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DROGUE et ADOLESCENTS Numéro 220 Novembre-Décembre 1995 CCCCMIP

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DROGUE

et

ADOLESCENTS

• Numéro 220 Novembre-Décembre 1995

CCCCMIP

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s fi . R~on

Musculotrope pur, SPASFON peut être odministré aux prostatiques et aux glaucamoteux. Fonnes et présentations : ·Ampoules injedoblei de 4 ml : Boile de 6 · Lycphili101> oroux : Bot1e de 10 · Comprinés ~s . Boile de 30 · Suppoiitoires: Bot1e de 10. Composition : Ampoules injedobles: Phloroglucinol hydrolé 40 mg, r~ ~ · LycphtllOll OIOUX : Phlor.,g..&d hy&olé . BO mg (préparés selon le Bre..t limçois n' 69115891 . Comprinés enrobé.: ~rd hy<Salé: 80 mg, r~ : 80 mg • ~res : l'Woroglucird hyaoié : 150 mg, Trimé~inol : 150 mg. Indications validées : • Ampoules injeœbles : Troilemenl symplcmotique dei monil..icllioru doulou,..,., oigues liëes aux lroublei fonctionnels du tube cl'igeitil et des 'Illies bitlllires. • Troilement des monifeslotion1 spoltnOâoquei et daulour..,,., oigues des YOies urinaires: aioques néplvitiques · Îro•temenl syn'fllomatique des monilellotion1 ~aiguë! en gynéa>logie. • Lycphili!Cll oroux, ccmprirné> l!f1lobé1, wppoiiloires : · Troilemenl 1ymplomotique des douleuri lï<ei owt trcJiles lcnctionnels du tube digeitif et des ·YOi., bitoairei · Traitement des monifeslction1 spoirnodiqves et daulour..,,., aiguë! des 'Illies urinaires : coliques néphrétiquei. · Troilemenl IJ!llplomotique des monifeslotion1 spovnod'iques doulaur..,,., en gynécologie. · Troitement odjlMl!ll des canlroctions ou couri de Io grot~ en 011ociotion oo repo1. Posologie et mode d'administration : • AO.dtes. Troilemenl d'Œtaque : 1 à 3 ampoules par 24 h por voie IV ou l.M .. Ctj : 3,95 à 11,85 fou 2 lyophilisoll oraux, à prendre ou moment de Io criie, à renouveler en coi de sposme1 important!. Ctj: 4,24 f · Troilemenl d'entretien: lei "''!'1"imés ou les wpposiloires prendront le relais du troilemenl d'ottoque selon une posologie de 6 comprimés ou 3 suppositoires par 24 heures. Ctj : 3,74 ou 5,70 f. Enfants : 1 lyophilisol orol 2 fois par 24 heures à di1!0ldre dons un verre d'eau. Ctj : 4,24 F. Mise en garde et précautions d'emploi : l'association de SPASFON avec des anla~iques majeuri tel1 que Io morphine ou ie1 dérM;s doit être êvilée en roison de leur effet sposmagêne. Propriétés : Antispoirnodique non olrcpiniq.Je, musculorrope. le SPASFON lève le 'fX'lme des ~bre1 musculaires l11ies et calme Io douleur. il ne présente pos les inconvénienll dei œopiniquei el peu1 érre donné aux prostoîques el oux gloucornateux. Incompatibilités : il est conrre·indiqué de mélanger dons Io même seringue le SPASFON injectable avec de Io narom;dopyrine en raison d'une incompatibilité physicochimique connue. Numéros d'identification administrative : • Ampoule1 1.V ou l.M.: A.MM. 309.858.3 11964 · volidée en 1993) ·Prix 23,70 f. • Lycphilisoll oroux AM M 318 630 1 (1975 · volidée en 19931 · Prix 21 ,20 F. • Comprimé1 enrobéi: A.M.M. 309 860 8 (1963 · volidée en 19931 · Prix: 18,70 f. • Suppositoires : A.M.M. 309.861 4 (1964 · "'lidée en 1993) · PriX' 19 f · Rembouoo por Io Sécurité Sociale a 35\. Agreés pour lei Collectivités Publique1. Admis ci t A11istonce Publique de Paris. Pour Ioule information complémenloire, se reporter oux dictionnaires de spécial1té1 pharmaceutiques Date de révision : Novembre 94

@ LABORATOIRE L. LAFON

13. I'. 22 · 9470 1 ~ taisons-Alfort · France · Tél. (1) 49.81.81.00

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Revue du Centre Catholique des Médecins Français BIMESTRIEL

RÉDACTEUR EN CHEF

P' Claude LAROCHE

CONSEIL DE RÉDACTION

MM. les Docteurs ABIVEN (Paris), BARJHOUX (Chambéry), BLIN (Paris),

DE BOUCAUD (Bordeaux), BOST (Paris), BREGEON (Angers),

CHARBONNEAU (Paris). DEROCHE (Joué-les-Tours),

GAYET (Dijon), GERARDIN (Brive). Mm0 le D' GONTARD (Paris),

MM. les D·• LIEFOOGHE (Lille), MALBOS (Le Mans),

MASSON (Bar-sur-Aube), RÉMY (Garches),

SOLIGNAC (Perpignan)

COMITÉ DE RÉDACTION

M. ABIVEN - F. BLIN - M. BOST M. BOU REL - P. CHARBONNEAU

P. CHARDEAU - F. GOUST - S. GROSBUIS M.J. IMBAULT-HUART - J.M. JAMES

J.M. MORETII - M. SALAMAGNE J.-L. TERMIGNON

ADMINISTRATION RÉDACTION

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Centre Catholique des Médecins Français

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ABONNEMENTS

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MÉDECINE DE L'HOMME N° 220

N° 220 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1995

SOMMAIRE • Liminaire

par le or Marc Bost. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

• Présentation des différentes drogues par le or Marc Bost................................ 4

• Jeunes et usage de drogues illicites par Marie Choquet et Sylvie Ledoux . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

• Que faire ? et comment 7 par le or Françoise Leclercq......................... 13

• L'école et la lutte contre la drogue par le or Claire Maitrot. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

• Pour un bien-être instantané par le or Jacques Fortin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

• Dépénalisation - Légalisation - Modifications éven­tuelles de la loi de 1970 par le or Pariot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

• Un colloque de l'Ordre National des Médecins le or Pierre Charbonneau y a assisté . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

• Drogues et adolescence (réflexions) par des médecins de l'UNAFALT..................... 25

• Dépénalisation de la drogue ? par M. Jean Michaud. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

• Parabole de la barrière rocheuse par Guy Gilbert................................... 31

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LIMINAIRE par le D' Marc BOST (*)

LA DROGUE CHEZ LES ADOLESCENTS Depuis longtemps il semblait utile pour le Comité de Rédaction de« Médecine de l'Homme»,

de réaliser un numéro concernant la« drogue». Vaste sujet, témoin d'un malaise de notre société et surtout d'un« mal vivre» dont les victimes sont les plus jeunes et dont la fréquence augmente.

Il ne pouvait s'agir dans notre revue, d'envisager tous les problèmes, ou de donner des« recettes miracles» devant l'ampleur d'une telle« catastrophe» ... Le mot n'est peut-être pas trop fort ...

Aussi avons-nous retenu comme thème, la drogue chez les adolescents. En effet notre réflexion paraissant plus utile à la prévention de la toxicomanie et aux moyens de la réaliser.

Il ne s'agissait pas pour nous d'abandonner les «toxicomanes avérés», en particulier aux drogues intraveineuses, car ce stade relève d'équipes spécialisées, de médecins attentifs et entraînés à cette souffrance, de structures en place et à développer.

Par contre que dire aux parents et aux médecins de famille confrontés à ce problème : « notre enfant se drogue, que faut-il faire, que lui dire, comment réagir?».

* * * Trop souvent le problème de la toxicomanie, tant dans la grande presse, que dans la presse médi­

cale et spécialisée, envisage les solutions en « aval » : cure de désintoxication ; utilisation de la métha­done ; injonction thérapeutique.

Il nous a paru plus important dans notre revue, d'envisager la réflexion en « amont » : quelle fracture affective, quelle désespérance, quelle solitude, quel mode de vie, amènent de jeunes adoles­cents à chercher « l'oubli » ou « autre chose » dans l'utilisation de « drogues » au sens large du terme ... ?

À la lecture de ces articles, nous trouverons un début de réponse ... En effet nous espérons susciter des réflexions chez nos abonnés, mais aussi un abondant « cour­

rier des lecteurs », car la « solution miracle » n'existe pas et la revue est ouverte au dialogue et à la réception de témoignages et d'autres expériences.

Il nous a paru nécessaire, pour débuter, d'avoir une présentation des différentes drogues et de leurs méthodes d'utilisation. Ce long catalogue pouvant être utile autant aux parents qu'aux médecins.

L'article de Marie Choquet et de Sylvie Ledoux, que nous remercions vivement, nous permet de mieux cerner l'importance de l'expérimentation des drogues illicites chez les jeunes, et leur associa­tion à l'alcool et au tabac. Cette enquête très complète, parmi ses nombreuses conclusions, met bien en évidence, non seulement l'augmentation de la consommation des drogues, mais le déplacement vers un âge plus jeune ...

(*)Médecin attaché à l'hôpital Bichat - service d'infectiologie.

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Le travail du Dr Françoise Leclercq, médecin scolaire, nous permet d'entrer de plain-pied dans la réalité et la constatation des faits. Un certain «pessimisme» est tempéré grâce à une esquisse de début de solution par l'intervention d'équipes médico-sociales, permettant une certaine prévention ... combien difficile !

Cet aspect est encore étayé par l'article du or Claire Mai trot - conseiller technique au rectorat del' Académie de Rennes - qui insiste elle aussi, sur la nécessité d'une démarche éducative globale, assurée par une équipe éducative recherchant si besoin, des compétences extérieures.

Le or Jacques Fortin - conseiller au rectorat de Lille - avec sa grande expérience, nous apporte de longs témoignages et nous rappelle qu'à son sens, il n'y a pas de prévention spécifique de la drogue : la drogue existe en toute société ; elle ne doit être ni niée, ni cachée, mais bien identifiée comme obs­tacle à contourner. C'est dire l'intérêt de la mise en place de groupes« d'ado-relais ».

Le or Pariot, médecin de l'association U.N.A.F.A.L.T. (Union NAtionale FAmiliale de Lutte contre la Toxicomanie), nous apporte sa réflexion étayée par son expérience. Débordant le stade de la prévention, il aborde certains aspects du traitement, en particulier la place de la méthadone, mais aussi l'aspect préventif, l'accès aux soins, ainsi que le volet répressif de la loi du 31.12.1970.

Aussi avons-nous deux commentaires quant à la dépénalisation de la drogue : celui du Dr Pariot ci-dessus, et celui du Conseiller Jean Michaud.

Le moins que l'on puisse constater est le manque de consensus dans cette réflexion. Rappelons les positions ,divergentes de l'Académie Nationale de Médecine et de la Commission Consultative Nationale d' Ethique.

Une note d'espérance vient clore ce numéro grâce au Père Guy Gilbert, avec sa« parabole de la barrière rocheuse».

Citons, pour mémoire, l'adjonction à ce « drame », du risque de contamination par le virus du Sida et hépatite B et C (lors des injections intraveineuses).

* * * Un courrier des lecteurs, j'y reviens, paraît d'autant plus important que «l'atelier santé» du

Comité Épiscopal pour la Santé organise une journée de réflexion sur la toxicomanie (sous la houlette de son président Mgr ROUET), qui aura lieu le 20 janvier 1996.

Les articles de ce numéro, enrichis de vos réactions, aideront le Comité de Rédaction à réfléchir et à formuler la parole de l'Église sur ce fléau qu'est la drogue. Ce texte fera le pendant à la ré_flexi~n «Église et Sida» à laquelle nous avions collaboré, tant par la revue (N° 2111212), que par laJournee du 16 octobre 1994 et qui fera l'objet d'une publication début 1996. •

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PRÉSENTATION DES DIFFÉRENTES DROGUES

par le or Marc BOST (*)

Il peut paraître fastidieux de présenter les diffé­rentes drogues, mais l'expérience montre que chez nombre de médecins et beaucoup de familles, la connaissance des différents produits utilisés est très confuse.

Il existe 7 classifications :

1. Celle de Lewin (1928), différencie les agents selon les effets cliniques : • Euphorica : diminue et suspend les fonctions

(opium, morphine, héroïne, codéïne) ; • Phantastica : illusion, hallucination (peyotl, mes­

caline, cannabis, marijuana, L.S.D.) ; • lnebriantia : excitation puis dépression (alcool,

éther); • Hypnotica: sommeil (barbituriques); • Excitantia : stimulant (café, Kath, tabac, amphé­

tamines, cocaïne).

2. La classification proposée plus récemment par Deniker est plus proche des effets décrits et resti­tue aux « drogues » du langage populaire, leur place parmi les psychotropes en général. La marge est étroite à ce niveau et souvent laissée à l'appréciation du législateur:

•Psycholeptiques (dépresseurs du S.N.C.): - analgésiques opiacées, - anxiolytiques, - hypnotiques, - neuroleptiques.

•Psycho analeptiques (stimulants du S.N.C.): - vigilance (amphétamines, cocaïne), - humeur (antidépresseurs).

•Psychodysleptiques (perturbateurs du S.N.C.): -cannabis, - hallucinogènes (L.S.D.), - mescaline, - poudre d'ange, - solvants volatils ...

3. Classification juridique : - drogue licite, - drogue illicite.

(*)Médecin attaché à l'hôpital Bichat - service d'infectiologie.

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4. Classification selon les effets : - drogue dure, - drogue douce.

5. Classification chimique ou thérapeutique: - produits à usage thérapeutique : (benzodiazépi­

ne, barbituriques, amphétamines), - produits sans effet thérapeutiques.

6. Classification selon la forme de prise (intérêts psy­chologiques et sociaux) : - injectées (l.V.), -fumées, - sniffées (per nasale), - ingérées (per os).

7. classification selon le type d'effet: - stimulants : amphétamines, antidépresseurs,

cocaïne, track ; - sédatifs : opiacées, solvants, alcool, barbitu­

riques, B.Z.D. ; - psychodyslitiques : hallucinogènes, cannabis,

L.S.D. 25, Ecstasy.

La classification distinguant « drogues douces » et « drogues dures » a eu un certain succès initialement mais se révèle sans fondement : l'effet d'une drogue dépend étroitement de l'individu et du mode d'admi­nistration. Il est certain que quelques produits indui­ront une dépendance physique plus rapide et plus intense que d'autres à l'origine d'une seule dépendan­ce psychique. Mais cette dernière peut induire un com­portement très fortement toxicomaniaque (hallucino­gènes, tabac). On peut considérer aussi comme « dures » les drogues donnant fréquemment lieu à une administration avec effraction de l'organisme et procurant un effet de« flash »(héroïne). En pratique, il s'agit donc d'une classification étayant des mythes sociaux plutôt que le reflet d'une base scientifique rigoureuse.

Finalement, la classification la plus intéressante (et la plus claire pour l'information) à retenir, paraît être celle selon la forme des prises (N° 6).

1 - DROGUES INJECTÉES :

On distingue 2 substances, toutes deux issues du pavot, la morphine et l'héroïne :

La morphine : alcaloïde issu du pavot, utilisé de façon très diluée en injection l.V. Son effet le plus grave est l'effet dépresseur respiratoire, pouvant conduire au décès.

La poudre est présentée dans de minuscules enve­loppes de papier appelées Kheppa (pour paquet, en verlan). On la trouve aussi sous forme de cubes d'en­viron 1 cm d'arête, d'aspect crayeux, et très légers.

En pratique la morphine ne s'administre que par voie l.V., après dilution dans de l'eau.

La morphine orale (moscontin ou skénan), ne donne pas lieu à un pic sérique suffisant pour obtenir un « flash » ; elle peut seulement servir à prévenir des manifestations de sevrage chez un morphinomane en manque.

l'héroïne: dérivé de synthèse produit à partir de la morphine. Ce n'est donc pas une molécule que l'on trouve dans une quelconque substance naturelle.

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Rarement pure (poudre blanche), elle est le plus souvent diluée (poudre brunâtre ou grise). Les agents diluants sont variés dans leur nature et leur toxicité propre : caféïne, aspirine, sucres divers, bicarbonate, strychnine, plâtre, talc ...

Comme la morphine, se présente sous forme de « Kheppas ».

Le produit s'administre par voie 1.V., comme la morphine, après solubilisation dans de l'eau chauffée. Le produit étant plus liposoluble, le tropisme pour le S.N.C. sera accrû, avec effet de flash plus intense.

