20150325 - dna question à luc berille

1
QUESTIONS À «1 er mai unitaire pour la démocratie » Que retenez-vous de ce premier tour desdépartementales ? Le Front national apparaît comme le premier parti de France, et je pense, comme syndicalis- te et citoyen, que ce n’est pas une bonne nouvelle pour la démocratie. Je laisse la politi- que aux politiques, mais le FN n’est pas un parti comme un autre, car ses thèses sont en rupture avec l’esprit républicain : quand il veut recruter des « fonctionnaires patriotes », ce qui nous ramène à Vichy, ou quand il prône une remise au pas des syndicats… Notre inquiétude est réelle. Nous appelons les démo- crates à se rassembler le plus largement possible, comme nous l’avons fait le 11 janvier. Nous souhaitons que le 1 er mai soit, cette année, une manifesta- tion d’unité pour la défense de la démocratie contre les discriminations. Faut-il continuer les réformes, comme le dit le gouvernement ? Le problème, ce ne sont pas les réformes, mais les résultats : les gens atten- dent la fameuse inversion de la courbe du chômage, et ils ont raison. C’est pourquoi nous sommes des acharnés de la négociation et des résultats concrets. Ainsi, sur le pacte de responsabilité, il est temps de passer aux résultats. Il y a une part du pacte qui n’est pas respectée par le patronat qui n’a négocié que dans une minorité de branches professionnelles. Je propose que le gouvernement le mette devant ses responsabilités et dise qu’il arrêtera de verser l’argent public du pacte aux entreprises des branches qui n’ont pas négocié. Votre priorité pour le nouveau mandat qui vous sera confié au congrès de Montpellier ? Augmenter l’audience de l’Unsa pour devenir en 2017 un syndicat représen- tatif au niveau national interprofessionnel. Et pour mieux contribuer à un nouveau modèle de développement qui intègre les questions d’environne- ment, et à l’évolution du modèle social français vers des droits plus indivi- duels qui sécurisent le parcours professionnel des salariés. RECUEILLI PAR FRANCIS BROCHET Luc Bérille Secrétaire général du syndicat Unsa

Upload: ud67-unsa

Post on 08-Apr-2016

203 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

Question à Luc BERILLE de l'UNSA

TRANSCRIPT

Page 1: 20150325 - Dna Question à Luc Berille

5 FRANCE QMERCREDI25MARS2015

TTE-LII 04

POLITIQUE Second tour des départementales dimanche

Letempsdestractations

LePremier ministre ManuelValls a décidé de suspendresa campagne pour les dé-partementales durant 24

heures, après le crash meurtrierde la Germanwings hier dans lesAlpes-de-Haute-Provence. Maisdans tous les camps, on s’active.

QUMP : le « ni-ni »a-t-il vécu ?Officiellement, rien ne change, etl’UMPreste sur sapositiondu« ni-ni » pour le second tour diman-che. Mais dans la réalité et sur leterrain, c’est beaucoup plus flou.Nicolas Sarkozy, le président del’UMP, s’est en effet livré à unecharge violente contre le FN, hierdevant les députés UMPà l’Assem-blée : « Il faut attaquer le FNbruta-lement, frontalement. C’est pourl’UMP une question de vie ou demort ».Sur le terrain, certains ont déjàchoisi. Le binôme arrivé en troisiè-me position derrière le FN et le PSdans le canton de Grignan (Drô-me) ne se présente pas dimanche,alors qu’il pouvait se maintenir.Nicolas Sarkozy avait pourtant as-suré que l’UMP serait présent par-tout où c’était possible. Le binômedrômois n’a donné aucune consi-gne de vote tout en assurant qu’il« y a des actes qui valent plus quedes mots ». Ces candidats fontdonc fi du « ni-ni ».Même attitudepour Philippe Gosselin, député dela Manche, qui déclare qu’il vote-rait PS dans le canton d’Équeur-dreville (banlieue de Cherbourg),s’il y était inscrit : « Peut-on se

permettre de faire gagner un can-didat FN ? Je disnon », assure l’éluqui avoue « évoluer sur le « ni-ni ». La position sans ambiguïtéde l’UDI, opposée au « ni-ni » etalliée de l’UMP dans de nombreuxcantons, n’y est sans doute pasétrangère.

