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Commission aires protégées # Groupe de travail Patrimoine mondial Etude de faisabilité technique du projet d’inscription du Lagon de Mayotte sur la liste du patrimoine mondial 1

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Commission aires protégées# Groupe de travail Patrimoine mondial

Etude de faisabilité technique du projet d’inscription du Lagon de Mayotte sur la liste du patrimoine mondial

1

Identification du bienPays

France

Province

Mayotte est située dans l’archipel des Comores, au nord ouest de Madagascar, à l’entrée nord du Canal du Mozambique. Elle est composé de deux îles : Grande Terre et Petite Terre et d’une dizaine d’îlots, entourés du plus grand lagon d’île haute de l’Océan Indien (plus vaste complexe récifo-lagonaire de la partie occidentale de l’Océan Indien). L’ensemble fait partie de l’écorégion marine de l’ouest de l’Océan Indien.

Nom du bien

Lagon de Mayotte / Complexe récifo-lagonaire de l’île de Mayotte

Localisation géographique / carte / superficie

Coordonnées géographiques12° 50′ S 45° 10′ E12°45’S

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Identification des principales valeurs naturellesNote. Le présent chapitre ne vise pas à faire un inventaire exhaustif du patrimoine naturel de l’île de Mayotte mais à identifier les caractéristiques les plus importantes, susceptibles de contribuer à une valeur universelle exceptionnelle potentielle, et qui sont comparées dans la partie « justification ».

Climat

Comme dans le reste des Comores, Mayotte est soumise à un climat de type tropical chaud, humide et maritime, qui se caractérise par de faibles amplitudes journalières et annuelles de températures et des précipitations moyennes annuelles importantes (plus de 1500 mm et jusqu’à 2000 mm localement, en particulier dans les zones de montagne).

Mayotte présente deux saisons bien marquées, séparées par des intersaisons plus brèves, qui sont en liaison avec les principaux régimes de vents : - une saison des pluies pendant l’été austral (kashkasini) de décembre à mars. Les vents de

mousson prédominants du nord de l’océan indien apportent l’humidité et l’air chaud de la région. Les températures moyennes pendant cette saison sont de 25°C et peuvent atteindre 29°C en mars, le mois le plus chaud. Cette saison concentre l’essentiel des précipitations annuelles (environ 80%) et une exposition non négligeable aux risques cycloniques, qui peuvent provoquer des dégâts importants.

- une saison sèche et fraîche pendant l’hiver austral (kussini) de juin à septembre, où l’île est soumise au régime des alizés, vents secs et frais engendrés par l’anticyclone des Mascareignes qui dominent la région.

Il existe également deux intersaisons (avril-mai et octobre-novembre) dominées respectivement par les vents du sud-est lorsque la zone de convergence intertropicale se déplace vers le nord et par les vents du nord-est, lorsque la ZCIT se déplace vers le sud.

Graphique. Températures et précipitations annuelles

Carte. Cumul moyen annuel de précipitations (Météo France)

Géologie

L’archipel des Comores a été édifié sur une croûte océanique mais sa genèse est complexe et fait l’objet de différentes hypothèses. La plus communément admise (Nouger et al, 1976) est celle d’un point chaud dont le fonctionnement serait perturbé par un magmatisme initié au niveau de fractures lithosphériques en extension.

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Les quatre îles de l’archipel (Mayotte, Grande Comore, Mohéli, Anjouan) sont issues de la dérive de la plaque tectonique somalienne sur un point chaud. Elles correspondent donc aux parties émergées de volcans qui se sont formés successivement sur un linéament orienté selon un axe NW-SE. L’âge des îles diminue d’est en ouest : située à l’extrémité orientale, Mayotte est chronologiquement l’île la plus ancienne (8 millions d’années) et la plus érodée tandis qu’à l’autre extrémité, Grande Comore est dominée par le Mont Karthala (2355 m), seul volcan de la région toujours en activité.

Cependant, les âges du volcanisme des différentes îles de l’archipel ne s’accordent pas avec l’évolution d’un simple point chaud comme à Hawaï ou dans les îles de la Société : à l’extrémité ouest de l’archipel des Comores, le volcanisme est toujours actif au Khartala, mais à Mayotte qui se situe à l’autre extrémité de l’archipel, des éruptions se sont produites il y a quelques milliers d’années seulement.

L’île de Mayotte résulte de l’édification de cônes volcaniques puis de leur submersion progressive à partir de -2 Ma. Elle est constituée par un bouclier volcanique primitif sur lequel se sont édifiées d’autres unités (volcan de Bouéni, volcan Mtsamboro, massif du M’Tsapéré), selon quatre phases distinctes: - édification de deux strato-volcans primitifs (8-10 Ma)- modification de la composition du magma (4-3,3 Ma) pour donner des laves phonolithiques, plus

visqueuses, qui ont formé des coulées, des dômes et des necks dans le centre et le sud de l’île (Saziley, Bénara, Choungui)

- mise en place du massif du M’Tsapere (2 Ma). Début de la subsidence de l’île sous l’effet de son propre poids, tandis que les coraux édifient la barrière récifale qui délimite le lagon actuel, devenu émergeant pendant le dernier maximum glaciaire il y a 25000 ans.

- reprise de l’activité volcanique sous une forme explosive et formation des cratères de Kaweni et de Cavani (1 Ma). Dziani Dzaha sur Petite Terre est issu de cette phase éruptive plus tardive.

La subsidence de l’île se poursuit et sous l’effet du climat tropical humide, les formations volcaniques sont soumises à une forte érosion.

Carte. Géologie

Tableau. Résumé des principales caractéristiques

Un inventaire du patrimoine géologique terrestre (espaces connectés au lagon) réalisé par le BRGM a permis d’identifier 37 sites et objets géologiques remarquables, parmi lesquels 13 ont une valeur patrimoniale importante.

Principales caractéristiques Principaux attributs Sites d’intérêt majeurVolcanisme Dynamisme éruptif strombolien Cône strombolien de DzaoudziVolcanisme Cratère Cratère du Dziani DzahaVolcanisme Située dans le fond d’un maar.

Stratification de dépôts pyroplastiques. Localement, déformation de dépôts fins par des blocs

Plage septentrionale de Moya

Volcanisme Dykes subverticaux, partiellement dégagés par l’érosion

Dykes de basaltes de M’Tsahara

Volcanisme Abondance et dimension exceptionnelle de cristaux de pyroxène

Basaltes à pyroxène de Sada

Sédimentologie Considérés comme les plus beaux du monde

Grès de plage des Badamiers

Sédimentologie Importants apports sédimentaires issus de l’érosion des terrains volcaniques

Mangrove de Dapani

Volcanisme Dépôt d’origine volcanique d’une dizaine de mètres de hauteur (cendres, lapilli ponceux) qui résultent de

Falaise de la plage des Badamiers

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l’activité du Dziani Dzaha. Stratification entrecroisée.

Volcanisme Bombes volcaniques (forme en fuseau)

Bombes volcaniques de Hamaha

Géologie générale Affleurement (coulées de lave, cendres)

Coupe géologique de Bouyouni

Volcanisme Morphologie du mont, ancienne cheminée mise en relief par l’érosion. Témoin de la mise en place d’un magma visqueux

Neck de mont Choungui

Géomorphologie Ancien méandre de la rivière Koualé (dernière glaciation quaternaire)

Passe de Longogori dite passe en S

Volcanisme Coulée de lave constituée de phonolite, structure interne en éventail

Coulées de vallée de Doujani

Courantologie

Le canal du Mozambique s’étend sur une superficie totale de 1 500 000 km2 entre les latitudes 12°S et 26°S, avec une largeur minimale de 420 km.

Le fonctionnement du courant du canal du Mozambique est encore assez mal connu. Ce courant tempéré, qui est considéré comme une partie du gyre subtropical composé du courant sud équatorial, du courant des Aiguilles et du flux nord de la zone de convergence subtropicale, est orienté généralement vers le sud. La circulation des masses d’eau dans le canal est caractérisée par des structures tourbillonnaires anticycloniques. David Guyomard et al. mentionnent trois tourbillons majeurs habituellement dans le nord, le centre et le sud du canal, possiblement dus à la topographie. Dans un article « Eddies and variability in the Mozambique channel » (2003), Shouten fait état d’une moyenne de quatre tourbillons par an observés par satellites entre 1995 et 2000, répartis dans la partie nord et sud du canal et pouvant évoluer en fonction des saisons.

Mayotte est située dans la structure tourbillonnaire la plus septentrionale du canal du Mozambique, qui s’étend depuis les côtes est africaines jusqu’aux côtes ouest malgaches. Dans cette région, soumise davantage à l’influence des vents de mousson, les courants océaniques définissent des processus écosystémiques très importants. On peut notamment observer un phénomène d’upwelling sur la côte africaine durant la mousson de nord-est quand le flux est le plus fort, qui s’accompagne de blooms planctoniques. La côte nord ouest de Madagascar est également très productive en raison d’apports nutritifs terrigènes et de la circulation anticyclonique du courant.

Biodiversité terrestre

Les données relatives à la biodiversité terrestre ont été centralisées en 2004 afin d’élaborer un

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premier référentiel faune, flore et habitats pour l’identification des ZNIEFF et la création des arrêtés de protection de biotope. La modernisation et la mise à jour de cet inventaire a été engagée en 2012 et porte notamment sur l’avifaune, les insectes, les chiroptères, la flore et le suivi des populations de maki.

Milieux

L’ile de Mayotte a connu une déforestation intense au 19ème siècle pour le développement des plantations de canne à sucre. La végétation naturelle relictuelle (forêt humide et mésophile) ne couvre plus que 5 à 10% du territoire soit 1118 ha et 14800 ha de forêts dégradées. La forêt humide sempervirente et mésophile (758 ha) est située principalement dans la centre de Grande Terre, ainsi que sur certaines zones littorales (Choungui-Sohoa sur la côte ouest et le Massif de Dapani sur la côte sud-est). Il ne reste que quelques reliquats de forêt sèche naturelle dans le Nord et le Sud de Grande Terre et sur quelques îlots.

Les zones humides sont limitées spatialement (1643 ha) et subissent un net recul. Celles qui présentent le plus grand intérêt écologique couvrent une superficie de 825 ha.

Espèces

Mayotte est une des îles océaniques tropicales les plus riches du monde en nombre d’espèces indigènes au regard de sa superficie. L’île héberge une forte diversité de plantes vasculaires, avec 610/629 espèces indigènes dont 546 angiospermes et 36 sont endémiques du territoire. Cependant, le taux d’endémisme de la flore est inférieur au reste des Comores (15%).

Les amphibiens et les reptiles présentant un haut niveau d’endémisme. On compte 15 espèces de reptiles indigènes, dont un caméléon, trois geckos et une couleuvre endémique. Deux espèces de grenouilles (Mantidactylus granulatus et Boophis tephraeomystax) sont endémiques du hotspot.

Avec 90 espèces de mollusques dont 41 sont endémiques, la malofocaune terrestre est la plus diversifiée de l’archipel comorien. L’escargot géant africain (Achatina fulica) a été introduit et est bien établi.

L’avifaune est également très diversifiée avec 148 espèces d’oiseaux recensées, dont 2 espèces endémiques forestières (Drongo de Mayotte, Souïmanga de Mayotte), cinq sous-espèces endémiques (Oiseau lunette, Foudi des Comores, Epervier de France, Petit-duc malgache, Moucherolle malgache) et 13 espèces ou sous-espèces endémiques de la région ouest de l’Océan indien. Les sites les plus importants pour les oiseaux forestiers sont les massifs de Hachiroungou, de Mtsapéré-Combani, du Bénara, de Choungui-Saziley, ainsi que la mangrove de la baie de Bouéni.

Mayotte a une position géographique favorable pour les oiseaux migrateurs. L’ile est située à la limite du couloir migratoire (« qui conduit les oiseaux du Paléarctique vers les côtes africaines et malgaches pour hiverner au cours de l’été austral. Elle est également sur l’axe est-ouest de migration est-ouest des oiseaux migrant depuis Madagascar vers l’Afrique de l’Est pendant l’hiver austral. Les îlots du lagon constituent des sites importants de stationnement de sternes en migration, notamment les ilots de sable blanc du nord (passe Choazil), du sud (Saziley), l’île blanche. L’île abrite 30% de la population biogéographique (Océan Indien) de sterne voyageuse. Le paille en queue est l’unique oiseau marin nicheur de Mayotte.

Le Héron crabier blanc niche dans quatre sites (mangroves) : baie de Bouéni, Ironi Bé (non ouvert), Chiconi/ Mangajou et la lagune d’Ambato. Une centaine de couples ont été recensés soit 15% de la population mondiale, estimée entre 2000 et 6000 individus. L’espèce niche également à Europa, à Madagascar et à Aldabra cependant elle n’est pas présente dans les autres îles de l’archipel des Comores. Le phaéton à bec jaune (VU à Mayotte et LC sur la liste rouge mondiale) est un nicheur composite présent dans une partie des ilots du lagon.

En revanche, on compte seulement quatre espèces indigènes de mammifères parmi lesquelles un Lemuridae (le maki mahorais introduit par l’homme depuis Madagascar) et un Pteropodidae (roussette).

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Biodiversité marine et côtière incluant les îlots et les bancs

Mayotte possède un patrimoine naturel marin exceptionnel. Son lagon est fermé par une barrière de récifs de 197 km qui présente une grande diversité morphologique. On y trouve notamment des récifs frangeants, des récifs internes dont une partie à double barrière, et des récifs barrière. Le littoral mahorais compte 735 hectares de mangroves répartis dans 120 sites différents (soit 30% des côtes), ainsi que des plages de sable ou de galets encore bien préservées. Au nord, le complexe récifal du banc de l’iris, d’une profondeur inférieure à 10 mètres, est fréquenté par des requins et environ 350 espèces de poissons.

Milieux marins

Les récifs coralliens, les herbiers de phanérogames marines et les mangroves constituent les milieux marins et côtiers les plus remarquables. Ils entretiennent des relations fonctionnelles entre-eux et servent notamment de lieux de reproduction et d’alimentation pour de nombreuses espèces menacées.

Récifs coralliens

Avec une superficie totale de 1500 km2, le lagon de Mayotte est le plus grand de la région ouest de l’Océan Indien et l’un des plus étendus au monde pour une ile volcanique haute. Il est caractérisé par des fonds sédimentaires sablo-vaseux, plats ou accidentés, et sa profondeur moyenne varie entre 35 et 40 m, mais peut atteindre 80 m localement (canyons, vallées sous-marines). Le complexe récifo-lagonaire est formé de trois types de structures coralliennes, édifiées par des coraux durs et des algues calcaires : [de la côte vers le large]

Les récifs frangeants couvrent une superficie de 63/76 km2 sur 160 km du linéaire côtier de Grande Terre et des îlots, avec une largeur variant de 30/50 m à 700/800 m. Ils sont composés de platiers, qui peuvent être émergés pendant les marées basses, et sont davantage exposés aux pressions naturelles et anthropiques, et de pentes externes qui présentent des peuplements généralement en bonne santé mais globalement moins biodivers que les autres récifs. Les sites les plus importants sont les récifs frangeants du Sud (de Saziley à Ngouja), de l’ouest, des îlots Mtsongoma et de Pouhou.

Dispersés dans le lagon, les récifs internes correspondent à des zones de pinacles coralliens qui reposent sur le fond sédimentaire. Dans la partie sud-ouest de Mayotte se trouve une double barrière discontinue de 18 km, écartée de la grande île d’une distance variant de quelques centaines de mètres à trois kilomètres. La formation de cette structure, qui est unique dans l’Océan Indien, serait due à une subsidence en deux phases de l’île de Mayotte.

Un récif barrière presque continu de 140/157 km et large de 800 m à 1500 m ceinture le lagon à une distance variant de 3 à 15 km. Cette couronne récifale illustre la subsidence de l’île. La plus grande continuité se trouve dans les secteurs Nord Est et Sud, tandis que la partie nord et ouest est en partie submergée à des profondeurs variables, en raison des mouvements de bascule qui accompagnent la subsidence. La barrière principale est entrecoupée de 12 passes étroites, dont l’une présente une forme en S, qui correspond au méandre d’une paléovallée formée au cours de la dernière glaciation (il y a plus de 20 000 ans) avant d’être noyée. Le platier récifal interne est parfois colonisé par des herbiers mixtes de phanérogames marines.

Récif frangeant Récif interne Récif barrièreLongueur (km) 160 18 140/157Superficie (km2) 63/76 5/14

Situé à l’extérieur de la barrière récifale et jouxtant le lagon au nord-ouest, le banc de l’iris s’étend sur environ 500 km2. Deux autres bancs récifaux plus éloignés sont particulièrement importants en tant que zones sources pour d’autres récifs coralliens mais également pour la diversité spécifique et l’abondance des peuplements ichtyologiques et coralliens : le banc du Geyser situé à 110 km au nord est de Mayotte (immergé à marée basse) et le banc de la Zélée. Ces deux hauts-fonds sont fréquentés par les baleines à bosse durant leur période de reproduction et par plusieurs espèces de requins, dont le requin marteau halicorne observé principalement au début de l’hiver austral.

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On dénombre au total 300/450 espèces de coraux dont 170 espèces d’hydraires, 217 espèces de coraux durs (Scléractiniaires) et 27 espèces de coraux mous (Alcyonnaires).

Mangroves

Milieu clef de l’interface terre-mer, les mangroves se développent dans l’estran le long des zones côtières, le plus souvent sur de la vase et également sur des substrats sableux et rocheux, entre les 30° parallèles nord et sud. A Mayotte, les mangroves se répartissent tout au long du littoral sur une cinquantaine de sites différents, en particulier dans les fonds de baie où elles bénéficient de la protection du récif-barrière ; en revanche, l’arrière mangrove n’est présente qu’en de rares endroits. Elles occupent environ 30% du linéaire côtier (76 km) et couvrent une superficie totale de 735 ha (2003), qui peut être considérée comme importante à l’échelle des Comores et de Madagascar. La mangrove la plus développée s’étend sur 8 km dans la baie de Bouéni, au sud-ouest de Grande Terre.

La diversité de palétuviers est relativement faible, avec sept espèces recensées. Le palétuvier rouge (Rhizophora mucronata) est l’espèce la plus répandue, présente le plus souvent dans des formations monospécifiques, tandis que certains peuplements sont plus localisés notamment Lumnitzera racemosa et Xylocarpus granatum.

Les mangroves assurent des services écosystémiques essentiels, notamment pour la protection du littoral contre les risques de submersion marine, la filtration des sédiments terrigènes et l’épuration de la ressource en eau. Elles constituent également un habitat important pour la nidification des oiseaux terrestres, avec 43 espèces recensées dont le Souimanga de Mayotte, l’oiseau lunette, le moucherolle et le foudi Malgache. Les mangroves sont un lieu de reproduction, de nourricerie et de refuge pour de nombreux organismes marins. A Mayotte, la connectivité entre l’habitat des mangroves et le récif  est limitée par l’effet du marnage, qui influe sur l’accès à l’habitat et in fine sur la répartition des espèces de poissons. Le rôle de nurserie concerne donc essentiellement les poissons côtiers. Seules la mangrove située dans la partie sud de l’île et la mangrove côtière de Bandrélé sont en continuité avec les herbiers et les récifs.

Herbiers de phanérogames marines

Les herbiers forment des prairies extensives de phanérogames marines, issus d’ancêtres continentaux retournés au milieu marin il y a environ [100/200] millions d’années. Les phanérogames marines regroupent une cinquantaine d’espèces qui ont colonisé toutes les mers du monde à l’exception de l’Antarctique et qui couvrent une superficie globale de 500000 km2.

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Les herbiers à phanérogames marines constituent un des écosystèmes aquatiques les plus productifs à l’échelle du globe et jouent un rôle essentiel dans le maintien des équilibres biologiques et physiques du littoral. En tant que producteurs primaires, ils contribuent à la fixation d’une grande quantité de carbone. Ils participent également à la stabilisation du littoral en maintenant les sédiments au fond et en atténuant le mouvement de l’eau. Ce sont des zones de nurserie pour de nombreuses espèces d’invertébrés, de poissons juvéniles, et des sites privilégiés pour l’alimentation et la reproduction d’espèces menacées comme la tortue verte et le dugong.

A Mayotte, les zones d’herbiers sont réparties de manière homogène, mais généralement peu dense, principalement en arrière du platier récifal. Leur superficie est estimée à 760 ha (Gigou et al., 2009) répartie entre le récif barrière Est de l’archipel (56%), les récifs frangeants de Grande Terre (39%) et les ilots Mtsamboro et Korani (5%).

Carte. Localisation des herbiers sur l’île de Mayotte

La majorité des herbiers est plurispécifique, avec un total 11 espèces de phanérogames1 réparties en 7 genres. Seule la Nouvelle-Calédonie compte une plus grande diversité spécifique plus importante au sein de l’outre-mer français. Mayotte abrite la seule station en France de Zostera capensis, une espèce classée vulnérable sur la liste rouge de l’UICN, principalement distribuée sur la côte orientale de l’Afrique depuis le nord du Kenya jusqu’en Afrique du Sud, ainsi que sur la côte nord ouest de Madagascar.

Mayotte compte également une trentaine d’ilots dont la superficie totale est estimée à 336 ha et des plages, qui constituent des sites de ponte pour les tortues marines.

Flore marine

Faune marine

Les récifs et les écosystèmes associés offrent des habitats variés pour les espèces marines. Ils abritent 177 espèces de coraux, 270 espèces d’algues ainsi que 760 hectares d’herbiers marins dans les zones de sable envasé. On compte au total plus de 530 espèces de mollusques et près de 700 espèces de poissons.

Invertébrés

Parmi les invertébrés, on dénombre 600 espèces de mollusques, plus de 1000 espèces de crustacés

1 Halodule uninervis, Halophila ovalis, Halophila stipulacea, Syringodium isoetifolium, Thalassodendron ciliatum,Thalassia hemprichii, Cymodocea serrulata, Cymodocea rotundata, Zostera capensis, Zostera capricorni

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et 96 espèces de spongiaires.

Poissons

Mayotte compte une très grande diversité spécifique de poissons marins à l’échelle de la région sud-ouest de l’océan indien occidental, avec 760 espèces recensées dont 721 espèces d’Ostéichtyens et 39 espèces de Chondrichtyens. Des inventaires réalisés en 2009 ont permis de recenser plus de 90à espèces dans les 10 premiers mètres et le potentiel de diversité spécifique est important au delà de 25 mètres (plus de 200 espèces connues). Les principales espèces à enjeu observées sont le grand requin blanc, le requin océanique, le grand requin marteau, le requin baleine et la raie manta, inscrits à l’annexe II de la CITES (l’Océan indien occidental abrite 108 espèces de requins et 66 espèces de raies (Kiszka, 2009) soit 9% de la diversité spécifique mondiale).

