12 le l’Écrivain après-midi dorgelÈs avec michel drucker...

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L’Écrivain Combattant GAZETTE DE L’A.E.C. — Octobre 2004 — N° 106 Après-midi du Livre p. 4 Éditorial BONNE QUESTION « À quoi sert donc votre association ? », m'a de- mandé l’autre jour quel- qu’un qui cachait sous un aimable sourire son désir de me mettre en difficulté. Sans perdre une seconde, je lui ai répondu, droit dans les yeux, avec l’aplomb de l’homme sûr de son fait, que contrairement à ce qu’il imaginait, nous ne remuions pas que du vent. Et de lui énumérer les diffé- rentes activités qui sont les nôtres, notamment dans le domaine du témoignage et de la langue française. Il en est resté pantois. Sans doute nous voyait-il seule- ment à l’Arc de Triomphe, bombant le torse sous le poids de nos « pendantes » ou le verre à la main au cours de vins d'honneur à répétition. Mais, après tout, ne serait-ce pas ce que pen- sent ceux de nos adhérents qui ne participent jamais à ces activités ? Oh ! que nenni. M. T. Sommaire L’Assemblée générale p 3 Les ouvrages publiés par nos adhérents p 5 Rapport de la Commis- sion des finances p 9 Nous attendons vos écrits p 10 Devoir de mémoire au collège p 11 Avec Michel Drucker et Jacques Chancel p 12 La cérémonie s’est déroulée dans les salons prestigieux du ministère, ouverts sur les jardins du Palais-Royal. Un public cha- leureux, des journalistes et, bien sûr, de nombreux adhérents de l’AEC, se pressaient autour des deux lauréats. Centrée sur la vie et l’œuvre de Roland Dorgelès, particulièrement documentée, l’allocution ministérielle captiva l’auditoire en soulignant com- bien perdure le souvenir de l’écrivain. Renaud Donnedieu de Vabres consacra, après coup, l’essen- tiel de son message à la langue française. En voici quelques extraits : « À l’heure des médias de masse qui exercent une influence considérable sur la vie quoti- dienne de nos concitoyens, le ministre de la Culture et de la Communication que je suis est particulièrement sensible à l’am- bition qui est au cœur de votre prix. Une ambition qui est aussi un combat. Un combat pour la langue, un combat pour la cul- ture. Distinguer de grands pro- fessionnels de la radio et de la télévision qui donnent une im- portance particulière à la qualité de la langue qu’ils emploient, c’est un beau combat, un com- bat nécessaire et utile... Le Prix du Patriotisme Mauri- ce Schumann a été attribué à la championne olympique de nata- tion Laure Manaudou, dix-huit ans, trois fois médaillée aux der- niers jeux Olympiques, qui, à Athènes, s'est réjouie, à plu- sieurs reprises, pour son pays devant les caméras du monde entier. Créé par l'Association des Écrivains Combattants et la Fédération nationale André- Maginot, ce prix, d'un montant de quatre mille euros récom- pense l'auteur d'une action ou d'une œuvre littéraire ou artis- tique réalisée dans l'année ou au cours de l'année précédente et ayant remarquablement célé- bré ou défendu le patriotisme français. Ce prix sera remis le mardi 9 novembre 2004, à 11 h 30, dans la Salle des Rencontres de l'Institution Nationale des Inva- lides, en présence de Mme Maurice Schumann, présidente d'honneur et des membres des deux associations. Venez nom- breux ! M. Renaud Donnedieu de Vabres au Prix Roland Dorgelès « Un combat nécessaire et utile » C’est en présence de Renaud Donnedieu de Vabres, le ministre de la Culture et de la Communication, que le Prix Dorgelès a été décerné, le mardi 25 mai dernier, à Michel Drucker, pour sa prestation sur France 2, et à Jacques Chancel, pour ses émissions à France Inter. M. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la Communication. Photo J.L. L’Association ne peut vivre sans les cotisations de ses membres. L’année dernière 23 % d’entre eux n’avaient pas réglé la leur. Avez-vous réglé la vôtre ? La cotisation pour 2004 est de 30,49 euros. En vous en acquittant rapidement, vous nous éviterez des relances coûteuses. Merci d’y penser ! Un reçu fiscal vous sera adressé pour la valeur du don que vous pourriez joindre à votre cotisation. RENDEZ-VOUS AU PANTHÉON Cette année encore, c'est dans l'après-midi du 11 Novem- bre, à 15 heures, que nous rendrons hommage, au Panthéon, aux Écrivains Combattants morts pendant les guerres de 1914- 1918 et de 1939-1945. Des textes écrits par certains de ces combattants seront lus au cours de la cérémonie, notamment par de jeunes lycéens. Nous vous demandons de venir nombreux, accompagnés si possible de jeunes afin de donner à cette cérémonie du souvenir toute sa dimension. Retenez bien cette date : JEUDI 11 NOVEMBRE, 15 heures Rassemblement devant les grilles à 14 h 45 La championne olympique Laure MANAUDOU récompensée par le Prix du Patriotisme Maurice Schumann (Suite page 12) Photo Stéphane Kempinaire 12 - AEC N° 106 - Octobre 2004 Nous étions nombreux dans les grands salons du ministère de la Culture et de la Communication pour assister à la remise du prix Roland Dorgelès 2004, le 25 mai dernier. Il faut dire que les deux récipiendaires sont populaires. Jacques Chancel et Michel Drucker sont de « vieux routiers » du journalisme et rallient la sympathie de tout le monde. Le discours du ministre, Renaud Donnedieu de Vabres, a été particulièrement apprécié par les militants de la langue française que nous sommes. En voici la suite. Je n’hésite pas à dire que les journalistes et les animateurs de l’audiovisuel remplissent un rôle, dans une société certaine- ment plus libre et plus éclatée, analogue à celui joué jadis par les « hussards noirs de la Répu- blique ». Nos concitoyens, vous le savez, consacrent plus de trois heures par jour à écouter la radio et à regarder la télévision. Les enfants et les adolescents d’aujourd’hui passent davanta- ge de temps devant leurs écrans et leurs enceintes qu’à l’école. C’est dire l’enjeu du combat que vous menez, chers amis de l’association des Écri- vains Combattants ! Car la cause de la langue fran- çaise, pour moi, est tout sauf nostalgique. Elle est toute entiè- re tournée vers l’avenir ! ...Le combat pour notre langue est un enjeu national. Le français, langue de la République, est à la fois la condition, le moyen et l’un des signes les plus forts de l’intégration à la communauté nationale, pour les étrangers réalise une synthèse qui man- quait à cette vie exceptionnelle du maréchal (1854-1934) et à son œuvre considérable, à la richesse de son parcours et à sa personnalité si complexe. Sont relatés son épopée coloniale (Algérie, Indochine, Madagas- car, et son proconsulat du Maroc) de même que son ouvrage : Du rôle social de l’offi- cier dans le service militaire uni- versel (1893). Le Prix des Écrivains Combat- tants présenté par J.L. Delalan- de est attribué à Philippe Dou- menc pour Les amants de Ton- negrande aux éditions du Seuil. Ce roman raconte une aventure dans la Guyane française avant la Révolution de 1789. Écrit dans un style élégant du XVIII e siècle et un parler créole savou- reux, l’intrigue y est menée bon train dans des rebondissements parfois compliqués. Mais dans ce roman l’aventure se dénoue de façon poignante. Ce récit est une réussite dans le fond de l’histoire, le « suspens » de l’in- trigue et le style de belle tenue. Un récit à deux voix Présenté par Claude des Presles, le Prix Louis Marin a été attribué au professeur Jean Ber- nard pour son livre Dans la pri- son que France est devenue, mémoires de résistance, aux éditions Albin Michel. Le jeune médecin mobilisé en 1940 assu- re la difficile responsabilité d’une ambulance en Sarre puis à l’hôpital de Châlons-sur- Marne. Se poursuit le combat dans le réseau Carte et Fragues. Arrêté en pleine consultation, c’est alors la longue et pénible réclusion à la prison de Fresnes. Alors, c’est un récit à deux voix, celle de la vie carcérale dans la promiscuité et la crainte, mais aussi, celle d’un univers invio- lable où se mêlent les souvenirs du temps d’avant et le recours à la prière et le chant de la poésie, longues tirades dans sa prodi- gieuse mémoire, ses poèmes qu’il y compose et qu’il nous offre après les jours de la Libé- ration. Récit émouvant dans sa sobriété mais aussi précieux témoignage historique. Présenté par le général Com- pagnon, le Prix Robert Joseph a été attribué à Robert Belot pour son livre Henri Frenay, de la Résistance à l’Europe, aux édi- tions du Seuil. Son premier ouvrage a été Les évadés de France pour l’Espagne en 1942- 43 pour reprendre le combat en Afrique du Nord. Ce nouvel ouvrage est l’histoire d’un héros de la guerre, Henri Frenay, offi- cier issu de Saint-Cyr et un des tout premiers organisateurs d’un réseau de résistance qui se révèlera ensuite un des plus efficaces : « Combat ». Il est aussi l’un des premiers apôtres de la réconciliation avec l’Alle- magne et de la création d’une Europe des nations solidaires dans un dispositif fédéraliste européen. L’esclavage en pays d’islam Présenté par le docteur Jean- Hubert Levame, le Prix Jacques Chabannes a été décerné à Jacques Heers pour son ouvra- ge Les négriers en terre d’Islam, aux éditions Perrin. Si la traite atlantique est bien le sujet de nombre d’études, celle en pays d’Islam est méconnue et elle a pourtant duré 1 200 ans d’ouest en est contre 200 d’est en ouest. Facteur essentiel de l’économie du monde arabe, elle n’a cessé qu’avec l’entrepri- se coloniale de l’Occident. L’étude du professeur Heers tient compte de travaux récents, dont ceux d’historiens africains, ivoiriens et nigérians. Il en retra- ce le mécanisme, les enjeux commerciaux et l’importance dans la vie sociale, la destinée pitoyable des millions de trans- plantés, mais aussi les révoltes du IX e siècle et les déportations dont les traces marquent enco- re le monde proche et moyen- oriental. Claude Visinet des Presles venus vivre parmi nous, certes, mais aussi pour tous les citoyens français. Comment s’insérer aujour- d’hui sur le marché du travail et dans la vie sociale sans maîtri- ser notre langue commune ? Comme élu, comme respon- sable politique, je considère que c’est une question essentielle. Et je compte sur tous les profes- sionnels de l’audiovisuel, en particulier ceux du service public, pour être conscients de leur propres responsabilités dans ce domaine. Un combat pour l’identité Cher Jacques Chancel, cher Michel Drucker, en vous choi- sissant comme lauréats du Prix Roland Dorgelès, l’association des Écrivains Combattants vous fait entrer dans un cercle très fermé et très prestigieux. Pour vos bons et loyaux services à la cause du français, en notre nom à tous, je vous félicite et vous remercie. Un combat pour l’identité de notre pays, dans le monde, et pour la cohésion de notre socié- té, au sein de nos frontières. Un combat de longue haleine, dont j’ai toujours cru, à la différence peut-être de quelques esprits chagrins, qu’il n’était pas, loin s’en faut, perdu d’avance. » L’allocution du ministre a été suivie par la présentation des deux lauréats par Michel Tau- riac, président de l’AEC. La soi- rée, selon la coutume, se termi- na par un cocktail très apprécié. Micheline Dupray Le DORGELÈS 2004 (suite) Au ministère de la Culture avec Michel Drucker et Jacques Chancel La remise des Prix a eu lieu au Sénat le lundi 5 avril 2004, après l’Assemblée générale, sous la présidence de M. le pre- mier ministre Pierre Messmer, chancelier de l’Institut. La naissance d’un homme nouveau Présenté par le général Clau- de Le Borgne, le Prix Claude Farrère a été attribué à Alice Ferney pour son roman Dans la guerre aux éditions Acte Sud. Dans la Grande Guerre de 1914- 1918, Jules le paysan landais, dès le premier jour de la mobili- sation, quitte sa femme Félicité et son chien Prince, et la vie d’un calme bonheur. C’est, dans le fracas de la guerre avec ses vérités et ses contradic- tions, la naissance d’un homme nouveau. Tu tues ou tu es tué. Quelque chose dans les hommes aime la guerre, mais ici on peut connaître avec certitude la qualité d’une âme. Un roman attachant pour la finesse des analyses, le charme des person- nages en contraste avec les affres de la guerre. Présenté par Hervé Trnka, le Prix Henri Malherbe est attribué à Arnaud Tessin pour son ouvrage Lyautey aux Editions Perrin. Cette excellente biogra- phie venant après tant d’autres Philippe Bouvard, ancien « Dorgelès », a tenu à féliciter les nouveaux promus, Michel Drucker et Jacques Chancel. Un autre ami s’était joint à eux : Jean-Claude Narcy, lui aussi lauréat de ce prix prestigieux. Les prix littéraires de l’A.E.C. Présents également ce soir-là, le père Alain Carron de la Carrière, aumônier de l’A.E.C., et l’amiral Philippe de Gaulle. (suite de la page 1) Photo J.L. Photo J.L.

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Page 1: 12 Le L’Écrivain Après-midi DORGELÈS avec Michel Drucker ...lesecrivainscombattants.org/AEC106.pdf · Jacques Heers pour son ouvra-ge Les négriers en terre d’Islam, aux éditions

L’ÉcrivainCombattant

GAZETTE DE L’A.E.C. — Octobre 2004 — N° 106

Après-mididu

Livre p. 4

ÉditorialBONNE QUESTION« À quoi sert donc votre

association ? », m'a de-mandé l’autre jour quel-qu’un qui cachait sous unaimable sourire son désirde me mettre en difficulté.Sans perdre une seconde,je lui ai répondu, droit dansles yeux, avec l’aplomb del’homme sûr de son fait,que contrairement à cequ’il imaginait, nous neremuions pas que du vent.Et de lui énumérer les diffé-rentes activités qui sont lesnôtres, notamment dans ledomaine du témoignage etde la langue française. Il enest resté pantois. Sansdoute nous voyait-il seule-ment à l’Arc de Triomphe,bombant le torse sous lepoids de nos « pendantes »ou le verre à la main aucours de vins d'honneur àrépétition.

Mais, après tout, neserait-ce pas ce que pen-sent ceux de nos adhérentsqui ne participent jamais àces activités ? Oh ! quenenni.

M. T.

Sommairel L’Assemblée

générale p 3

l Les ouvrages publiéspar nos adhérents p 5

l Rapport de la Commis-sion des finances p 9

l Nous attendons vos écrits p 10

l Devoir de mémoire au collège p 11

l Avec Michel Drucker et Jacques Chancel p 12

La cérémonie s’est dérouléedans les salons prestigieux duministère, ouverts sur les jardinsdu Palais-Royal. Un public cha-leureux, des journalistes et, biensûr, de nombreux adhérents del’AEC, se pressaient autour desdeux lauréats. Centrée sur la vieet l’œuvre de Roland Dorgelès,particulièrement documentée,l’allocution ministérielle captival’auditoire en soulignant com-bien perdure le souvenir del’écrivain.

Renaud Donnedieu de Vabresconsacra, après coup, l’essen-tiel de son message à la languefrançaise. En voici quelquesextraits :

« À l’heure des médias demasse qui exercent une influence

considérable sur la vie quoti-dienne de nos concitoyens, leministre de la Culture et de laCommunication que je suis estparticulièrement sensible à l’am-bition qui est au cœur de votreprix. Une ambition qui est aussiun combat. Un combat pour lalangue, un combat pour la cul-

ture. Distinguer de grands pro-fessionnels de la radio et de latélévision qui donnent une im-portance particulière à la qualitéde la langue qu’ils emploient,c’est un beau combat, un com-bat nécessaire et utile...

Le Prix du Patriotisme Mauri-ce Schumann a été attribué à lachampionne olympique de nata-tion Laure Manaudou, dix-huitans, trois fois médaillée aux der-niers jeux Olympiques, qui, àAthènes, s'est réjouie, à plu-sieurs reprises, pour son paysdevant les caméras du mondeentier.

Créé par l'Association desÉcrivains Combattants et laFédération nationale André-Maginot, ce prix, d'un montantde quatre mille euros récom-pense l'auteur d'une action oud'une œuvre littéraire ou artis-tique réalisée dans l'année ouau cours de l'année précédenteet ayant remarquablement célé-bré ou défendu le patriotismefrançais.

Ce prix sera remis le mardi9 novembre 2004, à 11 h 30,dans la Salle des Rencontres del'Institution Nationale des Inva-lides, en présence de MmeMaurice Schumann, présidented'honneur et des membres desdeux associations. Venez nom-breux !

M. Renaud Donnedieu de Vabresau Prix Roland Dorgelès

« Un combat nécessaireet utile »

C’est en présence de Renaud Donnedieu de Vabres, le ministre de la Culture et de la Communication, que le Prix Dorgelès a été décerné, lemardi 25 mai dernier, à Michel Drucker, pour sa prestation sur France 2, età Jacques Chancel, pour ses émissions à France Inter.

M. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la Communication. Photo J.L.

L’Association

ne peut vivre

sans les cotisations

de ses membres.

L’année dernière

23 % d’entre eux

n’avaient pas réglé la leur.

Avez-vous réglé

la vôtre ?

La cotisation pour 2004

est de 30,49 euros.

En vous en acquittant

rapidement,

vous nous éviterez des

relances coûteuses.

Merci d’y penser !

Un reçu fiscal vous sera

adressé pour la valeur

du don que vous pourriez

joindre à votre cotisation.

RENDEZ-VOUS AU PANTHÉONCette année encore, c'est dans l'après-midi du 11 Novem-

bre, à 15 heures, que nous rendrons hommage, au Panthéon,aux Écrivains Combattants morts pendant les guerres de 1914-1918 et de 1939-1945.

Des textes écrits par certains de ces combattants seront lusau cours de la cérémonie, notamment par de jeunes lycéens.

Nous vous demandons de venir nombreux, accompagnéssi possible de jeunes afin de donner à cette cérémonie du souvenir toute sa dimension.

Retenez bien cette date :

JEUDI 11 NOVEMBRE, 15 heures

Rassemblement devant les grilles à 14 h 45

La championne olympique

Laure MANAUDOU récompensée

par le Prix du Patriotisme Maurice Schumann

(Suite page 12)

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12 - AEC N° 106 - Octobre 2004

Nous étions nombreux dans les grands salons du ministère de la Culture et de la Communicationpour assister à la remise du prix Roland Dorgelès 2004, le 25 mai dernier. Il faut dire que les deuxrécipiendaires sont populaires. Jacques Chancel et Michel Drucker sont de « vieux routiers » dujournalisme et rallient la sympathie de tout le monde. Le discours du ministre, Renaud Donnedieude Vabres, a été particulièrement apprécié par les militants de la langue française que noussommes. En voici la suite.

Je n’hésite pas à dire que lesjournalistes et les animateurs del’audiovisuel remplissent unrôle, dans une société certaine-ment plus libre et plus éclatée,analogue à celui joué jadis parles « hussards noirs de la Répu-blique ». Nos concitoyens, vousle savez, consacrent plus detrois heures par jour à écouter laradio et à regarder la télévision.Les enfants et les adolescentsd’aujourd’hui passent davanta-ge de temps devant leursécrans et leurs enceintes qu’àl’école. C’est dire l’enjeu ducombat que vous menez, chersamis de l’association des Écri-vains Combattants !

Car la cause de la langue fran-çaise, pour moi, est tout saufnostalgique. Elle est toute entiè-re tournée vers l’avenir ! ...Lecombat pour notre langue estun enjeu national. Le français,langue de la République, est à lafois la condition, le moyen etl’un des signes les plus forts del’intégration à la communauténationale, pour les étrangers

réalise une synthèse qui man-quait à cette vie exceptionnelledu maréchal (1854-1934) et àson œuvre considérable, à larichesse de son parcours et à sapersonnalité si complexe. Sontrelatés son épopée coloniale(Algérie, Indochine, Madagas-car, et son proconsulat duMaroc) de même que sonouvrage : Du rôle social de l’offi-cier dans le service militaire uni-versel (1893).

Le Prix des Écrivains Combat-tants présenté par J.L. Delalan-de est attribué à Philippe Dou-menc pour Les amants de Ton-negrande aux éditions du Seuil.Ce roman raconte une aventuredans la Guyane française avantla Révolution de 1789. Écritdans un style élégant du XVIIIe

siècle et un parler créole savou-reux, l’intrigue y est menée bontrain dans des rebondissementsparfois compliqués. Mais dansce roman l’aventure se dénouede façon poignante. Ce récit estune réussite dans le fond del’histoire, le « suspens » de l’in-trigue et le style de belle tenue.

Un récit à deux voixPrésenté par Claude des

Presles, le Prix Louis Marin a étéattribué au professeur Jean Ber-nard pour son livre Dans la pri-son que France est devenue,

mémoires de résistance, auxéditions Albin Michel. Le jeunemédecin mobilisé en 1940 assu-re la difficile responsabilitéd’une ambulance en Sarre puisà l’hôpital de Châlons-sur-Marne. Se poursuit le combatdans le réseau Carte et Fragues.Arrêté en pleine consultation,c’est alors la longue et pénibleréclusion à la prison de Fresnes.Alors, c’est un récit à deux voix,celle de la vie carcérale dans lapromiscuité et la crainte, maisaussi, celle d’un univers invio-lable où se mêlent les souvenirsdu temps d’avant et le recours àla prière et le chant de la poésie,longues tirades dans sa prodi-gieuse mémoire, ses poèmesqu’il y compose et qu’il nousoffre après les jours de la Libé-ration. Récit émouvant dans sasobriété mais aussi précieuxtémoignage historique.

Présenté par le général Com-pagnon, le Prix Robert Joseph a

été attribué à Robert Belot pourson livre Henri Frenay, de laRésistance à l’Europe, aux édi-tions du Seuil. Son premierouvrage a été Les évadés deFrance pour l’Espagne en 1942-43 pour reprendre le combat enAfrique du Nord. Ce nouvelouvrage est l’histoire d’un hérosde la guerre, Henri Frenay, offi-cier issu de Saint-Cyr et un destout premiers organisateursd’un réseau de résistance qui serévèlera ensuite un des plusefficaces : « Combat ». Il estaussi l’un des premiers apôtresde la réconciliation avec l’Alle-magne et de la création d’uneEurope des nations solidairesdans un dispositif fédéralisteeuropéen.

L’esclavage en pays d’islam

Présenté par le docteur Jean-Hubert Levame, le Prix JacquesChabannes a été décerné à

Jacques Heers pour son ouvra-ge Les négriers en terre d’Islam,aux éditions Perrin. Si la traiteatlantique est bien le sujet denombre d’études, celle en paysd’Islam est méconnue et elle apourtant duré 1 200 ans d’ouesten est contre 200 d’est enouest. Facteur essentiel del’économie du monde arabe,elle n’a cessé qu’avec l’entrepri-se coloniale de l’Occident.L’étude du professeur Heerstient compte de travaux récents,dont ceux d’historiens africains,ivoiriens et nigérians. Il en retra-ce le mécanisme, les enjeuxcommerciaux et l’importancedans la vie sociale, la destinéepitoyable des millions de trans-plantés, mais aussi les révoltesdu IXe siècle et les déportationsdont les traces marquent enco-re le monde proche et moyen-oriental.

Claude Visinet des Presles

venus vivre parmi nous, certes,mais aussi pour tous lescitoyens français.

Comment s’insérer aujour-d’hui sur le marché du travail etdans la vie sociale sans maîtri-ser notre langue commune ?Comme élu, comme respon-sable politique, je considère quec’est une question essentielle.Et je compte sur tous les profes-sionnels de l’audiovisuel, enparticulier ceux du servicepublic, pour être conscients deleur propres responsabilitésdans ce domaine.

Un combat pour l’identité

Cher Jacques Chancel, cherMichel Drucker, en vous choi-sissant comme lauréats du PrixRoland Dorgelès, l’associationdes Écrivains Combattants vousfait entrer dans un cercle trèsfermé et très prestigieux. Pourvos bons et loyaux services à lacause du français, en notre nomà tous, je vous félicite et vousremercie.

Un combat pour l’identité denotre pays, dans le monde, etpour la cohésion de notre socié-té, au sein de nos frontières. Uncombat de longue haleine, dontj’ai toujours cru, à la différencepeut-être de quelques espritschagrins, qu’il n’était pas, loins’en faut, perdu d’avance. »

L’allocution du ministre a étésuivie par la présentation desdeux lauréats par Michel Tau-riac, président de l’AEC. La soi-rée, selon la coutume, se termi-na par un cocktail très apprécié.

Micheline Dupray

LeDORGELÈS

2004(suite)

Au ministère de la Culture

avec Michel Drucker et Jacques Chancel

La remise des Prix a eu lieu auSénat le lundi 5 avril 2004,après l’Assemblée générale,sous la présidence de M. le pre-mier ministre Pierre Messmer,chancelier de l’Institut.

La naissance d’un homme nouveauPrésenté par le général Clau-

de Le Borgne, le Prix ClaudeFarrère a été attribué à AliceFerney pour son roman Dans laguerre aux éditions Acte Sud.Dans la Grande Guerre de 1914-1918, Jules le paysan landais,dès le premier jour de la mobili-sation, quitte sa femme Félicitéet son chien Prince, et la vied’un calme bonheur. C’est,dans le fracas de la guerre avecses vérités et ses contradic-tions, la naissance d’un hommenouveau. Tu tues ou tu es tué.Quelque chose dans leshommes aime la guerre, mais icion peut connaître avec certitudela qualité d’une âme. Un romanattachant pour la finesse desanalyses, le charme des person-nages en contraste avec lesaffres de la guerre.

Présenté par Hervé Trnka, lePrix Henri Malherbe est attribuéà Arnaud Tessin pour sonouvrage Lyautey aux EditionsPerrin. Cette excellente biogra-phie venant après tant d’autres

Philippe Bouvard, ancien « Dorgelès »,a tenu à féliciter les nouveauxpromus, Michel Drucker et Jacques Chancel. Un autre amis’était joint à eux : Jean-ClaudeNarcy, lui aussi lauréat de ce prixprestigieux.

Les prix littérairesde l’A.E.C.

Présents également ce soir-là, le père Alain Carron de la Carrière, aumônier de l’A.E.C., et l’amiral Philippe de Gaulle.

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2 - AEC N° 106 - Octobre 2004

La qualité du français

Jean-François Deniau, del’Académie française, écrit dansLe Figaro : Le premier problèmede la francophonie, c’est laFrance. Et d’abord la qualité dufrançais, sans lequel il n’y a pasde rayonnement. C’est large-ment l’affaire de l’Éducationnationale. Il peut sembler quel’enseignement du français aitrefusé la qualité. On n’étudieplus les classiques dans letexte, on propose des versionsen langue actuelle . Un grandnombre d’élèves accèdent ausupérieur avec une maîtrise trèsinsuffisante de notre langue.Cette dégradation intérieure,incontournable, si elle se pour-suivait, ne pourrait avoir que desconséquences internationalesles plus fâcheuses.

Les marchés de la mort

Buchenwald Dora Komman-dos. Notre ami François Ber-trand a fait paraître le tome 3 duMémorial intitulé Les Marchesde la Mort, qui explique entermes simples et véridiques ceque ressentait un déporté chas-sé du camp central quelquesheures avant la libération deBuchenwald pour accomplir leterrible itinéraire qui a été appe-lé les « Marches de la Mort ».C’est le rapport objectif maisimpitoyable de 21 jours de tran-sit ferroviaire jusqu’à Dachaumais aussi la reconnaissancevis-à-vis de ceux qui, commeles femmes tchèques de Pilsenou le curé d’Aïcha Volm Wald,ont tenté au péril de leur vie desecourir ces hommes et cesfemmes mourant de faim, desoif, de maladie.

Le Prix Jean-Humblet

Le Prix Jean-Humblet, d’unmontant de 1 800 euros, attri-bué tous les deux ans, vise àencourager des travaux sur lafrancophonie en général ou surles relations entre peuples delangue française, leurs échan-ges, leurs similitudes, leursactions communes. Contact ausiège du Conseil international dela langue française, 11, rue deNavarin, 75009 Paris, tél. : 01 4878 73 95.

Terreur et fascination au Mémorial

de Caen800 lycéens à l’écoute de

combattants et de résistants auMémorial de Caen. Le 30 mars2004, à l’occasion du lancementde l’Ouest en guerre, un numérohors-série d’Ouest-France, deslycéens normands et allemandsont rencontré, parmi neufgrands témoins, le généralCompagnon, combattant fran-çais, et August von Kageneck,combattant allemand au coursd’un échange sur une périodemêlant terreur et fascination,avec pour tous le sentiment par-tagé d’une victoire pour la paixet la liberté.

La traditionnelle cérémonie de ravivage

de la Flamme s’est déroulée le jeudi 3 juin 2004 à 18h30 en

présence de nombreuxmembres de l’AEC,

réunis autour du président Michel Tauriac.

Les gestes solennels decette expression du devoir de

mémoire ont pris un éclatparticulier

avec la participation desélèves de l’école

Marie Durand de Nîmes,accompagnés

de leurs enseignants, venusspécialement sous l’archemonumentale pour s’unir

aux plus anciens dans ces moments de

recueillement et d’émotion.

dans les locaux aimablementprêtés par la Fondation Maginot,pour assurer seule une succes-sion difficile. Notre président,Michel Tauriac, après l’avoirintronisée dans ses fonctions,complète les moyens mis à sadisposition pour le bon fonction-nement de la bibliothèque : éta-gères adaptées, ordinateur,ligne téléphonique. Une fois ter-miné le recensement de plu-sieurs centaines d’ouvrages qui

La bibliothèque de l’AEC estriche de plus de deux millevolumes de poésies, de récits,de témoignages, de documentsrédigés par les Écrivains Com-battants qui ont été les témoinsde leur temps. Elle avait perdu,après le départ de GenevièveSalkin appelée sous d’autrescieux par le devoir familial, sacheville ouvrière et son âme.

L’autorité d’une professionnelle

Geneviève avait recencé,classé, répertorié par genre, parauteur, par centre d’intérêt, cha-cun des ouvrages qui constitueun fonds qui devra, dans unavenir proche, être ouvert auxhistoriens et aux chercheurs. Letravail de bénédictin assuré parGeneviève ne pouvait êtreperdu. Clairvoyante, elle avaitpressenti Danielle Daloubeix-Casamatti, bibliothécaire à LaRhala - Amicale des Saharie,pour lui passer le relais du trésorlittéraire de l’AEC.

Avec l’autorité d’une profes-sionnelle, Danielle s’est installée

attendent leur intégration dansla nomenclature, un cataloguepourra être mis à la dispositiondes adhérents. La vocation deconservation vivante de lamémoire des auteurs, acteurs ettémoins des événements quifont l’histoire de notre nationest, à nouveau, entre des mainsexpertes.

Bienvenue, Danielle, dansnotre Panthéon littéraire !

Jean-François Decraene

Échos

Une succession bien assurée

Cette expression du devoir

les

B é n é-publient de nouveaux auteurs

Pour vos envois de manuscrits :1, Traverse Lympia - B.P. 4049 - 06301 Nice Cedex 4 - Tél. : 04 93 26

Editions

APPEL DE SERGE BAUDI-NOT, TRÉSORIER GÉNÉRAL.

La cotisation pour 2004 estde 30,49 euros.

En vous en acquittant rapide-ment, vous nous éviterez desrelances coûteuses. Merci d’ypenser !

Un reçu fiscal vous seraadressé pour la valeur du donque vous pourriez joindre àvotre cotisation.

Danielle Casamatti, notre nouvelle bibliothécaire

AEC :Association reconnue

d’utilité publiqueGazette de l’association

des Écrivains Combattants18, rue Vézelay, 75008 Paris

Tél. : 01 53 89 04 37

Directeur de la publicationMichel Tauriac

Rédacteur en chefJacques Dhaussy

Rédacteur en chef-adjointJean-Hubert Levame

Comité de rédactionMicheline Dupray

Imprimerie Dupont Véro-Dodat

N° Commission paritaire : 959D73Tirage : 700 ex.

composée de Francine Chris-tophe qui fut déportée à huit ansavec sa mère à Bergen-Belsenparce que Juive, et de FrançoisBertrand, ancien de Buchen-wald et de Dachau. La secondeétait formée de deux damesjuives, Mme I. Savignon et Ch.Barilliet, sauvées de la déporta-tion et actuellement responsa-bles de l’association des « En-fants cachés » (qui, recueillisgénéralement par des famillesfrançaises, furent 60 000 à avoirété soustraits aux nazis). Enfin,intervenait M. Fagot, un habitantdont la famille résidait à Condédepuis des générations et quiavait quinze ans quand il a subi

avec ses parents l’occupationallemande.

Dans l’après-midi, après ledéjeuner en commun, les deuxéquipes échangèrent leur publicde telle sorte que tous les élèvesde 3e furent associés. Les douzeélèves de la section techniquemédias, sous contrôle de leurprofesseur, enregistrèrent en sonet images toutes les interven-tions et toutes les réponses auxquestions posées par les élèves.

