01/05 28/05 2013

21
ISSN 0299 - 0342 CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS N°312 • mai 2013 DÉSIR... DÉSIRS 20 e Festival du 11 au 25 mai voir page 5 avec un village d’associations

Upload: association-des-cinemas-de-louest-pour-la-recherche

Post on 30-Mar-2016

233 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

Tours • Studio

TRANSCRIPT

Page 1: 01/05 28/05 2013

ISSN

029

9 - 03

42

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURSN°312 • mai 2013

DÉSIR... DÉSIRS20e Festival

du 11 au 25 maivoir page 5

avec un village d’associations

Page 2: 01/05 28/05 2013

4

Qu’on se le dise : Le 1er Juin 2013verra la 29e édition de la Nuit desStudio, immanquable événementcinéphilo-festif tourangeau ! Pour ceuxet celles qui n’en connaîtraient pas leprincipe, c’est très simple : de18 heures à l’aube, nous vous propo-sons 5 séances pour un prix unique, 5séances pendant lesquelles vouspourrez faire votre choix parmi dix-sept (17) films !

Au menu cinéma ? La Féline (J.Tourneur), Suspiria (D. Argento),Victor Victoria (B. Edwards),Psychose (A. Hitchcock), L’Hommequi rétrécit (J. Arnold), Valse avecBachir (A. Folman), Péril en lademeure (M. Deville), Fargo (J. et E.Coen), Volver (P. Almodovar),L’Argent de la vieille (L. Comencini),Amarcord (F. Fellini), Dans ses yeux(J. J. Campanella), Butch Cassidy etle Kid (G. R. Hill), La Flèche brisée (D.Daves), Zélig (W. Allen), La Loi dusilence (A. Hitchcock), Seven (D.Fincher).

Du fantastique classique, du fantas-tique presque gore, du polar saignant,du polar émouvant, de la comédie,de la comédie très grinçante, dudrame, du western… On vous l’avaitdit : il y en aura pour tous les goûts !Pour les blasés et les habitués : il yaura aussi du nouveau : un stand dejeu en ligne vous permettant de tester

votre (re)connaissance cinéphilique.Rien à gagner, mais l’assurance de bienrire !

Toute une nuit, ça fait un peu long,non ? Peut-être… mais les associa-tions qui travaillent toute l’année encollaboration avec le CNP sont là pourvous restaurer, vous abreuver, vousoffrir la possibilité de discuter. Il y enaura pour tout le monde et pour tousles goûts. Et, que l’on se rassure, nousne retenons personne prisonnier, sivous souhaitez partir avant la fin, vousle pouvez !

Et concrètement : Nous vous ledisions plus haut : 5 séances(18 heures, 20h30, 23h15, 1h30 et3h45), toutes accessibles par un pass(pas de vente de séances à l’unité).Les pass (13 euros pour les abonnéset 19 pour les non-abonnés, soit enbaisse – oui ! en baisse – par rapportà l’année passée) seront en vente àl’accueil des Studio dès le 15 mai, cequi est une bonne chose pour éviterla cohue du samedi et être sûr d’avoirune place (il n’y en a que 1 000).Rappelons ici que des cartes d’abon-nement été seront mises en vente à lamême date aux prix de 9.5 €, 6.5€ et3.5€. On voit par là que l’achat d’unecarte été permet de considérable-ment réduire le coût d’entrée à laNuit…

Pour l’équipe de la Nuit, ER

Horaires d’ouverture :

lundi : de 14h00 à 19h00mercredi : de 14h00 à 17h00

jeudi : de 14h00 à 17h00vendredi : de 14h00 à 19h00samedi : de 14h30 à 17h00La bibliothèque est fermée

les mardis, dimanches et les vacances scolaires.

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €.ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat,

Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte,avec la participation de la commission Jeune Public.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet.ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

Festival Désir… Désirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Partenariat Cinémathèque/StudioHommage à Josef von Sternberg. . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Aucard de Tours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

L E S F I L M S D E A à Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

À propos deNo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

Compte-renduFestival de cinéma asiatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

Courts lettragesÀ la merveille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

Compte-renduTable ronde du 5 mars, aux studio . . . . . . . . . . . . 24

Pages et imagesGoodbye Morocco/Les Chevaux de Dieu . . . . 27

À proposDjango Unchained . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

Compte-renduRencontre de la Bibliothèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

Vos critiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

Jeune Public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

FILM DU MOIS : MUD SUR LES RIVES DU MISSISSIPI . . . . . . . . . 36

GRILLE PROGRAMME . . . . . . . . . . . . . . . pages centrales

La cafétéria des Studiogérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

accueille les abonnés des Studiotous les jours de 16h00 à 21h45sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

Site : www.studiocine.comet un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO

S O M M A I R Emai 2013

éditorial

Les STUDIO sont membresde ces associations professionnelles :

EUROPAREGROUPEMENTDES SALLES POURLA PROMOTIONDU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAEASSOCIATIONFRANÇAISEDES CINÉMASD’ART ET ESSAI

ACORASSOCIATIONDES CINÉMAS DE L’OUESTPOUR LA RECHERCHE

(Membre co-fondateur)

GNCRGROUPEMENTNATIONALDES CINÉMASDE RECHERCHE

ACCASSOCIATIONDES CINÉMAS DU CENTRE(Membre co-fondateur)

Pour les 50 ans des Studio, le parrain de la cérémonie, le réalisateur Bertrand Tavernier, a fait deux très beaux discours.Hélas, la salle n'était pas assez grande pour accueillir tous les spectateurs qui le souhaitaient.Vous trouverez ci-dessous deux liens qui vous permettront d'entendre (ou de réentendre) les réflexions de ce grandami des cinémas Studio.

http://www.youtube.com/watch?v=To4a2EL4hvc

et http://www.youtube.com/watch?v=LixaLpLiAjQ

Page 3: 01/05 28/05 2013

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. www.studiocine.com

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

du 29 mai au 4 juin 2013 du 1er au 7 mai 2013

Le film imprévuwww.studiocine.com

SEMAINE 1SEMAINE 5

LES AVENTURESDE MIRIAMde divers réalisateurs

LES CROODSde Chris Sanders

FestivalCourts d’écoles

Séance gratuiteouverte à tous

Concert cocktailLA GUERRE DES ROBOTSBandes annonces

L’ESPRIT DE 45de Ken Loach

GATSBY LEMAGNIFIQUEde Baz Luhrmann

TRANCEde Danny Boyle

LE PASSÉde Asghar Farhadi

48’ sans paroles

1h32’ VF

1h34’

2h22’

1h40’

2h10’

dimanche18h0019h3021h45

17h00

21h30

mardi18h00

19h15

mercredivendredidimanche17h45

mer-samdimanche14h15mer-dim16h00

17h45

17h15

21h30

Le film imprévuwww.studiocine.com

SAMEDI 1 JUIN : 29e NUIT DU CINÉMA17 films de 18h à l’aube !

Seules les séances de 14h15/30 sont maintenues.Les suivantes sont remplacées par la programmation spéciale de la Nuit des Studio.

Pass en vente à l’accueil à partir du 15 mai : abonnés 13 €: non-abonné : 19 €

mer-samdimanche14h15mer-samdimanche16h15

LE PETIT ROIet autres contesde divers réalisateurs

41’ VF

17h30

21h30

HANNAH ARENDTde Margarethe von Trotta

1h53’

17h00

21h45

THE LANDOF HOPEde Sion Sono

2h13’

17h30

21h45

PROMISED LANDde Gus Van Sant

1h46’

14h3019h45+

mer-sam-dim16h00+

jeu-lun17h30

ENTRÉEDU PERSONNEL

de Manuela Frésil

59’ + court métrage 15’

17h30sauf

jeudi-lundi

LE MONDEFANTASTIQUE D’OZde Sam Raimi

2h07’ VF + VO

21h30DERRIÈRELA COLLINEde Emin Alper

1h34’

Le film imprévuwww.studiocine.com

SHANGHAI GESTUREL’IMPÉRATRICE ROUGEAGENT X 27

L’ÉCUME DES JOURSde Michel Gondry

MUD,SUR LES RIVESDU MISSISSIPIde Jeff Nichols

STOKERde Park Chan-Wook

THE GRANDMASTERde Wong Kar-Wai

LE CŒURA SES RAISONS

de Rama Burshtein

14h1517h1519h1521h15

14h30

19h45

14h30

19h30

14h1519h1521h30

lundi19h30mardi19h3021h15

CNPjeudi20h00

2h02’

2h09’

2h02’

1h30’

14h1517h0019h30

C I N É M A T H È Q U EPARTENARIAT CINÉMATHÈQUE/STUDIO-HOMMAGE À JOSEPH VON STERNBERG

1h34’

1h44’ 1h30’

1h40’

Débat animé par Anne Nerdrumet Daria Dvizina

QUI A TUÉ NATACHA ?de Mylène Sauloy

(Voir page 8)

Dimanche : VO

DOCUMENTAIRE suivi d’un DÉBAT

MONSIEUR VERDOUXde Charles Chaplin

ONLY GODFORGIVES

de Nicolas Winding Refn

EFFETSSECONDAIRESde Steven Soderbergh

L’ATTENTATde Ziad Doueiri

LA PORTEDU PARADISde Michael Cimino

SHOKUZAI,CELLES QUI VOULAIENT SE SOUVENIR

de Kiyoshi Kurosawa

LA DERNIÈRE FOISQUE J’AI VU MACAO

Joao Pedro Rodrigues et Joao Rui Guerra da Mata

14h1519h30

14h0019h30

14h1517h1521h15

14h1519h30

vendredi19h30

lundi19h30

14h3019h15

14h3019h45

CNPjeudi20h00

1h30’

1h46’

1h45’

3h36’

1h59’

1h25’

ALATAde Michael Meyer

21h301h36’

AVANT PREMIÈRE et rencontre avecMarion Vernoux, la réalisatrice,

et Fanny Ardant après la séance.

LES BEAUX JOURSde Marion Vernoux

C I N É M A T H È Q U E

2h04’

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

1h33’

DÉSIR…DÉSIRS

3D

Page 4: 01/05 28/05 2013

Films pouvant intéresser les 12-17 ans, (les parents restant juges) au même titre que les adultes.Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).www.studiocine.com

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

du 8 au 14 mai 2013SEMAINE 2

du 15 au 21 mai 2013SEMAINE 3

du 22 au 28 mai 2013SEMAINE 4

Le film imprévuwww.studiocine.com

lundi19h30

JE NE VOUDRAIS PAS ÊTRE UN HOMMEde Ernst Lubitsch

DOCTEUR JEKYLL ET SISTER HYDEde Roy Ward Baker

41’

14h1517h1521h30

MUD,sur les rives du Mississipide Jeff Nichols

2h09’

14h1517h1519h1521h15

TRANCEde Danny Boyle

1h40’

14h1517h1521h45

STOKERde Park Chan-Wook

1h40’

14h30

19h45

ENFANCECLANDESTINEde Benjamin Avila

1h50’

14h30

19h30

POSTTENEBRAS LUXde Carlos Reygadas

1h54’

14h30

19h30

UNE VIESIMPLEde Ann Hui

1h58’

CNPjeudi19h45

lundi19h30

14h3017h4519h4521h45

ONLY GODFORGIVES

de Nicolas Winding Refn

1h30’

14h1517h0019h30

GATSBY LEMAGNIFIQUEde Baz Luhrmann

2h22’

14h1519h30

JAPPELOUPde Christian Duguay

2h10

14h1517h0019h30

LE PASSÉde Asghar Farhadi

2h10’

14h3019h15

EL PREMIOde Paula Markovitch

1h44

14h3019h15

ALATAde Michael Meyer

1h36’ + court métrage 6’

LES AS DELA JUNGLE

de David Alaux & Éric Tosti

55’

LES CROODSde Chris Sanders

1h32’ VF

MUD,sur les rivesdu Mississipide Jeff Nichols

2h09’

TRANCEde Danny Boyle

1h40’

STOKERde Park Chan-Wook

1h40’

SONGFOR MARIONde Paul Andrew Williams

1h33’

L’ESPRITDE 45

de Ken Loach

1h34

samedidimanche16h15

sam-dim14h15+

17h15sauf merjeu-lun

21h15

17h30

22h00

21h45

17h15

21h15

21h45

C I N É M A T H È Q U E

1h37’

21h45 HANNAH ARENDT

de Margarethe von Trotta

1h53’

Débat animé par les associations

LES ÉCLATSde Sylvain George

Soirée présentée parDonatien Mazany

LE VOLEURde Louis Malle2h

C I N É M A T H È Q U E

CNPjeudi20h00

lundi19h30

1h15’

14h1517h1519h15

TRANCEde Danny Boyle

1h40’

14h1517h3020h30

GATSBY LEMAGNIFIQUE

de Baz Luhrmann

2h22’

14h1517h0019h3021h45

LE PASSÉde Asghar Farhadi

2h10’

14h30

19h30

SONGFOR MARIONde Paul Andrew Williams

1h33’

14h30

19h45STOKER

de Park Chan-Wook

1h40’

17h30sauf

sam-dim

LE CŒUR A SES RAISONSde Rama Burshtein

1h30’

Le film imprévuwww.studiocine.com

Débat avec Patrick Cardon

VITOde Jeffrey Schwarz

DÉSIRDÉSIRS

voir page 5

Festival

à partir de vendredi

LES CROODSde Chris Sanders

1h32’ VF

LE PETIT ROIet autres contesde divers réalisateurs

41’ VF

LES AS DELA JUNGLE

de David Alaux & Éric Tosti

55’

TOMBOYde Céline Sciamma

1h25’

UNE VIESIMPLEde Ann Hui

1h58’

POSTTENEBRAS LUXde Carlos Reygadas

1h54’

L’ÉCUMEDES JOURSde Michel Gondry

2h02’

MUD,sur les rives du Mississipide Jeff Nichols

2h09’

ENFANCECLANDESTINEde Benjamin Avila

1h50’

mercredisamedidimanchelundi14h15mercredisamedidimanchelundi16h15

dimanche10h3011h00

17h00

21h45

14h15sauf dim

19h1521h30

17h1521h15

21h30+ jeudi14h15

CINÉ P’TIT DÉJ’

mer-samdim-lundi16h15+

17h30

Soirée présentée par Donatien Mazany

PICKPOCKETde Robert Bresson

C I N É M A T H È Q U E

samedi 14h15

3D

DÉSIR…DÉSIRS

LE PETIT ROIet autres contesde divers réalisateurs

41’ VF

JACKLE CHASSEURDE GÉANTS

de Bryan Singer

1h50’ VF

1h

ENTRÉEDU PERSONNELde Manuela Frésil

59’

L’ÉCUMEDES JOURSde Michel Gondry

2h02’

THEGRANDMASTERde Wong Kar-Wai

2h02’

PROMISED LAND

de Gus Van Sant

1h46’

LE CŒUR A SES RAISONSde Rama Burshtein

1h30’ + court métrage 7’

Le film imprévuwww.studiocine.com

16h15sauflundimardi

14h15sauflun-mar

17h15sauf lun

dimanche

17h30

16h00sauflundimardi

17h00

19h15

19h30

21h45

17h30

21h30

AVANT PREMIÈRE. Rencontreavec le réalisateur etBambi après la séance

BAMBIde Sébastien Lifshitz

voir page 5

3D

DÉSIR…DÉSIRS

DÉSIR…DÉSIRS

DÉSIR…DÉSIRS

DÉSIR…DÉSIRS

Page 5: 01/05 28/05 2013

5Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 20134

Le CNP, Amnesty International et le CEMEA* 37proposent :

Défenseurs des droits humainsen Russie : une activité à risque

Depuis 2012, Vladimir Poutine fait subir au peuplerusse les pires répressions depuis la chute de l’Unionsoviétique, répondant à la colère des citoyens mobi-lisés contre l’injustice sociale, la corruption et les vio-lences policières, par des arrestations abusives etdes procès inéquitables. Dans ce climat de violencepermanent, le travail des défenseurs des droitshumains se heurte à un pouvoir qui use impunémentde la menace, de la torture, voire de l’assassinat, etmultiplie les entraves aux libertés fondamentales.

