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03 02 Édition Eau, Neige et Glace Édition Eau, Neige et Glace

Le Journal de l’Odysséedu 16 au 17 septembre 2010

Le Journal de l’Odysséedu 16 au 17 septembre 2010

Design & concept : ya’com

2010 : DEUX ODYSSÉES !

Imaginée il y a 13 ans par Albert Delegue et Bernard Crépel, concrétisée l’an passé dans les Pyrénées sous l’impulsion de ce dernier, L’Odyssée du Flocon à la Vague est fière de

vous annoncer la naissance de sa “petite” sœur : l’édition Eau, Neige et Glace, les 16 et 17 septembre dans les Alpes ! Arrivée par voie naturelle, pleine de vie du haut de ses 3200 mètres de dénivelé et forte de 37 champions du Monde et 1300 scolaires, cette Vierge ascendant Balance a le même dessein que son aînée : œuvrer pour l’équilibre entre l’Homme et la Terre.

DES PYRÉNÉES AUX ALPESSi l’altitude change, le concept demeure : le cycle de l’eau pour terrain de jeu et des sportifs de haut niveau en porte-parole de sa protection auprès des jeunes générations. Depuis les neiges éternelles de l’Aiguille du Midi jusqu’au lac –le plus pur d’Europe- d’Annecy, en passant par le torrent glaciaire de l’Arve à Chamonix… La candidature d’Annecy aux J.O. 2018 en toile de fond, mais aussi ses ambassadeurs en parrains de cet opus alpin : Edgar Grospiron (champion olympique de ski bosses 1992) et Jean-Pierre Vidal (champion olympique de slalom 2002). La dizaine d’équipes de ce défi sportif et environnemental croulent d’ailleurs sous les breloques et autres titres nationaux, continentaux et planétaires. Et c’est bien pour protéger la Planète Bleue que ces champions sont venus s’essayer à la tyrolienne et à l’escalade sur glace, à la pirogue polynésienne et au stand-up sur lac, etc. Et surtout porter un message d’éco-responsabilité aux centaines d’enfants rencontrés à chaque étape de cet écolo-raid.

LES REPORTERS DE L’ODYSSÉESURFENT SUR L’ACTUALITÉ !L’éducation à l’environnement reste l’objectif premier de l’Odyssée. Et comme dans les Pyrénées, le Village des Initiatives Responsables a fait le plein et a été le théâtre de quiz environnementaux qui ont su devenir un moment d’échange entre athlètes et public. L’atelier de journalisme des Reporters de l’Odyssée* a également été reconduit et vous tenez entre vos mains le fruit des reportages auxquels trois collégiens ont participé. Pas d’exploits sportifs dans ces pages, mais les enjeux écologiques des milieux naturels traversés par la caravane de l’Odyssée. Et l’actualité n’est pas en reste pour nos apprentis journalistes… Fin juin, victoire : la Loi Littoral est de retour au lac d’Annecy ! Juillet, grosses chaleurs et un isotherme 0°C sous les 4 800m : début de fonte au sommet du Mont-Blanc ! Fin août, début des travaux de pompage de la poche sous-glaciaire de Tête-Rousse, afin d’éviter l’inondation de la vallée de St Gervais… On n’imagine pas tout ce qui entoure et finalement fait chaque Odyssée. Car le véritable challenge est là, aussi ardu qu’un sprint effréné à coup de pagaies enthousiastes : révéler toute la richesse et la fragilité du cadre naturel d’un rendez-vous appelé à s’essaimer…Prochaine odyssée : du 7 au 9 avril 2011 dans les Pyrénées.

ya’comwww.dufloconalavague.org

* Animation encadrée par un journaliste et soutenue par la Fondationpour l’Éducation à l’Environnement en Europe : www.f3e.org

Les vainqueurs “Eau, Neige et Glace” 2010 (maillots à damier, équipe Du Flocon à la Vague) : Alouan Ricardi (double champion de France de halfpipe), Mathieu Crépel (double champion du Monde big air et halfpipe) et Arthur Longo.

