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Litchi Fiche pays producteur : La Cerise en Turquie De plus en plus concentré Marché européen de l’Ananas : Nouveau record en 2018 ? Fruits à noyau européens : Premiers éléments de récolte 2018 Kiwi de l’hémisphère Sud : De bonnes sensations pour l’été n°257 Juin/Juillet 2018 fruitrop.com Version française magazine Contenu publié par l’Observatoire des Marchés du CIRAD - Toute reproduction interdite

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Litchi

Fiche pays producteur : La Cerise en Turquie

De plus en plus concentré

Marché européen de l’Ananas : Nouveau record en 2018 ?

Fruits à noyau européens : Premiers éléments de récolte 2018

Kiwi de l’hémisphère Sud : De bonnes sensations pour l’été

n°257

Juin

/Jui

llet 2

018

fruitrop.com Version française

magazine

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PRODUCER OF FLAVORS SINCE 1850

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1

LE POINT SUR...

n°257 Juin/Juillet 2018

Éditeur Cirad TA B-26/PS4 34398 Montpellier cedex 5, France Tél : 33 (0) 4 67 61 71 41 Email : [email protected] www.fruitrop.com

Directeur de publication Eric Imbert

Directeur de la rédaction Denis Loeillet

Rédactrice en chef Catherine Sanchez

Infographie Martine Duportal

Site internet Actimage

Chef de publicité Eric Imbert

Abonnements www.fruitrop.com

Traducteurs Jabtrad Ltd et Tradeasy

Imprimeur Impact Imprimerie n°483 ZAC des Vautes 34980 Saint Gély du Fesc, France

ISSN Français : 1256-544X Anglais : 1256-5458 Deux versions française et anglaise

© Copyright Cirad

Tarif abonnement annuel 325 euros HT / 8 numéros par an (éditions papier + électronique)

Ce document est réalisé par l’Observatoire des marchés du département PERSYST du CIRAD à l’usage exclusif des abonnés. Les données présentées sont de source fiable, mais le CIRAD ne peut être tenu responsable de toute erreur ou omission. Les prix publiés ne peuvent  être en aucun cas considérés comme des prix de transaction. Leur but est d’éclairer sur les tendances et les évolutions à moyen et long terme des marchés. Cette publication est protégée par copyright, tous droits de reproduction et de distribution interdits.

Trois lettres font l’objet de tous les débats dans les filières agricoles françaises : EGA, pour Etats Généraux de l’Alimentation. Après une très vaste concertation de tous les acteurs des filières, consommateurs y compris, l’heure est à l’écriture de la loi (cf. édito de FruiTrop 256). Et, comme d’habitude, on se retrouve avec un texte dont les ambitions sont largement revues à la baisse. Ce ne sera donc pas le grand soir car la France est dans un ensemble européen et mondial qui a des règles, notamment de concurrence. Si ce texte porte néanmoins les germes d’un changement profond, certaines dérives navrantes et ridicules auraient

pu être évitées, comme par exemple le dépôt d’un amendement obligeant à mentionner le nombre de traitements phytosanitaires sur les fruits et légumes frais. Proposer un tel amendement montre la méconnaissance de nos parlementaires, prêts à céder à moindres frais aux lobbys des peurs alimentaires. Car, s’il y a un sujet ultra technique, c’est bien celui des traitements phytosanitaires. Quel produit, quelle dose, quelle toxicité, quel adjuvant, quel mode d’application, quel type de phyto, à quel stade de développement, semences ou matériels de plantation compris, etc. ? Donc, s’il est difficile d’informer de manière juste le consommateur, autant le désinformer en lui donnant l’illusion qu’on lui fournit les informations nécessaires à une bonne prise de décision. En effet, le nombre de traitements ne veut en soi strictement rien dire ! Là comme ailleurs, une bête comptabilité

n’a aucun sens. C’est bien pour cela que les acteurs des filières cherchent depuis de très nombreuses années des indicateurs plus justes, par exemple l’IFT pour Indicateur de fréquence de traitement, mais qui n’en reste pas moins critiquable*. Quel que soit l’indicateur choisi, il sera dans tous les cas éminemment plus complexe à mettre en œuvre qu’un simple comptage des traitements. Mais quitte à vouloir informer les consommateurs, utilisons ce que science et technique proposent. On ne sait pas à l’heure où nous écrivons ces lignes si l’amendement passera mais, peu importe, la symbolique est forte et commune à tous les secteurs : la vérité scientifique s’efface devant le cirque médiatique, pourvu que l’on donne l’impression de l’action.

Denis Lœillet

SommaireEn direct des marchés (E. Imbert, D. Loeillet, C. Dawson, P. Gerbaud, T. Paqui, C. Céleyrette, R. Bright)

p. 2 • Conjonctures : avril/mai 2018

• Banane : Maladie de Panama (TR4) en Israël : présence confirmée depuis 2016 – Approvisionnement en banane de l’UE-28 : forte inflation des volumes en avril – Approvisionnement en banane des USA : toujours bien orienté côté volumes.

• Agrumes : Jus d’orange : des prix à la hausse en 2018-19 – Le marché des États-Unis plus ouvert aux agrumes d’Afrique du Sud – Marché communautaire du pomelo méditerranéen en 2017-18 : encore mieux qu’en 2016-17 !

• Avocat : Bilan de la saison d’hiver d’avocat 2017-18 : boom du Mexique et du Maroc.

• Exotiques : Mangue – Ananas.

• Fruits et légumes tempérés : Le melon affecté par les conditions climatiques – La cerise de Turquie de nouveau autorisée en France – Temps beau et sec jusqu’en juillet.

• Fret maritime.

Le point sur...

p. 12

p. 18

p. 22

p. 26

p. 30

p. 34

• Marché de l’ananas en Europe et aux USA – Nouveau record en 2018 ? (C. Dawson)

• Ananas par bateau – La grande distribution, seul et dernier recours pour l’ananas ? (T. Paqui)

• Ananas par avion – Fin du règne du Cayenne sur le marché de l’ananas avion ? (T. Paqui)

• Kiwi de l’hémisphère Sud – De bonnes sensations pour l’été (C. Céleyrette)

• Fruits à noyau européens – Premiers éléments de récolte 2018 (C. Céleyrette)

• Fiche pays producteur – La cerise en Turquie (C. Céleyrette)

Dossier du mois par Pierre Gerbaud : LITCHI

p. 42

p. 50

p. 52

p. 53

p. 54

p. 56

p. 58

p. 62

• Litchi de Madagascar – Entre peste et cyclone

• Litchi d’Afrique du Sud – Une campagne inégale

• Litchi du Mozambique – Diversification logistique

• Litchi de l’île Maurice – Presque inaperçue

• Litchi de l’île de la Réunion – La chute vertigineuse

• Défauts de qualité du litchi

• La culture du litchi

• Variétés de litchi

Prix de gros en Europep. 63 AVRIL 2018

Photo couverture © Christian Lavigne

* Excellent papier de Yves Guy de 2007 sur « Réflexions sur les critères de choix d’indicateurs de pression phytosanitaire »

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2 Juin/Juillet 2018 n°257

En direct des marchés

Banane

EUROPE — PRIX DETAIL

PaysMai 2018 Comparaison

Type Euros/kg Avril 2018

Moyenne des 2 dernières années

France normal 1.64 - 2 % - 3 %promotion 1.21 - 16 % - 22 %

Allemagne normal 1.28 - 1 % - 6 %discount 1.10 - 1 % - 4 %

UK (en £/kg) conditionné 1.05 0 % + 4 %vrac 0.80 0 % + 8 %

Espagne platano 2.23 + 5 % + 9 %banano 1.21 - 3 % - 8 %

EUROPE 12

.412

.612

.512

.212

.0

J F M A M J J A S O N D

euro

/col

is

2018 2017 2016

Allemagne - Prix vert (2e et 3e marques)

EUROPE DU NORD — PRIX IMPORTMai

2018euros/colis

Comparaisonmois

précédentmoyenne 2

dernières années

11.97 - 2 % - 12 %

Avril/Mai 2018Malgré l’arrivée du printemps en avril, les ventes de banane sont restées d’un bon niveau en raison de la faible présence des fruits concurrents. Cependant, la pression de l’offre a continué d’augmenter, faisant basculer le marché. Si les volumes cumulés d’Afrique et des Antilles sont restés défici-taires, ils ont largement été compensés par ceux de banane dollar (pic de production tardif de l’Équateur à des niveaux supé-rieurs aux moyennes, pic de la Colombie, hausse saisonnière du Costa Rica). De plus, les perturbations logistiques se sont pour-suivies, avec l’arrivée simultanée de plu-sieurs navires et donc des engorgements sur les différents marchés. Ainsi, des re-ports de volumes ont été disponibles et des offres spot à des prix compétitifs ont continué à fleurir à l’Est comme à l’Ouest. La chute vertigineuse des prix s’est pour-suivie pour atteindre des records histori-quement bas vers la fin du mois, en parti-culier en Europe de l’Est.

Début mai, la crise a atteint son paroxysme et les prix leur plus bas niveau. Cependant, l’engorgement a commencé à s’atténuer vers la mi-mai grâce au recul de l’offre de banane dollar (fin du pic de la Colombie et amorce de la baisse, moindres charge-ments en Équateur face à la mauvaise si-tuation de marché). Ainsi, la chute histo-rique des prix a pu être enrayée, mais ils ont plafonné à des niveaux extrêmement bas pour la saison, des stocks étant encore disponibles sur certains marchés, notam-ment à l’Est.

Maladie de Panama (TR4) en Israël : présence confirmée depuis 2016. Alors que l’extension de la race 4 tropicale de la maladie de Panama provoque souvent l’hystérie chez les acteurs du commerce mondial de la banane, la nouvelle (fil twitter @fruitrop) de la découverte d’un nouveau spot vient de passer quasi inaperçue. C’est sans doute le résultat de la très efficiente stratégie d’annonce des autorités israéliennes. En effet, dans le bulletin de l’Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP) de mai 2018, Israël annonce officiellement et simultanément avoir constaté la présence de la maladie sur son sol en juillet 2016 et l’avoir éradiquée en 2018. Une efficacité stupéfiante et unique au monde, dont les autorités australiennes, championnes du monde de l’éradication de cette maladie, doivent être jalouses. Car, après des années de lutte, elles se sont avouées vaincues et acceptent désormais de vivre avec cette nouvelle contrainte sanitaire. Israël lui n’a pas failli. Il a bouté la TR4 hors de son espace national, alors qu’elle est présente depuis 2013 chez son voisin jordanien. Pourtant, des voix s’élèvent pour s’étonner de tant d’efficacité ou pour s’indigner qu’Israël n’est pas révélé plus tôt la présence de la maladie sur son sol, ce qui aurait permis de prévenir sa possible diffusion via la terre, les hommes, les équipements mais aussi le matériel de plantation, dont un des principaux producteurs mondiaux se trouve en Israël. A l’inverse, d’autres, pourtant toujours prompts à surfer sur les effets apocalyptiques de la dispersion d’une telle maladie sur l’existence

même du bananier Cavendish, ne voient rien à redire à cela, prenant pour argent comptant les vingt lignes rassurantes du communiqué. Interrogés sur la question de l’éradication, les spécialistes doutent évidemment d’un tel succès, faute d’explication sur les moyens utilisés, sans compter la méfiance naturelle envers des autorités nationales qui ont caché pendant deux ans le péril. Techniquement, l’éradication est extrêmement improbable à moins d’avoir, par exemple, enlevé et traité la terre sur des hauteurs significatives et cela sur les deux spots touchés : région de Shfeya (Carmel coastal plain), puis région du lac Galilée. Le champignon peut, en outre, se mettre en phase de dormance tout en conservant son pouvoir pathogène pendant plusieurs dizaines d’années après avoir été coupé de son garde-manger, le bananier. Enfin, la proximité des zones de production d’Israël et de la Jordanie, les bassins versants, les réseaux hydriques sont autant de vecteurs permanents de réinfestation potentielle (voir « Tropical race 4 of Panama disease in the Middle East », Randy Ploetz et al, Phytoparasitica (2015) 43:283-293).

Alors de deux choses l’une, soit Israël a bien éradiqué la maladie et il doit expliquer comment et donner des gages de sa bonne foi, soit les vierges effarouchées, qui n’organisent même plus leur congrès en zones de production de peur d’introduire et de disperser le champignon, arrêtent leurs pantomimes car il ne doit pas être si effrayant que cela... en tout cas à en croire leur silence assourdissant à l’annonce israélienne.

Source : CIRAD

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3n°257 Juin/Juillet 2018

En direct des marchés

Banane

Approvisionnement en banane de l’UE-28 : forte inflation des volumes en avril. Très impressionnant mois d’avril 2018 où l’approvisionnement a atteint 591 000 tonnes, un record absolu pour un mois d’avril. C’est quasiment 7 % de plus qu’un an auparavant. Sur les quatre premiers mois de 2018, l’approvisionnement grimpe à 2 259 000 tonnes, soit un gain de 1.8 %. Sur douze mois (mai 2017 à avril 2018), le gain est plus net avec + 3.6 % par rapport aux douze mois précédents : 6 414 000 tonnes, soit + 222 000 tonnes. En avril, comme ce fut le cas pour les mois précédents, ce sont les origines dollar qui ont fait un carton avec une croissance de 11 % par rapport à avril 2017 ! L’Équateur est encore et toujours en tête du classement. Après un creux marqué au 1er trimestre, la Colombie a rebondi très vigoureusement en avril (+ 11 %). Le Costa Rica a confirmé aussi en avril sa très belle performance depuis février. Les origines ACP, elles, continuent de céder du terrain, qu’elles se situent en Afrique (- 5.1 % du fait du Cameroun) ou ailleurs (- 5.6 %). La production européenne est séparée en deux : les

Antilles françaises reviennent peu à peu sur le marché après le cyclone Maria, alors que l’offre canarienne affiche un record sur les quatre premiers mois, avril marquant la fin de ce cycle de croissance.

Source : CIRAD

Approvisionnement en banane des USA : toujours bien orienté côté volumes. Comme pour l’UE, l’approvisionnement en avril 2018 fut très lourd : + 11.6 % par rapport à avril 2017. La performance est plus moyenne depuis le début d’année (+ 0.9 %) du fait d’un premier trimestre (surtout mars) très léger en volumes. Sur douze mois, le marché américain progresse de près de 5 % à 4 247 000 tonnes (+ 200 000 tonnes). C’est, ici comme ailleurs, l’Équateur qui marque la tendance haussière (+ 29 % sur quatre mois), alors que les positions du Guatemala et du Costa Rica s’effritent. Le Honduras s’effondre de 20 %. Le Mexique progresse fortement (+ 7 %), arbitrant clairement ses expéditions au profit des États-Unis plutôt que de l’UE.

Source : CIRAD

EUROPE — VOLUMES IMPORTES — MAI 2018

OrigineComparaison

Avril 2018

Mai2017

Cumul 2018 par rapport à 2017

Antilles - 3 % - 20 %Cameroun/Ghana/Côte d’Ivoire 0 % - 4 %Surinam - 24 % - 3 %Canaries - 19 % + 3 %Dollar :

Équateur* + 6 % + 7 %Colombie* - 2 % - 10 %Costa Rica + 10 % + 8 %

CANARIES — PRIX IMPORT*

Mai 2018

euros/colis

Comparaison

moisprécédent

moyenne 2 dernières années

22.30 + 14 % + 63 %

CANARIES

* équivalent colis 18.5 kg Estimation réalisée grâce à des sources professionnelles / * total toutes destinations

RUSSIE — PRIX IMPORT

Mai 2018

USD/colis

Comparaison

moisprécédent

moyenne 2 dernières années

8.47 - 41 % - 45 %

R U S S I E

ÉTATS-UNIS — PRIX IMPORT

Mai 2018

USD/colis

Comparaison

moisprécédent

moyenne 2 dernières années

16.99 - 5 % + 2 %

E T A T S - U N I S

18.4 22

.320

.217

.917

.0

J F M A M J J A S O N D

USD

/col

is

2018 2017 2016

Etats-Unis - Prix vert (spot)

14.2 19

.821

.514

.38.

5

J F M A M J J A S O N D

USD

/col

is

2018 2017 2016

Russie - Prix vert CIF St Petersburg

15.1

15.4 17

.919

.4 22.3

J F M A M J J A S O N D

euro

s/co

lis

2018 2017 2016

Espagne - Prix vert platano*

Banane – UE & USA – Approvisionnement de janvier à avril 2018 (provisoire)000 tonnes 2016 2017 2018 Écart 2018/2017

UE-28 - Approvisionnement 2 109 2 218 2 259 + 2 %Total import, dont 1 881 2 039 2 078 + 2 %

NPF 1 512 1 670 1 733 + 4 %ACP Afrique 214 225 209 - 7 %

ACP autres 154 138 135 - 2 %Total UE, dont 228 179 181 + 1 %

Martinique 63 24 27 + 10 %Guadeloupe 19 14 0 - 97 %

Canaries 139 135 147 + 9 %USA - Import 1 562 1 572 1 581 + 1 %

Réexportations 189 191 187 - 2 %Approvisionnement net 1 373 1 381 1 394 + 1 %

Sources UE : CIRAD, EUROSTAT, (hors production UE locale) / Source USA : douanes USA

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4 Juin/Juillet 2018 n°257

En direct des marchés

Orange

VO L U M E S

Type

Comparaison

moisprécédent

moyenne 2 dernières

annéesOrange de table - 6 %Orange à jus -

PRIX

Type

Prix moyen

mensueleuros/carton

15 kg

Par rapport à moyenne 2 dernières

annéesOrange de table 12.45 - 18 %Orange à jus 11.85* - 15 %

VO L U M E S

Variétéspar

origine

Comparaison

Observations

Cumul / moyenne cumul

2 dernières années

moisprécédent

moyenne 2 dernières

annéesNavelate d’Espagne - 23 % Volumes toujours déficitaires en raison de pluies en production

et de l’avance de campagne. Approche de la fin de campagne. - 16 %

Valencia late de d’Espagne = - 25 % Progression limitée du fait de la forte concurrence des autres

origines comme l’Égypte. Volumes toujours déficitaires. - 24 %

Jus d’orange : des prix à la hausse en 2018-19. L’importance de la récolte brésilienne est plus que jamais le baromètre des prix du jus d’orange, la Floride ne jouant plus désormais qu’un rôle de second plan suite à l’effondrement de sa pro-duction. Ainsi, la récolte brésilienne s’annonce plutôt faible en 2018-19 : les 288 millions de caisses culture attendues dans l’état de Sao Paulo et dans la zone du Triangulo Mineiro marquent un repli d’environ 28 % par rapport à la grosse saison 2017-18 et de 10 % par rapport à la moyenne des six dernières campagnes. La faute en revient au phénomène d’alternance de production et à des conditions climatiques plutôt défavorables à la nouaison. Cette baisse intervient alors que les stocks brésiliens restent à un bas niveau, malgré une nette remontée par rapport à juin 2017 (306 000 t en juin 2018 contre 107 000 t en juin 2017, mais de 510 000 à plus de 760 000 t de juin 2012 à juin 2015). Selon toute vraisemblance, ils devraient plonger entre 55 000 et 155 000 t en juin 2019 selon Citrus BR. Face à cette perspec-tive de production et de stocks limi-tés, les prix du concentré 65°B ont fort logiquement amorcé un mouvement de hausse en atteignant 2 400 USD/t rendu Rotterdam fin avril (+ 300 USD/t). Le récent recensement réalisé par Fundecitrus montre un quasi statu quo du verger. Si les surfaces ont fondu d’environ 30 000 ha entre 2015 et 2018, le nombre d’arbres est resté quasi stable à 194.4 millions (- 1.7 % par rapport à 2015) grâce à la pratique de plus en plus répan-due de plantation à haute densité (668 pieds par ha en 2018 contre 550 en 2010). D’ailleurs, le verger se concentre de plus en plus autour de structures de taille moyenne à grosse et technicisées. Ainsi, environ 1 700

0.0

0.2

0.4

0.6

0.8

1.0

1.2

O N D J F M A M J J A S

euro

s/kg

Orange - France - Prix import

17/18 16/17 15/16

structures de production ont disparu entre 2015 et 2018, qui se situaient pratiquement toutes dans la frange disposant de moins de 50 ha. Le rythme de plantation reste stable et d’environ 7 à 8 millions d’arbres par an depuis 2015, niveau bien inférieur aux 10 à 12 millions d’arbres connu au début de la décennie.

Sources : Fundecitrus, Citrus BR, IEG

Avril/Mai 2018Concurrence et surapprovisionnement ont pesé sur le marché de l’orange. En orange de table, les apports espagnols de Nave-late sont restés déficitaires et n’ont été que partiellement compensés par des volumes en augmentation de Navel Powell (+  9  % par rapport à la moyenne en avril/mai). Cependant, la concurrence sur le segment des oranges à jus a été très forte  : les vo-lumes égyptiens ont inondé le marché à des prix compétitifs (potentiel largement supérieur à celui de la saison dernière) et des fruits turcs ont aussi été disponibles. Dans ce contexte, la saison espagnole de Valencia late s’est développée lente-ment, subissant la pression des prix de ses concurrents alors que les prix en pro-duction restaient élevés. Ainsi, malgré des ventes plutôt fluides (températures encore fraîches, fruits d’été retardés par les condi-tions climatiques), les prix pour toutes les origines et variétés sont restés bas et déce-vants pour la saison.

*prix de la Valencia late d’Espagne

385

290 311 301245

397

288

12/1

3

13/1

4

14/1

5

15/1

6

16/1

7

17/1

8

18/1

9

moyenne : 322 millions

Orange - Brésil - Production de Sao Paulo+ Triangulo Mineiro

(en millions de caisses culture / Source : Fundecitrus)

0

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

3 500

2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017

2018

Concentré d'orange 65°B - Prix moyenCIF Rotterdam

(en USD/tonne / Source : Foodnews)

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5n°257 Juin/Juillet 2018

En direct des marchés

PomeloAvril/Mai 2018Le marché du pomelo est resté ferme en avril avant de subir la pression de l’offre en mai. Malgré une demande calme, les prix en avril sont restés supérieurs aux moyennes en raison d’une offre en déclin. En effet, alors que la saison corse débu-tait, les derniers stocks espagnols et turcs étaient disponibles et les arrivages israé-liens entamaient leur baisse saisonnière. Les premiers arrivages d’Afrique du Sud ont été retardés par le manque de colora-tion des fruits en production. En mai, alors qu’Israël et la Corse poursuivaient la baisse, les arrivages d’Afrique du Sud se sont ac-célérés, affichant rapidement des niveaux supérieurs aux moyennes vu le poten-tiel export annoncé comme excédentaire (+ 5 % par rapport à 2017). Ainsi, les lignes ne se sont tournées que très lentement vers l’origine entrante. La proportion de petits calibres et le manque de coloration ont aussi pénalisé les ventes pour l’Afrique du Sud. Dans ce contexte, les prix se sont rapidement érodés à des niveaux infé-rieurs à ceux des campagnes passées.

V O L U M E S

Type  

Comparaison

moisprécédent

moyenne 2 dernières

annéesMéditerranéen - 12 %Tropical + 12 %

V O L U M E S

Origines

Comparaison

Observations

Cumul / moyenne cumul

2 dernières années

moisprécédent

moyenne 2 dernières

années

Afrique du Sud + 12 %Volumes en progression et supérieurs à la moyenne en mai. Potentiel de production supérieur à celui des années précédentes et proportion importante de petits calibres.

