoris, dont j'ai parlentt Chapitre précédent, tiennent fòíí-vent liëtí de ceux dont jc viens d'ex'a-

K En1fiiiíedecés Vérités ;, iltie nie restétierí àdirèV fînón qtfilèsthììjíòtoleclegërètítir-lës Etats dëâ Maux f dóÉ cesdivèfs gëhrès d'EfpHts jjeuVeht^étréWáíb^^tú les éíóigrtánt deíIaGòûr;Cfèqûi estdoutant plus-nécéssairé, qu'onne íçauroit garder un Serpentdatis sòhSein, saris s'exposer au bâtard d'en êtreWàuér- '-'!•Ji:A '' 'íL ' 'Mrt:ìU-' '-'

CttÁtìTK Ê mDe laPuistàncc du.Ptinee.

-u ;./..

S B CiT, 10 N L'tèPïincc doit être f^ìsianç,; j^m'^'; còhsidáe Hë, fis fiijets b* des Ëtuh"

LA Puissance dtarit une des Chosesles plus nécessaires à la Grandeur

dçáRois, & au Bonheur de leur Gou-vernement ; ccuiqúi ont íá principaleConduite d'un títají ípné^àrtíéulièré-ï^ìèntòbligèî de iiéiriën obméttrev quipïiï/fc contribuer à rendre ìeurMaítfé

íi

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DE RICH. Chap. IX- Sect.I. 6yfi Authorisé

,qu'il íòit par ce moyen

considéré de tout le Monde.Comme la Bonté est l'objet de l'A-

mour, la Puislànce est la Cause de laCrainte

,& il est certain qu'entre tous

les Principes capables d'émouvoir unEtat, la Crainte,

qui est fondée cnl'Estime & en la Révérence , a cetteForce, qu'elle intéressedavantagecha-cun à faire son Dévoir.

Si ce Principe est de grande Efficaceau respect du dedansdes Etats, il ne Testpas moins au regard du dehors, les su-jets & les étrangers, regardant avec mê-mes yeux une Puislànce Redoutable,les uns & les autres s'abstiennent d'of-fenserun Prince

,qu'ils reconnoissent

être en état de leur faire du Mal, s'il ena laVolonté.

J'ai remarquéenpaslànt, que le Fon-dement de la Puislànce dont je parle,doit être l'Estime & le Respect»* /ajou-te , que c'est maintenant chose si né-cessaire, que si elle tire son Origine d'au-tres Principes, elle est tres dangereuse,en ce qu'au lieu d'être cause d'uneCrainte Raisonnable

,elle porte à haïr

les Princes, qui ne font jamais cn plusmiuvais état, que lors qu'elle tombecn une Aversion Publique.

La Puislànce qui fait considérer &crain-

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66 TSS'TAM.-POLITTQ. DU Ç.:'craindre les Princes avec Amour, aplusieurs çípéçcs différentes ; c'est un"Arbre qui a cinq diverses Branches, quitirent toutes leur nourriture & substanced'une méme Racine.

Le Prince doit être Puissant par suRéputation.

Par un raisonnable^nombre d'e: Gensde Guerre, continuellement entretenue.

Et par. une notable ìò'rrìine de der-niers dans ses Coffres ', pour subveniraux occasions imprévues, qui survien-nent souvent lors qu'on y pense lemoins.

.,

Enfin, par la Postèssiondu Coeur desesíujets, comme nous le pouvons clai-rementvoir.

S B C T I O N II.

Le Prince doit être Puissant par sa j^e-futatUn ; à- ce quiluiejlm'cejsaireâcette Fin,

LARéputation est d'autant plus né-ceflàire aux Princes, que celui du

quel on abonne Opinion, fait plus avec,fou íèul Nom

, que ceux qui ncíontpas estimes, avec des Années.

Ils font obligée d'en faire plus d'état,que de leur propre Vie

»& ils doivent

plutôt

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SE RICH. Chap. IX. Sect.ll. 67pliuôt hasarder leur Fortune & leurGrandeur, que de foussrirqu'ony fasteaucune Ï3rêçhe. étant certain que le prolììier Aftòiblissement qui ainve à la Ré-putation d'un Prince est, pour légerqa'il soit, lc Pas de plus dangereuse con-ièquence à sa Ruine.

Je dis hardiment en cette considéra-tion

, que les Princes ne doivent jamaisestimer qu'aucun Profit leur soit Avan-tageux ,

s'il interesse tant íbit peu leurHonneur, ôc. ils font

, ou Aveugles,ou Inlèníìblcs à leurs vrays Intérêts,s'ils en reçoivent de cette nature.

Eneflet, l'Histoire nous apprend,qu'en tout Teins & en tous Etats, lesPrincesde grande Réputation íònt tou-jours plus Heureux que ceux, qui leurcédant en cette Qualité, les ont surpas-se&en Force, en Richesses, & en touteautre Puiíîànce.

Comme ils n'ensçauroient être tropJaloux

,leurs Conseillers ne peuvent

avoir trop de foin»

de faire valoir lesbonnes Quai ÌÍQL qui lònt en leurs Per-sonnes.

Ceux qui formeront leur Conduite,fur les Régies & Principes contenus ence présent Testament, acquercront lansdoute

, un Nom quin'autapaspeudepoids dans l'Eí prit de lcuis sujets, & de

leurs

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J*8 TESTAM. PÒLITÍC^ tm C.leurs Voisins, particulièrement si étantReligieux envers Dieu, ils le font en-coredavantageenvers Eux-mêmes.

C'est à dire, Véritables en leurs Pa«rôles, & Fidèles en leiírs Promesses;Conditions fl absolument nécessaires àJa Réputation d'un Prince, qu'ainsi quecetoy qui en est destitué lié sçautoit ëtrcestiméde Personne; aussi eft-il impos-sible

, que ceíui qui lés possédé ne soitrévéréde tout le Monde,! & qu'onn'aitgrande confiance en luy. ^

Je pourrois raporter beaucoup d'E-xemples de cette Vérité; mais ne pré-tendantpas quecetOuvrage soit un lieucommun, & aisé à faire par toutes for-tes d'Esprits, quivoudront extraire lesbons Livres ; je me contentede né tienmettre en avant, qui ne soit si Certainfc si Clair, que toute Períònnc bien-sen-sée en trouvera la Preuve en son Rat-ionnement.

SECTION III.Le Prince doit être Puisiant parla Vorce

doser Vrontii'rtî.

ILfaudroit être privé de Sens com-mun, pourneconnoître pas, com-

bien il est important aux grands Etats,d'avoir

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DE RICK. Ch.ïX.Sect.III. 69d'avoir leurs Frontières bien Fortifiées.

C'est choie d'autant plus néceslàireen ce Royaume, que quand même lalégèreté de Nôtre Nation larendroit in-capable de faire de grandes Conquêtes,& Valeur la rendroit Invincible à là dé-fense, fi elle a de grandes Places, fi bienfortifiées, & fi bien munies de touteschoses, qu'elle puisse faire paroîtreíonCourage, fans être exposée à souffrir degrandes Incommodités

, qui íònt lesíêuls Ennemis qu'elle a à vaincre.

Une Frontière bien fortifiée est capa-bles de faire perdre aux Ennemis l'cn-vié

,qu'ils pourroient avoir, de for*

mer des desseins contre un Etat, ou aumoinsd'arrêter leur cours & leur impé-tuofité, s'ils sont assez osez, pour ve-nir à force ouverte.

Les subtils Mouvemcns de nôtre Na-tion ont besoin d'être garentisde la Ter-reur, qu'ellepourroitrecevoir, d'uneAttaque imprévue

,si elle ne sçavoit

que l'Entrée du Royaume a des Rem-partsliforts, qu'il n'y a pointd'Impé»tuolìtéEtrangère assez Puissante, pourles emporterd'emblée

,& qu'il eltim-

possible de s'en rendre Maîtres, qu'a*vec beaucoup de Teins.

La nouvelle Méthode de quelques-uns des Ennemis de cet Etat, étant plu-

tôt

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7* T?esrsAM: Pór/m-Q. DU G.tôt de raire périr par Famine les Placçsqu'ils assiègent, que deìes etiipòrterdevive force, & de ruiner plutôt le Païsqu'ils attaquent par grand nombre deCavalerie,*que de s'yavaiícerdéPied,avec lés-,Corps d'Infanterie considéra-bles',; commeoníaiíòk anrìenúemeht ;il est clair que les: Places Frontières-nelotit pas feulement utiles à résilier à telsEfforts

Ìmais qu'elles íbnt leSalutdes

Etats., au dedans desquels il est impossi-ble que les Ennemis fassent du grandsProgte'A s'ils laissent derrière eux desVilles, qui coupent & la. Communica-tion de leur Païs, & tes Convois tóutensemble. '

•Cette considération m'oblige à repré-

senter, que ce n'est pas assez de fortifier

IcsPlaces, & les munir seulement pourle tems, qu'elles puissent résister à uneAttaque de vive force, mais qu'il fautqu'elles íbientau moins fournies de tou-tes choses nécessaires pour plus d'unAn

>qui est un tems surfilant pour don-

ner lieu de les seepurir commodément.Je sçais bien qu'il est presque impos

fiole aux Grands Rois, de muniï ainsibeaucoup de Citadelles ; 'Mais ce n'estpas de mémedes giandesViUeS'V'OÙlHSoçiété.des Hommes produit i'ArïiaS debeaucoup de choses, dont un Gouver-

neur

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m RICH. Cte.íX.Secl.III. 71n:ur particulier ncíçauroit taire une a£íc/, gnmde Proviiion, & il cil ai te d'o-bliger les Habitans à le pourvoir de Vi-vres pour un An, qui suffiront toujourspour iìx Mois, &plus, íì on chaise lesBouches inutiles, comme la Raison leveut.

Tant s'en faut qu'on prétende qu'untel Ordrepuisse exemter les Souverainsd'avoir des Magasins Publics, qu'aucontrairej'eílimequ'ils n'en sçauroienttrop avoir, &qu'aprcz les avoir amas-sez

,ils doivent établir de iì bons Ordres

pour les conserver, qu'il ne soit pas li-bre aux Gouverneurs, à qui par Raisonla Dispolition en appartient, de les dis'lìper mal-à-propos, ou par une pureNégligence

, ou par le Délìr, qu'ilspoudroient avoir, de les convertir àleur Profit.

Je ne spécifie point positivement leNombre des Canons, * de la Poudre,des Boulets, & de toutes autres Muni*lions de Guerrequidoivent erre en cha-cun Place, parce qu'il doit être diffé-rent, selon leur diverse grandeur. Mais

bienl\) Pont ne rie n obmettre, je remarquerai

encore en ».ec endroit»qu'il v^ut mieux des Ma-

g.umsd-.íS.iìpestre, de Soulfre'cde Charbon,i;•.:? .hí'omlio ro.itf f.>itc; istrcc qu'elle se gâteaisément a la longue, & qu'un AccUk'M de FíUcil plus a cuin/"*-

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Ta* TESTAM POLITIQ^. DU C.biendirai-je, que les Munitionsde Bou-che ne sont pas plus nécessaires, quecelles de Guerre , & qu'en vain unePlace assiégée seroit bien fourniede Vi-vres ,

íi elle mauquoit de ce qui lui-estabsolument nécessaire

,& pour se de'-

fendre & pour offenser ses Ennemis,vcu principalement que ì'íi'xpéricnccnous taisantconnoîtrc, queceuxqui ti-rent le plus

-, tuentd'ordinaire davanta-ge» lorsqu'une Placeestassiégée, ondoit quasi plus épargner le Pain, que laPoudre.

-Les Anciens ayant remarqué fort à

propos, que la vraye Forcedes Places,gîten celle des Hommes, je nepuis quejene dise en suite

, que toutes les For-tifications íònt inutiles, ii le Gouver-neur& les Officiers, qui commandentdans une Place

,n'ont le Coeur aussi

fort que íès Murailles & ses Remparts,& ft le Nombre des Hommes n'est pro-portionné à la Grandeur de la Place*,&à la Quantité des postes qu'il fautdé-fendre.

L'Expérience nous a fait voir en di-verses occasions

, que les moindres Bi-coques se trouvent imprenables par laFermeté du Courage de ceux qui lesdeffendent, & que les meilleures Cita-dellesne font pas de grande résistance,

quand

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DE RICH. Ch.IX. Scct.IV. 75quand ceux qui íbnt dedans n'ont pas lcCoeur proportionné à leurs Forces.

Les Princes ne sçauroient en cetteconsidération avoir trop de iòin de bienchoiíir ceux au (quels ils confient leursFrontières

,puis que le lìilut & le Re-

pos de l'Etat dépendent principalementde leur Fidélité, de leurVigilance, deleur Courage & de leur Expérience ; &que íòuvent le défaut de l'une de ce>Qualitcz

,coûte des Millions aux E-

tats, lì ce n'eít la Cause abíòlué de leurPerte.

SECTION IV.De la Puifjance qu'un Etatdoit avoirf.u

jes Forces de 'Verre,

Cette Section a pourPAbondancede (a Matière plusieurs Subdivi-sions, qui feront marquées parRenvois au bout des Pa2.es.

L'ETAT le plus Puisiant du Mon-de, ne fçauroit se vanter de jouir

d'un Reposallûré, s'il n'est en état de íêgarentir en tout Tems d'une Invasionimprévue, &d unesuipriíè inopinée.

Pour cet effet il est néccíftire qu'un-grand Royaume comme eelui-cy

,ait

l'artte. IL D toû-

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^4 TESTÁM. POUTIQ. DU G.toujours un Corps de Gens-d*Armesentretenus , suffisant pour prévenir lesDíeíïèins que la Haine ôcPEnvîe pou-íóiênt former contre ÍK Prospérité & íàGrandeur, lorsqu'onTestime dans unRepos assuré-, ou au moins, pour lesétouffer dan s leui Haissance. í

Quiálá'Forçe'á souvent la Raison,

en Matière d'Etat ; & celui qui est Foi-bìc peut difficilement s'exemter d'avoirtortau;Jugement deîa píus grande Pat-tíëdúMòndei ••':'il -''Í-Í--";

-- ;.

<- ;

Gomme il arrive beaucoup d'Incoti--véniens au Soldat, qui ne porte pas tou-jours sonËpéè:; le Royaume qui n'estpas toujours fur ses gardes, & en état desc garentir d'une surprise inopinée

, abeaucoup à craindre,ri L,es,lnté^êt^fPublics obligent ceux

' qui pnt îa Conduite des Etats, à les, gou-verner eii sorte qu'ils puissent noni feu-lement les gaícntir de toút le Mal qui scpeutévitor, mais encoredel'Appréheu-siónqu'ils en pourroient avoir.' *La Raison voulant, qu'il y ait unePrópoitioiïGéométrique, entre ce quifóûtíéht y & çè qui est soutenufil estÍ- iîi'< í- r';;_K_r. .»•:.-: ; :-. ,, • :írCCr-

( * )'tià PutíTancçdeçPrincescstlêseúí rhoyênqtfì jíciit produire cét Efìet

>&partaht il reste feu-

ìcfncnfc de scavoiì qUélles Eorces doivent êtreQhtïCtyîuçstiansc^Royctuine.

,

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DE.-RICH. aux. Scct.iy. 7?certain qu'il nc'f&ut pas de MédiocresForces, pour soutenir un si grand Corps,que celui de ce Royaume,

Celles qui sont nécellaires àuncFirtsi importante

, peuvent & doivent êtrede d iíferente Nature,; c'est à dire, qu'en-tre les Gens de Guerre

,destinezpour

la conservationde cet F.tat:, les uns doi-vent être cnròólez,. pour être tous prêtstoutes les fois qu'il en fera besoin

,&

les autres continuellement lur Pied,pour n'être jamais un moment ,

fansêtre en état d'une bonneDéfense.

* Pour bien garnir les Villes Frontiè-res ,

& tenir un Corpsen état de s'oppo-ser à tout Dessein

1inopiné

,il faut au

moins entretenir 4000. Chevaux,

&40000. Hommes d'Infanterie conti-nuellement fur Pied, & l'on peut, fanscharger l'tëtat, tenir 10000. Gentils-hommes

,& 5-0000. Hommes de Pied,

enroolez, & j^réts à être levez toutes lesfois que l'occalioirle requerra.

On dira,

peut'être, que la Défen-se de l'Etut ne requiert pas de si grandiPréparatifs : Mais outre-que tant s'enfuit, quecet Etablistèmentíòitàchar-geàla France

,qu'au contraire laNo-

bleilèft le Peuple en recevront del'A-D 1 van-

,if ) >îomlvc de G.'ns de Guerre>

qui doivoin-tticciurC'U'nuscuce Royaume..

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Jó TÊSÍAM. POLITÌQ.. DU G.vanta^c i Je dis

,qu'il eíl nécestàíre

^

pour être capable de faire la Guerre,lors que le Bien de fEtat le demandera.

,

f Au Jugement des mieuxSenfcz, hGuerre est quelques-fois un Mal inévi-table; & en d'autres rencontres, il estabsolument nqceslàirc, .& tel qu'on enpeut tirer duBien.

Les Etats'en ont belbin en certainsXems, pour purger leurs mauvaisesHumeurs, pour recouvrer ce qui leurappartient,pour vangerune Injure, dontVImpuuitéen attireroit une autre, pourgarantir d'Oppression leurs Alliefc, pourarrêter le Coursde TOrgueil d'un Con-quérant , pour prévenir les Maux, donton est apparemment menace

,&dont

on ne sçauroit s'exemter par autrevoye, ou enfin, pour divers autres Ac-cidens. '

Je,soutiens, & c'estchose véritable,qu'il n'y çn peut avoir d'Heureuse, qui

ne (bit Juste>

parceque ii elle nel'étoitpas", quand l'Evencment en íeroitbon,(clon le Monde, il en faudroit rendreCompte au Tribunal de DIEU.

En cette considération,

la premièrechosequ'il faut raire, lors qu'on est con-traint de. venir aux Armes, estdebietiexaminer l'Equité.qui les met en main,

ce(f ) La Cu«rc est quelques fois ntcs&titç'

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DR RTCH. eux. Sea.iv. rìce qui doit être fait par des DocteursdeCapacité & de Probité requise.

Cc Fondement présupposé-, on né

doit penser qu'aux moyens de bien fairela Guerre, entre lesquels

,prendre bien

son tems, n'est pas un des moindres.II y a cette différence entre celui qui

se vange par Colère, ou par Raison,

que le premier fait du Mal au hazardd'en recevoir, aimant mieux souffrirdu Préjudice, que de perdre l'occaíìoud'en faire à íòn Ennemi, & le dernierdissimule ics sentimens, jusqu'à cc qu'ilait lieu de faire poiter à celui qui luiirfait du mal Ja peine de ía Faute

,fans

qu'il puisse avoir part n les IbuHrances.Le premieragit en Béic

>suivant W.$

Mouvemens de laNature ; & îedenrierseconduit en Homme, se laissant con-duire à la Raison.

Pour bien raire la Guerre, cc n'est

pas assez, que d'en bien choisir l'occa-sion, que d avoir bon nombre de Gensde Guerre

,abondance d'Argent, de

Vivres, & de Munitions de Guerre, lePrincipal est que les hommes soientpropres à cc à q.uoy ils font destinez ,qu'on íçache les contenir en Discipline,les faire vivre avec Régie-, & qu'on dé-pense, íòn Argent, ìfcs Vivres, òescsMunitions à propos,

D ^ l\

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7$.

VfT^S-pAtí/FoLÌT.lQiT)p G.-. íl^stâiséifdedonnerces Htéccpte^ ge^«fraux, jfiais la: Pràtique.en pit;difiSci-

te, &çjeD&îaant si elle-çiî: itéglige'e:,*

iesuccès ssune Guerre, m

>,

sçaiiroit étrèHeuoeu&, qtve^aï-Xiaï^rd, ou par Mi-racle , i quoi ,l£fr{?em íàges ne doiventjamais-atteudr^iî

; ;11 n'y. g:pas defNation auMoude, lîpeu propre à la Guerre,: queJaHôtre;3g Légèreté: & .lîlmpaúeuce

•qu'elle adarts les moindres Travaux-, íontdeux

Principes qui ne se vérifient que trop.<

Bien que Coesar ait dit, que les Fran-çois íçavènt deux choses

%

l'Art Mili?taire, & celui débien,parler, j'avoueque je n'ai pû comprendre jusqu'à piressent, sur quel Fondementil leur attri-bue la première .de tes Qualités vëúque la Patience dans: les Travaux ,&dans les Peines, qualité nécessaire à laGuerre, ne se trouve cneux quetres-rarement.

.

Si cette Condition .accompagnoitleur Vaillance, l'Univers neseroitpasaflèi grand pour bòmdr leurs Conquê-tes ; mais comme le grand Coeur, quejDiEuleur adonné

,les rend propres à

vaincre tôut cé qui s'opposeà eux par laForce, leur Légèreté, &leur Paresle,lés rendent Incapables de surmonter lesmoindres Obstacles, que les Délais!l f O- ' ' d'un

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DG RtCH. Ch.IX. Scct.1V. 79d'un Ennemi Rusé oppose à leur Ar-deur.

De là vient qu'ils ne font pas propiesaux Conquêtes qui requièrent du Tems,ni à coníervcr celles qu'ils pourroientavoir faites en un instant.

Ils nc font pas feulement Légers, im-patiens

,& peu accoutumez à la Fati-

gue ,mais outre cela on les accuse de

n'être jamais Contens du Tems pri-sent

,& d'être peu affectionnez à leur

Patrie ; & cette Accusation a tahtdeFondement

,qu'on ne sçauroit nier

qu'il s'en trouve plus qui manquent à ceà quoi ils fout obligez par leur Nailîàn-cc, que de toutes les autres NationsduMonde.

II s'en trouve peuqui portent les Ar-mes contre laFrance, ou il ne se trouvedes François, & quand ils íbnt Armezpour leur Pa'ïs, ses Intérêts leur sontíîindifférens, qu'ils ne font aucun effortcour surmonter leurs Détauts naturelsa íòn Avantage.

Ils courent des cent lieué's chercherune Bataille, ' & n'en voudroient pas at-tendre l'occalîon huit jours, l'Ennemiles a fatigués

,devant méme qu'on ait

commencé de mettre la main à l'Oeu-vre.

Ils nc craignent pas le Péril, maisD 4 ils

Page 82: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

80.

TBSTAM.POLTTIQ, DUC.ils veulent s'y exposer sans aucune pei-ne ; les moindres Délais leur font In-suportables, ils n'ont pas de Flegmepour attendreun seul moment leur Bon-heur

,& ils s'ennuient m<3me dansia

continuationde leurs Prospérités.Au commencement de leur Entre-

prise, leur Ardeur n'est point ordinai-

re ,& en effet ils font plus qu'Hommes

cn cet instant, mais peu de tems aprefcilsíèralentiíïènt, en forte qu'ilsdevien-nent égaux à ceux qui n'ont qu'uneVertu commune, & à la longue ils sedégoûtent & s'amoliísent, jusqu'à telpointqu'ils íontmoins qu'Hommes.

Jl leur reste bien toujours du Coeurpour se battre, pourvuqu'on veuille lesmettre aux mains à l'heure même ; maisil ne leurcn demeure point pour atten-dre l'oecasion ; bien que leur Honneur

,la Réputation de leur Nation, & le ser-vice de leur Maître les y obligent.

Ils ne íçavcnt ni tirer fruit d'uneVi-ctoire, ni résister à h Fortune d'unEn-nemi Victorieux ; ils s'aveuglent plusque tous autres dans leurs Prospérités»oc cependant point de Coeur ni de Ju-gement dans les Adversités & dans lesTravaux.

Enfin ils font sujets à tant de Défauts,que ce n'est pas íàtis Raison, que quel-

ques

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DR RiCH.Ch.IX.Sect.IV. 81

ques Esprits Iudicieux,

s'étonnentcomment cette Monarchie a pû lè con-server depuis le tems de siNaislànce,veu que lì elle a toujours trouvé dcsËtv-fans Fidèles à íìi Défense, elle n'a ja-mais été attaquée, que ses Ennemisn'ayent rencontrédans son Scindes Se-ctateurs, qui comme Vipères, n'ontrien oublié de cc qu'ils ont pû

, pourronger les Entrailles de leur Mcrc.

lesçais bien qu'en contre change deces Imperfections, les François ont debonnes Qualitcz ;. ils font Vaillans,pleinsde Courage & d'Humanité; leurCoeur est. éloigné de toute Cruauté, &tellement dépouille de toute Rancune,qu'ils se reconcilient aisément.

Mni-s bien que ces Qualitcz íbient, oul'Orncmcntdc la Vie Civile, ou Essen-tielles à la Chrétienté ; íì cst-il vrai qu'é-tantdestituées de Flegme, de Patience,.& de Discipline, ce font des Viandesexquises, servies íans Sauce qui les faitmangeravec goût.