Théâtre de l’Odyssée alpine, le massif du Mt Blanc revêt des paysages féeriques lors des fontes printanières. Ici une somptueuse gouille bleue en Vallée Blanche… Ça donne envie d’y venir en toutes saisons : jump !

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Reporters de l’OdysséeÉdition Eau, Neige et Glace

Le Journal de l’Odysséedu 16 au 17 septembre 2010

04 05Édition Eau, Neige et Glace

Le Journal de l’Odysséedu 16 au 17 septembre 2010

Design & concept : ya’com

Et si le béton “fondait”, la pratique de l’escalade serait plus dangereuse.Pour Ludovic Ravanel, la glace est le ciment de l’Aiguille du Midi…

Émile Pallandre, Reporter de l’OdysséeUne légende du ski français pour grand-père (Émile Allais), un prof à l’École Nationale de Ski et d’Alpinisme pour père, une ex-skieuse pro de haut

niveau reconvertie dans la communication pour mère… Avec un tel héritage, pas étonnant que cet Houchard de 11 ans, élève de 6e au collège Roger Frison Roche à Chamonix, ait choisi d’enquêter sur l’Aiguille du Midi !

Les Reporters de l’Odyssée ont été mis en place en partenariat avec les Jeunes Reporters pour l’Environnement. Ce programme

éducatif européen permet aux enfants d’enquêter sur uneproblématique environnementale locale : www.jeunesreporters.org

L’Aiguille “piquée” pour sonderle réchauffement climatiqueAIGUILLE DU MIDI. En 100 ans, la température moyenne des Alpes a augmenté de 2°C.Et d’ici 2100, le mercure pourrait encore s’élever de 4 ou 5°C au-dessus de 1 500m !Le géomorphologue Ludovic Ravanel est le 1er scientifique français à s’être penché sur les risques d’éboulements en haute montagne liés au réchauffement climatique. À l’Aiguille du Midi, des forages ont ainsi été réalisés pour placer des capteurs de température…

Petit scoop : l’antenne de Télédiffusion De France (TDF), mise en service en 1963,(© Paul Compère).

Avec ses 3 842 m d’altitude et ses -6°C de température moyenne annuelle, l’Aiguille du Midi ne présente pas aujourd’hui de risques d’écroulement.

Petit scoop : l’antenne de Télédiffusion De France (TDF), mise en service en 1963,(© Paul Compère).

Avec ses 3 842 m d’altitude et ses -6°C de température moyenne annuelle, l’Aiguille du Midi ne présente pas aujourd’hui de risques d’écroulement.

Reporters de L’Odyssée : Pourquoi mesurer la température de la montagne en profondeur ?

Ludovic Ravanel : Pour connaître la distribution du permafrost (zone rocheuse constamment gelée) et l’évolution de sa couche active, c’est-à-dire la partie qui dégèle dès la fin du printemps. La dégradation du permafrost est un phénomène naturel. Le problème, c’est qu’elle est de plus en plus importante et donc profonde… C’est pourquoi nous avons percé, il y a un an, trois forages pour placer des capteurs de température entre 30 cm et 10 m de profondeur.

Faut-il s’inquiéter de ce recul du permafrost ?Oui car il est peut être à l’origine d’écroulements (éboulements de plus de 100 m3). La montagne est constituée d’un assemblage d’énormes blocs rocheux liés entre eux par de la glace. Et quand la température des parois rocheuses augmente en profondeur, cette glace qui joue le rôle de ciment redevient de l’eau…

Quel est le risque ?Il y a un risque direct si une personne se retrouve sous le décrochement rocheux. Mais aussi indirect si cet écroulement se transforme en avalanche puis en lave torrentielle jusque dans la vallée (“effets en cascade”).

Ça s’est déjà produit ici ?Non, l’Aiguille du Midi bénéficie d’une température de -6°C (moyenne annuelle 2009) qui limite ces phénomènes. Mais lors de pointes caniculaires, l’occurrence est accrue. Comme l’été 2003, où la couche active a doublé (passant de 4 à 8m) occasionnant 182 éboulements sur l’ensemble du massif du Mt Blanc. Et 5 ans plus tard, nous n’en recensions que 22… Aucune victime heureusement. Par contre, des voies d’escalade sont devenues plus dangereuses.

