20 › 22 février 2015 krapp’s last tape

19
DOSSIER DE PRESSE Krapp’s Last Tape © Lucie Jansch 20 › 22 février 2015 contact presse Bénédicte Namont / 05 62 48 56 52 [email protected] THÉÂTRE ven.20 à 20:00 • sam.21 à 17:30 et 20:30 dim.22 à 17:00 • durée 1h10 › avec le soutien de COFELY-INÉO, de la Caisse d’Épargne Midi-Pyrénées et du Conseil Général de la Haute-Garonne Krapp’s Last Tape (La dernière bande) Samuel Beckett Robert Wilson (USA) › un projet de Change Performing Arts commandité par Spoleto 52 Festival dei due Mondi et Grand Théâtre de Luxembourg

Upload: others

Post on 27-Feb-2022

2 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

dossier de presse

Krapp’s Last Tape © Lucie Jansch

20 › 22 février 2015

contact presse

Bénédicte Namont / 05 62 48 56 52 [email protected]

THéÂTre

ven.20 à 20:00 • sam.21 à 17:30 et 20:30dim.22 à 17:00 • durée 1h10

› avec le soutien de COFELY-INÉO, de la Caisse d’Épargne Midi-Pyrénées et du Conseil Général de la Haute-Garonne

Krapp’s Last Tape (La dernière bande)Samuel BeckettRobert Wilson (USA)

› un projet de Change Performing Arts commandité par Spoleto 52 Festival dei due Mondi et Grand Théâtre de Luxembourg

théâtre Garonne – saison 2014-2015

20 ..22 février 2015 – théâtre Garonne ven 20 à 20h, sam 21 à 17h30 et 20h30, dim 22 à 17h durée 1h10 en anglais surtitré tarifs de 11€ à 26€

Krapp's Last Tape (La dernière bande) théâtre

de Samuel Beckett par Robert Wilson (USA)

mise en scène, scénographie, et conception lumières Robert Wilson costumes et collaboration à la scénographie Yashi Tabassomi lumières A.J. Weissbard son Peter Cerone et Jesse Ash un projet de Change Performing Arts commandité par Spoleto 52 Festival dei due Mondi et Grand Théâtre de Luxembourg avec Robert Wilson collaboratrice à la mise en scène Sue Jane Stoker assistant mise en scène Charles Chemin directeur technique Reinhard Bichsel supervision lumière Aliberto Sagretti ingénieur du son Guillaume Dulac régisseur de scène Thaiz Bozano chef machiniste Violaine Crespin make-up Claudia Bastia tour manager Laura Artoni un projet de Change Performing Arts commandité par Spoleto 52 Festival dei due Mondi et Grand Théâtre de Luxembourg production : Fondation CRT Milan présenté à Toulouse avec le soutien de COFELY-INÉO et la Caisse d’Epargne Midi-Pyrénées

Pour l’une de mes premières pièces, Une lettre de la reine Victoria, j’ai été honoré que Beckett vienne

me voir en coulisses. Il m’a complimenté sur mon texte fragmenté et non séquencé, qu’il trouvait

formidable. Finalement, c’est Eugène Ionesco qui a fait la critique de ma toute première pièce Le

Regard du sourd et a écrit “Wilson est allé plus loin que Beckett." C’est pour cela que j’ai été très

intimidé lorsque je l’ai finalement rencontré.

J'ai toujours senti une parenté avec le monde de Beckett. Il est, d’une certaine manière, trop proche

de mon travail. Mais maintenant, après 35 ans, j'ai décidé de relever le défi et de me lancer.

Lorsque je dirige un travail, je crée une structure installée dans le temps. Enfin, lorsque tous les

éléments visuels sont en place, je crée un cadre que les interprètes remplissent.

Si la structure est solide, alors chacun s’y sent libre. Ici, pour la plupart, la structure est donnée, et je

dois trouver ma liberté au sein de la structure de Beckett qui indique à quoi elle doit ressembler,

quels sont les mouvements, etc. Tout est écrit.

Robert Wilson

Contact presse : Bénédicte Namont - [email protected] - 05 62 48 56 52

théâtre Garonne - 1, av du Château d’eau - 31300 Toulouse

Réservations en ligne, informations et dernières minutes sur www.theatregaronne.com

tél. billetterie : + 33 (0)5 62 48 54 77- administration : + 33 (0)5 62 48 56 56

fax : + 33 (0)5 62 48 56 50 - [email protected]

théâtre Garonne – saison 2014-2015

Robert Wilson

Le New York Times a décrit Robert Wilson comme « une figure de proue dans le monde du théâtre

contemporain et un explorateur dans l’utilisation du temps et de l'espace sur scène. »

Né à Waco, au Texas, Wilson est l’un des artistes visuels et des metteurs en scène les plus importants

au monde. Ses œuvres pour la scène intègrent de manière innovante une grande variété de langages

artistiques : la danse, le mouvement, la lumière, la sculpture, la musique et le texte. Les images qu’il

crée sont d’une esthétique remarquable et chargée d'émotion, et ses productions lui ont valu la

reconnaissance des publics et des critiques dans le monde entier.

Après des études à l'Université du Texas et de l'Institut Pratt de Brooklyn, Wilson fonde un collectif à

New York « The School of Byrds » au milieu des années 1960, et développe ses premières œuvres

dont Le regard du sourd ( 1970 ) et Une lettre pour la reine Victoria ( 1974-1975 ). Avec Philip Glass il

écrit l’opéra Einstein on the Beach ( 1976 ) .

Robert Wilson collabore avec de nombreuses personnalités artistiques, des écrivains et des

musiciens tels que Heiner Müller, Tom Waits, Susan Sontag, Laurie Anderson, William Burroughs,

Lou Reed ou Jessye Norman. Il a également marqué de son empreinte des chefs-d'œuvre tels que La

Dernière Bande de Beckett, Madame Butterfly de Puccini, Pelléas et Mélisande de Debussy, L'Opéra de

quat'sous de Brecht et Weill, Woyzeck de Büchner, Les Fables de la Fontaine et L'Odyssée d'Homère.