Les élèves eux-mêmesavaient fait une publicité intensi-ve pour la conférence ouverteau grand public. Nous atten-dions une centaine d’adultes, ànotre grande joie 350 personnes

« Les témoignages étaienttrès intéressants et émouvants.C’est important car il ne faut pasoublier tout ça. J’ai trouvé Fran-cine Christophe dynamique. »

« Francine Christophe étaitfranche et ça m’a bien plu. Cer-tains propos m’ont choquée, lesinsultes par exemple qu’elle asubies petite. Malgré tout, ellegarde toujours son humour. »

UNE CONTAGION PERVERSE

Pour ceux qui se soucient del’avenir de la langue française, ilexiste actuellement deux gravessujets de préoccupation : d’unepart les hommes politiques etles journalistes des médiascontinuent à accumuler lesfautes de français les plus gros-sières et les plus révoltantes etd’autre part, ces fautes tendentà se généraliser aussitôt parl’effet d’une contagion perverse,et c’est déjà très grave. Mais enoutre, elles semblent être rapi-dement consacrées par l’usage,qui leur accorde droit de cité àtitre définitif. Pour ce qui est dela consécration, personne neconteste le « Et donc » instaurépar le président Giscard d’Es-taing au cours de son septen-nat. Et tout le monde se fait unejoie unanime de «parler Chirac» :« Il est euh, il était euh, il faudraiteuh ! ». Plus personne ne froncele sourcil en entendant parler de« Capacité à ». Plus personnene hurle en entendant « Loins’en faut » ou « En lieu et place »,ou « Elle n’est pas prête derecommencer », ou encore « Lesfêtes battent leur plein ». À peinevenue au monde, la « dangero-sité » a été suivie d’une petitesœur, le « contagiosité », justi-fiée (en chinois sans doute) parl’épidémie de pneumonie aty-pique. Autre apparition ré-cente,le mot euros s’est vu gratifierd’un H aspiré : un Heuro, deuxHeuros, deux cents Heuros...Plus généralement l’habitudes’est prise de ne plus faire aucu-ne liaison, ce qui donne au dis-cours des médias une tonalitéplutôt bétifiante, sinon débile : «Les ministres, aussitôt Harrivés,se sont Hattaqués aux pro-blèmes les plus Hurgents et ontHexaminé... » Il y a exception,bien entendu, là où existentd’authentiques H aspirés : « Lesz-handicapés qui se trou-vaient-t-hors du cortège se sontt-heurtés aux barrages... » Quefaire ? On a tout essayé : on amême distribué des récom-penses ! Peut-être faudrait-ilessayer les mauvais points,comme sur les stades ?

Louis-Christian Michelet

AEC N° 106 - Octobre 2004 - 11

« C’est incroyable, avec toutce qu’ils ont vécu, ils gardentquand même le sourire. La viedans les camps m’a marquée, leprof nous en avait parlé mais là,c’était bien réel. »

Jour de mémoire au collège

« Il ne faut pas oublier tout ça »

La principale, Mme Alexia, intri-guée puis convaincue, demandaalors au témoin de s’exprimerdevant la totalité du corps pro-fessoral, soit vingt professeurset le professeur en charge duCDI. Le projet 2004 fut beau-coup plus ambitieux. Il s’agissaitde mobiliser pour une « journéede Mémoire » tout le collège.

La journée eut lieu le vendredi6 février 2004 de 10 heures à21 heures, animée par les pro-fesseurs Marc Nadaux et Nico-las Diédic. L’inspecteur d’aca-démie IPR pour l’histoire et lagéographie, M. François Sirel,décida de passer toute la jour-née à Condé-en-Brie à cetteoccasion. Fut également saluéela présence de M. E. Till, profes-seur agrégé d’histoire à Paris,vice-président de l’APHG et co-président de la commissionpédagogique de ce corps deprofesseurs fort de plus de10 000 enseignants Le matin,les témoins se répartirent endeux équipes. La première était

Nous reprenons ici la suite de l’article paru dans le dernier numéro de la Gazette relatant l’opérationqui, le 4 juin 2003, avait « mobilisé » pratiquement la direction et une centaine d’élèves volontaires etde deux cents autres personnes pour participer aux activités d’une « classe d’histoire » du collège deLa Faye à Condé-en-Brie. Voici le compte-rendu de l’initiateur, François Bertrand.

Trois cents personnes assistaient à cette conférence-débat.

se présentèrent. À noter que lepersonnel d’administration et deservice, sous l’impulsion de lagestionnaire, fit preuve d’unesprit de collaboration remar-quable. Le maire de Condé-en-Brie, vice-président du Conseilgénéral, était excusé pour mala-die mais dix maires étaient pré-sents sur un total de dix-sept!Chaque témoins exprima sa joiede ce contact, confirmant saconviction face à ces famillesque le devoir de Mémoire étaitbien présent dans cet établisse-ment dépendant de l’Éducationnationale.

Une communion de pensée

Nous espérons bientôt péné-trer dans les trois établisse-ments de la région dont les pro-fesseurs d’histoire et de géogra-

phie étaient présents à Condé.L’inspecteur d’académie nous aassurés qu’il veillerait à cequ’une telle expérience soit réa-lisée en son temps dans sa juri-diction.

En conclusion, je suisconvaincu que les parents desélèves de ce collège ont appré-cié cette « communion de pen-sée » unissant élèves-profes-seurs-témoins-parents.

N.-B. : Je précise aux mem-bres de notre association quel’action entreprise est aux anti-podes de ce que pourrait être unexposé historique délivré par unepersonne ayant certes la connais-sance du sujet mais qui n’a pasvécu avec les femmes et leshommes de cette époque le com-bat qui, avec certitude, anime letémoin « usque ad mortem ».

François Bertrand

Francine Christophe, ancienne déportée du camp de Bergen-Belsen : « J’ai porté l’étoile jaune dès huit ans. »

Gwenaël, 14 ans Angelina, 16 ans Amélie, 15 ans

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Page 3: 12 Le L’Écrivain Après-midi DORGELÈS avec Michel Drucker ...lesecrivainscombattants.org/AEC106.pdf · Jacques Heers pour son ouvra-ge Les négriers en terre d’Islam, aux éditions

ÉCHOSNotre amie Odette Allard,

sous le titre Michel Hollard,l’homme qui a sauvé Londres,publié dans le Journal desAnciens de la 1re Armée françai-se, Rhin et Danube, rappellel’extraordinaire opération derenseignements qui a permis depercer le mystère des « Ver-geltügswaffen », des armes spé-ciales V1 et V2 dont les Alliés nesavaient pas comment et versquels objectifs les Allemands lesutiliseraient. Toutes les troissemaines et pendant trois ans,Michel Hollard, traversant clan-destinement la frontière aumême endroit, alla livrer les ren-seignements à Berne. La locali-sation et la destination desrampes de lancement desbombes volantes réparties sur300 km de côte permirent à laRAF de détruire plus de 80 sitesde lancement. Arrêté en février1944 sur délation, incarcéré aucamp de Compiègne puisdéporté au camp de représaillesde Neuengamme, Michel Hol-lard a été, après sa libération,décoré du Distinguisced ServiceOrder par le Roi George VI.C’est le 27 avril 2004 qu’a eulieu, en gare du Nord à Paris, lebaptême du train TGV Eurostarqui désormais portera son nom.

UNORLe Prix Raymond-Poincaré,

un des plus anciens prix del’histoire militaire, décernéchaque année par l’Union Natio-nale des Officiers de Réserve, aété remis officiellement le 28 jan-vier 2004 à Patrick-CharlesRenaud, pour son dernier livre,Aviateurs en Indochine paru auxéditions Grancher.

ÉLÉGANCEPropos militants et spots

publicitaires : Le chausseurEram, après la diffusion d’unepublicité diffusée sur TF1 quisingeait une réclame pour leslessives en dénonçant la miso-gynie dans le monde profes-sionnel, a reçu un courrier duservice de communication desarmées reprochant les proposmis dans la bouche de la comé-dienne. Elle se plaignait de sa« vie de merde dans un mondebourré de porte-avions nu-cléaires ».

LOUISIANEM. Bernard Cerquilini, après

avoir occupé les fonctions dedélégué général à la languefrançaise puis de délégué géné-ral à la langue française et auxlangues de France a été nommédirecteur du Centre d’étudesfrancophones de l’Université deLouisiane, Department of Fren-ch Studies à Baton Rouge. Ilcontinuera à servir la languefrançaise et la Francophonie etpoursuivra avec l’AEC une colla-boration toujours féconde.

Monsieur le Président, Mes-dames, mes chers camarades,

Conformément aux statuts, ilm’appartient de vous présenterla situation de votre associationà la fin de 2003 et de vous rap-peler les grands événements desa vie au cours de l’année avantque les présidents des commis-sions ne vous fassent un comp-te rendu de leur activité.D’abord, examinons la situationde notre association.

Aujourd’hui, l’AEC compte539 membres. Ce chiffre est lerésultat de deux mouvements,celui, hélas des départs, l’autre,des adhésions nouvelles.

Nous avons enregistré 11décès de camarades dont plu-sieurs membres du comitédirecteur et presque tous d’an-ciens et fidèles sociétaires. Cesont :

- Marc BAROLI, membre duCA

- Jean-Paul ESPINOSA- Michel HERUBEL- Marguerite KLEIN-LECAT- Claude LECLERCQ- Raymond OFFROY, ancien

député- Albert ORIOL-MALOIRE,

membre du CA- Philippe RAGUENAU, vice-

président, compagnon de laLibération

- général Henri RAGUET deBRANCION

- général Jean SIMON, ancienchancelier de l’ordre de la Libé-ration, compagnon de la Libéra-tion.

- Jean ZIDLERUne minute de silence est

observée à la mémoire des dis-parus.

Nous avons aussi notél’accentuation d’un phénomèneamorcé durant les années pré-cédentes : une moitié mainte-nant du renouvellement de noseffectifs est assurée par desadhérents non sociétaires, c’està dire n’ayant pas la carte ducombattant. Car si nous com-mençons à voir venir à nous descombattants des nouvelles opé-

rations extérieures de nosarmées, ce sont essentiellementde jeunes historiens ou roman-ciers, épris de notre histoire mili-taire et notamment de celle quenous avons vécu depuis centans, qui nous rejoignent. Ils sontla relève et la possible pérennitéde l’AEC, car nous croyons quece que nous défendons doit res-ter dans la mémoire.

Personnellement je ne crois

pas que l’AEC perdra son âme,au contraire, elle comprend nonseulement des témoins maisaussi des historiens auxquels deplus en plus souvent nos prixsont décernés. Mais, comme ondit dans l’armée, l’associationdes hommes est faite et il fautmaintenant procéder à l’amal-game.

C’est une réflexion que votreComité directeur va engager et

AEC N° 106 - Octobre 2004 - 3

bien sûr, nous vous informeronsdu résultat sur lequel vous pour-rez donner librement votre avis.Je sais que certains regrettent lepassé, mais hélas, le passén’est que le socle d’une évolu-tion que je pense inévitable.

L’évolution de notre démogra-phie, notre trésorier vous enparlera tout à l’heure, pèse éga-lement sur nos ressources. En2001 sur 545 membres, 65 n’ontpas réglé leur cotisation, soit12 %. En 2003 sur 539 mem-bres, 124 n’ont pas réglé, soit23 %. Plus qu’un doublement.Ce défaut des recettes est unréel problème pour la gestiondes activités de notre associa-tion.

Venons en maintenant à la viede l’association : commissionsde la langue française, du PrixDorgelès, des Témoins, des prixlittéraires et, enfin, à la gazetteet à la bibliothèque.

Dans les salons de la présidence

Le premier moment fort a éténotre 73e Après-midi du livre, ledernier samedi de novembre2004. Elle ne pouvait se tenir auMusée de l’armée, les locauxn’étant pas libres à la date choi-sie. Grâce à l’obligeance du pré-sident du Sénat, elle s’estdéroulée dans les salons de laprésidence de la Haute assem-blée. Le changement de lieu n’apas nui à un succès qui ne s’estpas démenti puisque 2 500 per-sonnes y sont passées et que lechiffre d’affaire a été remar-quable. Il nous faut remercierM. Christian Poncelet, présidentdu Sénat, mais aussi et surtoutOdette Bachelier qui a su maîtri-ser le changement et créerl’ambiance. Merci aussi à ceuxqui lui ont apporté leur concours :Hervé Vilez et Mme Tallec, tou-jours aussi dévoués à notreassociation.

Second moment fort : la remise

Pierre Messmer avait tenu, comme toujours, à être des nôtres.

La relève des non-combattantsL'Assemblée Générale 2004 de notre association s'est tenue au Sénat, le 5 avril. Nous étions plus d'une centaine à nous presser dansla salle Monerville pour assister à son déroulement, à 10 heures, avant de nous rendre au déjeuner en commun, au restaurant des sénateurs. À 15 heures, avait lieu l'évocation poétique traditionnelle organisée par le général Michel Forget. Le thème en était la mer.L'assistance a été très impressionnée par la qualité de cette présentation. Voici, maintenant en détail, l'exposé des travaux de l'Assemblée, et d'abord, le rapport moral présenté par notre secrétaire général, Hervé Trnka.

Un ami fidèle

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La Société des Écrivainsédite les nouveaux auteurs,découvrez les…

tél : 01 39 08 05 38 fax : 01 39 75 60 11e-mail : [email protected]

147-149, rue Saint-Honoré 75001 PARIS(adresse postale pour toute correspondance ou envoi de manuscrit.)

ASSEMBLÉEGÉNÉRALE

2004

(Suite page 4)

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10 - AEC N° 106 - Octobre 2004

ÉCRITS DE COMBATTANTS

DE 39-45À l’occasion du 60e anniver-

saire de la Libération et de laVictoire, en mai prochain, l’as-sociation des Écrivains Combat-tants va éditer chez Tallandierune anthologie des correspon-dances de guerre des combat-tants 39-45. L’objectif de cetouvrage, qui sera placé sous ladirection de Pierre Messmer,compagnon de la Libération, estde montrer ce qui unissait leshommes et les femmes quicombattaient sous nos cou-leurs, avec ou sans uniforme,dans les rangs de nos armées

mais aussi hors de France etdans la Résistance.

Nous sommes donc à larecherche des plus belles lettresécrites par les anciens combat-tants 39-45, morts ou vivants,pendant toute la durée de ceconflit, campagne de France,FFL, armée d’Afrique, maquis,etc. Nous nous intéressonsaussi aux écrits publiés ou nonpubliés, carnets de route etnotes de souvenirs, relatant desmoments forts ou de simplesanecdotes qui ont marqué lecombattant au cours duconflit.Si vous possédez cettecorrespondance envoyez-la àl’AEC au plus vite. Mais atten-

tion: pas d’originaux, seulementdes photocopies.

Ce courrier doit être adressé àl’association des ÉcrivainsCombattants, 18, rue Vézelay -75008 Paris avec la mention« LETTRES DE COMBATTANTS39-45 ».

ÉCRITS DE COMBATTANTS

D’ALGÉRIEL’association des Écrivains

Combattants s’est vue confierpar les éditions Perrin la réalisa-tion d’un ouvrage, en collabora-tion avec Georges Fleury, quiaura pour titre provisoire : « Écritsde combattants d’Algérie ». Àcet effet, elle recherche les plus

belles lettres que les ancienscombattants d’Algérie ou leurfamille pourraient posséder.Nous nous intéressons aussiaux écrits publiés ou nonpubliés, carnets de route etnotes de souvenirs, relatant desmoments forts ou de simplesanecdotes qui ont marqué lecombattant au cours du conflit.

Le but de cette anthologie estde montrer comment ceux quiont participé à la guerre d’Algé-rie ont vécu ces évènements aujour le jour : description del’homme au combat ou enattente, vie dans une poste dudjebel, au cours d’un ratissage,dans la SAS, avec les harkis, derévéler l’état d’esprit et les réac-tions face aux différents événe-ments militaires et politiques qui

Pour la publication de deux ouvrages

Nous attendons vos écrits

ont marqué cette période : com-préhension ou incompréhensionde la mission, courage et peurdevant le danger, intérêt oudésintérêt de la situation vécue,patriotisme ou antimilitarisme,emprise du pays et de ses habi-tants, hommes et femmes.

Pour cela nous vous deman-dons de nous envoyer les pho-tocopies (et non les originaux),des lettres écrites durant cettepériode par vous-mêmes oucelles qui sont en votre posses-sion.

Le courrier doit être adressé àl’association des ÉcrivainsCombattants, 18, rue Vézelay,75008 Paris, en soulignant surl’enveloppe la mention « LET-TRES D’ALGÉRIE ».

L’heure du vaguemestre

Vendredi 15 et samedi 16septembre, la Fédération André-Maginot des Anciens Combat-tants avait choisi le cadre pres-tigieux du palais des Papesd'Avignon pour y tenir son 70e

congrès sous la présidence deMaurice Gambert, en présencedu ministre délégué aux AnciensCombattants, M. Hamlaoui Me-kachera et de Mme Roig, député-maire d'Avignon. Plus de 500délégués participaient à cettemanifestation. Roland Blanquerreprésentait l'AEC et son prési-dent.

Le premier jour fut consacréaux rapports habituels après lalecture du rapport moral dusecrétaire général Henri Remon-det, puis aux élections desadministrateurs de la Fédéra-tion. À la fin de la séance, lamusique de la Légion étrangèreaccompagnait les participantsau monument aux morts pour ledépôt de gerbe des diversesautorités et une grand-messeétait célébrée à la cathédrale

Notre-Dame-des-Doms où lesnombreux porte-drapeaux ajou-taient à la solennité de la céré-monie.