Je n'ignore pas que la Providence deDIEU, qui est Admirable en touteschoses, l'cll particulièrement en ccqu'elle a voulucontrepelêrles mauvai-ses Qualités de cháquc Nation., pard'autres Avantagesqui suppléent à leursDéfauts.

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8i TESTAM.POLITIQ.DUC.Si la Nation Françoise est Légérc &

Impatiente, sa Vaillance & son impé-tuosité lui font souvent faire d'un pre-mier Essort , ce que les autres font avecbeaucouj? de teins.

•Si son Inquiétude l'Empêche de de-meurer volontiers dans lés Armées, laBonté Divine la rend si.abondante enHommes

,qu'il s'en trouve toujours

quantité, qui sont portez par le mêmePrincipe de Légèreté, à vouloir alleraux occasions, quand les autres en veu^lent revenir, & ceux-.ci font prêts à re-tourner ,

auparavant que ceux qui ontrempli leur place, quittent la Partie.

Silepeu.d'Assection qu'ils ont pourleur Païs, les porte quelque-fois à pren-dre, les Armes contre leur Roi, l'In-constance. &..-les subits Mouvemens,aufquels ils sont sujets, ; font qu'étantdiffìcile:d'y prendre Confiance, ils sefont plus de Mal à eux-mêmes,. qu'ils-ne font. Capables d!en faire à leurvPaïs..

C'est: choíè certaine, que les Espa-gnols nous surpassent en Constance &

enFermeté, en Zélé & en Fidélité en-vers leur Roi & leur Patrie ; Mais encontre-changCjceRoyaumeStcrileest si

désert en certainsendroits-, & si peuA-fcondant en Hommes., que fans leur

Fe^

Page 85: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

nERiCH.Ch.IX.Scct.1V. 83Fermeté, il se trouveroit souvent aban-donnéde íby-meme.

Au reste, lì entre les François quel-ques Particuliers prennent parti contreleur Maître, les Espagnols fe mutinent,& 11* révoltent quelques-fois en Corpsdans les Armées.

Si rFmpereural'avantage de domi-ner une Nation

,qui cil la Pépinière

des Soldats, il a auliï le désavantage,qu'elle change aisément de Parti, ckdeReligion tout ensemble, outre qu'elleeít extiaordinaircment sujette à l'Y-vrognerie

,& beaucoup plus déréglée,

que la nôtre à la Campagne.F,n un mot chaque dation à ses dé-

fauts, & les Prudentes font celles quitâchent d'aquerir par Art, ce que laNature ne leur a pas donné.

ÍI eltplus aisé d'ajoíìter au Courage,à la Vaillance, & à la Courtoisie desFrançois, le Flegme, la Patience, &la Discipline, que de donner aux Na-tions Flegmatiques, le Feu que la Nais-sance ne donne pas.

Les François font Capables de tout >pourvu que ceux qui les commandentsoient Capables de bien enseigner cequ'il faut qu'ils pratiquent.

Leur Courage, qui les porte à cher-cher la Guerre aux quatre coins du

D 6 Mon-

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84 TF.STV.M. POLITÍQ. DU- C.Monde, vcriíic cette Proposition ; pui?qu'ils vivent comme les espagnols dansleurs Armées, comme les Suédois dansleur Païs, comme les Cravates dansleurs Troupes, & comme les Hollan-dois dans leurs Etats.

Ils observent la Discipline des uns &des autres ; ce qui montre bien

, ques'ils demeurent dans leur Païs en leursDéfauts naturels, c'est parce qu'on lesíonùcy & qu'on nesçaitpar lescncor-tiger.

S'ils vivent dans ce Royaume íànsDiscipline, ce n'est pas tant leur faute

yque celle des Chefs qui les comman-dent, qui sc contentent d'ordinaire defaire-de belles Ordonnances, & n'ontpas, leSoin, qu'ils doivent avoir de les,faire observer.

Il n'y st rien de si aisé que de donnerdes Régies de bien vivre

,& rien qui-

fòit si difficile de les faire pratiquer, iln'est point pourtant impossible.

II faut, s!il se peut, eu faire com-prendre la justice par Raison

,& en-

suite être impitoyable,

& inflexible àfaiie châtier ceux qui les violent.

.

Sj un ,deux

, ou trois Châtirncnsn'arrêtent îe Cours delaDefobcïíìance,1a continue l'emportc; & j'ojè çiire àY. M..que íì Élie trouve des Chefs,

Page 87: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

m RICIÍ. Ch.IX.Scct.IV. S*Dignes de commander, Elle ne man-quera pas de Sujets

,Propres à obéir.

C'est chose certaine, que l'Opinion quis'est répandue par tout le Monde, queles François (but Incapables de Régie& de Discipline, n'a autre Fondementque l'íncapacité des Chefs,, qui ne ga-vent pas choilìr les Moyen? néccíîàircsaux Fins qu'ils íe proposent.

Lc Siège de la Rochelle, où duranttreize Mois une Armée de vingt-cinqmille Hommes reçût les Ordres, & yobéît comme des Religieux portant lesArmes, & lc Voyage de Pigncrol, oùils firent le mûmc, vérifient clairementcc quej'ai dit.

Mais il faut que celui qui commanden'ait aucune Acception de Personne,& qu'il soit reconnu pour tel ; étant cer -tain, queíìonvoyoitqu'il n'eût pas as-&£ de Fermeté pour demeurer Inflexi-ble dans la rigueur de la Régie qu'il aétablie, il n'yauroit Personne qui peu*fat être oblige à la garder : ou au moinss'en trouveroit-il beaucoup, qui sc ha-sarderaient à la violer, pensant le pou-voir faire impunément.

Mais íì un Chefse lasse moins dé châ-tier, quelesDélinquaus de íailicr ; íàFermetéarrêtera le Cours de nos Légè-reté* si excessives, à moins d'un tel Re-

D 7 mede,

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86 TESTAM.PÒMTK^DUC.méde, il ne faut point espérer de con-tenir dans les Bornes de la Raison uneNation fi Bouillante

,& fi Impétueu-

se que la nôtre. t»es Châtimcns deMa-rillac & de Montmorenci, ont en uninstant mis cn leur Dévoir tous lesGrands de ce Royaume; & j'ose aíseu-rer, que celui de dix Officiers

,& de

cinquante Soldats, maintiendra les Ar-mées en Discipline, & en état de fairetout ce qu'on voudra.'

Ainsi lì l'on châtie tousceuxqui man-queront à satisfaire à leurs Devoirs & O'bligatìons, on en châtiera peu,, veuqu'il ne s'en trouvera pas beaucoup, quiveulent de gaïété de coeur s'exposer àleur Perte

,quand ils la connoîtront-

inévitable,

& par la Mort de peu deGens

, on conservera la Vie à beau-coup ,& l'Ordre en toutes choses.

Jamais les Défauts de cette Nationn?orit paru davantage,que fous le Régnede V. M. quiétant Signalé de beaucoupde Bonheur, & d'une grande Puissan-ce cn vôtre Conduite, lc sera aussi auJugement des plus Senfez, pour beau?coupd'Infidélitex qu'Eliea souffert, &par un grand nombre de Légéretcz pra?tiquées contre son Service.

Apre?/avoir plusieurs fois recherchélesR»ifonsdesuns &des autres, je ne

crains.

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DE RiCH.Ch.IX.Sect.IV. 87crains point de dire, que ces Ldgéictezviennent delaFoibleile de la Minoritéde V.M. pendant laquelle les Esprits íeiònt tellement accoutumez à toutes for-tes fortes de Licences, qu'ils ont crûdans vôtre Règne les pouvoir continueravec la méme impunité

,qu'ils ont

tait auparavant.La Première est, qu'y ayant plusdc

Collèges de Religieux., plus d'Officiersde Justice & de Finances

, que par lepassé, il y a beaucoup moins de Sol-dats ; ce qui tait que la Désertion deceux qui se retirent des Armées, paroîtdavantage

, parce qu'il ne s'en trouvepas tant qu'autrefois

,qui rempliíïènt

la Place de ceux qui abandonnent leur.Dévoir.

La Seconde, que les Gens de Guer-re faifoient par le passé plus de Fortunequ'en ce tems, auquel les Financiers,& les Partisans recueillent toute la-G raillé, au grand dégoût de ceux qui levoyent contraints d'exposer leur Vie,preíque inutilement.

LaTroisième, que les Chefs d'apré-sent sont moins Soigneux de la Discipli-ne Militaire, & moins Sévères à châ-tier ceux qui les abandonnent

> que n'é-

toientnosPercs.La Quatrième, que le long-tems

qu'il-

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88 TESTAM. POLITIQ.DU C.qu'il y a que les François n'avoient eû deGuêtre étrangère, où ils euflent dePuiílàns Ennemis à combattre, leur a-voit tait quaíi oublier le Métier, & lesavoit désaccoutumé des Fatigues dontils font peu capables, bien qu'il eu fail-le beaucoup cíluyer, lors qu'on a arìài-rc à des Ennemis éveil lés & puiíìàns.

J'ajoûtc à ces Conlìdérations, que

la Santé de V.M. ne lui a pû permettred être toujoursdans les Armées, &querinjuíHce des François eít telle, qu'ilsne sont pas contens eu un Lieu où ilshazardent leur Vie, s'ils ne voyent leurRoi ^ par la Présence duquel ils l'csti-mcnteii quelque façon afìcurée.

II n'appartient qu'aux Enncmisdc cetEtat, de faire la Guerre avec Succez,par de lìmples Lieutcnans ; le Flegmede leur Nation leur donne cetAvanta^ge, mais la Françoise est moins proprequ'aucune autre à en user ainsi, parceque fArdeurqui leur donne du Coura-ge, & lc Déíìr de combattre, leur don-ne aussi l'Impatience, qui ne peut errevaincue", que par la Présence de leurRoi.

S'il est arrivé quclqucs-fois, qu'unegrandeEmreprife ait réussi sous dcsLicu-tenaus, il se trouvera íìms doute, queceux qui ont cu ce Bonheur, ont été des

P«r.-

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DÍ RiCH.Ch.IX.Scct.IV. S9Personnages detrés-grande Authorité,tant par la Confiance de leur Maître,que par le Mérite de leurs Personnes;ou que les Guerres n'auront pas été de filongue durée

,qu'en surmontant les

Ennemis il lui ait fallu aussi vaincrefHumeurdcs François.

Ce n'est pas une petite peine d'être c*bligé de faire connoìtrc en cet endroit,les Défauts que V. M. a pluíìcursfoisremarqué en fa Nobleslè ; Cependantils font si publics, qu'il cil impossible deles cacher.

Ii*Affection que jc lui porte, fait qu'ilest néceílàire de les examiner, pour ytrouver Exemple, & y chercher Re-mède.

L'estime en laquelle elle a été par lepassé

, ne permet pas quasi de croirequ'elle ait mal fait en certaines occa-sions de vôtre Régne ; mais j'en ferai,lans doute, concevoir la Raison à ceuxqui en ont vûl'Effet.

11 n'y a Personne qui ne comprenneaisément, qu'il y a grande distérenceentre les Esprits, qui montent en hautpar leur Nature, & les plus grossistesParties de leurs Corps qui demeurentcubas,

L'Exccllence de la Nobleslè, quicherche la Guerre volontaircment,íbnt

ces

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£0 TBSTAM. PoLlTïQtDU C,ces Esprits qui montent cn haut, esti-

mez de tout le Monde ; & celle qui n'yva que par la nécessité des Loix de ccRoyaume est, finon la Lie, au moinsle Vin qui est au dessous de la 13are, &dont on fait fi peu de cas, qu'à peinepeut il servircour des Valets.

II n'y a point de Communauté, oùl'on ne trouve beaucoup plus de mau-vais Sujets que de bons ; & partant peud'Yvroye étant capable de gâter plu-sieurs monceaux de Bled, ce n'est pasmerveille fi lorsqu'une Noblesse est as-semblée

, le grand nombre corrompt lepetit, quoy que meilleur ; Et commele meilleur Vin, brouilléavec la Lienevaut rien, aussi le Service de la meil-leure Noblesseest non seulement inuti-le, mais préjudiciable, quand elle estjointe avec la Lie qui l'altére.

* Ce Discours me donnant lieu deparler du Ban, & de FArriére-Ban, jene puis que je ne dise, que si une As-semblée de Noblesse, qui n'ayant pointde Chefqui ait Autorité

,se conduit

sans Régie & vit íans DisciplineAssemblée dont la Subsistance est si peu

asièurée, que la Légèreté, la Lâche-té., Malice, ou le Dégoûtde trois ouquatre Personnes, font capables de ladissiper en un moment.(t) Auiéic-Ban. As-

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DH RiCH.Ch.IX.Scct.IV. 9!Assemblée qui ruine beaucoup plus

les Lieux par où elle ptuTe, que les

Troupes réglées quiruïnant te I-nys deV. M. payent une partie de ce qu ellesdépeníent, au lieu que ccllc-cy ne payelieu du tout.

Elle ne fait jamais de Garde eu uneArmée, d'où il arrive double Mal, &celui de leur Fainéantise, & le Dégoûcqu'en reçoivent les autres.

Si elle ne combat aussi-tòt qu'elle estarrivée, comme elle a été prompte à ve-nir, elle est prompt* à s'ea retourner,& en menace à tous mornens ; En se re-tirant elle débauche non seulementbeaucoup de Gens par son mauvais E-xémple, mais les plus Ingénieux de íàTroupe, inventent tout ce que l'Arti-ficepeut suggérer pour couvrir leur In-famie, & faire croire qu'elle ne s'en vapas lans Raison; ce qui fait, qu'en af-faiblissant les Armées, elle les étonnetout ensemble.

VôrREMAJESTÉ connoislant mieuxquemoy ces Véritez, dont Elle a vû la.Pratique en íàPrésence, lins exagérerles Défauts d'un Ordre , dont j'ay re-présenté les Perfections, ma Confçien

•cem'oblige de dire hardiment, qu'il nefaut jam:iis avoir recours à un tel Se-cours beaucoup plus Préjudiciablequ'UnieàTtftat. Mais

Page 94: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

oi TESTA M. POLI riQ^ DU C.Mais afin que cc Royaume ne de-

meure pas privé du Service de la No-blesse

,qui eu a toujours été le princi-

pal Nets, & qui est obligée de le servir

.

en tems de Guerre, à cause des Fiefsqui lui ont été donnés à cette condition,& des Avantages qu'elle a pendant laPaix fur les Peuples. II faut taxer tousXes Fiefs en châque Bailliage, selon leurRevenu, & former avecTArgent quien reviendra des Compagnies réglées,dans lesquelles ceux quiaimeront mieuxservir en Personne, que payer la Con-tribution de leurs Fiefs, seront reçus>pourvu qu'ils s'engagent de satisfaireaux Conditionsde leurs Obligations.

La Prudence veut qu*on le servedesHommes selon leur Portée, & que l'onsuplée au Défautde la Nature ; & pourcette Raison il faut se íèrvir du Corps dela Noblesse, fi Ton veut en tirer quel-que Utilité.

Ën fuite de cette Observation,

pas-sant plus avant, je fuis obligé de remar-quer, qu'il est preíque impossible d'en-treprendre avec Succès des grandesGuêtres avecdes François seuls.

* Les Etrangers sont absolumentné-ccflàires, pour maintenir le Corps desArmées, & íì la Cavalerie Françoise

est

(f) Etrangers ncceíCTucs.

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DR RICH. Ch.IX Sect.lV. 03cil bonne pour combattre

, on ne peutse passer d'Etrangers pour íairc les Gar-des

,& supporter les Eatiguebd'uue Ar-

mée.Nôtre Nation bouillante & ardente

aux Combats,

n'est ni vigilante à lègarder, ni propre à tonner des Desseins,ou des Entreprises qui ne íè peuventexécuter fans peine.

Les Armées Françoiíès ctoient tou-jours composées de la moitié d'Etran-gers ,

& nous avons expérimenté com-bien il cil avantageux de s'en servir, audéfaut denôtre Nation, par les bonnesQualitcz de ceux dont nous pouvonsêtre assistez : & cependant corriger nosImperfections autant qu'il nous est pos-sible.

Or parce que n* nous manquons deSoldats bien Discipliner, Kermès, &Constans en leur Dévoir

, nous man-quons encore plus de Chefs, quiayentles Qualircz, qui leur font néceiîàircs ;

ce n'est pas aílèz de remédier à un deces Défauts

,il faut aussi pourvoir à

l'autre.11 y en a peu dans le Monde, mais

beaucoup moins en France qu'en autreLieu, qui ne s'aveuglent dans la Pros-périté, & ne perdent coeur & jugementdans rAdversité& les Traverses.

II

Page 96: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

P4 TEST-AM. PQLJTIQ,. puC...

ílest néanmoins nécessaire qu'il ya.itdes Gens dan<i l'Administration de l'E-tat, &dans le Commandement des Ar-mées ,qui (oient cxcmts de ces Déíauts,autrementon seroit en hazard de ne tirerjamais aucun fruit .des

•occasions

:

favo-rables

, que D i EU nous peutenvoyer,cYdc perdre beaucoup avipremierAcci-dent de Fortune qui nous arriyeroit.

Bien que la Tête soit ce qui guide lereste du Corps, & que le Jugement (bith Partie la plus cstèntielle à celui quicommandes, il est vray néanmoins que,je souhaite plutôt à un;Général d'Ar-,niée beaucoup de Coeur, & un médio-cre Eíprit, que beaucoup d'Esprit y &un médiocre Coeur.

On s'étonnerapeut-êtrede cette Pro-position

, parce qu'elle est contraire àce que plusieurs ont peníé fur ce sujet,mais la Raison en est évidente.

Ceux qui ont grand Coeurnes'éton-nentpasdans le Péril; tout I'Eíprit queDieu leur a donné

,& leur Jugement

leur sert fort bien en telles occasions ; aulieu que ceux qui ont fort peudeCoeurs'étonnant aisément le trouvent aumoindre danger si trouble?., que quel-quegrand Eíprit qu'ils ayent, il leur estdu tout inutile

, parce que la peur leurenôtel'.Uíàge.

Page 97: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

m RICH. Ch.IX.SecUV. 9?Jcnc fais pas grande difìërcnce, cn-

tre donner lc Maniement des Financesà un Voleur

,& le Commandement'

d'une Armée à celui dont le Courageest médiocre.

Comme l'Avarice, &lcdésirqu'à lepremier d'aquerir du Bien

,font qu'il

ne prend pas toujours les occasionsd'augmenter le Fonds de son Maître,aussi le second, qui a le Délìr de conser-ver íh Vie

,& segarentir de divers Pé-

rils,

qui n'ont Fondement qu'en sonImagination, est porté à perdre & à évi-ter beaucoup d'occasions trés-avanta-geuses à les Armes ; & ainsi íì le premierest capable de faire des Fautes

,parle

Désir de remplir la Bourcc,

lc dernierne Test pas moins, par le Delícin qu'ila-d'aíîeureríU Vie.

En :re les Gen< de Coeur, il y en a quifont Vaillans par Nature

,& d'autres

qtii le font feulement par Railbn ; lespremiers font beaucoup meilleurs pourSoldats que pour Capitaines, parce qued'ordinaire leur Vaillance est accom-pagnée de quelque Brutalité ; mais lesseconds sbnt bons pour Chefs; cepen-dant il est toujours à désirer, que leurVaillance Raisonnable ne soit pas de-stituée de la Naturelle, parce qu'autre-ment il seroit à craindre que la Pré-

voyan-

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GÓ TeSTAM.PoUTIQiDllC.voyance de beaucoup d'inconvénicnsqui peuvent arriver, & qui n'arriventpas, détournât celuiqui agiroit avec tropde raisonnement d'entreprendre ce quiréussiroit à d'autres moins Spirituels,& plus Hardis.

Le manque de Jugement contribuebeaucoup à la Vaillance de certainesPersonnes, qui font des Coups d'au-tant plushasardeux, qu'ils çonnoiíTentmoins le Péril où ils s'exposent.

Le Jugement ne sert pas peu à d'au-tres pour feindre une grande Hardiefleea certaines occasions, qui périlleusescn apparence, ne le font, nidansl'Ef-fet, nidansl'Eíprit de ceux à qui Dieua donné plus de Lumièrequ'aux autres.

Comme il ne faut pas une Vaillanceau Général d'Armée qui soit destituéede jugement. S'il est Clairvoyant & ju-dicieux en éminence il a belòinde sin-cérité qui l'empéche de faire palier desArtifices pour des Actions de Coeur.L'homme fc déguise souvent en tant defaçons, qu'il est bien difficile de distin-guer les ettets de laTête de ceux dont leCoeur est la principale Cause.

II y a des gens li naturellement Vail-lans, qu'ils sont tels jusques au Tom-beau.

D'autres qui ne Tétant pas decetlcsorte,

Page 99: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DE RICH. Chap.IX.Scct.IV. 97forte

,font un effort eu leur Jcuncíse

pour paroitre tels,

afin de s'aquórirquelqive Réputation, à l'ombre de la-quelleils puissent passer íeur vie fans in-famie.

• ,Ces dernieís n'óiìt pas píûtòt obtenuleurs Fins que les* Effets de leur Vaillátt-ce disparoiíícnt, parce qu'ils ont leurcompte ,

& que 1 Artifice est la sourcede leuf Courage

,&non leur Inclina-

tfon'nâtufelle.' J B faut bien se dòmtéf'de garde dechoisir.un Chef de cette nature, se res-souvenantque l'Àrtifice eíj áuflj dange-reux en ceux ^iii commandent \ quelòJugement & lé Courage lélir sont líécePfaires.

Ces deux quatitez doiventquasi riiar*cher de même pied

,Mais en compa-

gnie de plusieurs àutves.Les grandes Entreprises n'étant pas

jeu* d'EilfahS ; il est vrai de dire qu'ellesrequièrent eh ceux qui les font, un âgemur ; «finis est il vrai

,qu'ainsi que la

maturité du Júgenìent qui s'avanceavecles années cit. utile à toririèr un dessein

,le feu de la Jéuùcflb ne l'estpas moinspour pouvoir le niettre en Exécution.Et' c'est chòfe certaine que la Fortunerit souvent aux Jeunes gelis

?& tourne

lc dosa la Vieillesse.ï\mh II. E H

Page 100: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

9? TflSTAM. POLlTlQ. DU G,íl faut remarquer à ce propos, qu'il

y a grande différence entre un Nou-veau ,'un\Jeun^ íle/t'difficile cí'être Boii & mauvais tout én-semble. '

.;,

..Pour être, excellent,, il faut êtrejeù-

ne,d Armées.f niais, non de íeryice.çlcd'Expérience/ '. Et bien qu,e ìe/s-Vieuxíòient (d'ordinaire les plus Sages

r ils nesout pas,lé:s meilleurs pour entrepren-dre

, parce qu'ils se trouventCuvent,de-stituez du feu deja, Jeuiiëjje qúieííj re-quis eiï telles òçcásiòns.. ',J ",,, ',

;.'.! t'ôu^çóncìuíîotl, le Coeur,, l*Esprít

& l«i bdríííé Forípn'e font trois qualiteziì néçeíïàires à lin Chef,' quebien qu'onn'en trouve pas beaucoup qui les ayenttoutes ensemble , il est difficiled'atten-âr£'íansf hàzard de gíánds Ëvéhemcnsdeee'ux qui se tròuyeront destituez del'une d'içelles.,-

»

',/'.' ' Maisìî on est aise? heureu^t pour entrouver én qui ces çoiiditìòns se rencon-trent ,

il fera tres-aifé de remédier auxdéfauts de; ceux qu'on voudra commet-tre à leur Conduite.

Unde beuxqui cause plus de mal est,'áíhiî.'qúe j'ai remarqué

,la légèreté de

nôtre ííritióiî,,qui la rendant :preíquejnçapàBl^dé çjémeùrèr long tems en unmémè État, fait qu'une Arméen'est pas

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DH. RICH.GMXÌ Sq&.lY." 99plutôt mise sur pied, qu'elle.diminue dela moitié.

f J'ai quelquefois estimé que le meil-leur Expédient qu'on pourïpiçprendrepour faire subsister les Gens de. Guerre& les maintenir en Discipline, íèrpit demettre l'EtabliíTement çìcs Légionnai-res ,

autrefois pratiqué en çe Royaume,y ajoutant quelques Ordres particulierstout à fait néceílàires pour lc rendre as-suré

,mais,la Raisoji &

:llExpérjence

m'ont fait perdre çette pensée..

