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1,50 € Numéros précédents 3,00 € L’O SSERVATORE ROMANO EDITION HEBDOMADAIRE EN LANGUE FRANÇAISE Unicuique suum Non praevalebunt LXXII e année, numéro 2 (3.666) mardi 12 janvier 2021 Cité du Vatican Avec la lettre apostolique «Spiritus Domini» sous forme de Motu Proprio Le Pape François ouvre aux femmes les ministères du lectorat et de l’acolytat La participation de tous au travail d’évangélisation DANS CE NUMÉRO Solennité de l’Epiphanie, et angelus du 6 janvier PAGE 2 Angelus du 10 janvier. Réouverture de l'église Saint-Jean-Baptiste à Qasr Al-Yahud, par Roberto Cetera PAGE 3 L’année 2020 du Pape François, par Isabella Piro PAGE 4 Rapport de FIDES sur les martyrs de 2020 PAGE 5 Une lecture «indienne» de «Fratelli tutti», par Felix Anthony Machado PAGE 6 Informations PAGE 7 Message pour la journée mondiale du malade. Intentions de prière pour janvier PAGE 8 Le Pape François a établi avec le Motu Proprio Spiri- tus Domini, rendu public lundi 11 janvier 2021, l’ou- verture aux femmes des ministères du lectorat et de l’acolytat sous une forme stable et institutionnalisée, avec un mandat spécifique. Les femmes qui lisent la Parole de Dieu pendant les célébrations liturgiques ou qui accomplissent un service à l'autel, comme servantes d’autel ou dispen- satrices de l'Eucharistie, ne sont bien sûr pas une nouveauté: dans de nombreuses communautés à tra- vers le monde, c’est désormais une pratique autori- sée par les évêques. Mais jusqu'à présent, tout cela s'est fait sans véritable mandat institutionnel, par dérogation à ce qui avait été établi par saint Paul VI, qui, en 1972, tout en abolissant les «ordres mineurs», avait décidé de maintenir théoriquement réservé aux hommes l'accès à ces ministères, parce qu'il les consi- dérait comme préparatoires à un éventuel accès aux ordres. Dans le sillage du discernement qui s'est dé- gagé lors des derniers synodes des évêques, le Pape a voulu rendre officielle et institutionnelle cette pré- sence féminine près de l'autel. Ce Motu Proprio mo- difie donc le premier paragraphe du canon 203 du Code de droit canonique de 1983. Le Pape établit l’accès des femmes à ces ministères, aussi à travers un acte liturgique qui les institutionnalise. Le Motu Proprio est accompagné d'une lettre adressée au préfet de la Congrégation pour la doc- trine de la foi, le cardinal Luis Ladaria Ferrer, dans laquelle François explique les raisons théologiques de son choix. Le Pape écrit que «dans l'horizon de renouveau tracé par le Concile Vatican II, il y a au- jourd'hui un sentiment d'urgence croissant pour re- découvrir la coresponsabilité de tous les baptisés dans l'Eglise, et en particulier la mission des laïcs». Et citant le Document final du synode pour l'Ama- zonie, il observe que «pour toute l'Eglise, dans la va- riété des situations, il est urgent que les ministères soient promus et conférés aux hommes et aux femmes... C'est l'Eglise des baptisés, hommes et femmes, que nous devons consolider en promou- vant le ministère et, surtout, la conscience de la di- gnité du baptême». Dans sa lettre, François rappelle les paroles de saint Jean-Paul II selon lesquelles «en ce qui concerne les ministères ordonnés, l'Eglise n'a en aucune façon la faculté de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes», tout en ajoutant que «pour les ministères non ordonnés, il est possible, et aujourd'hui cela semble opportun, de surmonter cette réserve». Le Pape explique que «le fait d'offrir aux laïcs des deux sexes la possibilité d'accéder aux ministères du lectorat et de l'acolytat, en vertu de leur participation au sacerdoce baptismal, augmen- tera la reconnaissance, également à travers un acte li- turgique (institution), de la précieuse contribution que depuis longtemps, de très nombreux laïcs, y compris des femmes, offrent à la vie et à la mission de l'Eglise». Et il conclut que «le choix de conférer également aux femmes ces fonctions, qui impli- quent la stabilité, la reconnaissance publique et un mandat de l'évêque, rend plus effective dans l'Eglise la participation de tous au travail d'évangé- lisation». Une servante d'autel lors d’une Messe près de Mossoul, en Irak, le 8 décembre 2020 LETTRE APOSTOLIQUE SPIRITUS DOMINI SOUS FORME DE «MOTU PROPRIO» sur la modification du can. 230 § 1 du Code de droit canonique en ce qui concerne l'accès des personnes de sexe féminin au ministère institué du lectorat et de l'acolytat L' Esprit du Seigneur Jésus, source éter- nelle de la vie et de la mission de l'Eglise, distribue aux membres du Peuple de Dieu les dons qui permettent à cha- cun, de façon diverse, de contribuer à l'édifica- tion de l'Eglise et à l'annonce de l'Evangile. Ces charismes, appelés ministères dans la mesu- re où ils sont publiquement reconnus et insti- tués par l'Eglise, sont mis à la disposition de la communauté et de sa mission de façon stable. Dans certains cas, cette contribution mi- nistérielle trouve son origine dans un sacre- ment spécifique, l'Ordre sacré. Tout au long de l'histoire, d'autres charges ont été insti- tuées dans l'Eglise et confiées à travers un rite liturgique non sacramentel à des fidèles, en vertu d'une forme particulière d'exercice du sacerdoce baptismal, et pour aider le ministè- re spécifique des évêques, des prêtres et des diacres. Selon une vénérable tradition, la réception des «ministères laïcs», que saint Paul VI ré- glementa dans le Motu Proprio Ministeria quaedam (17 août 1972), précédait en tant que préparation la réception du sacrement de l'Ordre, même si ces ministères étaient confé- rés à d'autres fidèles de sexe masculin ayant l'idonéité requise. Certaines assemblées du synode des évê- ques ont souligné la nécessité d'approfondir ce thème sur le plan doctrinal, afin qu'il ré- ponde à la nature des charismes sus-mention- nés et aux exigences des temps, en offrant un soutien opportun au rôle d'évangélisation qui revient à la communauté ecclésiale. En réponse à ces recommandations, un développement doctrinal a été atteint ces dernières années, qui a mis en évidence le fait que certains ministères institués par l'Eglise ont pour fondement la condition commune du baptisé et du sacerdoce royal reçu dans le sacrement du baptême; ceux-ci sont distin- cts, dans leur essence, du ministère ordonné reçu avec le sacrement de l'Ordre. En effet, une pratique consolidée dans l'Eglise latine a également confirmé que ces ministères laïcs, étant fondés sur le sacrement du Baptême, peuvent être confiés à tous les fidèles qui ont l'idonéité requise, de sexe masculin ou fémi- nin, selon ce qui est déjà implicitement prévu par le can. 230 § 2. Par conséquent, après avoir consulté les dicastères compétents, j'ai décidé de modifier le can. 230 § 1 du Code de droit canonique. Je dis- pose donc que le can. 230 § 1 du Code de droit canonique soit rédigé à l'avenir de la façon sui- vante: «Les laïcs qui ont l'âge et les qualités re- quises établies par décret de la conférence des évêques, peuvent être admis d'une manière stable par le rite liturgique prescrit aux minis- tères du lectorat et de l’acolytat; cependant, cette collation de ministère ne leur confère pas le droit à la subsistance ou à une rémuné- ration de la part de l'Eglise». Je dispose également la modification des autres dispositions, ayant force de loi, qui se réfèrent à ce canon. J'ordonne que ce qui a été décidé par cette Lettre apostolique sous forme de Motu Pro- prio, soit appliqué de manière ferme et sta- ble, nonobstant toute chose contraire, même digne d'une mention spéciale, et soit promul- gué à travers sa publication dans L’Osservatore Romano, entrant en vigueur le même jour, et ensuite publié dans le bulletin officiel des Ac- ta Apostolicae Sedis. Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 10 janvier de l'année 2021, fête du Baptême du Seigneur, huitième de mon pontificat. FRANÇOIS

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1,50 € Numéros précédents 3,00 €

L’OSSERVATORE ROMANOEDITION HEBDOMADAIRE EN LANGUE FRANÇAISE

Unicuique suum Non praevalebunt

LXXIIe année, numéro 2 (3.666) mardi 12 janvier 2021Cité du Vatican

Avec la lettre apostolique «Spiritus Domini» sous forme de Motu Proprio

Le Pape François ouvre aux femmesles ministères du lectorat et de l’acolytat

La participation de tous au travail d’évangélisation

DANS CE NUMÉRO

Solennité de l’Epiphanie, et angelusdu 6 janvier

PAGE 2

Angelus du 10 janvier. Réouverturede l'église Saint-Jean-Baptiste à QasrAl-Yahud, par Roberto Cetera

PAGE 3

L’année 2020 du Pape François, parIsabella Piro

PAGE 4

Rapport de FIDES sur les martyrs de2020

PAGE 5

Une lecture «indienne» de «Fratellitutti», par Felix Anthony Machado

PAGE 6

Informations

PAGE 7

Message pour la journée mondialedu malade. Intentions de prière pourjanvier

PAGE 8

Le Pape François a établi avec le Motu Proprio Spiri -tus Domini, rendu public lundi 11 janvier 2021, l’ou -verture aux femmes des ministères du lectorat et del’acolytat sous une forme stable et institutionnalisée,avec un mandat spécifique.

Les femmes qui lisent la Parole de Dieu pendantles célébrations liturgiques ou qui accomplissent unservice à l'autel, comme servantes d’autel ou dispen-satrices de l'Eucharistie, ne sont bien sûr pas unenouveauté: dans de nombreuses communautés à tra-vers le monde, c’est désormais une pratique autori-sée par les évêques. Mais jusqu'à présent, tout celas'est fait sans véritable mandat institutionnel, pardérogation à ce qui avait été établi par saint Paul VI,qui, en 1972, tout en abolissant les «ordres mineurs»,avait décidé de maintenir théoriquement réservé auxhommes l'accès à ces ministères, parce qu'il les consi-dérait comme préparatoires à un éventuel accès auxordres. Dans le sillage du discernement qui s'est dé-gagé lors des derniers synodes des évêques, le Pape avoulu rendre officielle et institutionnelle cette pré-

sence féminine près de l'autel. Ce Motu Proprio mo-difie donc le premier paragraphe du canon 203 duCode de droit canonique de 1983. Le Pape établitl’accès des femmes à ces ministères, aussi à travers unacte liturgique qui les institutionnalise.

Le Motu Proprio est accompagné d'une lettreadressée au préfet de la Congrégation pour la doc-trine de la foi, le cardinal Luis Ladaria Ferrer, danslaquelle François explique les raisons théologiquesde son choix. Le Pape écrit que «dans l'horizon derenouveau tracé par le Concile Vatican II, il y a au-jourd'hui un sentiment d'urgence croissant pour re-découvrir la coresponsabilité de tous les baptisésdans l'Eglise, et en particulier la mission des laïcs».Et citant le Document final du synode pour l'Ama-zonie, il observe que «pour toute l'Eglise, dans la va-riété des situations, il est urgent que les ministèressoient promus et conférés aux hommes et auxfemmes... C'est l'Eglise des baptisés, hommes etfemmes, que nous devons consolider en promou-vant le ministère et, surtout, la conscience de la di-

gnité du baptême». Dans sa lettre, François rappelleles paroles de saint Jean-Paul II selon lesquelles «ence qui concerne les ministères ordonnés, l'Eglise n'aen aucune façon la faculté de conférer l'ordinationsacerdotale à des femmes», tout en ajoutant que«pour les ministères non ordonnés, il est possible, etaujourd'hui cela semble opportun, de surmontercette réserve». Le Pape explique que «le fait d'offriraux laïcs des deux sexes la possibilité d'accéder auxministères du lectorat et de l'acolytat, en vertu deleur participation au sacerdoce baptismal, augmen-tera la reconnaissance, également à travers un acte li-turgique (institution), de la précieuse contributionque depuis longtemps, de très nombreux laïcs, ycompris des femmes, offrent à la vie et à la missionde l'Eglise». Et il conclut que «le choix de conférerégalement aux femmes ces fonctions, qui impli-quent la stabilité, la reconnaissance publique et unmandat de l'évêque, rend plus effective dans l'Eglisela participation de tous au travail d'évangé-lisation».

Une servante d'autel lors d’une Messe près de Mossoul, en Irak, le 8 décembre 2020

LETTRE APOSTOLIQUESPIRITUS DOMINI

SOUS FORME DE «MOTU PROPRIO»

sur la modification du can. 230 § 1du Code de droit canonique

en ce qui concerne l'accès des personnesde sexe féminin au ministère institué

du lectorat et de l'acolytat

L' Esprit du Seigneur Jésus, source éter-nelle de la vie et de la mission del'Eglise, distribue aux membres du

Peuple de Dieu les dons qui permettent à cha-cun, de façon diverse, de contribuer à l'édifica-tion de l'Eglise et à l'annonce de l'Evangile.Ces charismes, appelés ministères dans la mesu-re où ils sont publiquement reconnus et insti-tués par l'Eglise, sont mis à la disposition de lacommunauté et de sa mission de façon stable.

Dans certains cas, cette contribution mi-nistérielle trouve son origine dans un sacre-ment spécifique, l'Ordre sacré. Tout au longde l'histoire, d'autres charges ont été insti-tuées dans l'Eglise et confiées à travers un riteliturgique non sacramentel à des fidèles, envertu d'une forme particulière d'exercice dusacerdoce baptismal, et pour aider le ministè-re spécifique des évêques, des prêtres et desd i a c re s .