Q FN : l’exceptionde BollèneMarion Maréchal-Le Pen a annon-cé hier le désistement du binômede son parti arrivé en troisièmeposition dans le canton de Bollène(Vaucluse). Elle laisse donc lechamp libre à la Ligue du Sud deJacques Bompard (représentédans ce canton par son épouse)

avec lequel elle assurenepasavoirpassé d’accord. La jeune députéedu Vaucluse indique que ce désis-tement a pour seulemotivation defaire barrage au PS dans ce dépar-tement qu’elle espère ravir à lagauche. Selon la présidente duFront national, ce sera le seul dé-sistement. Dans ce département,la gauche a retiré ses candidatsdans deux triangulaires au profitde l’UMP qui s’est désisté dans unautre canton.Dans un autre point chaud,l’Aisne, seules auront lieu deuxdes huit triangulaires issues dupremier tour après le retrait de sixbinômes, trois de gauche et troisde droite.

QÀ gauche, unionapparenteA gauche, les directions du PS etdu PCF estimaient avoir résolu lescas de refus de retrait à une excep-tion près. « Nous n’avons pas deleçon de morale à recevoir del’UMP », accuse le député PS deToulouse, ChristopheBorgel, char-gé des élections au parti, réfutantl’accusation de Nicolas Sarkozysur « 10 cas de refus ». Socialistes,communistes et Verts ont renvoyéle débat sur la division à la semai-ne prochaine. Mais preuve que lesdissensions demeurent, aucunmeeting commun des gauchesn’est prévu… R

Nicolas Sarkozy hier soir en meeting à Asnières, dans les Hauts-de-Seine. PHOTO AFP

Lesbinômesdevaientdéposer leurs candidaturespour le second tourhier. Adroite, le « ni-ni » fait désormaisdébat.et àgauche, on tented’afficheruneunité etde faire retirer des candidatspour fairebarrageauFN.

QUESTIONS À

« 1ermaiunitairepour ladémocratie »

Queretenez-vousdecepremiertourdesdépartementales ?LeFrontnationalapparaîtcommelepremierpartideFrance,etjepense,commesyndicalis-teetcitoyen,quecen’estpasunebonnenouvellepourladémocratie.Jelaisselapoliti-queauxpolitiques,maisleFNn’estpasunparticommeunautre,carsesthèsessontenruptureavecl’espritrépublicain :quandilveutrecruterdes« fonctionnairespatriotes »,cequinousramèneàVichy,ouquandilprôneuneremiseaupasdessyndicats…Notreinquiétudeestréelle.Nousappelonslesdémo-cratesàserassemblerlepluslargementpossible,commenousl’avonsfaitle11janvier.Noussouhaitonsquele1ermaisoit,cetteannée,unemanifesta-tiond’unitépourladéfensedeladémocratiecontrelesdiscriminations.Faut-ilcontinuerlesréformes,commeleditlegouvernement ?Leproblème,cene sontpaslesréformes,maislesrésultats :lesgensatten-dentlafameuseinversiondelacourbeduchômage,etilsontraison.C’estpourquoinoussommesdesacharnésdelanégociationetdesrésultatsconcrets.Ainsi,surlepactederesponsabilité,ilesttempsdepasserauxrésultats.Ilyaunepartdupactequin’estpasrespectéeparlepatronatquin’anégociéquedansuneminoritédebranchesprofessionnelles.Jeproposequelegouvernementlemettedevantsesresponsabilitésetdisequ’ilarrêteradeverserl’argentpublicdupacteauxentreprisesdesbranchesquin’ontpasnégocié.VotreprioritépourlenouveaumandatquivousseraconfiéaucongrèsdeMontpellier ?Augmenterl’audiencedel’Unsapourdeveniren2017unsyndicatreprésen-tatifauniveaunationalinterprofessionnel.Etpourmieuxcontribueràunnouveaumodèlededéveloppementquiintègrelesquestionsd’environne-ment,etàl’évolutiondumodèlesocialfrançaisversdesdroitsplusindivi-duelsquisécurisentleparcoursprofessionneldessalariés.

RECUEILLIPARFRANCISBROCHET

Luc BérilleSecrétaire général du syndicat Unsa

ÉCONOMIE Un rapport du cabinet Secafi

SNCF : 11 000 postessupprimés ?