+ 23 %

Israël - 12 % Baisse des arrivages, fin de campagne proche, quelques stocks disponibles. + 5 %

Corse - Saison proche de la fin. Potentiel de production inférieur à la moyenne des trois dernières années suite à des pertes causées par le vent. -

0.00.20.40.60.81.01.21.4

O N D J F M A M J J A S

euro

s/kg

Pomelo - France - Prix import

17/18 16/17 15/16

Le marché des États-Unis plus ouvert aux agrumes d’Afrique du Sud. Le marché des États-Unis devrait prochainement s’ouvrir plus largement aux agrumes d’Afrique du Sud. Aujourd’hui, seuls les fruits originaires du Western et du Northern Cape, zones indemnes de Black spot, sont autorisés. La nouvelle réglementation prévoit d’élargir l’autorisation d’exporter aux zones touchées par cette maladie, qui ne serait plus considérée comme maladie de quarantaine. Cette décision, qui devrait être effective pour la campagne 2019, ouvre des perspectives intéressantes aux producteurs de petits agrumes, orange et pomelo (le « cold treatment » restant un handicap quasi insurmontable en citron). L’Afrique du Sud a exporté environ 55 000 t d’agrumes vers les États-Unis en 2016 et 2017.

Sources : CGA, ITC

Marché communautaire du pomelo méditerranéen en 2017-18 : encore mieux qu’en 2016-17 ! Si la saison 2016-17 a été très bonne pour les exportateurs méditerranéens, 2017-18 serait encore meilleure selon les chiffres douaniers (encore provisoires), tant au niveau des volumes que des prix. La place libre laissée par la Floride,

PRIX

Type

Prix moyen

mensueleuros/colis

éq. 17 kg

Par rapport à moyenne 2 dernières

annéesMéditerranéen 13.90 - 3 %Tropical 18.15 - 5 %

touchée par l’ouragan Irma, n’est pas étrangère à cette belle performance. La Turquie, très discrète en 2016-17 suite à un coup de gel, verrait ses volumes remonter de près de 35 à 40 %. L’Espagne continuerait à grignoter des parts de marché, avec des volumes en hausse d’environ 5 à 10 % et vraisemblablement proches du record de 2014-15. Seuls les envois israéliens vers l’Europe se seraient maintenus à un niveau seulement moyen et proche de celui de 2016-17, les marchés de diversification d’Asie ayant en revanche reçu des volumes plus larges. Toutes les origines ont vu leur prix moyen de campagne progresser sensiblement pour atteindre un niveau souvent record.

Sources : douanes, CIRAD

Pomelo – Union européenne – Approvisionnement en saison d’hiver

en 000 tonnes 2011-12 2012-13 2013-14 2014-15 2015-16 2016-17 Tendance 2017-18

États-Unis 46.0 40.7 41.8 38.2 31.4 23.3 - 40/45 %Méditerranée (principaux fournisseurs)

170.7 150.5 177.8 171.9 181.8 149.1 + 15/20 %

Turquie 82.0 52.8 87.7 70.7 95.6 60.8 + 35/40 %Espagne (Ailimpo) 44.6 52.3 48.5 63.3 52.5 58.0 + 5/10 %

Israël 44.2 45.4 41.7 37.9 33.8 30.3 + 5/- 5 %Sources professionnelles, douanes

150.5177.8 171.9 181.8

149.1170-180

0.65 0.58

0.65 0.70

0.80 0.86

12/13 13/14 14/15 15/16 16/17 17/18*

volumes (000 t)prix (euro/kg)

Pomelo méditerranéen - UE-28 - Approvisionnement en saison d'hiver et prix moyen au stade import

(* estimation / Sources : douanes, CIRAD)

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6 Juin/Juillet 2018 n°257

En direct des marchés

Avocat

V O L U M E S

Type

Comparaison

moisprécédent

moyenne 2 dernières

annéesVertes = + 14 %Hass + 29 %

PRIX

VariétésPrix

moyen mensuel

euros/colis

Par rapport à moyenne 2 dernières

annéesVertes 5.52 - 23 %Hass 12.71 0 %

V O L U M E S

Origines

Comparaison

Observations

Cumul / moyenne cumul

2 dernières années

moisprécédent

moyenne 2 dernières

années

Pérou + 31 %Forte augmentation des arrivages atteignant un pic historiquement haut. Volumes largement au-dessus des moyennes en Hass (+ 35 %) et juste moyens en variétés vertes (+ 2 %).

+ 35 %

Afrique du Sud + 42 % Accélération jusqu’à un pic de volumes supérieur aux moyennes en Hass (+ 51 %) et en variétés vertes (+ 26 %). + 33 %

Mexique - 74 % Baisse de l’offre, amorce de la fin de saison. + 3 %Brésil - 9 % Début de la fin de saison en mai après un pic précoce et élevé en avril. - 2 %

0.00.51.01.52.02.53.03.54.0

O N D J F M A M J J A S

euro

s/kg

Avocat - France - Prix import

17/18 16/17 15/16

Bilan de la saison d’hiver d’avocat 2017-18 : boom du Mexique et du Maroc. Les chiffres douaniers d’avril permettent d’affiner le bilan de la campagne d’hiver 2017-18 publié dans le numéro de FruiTrop de mai 2018. Selon ces données, le marché aurait réalisé une performance plus belle que prévu en termes de volumes en croissant d’environ 12 %. La progression des volumes mexicains aurait été encore plus forte qu’initialement anticipé (au moins 63 000 t expédiées vers l’UE-28, soit 26 000 t de plus qu’en 2016-17). De plus, les envois marocains, non inclus dans la précédente estimation, auraient littéralement explosé (au moins 23 000 t importées, soit 13 000 t de plus qu’en 2016-17) grâce à la croissance des surfaces et à de très bonnes conditions climatiques. Rappelons que cette croissance des volumes totaux se double d’une très bonne performance en termes économiques, le prix moyen de campagne calculé par notre Observatoire se maintenant au niveau record de 2016-17.

Sources : douanes, CIRAD

Avril/Mai 2018Le marché de l’avocat a fléchi en avril et s’est enfoncé sous le poids de l’offre en mai. En effet, les volumes de Hass ont été supérieurs à ceux de 2017 en raison du dé-veloppement des origines d’été. Les princi-paux fournisseurs (Pérou, Afrique du Sud), aux potentiels export bien supérieurs à ceux des années passées, ont progressé rapidement à des niveaux historiquement hauts (cumul avril/mai  : +  17  % par rap-port à 2017 pour le Pérou et + 41 % pour l’Afrique du Sud). Dans ce contexte, mal-gré des ventes dynamiques (programmes, promotions), l’érosion des prix a débuté en avril d’abord pour les petits calibres, plus abondants, et s’est amplifiée en mai. Face à la pression de l’offre, le marché n’a pu tenir et les prix ont été inférieurs à ceux de l’an-née dernière, mais encore moyens pour la saison. En revanche, les variétés vertes n’ont pas aussi bien résisté  : le surappro-visionnement dû aux lourds volumes du Pérou et d’Afrique du Sud a fait chuter les prix à un niveau extrêmement bas en mai.

Avocat – Union européenne – Approvisionnement en saison d’hiver

en tonnes 2013-14 2014-15 2015-16 2016-17 2017-182017-18

comparé à 2016-17

Chili 62 968 42 797 78 244 90 138 95 000 + 5 %

Mexique 6 293 12 918 45 593 36 884 63 000 + 71 %

Espagne 36 700 50 600 37 700 55 200 50 000 - 9 %

Israël 42 844 46 086 34 995 56 600 45 000 - 20 %

Colombie 1 142 3 740 11 189 24 024 28 000 + 17 %

Maroc 4 766 7 798 7 115 9 552 23 000 + 141 %

Rép. dominicaine 1 810 3 034 4 445 5 527 7 000 + 27 %

Grèce 740 765 987 424 400 - 6 %

Total 157 266 167 741 220 318 278 351 311 400 + 12 %Source : CGA

157 168

220

278311

8.7

10.6 10.8

13.2 13.2

13/14 14/15 15/16 16/17 17/18*

volumes (000 t)prix (euros/colis)

Avocat - UE-28 - Approvisionnement en saison d'hiver et prix moyen au stade import

(* estimation / Sources : douanes, CIRAD)

© R

égis

Dom

ergu

e

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8 Juin/Juillet 2018 n°257

En direct des marchés

MangueAvril/Mai 2018Après une légère amélioration en mars, le marché européen de la mangue s’est de nouveau orienté à la baisse en avril. Les volumes du Pérou se sont maintenus tout au long du mois, contrairement à 2017 où, à la même période, ils fléchissaient rapi-dement et provoquaient un creux d’ap-provisionnement. Parallèlement, le Brésil a augmenté ses envois, stratégie en place depuis quelques années pour pallier le dé-marrage tardif de la campagne ouest-afri-caine et l’effacement progressif du Pérou. Dans ce contexte, le démarrage plus pré-coce et rapide de la Côte d’Ivoire a entraî-né un surapprovisionnement du marché européen conséquent et durable. Après les conteneurs d’Amélie réceptionnés en première quinzaine d’avril, se sont rapi-dement succédé des livraisons croissantes de Kent dès la semaine 16. L’afflux de mar-chandises d’origines, de variétés et de qualités diverses a fortement pesé sur les ventes, dont les prix se sont peu à peu ef-frités. Loin des niveaux records de l’année dernière, certaines transactions s’effec-tuaient à moins de 4.00 euros/colis en fin de mois. De surcroît, la demande s’orien-tait davantage vers les produits de saison, pourtant peu abondants et proposés à des prix soutenus.

Le marché avion n’était pas mieux loti en avril, compte tenu de livraisons encore im-portantes du Pérou. De nombreux lots pré-sentant une maturité avancée ont dû être vendus rapidement, entraînant bien sûr des concessions tarifaires. L’omniprésence des mangues péruviennes proposées à prix modérés a compliqué les ventes des

MANGUE - PRIX IMPORT SUR LE MARCHE FRANÇAIS

Semaines 2018 18 19 20 21 22 Moyenne mai 2018

Moyenne mai 2017

Par avion (euros/kg)Pérou Kent 3.00-4.00 3.50-4.50 4.00-4.50 4.00-4.50 - 3.60-4.35 5.00-5.05Burkina Faso Valencia 2.50 2.50 - - - 2.50 3.00-3.50Burkina Faso Kent 2.00-3.00 2.00-3.00 2.50-3.50 3.00-3.50 3.50-3.80 2.60-3.35 2.85-3.20Mali Valencia 2.50 2.00-3.00 - - - 2.75-3.25 2.80-3.50Mali Kent 2.00-3.00 2.00-3.00 3.00-4.00 3.00-4.00 3.50-4.00 2.70-3.60 2.90-4.10Côte d’Ivoire Kent 2.00-3.50 2.00-3.00 2.00-4.00 2.00-4.50 4.00-4.80 2.40-3.95 4.00-4.40Mexique - - 5.00 4.50-5.00 4.50-5.00 4.65-5.00 -

Par bateau (euros/colis)Brésil Keitt 3.00-3.75 3.00-4.00 3.00-4.00 - - 3.00-3.90 7.50-8.00Brésil Palmer 3.00-3.75 3.00-4.00 3.00-4.00 - - 3.00-3.90 7.50-8.00Pérou Kent 3.00-4.50 3.00-4.50 3.00-4.50 - - 3.00-4.50 -Côte d’Ivoire Kent 3.00-4.50 3.00-4.00 2.00-4.00 2.00-4.00 5.00 3.00-4.30 4.80-6.30Mali Kent - - - 4.00-4.50 5.00 4.50-4.75 -Porto Rico Keitt - - - - 5.00-6.00 5.00-6.00 5.00-6.00

MANGUE - ARRIVAGES (estimations en tonnes)

Semaines2018 18 19 20 21 22

Par avionPérou 30 20 10 - -Burkina Faso 5 5 5 5 5Mali 40 30 30 20 30Côte d’Ivoire 100 50 50 50 50

Par bateauBrésil 2 040 1 630 1 760 1 740 1 870Pérou 2 330 1 320 460 - -Côte d’Ivoire 6 820 6 600 2 400 1 230 440

EUROPE

mangues des autres provenances, et no-tamment d’Afrique de l’Ouest. La qualité souvent médiocre des fruits du Burkina Faso (maturation, évolution) a considéra-blement nui à leur écoulement. Les Kent du Mali et de Côte d’Ivoire ont été com-mercialisées, mais certainement pas au prix escompté par les réceptionnaires.

Le mois de mai s’est inscrit dans la conti-nuité de la fin avril, le marché européen de la mangue étant particulièrement mau-vais. Le prolongement de la campagne péruvienne avec des volumes importants ainsi que les envois croissants de Côte d’Ivoire, auxquels s’ajoutaient les livraisons du Brésil et d’origines d’Amérique centrale, ont provoqué un surapprovisionnement massif. Les consommateurs se reportaient sur les produits de saison et la demande modérée pour la mangue dégradait les conditions de vente. Le stockage a égale-ment entraîné la dégradation qualitative des fruits, confortant le cycle méventes-ac-cumulation de volumes-dégradation qua-litative-maintien de prix bas. Le retrait du Pérou mi-mai n’apportait aucune amélio-ration car des flux de Côte d’Ivoire et du

Brésil continuaient de se déverser sur les marchés. Ce n’est qu’en toute fin de mois que les conditions de vente se redressaient après une longue phase de nettoyage des stocks. La Côte d’Ivoire a été prise en te-naille, cette année, entre le prolongement de la campagne péruvienne et la concen-tration de ses propres tonnages de qualité hétérogène. Le fléchissement rapide des disponibilités en fin de mois profitait aux produits du Mali et de Porto Rico de meil-leure tenue.

Le marché avion a également été lourd, avec des livraisons importantes surpas-sant le niveau de la demande de plus en plus orientée vers les fruits de saison. L’hétérogénéité du stade de maturité des fruits a rendu les ventes difficiles et lentes. Le démarrage précoce de la campagne du Mexique en milieu de mois, bien que mo-déré en volume, a accentué le surappro-visionnement ambiant. Dans ce contexte, les fruits du Burkina Faso et du Mali se sont écoulés difficilement. En fin de mois, la di-minution des arrivages laissait entrevoir une amélioration des conditions de mar-ché pour les semaines suivantes.

MANGUE - ARRIVAGES (estimations en tonnes)

Semaines2018 14 15 16 17

Par avionPérou 150 150 50 50Burkina Faso 10 10 10 5Mali 20 20 40 50Côte d’Ivoire 100 100 100 100

Par bateauBrésil 2 700 2 300 2 450 2 100Pérou 5 800 5 000 5 000 4 300Côte d’Ivoire 330 4 800 5 700

EUROPE

MANGUE - PRIX IMPORT SUR LE MARCHE FRANÇAIS

Semaines 2018 14 15 16 17 Moyenne avril 2018

Moyenne avril 2017

Par avion (euros/kg)Pérou Kent 3.50-4.50 4.00-4.50 3.50-4.50 3.50-4.50 3.60-4.50 5.50-6.00Burkina Faso Amélie 2.80 2.50 2.00 2.20 2.35 3.15-3.30Burkina Faso Valencia 2.50-3.00 3.00-3.50 3.00 3.00 2.85-3.10 3.40-4.25Burkina Faso Kent - - 3.00-3.50 2.00-3.00 2.50-3.25 3.85-4.95Mali Amélie - 2.80 2.00-2.50 2.50-2.80 2.40-2.70 3.20Mali Valencia 3.00 3.00-3.50 2.50-3.00 3.00 2.85-3.10 3.25-3.75Mali Kent - - - 3.00-3.50 3.00-3.50 4.25-4.50Côte d’Ivoire Kent - 4.00-4.50 3.00-4.00 3.00-4.00 3.30-4.15 4.50-5.00

Par bateau (euros/colis)Brésil T. Atkins - - - 3.00-4.00 3.00-4.00 7.00-8.00Brésil Keitt - 4.50-5.50 4.50-5.50 3.00-5.00 4.00-5.30 7.50-8.00Brésil Palmer - 4.50-5.50 4.50-5.50 4.00-5.00 4.30-5.30 7.50-8.50Pérou Kent 5.50-7.00 5.00-5.50 4.50-5.50 4.00-5.00 4.75-5.75 7.50-8.75Côte d’Ivoire Amélie 4.00-4.50 4.00-4.50 - - 4.00-4.50 6.00-6.65Côte d’Ivoire Kent - - 4.00-5.00 4.00-5.00 4.00-5.00 7.00-8.00

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9n°257 Juin/Juillet 2018

En direct des marchés

Avril/Mai 2018La situation a été plutôt tendue en avril sur le marché de l’ananas. Après Pâques, on a assisté à un repli de la demande. Cependant, les ventes sont restées assez fluides au cours de la première quinzaine du mois car l’offre globale de Sweet était fortement perturbée par les différents re-tards de navires, ce qui a permis de soula-ger la pression sur les marchés. Les opéra-teurs ont toutefois dû adapter leurs prix à la baisse pour rester fluides et gérer au mieux l’irrégularité des approvisionnements. Le manque de tonicité de la demande tout au long du mois a moins affecté les opé-rateurs liés à la grande distribution. Ces derniers sont parvenus, sans trop de diffi-cultés, à maintenir des cours plus ou moins stables, tandis que ceux qui étaient en de-hors de ces circuits de distribution ont dû fortement agir sur le levier prix pour éviter la constitution de stocks.

La situation a également été assez tendue sur le marché avion. Le fléchissement de la demande après Pâques a été accentué par le démarrage des congés scolaires. Sur le marché du Cayenne, la faible coloration et les soucis de qualité de l’offre béninoise ont surtout profité aux fruits ivoiriens et camerounais, pas forcément plus colorés mais nettement plus réguliers en termes de qualité. Plusieurs opérateurs ont alors fait le choix de fortement réduire leurs im-portations en attendant une amélioration de la demande. Sur le marché du Pain de sucre, la faiblesse de coloration de l’offre du Bénin a permis une meilleure valorisa-tion des fruits plus colorés du Ghana et du Togo. A la fin du mois, la forte réduction des importations a produit ses effets et la demande a été plus tonique, soutenue il est vrai par des opérations de promotion sur le Cayenne. L’offre a été complétée par plusieurs petits lots complémentaires de Sweet de diverses origines, dont le Ghana, proposés entre 2.30 et 2.50 euros/kg selon les disponibilités.

L’augmentation de l’offre globale de Victoria après Pâques, alors que la de-mande connaissait un certain repli, a obli-gé les opérateurs à être plus flexibles sur les prix pour rester fluides. En effet, l’offre était assez déséquilibrée avec une forte proportion de fruits de calibre 8. La situa-tion s’est toutefois améliorée en fin de mois grâce notamment à une tempête tro-picale qui a contribué à fortement réduire l’offre globale.

En mai, le marché de l’ananas a été per-turbé par de nombreux retards de navires, ainsi que par la succession de jours fériés

ANANAS - PRIX IMPORT EN FRANCE - PRINCIPALES ORIGINESSemaines 2018 18 19 20 21 22

Par avion (euros/kg)

Cayenne lisse Bénin 1.80-2.00 1.80-1.90 1.80-1.90 1.80-1.90 1.80-1.90

Cameroun 1.80-2.00 1.80-2.00 1.80-2.00 1.70-2.00 1.70-2.00

Ghana 2.00-2.30 2.00-2.30 2.00-2.30 2.00-2.30 2.00-2.30Côte d’Ivoire 1.90 1.90-2.00 1.90-2.00 1.90-2.00 1.90-2.00

Victoria Réunion 3.50-4.00 3.00-3.50 3.50.00 3.50.00 3.40-3.80Maurice 3.20-3.60 3.20-3.60 3.20-3.60 3.20-3.60 3.00-3.40

Par bateau (euros/colis)

Cayenne lisse Côte d’Ivoire 6.00-8.00 6.00-9.00 6.00-8.00 6.00-7.00 6.00-7.00Sweet Côte d’Ivoire 9.00-10.50 9.00-10.50 9.00-10.50 9.00-10.50 8.00-9.50

Ghana 9.00-10.50 9.00-10.50 9.00-10.50 9.00-10.50 8.00-9.50Costa Rica 6.00-9.00 6.00-9.00 6.00-8.50 6.00-8.50 5.00-7.00

qui, selon les cas, ont contribué à amélio-rer ou à compliquer les mises en marché. Ainsi, au cours de la première quinzaine, les retards de navires et les jours fériés ont facilité l’absorption du trop-plein de fruits lié aux arrivées simultanées des navires re-tardés. L’offre, alors déséquilibrée et inéga-lement répartie sur les marchés européens, s’est plus ou moins bien vendue selon les calibres. Encore une fois, la grande dis-tribution a absorbé la majeure partie des volumes. La forte augmentation de l’offre du Costa Rica à partir de mi-mai a généré une tendance baissière qui s’est poursuivie jusqu’à la fin du mois. L’offre costaricienne, plus conséquente en raison de la floraison naturelle, a été largement supérieure à la demande. Dans un contexte de demande atone, les arrivées simultanées de navires ont pesé fortement sur le marché avec des cours orientés à la baisse.

Dans l’ensemble, l’activité a été plutôt ré-duite sur le marché avion. Au cours de la première quinzaine, l’offre a été perturbée par les grèves à Air France. Pour autant, le marché n’a pas été sous-approvisionné. L’offre globale de Cayenne n’a cessé de

décroître tout au long du mois. Les fruits du Cameroun, leader sur ce créneau, ont souvent été de qualité hétérogène, tandis que l’offre du bénin a semblé intéresser de moins en moins les acheteurs en raison de son manque de fiabilité. Les ventes ont été plus fluides et plus régulières sur le mar-ché du Pain de sucre où, encore une fois, ce sont les fruits les plus colorés des trois principales origines (Ghana, Bénin et Togo) qui se sont le mieux vendus. La disponi-bilité d’une offre de fruits verts en prove-nance du Bénin et du Ghana a contribué à l’élargissement de la fourchette des cours, entre 1.80 et 2.30 euros selon la coloration. L’offre complémentaire de Sweet en prove-nance de Cuba, du Costa Rica et du Ghana s’est bien vendue sur des bases comprises entre 2.20 et 2.40 euros/kg.

Tout au long du mois de mai, l’offre de Victoria a été limitée. La faiblesse des vo-lumes de l’océan Indien a permis au Ghana de faire quelques incursions sur ce créneau avec des quantités tout aussi limitées. Plus attirée par les fruits de saison, la demande a parfois eu du mal à absorber les quelques volumes mis en marché.

Ananas

ANANAS - PRIX IMPORT EN FRANCE - PRINCIPALES ORIGINESSemaines 2018 14 15 16 17

Par avion (euros/kg)

Cayenne lisse Bénin 1.80-2.00 1.80-1.90 1.80-1.90 1.80-1.90Cameroun 1.80-2.10 1.80-1.90 1.80-1.90 1.80-1.90Ghana 2.00-2.30 2.00-2.30 2.00-2.30 2.00-2.30Côte d’Ivoire 1.90-2.00 1.90 1.90 1.90

Victoria Réunion 3.00-4.50 3.00-4.50 3.00-4.00 3.00-4.00Maurice 3.30-3.60 3.00-3.60 3.00-3.60 3.00-3.60

Par bateau (euros/colis)

Cayenne lisse Côte d’Ivoire 7.00-9.00 6.00-7.00 6.00-9.50 7.00-9.00Sweet Côte d’Ivoire 9.00-10.50 9.00-10.50 9.00-10.50 9.00-10.50

Ghana 9.00-10.50 9.00-10.50 9.00-10.50 9.00-10.50Costa Rica 8.00-9.50 6.50-8.50 6.00-8.50 6.00-9.00

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10 Juin/Juillet 2018 n°257

En direct des marchés

Fruits & légumes tempérés

Le melon affecté par les conditions climatiques. Les prévisions dévoilées fin avril à l’occasion du Medfel confirment les premières estimations concernant le Bassin méditerranéen. Les surfaces en Charentais sont stables (1 400 ha) sur quasiment l’ensemble des zones de production au Maroc, avec toutefois un développement des serres sur Marrakech (50 % des surfaces). Cependant, on ne devrait pas avoir de gros rendements cette année en raison des conditions climatiques froides de l’hiver. Après avoir assez sensiblement augmenté en 2017 en Charentais, les surfaces devraient se stabiliser en Espagne, d’autant que la sécheresse récurrente et particulièrement marquée en 2017 incite plutôt à la prudence. On compte environ 1 210 ha en vert, les surfaces en jaune, plantées majoritairement entre Séville, Malaga, Murcie et Alicante, se montent à 3 540 ha. On attend une baisse importante des surfaces en France dans certains bassins, notamment dans le Sud-Ouest et en Centre-Ouest. Il y a également du retard lié aux mauvaises conditions climatiques (pluie et froid). Le melon français sera présent début mai pour les abris chauffés, vers le 20 mai pour les grands abris non chauffés, mais l’entrée en récolte des cultures sous chenilles se fera seulement vers le 15-20 juin.

