02 - responsability · variétés à haut rendement. la majorité de la récolte de cajous du togo...

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Entrepreneuriat made in Africa La première fabrique de traitement de noix de cajou au Togo crée des emplois et de la valeur dans cette Afrique rurale. 02 responsAbility Investments AG / Cas d’investissement Cajou Espoir, transformer le cajou au Togo même Un pays agricole ayant du potentiel Le Togo produit quelque 15 000 tonnes de cajous par an, mais cette production se traite en Asie. L’extension de la chaîne de valeur agricole au sein même de cette petite nation ouest-africaine lui offre de nouvelles perspectives. Une approche modèle de l’entrepreneuriat Une visite à Cajou Espoir, un producteur togolais pionnier du cajou, montre comment un expatrié et un professeur d’économie togolais promeuvent la création de valeur dans ce pays. Financer la croissance Cajou Espoir fournit du travail à 700 personnes en cours d’année et étend ses activités en ouvrant une deuxième fabrique. Cette croissance serait impossible sans financement préalable à l’exportation et des cré- dits d’investissement étrangers.

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Entrepreneuriat made in Africa

La première fabrique de traitement de noix de cajou au Togo crée des emplois et de la valeur dans cette Afrique rurale.

02

responsAbility Investments AG / Cas d’investissement Cajou Espoir, transformer le cajou au Togo même

Un pays agricole ayant du potentielLe Togo produit quelque

15 000 tonnes de cajous par an, mais cette production se traite en Asie. L’extension de la chaîne de

valeur agricole au sein même de cette petite nation ouest-africaine lui offre

de nouvelles perspectives.

Une approche modèle de l’entrepreneuriat

Une visite à Cajou Espoir, un producteur togolais pionnier du

cajou, montre comment un expatrié et un professeur d’économie togolais

promeuvent la création de valeur dans ce pays.

Financer la croissance

Cajou Espoir fournit du travail à 700 personnes en cours d’année et étend ses activités en ouvrant une

deuxième fabrique. Cette croissance serait impossible sans fi nancement préalable à l’exportation et des cré-

dits d’investissement étrangers.

Petit Etat ouest-africain, le Togo possède un vaste secteur agricole qui occupe 70 % des travailleurs. De sorte que le

développement de la chaîne de valeur agricole profi te avant tout aux populations rurales.

Le Togo : un potentiel inexploité

Avec une superfi cie d’environ 57 000 km2 et quelque 7,2 millions d’habitants, la République du Togo est l’un des plus petits pays d’Afrique. Il est bordé par le Golf de Guinée au sud, le Ghana à l’ouest, le Burkina Faso au nord et le Bénin à l’est. Cette nation multiethnique est devenue indépendante de la France en 1960 et gouver-née depuis 1963 par différents dirigeants militaires ou leurs alliés.

Le Togo est l’un des plus grands producteurs de phos-phate au monde. Ces dernières années, il a affi ché une saine croissance économique, soutenue notamment par une hausse de la production agricole, par une extension du port et de l’aéroport international de Lomé et par la construction de nouveaux réseaux routiers. Selon les prévisions du Fonds monétaire international, l’économie du Togo pourrait progresser de 5,5 % ces prochaines années. Cependant, les sociétés étrangères opérant au Togo rapatrient souvent les bénéfi ces qu’elles y réalisent. Par conséquent, les transferts privés d’argent et les dons provenant de l’étranger restent une source importante de revenus pour le pays. On observe actuellement un mouvement sensible de la population de la campagne vers les villes. En outre, étant donné les taux de chômage élevés, la jeune génération – les hommes en particulier – émigrent.

L’économie togolaise est très dépendante de l’agriculture qui emploie 70 % des travailleurs. L’agriculture représente 40 % du PIB du Togo et génère 20 % de ses revenus à l’exportation. Avec l’aide de la Banque mondiale, le gou-vernement a lancé, en 2012, le Programme national d’in-vestissement agricole et de sécurité alimentaire (PNIASA) afi n de soutenir ce secteur. Le coton est le principal produit agricole, suivi par le cacao et le café. Le gouver-nement togolais joue un rôle central dans le négoce de

ces matières premières et fi nance une grande partie de la production, notamment celle du coton. La chute des prix de ce produit a un impact direct sur les producteurs.