,

La Raison, pajçe; .qu'elle fait con-

noître clairement que ce qui est commisau foin de plusieurs est d'autant moinsaslèuré, que chacun íe, décharge fur sonCompagnon

,& que les choix qui se

font par l'avis des Communautçx,

setrouvent rarement faits par le seul mo-tifde)a Raison,, parce qu'encore qu'ily ait beaucoup de gens sages & de.Probi-té, le nombre des Fous oç desMéchansest toâiouts le plus grand.-, ..:..L'Ëxpérience, parce qu'elle apprendà toiit le iMonde

,qu'il n'y apoint de

Deniers plus mal dispensesque ceux desCommunautcz.

* Outre que je puis dire avec-vérité

(

Ei que.:}• Remède pour faire Subsister les Armces.* Cette Vérité est durement justifiée parla

mauvaise Administration dés Deniers cl'ÔÍUoi<Ws Villes, 5< dcsBabriquçs des Eglises. *

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qíie lòrS que íes; Néèessitez-urgehtés del'Etat, ont contraint V. M. de Recou-rir à des'T^Ôúp^k'ehvóyées'pîîïdésprin;ces

>conduites Ôt'pùyédsparleurs'Orn-

QÌQWllckqiíèi'áy yèudtíílx-fòis pen^datìt déite 'é&kûétë-Guerre1: :ëlleV onttbûjotì^c^ûtéîe^b'ublé^r è*7ô'nfc fëítàu1

m\V& pliéde*PefòVdrë'á quié lèi?àùtrés ';

cVttíohïs subsiste que ^'èíîes sqûT -ëtbVënt

citffîMe tëhìs leyéesy% ^cb'ndiikcs[tytdes prtrttcúitèrs à vós^Dep.êus;! ' - ; ' '

Ces cofssiderátitìíis -ttfôríl- fait' lv.óíroìaíïetótít

•qú'tfu- lîeff de -Chargés 'les

Province de;tëîèvë'è&! dé r«hftrëtéhe*mentfdi^Qétís tìêGtfêFre-f îés^òÙvè-tttíhss'étìfî dfoíVeta 'pendre lë : foin ';- &qlifils peuvent tës *&íresubsisterávetfor-drec, vs'íls Vdtìlerìt sc serVirdes rhoyensutiles'àièôttefiftiji ïelóttWrdrè íuiVant. '

ii^!^o«^M^óld{ítsdoive'ht;ëtré':Èèô-iòï$t fo&ôlë-^uí èh?ftrk fait ^dòitpor-íetf setf^Nòhi y déífîgrtèr le lieu c}e leurNaissance. &leïlr3.hàbitildtìfy afinquefe%vïtfïftesttífrfedébàuder,onilés pùis-se trouve* [Mus aisément» v> :- {Jjú> Greffier> de- tfhàque lieu. doit êtrechargé du nombre dece'qùtfëlevéracnibivEtëndûè'-i'Cílés Jugé&bbligad'a-vqtr l'oeil à faire prèiidre & châtier selonla rigU'éúfrdes ^tàbniiáhçèï,,tòjis ceuxáuiíïevítíiídrçut! «tes !A'íi»&s.-, ".laiis im

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DE RICH. Gh.IX.Sect'.lV. îoîbonóç valable* Congé j fur peiufcmisditsJuges d'ctre privez de leùrs Charges^s'il se vérifie qu'ayaut citdonitoííîhncedu retòurdefditsvSoktets^ itèles ayentIaiíïe2)ímpurji9«ï ::,>:' >

v/ú.-.< •

\;-> -ífPaur^EnrôlementdésïSoklat&y cha-

cun doit- otite otílíg£ de,1secvii trois ans

fans deraandcc.Cojigé, si ce n'est- en casd?une; éïtáeate/Malocfte !, ià ìcònditibiìaussi que ce terme étant expiré,' lTonit16{jòurua. t&leùi) rcMèr .'lo'i^qú'ils- íé de-manderont/ :> :í ?•' i;!< viv_:ì i •

•'

:Cette Conditionsemblesautant plus

néceílàire, que le François qui cròit

êtrecontraint, & retenucontre son gré,ne pehfè d'ordinaire qp/àí. s'éçháper,deût^il perdre millejvies^,') s*il en avdìfcaùtarít, avi* lieu que s'il hîiest librede seretirer, ií y a grande apparencequ'il de-meurera volontairement

idans les (Ar-

mées,

la Nature portant d'ordinairetes hommes à vouloir moins ce quileur est permis, que ce qui leur est def-feridui,

i. . •-...•.;,

-M '<.

i !•. >

.

J -Ifòat Soldat qui aura obtenu sonCongé

-,scia" tenu de le faire Enregîtrcr

au Greffe de la Juridiction en laquelle ilaura été levé. ; '

:Les Chefs & les Officiers d'un Régi-

ment Jio pourront pour quelque cauíèqucjèe puiíç éhc^, recevoir des Soldats

•v (' !.",'»».':'>,, ^ E 3 d\m

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101 TËSTAHí.PÔLiíriQoDÍl GÍiÌMmttóia fur pfein.e- d'êtrejdégfadé^dcs^Vrííofes^i &méme.deNoblesse^ sîilis

j,3 ^Et; leiì^âiclat^qjiiídbràDtròuvéiavoibabandonne Ton Capitaine; sansjíÇonge \%^íàn^r.êniílfiQ«.enYoyéîauxíGatércsen qiíelqué<temps? qufilípuisse être pris,Jans.quiaiicuniíc^angenient! de î lieu niÚSMpâmoií Je puiífô exempterIdcreetn.te,f>eiíie,í>ïJííX'5iíifííìj sirnSî WJÎJPÌÎÌWÌ< lIsl)ilíiCôrigeonQá(èm-estiiriéJíon jis5i|n*est signe díi Mcstrc de Campsv)it)úaíïtre qui .commande le IC.orpsLÊÍI sonabsence

*i& Scélé du Sceau :dù R<5gt;

tij&háqufe R^gimentcátirct'FréVôt^ un

Commissaire ^ùrirlGòtittoleurj ,K«Íunrpayeur^j^quiítòûáserpntíèbiige^deíufeYre:léjRégiiîîérjt|j osur ptjine nop seúle?mentde.CWatioiìv maisiîième.depu*nîtiohexëmpilàireí

i o-i^K í.'i.V^íf

Íf/|S?il se fàití quelques Désordres donth> Pírévôtmé^ste

•ppint'ídét c|iâtimént

iHon les Loix Militaires,

il feralui*^ttiéíchâ'tiélôítkqii^hiiBáiiïte.ìvieiídmà>lá.içònábi(]àhC0'dbìiVvMíibut4e<'(^Générauxíít* f;oií-Silíhjjj.jìíyb rtrú'Uu:

Si Ic nombre du Régîmcììt;n'estcpm^let'p & que lô Gomnùflàjrc & leContròieuríii'cn îdònncnt ayis^ ils en

.-ré{?biidrò!ntnen.>Jeur1s/íjifopres;&*)$&iw'h r a r,; ^f'í^ fte

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DE RICH. CH.IX. Sect.1V. 103VCÏ Noms, & feront sévèrement pu-nis.

Si la Solde manque par la faute duPayeur

,soit par divertislèment qu'il

faílè'du fonds de fa C harge, soit par sim-ple Remise, ou Délai, ou autre man-quement ,

il ne pourra en aucune façonêtre exempt du payement du quadru-ple

$& de Punition Exemplaire.

1Lesdits Officiers seront seulement

employez par Commission,

diversesExpériences ayant fait connoître querien ne perd tant les Officiers du Roi,particulièrement en ce qui est du lait dela Guerre

, que de mettre les Chargesen Titre d'Offices, qui à proprementparler, n'est autre chose qu'unTuie deVolerie & d'impunité.

Ceux qui commandent les Troupes,seront obligezde les raire mectre en Ba-taille toutes les fois qu'ils cn seront re-quis par les CommiUàircs.

Afin que ceux qui auront téllesCom-miílions .puislènt s'en açquitcr fidéle-mejlt J -le Cummislâire aura 200» 1 ivrespaímoi's,, le Contrôleur

1 fo. livres, lePxévòti'icxi; liv. son Greffier 5-0. liv.&chacun de ses Archers 30. livres.

Or parce qu'on; îicsçaúroit rien avan-cer en réglant les Soldats & les petitsOfficiers y. iì l'on ne prescrivoit l'ordre

E 4 qui

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JQ4 Tç9TA>ív PoriiTiOi! PU C,qui doit ûm ,qbserv4 pat les principauxChefs. Les Mcstres de Camp, Captatailles, j,

§erg^SLM3J0í§ v?IuteMcnÌ3.nsôç Ense^es,

; n$} pojuir^nta'abflenir deÍQUIJS ÇMgçs^ fan$ Congéde leuM(ìi-ncraux,4ÇpmniAudíin$ des Troupes yQu4çy. M..& aive^squ/aucuns. contre-viennent ^ec; jftçgiçment:, Us doiventctrecaí%

í:à$$wÀîi de Noblesse& des.

Armes, s'ils, ÌQUJ Nobles., oïl casleï

seulement sMìfi^lgsosti p&s., .víàníípré-judicedepfos grandepeine. Y,M. s'iru-;posera

4s'il .lui plats, cette Lqi à Elle-,

même, 4e ne leur donnerjamais Con-gé pendant hQW*re íàjtis, cauiè légitir,Xfte, mais lors, qu'ils feront en Garni-»jbn

,rBÛÇÎusera..auíB des» cette Bontéde;

nepoint refuser Congé j*nx tiers des Q&fiçicr.s.pourKqviatreiîioia>y âgit qtt*cnuiumjls le puissent-avoir toùà àleurtOur,n ;.;,.. ,,/

•,i-,

- A -.J.?;,,; Í/Í;: -

Si avec cette bonnei Régie qui ne-peut etreiestiméetrop, austère par ceuxn^UiQquj en peuvent sourïriri, onaunsojnpartiguUer>de.SíSoldats

:-SH'otvleur

dpnnedu; Pain toiït leiiorìg de farinée>s

C(xMpon^i5&nn Habit :* sri'oncorìti-:nuë les Minions Militaires'pratiquées*en }639..:pour les empêcher de tomberM^Udesi: il lors qu'ils lésons, 'owadcsl^jjauii quisuivent i'Armée en tòus

; ; i. t lieux,

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DE ÏUCH. Çh.lX, Sçct.I.Vr 105Tlieux, ainsi qu'oiiá frit eu la. ìpêu'xç au,}née, & qu'en assurant la viç ^.ceux^quiauront été estropiez eri.í*er,víuít lc.lípi,daiis la Commanderie d.e Sàiu.tLouis,,destinée à çettçFjn î, I'o^3 répondre cjíie.l*Iiifânteriç cìcrcé RoWiune XM\ bien;

ssciplméça.nwemr.^,.

,i; i(..* II casera;de ínciùç <íéUXay^|efie,.si la mettant uir pied avòç le m'êiîijc or-dre

,& que je ne repéte point, pour c-

viter une, redj^e importune, ì on ob%eeii outre chèque Cavalier ì\ avoir deux.Chevaux ào service fy unçfc Bagage: íì,

on lie ljèur c^^^jfrc^îvya^t^íl^ fròi\

Oydónríajicé^r qui íç^ oSigei.it à n'être

janiajs íàns; Árinès.'["&, si OnlesinetciXGarhiibnp.cndai.it la Paix dans, les lieuxClos, pour éviter les. Désordres dont iíest impossible de garentií;; le Peuple,lorsque lesQQIIS., cle tìucnç losent à laCatfipa^ne. if . _fElle à si .njaï /ait.' eii ces dernièresGuerres, que 1j cllé dcmçurqït e.rt l'étatauquel elle est, il.n'eu íaud.roif' pfús fairre compte.

LayraycCauíe de la Décadence estle gràjj4 npmbre qu'on .a été contraintd'en faire cn ces dcríiicr$:ííL*qiÌi$í, pbtirs'o'pp'ósdr à celle 'des ttttamtèrs., qtt.L

,•:.;., .

E s •''' '-

wet1

(f) Cavalerie.

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*'<?< VBsf'Â^:, Pot rVi q? W\\ C:.,mettent indiífércmtltòit>oiites forte?

depeíïbhíiesácheval.. '.•De là èstyenuy qu'elle n'a''pû être

ainsi que par lé passé composée de jfyp-blésse adroite <St Courageuse;'ìM\ìqu'onMè edntraíní aé ^rémi5iìriióitíeuîe!7menthe Vieu^Sòí^íkt^; 'rtrá^ên^rede'Jéútiesle de toutes 'cqhditipiis ',* qui,n'ajamais éprouve ni íbií CceÚrJ nî sonBras-;, ;..;.; •'.', "'/;: :,"*; ;

Sien;imitantíesEtrangers qui1reçoi-vent toutes sortes de gensdaus leur ôk-jValette^ lá nôtre ávçjit appris a íuòjjor-'tëc áuflíbïèrt íes fátígtìe'á3 it<b;ì^i íciír- bi^^;^eiíe^pp^imfeMt\è (S cettean- \

Cìçiine Valèíír,''qúï lá:Wiîdóìftcìióm-j^andablé„ nous aurions 1 i.eú âe'(noússÇónioler; mais la légèreté <5t!la cíelicíV-

teíïç qui íe. trouvent preíque en- toutesles Còhditiortsde nôtreNation, Payantren^úbàns/è^pfHrlíè^ï)é^uts;iÍ!Ìe;S perdu ce qu'elleayojt de mejiíeùr; íîyisácqù;éVircéqú*èlíe íVíivoit'^as. ;:

.;": niéfi que íes.Meáeciiis estiment quela Cure d'une Maladie est bïenaVancéoJors que la yra-ye Cauíè de son Mal estconnue ;j'îiyoiie qu'en connoiífant l'o-.riijnjé'&ïk sourcede celui dont il eít que-ìmy la tìuêriíòiiííe. lájííê; p&mtë

1 Sf Ton réduit ía feule Cavalerie à la': ^ No,

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DE RiCH.ChJX Scct.IV. Í07.Noblcíìc

, on n'en içauroit avoir 1cnombre néceíïàirc pour s'opposer à cel-le des Ennemis; ccíìon y admet toutessortes de Personnes

,il cil impossible de

savoir telle que l'Hiíloirc représente laFrançoise.

.

.

;Le,íèulExpédient qu'on peut pren-dre, à mon Avis, èh cette extrémité,,cltd'exhorterícs'Capitainesà avoir dansleurs Compagnies ìe plus de Nobleslcqu'ils pourront, d'ordonner qu'aucunene pourra être reçue à la Montre, qu'iln'y ait la moitié de Gentilshommes.

D'obliger tous ceux de cette Naislàh-cc qui auront 20. ans, déporter les Ar-mes, déclarant qu'ils ne seront jamais'capables d'aucunes Charles ni Dignt-tez, s'ils n'ontau moins servi actuelle-ment trois ans dans lesTroupesdeV.M.

De destendre à tous Oflìciers de Ca-valerie d'enrôler dans leurs Compa-gnies aucun Soldat, non.G'entilhom-me, qui n'ait if- ans passez, & qui n'aitporté les Armes dans l'Iníanterie ; aumoins trois ans.

Enfin de taire rigoureusementexécu -ter les anciens Ordres Militaires, quiveulent que tous Cavaliers qui abandon-nent leur Chef cn un Combat.soientdésarmez sur la íìmplc notoriété de leurdéfection.

E^ó Si

Page 110: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

; Si ce ^églé'faenfc1-est Religieusementobserves jetvé douté point que hï Cávà-leH^,l7ranjçoìfô he regagne íâ^premié'réRéputation,; & V'. M;ayants srtn In fan-.tierié & !là Cavalerie bien Diíçiplméíí

7

pourra se vanter d'être Forte i>ar!Jés'Ar-^mes

y

efì:^^blqiYe/tè^ás^e':cdjítóíîfe-t-é7tiré ,; & Jeri ètatMe donnèrpéiidànt:1#Pàitf autant, dé Sûreté à ïes 'Sujets qiíedeTerreur aies Ennemis. ' ' ' V

RcfteT voir feulement 'si cet K'tátpourra supporter la Dépense d'un, sigrand corps de GensLde Guerre^; telqu'estcelui dònt j'aï sáif le Pròjct.c Ccquìs'íxaminerácy-â^rés'.- 'si'-i ;si ;í'tV.Çép.eildántbien qu'il Y âitlieu d'eípé-

retique: par ìe moyen d'un Régletfie'nt. iì-tìtilet & fi aisé a observer-5 comme- estcelui que je propose, les Armées sub-sisteront a raveîíir, ainfi qu'il elHdé-jsirer ; bu díi ntòiíisqú'el)es;íe-mamtièh-d)òhtbe^Upup hiieiík que ]5áy ìè' passé ',

jé íicláiííeíai |>a^ de $ire<.fíx' Bémsárque$<d'âutahtplus riéccstàires pour ufífcgtiin-de Guerre,, que la Prudei)Ce Requiertqu'aux Affaires d'Im}?ç>rtance, On aittant d'Expédiens^ qu'on ne soit jamaiscourt en íçs mesures. ' \

* La pteimerc est', que iî l*otî veut

i RcmaquespottrfAÎiçSubsisier les Arbéess& pour/aire Vtikmçnt la Guerre.

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m RicuCh.IX. Sect.IV; 109»•avoir .50000. HommesEffectifs, :iLfaut-en ilevcr Cent, n'estimant uiv Régi-,ment de 20. Compagnies qui doivent*avoir cent Hommes, quepourmille.

-

,La deuxième, qu'il fout souventtûk

fraîchir les Années par deînpuyeîlesil^é-i.yees;, fans lesquellesbieo.gu'ellesííòj.Qnqfortes parleur Contrôle,, elles fèromtré's-foiblesen effet.

..•;

.

.

La troisième, que tels Rafraîcbifemens doivent être plutôt laits par fie»quentes Recrues des Vieux Corps,, qu'Ufaut conserver Lors même qu'ils f.òutettftiérement astòiblis

* que pour tevend?nouveaux Régimcns aufquels to.utefo.iail est expédient d'avoir recours <m cen-taines occasions pressées, parce que lesSoldats s'enrôlent plus volontiers fouiles Officiers.

La quatrième, que lors que les trou?pes íònt ruinées, il;vaut mieux les pa?yer furie pied auquel elles íònt redutoque les reformer,, parccqu'il est ivnpokíìblc d'en user ainsi, fans perdre d'ex^ccllens Officiers & des Soldats Ague*-"ris.

je sçai bien qu'on peut ordonnerqu$eequi reste de Soldats, passe dam d'au-tres Régimeus, Mais il est tout-à-íaitimpossible de le faire, pratiquer, l'afse^.ctionquechaque Soldat a pourson Ça*

E7 Pi-

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IIOT TÈáTANl. PDtlTÍQÙ DU C?pitainc

,<ïni donnant sujét de sè retirer,.

ou au moins prétexte à la légèretéd'en1

user ainsi.' ' \ •::]ë fçai bien encore qu'en reformant

des Rétiniens, on pourroit imiter les

EípmgiioJsi qwv ne>

font pas feulementpaslèrlesSoldats dans deVieux;Corps,mais même des Officiers.

-

'Mais bien qu'il íòit aifé de rcíòudrc;

un tel Ordre*

il n'y a pointde sévéritéaslèï grande pour le faireexécuter jl'hu-meur Ambitieuse & peu Sage de nôtreNation'jíiiç leur permettant aprés a-vòircommandé de souffrir'd'être com-mandes 4ue^ueavantstge qui pût leurrevehird'unetelleobéïlTance^. ...;..<' ha,cinquième, qu'il est absolumentimpossible dans les Guerres'qui requiè-rent des Efforts extraordinaires, depaverrèglement tes Montres des Gensqu-dfMnet fur pied,,comme on peutffòire '• en une Entreprise

11qui; n'excède;

point les Forcesd'un Etat ;• Mais qú'eivtel cas-ces deuxExpédiens peuvent- rxsmédiér à un teï Défaut. -' ] ->

Le premierconsiste à si bien pourvoiraux Vivres ; quejamaisile Paitine man-que aux Soldats. "

•'»

Lë secôrid, î •'de1 contenter

*íe$ Ghe&

q'tíîáàn&íàtisfáitS,-oíit trop d'intérêt à-

maintenir les Gens' qu'ils, commandentpour.

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DH^Rictf.CH.-lX.ScctiiyV i'iviPOiir n'y pasfaireleurs cíîòrts ï Au lieuque s'ils lònt maltraiter'; leurs plaintesoc leurs négtigences donnent lieu de li-cence à leurs Soldats, & leur font venirTenvie de se débander

,quand ils n'y

penlcroient pas de leur propre móúve»ment, ''' ' "•' :

-;ìs/"

•'

"' l

Cependant je ne veux pas oublier àremarquer que pour bien faire

,il faut

donner trois Montres pendant la Cam-pagne, outre cinq mois de Quartierd'hyverque les Troupes doivent avoirrèglement.

r'

Or parce qu'il.'n'y áriëirde fi smpor- 1

tailla la Subiìitancé'desGens de Guerre&*aux fuccex de tous les Desseins qu'on'peut entreprendre, que de pourvoir.fr/bien à leursVivres qu'ik'ive leur maiv-quent jamais.

J'àjoûte póùr sixième Remarque; quece Soin eR un des principaux qu'on doit 'avoir, & que rOeconoiiiie& la Policefont les principales parties des Ge'ué-rauxd'Armée. M

Apeineles Armées combattent ellesune fois en un an. Mais il faut qu'ellesvivent tous les jours & qu'elles subsi-stent avec ordre ; Ce qui ne fe peut fairefàris une grande Oeconomie & unex-traordínaire foin de Policé. r

Use trouYe enTHistoire beaucoup '

plus

Page 114: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

plus $ •^rn)<fe,s!pqri,es paríïuue de Pain;& ,'^Ç, Çoíiçp

4 tquç, P.ar• l'e.stQtf dos:Ar-

mes. jùínemiei,; Et jq fuis, fidpí.ç T&viflqínqu/e, tqujes )cs $,nti:cpvifès qui ont

Ceux qui íi ont pas d Expcnencç^e>sti=-s

ment d'pyd^ire íiyoir tout- i&fccjypdijs ont,mi§d^s Armets fur pic4, ^qu'ils;oty poury^^lcux $qV&

*.fyte1qu,ejqu&

payement ^qu'oni leur; fajï§, ft ellçs n,eÍQUteivliçvio^çllespui^Tçutviyrç com-modément

,leur argent leur^qt^uji-;

le,;toef^les!<|,mp|qhe,rd^p4Fjrí;j>'je.nepujs, que,km&fàMmPm*

qu.Mmt bi^nCq dqiuj^Tíjç gard# d£. s&

fjer tifffi fquyeru). fur la, foi d'un;;

sijiìpteïyjunitipn#ajt;ev,- qui %'ql?l)g€i

;a. fqurntf'

le Pain d'une Armée.i; _,I^a.vi,e^e tellçs gens,est; \mq tj^xm^

vajfe/fiai&PM^^^^ Jf^ç^-gl,igevn<;q pput. eauXeç i>mw<1&WPQ8®

Le Soin des Vivres do*Jt.çt^e';çom^is,à des Pe.tspnnçsdpfQualité., dontte Y i-gilànçe, fôfì4<$lité & la ÇapaçHç $>ient

conuues ; pujs que, 4e tèdspen^la Suh-fifePPS^^W^ ^^en ÍQÍÍYqntj

II n y apouît^çg^s/f^ro^r.^a.Wi^teWB^y^cï1 ÍJÍISÇ filages,;

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DERiCH.Ch.IX.Sca.IV. }V$-f Pour ne fe point tromper cn ípn

compte, en mettant une Arm.éçiiuipied, il fa\tt faire i'Ètatdjçs Yivycs. mlbrte qu'il y ait pour chaque Régimçnfide mille Hommes quinze Çharriptspour porter toujours a, la íiiiçç pQUfcquinzejours de Pain, qui çst à peu pres,ce qu'il en faut pour faire unç Entreprise,de considérâtion : encore faut-il çu a,-,voir cent, ou deux cens par deflus- 1$calcul, autrement on íe tçquvcr,QUcoqu.

.