Après la projection de Qui a tué Natacha ? FILMde Mylène Sauloy, 2010, consacré à l’assassinat deNatalia Estemirova. Un DEBAT sera animé par AnneNerdrum (Amnesty International) et Daria Dvizina(membre du CEMEA et originaire de Russie).*CEMEA : Centre d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation Active

Dans le cadre du Festival Désir … Désirs,Le CNP, le Centre Lesbien Gay Bi Trans, la Ligue des Droits del’Homme et le Mouvement Français pour le Planning Familial

présentent :

Homos, Bis, Trans :militants d’hier et d’aujourd’hui

Avec le FILM : Vito de Jeffrey Schwarz (États-Unis,2011) on plonge dans la vie de Vito Russo, un desactivistes les plus marquants de l’histoire américaine,qui nous renvoie à la question essentielle de l’égalité,laquelle passe par la reconnaissance de la diffé-rence. Il fut à la fois critique cinématographique, scé-nariste et militant de la première heure jusqu’à samort en 1990.

Le DÉBAT s’articulera autour de deux thèmes :• L’histoire et les perspectives militantes,• Les avancées juridiques et sanitaires depuis 30 ans.Nous accueillerons Patrick Cardon, chercheur,diplômé de sciences politiques et créateur du fes-tival Question de Genre, à Lille.

jeudi 2 mai - 20h00

jeudi 16 mai - 20h00

Le CNP, la Cimade, la LDH, RESF et Chrétiens-Migrants propo-sent :

Régularisation des sans-papiers,un an après…

Partir c’est toujours mourir un peu. Fuir la faim, la pau-vreté, l’apartheid, le travail forcé, la guerre, la montéedes eaux, c’est survivre. L’exil, chacun de nous lecomprend intimement comme étant à la fois undéchirement et un espoir pour tout être humain. Mais le social-libéralisme rejette l’immigration quisert d’exutoire commode à sa politique écono-mique, nationale et populiste. Ni frontières, ni règlespour les capitaux accumulés sur l’exploitation deshommes, des femmes et des enfants à travers lemonde, mais des paradis fiscaux pour planquer lesrichesses criminelles. Des murs, des barbelés, une police aux frontièrespour les sans-papiers, alors que, dans son rapportdu 1er février 2013 remis au premier ministre, leconseiller d’État Thierry Tuot propose de régulariserles « sans-papiers inexpulsables », Manuel Valsdéclare qu’il s’y refuse. Ce rapport sera-t-il enterré ? Résister ? Agir, mais comment ?FILM : Les Éclats de Sylvain George, 2012.DÉBAT animé par les associations.

Le CNP et le CRIAVS* proposent :

Les mineurs auteurs de violencesexuelle et leur famille

Que ce soit dans les consultations médico-psycho-logiques ou dans le cabinet des juges, la violencesexuelle provoquée par des mineurs est de plus enplus fréquente. Cette violence vient interroger lesintervenants dans leur pratique et aussi questionnernotre société qui a bien du mal à éviter la banalisa-tion ou la dramatisation. Comment évaluer ces situa-tions ? Y a t-il des « types familiaux » prédisposants?Comment aider ces adolescents et leurs familles? Nous aborderons ces questions à partir d’un DOCU-MENTAIRE présentant le travail d’une équipe depédopsychiatrie de Franche Comté : La Délinquancesexuelle des adolescents : comment les traiter ?Participeront au DÉBAT l’équipe du CRIAVS* Centreet un juge des enfants. *Centre Ressource pour les Intervenants auprès des Auteurs de Violence Sexuelle.

jeudi 23 mai - 19h45

jeudi 30 mai - 20h00

20 ans que les cinémas Studio organisent le festivalDésir…Désirs.L’équipe du festival considère qu’il est fondamentalde mettre en lumière les théories de genre auprèsd’un large public. Nous vous proposons d’être ac-teur et de participer à la déconstruction du genreet de la pensée unique.S’il est des temps où l’on peut se laisser « divertir »,il en est d’autres où la réalité, les témoignages, lesmanifestations, nous forcent à une vigilance accrueet actualisée. Cette édition sera l’occasion de se questionner, dese diviser, de réfléchir et d’échanger, en rencon-trant des réalisateurs/réalisatrices, organisateurs/or-ganisatrices de festivals, des témoins historiques,des militantEs, des activistes, des chercheurs/cher-cheuses… Nous vous invitons à explorer des portraits tousdifférents et uniques en leur genre dans des docu-mentaires et des films issus de pays proches et loin-tains : Iran, Népal, Allemagne, Pays-Bas, Argentine,Etats-Unis, Belgique, Palestine/Israël, Canada, Suède,Grande-Bretagne…

SAMEDI 11 MAI, 21HCHAPELLE SAINTE-ANNEQueensFrance – 2012 – 1h15, de Catherine Corringer

Dans une ambiance de conte de fées sombre et onirique,« Queens » trace un chemin sinueux qui serpente entre enfanceet vieillesse, féminin et masculin, réalité et représentations, eten trouble les frontières. RENCONTRE AVEC LA RÉALISATRICE

DIMANCHE 12 MAI17h30 – Bambi France – 2013 – 1h, documentaire de Sébastien Lifshitz

Née dans la banlieue d’Alger en 1935, Bambi s’appelait Jean-Pierre. Elle quitte sa terre natale pour rejoindre le Paris desannées 50 et entamer une nouvelle vie grâce au cabaret. Elleamorce sa transformation et devient très vite une vedette dumusic-hall. RENCONTRE AVEC BAMBI ET SEBASTIEN LIFSHITZ

LUNDI 13 MAI, 19H30Voir Cinémathèque, page 15

MERCREDI 15 MAI18h30 – Discours d’ouverture du Festival

19h30 – L’Éclipse du soleil en pleine luneFrance – 1907 – 9’, de Georges Méliès

Ciné-concert, par Simon Buffaud, Quentin Police, Boris Rosen-feld, élèves du Conservatoire National de Tours RoméosAllemagne – 2013 – 1h34, de Sabine Bernardi

Lukas, 20 ans, arrive à Cologne pour effectuer un service volon-taire. Il se retrouve logé avec les filles à cause de son ancienneidentité. Grâce à sa meilleure amie, il fait la connaissance deFabio qui représente tout ce que Lukas n’est pas.

21h30 - CollagesFrance – 2011 – 1h07, de Kader Attia

Réalisé pour l’exposition Paris-Delhi-Bombay du Centre Pom-pidou, ce documentaire propose un questionnement sur lestransidentités. Pascale Ourbih, actrice et présidente du festivalChéries-Chéris, retourne sur les lieux de sa jeunesse en Algérie.Hélène Hazéra, journaliste et militante, rencontre la commu-nauté des Hijras. RENCONTRE AVEC PASCALE OURBIH

JEUDI 16 MAI14h - Conférence aux Tanneurs - Amphi CGeorges-Claude Guilbert : Gays contre Queers : plus qu’unequestion de vocabulaire

20h – Vito Voir CNP, page précédente.

VENDREDI 17 MAI14h - Conférence aux Tanneurs - Amphi CArnaud Alessandrin, Karine Espineira, Maud-Yeuse ThomasRecherches sur les transidentités autour de leur ouvrage La Tran-syclopédie

19h00 - Heure Curieuse : Michèle MurrayAu Centre Chorégraphique National de Tours(Entrée libre sur réservation 02 47 36 46 00)Extrait de la dernière création, Phoenix, avec laquelle MichèleMurray aborde à nouveau la question de l’identité de genre àpartir de la thématique d’un bestiaire moderne en imaginantdes créatures hybrides, mi-animales, mi-humaines.

20h30 : Bibliothèque des Studio, présentation Cinémaet transidentité par les auteurEs du livre La Transy-clopédie.

DÉSIRDÉSIRS

du 11 au 25 mai

Page 6: 01/05 28/05 2013

7Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 20136

21h30 - Facing MirrorsIran – 2011 – 1h42, de Negar Azarbayjani

Pour rembourser la dette de son mari emprisonné, Rana, jeunefemme plutôt traditionnelle, se risque à faire le taxi. Un jour, elleaccepte d’aider Edi à fuir un mariage forcé, sans se douter que sanouvelle amie est une transsexuelle. RENCONTRE AVEC ARNAUD ALESSANDRIN, KARINE ESPINEIRA,ET MAUD-YEUSE THOMAS

SAMEDI 18 MAi17h30 - Le Contre-exemplaireFrance – 2010 – 59’, de Gilles Blanchard

Ce documentaire nous invite à découvrir le parcours et les combatsdu dramaturge et poète Jean Genet à travers des témoignages delecteurs qui semblent sortir tout droit d’un de ses romans.RENCONTRE/DEDICACE (avec La Boîte à livres) AVEC ABDELLAHTAIA, AUTEUR QUI TEMOIGNE DANS LE DOCUMENTAIRE.

19h30 - Alata Israël/USA – 2012 – 1h36, de Michael Mayer

Nimr, jeune étudiant palestinien, aspire à un avenir radieux à l’étran-ger. Une nuit, à Tel Aviv, il rencontre Roy, fringuant avocat israélien,qui s’éprend de lui. Une belle relation débute alors. Les rêves deliberté de Nimr sont cependant bientôt mis à mal tant au sein dela communauté palestinienne qu’au sein de la société israélienne.

21h30 - Mommy is coming(Déconseillé aux moins de 16 ans)USA/Allemagne – 2012 – 1h04, de Cheryl Dunye

À Berlin, Dylan et Claudia souffrent du blues des relations mono-games. Chacune de leur côté, elles entreprennent un voyage ini-tiatique au sein d’une communauté queer délirante et sans tabou.S’ajoute la venue en ville de la mère de Dylan qui, délaissée parson mari, vient elle-même chercher l’aventure.

23H30 - Il est ici le bonheurOctroi, place ChoiseulLa performance théâtrale de la compagnie Tamm Coat transformerala place Choiseul en prétoire du peuple. La notion de citoyennetésera en effet au cœur de la pièce, où l’on entendra des textes extra-its des États généraux de 1789.

DIMANCHE 19 MAI10h30 - Sélection de courts métragesCiné p’tit déj’ - Avec CiclicI am a girl !, Atlantic avenue, Si j’étais un homme, Traumfrau,Lay Bare, Octopus, Love Affair, Jennifer and Tiffany, Argile

10h30 - Tomboy – Ciné p’tit déj’Coup de projecteur Jeune public France – 2011 – 1h24, de C. Sciamma

Laure, dix ans, préfère le football aux poupées. Arrivée dans un

nouveau quartier avec ses parents et sa petite sœur Jeanne, ellefait croire qu’elle est un garçon. Laure devient Michaël, un garçon« comme les autres »… RENCONTRE AVEC ANNE-MARIE PERNOT, SPECIALISTE DE L’EN-FANCE, QUI REPONDRA AUX QUESTIONS DES ENFANTS ET DESADULTES.

14h30 - SoongavaFrance/Népal – 2012 – 1h25, de Subarna Thapa

Diya, une jeune népalaise, encouragée par sa meilleure amie, Kiran,rêve de devenir danseuse professionnelle. Pendant ce que sesparents se consacrent à lui trouver un mari, Diya et Kiran se rap-prochent…

17h30 - Hors les mursBelgique/France/Canada – 2012 – 1h35, de David Lambert

Paulo, un jeune pianiste, rencontre Ilir, un bassiste d’origine alba-naise. Aussitôt, c’est le coup de foudre. Du jour au lendemain,Paulo quitte sa fiancée pour s’installer chez Ilir.RENCONTRE AVEC MATILA MALLIARAKIS ACTEUR DU FILM.

19h30 - Kyss MigSuède – 2011 - 1h45, d’Alexandra-Therese Keining

L’annonce des fiançailles de Lasse et Elisabeth, deux quinquagé-naires, permet à leurs filles respectives, Mia et Frida, de se rencon-trer. La première s’apprête à s’engager avec son petit ami tandisque la seconde assume son homosexualité.

21h30 - QuerelleFrance/Allemagne – 1982 – 1h48, de Rainer Werner Fassbinder

Inspiré du roman Querelle de Brest, de Jean Genet.Querelle, un jeune marin séducteur et assassin, débarque à Brestà bord du Vengeur et retrouve son frère Robert. Dans un bordelde la ville, il est attiré par Lysiane, la femme du tenancier Nono.Pour assouvir son désir, il doit s’en remettre au hasard et à une par-tie de dés… Coup de cœur du public lors du 50e anniversairedes Studio

LUNDI 20 MAI14h - Conférence à la bibliothèque des StudioElise Pereira-Nunes : Le(s) personnage(s) de Divine dans lesfilms du cinéaste américain John Waters

21h30 - Pêche, mon petit poneyFrance – 2012 – 42’50, de Thomas Riera

Le réalisateur enquête sur son petit poney en plastique rose reçu le jourde son sixième anniversaire. Il part à la recherche du moindre indice pourtenter de savoir si ce jouet lui était vraiment destiné.Thomas Riera remet en question avec finesse et intelligence la notion degenre, de norme, qui, très tôt, s’impose malgré eux aux plus petits.RENCONTRE AVEC LE REALISATEUR

MARDI 21 MAI14h - Conférence aux Tanneurs - Amphi CHélène Tison : Jeux dangereux : « Queer as Folk »

19h30 - Mia Argentine – 2011 – 1h45, de Javier Van de Couter

Ale habite dans un village appelé Village Rosa, un bidonville oùvit une communauté gay et trans. Un soir, Ale trouve un journalécrit par Mia, la mère de Julia qui est décédée et a laissé seuls lapetite et son père. Ale ressent de l’empathie pour Mia à la lecturede son journal…Ce film basé sur des événements réels d’expulsion et de destruc-tion de bidonvilles, met en évidence la marginalisation et la dis-crimination.

21h30 - Carte blanche à Antony Hickling - Courtsmétrages Depuis cinq ans, Antony Hickling réalise une série de courtsmétrages sur la thématique queer. Ses films ont tous été projetésdans de nombreux festivals et ont été récompensés de plusieursprix.

MERCREDI 22 MAI14h - Conférence aux Tanneurs - Amphi CAntoine Servel : Capitalisme et homosexualité(s): degay pride à gay shame

19h00 : Lecture / Philo à la Médiathèque François Mit-terrand : Désir ou désirS ?Dialogue inédit entre la parole philosophique et les textes portéspar la voix des comédiens. Avec Karin Romer, Bernard Pico(Centre régional dramatique de Tours) et David Lebreton (Asso-ciation des professeurs de philosophie de l’enseignementpublic).