Comme le coton, les noix de cajou sont cultivées dans la région centrale aride et dans le nord du Togo. Depuis quelques années, les cajous remplacent souvent le coton et sont cultivés principalement par de petits paysans dans le cadre d’une agriculture de subsistance. On estime à 15 000 tonnes la production annuelle de cajous. Les expériences faites dans les pays voisins montrent que la productivité peut être notablement améliorée par des méthodes modernes de culture et par l’introduction de variétés à haut rendement.

La majorité de la récolte de cajous du Togo est exportée vers l’Asie et l’Europe. En mains privées, l’entreprise Cajou Espoir, une réussite commerciale, offre une solution togolaise alternative pour traiter ces noix sur place, ser-vant ainsi de modèle à l’extension de la chaîne de valeur agricole au Togo.

Türkei

Iran

Russland

Kasachstan

Turkmenistan

Ukraine

Rumänien

BulgarienGeorgien

Aserbaidschan

Armenien

Togo

BéninNigeria

Niger

Tschad

Burkina Faso

Mali

Cameroun

GhanaCôte d'Ivoire

Guinée

Liberia

Sierra Leone

Senegal

Mauritanie

Guinea-Bissau

Gambia

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responsAbility Investments AGCas d’investissement Cajou Espoir, transformer le cajou au Togo même

_A gaucheLa capitale Lomé, sur le Golf de Guinée, possède un port moderne en eau profonde.

_A gauche, 2 e rangAxe routier principal : la N1 relie Lomé au Sud avec le Nord du pays.

_Au centre, 2 e rangLomé est une ville typique d’Afrique, au croisement de nombreux styles, infl uences et traditions.

_A droite, 2 e rangAu Togo, on paie en francs-CFA, la monnaie de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Le franc CFA est arrimé à l’euro.

_Au centre, 3 e rangLa majorité du pays est très marquée par l’agriculture.

_En bas à gaucheLomé, la capitale, compte850 000 habitants.

_En bas, à droiteLe Togo est une nation multi-ethnique où l’on parle 39 langues.

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Les noix de cajou sont un grignotage sain et populaire. Certes, celles-ci sont aussi cultivées ailleurs qu’au Togo, dans l’Ouest africain, mais depuis

2004 elles sont enfi n traitées sur place par Cajou Espoir. responsAbility a rendu visite à cette entreprise togolaise pionnière et profi table,

qui a apporté la prospérité à cette région.

Le véhicule s’arrête. A quatre heures et à 300 km de Lomé, notre point de départ, nous quittons la route à deux pistes qui relie la capitale et son port en eau profonde dans le Sud du pays avec le Nord et le pays voisin du Burkina Faso et plus loin le Mali. Nous traversons la végétation pour atteindre notre destination, la nouvelle fabrique ouverte par Cajou Espoir, le premier et seul transforma-teur de noix de cajou dans ce pays ouest-africain.

S’ouvrant sur le Golf de Guinée, le Togo possède une population de 7,2 millions d’habitants et couvre un territoire de 57 000 km2 environ. Ce petit pays, bordé par le Ghana et le Bénin, reste fortement tributaire de l’agriculture. Les cultures y poussent facilement, notamment les céréales, telles que le maïs et le riz, ainsi que le soja, le coton et la noix de cajou ou anacarde, fruit de l’anacardier, dans les régions arides du nord du Togo. Originaire du Brésil, l’anacar-dier a été introduit en Afrique par les Portugais. Les noix de cajou – l’un des produits d’exportation les plus recherchés du Togo – murissent entre les mois de janvier et avril à l’extrémité d’un pédoncule juteux et comestible lui aussi appelé pomme de cajou. En vue de la récolte, le sol entre les anacardiers est nettoyé pour permettre aux cultivateurs de récolter les noix qui sont ensuite transportées aux points de collecte.

Un produit d’exportation leader

Les cajous commencent alors le long voyage qui les mènera du champ à la table d’un nombre grandissant de consommateurs fi nals. Les noix de cajou jouissent d’une grande popu-larité. En effet, leur consommation mondiale a augmenté de 30 % entre 2009 et 2013. Cette tendance résulte principalement du changement des habitudes alimentaires et en parti-culier de la prise de conscience des bénéfi ces sur la santé de la consom-mation de cajous, qui contiennent des vitamines et des minéraux.