Ses dessins, peintures et sculptures ont été présentées à travers le monde dans des centaines

d’expositions personnelles et collectives ; ses œuvres sont conservées dans de nombreuses

collections privées et de musées à travers le monde.

Robert Wilson a reçu de nombreux prix été honoré, dont une nomination pour le prix Pulitzer, deux

prix Premio Ubu, le Lion d'Or de la Biennale de Venise, et d'un Olivier Award. Il a été élu à l'Académie

américaine des arts et des lettres aux Etats-Unis et reçu l’insigne de Commandeur des Arts et des

Lettres en France.

Robert Wilson est le fondateur et directeur artistique du Watermill Center, un laboratoire pour les

arts de la scène situé à Watermill dans l’Etat de New York.

ROBERT  WILSON  /  SAMUEL  BECKETT  KRAPP’S  LAST  TAPE  

     

Paris,  December  2011  PRESS  REVIEW  

   

   

11 RUE BERANGER75154 PARIS 3 - 01 42 76 17 89

05 DEC 11Quotidien Paris

OJD : 113108

Surface approx. (cm²) : 161N° de page : 30

Page 1/1

ATHENEE3952240300501/XHD/AMR/1

Eléments de recherche : Toutes citations : - ATHENEE THEATRE LOUIS-JOUVET ou THEATRE DE L'ATHENEE : à Paris 9ème - PATRICEMARTINET : directeur du théâtre de l'Athénée ou de Athénée théâtre Louis Jouvet à Paris

THÉÂTRE Seul sur la scène de l'Athénée, l'Américain réinterprète de façon farcesque la pièce de Beckett.

«La Dernière Bande» à part de Bob WilsonKRAPP'S LAST de SAMUELBECKETT Ms et interprétation de Bob Wilson(en anglais surtitré) Athénée théâtre Louis-Jouvet,75OO9. Jusqu'à jeudi Rens . OI 53 OS IC OO.

Quinze ans après un solo inspireà'Hamlet, de nouveau seul en scèneà l'Athénée pour interpréter Krapp'sLast Tape de Beckett (Libération des 3

et 4 décembre), Bob Wilson est un clownblanc aux cheveux en pétard, en savates etchaussettes rouges. Pour Hamlet, il était l'en-fant au grenier, capable de recréer le mondeà partir d'une chaise. Là, il est un vieuxmonsieur indigne, dans un sous sol à hautsmurs gris et étroites fenêtres.La pièce s'ouvre sur un coup de tonnerre. Unbruitage de déluge accompagne les vingtpremières minutes, où la pluie tombe en zé-brures de lumière sombre, comme dans unfilm en noir et blanc. On peut voir tout lespectacle comme un hommage au muet, avecun héros aux airs de méchant à grosses fessescomme chez Chaplin.La pièce de Beckett a été jouée souvent, en

français ou en anglais, par David Warrilow,qui lui donnait un humour crépusculaire, enfinesse. L'interprétation plus brutale de Wil-son souligne une dimension farcesque que letitre français de la pièce, la Dernière Bande,tend à neutraliser. Krapp est un homophonede crap («merde»). Et le type qui se repassedes bandes enregistrées trente ans avant estun personnage peu ragoûtant, qui disparaîtsouvent en coulisses pour s'envoyer un verre(les bruits afférents rappelleront à certainsJérôme Deschamps). Jeune, inspirée, la voixque le vieux Krapp réécoute est celle d'unhomme qui croit avoir trouvé dans la littéra-ture un remède à la fin de l'amour. Le résul-tat, tel que Beckett l'expose, est d'unecruauté sans appel.Le savoir-faire de Wilson dans l'usage de lalumière et de la bande-son est d'une préci-sion à couper le souffle. Au coeur de sa ma-chine, Wilson n'est pas une marionnette,même quand il fait mine de se transformeren danseuse tournant au fond de la bouteille.Vieux cabot simultanément comique et gla-çant, on peut imaginer que Beckett auraitaimé Krapp selon Wilson.

RENÉ SOUS

164 RUE AMBROISE CROIZAT93528 SAINT DENIS CEDEX - 01 49 22 73 29

05 DEC 11Quotidien Paris

OJD : 48118

Surface approx. (cm²) : 228N° de page : 19

Page 1/1

ATHENEE2812240300509/XNR/ARL/1

Eléments de recherche : Toutes citations : - ATHENEE THEATRE LOUIS-JOUVET ou THEATRE DE L'ATHENEE : à Paris 9ème - PATRICEMARTINET : directeur du théâtre de l'Athénée ou de Athénée théâtre Louis Jouvet à Paris

THEATREDE JEAN-PIERRE LÉONARDINI

Deux bainsde langue anglaise

S'emparant de Krapp's Last Tape (la Dernière Bande),de Samuel Beckett, Robert Wilson se l'incorpore, enfait littéralement sa chose (I) Auteur de la mise enscène et concepteur de la scénographie et des lumières,il est aussi l'interprète de l'œuvre, comme il le fut, en2000, dans Hamlet À soixante-dix ans, il a l'âge de lacréature imaginée par Beckett, laquelle repasse sur unmagnétophone des bnbes d'enregistrements vieux detrente ans qui pouvaient donner l'illusion d'une espècede bonheur, en tout cas d'une velléité d'espérance. N'yest-il pas fait allusion à une femme allongée dans unebarque glissant sur les roseaux? À présent, l'hommerenie ses élans sensiblement hachés, ressuscites par sapropre voix suivant le principe mécanique qu'il actionne.Pour sûr c'est tragique, ce soliloque en miettes sur unevie réduite a des riens (ainsi va toute chair, n'est-cepas"?) en même temps qu'empreint du furieux humouren quoi réside le génie de Beckett, auquel Wilson adhèreà l'évidence sans se priver d'y mettre du sien, soit satournure d'esprit baroque jusque dans le plus ostensiblemmimalisme.