L’une des espèces les plus emblématiques de la région est le coelacanthe (Latimeria chalumnae), réputée éteinte depuis la fin du Crétacé et redécouverte en 1938 sur les côtes sudafricaines. Le plus grand nombre de spécimens est observé dans les zones abyssales de la Grande Comore, et certains témoignages attestent la présence de l’espèce à Geyser, mais celle-ci n’a pas été confirmée par des inventaires scientifiques.

Les zones majeures pour les espèces de poissons marins sont le banc de l’Iris, le banc de la Zélée (importante biomasse de poissons commerciaux), Mtsamboro, la Passe en S, la passe Bouéni (abondance et diversité spécifique).

Mammifères marins

L’ouest de l’Océan Indien constitue une zone importante pour les mammifères marins, en particulier les Seychelles et le Canal du Mozambique.

Les eaux côtières et océaniques de Mayotte abritent la plus grande diversité de cétacés du hotspot et la plus importante des Comores. Mayotte est l’un des rares sites au monde où l‘on peut observer ces espèces à proximité de la côte. De récentes campagnes océanographiques ont permis de dénombrer dans le lagon et dans les eaux océaniques adjacentes 24 espèces de cétacés (21 odontocètes dont 12 espèces de dauphins, cachalots, orques – et 3 mysticètes) et une espèce de sirénien (Dugong) soit un quart de la diversité mondiale de mammifères marins. Six espèces sont considérées comme prioritaires pour la conservation, dont 4 sont fréquemment observées : la baleine à bosse (Megaptera novaeangliae), le grand dauphin de l’Indopacifique (Tursiops aduncus), le dauphin tacheté pantropical (Stenella attenuata) et le dauphin à long bec (Stenella longirostris). Les petits delphinidés sont résidents dans le lagon et occupent majoritairement les habitats autour de l’île.

L’ensemble des Comores est une zone d’hivernage importante pour la baleine à bosse (préoccupation mineure, inscrite dans les conventions de Bonn, de Nairobi et Cites). Le lagon de Mayotte est fréquentée pendant la période de reproduction (juillet à novembre) par 50 à 100 individus, un nombre équivalent à celui observé dans le reste des Comores. Les femelles mettent bas à l’abri de trafic maritime et des requins, peu présents dans le lagon. Les groupes de baleines, composés à 60% de femelles accompagnées de leurs baleineaux, sont principalement présents dans les secteurs du banc de l’iris et de la Prudente, le complexe récifal de la barrière submergée à l’ouest et le parc de Saziley.

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Carte. Routes de migration et zones d’hivernage des baleines à bosse (PNUE)

Mayotte est avec la Nouvelle Calédonie la seule collectivité française d’outre-mer à abriter une population de dugongs (Dungon dugon). L’espèce est classée en annexes II et IV de la Convention de Nairobi et son statut de conservation est défavorable (vulnérable selon l’UICN en raison du déclin de 20% de la population mondiale). La sous population du sud ouest de l’océan indien (Afrique de l’Est, Canal du Mozambique, Mascareignes) peut être considérée en danger (annexe I de la CITES). Relativement abondant dans le passé à Mayotte, le dugong a décliné dans les années 1980 et on estime qu’il reste seulement une dizaine d’individus, menacés de disparaître à moyen terme sous l’effet des captures intentionnelles (harpon) et accidentelles (filets de pêche), et de la destruction de ses habitats. Cet herbivore, qui se nourrit de phanérogames marines, est observé dans les herbiers de la côte et du récif barrière, dans la passe en S et la baie de Bouéni. Les chances de survie de la population sont très limitées en raison du faible taux de croissance naturel annuel (lié à une croissance lente, une maturité tardive, un faible taux de reproduction) et de la grande sensibilité de l’espèce à l’égard de toute perturbation anthropique ou naturelle notamment sur les herbiers, pollutions, dégradation de la qualité des eaux côtières).

Tortues marines

Le Sud Ouest de l’Océan Indien abrite/accueille 5 des 7 espèces de tortues marines : tortue verte (Chelonia mydas), tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata), tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea), tortue caouanne (Caretta caretta) et tortue luth (Dermochelys coriacea). La région est majeure au niveau mondial pour leur reproduction et leur alimentation, avec des sites de pontes importants aux Comores, aux Seychelles et dans les îles Eparses.

Les cinq espèces de la région sont présentes à Mayotte, qui constitue un lieu d’importance mondiale/régionale pour la reproduction et l’alimentation  de deux d’entre-elles, observées régulièrement : la tortue imbriquée, classée en danger critique d’extinction, est observée entre fin août et avril ; et plus encore la tortue verte, qui décline à l’échelle mondiale mais dont les populations présentes sur l’île semblent relativement épargnées (la population reproductrice, estimée à 2000 femelles par an, reste stable).

On compte 163 sites de ponte répartis sur le pourtour de l’île, dont deux sont particulièrement importants à l’échelle régionale : Moya sur petite Terre et les plages dans le sud de Grande Terre (Saziley, Charifou et N’Gouja). Les autres sites remarquables sont Papani, Poudjou, l’îlot Bandréle, les plages de Sohoa et de Nyamba, des pointes Apondra et Mtasanga Fanou, à l’ouest, ainsi que le nord (îlot M’Tzamboro et la pointe de Douamounyo). Pour leur alimentation, les tortues vertes exploitent l’ensemble des herbiers marins plurispécifiques et quelques algueraies, avec une plus forte concentration à l’ouest de Grande Terre, qui concentrent 35% des zones totales d’herbiers de Mayotte. Les tortues imbriquées se nourrissent dans les récifs coralliens.

Groupe taxonomique Nombre d’espècesAlgues 270Phanérogames 13

11

Spongiaires 72Cnidaires 310Coraux durs 254Mollusques 800Echinodermes 89Poissons 692Reptiles 6Mammifères 22

Synthèse des valeurs naturelles

Mayotte est située à l’entrée nord du canal du Mozambique, à proximité des îles Glorieuses et à environ 250 kilomètres des côtes nord-ouest de Madagascar. Il s’agit de la plus orientale et de la plus ancienne des îles de l’archipel des Comores. Elle présente donc un relief érodé mais ses côtes sont très découpées et forment de nombreux caps et baies. Mayotte comprend deux îles d’origine volcanique d’une superficie totale de 374 km², entourées d’une trentaine d’îlots dispersés dans l’un des plus grands complexes récifo-lagonaires du monde (1500 km²). Elle se trouve dans la zone de convergence intertropicale (ZCIT) et bénéficie d’un climat tropical maritime. La température moyenne annuelle de l’eau varie selon la saison entre 24°C et 30°C, offrant des conditions optimales pour le développement des récifs coralliens, des mangroves et des herbiers de phanérogames marines. Ces milieux sont essentiels pour la survie de nombreuses espèces de poissons, de reptiles et de mammifères marins à qui ils servent de reproduction, de refuge ou d’alimentation.

Mayotte possède un patrimoine naturel marin exceptionnel. Son lagon est fermé par une barrière de récifs de 197 km qui présente une grande diversité morphologique. On y trouve notamment des récifs frangeants, des récifs internes dont une partie à double barrière (il en existe seulement dix dans le monde), et des récifs barrière. Le littoral mahorais compte 735 hectares de mangroves répartis dans 120 sites différents (soit 30 % des côtes), ainsi que des plages de sable ou de galets encore bien préservées. Au nord, le complexe récifal du banc de l’iris, d’une profondeur inférieure à 10 mètres, est fréquenté par des requins et environ 350 espèces de poissons.

Les récifs et les écosystèmes associés offrent des habitats variés pour les espèces. Ils abritent 177 espèces de coraux, 270 espèces d’algues ainsi que 760 hectares d’herbiers marins dans les zones de sable envasé. On compte au total plus de 530 espèces de mollusques et 700 espèces de poissons.

Les plages de Mayotte sont des sites de ponte importants pour les tortues marines : on dénombre 163 sites répartis sur le pourtour de l’île. Les tortues viennent également se nourrir dans les récifs et les herbiers. Deux espèces sont observées régulièrement, la tortue imbriquée, espèce classée en danger critique d’extinction, et plus encore la tortue verte, qui décline à l’échelle mondiale mais dont les populations présentes à Mayotte semblent relativement épargnées.

Les eaux côtières et océaniques contiennent une diversité exceptionnelle de mammifères marins, environ le quart de la diversité mondiale de ces espèces. De récentes campagnes océanographiques ont permis de dénombrer 12 espèces de dauphins (dont le grand dauphin de l’indo-pacifique) et 21 espèces de grands cétacés (baleine à bosse, cachalot). Mayotte est avec la Nouvelle Calédonie la seule collectivité française d’outre-mer à abriter une population de dugongs. Cet herbivore se nourrit de phanérogames marines qu’il trouve en abondance dans les eaux du lagon. L’espèce est classée en annexes II et IV de la Convention de Nairobi et son statut de conservation est défavorable (vulnérable selon l’UICN). On estime qu’il reste seulement une dizaine d’individus à Mayotte, menacés de disparaître du fait des captures accidentelles et de la destruction de leurs habitats.

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Justification : choix des critères et analyse comparative

Contexte : quels sites comparer ?

Avant d’envisager un projet d’inscription sur la liste du patrimoine mondial, il est important de se référer aux sites inscrits et aux listes indicatives dans les pays de la région, et de prendre en considération les orientations techniques des études thématiques réalisées par l’UICN. Ces éléments ne fournissent pas d’indications sur la valeur universelle exceptionnelle potentielle de l’île de Mayotte mais permettent de contextualiser le projet d’inscription et d’identifier les principales lacunes auxquelles il pourrait répondre.

Les déséquilibres de la liste du patrimoine mondial

Le Comité du patrimoine mondial a défini en 1994 une « stratégie globale pour une Liste du patrimoine mondial équilibrée, représentative et crédible » dans le but de recenser et de combler les lacunes majeures de la liste. Cette stratégie s’est traduite par la ratification de la Convention par 39 nouveaux pays (principalement des Etats arabes, insulaires du Pacifique, d’Europe de l’Est et d’Afrique), la réalisation de conférences et d’études thématiques et la limitation du nombre de propositions d’inscriptions à 45 par an.

En première approximation, les Orientations (§61, 2015) fournissent des indications sur les critères permettant des rééquilibrages thématiques et géographiques. Si le nombre de propositions d’inscriptions dépasse la limite annuelle de 45 biens fixée par le Comité du patrimoine mondial, la priorité est donnée, par ordre décroissant d’importance, aux biens naturels, mixtes, transfrontaliers/transnationaux, et aux biens d’États parties d’Afrique, du Pacifique et des Caraïbes.

Dans la pratique, l’analyse de la liste du patrimoine mondial, qui compte à ce jour 1052 biens, fait apparaître de nombreux déséquilibres thématiques et géographiques. Elle compte 814 sites culturels, 203 biens naturels et 35 biens mixtes, et près de la moitié d’entre eux sont situés dans la région Europe et en Amérique du nord, à laquelle Mayotte est administrativement rattachée. Ces deux régions apparaissent surreprésentées en comparaison des pays arabes et de l’Afrique, qui rassemblent moins de 20% des sites inscrits.

Les déséquilibres s’expriment également dans la typologie des milieux représentés. Les sites naturels correspondent majoritairement à des écosystèmes forestiers, des zones humides et des montagnes, tandis que les milieux marins, insulaires et côtiers, qui recouvrent plus des deux tiers de la surface terrestre et plus de 95% du volume de l’espace habitable, ne sont présents que dans moins de 5% des sites inscrits (49 biens au total ont été inscrits pour leurs valeurs marines).

Statistiques (2016)

Liste du patrimoine mondial Monde Région AfriqueNombre de sites marins et côtiers 49Nombre de sites marins et côtiers   transfrontaliers 3Nombre d’Etats Parties 37Nombre de sites naturels marins et côtiers 45Nombre de sites mixtes marins et côtiers 4Nombre de sites naturels marins et côtiers inscrits principalement pour leur biodiversité marine

Du fait de son statut territorial, Mayotte appartient à la région Europe et Amérique du nord qui est sur-représentée sur la liste du patrimoine mondial.Les autres îles de l’Ouest de l’Océan indien (Comores, Seychelles, Madagascar) sont rattachées à la région Afrique, qui compte 37 biens naturels soit 18% du nombre total de biens naturels.La stratégie globale pour une liste du patrimoine mondial équilibrée, représentative et crédible

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encourage de nouvelles propositions de biens naturels marins et côtiers, qui restent lacunaires.

Etudes thématiques et ateliers régionaux

Pour évaluer la valeur universelle exceptionnelle d’une proposition d’inscription, l’UICN prend en compte une pluralité de sources documentaires, à commencer par les justifications apportées par les dossiers de candidature, les études thématiques globales, l’analyse des priorités mondiales de conservation de la nature, les avis d’experts scientifiques, les conclusions des missions d’évaluation et, in fine, l’avis du panel du patrimoine mondial.

Les études thématiques reposent sur un principe commun : réaliser un état des lieux de la liste du patrimoine mondial pour des types de bien déterminés, et identifier sur cette base les caractéristiques prioritaires pour de nouvelles inscriptions. Elles couvrent l’ensemble des critères naturels et une part importante des types de biens correspondants. Les principaux biomes font ainsi l’objet d’évaluations depuis 25 ans, avec un intérêt marqué plus récemment pour le domaine marin (2012, 2013), tandis que les études relatives aux biens géologiques ont été complétées dans la première décennie des années 2000. Des mises à jour sont nécessaires pour la plupart d’entre elles afin d’intégrer les dernières évolutions de la liste du patrimoine mondial. En conséquence, certains sites recommandés ou des sites comparables ont pu être inscrits depuis leur publication ; par ailleurs, ces études n’évaluent pas l’état de conservation ni les systèmes de protection et de gestion, qui contribuent également à la valeur universelle exceptionnelle des propositions de candidatures.

Les Orientations indiquent dans le paragraphe 56 que « les États parties et les Organisations consultatives sont encouragés à prendre part à la mise en œuvre de la Stratégie globale en collaboration avec le Secrétariat et d’autres partenaires. Des réunions régionales et thématiques relatives à la Stratégie globale et des études comparatives et thématiques sont organisées à cet effet. » Ces ateliers, dont plusieurs concernent le territoire français, déclinent les préconisations techniques des études thématiques dans des contextes biogéographiques déterminés, et permettent d’identifier de nouvelles propositions d’inscriptions avec davantage de précision. Leur principal intérêt est de contribuer à l’harmonisation des listes indicatives à l’échelle régionale.

Tableau. Liste des études thématiques et des ateliers régionaux intéressant le contexte de Mayotte

Etudes thématiques Références à MayotteWorld’s greatest natural areas (1982) AucuneOceanic Islands (1991) AucuneForêts (1997) AucuneZones humides et marines (1997) AucuneAires protégées importantes pour la biodiversité (2000) Ensemble géographique des ComoresMontagnes (2002) AucuneBiogéographie, habitats et biodiversité (2004) Ensemble géographique des ComoresCaves and Karst (2008) AucuneVolcans (2009) AucuneAfrica Natural Heritage AucuneOcéan Indien Occidental [atelier] (2012) Canal du MozambiquePatrimoine mondial marin (2012) Canal du MozambiqueBiodiversité terrestre (2013) Aucune

Aires protégées importantes pour la biodiversité (2000)

Cette étude complète une série d’analyses de lacunes de la liste du patrimoine mondiale engagées en 1996, afin d’asseoir une stratégie globale pour les sites naturels. Elle vise à identifier des aires protégées existantes ayant des valeurs de biodiversité significatives, qui pourraient justifier une candidature. L’analyse croise la liste du patrimoine mondial avec les systèmes de priorisation de la conservation de la biodiversité (Global 200, centres de diversité des plantes, hotspots, centres de diversité génétique des plantes Vavilov, aires endémiques pour les oiseaux, taxons en danger critique, zones humides d’importance internationale (Ramsar), aire marine d’importance). Plusieurs sites ou aires potentielles sont identifiés pour de nouvelles inscriptions parmi lesquelles les îles de l’Océan

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Indien (Comores, Mascareignes incluant Maurice, Rodrigues et La Réunion) en tant que centres de diversité des plantes non représentés.

Biogéographie, habitats et biodiversité (2004)

Cette étude propose un état des lieux complet des sites naturels inscrits sur la liste du patrimoine mondial au titre des critères de biodiversité, sur la base d’analyses cartographiques et de recherches bibliographiques. Elle vise à fournir une évaluation de la couverture des principaux types d’habitats sur la liste du patrimoine mondial, permettant d’identifier les lacunes les plus significatives, où de nouvelles candidatures peuvent être encouragées, à condition de répondre à la condition d’intégrité. Trois catégories de données ont été croisées avec la carte des sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial pour identifier les priorités de nouvelles candidatures : les systèmes biogéographiques (Udvardy, Global 200), les habitats d’espèces menacées (UICN/SSC) et les aires prioritaires pour la conservation de la biodiversité (hotspots, aires endémiques d’oiseaux, centres de diversité des plantes). L’ensemble « Iles Comores – Mayotte » est identifié au titre d’EBA et de CDP.

Assessing marine world heritage in the Western Indian Ocean (2012)

Cette publication présente les résultats d’un atelier régional organisé par l’Unesco en 2012 dans l’Océan Indien pour identifier les priorités de nouvelles candidatures de sites marins. Même si certains experts de l’UICN ont été consultés, elle n’est donc pas considérée comme une étude thématique de l’UICN et en conséquence, ses conclusions n’engagent pas l’organisation consultative. Hormis La Réunion inscrite en 2010, les principales îles françaises de l’Océan indien sont considérées comme des « aires potentielles pour de nouvelles inscriptions » et sont généralement inscrites dans des contextes transnationaux. C‘est le cas pour Mayotte, qui est intégrée dans le croissant des Comores. L’ensemble est proposé au titre des critères (viii), (ix) et (x), et Mayotte est identifiée pour les valeurs naturelles suivantes : - représente la phase géologique la plus complexe du croissant des Comores avec des roches à la

fois magmatiques et carbonatées- rôle dans la stabilisation des flux anticycloniques dominants de la partie Nord Est du canal du

Mozambique- complexité de la géomorphologie des récifs coralliens et importance dans la connectivité à

l’échelle régionale- haut niveau de richesse spécifique de coraux durs, de poissons et de crustacés- tortues marines (5000 femelles de tortues vertes et 100 femelles de tortues imbriquées)- abondance de raie manta et de requins-marteau halicorne- diversité de mammifères marins : site d’alimentation pour la baleine à bosse, présence du dugong

Le patrimoine naturel marin et la Liste du patrimoine mondial (2012)

Cette étude vise à identifier et à proposer des sites marins pouvant avoir une valeur universelle exceptionnelle, en particulier dans les régions biogéographiques qui ne sont pas encore représentées ou qui sont sous-représentées sur la Liste du patrimoine mondial (ces biens ne représentaient que 5% de la liste en 2012). Elle propose un cadre de 16 thèmes généraux sur les caractéristiques marines et océaniques auxquelles les critères naturels du patrimoine mondial pourraient être appliqués lors de l’élaboration d’un dossier de proposition de bien du patrimoine mondial marin. L’étude constate que 67% des provinces biogéographiques côtières ne sont que peu ou pas couvertes par un bien inscrit et qu’une grande proposition de la haute mer n’en contient aucun.La méthode de priorisation repose sur une analyse cartographique des lacunes dans la couverture actuelle des biens du patrimoine mondial marin par province côtière et pélagique. Pour prioriser les sites, l’irremplaçabilité (ou le caractère unique, rare, naturel) a été identifiée comme le facteur le plus important pour la valeur universelle exceptionnelle. L’Océan Indien occidental est identifié comme l’une des régions marines sous-représentées de la liste du patrimoine mondial. Le Canal du Mozambique figure parmi les provinces biogéographiques au large lacunaires. Ces premiers résultats issus d’une analyse biogéographique doivent cependant être complétés par une évaluation de l’irremplaçabilité des sites afin d’étayer leur valeur universelle exceptionnelle (pour des espèces ou des écosystèmes importants pour la conservation mondiale).

Mayotte est mentionnée dans deux études relatives à la biodiversité  terrestre et dans un atelier régional, mais toujours intégrée dans une proposition de bien sériel avec le reste de l’archipel des

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Comores.L’atelier régional pour l’Ouest de l’Océan Indien identifie une valeur universelle exceptionnelle potentielle pour trois critères naturels : (viii), (ix) et (x)

Sites inscrits et projets d’inscriptions dans la région ouest de l’Océan Indien

L’Océan Indien dans son ensemble compte dix sites naturels inscrits avec une composante spatiale marine, dont seulement trois correspondent à des contextes insulaires : Parc de la zone humide d’iSimangaliso (Afrique du Sud), Baie Shark (Australie), Îles Heard et McDonald (Australie), Côte de Ningaloo (Australie), Les Sundarbans (Bangladesh), le Parc national des Sundarbans (Inde), le Parc national de Ujung Kulon (Indonésie), Atoll d'Aldabra (Seychelles), le Parc national marin de Sanganeb et le parc national marin de la baie de Dungonab – île de Mukkawar (Soudan), l’archipel de Socotra (Yémen).

Parmi les cinq sites naturels et mixtes actuellement inscrits dans la région ouest de l’Océan Indien, seuls deux présentent une composante marine : le parc de la zone humide d’iSimangaliso en Afrique du Sud et l’Atoll d’Aldabra aux Seychelles.

Pays Nom du site Type de site Critères Année d’inscription

Seychelles Atoll d’Aldabra Marin (vii)(ix)(x) 1982Afrique du Sud Parc de la zone humide

d’iSimangalisoTerrestre et marin (vii)(ix)(x) 1999

Note : les descriptions des sites reprennent des éléments des déclarations de valeur universelle exceptionnelle.

Atoll d’Aldabra

Aldabra est un exemple exceptionnel d’atoll corallien surélevé et l’un des plus grands atolls du monde (155 km2). Du fait de son éloignement et de son inaccessibilité, il est resté en grande partie préservé des pressions anthropiques. La principale valeur naturelle ayant justifié l’inscription de ce site est la présence de la plus grande population mondiale de tortues géantes des Seychelles. Le site est également inscrit sur la liste Ramsar des zones humides d’importance internationale.

Parc de la zone humide d’iSimangaliso

Le parc de la zone humide d’iSimangaliso couvre le lac de Sainte-Mucie et son estuaire ainsi qu’une partie maritime et côtière, sur une superficie totale de 239566 ha. Il comprend un large éventail d’écosystèmes marins, côtiers, estuariens et terrestres, peu modifiés par les activités humaines. Les récifs coralliens, les plages de sable, les dunes côtières, les systèmes de lacs, de marais, et les zones humides de papyrus et de roseaux, constituent des habitats clefs pour de nombreuses espèces marines et terrestres africaines. Certains phénomènes naturels, comme la nidification de tortues et de grands rassemblements de flamands et d’autres oiseaux aquatiques, sont exceptionnels par leur ampleur.