En Asie en particulier, les cajous entrent depuis longtemps dans la composition de nombreux plats. Avec une part de 90 % du volume total de production, l’Inde et le Viet-nam sont les leaders de la transfor-

mation de ces noix. Celle-ci implique un processus complexe pour extraire les cajous bruts de leur coque puis pour les préparer à la consommation. La grande majorité (80 %) des cajous est grignotée et les Etats-Unis en sont de loin les plus friands. A raison de 40 %, l’Afrique est un producteur important de noix de cajou brutes.

François Locoh Donou s’est concen-tré sur cet aspect quand il a étudié comment il pouvait contribuer au développement durable de sa patrie. Né en 1971 au Togo, il a étudié en France et aux Etats-Unis avant d’en-tamer une carrière chez un fournis-seur américain d’accès aux télécoms. Il revient au Togo deux fois par an. « Ma grand-mère avait coutume de répéter un proverbe togolais dont je me souviens encore aujourd’hui », explique François. « Tu ne peux pas rester assis à te goinfrer quand

Une réussite entrepreneuriale modèle

Tout neuf et ne tournant pas encore à plein régime : le bâtiment de 128 m de long de Cajou Espoir à Blitta.

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responsAbility Investments AGCas d’investissement Cajou Espoir, transformer le cajou au Togo même

quent, une valeur durable en Afrique. Ensuite, se concentrer sur les exportations, car le Togo ne dispose pas d’une classe moyenne possédant un pouvoir d’achat suffi sant pour en faire des consommateurs. Enfi n, opérer avec succès pour que l’entre-prise puisse survivre à long terme. François précise : « Par nos activités, nous ne voulions pas seulement offrir un moyen d’existence aux employés mais en faire aussi bénéfi cier la com-munauté tout entière. » Avec l’aide de Maurice Edorh, un professeur togolais en économie et un ami de la famille vivant à Lomé, l’idée de Cajou Espoir était née. François a décidé de transformer les noix de cajou sur place, un produit d’exportation leader du Togo.

« Le traitement des noix de cajou est processus qui exige beaucoup de main-d’œuvre – ce qui est idéal si vous voulez créer autant d’emplois que possiblepossible », explique Maurice Edorh, alors que nous fran-

quelqu’un de proche est affamé. L’interprétant à ma manière, je me suis dit que puisque je gagne bien ma vie, j’ai le devoir de faire quelque chose pour autrui. »

L’un de ses premiers projets a été une exploitation avicole dénommée « Ferme de l’espoir » qu’il a créée en 1998. Il s’est avéré que ce n’était pas la solution visée par François pour le long terme. « Nous investissions USD 200 000 par an, dont 95 % étaient utilisé pour acheter de la nourriture pour les poulets. Huit ans plus tard, nous n’employions toujours que 30 personnes au maximum et devions nous battre constamment pour survivre fi nancièrement. »

Créer des emplois,crée la prospérité

Il devint évident qu’il était nécessaire de lancer un projet qui répondrait à trois critères : tout d’abord créer de nombreux emplois et, par consé-

chissons un portail qui conduit sur une vaste cour. Un seul arbre en son centre fournit de l’ombre à un groupe d’employés qui se pressent autour d’une cuisine improvisée. Longue de 128 m, la fabrique de Blitta occupe un côté. Nous quittons la chaleur écrasante de la cour pour pénétrer à l’intérieur relativement frais du bâtiment. La structure ouverte du toit permet à l’air de circuler et à la lumière tamisée du soleil d’éclai-rer la fabrique. La structure du toit ainsi que les machines proviennent d’Inde, d’après Maurice, tandis que les fondations et les éléments de mur ont été fabriqués au Togo. La fabrique de Blitta est neuve et vient de recevoir ses équipements. Elle bénéfi cie de onze ans d’expériences faites dans le premier site de produc-tion Cajou Espoir qui a été construit à Tchamba, à 400 km, ou 6 h de route, au nord de Lomé.