La dépendance à l'héroïne sera plus prompte à s'installer précisément en raison de ce tropisme supé­rieur pour le tissu encéphalique, avec un effet de flash plus intense.

L'héroïnomanie:

Il y aurait environ un million de consommateurs invétérés de par le monde (150 à 250.000 en France), consommant en moyenne 30 à 75 mg de produit pur par jour, quantités susceptibles d'être augmentées par l'accoutumance.

L'effet «récompense» après injection (adminis­tration d'un fix), est ressenti comme bénéfique par le sujet, du moins lorsqu'il n'est pas encore dépendant sur le plan psychopharmacologique.

La réaction est brutale, intense, avec sensation de relaxation et de détente, inhibition psychomotrice et repli sur soi. C'est le stade de cc planète» qui dure de 2 à 6 heures suivant la dose et le sujet.

La dépendance s'instaure rapidement, le toxico­mane cherchant à reproduire des effets qui vont s'es­tomper avec l'habitude. Il va réitérer l'expérience et augmenter les doses, dans une quête compulsive du flash.

La dépendance sera croisée entre tous les morphi­niques. L'appétence pour l'alcaloïde sera variable selon la fréquence, la dose et la régularité des admi­nistrations. Elle se développera parfois au niveau psy­chique à la suite d'une injection unique. On considère néanmoins qu'il faut entre 5 et10 administrations pour créer un besoin véritable. La dépendance physique va apparaître en 2 semaines environ, à raison de 15 mg administrés 4 fois/jour en sous-cutanée ...

Les analgésiques de synthèse :

L'utilisation de morphiniques de synthèse est rare en France. Résultant généralement du produit de «casses» d'officine et de vols dans les cabinets médi­caux, citons: Temgésic - Fortal - Palfium - Moscontin.

Faisons une mention spéciale à la codéïne, mor­phinique naturel utilisé pour ses propriétés antitus­sives et analgésiques, qui peut donner lieu à une « codéïnomanie » bien individualisée avec consom­mation exagérée de sirops ou de pastilles contenant l'alcaloïde (Neocodion).

Il - DROGUES FUMÉES

De nombreuses substances sont susceptibles d'agir après inhalation de leurs principes actifs vapori­sés. Celle-ci pourra se réaliser:

- à température ambiante: l'exemple classique est celui des solvants organiques dans la pratique du « sniffing » ;

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Présentation des différentes drogues~~~~~~~~~~~~~~~

- ou par combustion préalable de la drogue: c'est le cas du tabac, du cannabis, des feuilles de diverses plantes hallucinogènes, de l'opium, de plus en plus fréquemment de certaines formes de cocaïne, excep­tionnellement de l'héroïne.

L'opium : récolté par incision de la capsule de diverses espèces de pavots.

Une fois desséché, il est traité en vue d'en extraire les alcaloïdes (20 à 35 % de la masse sèche) dans un but thérapeutique (Inde seul fournisseur licite des laboratoires pharmaceutiques en morphine, codéine, papavérine).

Les deux millions d'usagers sont concentrés essentiellement en Extrême-Orient. En France, ressor­tissants laotiens et Thaïs de la couronne parisienne : consommation sur un mode traditionnel excluant femmes et adultes jeunes.

Rappelons l'existence de sujets abusant de l'élixir parégorique (« le parégo »): sujets jeunes y ayant recours lors d'un défaut d'approvisionnement en opia­cées purs.

Le cannabis: le chanvre indien, originaire d'Asie centrale, est l'une des plantes les plus anciennement connues et cultivées.

On estime à 200 millions le nombre d'utilisateurs sur la planète.

Le principe inébriant du chanvre indien est le tétra­hydrocannabinol ou T.H.C. La teneur en T.H.C. varie suivant le climat et le type de la plante.

Les préparations distinguent :

- feuilles, tiges et graines grossièrement pulvéri­sées qui constituent l'cc herbe» ou la cc marijuana» au sens strict, contenant 0,5 à 4 % du T.H.C. ;

- préparations solides : haschich ou shit, préparé à partir de la résine pressée en blocs. Vendus au détail en «barattes» enveloppées dans du papier d'alumi­nium, de coloration brune, verdâtre ou noire. Titre en T.H.C., 4 à 12 % ;

- préparations pulvérulentes, type pollen de can­nabis ou Kif (Maroc surtout) ;

- préparations liquides : huile de cannabis (Inde et Antilles surtout), forme la plus concentrée : 60 % en T.H.C.

Le plus souvent la drogue sera mélangée à du tabac blond après avoir été chauffée et pulvérisée .. Le «joint » ou « pétard » est alors confectionné avec 3 feuilles de papier à cigarettes et muni d'un petit embout artisanal en carton.

Mais utilisation aussi de pipe à eau ou pratique des« soufflettes».

Les modes de consommation sont en fait extrê­mement variés et laissés au «libre-arbitre» de l'ima­gination de l'usager.

La fraction de cannabis effectivement inhalée est voisine du tiers de la dose utilisée. Une prise unique de cannabis chez un néophyte ne sera éliminée qu'au bout d'une semaine au moins.

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Effets à long terme du cannabis : - effets neuropsychiques : perte de la mémoire,

augmentation du temps de réflexe, incoordination et indifférence psychomotrice aboutissant au syndrome « amotivationnel »;

- effet cardiovasculaire : tachycardie, hypoten­sion;

- effets respiratoires: fréquents épisodes asthma­tiques déclenchés par les allergènes retrouvés dans les préparations de cannabis.

Le cannabis : une drogue 1

Le cannabis est le produit illicite le plus consom­mé actuellement. S'il semble acquis qu'une consom­mation sporadique et a fortiori exceptionnelle de can­nabis demeure vraisemblablement sans risque majeur autre que celui de la consommation de tabac (1), une consommation intensive et surtout chronicisée peut incliner le sujet à se marginaliser (syndrome « amoti­vationnel »déjà décrit, avec diminution de la mémoire cognitive). Le risque d'escalade vers les drogues indui­sant une dépendance physique forte (opiacés) ne concerne dans la pratique que 5 à 8 % des sujets et se révèle donc moindre que pour les sniffeurs de sol­vants invétérés. Le véritable débat sur la consomma­tion du cannabis concerne donc son abus chez l'ado­lescent plus que son usage récréatif chez l'adulte.

Le cannabis fait l'objet d'une réglementation inter­nationale. L'emploi du chanvre en thérapeutique est prohibé en France depuis 1963. L'arrêté du 25 février 1974 porte inscription sur la liste des stupéfiants le T.H.C. en tant que produit chimique pur, et permet de définir plus précisément les préparations illicites. La législation française est actuellement, à ce titre, très ambiguë, et la sévérité des jugements fluctue considé­rablement suivant les régions et le milieu « culturel » du tribunal.

Ill - DROGUES DU cc SNIFF ,,

A. La cocaïne: extraite des feuilles du Cocaïer, la cocaï­ne est un alcaloïde utilisé en thérapeutique pour ses propriétés anesthésiques locales.

C'est surtout devenu l'une des drogues les plus populaires (5 à 10 millions d'américains en consom­ment). Mais utilisation par voie i.v. ou s.c. par un cer­tain nombre de consommateurs.

Elle se présente comme une poudre blanche, dési­gnée sous le terme de« neige», coupée avec du talc, aspirine, barbituriques. En règle générale, titre 5 à 15 % de produit actif.

La drogue est sniffée, c'est-à-dire inspirée au moyen d'une paille, après avoir été rassemblée en un petit tas longiligne appelé « rail » ou ligne. L'alcaloïde va passer dans le sang au niveau des fosses nasales (risque de vasoconstriction locale, voire de nécrose).

Autres présentations : - la pâte du coca (ou pasta) contient 15 à 25 %

d'alcaloïde actif. Consommée en mélange avec du tabac, prisée ou ingérée.

MÉDECINE DE L'HOMME N° 220

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- le crack: préparation très répandue en quelques années, entraînant de gros problèmes de délinquance. Il s'agit en fait de cocaïne très pure obtenue à partir de pâte de coca, se vaporisant à température élevée et qui sera fumée dans une pipe à eau. Dans ce cas l'al­caloïde va passer dans le sang au niveau des pou­mons, y déterminant des effets comparables à ceux d'une i.v. sans risque de contamination virale ou bac­térienne directe. On l'appelle « crack » en raison du bruit que font les cristaux sous l'effet de la chaleur.

- la rock cocaïne (cocaïne-caillou) est une présen­tation de cocaïne traditionnelle sous forme de petits granulés très durs, de couleur blanchâtre, devant être pulvérisés avant usage, au moyen d'un moulin à cocaïne.

Les préparations à base de cocaïne sont bon mar­ché, expliquant l'accroissement de sa consommation.

C'est un puissant psychostimulant.

Rappelons que l'héroïne peut être consommée également par voie orale.

B. Solvants volatils et sniffing

Les produits à la base du sniffing sont extrême­ment nombreux. Dans tous les cas il s'agit de sub­stances aisément accessibles, aisément dissimu­lables, très volatiles et induisant une action immédiate, intense et théoriquement réversible de façon rapide.

On distingue: - colles et adhésifs séchant après évaporation

d'un solvant organique qui en assure la fluidité;

- solvants purs: diluants de peinture; produits de démaquillage, ou détachants (tétrachlorure de carbo­ne);

- les gaz d'ignition : butane et propane ;

- les gaz propulseurs contenus dans les bombes aérosols sous forme liquéfiée (butane, propane, fréon);

- les carburants ; - un grand nombre de produits variés chimique-

ment susceptibles d'induire des manifestations ébrieuses : alcools, oxyde de carbone aspirés au sortir des échappements de moteurs de mobylettes ...

- l'étheromanie est une pratique anecdotique. Depuis 1984, l'éther est inscrit sur la liste Il.

Colles, solvants, gaz, sont souvent inspirés dans un sac hermétique avec expiration buccale à l'air libre.

Toxicité du sniffing pour l'appareil respiratoire: - atteinte des muqueuses labiales et nasales avec

érythème, épistaxis, ulcération buccopharyngée et toux.

- troubles pulmonaires aigus : hypoventilation, O.A.P.

C. Les sniffeurs

Il est difficile, de préciser le nombre des toxico­manes s'adonnant au sniffing, les manifestations demeurant en général très discrètes, fugaces, la ces­sion des produits étant souvent légale.

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On distingue 2 groupes d'utilisateurs de solvants :

- une population, la plus importante, utilisant les Rroduits en groupe, dans un simple but d'« expé­r!ence » ou de « rite initiatique » préalable à l'intégra­tion dans une bande d'adolescents. L'association à l'al­cool (spécialement la bière), est d'ailleurs fréquente dès le début de ces pratiques toxicomaniaques.

- des individus utilisant les solvants en solitaire, dans un but de « défonce ». Il s'agit volontiers d'adultes jeunes (20 ans) allant jusqu'à des pratiques extrêmes, telle l'administration i.v.

Au delà de cette classification, il semble important de relever qu'en pratique les adolescents s'adonnant à l'usage des solvants associent le plus fréquemment une consommation abusive d'alcool.

Le passage aux opiacées et au cannabis étant plus probable entre 17 et 20 ans.

IV - LES DROGUES INGÉRÉES

Il s'agit essentiellement des substances psycho­dysleptiques (hallucinogènes) et des molécules appa­rentées par certains effets de leur activité sur le psy­chisme.

1. L.S.D. 25 : ou acide lysergique (à l'origine de nombreux décès par conduite suicidaire) : liquide incolore et inodore. L'activité se manifestant à des doses extrêmement faibles (action psychédélique). Pas d'accoutumance mais dépendance parfois intense sur terrain psychotique préalable.

2. alcaloïdes hallucinogènes : dans nos régions, plantes solanacées : belladone, stramoine, mescaline ou peyotl (cactus d'amérique centrale).

3. phényléthylamines : dérivés chimiques proches des amphétamines classiques, la plupart de ces substances sont produites par synthèse.

Chef de file: M.D.A.: Méthylène-Dioxy-Amphéta­mine.

Bien connu sous le nom d' « ECSTAZY » ou pilule d'Amour: substance n'ayant aucune propriété aphro­disiaque, mais produisant une activité hallucinogène. Elle représente pour les utilisateurs un moyen d'at­teindre « l'extase de la communication ».

4. amphétamines :

Il s'agit de substances synthétiques connues pour s'opposer au sommeil et diminuer l'appétit. Produits du marché clandestin, ils se présentent sous forme de poudre blanche ou jaune associée souvent à la cocaï­ne et à des opiacées. Mais aussi I'« l.C.E. ».

L'l.C.E.:

C'est une forme qui connaît un certain développe­ment, se présentant sous forme de cristaux translu­cides (d'où son nom) ...

Son emploi entraîne des phases d'hyperactivité motrice et intellectuelle, avec idées délirantes.

La dépendance aux amphétamines va conduire le toxicomane à l'emploi de barbituriques pour« régula­riser » son cycle nycthémeral.

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Présentation des différentes drogues ______________ _

Citons:

• la phéncyclidine ou « poussière d'ange », mais ce trafic clandestin concerne très peu la France.

·le Khat : c'est un arbrisseau dont les feuilles sont mastiquées en Afrique de l'Est et au Yémen. Il s'agit d'une sorte d'amphétamine végétale, très peu utilisée en France.

LA PHARMACOMANIE

L'O.M.S. définit l'abus de médicaments comme « un usage excessif, persistant ou sporadique, incom­patible ou sans rapport avec un emploi médical accep­table».

L'abus de médicaments concerne essentiellement les psychotropes. Les neuroleptiques et antidépres­seurs relèvent surtout d'intoxications aiguës (tentative de suicide).

Le médicament au ra pu être pris initialement dans une perspective thérapeutique et la dépendance s'ins­taurera progressivement, insidieusement, à la faveur de troubles de la personnalité sous-jacents. Le type classique de cette consommation est celle d'hypno­tiques. Une auto-médication abusive sera à l'origine de la toxicomanie dans les autres cas. L'abus concer­nant volontiers les anxiolytiques benzodiazépiniques.

Il pourra s'agi r enfin du détournement d'un médi­cament dans un but délibérément tox icomaniaque avec recours à des doses, des associations ou des modes d'administration ne relevant absolument pas de la pratique médicale. Cela s'observera chez des

EN RÉSUMÉ :

Produits

HASCHISCH, HERBE,SHIT {Cannabis ou chanvre indien)

ECSTASY {Amphétamine)

L.S.D. (Extrait de l'ergot de seigle)

MÉDICAMENTS DIVERS {détournés de leur usage et/ou vendus clandestinement)

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se fume

s'avale

s'avale

s'avale

30 à 50 F le gramme

environ 100 F le comprimé

environ 100 F le timbre ou le buvard

prix variable

toxicomanes utilisant habituellement des substances illicites mais a lors en « manque >> ou souhaitant essayer de « décrocher » par le biais de cet intermé­diaire que représentera alo rs le médicament (produits à base d'opiacées notamment).

Rappelons rapidement les différentes « classes » de médicaments pouvant être utilisées :

• Neuroleptiques et antidépresseurs (excès ren-trant plutôt dans le cadre de tentatives de suicide);

• Hypnotiques, barbituriques : - par voie buccale, - en association avec alcool ou amphétamines, - injectés i.v. après délitement.

• Anxiolytiques : problème du sevrage de benzo­diazépines, d'où la prescription limitée dans le temps.

•Anorexigènes : les nouveaux anorexygènes (sérotoninergiques) ne donnent pas les effets secon­daires des amphétamines.

• Analgésiques périphériques : sauvant associés aux psychotropes.

• Laxatifs : abus de l'élixir parégorique.

Au total, ce «catalogue» se veut assez exhaustif mais ne s'est pas attardé sur les manifestations des drogues (phases d'excitation, d'exaltation sensorielle, extatique, de dépression quel que soit le mode d'~m­ploi, ni sur les manifestations de l'état de manque. A la fin de ce numéro, une bibliographie permettra à ceux d'entre vous qui le désirent de savoir où trouver des informations plus cib lées et précises. •

Euphorie, perception et imagination aiguisées, loquacité, détente

Stimulation cérébrale et sensorielle excitation halluci nations

Hallucinations, délires.

Diverses sensations

Possibilités de dépendance essentiellement psychologique. Torpeur, apathie, troubles de la mémoire, déconcentration, risques psychologiques pour les plus fragiles. Toxicité voisine du tabac.

