01.01 au 28.01 2014

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ISSN 0299 - 0342 CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS N°319 • janvier 2014

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Tours • Studio

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ISSN

0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURSN°319 • janvier 2014

Page 2: 01.01 au 28.01 2014

Horaires d’ouverture :

lundi : de 14h00 à 19h00mercredi : de 14h00 à 17h00

jeudi : de 14h00 à 17h00vendredi : de 14h00 à 19h00samedi : de 14h30 à 17h00

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €.ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat,

Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Marieke Rollin, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weil,avec la participation du CNP et de la commission Jeune Public.

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet.ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Cafétéria des Studiogérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

accueille les abonnés des Studiotous les jours de 16h00 à 21h45

sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

Site : www.studiocine.comet un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO

S O M M A I R Ejanvier 2014

Les STUDIO sont membresde ces associations professionnelles :

EUROPAREGROUPEMENTDES SALLES POURLA PROMOTIONDU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAEASSOCIATIONFRANÇAISEDES CINÉMASD’ART ET ESSAI

ACORASSOCIATIONDES CINÉMAS DE L’OUESTPOUR LA RECHERCHE

(Membre co-fondateur)

GNCRGROUPEMENTNATIONALDES CINÉMASDE RECHERCHE

ACCASSOCIATIONDES CINÉMAS DU CENTRE(Membre co-fondateur)

Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

Partenariat Cinémathèque-Studio : Milos Forman . . . . . . . 5

Soirée CHRU . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Soirée Vague jeune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

Soirée Libres courts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

Soirée Ciné-philo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

L E S F I L M S D E A à Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Bande annonceAgroforesterie, une révolution culturelle ? . . . . . . . . . 18

InterférencesAlabama Monroe/Gabrielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

Courts lettragesVénus à la fourrure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

Face à faceVénus à la fourrure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

À proposLa Vie d’Adèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

RencontreYolande Moreau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

RencontreAurélien Lemant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

RencontreMartin Provost . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

RencontrePierre-luc Granjon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

Vos critiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

Jeune Public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

FILM DU MOIS : FRUITVALE STATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

GRILLE PROGRAMME . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages centrales

Prix de l’APF 1998

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3Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 2014

éditorial

La veille du jour où la Commission nationaled'aménagement commercial votait à l'una-

nimité en faveur du projet de complexeDavoine pour Tours Nord (fidèle en cela à sonappellation : aménagement commercial) setenait au Sénat un colloque organisé par leGNCR (Groupement national des cinémas derecherche) autour de la défense des cinémasindépendants. Nous vous livrons ci-dessous quelques unesdes informations et réflexions les plus perti-nentes qui soient sorties de ces débats.

La question d'un cinéma indépendantn'est pas séparable de son contexte politique.La diversité et l'exception culturelle n'ont desens que si la culture dans son ensemble n'estpas traitée comme une marchandise et si unréseau de salles indépendantes se maintientde manière suffisamment large pour permet-tre l'accès de l'ensemble du public à desœuvres diverses et diversifiées. Pourtant, lasituation actuelle n'est déjà pas vraiment sat-isfaisante puisque la moitié des films Art etEssai ne sortent que dans moins de vingtsalles sur l'ensemble du territoire. L'uniformi-sation des circuits de distribution (quelquesgroupes de plusieurs centaines d'écrans cha-cun « trustant » 60% du total des entréesnationales (contre 50% il y a 10 ans)) vaautomatiquement favoriser une uniformisa-tion des films projetés (les films américains ontainsi représenté 60% des entrées cette année,contre 45% l'an passé). Et tout cela se doubled'un assez admirable cynisme comme le mon-tre la citation-titre de cet éditorial.

La liberté du renard libredans le poulailler de poules libres.En admettant même que la culture puisse êtreconçue comme une simple marchandise, ons'aperçoit très vite que la concurrence soit dis-ant libre est en fait foncièrement faussée, parles règles mêmes du jeu puisque 65% desfilms sortis chaque année sont labellisés Artet Essai, ce qui permet à de grands circuits dedistribution d'obtenir des soutiens du CNCpour des films qu'ils ne projettent que pour,précisément, obtenir ces soutiens. Si l'onimagine aisément qu'il faut protéger les cul-tures locales contre l'uniformisation déferlantdepuis des pays à fort pouvoir économique, oncomprend tout aussi bien qu'il est illusoired'imaginer qu'il puisse exister une concur-rence libre et non déloyale entre des groupestotalisant plusieurs centaines d'écrans cha-cun2 et des indépendants disposant tout auplus de 7 écrans (ce qui est très rare !) commeles Studio. Mais on voit aussi qu'il faudraitenvisager une nouvelle donne législative pouréviter que les barrières actuelles censées pro-téger la diversité3 ne soient, en fait, détournéesde leur fonction première. C'est à cela que leGNCR travaille, qui entend faire déposer unprojet de loi au printemps prochain... ER

1 Déclaration du responsable de l'un des groupesde distribution cinématographique... lefigaro.fr 2octobre 2013. Ce n'est pas si souvent que nouscitons Le Figaro dans ces pages...2 À titre indicatif : 413 pour CGR, 983 pourEuropalaces, 150 pour Ciné-alpes en 2011.3 On peut aussi signaler qu'avec leurs 7 salles, lesStudio projettent plus de films que les deuxmultiplexes de la ville réunis…

« Donner envie au publicd’aller voir un film raté ?C’est notre travail au quotidien ! » 1

NB : Le gouvernement a annoncé une baisse de la TVA sur les places de cinéma(de 7 % à 5,5 %) au 1er janvier 2014. Lorsque le précédent gouvernement avaitdécidé d'augmenter la TVA, nous avions choisi de ne pas répercuter cettehausse, raison pour laquelle nous ne répercuterons pas cette baisse…

Page 4: 01.01 au 28.01 2014

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. www.studiocine.com

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

LE LOUP DE WALL STREET

de Martin Scorsese

NYMPHOMANIACVOLUME 1de Lars von Trier

FRUITVALESTATIONde Ryan Coogler

TEL PÈRETEL FILS

de Hirokazu Kore-eda

AIME ET FAISCE QUE TU VEUX

de Margolzata Szumowska

I USEDTO BE DARKER

de Matthew Porterfield

14h3017h3021h30

14h1519h30

14h1517h4519h45mer-sam-dim16h00dimanche11h00

21h30

14h3019h0021h15dim 11h00

14h1517h3021h00

17h45

2h59’

1h57’ Int. –16 ans

1h25’

2h00’

1h41’

1h30’ + court métrage 3’

CARTE BLANCHE À L’ATELIER SUPER 8 DE TOURSFILM

de Samuel Beckett

L’HOMME ATLANTIQUEde Marguerite Duras

lundi19h30

24’

C I N É M A T H È Q U E

LE GÉANT ÉGOISTEde Clio Barnard

LE PIGEONde Mario Monicelli

12 YEARS A SLAVEde Steve Mc Queen

L’AMOUR ESTUN CRIME PARFAITde Arnaud et Jean-Marie Larrieu

LULU FEMME NUEde Solveig Anspach

UNE AUTRE VIEde Emmanuel Mouret

MÈRE ET FILSde Calin Peter Netzer

NYMPHOMANIACVOLUME 1de Lars von Trier

21h45

14h1519h30

14h1517h4519h45mer-sam-dim16h00dimanche11h00

lundi19h30

21h30

CNPjeudi20h00

56’

2h14’

1h50’

1h31’ + court métrage 3’

1h35’

1h52’

1h57’ Int. –16 ans

YVES SAINT-LAURENTde Jalil Lespert

14h3021h45

1h40’

C I N É M A T H È Q U E

1h50’

1h31’ + court métrage 3’

Le film imprévuwww.studiocine.com

dimanche11h00

MINUSCULE,LA VALLÉE DES FOURMIS PERDUESde Hélène Giraud & Thomas Szabo

1h29’

SUPER 8 de J. J. AbramsSOYEZ SYMPAS, REMBOBINEZ de Michel Gondry

ED WOOD de Tim Burton

mercredi19h45

Soirée LIBRES COURTSBurlesques

14h1517h0019h1521h30dim 11h00

LE VENT SE LÈVEde Hayao Miyazaki

SUR LA TERREDES DINOSAURES

de Barry Cook

1h20’ VF

mercredisamedidimanche

16h15

LINNEADANS LE JARDIN DE MONETde Christina Bjork & Lena Andreson

30’ VF

17h3021h30

PHILOMENAde Stephen Frears

1h39’

mardi19h45

mercredi sam-dim14h15+

17h30SAUFjeu-lun

2h06’ VO

14h0016h4519h1521h45dim 11h00

SEMAINE 4 du 22 au 28 janvier 2014 SEMAINE 1 du 1er au 7 janvier 2014

42’

Mercredi 1er janvier,les séances ne seront assurées qu’à partir de 17h.

DÉBAT avec Cécile Leubat

AVANT-PREMIÈRE

Les Studio et proposent :

Terres accaparées : comment résister ?

JE VEUX MA PART DE TERREde Frédéric Lamboulez & Jean Marie Pernelle

10e Nuit de genre vendredi19h0021h3023h30

18e Journée nation. pour la prévention du suicide

Rencontre avec la réalisatrice

LE VOYAGE D’UNE VIEde Maryse Chartrand1h30’

Vies 37-CHRU-Studio proposent :

14h1517h4519h30mer-sam-dim16h00dimanche11h00

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

À suivre.

samedi à 14h15Débat animé par Fabrice Marquat

16h15SAUFlundimardi

LOULOUL’INCROYABLE SECRETde Éric Omond & Grégoire Solotareff

1h20’

19h30LE COURS ÉTRANGEDES CHOSES

de Raphael Nadjari

1h38’

19h45SUZANNEde Katell Quillevere

1h34’ + court métrage 3’

14h3021h45dimanche11h00

UNE CHAMBREEN VILLEde Jacques Demy

1h32’

14h15SAUF lun-mar16h00SAUF lun-mardim 11h00

17h30

AMAZONIAde Thierry Ragobert

1h22’

16h15SAUFlundimardidimanche11h00

L’APPRENTI PÈRE NOËLET LE FLOCON MAGIQUE

de Luc Vinciguerra

1h25’

17h45

21h302 AUTOMNES3 HIVERS

de Sébastien Betbeder

1h30’ + court métrage 3’

Le film imprévuwww.studiocine.com

3D

ATELIER : mercredi

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Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).www.studiocine.com

Cinémas Studio – 2 rue des Ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

17h30AIME ET FAISCE QUE TU VEUX

de Margolzata Szumowska

1h41’

17h4521h45+mer-sam

dimanche16h15

19h30dimanche11h00

LA MARCHEde Nabil Ben Yadir

2h05’

17h30+

mer-samdimanche16h15

AMAZONIAde Thierry Ragobert

1h22’

LE CORBEAUET UN DRÔLE DE MOINEAU

de divers réalisateurs

45’ VF

21h45L’ESCALEde Kaveh Bakhriari

1h40’ + court métrage 3’

Le film imprévuwww.studiocine.com

mer-samdimanche14h15dimanche11h00

1h42’ VF

LA REINEDES NEIGES

de Chris Buck & Jennifer Lee

FRUITVALESTATIONde Ryan Coogler

mer-samdimanche16h00dimanche11h00

SEMAINE 2 du 8 au 14 janvier 2014 SEMAINE 3 du 15 au 21 janvier 2014

Le film imprévuwww.studiocine.com

mercredi14h15sam-dim14h15

LE HOBBIT,LA DÉSOLATION DE SMAUG

de Peter Jackson

2h45’

19h45SAUFvendredi

LE LOUP DE WALL STREET

de Martin Scorsese

2h59’

17h1521h30

NYMPHOMANIACVOLUME 1de Lars von Trier

1h57’ Int. –16 ans

mardi19h45

L’IMPOSSIBLEMONSIEUR BÉBÉ

de Howard Hawks

1h42’

LA REINEDES NEIGES

de Chris Buck & Jennifer Lee

1h42’ VF

mer-samdimanche16h00dim 11h00

SUR LA TERREDES DINOSAURES

de Barry Cook

1h20’ VF

21h45A WORLD NOT OURS de Mahdi Fleifel

1h33’ + court métrage 3’

17h45

21h45CADENCES OBSTINÉES

de Fanny Ardant

1h41’ + court métrage 3’

L’AMOUR ESTUN CRIME PARFAITde Arnaud et Jean-Marie Larrieu

PHILOMENAde Stephen Frears

FRUITVALESTATIONde Ryan Coogler

YVES SAINT-LAURENTde Jalil Lespert

MÈRE ET FILSde Calin Peter Netzer

14h1519h30

14h3019h45dim 11h00

14h1519h30sauf lun

21h30

14h3017h4519h45sauf jeu

dim 11h00

14h1517h1519h3021h45dim 11h00

lundi19h30

14h3019h45SAUFmardi

CNPjeudi20h00

1h50’

1h39’

1h25’

1h40’

1h52’

1h22’ + court métrage 3’

TEL PÈRETEL FILS

de Hirokazu Kore-eda

17h302h00’

C I N É M A T H È Q U EPartenariat Cinémathèque/Dante AlighieriCYCLE CINÉMA ITALIEN EN ÉCHO À VIVA IL CINEMA !

Soirées présentées par Louis D’orazio.