Source : Medfel

La cerise de Turquie de nouveau autorisée en France. A la suite de la publication de l’Arrêté du 6 avril 2018, portant suspension d’introduction en France de cerises fraîches produites dans un Etat membre de l’Union européenne ou un pays tiers dans lequel l’utilisation de diméthoate est autorisée en traitement des cerisiers, la liste des pays autorisés à exporter des cerises vers la France a été mise à jour par l’avis du 5 mai. Celui-ci élargit à la Turquie l’autorisation déjà accordée au Chili et à l’Argentine. Cette décision fait suite aux différents échanges entre la DGAL en France et les autorités turques, qui clarifient la position de ces dernières quant à l’interdiction de l’usage du diméthoate pour la cerise en Turquie, alors que ce n’était qu’une recommandation jusqu’alors. Par ailleurs, l’introduction en France de cerises en provenance d’Autriche, de Croatie, de Roumanie, de République tchèque, du Canada et des États-Unis reste non autorisée. L’avis donne aussi la possibilité aux importateurs d’introduire des cerises fraîches produites dans des pays tiers non cités. Toutefois, ils doivent être en mesure de soumettre aux autorités compétentes une attestation officielle du pays tiers de production certifiant qu’aucun produit phytopharmaceutique contenant la substance active diméthoate n’est autorisé en traitement des cerisiers dans ce pays.

Source : Infofruit

Melon Charentais – Prévision des surfaces plantées au Maroc, en Espagne et en France

en hectares 2018 2017 Dakhla 250 250Agadir/Taroudant 50 50-80Marrakech/Kenitra 1 250 1 250

Total Maroc 1 550 1 550-1 580Almeria 300 300Malaga/Murcie 4 300 4 300Autres régions 150 150

Total Espagne 4 600 4 700Sud-Est 5 700 5 700Sud-Ouest 2 800 3 500Centre-Ouest 4 300 4 500Autres régions 250 nc

Total France 13 050 13 700 Source : Medfel

Temps beau et sec jusqu’en juillet. Les prévisions météorologiques, publiées début mai par les experts de météo Consult, prédisent un mois de juin finalement plutôt sec sur la France, avec des températures de saison, mais plutôt froid sur l’Espagne où se situeront les basses pressions. On attend ensuite un temps de saison en juillet sur la France avec peu de précipitations, même s’il y aura sans doute des orages qui remonteront du Sud où seront localisées les basses pressions. En revanche, le mois d’août est plus incertain pour l’Hexagone : la remontée des basses pressions sur la France pourrait générer davantage de pluies, mais les températures pourraient rester de saison. Cette année, l’anticyclone pourrait plus généralement se situer sur les pays d’Europe du Nord. Par ailleurs, les premiers éléments concernant la saison cyclonique dans l’Atlantique nord laissent présager une activité marquée, mais pas autant que l’année dernière qui a été l’une des sept plus importantes en termes d’activité depuis le début des relevés, après une décennie assez calme. La saison 2018 se situerait ainsi dans la moyenne des trente dernières années, avec deux ou trois ouragans majeurs, mais avec des indices climatiques, comme les basses températures actuelles de l’océan Atlantique, qui viendraient minorer l’activité.

Source : Infofruit

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Cerise - Turquie - Importations françaises(en tonnes / source : douanes françaises)

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11n°257 Juin/Juillet 2018

En direct des marchés

EUROPE

Fret maritime

MARCHES SPOTMoyennes mensuelles

USD cents/cubic foot x 30 jours

Grandsreefers

Petitsreefers

Avril 2018 66 83Avril 2017 42 53Avril 2016 39 51Mai 2018 38 81Mai 2017 29 57Mai 2016 36 62

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Petits reefers

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Semaines / Source : Reefer Trends

Avril/Mai 2018Avec la pénurie d’équipements reefer et le déploiement optimal de la flotte reefer à la fin de la campagne de raisin du Chili, l’offre de capacité ne pouvait qu’être limitée en avril. Toutefois, la demande des affréteurs de banane, soutenue par un prix de sortie inhabituellement bas, a permis le maintien d’un TCE moyen mensuel rentable. En dépit d’une faible demande pour la troisième année consécutive des affréteurs de calmar dans l’Atlantique Sud, le petit segment est resté solide, à l’équilibre entre offre et demande. La demande continue en thon dans l’océan Indien et un excellent début de la campagne de maquereau dans les îles Féroé, ainsi qu’une demande soutenue de la Russie et du Nigeria, ont absorbé plus de tonnage, et sur une période plus étendue, que le trajet type de Mauritanie vers l’Afrique de l’Ouest. Les petites unités ont aussi été en mesure de capitaliser sur l’absence des grands navires pour les activités de banane spot. Cool Carriers étant le seul opérateur capable de répondre à l’ensemble des spécifications des agrumes argentins à destination de la Méditerranée, il n’est pas vraiment surprenant qu’il ait remporté la totalité du contrat de 6 + 3 voyages devant tous ses concurrents. Le fait qu’il ait présenté l’offre la plus compétitive n’y est pas non plus étranger ! Point intéressant cependant : l’opérateur a réussi à relever le tarif de manière significative par rapport à celui, certes modeste, de l’an dernier. Parallèlement, face à une offre en capacité reefer spécialisé supérieure à la demande à la fois dans les petits et grands segments, le manque de réaction des lignes conteneurs, qui dilapident leur argent sur des tarifs inadaptés, reste incompréhensible. D’un autre côté, si les transporteurs prenaient la décision d’exploiter ce déséquilibre, ils seraient sans doute accusés de faire des gains exorbitants ! Une problématique structurelle est clairement en jeu : à moins d’une augmentation nette de production d’équipements reefer, la situation actuelle

ne fera que s’envenimer. Le problème vient du fait que les trajets aux tarifs journaliers sont si bas qu’ils ne laissent aucune marge financière ou commerciale pour encourager la construction. À moins d’un changement de cap, de lourdes conséquences sont à prévoir pour le commerce mondial des reefers.

Pris de façon isolée, le mois de mai ne présente aucun intérêt en termes d’activité d’affrètement. L’action pour le grand segment se résume à rien ou presque, et était trop juste du point de vue du petit segment pour que les opérateurs espèrent relever les prix. Les reefers ont continué de profiter du peu d’équipements disponibles aux transporteurs, mais dans une moindre mesure par rapport à avril qui était plus chargé en bananes équatoriennes. Pris globalement en revanche, mai 2018 affiche le meilleur équilibre entre offre et demande de capacité depuis 2015, qui fut une très bonne année pour le calmar. Le fait que cet équilibre n’apparaisse pas dans le TCE moyen mensuel est en partie dû à l’absence d’affrètement (grand segment), mais tient surtout à l’augmentation des coûts de carburant. Cette hausse a entraîné la mise en place par les principaux transporteurs, dont Seatrade, d’une majoration d’urgence hautement controversée. Pourront-ils tous appliquer ce surcoût ? Rien n’est moins sûr : le Conseil des chargeurs européens a déposé début juin une plainte officielle auprès de la commissaire européenne en charge de la concurrence, Margrethe Vestager. De même, l’Organisation maritime internationale (OMI), institution spécialisée des Nations Unies, a finalement

attiré l’attention de la communauté des transporteurs maritimes avec sa nouvelle Stratégie environnementale sur le combustible des navires. Pour réduire les émissions issues du transport maritime, l’OMI a décidé d’abaisser le plafond de la teneur en soufre du fuel-oil de 3.5 % à 0.5  % en 2020. Ainsi, les armateurs devront, au choix, utiliser un combustible de meilleure qualité plus cher, investir dans des dispositifs d’épuration des gaz d’échappement, ou encore utiliser un combustible de substitution, comme le gaz naturel liquéfié. Actuellement, l’écart de prix entre le fuel-oil premium à faible teneur et celui à forte teneur en soufre dépasse les 200 USD la tonne et continuera de se creuser si la demande excède l’offre. Dans ce cadre, les reefers font aujourd’hui face à deux problèmes corrélés clairs : l’un d’ordre commercial, l’autre logistique. À quel stade de la chaîne d’approvisionnement les coûts de combustible additionnels seront-ils intégrés ? Puisque le maillon faible de la chaîne d’approvisionnement reefer est le producteur, ce seront inévitablement les chargeurs, et non les détaillants, qui seront touchés de plein fouet. Le second problème concerne l’offre. Les parties prenantes préviennent que le secteur ne sera pas en mesure de raffiner suffisamment de substitut à faible teneur en soufre avant la date butoir. Si une extension du délai n’est pas envisageable, l’OMI sera contrainte de délivrer des dérogations au cas par cas. Et ce sera compliqué ! Autre conséquence : le retour à la navigation en vitesse réduite, laquelle aura un impact disproportionné sur les expéditeurs de produits périssables à durée de vie limitée.

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LE POINT SUR...

Juin/Juillet 2018 n°257

Nouveau record en 2018 ?

Marché de l’ananas en Europe et aux USA

La croissance de la consommation d’ananas se confirme, tant sur le marché européen qu’aux États-Unis. Après une année 2017 record en termes d’approvisionnement à l’échelle mondiale, 2018 serait en passe de faire encore mieux. Néanmoins, la baisse des prix au stade importation depuis mi-2017 semble se poursuivre et pourrait enrayer la dynamique.

© Denis Loeillet

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LE POINT SUR...

Juin/Juillet 2018 n°257

Nouveau record européen Les statistiques douanières le confirment, l’an-née 2017 marque un nouveau record historique de l’importation d’ananas sur le marché euro-péen  : 942  000 tonnes, soit une croissance de 11 % par rapport à 2016 et 4 000 tonnes de plus que le précédent record de 2014. Des quantités qui dépassent nos projections déjà optimistes (cf. FruiTrop 252, octobre 2017). Avec 1.84 kg par ha-bitant, l’Europe aurait retrouvé une consomma-tion apparente quasi similaire à celle de 2014, qui était de 1.85 kg.

Le Costa Rica, premier fournisseur du marché eu-ropéen avec une part de marché stable à 90  %, progresse et alimente cette croissance, après la baisse des volumes en 2015 et 2016 consécutive à des problèmes climatiques et de rentabilité éco-nomique (bas retours expliqués partiellement par la fluctuation du taux de change euro/dollar). Près de 817  000 tonnes ont été importées en prove-nance de cette origine en 2017, un niveau légè-rement inférieur au record historique de 2014. La croissance est aussi attribuable aux autres four-nisseurs du marché, tel l’Equateur qui consolide sa place de second fournisseur du marché euro-péen depuis 2015 et affiche une croissance de 24  % par rapport à l’an passé, dépassant ainsi les 40  000 tonnes. Les origines africaines, quant à elles, reviennent à de meilleures performances, notamment la Côte d’Ivoire qui, après des années de chute libre, semble repartir à la hausse et re-trouver des niveaux similaires à ceux de 2011.

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Ananas frais - UE - ConsommationPérimètre UE évolutif

(en kg par habitant / source : Eurostat)

© Agnès Delefortrie

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LE POINT SUR...

n°257 Juin/Juillet 2018

Il était donc prévisible que cette offre colossale entraîne une érosion des prix après leur record de 2015. Néanmoins, la chute semble moins vertigineuse qu’on aurait pu le croire. Les valeurs unitaires à l’importation publiées par Eurostat pour l’année 2017 montrent une moyenne à 750 euros/tonne pour toutes les origines, un niveau quasi stable par rapport à 2016 et seulement inférieur de 2 % au record de 2015 (767 euros/t). Une performance remarquable vu la lourdeur de l’approvi-sionnement. En effet, l’analyse mensuelle des valeurs en douane permet d’obser-ver la grande variabilité interannuelle, avec un premier semestre 2017 faste où les prix étaient encore élevés et supérieurs à 800 euros/tonne, suivi d’un second se-mestre où les cours se sont effondrés en-dessous de la barre des 700 euros/tonne.

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(source : Eurostat)

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(en euros/tonne / source : Eurostat)

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Ananas frais - UE - Comparaison de l'importsur les 4 premiers mois de 2015 à 2018Volume et valeur unitaire en douane

(source : Eurostat)

La tendance s’est poursuivie début 2018. Même si les prix en douane sur les quatre premiers mois de 2018 sont remontés au-dessus des 700 euros/tonne – un ré-sultat meilleur que celui de la très difficile fin d’année 2017 – le démarrage semble être l’un des pires des quatre dernières années. Ce n’est pas de bon augure pour la suite de l’année 2018, le second semestre étant toujours moins rémunérateur que le premier.

En effet, la progression de l’offre se poursuit, avec des volumes à l’import cumulés sur les quatre premiers mois de l’année supérieurs de 12 % à ceux de la même pé-riode en 2017. Le Costa Rica continue sa percée et croît de 14 % par rapport à l’an passé. En revanche, contrai-rement à 2017, la croissance du second fournisseur eu-ropéen, l’Équateur, marque le pas. Les importations de cette origine ont reculé de 8 % sur la période, probable-ment en raison des températures plus froides liées au phénomène la Niña en début d’année. Une mention spéciale pour la Colombie qui s’affirme sur le marché européen et progresse de 17 %.

Stabilité des prix ? Attention aux fake news !

© Thierry Lescot

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LE POINT SUR...

Juin/Juillet 2018 n°257

Et aux USA : yes we can ?Des records d’approvisionnement sont aussi observés de l’autre côté de l’Atlantique, où les importations ont dépassé 1.1 million de tonnes en 2017. Là-bas, toutes les origines sans exception affichent des performances posi-tives. Le Costa Rica progresse (910 000 tonnes), mais ne bat pas son record de 2014 (938 000 t). Les autres fournis-seurs montent également en puissance. C’est notamment le cas du Mexique qui dépasse 85 000 tonnes et surtout des origines centroaméricaines, Honduras et Guatemala, qui font preuve d’un beau dynamisme, avec une crois-sance de 12 % et 18 % respectivement par rapport à 2016.

Cette tendance s’est poursuivie et même amplifiée début 2018. Sur les quatre premiers mois de l’année, les impor-tations ont cru de 9 % par rapport à la même période de 2017. Un taux de croissance encore plus dynamique que celui de 2016 et 2017 (+ 7 %), et cela malgré le fort recul du Mexique (- 36 %), une vague de froid hivernale étant à l’origine du ralentissement de sa production début 2018. La croissance de la période a donc été impulsée par le très dynamique Costa Rica, le Guatemala et le Honduras.

Toutefois, comme sur le marché européen, l’érosion des prix commencée en 2016 s’est aggravée début 2018, avec un prix moyen de 534 USD/tonne. Il faut remonter à 2005 pour trouver des valeurs en douane aussi basses sur le marché américain.

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AutresEquateurGuatemalaHondurasMexique

Ananas frais - USA - Importations hors Costa Rica(en 000 tonnes / source : douanes)

© Thierry Lescot

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LE POINT SUR...

n°257 Juin/Juillet 2018

Alors que le Costa Rica n’a pas dépassé sa performance de 2014, le marché des États-Unis et celui de l’Union eu-ropéenne ont battu des records absolus d’approvision-nement. Leur croissance a donc été alimentée par l’aug-mentation des autres fournisseurs du marché. Difficile de dire comment l’année 2018 se terminera. La production est partie pour battre de nouveaux records, vu la crois-sance de la production du leader mondial, le Costa Rica. Selon le ministère de l’Agriculture costaricain (MAG), 44 500 ha d’ananas étaient en production en 2017, contre 40  000 en 2015 et 2016. Sachant que la météo est res-tée au beau fixe, la bonne dynamique des exportations du premier fournisseur mondial de MD2 risque de ne pas s’arrêter en 2018. Côté mexicain, la croissance du secteur est aussi en pleine expansion. SAGARPA estime le poten-tiel export 2018 autour de 100 000 tonnes. Compte tenu d’un début d’année plutôt déficitaire (froid), le pic de vo-lumes mexicain n’a pas encore été atteint. Ainsi, si l’UE et les USA pourraient battre un nouveau record en termes d’approvisionnement en 2018, les marchés semblent pris de nouveau dans la spirale infernale de destruction de va-leur. Croissance certes, mais à quel prix ?

Carolina Dawson, CIRAD [email protected]

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Ananas frais - USA - Prix moyen au stade import(en USD/tonne / source : douanes)

© Agnès Delefortrie

LE POINT SUR...

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LE POINT SUR...

Juin/Juillet 2018 n°257

La grande distribution, seul et dernier recours pour l’ananas ?

Ananas par bateau

Après avoir connu une période de creux liée aux intempéries qui ont touché le pays en 2013 et 2014, la production d’ananas du Costa Rica est repartie à la hausse. Loin de tirer les leçons qui s’imposaient, à savoir que leur production se valorise mieux lorsqu’elle n’est pas excessive, les producteurs costariciens ont replanté en grandes quantités des surfaces de MD-2 (Extra Sweet) dans l’espoir irraisonné de continuer à vendre leur production à des cours très élevés comme en 2015 et 2016. L’offre d’ananas frais excède de beaucoup la demande actuelle des marchés européens et, si le pire est évité en termes de prix pour l’instant, c’est notamment grâce aux circuits de la grande distribution sans lesquels le marché européen ne parviendrait pas à absorber les volumes importants mis en marché. A ce titre, tous les opérateurs ne sont pas logés à la même enseigne et seuls ceux qui ont des partenariats avec la grande distribution parviennent encore pour l’instant à éviter la casse.

© Denis Loeillet

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DONE AT BOTA, THIS

FRANKLIN NGONI NJIEGENERAL MANAGER

Article 1. SUBJECT OF THE INVITATION TO TENDERThe General Manager of the Cameroon Development Corporation(CDC) launches an Urgent Open International Invitation to Tender forthe supply of Equipment for CDC Group Banana Department.Article 2. NATURE OF THE SERVICESThe nature of the services involves the transportation, handling andsupply of the equipment for CDC Group Banana Department as per thefollowing lots; Lot 1. Supply of 3No Mini Hydraulic Excavators. Lot 1. Supply of 1No. 4WD Agricultural Tractor 70-90PH with endLoader Bucket, 1No. 4WD Agricultural Tractor 150-160PH, 2No. 4WDAgricultural Tractor 70-90PH and 1No. Agricultural Trailer. Article 3. ESTIMATED BUDGET FOR THE SUPPLIESThe estimated budget for the supplies is as follows;

Article 4. CONSULTATION AND ACQUISITION OF TENDER FILEFor details of the tender file, interested Bidders can consult theCDC website at www.cdc-cameroon.com, or at the GeneralManager’s Office (Room 208), CDC Head Office Bota – Limbe,South West Region, Cameroon during working hours (7am to 4pm)Monday to Friday as from the 4/9/18. Bidders shall be expected to paya non-refundable fixed sum of 198 Euros (131,000FCFA) for the Tenderto the ARMP Special Account No. 335 98800001-89 with BICEC.Article 5. PLACE, DATE AND TIME FOR SUBMISSION ANDOPENING OF BIDSOffers shall be deposited at the General Manager’s Office (Room 314),CDC Head Office Bota – Limbe on or before the 4/9/18 at 1.00pm Localtime or by Registered mail to Cameroon Development Corporation. The Bid Opening session shall take place at the CDC Internal TendersBoard Office opposite CDC Head office Bota-Limbe on the 4/9/18 at 2 pm local timeArticle 6. COMPLEMENTARY INFORMATIONFor further complementary information, Bidders should contact theEngineering Service Manager, Group Banana CDC Tiko, P.O BOX 282Tiko, in writing, Telephone No: 233 35 11 06, 233 35 11 78, Fax: 23335 11 64; Mobile: 651 17 90 14; E-mail: [email protected]

URGENT OPEN INTERNATIONAL INVITATION TO TENDER NO 004/CDC/GBM/ITB/18 FOR THE SUPPLY OF EQUIPMENT FOR CDC GROUP BANANA OF 4/7/18

Tel.: 23333 22 51, Fax: 23333 26 80. Website: www.cdc-cameroon.comFINANCED BY THE CDC 2018 BUDGET AND THE EUROPEAN UNION AS PER BANANA

ACCOMPANYING MEASURES (BAM) 2017 PROGRAMME

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$ #>?@A$ :447=69$ 99678B979B8$

DONE AT BOTA, THIS

FRANKLIN NGONI NJIEGENERAL MANAGER

Article 1. SUBJECT OF THE INVITATION TO TENDERThe General Manager of the Cameroon Development Corporation(CDC) launches an Urgent Open International Invitation to Tender forthe supply of Equipment for CDC Group Banana DepartmentArticle 2. NATURE OF THE SERVICESThe nature of the services involves the transportation, handling andsupply of the equipment for CDC Group Banana Department as per thefollowing lots; Lot 1. Supply of Fungicide Treatment Equipment for CDC Mafanja and Ndongo Units Lot 2. Supply of Palletization Equipment for CDC Mafanja Unit Article 3. ESTIMATED BUDGET FOR THE SUPPLIESThe estimated budget for the supplies is as follows;

Article 4. CONSULTATION AND ACQUISITION OF TENDER FILEFor details of the tender file, interested Bidders can consult theCDC website at www.cdc-cameroon.com, or at the GeneralManager’s Office (Room 208), CDC Head Office Bota – Limbe,South West Region, Cameroon during working hours (7am to 4pm)Monday to Friday as from the 28/3/18. Bidders shall be expected topay a non-refundable fixed sum of 183 Euros (120,000FCFA) for theTender to the ARMP Special Account No. 335 98800001-89 with BICEC.Article 5. PLACE, DATE AND TIME FOR SUBMISSION ANDOPENING OF BIDSOffers shall be deposited at the General Manager’s Office (Room 314),CDC Head Office Bota – Limbe on or before the 3/8/18 at 1.00pm Localtime or by Registered mail to Cameroon Development Corporation. The Bid Opening session shall take place at the CDC Internal TendersBoard Office opposite CDC Head office Bota-Limbe on the 3/8/18 at 2 pm local timeArticle 6. COMPLEMENTARY INFORMATIONFor further complementary information, Bidders should contact theEngineering Service Manager, Group Banana CDC Tiko, P.O BOX 282Tiko, in writing, Telephone No: 233 35 11 06, 233 35 11 78, Fax: 23335 11 64; Mobile: 699 35 17 59; E-mail: [email protected]

URGENT OPEN INTERNATIONAL INVITATION TO TENDER NO 002/CDC/GBM/ITB/18 FOR THE SUPPLY OF EQUIPMENT FOR CDC GROUP BANANA DEPARTMENT OF 28/3/18

Tel.: 23333 22 51, Fax: 23333 26 80. Website: www.cdc-cameroon.comFINANCED BY THE CDC 2018 BUDGET AND THE EUROPEAN UNION AS PER BANANA

ACCOMPANYING MEASURES (BAM) 2017 PROGRAMME

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NB: Although the tender file on the website shows that the bidopening session shall take place on the 28th of May, 2018, takenote that it has been postponed to the 3rd of August, 2018

DONE AT BOTA, THIS

FRANKLIN NGONI NJIEGENERAL MANAGER

www.cdc-cameroun.com

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LE POINT SUR...