JEUDI 23 MAI14h00 - ConférenceLa lesbienne dans les séries TV US par Émilie Marolleau

19h30 - Sélection Courts métragesÀ l’Instant CinéAvec Ciclic, entrée gratuite, réservation à l’accueil des Cinémas Studio

VENDREDI 24 MAIJournée d’étude Pop culture, Genre et glamour, dirigéepar Mónica Zapata, Mâles dominants

SAMEDI 25 MAI21h00 - Concerts au Temps MachineAfin de clôturer l’édition Unique en son genre, les 20 ans du fes-

tival et de faire la fête après la Lesbian and Gay Pride de Tours(Centre LGBT de Touraine), l’équipe du Temps Machine propose :Christine & the Queens – Rocky - Set DJ

EXPOSITIONSDu 18 mai au 7 juillet - Eternal GalerieSurvivancesRémy Yadan propose trois vidéos très différentes, semblant pour-tant dessiner une trame où luttent survivance et destin…

Du 1er mai au 15 juin - GALERIE LE JOUR ET LA NUITOuvert de 11h30 à 18h30 du mercredi au samedi, les dimanches5 mai et 2 juin et sur rendez-vous.O mia vita felice cui confido ogni mia dolce pazzia soli-tariaPeintures, dessins, estampes de Piercarlo Foddis sur le thème dudésir.

Du 15 au 31 mai – CINEMAS STUDIOPhotos inédites des affiches du festivalFrank Ternier nous laisse entrevoir quelques processus de créationdes affiches du festival depuis 2002.Fragments de rencontres10 photos - 10 histoires de Frank Ternier. Projet construit au jour lejour, le temps du festival avec prises de rendez-vous pour unesérie de clichés.

Du 7 au 31 mai – CINEMAS STUDIO - CAFETERIA AIRLa sensualité partagée dans la différencePhotos en noir et blanc de l’Association et du CATTP Louis Pergaud

Du 11 mai au 2 juin - Chapelle Sainte-AnneOuvert vendredi, samedi, dimanche de 14h00 à 20h00Unique en son genre vidéos – installations – photographies – peinturesAvec Yann Gateau, Linda Bocquel, Jean André, Christophe Lauren-tin, Slimane, Catherine Corringer

Aussi aux Cinémas StudioAffiches et table thématique à la bibliothèqueSélection d’affiches de films diffusés au cours des vingt éditionset table thématique sur des ouvrages cinématographiques.Stands de livres• JEUNE PUBLIC: Mercredi 15 mai, de 15h30 à 18h, Libr'enfant pro-pose une sélection de livres de littérature jeunesse en lien avec lefilm TOMBOY (séance du dimanche 19).• TOUT PUBLIC: Pendant le festival, le site Livresboibel proposeune sélection d’ouvrages sur le cinéma et la culture lesbienne.

DÉSIRDÉSIRS

Page 7: 01/05 28/05 2013

Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 20138 9Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013

Nimer est étudiant, palestinien et issu d’une famillemodeste. Roy est avocat, israélien et issu d’une familleaisée. Quand ils se rencontrent, c’est le coup defoudre. Mais ils se confrontent rapidement à la violencepolitique et sociale de leurs deux communautés…L’amour plus fort que tout ? Alata nous en donne saversion sans pour cela tomber dans le mélodrame àl’eau de rose, loin de là, car si le point de départ peutsembler un peu convenu, le film se démarque très vitede tout cliché. Le ton est âpre, tendu, haletant. On està la fois abasourdis et révoltés par ce que décrit le film,mais surtout emportés par cette hisatoire complexe,mouvementée et ces personnages courageux et déchi-rants. Mélange de suspense, de politique et d’amour,le programme d’Alata est détonnant. Un premier filmsuperbement réussi. JF+ COURT MÉTRAGE – semaine du 22 au 28 mai

Flamingo prideAllemagne – 2011 – 6’, animation, de Tomer Eshed.

Voir pages Jeune Public

Dans un restaurant de Tel-Aviv, une femme faitexploser une bombe qu’elle dissimule sous sa robede grossesse. Appelé sur le théâtre de cet attentat-suicide, le docteur Amine, israélien d’origine arabe,opère les nombreuses victimes. Quand on luiannonce que la kamikaze est sa propre femme, ilcommence par refuser de croire à cette accusationpuis part en Palestine pour tenter de comprendre.

AlataIsraël – 2012 – 1h36, de Michael Mayer,avec Nicholas Jacob, Michael Aloni…

Les As de la jungle

Les Aventures de Miriam

L’AttentatFrance, Belgique, Liban, Qatar – 1h45 – de Ziad Doueiri,avec Ali Suliman, Reymond Amsalem, Dvir Benedek…

Pas de sentiments exacerbés ni de révolte dans L’at-tentat (qui a obtenu l’Étoile d’or au festival de Mar-rakech), mais une interrogation cruciale tout aulong du film  : peut-on vivre et s’épanouir sans

prendre parti ?Sources : dossier de presse.

Caroline est fraîchement retraitée. Des beauxjours ? Elle n’a que ça devant elle : du temps libre etencore du temps libre. Quand elle pousse la ported’un club pour retraités dynamiques, elle ne s’ima-gine pas qu’une nouvelle vie est possible. Faut-il toutréinventer  ? Succomber aux charmes de Julien,beaucoup plus jeune qu’elle ? Ou se contenter d’êtredans l’acceptation de ce qui lui arrive ? Le thème dece joli film n’est pas tant la vieillesse que la questionde ce que l’on fait, à 60 ans, de sa vie, de son désir…et de son couple. Quant aux admirateurs de FannyArdant, ils ne seront pas déçus : étonnante en jeanet cheveux teints en blond, elle continue d’assureravec une classe folle ! SB

À 18 ans, Shira, issue d’une famille hassidiqueorthodoxe de Tel Aviv, rêve de mariage. Elle estsur le point de se marier avec un jeune homme dumême âge et du même milieu qu’elle. Lorsque sasœur aînée Esther meurt en couches, sa mere a uneidee : et si Shira epousait Yochay, le veuf de sapropre sœur ? Entre le cœur et la raison, Shiradevra choisir...

Le Cœur a ses raisonsIsraël – 2012 – 1h30, de Rama Burshtein, Yqal Bursztyn,

avec Hadas Yaron, Yiftach Klein, Renana Raz…

Les Beaux joursFrance – 2013 – 1h33, de Marion Vernoux d’après le roman Une jeune fille aux cheveux blancs,

de Fanny Chesnel, avec Fanny Ardant, Laurent Laffitte, Patrick Chesnais…

Avant première le vendredi 31 mai, à 19h45 etrencontre avec Marion Vernoux, la réalisatrice,

et Fanny Ardant après la séance.

Les films de A à Z08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

avant LeS FiLmS, danS LeS SaLLeS, au moiS de mai 2013 :• Lento de Youn Sun Nah (studio 1-2-4-5-6) • No Beginning No End de Blue Note (studio 3 et 7).

Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RCF St Martin.

Sur le site des Studio (cliquer sur : pLuS d’inFoS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverezdes présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle.

Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

w w w . s t u d i o c i n e . c o m

A

PARTENARIAT

Hommage à Josef von Sternberg

AUCARD DE TOURS – Dimanche 2 juin

Lundi 6 mai –19h30 –

Shanghai GestureUSA – 1941 – 1h39, de Joseph von Sternberg, avec Gene Tierney, Victor Mature, Ona Munson…

Et si l’Enfer du jeu ne se trouvait pas à Macao maisà Shanghai, dans l’antre de la vénéneuse Mother GinSling  ? Chez elle, joueurs invétérés, aventuriers,prostituées et égarés se croisent, jusqu’à se perdre ;comme Poppy-Gene Tierney, sublime ange, tombantdans les rets du Docteur Omar pour devenir l’ins-trument de la vengeance de Gin Sling, qui, elle aussi,aura sa place en enfer : la première. Ce chef d’œuvrebaroque aux effluves opiacés demeure à jamais fas-cinant. IG

mardi 7 maiSoirée présentée par alain Bonnet.

– 19h30 –

L’Impératrice rougeUSA – 1934 – 1h50, de Josef von Sternberg, avec Marlene Dietrich, John Lodge, Sam Jaffe…

Le projet du réalisateur est ambitieux : raconter le

parcours d’une jeune princesse prussienne, SophiaFrederica, jusqu’au trône de Russie. Elle devient alorsCatherine II, impératrice de toutes les Russies. Mar-lene Dietrich est magnifique dans son rôle de femmequi découvre son pouvoir sur les hommes, qui enuse et abuse de manière amorale et cynique, poursauver sa vie et parvenir au pouvoir absolu. Un filmculte et un chef d’œuvre. CdP

– 21h15 –

Agent X27USA – 1931 – 1h31, de Joseph Von Sternberg, avec Marlène Dietrich, Victor McLaglen...

Vienne 1915. Une jeune femme qui a sombré dansla prostitution est engagée comme espionne au ser-vice de son pays sous le matricule X27. Pour sa pre-mière mission elle doit séduire un général suspectéd’intelligence avec l’ennemi...Forme somptueuse et scènes inoubliables (la lamedu sabre utilisée comme un miroir), Agent X27 estle troisième film du tandem Von Sternberg/Dietrichet un de ceux qui a forgé le mythe Marlène. JF

Né à Vienne dans une famille juive, von Sternberg a émigré aux Etats-Unis à l’âge de sept ans. Monteur de for-mation, il manifeste dans son œuvre un sens très aigu de l’image et du cadrage. Ses films mettent en scène despersonnages en marge, souvent victimes de la société, particulièrement les femmes, dont il sait magnifier laforce morale et l’intelligence. Il a ainsi dirigé Marlène Dietrich, vamp fatale et émouvante, à qui il a offert desrôles inoubliables : par exemple dans L’Ange bleu, Shanghai Gesture ou L’Impératrice rouge. CdP

Radio Béton 93.6 présente: LA SOIREE CINEMA BISDU FESTIVAL AUCARD DE TOURS AVEC NANAR-LAND.COM, chaque séance sera précédée et sui-vie des cuts Nanarland

18h30 – GRAND GURU (one man band blues-trash-rock’n’roll de Rouen) Concert énergique et cocktail gra-tuit dans la cour des Studio.

19h30 – LA GUERRE DES ROBOTS (1986, dessin animéde Nelson Shin, USA) Ce film n’est ni plus ni moinsqu’une publicité d’1h30 pour des robots-jouets trans-formeurs qui se changent en ghetto blaster, en dino-saure, en percolateur, en maserati GT ou en canon à plu-tonium ultra-luminique pour sauver l’humanité... Ça vous

rappelle quelque chose? Le meilleur du pire de l’ani-mation US des années 80, musique, scénario, dialogues,VF... tout était déjà ringard avant même que le film nesorte! La honte d’une génération...

21h45 – (1h30) NUIT DE LA BANDE ANNONCE. Unesélection de bandes annonces des plus nanardes oudes plus incroyables, qui vous montreront l’essentiel detous ces films en une seule séance (tant il est vrai quecertains longs devraient se limiter à leur bandeannonce...) entrecoupées de films courts... Un pro-gramme unique spécial Aucard à ne pas rater!

Le PASS pour les 2 séances: 9,60€ / 7,80€ abonnés Stu-dios, en vente à partir du 20 mai.

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

B

C

Page 8: 01/05 28/05 2013

11Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 201310

Rama Burshtein fait partie d’une communauté juiveultra-orthodoxe. Avant le tournage du film, elle adû demander l’avis du rabin qui n’a pas voulu lire lescénario. C’est son mari qui a eu le soin de juger sile film était convenable. Hadas Yaron a reçu le Prixd’Interprétation Féminine à la Mostra de Venise2012. Le Cœur a ses raisons a été choisi pour repré-senter Israël à l’Oscar du Meilleur Film Étranger,nommé aux Spirits Awards comme Meilleur Pre-mier Film et Meilleur Scénario. Le film regarde, parle trou d’une serrure, un monde unique et com-plexe. Allons le découvrir !

Sources : dossier de presse.

+ COURT MÉTRAGE – semaine du 8 au 14 mai Tram

France – 2012 – 7’, animation, de Michaela Pavlatova.

Voir pages Jeune Public

João Pedro Rodrigues a une œuvre jeune mais mar-quante, après O Fantasma, Odete et Mourir commeun homme, il s’est associé avec João Rui Guerra daMata pour ce documentaire. Mais un documentairetrès particulier, dans lequel une voix off accom-pagne les images de Macao (très loin d’une visiontouristique ordinaire) et commence ainsi : « Trenteans plus tard, je me rends à Macao où je ne suis jamaisrevenu depuis mon enfance. J’ai reçu un mail à Lisbonnede Candy. Elle disait s’être encore aventurée avec lesmauvais garçons… »La Dernière fois que j’ai vu Macao est plus proche del’essai que de la narration classique mais ce n’estpas une raison pour ne pas s’y intéresser car ilmérite amplement que l’on s’y attache. Assez hyp-notique, cette errance aux images superbes est fas-cinante. JF

Au pied de collines rocheuses, Faik mène une viede fermier solitaire. Un jour, son fils vient le voiravec ses petits-enfants. Faik les met en garde contreles nomades de la région. Tandis que se déroulentles vacances, ils représentent une menace silen-cieuse et invisible.Pour son premier long métrage, Emin Alper a choisi

Derrière la collineTurquie – 2012 – 1h34, de Emin Alper, avec Tamer Levent…

La Dernière fois que j’ai vu MacaoPortugal – 2012 – 1h25, de João Pedro Rodrigues

et João Rui Guerra da Mata.

Les Croods

de tourner dans sa région d’origine, loin du mondemoderne. Son récit, entre drame, comédie noire etsuspense, distille une atmosphère angoissante dansune étonnant huit-clos à ciel ouvert où tous les fan-tasmes sont possibles. Sans musique, filmé àl’épaule, il installe, peu à peu, une tension palpableoù la violence restera hors-champ. Pour ce westernen Anatolie (Emin Alper se revendique à la fois deSergio Leone et de son compatriote Nuri Bilge Cey-lan), il a reçu la Mention spéciale (Meilleur premierfilm) à la Berlinale et les Prix du meilleur film et dumeilleur scénario au festival d’Istanbul.Sources : dossier de presse - laternamagica.fr - filmdeculte.com

Colin est charmant, riche, mais aussi idéaliste etplein d’inventivité ! Il ne lui manque que l’amour.Celui-ci va prendre la délicieuse apparence deChloé, rencontrée par l’intermédiaire de l’amiChick ! Le bonheur de Colin est alors complet !Mais c’est bien connu, l’état de grâce ne peut pasdurer : un nénuphar se développe dans un des pou-mons de Chloé et l’empêche de respirer. Colin estprêt à ruiner compte en banque et santé pour lasauver. Mais l’amour peut-il gagner le combatcontre la mort, quand les murs rétrécissent et quemême les souris grises, pour échapper à la tristesse,préfèrent se jeter dans les griffes du chat ?Quel autre réalisateur contemporain aurait pu pro-céder à l’adaptation de l’univers singulier, poétiqueet absurde du grand Boris Vian, à part ce Géo Trou-vetout de Gondry ? Et pour que cette réussite soittotale, même la distribution des rôles secondairesa été soignée : Alain Chabat, Laurent Lafitte ouOmar Sy.