Carte. Sites naturels et mixtes inscrits sur la liste du patrimoine mondial (UICN)

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L’analyse des listes indicatives des pays riverains du canal du Mozambique fait état de six projets de candidatures de biens naturels et/ou mixtes, dont quatre comportent une composante marine importante, à savoir les écosystèmes marins de l'Archipel des Comores, l’aire marine protégée Ponta de Ouro (Mozambique), l’archipel de Quirimbas (Mozambique) et l’aire de conservation Jozani - Chwaka Bay (Tanzanie). Tous font référence au critère (x) et seulement l’un d’entre eux y associe le critère (ix), en revanche les caractéristiques géologiques ne figurent dans aucune proposition de déclaration de valeur universelle exceptionnelle potentielle.

Pays Nom du site Milieux Type Critères Date de soumission

Comores

Ecosystèmes Marins de l'Archipel des Comores Marin Naturel (ix)(x) 31/01/2007

Ecosystèmes terrestres et paysage culturel de l'Archipel des Comores

Terrestre Naturel (v)(viii)(ix)(x) 31/01/2007

Mozambique

Archipel des Quirimbas Terrestre et marin Mixte (ii)(iv)(x) 20/08/2008

Aire marine protégée Ponta de Ouro

Terrestre (côtier) et marin

Naturel (vii)(x) 20/08/2008

Madagascar Sud-Ouest Malgache, Pays Mahafaly Terrestre Mixte Non précisé 14/11/1997

Seychelles Silouhette Island Terrestre Mixte (v)(x) 01/02/2013

Tanzanie Aire de conservation Jozani - Chwaka Bay

Terrestre et marin (littoral)

Naturel (x) 27/05/1997

Ecosystèmes Marins de l'Archipel des Comores

Ce bien sériel comprend trois composantes correspondant à des unités de conservation caractérisée chacune par la présence d’espèces représentatives de l’Ouest de l’Océan Indien : le Parc marin des Coelacanthes, le Parc marin de Mohéli, les mangroves et le lagon de Bimbini.

Le Parc marin des Coelacanthes (élément 1) inclut la zone côtière et marine du sud-ouest de la Grande Comore (Ngazidja) et constitue un site biologique d'importance mondiale en raison de la présence du cœlacanthe (Latimeria chalumnae), espèce endémique et menacée d'extinction. L'intérêt de ce site est également lié à sa forte fréquentation par les baleines et les dauphins (au moins douze espèces de cétacés y sont recensées).

Le Parc marin de Mohéli (élément 2) occupe une superficie de 40400 ha dans la partie sud de l'île de Mohéli. Entre le récif frangeant et la côte, le fond marin présente des formations à posidonies et autres angiospermes marines qui servent de pâturage aux dugongs, mammifère sirénien en voie de disparition. Les côtes de Mohéli sont, de tout l'Océan Indien, les plus fréquentées par les tortues marines pour leur reproduction. Le parc marin comprend également des îlots inhabités, couverts de savanes à Hyparrhenaria et servant de colonies pour la reproduction d'oiseaux marins. Le plan d'eau

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lui-même abrite de très importantes colonies de madrépores, ainsi qu'une grande diversité d'invertébrés et de poissons représentative de cette partie de l'Océan Indien.

Les Mangroves et lagon de Bimbini (élément 3). Située à l'ouest de l'île de Ndzouani, la presqu'île de Bimbini comprend au niveau côtier un ensemble constitué par différents types de mangroves, bordant un grand lagon limité dans l'Océan par un récif coralliaire. L'ensemble côtier comprend des plages, des herbiers et le marais de Pomoni. Les herbiers sous marins sont développés et servent d'habitats et de site d'alimentation pour de nombreuses espèces dont les tortues marines et les dugongs.

L’archipel des Quirimbas

L’archipel des Quirimbas est situé dans la zone de rencontre du courant sud équatorial avec la côte africaine, et fait partie du complexe de Mtwara-Quirimbas. L’archipel des Quirimbas est considéré comme une zone clef de biodiversité d’importance globale dans l’écorégion marine Est Africaine (EAME). Son vaste complexe récifal contient une importante diversité corallienne (plus de 48 genres) et un ensemble d’habitats incluant des mangroves, des herbiers marins, des plages sableuses et rocheuses. L’archipel de Quirimbas est une zone d’alimentation importante pour les tortues, le pluvier crabier et des oiseaux migrateurs. Il est également connu pour être une aire de nourricerie pour le dauphin Sousa et les baleines.

Aire marine protégée Ponta de Ouro (POPMA)

L’aire marine protégée Ponta de Ouro (POPMA) s’étend sur 678 km2 le long des côtes sud du Mozambique, en intégrant les trois premiers miles marins. Elle abrite une grande diversité d’écosystèmes, notamment les eaux littorales de l’Océan Indien, de plages de sable avec des dunes paraboliques, des systèmes de lacs, des lagons côtiers, des formations rocheuses profondes, des marais étendus et des prairies inondées. Le complexe récifal situé dans l’aire centrale (Ponta Dobela - Ponta Techobanine) est considéré comme le meilleur exemple du sud du Mozambique et constitue une zone très favorable de recrutement de larves de coraux. Les poissons associés à ces récifs coralliens sont également très diversifiés (400 espèces). Le POPMA est le site le plus important de la côte Mozambique pour la reproduction des tortues caouanne et luth, qui viennent pondre sur les plages entre octobre et janvier. La réserve marine abrite des dugongs et des oiseaux migrateurs tels que les Courlis et les flamants roses. Elle est fréquentée par le requin baleine et le requin blanc, et correspond à la limite nord de migration de la baleine franche australe.

Aire de conservation Jozani - Chwaka Bay

L’aire de conservation Jozani - Chwaka Bay est une réserve naturelle forestière protégée couvrant une superficie de 30 km2 située à 37 km au sud de la ville de Zanzibar. Ce site abrite des espèces sauvages d’importance nationale et internationale, dont certaines sont endémiques et proches de l’extinction comme le Léopard de Zanzibar (Panthera pardus adersii, EX/CR), le Colobe de Zanzibar (Procolubus badius Kirkii, EN) et le Céphalophe d’Ader (Cephalophus adersii, CR). La forêt de Jozani est la seule zone où ces espèces peuvent être conservées in situ. Elle abrite également cinq types de végétation dont des schorres, des forêts de mangroves et des herbiers marins.

Les cinq sites décrits précédemment contiennent des profils écosystémiques proches de Mayotte, avec les principaux habitats et espèces emblématiques de la région Ouest de l’Océan Indien. Ceci implique qu’ils devront être considérés dans l’analyse comparative pour les critères de biodiversité et le cas échéant, pour évaluer la possibilité d’une candidature transnationale.Tous les sites naturels et mixtes inscrits sur la liste du patrimoine mondial et sur les listes indicatives des Etats de la région ayant une composante marine incluent le critère (x). Les sites inscrits au titre du critère (ix) présentent un caractère intact ou des pressions anthropiques faibles.

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Critère (viii) : histoire de la Terre et éléments géologiques

Définition

Etre des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l'histoire de la terre, y compris le témoignage de la vie, de processus géologiques en cours dans le développement des formes terrestres ou d'éléments géomorphiques ou physiographiques ayant une grande signification.

Statistiques

Sites inscrits pour ce critère Monde Région AfriqueSeul 17 1 (6%)Avec autres critères 88 7 (8%)

Caractéristiques clefs

Valeurs CaractéristiquesGéologieEx. Plaque et caractéristiques tectoniquePoints chauds, monts sous-marinsProcessus sédimentaires (pente, glacis et grands fonds marins, canyons sous-marins)Cheminées, suintements et autres caractéristiques hydrogéologiques

Ex zone de subduction ou de collision (rôle dans la tectonique régionale/mondiale)

Présence de deux barrières récifales

OcéanographieEx. Masses d’eauCourants océaniquesVagues et autres phénomènesProcessus côtiers et interactions terre-mer

Ex système de courant de nord ouest (dynamiques de remous variables du canal du Mozambique) / Gyre

Ex canyons sous-marins ayant des propriétés uniques au niveau mondial ?

Ex cheminées thermales les plus étendues ?

Analyse comparative

Récifs coralliens

Mayotte présente la géomorphologie récifale la plus complexe des petites îles du Canal du Mozambique. La formation des récifs coralliens est liée à la géomorphologie ancienne de l’île : la base de la barrière externe est datée à 2 millions d’années tandis que l’âge de la partie haute des récifs actuels est estimé à 12000 ans. Trois types de structures récifales sont présents, qui couvrent au total une superficie de 150 km2 : les récifs frangeants, les récifs internes et le récif barrière. Dans le reste de l’archipel des Comores, les récifs coralliens sont uniquement de type frangeant et à faible distance de la côte (absence de lagon). Ils occupent 60% du littoral de Grande Comore (principalement les extrémités sud et nord), 80% du littoral d’Anjouan et l’ensemble du littoral de Mohéli.

Comparaison dans le monde

Les récifs coralliens figurent parmi les écosystèmes marins les plus représentés sur la liste du patrimoine mondial. Sur les 49 biens naturels marins inscrits, 28 contiennent des récifs coralliens parmi lesquels 4 sont situés dans l’Océan Atlantique, 18 dans l’Océan Pacifique et 6 dans l’Océan Indien : le Parc de la zone humide d’iSimangaliso, la Côte de Ningaloo, le Parc national de Ujung Kulon, l’Atoll d’Aldabra, le Parc national marin de Sanganeb et parc national marin de la baie de Dungonab – Île de Mukkawar et l’Archipel de Socotra.

Les trois plus grands récifs coralliens du monde sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial, il s’agit de la grande barrière d’Australie, des lagons de Nouvelle-Calédonie et de Bélize. La Grande Barrière de corail (Australie) est le plus grand écosystème de récif corallien du monde, qui s’étend sur 2000

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km. Elle comprend à la fois des récifs côtiers frangeants, des récifs de plateau continental et des récifs exposés au large, à tous les stades de développement. Les Lagons de Nouvelle-Calédonie (Etats-Unis, 2008), bien en série composé de six zones marines, possède la plus longue barrière récifale continue du monde (1600 km) et constitue un des trois systèmes récifaux du monde. Ce complexe présente une plus grande richesse typologique de formations coralliennes. La région côtière de Bélize comprend le plus grand récif barrière de la région Atlantique-Caraïbes, avec une variété typologique qui illustre les étapes de l’évolution des récifs.

Certains sites inscrits sont situés dans les limites latitudinales de répartition des coraux scléractiniaires. C’est le cas notamment du Parc national de la zone humide d’Isimangaliso (Afrique du Sud) comprend l’extension la plus méridionale des récifs coralliens du continent africain ; et des îles Lord Howe, qui abritent le récif corallien le plus au sud de la planète.

Double barrière récifale

L’une des caractéristiques géomorphologiques les plus emblématiques de Mayotte est la présence d’une double barrière récifale de 18 km de long, composée d’une dizaine de récifs alignés séparés par des passes, qui jouent un rôle important dans les échanges entre les eaux océaniques et le lagon. Ces éléments de barrière interne sont battus par la houle en raison de l’importance du marnage (en grande marée, la barrière externe est couverte par plusieurs mètres d’eau).

Les récifs barrières sont issus de la subsidence de l’île centrale, et l’existence de doubles voire de triples barrières (Guilcher, 1963) peut s’expliquer par une subsidence en phase successives : l’individualisation s’est opérée suite à une reprise de subsidence qui avait déterminé la formation de la barrière générale. Dans le cas de Mayotte, la double barrière récifale serait liée à un rejeu de subsidence localisé, lié à des failles.

Comparaison dans le monde

Cette formation est très rare puisque moins de dix exemples sont connus dans le monde, et tous situés dans l’Océan Pacifique : Davis (1928) en cite deux, sur la côte Nord de Vanua Levu (Fiji) et sur la côte Nord Est de la Nouvelle-Géorgie (Îles Salomon) ; Kuenen (1951) mentionne une double barrière récifale dans l’ouest de Viti Levu (Fiji), Tayama (1952) à Truck (Îles Caroline), et Pichon (1977) en identifie trois en Asie du Sud Est, dont le Danajon Bank (Philippines). Mayotte est donc le seul site de l’Océan Indien présentant cette particularité.

D’autres doubles barrières sont en revanche plus étendues. A ce jour, la liste du patrimoine mondial ne comporte qu’un seul bien avec une double barrière récifale, les « lagons de Nouvelle-Calédonie ». Il s’agit en fait de deux barrières récifales, longues de 600 km chacune, situées sur la zone côtière Nord et Est de ce bien en série, entre la passe de la fourmi et la passe du cap Nägèè.

Le lagon Marovo (Nouvelle-Géorgie) est le système de lagon fermé à double barrière le plus grand et le mieux documenté au monde. Davis (1938) suggère/indique qu’il s’agit du meilleur exemple illustrant la théorie de Darwin sur la formation des barrières de corail. La double barrière résulte d’un volcanisme du Pliocène et du Pléistocène, avec une activité continue du volcan sous-marin Kavachi. Le site est inscrit sur la liste indicative des îles Salomon en 2008 en tant que bien mixte, avec l’ensemble des critères naturels.

Les Philippines comptent une double barrière, Danajon Bank, qui s’étend sur une longueur totale de 381,5 km (1% de la superficie totale de récifs coralliens des Philippines). Cette double barrière discontinue de récifs est située sur la côte nord de Bohol, dont elle séparée par un lagon de 30 mètres de profondeur. Il s’agit de la seule double barrière de Philippines et l’une des trois présentes en Asie du Sud Est (Pichon, 1977). La barrière externe est située à 11 km des côtes et est composée de différentes unités allant jusqu’à 23 km de longueur.

Considérant que toutes les doubles barrières sont discontinues, quatre attributs peuvent être retenus pour l’analyse comparative : a) superficie de la double barrière interne, b) longueur totale, c) distance à la côte, d) profondeur du lagon entre la barrière interne et l’île.

Sites Superficie Longueur totale Distance à la Profondeur du lagon

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côte (barrière interne-littoral)

Côte Nord de Vanua Levu (Fiji)

Proximité de l’île ou de l’autre barrière

Profondeur faible entre la barrière interne et l’île

Ouest de Viti Levu (Fiji)

Proximité de l’île ou de l’autre barrière

Profondeur faible entre la barrière interne et l’île

Lagon Marovo (Îles Salomon : Côte Nord Est de la Nouvelle-Géorgie et Vangunu)

35 km 25 m

Truck (Îles Caroline) < 3 km < 30 mDanajon Bank – Bohol (Philippines) 271,7 km2 381,5 km 2 km 30 m

Lagons de Nouvelle-Calédonie (Etats-Unis) 600 km 6-9 km 40 m

Mayotte (Etats-Unis) 14/18 km2 18 km 100 mètres à 3 km 30-60 m

Lagon

Avec une superficie de 1100 km2, le lagon de Mayotte est l’un des plus vastes du monde et le plus vaste de la partie occidentale de l’Océan Indien. Il est notamment devancé par ceux de Kwajalein (Iles Marshall) avec près de 2200 km2 et de Rangiroa (Archipel des Tuamotu) avec près de 1500 km2. Cependant, tous deux sont situés dans l’Océan Pacifique et correspondent à des atolls.

Lagons Océan Superficie (km2)Nouvelle-Calédonie Pacifique 20000 Lagon côtierKwajalein (Iles Marshall) Pacifique 2200 AtollRangiroa Pacifique 1500 AtollMorovo (îles Salomon) PacifiqueMayotte Indien 1100 Lagon côtier

Mayotte possède le plus grand lagon de l’Océan Indien et la seule double barrière récifale de la région. Cette caractéristique géomorphologique, rare à l’échelle mondiale, est cependant déjà représentée sur la liste du patrimoine mondiale par un autre bien français situé dans la zone Pacifique.

21

Critère (ix) : processus écologiques

Définition

Etre des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques en cours dans l’évolution et le développement des écosystèmes et communautés de plantes et d’animaux terrestres, aquatiques, côtiers et marins.

Statistiques

La liste du patrimoine mondial compte 118 sites inscrits avec ce critère mais seulement cinq l’utilisent exclusivement. Le critère (ix) est rarement utilisé seul, on le trouve le plus souvent associé au critère (x). Son usage tend à diminuer.

Sites inscrits pour ce critère Monde Région AfriqueSeul 5 0 (0%)Avec autres critères 118 22 (18,6%)

Tendance de l’usage du critère (1976-2007)

Utilisé régulièrement. L’évaluation de ce critère recourt aux études thématiques globales sur la biodiversité (forêts, montagne, …).

Caractéristiques clefs

Plusieurs caractéristiques peuvent relever de ce critère, souvent défini comme « écosystèmes et communautés » : - Cycles et productivité biogéochimiques- Connectivité- Processus et services écosystémiques marins/terrestres

Valeurs CaractéristiquesEcosystème ou communautés uniques au plan mondial (endémisme élevé au niveau des espèces et/ou des niveaux taxonomiques supérieurs)

Processus biologiques et/ou écologiques en cours d’importance mondiale

Ex surtsey colonisation d’une nouvelle ile par la vie

Ecosystèmes ou communautés rares ou menacées au plan

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mondialZones de nature sauvage vaste et intactes

Cycle et productivité biogéochimique

productivité massive des régions de remontée d’eau ?

Connectivité connectivité et dispersion des juvéniles et des adultes : faible voies de migrations importantes (cétacés : baleines à bosses) continuum d’habitats marins fonctionnels en bon état de

conservation : lagon et ilôts, forêts supralittorales des plages de sable, sables/galets et rochers littoraux – tortues –, zones humides, les mangroves occupent environ 30% du linéaire côtier et comptent 7 espèces de palétuviers), herbiers (11 espèces de phanérogames ; seule la Nouvelle-Calédonie en a plus dans le monde ; habitats des tortues vertes et des dugongs), fond lagonaire, diversité des structures récifales

Processus et services écosystémiques

habitats clefs sites de reproduction et de rassemblement d’espèces

emblématiques (baleines à bosse : population ?) aires de stationnement de populations d’avifaune migratrice

(env~ 10000 ind. Sternes) plages de ponte de tortues vertes et imbriquées (163 sites) +

alimentation dans les herbiers et les coraux

« Coral reefs : the complex reef geomorphology, combined with the diverse eddy currents and oceanographic conditions in the region, contribute to high habitat diversity. Mayotte has the most complex reef geomorphology of all small islands in the WIO and the Mozambique Channel. Combined with high levels of connectivity and the importance of the channel regionally, it represents a critical refuge and stepping stone for dispersal and maintenance of reef diversity in the WIO. » (étude thématique Océan Indien).

Analyse comparative

Approches biogéographiques

Pour justifier une valeur universelle exceptionnelle potentielle au titre de la biodiversité, un site doit à la fois appartenir à une écorégion non représentée sur la liste du patrimoine mondial et constituer une priorité pour la conservation de la biodiversité à l’échelle globale. L’évaluation des critères (ix) et (x), qui sont souvent associés dans les propositions de candidatures, repose donc sur deux approches complémentaires : - identifier une lacune de représentation dans l’unité biogéographique du site- correspondance avec les priorités internationales en matière de conservation de la biodiversité,

définies par plusieurs systèmes de classification des habitats naturels et des écosystèmes

Afin de détermine si Mayotte possède des écosystèmes et/ou des communautés lacunaires sur la liste du patrimoine mondial, l’analyse doit déterminer le nombre de biens existants situés dans les mêmes unités biogéographiques que la proposition, à savoir : - province biogéographique d’Udvardy- écorégion/biome/domaine terrestre- écorégion/province marine

Provinces biogéographiques

Carte. Provinces biogéographiques dans la région de Madagascar / Canal du Mozambique

23

Selon la classification d’Udvardy (1975), l’île de Mayotte appartient au domaine Afrotropical (3), à la province biogéographique des îles Comores et Aldabra (24) et correspond au biome azonal Système d’îles mixtes (13).

La province des îles Comores et Aldabra compte un site naturel, l’atoll d’Aldabra (Seychelles), inscrit au titre des critères (vii), (ix) et (x) et trois sites naturels et mixtes inscrits sur les listes indicatives des Seychelles (Silhouette Island) et des Comores (Ecosystèmes Marins de l’Archipel des Comores, Ecosystèmes terrestres et paysage culturel de l’Archipel des Comores). Certaines provinces peuvent être lacunaires en sites naturels du patrimoine mondial. Il faut cependant rappeler que la Convention du patrimoine mondial a pour objectif d’identifier des sites ayant une valeur universelle exceptionnelle et que de nombreuses provinces biogéographiques ne contiennent pas de tels sites. Les valeurs exceptionnelles de biodiversité ne sont pas nécessairement distribuées sur tout le globe (certains écosystèmes richesse en espèces, endémisme, espèces patrimoniales).

Le biome Système d’îles mixtes compte actuellement 24 biens naturels et mixtes inscrits (2013) dont 20 l’ont été au titre des critères de biodiversité. Il s’agit du sixième biome le plus représenté, quand les déserts et semi-déserts froids ne comptent qu’un seul bien inscrit.

Biome et écorégion terrestre / domaine

Selon la classification établie par Olson et al (2001), Mayotte appartient au biome des forêts décidues humides tropicales et subtropicales et à l’écorégion des forêts des Comores (équiv. Groupe d’Îles entre Madagascar ?). Deux faciès correspondant à ce biome sont présents sur l’île : le premier occupe l’étage de moyenne altitude (supérieur à 300 m, sous le vent) sur une superficie de 673 ha qui est globalement peu ou pas dégradé ; une forêt à tendance mésophile de basse altitude (85 ha) presque entièrement détruite et en grande partie secondarisée.

Le biome des forêts décidues humides tropicales et subtropicales est situé dans les zones intertropicales, soumis à un climat équatorial caractérisé par une faible variabilité des températures moyennes annuelles et des précipitations annuelles supérieures à 2000 mm. La composition des forêts est dominée par des espèces d’arbres décidues avec une diversité floristique et faunistique très importante (il abrite 70% des espèces végétales connues).

24

Avec une extension terrestre de 19 894 149 km2, les forêts décidues humides tropicales et subtropicales représentent 14,7% de la superficie de l’ensemble des biomes décrits par Olson (troisième biome le plus étendu après les déserts et terres arbustives xériques, et les Prairies, savanes et terres arbustives tropicales et subtropicales). Ce biome est couvert par 71 biens naturels inscrits sur la liste du patrimoine mondial, qui représentent 1,5% de sa superficie totale.