SÉDUITE ET ABANDONNÉEde Pietro Germi

TAKING OFF L’AS DE PIQUE

PHILOMENAde Stephen Frears

YVES SAINT-LAURENTde Jalil Lespert

NYMPHOMANIACVOLUME 1de Lars von Trier

LE LOUP DE WALL STREET

de Martin Scorsese

CADENCESOBSTINÉES

de Fanny Ardant

14h1517h1519h1521h15dim 11h00

14h1519h45

14h1517h1519h1521h15dim 11h00

14h1517h1521h45

mardi19h3021h15

lundi19h30

14h1519h45

CNPjeudi20h00

49’

1h39’

1h40’

1h57’ Int. –16 ans

2h59’

1h42’

TEL PÈRETEL FILS

de Hirokazu Kore-eda

14h3019h30

2h00’

Partenariat Cinémathèque/StudioHOMMAGE À MILOS FORMAN1h25’

1h38’

1h27’

1h25’ + court métrage 3’

DÉBAT avec Isabelle Laroque

Comment rester parent(s) en prison ?POURQUOI ON NE PEUT PAS SE VOIR DEHORS QUAND IL FAIT BEAU ?

de Bernard Bellefroid DÉBAT avec Francis Wurtz

Accord de partenariat transatlantique

LES DÉPORTÉS DU LIBRE-ÉCHANGEde Marie-Monique Robin

26’

1h57’

Vendredi 17 janvier : rencontre avec laréalisatrice après la séance de 19h45

STALINGRAD LOVERSde Fleur Albert

1re soirée CINÉPHILO

17h30saufjeudilundi

dim 11h00

VF

VO

Soirée présentée par Charlotte GarsonLES AMOURS D’UNE BLONDE

C I N É M A T H È Q U E 3D

Film proposé à partir de 10 ans, les parents restant juges.www.studiocine.com

Page 6: 01.01 au 28.01 2014

– Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 20144

Le CNP, le CAD (Comité d’Aide aux Détenus), et laCIMADE (Coordination inter-mouvements auprès des

évacués) présentent :Comment rester parent(s) en prison ?Le maintien des liens familiaux est reconnu parla Commission européenne des Droits del’Homme et par le Code de procédure pénalecomme étant un facilitateur de réinsertion.Actuellement, en France, 80 000 enfants ont unproche incarcéré. Comment maintenir le lienparental quand on est dessaisi du quotidien ?Comment conserver ou restaurer une imagepositive auprès de ses enfants quand on est enprison? La présence d’enfants est pourtant unmoteur puissant pour s’en sortir !

Film : Pourquoi on ne peut pas se voir dehorsquand il fait beau, de B. Bellefroid (2007 – 49’).Suivi d’un débat avec Isabelle Laroque, direc-trice du SPIP (Service pénitentiaire d’insertion etde probation) et une psychologue intervenant enmaison d’arrêt.

Le CNP, ATTAC, Les Amis du Monde diplomatique etConvergence 37 de défense et développement des

Services publics présentent :L’Accord de partenariat transatlantique

(APT): retour de Dracula ?En 1998, était révélé un projet de traité secret,l’AMI (Accord multilatéral sur l’investissement),accordant aux multinationales le droit de pour-suivre les États si ceux-ci, par leurs réglementa-tions, attentaient à leurs profits. Comme lalumière sur Dracula, la révélation tua l’AMI.15 ans après, ce monstre revient sous le nomd’APT. Comment les citoyens pourront-ils encores’y opposer ?

Film : Les déportés du Libre Échange de Marie-Monique Robin (2012 – 26’).Suivi d’un débat avec Francis Wurtz, ex-députéau Parlement européen.

Le CNP, Peuples Solidaires, Frères des Hommes, laSEPANT (Société d’étude, de protection et d’aménage-ment de la nature en Touraine) et l’AED (Association

échanges développement) présentent :

jeudi 9 janvier - 20h00

jeudi 16 janvier - 20h00

jeudi 23 janvier - 20h00

Terres accaparées : comment résister ?Depuis plus de 40 ans, des états, des sociétés,des banques, voire des particuliers achètent desterres sur tous les continents pour y implanterdes cultures de rente, les exporter vers leur paysd’origine ou faire des profits sur le marché mon-dial. Les paysans sont chassés des terres qu’ilscultivaient. La spéculation urbaine et les grandstravaux sont la cause principale de ce déclin dessurfaces agricoles. Comment résister ? Comment agir ? ICI commeLA-BAS.

Film : Je veux ma part de terre, de F. Lambolezet J-M Pernelle (2013 – 56’).Suivi d’un débat avec Cécile Leuba, membre dePeuples Solidaires et du Collectif National contrel’accaparement des Terres.

Le CNP propose sonFESTIVAL D’UN SOIR 2014

Quand les citoyens, citoyennesprennent l’initiative jusqu’à désobéir…Refus de la guerre, du colonialisme, dunucléaire,du fichage, de la destruction des terresagricoles et de l’environnement, de la misère, duracisme, du capitalisme dévastateur…Depuis longtemps des citoyens, des citoyennesagissent, s’organisent et désobéissent aux lois,ordres ou mesures imposées par les pouvoirspolitiques, quitte à s’en expliquer devant les tri-bunaux.Trois documentaires en témoigneront, et, avecAlbert Ogien, nous échangerons et débattronssur ces formes de désobéissance.DÉROULEMENT DE LA SOIRÉE :18h – Film : La Rupture oubliée : les porteursde valises de Hervé Hamon et Patrick Rotman(1992 - 52’)19H : Pause-buffet19H30 - Film : Les Enfants de Don Quichottede Roman Dénécé, Augustin et Jean-BaptisteLEGRAND (2008 - 75’)20H45 – Échange-débat avec Albert Ogien,chercheur en sociologie au CNRS, co-auteur dulivre Pourquoi désobéir en démocratie ?22H15 – Film : Opération Astérix (Notre-Damedes Landes) de Béatrice Turpin (2012 - 54’)Billet unique pour toute la soirée aux conditionshabituelles de participation aux frais du CNP.Entrée dans la salle dès 18H, ou à 19H30, ou 20H45,ou 22H15.

jeudi 30 janvier - 18h00-23h15

Page 7: 01.01 au 28.01 2014

5Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 2014 –

Milos Forman est né en Tchécoslovaquieen 1932, orphelin très tôt de parents

déportés et morts à Auschwitz. Il fait sesétudes à l’Académie du cinéma de Prague.Jusqu’à son départ, lors du Printemps dePrague, en 1968, il tourne dans son pays :L’As de pique, Les Amours d’une blonde, Aufeu les pompiers. En dépit des difficultés ren-contrées lors de son arrivée aux USA, il réaliseTaking off en 71, puis Vol au-dessus d’un nidde coucous en 75, qui remportera cinqOscars. Il se tourne ensuite vers la musiqueavec la comédie musicale Hair, puis la vie deMozart avec Amadeus, récompensé par huitOscars.Depuis Les Fantômes de Goya, en 2006, il n’apas réalisé de films. CP

Lundi13 janvier à 19h30LES AMOURS D’UNE BLONDETchécoslovaquie – 1965 - 1h25, avec Hana Brejchova…

Andula, jolie blonde, s’ennuie à Zruc, petiteville où elle travaille comme employée dans lagigantesque usine de chaussures. Il y a tropde femmes et les hommes qu’elle rencontresont ceux de la garnison. Ils sont vieux, mar-iés ou vulgaires, aussi ne rate-t-elle pas l’oc-casion de tout quitter pour rejoindre un

pianiste qui vit à Prague. Description drôle etréaliste de ce pays, avant la révolution.Soirée présentée par Charlotte Garson, cri-tique de cinéma.

Mardi janvier 14 à 19h 30TAKING OFFUSA – 1971 - 1h38, avec Lynn Carlin, Buck Henry…

Jeannie, 15 ans fugue et part s’installer avecun musicien hippie. Ses parents essaient decomprendre leur fille, mais tandis qu’elleincarne le flower power, le début des années70, eux sont encore accrochés à l’alcool et austrip poker !Satire du conflit générationnel dansl’Amérique de la guerre du Viêt-Nam. CP

Mardi janvier 14 à 21h15L’AS DE PIQUETchécoslovaquie - 1963, avec Ladislav Jakim, P.Martinkova…

Les amours maladroites d’un garçon de 16ans, Petr, dans les années soixante. Tandisqu’il ne rêve que de sorties et de la belle Pavla,il se heurte à des parents peu compréhensifs.Toujours traiyé avec humour, ce film est unpamphlet sur la recherche de liberté desjeunes générations, dans des pays quichangent vite.

Dans le cadre des 18es Journées nationalespour la prévention du suicide, Vies 37,

CHRU de Tours et les Studio proposent de dif-fuser : LE VOYAGE D’UNE VIE, un film deMaryse Chartrand, inédit en France, avantd'échanger avec elle et le public.Long et beau documentaire, Le Voyage d’unevie possède son propre rythme. Il présenteavec vérité, humanité et recul un événementfamilial tragique dont le sens est voilé. Grâceà une belle superposition de fragments d'unpériple familial, de témoignages de membres

de la famille, de brèves mais intéressantesremarques de professionnels, on parvient àmieux cerner (sans jamais y parvenir tout àfait) la logique de ce geste. On suit avec émo-tion et affection, les efforts des uns et desautres pour faire face à ce traumatisme. Ce àquoi cette famille parviendra, finalement,plutôt bien. Sans doute grâce à l'engagementimportant de chacun, tout au long de cetautre voyage. Celui de la vie. Celui de la nonrésignation face au plus fort traumatisme quisoit.

Hommage à Milos Forman

Soirée en partenariat avec le CHRUMardi 28 Janvier - 19h45

Partenariat Cinémathèque/Studio

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– Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 20146

La Vague Jeune des Studio vous invite àvenir fêter le vendredi 24 janvier, la dix-

ième édition de sa célèbre Nuit du Genre.Pour cette occasion, nous avons vu les chosesen grand pour vous accueillir… Que cettesoirée soit la vôtre ! Encore une fois, nousnous sommes concertés pour vous concocterune soirée inoubliable. Tout d’abord quelquesmots sur le thème choisi cette année :

Qu’est-ce que cela veut bien vouloir direCinémarium ? Il nous a paru évident deparler pour une fois de la magie du cinéma,non par les histoires qu’il peut nous délivrermais en montrant le cinéma vu de l'intérieur.

Trois films au programme :19h00 : Super 8 - J-.J Abrams - 1h50

Alors qu’ils sont en train de filmer avec unepetite caméra, des gamins sont témoins d’un

accident ferroviaire qui n’en est pas vraimentun…

21h30 : Soyez symparembobinez Michel Gondry - 1h34’

Deux types démagnétisent des VHS d’unloueur de video, ils s’improvisent alorscinéastes du dimanche et tentent de refaireles films à leur manière…

23h30 : Ed Wood - Tim Burton - 2hL’histoire du pire cinéaste qu’Hollywood ait puconnaître…

Tarif du Pass Nuit : 9 € abonné Stu-dio/14,70€ non abonné - séance unique autarif habituel des Studio.Buvette par nos soins. (Et toujours notrefameux cocktail bleu !)

En pleine formede Pierre Étaix – France – 1971 – 12'

Un jeune homme fuit la ville et cherche uneplace dans un camping. Mais dans quel campest-il tombé ? Et comment en sortir ? Réjouis-sant retour dans la France des années 60.

Charlot fait une curede Charlie Chaplin – États-Unis – 1917 – 17'

Charlot, un vrai poivrot, vient faire une curethermale, mais il éprouve une répulsion cer-taine pour l'eau. A peine a-t-il échappé auxmains d'un masseur sadique qu'il découvreque sa précieuse collection de bouteilles a étévidée dans la source... pour la plus grande joiedes curistes !

Rupturede Pierre Etaix – France – 1961 – 11'

Un homme reçoit une lettre de rupture de sabien-aimée qui lui renvoie sa photo déchirée.

L'amoureux blessé décide de répondre à cettemissive. Stylo à encre, porte-plume, table detravail, timbres-poste, papier et encrier devi-ennent diaboliquement récalcitrants, y com-pris le fauteuil à bascule...

La Maison démontablede Buster Keaton – États-Unis - 1920 - 22'

Un jeune couple se fait offrir une maison enkit. Il ne reste plus qu'à la monter. Ce seraitfacile si un rival n'avait pas inversé lesnuméros des caisses.

Heureux anniversairede Pierre Étaix & Jean-Claude Carrière France – 1962 – 12'

Elle dresse la table, elle l'attend. C'est leuranniversaire de mariage. De son côté, il achètedes fleurs, un cadeau, il se hâte. Mais la villetout entière, ce jour-là, semble avoir complotécontre ce jour de fête.

10e nuit de genre - Vendredi 23 janvier à partir de 19h00Cinémarium, quand le cinéma se filme !

Mercredi 22 janvier-19h45 : Soirée libres courtsLes Studio et Ciclic proposent une rafraîchissante plongée dans

le cinéma toujours jeune et jubilatoire de Chaplin, Keaton et Pierre Étaix,en présence de Fabrice Marquat, de l'Agence du court métrage.

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7Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 2014 –

Les films de A à Z08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES, AU MOIS DE JANVIER 2014 :• Trios de Carla Bley, Andy Sheppard, Steve Swallow (studio 1-2-4-5-6) • Aventine de Agnes Obel

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverezdes présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle.

Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partirdes informations disponibles au moment où nous imprimons.

w w w . s t u d i o c i n e . c o m

Il pourrait sembler naturel, en France, d’abor-der philosophiquement L’Impossible M. Bébé(Howard Hawks, 1938) à l’aide des concepts défi-nis par Bergson dans son étude fameuse de lasignification du comique, tant on peut y retrou-ver « les artifices usuels de la comédie, la répé-tition périodique d’un mot ou d’une scène, l’in-terversion symétrique des rôles, ledéveloppement géométrique des quiproquos, etbeaucoup d’autres jeux encore… »1C’est pourtant à partir des réflexions de Witt-genstein sur ce que c’est que suivre une règleque l’exposé voudrait montrer comment « [u]nfilm américain, bête et naïf, peut, malgré toutesa bêtise, et même grâce à elle, nous apprendrequelque chose. »12 En tant qu’il exprime un cer-tain scepticisme dirigé contre le langage, le film

a en effet des vertus prophylactiques. Cepen-dant, dans la mesure où ce scepticisme provienten partie d’une certaine conception du langage,elle-même solidaire d’une certaine conceptiondu mariage, la lecture philosophique du filmpeut aussi constituer un exercice spirituel rele-vant du perfectionnisme moral dont StanleyCavell a révélé l’existence à partir de son étudedu genre de la « comédie du remariage »3, ungenre qui compte L’Impossible M. Bébé parmises membres éminents.

1 Bergson, Le Rire. Essai sur la signification du comique,Paris, PUF, 1975 (1900), p. 27-282 Wittgenstein, Remarques mêlées, trad. fr. G. Granel, Paris,GF Flammarion, 2002 (1984), p. 124.3 Stanley Cavell, À la recherche du bonheur, trad. fr. C. Four-nier et S. Laugier, Paris, Les Cahiers du cinéma, 1993.

CinéphiloMardi 21 janvier-19h45 : L’Impossible M. Bébé

CYCLE DE COURTS MÉTRAGES D’ISABELLA ROSSELLINI : MammasFrance – 2013 – 10 fois 3’, d’Isabella Rossellini, avec Isabella Rossellini.