Samedi 18 septembre, M. Me-kachera présidait la séance plé-nière et rappelait les différentesmesures prises en faveur desanciens combattants. À l'issuede cette cérémonie de clôture,une aubade de la musique de laLégion précédait la réception dela municipalité d'Avignon aug-mentée par les chants folklo-riques de la chorale avignon-naise.

Le traditionnel banquet à l'es-pace Jeanne-Laurent, avec mu-sique et animation, mettait fin àces journées aux moments sou-vent émouvants, particulière-ment lors de l'office à la cathé-drale. Avant de clore les travaux,il était annoncé que le prochaincongrès se tiendra en 2005 àStrasbourg.

Roland Blanquer

Congrès de la Fédération Maginot à Avignon

Dans la gazette d’avril 2004, nous faisions part du nouveau projet de l’AEC : l’édition de deuxouvrages rassemblant les lettres de combattants, morts ou vivants, rédigées d’une part au cours dela Seconde Guerre mondiale et, d’autre part, au cours de la guerre d’Algérie. Nous demandions alorsde ne nous adresser aucune lettre avant de recevoir les détails explicatifs de cette opération. Voustrouverez ci-après les deux communiqués qui vous informent, à présent, très exactement de lamarche à suivre. Vous avez été vous-mêmes en correspondance avec les vôtres au cours de cesconflits. Le moment est donc arrivé d’essayer de retrouver ces lettres signées de vous. Vous nousaiderez également beaucoup en faisant parvenir notre message aux associations d’anciens com-battants avec lesquelles vous êtes en contact. Un dernier mot : il est bien évident que pour mériterd’être publiées, ces lettres doivent d’abord être écrites dans une langue convenable. Elles doiventaussi susciter l’intérêt du lecteur par leur originalité, par l’émotion qui s’en dégage, par la descrip-tion de l’homme au combat, etc. On comprendra que seules les plus belles lettres seront retenues.

Michel, on t’aimait bien

Michel Valentin naquit à Parisen 1915. Il eut un frère, le géné-ral Valentin, décédé il y a deuxans, et une sœur. Il fit sesétudes secondaires au lycéePasteur de Neuilly et commençases études médicales à Paris en1932. Reçu à l’externat, il sou-tient sa thèse en 1939 et estalors mobilisé. Après sa démo-bilisation, il va s’installer en1941, comme médecin de cam-pagne dans un village du Lot-et-Garonne, mais en 1942, les évé-nements le forcent à se camou-fler et sous une fausse identité(Paulin), il commence dans ungroupe de résistance à menerune action clandestine. Affectéensuite au service de santé de laRésistance, il se trouve dansl’Ain où il participe à de violentscombats. C’est en tentant defaire passer en Suisse un résis-tant blessé qu’il est arrêté etinterné en Suisse.

Dès qu’il le peut, il rejoint laPremière armée française où ilest affecté comme médecin au5e Bataillon de tirailleurs maro-cains. Il fait avec elle la cam-pagne d’Alsace, d’Allemagne etd’Autriche. Son attitude decombattant et son courage luivalent la Croix de guerre aveccitations et la Croix du combat-tant volontaire de la Résistance.Il devait garder de cet épisodede sa vie une grande fidélité ausouvenir du maréchal de Lattreet à son épouse.

Démobilisé de nouveau en1945, il passe son diplôme demédecine du travail puis semarie avec une femme char-mante mais au caractère bientrempé qui devait le seconderpendant toute sa vie. Il va alorsdans l’Est dans une usine defilature et traverse une périoded’épreuves ; ils perdent un filsde trois ans. Par la suite, sonépouse lui donnera deux autresgarçons, l’un, officier de marinesous-marinier, terminera sa car-rière comme capitaine de vais-seau, l’autre est professeur.

En 1957, il entre chez Renaultà l’usine de Billancourt et il yfera toute sa carrière jusqu’à saretraite qu’il prendra à soixante-deux ans. Pendant toute cette

période, à l’École de la santépublique, il participe à l’ensei-gnement des travailleurs nord-africains auxquels il s’intéressaparticulièrement, ce qui lui valutles Palmes académiques. Il futaussi chef de travaux aux Arts etmétiers, publia en plus d’uneHistoire de la médecine du tra-vail, de nombreux écrits médi-caux ou scientifiques. Il fit partiede la Société de médecine dutravail et était membre de laSociété française d’histoire de lamédecine.

Sa curiosité, son don pourl’histoire, alliés à sa veine litté-raire firent, qu’ayant une maisonsur une rive de la Rance, prèsde Saint-Malo, il se passionnapour l’histoire de ce pays. Ilredécouvrit François Broussais,médecin réputé, bien connu àParis pour ses théories et soninfluence mais né d’une bonnefamille malouine.

Il fut professeur d’ergonomieà l’École des Beaux-Arts deRennes et en dehors de cellesdéjà citées, membre de nom-breuses sociétés savantes dontla Société d’histoire de Saint-Malo et de la Société Royale demédecine de Londres.

Le docteur Valentin fut pourmoi un ami inestimable, affableet très cultivé. Il était vraimentce qu’on appelait autrefois unhonnête homme.

Docteur Roger Vercel

Le docteur Michel Valentin nous a quittés le 14 juin de cette année après une aggravation de sonétat de santé, quelques mois après la disparition brutale de sa femme. Il était membre de notreconseil d’administration. Un membre très actif, toujours disponible et toujours amical. Nous avonsdemandé au docteur Roger Vercel, qui était son ami intime, de lui rendre hommage au nom de tousles écrivains combattants.

Michel Valentin

Page 4: 12 Le L’Écrivain Après-midi DORGELÈS avec Michel Drucker ...lesecrivainscombattants.org/AEC106.pdf · Jacques Heers pour son ouvra-ge Les négriers en terre d’Islam, aux éditions

4 - AEC N° 106 - Octobre 2004

Aimée Sainctelette. Elle étaitjusqu’à présent responsable dusecrétariat de l’Académie dessciences d’outre-mer. Elle vientde prendre sa retraite et aaccepté de venir nous rejoindre.Nous lui souhaitons la bienve-nue et, personnellement, je luidemanderai d’être patiente avecune communauté d’hommesdont l’âge n’a pas amélioré lecaractère. Mais une présenceféminine sera, j’en suis sûr, dumeilleur effet sur nos caractères.

Voici en quelques mots, retra-cée la vie de notre association

mais qu’ils sont les valeurs fon-damentales de la France. Nousles avons défendus par lesarmes, nous les défendrons en-core par notre présence active.

Hervé Trnka

À l'occasion de la commémo-ration du cinquantième anniver-saire de la fin des combats deDiên Biên Phu, le présidentJacques Chirac, le vendredi 7 mai 2004, à l'Hôtel des Inva-lides, a rendu un hommageémouvant aux hommes duCorps expéditionnaire. S'adres-sant aux vétérans, le Présidentde la République a déclaré : « Vos frères d'armes étaient ori-ginaires de la métropole, duMaghreb, de l'Afrique, du Laos,du Cambodge, du Vietnam, dela Légion étrangère. Touss'étaient engagés par idéal oupar goût de l'aventure. Françaispar le sol ou Français par lecœur et par le sang versé, bles-sés au plus profond d'eux-mêmes, ils ont eu trop souvent,trop longtemps, le sentimentd'être des combattants oubliés,abandonnés ». Le Président aconclu son discours par cesmots : « Votre victoire et votregloire, c'est d'avoir laissé, dansun affrontement tragique où lecourage de l'adversaire étaitégal au vôtre, l'exemple de l'hé-roïsme le plus pur, comme unchant de force pour les hommes ».

Quatre moisde présence en A.F.N.Anciens d'A.F.N. : unification,

plus de régime dérogatoire.Pour tous : quatre mois de pré-sence, pendant la guerre d'Al-gérie ou les conflits de Tunisie etdu Maroc permettent désormaisd'obtenir la carte du combat-tant.

La maison natale de Charles de GaulleUne convention a été signée

le 9 février 2004 à Lille dans lamaison natale de Charles deGaulle par M. Hamlaoui Meka-chera, secrétaire d'État auxanciens combattants et M. LéonBertrand, secrétaire d'État autourisme, en présence de M.Yves Guéna, président duConseil constitutionnel et prési-dent de l'Institut et de la Fonda-tion Charles de Gaulle, et deMme Tokia Saïfi, secrétaire d'É-tat au développement durable.Elle vise à mettre en oeuvre unepolitique de valorisation touris-tique des sites de mémoire avectrois objectifs : améliorer l'ac-cueil du public, promouvoir dessites en France et à l'étranger,développer conjointement unsite Internet, sous maîtrise d'ou-vrage et administration de ladirection de la mémoire, dupatrimoine et des archives duministère de la défense.

Un patrimoine et un métier

Le musée du Génie militaired'Angers est un grand projetculturel dont l'ambition est dedonner à voir et à comprendreune histoire de la France, demontrer et expliquer un patri-moine, de valoriser un engage-ment au service de la paix etdans l'action humanitaire, et deprésenter des métiers, des outil,des savoir-faire.

et l’achèvement de la mise enordre de notre bibliothèque aconnu une période de ralenti. Ilva repartir avec une nouvellebibliothécaire volontaire, Mme Da-nielle Casamatti, qui va rassem-bler tout ce que ces précieusesarchives recèlent d’original etdévelopper le profit intellectuelque nous pourrons en tirer.

L’annuaire a desoin d’êtreactualisé. Je pense commencerau cours du second semestreune mise à jour et mettre à votredisposition une nouvelle éditiondès 2005. Merci d’avance derépondre aux demandes de ren-

des prix littéraires qui a eu lieutraditionnellement aprèsl’Assemblée générale. La plu-part d’entre vous y a assisté ettous ont pu apprécier la qualitééminente des lauréats quiétaient récompensés.

En 2003, le ministre de la Cul-ture, M. Jean-Jacques Aillagon,avait accepté de remettre le PrixDorgelès dans les salons duministère. Il en a été de mêmeen 2004 avec le nouveauministre, Renaud Donnedieu deVabres, qui, dans son allocution,a souligné la place que ce prixoccupe dans le combat pour laqualité de notre langue. Merci àClaude des Presles, notre pre-mier vice-président, qui animeavec autorité la commission desPrix.

Les noms gravés sur les murs

À l’initiative du général MichelForget, le conservateur du Pan-théon a accepté que nous yorganisions notre cérémonie dusouvenir le 11 Novembre après-midi. Autour des membres pré-sents de l’AEC, les visiteurs dumonument ont pu assister à lacérémonie et prendre conscien-ce que les noms gravés sur lesmurs n’étaient pas des ex-votosmais la représentation du prixque la culture française avaitpayé pour vivre.

Le président Tauriac et moi-même avons été reçus par lecabinet du ministre des Arméeset du ministre délégué auxAnciens Combattants pour exa-miner la proposition que nousleur avions faite de renforcer lesliens entre le monde anciencombattant et l’armée d’aujour-d’hui. Nous avons souhaitéqu’une de nos fêtes officielles(8 Mai, 14 Juillet) soit aussi lejour de l’Armée et que le 11 No-vembre devienne le jour du sol-dat français. Une réflexion esten cours sur ce sujet. Celas’ajoute à trois projets d’éditiondont Michel Tauriac vous aparlé.

Il me reste à vous parler del’état de notre gazette, de notrebibliothèque et de notre an-nuaire.

Nombre de jeunesauteurs

La gazette parait grâce àl’activité inlassable du présidentet du docteur Jean-HubertLevame. Il faudrait améliorer lerythme de sa parution et sansdoute envisager un numéro deplus, ce qui nous permettraitd’obtenir des tarifs de diffusionpréférentiels. La difficulté résidedans l’abondance de la matière,en particulier celle descomptes-rendus de lecture.L’importance de la productiond’oeuvres traitant des sujets quisont plus spécifiquement lesnôtres s’accroît dans tous lesdomaines, de la recherche his-torique au roman. Nombre dejeunes auteurs, ou de moinsjeunes, se placent dans lesannées de guerre. Ce qui prou-ve l’importance du souvenir decelles-ci dans la jeune généra-tion.

La bibliothèque, depuis ledépart de Mme Geneviève Salkin

« Nous maintenons le cap »

durant un an. Tous ensemblenous maintenons le cap. Dansun monde chahuté nous conti-nuons à dire que les mot de cul-ture, de patriotisme, d’esprit ontnon seulement gardé leur sens

Assemblée Générale2004 (suite)

seignements qui vous serontadressées.

Avant de conclure, je doisvous faire part vous faire partd’une nouvelle qui nous chagri-ne tous. Notre directeur admi-nistratif Hervé Vilez nous quitte-ra à la fin du mois, atteint par lalimite d’âge fatidique de 60 anset il n’a pas souhaité reculer sondépart. Je dois vous avouer queje ne me souviens plus del’année de son arrivée mais jesais qu’il était pour moi et beau-coup d’autres le premier adhé-rent de l’AEC. C’était le maîtreJacques, au sens le plus nobledu terme, de notre association.Gestionnaire rigoureux, attentif,dévoué, sa maîtrise de l’infor-matique nous a permis de ratio-naliser notre secrétariat et nosarchives. Organisateur minu-tieux et efficace de nosréunions, comme de celles descommissions, il était entré deplain pied dans l’esprit de l’AECet avait mis au service de l’asso-ciation sa culture et notammentses talents de poète et de réci-tant. Tous, nous garderons àl’esprit la fougue et la sensibilitéavec laquelle il récitait les verslors de nos après-midi de poé-sie. C’est aujourd’hui sa derniè-re apparition dans la séanceconsacrée à la mer où il nousdira quelques uns de ses vers. Ilva nous manquer mais jeconserve l’espoir de le recrutercomme bénévole... tout aumoins pour certaines de nosmanifestations. Il sait en toutcas qu’il sera le bienvenuchaque fois qu’il voudra êtreparmi nous.

Il me reste maintenant à vousprésenter son successeur. C’estune dame, règle de la paritéoblige. Nombre d’entre vousconnaissent déjà Mme Laure-

T O U S A U S É N AT !

L’Après-midi du livre de l’AECaura lieu,

dans le cadre prestigieux du Sénat,

LE SAMEDI 4 DÉCEMBRE DE 14 H À 19 H.

On pourra y rencontrer,

parmi les écrivains présents

Henri Amouroux, le général Bigeard, Jean-François Deniau,

l’amiral Philippe de Gaulle, Pierre Miquel.

CONSEIL D’ADMINISTRATIONPrésident : Michel TAU-

RIACPrésident d’honneur : Jac-

ques AUGARDEPremier Vice-président :

Claude VISINET desPRESLES

Vice-présidents : médecin-général-inspecteur ValérieANDRE

Secrétaire général : HervéTRNKA

Secrétaire général adjoint :Jacques-Louis DELALANDE ;Dr Jean-Hubert LEVAME

Trésorier général : SergeBAUDINOT

Trésorier général adjoint :Roland BLANQUER, conseil-ler juridique de l’association

Membres : François BER-TRAND

Jean BOURDARIASJean CAZENEUVE, mem-

bre de l’InstitutTanneguy de FEUILHADE

de CHAUVINGénéral Michel FORGETAmiral Pierre LACOSTEGénéral Claude LE BORGNEPhilippe MESTRE, ancien

ministreHenri de WAILLYBibliothécaire-archiviste :

Danièlle CASAMATTI

Le docteur Jean-Hubert Levame en compagnie de son fils, et du général Claude Le Borgne (à droite)

Laure-AiméeSainctelette,

notre nouvelle directrice

administrative.

ÉCHOS

Des combattants oubliés

Pho

to J

.L.

AEC N° 106 - Octobre 2004 - 9

LÀ OU L’ON MEURT... PEUT-ÊTRE - LÉGION ÉTRAN-GÈRE, Giorgio Adamo MUZ-ZATI, Éd. Italiques (Paris),2004, 416 p.

Cette autobiographie empor-te le lecteur comme un romand’aventures. Une enfance mar-quée par les événements ter-ribles qui ont ensanglanté l’Italiedu nord à la fin de la SecondeGuerre mondiale, l’escapade enFrance puis l’engagement dansla Légion étrangère sont l’intro-duction à une extraordinairedescription de ce que fut pourl’auteur l’itinéraire mouvementéde Sidi Bel Abbes à Diên BiênPhu. Au-delà du témoignageapporté par un livre de guerre,ces pages font partager par lelecteur la vision aiguë d’unconteur-mémorialiste mêlanthumour et noblesse des senti-ments dans la mise en relief desévénements, des situations etdes personnages qui ont mar-qué les étapes d’une vie excep-tionnelle.

J.-H. L.

WILDCAT, Yves DEBAY, Éd.Italiques (Paris), 2004, 288 p.