Qu’avez-vous appris de vos forages ?Nous commençons juste à traiter les mesures enregistrées par les capteurs. Mais on peut d’ores et déjà préciser les facteurs de survenue : plutôt entre 3 400 et 3 600 m d’altitude et avec une température de 0 à -3°C. La période de l’année la plus sensible reste novembre : si la surface rocheuse est de nouveau gelée, la chaleur emmagasinée continue de se propager dans la masse rocheuse par conduction. Ces indications sont bien sûr à affiner et ne suffiront pas à elles seules à prévenir un écroulement : la topographie et la géologie entrent aussi en jeu !

Et si le béton “fondait”, la pratique de l’escalade serait plus dangereuse.Pour Ludovic Ravanel, la glace est le ciment de l’Aiguille du Midi…

niveau reconvertie dans la communication pour mère…

au collège Roger Frison Roche à Chamonix, ait choisi d’enquêter sur l’Aiguille du Midi !

Les Reporters de l’Odyssée ont été mis en place en partenariat avec les Jeunes Reporters pour l’Environnement. Ce programme

éducatif européen permet aux enfants d’enquêter sur uneproblématique environnementale locale : www.jeunesreporters.or

« LA DÉGRADATION DU PERMAFROST EST NATURELLE.LE PROBLÈME, C’EST QU’ELLE EST DE PLUS EN PLUS PROFONDE ! »

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Pour Luc Moreau, pas de poches d’eau dangereuses pour Chamonix.

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Pour Luc Moreau, pas de poches d’eau dangereuses pour Chamonix.

Quand la Merse retire…FONTE DES GLACIERS. Ni la Mer de Glace ni le glacier des Bossons n’y échappe.Question subsidiaire : faut-il craindre une rupture de poche d’eau sous-glaciaire ?

Interview réalisée par Émile Pallandre

Si notre planète a déjà connu des phases de réchauffement (aucun glacier il y a 400 000 ans !), celle que nous

connaissons aujourd’hui est accélérée de façon exponentielle par l’effet de serre additionnel engendré par l’Homme. Les glaciers, véritables baromètres climatiques, en sont les premières victimes. Leur fonte n’est pas sans risques : déstabilisation des zones rocheuses émergées (coulées de boue, éboulements, couloirs d’avalanches), inondations et sècheresses, modification de la qualité de l’eau des rivières… Plus grand glacier de France métropolitaine (7 km de longueur et 40 km2 de superficie), la Mer de Glace –située sur la face nord du massif du Mt Blanc- s’est raccourcie de 2,5 km depuis 1830. Et “l’évaporation” s’intensifie : -30 m par an depuis 2003 ! Même rythme alarmant pour le glacier voisin des Bossons : -900 m depuis le début des 80’s !Outre les possibles conséquences énumérées précédemment, une inquiétude plane sur la vallée, actualité du glacier de la Tête-Rousse oblige… Luc Moreau, glaciologue à Chamonix, la dissipe.

07 Édition Eau, Neige et Glace

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Reporters de L’Odyssée : En 1892, la rupture d’une poche d’eau au glacier de Tête-Rousse a causé

la mort de 175 personnes. Cette catastrophepeut-elle se reproduire ?Luc Moreau : Oui, d’ailleurs des pompes sont en train de vider les 65 000 m3 (l’équivalent de 20 piscines olympiques !) d’une poche d’eau sous-glaciaire, toujours à Tête-Rousse.En 1892, la poche d’eau était intraglaciaire et avait un volume trois fois plus important. En se rompant, elle avait formé une lave torrentielle (sable, roche, boue, arbres) qui avait tout dévasté sur son passage, à la vitesse de 14 m/s… Le bilan humain serait pourtant aujourd’hui bien plus lourd car la population (à l’année et touristique) de la vallée de St Gervais s’est considérablement développée. Il fallait donc prendre les devants.