Selon une vénérable tradition, la réceptiondes «ministères laïcs», que saint Paul VI ré -glementa dans le Motu Proprio Ministeriaquaedam (17 août 1972), précédait en tant quepréparation la réception du sacrement del'Ordre, même si ces ministères étaient confé-rés à d'autres fidèles de sexe masculin ayantl'idonéité requise.

Certaines assemblées du synode des évê-ques ont souligné la nécessité d'approfondir

ce thème sur le plan doctrinal, afin qu'il ré-ponde à la nature des charismes sus-mention-nés et aux exigences des temps, en offrant unsoutien opportun au rôle d'évangélisationqui revient à la communauté ecclésiale.

En réponse à ces recommandations, undéveloppement doctrinal a été atteint cesdernières années, qui a mis en évidence le faitque certains ministères institués par l'Egliseont pour fondement la condition communedu baptisé et du sacerdoce royal reçu dans lesacrement du baptême; ceux-ci sont distin-cts, dans leur essence, du ministère ordonnéreçu avec le sacrement de l'Ordre. En effet,une pratique consolidée dans l'Eglise latine aégalement confirmé que ces ministères laïcs,étant fondés sur le sacrement du Baptême,peuvent être confiés à tous les fidèles qui ontl'idonéité requise, de sexe masculin ou fémi-nin, selon ce qui est déjà implicitement prévupar le can. 230 § 2.

Par conséquent, après avoir consulté lesdicastères compétents, j'ai décidé de modifierle can. 230 § 1 du Code de droit canonique. Je dis-pose donc que le can. 230 § 1 du Code de droitcanonique soit rédigé à l'avenir de la façon sui-vante:

«Les laïcs qui ont l'âge et les qualités re-quises établies par décret de la conférence desévêques, peuvent être admis d'une manièrestable par le rite liturgique prescrit aux minis-tères du lectorat et de l’acolytat; cependant,cette collation de ministère ne leur confèrepas le droit à la subsistance ou à une rémuné-ration de la part de l'Eglise».

Je dispose également la modification desautres dispositions, ayant force de loi, qui seréfèrent à ce canon.

J'ordonne que ce qui a été décidé par cetteLettre apostolique sous forme de Motu Pro-prio, soit appliqué de manière ferme et sta-ble, nonobstant toute chose contraire, mêmedigne d'une mention spéciale, et soit promul-gué à travers sa publication dans L’O s s e r v a t o reRomano, entrant en vigueur le même jour, etensuite publié dans le bulletin officiel des Ac -ta Apostolicae Sedis.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre,le 10 janvier de l'année 2021,

fête du Baptême du Seigneur, huitièmede mon pontificat.

FRANÇOIS

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L’OSSERVATORE ROMANOpage 2 mardi 12 janvier 2021, numéro 2

Messe en la solennité de l’Epiphanie

A l’école des Magespour apprendre à adorer

Angelus du 6 janvier

La lumière qui déchireles ténèbres de la vie

Dans la matinée du mercredi 6 janvier, so-lennité de l'Epiphanie du Seigneur, le PapeFrançois a présidé la Messe à l'autel de laChaire de la basilique vaticane. Vingt cardi-naux ont concélébré avec le Pape. Au cours dela célébration, François a prononcé l'homéliesuivante:

L’évangéliste Matthieu souligne queles Mages, quand ils arrivèrent àBethléem, «virent l’enfant avec Ma-rie sa mère, se prosternèrent et l’adorè-re n t » (Mt 2, 11). Adorer le Seigneurn’est pas facile, ce n’est pas un faitimmédiat: cela exige une certainematurité spirituelle, étant le pointd’arrivée d’un cheminement inté-

rieur, parfois long. L’attitude d’ado-rer Dieu n’est pas spontanée en nous.L’être humain a besoin, oui, d’ado-rer, mais il risque de se tromper d’ob-jectif; en effet, s’il n’adore pas Dieu,il adorera des idoles, — il n’y a pas dedemie mesure, ou Dieu ou les idoles,ou pour prendre une expression d’unécrivain français: «Celui qui n’a d o repas Dieu, adore le diable» — et aulieu d’être croyant, il deviendra idolâ-tre. C’est ainsi, aut aut.

A notre époque il est particulière-ment nécessaire que, aussi bien indi-viduellement que communautaire-ment, nous consacrions plus detemps à l’adoration, en apprenanttoujours mieux à contempler le Sei-gneur. Si le sens de la prière d’adora-tion est un peu perdu, nous devons leretrouver, aussi bien communautaire-ment que dans notre vie spirituelle.A u j o u rd ’hui, nous nous mettonsdonc à l’école des Mages, pour en ti-rer quelques enseignements utiles:comme eux, nous voulons nous pros-terner et adorer le Seigneur. L’a d o re rsérieusement, et non comme a ditHérode: «Faites-moi savoir où il estet j’irai l’adorer». Non, cette adora-tion ne va pas. Sérieusement!

De la liturgie de la Parole d’au-j o u rd ’hui nous tirons trois expres-sions qui peuvent nous aider à mieuxcomprendre ce que signifie être ado-rateurs du Seigneur. Ces expressionssont: «lever les yeux», «se mettre envoyage» et «voir»». Ces trois expres-sions nous aideront à comprendre ceque signifie être des adorateurs duS e i g n e u r.

La première expression, lever lesyeux, le prophète Isaïe nous l’offre. Ala communauté de Jérusalem, reve-nue récemment de l’exil et prostréepar le découragement dû aux nom-breuses difficultés, le prophète adres-se cette forte invitation: «Lève lesyeux alentour, et regarde» (60, 4).C’est une invitation à mettre de côtéla fatigue et les plaintes, à sortir desexigüités d’une vision étroite, à se li-bérer de la dictature du moi, toujoursenclin à se replier sur soi-même et surses propres préoccupations. Pouradorer le Seigneur il faut toutd’abord «lever les yeux»: ne pas selaisser emprisonner par les fantasmesintérieurs qui éteignent l’esp érance,et ne pas faire des problèmes et desdifficultés le centre de l’existence.Cela ne veut pas dire nier la réalité,en faisant semblant ou en croyantque tout va bien. Non. Il s’agit aucontraire de regarder d’une manièrenouvelle les problèmes et les angois-ses, en sachant que le Seigneur con-naît nos situations difficiles, écouteattentivement nos invocations etn’est pas indifférent aux larmes quenous versons.

Ce regard qui, malgré les vicissitu-des de la vie, demeure confiant dansle Seigneur, produit la gratitude filia-le. Lorsque cela arrive, le cœur s’ou-vre à l’adoration. Au contraire,lorsque nous fixons l’attention exclu-sivement sur les problèmes, en refu-sant de lever les yeux vers Dieu, lapeur envahit le cœur et le désoriente,donnant lieu à la colère, au désarroi,à l’angoisse, à la dépression. Dans cesconditions il est difficile d’adorer leSeigneur. Si cela se vérifie, il fautavoir le courage de briser le cercle denos conclusions acquises, sachantque la réalité est plus grande que nospensées. Lève les yeux alentour et regarde :le Seigneur nous invite en premierlieu à avoir confiance en lui, parcequ’il prend réellement soin de tous.Si donc le Seigneur revêt ainsi l’her-be des champs, qui aujourd’hui exis-te et demain est jetée dans le four,combien plus il fera pour nous. (cf.

Lc 12, 28). Si nous levons les yeuxvers le Seigneur, et que nous considé-rons la réalité à sa lumière, nous dé-couvrons qu’il ne nous abandonne ja-mais: le Verbe s’est fait chair (cf. Jn 1,14) et demeure toujours avec nous,tous les jours (cf. Mt 28, 20). Tou-jours.

Quand nous levons les yeux versDieu, les problèmes de la vie ne dis-paraissent pas, non, mais nous sen-tons que le Seigneur nous donne laforce nécessaire pour les affronter.«Lever les yeux» est donc le premierpas qui dispose à l’adoration. Il s’agitde l’adoration du disciple qui a dé-couvert en Dieu une joie nouvelle,une joie différente. Celle du mondeest fondée sur la possession desbiens, sur le succès ou sur d’a u t re schoses semblables, toujours avec le«moi» au centre. Au contraire la joiedu disciple du Christ trouve son fon-dement dans la fidélité de Dieu quine manque jamais à ses promesses, endépit des situations de crise où nouspouvons nous trouver. Voici alorsque la gratitude filiale et la joie susci-tent le désir ardent d’adorer le Sei-gneur, qui est fidèle et ne nous laissejamais seuls.

La deuxième expression qui peutnous aider est se mettre en voyage. Leverles yeux [la première]: la deuxième:se mettre en voyage. Avant de pou-voir adorer l’Enfant né à Bethléem,les Mages ont dû affronter un longvoyage. Matthieu écrit: «Or, voicique des mages venus d’Orient ar-rivèrent à Jérusalem et demandèrent:“Où est le roi des Juifs qui vient denaître? Nous avons vu son étoile àl’Orient et nous sommes venus l’ado-re r ”» (Mt 2, 1-2). Le voyage impliquetoujours une transformation, unchangement. Après un voyage onn’est plus comme avant. Il y a tou-jours quelque chose de nouveau encelui qui a accompli un chemine-ment: ses connaissances se sont éten-dues, il a vu des personnes et deschoses nouvelles, il a expérimenté lerenforcement de la volonté d’a f f ro n -ter les difficultés et les risques du tra-jet. On ne parvient à pas adorer leSeigneur sans passer d’abord par lamaturation intérieure qui nous per-met de nous mettre en voyage.

On devient adorateurs du Sei-gneur au moyen d’un cheminementgraduel. L’expérience nous enseigne,par exemple, qu’une personne à cin-quante ans vit l’adoration avec un es-prit différent de celui qu’elle avait àtrente ans. Celui qui se laisse mode-ler par la grâce, habituellement,s’améliore avec le temps: l’hommeextérieur vieillit — dit saint Paul —,tandis que l’homme intérieur se re-nouvelle de jour en jour (cf. 2 Co 4,16), se disposant toujours mieux àadorer le Seigneur. De ce point devue, les échecs, les crises, les erreurspeuvent devenir des expériences ins-tructives: ils servent très souvent ànous rendre conscients que seul leSeigneur est digne d’être adoré, par-ce que c’est seulement lui qui comblele désir de vie et d’éternité présent auplus profond de chaque personne.De plus, avec le temps, les épreuveset les fatigues de la vie — vécues dansla foi — contribuent à purifier lecœur, à le rendre plus humble etdonc plus disponible à s’ouvrir àDieu. Même les péchés, même laconscience d’être pécheurs, de trou-ver des choses très mauvaises. «Maisj’ai fait ceci… j’ai fait…»: si tu leprends avec foi et avec repentir, aveccontrition, cela t’aidera à grandir.Tout, tout aide, dit Paul de la crois-sance spirituelle, de la rencontre avec

Chers frères et sœurs, bonjour!Nous célébrons aujourd’hui la so-lennité de l’Epiphanie, c’est-à-dire lamanifestation du Seigneur à toutesles nations: en effet, le salut accom-pli par le Christ ne connaît pas defrontières, il est pour tous. L’Epi-phanie n’est pas un autre mystère,c’est toujours le même événementque la Nativité, vu cependant danssa dimension de lumière: une lumiè-re qui illumine chaque homme, unelumière à accueillir dans la foi et unelumière à apporter aux autres dansla charité, dans le témoignage, dansl’annonce de l’Evangile.

La vision d’Isaïe, rapportée dansla liturgie d’a u j o u rd ’hui (cf. 60, 1-6),retentit de manière plus actuelle quejamais à notre époque: «Tandis queles ténèbres s'étendent sur la terre etl'obscurité sur les peuples» (v. 2).Dans cet horizon, le prophète an-nonce la lumière: la lumière donnéepar Dieu à Jérusalem et destinée àéclairer le chemin de toutes les na-tions. Cette lumière a la force d’atti-rer tout le monde, ceux qui sont pro-ches et ceux qui sont loin, tous semettent en chemin pour la rejoindre(cf. v. 3). C’est une vision qui ouvrele cœur, qui élargit le souffle, qui in-vite à l’espérance. Assurément, lesténèbres sont présentes et menaçan-tes dans la vie de chacun et dansl’histoire de l’humanité, mais la lu-mière de Dieu est plus puissante. Ils’agit de l’accueillir pour qu’ellepuisse resplendir pour tous. Maisnous pouvons nous demander: oùest cette lumière? Le prophète l’en-trevoyait de loin, mais elle suffisaitdéjà à remplir d’une joie irrépressi-ble le cœur de Jérusalem.

Où est cette lumière? L’évangélis-te Matthieu, à son tour, en racontantl’épisode des Mages (cf. 2, 1-12),montre que cette lumière est l’En-fant de Bethléem, c’est Jésus, mêmesi sa royauté n’est pas acceptée partous. Certains la refuse même, com-me Hérode. C’est Lui l’étoile qui estapparue à l’horizon, le Messie atten-du, Celui à travers lequel Dieu réali-se son royaume d’amour, son royau-me de justice et son royaume depaix. Il n’est pas né seulement pourcertains, mais pour tous les hommes,pour tous les peuples. La lumière estpour tous les peuples, le salut estpour tous les peuples.

Et comment a lieu ce «rayonne-ment»? Comment la lumière duChrist se diffuse-t-elle dans chaquelieu et à chaque époque? Elle a saméthode pour se diffuser. Elle ne le

fait pas à travers les puissants mo-yens des empires de ce monde, quicherchent toujours à s’en accaparerla domination. Non, la lumière duChrist se diffuse à travers l’annoncede l’Evangile. L’annonce, la paroleet le témoignage. Et avec la même«méthode» choisie par Dieu pourvenir parmi nous: l’incarnation,c’est-à-dire se faire proche de l’a u t re ,le rencontrer, assumer sa réalité etapporter le témoignage de notre foi,chacun de nous. Ce n’est qu’ainsique la lumière du Christ, qui estAmour, peut resplendir chez ceuxqui l’accueillent et attirer les autres.La lumière du Christ ne s’étend passeulement avec les mots, avec defausses méthodes,e n t re p re n e u r i a l e s . . .Non, non. La foi, laparole, le témoigna-ge: c’est ainsi ques’étend la lumièredu Christ. L’étoileest le Christ, maisnous pouvons etnous devons êtrenous aussi cetteétoile, pour nosfrères et nos sœurs,comme témoins destrésors de bonté etde miséricorde infi-nie que le Rédemp-teur offre gratuite-ment à tous. La lu-mière du Christ nes’étend pas par pro-sélytisme, elles’étend par le témoignage, par laconfession de la foi. Egalement parle martyre.