S'il suit à la lettre les indications vétilleuses deBeckett, il les traduit en signes majeurs et les orchestresur le mode grandiose. Il apparaît comme une sorte declown blanc solitaire - le visage couleur de craie rappelleles figures du cinéma muet tandis que le corps suggèrepar éclairs la gestuelle du mélodrame - avec pourtémoin-partenaire le public souvent f ixe dans les yeux ll

y a la table de rigueur avecle magnétophone, maîs rienn'implique concrètementune misère maténelle.Lespace est stylisé, quasimétaphysique (squeletted'une bibliothèque,classeurs évidés ici etlà) Certes, on retrouveles bananes données àmanger par Beckett à sonpersonnage. Wilson les porte

comiquement à la bouche puis en fait disparaître lespeaux, en un habile tour de passe-passe Le vieil hommesupposé a quelque chose ici d'un enfant tnste et farceur

Une sortede clown blancsolitaire, avecpour témoin-partenairele publicsouvent fixédans les yeux.

obéissant au doigt et à l'œil à une forme admirablementpréconçue Au début, un orage monstre splendidementorchestre (le son est dû au compositeur Peter Cerone)a son équivalent plastique dans des traits de lumièreverticaux Beckett n'en peut maîsPeu importe. C'est si beau en soi

On se laisse tant emporter par Wilson qu'il reste peude mots pour saluer 77s Pityshe's a Whore (Dommagequ'elle soit une putain), de Mn Ford (1586-1639?),dans la mise en scène de Declan Donnellan (2).Artaud portail au plus haut ce théâtre cruel qu'ilenvisageait à la gloire de l'inceste, car on y voit,à la fm, un frère fou d'amour arracher le coeur desa sœur, enceinte de lui, mariée à un autre C'estorganisé de mam de maître, en costumes actuels,dans une ingénieuse scénographie de Nick Ormerodqui suggère les organes internes d'un théâtre (loges,lavabos, penderies), et c'est joué avec une sciencede l'emportement des plus enviables Ces comédiensbritanniques ont un jus d'enfer, se donnent et sereprennent avec urre aisance folle, se prêtent à l'excèsavec élégance, et emportent le morceau dans toutes lessituations, fussent-elles dansées ou féroces Lydia Wilson(Annabella) est, par exemple, l'irrésistible jeune premièrede ce bain de sang et de langue en fusion.

(1) Athénée Théâtre Louis Jouvet, jusqu'au 8 decembre,spectacle en anglais surtrtré(2) Les Gémeaux, à Sceaux, jusqu'au 18 décembre,spectacle en anglais surtitré.

16 RUE DU QUATRE SEPTEMBRE75112 PARIS CEDEX 02 - 01 49 53 65 65

06 DEC 11Quotidien Paris

OJD : 121356

Surface approx. (cm²) : 205N° de page : 15

Page 1/1

ATHENEE0459340300507/XAL/ARL/1

Eléments de recherche : Toutes citations : - ATHENEE THEATRE LOUIS-JOUVET ou THEATRE DE L'ATHENEE : à Paris 9ème - PATRICEMARTINET : directeur du théâtre de l'Athénée ou de Athénée théâtre Louis Jouvet à Paris

ENTRACTE

Beckett illuminéU n coup de tonnerre fracassant

dans le noir, puis la scènes'éclaire. Un homme, assis der-

rière un bureau, dans la pénombre.Une bibliothèque ou des archives- un enfer géométrique qui se perddans le ciel dévoilé par de petiteslucarnes rectangulaires. Enfin lapluie se met à tomber. Diluvienne.Ses reflets balaient la pièce à touteallure. Le visage de l'homme s'illu-mine : blafard, hirsute, un clownblanc aux portes de la mort...

Ce n'est pas le Jugement dernier,mais ça y ressemble. Bob Wilson,soixante-dix ans, revêt les habitsusés de Krapp, soixante-dix ans,pour dialoguer avec la dernièrebande d'une vie ratée enregistrée ily a trente ans - bribes d'amour,d'espoirs, de désillusions. Lamanière dont Wilson se coule, sedissout dans Beckett - et inverse-ment - est saisissante. Le metteur enscène américain, scénographe,éclairagiste et interprète de ce courtmonologue-dialogue sentimental etmétaphysique, transforme lescontraintes - les didascalies trèsprécises de l'auteur - en un tremplinde créativité.

Opéra du temps perduII y a quelque chose d'opératiquedans cette « Dernière Bande » don-née à l'Athénée dans sa versionanglaise (« Krapp's Last Tape »,datant de 1958). Une représentationlyrique de la fin de l'homme et dumonde. Quand la pluie s'arrête etque Wilson-Krapp conclut sa dansefunèbre et grotesque - faite de petitspas, de grimaces et de libationsdiverses (dégustations de bananes,d'un verre de vin dans les coulis-

Krapp (Robert Wilson) dialoguant avec son magnétophone.

ses) - pour enclencher le magné-tophone, on a l'impression quedémarre l'opéra, après une longueouverture. Un opéra du tempsperdu, fait de zigzags sériels, de col-lages, de borboiygmes... Chants del'amour brisé, des ambitions ratées,de trop d'alcool bu...

Grâce à son esthétique sophisti-quée et intemporelle, Wilson par-vient à gommer le côté daté du dialo-gue entre l'homme et sa machine(aujourd'hui Krapp repasserait plu-tôt sa vie sur un smartphone). Bienque spectaculaire, sa mise en scènene prend jamais le pas sur le texte,dont chaque mot frappe au cœurcomme un grêlon. Les éclairs quiéblouissent la scène évoquent« l'illumination » dont on ne connaî-tra jamais la nature ; les regards fié-vreux du comédien, la rupture avecla femme aimée. Et les (presque)derniers mots enregistrés jadis :

LA DERNIÈRE BANDEde Samuel Beckett

Mise en scène de Robert Wilson.Version anglaise surtitrée.A Paris, Théâtre de l'Athénée(OI 5305 19 19)jusqu'au8 décembre. Durée • I heure I

« Passé minuit. Jamais entendu pareilsilence. La Terre pourrait être inha-bitée », résonnent avec une acuitédouloureuse. C'est l'humanité d'unartiste qui sert l'humanité d'unauteur. Le temps jamais retrouvés'est arrêté aussi pour nous, specta-teurs. Dans nos têtes, la sublimebobine de cette « Dernière Bande »n'a pas fini de tourner.PHILIPPE CHEVILLEY

Impr

imé

avec

jolip

rint

Une saisissante interprétation de Robert Wilson

La dernière bande au Théâtre de l’Athénée. (Lucien Jansch)

Version doublement originale de la Dernière bande de Beckett.