Comment détecter une poche d’eau !Une poche d’eau est invisible de l’extérieur. La 2e poche d’eau de Tête-Rousse a ainsi été découverte grâce aux travaux de maintenance des galeries de drainage qui avaient été creusées suite à la catastrophe. L’unique moyen de détection serait de… scanner les glaciers ! Techniquement difficile (la mesure aux résonancesmagnétiques ne se fait que sur terrain plat), financièrement

improbable, sans compter le temps que ça prendrait !

Les poches sont une menace pour la vallée de Chamonix ?Non, les petites poches du glacier des Bossons ne pourraient même pas détruire une maison. Ce glacier est plus vertical (rapide), sa topographie sous-glaciaire ne retient pas l’eau. Pas plus que ceux de la Mer de Glace. Le glacier de Tête-Rousse est plat (lent) et sa configuration est tout autre. L’eau de pluie et des fontes y est retenue dans une cuvette bouchée par un barrage naturel complètement étanche : une langue de glace à -2°C !

Le réchauffement climatique agit-il sur ces poches ?Oui. À Tête-Rousse, cette langue de glace ne serait pas si froide et donc hermétique si le manteau neigeux –isolant naturel- n’avait pas autant diminué. Plus généralement, les glaciers fondent plus vite et sont donc moins épais. La rupture du front glaciaire devient ainsi plus fréquente, mais le volume d’eau libéré diminue aussi… Moins d’intensité, mais plus de fréquence : un mal pour un bien ?

+ d’infos sur ce glaciologue : www.moreauluc.com

La Compagnie du Mont-Blanc, qui gère les domaines skiables de Chamonix et des sites d’excursions comme

l’Aiguille du Midi, fait partie des toutes premières stations françaises à avoir obtenu, en 2007, la certification de la norme ISO 14001. Transports en commun gratuits, économies d’énergie, panneaux solaires, toilettes sèches, nettoyages de montagne, tri sélectif, forfait électronique rechargeable, maintien de l’agriculture locale, sensibilisation du personnel… Sans oublier une étude d’impact environnemental obligatoirepour tout nouvel aménagement. Et justement, un projet surl’Aiguille du Midi est actuellement en étude de faisabilité. Fabienne Martinez, responsable communication à la Compagnie du Mont-Blanc : « L’idée est de faire de l’Aiguille du Midi un symbole. Montrer aux générations futures que l’on peut se développer tout en préservant la Nature. Aujourd’hui, le panorama ne suffit plus aux plus jeunes, il faut les rendre actifs pour les intéresser et justement les éduquer à la fragilité du milieu et la nécessité de le protéger. Un musée interactif en 3D, un jardin du futur avec des bulles présentant des fleurs locales… L’ensemble devra s’intégrer au paysage, utiliser des énergies propres, le tri et la valorisation des déchets, etc. Pas question de faire de l’Aiguille du Midi un parc d’attraction de la montagne ! »

> Projet à suivre sur : www.compagniedumontblanc.com

Les futurs aménagements devraient davantage s’intégrer au paysage.

L’Aiguille du Midià l’heure écologique ?À VENIR. Un projet de réaménagement etd’animation de l’ensemble du site (départ, plan et sommet) est à l’étude. Avec la volonté de l’inscrire dans le respect de son environnement.

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La célèbre Mer de Glace perd chaque année 30 m de longueur. En cause, le réchauffement climatique auquel l’Homme n’est pas étranger…

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Reporters de l’OdysséeÉdition Eau, Neige et Glace Édition Eau, Neige et Glace

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Le coût des travaux est compensé par la vente des graviers extraits.

Le Journal de l’Odysséedu 16 au 17 septembre 2010

Le Journal de l’Odysséedu 16 au 17 septembre 2010

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L’Arve,torrent glaciaireen convalescenceRÉHABILITATION. Trop de matériaux en amont et pas assez en aval, des crues torrentielles parfois dévastatrices…La cohabitation de l’Arve et de l’Hommea de tout temps été source de conflit.Qui y remédie et comment ? Réponsesavec Yves Tissot, vice-président du SM3Aet Éric Fournier, maire de Chamonix....