La condition est donc d’accueillircette lumière en soi, de l’accueillirtoujours davantage. Malheur si nouspensons la posséder, malheur sinous pensons seulement devoir la«gérer»! Nous aussi, comme lesRois Mages, nous sommes appelés ànous laisser toujours fasciner, attirer,guider, illuminer et convertir par leChrist: c’est le chemin de la foi, àtravers la prière et la contemplationdes œuvres de Dieu, qui sans cessenous remplissent d’une joie et d’unémerveillement toujours nouveau.L’émerveillement est toujours le pre-mier pas pour avancer dans cette lu-m i è re .

Invoquons la protection de Mariesur l’Eglise universelle, afin quedans le monde entier se diffusel’Evangile du Christ, lumière de tou-tes les nations, lumière de tous lesp euples.

A l’issue de l’Angelus, le Pape a ajouté lesparoles suivantes:

Chers frères et sœurs! Je suis avecattention et préoccupation les évé-nements en République centrafricai-ne, où ont récemment eu lieu lesélections, par lesquelles le peuple amanifesté le désir de poursuivre surla voie de la paix. J’invite donc tou-tes les parties à un dialogue fraternelet respectueux, à repousser la haineet à éviter toute forme de violence.

Je m’adresse avec affection à nosfrères et sœurs des Eglises orientales,catholiques et orthodoxes, qui, selonleur tradition, célèbrent demain leNoël du Seigneur. Je leur présente

mes vœux les plus sincères d’unsaint Noël, dans la lumière du Christnotre paix et notre espérance.

A u j o u rd ’hui, en la fête de l’Epi-phanie, on célèbre la journée mon-diale de l’enfance missionnaire, à la-quelle participent de nombreux en-fants et jeunes du monde entier. Jeremercie chacun d’eux, et je les en-courage à être des témoins joyeux deJésus, en cherchant toujours à ap-porter la fraternité parmi leurs ca-marades.

Et j’adresse mon salut cordial àchacun de vous, qui êtes reliés à tra-vers les moyens de communication.J’adresse un salut spécial à la fonda-tion «Cortège des Rois Mages», quiorganise dans de nombreuses villeset de nombreux villages de Pologne,et d’autres pays, des événementsd’évangélisation et de solidarité.

Je souhaite à tous une bonne fête.S’il vous plait n’oubliez pas de prierpour moi. Bon déjeuner et au re-voir! SUITE À LA PAGE 3

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L’OSSERVATORE ROMANOnuméro 2, mardi 12 janvier 2021 page 3

Réconciliation et sauvegardede la démocratie aux USA

Chers frères et sœurs, bonjour !Nous fêtons aujourd’hui le Baptê-

me du Seigneur. Nous avons quitté, ily a quelques jours, l’Enfant Jésus visitépar les Mages; aujourd’hui, nous le re-trouvons adulte sur les rives du Jour-dain. La liturgie nous fait accomplirun saut d’environ trente ans, trente ansdont nous savons une chose: ce furentdes années de vie cachée, que Jésuspassa en famille — certaines, aupara-vant, en Egypte, comme migrant pourfuir la persécution d’Hérode, les au-tres à Nazareth, à apprendre le métierde Joseph — en famille, obéissant à sesparents, étudiant et travaillant. Il estfrappant que le Seigneur ait passé lamajeure partie de son temps sur la Ter-re ainsi, en vivant la vie de tous lesjours, sans apparaître. Pensons que,d’après les Evangiles, il y a eu trois an-nées de prédications, de miracles ettant d’autres choses. Trois. Et les au-tres, toutes les autres, de vie cachée enfamille. C’est un beau message pournous: cela nous dévoile la grandeur duquotidien, l’importance aux yeux deDieu, de chaque geste et moment de lavie, même le plus simple, même le pluscaché.

Après ces trente ans de vie cachéecommence la vie publique de Jésus. Etelle commence précisément par lebaptême dans le fleuve du Jourdain.Mais Jésus est Dieu: pourquoi Jésus sefait-il baptiser? Le baptême de Jeanconsistait en un rite pénitentiel, c’étaitle signe de la volonté de se convertir,d’être meilleurs, en demandant par-don pour ses péchés. Jésus n’en avaitpas besoin, c’est certain. De fait, Jean-Baptiste tente de s’y opposer, mais Jé-sus insiste. Pourquoi? Parce qu’il veutêtre avec les pécheurs: c’est pourquoiil fait la file avec eux et accomplit lemême geste qu’eux. Il le fait avec l’atti-tude du peuple, avec son attitude, [dupeuple] qui, comme le dit un hymneliturgique, s’est approché «l’âme nue

et les pieds nus». L’âme nue, c’est-à-dire sans rien couvrir, comme cela, pé-cheur. Voilà le geste que fait Jésus, et ildescend vers le fleuve pour se plongerdans la même condition que nous. Lebaptême, en effet, signifie précisément«immersion». Le premier jour de sonministère, Jésus nous offre ainsi son«manifeste programmatique». Il nousdit qu’Il ne nous sauve pas d’en-haut,par une décision souveraine ou un actede force, un décret, non: il nous sauveen venant à notre rencontre et en pre-nant sur lui nos péchés. C’est ainsi queDieu est vainqueur du mal du monde:en s’abaissant, en s’en chargeant. C’estaussi la manière dont nous pouvonsrelever les autres: en ne jugeant pas, enn’ordonnant pas ce qu’il faut faire,mais en nous faisant proches, en com-patissant, en partageant l’amour deDieu. La proximité est le style de Dieuà notre égard; Il l’a dit lui-même àMoïse: «Réfléchissez: quels peuplesont leurs dieux proches comme vousm’avez, moi?». La proximité est le sty-le de Dieu à notre égard.

Après ce geste de compassion de Jé-sus, une chose extraordinaire se pro-duit: les cieux s’ouvrent et la Trinitéest enfin révélée. L’Esprit Saint des-cend sous la forme d’une colombe (cf.Mc 1, 10) et le Père dit à Jésus: «Tu esmon Fils bien-aimé» (v. 11). Dieu semanifeste lorsque la miséricorde appa-raît. N’oubliez pas ceci: Dieu se mani-feste quand la miséricorde apparaît,parce que c’est son visage. Jésus se faitserviteur des pécheurs et il est procla-mé Fils; il s’abaisse sur nous et l’Espritdescend sur Lui. L’amour appellel’amour. Cela vaut aussi pour nous:dans chaque geste de service, danschaque œuvre de miséricorde quenous accomplissons, Dieu se manifes-te, Dieu pose son regard sur le monde.Cela vaut pour nous.

Mais, avant même que nous fas-sions quoi que ce soit, notre vie est

marquée par la miséricordequi s’est posée sur nous.Nous avons été sauvés gra-tuitement. Le salut est gra-tuit. C’est le geste gratuitde miséricorde de Dieu ànotre égard. Cela se réalisede façon sacramentelle lejour de notre baptême;mais même ceux qui nesont pas baptisés reçoivent la miséri-corde de Dieu, toujours, parce queDieu est là, il attend, il attend que lesportes des cœurs s’ouvrent. Il s’a p p ro -che, si j’ose dire, il nous caresse avec sam i s é r i c o rd e .

Que la Vierge Marie, que nousprions maintenant, nous aide à sauve-garder notre identité, c’est-à-dire l’iden-tité d’être «miséricordiés», qui est à labase de la foi et de la vie.

A l'issue de l'Angelus, le Saint-Père a prononcéles paroles suivantes:

Chers frères et sœurs, j’adresse un sa-lut affectueux au peuple des Etats-Unis d’Amérique, secoué par le récentassaut au Congrès. Je prie pour lespersonnes qui ont perdu la vie — cinq— elles l’ont perdue dans ces momentsdramatiques. Je répète que la violenceest toujours autodestructrice. On negagne rien avec la violence et l’on perdbeaucoup. J’exhorte les autorités del’Etat et l’ensemble de la population àmaintenir un sens élevé des responsa-bilités, afin d’apaiser les âmes, de pro-mouvoir la réconciliation nationale etde protéger les valeurs démocratiquesenracinées dans la société américaine.Que la Vierge Immaculée, Patronnedes Etats-Unis d’Amérique, aide àmaintenir vive la culture de la rencon-tre, la culture du soin, comme voiemaîtresse afin de construire ensemblele bien commun; et qu’elle le fasse avectous ceux qui vivent sur cette terre.

Et maintenant, je vous salue tous

cordialement, vous qui êtes connectésà travers les médias. Comme vous le sa-vez, en raison de la pandémie, je n’aipas pu célébrer aujourd’hui les baptê-mes dans la chapelle Sixtine, commec’est la tradition. Cependant, je tiens àassurer de la même manière de maprière les enfants qui étaient inscrits etpour leurs parents, parrains et marrai-nes; et je l’étends à tous les enfants qui,en cette période, reçoivent le baptême,

reçoivent l’identité chré-tienne, reçoivent la grâcedu pardon, de la rédem-ption. Dieu vous bénissetous!

Et demain, chers frè-res et sœurs, une foisconclu le Temps de Noël,nous reprendrons avec laliturgie le chemin duTemps ordinaire. Nenous lassons pas d’invo-quer la lumière et la forcede l’Esprit Saint, afinqu’il nous aide à vivreavec amour les choses or-dinaires et à les rendre ai-nsi extraordinaires. C’estl’amour qui transforme:

les choses ordinaires semblent conti-nuer d’être ordinaires, mais lorsqu’el-les sont faites avec amour, elles devien-nent extraordinaires. Si nous restonsouverts, dociles, à l’Esprit, Il inspirenos pensées et nos actions de chaquej o u r.

Je vous souhaite à tous un bon di-manche. S’il vous plaît, n’oubliez pasde prier pour moi. Bon déjeuner et aure v o i r !

Messe en la solennité de l’EpiphanieSUITE DE LA PAGE 2

Angelus du 10 janvier

Jésus, même les péchés, même les péchés. Et saint Tho-mas ajoute: «etiam mortalia», même les gros péchés, les pi-res. Mais si tu le prends avec repentir cela t’aidera dans cevoyage vers la rencontre avec le Seigneur et à mieuxl’a d o re r.

Comme les Mages, nous aussi, nous devons nous lais-ser instruire par le cheminement de la vie, marqué par lesdifficultés inévitables du voyage. Ne permettons pas queles fatigues, les chutes et les échecs nous jettent dans ledécouragement. En les reconnaissant au contraire avechumilité, nous devons en faire une occasion pour pro-gresser vers le Seigneur Jésus. La vie n’est pas une démo-nstration d’habileté, mais un voyage vers celui qui nousaime. Nous ne devons pas à chaque pas de notre vie mon-trer la carte de nos vertus; nous devons aller vers le Sei-gneur avec humilité. En regardant vers le Seigneur, noustrouverons la force pour progresser avec une joie renouve-lée.

Et nous arrivons à la troisième expression: v o i r. Leverles yeux, se mettre en voyage, voir. L’Evangéliste écrit:«Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Ma-rie sa mère, ils se prosternèrent et l’adorèrent» (Mt 2, 10-11). L’adoration était l’acte d’hommage réservé aux souve-rains, aux grands dignitaires. Les Mages, en effet, ontadoré celui qu’ils savaient être le roi des Juifs (cf. Mt 2,2). Mais, de fait, qu’ont-ils vu ? Ils ont vu un pauvre en-fant avec sa mère. Et pourtant ces sages, venus de payslointains, ont su transcender cette scène si humble etpresque insignifiante, en reconnaissant en cet Enfant laprésence d’un souverain. Ils ont été capables de «voir»au-delà de l’apparence. En se prosternant devant l’Enfantné à Bethléem, ils ont exprimé une adoration qui étaitavant tout intérieure: l’ouverture des coffrets apportés en

dons fut un signe de l’offrande de leurs cœurs.Pour adorer le Seigneur, il faut «voir» au-delà du voile

du visible, qui souvent se révèle trompeur. Hérode et lesnotables de Jérusalem représentent la mondanité, perpé-tuellement esclave de l’apparence. Ils voient et ne saventpas voir — je ne dis pas qu’ils ne croient pas, c’est trop —ils ne savent pas voir parce que leur capacité est esclavede l’apparence et en quête d’attraits: elle donne de la va-leur seulement aux choses sensationnelles, aux choses quiattirent l’attention de la plupart. Par ailleurs, dans lesMages nous voyons une attitude différente, que nouspourrions définir réalisme théologal — un mot trop «grand»,mais nous pouvons dire ainsi, un réalisme théologal: ilperçoit avec objectivité la réalité des choses, en parvenantfinalement à la compréhension que Dieu fuit toute osten-tation. Le Seigneur est dans l’humilité, le Seigneur estcomme cet enfant humble, il fuit l’ostentation, qui est jus-tement le fruit de la mondanité. Cette manière de «voir»qui transcende le visible fait en sorte que nous adorons leSeigneur souvent caché dans des situations simples, dansdes personnes humbles et exclues. Il s’agit donc d’un re-gard qui, en ne se laissant pas éblouir par les feux artifi-ciels de l’exhibitionnisme, cherche, à chaque occasion, cequi ne passe pas, cherche le Seigneur. C’est pourquoi,comme l’écrit l’apôtre Paul, «notre regard ne s’attachepas à ce qui se voit, mais à ce qui ne se voit pas; ce qui sevoit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel»(2 Co 4, 18).