Écrite d’abord en anglais, Krapp’s last tape est plus connue en France sous le titre de La Dernière bande, célèbre texte de Beckett. Cette dernière bande est celle que Krapp enregistre le soir de ses 70 ans, comme il le fait à chaque anniversaire et où il se remémore l’année écoulée. Ce soir-là, il écoute l’en-registrement effectué lors de ses trente ans. Le texte se concentre sur cet homme penché sur son passé. La version que Robert Wilson met en scène et son interprétation donnent à voir et à entendre Beckett autrement.

La pluie frappe fort sur les toits, le bruit du ton-nerre fracasse les airs. Soudain, dans la lueur d’un éclair, surgit, comme d’un autre temps, le visage de Krapp. Saisissant. Fardé de blanc, yeux, sourcils et bouche fortement dessinés, cheveux relevés en brosse, l’homme est assis à son bureau. Derrière lui, le graphisme noir et blanc d’étagères remplies d’archives. L’esthétique, qui réussit si bien à Bob

Wilson, est celle des films expressionnistes de la grande époque : exagération des sons, à commencer par celui de la bande magnétique, des mimiques (voir comment il engloutit des bananes), des poses. Dans le décor strict découpé de lumière, tout repose sur la rigueur, la précision extrême, le travail de la voix, celle enregistrée et celle de Krapp plus âgé. Pas de nostalgie, mais une distance avec soi, un œil et une oreille lucides, presque de l’autodérision, c’est le regard non pas d’un sourd, mais celui d’un metteur en scène accompli et d’un interprète en connivence avec un auteur. On ne pourra l’oublier.

La dernière bande * * * * Théâtre de l’Athénée, Square de l’Opéra Louis-Jouvet, 7 rue Boudreau, Paris 9e. tél. 01 53 05 19 19. www.athenee-theatre.com Jusqu’au 8 décembre.

Réactions à l’articleAucune Réaction, Soyez le premier à réagir

mardi 06 décembre 2011

http://www.lejdd.fr/Culture/Theatre/Actualite/Critique-de-La-derniere-bande-au-theatre-de-l-Athenee-435275/

Page 1

Théâtre

Annie Chénieux - Le Journal du Dimanche

14 BOULEVARD HAUSSMANN75438 PARIS CEDEX 09 - 01 57 08 50 00

03/04 DEC 11Quotidien Paris

OJD : 316852

Surface approx. (cm²) : 383N° de page : 1

Page 2/2

ATHENEE5414140300503/XHD/OTO/1

Eléments de recherche : Toutes citations : - ATHENEE THEATRE LOUIS-JOUVET ou THEATRE DE L'ATHENEE : à Paris 9ème - PATRICEMARTINET : directeur du théâtre de l'Athénée ou de Athénée théâtre Louis Jouvet à Paris

Robert Wilson, le comédien de l'absoluTHÉÂTRE À l'Athénée, le dramaturge américain joue « Krapp's Last Tape » de Samuel Beckett.

ARMELLEHÉLIOT

On vient cl applaudir sa ver-sion de Lulu avec le BeilinerEnsemble et la musique deLou Reed au Théâtre de laVille Robert Wilson est à

nouveau a Paris, ville qu'il connaît tresbien et aime pour mettre en scène etjouer seul a l'Athénée, Krapp'j Last Tape(La Dernière Bande) de Samuel BeckettLes liens de l'artiste americain avecl'ecnvarn sont profonds « Beckett, raconte Robert Wilson assista un jour à unereprésentation de A Letter to Queen Vic-toria, un de mes premiers spectacles Jesavais qu'il était la J'attendais dans maloge fl vmt Me complimenta pour !a re-présentation et me dit au 'il aimait pam™ -fferement Ie texte /'étais saisi, car ce texteétait composé de poèmes concrets, dontbeaucoup avaient ete écrits avec Christo-pher Knowles un jeune autiste et quijouait dans cette pièce ou figuraient aussides textes de nonsense Cejour-la, j'avaisdit à Samuel Beckett que } aurais aime lerevoir, le connaître, maîs ce n'est que desannees plus tard et le temps d'un dinerseulement que nous nom, revîmes »

Dans A Letter fo Queen Victoria RobertWilson jouait Comme il jouait dansDeafman Glance (Le Regard du sourd)dont Ionesco avait salue la force « Wil-son est aile plu» tom que Beckelt »Aujourd'hui, Robert Wilson glisse, mo-deste et malicieux, que l'auteur de LaCantatrice chauve faisait réference au« silence » « Deafman Glance, c'étaitsept heures de silence Les pièces de Bec-kett sont tramées de silence maîs elles nesont jamais complètement silencieuses »

Robert Wilson se reconnaît dans la lucidité sarcastique de Samuel Beckett« Je me sens en étroite proximité avec luiComme lui, j'ai toujours pense que les

Krapp (Robert Wilson) fête ses 70 ans. Ce Jour-là, il reécoute une bande de ses souvenirs enregistrés ll y a trente ans. LUCIE JANSCH

grands acteurs comiques sont les plusgrands, tek Buster Keaton, Charlie Choplm Leur manière d'être, leurs mouve-ments chorégraphies, leur sens du ryth-me, de la temporalité, l'apparenceartificielle du "personnage", lesveux/ar-des, Ie visage pâle, tout leur permet dejouer des scènes tragiques comme s'ils'agissait de comedie »

Un texte très personnelKrapp's Last Tape est l'un des textes lesplus sombres de Beckett Un homme feteson anniversaire ll a 70 ans Chaque annee, il enregistre les souvenirs de l'annéequi vient de s'écouler Ce jour-là il réé-coute une bande d il y a trente ans Va-et-vient du pur present au passe passeque I on répète Le dispositif tres stnct de

Krapp's Lost Tope n'interdit pas le theâtre, le jeu et exalte au contraire les miances de I interprétation « Je pense quec'était un texte tres personnel pour Beckett, un texte plongeant au plus intime etje m'y reconnais complètement Je peuxvoir toute ma VK dans ce texte »