Mammas est une série créée pour la chaîne detélévision Arte par Isabella Rossellini. La ver-sion cinéma regroupe des épisodes, qui racon-tent la maternité du point de vue d’un animal. À travers des portraits ludiques de plusieursespèces, l’actrice-réalisatrice interroge lesidées reçues sur la maternité en général. « Sij’étais une guêpe… je n’aurais plus besoin

d’électroménager comme ce frigo ! »Isabella Rossellini les fait vivre avec la fantai-sie qu’on lui connait, faisant rire du décalagequ’elle crée entre le discours scientifique et samise en scène.Chaque court-métrage est présenté ce mois-ciaux Studio en avant-programme de longs-métrages.

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– Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 20148

À trente-trois ans, Arman a décidé de changerde vie. Pour débuter, il se met à la course et,dans un parc, percute, littéralement, Amélie...C’est le début d’une histoire aux multipleschapitres que l’on va suivre, comme le titrel’indique, pendant cinq saisons. Au départ, on craint un film un peu trop bran-ché avec des tics qui envahissent parfois lejeune cinéma français ; le doute disparaît trèsvite. Deux automnes, trois hivers nousentraîne, nous séduit par sa constructionastucieuse, ses personnages attachants et sonhumour omniprésent. Et plus le film avance,plus il nous emporte, nous touche. Son tonvolontiers badin est l’élégance qui permet detraiter sérieusement les moments graves sansy faire peser de l’esprit de sérieux. Jamaislourd mais infiniment poignant et avec desmoments de grâce, comme celui qui utilise lachanson Il est trop tard de Georges Moustaki.On sort de Deux automnes, trois hivers lecœur gros et serré tout en se sentant léger.Sacrée prouesse. JF

+ COURT MÉTRAGE : Le Pluvier (voir p. 7)semaine du 1er au 7 janvier 2014

1841, nord-est des États-Unis, dans l’état deNew-York, l’esclavage a été aboli. Solomon estmusicien et vit paisiblement avec sa famille.Engagé par un cirque ambulant pour jouer duviolon, il est kidnappé, déporté dans le sud etvendu comme esclave. Son calvaire va durerdouze ans...Depuis Hunger et Shame, Steve McQueen estun cinéaste sur lequel on compte. En réalisant

2 automnes, 3 hiversFrance – 2013 – 1h30, de Sébastien Betbeder,

avec Vincent Macaigne, Maud Wyler, Bastien Bouillon...

12 Years a SlaveUSA – 2013 - 15 de Steve McQueen, avec Chiwetel Ejiofor, MichaelFass-bender, Brad Pitt, Benedict Cumberbatch, Paul Dano, Paul Giamatti...

cette fresque tirée d’une histoire vraie, il nes’est pas laissé plomber par l’ampleur de sonsujet et n’a pas renoncé à ses ambitions ciné-matographiques. Les échos parlent d’un planséquence aussi impressionnant que pour lascène centrale, et inoubliable, de Hunger.Très chaleureusement accueilli dans les fes-tivals de Toronto et de Venise, le film res-semble à un accomplissement pour sonauteur. De plus, au milieu d’une distributionquatre étoiles, il offre le rôle de sa vie à Chi-wetel Ejiofor. Déjà très talentueux dans Dirtypretty things de Stephen Frears ou Les Fils del’homme d’Alfonso Cuaron mais encore assezmal connu, il est, paraît-il, exceptionnel.

Sources : dossier de presse.

Au sein de sa paroisse rurale, le Père Adams’occupe d’un foyer qui accueille de jeuneshommes. Son charisme et son dévouementgénèrent l’admiration de tous. Animé par unefoi authentique, Adam est pourtant tenailléintérieurement, étant attiré par Lukasz, l’undes garçons du centre. Entre son sentimentde culpabilité et son attirance, Adam mèneune lutte afin de réprimer cet amour naissant. Après 33 Scenes From Life (2008) et Elles(2012), la réalisatrice, formée à la fameuseÉcole du cinéma de Łódz, a reçu pour Aime etfais ce que tu veux le Teddy Award au Festivalde Berlin. M. Szumowska a voulu évoquer lasolitude du prêtre, son besoin d’amour, touten montrant l’humanité des personnages ets’abstenant de les juger. Pari réussi – et avechabileté – soutenu par un superbe duo d’ac-teurs, qui confère davantage d’intensité audilemme. Quant à savoir comment résonnerala parole de Saint Augustin ? RS

Aime et fais ce que tu veuxPologne – 2013 – 1h41, de Malgoska Szumowska,avec Andrzej Chyra, Mateusz Kosciukiewicz…

Les fiches paraphées correspondent à des textes dont le rédacteur a vu le film

A

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Un accident d’avion laisse un jeune singeperdu dans la forêt amazonienne. Né en cap-tivité, il n’est guère armé pour la survie dansla vraie jungle. Sa seule solution pour survivreserait de retrouver une tribu à laquelle il pour-rait s’intégrer, mais encore faudrait-il qu’ilpuisse s’en faire accepter.On a compris: il ne s’agit pas d’un documen-taire au sens strict mais bien d’une fiction ani-malière tournée en décors naturels, une fic-tion dont les héros et les personnagessecondaires sont des animaux, mais dont il nefaudrait surtout pas exclure le formidablepartenaire que constitue la jungle amazoni-enne, peut-être l’un des plus remarquablesterrains de jeux qui soient pour un pho-tographe...

Sources: telerama.frVoir pages Jeune Public

Professeur de littérature à l’université de Lau-sanne, Marc a la réputation de collectionnerles aventures amoureuses avec ses étu-diantes. Quelques jours après la disparitionde la plus brillante d’entre elles, qui était sadernière conquête, il rencontre Anna quicherche à en savoir plus sur sa belle-fille dis-parue...C’est le retour des frères Larrieu, quatre ansaprès leur dernier long-métrage, Les Derniersjours du monde, réunissant déjà MathieuAmalric et Karin Viard. L’Amour est un crimeparfait est l’adaptation du roman de PhilippeDjian, Incidences (2010). Même si les théma-tiques amoureuses ont souvent été dévelop-pées dans leurs précédents films, la présencecentrale d’un certain érotisme est relativementnouvelle, et porte les allers-retours entre lareprésentation d’un monde primitif, de pul-

AmazoniaFrance – 2013 – de Thierry Ragobert

L’Amour est un crime presque parfaitFrance – 2013 – 1h51, de Jean-Marie et Arnaud Larrieu,

avec Mathieu Amalric, Karin Viard, Maïwenn…

sions, et celle d’un monde contemporain etplus sophistiqué.

Sources : dossier de presse

Voir pages Jeune Public

Mahdi est né dans un camp de réfugiés pales-tiniens nommé Ain al-Hilweh, au sud Liban,a grandi au Quatar avant que ses parents nechoisissent d’émigrer au Danemark. Maistous les étés, Mahdi revenait à Ain al-Hilwehretrouver la famille, les amis et comme sonpère avait une obsession, tout filmer avec sapetite caméra, Mahdi a continué… Au fil desans, il nous livre à un portrait attachant, drôleet désespéré de la situation de réfugiés pales-tiniens : sans avenir, sans travail, sans pas-sion autre que le football (les coupes dumonde y sont vécus avec une fièvreincroyable). Des vies par procuration devantleur écran (de télé ou d’ordi), à fumer leurscigarettes en blaguant… Son documentaire areçu L’Objectif d’or du Festival internationaldu film documentaire de Bruxelles. Le jury aété séduit par la « représentation frappante »de ce camp de réfugiés palestiniens, « à traversune construction intelligente d’histoireshumaines, avec leurs anxiétés, leurs peurs etleurs espoirs ». DP+ COURT MÉTRAGE : L’Araignée (voir p. 7)

semaine du 5 au 21 janvier

Après Cendres et sang en 2009, FannyArdant signe son second long métrage en tantque réalisatrice. Cadences obstinées nousentraîne sur les chemins de la passion

L’Apprenti Père Noëlet le flocon magique

A World Not OursGB - Liban – 2012 – 1h33, documentaire de Mahdi Fleifel

Cadences obstinéesFrance – 2014 – 1h41, de Fanny Ardant,

avec Asia Argento, Franco Nero, Gérard Depardieu…

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

C

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amoureuse, obstinée, dévastatrice. Margo,violoncelliste, a abandonné sa brillantecarrière pour Furio qui doit achever larestauration d’un hôtel dans des conditionsimpossibles. Alors que la date d’inaugurationapproche, tensions et obstacles s’accumulent.Elle, s’accroche à un amour usé et tente dereconquérir l’homme pour lequel elle a toutquitté ; lui est accaparé par un contrat àremplir… Le film procède par des ruptures deton qui témoignent de l’état pulsionnel del’héroïne. Et celle-ci ressemble tellement à laréalisatrice (qui confesse avoir influencél’actrice pour obtenir ce résultat) qu’on al’impression que Fanny Ardant a réalisé unesorte d’autoportrait…

Sources : dossier de presse.+ COURT MÉTRAGE : La Guêpe (voir p. 7)

semaine du 15 au 21 janvier

Voir pages Jeune Public

Saul court quand il déprime. Depuis quelquestemps, il passe beaucoup de temps à courir,car entre son divorce et son job de secrétairede nuit dans un centre médical, il n’y a pasmatière à se réjouir. Mais, sur un coup de tête,il décide de rendre visite à son père qu’il n’apas vu depuis cinq ans et envers lequel iléprouve une rancune : son père serait en par-tie responsable de ses déboires existentiels.Haïfa va donc devenir le théâtre de retrou-vailles plutôt grinçantes. Pourtant, entredéceptions, surprises, petits drames et situa-tions burlesques, notamment en découvrantun père plein de vitalité et d’envies, Saul vapeu à peu sortir de son marasme, (re)faireconnaissance avec lui-même et avec les autreset reprendre sa vie en main.

Sources: Studio CinéLive n°55, Télérama.frFilmographie sélective : The Shade (1999), I’m JoshPolonski’s brother (2001)

Le Corbeau et un drôle de moineau

Le Cours étrange des chosesFrance/Israël - 2013 - 1h40, de Raphaël Nadjari,avec Ori Pfeffer, Moni Moshonov, Michaela Eshet…

– Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 201410

À Athènes, Amir, un immigré iranien, a fait deson appartement un lieu de refuge temporaire(une « escale ») pour des migrants qui ontquitté leur pays. Rares sont ceux qui envisa-gent de rester en Grèce : dans l’ensemble, tousveulent partir pour l’Europe occidentale. Mais,bien sûr, les papiers traînent, il faut de l’ar-gent pour les passeurs... bref, le quotidien deces spectres qui hantent l’Europe, ces immi-grés illégaux, clandestins et dont on ne parleguère que lorsque survient un drame... C’estd’ailleurs l’un de ces drames, évité de justessequi fournit une partie de la structure du film :deux cousins devraient se retrouver, l’un s’ap-prête à présenter un film lors d’un festival aumoment même où l’autre manque de se noyeren tentant de rejoindre l’île de Samos...Au moins autant que la clandestinité, c’estaussi la désillusion que le réalisateur déclareavoir voulu mettre au centre de son film.

Sources : dossier de presse+ COURT MÉTRAGE : Le Coucou(voir p. 7)semaine du 8 au 14 janvier 2014

Arbor et Swifty, deux adolescents, vivent àBradford, une ville défavorisée du nord del’Angleterre. Exclus de l’école, ils décident degagner de l’argent. Avec une carriole et uncheval, ils collectent du métal pour le comptede Kitten, le ferrailleur. Si Arbor est fascinépar l’argent et en veut toujours plus, Swiftylui est attiré par les chevaux et prend part àdes courses clandestines organisées par Kit-ten. Comme aucun des deux adolescents nesait agir sans excès, leur amitié s’en trouveécartelée... jusqu’au drame.Pour cette libre adaptation d’un conte d’OscarWilde, Clio Barnard donne une vision trèsdure de la société britannique, dans la veinede l’école réaliste anglaise à la Ken Loach.Vous ne pourrez qu’être émus et bouleverséspar le ton violent, poignant et juste des deux

L’EscaleGrèce/Suisse/France – 1h40 documentaire de Kaveh Bakhtiari

Le Géant égoïsteGrande-Bretagne – 2013 – 1h31, de Clio Barnard,

avec Conner Chapman, Shaun Thomas, Sean Gilder...G

E

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11Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 2014 –

jeunes protagonistes du Géant égoïste qui areçu 4 prix et 2 nominations aux festivals deCannes et Dinard 2013. MS+ COURT MÉTRAGE : Le Poisson (voir p. 7)

du1er au 7 janvier 2014

Ce deuxième épisode de la trilogie The Hobbit(le premier sorti en décembre 2012, le troi-sième attendu en décembre 2014) raconte lasuite de la quête du hobbit Bilbon Sacquet,du magicien Gandalf le Gris et de la troupe denains partis reconquérir le royaume d’Erebordétruit par le dragon Smaug. De multiplesdangers les attendent avant l’affrontementfinal avec la terrifiante créature.On peut s’attendre à retrouver dans ce filmtout ce qui a fait l’attrait des films précédentsde Peter Jackson inspirés de Tolkien : castingsoigné, mise en scène spectaculaire, imagessomptueuses et une réelle capacité à donnercorps de façon convaincante, parfois mêmeinoubliable, à des personnages de roman. LeHobbit ou comment réveiller en chaque spec-tateur sa part d’enfance et de rêve…

Sources : dossier de presseVoir pages Jeune Public

Taryn fuit l’Irlande pour aller se réfugier, àBaltimore, chez Kim et Bill, son oncle et satante musiciens. Mais ces derniers sont enpleine séparation...On a découvert Matt Porterfield il y a deux ansavec l’étrange et beau Putty hill. S’éloignanttoujours des codes convenus, il part d’uneintrigue qui refuse constamment d’en être uneau sens habituel du terme. Dégagé d’artificeset grâce à l’attention portée aux personnages,on a l’impression, rare, que ceux-ci sont réel-lement écoutés. Est-ce grâce au mélange,comme dans Putty Hill, de fiction et de réel ?Car l’oncle et la tante sont joués par Kim Tay-lor et Ned Oldham, musiciens professionnelset reconnus. I Used To Be Darker mérite vrai-

Le Hobbit, la désolation de SmaugUSA – 2013 – 2h40, VO, VF de Peter Jackson,

avec Elijah Wood, Cate Blanchett, Christopher Lee…

I Used To Be DarkerUSA – 2013 – 1h30, de Matt Porterfield,

avec Deragh Campbell, Hannah Gross, Ned Oldham, Kim Taylor...

ment que l’on s’y attarde. N’ayez pas peurd’être déconcertés, soyez curieux ; en bonus,vous aurez même droit, dans la premièrescène, à l’apparition d’une certaine AE, avantqu’elle n’explose. JF+ COURT MÉTRAGE : Le Coléoptère (voir p. 7)

semaine du 1er au 7 janvier 2014

Voir pages Jeune Public

À 26 ans, Jordan Belfort est un peu triste:l’année passée il n’a pas tout à fait gagné unmillion de dollars par mois… Voilà… tout oupresque est dit : arriviste et cynique, le per-sonnage central n’inspire pas vraiment unesympathie sans bornes… D’autant plus que,bien sûr, il est difficile de gagner autant d’ar-gent sans tricher un minimum et sans devenirun peu fou. Pour cette nouvelle collaborationavec L. Di Caprio, M. Scorsese nous livre doncune histoire de fous, de faux, de tricheursmais aussi de drogue et peut-être même unpeu de sexe pour faire bonne mesure. Tousdomaines dans lesquels Scorsese a déjàmaintes fois prouvé qu’il excelle. Tous lesespoirs sont donc permis pour nous, specta-teurs, avant l’arrivée très attendue de ce loupde la finance.Un dernier détail tout de même : cette fictions’appuie sur les mémoires d’un certain JordanBelfort, qui brilla au firmament de Wall Streetavant d’aller faire un petit séjour en prison.