Que le Seigneur Jésus fasse de nous ses vrais adora-teurs, capables de manifester par la vie son desseind’amour qui embrasse l’humanité entière. Demandons lagrâce pour chacun de nous et pour l’Eglise tout entière,d’apprendre à adorer, de continuer à adorer, de pratiquerbeaucoup cette prière d’adoration, parce que Dieu seulest adoré.

Le site du Baptême de Jésus au fleuve Jourdain

Après 54 ans réouverture de l'égliseSaint-Jean-Baptiste à Qasr Al-YahudUne matinée qui restera dans les mémoires en raison de l'émotion éprouvéepar les personnes qui ont pu participer à la réouverture de l'église Saint-Jean-Baptiste à Qasr Al-Yahud, sur les rives du fleuve Jourdain, où la tradi-tion atteste le baptême de Jésus.

C'était le 7 janvier, il y a cinquante-quatre ans, et peu de mois s'étaientécoulés depuis la fin de la guerre «des six jours», quand les deux prêtres quivenaient de célébrer la Messe furent contraints de quitter en hâte l'égliseSaint-Jean-Baptiste car, se trouvant sur les rives occidentales du fleuve Jour-dain, ces lieux furent transformés par les militaires israéliens en un champ demines pour défendre la nouvelle ligne de démarcation avec l'armée jorda-nienne. Quand, il y a trois ans, après le déminage, les frères mineurs de laCustodie de Terre Sainte ont repris possession de ce terrain, ils ont tout re-trouvé en l'état intact où l'avaient laissé les deux prêtres et ont trouvé le re g i s -tre des Messes ouvert, à la page du 7 janvier. Le même registre où dimanche10 janvier, le custode de Terre Sainte, le père Francesco Patton, O.F.M., a puenfin apposer au terme de la Messe sa signature avec une nouvelle date, celleprécisement du 10 janvier 2021. Le père custode n'a pu cacher une certaineémotion quand il a voulu rouvrir en personne les lourdes grilles qui ont pro-tégé le site pendant plus de cinquante ans. «Avec le baptême dans le Jour-dain, a dit le custode Francesco Patton dans son homélie, Jésus ne s'immergepas seulement dans les eaux du fleuve, mais dans notre humanité, dans nosfaiblesses et difficultés, il s'immerge dans nos souffrances». Et il a continué:«Dieu a écouté notre cri, Dieu a écouté le cri de toute l'humanité. Et à pré-

sent, les cieux ne sont plus fermés. A pré-sent, nous pouvons écouter à nouveau lavoix de Dieu». En commençant par celieu, «un lieu qui conserve et conserverales cicatrices des blessures qui nous ont étéinfligées il y a cinquante ans, mais qui de-viendra dans le même temps un signe, le si-gne d'une paix possible, d'une réconcilia-tion et d'un renouveau des peuples, qui ar-rive à unir non seulement les deux rives dece fleuve saint et les peuples qui habitentses rives, mais l'humanité tout entière». Lepère Patton a également remercié le prési-dent israélien, Reuven Rivlin, qui a voulula restitution de ces terres à la Custodie, etqui souhaite qu'autour de ces rives naisseune collaboration de paix entre Israël, laPalestine et la Jordanie. (Roberto Cetera)

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L’OSSERVATORE ROMANOpage 4 mardi 12 janvier 2021, numéro 2

L'année 2020 du Pape François

La force de la prièreen temps de pandémie

ISABELLA PIRO

Dimanche 8 mars, la ligne de démar-cation qui sépare l'«avant» del'«après». C'est le jour du premierAngelus du Pape François récité, endirect audio et vidéo, depuis la bi-bliothèque du palais apostolique. Leconfinement imposé par la pandémiede Covid-19 est alors imminent enItalie. «Cette prière de l'Angelus au-jourd'hui est un peu étrange, avec lePape "en cage" dans la Bibliothèque,mais je vous vois, je suis proche devous», déclare François, au début dela retransmission. Puis, à la fin, cetimprévu: le Pape apparaît à la fenêtredu palais apostolique pour bénir laplace Saint-Pierre.

On ne le sait pas encore, mais cet-te place, au fil des mois, deviendra vi-de et silencieuse; elle sera remplie dela prière du Successeur de Pierre etdes espérances du monde. C'est là,en effet, que seul, sous la pluie, Fran-çois a présidé, le soir du 27 mars, ven-dredi de Carême, ce moment extraor-dinaire de prière en temps de pandé-mie, pour inviter l'humanité à ne pasavoir peur et à se confier au Sei-gneur: «Nous avons une espérance,dans la Croix nous avons été guériset embrassés afin que rien ni person-ne ne nous sépare de son amour ré-dempteur».

Les audiences générales:prières, guérison et béatitudes

La prière et la crise sanitaire re-viennent également dans les catéchè-ses des audiences générales de l’an-née 2020. Le Pape consacre à laprière un cycle entier qui commencele 6 mai et reprend le 7 octobre. «Laprière est le souffle de la foi», «c'estson expression la plus appropriée.Comme un cri qui sort du cœur deceux qui croient et se confient àDieu», enseigne le Pape.

Sur le thème «Guérir le monde»,le Souverain Pontife réfléchit dès lemois d'août, en rappelant notam-ment, le mercredi 19, l'importance del'accès universel aux vaccins. «Com-me il serait triste que l'on donne lapriorité aux plus riches! Comme il se-rait triste que ce vaccin devienne lapropriété de tel ou tel pays et ne soitpas universel et pour tous».

Un troisième cycle de catéchèse,de janvier à fin avril, est plutôt consa-cré aux Béatitudes. Jusqu'au 31 dé-cembre, l’on dénombre au total 46audiences générales cette année. El-les se sont tenues en divers lieux enfonction du contexte sanitaire plusou moins alarmant: la place Saint-Pierre n’en a accueillie qu’une, le 26

février jour du Mercredi des Cendres,tandis que les autres audiences sesont déroulées dans la salle Paul VI,dans la cour Saint-Damase ou en di-rect de la Bibliothèque du palaisapostolique, sans la présence phy-sique des fidèles.

Les Angelus et les appels à la paix

Les Angelus et Regina Cœli ontégalement été retransmis en directdepuis la Bibliothèque du palaisapostolique, de mars à mai. Le 31 dé-cembre 2020, le Pape aura récité 58fois la prière mariale, l'occasion delancer des appels à la paix et à la so-lidarité dans de nombreux pays victi-mes de guerres ou de catastrophesnaturelles. A ce titre, l'exhortation du19 juillet l'emporte sur toutes les au-tres: «Je renouvelle l'appel à un ces-sez-le-feu mondial et immédiat, quipermettra la paix et la sécurité indis-pensables pour fournir l'aide huma-nitaire nécessaire».

Les messes retransmises en directdepuis Sainte-Marthe

En ces temps de pandémie, latechnologie digitale permet au Paped’exprimer sa proximité à l’humanitésouffrante: comme du 9 mars au 18

mai, il est interdit auxéglises d’Italie de célé-brer la messe en public,le Souverain Pontife aautorisé la diffusion endirect de la messe qu'ilpréside chaque matin à 7heures à la Maison Sain-te-Marthe. Au début dechaque célébration, lePape prie pour une caté-gorie spécifique de per-sonnes: les malades, lesdéfunts, le personnelsoignant, les prisonniers,les personnes âgées, lesfamilles, les «travailleursessentiels», les artistes,mais aussi les pasteurs etles autorités appelés àdes choix difficiles.

La dernière retrans-mission en direct a lieudepuis la basiliqueSaint-Pierre le matin du18 mai, jour du centenai-re de la naissance desaint Jean-Paul II. Fran-çois dit alors trouver enson prédécesseur «troissignes du Bon Pasteur:la prière, la proximité

avec le peuple, et l’amour de la justi-ce».

«Fratelli Tutti»et «Querida Amazonia»

L'année qui contraint l'humanité àla distanciation sociale est aussi l'an-née de la troisième encyclique du Pa-pe François. Le 4 octobre, «Fratellitutti» qui emprunte son titre aux«Admonitions» de saint Françoisd'Assise est publiée le jour où l'Eglisecommémore le saint Poverello. Dansson encyclique, le Saint-Père indiquela fraternité et l'amitié sociale commemoyens principaux pour construireun monde meilleur, plus juste et pluspacifique, avec l'engagement de tous.Le document offre également au Pa-pe l'occasion de réitérer son opposi-tion à la guerre et de rappeler que,dans un monde globalisé, nous nepouvons nous sauver qu'ensemble.

Mais l’année 2020 s’est ouverte parla publication d’un autre documentfondamental, l'exhortation aposto-lique «Querida Amazonia», fruit dusynode spécial pour la région amazo-nienne qui s'est tenu en octobre 2019au Vatican. Ce texte, diffusé le 12 fé-vrier, représente le souhait de Fran-çois de voir émerger une Eglise à vi-sage amazonien, et trace de nouvellesvoies d'évangélisation et de protec-tion de l'environnement et des pau-vres. Le Pape appelle en particulier àun nouvel élan missionnaire, il en-courage à renforcer le rôle des laïcsau sein des communautés ecclésiales.

L’anniversaire de «Laudato si»'et l'engagement pour la protection

de la Création

Ce n'est pas un hasard si cette an-née marque également le cinquièmeanniversaire de la deuxième ency-clique du Pape François, «Laudatosi'», célébrée le 18 juin avec le docu-ment «En chemin pour la sauvegardede la maison commune», préparé parplusieurs dicastères du Saint-Siègesur l'écologie intégrale et visant à in-terpeller chaque chrétien sur une re-lation saine avec la Création.

Puis, le 24 mai, une «Année Lau-dato si’» spéciale est lancée, tandisque le 12 décembre, le Pape Françoisenvoie un message vidéo aux partici-pants au «High-Level Meeting ofCaring for Climate 2020», la vidéo-conférence des Nations unies sur leclimat, pour réitérer l'engagement duVatican à réduire à zéro les émissionsnettes avant 2050. Il promet d’in-

tensifier les efforts de gestion entre-pris pour permettre «l'utilisation ra-tionnelle des ressources naturelles,l'efficacité énergétique, la mobilitédurable, la reforestation et l'écono-mie circulaire également dans la ges-tion des déchets».

L'année spéciale pour la famille«Amoris Laetitia»

En tant qu'Evêque de Rome, le 3février, François signe un messagepour le 150e anniversaire de la capita-le italienne, dans lequel il écrit que«Rome aura un avenir si nous parta-geons la vision d'une ville fraternelle,inclusive, ouverte au monde».

Parmi les Lettres apostoliques de2020, il faut souligner «Patris corde»,publiée le 8 décembre, 150 ans aprèsla déclaration de saint Joseph commepatron de l'Eglise catholique par lebienheureux Pie IX . Le document dé-crit les traits saillants du père putatifde Jésus, saisissant la force d’un«protagoniste sans égal dans l'his-toire du salut» précisément parcequ'il reste «caché» et «décentré», paramour pour son Fils et pour Marie.La lettre est accompagnée d'un dé-cret de la Pénitencerie apostoliqueannonçant une «Année de Saint Jo-seph» spéciale qui se terminera le 8décembre 2021.

Lors de l'Angelus du 27 décembre,François annonce par ailleurs que le19 mars 2021, précisément lors de lasolennité du père putatif de Jésus, se-ra inaugurée l'année «Famille AmorisLaetitia», qui se terminera le 26 juin2022 avec la 10e Rencontre mondialedes familles, prévue à Rome. Cetteannée spéciale est destinée à célébrerle cinquième anniversaire de l'exhor-tation apostolique «Amoris Laetitia»sur la beauté et la joie de l'amour fa-milial, signée par le Souverain Ponti-fe le 19 mars 2016.

Prière silencieuse place d'Espagneet lors de la Via Crucis

L'année 2020 témoigne égalementdes célébrations spéciales présidéespar le Souverain Pontife: le 26 jan-vier, la messe du premier dimanchede la Parole de Dieu, instituée par lePape en 2019, se tient dans la basi-lique Saint-Pierre. «La Parole quisauve vient dans nos complexités,dans nos obscurités. Aujourd'huicomme alors, Dieu désire visiter ceslieux où nous pensons qu'il n'arrivepas», assure François dans son homé-lie.

Le soir du 10 avril, moins d’unmois après la prière du 27 mars, laplace Saint-Pierre offre le cadred’une autre prière, celle du Cheminde croix, écrite par les détenus de laprison «Due Palazzi» de Padoue(Italie). A son issue, le Pape ne pro-nonce aucun discours, mais son silen-ce priant est plus fort que toutes lesparoles. Le même silence, plein defoi, l'accompagne, des mois plus tard,sur la Place d’Espagne, à Rome: c'estl'aube du 8 décembre, solennité del'Immaculée Conception, et le Papemasqué se recueille en prière au piedde la statue de la Vierge. Il y déposeun bouquet de roses blanches, ainsique les espérances de toute l’humani-té.

Le message Urbi et Orbide Pâques

et on situe Cabo Delgadosur la carte du monde

A Pâques, le 12 avril, Dimanche dela Résurrection, la basilique vaticaneest vide: le Pape préside une messeen présence de très peu de personneset prononce le message Urbi et Orbidans la salle des Bénédictions. Cejour-là, le drame de Cabo Delgado,au Mozambique, a attiré l'attentionde la communauté internationale.Parmi les divers appels à la paix queFrançois lance dans son Message à laVille et au monde, l’un est dédié à laprovince nord-est du pays africain,théâtre de trois années de violentsconflits. Et à cet instant, c'est commesi le Pape avait mis Cabo Delgadosur la carte du monde.