Sources : dossier de presse

Jon Banks est un psychiatre ambitieux. Quand unejeune femme, Emilie, le consulte pour dépression,il lui prescrit un nouveau médicament. Mais lorsquela police la trouve couverte de sang, un couteau àla main, le cadavre de son mari à ses pieds, sansaucun souvenir de ce qui s’est passé, la réputationdu fameux docteur est compromise… Effets secon-daires est un thriller en forme de puzzle sur le

Effets secondairesUSA – 2013 – 1h46, de Steven Soderbergh,

avec Rooney Mara, Channing Tatum, Jude Law…

L’Écume des joursFrance – 2013 – 2h02, de Michel Gondry,

avec Romain Duris, Audrey Tautou, Gad Elmaleh…

thème de l’anxiété, de la dépression et sur le quiest qui. La presse américaine ne tarit pas d’éloges :« Des acteurs brillants de bout en bout », « captivant,énervant et extrêmement satisfaisant réalisé avec ruseet intégrité » (San Francisco Chronicle) ; « Sexe, men-songe et violence, un film jubilatoire. » (PhiladelphiaInquirer).

Argentine, années 70. Dans une maison totalementisolée au bord de l’océan vivent Cécilia, 7 ans, et samère. Si Cécilia n’est pas encore en mesure decomprendre le lourd secret de sa mère, elle a, parcontre, celui d’aller à l’école. Au contact des autres,elle va s’éloigner peu à peu, et, inconsciemment, semettre en danger le jour où l’armée demande auxélèves de rédiger une lettre à la gloire des mili-taires...Voilà un premier film incroyablement maîtrisé touten étant d’une grande sincérité (la part autobiogra-phique est importante). Jamais emportée par lepathos la réalisatrice s’attache à donner une formesomptueuse à son œuvre tout en parvenant à êtreprofondément touchante. Elle crée une ambianceétrange (la maison battue par le vent et lesembruns) et réaliste à la fois, parlant de la dictaturemilitaire sans jamais faire le moindre discours. Unesuperbe découverte. JF

Argentine, 1979. Juan, 12 ans, et sa famille revien-nent à Buenos Aires sous une fausse identité aprèsdes années d’exil. Les parents et l’oncle de Juanappartiennent à l’organisation Montoneros engagéedans la lutte contre la junte militaire au pouvoir.Celle-ci les traque sans répit, ce qui implique cer-taines précautions. Ainsi, Juan ne doit-il pas oublierqu’à l’école, pour ses camarades et Maria dont il estamoureux, il se prénomme Ernesto. Primé au Festival de San Sebastian 2011, Enfanceclandestine est une histoire de militantisme, de clan-destinité et d’amour. Pour ce – remarquable – pre-mier long-métrage de fiction, B. Ávila s’est inspiréde son enfance, revisitant l’histoire de la dictatureentre 1976 et 1983 à la hauteur du regard de Juan.

Sources : dossier de presse, ecranlarge.com

Enfance clandestineArgentine/Espagne/Brésil – 2011 – 1h52, de Benjamin Avila,avec Ernesto Alterio, Natalia Oreiro, César Troncoso…

El premioArgentine – 2012 – 1h38, de Paula Markovitch,avec Paula Galinelli Hertzog, Sharon Herrera…

Quelque part en Bretagne, une usine de découpeet emballage de viande. On y arrive par défaut, rare-ment par envie de passer ses journées à découperdes carcasses à la chaîne, sur un rythme qui feraitverdir le Chaplin des Temps modernes. Et mêmeceux qui ont aimé ce travail au début finissent parpeiner, ne plus tenir… Manuela Frésil est allée porter sa caméra et sonmicro dans cette usine. Et elle laisse parler (le plussouvent en voix off) les ouvriers et les ouvrières,permanents, CDD, intérimaires… Au travers deces récits de boulot transparaissent aussi desmoments d’intime. Souvent, c’est à l’usine que l’onrencontre son futur mari, sa future femme mais, detoute façon, parler de son boulot c’est aussi parlerde soi… Quand on travaille là-bas, c’est rarementdrôle, mais c’est souvent très fort. ER+ COURT MÉTRAGE – semaine du 1er au 7 mai

L’échappée belleFrance – 2009 – 15’, de François Tessier, avec François Cadot, Claire

Mathon.

Dans les années qui ont suivi la guerre, la popula-tion anglaise forte d’un sentiment de solidaritéhérité de quatre années de résistance a souhaitéconstruire une société assurant le bien-être detous. « Je voulais parler de cet «  esprit de 45 », l’annéede la victoire travailliste quand, tous ensemble, portépar, une détermination farouche, nous avons construitle Welfare State pour le bien commun. ». Le filmdébute pendant les années de guerre et montrecomment tout a basculé à partir du gouvernementThatcher. Il entremêle des extraits d’actualité etdes entretiens contemporains tournés en noir etblanc. L’idéalisme et l‘humanisme qui, traditionnel-lement, parcourent l’œuvre de Ken Loach sont icipalpables. Il montre à l’écran avec le savoir fairequ’on lui connait les peurs, les souffrances, maisaussi les espoirs et les ambitions de la working class.

Sources : dossier de presse.

L’Amérique des années 20, déferlante de fêtes, demusique, d’alcool… À New-York, Nick Carraway,apprenti écrivain, débarque du Middle West et se

L’Esprit de 45Grande-Bretagne – 2013 – 1h34, documentaire de Ken Loach

Gatsby le magnifiqueUSA – 2013 – 2h22 de Baz Luhrman,

avec Leonardo di Caprio, Carey Mulligan, Tobey Maguire…

Entrée du personnelFrance – 2011 – 59’, de Manuela Frésil

Les fiches paraphées correspondent à des films vus par le rédacteur.

G

E

D

Page 9: 01/05 28/05 2013

Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 201312 13Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013

trouve plongé dans l’univers de son voisin million-naire, Jay Gatsby. Il écrira l’histoire fascinante desriches, leurs rêves d’absolu, leurs illusions, leursamours impossibles et leurs tragédies intimes. Leréalisateur australien, (auteur de Moulin rouge,Roméo et Juliette, Australia) reprend, après Coppolaentre autres, le roman de Scott Fitzgerald et enoffre un film à gros budget, en 3D, qui fera l’ouver-ture du festival de Cannes. Nul doute que le castinget la bande son de Jay-Z emporteront l’adhésiond’un très large public.

Sources : dossier de presse.

Hannah Arendt philosophe et juive, quitte l’Alle-magne en 1933. Après la France et le Portugal, elleréussira à rejoindre les États-Unis en 1941. En 1961,elle propose au New Yorker de l’envoyer à Jérusalempour couvrir le procès d’Adolf Eichmann, respon-sable de la déportation de millions de juifs. Lesarticles qu’elle publie, le livre Eichman à Jérusalemqui suivra et sa théorie de la « banalité du mal »,déclenchent une énorme controverse, mêmeauprès des siens…Hannah Arendt met en lumière une personnalitéhors du commun dont les écrits sont parmi les plusimportants du vingtième siècle. Rappelant son par-cours (sa rencontre avec Heidegger) et sa penséede façon très abordable, on suit le film de Marga-rethe Von Trotta en étant constamment passionné.Et même, ou plutôt surtout, si on ne connaît pasencore l’œuvre essentielle de cet immense philo-sophe, il faut s’y précipiter. JF

Voir pages Jeune Public

Au début des années 80, abandonnant une carrièred’avocat prometteuse, Pierre Durand se consacrecorps et âme à sa passion, le saut d’obstacle. Sou-tenu par son père, il mise tout sur un jeune chevalauquel personne ne croit vraiment : Jappeloup. Il ade nombreux défauts mais des aptitudes remar-quables. De compétition en compétition, le duoprogresse et s’impose dans le monde de l’équita-tion. Mais les JO de Los Angeles sont un terrible

Jack le chasseur de géants

JappeloupFrance – 2013 – 2h10, de Christian Duguay,

avec Guillaume Canet, Marina Hands, Daniel Auteuil…

Hannah ArendtAllemagne – 2013 – 1h53, de Margarethe Von Trotta,avec Barbara Sukowa, Janet Mc Teer, Axel Milberg…

échec et Pierre prend alors conscience de ses fai-blesses. Réalisateur québécois de films d’action,Christian Duguay s’est fait remarquer par Scanners2 (1991), suite du film de Cronenberg, Planète hur-lante (1995), adaptée de Philip K. Dick, et L’Art dela guerre (2000). Son sens du spectacle et de la miseen scène font de Jappeloup son meilleur film, le seulqu’il a réalisé en langue française.

Sources : dossier de presse

Voir pages Jeune Public

FILM DU MOIS, VOIR AU DOS DU CARNET

Dix ans après avoir tué un policier et s’être enfuides USA, Julian dirige une salle de boxe à Bangkok,salle de boxe qui n’est en fait qu’une façade pourun réseau de trafic de drogue. Le jour où le frèrede Julian tue une prostituée, un vieux flic sort de saretraite, retrouve l’assassin, laisse le père de la vic-time le tuer à son tour… Débarque alors la mèrede Julian, venue chercher le corps de son plus jeunefils et bien décidée à se venger à son tour…puisque, c’est bien connu : « seul Dieu pardonne ». Deux ans après Drive (Prix de la mise en scène àCannes), N. Winding Refn retrouve celui sur quison film reposait en grande partie, le beau et téné-breux R. Gosling. On notera avec curiosité la pré-sence de K. Scott Thomas dans le rôle de la mèreassoiffée de vengeance…Qui a vu les précédents films de Refn (Le Guerriersilencieux, Pusher…) aura facilement compris qu’ilne s’agit pas là d’un film pour âmes trop sensibles.Ça va bouger vite et fort, saigner et s’avérer pro-bablement très stimulant pour les nerfs. D’autantplus que Refn comme Gosling semblent revendi-quer que cette nouvelle œuvre est encore plusextrême que la précédente… « C’est un peu le mêmerêve que Drive, mais c’est plus un cauchemar… »

Sources : imdb.com

Vous n’avez peut-être pas retenu son nom mais

Only God forgivesUSA/France/Thaïlande – 2012 – 1h30 de Nicolas Winding Refn,

avec Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Tom Burke, Vithaya Pansringarm…

Mud,sur les rives du Mississipi

Le Monde fantastique d’Oz

Le PasséFrance – 2012, 2h10 de Asghar Farhadi,

avec Bérénice Béjo, Tahar Rahim…

vous n’avez pas pu ne pas entendre parler de ceréalisateur iranien couvert de prix  en 2012 : Uneséparation a fait un million d’entrées en France, reçul’Ours d’or et d’argent pour ses acteurs à la Berlinale,le César et l’Oscar du meilleur film étranger ! Son suc-cès, mondial, a permis de revoir ses premiers films,A propos d’Elly (Ours d’argent en 2009) et Les Enfantsde Belleville (2004). Puisqu’il ne peut plus tourner enIran, c’est à Paris qu’il a réalisé son nouveau film,très attendu, une chronique sociale traitée sousl’angle du thriller psychologique. Festival de Cannesoblige, rien n’a filtré de l’histoire. On sait justequ’elle sera en partie jouée en français par uncouple d’acteurs alléchant, Bérénice Béjo (César dela meilleure actrice en 2012 pour The Artist) et TaharRahim (César du meilleur acteur 2010 pour Un pro-phète). Farhadi réussira-t-il son exil artistiquecomme son glorieux aîné Kiarostami dont le toscanCopie conforme et le japonais Like Someone in lovefurent de vraies réussites ?

Sources : dossier de presse.

Voir pages Jeune Public

En 1890 dans le Wyoming. James Averill est shérifet s’oppose Billy Irvine, membre d’une associationd’éleveurs en lutte contre les immigrants venusd’Europe centrale...Monstre et maudit, peu de films ont une réputationaussi forte que La Porte du paradis. Gouffre financier,très gros échec public et critique à sa sortie, le filma été mal vu, mal compris, d’autant plus qu’il fûtremonté, mutilé, contre le gré de son réalisateur.À le (re)voir aujourd’hui on se demande bien pour-quoi tant sa splendeur est évidente. Proposé dansune version restaurée et inédite, ce chef d’œuvreretrouve toute son ampleur. Et sa beauté incandes-cente fait passer 3h36 comme un souffle. JF

Une fillette marche dans un champ au milieu desvaches alors que l’orage approche. Un diable rougerôde silencieusement. Un couple mène sa vie conju-gale… Le nouveau film du réalisateur mexicain està peu près irracontable. Son titre Après les ténèbres,la lumière est tiré du livre de Job (une phrase pour

Le Petit roi et autres contes

La Porte du ParadisUSA – 1981 – 3h36, de Michael Cimino, avec Kris Kristofferson,

Christopher Walken, Isabelle Huppert, Jeff Bridges…

Post tenebras luxMexique – 2012 – 2h00, de Carlos Reygadas,

avec Adolfo Jiménez Castro, Nathalia Acevedo…

combattre le mal) et le film, se veut une fresqueexpressionniste sur l’innocence enfantine, la naturevierge et l’orgueil humain…Reygadas est l’un des réalisateurs que le festival deCannes chérit : Caméra d’or en 2001 pour Japon, Prixdu Jury en 2007 pour Stellet Licht, Post tenebras lux areçu le Prix de la mise en scène. Mais il a laissé lescritiques perplexes : « On quitte ce film-là sur un para-doxe : dubitatif sur ce que l’on a vu et cependant habitépar ce qui en émane. », « Un artiste qui n’écoute pluspersonne si ce n’est la voix intérieure suraiguë qui leguide dans l’épais maquis de bouffées visionnaires, d’ac-cès de poésie plastique et de crise de vulgarités », « Rey-gadas a enfermé l’œuvre féroce dans le labyrinthe etnous en sommes encore à chercher le fil d’Ariane. »,« Un film qui gardera, quelle que soit l’interprétationqu’on lui donne, une part de vrai mystère ».

Sources : arte-tv.com – rfi.fr – lacroix.com next.liberation.fr – lemonde.fr

Steve Butler, représentant d’un grand groupe éner-gétique, se rend avec sa collaboratrice dans unepetite ville de campagne. Les deux collègues sontconvaincus qu’avec la crise économique qui sévit,les habitants ne pourront pas refuser leur proposi-tion : autoriser des forages dans leurs propriétéscontre rémunération. Mais les choses se compli-quent lorsqu’un enseignant respecté critique le pro-jet, soutenu par un activiste écologiste qui affronteSteve aussi bien sur le plan professionnel que sur leplan personnel...Troisième collaboration entre Gus Van Sant et MattDamon après Will Hunting et Gerry, Promised land aaussi été écrit par l’acteur (en collaboration avecJohn Krasinski, autre acteur du film). Ce dramesocial est traité de manière très humaine, douce etsensible. La description du monde rural est atta-chante et dénuée de folklorisme. L’air de rien, GusVan Sant aborde un sujet assez grave et se situedans la lignée d’un Erin Brockovich mais sans le côté« film-dossier ». Mention spéciale au dernier festivalde Berlin.