Juin/Juillet 2018 n°257

L’offre d’ananas du Costa Rica représente environ 90 % de l’appro-visionnement du marché européen. Les cours très élevés qu’elle a obtenus sur les marchés européens en 2015 et 2016 sont liés aux intempéries qui ont détruit une partie de la production en 2013 et 2014. En effet, l’offre costaricienne n’était plus suffisante pour satisfaire à la fois le marché du frais et celui du transformé (jus et conserves). L’industrie de la transformation, qui manquait de fruits, a alors considérablement élevé ses prix d’achat aux producteurs, li-mitant de ce fait les disponibilités pour le marché du frais. La hausse des cours qui s’en est suivie est maintenant oubliée car l’offre est de nouveau largement suffisante et les prix payés aux producteurs par les industriels sont retombés assez bas. Le marché européen doit donc de nouveau faire face à l’afflux de fruits costariciens.

Cependant, c’est le manque de tonicité persistant de la demande qui inquiète les opérateurs. On distingue clairement deux types d’opé-rateurs : ceux qui ont pour principal débouché des partenaires de la grande distribution et ceux qui dépendent des marchés de gros ou des ventes de ré-export pour écouler leurs fruits. L’accès à la grande distribution permet de cadrer des prix et des volumes sur des périodes prédéfinies. Nombreux sont ceux qui cherchent à être référencés par ces grandes chaînes de distributeurs, mais tous n’y arrivent pas. En effet, la grande distribution n’absorbe pas l’intégra-lité des volumes et ceux qui restent se retrouvent sur les marchés de gros ou de ré-export où la compétition est plus rude et où il est difficile d’obtenir des prix plus ou moins stables d’une semaine à l’autre. En 2017, le marché européen ayant absorbé plus de 900 000 tonnes d’ananas frais, on comprend le rôle clé que jouent ces grands groupes de distribution dans la commercialisation des fruits.

Pour mieux valoriser leurs produits, quelques marques établies, telles que Del Monte, Anadou et Fruitpoint pour ne citer que celles-ci, ont opté pour une segmentation de leur offre basée sur la colo-ration. Ainsi, les fruits les plus colorés (plus jaune-orangé) sont com-mercialisés comme le haut de gamme de ces marques et sont, de ce fait, valorisés à des prix supérieurs à ceux pratiqués sur le marché. La coloration devient le moyen par lequel ces marques cherchent main-tenant à se distinguer des autres face à la grande diversité de qualité de l’offre bateau. Il est intéressant de noter que ce sont également ces marques qui, chacune à leur niveau, cherchent à mieux stabiliser

leurs prix de vente sur une campagne en maîtri-sant les volumes qu’elles mettent sur le marché.

Les producteurs costariciens continuent pour l’instant à surcharger le marché européen en raison de la relative bonne santé de l’euro, alors que la demande est atone. Une opération me-née à la fin de 2017 leur avait laissé entrevoir la possibilité de développer également leurs ex-portations de fruits frais vers la Chine. Si cette aubaine les avait confortés dans leur stratégie productiviste, elle semble aujourd’hui moins réaliste. En effet, la Malaisie envisagerait de pro-duire du MD-2 pour le marché chinois, comme le font déjà les Philippines. Si cela se confirmait, on pourrait craindre qu’une part de la nouvelle production costaricienne, potentiellement des-tinée à la Chine, ne soit orientée vers le marché européen, aggravant un peu plus les problèmes de commercialisation du fruit en Europe.

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Ananas bateau Sweet du Costa Rica - AllemagnePrix import (en euros/colis / source : Thierry Paqui)

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Ananas bateau - Union européenne - Prix import hebdomadaire(en euros/colis / source : Thierry Paqui)

© Denis Loeillet

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LE POINT SUR...

n°257 Juin/Juillet 2018

La période allant de la semaine 40 de 2017 à la semaine 17 de 2018 s’est caractérisée surtout par une demande complètement atone, souvent incapable d’absorber les fruits mis en marché. De plus, les navires sont souvent arrivés avec du retard, ce qui a donné lieu à des périodes de tension lorsque l’offre cumulée était trop importante, suivies de périodes de manque lorsque l’arrivée des navires était dé-calée. Même si les cours moyens ont fluctué entre 6.00 et 9.00 euros/colis, cette période laisse un goût assez amer aux opérateurs car la demande a sans cesse marqué le pas, les forçant continuellement à batailler pour vendre leurs fruits.

Au cours des campagnes précédentes, les semaines 40 de 2017 à 1 de 2018 ont souvent été les plus actives avec les fêtes de fin d’année en ligne de mire. Malheureusement, cette année, dès le mois d’oc-tobre, les opérateurs ont eu beaucoup de mal à vendre leurs ananas en raison d’une demande poussive. En dehors des opérations de promotion organisées par les enseignes de supermarchés, les ventes sont restées très faibles. Les opérateurs ont alors fait le choix de ré-duire fortement leurs importations pour soutenir les cours et éviter un engorgement du marché en novembre. Ces replis à l’importation, qui ont coïncidé avec des retards de navires, n’ont eu aucun effet sur la demande et sur les ventes car, fin novembre, les lots de resserre écoulés à des prix de dégagement étaient conséquents. Il a donc fallu attendre le week-end de Noël pour voir le marché de l’ananas s’animer. Les ventes ont été un peu plus actives, mais cela s’est fait au détriment des cours qui sont restés très bas. Il est vrai que la dis-ponibilité sur les marchés de gros de lots de resserre proposés à bas prix n’a pas favorisé la mise en marché des lots d’arrivage. Si la de-mande en provenance d’Europe de l’Est a également semblé plus active, les opérateurs ont dû consentir de sérieuses baisses de prix pour y écouler les volumes en leur possession. Les prix au cours de cette période ont fluctué entre 5.00 et 9.00/colis selon les calibres.

Des semaines 2 à 17 de 2018, les prix de vente ont, semble-t-il, été meilleurs malgré une demande toujours aussi morose. Les nom-breux retards de navires, pour cause de tempêtes, ont permis de sou-lager un peu la pression sur les marchés. L’offre costaricienne a éga-lement été plus réduite en raison de températures basses en zones de production. Malgré des ventes toujours calmes sur les marchés de gros, le marché de l’ananas a été plutôt bien orienté avec un léger raffermissement des cours. L’offre globale est restée légèrement in-férieure à la demande en février et mars, et les retards de navires ont continué à perturber l’approvisionnement. Fin mars, les opérateurs ont réalisé que l’offre costaricienne de Sweet resterait basse pour Pâques, alors qu’elle était pourtant annoncée en progression. On a assisté, de ce fait, à un net raffermissement de la demande, notam-ment pour les calibres 7, 8 et 9 plus recherchés mais moins dispo-nibles. En avril, la situation a de nouveau commencé à se tendre. La demande s’est progressivement tassée, sans pour autant entraîner une chute des cours car l’offre restait fortement perturbée par les nombreux retards de navires. Ce sont encore une fois les opérateurs qui ont des partenariats avec la grande distribution qui s’en sont le mieux sortis. Ceux qui étaient en dehors de ces circuits ont dû forte-ment agir sur le levier prix pour éviter la constitution de stocks, d’au-tant plus que l’offre costaricienne était annoncée à la hausse pour la fin du mois en raison d’une floraison naturelle précoce

Thierry Paqui, consultant [email protected]

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Ananas bateau Sweet du Costa Rica - Belgique Prix import (en euros/colis / source : Thierry Paqui)

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Ananas bateau Sweet du Costa Rica - Pays-BasPrix import (en euros/colis / source : Thierry Paqui)

© Denis Loeillet

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LE POINT SUR...

Juin/Juillet 2018 n°257

Est-ce la fin du règne du Cayenne sur le marché de l’ananas avion ?

Ananas par avion

Il semblerait que les nombreux et trop fréquents soucis de qualité de l’offre africaine de Cayenne aient fini par non seulement accroître le désin-térêt des acheteurs pour le fruit, mais égale-ment paver une voie royale aux exportations de Sweet par avion. Les opérateurs n’hésitent plus maintenant à mettre en avant le MD-2 par avion car ce dernier remplit toutes les condi-tions de qualité, de fiabilité que des acheteurs sont en droit d’attendre d’un produit de niche.

Au regard des volumes d’ananas absorbés par le marché européen, l’offre acheminée par avion reste un marché de niche assez étroit (moins de 0.5 % des volumes d’ananas importés par bateau). Ce marché de niche était jusque-là dominé par la variété Cayenne lisse, principalement exportée par des origines africaines (Bénin, Cameroun, Ghana et Guinée). Puis, il a dû s’habituer à la présence de plus en plus forte du Pain de sucre, dont l’offre en prove-nance du Bénin, du Ghana et du Togo a progressivement grignoté des parts de marché au Cayenne.

La réorganisation de la physionomie du marché de l’ananas avion ne semble pas terminée puisque l’offre de Sweet, qui jusqu’à présent n’y faisait que quelques incur-sions, semble maintenant vouloir s’y implanter de ma-nière plus régulière. Les nombreux soucis de qualité et le manque de fiabilité de l’offre africaine ont permis aux professionnels d’Amérique centrale (Costa Rica, Cuba, Panama, République dominicaine) de mettre en avant des produits standardisés bien emballés qui, eux aussi, gagnent progressivement des parts de marché au détri-ment du Cayenne, qui semble souffrir d’une désaffecta-tion croissante de la part des acheteurs. L’Afrique n’est pas en reste sur ce créneau avec le Ghana qui essaye égale-ment de se positionner.

© Denis Loeillet

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LE POINT SUR...

Juin/Juillet 2018 n°257

C’est leur professionnalisme qui a permis aux opéra-teurs d’Amérique centrale d’explorer et de rentabiliser une offre aérienne malgré les coûts de fret élevés. Elle reste pour l’instant assez limitée, représentant une niche dans la niche. Les opérateurs qui importent du Sweet d’Amérique centrale sont conscients que le prix de re-vente de ces fruits contribue à en limiter l’accès au plus grand nombre. Les producteurs africains de Cayenne et de Pain de sucre devraient saisir cette opportunité pour s’interroger sur les attentes de leurs clients en termes de qualité, de fiabilité et de packaging s’ils veulent conser-ver et préserver leurs parts de marché.

De la semaine 40 de 2017 à la semaine 17 de 2018, la demande a souvent été faible et l’offre africaine assez irrégulière en termes de qualité. Tout au long des mois d’octobre et novembre, la demande a été léthargique, les congés scolaires d’automne n’ayant pas contribué à améliorer les conditions de marché. Confrontés à une demande assez irrégulière, les opérateurs ont sou-vent eu du mal à écouler les fruits en leur possession. Plusieurs lots ont été vendus sur la base des prix après vente (PAV). Afin de soulager le marché, plusieurs opé-rateurs ont fait le choix de réduire considérablement leurs importations d’ananas. Malheureusement, malgré ces baisses de volumes, les ventes sont restées faibles. Il est vrai que l’hétérogénéité de qualité proposée par certaines marques du Bénin et du Cameroun n’était pas de nature à améliorer la demande.

Malgré une demande toujours atone en décembre, les opérateurs ont néanmoins pu écouler leurs stocks, grâce notamment aux opérations de promotion mises en place. L’augmentation habituelle de l’offre à deux semaines de Noël a, cependant, failli mal se passer. En effet, ce n’est qu’à la veille de Noël que la demande s’est manifestée. Mais si elle a été tardive, elle a quand même été très dynamique et a permis d’absorber la quasi-tota-lité des fruits disponibles et ce à des cours assez soute-nus. Pour les opérateurs, le déclenchement de plus en plus tardif des achats festifs complique un peu plus la gestion de ces afflux de fruits à Noël, car ils ne peuvent pas prendre le risque de réduire leurs importations à cette période.

Pendant les fêtes de fin d’année, la demande pour le Pain de sucre a été plus soutenue. L’offre reste scindée entre des fruits jaune-orangé et des fruits verts. L’offre colorée du Ghana et du Togo a su profiter de la faiblesse de l’offre globale béninoise pour mieux se valoriser. La présence concomitante de ces deux offres (colorée et verte) continue d’entretenir une confusion auprès de la clientèle qui semble préférer les fruits colorés.

Anticipant une baisse de la demande après les fêtes, les opérateurs ont considérablement réduit leurs importa-tions au cours des deux premiers mois de l’année 2018. Malgré cela, les ventes sont restées assez calmes.

Dès le début de l’année, on a observé une désaffection progressive des acheteurs pour le Cayenne qui pré-sentait souvent des défauts de qualité (évolution ra-pide, taches internes). La demande s’est alors tournée vers l’offre de Pain de sucre et de Sweet. Ce sont sur-tout les ventes de Pain de sucre qui en ont le plus tiré profit. Compte tenu du désintérêt croissant à l’égard du Cayenne, plusieurs opérateurs du marché de gros s’in-terrogent sur l’intérêt de continuer à importer ce fruit ou du moins à en importer autant de volumes.

A Pâques, la demande n’a pas été aussi soutenue que l’espéraient les opérateurs, le manque de coloration des fruits n’ayant pas non plus aidé à améliorer la demande. Les ventes de Pain de sucre ont, en revanche, été plus régulières avec une meilleure valorisation des fruits co-lorés par rapport aux fruits verts des trois origines ap-provisionnant le marché.

L’offre de Sweet, qui complète celles de Cayenne et de Pain de sucre, est restée limitée mais s’est vendue à des prix stables qui ont fluctué entre 2.20 et 2.40 euros/kg, avec quelques pointes à 2.50 euros/kg à des moments où l’offre était plus faible que d’habitude. La qualité et la présentation de l’offre de Sweet d’Amérique centrale tendent à fidéliser de plus en plus d’acheteurs qui sont, semble-t-il, prêts à payer un supplément pour des pro-duits de qualité fiable

Thierry Paqui, consultant [email protected]

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Ananas Pain de sucre par avion - France - Prix import(en euros/kg / source : Thierry Paqui)

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Ananas avion - France - Prix import(en euros/kg / source : Thierry Paqui)

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LE POINT SUR...

n°257 Juin/Juillet 2018

Ananas du Bénin Un retour pas si gagnant que ça...Devant la difficulté des producteurs d’ananas du Bénin à respecter les taux de résidus d’éthéphon sur Pain de sucre, les autorités béninoises ont pris la décision d’in-terdire toutes les exportations d’ananas colorés. Cette interdiction, qui a duré presque neuf mois, a pris fin en août 2017. Malheureusement, si les problèmes de rési-dus ont été résolus, les procédures mises en place pour le contrôle des exportations semblent aujourd’hui créer de nouveaux problèmes qui, petit à petit, semblent mettre hors-jeu les ananas du Bénin.

La décision des autorités béninoises d’interdire les ex-portations d’ananas colorés avait, à n’en pas douter, pris de court les opérateurs. Aussi louable fut-elle, cette décision est restée, pour bon nombre de personnes, in-compréhensible à plus d’un titre. En effet, elle n’opérait pas de distinction entre exportations de Cayenne et de Pain de sucre. Or, si pour le Cayenne il existe un itinéraire technique permettant des applications d’éthéphon sans risques, ce n’était pas le cas pour le Pain de sucre à ce moment-là. D’autre part, cette décision prise unilaté-ralement négligeait l’environnement très concurrentiel d’un marché de niche tel que celui de l’ananas avion. Elle ne tenait pas non plus compte du fait que certains opérateurs béninois étaient soutenus par leurs impor-tateurs qui, eux, faisaient également des tests avant la mise en marché des fruits.

L’interdiction d’exporter des ananas colorés aura eu, certes, quelques impacts positifs sur l’organisation et la structuration de la filière ananas du Bénin, sur l’allo-cation de fonds au développement de la filière et à la professionnalisation des opérateurs. En effet, certains opérateurs ont pu ainsi accéder à des certifications (GlobalGap, bio).

Profitant du salon Fruit Logistica de 2018, la filière bé-ninoise a communiqué et expliqué tous les travaux qu’elle avait accomplis en neuf mois afin d’assurer que ses exportations d’ananas ne dépassent plus les taux d’éthéphon fixés par la législation européenne. Le dis-positif central mis en place au Bénin pour contrôler les résidus d’éthéphon repose sur l’Agence béninoise de sé-curité sanitaire des aliments (ABSSA). Le communiqué officiel mettant fin à l’interdiction d’exporter des ananas colorés précise que « tous les lots destinés à l’export de-vront être accompagnés d’un cachet officiel de valida-tion de l’ABSSA ».

Si, à la reprise des exportations, l’ABSSA avait semblé en mesure de suivre le rythme, elle paraît aujourd’hui lar-gement dépassée par le nombre d’exportations et d’ex-portateurs à contrôler, au point qu’on en arrive à expor-ter des Cayenne pas colorés ou en état de surmaturité. Plusieurs lots ont ainsi été rejetés par des acheteurs eu-ropéens pour cause de surmaturité, ce qui, au fil de ces derniers mois, a accru la défiance à l’égard du Cayenne du Bénin. L’offre béninoise aujourd’hui ne souffre plus de dépassements de LMR, mais elle connaît de sérieux défauts de qualité. En effet, les analyses faites par l’ABS-SA prennent trop de temps et, une fois les lots validés, ils sont déjà à un stade de développement avancé. Les producteurs d’ananas du Bénin semblent vraiment tomber de Charybde en Scylla.

Cette situation complique à n’en pas douter la recon-quête de parts de marché, déjà compromise par la pré-sence de lots de Sweet d’origines diverses et par l’attrait de plus en plus fort exercé par le Pain de sucre.

On arrive là aux limites de ce que les autorités pu-bliques peuvent faire pour aider les entreprises privées. Les contrôles de l’ABSSA sont une bonne chose, mais il appartient d’abord aux professionnels de comprendre qu’il y va de leur intérêt de mieux travailler leurs pro-duits. Il semble plus que jamais nécessaire aujourd’hui pour la filière ananas du Bénin de vraiment se profes-sionnaliser et de mieux appliquer les itinéraires tech-niques afin de soulager l’ABSSA, sinon son objectif de reconquérir les parts de marché perdues et même de les accroître restera un vœu pieu.

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LE POINT SUR...

Juin/Juillet 2018 n°257

De bonnes sensations pour l’été

Kiwi de l’hémisphère Sud

La dynamique imprimée ces dernières années avec l’avènement des kiwis jaunes commence à porter ses fruits, soutenue par les grandes cam-pagnes marketing à l’initiative des producteurs néo-zélandais, qui devraient accompagner le dé-veloppement attendu pour les années à venir.

© Vanessa Ringler

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LE POINT SUR...

Juin/Juillet 2018 n°257

Du Sun !L’année 2017 a déjà bien confirmé la bonne tendance, même si les potentiels, notamment pour la Nouvelle-Zélande, ont été un peu tronqués par les conditions climatiques. Le PSA est toujours présent, que ce soit au Chili ou en Nouvelle-Zélande, mais les mesures prises réduisent sensiblement l’impact sur les rende-ments. Ainsi, après une campagne 2016 du kiwi jaune déjà en forte croissance, 2017 a été la deuxième plus importante saison en volumes dans l’histoire du kiwi néo-zélandais. Les volumes de Sungold de Zespri ont doublé depuis 2010, atteignant 52 millions de cartons en 2017. Et la tendance devrait se poursuivre. Zespri annonce, en effet, une hausse de 36 % des tonnages de Sungold d’ici 2020. Le potentiel global a toutefois été modeste l’an dernier, avec un déficit de production important en Green (- 25 % par rapport à 2016) dont les surfaces sont, par ailleurs, stables.

Le marché devrait continuer à se diversifier. Le plan de recherche conduit par Zespri, en collaboration avec Plant & Food Research, est l’un des plus importants au monde avec 70 000 variétés testées, dont notam-ment des kiwis à chair rouge. Cette croissance devra s’accompagner d’un développement du portefeuille de clientèle. Les envois sont déjà en augmentation vers l’Asie du Sud-Est, en particulier vers le Japon (plus de 100 000 t) et la Chine (93 000 t), mais stagnent en-core à destination des autres pays de la zone, y com-pris Taïwan (39  000 t). Il n’y a pas non plus de réelle progression vers les États-Unis (moins de 20 000 t), les pays du Moyen-Orient (3 700 t) ou la Russie (moins de 1 000 t). C’est surtout l’Europe qui absorbe une bonne part des volumes exportés. Les potentialités de crois-sance vers cette destination sont encore fortes, notam-ment en Sungold, même si le déficit en Green a mas-qué l’an dernier la bonne performance sur ce segment (155 500 t toutes variétés confondues, soit - 14 % par rapport à 2016). La demande est, en effet, très récep-tive au Sungold, soutenue par les grandes campagnes promotionnelles de Zespri et par une présence désor-mais douze mois sur douze grâce aux plantations en Europe, notamment en Italie et en France (11 millions de cartons de Sungold et 6.5 millions de cartons de Green en 2017-18).

Kiwi – Hémisphère Sud – Exportations en 2016en tonnes Total Nelle-Zélande Chili

UE-28 232 925 181 768 51 078 Asie 306 266 267 054 39 212 Pacifique 15 334 15 334 -A. latine 46 255 4 139 42 116 USA 46 872 19 046 27 826 Russie 13 673 927 12 746 Moyen-Orient 10 685 3 647 7 038 Autres 29 006 29 085 -

Total 701 016 521 000 180 016 Sources : STAT NZ, ODEPA/ASOEX, Eurostat

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Kiwi - Hémisphère Sud - Exportations totales(en 000 tonnes / sources : STAT NZ, ODEPA)

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LE POINT SUR...

n°257 Juin/Juillet 2018

Du Sweet !Les résultats ont également été positifs pour les opé-rateurs chiliens en 2017, avec une campagne précoce d’une quinzaine de jours qui s’est soldée par un bon ni-veau global d’exportation (175 000 t, soit - 2 % par rap-port à 2016) et par une belle rémunération sur le mar-ché européen du fait du déficit néo-zélandais (55 000 t, soit + 7 %). Les résultats ont été plus mitigés vers les autres destinations, notamment vers l’Asie du Sud-Est (33 500 t, soit - 13 %) où les prix ont été plus faibles que les années antérieures. Les volumes ont également été en baisse vers l’Amérique latine (36 500 t, soit - 13 %) et le Moyen-Orient (6 500 t, soit - 7 %).

L’assortiment chilien s’est diversifié ces dernières an-nées avec les variétés Soreli, Jintao et Summerkiwi. Cependant, les volumes exportés restent modestes et le Hayward domine toujours (97 %). Le Comité chilien du kiwi s’attache pour l’instant surtout à accroître la notoriété de l’origine sur les marchés export. Les opé-rateurs ont cette année décidé de réviser les normes afin de relever et d’harmoniser le niveau qualitatif de la production. Il a notamment défini des règles plus strictes pour l’exportation des kiwis chiliens, qui de-vront dès cette campagne respecter un taux de sucre moyen de 5.8°Brix avec un minimum de 5°Brix, ainsi qu’un taux de matière sèche de 16  % avec un mini-mum de 14.5 %.

Et du fun ! La campagne 2018 s’annonce sous de très bons aus-pices. La saison a plutôt bien démarré avec un marché particulièrement dégagé du fait d’une fin de saison européenne précoce, laissant une petite fenêtre d’op-portunités dès fin avril au Chili avant l’arrivée des kiwis néo-zélandais. Les premiers Sungold de Nouvelle-Zélande sont arrivés début mai, suivis vers mi-mai des premiers lots de Green. Les volumes sont également au rendez-vous pour ces deux origines. Zespri annon-çait ainsi une production record cette année en Green comme en Sungold, avec des vergers arrivant à pleine maturité et plein rendement. De même, les prévisions de campagne du Comité chilien du kiwi étaient opti-mistes, tablant sur un total d’environ 174 000 tonnes de kiwi vert (+  2  % par rapport à 2017) et 6  000 t d’autres variétés (+ 49 %). Une grande campagne mar-keting, axée autour du thème « Faites-vous plaisir », ponctuée de nombreuses actions, devraient accom-pagner la commercialisation des kiwis Zespri

Cécilia Céleyrette, consultante [email protected]

© ZESPRI

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LE POINT SUR...