Le 22 novembre, solennité duChrist-Roi, la basilique Saint-Pierreaccueille également la cérémonie deremise de la Croix et de l'Icône ma-riale, symboles des journées mondia-les de la jeunesse, des jeunes du Pa-nama, pays hôte des JMJ 2019, auxjeunes de Lisbonne, ville qui accueil-lera l'événement en 2023. A cette oc-casion, le Pape établit que la célébra-tion diocésaine des JMJ soit transféréedu dimanche des Rameaux au di-manche du Christ Roi.

Des réformes dans les domainesjudiciaires et financiers

Du point de vue des réformes: enmars, le Pape a promulgué la loi surle système judiciaire de l'Etat de laCité du Vatican, qui a remplacé celleen vigueur depuis 1987, donnant uneplus grande indépendance aux ma-gistrats et simplifiant le système grâ-ce à une séparation plus nette entre leministère public et le pouvoir judi-ciaire. Le 1er juin, c'était le tour duMotu proprio «Normes sur la transpa-rence, le contrôle et la concurrencedes marchés publics du Saint-Siègeet de la Cité du Vatican» qui permetune meilleure gestion des ressourceset réduit le danger de la corruption.Il sera suivi, le 18 décembre, par unProtocole d’entente en matière delutte contre la corruption, signé parle préfet du Secrétariat pour l’écono-mie, le père Juan Antonio Guerrero,et par le Réviseur général ad interim,Alessandro Cassinis Righini. LaCommission pour les sujets réservésest nommée le 5 octobre, elle devraétablir, au cas par cas, sur quel actede nature économique il est nécessai-re de maintenir la confidentialité. Le5 décembre, le Pape approuve dansun chirographe le nouveau statut del'Autorité de l'information financière,qui devient ainsi l'Autorité de surveil-lance et d'information financière. En-fin, le 28 décembre, avec le motu pro-prio relatif «à certaines compétencesen matière économique et fi-nancière», la gestion des fonds et desbiens immobiliers de la secrétaireried’Etat, y compris le Denier de Saint-

SUITE À LA PAGE 5Via del Corso à Rome, le Pape se rend à l'église San Marcello

(15 mars)

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L’OSSERVATORE ROMANOnuméro 2, mardi 12 janvier 2021 page 5

Selon le rapport Fides, 20 agents de la pastorale ont été tués dans le monde en 2020

Le choixd'être fidèles au Christ

PAOLO AF FATAT O

Rufinus Tigau, catéchiste catholiquedu diocèse de Timika, dans la pro-vince indonésienne de Papouasie,voulait simplement parler aux mili-taires pour arrêter la violence. Lorsd'une opération de l'armée indoné-sienne, il voit les habitants du villageeffrayés et en danger. Il s’avancealors pacifiquement pour qu'ils met-tent fin à la fusillade. Il est assassiné.Tigau est l'un des laïcs et des caté-chistes qui représentent ces nouveauxprotagonistes de la mission de l'Egli-se en ce troisième millénaire.

C'est ce que démontre la liste desmissionnaires tués en 2020, publiéechaque année par l'agence Fides. Unrapport paru au moment même oùMgr Moses Chikwe, évêque auxiliai-re d'Owerri au Nigeria, été enlevédans la soirée du 27 décembre (ndlr:L’évêque a été libéré début janvier).

Selon le rapport annuel de l’agen-ce fides de la Congrégation pourl’évangélisation des peuples publié le30 décembre, vingt missionnaires ontété tués en 2020, dont six laics, enga-gés dans la pastorale: un pourcenta-ge qui a considérablement augmentéces dernières années. A leur côtés,huit prêtres qui ont perdu la vie demanière violente, trois religieuses,deux séminaristes et un religieux.

En ce qui concerne la répartitiongéographique, le «primat» du marty-

re va au continent américain avechuit présences sur la liste, l’Afriquesuit avec sept victimes, l'Asie trois, etl'Europe avec deux prêtres tués, tousdeux, et cela est une donnée impor-tante, en Italie.

En ce temps de pandémie, il fautrelever en outre «les centaines de prê-tres, religieux, aumôniers d'hôpitaux,morts pendant leur service, faisant deleur mieux pour aider ceux touchéspar la pandémie de covid-19». Il ap-paraît que les prêtres et les religieuxsont la deuxième catégorie, après lesmédecins, qui ont payé le plus lourdtribut pour leur vie en Europe dessuites du coronavirus. Selon un rap-port partiel du Conseil des conféren-ces épiscopales européennes, en2020, plus de 400 prêtres engagésdans les soins médicaux ou pasto-raux des fidèles sont morts du covid.La situation n'est pas différente dansd'autres parties du monde: sur lescinq continents, l’un des traits carac-téristiques de la mission de l'Egliseest le soin des malades et l'engage-ment en faveur de la santé, en parti-culier dans les pays en développe-ment. Cette présence consolante aentraîné un coût élevé en vies humai-nes.

Comme le note l'agence Fides, à laliste des victimes, il faut en ajouterune autre, beaucoup plus longue, quicomprend les agents pastoraux ou lessimples catholiques agressés, battus,

volés, menacés, kidnappés, tués, ainsique celle des structures catholiquesendommagées, vandalisées ou pil-lées. «Il est certain que dans tous lescoins de la planète, tant de personnessouffrent encore aujourd'hui etpaient de leur vie leur foi en JésusChrist», affirme le rapport. «Lesmartyrs d'aujourd'hui sont plus nom-breux que ceux des premiers siècles.Exprimons à ces frères et sœurs notreproximité: nous sommes un seulcorps, et ces chrétiens sont les mem-bres sanglants du corps du Christqu'est l'Eglise», avait en ce sens sou-ligné le Pape François lors de l'au-dience générale du 29 avril 2020.

Toujours en 2020, de nombreuxtravailleurs pastoraux ont été tuéslors de violentes tentatives de vol oude braquage. Certains ont été kid-nappés ou se sont retrouvés impli-qués dans des fusillades ou des actesde violence dans les contextes danslesquels ils travaillaient, marqués parune pauvreté économique et culturel-le, une dégradation morale et envi-ronnementale. Souvent, des domai-nes où la violence et l'oppressionsont des règles de comportement,dans le manque total de respect pourla vie et pour chaque droit de l'hom-me, note Fides. Dans ces régions, lesmissionnaires et les agents pastorauxn'ont pas peur de rester, au nom deJésus Christ. Aucun d'entre eux,dans ce choix d'«habiter» les situa-

tions et les lieux où ils ont été appe-lés à vivre, n'a mené d'entreprises oud'actions éclatantes: ils ont simple-ment partagé la vie quotidienne de lapopulation, apportant un témoigna-ge évangélique de miséricorde, deproximité et de fraternité, en signed'espérance chrétienne.

C'est une dynamique que le PapeFrançois a expliquée aussi lors del'audience générale du 2 décembre, àl'occasion du 40e anniversaire de lamort de quatre missionnaires nord-américaines kidnappées, violées etassassinées au Salvador par un grou-pe de para-militaires, trois religieuseset une volontaire. Le Souverain Pon-

tife leur rendaient hommage en cestermes: «Elles servaient au Salvadordans le contexte de la guerre civile.Avec un engagement évangélique eten prenant de grands risques, ellesont apporté de la nourriture et desmédicaments aux personnes dépla-cées et aidé les familles les plus pau-vres. Ces femmes ont vécu leur foiavec une grande générosité. Ellessont un exemple pour tous pour de-venir de fidèles disciples missionnai-re s » .

C'est la clé de lecture qui permetde considérer les victoires terrestresdes missionnaires tués: des curés quipartageaient leur vie avec les person-nes confiées à leurs soins, terrasséspar des criminels à la recherche deprétendus trésors cachés dans leséglises, comme le père Jorge Vauda-gna en Argentine ou don Adriano daSilva Barros au Brésil; d'autres prê-tres et religieux victimes des margi-naux auxquels ils se consacraientchaque jour pour écouter et aider,comme don Roberto Malgesini ou lefrère Leonardo Grasso en Italie. Aleurs côtés, des religieux engagésdans l'éducation des jeunes généra-tions, attaqués alors qu'ils étaient dé-cidés à exercer leur fonction ou à sesacrifier pour sauver les enfants quileur sont confiés, comme sœur Hen-rietta Alokha au Nigeria. Ou encoredes jeunes, et même des enfants(comme Lilliam Yunielka et BlancaMarlene González, deux jeunessœurs de 12 et 10 ans, au Nicaragua),qui ont partagé leur engagementchrétien avec enthousiasme et con-viction, dans des situations de violen-ce aveugle… De plus en plus sou-vent, des catéchistes et des laïcs sontengagés comme artisans de paix ettémoins de la foi, dans des commu-nautés dispersées dans les zones lesplus imperméables: c'est le cas dePhilippe Yarga, au Burkina Faso, oude Rufinus Tigau, en Indonésie.

Fides consacre aussi une mentionspéciale au témoignage lumineux duséminariste Michael Nnadi, 18 ans,kidnappé au Nigeria, où les enlève-ments se succèdent. Le jeune hommea été tué parce que, selon son meur-trier, «il a continué à prêcher l'Evan-gile de Jésus Christ» à ses ravisseurs.Tous ces témoins du Christ ont vécuavec générosité et dévouement, en si-lence, sans regarder les risques et en-core moins les «heures de travail» del’œuvre apostolique. Dans le cadredu travail d’observation effectué parl'agence Fides, au cours des vingtdernières années, 536 agents pasto-raux ont été tués dans le monde,dont cinq évêques. Globalement, de-puis 1980, les victimes sont au nom-bre de 1224, y compris les morts vio-lentes du génocide au Rwanda, en1994. Une kyrielle de témoins qui, entout lieu et en tout temps, laissent àla postérité une trace limpide et bril-lante de l'Evangile.

L'année 2020 du Pape FrançoisSUITE DE LA PAGE 4

Pierre, est transférée à l’APSA . Ce changementde gestion, en quelque sorte annoncé en aoûtdernier par une lettre adressée par le Pape ausecrétaire d’Etat, a été mis en place par une«Commission spéciale de passage et d'inspec-tion» instituée début novembre pour deveniropérative dès le 1er janvier prochain. Dans lemême temps, le Secrétariat pour l’économievoit son rôle de contrôle renforcé. Il aura lafonction de secrétariat papal pour les ques-tions économiques et financières.

Le rapport McCarricket la proximité du Pape

aux victimes d’abus

Il est également important de noter que le22 octobre, l'Accord provisoire entre le Saint-Siège et la République populaire de Chine, si-gné à Pékin en 2018 et concernant la nomina-tion des évêques, a été renouvelé pour deuxans. Une extension suivie, le 24 novembre, dela nomination d'un nouveau prélat, Mgr Tho-mas Chen Tianhao, qui dirigera le diocèse deQingdao.

Toujours en novembre, le mardi 10, le«Rapport sur la connaissance institutionnelleet le processus décisionnel du Saint-Siègeconcernant l'ancien cardinal Theodore EdgarMcCarrick» a été publié. Reconnu responsa-ble d'abus sexuels sur mineurs et renvoyé del'état clérical en 2019, l'ancien cardinal faitl'objet d'un vaste dossier que la secrétaireried'Etat prépare à la demande du Pape. Le Sou-verain pontife lui-même en parle lors de l'au-dience générale du 11 novembre: «Hier a étépublié le rapport sur le cas douloureux del'ancien cardinal Theodore McCarrick», dit-il,«Je renouvelle ma proximité aux victimes detous les abus et l'engagement de l'Eglise à éra-diquer ce mal».

Il faut signaler que le 16 juillet dernier, laCongrégation pour la doctrine de la foi pu-bliait un Va d e m e c u m afin d’accompagner, pas àpas, ceux qui devront s’assurer de la véritédans des cas d’abus sur un mineur de la partd’un membre du clergé. Le texte est le fruit dela Rencontre sur la protection des mineurs

dans l’Eglise qui s’est tenu au Vatican en fé-vrier 2019.

Les changementsau sein du Collège cardinalice

Vers la fin de l'année 2020, la compositiondu collège des cardinaux change donc: le 28novembre, lors du septième consistoire de sonpontificat, François crée 13 nouveaux cardi-naux, les appelant à leur nouveau poste de-puis les périphéries du monde: des pays com-me le Brunei et le Rwanda font partie de la«géographie» du collège des cardinaux pourla première fois. Ce jour-là, le Pape a exhortéles membres du collège cardinalice à ne pascéder à «la corruption dans la vie sacerdota-le», afin que «le rouge pourpre de l'habit ducardinal, qui est la couleur du sang», ne de-vienne pas «pour l'esprit du monde, celui del'éminente distinction».

L'année sans voyageset les visites en Italie

De plus, 2020 est une année sans voyagesinternationaux du Pape, le déplacement prévuà Malte fin mai est reporté. François ne se dé-place qu'en Italie. Le 23 février, il s'est rendu àBari pour la rencontre de réflexion et de spiri-tualité «Méditerranée, frontière de la paix»:de la basilique dédiée à saint Nicolas, le Papea invoqué la paix et la fraternité, car la guerre«est une folie à laquelle l’on ne peut se rési-gner. Jamais». Le 3 octobre, François se rend àAssise, en visite privée, et là, sur la tombe duPoverello, il signe l'encyclique Fratelli tutti, pu-bliée le lendemain.