II ne faut pas oublier de porter desMoulins & des Fours

, car bien quel'uíàgc n'en soit pas bon pour rprdnvú-jç, il est t,outefois nécessaire d'e^avoifiipour s'en íerViç cn certains, liqux ayÇqi]els il seroit impossible ç-c íùbílfter au4{sèment^aufquqls il pçuUvtivé^u'unséjpurde quatreJours, àpnne, de, g^^cUAvantages aux Ennemis; fur unç Ar-mécqui manque de Subsistance.

f tJnCháttotA quatre ChSvaux doit pqïter:páitout Pays fcpt;8j hrjit^-Sjc'ji'trcjrstliv ^é(t, ee; çuìre-viendra à, M «O., ),• .pesant',', chaque çèpticí, p.çfant240. cH 'Çaìú i 1 ' d'oi c" f.o'rr^ / ' ÂS1 ffC Rations, quiíîoiveru peser i$oo- l; énBiíKttt ilperte^a iooo.Rations

•ÔÌJ^X TS- bonocs 'Cìlwrciitcs porte*

rqntpour 1 soeursde fajnpour. mille Hommes.-,

&, pour 3 semaines de Biscuit. Et partant 225.Charrettes st cç tòmpte doiveiì.t porrcrYòur 25.jours de P-AÌU &paiít5d.. deBiicclKptHirurié-Afcfnice.de ij mille Hommes.

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114 TESTAM. POLÏTIC^ DU C.Lés moindres choses étant à considé-

rer dans lesgrands Desseins, un Géné-ral d'Armée doitavoirun Soin particu-lier du détail de son Equipage,

' 11 doit sçayòir. que des Charrettes sedébarrassent mieux que des Chariots,qu'elles tournent plus aisément en deslieux étroits; Mais que d'autre part el-les font plus sujettes ' à verser, ôc'qu'ù.nò1

renversée ' éít capable 'd'árrêtér lorig-tems tout ùhEquipage. Ainsi c'est.àlutà considérer les lieux où il va pour &íervir des unes ou des autres

?selon qu'il

le jugera le plusà propos.II doit savoir déplus, qu'il y a deux

façons de: porter le'Pain; óu dans dèsCaislons^ c[úi; pèsent ' & embarrassentbèàúcoúpj ótì dáiis'desCharrettes clis-séeiparlescòïéï ] '&kbúvertes de toi*lés ciréesl'y cé<Ìúibstbèáuéoúppluscom*itiòd&'-f "" :;V; r; ^ 'lf: ; .::;:••': '.

Ensuite dé ces- six Remarques^ jl neme-reste qu'à donner deux Conseils àçeuxquheormrandent n<ps Armées,

Í J

-Lepremieréí); ;d'êtretoujours lepre-

mier èu *Càmbá&ie," etànt diffcclí.è' à úf

ne Annec ppur puiflante qu elle puiueêtre, défaire progrès quand elle entrottve unësuf pied qúi iuifaitfTctè;

1 &souvens aisé 1 a celíe ,qùi cçìiimence lapremière de & afliïretunbqnSuccez.

;

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DE Rim.Ch.IX.Sect.V. m»

Le second de prendre plutôt le partid'Attaquant, lorsqu'on le peut íànsté*mérité, .qúeceluidcDéfcníèur; parcequ'outre que celui quiaraudaced'attaJquer donne quelque impression decrainte à celui qu'il attaque, lc natureldes François impatient & léger est auslìmal propre à la Défense, que. son feu &ses premiersbouillons leur donnent desqualitè^qui les rendent capables de biens'acqutter de leur devoir: ; ;

-.Diverses Expériences me font parlée

ainfî, &je m'assure que ceux qui serontconsommez dans le Commandement,tiendrònt'ce langage.

ïiU'J.'ì'si íiJh '. ''ri''.:•! ;:.!/•<.? 'Í;;Í :'-»

De la Puifsancésur foMer.•• ; i

> \ui\

LAPuissanceenArmesrequiertnonJfeulement que le Roi soit fort fur la

Tcffc, mais aussi qu?ií soiíPuiíîànt sur

:>••JÌOÍS' qu'Antoine! fierefc îfutíréceu eh;

Fraiice",par!le íFeu -Ròif yx)tre ,PéreV &•

que pour, lui faire passer ísa misère avecdouceur il lui eut asíùré.uribon Appointtemenft ;Cet Etranger délirant recon-nbître l'obligationqu'ilavbir à ce grandRoi fic< faire voíï.qite s'il étoit Malhcu-.y.-'/ì .'>\v-i<:ì ì \h;:rcuxv

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nó TBSTAM. POLITIQ. OÚ G.leux, íUt'étoit pa&'Uigraiív donna1cn«ois moti',] tíoJs'GJonse'ils. qui nestmtgas de petite còrisiítéraíiorv y^R &u A ;Cqtf seja* PiBLtAi(5o. »- v-i»if./f;«k-

L;Avis de ce Vjëax.E&agnòl eonrforamédái\s lesAfíhiíe^d'Etats ne doitpas. tantêtre contidétá par-rÀotoritfrdèçeluiquile dqnnev ; «jùçí paï foi* proprePòidsv.î;.; ;. ;:/ JÌ ^; o:irJv.» ." ;• \>:í:.u<l ^:f :

Noos ahfonS'jctéjaíparlé' diu Soiri queTon doit avoir d'être pourvu d>ái!vbmîÇOnfeil&autoriféàRòmei Reste;$re-présentèï

irintérêt

; que le 'Roi -à< tfètèQPuissantiCurlaMér:..

s »: :,La Mer est celui de tous lesHéritages

fur lequel tous les Souverains préten-dent plustfe partÇ&cèpéiìdântfc'estce-lui íùr lequel les Droits d'un châcurtíòntmoinVecïair#&>'-v;ul~ ^ ifJ-

- L'Empire de cet Elément ne fut ja-mais bien aslùróà 'Personne;? f1 #été íiífjet à divers Changement selon .^Incon-stance dei.íàNature^ fi sujettetau-Veítìqu'il s'abandonneà celui qui le Fiatèílcplusjr&dpntiaBítlflàttceiéstffídérégléequ'ibfe'fient' en 1 étát ídéllofpolsédetrpafvioleiîcèV'f ícòhtre ' tquaíceuxí q$û 'pour*rotentkluidiípùterU^;j:;iun[ my^n },

fisìstunimdtlesíVieuxiTîtrés decetteDomination fòritMa íForçeí &< non laRaisojtifil fouÊ&reFujstànt pour.préten>^reàicetHéritage. Pour

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DR RÌCH. Chap. IX. Sc'ctV. 117Pour agir avec ordre & méthode en

ce Point, il tant considérer l'Océan &h Méditerranée, séparément, & fairedistinction des Vaisseaux Ronds, ; ut'ílesen ces doux Mers & des Galères donttfuiage n'est bòií qu'en celle que la Na-ture iemble avoir réservée expréíìemcntentre les Terres pour l'exposer à moinsde tempêtes & lui donner plus d*abri.

Jamais un grand Etat ne çloit être enétat de recevoirune injure fans pouvoiriettprendre revanche.KiiEt,partantf í^nígtètérrè étant situéecòmméèlldest

>

íì la France n'étoit puis-OXWG ëíi'V^ítóuM •'' éllè'ppurroìt tíiLtropsendr^ h son Préjudice ce queborilui sembleïoit, fané ''Crainte du Rektôúr. : ;

Eílb\>btitrokemptíchiír: nos'Peches,tro"âbìtír notre Gòmmdrcc, & faire, engardant fEmbouchure de nos grandesKivjiát^es

,bayer tel Dróit que bon lui

semWeìQitìux MátChoUds.! EllepôUrrolt descendre impunément

daiìs nos Isles, ôcniême dans nos Cô-tes. '-

.

' :

.

'•

''

•- Enfin laSituatiòn du Pais Natal decette' Nation Orgueilleuse

,íui ôtánt

tout lieu de craindre les plus grandes-Puissancesde lá Terre< l'anclenneEn-vie qù'elle'a contre ce Royaume

,lui

•:" 1 don-

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ii8 TBSTAM. Poi«iTiiQ.<puf C.-

dònneroit apparemment lieu de toutôfer

vlorsque nòtre Foiblessenous ôte-

roittóut moyeude rien entreprendre àíbnPrejùdiçe/

f ,,;V ... r y r,.

;., L'Infolence qu'çllçj fiç çjtuems du.Feu Roi au Pue cle.;$ulíy:i ,pbligeà ftniçttrci eti état de ;n;en;,plus spuftrir de'pareille. X '

>• „r.:. ...T,sí >j[-.-;:{•Ce Duc choisipar HENRI lç Grand>

pour faireune AmbassadeExtraordi|iai-re, en Angleterre , s'étant .embarquésàCalais ^ans un Yajfl&au/FjaH.çQÌs?quipprtoit

f|e Payillon flrançpjsm.-g&ud

J$$t r ne, fAt paíRlfc$t idans ÌQÊaual*

qíip rençpsn|r^nt) unejj&m&rgç -;quietoit ppurJc recevoir,.celui quilaçpmîjmandoit fit çomjnandçmenî;au Vais-íeáíi Françoisde mettre le Pavillon bas.

Ce Duc croyant ,que íà Qualijtç lé ga-reiitiroitd'un tel Affront, (e rfifu& avecAudace ; niais, ce Rçfus étalât suivi detroi^epupsd^Çanpn,à .BoMieÇs^lULpèrr

çant le Vaisseau percèrentJe .Gceftfiauxbous François

>la Force je contraignit

à ceclont laRaison le deyoit deífèndrë,& quelque Plainte qu'il piìt faire

vU

n'eutj jamais.d'autr^Raiíçìn dufíapitai-.)$ Angjois, sinonque ço^nnieíspn Pér^pirsobligeoit;; à-, hónçrer [sa; .Qualité4*ÁmBasladçur, jl l'pj)ljgepit auflìa fai-

re rendre au Pavillon de, son Maître; •

THon-

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DG Rrcu. Ch. IX.-Scct. V. 119l'I loimeur qui étoitdû au Souverain dela Mer.

.

Si les Paroles du Roi Jacques furentplus Civiles, ellqs, n'eurent pourtailtpas autre eflet, que d'obliger le Duc àtirer satisfaction de fa Prudence

,feir

gnant être guéri, lors que Ion Mal étoitplus cuisant, & que la Playeétoit incu-tab!e.

.II fallut que le Roi vôtre Pérc uftt de

Dissimulation en cette occasion ; maisavec cette résolution une autre fois desoutenir le Droit de sa Couronne, parla Force

,,que le tems lui donheroitle

moyen d'acquérir fur la Mer.Je me représente ce GrandPrince,

projettanten cette Occurrence, ce queV. M. doit expeutermaintenant.

La Raison veut qu'on prenne un Ex-pédient, qui fans intéreíîèr aucune desCouronnes, donne lieu à la Conserva-tion de la bonne Intelligencequi est dé-sirable entre tous les Princes de la Chré-tienté.

Entre beaucoup qui peuvent être pro-pose/

, ceux qui suivent sont à mon ayisles plus pratiquables.

, .On pourroit convenir, que les Vais-

seaux François rencontrant les Angloisfur les Côtesd'Angleterre, íàluéroicnt

,les premiers, & baisteroient le Pavil-lon;

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ij 2,0 THSTAM, PotIT1 QÌ DU G.Ion ; &'lors que les Vaisseaux Angtoisrencontreroient les Vaisseaux Françoissuv lefc Qôt&'de í^ancè ', ils'leu'r reu-droteíUlcsm&tteS Honneurs í àcondi-tioiiy que Itíh^W les Flôtes AhglòisesT& Françóiíb i ' tòfrèncbtttrérbieto hoirsdes Gótés desdeux &oy«urr\es

vchacu-

ne sefôitía Route satts'aitëûité'C£r<í-monie

, que de s'envoyer réciproque-ment féeonnóître

, par quelques pàta-ehes i ^Úliië s'ap^ròGheroiètìt qu'à lajktftéé du Canon. ,: ' ;:f:;Oft(pbtífi:òit%ussi àfrétër J qtlë fònsrivòíréga& fáùx: Gòfés de Frâticé éd'Angleterre. la Flotte plût nombreu-se en Vaisseaux de Guerre séroit saíiice

^de celle (JUí le seroit le moins j- Toit ehbaissant le Pavillon

$buentte le baissant

-pas.'-

","'.

•"'' -;--{:- -.;.'- Qiíelque Ëkpèdiént'qu'Gft tròuvfeenet íujset, !pòúrVû qu'il soit égalde tóUtés

-parts, ilfèra Juífe-, ii V.MLéstFortéàla Mer v^cê qui fera raisonnable

,fêta

telauxAnglois, tellement aveugles entellé Matière, qu'ils né ccmnòifléht au-tre Equitéque la Forcé. f - - *'•

L'Utilité que lesEspagnols^

cjuífoutGfôiirêî d^tre^ sios •EiiHërntë'présents,tirantdes Indes y les obligé d'être Fòrb

.à lá Mer-CDcéane.

: ; «•

1Â Raison d'une bonne Politique,

... ne

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DE RICH. Ch.IX. Scct.V. 121ne nous permet pas d'y être Foibles;niais elle veut que nous lbyous en Etatde nous opposer aux Desseins qu'ilspourroient avoir contre nous, & detraverser leursEntreprises.

Si V. M. est Puiílàntc à laMer, lajuste Appréhension qu'aura l'Efpagnede voir attaquer lès Forces

,unique

íòurcedesa Subsistance: qu'ondescen-de dans ses Côtes

,qui ont plus de six

cens lieues d'étendue : qu'on surpren-ne quelques-unes de ses Places i toutesFoibles, qui font en grand nombre :cette Appréhension , dis-je, l'obligeraà être si Puissante fur la Mer, & à tenirses Garnisons si Fortes, que la plus gran-de part du Revenudes Indes se consom-mera en Fraix

, pour avoir le fout, &si ce qui lui restera suffit pour coníèrverses Etats, au moinsaura-t-on cet Avan-tage

,qu'il ne lui donnera plus moyen

de troubler ceux de íes Voisins, com-me elle a taitjusqu'à présent.

tSi V. M. eût été aussi Foible que íèsPrédécesseurs, elle n'eût pas réduit enCendres, au milieu des baux, toutesles Forces que l'Efpagne put ramassereni6j8.surl'Océan.

Cette Superbe & Altière Nation,n'eût pas été contrainte de souffrir 1 ab-

PartieU. F bais-

(I) Combat de Gattui,

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ïii^ TESTAM. POLI TIQ. DU C.baislèmerìt de son Orgueil

^ aux Yeuxnon seulement de tome l'Italie , maisaussi de toute la Chrétienté, qui voyantarracher de ses mains par pure Force,les Ifles de Sainte Marguerite, & deSaint Honorât, dont èlíe nes'étòit ren-due Maîtresse que par surprise, avûeiimême instant & d'un même oeil, laHonte de1 cette Nation Insolente , &la Gloire & la Réputationde lavôtre.:

Elle n'eût pas enfin ,fur les Mersde

Gènes, dóniiéce Célèbre Combat deGalères, qui 'donnantde la terreurà sesEnnemis

,•àaugnientë l*Amour& l'Ë-

stimede les•Ail ièfc, & imprimé tant de

révérenceaux Indifférensy que le Poids

du Respect les tira tout à fait de íòncote. •

VÔTRE MAJESTÉ, ayant des Alliée sicloignex de ce Royaume, qu'on ne peutavoircommunication avec eux que parla Mfer, s'ils vóyoient la Francedéniiéedes moyeps nécessaires pourlëS fècou-tir éri certaines occasions

^ilferòitíáiíe

aux Envieux du Bonheur des uns ;& desáútres, de méttré lá même: Divisionentre îes Esprits, qu'il y a entre lesEtats ; au. lieu que si vos Forces Mari-times'íòníé^rííîdéràblei^ quòy que di'visées quant^u. lfóiivyi;ite;demeûréroìitéÛòítement mû de Coeur ècd-Affèctìonà cet Etat. »ÍV-

-• r :. ; ( j H

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DE RICH. Ch.IX. Scct. V. J23Ilíèmble que 1? Nature ait voulu ot-

frir TEmpire de la Mer à la France,pour l'avantageufe Situation de ses deuxCôtes, également pourvues d'excei-lens Forts aux deux Mers

,Océanc&

Méditerranée.La feule Bretagne contient les plus

beaux qui soient dans l'Océan ; & laProvence

,qui n'est que de huit vint

mille d'étendue, en a beaucoup plus degrands & d'aíïûrex que TEípagne & l'I-talie tout ensemble.

LaSéparation des Etats,qui formentle Corps de la Monarchie Espagnole,en rend la conservation si malaisée,que pour leur donner quelque Liaison,Tunique moyen qu'ait l'Espagne

,est

rentreténement de grand nombre deVaiíïèaux en l'Océan, & de Galères enla Mer .Méditerranée

,qui par leur

Trajet continuel réunifient en quelquefaçon les Membres à leur Chef ; por-tent & raportent les choses nécessairesà leur Subsistance ; comme les Ordresde ce qui doit être entrepris, les Chefspour commander, les Soldats pourexécuter

,ï'Argent qui est non feule-

ment le Nerfde la Guerre, maisauíïïla Graiíîede la Paix ; d'où il s'enfuit,Jjue si l'on empêche la Liberté de telsTrajets, ces Etats qui ne peuvent sub-

F 2 íìster

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f Î4 TESTAM. POLITÍC^ DÛ C.silter d'eux-mêmes, ne sçauroientévi-ter la Confusion

, la Foibleflè, & tou-tes les Désolationsdont DIEU menaceun Royaumedivisé.

Or comme la Côtede Ponant de ce.Royaume, sépare l'Espagne de tous lesEtats poílèdés en Italie par leur Rpy,ainsi iì semble-que. la Providence deDIEU

,qui veut tenir les choiesen ba-

lance, a voulu que la Situation de la

Franceséparât les Etats d*Eípagne,pourles affoiblit en les divisant.

Si V. M. a toujours dans ses Portsquarantebons Vaisseaux bienoutiller &bien équipes ,

prêts à mettre en Meraux premières occasions qui se présen-teront, elle en aura suffisamment pourse garentir de toute Injure

,&sè raire

craindre dans toutes les Mers, parceuxqui jusqu'à présent y ont méprilè sesForces.

Comme les Vaisleaux ronds font né-cessaires à cette Fin dans laMerOcea-ne, les Galères Vaiílèaux légers, quià force de Rames fontde grandesCour-ses dans les Calmes, plus ordinairesdans laMéditerranéequ ailleurs, le fontautant dans la Mer de Levant.

Avec trente Galères V.. M. ne ba-lancera pas seulement la Puiílànced'Es-pagne , qui peut par l'Assistancedeses

Al-

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DÉ RICH. Ch.IX. Sect.V. I2fAlliez en mettre cinquante en Corps»mais elle la surmonterapar la Raisondel'Union, qui redouble la PuissancedesForces qu'elle unit.

Vos Galères pouvant demeurer enCorps, soit à Marseilles, soit à Tou-lon

,elles íèront toujours en état de

s'opposer à la Jonction de celles d'Es-pagne

ytellement séparées par la Situa-

tion de ce Royaume,

qu'elles ne peu-vent s'alscmbler íàns passer à lavue desPorts, & des Rades de Provence , &môme fans y mouiller quelques fois, àcause des Tempêtes qui les surprennentà demi Canal, & que ces Vaisseaux lé-gers ne peuvent supporter sans grandImard

,dans un Trajet fâcheux où el-

les font assez fréquentes.Le Golfe de Léon est lc plus péril-

leux Trajet qui soit en toutes les Mersde Levant, î'inconstance & la contra-riété des Vents, qui y règnent d'ordi-naire

,font qu'il eit diffìciled'en trou-

ver le Passige asseuré, en quelque façonqu'on puiíïc l'cntrcprendre.

Tout Terns forcé y est. trés-dauge-reux ,

& íî nos Côtes ne font point fa-vorables à ceux qui les passent, rare-ment font ils leTrajet fans Péril.

La vraye Raison du hazard qui setrouve en ce Passige

,vient do la con*

F. 3 tra-

Page 128: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

iiô TESTAM. POLITIQ. DU G.traricté des Vents

,cauìëe par divers

Aípectsdes Côtes.Plus une Côte est montueuse & éle-

vée,

plus jette-t-elle de Vents, lorsque lachaleur de laTerre est combatuëpar la froideur & par l'humidité deItëau., ou de la Neige

,dont elle est

couverte.De là vient, que les Côtesde Pro-

vence qui íònt de cette Nature, étanttoujours pendant l'Hyver abbruvéesde-h rluie

, ou des Neiges, ne fontja-mais fans Vents, qui venans de laTer-re, íbnt toujours contraires à ceux quiveulent les aborder.

Orcomme ces Vents fontcontrairesà l'aborddesVaiíïèaux, aussi ne sont-ilspas asse's puifïàns pour les reporter jus-ques aux Lieux dont ils font partis,parcequ'il íè trouve d'ordinaired'autresVentSioe Terre qui les enchâssent; d'où il ar-riveque parla contrariété desVentsdenos Côtes & de celles d'Bspagne, lesVaisseaux font jettes dans le Golphe,où le plus souvent par un Teins forcé,leur Perteest inévitable.

Pour venir d'Ejpagne en Italie,

lesVaisseaux & les Galères font toujoursleur Partance du CapdeQuiers, &duGolphe de Rose

,& attendent d'ordi-

naire le Ponant & Maistral pour arriver.heu-

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DE RICH. Ch.IX- Secì.V, 127heureusement à la Côte de Gennes, ouà Morgues, qui est le premier Abordqu'ils fònt ; maisbien qu'ils partentavecun Vent favorable

,ils ne font jamais

arrivez au Golphe,

qu'il ne le trouve,change.

.Si les Vents íàutent au Labcche, où,Mjjoút & Lab&he, il fautde nécessitequ'ils relâchent dans les Côtes de Pro-vence, 011 s'ils passent au Siroch& Le-:vant ,

il est impossible aux Galères écVaisseaux qui se trouvent prez de nosCôtes, ni d'achever leur Voyage enItalie, ni de regagner l'Espagne, & euTems forcé c'est un Miracle

,lì elles;

ue se perdent fut les Digues de nos Cô-tes.

D'autre part, les Vaiíïeaux quivonçd'Italie en Espagne partent d'ordinairede Morgues, qui est le dernier Port d'I-*talie.

Pour faire bon Voyage ils attendentle Maistral

,& Tramontane, maisja-

mais ils rie font à my Golphe fans chan-.gement de Tems, & fans Péril tout en-semble ; parce qu'un Siroch

, ou uneTempête de Mi-jour, rend leur Perteinévitable, lì nos Ports ne leur font ou-verts.

Ainsi si la France, est forte en Galè-res &cn Gallions tout ensemble, ils ne

F 4 peu-

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11$ TESTAM. PÒLITIQ. DU Gpeuvent faire aucun Trajet asseuré,ctant certain qu'ils nc fçauroient entre-prendre de faire Canal pendant ì'Hy-ver, fans se mettre en hasard de fe per-dre

, ou dans nos ('ôtes, ou dans la.Barbarie, si les Vents passent tout-à-faitau Nord»

Et quand même le Grec, & Tra-montane ,

les fontcourre vers Major-que & Minorque, & Maistral, & Tra-montane , les portent en Corse, & Sar-daigne

, le plus souvent laviolence desTempêtes les brise, & les perd, devantque de gagner TAbri des Islés qui leurfont Favorables.

EtsipoursegarentirdccePéril, ils serésolvent à attendre les Vents favora-bles pour raser nos Terres, encoren'arrivera-t-il pas que de vint Trajetsqu'ils tenteront, ils puissent paslèrunefois seulement, sans qu'un fi mauvaisTemsnç les fassedonner à travers à nô^trevûë.

Et quand même ils pourroient êtreservis d'un Vent si favorable qu'ils n'au-roiént rien à craindre de la Mer, lcmoindre avis que nous aurons de leurPaslàge nous donnera lieu de le traver-ser

,d'autant plus asscurcment

> quenous pouvons toujours nous mettre àla Mer quand bon nouslemble, & nous

re-

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DE RÌCH. Ch.lX.Sect. V. 129retirer íàns Péril, quand IcTcmsnousmenace, à cause du Voisinage de nosPorts-, qu'ils n'osent aborder.

Trente Galères donneront cet Avan-tage à V. M.& si à un tel Corps elle a-joute dix Gallions, vrayes Citadellesdela Mer, redoutables aux Galéres,quandils ont un.Vent favorable,, à cause queleur Corps n'a point de proportionavecla foiblessc de ces Vaisseaux légers, &qu'ils ne les craignent point dans les plusgrands Calmes, parce qu'étant pourvusd'aussi bons Canons que leurs Cour-siers

,ils sont en état de leur faire beau-

coup de Mal, s'ils s'en approchent de.trop prefc.

Quand le Roy d'Espagne augmente-roit de moitié les Forces en cette Mer,,ce qu'il ne peut raire fans une grande dé-pense

-,il ne seroit pas en état de reparer

le Mal que nous lui pourrions faire,, àcauscdel'unioiìdenos Forces, &delíidivision des siennes.