Tableau. Nombre de sites du patrimoine mondial au sein du biome des forêts décidues humides tropicales et subtropicales croisés avec les domaines biogéographiques

De tous les domaine biogéographiques, l’Afrotropical est celui qui compte le plus de biens inscrits et aucun autre domaine n’est considéré comme étant lacunaire.

Afrotropical

Antartique

Australasia

Indo-Malay Neartic Neo-

Tropical Oceania Paleartic

Forêts décidues humides tropicales et subtropicales

19 na 6 17 na 25 4 1

A l’exception des pitons de La Réunion et de la réserve de Mai Nature, tous les sites inscrits au sein de l’écozone afrotopical sont situés dans des contextes continentaux et abritent une diversité spécifique importante liée à des superficies comprises entre plusieurs dizaines de milliers d’hectares et 5,12 millions d’hectares (réserve de Selous, Tanzanie).

Les sites reconnus au titre du critère (ix) correspondent généralement à des blocs forestiers dans des états primitifs exceptionnels, à des exemples d’évolutions biologiques et d’adaptation de formes de vie dans un environnement de forêt ombrophile équatoriale, à des zones refuges importantes pour des espèces et/ou situées sur des voies de migration d’espèces emblématiques. Le critère (x) s’applique pour les habitats d’espèces menacées au plan mondial et endémiques, abritant souvent les plus importantes populations, tels que l’éléphant, l’okapi, le rhinocéros, les lémuriens, certaines espèces de primates (bonobos, chimpanzés, gorilles de plaines et de montagnes) et une espèce végétale emblématique (coco de mer). A noter que l’état de conservation est souvent problématique dans cette région puisque six sites sont inscrits sur la liste en péril(*).

Sites du domaine

afrotropical (pays) (*)Superficie totale (ha)

Critères naturels

EspècesMammifères

Oiseaux

Reptiles

Amphibiens Plantes

Réserve de faune du Dja (Cameroun) 526000 (ix)(x) 100

Trinational de la Sangha (Congo, Cameroun, République Centrafricaine)

746309 (ix)(x) 116 429 29 31 1122

Parc national de la Salonga (République démocratique du Congo)

(*)

3600000 (vii)(ix) >50 >101 3500

Forêt impénétrable de Bwindi (Ouganda) 32092 (vii)(x) 120 347

Réserve naturelle intégrale du Mont Nimba (Côte d’Ivoire, Guinée) (*)

18000 (ix)(x)

2000 (plante

s vascula

ires)Vallée de Mai Nature Reserve (Seychelles) 19,5 (vii)(viii)

(ix)(x)Réserve de gibier de 5120000 (ix)(x) 350 2100

25

Selous (République unie de Tanzanie) (*)

Zone de conservation de Ngorongoro 809440

(iv)(vii)(viii)(ix)

(x)Parc national de Virunga (République démocratique du Congo)

(*)

800 000 (vii)(viii)(x) 218 706 109 78 2000

Pitons, cirques and remparts of Reunion Island (Etats-Unis)

105838 (vii)(x) 78 1712

Réserve de faune à okapi 1372625 (x) 101 376Parc de la zone humide de iSimangaliso (Afrique du Sud)

239566 (vii)(ix)(x) 129 521 109 50 734

genres

Parc national de Taï (Côte d’Ivoire) 330000 (vii)(x) 47/140 234 42 56

145 endémi

quesParc national de Kahuzi-Biega (République démocratique du Congo)

(*)

600000 (x) 136 345/349 69 44 1178

Parc national / forêt naturelle du Mont Kenya (Kenya)

202334 (vii)(ix) 34 429 28 9 249

Forêts humides de l’Atsinanana (Madagascar) (*)

479660 (ix)(x) 78 173 160 2984

Ecosystème et paysage culturel relique de Lopé-Okanda (Gabon)

491291 (iii)(iv)(ix)(x) 1550

A quelques exceptions près, la végétation de l’écorégion des Comores est semblable à celle de Madagascar. Cependant, les Comores constituent une unité biogéographique distincte du fait de leur relatif isolement et surtout du haut niveau d’endémisme de différents taxons (avifaune en particulier).

L’écorégion des forêts des Comores est caractérisée par une faible diversité spécifique (935 espèces de plantes). La faune présente une faible richesse spécifique 8 espèces de mammifères terrestres dont 3 espèces de chauves souries insectivores et 2 lémuriens. On compte 25 espèces de reptiles terrestres et 2 espèces de tortues de mer. La diversité spécifique des oiseaux et des amphibiens est relativement faible.

Comme la plupart des îles Indo-Pacifique, les Comores ont un large éventail d’espèces endémiques : 416 espèces de plantes, 9 espèces de reptiles et 21 espèces d’oiseaux. Le drongo de Mayotte (Dicrurus waldenii, EN) est endémique stricte de l’île.

Les forêts de plaines et de moyenne altitude (0-1800 m) sont les plus étendues et les plus menacées. La couverture forestière décline rapidement et représente 30% de la superficie d’origine. De nombreuses espèces endémiques sont particulièrement menacées par la perte d’habitats et la présence d’espèces invasives, auxquelles s’ajoutent les risques cycloniques et volcaniques (Grande Comore). WWF considère la conservation des forêts relictuelles des Monts Karthala sur Grande Comore, Ntringui à Anjouan, et Koukoule à Mohéli comme prioritaire pour les espèces endémiques, mais ne mentionne pas Mayotte.

Espèces terrestresMammifèr

esOiseaux Reptiles Amphibie

nsInsectes Plantes

Ecorégion des forêts des Comores

8 (terrestre

25 935

26

s)Mayotte 15 >140 18 >354

Ecorégions marines du monde (Spalding et al., 2007)

L’analyse de lacunes des eaux côtières et continentales s’appuie sur le système de classification des écorégions marins du monde établi par Spalding et al. (2007), qui s’applique aux mers côtières jusqu’à 200 m de profondeur. Ce système divise l’océan en 12 domaines, subdivisés en 62 provinces et 232 écorégions. Mayotte est intégrée au domaine Indo-Pacifique Occidental, à la Province de l’Océan Indien Occidental et à l’écorégion de Madagascar Ouest et Nord.

Zones côtières et de plateau continentalClassement Nomenclature BpM marins (2013)Domaine Indo-Pacifique OccidentalProvince MEOW Océan Indien Occidental (20) 2 (0,2%)

Ecorégion Madagascar Ouest et Nord (100)

L’Indo-Pacifique correspond à la zone tropicale et subtropicale des océans Pacifique et Indien. Il est limité au nord comme au sud par des eaux tempérées et polaires, et à l’est par les eaux côtières qui longent le continent américain. Au centre, l’archipel indonésien constitue le centre d’origine de la biodiversité marine de l’ensemble du Pacifique. Cette immense région est considérée comme le plus grand habitat marin du monde et le plus riche en biodiversité : on y recense la plus importante diversité de coraux et les plus abondantes populations de mammifères marins et de tortues. Elle est subdivisée en trois sous-régions : - Indopacifique Occidental (Maldives, Chagos, Mer Rouge, Golfe persique, Afrique de l’Est et Madagascar)- Indopacifique Central (Îles Salomon, Palau, Wallis et Futuna, Nouvelle-Calédonie, Grande barrière de corail, îles Norfolk)- Indopacifique Oriental (Hawaï, île de Pâques, Fiji, Polynésie française)

Le bassin Indopacifique occidental correspond aux eaux tropicales de l’océan indien, séparé à l’Ouest par les côtes Est africaines et à l’Est par l’Indonésie (le détroit de Malacca fait la transition avec l’indopacifique central). La Etats-Unis est historiquement très présente dans cette région. Ses territoires appartiennent à des ensembles distincts, qui contrastent non seulement par leur situation géographique mais également par leur statut territorial, leurs caractéristiques écologiques et démographiques : - l’île de la Réunion (Mascareignes) dans l‘Océan indien ;- Mayotte dans le canal du Mozambique ;- Encerclant l’île de Madagascar, les îles Eparses sont situées dans le nord du canal du Mozambique (Europa, archipel des Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India) et au Nord Est de l’île de la Réunion (Tromelin).

Province Océan Indien Occidental (20) Ecorégion Madagascar Ouest et Nord (100)

27

Située dans le sud ouest de l’Océan Indien, à l’Est du Mozambique, la province de l’Océan Indien Occidental inclut les îles de Madagascar, La Réunion (Etats-Unis), Maurice, l’archipel des Comores, les Seychelles et les autres petites îles dépendantes. Elle regroupe 9 écorégions et seulement 0,2% de sa superficie globale (soit 1040 km2) est couverte par deux biens marins du patrimoine mondial principalement côtiers (atoll d’Aldabra et parc national de la zone humide d’Isimangaliso) et de ce fait n’est pas considérée comme une province lacunaire, bien que les superficies concernées soient très faibles.

L’écorégion de Madagascar Ouest et Nord quant à elle englobe le nord de Madagascar et l’ensemble du canal du Mozambique sur une superficie totale de 492743 km2. Cette écorégion marine présente une grande diversité d’habitats côtiers parmi lesquelles les mangroves (grandes superficies à Madagascar, présence plus ponctuelle dans les autres îles), les récifs, les herbiers et les plages. Les récifs sont de formation récente (10000 ans pour ceux situés à Madagascar). Ils constituent l’habitat de 200 espèces de coraux, 400 espèces de mollusques et 550 espèces de poissons qui présentent de haut niveau d’endémisme. Cette écorégion océanique accueille 5 des 7 espèces de tortues marines, et d’abondantes populations de cétacés et de dugongs (autour de Madagascar essentiellement, plus rares dans les autres îles Etats). Elle abrite également le coelacanthe (Lahimeria chalumnae) en particulier sur la zone côtière et marine du sud-ouest de la Grande Comore (Ngazidja), dans les grottes volcaniques situées à 300 m de profondeur.

La biodiversité marine de ces îles est très influencée par courants océaniques majeurs dans le canal du Mozambique, qui assurent le transport et le recrutement d’organismes et contribuent à la productivité des écosystèmes. Elle présente des affinités avec la biodiversité marine d’Afrique de l’Est. Cette écorégion est reconnue comme centre de diversité, avec des espèces distinctes de l’Océan indien central.

L’étude thématique sur le patrimoine naturel marin et la liste du patrimoine mondial considère cette écorégion comme lacunaire en raison de l’absence de bien actuellement inscrit.

Provinces pélagiques (Spalding, 2012)

En complément de la classification MEOW, qui porte sur les mers côtières, le système des provinces pélagiques du monde (Spalding et al., 2012) classe la haute mer en 4 domaines, 62 provinces et 232 écorégions.

Classement Nomenclature BpM marinsDomaine Eaux Indopacifiques chaudes 0Province Océan Indien Septentrional (23) 0

Mayotte appartient à la Province Indo Pacifique Tropical et est située dans la province pélagique de l’Océan indien septentrional, qui ne contient aucun bien marin sur la liste du patrimoine mondial.

Analyse mondiale des habitats CSE/UICN

Ce système divise les habitats terrestres et marins du monde en une série hiérarchique de 13 catégories d’habitats de premier niveau, 82 catégories de deuxième niveau et 154 catégories de troisième niveau. Trois des habitats de premier niveau couvrent une superficie beaucoup plus grande que les autres et constituent 72% de la superficie totale du réseau naturel du patrimoine mondial. Plusieurs types d’habitats (savane, mer et désert) sont aussi relativement peu représentés. L’analyse aboutit à identifier 10 habitats prioritaires, dont pour la Etats-Unis les forêts de montagne de Polynésie et de Nouvelle-Calédonie. Mayotte n’est pas identifiée dans cette liste.

L’analyse fait apparaître une lacune dans la province pélagique de l’Océan Indien septentrional et dans une moindre mesure, dans l’écorégion marine de Madagascar Ouest et Nord (un seul bien côtier inscrit sur la liste du patrimoine mondial couvre moins de 0,2% de cette province). En revanche, le biome des forêts décidues humides tropicales et subtropicales auquel appartient Mayotte n’est pas considéré comme lacunaire dans la mesure où il est déjà fortement représenté dans le domaine Afrotropical sur des superficies plus importantes.

Systèmes biogéographiques Île de Mayotte Sites naturels et Sites naturels et

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terrestres et marinsmixtes du patrimoine mondial

mixtes inscrits sur les listes indicatives

Udvardy (1975)

Domaine AfrotropicalProvince biogéographique Îles Comores et Aldabra 1 3

Biome Système d’îles mixtes 24

Olson (2001)

BiomeForêts décidues humides tropicales et subtropicales

17/19

Ecorégion terrestreForêts des Comores / Groupe d’Îles entre Madagascar

Spalding (2007)

Domaine Eaux Indopacifiques chaudes

Province MEOW Océan Indien Occidental

Ecorégion marine Madagascar Ouest et Nord 1

Spalding (2012)

Domaine pélagique Eaux Indopacifiques chaudes(*) 0

Biome Océan Indien Septentrional(*) 0

Province pélagique Madagascar Ouest et Nord(*) 0

Légende : (*) Unité biogéographique lacunaire

Ecosystèmes/communautés prioritaires pour la conservation mondiale

Les analyses de lacunes, qui apportent une appréciation quantitative sur le niveau de couverture d’unités biogéographiques en biens du patrimoine mondial, doivent être complétées par l’identification des caractéristiques susceptibles d’avoir une valeur universelle exceptionnelle. Il faut en particulier déterminer si Mayotte possède des écosystèmes/communautés ayant une signification mondiale et s’ils constituent le meilleur exemple, ou a minima l’un des meilleurs exemples.

Le territoire mahorais doit appartenir à des priorités de conservation de la biodiversité identifiées à l’échelle internationale, en particulier pour les systèmes de référence suivants : - hotspot de biodiversité terrestre- écorégions prioritaires global 200 terrestres/marines/eaux douces- aires endémiques pour les oiseaux- centre de diversité des plantes- aires marines protégées prioritaires

Cette liste n’est pas exhaustive : d’autres systèmes de priorisation peuvent être considérés en complément pour identifier les lacunes de la liste du patrimoine mondial, sur des compartiments spécifiques de la biodiversité.

Global 200 (WWF) – Olson and Dinerstein (1998, 2002)

Le WWF a identifié 867 écorégions sur la planète et sélectionné parmi elles 238 régions dites «Global 200» qui sont considérées comme exceptionnelles au niveau biologique et prioritaires en matière de conservation : 142 sont des régions terrestres, 53 des régions d’eau douce et 43 des régions marines. La plupart des types d’écorégions prioritaires englobent des biens du patrimoine mondial et cette proportion est légèrement plus élevée dans les écorégions terrestres. Deux zones concernent la Etats-Unis : la forêt sèche de Nouvelle-Calédonie (relique couvrant 3% de la forêt originelle) et l’écorégion marine de Tahiti (l’île de Rapa est identifiée pour ses hauts niveaux d’endémisme des espèces côtières).

Dans le domaine afrotropical, l’analyse de lacune identifie les mangroves de Madagascar (5188 km2), et pour le biome des forêts de feuillus humides tropicales et subtropicales, les forêts et brousses de

29

de Madagascar et les forêts humides des Seychelles et des Mascareignes. En revanche, aucune aire Global 200 n’est présente dans la région des Comores.

Hotspots de biodiversité

Mayotte fait partie d’un des 34 hotspots de biodiversité, Madagascar et les îles de l’Océan Indien, qui comprend une île continent (Madagascar) et trois groupes insulaires : les Mascareignes (Maurice, La Réunion, Rodrigues), les Comores et les Seychelles, ainsi que d’autres îles éparpillées parmi lesquelles les îles Eparses. Ce hotspot est classé au 10ème rang pour l’étendue originelle des habitats couverts de végétation naturelle et figure au 8ème rang des zones prioritaires en termes d’habitats demeurant intacts.

Carte. Hotspot de Madagascar et des îles de l’Océan Indien

Les superficies sont très hétérogènes : avec 592 040 km2, Madagascar, quatrième plus grande île du monde, représente 95% de la superficie terrestre du hotspot. Par son isolement, elle présente une forte originalité de sa flore et de sa faune, avec des niveaux d’endémisme très élevés au niveau des espèces, des genres et même des familles. Mais les groupes insulaires contribuent fortement à la biodiversité terrestre du hotspot : les Comores forment la partie la plus proche du continent africain (300 km) avec une influence plus marquée sur la biodiversité terrestre. Dans le domaine marin, les îles et les archipels sont caractérisées par un haut niveau d’endémisme des coraux, des espèces côtières, et leurs eaux sont fréquentées par des populations d’espèces à large répartition telles que les cétacés et les tortues.

Le hotspot compte cinq sites naturels du patrimoine mondial :- Tsingy de Bemaraha Strict Nature Reserve, Madagascar (vii)(x)- Aldabra Atoll, Seychelles (vii)(ix)(x)- Vallée de Mai Nature Reserve, Seychelles (vii)(viii)(ix)(x)- Pitons, cirques and remparts of Reunion Island, Etats-Unis (vii)(x)- Rainforests of the Atsinanana, Madagascar (ix)(x)

Aires endémiques pour les oiseaux

BirdLife International a développé les aires endémiques pour les oiseaux (EBA), qui doivent comprendre l’ensemble de l’aire d’alimentation d’au moins deux oiseaux endémiques avec une aire d’alimentation globale inférieure à 50000 km2 (Stattersfield et al. 1998). Chaque EBA est donc critique pour la survie d’au moins deux espèces d’oiseaux endémiques. Au total, 218 EBA abritant 2500 espèces d’oiseaux ont été recensées à l’échelle mondiale, dont 83 couvertes par un site du patrimoine mondial.

Aucune EBA n’est identifiée à Mayotte.

Centres de diversité des plantes (UICN/WWF)

30

Les centres de diversité des plantes correspondent à des zones de grande richesse spécifique en plantes, avec une part importante d’espèces endémiques. Pour être qualifié de centre de diversité de plantes, une aire doit contenir plus de 1000 espèces de plantes parmi lesquelles plus de 10% sont endémique à l’aire ou la région, et une île doit contenir plus de 50 espèces de plantes endémiques ou plus de 10% de sa flore endémique (Davis et al., 1994). Ces espèces sont caractérisées par leur haut niveau d’irremplaçabilité et de vulnérabilité. Au total, 234 centres de diversité des plantes ont été identifiés à l’échelle mondiale par l’UICN et le WWF, mais aucune ile de l’archipel des Comores n’est concernée et les CDP présents à Madagascar sont couverts par des sites du patrimoine mondial.

Priorités globales pour la conservation de la biodiversité marine

Les Comores ne figurent pas dans la liste des aires marines prioritaires identifiées par l’étude de Selig et al. (2014).

Le hotspot de biodiversité terrestre de Madagascar et îles de l’Océan Indien auquel fait partie Mayotte compte plusieurs sites naturels inscrits sur la liste du patrimoine mondial et seuls certains écosystèmes forestiers de Madagascar sont identifiés comme des régions Global 200, en particulier les mangroves qui s’étendent sur des superficies supérieures à 5000 km2 au total, alors qu’elles sont estimées à 735 ha à Mayotte (2013) avec un état de conservation qui ne peut être considéré comme exceptionnel. Par ailleurs, Mayotte ne compte aucun écosystème terrestre et marin identifié comme une priorité de conservation de la biodiversité à l’échelle mondiale.

Ecosystèmes prioritaires Île de Mayotte

Sites naturels et mixtes du patrimoine mondial

Sites naturels et mixtes inscrits sur les listes indicatives

Hotspot de biodiversité terrestre

Madagascar et îles de l’Océan Indien 5

Ecorégions prioritaires global 200 terrestres

Non - -

Aires endémiques pour les oiseaux Non - -

Aires marines protégées prioritaires

Non - -

Centre de diversité des plantes Non - -

Routes migratoires avifaune

Routes migratoire baleine à bosses

Comme le reste de l’archipel des Comores, Mayotte constitue une zone de reproduction privilégiée pour les baleines à bosse.

31

Sur le plan génétique, le degré de mélange entre les individus hivernant au large des côtes du Mozambique (C1), de Madagascar (C2) et du groupe d’îles de l’Océan Indien Occidental (C3 : dont Mayotte et Comores) reste incertain (source : liste rouge UICN).

Plages de pontes de tortues vertes : importance régionale

Les écosystèmes terrestres présents à Mayotte ne sont pas identifiés parmi les priorités de conservation de la biodiversité mondiale.La province pélagique de l’Océan Indien septentrional à laquelle fait partie l’archipel est considérée comme lacunaire et est importante pour la conservation de certaines espèces prioritaires (cétacés, tortues marines).Complexe récifo-lagonaire abritant une importante biodiversitéLe bien proposé pourrait remplir le critère (ix) en lien avec les autres îles de la province pélagique, en lien avec l’archipel des Comores.

32

Critère (x) : biodiversité et espèces menacées

Définition

Contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la conservation in situ de la diversité biologique, y compris ceux où survivent des espèces menacées ayant une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de la science ou de la conservation.

Statistiques

Sites inscrits pour ce critère Monde Région AfriqueSeul 15 3 (20%)Avec autres critères 141 34 (24%)

Tendance de l’usage du critère

Caractéristiques clefs

Valeurs CaractéristiquesBiodiversité : richesse globale en espèces et en habitats

21 espèces de grands cétacés et 12 espèces de dauphins (22% des espèces mondiales de mammifères marins) observables à proximité de la côte

1% des récifs mondiaux 42 classes géomorphologiques de coraux (étude RAMP-COI) le sud ouest de l’océan indien constitue l’une des sept régions

majeures de reproduction des baleines de l’hémisphère sud (Ersts, 2011)

Rôle prépondérant de Mayotte au niveau régional en tant qu’étape du cycle biologique des mégaptères se nourrissant dans l’Océan Antarctique

Biogéographie et éléments de diversité : espèces à l’aire de répartition restreinte

Province côtière Océan Indien Occidental (n°20, lacunaire) Province pélagique Océan Indien Septentrional (n°23,

lacunaire)

Espèces rares et menacées et emblématiques au plan mondial

Plus de 100 couples de crabier nicheur répartis sur 4 sites (dont Bouéni) soit 15% de la population mondiale

Constitue un habitat essentiel pour de nombreux autres mammifères marins, populations d’espèces emblématiques (dugong)

contient les aires de reproduction les plus importantes de la population de baleines à bosse de l’ouest de l’Océan indien

2 des 5 espèces de tortues marines répertoriées dans l’Océan Indien (Chelonia mydas, Eretmochelys imbricata)

30% de la population biogéographique (Océan Indien) de sterne voyageuse.