Angeline Le Mercier, Reporter de l’OdysséePlus tard, Angeline se verrait bien critique de mode, de

cinéma ou de gastronomie, de tout en fait ! Passionnée de lettres et de langues, cette élève de 3e (collège

Frison Roche, Chamonix) a pu vérifier ses aspirations professionnelles en participant aux Reporters de l’Odyssée. Une animation mise en place en partenariat avec les Jeunes Reporters pour l’Environnement.

Ce programme éducatif européen permet aux enfants d’enquêter sur une problématique environnementale locale, en se transformant

en journalistes en herbe : www.jeunesreporters.orgPlus d’infos sur l’Odyssée : www.dufloconalavague.orgde lettres et de langues, cette élève de 3

CURER OU SE FAIRE INONDER

Le curage permet d’éviter les inondations (ici celles historiques de 96).Le curage permet d’éviter les inondations (ici celles historiques de 96).Le coût des travaux est compensé par la vente des graviers extraits.

Reporters de L’Odyssée : Quelles sont les singularités de l’Arve ?

Yves Tissot : L’Arve est le principal cours d’eau de Haute-Savoie (110 km). Il prend sa source dans le massif du Mont Blanc (col de Balme) et se jette dans le Rhône (côté suisse), en aval immédiat du lac Léman. Son régime de crue est de type torrentiel.

À quoi sont dues ces crues torrentielles ?Éric Fournier : Aux orages estivaux, mais aussi au réchauffement climatique. Les glaciers fondent et ne jouent plus complètement leur rôle de buvard, qui permettait une restitution progressive des précipitations. Il pleut de plus en plus haut, le “buvard” est de plus en plus petit, et le débit explose ! Par ailleurs, les moraines ne sont plus gelées et libèrent des rochers entraînés par l’Arve jusque dans la vallée. Ces matériaux s’accumulent au fond du torrent, entraînant une élévation de son lit et

donc des inondations lors des crues… Celles historiques de 1996 n’ont heureusement pas fait de victime, mais elles ont occasionné plusieurs millions d’euros de dégâts, avec 1 m d’eau en centre-ville !

Comment éviter ces inondations ?Yves Tissot : Par des campagnes de curage, que le SM3A organise régulièrement. Le but est d’extraire les matériaux du torrent par des tractopelles, en respectant les cotes

du fond du lit déterminées par des hydrauliciens. Ces graviers sont ensuite en partie vendus (entreprises du bâtiment) pour compenser le coût de l’opération. Une autre partie peut être conservée par le SM3A pour être restituée à l’Arve sur des secteurs déficitaires.Éric Fournier : Sur Chamonix, cette opération a eu lieu au printemps 2010. Sur 3,5 km, l’extraction de 25 000 m3 de matériaux a permis d’abaisser le profil de la rivière entre 50 et 80 cm. Et ainsi d’éviter des débordements, notamment au quai des Moulins, lors des crues des 27 et 28 août derniers.

Trop de matériaux en amont et pas assez en aval : pourquoi ?Yves Tissot : Dès la fin du XIXe, l’Arve a fourni la matière première pour les constructions de la vallée. Entre 1950 et 1983, jusqu’à 15 millions de m3 de graviers ont été prélevés… À Passy, le lit s’est retrouvé plus profond de 12 m ! Cesextractions abusives ont cessé depuis leur interdiction dans les 80’s. Mais, le barrage des Houches (1er producteur d’électricité de Haute-Savoie) retient aujourd’hui, selon les crues, environ 80% de ces matériaux. Et les 20% restants sont insuffisants pour approvisionner le bas de la vallée. On peut alors transporter des graviers depuis l’amont : 15 à 20% des curages de Chamonix ont ainsi été acheminés par camions jusqu’à Passy, afin d’être réinjectés dans l’Arve en aval du barrage de l’Abbaye.

La SM3A multiplie les aménagements en aval de barrage, afin de favoriser le dépôt de matériaux. Ici des seuils.