« Pour monter notre première unité de transformation, nous souhaitions

« Sans le crédit accordé par des investisseurs internationaux,

notre fabrique ne pourrait pas tourner toute l’année. »

Maurice Edorh, Professeur à l’université et Directeur de Cajou Espoir

Traçabilité assurée : les noix brutes sont entreposées et traitées par producteur.

Coquille dure, noix convoitée : Pour pouvoir être consommées, les noix de cajou sont transformées par un procédé complexe.

Brisée et décortiquée : pour libérer la noix de sa coquille, il faut travailler en équipe de deux.

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l’installer au cœur du Nord agri-cole », se rappelle Maurice Edorh. « Lorsque nous avons commencé à discuter de nos plans avec les auto-rités, elles nous ont immédiatement assuré de leur soutien plein et entier. En effet, la création de 700 emplois dans une région où il y a peu d’occa-sions était comme un don du ciel. » Les employés – dont 80 % sont des femmes – ont été recrutés principa-lement dans cette région rurale de Tchamba. La plupart sont des pay-sans dont le salaire est une source alternative bienvenue de revenu à celui qu’ils tirent de leur champ. D’autres employés viennent de loin, même de Lomé, car les emplois sont rares au Togo. Un travailleur de Cajou Espoir gagne en moyenne USD 50 par mois. Les femmes apprécient la crèche gratuite mise à leur disposi-tion par l’entreprise. « Où pourrais-je trouver du travail ailleurs ? » s’inter-roge une jeune mère qui allaite sa fi lle durant les pauses. « Mes deux autres enfants vont à l’école, mais la petite dernière a encore besoin de soins. »

Les discussions que François mène régulièrement avec ses employés soulignent qu’ils ne sont pas les seuls à bénéfi cier de cette source de revenus mais la communauté tout entière. « Les femmes qui travaillent maintenant pour nous gagnent USD 50 au lieu de 5 tout juste », indique-t-il. « Quand je leur demande à quoi elles consacrent ce revenu supplémentaire, elles répliquent

qu’elles peuvent utiliser les USD 25 restants pour acheter des uniformes scolaires à leurs enfants au lieu de devoir mendier des vêtements. Elles peuvent s’habiller correctement et se rendre à des fêtes de famille aux-quelles elles n’osaient pas participer par honte. A la question de savoir pourquoi il ne leur reste qu’USD 25, elles répondent qu’elles envoient USD 5 à une cousine qui est seule à élever ses trois enfants, 10 à leurs parents, 5 autres à une sœur… Imaginez-vous ! Ces gens partagent la moitié de leur revenu avec d’autres, alors qu’eux-mêmes ont si peu ! Quelle leçon de solidarité l’Afrique donne-t-elle au monde entier.

Une matière première prisée

A Tchamba, Cajou Espoir a traité 2600 tonnes de cajous en 2015. Les noix viennent des villages environ-nants et aussi du Bénin, pays voisin. Une quarantaine d’acheteurs sillonne la zone de production en camion, parfois jusqu’à 300 km de Tchamba, pour rencontrer leurs contacts dans les villages. Ils collectent la récolte

pour la stocker dans des entrepôts locaux avant de revendre le produit. Le prix dépend de la qualité des cajous, laquelle est évaluée pour la première fois dans ces contrées. Plus la noix est grande, meilleure elle est. Cependant, ce n’est pas le seul facteur pris en compte.

La demande de noix de cajou brutes est forte. Outre les acheteurs de Cajou Espoir, des négociants en pro-venance d’Inde, du Liban et même de plus en plus de Chine viennent aussi en Afrique de l’Ouest. Directeur de la fabrique de Tchamba, Richard Alassani affi rme : « Les paysans tendent à vendre leur récolte aux premiers acheteurs qui passent, en les règlant au comptant, même si nous travaillons avec eux depuis des années. Pour nous assurer un volume suffi sant de noix brutes à traiter, nous devons commencer nos achats tôt dans la saison en prenant nos dispositions pour pouvoir payer immédiatement les paysans. »

C’est alors que le fi nancement entre en scène. François explique la raison :

Cajou Espoir emploie 700 personnes, dont 80 % de femmes.