33

Analyse comparative

Biogéographie et éléments de diversité

Diversité spécifique EndémismeGroupes taxonomiques

Hotspot Mayotte Espèces endémiques dans le hotspot

Pourcentage d’endémisme dans le hotspot

Pourcentage d’espèces du hotspot dans le bien proposé

Plantes 13000 à 14000

622 90% 55/13000 à 14000

Mammifères terrestres

211 95% 7/211

Oiseaux 503 60% 165/503Reptiles 457 96% 7/457Amphibiens 309 308 100%

(99,6%)-

Poissons d’eau douce

213 29/213

Invertébrés

Sources : Mammifères : Wilson et al, 2005, IUCN, 2013 ; Oiseaux : BirdLife, 2013 ; Reptiles : Uetz et Hosek (eds), 2013 ; Poissons : Froese et Pauly (eds), 2013 ; Amphibiens : AmphibiaWeb, 2013 ; Plantes

Diversité spécifique : comparaison avec des biens inscrits sur la liste du patrimoine mondial

Nombre d’espècesSites, Etat Partie Superfi

cie (ha)

Critères naturels

Oiseaux

Mammifères marins

Poissons

Coraux Plantes

Mayotte 165 24 ? 622La Grande Barrière de corail (Australie)

34 870 000

(vii) (viii) (ix) (x)

242 1500 400

Shark Bay (Australie) 2 197 300

(vii) (viii) (ix) (x)

230 323 95

Réseau de réserves du récif de la barrière (Belize)

96 300 (vii) (ix) (x)

187 500 100

Îles Cocos (Costa Rica)

199 790

(ix) (x) 87 300 32

Iles Galapagos (Equateur)

14 066 514

(vii) (viii) (ix) (x)

57 460 120

Lagons de Nouvelle-Calédonie : diversité récifale et écosystèmes associés (Etats-Unis)

1 574 300

(vii) (ix) (x)

105 1695 510

Atoll d’Aldabra (Seychelles)

34 200 (vii) (ix) (x)

65 287 210

Sian Ka’an (Etats-Unis)

528 000

(vii) (x) 339 175 83

Île Coiba (Panama) 430 825

(ix) (x) 147 760 58

34

Récif de Tubbataha (Philippines)

33 200 (vii) (ix) (x)

46 441 396

East Rennell (îles Salomon)

37 000 (ix) 43 759 300

Archipel de Socotra (Yémen)

410 460

(x) 192 730 283

Papahānaumokuākea (Etats-Unis d’Amérique)Zone de conservation de Guanacaste (Costa Rica)Parc de la zone humide d’iSimangaliso (Afrique du Sud)Parc national Desembarco del Granma (Cuba)Îles Lord Howe (Australie)Tropiques humides de Queensland (Australie)Parc national de Komodo (Indonésie)Parc national de Ujung Kulon (Indonésie)Aire protégée des îles Phoenix (Kiribati)Lagon sud des îles Chelbacheb (Palaos)Parc naturel du récif de Tubbataha (Philippines)Zone de gestion des Pitons (Sainte-Lucie)

Analyse complémentaire : nombre d’espèces globales et d’espèces inscrites sur la liste rouge dont l’aire de répartition se superpose avec le bien proposé à inscription.

Sites, Etat Partie Tous taxons

Tous taxons menacés

Amphibiens

Amphibiens menacés

Mammifères

Oiseaux

Reptiles

Île de Mayotte

Biodiversité : priorités de conservation globale dans le bien

L’analyse se focalise en priorité sur le nombre d’espèces endémiques et d’espèces menacées présentes dans le bien, en comparaison avec des sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial et sur les listes indicatives des Etats Parties de la convention.

Superposition du site avec l’aire de répartition d’espèces menacées (liste rouge nationale/globale) CR/EN/VU

Analyse d’irremplaçabilité (2013)

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S’appuyant sur de précédentes études thématiques et sur une analyse cartographique, cette étude évalue la couverture des régions biogéographiques et des priorités en matière de conservation de la biodiversité dans les biens du patrimoine mondial de la biodiversité et identifie les principales lacunes.

L’étude s’appuie sur la méthode mise au point par Le Saout (2010) pour identifier les aires protégées les plus irremplaçables pour la conservation mondiale des espèces, considéré comme le concept le plus important pour évaluer la valeur universelle exceptionnelle d’un site candidat possible. L’irremplaçabilité est une mesure agrégée du degré de dépendance globale d’espèces à l’égard d’une aire protégée, calculée à partir du pourcentage de distribution mondiale de chaque espèce se superposant avec les limites de chaque aire protégée. L’analyse d’irremplaçabilité s’appuie sur 21 419 espèces vertébrées terrestres évaluées au plan mondial pour la Liste rouge de l’UICN (amphibiens, oiseaux et mammifères) et 173 461 aires protégées existantes relevant de l’ensemble des catégories de gestion de l’UICN, et incluant les biens du patrimoine mondial naturels et mixtes et d’autres aires protégées reconnues au plan international comme les Réserves de biosphère et les Sites Ramsar.

Aucune aire protégée terrestre présente dans l’île de Mayotte n’est identifiée parmi les cent aires les plus irremplaçables.

Espèces menacées

Tableau. Statuts de conservation des principales espèces menacées

Nom scientifique UICN2 CITES CMS Berne Nairobi

Oiseaux

Phaethon lepturus Daudin LC/VUDicrurus waldenii Schlegel VU IIArdea humbloti Milne-Edwards EN IIArdeola idae EN/CR I/IINectarinia coquerellii Hartlaub LCThalasseus bengalensis LC/NT II IIIThalasseus bergii LC/NT II

Mammifères

Dugong dugon VU II II II/IVMegaptera novaeangliae LC I/A I II II/IVTursiops aduncus DD IIStenella attenuata LC IIStenella longirostris DD II

Amphibiens Blommersia sp. /NTBoophis sp /NT

ReptilesLiophidium mayottensis EN/CRChelonia mydas EN I I/II II III/IVEretmochelys imbricata CR I I/II II III/IV

Poissons Manta birostris VU IIHerbiers Zostera capensis VU

Légende des annexes des conventions

Le site appartient à l’une des priorités globales de conservation suivantes : AZE, KBA, …

Sites Alliance for zero extinction (AZE) 2010

Dans la région des Comores : Mount Karthala, Mwai Highlands, Ndzuani highlands). Pas Centre de diversité des plantes, ni important plant areas, ni Ecorégion en crise

Aire clef pour la biodiversité (ZCB/KBA, 2011)

Pour être qualifié d’aire clef pour la biodiversité, une aire doit contenir des populations significatives d’espèces menacées, à distribution restreinte, grégaires ou restreintes biogéographiquement. La présence de ZCB reflète des valeurs de biodiversité qui peuvent être reconnues au titre des deux

2 Evaluation mondiale / française

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critères (ix) et (x). Mayotte compte 19 aires clefs pour la biodiversité dont le parc naturel marin dans son intégralité.

Identifiant Zone clef pour la biodiversitéMYT-1 Anse d’HajangouaMYT-2 Baie de Dzoumogné et de LongoniMYT-3 Cratères de Petite TerreMYT-4 Dziani KarihaniMYT-5 Ilot KaroniMYT-6 Ilots de DembeniMYT-7 Ilots de la PasseMYT-8 La lagune d’Ambato- MtsangamouliMYT-9 Mangroves de la Baie de BouéniMYT-10 Parc naturel marin de MayotteMYT-11 Pointes et Plages de Saziley et CharifouMYT-12 Réserve forestière de MajimbiniMYT-13 Réserve forestière de Songoro MbiliMYT-14 Réserve forestière des crêtes du nordMYT-15 Réserve forestière des crêtes du SudMYT-16 Réserve forestière du Mont BénaraMYT-17 Réserve Naturelle Nationale de l’îlot BouziMYT-18 Vasière des BadamiersMYT-19 Zone de protection de N’Gouja

Synthèse

Île de MayotteSite Alliance for zero extinction -Aires clefs pour la biodiversité 19 dont le parc naturel marin dans son ensembleAires importantes pour les oiseaux YT002 Mlima Combani and Mlima Mtsapéré

YT001 Crêtes du Nord Forest ReserveYT003 Mount Bénara Forest ReserveYT004 Bouéni Bay MangrovesYT005 Crêtes du Sud Forest Reserve

Habitats marins et côtiers

Mayotte est caractérisée par la présence de trois habitats clefs pour de nombreuses espèces marines : les récifs coralliens, les mangroves et les herbiers marins (fonctionnellement liés ?).

Tableau. Ecorégion Sud Ouest de l’Océan Indien

Récifs coralliens Mangroves HerbiersSuperficie Nombre Superficie Nombre Superficie Nombre

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(km2) d’espèces (km2) d’espèces (km2) d’espècesTanzanie 3 580 314 / 280 1285 10 10Mozambique 1 860 314 / 297 2910 10 8Somalie 710 308 / na 48 6 4Kenya 630 237 / 240 610 8 13

Madagascar 2 230 / 5 076 315 / 293 2990 8 10

Seychelles 1 690 / 5 443 310 / 217 32 9 8

Maurice 870 / 2 693 215 / 185 1,2 4 2

Mayotte 570 / 413 216 / 274 7,1 8 11Comores 430 / 305 314 / 223 1,2 7 4Réunion <50 168 / 205 2

Récifs coralliens

Contexte régional (Canal du Mozambique)

Plus de 450 espèces de coraux dont 254 coraux durs sont recensés à Mayotte. Les récifs coralliens des trois autres iles de l’archipel des Comores s’étendent sur une plus faible superficie (430 km 2) et comptent 314 espèces de coraux. La côte sud-ouest de Madagascar abrite le troisième plus grand système de récifs coralliens au monde (Toliara).

Comparaison avec des biens inscrits

A l’échelle mondiale, les coraux se répartissent dans deux régions distinctes : les Caraïbes (Océan Atlantique) et l’Indo-Pacifique depuis la mer rouge et les côtes est africaines jusqu’au Pacifique central, qui est beaucoup plus diversifiée. On dénombre 719 espèces de coraux durs dans l’Indo-Pacifique Ouest et 34 dans le Pacifique Est. La plus grande diversité d’espèces corallienne se trouve dans les îles d’Asie du Sud Est.

Répartition mondiale Canal du Mozambique

La liste du patrimoine mondial compte de nombreux sites inscrits pour leurs récifs coralliens, parmis lesquels figurent les plus étendus et les plus diversifiés. Dans la Grande Barrière australienne, 356 espèces de sclératinaires appartenant à 70 genres ont été recensés. En Nouvelle-Calédonie, la diversité est équivalente avec au moins 350 espèces estimées. Le récif de la barrière de Bélize compte 65 espèces de coraux durs qui représentent 90% des espèces observées dans la région Caraïbes. Mais ce site appartient à un ensemble peu diversifié en comparaison de l’Indo-Pacifique.

Tableau. Autres sites marins du patrimoine mondial incluant des récifs coralliens

BPM marins : récifs coralliens CaractéristiquesCôte de Ningaloo 300 espèces coralliennes

Parc national du Komodo (Indonésie) 600 espèces de coraux soit 76% des espèces connues dans le monde

Mangroves

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Contexte régional (Canal du Mozambique)

Bénéficiant de la protection assurée par le récif-barrière, les forêts de mangroves à Mayotte occupent environ 30% du linéaire côtier (76 km) avec une superficie totale de 735 ha (hors arrière mangrove). Il s’agit de la plus importante couverture de l’ensemble de l’archipel des Comores : sur les autres îles, les mangroves sont peu développées (117 ha en 2005, principalement sur Grande Comore et Anjouan). La diversité des palétuviers est faible, avec sept espèces recensées au total à Mayotte, contre 9 dans le reste des Comores. Sur l’île de Madagascar, la mangrove couvre environ 325000 ha mais les formations se répartissent essentiellement (98%) sur la côte occidentale bordant le canal du Mozambique et sur quelques sites de la côte orientale. Les mangroves médiolittorales sur fond rocheux sont considérées comme rares (comparables à celles présentes sur Europa et dans les Seychelles) mais elles occupent une superficie inférieure à 1 ha.

Comparaison avec des biens inscrits

A l’échelle mondiale, la couverture des forêts de mangroves est estimée à 150 000 km2 (Spalding, 2011). Les mangroves sont présentes dans toute la région de l’Indo Pacifique Ouest, qui concentre la plus grande diversité spécifique avec 52 espèces (85% de la diversité mondiale) et 24 genres (Duke, 2006). La région indomalaisienne est considérée comme le centre de dispersion des palétuviers Indo-Pacifique.

Répartition mondiale Canal du Mozambique

Les mangroves sont relativement bien représentées sur la liste du patrimoine mondial. Près de 50% des côtes de Nouvelle-Calédonie sont bordées de mangroves, qui couvrent une superficie totale de 200 km2 sur l’ensemble de l’île. La diversité spécifique est plus importante qu’à Mayotte : on compte 16 espèces de palétuviers et trois hybrides, dont 15 sont originaires du noyau Indo-Malais et une du noyau Caraïbe (Rhizophora mangle var. samoensis). Dans la Grande Barrière de corail (Australie), les zones marines peu profondes abritent la moitié de la diversité recensée au niveau mondial des mangroves. Le réseau récifal de la barrière du Bélize abrite 450 cayes de sable et de mangrove.

Tableau. Autres sites marins du patrimoine mondial incluant des forêts de mangroves

BPM marins : mangroves CaractéristiquesParc national de Kakadu (Australie) La zone estuarienne comprend 29 espèces de

mangroves, sur les 47 recensées dans le Territoire du Nord

Tropiques humides de Queensland (Australie) Les méandres du canal d’Hinchinbrook dessinent l’une des mangroves les plus vastes de la région.

Côte de Ningaloo (Australie) Les forêts de mangrove sont mentionnées dans le dossier de candidature sans précision de superficie ni de diversité spécifique

Forêt atlantique – Réserves du sud-est (Brésil) Estuaires riches en vastes mangrovesÎles atlantiques brésiliennes : les Réserves de Fernando de Noronha et de l'atoll das Rocas (Brésil)

Seuls exemples de forêt atlantique insulaire et de mangrove uniquement océanique dans l'Atlantique Sud

Zone de conservation de Guanacaste (Costa Rica)

Les forêts de mangrove comptent 8 espèces et sont dans un état de conservation exceptionnel

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Parc national Desembarco del Granma (Cuba) Des franges de mangrove s’étendent le long des côtes

Parc national Alejandro de Humboldt (Cuba) Les zones côtières sont couvertes de mangrovesRéserve de la biosphère Río Plátano (Honduras) Présence de marécages à mangrovesLes Sundarbans (Bangladesh) Plus grande mangrove du monde (connexion

avec le parc national des Sundarbans en Inde)Parc national des Sundarbans (Inde) Les Sundarbans possèdent la plus grande

mangrove du monde. 78 espèces de mangroves ont été recensées dans la zone.

Parc national de Ujung Kulon (Indonésie) Présence d’une importante forêt de mangroveParc national de Lorentz (Indonésie) Forêts de mangrove littorales près de la mer

d’ArafuraRéserve naturelle intégrale du Tsingy de Bemaraha (Madagascar)

Ce site principalement terrestre compte des mangroves dans sa partie sud

Sian Ka'an (Mexique) Environ un tiers du site contient des communautés de mangroves très diversifiées et productives, qui sont d'importance vitale pour la pêche dans l'ensemble de la région. Les mangroves servent de lieu de reproduction à de nombreux vertébrés et invertébrés.

Sanctuaire de baleines d'El Vizcaino (Mexique) Présence de mangrove dans l’aire de transition. Les lagunes peu profondes bien protégées et leurs mangroves sont également de très productives aires d’alevinage pour une variété de poisson et d'invertébrés, et constituent un paysage naturel impressionnant.

Parc national du Darien (Panama) Présence de vastes mangrovesParc national de la rivière souterraine de Puerto Princesa (Philippines)

Caractère unique des mangroves de la Baie, comme celui de la flore et de la faune qu’elles abritent, et de la connexion bioécologique avec les grottes et la forêt environnante.

Delta du Saloum (Sénégal) Ce bien culturel contient quatre espèces de mangrove

Atoll d'Aldabra (Seychelles) Présence de vasières à mangroveParc national marin de Sanganeb et parc national marin de la baie de Dungonab – île de Mukkawar (Soudan)

Les mangroves sont réparties dans trois importantes zones du parc marin de la baie de Dugonab

Herbiers marins

Contexte régional (Canal du Mozambique)

Les zones d’herbier (7,6 km2) sont réparties de manière homogène autour de l’île de Mayotte, sur les platiers et les pentes du récif frangeant ainsi que sur les platiers et pentes internes du récif barrière. Leur composition est mixte avec 11 espèces et 7 genres de phanérogames marines recensés : Cymodocea rotundata, Cymodocea serrulata, Thalassodendron ciliatum qui dominent les herbiers et Halophila ovalis, Halodule uninervis, Syringodium isoetifolium, Thalassia hemprichii, Enhalus acoroides. Dans le reste de l’archipel des Comores, 10 espèces ont été identifiées. Les côtes du Mozambique comptent la plus grande diversité (13 espèces), loin devant l’Afrique du Sud (5), Maurice et les Seychelles (7).

Comparaison avec des biens inscrits

Les herbiers ont colonisé toutes les mers du monde à l’exception de l’antarctique, et couvrent 10% des zones côtières soit environ 500 000 km2. Les plus grandes extensions sont situées sur les côtes orientales et occidentales du continent australien (96000 km2), en Indonésie (30000 km2) et dans le Golfe du Mexique (19000 km2).

Six biorégions de phanérogames marines peuvent être distinguées (Short et al., 2007), Mayotte appartenant à l’Indo-Pacifique tropical.

40

Répartition mondiale Canal du Mozambique

Dans le bien « Lagons de Nouvelle-Calédonie », les herbiers sont présents dans la partie peu profonde de la plaine lagonaire et au total, 12 espèces de phanérogames ont été identifiées. La grande barrière et le réseau de réserves du récif de la barrière du Belize (Belize) abritent d’importantes superficie d’herbiers marins mais c’est le banc d’herbiers marins de Wooramel dans la baie Shark (Australie) qui est considéré comme la plus vaste prairie marine du monde (4000 km 2) avec le plus grand nombre d’espèces de phanérogames enregistrées dans une zone.

Tableau. Autres sites marins du patrimoine mondial incluant des herbiers marins

BPM marins : herbiers CaractéristiquesParc national du banc d'Arguin (Mauritanie) – bien culturel

Vastes étendues de vasières couvertes d'herbiers marins

Sian Ka'an (Mexique) La barrière de corail méso-américaine protège un important herbier marin

Biodiversité marine : espèces emblématiques et/ou menacées

Dugong

Contexte régional

Les zones d’herbiers du lagon de Mayotte constituent un habitat favorable pour le dugong. La population, qui était estimée à une centaine d’individus avant les années 1970, a connu un déclin rapide et continu sous l’effet de la surpêche et des prises accidentelles, pour atteindre une dizaine d’individus aujourd’hui. Il existe peu de données disponibles sur les effectifs dans le reste de l’archipel des Comores.

La répartition de l’espèce est discontinue dans l’Océan Indien ouest, avec des effectifs faibles, estimés à quelques centaines d’individus au total. Les dugongs fréquentent les côtes de Somalie du Kenya, du Mozambique et de la Tanzanie. C’est au Mozambique et à Madagascar que l’on compte les

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plus importantes populations, avec toutefois une faible diversité génétique. L’archipel de Bazaruto (Mozambique) abrite la dernière population de Dugongs des côtes africaines et l’effectif le plus important de la région (250 individus). A Madagascar, l’espèce est principalement présente sur la côte occidentale, jusqu’au nord est. En revanche, elle est éteinte dans les eaux de plusieurs îles de l’Océan Indien dont les Maldives, Maurice et Rodrigues (présence historique attestée avant sa disparition au 18ème siècle).

Pays Effectifs approximatifsMozambique 300Madagascar3 100Mayotte 10Comore (Mohéli) 2 à 3Seychelles (Aldabra) 2 à 5

Comparaison avec des biens inscrits

La distribution du dugong est limitée aux eaux tropicales et subtropicales de l’Indo-Pacifique, entre l’Afrique de l’Est et le Vanuatu, entre les latitudes 27° Nord et Sud. Il est inféodé aux habitats côtiers peu profonds (1 à 10 mètres) et ses principaux sites d’alimentation sont les herbiers de phanérogames marines. Du fait d’une croissance lente, d’une maturité tardive (6 et 17 ans) et d’un faible taux de reproduction, la population augmente de 1 à 3% par an : l’espèce est très sensible à toute perturbation d’origine naturelle ou anthropique. Le dugong (Dugong dugon) est classé vulnérable (VU, 2015) à l’échelle mondiale et inscrit à l’annexe I de la CITES, en raison du déclin important de ses populations (100 000 individus). Son statut varie en fonction de l’aire de répartition : en déclin ou éteinte dans un tiers de son aire de répartition, le statut de l’espèce est inconnu dans au moins 50% de son aire de répartition et stable dans le reste (Marsh, 2008).

Les principales populations mondiales sont observées en Australie (70000 individus), à Barhein, en Papouasie Nouvelle Guinée, au Quatar et aux Emirats Arabes Unis. Dans l’Indo-Pacifique, cinq sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial abritent d’importantes populations de dugongs, et sont considérés comme majeurs pour la survie de l’espèce. La Baie Shark compte 11000 dugongs soit 12,5% de la population mondiale (un des lieux les plus importants et les plus sûrs). La Grande barrière abrite également une des populations les plus nombreuses de dugongs, probablement la seconde dans le monde, avec près de 10000 individus recensés. La population de dugongs présente en Nouvelle-Calédonie est la plus importante d’Océanie et la troisième à l’échelle mondiale. Elle est concentrée le long des côtes nord-ouest et sud-ouest où elle se reproduit. Le lagon sud des îles Chelbacheb (Palaos, 2012) est une zone de refuge et d’alimentation importante pour les dugongs de Palaos. La population, qui a été estimée par survol aérien entre 35 et 40 individus, est considérée comme la plus isolée du monde. Des dugongs sont également présents dans le parc national marin de la baie de Dungonab (Soudan, 2016) – qui abrite une des plus importantes populations des côtes africaines – et dans une moindre mesure dans le parc national du Komodo (Indonésie).

Le dugong est présent en distribution fragmentée dans l’ouest de l’Océan Indien et Mayotte abrite la population la plus importante des îles du canal du Mozambique, après une phase de déclin dans la plupart des autres îles, jusqu'à une extinction ancienne. Toutefois, Mayotte ne peut pas être considérée comme un site essentiel pour la conservation de l’espèce à l’échelle régionale et mondiale, en raison de la viabilité limitée de la population, et d’effectifs plus importants sur la côte du Mozambique et à Madagascar, ainsi que dans plusieurs sites du patrimoine mondial.