Risque de confusion mentale, d'accidents physiques divers, d'accidents psychiatriques

Risques psychologiques, voire psychiatriques, accidents physiques divers

Risques variables selon la nature des produits et les mélanges

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COLLES ET SOLVANTS

COCAÏNE (issue du traitem ent de la feuille de coca)

HÉROÏNE (dérivé de la morphine, l'un des composants de l'opium)

CRACK (dérivé chimique de la cocaïne)

s'inhale prix du Détente, " défonce », Accidents card iaques et pulmonaires, commerce délire troubles psychiatriques graves,

dépendance

se sniffe 400 à 800 F Euphorie, excitation, Dépendance psychologique rapide le gramme sentiment de grande insomnies. Irritabilité, détérioration

clarté d'esprit des cloisons nasales, accidents cardiaques, risques psychiatriques, surdose

se « sniffe » 400 à 800 F Vif sentiment Risques liés au produit: dépendance ou s' injecte le g ramme de bien-être (flash), avec symptômes de manque

détente, « défonce » caractéristiques, dénutrition abcès, caries dentaires, septicémie, surdose ... Risques liés au partage de seringues non stériles : SIDA, hépatites B et C

se fume environ 100 F Euphorie Dépendance psychologique très ou s' inhale le " ca illou ., hyperexcitation, rapide. Violence, risques cérébraux,

sentiment de troubles psychiatriques. toute puissance

• CENTRES D'ACCUEIL

Plus de 250 centres accueillent en France - gratuitement - des jeunes pour des cures de désintoxication.

Renseignements et conseils auprés de: - Drogues lnfo-Service : 05.23.13. 13 (appel gratuit). - Inter-Services-Parents : (16.1) 44.93.44.93. - Fil Santé Jeunes: 05.23.52.36 (appel gratuit). - Centre Pey-Barland, à Bordeaux. Tél (16) 56.44.50.99.

- U.N.A.F.A.L.T.: (161) 45.42.43.74. -Centre Marmottan : (1 6 1) 45.74.87.10. - Centre Saint-Germain-Pierre-Nicole : ( 16.1) 44.89.33.33. -A.S.U.D.: (16 1) 53.26.26.53. - Centre national de documentation sur les toxicomanies (C. N.D.T.), à Lyon - Tél : (16)

72.72.93.07 - Minitel : 3615 C.N.D.T. (1,01 F/min). - 3615 TOXITEL (1 ,01 F/min).

Le prochain numéro de la revue « Médecine de l'Homme » de JANVIER/FÉVRIER 1996 - N° 221, aura pour thème:

« LES OUBLIÉS DE LA MÉDECINE EN FRANCE »

(Congrès de Reims des 14 et 15 octobre 1995)

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JEUNES ET USAGE DE DROGUES ILLICITES

par Marie CHOQUET (*) et Sylvie LEDOUX (**)

Ces quelques lignes sont tirées de l'ouvrage de ces deux auteurs " Adolescents. Enquête Natio­nale "·(Editions INSERM / Documentation Française, coll. Analyses et Prospective, 1993).

Le Comité de Rédaction de " Médecine de l'Homme " remercie Marie Choquet d'avoir autorisé la publication de ces données qui constituent le cadre actualisé et la base objective de toute discussion sur le sujet.

Une enquête nationale sur la « Santé des jeunes » a permis, pour la population scolaire entre 11 et 19 ans, d'apporter des éléments de réponse quant à l'importance de l'expérimentation des drogues et des comportements ou troubles qui y sont associés.

MÉTHODOLOGIE de l'ENQUÊTE

Un échantillon représentatif des jeunes scolarisés dans le cycle secondaire a été constitué par tirage au sort à trois niveaux : académie, établissements sco­laires, classes. Huit académies ont été retenues sur les vingt-six de la France Métropolitaine; au total : 186 établissements scolaires (cent collèges, 45 L.E.G.T. et 41 L.P.) et 578 classes.

L'ensemble des élèves des classes tirées au sort représentait un échantillon initial de 14 278 adoles­cents ; l'effectif final (refus, absences, questionnaires inexploitables ... ) était 12 391.

L'auto-questionnaire comportait 274 questions : caractéristiques socio-démographiques du sujet et de sa famille, scolarité, poids-corps-puberté, troubles fonctionnels et sommeil, allergies, accidents, consul­tations hospitalisations, usage de médicaments, com­portements alimentaires, environnement familial et relationnel, images de soi, dépressivité, tentatives de suicide, violences- délits, loisirs, interlocuteurs privilé­giés, informations reçues /souhaitées en matière d'éducation à la Santé. Parmi ces questions, 46 concernaient la consommation de produits licites et illicites.

L'auto-questionnaire était anonyme. La passation durait une heure environ et se faisait en classe, en pré­sence du Médecin, de l'infirmière ou de !'Assistante sociale de Santé Scolaire.

Les données ont été analysées avec le logiciel S.A.S., version 6.08 sur V.A.X. (Centre de calcul, S.C. 5, INSERM ; Villejuif).

(*)Directeur de Recherche. lnserm U169. Villejuif. (**) Chargée de Recherche.

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RÉSULTATS

1. Prévalence de la consommation de drogue

On a tenu compte des questions concernant la consommation durant la vie de sept classes de pro­duits : marijuana ou haschisch, produit à inhaler (sol­vants, colle), cocaïne, héroïne, hallucinogènes (L.S.D ... ), amphétamines ou stimulants, médicaments pour se droguer :

- pas d'essai de drogue: n'a pris aucun de ces produits,

- consommation occasionnelle: a consommé une des drogues entre une et neuf fois,

- consommation régulière : a consommé une des drogues au moins dix fois.

Parmi les 11-19 ans, 85,3 % n'ont jamais pris une drogue, 6, 1 % en ont expérimenté une ou deux fois, 3,2 % en ont pris entre trois et neuf fois, 5,4 % en ont pris au moins dix fois. Ainsi, comparée au tabac et à l'alcool, la drogue illicite est le produit le moins consommé (près de la moitié des jeunes ont expéri­menté une boisson alcoolisée et un sur quatre, le tabac).

Une étude par classe de produits montre que la consommation de haschisch ou de marijuana est net­tement supérieure à celle des autres produits.

La proportion de consommateurs réguliers (au moins dix fois durant la vie) représente donc près de 40% des consommateurs de haschisch ou de marijua­na, alors que cette proportion n'est que de 20 % parmi les usagers des autres produits.

Il n'y a pas de différences entre le niveau de consommation des urbains, des ruraux ou des jeunes de banlieue, ni des jeunes Français et ceux d'origine ou de nationalité étrangère. On observe, cependant, une différence non négligeable entre les sexes, les garçons étant plus consommateurs (18 %) que les filles (12 %) et ce, quel que soit le produit.

Un accroissement très important avec l'âge est observé, les plus jeunes (11-13 ans) étant nettement moins consommateurs (6 % des garçons et 3 % des filles) que les plus âgés (39 % des garçons et 22 % des filles de 18 ans et plus). On n'observe pas de diffé­rences entre les lycéens de l'enseignement général ou technique et ceux de lycée professionnel.

2. À propos de la consommation de tabac, d'alcool et de drogue : existe-t-il un modèle de polyconsom­mation 7

Une large majorité d'expérimentateurs de drogue sont consommateurs d'alcool (88 %) ou de tabac (67 %). Ils sont aussi des usagers réguliers de l'un ou de l'autre de ces produits.

Parmi les consommateurs de drogue, seulement 8 % n'utilisent que la drogue sans y associer un autre produit. Ces « mono-consommateurs » de drogue prennent surtout des produits à inhaler (52 % d'entre eux) ou du haschisch ou de la marijuana (44 %). Au total, cette mono-consommation ne concerne que 1 % de la population scolaire et est donc un phénomène rare.

3. Existe-t-il un lien entre les informations reçues et les conduites de consommation 7

Les consommateurs d'alcool, de tabac et/ou de drogue (quels que soient leur niveau de consomma­tion, leur sexe ou leur âge) ont plus souvent que les

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non consommateurs, parlé ou suivi une discussion (en classe et/ou ailleurs) sur ces produits. Ainsi, la consommation s'opère sur un fond d'information et non d'ignorance.

4. Les facteurs associés à la consommation de drogue

Parmi les variables socio-démographiques et sco­laires associées à la consommation de drogues, l'âge se révèle être particulièrement important. Ainsi, pour les 18 ans, comparés aux 11-13 ans, le risque de consommer occasionnellement une drogue est multi­plié par 4,5 (toutes les autres variables étant cons.tantes), celui de la consommer régulièrement par 6,8. A âge égal, d'autres variables jouent moins, citons le sexe (les garçons consomment plus), le type d'éta­blissement (les lycéens consomment plus), la catégo­rie socio-professionnelle du père (les enfants de cadres consomment plus), la situation matrimoniale des parents (les enfants de parents divorcés, séparés ou décédés consomment plus).

Parmi les variables concernant la vie relationnelle et le mode de vie, certaines jouent, à sexe et âge constants, un rôle non négligeable. Il en est ainsi des « sorties » (aller au café, en boîte, traîner dans la rue), plus fréquentes parmi les consommateurs que parmi les non-consommateurs.

L'insatisfaction (scolaire ou familiale) intervient et ceci, à âge, sexe et « sorties » constants.

Le sentiment de solitude ou le fait de ne pas avoir des activités organisées (sportives, culturelles ou autres) sont sans influence.

Si on tient compte de ces résultats, on peut carac­tériser deux groupes opposés: Un groupe « à haut risque » devant la prise de drogue, les jeunes qui « sortent » et expriment leur insatisfaction au sujet de l'école ou de la famille. Parmi eux, 40 % déclarent avoir consommé une drogue et 19 % de façon plus régulière. Un groupe à « fai~le ris<;lue », les jeun~s qui « ne sortent pas » et qui expriment leur satis­faction scolaire et familiale. Parmi eux, 5 % décla­rent consommer une drogue et 1 % de façon plus régulière.

5. La demande d'aide des consommateurs de drogue

Le nombre moyen de consultations auprès de médicaux et paramédicaux en pratique libérale est d'autant plus élevé que les jeunes consomment. Ainsi, il est de 5,9 par an parmi ceux qui n'ont pas expéri­menté la drogue, de 7,4 par an pour ceux qui ont essayé plusieurs fois un produit illicite et de 7,9 par an chez les jeunes qui ont renouvelé leur prise de drogue plus de dix fois.

La consultation dans le cadre scolaire (médecin, infirmière, assistante sociale) est, elle aussi, affectée par les difficultés rencontrées par les adolescents. Ainsi, la moyenne de ces consultations est de 1,3 par an parmi ceux qui n'ont pas expérimenté la drogue, de 1,9 par an pour ceux qui ont essayé plusieurs fois un produit illicite et de 2,4 par an chez les jeunes qui ont renouvelé leur prise de drogue plus de dix fois. Il s'agit alors surtout de l'intervention de l'infirmière et de l'as­sistante sociale. On a montré que les parents sont les interlocuteurs privilégiés des adolescents. Mais les échanges avec les parents sont plus limités pour ceux qui font usage de drogue (57 % contre 66 % de ceux qui n'ont jamais expérimenté un produit illicite parlent avec leurs parents de questions de santé). Parallèle-

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Jeunes et usage de drogues illicites~~~~~~~~~~~~~~~

ment, à cette mise à distance de la famille, ce sont les pairs qui le plus souvent deviennent des interlocuteurs des jeunes.

CONCLUSION

1. La consommation de produits illicites se situe, comparée à la consommation de tabac, d'alcool ou de médicaments contre nervosité/insomnie, en dernier. Toutefois, il convient de différencier le haschisch (un jeune sur huit en a déjà pris), produit relativement accessible (les points de vente sont souvent connus) et considéré comme peu nocif par certains, des drogues dites « dures » (un jeune sur cent en a consommé), inaccessibles hors des circuits de vente très spéci­fiques et jugées plus dangereuses. 40 % des consom­mateurs de haschisch ont renouvelé leur essai au moins dix fois, alors que seulement 20 % des expéri­mentateurs de drogues« dures» sont dans ce cas.

2. L'expérimentation de la drogue augmente sensi­blement avec l'âge et est plus fréquente parmi les garçons.

3. Si la consommation d'alcool et de tabac a dimi­nué en vingt ans, la consommation de drogue a, elle, augmenté. Près d'un lycéen sur dix avait, en 1978, expérimenté une drogue illicite, quinze ans après, ils sont près 25 %. En 1978, l'initiation au produit se situait entre la seconde et la terminale. Actuellement, la proportion de consommateurs atteint 22 % dès l'âge de 16 ans. La consommation a non seulement aug­menté, mais s'est déplacée vers des âges plus jeunes .

4. La prise régulière de tabac ou d'alcool multiplie par neuf le risque d'une expérimentation de drogue. 11 ne s'agit, toutefois, nullement d'un passage obligatoi­re et 30 % des consommateurs réguliers d'alcool et de tabac n'ont pas expérimenté une drogue illicite. Par ailleurs, la consommation de drogue illicite, en pre­mière intention, est exceptionnelle.

5. À part âge et sexe, les facteurs sociaux habituel­lement pris en compte dans les enquêtes épidémiolo­giques (comme la nationalité et l'origine ethniq~e, l'activité professionnelle des parents et leur profession la situation matrimoniale et l'habitat), jouent un rôle relativement peu important au regard des autres variables. Toutefois, on confirme la surconsommation des enfants de cadres, des élèves fréquentant le lycée et des jeunes dont les parents sont séparés (par divor­ce ou décès). Les jeunes qui vont au café, en boîte ou qui traînent dans la rue sont nettement plus exposés et ont quatre fois plus de risques de consommer une drogue que les autres. Cette surexposition spécifique existe quelle que soit la situation scolaire ou familiale par ailleurs.

6. Le niveau de consultation (médicale, paramédi­cale ou sociale) élevé des consommateurs pose la question de l'écoute et la prise en charge. En effet, les jeunes ne consultent probablement pas pour des pro­blèmes de drogues (ils ne sont d'ailleurs pas des toxi­comanes) mais pour des petits troubles liés à leur malaise plus général. Il convient donc d'être attentifs à cette symptomatologie banale et d'aider les jeunes à exprimer leurs difficultés quotidiennes, voire à les orienter vers des professionnels spécialisés en cas de troubles graves. •

COMMUNIQUÉS

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LES FONTAINES CENTRE CULTUREL

DU SAMEDI 25 NOVEMBRE 1995(15h) -AU DIMANCHE 26 NOVEMBRE (17h) LA MALTRAITANCE DES ENFANTS

Cette souffrance familiale et sociale obéit-elle à une fatalité? Peut-on comprendre les parents maltrai­tants ? Comment réduire les récidives de la maltraitance ? Conférences, films, débats, témoignages, aspects juridiques, regards sur certaines actions menées à l'étranger, etc ... Boris CYRULNIK, psychiatre et psychana­lyste, ethnologue Angelo GIANFRANCESCO et Patricia REBUFA, témoins Claude LEROY, Médecin, Président de la ligue Française d'Hygiène Mentale Marie-Rose MORO, Pédopsychiatre, eth­nopsychiatre Jeanine NAPOLITANO, Psychologue Norbert SILLAMY, Psychanalyste, Président de I'« Association Enfants-pro-

blèmes - Parents en difficultés,,, en col­laboration avec le Centre " Plein Sud " (Var)

• DU SAMEDI 20 JANVIER 1996 (15h) AU DIMANCHE 21 JANVIER (17h)

VAINCRE LA DÉPRESSION

Maladie mentale ou trouble psycho­logique lié à certains événements de la vie et à la personnalité du sujet ? L'importance du phénomène dépressif est évidente. Mieux le connaître pour en sortir ... Marie-Françoise BRESSOLLETTE, Sophrolo­gue dans un Centre de Santé, Aubervilliers P' Frédéric ROUILLON, Service de psychia­trie à /'Hôpital Louis Maurier,· Colombes D' Yves PRIGENT, Neuropsychiatre à Quimper, Chargé d'enseignement à la faculté de Médecine de Brest Jean-Paul MENSIOR, s.j, Psychiatre, psy­chanalyste. Pour tous renseignements : LES FON­TAINES B.P. 219 60631 Chantilly Cedex­Tél. 44 57 24 60 •

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QUE FAIRE? ET COMMENT?

par le Dr Françoise LECLERCQ (*)

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" Votre enfant n'est pas le vôtre, il est celui de son temps»

Confucius

Sommes-nous, adultes, les mieux placés pour par­ler de la dro~ue chez les adolescents ? Nous les connaissons s1 peu, ils la connaissent si bien !

Spectateurs atterrés par l'ampleur des dégâts, nous voudrions cc agir» à tout prix ... au risque d'ou­blier que la toxicomanie n'est qu'un symptôme entr'autres, que le fruit d'une souffrance qui s'est pro­gressivement installée tant sur le plan individuel que collectif ... , au risque d'en oublier la cause et d'en oublier le rôle ... , au risque d'oublier ce qu'elle masque de manques, ce qu'elle tente de compenser de désordres personnels ou de société ... , au risque d'ou­blier l'enfant.