Sources : imdb.com

Après un entretien d’embauche raté, un peudéboussolée, Lulu quitte tout, son mari et sestrois enfants, et s’octroie quelques jours de

Linnea dans le jardin de Monet

Loulou, l’incroyable secret

Le Loup de Wall StreetUSA – 2013 – 2h45, de Martin Scorsese, avec Leonardo Di Caprio,Margot Robbie, Mathew McConaughey, Jonah Hill, Jean Dujardin…

Lulu, femme nueFrance – 2013 – 1h32, de Solveig Anspach,

avec Karin Viard, Bouli Lanners, Claude Gensac, Corinne Masiero...

Film proposé à partir de 10 ans, les parents restant juges.

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– Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 201412

solitude et de liberté au bord de l’Atlantique.Elle y rencontrera des personnages toutsimples et hors du commun qui vont l’aider àretrouver une ancienne connaissance qu’ellea perdu de vue : elle-même.Auteur de nombreux documentaires (dontMade in USA qui lui avait valu le Prix FrançoisChalais), Solveig Anspach avait déjà travailléavec Karin Viard dans le magnifique Haut lescœurs [nbsp] ! (99) avant de tourner plusieursfilms entre la France et l’Islande[nbsp]: Stormy Weather (03), Back Soon (07)et le très réussi Queen of Montreuil (13). Ellea choisi d’adapter une bande dessinéed’Étienne Davodeau, l’un des plus brillantsauteurs de la nouvelle BD, couvert de prix, luiaussi entre les récits documentaires (Les Mau-vaises gens, Les Ignorants) et les récits depure fiction.Ce nouveau film avec Karin Viard, à la foisgrave et drôle, frôlant parfois le burlesquemême, est l’occasion pour Solveig Anspach deprouver encore qu’elle est une excellenteraconteuse d’histoires, une superbe directriced’acteurs, bref : une excellente cinéaste. ER+ COURT MÉTRAGE : L’Instint maternel (voir p. 7)

semaine 22 au 28 janvier

Suite à une bavure policière, des jeunes decités décident de se lancer dans une marchepacifique entre Marseille et Paris pour dénon-cer l’inégalité dont sont victimes les personnesissues de l’immigration. Au départ, ce projetn’arrive à convaincre qu’une bande restreintede marcheurs. Au fur et à mesure de l’ascen-sion vers Paris, cette initiative prend de l’am-pleur grâce à une véritable ferveur populaire,relayée par les médias. À leur arrivée plus de100 000 personnes se sont joints à eux, venusde tous horizons.…Après son premier long métrage, Les Barons(2010), Nabil Ben Yadir a su rendre avec unevibrante sincérité l’énergie de ces pèlerins, desgens ordinaires, hommes et femmes, arabesou pas, que leur engagement rend héroïques.Le film surprend par sa franchise, ses éclairs

La MarcheFrance – 2013 – 2h05, de Nabil Ben Yadir,

avec Olivier Gourmet, Tewfik Jallab, Vincent Rottiers…

de violence. Et les images d’archives, parfai-tement intégrées, rappellent une époque oùles crimes racistes faisaient l’ouverture desjournaux télévisés.

Sources : telerama.fr

Cornelia, 60 ans, mène une vie privilégiée àBucarest, entourée de ses amis riches et puis-sants. Pourtant, les relations tendues qu’elleentretient avec son fils, 34 ans, la tourmen-tent. Celui-ci repousse autant qu’il peut laprésence d’une mère possessive. Quand Cor-nelia apprend qu’il est impliqué dans un acci-dent de voiture qui a coûté la vie à un enfant,elle va utiliser toute son influence pour le sor-tir de cette situation où il risque une sévèrepeine de prison. Mais l’enfer du fils est pavédes bonnes intentions de sa mère. La frontièreentre amour maternel et manipulation estmince…La caméra de Netzer est mobile, ses plans sontvifs, même si c’est un film d’intérieur, tournéessentiellement dans des espaces clos, sou-vent étroits, confinés. Figure montante del’école roumaine, Calin Peter Netzer a réaliséen 2003 son premier long métrage, Maria, PrixSpécial du Jury au Festival international dufilm de Locarno. Après Metal of Honor, sondeuxième film sorti en 2009, il a remportécette année l’Ours d’or au festival de Berlinpour Mère et fils. Le film est en compétitionpour l’Oscar du meilleur film étranger.

Sources : dossiers de presse.

Voir pages Jeune Public

Rouée de coups, Joe est retrouvée dans uneruelle par un vieux célibataire qui la soigne etlui fait raconter son parcours érotique, de lanaissance à l’âge de 50 ans. Lars Von Trier lenarre en 8 chapitres, découpés en 2 films pré-

Mère et filsRoumanie – 2013 – 1h52, de Calin Peter Netzer,

avec Luminita Gheorghiu, Bogdan Dumitrache, Ilinca Goia…

Minuscule,la vallée des fourmis perdues

NymphomaniacFrance-Belgique-Allemagne-Danemark – Interdit aux moins de 16 ans – 2013 –1h57, de Lars Von Trier, avec Charlotte Gainsbourg, Stacy Martin, Shia Labeuf…

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13Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 2014 –

sentés en janvier 2014. Une campagne mar-keting sulfureuse accentue la réputation duréalisateur qui franchit encore un cran dansl’ostentation de la vie sexuelle, sans omettreles pratiques sado-masochistes ni les scènespornographiques, à tel point que Youtube acensuré la première bande-annonce.

Sources : dossier de presse.

Un journaliste blasé et las des choses de cemonde tombe un peu par hasard sur unedame assez âgée qui, sur le tard, recherche lefils qu’elle a eu il y a déjà bien longtemps. Ilfaut dire qu’elle a quelques excuses puisque,cette enfant ayant été conçue (horresco refe-rens...) hors mariage, la mère avait été aussi-tôt confiée à un couvent, où elle était restéeenfermée de nombreuses années...Il y a tout dans ce film pour en faire un méloruisselant d’apitoiement, tout, oui, mais il y aaussi la patte de Stephen Frears (My BeautifulLaundrette, Sammy et Rosie s’envoient enl’air, Prick Up Your Ears, Les Liaisons dange-reuses...) qui n’a jamais donné dans la larmeou l’attendrissement. Et il y a aussi l’humoursouvent décalé de son scénariste et acteurprincipal, Steve Coogan. Et puis aussi la tou-jours admirable Judi Dench, qui pourrait bienici avoir trouvé LE grand rôle de sa carrière etse faire connaître du grand public pour unautre rôle que celui qu’elle a tenu dans maintsJames Bond...Le tout, très chaleureusement salué par la cri-tique anglo-saxonne, s’annonce plus que pro-metteur...

Sources : nytimes.com,

Voir pages Jeune Public

Mehdi fut dealer, un dealer connu et reconnu.Aujourd’hui, Mehdi est mort. Son ami Isaïe,

PhilomenaGB – 2013 – 1h38, de Stephen Frears,

avec Steve Coogan, Judi Dench, Sophie Kennedy Clark...

La Reine des neiges

Stalingrad LoversFrance – 2012 – 1h22, de Fleur Albert,

avec Jean-Patrick Kone, Carole Eugénie, Jean-Paul Edwiges…

entend bien honorer la promesse qu’il lui avaitfaite de faire revenir son corps au pays. Onaura donc compris que le Stalingrad dont ilest question ici n’est pas celui qui connut unsiège hivernal infernal, mais, plus proche denous, celui du 19e arrondissement, là où l’ontrouvera plus de squats et de toxicos que dechars nazis ou de snipers gelés.Fleur Albert semble avoir signé ici un film fort,sans artifices et très près de la réalité qu’elleentend porter à l’écran, ce qui n’est pas trèsétonnant lorsque l’on sait qu’elle a déjà signéplusieurs documentaires, notamment musi-caux.

Sources : cinelive.com, avoiralire.com+ COURT MÉTRAGE

Le Crapaud du Surinam (voir p. 7)semaine du 15 au 21 janvier

Voir pages Jeune Public

Depuis la mort de leur mère, Suzanne vit avecson père camionneur et sa sœur. Un jour, elletombe amoureuse et abandonne tout...Le destin de Suzanne est celui d’une amou-reuse, aveuglée, peut-être, mais toujours sin-cère, jamais calculatrice, jamais manipula-trice. Pour elle, trouver sa place, un équilibre,est un chemin difficile. Katell Quillévéré l’ac-compagne, elle reste proche de son person-nage tout en se gardant de prendre parti pourou contre elle. Ce très beau film confirme toutle bien que l’on pouvait penser de sa réalisa-trice après Un poison violent, qui posait déjàla question de l’engagement en amour. Et ladistribution est hors pair. Autour des excel-lents François Damiens et Adèle Haenel,Sarah Forestier contredit tous ceux qui vou-draient la réduire à une jeune actrice tchat-cheuse et énervante. Après avoir été déjà

Vendredi 17 janvier, les Studio proposent, enpartenariat avec Ciclic, une rencontre après la

séance de 19h45 avec Fleur Albert, la réalisatrice.

Sur la terre des dinosaures

SuzanneFrance – 2013 – 1h34, de Katell Quillévéré,

avec Sara Forestier, François Damiens, Adèle Haenel...

SR

P

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– Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 201414

incroyable dans Mes séances de lutte deJacques Doillon le mois dernier, elle montreici une capacité à l’introspection, à la sobriété,très impressionnantes. JF+ COURT MÉTRAGE : Le Hamster (voir p. 7)

semaine du 1er au 7 janvier

Au départ, une famille aisée à qui tout sembleréussir : le père, architecte, très pris par sontravail, délègue à la mère l’éducation de Keita,garçon de cinq ans. Mais une nouvelle boule-verse le cours des choses : la maternité danslaquelle est né l’enfant annonce que deuxbébés ont été échangés à la naissance. Keitan’est pas leur enfant biologique. Tous lesrepères s’effondrent. « L’autre » famille, d’ori-gine modeste, comporte plusieurs enfants.Quelle attitude adopter vis à vis d’elle ? Unéchange doit-il à nouveau se faire ? Kore-Edaaborde la question de la paternité avec beau-coup de sensibilité : est ce le fait de partagerson sang qui fait d’un homme un père ? Ouest-ce le temps qu’un père et son enfant pas-sent ensemble ? Allez, sans hésitation, voir cefilm magnifique qui a remporté le Prix du Juryà Cannes 2013. MSFilmographie sélective : I Wish (2011), Still Walking(2008), et Nobody Knows (2004)

Cinéaste des tourments amoureux, Emma-nuel Mouret délaisse le ton de la comédie sen-timentale de ses précédents films (L’Art d’ai-mer, Fais-moi plaisir) pour nous proposer unpur mélodrame qui enferme un triangle depersonnages dans de douloureux dilemmes.Jean, électricien, pose des alarmes dans desdemeures du sud de la France. Il y rencontreAurore, célèbre pianiste. Malgré leurs diffé-rences, ils tombent immédiatement amoureuxl’un de l’autre et envisagent ensemble uneautre vie. Jean veut quitter Dolorès, sa com-pagne de toujours. Mais celle-ci est prête à

Tel père, tel filsJapon – 2013 – 2h00, de Hirokazu Kore-Eda,

avec Masaharu Kukuyama, Machiko Ono, Lily Franky, Keita Ninomiya...

Une autre vieFrance – 2014 – 1h35, d’Emmanuel Mouret,

avec Joey Starr, Virginie Ledoyen, Jasmine Trinca…

tout pour le garder... Aux côtés de VirginieLedoyen, l’amante la plus combative du trio,l’ancien membre des NTM poursuit son ascen-sion au cinéma : « Il a une épaisseur à la Ven-tura. Comme lui, il est arrivé sur le tard dansle cinéma, un peu par hasard. Derrière cetteprésence, il y a une grande tendresse. C’est cequi me touche en Joey, cette puissance etcette tendresse à la fois », confie le réalisateur.

En 1955, un conflit social secoue les chantiersnavals près de Nantes et, pendant ce temps-là, une baronne se trouve tomber amoureused’un ouvrier… Sur ce fond de mélodrame du type amoursimpossibles, greffez une musique signéeMichel Legrand, une poésie du décor et ducadre qui porte à chaque plan la griffe deJacques Demy et vous obtenez un film peut-être intemporel… Les aficionados de Demys’écharpent encore pour savoir lequel desParapluies de Cherbourg ou de Une chambreen ville pourrait être son meilleur film… Lesdeux étant ressortis récemment, vous allezpeut-être pouvoir vous faire une idée parvous-mêmes (si ce n’est déjà fait !) ER

Pour son dernier film, le grand maître des stu-dios Ghibli a abandonné le foisonnement fan-tastique des ses œuvres précédentes. Pourraconter la vie de Hiro Horikoshi, concepteurtalentueux d’un avion célèbre le MitsubishiA6M1, il a choisi une forme beaucoup plusclassique, chronologique (de la vocation depilote contrariée par une mauvaise vue, letremblement de terre de 1923, la Grandedépression et la Seconde guerre mondiale oùson invention servira la cruauté de l’impéria-lisme nippon). Dans cette œuvre testamen-taire et qui le touchait personnellement (sonpère et son oncle ont travaillé avec Horikoshi),le public, enthousiaste au Japon et au Festival

Une chambre en villeFrance – 1982 – 1h30, de Jacques Demy,

avec D. Sanda, D. Darrieux, R. Berry, M. Piccoli...