Baleine à bosse

Contexte régional

La population de baleines à bosse qui fréquente le lagon de Mayotte est estimée entre 50 et 100 individus par an pendant la saison de reproduction (de juillet à novembre). L’ensemble de l’archipel des Comores constitue une zone d’hivernage pour cette espèce (parc marin des Coelacantes, inscrit sur la liste indicative des Comores / parc marin de Mohéli), au même titre que la côte occidentale de Madagascar (Nosy Bé, Tuléar, baie d’Antongil), l’atoll d’Aldabra, et dans une moindre mesure, les

3 Zone de présence privilégiée au sud de Diego Suarez (baie de Ampasindava)

42

eaux de la Réunion et de Maurice. Le segment de population qui migre dans la zone sud-est de l’Afrique-Madagascar pendant la période hivernale est considéré comme « non à risque ».

Dans la région de la COI, l’archipel des Comores dans son ensemble correspond à une aire importante pour la reproduction et l’élevage de jeunes baleines à bosse, qui s’étend entre Mayotte et Mohéli, à proximité du banc du Geyser.

Comparaison avec des biens inscrits

La baleine à bosse est répartie dans l’ensemble des bassins océaniques, entre le 60° sud et le 65° Nord. Avec une population totale de 35000 individus (en accroissement), son statut de conservation est considéré favorable (préoccupation mineure/LC) et l’espèce est inscrite sur l’annexe I de la convention de Bonn et dans les conventions CITES et de Nairobi.

Parmi les biens marins naturels inscrits sur la liste du patrimoine mondial, douze font référence dans leurs valeurs naturelles à la présence de baleines et seulement quatre plus spécifiquement à l’espèce Megaptera novaeangliae. Le sanctuaire de baleines d'El Vizcaino au Mexique est le seul site reconnu spécifiquement pour son importance à l’échelle mondiale dans le cycle de reproduction d’une sous-espèce de baleine grise.

La Grande barrière (Australie) et le lagon sud de Nouvelle-Calédonie constituent des zones importantes de reproduction et de mise bas des baleines à bosse, avec des populations respectives de 3600 (échelle australienne) et de 300 individus. A l’échelle française, le statut de conservation de l’espèce est évalué vulnérable du fait des faibles effectifs rencontrés et de sa forte fidélité au lieu (présence régulière des mêmes couples mères-petits).

Tableau. Autres sites marins du patrimoine mondial mentionnant la présence de baleines

BPM marins : baleines Caractéristiques

Parc de la zone humide d’Isimangaliso (Afrique du Sud)

La migration des baleines est reconnue comme un phénomène naturel exceptionnel au titre du critère (vii)

Presqu'île de Valdés (Argentine)

La presqu’île abrite d’importantes populations reproductrices de baleines franches, une espèce menacée d’extinction qui se reproduit dans la région

Baie Shark (Australie)Un nombre croissant de baleines à bosse et de baleines franches australes utilisent la baie Shark comme une étape migratoire.

Système naturel de la Réserve de l'île Wrangel (Fédération de Russie)

Le milieu marin est un site de nourrissage de plus en plus important pour la baleine grise qui migre depuis le Mexique

Parc national de Komodo (Indonésie) Présence de la baleine bleue (Balaenoptera musculus)

Shiretoko (Japon) Présence de la baleine de Minke

Sanctuaire de baleines d'El Vizcaino (Mexique)

Les lagunes côtières de Ojo de Liebre et San Ignacio constituent les aires de reproduction et d’hivernage les plus importantes du monde de la sous-population de baleine grise de l’Est du Pacifique Nord. La baleine bleue s’y reproduit également.

Îles sub-antarctiques de Nouvelle-Zélande (Nouvelle-Zélande)

L’environnement marin fournit à la baleine franche du sud un site de reproduction très important. Les îles subantarctiques se trouvent également les routes de migration des baleines bleues et des baleines à bosse.

Parc naturel du récif de Tubbataha (Philippines) Présence de baleines.

Tortues

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Avifaune

Mayotte accueille jusqu’à un quart de la population de l’Océan Indien de sternes voyageuses (« plus de 3000 individus ont été observés sur les reposoirs de Petite-Terre »).

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IntégritéMayotte compte 216 306 habitants, avec une densité de population sensiblement égale à celle de La Réunion (578,4 habitants au km²) mais un taux de croissance bien supérieur (environ 5 % par an). Les deux principales activités traditionnelles de l’île, l’agriculture et la pêche vivrière, exercent de fortes pressions sur les écosystèmes côtiers, auxquelles s’ajoute une pêche industrielle thonière en haute mer particulièrement déprédatrice.

Le lagon est particulièrement menacé par les activités humaines. L’érosion des sols provoquée par la déforestation, l’agriculture sur brûlis et le développement de l’urbanisme entraîne un apport massif de sédiments qui provoque un envasement du lagon et une dégradation des récifs. Ils sont également très dégradés par la pêche à pied, le passage des ancres de bateaux et les activités de plongée. La destruction de ces milieux affecte de nombreuses espèces, c’est le cas par exemple des herbiers qui constituent la seule ressource alimentaire des dugongs. La faune marine est également directement menacée par des prélèvements illégaux. En moyenne, près de 2000 tortues sont victimes chaque année du braconnage. Les populations collectent une quantité excessive de coraux, de prorites et de coquillages pourtant protégés (Cypraea cassis rufa, casque tricoté, triton).

A ces dégradations d’origine anthropique se surajoutent les effets des changements climatiques : acidification des océans, accroissement des tempêtes et des cyclones, élévation du niveau des mers, réchauffement des eaux. Ces différentes menaces contribuent à l’érosion des plages et à la destruction des coraux. Certains milieux récifaux, notamment les récifs barrière et les récifs internes, ont une capacité de récupération très limitée face à ces impacts globaux. Leur disparition a des conséquences immédiates pour les cortèges d’espèces de faune et de flore associées.

Etat de conservation

Biodiversité terrestre (hors zones humides)

Seule 5% de la superficie de l’île se trouve encore dans un état naturel, principalement les forêts de crête, certaines mangroves et les forêts sèches situées sur l’ilôt M’Bouzi et à Salizey. Les forêts sont principalement secondaires. Environ 2500 ha de zones forestières sont érodées sur Grande Terre, principalement dans la région nord.

La liste rouge sur la flore vasculaire indigène (fougères, arbres, orchidées et autres plantes à fleurs) indique que 43% des 610 espèces sont menacées. Pour les amphibiens, 5 reptiles parmi les 12 espèces indigènes sont menacés, en particulier la Couleuvre de Mayotte (en danger critique) et le Gecko diurne à bandes noires (Vulnérable).

Zones humides

Les zones humides sont globalement en régression voire menacées de disparition en zone littorale, en majorité du fait de l’urbanisation croissante4 et de leur mise en culture (maraichage, cultures vivrières). La destruction de ces milieux modifie le fonctionnement hydraulique du bassin versant (modification du continuum écologique) et impacte certaines populations d’oiseaux qui en dépendent pour leur alimentation (héron crabier blanc). Un projet de restauration des zones humides via la reconversion de cultures de bananes et de pâturages extensifs est en cours de développement (Gepomay).

Mangrove

Bien que la superficie des mangroves soit actuellement supérieure à celle estimée en 1949, la majorité des zones de mangroves étudiées par la DAF enregistrent une diminution ou une stabilité, avec une perte globale de 20 ha entre 1997 et 2003. La réduction progressive de la mangrove et de l’arrière mangrove est principalement due aux travaux de remblaiement engagés pour la réalisation

4 Par exemple, l’assèchement de la zone humide de Tsararano pour la construction du marché et l’implantation de la station d’épuration

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d’infrastructures (construction de routes, extension du port de Longoni). La mangrove de Tsingoni risque ainsi de disparaître du fait d’un projet de nouvelle retenue collinaire. L’arrière mangrove, parfois contiguë aux zones d’habitation, est menacée par la présence de décharges et par des mises en cultures.

Toutefois, certaines mangroves plus inaccessibles ou situées dans des zones moins urbanisées présentent des états de conservation globalement favorables. C’est le cas de la mangrove de la vasière des badamiers, en forte progression, et de celle de la baie de Bouéni (Chirongui).

Tableau. Evolution des superficies de mangrove (sans les arrières mangroves)Années Superficie1949 718 ha1969 631 ha1989 641 ha1997 756 ha2003 735 ha

Herbiers

Une étude sur la distribution des herbiers a été menée en 2014-2015 par le parc naturel marin en préalable à la définition d’un programme de suivi. Les sources de dégradation naturelle sont liées aux prélèvements par les tortues marines et aux cyclones. Mais les principales causes de destruction des herbiers sont d’origine anthropique du fait de l’artificialisation du littoral, des pollutions de l’eau lagonaire (effluents) et plus encore de l’envasement du lagon qui accroît la turbidité de l’eau et perturbe la photosynthèse. Plus localement, des herbiers sont détruits par le piétinement des pêcheurs à pied, par l’utilisation de certaines méthodes de pêche (djarifa) et par les mouillages de bateaux.

Récifs coralliens

Les premiers suivis des récifs coralliens ont été mis en place par reef check à la suite d’un important épisode de blanchissement en 1998. Depuis 2012, le parc naturel marin de Mayotte réalise un suivi sur l’intégralité des récifs coralliens environ tous les sept ans, auquel s’ajoute une évaluation de l’état de santé intermédiaire réalisée annuellement sur plusieurs sites témoins.

Le bilan de l’évolution de l’état de santé des récifs coralliens mené sur la période 1989-2002 (Ifrecor) a permis de faire ressortir plusieurs éléments de compréhension des évolutions observées : - il existe de fortes variations de l’état de santé des récifs selon leur emplacement autour de l’île- la tendance évolutive de la couverture corallienne n’est pas régulière : en forte diminution entre

1989 et 2004, celle-ci connaît une nette augmentation depuis 2004- l’augmentation de la couverture est liée à une modification structurelle des communautés

coralliennes en faveur d’espèces opportunistes et robustes, favorisées par les conditions environnementales contraignantes (augmentation des pressions humaines, augmentation de la température)

- la perte de diversité biologique est consécutive à l’homogénéisation structurelle des récifs susceptible d’affecter l’ensemble de l’écosystème récifal.

Les taux de recouvrement en corail vivant peuvent varier en fonction d’évènements naturels (cyclones, épisodes de blanchissement, infestations d’Acanthaster planci L., blooms algaux), de pressions anthropiques et du réchauffement climatique. Au cours des 35 dernières années, quatre principaux épisodes de blanchissement ont été observés (1982/83, 1998, 2010 et 2016, suite aux températures chaudes observées à la fin de l’année 2015). L’épisode de 1998 a pu être corrélé au phénomène El Nino, qui a conduit à un taux de dépérissement avoisinant 80%. Le blanchissement de 2010 a surtout affecté les récifs barrière (35% de coraux morts dans la passe S). Mais les coraux présentent globalement une bonne résilience (recrutements larvaires importants).

Les récifs internes et frangeants sont les plus directement impactés du fait de leur localisation. Les récifs barrières sont globalement (très) dégradés, présentant un faible taux de recouvrement en coraux durs associée à une couverture algale forte. Ce constat doit cependant être différencié selon les zones : les récifs les plus dégradés sont situés à Petite Terre et à Mtsamboro, avec une couverture

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corallienne comprise entre 0% et 20%.

Plages

Sur les 170 plages que compte l’île de Mayotte, 30 ont fait l’objet d’un suivi par le BRGM (Atlas des plages de Mayotte, 2006). Plus de la moitié d’entre-elles présentent un état satisfaisant à excellent et environ un quart sont dégradées du fait des pressions anthropiques, principalement de la pollution organique et de macrodéchets. Une étude réalisée par le Cirad sur Petite Terre a également montré que les apports terrigènes sont susceptibles d’impacter la montée des tortues marines sur les plages.

Qualité de l’eau

L’analyse de la qualité physico-chimique des eaux [effectuée dans le cadre de la DCE (ONEMA)] fait état d’une importante pollution bactériologique et physico-chimique. Près de la moitié des stations suivies en 2009 traduisent un état écologique moyen des eaux superficielles continentales et un quart correspond à un bon état écologique. Les eaux lagonaires sont globalement dans un état moyen, avec d’importants contrastes selon les zones : seules 12% des masses d’eau marine sont de bonne qualité, principalement à l’ouest de Grande Terre, tandis qu’un quart des masses d’eau marine sont de qualité médiocre notamment dans les zones côtières du nord et de l’est, ainsi que dans la baie de Bouéni. Les masses d’eaux comprises entre Grande Terre et Petite Terre sont de mauvaise qualité. L’objectif fixé par le SDAGE 2010-2015 d’atteindre 74% de bon état écologique des masses d’eau d’ici 2015 est encore loin d’être réalisé en raison du retard dans le traitement des eaux usées.

Les pollutions des eaux de rivière, principalement d’origine domestique et agricole, sont caractérisées par la présence de micropolluants organiques (lessives, engrais). Les teneurs importantes en phosphates peuvent conduire à l’eutrophisation des cours d’eau et à une réduction de la biodiversité. Les eaux littorales sont impactées par l’envasement mais près des zones de rejets, le risque sanitaire est surtout biologique (bactéries, virus).

Biodiversité marine

La biodiversité marine connaît une érosion globale liée aux pollutions et à la surpêche, qui se traduit par la diminution de la richesse spécifique de la faune ichtyologique, de la taille des populations, et la raréfaction des macro-espèces à 25-30 mètres. Sur les 11 espèces indicatrices suivies dans le cadre du GCRMN (Global Coral Reef Monitoring Network), on observer une baisse de 13 à 14% sur les récifs barrières et internes. Entre 2008 et 2011, la biomasse des poissons commerciaux a diminué de 76% sur l’ensemble des récifs. L’effet réserve observé dans la passe S et à Saziley est atténué par l’effet du braconnage et par le manque de moyens de contrôle. Globalement, le recrutement de poissons est plus important dans la partie sud de l’île que sur la côte orientale.

Les deux zones de plus forte densité de mammifères marins sont situées au nord et au sud de Mayotte. Baleines à bosse   : évolution du nombre et de la proportion des couples mères-baleinaux   ?

Le dugong est une espèce vulnérable sur la liste rouge, éteinte ou en extinction dans au moins un tiers de son aire de répartition mondiale. Avec moins de dix individus, la population de dugong à Mayotte est dans un état de conservation défavorable (Directive CEE/92/43 du 21 mai 1992). Malgré

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les mesures de protection mises en place, les captures accidentelles et la dégradation des herbiers de phanérogames marines menacent la population à court terme.

Les tortues sont menacées par le braconnage, la pêche accidentelle, la destruction des herbiers qui servent à leur alimentation, le dérangement des lieux de ponte (plages) et la pollution de l’eau. La tortue imbriquée, dont le statut UICN est en danger critique d’extinction, présente un état de conservation défavorable à mauvais en raison de l’impact de ces différentes pressions à Mayotte. Pour la tortue verte (en danger), la superficie de son habitat est insuffisante pour assurer la survie à long terme de l’espèce.

Avifaune

Un quart des espèces d’oiseaux nicheurs de Mayotte sont menacés (liste rouge des oiseaux). Certaines espèces comme le crabier blanc, sont classées "en danger critique ». Le Martinet noir africain et le Héron de Humboldt sont classés "En danger". Classé vulnérable, le Drongo de Mayotte, espèce endémique de l’île, est menacée par la déforestation.

Facteurs affectant le site

La biodiversité marine et côtière à Mayotte est fortement impactée par les pressions sur les ressources alimentaires, les pollutions de l’eau et la fragmentation des habitats. Ces menaces sont communes à l’ensemble de l’archipel des Comores mais elles sont plus importantes dans le territoire mahorais du fait d’une forte croissance démographique et de niveaux de vie plus élevés. La plupart de ces pressions augmentent, en lien direct avec la densification de la population en zone littorale, même si l’artificialisation reste moindre que dans d’autres territoires d’outre-mer.

Pollution des eaux

Du fait de la taille des bassins versants, la qualité des eaux lagonaires est directement liée aux activités terrestres. Hormis dans la zone de Mamoudzou, la gestion des déchets et des eaux usées est encore peu développée à Mayotte. L’île est confrontée à d’importants problèmes sanitaires, dûs notamment à l’insuffisance et au mauvais état de fonctionnement du système d’assainissement collectif, qui impacte la qualité des eaux de rivières comme celle des eaux marines. Moins de la moitié des habitants sont raccordés à une station d’épuration ou à une fosse septique collective et seule une minorité d’entre-elles présente un fonctionnement correct. Les eaux pluviales sont rejetées dans le lagon sans traitement. L’assainissement est avec la construction d’écoles l’un des deux plus grands projets d’aménagement financé par les fonds structurels européens (250/600 millions d’euros budgétisé à l’échéance 2021).

Envasement du lagon

Une importante sédimentation terrigène aboutit à un envasement continu de la frange littorale, qui s’étend à l’ensemble des eaux lagonaires. Ce phénomène est observé depuis les années 1960, mais il s’est intensifié au cours des dernières décennies en même temps qu’il a changé de nature. Une partie des apports terrigènes correspond à un phénomène naturel d’érosion des sols dans le bassin versant pendant les périodes de grosses pluies. Ces apports ont été accentués par les effets de certaines pratiques culturales, qui dégradent le couvert végétal (agriculture sur brûlis, écobuage), et par l’urbanisation du littoral.

La mangrove assure un rôle tampon en retenant une partie des apports terrigènes mais la turbidité excessive de l’eau conduit à la mort des coraux et des herbiers, avec des effets induits sur l’ensemble de « la biocénose récifale ». Les récifs frangeants sont particulièrement impactés par l’accumulation de vase, qui peut atteindre localement des épaisseurs de plus de 20 mètres.

Fragmentation et réduction des habitats

Erosion des sols

Surexploitation des ressources marines et côtières

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Seconde activité économique de Mayotte après l’agriculture, la pêche professionnelle se concentre dans les eaux lagonaires, notamment les passes et les récifs coralliens frangeants (pêche à pied) et sur la pente externe du récif barrière. La flotte artisanale est faiblement motorisée et peu structurée. Cependant, la pression démographique croissante des dernières décennies a conduit à une surexploitation des ressources naturelles marines, en particulier des mollusques et des poissons récifaux, dont dépendent plusieurs espèces de mammifères marins. La baisse des stocks halieutiques concerne l’ensemble du lagon et on observe un report de pression à l’extérieur sur les bancs coralliens isolés (Geyser).

Certaines pratiques de pêche non durables persistent, notamment à la dynamite et au cyanure, ainsi que la pêche à pied traditionnelle au Djarifa, dont les prélèvements sont non discriminés en taille et en quota.

Captures accidentelles

La pêche accidentelle liée à l’usage de palangrottes et de filets, pourtant réglementé dans le lagon, impacte essentiellement le dugong avec 4 captures enregistrées depuis 2000, et les tortues marines, dont 100 à 250 individus sont capturés chaque année, avec des taux de mortalité variables selon les techniques employées.

Braconnage

Le braconnage des femelles tortues nidifiant sur les plages constitue la principale cause de mortalité pour ces espèces menacées à l’échelle mondiale. Entre 80 et plus de 300 individus sont prélevés chaque année par des actes de braconnage, qui se répartissent sur une cinquantaine de plages, notamment dans le sud Est (Saziley, Charifou), le nord Ouest et le centre Est ainsi que sur Petite terre et dans la passe S. Une présomption de braconnage a été établie sur une femelle dugong en lactation en 2015.

Mortalité des tortues par braconnage

2011 2012 2013 2014 2015

Nombre 67 96 262/264 300 envSource : REMMATLégende : le REMMAT estime qu’entre 80 et 430 tortues sont braconnées chaque année.

L’avifaune est également impactée, en particulier certains oiseaux nicheurs comme le Héron crabier blanc, dont les œufs et les poussins sont prélevés pendant la phase de nidification dans les mangroves. La héronnière de Chiconi, qui constitue le principal site de reproduction de cette espèce sur l’île, est régulièrement impactée par le braconnage.

Espèces exotiques envahissantes

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Le contexte insulaire de Mayotte la rend particulièrement vulnérable aux espèces exotiques envahissantes, qui constituent une des principales menaces sur la biodiversité dans les territoires français d’outre-mer (49 des 100 espèces les plus envahissantes recensées mondialement y sont présentes et 19 d’entre-elles sont recensées à Mayotte).

La plupart des espèces exotiques envahissantes connues à Mayotte sont terrestres. Le rat noir (Rattus rattus) est très présent, y compris sur certains îlots où il impacte les insectes, les reptiles, les mollusques et les poussins d’oiseaux. La fourmi de feu (Solenopsis geminata), observée récemment sur Petite Terre, est considérée comme « extrêmement agressive pour la faune indigène ». Deux espèces d’escargots carnivores (dont Achatina fulica) introduites pour lutter contre les achatines impactent la malocofaune. La dynamique forestière est impactée par plusieurs espèces de lianes, qui colonisent la canopée et asphyxient les sous-bois, en particulier l’espèce Merremia peltata en raison de son important taux de recouvrement. Plusieurs espèces d’avifaune introduites ont un caractère envahissant, notamment le moineau domestique (Passer domesticus) et le martin triste (Achridoteres tristis), partiellement responsables du déclin de populations indigènes par compétition.

Dans le domaine marin, Mayotte est confrontée à des explosions démographiques de plus en plus fréquentes de l’étoile de mer épineuse (Acanthaster planci), qui est principalement corallivore. Cette espèce, dont la présence a été signalée pour la première fois en 1977 au nord-ouest de Petite Terre, pullule à la faveur notamment de l’augmentation de la température de l’eau et du développement de phytoplanton lié à l’hypersédimentation du lagon.

Tourisme et activités de loisir

Le tourisme reste une activité limitée mais son développement est continu depuis les deux dernières décennies, avec plus de 40000 visiteurs par an, et ses impacts sont insuffisamment contrôlés. De nombreuses activités de loisirs liées au lagon telles que la pêche, la plongée, le bivouac sur les plages, l’observation de baleines et de pontes de tortues, peuvent induire un dérangement de la faune. On estime par exemple qu’environ 30000 plongés sous-marines sont effectuées chaque année, principalement dans la passe en S.

Mayotte est très favorable à l’observation des mammifères marins. Près de 12000 sorties sont réalisées chaque année dans le lagon et dans les eaux océaniques adjacentes, avec des approches et des mises à l’eau qui sont susceptibles d’induire des changements de comportements. Dans le cas des baleines à bosse, l’interaction avec des observateurs peut en effet déranger les mères accompagnées de leurs baleineaux, qui accomplissent dans ces eaux une phase importante de leur développement et de leur apprentissage. Le seuil de tolérance au whale watching pourrait être dépassé pour certaines espèces.

L’importante fréquentation des plages de ponte de tortues marines (Saziley, ilôt Bandrelé) et la multiplication d’activités de loisir perturbent la tranquillité de ces espèces dans des étapes cruciales de leurs cycles de vie.