Juin/Juillet 2018 n°257

Premiers éléments de récolte 2018

Fruits à noyau européens

Les prévisions de la récolte euro-péenne de fruits à noyau ont été dévoilées lors du récent salon de l’EuroMéditerranée (Medfel), qui s’est déroulé à Perpignan du 24 au 26 avril dernier et lors de la jour-née du 24 mai organisée à Lérida par Afrucat. Les premiers éléments ont confirmé les pertes de produc-tion en variétés précoces, que ce soit en pêches et nectarines ou en abricots. La production d’abricot était ainsi déjà annoncée fin avril d’un niveau inférieur à celui de l’année record 2017 avec un total de 558 000 t (- 18 % par rapport à 2017), mais dans la moyenne des années antérieures avec le déve-loppement des jeunes vergers. De même, la récolte devrait être proche de la moyenne en pêches et nectarines (3.67 millions de tonnes, soit - 8 % sur 2017 et + 1 % sur la moyenne des 3 dernières années), avec là aussi des pertes, surtout en variétés précoces. Elles seront néanmoins compensées par un bon niveau de production en Grèce, qui n’a pas subi de réels incidents climatiques contraire-ment aux autres pays européens.

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LE POINT SUR...

Juin/Juillet 2018 n°257

Pêche et nectarine – Union européenne – Evolution de la production des principaux pays producteurs

en tonnes Production 2018

Production 2018 comparée à

2017 Moyenne des 3 dernières années

Espagne  1 514 618 - 11 % + 16 %

Italie  1 146 844 - 16 % - 11 %

Grèce  810 000 + 19 % - 1 %

France  200 166 - 10 % - 5 %

Total   3 671 628 - 8 % + 1 %Source : Medfel / Elaboration : Infofruit

Pêche : des pertes en précoces dévoilées tardivementComme l’an dernier, la publication des chiffres a été décalée, plusieurs pays dont l’Espagne et l’Ita-lie estimant avoir encore trop peu d’éléments fin avril pour une prévision de campagne réaliste en pêches et nectarines. Ceux-ci ont donc officielle-ment été annoncés fin mai lors d’une réunion du comité européen, qui a par ailleurs entériné le dé-calage de la prévision pour les pêches après le 15 mai, et ce dès 2019, dans le pays qui accueillera la réunion annuelle. En revanche, la prévision pour l’abricot sera toujours présentée fin avril lors du salon du Medfel à Perpignan.

La réunion de fin mai a permis d’évaluer plus préci-sément la baisse de production liée aux gelées de fin février/début mars, qui ont affecté les variétés précoces en Espagne, en Italie et en France. Le dé-ficit serait surtout sensible en Italie où les volumes baisseraient globalement de 16 % (1.14 million de tonnes), avec un impact un peu plus marqué pour les régions du sud (- 17 %) ou même du centre, y compris l’Emilie-Romagne (- 15 à - 16 %), que pour celles du nord (- 10 %). A noter que les sur-faces sont plutôt en croissance dans la moitié sud du pays et s’effriteraient dans la moitié nord avec la baisse des exportations. Le repli est également notable en Espagne (- 11 %, soit 1.51 million de tonnes) en raison de pertes sensibles dans la ré-gion de Valence (- 28 %) et surtout en Catalogne (- 17 %). En France, les dégâts sont assez répartis dans toutes les régions (- 10 %, soit 200 166 t), avec toujours une baisse régulière des surfaces compte tenu de la concurrence européenne. Seule la Grèce afficherait cette année une forte récolte qui, sans être historique, s’annonce comme la deuxième plus grosse du pays (810 000 t, soit + 19 %, contre 1.10 million de tonnes en 2016) en l’absence d’in-cidents climatiques.

La saison pourrait donc être assez concurrentielle à l’échelon européen, avec des pertes essentielle-ment en début de saison en variétés précoces et une forte pression de l’offre en Europe de l’Est et centrale, d’autant que la Russie maintient toujours son veto d’importation à l’encontre de l’Europe. La baisse de production en Catalogne pourrait toute-fois alléger un peu le marché en juillet/août.

3 383 3 3383 606

3 9703 672

2014

2015

2016

2017

2018

Pêche - Europe - Production(en 000 tonnes / source : Medfel)

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LE POINT SUR...

n°257 Juin/Juillet 2018

Abricot : petit repli conjoncturelLa récolte d’abricot devrait être dans la moyenne des trois dernières années (558 000 t), après une année 2017 record (680 000 t). Elle sera caracté-risée par des pertes essentiellement sur les varié-tés de début de saison, même si certaines zones comme Murcie et d’autres ont, depuis les prévi-sions de fin avril, souffert d’orages de grêle tron-quant encore un peu plus le potentiel. L’Italie se-rait de loin le pays le plus touché avec une baisse des volumes de 33 % par rapport à 2017 à la suite des gelées de fin février/début mars. Il faut souli-gner le développement de la production italienne d’abricot ces dernières années avec la conversion du verger, principalement dans le sud du pays, avec des variétés modernes plutôt colorées qui allongent le calendrier de production. La baisse sera également assez marquée en France (- 14 %) avec des pertes dans toutes les régions, comme en pêches. De même, la Grèce annonce un repli pour cette espèce, contrairement à la pêche (- 12 %). De leur côté, les producteurs espagnols prévoyaient un bon niveau de récolte fin avril, en dépit des pertes liées au froid (+ 9 % par rapport à 2017) et suite aux reconversions, notamment sur Murcie, de la pêche vers l’abricot ces dernières années

Cécilia Céleyrette, consultante [email protected]

Abricot – Union européenne – Évolution de la production des principaux pays producteurs

en tonnes Production 2018

Production 2018 comparée à

2017 Moyenne des 3 dernières années

Italie  201 138 - 33 % - 14%

France 134 448 - 14 % - 4 %

Espagne 142 709 + 9 % + 18 %

Grèce 79 800 - 12 % + 36 %

Total   558 095 - 18 % 0 %Source : Medfel / Elaboration : Infofruit

529 499 489

680

558

2014

2015

2016

2017

2018

Abricot - Europe - Production(en 000 tonnes / source : Medfel)

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FICHE PAYS PRODUCTEUR

Juin/Juillet 2018 n°257

Bien que la Turquie soit très reconnue pour sa production d’agrumes, la cerise est également l’un de ses fruits emblématiques. Cultivée dans ce pays depuis au moins l’époque romaine, la cerise a essaimé dans de nombreuses zones faisant de cette origine le premier pays producteur devant les États-Unis. Et même si cette production a été longtemps destinée au marché local, les exportateurs turcs ont hissé leur pays au deuxième rang mondial des exportations derrière le Chili. Les plantations semblent désormais ralentir, mais les envois devraient s’intensifier avec l’amélioration progressive des pratiques agricoles (augmentation des rendements, amélioration du niveau qualitatif, diminution des pertes après récolte) et grâce aux accords commerciaux signés qui devraient ouvrir de nouveaux débouchés à la cerise turque.

par Cécilia Céleyrette

La cerise en TurquieF

© Igor Trepeshchenok - barnimages

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Le marché de la banane,et bien plus, en un seul ouvrageLes ressorts et les grandes tendances du commerce bananier mondial

17 fiches détaillées sur les principaux pays producteurs et exportateurs

10 fiches sur les principaux marchés mondiaux d’importation

Les fondamentaux de l’agronomie et du post-récolte

et aussi toutes les statistiques indispensables, l’histoire du commerce mondial, etc.

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Les conteneurs ou les palettes sont transportés par

camions jusqu’au port d’Abidjan. Les routes d’accès

aux plantations sont pour la plupart goudronnées et

d’un état correct, à l’exception de quelques sites à l’ex-

trême sud-est du pays où subsistent encore des pistes

latéritiques. Le port d’Abidjan fonctionne convenable-

ment. L’offre de fret maritime, condition importante

d’accès au marché, s’est nettement concentrée, no-

tamment depuis que la synergie avec la filière ananas,

qui se marginalise, n’exerce plus un rôle aussi déter-

minant. Plus des deux tiers des volumes destinés à

l’Europe sont exportés via les navires conventionnels

d’AEL. Le quai fruitier est équipé de chambres froides.

La flotte d’AEL (douze navires) réalise des rotations sur

deux routes maritimes : Abidjan/Europe du Nord, en 10 à 11 jours : Abidjan,

Dakar, Portsmouth et Anvers ; Abidjan/Europe du Sud, en 9 à 11 jours : Abidjan,

Dakar, Port Vendres, Vado. Le reste des volumes est expédié en conteneurs

réfrigérés sur les lignes maritimes généralistes.

L’augmentation attendue de la production et donc

des exportations pourrait changer la situation par une

diversification de l’offre de transport maritime, faisant

ainsi baisser les taux de fret.

Mesures d’Accompagnement Banane (MAB)Le montant des MAB s’élève à 44.75 millions d’euros et le

premier versement a eu lieu au 1er trimestre 2014. Malgré

la mise en œuvre tardive et lente de ce programme, ses im-

pacts sont d’ores et déjà visibles. Les principaux axes d’ac-

tion retenus sont les suivants : amélioration de la compétitivité des plantations exis-

tantes et extensions ; création de blocs de plantations villageoises et appui à

ces blocs ; développement des marchés locaux et sous-régionaux ;

poursuite de l’amélioration des conditions de vie des

travailleurs et amélioration de l’environnement.

Logi tiqiLogistiqueLogistLogisLogistogistLogistLogistLogistLogistLogistLogistLogistLogistLogistLogistLogistLogistLogistLogistLogistLogogisisgistogistogistogistLogistgg iquequeiqueiqueiquiqueiqueiquiqueiqueiqueiqueiqueiquiqueiqueiquequiqueiquiqueiququequeeiqqueu

BANANE — CÔTE D'IVOIRE — FRET MARITIME

Port de départ Port d'arrivée Temps de transport

Abidjan vers Europe du NordDakar, Portsmouth, Anvers 10-11 jours

Abidjan vers Europe du SudDakar, Port Vendres, Vado 9-11 jours

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UE-28Afrique de l'OuestAutres

Banane - Côte d'IvoireExportations par destination(000 tonnes / Sources : Eurostat, Comtrade)

Belgique34%

France47%

UK16%

Autres3%

Banane - Côte d'Ivoire - Importations de l'UEpar Etat membre (2015 / Source : Eurostat)

© Jean-Marc Deboin

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2005

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Fiche pays producteur : la banane en Côte d’Ivoire

La banane joue un rôle important dans l’économie ivoirienne et

est une des principales cultures d’exportation. Elle représente en-

viron 8 % du PIB agricole et 2 à 3 % du PIB national, fournissant

près de 8 500 emplois directs et le double pour les emplois in-

duits. Depuis le début des années 2000, la Côte d’Ivoire exporte

entre 320 000 et 340 000 t de banane par an (y compris le plantain

qui représente des volumes limités). Environ 85 % des exporta-

tions sont destinées à l’Union européenne, marché historique où

son statut d’ACP lui permet de bénéficier depuis 2008 d’un droit

de douane nul sans limitation de volume. Les points d’entrée sont

principalement la France (Port Vendres qui dessert le sud de l’Eu-

rope), la Belgique et le Royaume-Uni (Anvers et Portsmouth qui

desservent le nord de l’Europe). Le reste des volumes est princi-

palement orienté vers la sous-région ouest-africaine (pays de la

CEDEAO) et dans une moindre mesure vers le Bassin méditerra-

néen. Les écarts de triage sont destinés au marché local, qui est

de plus en plus demandeur mais aussi de plus en plus exigeant

(hausse du niveau de vie et implantation de petits mûrisseurs

ivoiriens et de distributeurs européens, à Abidjan notamment).

Ces quantités représentent environ 10 % de la production.

Le secteur bananier est concentré autour de six

opérateurs.

Le groupe SCB, filiale de la Compagnie Fruitière,

dispose de plus de la moitié des plantations du

pays, qui représentent plus de 4  000 ha, compo-

sés principalement de ses propres exploitations et

de celles de quelques planteurs associés. Il intègre

la production mais aussi la logistique (compagnie

maritime Africa Express Line - AEL), le mûrissage

et la commercialisation en aval. Il exporte à lui

seul près des deux tiers de la production du pays

(marque principale : SCB).

Le groupe français Canavese, au travers de la socié-

té Consulting & Développement Agricole (regrou-

pant cinq sociétés de production de droit ivoirien)

et de la SCAB (société d’exportation commerciali-

sant aussi les fruits de producteurs associés), dé-

tient 1  600 ha de bananeraie. Le groupe est à la

tête de 60 000 t en production propre, auxquelles

on peut ajouter 15 000 à 20 000 t de producteurs

affiliés. Le groupe Canavese maîtrise la commer-

cialisation en Europe et le mûrissage en France

(marque Kini).

Le groupe belge SIPEF détient 100 % de Plantations

J. Eglin SA, qui est à la tête de trois plantations à

Azaguié, Agboville et Motobé. La production en

2015 a été de 25 000 t sur une superficie de 570

ha plantés (marque Comoé). Un projet d’extension

est en cours sur Azaguié, qui conduira à passer à

768 ha fin 2017, puis à plus de 900 ha d’ici 2020.

La coopérative CFA regroupe des producteurs in-

dépendants, dont la société SPDCIE/BATIA qui

produit à Dabou (environ 300 ha plantés et non

plantés) et à Tiassalé (500 ha plantés et non plan-

tés). Les fruits sont principalement commercialisés

sous la marque Wanita.

Deux nouveaux acteurs d’origine antillaise sont

apparus récemment : BANACI détenu par le

groupe martiniquais Paillade (250 ha et en déve-

loppement) et SIAPA à capitaux guadeloupéens

(quelques 200 ha).

Tous les opérateurs, traditionnels comme nouveaux

arrivants, participent à l’augmentation des super-

ficies. D’autres opérateurs étrangers s’installent ac-

tuellement ou projettent de s’établir à court terme.

Les producteurs sont membres de deux organisa-

tions professionnelles reconnues par l’État ivoirien :

l’OCAB créée en 1991 et l’OBAM-CI fondée en 2009.

Les plantations et stations de conditionnement ont

des standards répondant aux différentes normes

et certifications introduites à partir des années

2000, à savoir Globalgap, ISO 14001, Tesco Nature’s

Choice, certification biologique ou encore Rainforest

Alliance. La certification Commerce équitable pro-

gresse très sensiblement, notamment chez les pro-

ducteurs traditionnels. Enfin, on note une initiative,

pour l’instant très limitée, dans le domaine de la ba-

nane biologique.

OrganiOtioni

OrganisationOrganiOrganiOrganiOrganiOrganiOrganiOrganiOrganiOrganiOrganiOrganiOrganiOrganigaOrganiOrganiOrganigarganOrganiOrganiOrganiOrganiOrganiOrganrOrgargOrganiOrganigg sationsationsationasationationsationsationsationsationsationsationisationsationsationationsationtionsationationationsationsationsationationssasation

ExportEE tiiExportationsExportExportExportExportExportExportExportExportExportExportExportExportExportExportExportExportportExportxportExportExportExportExportExportExportor ationsationsationsationsationationationsationsaationsationationsationsationsationationsationsationsationsationationstionationsationsationso saatio

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Banane - Côte d'Ivoire - Exportations

(000 tonnes / Source : Comtrade, Eurostat)

© Jean-Marc Deboin

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qui fait le plus défaut actuellement. Les investissements réa-lisés par les producteurs depuis les années 1990, puis la mise en place du programme d’aide européen (Aides Techniques et Financières, puis plus récemment MAB), ont permis d’amé-liorer les moyens de production individuels et collectifs. Un accent particulier a également été porté sur l’amélioration du cadre de vie des travailleurs et sur la préservation de l’environnement.

Les surfaces en culture étaient estimées à 7 300 ha en 2015. De très nombreux projets ont vu le jour ou sont programmés. Si ceux actuellement connus vont jusqu’à leur terme, la bana-neraie pourrait compter plus de 12 000 ha. Ce chiffre est tou-tefois à relativiser car on sait qu’il y a toujours un écart, parfois important, entre l’intention et la réalisation effective. En effet, il faut trouver des terres, de la main d’œuvre compétente, des capacités maritimes régulières et à prix raisonnable, régler les problèmes agronomiques, envisager les effets du change-ment climatique, etc.

Fiche pays producteur : la banane en Côte d’Ivoire

ProductionProductProducProductProducPProducProductProductProductProducProducProductProducPProductProductProductProductProducProductProductProProductProducroduProProductProductProductc ionionionionioniioiononiononionoonionioniononoonionionononionionionDans l’ensemble, la technicité de la production est bonne, sur-tout dans les larges plantations industrielles. Les rendements sont performants pour le conventionnel (de 30 t/ha en 1994 à 50 t/ha en moyenne, variant de 25 à 60 t/ha selon les localisa-tions et les investissements), mais la tendance est baissière du fait d’un parasitisme tellurique qui augmente. Des tentatives sont actuellement menées en conduite bio. Les premiers ré-sultats en termes de productivité sont encourageants.

La gestion sanitaire est devenue de plus en plus complexe à partir du début des années 1990 du fait de l’apparition de la cercosporiose noire dans l’est du pays, qui s’est rapidement propagée et qui a pris progressivement le pas sur la cercos-poriose jaune. Récemment, la pression de la maladie a for-tement augmenté en raison d’une résistance croissante aux produits de traitement utilisés. La gestion préventive tradi-tionnelle de la maladie, de 12 à 17 traitements aériens en moyenne par an, a laissé place au recours systématique à des produits de contact allant jusqu’à 40 traitements par an dans certaines plantations. Cette pratique, qui n’est pas encore généralisée, est de plus en plus utilisée avec comme risque l’apparition de résistances. Le parasitisme est principalement constitué de nématodes et de charançons. L’introduction pro-gressive de vitroplants à partir des années 1990 a permis un certain degré d’assainissement des terres avant replantation. Pourtant, la situation sanitaire des sols reste préoccupante, en particulier au regard du charançon. En effet, les tech-niques de jachère actuellement utilisées (avec du Tithonia comme plante de couverture) ne permettent pas d’éliminer de manière satisfaisante les vieilles souches qui deviennent des réservoirs à parasites. Dans ces conditions, la replantation s’avère nécessaire tous les cinq à six ans.

Le secteur fait preuve d’une forte dynamique de croissance, qui s’est encore accélérée ces dernières années. Mais des ten-sions sur le marché du travail apparaissent, notamment en période de pic de production. C’est la main d’œuvre qualifiée

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Banane - Côte d'Ivoire - Production(000 tonnes / Source : FAO)

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La culture commerciale de la banane en Côte d’Ivoire s’est dé-veloppée tardivement par rapport à la Guinée et surtout au Cameroun. Les exportations, limitées à quelques tentatives à par-tir des années 1930, ne se sont réellement développées qu’après 1958, à la suite de l’installation dans la vallée de l’Agnéby des co-lons producteurs de Guinée Conakry qui émigrèrent précipitam-ment lors de l’indépendance du pays. De 1963 à 1980, le niveau de la production est monté en flèche, atteignant un premier re-cord dès 1972 avec 160 000 t. Pourtant, la place de la Côte d’Ivoire sur la scène internationale s’est dégradée, les exportations sta-gnant de 120 000 à 140 000 t dans les années 1970, régressant encore dans les années 1980 entre 80 000 et 100 000 t. Différents facteurs expliquent cet affaiblissement : les ravages de la cercos-poriose jaune qui ont entraîné une reconversion variétale (Petite Naine vers Poyo), une succession d’années défavorables sur le plan climatique, ou encore un accès plus difficile au marché eu-ropéen (durcissement des normes d’emballage et concurrence croissante des origines américaines) sans qu’aucune alternative commerciale n’émerge. Ces évolutions ont conduit à la dispa-rition quasi totale des petites plantations, alors qu’auparavant on en comptait jusqu’à 750. Depuis 1989 et la libéralisation du secteur, l’expansion a repris sous l’impulsion d’organisations pro-fessionnelles comme l’OCAB (Organisation Centrale des produc-teurs exportateurs d’Ananas et de Bananes), créée en 1991. Elle a permis d’organiser les producteurs de tailles petite et moyenne, d’améliorer et de dynamiser la production, la qualité et la mise en marché, tout en défendant les intérêts des producteurs ivoiriens. La modification progressive du système d’accès préférentiel au marché de l’Union européenne (instauration puis suppression des quotas d’importation par origine ou type d’origine dans les années 2000) et sa libéralisation à partir de 2006 ont astreint la Côte d’Ivoire à améliorer sa compétitivité.

HistoriqueHistorHistorHistoHistorHistorHistorHistorHistorHistorHistorHistorHistorHistoriHistortHistorHistorHistoHistorHistorHistoHistoristoHistorHistoristorors o iqueiqueiqueiqueiqueqiqueiiquiqueiqueiqueiqueiqueiqueiquequeiqueiquequiqueiqueqiqueiqueuiquequ

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Banane - Côte d'IvoireImportations mensuelles de l'UE-28

(000 tonnes / Source : Eurostat)

© Thierry Lescot

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Les bananeraies se situent essentiellement dans un rayon de 200 à

250 km autour d’Abidjan, port de chargement et capitale économique

du pays. Cinq régions émergent au niveau national : Comoé (Comoé

Nord/Abengourou, Sud Comoé/Aboisso), les Lagunes (Dabou), l’Agné-

by (Agnéby-Tiassa/Tiassalé), les Lacs (Taabo) et la vallée du Bandama.

Si la région de la vallée d’Agnéby, dans les plaines tourbeuses et

inondables du Niéky, a été une des grandes zones de production, sa

contribution dans la production globale tend aujourd’hui à se réduire

en raison d’un manque d’entretien des infrastructures vieillissantes

(canaux, digues, etc.), entretien pourtant essentiel dans cette zone de

polders. Une extension massive de la production se réalise ainsi plutôt

vers les zones plus propices du nord-ouest d’Abidjan, vers Tiassalé et

Yamoussoukro (région des Lacs). Un projet d’envergure plus modeste,

à double vocation banane biologique/marchés local et régional, a

aussi été implanté récemment dans une zone pionnière plus sèche si-

tuée dans le nord du pays, le long de la rivière Bandama entre les villes

de Niakaramadougou et Tortiya (projet OBAM-CI de 500 ha, cofinancé

via les MAB, plantation BBSA « Bananière du Bandama »). A l’excep-

tion de ce projet, les plantations se situent en climat forestier tropical,

caractérisé par deux saisons des pluies. La plus longue et intense est

LLLocaLLocaliLocLLocalisLoLoocalisoocalisoooocalcalisccaliscccalicalalicalaaaala iisisssssaationaaaaaaaatioaaattaatiotionttttitioioiiiooooooooononnnnnnnLocalisLocaliLocalisocalislisisationtionaatiationtioniononnLLLoLoLLLLLocalioc liL liL liLL iiiLLLL tttiiiiiLocalisLocalLLocaLocalLocaliLocalLocaliLoLLoLocalisLocaoocaliLocalisLocalisocalisLLocalLocaliocaloLocalicaliscalisLocLocaliLocalialisooocalisocaliscaliLocaliLocalicLocalicalisllalisiLLocaLLLoLoccalisaocalisLLoooccalisca ssLLLooccala sssLooo ssssisssa issssssssssationatioationatitiationaatiatioationtioationationtiitioationationationaationatiotionttiiiioatioaationatioatatioatiatitioatioatioa ionatioioatioooooiontionationatiaaationat onnnnnnnatioaaaatioationtiottiioononnnnonaattitatioiootioationonnnnontionaaaaaattitioooononnnonaaatioa iioiooontiotiioooooonnonnnonnLocalisLocalisLocalisLocalisLocalisLocalisLocalLocalisLocalisLocalisLocaliLocalisLocalisocalisLocalisLocalisLocalisiscaocalLocaliocalisiocaliscalisLocalisocaliaLocalisi ationtionationationationationationationationationationationationationatiotionatioationatioationationationationatioatioationoon

centrée en juin, la plus courte est à son maximum en octobre. Entre les

deux a lieu une petite saison sèche faiblement ensoleillée. L’insolation

totale est de l’ordre de 1 600 à 1 800 heures par an. La pluviométrie,

très contrastée ces dernières années, est en moyenne de 1 400 mm/

an pour les parties les plus au nord de la zone de production et de

1 900 mm/an pour celles situées plus au sud et au sud-est. Cependant,

l’irrigation reste indispensable au moins huit mois sur douze et toutes

les plantations sont équipées. La température moyenne est de 26°C,

avec une faible amplitude journalière. La topographie est plane ou

à pente très réduite, permettant l’installation de cable-ways dans de

nombreux sites. Les vents peuvent être violents aux intersaisons, par-

ticulièrement en fin de grande saison sèche, sans pour autant impac-

ter gravement la production nationale. Les tornades, devenues de

plus en plus imprévisibles, peuvent être des entraves importantes.