Le Vent se lèveJapon – 2013 – 2h06, dessin animé de Hayao Miyazaki V

U

T

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15Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 2014 –

de Venise, a retrouvé sa virtuosité inégalabledans l’animation des scènes de vol et des pay-sages, son pacifisme et de son amour de lanature. Ponctué de citations de Paul Valéry enfrançais (« Le vent se lève, il faut tenter devivre ! »), contre les faucons qui renaissent auJapon, il a voulu décrire un homme dont lesrêves humanistes ont été brisés sur l’autel dela guerre et du réalisme économique. Une der-nière œuvre à ne pas manquer !

Sources : Lemonde.fr – telerama.frFilmographie sélective : Mon voisin Totoro (88) –Porco Rosso (92) – Princesse Mononoké (97) – LeVoyage de Chihiro (01) – Le Château ambulant (08)

Voir pages Jeune Public

1957 à Paris, un timide jeune homme de 21ans, s’apprête à succéder au maître ChristianDior, récemment décédé, à la direction de laprestigieuse maison de couture. C’est le début

Yves Saint LaurentFrance - 2013 - 1h40, de Jalil Lespert,

avec Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Laura Smet…

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

lundi 6 janvier -19h30Carte blanche à l’Atelier Super 8 de Tours

Soirée présentée par Antoine Gaudin, professeuret chercheur en esthétique et théorie du cinéma.

lundi 13 janvier -19h30Partenariat Cinémathèque/Studio

Voir page 5

Filmde Samuel Beckett et Alain Schneider (1965) USA

Noir et Blanc 24’, avec Buster Keaton.

L’Homme Atlantiquede Marguerite Duras (1981) - France 42’

lundi 20 janvier -19h30En partenariat avec la Dante Alighieri

CYCLE CINÉMA ITALIEN,EN ÉCHO À VIVA IL CINEMA !

Soirées présentées par Louis D’orazio.

lundi 27 janvier -19h30

Séduite et abandonnéeItalie Noir et Blanc 1h57,

avec Stefania Sandrelli, Saro Urzi, Aldo Puglisi.

Le Pigeonde Mario Monicelli (1958) - Italie Noir et Blanc 1h50

avec Vittorio Gassman, Renato Salvatori, Claudia Cardinale.

08 92 68 37 01studiocine.com

de l’irrésistible parcours d’Yves Saint Laurent,créateur de génie qui a intéressé Jalil Lespert :les années Dior, la création de la griffe Saint-Laurent, mais surtout, intimement et fonda-mentalement lié à ce cheminement, l’histoired’amour, fou, avec Pierre Bergé, quand lesdoutes, les questionnements existentielsn’étaient pas encore annihilants. Quand toutétait à inventer. Soutenu par Pierre Bergé, leréalisateur a eu accès à toutes les archives etœuvres nécessaires à son projet. Les subtilesinterprétations de P. Niney et G. Gallienne (quiconfirment tout le bien qu’on pense d’eux)sont unanimement saluées.

Sources : dossier de presse, Studio Ciné Live n° 55Filmographie : 24 mesures (2007), Des ventscontraires (2011)Y

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LES CARNETS DU STUDIO – n° 319 janvier 2014 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n° 0214 G 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01

FILM

DU MOIS

Le 1er janvier 2009, un jeune homme,Oscar Grant, est abattu d’une balle dans

le dos par un policier, dans le métro de SanFrancisco, à Fruitvale station. Les imagesde cette bavure policière, filmée par les usa-gers sur le quai, ont fait le tour de la toile etont déclenché des émeutes.Pourquoi Ryan Coogler, pour son premierlong métrage, a-t-il bâti son scénario à par-tir de ce terrible fait divers ? Oscar Grantavait le même âge que Ryan Coogler. Il habi-tait la baie de San Francisco, comme lui, etavait grandi au même endroit. Il était afroaméricain, comme lui. Lors du procès qui asuivi, le policier a été condamné à deux ansd’emprisonnement et est sorti au bout deonze mois. Ryan Coogler a été ému par lemanque d’humanité témoigné par lesmédias qui décrivaient Oscar soit commeun salle gosse qui n’avait récolté que ce qu’ilméritait, soit comme un jeune innocent. Ila voulu rétablir une certaine vérité en tour-nant non pas un documentaire mais unefiction.Le film nous raconte les 24 heures qui ontprécédé le coup de feu. Avant la célébrationde la nouvelle année, Oscar prend de

bonnes résolutions : abandonner ses traficset chercher du travail, faire peau neuvepour entamer une meilleure relation avec safemme, sa petite fille, sa mère... Ryan Coogler aborde dans son film la ques-tion raciale et l’attitude musclée de la police.Il tente de nous faire ressentir l’ambiance ettoute la complexité qui se dégage dumélange des communautés appelées à vivredans un même endroit. Il signe une chro-nique urbaine violente dans laquelleMichael B. Jordan excelle à interpréter lerôle principal et nous émeut terriblement.Cette histoire de bavure policière n’est mal-heureusement pas unique. Combiencompte-t-on d’affaires similaires améri-caines* dans lesquelles un policier ou unvigile-blanc- tire sur un homme-noir- nonarmé puis est acquitté pour légitimedéfense? Après avoir été sélectionné dans la sectionUn certain regard à Cannes, Fruitvale Sta-tion a reçu en récompenses quatre prix ettreize nominations aux festivals de Sun-dance et Deauville. Rien que ça ! MS

* L’affaire Rodney King en 1992 à Los Angeles, l’affaireTrayvon Martin en 2012 à Sanford, en Floride.

+ COURT MÉTRAGE : Le Passereau (voir page 7)semaine du 8 au 14 janvier

Fruitvale StationUSA – 2013 – 1h25, de Ryan Coogler,avec Michael B.Jordan, Melonie Diaz, Octavia Spencer...

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Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 201434

Loulou, l’incroyable secret

À partir de 5 ans

France – 2013 – 1h25, film d’animation de Luc Vinciguerra.

L’Apprenti Père Noël et le flocon magique

Tout public à partir de 6 ans

France – 2013 – 1h20, film d’animation de Grégoire Solotareff et Éric Omond.

Loulou, parti à la recherche de sa mère avec Tomle lapin, découvre le monde cruel des carnassiers.Quel secret cache-t-il aux deux amis ?

Nicolas, sept ans, nouveauPère Noël, voit disparaître lamagie de Noël en voulantgrandir trop vite...

VF

Tout publicà partir de 5 ans USA – 2013 – 1h42, de Chris Buck.

Elsa la Reine des neiges, jette un vilain sort sur le royaumed’Arandelle et disparaît. Sa sœur Anna, son ami Kristoff et lerenne Sven vont partir à sa recherche dans les étendues glacées…

AMAZONIA 2DFrance – 2013 – 1h25, de Thierry Ragobert.

Tout publicà partir de 7 ans

À la suite d’un accident d’avion, un jeune singe capucin néen captivité se retrouve brutalement seul et désemparé aucœur de la forêt amazonienne...

La Reine des neiges

Le Corbeauet un drôle de moineau

VF

À partir de 4 ans

Iran – 2006 – 48 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

Le Moineau et la graine de cotonnier. Le Corbeau qui voulait être le plus fort.Un jour, un corbeau.Adaptations poétiques de légendes iraniennes.

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35Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 2014

Tout public à partir de 8 ansGB/USA/Australie – 2013 – 1h20, film d’animationde B. Cook, N. Nigthingale et P. de Lespinois.

VF

Un jeune dinosaure séparé de sa horde doit surmonter de nombreux obstacles etfaire preuve d’un incroyable courage pour retrouver les siens.

USA – 2013 – 2h50, de Peter Jackson, avec Martin Freeman...

VFVO Tout public à partir de 10 ans

Un long périple semé d’aventures conduiraBilbon à affronter le terrible dragon Smaug…

Effets spéciaux et émotions garantis !

Linnea dans le jardin de Monet

VF

À partir de 5 ansSuède – 1992 – 30 mn, film d’animation à l’aquarellede C. Bjork et L. Anderson.

Mêlant dessins à l’aquarelle, photos, tableaux et prisesde vues réelles, ce joli film permet de (re)découvrirl’œuvre de Monet avec originalité et ludisme.

Pour prolonger le film : d’autresœuvres de Monet à admirer, maisaussi des jeux et des surprises !

Tout public à partir de 10 ansVO

Le Vent se lèveJapon – 2013 – 2h06, film d’animation de Hayao Miyazaki.

Voir page 14

Tout public à partir de 6 ans

France – 2014 – 1h29,film d’animation

de T. Szabo et H. Giraud.

Une guerre sans merci se déclare entre deux bandes defourmis. Une coccinelle, amie d’une fourmi noire, val’aider à sauver son peuple des terribles fourmis rouges…

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– Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 201416

En bref…

Ici…` LE GRAND SAUT

Son interprétation de looser magnifiquedans la pétillante pastille télévisuelle Bref a

marqué les esprits ; d’autant qu’également auteur, ila su interrompre la série en pleine gloire et ainsi susciter

la curiosité, l’attente. C’est avec l’adaptation de la BD, Lou,(gros succès chez les ados) que Kyan Khojandi se jettera dans le

grand bain. Son immersion se fera en bonne compagnie puisqueNathalie Baye et Ludivine Sagnier sont également annoncées.

` LA CHAIR DE MA CHAIRPour interpréter son personnage de bodybuilder, Roschdy Zem avait, àl’origine, pensé à… Antoine de Caunes. Mais un tel physique ne se bâtit pasdu jour au lendemain, alors après réflexion, le réalisateur a choisi de faireappel à un professionnel de la discipline, François Gauvin. Bon c’est sûr quecôté muscu ce sera plus crédible, en revanche, côté interprétation, espérons queMonsieur Univers (il a participé plusieurs fois à la compétition) ait quelques dis-positions naturelles pour la comédie. Dramatique en l’occurrence, puisqu’il incar-nera un père, culturiste donc, qui rencontre pour la première fois son fils de vingtans. L’épauleront dans cette épreuve : Nicolas Duvauchelle, Vincent Rottiers etMarina Foïs.

` SANDIE SHOWMais quelle énergie cette Sandrine Kiberlain ! Enquêtrice voyeuse dans Tip Top dudéjanté Serge Bozon, magistrate enceinte à l’insu de son plein gré chez AlbertDupontel, se réincarnant ensuite en Simone de Beauvoir dans Violette de MartinProvost, elle va muter en esthéticienne, groupie fanatique dans Elle l’aime, ellel’adore de Jeanne Herry. En même temps être entichée d’un chanteur, la comé-dienne a déjà prouvé qu’elle savait faire puisque dans Love Me de Laetitia Mas-son, elle était accro d’un rockeur interprété par Johnny Hallyday. Bon, là, cesera le sémillant Laurent Lafitte qui, objet de son adoration, bénéficiera deson assistance quand il lui faudra se débarrasser d’un cadavre découvertdans le coffre de sa voiture.

` TO FRANCE WITH LOVEPas déstabilisé par le beau succès de son excellentissime Blue

Jasmine, Woody Allen a tellement entamé le travail sur sonprochain film qu’il est même achevé ! On ne sait pas

grand chose sur le contenu mais on sait que MagicIn The Moonlight a été tourné dans le sud de…

la France ! et que l’action devrait sesituer dans les années trente. Une

suite de Midnight inParis ?

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17Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 2014 –

Et ailleurs…` VINGT ANS DE RÉFLEXIONLe couple : le cinéma l’aura (re)présenté dans tousses états. Dans l’adaptation du roman à succès deA.S.A. Harrison, The Silent Wife, il s’agira de montrer com-ment un homme et une femme peuvent, pendant vingt ans, (se)donner l’illusion du bonheur. Le film, s’il est fidèle au livre, devraalterner les points de vue de l’un et de l’autre, afin que le spectateurpuisse comprendre comment ces deux là vont en arriver au point denon-retour, jusqu’au drame. Si on ne connaît pas le réalisateur, on saitque Nicole Kidman a acheté les droits du livre et a annoncé son souhait d’in-terpréter le rôle principal.