II n'y a rien qu'un tel Corps ne pniíïcentreprendre, il peut aller attaquer lesArméesd'Espagne dans leurs Ports lors,;qu'elles s'y assemblent',. 1'Expériencenous ayant fait voir dans la reprise, desIsles de Sainte Marguerite &> de SaintHonorât, que les iorieresses fiotantes.prévalent aux plus asseurées. de 1» Mer,

Page 132: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

ïjo TESTAMPOLITIQ^DUC.lors qu'on íçait s'en servir hardiment.

Par ce moyen V.. M. conservera laLiberté aux Princes d'Italie, qui ont étéjulqu'à présent comme Esclaves du Roid'Espagne.

Elle redonnera le Coeur à ceux quiont voulu secouer le Joug de cette Ty-rannie

,qu'ils ne suportent que parce

Qu'ils ne peuvent s'en délivrer, & fo-mentera la Faction de ceux qui ont leCoeur François.

Le Feu Roi vôtre Père, ayant don*né charge àMr. d'Alincourt de faire re-proche au Grand Duc Ferdinand

,de

Ce qu'aprefc TAlliaince qu'il avoit con-tractée avec lui, par le Mariage de laReine vôtre Mère, il n'avok pas laisséde prendre une nouvelle Liaison avecl'Elpagne: Le Grand Duc aprex avoiroui patiemment ce qu'il lui dit sur ceSujet, lit une réponse qui signifiebeau-éóup en.peu de mots, & qui doit êtreconsidérée par V.M. & par ses Succes-seurs; íî le Roy eût eu quarante Galèresà Marseille., je n'eusse pas fait ce quej'ai fait.

La Porte que donne Pignerol à V. M.dans l'itnlie, étant bien conservée, siElle s'en ouvre une autre par la Mer, leTenis & laFermété qu'onverni dans vosConseils

ydont on appréhende le chan-

ge*

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DE RCCH. Ch.IX. Sect.V. 131gementìcause de la Légèreté de nôtreNation, changeront les Coeursde beau-coup d'Italiens, ou pour mieux dire,donneront le moyen de faire.connoître-,

.quels ils ont toujours été.L'Italie est considérée, comme le

Coeur du Monde, & à dire le vmy, c'estce que les Espagnols ont de plus granddans leur Empire, c'est le Lieu où ilscraignent le plus d'être attaquez & trou-blez, & celui auquel il est plus faciled'emporter fur eux de notables Avanta-ges

Tpourvu qu'on s'y prenne comme

il faut.Et parconséquent, quand même oii

n'auroit pasdessein de leurfaireduMal,au moins faut il être cn état de leur don-ner un contre-coup íì prez du Coeur,quand ils voudront faire quelques En-treprises fur la France, que leurs Brasn'ayent plus assez de Force pour inten-ter de malicieux Desseins contre Elle. '.

ÇetteForce ne tiendra pas. feulementPEspagne en bride, mais elle fera que leGrand Seigneur & ses Sujets, qui nemesurent la Puissance des Rois éloi-gnez , queparcelle qu'ils ont à laMer,seront plus soigneux qu'ils n'ont étéjusques à présent, d'entretenir les Trai-tez raits avec eux.

Alger, Thunis, & toute laCôfedc.E 6 Kir-

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Ï$I TGSTAM.POUTÌQÌDU C;Barbarie

,respecteront & craindront

vôtre Puissance ; au lieu que jusqu'àprésent ilsTont méprisée avec une Iu-fidélité incroyable.

En ce Cas, ou les Barbares vivront,volontairement en Paix avec lesSujetsde V. M. ou s'ils ne font pas assez Sagespour venir à ce Point, on les contrain-dra par la Force

,à ce à quoy ils n'ont

pas voulu condescendrepar la Raison.Au lieu qu'à présent que nous penr

sons n'avoir pas la. Guerre avec eux,nous en recevons tous les Maux ,

&nous nc jouissons pas de la Paix, ni dela Moisson.qu?elIe. nous devroit causer ;nous trouverons le-Calme '& la.Scuretédans la Guerre, trés-avantageuse avecdes Gens dont ('Infidélité naturelle.estíl grand?, qu'on ne peut s'en garentirque par la Force.. ;,.!:

II reste à voir decombien peutr&re laDépense nécessaire à l'Entretieti 4unombredes.Vaisseaúx projettezcy-des-sus, laquelle pour grande qu'elle soit,doit être estimée.petite, en comparai-son des Avantages que nous en rece-vrons,; Cependant ;e]le peut être faiteavec, tant d'Avantage & de Ménage,qu'oncourra, la íqûtenir avec deux mil-lions cinq cent mille livres, selon queles Etats qui sen.nt insérez, à la sin de cetOuvrage, lcvéiijient. SEC-

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DH RiCH. Ch.IX.Sect.Ví. 133

S E C T ION VI,

£ï/i truite du Commerce,. comme mie

Dépendance de la Puissance de la Mer,,

<£r spécifie ceux qifon peutfaire corn»?ncdemait..

C'Esr un dire commun, mais vé-ritable

,qu'ainsi que les Etats aug-

mentent souvent leur étendue par laGuerre, ils s'enrichissentordinairementdans la Paix par le Commerce.

L'Opulence des Hollandois qui à

proprement parler, ne font qu'une poi-

gnée de Gens reduits à un coin de laTerre où il n'y a que des Ivaux & desPrairies, estunexempic, & une preu-ve dertJtilité du Commerce

, qui ne.reçoit point de contestation.

Bien que cette Nation ne retire de.son Pays que duBeiue & du Fromage,elle fournit presque à toutes le* NationsdeTEuropc la plus grande partie de cequi leur eltnéceflàire..

La Navigation l'a rendue' si Célèbre &si puistante par toutes les Parties duMonde : qu'aprés s'être rendue Maî-tresse du Commerce aux Indes Orien-tales, au préjudice des Portugais qui yé.toient de long-temps établis. Elle ne

F 7 don-

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ij4 TESTAM.POLITiQiDuC.donne pas peu d'affaires aux Espagnolsdans les Indes Occidentales, où elleoccupe laplus grande partie du Brésil.

Comme en Angleterre le plus grandnombre de ceux qui font les moins ac-commodez se maintiennent par les Pe-ícheries ordinaires ; Les plus Puissantsfont un plusgrand Trafic cti toutes lespartiesde laTerré, par la Manufacturede leurs Draps, &.par le Débit duPlomb

,de ï'tètain, & du Charbon de

terreque produit leur Pays. II n'y a quele seul Royaume de la Chine, 'dont'ì'entréc n'est permise à personne y au-quel cette Nation n'a pas de lieu établipour ion Trafic.

La Ville de Gènes qui n'a que desRochers en partage, fait si bien valoirion Négoce, qu'on peut fans contreditla direlaplusUiçheyille d'Italie, si leSecours d'Espagne*..... ,\ ,'i

<La fèiìteFrance pòùrêtre trop abon-

dante eh elle-même, ajuíquës à présentnégligé le Commerce, bien qu'elle lepuisse faire faire aussi commodémentque ses Voisins, & íè priver par ce mo-yen de l'assistance qu'ils ne lui donnenten cette, occasion qu'à ses propres dé-pens. ; '

s!Les Pesçheriès de îa Mer Oceane

•: ' ' íbnc

f.Le Manuscrit cri cet endroit est dcfcílueuîi»

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t»E RICH. Ch.lX.Sc&VI. 13csont leplus facile & le plus utile Com-merce qui puiílèctre fait en ce Royau-me. II est d'autant plus néceíìaire qu'iln'y a point d'Etat au Monde fi peupléque laFrance.

Que le nombre de ceux qui s'y trou-vent dévoyez du chemin du Salut estfort petit à proportion des Catholiques,qui vivansíòuslesLoix de l'Eglise Ro-maine

,s'abstiennent un tiersde Tannée

del'usagedes Viandes.Et qu'on ne s'y sert point de Dispen-

ses pratiquées en Espagne, pour man-ger en tout tems de laViande, fous unTitre spécieux.

Le Commerce nous est d'autant plusaisé, que nousavonsun grand nombrede Matelots, qui juíquà présent ontétéchercher Emploichez nos Ennemispour n'en trouver pas en leur Pays, &nous n'en tirons présentement que lefruit des Morues & des Harans. Maisayant cfequoi occuper nos Mariniers,au lieu d'être contraints de fortifier nosEnnemis en nous affoiblislànt, nouspourrons porter en Espagne & autresPays étrangers, ce qu'ils nous ont ap-porté jusqu'à présent par le moyendesnôtres qui les fervent.

La France est fì fertile cn Bled, fia-bondante en Vin, & íi remplie de Lins

&de

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136 TESTAM.POLITIQ.DUC.& de Chanvres pour faire les Toiles& Cordages néceílàires à la Navigation,.que-l'Eípagne, l'Augleterrc, & tousles autres Etats Voisins ont besoin d'y arvoir recours.

•Et pourvu que nous íçachions nous

bien aiderdes Avantages que la Naturenous a procuré

> nous tirerons l'argentde ceux qui voudront avoir nos Mar-chandisesqui leur font fi. nécessaires, &nous ne nous chargerons pas beaucoup,de leurs-Denrées, qui nous íònt si peu"Utiles.

Lcs; Draps d'Espagne,

d'Angleter-re

?& de Hollande ne font nécessaires

que pour le Luxe ; Nous en pouvonsfaire d'aussi beaux qu'eux

, tirant lesLaines d'Espagnecomme ils sont .Nouspouvons môme les avoir plus commo*denient, par lemoyen de nos Grains &de nos Toiles, si nous voulons les prenrdre en Echange pour faire doublegain.

* Nos Roys; s'étatit. bien passes desDraps de Berry

, nous, pouvons bienmaintenantnous contenter du Drap duSceau & de Meunier, qu'on fait main-tenant en France, fans recourir à ceuxdes b'.trangcrs

»dont par ce moyen 011

abolira lîusage,

ainsi que les Râs deChâ-

fies Draps du Sceau se sont a Roiìen, &lcîDiags dí Mïu'.nict sc foiiï à Ronurantui»,

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DéRiCH. Ch.IX.Scct.VI. 137Châlons, & de Chartres ont aboli ceuxde Milan.

En effet, les Draps du Sceau font sibien receus en Levant, qu'aprés ceuxde Venize faits de Laine d'Espagne, lesTurcs les préfèrent à tous autres. Et lesVilles de Marfeilte & de Lyon en onttoujours fait jusques à présent un soitgrand Trafic.

La France est aflTex Industrieuse poursepastèr si elleveutdes meilleures Ma-nufactures de ses Voisins. On fait àTours des Pannes íi belles, qu'on lesenvoyé en Espagne, en Italie, & au-tres Pays Etrangers. Les Taffetas unisqu'on y fait ausiiont un si grand Débitpar toute la France, qu'il n'est pas be-soin d'en chercher ailleurs. Les VeloursRouges, Violets, & Tannés s'y fontmaintenant plus beaux qu'à Gènes.C'estaussi le seul endroit où il íè fait desSarges deSoyc. La Moire s'y fait aussibelle qu'en Angleterre ; les meilleuresToiles d'Or s'y font plus belles, & àmeilleurmarchéqu'en halie.

Ainsi il nous fera fort aisé de nouspriver de ce Commerce qui ne peutnousfervir qu'à fomenter nôtre fainéan-tise & à novjrir nôtre luxe, pour nousattacher solidement à celui qui peut au*gmeiucruòtrc Abondance, & occuper

nos

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>38 TESTAM.PÒLITÌQ. DUC.nos Mariniers

,de telle sortç que nos

Voisins ne se prévalent pas de nos Tra-vaux à leurs Dépens.

Outre. ceux ci-dessus spécifiez quiíònt les meilleursde la Mer Océane, oncn peut raire plusieurs autres.

.Celui des Pelleteries de Canada est

d'autantplusutile qu'on n'y porte,pointd'argent, & qu'on le fait en Contrq-changë dés Denrées qui ne dépendentpourtantque des Ouvriers,comme sqntles Etuis de Ciseaux, Couteaux, Cani-vets, Eguilles,Epingles, Serpes, Coi:gnées, Monstres, cordonsde Chapeau,Aiguillettes, & toutes autres sortes deMerceriesdu Palais.- Celui dé la côte de Guinée en Afri-que ,

où lesPortugaisont long-tems oc-cupé une Place nommée Castel de Mi-ne, qùelesHolandois de la compagniedes Indes Occidentales leur ont enlevédepuisdeux ou trois ans, est de íèmbla^-ble nature, en ce qu'on n'y

•porte que

de ìa Quincaillerie, des Canevats, &de méchantesToiles, & on en tire delà Poudré d'orque les Nègresdonnenten Echange. '

Les Marchands de Rolien ont autre-fois tait un commerce deToiles, & deDraps dans le Royaume de Fefc & deMaroc, par le moyen duquelon tiroituné grande quantitéd'Or. Si

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DE RICH. Ch.IX. Se&VI. 139Si les Sujets du Roi étoient forts cn.

Vaisseaux,

ils pourroient faire tout lcTrafic du Nord

, que les Flamans &Hollandois ont atiré à eux , parce quetout le Nord ayant absolument besoinde Vin

,de Vinaigre

,d'Eau de Vie,

de Châtaignes, de Prunes, & de Noix ;toutesDenréesdont le Royaume abon-de, &qui ne s'y peuvent consommer;U est aisé d'en faire un Commerced'au-tant meilleur

,qu'on peut rapporter

des Bois, des Cuivres, duBray, &duGoldron ; choses non seulement uti-les à nôtre uíàge

,mais nécessaires à

nos Voifins>

qui ne les lçauroient tirerd'eux fans nos Marchandises, s'ils neveulent perdre le Fret de leurs Vais»lèaux en y allant,

Je n'entre point dans le détail duCommerce qui íè peut faire aux IndesOrientales & en Perse

, parce que l'hu-meur des François étant <ì promptequ'elle veut la Fin de íès Désirs aussi-tôt qu'elle les aconceus. Les voyagesqui íbnt de longue haleine font peu pro-pres à leurnaturel.

Cependant comme il vient grandequantité de Soye

,& de Tapis de Per-

se) beaucoup de curiositez de la Chine,& toutes ibrtes d'Epiceries de diverslieux de cette partie du Monde

,qui

nous

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140 TÉSÏAM.POMTIQÌDUC.nous font d'unegrande Utilité, ce Ne*"

goçe nedoit pas être négligéPour faire un bon Etablislèment ; il

fùudroit envoyer en Orient deux outrois Vaisseaux

, commandez par desPersonnes de Condition

,Prudentes &

Sages, avec Patentes & Pouvoirs né-cessaires

, pour traiter avec les Píìnces,& faireAllianceavec les Peuplesde touscôtet, ainsi qu'ont fait les Portugais,les Anglois & les FIamens

CeDessein réussiraitd'autant plus in-failliblementque ceux qui ont pris pieddans ces Nations, en font maintenantfort haïs, ou parce qu'ils les ont trom-pés t ouparcequ'ils les ont assujettisparforce.

Quand à l'Occident, it y a peu deCommerce à faire. Drack

,Thomas

Candich,

Sperberg, l'Hermite, le

Maire, & le Feu M. Comte Mauricequi y envoya douze Navires de cinqcent Tonneaux

,à Deslèiu d'y faire

Commerce, ou d'Amitié, oude For*ce ,n*ayantpûtrouverlieu d'y faire au-cun Etablislèment.II y a peu à espérer dece côte-là

,si par une Puissante Guerre

on ne se rend Maître des lieux que leRoi d'&lpagne y occupemaintenant.

Les petites Iflesde Saint Christophle,& autres, situées à la Tête des Indest

peu-

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DF. RICH. Ch.IX.Scct.VI. 14speuvent rapporterquelqueTabac,quel*aucs Pelleteries, & autres choies de peude conséquence. *Il relie avoir ce quisc peut faire dans la Méditerranée.

*COMMÏRCEDEIÀMER MÉDITERRANÉE

Mémoire des divers Commerces qui scfont en Levant.

Napoli de Romanie.Les François y portent quelques Marchan-

dises & Argent, & en raportent des Soyes,des Maroquins, des Laines, de la Cire &des Fromages, dont partie íè distribue & sedébite en Italie.

Satalie.Les François n'y portentque de PArgent,

& raportent <ìcs Cotons, des Cires>

desMaroquins de toutes sortes,

Stnirne.Les François y portent beaucoup plus de

Marchandisesque d'argent, d'autant qu'ony débite quantité* de Marchandises pourChio, l'Archipel <Sc Constantinople. LesMarchandises que l'on y porte font Papiers,Bonnets, Draps de Paris, de Languedoc,Bois de Brésil, de la Cochenille , des Epi-ceries, des Satins qui se fabriquent à Lion}& on en raporte quelquefois des Soyes dePerse, & dss Rhubarbes que les Persans yamènent, des Cotons fiez en Laine, desCires, du Mastic

>& desTapisgrossiers.

Prés

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I4-Z TESTAM.PòuriQ^DúC.Prés de Smirne il y a uu Port nouvellement

découvert, & nomme'.....ScaU Nova,

Quelquefois nos Vaisseaux y chargent desBleds & des Légumes.

Constantinople.Les François y portent quantité* de Mar-

chandises>

qui sont les mêmes qu'on appor-te à Smirne, hormis des Etoffés d'Or, d'Ar-gent & deSoye, desquelles il y a grand dé-bit

, & fort rarement de l'Argent} Us enrapo'rtentdes Cuirs & des Laines, n'y ayantautrechose ; Et souvent pour ne trouver pasà employer des Marchandises qu'on a ven-ducs

> on en envoyé l'Argent à Smirne pouty.être employé , ou bien on le remet patLettresde Change à Alcp, où il y a toujoursquantité de Marchandisesà acheter pour por-ter en la Chrétienté.

Isle de Chipre.Où il y a divers Ports

-,On y porte de l'Ar-

gent>

quelques Draps & Bonnets ; & on enraportedes Cotons filez en Laines,' desSo-yes qu'on fait eii ladite Isle, & quelquesDrogués.

Jilexanàntte&ltPòrttftJUp.•

De France on y portegrandequantité deMarchandises& d'Argent. Ces Marchandi-ses font toutes les mêmes qu'on porte àSmirne. Et on en raportegrandequantité deSoyes& Drogues, toutes(brtesde Cotons,des Gales

,des Maroquins ,< qu'on appelle

de Levant>.

Rouges>

Jaunes de Bleus., desi Toi-

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DE RiCH. Ch.IX. Scct.Vl. 143Toiles de Coton

,& quelquefois des Mar-

chandises des Indes qu'on y apporte par lavoye de Perse. Auparavant que les Anglois& Holandois allassent aux Indes, toutes lesSoyes, Drogues & autres Marchandises dePerse venoient à Alcp ,

d'où on les portoicá Marseille y qui aprés /es débitoit par touteJa France

,í'Angleterrc

,Holaudc

, & Al-lemagne. Et maintenant iefdits Anglois 3cHolandois nous ont ôté ce Commerce, &pourvoyent toute la France non seulementde Marchandises de Perse, mais encore desTerres du Grand Seigneur, qu'ils font passes

par la Perse pour aller à Goa>

où ils char*gent. ;

Les Marchandises qu'on apporte du Le*vant, se débitent en Sicile, Naples» Gênés,Libourne

, Majorque , &par toute l'Efpa*gne, Flandres & Allemagne.%J. Seyde> au Porï (k Tripoly, Barut 0" S.

Jeun d'acre.Oì\ y porte de France quelque peu de Mar-

chandises &prelque tout en Argenty

Ôneiifaporte force Soyes, Cotons fiiez

>des Cen-

dres propres à faire du Savon» des Droguesrjui viennent de Damas ,

quelquefois il s'ycharge du Ris

}& quand la Récolte des Bleds

est bonne, on en laiíïe charger íur nos Vais*seaux.Alexandrie

>le Vort d'Egy/>/e', & le Grand

Caire.Les François y portent quelques Marchan-

dises de France^ comme Draps,

Papiers *•

' ' " ' " Bre-

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144 TESTÂM. POLITIQ.DU G.Biciil) Cochenille) mais plus d'Argeutqucde Marchandises i oHcniaportcdu Nacron ,des Drogues de diverses sortes, & la plupartdes Marchandises qui seldéb.uenc en Italie

>

ouen Espagne,Autrefpis audit Alexandrie par la Mer

Rouge vcuoient toutes les Epiceries qui seportoiçnt à Marseille j & maintenant que lesAnglois& Holaudbisvontaux Indes, il fautque nous les tirions de leur Pais.

--' tbunis..On y porte de Marseille du Vin

>du Miel,

du Tartre» des Draps, des Papiers, & au-tres Marchandises,& rarement de l'Argent j&on eu raporte des Cuirs & des Cires,

tÂtçtry

& Vorts y?ifinr.On y porte quelquefoisdès mêmes Mar-

chandises qu'àThunis$ & on en ráporteauslìdes Cuirs & des Cirés»

J'avoue que j'ai été long-tems trom-pé au .Commerce que les/Provençauxfonten Levant.

•J'cstiriíois avec,beaucoup d'autres,qu'il étoit préjudiciableà l'Etat, fondéfurl'opinipn Commune, qu'ilépuisoitl'argentdú Royaume ; pour rie rappor-ter que des Marchandises nonnéceslai-res, mais seulement utiles au Luxe denôtreNation.

Maisaprés avoir pris une exactecon-noisl&ncedeceTrafic, condamnéde laVoix Publique, j'ai changé $Ì'»YÌS

,furde

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m RICK. Ch. IX. Scct.VI. 14sde si solides Fondemcns, que quicon-que lesconnoîìia, croira ccrtnincmcntque je l'ai tait avec Raison.

l\ est certain que nous ne pouvonsnous palier de la plupart des Marchan-dises qui se tirent du Levant, commelesSoycs

,les Cotons, les Èireç, les

Maroquins,!a Rhubarbe, &plu/ìcurs au-tres Drogues qui nous font néceíïaires.-

II est certainque si nous nc les allonsquérir

,les Etrangers nous les appor-

tent ,& tirent par ce moyen Ic Profit

que nous pourrions faírd par npus-m<2-

mes.11 est encore certain que nous por-

tons beaucoup moins d'Argent en Le-vant que de Marchandises Fabriquéescn France : nos Chanvres, nos Toiles,nos Bois à faire dès,Vaisseaux

, : y sontplus recherchezque PÁrgent.

.;Tous ceux qui sçáventccquisepáslòau Négoce du Levant, íçavent certai^nement que l'Àr'gent qu'on y porten'est pas du crû de France, mais d'Es-pagne, d'où nous le tirons par le Tra-fic clçs mêmes Marchandises que nou9apportons du Levant; ce quiestgran-dernent'a remarquer,

.Ilssçavent que plus la Ville de Mar-

seille a fait le Négoce du Levant, plusa-t'dle d'argent.

Partie. ÍI. G Que

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Í46 TÌE'STAM. POL fTI Q,: DU C. \Qucìes'Soycs &lcs Cotons fiiez qui

font les principales ' Marchandises;'quiviennent du Levant', se manoeuvrent'cri France^ h fè trWiíjjqrtetìtaprés aúx:Pais Etranges ^l $vçc ProfitJQC OehtffAir

-

iesprix de PAcHat ;dc ' la; Manuf^!

Qu'il ììèús conservé beaucoup :de*Matelots tìtìtèsí'ííans la Paix y & mCçÚ*1

íkire^dastsTá'GïïeVré.f::•-« :'! >*•'<-lEtìfîn :que'lés1 Droits' &?Èntrée & tfë

Sortie5que l'on ^ reçoit de cé Gommer-?

cèfôrít^rânds; 3',:s' ''',-'Wî;-'ifoa *»..= >

Et partant il faudroit être Aycujjtë;póuT rie -côríriottrè pas qûë cë Traficifeít pas leulcrheàt Avantageux

,niais

qu'-il^fttòeitïíàiÈNéçeíIáírë.' /V

*C^(Bl^der'lJdHt^-q;ùe:'p^iífè apportertei<3ó;mmï3fíêe4ès deux Mers

T

jamais:lès François 3 n£ s*y âttáchèrôiit avëcìAM^iB^OfiKtirïJne?léur fáit vóir lesMòyetís •âuljpaiíe^-que5 la Fin eil fest

XJn>desíîìèillëurs:Ekpéd Tôìfi

puiíîe préftdrè pour les animer à lêurpropre Biêrieseyv^q^Ppiàií^à'VíMì'l€uri^ehiír€j?àí borvrrìàrcKe tous les ìirfë-de lesVaisseaux. à çOnditiÒnqûWs;éri^serv^iíoik'áu ^rarìcy* & ìïe-îçsp'QÛrrBntventre. h^rsdû Royaume. 'í! ìl}y f- i

Ce Moyen remédiant à lëttr: Impa*:!?">', ':) - tien-

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DB Rt.ciï. ÇH.IX. Scct.VÍ. 147ticncOi, quine icu.rpeimct pasd'attcn-,drc qu'un Vaisseau soit fuit pour s'cjrservir, iera d'autant plus convenable.,qu'il leur donnera lieu de Moissonnerpresque auisi-tôtqu'ils auront Semé.