D’autres procédés pour stabiliser l’Arve ?Des plages de dépôt en amont pour stocker le surplus de matériaux. Des seuils de stabilisation et de relèvement, enrochements disposés en travers de la rivière pour fixer le fond du lit, permettre le dépôt des cailloux et ainsi lutter contre l’abaissement de la rivière. Des zones inondables pour que l’Arve puisse élargir son lit et divaguer de nouveau (extractions et remblais massifs l’ont “chenalisée” à 75%). Ces zones de respiration réduisent son débit et facilitent le dépôt de matériaux par sédimentation. Pour lutter contre l’érosion, des digues, épis ou terrasses submersibles sont également mis en place. Enfin, des passages moins pentus sont aménagés, comme sur Scionzier ou Arenthon, afin de favoriser le déplacement des poissons et donc leur reproduction.

Outre ces travaux hydrauliques, le SM3A s’est attaqué à la pollution chimique de l’Arve. Un autre défi et un sujet à part entière, que nous aborderons lors de l’Odyssée 2011 !Avec plaisir ! D’autant que l’opération collective “Arve Pure 2012” porte déjà ses fruits, avec une amélioration constante de la qualité de l’eau (paramètres métalliques) depuis 2007.

Le SM3A, c’est quoi ?Le Syndicat Mixted’Aménagement de l’Arve et de ses Abords a été créé en 1994 par Michel Meylan, maire de Bonneville, afin d’harmoniseret de mutualiser la gestion du torrent glaciaire. Réunissant 40 communes de Chamonix à Annemasse, le SM3A estaujourd’hui présidé par Martial Saddier, député-maire de Bonneville. Dans le cadre du Contrat Rivière (1995-2009),ce syndicat mixte a mobilisépas moins de 137 millions (€)pour la réhabilitation de la rivière haute-savoyarde.

> Web :http://riviere-arve.org

La fonte des glaciers dérègle les régimes hydrauliques des cours d’eau.

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Reporters de l’Odyssée

Le Journal de l’Odysséedu 16 au 17 septembre 2010

Le Journal de l’Odysséedu 16 au 17 septembre 2010

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Construit bien avant la Loi Littoral de 1986, l’Impérial Palace.

l’amènera peut-être à particper aux Sentinels du littoral du lac d’Annecy, une initiative du CRDP visant à intégrer le plan d’eau aux programmes des collégiens de la ville. L’occasion de continuer l’enquête en cours !

Les Reporters de l’Odyssée ont été mis en place en partenariat avec les Jeunes Reporters pour l’Environnement. Ce programme éducatif

européen permet aux enfants d’enquêter sur une problématique environnementale locale : www.jeunesreporters.org

1110 Simon Hervé, Reporter de l’OdysséePlutôt réservé de prime abord, cet élève de 6e (collège

Jean Monnet) s’est avéré un apprenti journaliste attentif et tenace en interview. L’intérêt porté au lac d’Annecy

M. Billet est aussi avocat et vice-président du Syndicat Mixte du Lac d’Annecy.

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et tenace en interview. L’intérêt porté au lac d’Annecy

Édition Eau, Neige et GlaceÉdition Eau, Neige et Glace

Reporters de l’Odyssée

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La Loi Littoral ne prendra pas le large…ANNECY. Pas de Venise des Alpes sans son lac, le plus pur d’Europe. Une qualité de l’eau à préserver, mais aussi un littoral à protéger de la pression foncière. Garde-fou des constructions abusives, la Loi Littoral a pourtant bien failli disparaître des berges du lac alpin. Explications avec Thierry Billet, maire-adjoint d’Annecy en chargede l’Environnement.

« LES ANNECIENS SE SONT MOBILISÉS POUR SAUVER LEUR PATRIMOINE ET CADRE DE VIE ! »

Reporters de L’Odyssée : Qu’est-ce que la Loi Littoral ?Thierry Billet : Elle date de 1986 et concerne les mers

et océan qui baignent les côtes françaises, mais aussi les lacs de plus de 1 000 ha (2 650 ha pour Annecy). Cette loi empêche de construire à moins de 100 m du rivage et prône la continuité urbaine (pour arrêter de “miter” l’espace). La particularité d’Annecy, c’est que la Loi Montagne s’y applique aussi (comme sur sept autres grands lacs de montagne).