On estime qu’elles entraînent des pertes de 5 à 10 % par an. Certains

sites plus exposés ont investi dans du haubanage aérien. Il est à noter

que les évènements climatiques tendent à être de plus en plus mar-

qués et moins saisonniers. Les sols sont de qualité variable, argileux,

gravillonnaires ou tourbeux. Une partie de la production se trouve

en situation de polders nécessitant un pompage quasi-permanent.

Ferkessédougou

Katiola

Bouna

Bongouanou

Agnibilékrou

Grand-BassamAdiaké

Sassandra

Adzopé

Grand-Lahou

Oumé

Yamoussoukro

Abidjan

Milo

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Cavall y Dube

Moa Sassandra

Sassandra B anda

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1208 m

1002 m

Mont Kopé424 m

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Korhogo

Odienné

Séguéla

BouakéBondoukou

San-Pédro

Bouaflé

Divo

Dimbokro

Abengourou

Agboville

Daloa

Man

Aboisso

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1 500 haSUD COMOÉ

800 haMOYEN COMOÉ

BANDAMA200 ha

CÔTE D’IVOIRE7 300 ha (2015)

2 800 haTIASSALÉ

2 000 haNIÉKY

AZAGUIÉ

0 km10050

LIBERIA

GUINEE

GHANA

BURKINA FASO

MALI

OCEAN ATLANTIQUE

Dabou

Tiassalé

Fiche pays producteur : la banane en Côte d’Ivoire

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Acteur historique du commerce bananier, la Côte d’Ivoire

partage avec le Cameroun la première place des pays afri-

cains exportateurs de banane, avec près de 300  000 tonnes

exportées en 2015, et est le 13e exportateur mondial. Depuis

la fin des troubles (2002-2011), les exportateurs ivoiriens

ont renoué avec la croissance, notamment vers l’UE, leur

cœur de marché. Ils ont également diversifié leurs débou-

chés vers les pays frontaliers. La stabilité politique retrou-

vée permet désormais au secteur d’investir. De nombreux

projets d’extension ou de création de nouvelles plantations

sont actuellement portés tant par les opérateurs tradition-

nels que par de nouveaux venus. Par ailleurs, en tant que

pays ACP, la Côte d’Ivoire bénéficie des aides européennes

au travers des Mesures d’Accompagnement Banane (MAB).

La baLa bLLLLL neLa baLa baLa baLa baLa banane nanenanenanenane enenenenenLa baLa baa baLa baLa baLa baLa baLa baLa baLa baLa baLa baLa baLa baa baa baa bLa baLa bLa baaLa baLa baLa baLa baaLa bananenanenanenanenanenanenanenanenanenanenanenanenanenananenanenanenanennanenanenanenanenanenanenanen eneneneneneneneennenenenneneneneneneneneneeneneneee

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Fiche pays producteur

Fiche pays producteur : la banane en Côte d’Ivoire© Jean-Marc Deboin

Janv

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017

n°5

fruitrop.com

Commerce

international

bananede la

le guide

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36

FICHE PAYS PRODUCTEUR

Juin/Juillet 2018 n°257

Cerise –

En Turquie, les cerisiers sont situés principale-ment dans la région égéenne (Izmir), la région de Marmara (Bursa) et jusqu’au centre de l’Anatolie (Konya). La province d’Izmir concentre ainsi en-viron 10 % de la production devant Afyon (9 %), Manisa (7  %) et Konya (7  %). Les zones d’Ispar-ta, Amasya et Bursa suivent avec 5  % de la ré-colte chacune. Viennent enfin les productions de Mersin et Denizli (4  % chacune). Des essais sont aussi menés dans diverses régions, notamment côtières (recherche de précocité/ prix élevés), mais le manque d’heures de froid ne permet pas toujours de travailler les cultivars habituels, no-tamment Ziraat.

Localisation

AnkaraÇanakkale Bursa

Izmir

Kütahya

Manisa Afyon

DenizliIsparta

Konya

Amasya

Mersin

Zones de production de cerisepar ordre d’importance

100 km

Géorgie

Arménie

Iran

IrakSyrie

Bulgarie

Méditerranée

Mer Noire

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37

FICHE PAYS PRODUCTEUR

n°257 Juin/Juillet 2018

Cerise –

ProductionAprès avoir progressé au début des années 2000 (environ + 10 % par an), le rythme annuel de plantation s’est ralenti (jusqu’à + 5 à + 6 % jusqu’en 2012) et serait de moins de 3 % ces dernières années, voire quasiment nul. La cerise étant très sensible aux intempéries, le développement de la pro-duction est chaotique, d’autant plus peut-être dans ce pays où les pertes sont importantes du fait d’une agriculture en-core en transition. Car, même si les techniques de culture évoluent, avec notamment l’augmentation de la densité de plantation et la plantation d’arbres plus petits (jusqu’à 10 m de haut avant) pour faciliter la récolte, la production est en-core très traditionnelle et les petits producteurs manquent souvent d’installations pour refroidir le produit et de connaissances et compétences pour mettre en place de bonnes pratiques. Les grosses structures se sont, elles, do-tées de moyens modernes d’irrigation et de protection des vergers (canons à grêle, films de protection, etc.), œuvrent à la formation des producteurs et disposent de stations cer-tifiées GlobalGap. Les rendements tendent donc à augmen-ter. Les perspectives d’un potentiel de 520  000 t en 2020 ont été dépassées. Cependant, comme dans de nombreux pays en Europe, la production est confrontée à l’invasion du pays par la mouche Drosophila suzukii, apparue en 2016 sur des fraises dans l’est du pays et qui semble gagner du terrain, notamment dans les régions du sud et jusqu’en Anatolie centrale. Le traitement au Diméthoate, utilisé dans un premier temps, a été interdit en 2018 par les autorités turques suite au veto d’importation opposé par certains pays européens à l’initiative de la France. Les producteurs sont donc incités à renforcer les pièges.

© barnimages

62.5 67.0 70.0 74.4 76.5 79.0 81.4 84.7 85.2

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

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2017

Cerise - Turquie - Evolution des surfaces plantées(en 000 ha / sources : Turkstat, USDA / élaboration : Infofruit)

418 418 439481 494

446536

600 62720

09

2010

2011

2012

2013

2014

2015

2016

2017

Cerise - Turquie - Evolution de la production(en 000 tonnes / sources : Turkstat, FAO / élaboration : Infofruit)

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38

FICHE PAYS PRODUCTEUR

Juin/Juillet 2018 n°257

Cerise –

La production de cerise en Turquie est essentielle-ment destinée au marché local (50 à 60 % selon les sources), avec un tonnage important pour l’indus-trie qui avoisinerait 165  000 t. Les exportations, qui sont en croissance, oscillent actuellement de 60 000 à 80 000 t d’après les chiffres fournis par l’USDA.

Les variétés les plus typiques en Turquie sont le Karabodur, le Dalbasti et le Napolyon (Napoléon). C’est surtout cette dernière variété qui est emblématique de la production turque car destinée à l’export. La variété 0900 Ziraat (Napoléon) reste de loin la principale variété plantée et représenterait 70 % des surfaces de-vant Lambert (6 %) et Stark Gold (6 %), les autres variétés représentant 18 % du verger. Si elle présente, en effet, de nombreux atouts, que ce soit d’un point de vue gustatif ou de par son calibre et sa tenue, elle a le désavantage d’être moyennement productive. Des essais d’hybridation de cette variété sont en cours, mais les grosses structures ont également planté d’autres variétés, notamment des précoces et des tardives pour étaler le calendrier. Celui-ci débute désormais en mai et s’étend jusque dans le courant du mois de juillet, voire en août dans les ré-gions tardives, alors qu’il était encore concentré sur juin/juillet il y a quelques années. La cerise Regina semble être l’une des variétés aujourd’hui les plus prometteuses.

Cerise — Turquie — Calendrier de productionVariétés M J J

Early Lory, Early Burlat

Bing, Star Giant, Giorgia, Big Lory, Sumburst

Lapins, Stella, Van

Selesta, 0900 Ziraat, Lambert

Regina, Stark Gold, Sweet Heart

Sources professionnelles

Calendrier de production et variétés

Débouchés

Frais60%

Transformation29%

Exportation11%

Cerise - Turquie - Débouchés en 2017(source : USDA / élaboration : Infofruit)

© Guy Bréhinier

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39

FICHE PAYS PRODUCTEUR

n°257 Juin/Juillet 2018

Cerise –

L’essentiel des volumes est exporté par camion, que ce soit vers la Russie ou l’Europe. Le temps de trans-port est d’environ six jours vers la Russie ou via l’Eu-rope centrale. Les exportateurs souhaitent déve-lopper leurs envois à destination du grand export, notamment vers les marchés asiatiques. A cette fin, un accord a été signé avec Turkish Airlines pour déve-lopper le fret aérien.

Exportations

Logistique

Les opérateurs turcs ont de grandes ambitions en ce qui concerne les exportations de cerise dans les an-nées à venir. Celles-ci peinent encore à se développer, même si tous les efforts nécessaires ont été faits en production pour améliorer les conditions de récolte, de stockage et d’expédition. La majeure partie des gros exportateurs sont certifiés GlobalGap, mais les intempéries, les relations plus difficiles ces dernières années avec la Russie et la concurrence européenne (Espagne et dans une moindre mesure Italie) ont frei-né ce développement. L’objectif reste d’atteindre un potentiel de 100  000 t, avec pour l’instant un maxi-mum de 80  000 t. Le marché européen demeure le principal débouché avec plus de 50 % des tonnages, dont 42 % à destination du marché allemand que ce soit en direct ou via l’Autriche. Les volumes expédiés au Royaume-Uni ont fortement baissé car l’Espagne y est très présente. Ils ont baissé également vers la France avec l’interdiction du Diméthoate contre la mouche Drosophila suzukii. Il y a, par ailleurs, peu de développements vers le Moyen-Orient. Les volumes sont surtout concentrés sur l’Irak (16  %). Les envois vers l’Asie devraient se développer, mais ils étaient encore modestes en 2017 (620 t pour Hong Kong/Singapour). Le protocole signé avec la Chine permet depuis fin 2017 à neuf entreprises d’exporter vers ce pays. Des protocoles devraient également être ou-verts avec la Malaisie et le Vietnam.

29

51

63

4755 53 50

69

80

60

2008

2009

2010

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2017

Cerise - Turquie - Evolution des exportations en frais(en 000 tonnes / source : Turkstat / élaboration : Infofruit)

Europe 54%Russie

24%

Autres 22%

Cerise - Turquie - Répartition des exportations en 2017(sources : Turkstat, Comext / élaboration : Infofruit)

© Guy Bréhinier

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Juin/Juillet 2018 n°25740

Un dossier préparé par Pierre Gerbaud

Sommaire

p. 42 Litchi de Madagascar – Entre peste et cyclone

p. 50 Litchi d’Afrique du Sud – Une campagne inégale

p. 52 Litchi du Mozambique – Diversification logistique

p. 53 Litchi de l’île Maurice – Presque inaperçue

p. 54 Litchi de l’île de la Réunion – La chute vertigineuse

p. 56 Défauts de qualité du litchi

p. 58 La culture du litchi

p. 62 Variétés de litchi

Litchi

LitchiLitchi

© Clio Delanoue

Le marché du litchi est resté stable en 2017-18 avec environ 25 000 tonnes commer-cialisées en Europe. L'approvisionnement se concentre de novembre à février avec les litchis de l'océan Indien qui représentent près de 90 % des livraisons totales. Cette concentration des volumes se confirme d'année en année et on observe même un rétrécissement de la commercialisation autour des fêtes de fin d'année. En effet, l'intérêt pour le litchi se rétracte fortement en janvier, avec des prix généralement en baisse et un net ralentissement des ventes. En dehors de cette période où il est mis en avant par les distributeurs et constitue un produit d'appel, le litchi redevient un exotique rare et onéreux. Le Mexique, le Vietnam et la Chine, dont les velléités de développement se renouvellent chaque année, se heurtent à la concurrence des fruits rouges disponibles parallèlement et proposés à des prix plus attractifs. La Thaïlande, qui couvrait jadis la période d'avril à août, réduit son calendrier d'expédi-tion et ses volumes. Enfin, Israël, fournisseur traditionnel durant les mois d'été, re-plie aussi son offre depuis plusieurs années et se conforte sur un créneau plus élitiste.

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42 Juin/Juillet 2018 n°257

LES DOSSIERS DE

MadagascarL

Madagascar, premier fournisseur de litchi du marché européen, a réalisé en 2017-18 une cam-pagne assez similaire à la précédente en volume. Le total estimé pour cette dernière campagne s’élève à 18  220 tonnes contre 17  970 tonnes en 2016-17. La différence est marginale et met en lumière une grande stabilité des capacités d’ab-sorption des marchés pour ce produit depuis six ans, la progression globale étant d’à peine 2  000 tonnes avec de légères fluctuations selon les campagnes. Si la saison 2017-18 semble la copie à peu près conforme de la précédente, tant en termes de volume que de résultats économiques, elle diffère sensiblement dans son déroulement.

Avec 18 220 tonnes exportées contre 17 970 tonnes en 2016-17, la campagne 2017-18 du litchi de Madagascar est proche de la précédente en termes de volume. La répartition par type de transport a été la suivante : 420 tonnes par avion, 15  600 tonnes par navires conventionnels et 2  200 tonnes par conteneurs, ce qui équivaut à une centaine de tonnes supplémentaires pour le bateau et à une cinquantaine de tonnes pour l’avion. Ces faibles variations par rapport à l’an-née précédente donnent malgré tout quelques indications sur ce que furent les orientations commerciales de la der-nière campagne. Ainsi, on note un léger retour des litchis avion dû au déficit des origines concurrentes sur ce créneau, principalement Maurice et la Réunion. La grande stabilité des volumes transportés par navires conventionnels confirme la concentration des ventes sur la période des fêtes de fin d’an-née, tendance qui ne cesse de s’affirmer depuis presque une décennie. Quant aux exportations par conteneurs, elles aus-si stables, elles témoignent de la difficulté à étendre la cam-pagne en début d’année, période de plus forte confrontation avec la concurrence sud-africaine.

© Christian Didier

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44 Juin/Juillet 2018 n°257

LES DOSSIERS DE

La campagne litchi aura-t-elle lieu ?Tout avait si mal commencé pour cette dernière saison que l’on pouvait vraiment se poser cette question. Malgré une organisation maintenant rodée et la consolidation de la fi-lière malgache, d’importants facteurs extérieurs sont venus perturber la campagne. En septembre et octobre, une re-crudescence de peste affectait Madagascar. Cette maladie endémique reparaît régulièrement dans ce pays où, chaque année, plusieurs centaines de cas sont dénombrés. Or, en 2017, elle a été particulièrement virulente avec près de 2 400 cas identifiés et plus de 200 personnes décédées en quelques mois. Contrairement aux années précédentes où les foyers d’infection étaient plutôt localisés sur les hauts plateaux et les centres urbains, la maladie s’est propagée rapidement au-delà. Si les faubourgs d’Antananarivo ont été très vite tou-chés, la présence de cas avérés dans la zone de Tamatave a amplifié la crainte liée à ce fléau. De surcroît, il s’agissait, cette année, de peste pulmonaire, la forme la plus contagieuse de la maladie. Les autorités malgaches, épaulées par l’OMS et l’Institut Pasteur, intervenaient rapidement en observant at-tentivement l’extension de la maladie, alors que des masques et des doses d’antibiotiques étaient expédiés vers le pays afin de tenter de contenir l’épidémie. De nombreuses mesures sanitaires étaient également prises pour protéger en priorité les zones de rassemblement de population (écoles, universi-tés, marchés, etc.). Ces actions ont permis d’éviter de prendre, vers le début novembre, des mesures de sécurité plus dras-tiques qui seraient allées jusqu’au confinement des popula-tions, empêchant tout déplacement des acteurs de la filière litchi et donc rendant impossible la récolte, le traitement et l’expédition des fruits. Heureusement, la maladie a été cir-conscrite à temps et n’a pas bloqué le démarrage de la cam-pagne du litchi, socialement et économiquement importante pour le pays.

En fin de campagne, le mauvais sort frappait de nouveau Madagascar : les 5 et 6 janvier, le cyclone Ava dévastait la côte Est dans la région de Tamatave. Des vents de 190 km/h, ac-compagnés de précipitations diluviennes, provoquaient la mort de 50 personnes et faisaient plusieurs dizaines de mil-liers de sinistrés. Les dégâts engendrés par les pluies et les glissements de terrain se sont avérés particulièrement impor-tants (infrastructures détruites, arbres déracinés, etc.). Déjà, en mars 2017, le cyclone Enawo avait provoqué de nombreux dommages, allongeant la liste des 45 cyclones et tempêtes tropicales ayant sévi sur le territoire durant la dernière décen-nie. Il est pour l’heure difficile de déterminer l’impact qu’aura le cyclone Ava sur la prochaine production de litchi.

Litchi – Madagascar Date d’ouverture officielle de campagne

Campagne 2012-13 2013-14 2014-15 2015-16 2016-17 2017-18

Date d’ouverture

17 nov. 18 nov. 17 nov. 19 nov. 12 nov. 22 nov.

Sources professionnelles

Une production limitéeAutre élément perturbateur : un hiver austral peu marqué cette année dans l’océan Indien, qui a engendré une pro-duction moindre et plus tardive. Le manque d’une période fraîche, indispensable à la floraison des vergers de litchi, et l’inégal régime de précipitations ont retardé la fructification des arbres et la croissance des fruits. Ce retard de production a bien sûr eu un impact sur les exportations par bateau car les chargements de navire nécessitent une maturation ho-mogène et massive des fruits. Il a été moins crucial pour les envois par avion, les volumes étant bien inférieurs. Il est tou-jours possible de trouver quelques centaines de tonnes de fruits arrivés à maturité même en début de récolte, mais plus difficilement plusieurs milliers pour irriguer la distribution européenne à l’approche des fêtes de fin d’année. De plus, ce décalage de production a différé selon les principales régions de production (nord et sud de Tamatave), compliquant la fixation de la date officielle d’ouverture de la campagne pour assurer les flux nécessaires au chargement des deux navires conventionnels programmés.

© Clio Delanoue

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45n°257 Juin/Juillet 2018

LES DOSSIERS DE

La date d’ouverture de la campagne préfigure le déroulement de la commercialisation des litchis bateau sur les marchés eu-ropéens. En tenant compte bien évidemment du volume et de la qualité adéquate des fruits, il convient que les marchandises arrivent au meilleur moment à destination pour leur mise en marché. Pendant plusieurs années, la date d’ouverture a été fixée entre le 17 et le 18 novembre. En 2016-17, une maturité des fruits plus rapide avait permis une ouverture particulière-ment précoce : le 12 novembre. Lors de la dernière campagne, les conditions météorologiques moins favorables ont retar-dé nettement sa fixation. La date d’ouverture est importante, mais sa situation dans le calendrier l’est tout autant. En effet, elle détermine l’arrivée des litchis sur les linéaires et condi-tionne les ventes durant les week-ends précédant les fêtes de fin d’année, qui constituent des pics de consommation et de promotion du produit et durant lesquels les magasins de la grande distribution sont généralement ouverts. La précocité de la campagne 2016-17 avait favorisé l’étalement des ventes durant trois semaines comprenant trois week-ends avant les fêtes de fin d’année. En 2017-18, la distribution des fruits s’est étalée sur seulement deux semaines et deux week-ends.

La production plus faible de la dernière campagne a aussi eu des répercussions sur le chargement des navires convention-nels. Certes, le potentiel de production de Madagascar a per-mis l’envoi des volumes envisagés, mais l’approvisionnement des stations de conditionnement a été nettement perturbé. Pour le premier navire, les livraisons aux stations se sont faites depuis les zones les plus proches de Tamatave et le charge-ment a pu se réaliser dans les délais habituels (trois jours). En revanche, l’approvisionnement pour le second navire conven-tionnel a été beaucoup plus lent. En effet, les zones de récolte les plus proches de Tamatave ayant été taries pour le premier navire, les collecteurs ont été contraints d’étendre largement leur périmètre d’action, retardant d’autant l’approvisionne-ment des stations de conditionnement. L’augmentation des délais d’acheminement vers les stations a considérablement allongé les opérations de chargement du second navire, qui se sont étirées sur presque six jours. Même s’il a pénalisé la date d’arrivée en Europe de ce bateau, ce retard aura été bé-néfique en permettant une plus grande sérénité pour le traite-ment et le conditionnement des fruits en station.

Une campagne avion correcteLes premiers lots de litchi avion de Madagascar ont fait leur apparition sur le marché européen en semaine 46, soit une semaine plus tard qu’en 2016-17. Les volumes ont été rapide-ment conséquents et l’effet de nouveauté du produit a per-mis la fixation de prix élevés. Compte tenu d’une production moindre, les exportateurs de Madagascar ont expédié des fruits égrenés/traités, mais également de plus importantes quantités de fruits frais branchés. La production globalement moins importante dans la zone de l’océan Indien, et donc chez ses concurrents, a joué en faveur de Madagascar en ce début de campagne. On notait alors une bonne fluidité des marchandises avec des tonnages, somme toute, modérés à l’échelle européenne.

© Denis Loeillet

70

120 120

60

40

5 2 2 20

25

50

75

100

125

45 46 47 48 49 50 51 52 1 2

2017/182016/172015/162014/15

Litchi avion de Madagascar Evolution des arrivages en France

(en tonnes par semaine / source : Pierre Gerbaud)

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46 Juin/Juillet 2018 n°257

LES DOSSIERS DE

L’entrée en campagne des origines concurrentes en semaine 47 entraînait un gonflement de l’offre, dont Madagascar restait le principal acteur. Cela entraînait le fléchissement des cours, qui demeuraient toutefois nettement supérieurs à ceux de l’année précédente à la même époque. Si les fruits traités s’écoulaient régulièrement, les fruits frais se vendaient avec plus de difficul-té. Les prix très élevés au stade de détail détournaient, en effet, bon nombre de consommateurs. En semaine 48, le tassement des prix se poursuivait pour les mêmes raisons. Le large éventail des produits proposés (égrenés/traités, branchés, en bouquets) et les multiples origines brouillaient la visibilité du marché. Les litchis branchés de Madagascar, dont la qualité gustative faisait l’unanimité, se vendaient de plus en plus difficilement. Leur pré-sentation et leur conditionnement n’arrivaient pas à égaler la maîtrise qualitative de la Réunion et de l’île Maurice. Dépréciés, certains lots se vendaient de 6.00 à 8.00 euros/kg, alors que les produits concurrents ne se négociaient pas en-deçà des 10.00 euros/kg. Le maintien de prix élevés, même s’ils s’orientaient à la baisse, freinait les ventes en semaine 49. Les fruits frais de quali-té dégradée s’écoulaient au cas par cas. Le prix des fruits traités, de meilleure conservation, fléchissait mais restait toujours su-périeur à celui de la campagne antérieure.