En fin d'année scolaire, monsieur le Ministre de !'Education Nationale qui demande à monsieur le Recteur qui demande à monsieur l'inspecteur d'Académie qui demande à madame le Proviseur qui demande à M.T., infirmière au lycée : cc qu'avez-vous fait cette année contre la toxicomanie ? » ... et M.T. penaude et coupable répond : cc Mais, madame, je n'ai rien fait de particulier ... » ... alors que de Septembre à Juillet, de 8 heures à 18 heures, M.T. ne fait que lutter contre la toxicomanie, parce que M.T. est là, à accueillir les jeunes qui se présentent, à aller au devant d'autres, à laisser s'exprimer, à écouter, à ten­ter de mettre de vrais mots sur de faux maux, à aider à rétablir les liens entre les jeunes et les adultes qui les entourent (famille, enseignants ... ), à être le patient relai vers d'autres soutiens si nécessaire, ou tout sim­plement à permettre de se reposer, de discuter, de rire, de faire des projets ...

En effet, médecins, infirmières, assistantes sociales dans les établissements scolaires, nous sommes fréquemment sollicités par les équipes édu­catives, par les parents, par les associations de quar­tier pour intervenir soit auprès d'un enfant particuliè­rement en difficulté, soit auprès de groupes d'adultes pour tenter de réfléchir ensemble, de discerner ce qui est inquiétant de ce qui ne l'est pas, de mettre en place des actions de prévention.

Or, avant de répondre à ces demandes, plusieurs réflexions s'imposent. Il y a longtemps que nous savons que les discours théoriques et collectifs sur la drogue et ses dangers, sur les douces et les dures, sur les cc qui se fument» et les cc qui se piquent», sur les légales (alcool, tabac, médicaments ... ) et les illicites sont sinon dangereux tout du moins inutiles.

(*) Médecin scolaire.

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Que faire? Et comment? _________________ _

Auprès des jeunes, cela est une évidence tant il est vrai qu'il faudrait croire encore pouvoir s'adresser à la fois à l'adolescent qui partage son joint le samedi soir, entre deux verres d'alcool, noyé dans un nuage de fumée, avec ou sans musique, voulant refaire le monde ou luttant contre un mortel ennui..., à la fois à cet autre, fragile, connu depuis la maternelle, en grande carence affective, en échec scolaire, glissant sans choix possible vers la dépression ou la fugue, vers la violence ou autre galère ... , à cet autre encore qui sur son scooter flam­bant neuf bricole son petit « business » avec les grands frères sous le regard complice de la famille, participant bien connu de l'économie souterraine de la cité ... , à cette autre enfin, qui sagement prendra des notes en vue d'éventuelle « interro écrite» et que seul on aura convaincu que la drogue est un réel danger.

Car, comme le dit le P' J. Bergeret: « Je ne pense pas que l'usage simple d'une drogue soit a priori inoffensif mais les problèmes posés par les usagers d'une part et par les toxicomanes d'autre part ne sont pas du tout du même ordre ni du point de vue préventif, ni du point de vue curatif, ni du point de vue physique, ni du point de vue affectif, ni du point de vue social... ; à tout mêler, on risque non seulement de perdre tout crédit auprès des jeunes mais on risque aussi de diluer les vrais pro­blèmes graves et urgents au sein d'un ensemble flou et mouvant très complexe où il devient difficile de cerner certaines réalités précises de première importance » et comme le dit le D' F. Curtet: «De même que la peine capitale n'est dissuasive que pour les honnêtes gens, la diffusion des dégâts causés par la droque ne convainc que ceux qui ne vont pas suffisamment mal pour risquer la mort, la folie, la prison ou le SIDA ».

Auprès des adultes, de même, l'information repo­se souvent sur un besoin de déculpabilisation tant pour l'informateur que pour l'auditeur ... « opérations non gratuites car le volume du discours sur la drogue participe à l'inflation de l'ensemble du phénomène drogue» (D' J. Bergeret) ... elle tend à alimenter un cli­mat opportun d'inquiétude, à focaliser même une cer­taine aggressivité à l'encontre des «jeunes » tout comme s'ils étaient les principaux coupables de notre désordre et obligés de devenir les « otages à éduquer» pour soulager notre bonne conscience.

Alors que faire ? Face à une société de performance et d'apparence

qui sécrète tant de mal-vie, Face à des petits qui grandissent sans père et sans

repères dans des cités béton où se côtoient le chôma­ge, la solitude, la désespérance et l'ennui,

Face à l'enfant qui n'a plus à longueur de «télé­journée » l'activité de l'imaginaire et dont le vide a remplacé le rêve,

Face à l'adolescent qui ne sait plus que la vie est faite de hauts et de bas, d'efforts et de conflits, à qui on a fait croire qu'il était possible d'avoir tout et tout de suite,

Face à ce jeune, anxieux, dans un monde trop complexe pour lui, qui ne trouve plus dans son désar­roi intérieur quel sens donner à sa destinée et com­ment investir ses potentialités ...

Que faire ? On se sent bien petits ! Tout d'abord, peut-être, ne pas oublier que la plu­

part de nos enfants vont plutôt bien, qu'ils souhaite­raient rencontrer des adultes un peu moins moroses, un peu plus riches de vie affective, investie, et auxquels

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ils pourraient s'identifier ... Adultes, qui, s'ils savent poser sans crainte des interdits, savent aussi ne pas dia­boliser leur état de jeunesse avec ses transgressions nécessaires ... savent donner l'espace à leurs désirs, le temps à leur parole, entendre leurs réelles inquiétudes, encourager leurs ambitions, leur faire confiance.

... et nul n'est besoin pour cela d'être spécialiste en toxicomanie. La prise en charge est plus dans la qualité de la relation que dans le message ou le savoir-faire.

Dans un monde qui se disperse, l'école reste un lieu sécurisant avec des structures et des lois et vrai­semblablement peut apparaître comme le lieu privilé­gié de la prévention ... mais une prévention qui bras­serait large, qui se préoccuperait des causes et non pas des effets, qui réduirait tout autant la toxicomanie que les autres modes d'expression du désespoir, qui tenterait d'améliorer les conditions pour un réel épa­nouissement.

Dans la ville de banlieue où nous travaillons, l'in­tervention de l'équipe médico-sociale varie selon la demande, l'âge des enfants, les événements du quar­tier .... et le temps toujours trop court dont nous dispo­sons (les secteurs sont environ de 6 000 enfants par médecin scolaire) ; elle privilégie toujours l'aide indivi­duelle, tant au niveau des petits « repérés » hélas dès les premières années pour n'avoir pas l'environne­ment nécessaire à un bon développement, qu'au niveau des adolescents qui nous sont adressés ou qui viennent spontanément pour des motifs divers et qui savent trouver un lieu où ils peuvent se livrer sans crainte car rien de ce qui est dit ne sera divulgué sans leur accord. Nous sommes aussi très vigilants auprès de ceux qui commencent par s'absenter et finissent parfois par se déscolariser. Nous rencontrons fré­quemment des parents ou enseignants qui s'inquiè­tent. Nous travaillons en collaboration avec les ser­vices sociaux, le Centre Médico-Psychologique, les associations de quartier, les éducateurs etc ...

De façon plus collective, nous intervenons sur des thèmes divers dans les classes primaires et secon­daires; nous participons à la mise en place de projets­santé, aux comités d'environnement social, aux actions menées dans les Z.E.P. (zones d'éducation prioritaire) etc ... etc ...

... Mais, sans oublier que cette société où évoluent nos enfants est celle que nous avons créée, société où l'apparence ne peut plus masquer le vide. Nous vou­drions arrêter l'avalanche des dégâts causés en multi­pliant les bons conseils, colmater les brèches par des leçons sur la drogue, le SIDA, l'alcool, la violence ... et bien d'autres.

... Que d'agitation dérisoire si on ne comprend pas que peu importe le sujet abordé, c'est de la relation à l'autre qu'il s'agit ... sortir de cette société de I'« ego» pour peut-être se retrouver dans l'espace qu'on don­nera à sa relation avec l'autre.

Gérard Miller écrit: « ... le lien social ne va pas de soi. Le lien social est toujours prêt à se défaire, travaillé au corps par la pulsion de mort et rien n'assure jamais qu'elle n'aura pas le dernier mot. Eh bien, l'enjeu qu'on peut vouloir ( ... et d'un vouloir éthique) est le suivant : que le symbolique, chaque fois qu'il est nécessaire puisse donner le change à la pulsion de mort».

Nos enfants sont bien les nôtres. Qu'avons-nous fait de tout ce temps ? •

MÉDECINE DE L'HOMME N° 220

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L'ÉCOLE ET LA LUTTE CONTRE LA DROGUE

par le or Claire MAITROT (*)

Tous les spécialistes s'accordent aujourd'hui à considérer la toxicomanie comme la résultante d'un trio, où certes, le produit a son importance, mais où il convient également de s'attacher à l'individu et son contexte. Surtout lorsqu'il s'agit d'adolescents, fragili­sés par les bouleversements de la puberté, tiraillés entre peurs et désirs nouveaux, capables de tous les extrêmes. Par ailleurs force est de constater l'accéléra­tion de l'évolution du phénomène toxicomaniaque d'année en année. Et le sociologue Christian BACH­MANN, souligne les nouvelles relations aux produits chez les jeunes générations, «à mi-chemin entre l'al­coolisme populaire (recherche d'un effet dit d'aboutis­sement) et consommations ghetto (petit commerce et délinquance) ».

Ces considérations ont ainsi amené l'école des années 90 à ne plus focaliser son action éducative sur le « produit drogue» mais à se situer en tant qu'acteur de santé publique et de santé communautaire, dans une politique de prévention globale visant les toxicomanies comme l'ensemble des autres conduites à risque.

Politique dont les objectifs visent à développer les capacités individuelles des élèves, permettant des alternatives à ces conduites à risque et renforçant leur estime de soi.

En corollaire à cette évolution, l'affirmation des principes qui guident désormais la prévention en milieu scolaire :

- La prévention ne peut se contenter du seul modèle informatif. Certes la connaissance demeurant un préalable indispensable à la prise de conscience d'information des jeunes reste, bien évidemment, complètement indispensable (mais insuffisante ... ) Encore doit-elle être adaptée à leur demande, partant de l'état de leurs connaissances, les complétant, les recadrant si nécessaire. Et évitant de faire de la Drogue « un objet de fascination».

- La prévention ne saurait se contenter d'une stra­tégie de type cours magistral ponctuel et plaqué dans un «programme scolaire» à laquelle le jeune assiste­rait passivement sans mobiliser ses capacités à s'ex­primer, à s'affirmer, se positionner et finalement, s'aguerrir à la résistance aux pressions.

- La prévention s'inscrit dans une démarche édu­cative globale, à laquelle participent tous les membres de l'équipe éducative, responsabilisés au sein du pro­jet d'établissement, autour de ses objectifs que chacun se réapproprie selon sa fonction. Et pour lesquels l'établissement recherche l'aide de compétences exté­rieures chaque fois que c'est nécessaire.

(*)Conseiller Technique du Rectorat de l'Académie de Rennes (35000).

MÉDECINE DE L'HOMME N° 220

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- La prévention ne peut se concevoir dans l'isole­ment de l'établissement scolaire Elle s'appuie sur la concertation que permet le comité d'environnement social, garantissant ainsi la cohérence des messages de tous les acteurs du monde de l'enfance et de l'ado-lescence. ·

Mais de l'affirmation de principes, à la réalité du terrain, quel pas y a-t-il ? Le lycée « Laënnec Robidou »,à Rennes en témoigne:

Réfléchir, ils le font régulièrement avec les associations de prévention, les services de la police, de la justice et autres acteurs sociaux du quartier présents aux côtés de leurs professeurs pour débattre des questions soulevées par les conduites addictives, la violence et autres phénomènes de société.

Pour l'équipe de direction : «À l'écoute des élèves, mais aussi des adultes de la communauté, notre rôle est de répondre aux besoins que nous per­cevons ou qui s'expriment et de tout mettre en œuvre pour qu'ils soient satisfaits ». Pour y parvenir, le club santé qui regroupait une douzaine de permanents (élèves, enseignants, personnels d'éducation, infir­mière, médecin, assistante sociale, membres de l'ad­ministration) s'est adjoint l'aide de tout un réseau de partenaires lui permettant de bénéficier de leurs expé­riences et de leurs conseils ... Pas de campagne éti­quetée« lutte contre la toxicomanie» dans l'établisse­ment. Si l'information, le rappel de la loi ne sont pas occultés, on veut amener les élèves à réfléchir par eux­mêmes et à s'exprimer.

Agir, ils s'y exercent au travers de diverses forma­tions susceptibles de « faciliter leur insertion sociale et professionnelle future», telles la pratique du secouris­me, la maîtrise des gestes et postures de sécurité, ou encore les heures d'aide au travail personnel dont ils bénéficient avec le concours de membres de l'associa­tion de quartier.

Et l'établissement de mettre l'accent sur le soin à apporter à la formation permanente des adultes enca­drant les élèves pour « qu'ils se sentent moins dému­nis face aux problèmes que leur posent parfois les adolescents » ...

S'exprimer, ils auront pu le faire avec Nils Tavernier et Philippe Poupon invités à venir leur faire partager leur soif de vie au travers d'itinéraires parfois difficiles.

Tant il est vrai que nous projetons souvent sur les jeunes nos propres déceptions, nos espoirs, nos angoisses. ['lous avons pourtant tous été adolescents, et élèves ! A notre tour d'accompagner ceux qui nous succèdent dans ce passage vers le monde adulte, munis des atouts nécessaires pour en éviter les impasses. •

VIE DES MOUVEMENTS MÉDICO-SOCIAUX CHRÉTIENS

OMBRES et LUMIÈRE - N° 110 - Juin 1995

Le numéro de cette revue chrétienne des personnes handicapées, de leurs famille et amis est intitulé: les sacrements pour moi ? Pour moi !'handicapé. Ce numéro doit intéresser tous les méde­cins qui suivent et traitent des enfants handicapés, car il est répondu aux ques­tions posées par cc Sacrements et handi­caps ». Le père Henri Bissonnier répond tout d'abord à la question dans son ensemble, puis d'autres articles traitent des problèmes spécifiques concernant le baptême, l'eucharistie, le sacrement de réconciliation chez les handicapés. Un autre article concerne l'adaptation de la catéchèse. Mais quelle est la place des personnes handicapées dans une parois­se ? Le résultat d'une enquête nous donne des précisions sur ce point.

• RECHERCHES - Handicaps et vie chré­tienne - juillet-août-septembre 1995 -n°83

Le titre de ce numéro est: l'intégration, une tâche à poursuivre. Car, ainsi que l'explique Hubert Robert, cette question est la plus ancienne de /'humanité, et concerne toute la société. Au cours de l'histoire, la société a tou­jours élevé des murailles matérielles ou légales, renforcé les liens identitaires, aussi est-il important de faire un plai­doyer pour l'intégration sociale. C'est le contenu de ce numéro.

MÉDECINE DE L'HOMME N° 220

par le or Pierre CHARBONNEAU

Nous sont donnés tout d'abord des témoignages d'intégrations réussies malgré le dur chemin de l'autonomie. Le numéro se termine, après deux articles - l'un sur " Babel ou l'interdit de la confusion ! " ; l'autre intitulé " le fruit d'une rencontre ,,, par un exposé sur " /'accompagnement spirituel des jeunes en prison " dont l'un des buts est de les aider à s'intégrer.

• A.H. Aumônerie des Hôpitaux, cliniques, maisons de retraite et de cure - N° 247 -Juillet 1995

Les membres d'équipes d'aumônerie en établissements hospitaliers sont très souvent face à des situations traumati­santes. Il leur appartient d'appréhender les effets déstabilisants produits sur les hommes et les femmes soumis à ces événements fortement perturbateurs, ainsi que les formes d'aide à mettre en Œuvre pour éviter l'amplifiction des amertumes ou des désespoirs. Sont évoqués dans ce numéro un certain nombre de cas de situations traumati­santes dues à des causes diverses : perte d'un enfant en cours de grossesse ; la perte d'intégrité, les conditions de deuil, les personnes blessées par un avorte­ment, sans oublier les crises, les aides dues aux suicidants. Tous les exemples donnés sont très intéressants, et ce sont ceux rencontrés par les médecins en exercice.