Ainsi Robert Wilson homme de pudeur profonde, livre t il sans doutequelque chose de lui même dans ce travail On l'avait revu u y a quèlques saisons, interprétant lui-même Hornlet a laMC93 de Bobigny D'une precision japo-naise Pour Krapp's, avec son visageblanc et son maquillage appuyé, il faitpenser à ce monde oriental, comme aumonde burlesque II a toujours réconciliédes forces souterraines qu'il fait affleureren lumieres, mouvements, tempi précis,

beaute Actuellement il travaille en Gréce sur Homère L filiale, L'Odyssée sontpour liu « un héritage essentiel » On ver-ra ce grand spectacle à l'automne 2012,au Theatre national d Athenes

II va de continent en continent, depays en pays Apres Taipei, il élaborerapeut etre un grand cycle épique au Eresil Il prépare aussi Tr&fon dè RichardWagner pour l'opéra II ne cesse jamaisd'entreprendre Robert Wilson estd'abord un conteur Un artiste qui saitutiliser les moyens les plus sophistiquesdes jeux de la lumière et de l'illusion, dela réalité et du songe pour nous entraînerau coeur des histoires et souvent de l'His-toire De son histoire ? •Athenee, jusqu'au 8 decembre Tél0153 OS 1919 ou www athenee-theatre com

11 RUE BERANGER75154 PARIS - 01 42 76 17 89

03/04 DEC 11Parution irrégulière

Surface approx. (cm²) : 2606N° de page : 1

Page 1/8

ATHENEE6214140300508/XAL/OTO/1

Eléments de recherche : Toutes citations : - ATHENEE THEATRE LOUIS-JOUVET ou THEATRE DE L'ATHENEE : à Paris 9ème - PATRICEMARTINET : directeur du théâtre de l'Athénée ou de Athénée théâtre Louis Jouvet à Paris

Bob Wilson,aux iours

*J

Le metteufen scène américain fête ses 70 ans.Un film retrace sa carrière alors qu'il joue au Théâtre

de l'Athénée à Paris. Rencontre.

11 RUE BERANGER75154 PARIS - 01 42 76 17 89

03/04 DEC 11Parution irrégulière

Surface approx. (cm²) : 2606N° de page : 1

Page 2/8

ATHENEE6214140300508/XAL/OTO/1

Eléments de recherche : Toutes citations : - ATHENEE THEATRE LOUIS-JOUVET ou THEATRE DE L'ATHENEE : à Paris 9ème - PATRICEMARTINET : directeur du théâtre de l'Athénée ou de Athénée théâtre Louis Jouvet à Paris

Théâtre, opéra... cinq ou sixproductions planétaires par an.Un film revient sur les 50 ans decarrière du metteur en scèneet apporte de nouveaux élémentssur la jeunesse au Texas.

11 11 lllll ll lll

J

I •••••Illl! Il

11 RUE BERANGER75154 PARIS - 01 42 76 17 89

03/04 DEC 11Parution irrégulière

Surface approx. (cm²) : 2606N° de page : 1

Page 3/8

ATHENEE6214140300508/XAL/OTO/1

Eléments de recherche : Toutes citations : - ATHENEE THEATRE LOUIS-JOUVET ou THEATRE DE L'ATHENEE : à Paris 9ème - PATRICEMARTINET : directeur du théâtre de l'Athénée ou de Athénée théâtre Louis Jouvet à Paris

En haut: A Waco, auTexas, le garage dela maison d'enfancede Robert Wilson,lieu des premièresmises en scène.PHOTO SACHAGOLDMANN

Les Sonnetsde Shakespeare,mise en scènepar Bob Wilson auBerliner Ensembleen 2008. PHOTOCOURTESY FONDATION

BYRDHOFFMAN

LeWatermillCenter, laboratoirepluridisciplinairede Bob Wilson, àLong Island, dansl'Etat de New York.PHOTO LESLEYLESLIE

SPINKS

Ci-dessus:Une des «maisons»de Bob Wilson,qui est égalementplasticien.COURTESY

FONDATION BYRD

HOFFMAN

11 RUE BERANGER75154 PARIS - 01 42 76 17 89

03/04 DEC 11Parution irrégulière

Surface approx. (cm²) : 2606N° de page : 1

Page 4/8

ATHENEE6214140300508/XAL/OTO/1

Eléments de recherche : Toutes citations : - ATHENEE THEATRE LOUIS-JOUVET ou THEATRE DE L'ATHENEE : à Paris 9ème - PATRICEMARTINET : directeur du théâtre de l'Athénée ou de Athénée théâtre Louis Jouvet à Paris

Par RENE SOLIS

L^ an dernier a Praguey pendant une repeti

tion, la maladie de lamort a rattrape BobWilson Pas le texte deMarguerite Durasqu'il avait mis enscene en 1997 avec

Michel Piccoh et Lucmda Childs maîsune morsure a la poitrine suivie d'unechute sous la table Quèlques jours d'hopital et une operation du cœur plus tard,la machine est repartie I e metteur enscene americain, ne a Waco au Texas, afete cette annee ses 70 ans Et joue jusqu'au 8 decembre a I Athenee, seul enscene fCrapps'îast tape de Samuel Beckett( ia Derniere Bande) Un texte ou un vieilalcoolique solitaire réécoute en ricanant