Le bilan de cette campagne avion a été satisfaisant si l’on consi-dère les volumes expédiés qui ont été supérieurs à ceux des années passées, alors qu’ils avaient tendance à s’éroder. La pro-duction plus limitée en a sans doute été la cause. La progression des exportations de fruits frais/branchés a constitué indéniable-ment une nouveauté pour Madagascar. Au-delà du relatif déficit quantitatif général qui a permis la progression des expéditions de fruits frais, la bonne réception de ces produits a constitué un potentiel de diversification intéressant pour Madagascar, qua-siment absent de ce créneau dans le passé. Des exportations de fruits égrenés/frais sous label bio illustrent également la re-cherche de nouveaux débouchés, même si ces produits ont pei-né à trouver leur place sur ce marché spécifique.

Une campagne bateau concentrée

Une logistique tendue

La campagne bateau s’est avérée particulièrement tendue cette année pour les raisons déjà évoquées de production moindre et de démarrage tardif de la récolte, sans compter le stress en pré-campagne lié à la recrudescence de l’épidémie de peste. L’ouverture de la campagne le 22 novembre a eu pour consé-quence un ajustement de la logistique afin de garantir les meil-leures conditions possibles de commercialisation sur les mar-chés européens. Depuis sept ans, les opérateurs privilégiaient la route du Sud, par le Cap de Bonne Espérance, notamment à cause des problèmes de sécurité rencontrés pour le passage par le canal de Suez. Les actes de piraterie, qui s’étaient développés ces dernières années dans le golfe d’Aden, augmentaient les délais de transport. Les navires devaient faire escale avant l’en-trée dans le golfe pour embarquer des personnels de sécurité et les débarquer une fois passée cette zone. Ces transborde-ments entraînaient l’accroissement du temps de navigation de

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© Denis Loeillet

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47n°257 Juin/Juillet 2018

LES DOSSIERS DE

deux à trois jours, soit l’équivalent du transport via la route du Sud. Le surcoût lié aux escales supplémentaires et aux primes demandées par les assureurs avait convaincu les opérateurs d’abandonner le passage par le canal de Suez. Cette option paraissait plus adaptée en l’absence de ports méditerranéens susceptibles de traiter les bateaux de litchi à cette période de l’année, dans un contexte de démarrage de récolte précoce.

En 2017-18, les circonstances sont apparues différentes. En effet, l’insécurité de la route du Nord est en forte diminution depuis que des bâtiments militaires surveillent régulière-ment les voies maritimes. Ainsi, le gain de trois jours de mer a constitué un élément majeur pour cette campagne tardive. Par ailleurs, le port de Sète proposait d’accueillir et de traiter le premier navire de litchi dans de bonnes conditions. Pressés par les délais de commercialisation, les opérateurs ont dirigé le premier navire vers Sète et le second, dont l’arrivée était moins urgente, a pu emprunter la voie maritime habituelle à destination de Zeebrugge.

Le choix de Sète

Le déchargement du premier navire à Sète s’est imposé lo-giquement à partir de la décision d’emprunter la route de Suez pour réduire le temps de transport entre Tamatave et l’Europe. Sète constituait une bonne opportunité en Méditerranée en raison de la présence d’infrastructures adap-tées au traitement d’un navire conventionnel et de leur dis-ponibilité à cette période de l’année. L’entrepôt sous froid de 23 000 m² était approprié à la réception des 8 000 palettes de litchi réceptionnées le 10 décembre. Cet entrepôt, repris récemment par une société spécialisée dans le traitement de produits frais de Dunkerque, n’avait pas fonctionné depuis six ans. La mise à quai a été effectuée par les services de manu-tention du port de Sète, puis les marchandises ont été prises en charge par les équipes du transitaire/acconier venues de Dunkerque.

Or, si la manutention des marchandises par le transitaire s’est déroulée dans de bonnes conditions, le déchargement des palettes du navire a été plus compliqué. Le manque d’habitu-de des dockers du port de Sète pour traiter ce type de navire (après six ans d’arrêt de l’activité) a fortement prolongé les opérations de déchargement. L’utilisation d’engins de levage disproportionnés a ralenti le rythme de déchargement, non pour les conteneurs en pontée, mais pour les palettes en cale. Le laps de temps depuis la prise de palettes en cale jusqu’à leur dépose à quai était multiplié par deux, voire trois par rapport à la même opération dans d’autres ports. Les trans-palettes utilisés en cale étaient également peu adaptés, trop lourds et dérapant sur les caillebottis des cales du navire. De plus, de mauvaises conditions météorologiques ont perturbé le déchargement : il a débuté sous une pluie fine permanente qui n’a pas gêné le déchargement des conteneurs mais celui des palettes. Après une demi-journée de travail (dimanche 10 décembre après-midi), un avis de coup de vent et submer-sion était annoncé pour le lundi matin, entraînant la suspen-sion du déchargement. Il reprenait donc le lundi après-midi, ralentissant une fois encore la mise à disposition des mar-

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Litchi bateau de MadagascarEvolution du prix import moyen en France(en euros/kg par semaine / source : Pierre Gerbaud)

© Henri Vannière

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48 Juin/Juillet 2018 n°257

LES DOSSIERS DE

chandises auprès des réceptionnaires. Le débarquement des litchis a finalement pris fin le jeudi 14 décembre. Les charge-ments et déchargements des litchis auront été, cette année, diamétralement opposés entre Madagascar et l’Europe. Le premier navire chargé en trois jours a été déchargé en cinq jours. Le second navire chargé en cinq jours a été déchargé en deux jours !

En dépit de ces complications, la rapidité de dépotage des conteneurs le dimanche 10 décembre a permis le charge-ment des premiers camions en soirée, pour une livraison des fruits le lundi sur les marchés les plus proches du port de ré-ception. Les livraisons suivantes se sont effectuées au fur et à mesure du déchargement.

La lenteur du déchargement a aussi entraîné des problèmes de mise à disposition des fruits. Le chargement à Madagascar étant réalisé par ordre d’arrivée au port, les litchis ont été disposés dans le navire progressivement, toutes marques et tous types d’emballage confondus. Ce système, éprouvé dans le cas d’un déchargement rapide, a été problématique dans le port de Sète. En effet, la disposition des palettes ne correspondait pas forcément aux programmes de vente des importateurs à leur clientèle de la grande distribution. Ces problèmes se sont résolus au cours du déchargement. Le dernier point sensible du déchargement à Sète a été la capa-cité de mobilisation des post-acheminements vers les lieux de distribution. Il est évident que pour les livraisons vers l’Espagne, l’Italie et une grande partie du marché français, la situation géographique de Sète est un atout. En revanche, pour l’expédition des marchandises vers le nord de l’Eu-rope, les délais de transport ont été quelque peu allongés. Néanmoins, le bon réseau autoroutier de l’interland sétois a permis une évacuation satisfaisante des litchis malgaches.

L’escale de Sète a nourri de très nombreux commentaires po-sitifs et négatifs compte tenu de la pression inhérente à l’ar-rivée du premier navire de litchi. Il n’en reste pas moins vrai que cette possibilité, à condition d’améliorations techniques facilement réalisables, constitue une véritable alternative par rapport aux voies habituelles, plus particulièrement en cas de récolte tardive.

Une commercialisation contractée

En dépit des retards de déchargement à Sète, l’irrigation du marché européen a pu se réaliser convenablement grâce à un travail dense des différents intervenants. Le manque d’une semaine de commercialisation par rapport à la cam-pagne 2016-17 a concentré les ventes sur une courte pé-riode pour des volumes équivalents. Les marchandises du premier navire ont fait l’objet d’une bonne aspiration de la demande européenne. De 2.75 à 2.85 euros/kg pour les pre-mières livraisons, le prix s’est ensuite fixé de 2.50 à 2.80 eu-ros/kg, niveau supérieur à celui de la précédente campagne, notamment en raison d’une réévaluation des prix de revient. La bonne réception du produit par les consommateurs a fa-vorisé un écoulement fluide des volumes disponibles. Après avoir proposé les litchis malgaches autour de 5.00 euros/kg en première semaine de commercialisation, de nombreuses enseignes de la grande distribution baissaient le prix autour de 3.00 euros/kg en semaine 51. Les consommateurs se sont naturellement reportés sur l’offre attractive des litchis ba-teau à l’approche des fêtes de fin d’année par rapport au prix de détail élevé des litchis avion. L’écoulement des marchan-dises du premier navire s’est réalisé d’autant plus vite que les fruits présentaient une qualité satisfaisante (bonne colo-ration et qualité gustative correcte). En semaine 52, la com-

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49n°257 Juin/Juillet 2018

LES DOSSIERS DE

Litchi — Océan Indien — Importations estimées de l’Union européenneTonnes 2009-10 2010-11 2011-12 2012-13 2013-14 2014-15 2015-16 2016-17 2017-18

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mercialisation se poursuivait avec des ventes assez fluides accompagnées d’un léger fléchissement des cours (2.20-2.40 euros/kg), logique après l’effervescence des fêtes de fin d’an-née qui marquent généralement le pic de consommation de la campagne.

La cargaison du second navire réceptionné à Zeebrugge le 19 décembre, largement entamée en fin d’année, permettait une jonction fluide avec les litchis acheminés par conteneurs maritimes en deuxième décade de janvier. Début janvier, le marché, bien que nettement moins actif, se maintenait en termes de prix. En milieu de mois, les prix s’orientaient à la baisse de façon plus marquée, en raison du désintérêt des distributeurs et des consommateurs et de la plus grande fra-gilité qualitative des fruits. La seconde quinzaine de janvier, qui marquait la fin des approvisionnements et des ventes, s’effectuait dans des conditions plus contrastées, avec des baisses de prix plus nettes que les années antérieures. De nombreux lots devaient être triés avant commercialisation et le désintérêt du public se confirmait avec davantage d’am-pleur que par le passé. Ce mouvement de baisse n’était pas propre aux fruits malgaches, les litchis sud-africains présents simultanément connaissaient la même évolution.

On retiendra de cette campagne que, malgré les multiples obstacles survenus, la filière du litchi malgache a obtenu en-core une fois de bons résultats globaux, signe de dynamisme et d’efficacité. Toutefois, les multiples problèmes rencontrés ont dévoilé la fragilité d’un système confronté sans cesse à de nouvelles ou récurrentes épreuves. En termes de pro-duit, la qualité standard des fruits s’est maintenue et l’appa-rition grandissante de nouveaux créneaux (fruits sous labels Commerce équitable et bio, fruits frais branchés, diversifica-tion des débouchés) autorise un relatif optimisme pour les prochaines campagnes, bien qu’il s’agisse encore d’orienta-tions marginales

Pierre Gerbaud, consultant [email protected]

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50 Juin/Juillet 2018 n°257

LES DOSSIERS DE

Afrique du Sud

En 2016-17, l’Afrique du Sud avait exporté vers l’Europe envi-ron 4 200 tonnes de litchi. En 2017-18, les exportations se sont vraisemblablement réduites comme celles des autres origines de l’océan Indien (hors Madagascar). On peut les évaluer au-tour de 3 000 tonnes, dont environ 20 % par avion.

Une longue campagne avionLa campagne sud-africaine a été particulièrement longue cette année, notamment pour les fruits expédiés par avion dont les premiers envois ont été réceptionnés en semaine 41, soit à la mi-octobre. Cette précocité inhabituelle était due à la commer-cialisation d’une nouvelle variété en provenance d’une région spécifique et peu exploitée jusqu’ici. Cette variété dénommée Third Month Red s’est vendue à prix soutenu en l’absence de concurrence et en dépit d’une qualité gustative globalement peu appréciée sur les marchés. Les quantités commercialisées sont restées marginales au cours des trois premières semaines de campagne. Ces fruits ont ensuite été remplacés par la va-riété Early Delight, qui a fait la transition à partir de la semaine 45 avec la variété Mauritius, plus adaptée à la demande eu-ropéenne. La commercialisation des fruits traités et égrenés transportés par avion s’est poursuivie jusqu’en semaine 51, dé-passant légèrement l’arrivée du premier navire de Madagascar. Les prix se sont progressivement érodés à partir de la semaine 47 pour s’aligner peu ou prou sur ceux des litchis malgaches. Compte tenu de l’amplification de l’offre au cours des semaines 47 à 50 et de la prédominance des livraisons de Madagascar, la surcote habituellement observée pour les litchis d’Afrique du Sud, mieux calibrés, ne s’est pas concrétisée cette année.

A partir de la semaine 50, les exportateurs sud-africains mo-difiaient leur offre en proposant des fruits frais branchés, pro-fitant notamment de la faible présence des produits réunion-nais et mauriciens spécialisés sur ce créneau. Bien accueillis jusqu’en fin d’année et vendus 10.00 euros/kg et plus, ces pro-duits voyaient leur prix s’étioler par la suite entre 8.00 et 10.00 euros/kg. Le passage à la variété Red McLean à la mi-janvier ac-centuait la baisse des prix jusqu’à 4.00-8.00 euros/kg. Cette dé-gradation tarifaire, due en partie au changement variétal, coïn-cidait également avec le fort désintérêt des consommateurs pour le litchi et la plus grande fragilité qualitative des fruits.

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51n°257 Juin/Juillet 2018

LES DOSSIERS DE

Une campagne bateau médiocreLa campagne des litchis bateau d’Afrique du Sud a débuté en semaine 52 avec des arrivages modestes. Leur prix de vente s’est situé à un niveau supérieur à celui des litchis de Madagascar, en raison notamment de leur calibrage mieux normalisé. Toutefois, de grandes variations de coloration par rapport aux produits concurrents ont compliqué ponc-tuellement les ventes. La prédominance de fruits de petit calibre a pesé sur les ventes et les cours s’alignaient rapide-ment sur les fourchettes de prix des litchis malgaches. Dès la deuxième décade de janvier, le cours des litchis d’Afrique du Sud s’effritait progressivement en raison du manque d’in-térêt des distributeurs pour le produit, alors que les livrai-sons s’amplifiaient. Malgré des prix légèrement supérieurs à ceux des litchis malgaches, l’offre sud-africaine ne parvenait pas à se démarquer de façon nette. De plus, les produits su-bissaient des dégradations qualitatives, avec l’apparition de moisissures sur certains lots ternissant l’image de marque de l’origine. En seconde quinzaine de janvier, l’érosion des prix s’accélérait pour se stabiliser autour de 2.00 euros/kg pour les fruits de gros calibre et de bonne qualité. Les volumes déclinaient fin-janvier/début février, avec des produits de qualité fragile qui peinaient à trouver preneur. Malgré un lé-ger sursaut à l’approche des fêtes du nouvel an chinois, la campagne sud-africaine s’achevait dans une ambiance par-ticulièrement morose.

Confronté à la concurrence malgache et à la concentration de la commercialisation autour des fêtes de fin d’année, le litchi d’Afrique du Sud de qualité fragile a vu ses bases per-turbées. Les efforts apparemment concentrés sur les envois par avion, plus sensibles cette année, signeraient-ils un nou-veau positionnement de la filière sud-africaine ?

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52 Juin/Juillet 2018 n°257

LES DOSSIERS DE

Avec une centaine de tonnes exportées par avion cette année, le Mozambique confirme sa présence sur le marché européen. Réceptionnés dès la semaine 45, ces fruits de bonne qualité s’écou-laient à prix élevés. Après une absence ponctuelle en semaine 46, le flux reprenait en semaine 47 où l’offre cumulée des différentes origines de l’océan Indien pesait davantage sur les prix. Ceux-ci s’orientaient rapidement à la baisse et s’alignaient sur les cours des fruits sud-africains et malgaches. Les exportations par avion s’achevaient en semaine 49, mais la commercialisation des fruits réceptionnés se poursuivait jusqu’en semaine 51.

La grande innovation de l’origine a été l’expédition, pour la pre-mière fois, de litchis par bateau. Ces fruits ont été réceptionnés en semaine 52 et commercialisés durant une quinzaine de jours. Il ne s’agissait que de quelques conteneurs, mais cet essai marque sans doute un tournant dans les exportations de litchi du Mozambique vers l’Europe. Cette ouverture illustre un potentiel d’expédition plus important que les tonnages modestes envoyés par avion de-puis trois à quatre ans. Se frayer un créneau commercial dans le contexte des campagnes de l’océan Indien paraît difficile mais en-visageable avec des produits de bonne qualité

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© Denis Loeillet

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53n°257 Juin/Juillet 2018

LES DOSSIERS DE

A l’instar de la Réunion, l’île Maurice a connu cette année un re-pli considérable de sa production de litchi et, par là-même, de ses capacités d’exportation. Estimées autour de 80 à 100 tonnes, les exportations ont marqué un net repli par rapport au score de l’année antérieure qui totalisait près de 250 tonnes. En effet, la campagne 2016-17 avait été particulièrement faste en termes de tonnage. Le contexte dans lequel s’est déroulée la campagne de commercialisation des litchis sur les marchés européens n’a pas été favorable à l’île Maurice. Les faibles possibilités d’expor-tation en début de campagne ont grevé les résultats globaux de la saison. Habituellement, Maurice débute sa campagne rapide-ment et avec des volumes conséquents. Cette année, il a fallu au moins deux semaines pour atteindre le pic des exportations et à un niveau très modéré. Maurice n’a pas profité des premières semaines de commercialisation où la nouveauté du produit et sa disponibilité limitée favorisent un bon écoulement à prix sou-tenus. Par ailleurs, la relative rareté du produit sur les marchés a entraîné une tarification particulièrement élevée. Au stade de dé-tail, les prix ont été dissuasifs pour de nombreux consommateurs qui ont préféré différer leurs achats au profit des fruits achemi-nés par bateau. Dès la semaine 47, la commercialisation des lit-chis frais s’est avérée plus difficile, provoquant des méventes et les stockages. Des semaines 48 à 50, on observait des ventes à prix moins élevés pour les litchis frais branchés ou en bouquets de qualité dégradée (6.00-8.00 euros/kg contre 12.00-15.00 eu-ros/kg). Maurice a exporté principalement des fruits branchés ou en bouquets. Les exportations de fruits égrenés et traités se sont limitées aux semaines 47 et 48. La concurrence des litchis de Madagascar, d’Afrique du Sud et du Mozambique sur ce créneau rendait quasiment invisible la présence des fruits mauriciens. Les prix des fruits frais demeuraient plus élevés que ceux des fruits égrenés, orientant vraisemblablement le choix des exportateurs de Maurice à privilégier ce type de produit. Si les fruits égrenés de Maurice ont été jugés de qualité correcte, ceux livrés branchés et en bouquets ont été appréciés dans leur majorité. La grosseur des grains, leur coloration, leur présentation et leur qualité gustative ont été soulignées par les réceptionnaires. Campagne après cam-pagne, les exportateurs mauriciens améliorent la présentation de leurs produits. L’adoption systématique de sachets de conserva-tion efficaces, mais aussi la présentation en bouquets, imitée des professionnels réunionnais, valorisent les fruits exportés et ré-pondent aux demandes évolutives des distributeurs européens. Dans la compétition des origines de l’océan Indien, Maurice ta-lonne la Réunion sur le créneau des fruits frais, mais reste plus dis-crète en termes de volume. L’extension des vergers est limitée et la logistique complexe, compte tenu de la concurrence des autres produits, alimentaires ou non, exportés par l’île Maurice, restreint les capacités de fret dévolues aux litchis en fin d’année

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54 Juin/Juillet 2018 n°257

LES DOSSIERS DE

île de la RéunionL

par Pierre Gerbaud

En 2016-17, la Réunion avait créé une véritable surprise par l’importance et la soudaineté de ses exportations de litchi. Les 400 à 500 tonnes habituellement expédiées étaient de loin dépassées. Avec 885 tonnes dirigées vers la métropole, la Réunion se hissait en tête des fournisseurs de litchi avion, doublant ses volumes en l’espace d’une campagne. Cet essor quantitatif s’était accompagné d’un tassement des prix, mais n’avait pas provoqué de réelle chute des cours. Autant la campagne 2016-17 avait été prolixe, autant celle de 2017-18 a été indigente. Avec 125 à 150 tonnes exportées, la Réunion enregistre sa plus mo-deste campagne. En cause, principalement, les mauvaises conditions météorologiques durant le cycle de produc-tion des fruits. L’hiver austral peu marqué et des précipi-tations irrégulières ont entraîné une production faible et fragile. Les premiers lots ont été dirigés vers les marchés locaux. Les premières mises en marché en Europe ont eu lieu au cours de la semaine 45, période habituelle de dé-marrage de la campagne. La différence avec les années précédentes s’est illustrée par la pauvreté des expéditions qui ne dépassaient pas quelques dizaines de colis. Ces fruits peu représentatifs se vendaient tel un produit rare à des prix stratosphériques (jusqu’à 35.00 euros/kg). Autour

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Litchi avion de la RéunionEvolution des arrivages en France

(en tonnes par semaine / source : Pierre Gerbaud)

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2017/182016/172015/162014/15

Litchi avion de la RéunionEvolution du prix import moyen en France(en euros/kg par semaine / source : Pierre Gerbaud)

© Christian Lavigne

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55n°257 Juin/Juillet 2018

LES DOSSIERS DE

de 30.00 euros/kg en semaine 46, le cours des litchis réu-nionnais fléchissait ensuite compte tenu des plus grandes disponibilités globales sur le marché. Toutefois, il restait particulièrement élevé tout au long de la campagne avec des niveaux de 13.00 à 16.00 euros/kg pour les fruits égre-nés et 16.00 à 20.00 euros/kg pour les fruits présentés en bouquets. A l’image de haut de gamme acquise par la Réunion au fil des campagnes s’est ajoutée, cette année, la notion de rareté renchérissant la valeur du produit. Les faibles quantités ont été principalement commercialisées durant les trois dernières semaines de décembre, corres-pondant à la période de plus forte demande à l’occasion des fêtes de fin d’année. Les prix de vente sont restés très soutenus. Ils fléchissaient ensuite alors que les vo-lumes s’effondraient. Encore très chers après les fêtes de fin d’année, les litchis réunionnais s’écoulaient plus diffi-cilement du fait d’une plus grande fragilité qualitative qui ne justifiait pas de tels niveaux tarifaires. Les acheteurs se désintéressaient rapidement du produit pour ces der-niers lots marginaux. La plus grande partie des litchis de la Réunion commercialisés cette année ont été présentés égrenés (en vrac ou en barquette) et en bouquets. La pro-portion des litchis branchés a été réduite à sa plus simple expression. L’abondance de fruits branchés proposés par les origines concurrentes a sans doute orienté ce choix des expéditeurs réunionnais pour se démarquer dans le contexte particulier de cette saison 2017-18. En tout état de cause, cette saison a été peu propice aux exportations réunionnaises en venant contrarier l’essor de ces dernières années. Si la Réunion reste une référence en matière de litchi, la campagne 2017-18 n’a certainement pas permis d’obtenir des résultats satisfaisants. Certes, les prix ont été élevés, mais le manque drastique de marchandise confine cette campagne aux oubliettes de la filière litchi. Les bons résultats d’une campagne s’illustrent bien sûr par les prix de vente réalisés, mais également par des volumes corres-pondant aux potentialités d’une origine. Or, dans le cas particulier de la Réunion, l’exceptionnelle limitation de l’offre cette année a obéré les retours attendus

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Egrené

Bouquet

Litchi avion de la Réunion - Prix import moyenen France par type de présentation en 2017/18

(en euros/kg par semaine / source : Pierre Gerbaud)

© Clio Delanoue

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Litchi de la RéunionEvolution des exportations vers l'Europe

(en tonnes / source : Pierre Gerbaud)

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56 Juin/Juillet 2018 n°257

LES DOSSIERS DE

Fruits vieillissants - aspect terne - brunissement/dessiccation

de la coque

Fruits soufflés

Fruits récoltés trop tôt Fruits vieillissants - Ecart récolte/mise en marché trop long Fruits soufflés

Coloration peu attractivepar tri insuffisant

Oxydation de la coque de litchis frais non traités Fruit avorté et fruit double

Coloration satisfaisanteHétérogénéité de coloration due

au soufrage et différence de calibre

Différence de calibredans un même emballage

Défauts de qualité

du litchiPhotos © Pierre Gerbaud

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57n°257 Juin/Juillet 2018

LES DOSSIERS DE

Pédoncule arraché Développement de moisissures (Penicillium)

Pourriture noire (Aspergillus spp. et Pestalotiopsis) et moisissure

Points de moisissure (Penicillium)

Forte attaque de moisissure (Penicillium)

Brûlures dues au soufreet fruit double

Développement de pointsde moisissure (Penicillium)

Pourriture noire (Aspergillus spp.)et moisissure

Brûlures de soufrecar fruits humides avant soufrage

Pourritures et moisissuresponctuelles (Penicillium)

Pourriture noire(Aspergillus spp.)