Le numéro consacré à l'écoute et l'ac­compagnement sera suivi d'un autre dans lequel sera poursuivie cette pros­pection en vue d'établir un lien entre ce qui relève de la connaissance des altéra­tions subies par les personnes traumati­sées, et ce qui constitue l'apport spéci­fique de la présence de l'aumônerie.

• TRAJETS - N° 4 - été 1995

" Trajets " est l'intitulé d'un document publié par les catholiques de l'enseigne­ment public. Aujourd'hui, il est consacré aux rapports entre les générations qui a toujours donné lieu à débat. Le problè­me est d'une grande actualité, au point d'ailleurs que le gouvernement s'en inquiète puisque nous avons depuis quelques temps un ministre de la solida­rité entre les générations. Ce document comprend d'abord un limi­naire dans lequel sont résumés les états des lieu)f concernant la famille, les écoles, l'E<glise, la cité. Il n'est pas pas­sible de résumer le contenu de chacun de ces documents, mais tous nous apportent des vues très intéressantes provenant de professeurs, d'assistants sociaux, d'élus, de prêtres, sur les pro­blèmes que posent, étant donnée l'évo­lution de notre monde, les rapports entre les générations. On ne peut que recom­mander la lecture de ce numéro très inté­ressant sur un sujet d'une grande actua­lité.

Le prochain numéro de " Trajets " est annoncé: - réfléchir : la crise des repères - croire : rumeurs dans l'Église.

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POUR UN BIEN·ÊTRE ,

INSTANTANE

par le D' Jacques FORTIN (*)

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«Comparée aux autres sociétés américaine, bri­tannique ou néerlandaise, la société française est par­ticulièrement intolérante à l'égard de la drogue et, à l'inverse, très tolérante à l'égard de l'alcool et des médicaments psychotropes. » (1).

En France, le débat sur les drogues se cantonne dans le cadre étroit fixé par le législateur c'est-à-dire n'envisage que les drogues illicites, laissant de côté les données pharmacologiques (les produits à action psychotrope), les données cliniques (les produits engendrant une dépendance), les données de santé publique (les consommations dommageables pour l'individu d'une part et pour les autres d'autre part).

Ainsi la discussion reste limitée à un échange entre le médecin (le drogué est un malade qu'il faut soigner) et le juge (le drogué est un délinquant qu'il faut punir) ; chacun tentant << d'arracher» le drogué à l'autre ou s'associant dans l'injonction thérapeutique, avec pour seule finalité et critère de réussite l'absti­nence au produit, ignorant par là même le contexte de consommation, tant pour l'individu concerné que pour une société qui a déjà phagocyté la pharmacopée dans une recherche de la réussite personnelle à tout prix.

Ce débat sur ce qu'on appelle la « drogue» inté­resse pourtant chacun des membres de notre société, et notamment, à côté du médecin prescripteur de cer­taines « drogues», tout éducateur qui a pour mission de guider les jeunes dans leur socialisation, dans leur réflexion par rapport à leur environnement, par rap­port à la masse d'informations qui leur parviennent par la famille et surtout par les camarades et les médias. Aussi est-il intéressant de se pencher sur les représentations qu'ont les adultes et les jeunes de la drogue.

Les enquêtes menées en milieu scolaire montrent des stéréotypes qui, du côté adultes, diabolisent la drogue au travers de la seule image de l'héroïnomane abondamment répandue par les médias ; mort et déchéance sont les mots qui y sont associés.

Tabagisme, alcoolisation, consommation de psy­chotropes sont retirés du débat général ; on parlera de consommation responsable, de consommation contrôlée; tout essai d'en limiter et pénaliser les abus se heurte à des levées de boucliers très officielles.

Du côté des jeunes adolescents, la question est abordée bien différemment. Il y a les produits pour s'éclater, faire la fête entre copains : c'est l'alcool, le hasch, l'ecstazy. Il y a les produits pour être plus per­formant, depuis les vitamines données par les parents

(*)Conseiller Technique du Rectorat de l'Académie de Lille (59000). (1) A. Ehrenberg, L'homme Incertain, Calmann-Lévy, 1995.

MÉDECINE DE L'HOMME N° 220

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dès l'enfance jusqu'aux amphétamines qu'on distri­bue dans les clubs de musculation et autres lieux de dopage, sans oublier la coke qui donne tonus et brillance, mais bien moins utilisée en France que dans les séries B américaines; il y a les produits pour aller mieux, de l'aspirine réclamée à l'infirmière du lycée au fix entre paumés, pour tout oublier ; il y a la cigarette pour gérer le stress, les produits contre la déprime, pour stimuler, pour calmer, pour dormir ... Bref, depuis la petite enfance (le Théralène, « le sirop qui rend sage» comme me disait une mère il y a vingt ans déjà!), l'enfant consomme et apprend qu'il y a toujours le produit adapté à la situation, qui va l'aider à mieux vivre l'instant.

La drogue, c'est le produit dont les autres ne peu­vent se passer, du tabac au Témesta, de l'héroïne au Prozac. Les jeunes ne classent pas les produits entre substances licites et illicites mais les associent aux caractéristiques des consonmmateurs et au contexte de consommation. Ainsi le sniffage de colle des gamins« c'est nul, ça peut être dangereux, on peut en mourir» disent certains qui connaissent ou ont enten­du parler d'enfants morts« la tête dans le sac en plas­tique »; la drogue injectée est identifiée à un milieu bien particulier, alors que le hasch est des plus bana­lisé.

« Moi, je vis au jour le jour ; aujourd'hui je prends ça, d'accord, mais demain j'arrête, c'est sûr ». Personne ne décide de devenir« accro »;aucun jeune ne s'imagine le devenir, ne peut s'identifier à l'héroï­nomane dont on lui fait un tableau apocalyptique avec lequel il est d'ailleurs parfaitement d'accord, car lui « fume des joints, descend des canettes de bières et n'a rien à voir avec ces drogués» ... « Mon joint c'est ton verre de vin» est une phrase facilement renvoyée aux parents inquiets ou réprobateurs Chaque généra­tion a ses drogues« usuelles» et prétend en contrôler l'usage. Il n'y a pas un profil type de jeune usager de drogue mais une variété de circonstances et contextes qui font que cette consommation sera unique, ponc­tuelle, limitée à un produit ou rejetée, multiple ... Par contre la consommation régulière d'un produit s'ins­crit dans un contexte de difficultés variées : relations familiales, problèmes scolaires, troubles du comporte­ment chez les garçons et problèmes de santé chez les filles (2).

Ces perceptions différentes expliquent la difficulté d'un dialogue entre générations faute de références explicites et le peu d'impact des campagnes et pro­grammes de prévention des toxicomanies auprès des jeunes.

La curiosité, «voir ce que ça fait» (qu'on retrouve d'ailleurs à tout âge), est une première raison de goû­ter à une substance. Cette consommation s'effectue en groupe et prend une valeur initiatique : s'intégrer au groupe de ceux «qui ont déjà essayé». Expérience souvent unique (sniffage de colle par exemple), elle peut se renouveler chez ceux qui vont faire de la consommation (de hasch en général) un rite de ras­semblement ou un rituel de fin de soirée. Consommation à visée protestataire, entrant dans un ensemble d'attitudes, rites vestimentaires, musique, comportements par rapport à toutes formes d'autorité ou consommation hédoniste comme la définit Ehrenberg à seule fin de plaisir immédiat. On perçoit bien que dans ce contexte, le risque est moins dans la consommation que dans la dépendance au groupe

(2) M. Choquet, S. Ledoux << Adolescents : Enquête nationale » Édi­tions INSERM, La Documentation française, 1994.

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pour des jeunes en difficultés identificatoires. La conformité aux attitudes et comportements des autres peut conduire à des consommations plus domma­geables car le risque lié à la prise du produit apparaît inférieur à la souffrance qu'entraînerait la séparation du groupe.

Également en groupe se font toutes les consom­mations qui visent à faciliter la communication avec l'autre, à lever les _inhibitions, à jouir au maximum de l'instant présent. A côté de l'alcool et du hasch, des produits comme l'ecstazy sont de plus en plus consommés dans les soirées de jeunes. Il s'agit de trouver la détermination, la force, l'audace d'aborder l'autre, l'autre en tant que partenaire affectif et sexuel ; il s'agit aussi de repousser au maximum les limites de son corps, de sa fatigue. Consommation étroitement liée au degré de confiance en soi qu'on a pu acquérir.

Parallèlement, des jeunes répéteront seuls l'expé­rience soit à la recherche de nouvelles sensations dans la lignée des «artistes» du x1x0 siècle, soit dans une recherche d'amélioration des performances: c'est tout autant le dopage de sportifs que l'usage de la cocaïne de «cols blancs » américains et plus banalement le jonglage de certains étudiants entre stimulants d'une part et somnifères de l'autre. Ainsi la drogue est un moyen de connaître, d'explorer et de reculer (?) ses limites physiques et psychiques. Enfin, l'expérience de substances va apparaître à certains jeunes dépressifs comme la meilleure solution à l'oubli de leurs difficul­tés de tous ordres, à leur incapacité à se situer dans la vie. On est là dans la démarche toxicomaniaque clas­sique qui va connaître la phase d'accoutumance à un produit, !'augmentation des doses, la recherche de produits nouveaux, de cocktails plus« efficaces» et la dépendance aux produits. Cette démarche identitaire témoigne de la faillite d'un environnement éducatif qui n'a su ou pu permettre à un enfant de devenir adulte.

Il ne faudrait pas oublier dans ce contexte d'hyper­médiatisation des consommations de drogues illicites que, chez les jeunes de moins de 20 ans, 65 % n'en ont jamais pris et que les consommateurs d'héroïne repré­sente nt moins de 1 % Retenons également que contrairement à l'exercice de la violence, les consom­mations de drogues ne sont pas corrélées aux catégo­ries socioprofessionnelles des parents, ni aux nationa­lités d'origine, ce qui veut dire que la drogue n'est pas l'apanage des banlieues défavorisées ni des maghré­bins comme certains reportages nous le laisseraient à penser. C'est donc bien la trajectoire personnelle du jeune (notons la sur représentation masculine dans la consommation de tous les produits sauf des médica­ments psychotropes) qui le conduira ou pas vers une prise de substances, et pour certains vers une toxico­manie.

Actuellement l'environnement des jeunes, quel que soit leur âge, met à leur disposition l'ensemble des produits, qu'on soit en milieu rural ou urbain comme le montre l'enquête de M. Choquet. Des enfants de 8-9 ans vendent à leurs camarades des médicaments psychotropes pris dans la pharmacie familiale ; nous avons constaté que tout élève de 6° connaît quelqu'un qui, ou quelqu'un qui sait qui peut procurer de la drogue. Autrement dit, aujourd'hui tout jeune qui veut consommer, peut consommer.

Aussi la question intéressante jamais posée est de savoir pourquoi si peu de jeunes sont consomma­teurs? Pourquoi 60 % des jeunes de moins de 20 ans n'ont jamais bu d'alcool et 66 % n'ont jamais fumé? Sont-ils des héros qui ont vaillamment résisté aux

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Pourunbien-êke instantané~~~~~~~~~~~~~~~~~~-

sirènes des paradis artificiels, des poltrons écrasés par les risques dommageables, des conformistes obéis­sant aux injonctions familiales ? Sont-ils frustrés de ne pas y avoir goûté?

La fréquentation d'adolescents montre que le débat sur la drogue est à la fois plus ouvert et posé en termes plus clairs chez les jeunes que chez les adultes, même si certaines questions demeurent sans réponses.

Depuis le plus jeune âge - c'est-à-dire depuis qu'ils regardent la télévision (informations, reportages ou séries américaines) ou qu'ils regardent et enten­dent ce qui se dit autour d'eux (les parents, les aînés, les copains) - les enfants accumulent des informations qu'ils discutent avec leurs camarades, rarement avec des adultes (« si j'en parle à mes parents, me disaient des élèves de 9 ans, ils vont m'engueuler parce qu'ils vont croire que je m'y intéresse pour en prendre »). Pour la majorité d'entre eux la curiosité n'est pas suffi­sante pour surmonter l'appréhension de l'expérimen­tation. C'est la pression du groupe, l'imitation « du meilleur copain » qui représente le facteur détermi­nant pour franchir le pas. Lorsque les informations sur les dangers des consommations agissent en synergie avec l'opinion négative exprimée par des parents - surtout quand ils ne sont pas eux-mêmes consom­mateurs-, leurs enfants sont confortés dans leur iden­tification au modèle parental. Lorsque ces informa­tions sont en contradiction avec ce que les jeunes voient et entendent autour d'eux, l'impact négatif des consommations peut ne pas leur apparaître aussi évi­dent et le discours « antidrogue » n'aura guère d'impact.

À l'adolescence la transgression de l'interdit est un moyen de s'affirmer mais aussi un moyen de pres­sion, de chantage vis-à-vis de parents que l'on consi­dère comme trop sévères et restrictifs, ou au contraire comme trop absents. La consommation devient pro­vocation; c'est un appel à plus d'attention et de dia­logue.

Ces jeunes ne sont pas sensibles au discours apo­calyptique sur la drogue car la drogue n'est pas leur problème. Leur problème c'est leur relation à eux­mêmes, leur difficulté à trouver une identité, leur diffi­culté à communiquer avec l'autre.

On se rend compte que les campagnes d'informa­tion sur les toxicomanies servent avant tout à renfor­cer l'opinion déjà négative des personnes vis-à-vis des consommations mais n'ont guère d'impact sur les jeunes susceptibles de devenir consommateurs régu­liers. Pour ceux-ci la prévention se situe dans la multi­plication des lieux et moments d'écoute et d'aide, dans le renforcement des capacités à faire face aux dif­ficultés, à résister à la pression des pairs, à avoir confiance en soi. Comme le disait Jean Bergeret au cours d'un colloque :« le vrai problème drogue n'est pas seulement le simple arrêt du trafic en soi ni la simple guérison des sujets atteints ... c'est celui de la

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diminution de l'épidémie actuelle de nouvelles toxico­manies, c'est-à-dire, la diminution du nombre de jeunes qui menacent de tomber dans la toxicomanie mais aussi dans une autre forme de difficultés».

Dans l'Académie de Lille, nous avons débuté l'an passé, l'expérimentation d'un programme éducatif de développement de ces aptitudes individuelles qui n'est pas spécifique à la prévention des toxicomanies car ouvert à la gestion de tout risque. Ce programme testé auprès d'élèves d'une dizaine d'années devrait être progressivement étendu à des enfants plus jeunes.

Parallèlement, nous avons favorisé la mise en place de groupes « d'ado-relais ». Prenant en compte l'importance des pairs chez les adolescents, nous avons formé et supervisé des jeunes lycéens volon­taires pour être à l'écoute de leurs camarades, dispo­nibles, accueillants et susceptibles de mettre en rela­tion avec des structures ou des professionnels compétents, ceux qui connaîtraient des difficultés. Ces difficultés sont aussi bien la consommation de drogues quelconques, des problèmes liés à leur sexualité, à des relations familiales perturbées ou des difficultés scolaires. Les quelques établissements qui ont mis en œuvre ces fonctionnements en soulignent l'impact extrêmement positif - responsabilisation, aide effective-, perceptible au niveau de l'ambiance générale.

Ces deux expériences concrètes indiquent qu'à notre sens il n'y a pas de prévention spécifique de la drogue. La drogue existe en toute société ; elle ne doit être ni niée, ni cachée, mais bien identifiée comme obstacle à contourner.

Les enfants doivent pouvoir en parler en toute liberté et connaître l'opinion claire et non dramatisan­te des parents. Ceux-ci, par leur exemple, par le dia­logue entretenu au fil des années, entendent et répon­dent aux interrogations et inquiétudes légitimes des jeunes. C'est leur capacité d'écoute, la clarté des repères qu'ils fixent (interdits, valeurs, idéal de vie), la valorisation des réussites de tous ordres, le dévelop­pement de l'estime de soi qui constituent les meilleures garanties contre l'usage et surtout l'abus de substances psychotropes.

Il est important que le jeune qui, au cours d'une soirée a goûté un produit quelconque puisse se sentir suffisamment en confiance pour en parler sans risque d'être condamné, étiqueté, exclu.

Il est tout aussi important que les jeunes, comme les adultes, puissent trouver des lieux de parole et d'aide quand la consommation se répète pour des rai­sons variées. Le risque à éviter est l'enchaînement des processus d'exclusion (stigmatisation, renvoi de l'éco­le, renvoi de la famille ... ) qui ne peuvent qu'aboutir à se réfugier dans le statut de toxicomane, statut qui permet d'être reconnu par ceux qui partagent la même trajectoire et d'avoir accès aux lieux, rituels et éven­tuelles solidarités qui y sont attachés. •

MÉDECINE DE L'HOMME N° 220

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Nous avons publié en 1995

N°1 215 à 220

PERSPECTIVE DE SANTÉ PUBLIQUE

• L'évolution actuelle de la médecine libérale, par M. Jacques Devevey .................. .