.Outre le profit des Particuliers, l'E~tav recevra grand Avantage d'un tel or-dre,, en ce que-les Marchands se trou-veront dans six ans Considérables parle nombre de leurs Vaisseaux

,& en-

Etat d'aíîìlter le Royaume s'il en a be-soin

,;ainsi qu'il se pratique en ^nglcw

tc'rre'òùle Roi Te íel'téhc^de Guerrede ceux de sesSújetsf-,' fans.ieíquels ilne seroitpás si-Puilîàn't tyi'iïcitsur JLV

Mer. r

Au reste le nombre des VaiíleauxquçV.M. délire entretenir, ne diminuerapas

,•puisque les Attelicrs-Publics

qu'Elie a trouvé boii qu'on rétabîifíè,çìv feroiít tous lès" ans'' aút'aìit qu'ElieVôndrnJ v m[' " •' '' ;'[fis/ à'pohïPtì'Etátplus propre çnEurope à construire des-Vaisseaux queçe Roy umïe ,

abondant en Chanvres,Tojlcs, Fer ; Cordages 1, & en Ouvriersque nos 'Voisins rioW débauchentd'or-dinaire

,faute de leur donner occupa-

tion eWeBÈtát. •" ' \Les Rivières de Loire

,&deGaro~

ne?profittelieux íì commodes aux A.t-': G 2 te-

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148 TnSTAM;»P0D17;!.QL.f©.V/cttttcliers destinez à cctt^jMiv,:qu')Ì.sem-b'.ç que la Nature, 1Vu eue; devant lesyc^cn les formant.,.

fi t

\\\.

\.-..;', -JLÍC, bon: inarcherdoS;yivrftspour sleç

A r tïsa.us. & |ft-,' jçpnvflçìcjiijç ;dç;>

dj.verseé^viprè^ q\ii §& décharge^,,&stpr8»í-'tent tontes çhose^nççcstàirçs f juJlijì,crïtcettePròpolìtjoÍKM V '.'. "

.,>HJrj ^..^Si ensuite de .cet.Çxpédient^ YÌMK

trouve bon, d'accorder au Traficqueírqup ^r,Çrogat4ye;qui dqnrçe :rang; aux'

le Commerce jusques a tel Point,, que]le Public ecle Paçtiçujier;;enjutronçungrai^^nt^geM.,: ;^i:/:?ír j, ./,;; /

uEfifîij, ii outrefes ^eu^Gfraees

^oua^^n^^Gu}fe)4ifeifc ìesLiVí^rSí

qui íè l^eut fVire aisérnent ;. la ft/ânge/ajòûtera jlani^e^dpfegìs^ g)ì)"#Sí-4^cffta^§fei»íc%q»6tetìqmj^ergfapppttecgusx gmíkRÎ9S Stérfev^JJ .0-

:_ Pp^r^irgr l^p^u^î jlnçfauXMsix. Gardes.Cô^s^d^1deux- çciìsj£on-^

pourvuque ce noiiìbrcde^í5íMy#6iÌÇ:toujgu^a^o^^b^iàivsií^J:

*v- r X-\ il

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m RÏCIÏ. Ch.lX Sca.Vlï. 149il (Mira'de faire partir tous les ans vers,1c'moins,'d'Avril;, une Vícudre de dixGa^érés';' qtìítíèmiérìtja Route des litesde Corlìque^ de Sardaigíie,- & qui cô-toyenth Barbarie, juíqncsvcrs le Dé-troit, & reviennent.par la mime Rou-te , pour í'e retirer seulement lors quelaiaison les y contraindra, auquel cáscinq,ou iìxVaiflcaux bien .écruipes'prcii-drbiitlïìur place pour taireìcurCarava-ne pcMintYnyVer; - •

Is ;..

:: SÉGTIO tf vir. :

Qui fait voir que POr & PArgent sontune des principales &ptut nécessaire?VÙiflUnceidcTÈtiit: met en avant dûrendre Puissant ce Royaume en cegen-re : faít voir quel est son ï^çvenùprí-

1 sent. & quel il peut Vtre à Pavenir,en déchargeant le Peuple d&s troisQttarts du Faix qui Paccable mainte-

\nant.:>i ;> '.'':'> '• \ •''Y^NÚ-ídâjoúrs'dît ' que les FinancesX^'íontìes Nerfs ^d'Etat ; & il est,Vraiqttô -c'éìflé'Point d'Archimede quiétant fermement établi, donne moyende mouvoir tout le Monde.

Un Priricc Nécessiteux ne fauroit en-treprendre-aucune Action Glorieuse,** G 3 &

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ip TESTAM. PoiiyrQ..pn*C& la nécessité engendrant le mpprisj ilne sçauroit être en cet tstat sah.s $re'ex-posé à l'EfFort de fe^ Ennemisfraux-Èn-vieux de íà Grandeur. r

> ^ «

:L'Or & PÀrgent sont les^ymnsdu

Monde,

& bien que leur Empirc/foit•de soi-même injuste

,il est quelquefois

fi raisonnable,

qu'il faut cn souffrir, laDomination; & quelquefois il est (íde-'réglé qu'il est impossible de ftfen'.dé?tester pas le joug comme dutouUnïu-portable. ' "•• :5 \

.•-; / '

II faut qu'il y ait, ainfì que jc l'ai déjaremarqué, de la proportion entre ceque le Prince tire de ses Sujets, & ccqu'ils lui peuvent donner, non seule-ílentíàns leur ruine, mais íàns unepo-table incommodité/

.:Airifi qu'il ne faut point excéder la

portée'de ceux qui donnent, aussi nefàut-il pas exiger moinsque la nécessité

.de PEtat le requiert.

II n'appartient qu'à des Pédans , &aux vrais Ennemis de l'Etat, de dire

t.qu'un Prince ne^oit, rien retirer^de. fes

-sujets, & que sesrí^Ìs;Tré^ctrê dans les- C.oevir!sri.dë ce^ux qujpfoht'íòûmis à Ht Domination.,f'.

.

''-.-"i' Mais il n'appartient aussi qu'à, des-Flateurs

-,& des vrayes Pestes de l'E-

tat & dcd&Courvde. lòufflerjuix Oreil--".• ' l" '-I- "-"" "les

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DBRicH.Ghap,IX.Sçct.VW. r^iles des Princes , qu'ils peuvent' exigerce que bon leur semble

,& qu'tìi Ce

Point lcùí Volonté est lâ Régie de leurPouvoir.

11 n'y a rien de fi aisé, que de trouverdes Raisons plausibles, pour favoriserUne Levée

, lors même qu'elle n'est;pas juste

,ni rien aussi de plus facile,

que d'en produire d'apparentes, pour

condamner celles quìíònt les plus né-cessaires.

II faut être entièrement dépouilléde Passion

, pour bien juger & déciderçcquieíl raisonnable en telle occasion,& il n'y a pas peude difficulté à trouvercertainement le Pointd'une juste Pro-portion.'

Les Dépences abíblument néceíTài-res pour la Sublìstance del'Etat, étant af-íèurées, le moins qu'on peut lever furìe Peuple est le meilleur.

Pour n'être pas contraint à faire degrandes Levées, il faut peu dépenser,oc il n'y a pas de meilleur moyen,

.pour faire des Dépenses modérées, que

.de bannir toutes les Profusions, & con-damner tous les moyens qui vont à cet-te Fin. "-

La France seroit trop Riche, & lePeuple trop Abondant

,fiellenesouf-

-froït point-la Dissipation des Deniersf *

"G4 Pu-

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iifi TESTAw> PÓL iriò^i DU \ C.Publics ^quelps auves. Etats dépensent

-avecRéglé. .-'...- .: >.

i;.-:EUe.jfôrdplus, à mon avis

^ quedesRoyaumes qui prétendent quelqíïeçga-Jitéavec.elle

>né dépensentà leur ordi-

naire. ..-,.'""Un Ambassadeur de Venise me dit

unefois un sort bon Mot à ce propos,:en criant de:rOpulenbe de la Fran-ce v& il mè dit ,vqué pour la rendreHeureuse du tout, il ne luisouhaittoitáutre jchoíè | -ilnòii-1;

q\a?eìle sçíìt áussibien dépenser ce qu'elle difiìpoit íarîsraison

, que la République fçavoit:bien n?emp'loyerpas ún seul Qiiaqrain,,

•ûíà béfòiiû'v'<:& sansí; beàtìcóu>de ìfté-nage.

.

•' 'i,:í- H-îr Si Pôri iptfuvbítréglet* rÀ^pétirdcs•Françoisvf'eíÙmeííôìsque" lé meilléuj:vritoyen- de métìáger la Boursedu Roy,,íbroit de recourir à cet Expédient,"inaisétánt impossible! de donner desBoïítOs à la Convoitise dësEsprits çlér^-glcz^conirób soïiííes tìíòtfes^V

' lé'seulfíioyèn de tes;

còntériíf\ <èltde lés5 trai-

' ter çòiìîíVfó ^les1 'Médtíciïîs, forié'leé Ma-lades afthnieî

,-<)u?ils: contraignent 'à

rAbítineiiçe, en leur retranchant tontesfortes de Vivres. ' '"' ':'u' ' / '*'• Four cei; cífèt;, il. fout réarmer les

--

Fjst'íUtees>

parÙ suppression dés^f'tnci-•//1 ; .. paies

Page 155: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DERrcfl.-.Çhàp. IX. Sect. VII. i f3pales Vo'yes

, par lesquelles 011 peut ti-rer illieitemcnt les Deniers des Coffresdu Roi.

Entre toutes il n'y en a point de iìdangereuses que celle des Comptans,dont l'Abus est venu jusqu'à tel Point,cjiife n'ytemctUer pas, & perdre l'Etat,èlst'ttnè'mêtríethoie.

Ï3iërftjh?il soit utile d'en uses en quel-' ques ocçáíions, <k qu'il semble néceí1íàiie en d'autres ; néanmoins lesgrandsinconvéniens <k les abus qui en arri-vent furpa(lent tellement leur Utilité ,qu'il est absolument nécessaire de IçsdBpllr/"';---J;'v-'-!-'-- Í-

• •

' )f-f On épargilcra par í'çe- moyen desìtìillioiis'cntíérs ', &on remédiera à* mil-le Profusions cach'éésV qu'il est impos-sible de connoître tant que lesvoyessct

.crêtes de dépenser les Tre'íòrs Publicsseront en ufige.

•je fçais bien qu'on dirary qu'il y a cer*taihès Dépettecs étrangères

,-qui par

.leur nature doivent ettelècrétes, & dont.l'Etat peut tirer beaucoup de fruit, du*

quel il fera privé toutes les fois que censen faveur de qui elles pourront étrérai-tes -,

penseront n'en pouvoir plus tirerd'Argent. :

.

Mais fous ce Prétexte il se fait tant de"V ' "'*.. ' G 5 vo-

( l) Argent en Cossues,

Page 156: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

i ^4 TESTAM. POL ITí(^,PU;C.,•voleries, ;qu'aprez y avoirb|erç pensé,

il vaut mieux fermer lá Porteà qiielqiieUtilité qu'on peut cn recevoiren quel-ques occasions, que la laisserouverte àtantd'Abusqui íè peuvent' commettre íï,

tous momensà la ruine déJ'Etat.j 3 n oi>

Cependant; pour n,'iiuçrrpmpTç{ pa^les moyens de feirqquelqueSiPíéèericiés'íeerftes à iòn. avantagé ;-, on peut jais-lèr la liberté à mi million d'or pour lesComptans

*à condition que l'emplòy

soit íîgné par le Roy méme, & que ceuxqui en auront étéparticipans endopnentquitance. b_;i ...-.

u.z*;,..,/.' ',.', ;jv',Si on met enavantque lesComptans

font nécessairesv

pour^faire-, paíìqr íésRemises qui font, en usage

,je dis, que

c'est une des Raisons'póur laquelle il lesfaut ôter. í

Si ori a vécuaux Siécles passes ílms lesComptans, on vivra bien encoreTan$:cux, et lien bannissant l'Ú£age;

>on ban-

* stit aOiï> cçlui desPartisen temsde Paix,tant s*en faut que ce soit un Bien quicauíç un Mal, ce sera un Bien qui encauseraun autre. r

On demandera peut-être, pourquoicpnnoissant l'Uíàge des, Comptantmauvais \ je ne l'ai pas fait retrancherdemon tems.

(

;:Le Grand HEN R I connoisiòit le

Mal

Page 157: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DE RiCH.-Ch.IX.Scct.VII..ï'f<Mal établi du vivant de son Prédécelrseur, &nel'apûôter.

* ,-

,.Les Troubles & les Emotions intesti-

nes yles Guerres étrangères

,,& par

conséquent, les grandes Dépences., &les Partis, extraordinaires qu'il a salinfairè, n'ont paspermis4e penser à Inexé-cution d'un si bon Conseil..

.

'

Ruiner le Parti Huguenot, ravalerl'Orgueil des Grands

,soutenir une

grandeGuerre contredes EnnpmisPuis-îàns \ po.urasscurexenfin par une bon-ne Paix le Repos pour l'avenir, fonttous moyens dont; on s'est servi pour.parvenir aux Fins qu'on se propose, puisque c'est retrancher les causes de la tolç-.rancede ces Abus..

Lc sujet des Comptans,

m'ayarítdonné lieu de parler des Partis extraor-dinaires

,il m'est impossible de ne pas

dire, que tant s'en faut que les grandes

augmentations du Revenu qu'on peatfaire par oette voye, soient Avantageu-fés à l'Etat

,qu'au contraire elles sont

préjudiciablest

& l'appauvrissentau Heude l'etnichir.

Peut être que d'abord cette Proposi-tion fera tenue pour un Paradoxe j maisil est impossible de l'cxaminer soi^neu-.sement

vsansca eoimoîtrcia Justice &

laVéiité.G 6 L'Au-

Page 158: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

'ÏÇÓ TTBÔTAM.'-POLÎTrQr DÍÍ Cv-hl/Augmentation-duvRévéríudu Roine se peut faire que par'celledo l'I mppt,qu'on met fur toutes' íòrtdsde £)artrees,cVpartant ileftclairquefíonAicdoît pat*jèe moyen .láRéeepttì', òriâccíoît'aiífni)àrDépeiicç,puisqu'ilfaut áchèttèrplits*çherceïqtt?or) ávok auparavant'aatteìí-leurmarché» ': ;: .•<íi(/iíti:fií>iv;>.

-r Si là ViUndeetiGherit, íì le Prix des E-

tostes, & de toutes autres cHòfès àiíef-mériteí 4e&óïddt aura plusde peine à tenóûVíir ;& Çrítfètènir y-& 'ainsi 11 tìiudrkliïíkiauiidr f>i\is grandeSolde-; >&íé Sâ-•lah-edS tcíuáliès^Artifrttts^íertí plù's'gítandqu'il iiMtôit auparavant;*cequír/èfidfaraugrhéhtátiòíi de' la î)épéhce bi'éìí ap-prochante de l'accroissement delaRé-

^céptcp & cáitíbta une grande Perte auxPartictì}ie:rs,.p'ònru\yGain fort médio-

cre que serti le Prince-.- •' --* :-<:rîPâr,l.àlepauvtéGentilhomme^ dontîle íBiéìíW coníísté qu'en Fonds de'TerícMi'áughienterá point son Révé-

- nu par' tels Impôts l'les Fruits de la'Tefre demeureront prelqtie to.\joiìrsàun mí.mc Prix, principalement à soné&ità j. $ (île çòiirk du téirís les fáîten-cnferlt, l'exccidLiPtixetii'.endra íeDé-bitbien mpíiidrô; ce qui fera qu'au boiit

•«de Pan k pauvre:Noblesse he trouverapas 4'rtVïgmentíitiQncnsonRévéii^mafe

Page 159: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DE RicH;çiv.iX.-:Scct.\fl.f \\ybien cn faDépence, entant que les'nbií'-

veaux Subiìdes autontde beaucoup en-chéri toutes choies néceíìàires ÀTcjnre-tenement de sà Famille, qu'il pourrabien encore faire subsister (gris 1 sortirdechez lui, quoi qu'avec néceíîjt'é;rifíâi'snon plus envoyer ses Ehfans dsttVs'ìçsArmées poiir y 1èrvir le Roi & son Païá',selon l'obligation de leur Naiiíance.*

S'il est Vrai, comme c'est une cho-se bien certaine, que le Débit de ce qriiest en Commerce parmi les Siijetsy'dV-ìninuë à mestue qu'on cn augmente lésImpôts

,il" pourra ' árriyér que teílcs

augmentations diminueront les Droitsdu Royaume, au liçu de les atìgmcn-tcr.

S'il est questionde ce qui se consom-me dans le Royaume

.il est' cerráiii

que' lors que les Marchandises sóht aun Prix raisonnable on en açhctte da-vantage ,

& qu'çn crTet on'dépcitécplus; au lieu que (i le Prix eh est exces-sif, on s'en retranche même les plus né-ceslaires.

Si d'autre part il s'agit des Danrécsqui sortent du Royaume

?il est clair

que lés Etrangers attirex'jttsqu'àprésentà" enlever nos Marchandées

?pour la

médiocrité du Prix, se pourvoiront ail-leurs s'ils y trouvent leur avantage, cc

G 7 aui

Page 160: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

ÏS$ Jf]E$TAM. PòtltlQ. DU G.?in laissera bien*'la France pleine d^ïuítsde la.Terre,- mais dépourvue

aArgent, au lieu que si les Impôts.fontmodéras, la grande quantité

•de fruits

.qui feront enlevez par les Etrangers,'récompensera, la Perte

>

qu'on pourroit'cftimër être causée par

:la, -modération

desSubsides;.:>>; ,.•.._,;: •'

: Il y a plus, l'augmentation des Im-pôts est capable de réduire un grandnombre des Sujets du Roi à la Fainéan-.tiíè

, ; étantCertain que la plus grandepartie du, pauvre Peuple & .des Arçifans.employés aux Manufa^uscV,íaime-'ront rníêux;,demeuvPT, oisifs èV les bras.croirez, que de consommer toute leurvie en unTravaií ingrat16cinutile, .silagrandeur des Subsides empêchant leDébit des Fruits de laTerrey & deleurs Qnvrages, les empêche aussi >par.même moyen de receypìr celui de laSueur de leurporps.*

Pour reprendre íe, fil de mon Dis-cours , aprés avoircondamné l'abus desComptans, & fait voir que Taugmen-tation est quelques-fois non feulementinutile

,mais souvent préjudiciable;

Je dis; qu'il doit v avoir une proportionGéométrique entre, les Subsides, & lesjaécelîttei de lsEtat ; Vcft.àclire, qu'onne doit imposer,que cé qui est du tout

nêcès-

Page 161: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DE. RtcH.Ch.IX.Sçct.VU. i;fonéccstàire pourla Subsistance- du Ro*yaUme , en fa Grandeur

>& cn fa Gloi-

re.,

Ces derniers mots signifient beau-»

coup, puis que .non seulement jlsjfonj;^oirquj'Qnpeut lever;sur les Peuples ceqiu' e(ì requis poi)r cpníervcrleRoy'au-.me cn quelque Etat qu'il puiflè être

H

mais qu'on en peut encore tirer ce quilui peut être nécessaire, ptíur lemainte*nir avec Lustre & Réputation. ,'

Cependant il faut bien se donner deCarde d'étendre ces dernièresconditions,jusqu'à tcì point, queía feuleVolontédu Prince soit íbusce Prétexte la Régiede ces Levées, la Raison seule le doitetre j & íi le Prince outrepasse les Borg-

nes, tirant plus de ses Sujets qu'il nedoit, bien qu'en ce cas ils lui doiventObéissance, il cn fera responsable de-vant DIE,u, qui lui en demandera unCompte exact.

. .Au reste il n'y a point ác RaisonPo-litique

,qui puisse souffrir qu'on aug-

mente les Charges du Peuple, pour

n'entirer aucunè.Utilité; C'est cepen-dant s'attirer les Malédictions Publi-ques ,

qui traînent aprés cíles de grandsInconvéníens, étanttrés-certain que íePrince qui tire plus qu'il ne doit deíèsSujets, ne fait autre chose enépuisarif

leur

Page 162: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

teûtAiftòW#IeùfFidélité, btëfr'fílitëïiéètfMïQS & ia 'SuMìíkriéé^es Etâts^& à la conservationde íìi Personne, jqúël'Or &-1 -Árgèîít f qu'il pëiit;ïéíïietíretenrëíerVèdàrís ïèsGoffrës.^P ^fì-c (V^^Jêfeâis^téd^ye-^btìP-stibv'éìliì? aW^àsióïìiî frrìprifì-vûé's:) Mais éétfé Epargné dditêrffefro-pôrttôtìnëe *à lâ RsàhfirèdeTEtar^ & àla quantité5d'Or & d^rgenfcyihònnoyéqui 'Còíírt- dàìYs îè!Ròyauriièf^W'íì ellemtébmmmmwd^w$tf&mdU PnïìéêfeíòìtEéfí^&HWì¥aWêë\

Fòíids í^fôit^jtôûremîiîèrçé^ ^í&îtJ^òtjíí 'pìíj/èf tës- Çroìts Jqu'ils^òiVent'.légitiiíîèmënt àìçiírSdíí4Vëraín;Jlì;!^i;-;" í:3r>'í- ; "}ìú ;./::';--

Còífírríë il'&ut'êtrë$oigneuS:B!!Ímíif-^^dé!l?^pit«^duf^lvéh¥ IMW-ce.flltez.del'Çtat, &Rejig» ìWWn1

íèrvër^aó^u^^í^pcins^^íc-frfcïèriteiít pas 3:ìedèpences:;;Jil Çiuí-êítóLibéral; a l'giìîplòycr lors que' lç BiétìPublic lé^reqnterty & 1c faire à jtcnis^cÍprópd^V^^efcèntlè reíáfdenient cà

mmmìmmi ^ Q-ff 1KP -:m;Vii'\ ' •

pour

Page 163: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DR RicH.Ch.IX.Sect.VII.ibfpour conserver leur Argent., ont peïdu& leur Argent & leurs Etats tout eiîlcni-ble

,& c'est choie certaine que ceux

qui dépensent mal-vo'lomiers >,l <tépeìi-íênt allez souvent plus que les autres',parce qu'ils le font trop tard: Une fautpas peu de Jugementpour connoître lesheures & les momens les plus impor-tuns, & tel est capable ifamailèr, quipour.n'êtrepas propre àla dépense peutcauserdés Maux indicibícs,:

: :

Or parce que les Maximes généraleslònt toujours inutiles

,íi oh ne íçait

bien les appliquer aux Sujets particu-liers; 11 reste à voir:

f..-'

Quel peut être leRevenu deçe&o-yaume. "'-' "

•"'':wn:-)

Quelle peut être íà Dépence.Quelle Réserve de Deniers il fauta-

voir en ses Coffres ;. & jusqu'à quelPoint le Peuple peut & doit être lòu*

Le Revenu de ce Royaume peut-£t,iccon sidéré endeux sacous,

Ou comme il peu:; être en terrtt'.ddPaix, ians changer l'avançcs des J)é7njers qui se tirent présentement desRé-ceptes & des Fermes générales, ni fai-re autre augmentation que celle qui íqpeut, par la Réduction au Dénier sei-

ze ,des vieilles Rentes .qu'on voudra

•«-cÒtv*

Page 164: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

16> ÌTESTAM. POLITTQ^DU Q,conserver

,& des Ga^es, de certains

Officiers,

qui en ^souffriront plus vo-lontiers la Diminution, que la Suppref-Jfîon de leurs Charges avec Remboursè-rent,

Ou, comme il peut être, en faisantcertains changemens, -eílimeZísì raison-nables & utiles par ceux à qui j'ay vûmaniérées Finances, qu'à^leur Juge-ment pn n*a à;çraindre Vautré opposi-tion que celle de laNouveauté..

.»f Sur le première .Pied

^ï'Èpargne

peut faire compte de recevoir tous lésans trente-cinq millions, selon l'étatqui sNîrisuit.

. s,Del%T^Ì!lev dix-Cept millions trois

cent cinquante míilivres./).<;«•?:.'

*:.''"•':'''. ; ', [ '/ ,''!'•' ' '•: ' '

•í (f) Rentes créées lìir la Ville an Dénier doit*U\ : .,:•-."'..:

Sel» un million deux cent trente un mil quatre

cent onze livres.:- Ayçîés'í hùît cent cinquante'lin mil litres*-srRé^epter.géhéralej, quáïrer cent soixante &quatorze mil .cent quatre-vingt-quatre livre*. )'.Toutçs^c/sÀente^omété constituées depuisWft,iííiV>s4U,feÁ,tr$«.''*''

f ' '

#.Duaêgûédé Henri IV. inïmêméde Herin Ul.