` L’ENTERREMENT PRÉMATURÉ*Qui se souvient de Roger Corman ? Le maître de la série B a pourtant marqué lesesprits avec ses adaptations d’œuvres d’Edgar Allan Poe, comme La Chute de lamaison Usher, Le Masque de la mort rouge ou La Chambre des Tortures, mais sur-tout Le Corbeau avec les figures inoubliables de Vincent Price, Peter Lorre, BorisKarloff ou Basil Rathbone. En tous les cas, Joe Dante (Gremlins) a fait ses armesauprès de Corman et lui rendra hommage dans son prochain film, The Man With theKaleidoscope Eyes. Il est question de Colin Firth dans le rôle principal. Cormandevrait faire une petite apparition dans ce film hommage.* Nouvelle d’E.A. Poe, 1844

` LA VIE PEUT-ELLE ÊTRE ENCORE BELLE ?La Vie est belle de Frank Capra fait partie de ces films rares dont le charme opèredès la première fois, et tout autant, voire davantage, au fur et à mesure dutemps. Le genre de films qui vous accompagnent une vie entière. Mais commentrépéter ce miracle ? Certains professionnels de la profession, comme diraitGodard, ont eu l’idée de cloner en quelque sorte le film. It’s a wonderful Life :The Rest of the Story s’intéressera à la destinée du petit fils de George Bai-ley/James Stewart, contacté à son tour par un ange chargé de lui mon-trer, comme ce fut le cas pour son aïeul, ce que serait le monde s’iln’était jamais né. Karolyn Grimes qui, en 1946 interprétait Zuzu,fille de George et Mary/Donna Reed, endossera la défroque del’ange. Jimmy Hawkins et Carol Coombs, eux aussi jeunesenfants des Bailey à l’époque, ont été contactés pour par-ticiper au scénario et peut-être pour tenir un rôledans le film. Si cette suite pouvait être à la hau-teur de son illustre modèle, la vie seraitvraiment belle ! IG

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– Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 201418

Bande annonce

On imagine toujours nos ancêtres duNéolithique, grand défricheurs, comme

ayant déboisé l’espace pour le mettre enculture. Or, il y a de fortes probabilitéspour que les balbutiements de l’agriculturese soient appuyés sur des équilibres agro-sylvo-pastoraux : chaque entité enrichis-sant les deux autres.Le concept de l’agroforesterie tente deretrouver ce mariage fécond entre l’arbre etla culture, au lieu de les séparer commenous le montrent nos campagnes déboi-sées. Il faut se souvenir qu’il n’y a pas silongtemps (1960-70), l’arbre faisait partiede l’ager (espace cultivé). C’est surtout laforte mécanisation qui a réduit l’arbores-cence, en ignorant, avec l’essor de l’agro-chimie, les bienfaits multiples de l’arbredans l’agrosystème.Heureusement, toutes les pratiques nesont pas perdues et de très bons exemplesexistent dans le monde. La modernisationde l’approche y compris par les servicesofficiels nationaux (Inra, Cirad, IRD…) per-met de penser que de nouvelles pratiquesvont pouvoir se développer au profit de la

production agricole et d’une biodiversitéretrouvée.Les apports de l’arbre en milieu agricoleaméliorent la production des parcelles, res-taurent la fertilité du sol, garantissent laqualité de l’eau, reconstituent une trameécologique.En Touraine des groupes d’agriculteurs sesont lancés dans la modification des pra-tiques qui avaient été imposées par l’État,la concurrence et le profit, destructeurs dessols, en réintroduisant l’arbre dans le cyclede la production et pas seulement dans« l’habillage » de l’espace visuel auquel onassocie la haie. Le développement de ressources énergé-tiques alternatives renforce également cettenouvelle considération pour le « grand »végétal, largement maltraité depuis undemi-siècle. C’est réellement une chance,pour les agricultures mondiales de recon-sidérer la place de l’arbre dans l’espace cul-tivé. Ces faits nécessiteront une véritablerévolution des esprits souvent à l’encontredes pensées dominantes.

Dominique Boutin, pour la Sepant

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT…

Agroforesterie,une révolutionculturelle ?

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19Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 2014 –

InterférencesAlabama Monroe/ Gabrielle

Elle s’appelle Gabrielle, vit dans un apparte-ment pour déficients mentaux et aime

chanter dans la chorale des muses. Elle s’ap-pelle Elise, partage sa vie avec Didier et aimechanter dans leur groupe de musique country« blue grass ».Alabama Monroe et Gabrielle nous offrent degrands moments d’émotions, à leur comblequand la musique live prend toute sonampleur. Que ce soit la chorale ou l’ensemblecountry, la musique partagée est l’expressionmême de ces deux films et des émotions deleurs personnages.Souvenez-vous de cet instant magique lors dela répétition d’Ordinaire, lorsque la vingtainede choristes entonne :Si je chante c’est pour qu’on m’entende, quand je crie c’est pour me défendre, j’aimerais bien me faire comprendre…

Le message transmis est décuplé par la naturedes choristes, déficients mentaux. Souvenez-vous des chansons interprétées enlive dans Alabama Monroe, la manière dontelles se nourrissent des émotions éprouvées età quel point elles les subliment. Pourtant, les sentiments révélés au cours desscènes chantées évolueront de manière radica-lement opposée. Car ce sont bien ces séquencesmusicales qui mesurent l’état de la relationentre Elise et Didier d’une part etGabrielle et Martin de l’autre.Au fil d’Alabama Monroe, lesregards complices des pre-mières prestations d’Elise

et Didier deviendront fuyants et les baisers setransformeront en mains tendues en vain, jus-qu’à l’explosion du couple au dernier concert.Dans le film de Louise Archambault, c’est aucours des répétitions de la chorale des musesque Gabrielle et Martin expriment à traversregards et sourires et par leur entrain à unirleurs voix qu’ils ne peuvent plus se passer l’unde l’autre. C’est bien la musique qui leur ouvredes univers inconnus, en même temps qu’ellepermet leur reconnaissance. Rarement, il me semble, deux réalisateursavaient à ce point montré la puissance de lamusique partagée en live sur des êtres malme-nés par la vie. Qu’elle interpelle une réalité quidépasse et finalement détruit ou qu’elle révèlele bonheur, dans les deux cas, nous sommesbouleversés et dans l’un comme dans l’autretotalement ébranlés par les scènes finales.Car les deux œuvres se terminent en apo-théose. Alabama Monroe mêle dans unmélange parfait les deux tons du film : la vie etla joie qui émane de la chanson que le groupeentonne à pleine voix nous transporte loin decette chambre d’hôpital où les interprètes sontterrassés de douleur par la mort d’Elise.A sa manière, Gabrielle s’en va aussi à l’issuedu film. Mais pour un autre voyage : c’est sur« Partir » qu’elle découvre l’amour ; là, lamusique n‘est pas une échappatoire mais

transcende la puissance du messagevisuel au point d’en faire un magni-fique moment de grâce… SB

Émotions en live

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– Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 201420

ments de rôle et des enjeux sous jacents.On n’est pas surpris que Polanski excelledans la maîtrise de son art, tout est extrê-mement calculé et maîtrisé, la BOn’échappe pas non plus à ses obsessionsdu détail. Paradoxalement, le filmmanque pourtant d’émotions, là oùle mental et le Verbe l’emportent, «l’objet»en deviendrait alors presque froid... RS

Même quand il s’amuse, Polanskicontinue de manier le suspense avec brio.C’est quand on est sûr de détenir enfin laclé qu’on est de nouveau à côté de laplaque. Mené par deux acteurs éblouis-sants cette Vénus qui ne cesse d’oscillerentre domination et soumission est parfai-tement perverse… Même si ça agace, onaime ! SB

Il faut avoir l’appareil critique bienobstrué pour voir du « théâtre filmé » danscette Vénus à la fourrure qui, tout aucontraire, a recours à toutes possibilitésque seul le cinéma offre : travail de la bandeson, cadrages millimétrés, raccords, décou-page… tout ici est cinéma. Et du cinéma dehaute volée, qui peut même nous réjouir lesyeux de sa beauté plastique. Ajoutez à celaque Polanski ose s’affronter à une problé-

Quand Vanda met du rouge à lèvresà Thomas, ce n’est plus seulement RomanPolanski que l’on voit en Mathieu Amalric(car la ressemblance est, dès le début, trou-blante), mais Trelkovsky le personnage jouépar le réalisateur lui même dans son filmLe Locataire en 1976. Très troublant. JF

Du Polanski pur jus ! Tous sesthèmes, ses obsessions, son humour, seretrouvent dans ce film, d’où une évidenteimpression de déjà-vu, heureusementcontrebalancée par l’imprévisibilité desdétails, des virages incongrus, des change-ments de ton et de registre, qui confèrent àl’ensemble son charme et son ambiguïté.Ironiquement, l’ambiguïté et l’ambivalencedeviennent même une sorte de gimmickrécurrent dans le dialogue !On entre dans une comédie brillante auxrépliques drôles et intelligentes, qui évoluepeu à peu en drame psychologique maiss’achève malheureusement, malgré uneEmmanuelle Seigner qui crève l’écran, surun dénouement beaucoup moins convain-cant. Dommage. AW

Brillantissime, habile, la joute verbaleest jubilatoire, à la hauteur des renverse-

Courts lettrages

Les rédacteurs ont vu :VÉNUS À LA FOURRURE

de Roman Polanski

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21Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 2014 –

matique malaisée (comment rendre visibledes rapports de dominations/soumissionsans jamais tomber dans le moindre voyeu-risme) et l’on comprendra que je ne com-prenne pas que l’on puisse bouder son plai-sir… ER

De ce troublant duel dans un noman’s land théâtral où ne parviennent dumonde que les grondements de l’orage et lesondes des portables, dans une virtuoseleçon de mise en scène et de mise en coupedu couple, me reste en tête le jeu de mas-sacre final où Amalric, travesti, ressembleà s’y méprendre à Polanski jeune, dans lapeau de Simone Choule, ensanglantée,prête à resauter dans le vide, sous les rirescruels des autres locataires. DP

Genre, comme dirait Vanda, c’est lafille qu’a un court lettrage à écrire sur LaVénus à la fourrure et doit donc être autaquet pendant la projection. Sauf quetiraillée entre ses phases d’assoupissementet sa conscience professionnelle, ça l’a pasaidée à se concentrer sur le film, c’étaitmême, plutôt au final, genre « malaise etfrustration ». Pas très kiffant, sauf si on estgenre maso… IG

La force de l’œuvre, menée de façonbrillante par Polanski, réside en l’expres-sion magistrale de ses deux acteurs(Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric,probablement dans l’un de ses meilleursrôles), qui la portent et jamais ne subissentson écriture, qu’on pourrait lui reprocherd’être trop théâtrale. Un reproche qui n’aguère lieu d’être, tant les passerelles entrela fiction dramatique et la réalité danslaquelle se place le récit cinématographiquesont fines et allègrement maniées tout aulong du film. Un film qui remplit d’unejouissance certaine, et c’est fort de celle-cique l’on quitte le théâtre parisien, superbehuis-clos d’où jaillissent tour à tour lesdoutes, le sourire, la colère, la passion,avant de laisser place au tumulte final. MR

Quel époustouflant face à face ! Pen-dant une heure et demie, on ne sait plus siAmalric joue Roman ou Thomas...si Emma-nuelle Seigner est femme de ou Wanda ...Qui domine ? Qui se soumet ? Le renverse-ment des jeux est permanent. Nous per-dons tout contrôle dans le discernement dece qui est théâtre et réalité. Enfin, ce filmest un petit chef d’œuvre imprégné de déri-sion et d’humour comme a toujours su lefaire Polanski ! MS

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– Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 201422

MétamorphoseIl y a très longtemps, quelques décennies,Roman Polanski incarnait, si l’on peut dire,l’insecte, dans La Métamorphose de Kafka.Cette transformation quotidienne, au théâtre,captait toute son énergie, à un point tel, queles dernières séances durent être annulées. Ilme semble que cela cerne bien sa personnalitécomplexe, à la recherche inlassable d’uneidentité, se défroquant de l’une pour en cares-ser d’autres. Certes, c’est ce que l’on demandeà tous les acteurs, mais Polanski est toutautant comédien, réalisateur, producteur etpersonnage public. Sa vie résonne de boule-versements et de drames que, tel Sisyphe, ildoit surmonter et qui nourrissent sa créati-vité.Créativité centrée souvent sur le thème de lamétamorphose, justement, et qui s’élaboredans deux registres différents, celui de l’ima-ginaire, fabrique de monstres, disait Goya etcelui de l’aliénation humaine, au sens du « jeest un autre ». Cela engendre vampires etautres créatures sataniques dans Le Bal desvampires et Rosemarys’baby, ou nous donneà voir les méandres de la maladie mentaledans Répulsion et les répercussions de trau-matismes psychiques dans La Jeune fille et lamort, film ô combien autobiographique.Car même si un grand nombre de films dePolanski est issu de l’adaptation de romansou de pièces de théâtre, tels Macbeth, Car-nage, pour n’en citer que deux, tous sontpétris par les obsessions du réalisateur, parsa vie même, jusqu’à l’anticiper. Etrange, eneffet, que tant de tournages en huis clos évo-quent son enfance dans le ghetto de Cracovieaussi bien que sa future assignation à rési-dence en Suisse, comme dans Le Pianiste oudans Le Locataire.

AnamorphoseLe dernier film de Roman Polanski, La Vénusà la fourrure, est un exercice de style éblouis-sant, un jeu de miroirs entre deux person-nages protéiformes qui ne cessent d’échangerleurs rôles et d’alterner la prise de pouvoir. Àpartir de la pièce de théâtre de David Ives, elle-même écrite à partir du roman de SacherMasoch, le scénario raconte l’histoire d’undernier casting, celui d’une jeune femmeeffrontée qui jure être faite pour le rôle deVanda, devant un metteur en scène épuisépar une journée décevante. Premièreséquence sur des boulevards parisiens sousl’orage, ouverture spontanée des portes d’unpetit théâtre sans grâce, puis, unité d’action,de lieu et de temps, comme le préconisait Boi-leau !Toutes les interprétations du film semblentalors possibles. Immédiateté d’une lecturesimpliste, femme comme objet de désir-plaisir,homme détenteur du savoir-pouvoir ; Phéno-ménologie hégelienne du rapport victimebourreau, dialectique du maître et de l’es-clave ; transposition sociologique de la luttedes classes et des sexes, du siècle de SacherMasoch au Vingt-et-unième, et de citerDeleuze, que dire encore ?Mais cette partition, toute de finesse et d’in-telligence, ne se livre pas d’emblée, elle captele spectateur et le laisse interloqué, commedevant une anamorphose. Il lui faut alorsrecomposer l’ensemble à partir d’une place quine lui est pas donnée. CP

Métamorphoseet anamorphose

Face à faceVénus à la fourrure

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23Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 2014 –

Huis-clos, relations de pouvoir, rapportsdominants/dominés, fétichisme, travestis-sement, faux-semblants, manipulations,tant d’éléments de son univers y sontréunis que la pièce tirée du livre de Léopoldvon Sacher-Masoch était idéalement faitepour Roman Polanski. Il en a tiré un scéna-rio qui alterne les joutes verbales en y ins-tillant une bonne dose d’humour. Les rela-tions entre les deux personnages sontfortes, leurs rôles s’échangent au fur et àmesure que le film avance. L’ingénue, laravissante idiote du début n’en est pas une,le metteur en scène est bien moins puissantqu’il ne le croit.Mais dans La Vénus à la fourrure, c’est plusla forme que le fond qui impressionne, ouplutôt comment Roman Polanski met envaleur ce fond (qui pourrait être bien moinsintéressant dans d’autres mains) par lebrillant de sa mise en scène. Toute la vir-tuosité du réalisateur est à l’œuvre maissans jamais se mettre en avant, sans êtrevoyante. Alternances des points de vue,attention aux personnages (pourtant pasplus sympathiques que ça, ni l’un nil’autre), utilisation du décor, beauté deslumières et interprètes à leur meilleur, tout

concours ici à réussir de la belle ouvrage.Mais sans rien de corseté, d’empesé, depoussiéreux. Trouver de la liberté dans uncadre si contraignant (deux personnages,un décor unique) est aussi une desprouesses de Roman Polanski.La Vénus à la fourrure provoque chez lespectateur, jubilation, rire, fascination, sur-prise, trouble, on suit Vanda et Thomasdans leur jeu un peu sadique avec plaisir.On s’amuse. Jusqu’à s’apercevoir de lanoirceur profonde du regard du cinéaste, enparticulier sur les hommes. Mais sur sonhéros uniquement, La femme (Vanda lesjoue toutes, y compris, dans la scène finale,une sorte de déesse païenne), elle, n’est pasune victime, loin de là. Elle donne, enquelque sorte, sa revanche à Tess, autrehéroïne de Roman Polanski qui mourrait,broyée d’avoir voulu revendiquer son appar-tenance à une classe sociale, la noblesse,qui n’était pas la sienne. En abandonnantThomas attaché sur la scène à un ridiculetotem/cactus phallique, Vanda la venge.Puis, impériale, elle part et sort du théâtre.Dehors la pluie a cessé, l’air du soir parisienest frais. À l’air libre comme en lieu clos, elleest bien la plus forte. JF