Transport à l’intérieur de la fabrique :Les noix sont apportées dans un bâtiment adjacent pour la prochaine étape.

Produire de la vapeur : Après le dé-corticage, les noix passent à la vapeur durant 14 heures pour pouvoir enlever la fi ne pellicule.

Plus une noix de cajou est entière, grande et blanche, plus son prix est élevé.

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« Si nous voulons produire pour 10 millions USD de cajous par an, ce qui est notre objectif, nous devons disposer de quelque 6,5 millions USD de cash à partir du mois de janvier pour régler les producteurs. Les banques locales ne sont pas intéressées au préfi nancement des exportations. Contrairement à responsAbility, elles n’acceptent pas les contrats à l’export en guise de garanties. Il est également essentiel que les fonds soient disponibles à temps. Si nous devons attendre trop longtemps, nos concurrents achètent la récolte avant nous et nous devons alors payer un prix élevé pour les produits restants. »

Investir dans la croissance

Ce n’est toutefois fois pas la seule raison pour laquelle le fi nancement est vital. L’usine de Blitta, qui a ouvert ses portes en 2015, a été construite grâce à un prêt à long terme de responsAbility. Celui-ci per-mettra à Cajou Espoir de doubler sa production à 7000 tonnes de cajous d’ici à 2019 et de créer encore 700 emplois. En outre, une nouvelle machine fi nancée par responsAbility produira de l’huile d’anacarde aux applications industrielles et médi-cales – encore une autre utilisation du produit brut.

Avec environ 30 000 habitants, Blitta a à peu près la même taille que Tchamba. Une main-d'œuvre abon-dante est l’une des raisons de son

Cajou Espoir

FONDATION2004

ACTIVITÉS

Transformation de noix de cajou brutesExportation de noix de cajou transformées

Production d’huile d’anacarde (prévue à partir de 2016)

SITESTchamba (depuis 2004),

Blitta (depuis 2015)

VOLUME DE PRODUCTION2600 tonnes de noix de

cajou transformées (2015)

FOURNISSEURS300 paysans (2000 tonnes du Togo,

600 tonnes du Bénin)

CLIENTSinternationaux (90 %), régionaux (10 %)

CHIFFRE D’AFFAIRESUSD 2,9 millions (2015)

PROPRIÉTAIRESFrançois Locoh Donou (60 %),

Maurice Edorh (5 %) et 10 autres

EMPLOYÉS700

PROPORTION DE FEMMES80 %

AVANTAGES SOCIAUXcrèche, unité de soins, don de

bancs aux écoles locales

CERTIFICATIONAfrican Cashew Alliance (ACA)

choix en tant que site de production. Le taux de chômage y est actuel-lement de 50 %. Richard Alassani nous explique qu’à Tchamba, il ne peut pas compter sur la présence de toutes les ouvrières. Tantôt, elles travaillent dans les champs, en particulier lors des récoltes, tantôt elles doivent rester à la maison parce qu’un enfant est malade. Les employés sont payés chaque jour en fonction du volume de noix traitées. « Sur une année, nous employons en moyenne 700 personnes, mais il est quasiment impossible de dire à l’avance combien d’employés seront présents un jour donné », précise-t-il.

Maurice Edorh espère qu’à Blitta, un certain niveau de compétition entre les employés les incitera à venir travailler plus régulièrement – ce qui signifi e également que l’usine Cajou Espoir pourra produire à pleine capacité. Il faudra du temps pour y parvenir, Il n’en reste pas moins que Cajou Espoir a franchi une étape importante, que Maurice Edorh tient à souligner : « Nous voulons montrer qu’une entreprise menée par des Africains peut opérer avec succès en Afrique, montrant ainsi l’exemple à tout le continent. Il faut que l’Afrique soit développée par les Africains. Je suis fi er d’avoir réussi à le faire. »

Contrôle fi nal : ultime étape de la production, il nécessite une grande concentration et est, par conséquent, bien rémunéré.

Fini : après de multiples étapes et contrôles de qualité, les noix de cajou sont prêtes pour l’exportation.

Les noix de cajou sont exportées en paquets de 25 kg.