Sources : dossier de presse

Quatre écolières – Sae, Maki, Akiko et Yuka – sonttémoins de l’enlèvement de leur camarade Emiri,

Promised LandUSA – 2012 – 1h45, de Gus Van Sant,avec Matt Damon,

John Krasinski, Rosemarie Dewitt, Frances McDormand…

Shokuzai, celles qui voulaient se souvenirJapon – 2012 – 1h59, de Kiyoshi Kurosawa,avec Yu Aoi, Eiko Koike, Kuôko Koizumi…

SP

O

M

J

H

Page 10: 01/05 28/05 2013

15Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 201314

qui sera retrouvée violée et assassinée. Choquées,elles sont incapables d’aider à l’identification du cri-minel. Asako, la mère de la fillette, leur demanded’expier leur faute, à leur manière. Quinze annéespassent. Que deviennent Sae, Maki, Asako… et cer-taines poupées (françaises) volées ?D’abord conçu en cinq épisodes pour la télévision,Kurosawa livre en deux volets ce thriller crimineladapté d’un roman de Kanae Minato. Avec un sus-pens haletant, le brillant réalisateur de Cure et deTokyo Sonata nous emporte littéralement. Histoireoù il est question de deuil, de perversité, de trau-matisme… Pourtant, vous vous précipiterez afin dedécouvrir la suite avec Shokuzai, Celles qui voulaientoublier, prochainement aux Studio. Assurément ! RS

Arthur et Marion, couple de retraités londoniens,sont profondément unis malgré leurs caractèresdissemblables ; Marion est positive et sociable ;Arthur est bourru, laconique, et incapable de mon-trer ses sentiments. Aussi ne comprend-t- il pasl’enthousiasme de sa femme à chanter dans cettechorale férue de reprises pop décalées. Pourtant,peu à peu, il se laisse toucher par la bonne humeurdu groupe et par la gentillesse et l’enthousiasmed’Elizabeth, la chef de chœur… Après l’émouvantQuartet, il semble que le troisième âge musicien aitla cote. On retrouvera avec plaisir les deux trèsgrands acteurs que sont Vanessa Redgrave etTerence Stamp.

Sources : dossier de presse.

India, une adolescente américaine de bonne famillevient de perdre son père dans un accident de voi-ture étrange. Débarque alors un frère de son pèrequ’elle ne connaissait pas. Celui-ci s’installe chezIndia et sa mère pour les soutenir. Mais la jeune fillesoupçonne l’oncle d’avoir de mauvaises intentions.La voici partagée entre fascination et répulsion.Pour son premier film hollywoodien, Park Chan-wook dresse le tableau d’une famille bourgeoiseperverse et tourmentée, tout en rendant hommageà l’Hitchcock de L’Ombre d’un doute et aux premierslongs métrages de Brian de Palma. Mais sans rien

StokerUSA – 2012 – 1h40, de Park Chan-wook,

avec Mia Wasikowska , Nicole Kidman, David Alford…

Song for MarionGrande-Bretagne – 2013 –1h33, de Paul Andrew Williams, avec Gemma Arterton, Terence Stamp, Christopher Eccleston, Vanessa Redgrave…

perdre bien sûr de son style très personnel.Sources : dossier de presse, lefigaro.fr, nouvelobs.com.

Biopic de Yip Man, célèbre maître d’arts martiauxqui entraîna Wing Chun, puis Bruce Lee, entreautres. L’action se passe en Chine, dans les années30, sur fond de guerre sino-Japonaise, au momentoù le maître, se sentant vieillir, cherche un rempla-çant. Se greffe alors une histoire d’amour entre safille et un jeune prétendant au titre. Jusqu’alorsapprécié pour sa vision des relations de couple,évoluant dans un contexte urbain, le réalisateuraborde là un nouveau territoire. Il a passé 11 ans àfaire des recherches sur l’histoire du Kung Fu et lavie du maître, plusieurs encore, à monter ce filmd’action. L’esthétique est somptueuse et l’onn’abandonne pas pour autant ses thèmes de prédi-lection : la nostalgie, le sentiment de perte, la quêteexistentielle, ce qui a fait le succès, notamment, deIn the mood for love, primé à Cannes en 2000.

Sources : dossier de presse.

Deux ans après la catastrophe nucléaire de Fuku-shima nous arrive du Japon un film de fiction quimet en scène une nouvelle explosion de centraledans une préfecture fictive du Japon. Comme pourla catastrophe de 2011, les autorités tracent unpérimètre de sécurité, aux limites arbitraires etabsurdes. Le cinéaste s’attarde sur une famille depaysans qui vont être séparés pour toujours. Levieux père décide de rester avec sa femme, atteintede la maladie d’Alzheimer. Le fils et son épouse selaissent convaincre à contrecœur d’évacuer leslieux.Tourné sur les lieux de Fukushima, après de longsentretiens avec les habitants de la région, The Landof Hope, au titre provocateur, est un film plein d’hu-manité, sensible, qui rend hommage au courage dupeuple japonais sans pathos inutile.

Sources : dossier de presse, asiafilm.fr.

Voir pages Jeune Public

The Land of HopeJapon – 2012 – 2h13, de Sion Sono,

avec Isao Natsuyagi, Jun Murakami, Megumi Kagurazaka…

The GrandmastersHong-Kong – 2013 – 2h02, de Wong Kar-Wai,

avec Zhang Ziyi, Tony Leung, Chiu Wai, Chang Chen…

Tomboy

Le film démarre comme un bon thriller : un com-missaire-priseur, avec l’aide d’un gang, celui deFranck, vole un tableau de grande valeur. Il le cacheet veut le garder pour lui seul. Franck le tabasse, ilperd la mémoire et ne sait plus où il a mis le tableau.Il faut un hypnotiseur pour l’aider. Mais plus l’his-toire avance, plus le spectateur découvre que lespersonnages ne sont pas comme il le croyait et n’ar-rive plus à comprendre qui ils sont et ce qu’ils veu-lent.Jusqu’à la fin, le réalisateur se joue des spectateurset les manipule pour leur grand plaisir.Danny Boyle, comme à son habitude, se livre auplaisir de livrer des images aux couleurs fortes, quisemblent de véritables tableaux, conférant à un filmbien noir un cachet esthétique incontestable.

Sources : dossier de presse.

TranceGrande-Bretagne – 2013 – 1h35, de Danny Boyle,

avec James McAvoy, Rosario Dawson, Vincent Cassel…

programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

lundi 6 mai-19h30PARTENARIAT CINÉMATHÈQUE/STUDIO

Hommage à Josef von Sternberg

mardi 7 mai-19h30PARTENARIAT CINÉMATHÈQUE/STUDIO

Une soirée, deux film

Soirée présentée par Alain Bonnet.

Shangaï Gesture1941-USA Noir et blanc 1h34

L’Impératrice rougede Josef von Sternberg 1934-USA Noir et blanc 1h44

Agent X27de Josef von Sternberg 1931-USA Noir et blanc 1h30

lundi 13 mai-19h30DANS LE CADRE DU FESTIVAL DÉSIR… DÉSIRS

lundi 20 mai-19h30

Soirée présentée par Donatien Mazany.

lundi 27 mai-19h30

Soirée présentée par Donatien Mazany.

lundi 3 juin-19h30

Je ne voudrais pas être un hommede Ernst Lubitsch (1918) All. Noir et blanc 41’

Docteur Jekyll et sister Hydede Roy Ward Baker (1971) GB Couleurs 1h37 – INTERDIT – 12 ANS

Pickpocketde Robert Bresson (1959) Fr. Noir et blanc 1h15

Le Voleurde Louis Malle (1966) Fr. Couleurs 2h

Monsieur Verdouxde Charles Chaplin (1944-1946) USA Noir et blanc 2h04

Ah Tao est une domestique au service de la richefamille Leung, à Hong-Kong. Cela fait 60 ans qu’elleles sert. Elle s’occupe encore de Roger, producteurau cinéma, dernier membre de la famille resté àHong-Kong. Survient l’accident, l’infarctus, quioblige la vieille femme à aller en maison de retraite.Roger, ému et reconnaissant pour les longuesannées de dévouement d’Ah Tao prend en chargeles frais et lui rend fréquemment visite. Il se fait pas-ser pour son filleul.Tout le film va accompagner ces deux êtrespudiques, peu loquaces, dans leur cheminementvers une sorte de moment de grâce, fait de la simplejoie d’être ensemble. Une vie simple se dérouleessentiellement dans l’univers sordide d’une maisonde retraite, mais il y pointe une lueur d’humanitéémouvante, cette petite lueur qui efface en nousnos masques, nos postures sociales pour faire placeà cette étincelle de vie qui nous anime à notre insu.Magnifique. CdP

Une vie simpleHong-Kong – 2011 – 1h58, d’Ann Hui,avec Andy Lau, Deanie Ip, Paul Chun…T

U

Page 11: 01/05 28/05 2013

LES CARNETS DU STUDIO – n°312 mai 2013 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n° 0214 G 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01

Sur une île au beau milieu du Mississipi,deux adolescents découvrent un bateau

échoué dans un arbre après une tempête…Ils s’en feraient volontiers une cabane maisl’embarcation est déjà occupée par undénommé “Mud”… Les enfants le prennentau début pour un vagabond mais il apparaîtbien vite que cet étrange personnage auxfacettes multiples et capable de raconter surlui-même les histoires les plus folles seraitplutôt un prisonnier en fuite. On est ici pastrès loin d’un cocktail fait de Nuit du chas-seur et de Huckleberry Finn…

Dans cette sorte d’île au trésor, les deux ado-lescents vont être mis à contribution parMud, qui voudrait qu’ils l’aident à entrer encontact avec une amie et à réparer lebateau…

Ce qui n’aurait pu être pour ces enfantsqu’une sorte de robinsonnade par intérim vavenir s’inscrire dans leurs vies en les amenantde plus en plus loin de l’adolescence, deplus en plus près de l’âge adulte et de sesresponsabilités. Et, dans le même temps, lespectateur se trouve amené, lui, à s’immer-ger dans un imaginaire qui plonge ses racines

dans une réalité sociale très âpre, mélangequi constitue une sorte de marque defabrique de Jeff Nichols.

Ceux qui ont déjà vu les précédents films deNichols (Shotgun stories (2007) et Take shel-ter (2011)) savent combien les moindresdétails de ses scénarios contribuent à la créa-tion d’un univers cohérent et complexe, ilssavent aussi combien il est capable desuperposer des couches de récits diffé-rentes, de mêler fantastique et réalisme.Ceux-là, donc, ne pourront qu’attendre avecimpatience son nouveau film. Il semble qu’ilait, ici aussi, maintenu la précision et l’inten-sité avec laquelle il est capable de diriger sesacteurs pour en tirer le meilleur et nous nesommes pas étonnés d’apprendre que la cri-tique est unanime pour saluer le jeu de l’im-pressionnante distribution de Mud.

Ceux qui ne connaissent pas encore les filmsde Jeff Nichols trouveront ici l’occasion d’yfaire leurs premiers pas et en repartiront pro-bablement avec l’envie de découvrir ses pré-cédents films.

Sources : abusdecine.com, variety.com,moviemezzanine.com, film.com

MUD sur les rives du MississipiÉtats-Unis – 2012 – 2h10, de Jeff Nichols, avec Matthew McConaughey, Tye Sheridan,Reese Witherspoon, Jacob Lofland, Sam Shepard, Michael Shannon, Sarah Paulson…FI

LM DU MOIS

Page 12: 01/05 28/05 2013

À partirde 4 ansHongrie – 2013 – 41 mn, programme de

cinq courts métrages de divers réalisateurs.

Une balade dans les contes et légendes de Hongrie, à travers lesaventures du plus petit des hommes devenu roi…Le Château maudit, Le Joueur de flûte, Le Petit roi, LeVeau d’or, Les Trois frères.

Coup de projecteur du jeune publicFESTIVAL DÉSIR… DÉSIRS

France – 2011 – 1h24, de Céline Sciamma,avec Zoé Héran, Jeanne Disson, Sophie Cattani, Mathieu Demy…

Tout public à partir de 8 ans

Laure, dix ans, se fait passer pour un garçon, dans une bande de nouveauxcopains. Une histoire troublante, qui n’arrive pas qu’aux autres…

FILLE, GARÇON ? GARÇON, FILLE ?Pour accompagner la réflexion de tous, deux rencontres aux Studio :• ALBUMS POUR ENFANTS : MERCREDI 15 MAI de 15h30 à 19h.Une sélection de livres de littérature pour la jeunesse vous sera proposée par la librairie LIBR’ENFANT.• CINÉ P’TIT DÉJ’ : DIMANCHE 19 MAI à partir de 10h30.Le film sera suivi d’une discussion avec A.M. Pernot, spécialiste de l’enfance.

Voir programme complet du Festival Désir… Désirs

Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 201334

Oscar Diggs, magicien, est emporté à bord de sa montgolfière du Kansas au pays d’Oz.Dans ce monde extravagant, il rencontre des créatures étonnantes et trois sorcières…

Après la comédie musicale rendue célèbre par Judy Garland, ce film aux décorssomptueux est une autre adaptation du roman de L. Frank Baum.

USA – 2013 – 2h07, de Sam Raimi...

Tout publicà partir de 8 ans

VF

VF

2D 3D

VF

sansparoles

Tout publicà partir de 5 ans

Maurice le pingouin se prend pour un tigre. Aussi accepte-t-il sans hésiterd’aider deux petits pingouins à libérer leur village de la tyrannie des morses…

France – 2013 – 52 mn, film d’animationde David Alaux et Eric Tosti.

Tout publicà partir de 6 ans

Quand la famille des Croods voit sa caverne et tout son monde engloutis dans unterrible tremblement de terre, il lui faut partir dans un nouvel univers fantastiqueet inquiétant. Elle devra s’adapter vite pour ne pas disparaître.

USA – 2013 – 1h32, film d’animation deChris Sanders et Kirk DeMicco.

Bienvenue au pays des légendes… où Jackdoit affronter d’affreux géants, protégerune princesse et sauver son peuple.

Effets visuels stupéfiants, magie etaventure, pour un récit épique tout encouleurs et en rebondissements !

USA – 2013 – 1h50, de Bryan Singer, avec Nicholas Hoult, Ewan Mc Gregor...VF

Tout publicà partir de 9 ans

À partir de 3 ans

Estonie – 2013 – 48 mn, neuf courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

Miriam est une petite fille comme beaucoup d’autres, maissa meilleure amie est…une poule gaffeuse !Une belle façon pour les plus petits de découvrir le cinémad’animation réalisé avec des marionnettes.

FESTIVAL COURTS D'ÉCOLES *De jeunes réalisateurs, de la maternelle jusqu'à la terminale, présenteront leurscourts métrages aux autres classes du 23 au 31 mai.Pour le plaisir de les encourager, venez nombreux à la projection gratuite dumardi 4 juin à 18h.

* en partenariat avec l'Inspection académique d'Indre-et-Loire.

• Epic, la bataille du royaume secret de Chris Wedge• Des abeilles et des hommes de Markus Imhoof

35Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013

• Jappeloup de Christian Duguay(Voir dans les fiches des films)

Page 13: 01/05 28/05 2013

17Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 201316

tien-nent pas à leur familledès le départ comme Olivier Gour-met ou Jérémie Renier, Cécile de France dansLe Gamin au vélo ayant été jusque là la seule exceptionà ce principe. Deux jours et une nuit nous donnera à suivre,le temps d’un week-end, le combat d’une femme pour garderson emploi, en tentant de convaincre ses collègues de renoncer àleur prime. On reconnaît bien là une thématique chère aux frères Dar-denne, Sandra est à coup sûr de la famille de Rosetta ; mais peut-on imaginerqu’un jour, ils nous fassent, si ce n’est rire (point trop n’en faut) au moins sou-rire ?

et ailleurs. . .