La revancheFace à face

Vénus à la fourrure

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– Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 201424

Adèle est lycéenne, en première litté-raire : normal, elle aime lire, elle aime

les grands auteurs. Elle a de bonnes rela-tions avec ses camarades. Une fille ordi-naire ? Pas sûr !Quand elle va au lycée le matin, elleattrape difficilement son car. Le trajetsemble un parcours déplaisant pour elle.Jamais en retard, mais toujours à lalimite. En classe, elle écoute sans êtrevraiment là.Le jeu de la caméra, les attitudes d’Adèlemontrent qu’elle a souvent le regardperdu, ailleurs. Avec les autres, ses rap-ports se révèlent peu à peu fragiles, surle bord de la rupture. Elle est toujours enporte-à-faux : ainsi avec son jeune amou-reux. Elle lui avoue aimer toutes lesmusiques, sauf un genre : le hard rock,justement le seul qu’aime son soupirant.Plus tard, cela se renouvellera avecEmma : Adèle aime tout en cuisine… saufles produits de la mer. Justement ce que

À proposLa Vie d’Adèle

préfère Emma (et ses parents).Le monde n’est jamais au diapason desgoûts et des désirs d’Adèle. Comme s’il n’yavait pas réellement de place pour elle.Comme si elle était transparente aumonde. Deux moments forts pour s’enrendre compte. Le premier, quand elle faitla tournée des bars homosexuels : ellepasse au milieu des autres qui la remar-quent à peine. Seule l’irruption impro-bable d’Emma la sauve de l’anonymat.Le deuxième, quand Emma fête sa pre-mière exposition. Adèle a tout préparépour la fête, mais les autres font bien peuattention à son existence, sauf Emma etsa future compagne. Emma ne peut passauver Adèle cette fois. Ni le jeunecinéaste qui bavarde avec elle.Adèle au fond n’est pas de ce monde bâtisur les apparences, les étiquettes, lesréputations. Elle est d’un univers non-réflexif, où l’on vit sans calcul, dans l’im-médiateté.

Vivre et ne pas être

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25Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 2014 –

tiste incomprise pendant qu’Adèle l’at-tend dans leur lit. Avec amour.Adèle est seule : les autres sont tous enreprésentation, ils ont tous un rôle. Ellese contente de faire ce qu’elle aime : ins-titutrice. C’est sans gloire, sans ambition,mais c’est elle. Pleine de vie.Car Adèle est pleine de vie. Mais seule.Adèle est seule : elle ne retrouvera jamaisl’amour d’Emma, perdue dans ses jeuxsociaux convenus. La voici dans la rue(dernière image), abandonnée. Adèle estseule pour toujours : même la mort nevoudrait pas d’elle. La mort serait encoreune pose, un rôle factice. AbdellatifKechiche a eu raison de modifier la fin dela BD dont il s’inspire (Le Bleu est unecouleur chaude) : Clémentine (oui, elle nes’appelait pas Adèle) s’y suicide. Figéedans une pose de martyre sacrifiée. Adèle est seule dans ce monde ingénu oùelle veut juste exister, aimer… vivre. Ellen’est pas de notre monde. La Vie d’Adèleest un film magnifique, sans espoir. Sansconcession. CdP

Quand ses camarades filles la traitent delesbienne, elle ne peut que répondre non.Elle ne l’est pas. Elle aime Emma, c’esttout. Elle ne joue pas à être lesbienne,comme le garçon de café de L’Être et lenéant joue à être garçon de café (Adèlecomprend mieux Sartre qu’Emma finale-ment). Elle est dans une passion sponta-née, sans calcul : elle ne joue pas à êtrelesbienne comme celles qu’elle a aperçuesdans les bars gays. Elle est vraimentd’ailleurs, d’un univers où l’on vit dansl’immédiateté et la spontanéité des désirs.Emma ne l’a pas compris ou pas accepté.Elle voudrait qu’elle devienne une intel-lectuelle, qu’elle fasse des études, qu’elleait de l’ambition, qu’elle se fasse un nom.C’est trop : Adèle veut être Adèle, sansêtre en représentation, sans jouer un rôle(le garçon de café de L’Être et le néant,toujours). Emma se fera dévorer par sonstatut d’artiste : elle en joue le rôle, perdtoute spontanéité. Voir la scène où elleest au téléphone (portable bien sûr !) avecun galeriste, ou son agent, à jouer l’ar-

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– Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 201426

Rencontre avecYolande Moreau

« Je suis ravie d’être là, ce soir, avecvous, de voir que la salle est pleine.

Merci de votre accueil. » Elle remercie éga-lement la présence de Frédéric Alexandre,son premier assistant. Une premièrequestion du public s’intéresse à la nais-sance de l’histoire. « Je suis partie deHenri. A l’époque des repérages pourQuand la mer monte (2004), je ne saispas pourquoi, j’écoutais beaucoup Inno-cent When You Dream de Tom Waits etc’est parti de là, je voulais en fairequelque chose. Après, chez moi, c’est dubricolage… Henri, c’est un personnageéteint. Rosette, c’est une autre forme desolitude ». Yolande Moreau évoque cesdeux souffrances différentes et l’amour.« C’est un film sur la condition humaine ». Un spectateur remercie la réalisatricepour la beauté de son film et salue labande musicale. « Au montage, lamusique de Wim Willaert s’est imposée.Elle était un peu dissonante par rapportau reste, au départ. Pour des raisons deproduction, on a situé le film à Liévin,avec des travailleurs immigrés. Cela per-mettait d’avoir ces musiques italiennes,Ti Amo, lors d’un enterrement… ».

Que Pippo Delbono, comédien et metteuren scène italien, accepte d’incarnerHenri, grand taiseux, étonne ! « Il aaccepté et tout de suite j’ai eu un boncontact... Il est beau, il a une grande pré-sence. Henri, c’est le contraire de Pippo,qui a une résonnance dans ma proprehistoire. Ça m’a plu ». Le choix des comédiens questionne lepublic. « Ce sont pour la plupart des pen-sionnaires, ils travaillent dans un CAT.C’est une démarche de ma part. Je nevoulais pas les filmer malgré eux et c’estsans doute quelque chose qui va seretrouver dans le making of ». Elle leur aexprimé sa démarche : « j’ai envie de vousfilmer, c’est pour jouer un rôle d’handi-capé mental. Nous, comédiens, quand ontravaille, on oublie ce qu’on est, on laisseça au porte-manteau ». Mais Y. Moreauleur a également confié qu’elle-même, ellene pouvait pas jouer une jeune femmeblonde et mince, que l’on fait avec ce quel’on est. « Ils ont accepté de jouer le jeu etc’est plutôt heureux comme rencontre ».Rosette (Miss Ming), elle, « prétend qu’ellen’est pas actrice mais c’est une trèsbonne comédienne. Elle a l’instinct, un

Rencontre avec Yolande Moreaumardi 1er octobre 2013

Le 1er octobre dernier, les Studioaccueillaient Yolande Moreau venueprésenter Henri, son deuxième filmen tant que réalisatrice.

Yolande Moreau aux Studio©Nicole Joulin

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27Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 2014 –

rayonnement intérieur qui transparaît.Cette force, je l’ai vue aussi chez Bonnairejouant pour Pialat ». Une spectatrice est émue par la scène dela fête au foyer des Papillons blancs. Laréalisatrice voulait évoquer plutôt la res-semblance que la différence : « Il y a desparallèles comme la musique qui revient,quand David chante Henri de Balavoine.C’est venu à l’improviste le matin du tour-nage. On n’y avait pas pensé ! Je suisallée voir ma productrice : Balavoine,c’est cher ? », vas-y, elle m’a dit. Alors onl’a fait. Il faut être à bonne distance et lespensionnaires eux-mêmes rient ». Y.Moreau revient sur la scène à la piscine,plus complexe à aborder avec eux : « Lerapport au corps, c’est difficile ». C’estaussi un moment où Rosette transgressepour observer des amoureux : « j’aimeraconter par l’image sa détermination àêtre heureuse ». Elle a voulu évoquer « unréveil, celui d’Henri pour Rosette, qui estbien plus vivante que lui, plus forte !L’amour comme remède à notre difficultéd’exister. C’est un film d’amour ». Une présence n’a pas échappé aupublic, celle des volatiles… « J’aimebeaucoup les pigeons », commente Y.Moreau. « L’idée de l’envol, d’un ailleurssymbolisé aussi par le départ de Rosetteet d’Henri pour le bord de mer. Ilspartent pour mieux revenir. J’étaisfascinée par les colombophiles. Ce n’estpas tellement connu par ici […] Désird’envol, désir d’autre chose… L’envolc’est magnifique. J’attends toujours cemoment où Rosette ouvre sa main aumoment de l’envol, cela m’émeut ». Autre émotion du public sur Henri, où ilest question d’amour, de poésie et d’hu-manisme… et aussi du regret de ne pas

y voir davantage Y.Moreau. Et le travaild’écriture du scénario ? « J’ai commencéà l’écrire en 2004. C’est très écrit. J’aivoulu faire quelque chose de âpre. Henrin’est pas un personnage très sympa-thique au départ. Il est mou. Les troisamis, ils sont quand même limites ! ÀJackie Berroyer j’ai demandé qu’il soitveule. Ça lui a fait un peu peur. Le per-sonnage d’Henri, j’aime son côté lourd etmaladroit. Ce n’est pas évident en termesde jeu. On s’est privé du sourire magni-fique de Pippo. Moi-même, étant comé-dienne, j’aime bien l’impro et là, il y en aà peine ! ». C’est un film peu bavard et« même au montage, dès qu’il y avaitmoyen de supprimer des paroles… L’écri-ture en images, c’est faire confiance ». Laréalisatrice évoque les Brèves de comptoirde J.-M. Ribes où elle joue : « Je m’amusemais je me demande comment il va gérerles silences ! François Morel est très douédans les mots. Son dernier spectacle estune splendeur ! Moi, ce ne sont pas lesmots… ».Le public salue la dimension attachantede ses personnages, la richesse à les voirvivre. Comment procède-t-elle ? « Eh bienje ne sais pas ! Avoir une vérité dans lesprises, avec Pippo et Miss Ming. C’est tou-jours difficile de diriger les comédiens.Pour ma part, je n’aime pas les indica-tions psychologiques ». Y. Moreau dit nepas maîtriser la caméra, aimer les plansséquences et tourner en scope. Lente etaimant la lenteur, elle se voyait mal galo-per caméra à l’épaule…Yolande Moreau, comédienne, a pourprojets un road-movie en Chine, ainsiqu’un travail avec Delépine, « très de soncrû… très politiquement incorrect ! ».La réalisatrice, réceptive à l’ambiance des

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Studio, initie un aparté : « J’aimerais bienavoir un cinéma comme le vôtre, sans quecela sente le pop-corn dans l’entrée… etje n’aime pas trop les blockbusters… ».Applaudissements dans la salle ! Aucinéma, « j’ai des coups de cœur. J’adoreKaurismäki. Je fonctionne beaucoup parles rencontres. J’ai surtout envie decontinuer à écrire. Là, je n’ai pas d’idée…Ça prend beaucoup de temps d’écrire.C’est le gros bordel, ça part dans tous lessens au début, comme je ne veux pas par-tir de livres et d’adaptations ». Yolande Moreau, chaleureuse et sponta-née, a été très disponible avec un publicresté encore nombreux pour échangerautour d’un verre. Son humanismeauthentique, paré d’une intelligencehumble et d’une créativité poétique et

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Après nous avoir rappelé que Dicks’était posé la vieille question philo-

sophique « connais-toi toi-même » de

manière paroxystique – le problème del’identité et de l’assurance de son identitéétant au cœur de son œuvre – A. Lemant

Rencontre avecAurélien Lemant

Rencontre avec Aurélien Lemantvendredi 15 novembre 2013

La nouvelle édition des Rencontres de labibliothèque a accueilli Aurélien Lemant,metteur en scène de théâtre et auteur,venu présenter deux de ses livres, maisaussi, surtout, parler du romancier PhilipDick et des adaptations qui en ont étéfaites au cinéma.

tendre, nous rend impatients de sonfutur film et d’une prochaine rencontre.Chapeau bas à une très grandeDame ! RS

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29Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 2014 –

entreprend de faire une rapide biographiede Philip Dick destinée à montrer com-ment cette question et celle du double ontpris une telle importance dans l’oeuvre del’auteur de Les Androïdes rêvent-ils demoutons électriques ? (plus connu sousle titre de Blade Runner). Philip Dick naît,en effet, en même temps qu’une sœurjumelle, qui meurt à l’âge de 6 semaineset dont on ne cessera de lui répéter qu’elleest morte parce que leur mère n’avait pasassez de lait pour nourrir les deuxenfants... De là viendra une lancinantequestion : « pourquoi elle, et pas moi ? »,suivie d’une autre : « et si, dans un autremonde, c’était elle qui avait survécu etque je sois mort ? » De là, Dick va vite enarriver à la conclusion que notre monden’est qu’un leurre qui nous cached’autres mondes, au moins aussi réelsque celui que nous connaissons et, de làaussi, naîtra très facilement une certainefascination pour les théories du complot :« si d’autres mondes existent et qu’on neles voit pas, c’est peut-être que quelqu’una intérêt à les tenir secrets... »IL développera ce concept dès 1977, lorsd’une conférence donnée en France, etl’on voit bien ici le lien qui se fera plustard avec la série des Matrix...