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Des acheteurs fi ables de la récolte

Afi mkabié. Quelque 4000 habitants peuplent ce village tranquille au cœur du Togo. Dans la chaleur intense de la mi-journée, une quarantaine d’entre eux se regroupent à l’ombre d’un grand arbre au centre d’Afi mkabié. Ce sont tous des paysans. Outre les cultures vivrières pour nourrir leurs familles, ils produisent des noix de cajou. L’un d’entre eux s’appelle Mouzouh Balakiy. Avec 7 ha de terres, il est l’un des gros paysans de la région. Dans les bonnes années, un hectare d’anacardiers peut produire jusqu’à une tonne de noix, mais certaines années, cette production peut chuter à 600 kg seulement.

Mouzouh n’est pas seulement cultivateur de cajous, il en est aussi devenu un « collecteur » pour Cajou Espoir. A ce titre, il voyage de village en village au sein de la préfecture, qui compte environ 7000 petits paysans, pour faire ses achats. Avant que Cajou Espoir ne commence la transformation, ce sont surtout des acheteurs du Bénin

qui étaient intéressés, selon Mouzouh. « Il y avait beaucoup d’incertitude. Tantôt ils venaient, tantôt non », se rappelle-t-il. En Cajou Espoir, il a désormais un ache-teur fi able. « Nous sommes payés immédiatement en liquide et c’est très important pour nous. »

Dans sa ferme, Mouzouh nous présente à ses deux femmes dont il a eu six enfants. Les deux plus âgés – un fi ls et une fi lle – ont tous deux 28 ans et sont employés par Cajou Espoir. Après avoir suivi une formation à Lomé, le fi ls de Mouzouh travaille maintenant comme secrétaire au bureau. Sa fi lle, elle, est à la production, chargée de trier les cajous selon leur taille et leur qualité. Pourtant, les deux l’aident encore à la ferme. S’agissant de son prochain projet, il déclare : « Je recherche de jeunes plants que je pourrai planter lors des premières pluies. Ils devraient encore améliorer mes revenus à l’avenir. »

_En haut à droitePréparatifs de la récolte : pour pouvoir ramasser les noix, le sol doit être nettoyé à la main.

_Au milieu à droiteLa récolte approche : entre janvier et avril, l’anacardier porte des fruits en forme de pommes au bout desquelles les noix mûrissent.

En haut à gauche« Nous sommes payés immédiatement en espèces. »Mouzouh Balakiy cultive des anacardiers sur 7 ha et apprécie Cajou Espoir, un acheteur fi able de sa récolte.

_En bas à gaucheClaudine Damsaga d’Afi mkabié apporte à pied sa récolte au centre de collecte. Elle parcourt trois fois 10 km par trajet.

_En bas à droiteLes paysans d’d’Afi mkabié apprécient de pouvoir vendre leur récolte à un transformateur togolais.

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« Je travaille quand je peux »

Tchamba. Nous rencontrons Christine Yade, 28 ans, dans la cour de la fabrique. Christine vient d’Aní, à environ 200 km de Tchamba, et travaille depuis un an pour Cajou Espoir. Elle fait partie du « Groupe blanc », c.-à-d. des employées qui portent une coiffe blanche et préparent les noix dans le département du décorticage. Après avoir décortiqué les noix et les avoir chauffées à la vapeur pen-dant des heures, ces femmes procèdent à une opération délicate qui consiste à enlever la fi ne pellicule qui subsiste encore après ce traitement. C’est un travail exigeant qui nécessite de la précision et de la concentration.

Christine travaille quand elle peut. « J’ai trois enfants. Les deux grands, âgées de 4 et 11 ans, vont à l’école, mais Angèle, la petite dernière, n’a que 18 mois. Si elle va bien et que je peux l’amener à la crèche, alors je peux travailler. » La crèche est l’un des avantages sociaux que Cajou Espoir procure gratuitement à ses employées. Un avantage bienvenu, sachant que les femmes de ce pays ont en moyenne près de cinq enfants.

Si tout va bien, Christine peut gagner USD 45 par mois. Son mari, qui travaille dans le tri à Cajou Espoir, obtient USD 60 par mois. Ils paient un loyer d’USD 10 pour la chambre dans laquelle s’entasse la famille, et ne peuvent pas mettre de l’argent de côté. Par conséquent, ils sont très reconnaissants que l’entreprise ait sa propre unité de soins. « Depuis que j’ai un bébé, je suis vraiment heureuse de pouvoir obtenir des conseils de santé », affi rme Christine.

