09-04-2010

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BRUXELLES 2 SYNDICATS N°07 9 AVRIL 2010 Bruxelles: l’action syndicale, au tournant 2010… La fête du 1 er mai sera placée, cette année, sous le thème de l’action syndicale à Bruxelles au tournant 2010. En préparation du Congrès statutaire du 19 mai 2010, la FGTB de Bruxelles se réunira en Conseil syndical le 28 avril afin de dresser, avec les militants, un bilan de 30 années de luttes syndicales dans notre Région et de tracer des perspectives d’action. Pour mémoire, c’est il y a 30 ans, au tour- nant des années ‘70 et ‘80, que démarrait la révolution conservatrice néo-libérale, avec M. Thatcher (1979), R. Reagan (1980) et, par la suite, chez nous, les gouvernements Mar- tens-Gol (1981-1987), de sinistre mémoire. Aujourd’hui, nous en subissons toujours les conséquences: l’actuelle crise économique et fi nancière trouve d’ailleurs une de ses sources dans le virage politique opéré, à ce moment, par les pays industrialisés. Bruxelles a connu, au cours de ces 3 décen- nies, de profondes mutations économiques, caractérisées par sa désindustrialisation et par l’essor de son secteur tertiaire. Ces transformations du tissu économique bruxellois auront comme conséquence une explosion du chômage au sein de la classe populaire… Depuis, la Ville-région doit faire face à la paupérisation croissante de ses quartiers populaires, à la précarisation de ses emplois de service, à une insuffi sance d’équipements collectifs, à une fl ambée des loyers, à un engorgement des transports urbains, etc. A cela, il convient d’ajouter encore les dif- cultés de sa gestion publique, découlant de sa complexité institutionnelle et de son sous-fi nancement structurel. Cette crise urbaine, dont on ne voit pas le bout, est en outre aggravée par le crash mondial de l’économie-casino et, désormais, par les menaces qui pèsent sur l’environ- nement. Le monde du travail, on le voit, est confronté à d’importants défis d’avenir, à l’échelon na- tional et international mais aussi au niveau de l’entreprise, des secteurs professionnels et de l’ interprofessionnelle elle-même. Défi s syndicaux Le premier de ces défis syndicaux est cer- tainement la précarisation du travail et la remise en cause du droit du travail liée, à Bruxelles, à l’essor d’une économie de ser- vice. Le chômage qui frappe massivement les travailleurs bruxellois en est sans conteste le principal révélateur: un Bruxellois sur cinq est sans emploi, de même qu’un jeune sur trois! En focalisant toute l’attention des pou- voirs publics et de l’opinion, ce phénomène tend cependant à masquer une autre réalité: une dégradation importante des conditions de travail, qui touche davantage encore de travailleurs. La préservation de nos libertés syndicales est le deuxième défi qui s’impose à nous, tant sont nombreuses les attaques contre le droit de grève et la représentation syndi- cale, qui accompagnent ces transformations profondes de l’économie urbaine. Le troisième défi porte sur le choix diffi cile d’un modèle de développement, qui soit à la fois juste et durable. La FGTB de Bruxelles considère que la solution ne passera que par une transformation radicale de notre modèle économique. Il s’agit, ici, de construire des alternatives à l’économie capitaliste et de s’affranchir du cadre de pensée libéral. Le marché ne peut plus détenir le monopole de la défi nition de ce qui doit être produit, de la localisation de cette production et de ses modalités. Le quatrième défi qui s’impose au monde du travail vise la nécessaire reconstruction de l’Etat social de service public à Bruxel- les, ville-région totalement désargentée et tentée par les sirènes d’un développement exclusivement international. En effet, le pouvoir d’achat des travailleurs ne dépend pas seulement du niveau des salaires et des allocations sociales: le développement des services publics joue un rôle central dans l’amélioration des conditions de vie et dans la lutte contre les inégalités socia- les. Or, ceux-ci sont aujourd’hui au cœur d’une offensive libérale, menée au niveau de l’Union européenne: le capital veut faire «main basse» sur ces secteurs, qui représen- tent des opportunités de marchés et donc de profits gigantesques, au détriment de la satisfaction des besoins sociaux. Enfi n, notre cinquième et dernier défi , tou- che aux 60 ans d’immigration qui ont profondément modifi é le visage de la Ville. Le caractère cosmopolite et diversifi é de sa population constitue une source de richesses extraordinaire, mais les manquements des politiques d’immigration compromettent aujourd’hui l’unité du monde du travail. Le syndicat doit relever les défis de la dis- crimination à l’emploi, de l’inter-cultura- lité, de l’immigration économique, dont la réalité de vie des travailleurs sans-papiers révèle le caractère profondément injuste et inhumain. Pour relever tous ces défis, il nous pa- raît important de jeter aujourd’hui un regard en arrière sur les luttes syndicales qui ont émaillé 30 années de mutations économiques dans le secteur privé, à Bruxelles. Ces combats sont particulièrement instructifs pour l’avenir de notre action syndicale: - i e s n e x u a p i c n i r p s e l t n o s s l e u q - gnements que l’on peut tirer de ces confrontations directes au capita- lisme? - quelle est la nature des conflits de demain et des défis syndicaux, aux- quels la FGTB doit se préparer? Telles sont les questions qui seront po- sées lors de notre Conseil syndical. Philippe VAN MUYLDER, Secrétaire général P&V soutient le 1 er mai de la FGTB de Bruxelles

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BRUXELLES2 SYNDICATS • N°07 • 9 AVRIL 2010

Bruxelles: l’action syndicale, au tournant 2010…La fête du 1 er mai sera placée, cette année, sous le thème de l’action syndicale à Bruxelles au tournant 2010. En préparation du Congrès statutaire du 19 mai 2010, la FGTB de Bruxelles se réunira en Conseil syndical le 28 avril a�n de dresser, avec les militants, un bilan de 30 années de luttes syndicales dans notre Région et de tracer des perspectives d’action.