L’avifaune est également dérangée par des flux croissants de plaisanciers et d’opérateurs touristiques organisant des sorties sur les ilots, et dans les mangroves situées à proximité des zones urbaines. Des reports de fréquentation pourraient être envisagés dans les îlots Bandrélé et Bambo.

Graphique : évolution du nombre de visiteurs à Mayotte (par an)Année Visiteurs1990 19000

2015 40000

Changements climatiques

Le rapport « le climat de la France au XXIème siècle » (2014) indique pour l’ensemble des régions d’outre-mer une augmentation de la température à l'horizon 2100 de l'ordre de 0,7 °C pour le scénario RCP2.6 (forçage de 2,6 W/m2) et jusqu’à 3 à 3,5 °C pour le scénario RCP8.5 (forçage de 8,5 W/m2), tandis que les précipitations moyennes devraient diminuer, en particulier pendant la saison sèche. Les

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projections régionalisées anticipent une diminution de la fréquence globale des cyclones tropicaux en fin de siècle, cependant les précipitations moyennes et la vitesse du vent maximal associées à ces cyclones devraient augmenter.

L’île de Mayotte a été inscrite par le GIEC dans la liste des territoires qui seront les plus menacés par les conséquences du réchauffement climatique. Le chapitre 29 du rapport sur les petites îles précise que l’un des impacts les plus largement reconnu par les experts est l’augmentation du niveau de la mer, qui devrait accélérer pour atteindre entre 0,35 et 0,7 mètres d’ici 2100. Les évènements climatiques extrêmes vont aggraver le phénomène d’érosion littorale et le risque de submersion marine des basses zones côtières. Les effets de ces changements climatiques pourraient être accentués par les vulnérabilités socioéconomiques de l’île, en particulier l’urbanisation côtière et les pollutions.

Ces changements climatiques vont exacerber les pressions anthropiques exercées sur la biodiversité (pollutions, espèces exotiques, destruction des habitats). Les récifs coralliens et les mangroves seront particulièrement impactés par le réchauffement des températures et par l’acidification de l’eau. La fréquence et la gravité des épisodes de blanchissement (jusqu’à 50/90% de perte du couvert corallien) devraient augmenter. Le chapitre 22 du 5ème rapport du GIEC relatif au continent africain (2015), qui inclut Madagascar et le canal du Mozambique dans son champ géographique, indique que la vulnérabilité des coraux à des anomalies de chaleur est élevée dans l’ouest de l’Océan Indien mais que les coraux situés dans la région des « Comores, Madagascar, Maurice, Mayotte, La Réunion et Rodrigues) semblent plus résilients que ceux situés dans la zone orientale ». En revanche, certaines espèces comme les tortues marines sont particulièrement sensibles : la hausse du niveau de la mer pourrait aboutir à inonder les nids voire à rendre impossible l’accès aux plages, et l’augmentation des températures conduira à une modification du sex ratio des populations (diminution de la proportion de mâles nouveau-nés).

Tableau. Appréciation du niveau des menaces sur les principales valeurs naturelles

Gravité Tendance Principales valeurs affectées

Pratiques non durables de pêche 1 Ichtyofaune, mammifères marins (dauphins)

Envasement du lagon 1 Coraux frangeants, herbiers marins, dugong

Braconnage 1 Tortues, crabier blanc, dugong

Changements climatiques 3 Blanchissement corallien, réduction des mangroves, impacts sur la reproduction des tortues marines

Dérangements 3 Tortues marines, avifaune, baleines à bosses (whale watching)

Réduction d’habitats littoraux 1 Forêts de mangrove, zones humides, …

Espèces exotiques envahissantes 1 Pollution des eaux lagonaires 1 Captures accidentelles 2 Tortues marines, dugongElevage 2Barrages (retenues collinaires) 2

Déchets (plages, mangroves) 2 Tortues, mammifères, oiseaux, poissons (ingestion)

Occupation illégale des forêts domaniales, conversions en plantations (ex. îlot Mtsamboro)

LégendeMenace : 1 : menace importante 2 : pression secondaire 3 : pression faibleTendance à l’augmentation des pressions secondaires, maintien des menaces les plus importantes

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Protection et gestionLe lagon de Mayotte a fait l’objet dans les années 1990 d’un projet de création de réserve naturelle qui n’a pas abouti. Jusqu’en 2010, seulement 3 % de sa superficie était protégée (4548 ha) par le Parc et la Réserve marine de Saziley (3160 ha marins), la réserve intégrale de pêche de la passe en S, et la zone de protection de Ngouja (2001) qui porte sur un cordon dunaire et une zone récifale. Le Conservatoire du littoral a également acquis plusieurs sites côtiers et marins, pour protéger notamment des vasières (les Badamiers), des plages fréquentées par les tortues marines (cratères de petite terre, Salizey, Charifou), des îlots abritant des colonies d’oiseaux marins endémiques de Mayotte (îlot Karoni) et des mangroves (baie de Dzoumonye, baie de Bouéni). Pour protéger complètement le lagon, l’Etat français a établi le 18 janvier 2010 le premier parc naturel marin d’outre-mer, qui inclut une grande partie de la zone économique exclusive. La pêche à la senne a également été interdite par décret au delà des 24 milles marins côtiers.

Aires protégées

L’UICN définit comme une aire protégée comme un espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés.

Il n’existe pas de règle générale sur le type d’aire protégée ni sur la catégorie de gestion requis pour assurer la protection d’un bien naturel marin du patrimoine mondial. Les Orientations du patrimoine mondial (§97, 2015) précisent que « tous les biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial doivent avoir une protection législative, à caractère réglementaire, institutionnelle et/ou traditionnelle adéquate à long terme pour assurer leur sauvegarde. » Toutefois, l’analyse des biens marins fournit des éléments d’appréciation quant au niveau attendu de protection. Les sites uniques et de faible étendue sont généralement couverts par des statuts de protection forte. La réserve spéciale de l’Atoll d’Aldabra relève de la catégorie de protection la plus stricte (Ia) mais sa superficie est relativement faible pour un bien naturel marin du patrimoine mondial (35000 ha) et l’éloignement du bien a limité toute interférence humaine. Huit biens naturels marins inscrits sur la liste du patrimoine mondial correspondent à des parcs nationaux (catégorie II). Les sites plus étendus comptent plusieurs aires protégées relevant de différentes catégories. Le cas le plus emblématique est la Grande Barrière (Australie), protégée en grande partie par un parc marin qui géré comme une zone à usage multiples. Dans le domaine marin, la prise en compte des systèmes de gestion traditionnels est également très importante, particulièrement dans la zone Pacifique. Le système de gestion des six zones qui composent le bien Lagons de Nouvelle-Calédonie est fondé sur des règles coutumières (50% de l’ile principale et des îles du large). Les aires protégées relèvent majoritairement de la catégorie VI (ressources gérées), avec des zones de catégorie Ia (Grand lagon sud) et Ib (réserve spéciale marine de Bourail).

Parc naturel marin

La quasi-totalité de la zone économique exclusive (68 381 km2 soit 99% de la superficie maritime) est couverte par un parc naturel marin (PNM) crée en 2010. Il est contigu dans sa partie nord-est à celui des Glorieuses (2012) et l’ensemble constitue la plus grande aire marine protégée du canal du Mozambique, et l’une des plus importantes de l’Océan Indien. Cette extension est adaptée à la vocation d’un parc naturel marin, qui vise à conserver de vastes espaces dans les eaux placées sous la souveraineté de l'Etat et, le cas échéant, en continuité avec celles-ci, dans les eaux placées sous sa juridiction, ainsi que sur les espaces appartenant au domaine public maritime.

Le statut de parc naturel marin, défini dans le cadre de la loi du 14 avril 2006, ne constitue pas une protection forte et relève de la catégorie VI de l’UICN, correspondant à un usage durable des ressources naturelles. Conçu comme un outil de concertation entre les acteurs de la mer, il ne produit pas de réglementation spécifique, mais son instance principale de gouvernance, le conseil de gestion, doit prendre en compte l’existence d’autres dispositifs de protection et favoriser la cohérence de l’action publique en mer. L’avis conforme du parc est sollicité pour tout projet susceptible d’effet

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négatif sur le milieu marin. La gestion du PNM de Mayotte est placée sous la responsabilité de l’Agence des aires marines protégées.

Deux des sept orientations de gestion concernent plus particulièrement la conservation des milieux et des espèces identifiés au titre des critères (ix) et (x) : « retrouver une bonne qualité de l’eau dans le lagon notamment par une gestion appropriée des mangroves » et « protéger et mettre en valeur le patrimoine naturel, de la mangrove aux espaces océaniques ». La préservation des mammifères marins constitue un domaine d’action important, avec pour objectif de favoriser les capacités d’accueil des écosystèmes pour ces espèces. Des efforts de connaissance ont été développés à travers la campagne Remmoa en 2009-2010 dans l’ensemble du canal du Mozambique. L’un des principaux enjeux concerne les moyens de contrôle des dérangements. Le conseil de gestion du parc a formulé une délibération en 2014 pour proposer un arrêté préfectoral clarifiant la réglementation sur les dérangements des mammifères marins. Une charte d’approche des mammifères marins a été défini en 2014 et est mise en œuvre sur une base volontaire avec les principaux opérateurs touristiques.

Réserves naturelles

La réserve naturelle nationale Ilot Mbouzi est la seule existante à Mayotte. Crée en 2007, elle porte sur une superficie totale de 142 ha, avec une partie terrestre (82 ha) et une partie marine (60 ha) dont le périmètre est défini sur l’isobathe -10m et inclut les zones récifales entourant l’îlot. Propriété du conseil général de Mayotte, sa gestion est assurée par l’association Naturalistes de Mayotte. Seule la pêche à la palangrotte est autorisée.

Trois projets de création de réserves naturelles nationales visent à protéger des plages de ponte de tortues marines et les derniers espaces de forêts sèches encore naturels. Le plus avancé concerne les forêts de crête avec une emprise de 3000 ha sur les 5600 ha du domaine forestier. Les deux autres portent sur des écosystèmes marins et littoraux, à Saziley pour protéger le plus grand site de ponte de tortues marines, et dans la passe en S (ancien projet de la DAAF).

Sites du Conservatoire du littoral

Le Conservatoire du littoral, qui est présent depuis 1995 à Mayotte, a acquis 1875 hectares de terrain hors stratégie, auxquels s’ajoutent 2000 hectares de mangroves, qui relèvent du régime forestier mais ont été transférées (600 ha boisés + arrière mangrove sur le DPM sec). Le Conservatoire est propriétaire de l’ensemble des îlots depuis le 12 mars 2009, sauf des îlots reposoirs qui font partie du DPM et relèvent du périmètre d’intervention du parc naturel marin. A l’exception de l’îlot Mbouzi, la gestion des 16 sites du Conservatoire est confiée au Conseil départemental. L’ONF va définir un plan de gestion portant sur la totalité des mangroves. Le plan de gestion de la vasière des badamiers (pôle-relais zones humides) a été réalisé en lien avec le bureau d’études Impact Mer et le Gepomay.

Arrêtés de protection de biotope

Depuis 2005, Mayotte compte deux arrêtés de protection de biotope. L’APB Plage de Papani (103 ha) protège des sites majeurs de ponte des tortues marines et la lagune d’Ambato-Mtsangamouji, l’une des dernières lagunes littorale de l’île, vise plus globalement une mangrove à palétuviers à petites feuilles, ainsi que des espèces d’oiseaux dont le Héron de Humblot, le Héron vert et le Crabier blanc. Un rapport sur la vulnérabilité des sternes préconise la création d’un nouvel arrêté de protection de biotope avec des interdictions de débarquement temporaire en cas de présence de l’espèce.

Réserves de pêche

Trois réserves de pêche ont établies sur une superficie totale de 36 km2 soit 3% du lagon. Ces dispositifs, qui sont réglementés par des arrêtés préfectoraux, correspondent à des cantonnements de pêche qui ne sont pas reconnus comme des aires protégées au sens de la définition de l’UICN. Leur gestion est assurée par la DAAF (2004) sur la base d’un programme approuvé par un conseil de gestion placé sous l’autorité du Préfet. Ils réglementent les activités de pêche et de navigation dans les secteurs suivants : - la passe de Longogori dite passe en S, où sont interdites toutes les techniques de pêche ; - la zone de protection du site naturel de Ngouja, qui abrite un important herbier de phanérogames

marines, exclut tout procédé de pêche ;

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- le périmètre du parc de Saziley inclut une zone lagonaire et une partie du récif barrière ainsi que 450 ha sur le domaine terrestre. Seules sont autorisées trois techniques de pêche (palangrotte, traine et djarifa).

Espaces naturels sensibles

Les espaces naturels sensibles, qui relèvent de la compétence départementale, ne sont pas mis en œuvre à Mayotte. Il existe toutefois deux projets, l’un au nord ouest de Grande Terre et l’autre dans la péninsule de Bouéni.

Site Ramsar

Depuis 2012, la vasière des Badamiers sur Petite Terre – correspondant aux limites du site du Conservatoire du littoral (105/115 ha) - est inscrite sur la liste Ramsar des zones humides d’importance internationale. Son plan de gestion est en cours d’élaboration. Cette zone est visée par un projet de rejet d’eaux usées.

Des projets de désignation de certains récifs coralliens, de lagunes (lagune de Foungoujou, du Dziani Karehaniet) et de mangroves (baie de Boueni, Dzoumonyé) n’ont pas été retenus.

Tableau. Synthèse des principaux statuts de protection de Mayotte

Nom du site Superficie (ha) UICN Date Gestionnaire

Parc naturel marin de Mayotte 6838100 VI 2010 Agence des aires marines protégées

Réserve naturelle nationale Mbouzi142 (dont 60 marins)

IV 1982 Les Naturalistes de Mayotte

Arrêté de protection de biotope Plage de Papani 103 IV 2005 DAAF

Arrêté de protection de biotope Lagune d’Ambato-Mtsangamouji 4,48 IV 2005 DAAF

Sites du Conservatoire du littoral5 3875 IV Département de MayotteParc de Saziley 3610 * 1991 DAAF

Réserve intégrale de pêche de la passe de Longogori dit passe en S 1380 * 1990

Réserve intégrale de pêche ; mouillage et prélèvements interdits

Zone de protection du site naturel de Ngouja * 2001* Non reconnu comme une aire protégée au sens de la définition de l’UICN

Carte. Périmètres des statuts de protection

Accords internationaux et régionaux

Le territoire de Mayotte est concerné par plusieurs accords internationaux en matière de protection de la faune, notamment la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Les engagements de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS), ainsi que plusieurs accords relatifs à des espèces présentes dans la région couverte par la convention de Nairobi permettent de protéger les tortues, les dugongs et les cétacés.

A l’échelle régionale, la Convention pour la protection, la gestion et la mise en valeur du milieu marin

5 Pointes et plages de Saziley et Charifou, bassin versant de Tsingoni, cratère de Petite Terre, littoral de Dembeni, vasière des badamiers, pointes et ilots du nord, baie de Dzoumogne-Longoni, baie de Boueni, ilot Karoni, iles blanches, ilots de la passe, ilots de Dembeni, ilots de Bandrele, ilots Sada, ilot Tanaraki, ilots M'Tzamboro

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et des zones côtières de la région de l’Afrique Orientale (1985) dite Convention de Nairobi, constitue le cadre de coopération principal pour assurer la protection et la gestion du milieu marin et de zones côtières. Elle est complétée par deux protocoles : l’un relatif aux zones protégées, à la faune et la flore sauvages dans la région de l’Afrique orientale ; l’autre pour la coopération en matière de lutte contre la pollution marine. Dans le cadre de la convention de Nairobi, la résolution de Sodwana (1995) renforce la coopération entre les pays du sud ouest de l’océan indien pour la conservation des tortues marines.

La commission des thons de l’Océan Indien a adopté une résolution sur la conservation des tortues marines (12/04) qui s’applique à l’ensemble des navires de pêche inscrits sur le registre CTOI, mettant en œuvre les directives de la FAO pour réduire la mortalité des espèces présentes dans la région. La France est signataire depuis 2010 du protocole d’accord sur la conservation et la gestion des tortues marines et de leurs habitats de l’océan Indien et de l’Asie du sud-est (IOSEA) a été adopté dans la cadre de la CMS pour promouvoir l’utilisation de mesures de réduction des prises accidentelles de tortues marines.

La France participe à la Commission de l'Océan Indien (COI, 1982), qui regroupe quatre autres états insulaires du sud-ouest de l’Océan Indien : les Comores, Madagascar, Maurice et les Seychelles. Une analyse écorégionale mise en œuvre par WWF pour la COI a permis de définit 51 zones d’intérêt patrimonial à classer en aires marines protégées dans l’écorégion du sud-ouest de l’Océan Indien (projet RAMP-COI). A l’issue de cette analyse, le lagon sud de Mayotte a été classé d’importance globale (globally outstanding) tandis que les bancs de Geyser / Zelée et celui d’Iris sont d’importance régionale. Le nord du canal du Mozambique incluant l’ensemble de l’archipel des Comores, la côte est du Mozambique et la côte nord ouest de Madasgacar est proposé comme aire de conservation prioritaire transnationale.

Un sanctuaire de baleines de l’océan indien a été créé dans le cadre de la COI (1982) à l’initiative des Seychelles pour assurer la protection notamment des baleines bleues, des baleines à bosse et du cachalot, dans une aire qui s’étend jusqu’au 55ème parallèle sud.

Tableau. Espèces inscrites dans les annexes I des conventions

Protection des espèces

En complément des aires protégées, les espèces les plus menacées font l’objet de mesures juridiques et d’actions de conservation menées dans le cadre de plans nationaux d’action (PNA), qui visent à définir les actions nécessaires à leur conservation et à leur restauration.

L’arrêté préfectoral n°347/DAAF/2000 fixe la liste des espèces animales terrestres et des tortues marines protégées, ainsi que les mesures de protection de ces espèces animales représentées dans la collectivité territoriale de Mayotte complétant les listes nationales.

Toutes les espèces de tortues marines ainsi que leurs œufs et leurs habitats sont protégés par l’arrêté ministériel du 14 octobre 2005. En réponse au mémorandum IOSEA, la France a défini un plan national d’action des tortues marines dans les territoires français du sud ouest de l’océan indien couvre Mayotte, La Réunion, les îles Eparses, qui porte sur les cinq espèces de tortues marines présentes dans la région. Trois PNA distincts définissent les actions de connaissance et de conservation des habitats et des populations afin de prendre en compte les caractéristiques spécifiques de chaque territoire. Dans le cas de Mayotte, le PNA retient 17 actions prioritaires parmi lesquelles le renforcement des actions de surveillance et de contrôle, la lutte contre la pollution physique du littoral et du lagon (macrodéchets), l’évolution des pratiques de pêche (filet, palangre, senne), et la réduction des impacts liés aux activités humaines au sein des habitats de tortues marines. Il est notamment recommandé d’engager une réflexion pour renforcer le statut de protection des sites de Papani, Moya, Saziley, Charifou et N’Gouja. La pêche au filet, qui constitue une menace importante pour les tortues marines, est règlementée dans le lagon par l’arrêté préfectoral 109 SG/DAF du 28 décembre 2004 (interdiction dans les mangroves et les herbiers, limite de taille), mais les autres modes de pêche impactants ne sont pas considérés. L’arrêté du 1er juillet 2011 fixe la liste des mammifères marins protégés sur le territoire national. L’arrêté préfectoral n°2010-49/SEF/DAF du 13 juillet 2010 réglemente l’approche des mammifères marins dans le lagon et les eaux territoriales de Mayotte. Le dugong est protégé depuis 1995 et une

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réglementation de l’usage du filet a été mise en place depuis 1997. L’espèce fait l’objet d’un plan national d’action (2012-2016) mis en œuvre par l’agence des aires marines protégées.

La pêche des raies manta est interdite par arrêté préfectoral (n°37/UTM/2013) et la commercialisation de plusieurs espèces de requins est également interdite à Mayotte (arrêté n°08/UTM/2015 du 23 avril 2015).

Pour l’avifaune, le Héron Crabier blanc, espèce classée en danger critique d’extinction, et dont la population nicheuse est estimée entre 75 et 110 couples, fait l’objet d’un PNA qui vise à lutter contre le braconnage. Par ailleurs, l’association Gepomay travaille avec la DEAL et le parc naturel marin pour la reconnaissance des reposoirs à sternes.

Efficacité des dispositifs de protection

L’ensemble de la zone économique exclusive de Mayotte incluant le lagon est couvert par le parc naturel marin. Ce statut de protection relève d’une approche de gestion durable des ressources naturelles (catégorie VI de l’UICN) qui est adaptée pour promouvoir un développement durable des activités de pêche. Toutefois, il ne produit pas de réglementation spécifique et n’offre pas un niveau de protection suffisant pour maintenir les valeurs à long terme dans un contexte de fortes pressions anthropiques.

Type de protection Terrestre (ha) Marin et côtier (ha)

Catégorie IV 86,5 5627Catégorie VI 6838100

Mayotte compte peu de statuts de protection forte (catégories I à IV de l’UICN) et leur superficie est limitée à 5600 ha, répartis principalement sur la zone littorale. Les outils relevant des compétences territoriales sont peu mis en œuvre (deux arrêtés de protection de biotope) voire totalement absents (espaces naturels sensibles).

Le déploiement des outils de protection règlementaire ou foncière est très hétérogène selon les milieux. Seuls 0,2% des espaces terrestres bénéficient d’une protection réglementaire, un des plus faible taux de recouvrement de l’outre-mer français. L’ensemble des ilots sont protégés ainsi qu’une part importante des mangroves littorales (350 ha des 667 ha sont la propriété du Conservatoire du littoral, dont la majeure partie dans la baie de Bouéni). En revanche, parmi les milieux marins et littoraux à enjeu, moins de 14 km2 des récifs sont protégés réglementairement (sur 343km2) ainsi que 170 ha d’herbiers marins et moins de 100 ha de plages. Une très faible proportion des 1643 ha de zones humides, est couverte par un statut de protection, en particulier un arrêté de protection de biotope (Mtsangamouji) et deux sites du conservatoire du littoral (vasière des badamiers, lac Dziani Kariani). Hormis l’arrêté de protection de biotope de la lagune d’Ambato-Mtsangamouji, il n’existe pas de statut fort pour protéger les espèces d’avifaune.