` L’apprenti SorCierS’il est un sujet qui n’en finit pas de fasciner les réalisateurs, c’est bien celui de Frankenstein,la créature imaginée par Mary Shelley : depuis 1910, on ne compte plus les adaptationspour le grand écran de ce chef d’œuvre de la littérature gothique, avec toutefois une mentionspéciale pour la version de James Whale en 1931 et la performance déchirante et inoubliablede Boris Karloff dans le rôle du « monstre ». Le docteur Frankenstein va de nouveau jouerles apprentis sorciers, sous la houlette cette fois de Paul McGuigan et si on ignore quimaniera le bistouri pour ramener les morts à la vie, on sait que c’est Daniel Radcliffe quil’assistera dans cette besogne à risques. Et comme depuis Harry Potter le comédien n’estplus à une étrangeté près, il est aussi annoncé dans le rôle de la créature !

` La roue tournePas moins de deux projets sont annoncés sur le parcours, l’ascension puis la chutedu bioman de la pédale, Lance Armstrong. Les deux réalisateurs concurrents sontJay Roach (Austin Powers) et J.J. Abrams (Star Trek).

` Bon SanG ne Saurait mentirDavid Lynch touche à tout, ou presque : il est réalisateur, photographe,plasticien, musicien mais aussi comédien ! Et dans A Fall From Grace,le cinquième film de sa fille, Jennifer Chambers Lynch, il vainterpréter le père ded Tim Roth, un inspecteur de policeenquêtant sur une série de meurtres. Paz Vega etVincent D’Onofrio seront aussi au géné-rique. IG

Ici. . .

` C’eSt danS LeS vieuX potS…Pas facile de faire cohabiter l’art et l’argent, alors que

depuis des lustres les deux sont intimement liés, même s’ilsne font pas toujours bon ménage ! Certains préfèrent (s’)investir

dans des recettes qui ont fait leurs preuves : biopics, adaptations decontes, ou remakes étant particulièrement prisés depuis quelques

années. Après avoir tâté de la mise en images de la trajectoire de l’idoledes minettes des années 70 avec Cloclo, Florent Emilio Siri propose une nou-

velle adaptation de La Balance de Bob Swain. En 1982, cette histoire de prosti-tuées de malfrats et de flics, avait séduit le public et permis au film de récolter les

César du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleures interprétations pour NathalieBaye et Philippe Léotard. Forcément, cela fait envie ! Benoît Magimel participerait à

ce projet sans que l’on sache s’il sera plutôt fic ou plutôt voyou !

` Conte touJourS !Quand on vous dit que le conte a le vent en poupe, et pas qu’à Hollywood, la preuve enest apportée cette fois par Daniel Auteuil. Après sa relecture de l’œuvre de Pagnol, avecpas moins de quatre films, il va s’attaquer à la figure de Barbe Bleue, enfin plus exactementà la version qu’en a donnée Amélie Nothomb dans son dernier roman (dernier au momentde l’écriture de ces lignes). Elle et lui s’associeront pour l’écriture du scénario, ce quidevrait lui laisser du temps (à lui, évidemment) pour arborer la barbe fournie de ce cro-queur de femmes !

` Que reSte-t-iL de noS amourS ?Fanny Ardant pour son second long métrage en tant que réalisatrice, après de Cendres

et de sang, devrait retrouver son grand amour de La Femme d’à côté, Gérard Depar-dieu, pour un drame intitulé Cadences obstinées. Le film contera l’histoire d’une

violoncelliste (interprétée par Asia Argento) qui, délaissée par l’homme pourlequel elle a tout quitté, renoue avec ses premières amours, la musique !

` de trouiLLe et de ForCeQuand les frères Dardenne annoncent qu’ils vont travailler avec

Marion Cotillard, on se réjouit forcément de la conjugaisonde la rigueur des réalisateurs et de l’âpreté de l’inter-

prète de De rouille d’os ! D’autant que le duobelge fait rarement confiance aux

comédiens confirmés quin’appar-

En bref…

Page 14: 01/05 28/05 2013

19Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 201318

No aurait pu commencer par l’essentiel, lanécessité absolue de chasser la barbarie et

la dictature du Chili. L’urgence de dire « Non »,ce « No » qui donne son titre au film. PabloLarrain choisit une autre entrée, une séquenceoù un jeune publicitaire, René Saevedra, et sonpatron, Lucho Guzma, présentent un clip publi-citaire pour une boisson, Coca Free. Après lescartons du début, dont le texte annonce un filmsur la chute de Pinochet, on nage dans la confu-sion : un peuple cherche sa liberté, un jeunepublicitaire montre un spot sur un produit quiapporterait jeunesse et liberté. Son discours deprésentation affirme d’ailleurs : « Nous pensonsque le pays est prêt… Le Chili pense à son futur ». Au début, donc, était l’image publicitaire. Jeune,conquérante, libre. Du moins l’affirme-t-elledans ce clip.René Saevedra est d’ailleurs un jeune hommelisse, sans réelle opinion sur la dictature, sanspensée critique. Il n’a pas de pensée politique.Quand il accepte de diriger la campagne du non,il est impossible de lire sur son visage et d’en-tendre dans ses mots les véritables raisons deson choix. René va mener la campagne du non comme unecampagne publicitaire : quand il présente sesspots aux leaders de l’opposition, il leur tientle même discours que celui qu’il avait tenu pourle produit Coca Free. D’ailleurs, il parle du« non » comme d’un produit à vendre. Toutjuste accepte-t-il de remplacer le mot produitpar concept. Mot d’avant-garde de la publicité àl’époque.Pablo Larrain, le réalisateur, est-il fidèle à l’his-

toire ou développe-t-il une thèse personnelle ?La campagne du non qu’il présente a bien existé :les spots qu’il montre sont ceux qui ont été dif-fusés en 1988. Le matériel audiovisuel que l’onvoit dans le film est le même que celui qui a étéalors utilisé. Fidélité donc à l’histoire. Seuls lespersonnages de René, de Lucho et leur entou-rage sont fictifs. La dictature a été chassée parune campagne publicitaire et non par un dis-cours politique.La barbarie expulsée par la joie de vivre (« Chili,la joie vient » martelé dans tous les spots),réjouissant, non ? Pas tant que cela, nous sug-gère le réalisateur. Le discours politique a éténié, dénoncé comme profondément ringard.Remplacé par l’image publicitaire. Mais lesimages n’ont pas d’âme, surtout politique. Voirla séquence finale, où René, qui a conçu la cam-pagne du « non », et Lucho, qui a dirigé celledu « oui », présentent ensemble, très unis, unenouvelle campagne publicitaire pour une sérietélévisée kitsch et ridicule. Toujours le mêmediscours d’introduction : « Nous pensons que lepays est prêt…  Le Chili pense à son futur ».Cynisme du marketing. Pablo Larrain signe là un film qui, par le biais dela dérision, se désole pour son pays dépolitisé.En France, déjà en 1981, le publiciste Ségalaavait triomphé à la place de la gauche avec satrouvaille de « La force tranquille ». Le showmédiatique avait mis la politique hors-jeu. Plustard viendrait Sarkozy. Au Chili, Pinochet neserait jamais jugé. Les hommes politiques ontpartout déserté le champ politique. CdP

à propos deNo

compte-rendu

Images,avez-vous donc une âme ?

Il y avait beaucoup de monde ce soir du 4 avril pouraccueillir Yiomama H. Lougine venue présenter

son premier film : Be Home. Elle était accompagnéeentre autres, par M. Michel Lu, ambassadeur de Tai-wan. Très disert, celui-ci n’eut de cesse de vanterson pays. Il évoqua aussi la richesse de sa productioncinématographique et le dynamisme de la coopéra-tion culturelle engagée avec la France.À l’heure du débat, la réalisatrice était visiblementtrès émue pour parler de son film présenté ce soiren avant-première mondiale ! Si l’écriture commençaen 2006, elle mit longtemps ensuite à trouver lesfinancements et faire aboutir le projet qui évolua jus-qu’à la fin du montage. L’histoire racontée est trèspersonnelle : à un moment où elle ne trouvait pasd’issue à sa vie privée, elle voulut imaginer commentune femme, qui est comme son double, réagirait sielle perdait tous ses proches… À la fois thérapie etfortement influencé par la pensée bouddhiste, Behome parle de sujets universels : le deuil et la douleur.Après une première partie très noire, c’est le retourau pays d’enfance qui permet de rejeter l’idée que lamort est le Kharma, le destin… SB

La réalisatrice Loan Lam est venue présenter sondocumentaire intitulé J’ai mon mot à dire sur

le procès de Phnom Penh, un film important car ilest le premier à prendre le point de vue des partiesciviles et parce qu’il est l’un des moyens de luttercontre le négationnisme existant au Cambodge.Comme le disait l’une des parties civiles qui a pris laparole : « Au Cambodge, on cache toujours la vérité. EnAfrique du sud, Mandela a réussi à créer son comité deréconciliation en ayant cette exigence… Je n’espère pasfaire revivre mes enfants. Je veux la vérité pour mon payset pour le monde entier. » Celle-ci ne pourra se faire,sans doute, comme le disait un spectateur « que sion explique la genèse des génocides. Comment en est-on arrivé à de telles horreurs ? » Quel rôle a joué leprince Sihanouk ? Et celui de Pol Pot qui fut étudiantà Paris ? En tout cas, ce film interroge plus qu’il nedonne de réponse. Il réaffirme l’impérieuse nécessitéde ne pas laisser les crimes de masse impunis.

Le film suivant n’avait rien à voir avec la justice.Epicé ou non ?, que présentait Stéphanie

Debue, proposait une promenade en Chine, dans leSichuan, dans les ateliers de différents artistescontemporains (peintres, sculpteurs, vidéastes). Clind’œil à une région gastronome (et à la questionrituelle posée aux étrangers), ce parcours montreune Chine étonnamment moderne et où l’expres-sion artistique semble complètement en phase aveccelle qui se joue en Europe ou en Amérique dunord. DP

Loan Lam aux Studio © Dominique Plumecocq

Stéphanie Debue aux Studio © Nicole Joulin

Page 15: 01/05 28/05 2013

21Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 201320

montagne ou L’Étang Sacré ! R. Bradbury avait ima-giné, dans Fahrenheit 451, des hommes apprenantsecrètement des livres par cœur, afin que leurcontenu ne disparaisse pas à jamais dans des auto-dafés. Davy Chou, lui, donne à voir des êtres, anciensréalisateurs, producteurs, comédiennes ou specta-teurs passionnés, devenus des Hommes-Films,capables de réciter encore des pans entiers de dia-logues, de mimer des scènes ou de décrire avecforce détails les effets spéciaux utilisés ! Brisés etpourtant encore debout, certains s’étonnentpresque d’avoir oublié les visages de leurs prochesdisparus, mais de se souvenir avec précision de ceuxdes acteurs qu’ils aimaient.

Dommage que nous n’ayons pu échanger avec DavyChou (en partance pour New-York), après la pro-jection, tant ce film bouleverse et pose de questions,d’autant que, dans la salle, était également présentle frère d’un des protagonistes du film et égalementréalisateur. IG

Rencontre avec Show-Chun Lee pour Shanghaï-Belleville, le lundi 8 avril 2013

Le premier long métrage de cette réalisatrice taï-wanaise a été longuement applaudi. Il raconte les

histoires croisées de clandestins et de migrants d’ori-gine chinoise à Belleville : Le clan des sans destin.Show-Chun Lee est une artiste de formation, arrivéeen France en 1991 pour ses études à l’Institut Natio-

nal des Arts Contemporains. Elle a travaillé sur desdocumentaires, écrit une thèse d’anthropologie surl’immigration clandestine, et s’est engagée (elle l’esttoujours) dans la défense des sans-papiers. Elle ditde son travail qu’il est comme le riz cantonais : « Jemélange tout ce que je suis capable de faire ». DansShanghaï-Belleville, elle montre avec méticulosité lestrajectoires des personnages, tout en expérimentantl’image, mélangeant personnages réels et fantômes,ajoutant des grains de poésie. Étant une des pre-mières réalisatrices à filmer et travailler avec les clan-destins (prostituées, ouvriers) chinois de Paris, ellese heurte au refus de la censure chinoise pour mon-trer son film en Chine.Sélectionné à Cannes en 2012, Shanghaï-Bellevillecherche un distributeur. Show-Chun Lee insiste surle travail d’équipe, rend un hommage appuyé à sonchef opérateur Thierry Arbogast et cite toute lesaides sans lesquelles le film n’aurait pu aboutir. Elletravaille actuellement sur un deuxième long métrageavec l’envie d’épurer encore plus les choses. Séduitspar Shanghaï-Belleville, nous l’avons invitée à venirnous retrouver pour la sortie de son deuxièmeopus ! MS

PALMARÈS :• Prix du Jury :

Our Homeland, de Yang Yonghi• Prix du Public :

N°89, Shimen Road, de Shu Haolun

Le samedi 6 avril, la bibliothèque s’est révélée unpeu petite pour accueillir les spectateurs venus

découvrir le zheng, sorte de cithare chinoise, au sontrès proche du koto japonais. Pendant près de troisquarts d’heure, Shanshan Mu nous a promenésdans un répertoire faisant se suivre œuvres tradition-nelles et compositions plus contemporaines, mais quitoutes mettaient remarquablement en valeur la sono-rité très particulière de cet instrument. ER

LA VIE EN ROSE ?

Habitué du festival (c’est la troisième fois qu’ilvient) Jeon Soo Il présente ce vendredi soir,

Pink, son huitième long-métrage. Impressionné(c’est la première fois qu’il est présent pour une pro-jection publique), il se demande ce que le public tou-rangeau va bien pouvoir penser de son œuvre, com-ment il va la recevoir. La rencontre peut le rassurer,car Pink a été très bien accueilli. Plusieurs spectateurs soulignent la maîtrise, le travailsur le cadre, sur l’enfermement, la qualité dessilences et la sobriété impressionnante. Le réalisa-teur travaille sur le temps, permettant de s’attacheraux personnages, si bien que la disparition brutalede l’adolescent (dans un réfrigérateur) a choqué plusd’un spectateur, même si le réalisateur explique quel’on peut aussi y voir une renaissance, une façon pource personnage, de trouver dans un autre monde lebonheur qui lui échappait.Pink rend très bien compte du climat social, de la find’une ville, d’une époque, de la misère sociale et de

la misère sexuelle. La façon dont est traitée la nuditéinterroge. « C’est là que le cinéma est formidable, il per-met d’être au cœur d’une culture et d’une manière d’êtredifférente », remarque un spectateur. Un autre noteles bouffées de légèreté apportées par le chanteur.Ce personnage un peu extérieur à l’histoire, quiregarde, observe, est, dans la réalité, un chanteurfolk très connu en Corée du sud, il a même donné,avec succès, quelques concerts à Paris.Mais, si le film est sombre, il se termine par une lueurd’espoir : l’enseigne (rose, comme le titre l’indique)du bar se rallume, les personnages de Jeon Soo Ilvont-il voir, enfin, La Vie en rose ? JF

Le Sommeil d’or de Davy Chou

Imaginez que tous les films qui ont marqué votreesprit soient définitivement détruits, que les ciné-

mas, les Studio par exemple, soient transformés engarages ou en restaurants et que seules quelquesphotos et bandes originales vous permettent de nepas oublier ce que vous avez tant aimé : difficile,impossible ? Pourtant c’est ce qui est survenu auCambodge, suite à la prise de pouvoir des Khmersrouges et à leur mise en place du génocide : quinzeans de création cinématographique ont été quasi-intégralement annihilés. Dans son émouvant docu-mentaire Le Sommeil d’or, Davy Chou, jeune réalisa-teur Franco-Cambodgien, recueille les paroles desderniers témoins de cet âge d’or où l’on s’exaltaitdevant La Vierge Démon, Les Larmes du cœur de la

Shanshan Mu aux Studio © Éric Rambeau

Show-Chun Lee aux Studio © Isma B.