H S P ® H M * ï t f t ! S 6 i » W i 0 » 1 * ii ps si s ;

raconte, a Waco au fexas, «u il*grandi, foubert Wilson a baigneclan*» la culture <eï fc llieàliv

sa voix remplie d'espoir évoquant unepassion amoureuse et une rupture, surune bande enregistrée trente ou quaranteans plus tôtLa derniere fois que Wilson était montésur scene c'était en 1995 pour Hamiet amonologue, un spectacle presente notamment a la MC 93 de Bobigny Ce retour estun evenement Si Wilson signe tous lesans cinq ou srx productions theatre,opera - de par le monde, sans compter lesexpos tournages ou workshops sesappantions comme acteur sont aussi rares quemémorables Inutile de surchargerKrapps lost tape d intentions testamentaires par ailleurs contradictoires avecl'ironie de Beckett En revanche, il estvrai que son alerte cardiaque a précipitechez Bob Wilson le besoin de faire lepoint sur pres de cinquante ans de foisonnement artistique ininterrompuComme un arret sur image chez unhomme connu pour etre perpétuellementsur la brèche aux quatre coms du mondeet dont la resistance physique a toujoursfait I admiration de ses proches, l'avionsemblant le seul endroit ou il trouve unpeu de repos «lf I could die» («si je pouvais mourir»), soupire t il, d'après unami, chaque fois qu il se laisse tomber surun siege de classe affaires pour un nouveau vol long courrier

«Near death experience»Pour Wilson, le malaise de Prague a eteselon ses termes, une near death «penence Qui l'a pousse avant d etre operedans un hopital de Munich, a se filmerlui même racontant certains de ses sou

vemrs Ces images figurent dans Rememberemember Wilson's Waco WatertrailWorld le documentaire que Sacha Goldmann, cinéaste, producteur et ami delongue date lui a consacre Le film, quidevrait etre diffuse en France en 2012, aete produit par le ZKM (Centre pour l'artet les technologies des medias) deKarlsruhe en Allemagne Unique en songenre cette vaste institution vouée a l'artcontemporain avait accueilli en 2010 laserie de Video Portraits réalises par Wiison On peut y voir actuellement et jusqu'au 8 janvier une exposition photo surWatermill, Ie lieu de travail et de production de Bob Wilson a Long Island pres deNew York, et plusieurs projections dufilm de Goldmann y sont encore prévues,apres la premiere qui a eu lieu en presence de Wilson le 27 novembre (i)Les editions Flammarion publient par

ailleurs ces jours ci la versionfrançaise d'un livre sommeconçu par Margery Arent Safir,avec The Arts Arena, associaDon liee a l'Université americarne de Paris (2) L'ouvrage recense e t i l l u s t r e

somptueusement la trajectoire du metleur en scene, et s'articule non de façonchronologique maîs a partir de vingtsept temoignages de personnes ayantcroise un jour son oeuvre Si le ton n'estpas a l'irrévérence, la diversite des profilset des origines donne a l'ensemble trncote très vivant Parmi les contributeursdes artistes (Philip Glass, Marina Abramovie Jessye Norman Isabelle Hupperi ), un prix Nobel chinois (Cao Xmgjiang) et un mecene français (PierreBerge) En conclusion du livre Wilsonlui même reprend plusieurs elements desa propre legende «J ai grandi dans unepente ville du Texas ou je n'avais pas i ocGaston d aller au theatre ou au museeJ avais plus de 20 ans quand je stas alte \ oirune piece pour la premiere fois » [ ]

«Enfant autiste»Une legende que Rememberemember Wuson's Waco Watermtll World, le film deSacha Goldmann, par ailleurs empreintd'empathie, contribue a briser La chosesemblait entendue le grand Texan auphysique d'éternel adolescent biennourri avait ete eleve dans le trou du culdes Etats Unis et ne s'était vraimentéveille a l'art et a la culture qu'une foisdébarque a New York au début des annees 60, apres avoir ete un «enfantautiste» comme I écrit Pierre Berge danssa contribution quand il évoque îe Regarddu sourd, le spectacle qui, en 1972 renditBob Wilson mondialement célèbreOr, tout cela est faux, et Wilson luimême en convient dans le film Goldmann qui s'est rendu a plusieurs annees

11 RUE BERANGER75154 PARIS - 01 42 76 17 89

03/04 DEC 11Parution irrégulière

Surface approx. (cm²) : 2606N° de page : 1

Page 5/8

ATHENEE6214140300508/XAL/OTO/1

Eléments de recherche : Toutes citations : - ATHENEE THEATRE LOUIS-JOUVET ou THEATRE DE L'ATHENEE : à Paris 9ème - PATRICEMARTINET : directeur du théâtre de l'Athénée ou de Athénée théâtre Louis Jouvet à Paris

d'intervalle à Waco, la ville natale, y adécouvert une autre réalité. Fils d'un no-table (son père a été juge et maire de laville), le jeune Bob a baigné dans la cul-ture et le théâtre, notamment au contactde Paul Baker, metteur en scène et uni-versitaire, et de sa femme Kitty. Mort en2009 à 98 ans, Baker, «un chieur, un din-gue et un génie», selon le mot de l'acteuret réalisateur Charles Laughton, était à lafois un directeur d'acteurs, théoriciend'une méthode connue comme «intégration of (utilities» («intégration des aptitu-des») et un révolutionnaire architectural,dessinateur de nouvelles salles et inven-teur de décors géométriques à plusieursniveaux.Nourri de son enseignement, et de celuide sa femme, spécialisée dans le théâtrepour enfants, le jeune Bob a fait dèsl'adolescence ses premiers pas dans lamise en scène, et Goldmann a retrouvedeux de ses actrices en herbe de l'époquequi conservent de lui une image très cha-leureuse. Celui qui, à l'école, avait ré-pondu «roi d'Espagne» à la question«qu'est-ce que vous vouiez faire piustard ?» (ce qui avait valu à son père uneconvocation chez le directeur), était unenfant à l'imaginaire très développé,porté sur l'observation, réserve mais pasparticulièrement renfermé.Goldmann a aussi retrouve la premièremaison d'enfance et est resté stupéfaitquand il a découvert le garage, «uneforme horizontale, allongée et ouverte surle vide •• e 'était très exactement un dessin deWilson pour un de ses décors». Dans lefilm, Goldmann montre à Wilson unephoto de ce garage. Celui ci la regarde