• Une approche motivée de la démographie médicale, par le P• Michel Bourel d'après le livre de M. Ph. Lazar ............. .

• Conclusions du 18• Congrès de la F.l.A.M.C., traduction du P' Jacques Liefooghe ....... ~ .... .

• Comment maitriser les dépenses de santé, par M. François Stasse ..................... .

• cc Pouvoir universitaire ,, Expérience ou réflexions d'un président médecin, par le 0' Louis Auquier ............... .

• Tribune libre : le service de santé en Grande-Bretagne, par le 0' Brian Julien ............ .

• La journée nationale du C.C.M.F. : cc Médecins chré­tiens et le Sida», Compte rendu par le P' Jacques Liefooghe .............................. .

L'ACCUEIL À L'HÔPITAL

• Une brève histoire des urgences, par Mm• Marie-José Imbault-Huart ............... .

• Dix ans des rapports sur les urgences hospitalières : du constat aux projets, par le 0' Gérard Bleichner .............. .

• Urgences: constat de l'ex­clusion, par le 0' Anne-Marie Oenance ................................. .

• La prise en charge financière des patients sans couverture sociale, par Mm• Yvonne Guivanna ............................... .

• L'accueil aux urgences, par M. Barrault ............................ .

• Les urgences pédiatriques, par le P' Ph. Remert .............. .

• Défaillance des malades et des médecins - Abus de la notion d'urgence, par le o· Solange Grosbuis ............. .

• Les nouveaux statuts du C.C.M.F ................................... .

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LÉGISLATION ET BIOÉTHIQUE

• Bioéthique : vers une légis-lation en France ..................... 217-218/10

• Historique des lois de juillet 1994, par le P. Olivier de Dinechin ................................. 217-218/13

• La filiation après P.M.A., par le P• Annie Lamboley ............. 217-218/17

• L'embryon humain en droit français, par le P' Guy Raymond ................................ 217-218/22

• L'embryon .•• encore 1 par Mm• France Ouéré ................... 217-218/24

• La génétique devant la loi, par le P' André Boué .............. 217-218/29

• L'Éthique et la vie : manipu­lation du génome, par Mm• France Ouéré .......................... 217-218/33

• La loi et la greffe, par M. Didier Houssin ....................... 217-218/36

• Le consentement, par M. Jean Michaud ........................ 217-218/39

• Appendice : Les textes de lois de 1994 La loi de 1988 ......................... 217-218/41

RÔLE DES BÉNÉVOLES À l,'HÔPITAL AVEC LA CHARTE DU BENEVOLAT

• La Charte du bénévolat ........ .

• L'Enfant, le bénévole et l'hô-pital ........................................ .

• Témoignages :

par M- Antoinette Beaudoin (Animation-Loisir à l'hôpital)

pat Mm• Marie-Noëlle Garnier (L:Ecole à l'hôpital) ............... .

par M- Sonia Montoya (Ser-vice et Amitié) ....................... .

par Frédérique (La plage) .... ..

par M. Hervé le Masson (La plage) ..................................... .

• Une bibliothèque pour les malades en hôpital psychia­trique, par M. Bernard Goffinet .................................. .

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• Une coopération entre asso­ciation de bénévoles et éta­blissements et services pour personnes âgées, par M. Michel Le Roux ..................... .

• Expérience de bénévolat d'accompagnement de fin de vie dans un service de soins palliatifs, par M. Maurice Chausson ............................... .

• Aumônerie catholique en centre hospitalier, par Mm• Christiane Pouit ................... ..

• Une journée à Dijon (Côte d'Or), en juin 94 à l'initiative du 0' Gayet ............................ .

• Équipe soignante et béné­voles, par Mm• Anne-Marie Carlier .................................... .

• Bénévolat à l'hôpital Ray­mond-Poincaré de Garches, par Mm• Marie-Hélène Soriano .................................. .

DROGUE ET ADOLESCENTS

• Présentation des différentes drogues, par le O· Marc Bost ..

• Jeunes et usage de drogues illicites, par Marie Choquet et

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Sylvie Ledoux......................... 220/10

• Que faire 1 et comment 1 par le 0' Françoise Leclercq ......... 220/13

• L'école et la lutte contre la drogue, par le 0' Claire Maitrot 220/16

• Pour un bien-être instantané, par le 0' Jacques Fortin ........ .

• Dépénalisation - Légali­sation - Modifications éven­tuelles de la loi de 1970, par le 0' Pariot .............................. .

• Un colloque de l'Ordre Natio­nal des Médecins, le 0' Pierre Charbonneau y a assisté ....... .

• Drogues et adolescence (ré­flexions), par des médecins de l'UNAFALT ......................... .

• Dépénalisation de la drogue 1 par M. Jean Michaud ........... ..

• Parabole de la barrière ro-cheuse, par Guy Gilbert ....... ..

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DÉPÉNALISATION LÉGALISATION MODIFICATIONS ÉVENTUELLES À LA LOI DE 1970

par le D' PARIOT (*)

PRÉAMBULE

Le débat actuel autour de la dépénalisation, de la légalisation mais aussi des programmes Méthadone allant jusqu'à la prescription éventuelle d'héroïne, relève un peu de la quadrature du cercle.

Autrement dit, nous estimons, à l'UNAFALT, que, quelle que soit la solution proposée, elle est plutôt mauvaise: il s'agit de choisir la moins mauvaise.

Nous constatons, d'autre part, qu'il est toujours nécessaire d'examiner la situation sous différents angles : celui de la société et de son évolution, celui du soin possible au sujet dépendant et sous l'angle géopolitique. On s'aperçoit d'ailleurs qu'entre ces dif­férents niveaux de compréhension s'installent des paradoxes - ce qui crée, d'ailleurs, la difficulté de la situation : quand on répond à un de ces niveaux, sou­vent on ne répond pas à l'autre.

LA DÉPÉNALISATION

Actuellement, quand on parle de dépénalisation, il s'agit de ne plus sanctionner la consommation d'une drogue (le haschich), et uniquement celle-ci. La vente, la production, l'importation restent pénalisées. Pour nous, cette solution est certainement la plus mauvai­se, et ceci pour plusieurs raisons - je précise qu'à ce sujet, l'UNAFALT se situe plutôt à contre-courant du « bien-penser » actuel :

1. La dépénalisation, même si ce n'est pas le cas, sera perçue comme une autorisation, et impliquera nécessairement une augmentation de la consomma­tion de haschich. Il est logique de penser que la levée d'un interdit concernant un produit psychotrope, dont la prise est banalisée, entraînera, pour beaucoup, l'en­vie d'essayer.

2. Un pourcentage difficile à évaluer - que l'on estime entre 5 et 7 % - des personnes ayant recours au haschich, vont avoir recours à une drogue dite plus dure et vont s'y accrocher. En conséquence, on peut imaginer que cette mesure va entraîner une augmen­tation du nombre des consommateurs de drogues dures, soit héroïne, soit cocaïne, soit autre. Ceci pose un sérieux problème, étant donné les conséquences et sachant que nul n'a la maîtrise de sa consommation de produits ayant un effet psychotrope - qu'il s'agisse de haschich, d'héroïne, de cocaïne, mais aussi de tabac, d'alcool, etc ... Bien sûr il y a une différence d'impact somatique entre une consommation d'héroï­ne et une consommation de haschich, mais pour l'UNAFALT, c'est la mise en évidence d'un processus probable qui importe.

3. Le haschich aujourd'hui sur le marché, du fait surtout de la sélection opérée sur les plantes en

(*) Médecin à l'association Union Nationale Familiale de Lutte contre la Toxicomanie (UNAFALT).

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Hollande, présente des niveaux de concentration en principe actif qui peuvent être extrêmement différents. Celui-ci, comme vous le savez, se présente sous trois formes : l'herbe ou marijuana, le haschich et l'huile - relativement peu répandue - qui correspond à la concentration en principe actif la plus élevée. Le haschich - la forme la plus répandue -, présentait en général une concentration de 6 à 8 % ; celle-ci actuel­lement peut atteindre 30 à 40 %. Les effets engendrés changent, allant de la simple euphorie à des phéno­mènes hallucinatoires.

4. La dépénalisation entraînera logiquement une augmentation du trafic, donc de l'argent de la drogue, donc une dérive mafieuse - c'est ce qui est en train de se passer actuellement en Hollande, notamment par l'intermédiaire des « coffe-shop », censés être des lieux de vente de haschich uniquement, et où l'on constate une dérive vers l'héroïne, phénomène tout à fait compréhensible : un trafiquant qui a les moyens de distribuer du haschich essaiera, forcément, de dis­tribuer de l'héroïne, celle-ci rapportant plus d'argent. Cette situation pose d'ailleurs de très nombreux pro­blèmes dans la région Nord, notamment du fait de la diminution des coûts de l'héroïne qui la rend beau­coup plus accessible.

Que penser par ailleurs, d'un État démocratique qui permettrait à ses concitoyens d'avoir accès à des produits toxiques sans en contrôler la qualité, avec les conséquences que cela peut entraîner pour autrui (conduite automobile, certaines professions nécessi­tant une vigilance élevée ... ) ?

Nous pouvons supposer que la levée de cet inter­dit générera une dérive à la fois au niveau de certaines sociétés qui vont imposer des contrôles sauvages à leurs employés mais aussi sur le plan politique en ren­forçant certains discours fondés sur la peur.

5. Enfin, si beaucoup de gens fument du haschich, je rappellerai que beaucoup plus de gens n'en fument pas et que ceux-ci ont également des droits.

LA LÉGALISATION

Quand on parle actuellement de légalisation, il est presque toujours fait référence au système élaboré par M. Caballero, à savoir le système de légalisation contrôlée : l'Etat prend en charge la production, le contrôle de qualité et la distribution de toutes les drogues, le but étant de casser le trafic, de financer les soins et de maîtriser la population toxicomane.

Du point de vue du trafic, c'est probablement une solution intéressante. Ce sont, d'ailleurs, les conclu­sions tirées de l'expérience de Liverpool, toujours donnée en exemple, mais il faut savoir que les moyens utilisés sont colossaux et les prises en charge glo­bales. Si ce système a pu fonctionner - et notamment du point de vue sécuritaire, particulièrement sensible -c'est bien du fait de cette prise en charge globale du toxicomane (éventuellement produits de substitution, hébergement, soutien psychologique et réinsertion), un niveau d'assistance extrême.

Ceci pose, également, la question de l'évolution de notre société et du rapport entre ses membres, ainsi que des possibilités de soigner des personnes dépendantes dans un tel contexte : il paraît très diffici­le en effet, de soigner des gens à qui on propose, par ailleurs, un accès quasiment libre à des produits qui, de plus, sont beauc_oup moins chers du fait du contrô­le du marché par l'Etat.

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On peut d'ailleurs effectuer une sorte de parallèle entre la solution prônée par les partisans de la légali­sation et la prise en charge des alcooliques, sachant par ailleurs que les produits de substitution - telle la méthadone -, ne sont pas des médicaments et qu'ils peuvent provoquer des overdoses. Imaginez donc un lieu de soins pour alcooliques, dans lequel les méde­cins proposeraient le meilleur alcool possible à leurs patients en y adjoignant des vitamines de façon à évi­ter les troubles neurologiques, en prévoyant une réanimation en cas de coma, etc ... Je n'arrive pas à considérer cela comme une aide à vivre pour les per­sonnes que l'on a en charge, mais plutôt comme une aide à mourir. Ce type de mesures participe bien de l'illusion d'un outil de maÎtrise, fait que l'on commen­ce fort heureusement à appréhender, au travers des bilans d'expériences en cours depuis un certain temps.

Par ailleurs, si les drogues sont légalisées, elles seront à portée de tous, et donc, des enfants, même si elles ne leur sont pas vendues directement. On sait d'autre part combien il est important et structurant de pouvoir opposer voire de transgresser des limites mais encore faut-il que celles-ci soient posées. Ce n'est pas en les repoussant sans cesse qu'on peut résoudre le problème. De nouvelles drogues, synthéti­sées en laboratoire, apparaissent régulièrement sur le marché. Ce processus de légalisation est sans fin.

Personnellement, je redoute qu'un tel système ne se mette pourtant en place dans les années à venir du fait d'une certaine logique économique, cje l'importan­ce d'une corruption possible de certains Etats et, enfin, des besoins de sécurité des personnes: comment évi­ter la délinquance ?

Nous sommes là au cœur du paradoxe de la toxi­comanie : on voit bien, en effet, comment la société peut se défendre d'une maladie du corps social telle que la toxicomanie et comment les mesures qu'elle peut être amenée à prendre pour se défendre de cette maladie vont à l'encontre du traitement des sujets eux-mêmes.

Référons-nous à l'exemple de ce qui s'est passé en Chine, il est vrai il y a bien longtemps: comment un pays, avec ses fumeries d'opium, a été, à un moment de son histoire, totalement submergé par une opioma­nie redoutable et généralisée, paralysant toute une partie des circuits économiques. Or nous entendons, actuellement, des discours terrifiants sur la légalisa­tion contrôlée.

LES MODIFICATIONS À LA LOI DE 1970

La position de l'UNAFALT découle de ce qui a été dit précédemment: à partir du moment où nous nous positionnons contre la dépénalisation, cela suppose le maintien d'un certain nombre de sanctions.

L'argumentaire mis en général en avant est qu'il n'est pas normal de mettre des toxicomanes en prison et que ce n'est pas une solution. C'est juste mais le problème est que la plupart des toxicomanes, notam­ment les toxicomanes à l'héroïne, sont, en même temps, des dealers, simplement pour pouvoir aussi avoir leurs doses. Nous sommes, là encore, devant un problème insoluble à moins de pouvoir établir des échelles de valeur mais on tombe, alors, dans un domaine soumis à la subjectivité : à partir de quelle dose va-t-on décider qu'il y a trafic ? Certaines per­sonnes ont une consommation importante et achètent donc en conséquence. •

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Le Dr Charbonneau a assisté au

COLLOQUE ORGANISÉ PAR L'ORDRE NATIONAL DES MÉDECINS

LES 29 ET 30 SEPTEMBRE 1995

Le sujet de ce colloqùe, intitulé «L'exercice médical dans la société: hier, aujourd'hui, demain», est d'une gran­de actualité, car depuis un siècle et surtout au cours des der­nières décades, lexercice médical est soumis à de profondes mutations. Il était donc important d'en dresser le panorama afin de les mettre en évidence et de rechercher des orienta­tions en vue d'une évolution conforme aux intérêts des indi­vidus et de la santé publique.

Un ouvrage reproduit les contributions de ce colloque (Masson)- aussi nous nous contenterons ici d'en indiquer le schéma. Celui-ci comprend trois parties :

- La première concerne l'évolution de la médecine. De grands savants ont exposé tout d'abord l'histoire de cette évolution et les causes qui l'ont engendrée. Si les connais­sances nouvelles ont transformé la médecine, les relations médecins-malades, les prédictions possibles qu'elles permet­tent posent de nombreux problèmes bien exposés, notam­ment dans une conférence consacrée à la « génétique et l'in­dividu».

Ces progrès fondamentaux ont d'énormes conséquences : d'une part la médecine devient une science appliquée - ce que développent divers orateurs - et d'autre part toutes ces découvertes scientifiques sont à l'origine d'une transforma­tion de la pratique médicale avec une émergence des spécia­lités.

Mais l'exercice médical dépend également de l'évolu­tion de la société. Ce point constitue la deuxième partie de ce colloque:

- La société face à ses médecins a beaucoup évolué. Ainsi par exemple le droit s'occupe désormais de la pratique médicale, et des rapports importants se sont instaurés entre les médias et la médecine.

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* * *

Mais ont également beaucoup évolué les relations méde­cins-malades qui ne sont plus les mêmes, si bien que la res­ponsabilité médicale s'est modifiée avec l'évolution de la médecine. Et puis, dans cette évolution de la société qui a retenti sur l'exercice de la médecine, il ne faut surtout pas oublier les aspects sociaux-économiques qui tiennent déjà et surtout vont tenir un rôle important dans l'exercice médical demain.

C'est précisément cet «exercice médical demain» qui constitue la troisième partie du colloque :

Après avoir cherché à préciser la juste place de la méde­cine et des médecins dans la société, différents orateurs se sont efforcés de définir les nouveaux champs de la médecine et quelle formation, compte tenu des changements en pers­pective, faut-il donner pour les médecins de l'an 2000?