Tableau. Superficies protégées des milieux naturels marins et littoraux

Milieux Superficie protégée totale (ha)

Part de superficie protégée

Zones humides 10 0,65%Récifs coralliens 1400 4%Herbiers 170 22%Mangrove 350 52%Plages 100 -

Le réseau d’aires protégées n’est pas suffisamment représentatif ni cohérent avec les priorités de conservation identifiées dans l’inventaire ZNIEFF et il ne prend pas en compte les continuités écologiques du SRCE. Seuls le parc naturel marin, dont la création s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale des aires marines protégées, et le Conservatoire du littoral à travers sa stratégie d’acquisition et de maîtrise foncière, disposent d’une vision intégrée des enjeux de conservation du territoire sur la base d’inventaires patrimoniaux. Afin de renforcer la cohérence du système, la DEAL

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prévoit de développer une stratégie de création d’aires protégées à l’échelle mahoraise, dont la mise en œuvre s’appuiera sur les arrêtés de protection de biotope.

De nombreux sites ne sont pas gérés de manière effective. A l’exception de la réserve naturelle national de l’ilot MBouzi, les aires protégées règlementaires (APB, arrêtés préfectoraux) correspondent à des mesures de police administrative qui ne prévoient pas de plans de gestion et ne disposent pas de moyens dédiés. Concernant les sites du conservatoire du littoral, les plans de gestion sur les ilots sont en cours de définition mais aucun gestionnaire n’a été désigné (conventions absentes ou caduques). L’association Les Naturalistes de Mayotte a proposé un plan de gestion dans l’est du lagon non mis en œuvre à ce jour.

La réglementation sur les espèces est globalement adaptée notamment pour les tortues et les mammifères marins qui sont tous protégés par arrêté ministériel. Elle nécessite cependant d’être complétée : seuls 6% de la flore et de la faune de Mayotte sont protégées (385 espèces sur les 6150 recensées) et aucune espèce de corail dur ne bénéficie d’une protection réglementaire.

Si la chasse sous-marine est interdite dans le lagon et l’usage du filet interdit dans les zones de mangroves, d’herbiers et de récifs coralliens, en revanche les autres techniques de pêches impactantes pour la biodiversité ne sont pas considérées. L’application de l’arrêté préfectoral du 13 juillet 2010, qui réglemente les conditions d’approches des mammifères marins, est difficile à contrôler car la notion de perturbation intentionnelle n’est pas clairement caractérisée. Le plan d’action en faveur des zones humides est limité dans sa mise en œuvre par le manque de réglementation, malgré d’importantes pressions liées à l’implantation humaine et aux cultures (Tsararano).

Mayotte est confrontée à un problème de respect de la réglementation corrélé à l’insuffisance des moyens de contrôle, et qui ne permettent pas d’enrayer le braconnage. La police de l’environnement est assurée par la brigade nature (ONCFS) depuis 2003. Cette structure est effective et sa présence est dissuasive vis-à-vis notamment du braconnage des tortues, mais un seul agent est assermenté pour contrôler l’ensemble de la pêche lagonaire. Par ailleurs, les services chargés de la surveillance sont très segmentés (DEAL, Brigade nature, DMSOI, ONEMA, PNM).

Un des enjeux majeurs pour renforcer le système de protection est d‘assurer une prise en compte optimale de la biodiversité dans les stratégies d’aménagement territorial. De ce point de vue, le Schéma Directeur d’Assainissement et de Gestion des Eaux (SDAGE) est exemplaire. Pour atteindre le bon état écologique des eaux de surface, le SDAGE 2016-2021 prévoit en effet des mesures de conservation, de restauration et d’entretien des milieux et de leur biodiversité. Le plan de gestion du parc naturel marin est cohérent avec le SDAGE (l’agence des aires marines protégées et l’ONEMA sont en charge de la surveillance DCE des eaux littorales) et la cartographie des zones humides de Mayotte est intégrée dans ce schéma. En revanche, les zones littorales sont confrontées à des problématiques de maîtrise foncière importantes et les documents de planification territoriale intègrent peu les enjeux de conservation de la biodiversité. Certains milieux littoraux comme les mangroves sont peu intégrés dans les PLU. Le SAR, qui n’est pas finalisé, inclut un projet de développement portuaire dans la mangrove de Kaweni. L’analyse SRCE, qui doit être intégrée au SAR, a été réalisée mais les documents d’urbanisme sont insuffisants pour intégrer ces orientations. Les changements climatiques (risques de submersion, inondations) ne sont pas pris en considération dans les documents de planification territoriale.

Une stratégie biodiversité en vue d’un développement durable de Mayotte (2013-2020) a été élaborée avec l’ensemble des acteurs afin d’assurer une meilleure prise en compte de la biodiversité dans la planification. Sur la base d’un diagnostic patrimonial, elle identifie cinq enjeux déclinés en 400 propositions d’actions parmi lesquelles plusieurs intéressent la conservation du lagon en particulier par la mise en place d’un réseau d’aires protégées, des mesures de lutte contre les espèces exotiques envahissantes, la mise en réseau des gestionnaires, la mise en place de programmes de restauration des milieux menacés sur les terrains de propriété publique (mangrove, arrière plage, récif, zone humide, herbiers), rédiger les plans de gestion et faire respecter la réglementation dans les aires protégées. Cependant, ces recommandations sont insuffisamment mises en œuvre et ne font pas l’objet d’un suivi.

Le système de protection est insuffisant pour garantir le maintien des valeurs.

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Conclusion et recommandations

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AnnexesBiens marins inscrits sur la liste du patrimoine mondial

Site Pays Région Océan Biodiversité dominante

Superficie (%

marin)

Récifs coralliens

Parc de la zone humide d’iSimangaliso

Afrique du Sud Afrique Indien Terrestre et

marine Oui

La mer des WaddenAllemagne, Danemark, Pays-Bas

Europe et Amérique du Nord

Mer du Nord

Terrestre et marine Non

Presqu'île de Valdés ArgentineAmérique latine et Caraïbes

Atlantique Marine Non

La Grande Barrière Australie Asie et Pacifique Pacifique Marine

34870000 ha

(95%)Oui

Îles Lord Howe Australie Asie et Pacifique Pacifique Terrestre Oui

Baie Shark, Australie occidentale Australie Asie et

Pacifique Indien Terrestre et marine

2197300 ha (31%) Non

Île Macquarie Australie Asie et Pacifique Pacifique Terrestre et

marine Non

Îles Heard et McDonald Australie Asie et

Pacifique Indien Terrestre et marine Non

Côte de Ningaloo Australie Asie et Pacifique Indien Terrestre et

marine Oui

Les Sundarbans Bangladesh

Asie et Pacifique Indien Terrestre et

marine Non

Réseau de réserves du récif de la barrière du Belize

BelizeAmérique latine et Caraïbes

Atlantique Marine 96300 ha (50%) Oui

Îles atlantiques brésiliennes : les Réserves de Fernando de Noronha et de l'atol das Rocas

BrésilAmérique latine et Caraïbes

Atlantique sud Marine Oui

Kluane / Wrangell-St. Elias / Glacier Bay / Tatshenshini-Alsek

Canada, États-Unis d'Amérique

Europe et Amérique du Nord

Pacifique Terrestre et marine Non

Sanctuaire de faune et de flore de Malpelo Colombie

Amérique latine et Caraïbes

Pacifique Marine Oui

Parc national de l'île Cocos Costa Rica

Amérique latine et Caraïbes

Pacifique Marine 199 790 ha (97%) Oui

Zone de conservation de Guanacaste Costa Rica

Amérique latine et Caraïbes

Pacifique Terrestre et marine Oui

Îles Galápagos ÉquateurAmérique latine et Caraïbes

Pacifique Terrestre et marine

14066514 ha

(95%)Oui

Ibiza, biodiversité et Espagne Europe et Méditerran Terrestre et Non

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culture Amérique du Nord ée marine

Parc national des Everglades

États-Unis d'Amérique

Europe et Amérique du Nord

Atlantique nord Terrestre Non

Papahānaumokuākea

États-Unis d'Amérique

Europe et Amérique du Nord

Pacifique Marin Oui

Système naturel de la Réserve de l'île Wrangel

Fédération de Russie

Europe et Amérique du Nord

Arctique Terrestre et marin Non

Haute Côte / Archipel de Kvarken

Finlande, Suède

Europe et Amérique du Nord

Baltique

(non inscrit pour les critères de biodiversité)

Non

Golfe de Porto : calanche de Piana, golfe de Girolata, réserve de Scandola

FranceEurope et Amérique du Nord

Méditerranée

Terrestre et marine Non

Lagons de Nouvelle-Calédonie : diversité récifale et écosystèmes associés

FranceEurope et Amérique du Nord

Pacifique Marine Oui

Rennell Est Îles Salomon

Asie et Pacifique Pacifique Terrestre et

marine37000 ha

( ?) Oui

Parc national des Sundarbans Inde Asie et

Pacifique Indien Terrestre (estuarien) Non

Parc national de Komodo Indonésie Asie et

Pacifique Pacifique Terrestre Oui

Parc national de Ujung Kulon Indonésie Asie et

Pacifique Indien Terrestre Oui

Surtsey IslandeEurope et Amérique du Nord

Atlantique Terrestre Non

Shiretoko Japon Asie et Pacifique Pacifique Terrestre et

marine

Îles d’Ogasawara Japon Asie et Pacifique Pacifique Terrestre Oui

Aire protégée des îles Phoenix Kiribati Asie et

Pacifique Pacifique Marine Oui

Parc national du banc d'Arguin Mauritanie Etats

arabes Atlantique Terrestre et marine Oui

Sian Ka'an MexiqueAmérique latine et Caraïbes

Atlantique Terrestre et marine

528000 ha(23%) Oui

Sanctuaire de baleines d'El Vizcaino

MexiqueAmérique latine et Caraïbes

Pacifique Terrestre et marine -

Îles et aires protégées du Golfe de Californie

MexiqueAmérique latine et Caraïbes

Pacifique Terrestre et marine Oui

Archipel de Revillagigedo Mexique

Amérique latine et Caraïbes

Pacifique Marine Non

Fjords de l’Ouest de la Norvège – Geirangerfjord et

Norvège Europe et Amérique du Nord

Atlantique (non inscrit pour les critères de

Non

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Nærøyfjord biodiversité)

Îles sub-antarctiques de Nouvelle-Zélande

Nouvelle-Zélande

Asie et Pacifique Pacifique Terrestre et

marine Non

Lagon sud des îles Chelbacheb Palaos Asie et

Pacifique Pacifique Marine Oui

Parc national de Coiba et sa zone spéciale de protection marine

PanamaAmérique latine et Caraïbes

Pacifique Terrestre et marine

430825 ha (50%) Oui

Parc naturel du récif de Tubbataha Philippines Asie et

Pacifique Pacifique Marine 33200 ha (99%) Oui

Parc national de la rivière souterraine de Puerto Princesa

Philippines Asie et Pacifique Pacifique Terrestre Oui

Île de St Kilda

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord

Europe et Amérique du Nord

Atlantique Terrestre et marine Non

Îles de Gough et Inaccessible

Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord

Europe et Amérique du Nord

Atlantique Terrestre et marine Non

Atoll d'Aldabra Seychelles Afrique Indien Marine 34200 ha (41%) Oui

Parc national marin de Sanganeb et parc national marin de la baie de Dungonab – île de Mukkawar

Soudan Afrique Indien Marine Oui

Baie d'Ha-Long Viet Nam Asie et Pacifique Pacifique

(non inscrit pour les critères de biodiversité)

Oui

Archipel de Socotra Yémen Etats arabes Indien Terrestre et

marine410460

ha (32%) Oui

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Liste des aires protégées de Mayotte (INPN)

Code INPN Nom Type FicheFR1100696 POINTES ET PLAGES

DE SAZILEY ET CHARIFOU

Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100696

FR1100698 BASSIN VERSANT DE TSINGONI

Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100698

FR1100868 CRATERE DE PETITE TERRE

Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100868

FR1100869 LITTORAL DE DEMBENI Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100869

FR1100870 VASIERE DES BADAMIERS

Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100870

FR1100871 POINTES ET ILOTS DU NORD

Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100871

FR1100872 BAIE DE DZOUMOGNE-LONGONI

Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100872

FR1100873 BAIE DE BOUENI Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100873

FR1100874 ILOT KARONI Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100874

FR1100875 ILES BLANCHES Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100875

FR1100876 ILOTS DE LA PASSE Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100876

FR1100877 ILOTS DE DEMBENI Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100877

FR1100878 ILOTS DE BANDRELE Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100878

FR1100879 ILOTS SADA Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100879

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FR1100880 ILOT TANARAKI Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100880

FR1100881 ILOTS M'TZAMBORO Terrain acquis par le Conservatoire du Littoral

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR1100881

FR3600162 Ilot Mbouzi Réserve naturelle nationale https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR3600162

FR3800702 Plage de Papani Arrêté de protection de biotope, d’habitat naturel ou de site d’intérêt géologique

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR3800702

FR3800703 Lagune d'Ambato-Mtsangamouji

Arrêté de protection de biotope, d’habitat naturel ou de site d’intérêt géologique

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR3800703

FR7200038 La Vasière des Badamiers

Zone humide protégée par la convention de Ramsar

https://inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR7200038

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Glossaire

Provinces biogégraphiques

Udvardy a développé en 1975 un système de biorégionalisation s’appliquant uniquement au domaine terrestre, qui divise le monde en 8 domaines subdivisés en 193 provinces, chacune étant caractérisée par un des 14 types de biomes : - les domaines, qui remplacent les royaumes floristiques et faunistiques, correspondent à des

zones de taille continentale ou subcontinentale avec des caractéristiques géographiques, faunistiques ou floristiques homogènes.

- les provinces biogéographiques sont des subdivisions des domaines correspondant aux régions floristiques et aux provinces faunistiques

- les biomes sont des ensembles d’écosystèmes zonaux et azonaux.

Ecorégions (Olson et al.)

Les écorégions correspondent à une association de domaines biogéographiques et de provinces floristiques/zoogéographiques.

Conçue par le WWF comme un outil de priorisation des actions de conservation, une écorégion est définie comme une unité relativement grande de terre ou d’eau contenant un assemblage géographiquement distinct de communautés naturelles. Ces communautés partagent la majorité de leurs espèces, des dynamiques écologiques et des conditions environnementales et interagissent de façon critique pour leur persistance à long terme.

Hotspot

Le concept de hotspot a été défini à l’origine par Norman Meyer (1988). Méthode pour identifier les régions caractérisées par un haut niveau d’endémisme et une forte érosion de la biodiversité. Vise à orienter les investissements dans la conservation mais ce faisant outil utile pour PM. Pour être défini comme hotspot, une région doit répondre aux deux critères : contenir au moins 1500 espèces de plantes vasculaires avoir perdu plus de 70% de la superficie de son habitat d’origine. Sur la base de ces critères, identifié 35 hotspots à l’échelle mondiale couvrant 2,3% de la superficie terrestre. Malgré leur relative faible superficie, ces zones abritent plus de la moitié des espèces de plantes vasculaires endémiques, et près de 43% des espèces d’oiseaux, de mammifères, de reptiles et d’amphibiens endémiques.

Un point chaud de biodiversité (traduction de l'anglais biodiversity hotspot) est une zone biogéographique terrestre ou marine possédant une grande richesse de biodiversité particulièrement menacée par l'activité humaine. Elle doit contenir au moins 1500 espèces de plantes vasculaires endémiques et avoir perdu au moins 70 % de sa végétation primaire. La France est présente dans 5 des 34 points chauds de biodiversité recensés à l’échelle mondiale : bassin méditerranéen, îles caribéennes, Nouvelle-Calédonie, Polynésie-Micronésie, Madagascar et îles de l’Océan Indien. Trois centres de biodiversité terrestre ne contiennent pas de biens du patrimoine mondial parmi lesquels la Nouvelle-Calédonie (forêt humide et sèche en zone tampon du bien actuellement inscrit). Il faut souligner que les points chauds de biodiversité correspondent à des zones où les espèces de plantes vasculaires sont fortement menacées : elles permettent donc d’identifier les zones prioritaires pour la conservation mais en même temps, une attention particulière doit être portée aux questions d’intégrité. Les hotspots reposent sur l’état de conservation des espèces de sur les fore vasculaire mais ne coïncident pas nécessairement avec les zones de forte biodiversité pour les espèces animales.

Domaine marin (Spalding)

Le domaine marin correspond à de « très vastes régions benthiques côtières ou pélagiques océaniques à travers lesquelles les biotes sont intrinsèquement cohérents aux plus hauts niveaux taxonomiques par suite d’une histoire évolutionnaire partagée et unique. Les domaines présentent de très hauts niveaux d’endémisme, y compris des taxons uniques aux niveaux du genre et de la famille dans certains groupes. Les facteurs qui induisent le développement de tels biotes uniques comprennent la température de l’eau, l’isolement historique et à grande échelle et la proximité

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du benthos »

Province marine (Spalding)

Une province marine est définie comme « larges zones définies par la présence de biotes distincts qui ont au moins une certaine cohésion dans un cadre de temps évolutionnaire. Les provinces présentent un certain niveau d’endémisme, principalement au niveau des espèces. Bien que l’isolement historique joue un rôle, beaucoup de ces biotes distincts résultent de caractéristiques abiotiques distinctes qui circonscrivent leurs limites. Ils peuvent comprendre des caractéristiques géomorphologiques (îles isolées et systèmes de plateau continental, mers semi-fermées) ; des caractéristiques hydrographiques (courants, remontées d’eau, dynamiques des glaces) ; ou des influences géochimiques (éléments d’apport de matières nutritives et de salinité à la plus grande échelle) »

Global 200

Les global 200 sont des écorégions ou des complexes d’écorégions prioritaires, caractérisées par une importante richesse spécifique et/ou endémisme, unique higher taxa, unusual ecological or evolutionary phenomena or global rarity of major habitat types. »

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Description des statuts de protection de la biodiversité présents à Mayotte

Arrêtés de protection de biotope / arrêtés préfectoraux

Un arrêté de protection de biotope ou de géotope est un outil de protection réglementaire qui a pour objectif de conserver les habitats d’espèces protégées ou les sites d’intérêt géologique afin de prévenir leur disparition. Il peut s’agir par exemple de sites nécessaires à l’alimentation, au repos, à la reproduction ou à la survie d’espèces remarquables protégées. Ce statut de protection est mis en œuvre à l’initiative de l’Etat par le Préfet de département ou du Ministre en charge de la pêche maritime s’il est appliqué au domaine public maritime. Un arrêté de protection de biotope ou de géotope se traduit essentiellement par des encadrements d’activités pouvant nuire à l’objectif de conservation du ou des biotopes/géotopes, et peut également prévoir des mesures de restauration écologique. Il n’existe pas de gestionnaire désigné puisqu’il s’agit d’une mesure de police administrative. En pratique, les Préfets constituent souvent un comité de suivi composé de représentants du Ministère de l’Environnement en Région, d’associations et de collectivités locales.

Espaces naturels sensibles

Un espace naturel sensible (ENS) vise à préserver des milieux naturels et des paysages, et à les aménager pour offrir des espaces récréatifs au public, lorsque les caractéristiques du lieu le permettent. Après délibération, le Conseil général acquiert des terrains, par voie amiable, par préemption voire par expropriation. Les terrains acquis sont protégés de toute aliénation pouvant porter préjudice aux ressources naturelles. Sur la base d’un état des lieux des richesses naturelles et paysagères du Département, le Conseil Général établit un schéma départemental des ENS qui fixe les objectifs et les moyens d’intervention à court et à long terme. Ce dispositif de protection foncière est mis en œuvre par les Départements. La gestion est assurée directement par le Département et peut être déléguée par contrat à des organismes tiers, publics ou privés.

Site Ramsar

Un site Ramsar est un espace désigné au titre de la Convention relative aux zones humides d’importance internationale (1971), dont l’objectif est de promouvoir la conservation et l’utilisation rationnelle des zones humides. Les Etats-Parties de la Convention désignent de manière volontaire les zones humides en vue de leur inscription sur la liste des zones humides d’importance internationale. Pour être inscrit, un site doit répondre à au moins un des cinq critères écologiques définis par la Convention. L’inscription de zones humides au titre de la Convention constitue un label international qui récompense et valorise les actions de gestion durable de ces milieux, engage et encourage ceux qui les mettent en œuvre à les pour- suivre. Pour toute inscription, l’Etat retient en priorité les sites qui font déjà l’objet de mesures de gestion, d’une charte ou d’un plan de gestion. Pour chaque site, il est recommandé d’identifier un comité de suivi, un organisme coordinateur et un correspondant du site.

Sites du Conservatoire du littoral

Depuis 1975, l’établissement public acquiert des espaces fragiles et menacés sur le littoral et les rivages lacustres afin d’assurer leur protection définitive. Cette politique foncière vise à sauvegarder les espaces naturels côtiers et lacustres d’intérêt écologique et paysager, tout en assurant leur accès au public. Les terrains sont acquis par voie amiable, par préemption et exceptionnellement par expropriation. Une fois intégrés au domaine public, ils deviennent quasiment inaliénables. De nombreuses opérations d’aménagement destinées à l’accueil du public et des interventions quotidiennes des gestionnaires permettent de restaurer les écosystèmes souvent dégradés et de maîtriser la fréquentation du public. Adapté du National Trust britannique, le Conservatoire met en place une gestion partenariale des terrains en priorité avec les collectivités locales afin d’aboutir à une appropriation locale de la gestion des sites.

Réserves naturelles

Une réserve naturelle nationale a pour vocation de préserver à long terme des milieux naturels exceptionnels, fonctionnels et écologiquement représentatifs, ainsi que des espèces à forte valeur

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patrimoniale, des patrimoines géologiques ou paléontologiques. Le classement intervient par décret (simple ou en Conseil d’Etat). Le décret de création ou de révision peut prévoir la mise en place d’un périmètre de protection autour de la réserve. Le plan de gestion de la réserve détermine les interventions nécessaires pour assurer la conservation, l’entretien voire la reconstitution du patrimoine naturel. Les interventions de nature à porter atteinte à l’intégrité des milieux sont strictement interdites. Les sites sont gérés par un organisme local en concertation avec les acteurs du territoire. Il est notamment chargé d’élaborer et de mettre en œuvre le plan de gestion. La gestion est réalisée sous la responsabilité du préfet.

Parc naturel marin

Un parc naturel marin vise à protéger une vaste zone marine d’intérêt particulier pour la biodiversité, à développer la connaissance des milieux marins et à assurer une gestion durable des ressources naturelles. La création et la délimitation d’un parc naturel marin interviennent par décret après une enquête publique sur le territoire des communes littorales concernées par le projet. La gestion d’un parc naturel marin repose sur les principes de l’approche écosystémique. Le décret de création définit les orientations générales, parmi lesquelles la promotion d’activités humaines compatibles avec la préservation de la biodiversité et le bon état des milieux naturels. La gestion est placée sous la responsabilité de l’Agence des aires marines protégées, qui dispose d’une représentation à Mayotte, en concertation avec l’ensemble des usagers de la mer.

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