Le titre du livre est explicite :Irak, 1991-2003 : Carnets deguerre d’un journaliste rebelle.Yves Debay, journaliste et pho-tographe au magazine Raids,spécialisé en armes et opéra-tions, a couvert deux guerres enIrak. Rebelle il le fut dans laseconde, ayant refusé d’êtreembedded dans les unités amé-ricaines et travaillant en wildcat,chat sauvage. Cela lui vaudraquelques aventures, souventdésagréables et toujours pitto-resques. Le style est alerte,émaillé même de quelques gau-loiseries militaires. Le livre est undocument. On n’y chercherapas de grandes considérationspolitico-stratégiques mais on ytrouvera, grâce au dynamismeet au courage de l’auteur, untémoignage direct de combatsvécus tant chez les Américainsque chez les Irakiens. Comme ille rappelle souvent, « la placed’un correspondant de guerreest en première ligne ».

Claude LE BORGNE

DIEU, LA SCIENCE, L’HOMMEET L’HISTOIRE, Arthur BRU-NIER-COULIN, Muller Éd.(Issy-les-Moulineaux), 2004;198 p., 27,60 euros franco.

Introspection d’un hommed’expérience, cet essai est uneinterrogation sur le sens denotre existence à travers la dua-lité du croire et du savoir. Sefondant sur l’idée qu’il n’y a pasd’organisation universelle sansforce directrice, vivante et libre,l’auteur exprime que pensermétaphysique, c’est aussimieux gérer notre vie terrestre.L’analyse des composantes spi-rituelles des religions mono-théistes s’ouvre sur un syncré-tisme conciliant Dieu et science,et faisant de la vie le motif, lajustification et la fin de l’univers.

J.-H. L.

MÉDECIN LIEUTENANT AU 1er

BATAILLON MUONG, INDO-CHINE (1954-1955), AndréTHABAUT, Éd. l’Harmattan(Paris), 2004, 190 p., 17 euros.Ce livre raconte la routine

implacable d’une période de finde règne, après Diên Biên Phuet avant le désengagement de laFrance en Indochine. Affectédans une unité de soldatsmuong, au nord du Tonkin, lejeune médecin, fraîchement issude l’École de santé militaire deLyon, note dans son carnet inti-me les aspects quotidiens de lavie dans une unité combattanteconstituée de supplétifs monta-gnards, les activités de l’infirme-rie « pluriethnique », le folkloremuong, l’angoisse accompa-gnant le retrait des troupes fran-çaises. C’est parce qu’il évite ladramatisation que le récittouche le lecteur, à la fois parl’authenticité de la relation et parla nostalgie sincère qui s’endégage.

J.-H. L.

SOLDAT DE LA PAIX AUKOSOVO, Jean-Pierre SIMON,Éd. des Écrivains (Paris),2004.Journal de marche d’un offi-

cier de réserve qui a servi volon-tairement pendant trois mois auKosovo, en 2000, au sein ducommandement des opérationsspéciales. Des phrases courtes,un langage rude, beaucoup desigles qui font regretter l’absen-ce d’un glossaire. Le lecteur finitcependant par vivre avec l’au-teur les péripéties d’une missionde maintien de la paix dans unpays déchiré. Dans la dernièrepartie, l’auteur présente une syn-thèse passionnante de ses ré-flexions sur son séjour, sur lesmilitaires des différentes natio-nalités opérant au Kosovo, surl’ONU, l’OTAN, les ONG... et surles Kosovars dont les plus cou-pables ne sont pas nécessaire-ment ceux dont la presse nous aabondamment décrit les méfaits !À lire.

Michel Forget

ANH CA (GRAND FRÈRE), Gil-bert MARTIN, Éd. MULLER(Issy-les-Moulineaux), 2004,218 p., 29,42 euros.Surnom donné au personna-

ge central de ce roman, GrandFrère est un sous-officier de« Marsoins » volontaire pour ser-vir et encadrer les commandosde supplétifs dans la région duDelta du Fleuve Rouge. Levacarme des combats se mêleaux couleurs et aux odeurs del’Indochine tandis que sont pré-sents l’attachement à la vraiecamaraderie, la fraternité d’ar-mes et l’amour... Un livre qui faitpartager la nostalgie d’un payset d’un peuple profondémentattachants.

J.-H. L.

LE JOUR J DU COMMAN-DO N° 4, René GOUJON,Nouvelles Éd. Latines (Paris),2004, 190 p., 20 euros.Des faits, rien que des faits.

Des noms, des dates, et tout estdit. Véracité et nostalgie.

Témoin de ce qu’il raconte,l’auteur ajoute ici un documentde première main au dossierdes commandos de la Marine.Ancien du commando Kieffer,l’auteur fut ensuite journaliste. Ildécrit, dans un récit trèsdépouillé, l’itinéraire exemplaired’un jeune Français emportédans un tourbillon d’événe-ments qu’il finit par dompter,échappant par sa seule volontéaux obligations de l’époque,puis aux poursuites de l’occu-pant allemand. Il connaît lecamp de Miranda, le dur entraî-nement des commandos britan-niques, le terrible assaut du jourJ, les débarquements sur les îleshollandaises, l’essentiel estcadré. On doit lire en annexe lesconclusions de l’enquêteconcernant la disparition de-meurée mystérieuse du lieute-nant de vaisseau Trépel, dispa-ru en Hollande en 1944. Cetémoignage rejoint les mémoi-res de l’abbé de Naurois, aumô-nier de la même unité, paruségalement à l’occasion du 60e

anniversaire du débarquement.

Henri de Wailly

Livres reçusVERCORS 1944 : DES GI

DANS LE MAQUIS, BernardCOLIAT, Librairie de la Manu-facture (Romans-sur-Isère),23 euros.

ARTHUR RIMBAUD, JOUR-NAL, Loïc DEPECKER, Éd.L’Alliance Parnassienne(Paris), 2004, 252 p., 30 euros.

MADEMOISELLE DESMARES,DE LA COMÉDIE-FRANÇAI-SE, ET LE BARON HOG-GUER, Bernard ALIS, Éd.Société des Écrivains (Paris),2004, 254 p., 20 euros.

QUE DIRE À CE PASSANT ?Marie CHEVALLIER, Éd. de laDifférence (Paris), 2004, 128 p.,15 euros.

DEMAIN, LES DRONES DECOMBAT, sous la directionde Pierre PASCALON, Édi-tions L’Harmattan, 2004, 198p., 17,50 euros.

BERNARD DELSERTRACONTE BOURLON AU CŒUR

DE LA TOURMENTEDevant les élèves de 3e du

collège Saint-Joseph, notreami Bernard Delsert, histo-rien et spécialiste techniquede la Grande Guerre a animéune exposition consacrée àla bataille de Cambrai qui,en 1917, a totalement détruitle village de Bourlon.L’accent a été mis sur lapremière utilisation à grandeéchelle par les troupes bri-tanniques de 400 charsd’assaut du 20 novembreau 7 décembre 1917 pour lalibération de Cambrai.

L’exercice 2002 s’était soldépar une forte perte (56 014euros) en raison de la passationd’une importante provision pourdépréciation des placements.

Le rapport de l’expert comp-table M. Joulie pour l’exercice2003 fait en revanche ressortirun résultat positif de 28 887euros. Mais cet excédent,comme le fait remarquer notreTrésorier général, résulte essen-tiellement de l’insertion dans lesrecettes d’une importante repri-se de provision pour déprécia-tion des placements due à laremontée de la bourse. Ceci estune bonne nouvelle sur le planpatrimonial, mais le compte derésultat de M. Joulie ne fait pasétat du retrait de fonds qu’a étéobligé d’effectuer le Trésoriergénéral pour régler les dé-penses de l’exercice 2003. Ceretrait de fonds, non identifié parM. Joulie, a affecté, non lecompte de résultat, mais l’actifdu bilan.

Pas de péril immédiat

Il en résulte qu’en réalité et entrésorerie (base sur laquelle tra-vaille notre Trésorier général),l’exercice se traduit par uneperte d’exploitation de 22.687euros. Et pourtant les chargesde fonctionnement ne se sontglobalement pas aggravéesd’un exercice sur l’autre : 2002= 29 723 euros, 2003 = 28 331euros. La seule augmentationnotable est celle de la ligne« déplacements, missions, récep-tions » qui passe de 176 euros à2 054 euros. Le trésorier généralfait état pour cette ligne de dif-férentes cérémonies et récep-tions qui se sont sans doutecumulées au cours de cet exer-cice (la Flamme, le Panthéon,messe, locations, repas divers).À noter la somme de 2 368euros pour le seul cocktail Dor-gelès qui, toutefois, est entière-ment couvert par une subven-tion. En revanche, il n’y a pas decharge au titre des prix littérairesqui, en 2002, figuraient pour5 645 euros. Indépendammentde la perturbation apportée parla fin des provisions pour dépré-ciation des placements, il appa-raît clairement que l’associationest en déficit structurel et qu’ellene peut continuer à vivre, dansson fonctionnement ac-tuel,qu’en amputant son capital. Cecapital reste encore substantiel.Il n’y a donc pas de péril immé-diat pour la survie de l’associa-tion, mais il n’est maintenantque temps de prendre cons-cience de la fragilité de sonexploitation courante. Commedans toutes les situations de cetype, il n’y a pas d’autres solu-tions que d’augmenter lesrecettes et/ou de réduire lesdépenses.

Du côté des recettes, on re-lève la stabilité des cotisationsreçues (qui constituent l’essen-tiel des produits), malgrél’accroissement du nombre desmembres de l’Association. Ellestournent autour de 14 000 eu-ros. Mais le plus grave est laprogression du nombre descotisations non réglées : 36 en1999, 41 en 2000, 65 en 2001,89 en 2002 et 124 en 2003. Lesdons n’augmentant que très

peu, le solde de 2003 entredons et cotisations non régléesest de 2 107,83 euros. La Com-mission se doit d’attirer l’atten-tion sur ce problème fondamen-tal et de proposer une actionénergique pour remédier aunon-paiement des cotisations etrevoir dans quelle mesure il estpossible de relever le montantde la cotisation en fonction desprestations fournies.

Du côté des dépenses, laflexibilité est très faible, si l’onconsidère, d’après l’informationfournie par le trésorier général,que les frais de personnel repré-sentent 48 % de nos paiements.

Pour le solde, on ne peut querecommander l’abandon detoute nouvelle prestation noncouverte par une recette corres-pondante et la révision desprestations en cours, pour allè-gement du coût ou, à l’extrême,suppression.

Tanneguy de Feuilladede Chauvin

Président de la commissiondes finances

NOS MORTSNous avons appris avec tris-

tesse le décès de :M. Euloge BOISSONADE,

Docteur Gilles BUISSON, Doc-teur Michel VALENTIN, membrede notre conseil d’administra-tion.

Nous présentons à leur famil-le nos plus sincères condo-léances

l

NOUVEAUX MEMBRESSOCIÉTAIRES : Mmes Mireille ADMENT CA-

CHAU, Gisèle GUILLEMOT.MM. Georges DAGRON,

Serge DESBOIS, Jules FAIN-ZANG, général Michel FLEU-RANCE, colonel GeorgesHIRTZ, colonel HUYNH BAXUAN, Gérard ISRAEL, PierreJARRIGE, Serge LAMBERT,Georges PLUME, Jean-PierreSIMON, André THABAUT, JeanVAUTRIN.

ADHÉRENTS :Mme Cassilde TOURNEBIZEMM. Axel MAUGEY, général

Allain BERNEDE.

l

DISTINCTIONSl Hugues Dalleau, président

de l’Union Nationale des Com-battants, a été élevé au gradede commandeur de la Légiond’honneur.

l Guy Letellier, président dela section du 6e arrondissementde la Société d’entraide desmembres de la Légion d’hon-neur, a été élu, le 14 mai 2004,au Conseil d’administration dela Société d’entraide desmembres de la Légion d’hon-neur.

Les ouvrages publiés par nos adhérents (suite)

Rapport de la commission des finances

sur les comptes de l’exercice 2003

Page 5: 12 Le L’Écrivain Après-midi DORGELÈS avec Michel Drucker ...lesecrivainscombattants.org/AEC106.pdf · Jacques Heers pour son ouvra-ge Les négriers en terre d’Islam, aux éditions

VÉZELAY, COLLINE D’ÉTER-NITÉ, Bernard PUJO etArnaud d’Aunay, Éd. Galli-mard (Paris), 2004, 94 p., 23euros.De la rencontre d’un historien

et d’un artiste, tous deux inten-sément attachés à la région, estné ce très beau livre où le texteest indisssociable de l’image.Bernard Pujo était notre regret-té trésorier et ami. Exceptionnel-le destinée que celle de ce lieumagique où, depuis les tempsanciens, semblent s’être affron-tés les vents de la discorde et lesouffle de l’Esprit pour nousoffrir la basilique triomphante,étape initiatique du chemin deCompostelle. La sobriété dutexte, la richesse et la précisiondes aquarelles, des lavis et desdessins, appellent le lecteur-spectateur à partager avec lesauteurs un itinéraire initiatiqueoù se mêlent émerveillement etémotion sacrée.

J.-H.L.

PARLEZ-MOI D’ORADOUR,14 JUIN 1944, Sarah FAR-MER et Serge TISSERON,2004, Éd. Perrin (Paris), 144p., 27 euros.Présentée par Sarah Farmer,

historienne américaine auteurde plusieurs ouvrages sur le vil-lage martyr, ce livre rassembleles images qui sont le « regardcroisé » que six grands photo-graphes ont porté sur Oradour.Ruines dressées pour l’éternité,vestiges matériels figés par letemps, instantanés saisissantl’émotion d’un visage, les pho-tographies noir et blanc ousépia tentent, sans y parvenirtoujours, de « mettre en mouve-ment » cette mémoire quisemble se pétrifier au cours desannées.

J.-H.L.

DE MAUZÉE À TOMBOUC-TOU SUR LES PAS DERENÉ CAILLIÉ, GreorgePAGE, Éd. P.G., 280 p., 22euros.C’est l’histoire d’un jeune

aventurier qui a décidéd’accomplir l’exploit de serendre à Tombouctou en 1828,seul quand toutes les tentativesprécédentes de convois organi-sés ont échoué. Pour y parvenir,un seul moyen : apprendrel’arabe avec une perfection luipermettant de passer pour unindigène dans ces contréeshostiles aux étrangers. Il viendraà bout de tous les obstacles :fatigue, humiliations, injures etsurtout la grave maladie. Il semêle à une caravane lui permet-tant de parvenir à Djenne d’où ilprendra le chemin de Tombouc-tou à travers mille obstacles. Ilparviendra à destination pourdécouvrir enfin cette villemythique où il ne peut s’attar-der. Son retour vers le Marocest un nouveau calvaire en payshostile. Il finira son périple épui-sé, prématurément vieilli etméconnaissable. L’auteur a sutrouver le style épique qui donneà cette odyssée toute sa dimen-sion et à son héros la détermi-

nation à parvenir à son butcontre tous les obstacles ettoute raison.

Roland Blanquer

LA SECONDE GUERRE MON-DIALE, Philippe MASSON,Éd. Tallandier (Paris), 2004,796 p., 29 euros.Cet important ouvrage, enrichi

d’une forte annexe chronolo-gique, de cartes, d’une biblio-graphie et d’un index exhaustifs,au delà du déroulement desévénements, privilégie l’analysedes composantes qui ont crééles conditions d’un conflit mon-dial et absolu. Guerre mondialepar son ampleur géographiqueet par les bouleversements géo-politiques dont elle s’est nourrie,conflit absolu par l’utilisationsystématique de la désinforma-tion et de moyens de destruc-tion massifs anéantissant popu-lations et économies desnations, par l’intensité desaffrontements politiques, idéolo-giques et le déchaînement despassions, la guerre de 1939-1945 apparaît ainsi comme uncas de figure « hors normes ».L’auteur met en lumière le rôlejoué par la personnalité desgouvernants et des chefs mili-taires dans les choix straté-giques et les options géopoli-tiques pour insister sur la partessentielle du facteur humaindans les déroulements duconflit. Cet ouvrage intéresseracertainement l’amateur d’histoi-re et il est en outre un guideindispensable pour tous ceux -étudiants, enseignants, cher-cheurs - que touchent lesannées 1939-1945.

J.-H.L.

RENÉ DE NAUROIS, AUMO-NIER DE LA FRANCE LI-BRE, MÉMOIRES, Éd. Perrin(Paris), 2004, 288 p., 21,50euros.Comme il est solide, ce livre!