longtemps sans rien dire, visiblementtouché. Puis il la fait pivoter et dit sim-plement : «Cela/oncrionne aussi à la vert!cafe», et apparaît soudain la porte hauteet étroite du bâtiment qu'il a conçu pourWatermill.Goldmann émet l'hypothèse que ce ga-rage est peut être pour Wilson l'équiva-lent du «Rosebud» dans Citizen Koned'Orson Welles : la clé qui ramène en enfance. Son film a en tout cas le grand mé-rite de redonner à la légende wilsoniennetoute sa part d'humanité, alors qu'on asouvent tendance à en retenir la froideurmécaniste. Il rappelle aussi qu' à l'originede tout, il y eut la double rencontre avecRaymond Andrews, le jeune Noir sourd duRegard du sourd, et Christopher Knowles,l'autiste qui fut pendant six ans son inspi-rateur et son compagnon de route.Cette dimension humaine n'est pas su-perflue à l'heure où la machine Wilsonsemble repartie comme si de rien n'était.A Paris, les représentations de Lulu deWedekind - sur une musique de LouReed et avec la troupe du Berliner En-semble - viennent de s ' achever. L'année2012 doit s'ouvrir sur la reprise mondialede Einstein on The Beach, l'opéra conçuavec Phil Glass, auquel il est plusieursfois revenu depuis sa création en 1976.Après une création en janvier dans le Mi-chigan, la première européenne est pré-vue à Montpellier en mars. •»•

(1) ZKM, Lorenzstrasse 19, Kar/sruhe,Informations ++49(0)721-8100-0 et surwwwzkm de(2) «Robert Wilson f rom within», sous ladirection de Margery Arent Safir,Flammarion, 336 pp, 60 €

11 RUE BERANGER75154 PARIS - 01 42 76 17 89

03/04 DEC 11Parution irrégulière

Surface approx. (cm²) : 2606N° de page : 1

Page 6/8

ATHENEE6214140300508/XAL/OTO/1

Eléments de recherche : Toutes citations : - ATHENEE THEATRE LOUIS-JOUVET ou THEATRE DE L'ATHENEE : à Paris 9ème - PATRICEMARTINET : directeur du théâtre de l'Athénée ou de Athénée théâtre Louis Jouvet à Paris

Bob Wilson,au Théâtrede l'Athénée,le 29 novembre.PI-OTO OLIVIER

ROILtR

11 RUE BERANGER75154 PARIS - 01 42 76 17 89

03/04 DEC 11Parution irrégulière

Surface approx. (cm²) : 2606N° de page : 1

Page 7/8

ATHENEE6214140300508/XAL/OTO/1

Eléments de recherche : Toutes citations : - ATHENEE THEATRE LOUIS-JOUVET ou THEATRE DE L'ATHENEE : à Paris 9ème - PATRICEMARTINET : directeur du théâtre de l'Athénée ou de Athénée théâtre Louis Jouvet à Paris

«ln cle, e 'est savoir écouter»Seul en scène, Bob Wilson incarne le vieux Krapp de «laDernière Bande» de Beckett au théâtre de P Athénée à Paris.

AParis, trois jours avant la premièrede Krapp 's last tape et tout juste deretour de Karlsruhe, Bob Wilsonaccordait quèlques entretiens. Hy

mettait un peu plus que de la politesse, de lamalice, avec sa façon d'imiter soudain accents et attitudes de ceux qu'il évoque,comme si le monde était décidément sonthéâtre.Il y a plus de quinze ans, vous jouiez Hamlet :a monologue, et vous étiez comme un petitgarçon qui s'amuse au grenier. Aujourd'hui,vous vous sentez assez vieux pour interpréterun vieil homme ?J'étais l'enfant dans le grenier et là je suis levieillard dans la cave ! Bon, j'ai 70 ans. Etj'oublie complètement mon âge. L'enfant revient toujours. Baudelaire l'a magnifique-ment écrit : «Le génie e'est l'enfance retrouvéeà volonté.» Quand on regarde un acteur, ilfaut qu'on voit l'enfant. Quand j'ai fait Sa-lomé avec Montserrat Caballe, vous pouviezvoir la petite fille, vraiment la voir. Quoiqu'on fasse, l'enfant est là. Pour MadameButterfly de Puccini, comment peut-on faireressentir une rédemption possible pour Pinkerton, ce salaud qui abandonne MadameButterfly et la condamne au suicide ? Pourque l'émotion naisse, il faut qu'on puisse voirle petit garçon, c'est le moyen d'envisager delui pardonner. Le chanteur avait compriscela. Si vous êtes le roi Lear, sur le point demourir sur la falaise, il faut que le rire et l'en-fant soient là.Pourquoi le rire ?Avant de jouer Hamlet, j'avais fait I WQS Sitring on My Patio This Guy Appeared I ThoughtI Was Halîucinating... C'était un texte totalement absurde. Il ne faut surtout pas chercherdu sens où il n'y en a pas. Chez Beckett, toutrepose sur le silence. Dans ma version de !aDernière Bande, vingt-cinq minutes s'écou-lent avant que j'ouvre la bouche. Commentfaire pour que ce temps demeure vivant ?C'est un gros défi. La plupart des gens ontpeur du silence. Alors qu'il faut faire eonfiance au silence, sinon, cela ne marche pas.Le deuxième élément, c'est l'humour. Si tu

appuies cette histoire de vieil homme quiréécoute sa vie (il prend soudain une voixmélodramatique, avec des trémolos), c'estcomplètement ridicule.Comment s'est passé votre rencontre avecBeckett?Il est allé voir A Letterfor Queen Victoria [en1974, à Paris, ndlrj. C'était aussi du «nonsensé». Après la représentation, il est venume voir en coulisses et il m'a dit qu'il avaitbeaucoup aimé le texte, qu'il avait été «/os-ciné à quel point c'était vivant». J'étais trèssurpris. Nous sommes allés dîner et nousavons parlé de Madeleine Renaud dans Oh lesbeaux jours, que j'avais vu plusieurs fois. Ilm'a dit qu'elle était vraiment remarquabledans le rôle et je lui ai demande pourquoi. Ilm'a répondu : parce qu'elle n'y comprendrien, mais qu'eue a le bon tuning. (ll marquesoudain un rythme, avec des claquements delangue et de doigts). Quand j'ai rencontreHeiner Muller et qu'il est venu à New Yorkvoir ma version de Hamlet Machine [en 1986,nair], il disait exactement la même chose :« C'est bien quand Us n'y comprennent rien »II était ravi, il prétendait que ces jeunes Amé-ricains qui ne connaissaient pas l'Europe del'Est, pour qui Prague, Berlin ou le communisme n'évoquaient rien, étaient lesmeilleurs interprètes qu'il ait jamais eus.Mais d'Isabelle Huppert, votre actrice féticheen français, vous ne diriez pas qu'elle n'ycomprend rien-Isabelle pense de façon abstraite et ne de-mande jamais le pourquoi des choses. Cen'est pas fréquent. (Il se penche sur le blocnotes de son interlocuteur, dessine au crayonun grand G et un grand E, entoure le G puisremonte vers le E, s'arrête, et refait le dessinen sens inverse). La plupart des acteurs,français, américains, allemands, les Alle-mands encore plus peut-être, partent de laCause pour arriver a l'Effet. Mais c'est le eontraire. Il faut partir de l'Effet pour remonterà la Cause.Isabelle connaît et accepte le formalisme etla distance. C'est une façon de respecter lepublic, de ne pas remplir tout l'espace.