Pour mémoire, c’est il y a 30 ans, au tour-nant des années ‘70 et ‘80, que démarrait la révolution conservatrice néo-libérale, avec M. Thatcher (1979), R. Reagan (1980) et, par la suite, chez nous, les gouvernements Mar-tens-Gol (1981-1987), de sinistre mémoire. Aujourd’hui, nous en subissons toujours les conséquences: l’actuelle crise économique et fi nancière trouve d’ailleurs une de ses sources dans le virage politique opéré, à ce moment, par les pays industrialisés.

Bruxelles a connu, au cours de ces 3 décen-nies, de profondes mutations économiques, caractérisées par sa désindustrialisation et par l’essor de son secteur tertiaire. Ces transformations du tissu économique bruxellois auront comme conséquence une explosion du chômage au sein de la classe populaire…

Depuis, la Ville-région doit faire face à la paupérisation croissante de ses quartiers populaires, à la précarisation de ses emplois de service, à une insuffi sance d’équipements collectifs, à une fl ambée des loyers, à un engorgement des transports urbains, etc. A cela, il convient d’ajouter encore les dif-fi cultés de sa gestion publique, découlant de sa complexité institutionnelle et de son sous-fi nancement structurel.

Cette crise urbaine, dont on ne voit pas le bout, est en outre aggravée par le crash mondial de l’économie-casino et, désormais, par les menaces qui pèsent sur l’environ-nement.

Le monde du travail, on le voit, est confronté à d’importants défi s d’avenir, à l’échelon na-tional et international mais aussi au niveau de l’entreprise, des secteurs professionnels et de l’ interprofessionnelle elle-même.

Défi s syndicaux

Le premier de ces défi s syndicaux est cer-tainement la précarisation du travail et la remise en cause du droit du travail liée, à Bruxelles, à l’essor d’une économie de ser-vice. Le chômage qui frappe massivement les travailleurs bruxellois en est sans conteste le principal révélateur: un Bruxellois sur cinq est sans emploi, de même qu’un jeune sur trois! En focalisant toute l’attention des pou-voirs publics et de l’opinion, ce phénomène tend cependant à masquer une autre réalité: une dégradation importante des conditions de travail, qui touche davantage encore de travailleurs.

La préservation de nos libertés syndicales est le deuxième défi qui s’impose à nous,

tant sont nombreuses les attaques contre le droit de grève et la représentation syndi-cale, qui accompagnent ces transformations profondes de l’économie urbaine.

Le troisième défi porte sur le choix diffi cile d’un modèle de développement, qui soit à la fois juste et durable. La FGTB de Bruxelles considère que la solution ne passera que par une transformation radicale de notre modèle économique. Il s’agit, ici, de construire des alternatives à l’économie capitaliste et de s’a�ranchir du cadre de pensée libéral. Le marché ne peut plus détenir le monopole de la défi nition de ce qui doit être produit, de la localisation de cette production et de ses modalités.

Le quatrième défi qui s’impose au monde du travail vise la nécessaire reconstruction de l’Etat social de service public à Bruxel-les, ville-région totalement désargentée et tentée par les sirènes d’un développement exclusivement international. En e�et, le pouvoir d’achat des travailleurs ne dépend pas seulement du niveau des salaires et des allocations sociales: le développement des services publics joue un rôle central dans l’amélioration des conditions de vie et dans la lutte contre les inégalités socia-les. Or, ceux-ci sont aujourd’hui au cœur d’une o�ensive libérale, menée au niveau de l’Union européenne: le capital veut faire «main basse» sur ces secteurs, qui représen-tent des opportunités de marchés et donc de profi ts gigantesques, au détriment de la satisfaction des besoins sociaux.

Enfi n, notre cinquième et dernier défi , tou-che aux 60 ans d’immigration qui ont profondément modifi é le visage de la Ville. Le caractère cosmopolite et diversifi é de sa population constitue une source de richesses extraordinaire, mais les manquements des politiques d’immigration compromettent aujourd’hui l’unité du monde du travail. Le syndicat doit relever les défi s de la dis-crimination à l’emploi, de l’inter-cultura-lité, de l’immigration économique, dont la réalité de vie des travailleurs sans-papiers révèle le caractère profondément injuste et inhumain.

Pour relever tous ces défi s, il nous pa-raît important de jeter aujourd’hui un regard en arrière sur les luttes syndicales qui ont émaillé 30 années de mutations économiques dans le secteur privé, à Bruxelles. Ces combats sont particulièrement instructifs pour l’avenir de notre action syndicale:

-iesne xuapicnirp sel tnos sleuq -gnements que l’on peut tirer de ces confrontations directes au capita-lisme?

- quelle est la nature des confl its de demain et des défi s syndicaux, aux-quels la FGTB doit se préparer?

Telles sont les questions qui seront po-sées lors de notre Conseil syndical.

Philippe VAN MUYLDER,Secrétaire général

P&V soutient le 1er mai de la FGTB de Bruxelles