_En hautChristine Yade travaille chez Cajou Espoir à Tchamba, pendant que sa fi lle Angèle, 18 mois, peut rester gratuitement à la crèche.

_Au centreUn revenu supplémentaire bienvenu : Les femmes peuvent acheter, entre autres, des uniformes scolaires et soutenir leur parenté.

_En bas à gaucheSur le chemin du travail : Christine a déménagé de son village à Tchamba, où son mari et elle ont trouvé du travail.

_En bas à droiteTravail en équipe « Groupe blanc »: les noix sont libérées de leur ultime enveloppe.

responsAbility Investments AGCas d’investissement Cajou Espoir, transformer le cajou au Togo même

La première et unique entreprise de transformation des noix de cajou au Togo, où elles sont cultivées, a été lancée par un

Togolais expatrié, qui souhaitait venir en aide à son pays natal. Il dépend du fi nancement international pour fi nancer les

opérations de son entreprise et son expansion.

Financer la croissance

« L’un des grandes diffi cultés rencon-trées par le secteur des cajous est la recherche de fi nancement », explique François Locoh Donou, fondateur et actionnaire majoritaire de Cajou Espoir. Le calcul est simple : autour de 65 % du chiffre d’affaires sont dépen-sés pour l’achat des noix brutes. « Si nous voulons produire pour 10 mil-lions USD de cajous, qui est notre objectif à moyen terme, nous devons disposer de 6,5 millions USD en liquide à partir du mois de janvier. »

La récolte commence en février et se termine en avril. Toutes les noix de cajou qui devront être transformées en cours d’année doivent être ache-tées pendant cette période. Comme les paysans tendent à les vendre au premier acheteur qui leur offre du cash, les prix sont généralement plus bas en début de saison. Les acheteurs qui se présentent plus tard reçoivent souvent un produit de moins bonne qualité et pourtant plus cher.

Pour s’assurer de pouvoir acheter le produit à temps, Cajou Espoir obtient du fi nancement de fonds gérés par responsAbility. Les contrats d’ex-portation déjà conclus servent de garanties. « Les banques n’acceptent en général pas ce type de nantisse-ment », affi rme François. « Sans les crédits octroyés par des investisseurs internationaux, nous ne pourrions pas maintenir notre entreprise en activité toute l’année. »

L’entreprise n’a pas besoin de fonds de roulement uniquement, Cajou

Espoir a aussi décroché un crédit d’investissement de sept ans de res-ponsAbility pour fi nancer l’expansion de ses activités. Ce qui lui a permis, entre autres, d’acheter des équipe-ments pour la fabrique de Blitta et des machines qui seront utilisées à l’avenir pour produire de l’huile d’anacarde, en valorisant les déchets provenant de la transformation. « Nous avons essayé d’obtenir un prêt d’une banque africaine de déve-loppement », se rappelle François. « Dix-huit mois plus tard, nous n’avions toujours pas de réponse. Quinze mois plus tard, elle nous a informé que nous allions recevoir l’argent mais plus de nouvelles depuis. responsAbility nous a donné une réponse défi nitive en moins de trois mois et nous avons reçu l’argent quatre mois et demi plus tard. »

Pour François, la rapidité de cette réponse signifi e que responsAbility comprend le fonctionnement de ses activités et sait combien il est important de fournir rapidement du fi nancement. « Pour nous, responsAbility est un partenaire. Si tel n’était pas le cas, il serait impossible de développer ce genre d’entreprise. » D’après François, un autre aspect important est que : « L’équipe de responsAbility est très professionnelle mais pas bureaucra-tique du tout. Ils posent les bonnes questions, sans se perdre dans les détails; tout est pertinent. Je suis convaincu qu’ensemble, nous pourrons continuer de croître sur cette base. »

François Locoh Donou, fondateur et actionnaire majoritaire de Cajou Espoir :