En quoi consiste cette Loi Montagne ?Elle remonte aussi à 1986 et a pour but d’améliorer la vie des gens qui y travaillent et habitent. Si elle comporte des règles d’urbanisme, comme la continuité urbaine, elle sert surtout à favoriser le développement économique en montagne (agriculture).

Deux protections valent mieux qu’une ! Pourtant, laLoi Littoral a failli mettre les voiles : pourquoi ?Disons que certains auraient bien voulu que des projets immobiliers voient le jour sur le lac d’Annecy, alors que la Loi Littoral l’interdit. Et d’arguer que la superposition des deux lois posait problème et que seule la Loi Montagne, plus permissive en urbanisme, devrait s’appliquer… Or, dans pareil cas, la jurisprudence retient par principe la loi la plus contraignante. De plus, aucun litige de coexistence des deux lois n’a été rapporté.

À quand remonte cette bataille législative ?À 2005. Lors d’un projet de loi sur le développement rural, un amendement a été glissé pour que la Loi Montagne prime sur la Loi Littoral. En 2008, la Ville d’Annecy (par l’intermédiaire de son maire de l’époque Bernard Bosson) a finalement obtenu l’annulation de son décret d’application. Un sursis car un 2e amendement dit “Vial” était déposé en 2009.

Ce bras de fer s’est terminé cette année,que s’est-il passé entre temps ?Tous les amoureux du lac se sont mobilisés. À commencer par les Anneciens, soucieux de préserver leur patrimoine et cadre de vie. Des associations et organisations sont montées au créneau : Lac d’Annecy Environnement, Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature, Fédération

M. Billet est aussi avocat et vice-président du Syndicat Mixte du Lac d’Annecy.Construit bien avant la Loi Littoral de 1986, l’Impérial Palace.

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Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles… Sans oublier la Ville d’Annecy, mais aussi les députés Martial Saddier (président du Conseil National de la Montagne) et Jérôme Bignon (président du Conservatoire du Littoral). Ces derniers ont déposé à leur tour un amendement, pour annuler ceux de Vial et de 2005…

Et le vainqueur est… ?Le lac d’Annecy ! L’amendement Bignon-Saddier est passé et le retour de la Loi Littoral de 1986 pour les grands lacs a été officialisé le 29 juin dernier dans la loi “Engagement national pour l’environnement”.

Comment expliquez-vous cette victoire et le fait qu’elle n’ait pas fait de bruit ?Victoire en catimini car noyée par les lois du Grenelle Environnement. Le Grenelle ne devait pas perdre la face. Et il y avait déjà suffisamment à faire avec les OGM, les autoroutes… De plus, notre bataille était très localisée, pression foncière et grand lac de montagne ne se rencontrant qu’ici. Alors pourquoi ouvrir une nouvelle brèche et aller faire des vagues sur le lac d’Annecy ?

La Loi Littoral est de retour, mais une nouvelle directive semble en atténuer l’application…La Directive Territoriale d’Aménagement pour les Alpes du Nord présente en effet une cartographie d’application de la Loi Littoral sur le lac d’Annecy qui devrait être revue. Le principe de covisibilité doit s’appliquer et protéger

les espaces allant du rivage jusqu’à la 1re ligne de crête. De toute façon, cette DTA n’est plus opposable, elle n’a qu’une valeur indicative. Elle ne pourrait s’imposer aux élus locaux que dans le cadre exceptionnel d’un Projet d’Intérêt Général.

Ce PIG n’est donc pas une menace ?Je ne crois pas. Peronne ne prendra le risque de raviver la bataille du lac d’Annecy. Mais à nous, amoureux de ce joyau, de rester vigilants.