On ne peut que féliciter l'Ordre National des Médecins d'avoir organisé ce colloque qui fait le point sur l'évolution de la médecine et les conséquences de cette évolution sur lexercice de celle-ci dans la société actuelle et même la socié­té en perspective.

Tous ces exposés ont bien mis en évidence qu'il est impossible aujourd'hui de se passer de la science, mais la quête incessante de la vérité, qui est le premier mobile de la science, constitue de facto une éthique.

Alors quelles sont les bases naturelles de l'éthique ? C'est une telle étude qui devrait compléter les travaux de ces remarquables journées. Une question demeure en effet : ne rejette-on pas trop toute référence métaphysique? L'éthique que nous devons élaborer aujourd'hui ne peut-elle être déduite que de notre savoir biologique ? Ne faut-il pas aussi, à côté de la science, croire à la religion pour préserver l'es­pèce humaine du malheur ? •

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DROGUE ET ADOLESCENCE (Réflexions)

par des médecins de l'UNAFALT

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1. L'APPARENCE DE LA PARADOXALITÉ

A. À quoi n'importe quel adolescent est-il confron­té ? Les questions sont nombreuses et complexes, même si souvent celui-ci ne peut pas en dire grand chose. Les corps se transforment, comment vivre ses désirs?

Comment trouver sa place dans la famille, dans la société, dans sa relation à l'autre? Il est bien rare que les réponses à ces interrogations (par ailleurs non for­mulées comme telles), n'entraînent pas des solutions de compromis fondées sur des paradoxes.

Exemple : Robert, ex-toxicomane, nous explique clairement à la fois le manque de communication avec les adultes qu'il ressentait, et son besoin de trouver sa place en refusant cette communication.

Pascal parle de son « mal-être » et aussi comment il est contraint pour des raisons qui lui appartiennent, de se fixer dans un monde en opposition, dit-il, à celui des adultes qu'il ne supporte pas, mais qu'il recrée lui­même en permanence.

Il est possible de formuler l'hypothèse qu'à travers sa relation aux toxiques, il fait briller par son absence cette représentation des adultes qu'il s'est forgée, et ainsi l'évite tout en la gardant intacte. Il se plaint du manque de contacts humains et c'est justement ce que le toxique empêche ; mais aussi permet sous la forme d'une pseudo-communication.

Très souvent les usagers de toxiques expriment une revendication d'autonomie. La consommation d'un produit permet d'en vivre quelque chose tout en restant dépendant du produit et de la famille dans la plupart des cas, ou par substitution d'une institution.

Beaucoup de nos patients nous disent (dans le cas d'une intoxication chronique), que leur toxicomanie leur permet de travailler, de se sentir assez fort pour vivre ce qu'ils considèrent comme un affrontement dans la relation aux autres, et aussi d'éviter un senti­ment dépressif : c'est là qu'ils peuvent exprimer quelque chose de ce qui fait manque pour chacun d'eux. L'intoxication étant le moyen de l'éviter et de le retrouver en permanence.

Il est bien évident qu'en regard des risques et des inconvénients majeurs de la prise d'un toxique (notamment l'héroïne en intra-veineuse ou « shoot »),le fait que des personnes en consomment suppose des bénéfices individuels plus importants que les risques encourus.

B. Quand les parents apprennent que leur enfant se drogue, c'est toujours une découverte qui fait vio­lence. Plusieurs sentiments apparaissent alors, asso-

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Drogue et adolescence (réflexions) ~~~~~~~~~~~~~~~

ciés ou non. L'angoisse, voire la panique peuvent s'installer, liées à l'anticipation d'un scénario catas­trophe; des images s'imposent maintes fois vues dans les médias : images de marginalisation, de déchéance, de prison, de mort.

Les sentiments de honte et de culpabilité vis-à-vis de l'entourage familial, professionnel ou du voisinage sont la plupart du temps présents.

Les réactions peuvent être différentes mais expri­ment toutes la manière dont chacun peut se défendre de cette situation. Le sentiment de culpabilité peut être gardé à l'intérieur ou projeté à l'extérieur, ce qui génè­re alors des discours sous la forme:« c'est I~ faute de la police, de la justice, des trafiquants, de !'Education Nationale, de l'Etat, etc ... »

Si ce sentiment est gardé à l'intérieur, il entraîne une nécessité de réparation qui va se traduire en actes, en fonction du statut qui sera reconnu à la personne qui prend le toxique.

Nous avons constaté, dans la grande majorité des cas, et schématiquement, que deux places sont don­nées au sujet qui s'intoxique. Une première qui cor­respond à celle d'un enfant qu'il faudrait surveiller en permanence pour qu'il ne fasse pas de bêtises ; celle d'un grand malade handicapé entièrement dépendant de son entourage, qu'il faut soigner et prendre en charge même contre sa volonté, un nourisson adulte incapable de prendre la moindre décision si ce n'est de continuer son intoxication.

Une deuxième place radicalement opposée est celle du sujet qui, à l'inverse, et bien que s'intoxiquant, est reconnu comme susceptible de faire un choix, quel qu'il soit, et aussi, et surtout, de l'assumer avec toutes ses conséquences.

Nous voyons ici qu'au paradoxe apparent de la position prise par l'usager de produits toxiques, répond celui de l'état d'esprit alternatif et inconciliable dans lequel se trouvent les parents.

Dans la plupart des cas, c'est la première place qui est reconnue au sujet pour des raisons se fondant sur les comportements antérieurs à l'intoxication, et rele­vant de l'histoire de chacun.

Lorsque l'autre place est évoquée avec le risque de rupture qu'elle comporte, ce qui domine alors est le sentiment d'abandon qui réalimente, bien sûr, la cul­pabilité. L'angoisse des parents et par voie de consé­quence la nécessité du rapprochement conduisant à un cercle vicieux que chaque protagoniste alimente à sa manière en ne pouvant faire autrement.

La toxicomanie de « l'enfant adulte » peut être génératrice de dissensions graves entre les parents avec l'exclusion de l'un des deux, entraînant alors des liens étroits, du premier âge, souvent entre la mère et l'enfant, dominés par le risque de mort.

A contrario, cette toxicomanie peut rapprocher des parents séparés, ou en conflits permanents. L'enfant malade devient celui qui fait lien ; mais que devient ce lien si l'enfant n'est plus malade 7

Nous nous rendons compte que chaque situation est singulière, et qu'il faut éviter les idées reçues qui sont nombreuses dans ce domaine.

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2. QUEL « TRAITEMENT ,, 7 ET PLACE DE LA MÉTHADONE

Pour nous, les traitements par les produits de sub­stitution (méthadone, Temgésic etc ... ) sont des traite­ments qui sont destinés avant tout à soigner une mala­die de société. Dans ce sens, on peut parler de traitement puisqu'il s'agit alors de traiter la toxicoma­nie, en tant que maladie du corps social.

Mais qu'en est-il de l'individu? En ce qui le concer­ne nous ne pouvons pas considérer la méthadone comme un médicament, car nous savons que ce pro­duit (dérivé opiacé de synthèse) entraîne une dépen­dance et qu'il n'empêche pas le recours associé à l'hé­roïne par ailleurs.

Il est évident, comme l'a montré l'expérience de Liverpool, que par rapport à une population très mar­ginalisée, l'instauration de ces programmes incluant une prise en charge triple: sociale (hébergement, réin­sertion), médicale et psychologique, a permis de renouer des liens sociaux, de contrôler une partie importante de cette population, et d'éviter nombre de délits et d'agressions.

Nous devons rappeler que ce qui est mis en avant est toujours l'aspect spectaculaire et comment il est possible d'y répondre.

Ce que nous rencontrons, nous, tous les jours, est la partie immergée de l'iceberg : c'est-à-dire les diffi­cultés des familles et des sujets ayant recours à des toxiques mais qui ne sont pas marginalisés, et qui le plus souvent dépendent toujours de leur famille même s'ils travaillent.

Vis-à-vis de ces personnes, notre objectif est de leur permettre d'effectuer un travail allant dans le sens de l'autonomie.

Nous nous interrogeons toujours sur la façon dont il serait possible d'articuler cette optique avec une prescription de produits de substitution : ou autrement dit, comment soigner une toxicomanie en prescrivant un toxique?

Jusqu'à présent en France, les antitussifs à base de codéïne étaient utilisés par les usagers d'héroïne comme produit de substitution ; non reconnus officiel­lement, non prescrits, pouvant être obtenus sans ordonnance en fonction du bon vouloir des pharma­ciens. A partir de ce constat, et à première vue, il semble logique de penser qu'il est préférable que la consommation de ce type de produits passe par une prescription introduisant ainsi une relation à un tiers, plus de rigueur, donc moins de risques.

Maintenant, examinons succinctement ce que nous pouvons supposer du point de vue du toxicoma­ne dans sa relation à ce même tiers.

Auparavant, la prise d'un antitussif correspondait pour l'usager, à une tentative d'arrêt, tout en mainte­nant un lien avec son toxique. On pouvait dire qu'il s'agissait d'une période de suspension.

La rencontre avec le tiers soignant pouvait inaugu­rer une rupture, même si nous en connaissons les dif­ficultés. Le soignant était repéré comme tel, sans équi­voque, et faisant partie d'un système de soins défini par la société. Que devient ce repère si lui-même maintient, de par sa prescription, le sujet dans sa rela­tion de dépendance ?

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Nous avons assisté à un changement important dans les mots, mettant en lumière ce qui semble être un glissement, mais correspond à un changement radical: il y a quelques années, à propos de la métha­done, nous parlions de « maintenance», aujourd'hui de «traitement», comme s'il s'agissait d'un médica­ment.

Le parallèle a été souvent fait entre la toxicomanie et une maladie très grave comme le cancer ; aussi la méthadone, ou d'autres produits de substitution, serait la chimiothérapie du toxicomane. Cette compa­raison, après tout, peut être faite, si ce n'est qu'elle nie l'acte et par conséquent son sens.

Comment l'usager peut-il reconnaître le soignant comme éventuellement capable d'entendre quelque chose du sens de cet acte, si celui-ci devient prescrip­teur d'un produit dérivé de toxique lui-même?

Il reste que les programmes méthadone vont se développer en France avec aussi pour argument la lutte contre l'épidémie de SIDA.

Une étude de 1992 dirigée par le D' F.R. lngold, centrée sur la transmission du Virus de l'lmmuno-défi­cience Humaine (VIH) chez les toxicomanes, conclut : « les changements de comportement des toxico­manes, visant à la réduction des risques de contami­nation, se sont nettement renforcés ces dernières années.

Les deux questions qui se posent sont celles de savoir si ces changements ont atteint un plafond et ce qu'il en est de leur constance dans le temps. Les usa­gers de drogues de la nouvelle génération semblent s'être infiniment mieux préservés que leurs aînés. La contamination des sujets qui ont commencé à se piquer après 1987 est très basse (2 %) et l'essentiel des sujets contaminés (95 o/o) ont commencé à utiliser la voie injectable avant 1987. Mais il manque encore à cette constatation l'épreuve du temps. La durée d'in­toxication reste à cet égard un facteur important, ne sèrait-ce que du fait de la multiplication des épisodes de haute vulnérabilité des usagers de drogues».

Du point de vue épidémiologique, la mise en place des programmes méthadone apparaît comme un des éléments de la lutte contre la propagation du VIH, dans la mesure où ils diminueraient ces épisodes de« haute vulnérabilité ». Néanmoins, ceci nous semble être un élément très difficile à évaluer. En effet, dans une pers­pective de l'instant ou de court terme, ce point de vue peut être validé ; dans une perspective à long terme, la prise de méthadone maintenant le statut de dépen­dance dans le temps, peut, a contrario, augmenter ce risque. Bien malin, celui qui aujourd'hui répondrait à cette question.

Les médecins, qu'ils le veuillent ou non, sont per­çus comme pouvant et devant répondre à tous les maux ou presque, car disposant de moyens d'investi­gation modernes (scanner, RMN, etc ... ) ainsi que de molécules de plus en plus efficaces.

Le fantasme du bon produit (homéopathique ou allopathique), qui peut tout résoudre rapidement et sans effets secondaires, est roi.

Autrement dit, quelle que soit la pathologie, elle doit pouvoir être combattue par un apport externe à la personne, et dans une relation de dépendance au prescripteur. On dit couramment que le malade est pris en charge.

Dans la sphère. économique et commerciale, il est courant d'entendre une personne dire qu'elle « s'est bien vendue», s'assimilant elle-même à un produit.

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Il s'agit là de discours toxicomanogènes collectifs, sauvant repris par le toxicomane sous la forme d'une revendication impossible.

Un certain nombre de toxicomanes sont inca­pables, pour des raisons qui leur sont propres, de vivre une rupture. Dans ces conditions, nous devons pouvoir mettre en place une solution de compromis. C'est aussi la fonction des « programmes métha­done».

Ce dernier argument de poids s'oppose aux précé­dents. Il exprime la complexité qu'il y a à prendre une position tranchée face à cette question des produits de substitution.

C'est aussi le reflet de la différence entre un amé­nagement, une solution orthopédique, et comment l'évolution d'un individu peut générer une modifica­tion de ses besoins.

Ce débat rend compte de la difficulté à articuler ces deux positions.

3. LE CADRE DE LA LOI

La loi du 31 décembre 1970 (inspirée de la loi sur l'alcoolisme de 1954) prend en compte trois axes de lutte contre les toxicomanies, mettant en articulation l'aspect préventif, l'accès aux soins, ainsi que le volet répressif.

Par cette mesure, le législateur répond à la reven­dication de libre usage de son corps, dans la mesure où le droit à la santé et aux soins étant progressive­ment reconnus à chacun, la société impose donc en retour que l'individu ne fasse pas délibérément usage de produits toxiques identifiés comme tels.

Il s'agit donc d'offrir une aide sanitaire aux toxico­manes, tout en réprimant l'usage et le trafic de tous les stupéfiants.

A. Les structures de soins

Auparavant, les modalités de soins étaient res­treintes, l'usager de toxiques désirant arrêter, n'avait le choix qu'entre les services psychiatriques (parfois mal adaptés) et les maisons de santé privées, et sou­vent onéreuses.

À partir de 1970, on parle de «chaîne thérapeu­tique » incluant différentes structures de soins.

La loi place le toxicomane sous la surveillance de l'autorité sanitaire, en l'occurrence la Direction Départementale de l'Action Sanitaire et Sociale (DDASS). Plusieurs modalités de signalement sont prévues dans les textes, mais en fait ne sont opérantes que les démarches libres du toxicomane (sans contrô­le de la DDASS, ni de la justice), ou les mesures d'inci­tation aux soins décidées par le tribunal.

Des décrets d'application réglementent par ailleurs, l'organisation de la cure de désintoxication à l'hôpital ou en ambulatoire, et l'organisation des post­cures, établissant deux principes : capacité réduite et liaison avec l'ensemble des institutions existantes.

Dans la réalité, se sont constitués des petits réseaux inter-institutionnels fonctionnant par affinités. Les positions en ce qui concerne les prises en charge des toxicomanes et de leur famille peuvent être extrê­mement différentes.

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Drogueetadolescence(réflexions)~~~~~~~~~~~~~~~

Les cures de sevrage ne sont plus les seules «solutions», souvent émaillées de rechute, et l'accent est porté sur la consolidation de la rupture avec le pro­duit.

C'est à partir de là que fut envisagée la création de centres de post-cure, de réseaux de familles d'accueil, ainsi que d'appartements-relais, pour une prise en charge encadrante, à plus long terme, vers une auto­nomisation personnelle, sociale, familiale.

Sont également formés les centres d'accueil et de consultation (ayant souvent une base associative), pour une prise en charge chimiothérapique, aussi bien que psychologique et sociale. Plus récemment, se sont constitués des réseaux de médecins généra­listes.

B. Les mesures répressives

La loi précise que peut être considéré comme délit passible d'une amende et/ou d'une peine d'emprison­nement, la détention, l'usage (même à titre privé), l'importation, la culture, et la revente de substances stupéfiantes.

Ainsi, selon le Code Pénal, l'usage simple peut être sanctionné par une réclusion allant de deux mois à un an, assortie d'une amende pouvant être comprise entre 500 et 150 000 F, la dernière appréciation étant donnée au tribunal.

Le nouveau Code Pénal (1'" mars 1994), aggrave les sanctions contre le trafic et la revente de stupé­fiants : des peines de 10 à 30 ans de réclusion crimi­nelle, et jusqu'à 50 millions de francs.

COMMUNIQUÉS

Toutes ces peines se trouvent majorées en cas de récidive.

Le Tribunal est libre d'apprécier la différence entre délinquance et maladie, et choisir« l'injonction théra­peutique » en tant qu'alternative à la peine d'empri­sonnement.