Montserrat Caballe disait : «Je ne donne ja-mais plus de 66%, 67%.» Isabelle, c'estexactement pareil. Elle garde toujours unepart de mystère'. Elle n'est jamais dans letrop. La plupart des acteurs ont peur de lafroideur.J'ai souvent raconté ma rencontre avec Mar-lène Dietrich et dit qu'elle avait changé mavie. Nous étions en train de dîner, un hommes'est approche de notre table et lui a dit :«Vous êtes tellement froide. » Et elle lui a répondu (il imite la voix de Dietrich).- «Maisvous n'avez pas entendu ma voix. » Tout sonpouvoir de séduction était dans le décalageentre le feu de la voix et la glace du physique.Et Madeleine Renaud avait cela aussi ?La petite fille était là. Quand j ' ai travaillé avecelle à Paris [en 1972 à /'Opéra-comiquepourle festival d'Automne, où elle traversait la scèneà quatre pattes, dans le cadre d'une perfor-mance qui durait vingt quatre heures, nair],j'étais terrifié et je lui ai dit que j'étais timide.Elle m'a répondu : «Le metteur en scène a taujours raison. Demandez moi ce que vous vou-lez !» Je lui ai dit qu'elle pouvait faire le chat.Elle était ravie (il imite Madeleine Renaudimitant le chat).Quand vous êtes vous-même interprète,est-ce que vous arrivez à avoir un regard exté-rieur sur ce que vous faites ?Plus je vieillis, plus j'ai du mal à voir à quoicela ressemble. J'essaye de faire le vide. En1984, jai rencontre Greg Louganis, le cham-pion olympique de plongeon. Il était différentde tous les autres. Quand je voyais ses imagesa la telévision, je me demandais comment ilfaisait pour donner une telle impression delenteur. Je lui ai posé la question ; à quoi pen-sez-vous avant et pendant le plongeon? Ilm'a dit que dans le vestiaire, avant de sauter,il repassait tout dans sa tête : départ pied gau-che, vingt sept pas jusqu'à la ligne, le pieddroit parfaitement équilibré... «Quand je suisen l'air, me disait il, j'ai le sentiment de mon-ter, pas de tomber.Et je dois être débarrassé detoute pensée. » Je crois que pour moi c'est unpeu pareil, avant d'entrer en scène, je repassetout dans ma tête, mais une fois que j'y suis,

11 RUE BERANGER75154 PARIS - 01 42 76 17 89

03/04 DEC 11Parution irrégulière

Surface approx. (cm²) : 2606N° de page : 1

Page 8/8

ATHENEE6214140300508/XAL/OTO/1

Eléments de recherche : Toutes citations : - ATHENEE THEATRE LOUIS-JOUVET ou THEATRE DE L'ATHENEE : à Paris 9ème - PATRICEMARTINET : directeur du théâtre de l'Athénée ou de Athénée théâtre Louis Jouvet à Paris

je me vide.Mais où êtes-vous pendant les vingt-cinq mi-nutes où vous gardez le silence ?Même si tu fais exactement la même chose,c'est comme ouvrir un livre aux pages blan-ches. Une séquence de silence n'est jamaissemblable à une autre, elle ne se répète pas.L'une des clés quand on joue, c'est de savoirécouter. Mieux tu ecoutes, meilleur tu es.Beckett adorait les acteurs comiques, les ac-teurs de vaudeville. Il adorait Charlie Chaplinou Buster Keaton, qui étaient capables de ré-péter sans cesse les mêmes gestes.Chaplin est venu voir le Regard du sourd[en1971, nair]. Après le spectacle, j'étais avec lui,et une jeune fille de 17 ans est venue lui de-mander ; «Le numero de dressage de puces,dansLimelight [les Feux de la rampe, ndlr],comment avez vous fait ?» Et lui (il imite lavoix grave de Chaplin) : «Ma chère, je l'ai tra-vaillé pendant quarante cinq ans. »Mais il y a aussi des choses que l'on apprendet.que l'on n'oublie jamais, comme la bicydette. Et qui vous permettent de penser àautre chose. Ma mère savait très bien taperà la machine, et elle disait qu'elle aimait çaparce que pendant ce temps, elle pouvait ré-fléchir. Mais pour revenir à Chaplin, il étaitcapable de faire 150 prises de la même scène.Imaginez ! La spontanéité'est longue à ap-prendre. Ce qui est beau dans un acteur, c'esttoujours la danse ; le tuning, pas la psycholo-gie. Chaplin, Keaton: le visage blanchi, lemaquillage, les yeux surlignés, et le mouve-ment. De la danse pure.Aujourd'hui, avec le naturalisme, la'psycho-logie, les acteurs pensent beaucoup trop avecleur tête. La pensée devrait être dans lecorps, l'esprit est un muscle. Si, avant devous mettre en marche, vous vous mettez àréfléchir à comment marcher, vous n'y arri-verez pas.

Recueilli par R.S.LAST de SAMUEL

BECKETT mise en scène et interprétation deBob Wilson, Théâtre de l'Athénée, square del'Opéra Louis-Jouvet,75OO9 Jusquau 8décembre Rens 0153051919