ìln'acté crié aucunes Rentes., .

/-

Il y a vingt. trois.Génér.atitez, ca chique Bu-reau vingt-quatre- Oflkicísqui font en'tout $$i.chacun desquels avant mille écus de Gages» letiefe díiceiK ;.revientà «iitq cent ;

cinquantedeuxmi| livres'.

Page 165: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DBRìcH.-Ch.IX.Scct.Vn. i^3: De toutes'les Gabelles

,cinq mif-

:lÌonsvdcuxc(int cinquantemil livres. ;

Des Áydes, un million quatre cent.ríiil livres. "'

..;

.De la Réduction des Rentes auDé-; nier seize, un million.

De ïa Réduction des Trésoriers deFrance aux deux tiers dé 'te qu'ils'per-çoivent de leurs Charges, laquelle ils.souffriront volontiers, pourvu qu'ilssoient assurez d'être délivrez des nou-velles Taxes desquelles ils font accablezà tous mo'mehs, cinq cent cinquantemil Livrés.

Des PartiesCasuelles, deux millions»De, la Ferme de Bourdeaux

, huitcent miìlivrcs.

De, trois livres, par muid doVin en-'.trant à Paris / íèptjqent^iìle livres/

...Des trente sols"anciens., 6c nou-

veaux dix íbls de Vin, cinq cent troismil livrés. ' ' "r •: :

'. De la Ferme des quarante,cinq folsan lieu des Péages, cinq cent trois mil.Kyrc_s^-,_; ',,, (" /" _•", ''

. ,

ï)es neuf livres dix-huit fols pour.Tonneau de Picardie, cent cinquante-quatre mit livres. '

De la Ferme de Broliage, 250. mil..livres.

De la Traite-ForainedcLanguedoc:,

--

rv '' í Ëpicé-

Page 166: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

'^4 TESTAM. POLftl'Clí DV C.Epicencs& Drogueries de Marseille ,&deux poúr: cent v'd'Arles, <tfois cen'tquatre-vingt mil livres', t;'- 'V' ';>;.'

Du Tiers Surtaux de £4ony -ïòfaáittfc•millivreá; ' "' ' ;-í!; ;i \ ;'Ct

t

Des cinq grosses Fernies, deux mil-lions quatre cent mil livres. •- '•'-*,_

Des iïouvellès îiîtpoíìdom de Nor-mandie; deux cènt'

qúaráíi^e'-íiiil*Vwi-e^i»!f DccelîcsdelaRíVí.e?e/c!e ^ré$fóVttxcrttvihgt-fcihq'-ìTiitlivres.' ''iu 1

;ì;ií:De la Ferme du Fer, qûatrc-vírigt

mil livres. s;

Des Ventes des Bois ordinaires î.ciftqCent cinquante mil livres.

- *-

DqsDórMihes, dtïtí'cehicinquantemillivres. vMt^ ,'•,;:

- 'Sur íé fcéoïïd Piëà'f'jêiì déchargeantentiéttniént 1 ïe!Petìpléíáe dirttàpt ;mií-'lion*de livrés; qui jfèvíefitjè'h"t,riïa1lhte-

nant aux Coffres' du Roy des levées dela Taille, la Récepte peut motvtir àcinquante millions,- âihír bue l'e'tátTui-Vaht ïejVirtîfi^fh'clíiirëriïétití ' )"

De i'ímj?ôt à.mettre fur lcSeí^IbitlUFlfesMiiráfs^ e'îï tòWsr Içs'Proviriççsdu Ròyattme, il en peut'revenir auRoi, tous Fraix faits, vingt millions.

Du fol pour livrede toutes les Mar-chandises &,Danrées du Royaume, dou-tfemillion*'- •rí-':-

••'"• *7

-n- Des

Page 167: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

PF.-ÎUçH.ÇMX:Scct.VIIi t6fDes Aydes^ un million quatre cent

mil livres.De ht Réd uction de 1.'Achat des Ren-

tes conititiiées à l'riôtcl de Ville,"iìxmillions.

•De la Réduction des Trésoriers deFrance, cinq cent cinquante mil livres..-E)çp -lî'arcicsi-'CJalù.ciles

vdeux mil-

lions.De la Ferme de Bourdeaux

,dix-

huit cent mil livres*Des trois livres pour muid de Vin en-

trant dans Paris?i,de ìiouvolle Imposi-tions sept'tent mil livres; ' ;

Des treiite íuís anciens, & nouveaux-dix: .sols.#Kittrée.pour, chkuri murddeVin à Paris, cinq cent quatre vingt millivr.es. ".!.,... '

:•De la Ferme des 45*.. fols au. lieu des-

Péages & Octrois,

Cinq-cent trciitdirjilteljvj:e^ ,:><ì:ui'

• : -ií- •'.- :''?..

U1is9.Jivtcs1dix.-huU fols-pour -Ton-»'i\eaú dé'Picardie i'Wuit.'vingí quatorze'mille livres.

;

.

pclaTcrmcdeBroiiage, 2^4. millelivres.

. , •.

.:pé lu Traite Foraine de Languedoc,

Épiceriesi

&'Drogueries de Marseille ;& Deux pour Cent d'Arles, Trois centquàtretvjtïgthiille.livres. .''r

Des Surtaux de Lion, soixante miNîe livres. Des

Page 168: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

.:pb(s. ÇÍ Groíïès.Fermes, deûfc mil-liQn^q^treçcntiiiilIcïivres.

: ..... ;:,JDe$ iïouvcllés Im^ofitions de Nqr?

:mandic'.V.Beux •cent cinquante mille -livres,

, .

'.;,., ..

: ; .'.:,v'-Deíícllësd^la Rivière cíb:Lpirc,dçUx;centyjngt'ciuqmillelivres;

Í A( ;,

'

;

pe laFerïttedufet, '8oaniIíe livres,";.í)cs Vçntçs & de£ Bois ordinaires

»ci.nq ecnj cinquante mílìe livres.•Des po'màincs,/ cinqçent cinquante*

m'illeîivrés.' '.' _':.} •:'.>'. ' ''O.;./:. ,;í Somme! totalej cinquante millions'

quatre cent quatre-vingt trois'mille" li-;

Yfes.,

r.::- :\ ..-.'.....

>.;• :- .-'. "'" ' -J

__.

rJe íçai bien que cctEtablislènìcntbi<#

CUtendu-:, fera; trouvé*juste &• raison-nable par tous ceux qui auront Expé-rience & Capacité: en la Conduite aevs

Entre les divers Surintendansdes Fi-nancesqui pritétédé mônternis j j^iíaivveu des ;plus entendus en ce.cjuìeft dut,Fiícq

,qui égaloient le seul Jmjiôt'du;

Sçl lur les -Marais aux Indes du Rpi d' #-ípague, & qui confervoient .ce secretcomme le víai Fondement du Soulage-

.mélitduV'eujíle ,: de. la Resormatìoit,$dfíl'Op.ulènçedfîl'Etátk.v )iu. :-.:ÌOO V>;

Et cii effet, .pouripeude/fens qn'aeycht les. plus, grossiers/- ilsíícróhtcôn-

.i ,

traims

Page 169: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DE RrGH.Ch.IX.Sca.VIL 167'traints de reconnoître qu'on ne íçaurbit

.estimer la décharge,

& le contente-ment quàuroit le Peuple

,s'ilíuiétoit

permis d'user du Sel comme du Bledvchacun n'en prenant qu'autant qu*il en.voudroit & pourroit coníornmer. '

II est certain que la Suppression que1'ofiferoitdu grand nombre d'Oflkiersqui fontétablispour l'ImpôtduSeì, &la délivrance des Chicaneurs

,&de là

Procédure qu'ils font quelquefois parle devoir de leurs Charges, & souvent!par Malice

, pour contraindre les Peu-ples à prendre le Sel auquel ils íbntin> '

posez,, leurcauíeroicnt un soulagementindicible.

II est certain de plus, qu'on pourroit:bien justement récompenser les Pro-vinces

,qui jusques à présent ont joiii

de l'Exemptiondu Sel, par une telle

décharge de Tailles, que fi à ì'avenir

-ils l'acnetoicut plus cher qu'ils n'ontfait par le passé

,la diminution de la

Taille feroitéquipolcnte à faugmenta-tion du prix du Sel à laquelle ilsseroientsujets, bien qu'ilsTachetassent libre-ment. ' '

II" est certain encore , que bien quel'on puisse dire

, que la diminutíondcla Taille lie touche que le Peuple

,&

que l'augmcntation du prix du Sel, quel'on

Page 170: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

1,6^ TESTAM. POL?TÍ Q... pu <C.

;I'QJÍ a'jùíquesjt prélent vendud;ans lesírpvinçes exemptes de l'Impôt

*inté-.

reíTerojt lès. Ecclésiastiques, la Nobles-se",'. &jç$ Ëxe^y^ís.-

;Tous reçevrqient

l'çtfrçt.ôç la ,di|^îyt)píi,dQS.Tailles, en-tant que le^'yeuudeVTaïlîes,n'étantPlH^

»r

fô^ÇYSM4qs Heri'tages augmQii-tçróit^.propòrpQn çjiic lçs fermiers quiles Tqht valoir* seroient déchargez desImpôts-qui font mis fur les Héritages

.î,"íí.çft;ceVtaìu;enfïn,.que bienque les'dî$ieu)tezd'untel établiísemeut fussentgrondés,, íí est-ce toutefoisqu'on pour-rçjujçssuriîieiiter.

,"

Si-apfésavoir considéré cet établisse-nient ,duSel', on examine celuiduSolpour Livre, on le trouvera d'autantplus .j ust.e, qu'il est établien divers États,.cl qu'ilarctc.déjii deux' ifoif.refqlu' eu'.-OprpsB'Étâs, fous le (arand Roi Fran-.çqjs ^'c^en^Assemblée des Notables àîíoììeiv, .:tàus je Grand Henri d'ím-niortelìe mémoire. /.Cependant parce que les Soupçons

lòïijt fi naturels au* Pcupjes & aux .Com-munauté/, ,

qu'elles établissent d'ordKnairç fleur priucipale.-Seureté én leurIvï^a.ncç,qui les porte toi\jOUÏS à crain1

dre que cç qm leur est le plus tuile, leuríòit désavantageux

,&/que les grands

'.'•'. " ' ' / l chati-

Page 171: 2/2 - Testament Politique du Cardinal de Richelieu

DE RICH. Ch.X. Sect.VII. 169Changemens sont quasi toujours sujetsà des íbranlcmens fort périlleux. Aulieu de conseiller un tel Etablissement,j'ose en détourner, & le sais d'autantplus hardiment, que telles Nouveau-té/ ne doivent iamais âtre entreprises,íì elles ne font absolument Néccslài»res.

Or tant s'en faut que la France íòiten ce terme ,

qu'au contraire j'estimebeaucoup plus aisé de rendre le Peu-ple à son aiíè, & mettre l'íìtat en Opiv-lence

,sans avoir recours à tels Expé-

diens, qu'en les pratiquant : veu quebien qu'il ne s'y trouve aucune difficul-té qui ne puisse être surmontée ; il y ena íàns doute de beaucoup plus grandes,de recourir à de tels Changemens.

Pour vérifier cette Proposition,

iíne faut autre chose qu'examiner la Dé-pense dont 011 pourra íè contenter entemps de Paix

,& voir quel profit on

pourra tirer de l'Epargne que le tempspermettra défaire.

La Seureté & la grandeur de ceRoyaume ne peuvent souffrir les Dé-penscsdcla Guerre

,moindres que le

Projet porté ci-dessus, il faut faire étatqu'elles reviendront à prés de douzeMillions.

La Dépense des Garnisons ordinai-Partìe IL H rcSj

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a*jo.

TESTAM. POLITIQ. DU G.resv qui revienttous Jes ans à troisMil-itons :y„pburrpit'íêtre suprimée

, ,-tant,parec que-lâplíi$grande partie des GensxtaGiíbrrequí :serom lors Lciuretenusavec l!Etát, entreront en Garííison d.ansJes Places, que parce que la plus gran:de partie des, susdits trois Millions nefort de la Bourse du Roi, que pour en-trer en celle des Gouverneurs Particu-liers /qui'd'ordinaire ne tiennent,quedixíHommes, lors qu'ils eilidoiYent•avoirCent.

i

Mais étantdifficile, qu'il n'y ait quel-ques Places Privilégiées & dételle Im-portance ,

qu'on ne peut refuser à ceux;qui; en sont Gouverneurs, quelques.(âárnifpns/: particulières:..; dont ilspuissentd'autant mieux répondraqu'ilsles choisiront à leur gré; \\ faut

yà mon

•avis,

retrancher les deux tiers decet-te Dépense, pour la reduire àmiMil-Jioriíi'.---. :'.-! .': '

ísiba X)épcnse .de la Mer dePonant &de Levant he içauroit être moindre quede •deuXíiMillions cinq-çent .mille lí-

-víes vainsiqu?il paroît par les Actes par-

ticuliersqui en sontdreíTcï.

•Celle de rArtillerie reviendra,à six

•Gen^millelivres. .-,.: :i..... '..-•,• .Celles des Maisons du Roi, dp la Rei-

-he ;f.do Mdiisieur;, à.tvois Millions cinq^eeut mille liytes. Les

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DE RICH. Ch.IX.Scct.VII. i7rLes Pensions des Suisses

,du paye-

ment desquelles on.ne peut honorable-ment s'exempter, font de quatre centmille livres.

Les Bâtímcns coûteront trois centmille livres.

Les Ambaíïàdcurs, deux Cent cin-quante mille livres.

Les Fortifications; six Cent mille li-vres.;,' On pourroit retrancher entièrementtoutes les Pensions, qui coûtent au Roiquatre Millions ; Mais d'autant qu'il estimpossible de passer d'une extrémité ál'autre íìms milieu, & qu'on n'est pasaccoutumé en France.à résister aux Invpommitez

,lors mêmes qu'elles font

les plus injustes ; je croi qu'il faut secontenter de les reduire à la moitié. Cequi est d'autant plus nécessaire qu'il estAvantageux au Public

, que l'oiíïvctcde la Cour ne trouve point de Récom-penses

,& qu'elles soient toutes atta-

chées aux périls de la Guerre, partantles Pensions & Apointemens ne ferontemployées à l'avenir que pour deux Mil-lions.

Les Ordinaires du Roi, Cinquantemille livres.

Les Acquits patents quatre Cent mil-le livres. Hì Lc>

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ÌJ1 TsiSTAM. PotlTlQiDuC.Les Parties Inopinées, & les Voya-

ges, deux Millions.Les Non-Valeurs

,Cent cinquante

mille livres.Le Comptant du Roi, trois Gent mil-

le livres.Toutes ces Dépenses ne revienent

qu'à vingt-cinq Millions>

qui étant ti-rez de trente-cinq, à quoi monte la Re-cepte ; II en resteradix, lesquelsdelâpremière année feront employez à ladiminutiondes Tailles.

; Le vrai moyen d'enrichis l'Etat est,de soulager le Peuple

,& de décharger

Ì'uh& l'autre de ses Charges; en dimi-nuant celles de l'Etat, on peut dimi-nuer tes Taille», & non autrement; &pourtant c'est lá principale Fin qu'onse doit proposer dans le Règlement de.ce Royaume.

f Pour bien ptendre sèsmeíûrcs enune

f De trente quatre Millions»

k quoirevien*nent toutes les diverses natures de Levées qui setirent du Peuple, en vertu du Brevet de la Tail-lé { íí y ë'ri a.vingt*fi« Millions j qui s'i-mbloyentau payement des Charges constituées fut la Tail-lés quiconsistent en Rentes ,,òu en Gages 5c Ta-xation d'Offices ou en Droits qui leur ont étéengagez., - >

, .Biisttjùe'l* Ferme'des''Àydès produise tousUs ans quatre Millions, il n'en revienti l'Epâi-gucque 400. mille IÌVÍO, Les Rentes, Gages

>

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DE RICH, Ch.IX.Sect.VII. 173une Affaire fi Importante

,it faut la-

voir que bien que toutes les Levées quise font en ce Royaume

,reviennent à

prés de quatre-vingt Millions; il y cn*aplus de quarante-cinq en Charges

,fur

lesquelson peut faire un fi bon ménage,qu'au lieu, qu'on peut dire maintenantquelefdites Charges font la Ruine duRoi. J'ose avancer que de là viendra íònSoulagement & son Opulence.

Beaucoup estimeront sans doute,qu'il seroit à souhaiter que l'Etat fuitdéchargé de tout ce Faix

,mais parce

qu'il est impossible de faire subsister ungrand Corps fans diversesDépenses ab-

H 3 íòlu-

Ta*ations fie Droits engagez fur lesdites Aydegconsomment le reste, qui est do plus de 3-Mil«lions ôc demi.

Rien qu'on tire de toutes les Gabelles prozde19. Millions, il n'en revient à l'Epargne que j.Millions s°o. tant de mille livres , patcequelereste qui revient à prczde 13 Millions, est em-ployé au payement des Rentes créées í~u,r lesditesGabelles

, on à celui des Gages,

Taxations &Droiis des Officiers des Ci ré nie/s &:sel, pu dí£G^eS du Parlement de Taris ,

Cliqwbie dcîComptes, Gourdes Aydes, grand Conseil oudes Secrétaires du Roi

Iìien qiu toutts les autres Fermes del'Etat,produilciit 12 Millions, il n'eu revient que ditnu Roi, parce qu'il en faut rabattre plus de deuxMisions affectez au payement de quelques Ren-tes , Ga^cs d'Oslì:iers

,Taxations t< Droits

aliénez.

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174 TEéTAM. POLÎTIQ. DU Cfqlument nécessaires à íbn Entretien.Comme le-Poids de toutes ces Charges.ensemble, ne peut être suportéparsE-;tat, la Supresfion entière ne peut êtredéiiréc avec Railòn-

,.-.-On peut proposer trois Moyens pour

la Diminutiondesdites Charges.j. hc premier est i'imputationde la tropgrande jouissance que les Particuliersont fait des Deniers du Roi ííir le Fondsqu'ils ònt déboursépour aquérir lesRen-tes

?les Offices, & les Droits dont ils

jouissent.

;Je sçai qu'il n'y auroit pas grande pet-^

rie à déposséder par ce moyenquelquesParticuliers des Rentes & des Droitsqu'ils reçoivent, & qu'il ne faudroit fai-ie qu'une bonne Supputation des' De-niers:qu'ils ont perceus ,-dans laquelleoutre l'Intérêt permis par les Ordon-nances , on trouveroit fans doute leremboursementdu prix de leur Engage-ment.

Mais quand la justice de cet Expé^dient ne pourroit êtrecontestée, la Rai*»son ne permettra pas de s'en servir

t par-ce que sà Pratique ôteroit tout moyeu àl'avenir de trouver de l'Argent dans lesNécessitez, de l'Etat

?quelque tMigagc-

nicut qu'on voulust faire.II est Important de bien remarquer à

ce

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DKRrcH.-Ch.IX.Sect;<VÍI. 17scc propos , que telle chose peut bienn'être pas contre la Justice, qui ne lais-,seroitpas d'être contre la Raison d'une,bonne Politique

,& qu'il saut bien se.

donner de garde d'avoir recours à des.Expédiens qui ne violant pas la Raison,nc laiíseroient pas de violer la FoiPu-,blique.

Si quelqu'un dit que les Intérêts Pu-blics doivent être préférez aux particu-liers, én avouant fa Proposition ì.je.leprie de considérer qu'en la dilc.u'stìon, de,ce Point, ces différentes natures d'In-térêts

, .

n'entrent point en balance,mais que les Publics íònt feulement

contrepésez par d'autres de même pâtu-re ,

& qu'ainsi que le futur a bien plus,d'étendue que le présent, qui paflèçh"un instant ; Les Intérêts qui regardentl'ávehir \ doivent par Raison être plusconsidérez que ceux du présent, con-,tre la coutume des Hommes sensuels

ìqui préfèrent ce qu'ils voyent de plusprés, parce que la vetic de leur Raisonn'a pas plus d'étendue que celle de leurSens.

Si l'on garde en ce Point la Foi Publi-que ,

ainíi que je l'estimc tout à-laitNécestaire

,l'Etat en fera beaucoup

plus soulagé qu'il nc lèroic, quand mê-mes on íupprimeroit une partie de les

H 4 Char-

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ij6 TsisTÀM> POLITTCL. DU C.Charges fans nouvelles Finances, ence qu'il demeurera Maître des Boursesdes Particulièreen toutes occasions, &ne laislèra pas d'augmenter considéra-blement son Revenu.

Le fécond Moyen pour diminuer lesCharges du Royaume, consiste en leurRemboursement sur le pied de la Finan-cé actuellement déboursée par les Parti-culiers; mais la Vérification en seroitdifficile•,' veu que }>our faciliter ledébitde ce que là nécessité de TEtat a con-traint d'aliéner, on a íbuvent donnéauDénier quatre, çequiparoît engagéau Dénier six.

Ce Moyen juste en soi-même, ne

peutét'rè pratiqué, íànsdonner prétex-te à beaucoup de Plaintes, quoi quemal fondées.

Le troisième Moyen pour la dimi-nution des Charges de l'Etat, consisteà Rembourser celles qui ne seront pasnécessaires, au même prix qu'elles scdébitent entre les Particuliers

, rcm-boufíànt fur ce pied les Propriétaires àcsOffices des Rentes & des Droits qu'onVoudraSuprimer, ils ne recevrontau-cun préjudice, & le Roi ue se prévau-da pas de l'Avantage communqu'il a,à des Particuliers qui peuvent íc libérerà la charge de leurs Dettes, lor^î qu'ils* ',: "!

. ;; ontK

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DERiçH.ch.ix.Sca-.vir. 177ont le moyeu de les payer au mê-me prix qu'elles se vendent ordinairement.

Ce Moyen qui est le íèul qui peut, &qui doit frre pratiqué

, peut produireson estet en diverses façons, ou en lon-gues années, par le seul ménage de lajoiiiflàncedes Charges, ou enuneicu-le, moyennant une Somme immen-se de Dcnicrs,qu'il tîiudroit avoir comp*tant par lcSupléement d'un Fonds ex-traordinaire.

L'impaticnce naturelle a notre Na-tion

, ne donnant pas lieu d'espérer,que nous puissions persévérer quinte &vingt années en une même résolution.La première voye qui requerroit au-tant de tems, n est aucunement rece-vable.

Le grand Fonds qu'il faudrok pourRembourser tout à la sois des Chargesaussi immenses que font celles de l'E-tat, fait que la Proposition de cette se-conde Voye íèroit aussi ridicule qu'im-possible

,ainsi la troisième reste seule

pratiqUiible.Pour s'en servir avec tant de justice

que l'on ne s'en puilîc plaindre, il fautconsidérer les Charges qu'on' voudraSuprimer fur troispr.'ds disterens, sui-vant le divers cours de leur débit.

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>7& TSSTAM.POLITIQ. DirC.t Les premières Rentes constituées

fur la Taille, qui se vendent d'ordinai-re au Déniercinq, ne doivent être con-sidérées ,' ni Remboursées que fur ccpied, selon lequel leur propre joiiiíïàn-ce en fait le Remboursement entier ensept années & demie.

Les autres Rentes constituées fur laTaille depuislamort duFeú Roi, quisc payent.ou dans les Elections , oudans les Receptes Générales, doiventtître Remboursées fur le pied du Dénieriìx, parée que c'est leur débit, furie-quel leur jouissance ne peut faire leurRemboursement qu'en huit ans & de-mi.

Les Offices des Elections avec Ga-Îes , Taxations des Offices & autres

)roíts qui leur íònt attribue/, doiventêtre Remboursez furie pied du Dénierhuit, qui est le prix ordinaire dç tellesCharges.

:* LaRaison oblige à prendre un mé-.•..-'• meï La plus grande pante de Rentes constituées

fui la Taille, depuis>6t a iontencore à'présent

entre les mains oe PartisansJ

de leurs Héritiers,ou de ceux à qui ils les ont transportées,& ils lesont aquiscs à fr l>as ptjx

»qu'ils en attendent à

toute, heuie lc ictranclvcmcnt, qui leur, setoitbien moins, avantageux que le Remboursementr5M prix courant. !f Lts-nouvcUcs Rentes établies fur le* Aydca,

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DERlCH.Ch.IX.Scct. VII. 179me pied polir le Remboursement desCharges constituées fur lesAydes> suritoutes les Gabelles, fur les.cinq Grol-fes Fermes, fur la Foraine dcLangue-r>doc & de Provence, fur la Douane de.Lion

,íiir le Convoy de Bourdeaux,

Coutume de Bayonne,

Ferme deBroiiage

,& tels Remboursemcns ne

peuvent être faits par la feule jouiíìàu-ce, qu'en oivz.e années.