« En 1996, j’ai lu un livre qui m’a fait une profonde impression. Dans Espoir pour l’Afrique Noire, Pierre Merlin, son auteur, explique pourquoi un secteur agricole plus productif jouera un rôle décisif dans la trans-formation de l’Afrique en un conti-nent à revenu intermédiaire. Cette idée m’a inspiré pour créer Cajou Espoir. »

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responsAbility Investments AGCas d’investissement Cajou Espoir, transformer le cajou au Togo même

Rim Azirar, Investment Offi cer Agriculture pour l’Afrique subsaharienne, a rejoint responsAbility en 2014. De nationalité marocaine, elle est basée à Paris et voyage environ dix jours par mois. Cajou Espoir a été la

première entreprise qu’elle a soumise à une évaluation de due diligence.

« Cajou Espoir cultive un esprit entrepreneurial mais aussi socialement responsable. »

peuvent fl uctuer brutalement sans que l’entreprise n’ait aucun contrôle sur eux. Cependant, nous sommes persuadés que le risque inhérent à Cajou Espoir est limité, étant donné ses bonnes relations avec les produc-teurs du Togo et du Bénin, le pays voisin. A nos yeux, Cajou Espoir va se développer pour devenir l’un des plus importants fournisseurs de noix de cajou transformées de la région.

Comment Cajou Espoir peut-il contribuer au développement du Togo ?

Actuellement, Cajou Espoir emploie globalement environ 700 personnes sur l’année, ce qui est un atout rare au Togo. Au fi l des ans, un grand nombre de gens – des femmes en particulier – ont quitté les zones rurales pour chercher du travail dans les villes. S’ils peuvent trouver un emploi chez eux, ils y restent, renforçant ainsi la communauté. Ce

Qu’est-ce qui fait de Cajou Espoir un investissement attrayant ?

L’entreprise est active dans un marché en pleine croissance, elle achète ses matières premières de petits paysans et les vend à l’étranger. Elle est profi table et a établi, ces dernières années, d’excellentes relations avec différents acheteurs, créant ainsi une bonne base pour la poursuite de son expansion. Cajou Espoir opère de manière durable, crée des emplois dans des régions sous-développées et offre des avantages sociaux à ses employés. C’est donc un candidat idéal pour notre fonds d’investisse-ment agricole.

Quels sont les risques inhérents à ce type d’investissement ?

La plus grande diffi culté pour l’entreprise est de se procurer sa matière première brute à des prix convenables. En effet, ceux-ci

Pourquoi responsAbility investit-il dans Cajou Espoir ?Trois questions à Rim Azirar, Investment Offi cer chez responsAbility

qui signifi e, par exemple, qu’un nombre grandissant d’enfants pourra aller à l’école locale. Comme les femmes représentent 80 % de la main-d’œuvre, ce sont surtout elles qui en profi tent. Grâce à la crèche gratuite, elles peuvent travailler, contribuant au revenu de la famille et souvent en aidant également leur famille étendue. Cajou Espoir verse des salaires légèrement supérieurs à ceux du marché et enregistre offi ciellement tous ses employés, ce qui leur donne une protection supplémentaire. En outre, l’entreprise est active au sein de la communauté. Elle a, par exemple, donné de l’argent pour que deux écoles locales puissent acheter des bancs. Chaque banc est maintenant partagé par deux écoliers au lieu de cinq auparavant.

_En hautRim Azirar, avec Maurice Edorh de Cajou Espoir, lors d’une visite de la nouvelle fabrique à Blitta.

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responsAbility Investments AGCas d’investissement Cajou Espoir, transformer le cajou au Togo même

A PROPOS DE RESPONSABILITYresponsAbility Investments AG est, dans l’investissement servant au développement, l’un des principaux gestionnaires d’actifs du monde. Il offre aux investisseurs, tant privés qu’institutionnels, des solutions de placement gérées avec le plus grand professionnalisme. Par le biais de ses produits de placement, responsAbility Investments AG propose du fi nan-cement sous forme de dette ou de prises de participation aux entreprises non cotées des économies émergentes et des pays en développement. Ce qui accroît la prospérité de ces derniers à long terme.

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Textes : Ulli Janett, responsAbilityPhotos : Jerry RileyLayout : Liebchen + Liebchen Kommunikation GmbH

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