Les messages vidéo,signe de proximité avec les fidèles

Au cours de ces douze mois, le Saint-Pèreenregistre de nombreux messages vidéo, dontceux du 3 avril, du 25 septembre et du 10 dé-cembre. Le premier est dédié aux familles, envue de Pâques: dans la phase la plus critiquedu confinement, le Pape parle avec la tendres-

se d’un père. «Je vous remercie de m’avoirpermis d’entrer dans vos maisons. Faites ungeste de tendresse envers ceux qui souffrent,envers les enfants et les personnes âgées. Di-tes-leur que le Pape est proche et prie afin quele Seigneur nous libère au plus vite de toutmal». Le 25 septembre, François s'adresse à la75e assemblée générale des Nations unies etlance un avertissement fort à la communautéinternationale pour qu'elle mette fin à la cour-se aux armements, protège les droits des mi-grants et repense les systèmes économiques etfinanciers. La condamnation également del'avortement comme «un service humanitaireessentiel» est ferme. Le troisième message vi-déo est adressé aux participants à la réunion,promue en ligne par le Dicastère pour le ser-vice du développement humain intégral, surla crise en Syrie et en Irak. «Il faut faire ensorte, souligne François, que la présence chré-tienne, dans ces terres, continue d'être cequ'elle a toujours été: un signe de paix, deprogrès, de développement et de réconcilia-tion entre les personnes et les peuples».

L'annonce du voyage en Irak,pont pour l'avenir

Et c'est précisément l'Irak qui projette lepontificat de François vers 2021: le 7 décembredernier est annoncé le voyage du Pape en terreirakienne du 5 au 8 mars. Une visite que Fran-çois désire vivement, au point d'avoir exprimél'intention de la réaliser dès juin 2019, lors del'audience aux participants à la Rencontre desŒuvres d'aide aux Eglises Orientales (ROA-CO). «Une pensée insistante m'accompagnelorsque je pense à l'Irak afin que le pays puissealler de l’avant grâce à la participation paci-fique et partagée à la construction du biencommun de toutes les composantes de la so-ciété, y compris les composantes religieuses»,affirmait-il alors. Et un signal dans cette direc-tion arrive le 25 janvier 2020, lorsque le Papereçoit au Vatican Barham Salih, président dela République d'Irak. Il appartient donc à cepays de construire un pont, pour utiliser uneexpression chère à François, entre l’année quis'est terminée et la prochaine qui arrive, por-teuse de nouvelles espérances.

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L’OSSERVATORE ROMANOpage 6 mardi 12 janvier 2021, numéro 2

Réflexion sur «Fratelli tutti»

Pour une lecture«indienne»de l'encyclique

Si Françoisrencontrait Ghandi

Le cardinal Sako prie pour que cesse la violence en Irak

Sans paix il n’y a ni stabilité ni progrès

FELIX ANTHONY MACHAD O*

E n Inde aussi les gens ont luFratelli tutti, trouvant l'ency-clique très instructive, édu-cative et édifiante. Quand

j'ai envoyé une copie de l'encyclique àmes amis hindous, l'un d'entre eux,qui a consacré sa vie au travail pourla paix et qui anime un grand mouve-ment pour la paix appelé ShantiAs h ra m («Maison de la paix»), m'aimmédiatement écrit en demandantd'aider les jeunes membres del’Ashram à approfondir l'esprit del'encyclique et à les motiver pour uneaction concrète en faveur de la paix.J'ai accepté. Ils ont été cinq cents às'inscrire, et étant donné que le «télé-séminaire» n'admettait qu'un nombrelimité de participants, quelques cen-taines de personnes ont assisté à laconférence du 7 novembre dernier. Ilavait été demandé à tous de lire l'en-cyclique pour se préparer. A un grou-pe de cinq jeunes, dont un musulmanet un chrétien, il a également été de-mandé de commenter brièvement letexte de l'encyclique.

Les jeunes ont été frappés par lemessage d'espérance du Saint-Père.Ils se sentent encouragés quand onleur dit que dans la société personnen'est inutile ou indésiré. Ils ont ditque le Saint-Père se concentre sur lepotentiel de contribution de chaquepersonne à la société. Les jeunes ontdéclaré plusieurs fois qu'ils aimaientle Pape et qu'ils tenaient à lui; les bar-rières religieuses ne peuvent pas lesempêcher de s'unir dans le mouve-ment proposé prophétiquement parle Pape dans Fratelli tutti. Les jeunesont apprécié la pensée du Saint-Père,qui invite «tous à être ensemble, mê-me ceux qui sont à l'extérieur de labergerie catholique».

Les jeunes hindous ont en particu-lier lu Fratelli tutti avec attention, àcause de ce qui est écrit «entre les li-gnes»: «La rencontre dont parle leSaint-Père n’ôte pas le temps pour lesilence dans notre vie»; le système re-ligieux hindou accorde de l'impor-tance à la méditation, à la contempla-tion et au silence dans la pratique dela religion. Les jeunes ont égalementconsidéré que le covid-19 peut être vucomme une opportunité d'enrichisse-ment pour tous, et c'est ce que le Pa-pe François a fait à travers son messa-ge dans Fratelli tutti.

La mention du Mahatma Gandhi

de la part du Saint-Père, à la fin dudocument, a suscité un enthousiasmeparticulier parmi les jeunes en Inde;ils ont lu le texte et réfléchi sur celui-ci dans le contexte de leurs traditionsreligieuses respectives. J'ai été surprisdes intuitions des jeunes et de leuramour et de leur affection pour leSaint-Père, exprimés de manière ex-plicite au cours du séminaire en li-gne. Ils l'ont défini comme une «voixmorale» unique dans le monde ac-tuel. La communauté des Focolari,qui entretient des relations d'amitiéavec l’Ashram, a été une présence en-courageante pendant le téléséminai-re. Les jeunes ont demandé une autrerencontre pour examiner plus en pro-fondeur la richesse de l'encyclique etl'urgence de l'appliquer.

Je désire ajouter une observationsur le Mahatma Gandhi, car le Saint-Père a touché le cœur de nombreusespersonnes, en particulier en Inde, enattribuant son inspiration lors del'écriture de Fratelli tutti également auMahatma Ghandi, qui est honorécomme le Rashtrapita, c'est-à-dire le«Père de la Nation».

Dans Fratelli tutti, le Pape Françoisparle du rôle de la politique dans lasociété. Je réussis à imaginer le richedialogue qui se serait déroulé si leMahatma avait rencontré le PapeFrançois. Le Mahatma Gandhi sou-tenait de manière claire et forte quel'on ne peut pas identifier la religionavec la politique, et qu'on ne peut passéparer la politique de la religion. Il asuggéré avec fermeté que toute la po-litique soit accompagnée par la pro-pre spiritualité. Il a expliqué queseuls les fondements religieux peu-vent nous aider à analyser avec hon-nêteté et en profondeur toute rép onse

politique nécessaire pour résoudre lesproblèmes. Gandhi a motivé sa pe-nsée politique en ayant recours à sonpatrimoine spirituel hindou, en parti-culier au triple sentier pour la libéra-tion dans la Bhagavad-Gita (un sentierde foi, de raison et d'action).

Dans son message pour la journéemondiale de la paix de l'année der-nière (1er janvier 2019), le Saint-Père aréfléchi sur le rôle de la «bonne poli-tique [...] au service de la paix». Ce-lui qui détient des responsabilités po-litiques, a écrit le Saint-Père, doitexercer sa fonction au service des au-tres, en basant son travail sur les fon-dements de la charité et des vertushumaines. Le Mahatma Gandhi con-sidérait lui aussi que l'engagementpolitique devait être un service géné-reux et il définissait chaque servicegénéreux comme une prière à Dieu.La politique n'existe pas pour se gra-tifier personnellement, ni pour les in-térêts acquis du parti politique; l’en-gagement politique doit être un té-moignage de la vérité apprise sur labase de ses propres convictions reli-gieuses (tel qu'elle est enseignée offi-ciellement par les différentes tradi-tions religieuses). Selon Gandhi, lanature de la politique n'est ni pure-ment séculière, ni totalement déta-chée de la propre spiritualité. La po-litique concerne fondamentalementl'action; toutefois, aucune action n'estjamais neutre; elle se fonde sur unesagesse inébranlable, qui est indispe-nsable avant d'agir. C'est pourquoi, laprière a un rôle essentiel dans la viede la personne.

Il ne faut pas sous-évaluer l'in-fluence qu'a eue notre Seigneur JésusChrist sur la vie du Mahatma Gan-dhi. Le discours sur la Montagne

(Matthieu 5) fut très important pourlui, et il affirma avec force que lesBéatitudes continuent à être une ins-piration indispensable pour toutl'enseignement social. En tant qu'hin-dou engagé, Gandhi était fasciné parle principe moral et par le symboleéthique de Jésus. Il écrivit: «Je peuxdire que je n'ai jamais été intéressépar un Jésus historique. Cela ne medérangerait d'ailleurs pas si quel-qu'un démontrait que l'homme appe-lé Jésus ne vécut en réalité jamais etque ce qu'on lit dans les Evangilesn'est que le fruit de l'imagination del'auteur. Car le Sermon sur la Monta-gne resterait toujours vrai à mesyeux». L'action de Gandhi était cer-tainement profondément spirituelle,mais son attitude était fondée sur lesvaleurs. Une lecture complète de sesœuvres nous mènerait à conclurequ'il avait de l'affection pour la per-sonne du Christ. Il écrivit: «Pendantde nombreuses années de ma vie, j'aiconsidéré Jésus de Nazareth commeun grand Maître, peut-être le plusgrand que le monde a jamais connu[...]. Je peux affirmer que Jésus occu-pe une place spéciale dans mon cœurcomme un maître qui a exercé unegrande influence sur ma vie». Le Ma-hatma Gandhi considérait JésusChrist comme le modèle suprême ài m i t e r.

Le Mahatma Gandhi a proposéque chaque homme politique pro-mette de s'engager pour la vérité et lanon violence. La non-violence nedoit pas être professée seulement enparoles. Il faut purifier ses propres in-tentions, ses projets, son point devue, ses pensées et ses convictions,ainsi que la manière dont on répon-dra aux défis de la vie; tous ces con-

cepts sont contenus dans la définitionque Ghandi donne de la non violen-ce.

Les jeunes qui ont participé à la ré-flexion orientée vers l'action dans Fra -telli tutti, en majorité hindous, ont co-nsidéré que, comme le MahatmaGandhi, le Pape François désire uneaction transformatrice de la part detous dans notre société et dans lemonde actuel. Il faut affronter les si-tuations avec une action bien calculéeet planifiée. Gandhi considérait qu'iln'y a pas d'alternative: il faut répon-dre aux situations par la non-violence(ahimsa), car si l'on répond à la violen-ce par la violence, il est certain que lemonde ira vers l'autodestruction.Pour pouvoir donner une telle répo-nse non violente, Gandhi se préparaitpar une vie de prière régulière, dejeûne, de silence et de contemplation.Il était convaincu que ne pas répon-dre à la violence aurait été une violen-ce encore plus grande. Il considéraitque Jésus nous a enseigné par le sa-crifice de sa vie à vivre dans la lo-gique de l'amour. De nombreusespersonnes en Inde savent que la vieet l'enseignement de Jésus ont été ré-volutionnaires. Elles s'attendent à ceque les chrétiens dans le monde en-tier vivent selon l'exemple de Jésus.Le Mahatma Gandhi a vécu sa viedans la logique de l'amour, parcequ'il croyait fermement que c'étaitl'unique logique capable de sauver lemonde. Sa politique, sa pensée, sesactions et le sacrifice de sa vie sontune conséquence de son engagementvers la logique de l'amour.

*Archevêque-évêque de Vasaiet secrétaire général de la conférence desévêques catholiques de l'Inde

Puisse la nouvelle année «abattre lesmurs de la haine et de la violence» auMoyen-Orient et dans le monde en-tier et puisse le voyage du Pape Fran-çois en Irak donner au pays la forced'«être une nouvelle nation». C'est ledouble souhait exprimé par le cardi-nal Louis Raphaël Sako, patriarchede Babylone des Chaldéens, dans

son message pour la journée mon-diale de la paix, le 1er janvier 2021.

«Il est triste que notre pays et lemonde entier assistent à une courseeffrénée — parfois armée — pour lepouvoir et l'argent et non en faveurdes personnes et des services», a dé-claré le cardinal, chef de l'Eglisechaldéenne, soulignant qu'il ne peut

y avoir de paix réelle «tant que nousne sortons pas de cet égoïsme meur-trier et que nous n'établissons pasune véritable fraternité entre nous»et que sans paix «il n'y a pas de stabi-lité ni de progrès». Selon le cardinal,pour y parvenir, il est nécessaired'éduquer «les personnes sur le planintellectuel, religieux et social auxvaleurs de fraternité, de tolérance, denon-violence et de solidarité».

La mission des religions, ex-plique-t-il, est précisément de diffu-ser et de consolider cette «culture depaix, de fraternité et d'amour». Ence sens, la tâche des chefs spirituelsest de «purifier» et de «renouveler lapensée religieuse» sans porter attein-te à la foi et de «diffuser l'esprit detolérance et le pluralisme religieux etintellectuel».

L'Etat est lui aussi appelé à assu-mer ses responsabilités «en proté-geant tous ses membres selon la lo-gique de la citoyenneté, du droit etdes institutions, dans le respect deleurs droits et de leur dignité», souli-gne enfin le cardinal.

L'engagement commun pour lapaix contre les guerres et pour lesdroits de l'homme, selon le patriar-che, passe par «l'éducation en famil-le (école à domicile), à l’école, dansles églises, dans les mosquées et àtravers les médias».

Se joignant à l'espérance expriméepar le Pape François dans son messa-ge pour la 54e journée mondiale de lapaix, que la nouvelle année «puissefaire avancer l'humanité sur le che-min de la fraternité, de la justice etde la paix entre les peuples, les com-munautés, les peuples et les Etats»,le cardinal Sako conclut par une in-vitation à prier pour qu'après une an-née 2020 marquée par le coronaviruset des «conflits absurdes», la paix«puisse habiter dans le cœur deshommes en Irak, au Moyen-Orientet dans le monde, afin que les mursde la haine et de la violence tombentpour toujours» et pour le succès dela visite du Pape en Irak afin que cedernier «trouve la force d'être unenouvelle nation, différente de la pré-cédente».