Brûlures dues au soufrageet humectation

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58 Juin/Juillet 2018 n°257

LES DOSSIERS DE

La culture du litchi nécessite des conditions climatiques par-ticulières, mais est faiblement exigeante du point de vue pé-dologique. Par ailleurs, le litchi est très peu sujet aux maladies à virus.

Zones de cultureLe litchi demande un climat chaud et humide. Pour fleurir, il a besoin d’une période de repos végétatif induite par une sai-son fraîche et sèche. Dans certaines zones humides, une faible diminution de la température et de l’hygrométrie peut induire la floraison. De l’apparition des hampes florales jusqu’à la ré-colte, une bonne alimentation hydrique est indispensable.

Brise-ventL’emplacement du terrain doit permettre un bon éclairement. Il faut éviter les zones de bas-fonds mal drainées et les fortes pentes, frein à la mécanisation des travaux d’entretien. Le ter-rain doit être abrité des vents dominants et des embruns salés en bord de mer. En l’absence de protection naturelle (relief, végétation), on implante des brise-vent autour de la parcelle, mais aussi à l’intérieur si celle-ci est très vaste ou très exposée. Constitués d’arbres à développement rapide, possédant un bon ancrage au sol (filao, shisham, acacia et autres), ils sont plantés en ligne dense et nécessitent un entretien (fumure, irrigation, taille). Un espace suffisant doit leur être réservé. Autant que possible, les brise-vent sont implantés un an avant la mise en place des litchis, afin que ceux-ci bénéficient de leur protection dès la plantation. Un brise-vent offre une protection sur une distance égale à dix fois sa hauteur. Dans les terrains en pente, il est préférable de les resserrer. Dans les cas extrêmes, ils sont parfois inopérants.

SolsLe litchi s’adapte à de nombreux types de sol, mais préfère les sols légèrement acides (pH 5.5 à 6.5, et 8 et au-delà dans certaines zones de l’Inde), riches en matière organique, pro-fonds et bien drainés. Bien que le litchi supporte de vivre tem-porairement «  les pieds dans l’eau » aux abords des rivières, une immersion prolongée peut se révéler néfaste. Le drainage est d’autant plus important que le litchi est cultivé dans des zones à pluviométrie élevée et souvent dans des bas-fonds protégés du vent.

Exigences du litchi

par Christian Didier

Préparation du solIl faut éviter de planter sur une défriche récente où les débris de souches et de racines favorisent le développement de pourridiés. Si nécessaire, on s’assure du drainage de surface par nivellement et en profondeur par l’intermédiaire d’un réseau de fossés. Si la culture est mécanisable, on réalise un sous-solage profond puis un labour, après apport éventuel de fumier et d’engrais phosphaté et po-tassique (selon analyse du sol). Dans le cas d’une plantation au trou, les apports d’intrants se feront à ce niveau.

PlantsLes plants sont obtenus par marcottage aérien d’arbres repérés pour leur qualité sanitaire et leur productivité. Les marcottes, obtenues pendant la saison chaude et humide à partir de rameaux mesurant 10 à 15 mm de diamètre et 0.50 à 0.70 m de long, ont une nécrose racinaire réduite au point de coupe qui cicatrise rapidement. De plus, leur système racinaire est mieux équilibré avec la partie aé-rienne. Après sevrage, afin de garantir leur reprise, les marcottes sont cultivées en pots, en pépinière, pendant 3 à 4 mois avant d’être transplantées en verger.

Densité de plantationLe litchi est un arbre à grand développement. Dans le contexte actuel, les dis-tances de plantation sont de 10 x 10 m ou 8 x 10 m, soit une densité de 100 ou 125 arbres à l’hectare. Cependant, pour une culture plus intensive, on peut envisager des plantations à 8 x 6 m (208 arbres/ha) ou 8 x 5 m (250 arbres/ha). Dans ce cas, une taille annuelle est obligatoire. Le verger pourra être éclairci en rabattant progressivement les arbres quand ils commenceront à se gêner, puis, en l’absence de méthode de taille efficace, en supprimant un arbre sur deux sur la ligne.

PlantationPlanter selon un tracé strict : les arbres doivent être parfaitement alignés dans chaque sens. Si la culture n’est pas mécanisée, il faut creuser à l’emplacement de chaque plant un trou de 0.8 x 0.8 x 0.8 m (500 litres). On mélange ensuite à la terre extraite environ 2 kg de sulfate de potassium + 2 kg de phosphate naturel + 25 à 30 kg de fumier bien décomposé, puis on rebouche le trou avec le mé-lange. A la suite des apports de fumier et du foisonnement de la terre, celle-ci forme une légère butte. Les plants sont mis en place sur la butte et tuteurés. Les marcottes sont plantées inclinées dans le sens contraire du vent et tuteurées. Elles offrent ainsi moins de prise au vent et développent un meilleur enracine-ment. Les plants doivent être, dans tous les cas, abondamment arrosés après la plantation. Dans les zones fraîches, les plants doivent être abrités durant l’hiver qui suit la plantation.

Création des vergers

Litchi

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59n°257 Juin/Juillet 2018

LES DOSSIERS DE

Taille de formationComme pour les autres espèces frui-tières, on cherche à former l’arbre sur un tronc unique d’où partiront des charpen-tières étagées et régulièrement réparties. Pendant les premières années, il faut évi-ter la formation de ramifications du tronc ou des branches charpentières formant un angle très fermé selon la tendance natu-relle du litchi. Ces ramifications constituent des points de grande faiblesse en cas de vents violents.

Entretien du solPendant les premières années, le sol doit être nu sur les lignes de plantation ou alors sous les frondaisons. La végétation spon-tanée des interlignes doit être maintenue rase. Eventuellement, des cultures interca-laires à cycle court et à faible développe-ment peuvent y être implantées pendant les trois premières années et conduites de façon à ne pas gêner les arbres.

IrrigationLe litchi est très sensible au stress hydrique pendant toute la période de croissance

des fruits et la phase de développement végétatif qui suit la récolte. En cas de dé-ficit hydrique, il sera nécessaire d’irriguer. Un stress hydrique pendant la nouaison entraîne une chute importante de fruits. Différents systèmes d’irrigation peuvent être envisagés. L’irrigation localisée par microjets donne satisfaction. La quanti-té d’eau à apporter est d’au moins 200 mm/mois (suivant le type de sol, l’âge des arbres, la climatologie, etc.).

Taille d’entretienLes fruits sont regroupés sous forme de «  grappes  » situées à l’extrémité des branches. Ces dernières sont «  cassées  » au moment de la récolte. Cependant, cette pratique ne permet pas de contrôler le volume des arbres. L’élimination du bois sec, des petites branches internes et de branches qui empêcheraient les rayons du soleil de pénétrer dans l’arbre est pré-conisée. Le litchi ayant une croissance ra-pide devient vite exubérant. De ce fait, les arbres doivent être contrôlés. Pour ce faire, une taille annuelle est pratiquée juste après la récolte. L’arbre est généralement trop dense. Le but est de l’aérer en permet-tant à la lumière d’éclairer le maximum de

la frondaison et de maintenir l’arbre à une hauteur convenable pour une récolte plus facile. Le résultat final de la taille doit don-ner un arbre en forme de dôme.

FertilisationLa fertilisation est un facteur important. Elle favorise une bonne poussée végéta-tive après la récolte et compense les expor-tations minérales dues aux fruits. Après la période de croissance végétative active qui dure environ quatre mois, le litchi a besoin d’une courte période de stress (nutrition-nel, hydrique, thermique ou autre) pour permettre l’induction florale.

La dose d’apport est modulée selon la date d’apport :

• après la récolte : 1/2 de la dose ; • à l’apparition des panicules : 1/4 de la

dose ; • après la chute physiologique : 1/4 de la

dose.

Les engrais sont appliqués au sol sous et en limite de frondaison. Les oligo-éléments sont appliqués par pulvérisation foliaire au moment de la nouaison (bore, calcium).

Entretien des vergers

La récolte traditionnelle est effectuée manuellement, en stockant les « grappes » de fruits branchés dans des ballots ou des caisses de 10 à 15 kg, afin d’éviter que les fruits du fond soient écrasés. Ces sacs artisanaux permettent de gar-der une bonne humidité autour des fruits et d’éviter leur dessèchement. Afin de ne pas écraser les fruits, il est pré-férable d’utiliser des caisses en plastique légèrement ajou-rées. Pour éviter la décoloration de l’épiderme résultant de son dessèchement, le traitement des fruits et leur mise en marché seront rapides. Le litchi étant non-climactérique, il ne connaît pas d’évolution notable de ses caractéristiques biochimiques après récolte, à part une dégradation progres-sive. La maturité du fruit est généralement estimée par la co-loration et la texture de la peau et aussi par la dégustation. Il est estimé qu’un ratio extrait sec soluble/acidité compris entre 2.1 et 2.7 correspond à une qualité optimale.

RécolteLitchi - Apports préconisés

en grammes par arbreAnnées Azote P K MgO

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10 ans et + 920 210 840 240

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60 Juin/Juillet 2018 n°257

LES DOSSIERS DE

Avertissement : les traitements sont appliqués selon la réglementation en vigueur dans le pays de production et dans celui de destination.

Principaux ravageurs des fruits • Cryptophlebia peltastica et la mouche des fruits

Le Cryptophlebia pond ses oeufs sur le fruit immature. La larve, une petite chenille, pénètre dans le fruit jusqu’à la graine où elle fait sa nymphose. Cette blessure constitue une porte d’entrée pour d’autres parasites, notamment des champignons et des drosophiles.

Principaux ravageurs du feuillage • Cochenilles

Elles peuvent infester les fruits, les feuilles, les tiges, les branches et le tronc. Lorsqu’elles sont nombreuses, elles entraînent le dessè-chement des feuilles et des rameaux. Généralement, à la place des piqûres, les feuilles se marquent de taches jaunes. La fumagine est souvent associée à l’infestation de cochenilles.

• Acariens : Aceria litchi (Erinose)C’est une peste importante en Inde et en Chine, qui attaque les fleurs et les feuilles. Les feuilles se recroquevillent et se recouvrent d’une pellicule brune sur la face inférieure.

Ravageurs du tronc et des branches • Chenilles mineuses de l’écorce (Indarbela quadrinotata et I.

tetroanis)Très communes en Inde. Les ravages sont provoqués par les larves qui rongent l’écorce et forent le tronc, limitant la circulation de la sève et affaiblissant la croissance.

• Borers du tronc : Salagena spp.Les larves se nourrissent de l’écorce et du bois des arbres. L’arbre atteint ne meurt pas, mais les branches dépérissent. Traitement : ces larves peuvent être contrôlées en bouchant les trous avec du coton imbibé d’insecticide systémique.

• ThripsDolicothrips indicus et Magalurothrips usitatus entraînent des dom-mages aux fleurs. Selenothrips rubrocinatus, Heliothrips haemovoida-lis et Franklinella cephalica provoquent le dessèchement des fleurs et des feuilles.

Maladies • Root rot (pourriture des racines)

Elle est provoquée par un champignon : Clitocybe tulescens. De nombreux dégâts sont signalés en Floride. Botryodiplodia theobro-mae peut provoquer la mort soudaine de l’arbre (Australie).

• Système aérienNécrose des feuilles provoquée par Gloeosporium spp. Se rencontre dans quelques vergers mal gérés.

Maladies et ravageurs

Mouche des fruits

© C

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Did

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Chenille mineuse de feuille

© C

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Anthracnose

© C

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Borers du tronc

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C. pelastica

© J.

F. Va

yssi

ères

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61n°257 Juin/Juillet 2018

LES DOSSIERS DE

Le litchi a la particularité de ne plus mûrir après sa récolte, aussi est-il essentiel d’attendre sa pleine maturité pour le cueillir. Mais, à température ambiante, il évolue très rapidement. En deux ou trois jours, la coque brunit, se dessèche et devient craquante. La perte de coloration provient de l’oxydation des pig-ments anthocyaniques, qui est une réaction irréversible. Le fruit est alors plus sensible à l’éclatement et à la contamination secondaire par des champignons.

Pour éviter sa sénescence trop rapide et permettre sa commercialisation, le litchi peut être soumis à un traitement par fumigation de soufre (anhydride sulfureux) qui a pour effet d’inhiber sa respiration et donc de lui conserver consistance et qualités organoleptiques pendant plusieurs semaines. Le soufre a une action fongicide, anti-oxydante et conserve à la coque sa sou-plesse. Ce traitement est applicable à des fruits égrenés ou en grappe, sains, mûrs, sans tache, sans piqûre d’insecte, ni trace d’humidité sur la coque. Le soufre brûle dans une enceinte close où sont placés les fruits. Il entraîne la décoloration de la coque qui vire au jaune, alors que sa couleur naturelle à ma-turité est rose-rouge. Les fruits sont ensuite à nouveau triés et conditionnés. Ils gardent cette couleur jaune aussi longtemps qu’ils sont maintenus au froid. Ils retrouvent progressivement une couleur rose ocre, voire rouge violacé, lors-qu’ils sont placés dans des conditions plus chaudes, humides et ventilées qui permettent l’élimination du soufre.

Le traitement au soufre est la pierre angulaire de la commercialisation du litchi, dans la mesure où il prolonge sa conservation et permet le transport maritime et donc les exportations de masse. Plusieurs autres fruits bénéficient de ce procédé, comme le raisin de table, les fruits secs ou encore le vin. La prin-cipale différence réside dans le fait que la coque du litchi n’est pas consom-mable. Le traitement au soufre est autorisé en Europe sous certaines condi-tions. La réglementation visant la protection de la santé des consommateurs prévoit en effet que les teneurs résiduelles de soufre ne doivent pas excéder 250 mg/kg dans la coque et 10 mg/kg dans la pulpe du fruit. De nombreuses expérimentations ont été menées pour fixer les procédures de traitement afin que ces teneurs soient respectées. Tant les professionnels que les autorités européennes portent d’ailleurs une attention particulière à ce sujet. De nom-breux contrôles sont effectués tout au long de la vie du produit pour garantir le respect de la réglementation. Au demeurant, la mise en place progressive de certifications par les opérateurs renforce la traçabilité du produit et la maî-trise des opérations de traitement.

La poursuite de l’utilisation du soufre est périodiquement remise en cause. En effet, dans une évolution générale de la réglementation s’orientant vers la protection de la santé des consommateurs, le risque est grand de voir, au mieux, les teneurs résiduelles réduites et, au pire, le traitement suspendu. Un des rôles de la filière est donc de suivre avec attention les évolutions régle-mentaires sur ce point. La recherche de nouvelles méthodes de conservation peut également être un axe d’action important. Malheureusement, le poids économique global du litchi n’est pas suffisant pour mobiliser les moyens né-cessaires à ces investigations, comme c’est le cas pour d’autres fruits.

La température de stockage et de transport est un autre élément essentiel du maintien de la qualité du fruit dans le temps. En effet, la mise en froid après les opérations de cueillette, de traitement et de conditionnement est assu-rée par le moyen de transport. A ce titre, on notera que le litchi est un des seuls fruits tropicaux à supporter des températures basses (1°C + ou - 0.5°C). La combinaison du traitement au soufre et de la mise en froid permet la bonne conservation des litchis. La baisse rapide de température à coeur du fruit est importante pour préserver sa qualité. Celle-ci doit ensuite être maintenue pour assurer la plus longue vie possible au produit. Toute rupture de la tem-pérature entraîne la possible dégradation et la sénescence du fruit.

Post-récolte et soufrage

Avant soufrage

Après soufrage

Photos © Christian Didier

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62

LE POINT SUR...

Juin/Juillet 2018 n°257

Litchi Litchi sinensis Sonn. Famille des Sapindacées Origine : sud de la Chine (zone de Canton)

Il existe un grand nombre de variétés de par le monde. Nous ne retiendrons que celles rencontrées sur le marché export.

Le fruit est moyen (16 g), globuleux, en forme de coeur. La pulpe est très sucrée, à l’arôme de rose, d’où sa dénomi-nation. Cette vaLe fruit est de taille moyenne (20 g), de couleur rouge foncé, en grappes de 15

à 25. La peau est lisse et dure. Les noyaux sont moyens à grands. La chair est de bonne à excellente, douce et aroma-tique. Elle représente 70 % du fruit. Les arbres sont de vi-gueur moyenne, compacts, droits et de bonne production.

Haak Yip (Black leaf)

Le fruit est moyen (16 g), globuleux, en forme de coeur. La pulpe est très sucrée, à l’arôme de rose, d’où sa dénomination. Cette variété est princi-palement produite dans l’Uttranchal en Inde.

Rose scented

par Christian Didier

Le fruit est gros et en forme de coeur (32  g). La peau, fine et souple, est rouge foncé avec des taches jaunes. La pulpe est modérément juteuse et peut rester légèrement acide. Le noyau est assez gros. Les arbres sont de vigueur moyenne, à port érigé, avec de longues branches et un feuillage dense.

Chakrapad (Emperor)

Le fruit est moyen (20 à 25 g), de couleur rose vif, en grappes. La pulpe est sucrée. C’est la va-riété la plus répandue dans l’Etat de Bihar en Inde. Elle est d’une très bonne qualité export, mais est sensible aux craquelures et aux brû-lures du soleil. Les arbres sont vigoureux et de production régulière (80 à 100 kg par arbre).

Shahi(Muzaffarpur)

Le fruit est moyen (22-25 g) et de couleur rouge vif, en grappes de 12 à 30. La qualité du fruit est bonne. C’est la variété la plus ré-pandue dans l’Océan indien. La production est régulière et peu alternante. Les arbres sont de vigueur moyenne et élancés.

Kwaï mi (Mauritius, Tai So)

Photos © CIRAD Réunion

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63n°257 Juin/Juillet 2018

PRIX DE GROS EN EUROPE - AVRIL 2018

Prix de gros en Europe

Avril 2018

UNION EUROPÉENNE - EN EUROSFrance Pays-Bas UK Allemagne Belgique

ANANAS Avion MD-2 COSTA RICA kg 2.78VICTORIA MAURICE Carton 13.50

RÉUNION kg 4.00CAYENNE LISSE BÉNIN kg 2.19

CAMEROUN kg 1.85Bateau MD-2 BRÉSIL Pièce 1.14

COLOMBIE Pièce 0.81COSTA RICA Carton 8.22 7.25 10.50COSTA RICA kg 1.00COSTA RICA Pièce 0.97COTE D'IVOIRE kg 1.00

AVOCAT Avion TROPICAL BRÉSIL Carton 21.00Bateau FUERTE AFRIQUE DU SUD Carton 6.50 8.50

PÉROU Carton 6.50 7.50KENYA Carton 5.50 6.71

HASS AFRIQUE DU SUD Carton 12.67 8.65 15.00COLOMBIE Carton 15.00MEXIQUE Carton 12.42PÉROU Carton 12.50 9.00 9.45 15.00 13.70KENYA Carton 12.33TANZANIE Carton 12.00

ETTINGER AFRIQUE DU SUD Carton 8.50PÉROU Carton 6.50

ZUTANO PÉROU Carton 6.50 8.50Camion HASS ESPAGNE Carton 19.38 17.00

BANANE Avion PETITE COLOMBIE kg 6.00ÉQUATEUR kg 5.83

ROUGE COSTA RICA kg 2.94ÉQUATEUR kg 2.94

CARAMBOLE Avion MALAISIE kg 4.71

CHAYOTTE Bateau COSTA RICA kg 1.63

DATTE Bateau NON DÉTERMINÉ ALGÉRIE kg 3.10DEGLET ALGÉRIE kg 2.19MOZAFATI IRAN kg 3.60MEDJOOL ISRAËL kg 5.70 3.70BAHRI PÉROU kg 8.00

EDDOE Bateau COSTA RICA kg 2.00

GINGEMBRE Bateau THAÏLANDE kg 1.28CHINE kg 1.24

GOYAVE Avion BRÉSIL kg 3.70

GRENADE Bateau NON DÉTERMINÉ THAÏLANDE kg 2.30WONDERFUL PÉROU kg 2.40 2.79

GRENADILLE Avion JAUNE COLOMBIE kg 9.00ÉQUATEUR kg 7.40

NON DÉTERMINÉ COLOMBIE kg 5.00 5.43 5.00 5.75VIOLETTE AFRIQUE DU SUD kg 5.75

ISRAËL kg 5.50VIETNAM kg 7.50 5.75ZIMBABWE kg 5.75ZAMBIE kg 5.75

Bateau VIOLETTE BRÉSIL kg 3.86

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64 Juin/Juillet 2018 n°257

PRIX DE GROS EN EUROPE - AVRIL 2018

Ces prix ont été calculés à partir d’informations mensuelles transmises par Guido Bernardi (consultant). Email : [email protected]

Note : selon calibre

UNION EUROPÉENNE - EN EUROSFrance Pays-Bas UK Allemagne Belgique

IGNAME Bateau GHANA kg 1.38

KUMQUAT Avion ISRAËL kg 4.50

LIME Avion BRÉSIL kg 3.99Bateau BRÉSIL kg 2.06 1.43 2.33

MEXIQUE kg 2.46 1.84

LITCHI Avion THAÏLANDE kg 9.88

MANGOUSTAN Avion INDONÉSIE kg 8.25

MANGUE Avion NAM DOK MAI THAÏLANDE kg 7.80KEITT PÉROU kg 5.09KENT COTE D'IVOIRE kg 4.77AMELIE BURKINA FASO kg 2.48VALENCIA MALI kg 3.18

Bateau ATKINS BRÉSIL kg 1.25 2.06COSTA RICA kg 1.13

KEITT BRÉSIL kg 1.13 1.24PALMER BRÉSIL kg 1.38KENT BRÉSIL kg 1.24

COTE D'IVOIRE kg 1.58 1.50 1.27PÉROU kg 1.82 3.19 1.36

MANIOC Bateau COSTA RICA kg 1.25

MELON Bateau CANTALOUP BRÉSIL kg 1.74HONDURAS kg 1.83

GALIA BRÉSIL kg 1.74COSTA RICA kg 1.80HONDURAS kg 2.06

HONEY DEW COSTA RICA kg 1.15 0.88PANAMA kg 0.91

PASTEQUE COSTA RICA kg 1.51PANAMA kg 1.10 1.51

CHARENTAIS COSTA RICA kg 1.80

NOIX DE COCO Bateau NON DÉTERMINÉ COTE D'IVOIRE Sac 12.83VERTE COSTA RICA Sac 17.50YOUNG THAÏLANDE Sac 11.00

PAPAYE Bateau FORMOSA BRÉSIL kg 3.20 3.00 4.50NON DÉTERMINÉ BRÉSIL kg 3.80 3.36 3.14

PATATE DOUCE Bateau BLANCHE BRÉSIL kg 1.55ROUGE/ROUGE HONDURAS kg 1.01PURPLE CHINE kg 2.35

PHYSALIS Avion PRE-EMBALLE COLOMBIE kg 6.67 7.51Bateau COLOMBIE kg 5.63

PITAHAYA Avion JAUNE COLOMBIE kg 9.20ÉQUATEUR kg 9.40

ROUGE VIETNAM kg 6.83INDONÉSIE kg 8.00

PLANTAIN Bateau COSTA RICA kg 1.00ÉQUATEUR kg 1.08WINDWARD ISL. kg 1.28

RAMBOUTAN Avion VIETNAM kg 8.00

TAMARILLO Avion COLOMBIE kg 7.20

TAMARIN Avion THAÏLANDE kg 3.50

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