L'usager a donc le « choix » de s'inscrire plutôt dans une démarche de soins, dont il doit rendre compte.

Ce qui ressort ici, c'est la sévérité de la loi à l'égard du trafic des stupéfiants.

C. Le volet préventif

Cette loi est aménagée dans le cas d'un usage simple, accordant plus d'importance à l'accès aux soins, dans une optique de prévention : on parle ici de prévention secondaire.

Cet aspect préventif (en ce qui concerne des per­sonnes n'ayant jamais consommé aucun produit, on parle de prévention primaire) représente le troisième axe de lutte gouvernementale contre les toxicoma­nies.

Nous indiquerons ici le numéro national mis en place en 1990, de Drogue lnfo Service (05 23 13 13), dont l'équipe est à même de répondre aux questions qui se posent, mais surtout de réorienter les appels sur les centres spécialisés.

Enfin, l'intérêt est aussi donné à l'évolution et à l'évaluation de la population toxicomane en France (c'est la prévention tertiaire), afin de moduler éven­tuellement le système de prise en charge. •

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DÉPÉNALISATION DE LA DROGUE (?)

par M. Jean MICHAUD (*)

MÉDECINE DE L'HOMME N° 220

Le problème de la drogue ne cesse de défrayer la chronique. Il faut s'en réjouir s'agissant d'un enjeu de société dont la gravité majeure s'est encore accentuée par le développement du SIDA et qui est bien loin de trouver des solutions pleinement satisfaisantes. Si l'on met à part quelques tendances isolées et un certain nombre d'intérêts puissants, on peut considérer que l'opinion est favorable à un effort d'atténuation ou au mieux d'élimination de ce phénomène. Restent à défi­nir les moyens d'une action efficace. A cet égard les positions divergent. Les uns soutiennent qu'il convient de maintenir et même de renforcer la répression péna­le, les autres qu'il faut libéraliser au moins l'usage des stupéfiants et en tout cas s'en tenir à des méthodes sanitaires.

* * *

Un bref rappel de notre législation s'impose. C'est la loi du 31 décembre 1970 « relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et la répres­sion du trafic et de l'usage illicite des substances véné­neuses» qui régit le domaine. Ses dispositions ont été insérées dans le nouveau code pénal (entré en vigueur le 1'" mars 1994) et le code de la Santé Publique.

Le titre même du texte traduit son originalité par rapport aux lois pénales classiques. Il s'agit de mesures sanitaires et de répression. Le simple usager se voit offrir une option sous forme d'une« injonction thérapeutique ». Choix lui est laissé à ce stade des poursuites entre les soins et la procédure pénale habi­tuelle. La cure de désintoxication peut également être proposée après prononcé d'une peine en cas de sursis avec mise à l'épreuve, libération conditionnelle ou contrôle judiciaire. Ce mixage du judiciaire et du sani­taire est une innovation tout à fait intéressante en droit français et une preuve d' imagination législative.

Il n'est pas douteux que des résultats ont été obte­nus. mais, en partie faute de moyens suffisants, ils n'ont peut-être pas toujours été à la hauteur des ambitions.

Cette constatation et quelques autres ont amené un mouvement d'opinion favorable à une dépéna­lisation, du moins de l'usage des drogues dites «douces».

Il s'y ajoute cette constatation que la punition de l'usage privé qui ne s'accompagne d'aucun trafic est contraire à la tradition du droit français exprimé par la déclaration des droits de l'homme: « la liberté consis­te à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ».

(*) Conseiller à la Cour de Cassation - Vice-Président du Comité Consultatif National d'Ethique.

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Dépénalisation de la drogue ? ~~~~~~~~~~~~~~~~~

Quels seraient selon les tenants de la dépénalisa­tion, les motifs et les avantages de cette mesure ? Ayant relevé son caractère insolite en droit français, qui vient d'être signalé, ils dénoncent le caractère dis­suasif au regard, du moins, de la crainte d'une pour­suite. L'usager peut en effet s'inquiéter, pour le cas où il serait résolu « d'en sortir » par le mode thérapeu­tique, de la menace d'une procédure pénale. Enfin toutes les incitations à un usage raisonné de la drogue (par exemple la distribution contrôlée de seringues) sont en fait menées en infraction avec la loi, puis­qu'elles facilitent l'usage prohibé.

Sur le problème, deux autorités ont adopté récem­ment des positions divergentes: l'Académie Nationale de Médecine a formulé un vœu en date du 27 juin 1995, qui s'applique au cannabis. Dans ce texte est souligné le caractère dangereux de ce produit notam­ment en ce qu'il peut conduire à l'usage de stupéfiants de plus forte toxicité. L'adaptation de la loi de 1970 est conseillée pour améliorer la lutte contre la toxicoma­nie; la prévention en particulier par les voies de l'édu­cation est préconisée.

Au contraire, le C.C.N.E. engage à suivre la voie d'une dépénalisation partielle et non pas totale comme cela a été parfois annoncé par la Presse.

« Le tort fait à soi-même appelle une réponse médicale plutôt que pénale. Le tort fait à autrui, l'usa­ge de certains produits quand il est public, et l'incita­tion à consommer (publicité comprise), appellent une sanction. Il faudrait concevoir une gradation des peines selon la gravité de l'abus et/ou du tort causé, depuis le simple avertissement jusqu'à la prison et l'amende, en passant par la contravention, la suspen­sion du permis de conduire, !'astreinte à des travaux d'utilité publique ».

Le débat reste ouvert. Il peut cependant être com­plété par quelques réflexions qui seront limitées à la question qui fait le plus difficulté: celle de la dépénali­sation des drogues douces. En effet le maintien de la répression pour les drogues dures est beaucoup moins contesté, sans parler du trafic qui est unanime­ment considéré comme devant demeurer sévèrement sanctionné.

S'agissant du simple usage, il y a loin du droit au fait. La possibilité laissée aux autorités de privilégier la thérapeutique par rapport à la voie judiciaire montre le chemin qui est le plus souvent emprunté. Sans doute le système n'est pas parfaitement au point, sans doute aussi la peur de la justice peut, comme il a été déjà

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* * *

noté, éloigner l'usager du soin nécessaire. Ne faut-il pas dans ces conditions faire porter l'effort sur l'amé­lioration du système, sur sa généralisation? Le résul­tat dépend de l'organisation, du rapport efficace et confiant entre justice, police, gendarmerie d'une part, santé de l'autre La coloration judiciaire devrait être de nature incitative et ne pas détourner l'usager de la thé­rapeutique.

Ainsi les principes de la loi en vigueur sont bons, mais leur application est loin d'avoir toute la portée possible.

Dépénaliser? Il faudrait être assuré que les consommateurs de drogues douces en restent là. Or rien n'est moins sûr et l'Académie dit le contraire.

Enfin une chose est d'interdire, autre chose de lever une interdiction. On a soutenu que l'alcool et le tabac étaient aussi dangereux que la drogue pour la Santé Publique. Il conviendrait, par souci de logique, de les prohiber tout autant. Pourquoi alors ne pas uni­fier les régimes dans le sens d'une libéralisation contrôlée ? S'il en allait ainsi, il conviendrait de prendre garde à certains effets de pareille décision qui déclencherait dans l'immédiat un accroissement du nombre des consommateurs et qui, étant interprétée comme un désaveu de la politique menée jusqu'alors, ferait naître un sentiment d'injustice chez tous ceux qui en auraient été l'objet.

* * * Ça n'est pas à dire que tout est bien et qu'il en faut

rester là ! Ce qui serait à redouter, c'est un renverse­ment brutal des textes et de la pratique qui en décou­le. En présence de l'insuffisante efficacité des mesures actuelles, des nécessités sanitaires issues du dévelop­pement du SIDA, d'une certaine transformation des mentalités, il faut envisager une évolution souple de la loi, peut-être par étapes. Hormis le trafic et la toxico­manie de luxe, il faut savoir que bon nombre d'usa­gers, même de drogues douces, relèvent d'une théra­peutique. Il convient de faire en sorte que rien ne les éloigne du soin auquel ils consentiraient et qu'en tout cas lorsque le soin est inefficace ou refusé, ceux d'entre eux qui ne sont pas soucieux de prosélytisme, trouvent dans le corps social une place compatible avec leur état. L'exclusion serait la pire des consé­quences d'une politique sans pitié et sans nuances.

C'est aux pouvoirs publics qu'il appartient de trou­ver les solutions imaginatives pour relever ce périlleux défi à notre société. •

MÉDECINE DE L'HOMME N° 220

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PARABOLE .....

DE LA BARRIERE ROCHEUSE

par Guy GILBERT (*)

MÉDECINE DE L'HOMME N° 220

Dans son livre « Des jeunes y entrent, des fauves en sortent », Guy Gilbert résume en quelques para­graphes ce que peut - doit - être /'accompagnement du jeune drogué : un soutien, une présence, une écoute, une aide, un amour. ..

Tout est dit en ces chapitres dont il autorise la publication par« Médecine de l'homme" et que l'on pourrait intituler : la parabole de la barrière rocheuse.

LA BARRIÈRE MORTELLE

Je me souviens de ce jour de juin. Je jouais avec lui dans les vagues. La mer était chaude. Les lames sur cette côte sauvage et splendide nous portaient au gré de leur fantaisie, nous roulaient vers le rivage. Fatigué, je me suis étendu sur le sable. Enfin un peu de paix ! Je savourais toujours ces quelques rares minutes qu' « il » me laissait. Nous étions chez des amis qui nous hébergeaient huit jours. li avait un immense besoin de quitter ce monde infernal de la drogue où il revenait sans cesse et d'où il m'appelait souvent pour respirer autre chose. Inlassablement, je reprenais la route avec lui. Mais aucun moment de paix, quand il était là. Il ne parlait que de ses « flashes » (moments merveilleux où la drogue efface toute peur et apporte un bonheur éphémère et sans mesure, paraît-il) ou de ses « flips » (l'effet de la drogue atténué, il redescend sur terre dans, parfois, un effrayant carrousel de cau­chemars et de terreur). Il ne parlait que des mérites comparés des multiples cachets hallucinogènes qu'il ingurgitait depuis des années. Oui, je savourais pré­cieusement ces quelques minutes. Au bout d'un moment, j'ai ouvert les yeux. Il n'était plus là 1 Entre deux vagues, j'ai aperçu sa tête. Il allait vers la barriè­re rocheuse. Il y était presque. Je me suis levé d'un bond et j'ai crié. Des pêcheurs m'avaient averti que, passé la barrière, très peu de nageurs revenaient. Des lames de fond la frappaient avec violence et le courant qu'elles provoquaient tirait sans cesse le nageur tou­jours un peu plus loin vers les profondeurs de l'Océan. Ma voix était étouffée par le vent qui soufflait vers le rivage. Il s'est hissé sur la barrière, m'a fait un bref signal amical. Et il a plongé dans les lames mortelles. La terreur me pétrifiait. Sans voix, incapable de faire quoi que ce soit (le village le plus proche était à deux kilomètres), je sentais le frisson de quelque chose de définitif, d'inexorable qui se jouerait dans les quelques minutes qui allaient suivre. Je l'ai vu apparaître, et puis ce cri effrayant: « Guy, à l'aide 1 »

(*) Prêtre éducateur. 46, rue Riquet. 75019 Paris.

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Parabole de la barrière rocheuse ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Je criais à m'en briser la voix:« Reviens 1 »

Sa main tendue réapparaissait, et toujours le même cri épouvantable. Une prière forte a jailli de tout mon être:

«Seigneur, tu m'as mis sur sa route. Il commence à revivre. Pourquoi le laisser mourir 7 C'est pas pos­sible."

La main a disparu. La voix s'est éteinte.

UN COMBAT DE GÉANT

Je l'avais connu et aidé au moment de ses seize ans. Insouciant, vigoureux, impulsif, il était la vie même, mais vie en pleine déroute. Une rupture fami­liale et des copains troubles, tout cela l'avait conduit à une délinquance classique : vols, casses, alcool, etc. Deux ans plus tard, après des appels à l'aide répétés, je fonçais au fin fond de la France le retrou­ver. Je découvrais un être radicalement différent. Les yeux injectés de sang, suicidaire, drogué, il n'était qu'une loque, vivant de vols ou même d'agressions pour avant tout se procurer sa précieu­se drogue qui lui faisait oublier sa déchéance, le temps d'une piqûre ou d'un médicament à forte dose. N'ayant jamais encore connu de drogué, j'étais désemparé parce que totalement inexpéri­menté.

Sur cette plage, en un éclair, je me souvenais ... face à cette mer qui effaçait, en l'engloutissant, trois ans de combat où peu à peu j'avais appris. Je revoyais, en quelques instants, le chemin dur, très dur, suivi à ses côtés pour l'arracher à cette maudite drogue où tout se mêlait : alcool, cachets, marijuana, héroïne, l'ensemble l'enlaçant, le relâchant, puis le reprenant. Je me revoyais sauter deux fois dans un avion pour le rejoindre et lui faire dégueuler les dizaines de cachets mortels ingurgités dans un moment de totale panique. Je laissais de plus en plus des moments de distance pour lui permettre de s'as­sumer. En effet, il commençait à s'en sortir. Et puis j'étais heureux de savoir qu'il avait découvert, dans un premier amour, une raison de vivre.

BIBLIOGRAPHIE (non exhaustive) - Alain EHRENBERG: <c l'homme incertain >>-Calman-Lévy-1995 - Sylvie GEISMAR-WtEVtRSKA : <c les toxicomanes ». Éd. Seuil. - « La drogue au lycée » : Impact Médecins N° 252,

Octobre 1994; - « l'adolescence au risque de la toxicomanie» : revue du

Praticien, Médecine générale - tome 9 - N° 292-293, Avril 1995. La prise de drogue : - une lutte contre la dépression? - une crise du développement familial.

- «Toxicomanies»: revue du Praticien - N° 11, Juin 1995 - Drogues et drogués:« où en sommes-nous?» in revue

<<Ensemble» revue de l'Université Catholique de Lille­N0 1, Mars 1995.

- H. CHABROL: « les toxicomanies de l'adolescent » - Coll. Que sais-je, 1992

IL A FRANCHI LA BARRIÈRE

Il était au bord de gagner. Malgré ses rechutes, il retombait beaucoup moins souvent. Il parlait d'avenir. Il croyait à la vie et à l'amitié. Je lui avais fait retrouver ses parents avec qui il avait rompu depuis plusieurs années. Je savais aussi que je ne pourrais jamais recommencer ce combat de titan avec quiconque. C'était trop dur, trop éprouvant. Il m'avait dit une fois: « Tu es responsable de ce que tu as sauvé. » La mer implacable dévorait sous mes yeux ce qu'il y a de plus beau sur terre: La Vie. ·

Je pleurais en silence, pétrifié, sur le rivage. Inca­pable de faire un mouvement. Je restais là sur le sable. Et puis il a reparu. Plus de cri, plus de main appelant au secours. Je voyais simplement sa tête qui grossissait lentement, disparaissait, revenait, se rapprochait. Il revenait vers la barrière rocheuse. De toutes mes forces, je le suppliais de tenir. J'avais oublié que, si je le voyais, lui ne pouvait me voir. Il m'a dit, bien après : « Ce qui m'a fait tenir, c'était de te savoir là, présent, sur le riva­ge » Il était myope, et ne voyait distinctement au-delà de quelques mètres. Il était à deux cents mètres du rivage. Emerveillé, je l'ai vu lentement se rapprocher de la bar­rière rocheuse, s'y agripper désespérément et, vacillant, replonger vers la rive. Cette fois, il m'entendait. Lentement, au bord de l'évanouissement, il progressait vers le sable. Il y est resté plus d'une heure, presque inconscient, les muscles de tout le corps durs comme la pierre, contractés par l'effort gigantesque qui le rame­nait vivant. Dans les quelques minutes qui ont suivi, j'ai su qu'il s'en sortirait seul... Que je serai toujours sur la rive pour appeler, soutenir, aider, aimer. Mais que lui seul déciderait, en puisant dans toutes les ressources prodigieuses et cachées de son être, qu'il est toujours temps un jour de sortir des barrières les plus apparem­ment infranchissables de l'alcool, de la drogue, ou des lames mortelles. Qu'« il » s'appelle Dany, Robert, Gérard, Michaël ou Yann, ça n'a aucune importance. Je le vois de temps à autre. Il me reparle à chaque fois de la barrière rocheuse. J'efface, dans ma pensée, ce court cauchemar parce que sa drogue d'aujourd'hui c'est l'amour, la vie. Celle qui l'aime, ceux qui restent toujours présents dans les moments durs, lui ont fait oublier et dépasser toute peur, toute barrière. •

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