Je íçai bien qu'il íèvoid tous lesjoursdes Rentes de cette nature à moindreprix que leDenier huit; mais j'cn.pro-pose le Remboursement sur ce piedpour la satisfaction des Particuliers,estimant que li en une Affaire de telleImportance, il doit y avoir de la lésion,il vaut mieux qu'elle tombe fur le Jloique fur eux. i; ;

Le pied de tous lesRembouríèmens.que l'on peut faire, étant justement é-tabli; II faut coníidérer qu'il y a certai-nes Charges iî nécessairesen ce Royau-me, ou engagées à st haut prix, qu'onne les met pas.entre celles, au.Kcm,-bouríèment desquelles on doit peníèrv

H 6 par*

nesc vendent qu'au Denier sept, & il y en a^.uur deux Millions.

Les nouvelles Rentes fur les G stbçllcs, fc ven-dent :u Denier sept & demi. Et il yenapoui-cinq M'Uons deux ccjisfrixautc mille livres.

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178 TBSTAM.POLITIQ. DU G.t Les premières Rentes constituées

ÍUr la Taille, qui se vendent d'ordinai-re au Dénier cinq

, ne doivent être con-sidérées ,' ni Remboursées que fur ccpied, selon lequel leur propre jouislàu-ce en soit le Remboursement entier ensept annécs& demie.

Les autres Rentes constituées fur laTaille depuis la mort du Feu Roi, quise payent. ou dans les Elections

, oudans les Receptes Générales, doiventêtre Remboursées fur le pied du Dénieriìx, parce que c'est leur débit, fur le-quel leur jouissance ne peut raire leurRemboursement qu'en huit ans & de-mi.

.

.Les Offices des Elections avec Ga-ges , Taxations des Offices & autresDroits qui leur íbnt attribuez, doiventêtre Remboursez furie pied du Dénierhuit, qui est le prix ordinaire de tellesCharges.

.

* LaRaison oblige à prendre un mê-.;.'/'* me

•f La plus grande partie de Rentes constituéesfur la Taille, depuis

<61 z iont encore a présent

entreíes mains de Partisans, de leurs Héritiers,ou de ceux à qui ils les ont transportées, & ils lesont aquiscs à fi bas prix

, qu'ils en attendent àtoute, heute le retranchement, qui leur, seioitbien moins avantageuse que le Remboursement'au prix courant. "

•f Lçs stouycllesRentes établies fui les Aydcs,EQ;

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DF.RirH.Ch.IX.Scct.VIi. 179me pied poílr le Remboursement desCharges coníUtuécs fur les Aydes, iûrftoutes les Gabelles, fur les cinq Gros-ses Fermes, -fur la Foraine de Languet;doc & de Provence, iiir la Doiiane deLion

,íùr le Convoy de Jiourdeaux,

Coutume de Bayonne,

Ferme deBroiiage

,& tels Remboursemcns ne

peuvent ctre Faits par laíèuJe joiiilìim-ce, qu'en orne années.

Je íçai bien qu'il íevoid tous lesjoursdes Rentes de cette nature à mqindroprix que le Denier huit; mais j'en pro-pose le Remboursement sur ce piedpour la íhtisfacìion des Particuliers,estimant que íì en une Atfaire de telleImportance, il doit y avoir de la lésion,il vaut mieux qu'elle tombe fur le Jloique fur eux. .••!;

!

Le pied de tous lesRembouríèmens.que Ton peut faire, étant justement é-tabli; II faut coníìdérer qu'il y a certai-nes Charges si nécessairesen ce Royau-me, ou engagées à si haut prix-, qu'on'ne les met pas.entre celles, au.Kemr.bour&ment dcíquelles on doit penser,;

H 6 ,par<

nesc vendent qu'au Denier sept, & il y en acoût deux Millions.

. •Les nouvelles Rentes fur les Gabçllcs, fe'ven-'

dent au Denier sept 6c demi. Et il y en a poux'cinci Millojïs ilcux cens jsoisautç mille livics.

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>8ò TESTAM.POLITIC^DU C.par lá Voye qui se propose mainte-nant.

Tcís sont les Gages des Parlenieus&autres Cours Souveraines

,des Préii-

diaux & Sièges Royaux, des Secrétai-res du Roi, des Trésoriers de France,& des Receveurs Généraux.

Ce n'est pas que j'eílimc qu'il ne sail-le sairc aucuneSuppression en ce genred'Offices; je fuis bien éloigné de cette,pensée ; Mais pour procéder avec or-dre à la diminution des Charges du Ro-yaume yt la. Raííòn veut qu'on com-mencepar le Remboursement de celles,qui font à meilleur prix, & qui font in*commodes au Public.

^í5dtítt6;tttrïisdéiatiòri:, je préfère laSûpprèiîlôil èo$ petites fétablics fur les.Tailles, & cellede beaucoup deChar-gësd'Élû's, koitt&útre.

Celle des tentesde cette,nature à caurse de î'oûr'bas prix, •&moelle des íiliïs,párcéqtìb "ce'siOfììcicK font Ja. vraye.:Sóiifct de 'lâMisére du-Peuple, tant àcaûíe âéleuf^raïid'aiombre qui*est íì ex-:Geìífif,'- %M íait pîusde -quatre Milions.eh exempts, qtie pour leurs Malversa-tions ft ordinaires

,qu'à peine y a-t-il

un ElÛ'qui:tiedécharge fa Paroisse ;. quebeaucoup tirent de celles qui leur fontin.diíférejues,- & qu'il s'en trouve de fi;

'-.:: ;::. ::.-.':

abastr

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ÏÎERÏCH. Ch.lX.vScct.VIL i8rabandonne?,, qu'ils ne craignent pointde sc charger de crimes, en augmen-tant n leur profit les Impositions à lacharge du Peuple:

Cette même Considération est lafeule qui m'einpechc maintenant deparler de la Supreslìon de beaucoupd'OfiìcesdeJudicaturc, dont la multi-tude est inutile, leur prix étant aulii ex-traordinaire que leurs Gages lònt pe-tits ; ce scroit un mauvais ménage qued'y toucher par la nécelïïté présente.Quand on voudra en diminuer le nom-bre, le moyen de parvenir à cette Fin,'fera de faire un íì bon règlement de laPaulette, que les Offices étant réduisà un prix modéré, le Roi puiílc lorí-

.

qu'ils viendront à vacquer, les rem-bourser aux Propriétaires, & les Suprprimer tout ensemble.

Je ne comprends point: encore dansle nombre des Suppressions-, les Collè-gesdes Secrétaires du Roi, les Bureauxdes Trésoriers de France, & les rece-veurs généraux,non à raison de la modi-cité de leurs Ëmolumcns, qui font airse?,bons, maisàcaule. de leur Finance

,qui n'est pas petite.Je n'y. mets point aussi les vieilles

rentes qui ont été créées du rems desPrédécesseurs de V. M. &qui sc payent

tïi/ "au

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iSì TESTAM. POLITIQ. DU C.au Bureau de ia Ville de Paris, tant parce quel'acìuelle Finance déboursée pair, ks Acqué-reurs, estplus grande que cclíc de tous lesautres , que parce qu'il est bon que lés Inté-rêts des Particuliers soient en quelque façon''mêlez avec ceux de leur Souverain, que par-ce qu'ensin elles font passées à diverses Reli-gions

,Hôpitaux, & Communautez

>

à hSubsistance desquelles elles sont nécessaires,& qu'ayant été diverses fois nattagéesdâusles Familles, il semble qu'ehes yayentfaicSouche, & qu'on ne les enpuisse tirer, fanstroubler leur Etablissement.,

.Cependant pour n'oublier aucun me'nage

3ui se puisse faire avec Raison, àl'avantageel'Etat, jedois remarquer deu K

chosesetice lieu. ,'•,.-' La première esj:, que les Buseau x des Tié~foriers de France subsistant, òn peut propresd'mi,tiers dçleUrsGages', erâiit certain qu'ils;íê trouveront bien traitez eh ía rc'fornVatioivgénéral"duRoyaume, si en Ies'àssèurant dene plus leur imposer de nouvelles Taxes, onréduit leurs Gages aux deux tiers de ceuxqu'ils ont eû par lésasse, & parleur premié-reCréation.

.r *, *" i * " ' -1 r.: :' \ ;

.•

;La sccpndc.est, qu'en ne supprimant pasles Rentes établicsíurilaMaison deVille,, dutems du Feu Roi, qui sont toutes créées auDenier douze, ce qui se fera aveç d'autantplus,deJustice, que les Particuliers n'en con-stituent, qu'au 'Denier dix/huít, les Proprié

-taires.'dèsdites Rentes có/istjtùéeá fur la Vil-ìê,V íè' preWàyront pp l.v'!Grà'cë du Roi'de

\ :- deux

r.?1

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DE RICH. Ch.IX.Scct.VII. 183deux Deniera, en la jouissance de celles qu'ilsauront de cette nature.

Ht connue ils trouverontcn cela leur avan-ftage

1le Roi y trouvera le sien , en ce cjuc les

Rentes dont l'iìtat fera charge feront demeilleur débit que celles des l'articulicrs,sup-pose qu'on íoit exact à les payer làns dimi-nution

>

ainsi qu'on y ctt oblige', & qu'on Ic.

doit faire pour l'Inteièt Public.Pour satisfhiici tant au payement de ces

Rentes, qu'aux Gages de plusieurs Officiels>

ou absolument ne'cellaircs, 011 du moins nonimprimables dans les teins pre'íéns, j'eítimeque de quarante cinq millions dont ce Ro-yaume cil maintenant chargé

,il faut se con-

tenter d'en supprimer trente ,laiíïant le teste

jour l'acquit des Charges qui demeureront.a Des trente millions à supprimer, il y eu

a prés de íèptdont le remboursement ne de*vant être sait qu'au Denier cinq ,

la Suppres-sion s'en fera dans íeptanuc'es & demie

, parla lèule jouissance.

Des autres vingt-quatre, il s'en trouve-ra encoreautant, qui ne devant être rembour-sez qu'au Denier hx> quiestlc Ptixcourant

.(le

a T.es Rentes dont le Prix courant est au Déniercinq, montent justement à lìx millions huit centdouze mille livres; sçavoir six millions qui ontété constituez des huit- millions aliénez furie*Vailles au mois de rcvu*r 1634. quatïcccntquinze mille Uvres constituée par le Siair Gail-lard.6: ses AlTociez au mais de Janvier 1634. I:tcent douze mille livres constituées par Editdumois de Mars de la meme armée, par les Créan-ciers de Aloyssel & l'ayen.

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J84- TESTAMPOLITIQ. DU C.de telles Charges, ils pourront être suprimés-en luiit années & demie, par la feule joi{is«.lance.

Mais parce qu'ainsi que jePai représentécy*deíïust les Delìeins de longue haleine nesont pas les plus íèurs cn ce Royaume, &qu'en cette considération il est expédient deréduire routes les Suppreísìons qu'on voudrafaire à un nombre d'années, qui n'excède pash portéede nôtre Patience j Pour faire que$ous les Rcmbouríèmens qu'on entrcpreii'dra, s'accompliíîent dans le mêmetemsqueles Rentes qúise débitent au Denier cinq ícsuprinieront par leur propre jouisiauce, ilfaut faire un Fonds extraordinairede la Va-leur d'un sixième du Prit courant desdites-Rcntes , qui revient justement à íèpt mil-lions

, une fois payez, pour la suppression,d'autantde Revenu.

Pour achever la Suppression des trentemillions proposez, il eu relie encore íeize à-.

rembourser, qui le doivent être sur le pied du=De'nierhuit

j parce que c'est: le Prixcourantde leur Débit.

Or parce <]ue le Remboursement de cesíeize millions', ne sçauroic être fait qu'en;dou/.e années par leur propre jouissance, '&qu'il est à propos de racourcir cetems, pourreduire ccttcSuprestion en íèpt années, ainsique celle des quatorze millions précédens, il-faut de huit parts en fupléer trois par Fonds,extraordinaires, lesquels rcvieuneut.à qua-rante-huit millionsi

Bie'nque la grandeuede cetteSomme, soit-

capae.^mSm

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DERICH. Ch.IX.Sect.VIl. tSçcapable d'étonner d'abord cewx qui fçavcneía facilité des Affaires de cette nature enceRoyaume, ne douteront pas qu'elle nc soitd'autant plus facile à trouver, qu'il ne la fautfournir qu'eu feptannc'es.

Et la Paix ncíèra pas plutôt établie,que l'u«sage des Partis, ordinaires en ce tems pourtrouver de l'Árgciu, étantaboli, ceux qui lèíeront nourris en cette nature d'AfFaires, ncpouvant perdre en un instant leurs premi èreshabitudes,convertiront volontiers toute kutindustrie à défairece qu'ils auront fait, parlesmémes voyesdow ils se font servis pourl'établir premièrement i C'est à dire, à éteiu*dre & supprimer

, en vertu des Partis qu'ilsferont, a cet effet, lesRentes, IesDroits&les OfKces, de la Création desquels ils aurontétéAuthcursen vertu d'autres Partis.

Ainsi Ic Royaume peut être soulagé cn septannées, de trentemillionsdes Charges ordi*miresqu'il porte maintenant.

Le Peuple déchargé effectivement desvingt-deux millions deTailles, qui est main-tenant la moitié de ce qu'il porte -,

le Revenudu Royaume se trouvera de cinquante septmillions, ainsi quel'Etat suivantre justifie.

RECETTE.

DesTailles, vingt-deux millions.Des Aydes, quatre millions.De toutes les Gabelles

,dix-neuf mil-

lions.Ds

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1$6 TESTAM.Por.ïf IQ.DU G.De toutes les autres Fermes

>douze mil-

lions.Total, cinquante-sept millions.Desquels ayant òtd vingt- íèpt millions ,qui

entreront tous les ans à l'Kpaigne^etteSom-me doit être estimée íi notable, qu'il n'y aaucun Etat en laChrêtieutéqui en tire la moi-tic

,íès charges préalablement acquitées.

Sien fuite de ces Supprelììons, qui assu-jettiront beaucoup de Gensau payejnent desTailles, fans qu ils s'en puilìcm plaindre*ou supprimeencore tous íes Officiers qúis'e

•xercentpár Matricule , ou par íimple Com-mission *Si on régie le nombre, des Notaires»non seulement Royaux , mais des juridi-ctions ordinaires

>on procurera un Soulage-

ment indicible au Peuple, tant parce qu'onle délivrera par cemoyen d'autant de Sang*íuè'squ/on luiôtera dentelles Gçns> q'úfe parcequ'en outrey aíarít plus de cent raille officiersa retrancher de cette nature

5ceux íjui se tróur

ve'ront deltituez de leur Enïploy ordinaire>íèront contraints de prendre celui de la

Guerre , du Commerce> 01 du Labou-

rage. '. .: ' ! ,{.. :..Si l'on reduit ensuite toutes

tlesExe'rn.-

f>tions à ìa Noblelìe, & aux Commenlaux de

a Maison du Roi, il cil certain que les Villes,les Commuuautez exemtes, les Cours Sou-veraines, les Bureaux des Trésoriers de Fran-ce, les Elections, les Greniers à Sel, les Of-fices des Eaux & Forêts, du Domaine, &des Décimes, les Intejidans & Receveurs desParoisses

>faisant plus décent mille Exemts;

déchac-

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DKRiCH.Ch.IX.Sect.VIII. r S;déchargeront les Peuples de plus de la moitié*de leurs Tailles

;c'tant encore certain

, queles plus Riclies, íujetsaux plus grands Taux,font ceux qui s'exemptent au Prix de.leuisBourses.

Je sçais bien qu'on dira, qu'il est aise defaire de tels Projets ,

íèmbLbles à ceuxde Ja République de Platon, qui Belle en lèsIdees, est une Chimèreen EtFct.

Mais j'ose asseurer, que ce Dessein est nortfeulement si raisonnable, mais íi aise à exé-cuter , que si D i s u fait la grâce à V. M.d'avoirbien-tôt la Paix, & de la conserverace Royaume avec sèsServiteurs, dont je m'e-írime l'un des moindres

, au lieu délaissercet Avis par Testament, j'efpe're de le pour-voir accomplir.

SECTION VIII.

Quimontreenpeu (k mots, que le dernier Pointde la Puissancedes Princes doit conffler en InPossessiondu Coeurde leurssujets.

T Es Financese'tantme'nage'es, selon qu'ilest porte cy-deflus

,le Peuple se trouvera

tout-à-saitfòulage',&le Roi íèra Puissant parla PolIcíì:on du Coeur desesfujv'ts, qui con»sidcrantlesoin qu'il aura de leurs Biens, fe-ront porttz á l'aimcr par leur propre inte'ré'r.

a Les Anciens Rois ont fait un Etat si par-ticulier du Coeur du lcirs sujets, que quel-ques-uns ont estime', qu'il valoit mieux par

ce(a) Philippes de Valois.

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188 TBSÏAM.POUTIQÌDUC.cc moyen écrc Roi des François que de !aFrance.

Et en effet cette Nation a étéautres-soisreconnue si passionnée pour ses Princes> qu'ilíè trouve des Autheuis b qui la louent

, d'ê-tre toujours prête à répandre ion Sang, &dépenser son Bien pour le Service & pour laGloire de TEtat.

c Sous les Rois de la preívû&e, seconde, &.troisième Race

>jusques à Philippe le Bel,

le Trésor des Coeursa été le seul Sien Publicqui sè conservoiten ceRoyaume,

Je sçais bien que les tems passez, n'oncpoint de raport ni de proportionau présent

$

que ce qui a été bon en un Siécle, n'estpasiouvent permis en un autre,

Mais tien qu'il íòitcertain, que le Trésordes.Coeurs ne peat suffire maintenant

»c'est

choseaufli trés-asseurée, que celui de í'Or &TArgent est preíque inutile fans ce Premier,l'un & l'autre font nécessaires

»& qui n'en

aura qu'un>

fera N&efliteux dans i'Abon-dance.

CHA-

(b) AmmianMarceJHnLiv. 16. & 17.(c) Cette Politique étoit fondée au dite d'un

Grand Prince, qui pour être privé dclavráye

Lumiérequiconsiste en la Foi, nelaiflsoit pas devoir (ì clair par celle de la Raison, qu'il estimaitne pouvoir jamais manquerd'Argent dans les né-cessitez, puisqu'il étoitaimé de les Peuples, quienavoientpourlui.

Cyrus & Xenophon Liv. j.rfc son /»/?/>//-

'thtu

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DE Ri CH. Ch.X. i$<>

CHAPITRE X.

Qui conclut cet Ouvrage> enfaisant connaître,

?'iie tout le contenu en iceluyfera inutile, (i

es Princes & leurs Minières ne fontfiatta-chez au Gouvernement de l'Etat, que n*ob-

mettantaucune chose de cc à quoi leur Char-te les afìfeint

>ils n abusent pas de leur

Puijiance.

p Our terminer heureusement cet Ouvra-ge ,

il ne me reste qu'à représenter à V.M. que les Rois étant obligez à faire beau-coup plus de choses cornme Souverains

, quecomme Particuliers, il ne peuvent se dispen-sèrsipeu de leu r Dévoir, qu'ils necommet-tent plus de Fautes par Omission

>qu'un Par-

ticulier ne seauroit faire par Commiflìon.Ilestainíi dé ceux íurleíquels les Souve-

rains se déchargent d'une partie du Faix deleur Empire

,puis que cet Honneur les

astreint aux mêmes Obligations ausquellçsles Souverainssont tenus.

Les uns & les autres considérez commoPersonnes Privées, font íujets aux mêmesFautes

, comme tous les autres Hommes}mais si on a égard à la Conduite du Public,dont ils sont chargez, ils sc trouveront sujetsà beaucoup d'autres, veu qu'en ce sens ils nesoauroient obmettre íàns pêcher, ce à quoiils sont obligezpar leur Ministère.

EJI cette considération , tel peutêtreBon

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Ipo TB5TAM.POLITIQ.DUG.& Vertueux, comme Particulier , qui seraMauvais Magistrat, & MauvaisSouvérain,par le peu eje Soin qu'il aura de satisfaire auxObligations de (à Charge.

.En un mot

>íi les Princes ne font tout ce

qu'ils peuvent pour régler les divers Ordresde leur Etat:

S'ils íònt Négligeus au Choix d'un bonConseil} s'ilsen méprisent les Avis Salutaires :

-.S'ils n'ont un Soin particulier de (c cendre

tels, que leur Exemple soit une Voix par*

lante: '-

•S'ils font Paresseux*à établit le Règne,de

DIEU , celui delaRaiíon, & celui de, laJu-stice toutensemble:

,;''

S'ils manquent à protéger les Iunoceus»à.récompenser les signalez Services qui sont,

rendus au Public, ,&.à châtier ks I^eíbbé-ïílàiiccs & les Crimes

iqui troublent ijÒrdce?

de la Discipline-, & la sûreté des Etats :,, ;;S'ils ne s'appliquent pas autant qu'ils doi-

vent ,à prévoir &â prévenirlesMiiqxqui-

peuvent arriver , fe â détourner;par de soi-gneuses Négociations les Orages

, que desNues amènent aisementsp.uvcmde plus íojnqu'on ne pensé':-,

, -.;,. ; -; f! ,<Si h Eaveur les empêche de bien choisir

ceux qu'ils honorentdesgrandes Cji^rgçs, &;des principaux Emplois du.Royaume;

.

S'ils ne:tiennent. puisTamment la main à,établir l'EtatiÇn la Puj/Iance qu'il doit être :i Si en. toutes occasioXis-ils.uepréfç'rentlesIntcVctsPublicsaux Particuliers

>quoi qu'ils

íoieht Bien divans d'ailleurs>;

ils fe trouye*:-\ v ront

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DE RICH. Chap. X. 191rontbeaucoup-plus Coupables que ceux quitranígrcllcnt actuellement les Commande-mens & les Loi.v de DIEU

J etanc certain,qu'Qbnicttreceà quoi o» cil oblige'

, & com-mettre ce qu'on ne doit pas faire est uneme-me choíè.

Je dois encore représenter à V. M. que siles Princes, & ceux qui font employez sousEux aux premières Digiiitez du Royaume,ont de grands Avantages CurJes Particuliers,ils possèdent un tel. Bénéfice à Titre bienonéreux ,

pute que non feulement ils sontsujets paromillìon aux Fautes que j'aimar*quècs

,mais qu'il yena meme encore plu-

sieurs autres de commission, qui leur loue

particulières.

,

S'ils íè fervent de leur Puissance, pour

commettre -quelque Injustice ou quelque•Violence..,, qu'ils ne peuvent faire comme.-Personnes Privées

,ils fout par commission

un Pèche de Prince.& de Magistrat,

dontleur íçuIeAutoriui.e^r la Source, &xluquelle Roi des Rois leur demandera au jour duJugement un Compte très-particulicr.

Ces deux divers génies de Fautes, parti-culie'rcs aux Princes & aux Magistrats, leurdoivent donner, à penser qu'elles sont biend'un autre poids que celles des Particuliers ;parce que comme Causes universelles, ellesinfluent leurs Désordres à tout ce qui leuee'tant soumis, reçoit impression de leur mou-vement.

Beaucoup se sâuveroicntcomme PersonnesPrivées

,qui fc damnent en cfFet comme

Personnes Publiques. Un

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Î<)1 TESTAM. POLITIQÌ. DU G.Un des plus Grands Rois de nos Voisins

,réconuoiflantcette Véritéen mourant , s'é-cria

,qu'il nc craigìioit 'pas tant les Péchez

de Philippes>

«qu'il appréhendoit ceux duRoi,

Sa pensée étoit vrayement Pieuse, mais il

eûtété bien plus utile à ses Sujets, &á lui-même

,qu'il l'eûteiie devant les yeux au foré

de fa Grandeur & de son Administration»

que lors qu'en coíínoiiraiYt'l'Importaiice, ilne pouvoit plus en tifer-le Fruit nécessaireàíaCortduite

>bkti qu'illé pût recevoir pour

sonSalut.••

^ ;::; >'<' iJe íuplic VÔTREMÀJBST*' depen*

serdezá cette heure âce que ce Grand Princene pensa , peut être

,qu'à l'heure de sa

Mort$

& pour l'y convier par Exemple,autant que par Raison, je lui promets qu'ilne íèraJour detna Vie, que je ne tâche de memettreen l'Eípritce que j'y dévroisavoir àl'heure de nia Mort, fur le sujet des AffairesPubliques, dotttil lui plaît sedédbarger furmoi, /&SÌ- 4\

VA, W£i s**h

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