Faire cohabiter la perle des Alpes et l’appétit foncier de l’Homme… … Le lac d’Annecy illustre à lui seul les difficultés mais aussi les nécessités du développement durable. (© Isabelle Morisseau / Mairie d’Annecy).

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CYRILDE PINARDAmbassadrice dela glisse en 3D !Skis, casque, masque, sellette et voile de 8 à 10 m2… Voilà le matériel pour pratiquer le speed-riding. Championne de France en titre, Cyrilde Pinard nous en dit plus : « C’est le mix parfait entre vol et glisse, entre air et neige… Ça t’ouvre de nouvelles possibilités, comme passer des barres rocheuses improbables. Mais attention, ça va vite ! »Et l’Odyssée ? :« Expérimenter des disciplines en équipe, c’est rafraîchissant pour des pratiquants de sports individuels ! Et ça colle à l’esprit de partage de notre amour pour la Nature. »

STAFF JdOL’équipe du Journal de l’Odyssée…Directeur de publicationBernard CrépelRédacteur en chefSR / GraphisteBertrand PortratRédacteursAngeline Le Mercier, Émile Pallandre, Simon Hervé.

> Journal écrit avec Ecofont (20 % d’encre en moins à l’impression).

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Une vidéo à couper le souffle !GUILLAUME NÉRY. Avec sa vidéo Free Fall, l’apnéiste a hypnotisé plus de 6, 5 millions d’internautes ! Quand le sport devient art….

Si Guillaume descend à -115m (poids constant), il rame encore en SUP…

Tu aimes plonger dans les lacs de montagne, pourquoi ?Ça change de la mer et du seul horizon que tu vois quand tu sors de l’eau après une longue apnée. Ce moment est particulier pour un apnéiste, on est alors très réceptif. Et voir du relief, ça change et ça fait du bien ! Et j’en profite pour m’adonner à mes autres passions : la rando etl’escalade. J’ai déjà plongé dans les Alpes et les Vosges, mais aussi dans le parc national du Mercantour, en Norvège et en Afghanistan. Il faudra que je revienne à Annecy pour plonger un peu plus profond (rires).

C’est ta 1re participation à “L’Odyssée du flocon à la vague”, alors ?Super concept. En tant que sportifs de haut niveau, nous avons la chance d’être écoutés par les enfants qui vont retenir les messages et les diffuser à leur entourage. Moi, je suis dans l’élément. Donc mon témoignage, ce n’est pas que des mots. J’ai participé à Nice aux Initiatives Océanes(nettoyages de plages de Surfrider Foundation Europe), en remontant les déchets à la surface. Montrer ce qu’il y a dessous, de caché, c’est bien plus impactant que des mots !

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Comment expliques-tu le succès de ta vidéo ?Je pense que Free Fall est devenue un phénomène car on n’a pas l’habitude de voir de l’apnée sous cet angle-là. Déjà, à part Le Grand Bleu et les records qui font 10 secondes aux journaux TV, les gens n’entendent quasiment pas parler d’apnée. L’idée était de lui donner une nouvelle exposition. Et la meilleure manière pour nous, c’était d’utiliser son énorme potentiel artistique.

Raconte-nous le tournage !La réalisation a été bouclée sur 4 après-midi aux Bahamas ! Ça s’est passé en avril dernier, dans le trou d’eau de mer le plus profond du globe (202 m) : le Dean’s Blue Hole. Julie Gautier, ma copine qui est aussi apnéiste, a tourné en apnée les prises de vue subaquatique. Le but était de réunir les différents éléments que j’affectionne et que je pratique : l’eau (apnée), l’air (parachute) et la terre (escalade).Je me jette donc dans le trou comme le ferait Loïk Jean-Albert en base-jump et remonte en escaladant… telle Nina Caprez (présente sur l’Odyssée) sur sa paroi préférée ! Le tout avec You make me feel (Archive) en BO. Montage maison, diffusion sur Facebook et… carton inespéré ! Les gens n’arrêtent pas de nous en parler et on a déjà rebondi avec une participation “immergée” au dernier clip de Raphaël (Bar de l’Hôtel).

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