Comme cet homme est droit!Adossé à une tradition familialeétablie et sûr de sa foi, l’abbé deNaurois nous décrit avecmodestie, mais avec uneconviction que nourrit l’expé-rience, l’itinéraire d’un hommed’église plongé au plus brûlantde son temps. Conservantvivantes ses racines terriennes,il s’élève d’abord au plus hautde la vie spirituelle puis, bientôt,de la réflexion politique. Sonanalyse s’enrichit de saconnaissance de l’Allemagne(Berlin en 1938 !), de ses ren-contres avec des personnalitésaussi variées que RaymondAron, le cardinal Saliège,Emmanuel Mounier, HubertBeuve-Méry, Paul Nizan. Cesont aussi ses extraordinairestémoignages sur Paris villeouverte en juin 1940, sur Uriage,cette école d’excellence quebouleversa l’événement. L’au-teur relate sa fuite en Espagne;son arrivée à Londres en 1943;ses rencontres avec de Gaulle,Lord Lovat, Thierry d’Argenlieu,le commandant Kieffer et lesmembres de son commandodans lequel il s’engage. C’estalors sa présence au contactlors des combats du débarque-

ment; sa vision des camps et del’Allemagne écrasée... aucunepage de ces extraordinairesmémoires qui n’étonne et neporte à la réflexion. Jérusalemrécompensera Naurois, ce « jus-te », pour son aide aux Juifs per-sécutés. À l’heure où les notionsde morale, de sagesse, maisaussi de conviction sont bous-culées dans l’air du temps, lesmémoires de l’abbé de Nauroissont à lire. C’est un monumentau courage et à la responsabili-té individuelle.

Henri de Wailly

VIVRE EN RÉGION PARISIEN-NE SOUS L’OCCUPATION(1940-1945), Thibault RI-CHARD, Éd. Charles Corlet(Condé-sur-Noireau), 2004,320 p., 27,50 euros.Les relations conflictuelles et

ambiguës de l’administrationfrançaise face à l’occupant enSeine-et-Oise, tel est le filconducteur de cet ouvrage ori-ginal qui s’appuie sur une docu-mentation abondante et préciseextraite des archives départe-mentales. Dans une Ile-de-Fran-ce vidée par l’exode, la popula-tion, essentiellement préoccu-pée du lendemain, va êtreconfrontée à une présenceennemie tatillonne, rapidementinvasive et enfin insupportable.Les représentants de l’Étatvivent une rude cohabitationavec les administrateurs alle-mands qui n’ont qu’un seulobjectif : prélever le maximumde ressources et de maind’oeuvre, et cela par tous lesmoyens, y compris le déni deleurs propres lois et règlements.Les dossiers placés en annexepermettent de mieux juger del’mpitoyable rigueur de cettebureaucratie imposée.

J.-H.L.

LE LIVRE DE GIAO, NguyenHuu Giao, Éd. La Table Ronde(Paris), 2004, 218 p., 16,50euros.Ce livre, préfacé par Bernard

Kouchner, est à la fois un témoi-gnage et une leçon de parfaitesagesse. Nguyen Huu Giao, defamille royale, est un bouddhis-te fervent et un patriote convain-cu. Son enfance est profondé-ment marquée par les boulever-sements tragiques qui ravagentle Viêtnam au cours de la guerrede décolonisation puis avec lacampagne américaine pendantlesquelles il prend profondé-ment conscience de l’absurditéde la guerre à travers ses hor-reurs.. Il s’engage plus tard danssa périlleuse croisade pour ladéfense des opprimés face àl’impitoyable oppression idéolo-gique du régime communiste.Son action dans la lutte pour lesdroits de l’homme est construi-te autour de son nationalismeéclairé, sa foi en sa religion et sadétermination devant l’adversitéqui lui font atteindre, par unextraordinaire dépassement desoi, une sérénité qui triompherade la captivité, des épreuvesphysiques et morales les plusdures. En révélant une person-nalité rayonnante qui transcen-de les clivages religieux et cultu-

rels, Le Livre de Giao peut servirde modèle à un Occidentalautant qu’à un Asiatique.

J.-H.L.

DÉSIRS FRANCOPHONES,DÉSIRS FRANCOPHILES,Axel MAUGEY, Éd. Lettres duMonde (Paris), 2004, 196 p.,20 euros.Professeur de civilisation fran-

çaise à l’Université Maghill deMontréal, Axel Maugey se pas-sionne depuis deux décenniesau moins pour la francophonie.Ces Désirs francophones, désirsfrancophiles sont le dixièmevolume qu’il consacre à cettequestion. À la faveur de sesvoyages autour du monde, ils’est intéressé de très près ausort de la langue française enChine, en Argentine ainsi qu’auBrésil où notre langue rencontreune période plus difficile. Maison remarquera au fil de cespages qu’il refuse délibérémentde sombrer dans le pessimismegénéral ... Au contraire, il montrecomment les élites restent atta-chées au français qui ne serapas sauvé par le nombre, maispar la qualité, ainsi que par lespersonnalités capables derayonner, et, partant, d’influen-cer leur entourage. Des chiffres,juste ce qu’il faut, desremarques judicieuses et desrencontres très attachantesqu’Axel Maugey nous fait parta-ger. Un livre à la lecture duquelon peut vraiment prendre plaisiren apprenant beaucoup.

Jacques Dhaussy

PROVENCES, POUVOIR, RE-LIGIONS, HÉRÉSIES, GérardISRAEL, Éd. du Tricorne(Genève), 2004, 338 p., 27,50euros.C’est une étude de la Proven-

ce particulièrement intéressanteparce que traitant d’un aspectpeu connu des Provençaux eux-mêmes, celui de la présence etde l’influence des Juifs danscette vaste région de langued’Oc. Pendant dix-huit siècles,des Pyrénées-Orientales auxAlpes-Maritimes et du Limousinà la Méditerranée, Chrétiens,Juifs et Hérétiques ont confron-té dans cette terre d’échanges,souvent dramatiquement, leurvision du Ciel et de la vie. Pré-sents dans le monde gauloispuis gallo-romain, les négo-ciants mais aussi les penseursjuifs ont participé durant lemoyen-âge féodal à la formationde l’esprit provençal. Après lalongue persécution et le bannis-sement qui ont marqué la pério-de de la Renaissance et celle dela Réforme, au prix d’un enchaî-nement de luttes et d’accomo-dements, s’accomplit enfin lepassage du ghetto à la citoyen-neté. En mettant en relief avecvivacité des événements histo-riques et des personnalités horsdu commun, ce livre très docu-menté éclaire et enrichit notreconnaissance de la France.

J.-H.L.

LES VAINCUS SERONT LESVAINQUEURS, Jean-Chris-

tophe NOTIN, Éd. Perrin(Paris), 2004, 528 p., 25 euros.De Lattre, Rhin et Danube,

ces deux noms sont bienconnus. Ce qu’ils recouvrent enrevanche l’est beaucoup moinsaujourd’hui. C’est tout le méritedu livre de Jean-ChristopheNotin de nous le rappeler :âpre-té des combats, les tensionsavec les Américains peu enclinsà laisser le champ libre à la Pre-mière Armée dans son assautcontre l’Allemagne, la multiplici-té des problèmes à résoudredans les territoires occupés parnos troupes, les tensions aussiavec, à Paris, l’amertume aulendemain de la victoire marquépar le départ du général deLattre. Un livre à lire absolu-ment, une carte d’Allemagne àportée de main, car l’auteur citeune foule de noms de villes etde villages pas nécessairementconnus du lecteur.

Michel Forget

LA POLITIQUE DE SÉCURITÉDE LA FRANCE ENAFRIQUE, Pierre PASCA-LON, Éd. L’Harmattan (Paris),2004, 474 p., 38 euros.Rassemblant les communi-

cations du colloque organisé le7 juillet 2003 à l’Assembléenationale, ce livre fait le point surla politique actuelle de la Franceen Afrique. Quatre parties separtagent le sujet, développépar les meilleurs experts fran-çais et étrangers : la périodecoloniale, apogée de la présen-ce militaire française sur lecontinent africain, les lende-mains des indépendances avecde nombreuses interventionsarmées pour protéger ou rétablirles pouvoirs amis, le désenga-gement militaire qui a suivi etenfin le réengagement militairefrançais actuel en Afrique.

J.-H.L.

PARIS LIBÉRÉ, PARIS RE-TROUVÉ, Antony BEEVOR etArtemis COOPER, Éd. Perrin(Paris), 2004, 406 p., 22 euros.C’est l’histoire de cinq années

de renaissance de Paris, aprèscinq années terribles. Attenteset espérances des premiersjours de liberté, arrangementspour survivre, fureurs des régle-ments de compte, chasse auxpersonnalité des arts et duspectacle accusés de collabora-tion, essor de la vie intellectuel-le et artistique, vont de pair avecl’exaspération de luttes idéolo-giques et politiques entre Fran-çais, Britanniques, Américainset Soviétiques par PCF interpo-sé, protagonistes de la guerrefroide à venir. Enrichi de témoi-gnages et d’extraits d’archivesinédites, de rapports d’enquêtesmenées dans tous les milieux dela vie parisienne, ce livre bénéfi-cie en outre de l’apport dedocuments irremplaçables ex-traits par Artemis Cooper dujournal de son père, l’ambassa-deur de Grande-Bretagne enFrance Duff Cooper, en poste àParis après 1945. Un livre four-millant d’histoires qui enrichitl’Histoire.

J.-H.L.

Les ouvrages publiés par nos adhérentsAEC N° 106 - Octobre 2004 - 7

LA FRANCE MILITAIRE DANSLE SOULÈVEMENT SLO-VAQUE DE 1944, MiroslawKOVARIK, Éd. L’Harmattan(Paris), 2004, 278 p., 25 eurosMembre de notre association,

Slovaque d’origine, l’auteurnous retrace des événementsfort mal connus dans notrepays. Il nous rappelle toutd’abord les principaux épisodesde l’histoire de la Slovaquiejusqu’à la fin du deuxièmeconflit mondial, sa libération dela domination magyare avec lacréation en 1918 de la Tchéco-Slovaquie, l’indépendance ac-quise ensuite, en mars 1939,mais sous l’égide du IIIe Reich, lesoulèvement enfin de 1944contre le régime et la Wehr-marcht. Le livre est néanmoinscentré sur l’épopée de cesquelque deux cents Français, laplupart évadés fin 40 des campsde prisonniers d’Allemagne etréfugiés en Hongrie, qui ontrejoint la résistance slovaquesous la direction du capitaine deLannurien et ont participé ausoulèvement du pays, d’août àoctobre 1944. Plus de cinquan-te d’entre eux trouveront la mortdans ces combats. Un sacrificeet une épopée mal connusjusqu’ici dont la révélation nepeut que renforcer nos liensavec la Slovaquie, désormaismembre de l’Union européenne.

Michel Forget

LA MÉTAMORPHOSE DE LACIGALE, Albert DUCLOZ, Éd.Jeanne d’Arc (Le Puy-en-Velay), 2004, 336 p., 20 euros.Ce roman est celui de la

désespérance d’un hommemais aussi l’analyse des doutesque l’existence "moderne" faitplaner sur les liens qui unissentun couple, sur les valeurs du tra-vail, sur l’hostilité qu’on devineautour de soi. Arraché malgré luià l’anéantissement, soigné etentouré, Arnaud ne trouve pasen lui-même la force ni l’enviede s’en sortir jusqu’au momentoù la vision de la métamorphosed’une cigale crée la réaction quilui permet de renaître à une nou-velle vie. Une histoire attachan-te dans laquelle nombreux sontles lecteurs qui se reconnaîtront.

J.-H.L.

10 JUIN 1944, ORADOUR,ARRÊT SUR MÉMOIRE,Sarah FARMER, Éd. Perrin(Paris), 2004, 250 p., 15 euros.C’est l’édition augmentée,

actualisée et refondue d’undocument bouleversant qui rap-pelle un épisode exprimant leMal absolu présent dans toutesles mémoires. Devant ce villagemort, autour du souvenir de 642habitants massacrés, seulsnous submergent le silence etles larmes. Sarah Farmer, histo-rienne américaine, analysant lesarchives, interrogeant les raressurvivants, retrace l’itinérairedes victimes et précise les faitsdans toute leur horreur. Elleévoque aussi l’ambiguïté duprocès de Bordeaux intentécontre les quatorze « malgré-nous », soldats alsaciens enrô-lés de force dans la colonne DasReich, mettant en évidence

autant le besoin de mémoireque la nécessité d’une ap-proche historique, seul moyenpeut-être d’échapper aux excèsdu ressentiment.

J.-H.L.

LA GUERRE ET APRES ?Général Claude LE BORGNE,Éd. Italiques (Paris), 2004,224p., 23 euros.Le dernier ouvrage du général

Claude Le Borgne, aussi pas-sionnant que ses livres anté-rieurs, développe et précise sesconceptions originales et nova-trices sur le « phénomène guer-re » en tirant les leçons des der-niers conflits militaires y comprisl’Irak depuis 2003. Le style esttoujours aussi allègre, émaillé deformules percutantes et robora-tives. C’est une des plus vigou-reuses réponses à ceux qui pré-tendent que les militaires sontseulement capables de préparerla dernière guerre ! Ils feraientbien de méditer de telles visionsd’avenir, fondées sur une expé-rience et des connaissancesd’une aussi exceptionnelle qualité.

Pierre Lacoste

OPÉRATION GARBO, LEDERNIER SECRET DUJOUR J, Christian DESTRE-MAU, Éd. Perrin (Paris), 2004,250 p., 19 euros.La révélation de l’existence de

l’opération de désinformationGarbo, apporte un éclairagenouveau sur la mise en œuvrede l’opération Fortitude visant àtromper l’ennemi en faisant duPas-de-Calais le site choisi pourle débarquement allié en juin1944.L’auteur, grâce aux archives duPublic Office de Londres, a euaccès aux dossiers des servicessecrets anglais, déclassifiésseulement depuis 2002. Il révè-le dans ce livre que l’espion deconfiance des Allemands JuanPujol, en poste en Angleterre,était en réalité sous le contrôlede l’Intelligence Service et trans-mettait à Berlin de faux rensei-gnements recueillis par unréseau d’une vingtaine d’agentsimaginaires. En trompant systé-matiquement les états-majorsallemands sur l’objectif réel dudébarquement, Garbo et sonréseau fictif ont, selon Eisenho-wer, par une ma-nipulation par-faite, sauvé le jour J.

J.-H.L.

PIÉTÉ FILIALE, Jean-ClaudeDIDELOT, Éd. du Jubilé(Paris), 2004, 378 p., 20 euros.C’est avec une sincérité et

une reconnaissance infiniesqu’est composé ce livre, aug-menté d’un CD riche de docu-ments et de témoignages,racontant la vie de RenéPéchard, ce maître à penser et àagir qui a consacré sa vie à sou-lager la détresse et la misèredes milliers de jeunes asia-tiques, sous le drapeau desEnfants du Mékong, à com-prendre la solitude de l’orphelin,la détresse des sans-papiers.Délivré des prisons viêt-minh, ila réussi, en faisant partagersans cesse autour de lui laconfiance, le courage et la foi, à

créer un vaste mouvement desoutien qui est en même tempsune extraordinaire aventurehumaine et spirituelle.

J.-H.L.

ET ON CHANTAIT CE JOUR-LÀ, Isabelle HENRY, OREPÉd. (Cully), 2004, 110 p., 10 €Un récit attachant qui nous

fait vivre, dans la tourmente dela Normandie occupée puis libé-rée, les épreuves et les joies dela famille Durand et de ses dixfilles. Le lecteur découvrira despersonnalités d’exception parmiles habitants ordinaires de Tré-vières, en particulier celle duchanoine Bertreux, missionnaireinfatigable amoureux de laChine. C’est aussi le chemine-ment exemplaire de la jeuneNelly, cruellement blessée aucours des bombardements etqui, triomphant des souffrancespuis renaissant à la vie, trouvedans la religion la force d’aiderles autres.

J.-H. L.

LYAUTEY, Arnaud TEYSSIER,Éd. Perrin (Paris), 2004, 462p., 24 euros. Au-delà du personnage im-

mense et déroutant, de la réus-site publique exceptionnelle,c’est au sentiment d’inachève-ment et d’échec que l’auteur semontre le plus sensible. Depuisson enfance "proustienne"confrontée à une pénible mala-die, Saint-Cyr puis les servi-tudes militaires sous le soleild’Algérie, c’est la maturité par-tagée entre l’action et les mys-tères du christianisme. Aprèsl’apprentissage colonial en In-dochine avec Gallieni, l’appren-tissage du pouvoir à Madagas-car, c’est une nouvelle carrièrequi s’ouvre, aux confins duMaroc et de la politique, dansun désert "plein de la France".Là vont se former les premierséléments d’une politique lyau-téenne, fondée sur la séductionpar l’intelligence et sur la déter-mination au moment des choixpour rétablir l’ordre, changer lesouverain, reconstruire l’État,réformer à marches forcées afinde créer l’esprit et les instru-ments du protectorat. MaisLyautey l’Africain n’échappe pasaux tourments intérieurs. Le sui-cide ou le mariage ? Avec lapaix et le retour aux difficultés,ce sont les derniers rêves dupouvoir et la recherche d’unrelais puis le règne qui s’achève,malgré le triomphe de l’Exposi-tion coloniale avant la retraitedans la poésie et l’artifice durefuge lorrain. Le destin du « royaliste qui a donné un empi-re à la République », du grandadministrateur, résident général,ministre, académicien, maréchalde France, reste une énigmequand il est aussi celui de l’aven-turier du désert, anticonformisteet esthète. Comme il l’a exprimélui-même: « Le Maroc n’étaitqu’une province de mon rêve ».