Célébrations du Nouvel Anà Mossoul en Irak,

le 31 décembre 2020

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L’OSSERVATORE ROMANOnuméro 2, mardi 12 janvier 2021 page 7

IN F O R M AT I O N SAudiences

p ontificales

Le Saint-Père a reçu en audience:

17 décembreS.E. M. KYU HO CHO O, ambassa-deur de la République de Corée, àl'occasion de la présentation de sesLettres de Créance.

S.Em. le cardinal LUIS FRANCISCOLADARIA FERRER, préfet de la Con-grégation pour la doctrine de la foi;

S.Exc. Mgr JOSÉ MARIA GIL TAMA-Y O, évêque d'Avila (Espagne), avec sasuite;

S.Em. le cardinal JULIÁN HERRANZ,président émérite du Conseil pontifi-cal pour l'interprétation des textes lé-gislatifs.

18 décembreS.Em. le cardinal LUIS ANTONIO G.TAGLE, préfet de la Congrégationpour l'évangélisation des peuples;

S.Exc. Mgr LUIZ FERNAND O LISBOA,évêque de Pemba (Mozambique);

Mgr BRUNO MARIE DUFFÉ, secrétai-re du dicastère pour le service du dé-veloppement humain intégral, avecM. EFRAÍN CAMILO DAW K I N S SAN-MIGUEL;

S.Em. le cardinal CARLOS OSOROSIERRA, archevêque métropolitain deMadrid (Espagne).

19 décembreS.E. Mme MARIJA EF R E M O VA , am-bassadrice de Macédoine du Nord, àl'occasion de la présentation de sesLettres de Créance.

S.Em. le cardinal MARC OU E L L E T,préfet de la Congrégration pour lesévêques.

S.E. M. CARLOS ANTONIO CORDEROSUÁREZ, ambassadeur du Honduras,à l'occasion de la présentation de sesLettres de Créance.

21 décembreS.Em. le cardinal MARCELLO SEME-R A R O, préfet de la Congrégationpour les causes des saints.

23 décembreS.Em. le cardinal JUA N LUIS CIPRIA-NI THORNE, archevêque émérite deLima (Pérou).

Collège épiscopalNominations

Le Saint-Père a nommé:

18 décembreMgr LARRY J. KULICK, du clergé dudiocèse de Greensburg (Etats-Unisd'Amérique), jusqu'à présent admi-nistrateur diocésain et curé de laSaint James Parish à New Alexan-dria: évêque de Greensburg (Etats-Unis d'Amérique).

Né le 24 février 1966 à NatronaHeights, Pennsylvanie, diocèse dePittsburgh (Etats-Unis d'Amérique),il a été ordonné prêtre pour le diocè-se de Greensburg le 16 mai 1992. Il aété élu administrateur diocésain deGreensburg le 15 septembre 2020.

19 décembreS.Exc. Mgr PIETRO LAGNESE: évêquede Caserta (Italie), le transférant dudiocèse d'Ischia.

Né le 9 septembre 1961 à Vitulazio,archidiocèse de Capua et province deCaserte (Italie), il a été ordonné prê-tre le 1er mai 1986. Elu au siège épis-copal d'Ischia le 23 février 2013, il areçu la consécration épiscopale le 1er

mai suivant. Au sein de la conférenceépiscopale de Campanie, il est délé-gué pour le secteur justice et paix.

S.Exc. Mgr MIGUEL FERNAND OGONZÁLEZ MA R I Ñ O, jusqu'à présentévêque titulaire de Boseta et auxiliai-re de l'archidiocèse d'Ibagué (Colom-bie): évêque d'Espinal (Colombie).

Né à Tunja (Colombie) le 25 jan-vier 1966, il a été ordonné prêtre le 1er

août 1998, pour le diocèse de SantaMarta. Le 11 février 2016, il a éténommé évêque titulaire de Boseta etauxiliaire de l'archidiocèse d'Ibagué.Il a reçu la consécration épiscopale le12 mars suivant. Il a été administra-teur apostolique de l'archidiocèsed'Ibagué du 19 mars 2019 au 18 juillet2020.

le père RAÚL PI Z A R R O, du clergé dudiocèse de San Isidro (Argentine),jusqu'à présent curé de Santa Rita:évêque auxiliaire de San Isidro (Ar-gentine), lui assignant le siège titulai-re d'Ausana.

Né le 12 mars 1973 à San Isidro(Argentine), il a été ordonné prêtrepour le même diocèse le 23 octobre1998.

22 décembrele père IVA N ŠTIRONJA, jusqu'à pré-sent curé de Studenci et recteur dusanctuaire diocésain du Sacré-Cœurde Jésus de Mostar-Duvno (Bosnie etHerzégovine): évêque de Kotor( M o n t é n é g ro ) .

Né le 10 mai 1960 à Pješivac, diocè-se de Trebinje-Mrkan (Bosnie et Her-zégovine), il a été ordonné prêtrepour le clergé de Trebinje-Mrkan le29 juin 1986.

23 décembreS.Exc. Mgr SANTIAGO JAIME SI LVARE TA M A L E S , jusqu'à présent évêqueaux armées pour le Chili: évêque deValdivia (Chili).

Né le 17 juin 1955 à La Calera, dio-cèse de Valparaíso (Chili), il a été or-donné prêtre le 24 octobre 1980 pourle clergé de Valparaíso. Le 16 février2002 il a été nommé évêque titulairede Bela et auxiliaire de Valparaíso eta reçu l'ordination épiscopale le 6avril suivant. Le 7 juillet 2015, il a éténommé évêque aux armées pour leChili. Depuis le 11 novembre 2016, ilest président de la conférence épisco-pale du Chili.

le père JÚLIO CÉSAR GOMES MOREI-RA, du clergé de l'archidiocèse métro-politain de Brasília (Brésil), jusqu'àprésent curé de Nossa Senhora doRosário de Fátima à Sobradinho-D F:évêque auxiliaire de l'archidiocèse deBelo Horizonte (Brésil), lui assignantle siège titulaire de Tisiduo.

Né le 18 avril 1972 à Fortaleza, Etatde Ceará (Brésil), il a été ordonnéprêtre le 6 décembre 2003 pour leclergé de l'archidiocèse métropolitainde Brasília.

le père NIVALD O D OS SANTOS FER-REIRA, du clergé de l'archidiocèsemétropolitain de Belo Horizonte(Brésil), jusqu'à présent recteur du

sanctuaire archidiocésain São JudasTadeu à Belo Horizonte: évêque au-xiliaire de l'archidiocèse de Belo Ho-rizonte (Brésil), lui assignant le siègetitulaire de Tiava.

Né le 3 juin 1967 à Barbacena, ar-chidiocèse métropolitain de Mariana,Etat du Minas Gerais (Brésil), il a étéordonné prêtre le 18 mai 1996, pour leclergé de l'archidiocèse métropolitainde Belo Horizonte.

28 décembreS.Exc. Mgr VICTOR LYNGD OH, jus-qu'à présent évêque de Jowai (Inde):archevêque métropolitain de Shil-long (Inde).

le père NEIL SEBASTIAN SCANTLEBU-R Y, du clergé de Saint Thomas dansles Iles Vierges (Etats-Unis d'Amé-rique), jusqu'à présent chancelier dudiocèse de Bridgetown (Barbades) etcuré de la Saint Ann Parish, sur l'îlede Sainte Croix: évêque de Bridgeto-wn (Barbades).

Né le 1er octobre 1965 aux Barba-des, il a été ordonné prêtre le 18 mai1995 pour le clergé de Saint Thomasdans les Iles Vierges.

Mgr WI LY B A R D LA G H O, du clergé deMombasa (Kenya), jusqu'à présentvicaire général de l'archidiocèse mé-tropolitain de Malindi (Kenya):évêque de Malindi (Kenya).

Né le 23 mars 1958 à Taita-Taveta,archidiocèse métropolitain de Mom-basa (Kenya), il a été ordonné prêtrele 25 avril 1997, pour le clergé de l'ar-chidiocèse métropolitain de Momba-sa.

29 décembreS.Exc. Mgr DERMOT PIUS FARRELL,jusqu'à présent évêque d'Ossory (Ir-lande): archevêque métropolitain deDublin (Irlande).

Né le 22 novembre 1954 à Castleto-wn-Geoghegan, contée de Westmea-th et diocèse de Meath (Irlande), il aété ordonné prêtre pour le clergé deMeath le 7 juin 1980. Le 3 janvier2018, il a été élu évêque d'Ossory, et areçu l'ordination épiscopale le 11 marssuivant. Au sein de la conférenceépiscopale irlandaise, il est secrétairefinancier et membre du comité per-manent.

1er janvierS.Exc. Mgr PAU L MARTIN, S.M., jus-qu'à présent évêque du diocèse deChristchurch (Nouvelle-Zélande):archevêque coadjuteur de l'archidio-cèse métropolitain de Wellington(Nouvelle-Zélande).

3 janvierS.Exc. Mgr IGNACE BESSI DO GBO,jusqu'à présent évêque du diocèse deKatiola (Côte d'Ivoire): archevêquemétropolitain de l'archidiocèse deKorhogo (Côte d'Ivoire).

4 janvierS.Exc. Mgr MAREK SOLARCZYK:évêque du diocèse de Radom (Polo-gne), le transférant du siège titulairede Hólar et de la charge d'auxiliairedu diocèse de Varsovie-Praga.

Né le 13 avril 1967 à Wołomin, dio-cèse de Varsovie-Praga (Pologne), ila été ordonné prêtre le 28 mai 1992pour le nouveau diocèse de Varsovie-Praga, qui comprend la partie de lacapitale polonaise située à l'est de laVistule. Le 8 octobre 2011 il a été éluau siège titulaire de Hólar et nomméauxiliaire de Varsovie-Praga. Il a reçul'ordination épiscopale le 19 novem-

bre suivant. Au sein de la conférenceépiscopale polonaise, il est présidentdu conseil pour la pastorale des jeu-nes, délégué pour les vocations etmembre de la commission pour leclergé et des groupes pour le dialo-gue avec la communauté luthérienneet pour les contacts avec le Conseilœcuménique polonais.

Démissions/nominations

Le Saint-Père a accepté la démission de:

17 décembreS.Exc. Mgr ERIC AUMONIER, quiavait demandé à être relevé de lacharge pastorale du diocèse de Ver-sailles (France).

28 décembreS.Exc. Mgr CARMELO CU T T I T TA , quiavait demandé à être relevé de lacharge pastorale du diocèse de Ragu-se (Italie).

S.Exc. Mgr MARC STENGER, quiavait demandé à être relevé de lacharge pastorale du diocèse de Tro-yes (France).

S.Exc. Mgr GERALD RICHARD BAR-NES, qui avait demandé à être relevéde la charge pastorale du diocèse deSan Bernardino (Etats-Unis d'Amé-rique).

S.Exc. Mgr ALBERTO ROJAS, jus-qu'à présent évêque coadjuteur dumême archidiocèse, lui succède danssa charge.

29 décembreS.Exc. Mgr DIARMUID MARTIN, quiavait demandé à être relevé de lacharge pastorale de l'archidiocèsemétropolitain de Dublin (Irlande).

30 décembreS.Exc. Mgr TELESPHOR MKU D E , quiavait demandé à être relevé de lacharge pastorale du diocèse de Moro-goro (Tanzanie).

1er janvierS.Exc. Mgr TELESPHOR MKU D E , quiavait demandé à être relevé de lacharge pastorale de l'archidiocèsemétropolitain de Nairobi (Kenya).

S.Exc. Mgr HENRYK MARIAN TOMA-SIK, qui avait demandé à être relevéde la charge pastorale du diocèse deRadom (Pologne).

3 janvierLe Saint-Père a accepté la démissionde la charge pastorale, présentée parS.Exc. Mgr TADEUSZ KONDRUSIE-WICZ, archevêque métropolitain deMinsk-Mohilev (Biélorussie), confor-mément au canon 401 § 1 du Code dedroit canonique (CIC), et a nommédans le même temps administrateurapostolique «sede vacante» de ce siè-ge métropolitain S.Exc. Mgr KAZI-MIERZ WI E L I KO S I E L E C , O.P., évêquetitulaire de Blanda et auxiliaire dudiocèse de Pinsk.

Saint-SiègeNominations

17 décembreLe Saint-Père a nommé sous-secrétai-re de la section pour le personnel di-plomatique du Saint-Siège de la se-crétairerie d'Etat Mgr MAU R I C I O

RUEDA BE LT Z , conseiller de la non-ciature apostolique au Portugal.

Né à Bogotá, en Colombie, le 8janvier 1970, il a été ordonné prêtre le19 décembre 1996, et incardiné dansla capitale colombienne. Entré dansle service diplomatique du Saint-Siè-ge le 1er juillet 2004, il a prêté servicedans les nonciatures apostoliques deGuinée, Chili, Etats-Unis d'Amé-rique et Jordanie. Le 1er juillet 2014 ila été transféré à la section pour les re-lations avec les Etats. Depuis le 1er

juillet 2020, il prêtait service à la non-ciature apostolique au Portugal.

En outre, Sa Sainteté a confirmédans sa charge, avec le titre de secré-taire pour les représentations pontifi-cales, S.Exc. Mgr JAN ROMEOPAW ŁOWSKI, archevêque titulaire deSejny, jusqu'à présent délégué pourles représentations pontificales.

Administrateurap ostolique

Nomination

24 décembreLe Saint-Père a nommé administra-teur apostolique “sede vacante” duvicariat apostolique d'Istanbul et del’exarchat pour les fidèles de rite by-zantin résidant en Turquie S.Exc.Mgr LORENZO PI R E T T O, O.P., arche-vêque émérite d'Izmir et administra-teur apostolique de la même circons-cription.

Représentationp ontificale

Nomination

Le Saint-Père a nommé:

1er janvierS.Exc. Mgr KURIAN MAT H E W VAYA -L U N KA L , archevêque titulaire de Ra-ziaria, jusqu'à présent nonce aposto-lique en Papouasie-Nouvelle Guinéeet aux Iles Salomon: nonce aposto-lique en Algérie.