Cette fascination pour le vrai et le faux,et leur valeur relative, se trouvera encorerenforcée le jour où il découvrira que sacollection de timbres rares contient de

nombreux faux mais que la qualité dutravail de faussaire fait sur les fauxtimbres leur confère la même valeurqu’aux vrais... Donc, cela crève les yeux :le faux, le factice, peut avoir la mêmeimportance, la même valeur pragmatiqueque le vrai. Ceux qui connaissent l’oeuvrede Dick voient facilement ici poindre lacorrespondance avec nombre de seslivres ; pour reprendre le seul exemple deBlade runner, la question lancinante quiy est posée est celle de la limite entre l’hu-main et l’artificiel : un androïde qui a étéprogrammé pour croire qu’il est humain,pour souffrir et jouir comme un humain,souffrira et jouira effectivement commeun humain... Où, alors, se trouve la sépa-ration entre le « vrai » humain et le « faux »humain ?

Cette présentation achevée, la soirée s’estpoursuivie par la projection du Voyagefantastique de Richard Fleischer, à l’issuede laquelle se tiendra une longue discus-sion entre un Aurélien Lemant particuliè-rement disert et enthousiaste, et unpublic souvent prompt à reprendre toutesles pistes lancées, de sorte que la discus-sion dépassera très largement le cadre dufantastique pour aborder des domainesbien plus larges et, souvent, plus spécifi-quement cinématographiques, mais qu’ilserait vraiment trop long de résumerici ! ER

Retrouvez une vidéo de la rencontre sur le site des Studio, rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

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– Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 201430

Séraphine et Violette Si les deux films ne sont pas les mêmes, cha-cun est l’essence de son personnage principal.Au début de la rencontre, Martin Provostattire notre attention sur les deux fins à prioritrès semblables. Il s’agit de plans en pleinenature de femmes qui restent solitaires : Séra-phine marche vers un arbre, s’assied et leregarde. Un travelling accompagne Violettequi s’installe sur un pliant ; suit un contre-champ plein de soleil. Si ce dernier annonce10 ans de vie heureuse (elle écrira et connaîtraenfin la reconnaissance), le final de Séraphineest en suspens et plus onirique puisqu’on saitque l’artiste mourra de faim pendant la guerredans un asile.Au cours du débat le réalisateur nous appren-dra que Violette Leduc a écrit un très beautexte sur Séraphine. Le lien entre les deuxfemmes est devenu alors évident pour soncoscénariste, René de Ceccaty, et lui.

Des personnages inscrits dans l’espace« Aujourd’hui on filme beaucoup en grosplans, on coupe trop. Tout finit par se ressem-bler… Moi j’aime prendre mon temps, inscriremes personnages dans l’espace ; le gros plan

doit venir à son moment, après… je fais sansdoute partie d’une vieille école ; on me jugesouvent un peu classique, un peu acadé-mique»...»

De Michael Galasso à Arvo PärtMartin Provost a tendance à se méfier del’ajout de musique dans les films, a peurqu’elle soit en trop. Elles ne sont donc inséréesqu’en période de montage : Michael Galasso(compositeur entre autres de la bande son deIn The Mood For Love) pour Séraphine et lechoix de morceaux d’Arvo Pärt pour accompa-gner les déambulations de Violette.

Violette et EmmanuelleAprès avoir beaucoup cherché sur ce qu’étaitvraiment Violette, ce qui s’imposait, c’est sasolitude. Pour l’incarner, Emmanuelle Devosa tout de suite eu la préférence du réalisateurcar si elle ne lui ressemble pas, elle en al’étrangeté « comme Yolande Moreau avaitcelle de Séraphine ». L’actrice a accepté sansproblème de s’enlaidir et de maigrir. Il a fallutravailler sur le nez, très proéminent de l’écri-vaine. Elle se l’était fait refaire ensuite – Pré-vert aurait dit : « ce n’est pas le nez qu’il fallait

Rencontre avecMartin Provost

Rencontre avec Martin Provostdimanche 10 novembre 2013

Les spectateurs des Studio aiment rencontrer les réalisateurs detalent. La salle était archi-comble pour échanger avec Martin Pro-vost après la projection de son film Violette. Les destins excep-tionnels de Violette Leduc et de Séraphine – à laquelle le cinéasteavait consacré son premier film – furent bien sûr évoqués. Maisbeaucoup d’autres sujets furent abordés comme les choix de miseen scène, le travail en numérique, le casting et la direction d’ac-teurs, la reconstitution du Paris d’après-guerre, les personnagesaperçus, le travail sur la photo et bien sûr la relation hors normeentre les deux écrivaines (Violette Leduc et Simone de Beauvoir)…Martin Provost s’est prêté au jeu des questions-réponses avec unbonheur évident avant de quitter le public visiblement conquis.

Violette, Simone, Jean, Maurice et les autres

Martin Provost aux Studio©Nicole Joulin

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refaire mais tout le reste ! » Cette transforma-tion physique a nécessité quatre heures depose de prothèse et maquillage chaque jourpour Emmanuelle qui devait se lever à 4h dumatin…

Simone et Sandrine« C’est Emmanuelle Devos qui m’a conseilléde prendre Sandrine Kiberlain pour incarnerSimone de Beauvoir. Quand on lui a proposéle rôle, elle a fait preuve d’une grande déter-mination pour l’obtenir… On a dû travaillervite car elle enchaînait avec 9 mois ferme. Ilnous a été impossible prendre le temps de seconnaître ni de répéter... En guise de prépa-ration, je lui ai demandé de se comportercomme un homme dans sa vie courante. » Etle résultat est impressionnant : Martin Provostredoutait de tomber dans l’écueil de l’imitationavec un côté sinistre comme l’avaient faittoute les actrices qui avaient auparavantinterprété Simone de Beauvoir. Or c’était quel-qu’un de « très vivant, qui savait rire et picoler,qui ne pensait pas à l’argent… ».

Violette et Jean GenêtPour Martin Provost, ce sont deux person-nages du même monde, comme frère et sœur,qui s’expriment avec des langages trèsproches. Pour cette raison, le réalisateur achoisi le tutoiement ; il insiste sur la proximitéentre le Genêt aperçu dans le film avec l’écri-vain. Quant au petit film montré en cours detournage, il a réellement existé. De même queSartre était bien présent dans le théâtrequand Louis Jouvet (dont on reconnait la voix)met en scène Les bonnes, pièce qui a fait unvéritable scandale à l’époque.

Maurice Sachs, Violette et sa mèreEtrange personnage que celui de MauriceSachs. Il apparait complètement à la dérive audébut du film ; Après avoir fait croire à desjuifs qu’il pouvait les faire passer contre del’argent (qu’il empochait sans scrupules), ilabandonne Violette, s’enfuit à Paris puis seréfugie en Allemagne d’où il ne reviendra pas.Longtemps Violette a porté la culpabilité de sa

mort, en a été très tourmentée. Elle ne s’enlibèrera qu’après avoir écrit Ravages.Quant aux rapports de l’écrivaine avec samère, ils n’ont pas été simples ! « On détestetoujours sa mère à un moment » dit MartinProvost s’appuyant sur la violence des textesque Violette a écrits sur celle qu’elle qualifiaitde monstre. Il a semblé indispensable au réa-lisateur d’évoquer le lien intime qui existaitmalgré tout entre les deux femmes avec cettescène de la toilette, quand Catherine Hiégellave sa fille. « Emmanuelle et Catherine, quise sont très bien entendu, avaient réussi àétablir un véritable rapport charnel ».

45 jours de tournage, une reconstitutionminutieuse et un travail sur l’image numé-rique :Le Tournage en numérique de Violette anécessité une très longue préparation : repé-rage de vrais décors – un escalier, la rue del’immeuble de Violette à Pantin… Avant le pre-mier tour de caméra le découpage était finaliséet ensuite les images ont été retravaillées -couleur, grain, ombre et lumière, effets spé-ciaux, suppression d’architectures pluscontemporaines…

Quant aux projets à venir :« Après Séraphine et Violette, je n’ai pas enviede devenir un spécialiste des causes perdues.Je ferai autre chose… » SB

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Retrouvez une vidéo de la rencontre sur le site des Studio, rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

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– Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 201432

Nouveau partenariat avec Ciclic pour fêterla dixième édition de Le Court s’anime !,

le 6 novembre, en présence du réalisateurPierre-Luc Granjon (1, 2, 3 Léon, L’Enfantsans bouche). Neuf courts métrages étaient présentés dansce programme ; neuf auteurs, neuf universsinguliers et (d)éto(n)nants.Pierre-Luc Granjon n’a pas seulementrépondu avec enthousiasme aux questionssur son propre film, La Grosse bête, il s’estmontré tout aussi disponible pour satisfaireles demandes du public au sujet des autrescréations.C’est grâce au soutien à la production deCiclic que cette fameuse grosse bête a vu lejour dans la bonne ville de Château-Renault.Neuf semaines ont été nécessaires pour réa-liser ce film de six minutes. Personnages etdécors sont en papier découpé. Chaque élé-ment du visage, du corps, est mobile : tousles dialogues sont enregistrés avant pourque les mouvements des lèvres collent autexte prononcé notamment par la voix deBruno Lochet. La caméra est située au-des-sus de trois plateaux transparents empilés,ce qui permet de donner un effet de profon-deur. Deux proverbes ont inspiré Pierre-LucGranjon : Un homme averti en vaut deux etMieux vaut prévenir que guérir, ça dit :« soyez avertis de tous les dangers potentielset il ne vous arrivera rien », mais finit parimpliquer d’avoir peur sans arrêt et d’être

dans une recherche de surprotection. Ce quel’on peut constater d’un point de vue poli-tique, dans certains petits villages sansimmigration et où pourtant on a peur del’étranger. On pourrait me reprocher depousser le raisonnement à l’extrême, opterpour la fable me permettait d’aller jusquelà… »

Avec le fascinant Le Grand ailleurs et le petitici de M. Lemieux, Pierre-Luc Granjonévoque la technique, rare et complexe, del’écran d’épingles, inventée par A. Alexeïeff.Ce programme, comme dans un inventaire àla Prévert, a également permis de se confron-ter à la terreur d’un enfant sauvage dansFeral de D. Sousa, à un petit enfant pelu-cheux perdu dans une communauté denaturistes dans Oh Willy… de M. Roels et E.de Swaef, aux errances mentales et moel-leuses d’une femme enroulée dans sonFuton de Yoriko Mizushiri, à l’explosif Ban-quet de la concubine d’Hefang Wei, à unConte de Fait de Jumi Yoon, et mais aussise déplacer Autour du lac délirant de N. Mar-sily et C. Roosens. Et puis surtout d’embar-quer dans le Tram de tous les désirs, de tousles plaisirs, de tous les délires de M. Pavla-tova !L’Armée des lapins devrait être le prochainprojet de Pierre-Luc Granjon et ce sera un…long métrage ! On compte sur lui pour venirle présenter aux Studio ! IG

Rencontre avecPierre-Luc Granjon

Rencontre avec Pierre-Luc Granjonmercredi 6 novembre 2013

Voyage aux bons courts

Pierre-Luc Granjon aux Studio©Roselyne Guérineau

Page 38: 01.01 au 28.01 2014

33Les CARNETS du STUDIO n°319 – janvier 2014 –

BAIKONURde Veit Helmer

On ne sait pas trop commentclasser cette fable assez can-dide, entre SF et comédieromantique. Ce qui fait lecharme de ce conte, c’est unmélange d’humour, de poésie,de fantaisie. Les décors et les

paysages sont superbes. La musique et cer-tains tableaux nous emmènent parfois dansun univers à la Kusturica. Chris.P

NOS HÉROS SONT MORTS CE SOIRde David Perrault

Un faux, mais beau, polar poé-tique, riche en références, quitout en évoquant la France desannées 60, emprunte à l’imagi-naire du catch sur fond de rémi-niscences douloureuses de laguerre d’Algérie. Les specta-

teurs tourangeaux auront reconnu des lieuxqui leur sont familiers, magnifiés par unsplendide noir et blanc. Monsieur HR […] un sens de la poésie visuelle et dialoguéetrès rare… […] Jérémie A.

9 MOIS FERMEde Albert Dupontel

Dieu sait que j’aime AlbertDupontel, mais là, quelle décep-tion. Tout est attendu, la méca-nique est bien huilée, mais plusdu tout surprenante. […] le finalest tristement bien pensant etpolitiquement correct. Mais

Albert, où est passé ton côté anar qu’on aimaittant ? Marc

9 mois ferme est un film drôle et acide.Sandrine Kiberlain y est fabuleuse etoffre un contraste saisissant avec le per-

sonnage de Dupontel. L’humour du film estpeut-être plus potache que dans ses précé-

Vos critiques

dents mais suffisamment noir pour qu’onreconnaisse sa patte ! L.

LE MÉDECIN DE FAMILLEde Lucia Puenzo

Le décor Andin, rappellecurieusement celui deMarianne de ma jeunesse deDuvivier dont le personnagecentral et très ambigu portaitjustement le surnom de L’Ar-gentin. La force de l’angoisse

que génère ce film très bien construit mesemble tenir à l’ambivalence propre aux per-sonnages et aux relations qu’ils tissent entreeux. Même le père, seule pièce ethniquementrapportée dans ce sanctuaire aryen aux finsfonds de l’Argentine, n’y échappe pas. Sa pas-sion pour la fabrication de poupées quasi par-faites n’étant pas sans rencontrer d’échosdans les pulsions eugéniques de Mengele.L’image de poupées identiques accrochées aumur de la chambre du sinistre docteur fonc-tionne bien comme une allégorie de la racepure. Une beauté cauchemardesque. Hervé R.

LA VÉNUS À LA FOURRUREde Roman Polanski

Quoi que puissent dire certainscritiques grincheux, il ne s’agitpas du tout de théâtre filmé(même si le film se déroule biendans un théâtre…) Tout aucontraire, Polanski se livre ici àune véritable démonstration de

virtuosité cinématographique… Si l’on ajouteà cela que les dialogues sont franchementbrillants, le scénario retors à souhait et lesdeux acteurs (oui, deux acteurs seulement…) particulièrement convaincants (peut-être lemeilleur rôle d’Amalric, ce qui n’est pas peudire), on comprendra qu’il serait idiot de bou-der son plaisir ! Jérémie A.

Rubrique réalisée par RS