J.-H.L.

HENRI FRENAY, DE LARÉSISTANCE À L’EUROPE,Robert BELOT, Éd. du Seuil(Paris), 2003, 749 p., 26 euros.Dans l’univers de l’armée de

l’ombre, rivalités et oppositionsont parfois divisé la Résistancefrançaise. Il en est ainsi desretentissants débats nés desaccusations portées par HenriFrenay contre Jean Moulin.L’auteur, s’appuyant sur dessources inédites, retrace l’itiné-raire politique du fondateur dumouvement Combat, son édu-cation nationaliste puis l’officiercatholique devenu plus tard leconcepteur utopiste maisconvaincu de l’union de l’Euro-pe et, après la Libération,l’homme fort du dispositif fédé-raliste européen.

J.-H.L.

LES ENFANTS DE GUERRE,Pierre GIBERT, Éd. Bayard(Paris), 2004, 115 p., 19 euros.Voici un livre qui suscite une

émotion véritable à travers lessouvenirs d’un petit-fils quiredonne vie à une grand-mèreblessée à mort par la disparitionde son fils pendant la guerre de14-18. L’écriture est celle d’unpoète qui maîtrise avec beau-coup de douceur toutes lesémotions nées des guerres suc-cessives. Le style, à la fois origi-nal et convaincant s’adresse à lafois au cœur et à l’âme du lec-teur, grâce à des allers et desretours dans le temps.

Micheline Duprey

MA VIE ET L’AU-DELÀ, RogerVERCKEN de VREUSCH-MEN, Éd. Société des Écri-vains (Paris), 2004, 124 p., 17euros.À travers les étapes de sa vie

d’officier de marine, l’auteur,homme d’action et de réflexion,pose d’abord la question dupourquoi des choses et de lafinalité d’événements dont ledéroulement, en apparence,échappe à notre entendement.Au delà des faits, l’interrogationprincipale concerne la naturemême de la mort, envisagée icidu point de vue du chrétiencomme un nouveau départ etnon comme une fin. Évitant toutexcès transcendantal ouconfession intimiste, cet essaieschatologique évoque les mys-tères de l’au-delà dans ce qu’ilsont de préoccupant pour cha-cun de nous.

J.-H. L.

CINQ UNIFORMES POUR GA-GNER UNE GUERRE, DEL’OURAL À LA FRANCELIBRE, Germain RODY, Éd.LÉLO (Panazol), 166 p.Ce livre parle, sans complai-

sance et sans faiblesse, de ladestinée des Alsaciens, dont laprovince avait été annexée parl’Allemagne en 1940 et dontplus de cent mille ont été incor-porés dans la Wehrmacht.L’auteur, ancien évadé del’armée allemande sur le front,puis engagé volontaire dans la1° Armée française, apporte sontémoignage vécu sur la vie destroupes de l’Axe sur le frontrusse puis, via Alger, sur lescampagnes de la Libération. Unouvrage sincère et bien docu-menté qui éclaire une page dou-loureuse de notre histoire.

J.-H. L.

LIBAGES, Robert BARROT,Imprimerie Firmin Didot, 2004,160 p.Sous la forme d’aphorismes,

l’auteur livre sa propre vision dela vie et de la mort. Les maximesimpersonnelles de la premièrepartie concernent notre manièred’être, notre soumission auxrègles morales et à la culture.Les confidences personnellesde la deuxième partie traitentdes voyages puis situentl’auteur dans ses rapports avecles femmes et avec l’argent.Enfin, la dernière partie abordele sens de la mort et comments’y préparer dans la perspectivedes croyances et des religions.Cet ouvrage de réflexion, sousune forme très épurée, contri-bue à ouvrir le débat sur lesgrands thèmes de l’existence,particulier la morale et la justice.

J.-H. L.

DIÊN BIÊN PHU, POURQUOIEN EST-ON ARRIVÉ LÀ ?Alain GRIOTTERAY, Éd. duRocher (Paris), 2004, 166 p.,16,90 euros.« C’est une défaite que l’on

célèbre volontiers » écrit AlainGriotteray à propos de DiênBiên Phu, sujet de son dernierouvrage. Pourtant, l’auteur ne secomplaît pas dans la simplecommémoration du 50e anniver-saire de la bataille majeure de laguerre d’Indochine. Ce qu’il veutfaire apparaître, c’est l’environ-nement politique déplorabledans lequel a évolué le conflitindochinois entre 1945 et 1954.Il y parvient parfaitement dansune analyse précise et fouilléed’événements auxquels il a sou-vent participé, sinon en acteurresponsable, au moins en spec-tateur privilégié et affligé. Dansle style clair et percutant qui estle sien, Alain Griotteray décritsans ménagement les incohé-rences, atermoiements, initia-tives manquées et revirementsabsurdes des gouvernementssuccessifs de la IVe République.Ses dirigeants se sont avérésincapables de choisir entre lestrois solutions que préconisaitLeclerc en 1946 : faire la guerre,traiter ou internationaliser leconflit. Dès lors, l’échec étaitinévitable en dépit de l’héroïsmede nos soldats soutenu unmoment par le prestigieux talentmilitaire de De Lattre. En effet,comme l’écrit Griotteray, danscette affaire, « le seul qui savaitce qu’il voulait, c’était le Viêt-Minh ».

Philippe Mestre

ET S’IL N’Y AVAIT PAS EUPEARL HARBOUR..., MichelORVELIN, Éd. Société desÉcrivains (Paris), 2004, 96 p.,16 euros.Le 4 décembre 1941, le

Japon, en attaquant maladroite-ment Pearl Harbour, obligera lesÉtats-Unis à s’engager ouverte-ment contre les forces de l’Axe.Que nous serait-il arrivé sanscette imprudente entreprise? Àtravers le panorama de ce quefut la Seconde guerre mondia-le, l’auteur nous laisse devinerquelle aurait pu être l’évolutiondu monde occidental sans ladétermination américaine àdétruire le IIIe Reich, maître de

Les ouvrages publiés par nos adhérents6 - AEC N° 106 - Octobre 2004

Page 6: 12 Le L’Écrivain Après-midi DORGELÈS avec Michel Drucker ...lesecrivainscombattants.org/AEC106.pdf · Jacques Heers pour son ouvra-ge Les négriers en terre d’Islam, aux éditions

8 - AEC N° 106 - Octobre 2004

l’Europe pour dix ou centannées peut-être. Il ne s’agit pasd’un ouvrage de géopolitique-fiction mais d’une réflexionobjective sur ce qui s’est réelle-ment passé et sur ce qui auraitpu se passer.

J.-H. L.

LE GÉNÉRAL ZDROJEWSKI,UN POLONAIS AU SERVICEDE LA FRANCE, ClaudeQUILLATEAU, Éd. Les Collec-tionneurs Bergeracois (Berge-rac), 96 p.Rassemblant des documents

d’archive, des témoignages etune intéressante iconographie,l’auteur rappelle, à travers laforte personnalité d’AntoineZdrojewski, chef militaire de larésistance polonaise en Francesous le nom de colonel Daniel,l’engagement massif de la com-munauté polonaise pour la libé-ration de la France.

Parachuté en Auvergne enjuillet 1943, le coloniel Daniel, encoopération étroite avec laRésistance, organisera et com-mandera les actions décisivesdes combattants polonais surtout le territoire national.

J.-H. L.

ROUTE COLONIALE 4, ENINDOCHINE, Claire FOU-RIER, Éd. Jean-Paul Rocher(Paris), 2004, 160 p., 17 euros.C’est le récit sensible et cruel

de ce que fut la bataille décisiveannonçant la fin de l’empirecolonial français, livrée en février1948 sur ce chemin de terre quisépare la Chine de l’Indochine,au nord du Tonkin. Mêlant laviolence des combats, les brû-lures de l’amour, la fascinationde la guerre, ce récit emporte lelecteur dans le tourbillon à lafois grandiose et pitoyable del’affrontement de deux mondessur la Route du Sang.

J.-H. L.

LETTRE À CEUX QUI AIMENTLA FRANCE, René-PierreCOSTA, Éd. Presses du Midi(Toulon), 2004,124 p., 15 euros.Sans céder à la polémique,

l’auteur a choisi d’analyser lecontenu d’ouvrages récents oules déclarations de personnali-tés gouvernementales pourexposer sa vision personnellede l’état de la France et les pro-positions qu’il approuve ourejette dans les divers pro-grammes proposés. Dénonçantles graves carences des poli-tiques du passé, responsablesde l’affaiblissement général dupotentiel intellectuel, civique etmoral de la France, l’auteurinsiste de façon pragmatiquesur la nécessité d’une mise enoeuvre urgente de mesuresconcertées faisant appel essen-tiellement à l’instruction et àl’éducation, au respect desvaleurs morales et civiques ainsiqu’au respect des autres. Ceprogramme ambitieux, fondésur la confiance en une réactivi-té positive de la population for-tement divisée par les particula-rismes, les communautarismesidentitaires ou religieux et affai-blie par les idéologies émollien-

te devra en outre, pour être réa-liste, prendre en compte l’incon-nue des directives européenneset le contexte geopolitique mon-dial.

J.-H. L.

POMPIERS DANS PARIS ENGUERRE, 1939-1945, Jean-Claude DEMORY, Éd. Alti-presse (Paris), 2004, 372 p.,23 euros.Qui sait que durant toute la

guerre une unité d’élite del’armée française demeura opé-rationnelle en France occupée,n’obéissant qu’à ses chefs,conservant son matériel, pour-suivant son entraînement, per-dant des hommes, protégeantles biens français? Le Régimentde Pompiers de Paris demeuraen effet solidaire et organisé,continuant à remplir son rôle, àcombattre son grand ennemi, lefeu, mais également cet autre,sourdement, obscurément, l’oc-cupant allemand, jusqu’au jouroù, reprenant les armes, il parti-cipa ouvertement aux combatsde la libération de Paris. Sonrôle dans la Résistance est icirévélé. Ce livre renseigné, fruitd’une longue enquête, montrecomment cette unité militaireparvint à conserver son âmeintacte et son matériel aussi per-formant que possible à traversles péripéties d’une collabora-tion imposée, suivant un itinérai-re que seul un encadrementd’élite, physiquement apte etintellectuellement formé, pouvaitmener sans tomber sous aucu-ne influence politique. Ce suc-cès était inconnu jusqu’à cetouvrage. De l’effondrement de1940 au cours duquel sombrè-rent tant d’unités de pompierscivils, aux combats de la Libéra-tion, c’est tout un pan de fiertéfrançaise qui renaît. À noter qu’ilne s’agit pas d’une hagiogra-phie, mais d’histoire. Rien n’estocculté. On notera la qualité del’appareil critique et l’intérêtd’un cahier photo entièrementinédit et bien légendé. À lire.

Henri de Wailly

MA GUERRE D’INDOCHINE,Nouvelle Édition, ColonelMarcel BIGEARD, Éd. duRocher (Paris), 2004, 160 p.,26 euros.Sous ce titre, on devine

l’impudeur de la sincérité etl’engagement à authenticitéchez un combattant d’exceptionrevenu il y a dix ans sur les lieuxdu drame qui a marqué autant lavie du soldat que l’âme del’homme. Ce témoignage estbien plus qu’une relation d’épi-sodes tragiques où se côtoientsans cesse l’héroïsme et lesacrifice. Le colonel Bigeard,dans un émouvant retour sur lui-même, à travers les images par-fois nostalgiques et toujoursémouvantes d’une belle icono-graphie, parmi les souvenirsrapportés avec une acuité dou-loureuse, découvre, au delà desannées, la bouleversante fatalitéqui a marqué la tragédie. Enlivrant cette partie intime de lui-même, l’auteur nous fait parta-ger les ambiguités et la gran-deur d’une grande page denotre histoire.

J.-H. L.

LES LARMES DE CHAN-TEUGES, Albert DUCLOZ,Éd. Jeanne d’Arc (Le-Puy-en-Velay), 2004, 288 p., 20 euros.Dans le monde paysan de

l’Auvergne profonde où senouent de sordides dramesmêlant les violences conjugales,l’alcoolisme, les jalousies fami-liales, une jeune fille est agres-sée et violée par un de sescamarades. Dans l’entrelace-ment des vengeances et de lahaine, des meurtres et des men-songes, au delà du Mal, cesdrames vont faire découvrir àBéatrice l’amour de sa vie. Maispeut-elle encore aimer ? L’écri-ture juste de ce roman etl’authenticité de l’ambiance sou-tiennent l’intérêt du lecteur pource qui serait sans cela un sordi-de fait divers.

J.-H. L.

UN DE SAINT-CYR, LouisFALGA, Éd. Atlantica Séguier(Paris), 2004, 496 p., 30 euros.Saint-Cyrien et fils de Saint-

Cyrien, l’auteur apporte undocument captivant et riche surles événements qui ont marquésa vie et sa carrière. Si le cher-cheur y découvre une véritablemine d’informations sur l’arméefrançaise et ses écoles, sur lescombats de 1939-1940, en par-ticulier les rudes batailles duSecteur fortifié de l’Escaut, lacaptivité en Poméranie, la Libé-ration, l’occupation de l’Alle-magne et la guerre d’Algérie, lelecteur, lui, sera touché par lesdrames qui ont marqué unefamille française au sein d’unesociété en plein bouleverse-ment. La présentation chronolo-gique de cet ouvrage de souve-nirs et de réfexions, construitcomme un carnet de route,donne à l’ensemble une force etun élan romanesque qui ne fai-blissent jamais au fil des pages.

J.-H. L.

UN HUMANISME À LA FRAN-ÇAISE, Suzanne GUEYDONDE DIVES, Pilote 24 Éd. (Péri-gueux), 2004, 174 p., 22euros.Mosaïque de souvenirs très

personnel, ce livre attachant etsincère réussit à faire partagerun amour indéfectible pour laFrance, son histoire et sonrayonnement à travers le mon-de. Engagée au cœur des évé-nements depuis sa naissanceen Chine puis durant son enfan-ce en pays arabes, l’auteur, enparticipant aux bouleverse-ments de la Seconde guerremondiale et plus tard en ani-mant des actions humanitaires,culturelles et amicales à traversle Tiers-Monde, donne une for-me et apporte un accomplisse-ment à ces « chantiers d’espé-rance » qui puisent leurs racinesà la fois dans sa tradition fami-liale et dans sa foi en l’universa-lité des valeurs nationales.

J.-H. L.

LA BATAILLE DES MONTSNEMENTCHA (Algérie 1954-1962), Dominique FARALE,Éd. Economica (Paris), 2004,196 p., 20 euros.

Ces massifs sauvages dunord du Sahara, peuplés deBerbères farouches, furent lethéâtre, pendant la guerred’Algérie, de rudes combats aucours desquels, de part etd’autre, ont été appliquées impi-toyablement les techniques lesplus modernes de guerre sub-versive. Officier de la Légionétrangère, l’auteur, décrit ledéroulement et l’enchaînementdes événements dans leurlogique tragique pour en déga-ger les enseignements straté-giques et tactiques. Ce casconcret de guerre subversive etcontre-subversive est traité nonseulement d’un point de vuemilitaire mais aussi, et c’estl’intérêt dominant de ce livre, enprenant en compte les compo-santes géographiques, histo-riques, religieuses, identitaireset humaines, ce qui en fait unprécieux vademecum à l’usagedes « gendarmes » du monde.

J.-H. L.

UNE ENFANCE EN INDOCHI-NE, Cassilde TOURNEBIZE,Éd. L’Harmattan (Paris), 2004,157 p., 13,75 eurosAvec beaucoup de pudeur et

de sincérité, l’auteur nous faitvivre ce que pouvait être uneenfance en Indochine, avec sesimprévus, ses tendresses et sesaventures. D’une plume alerte etraffinée, Cassilde Tournebizeemmène le lecteur d’abord enIndochine, puis en Nouvelle-Calédonie et enfin en France oùelle retrouve ses racines. Au fildes épreuves, des deuils et desréunions familiales, nous pas-sons du blanc au noir, de ladétresse à la joie. L’auteur a sucapter tous les courants d’unevie à la fois exaltante et tour-mentée.

Micheline Duprey

LE LIEUTENANT-COLONELVICTOR CHAUDRUT, Jean-Jacques DENIZOT, Éd. Histoi-re et Héraldique (Castres),2004, 116 p. Après Saint-Cyr et les com-

bats de 1940, c’est la dure cap-tivité dans les Oflags et la tenta-tive d’évasion de la citadelle deColditz. Aussitôt après la Libé-ration se succèdent les engage-ments ininterrompus dans lescombats lors de la rébellion deMadagascar, en Indochine, enAlgérie et dans d’autres moinsconnus tels le Maroc ou la Mau-ritanie. Bien plus qu’un simplerecueil des souvenirs d’un Chefde bataillon parachutiste, cetalbum, abondamment illustré dedocuments personnels, faitrevivre par le texte et par l’imageune figure pittoresque de laColoniale et la carrière militaireriche en événements d’un soldatmodeste et fidèle à ses amis.