Démission

Le Saint-Père a accepté la démission de:

31 décembreS.Exc. Mgr THOMAS E. GULLIC-KS O N , archevêque titulaire de Bomar-zo, qui avait demandé à être relevé dela charge de nonce apostolique enSuisse et au Liechtenstein.

Vicaire apostoliqueNomination

Le Saint-Père a nommé:

1er janvierle père KHALID RE H M AT, O.F.M. C A P.,jusqu'à présent custode de l'ordre desfrères mineurs capucins au Pakistan:vicaire apostolique de Quetta (Pakis-tan).

Né le 5 août 1968 à Mianwali, dio-cèse d'Islamabad-Rawalpindi (Pakis-tan), il a prononcé ses vœux solen-nels dans l'ordre des frères mineurscapucins le 28 décembre 2007 et a étéordonné prêtre le 16 août 2008.

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L’OSSERVATORE ROMANOpage 8 mardi 12 janvier 2021, numéro 2

Message pour la journée mondiale du malade

Une société est humaine lorsqu’elleprend soin de ses membres fragiles

Intentions de prière pour le mois de janvier

Au service de la fraternité

«Investir des ressources dans les soins et dansl’assistance des personnes malades est unepriorité liée au principe selon lequel la santéest un bien commun primordial». C'est ce querappelle le Pape François dans le messagepour la journée mondiale du malade, qui seracélébrée le 11 février prochain:

Vous n’avez qu’un seul maîtreet vous êtes tous frères (Mt 23, 8).La relation de confiance à la base

du soin des malades

Chers frères et sœurs!La célébration de la 29e journée mon-diale du malade, qui aura lieu le 11 fé-vrier 2021, mémoire de Notre-Damede Lourdes, est un moment propicepour réserver une attention spécialeaux personnes malades et à celles quiles assistent, aussi bien dans les lieuxdédiés aux soins qu’au sein des famil-les et des communautés. Ma penséeva en particulier vers tous ceux qui,dans le monde entier, souffrent deseffets de la pandémie du coronavirus.Je tiens à exprimer à tous, spéciale-ment aux plus pauvres et aux exclus,que je suis spirituellement proched’eux et les assurer de la sollicitude etde l’affection de l’Eglise.

1. Le thème de cette journée s’ins-pire du passage évangélique dans le-quel Jésus critique l’hypocrisie deceux qui disent mais ne font pas (cf.Mt 23, 1-2). Quand on réduit la foi àde stériles exercices verbaux, sanss’impliquer dans l’histoire et les be-soins de l’autre, alors la cohérencedisparaît entre le credo professé et levécu réel. Le risque est grand. C’estpourquoi Jésus emploie des expres-sions fortes pour mettre en gardecontre le danger de glisser vers l’ido-lâtrie envers soi-même et il affirme:

«Vous n’avez qu’un seul maître et vous êtestous frères» (v. 8).

La critique que Jésus adresse àceux qui «disent et ne font pas» (v. 3)est toujours salutaire pour tous carpersonne n’est immunisé contre lemal de l’hypocrisie, un mal très gravequi a pour effet d’empêcher de fleurircomme enfants de l’unique Père, ap-pelés à vivre une fraternité universel-le.

Devant les besoins de notre frèreet de notre sœur, Jésus offre un mo-dèle de comportement tout à fait op-posé à l’hypocrisie. Il propose des’arrêter, d’écouter, d’établir une rela-tion directe et personnelle avec l’au-tre, de ressentir empathie et émotionpour lui ou pour elle, de se laissertoucher par sa souffrance jusqu’à s’encharger par le service (cf. Lc 10, 30-35).

2. L’expérience de la maladie nousfait sentir notre vulnérabilité et, enmême temps, le besoin inné de l’au-tre. Notre condition de créature de-vient encore plus claire et nous fai-sons l’expérience, d’une manière évi-dente, de notre dépendance de Dieu.Quand nous sommes malades, en ef-fet, l’incertitude, la crainte, et parfoismême le désarroi, envahissent notreesprit et notre cœur; nous nous trou-vons dans une situation d’impuissan-ce car notre santé ne dépend pas denos capacités ou de notre «tour-ment» (cf. Mt 6, 27).

La maladie impose une demandede sens qui, dans la foi, s’adresse àDieu, une demande qui cherche unenouvelle signification et une nouvelledirection à notre existence et qui,parfois, peut ne pas trouver tout desuite une réponse. La famille et lesamis eux-mêmes ne sont pas toujoursen mesure de nous aider dans cettequête laborieuse.

A cet égard, la figure biblique deJob est emblématique. Sa femme etses amis ne réussissent pas à l’accom-pagner dans son malheur; pire enco-re, ils amplifient en lui la solitude etl’égarement en l’accusant. Job s’en-fonce dans un état d’abandon et d’in-compréhension. Mais, précisément àtravers cette fragilité extrême, en re-poussant toute hypocrisie et en choi-sissant la voie de la sincérité enversDieu et envers les autres, il fait parve-

nir son cri insistant jusqu’à Dieu quifinit par lui répondre en lui ouvrantun horizon nouveau. Il lui confirmeque sa souffrance n’est pas une puni-tion ou un châtiment; elle n’est mê-me pas un éloignement de Dieu ouun signe de son indifférence. Ainsi,cette vibrante et émouvante déclara-tion au Seigneur jaillit du cœur bles-sé et guéri de Job: «C’est par ouï-direque je te connaissais, mais mainte-nant mes yeux t’ont vu» (42, 5).

3. La maladie a toujours un visage,et pas qu’un seul: il a le visage dechaque malade, même de ceux qui sesentent ignorés, exclus, victimes d’in-justices sociales qui nient leurs droitsessentiels (cf. Lett. enc. Fratelli tutti, n.22). La pandémie actuelle a mis enlumière beaucoup d’insuffisances dessystèmes de santé et de carences dansl’assistance aux personnes malades.L’accès aux soins n’est pas toujoursgaranti aux personnes âgées, auxplus faibles et aux plus vulnérables,et pas toujours de façon équitable.Cela dépend des choix politiques, dela façon d’administrer les ressourceset de l’engagement de ceux qui occu-pent des fonctions de responsabili-tés. Investir des ressources dans lessoins et dans l’assistance des person-nes malades est une priorité liée auprincipe selon lequel la santé est unbien commun primordial. En mêmetemps, la pandémie a également misen relief le dévouement et la généro-sité d’agents sanitaires, de bénévoles,de travailleurs et de travailleuses, deprêtres, de religieux et de religieusesqui, avec professionnalisme, abnéga-tion, sens de la responsabilités etamour du prochain, ont aidé, soigné,réconforté et servi beaucoup de ma-lades et leurs familles. Une foule si-lencieuse d’hommes et de femmesqui ont choisi de regarder ces visages,en prenant en charge les blessuresdes patients qu’ils sentaient prochesen vertu de leur appartenance com-mune à la famille humaine.

De fait, la proximité est un baumeprécieux qui apporte soutient et con-solation à ceux qui souffrent dans lamaladie. En tant que chrétiens, nousvivons la proximité comme expres-sion de l’amour de Jésus Christ, le bonSamaritain qui, avec compassion, s’estfait le prochain de chaque être hu-

main, blessé par lepéché. Unis à luipar l’action de l’Es-prit Saint, noussommes appelés àêtre miséricordieuxcomme le Père et àaimer en particuliernos frères malades,faibles et souffrants(cf. Jn 13, 34-35). Etnous vivons cetteproximité, non seu-lement personnelle-ment, mais aussisous forme commu-nautaire: en effet,l’amour fraterneldans le Christ en-gendre une commu-nauté capable deguérison quin’abandonne per-sonne, qui inclut etaccueille, surtout lesplus fragiles.

A ce propos, jedésire rappeler l’im-portance de la solidarité fraternellequi s’exprime concrètement dans leservice et peut prendre des formestrès diverses, toutes orientées à soute-nir le prochain. «Servir signifie avoirsoin des membres fragiles de nos fa-milles, de notre société, de notre peu-ple» (Homélie à La Havane, 20 septem-bre 2015). Dans cet effort, chacun estcapable de «laisser de côté ses aspira-tions, ses envies, ses désirs de toutepuissance en voyant concrètement lesplus fragiles. […] Le service vise tou-jours le visage du frère, il touche sachair, il sent sa proximité et mêmedans certains cas la “s o u f f re ” et cher-che la promotion du frère. C’estpourquoi le service n’est jamais idéo-logique, du moment qu’il ne sert pasdes idées, mais des personnes»(ibid.).

4. Pour qu’une thérapie soit bon-ne, l’aspect relationnel est décisif caril permet d’avoir une approche holis-tique de la personne malade. Valori-ser cet aspect aide aussi les médecins,les infirmiers, les professionnels et lesbénévoles à prendre en charge ceuxqui souffrent pour les accompagnerdans un parcours de guérison, grâceà une relation interpersonnelle de

confiance (cf. Nouvelle Charte des Opéra-teurs de Santé (2016), n. 4). Il s’agitdonc d’établir un pacte entre ceuxqui ont besoin de soin et ceux qui lessoignent; un pacte fondé sur la con-fiance et le respect réciproques, sur lasincérité, sur la disponibilité, afin desurmonter toute barrière défensive,de mettre au centre la dignité du ma-lade, de protéger la professionnalitédes agents de santé et d’entretenir unbon rapport avec les familles des pa-tients.

Cette relation avec la personnemalade trouve précisément une sour-ce inépuisable de motivation et deforce dans la charité du Christ, commele démontre le témoignage millénaired’hommes et de femmes qui se sontsanctifiés en servant les malades. Eneffet, du mystère de la mort et de larésurrection du Christ jaillit cetamour qui est en mesure de donnerun sens plénier tant à la condition dupatient qu’à celle de ceux qui pren-nent soin de lui. L’Evangile l’attestede nombreuses fois, en montrant queles guérisons accomplies par Jésus nesont jamais des gestes magiques,mais toujours le fruit d’une re n c o n t re ,d’une relation interpersonnelle où, au donde Dieu offert par Jésus, correspondla foi de celui qui l’accueille, commele résume bien la parole que Jésus ré-pète souvent: «Ta foi t’a sauvé».

5. Chers frères et sœurs, le com-mandement de l’amour que Jésus alaissé à ses disciples se réalise aussiconcrètement dans la relation avecles malades. Une société est d’autantplus humaine qu’elle prend soin deses membres fragiles et souffrants etqu’elle sait le faire avec une efficacitéanimée d’un amour fraternel. Ten-dons vers cet objectif et faisons ensorte que personne ne reste seul, quepersonne ne se sente exclu ni aban-donné.

Je confie toutes les personnes ma-lades, les agents de santé et ceux quise prodiguent aux côtés de ceux quisouffrent, à Marie, Mère de miséri-corde et Santé des malades. De laGrotte de Lourdes et de ses innom-brables sanctuaires érigés dans lemonde entier, qu’elle soutienne notrefoi et notre espérance et qu’elle nousaide à prendre soin les uns des autresavec un amour fraternel. Sur tous etchacun, je donne de tout cœur maBénédiction.

Rome, Saint-Jean-de-Latran,le 20 décembre 2020,

quatrième dimanche de l’Avent.

C'est à l'enseigne de la fraternité que com-mence l'engagement du Réseau mondial deprière du Pape pour cette nouvelle année2021. L’intention confiée par le Pape pour lemois de janvier est précisément «Au servicede la fraternité».

Dans la brève vidéo, diffusée dansl'après-midi du 5 janvier, défilent les imagesde personnes appartenant aux grandes reli-gions monothéistes. Une chrétienne, une

musulmane et un juif sont filmés pendantqu'ils prient. Chacun selon ses modalités ca-ractéristiques: la musulmane tournée vers laMecque, agenouillée sur un tapis; la chré-tienne serre un chapelet entre ses mains tan-dis qu’elle regarde l’image de la Vierge duPerpétuel secours; le juif debout, avec untexte sacré entre les mains, et portant le tra-ditionnel talit et la kippah sur la tête.

«En priant Dieu à la suite de Jésus — ditle Pape — nous nous unissons entant que frères et sœurs à ceux quiprient selon d'autres cultures,d'autres traditions et d'autrescroyances. Nous sommes des frè-res et sœurs qui prient». Il pour-suit ensuite en soulignant que «lafraternité nous amène à nous ou-vrir au Père de tous et à voir dansl'autre un frère, une sœur avec quipartager la vie, se soutenir, s'aimer,se connaître». Et il fait égalementremarquer que «l'Eglise valorisel'action de Dieu dans les autres re-ligions, sans pour autant oublierque pour nous chrétiens la source

de la dignité humaine et de la fraternité setrouve dans l'Evangile de Jésus Christ».D'où l'invitation: «Nous les croyants nousdevons retourner à nos sources pour nousconcentrer sur l'essentiel. L’essentiel de no-tre foi, l'adoration de Dieu et l'amour dupro chain».

Les trois protagonistes de la vidéo com-muniquent entre eux en s'envoyant des mes-sages avec leur smartphone. Et ils se retrou-vent ensemble au service de leurs frères dansla charité. En effet, ils sont filmés pendantqu'ils préparent un repas pour les pauvres etleur distribue à manger. Le Pape conclut eninvitant à prier pour que le Seigneur «nousdonne la grâce de vivre en pleine fraternitéavec nos frères et sœurs d'autres religions,en cessant de nous opposer et en priant lesuns pour les autres, ouverts à tous».

Le film — diffusé, comme de coutume, àtravers le site internet www.thepopevi-deo.org et traduit en neuf langues — a étécréé et produit par le Réseau mondial deprière du Pape en collaboration avec l'agen-ce La Machi et le dicastère pour la commu-nication.