Davy Chou aux Studio © Nicole Joulin

Jeon Soo Il aux Studio © Nicole Joulin

Page 16: 01/05 28/05 2013

23Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 201322

grands espaces américains, des jeunesfemmes qui tournent sur elles-mêmesdans les rayons du soleil alors que lesbisons ruminent leurs massives médita-tions, un jeune homme affleckté d’unvisage sans expression, un prêtre quidésespère et dieu dans tout ça, dansl’amour qui se défait à contrejour, aumilieu des déshérités du monde tel qu’il vamal… dans cet ennui sidérant du specta-teur lambda. DP

Dès qu’on la lâche dans la nature elledanse, tourne et virevolte. Lui, il n’en finitpas de faire la gueule. Et ça dure près dedeux heures ! SB

On a dit Malick panthéiste, lui sevoudrait mystique… Je crains fort qu’il nesoit que religieux. Les questions qui agitentses protagonistes (et « agiter » est bien le

verbe qui convient au vu des gambadesauxquelles se résume le jeu d’Olga Kury-lenko…) sont soit à côté du champ mys-tique (tu m’aimes ? Je ne t’aime pas tu vou-drais ? T’aimé-je ? Vraiment ? ah, zut, je suispartie, puis-je revenir ? etc…) soit de l’ordredu religieux catholique… ER

Ce n’est pas la vision pseudo-philo-sophique du panthéisme de TerrenceMalick qui va compenser la faiblesse duscénario ni ces mouvements de caméraintempestifs, qui rappellent un certaindogme d’il y a 20 ans déjà. On a plutôt l’im-pression d’un clip à rallonge... sans lamusique. EC

C’est vrai : aucune consistance despersonnages et beaucoup de sautillementsdans les prés, mais est-ce suffisant pourvouer Terrence Malick aux gémonies  ?Permettons-lui, plutôt, d’avoir raté un film,

après tout, ça arrive à tous les cinéastes.Mais tous les cinéastes n’ont pas réalisé,par exemple, La Balade sauvage, Les Mois-sons du ciel ou La Ligne rouge. JF

Après The tree of life, Malick sort unenouvelle fois le grand jeu  : magnifiquealbum photo, succession de lents travel-lings à l’esthétique léchée, recours à lagrande musique (Bach, Wagner ou Tchaï-kovsky)… Moins d’ennui peut-être, maistoujours aussi peu d’émotion. BS

Je t’aime. Tu m’aimes ? Silence Non,c’est l’amour qui nous aime… Danse éche-velée dans les hautes herbes, pirouettessur le gazon urbain, nuages filant au dessusde la Merveille, sautillements dans les ruesde Paris, regard perdu dans un lotissementaméricain… Mais où somme- nous ? Quisont-ils ? Tu penses trop : la vie n’est qu’unrêve ! MS

Les femmes portent des camaïeuxde gris et de bleu, sont tristes même quandelles sont gaies et font leur valise. Leshommes sont tatoués, tristes, mêmequand ils sont amoureux et essaient desuivre les femmes quand elles marchentsur des sables mouvants. L’eau coule, letemps s’écoule, et ni l’amour, ni la foi n’of-frent de répit. Ce film de Terrence Malick,peut-être encore moins que The Tree oflife, n’essaie pas d’être aimable (il est mêmeparfois horripilant) mais nous confronte àun questionnement métaphysique, auquelle cinéma ne se risque que rarement. Neserait-ce que pour cela Terrence Malickest grand ! IG

Très long clip mystique avec demagnifiques images en perpétuels mouve-ments, noyées sous une musique médita-tive et des voix off murmurées, sur descartes postales made in France ou dans les

Courts lettragesÀ la merveille

de Terrence Malick

Page 17: 01/05 28/05 2013

Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 201324

Si la semaine du 3 au 9 mars fut un grandmoment de fête et de partages à l’occa-sion du cinquantenaire des Studio, il y eutune soirée plus grave mais tout aussiriche : celle qui réunissait le mardi 4 mars,professionnels du cinéma, élus et repré-sentants des Studio, autour d’une tableronde animée par Daniel Blanvillain (dela commission programmation). Les échanges devant un public attentiffurent parfois vifs mais toujours respec-tueux et l’écoute entre les participants dequalité.

Parmi les thèmes abordés au cours de lasoirée :

• un état des lieux du cinéma d’art et essai ;• un constat sur l’état des salles indépen-dantes ;• la situation locale face à l’annonce duchoix de la mairie d’un nouvel exploitantsur Tours nord.

Les Studio vivent un grand moment de fête

mais sont aussi aujourd’hui dans l’inquié-tude face au devenir des salles indépen-dantes qui vivent majoritairement grâce àleur programmation art et essai. En 2011,25 films seulement ont représenté 38% denos recettes. Il s’agit de ce que l’on a cou-tume d’appeler les films art et essai « por-teurs ». Il y a 50 ans, quand ce label a été créé, ilse portait sur des œuvres de jeunes réali-sateurs prometteurs (Truffaut, Chabrol).Trente ans plus tard, leurs films bénéfi-ciaient toujours de cette appellation maisétaient devenus prometteurs d’un grandnombre d’entrées. On pourrait aujour-d’hui comparer avec des cinéastes commeBertrand Tavernier ou Xavier Beauvois,découverts grâce aux écrans des salles artet essai mais devenus « porteurs », doncconvoités par les multiplexes commer-ciaux. Xavier Beauvois aurait-il pu avoir lesfinancements pour réaliser Des hommes etdes dieux s’il n’avait pas fait ses preuves

25Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013

avec ses films précédents diffusés grâce auréseau des salles indépendantes ? Si lesnouveaux talents de demain ne peuventcompter que sur des complexes commeles Studio pour faire découvrir leurs films,que vont devenir ces salles si elles doiventpartager les 25 films annuels qui les fontvivre (et leur permettent de programmerdes œuvres plus fragiles) avec des exploi-tants moins exigeants quant à la qualité desfilms qu’ils projettent ? Dans de nombreuses villes, des salles duréseau art et essai confrontées à la multi-plicité des écrans des multiplexes ont étéfragilisés et souvent contraintes à la ferme-ture.

C’est toute l’industrie du cinéma qui estconcernée : les distributeurs indépendants,présents sur le plateau, expliquent qu’il n’ya que des salles comme les Studio pourprogrammer leurs films ; donc faire décou-vrir les futurs Xavier Beauvois…

Plusieurs intervenants insistent sur la gra-vité de la situation. L’extrême concentra-tion de l’exploitation avec le partage duterritoire entre les grands groupes met-tent en danger les 1 100 salles indépen-

Compte-renduTable ronde

dantes qui, ensemble, représentent pour-tant autant d’écrans qu’un gros exploitant. Si les multiplexes peuvent passer tous lesfilms qu’ils souhaitent grâce à la pressionqu’ils exercent sur les distributeurs, lessalles indépendantes n’ont pas la mêmefacilité d’accès. Il est urgent de résoudrece problème de l’offre et de la demande ;la question dépasse le niveau local et doitêtre considérée au plan national. Il est rap-pelé qu’il y avait en France 22 multiplexesen 1996 ; leur nombre a été multiplié par8 aujourd’hui, entraînant de nombreusesfermetures d’indépendants. On apprendcependant que, grâce à l’accompagnementdu CNC, la part de marché de ces struc-tures plus petites est, à ce jour, restée pra-tiquement inchangée (entre 22 et 25%).

À la menace de monopole exercé par lesgrands groupes s’ajoute un effet inattendulié au passage au numérique. Les petitessalles ont été aidées par le CNC pours’équiper – pas les Studio considéréscomme trop gros ! Mais le tirage d’unecopie numérique étant beaucoup moinscher que celui d’une en 35 millimètres, lesdistributeurs multiplient le nombre decopies que se partagent les grands groupes

Mardi 5 mars, table ronde au Studio 1 sur le thème :

Quel avenir pour les salles indépendanteset le cinéma art et essai ?

Boris Spire, président duGNCR (Groupement nationaldu cinéma de recherche) et pré-sident de DIRE (Syndicat desdistributeurs indépendants).

Olivier Meneux, direc-teur de CICLIC (Agencerégionale du Centrepour le livre, l'image et laculture numérique).

Hugues Cattrone duCNC (Centre nationaldu cinéma et de l’imageanimée).

Roxane Arnold, respon-sable de Pyramide (distribu-teur) et membre de DIRE.

Jean-Patrick Gille,député de Tours,conseiller municipal.

Patrick Bloche, député de laseptième circonscription deParis, président de la commis-sion des Affaires culturelles del'Assemblée nationale.

Martin Bidou, de l’AFACAE(Association française des ciné-mas d’art et essai), mais aussidistributeur (Haut et court),membre de DIRE et exploitant.

Nathalie Ferrand, déléguéegénérale de l’ACC (Associationdes cinémas du Centre) quiregroupe 40 salles sur la région.

Monique Augereau, directrice deCINE OFF (Circuit itinérant de l'officedépartemental de développement ducinéma), association avec laquelle lesStudio ont monté un projet d’aménage-ment de salles à Tours nord.

Catherine Bailhache,coordonatrice de l’ACOR(Association des cinémas del’Ouest pour la recherche).

Philippe PerolPrésident des Studio

Page 18: 01/05 28/05 2013

27Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 201326

– souvent, un même film est programmédans plusieurs salles d’un même multiplexequi n’hésite plus à proposer des versionsVO au détriment des salles indépendantesqui les programment plus volontiers.Résultat : le temps d’exploitation des filmsa été encore réduit. Les cinémas qui pro-jetaient jadis ce que l’on appelait les« deuxièmes visions » en font les frais.

Quelques informations ont été donnéespar Patrick Bloche :

• La TVA sur le billet de cinéma passéede 5% à plus de 7% par le précédentgouvernement va redescendre à 5%. • L’objectif de garder le maillage dessalles sur le territoire a été confirmé.

Si cette dernière annonce est rassurantepour les très petites salles en milieu rural,elle ne concerne hélas pas les Studio et lescomplexes indépendants des villes plusimportantes, confrontés à une concur-rence de plus en plus rude.Il est donc clairement demandé aux per-sonnalités politiques présentes d’engagerune réflexion sur les conditions de déve-loppement du nombre de multiplexes (lereprésentant du GNCR évoque un « mani-feste des salles indépendantes »), sur unepossibilité de régulation, et s’il le faut, delégiférer. Quant à surprotéger le réseau art et essai,il y a un grand risque à le refermer sur lui-même.

La situation locale a soulevé de nom-breuses interrogations ; le député fut inter-pellé par des spectateurs sur le projetmunicipal de l’ouverture d’un troisième

multiplexe.Si tout le monde s’accorde pour estimerlégitime l’implantation d’un cinéma à Toursnord, pourquoi avoir choisi un autreexploitant que CGR ou les Studio ? Il estrappelé que ces derniers avaient participé,à la demande de la mairie, à la mise enplace, dans cette zone, d’un projet de sallesil y a quelques années – projet abandonnépar les élus…La réponse du député nous apprend quela municipalité pensait éviter, avec l’arrivéed’un troisième opérateur, une situation demonopole – il compare le domaine ciné-matographique à celui de l’électroménageren évoquant le cas de Boulanger ! Il a ensuite été confirmé que la mise enplace d’un observatoire (proposition dumaire) ne résoudrait rien, puisqu’une telleinstance n’aurait aucun pouvoir.

Enfin, aux deux questions précises d’unspectateur :– Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’appel à projets ? – Pourquoi le choix du groupe Davoine (connupour avoir étranglé les salles indépendantesdes lieux où il s’est installé) ?Le député ne répondit pas précisément. Ilaffirma en revanche qu’en raison de l’im-portance de leur travail culturel, les Studiopourraient bénéficier de subventions descollectivités locales, au même titre quel’opéra de Tours ! Une nouvelle fois, Phi-lippe Pérol, le président des Studio dutrépéter : « On ne veut pas être aidé et ontient à notre indépendance ». Faut-il ajouterque c’est en grande partie grâce à cetteindépendance que les Studio ont 50 ansd’existence ? SB

implacable tragédie dans un récit à la chro-nologie complexe. Le projet immobilier estdirigé d’une main de fer par Doumia, unefille de la bourgeoisie tangéroise mais quiest considérée comme une femme scan-daleuse depuis qu’elle a quitté son richemari. Elle aussi est prisonnière de la villecar, si elle rêve de fuir en Europe, son marine veut pas laisser partir leur fils de septans. Doumia décide de vendre en cachettela fresque et, avec l’argent, de payer leurpassage, elle, son fils et son amant serbe.Mais un ouvrier africain a volé un crânedans les catacombes, pensant le revendreà un amateur d’antiquités… Sous le signed’une malédiction, tout s’enchaîne alorsimplacablement : la mort du jeune nigérian,les rivalités sociales et amoureuses quimèneront Ali (le fils de la bonne aveclequel Doumia a passé toute son enfanceet qui devient fou d’amour pour elle), dans

Tanger, ville frontière. Plus tellementdans le sens d’une ville de passage, d’un

continent à l’autre, mais comme un cul desac, là où s’achèvent les rêves d’évasiondes jeunes Africains. Avec Goodbye Moroccode Nadir Moknèche, nous sommes bienloin de la vision exotique d’un Paul Bowlesadaptée au cinéma dans Un thé au Saharade Bernardo Bertolucci. Son film se passesur un chantier. Une résidence luxueusepour touristes, en haut de la corniche quidomine la grande bleue et d’où l’on aper-çoit, au loin, inatteignable, l’Eldorado euro-péen. Sur ce chantier illégal (le terrain n’estpas constructible), des clandestins s’affai-rent : des travailleurs venus du Sénégal oudu Mali et qui se retrouvent coincés dansla souricière tangéroise. Un jour, la pelle-teuse découvre une galerie souterraine :« Good bye Morocco ! » s’exclament joyeu-sement les ouvriers, disant avoir trouvé unconduit secret les menant jusqu’enEspagne. Ils viennent de mettre à jour unenécropole chrétienne du quatrième siècle ;au milieu des crânes entassés, une magni-fique fresque. Cette découverte vaconduire les personnages du film vers une

pages & imagesGoodbye MaroccoLes Chevaux de Dieu

Compte-renduTable ronde

Page 19: 01/05 28/05 2013

29Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 201328

Faucon. Chacun de ses deux films essayantde montrer dans deux contextes très dif-férents (la Palestine occupée et le nord dela France), les différentes étapes d’unméticuleux endoctrinement. Le film deNabil Ayouch intitulé Les Chevaux de dieutente de répondre à la même questionaprès les attentats de Casablanca du 16 mai2003 qui ont traumatisé les Marocains avecleurs 41 morts et centaines de blessés,alors que le Maroc s’était toujours cru àl’écart de l’islamisme radical. Pour com-prendre comment des enfants dubidonville de Sidi Moumen qu’il connaissaitbien pour y avoir tourné des scènes d’AliZaoua, prince des voleurs, le réalisateur achoisi une forme romancée, avec des mou-vements de caméra spectaculaires (survolsdu labyrinthe des rues, plongées dans l’en-trelacs des ruelles, musique « classique »)en suivant la trajectoire de deux frères :Hamid et Yachine. Misère, violence, anal-

phabétisme, drogue, déstructuration desfamilles, corruption, abandon par l’état(dont la police est vécue comme une forced’occupation), tout cela est désormaisconnu. Sans volonté démonstratrice, lefilm donne à voir parfaitement l’immensedésespoir d’une jeunesse prête à abandon-ner un présent sans avenir pour se réfugierdans les bras consolateurs d’un hypothé-tique gynécée de soixante-dix vierges. Ledernier regard entre les deux frères, aumoment où ils appuient sur le déclencheur,est d’une immense tristesse. Celui dupatelin imâm Zoubeïr quand il affirme (àl’instar des fascistes européens duvingtième siècle) : « Nous aimons  la mort »fait, quant à lui, décidément froid dans ledos. DP

* Les noyés que l’on retrouve sur la plage des Hes-pérides de Goodbye Morocco ou sur celle de laBarceloneta de Biutiful.

un final apocalyptique, sous une pluie dilu-vienne, à tuer plusieurs fois pour sonamour impossible. Mais la boîte de Pan-dore est refermée  : la nécropole estenfouie, la fresque atterrit au musée… etla femme scandaleuse rejoint son richemari.