Le ciel s’assombrit pour la SNCF.De 11 000 à 13 000 postes pour-raient être supprimés d’ici cinqans, sur les 150 000 que comptel’entreprise, prévoit le cabinetSecafi. Son rapport, publié hier,avait été commandé par le comi-té central d’entreprise (CCE) oùla CGT est majoritaire. Il confir-me et aggrave les sombres pers-pectives tracées fin février par lecabinet Degest qui annonçait lasuppression de 9 000 à 10 000postes.

« Insoutenable équation »Pour les responsables CGT duCCE, Secafi « confirme les ris-ques de déraillement de la nou-velle SNCF ». En cause, la réfor-me fe r rov i a i r e vo t ée enaoût 2014 : elle réunit la SNCF etRéseau ferré de France (RFF) enleur donnant pour objectif destabiliser la croissance astrono-mique de la dette qui passeraitde 45 milliards d’euros l’annéedernière à près de 57 milliardsen 2020.Le coût de cette stabilisations’élèverait chaque année, selonle rapport, à 4,8 milliards d’ef-forts de productivité. Si l’onajoute un contexte défavorable,de la concurrence du transportpar autocar à la diminution dessubventions, cela se traduiraitdonc par 11 000 à 13 000 sup-pressions de postes. À noter queles effectifs ont déjà diminué de4 500 postes sur la période2010-2015, et de 14 200 sur lapériode 2005-2010.« L’insoutenable » équation fi-nancière, commente la CGT,« risque d’entraîner, d’ici 2020,la suppression de près d’un em-ploi de cheminot sur dix, uneréduction significative du réseau

et une condamnation, à plus oumoins long terme, des trains In-tercités et de marchandise ».Dans le détail, le cabinet Secafianticipe une réduction de 8 000postes chez l’exploitant SNCFMobilités, et une perte de 3 000à 5 000 dans l’établissementSNCF Réseau en charge de l’in-frastructure. Pour assurer sonvaste plan de rénovation au mo-ment où les départs en retraitesont nombreux, « le développe-ment de partenariats industrielset l’accroissement du recours àla sous-traitance sont les solu-tions privilégiées » par la SNCF,souligne Secafi.L’Unsa a déploré hier ces annon-ces. Elle relève que « les embau-ches au statut n’ont plus la cote,alors que la charge de travailaugmente à SNCF Réseau ». LaCGTa, pour sapart et depuis déjàplusieurs semaines, appelé à sejoindre à la journée de grève du9 avril. R

Le président de la SNCF,Guillaume Pepy. PHOTO IP3PRESS/MAXPPP

ENVIRONNEMENTPolémique autourd’un « navire poubelle »Un thonier russe qui, pour l’asso-ciation écologiste Robin des bois,risque de sombrer et de polluer lesfonds marins, a quitté lundi soirCherbourg (Manche), tiré par unremorqueur, à destination de laLituanie où il devrait arriver dansune dizaine de jours. « Le Margi-nella » au fond de l’eau serait unsite pollué sous-marin, pleind’amiante, d’huiles et de peinturestoxiques, ajoute l’association.

SÉCURITÉLes douaniers dans la rue« Sans la douane, qui vous proté-gera ? » Plusieurs centaines dedouaniers ont manifesté à Parishier pour alerter la population surles conséquences des réductionsd’effectifs dans leurs services. Lecortège a réuni « un petit millier »de douaniers à l’appel d’une inter-syndicale CFDT - CGT - Solidaires -Unsa - FO.Les douaniers sont venus depuisLille, Bordeaux, Dijon ou la régionRhône-Alpes. Dans le mêmetemps, une grève était observéedans les services par « au moinsun agent sur trois en moyenne »,selon les responsables syndicaux.

SANTÉDes seniors en dangerà cause de la dénutritionNombre de seniors en maisons deretraite souffrent de dénutrition,mais cet enjeu crucial de santépublique reste noyé « dans unocéan d’indifférence. C’est unechape de plomb révoltante »,déplore l’UFC-Que Choisir qui enappelle aux pouvoirs publics.L’association de consommateurssouhaite que le projet de loi desanté publique, en cours de discus-sion au Parlement, s’empare de ceproblème jusqu’ici occulté.

EN BREF