J.-H. L.

DISPARU LÀ-BAS, IL SERAITUN HÉROS ! Georges-HenriBERNARD (Psd de GeorgesPLUME), Éd. des Écrivains(Paris), 2004, 286 p., 38 euros.Parti dans l’armée en 1945 à

l’âge de dix-sept ans et demi, un

jeune cadre de l’Armée françai-se va servir pendant une annéeen Indochine dans l’armée régu-lière puis il est remarqué par lesservices de renseignements et,jusqu’en août 1949, chargé dediriger le fameux commando« Dau-Go » constitué unique-ment d’éléments indochinoisfaçonnés par le Deuxième bu-reau. Ce livre, abondamment il-lustré de photographies, conduitle lecteur dans le monde troubleet dangereux des services spé-ciaux, dans un univers où secôtoient camaraderie et trahi-son. La dernière page tournée,l’authenticité qui se dégage dece document laisse un senti-ment de profonde nostalgie.

J.-H. L.

CARNETS DE GUYANE, Mi-chel MONTIGNÉ, Éd. Sépia(Saint-Maur-des-Fossés),2003, 104 p.

Un livre ? Pas vraiment. Uncarnet de croquis ? Pas davan-tage. Carnets de Guyane, c’estl’un et l’autre mélangés au fil depages colorées, chatoyantes,vivantes et vibrantes. Un livre àdéguster davantage qu’à étu-dier, un voyage parmi lesoiseaux, les cases et les plantes,les fusées. Une ballade tropica-le qui vous transporte commeun poème, un rayon dans lesbranches ou un canot sur l’Oya-pok. Un livre, au total, à lire et àoffrir à ceux qui aiment voyagerdans l’un des territoires françaisles moins visités qui soient,sinon par les exilés de Monsieurde Choiseul, les aventuriers, leschasseurs de papillons et lesbagnards d’autrefois, les techni-ciens des fusées d’Europed’aujourd’hui. Embarquez sur lefleuve et laissez-vous emporter.

Henri de Wailly

ALERTE FRANCOPHONE, Al-fred GILDER et Albert SALON,Arnaud Franel Éd. (Paris),2004, 222 p., 15 euros.

Présentée comme un huma-nisme en marche, la francopho-nie est décrite et analysée à lafois dans ses racines histo-riques, sa place actuelle dans lemonde et son devenir. La « Fran-cosphère », née de l’action cul-turelle de la France et de savocation universaliste, est fon-dée sur son potentiel physiqueet sur les apports intellectuels etsociaux. La francophonie n’acessé d’évoluer avec les colo-nies et la décolonisation puisavec le développement de mou-vements autonomistes et d’affir-mation d’identités francophonesdans le Nord. Elle est mainte-nant menacée d’extinction cul-turelle par la mondialisation et la« globalization » auxquelles il esturgent d’opposer une politiquemultilatérale hardie pour l’adap-ter aux besoins nouveaux deslangues régionales, d’immigra-tion et étrangères, particulière-ment dans le cadre de l’Unioneuropéenne.

J.-H. L.

Les ouvrages publiés par nos adhérentsmeilleure qui puisse être. Lepanorama dressé est complet,nourri d’une documentationsans faille : nucléaire, pétrole,ONU, monde arabo-musulman,information planétaire, terroris-me, marche à la guerre. Leschapitres se succèdent, tousorientés vers le bouquet final, laguerre d’Irak et son « amère vic-toire ». Au fil des pages appa-raissent, sinon des « scoops »,au moins de fort utiles préci-sions : sur le plan Baruch, essaide domestication mondiale del’énergie nucléaire, sur les sinu-soïdes de la politique américai-ne en Orient, sur l’émergencedes chaînes de télévisionarabes, sur le financement d’AlQaïda, sur les grandesmanœuvres diplomatiquesavant, pendant et après la guer-re d’Irak. Autant de dossiers quiintéresseront le spécialistecomme l’amateur.

Claude Le Borgne

LE NŒUD DE L’INDOCHINEFRANÇAISE, R.J. POUJADE,60 p.L’auteur, sur la base des

témoignages de Marie-Madeleine O’Connell et du général deRendinger, analyses les raisonsde l’échec de la politique fran-çaise en Indochine. La Francen’aurait pas su voir à temps lesenfants arriver à l’âge del’émancipation.

J.-H.L.

BARTHOLDI, Robert BELOT etDaniel BERMOND, Éd. Perrin(Paris), 2004, 466 p., 24 euros.Cette biographie passionnan-

te de l’auteur de la Statue de laLiberté, rédigée à partir de mul-tiples sources inexploitées à cejour, carnets de voyage, corres-pondance avec sa mère, nousfait découvrir Frédéric AugustBarthold, un jeune Alsacienplein de talent et de promesses,épris d’Orient, qui va sur la routedes caravanes en Égypte, enAbyssinie, « roulant dans sa têtedes projets de monumentsgrandioses ». Dans l’ombre dupouvoir du Second Empire, ilcombat avec Garibaldi puisc’est la terrible défaite de 1970,l’annexion de l’Alsace et les pre-mières oeuvres d’espoir et derevanche, le Lion de Belfort,mêlant l’art au risque de la poli-tique. C’est ensuite, en Amé-rique, la découverte de « l’abs-traction sublime », le défi tech-nique et esthétique qui génèreral’oeuvre maîtresse, « une mainet une torche pour enflammmerl’opinion américaine ». Maisalors, combien d’obstaclesdevront être franchis pour trou-ver un piédestal à cet encom-brant cadeau! Grand patrioteautant que grand artiste, Bar-tholdi, véritable fabricant demythe, a offert à tous un authen-tique symbole mondial. À lire.

J.-H.L.

MURUROA ET FANGATAUFA,ATOLLS DE L’ATOME, Ber-nard DUMORTIER, Éd.Marines (Paris), 2004, 191 p.,30 euros.Ce bel ouvrage, préfacé par

Pierre Messmer, relate l’histoirede trente années d’essaisnucléaires français en Polynésie.L’auteur, journaliste naval, décritl’environnement, la faune, laflore et la vie des hommes ainsique la mise en œuvre des dis-positifs militaires opérationnels.Les aspects techniques etscientifiques des essais aérienset souterrains sont dévoilésjusqu’au démantèlement du siteen 1996. D’une lecture facile, celivre abondamment illustré deprès de 200 photographies cou-leur et infographies est à la foisun document passionnant et unalbum iconographique de gran-de qualité.

J.-H.L.

LA DAME DE COVENTRY,Claude des PRESLES, Éd.L’Harmattan (Paris), 2004, 160p., 14,50 euros.Prenant comme point de

départ quelques lignes dans unechronique du XIe siècle, àl’époque où Édouard le Confes-seur régnait sur l’Angleterreanglo-saxone, l’auteur a écritune pièce très enlevée, faite dedialogues courts, rapides etincisifs sur cet épisode célèbreque connaissaient encore tousles petis Anglais quand onenseignait correctement l’Histoi-re dans les écoles primaires. LaDame de Coventry, c’est Godi-va, épouse de Leofric, comte deMercie, un des trois grands féo-daux qui gouvernaient le pays àcette époque. Son mari consen-tit, sans penser un instantqu’elle relèverait le défi, à sup-primer un impôt très lourd à lacondition qu’elle traverseCoventry à cheval, nue et revê-tue seulement de sa longuechevelure... Ce qu’elle fit, ayantau préalable donné l’ordre quetoutes les portes et fenêtres dela villa - Coventry n’était pasencore une ville - demeurenthermétiquement closes. Un seuldésobéit, un jeune boulanger,Tom, qui est passé dansl’anglais courant sous le sobri-quet de « Peeping Tom », syno-nyme de voyeur. Fut-il frappé decécité, ou éborgné ou pendu?Les chroniques du Moyen Agene sont pas d’accord sur cepoint. Une statue de bronze surla place de Coventry commé-more l’événement. Claude desPresles laisse courir son imagi-nation sur les prémices de lachevauchée, tout en faisantfidèlement revivre l’atmosphèred’un siècle de civilisation raffi-née, mais de grande insécurité,où la guerre était la principaleoccupation d’une noblesse tur-bulente. « La guerre, c’estl’ivresse... le triomphe du chef,celui de la force ! », s’exclameLeofric qui se prépare, plein defougue, à y aller le lendemain del’acte héroïque de sa femme, àson époque. À la nôtre, Godivane se serait même pas donné lapeine de se vêtir de sa longuechevelure !

Charles Hargrove

LA RÉSISTANCE DANSL’OPÉRATION OVERLORD,Raymond RUFFIN, Éd. Fran-ce-Empire 2004, 2004, 430 p.,22 euros.

Voilà un ouvrage remarquablesur les actions de la Résistancesur les arrières du front de Nor-mandie. Mais l’auteur a faitmieux encore en évoquant lasanglante remontée de la divi-sion Das Reich vers le champde bataille. Il a eu le courage etl’honnêteté de dénoncer leserreurs tragiques que la divisionde la Résistance a fait com-mettre aux FTP, notammentdans « l’affaire de Tulle ». Deserreurs que la barbarie des SSde la Das Reich ne peut faireoublier aux historiens.

Jean Bourdarias

H.E.M. HOPITAL D’ÉVACUA-TION MILITAIRE, LE CIR-QUE DES FOUS, MireilleADMENT CACHAU, Éd. L’Har-mattan (Paris), 2004, 258 p.,21,35 euros.1942. Mylène, jeune infirmiè-

re, partage l’action héroïque desfemmes combattantes qui, refu-sant les compromissions dupouvoir de Vichy, se sont enga-gées dans l’armée française. Àl’hôpital Laveran de Constanti-ne, elle est plongée dans la luttequotidienne que le Corps deSanté, dans des conditions par-ticulièrement difficiles, doit livrerpour sauver de la gangrène lesblessés du front de Tunisie,pour soigner les malades dutyphus. Puis, c’est l’ambianceinfernale, le cirque des fous, del’Hôpital d’Évacuation Militairequi accompagne le Corps expé-ditionnaire français pendant ladure campagne d’Italie, pendantle débarquement de Provenceet la marche vers le Rhin. Ceroman, véritable document surle rôle essentiel des unités sani-taires au plan militaire et humaindurant la Seconde Guerre mon-diale, fait revivre avec une inten-sité dramatique soutenue ledévouement et les sacrificessouvent méconnus du corpsmédical et infirmier.

J.-H.L.

OUBLIÉ 23 ANS DANS LESGOULAGS VIET-MINHS,Lieutenant-Colonel BA XUANHUYNH, Éd. L’Harmattan(Paris), 2004, 294 p., 26,50euros.Le destin de Huynh Ba Xuan

est une grande leçon, d’histoire,de courage et de fidélité. Sortide nos écoles d’officiers en1951, ce Vietnamien d’originerevenu dans son pays en guerrecommande, comme capitaine,un bataillon. Il est fait prisonnier,dans une méchante embusca-de, en avril 1953. Commencepour cet autochtone, donc deuxfois coupable aux yeux de sesgeôliers, un calvaire qui durera23 années. De camps de prison-niers en camps de rééducation,il ne sera libéré qu’en 1976.Mais ses épreuves ne sont pasterminées : pour rejoindre laFrance, ce qu’il veut passionné-ment, il lui faudra l’appui de laMaréchale de Lattre; pour obte-nir la nationalité française (fauted’avoir pu faire valoir sesdroits... en 1955), aller au tribu-nal. Un poignant témoignage!

Claude Le Borgne

LIGNE MAGINOT, HISTOIREET COMBATS, MENTON-NAIS, SOSPEL ET SARÉGION, Jean-Marc TRU-CHET et Henri GNECH, Éd.La Plume du Temps (Guilhe-rand Granges), 2004, 184 p.,36 euros.

Beaucoup de lecteurs décou-vriront dans ce livre que la LigneMaginot ne se limitait pas à pro-téger les frontières nord-est dela France. Ce gigantesque dis-posif défensif s’étendait le longde nos frontières jusqu’à la côteméditerranéenne et a été, danssa partie la plus méridionale, lethéâtre de nombreux combats,bloquant l’avance italienne en1940 puis, après le débarque-ment de Provence, contrel’armée allemande, lors des dursaffrontements qui ont marqué lareconquête des Alpes en 1945.Dans cet ouvrage très tech-nique, foisonnant de croquis etde témoignages, illustré decartes détaillées et d’une abon-dante iconographie photogra-phique, les auteurs décriventtous les détails des fortificationset relatent les actions destroupes de montagne dans unerégion accidentée difficiled’accès.

J.-H.L.

40 À LONDRES, L’ESPIONQUI VENAIT DU JAZZ, FrankBAUER, Éd. Bayard (Paris),2004, 476 p., 23 euros.

Le titre à calembours esttrompeur. L’"involontaire de laFrance libre", comme il sedésigne lui-même, a bel et bienaccompli un grand et bon tra-vail. La preuve : « Ici Londres,les Français parlent aux Fran-çais ». Chaque soir, Frank Bauera prononcé cette phrase légen-daire au micro de la BBC. Enga-gé à Londres, à l’âge de vingt etun ans dans les Forces Fran-çaises Libres, ce jeune batteurde jazz participe à deux mis-sions en territoire français occu-pé, part aux États-Unis éclaircirun complot qui menace la mari-ne marchande puis dirige l’infor-mation à Madagascar avantd’être détaché par MauriceSchumann à la BBC. Alternantle sérieux historique et les anec-dotes teintées d’humour celivre, atypique dans sa forme etattachant par son fond, séduit etcaptive par son approche tour àtour factuelle et distanciée desévénements .

J.-H.L.

MÉMOIRES DE TRONCAIS ETD’AILLEURS, Guy ROLLAND,Éd. des Écrivains (Paris),2004, 200 p., 21 euros.

Livre retraçant un parcourstrès atypique et de ce fait mêmepassionnant. Il relate bien cepassage des Chantiers de Jeu-nesse à la Résistance, de laRésistance à la guerre, de laguerre à des activités civiles, etdes activités civiles à un enga-gement humanitaire. À faire lireà de jeunes citoyens.

François Bertrand

DIEN BIEN PHU, Pierre VAL-LAUD et Éric DEROO, Éd. Tal-landier (Paris), 2003, 160 p.,35 euros.Les auteurs présentent une

rétrospective de la tragiquebataille de Diên Biên Phu, quimarque la fin de la présencefrançaise en Indochine. PierreVallaud, historien, et Éric Deroo,chercheur au CNRS font revivreau travers d’une très belle ico-nographie, riche et significative,assortie de textes bien docu-mentés, les événements mar-quants de la guerre d’Indochine,depuis 1953 jusqu’’au désastredu camp retranché. Ce belouvrage traduit toute l’horreurvécue en enfer par nos soldatsassiégés, harcelés sous undéluge de feu, submergés parles nombreux blessés, tandisque s’estompait peu à peu toutespoir de délivrance, soldatssacrifiés qui sont entrés dans lalégende. La fin des combats, lachute, les pourparlers en vue del’évacuation des blessés, le cal-vaire des prisonniers sont dou-loureusement rapportés jusqu’àla conférence de Genève quisignera le départ du corps expé-ditionnaire.

Valérie André

DE GAULLE, AU-DELÀ DE LALÉGENDE, Julian JACKSON,Alvik Editions, 2004 224 p. 17euros.Professeur d’histoire de Fran-

ce à l’Université de Londres,l’auteur brosse du général deGaulle, présenté à la foiscomme le sauveur de l’honneurde la France et comme l’hommede la Ve République, un portraiten forçant le trait autour d’unepersonnalité hors norme dontles contradictions et les ambi-guïtés apparentes servent unepolitique intérieure et extérieurecohérente analysée dans lecontexte géopolitique del’époque étudiée. Sont précisésles rapports avec certains résis-tants, comme Pierre-Brossolet-te, les relations avec deshommes de lettres et éclairéesdes zones d’ombre qui mar-quent certains épisodes de laguerre d’Algérie. Cet ouvragequi retrace avec concision la viedu Général, est illustré de nom-breuses photographies témoi-gnant des événements histo-riques et de moments plusintimes de sa vie.

J.-H.L.

USA : ÉCHEC ET MAT ?Général Henri PARIS, Éd.Jacques-Marie Laffont (Paris),2004, 462 p., 22 euros.En dépit du point d’interroga-

tion qui l’atténue, le titre du livrerésume la thèse : l’Amérique atout faux, en Irak et ailleurs. Ceserait pourtant ignorer la grandeculture historique, politique etstratégique d’Henri Paris que des’attendre à une critique sansnuances des États-Unis. Si laguerre est pour eux une néces-sité (sic), celle-ci a pour but deconquérir non des territoires,mais des marchés. L’hégémonieaméricaine est incontestable;elle n’est pas impériale et vise àmodeler le monde à sa façon, la

AEC N° 106 - Octobre 2004 - 5

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