Le magnifique dernier roman de MathiasEnard intitulé Rue des voleurs commencelui aussi à Tanger. Lakhdar est un ado sansproblème qui vit dans une banlieue sanshistoire et… sans espoir. Amateur depolars français (Manchette, Pouy…), il estbrutalement jeté hors de l’insouciance etde l’enfance quand son père le répudie

parce qu’il a couché avec sa cousine. Com-mence une odyssée qui le voit clochard àCasablanca, secrétaire d’un imam islamisteà son retour à Tanger puis travailleur dela zone franche (l’an passé, on avait décou-vert les travailleuses du port de Tangerdans le radical Sur la planche de Leïla Kilani,avec ses deux sortes d’ouvrières : textileou crevettes !) : grâce à sa connaissancedu français, il copiera des livres français(cette saisie manuelle coûtant moins cherque des les scanner) avant de saisir lesdizaines de millier de fiches des morts dela Première guerre mondiale pour lecompte de l’armée française… Mais Lakh-dar est tombée amoureux d’une jeune bar-celonaise. Il traversera donc lui aussi ledétroit pour la rejoindre. Après une tra-versée du Tatare andalou (scènes halluci-nantes dans la morgue chargée de récupé-rer les clandestins noyés*), il ira jusqu’à lacité catalane. Comme dans le film de Gon-zalez Inarritu intitulé Biutiful, la Barcelonequ’il connaîtra sera bien loin de celle descartes postales art nouveau : dans le laby-rinthe des ruelles du quartier du Raval,Lakhdar semble suivre les pas d’Uxball(Javier Bardem) dans cette mégalopole auxallures de Babel. En fin de course, il yretrouvera son ami d’enfance Bassam aveclequel il fumait des joints sur les hauteursde Tanger en regardant au loin l’Eden espa-gnol. Mais Bassam est devenu un islamistemilitant, entraîné en Irak ou en Afghanis-tan, prêt pour le martyre…

Comment devient-on kamikaze  ? Cetteinterrogation a déjà donné les dérangeantsparce qu’implacables Paradise now de HanyAbu-Assad et La Désintégration de Philippe

pages & imagesGoodbye Morocco

Les Chevaux de Dieu

Page 20: 01/05 28/05 2013

31Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 201330

La première scène du Django de Taran-tino met en place tous les éléments de

son nouveau film  : la reconstitution dupassé (nous sommes en 1858, dans le suddes USA, suivant depuis le générique, ungroupe d’esclaves enchaînés), une formede narration plus classique (plus deconstruction narrative éclatée commecelle qui avait son succès dans Pulp fiction,palme d’or à Cannes), le goût pour les dia-logues longs et complexes (avec une jubi-lation purement linguistique entre l’améri-cain sudiste des négriers et l’anglaisprécieux de l’arracheur de dents), l’hu-mour mêlé à l’ultra violence (avec toujours

ler en embrasant les bobines du film.Mettre le feu aux images, tout un symbolepour ce cinéphile boulimique ! Il s’agiradonc d’une réécriture enflammée de l’His-toire. Dans la lutte entre le bien et le malqu’il met en scène, Tarantino prend osten-siblement le parti pris des perdants del’Histoire en leur offrant une revanche fan-tasmatique. Dans Django, il invente detoute pièce une icône inconnue : le cow-boy noir. (Il est intéressant de noter quecet archétype de la virilité wasp a subi deuxremises en question iconoclastes, d’abordavec l’invention du cowboy gay par AngLee avec Le secret de Brokeback mountainmaintenant avec le cavalier nègre deDjango – il faut voir la sidération descitoyens du sud en le voyant parader à che-val). La présence de Christoph Waltz estpassionnante  : Dans Inglorious, avec safougue polyglotte, il incarne brillamment laséduction presque diabolique du mal nazi.Dans Django, il personnifie un autre ver-sant de la culture allemande. C’est lui quidonne les clefs de son histoire à Django,unchained, en lui permettant de rejouerune version black du mythe de Lohengrin.Le Dr King Schultz est un chasseur deprimes. Comme il l’explique avec son sou-rire enjôleur, il est payé par la société pourmassacrer et transporter des cadavres.Aucune pitié pour ses proies  : lui quisemble par ailleurs si moral, ne voit aucunproblème à descendre un homme mis àprix devant son propre fils. Car dans lecinéma de Tarantino, comme pour beau-coup d’Américains, la justice, c’est l’exer-cice de la vengeance. (Nous avons éténombreux à être choqués, sans doute,d’entendre les média américains – et leur

président – se féliciter, après la mort deBen Laden, que la justice soit enfin faite…alors que disparaissait toute possibilité,désormais, d’avoir un procès en bonne etdue forme.) L’image de Jamie Foxx, le jus-ticier noir, magnifique sur son alezan, estd’abord celle d’un vengeur noir. La mêmejubilation, chez le talentueux réalisateur, àfaire brûler les dignitaires nazis qu’à faireexploser dans un feu d’artifices vengeurces abrutis du Ku Klux Klan (non seule-ment il les massacre mais il les ridiculisejuste auparavant). Le même plaisir, forcé-ment sadique, à graver, à vif, dans la chairdes SS, une étoile de David qu’à faire souf-frir ces salauds d’esclavagistes. Est-ce fairela fine bouche, bouder son plaisir, de direque j’ai été gêné par la (trop) longue scènede fusillade finale* ? Trop de massacre lassequand la surenchère lui enlève toute cré-dibilité ! L’un des personnages secondaires(l’avocat de l’ignoble Leonardo di Caprio)se retrouve au milieu des combats. Avecquelle obstination malsaine (burlesque ?),le réalisateur filme les balles perdues qui,une à une, prolonge son agonie. Pourtant,et c’est nouveau chez Tarantino, dans uneautre scène, ultra violente, il finit pardétourner sa caméra ; lorsqu’un esclavequi a voulu s’enfuir est jeté aux chiens. Là,plus d’humour possible, plus de distancia-tion. Seuls les ennemis du bien doiventsubir l’insistance brûlante de l’œil de lacaméra. DP

*Sous une forme parodique plutôt réussie, dans unfinal complètement délirant, Billy, l’un des héros com-plètement allumés de 7 psychopathes de Martin MacDonagh explique l’importance du final shoot pour cegenre de films.

la même jubilation ado dans le meurtre quifait rire), la réinterprétation personnellemais respectueuse des codes du cinéma degenre (ici le western après s’être penchésur les films de gangsters avec Reservoirdogs, d’arts martiaux avec les deux Kill Bill,du film de guerre avec Inglourious Basterds).Depuis ce dernier film, sans doute à causede la lourdeur des périodes historiquesconvoquées, une certaine gravité a gagnéle cinéma de Tarantino. La dernière scènede celui-ci prend une valeur presque pro-grammatique  : dans un cinéma parisien,pendant l’occupation, une jeune juive jouéepar Mélanie Laurent supprimait Adolf Hit-

à propos deDjango Unchained

Page 21: 01/05 28/05 2013

Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 201332

Si vous et nousavons soufflé

les cinquante bou-gies des Studio etfêté ce cinémaavec enthou-siasme, c’était

aussi par extension la célébration du cinémacomme septième art  ! À cette occasion,l’équipe de la Bibliothèque proposait, en com-pagnie de Gérard Kawka (ancien directeur del’Association artistique culturelle de Villemomble),pédagogue averti, de (re)parcourir les diffé-rentes étapes qui ont permis aux hommes depasser du rêve de faire bouger les images à laréalité !Depuis le paléolithique, les hommes ont redou-blé d’ingéniosité pour transformer l’image encinéma. Ainsi le principe de la chambre noirequi permet d’obtenir par une projection de lalumière sur une surface plane, est connu depuisl’Antiquité.En 1826, Niepce réalise la première photogra-phie sur une plaque d’étain : cette prise de vuea nécessité environ dix heures d’exposition. En1839, Daguerre invente l’appareil photo : unedemi-heure de pose suffit.À la même période,Henry Fox Talbotinvente le négatif ; tandisqu’en 1889, c’est à East-man que l’on doit l’inven-tion de la pellicule. Dès le XVIIe siècle, avec lalanterne magique, on aréussi à faire se suivre desimages peintes sur duverre, tandis qu’au XIXe

siècle, moult inventeurs ont également utiliséla persistance rétinienne pour créer des jeuxoptiques comme le thaumatrope, le phénakiti-scope, le zootrope, le praxinoscope… Il y auraensuite le théâtre optique d’Emile Reynaud avecses dessins animés. Parallèlement, le chercheurEtienne-Jules Marey travaille avec le photo-graphe Edward Muybridge pour réussir àdécomposer le galop d’un cheval, et sont à l’ori-gine de la chronophotographie. On pourrait dire que le cinéma a été inventépar Louis Aimé Augustin Le Prince puisqu’il aréalisé des films avec une caméra projecteur etde la pellicule papier dès 1888 ; deux secondesseulement de son travail ayant été retrouvées,après sa mystérieuse disparition en 1890, cen’est pas son nom que l’histoire retiendra. Labataille sera serrée et les combattants nom-breux, mais le duel final se jouera entre l’Amé-ricain Edison (même si concrètement c’est soncollaborateur William Dickson qui est l’inven-teur du kinetoscope) et les Français Louis etAuguste Lumière. Le système qui fera la fortuned’Edison ne permettait qu’un usage individuel,tandis que celui des Lumière, tout en amélio-rant les découvertes préalables, parviendront,

eux, à la projection surécran et emporteront,finalement, le titre d’in-venteurs du cinéma.Comme l’a écrit un spé-cialiste de la préhistoiredu septième art, LaurentMannoni : « Le cinéma estune locomotive qui avaitplusieurs mécaniciens. »

IG

33Les CARNETS du STUDIO n°312 – mai 2013

SYnGuÉ SaBour,pierre de patienCede atiq rahimi

Un deuxième très beau film (bien que trèsdifférent) sur la condition des femmes avec lemagnifique Wajdja. Dans Syngué sabour, l’actriceest lumineuse, émouvante quand elle réussit à direà son vieux mari ni mort ni vivant, tout ce qu’ellen’a pas eu le droit de lui dire, toutes ses souf-frances, mais malgré tout avec amour et respect.Une autre vision de cet Afghanistan où on oublieque des hommes et des femmes y vivent encoreet n’en finissent pas de souffrir.

mÖBiuSde eric rochant

Comme dans beaucoup de films d’espion-nage l’intrigue est compliquée et on s’y perd com-plètement, Dujardin parlant russe c’est un desrares effets comiques du film (involontaire sansdoute). Bref, un film ennuyeux et long, si longqu’on attend la fin avec impatience… VF

au Bout du Conte de agnès Jaoui

Ce film est sauvé par le jeu de Jean-PierreBacri. Sinon, ça part un peu dans tous les sens, eton a du mal à s’y retrouver dans un scénariobrouillon et des personnages peu crédibles. Maisc’est un conte… CM

Jaoui-Bacri tournent en rond. Oui, les répar-ties sont plutôt drôles. Mais à part ça, aucune évo-lution dans leur cinéma. Pas d’inscription sociolo-gique, le film aurait pu être tourné il y a vingt ans.Qu’est-ce qu’ils font de notre époque ? […] SL

L’amour tout simplement, des vies parallèlesqui se croisent et un conte qui vous tient jusqu’aubout. C’est plein de vie. […]

SuGar mande malik Bendjelloul

Véritable ovni que ce film, qui révèle un génieméconnu de la guitare et du chant des années70… Nostalgiques du pop folk US, de Woodstock

Vos critiques

et des années peace and love, courez voir ce filmqui vous transportera assurément… […] EB

Au début on se demande où le réalisateurveut en venir et puis, à la fin, on est fan de Rodri-guez… une histoire incroyable ! PL

node pablo Larrain

Pablo Larrain monte environ deux heures demanigances publicitaires comme un thriller,chaque idée étant attaquée par le clan adverse,René devant trouver constamment de nouveauxangles d’attaques. Le film est particulièrementamer parce qu’il analyse avec précision le pouvoirdes images et choisit pour héros un homme plusdésabusé que ne devrait l’être l’artisan d’une tellevictoire historique. René vend le changement derégime tant attendu comme il vend un soda ouune telenovela. La victoire a eu lieu mais la désillu-sion est là, installée. À voir pour le jeu de GaelGarcia Bernal, pour le traitement subtil de faitshistoriques grâce à un point de vue original etpour un rappel nécessaire de l’histoire contem-poraine du Chili. Excellent film.

50 ANS DES STUDIO

J'ai tout apprécié dans la célébration de cecinquantenaire, à commencer par la cha-leureuse soirée offerte aux correspondants,quel plaisir de découvrir Psychose ! laséance gratuite du samedi où tous étaientheureux d'être présents à cette belle fête,la déambulation derrière la CompagnieOff, les bouquets de pétales colorés et lesbouts de pellicules projetés dans le ciel grisde Touraine, l'ouverture officielle par legrand Bertrand Tavernier… et tout lereste. Longue vie aux Studio ! M C, une ancienne élève-interne du LycéeChoiseul, qui traversait la rue pour voir lesfilms au Studio des Ursulines. Quelle fêtec'était déjà !

Rubrique réalisée par RSLanterne magique Lapierre. Environ 1880.

Gér

ard

Kaw

ka a

uxSt

udio

© N

icole

Joul

in